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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique"

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'The  search  for  truth  even  unto  its  innermost  parts 
,3Jn  iïlcinoriani 

^atheCu  3l\nbm 

The  Gift  of 
SADYE  RUBIN  MARANTZ  LEE 


The   National   Women's   Committee 
of  Brandeis  University 


A 


BIOGKAPHIE 

UN1VEKSELLE 


DES   MUSICIENS 


TOME  SEPTIÈME 


rYl'OGRAPHII     Dl     il     KIRMIN    UIDOT.    —   HCSN11    [EUKI   I 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


ET 


BIBLIOGRAPHIE  GÉNÉRALE  DE  LA  MUSIQUE 


«MKo^- — 

DEUXIÈME  ÉDITION 

ENTIEREMENT    I! F. FONDUE    ET    AUGMENTÉE    DF    PLUS    HF.    MOITI 


PAR  t*Ù  FÉTIS 


MAITRE    DE    CHAPELLE    DU    ROI    DES   BELGES 
DIRECTEUR    DU    CONSERVATOIRE    ROYAL    DE    IMUSK.H  K    DE    BRUXELLES,    KTt. 


TOME  SEPTIEME 


PARIS 

LIBRAIRIE  DÉ  FIKM1N  DIDOT  FRÈRES,  FILS  ET  C10 

IMPRIMEURS    DE    L'INSTITUT,    RUE    JACOB,    56 

1867 

I  oiia  droits  i  e«ci  vés 


Beferenc 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 

DES  MUSICIENS 


p 


PET10TTI  (Jean-Dominique),  né  à  Ver- 
ceil  en  1760,  fit  ses  études  musicales  à  Milan, 
sous  la  direction  de  Fiorini,  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  cette  ville;  et  après 
trois  ans  de  travaux  près  de  ce  maître,  il  se 
rendit  à  Bologne,  où  il  reçut  des  conseils  du 
P.  Martini  pendant  une  année.  De  retour  à 
Verceil,  il  accepta  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale.  Il  en  remplissaitencore 
les  fonctions  en  1820.  Les  renseignements 
sur  sa  personne  s'arrêtent  à  cette  époque  ;  on 
sait  seulement  qu'il  avait  obtenu  le  titre  de 
maître  de  musique  de  la  reine  de  Sardaigne. 
Perotti  a  fait  représenter,  en  1788,  à  Alexan- 
drie de  la  Paille,  l'opéra  intitulé  :  Zemirae 
Gondarte,  puis  il  fit  jouer,  à  Rome,  Agesilao, 
en  1789.  On  dit  qu'il  a  aussi  donné  quelques 
autres  opéras  au  théâtre  Argentina  de  Rome, 
et  à  celui  de  la  Fenice,  à  Venise;  mais  les 
titres  n'en  sont  pas  connus.  Ce  mailre  a  écrit 
beaucoup  de  musique  d'église,  pour  le  service 
de  la  cathédrale  de  Verceil. 

PEROTTI  (Jean-Augustin),  frère  du  pré- 
cédent, naquit  à  Verceil  en  1774,  et  fut  dirigé 
dans  ses  éludes  par  Jean-Dominique  Perotti. 
Plus  tard,  il  se  rendit  à  Bologne  pour  y 
prendre  des  leçons  de  contrepoint  de  Matlei. 
Pendant  son  séjour  en  cette  ville,  il  obtint  le 
titre  de  membre  de  l'Académie  des  Philhar- 
moniques. A  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  il  com- 
mença à  composer  pour  l'église,  pour  la 
chambre  et  pour  le  théâtre.  Son  premier 
opéra,  intitulé  la  Contadina  nobile,  fut  re- 
présenté à  Pise,  en  1795.  L'année  suivante,  il 
fut  appelé  à  Vienne,  pour  écrire  la  musique 
de  quelques  ballels,  et  remplir  les  fonctions 
d'accompagnateur    de    l'Opéra    italien.    En 

BIOCR.   D5IV.   DES  MUSICIENS.  T.  VII. 


1798,  il  était  à  Londres  en  la  même  qualité  ; 
il  y  refit  presque  en  entier  VAlessandro  e  Ti- 
moteo  de  Sarti,  qui  fut  joué  dans  la  saison  de 
1800.  Il  y  fit  aussi  graver  deux  œuvres  de  so- 
nates de  piano.  De  retour  en  Italie,  il  se  fixa 
à  Venise,  où  il  fut  admis  dans  la  Société  acadé- 
mique des  Sofronomi,  ainsi  qu'à  l'Académie 
littéraire  vénitienne.  Ce  fut  pour  son  admis- 
sion dans  cette  dernière  Société  qu'il  composa 
VEsopo,  poème  facétieux  in  sesta  rima.  En 
1811,  la  Société  italienne  des  sciences  et  arls 
de  Livourne  mit  au  concours  celle  question  : 
Dimostrare  lo  stato  alluale  délia  musica  in 
Italia;  Perolli  envoya,  pour  sa  solution,  un 
mémoire  qui  fut  couronné,  et  qu'on  a  imprimé 
sous  ce  titre  :  Dissertazione  di  Giannagos- 
tino  Perotti  di  Fercelli,  Academico  filarmo- 
nico,  etc.,  sullo  stato  attuale  délia  musica 
italiana ,    coronata  dalla  società  italiana 
di  scienze,  lettereed  artiil  di  XXIV  giugno 
MDCCCXI;  Venise,  Picotli,  1812,  in-8"  de 
cent  vingt  pages.  Cette  dissertation,  dont  il  a 
été  fait  une  analyse  dans  le  quinzième  volume 
de  la  Gazette  musicale  de.  Leipsick  (p.  5,  17, 
41),   a    été    traduite  en    français   par  Brack 
(voyez  ce  nom);  la    traduction  française  est 
intitulée  :  Dissertation  sur  l'état  actuel  de 
la  musique  en  Italie;  Gênes,  1812,  in-8°  de 
cent  vingt-huit  pages.  Il  y  a  quelques  bons 
renseignements,  dans  ce  morceau  historique, 
sur  la  musique    italienne  vers  les  dernières 
années   du  dix-huitième    siècle    et  au  com- 
mencement  du    dix-neuvième.   On    a  aussi 
de  Perotti  un  petit  poème  intitulé  :  Il  buon 
gusto  délia  musica  ;  Venise,  Zerletli,   1808, 
in-8°  de  vingt-huit  pages.  Il  a  écrit  beaucoup 
de  musique  d'église  qui  est  estimée.  Après 


91461 


PEROTTl  —  PERRINO 


nvoir  été  couronné  par  la  Société  italienne <lcs 
sciences  et  arts,  il  devint  un  rie  ses  membres. 
En  1812,  il  avait  obtenu  la  survivance  rie  la 
place  de  mallre  rie  chapelle  de  Saint-Marc  rie 
Venise;  il  rievint  titulaire  de  cette  place  )e 
2  mai  1817,  après  la  mort  de  Furlanelto. 

PERRAULT  (Claude),  architecte  devenu 
célèbre  par  la  construction  de  la  colonnade  du 
Louvre,  naquit  à  Paris  en  1613.  Son  père, 
avocat  au  parlement,  lui  fil  étudier  la  méde- 
cine, l'anatomie  et  les  mathématiques.  Chargé 
par  Colbert  de  la  traduction  ries  oeuvres  de 
Vilruve,  il  prit,  en  lisanl  cet  auteur,  tant  rie 
goût  pour  l'architecture ,  qu'il  résolut  de 
se  livrer  à  la  culture  de  cet  art.  Admis,  en 
16C0,  au  nombre  des  membres  de  l'Acadé- 
mie royale  des  sciences,  nouvellement  établie, 
il  se  montra  digne  de  cet  honneur  par  ses 
travaux  et  par  ses  écrits.  Il  mourut  à  Paris,  le 
9  octobre  1688.  Dans  sa  traduction  de  Vilruve, 
publiée  à  Paris  en  1673,  un  volume  in-folio, 
il  a  donné  une  explication  à  peu  près  inintelli- 
gible de  l'orgue  hydraulique  décrit  par  cet 
écrivain  de  l'antiquité,  avec  des  figures  de 
l'instrument,  purement  imaginaires.  Les 
Essais  de  Physique  de  Claude  Perrault 
(Paris,  1080,  deux  volumes  in-4°,  ou  1684, 
quatre  volumes  in-12)  renferment  une  Dis- 
sertation sur  la  musique  des  anciens. 

PERRAULT  (Charles),  frère  du  précé- 
dent, naquit  à  Paris,  le  12  janvier  1628. 
Après  avoir  fait  ses  éluries  au  collège  de 
Beauvais,  il  obtint  la  place  de  premier  com- 
mis rie  la  surintendance  des  bâtiments  du  roi. 
Plus  lard,  il  eut  le  titre  de  contrôleur  général 
ries  bâtiments,  et  fut  admis  à  l'Académie 
française.  Il  mourut  à  Paris,  le  16  mai  1703. 
On  connaît  ses  discussions  avec  Boileau  con- 
cernant la  supériorité  des  anciens  ou  ries 
modernes  dans  la  culture  des  lettres  et  des 
arts.  Il  a  écrit  à  ce  sujet  le  livre  intitulé  : 
Parallèle  des  anciens  et  des  Modernes  en  ce 
qui  regarde  les  arts  et  les  sciences;  Paris, 
1080-1696, quatre  volumes  in-12;  assez  mau- 
vais livre,  sous  le  rapport  du  slyle  et  sous  ce- 
lui de  la  doctrine  littéraire,  mais  oii  l'on 
trouve  rie  bon  nés  choses  concernant  les  sciences 
et  les  arts,  particulièrement  sur  la  musique 
des  anciens. 

PERRIN  (...),  né  à  Bourg-en-Bressc,  dans 
la  première  moitié  du  dix  septième  siècle,  fut 
un  habile  joueur  rie  musette  et  fabriqua  rie 
bons  instruments  rie  ce  genre  (voyez  le  Traité 
de  la  muselle,  de  Borjon  (p.  59 

PERRINE   ( ),   musicien    français    et 

luiiii  le  de  la  fin  du  dix-septième  siècle,  a  fail 


graver  une  Table  pour  apprendre  à  toucher 
le  luth  sur  les  notes  chiffrées  de  la  basse 
continue  (sans  date). 

PERRIX)  (Marcello),   recteur  et  admi- 
nistrateur du  collège  de  musique  de  Sainl-Sé- 
baslicn,  à  Naples,  dans  les  premières  années 
du  dix-huitième  siècle,  naquit  dans  celte  ville 
vers  1765.  Hélait  fils  d'un  avocat  et  l'ut  des- 
tiné par  son  père  à  suivre  la  carrière  du  bar- 
reau. Après  avoir  terminé  rie  bonnes  éluries 
littéraires  el  scientifiques,  il  fit  son  cours  de 
droit  et  fréquenta  les  tribunaux,  mais  sans  goût 
pour  la  profession  qu'on  voulait  lui  faire  em- 
brasser, et  préoccupé  de  son  penchant  pour  la 
musique,  qu'il  avait  apprise  dans  sa  jeunesse. 
Sans  aulre  instruction  que  celle  qu'il  avait  pu 
acquérir  par  la  lecture  ries  œuvres  classiques, 
il  se  hasarda  sur  la  scène   et   fit  jouer,  an 
théâtre   Saint-Charles,   Ulisse  nell'  isola  di 
Circe,  suivi, quelques  années  après,  de  VOlim- 
piade.  Le  marquis  de  Villarosa  dit  (1)  que 
ces  ouvrages  procurèrent  à  Perrino  sa  nomi- 
nation, au  mois  de  février  1806,  à  la  place  de 
directeur  du  collège  royal  rie  musique  ;  mais 
il  est  plus  vraisemblable  qu'il  dut  cette  posi- 
tion à  ses  relations  sociales  ;  car  les  partitions 
iVUlisse  et  d'une  Passion,  quej'ai  vues  à  la 
bibliothèque  du  collège  royal  rie  musique,  à 
Naples,  sont  des  œuvres  dépourvues  de  mé- 
rite. On  connaît  aussi  rie  lui  un  Christus,  un 
Miserere,  ries  airs  détachés  et  des  cantates.  Il 
s'est  particulièrement  fait  connaître  par  les 
ouvrages    suivants    :     1°    Osservazioni   sut 
canto  ;  Naples,  Terni,  1810,  in-4".  Celle  édi- 
tion est  la  seconde  de  l'ouvrage;  j'ignore  la 
date  de  la  première.  Ce  livre  a  été  traduit  en 
français  par  Auguste  Blondeau,  sous  ce  litre  : 
Nouvelle  méthode  de  chant  de  Marcello  Per- 
rino, précédée  :  1°  d'une  notice  sur  Pales- 
trina,  né  en  1529  ;  2°  d'une  notice  sur  la  vie 
de  Benedclto  Marcello,  né  le  2i  juillet  1686, 
traduite  de  l'italien  avec  des  notes  du  tra- 
ducteur,et  suivie  d'une  notice  sur  les  usage» 
du  théâtre  en  Italie;  Paris,  Eberard,  18")!», 
un  volume  in-8°  de  deux  cent  soixante-Huit 
pages.  Une  troisième  édition  de  l'ouvrrge  ori- 
ginal  de  Perrino  a  été  publiée  à  Naples  en 
1814.  Il  parut,  dans  la.mème  ville  el  dans  la 
même  année,  une  brochure  anonyme,  dans  la- 
quelle il   était  riil  que  toute  la  musique  mo- 
derne d'église   el  rie   théâtre  n'avait  aucune 
valeur,  et  que  la  décadence  était  si  avancée, 
qu'il  n'y  avait  rien  à  espérer  des  jeunes  coin- 


(I)  Uemorie  dei  rompoiiiori  di  musica  del  regn»  di 
'   l>   155. 


PERRINO  -  PERSD1S 


posileurs,  dont  l'éducation  était  mal  faite.  Pei- 
i-ino  répondit  à  celle  diatribe  par  l'écrit  inti- 
tulé :  2°  Lettere  ad  un  suo  amico  sul  propo- 
sito  iVuna  disputa  relativa  alla  miisica; 
Naples,  Terni,  1814,  in-8°  de  soixante-huit 
pages. 

PERSIANI  (Josepji),  compositeur  drama- 
tique, né  vers  1805,  à  Recanati,  dans  les  États 
de  l'Église,  a  fait  son  éducation  musicale  au 
collège  royal  de  musique,  à  Naples-,  et  y  a  reçu 
des  leçons  de  composition  de  Ti  itlo.  En  1826, 
il  a  fait  son  début  à  la  scène  par  la  composi- 
tion de  l'opéra  bouffe  intitulé  -.Piglia  ilmondo 
corne  viene,  qui  fut  suivi  de  V Inimico gene- 
roso,  et  de  V Attila,  opéra  sérieux  ;  les  deux 
premiers  de  ces  ouvrages  furent  représentés  à 
Florence,  et  le  troisième,  à  Parme.  L'année 
suivante,  il  a  donné  au  théâtre  de  la  Pergola 
Danao  re  d'Argo,  opéra  sérieux  dont  les  jour- 
naux  italiens  ont  fait  l'éloge.  En  1828,  Per- 
siani  a  écrit  pour  le  théâtre  de  la  Fenice,  à 
Venise,  Gaston  de  Foix,  opéra  sérieux.  Cos- 
tantino  in  Arles,  représenté  dans  la  même 
ville,  au  carnaval  de  1829,  y  fut  bien  accueilli, 
et  dans  le  même  temps  Eufemio  di  Messina, 
réussit  également  à  Lucques,  puis  à  Venise  et 
à  Naples;  enfin,  dans  la  même  année,  le  com- 
positeur donna  ,  à  Milan  ,  e7  Solilario,  qui 
tomba  à  plat.  Entre  celte  époque  et  1852, 
aucun  ouvrage  nouveau  de  Persiani  n'appa- 
raît sur  les  théâtres  d'Italie,  mais  dans  celle 
même  année  1852,  il  fit  jouer  à  Padoue, 
I  Saraceni  in  Catania ,  qui  n'eut  pas  de 
succès.  Un  autre  intervalle  se  fait  remarquer 
dans  l'activité  du  compositeur  jusqu'à  ce  qu'il 
écrivit,  à  Naples,  en  1 855,  son  Inès  de  Castro, 
dont  le  succès  fut  éclatant  sur  toutes  les 
scènes  italiennes,  mais  qui  tomba  à  Paris,  en 
1858,  lorsque  Persiani  y  alla  mettre  en  scène 
celte  composition, laquelle  n'en  est  pas  moins 
son  ouvrage  le  mieux  écrit.  Ce  fut  alors  que  ce 
compositeur  fut  appelé  en  Espagne,  où  il  passa 
plusieurs  années.  Il  fit  représenter,  au  théâtre 
de  Madrid,  en  1846,  VOrfana  savoiarda,  qui 
payait  avoir  élé  sa  dernière  production  dra- 
matique, car  son  nom  disparait  alors  de  l'ac- 
tivité du  monde  musical.  Persiani  avait  épousé 
la  fille  du  célèbre  chanteur  Tacchinardi,  à 
Florence,  en  1827. 

PERSIAIMI  (madame  Fanni),  femme  du 
précédent,  est  fille  du  célèbre  chanteur  Tac- 
chinardi. Son  talent  de  cantatrice  dramatique 
fut  un  des  plus  beaux  de  la  dernière  époque 
de  l'art  du  beau  chant  i'.aîien,  après  laquelle 
cet  art  a  disparu  pour  faire  place  à  la  force 
de»  poumons.   Madame   Persiani   débuta   au 


théâtre  de  Livourne,  en  1852,  et  y  fit  unu 
si  vive  impression  qu'elle  fut  appelée  im- 
médiatement après  à  Venise,  puis  à  Milan, 
à  Florence,  à  Rome  et  à  Naples,  où  elle 
chanta  au  théâtre  Saint- Charles,  pendant 
les  années  1854,  1835  et  1856.  En  1857,  elle 
fut  rappelée  à  Venise,  puis  elle  reçut  un  en- 
gagement pour  Vienne,  où  elle  eut  des  succès 
non  moins  brillants  qu'en  Italie.  Arrivée  à 
Paris,  au  mois  d'oclobre  1858,  elle  y  débuta 
dans  le  Barbier  de  Séville,  et  fit  admirer  sa 
belle  mise  de  voix  el  la  pureté  de  sa  vocalisa- 
lion.  Pendant  plusieurs  années,  elle  jouit  au 
théâtre  italien  de  toute  la  faveur  du  public  et 
n'eut  pas  de  moins  beaux  succès  à  Londres. 
Un  enrouement  subit  qui  lui  survint  en  1843, 
d;ins  cette  dernière  ville,  fut  le  signal  d'une 
maladie  de  l'organe  vocal  de  celte  excellente 
cantatrice  :  le  mal  s'accrut  rapidement,  et 
l'artiste  fut  obligée  de  quitter  la  scène  pour 
toujours. 

PERSICCHINI  (Pierre),  né  à  Rome,  en 
1757,  a  fait  ses  études  musicales  en  cette  ville, 
puis  a  voyagé  en  Pologne  et  s'est  fixé  à  Var- 
sovie vers  1782.  Il  y  a  écrit  pour  le  théâtre 
Royal  VAndromeda,  opéra  sérieux  et  Le 
Nozze  di  Figaro.  Ces  deux  ouvrages  ont  ob- 
tenu un  brillant  succès. 

PERSUIS  (Louis-Luc  LOISEAU  DE), 
fils  d'un  maître  de  musique  de  la  cathédrale 
de  Metz,  naquit  en  celte  ville,  le  21  mai  1769. 
Il  avait  terminé  ses  études  musicales,  et  il 
était  devenu  violoniste  assez  habile,  lorsque 
l'amour  qu'il  avait  conçu  pour  une  actrice  du 
théâtre  de  Melz  l'attacha  à  ses  pas.  Il  la  suivit 
dans  le  midi  delà  France,  et  fut  attaché  pen- 
dant quelque  temps  à  Avignon,  en  qualité  de 
professeur  de  violon.  En  1787,  il  se  rendit  à 
Paris  et  fit  entendre  avec  succès,  au  Concert 
spirituel,  l'oratorio  intitulé  le  Passage  de  la 
mer  Rouge.  Entré  comme  premier  violon  au 
théâtre  Montansier,  en  1790,  il  en  sorlit  trois 
ans  après  pour  passer  à  celui  de  l'Opéra;  mais 
il  resta  alors  peu  de  temps  à  ce  théâtre,  ayant 
eu  d'assez  vives  discussions  avec  Rey,  qui  en 
élait  premier  chef  d'orchestre.  Rentré  à 
l'Opéra,  en  1804,  comme  chef  du  chant,  il 
commença  dès  lors  à  donner  des  preuves  de 
capacité  qui  le  firent  appeler,  en  1805,  au 
jury  de  lecture  et  au  comité  d'administration. 
Après  la  mort  de  Rey,  en  1810,  Persuis  fut 
choisi  pour  lui  succéder  dans  la  place  de  chef 
d'orchestre  :  il  y  fit  preuve  d'un  talent  re- 
marquable; mais  il  ne  se  fit  point  aimer  des 
artistes  qu'il  dirigeai!,  car  non-seulement  il 
portait  jusqu'à  l'excès  la  fermeté  nécessaire 


PERSUIS  -  PEUTI 


dans  un  pareil  emploi,  mais  une  humeur  atra- 
bilaire, qui    s'irritait    au   moindre  obstacle 
opposé   à    sa    volonté.    Nommé    inspecteur 
général  de  la  musique  de  l'Opéra,  en  1814, 
lorsque  Choron  fut  appelé  à  la  direction  de  ce 
spectacle,  il  fut  presque  toujours  en  lutte  avec 
cet  administrateur.   Une    circonstance  inat- 
tendue vint  encore  augmenter  la  haine  que 
ces  deux  artistes  éprouvaient  l'un  pour  l'au- 
tre :  Persuis  avait  fait  représenter,  en  1812, 
son   opéra  de   la   Jérusalem   délivréee,   qui 
n'avait  pas  eu  le  succès  qu'on  en  attendait.  En 
1815,  il  obtint  de  M.  de  Pradel,  ministre  de  la 
maison   du   roi,  un  ordre  pour  la  remise  de 
cet  ouvrage;  informé   de  l'avis  officiel  qu'il 
devait  recevoir  à  ce  sujet,  Choron  se  hâta  de 
faire  détruire  les  décorations  de  la  Jérusalem 
pour  les  employercomme  matériaux  dans  d'au- 
tres pièces.  C'est,  je  crois,  le  seul  trait  de  mal- 
veillance qu'on  puisseciter  dansla  vie  de  Cho- 
ron :  il  lui  coûta  la  direction  de  l'Opéra,  car 
Persuis,  résolu  de  se  venger,  fit  agir  ses  protec- 
teurs à  la  cour,  et  supplanta  son  adversaire 
dans  l'administration  de  ce  grand  spectacle. 
Devenu  directeur  de  l'Opéra  le  1"  avril  1817, 
il  se  montra  digne  de  la  confiance  qu'on  avait 
eue   en  ses    talents,   car  jamais  le    premier 
théâtre  de  la  France  ne  fut  dans  une  situation 
plus  florissante  que  sous  son  administration. 
Malheureusement,  il  ne  tarda  point  à  ressentir 
les  atteintes  d'une  maladie  de  poitrine,  dont 
il  mourut  le  20  décembre  1819,  à  l'âge  de 
cinquante  ans  et  quelques  mois.  A  l'époque  de 
l'organisation   du  Conservatoire  de  musique, 
il  y  était  entré  comme  professeur  de  première 
classe;  mais  enveloppé  dans  la   disgrâce  de 
Lesueur,   son  ami,   il  fut  compris    dans  la 
réforme  de  1802,  et  ne  pardonna  jamais   à 
l'administration  qui  l'avait  exclu.  Entré  dans 
la  chapelle  du  premier  consul,  dans  la  môme 
année,  il  eut  le  titre  de  maître  de  musique  de 
la  chapelle  du  roi,  en  1814,  obtint  ensuite  la 
survivance  de  Lesueur,  comme  surintendant 
de  cette  chapelle,  et  fut  surintendant  hono- 
raire depuis  18 1 G  jusqu'à  sa  mort.  Le  5  dé- 
cembre 1819,  le  roi  Louis  XVIII,  en  le  créant 
chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Michel,  lui  ac- 
corda une  pension  dont  la  moitié  était  réver- 
sible sur  la  tète  de  sa  femme;  mais  il  ne  jouit 
pas  longtemps  de  ces  avantages,  car  il  expira 
peu  de  jours  après. 

Les  compositions  de  Persuis  pour  le  théâtre 
sont  celles  dont  les  litres  suivent  :  I.  Au 
théâtre  Montansier  :  1°  Estelle,  opéra  en  trois 
actes,  1783.  II.  Au  théâtre  Feydeau  :  2°  La 
JVuit  espagnole,  en  deux  actes,  1791.  ô°  f'ha- 


nor  et  Angola,  en  trois  actes,  1798.  III.  Au 
théâtre  Favart  :  4°  Fanny  Morna,  en  trois 
actes,  1799.  5°  Le  Fruit  défendu,  en  un  acte, 
1800.  6°  Marcel,  en  un  acte,  1801.  IV.  A 
l'Opéra  :  7°  Léonidas,  en  trois  actes,  1799 
(en  société  avec  Gresnick).  8°  Chant  de 
victoire  enl'honneur  de  Napoléon,  en  180C. 
9°  L'Inauguration  de  la  Victoire  (en  société 
avec  Lesueur),  1807.  10°  Le  Triomphe  de 
Trajan,  en  trois  actes  (avec  Lesueur),  1807. 
11°  Jérusalem  délivrée,  en  trois  actes,  1812. 
C'est  le  meilleur  ou  v rage  de  Persuis.  1 2°  Chant 
français,  en  1814.  13°  L'Heureux  retour 
(avec  Berton  et  Kreutzer),  1815.  14°  Les 
Dieux  rivaux  (avec  Spontini),  en  1816.  Si 
Persuis-  manqua  d'effet  dramatique  dans  ses 
opéras,  il  fut  plus  heureux  dans  ses  ballets, 
car  il  a  fait  de  la  musique  charmante  pour 
quelques-uns.  Ses  principaux  ouvrages  en  ce 
genre  sont  :  15°  Ulysse,  en  trois  actes,  1807. 
16°  TVÏna,  en  deux  actes,.  1815. 17°  L'Épreuve 
villageoise,  1814. 18°  Le  Carnaval  de  Fenise, 
en  trois  actes  (avec  Kreutzer),  en  1810.  Ses 
opéras  non  représentés  sont  :  19°  La  Ven- 
geance, écrit  en  1799.  20°  Hommage  aux 
Dames,  1816. 

PEUTHALEU  (Caroline),  pianiste  dis- 
tinguée, est  née  à  Grœtz  (Styrie),  en  1805. 
Elle  ne  commença  à  étudier  le  piano  qu'à 
l'âge  de  douze  ans;  à  quinze,  elle  était  déjà 
assez  habile  pour  se  faire  entendre  en  public. 
Vers  1821,  elle  se  rendit  à  Vienne,  où  elle 
prit  des  leçons  de  Czerny,  et  donna  des  con- 
certs. De  retour  chez  elle,  elle  continua  ses 
éludes,  et,  en  1826,  elle  entreprit  un  voyage 
en  Allemagne.  Partout  son  talent  excita  l'ad- 
miration. Fixée  à  Munich,  en  1831,  elle  s'jr 
livra  à  l'enseignement  jusqu'en  1834,  puis  fit 
un  nouveau  voyage  à  Vienne, dans  le  Tyrol  et 
en  Italie.  De  retour  à  Munich,  elle  y  passa  les 
années  1835  et  1836.  Dans  l'été  de  cette  der- 
nière année,  elle  se  rendit  à  Trieste  par  le 
Tyrol,  et  s'y  embarqua  pour  la  Grèce,  où  elle 
s'est  mariée.  On  ne  connaît  aucune  composi- 
tion de  cette  virtuose. 

PEUTI  (Jacques-Antoine),  compositeur 
distingué,  naquit  à  Bologne,  le  6  juin  1661. 
A  l'âge  de  dix  ans,  il  commença  l'étude  de 
la  musique,  sous  la  direction  de  son  oncle, 
I.orenzo  Perli,  mansionaire  de  la  basilique 
de  Saint-Pétrone.  Dans  le  mémo  temps,  il 
s'adonna  également  à  l'élude  des  lettres  au 
collège  des  Jésuites.  Après  les  avoir  terminées 
et  suivi  le  cours  de  philosophie  de  l'u  Diversité,  il 
reçut  des  leçons  duP.PetronioFanceschini.  A 
l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  écrivit  une  messe  solen- 


PERTI  —  PERUCCI1INI 


nelle  avec  orchestre  qu'il  dirigea  lui-môme 
dans  l'église  de  Sainl-Pélrone,  en  1080.  Déjà, 
dans  l'année  précédente,  il  avait  donné  avec 
succès,  au  théâtre  de  sa  ville  natale,  Alide, 
son  premier  opéra,  suivi  de  VOresle.  en  1081. 
Le  13  mars  de  la  même  année,  Perti  fut 
agrégé  à  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
sa  ville  natale,  dont  il  fut  une  des  gloires.  En 
1083,  il  fut  appelé  à  Venise  pour  écrire 
l'opéra  Marzio  Coriolano,  qui  fut  représenté 
au  théâtre  Saint  Jean  et  Saint-Paul.  Attaché 
d'ahord  au  service  du  duc  de  Toscane  Ferdi- 
nand Ier,  il  écrivit  plusieurs  opéras  pour  le 
théâtre  de  Florence;  puis,  en  1097,  l'empereur 
Léopold  Ier  le  fit  son  maître  de  chapelle,  et 
son  successeur,  Charles  VI,  lui  donna  le  titre 
de  conseiller.  Toutefois,  l'attachement  de  Perti 
pour  sa  patrie  lui  fit  décliner  les  honneurs  et 
les  avantages  qui  lui  étaient  offerts  par  ces 
princes,  généreux  mécènes  des  musiciens  cé- 
lèhres.  Toule  l'ambition  de  Perti  se  trouva  sa- 
tisfaite par  sa  nomination  à  la  place  de 
maître  dechapelle  de  la  cathédrale  de  Bologne. 
Il  en  remplit  les  fonctions  avec  zèle,  écrivit 
un  grand  nombre  d'ouvrages  pour  l'église,  et 
forma  des  élèves  distingués,  parmi  lesquels  on 
remarque  Aldrovandini,  Laurenti,  Torelli  et 
Pistocchi.  Perti  mourut  à  Bologne,  le  10  avril 
1750,  à  l'âge  de  quatre-vingt-quinze  ans.  11 
avait  été  six  fois  prince  de  l'Académie  des 
Philharmoniques.  Homme  simple  et  modeste 
autant  que  savant,  il  ne  fit  jamais  servir  ni  à 
sa  fortune,  ni  à  sa  renommée,  ses  relations  avec 
les  princes,  qui  le  traitaient  avec  bienveillance, 
ni  avec  le  pape  Benoit  XIV  (Prosper  Lamber- 
tini),  dontil  avaitétél'ami  avantson  exaltation, 
et  avec  qui  il  entretint  une  correspondance. 
Jusqu'à  ses  derniers  moments,  il  s'occupa  de 
l'art  qui  avait  rempli  toute  son  existence. 
Le  P.  Martini  dit  (Sagg.  di Contrap. ,  part.  2, 
p.  142)  qu'en  1750  Perti,  alors  âgé  de  quatre- 
vingt-dix  ans,  avait  encore  avec  lui  des 
conversations  sur  la  musique.  Les  opéras  com- 
posés par  J.-A.  Perti  sont  :  1*  Alide,  repré- 
senté en  1079.  2°  Marzio  Coriolano,  1083. 
5°  Flavio,  1080.  4°  Rosaura, #1089.  5°  L'In- 
coronazionc  di  Dario,  1089.  6°  L'Inganno 
scoperto  per  vendetta,  1091.  7°  Brenno  in 
Efeso.  1091.  8°Furio  Camillo,  1092.  9"  Ne- 
rone  fatto  Cesare,  1093.  10°  Il  re  Infante, 
1094.  11°  Laodicea  e  Bérénice,  1095. 
12°  Apollo  geloso,  1098.  13°  Le  premier  acte 
tVAriovisto,  1099.  14°  Il  Vtnceslao,  1708. 
15°  Lucio  Vero,  1717.  1G°Gj'esù  alsepulcro, 
oratorio.  17°  La  Morte  di  Giesù,  oratorio, 
1718.  Parmi  les  compositions  de  Perti  pour 


l'église,  on  remarque  :  1°  Dixit,  à  quatre 
voix  avec  instruments.  2°  Bcatusvir, à  quatre 
voix.  3°  Adoramus  te,  à  quatre  voix.4°6'ral". 
à  quatre  voix.  5°Deux  Credo,  àcinqvoix.0°Z>»c» 
irx,  à  trois  voix.  7°Laudamus  Deumnostrum, 
à  cinq  voix.  Son  premier  ouvrage  imprimé  a 
pour  titre  :  Cantate  morali  e  spirituali  a  una 
e  due  voci,  con  violini  e  senza;  Bologne,  Jac- 
ques Monti,  1088,  in-4°.  Le  second  oeuvre  pu- 
blié a  pour  titre  :  Messe  e  Salmi  concertali  a 
Quattro  voci  con  stromenti  e  ripieni,  op.  2; 
Bologne,  Délia  Volpe,  1735.  L'abbé  Santini, 
de  Borne,  possède  de  ce  maître,  en  manu- 
scrit :  deux  messes,  à  cinq  voix  avec  or- 
chestre; deux  messes,  à  huit  voix  concertées 
avec  des  instruments;  trois  psaumes  Laudate, 
à  trois  voix  avec  instruments;  trois  Confite- 
bor,  idem;  trois  Domine  ad  adjuvandumt 
idem;  trois  Magnificat,  à  quatre  voix  avec 
instruments  ;  un  Magnificat ,  à  cinq  voix  ; 
Dies  irx  pour  deux  ténors  et  basse  avec  des 
violes;  Te  Deum  laudamus,  à  cinq  voix; 
beaucoup  de  motets  à  quatre  et  cinq  sans  in- 
struments. Le  docteur  Louis  Masini,  secrétaire 
et  membre  del'Académiedes  Philharmoniques 
de  Bologne,  a  publié  :  Elogio  a  Jacopo  An- 
tonio Perti,  Bolognese,  professore  di  con- 
trappunto;  recitato  nella  grand'  aula  del 
liceo  filarmonico ,  il  giorno  2%  agoslo  1812; 
Bologne,  in-8°  de  trente-neuf  pages. 

PERTTXARO  (François),  musicien  ita- 
lien du  seizième  siècle,  naquit  à  Plaisance,  et 
fut  chantre  de  la  chapelle  de  l'empereur  Maxi- 
milien  II,  qui  régna  depuis  1504  jusqu'en. 
1570,  et  à  qui  il  a  dédié  une  de  ses  productions 
Ses  ouvrages  connus  sont:  1°  Il  primo  libro 
de' Madrigali  a  cinque  voci;  in  Fenetia,  app. 
Ant.  Gardane,  1550,  in-4°  obi.  Une  deuxième 
édition  de  cet  ouvrage  a  été  pubiée  en  1503,  à 
Venise,  chez  Jérôme  Scotto,  in-4°  obi.  2°  Ma- 
drigali a  cinque  voci,  libro  secondo  ;  Vene- 
tia,  app.  Ant.  Gardane,  1554,  in-4°  obi. 
3°  Madrigali  a  cinque  et  sei  voci,  con  tre 
dialoghi  a  sette  ed  uno  a  otto.  Libro  terzo; 
ibid.,  1557,  in-4°  obi.  4°  Le  Vergine,  a  sei 
voci,  con  alcuni  madrigali  a  sei,  et  duoi 
dialoghi  a  sette,  da  lui  novamente  composti, 
et  con  ogni  diligentia  corretli,  ail'  invit- 
lissimo  Imperatore  Massimiliano  secondo 
umilmenle  dedicati  ;  Fenetia ,  app.  Girol. 
Scotto,  1508,  in-4°. 

PEKUCCHIINI  (le  docteur  Jean-Bap- 
tiste), ancien  magistrat  et  amateur  distinguéde 
musique,estnéàVenise  vers  1790 ety a  toujours 
résidé,  sauf  quelques  voyages.  Bon  pianiste 
dans  sa  jeunesse,  il  brilla  dans  les  salons  par 


PERUCCHINI  —  PESCETTI 


son  talent  sur  son  instrument  ;  mais  il  s'est 
particulièrement  fait  remarquer  par  la  grâce 
et  le  charme  des  nombreuses  mélodies  dont  il 
a  orné  les  poésies  élégantes  de  Lamberli,  de 
Vittorelli,  de  Buratti,  et  de  quelques  autres. 
Quelques-unes  de  ses  charmantes  ariettes  ont 
été  insérées  dans  les  recueils  publiés  à  Milan 
par  Ricordi,  sous  les  titres  :  II  trovulore  ita- 
liano,  et  VOrologio  di  Flora.  Je  citerai  aussi 
la  romance  touchante  qui  l'ut  insérée  dans 
sintonio  Foscarini,  tragédie  de  Nicolini,  son 
recueil  de  cinq  ariettes  :  La  Rimembranza, 
il  Pianto,  Lo  Sguardo,  La  Notte,  La  Pri- 
mavera  (Milan,  Ricordi),  outre  une  multitude 
de  pièces  du  même  genre  détachées.  On  a 
aussi  de  M.  Perucchini  :  Introduction  et 
variations  sur  un  thème  de  Rossini,  pour 
piano  (ibid.). 

PERUCHONA  (le  P.),  de  la  congrégation 
de  Saint-François  Xavier,  maître  au  collège 
de  Sainte-Ursule  à  Galliate,  bourg  du  Pié- 
mont, près  de  Novarre,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  Sacri  concerti  o  Motetli  a 
una,  due,  tre  e  quattro  voci  con  violini  e 
senza.  Op.  1.  Milano,  per  Francesco  Fi- 
gone,  1675,  in-4°. 

PEREE  ou  PERTE  (Nicolas),  composi- 
teur français  du  seizième  siècle,  parait  être  né 
à  Lyon,  où  il  publia  plusieurs  de  ses  ouvrages. 
Commela  plupart  des  artistes  de  celle  époque, 
il  visita  l'Italie,  et  succéda,  en  1581, .à  Ho- 
race Caccini  dans  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  Sainte-Marie  Majeure  ,  à 
Rome.  Il  est  vraisemblable  qu'il  mourut  en 
1587,  car  il  eut  pour  successeur,  dans  celte 
année,  François  Soriano,  et  l'on  ne  connaît 
point  de  lui  de  publication  postérieure  à  celte 
époque.  Dans  le  recueil  de  madrigaux  intitulé  : 
Il  quarto  libro  délie  Muse  a  5  voci  (Venise, 
Gardane,  1574),  on  trouve  des  morceaux  de 
Pervé,  ainsi  que  dans  la  collection  intitulée  : 
Dolci  affetti  (Rome,  1568)  et  dans  II  Lauro 
Verde  (Anvers,  1591,  in-4"  obi.).  On  a  aussi 
imprimé  de  cet  artiste  :  Chansons  françaises 
à  quatre,  cinq,  six  et  sept  ou  huit  parties;  Lyon, 
1578,  in-4°,  et  Madrigali  a  cinque  voci; 
Venise,  1585,  in-4°. 

PERUZZI  (Anine-Maiue),  cantatrice  ita- 
lienne, née  à  Bologne  dans  les  premières  an- 
néesdu  dix-huitième  siècle,  épousa,  vers  1722, 
le  chanteur  Antoine  Peruzzi  qui  se  rendil  à 
Prague,  en  1725,  avec  une  troupe  italienne 
d'opéra  dont  sa  femme  était  prima  donna,  et 
entra  avec  celle  troupe  au  service  du  comte  de 
Sporck,  qui  entretint  à  ses  frais  ce  spectacle 


jusqu'en  1735.  De  retour  en  Italie,  madame 
Peruzzi  chaulait  encore  à  Bologne  en  1746. 

PESADORI  (Antoinette),  dont  le  nom  de 
famille  était  PECHWELT,  naquit  à  Dresde, 
le  6  mars  1799.  Douée  d'une  riche  organisa- 
lion  musicale,  elle  apprit  les  éléments  de  l'art 
dès  l'âge  de  six  ans  chez  Dolzauer,  et  prit 
pour  maître  de  piano  l'excellent  artiste  Rien- 
gel.  Lorsqu'elle  eut  atteint  l'âge  de  onze  ans, 
elle  se  fit  entendre  dans  un  concert  public  et 
fit  naître  l'étonnement  par  son  habileté  pré- 
coce. Également  remarquable  plus  tard  par  sa 
virtuosité  dans  la  musique  brillante,  et  par 
l'intelligence  avec  laquelle  elle  interprétait  la 
musique  classique,  elle  jouissait  à  Dresde 
d'une  grande  considération  parmi  les  artistes 
elles  amateurs  d'élite.  En  1833,  elle  épousa  le 
ténor  Pesadori,  alors  attaché  au  théâtre  de 
Dresde.  Au  mois  d'avril  1834,  elle  se  fil  en- 
tendre pour  la  dernière  fois  dans  un  concert, 
car  une  courte  maladie  la  conduisit  au  tom- 
beau, le  20  septembre  de  la  même  année.  On 
a  publié  de  madame  Pesadori  un  œuvre  post- 
hume, intitulé  :  Introduction  et  rondeau 
agréable  pour  le  piano  ;  Leipsick,  Schubert  et 
Niemeyer. 

PESARO  (Dominique),  facteur  d'instru- 
menls  à  Venise,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  construisit,  à  la  demande  de  Zarlino, 
un  clavecin  où  le  ton  était  divisé  en  quatre 
parties  par  le  nombre  des  touches  du  clavier. 
Zarlino  donne  la  description  de  cet  instru- 
ment. 

PESCETTI  (Jean-Baptiste),  organiste  et 
compositeur,  né  à  Venise  vers  1704,  fut  élève 
de  Lotti,  et  fit  honneur  à  ce  savant  maître  par 
son  mérite.  Il  fut  nommé  organiste  du  se- 
cond orgue  de  la  chapelle  ducale  de  Saint- 
Marc,  le  16  mai  1762,  el  mourut  vraisembla- 
blement dans  les  premiers  mois  de  1766,  car 
il  eut  pour  successeur  Dominique  Belloni,  le 
25  avril  de  celte  année.  Quoiqu'il  ait  réussi 
au  théâtre,  il  se  fit  surtout  estimer  par  sa  mu- 
sique d'église.  Son  premier  opéra  fut  repré- 
senté à  Venise,  en  1726,  et  il  en  fit  jouer  dans 
celle  ville,  presque  chaque  année,  jusqu'en 
1737.  A  celte  époque,  il  se  rendit  à  Londres 
et  y  écrivit  II  f'ello  d'oro ,  opéra  dont 
l'ouverture  a  été  publiée  par  Walsh.  Après 
'.rois  années  de  séjour  dans  cette  capi- 
tale, il  retourna  à  Venise,  et  y  fit  encore 
représenter  quelques  opéras.  On  rapporte 
qu'au  sortir  de  l'école  de  Lotti,  il  fit  exécuter 
une  messe  de  sa  composilion  qui  fut  entendue 
par  liasse,  et  que  ce  musicien  célèbre  dit  en 
parlant  de  l'auteur  de  cet  ouvrage  :  La  iui- 


I'ESCETTl  —  PESTEL 


ture  lui  a  abrégé  le  chemin  de  l'art.  Les 
opéras  de  Pescelti  dont  les  lilres  sont  connus 
sont  :  1°  Il  Prototipo,  Venise,  1726.  2°  La 
Cantatrice,  ibid.,  1727.  5°  Dorinda,  ibid., 

1729.  4°  /  Tre  Defensori  délia  palria,  ibid., 

1730.  5°  Narcisso  al  fonte,  ibid.,  1731. 
f>°  Demetrio,  à  Londres,  1758.  7°  Diana  ed 
Endimionc,  cantate,  ibid.,  1739.  Les  airs  et 
l'ouverture  de  cet  ouvrage  ont  été  publiés  par 
Walsh,  à  Londres,  ainsi  que  ceux  du  Deme- 
trio. 8°  Alessandro  nelle  Indie,  à  'Venise, 
1740.  9°  Tullio  Ostilio,  1740.  10°  Ezio,  1747. 
Pescelti  a  fait  graver  un  œuvre  de  neuf  so- 
nates pour  le  clavecin. 

PESC1I  (Charles-Auguste),  maître  de  con- 
certs du  duc  de  Brunswick,  né  vers  1730,  fut 
d'abord  professeur  de  musique  de  ce  prince, 
qui  acquit  par  ses  leçons  une  certaine  habileté 
sur  le  violon.  En  17G7,Pesch  suivit  son  maître 
à  Londres,  et  y  fit  graver  dix-huit  trios  pour 
deux  violons  et  violoncelle,  divisés  en  trois 
œuvres.  De  retour  à  Brunswick,  il  y  fut  nommé 
maître  de  concerts,  et  montra  du  talent  dans 
sa  manière  de  diriger  l'orchestre  qu'on  lui 
avait  confié.  Il  mourut  en  cette  ville  dans  le 
mois  d'août  1793.  On  a  publié  de  sa  composi- 
tion, outre  les  trios  gravés  à  Londres  :  Con- 
certos pour  violon  et  orchestre,  nos  1  et  2, 
Offenbach,  André.  Il  a  laissé  en  manuscrit 
six  solos,  six  duos  et  six  trios  pour  violon. 

PESCI  (Santé),  de  Rome,  fut  d'abord  cho- 
riste à  l'église  Sainte-Marie-Majeure,  et  suc- 
céda à  Latilla,  maître  de  chapelle  de  cette 
basilique,  le  29  septembre  1744,  mais  avec  le 
litre  de  directeur  au  lieu  de  celui  de  maître. 
Après  en  avoir  rempli  les  fonctions  pendant 
quarante  deux  ans,  il  mourut  à  Rome,  le 
3  septembre  1786.  L'abbé  Santini  possède  en 
manuscrit,  de  ce  maître,  les  compositions 
suivantes:  1°  Messe  à  quatre  voix.  2°  Messe  à 
huit  voix  réelles.  3°  Dixit  à  huit.  4°  Messe  à 
seize  voix.  5°  Invitatoire  pour  la  Nativité,  à 
huit.  6°  Offertoire  de  l'Avent,  à  huit. 

PESENTI  (Michel),  en  latin  PESEN- 
TUS,  compositeur  italien,  né  vraisemblable- 
ment dans  l'État  de  Venise,  fut  prêtre  à  Vé- 
rone, où  il  vécut  vers  la  fin  du  quinzième 
siècle  et  au  commencement  du  seizième. 
Pelrucci  de  Fossombrone  a  imprimé  des 
chansons  italiennes  de  ce  musicien,  dans  les 
livres  1er,  3e,  5e,  7e  et  9e  des  Frottole  {voyez 
I'etruccj).  Il  n'y  est  souvent  désigné  que  par 
son  prénom,  ou  même  par  les  initiales  de  ses 
nom  et  prénoms.  On  trouve  aussi  de  Pesenti, 
dans  le  troisième  livre  des  F.oMli  de  la  Co- 
rona,    imprimé   par   le  même   Pelrucci,   le 


motet  Tulerunt  Dominum  meum,  à  quatre 


voix. 


PESENTI  (Martin),  compositeur,  aveugle 
de  naissance,  né  à  Venise  vers  1600,  y  a  publié 
divers  ouvrages,  parmi  lesquels  on  cite  : 
1°  Misse  a  tre  voci,  1647.  2»  Motetti  a  tre 
voci,  ibid.  5°  Capricci  stravaganti,  ibid. 
4°  Correnti  alla  francese,  balletti,gagliarde, 
passamezzi,  parte  cromatici,  e  parte  enar- 
monici,  a  1,  2  e  3  stromenti,  da  Martino 
Pesenti,  cieco  a  nativitate,  lib.  1-4,  ibid., 
1630-52,  in -fol. 

PESTALOZZI (Jean-Henri),  célèbre  phi- 
lanthrope, né  à  Zurich,  le  12  janvter  1746,  s'est 
illustré  par  ses  recherches  et  ses  travaux  pour 
améliorer  l'éducation  primaire  et  populaire, 
et  surtout  par  le  dévouement  de  sa  vie  entière 
et  le  sacrifice  de  sa  fortune  pour  atteindre  ce 
noble  but.  La  vie  de  cet  ami  de  l'humanité  est 
trop  remplie  et  trop  étrangère  à  l'objet  de  ce 
Diclionnaire  pour  y  trouver  place.  Je  ne  le 
mentionne  que  parce  qu'il  est  souvent  cité 
comme  l'auteur  d'un  système  d'enseignement 
de  la  musique  applicableauxécoles  primaires; 
or,  s'il  est  incontestable  qu'à  la  têle  des 
hommes  qui  se  sont  proposé  de  donner  à  l'en- 
seignement de  la  musique  un  caractère  d'uni- 
versalité il  faut  placer  Pestalozzi,  on  ne  peut 
le  considérer  comme  ayant  inventé  un  système 
spécial  pour  cet  objet,  s'élant  contenté  d'in- 
diquer quelques  vues  générales  dans  son  cé- 
lèbre roman  populaire  intitulé  Léonard  et 
Gertrude,  et  surtout  dans  ses  Directions 
adressées  aux  mères  sur  la  manière  d'in- 
struire elles-mêmes  leurs  enfants.  Pour  l'ap- 
plication de  ses  principes,  il  dut  avoir  recours 
à  des  musiciens  de  profession,  et  ce  furent 
Traugott  Pfeiffer  etNsegeli  qui  se  chargèrent 
de  la  réalisation  de  ses  aperçus  (voyez  ces 
noms).  Pestalozzi  est  mort  à  Brugg,  en  Suisse, 
le  27  février  1827. 

PESTEL  (Jean-Ernest),  excellent  orga- 
niste à  Allenbourg,  naquit  à  Berga  en  1659. 
Admis  à  l'école  de  ce  lieu,  il  y  reçut  sa  pre- 
mière éducation,  et  étudia  pendant  ce  temps 
la  musique  sous  la  direction  de  Jean-Ernest 
Witte.  Ses  progrès  dans  cet  art  le  décidèrent 
à  en  suivre  la  carrière.  Il  se  rendit  à  Leipsick 
et  y  continua  ses  études  sous  la  direction  du 
jeune  Weckmann,  fils  du  célèbre  organiste  de 
Hambourg.  Devenu  habile,  il  fut  appelé  à 
Weida,  dans  le  Voiglland,  en  qualité  d'orga- 
niste, et  de  là  passa  à  Allenbourg,  où  il  l'ut 
d'abord  employé  par  la  ville,  puis  nommé,  en 
1687,  organiste  de  la  cour.  Plus  tard,  il  reçut 
des  propositions  brillantes  de  Gotha,  de  Bits- 


8 


PESTEL  -  PETERSEN 


lau  et  de  quelques  autres  villes,  mais  il  les 
refusa,  et  préféra  sa  situation  à  Altenbourg, 
où  il  se  trouvait  encore  en  1740,  âgé  de  quatre- 
vingt-un  ans.  Pestel  a  beaucoup  écrit  pour 
l'église  et  pour  l'orgue;  mais  il  n'a  rien  fait 
imprimer  de  ses  ouvrages. 

PETEGHEM  (VAN).  Payez  VAN  PE- 
TEGIIEM. 

PETERSEN  (David),  violoniste  hollan- 
dais, qui  vivait  vers  la  tin  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  un  œuvre  de  sonates  pour 
violon  et  basse,  ou  téorbe  et  viola  da  gamba, 
sous  ce  titre  :  Spcelstukken ;  Amsterdam,  in- 
folio, trente-deux  pages.  L'épitre  dédicatoire 
est  datée  d'Amsterdam,  1C83.  Ces  pièces  sont 
d'un  très-bon  style. 

PETERSEN    (Pierre-Nicolas),    flûtiste 
distingué,   né  le  2  septembre  1761,  à  Beder- 
kesa,  dans  le  duché  de  Brème,  était  fils  d'un 
pauvre  constructeur  d'orgues  qui  n'avait  pas 
de  domicile  fixe,  et  qui  s'arrêtait  plus  ou  moins 
longtemps  dans  les  lieux  où  il  trouvait  à  tra- 
vailler. Ne  possédant  aucune  notion  de  la  mu- 
sique, cet  homme  ne  put  aider  au  développe- 
ment des  dispositions  que  son  fils  avait  reçues 
de  la  nature.  Heureusement  ces  dispositions 
étaient  plus  qu'ordinaires  :  le  jeune  Petersen 
possédait  une  de  ces  organisations  d'élite  qui 
ne  doivent  rien  qu'à  elles-mêmes.  Une  flûte 
était  tombée  entre  ses  mains  :  il  apprit  à  en 
jouer  sans  le   secours  d'aucun  maître.  Son 
père  se  trouvait  à  Hambourg,  en  1773.  Celui- 
ci,  dont  les  travaux  étaient  mal  payés  et  dont 
l'existence  était  précaire,  imagina  d'enrôler 
son  fils  dans  une  de  ces  troupes  de  musiciens 
ambulants  qui,  en  Allemagne,  parcourent  les 
rues  des  villes  et  jouent  dans  les  guinguettes. 
Le  séjour  d'une  grande  ville  offrait  à  Petersen 
l'occasion  d'entendre  quelquefois  des  flûtistes 
de  profession,  dont  il  étudiait  le  mécanisme 
par  l'observation    C'est  ainsi  que  par  degrés 
il  devint  habile,  ajoutant  incessamment,  à  ce 
qu'il  découvrait  chez  les  autres   artistes,  ce 
que  son  heureux  instinct  lui  suggérait.  A  l'âge 
de  dix-sept  ans,  il  possédait  déjà  un  talent 
remarquable.  Pour  se  soustraire  aux  dégoûts 
de  la    vie  vagabonde    qu'il    menait    depuis 
plusieurs  années,  il   entra  dans  le  corps  des 
hautbois  de  la  milice  de  Hambourg.  Cet  em- 
ploi  lui  laissait  beaucoup  de  temps  pour  se 
livrer  à  ses  études;  mais  il  ne  lui  procurait 
qu'un  revenu  insuffisant  pour  vivre.  Quelques 
amateurs  de  musique  s'intéressèrent  à  son  sort 
cl  lui   procurèrent  des   élèves.    Dès  lors  sa 
position  devint  meilleure,  et  il  put  se  livrer  en 
liberté  aux  études  par  lesquelles  il  perfection-   I 


nait   incessamment  son  talent.    Il   s'occupa 
aussi  de  l'amélioration  de  la  flûte.  Aidé  par 
Wolf,  bon  facteur  d'instruments  à  vent,  il  mo- 
difia l'ouverture  des  trous  et  ajouta  aux  clefs 
de  ré  dièse  et  de  fa,  qui  existaient  avant  lui, 
les  clefs  de  sol  dièse  et  de  si  bémol,  afin  de 
perfectionner  la  justesse  de  ces  notes.  Plus 
lard,  il  y  joignit  la  clef  de  Vut.  Sa  flûte  à  cinq 
clefs  fut  ensuite  introduite  à  Londres  par  un 
musicien  anglais  nommé   Tant;   vers  1802, 
elle  pénétra  en  France.  On  sait  que  ce  fut 
Tromlitz  {voyez  ce  nom)  qui  porta  le  nombre 
des  clefs  de  l'ancienne  flûte  jusqu'à  sept.  Aux 
services  qu'il  avait  déjà  rendus  à  l'art  par  ces 
perfectionnements,  Petersen  ajouta  celui  de 
sa  Méthode  de  flûte,  bon  ouvrage  publié  à 
Hambourg,  chez  Gunther,  et  qui  a  été  long- 
temps classé  parmi  les  meilleurs  de  ce  genre. 
Petersen  était  âgé  de  trente  ans,  lorsque  plu- 
sieurs artistes,  charmés  par  son  talent,  l'invi- 
tèrent à  se  faire  entendre  dans  les  concerts. 
Il  y  parut  pour  la  première  fois  en  1791,  et 
surpassa  ce  qu'on  attendait  de  lui.  Les  sons 
qu'il  tirait  de  la   flûte  avaient  un  moelleux, 
une  justesse  dont  on  n'avait  pas  eu  d'exemple 
jusqu'alors.  Il  était  surtout  remarquable  dans 
l'adagio  par  son  style  large  et  pur.  Dès  ce 
moment,  il  ne  se  donna  plus  de  concert  bril- 
lant à  Hambourg  où  la  place  de  Petersen  ne 
fut  marquée.  La  faveur  du   public  ne  se  dé- 
mentit pas  pour  lui  pendant  plus  de  trente 
ans;  mais,  vers  1825,  sa  vue  s'affaiblit  et  son 
embouchure  s'altéra  par  la  perte  de  plusieurs 
dcnls  :  il  cessa  alors  de  se  faire  entendre.  Pe- 
tersen mourut  à  Hambourg,  le  19  août  1830. 
Ou  a  publié  de  sa  composition  :    1°  Études 
pour  la  flûte  dans  tous  les  tons,  1er  et  2clivres; 
Hambourg,  Bœhme.  2"  Adagio  et  variations 
pour  flûte  et  piano,  op.  5;  ibid.  3°  Recueil  de 
duos  pour  deux  flûtes  tirés  des  œuvres  de  plu- 
sieurs compositeurs  célèbres;  ibid. 

PETERSEN  (Charles-Auguste),  fils  du 
précédent,  est  né  à  Hambourg,  en  1792. 
Élève  de  son  père,  il  joua  d'abord  de  la  flûte; 
mais  plus  tard  il  se  livra  à  l'élude  du  violon  et 
du  piano.  Vers  1825,  il  a  fait  un  voyage  en 
Danemark,  en  Suède  et  dans  quelques  parties 
de  l'Allemagne  :  il  est  maintenant  fixé  à  Ham- 
bourg, en  qualité  de  professeur  de  musique. 
On  connaît  de  sa  composition  :  1"  Polonaise 
avec  orchestre  ou  piano,  op.  1;  Hambourg, 
Bnehme.  2°  Duos  pour  deux  violons,  op.  10; 
ibid.  3°  Rondeau  pour  violon  et  piano, 
op.  12;  ibid.  4°  Sonate  pour  piano  el  violon, 
op.  5  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  5°  Diver- 
tissement idem,  op.   7;  ibid.  G"  Polonaise 


PETERSEN  —  PETIT 


9 


brillante  pour  le  piano  à  quatre  mains,  op.  11; 
Hambourg,  Bœhme.  7°  Iïo)ido  scherzando 
idem,  pp.  13;  Leipsick,  Peters.  8°  Marches 
idem;  Hambourg,  Bœhme.  9°  Introduction  et 
rondo  pour  piano  seul,  op.  8;  Hambourg, 
Cranz.  10°  Divertissements  et  autres  compo- 
sitions idem;  Hambourg,  Bœhme.  11°  Deux 
rondos  en  forme  de  valse;  Hambourg  et  Ha- 
novre. 12°  Valses  idem;  Hambourg  et  Copen- 
hague. 

PETIBON  (Auguste),  flûtiste,  né  à  Paris, 
vers  1797,  fut  admis  comme  élève  au  Conser- 
vatoire de  celle  ville  et  y  fit  ses  études  sous  la 
direction  de  Wunderlich.  Vers  1822,  il  établit 
une  maison  de  commerce  de  musique;  mais 
plus  tard  il  renonça  à  ce  genre  d'affaires,  et 
se  livra  de  nouveau  à  l'enseignement  de  la 
musique.  Il  a  l'ait  imprimer  de  sa  composition 
des  thèmes  variés  pour  flûte  et  orchestre, 
Paris,  Pleyel,  Aulagnier;  idem  pour  deux 
flûtes  ou  flûte  et  piano;  Paris,  Aulagnier; 
plusieurs  œuvres  de  duos  pour  flûte  et  guitare, 
ibid.;  des  duos  pour  piano  et  flûte;  Paris, 
Petibonjetdiverses autres  petites  productions. 

PETISCUS  (Jean  -  Conrad  -  Guillaume), 
prédicateur  de  l'Église  réformée  à  Leipsick, 
naquit  à  Berlin,  en  1765.  Amateur  de  musique 
et  violoniste,  il  se  délassait  de  ses  travaux  de 
théologien  par  quelques  essais  relatifs  à  cet 
art.  On  a  de  lui  trois  articles  fort  bien  faits 
sur  le  violon,  sa  construction,  ses  qua- 
lités, etc.,  insérés  dans  les  nos50,51  et52  delà 
Gazette  musicale  de  Leipsick  (ami.  1808).  Il  a 
donné  aussi  dans  la  même  Gazette  (ann.  1807) 
un  article  sur  les  manuels  de  musique,  et  un 
autre  sur  le  mélange  des  genres.  Petiscus  a 
traduit  en  allemand  la  méthode  de  violon  du 
Conservatoire  de  Paris;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrtel.  Il  a  été  aussi  l'éditeur  de  la  dernière 
édition  de  la  méthode  de  violon  par  Léopold 
Mozart;  Leipsick,  Riihnel. 

PETIT  (Adrien),  surnommé  COCLICUS, 
naquit  en  Allemagne,  en  1500.  Venu  en 
France  dans  sa  jeunesse,  il  y  apprit  la  musique 
sous  la  direction  de  JosquinDeprès.  Il  voyagea 
ensuite  et  se  rendit  en  Italie,  où  il  parait 
avoir  séjourné;  mais  il  revint  enfin  dans  sa 
patrie,  et  tout  porte  à  croire  qu'il  y  termina 
sa  carrière.  Il  est  connu  comme  compositeur 
par  des  motets  répandus  dans  les  divers  re- 
cueils d'Adrien  Leroy  et  de  Ballard,  et  par  un 
recueil  intitulé  Musica  reservata  :  Consola- 
tiones  ex  psalmis  Davidicis,  4  voc;  Norim- 
bergx,  in  officina  Joannis  Montant  et  Ulrici 
Neuberi,  1552,  in-4°  obi.  On  a  aussi  de  lui  un 
traité  de  musique,  sous  le  titre  de  Compen- 


dium  musices  descriptum  ab  Adriano  Petit 
Coclïco,  discipulo  Josquini  Deprès,  in  qua 
prxter  estera  tractantur  hxc  de  modo  or- 
nate  canendi,  de  régula  contrapuncti,  de 
compositione;  Nuremberg,  1552,  in-4°.  Il 
est  vraisemblable  que  c'est  ce  même  ouvrage 
que  Lipenius  (inBiblioth.,  p.  977)  et  Possevin 
(Bibl.  Select.,  lib.  XV,  p.  223,  t.  Il)  indi- 
quent sous  le  nom  d'André  Pétri  ou  Petrus  et 
d'Adrien  Pétri;  car  le  litre  du  livre,  le  nom 
de  la  ville,  et  la  date  de  l'impression  sont  les 
mêmes.  On  trouve  le  poitrail  de  Coclicus  l'ait 
à  l'âge  de  cinquante-deux  ans,  en  tête  de  cet 
ouvrage,  avec  ces  vers  latins  : 

Jure  tuum  Coclieo  nsmen  Germania  jactat, 

Ars  merito  clarum  te  facit  esse  virum. 
Gallia  te  vidit,  te  vidit  et  Ausonia  ora, 

Nunc  quoque  delectat  theatrum  terra  senem. 
Nam  vincis  reliquos  vocis  dulcedine  et  arie, 

Culture  nec  suavis  sic  Philomela  canit. 
Ergo  tihi  ut  longum  Clirislus  producere  vitam 

Concédât,  summum  voce  rogabo  Dcum. 

Le  livre  de  Petit  a  de  l'intérêt,  parce  qu'on 
y  trouve  la  doctrine  de  Josquin  Deprès  concer- 
nant le  contrepoint. 

PETIT  (Camille),  fils  d'un  violoniste 
attaché  à  l'Opéra-Comique  pendant  trente 
ans,  et  qui  a  publié  trois  œuvres  de  duos  de 
violon  (Paris,  Naderman),  est  né  à  Paris,  le 
27  avril  1800.  Ayant  été  admis  au  Conserva- 
toire de  musique,  le  8  février  1809,  il  devint 
élève  de  Pradher  pour  le  piano,  le  20  août 
1810.  Puis  madame  de  Montgeroult  lui  donna 
des  conseils,  et  il  reçut  quelques  leçons  de 
Clementi,  dans  le  dernier  voyage  que  ce  grand 
artiste  fit  à  Paris.  Petit  s'est  fait  entendre 
avec  succès  dans  quelques  concerts  en  1826  et 
1827;  depuis  cette  époque,  il  s'est  livré  à  l'en- 
seignement du  piano,  et  a  publié  quelques 
morceaux  pour  cet  instrument,  parmi  lesquels 
on  remarque  :  1°  Variations  sur  les  stances 
de  Valentine  de  Milan;  Paris,  Schlesinger. 
2°  Bondeau  brillant,  op.  17;  Paris,  Pleyel. 
3°  Bondeaux  idem,  op.  2,  nos  1,  2,  3;  Paris, 
Pacini.4°DilTérenls  thèmes  deRossini  variés; 
Paris,  Pacini  ;  Milan,  Bicordi.  5°  Études  ;  Paris, 
Schlesinger.  G0  Vingt-quatre  préludes  dans 
différents  tons;  Paris,  Pacini;  et  quelques 
bagatelles. 

PETIT  (Charles),  frère  aine  du  précédent, 
né  à  Paris,  en  1783,  entra  au  Conservatoire, 
en  1799,  et  y  devint  élève  de  Domnich  pour 
le  cor.  Ses  progrès  furent  rapides,  et  il  obtint 
le  premier  prix  de  cet  instrument  en  1804. 
Peu  d'artistes  ont  eu  un  plus  beau  son  et  une 
plus  belle  manière  dechanlersur  l'instrument. 
Il  joua  avec  beaucoup  de  succès  des  solos  djus 


10 


PETIT  —  PETRI 


les  concerts  de  l'Opéra -Bouffe,  pendant  les 
années  1805,  1806  et  1807.  A  cette  époque,  il 
était  second  cor  de  ce  spectacle,  puis  il  entra 
à  l'orchestre  de  rOpéra-Comique,  en  1809,  et 
n'en  sortit  qu'en  1820,  pour  entrer  dans  l'ad- 
ministration des  forêts,  où  il  a  obtenu  le  grade 
d'inspecteur. 

PETIT  JAN.  voyez  DELATTRE. 

PETITPAS  (mademoiselle),  cantatrice  de 
l'Opéra,  née  en  1700,  fut  admise  pour  chanter 
les  rôles,  en  1725,  aux  appointements  de 
douze  cents  francs  ,  avec  une  gratification 
annuelle  de  trois  cents  francs  ,  et  eut  des 
augmentations  de  traitement  qui  s'élevaient, 
en  1738,  à  trois  mille  deux  cents  francs.  En 
1752,  elle  passa  furlivement  en  Angleterre; 
mais  elle  rentra  à  l'Opéra  l'année  suivante,  et 
mourut  à  Paris,  le  24  octobre  1739.  Cette 
cantatrice  brillait  particulièrement  dans  les 
airs,  tandis  que  la  Pélissier  (voyez  ce  nom), 
autre  actrice  célèbre  de  cette  époque,  montrait 
surtout  du  talent  dans  le  récitatif. 

PETILEUS  ou  PETER  (Christophe), 
cantor  à  Guben,  vers  1G55,  a  publié  de  sa 
composition  une  collection  d'airs  à  quatre  et 
cinq  parties,  sous  ce  titre  :  Andachts-Cym- 
beln  und  lieblich  klingende  Arien  von  4  bis 
5  Stimmen;  Fribourg,  1656.  Walltaer  cite 
aussi  de  ce  compositeur  des  litanies  et  des 
messes  à  cinq,  sept  et  huit  voix,  qui  ont  paru 
à  Guben,  en  1669. 

PETRALI  (Louis),  compositeur,  élève 
de  Mercadante,  né  à  Mantoue,  a  donné  à 
Milan,  en  1844,  Sofonisba,  qui  tomba  et  n'eut 
qu'une  représentation.  Dans  l'annéesuivante, 
il  a  écrit  pour  le  théâtre  de  sa  ville  natale 
Antonio  Foscari,  qui  fut  plus  heureux.  Le 
nom  de  cet  artiste  a  disparu  depuis  lors  du 
monde  musical. 

PETKEJUS  (Jean),  célèbre  imprimeur  de 
musique,  né  à  Langendorf,  en  Franconie,  lit 
de  bonnes  éludes  dans  sa  jeunesse  et  obtint  à 
l'université  de  Nuremberg  le  grade  de  Ma  - 
gister.  Vers  1526,  il  acheta  une  imprimerie  à 
Nuremberg  et  y  ajouta  uue  typographie  mu- 
sicale dix  ans  après.  Il  mourut  à  Nuremberg, 
le  18  mars  1550.  Parmi  les  nombreux  pro- 
duits de  ses  presses,  on  remarque  la  précieuse 
et  rarissime  collection  de  messes  intitulée  : 
Liber  quindeciin  iVissarum  a  pnvslantis- 
simis  musicis  compositarum;  NoribergBe, 
1538,  petit  in-4"  obi.;  et  les  Harmonise  poe- 
ticx  de  Paul  Hofheimer  (voyez  ce  nom). 

PETHELLA  (Henri),  compositeur  napo- 
litain, élève  du  collège  royal  de  musique 
San  Pietroa  Majclla,  a  l'ait  jouer,  en  1829, 


au  petit  théâtre  de  cette  institution,  l'opéra  en 
un  acte  Un  Diavolo  color  di  rosa.  Dans 
l'année  suivante,  il  donna  au  théâtre  Nuovo 
la  farce  Puleinella  marito  e  non  marito.  Les 
autres  ouvrages  de  ce  musicien  de  peu  de 
mérite  sont  /  Pirati,  représenté  à  Naples,  en 
1838;  le  Minière  di  Freiberg,  dans  la  même 
ville,  au  carnavai  de  1845  ;  Galeotto  Man- 
fredi,  dans  la  même  année,  à  Modène  ;  «Ame, 
à  Milan,  en  1848. 

PETRI  (Jean-Godefroid),  né  à  Sorau,  le 
9  décembre  1715,  fit  à  l'université  de  Halle 
des  études  de  droit,  et  fut  ensuite  chargé  d'y 
enseigner  les  Institules.  Plus  tard,  il  obtint  la 
place  de  cantor  à  Gœrlitz,  où  il  mourut  le 
6  juillet  1795,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Il 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Cantates  pour 
les  dimanches  et  fêtes;  Gœrlitz,  1757,  in-4°. 
2°  Amusements  de  musique;  deux  suites  pu- 
bliées en  1761  et  1762.  5"  Les  trois  jeunes 
hommes  dans  la  fournaise,  oratorio,  1765, 
in-4°.  On  a  aussi  de  Pétri  une  dissertation 
concernant  l'utilité  de  l'étude  de  la  musique, 
intitulée  :  Oratio  sxcularis  qua  confirmât ur 
conjunclionem  sludii  musici  cum  reliquis 
litterarum  sludiis  erudilo  non  tantum 
utilemesse,  sed  et  necessariam  videri.  Gor- 
licii,  ex  ofjicina  Fickelscheriana,  1765,  in-4° 
de  seize  payes. 

PETUI  (Jean-Samuel),  écrivain  didactique, 
naquit  à  Sorau,  le  1er  septembre  1738.  Bien 
que  cantor,  et  conséquemment  musicien,  son 
père  ne  voulait  pas  lui  permettre  de  se  livrer  à 
l'étude  de  la  musique;  mais  il  apprit  les  prin- 
cipes de  cet  art  en  fréquentant  l'école  du  lieu 
de  sa  naissance,  et  fil  des  progrès  sur  le  cla- 
vecin, sans  avoir  reçu  les  leçons  d'aucun 
maître.  A  l'âge  de  seize  ans,  on  le  choisit  pour 
remplacer  l'organiste  nouvellement  décédé, 
et  il  en  remplit  les  fonctions,  tirant  toute  son 
instruction  de  la  musique  des  grands  maîtres 
qu'il  jouait  sur  Porgue.  Après  neuf  mois, 
l'organiste  eut  un  successeur  qui  donna  quel- 
ques leçons  à  Pétri,  cl  rectifia  les  erreurs  ou 
il  était  tombé.  Ce  fut  alors  qu'il  trouva  dans 
les  pièces  d'orgue  de  Bach  et  dans  ses  sonates 
des  modèles  de  style,  qu'il  étudia  avec  persé- 
vérance. Après  que  ses  éludes  universitaires 
furent  terminées,  il  fut  nommé  professeur  de 
musique  à  l'école  normale  de  Halle.  La  con- 
naissance qu'il  lit  en  celte  ville  de  Guillaume- 
Friedmann  Bach  lui  lut  d'un  grand  secours 
pour  son  instruction.  En  1767,  Pétri  reçut  sa 
nomination  de  cantor  à  Lauhan.  Il  y  publia 
dans  la  même  année  la  première  édition  de 
son    traité    élémentaire   de    musique.    Cinq 


PETRI-  PETRINI 


H 


ans  a|>rès,  il  fut  appelé  à  Bautzen  pour  y 
remplir  les  mêmes  fondions.  Il  y  esl  mort,  le 
12  avril  1808,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans.  Le 
livre  par  lequel  Pelri  s'est  fait  connaître,  efst 
un  des  meilleurs  qu'on  ait  écrits  concernant 
les  éléments  de  la  musique  instrumentale;  la 
précision  du  style  et  la  clarté  des  définitions  y 
égalent  l'exactitude  des  faits  :  ces  qualités  sont 
rares  chez  les  écrivains  sur  la  musique.  L'ou- 
vrage est  intitulé  :  Anleitung  zur praktischen 
jflusik,  vor  neuangehende  Sxnger  und  In- 
strumentspieler  (Introduction  à  la  musique 
pratique,  à  l'usage  des  chanteurs  et  des  in- 
strumentistes commençants);  Lauhan,  Chris- 
tophe "Wirth,  1767,  in-8°  de  cent  soixante- 
quatre  pages.  A  peine  Pétri  eut-il  publié  son 
ouvrage,  qu'il  conçut  un  nouveau  plan  plus 
étendu  :  il  employa  plusieurs  années  à  la  ré- 
daction de  ses  additions,  refondit  tout  le  livre, 
et  le  donna  sous  le  titre  plus  concis  .  Anlei- 
tung  zur  praktischen  Musik;  Leipsick,  Breit- 
kopf,  1782,  in-4°  de  quatre  cent  quatre-vingt- 
quatre  pages.  Le  livre  est  divisé  en  trois 
parties  :  la  première  contient  une  histoire 
abrégée  de  la  musique,  depuis  son  origine 
jusqu'au  dix-huitième  siècle;  la  seconde,  qui 
s'étend  depuis  la  page  121  jusqu'à  282,  traite 
des  éléments  de  la  musique,  et  la  dernière 
renferme  des  traités  complets,  quoique  peu 
étendus,  de  l'art  déjouer  de  l'orgue,  du  cla- 
vecin, du  violon,  de  la  viole,  du  violoncelle, 
de  la  contrebasse  et  de  la  flûte.  On  a  publié 
sous  le  nom  de  Pétri  un  petit  traité  de  l'art  de 
jouer  de  l'orgue,  intitulé  :  Anweisung  zum 
regelmzssigen  und  geschmackvollen  Orgel- 
spielen  fiirneue  angehende  Organistenvnd 
solche  Clavierspieier ,  etc.;  Vienne,  1802, 
in-8°  de  trente-deux  pages;  mais  cet  opuscule 
n'est  qu'un  extrait  de  Vlntroduction  à  la 
musique.  Pelri  a  écrit  de  la  musique  pour 
l'orgue  et  pour  l'église  :  mais  ces  productions 
sont  restées  en  manuscrit. 

PETRI  (Christophe)  ,  cantor  et  maître 
d'école  à  Sorau,  s'est  fait  connaître  par  un  re- 
cueil de  chansons  avec  accompagnement  de 
piano,  et  par  une  cantate  intitulée  Rinaldo 
ed  Armida,  qui  fut  publiée,  en  1782.  Quatre 
ans  après,  il  annonça  six  sonates  faciles  pour 
le  clavecin,  qui  ne  paraissent  pas  avoir  été  im- 
primées. 

PETRI  (Jean-François),  curé  dans  une 
paroisse  du  duché  de  Ferrare,  a  écrit,  en  1788, 
un  poëme  intitulé  la  Musica.  Cet  ouvrage, 
qui  ne  parait  pas  avoir  été  imprimé,  esl  com- 
posé de  226  terzine,  et  commence  par  ces 
mots  :  Abbia  il  vero  (voyez  Dizion.  di  opère 


anonime  epseudonime  di  scrittori  italiani, 
t.  II,  p.  218). 

PETRI    (RoDOLlMIE-GuiLLAtHIE-FRKDKRir.). 

est  né  le  9  juillet  1811,  à  Benau,  près  de  Sorar, 
dans  la  basse-Lusace,  où  son  père  était  pas- 
teur. L'instituteur  de  ce  lieu  lui  enseigna  les 
éléments  de  la  musique,  du  piano,  de  l'orgue 
et  de  plusieurs  autres  instruments.  En  1826, 
il  entra  au  collège  de  Sorau  et  y  continua  ses 
études  de  musique.  Après  avoir  terminé  ses 
humanités,  il  alla  suivre  les  cours  de  théologie 
à  l'université  de  Leipsick,  puis  à  Berlin,  où  il 
fréquenta  les  cours  de  théorie  musicale  du 
professeur  Marx.  Ses  éludes  étant  achevées,  il 
remplit  d'abord  les  fondions  de  précepteur 
dans  plusieurs  familles  nobles,  puis  il  se  fixa 
à  Breslau,  en  1845,  en  qualité  de  professeur  de 
musique.  Il  a  publié  dans  cette  ville,  chez 
Leuckart,  des  Lieder,  avec  accompagnement 
de  piano,  et  de  petites  pièces  pour  cet  instru- 
ment. 

PETRINI  (François),  fils  d'un  harpiste 
de  la  musique  du  roi  de  Prusse,  naquit  à 
Berlin,  en  1744,  et  apprit  de  son  père  à  jouer 
de  la  harpe.  Son  habileté  surpassa  bientôt 
celle  de  son  maître.  Le  duc  de  Mecklembourg- 
Schwerin  l'engagea  à  son  service,  vers  1765; 
mais  Pelrini  resta  peu  de  temps  à  la  cour  de 
ce  prince,  car  il  se  rendit  à  Paris  avant  1770. 
Il  y  fut  bientôt  un  des  professeurs  les  plus  re- 
nommés pour  cet  instrument,  et  ses  composi- 
tions eurent  de  la  vogue  jusqu'à  l'époque  où 
la  musique  de  Krumpholtz  les  eut  placées  en 
second  ordre.  Pelrini  continua  cependant 
d'enseigner  la  harpe  et  l'harmonie  jusqu'en 
1812.  Il  mourut  à  Paris,  en  1819,  à  l'âge  de 
soixante-quinze  ans.  Cet  artiste  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Concertos  pour  la  harpe  : 
1er,  œuvre  4e,  Paris,  Bailleur;  2e,  œuvre  7'', 
Paris,  Lachevardière;  5e,  œuvre  18e,  Paris, 
Cousineau;  4e,  Paris,  Naderman.  ^"Sonates 
pour  la  harpe,  œuvres  1er,  5e,  5e,  9e,  10e, 
Paris,  Cousineau  ;  op.  58,  Paris,  Naderman; 
Vive  Henri  IV,  op.  48,  ibid.;  Recueil  de  va- 
riations et  de  petits  morceaux,  op.  49,  ibid. 
3°  Sonates  pour  l'exercice  des  pédales,  œuvres 
37  et  40;  Paris,  Cochet.  4°  Duos  pour  deux 
harpes,  nos  1,  2,  5;  Paris,  Naderman.  5° Pots- 
pourris  pour  la  harpe,  nos  1  à  6;  Paris, 
Cousineau  et  Naderman.  6°  Airs  variés  pour 
la  harpe,  en  recueils  et  détachés,  op.  2e,  8e, 
13e,  14e,  15e,  16e,  17e,  Paris,  Cousineau; 
op.  44e,  47e,  Paris,  Naderman;  Air  tyrolien 
varié  avec  violon,  op.  46,  Paris,  Richault. 
7°  Recueils  d'airs  avec  accompagnement  de 
harpe,  op.  6e,  20e,  21e,  22e,  23e;  Paris,  Cmi- 


12 


PETRIN!  —  PETIIUCCI 


sineau.  8°  Méthode  pour  la  harpe;  Paris, 
Louis.  Pelrini  est  auteur  d'un  Système  d'har- 
monie, qui  fut  publié,  en  1796,  chez  Louis. 
Plus  tard  il  revit  cet  ouvrage,  y  fit  des  chan- 
gements, et  le  publia  sous  ce  titre  :  Etude 
préliminaire  de  la  composition,  selon  le  nou- 
veau système  de  l'harmonie,  en  soixante 
accords;  Paris,  chez  l'auteur,  1810,  in-4°.  On 
voit  par  ce  titre  que  Pelrini  n'avait  pas 
cherché  la  simplicité  dans  son  système. 

Cet  artiste  a  eu  un  fils  (Henri),  né  à  Paris, 
vers  1775,  qui  fut  harpiste  comme  lui,  et  qui 
mourut  jeune.  Il  a  publié  deux  livres  de  so- 
nates pour  la  harpe,  Paris,  Cousineau;  deux 
pots-pourris  idem,  op.  5e  et  5',  ibid.;  trois 
recueils  d'airs  variés  idem,  op.  8e,  9e  et  10e, 
ibid.;  et  un  recueil  de  chansons  avec  accom- 
pagnement de  harpe,  op.  7e,  ibid. 

PETRIN O  (Jacques),  compositeur  italien 
du  seizième  siècle,  n'est  connu  que  par  un  re- 
cueil'de  morceaux  à  plusieurs  voix  intitulé  : 
Jubilo  diS.  Bernardo  con  alcune  canzonette 
spirituali  ao  e  4  voci  ;  Parme,  1589,  in-fol. 
PETRORELLI    (François),    maître    de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Padoue,  né  à  Bo- 
logne, vers  1635,  n'est  connu  que  par  ses  ou- 
vrages, dont  on  n'a  pas  la  liste  complète.  Son 
premier  œuvre  paraît  être  un  recueil  de  motels 
imprimé  à  Venise,  en  1657.  L'œuvre  cinquième 
est  intitulé  :  Motetti  e  Litanie  délia  B.  V., 
et   a  paru  à   Anvers,   chez   les   héritiers   de 
P.  Phalèse.  C'est  une  réimpression  d'une  pre- 
mière édition  dont  la  date  est  inconnue.  En 
1662  a  paru  un  ouvrage  de  Pelrobelli  qui  n'a 
pas  de  numéro  d'œuvre  et  dont  le  litre  est  : 
Salmi  a  quattro  voci  con  stromenti  obligati; 
Venise,  Fr.  Magni,  in-4°.  L'œuvre  huitième  a 
pour   litre  :   Musiche  sacre  concertate  con 
istromenti;   Bologne,   Jacques  Monli,   1670, 
in-4°.  11  y  a  une  deuxième  édition  de  cet  ou- 
vrage; Bologne,  1690,  in-4°.  La  dédicace  est 
adressée  au  cardinal  Rospigliosi.  Les  cantate 
a  una  e  due  voci  co'l  basso  continua;  Bo- 
logne, 1676,  forment  l'œuvre  10e,  et  les  Mot- 
tetti,  Antifone  e  Litanie  délia  Beala  Ver- 
gine  a  2  voci;  ibid.,  1677,  sont  l'œuvre  on- 
zième.   L'œuvre   quinzième    a    pour    titre   : 
Musiche  da  caméra;  Venise,  J.  Sala,   1682, 
in-fol.,  en  partition.  Les  autres  ouvrages  de 
ce  compositeur  sonl  :  P salmi  brèves  octo  vo- 
cibus,  op.  17;  Venise,   1684,   in-4°;  Salmi 
Dominicali  a  8  voci,  op.    19;   in  Venezia, 
1686,   in-4°;  Scherzi  musicali  per  fuggir 
l'ozio,o[>.  24;  Venise,  1693,  in-4°.  Ce  recueil 
contient  des  cantates  et  des  airs  à  deux  et 
trois  voix,  avec  deux  violonset  basse  continue. 


PETRUCCI  (Ottaviano  dei),  célèbre  in- 
venteur de  la  typographie  de  la  musique  en 
caractères  mobiles,  naquit  le  14  juin  1466,  à 
Fessombrone,  petite  ville  du  duché  d'Urbino, 
dans  les  États-Romains.  A  l'âge  de  vingt-cinq 
ans,  il  se  rendit  à  Venise  et  s'y  fit  bientôt  con- 
naître comme  un  des  hommes  les  plus  habiles 
dans  l'art  de  la  typographie,  qu'il  avait  appris 
vraisemblablement  à  Rome.  On  ignore  dans 
laquelle  de  ces  deux  villes  il  conçut  la  pre- 
mière idée  de  la  possibilité  d'imprimer  la  mu- 
sique mesurée  par  des  types  métalliques  (1). 
La  réalisation  de  cette  pensée  offrait  alors 
d'immenses  difficultés,  parce  que  les  signes 
de  la  notation  proportionnelle,  qui  seule  était 
en  usage  à  cette  époque  pour  la  musique  me- 
surée, sont  en  si  grand  nombre  et  se  combi- 
nent de  tant  de  manières  différentes,  que  la 
composition  des  groupes  de  caractères  devait 
présenter  à  l'imprimeur  une  multitude  de  cas 
embarrassants.    Mais  telles   étaient   les   res- 
sources  ingénieuses  de   Petrucci ,    telle   son 
habileté    dans    l'art  '  de   graver    les    types, 
qu'avant  de  mettre  au  jour  ses  premiers  pro- 
duits,  tous  les  obstacles  étaient  vaincus,  et 
que  l'inventeur  avait  atteint  une  perfection 
non  encore  surpassée  par  les  procédés  de  la 
typographie  moderne,  et  rarement  égalée.  Le 
système  de  Petrucci  consiste  dans  l'impression 
à  deux  tirages,  le  premier  pour  les  lignes  de 
la    portée,    l'autre    pour    le    placement    des 
caractères  de  notos  sur  cette  portée  (2).  Les 

(I)  Le  mérite  de  Petrucci  est  d'avoir  résolu  tous  les 
problèmes  de  la  combinaison  des  types  pour  la  notation 
proportionnelle  de  la  musique  mesurée;  car  il  est  certain 
que  l'art  d'imprimer  le  plain-chant  en  caractères  mo- 
biles avait  été  trouvé  précédemment.  Dans  le  Missel  de 
Wùrzbourg,datcdc  1 18V,  dont  je  possède  un  exemplaire 
imprimé  partie  sur  papier  et  partie  sur  vélin,  les  pré- 
faces des  messes  pour  toutes  les  fêtes  de  l'année  sont 
imprimées  en  ancienne  notation  allemande  non  mesurée, 
sur  des  portées  de  quatre  lignes  rouges,  et  en  caractères 
mobiles;  mais  les  lignes  sont  faites  a  la  plume  ou  à  l'aide 
d'un  instrument  particulier.  Le  livre  de  Nicolas  VA'ol- 
lick,  O/ius  aurrum  Mitsicir  casligatissimum,  imprime  à 
Cologne  par  Henri  Quentel,  en  ItiOl,  in-4°,  a  tous  les 
exemples  de  plain-chant  imprimés  en  caractères  mobi- 
les, d'après  le  système  de  la  vieille  notation  allemande; 
niais,  dans  la  partie  du  wilume  où  il  est  traité  du  contre- 
point, les  portées  des  exemples  de  musique  mesurée  sont 
seules  imprimées,  et  villes  dans  mon  exemplaire  :  ils 
devaient  être  remplis  à  la  main. 

(•>)  Il  e>t  hoi  S  de  doute  que  le  système  de  l'impression 
de  la  musique  à  deux  tirages,  imagine  par  l'etrurci,  fut 
le  premier  qu'on  adopta  ;  on  en  voit  la  preuve  dans  les 
rarissimes  Melojioiœ  $ue  harmoniœ  letracenticcr,  impri- 
mées par  Krliard  Oglin,  à  Augsbourg,  en  1507,  par 
VOpusculum  musices,  de  Jean  à  Quereu  (Van  der  Eiken), 
sorti  des  presses  de  Jean  Weysscnburgcr,dc  Nuremberg, 
en  151 3.  enfin  dans  le<  Magnificat  arto  tonorum,  de  Sixte 
Dielricll,  imprimés  a  Strasbourg,  par  Pierre  Scbœffcr, 


PETRUCCI 


deux  formes  de  ses  presses  se  repliaient  l'une 
sur  l'autre  par  des  charnières  si  bien  ajustées, 
(|iie  dans  toute  la  musique  imprimée  par  lui, 
il  n'y  a  jamais  la  moindre  incertitude  sur  les 
noies  placées  sur  les  lignes  ou  dans  les  espaces. 
Petrucci  fut  l'inventeur  de  ces  presses  comme 
de  tout  le  reste  de  son  matériel. 

Avant  de  publier  les  premiers  résultats  de 
ses  travaux,  il  présenta  requête  au  conseil  de 
la  seigneurie  de  Venise,  pour  obtenir  le  pri- 
vilège de  seul  imprimeur  de  musique  mesurée, 
ainsi  que  de  tablature  d'orgue  et  de  luth, 
pendant  vingt  ans,  ce  qui  fut  accordé  par  ces 
mots  placés  au  bas  de  sa  pétition  : 

1498.  Dit  XXV.  Maij 
Çuotl  suprascriptu  supplicanti  concedilur  prout  pelil. 
Consilarij. 
Ser  Marinus  Liono. 
Ser  Jeronimus  Vendrameno. 
Ser  Laurentius  Venezio. 
Ser  Domenicus  Bollani  (I). 

M.  Caffi  s'est  trompé,  lorsqu'il  a  cru  que  le 
privilège  n'avait  été  accordé  à  Petrucci  que 
dans  l'année  1502  (2). 

le  jeune,  en  1533,  ainsi  que  par  toutes  les  autres  œuvres 
sorties  des  mêmes  presses.  Ce  fut  en  France  qu'on  ima- 
gina d'imprimer  la  musique  en  un  seul  tirage.  Pierre 
Hautin  parait  eue  le  premier  qui  grava  des  types  de 
notes  avec  des  fragments  de  lignes  qui,  dans  la  compo- 
sition de  l'ensemble,  forment  la  portée.  Cette  invention 
fut  faite  en  13-S,  et  les  caractères  de  Ilaulin  servirent  à 
Pierre  Attaingnant,  de  Paris,  pour  l'impression  de  toutes 
vos  collections.  Jacques  Moderne,  de  Lyon,  a  imprimé 
tous  les  ouvrages  sortir,  de  ses  presses  avec  des  caractères 
de  même  espèce.  Guillaume  Le  Bé,  de  Paris,  grava  deux 
sortes  de  gros  caractères  de  musique  pour  l'impression 
des  messes  in-folio  que  publiaient  Adrien  le  Roy  et  Ro- 
bert Ballard.  Le  premier  de  ces  caractères  était  fait  pour 
l'impression  en  un  seul  tirage;  c'est  celui  dont  les  édi- 
teurs se  sont  toujours  servis;  en  ISao,  Le  Bé  grava  l'autre 
caractère  pour  l'impression  à  deux  tirages;  mais  il  en 
fut  fait  peu  d'usage.  Fournier,  le  jeune,  qui  a  publié  un 
Traité  historique  et  critique  sicr  l'origine  et  les  progrés 
des  caractères  île  fonte  pour  l'impression  de  la  musique, 
se  persuade  que  le  second  caractère  de  Le  Bé  fut  le  pre- 
mier essai  qu'on  fit  pour  l'impression  à  deux  tirages; 
on  abandonna,  dit-il,  cette  sorte  de  caractère  comme 
sujette  à  trop  d'inconvénients  ;  l'on  continua  à  graver 
les  poinçons  de  musique  portant  leurs  filets.  Cet  homme 
n'entend  rien  au  sujet  qu'il  traite  ;  il  ne  sait  pas 
même  les  noms  de  Petrucci ,  d'Oglin,  et  des  autres  pre- 
miers imprimeurs  de  musique.  Antoine  Oardane,  musi- 
cien français  qui  s'établit  à  Venise  avant  1537,  comme 
imprimeur  de  musique,  fut  le  premier  qui  introduisit 
en  Italie  le  système  de  l'impression  en  un  seul  tirage, 
avec  les  caractères  de  Hautin.  A  Nuremberg,  ce  fut  Jé- 
rôme Andreœ,  surnommé  Formsclineider,  à  cause  de  son 
état  de  graveur  de  caractères  d'imprimerie,  et  aussi  im- 
primeur, qui  fit  les  premiers  poinçuns  de  types  dont  on 
se  servit  en  Allemagne  pour  l'impression  de  la  musique 
en  un  seul  tirage.  Ses  premiers  produits  sont  de  1832. 

(1)  Voyez  le  livre  d'Antoine  Scbmid,    intitulé  :  0:ta- 
viano  dei  Petrucci  da  Fossombrnne,  etc.,  p.  II. 

(2)  Storia  délia  Alusiea  sacra  nella  gin  capella  ducale 
di  San  Marco  di  Vcnezia,  t.  11,  p.  20'j. 


Le  premier  produit  des  presses  de  Petrucci 
est  un   recueil  de  quelques   motets   et  d'un 
grand  nombre  de  chansons,  la  plupart  fran- 
çaises, à  trois  et  à  quatre  voix,  des  maîtres  les 
plus  habiles  de  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle.   Ce  recueil  est  divisé  en  trois  livres, 
dont  le  premier,   marqué   A,  a  pour  titre  : 
Harmonies  musices  Odkecaton.  L'épilredé- 
dicaloire,   adressée  à  Jérôme  Donato,  noble 
vénitien,  la  seule  que  Petrucci  ait  faite,  est 
datée  de  Venise,  le  15  mai  1501 .  Le  deuxième 
livre,  marqué  B,  n'a  pas  le  titre  du  premier, 
mais  seulement  celui-ci  :  Canti.  B.  numéro 
cinquanta.  Ces  deux  premiers  livres  avaient 
été  mentionnés  dans  les  Pandectesde  Conrad 
Gesner,  ainsi  que  par  Zacconi  (Prattica  di 
musica,  lre  partie,  fol.  84);  mais  on  n'en  con- 
naissait pas  d'exemplaire,  lorsque  M.  Gaétan 
Gaspari  (voyez  ce  nom)  fut  assez  heureux  pour 
en  découvrir  un,   dont  M.  Angelo  Calelani 
(voyez  ce  nom)  a  donné  une  intéressante  des- 
cription (1).  On  vient  de  voir  que  la  dédicace 
du  premier  livre  est  datée  du  15  mai  1501  ;  à 
la  dernière  page  du  deuxième  livre  on  lit  la 
souscription  suivante  :  Tmpressum  Venetiis 
per  Octavianum   Petrutium    Forosempro- 
niensem  die  5  februarii  salutis  anno  1501, 
cumprivilegio  tnvictissimi Domini  Venelia- 
rum  q.  nullus  possit  cantum  ftgaratum  im- 
primere  subpena  in  ipso  privilégia  contenta. 
Il  semble  que  ce  second  livre  a  dû  paraître 
avant  le  premier,  puisqu'il  était  achevé  d'im- 
primer depuis  le  5  février  1501,  tandis  que  la 
dédicace  du  livre  A  porte  la  date  du  15  mai 
de  la  même  année.  En  considérant  l'étendue 
de  ce  livre  A,  et  voyant  que,  seul,  il  a  le  titre 
de  l'ouvrage,  M.  Calelani  tire  l'induction  qu'il 
a  dû  être  imprimé  dès  l'année  1500,  et  que  le 
livre  B  n'a  été  vraisemblablement  publié  que 
plusieurs  mois  après  la  date  de  l'impression, 
et  après  la  mise  en  vente  du  recueil  A.  Le  sa- 
vant auteur  de  la  dissertation  n'aurait  eu  au- 
cune peine  à  concilier  les  dates,  qui  paraissent 
contradictoires  au  premier  coup  d'œil,  s'il  se 
fût  souvenu  qu'à  l'époque  où  furent  imprimés 
ces  premiers  monuments  de  la  typographie 
musicale,  le  renouvellement  de   l'année  ,   à 
Venise,   comme  dans   une  grande  partie  de 
l'Europe,  avait  lieu,  non  le  premier  janvier, 
comme  aujourd'hui,  mais  la  veille  de  Pâques, 
immédiatement  après  la  cérémonie  de  la  bé- 
nédiction du  cierge  pascal.  En  1501,  l'année 
a  commencé  le  11  avril;  elle  a  fini  le  20  mars 

(1)  Di  due  stampeignotedi  Oltaviano  Petrucci  da  Fos- 
sombrone;  Milano,  Tito  di  Gio.  Ricordi,  in-8°  de  22  pag. 
avec  planches  et  fac-similé. 


14 


PETRUCCI 


suivant  :1e  15  mai  a  donc  précédé  le  5  fé- 
vrier d'environ  neuf  mois  ;  d'où  il  suit  que  le 
volume  B  de  l'Odhecaton  ne  fut  achevé  d'im- 
primer que  le  20  février  1502.  Le  format  des 
deux  livres  est  un  petit  in-4°obl.,  comme  celui 
de  tous  les  ouvrages  imprimés  parPetrucci. 

Dans  la  même  année  1502,  le  9  mai,  sortit 
des  mêmes  presses  un  recueil  intitulé  Motetti 
XXXIII.  Ces  motels  sont  à  quatre  voix;  mais 
le  seul  exemplaire  connu  jusqu'à  ce  jour,  et 
qui  esta  la  bibliothèque  du  Lycée  musical  de 
Bologne,  est  incomplet  de  la  partie  du  supe- 
rius. Cinq  de  ces  motels  sont  de  Josquin  De- 
]nèsydeuxde  Compère,  un  d'Antoine  Brumel, 
neuf  de   Gaspard   (Van   Veerbeke),   huit  de 
Ghiselin,  deux  d'Alexandre  Agricola,  et  six 
de  Jean  Pinarol.   Il  est  remarquable  que  le 
nombre     considérable     d'oeuvres     musicales 
publiés  par  Petrucci,  à  l'exceplionde  certains 
chants   italiens    dont    il    sera    parlé    tout    à 
l'heure,  a  été  produit  par  des  compositeurs 
helges.    Les   quelques    noms   français    qu'on 
trouve  mêlés  aux   leurs  sont  ceux  de   leurs 
élèves.  Un  recueil  de  cinq  messes  de  Josquin 
Deprès,   qui   a  simplement  pour  litre  Misse 
Josquin, fut  achevé  d'imprimer  le  27  septem- 
bre de  la  même  année.  Au  superius  on  trouve 
le  nom  de  l'auteur  écrit  de  celte  manière  : 
Josquin-de-Pres.  Un  exemplaire  complet  de 
ce  livre  est  à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin. 
Le  27  décembre  de  la  même  année,  ce  même 
livre  de  messes  de  Josquin  sortit  de  nouveau 
des  presses  de  Pelrucci  avec  le  titre  :  Liber 
primus  Missarum  Josquin.  Il  n'est  pas  vrai- 
semblable que  l'édition  publiée  trois  mois  au- 
paravant ait  été  épuisée  ;  cependant  ce  n'est 
pas  un  simple  changement  de  frontispice,  car 
le  molel  à  quatre  voix,  Ecce  tu  pulchra  es} 
arnica  mea,  de  Josquin,  qui  se  trouve  après 
la  messe  de  V homme  armé,  dans  la  première 
édition,  n'esl  pas  dans  celle-ci.  Le  second  livre 
des  messes  de  Josquin  (Missarum  Josquin 
liber  secundus)  et  le  troisième  livre,  furent 
publiés  par  Petrucci,  en  1505.  L'exemplaire 
de  la  bibliothèque  impériale  de  Vienne  n'a 
que  le  superius,  Valtus  et  le  ténor;  celui  de 
la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  à  Venise,  a  le 
superius,  le  ténor  et  la  basse;  celui  que  pos- 
sédait Lansberg  (voyez  ce  nom),  à  Rome,  était 
aussi  incomplet  de  Valtus;   l'exemplaire  du 
Muséum  britannique  est  complet. 

En  1503  parut  le  troisième  livre  de  VOdhe- 
caton,  sous  le  tilrede  CantiC.  n"  cento  cin- 
quanta.  Un  exemplaire  complet  de  ce  précieux 
recueil  de  chansons  françaises,  à  quatre  ci 
;i  cinq  voix,  est  a    la  bibliothèque  impériale 


de  Vienne.  Dans  la  même  année,  Pelrucci 
publia  un  recueil  de  cinq  messes  d'Obrechl, 
sous  le  titre  de  Misse  Obrecht ;  un  livre  de 
cinq  messes  de  Brumel,  qui  porte  simplement 
au  frontispice  :  Brumel,  et  les  titres  des 
messes  ;  un  livre  decinq  messes  de  Jean  Ghi- 
selin, avec  le  nom  simplement  de  l'auteur  et 
les  titres  des  messes;  et,  enfin,  un  livre  de 
cinq  messes  de  Pierre  De  la  Rue,  avec  ces 
mots  au  frontispice  :  Misse  Pétri  De  la  Rue,  et 
les  titres  des  messes.  Des  exemplaires  des 
messes  d'Obrecht  sont  aux  bibliothèques  de 
Berlin  et  de  Munich  ;  celui  de  la  bibliothèque 
de  Vienne  est  incomplet  de  la  basse  ;  le  mien 
est  complet,  ainsi  que  celui  des  messes  de 
Brumel,  dont  la  bibliothèque  de  Berlin  a  un 
exemplaire  complet,  ainsi  que  des  messes  de 
Ghiselin.  Les  exemplaires  des  messes  de  Pierre 
De  la  Rue  qui  sont  à  Berlin  et  au  Muséum  bri- 
tannique sont  complets;  la  basse  manque  à 
celui  de  la  bibliothèque  impériale  de  Vienne. 
Les  exemplaires  des  messes  de  Jean  Mouton, 
Fevin,  Ghiselin,  Agricola,  Brumel,  Pierre  De 
la  Rue,  Obrecht,  Isaak,  de  Orto  (Dujardin),  et 
de  Gaspard,  imprimées  par  Petrucci,  qui  se 
trouvent  à  la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  à 
Venise,  sont  tous  incomplets  de  la  basse. 

En  1504,  Pelrucci  mit  au  jour  cinq  messes 
d'Alexandre  Agricola  (Misse  Alexandri 
Agricole),  dont  il  y  a  des  exemplaires  dans 
les  bibliothèques  de  Berlin,  de  Vienne,  du 
Lycée  musical  de  Bologne,  de  la  chapelle  pon- 
tificale de  Rome  et  dans  la  mienne.  Cette  pu- 
blication fut  suivie  du  recueil  intitulé  Mo- 
tetti C.  C'est  le  troisième  livre  de  la  collection 
de  motels  dont  le  premier,  A,  fut  publié  en 
1502.  On  sail  que  le  deuxième  livre,  marqué  B, 
contenait  des  motets  pour  le  dimanche  et  pour 
l'octave  de  la  Passion,  mais  on  n'en  connaît 
pas  d'exemplaire. 

Dans  les  années  1504a  1508, Petrucci  publia 
neuf  livres  de  chants  italiens  d'un  caractère 
populaire  en  usage  dans  les  États  vénitiens,  et 
qu'on  appelait  frottole.  Le  premier  livre  porte 
la  date  du  28  décembre  1504;  le  second  livre, 
qui  est  sans  doute  une  réimpression,  celle  du 
2'J  janvier  1507  ;  le  troisième,  celle  du  2G  no- 
vembre 1507;  le  quatrième  a  pour  litre  : 
Strambotli,  Ode,  frottole,  Sonetti,  et  modo 
de  cantar  versi  latini  e  capituli ,  libro 
quarto.  Le  cinquième  livre  estdalédu  25  dé- 
cembre 1505;  le  sixième,  du  5  février  1505; 
le  septième,  du  G  juin  1507;  le  huitième,  du 
20  mai  1507;  le  neuvième  et  dernier,  du 
22  janvier  1508.  Les  bibliothèques  de  Munich 
et  de  Vienne  contiennent  les  divers  livres  de 


PETRUCCI 


15 


celle  collection  :  M.  Bulseli,  libraire  à  Augs- 
bourg,  a  eu  les  quatre  premiers  livres,  en 
1840,  et  Landsberg  a  possédé  les  deux  pre- 
miers. C'est  par  ces  mêmes  recueils  qu'on 
connaît  les  noms  de  quelques  compositeurs  de 
mélodies  populaires  (dont  un  certain  nombre 
en  palois  de  Venise)  lesquels  ont  vécu  dans  la 
seconde  moilié  du  quinzième  siècle,  tels  que 
Antoine  Caprioli,  de  Biescia,  André  de  An- 
tiquis,  de  Venise;  Antoine  Rosseti,  de  Vérone; 
Antoine  Stringari,  de  Padoue,  Bartholomé 
Tromboncino,  de  Vérone,  Michel  Pesenti,  de 
la  même  ville,  Philippe  de  Luprano,  François 
Anna,  organiste  de  Venise,  Jean  Brocchi,  de 
Vérone,  MarcCara,<\e  la  même  ville,  Nicolas 
Pifaro,  de  Padoue  et  Rossini,  de  Mantoue. 

En  1505,  Pelrucci  publia  un  livre  de  cinq 
messes  de  De  Orto  (Dujardin),  dont  une  avec 
deux  Credo,  le  quatrième  livre  de  motets  à 
quatre  voix  (Motelli  libro  quarto),  et  un  livre 
de  motets  à  cinq  voix,  l'oit  intéressant,  parce 
qu'on  y  trouve  trois  molels  de  Régis  (dont  le 
nom  flamand  était  De  Koninck),  compositeur 
du  quinzième  siècle,  qui  fut  au  premier  rang 
et  dont  les  ouvrages  sont  rares.  Dans  l'année 
1506,  on  ne  trouve  que  deux  livres  de  Lamen- 
tations de  Jérémie,  dont  le  premier  a  pour 
litre  Lamentationum  Jeremie prophète,  liber 
primus,  l'autre,  Lamentationum,   liber  se- 
/     ctindus,  et  un  livre  de  cinq  messes  de  Henri 
Isaak  (Misse  Henri  Izac).  On  ne  connaît  des 
années  1507  et  1508  que  quatre  livres  de  ta- 
blature  de    luth    et    un    livre   de   messes   de 
divers  auteurs  [Missarum  diversorum  auclo- 
rum  liber  primus).  Le  premier  livre  de  tabla- 
ture   a    pour   titre   Intabolatura  de  Lauto 
libro  primo.  Au  deuxième  feuillet,  on  trouve 
une  Régula pro  illis  qui  canere  nesciunt,  en 
latin  et  en  italien.  Il  parait  que  l'auteur  de  ce 
premier  livre,  ainsi  que  du  second,  fut  un 
luthiste  nommé  François  Spinaccio,  car  on 
trouve  au  troisième  feuillet  une  pièce  de  vers 
latins  avec  celte  inscription  :  Christophorus 
Pierius  Gigas  Forosemproniensis  in  Laudem 
Francisci  Spinaccini.  Dans  le  second  livre, 
le  nom  de  Spinaccio  se  trouve  en  tête  d'un 
certain  nombre  de  morceaux.   Il  n'a  pas  été 
retrouvé  jusqu'à  ce  jour  d'exemplaire  du  troi- 
sième livre.  Le  titre  du  quatrième  livre  a  cette 
forme  bizarre  : 

Intahnl.itura  de  Lauto 

Libro  quarto  : 

Padoanc  diverse. 

Cnlile  a  l:i  spagnola. 

Calnle  a  la  taliana. 

Instar  de  corde  enn  li  soi  recercar  dielro. 

Kroliule. 

Joanambrosio. 


C'est-à  dire  :  pavanes  de  différents  genres; 
calâtes  (danses)  à  l'espagnol;  danses  à 
l'italienne  ;  arpèges  des  cordes  en  montant 
et  à  reculons;  Frottole.  A  l'égard  du  dernier 
mol  (Joanambrosio),  on  en  a  l'explication 
dans  la  table  des  pièces  contenues  dans 
l'œuvre,  car  on  y  lit  :  Table  de  cet  œuvre, 
composé  par  l'excellent  musicien  et  joueur 
de  luth  Jean  Ambroise  Balza,  de  Milan. 
François  Spinaccio  et  Jean  Ambroise  Dalza  . 
sont  les  plus  anciens  luthistes  dont  les  noms 
figurent  dans  l'histoire  de  la  musique. 

Dans  l'année  1509,  on  ne  trouve  qu'un  seul 
ouvrage  sorli  des  presses  de  Petrucci  ;  il  a 
pour  litre  :  Tenori  e  contrabassi  intubulati 
col  sopran  in  canto  figurato  per  cantar  e 
sonar  col  lauto  libro  primo.  Francisci  Bas- 
sinensis  Opus ;  ce  qui  signifie  que  la  partie 
de  soprano  est  écrite  en    notation  ordinaire 
pour  êlre  chantée  par  la  voix,   tandis  que  le 
ténor  et  la  basse,  écritsen  caractères  de  tabla- 
ture, sont  joués  sur  le  luth  ;   enfin,  que  l'ou- 
vrage a  été  composé  par  un  certain  François, 
né  dans  la  Bosnie,  et  dont  le  nom  de  famille 
n'est  pas  indiqué.  Diverses  œuvres  ou  collec- 
tions ont  été  imprimées  par  Petrucci  enlre  les 
années  1502  et  1510,  mais  sans  date.  On  con- 
naît   particulièrement    celles-ci    :    1°   Misse 
Gaspard  (Van  Verbeeke);  ces  messes  sont  au 
nombre  de  cinq.  Tous  les  exemplaires  de  ce 
recueil,  connus  jusqu'à  ce  jour,  sont  incom- 
plets; la  basse  manque  à  ceux  qui  sont  dans 
les  bibliothèques  impériales  de  Vienne  et  de 
Saint-Marc  de  Venise;  celui  de  M.  Gaspari  de 
Bologne,  vendu  à  Paris,  en  1862,  n'avait  pas 
de  ténor.  2°  Fragmenta  Missarum.   Parmi 
ces  fragments,  on  trouve  les  Credo  des  messes 
de  Josquin  Deprès  qu'on  ne  possède  pas  entières 
et  qui  ont  pour  titres  :  La  belle  se  sied;  De 
tous   biens;    f'illayge    (village);    Ciaschuu 
(chacun)  me  crie;  ainsi  que  d'autres  fragments 
des  messes  Ferialis  et  de  Passione.  3°  Deux 
autres  ouvrages  sont  cilés  sans  date  par  Con- 
rad Gesner,  dans  ses  Pandectes,  ou  deuxième 
partie  de  sa  Bibliotheca  universalis  :  l'un  est 
le  deuxième  livre  d'un  recueil  de  Laudi  indi- 
qué de  celle  manière  :  Laude  liber  secundus, 
ibidem  (  Fenetiis  per  Octavianum  Petru  - 
tium)  ;  l'autre  est  intitulé  :  Frottole  de  misser 
Bartolomeo  Tromboncino  con  tenori  et  bassi 
tabulati,  et  con  soprani  in  canto  figwato. 
per  cantar  et  sonar  col  canto,  Fenetiis  im- 
pressx. 

On  ignore  le  motif  qui  détermina  Petrucci 
à  ne  pas  user  pendant  le  terme  de  vingt  ans 
du  privilège  qui  lui  avait  été  accordé  par  le 


1G 


PETRUCCI  -  PF.TZOLD 


conseil  de  la  seigneurie  de  Venise  ;  mais  il  est 
certain  que,  dès  1512  au  plus  tard,  il  était  re- 
tourné à  Fossomhrone,  et  qu'il  y  avait  trans- 
porté son  imprimerie.  Ce  qu'on  peut  pré- 
sumer, c'est  que  ses  affaires  commerciales 
n'avaient  pas  prospéré  à  Venise,  car  dans 
l'avant-propos  d'un  opuscule  qu'il  imprima 
en  1515,  il  dit  qu'il  a  souffert  jusqu'alors  de 
longues  maladies  et  de  revers  de  fortune  (quas 
diutina  sgritudo,  et  adversa  fortuna  adeo 
oppressèrent).  Quoi  qu'il  en  soit,  il  obtint  du 
pape  Léon  X  un  privilège  de  quinze  ans  pour 
exercer  son  art  dans  les  États  romains.  Ce 
privilège  est  daté  du  22  octobre  1513. 

Le  premier  ouvrage  imprimé  à  Fossom- 
brone  par  Petrucci,  en  1515,  fut  un  livre  de 
messes  in-folio,  pour  le  chœur,  dont  un  exem- 
plaire se  trouve  à  la  chapelle  pontificale  de 
Rome;  puis  il  donna  une  nouvelle  édition  des 
trois  livres  de  messes  de  Josquin  Deprès,  dont 
le  premier  parut  en  1514,  le  second  en  1515, 
et  le  troisième  en  1516.  En  1514,  il  com- 
mença la  publication  de  la  collection  de  motels 
intitulée  :  Moletli  de  la  corona,  parce  qu'ily 
a  une  couronne  royale  au  frontispice.  Le  pre- 
mier livre  fut  achevé  d'imprimer  le  17  août 
1514;  les  trois  autres  livres  ont  paru  en  1519. 
En  1515,  le  célèbre  typographe  mitau  jour  un 
livre  de  cinq  messes  de  Jean  Mouton  (illissa- 
rum  Joannis  Mouton  liber  primus),  et  un 
livre  de  messes  d'An  toi  ne  Fevin,  qui  en  contient 
une  de  Robert  Fevin  et  une  de  Pierre  De  la  Rue, 
sous  le  nom  de  Pierzon.  Cet  ouvrage  a  pour 
titrer/use  Antonii  de  Fevin.  Le  Muséum  bri- 
tannique possède  des  exemplaires  complets  de 
ces  collections  ;  ceux  de  la  bibliothèque  impé- 
riale de  Vienne  et  de  la  bibliothèque  de  Saint- 
Marc,  à  Venise,  n'ont  pas  les  parties  de  basse. 
Conrad  Gesner  cite  aussi,  sous  la  date  de  celle 
année,  une  collection  intitulée  :  JUissarum 
decem  à  clarissimis  musicis  compositarum 
necdum  antea  {exceptis  tribus)  xditarum 
libri  duo.  Jmpressi  Forosempronii  1515.  Au- 
cune publication  connue  n'a  élé  faite  par  Pe- 
trucci pendant  les  années  1517  et  1518.  Dans 
une  vente  qui  fut  faile  à  Rome,  en  1829,  trois 
messes,  très-grand  in-folio,  pour  le  lutrin  du 
chœur,  imprimées  par  Petrucci  à  Fossom- 
hrone, dans  les  années  1520-1523,  ont  été 
acquises  par  une  personne  inconnue.  Ces  pro- 
duitsétaient  de  la  plus  grande  beauté  sous  le 
rapport  des  caractères,  du  tirage  etdu  papier. 
Après  1523,  on  ne  trouve  plus  rien  de  Pe- 
trucci :  il  est  vraisemblable  qu'il  cessa  de 
vivre  dans  cette  même  année, ou  peu  de  temps 
après. 


PETllUCCï  (Ascelo),  compositeur  dra- 
matique, n'est  connu  que  par  l'opéra  de  Nit- 
teli,  qu'il  fit  représenter  à  Mantoue ,  en 
1766. 

PETSCHRE  (Adolphe-Frédéric),  candi- 
dat en  théologie  et  directeur  de  l'Institut  des 
sourds  et  muets  de  la  Saxe  électorale  à  Leip- 
sick,  naquit  en  1759,  dans  celte  ville,  et  y 
mourut  le  7  avril  1822.  Il  a  publié,  sous  le 
voile  de  l'anonyme,  un  supplément  à  la  mé- 
thode de  piano  de  Merbach,  intitulé  :  Anhançj 
zu  Merbachs  Clavierschule ;  Leipsick,  1784, 
in-4°.  L'année  suivante,  il  fit  aussi  paraître  : 
Fersuch  cines  Untcrrichts  zum  Clavier- 
spielen  (Essai  d'une  instruction  pour  l'art  de 
jouer  du  piano);  ibid.,  1785. 

PETZ  (Jean-Christophe),  né  à  Munich, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  y  fut  d'abord  attaché  comme  simple 
musicien  de  la  cour,  puis  entra  au  service  du 
prince  électoral  de  Cologne,  à  Bonn,  en  qua- 
lité de  maître  de  chapelle,  et  fut  en  dernier 
lieu  appelé  à  Stuttgard,  où  il  mourut  en  1716, 
avec  le  titre  de  maître  de  chapelle  du  duc  de 
Wurtemberg.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  compo- 
tion  :  1°  Sonate  a  tre  cioè  2  violini,  violon- 
cello  e  basso  continuo,  op.  1  ;  Augshourg, 
1701.  2°  Prodromus  optatx  pacis,  op.  2; 
ibid.7  1705,  in-folio.  Cet  ouvrage  consiste  en 
psaumes  à  quatre  voix,  trois  instruments  et 
basse  continue.  3°  Sonate  da  caméra  a  flauti 
e  basso,  op.  5,  ibid.  4°  Jubilum  jVissale; 
ibid.,  1706  :  collection  de  messes  solennelles, 
5°  Corona  stellarum  duodecim  ;  Stuttgard, 
1710  :  collection  de  douze  motets  à  quatre 
voix,  deux  violons  et  basse  continue  pour 
l'orgue. 

PETZOLD  (Guillaume-  Lebrecht),  fils 
d'un  pasteur  protestant,  est  né  le  2  juillet 
1784,  à  Lichlenhayn,  village  de  la  Saxe  (cercle 
de  Misnie).Son  père,  voulant  lui  l'aire  embras- 
ser une  profession  à  la  fois  industrielle  et  ar- 
tistique, le  conduisit  au  mois  d'avril  1798,  à 
Dresde, où  il  entra  dans  les  ateliers  deCharles- 
Rodolphe-Auguste  Wenzky,  facteur  d'orgues 
et  de  pianos  de  la  cour.  Après  cinq  années 
passées  en  apprentissage  chez  cet  habile  ar- 
tiste, Petzold  partit  pour  Vienne  avec  une 
lettre  de  recommandation  de  Wenzky  pour 
son  confrère  Walthcr.  Il  travailla  dans  les 
ateliers  de  celui-ci  jusqu'au  mois  de  décembre 
1805,  puis  se  rendit  à  Paris,  ou  il  forma,  au 
mois  d'avril  1806,  une  association  avec 
J.  Pfeiffer  (voyez  ce  nom)  pour  la  fabrica- 
tion de  pianos,  d'après  un  nouveau  système. 
Les  premiers  produits  de  cette  association  lu- 


PETZOLD  -  PEVEUNAGE 


17 


renl  un  nouvel  instrument  dans  la  forme  d'un 
piano  pyramidal,  auquel  Petzold  donna  le 
nom  iVharmonomelo,el  unpianolriangulaire, 
<|ui  furent  l'objet  d'un  rapport  favorable  d'une 
commission  composée  <le  Cherubini,  Méhul, 
Calel,  Gossec  et  Jadin.  A  l'exposition  des  pro- 
duits de  l'industrie  nationale  qui  eut  lieu  celte 
même  année  (1806),  Petzold  rendit  public 
son  nouveau  système  de  tables  prolongées 
dans  les  pianos  carrés;  système  alors  peu  re- 
marqué, parce  qu'il  n'était  encore  qu'ébau- 
ché, mais  qui  fut  cependant  le  signal  de 
la  transformation  complète  que  le  piano  a 
éprouvée  depuis  lors,  et  le  précurseur  des  im- 
menses modifications  qui  se  sont  aussi  opérées 
dans  l'art  de  jouer  de  cet  instrument,  et 
dans  la  musique  qu'on  a  écrite  pour  lui.  Le 
prolongement  de  la  table  des  pianos  carrés 
avait  pour  objet  d'augmenter  l'intensité  du 
son;  mais  il  conduisait  à  un  changement 
dans  la  disposition  du  mécanisme;  car  il  éloi- 
gnait les  marteaux  des  cordes,  et  conséquem- 
menl  obligeait  à  allonger  leur  levier  pour  les 
lancer  avec  plus  de  force  vers  les  cordes.  Pour 
atteindre  ce  but,  Petzold  dut  substituer  un 
nouvel  échappement  libre  à  l'ancien  chasse- 
marteau,  trop  faible  pour  le  levier  sur  le- 
quel il  devait  agir.  Mais  l'action  des  marteaux, 
devenue  beaucoup  plus  énergique,  exigea  des 
cordesiplus  fortes  pour  résister  à  la  percus- 
sion ;  or,  la  puissance  de  ces  cordes  exerça  une 
force  de  traction  qui  rendit  nécessaire  une 
construction  plus  solide  des  caisses.  De  tout 
cela  résulta  une  puissance  de  son  auparavant 
inconnue,  unie  au  moelleux  et  à  des  moyens 
nouveaux  d'expression.  Ce  progrès  considé- 
rable du  piano  carré  fit  comprendre  aux  autres 
facteui-s  la  nécessité  de  changer  aussi  le  sys- 
tème de  construction  du  piano  à  queue,  pour 
lui  conserver  sa  supériorité  comme  piano  de 
concert  ;  et  dès  lors  toutes  les  recherches  se 
tournèrent  vers  l'augmentation  de  la  puissance 
sonore.  C'est  donc  en  réalité  à  Petzold  qu'il 
faut  rapporter  l'honneur  de  l'émulation  qui 
s'est  développée  dans  ces  recherches  depuis 
les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle, 
car  celle  émulation  commença  à  l'époque  du 
succès  des  pianos  carrés  à  longues  tables. 
.  Le  terme  de  l'association  de  Petzold  et 
Pfeiffer  étant  arrivé  en  1814,  chacun  d'eux 
prit  un  établissement  séparé.  C'est  de  celte 
époque  que  date  la  brillante  réputation  de 
Pelzold  pour  la  fabrication  des  pianos  car- 
rés :  les  meilleurs  furent  longtemps  ceux  qui 
sortirent  de  ses  ateliers,  et  M.  Pape  (voyez  ce 
nom)  fut  le  premier  qui  lui  enleva  la  palme, 

BlOCn.  DHIV.  DtS  MUSIC1ESS.  T.  VII. 


en  joignant  à  une  excellente  qualité  et  à  une 
grande  puissance  de  son,  des  conditions  par- 
faites de  solidité. 

Plusieurs  témoignages  de  considération  ont 
élé  donnés  à  Pelzold  par  des  jurys  et  par 
des  sociétés  savantes. 

PEUTINGER  (Conrad),  philologue  et 
jurisconsulte,  naquit  à  Augsbourg,  le  13  oc- 
tobre 1465,  et  mourut  dans  la  même  ville,  le 
28  décembre  1547.  Il  cultiva  non-seulement 
les  sciences  et  les  lettres ,  mais  encore  les 
arts,  et  particulièrement  la  musique.  On  lui 
doit  la  préface  d'une  intéressante  collection 
de  molels,  rassemblée  par  les  médecins  Grim- 
mius  et  Wirsung,  et  qui  fut  publiée  à  Augs- 
bourg, en  1520,  sous  le  titre  de  Liber  se- 
lectarum  cantionum  quas  vulgà  Mutetas 
appellant. 

PEUEPiL  (Paul),  compositeur  allemand, 
vécut  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  el  fut  organiste  à  Sleyer,  en  Autriche. 
Draudius  indique,  de  lacomposition  de  cet  ar- 
tiste :  1°  Weltspiegel,  das  ist  :  Neue  teutsch 
Gesxnges,  etc.  (Miroir  du  monde,  consistant 
en  nouvelles  chansons  allemandes  joyeuses  et 
tristes  à  cinq  voix)  ;  Nuremberg,  1613,  in-4°. 
2°  Quelques  pavanes,  entrées,  gaillardes , 
courantes  et  danses  à  quatre  parties,  appli- 
cables à  tous  les  instruments  à  cordes;  ibid., 
1618,  in-4». 

PEVERNAGE  (André),  musicien  dis- 
tingué, naquit  à  Courtrai,  en  1543,  el  apprit 
la  musique  dans  la  maîtrise  de  la  collégiale, 
où  il  était  enfant  de  choeur.  Plus  tard,  il  ob- 
tint le  litre  de  directeur  de  cette  maîtrise.  Pa- 
quol  dit  que  cet  artiste  épousa,  le  15  juin 
1574,  une  veuve  nommée  Marie  Moeges. 
Il  est  à  cet  égard  en  contradiction  avec  l'épi- 
taphedu  tombeau  de  Pevernage,  rapportée  par 
Swerlius  (Athenm  Belgicx,  p.  125),  et  copiée 
par  Foppens  (Biblioth.  Belgix,  t.  I,  p.  56), 
où  cetle  femme  est  nommée  Marie  Haecht. 
Mais  ici  c'est  Paquot  qui  est  dans  le  vrai,  car 
des  acles  authentiques,  qui  existent  aux  ar- 
chives de  la  ville  d'Anvers,  donnent  les  noms 
de  Marie  Maeght  à  la  femme  de  l'artiste  dont 
il  s'agit  (1).  On  ignore  les  motifs  qui  firent 
abandonner  par  Pevernage  la  place  de  mailre 
de  musique  de  la  collégiale  de  Courtrai,  pour 
la  position  de  maître  de  chant  à  la  cathédrale 
d'Anvers.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  dix  ou  douze 
années  qu'il  passa  dans  cetle  dernière  ville 
furent  les  plus  brillantes  de  sa  carrière;  il  y 

(I)  Je  dois  ce  renseignement  à  l'obligeance  de  M.  Ver- 
acliler,  archivisle  de  la  ville  d'Anvers,  <|ui,  à  ma  prière, 
a  bien  voulu  faire  des  recherches  à  ce  sujet.. 

9 


i8 


PEVERNAGE  -  PEZ 


publia  ses  propres  ouvrages,  quelques  collcc- 
lions  de  pièces  de  divers  auteurs,  dont  il  diri- 
gea les  éditions,  et  établit  dans  sa  maison  des 
concerts  hebdomadaires  où  il  faisait  entendre 
les  plus  beaux  morceaux  des  compositeurs 
italiens,  français  et  belges.  Il  mourut  à  An- 
vers, non  le  50  juillet  1589,  comme  on  le  voit 
dans  l'épi  la  plie  rapportée  par  Swertius,  et, 
d'après  lui,  par  Foppens,  mais  le  30  juillet 
1 591,  suivant  un  document  authentique  des 
actes  du  chapitre  de  Notre-Dame  d'Anvers, 
ci  ne  M.  Léon  du  Berbure  a  bien  voulu  me  com- 
muniquer (1).  Il  parait  certain  que  l'épitaphe 
rapportée  par  Swertius  est  exacte,  sauf  une 
transposition  de  chiffres  par  une  faute  typo- 
graphique, et  qu'au  lieu  de  M.  D.  LXXXIX, 
il  faut  lire  M.  D.  LXXXXI;  en  sorte  que  cette 
épitaphe  est  conçue  comme  il  suit  : 

M.  André»  Pcvernagîo, 

llusico  excellent!, 

Ilujus  ecelcsire  plionosco, 

1:1  Mari»  lili.r. 

Marin  Haecht  vidua  et  FF.  M.  Pos9. 

Obierunt  hie  XXX  Julii,  anal.  XLVIM.. 

IIU   II   Febr.    œtat.   XII.   M.    D.   LXXXXI. 

On  connaît  de  Pevernage  les  compositions 
dont  les  titres  suivent:  1"  Chansons  à  cinq 
parties;  Anvers,  1574,  in-4°  oh\.%°  Cantiones 
sacrx  seu  motellx  G,  7  et  8  vocum  ;  1578. 
3°  Chansons.  Livre  premier,  contenant 
chansons  spirituelles  à  cinq  parties;  à  An- 
vers, de  l'imprimerie  de  Christophe  Plan- 
tin,  in-4°,  1589. —  Livre  second  de  chansons 
à  cinq  parties,  ibid.,  1590.  —  Livre  troi- 
sième, etc.,  à  cinq  parties,  ibid.,  1590.  — 
Livre  quatrième  de  chansons,  à.gix,  sept  et 
huit  parties;  à  Anvers,  chez  la  veuve  Chris- 
tophe Plantin  et  Jean  Mourendorf,  1591, 
in-4°.  C'est  ce  livre  pour  lequel  a  été  faite 
une  ordonnance  de  payement  de  cinquante  flo- 
rins, adressée  par  le  magistrat  d'Anvers  au 
trésorier  de  la  ville,  et  datée  du  1er  février 
1591  (2).  Les  héritiers  de  Pevernage  ont 
aussi  publié  les  compositions  qu'il  avait 
laissées  en  manuscrit,  sous  les  titres  sui- 
vants :  4°  JtLissx  quinque,  sex  et  sept,  voc; 
Anvers,  P.  Phalèse,  1593,  in-40.5°  Cantiones 
sacrx  ad  prxcipua   ecclesix  festa   tt  dies 

{i)  Ce  document  est  ainsi  traduit  littéralement  du 
flamand  par  M.  de  Burburc  :  ■  Maître  André  Pevernage, 
»  maitre  de  cliant  de  cette  église,  est  décédé  le  30  juillet 
»  de  l'année  1591,  vers  quatre  lieures  cl  demie  avant  le 
»  soir,  un  peu  avant  le  salut  de  la  sainte  Vierge,  après 
i,  avoir  été  malade  fieti  iant  cinq  Semaines,  à  savoir 
■■puis  le  lendemain  de  la  fête  de  saint  Jean-Bap- 
»  tisle,  etc.  » 

|2)  Celle  ordonnance  existe  aux  archives  de  la  wlie 
li'AnvtiS. 


dominicas  totius  anni  directs,  suavissima 
harmonia,  sex,  septem  et  octo  vocibus  com- 
positx,  et  tam  viva  voce,  quam  omnis  ge- 
neris  instrumentis  cantatu  commodissimx, 
auctore     Andrxa  Pevernage    Cortracensi, 
Mariannx  xdis  Antverpiensis  musici  chori 
prsefeclo ;  ibid.,  1602,  in-4°.  Une  contrefaçon 
de  cette  édition  fut  faite  dans  la  même  année 
à  Francl'ort-sur-le-Mein ,   à   l'imprimerie   de 
Wolfgâng  Rechter,   aux   dépens  de   Nicolas 
Stein,    six  parties  in-4°.   G0  Laudes  vesper- 
tinas   Marix,   hymnos   venerabilis   Sacra- 
menti,  hymnos  sive  cantiones  Nutalitias  4, 
5  et  6  voc;  ibid.,  1G04,  in-4"  obi.  Quelques 
morceaux  de  Pevernage  ont  été  insérés  dans 
une  collection  recueillie   par  le  compositeur 
anglais  Philipps  (voyez   ce   nom),   et  publiée 
sous  ce  titre  :  Melodia  Olympica  di  diversi 
eccellentissimi  musici  a  A,   5,  6  e  8  voci  ; 
Anvers,  P.  Phalèse,   1594,  in-4°  obi.,   ainsi 
que  dans  un  autre    recueil  intitulé  :  Musica 
divina  di  XLX  autori  illustri  a  4,  5,  6  e  7 
voci,  nuovamente  raccolta  da  Pietro  Pha- 
lesio  e  data  in  luce  ;  ibid.,  1595,  in-4°  obi. 
Pevernage  a  rassemblé  lui-même  une  collec- 
tion de  madrigaux  à  qualre,  cinq,  six,  sept  et 
huit  voix,  sous  le  litre  d'Harmonie  céleste, 
chansons  de  différents  autetirs  ;  Anvers,  Pha- 
lèse, 1583,  in-4°;  il  s'y  trouve  quelques  mor- 
ceaux de  sa  composition.  Une  deuxième  édi- 
tion de  ce  recueil  a  été  publiée  sous  le  titre 
italien  :   Harmonia  céleste  a  4,  5,  fi,  7e  8 
voci,  nuovamente  raccolta  per  Andréa  Pe- 
vernage, e  data  in  luce,  nella  quale  si  con- 
tengono  i  più  eccellenti  madrigali  che  oggi 
si  cantino;  ibid.,  1593,  in-4°  obi. 

PEXENFELDEIl  (Michel),  jésuite,  né 
en  1G13,à  Amsdorff,  en  Bavière,  fil  ses  études 
à  Passau,  et  enseigna  la  rhéloriqne  àLandshut 
pendant  vingt-deux  ans.  Il  mourut  dans  cette 
ville  vers  1680.  On  a  sous  son  nom  un  livre 
intitulé  :  Apparatus  eruditionis  tam  rerum' 
quam  verborum  per  omnes  artes  et  scientias; 
Nuremberg,  1670,  in-4°,  et  Sulzbach,  1687, 
in-8°.  Il  y  traite  de  la  musique  dans  les  cha- 
pitres 43e,  48e  et  59e. 

PEZ  (jEAN-CniusTomE),  organiste  de  la 
collégiale  d'Augsbourg,  dans  les  premières 
années  du  dix-huitième  siècle,  s'est  fait  con- 
naître par  quelques  ouvrages  de  musique 
d'église,  parmi  lesquels  on  remarque  celui  qui 
a  pour  litre  :  Prodromus  optatx  pacis,  sive 
Psalmi  de  Dominicis  et  Beata  f  irginc  in 
o/Jlcio  L'espertini  decantari  solili,  et  secun- 
dum  genium  ac  stylum  modernum  concinno 
posili.  4  voc.  concert,  et  tolidem  rip.  tue- 


PEZ  -  PFEIT1NGER 


>;» 


non  tribus  instrumenlis  et  duplici  basso 
yenerali.  Authorc  etc.  Opus  secundum.  Au- 
guslx  J'indelicorum  ,  lypis  Jo. -Christ. 
Wagner i,  1703,  in-4°. 

PEZELIUS  (Jean),  ou  PEZEL,  ou  même 
REZEL,  chanoine  régulier  «Je  l'ordre  de 
Saint-Augustin,  naquit  en  Autriche  dans  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle.  En 
1G72,  il  entra  dans  un  monastère  de  son  ordre 
à  Prague;  mats  il  le  quitta  furtivement  l'année 
suivante,  et  se  retira  àBautzen,  où  il  embrassa 
la  religion  réformée,  et  où  il  eut  le  titre  bi- 
zarre de  fifre  de  la  ville.  Adelung  assure  qu'il 
a  été  directeur  de  musique  de  l'école  de  Saint- 
Thomas,  à  Leipsick.  Pezelius  était  un  bon 
musicien  ,  fort  laborieux,  et  a  publié  de  sa 
composition  :  1° Musica  vespertina  Lipsiaca, 
oder  Leipzigische  Abend- Musik  von  1-5 
Stimmen;  Leipsick,  10G9,  in-4°.  2°  ffora 
décima,  ou  composition  musicale  pour  jouer 
avec  des  instruments  à  vent  vers  dix  heures 
avant  midi,  à  cinq  parties;  ibid.,  1009,  in-4°. 
5°  Composition  musicale  pour  instruments  à 
vent,  consistant  en  quarante  sonnets  à  cinq 
parties;  ibid.,  1070,  in-fol.  4°  Airs  sur  les 
idées  abondantes  (Arien  ilber  die  iiberflus- 
zigen  Gedanhen);  ibid.,  1075,  in-fol.  5°  Jouis- 
sances musicales  de  l'âme;  ibid.,  lG75,in-4°. 
G°  Entrées  à  quatre  parties,  particulièrement 
pour  un  cornet  et  trois  trombones;  ibid., 
1G83,  in-4°.  7°  Bicinia  variorum  ut  a  Viol., 
cornet.,  flaur.,  clarinis,  et  fagotto,cum  ap- 
pendice a  2  Bombardinis  vulgo  chalumeau, 
clar.  et  fagotto;  Leipsick,  1674, 1675  et  1682, 
in-4°.  Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a 
été  donnée  à  Leipsick,  en  1685,  in-4°.  8°  De- 
Ucix  musicales,  ou  musique  gaie  consistant 
en  sonates,  allemandes,  ballets,  gavottes, 
courantes,  sarabandes  et  gigues,  à  cinq 
parties,  savoir,  deux  violons,  deux  violes  et 
basse  continue;  Francfort,  1678,  in-4°. 
9°  Opus  musicum  sonatarum  priestantissi- 
marum  senis  instruments  instructum,  ut 
2  violinis ,  3  violis  et  fagotto ,  adjuncto 
B  C;  Francfort,  1686,  in-fol.  10°  Musique  à 
cinq  instruments  à  vent,  consistant  en 
entrées,  allemandes,  ballets,  courantes,  sara- 
bandes, etc.,  pour  deux  cornets  et  trois  trom- 
bones,- Francfort,  1084,  in-4°.  11°  Entrées  en 
deux  parties;  Leipsick,  1070,  in-8°.  12°  Une 
année  complète  sur  les  Evangiles,  à  quatre  et 
cinq  parties  instrumentales;  ibid.,  1678. 
13°  Musica  curiosa  Lipsiaca,  consistant  en 
sonates,  allemandes,  courantes,  ballets,  etc., 
pour  jouer  sur  un,  deux,  trois,  quatre  ou  cinq 
instruments;  ibid.,  1686.  On  a  aussi  de  cet 


artiste  trois  livres  très-rares  sur  la  musique 
dont  l'objet  est  inconnu, etqui  ont  pour  litres: 
1°  Observaliones  musicx;  Leipsick,  1678, 
in-4°;  idem,  ibid.,  1083,  in-4".  2"  Lnfelix 
musicus;  Leipsick,  1078,  in-4°.  5U  Musica 
Politico  Practica;  ibid.,  1078,  in-4».  Ces 
trois  ouvrages  sont  cités  par  i.i\>eim\a(Bibliol. 
Enucl.,  p.  970). 

PEZOLD  (Gustave),  chanleur  de  la  cour 
de  Stuttgard,est  né  le  3  juin  1 800,  à  Mœringen . 
Après  le  décès  prématuré  de  son  père,  il  fui 
admis  à  l'hospice  des  orphelins  de  Slutlgard, 
à  l'âge  de  dix  ans.  Il  y  apprit  le  chant  et  le 
piano,  et  débuta  au  théâtre,  avant  d'avoir 
atteint  sa  quatorzième  année,  dans  la  Flûte 
enchantée  de  Mozart;  puis  sa  voix  ayant  pris 
le  timbre  d'une  bonne  basse,  il  quitta  en  1818 
l'école  où  il  avait  été  élevé,  et  prit  un  engage- 
ment au  théâtre  de  Stuttgard.  Des  voyages 
qu'il  a  faits  depuis  1825  dans  plusieurs  parties 
de  l'Allemagne,  lui  ont  fourni  les  occasions 
de  chanter  avec  succès  aux  théâtres  de  Berlin, 
de  Munich,  de  Hanovre  et  de  la  Porte  de  Ca- 
rinthie,  à  Vienne.  Il  a  été  considéré  comme  un 
des  bons  acteurs  allemands,  pour  son  emploi. 

PFAFF  (Martin),  directeur  de  musique  du 
régiment  de  Neugebauer,  en  garnison  à  Fri- 
bonrg,  en  1795,  est  auteur  de  la  musique  de 
deux  opéras  mentionnés  dans  VAlmanach 
théâtral  de  Gotha  (ann.  1796,  p.  151),  sous 
ces  titres  :  1°  Die  Lyranten  (?);  2°  Les  Co- 
médiens de  Quirlevoitsch.  Ces  ouvrages  furent 
représentés  à  Dessau. 

Un  clarinettiste  de  la  musique  du  roi  de 
Prusse  et  de  l'opéra  de  Berlin,  nommé  Au- 
guste Pfaff,  ou  Pfaffe,  fut  vraisemblablement 
fils  de  cet  artiste.  Il  naquit  à  Dessau,  en  1796, 
fut  admis  dans  la  musique  du  roi  à  Berlin,  en 
1817,  et  mourut  dans  cette  ville,  le  15  fé- 
vrier 1834. 

J'ignore  si  Emile  Pfaffe,  professeur  de 
piano  à  Berlin,  est  de  la  même  famille.  Il  est 
né  dans  cette  ville,  a  fait  son  éducation  dans 
l'école  de  musique  de  l'académie  des  beaux- 
arts,  et  a  reçu  des  leçons  de  Taubert  pour  son 
instrument.  En  1844,  il  a  publié  deux  pièces 
caractéristiques  «le  sa  composition  pour  le 
piano  (Berlin,  Challier).  Je  n'ai  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste. 

PFEFFjmiGEK  (Philippe-Jacques),  né  à 
Strasbourg,  en  1700,  fit  ses  éludes  de  musique 
sous  la  direction  de  Ph.-J.  Scbmidt.  En  1790, 
les  places  de  maître  de  musique  de  la  ville  et 
du  Temple  neuf  lui  furent  confiées.  Ce  fut 
alors  que  ses  liaisons  avec  Pleyel,  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale,  lui  firent  faire  des 

2. 


20 


PFEFFlNGF.R  -  PFEIFFEIl 


progrès  dans  la  composition. En  1791, il  suivit 
cet  artiste  célèbre  en  Angleterre,  et  demeura 
six  mois  à  Londres,  où  Haydn  se  trouvait 
alors.  Fixé  à  Paris  depuis  1794,  Pfetïinger  s'y 
livra  à  l'enseignement  et  à  la  composition.  Il 
mourut  dans  cette  ville,  en  1821,  à  l'âge  de 
cinquante-cinq  ans.  Parmi  ses  ouvrages,  on 
remarque  :  1°  Grand  trio  pour  piano,  cor  ou 
violon  et  violoncelle;  Paris,  Carli.  2°  Vive 
Henri  IF,  varié  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle; ibid.  5°  Sonate  concertante  pour  piano 
à  quatre   mains,   op.    16;    Paris,    Richault. 
4°  Des  fantaisies,  des  caprices  et  des  pots- 
pourris  pour  piano;  Paris,  Richault  et  Carli. 
Pfeffinger  a  écrit,  pour  l'Académie  royale  de 
musique,  Zaïre,  opéra  en  trois  actes,  qui  a  été 
répété  en  1809,  mais  qu'on  n'a  pas  représenté. 
PFEIFFEIl  (Auguste),  docteur  en  théo- 
logie   et   surintendant    à   Lubeck,    naquit   à 
Lauenbourg,   en  Saxe,   le  27  octobre   1640. 
A  l'âge  de  cinq  ans,  il  tomba  du  haut  de  la 
maison  habitée  parses  parents,  et  parut  avoir 
perdu  la  vie  quand  on   le  releva.   Sa  sœur, 
voulant  le  mettre  dans  le  linceul,  le  piqua  par 
hasard  avec  son  aiguille,  et  cet  accident  le  fit 
revenir  à  la  vie.  Les  études  qu'il  fit  aux  uni- 
versités de  Hambourg  et  de  Wiltenberg  dé- 
veloppèrent en  lui  le  goût  des  langues  orien- 
tales :  il  y  fit  de  grands  progrès  et  en  posséda 
bientôt,  dit-on,  un  grand  nombre.  En  1671,  il 
devint  doyen  de  Meelzibor,  en  Silésie,   puis 
il  occupa  diverses  positions  à  Oels,  Stroppen, 
Meissen   et  Leipsick.   Appelé  à  Lubeck,    en 
1690,  il  y  exerça  les  fonctions  de  surinten- 
dant, et  y  mourut  le  11  janvier  1698.   Dans 
ses  Antiquitates  Hebraicx  selectx  (Leipsick, 
1689,  in-12),  il  traite  De  Neginoth  aliisque 
instrumentis  musicis  Hebrxorum.  Cet  opus- 
cule a  été  réimprimé  dans  les  Opéra  philo- 
logica  de  ce  savant,   Utrecht,   1704,   2  vol. 
in-4°.  Ugolini  l'a  inséré  dans  son  Trésor  des 
antiquités  sacrées,  t.  XXXII,  p.  801.  PfeifTer 
a  aussi  traité  de  la  musique  dans  la  thèse  qu'il 
a  soutenue  à  Wiltenberg  pour  obtenir  le  grade 
de  maître  Cs  arts,  et  qu'il  a  publiée  sous  le 
litre  de  Diatribe  philologica  de  poesi  He- 
brxorum veterum  ac  recentiorum;  Wilten- 
berg, 1670, in-4". 

PFEIFFEIl  (Jean-Philippe),  docteur  en 
théologie,  naquit  à  Kœnigsberg,  le  19  février 
1645,  et  mourut  le  10  décembre  1693.  Il  a 
traité  de  la  musique  des  anciens  dans  son 
livre  intitulé  :  Antiquitatum  grx;orum  gen- 
tilium  sacrarum,  potiticanim,  mililarium 
et  aconomicarum  libri  IF  .(Kœnigsberg, 
1689,  et  Leipsick,  1707,  in-4°),  lit.  2,cup.  64. 


PFEIFFEIl  (Jean),  né  à  Nuremberg,  le 
l"  janvier  1697,  y  apprit  la  musique  et  con- 
tinua l'étude  de  cet  art  pendant  qu'il  suivait 
les  cours  des  universités  de  Halle  et  de  Leip- 
sick. Le  comte  de  Reuss  l'employa  d'abord 
comme  directeur  de  sa  musique  dans  sa  terre 
de  Slaitz;  mais  après  six  mois  de  séjour  chez 
ce  seigneur,  il  entra,  en  1720,  au  service  du 
duc  de  Saxe-Weimar,  en  qualité  de  premier 
violon.  Le  mérite  de  ses  compositions  lui  fit 
obtenir  le  titre  de  maître  de  concert,  en  1726, 
et  le  duc  Ernest-Auguste  s'en  fit  accompagner 
dans  ses  voyages  en  Hollande  et  en  France, 
pendant  les  années  1729  et  1730.  En  1734, 
PfeifTer  reçut  sa  nomination  de  maître  de 
chapelle  à  Bayrentb,  avec  le  litre  de  conseiller 
de  la  cour.  Il  mourut  dans  celte  ville,  en 
1761,  à  l'âge  de  soixante-quatre  ans.  Cet  ar- 
tiste a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  mu- 
sique d'église,  des  pièces  de  clavecin  et  des 
symphonies  pour  l'orchestre,  qui  étaient 
estimées  en  Allemagne  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle. 

PFEIFFEIl  (AuGUSTE-FnÉDÉRic),  né  à 
Erlangen,  le  13  janvier  1748,  y  fut  professeur 
de  langues  orientales,  bibliothécaire  de  l'uni- 
versité, et  conseiller  de  cour.  Il  est  mort  le 
15  juillet  1817.  On  a  de  lui  une  dissertation 
sur  la  musique  des  Hébreux  intitulée  : 
Von  der  Musik  der  alten  Hebrxer;  Erlangen, 
1779,  in-4°  de  cinquante-neuf  pages  et  une 
planche. 

PFEIFFEIl  (Tobie-Frédeiuc),  né  dans  le 
duché  de  Weimar,  vers  le  milieu  du  dix -hui- 
tième siècle,  se  fit  acteur  d'opéra,  en  1778,  et 
entra  dans  la  troupe  de  Joseph  Seconda;  mais 
dégoûté  de  cette  profession,  après  dix-sept 
années  d'exercice,  il  se  retira  à  Dusseldorf,  et 
s'y  livra  à  l'enseignement  de  la  musique,  vers 
1795.  Il  vivait  encore  dans  cette  ville,  en 
1805.  Cet  artiste  s'esl  fait  connaître  comme 
compositeur  dramatique,  par  un  prologue  en 
musique  intitulé  :  Die  Freuden  der  Iiedli- 
chen  (les  Plaisirs  des  justes),  qu'il  lit  repré- 
senter à  Leipsick,  en  1789.  En  1801,  il  a  fait 
graver  plusieurs  airs  variés  pour  le  piano,  et 
une  cantate  pour  la  paix,  avec  accompagne- 
ment de  piano. 

PFEIFFEIl  (Fiiauçois-Antoine),  virtuose 
sur  le  basson,  né  à  Windischbach,  dans  le 
Palatinat,  en  1750,  fut  d'abord  contrebassiste 
à  Hannbeim,  d'où  il  passa  dans  la  chapelle  de 
l'électeur  de  Mayence.  Ce  fut  alors  qu'il 
abandonna  la  contrebasse  pour  le  basson.  En 
1785,  il  entra  au  service  du  duc  de  Mecklem- 
bourg.  Il  mourut  à  Ludwigslusl,  en   1792,  à 


PFEIFFKll 


21 


l';1gc  de  quarante-deux  ans.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  Six  quatuors  pour  basson, 
violon,  alto  et  basse,  op.  1,  à  Berlin,  chez 
Ilummel. 

PFEIFFER  (....),  facteur  d'orgues  à 
Stultgard,  naquit  à  Heilbronn  vers  le  milieu 
ili\  dix-septième  siècle,  et  fut  élève  de  Frics, 
facteur  renommé  de  celte  ville.  En  1785,  il 
construisit  à  Bietigheim  un  instrument  à 
deux  claviers,  pédaleet  vingt-deux  jeux.  Plus 
tard  il  a  fait  à  Stuttgart!  plusieurs  autres  ou- 
vrages estimés.  Vers  1800,  il  fabriquait  aussi 
de  petits  pianos  qui  étaient  recherchés. 

PFEIFFER  (J.-M.),  musicien  allemand, 
qui  paraît  avoir  vécu  à  Mannheim  vers  1780, 
et  plus  tard  à  Londres,  n'est  connu  que  par 
ses  productions,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que :  1°  Sonate  à  quatre  mains  pour  le  piano; 
Mannheim,  Heckel.  2°  II  Maestro  e  lo  sco- 
laro,  o  Sonata  facile  a  4  mani  per  il  piano 
forte,  ibid.  Cette  pièce  a  obtenu  un  brillant 
succès  en  Allemagne,  car  on  en  a  fait  des 
éditions  à  Bonn,  à  Hambourg,  à  Hanovre,  à 
Mayence  et  à  Munich.  5°  Trois  pièces  de  con- 
cert pour  piano,  flûte  et  violoncelle;  Londres, 
1789,  Bland.  4°  Douze  petites  pièces  caracté- 
ristiques pour  le  clavecin;  ibid.  5°  Six  chan- 
sons anglaises  et  six  ariettes  italiennes,  avec 
accompagnement  de  piano,  1er  livre;  ibid. 
6°  Idem,  2me  livre;  ibid. 

Quelques  autres  musiciens  du  nom  de 
Pfeiffer  ont  publié  des  compositions  de  diffé- 
rents genres;  mais  on  ne  possède  pas  de  ren- 
seignements sur  leur  personne.  L'un  d'eux, 

F.  Pfeiffer,  professeur  de  musique  à  Vienne, 
vers  1850,  a  publié  de  sa  composition  des  va- 
riations pour  violon;  Vienne,  Haslinger;  idem 
pour  flûte  avec  piano;  Vienne,  Mechetti; 
idem  pour  czakan,  avec  piano,  sur  un  thème 
«lu  Siège  de  Corinthe,  op.  21  ;  Vienne,  Cappi; 
des  pièces  de  guitare;  ibid.;  des  variations 
pour  piano,  op.  8;  Vienne,  Mechetti;  des 
danses  et  valses;  Vienne,  Weigl  et  Artaria  ; 
un  trio  pour  violon,  alto  et  guitare,  op.  16; 
Vienne,  Czerny,  etc.  Un  flûtiste,  nommé 
A.  Pfeiffer,  qui  paraît  aussi  demeurer  à 
Vienne,  a,  dans  les  dernières  années,  publié 
quelques    morceaux    pour    son    instrument. 

G.  Pfeiffer,  pianiste  à  Berlin,  vers  1840,  est 
auteur  de  plusieurs  œuvres  pour  le  piano, 
parmi  lesquelles  on  remarque  une  étude  bril- 
lante en  forme  de  fugue,  Berlin,  Paez. 

PFEIFFER  (Michel-Traucott)  ,  né  à 
WUrzbourg  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  a  mérité  que  son  nom  fût 
transmis  à  la  postérité  par  ses  travaux  pour 


la  réalisation  des  vues  de  Pestalozzi  concer- 
nant l'enseignement  de  la  musique,  et  par 
l'organisation  de  cet  enseignemeut  dans 
l'Institut  d'Yverdun,  en  1804.  On  trouvera 
dans  la  notice  sur  Nœgeli  (voyez  ce  nom)  la 
division  imaginée  par  Pfeiffer  pour  rendre  plus 
facile  la  conception  des  éléments  de  la  musique. 
Dès  1809,  Naegeli  fil  connaître  les  procédés  de 
ce  professeur,  dans  un  petit  écrit  intitulé  : 
Die  Pestalozzische  Gesangbildunglehre  nach 
Pfeiffers  Erfindung  (la  méthode  de  chant 
pestalozzienne,  d'après  l'invention  dePfeiffer). 
En  1810,  les  éléments  du  travail  de  PfeifTer 
furent  réunis  et  mis  en  ordre  par  Nœgeli,  qui 
en  forma  un  volume  dont  on  peut  voir  l'ana- 
lyse dans  la  notice  de  celui-ci.  Plus  tard,  on 
a  aussi  publié  sous  les  noms  de  Pfeiffer  et 
Naegeli  un  recueil  de  tableaux  pour  les  écoles 
populaires  de  musique,  sous  le  litre:  Musica - 
UschesTabellenwerk  fur  Folkschulen  zurHer- 
ausbildung  fiirden  Figuralgesang ;  Zurich, 
1828.  On  manque  de  renseignements  sur  la 
fin  de  la  carrière  dePfeiffer;  on  sait  seule- 
ment qu'il  vivait  encore  à  Lenzbourg  (Suisse) 
en  1842,  dans  un  âge  avancé  :  il  y  avait  établi 
une  école  de  musique  qui  avait  prospéré. 

PFEIFFER  (J.),  né  à  Trêves,  en  1769, 
exerça  d'abord  la  profession  de  tourneur, 
puis  entra  dans  l'alelierd'un  facteur  de  pianos 
à  Schelestadt,  alla  se  fixer  à  Paris,  vers  1801 , 
et  y  établit  une  manufacture  de  ces  instru- 
ments. En  1806,  il  forma  une  association 
avec  Petzold  (voyez  ce  nom) ,  et  fut  spécia- 
lement chargé  de  la  partie  commerciale  de  la 
maison  qu'ils  établirent  pour  ce  genre  de 
fabrication.  Séparé  de  Petzold,  en  1814, 
Pfeiffer  se  fit  alors  une  honorable  réputa- 
tion par  ses  pianos  carrés  à  deux  cordes. 
Vers  1850,  il  a  fait  connaître  un  petit  instru- 
ment de  son  invention,  sous  le  nom  de  Har- 
polyre;  il  le  croyait  destiné  à  remplacer 
avantageusement  la  guitare,  parce  qu'il  était 
aussi  portatif  et  offrait  plus  de  ressources  et 
des  sons  plus  puissants  :  cependant,  la  har- 
polyre  n'a  point  eu  de  succès.  Pfeiffer  a 
exhibé  ses  instruments  dans  les  diverses  ex- 
positions des  produits  de  l'industrie  française, 
et  a  fait  imprimer  un  Mémoire  adressé  à 
MM.  les  membres  composant  le  jury  de  l'ex- 
position de  1823  (Paris,  in-4°  de  seize  pages), 
où  il  rendait  compte  de  ses  travaux  depuis 
1806.  Pfeiffer  est  mort  à  Paris,  vers  1858. 

PFEIFFER  (madame  Clara-Virginie)  , 
pianiste  distinguée  et  professeur  de  piano, 
à  Paris,  née  à  Versailles,  au  mois  d'avril 
1816,  est  élève  de  Kalkbrenner  et  de  Chopin. 


•22 


PFEIFFER  -  PFEl'NIGER 


Aii  nombre  des  ouvrages  publiés  par  celle 
artiste,  on  remarque  :  1°  Six  études  pour 
piano,  sous  le  titre  d'Esquisses  musicales, 
op.  1;  Paris,  Chabal.  2°  Quatre  nocturnes 
idem,  œuvres  2,  3,  4;  Paris,  Clialial,  Heu,  elc. 
5°  Duo  pour  piano  et  violon,  avec  Apollinaire 
Konlski;  Paris,  Aulagnicr.  4"  Duo  pour  deux 
pianos  sur  Guillaume  Tell;  Paris,  Brandus. 
3°  Sonate  pour  piano  seul,  op.  9;  Paris,  Heu. 
PFEIFFER  (Georges-Jean),  fils  de  la 
précédente  et  pelil-neveu  du  facteur  de  pianos 
J.  Preiffer,  dont  son  père  (Emile  Pfeiffer)  l'ut 
associé,  est  né  à  Versailles,  le  12  décembre 
1835.  Élève  de  sa  mère  pour  le  piano,  il  a 
reçu  d'elle  les  traditions  de  l'école  pure  et 
classique  de  Kalkbrenner  ainsi  que  des  déli- 
catesses poétiques  qui  firent  de  Chopin  un 
pianiste  à  part.  Maleden  et  M.  Damcke  (voyez 
ces  noms)  ont  été  ses  maîtres  de  composition. 
Ses  débuts  à  Paris,  comme  exécutant  et 
comme  compositeur,  ont  été  brillants  :  il  a  de 
la  fougue,  du  feu  d'artiste  et  le  désir  de  se 
maintenir  dans  la  route  des  maîtres;  ce  qui 
est  d'un  bon  augure.  Laissant  à  part  les  exa- 
gérations des  journaux,  qui  ne  connaissent 
que  l'enthousiasme  ou  le  dédain  et  manquent 
toujours  de  mesure,  parce  que  ceux  qui  les 
écrivent  n'ont  pas  les  connaissances  néces- 
saires pour  l'appréciation  juste,  laissant,  dis- 
je,  de  côté  leurs  éloges  hyperboliques,  je  crois 
qu'il  y  a  en  Georges  Pfeiffer  l'étoffe  d'un 
artiste  de  valeur,  et  que  l'étude  sérieuse  des 
modèles  classiques  achèvera  ce  que  l'instinct 
a  commencé.  Je  connais  de  lui  un  trio  (en  sol 
mineur)  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  et 
je  viens  de  lire  ses  concertos;  ces  ouvrages 
ontsuffi  pour  nie  faire  juger  que  l'auteur  a  du 
sentiment,  de  la  clarté  dans  les  idées,  et  que 
lorsque  la  véritable  originalité  viendra  se 
joindre  à  ce  qu'il  possède  déjà,  il  produira  de 
bons  ouvrages.  Dans  les  productions  que  je 
viens  de  citer,  il  y  a  trop  de  notes,  trop  de 
recherche  d'effets  qu'on  appelle  aujourd'hui 
symphoniques ;  le  simple  y  manque;  mais  la 
simplicité  et  l'originalité  vraie,  dont  je  parle, 
sont  les  qualités  qui  font  les  grands  maîtres  : 
on  ne  les  possède  pas  à  vingt-six  ans,  à  moins 
d'être  Mozart.  En  1802,  Georges  Pfeiffer  a 
donné,  dans  la  salle  Pleyel  Wolff,  un  concert 
où  il  a  exécuté  son  trio,  quelques  autres  com- 
positions dans  la  manière  de  l'époque  actuelle, 
i'i  a  fait  entendre  un  opéra  de  salon  intitulé 
le  Capitaine  Roch  :  tout  cela  a  été  fort  ap- 
plaudi. Dans  la  même  année,  il  s'est  rendu  à 
Londres,  au  moment  de  l'exposition  interna- 
tionale, et  a  joué  son  deuxième  conccrlo  (en 


7ni  bémol)  avec  orchestre,  dans  un  concert 
donné  à  Sainl-James-Hall  :  il  y  a  obtenu  un 
chaleureux  succès.  Des  éludes,  des  JWazurkes 
et  d'autres  bluettes  ont  été  ses  premiers  ou- 
vrages. Son  premier  concerto  pour  piano  et 
orchestre,  op.  11,  est  sa  première  production 
sérieuse  (Paris,  Gambogi)  :  il  en  a  extrait  un 
rondeau  pastoral,  qui  a  particulièrement 
bien  réussi.  Puis  est  venu  son  trio,  œuvre  14, 
dont  j'ai  parlé  ci-dessus  (Paris,  Brandus), 
puis  son  second  concerto,  op.  21.  On  cite  de 
lui  de  petites  choses  remarquables  par  le 
charme,  entre  autres  la  Ruche,  op.  18  (Paris, 
Gérard).  Au  nombre  de  ses  ouvrages  inédits 
est  une  ouverture  de  Phèdre,  pour  orchestre. 
PFEIL  (Jean-Auguste),  magisler  et  pas- 
leur  à  Corbelha,  près  de  Mersebourg,  a  fait 
imprimer  un   sermon  qu'il  a  prononcé,   en 

1823,  à  l'occasion  de  l'inauguration  de  l'orgue 
dans  l'église  de  ce  lieu,  sous  ce  litre  :  Die 
Orgel.  Eine  AUarrede  und  Predif/t  bei  der 
Einweihung  der  Orgel  am  Kirchweihfe$t 
1823  in  derh'irche  zu  Corbetha;  Mersebourg, 

1824,  in  8°  de  seize  pages. 
PFEILSTICliEU  (François),  clarinet- 
tiste allemand,  chef  de  musique  du  7mc  ré- 
giment d'infanterie,  en  garnison  à  Paris  pen- 
dant les  années  1802  et  1803,  a  fait  graver  de 
sa  composition  :  1°  Concerto  pour  clarinette, 
op.  1  ;  Paris,  Pleyel.  2"  Des  valses  pour  divers 
instruments;  ibid.  5°  Conccrlo  pour  flageolet 
avec  orchestre  ;  ibid. 

PFEIVD^EU  (Henri),  organiste  de  la 
cathédrale  de  WUrzbourg,  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  naquit  à  Holl- 
feld  (Bavière).  Il  s'est  fait  connaître  par  une 
collection  de  motets,  en  trois  livres,  laquelle 
a  pour  litre  :  DIotectorum  binis,  ternis,  qua- 
ternis,  quitus,  senis,  septenis,  octonisque 
vocibus  concincudorum  liber primus.  ffen- 
rici  Pfendenri  /folvendensis  reverendissimi 
et  illust.  principis  ac  Domini  D.  Philippi 
Adolphif  rpiscopi  J'irceburgensis,  Francise 
orientalit  ducisorganista.  f'irccbitrgi,  typis 
ac  sumptibus  Joannis  Volinari,  1623,  in-4". 
Le  second  livre,  qui  a  le  même  titre,  a  paru  chez 
le  même,  en  1024,  et  le  troisième,  en  1025. 

PFENNINGER  (Jean-Conrad .prédicateur 
à  l'église  de  Saint-Pierre  de  Zurich,  naquit 
d.ins  celte  ville,  le  15  novembre  1747,  et  y 
mourut  le  11  septembre  1702.  Après  sa  mort, 
on  a  publié  un  ouvrage  dont  il  avait  laissé  le 
manuscrit,  et  qui  a  pour  titre  :  Privfe  an 
Nicht-Mvsiher,  ueber  Musik  als  Sache  der 
Menschheit  (Lettres  sur  la  musique  à  un 
homme  qui  n'est  pas  musicien,  comme  pro- 


PFENNIGER  —  PHALÈSE 


(diction  dePhumanilé);  Zurich,  1792,  gr.  in-8° 
de  cent  quarante  pages.  Ce  livre  intéressant 
renferme  vingt-huit  lettres  concernant  la 
puissance  et   les  effets  de  la  musique. 

PFISTER  (Jacoues),  facteur  d'instru- 
ments, né  à  Offerbaum,  près  de  WUrzbourg, 
le  1er  janvier  1770,  exerça  d'abord  la  profes- 
sion de  menuisier,  et  travailla  à  Mayence,  à 
Mannheim,  et  en  dernier  lieu  à  Vienne,  où  il 
s'instruisit  dans  la  fabrication  des  pianos  chez 
Wallber  et  Brodmann.  En  1800,  il  établit  une 
fabrique  d'instrumenls  à  WUrzbourg,  et  il  a 
été  depuis  lors  considéré  comme  un  des  bons 
facteurs  de  pianos  de  la  Bavière. 

PFISTER  (Jules),  lénor  du  théâtre  royal 
de  Berlin,  né  à  Ofen,  le  25  juillet  1817,  est 
fils  d'un  bijoutier  de  cette  ville.  Instruit  dans 
l'art  du  chant  dès  sa  jeunesse,  il  se  fit  entendre 
dans  les  concerts,  et  les  succès  qu'il  y  obtint 
le  décidèrent  à  se  vouer  à  la  carrière  du 
théâtre.  Après  avoir  subi,  en  1836,  un  examen 
an  théâtre  Ksernlnerlhor  de  Vienne,  il  y  fut 
admis  comme  élève.  Basadonna,  Otto  Nicolai 
et  Gentiliuomo  furent  tour  à  tour  ses  profes- 
seurs de  chant.  Ses  éludes  étant  terminées,  il 
eut  un  engagement  au  théâtre  Raerntnerlhor. 
Dans  les  années  1843  et  1844,  il  fit  des 
voyages  à  Berlin  et  y  joua  avec  succès  dans 
plusieurs  ouvrages.  Le  16  avril  1844,  il  con- 
tracta un  engagement  avec  le  théâtre  royal  de 
cette  ville  ;  il  y  chantait  encore,  en  1860,  et  y 
avait  la  réputation  d'un  bon  ténor. 

PFISTERER  (K.-L.),  compositeur  de 
musique  d'église  né  à  Munich,  devint  organiste 
à  Vevay,  où  il  vivait  en  1832.  On  n'a  pas 
d'autre  renseignement  sur  cet  artiste,  qui 
n'est  connu  que  par  quelques-uns  de  ses  ou- 
vrages, dont  voici  les  titres  :  1°  Deutsche 
Messe  fur  den  heil.  Ostertag ,  etc.  (Messe 
allemande  pour  le  jour  de  Pâques,  à  une  voix 
cl  orgue,  avec  trois  voix  d'accompagnement 
ad  libitum,  op.  9);  Munich. ,  Sidler.2°  Messe 
allemande  pour  une  voix  obligée  et  trois  voix 
ad  libitum,  deux  violons,  deux  clarinettes, 
deux  cors  ,  contrebasse  et  orgue,  op.  10  ; 
Munich,  Aibl.  5"  Six  chants  allemands  pour 
la  semaine  sainte,  à  quatre  voix  et  orgue  ; 
ibid. 

PFLEGER(Acgustin),  musicien  allemand, 
qui  vivait  versle  milieu  du  dix-septième  siècle, 
l'ut  d'abord  maître  de  chapelle  de  l'électeur  de 
Saxe,  puis  alla,  vers  1665,  diriger  la  musique 
de  la  chapelle  du  duc  de  Holstein-Gotlorp,  et 
se  fixa  ensuite  à  Schlackenwerlh  en  Bohême. 
On  a  de  sa  composition  :  Psalmi.  Dialoiji  et 
Moteltx;  Dresde,   1661,  in-4°.   Il  a   laissé 


aussi  en  manuscrit  :  Biciniu  et  Tricinia  in 
parochius  dominicas  et  f estivales. 

PFRELliMDER  (Jean-Christophe),  cantor 
à  l'église  et  au  gymnase  de  Heilbronn,  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  a  fait  im- 
primer un  petitlraité  élémentaire  suriechanl 
sous  ce  titre  :  Richtige  Unterweisung  zur 
Singkunst  (Instruction  exacte  sur  Part  du 
chant);  Strasbourg,  1629,  deux  feuilles  in-8". 

PFUHL  (Abraham),  né  à  Nuremberg  le 
6  décembre  1681  ,  y  commença  ses  études 
qu'il  termina  à  l'université  d'AItdorf.  Après 
avoir  rempli  pendant  cinq  ans  les  fonctions 
de  cantor  à  Furth,  près  de  sa  ville  natale,  il  se 
fixa  à  Nuremberg,  en  qualité  de  professeurde 
clavecin  et  de  contrepoint.  Il  mourut  le  15juil- 
let  1723,  à  l'âge  de  quarante-deux  ans.  Plu- 
sieurs cantates  et  des  pièces  de  clavecin  ont 
été  publiées  par  lui,  à  Nuremberg. 

FIIALÈSE  (Pierre),  en  latin  Phalesius, 
célèbre  imprimeur  et  éditeur  de  musique,  na- 
quit à  Louvain,  vers  1510, d'une  famille  hono- 
rable dont  le  nom  flamand  était  Fan  derPha- 
liesen  (1).  M.  Van  Even  {voyez  la  note  ci- 
dessous)  pense  que  le  typographe  dont  il  s'agit 
était  fils  d' Arnould  Van  der  Phaliesen,  qui 
succéda,  en  1499,àGillesStuerbout,  en  qualité 
de  peintre  de  la  ville  de  Louvain.  S'il  en  est 
ainsi,  Arnould  Van  der  Phaliesen  devait 
être  fort  âgé  lorsqu'il  eut  ce  fils,  car  il  exécu- 
tait déjà  des  travaux  de  son  art  dans  Phôlel 
de  Charles  le  Téméraire,  à  Bruges,  en  1468 
et  sans  doute  il  n'avait  pas  alors  moins  de 
vingt-cinq  ans.  Dans  la  note  qu'il  a  bien  voulu 
me  fournir,  M.  Van  Even  ajoute  que  Pierre 
Van  der  Phaliesen,  ou  Phalesius,  s'associa 
avec  Martin  Baymakers  (voyez  ce  nom),  ou 
Rotarius  (2),  libraire,  pour  la  publication  des 
œuvres  de  musique,  que  leur  boutique  existait 
à  Louvain  dès  1550,  et  que  Benier  Velpen,  ou 
Benerius  Velpius,  de  Diesl,  imprimeur  à  Lou- 
vain, travailla  pour  eux.  Il  y  a  quelques  diffî- 

(1)  M.  Edouard  Van  Even,  archiviste  delà  ville  de 
Louvain,  qui,  à  ma  prière,  a  bien  voulu  faire  des 
recherches  sur  l'imprimeur  et  éditeur  Phalèse,  dans  le 
dépôt  dont  la  garde  lui  est  confiée,  a  trouvé  qu'en  1384, 
Jean  Van  der  Phaliesen  fut  reçu  bourgeois  ou  poorter 
de  cetteville.  En  1426,  un  autre  ,/ean  Van  der  Phaliesen, 
pu  Joliannes  Phalesius,  était  curé  ou  parochiaen  de 
l'église  de  Saint-Pierre.  Par  acte  du20juindeeette  même 
année,  il  fut  nommé  membre  de  l'administration  de 
l'Université,  nouvellement  érigée  ,  et  qui  bientôt  devint 
célèbre. 

(2)  Iiaymakers,  en  flamand,  comme  rotarius,  ou 
roderius,  dans  la  basse  latinilé,  signifiait  charron,  ou 
faiseur  de  roues  de  voiture  ou  de  charrette  (voyez  Itu- 
c;nige,  me.  lioderius  et  Rotarius),  Le  vieux  mot  Itodier, 
de  la  langue  romane,  avait  la  même  signification. 


24 


PHALÈSE 


collés  à    l'égard   de   ces  faits  ;   et  d'abord  le 
plus  ancien  ouvrage  connu  maintenant  comme 
ayant  été  mis  au  jour  par  Phalesius,  a  pour 
titre  :  Carminum  que  chehj  vel  tesliludine 
canunlur,  trium,  quatuor  vel  qui  tique  par- 
lium  liber  secundus ,  et  qu'au  bas  du  fronti- 
spice on  lit  ces  mots  :  Lovanii,  upud  Pelrum 
Phalesium  bibliopolam,  annolil.  D.  XL VI. 
A  la  dernière  page  se  trouve  cette  souscription  : 
Lovanii.  Ex  officina  Servatii  Zasseni  Dies 
tensis,  anno  1546.  On  voit  qu'alors  Phale- 
sius n'avait  pas  d'associé,  et  que  Servaes  Zas- 
sen,  de  Diest,  était  son  imprimeur.  An  troi- 
sième livre  de  cette  même  collection  de  pièces 
de  luth,    publié  au  mois  de  décembre  de  la 
même  année, le  nom  de  Phalesius  parait  aussi 
seul  (Lovanii,  apud  Petrum  Phalesium  bi- 
bliopolam juralum)  ;  mais  l'imprimeur  n'est 
plus  le  même,  car  on  lit  à  la  dernière  page  : 
Lovanii,  excudebat  Jacobus  Battus,   typo- 
graphusa  Cxs.Maj.  admissus,  1546,  men. 
decemb.  Ce  même  troisième  livre  a  été  repro- 
duit avec  ce  titre  français  :  Des  chansons  et 
motetz  reduietz  en  tabvlature  de  Luc  (sic),  à 
quatre,  cinque  et  six  parties, livre  troixiesme 
(sic),  composées  par  l'excellent  maistre  Pierre 
de  Teghi  Paduan.  A  Lovvain,  par  Pierre 
Phaleys ,   libraire  iure ,  nel  an   de  grâce 
MDXLVII,  avec  grâce  et  privilège  à  trois 
ans.  On  voit  que  Phalesius  a  lui-même  fran- 
cisé son  nom  d'après  le  latin  ;  plus  tard,  il  l'a 
orthographié  Phalèse.   Le  privilège  de  trois 
années  obtenu  par  cet  éditeur,  et  mentionné 
pour  la   première  fois  en  1547,  devait  finir 
vers  la  fin  de  1549;  l'association  dont  parle 
M.  Van  Even  n'a  donc  pu  commencer  qu'en 
1550;  mais  jusqu'à  ce  jour  (186-3)  aucun  ou- 
vrage portant  les  noms  de  Phalèse  et  de  Ray- 
makers  n'est  connu.  11  est  vrai  qu'il  existe  une 
lacune  de  quatre  années  (1548-1551)  dans  la 
série  des  publications  du  premier  de  ces  édi- 
teurs. Enfin,  l'association  dont  il  s'agit  n'a  pu 
se  prolonger  au  delà  de  1551,  car  une  collec- 
tion de  fantaisies  pour  le  luth  qui  existe  dans 
la   bibliothèque  de  Dunkerque,  et  que  M.  De 
Conssemaker  a  fait  connaître  (1)  sous  le  litre  : 
Jlorlus  Musarum,  in  quo  tanquam  flosculi 
quidam  seleclissimarum  carminum  coltecti 
sunt  exoplimis  quibusque  auctoribus,  etc., 
porte  seulement  au  bas  du  frontispice  :  Collec- 
lore  Petro  Phalesio.  Lovanii,  apud  Phale- 
sium bibliopolam  juratum,  1552.  Il  en  est 
de  même  de   toutes   les  publications    poslé- 


[\)  Kolice  des  collections  musicales  de  la  Bibliothèque 
île  Cambrai,  pages  100  cl  107. 


rieures  à  celte  date,  qui  ont  été  faites  à  Lou- 
vain  par  le  même. 

Jusqu'en  1556,  les  œuvres  de  musique  pu- 
bliées  par  Phalèse   sortirent  des  presses  de 
divers  imprimeurs  de  Louvain  ;  vers  la  fin  de 
celle  année  lui-même  organisa  une  imprimerie 
musicale.  Le  premier  ouvrage  dans  lequel  on 
le  voit  figurer  comme  libraire  et  comme  typo- 
graphe a  pour  titre  -.Missa  cum  quatuor  vo- 
cibus.   Ad  imitationem    cantilenx   Miséri- 
corde ,  condita.   Auctore  D.   Clémente  non 
papa.  Lovanii,  ex  typographia  Pétri  Pha- 
lesii  bibliopol.   M.  D.  LVI.  Cum   gratia  et 
privilegio  Régis,  in-fol.  Les  quatre  parties 
sont  imprimées  en  regard  et  en  grosses  notes 
dans  ce  volume.  Les  autres  messes  du  célèbre 
compositeur  belge  Clément  non  papa  (voyez 
ce  nom)  ont  paru  de  la  même  manière,  chez 
Phalèse,  danslesannées  suivantes,  jusques  et  y 
compris  1560.  Des  exemplaires  de  cette  raris- 
sime collection  se  trouvent  dans  la    biblio- 
thèque impériale,  à  Vienne,  et  dans  celle  des 
Jésuites,  à  Cologne.  Le  superbe  recueil  des 
Magnificat  de  Guerrero  (voyez  ce  nom)  est 
sorti  des  mêmes  presses  en  1563,  gr.  in-fol. 
On    considère   généralement    les    motels   et 
chansons  à  trois  voix  de  Gérard  de  Turnhout 
(Sacrarum  acaliarum  cantionum  trium  vo- 
cum) ,  publiés  en  1569,  comme  le  dernier  pro- 
duit de  l'imprimerie  de  Phalèse,  à  Louvain; 
mais  c'est  une  erreur,  car  en  1570,  il  publia 
une  collection  intitulée  :  Prœstantissimorum 
divins  musices  auctorum  Misx  decem,  qua- 
tuor, quinque  et  sex  vocum,  in-fol.,  où  l'on 
trouve  des  messes  de  Créquillon,  d'Orland  de 
Lassus,  de  Gérard  de  Turnhout  et  de  Clément 
non  papa;  en  1571,  il  imprima  les  Sacrarum 
cantionum  quinque  et  octo  vocum  de  Jean  de 
Castro,  et  continua  ses  travaux  pendant  plus 
de  quinze  ans  encore.  J'ai  vu  un  recueil  inti- 
tulé :  Canzoni  scelti    di  diversi    eccellen- 
tissimi    musici  a  4  voci.    Lovanii,  apud 
Petrum  Phalesium,  1587,  petit  in-4uoblong. 
L'opinion  générale,  même  à  Louvain,  est  que 
Phalèse  alla  s'établir  à  Anvers  vers  1574,  et 
forma  une  association  avec  Jean  llellère,  pour 
la  continuation  de  ses  publications  musicales. 
En  cela,  il  y  a  confusion;  Phalèse  et  Bellère 
s'associèrent  en  effet  en   1572,  mais  chacun 
resta  dans  la  ville  où  était  le  centre  de  ses  af- 
faires, ainsi  que  le  prouvent  les  ouvrages  dont 
voici   les  litres  :  Een  duylsch  Musyckboeck 
daerinne  begrepen  syn  vêle  schoonc  liedekens 
met  vier,  met  vyfendc  zes  partyen   (Livre 
de  musique  flamande,  dans  lequel  sont  conte- 
nues plusieurs  belles  chansons  à  quatre,  cinq 


Pli  ALÈSE  -  PUANT  Y 


22 


et  six  parties).  Tôt  Loven,  by  Peeter  Phale- 
sixs,  ende  V  Antiverpen,  by  Jan  Bellerus, 
I572,in-4°obl.— LaFUur des  chansons àtrois 

parties,  contenant  un  recueil  produit  de  la 
divine  musique  de  Jean  Castro,  Severin 
Cornet,  Noé  Baignent,  et  autres  excellents 
(tuteurs,  mis  en  ordre  convenable  suivant 
leurs  tons.  A  Louvain,  chez  Pierre  Phalèse, 
et  à  Anvers,  chez  Jean  Bellère,  1574,  in-4° 
oblong.  —  Chansons,  odes  et  sonnets  com- 
posés par  Pierre  Ronsard  et  mises  en  mu- 
sique ,  à  quatre,  à  cinque  et  huit  parties,  par 
Jean  de  Castro.  A  Louvain,  chez  Pierre  Pha- 
lèse, imprimeur  ;  à  Anvers  chez  Jean  Bel- 
lère, 1570,  in-4°oI)I.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  dans 
la  notice  de  Bellère  (voyez  ce  nom),  ce  fut  un 
(ils  de  Phalèse,  nommé  Pierre  comme  lui,  qui 
se  rendit  à  Anvers  en  1579,  et  forma  une  so- 
ciété nouvelle  avec  le  libraire  dont  il  s'agit. 
La  similitude  de  nom  et  de  prénom  a  causé 
Terreur  des  écrivains  à  ce  sujet.  La  date  de  la 
mort  de  Pierre  Phalèse  père  n'est  pas  connue. 
PHALÈSE  (Pierre),  fils  du  précédent,  né 
à  Louvain,  travailla  d'abord  dans  la  maison 
paternelle  comme  imprimeur  et  comme  li- 
braire, puis  s'établit  à  Anvers,  vers  1579,  et  y 
devint  l'associé  de  Jean  Bellère,  pour  la  pu- 
blication des  oeuvres  de  musique.  Les  plus  an- 
ciens produits  connus  de  celte  association 
sont  :  l°Une  réimpression  du  livre  de  musique 
flamande  qui  avait  été  publié  à  Louvain  en 
1572,  et  qui  reparut  à  Anvers,  Tôt  Jan  Bel- 
lerus ende  Peeter  Phalesius,  1582,  petit  in-4° 
oblong.  2°  Nusica  divina  di  XIX  aulori 
illuslri  à  4,  5,  G  et  7  voci,  nuovamente  da 
Pietro  Phalesio  raccolta,  et  data  in  luce, 
nella  quale  si  contengono  i  piu  eccellenti 
madrigali,  che  hoggidi  si  cantino.  In  An- 
versa  appresso  Pietro  Phalesio  et  Giovanni 
Bellero,  1583,  in  4°  obi.  Ce  livre  est  la  pre- 
mière publication  de  madrigaux  italiens  qui 
fut  faite  en  Belgique.  Les  auteurs  des  morceaux 
réunis  dans  ce  recueil  sont  en  partie  Belges 
et  en  partie  Italiens;  parmi  les  premiers, 
on  remarque  Faignent,  Orland  de  Lassus , 
Jean  de  Macque,  Philippe  de  Monte,  Cyprien 
Bore  et  Giacches  de  Wert,  et  les  compositeurs 
italiens  sont  Conversi,  Ferabosco,  Ferretli, 
André  Gabrieli,  Manenti,  Jean-Marie  Nanini, 
Paleslina  (sic),  Al.  Slriggio,  Vespa  et  Pietro 
Vinci.  Plus  lard,  les  presses  de  Phalèse  furent 
particulièrement  occupées  par  la  musique  ita- 
lienne dont  la  mode  s'était  introduite  dans  le 
pays;  c'est  ainsi  que  la  Melodia  olimpica  di 
diversi  eccellentissimi  musici,  recueillie  par 
le  musicien  anglais  Pierre  Philips,  et  publiée 


parles  mêmes  imprimeurs  et  libraires,  ren- 
ferme des  morceaux  de  vingt-quatre  composi- 
teurs italiens,  et  qu'on  y  trouve  seulement  les 
noms  de  Jean  de  Macque,  de  Pevernage,  de 
Jean  de  Turnhout,  de  Corneille  Verdonck  et  de 
Jacques  de  Wert  parmi  les  Belges,  ainsi  que 
celui  du  collecteur  Philips.  La  plupart  des 
grands  musiciens  de  la  Belgique  avaient  cessé 
de  vivre,  et  la  vogue  dont  leurs  ouvrages  avaient 
joui  pendant  près  d'un  siècle  avait  cessé.  Tel 
fut  l'engouement  des  amaleurs  de  la  Belgique 
pour  la  musique  venue  d'Italie,  dans  les  der- 
nières années  du  seizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-septième,  que  Pierre  Pha- 
lèse fit  des  arrangements  avec  Angelo  Gardane 
pour  lui  acheter  en  nombre  des  collections  de 
madrigaux  italiens,  alors  célèbres,  sous  les 
titres  de  77  Lauro  J'erde,  et  i  TriomfidiDori, 
sous  la  condition  d'en  changer  le  frontispice 
et  d'y  mettre  son  nom  et  son  adresse.  Ces 
exemplaires  se  reconnaissent  facilement  à 
l'impression  italienne,  alors  fort  dégénérée  de 
son  ancienne  splendeur,  et  à  la  mauvaise  qua- 
lité du  papier.  Phalèse  donna  lui-même  plus 
tard  de  meilleures  éditions  des  mêmes  recueils. 
En  1598,  lenomde  Jean  Bellère  disparaît,  par 
suite  de  son  décès, des  éditions  publiées  par  Pha- 
lèse, qui  reste  seul  imprimeur  de  musique  à 
Anvers,  à  l'exception  de  l'ancienne  maison 
Plantin.  Lui-même  cessa  de  vivre  vers  la  fin 
de  lG17ou  au  commencement  de  l'année  sui- 
vante, car  un  recueil  de  Cantici  novi  a  due 
voci  con  basso  per  Vorgano,  publié  en  1618, 
porte  l'adresse  de  Magdalena  Phalesio  nella 
tipograpa  Phalesia.  Cette  fille  de  Pierre 
Phalèse  continua  d'imprimer  de  la  musique 
jusqu'en  1050  et  mourut  dans  un  âge  avancé. 
Après  elle,  l'imprimerie  de  musique  de  Pha- 
lèse se  maintint  par  les  soins  de  ses  héritiers 
de  la  troisième  génération,  car  je  possède  des 
Sinfonie  boscarecie  a  violino  solo  e  basso, 
di  Marco  Uccellini ,  publiées  in  Anversa, 
presso  i  Ileredi  di  Pietro  Phalesio,  al  Rè 
David,  1G69,  in-4°. 

PIIALETUS  (Jérôme),  de  Senones,  écri- 
vain du  seizième  siècle,  est  auteur  d'un  poëme 
De  Laude  Musicx,  dont  Bordenave  rapporte, 
dans  son  livre  :  De  l'estat  des  églises  cathé- 
dralesetcollégiales{p.  557),  ces  premiers  vers  : 
Musica  turbatas  animas,  agrumqtte  dolorem 
Sola  levât,  merilo  divumque  liominumqucvoluplas. 

PHAIS'TY  (....),  chef  d'orchestre,  d'abord 
attaché,  vers  1785,  à  la  troupe  ambulante  de 
Tilly,  puis,  en  1794,  et  dans  les  années  sui- 
vantes, au  théâtre  de  Schleswig.  Il  a  écrit  la 
musique  des  opéras  ;  1°  Doclor  Faust's  Leib- 


26 


PHANTY  -  PI1IL1D0R 


giirlel  (la  Ceinture  «lu  docteur  Faust).  2°  Don 
Sylvio  de  Rosalva,  représenté  au  théâtre  de 
Schleswig,  dans  le  mois  de  février  179G. 
ô°  Quelques  ballets. 

PHÉMIUS,  d'Ithaque,  musicien  célébré 
par  Homère  (Odyss.,  lib.  1,  v.  154  ;  lib.  17, 
v.  263;  lib.  22,  v.  231),  qui  le  représente 
comme  un  chantre  inspiré  des  dieux.  C'est  lui 
qui,  par  le  chant  de  ses  poésies  mises  en  mu- 
sique, égayait  les  festins  des  amants  de  Péné- 
lope. Euslalhe  (in  Odyss.,  lib.  3,  p.  1566,  éd. 
Rom.)  dit  qu'il  était  frère  de  Démodoque,  qu'il 
accompagna  Pénélope  à  Ithaque  lorsqu'elle 
alla  y  épouser  Ulysse,  et  qu'il  était  auprès  de 
cette  princesse  en  la  même  qualité  que  son 
frère  auprès  de  Clylemnestre.  L'auteur  de  la 
vie  d'Homère,  attribuée  à  Hérodote,  assure 
que  Phémius  s'établit  à  Smyrne,  qu'il  y  en- 
seigna la  grammaire  et  la  musique,  et  qu'il  y 
épousa  Crithéise,  qui  d'un  commerce  illégi- 
time avait  eu  pour  fils  Homère  même,  dont 
l'éducation  futdirigée  par  Phémius,  qui  l'avait 
adopté. 

PHILAGIUS  (Carolus)  dont  le  nom  ita- 
lien était  Filago,  organiste  de  la  cathédrale 
de  Parme,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  naquit  à  Rovigo.  On  connaît  de  lui  : 
Sacrarum  cantionum  duarum,  trium,  qua- 
tuor, quinque  et  sex  vocum  liber  tertius.  Ex 
quibus  aliquot  instrumentis  musicis  conci- 
nuntur.  Carolo  Philago  Rodigino  in  calhe- 
drali  Parmensis  organista  auctore.  Cum 
basso  ad  organum.  Veneliis,  apud  Barlh. 
Magni,  1619,  in-4°.  J'ignore  les  dates  des 
deux  premiers  livres  de  ces  motels. 

PH1LALETI1ES.  Voyez  REBS  (Ciiré- 
tien-Gottlob). 

PHILAMMON,  de  Delphes,  était  frère 
jumeau  d'Autolyque,  aïeul  maternel  d'Ulysse. 
Le  scoliasted'Apollonius  de  Rhodes  dit, d'après 
Phérécyde,  que  ce  fut  lui  et  non  Orphée  qui 
accompagna  les  Argonautes  dans  leur  expédi- 
tion. Philammon  fut  le  deuxième  qui  rem- 
porta, aux  jeux  pylhiques,  lesprixde  poésie  et 
de  musique.  Plutarque  lui  attribue  l'institu- 
tion des  chœurs  de  musique  dans  le  temple  de 
Delphes,  et  la  composition  de  plusieurs  airs 
ou  chants  appelés  Nomes,  dont  il  ne  parait 
pas  cependant  avoir  été  l'inventeur. 

PHILIBEBT  JAMBE  DE  FER  .Voyez 
J  YMBE-DE-FER  (Philibert). 

PIIILIDOR  (Michel  DANICAN),  musi- 
cien de  la  chapelle  de  Louis  XIII,  né  dans  le 
Dauphiné  vers  le  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  se  livra  dans  sa  jeunesse  à 
l'étude  du  hautbois,  cl  y  acquit  une  habileté 


jusqu'alors  inconnue  en  France.  Arrivé  à 
Paris,  il  se  fit  entendre  devant  Louis  XIII  qui, 
charmé  de  son  talent,  dit  qu'il  avait  retrouvé 
m»  second  Philidor.  Ce  Philidor,  ou  plutôt 
Filidori,  de  Sienne,  était  un  célèbre  hautboïste 
qui  avait  joué  à  la  cour  quelques  années  au- 
paravant. Depuis  ce  temps,  le  nom  de  Phi- 
lidor resta  à  Danican,  qui  le  transmit  à  sa 
famille,  et  qui,  admis  dans  la  chapelle  du  roi, 
se  fixa  à  Paris,  où  il  mourut  dans  un  âge 
avancé,  laissant  deux  fils  dont  les  notices  se 
trouvent  dans  les  articles  suivants. 

PHILIDOR  (Michel  DANICAN),  fils 
aîné  du  précédent,  né  à  Paris,  vers  1635, 
hautboïste  comme  son  père,  fut  attaché,  en 
1658,  à  la  chapelle  du  roi  et  à  sa  musique 
particulière.  Il  a  composé  la  musique  du 
ballet  Diane  et  Endymion,  et  des  opéras  la 
Princesse  de  Crète,  et  le  Mariage  de  la 
grosse  Cateau,  qui  se  trouvaient  dans  le 
vingt-cinquième  volume  d'une  collection  ma- 
nuscrite de  musique  française  dédiée  à 
Louis  XIV  par  son  frère  (voyez  l'article  sui- 
vant). Il  eut  deux  fils  et  une  fille,  nommés 
Michel,  François  et  Fanchon  Philidor  (voyez 
ces  noms).  La  Borde,  qui  confond  cet  artisle 
avec  son  fils  aîné,  lui  donne  pour  fils  le  com- 
positeur François-André  Danican  Philidor, 
né  en  1726;  en  sorte  qu'ayant  au  moins  vingt 
ans,  en  1658,  lorsqu'il  entra  dans  la  musique 
du  roi,  il  aurait  été  âgé  d'au  moins  quatre- 
vingt-onze  ans  à  la  naissance  de  ce  fils.  Son 
frère  n'était  pas  Pierre  Danican,  comme  le 
dit  le  même  écrivain,  mais  André. 

PHILIDOR  (André  DANICAN),  second 
fils  de  l'ancien  Michel,  fut  admis  dans  la  mu- 
sique du  roi  comme  violiste,  en  1671.  Ayant 
obtenu  sa  vétérance,  en  1703,  il  eut  le  titre  de 
noteur  et  de  garde  de  la  musique  de  la  cha- 
pelle et  de  la  chambre  du  roi.  André  Danican 
Philidor  avait  été  marié  deux  fois  et  avait  eu 
de  son  premier  marige  deux  fils,  Pierre  et 
Jacques, dont  on  trouvera  ci-après  les  notices, 
et  une  fille,  qui  fut  aussi  musicienne.  Ayant 
obtenu  la  pension  pour  ses  longs  services,  il 
se  retira  à  Dreux  (Eure-et-Loir),  en  1724;  et, 
quoique  âgé  de  soixante-treize  ans,  il  épousa, 
dans  l'année  suivante,  Elisabeth  LcRoy,  jeune 
fille  de  dix-neuf  ans,  dont  il  eut  huit  enfants. 
Au  moment  de  la  naissance  de  l'aîné  de  ceux- 
ci,  François-  André  Danican  Philidor, 
célèbre  compositeur,  dont  on  trouvera  plus 
loin  la  notice,  la  fille  aînée  d'André,  issue  de 
son  premier  mariage, était  âgée  decinquanle- 
six  ans.  André  mourut  à  Dreux,  vers  la  fin  de 
1735.  Le  nom  de  cet  artiste  mérite  d'être  ton- 


PHILIDOR 


27 


serve  pour  un  éminent  service  rendu  à  l'his- 
toire de  la  musique,  par  une  collection  de 
monuments   de  la    musique    française    qu'il 
copia  de  sa  main,  et  qu'il  dédia  à  Louis  XIV  (1). 
Celle  collection,  recueillie  après  la  révolution, 
a  été  transportée  à  la  bibliothèque  du  Conser- 
vatoire; malheureusement  un  accident  en  a 
fait  perdre  plusieurs  volumes.  Toule  la  mu- 
siquecontenue  dans  cette  collection  est  en  par- 
tition, avec  l'indication  des  instruments  alors 
en  usage.  Le  premier  volume  renferme  les 
airs  les  plus  anciens  (depuis  1540)  de  la  Bre- 
tagne, du  Poitou,  de  la  Champagne  et  de  la 
Lorraine;  les  airs  composés  pour  des  circon- 
stances remarquables  des  règnes  des  rois  de 
France,  depuis  Henri  III  jusqu'à  Louis  XIV; 
quelques  morceaux  des  anciens  rois  des  violons, 
tels  que  Constantin  et  Dumanoir.  Les  2e  et  3e 
volumes   contiennent   la  musique  des  ballets 
dansés  à  la  cour  depuis  1582  jusqu'en  1649. 
Les  volumes  depuis  le  n°  4  jusqu'au  seizième 
renferment  la  musique  des  grands  ballets  qui 
ont  été  dansés  à  la  cour  au  commencement  du 
règne  de   Louis  XIV,   et  antérieurement   à 
l'établissement  de  l'Opéra.  Quelques  volumes 
renferment  la  musique  originale  des  comédies 
de  Molière.  On  trouve,  dans  d'autres,  la  mu- 
sique  des  ballets  qu'on  dansait  au  collège  des 
jésuites  :  cette  musique  est  de  Beauchamps, 
de  Desmatins  et  deCollasse.  Parmi  les  volumes 
égarés,  on  regrette  les  dix-septième  et  vingt- 
sixième  qui  contenaient  les  airs  composés  par 
les  violons  de  la  grande  bande  des  vingt-qualre, 
sous  Louis  XIII  et  Louis  XIV,  ainsi  que  le 
vingt-cinquième,  où  se  trouvaient  les  compo- 
sitions des  membres  de  la   famille  Philidor. 
Pour  plus   de   détails,   voyez  ma  notice  sur 
cette  collection,  dans  le  deuxième  volume  de 
la  Revue  musicale  (pages  9-15). 


(1)  Dans  un  travail  sur  Les  livres  rares  et  leur  destinée, 
inséré  dans  la  Revue  de  musique  ancienne  et  moderne, 
publiée  par  M.  Nisard  (n°  8,  p.  474),  M.  Farrenc  a  fait 
la  remarque  que  j"ai  attribué  à  Michel  Philidor  cette 
collection  de  musique  manuscrite  (Revue  musicale, 
tome  II,  ann.  1827-1828),  et  que  je  me  suis  mis  en  con- 
tradiction avec  moi-même  à  l'article  Philidor  (André 
Danican)  de  la  première  édition  de  la  Iiior/raphie  univer- 
selle des  musiciens,  où  j'ai  dit  que  ce  fut  lui  qui  fit  ce 
travail.  L'explication  de  celait  est  fort  simple,  car, 
faisant  des  recherches  sur  les  emplois  qu'occupaient,  à 
la  cour  de  Louis  XIV,  les  membres  de  la  famille  Phi- 
lidor,  particulièrement  dans  l'annuaire  qui  se  publiait 
alors  sous  le  titre  État  de  la  France,  j'ai  acquis  la  cer- 
titude qu\4ii(/vé  était  le  cnpisie  de  la  chapelle  royale  et 
de  la  musique  de  la  chambre  du  roi.  Toutefois  M.  Far- 
renc est  fondé  dans  le  reproche  qu'il  me  fait  de  n'avoir 
pas  averti,  dans  la  Biographie,  des  motifs  qui  me  por- 
taient à  substituer  le  nom  d'André  à  celui  de  Michel. 


PHILIDOR  (Michel  DANICAN),  fils 
aîné  de  Michel  II,  naquit  à  Paris,  vers  16G5. 
Il  eut,  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  le  titre  de 
basse  de  hautbois  (basson)  de  la  grande 
écurie,  et  fui  admis  dans  la  musique  de  la 
chambre  du  roi,  en  1702.  Michel  Philidor 
composa  la  musique  d'une  pastorale  dont  les 
airs  de  ballet  ont  été  publiés,  en  1705,  à 
Amsterdam,  chez  Etienne  Boger,  sous  ce 
titre  :  L'amour  vainqueur,  pastorale, 
chantée  devant  S.  M.,  le  15  aoiU  1702,  com- 
posée parle  fils  aîné  de  Philidor  aîné.  Quel- 
ques autres  morceaux  de  la  composilion  de 
Michel  Danican  Philidor  se  trouvaient  dans  le 
vingt-cinquième  volume  de  la  collection  de 
son  oncle.  On  a  aussi  gravé  de  lui  un  livre  de 
pièces  pour  le  basson,  à  Paris,  in-4°obl. 

PHILIDOR  (François  DANICAN),  frère 
cadet  du  précédent,  était  attaché  à  la  chapelle 
de  Louis  XIV,  en  qualité  de  flûtiste.  Il  a 
publié  deux  livres  de  pièces  pour  son  instru- 
ment, à  Paris;  quelques  pièces  de  sa  compo- 
sition se  trouvaient  aussi  dans  le  vingt-cin- 
quième volume  de  la  collection  de  son  oncle. 
François  Danican  avait  vraisemblablement 
cessé  de  vivre  avant  1720,  car  son  nom  ne 
figure  plus  sur  les  états  de  la  chapelle  du  roi 
de  cette  année. 

PHILIDOR  (Fanchon  DANICAN),  fille 
de  Michel  II,  fut  attachée  comme  cantatrice 
à  la  musique  de  la  chambre  de  Louis  XIV. 
Son  oncle  avait  conservé  quelques  airs  de 
ballet  de  sa  composilion.  Elle  mourut  vrai- 
semblablement jeune,  car  son  nom  ne  figure 
plus  dans  l'étal  de  la  cour  en  1707. 

PHILIDOR  (PiEiutE  DANICAN),  fils 
aîné  d'André,  était,  en  1722,  symphoniste  de 
la  chapelle  du  roi  pour  la  partie  de  viole.  Il  a 
composé  quelques  airs  de  ballet  et  des  sym- 
phonies qui  se  trouvaient  dans  le  vingl-cin- 
qtiième  volume  de  la  collection  de  son  père. 
Pierre  Philidor  était  joueur  de  muselle  de  la 
chambre  de  la  reine;  il  a  publié  un  livre  de 
sonates  pour  deux  flûtes  qui  est  indiqué  dans 
le  catalogue  de  Boivin  (Paris,  1729,  in-8°). 

PHILIDOR  (Jacques  DANICAN),  frère 
du  précédent,  était,  en  1722,  hautbois  de  la 
grande  écurie  du  roi.  On  ne  connaît  rien  de 
sa  composilion. 

PHILIDOR  (Anne  DANICAN),  fils  de 
Michel  III,  naquit  à  Paris,  de  son  premier 
mariage,  vers  1700.  Son  génie  précoce  se  ma- 
nifesta par  des  compositions  d'airs  de  ballet 
que  son  grand-oncle  a  insérés  dans  le  vingt- 
cinquième  volume  de  sa  collection.  Admis  dans 
la  chapelle  du  roi,  il  y  jouait,  en  1722,  la 


28 


PHILIDOR 


partie  de  viole  avec  son  oncle,  Pierre.  En 
1725,  il  conçut  le  projet  du  concert  spirituel, 
ainsi  appelé  parce  qu'on  n'y  devait  exécuter 
que  de  la  musique  religieuse  et  instrumentale. 
Ce  projet  fut  goûté  à  la  cour,  et  Philidor 
obtint  le  privilège  du  concert,  avec  la  per- 
mission de  l'établir  dans  une  des  salles  du 
château  des  Tuileries,  sous  la  condition  de 
payer  à  l'Opéra  une  somme  annuelle  de  six 
mille  livres.  Le  premier  concert  fut  donné  le 
dimanche  de  la  Passion,  18  mars  1725.  En 
1728,  Philidor  céda  son  privilège  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique,  moyennant  une 
somme  considérable.  {Voyez  ma  notice  sur 
l'histoire  du  concert  spirituel  dans  la  Revue 
musicale,  tome  Ier.) 

Des  deux  autres  fils  du  premier  mariage  de 
Michel  Danican  Philidor  III,  le  premier  fut 
timbalier  de  la  grande  écurie  du  roi  ;  La  Borde 
dit  du  second  que  n'étant  qu'un  basson  mé- 
diocre, on  l'avait  employé  à  jouer  de  la  basse 
de  Cromorne,  pour  tenir  lieu  de  contrebasse 
dans  les  chœurs;  cette  phrase  est  vide  de  sens, 
car  la  basse  de  Cromorne  n'était  employée, 
comme  les  autres  instruments  du  même 
genre,  que  dans  la  musique  de  cavalerie  de  la 
maison  du  roi.  Ce  dernier  fils  de  Michel 
mourut  d'une  maladie  de  poitrine. 

PHILIDOR  (François -André  DAIVI- 
CAN),  fruit  du  troisième  hymen  d'André, 
naquit  à  Dreux,  le  7  septembre  1726  (1),  et, 
par  des  circonstances  inconnues,  ne  fut  baptisé 
que  le  16  octobre  1727  (2).  Toutes  les  notices 
qui  ont  été  faites  sur  cet  artiste  dans  le  Dic- 
tionnaire des  musiciens  de  Choron  etFayolle, 

(1)  La  Borde  avait  indiqué  la  date  de  172f>  pour  la 
naissance  de  cet  artiste;  Sevelinges  la  fixe  au  7  sep- 
tembre delà  même  année,  dans  la  non' ce  de  la  Ilioqrapliie 
univertelledes  frères  Mi  chaud;  et  l'auteur  de  l'article  de  la 
Jlioyrapltie  des  contemporains,  publiée  par  Ilabbc,  in- 
dique le  7  septembre  1727.  Ceux-ci  citent  l'autorité  de 
Pcffara,  qui,  dans  ses  notices  manuscrites,  est  d'accord 
avec  ce  dernier.  Dans  une  notice  intitulée  :  Philidor 
peint  par  lui-même,  laquelle  est  insérée  dans  \cPatamide, 
journal  îles  amateurs  du  jeu  d'échecs  (numéro  du 
mois  de  janvier  I8V7),  M.  Lardin  démontre  aussi,  p;ir 
l'autorité  de  l'acte  de  naissance,  que  la  date  véritable 
est  le  7  septembre  1726. 

(2)  Ces  faits  sont  constatés  par  un  extrait  des  registres 
desactesdel'état-civil  delà  ville  de  l>rcux(F,ure-et-Loir), 
qui  m'a  été  envoyé  par  M.  K.  Danican  Philidor,  petit— 
(ils  du  célèbre  compositeur,  cl  conseiller  «le  préfecture 
«les  Vosges,  à  Epinsl.  Je  crois  devoir  rapporter  ici  tex- 
tuellement cet  acte  authentique,  qui  dissipera  les  doutes 
en  ce  qui  concerne  la  date  précise  de  la  naissance  d'un 
îles  créateurs  de  l'opéra  comique  français. 

«  L'an  mil  sept  cent  vingt-sept,  le  jeudi  seizième 
»  octobre,  François,  né  le  septième  de  septembre  de 
»  l'année  mil  sept  cent  vingt-six,  et  (est)  baptisé  par 
»  inoy   prestre  cure  de  celle  Église  de  Saiul-Lliennc 


dans  la  Biographie  universelle  des  frères  Mi- 
chaud,  dans  les  dictionnaires  des  contempo- 
rains, dans  le  Lexique  de  Gerber,   et  dans 
toutes  les  copies  qu'on  en  a  faites  en  Alle- 
magne, en  Angleterre  et  en  Italie,   ont  été 
calquées  sur  celles  de  VEssai  sur  la  musique 
de  La  Borde,   et  renferment  de  nombreuses 
erreurs  que  je  me  vois  obligé  de  rectifier. 
Suivant  celle   notice  de  La  Borde,  Philidor 
serait  entré,  à  l'âge  de  six  ans,  dans  les  pages 
de   la  musique  du  roi,  à  Versailles,  pour   y 
apprendre  la  musique  sous  la  direction  de 
Campra,  et  il  aurait  composé,  en  1757,  c'est- 
à-dire,  dans  sa  dixième  année,  son  premier 
motet,  dont  le  roi  aurait  daigné  témoigner  sa 
satisfaction;  mais  La  Borde  aurait  dû  savoir 
que  les  règlements  de  la  chapelle  du  roi  ne 
permettaient  pas  d'admettre  dans  les  pages 
des  enfants  dont  la  dixième  année  n'était  pas 
accomplie.  Philidor  n'a  donc  pu  entrer  dans 
l'école  de  ces  enfants  avant  la  fin  de  cette 
même  année  1756,  et  l'on  ne  peut  croire  que 
dès    son    arrivée,    et   avant    d'avoir   étudié, 
Campra   lui  ail  permis  d'écrire   un   motet; 
encore   moins  qu'il    l'ait  fait  exécuter  à  la 
chapelle  du  roi  (l).Quoi  qu'il  en  soit,  Philidor, 
ayant  terminé  son  éducation  musicale,  reçut 
son  congé,  et  alla  se  fixer  à  Paris  où  il  donna 
quelques  leçons  et  fut  obligé  de  se  faire  copiste 
de  musique  pour  vivre.  Chaque  année,  il  re- 
tournait à  Versailles  pour  y  faire  exécuter  un 
motet.  Ce  fut  alors  qu'il  commença  à  se  livrer 
à  son  goût  pour  le  jeu  d'échecs.  La  nature 
l'avait  doué  de  l'instinct  de  ce  jeu  ;  il  y  fit  de 
rapides  progrès,  et  plus  tard  il  fut  le  joueur 

»  dudil  Dreux,  avec  la  permission  de  Monseigneur 
»  l'Kvesque  de  Chartres,  le  premier  septembre  de  la  dite 
»  année  mille  sept  cent  vingt-six,  signé  Charles  Fran- 
»  cois  Kvcsque  de  Chartres  avec  paraphe,  du  légitime 
»  mariage  de  sieur  André  Danican  de  Philidor,  ordi- 
»  naire  de  la  musique  du  lloy  et  gardede  sa  bibliothèque, 
»  et  de  damoiselle  Elisabeth  le  Roy  sa  femme,  de  cette 
»  paroisse,  a  reçu  les  cérémonies  de  baptême  de  moy 
»  prestre  curé  de  cette  Eglise,  soussigné,  le  parain  hault 
»  et  puissant  seigneur  messire  François  Chaillou,  sei- 
»  gneur  de  Jouville,  gentilhomme  ordinaire  du  Roy, 
»  qui  a  donné  les  noms,  la  marraine  baulle  et  put's- 
»  sante  dame  Catherine  Guillc  Parai,  qui  a  signé  le  sieur 
»  parain  et  père  et  mère. 

«  SignéC.  Ouille  Parât,  Chaillou  de  Jouville,  Klisa- 
»  beth  Philidor,  André  Danican  Philidor  et  Chevalier.  » 

[\)  Toutes  les  conjectures  de  M.  Lardin,  pour  com- 
battre le  règlement  de  l'école  des  pages  de  la  chapelle  du 
roi,  sont  sans  valeur.  Ce  règlement  était  fondé  sur  ce 
que,  avant  l'âge  de  dix  ans,les  voix  d'enfants  n'ont  pas  un 
timbre  assez  sonore  pour  chanter  les  parties  de  dessus 
dans  la  musique  d'église.  A  six  ans,  la  voix  proprement 
dite  n'existe  pas.  Il  est  donc  certain  que  Philidor  n'est 
pas  entré  à  ecl  ùgc  dans  l'école  des  pages. 


PHILIDOR 


i>9 


le  plus  habile  qu'il  y  eut  en  Europe.  D'après 
une  tradition  de  la  famille  de  l'artiste  dont  il 
s'agit,  M.  Lardin  rapporte  de  cette  manière 
(Phîlidor  peint  par  lui-même,  p.  5)  les  cir- 
constances qui  l'initièrent  à  ce  jeu  de  combi- 
naisons dans  lequel  il  n'a  pas  eu  d'égal  :  «  Les 
»  musiciens  (de  la  chapelle),  en  attendant  la 
»  messe  du  roi,  avaient  l'habitude  de  jouer 
«  aux  échecs  sur  une  longue  table  où  se  trou- 
n  vaienl  incrustés  six  échiquiers.  Phîlidor 
»  s'amusait  à  les  regarder  et  y  mettait  toute 
»  son  attention.  Il  avait  à  peine  dix  ans, 
»  qu'un  jour  un  vieux  musicien,  arrivant  le 
»  premier,  se  plaignait  devant  lui  du  retard 
»  de  ses  camarades  et  regrettait  de  ne  pouvoir 
»  faire  sa  patrie.  Philidor,  en  hésitant,  lui 
»  proposa  de  la  faire;  le  musicien  se  mit  à 
»  rire  et  finit  cependant  par  accepter  celle 
»  partie.  Elle  commence,  et  l'étonnement 
»  succède  bientôt  au  dédain  qu'inspirait  le 
»  jeune  adversaire  ;  la  partie  avance  et  l'hu- 
n  meur  ne  larde  pas  à  s'en  mêler;  elle  monte 
»  à  tel  point,  que  l'enfant,  craignant  quelque 
»  suite  malencontreuse  d'un  amour-propre 
»  profondément  blessé,  regarde  la  porte,  suit 
»  le  cours  de  ses  succès,  se  glisse  doucement 
h  jusqu'au  hout  de  son  banc  et  s'enfuit  en 
»  avançant  la  pièce  victorieuse,  et  criant  : 
»  mat,  à  son  adversaire  indigné  de  n'avoir 
«  pas  de  jambes  assez  lestes,  et  obligé  de  dé- 
»  vorer  son  dépit  sans  pouvoir  se  venger.  » 

J'ai  dit,  dans  la  première  édition  de  cette 
Biographie,  qu'il  y  a,  depuis  le  moment  où 
Philidor  sortit  de  l'institution  des  pages  jus- 
qu'à la  date  de  son  premier  opéra,  un  espace 
d'environ  seize  années  pendant  lequel  il  ne  fit 
lien  pour  l'art,  ce  qui  d'abord  paraît  inexpli- 
cable dans  la  vie  d'un  compositeur  dont  le 
talent  est  incontestable;  mais  de  tous  les  ren- 
seignements fournis  par  lui-même  et  par  son 
fils,  il  devient  évident  que  son  goût  passionné 
pour  le  jeu  dont  il  avait  le  génie  au  plus  haut 
degré,  absorba  toute  cette  période  de  sa  jeu- 
nesse, et  qu'il  y  trouva  des  ressources  pour 
son  existence.  On  pourrait  le  regretter,  s'il 
n'eût  été  que  ce  qu'on  appelle  un  bon  joueur 
d'échecs;  mais  la  force  de  tête  qu'il  y  porta  et 
qui  le  met  hors  de  toute  comparaison,  a  donné 
à  son  nom  une  si  grande  célébrité,  une  popu- 
larité si  universelle,  qu'il  a  de  toute  évidence 
satisfait,  en  s'y  livrant,  à  sa  destination  prin- 
cipale. En  supposant  qu'il  eût  subordonné  ses 
prodigieuses  facultés  de  combinaisons  du  jeu 
d'échecs  à  la  composition  musicale,  jamais 
ses  ouvrages,  quel  qu'en  soit  le  mérite,  n'au- 
raient pu  lui  donner  une  renommée  égale  à 


celle  qu'il  s'est  acquise  comme  législateur  du 
noble  jeu  pour  lequel  la  nature  l'avait  formé. 
Avant  d'aborder  ce  qui  concerne  sa  carrière 
de  compositeur  dramatique,  je  crois  néces- 
saire de  le  faire  connaître  à  mes  lecteurs  sous 
le  rapport  de  sa  merveilleuse  organisation 
pour  le  jeu  d'échecs,  par  le  récit  de  quelques- 
uns  des  miracles  d'imagination,  d'intelligence 
et  de  mémoire  par  lesquels  il  s'est  illustré. 

Dès  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  n'avait  plus  de 
rival  à  ce  jeu, car  personne  n'a  gagné  une  partie 
contre  lui  depuis  ce  temps.  En  1745,  il  partit 
de  Paris  pour  se  mesurer  avec  les  plus  habiles 
joueurs  de  l'Allemagne,  de  la  Hollande  et  de 
l'Angleterre.  A  Amsterdam,  il  vainquit 
Stamma,  auteur  du  livre  célèbre  intitulé  les 
Stratagèmes  du  jeu  d'échecs.  A  l'âge  de 
vingt-deux  ans,  il  composa  le  traité  qui  a 
pour  titre  :  analyse  du  jeu  des  échecs,  dont 
la  première  édition  fut  publiée  à  Londres,  en 
1749  (1),  et  qui  a  été  réimprimé  plusieurs  fois 
depuis  lors.  Dans  la  même  année  1748,  où  ce 
livre  fut  écrit,  lord  Sandwich  invita  Philidor  à 
se  rendre  au  camp  de  l'armée  anglaise,  entre 
Bois-le-Duc  et  Maestricht;  il  y  joua  avec  le 
duc  de  Cumberland,  qui  l'engagea  à  aller  à 
Londres,  le  prit  sous  sa  protection  et  lui  pro- 
cura un  grand  nombre  de  souscripteurs  pour 
son  ouvrage.  A  Paris,  Philidor  fit,  vers  la 
même  époque,  le  premier  essai  de  sa  prodi- 
gieuse mémoire  unie  à  sa  grande  faculté  de 
combinaison,  en  jouant  avec  un  certain  abbé 
Chenard  une  partie  sans  voir  l'échiquier  :  il 
la  gagna.  Peu  de  temps  après,  il  fit  de  la 
même  manière  deux  parties  à  la  fois  au  Café 
de  la  Régence,  et  les  gagna  toutes  deux.  La 
relation  de  cette  séance  mémorable  se  trouve 
dans  l' Encyclopédie  de  Diderot  et  d'Alemberl, 
à  l'article  Échecs.  En  1785,  Philidor  fit,  à 
deux  reprises,  au  club  des  joueurs  d'échecs  de 
Londres,  trois  parties  à  la  fois  sans  voir  les 
échiquiers,  contre  des  joueurs  de  première 
force,  et  les  gagna  toutes.  Les  journaux  du 
temps  furent  remplis  de  témoignages  d'admi- 
ration pour  ces  efforts  inouïs  d'intelligence  et 
de  mémoire. 

Un  dernier  trait,  plus  extraordinaire  en- 
core, fera  juger  de  la  force  de  tête  qu'il  portait 
à  cet  exercice.  Faisant  un  jour  contre  lui  une 


(1)  J'ai  mis  en  doute  l'existence  de  cette  édition  dans 
la  première  édition  de  celte  biographie,  parce  que  je 
ne  t'ai  vue  citée  dans  aucun  des  nombreux  catalogues 
(j ne  j  ai  parcourus;  depuis  lors  elle  m'a  été  démontrée 
par  un  exemplaire  qui  se  trouve  à  la  bibliothèque 
Sainte-Geneviève,  de  Paris  ,  sous  le  n°  Ss-18,  y,  4207, 
dans  la  section  des  manuscrits  (?)■ 


30 


PHILIDOR 


partie  dans  laquelle  il  ne  voyait  pas  l'échi- 
quier,   les    joueurs    convinrent    entre    eux 
d'essayer  jusqu'où  pouvait  aller  son  habileté, 
en  faisant  faire  une  fausse  manœuvre  à  l'une 
des  pièces.  Lorsque  la  partie  fut  finie,  on  la 
déclara  perdue  pour  lui  :  cela  ne  se  peut,  dit 
Philidor,  en  ôtant  le  bandeau  qui  lui  couvrait 
les  yeux.  Alors  il  regarde  l'échiquier,  réfléchit 
un    moment,    et  recomposant   mentalement, 
toute  la  partie,  il  déclare  qu'à  certain  coup, 
telle  pièce  a  été  mise  sur  telle  case  où  elle  ne 
pouvait  pas  être.  La  supercherie  fut  aussitôt 
avouée    par   l'adversaire,  ainsi  que   par  les 
assistants  émerveillés.  Parvenue  à  ce  degré,  la 
faculté  de  combinaison  est  incontestablement 
du  génie;  or,  le  génie  d'une  spécialité  quel- 
conque  doit   accomplir    sa  destination.    Ne 
nous  étonnons  donc  pas  qu'un  compositeur, 
dont  le  talent  était  d'ailleurs  fort  remarquable 
pour  son  temps  et  pour  l'état  de  l'art  dans  le 
pays  où  il  écrivait,  se  soit  partagé  entre  cet 
art,  où  il  obtint  de  brillants  succès,  et  le  jeu 
auquel  il  est  redevable  d'une  renommée  im- 
périssable. 

Suivant   une   anecdote    rapportée  par   La 
Borde  (Essai  sur  la  musique,  t.  III,  p.  4G2), 
Philidor,    pendant    son    premier    séjour    en 
Angleterre,  aurait  mis  en  musique  la  fameuse 
ode  de  Dryden  sur  le  pouvoir  de  l'harmonie, 
en  1753,  et  Hœndel  aurait  dit,  en  écoutant  cet 
ouvrage,  que  les  chœurs  étaient  bien  fabri- 
qués, mais  qu'il  manquait  encore  du  goût 
dans  les  airs;  or,   Haendel,  devenu  aveugle 
en  1751,  se  fit  remplacer  l'année  suivante  par 
Smith,  son   élève,  dans  la  direction  de  ses 
oratorios,  et  ne    sortit  plus  de  chez  lui   :   il 
n'eut  donc  pas  l'occasion  d'entendre  la  com- 
position supposée  de  Philidor,  ni  d'en  dire  son 
sentiment.  De  plus,  Burney,  qui  a  donné  dans 
le  quatrième  volume  de  son  Histoire  de  la 
musique  un  journal  minutieux  de  tout  ce  qui 
concerne  les  théâtres,  les  concerts  et  les  ora- 
torios de  Londres,   pendant  le  dix-huitième 
siècle,  ne  dit  pas  un  mot  de  la  présence  de 
Philidor  dans  cette  ville,  ni  de  sa  composition  : 
Hawkins,    Burgh    et    Busby,    si    avides    des 
moindres  détails,  gardent  le  même  silence. 
Enfin,  il  n'y  avait  pas  de  musicien  si  hardi 
qui  eût  osé  remettre  alors    en    musique,   à 
Londres,  un  poème  qui  avait  fourni  a  Haendel 
In  sujet  d'une  de  ses  compositions  les  plus  su- 
blimes, et  qui  rûi  pu  en  obtenir  l'exécution 
publique  (1). 


(I)  M    E.  Daniean  rhiliilor,  petit-fils  du  célèbre  com- 
positeur, dans    la   lettre  qu'il  m"a    fait   l'honneur  de 


Ce  fut  en  1754  que  Philidor,  de  retour  a  Pa- 
ris, prit  la  résolution  de  se  livrer  sérieusement 
à  la  culture  de  la  musique.  Un  Lauda  Jéru- 
salem, qu'il  écrivit  pour  la  chapelle  de  Ver- 
sailles, fut  une  de  ses  premières  productions 
après  son  retour  :  mais  ce  morceau  ne  plut 
pas  à  la  reine,  parce  qu'il  était  dans  le  goût 
italien,  et  Philidor  n'obtint  pas  la  place  de 
surintendant  de  la  musique  du  roi,  qu'il  espé- 
rait avoir.  La  Borde  dit  que  ce  compositeur 
écrivit,  en  1757,  un  acte  pour  l'Opéra;  mais 
que  Bebel,  directeur  de  ce  spectacle,  ne  vou- 
lut pas  le  faire  représenter,  disant  qu'on  ne 
voulait  pas  introduire  d'airs  dans  les  scènes  : 
on  ne  sait  ce  que  signifie  cette  phrase.  Il  ajoute 
que  Philidor  composa,  en  1758,  quelques  mor- 
ceaux pour/es  Pèlerins  de  laMecque,h  l'Opéra- 
Comique  ;  or  il  n'y  eut  pas  de  pièce  de  ce  nom 
jouée,  enl758,à  l'Opéra-Comique,  ni  sur  au- 
cun autre  théâtre  de  Paris.  Toutes  ces  erreurs 
ont  été  répétées  par  les  copistes  de  La  Borde. 
Le  premier  ouvrage  dramatique  de  Philidor 
fut  Biaise  le  savetier,  représenté  au  théâtre 
de  la  foire  Saint-Laurent,  le  9  mars  1759  (I  ). 
Les    histoires    contemporaines    de    l'Opéra- 
Comique  nous  apprennent  que  cette  pièce  eut 
un  brillant  succès  :  Philidor  s'y  montra  har- 
moniste beaucoup  plus  habile  que  les  compo- 
siteurs français  de  son  temps,  et  même,  quoi 
qu'on  ait  dit,  il  n'y  manqua  pas  de  mélodie; 
maissa  phrase  est  souvent  dépourvue  de  vérité 
dramatique,  et  sa  manière  de  prosodier  est 
fort  vicieuse.  Cependant  il  y  a  dans  Biaise  le 
savetier  quelques  morceaux  qui  promettaient 
un  avenir  brillant  à  l'auteur  de  cet  ouvrage, 
particulièrement  le  trio  :  Le  ressort  est,  je 
crois,  mêlé.  Le  18  septembre  de  la  même  an- 
née, Philidor  fit  représenter  au  même  théâtre 
l'Huître  et  les  Plaideurs,  opéra-comique  de 
peu  d'importance  sous  le  rapport  de  la  musi- 
que. Mais  dans  le  Soldat  magicien,  qui  fut 
joué  le  14  août  17G0,  et  dans  le  Jardinier  et 
son  Seigneur,  représenté  le  18  février  1701 , 
son  talent  prit  un  vol  plus  élevé  :  ce  dernier 
ouvrage  renferme  des  morceaux  excellents, 

m 'écrire,  le  21  janvier  1862,  oppose  à  mes  objections  des 
traditions  de  famille  qui,  pour  lui,  ne  sont  pas  contes- 
tables, quoique, dil-il,  il  n'aitè  produire  aucune  preuve, 
aucun  document  a  l'appui  de  ces  traditions.  A  cela  je 
ne  puis  répondre  qu'une  seule  chose  ;  c'est  que  si  Fran- 
çois-André Philidor  a  écrit,  après  llicndel,  la  musique 
de  l'ode  de  Dryden  sur  le  pouvoir  del'hurmonit,  elle  est 
restée  inédite  et  n'a  pas  été  connue  en  Angleterre. 

(I)  Les  Annale*  dramatiques  ou  Dictionnaire  général 
des  théâtres,  lui  attribuent  la  musique  du  Dia'de  à 
quatre, joué  en  1 7r>G  ;  mais  l 'erreur  est  éviden(e,car  la  par- 
titîon  de  liiaisc  le  nauetitr  porte  au  titre  :  Otîun-e  />rc- 

)iiicr. 


PIIILIUOR 


particulièrement  le  duo  :  Un  maudit,  lièvre, 
dont  lafaclure  frappe  d'élonnemenl  lorsqu'on 
la  compare  à  tout  ce  qu'on  écrivait  alors  pour 
l'Opéra-Comique.  Après  cet  opéra,  la  réputa- 
tion dePhilidorfut  si  bien  établie,  qu'il  régna 
en  quelque  sorte  sur  la  seconde  scène  lyrique 
de  la  France,  et  ne  partagea  les  succès  de  ce 
spectacle  qu'avec  Duni  et  Monsigny.  Quelques 
biographes  français  de  nos  jours  se  sont  atta- 
chés à  rabaisser  le  talent  de  Philidor,  à  l'aide 
d'anecdotes  controuvées.  Sevelinges,  l'un 
d'eux,  dit  dans  l'article  sur  ce  compositeur 
inséré  dans  la  Biographie  universelle  de 
MM.  Michaud,  d'après  les  mémoires  de  Favart, 
que  ce  compositeur  copia  note  pour  note,  dans 
le  Sorcier,  la  fameuse  romance  de  V Orphée  de 
Gluck,  Objet  de  mon  amour,  joué  longtemps 
auparavant  en  Italie.  A  cette  assertion  de  Se- 
velinges, l'auteur  de  l'article  Philidor,  de  la 
Biographie  universelle  et  portative  des  con- 
temporains ajoute  que  ce  musicien  s'était 
procuré  la  partition  de  VOrfeo.  Or,  il  n'y  a 
pas  un  mot  dans  tout  cela  qui  ne  soit,  de  toute 
évidence,  inventé  à  plaisir.  D'abord  l'Orphée 
de  Gluck  n'a  pas  été  écrit  en  Italie,  mais  à 
Vienne,  où  il  fut  représenté  pour  la  première 
lois  au  mois  de  juillet  1764,  et  le  Sorcier,  de 
Philidor,  fut  joué  à  la  Comédie  Italienne  le 
2  janvier  de  la  même  année,  c'est-à-dire,  plus 
de  six  mois  avant  l'Orphée.  Enfin  la  compa- 
raison que  j'ai  faite  avec  soin  des  deux  parti- 
tions de  Gluck  et  de  Philidor  m'a  démontré 
qu'il  n'y  a  pas  une  phrasecommuneenlreelles. 
C'est  cependant  de  cette  anecdote  que  l'auteur 
de  la  Biographie  universelle  et  portative  des 
contemporains  est  parti  pour  refuser  le  génie 
«le  la  musique  à  Philidor,  et  le  représenter 
comme  un  homme  qui  ne  vivait  que  de  pla- 
giats, tandis  que  le  talent  de  ce  compositeur 
a  uncaractèreabsolument  différent  de  celui  de 
tous  ses  contemporains.  La  partition  du  Sor- 
cier, et  celtes  du  Maréchal  et  de  Tom  Jones 
sont  les  chefs-d'œuvre  de  Philidor.  En  1766,  il 
écrivit  une  messe  qui  fut  exécutée  à  l'Oratoire, 
pour  l'anniversaire  de  la  mort  de  Rameau,  et 
qu'on  trouva  fort  belle. 

En  1777,  Philidor  fit  un  voyage  à  Londres, 
et  y  fit  réimprimer  son  Traité  du  jeu  d'échecs. 
Cette  édition  est  ornée  de  son  portrait.  Cet  ou- 
vrage a  été  aussi  réimprimé  en  Hollande,  à 
Paris,  en  1803,  à  Bruxelles,  en  1834,  et  a  été 
traduit  en  plusieurs  langues.  Le  séjour  de 
Philidor  à  Londres  eut  une  durée  de  plus  de 
deux  ans  :  il  y  gagna  beaucoup  d'argent,  en 
jouant  aux  échecs.  En  177'),  il  y  mit  en  mu- 
sique l'ode  séculaire  d'Horace,  production  qui 


a  été  beaucoup  vantée,  mais  qui  est  inférieure 
à  ses  bons  opéras.  De  retour  à  Paris,  il  y  trouva 
Grétry  en  possession  de  toute  la  faveur  du 
public;  cependant  il  donna  à  la  Comédie  Ita- 
lienne l'amitié  au  village,  dont  la  musique  fut 
jugée  excellente,  et  au  mois  d'octobre  1785, 
il  fit  donner  à  Fontainebleau,  pendant  le 
voyage  de  la  cour,  la  première  représentation 
de  son  Thémistocle,  grand  opéra,  qui  fut  joué 
à  l'Académie  royale  de  musique  au  mois  de 
mai  1786.  On  a  dit  beaucoup  de  mal  de  cet 
ouvrage,  dont  la  musique  manque  de  verve 
et  de  vigueur  dramatique,  mais  qui  est  remar- 
quable et  par  son  style  élégant,  et  par  la  nou- 
veauté des  formes  de  l'instrumentation,  com- 
parée à  ce  qu'on  avait  fait  en  France  jusqu'à 
cette  époque.  Thémistocle  fut  le  dernier  opéra 
de  Philidor;  après  cet  ouvrage,  il  cessa  de 
travailler  pour  la  scène,  et  se  livra  sans  réserve 
à  son  goût  passionné  pour  le  jeu  d'échecs, 
passant  la  plus  grande  partie  de  chaque  jour 
au  Café  de  la  Régenee,  où  se  réunissaient  les 
joueurs  les  plus  habiles.  Son  buste  s'y  voyait 
encore  en  1820,  au-dessus  de  la  place  qu'il 
occupait  habituellement.  A  la  fin  de  1792,  il 
obtint  du  comité  de  salut  public  un  passe-port 
pour  se  rendre  à  Londres,  où  il  était  pen- 
sionné depuis  vingt  ans  par  le  Clubdes  échecs, 
pour  y  passer  quatre  mois  de  chaque  année. 
La  guerre,  qui  éclata  peu  de  temps  après,  fut 
un  obstacle  à  son  retour  pendant  plusieurs 
années.  Après  le  traité  de  paix  de  Campo- 
Formio,  il  crut  pouvoir  rentrer  en  France, 
mais  les  loissurl'émigration  ne  le  lui  permirent 
pas.  Les  démarches  de  sa  famille  parvinrent 
enfin  à  obtenir  sa  radiation  de  la  liste  des  émi- 
grés, mais  au  moment  où  elle  venait  de  rece- 
voir le  sauf-conduit  nécessaire  pour  qu'il  ren- 
trât dans  sa  patrie,  Philidor  mourut  à  Lon- 
dres, le  ôl  août  1795,  à  l'âge  de  soixante-neuf 
ans.  Il  avait  épousé,  au  mois  de  février  1760, 
la  sœur  du  chanteur  et  professeur  Richer 
(voyez  ce  nom),  excellente  musicienne,  qui 
jouait  bien  du  clavecin  et  faisait  entendre  à 
son  mari  ses  ouvrages  lorsqu'il  les  avait  termi- 
nés, car  il  ne  jouait  d'aucun  instrument.  Phi- 
lidoreut  de  celte  union  sept  enfants,  dontune 
fille,  qui  fut  la  première  femme  du  pianiste 
Pradher,  et  mourut  au  mois  d'août  1825. 

Philidor  a  écrit,  dans  l'espace  de  vingt-six 
ans,  vingt  et  un  opéras,  dont  la  plupart  ont 
obtenu  de  brillants  succès  et  sont  restés  au 
répertoire  pendant  cinquante  ans.  On  a  gravé 
les  partitions  de  ces  ouvrages  dont  voici  la 
liste  :  I.  A  l'Opéra  :  1°  Ernelinde,  en  trois 
actes,  joué  en  1767.  On  trouve  dans  cet  opéra 


5-2 


PH1L1D0R  —  PHILIPPE  DE  VITRY 


de  beaux  chœurs,  et  des  effets  d'instrumenta- 
lion  qui  ont  «île  imités  depuis  lors.   2°  Béli- 
saire,  eu  trois  actes,  paroles  de  Berlin,  en 
1774.  5°  Persée,  opéra  de  Quinault,  remis  en 
trois  actes  par  Marmonlel,  où  se  trouvent  de 
beaux  chœurs,  et  l'air  de  Méduse,  J'ai  perdu 
la  beauté  qui  me  rendait  si  vaine,  considéré 
comme  un  chef-d'œuvre.  4°  Thémistocle,  en 
trois  actes,    représenté  le    15  octobre  1785 
à     Fontainebleau,    et    le    25    mai    1786    à 
Paris.    II.  A  l'Opéra -Comique  (théâtres  des 
foires  Saint  -  Laurent  et    Saint  -  Germain)  : 
S0   Biaise    le   savetier,  en  un    acte,   1759. 
6°  L'Huître  et  les  Plaideurs,  en  un  acte,  1 759. 
7°  Le  Quiproquo,  en  deux  actes,  6  mars  1760. 
8°  Le  Soldat  magicien,  en  un  acte,   1760. 
9°   Le  Jardinier  et  son    Seigneur,    1761. 
10°  Le  Maréchal,  en  un  acte,  le  22  août  1761. 
La  musique  fit  le  succès  de  cet  ouvrage  :  elle 
est   en   général    excellente;   on  y    remarque 
particulièrement  l'air  du  cocher,  et  celui  du 
bruit  des  cloches.   Remis  souvent  en  scène, 
le  Maréchal  a  eu  plus  de  deux  cents  repré- 
sentations. 11°  Sancho  Pança,  en  un  acte,  le 
S  juillet  1762.  III.  A  la  Comédie-Italienne  : 
12°Ze^dc/ieron,enunacle,lel8févrierl765. 
Le  quatuor  des  créanciers,  le  trio  des  consul- 
tations, et  le  septuor  de  la  fin  de  cet  opéra, 
sont  des  morceaux  très-remarquables,  pour  le 
temps  où  ils  furent  écrits.  15°  Le  Sorcier,  en 
deux  actes,  le  2  janvier  1764. 14°  Tom  Jones, 
en  trois  actes,  le  27  février  1764.  Le  mérite 
remarquable  de  cette  partition  ne  fut  pas  saisi 
d'abord  par  le  public;  mais  plus  lard  l'ou- 
vrage se  releva  et   eut  un   brillant    succès. 
15°  Zelime  et  Melide,  en  deux  actes,  1766. 
16"  Le  Jardinier  de  Sidon,  en  un  acte,  le 
10  juillet  1768.  17°  L'Amant  déguisé  ou  le 
Jardinier  supposé,   le  2  septembre   1769. 
18°  La  nouvelle  Ecole  des  femmes,  en  deux 
actes,  le  22  janvier  1770.  19"  Le  Bon  fils,  en 
un  acte,  en  1775.  20"  Les  Femmes  vengées, 
en  trois  actes,  le  20  mars  1774.  21°  L'Amitié 
au  village,   en   un  acte,   51    octobre  1785. 
Après  la  représentation  de  cette  pièce,  le  pu- 
blic demanda  Philidor,  pour  lui  témoigner  sa 
satisfaction,  honneur  alors  fort  rare.  22"  L.a 
belle  Esclave  ;  je  n'ai  pu  trouver  la  date  de  la 
représentation  de  cet  ouvrage.  La  partition  du 
Carmen  Sxculare  a  été  gravée  à  Paris,  chez 
Sieher. 

P11ILIPP  (B.-E.),  professeur  de  piano  et 
compositeur,  né  à  Freybourg,  en  Silésie,  vers 
1802,  fit  son  éducation  musicale  à  Brcslau, 
sous  la  direction  de  Berner,  puis  de  Schnabel. 
Après  avoir  été  pendant  plusieurs  années  di- 


recteur de  musique  à  Freybourg,  il  s'est  fixé  à 
Breslau  en  1858,  comme  professeur  de  piano 
et  directeur  de  musique  d'une  église  de  celle 
ville.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages  on  re- 
marque :  1°  Première  messe  allemande  à 
quatre  voix  avec  orgue,  op.  27;  Breslau, 
l.itickarl.  2°  Deuxième  messe  allemande  à 
quatre  voix  avec  accompagnement  de  deux 
clarinettes,  deux  bassons,  deux  cors,  violon- 
celle et  contrebasse,  ou  orgue  seul;  ibid. 
5°  FiirstenwaU,  cantate  avec  chœur  et  or- 
chestre, exécutée  à  Breslau  en  1840.  4°6Zïe- 
der  pourvoix  debasse  soloetchœurd'hommes, 
op.  15;  ibid.  5°  6  Lieder  pour  soprano,  con- 
tralto, ténor  et  basse,  op.  14;  ibid.)  6"  6  Lie- 
der pour  des  voix  d'hommes,  op.  25;  ibid. 
7"  6  Lieder,  op.50;t'&ùi.  8°  Lieder  à  voix  seule 
avec  piano,  op.  18;  ibid.  9°  Deux  sonates  fa- 
ciles pour  le  piano,  op.  24  ;  Breslau,  C.  Cranz. 
10°  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
op.  55;  Breslau,  Leuckart.  11°  Plusieurs  œu- 
vres de  morceaux  faciles  pour  l'enseignement 
du  piano,  à  deux  et  à  quatre  mains.  12°  Quel- 
ques pièces  brillantes  de  salon. 

PHILIPPE  DE  VITRY,  écrivain  sur  la 
musique,  qui  vécut  dans  !a  seconde  moitié  du 
treizième  siècle  et  au  commencement  du  qua- 
torzième, est  appelé  PHILIPPUS  DE  VI- 
ÏRIACO  par  Morley,  dans  les  annotations 
du  premier  livre  de  son  traité  de  musique  (ad 
pag.  9),  ainsi  que  par  l'auteur  anonyme  d'un 
traité  de  musique  de  la  bibliothèque  cotto- 
nienne,  cité  par  Hawkins(^  General  History 
of  Music,  t.  II,  p.  187).   C'est  aussi  de  la 
même  manière  qu'il  est  désigné  dans  un  ma- 
nuscrit de  son  traité  du  conlrepoinl,  qui  se 
trouve  à  Rome  dans  la  Bibliothèque  Fallicel- 
lanay    au    couvent   des    PP.    de    l'Oratoire 
(n°  B,  85),  et  qui  a  pour  titre  :  Ars  contra- 
puncti  Magislri  Philippi  de  Fitriaco.  Un 
autre  ouvrage  du  même  musicien  se  trouve  à 
la  Bibliothèque  Barberini    de  Rome,  sous  le 
n"  841,  et  a  pour  litre  :  Ars  nova  Magistri 
Philippi  de  J'etry  (sic).  Vraisemblablement 
le  nom  de  Philippe  de  Filry  lui  avait  élé 
donné  à  cause  du  lieu  de  sa  naissance,  car 
Filriacum  est  le  nom  latin  de  la  petite  ville 
de  f'itry,  dans  le  département  du  Pas-de-Ca- 
lais.  Plusieurs   auteurs,  au  nombre  desquels 
est  M.  E  de  Coussemaker  (Histoire  de  l'har- 
monie au  moyen  âge,  p.  65)  croient  que  l'au- 
teur dont  il  s'agit  est  le  même  qui  fut  évêque 
de  Meaux  :  l'identité  nie  parait  au  moins  dou- 
teuse ;  car,  d'une   part,  le  manuscrit  de  la 
Bibliothèque    impériale    de    Paris    (sous    le 
n"  7578  A,  in -4")  renferme  une  copie  d'un  de 


PHILIPPE  DE  VITRY  -  PHILIPPE  DE  CASERTE 


ses  ouvrages  intitulé  :  Ars  compositionis  de 
motetis,  compilato  à  Philippo  de   Fitry, 
magistro  in  tnusica;  et  de  l'autre,  le  traité 
anonyme  de  musique,  écrit  entre  les  années 
1580  et  1400,  cité  par  Hawkins,  et  qui  se 
trouve  dans  la  bibliothèque  Barberini,  le  qua- 
lifie ainsi  :  Olim,  flos  et  gemma  cantorum. 
Si  Ton  eût  parlé  d'un  évéque,  dans  ces  temps 
de  domination  de  l'Église,  on  ne  se  fût  pas 
borné  à  le  désigner  comme  un  maître  en  mu- 
sique, et  comme   la  fleur  et  la  perle   des 
thantres.  L'auteur  de  celle  dernière  qualifi- 
cation explique  longuement  que  Philippe  de 
Vitry  imagina  le  premier  de  faire  usage  de 
noies  d'une  valeur  moindre  que  la  semi-brève, 
et  les  employa  dans  ses  compositions.  D'après 
cette  autorité,  on   peut  déterminer  l'époque 
où  Philippe  écrivit  ses  ouvrages  ;  carie  pape 
Jean  XXII  parie  de  la  semi-brève  et  de  la 
minime  dans  la  bulle  donnée  à  Avignon,  en 
1522,   par  laquelle  il  proscrit  l'usage  dans 
Péglise  du  contrepoint  improvisé  (1).  Il   est 
remarquable  qu'il  appelle  ces  notes,  relative- 
ment rapides,  novis  notis  (par  les  notes  nou- 
velles). Il  résulte  de  ces  rapprochements  que 
le  musicien,  objet  de  cette  nolice,  travailla 
entre  1270  et  1520.  Au  surplus,  deux  dates 
qui  se  trouvent  dans  le  manuscrit  7378  A,  de 
la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  lèvent  tous 
les  doutes  à  cet  égard.  La  première  est  dans 
un  traité  de  musique  spéculative  ou  arithmé- 
tique, par  un  certain  Léon  Hébreu,  de  qui  l'on 
ne  sait  rien.   Ce   traité   commence  par   ces 
mois,  au  verso  du  feuillet  55  du  volume  :  In- 
çipit  tractatus  armonicus,  et  finit  au  recto  du 
feuillet  57  par  ceux-ci  :  Explicit  tractatus 
magistri  Leonis  Hebrei  de  armonicis  nu- 
meris.  M.  E.  de  Coussemaker  (2)  en  a  exlrait 
un  passage  dans  lequel  l'auteur  déclare  qu'il 
a  composé  ce  petit  ouvrage  à  la  demande  de 
Philippe    de    Vitry,   et   qu'il    l'a   achevé  en 
1305  (ô).  L'autre  date  se  lit  à  la  fin  du  Traité 
de  la  musique  mesurée  de  Philippe  (2m*  co- 
lonne, au  verso  du  feuillet  G0  du  même  vo- 
lume); elle  est  conçue  en  ces  termes  :  Com- 
pletum  est  hoc  opus,  anno  Domini  1519. 
A  la  suite  de  cet  ouvrage  vient  l'opuscule  qui, 


(IJNonnullinovelIxscholacdiscipuli  dum  temporibus 
niensuramlis  invigilant,  novis  notis  inlendunl  fingere 
suas,  quam  anliquas  cantore  malunt,  in  semibreves  et 
tninimas  ccclesiastice  canlanlur,  notulis  percutiuntur. 

(2)  Histoire  de  l'Harmonie  au  moyen  âge,  p.  214. 

(3)  Jcsu  Clirisli  incarnalionis  anno  1303,  nostro  ma- 
tlicinatico  completo,  fui  requisitus  a  quodam  exiniio 
mngistrorura  Philippe  de  Vitriaco,  de  regno  Francorum 
ut  etc. 

BIOCB.  UNIV.  DLS  MUSICIEftS.  T.   Vil. 


dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Barberini 
(n°  841),  et  dans  une  autre  copie,  également 
du  quatorzième  siècle,  de  la  Bibliothèque  du 
Vatican  (n°  5321),  porte  ce  titre  :  Ars  nova 
Philippi  de  Fitry.  il  commence  par  ces  mots, 
dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  impé- 
riale de  Paris  :  In  arte  nostra  hxc  inclusa 
sunt  aliqua  elc,  et  au  verso  du  feuillet  61,  il 
finit  par  Explicit  ars   novx  musicx.  Cet 
opuscule  est  suivi  du  petit  traité  du  contre- 
point qui,  dans  les  manuscrils  de  la  biblio- 
thèque  Fallicellana  et  du  Vatican,  a  pour 
litre  :  Arscontrapuncti  Magistri  Philippi 
de  Fitriaco;  dans  celui  de  la  Bibliothèque 
impériale  de  Paris,  il  est  intitulé  :  Ars  com- 
positionis de  Motetis,  compilata  à  Philippo 
de    Fitry.    Trois    traités    composent    donc 
l'œuvre  de  ce  musicien,  à  savoir,  le  traité  de 
la  musique  mesurée,  selon  les  principes  de  ses 
prédécesseurs,   VArs  nova,  et   le  traité  du 
contrepoint,   fort  peu  étendu,   et  qui    n'est 
qu'un  abrégé,  une  compilation  des  ouvrages 
d'autres  écrivains,  comme  le  déclare  l'auteur 
lui-même.  C'est  dans  VArs  nova  que  Philippe 
parle  de  la  minime  et  de  la  semi-minime.  Il 
y  explique  pourquoi  certaines  dissonances  ne 
peuvent  être  employées  que  sur  ces  notes  de 
peu  de  durée,  qui  ne  sont  que  des  divisions  et 
sous-divisions  de  la  semi-brève.  Il  est  à  re- 
marquer que  Philippe  de  Vitry  ne  s'attribue 
pas   l'invention    de   ces  figures   de    notes  : 
Morley  dit,  dans  les  annotations  du  premier 
livre  de  son  Traité  de  musique  (ad  pag.  9), 
que  l'invention  de  la  minime  est  attribuée  à 
un  certain  prêtre  de  la  Navarre  (l),  mais  que 
Philippe  est  le  premier  qui  en  fit  usage.  Pen- 
dant son  séjour  à  Rome,  M.  Danjou  a  fait  une 
copie  de  VArs  contrapuncti  et  de  VArs  nova, 
d'après    les    manuscrits   de   la    bibliothèque 
Fallicellana  et  de  la  Barberine,  puis  il  l'a 
collalionnée   sur   le  manuscrit    du   Vatican. 
Cette  copie  est  d'autant  plus  précieuse,  que  le 
manuscrit  de  Paris  est  a  peu  près  illisible  en 
beaucoup  de  passages. 

PHILIPPE  DE  CASERTE  ,  ainsi 
nommé  parce  qu'il  était  né  à  Caserta,  chef- 
lien  de  la  Terre  de  Labour,  dans  le  royaume 


(1)  Ce  prêtre  de  la  Navarre,  ne  serait-ce  pas  Léon  Hé- 
breu, à  qui  Philippe  de  Vitry  avait  demandé  un  traité 
spéculatif  de  la  musique?  Il  était  juif  converti  et  ecclé- 
siastique, puisqu'il  prend  la  qualification  de  Magister,  ut 
il  n'était  pas  Français,  puisqu'il  désigne  Philippe  de  Vin  y 
comme  le  plus  distingué  des  maitres  du  royaume  des 
Francs  (Eximius  magistrorum  Philippin,  de  Vilriacu  de 
r°gno  Framcorum).  le  livre  celte  conjecture  aux  investi- 
gations des  érudits. 

3 


;i 


PHILIPPE  DE  CASERTE  —  PHILIPPE  DE  MONS 


de  Naples.  M.  Bcrnardo  Quaranto  nous  aji- 
pi'énd, dans  un  mémoire  inséré  au  quatrième 
volume  des  Annali  cicili  del  regtio  dclle  due 
Siciîie  (ann.  1834,  p.  88),  que  Philippe  vécut 
à  Naples  sous  la  domination  de  la  maison 
d'Aragon,  ce  qui  doit  s'entendre  d'Alphonse  Ier 
et  de  Ferdinand  Ie»;  car  Philippe  de  Caserte 
est  cité  par  Gafori  dans  sa  Praclica  musica, 
dont  la  première  édition  fui  imprimée  à  Milan, 
en  1490.  Il  est  donc  vraisemblable  que  l'épo- 
que d'activité  de  ce  musicien  fut  entre  les 
années  1442  et  1491,  pendant  lesquelles  ré- 
gnèrent les  deux  princes  cités  précédemment. 
Philippe,  qui,  suivant  Gafori,  était  bon  chan- 
teur, fut  vraisemblablement  attaché  à  la  cha- 
pelle royale  de  Naples.  On  a  de  lui  un  traité 
de  la  notation  proportionnelle  intitulé  :  De 
diversis  figuris  nolarum .  manuscrit  du 
quinzième  siècle,  qui  se  trouve  à  la  Biblio- 
thèque de  Ferrare. 

PHILIPPEouPHILIPPON  DE 
BOURGES,  musicien  et  organiste  fran- 
çais du  quinzième  siècle,  fut  contemporain 
d'Okeghem.  Il  est  cité  par  Gafori  (Practica 
Musica,  lib.  IV,  c.  V).  Jacques  Paix  a  inséré 
un  morceau  de  sa  composition  dans  son  second 
livre  de  tablature  d'orgue.  Le  troisième  livre 
de  la  rarissime  collection  imprimée  par  Pe- 
trucci  de  Fossombrone,  sous  le  titre  de  Har- 
monice  musicesOdhecaton  (Canti  C,  n°  cento 
c  inquanta) ,  renferme,  sons  le  n°  122,  la 
chanson  à  quatre  voix  de  Philippe  de  Bourges, 
liose  playsant.  L'abbé  Baini  indique,  dans 
ses  Mémoires  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Paleslrina  (notes  22G  et  431),  des  messes  qui 
portent  le  nom  de  Philippon  de  Bourges,  et 
qui  se  trouvent  en  manuscrit  dans  les  archives 
de  la  chapelle  pontificale. 

PHILIPPE  DE  MONS,  appelé  DE 
MONTE  aux  titres  latins  et  italiens  de  ses  ou- 
vrages, illustre  musicien  dont  le  nom  de  famille 
est  inconnu,fut  ainsi  appelé  à  cause  du  lieu  de  sa 
naissance.  Je  crois  devoir  suivre,  en  ce  qui  le 
concerne,  la  tradition  des  anciens  auteurs,  dont 
les  paroles  seront  rapportées  toute  à  l'heure, 
traditions  adoptées  par  les  historiens  de  la 
musique  Hawkins  (1)  et  Ricsewettcr  (2),  par 
Jean-Gottfricd  Wallher  (3),  ainsi  que  par  les 
autres  auteurs  de  dictionnaires  de  musiciens 
français,  allemands,  italiens  et  anglais.  Tous, 
à  la  vérité,  se  sont  copiés;  mais  il  n'en  ré- 

(1)  A  Cencral  Ifislory  of  tltc  science  and  jtraclice  of 
Utuie,  t   II,  p.  492. 

(2)  Cataiog  lier  Sammlung  aller  Musilt,  etc.,  p.  ÎS7. 
(ô)  Musikuliselics  lexicon,  p.  4ï!0,  article  Monte  {l'Iii- 

(•j'j/its),  Erànxtu.  Philippe  de  Mont. 


suite  pas  moins  que  Philippe  de  Mons  est  de 
notoriété  universelle.  Toutefois,  il  s'est  pro- 
duit dans  ces  derniers  temps  des  objections 
sérieuses  contre  cette  tradition  :  elles  doivent 
trouver  place  jci.  Le  baron  de  Reiffenberg 
(voyez  ce  nom)  a  écrit  le  passage  suivant  dans 
sa  Lettre  à  M.  Fétis,  directeur  du  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  sur  quelques  particida- 
rités  de  l'histoire  musicale  de  la  Belgique 
{Recueil  ency cl.  belge,  octobre  1833,  pages  CI 
et  02),  à  l'occasion  de  quelques  inexactitudes 
ou  omissions  qu'il  avait  cru  remarquer  dans 
mon  mémoire  sur  les  musiciens  néerlan- 
dais (l)  :  a.  J'ai'  transcrit...  les  vers  latins  de 
»  Ph.  Brasseur,  en  ses  Sydera  illustrium 
»  Ilannonix  scriptorum,  sur  Philippe  du 
«  Mont,  qui  ne  s'est  jamais  appelé  Philippe 
»  Mons,  comme  vous  dites,  etc.  »  Il  est  évi- 
dent que  je  n'ai  pas  écrit  Philippe  Mons, 
mais  Philippe  de  Mons,  puisque  j'ajoute  : 
ainsi  appelé  parce  qu'il  était  né  dans  la  ca- 
pitale du  Hainaut,  en  1521  (pages  45).  Les 
fautes  d'impression  fourmillent  à  chaque  page 
dans  ce  mémoire  publié  loin  de  moi;  mais 
celle-ci  saule  aux  yeux.  Je  pense  que  le  baron 
de  Reiffenberg  l'a  bien  aperçue;  mais  selon  lui 
le  musicien  dont  il  s'agit  s'appelait  Philippe 
du  Mont,  el  non  Philippe  de  Mons.  D'autre 
part,  Dlabacz  nous  fournit,  dans  son  Diction- 
naire des  artistes  de  la  Bohème,  un  rensei- 
gnemenl  qui  contredit  tous  les  témoignages 
contemporains  et  autres  concernant  le  lieu  où 
cet  artiste  aurait  vu  le  jour;  voici  ses  pa- 
roles (?)  :  De  Monte  {Philippe),  chanoine  et 
trésorier  à  Cambrai,  célèbre  compositeur, 
né  en  1521  à  Staline*  (et  non  à  Mons  dans 
le  Hainaut),  ainsi  que  le  fait  voir  la  liste  des 
musiciens  de  la  chapelle  impérialede  l'annee 
1582,  où  il  est  nommé  Philippe  de  Monte, 
de  Malines.  Je  crois  devoir  l'aire  remarquer  en 
passant  que  Dlabacz  n'indique  pas  on  se  trouve 
cette  liste  des  membres  de  la  chapelle  impériale. 
Frappé,  cependant,  du  fait  avancé  par  ce  bio- 
graphe, M.  Léon  de  Burburc,  si  exael  dans  ses 
recherches  archéologiques,  m'écrivait,  le 
5  mais  1803  :  «  Rien  n'autorise  à  croire  que 
»  cet  auteur,  entièrement  désintéressé  dans 

(1)  Mémoire  sur  celle  question  :  Çuels  ont  clé  les  mé- 
rites des  Néerlandais  dans  la  musique,  principalement 
aux  quatorzième,  quin:icme  et  seizième  siècles,  tic,  Am- 

sterdam,  .1.  MuII<t  et  compagnie.)  1829,  iii-4". 

(2)  De  Monte  (l'hilipp),  ein  Dmnherr  uml  luglul» 
Scboli iiter  su  Cambray;  rin  berûlimler  Kon^ponisi, 

■  1er  zu  Uechelo  uml  niclit  zu  Itcrjicii  in  llenin^iu  lli.'l 
jjeliorcn,  wic  is  d;)S  Verzciehniss  drr  K.  K.  Kopeltfl  Vom 
Jaliro  1382,  wo  er  Phillpp  île  Moiilo  von  Mechcln  genan») 
wird  (tome  11,  page  ô-.i). 


PHILIPPE  DE  MONS 


«  la  question  de  nationalité  du  compositeur, 
»  se  soit  trompé.  J'ai  trouvé, de  mon  côté,  qu'à 
»   Malines  avait  existé,  vers  le  milieu  du  sei- 
»  zième  siècle,  une  famille  de  Monte;  que  le 
«   17  mars  1549,  un  maître  Pierre  de  Monte, 
»   fils  de  Philippe  de  Monte  et  natif  de  Ma- 
il  lines,  quitta  cette  ville  et  se  fit  inscrire  dans 
«  la    bourgeoisie   d'Anvers.    La   coïncidence 
«  des  prénoms  du  compositeur  et  du  père  de 
«  maître  Pierre  de  Monte  est  significative  : 
»   tous    deux   s'appellent    Philippe.   On  sait 
»  combien  les  prénoms  aident  à  distinguer 
»  les  familles  du  même  nom....  Si  Philippe 
»  eût  été  natif  de  Mous,  il  eût  écrit  son  nom 
•■>  latinisé,  Philippe  de  Montïbus,  et  non  de 
«  Monte.»  Il  paraîtrait  donc,  d'après  la  décou- 
verte de  M.  de  Burbure,  que  de  Monte  n'était 
pas    l'indication   du    lieu    de    naissance    du 
maître  de  chapelle  de  la  cour  impériale,  mais 
1e  nom  de  sa  famille  :  cependant  je   reçus, 
quelques  jours  après  la  première  révélation 
de  mon  honorable  ami,  une  antre  lettre  où  se 
trouve  ce   passage   :    «    J'ai  eu  occasion  de 
»  m'assurer  que  maîtres  Philippe  et   Pierre 
■>■>  de  Monte,  dont  je  vous  ai  entretenu  derniè- 
«   renient,  s'appelaient  Tan  Bergen.  »  Or, 
Berrj  (au  pluriel  Bergen),  en  flamand  comme 
en   allemand,   signifie  montagne   (en   latin 
mons,  montis),  et  ce  mot  est  aussi,  dans  les 
deux  langues,   le  nom  de  la   ville  de  Mons 
(van  Bergen,  se  disait  de  quelqu'un  qui  était 
de  Mons).  L'équivoque  subsiste  donc  encore. 
J'ai  maintenant  à  opposer  aux  objections 
du  baron  de  Reiffenberg,  du  P.  Dlabacz  et  de 
M.  de  Burbure,  les  autorités  qui  font  naître  à 
Mons  (en  Hainaul)  le  célèbre  musicien  appelé 
Philippe  de  Monte.  A  l'opinion  du  baron  de 
Reiffenberg,  concernant  le  nom  de  cet  artiste, 
et  au  fait  rapporté  par  Dlabacz,  il  y  a  une 
première  et  décisive  réponse  à  faire  :  c'est 
■celle  du  titre  d'un  des  ouvrages  imprimés  du 
vivant  de  Philippe;    le  voici    :   Sonnetz   de 
Pierre  de  Rottsard,  mis  en  musique  à  cinq, 
six  et  sept  parties  par  très-excellent  maislre 
Philippe  de  Mons,  à  Louvain,  chez  Pbalèse, 
1570,  in-4°.  On  ne  peut  faire  un  reproche  au 
baron  de  Reiffenberg  de  n'avoir  pas  connu  ce 
litre,  mais  on  peut  s'étonner  qu'un  homme  si 
érudit  ait  dit  que  l'artiste  ne  s'est  jamais  ap- 
pelé Philippe  de  Mons,  tandis  que  les   bio- 
graphes de  son  temps  ou  postérieurs  ont  dit 
<|iPil  tenait  son  nom  du  lieu  de  sa  naissance; 
il  serait  trop  long  de  citer  toutes  les  autorités 
5  cet  égard,  mais  je  crois  devoir  en  rapporter 
quelques-unes  des  plus  importantes.  Sweert, 
•ou  Sv.erlius,  contemporain  de  la  vieillesse  de 


Philippe,  le  désigne  ainsi  (Alhenx  Belgicx, 
page  045)  :  Philippus  de  Monte,  sic  diclus, 
quia  Montibus  Hannonix  natus.  Foppens 
s'exprime  exactement  dans  les  mêmes  termes 
(Bibliotheca  Belgica,  tome  H,  page  1039); 
et  Rullart,  né  en   1599,  c'est-à-dire  lorsque 
Philippe  vivait  encore,  dit  dans  son  Académie 
des  sciences  et  des  arts  :  «  La  ville  de  Mons  a 
»  cette  gloire  au  dessus  du  reste  des  Pays-Bas 
»  d'être  le  lieu  d'où  sont  sortis  les  plus  excel- 
»  lents  musiciens  du  siècle  passé;  car,  après 
»   avoir  produit  Orlande  de  Lassus,  elle  a  en- 
»  core  donné  naissance  à  celui-ci,  qui,  pour 
»  ce  sujet,  a  été  appelé  Philippe  de  Mons.  » 
Il  est  vrai  que  les  vers  tirés  par  le  baron  de 
Reiffenberg  des Sydera  illustrium  Hannonix 
scriptorum,    de    Philippe    Brasseur    (Mons, 
1637,  p.  88),  portent  en  tête  :  Philippus  du 
Mont,  ex  exsareo  chori  musici  prxside  ca- 
nonicus  et  thesaurarius  cameracensis;  mais 
l'ouvrage  de  cet  écrivain  ayant  pourobjetles 
hommes  célèbres  du  Hainaut  et  en  particulier 
de  la  ville  de  Mons,  en  admettant  que  le  nom 
de  famille  ait  été  du  Mont,  il  ne  reste  pas 
moins  certain  qu'il  était  né  dans  celte  ville,  et 
consequemment  ceux   qui   ont  accolé   à  son 
prénom  l'indication  du  lieu  de  sa  naissance 
n'ont  fait  que  suivre  l'exemple  de  ce  qui  s'était 
fait  pourd'autres  artistes,  comme  Jean  Guyot, 
presque  toujours  appelé  Castileti,  parce  qu'il 
était  né  au  Châtelet,  Jachet  de  Berchem,  qui 
était  du  village  de  ce   nom,  près  d'Anvers, 
Gérard  et  Jean,  dits  de  Turnhout,  à  cause 
du  lieu  de  leurnaissance,  etc.,  etc.  Guichardin, 
contemporain  de  l'artiste  célèbre,  ne  fournit 
aucun  renseignement  sur  le  lieu  où  il  a  vu  le 
jour  :  il  l'appelle  Filippo  de  Monti;  l'édition 
latine  de  son  livre  a  Philippus  de  Monte,  et 
l'édition  française,  Philippe  deMonte,  ce  qui 
s'accorde  avec  l'opinion  de  M.  de  Burbure. 
Dans  l'espoir   que  Philippe   fournirait   lui- 
même  quelques  renseignements  pour  résoudre 
la  difficulté,  j'ai  lu  bon  nombre  d'épitres  dé- 
dicatoires  qu'il  a  placées  en  tête  de  ses  ou- 
vrages, mais  je  n'ai  rien  trouvé.  Dans  l'état 
actuel  des  choses,  la  notoriété  de  la  naissance 
de  Philippe  à  Mons  n'est  pas  douteuse,  mais  il 
reste  à  décider  entre  elle,  Dlabacz  et  M.  de 
Burbure  qui  le  font  naître  à  Matines.  Une 
autre  incertitude  existe  à  l'égard  du  nom  de 
sa   famille  :  s'appelait-il.  du   Mont,  ou  de 
Monte,  ou  Bergen?  Il  est  douteux  que  ces 
difficultés  soient  jamais  dissipées;  pour  moi, 
je  crois  devoir  rester  ici  fidèle  à  la  tradition. 
L'époque  de  la  naissance  de  Philippe  de 
Mons  est  déterminée  par  l'inscription  placée 

3. 


06 


PHILIPPE  DE  MONS 


au-dessous  de  son  portrait  par  Sadeler,  et  que 
voici  :  Philippus  de  Monte  Belga  D.  D. 
Max.  II  et  Rodolph.  II  Rom.  imp.  chori 
musici  pr&fectus  metropol.  Ecclesix  came- 
racencis  canonicus  et  thesaurarius.  glatis 
sux  LXXVIIA.  D.  MDXCIV.  Notre  artiste 
était  donc  né  en  1522,  ou  vers  la  fin  de  1521, 
c'est-à-dire  un  peu  plus  d'un  an  après  Roland 
de  Lassus.   L'objection  que   j'ai    présentée, 
dans  mon  mémoire  sur  les  musiciens  néerlan- 
dais,  contre  la  supposition  qu'il  aurait  été 
l'élève  de  celui-ci,  ne  subsiste  plus  depuis  que 
Delmotte  a  rectifié  la  date  de  la  naissance  de 
Roland  de  Lassus.  Remarquons  toutefois  que 
de  Lassus,  parti  de  Mons  vers  l'âge  de  seize 
ans,    n'y    reparut   qu'en    1545,    c'est-à-dire 
lorsque  Philippe  était  âgé  de  vingt-deux  ans, 
et  que  si  celui-ci  devint  son  élève,  il  dut  le 
suivre  à  Anvers  et  y  recevoir  ses  leçons  pen- 
dant les  années  1544  et  1545.  Il  n'est  pas  in- 
vraisemblable qu'après  avoir  appris  les  élé- 
ments de  la  musique  sous  la  direction  d'autres 
maîtres,  il  ait  achevé  son  éducation  musicale 
près  de  son  compatriote.  L'occupation  de  sa 
vie,  depuis  celte  époque  jusqu'en   1504,  où 
Maximilien    II    succéda    à    Charles -Quint, 
comme    empereur    d'Allemagne,    n'est    pas 
connue.   Le    premier    ouvrage   connu   de   sa 
composition  est  celui  qui  a  pour  litre  :  Mis- 
sarum  quinque,  sex   et    octo  vocum  liber 
primus,  Anvers,  1557,  in-fol.  m".  Celte  date 
et  le    lieu  de  l'impression   pourraient    faire 
croire    que    Philippe   fut  attaché  jusqu'alors 
à  quelque  église  d'Anvers.  Il  alla  ensuite  en 
Italie,  car  le  premier  livre  de  ses  madrigaux 
à  quatre  voix  a  été  publié  à  Venise,  en  1501. 
Il  est  vraisemblable  qu'il  vécut  pendant  quel- 
ques années  à  Ingolsladt,  peut-élre  comme 
maître  de  la  chapelle  de  la  belle  église  des 
Jésuites,  car  les  premières  éditions  de  ses  cinq 
livres  de  motels  à  cinq  voix  furent  imprimées 
dans  celle  ville  de  la  Bavière,  depuis  1569 
jusqu'en   1574.  Rullarl  nous  apprend  qu'à  la 
recommandation  de  Roland  de  Lassus,  il   fut 
admis  dans  la  chapelle  impériale,  sans  doute 
en  qualité  de  simple  musicien;  mais  ensuite 
il  en  fut  le  directeur  el  conserva  ce  litre  sous 
l'empereur  Rodolphe. 

A  l'égard  de  ses  titres  de  chanoine  et  de 
trésorier  du  chapitre  de  Cambrai,  j'ai  fait  une 
erreur  de  chronologie  dans  mon  mémoire  sur 
les  musiciens  néerlandais,  en  les  lui  donnant 
antérieurement  à  son  entrée  au  service  de 
l'empereur  Maximilien,  car  c'est  par  la  pro- 
tection de  ce  prince  qu'il  les  obtint.  J'ai,  à  ce 
sujet,  l'obligation  de  précieux  renseignements 


à  M.  le  Glay,  savant  bibliothécaire  de  la  ville 
de  Cambrai,  qui  a  bien  voulu  faire  des  re- 
cherches dans  les  actes  du  chapitre.  Je  vais 
transcrire  ici  le  passage  de  la  lettre  où  il  me 
les  fournit  : 

a  J'ai  peu  de  choses  à  vous  apprendre  con- 
»  cernant  Philippe  de  Mons  qui  a  un  article 
»  très-court  dans  les  Recherches  sur  l'église 
>-  métropolitaine  de  Cambrai  (p.  140).  J'ai 
»  compulsé  de  nouveau  les  actes  du  chapitre 
»   pour  trouver  quelques  faits  relatifs  à  ce  cé- 
»  lèbre  musicien.  Il  parait  que  Philippe   ne 
»  s'astreignait  pas  au   précepte  de  la  rési- 
»  dence,  car  on   ne  le   voit  jamais   figurer 
n  comme  présent  aux  assemblées  capitulaires, 
»  Le  1er  septembre  1572,  il  est  admis  en  qua- 
rt lilé  de  trésorier  de  l'église,  virlute  precum 
»  imper ialium.  Celle  admission  a  lieu   par 
»   procureur.  Le  même  jour  on  lui  enjoint  de 
»  justifier,  dans  le  délai  de  quatre  mois,  qu'il 
»  est  issu  de  légitime  mariage;  et  le  8  oc- 
8   lobre  suivant,  son  fondé  de  pouvoir,  Vale- 
»   rianus  Serenus,  chanoine  de  la  métropole, 
»  jure  que  Philippe  est  né  legitimis  nuptiis. 
«  Le  2  janvier  1575,  le  chapitre  prend  une 
»  délibération  ainsi  conçue  :  Rescribattir  ex 
»  partecapituli  D.  Philippo  de  Monte,  ma- 
»  gistro    cantorum     Cxsarex    majestatis, 
«  agenturque  eidem  gratis  pro  favore  huic 
»  ecclesix  et  capitulo  oblato  utque  salvum 
»  possit  esse  jus  libers  electionis  archiepi- 
»  scopi  hujus  ecclesix.  La  réception  de  Phi- 
»   lippe   en  qualité  de  chanoine   eut  lieu  le 
n   l'r  mai   1577,  et  son  procureur,  Philippe 
»  Gomin,  aussi  chanoine,  fut  obligé  de  renou- 
»  vêler,    le  27   du   même  mois,   le   serment 
a   qu'avait  prêlé  Yalerien  Serenus,  en  1572. 
r  Philippe   de    Mons    résigna    son    canouicat, 
«  le   4   mars   1G03,  en  faveur   de   son   neveu, 
»  Pierre  Baralle,  prêtre  de  Cambrai;  quant 
»  à  la  trésorerie,  il  parait  que  notre  digne 
»  Monlois  l'a   aussi  résignée  à  son  neveu,  qui 
a  n'en  profita  pas,  attendu  quecctlcdignité  fut 
»  supprimée  aussitôt  après  la  résignation.  » 
On  voit  par  ce  qui  précède  que  Philippe  de 
Mons  vivait  encore,  probablement  à  Vienne, 
au  mois  de  mars  1005  ;  il  élait  alors  dans  sa 
quatre-vingt-deuxième  année  :    il  est  donc 
vraisemblable  qu'il  ne  vécut  pas  longtemps 
après    cette    époque  ;    mais   la   date   précise 
de   sa    mort   n'est   pas    connue   jusqu'à   ce 
jour.  Dlabacz   nous  apprend   qu'en   1595  il 
avait  fait  un  voyage  à  Prague,  et  y  avait  com- 
posé un  morceau  de  musique  pour  la  consécra- 
tion du  nouvel  archevêque  :  ce  morceau  a  clé 
imprimé  à  Prague,  en  1595,  in-4". 


PHILIPPE  DE  MONS 


Tout  porte  à  croire  qu'on  ne  connaît  pas 
toutes  les  œuvres  de  Philippe  de  Mons,  et 
qu'une  partie  de  ce  qu'il  a  écrit  pour  la  cha- 
pelle impériale  est  restée  en  manuscrit  dans  les 
archives  de  cette  chapelle.  Voici  la  liste  des 
éditions  des  ouvrages  publiés  sous  son  nom  ' 
qui  me  sont  connues  :  1°  Missarum  quinque, 
sex  et  octo  vocum  liber  primas  ;  Anvers, 
1557,  in-fol.  m0;  il  a  été  fait  une  deuxième 
édition  de  ces  messes  dans  la  même  ville,  chez 
les  héritiers  de  Pierre  Phalèse,  en  1628,  in- 
Fol.  m0.  2°  Missx  cum  quatuor  et  quinque 
vocibus  concinnatx;  Anvers,  Christ.  Plan- 
tin,  1588,  in-fol.  Ces  messes  ont  été  réimpri- 
mées d'après  une  édition  d'Ingolstadt  dont 
j'ignore  la  date.3°./Vmaad  modulum.-'Bene- 
dicla  es,  sex  vocum;  Anvers,  1580,  in-fol. m0. 
4°  Sacrx  cantiones  seu  Motectx  5  voeùm, 
Jib.  I;  Ingolsladt,  15C9,  in-4°.  5°  Sacrarum 
cantionum  quinque  vocum  liber  secundus  ; 
ihid.,  1571.  G0  Idem,  lib.  III  ;  ibid.,  1573. 
7°  Idem,  sex  vocum,  lib.  IV;  ibid.,  1573. 
8°  Idem,  quinque  vocum,  lib.  V,  ibid.,  1574. 
Ces  cinq  livres  de  molets  ont  été  réimprimés 
à  Venise,  sous  les  titres  italiens  :  II...  libro 
de'motetti  à  cinque  e  sei  voci  dal  eccel- 
lentissimo  musico  Filippo  di  Monte;  Ve- 
nise, 1572  à  1579,  in-4°.  Ce  sont  ces  éditions 
«lue  Draudius  indique  sous  des  titres  latins. 
Il  y  a  aussi  m-  éditions  des  cinq  livres  de  ces 
motels  publiées  à  Venise,  riiez  les  fils  de  Jé- 
rôme Scolto,  1572  à  1576.  8°  (bis)  Philippi 
de  Monte  S.  C.  M.  Capellx  magistri  sacra- 
rum Cantionum  cum  quinque  vocibus,  qux 
vulgo  motecta  nuncupanlur ,  nunc  primum 
in  lucem  editus  liber  sextus;  Veneliis,  apud 
Anqelum  Gardanum,  1584,  in-4°.  Ce  recueil 
contient  vingt-huit  motets.  9°  Philippi  de 
Monte,  etc.  Sacrarum  cantionum  cum  sex 
et  duodecim  vocibus,  qux  vulgo  motecta 
nuncupantur,  nunc  primum  in  lucem  xdi- 
tus  liber  primus ;  ibid.,  1585,  in-4°.  Recueil 
«le  vingt-neuf  motets  à  six  voix,  deux  à  dix  voix, 
et  un  à  douze  voix.  10°  Philippi  deMonte,etc. 
Cantionum  sacrarum  qux  vulgo  Motecta 
nuncupantur,  7iunc  primum  in  lucem  edi- 
tus cum  sex  et  duodecim  voc.  Liber  secun- 
dus; ibid.,  1587,  in-4°  (vingt-neuf  motets). 
11°  Il  primo  libro  de'  madrigali  a  cinque 
voct;  Venise,  1561,  in-4°.  Le  deuxième  livre- 
de  ces  madrigaux  à  cinq  voix  a  été  publié 
dans  la  même  ville,  en  1567,  in-4°;  le  troi- 
sième en  1569,  et  fut  réimprimé  en  1576;  le 
quatrième  livre  parut  en  1574,  et  fut  réim- 
primé en  1581  ;  le  cinquième  livre,  en  1574;  le 
sixième,  en  1577,  réimprimé  en  1588  ;  le  sep- 


tième, en  1583,  réimprimé  en  1586,  tons 
in-4".  Les  neuvième,  dixième,  onzième,  dou- 
zième et  treizième  livres,  tous  à  cinq  voix,  fu- 
rent publiés  chez  le  même,  depuis  1581  jus- 
qu'en 1587.  Il  y  a  aussi  des  éditions  de  Ions 
ces  livres  de  madrigaux  à  cinq  voix,  publiées 
à  Venise,  chez  les  héritiers  de  Jérôme  Scolto, 
depuis  1576  jusqu'en  1588.  On  trouve  dans  la 
bibliothèque  de  Lycée  communal  de  musique 
de  Bologne  le  dix-neuvième  livre  de  madri- 
gaux à  cinq  voix  du  même  auteur;  Venise, 
Ang.  Gardane,  1588.  Je  ne  connais  pas 
d'exemplaire  des  livres  quatorzième,  quin- 
zième, seizième,  dix-septième  et  dix-hui- 
tième. 12°  Il  primo  libro  de'  madrigali  a 
sei  voci;  Venise,  1565,  in-40;  le  second  livre 
parut  dans  la  même  ville,  en  1568;  le  troi- 
sième, en  1570,  et  fut  réimprimé  en  1576;  le 
(juatrième,  en  1576;  il  y  a  eu,  je  crois,  une 
édition  antérieure  ;  le  cinquième,  en  1579;  le 
sixième,  en  1582;  le  septième  m'est  inconnu  ; 
le  huitième,  à  Venise,  1592;  tous  in-4".  Dla- 
bacz  assure  que  tous  ces  ouvrages  ont  été 
imprimés  aussi  à  Ingolsladt.  Je  connais  aussi 
le  cinquième  livre  de  madrigaux  à  cinq  voix, 
publié  à  Nuremberg,  en  1577,  in-4°.  15°  La 
Fiamelta ,  canzone  di  Filippo  de  Jt/onte 
maestro  di  capella  délia  S.  C.  M.  dell'  imp. 
Rodolfo  II0,  insieme  altre  canzoni  et  madri- 
gali vaghissimi  a  7  voci,  con  uno  écho  a 
otto,  novamente  composta  et  data  in  luce. 
Libro  primo;  in  Fenetia,  app.  Ang.  Gar- 
dano,  1598,  in-4°.  Dans  la  dédicace  au  car- 
dinal Aldobrandini,  Philippe  dit  qu'il  a  dédié 
au  même  cardinal  le  huilième  livre  de  ses 
madrigaux  à  six  voix.  14"  Di  Filippo  de 
Monte  il  primo  libro  de  madrigali  spiri- 
tuali  a  cinque  voci  du  lui  novamente  com- 
posti;  in  Fenetia,  app.  Angelo  Gardano, 
1581,  in-4°.  Ce  recueil  contient  trente  can- 
tiques. 15°  Chansons  françaises  à  cinq,  six 
et  sept  parties;  Anvers,  Planlin,  1575,  in-4° 
oblong.  Il  a  paru  dans  la  même  année  une 
édition  de  ces  chansons  traduites  en  italien,  à  , 
Venise.  16°  Sonnetz  de  Pierre  de  Ronsard,  mis 
en  musique  à  cinq,  six  et  sept  part  ies  par  très- 
excellent  maistre  Philippe  de  Mons;  à  Lou- 
vain,  chez  Phalèse,  1576,  in-4°.  Beaucoup  de 
morceaux  extraits  des  œuvres  de  Philippe  de 
Mons  ont  élé  insérés  dans  les  collections  de  la 
fin  du  seizième  siècle;  ce  qui  prouve  l'estime 
qu'on  faisait  alors  de  ses  compositions.  Parmi 
ces  collections,  jecilerai  les  suivantes  :  \°Spo- 
glie  amorose.  Madrigali  a  5  voci  di  diversi 
eccellentissimi  musici  nuovamente  posti  in. 
face;  Venise,  G.  Scollo,  1585.  2°  Musica  di- 


38 


PHILIPPE  DE  MONS  -  PHILIPS 


vina,  di  XIX  autori  illustri  a  4,  5,  G  et  7 
voci,  nella  quale  si  contcngono  i  più  eccel- 
lentimadrigali  che  hoggidi  si  cantino;  An- 
vers, P.  Phalèse  et  Bellère,  1595,  in-4°  obi. 
3°  Harmonia  céleste,  di  divcrsi  eccellentis- 
simi musici  a  4,  5,  G,  7  e  8  voci  nuovamente 
raccolta  da  Andréa  Pevernage  e  data  in 
luce;  ibid.,  1595,  in-4°  obi.  4°  Symphonia 
angeliea ,  di  diversi  eccellentissimi  mu- 
sici, etc.  ;  ibid.,  1594,  in-4"  obi.  5°  Mclodia 
Olympica,  di  diversi  eccellentissimi  mu- 
sici, etc.,  ibid.,  1594,  in-4°  obi.  G"  Paradiso 
musicale  di  madrigali  e  canzoni  a  cinque 
voci,  etc.,  ibid.,  1596,  in-4°  obi.  7°  Gliir- 
landa  di  madrigali  a  set  voci  da  diversi  ec- 
cellentissimi autori  de'  nostri  tempi,  ibid., 
1601,  in-4°.  8" Madrigali  a  ottovocida  di- 
versi eccellenti  e  famosi  autori,  con  alcuni 
dialoghi,  e  écho  per  cantare  et  sonare  a  due 
chori;  ibid.,  1596,  in-8°  obi. 

Après  Roland  de  Lassus,  le  musicien  belge 
dont  la  réputation  eut  le  plus  d'éclat  et  fut  le 
plus  répandue  à  la  fin  du  seizième  siècle  fut 
Philippe  de  Mons.  Celui-ci  fut  le  dernier  de  ces 
artistes  célèbres  que  les  Pays-Bas  avaient  vus 
naître,  et  qui  tinrent  le  sceptre  de  la  musique 
en  Europe,  dès  le  quatorzième  siècle.  Après 
lui,  l'art  dégénéra  en  Belgique.  On  peut  juger 
par  le  madrigal  Da  bei  rami  scendea,  rap- 
porté en  partition  par  Hawkins  dans  son  His- 
toire générale  de  la  musique  (i.  II,  p.  492  et 
suiv.),  de  son  mérite  sous  le  rapport  de  la  pu- 
reté d'harmonie  et  sous  celui  du  rhvthme: 
mais  c'est  surtout  dans  ses  motets  que  Phi- 
lippe de  Mons  s'est  distingué  par  la  noble 
simplicité  de  son  style.  Plusieurs  poêles  ont 
chanté  les  louanges  de  cet  artiste  distingué  : 
outre  les  vers  cités  par  le  baron  de  Reiffen- 
berg,  il  y  a  un  poëme  latin  en  son  honneur 
composé  par  Elisabeth  Weslon,  femme  sa- 
vante de  la  Bohême;  ce  poème  a  été  inséré 
dans  le  livre  de  cette  dame  intitulé  :  Par- 
tltenicon,  Pragx,  typis  Paulio  Sessii,  1602, 
in-8°  (p.  16  et  suiv.).  Dlabacz  rapporte  qua- 
rante-six vers  de  ce  poème  dans  son  Diction- 
naire des  artistes  de  la  Bohême. 

Je  connais  cinq  portraits  de  Philippe  de 
Mons  :  le  premier,  par  Raphaël  Sadeler,  a  été 
fait  à  Vienne,  d'après  nature,  en  1594;  il  a 
servi  de  type  à  tous  les  autres.  Il  fut  reproduit 
avec  un  rare  talent  de  burin  par  Théodore  de 
Bry,  dans  la  troisième  partie  des  Icônes  illus- 
trium  virorum  de  Boissard  (pi.  49);  mais  on 
n'y  trouve  pas  l'inscription  qui  fait  connaître 
l'époque  de  la  naissance  de  Philippe,  comme 
à  celui  de  Sadeler.  Vient  ensuite  celui  de  Ni- 


colas de  Larmessin,  dans  VAcadémie  des 
sciences  et  des  arts,  de  Bullart,  copie  exacte 
de  celui  de  Théodore  de  Bry;  puis  la  gravure 
médiocre  de  celui  qui  se  trouve  dans  le  Thea- 
trum  virorum  éruditions  clarorum,  de 
Freher  (pi.  78).  Celui  de  Larmessin  a  été  re- 
produit dans  la  Bibliotheca  Belgica,  de  Fop- 
pens;  mais  la  planche  retouchée  par  une  main 
maladroite  n'offre  que  de  mauvaises  épreuves. 
Caldwald  a  fait  une  bonne  copie  de  celui  de 
Sadeler,  avec  l'inscription,  pour  VHistoire 
générale  de  la  musique  de  Hawkins  (t.  II, 
p.  491). 

PHILIPPE  (Jea>).  Un  auteur  de  ce  nom 
a  été  cité  par  Valentin-Bartholomé  Haus- 
mann,  organiste  à  Schofstaedl,  dans  un  livre 
allemand  sur  la  composition,  resté  en  manu- 
scrit, comme  auteur  de  trois  traités  de  mu- 
sique, également  manuscrits,  qu'il  possédait, 
et  qui  avaient  pour  litres  :  1°  Collegium  rnu- 
sicum  de  compositione.  2°  Organopxia. 
o"  Collegium  melopoeticum.  Mattheson,  qui 
possédait  l'ouvrage  de  Hausmann,  croit  que 
dans  celle  citation  il  avait  oublié  d'indiquer 
le  nom  de  famille  de  Philippe  (Voyez  J/us. 
Ehrenpforte,  p.  108);  cependant  Zeidler,  cité 
par  Gerber,  dans  son  ancien  Lexique  des  mu- 
siciens, indique  les  mêmes  ouvrages  sous  le 
même  nom. 

PHILIPPE  D'ORLÉANS,  régent  <iu 
royaume  de  France,  né  à  Saint-Cloud,  le  4  août 
1674,  mourut  subitement  le  25  décembre  1723. 
Le  parlement  de  Paris  lui  décerna  la  régence 
le  2  septembre  1715.  Ce  prince,  ami  des  arts  et 
des  artistes,  avait  reçu  de  Campra  des  leçons 
de  composition,  et  avait  fait  des  expériences 
d'acoustique  avec  Sauveur.  Il  composa  une 
partie  de  la  musique  iVIIypermnestre.  opéra 
de  Gervais,  représenté  à  Paris  en  1716.  Il  fit 
aussi  avec  ce  musicien  un  Panthée,  opéra  qui 
fut  représenté  dans  les  appartements  du  Pa- 
lais-Royal. 

PHILIPS  (Pierre),  prêtre  et  composi- 
teur, né  de  parerrts  catholiques,  en  An- 
gleterre, vers  1560,  s'établit  à  Bélhune, 
dans  sa  jeunesse,  et  y  fut  organiste.  Vers 
1595,  il  fit  un  voyage  en  Italie  et  vécut  plu- 
sieurs mois  à  Borne.  Après  ce  voyage,  il  passa 
qmique  temps  à  Anvers,  puis  il  entra  au  ser- 
vice des  archiducs  Albert  et  Isabelle,  en  qua- 
lité d'organiste  de  la  chapelle  :  les  organiste» 
de  cette  chapelle  étaient  alors  au  nombre  de 
trois.  Par  lettre  patente  datée  de  Bruxelles,  le 
!)  mars  1610,  Philips  obtint  une  prébende  ni* 
canonicat  à  Soignics  (I).  Bulkens  le  cite  (Tro- 
(I)  Archives  du  royaume  de  Belgique» 


PHILIPS  -  PUILODlLME 


39 


pltées  de  Brabant,  t.  III,  p.  124),  comme 
ayant  pris  part  à  la  pompe  funèbre  de  l'archi- 
duc Albert,  en  1621.  Il  vivait  encore  en  1623, 
car  il  publia  dans  celle  année  une  collection 
dont  la  préface  est  datée  de  Soignies,  le 
19  avril.  Il  prenait,  au  titre  de  ses  ouvrages,  le 
nom  italien  de  Pietro  Phitippi  ou  Filippi. 
On  connaît  de  cet  artiste  :  1°  Quelques  ma- 
drigaux dans  la  collcclion  qu'il  a  publiée 
sous  ce  titre  :  Melodia  Olympica  di  diversi 
ecccllcntissimi  muski  a  4,  5,  6  e  8  voci; 
Anvers,  P.  Phalèse  et  J.-J.  Bellère,  1594, 
in-4"  obi.  2"  //  primo  libro  de1  Madrigali 
aseivoci;  ibid.,  1590,  in-4°.  5°  Madrigali 
a  otlo  voci;  ibid.,  1598,  in  4°  obi.  L'épîlre 
dédicaloire  de  ce  recueil  est  datée  du  24  sep- 
tembre de  la  même  année.  4"  //  secondo  libro 
de' Madrigali'  o  seivoci;  ibid.,  1004.5°  Can- 
tiones  sacra;  5  vocum:  Anvers,  1612,  in-4°. 
6°  Cantiones  sacra; octo  vocum;  ibid.,  1013, 
in-4*.  7°  Gemmulx  sacra;  2  e  5  voc;  ibid., 
161ô,  in-4°.  8°  Litanix  B.  M.  V .  in  ecclesia 
Loretana  cani  solilm  4,  5-9  vocum;  ibid., 
1623, in-4\ 

PHILLIPS  (Jean),  neveu  de  Milton,  né  à 
Londres  vers  1035,  s'est  fait  connaître  par  di- 
vers écrits  politiques  et  autres.  Il  est  aussi 
l'auteur  du  pampblet  intitulé  :  Ducllum  mu- 
sienm,  composé  à  l'occasion  de  la  discussion 
de  Mathieu  Lock  et  de  Salmon  (voyez  ces 
noms),  concernant  l'unité  de  clefs  dans  la 
notation  de  la  musique.  Ce  pamphlet  fut  im- 
primé à  la  suite  de  celui  de  Lock,  intitulé  : 
The  présent  practice  of  music  vindicated  }z\.c.] 
Londres,  1075,  in-4°. 

PîllLLIS  (Jean-Baptiste),  professeur  de 
guitare,  né  à  Bordeaux,  se  fixa  à  Paris  vers 
1784,  et  y  mourut  le  30  décembre  1823,  à 
l'âge  de  soixante  et  douze  ans.  Il  a  publié  de 
sa  composilion  :  1°  Trios  pour  la  guitare  et 
divers  instruments,  œuvres  4,  10,  13,  15; 
Paris,  Pleyel.  2°  Sonates  pour  guitare  et  vio- 
lon ,  op.  14;  ibid.  3°  Thèmes  variés  pour 
guitare  seule;  Paris,  Janet.  4° Méthode  courte 
et  facile  pour  guitare;  Paris,  Pleyel.  5°  Nou- 
velle méthode  pour  la  guitare  à  six  cordes; 
ibid. 

PHILLIS  (Jeannette),  fille  du  précédent, 
née  à  Bordeaux  vers  1780,  entra  au  Conser- 
vatoire de  Paris,  en  1790,  y  prit  des  leçons  de 
Fasquel  pour  le  solfège,  puis  devint  élève  de 
Planlade  pour  le  chant,  et  obtint  le  second 
prix  au  concours  de  l'an  ix  (1801).  Entrée  à 
l'opéra  comique  du  théâtre  Favart,  l'année 
précédente,  elle  y  avait  eu  des  succès  par  les 
grâces  de  sa  personne  et  l'agrément  de  sa  voix. 


En  1802,  elle  fut  engagée  pour  l'Opéra  français 
de  Pélersbourg;  elle  fut  attachée  pendant  dix 
ans  à  ce  théâtre,  et  devint  la  femme  de  Jous- 
serand,  ancien  acteur  de  l'Opéra-Comique, 
qui  l'avait  suivie  en  Russie.  Retirée  du  théâtre, 
elle  vécut  à  Paris  depuis  1812  jusque  vers 
1830,  époque  de  sa  mort.  Sa  soeur,  qui  chaula 
aussi  l'opéra  comique  à  Pélersbourg,  devint 
la  seconde  femme  du  compositeur  Boieldieu, 
en  1819,  et  mourut  à  Paris,  au  mois  de  dé- 
cembre 1853.  C'était  une  femme  aimable,  spi- 
rituelle el  bonne. 

PHILGDEME,  philosophe  épicurien,  na- 
quit à  Gadara,  dans  la  Cœlé-Syrie,  environ  un 
siècle  avant  l'ère  chrétienne.  Après  avoir  vi- 
sité la  Grèce,  il  alla  à  Rome  et  se  lia  d'une 
étroite  amitié  avec  Calpurnius  Pison,  que  Ci- 
céron  fit  dépouiller  du  gouvernement  de  la 
Macédoine,  pour  le  scandale  de  sa  conduite. 
Dans  sa  réponse  aux  invectives  de  Pison, 
l'orateur  romain  représente  Philodème  comme 
un  homme  aimable  et  spirituel,  qui  unissait 
beaucoup  d'érudition  à  une  politesse  exquise  ; 
mais,  par  égard  pour  ses  talents,  il  ne  le 
nomme  pas  une  seule  fois  dans  un  discours  où 
il  ne  pouvait  se  dispenser  de  lui  reprocher 
d'avoir  favorisé  par  ses  principes  el  son 
exemple  les  désordres  de  Pison,  au  lieu  de 
chercher  à  les  réprimer.  Philodème  cultivait 
les  letlres,  qu'on  accusait  les  épicuriens  de 
négliger;  il  avait,  au  dire  de  Cicéron,  célébré 
les  orgies  et  les  débauches  de  Pison  dans  de 
petits  poèmes,  qui  auraient  réuni  tous  les 
suffrages  si  le  choix  des  sujets  eût  été  digne 
de  l'exécution.  Rien  ne  serait  parvenu  jusqu'à 
nous  des  écrits  de  ce  philosophe  si,  parmi  les 
manuscrits  trouvés  à  Herculanum,  il  ne  s'en 
fût  trouvé  un  qui  contient,  non  un  ouvrage 
entier,  mais  le  quatrième  livre  d'un  traité  sur 
la  musique,  intitulé  simplement  IJspl  u.ouaixr,i;. 
Le  rouleau  de  papyrus  qui  le  contenait  était 
charbonné  et  rempli  de  crevasses;  il  fut  dé- 
roulé avec  beaucoup  de  peine  par  Biaggio 
et  Merli.  Les  lacunes  résultant  des  crevasses 
étaient  en  grand  nombre;  beaucoup  furent 
restituées  avec  érudition  et  sagacité  par  les 
savants  chargés  de  ce  travail,  qui  fut  publié  à 
Naples,  en  1793,  comme  premier  volume  des 
manuscrits  d'Herculanum,  sous  ce  titre  : 
Jferculanensium  voluminum  quse  super sunt, 
tom.  I,  in-fol.  Ce  volume  contient  un  fac 
simile du  manuscrit,  en  trente-huit  planches 
gravées,  représentant  les  trente-huit  colonnes 
du  texte;  chaque  planche  est  accompagnée  du 
même  texte  restitué,  d'une  traduction  latine 
par  Mazoccbi,  Rosini,  IgnarraetBafli,etsuivie 


40 


PHILODÈME  —  PHILOMATHÊS 


de  notes  très-amples  et  remplies  de  l'érudi- 
tion la  plus  solide.  Le  tout  est  terminé  par  un 
commentaire  sur  les  dix-neuf  chapitres  dont 
se  compose  ce  quatrième  livre.  L'ouvrage  de 
Philodème  n'est  ni  technique,  ni  historique, 
mais  purement  philosophique  :  il  a  pourohjet 
cette  question  :  Si  lu  musique  est  digne  d'éloge 
ou  de  blâme?  L'auteur  se  prononce  pour  celle 
dernière  opinion,  et  dirige  la  critique  contre 
Diogène  te  Babylonien,  stoïcien  dont  Diogène 
«le  Laerce  parle  souvent  dans  la  vie  de  Dio- 
gène le  Cynique. 

Le  libraire  Schwickert,  de  Leipsick,  enlre- 
pril,  en  1795,  une  réimpression  in-8°  du  vo- 
lume publié  à  Naples  deux  ans  auparavant; 
mais  celle  entreprise  fut  interrompue  et  n'a 
jamais  été  achevée.  Le  savant  de  Murr  a  pu- 
blié depuis  lors  :  Commentatio  de  papyris 
seu  voluminibus  grxcis  flerculanensibus  ; 
Strasbourg,  1805,  in-8°  de  soixante  pages  et 
deux  planches.  Ce  petit  volume  contient  le 
texte  grec  d'un  fragment  du  traité  de  Philo- 
dème. L'année  suivante  le  même  philologue 
lit  paraître  une  traduction  allemande  de  ce 
fragment  avec  un  commentaire,  sous  ce  tilre  : 
Philodemvon  der  Musik  ;  ein  Juszug  aus 
dessen  viertem  Buchs  ;  Berlin,  1800,  in-4° 
de  soixante-quatre  pages  et  deux  planches. 

D'autres  fragments  de  Philodème  ont  été 
retrouvés  parmi  les  manuscrits  d'Herculanum; 
mais  ils  sont  étrangers  à  la  musique. 

PIIILOLAUS,  disciple  de  Pylhagore, 
naquit  à  Crotone,  et  vécut  environ  quatre 
cent  cinquante  ans  avant  l'ère  chrétienne. 
Après  la  mort  de  Pylhagore  ,  il  devint 
élève  d'Archytas.  Les  Pythagoriciens  ayant 
été  chassés  «l'Élis ,  Philolatls  se  réfugia 
à  IMélaponle,  puis  à  lléraclée,  on  il  écrivit  ses 
ouvrages,  dont  il  nous  reste  des  fragments  que 
l'illustre  savant  M.  de  Boeckh  a  rassemblés  en 
dernier  lieu,  et  qu'il  a  éclaircis  par  des  re- 
marques excellentes,  dans  le  volume  intitulé  : 
Philolaos  des  Pylhagorcrs  Lehren,  tiebst  den 
Bruchsliicken  seines  JFerkes  (Doctrine  du 
pythagoricien  Philolatls,  d'après  les  fragments 
de  ses  œuvres;  Berlin,  1819,  in-8°).  PhilolaUs 
est  le  plus  ancien  élève  de  Pylhagore  qui  nous 
a  transmis  sa  doctrine  de  l'harmonie,  peut- 
être  modifiée  par  Archylas  et  Philolatls  lui- 
même.  Boèce,  qui  parait  avoir  possédé  l'ou- 
vrage de  ce  dernier,  nous  donne  la  substance 
de  sa  théorie  des  proportions  harmoniques  des 
intervalles  (De  fl/usica,  lib.  III,  cap.  5  et 
seq),  sur  laquelle  il  faut  consulter  le  travail 
de  Rœckh, cité  précédemment.  Il  résulte  de  la 
comparaison  de  celle  théorie  avec  celle  que 


nous  ont  transmise  les  nouveaux  pythagori- 
ciens de  l'école  d'Alexandrie,  que  ceux-ci  ont 
changé  en  beaucoup  de  choses  les  principes 
de  l'école  primitive.  Cette  remarque  a  été 
faite  avec  justesse  par  Rider,  dans  son  His- 
toire de  la  philosophie  pythagoricienne 
(Geschicbte  der  Pylhagorischen  philosophie; 
Hambourg,  1820,  grand  in-8"). 

PHILOMATHES  (Wenceslas).  Sous  ce 
nom,  tous  les  musiciens  biographes  et  biblio- 
graphes ont  ci  lé  un  livre  sur  la  musique,  rare 
et  curieux;  toulefois)/>/n7oniai*/<èsn'estqu\ine 
qualification  qui  signifie  ami  de  la  science; 
le  nom  véritable  de  l'auteur  de  ce  livre  est 
JFenceslaus.  Il  était  né  dans  la  seconde  partie 
du  quinzième  siècle,  à  Neuhaus,  en  Bohême, 
ainsi  que  l'indiquent  les  mots  de  Nova  domo 
qu'il  ajoulait  à  son  nom.  Un  fait  rapporté  par 
Dlabacz,  dans  son  Dictionnaire  des  artistes 
delà  Bohême  (p.  551-552),  prouve  la  solidité 
de  ma  conjecture  à  l'égard  du  nom  de  l'écri- 
vain dont  il  s'agit;  car  on  y  trouve  une  notice 
sur  un  "Wenceslaus ,  de  Neuhaus,  qui  était 
fondeur  de  cloches,  et  qui  en  a  fait  une,  en 
1490,  sur  laquelle  on  trouve  celle  inscription  : 

Anno  Dom.  Millesimo  f  CCCC.  XCVI. 
•j-  hoc  opus  •{■  fecit.  Wencesl.  -f  Nova  -j-  Do. 

Un  autre  JFenceslaus,  vraisemblablement 
de  la  même  famille,  élait  ma  gis  1er  et  fondeur 
de  clocles  à  Rlattau,  en  Bohême,  dans  le  même 
temps.  Le  livre  de  Wenceslaus  est  un  traité 
des  éléments  du  plain-chant  et  de  la  musique 
mesurée,  écrit  en  vers  techniques  latins,   et 
divisé  en  quatre  livres;  il  a  pour  titre  :  Fen- 
ceslai  Philomathis  de  Nova  domo  Musico- 
rum   libri  quatuor,  compendioso  carminé 
elucubrati;  Vindobonœ,  1512,  in-8°.  L'épitre 
dédicatoire  est  datée  des  calendes  d'août  de  la 
même  année.  Wenceslaus  y  dit  que  son  ou- 
vrage a   élé    approuvé    par    l'Académie    de 
Vienne.  Une  deuxième  édition  de  ce  livre  fut 
publiée  à   Leipsick,   en   1518,  sous  ce  titre  : 
Liber  Musicorum  IF  de  regiminc  utriusque 
cantus.  La  troisième  a  paru  à  Vienne,  sous 
ce  titre  :   Finceslaus  Philomathis  de  Nova 
Domo  Musicorum  libri  quutuor.  JUagistri 
Iludberti  Rcsch  Grœcensis  ad  lectorem  epi- 
gramm.  extemporale,  Musicx  complectens 
obiter  Laudem.  A  la  fin,  on  lit  :  Jmpressum 
Fiennx  Pannonix  per  Johannem  Singre- 
nium.  Anno  MDXXII1 ,  petit  in-4°  de  cinq 
feuilles  et  demie.  Un  exemplaire  de  celte  édi- 
tion est  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne. 
La  quatrième  édition  a  élé  publiée  à  Stras- 
bourg, en  1533,  in-8°,  et  la  cinquième  a  été 
imprimée  à  Wittenherg,  en  1534,  in-8",  par 


PHILOMATHÊS  -  PIIRYNIS 


a 


Georges  Rhaw,  qui  y  a  ajouté  une  courte  pré- 
face. Je  possède  cette  édition.  Enfin,  ii  yen 
a  une  sixième,  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque 
impériale  de   Vienne.   Elle   est    exactement 
semblable  à  la  première.   On  lit  au   bas  du 
frontispice  :  Excusum  Argentins:  in  wdibus 
Jacobi  Jucundi.    Anno    MDXLIII,   petit 
in-8°  de  cinq  feuilles  et  demie.  L'édition  de 
Leipsick  indiquée  par  M.  Grœsse  (Lehrbuch 
einer  Allgcmeine  Literargeschichle,  t.   III, 
p.  964),  sous  la  date  de  1578,  paraît  être  une 
faute  d'impression  :  le  litre  même  semble  al- 
téré par  ce  savant,   car  il    le  donne  ainsi  : 
Liber    Musicorum    quarlus    de    régi  mi  ne 
utriusque  canlus  et  modo  cantandi.  Or,  le 
quatrième  livre  de  l'ouvrage  de  Wenceslaus 
ne  traite  pas  du  chant,  mais  du  contrepoint  ; 
d'ailleurs,  ce  quatrième  livre  ne  forme  que 
cinq  feuillets  :  il  est  peu  vraisemblable  qu'on 
l'ait  séparé  des  autres.  Le  premier  livre  de  ce 
petit  ouvrage ,    qui    forme    quarante-quatre 
feuillets  non  chiffrés,  traite  du  plain-chant  ; 
le  deuxième,  de  la  musique  mesurée  et  des 
proportions  de  la  notation;  le  troisième,  de 
l'art  du  chant,  et  le  dernier,  du  contrepoint. 
Walther  a  induit  en  erreur  Forkel,  Lichten- 
thal   et  Becker ,    en  leur    indiquant   comme 
un  second  ouvrage  de  Wenceslaus,  un  traité 
De  musica  plana,  qui  aurait  été  imprimé  à 
Vienne,  en  1512,  et  à  Strasbourg,  en  1543; 
ce   traité  du  plain-chant  n'est  autre  que  le 
premier   livre    du   traité   précédent.    Martin  . 
Agricola  a  fait  imprimer  un  commentaire  sur 
le  premier  livre  de  l'ouvrage  de  Wenceslaus 
(voyez  Agiucola). 

PIIILOTIIEE,  moine  grec  du  cinquième 
siècle,  vécut  à  Damas.  On  lui  attribue  le 
chant  de  quelques  hymnes  qui  se  trouvent 
dans  le  Triodion,  recueil  d'offices  du  commun 
des  saints.  Les  auteurs  du  Dictionnaire  his- 
torique des  musiciens  (Paris,  1810-1811)  ont 
fait  sur  ce  moine  une  singulière  étourderie  : 
Gerber  avait  dit,  dans  son  ancien  Lexique, 
suivant  le  Triodium  (nach  dem  Triodio), 
que,  Philolhée  avait  composé  ces  mélodies; 
M.  Fayolle,  prenant  le  Triodium  pour  quel- 
que auteur,  dit  :  Le  Triodium  assure,  etc. 

PIIILOTHÉE  patriarche  de  Constanti- 
nople,  fut  d'abord  moine  et  abbé  d'un  couvent 
du  mont  Alhos,  et  ensuite  archevêque  d'IIé- 
raclée,  vers  1554,  jusqu'à  ce  qu'il  fut  élevé, 
en  1562,  à  la  dignité  patriarcale,  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort  (en  1571).  Il  a  composé  les 
paroles  et  le  chant  de  quelques  hymnes  qu'on 
chante  dans  l'office  de  l'Église  grecque. 
PIIIINOT  (Dojiisique)  ou  TIINOT,  musi- 


cien français  du  seizième  siècle,  né  vraisem- 
blablement à  Lyon,  n'est  connu  que  par  ses 
ouvrages,  où  l'on  remarque  une  facture  élé- 
gante. Ses  œuvres  les  plus  importantes  sont  : 
1°   Motettx   quinque,   sex  et  octo  vocum, 
ïib.  I,  Lugduni,  per  Godefridum  et  Marcel- 
linum  Beringos  fratres,  1 547,  in-4°.  ^"Idem, 
lib.  II,  ibid.,  1548.  5°  Chansons  françaises 
à  quatre  parties  ;  Lyon,  Godefroid  Beringen, 
1548.  Des  exemplaires  de  ces  ouvrages  rares 
sont  à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich.  Les 
chansons  ont  été  réimprimées  avec  des  paroles 
italiennes,  à  Venise,  chez  Jérôme  Scoto,  dans 
la  même  année,  in-4°obl.  4° Idem,  ibid.,  1550, 
in-4°.  5°  Salmi  et  Magnificat  a  quattro  voci ; 
Venise,  Jérôme  Scoto,  1555,   in-4°.  Baccusi 
fait  l'éloge  de  cet  œuvre  dans  la  préface  de  ses 
psaumes  publiés  en  1594.  6°  Motelti  a  5  voci, 
lib.  I,  ibid.,  15C4,  in-4°.  7°  Motetti  a  5  voci, 
lib.  II,  ibid.,  1565,  in-4°.  Quelques  morceaux 
de  Phinotont  été  insérés  dans  les  collections 
publiées  par  Nicolas  Du  Chemin  et  Adrien  Le 
Roy,  et  dans  le  Parangon  des  chansons,  édité 
par  Jacques  Moderne,  à  Lyon.    On    trouve 
aussi  deux  de  ses  chansons  dans  le  recueil 
intitulé   Venticinque    Canzoni   francesi  a 
quattro  di  Clément  Jannequin  e  di  allri 
eccellentisstmi  authori  (Venise,  Ant.   Gar- 
dane,  1538).  Des  motets  de  Phinot  sont  placés 
dans  le  Selectissimaruni Motetarum  partim 
quinque,  partim   quatuor    vocum   Tomus 
primus,  imprimé  chezPetrejus,à  Nuremberg, 
en    1540.   Nicolas  du  Chemin   (Duchemin)   a 
publié  du   même   arliste  :   D.   Dom.   Finot 
Missa  cum  quatuor  vocibus  ad  imitalionem 
moduli  si  bona  susceptimns  condita.  Pari- 
siis,   1557,   in-fol.  Tous  les  ouvrages  de  ce 
compositeur   imprimés   à  Lyon  portent  son 
nom  orthographié  ainsi  :  Finot. 

PHItYIVIS,  musicien  grec,  naquit  à  Mity- 
lène,  capitale  de  l'île  de  Lesbos.  Il  était  fils 
de  Cabon,  et  fut  contemporain  de  Timolhée 
de  Milet.  Suidas  ajoutée  ces  détails,  d'après 
l'historien  Isler,  que  Phrynis  fut  d'abord  cui- 
sinier chez  Hiéron  le  Tyran,  qui,  le  voyant 
s'exercer  à  jouer  de  la  flûte,  le  mit  chez  Aris- 
toclide,  pour  s'y  instruire  dans  la  musique.  Il 
devint  un  très-habile  citharède,  et  fut,  dit-on, 
le  premier  qui  remporta  le  prix  de  la  cithare 
aux  jeux  des  Panathénées,  célébrés  à  Athè- 
nes, sous  l'archontat  de  Callias,  c'est-à-dire 
vers  la  4mc  année  de  la  80",e  olympiade, 
457  ans  avant  Jésus-Christ.  Il  ne  fut  pas  si 
heureux  lorsqu'il  disputa  le  prix  à  Timolhée, 
car  celui-ci  fut  proclamé  vainqueur,  comme 
il  s'en  glorifiait  par  deux  vers  que  Plutarque 


42 


PHRYNIS  -  PIANTANIDA 


nous  a  conservés  (De  Laud.  sui.,  p.  937, 
Lin.  7,  edit.  Steph.  Grxc),  et  dont  le  sens 
est  :  «  Que  tu  étais  heureux,  Timothée, 
»  lorsque  tu  entendais  le  héraut  publier  à 
»  haute  voix  :  Timothée  de  Nilet  a  vaincu 
»  le  fils  de  Cabon,  ce  joueur  de  cithare  dans 
»  le  goût  ionien!  »  Phrynis  passe  pour  l'au- 
teur des  premiers  changements  introduits 
dans  l'ancienne  musique,  par  rapport  au  jeu 
de  la  cithare.  Ces  changements  consistaient 
1°  dans  l'addition  de  deux  cordes  aux  sept 
dont  l'instrument  était  monté  avant  lui; 
2°  dans  la  marche  de  la  modulation,  qu'il 
rendit  moins  simple  qu'autrefois;  5°  dans  une 
foule  d'ornements  dont  il  surchargea  le  chant. 
Ces  innovations  lui  valurent  une  foule  de  cri- 
tiques, surtout  de  la  part  des  poètes  comi- 
ques. Aristophane,  dans  sa  comédie  des 
Nuées,  met  ces  mots  dans  la  bouche  de  la 
Justice,  en  parlant  de  l'éducation  des  jeunes 
gens  :  «  Si  quelqu'un  d'entre  eux  s'avisait 
«  de  chanter  d'une  manière  bouffonne,  ou  de 
»  mêler  dans  son  chant  quelque  inflexion 
»  de  voix  semblable  à  celles  qui  régnent 
»  aujourd'hui  dans  les  airs  de  Phrynis,  on 
»  le  châtiait  sévèrement.  »  Le  poète  Phéré- 
crale,  dans  sa  comédie  de  Chiron  (dont  Plu- 
tarque  nous  a  conservé  un  fragment),  fait 
tenir  le  langage  suivant  à  la  Musique  person- 
nifiée :  «  Phrynis,  par  l'abus  de  je  ne  sais 
»  quels  roulements  qui  lui  sont  particuliers, 
»  me  faisant  fléchir  et  pirouetter  à  son  gré, 
«  et,  voulant  trouver  dans  le  nombre  de  sept 
»  cordes  douze  harmonies  différe\iles,  m'a 
»  totalement  corrompue.  »  Ces  passages  sem- 
blent indiquer  que  Phrynis  avait  voyagé  en 
Asie,  et  qu'il  avait  introduit  dans  la  Grèce 
le  goût  des  ornements  du  chant  <|ui  était  gé- 
néral chez  toutes  les  nations  de  l'Orient, 
comme  il  l'est  encore  aujourd'hui.  Phrynis 
s'étant  présenté  aux  jeux  publics  de  Lacédé- 
mone  avec  sa  cithare  à  neuf  cordes,  l'éphore 
Ecprépès  se  mit  en  devoir  d'en  couper  deux, 
et  lui  laissa  seulement  à  choisir  entre  les 
graves  ou  les  aiguës.  Timothée  éprouva  le 
même  sort  quelque  temps  après,  aux  jeux  Car- 
niens(voyez  Burette,  note  27",e  sur  le  Dialogue 
de  Philarque).  Tant  de  préjugés  et  d'igno- 
rance auraient  suffi  pour  s'opposer  aux  pro- 
grès de  la  musique  grecque,  lors  même  (pie 
d'autres  causes,  qu'il  serait  trop  long  de  dé- 
tailler ici,  n'y  auraient  pas  contribué. 

PUYLLIS,  musicien  grec,  né  a  Délos,  a 
écrit  un  Traité  des  joueurs  de  flilte,  qui  est 
perdu  [voyez  Athénée,  liv.  XIV,  c.  9).  Il  était 
aussi   auteur  d'un  traite  de  la  musique  en 


deux  livres  ;  j'ai  lu  dans  un  journal  littéraire 
qu'on  en  a  découvert  le  manuscrit  à  Hercu- 
lanum. 

PIAIN'TAMDA  (Jbàb),  violonisle  distin- 
gué, naquit  à  Florence,  en  1705.  En  17Ô4,  il  se 
rendit  à  Pélersbourg  avec  une  troupe  de 
chanteurs  dramatiques  dont  sa  femme  faisait 
partie.  Après  trois  années  de  séjour  dans 
cette  ville,  il  alla  passer  l'hiver  de  17Ô7  à 
Hambourg,  et  y  donna  des  concerts  qui  eurent 
de  la  vogue.  De  là  il  alla  en  Hollande,  puis 
retourna  en  Italie  et  se  fixa  à  Bologne,  où 
Burney  l'entendit,  en  1770.  Quoiqu'il  fût 
alors  âgé  de  soixante-cinq  ans,  il  était  encore 
plein  de  feu,  et  Burney  n'hésite  pas  à  le  dé- 
clarer le  premier  violon  italien  de  celle 
époque,  bien  qu'il  y  eût,  dans  sa  position  et 
dans  le  maniement  de  son  archet,  une  appa- 
rence de  gaucherie  et  d'embarras.  Cet  artiste 
est  mort  a  Bologne,  vers  1782.  On  a  gravé  de 
sa  composition  six  concertos  pour  violon  et 
orchestre,  et  six  trios  pour  deux  violons  et 
violoncelle,  à  Amsterdam. 

PIATSTAINIDA  (l'abbé  Isidore),  né  à 
Milan  dans  la  première  moitié  du  dix-huilième 
siècle,  a  fait  ses  études  musicales  sous  la  di- 
rcclion  du  maître  de  chapelle  Fioroni.  Il 
vivait  encore  à  Milan,  en  1812.  L'abbé  Pian- 
tanida  a  beaucoup  écrit  pour  l'église;  on  cile 
avec  éloge  une  messe  de  sa  composition,  et 
surtout  un. Miserere  considéré  comme  un  mor- 
ceau de  grand  mérite.  On  a  gravé  sous  son 
nom  :  Salve  Regina,  pour  deux  soprani,  con- 
tralto et  basse,  avec  contrebasse  et  violoncelle; 
Milan,  Ricordi. 

PIANTANIDA  (Gaetab),  compositeur  et 
pianiste,  né  à  Bologne,  en  1708,  et  non  à 
Milan,  comme  il  a  été  dit  dans  la  première 
édition  de  cette  Biographie,  fut  élève  de  Sta- 
nislas Matlei  pour  l'harmonie  et  le  contre- 
point. Dans  sa  jeunesse,  il  a  voyagé  en  Alle- 
magne, et  a  passé  quelques  années  en  Dane- 
mark, puis  il  est  retourné  dans  sa  patrie. 
Nommé  professeur  de  composition  au  Con- 
servatoire de  Milan,  il  a  occupé  cette  position 
jusqu'à  ses  derniers  jours.  Il  est  mort  dans 
celle  ville  au  mois  de  novembre  1830  :  Vaccaj 
fut  son  successeur.  Piantanida  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Sonate  pour  piano  seul, 
op.  1;  Milan,  Ricordi.  2"  Sonate  avec  violon 
obligé;  ibid.  3°  Trente-deux  préparations 
pour  des  cadences,  en  forme  d'exercices; 
ibid.  4°  Valses  pour  le  piano.  5°  Six  ariettes 
italiennes;  Copenhague, Lose. 6° Six  romances 
françaises;  ibid.  7°  Quelques  morceaux  de 
Chant  détachés,  gravés  en  Allemagne. 


PIATTI  -  PICCIIIANTI 


43 


PIATTI  (Alfred),  célèbre  violoncelliste, 
est  né  à  Bergame,  en  1825.  Fils  de  Charles 
Pialli,  chanteur  de  talent,  il  commença,  dès 
ses  premières  années,  l'étude  de  la  musique. 
Zanelti,  professeur  de  violoncelle  de  sa  ville 
natale,  lui  donna  les  premières  leçons  de  son 
instrument;  puis  il  entra  au  Conservatoire  de 
Milan,  et  y  devint  élève  de  Merighi.  Sa  pre- 
mière apparition  en  publie  eut  lieu  dans  un 
concert  de  celle  institution,   en  1838  :  il  y 
excita    «les    transports   d'admiration.    Piatli 
n'était  alors  âgé  que  de  quinze  ans  et  demi. 
Le  7  avril  de  la  même  année,  il  donna  au 
théâtre  de  la  Scala  un  concert  dont  le  produit 
était  destiné  à  lui  fournir  des  ressources  suffi- 
santes pour  voyager.  Quelques  mois  après,  il 
se    fit   entendre    à   Venise,   puis   à    Vienne, 
avec  un  brillant  succès.  Après  avoir  séjourné 
quelque  temps  dans  la  capitale  de  l'Autriche, 
il  retourna  en  Italie  et  joua,  en  1841,  à  Milan 
et  à  Pavie.  En  1844,  il  donna  des  concerts  à 
Francfort-sur-le-Mein,etdans  la  même  année, 
il  se  fit  entendre  à  Berlin,  puis  à  Breslau  et  à 
Dresde.  Arrivé  à  Pétersbourg,  en  1845,  il  y 
donna  plusieurs  concerts  productifs  et  trouva 
de  zélés  protecteurs  chez  les  comtes  de  Wiel- 
horsky.  En  1846,  M.  Piatli  s'est  fixé  à  Lon- 
dres et  s'y  est  marié.  Son  talent  de  premier 
ordre  n'a   pas  tardé  à  lui  créer  dans   cette 
ville  une  position  brillante.  Un  beau  son,  une 
justesse  parfaite,  un  sentiment  vrai  de  l'ex- 
pression et  une  habileté  d'exécution  qui  se 
joue  des  plus  grandes  difficultés,  l'ont  placé  à 
la    télé  des    violoncellistes   de    l'Angleterre. 
Dans  la  musique  de  chambre,  on  peut  assurer 
qu'il  n'a  pas  de  rival.  Les  compositions  de  cet 
excellent  artiste  dont  j'ai  connaissance  sont 
celles-ci  :  1°  Introduction  et  varialions  sur 
un  thème  de  Lucia  di  Lammermoor  pour 
violoncelle,  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  2;  Milan,  Ricordi.  2°  Une  Prière.  Thème 
original   varié  pour  violoncelle  avec  piano, 
op.  5;  ibid.  5°  Passe-temps  musical,  idem, 
composé  de  trois  numéros  intitulés  Chant  re- 
ligieux;   Souvenir    d'Ems;    Litania ,    de 
Fr.  Schubert,  op.  4;  ibid.  4°  Souvenir  de  la 
Sonnanbula,  idem,  op.  5;  ibid.  5°  Mazurka 
sentimentale,  pour  violoncelle    et   quatuor, 
©p.  C;  ibid.  6°  Les  Fiancées,  petit  caprice 
pour  violoncelle,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  7;  ibid.  7°  Airs  baskyrs,  Scherzo 
pour  violoncelle  et  quatuor  ou  piano,  op.  8; 
ibid.  8°  Souvenir  des   Puritani,  fantaisie 
pour  violoncelle  et  piano,  op.  9  ;  ibid. 

PIAZZA    (Jean-Baptiste),    virtuose    sur 
divers  instruments,  particulièrement  sur  la  ■ 


viole,  né  à  Rome  dans  les  dernières  années 
du  seizième  siècle,  fut  élève  de  Vincent  Ugo- 
lini.  Il  a  Tait  imprimer  plusieurs  œuvres  de 
sa  composition  pour  la  viole,  parmi  lesquels 
on  remarque  :  1°  Cdnzoni  per  una  viola. 
Libro  1°;  Venezia,  Bart.  Magni,  16-33.  C'est 
une  seconde  édition.  2°  Canzoni  idem, 
Libro  2°;  ibid.,  1527.  3°  Balletti  e  correnti  a 
una  viola  con  basso,  lib.  5;  Venise,  Vin- 
cenli,  1628.  4°  Ciacone,passacaglie,  balletti 
e  correnti  per  una  viola,  lib.  4;  ibid. 
5°  Canzoni  per  una  viola,  lib.  5.  6°  Cor- 
renti, ciacone  e  balletti  per  una  viola,  lib.  6. 
7°  Canzonette  per  una  viola,  lib.  7,  ibid. 

PIAZZA  (Léandre),  né  à  Segni,  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  fut 
agrégé  à  la  chapelle  pontificale  de  Rome,  en 
1775.  Bon  compositeur  de  musique  d'église, 
il  a  laissé  en  manuscrit  dans  cette  chapelle 
les  psaumes  Dixit  et  Beatus  vir,  à  huit  voix, 
qui  se  chantent  encore,  et  qui  sont  d'un  ex- 
cellent effet. 

PIAZZI  (Charles),  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  de  Crémone,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  est  connu  par 
un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Misse  da  ca- 
pella  a  qualtro  voci,  op.  1  ;  Bologne,  Jacques 
Monti,  1680. 

PICC1II  (Ermanno),  compositeur  et  écri- 
vain sur  la  musique,  naquit  le  7  juin  1811  à 
Vlmpronata,  près  de  Florence.  Une  fièvre 
miliaire  le  conduisit  au  tombeau,  le  18  avril 
1856,  avant  qu'il  eût  accompli  sa  quarante- 
cinquième  année.  En  1838,  il  a  fait  repré- 
senter à  Florence  Marco  f'isconti,  opéra  en 
trois  actes,  dont  quelques  morceaux  ont  été 
publiés  à  Milan,  chez  Ricordi,  avec  accom- 
pagnement de  piano.  On  connaît  de  lui  deux 
fantaisies  pour  le  piano,  la  première  sur  un 
thème  de  la  Fille  du  régiment,  l'autre  sur 
des  motifs  de  Saffo,  de  Pacini  ;  à  Milan,  chez 
le  même.  Fondateur  de  la  Gazzetta  musicale 
di  Firenze,  puis  de  VArmonia,  qni  en  est  la 
continuation,  il  y  a  publié  quelques  bons  ar- 
ticles de  critique. 

PICCHIAIVTI  (Louis),  guitariste  dis- 
tingué, compositeur  pour  son  instrument  et 
écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Florence,  le 
29  août  1786.  Dès  sa  première  enfance,  il  mon- 
tra pour  la  musique  un  penchant  instinctif  qui 
lui  fit  surmonter  les  obstacles  que  rencontra 
son  désir  de  s'adonner  à  cet  art.  Le  contre- 
point lui  fut  enseigné  par  Disma  Ugolini, 
alors  professeur  à  l'Académie  des  beaux-arts 
de  Florence.  Après  avoir  voyagé  en  Angle- 
terre, en  France  et  en  Allemagne,  pendant  les 


41 


PICCII1ANTI  -  PICCINNI 


années  1821  à  1825,  il  pni  •*■■  de  sa  composi- 
tion :  l°Trio  pour  guitare, clarinette  etbasson; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  2°  Fantaisie 
pour  guitare  et  flûteou  violon  ;  Milan,  Ricordi. 
5°  Marche  pour  deux  guitares;  Florence,  Ci- 
priani.  4°  Une  grande  sonate,  des  préludes  ou 
caprices,  des  études  et  des  thèmes  variés  pour 
guitare  seule;  ibid.  5°  Des  airs  populaires 
italiens  avec  accompagnement  de  guitare. 
Parmi  ses  autres  compositions,  on  remarque  : 
Je  psaume  109  à  huit  voix  en  deux  chœurs, 
avec  orchestre  ;  un  quatuor  pour  instruments 
â  cordes,  et  un  grand  nombre  de  partimenti 
pour  l'élude  de  l'harmonie  pratique  et  de 
l'accompagnement.  Comme  écrivain  sur  l'art, 
Picchianli  a  publié  :  1°  Principi  generali  e 
ragionati  délia  musica  teorico-pralica)  Flo- 
rence, 1834.  Cet  ouvrage  a  été  réimprimé 
«lans  l'année  suivante,  à  Milan,  chez  Ricordi. 
2°  Notizie  délia  vita  e  délie  opère  di  Luigi 
Cherubini;  Florence,  1843,  1  volume  in-8". 
Picchianli  a  été  un  des  rédacteurs  de  la  Gaz- 
zetta  musicale  di  Hfilano. 

PICCIINIiNI  (Alexandre),  virtuose  sur  le 
lulh,  né  à  Bologne  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-seplième  siècle,  fut  attaché  au  service  du 
duc  de  Ferrare,et  s'y  trouvait  encore  en  1G30. 
Il  a  fait  imprimer  un  ouvrage  de  sa  composi- 
tion intitulé  :  Libro  di  liuto  e  di  chitarono 
(Livre  de  musique  pour  le  lulh  et  la  grande 
guitare),  Bologne,  162G,  in-fol.  Cet  ouvrage 
est  précédé  d'un  traité  de  la  tablature  de  ces 
instruments  :  on  y  trouve  l'origine  du  téorbe 
et  de  la  pandore.  Piccinini  s'y  donne  pour 
l'inventeur  de  l'archilulh. 

PICCIIMM    (Nicolas),    compositeur    cé- 
lèbre, naquit  en  1728,  à  Bari,  dans  le  royaume 
«le  Naples.  Son  père,  musicien  de  profession, 
ne  lui  enseigna  pas  la  musique  ;  il  le  destinait 
à  l'état  ecclésiastique  et  lui  fit  faire  les  études 
nécessaires  pour   être   admis   au  séminaire. 
Cependant  Piccinni,  dominé  par  son  génie, 
ne  voyait  jamais  un  instrument,  et  surtout  un 
clavecin,  sans  tressaillir.  Il  s'exerçait  en  ca- 
chette à  jouer  sur  le  clavier  les  airs  d'opéras 
qu'il  avait  entendus   et  qu'il   retenait   avec 
facilité.  Son  père  l'avait  conduit  un  jour  chez 
l'évéque  de  Bari;  se  croyant  seul  dans  l'ap- 
partement oii  on  l'avait  laissé,  il  s'assit  à  un 
clavecin  qui  s'y  trouvait  et  s'amusa  à  répéter 
quelques-unes  de  ses  mélodies  favorites  :  le 
prélat,  qui  l'entendit  de  la  pièce  voisine,  vint 
près  de  lui  en  l'applaudissant,  et  charmé  de 
la  précision  qu'il  mettait  dans  les  airs,  et  delà 
lionne  harmonie  dont  il  les  accompagnait  par 
instinct,  il  engagea  le  père  à  le  mettre  au 


Conservatoire  de  San -Onofrio,   alors  placé 
sous  la  direction  de  Léo.  Piccinni  y  entra  au 
mois  de  mai  1742;  en  sorte  qu'il  était  âgé  de 
quatorze  ans  quand  il  commença  l'étude  ré- 
gulière de  la  musique.  Un  de  ces  élèves  répé- 
titeurs, qu'on  décorait  du  titre  de  maestrino 
dans   tous    les    conservatoires    d'Italie  ,    fut 
chargé  de  l'instruire  des  éléments  de  l'art; 
mais  il  parait  que  ce  maître  avait  moins  de 
savoir  et  de  méthode  que  de  morgue  préten- 
tieuse, car  bientôt  Piccinni,  se  dégoûtant  de 
ses  leçons,  résolut  de  ne  prendre  conseil  que 
de  son  génie,  et  se  mil  à  écrire  des  psaumes, 
des  oratorios  et  des  cantates  qui,  suivant  son 
biographe,  excitaient  l'envie  ou  l'admiration 
de  ses  condisciples.  Le  bruit  qu'il  avait  com- 
posé une  messe  entière  parvint  jusqu'à  Léo, 
qui  voulut  en  examiner  la  partition,  et  qui  en 
fit  faire  un  essai,  dirigé  par  le  compositeur 
inexpérimenté.    Au   milieu  des  éloges  qu'on 
lui  prodigua,  Léo  seul  fil  entendre  quelques 
paroles    sévères,    et   lui    dit   que  c'était    se 
montrer  peu  digne  des  présents  de  la  nature, 
que  de  ne  vouloir  point  apprendre  à  en  régler 
l'usage.  Celui  qui  n'a  point  étudié  l'art,  lui 
dit-il,  ne  sera  jamais  qu'un  artiste  incomplet. 
Après  cet  avis  paternel,  il  l'embrassa  et  lui 
ordonna  de  venir  chaque  malin  recevoir  de 
lui  de  meilleures  leçons  que  celles  qu'on  lui 
avait    données    jusqu'alors.    Quelques    mois 
après, Léo  cessa  de  vivre;  mais  il  fut  remplacé 
par  Durante,  qui  prît  en  affection  Piccinni,  et 
lui  donna  tous  ses  soins.  Enfin,  après  douze 
années  d'études,  Piccinni  sortit  du  Conserva- 
toire, en  1754,  brillant  du  désir  de  mettre  à 
profit  les  inspirations  de  son  génie  el  le  savoir 
qu'il  avait  acquis.  A  celle  époque,  Logroscino 
était  le  compositeur  d'opéras  bouffes  le  plus 
estimé  des  Napolitains;  il  justifiait  cette  pré- 
férence par  une  verve  comique,  féconde  en< 
traits  originaux.  Il  avait  quitté  Naples  depuis 
1747;  mais  il  régnait  encore  au  théâtre  des 
Florentins  par  ses  ouvrages,  lorsque  Piccinni 
s'y  présenta  avec  son  premier  opéra.  Le  prince 
de  Vinlimille,  protecteur  de  ce  jeune  artiste, 
décida  le  directeur  à  le  faire  représenter,  en 
lui  offrant  la  garantie  d'une  somme  de  huit 
mille  livres  pour  le  cas  d'une  chute.  Cet  ou- 
vrage, intitulé  le  Donne  dispctlosCfUW.  repré- 
senté quelques  mois  après  que  le  compositeur 
fut  sorti  du  Conservatoire.  Une  de  ces  cabales 
puissantes,    si   fréquentes  à  Naples,   s'était 
formée  contre  le  nouveau  maître;  mais  ses 
calculs  furent  déjoués,  car  le  public  accueillit 
avec  enthousiasmecc  premier  essaid'un  génie 
nouveau.  Le  succès  encouragea  Piccinni  qui,. 


PICCINNI 


45 


an  printemps  de  l'année  suivante,  fit  jouer  au 
même  théâtre  le  Gelosie,  et  quelques  mois 
après  II  Curioso  del  proprio  danno,  dont  le 
sort  fut  encore  plus  heureux  que  celui  des 
deux  autres  opéras,  et  qui  fut  remis  à  la 
scène  quatre  années  de  suite,  honneur  alors 
inconnu  en  Italie.  Dès  lors,  la  renommée  du 
compositeur  commença  à  se  répandre,  et 
l'administration  du  théâtre  de  Saint-Charles 
le  choisit,  en  175G,  pour  écrire  la  musique  de 
Zenobia,  opéra  sérieux  dont  le  succès  eut 
beaucoup  d'éclat. 

Jusque-là  Piccinni  ne  s'était  essayé  que 
devant  le  public  de  Naples;  mais,  en  1758,  il 
fut  appelé  à  Rome  et  chargé  d'y  composer  la 
musique  de  VAlessandro  nelle  Indie.  Quel- 
ques airs  de  cet  ouvrage,  et  une  ouverture 
supérieure  à  tout  ce  qu'on  avait  entendu  au- 
paravant en  Italie,  justifièrent  la  confiance 
que  le  talent  du  musicien  avait  inspirée  aux 
Romains.  Deux  ans  après,  Piccinni  retourna 
à  Rome  et  y  écrivit  La  Cecchina  ossia  la 
Buona  Figliuola,  qui  excita  une  admiration 
poussée  jusqu'au  fanatisme.  On  le  déclara  le 
plus  parfait  des  opéras  bouffes  :  il  n'y  avait 
point  eu  jusqu'alors  de  succès  plus  brillant, 
plus  universel.  On  voulut  entendre  la  Cec- 
china sur  tous  les  théâtres  d'Italie,  et  partout 
elle  excita  les  mêmes  émotions.  On  ne  voulait 
plus  entendre  d'autre  musique,  et  le  peuple  la 
demandait  toujours,  à  l'exclusion  d'opéras 
plus  nouveaux.  Les  modes,  les  enseignes  de 
cafés  et  de  marchands  étaient  à  la  Cecchina; 
enfin  ce  fut  le  premier  exemple  de  cette  vogue 
dont  nous  avons  été  témoins  pour  quelques 
opéras  modernes.  Ginguené,  qui  a  écrit  une 
biographie  détaillée  de  Piccinni,  assure  que 
cette  pièce  ne  lui  coûta  que  dix-huit  jours  de 
travail  :  précédemment  Duni  l'avait  mise  en 
musique  sans  succès.  Ce  fut  dans  cet  opéra 
que  Piccinni  fit  entendre  pour  la  première 
fois  des  finali  avec  des  changements  de  tons 
et  de  mouvements  qui  renfermaient  plusieurs 
scènes.  Logroscino,  à  qui  l'on  doit  les  pre- 
miers essais  de  ces  finali,  les  écrivait  ordi- 
nairement sur  un  seul  motif  ou  thème.  Cette 
idée  originale  de  la  coupe  des  finali  fut  une 
des  causes  du  succès  prodigieux  de  la  pièce. 
Jomelli,  passant  à  Rome,  à  son  retour  de 
Stullgard,  avait  été  importuné  des  éloges  pro- 
digués à  la  Buona  Figliuola;  il  disait  à  ses 
amis  d'un  ton  de  mépris,  en  parlant  du  com- 
positeur et  de  son  ouvrage  :  Sara  qualche 
ragazzo  e  qualche  ragazzata  (C'est  sans 
doute  quelque  enTant  et  quelque  enfantillage); 
niais  après  avoir  entendu  l'ouvrage,  il  déclara, 


avec  la  sincérité  digne  d'un  si  grand  artiste, 
que  Piccinni  était  inventeur.  Le  succès  obtenu 
par  celui-ci,  l'année  suivante,  à  Rome,  dans 
son  Olimpiade,  ne  fut  pas  moins  flatteur. 
Supérieur  pour  l'expression  dramatique  à 
tous  ceux  qui  avaient  mis  en  musique  cette 
pièce  avant  lui,  il  fit  deux  chefs-d'œuvre  dans 
l'air  Se  cerca,  se  dice,  et  dans  le  duo  Ne' 
giorni  tuoi  felici;  Paisiello  seul  l'a  surpassé 
dans  ce  dernier  morceau. 

Après  1761,  il  n'y  eut  plus  de  réputation 
de  compositeur  dramatique  que  celle  de  Pic- 
cinni n'effaçât;  sept  années  lui  avaient  suffi 
pour  la  fonder.  Il  est  vrai  que  dans  ce  court 
espace  de  temps  il  avait  fait  preuve  d'autant 
d'activité  que  de  génie  :  dans  la  seule  année 
1701,  il  écrivit  six  opéras,  dont  trois  bouffes 
et  trois  sérieux  qui  réussirent  tous,  et  dans 
cette  même  année,  il  fut  applaudi  à  Turin,  à 
Reggio  de  Modène,  à  Rologne,  à  Venise,  à 
Rome  et  à  Naples.  C'était  toujours  dans  celle 
dernière  ville  qu'il  revenait  avec  plaisir,  après 
ses  succès  les  plus  heureux.  Il  s'y  était  marié, 
en  175G;  Vincenza  Sibilla,  son  ancienne  élève 
dans  l'art  du  chant,  aussi  remarquable  par  sa 
beauté  que  par  sa  voix  pure  et  touchante, 
était  devenue  sa  compagne  et  l'avait  rendu 
père  de  plusieurs  enfants.  Depuis  quinze  ans, 
il  réussissait  à  Naples  dans  le  genre  sérieux  et 
dans  le  bouffe.  D'autres  maîtres  avaient  des 
succès,  mais  lui  seul  avait  des  admirateurs 
fanatiques;  jamais  l'enthousiasme  pour  un 
compositeurnes'étaitsoulenu  aussi  longtemps 
que  pour  lui.  Les  habitants  de  Rome,  d'un  ca- 
ractère capricieux,  s'étonnaient  eux-mêmes 
de  la  conslance  de  leur  goût  pour  la  musique 
de  Piccinni.  Us  trouvèrent  enfin  un  rival  à  lui 
opposer  :  ce  fut  Anfossi.  L' Incognito  perse- 
guitata  de  celui-ci  avait  été  applaudie  avec 
fureur,  en  1775;  celte  pièce,  bien  que  faible 
d'invention,  avait  un  charme  mélodique  qui 
justifiait  ce  succès.  Dès  ce  moment  Anfossi 
devint  l'idole  des  Romains  et  fut  opposé  à 
Piccinni  ;  mais  les  amis  du  premier  ne  crurent 
point  avoir  fait  assez  pour  lui  s'ils  n'abat- 
taient son  rival.  Ils  firent  donc  siffler,  et 
même  retirer  de  la  scène,  un  opéra  de  l'au- 
teur de  la  Cecchina,  et  mettre  à  sa  place  un 
opéra  d'Anfossi.  La  nouveauté  de  ce  malheur 
et  l'idée  de  l'ingratitude  qui,  dans  une  âme 
sensible  comme  celle  de  Piccinni,  devait  s'y 
joindre,  lui  causèrent  une  si  vive  douleur  que, 
parti  précipitamment  pour  Naples,  il  n'y  ar- 
riva que  pour  être  atteint  d'une  maladie  grave 
qui  le  retint  au  lit  pendant  plusieurs  mois. 
Dès  qu'il  eut  repris  des  foaes,  il  fit  serment 


4G 


PICCINNI 


de  ne  plus  écrire  pour  Rome,  et  de  réserver 
ses  travaux  pour  les  théâtres  de  Naples.  Les 
premiers  fruits  de  celle  résolution  furent  la 
seconde  musique  de  VJlessandro  nelle  Indie, 
où  se  trouve  l'admirable  scène  Porro  du  tique 
mori,  et  le  charmant  opéra  bouffe  des  ï '  iaçj- 
giatori  felici.  Cette  dernière  pièce  causa  un 
plaisir  si  vif  aux  Napolitains,  que  pendant  les 
quatre  saisons  de  l'année  1775,  et  au  prin- 
temps suivant,  on  ne  voulut  point  en  entendre 
«l'autre. 

Des  propositions  avaient  été  faites  à  Pic- 
cinni    par  La   Borde,   valet  de  chambre  de 
Louis  XV  et  auteur  de  V Essai  sur  la  musique, 
pour  l'attirer  en  France;  la  mort  du  roi  sus- 
pendit ces  négociations.  Elles  furent  reprises, 
en  1775,  par  le  marquis  de  Caraccioli,  am- 
bassadeur de  Naples  à  Paris,  d'après  l'autori- 
sation de  la  reine  Marie-Antoinette.  Séduit 
par  l'espoir  d'un  sort  avantageux  pour  lui  et 
pour  sa  famille,  Piccinni  s'éloigna  de  Naples, 
et  arriva  à  Paris  dans  les  derniers  jours  de 
décembre  1776,  au  milieu  d'un  hiver  qui  lui 
parut  d'autant  plus  rigoureux,  qu'il  contras- 
tait avec  le  doux  climat  de  son    pays.    Les 
avantages  qu'on  lui  avait  assurés  se  compo- 
saient d'un  traitement  de  six  mille  livres,  le 
payement  de  son  voyage  aux  frais  du   roi, 
enfin  le  logement  et  la  table  chez  l'ambassa- 
deur de  Naples.  Cependant,  on  ne  lui  tint  pas 
ce  qu'on  lui  avait  promis,  car  M.  de  Carac- 
cioli, bien  qu'il  l'accueillit  avec  amitié,  le  fit 
conduire  dans  un  hôtel  garni,  où  il  demeura 
jusqu'à  ce  qu'un  petit  appartement  qu'on  ar- 
rangeait pour  lui  fut  prêt  dans  la  rue  Saint- 
Honoré,  en  face  de  la  maison  où  demeurait 
Ma;monteI.    Ce     littérateur    s'était    chargé 
d'arranger  pour  lui  et  de  réduire  en    trois 
actes  plusieurs  opéras  de   Quinault.  Piccinni 
en  arrivant  à  Paris  ne  savait  pas  un  mol  de 
français  :  il  lui  fallut   employer  près  d'une 
année  à  l'étudier  sous  la  direction   de  son 
poète,  qui  lui  indiquait  la  prosodie  de  ses  vers 
avec  les  signes  usités  pour  les  langues  an- 
ciennes. Après  un  travail  long  et  pénible,  la 
partition    de    Roland,    le    premier   ouvrage 
choisi  par  Piccinni,  se  trouva  prèle;  mais  là 
seulement    commença    pour    lui    une    série 
d'ennuis  et  de  chagrins,  par  la   rivalité  qui 
S'établit  entre  ses  partisans  et  ceux  de  Gluck. 
J'ai  dit,  dans  la  notice  de  celui-ci,  quels  furent 
les  effets  de  celle  rivalité  (voyez  t.  IV,  p.  05) 
et  je  ne  répéterai  pas  ici  ces  détails.  Dévoué  à 
son  art,  étranger  à  toute  intrigue,  à  toute  am- 
bition, aux  mœurs,  aux  goills,  aux  usages,  à 
la  langue  du  pays  qu'il  était  venu  habiter, 


Piccinni  vivait  dans  sa  famille  et  se  livrait 
paisiblement  à  ses  travaux,  dans  l'ignorance 
des  efforts  que  faisaient  les  gluckistes  pour 
nuire  à  son  succès,  et  même  pour  empêcher  la 
représentation  de  son  ouvrage.  Il  faut  le  due, 
Gluck  lui-même  eul  le  tort  d'être  l'instigateur 
de  toutes  ces  intrigues.  Cependant  les  répéti- 
tions de  Roland  commencèrent;  les  antago- 
nistes de  Piccinni  les  rendirent  orageuses,  et 
les  choses  en  vinrent  à  ce  point,  qu'aux  ap- 
proches de  la  représentation,  le  compositeur 
crut  sa  chute  inévitable.  Le  jour  venu  où  la 
partition  de  Roland,  tant  calomniée  par  les 
gluckistes,  al  lait  enfin  être  entendue  du  public, 
la  famille   de  Piccinni   fondit  en  larmes  au 
moment  où  il  allait  se  rendre  au  théâtre;  il 
semblait  qu'il  marchât  au  supplice.  Lui  seul, 
calme  au  milieu  de  cette  désolation,  rassura 
sa    femme,    et   partit    avec   quelques    amis. 
Malgré  de  sinistres  prédictions,  Roland  eut 
une  réussite  complète,  et  Piccinni  fut  ramené 
chez   lui    en   triomphe.    Cependant,    il    faut 
l'avouer,   malgré   les  beautés   réelles  qui   se 
trouvent   répandues    dans  cet    ouvrage,    la 
froideur  générale    du  style  justifiait  jusqu'à 
un  certain  point  les   attaques  des   partisans 
de  Gluck.  Aujourd'hui  que  l'histoire  de  toute 
cette  rivalité  n'excite  plus  de  passion,  l'exa- 
men attentif  de  la  partition  de  Roland  n'y 
fait  pas  découvrir  l'auteur  de  VJlessandro 
nelle  Indie,  de  VOlimpiade,  ni  d'une  mul- 
titude de  productions  empreintes  d'une  ex- 
pression   pénétrante;    et    l'on    y   voit    avec 
évidence  que  la  gêne  de  la  langue  et  des  con- 
venances du   théâtre   français,  si  différentes 
de  celles  d'Italie,  avait   paralysé  son  imagi- 
nation. Les  mélodies  de  Roland  sont  douces 
et  gracieuses,  mais  elles  manquent  de  force. 
Pendant  que  Piccinni   écrivait  Roland,  il 
travaillait,  par  ordre  de  la  reine,  à  Phaon, 
pièce   dans  le  genre  gracieux,  destinée  4  la 
Comédie  Italienne.  Elle  fut  représentée  dans 
un  voyage  de    la  cour,  à   Choisy,  et  y  fu* 
goûtée;  néanmoins,  ce  succès  ne  put  faire  ob- 
tenir qu'on  la  jouât  à  Paris.  Piccinni  jouissait 
alors  d'une  sorte  de  faveur  à  Versailles;  il  y 
allait  deux  fois  chaque  semaine  donner  des 
leçons  de  chant  à  la  reine,  qui  l'accueillait 
avec  bonté,  mais  qui  ne  songea  jamais  à  rien 
faire  pour  lui,  ni  à  lui  faire  rembourser  les 
frais  de  ses  voyages  et  des  partitions  de  ses 
opéras    qu'il    faisait   relier   magnifiquement 
pour  le  roi  cl  les  princes  de  la  famille  loyale. 
Une  circonstance  favorable  se   présenta  dans 
le  même  temps  pour  offrir  aux  habitants  de 
Paris  le  talent  de  Piccinni  sous  un  aspect  plus 


riCCINNI 


47 


avantageux,  lorsque  Devismes,  alors  directeur 
de  l'Opéra,  réunit,  en  1778,  une  troupe  de 
chanteurs  italiens  à  celle  de  l'Opéra  français, 
pour  jouer  alternativement  avec  celle-ci  :  Pic- 
cinni  fut  nommé  directeur  de  la  musique  de 
l'Opéra  italien,  et  l'on  entendit  alors  quel- 
ques-unes de  ses  meilleures  partitions,  avec 
une  admiration  qui  tourna  au  profit  de  ses  ou- 
vrages français.  Alys,  grand  opéra  supérieur 
à  Roland,  fut  représenté  en  1780.  Accueilli 
«l'abord  avec  froideur,  il  obtint  ensuite  un 
succès  justifié  par  quelques  morceaux  de  pre- 
mier ordre,  notamment  par  le  Chœur  des 
songes,  qui  a  survécu  à  l'abandon  qu'on  a  fait 
depuis  longtemps  de  l'ouvrage  à  la  scène,  et 
qu'on  a  entendu  avec  admiration  dans  les  con- 
certs du  Conservatoire.  Avant  la  représenta- 
tion de  cet  opéra,  l'administration  de  l'Aca- 
démie royale  de  musique  avait  maladroitement 
ranimé  la  guerre  des  partisans  de  Gluck  et  de 
Piccinni,  en  chargeant  concurrencent  ces  deux 
illustres  musiciens  de  la  composition  de  deux 
opéras  dont  Iphigénie  en  Tauride  était  le 
sujet.  L'opéra  de  Gluck  fut  représenté  en 
1779,  avec  le  succès  que  méritait  un  si  bel 
ouvrage.  Après  l'avoir  entendu,  Piccinni  au- 
rait dû  cesser  de  travailler  au  sien;  mais  des 
amis  imprudents  le  pressèrent  au  contraire 
déterminer  sa  partition,  bien  que  le  livret 
qu'on  lui  avait  confié  ne  pût  soutenir  le  pa- 
rallèle avec  l'excellent  poëme  de  Guillard, 
que  Gluck  avait  mis  en  musique.  V 'Iphigénie 
de  Piccinni  fut  représentéeen  1781,  et  n'eut 
qu'un  succès  assez  froid  :  quoiqu'il  s'y  trouvât 
de  beaux  morceaux,  notamment  l'air  Cruel! 
et  tu  dis  que  tu  m'aimes!  cette  pièce  ne  put 
se  soutenir  à  côté  de  celle  de  Gluck. 

Ce  compositeur  était  retourné  à  Vienne,  en 
1780;  mais  à  peine  fut-il  parti,  que  Sacchini 
arriva  à  Paris,  et  qu'une  nouvelle  rivalité  vint 
troubler  le  repos  de  l'auteur  tfAtys.  Malheu- 
reusement inspiré,  celui-ci  fit  représenter, 
dans  la  même  année  que  Y  Iphigénie,  son 
Adèle  de  Ponlhieu,  opéra  chevaleresque,  la 
plus  faible  de  ses  productions.  Après  l'incen- 
die de  l'Opéra  (en  1781),  il  fit  exécuter  quel- 
ques morceaux  de  sa  composition  dans  les 
concerts,  et  augmenta  le  nombre  de  ses  admi- 
rateurs par  les  beautés  qui  s'y  trouvaient.  La 
lutte  avec  Sacchini  commença  en  1783  :  ce  fut 
la  cour  qui  la  fil  naître  en  demandant  à  cha- 
cun des  compositeurs  un  grand  opéra  pour 
les  spectacles  de  Fontainebleau.  Piccinni  écri- 
vit Didon,  et  Sacchini  mit  Chimène  en  mu- 
sique. Cette  pièce  fut  représentée  la  première 
et  n'obtint  qu'une  représentation  devaiu  la 


cour  ,  mais  Didon  fit  une  si  vive  impression, 
que  Louis  XVI  voulut  l'entendre  trois  fois  de 
suite.  A  Paris,  celle  pièce,  considérée  ajuste 
titre  comme  le  chef-d'œuvre  des  opéras  fran- 
çais de  Piccinni,  n'obtint  pas  moins  de  succès 
qu'à  Fontainebleau,  et  pour  la  première  fois, 
son  auteur  fut  applaudi  de  tous  et  loué  sans 
restriction.  Il  y  a,  en  effet,  tant  d'amour  dans 
le  beau  rôle  de  Didon,  tant  de  suavité  dans 
ses  canlilènes,  qu'on  ne  peut  donner  trop 
d'éloges  à  l'auteur  d'un  si  bel  ouvrage.  L'an- 
née 1783  élait  destinée  à  être  la  plus  heureuse 
du  sejonr.de  Piccinni  en  France,  car  on  y  re- 
\n\ljtys  avec  un  brillant  succès,  et  dans  celle 
même  année  ses  opéras-comiques  le  Dormeur 
éveillé  et  le  Faux  lord  réussirent  à  la  cour  et 
à  la  Comédie  italienne.  Le  public  troubla  un 
peu  ces  triomphes,  en  1784,  car  ZuceMe  tomba 
à  la  Comédie  italienne,  et  Diane  et  Endymion 
n'eut  qu'un  accueil  froid  à  l'Opéra.  Pénélope 
ne  fut  guère  plus  heureuse  en  1785,  et  l'année 
suivante,  Piccinni  refit  inutilement  la  musique 
d'Adèle  de  Ponthieu,  car  l'administration  de 
l'Opéra  ne  voulut  point  faire  représenter  cet 
ouvrage,  malgré  la  promesse  formelle  qu'elle 
lui  avait  faite  à  ce  sujet.  En  1784,  Piccinni 
avait  été  nommé  maître  de  chant  à  l'école 
royale  de  musique  et  de  déclamation,  fondée 
par  le  baron  de  Breteuil,  aux  Menus-plaisirs 
du  Roi  ;  deux  ans  après,  il  fit  exécuter  par  ses 
élèves  son  opéra  de  Roland,  et  le  soin  qui  fut 
porté  dans  l'exécution  fit  que  la  musique  fut 
mieux  comprise  qu'elle  ne  l'avait  été  dans  la 
nouveauté.  En  1787,  il  donna  sans  succès,  au 
Théàlre-Ilalien,  le  Mensonges  officieux.  Il 
avait  aussi  composé  la  musique  de  deux  opé- 
ras sérieux  intitulés  l'Enlèvement  desSabines 
et  Clytemnestre;  mais  de  nouvelles  inlrigues 
en  empêchèrent  la  représentalion.  Ce  dernier- 
ouvrage  produisit  cependant  beaucoup  d'effet 
lorsqu'il  fut  répété  généralement  en  1780;  il 
aurait  prouvé,  dit-on,  que  l'auteur  de  Didon 
n'avait  pas  seulement  le  génie  des  canlilènes 
gracieuses  et  pathétiques,  mais  qu'il  élait 
aussi  capable  de  s'élever  jusqu'au  style  le  plus 
tragique.  Tant  d'injustice,  la  chute  des  Four- 
beries de  Marine,  opéra-comique  en  trois 
actes,  arrangé  par  Durosoy  sur  sa  musique, 
la  perle  de  onze  ou  douze  mille  francs  de  trai- 
tement et  de  pension,  prix  de  ses  travaux  et 
des  leçons  qu'il  avait  données  aux  filles  du 
banquier  La  Borde,  le  déterminèrent  à  quitter 
la  France,  où  il  avr.it  écrit  quinze  opéras.  Il 
partit  le  15  juillet  1701,  avec  sa  femme  et  ses 
filles,  fut  couronné  au  théâtre  de  Lyon,  où 
l'on  jouait  Didon,  reçut  le    même   accueil 


48 


PICCINNI 


dans  les  principales  villes  de  l'Italie,  et  arriva 
à  Naples  le  5  septembre.  Le  roi  lui  accorda 
une  pension  et  fit  remettre  en  scène  son 
Alessandro  nelle  Indie,  qui  avait  été  joué 
avec  succès  dix-sept  ans  auparavant,  et  pour 
lequel  Piccinni  écrivit  trois  airs  et  un  trio 
nouveaux.  Pendant  le  carême  dé  1792,  il  com- 
posa Jonalhas,  qu'il  considéra  depuis  lors 
comme  une  de  ses  meilleures  productions 
dans  le  genre  sérieux.  Vers  le  même  temps,  il 
fit  aussi  représenter  La  Serva  onorata,  opéra 
bouffe  qui  eut  une  réussite  complète.  Le  ma- 
riage d'une  de  ses  filles  avec  un  jeune  Fran- 
çais établi  à  Naples,  où  assistèrent  plusieurs 
personnes  de  la  même  nation,  notamment  le 
ministre  et  le  consul  delà  république,  l'exposa 
à  des  persécutions  vers  la  fin  de  1792.  La  po- 
pulation, ameutée  contre  lui,  siffla  son  opéra 
A"Hercule  au  Thermodon.  Deux  de  ses  an- 
ciens élèves  le  dénoncèrent  comme  jacobin,  et 
liguèrent  contre  lui  tous  les  musiciens.  A  son 
retour  de  Venise,  où  il  avait  composé  la  Gri- 
selda  et  II  Servo  padrone,  il  reçut  du  mi- 
nistre Acton  l'ordre  de  rester  dans  sa  maison. 
Il  y  passa  quatre  années  dans  l'abandon  et 
l'indigence.  Pour  comble  de  maux,  il  apprit 
dans  le  même  lemps  que  ses  partitions  et  tout 
ce  qu'il  avait  laissé  à  Paris  était  perdu  ;  mais 
il  supporta  tous  ces  malheurs  avec  un  cou- 
rage philosophique.  Sa  seule  ressource  con- 
sistait en  psaumes  qu'il  écrivait  pour  des 
couvents,  et  dont  il  ne  pouvait  conserver  les 
partitions ,  son  dénùmenl  ne  lui  permettant 
pas  de  les  faire  copier.  Le  premier  traité  de 
paix  avec  le  gouvernement  français,  et  l'arri- 
vée successive  des  ambassadeurs  Canclaux  et 
Garât,  permirent  à  Piccinni  de  faire  connaître 
à  ses  amis  de  Paris  sa  cruelle  position.  Dans  le 
même  lemps,  le  ténor  David  lui  procura  un 
nouvel  engagement  pour  Venise,  et  il  obtint 
du  roi  un  passeport  pour  s'y  rendre.  Accueilli, 
fêté  à  Rome  par  la  commission  française  des 
beaux-arts  que  le  gouvernement  y  avait  en- 
voyée, il  fut  dissuadé  d'aller  à  Venise,  et 
bientôt  ayant  été  rejoint  à  Rome  par  le  secré- 
taire de  légation  qui  lui  avait  avancé  l'argent 
ponr  son  voyage,  et  que  la  déclaration  de 
guerre  du  roi  de  Naples  avait  forcé  de  quitter 
celte  ville,  il  partit  pour  la  France,  et  arriva 
à  Paris,  le  3  décembre  1798.  Dès  Iclendeniain, 
il  assista  à  la  distribution  des  prix  du  Conser- 
vatoire qui  se  faisait  à  l'Opéra.  Amené  sur  le 
théâtre,  il  fut  présenté  au  public  qui  l'applau- 
dit avec  transport  à  plusieurs  reprises.  Le  gou- 
vernement lui  accorda  cinq  mille  francs  pour 
ses  premiers  besoins,  deux  mille  quatre  cents 


francs  de  traitement  annuel  sur  les  fonds  des 
encouragements  littéraires,  et  un  logement  à 
l'hôtel  d'Angivilliers,  où  une  partie  de  sa  fa- 
mille vint  le  rejoindre  au  bout  de  quelques 
mois.  A  l'égard  de  son  ancienne  pension  de 
l'Opéra,  suspendue  depuis  plusieurs  années, 
parce  qu'il  n'en  pouvait  jouir  qu'en  France, 
elle  fut  réduite  de  trois  mille  francs  à  mille, 
parce  qu'on  ne  voulut  lui  tenir  compte  que  de 
trois  pièces,  Roland,  Alxjs  et  Didon,  comme 
restées  au  répertoire,  quoiqu'il  eut  été  juste 
de  ne  point  oublier  Pénélope.  Pour  se  dis- 
traire utilement, il  écrivaildes  romances  et  des 
canzones  qui  étaient  publiées  dans  le  Jour- 
nal de  chant  et  de  piano  de  Desormery  et 
Bouffet.  Le  peu  d'aisance  dont  il  jouissait  de- 
puis l'arrivée  de  sa  famille,  et  l'inquiétude 
qui  l'agitait  sur  le  sort  de  deux  filles  restées  à 
Naples,  sans  qu'il  pût  leur  faire  parvenir  des 
secours,  lui  causèrent  une  attaque  de  para- 
lysie. Dès  qu'il  fut  rétabli,  il  donna  chez  lui 
de  petits  concerts  d'amateurs  où  l'on  enten- 
dait les  plus  beaux  morceaux  de  ses  opéras 
chantés  par  sa  femme  et  par  ses  filles.  Un 
mois  après  son  arrivée  à  Paris,  le  gouverne- 
ment avait  formé  le  projet  de  créer  pour  lui 
une  sixième  place  d'inspecteur  du  Conserva- 
toire, mais  l'affaire  avait  été  négligée  et  l'on 
n'en  parlait  plus;  toutefois,  après  le  retour  de 
sa  santé,  il  fit  une  démarche  auprès  du  pre- 
mier consul  pour  obtenir  qu'elle  fût  terminée. 
Le  général  Bonaparte  l'accueillit  avec  intérêt, 
et  lui  demanda  une  marche  pour  la  garde 
consulaire,  afin  d'avoir  un  prétexte  pour  lui 
accorder  une  gratification.  Enfin,  au  mois 
d'avril  1800,  sa  nomination  d'inspecteur  du 
Conservatoire  lui  parvint,  mais  trop  tard  ;  Pic- 
cinni venait  d'éprouver  une  nouvelle  atteinte 
de  la  maladie  bilieuse  qui,  plus  d'une  fois, 
avait  mis  sa  vie  en  danger.  L'espoir  que  l'air 
de  la  campagne  pourrait  hâter  sa  convales- 
cence l'avait  fait  conduire  à  Passy  par  sa 
famille;  mais  ses  forces  étaient  épuisées. 
De  nouvelles  peines  domestiques  hâtèrent  ses 
derniers  moments,  et  le  17  floréal  an  vin 
(7  mai  1800),  il  cessa  de  vivre,  à  l'âge  de 
soixante  et  douze  ans.  Il  fut  inhumé  dans  le 
cimetière  commun,  qui  depuis  a  été  vendu. 
La  pierre  qui  couvrait  le  tombeau  de  Piccinni 
a  été  transportée  dans  une  propriété  qui  ap- 
partenait à  la  famille  Delessert. 

Ginguené,  dans  sa  notice  sur  Piccinni  et 
sur  ses  ouvrages,  assure  qu'il  a  vu  une  liste 
chronologique  des  opéras  qu'il  avait  composés 
en  Italie  avant  de  se  rendre  à  Paris,  et  que  le 
nombre  s'en  élevait  à  cent  trente-trois,  sans 


PICCINNI 


49 


y  comprendre  les  oratorios  et  la  musique 
d'église  :  il  semble  qu'il  doil  y  avoir  quelque 
erreur  dans  ce  calcul,  car  depuis  le  pre- 
mier opéra  de  ce  compositeur  jusqu'à  l'é- 
poque de  son  départ  pour  Paris,  il  ne  s'est 
écoulé  que  vingt-deux  ans;  en  sorte  qu'il  au- 
rait fallu  qu'il  eût  écrit  plus  de  six  opéras 
chaque  année,  ce  qui  est  peu  vraisemblable. 
Quoi  qu'il  en  soit,  voici  lo-us  les  litres  de  ceux 
que  j'ai  pu  trouver  :  1°  Le  Donne  dispettose, 
à  Naples,  1754.  2°  Le  Gelosie,  ibid.,  1755. 
3°  II  Curioso  del  suo  proprio  danno,  ibid., 
1755.  4"  Zenobia,  opéra  sérieux,  à  Na- 
ples, 1756.  5°  L'Astrologa,  ibid.,  1756. 
6°  L'Amante  ridicolo,  ibid.,  1757.7°  La 
Schiava.  1757.  8°  Cajo Mario,  opéra  sérieux, 
ibid.,  1757.  9°  Alessandro  nelle  Indie,  à 
Rome,  1758.  10°  La  Morte  di  Abcle,  opéra 
sérieux,  à  Naples,  1758.  \\°  Gli  Ucceilatori, 
ibid.,  1758. 12"  Siroe,  opéra  sérieux,  à  Naples, 
1759.  15"  Le  Donne  vendicate,  ibid.,  1759. 
14°  La  Cecchina  ossia  la  buona  figliuola, 
à  Rome,  1760.  15°  Il  lie  pastore,  1760. 
16°  La  Contadina  bizzarra.  17°  Amor  senza 
malizia.  18°  L'Olimpiade,  à  Rome,  1761. 
19"Za  buona  Figliuola  maritata.  20°  Le  Vi- 
cende  délia  sorte.  21°  Jl  Demetrio.  22°  Il 
Earonc  di  Torrc  forte.  23°  La  f'illegialura, 
à  Naples,  1762.  24°  Il  Demofoortte,  1762. 
25°  Il  Mondo  délia  Lima.  26°  //  nnovo  Ov- 
lando.  27°  Ilgran  Cid.  28°  Bérénice.  29°  La 
Pescalrice.  30°  Il  Cavalière  per  amore. 
31°  Artaserse,  à  Turin.  32°  La  Francese 
maligna.  53°  Didone.  34°  Mazzina,  Acétone 
e  Dindimenio.  55°  La  Donna  di  spirito. 
36°  Gelosia  per  gelosia.  37°  Gli  Amanti 
mascherati.  58°  Gli  Stravaganti.  59°  Ca- 
tone,  à  Naples,  1770.  40°  Lu  finta  Giardi- 
niera.  41°  Il  Don  Chisciotlo,  Naples,  1770. 
42°  L'Olimpiade,  avec  une  nouvelle  musique, 
à  Naples,  1771.  43°  L'Antigono,  à  Rome, 
1771.  44°  Il  ftnto  Pazzo.  45°  La  Molina- 
rella.  46°  Artaserse,  avec  une  nouvelle  mu- 
sique, Naples,  1772.  47°  L'Ignorante  asluto. 
48°  La  Corsara.  49°  I  Sposi  persegititati. 
50°  L'Americano  ingentilito.  5\°  Il  Vaga- 
bondo  fortunato.  52°  I  Napoletani  in  Ame- 
rica. 53°  Lo  Sposo  burlalo.  54"  Il  Ritorno  di' 
don  Calandrino.  55°  Le  quattro  Nazioni. 
56°  Le  Gemelle.  57°  Il  Sordo.  58°  Alessandro 
nelle  Indie,  avec  une  nouvelle  musique,  à 
Naples,  1775.  59°  I  Viaggiatori  felici,  ibid., 
1776.  59°  (bis)  Radamisto,  1776.  G0" Roland, 
grand  opéra,  à  Paris,  en  1778.  61°  Phaon,  à 
Choisy,  1778.  62°  Le  Fat  méprisé,  à  la  Comé- 
die italienne,  1779.  63"  Atgs,  grand  opéra,  à 

BlOUli.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VII. 


Paris,  1780.  64"  Tphigénie  en  Tauride,  ibid., 
1781.  65°  Adèle  de  Ponthicu,  ibid.,  1781. 
66°  Didon,  grand  opéra,  à  Fontainebleau, 
puis  à  Paris,  1783.  67°  Le  Dormeur  éveillé,  à 
la  Comédie  italienne,  1783.  68°  Le  faux  Lord, 
ibid.,  1783. 69" Lucette,  ibid.,  1784. 10° Diane 
et  Fndymion,  grand  opéra,  1784.  71°  Péné- 
lope, idem.,  ibid.,  1785.  72"  Adèle  de  Pon- 
thieu,  avec  une  nouvelle  musique,  1786,  non 
représenté.  73"  Le  Mensonge  officieux,  opéra- 
comique,  1787.  74° L'Enlèvement  des  Sabi nés, 
grand  opéra,  1787,  non  représenté.  75"  Chj- 
temnestre,  1787;  répété,  mais  non  repré- 
senté. 76°  lonathan,  oratorio,  à  Naples, 
1792.  77°  La  Serva  onorata,  à  Naples,  1792. 
78°  F rcole  al  Termodonte ,  ibid.,  1792. 
79°  La  Griselda,à  Venise,  1793.  80"  Il  Servo 
padrone,  ibid.,  1793.  Piccinni  a  écrit  aussi 
plusieurs  oratorios,  parmi  lesquels  on  remar- 
que Sara,  composé  à  Rome,  en  1769;  des 
psaumes  italiens  pour  divers  couvents  de  Na- 
ples, et  les  morceaux  de  musique  d'église  sui- 
vanls  :  1°  Laudate  à  cinq  voix,  avec  orchestre. 
2"  Un  autre  Laudate  pour  deux  soprani, 
basse  et  chœur.  5"  Beatus  vir  pour  soprano  et 
chœur.  4°  Pater  noster  pour  soprano  et  or- 
chestre. 

Par  un  heureux  hasard,  M.  Florimo  (voyez 
ce  nom),  conservateur  de  la  Bibliothèque  du 
collège  royal  de  musique  de  San  Pietro  a 
Majella  de  Naples,  a  trouvé,  chez  un  fripier 
de  celle  ville,  environ  soixante  partitions  ori- 
ginales des  opéras  italiens  de  Piccinni,  et  les 
a  sauvées  de  la  destruction,  en  les  faisant  en- 
trer dans  la  riche  collection  de  musique  dra- 
matique dont  la  garde  lui  est  confiée. 

PICCINIM  (Louis),  deuxième  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Naples,  en  1766,  n'eut  pas 
d'aiilre  maître  de  composition  que  son  père. 
A  l'âge  de  seize  ans,  il  alla  le  retrouver  à 
Paris,  et  en  1783,  il  donna  son  premier  essai 
dans  un  œuvre  de  sonates  avec  une  toccate 
pour  le  piano.  Il  n'avait  pas  encore  atteint  sa 
dix-neuvième  année  lorsqu'il  donna  au  théâtre 
des  Beaujolais,  eu  1784,  les  Amours  de  Ché- 
rubin, opéra-comique  en  trois  actes,  qui  eut 
peu  de  succès.  La  suite  des  deux  Chasseurs 
et  la  Laitière  ne  fut  pas  beaucoup  jilus  heu- 
reuse, en  1788.  Deux  ans  après,  il  fit  jouer  au 
théâtre  Louvois  les  Infidélités  imaginaires, 
où  il  y  avail  un  joli  trio  dans  lequel  quelques 
musiciens  crurent  reconnaître  la  manière  de 
Nicolas  Piccinni.  En  1791,  Louis  accompagna 
son  père  à  Naples,  et  dans  les  années  suivantes 
il  donna  :  Gli  Acddenliinaspeltali,àNa\>\e%; 
VA 'mante  statua,  à  Venise,  en  1793;  IlMa- 

4 


PICCINNI 


trimonioperraggîro,  à  Gènes,  en  1793;  La 
Notte  imbrogliata ,  à  Florence,  en  1794;  Ero 
c  Leandro,  canlale  Ihéâlrale  composée  pour 
madame  Billington,  en  1795.  L'année  sui- 
vante, Piccinni  fut  engagé  comme  maître  de 
chapelle  de  la  cour  de  Suède.  Pendant  cinq 
ans,  il  demeura  à  Stockholm  et  y  composa 
plusieurs  prologues  en  langue  suédoise,  et  un 
opéra  -comique  intitulé  le  Sonnanbule.  De 
retour  à  Paris,  en  1801,  après  la  mort  de  son 
père,  il  donna  au  théâtre  Feydeau,  en  1804, 
le  Sigisbée,  ou  le  Fat  corrigé,  opéra-comique 
en  trois  actes.  Ce  faible  ouvrage  fut  suivi  de 
l'Aînée  et  la  Cadette,  opéra-comique  en  un 
acte  ;  d'Amour  et  Mauvaise  Tête,  ou  la  Répu- 
tation, en  trois  actes,  1808;  d'Avis  aux  ja- 
loux, ou  la  Rencontre  imprévue,  1809.  En 
1810,  il  fit  jouer  à  l'Opéra  Hippomène  et 
Atalante,  qui  ne  réussit  pas.  Dépourvu  de 
génie  et  même  de  ce  goût  élégant  qui  quel- 
quefois en  lient  lieu  au  théâtre,  il  n'avait 
jamais  obtenu  de  succès  véritable,  et  la  plu- 
part de  ses  opéras  n'avaient  eu  qu'un  petit 
nombre  de  représentations;  il  finit  par  re- 
noncer à  une  carrière  sans  charme  pour  lui, 
et  se  livra  à  l'enseignement  du  chant;  cepen- 
dant il  fit  un  dernier  effort,  en  écrivant  la 
musique  de  la  Rancune  trompée,  ouvrage 
posthume  de  Marmonlel,  en  un  acte,  qui  ne 
fut  joué  qu'une  seule  fois,  en  1819.  Louis  Pic- 
cinni est  mort  subitement,  le  51  juillet  1827, 
à  l'âge  de  soixante  et  un  ans,  en  se  rendant  à 
sa  maison  de  Passy. 

PICCIlM>iI(Louis-ALEXAî<DnE),  né  à  Paris, 
le  10  septembre  1779,  était   fils  naturel  de 
Joseph  Piccinni,  fils  aîné  de  Nicolas.  Destiné 
dès  son  enfanee  à  la  profession  de  musicien, 
il  apprit  à  jouer  du  piano  sous  la  direction 
d'un  maître  de    celte  époque,  appelé  Haus- 
mann.  Dès  l'âge  de  treize  ans,  il  donnait  lui- 
môme  des  leçons  de  cet  instrument.  Élève  de 
Lesueur  pour  la  composition,  il  termina  ses 
éludes  avec  les  conseils  de  son  aïeul,  à  l'épo- 
que du   retour  de  celui-ci  à  Paris.  D'après 
l'avis  de  ce  graud  artiste,   il  s'allacha  à  la 
lecture  des  partitions,  et  cette  étude  fui  si 
avantageuse  pour  lui,  qu'il  devint  un  des  plus 
habiles  accompagnateurs  de  piano.  D'abord 
attaché  au  théâtre  Feydeau,  en  celle  qualité, 
il   passa  à  l'Opéra  pour  remplir  les   mêmes 
fonctions  en   1802,    mais   seulement  comme 
adjoint.  Depuis  1803  jusqu'en  1807,  il  remplit, 
au  théâtre  de  la  Porle-Saml -Martin,  l'emploi 
de  chef  d'orchestre,    et   la    place  de   second 
accompagnateur  de  la  chapelle  de  l'empereur 
Napoléon  lui  fut  confiée  en  1804.  DU  ans  plus 


tard,  il  devint  accompagnateur  en  chef  de  la 
chapelle  du  roi,  et  en  1818,  il  reçut  le  brevet 
de  pianiste  de  la  musique  particulière  de  la 
Dauphine.  Rentré,  en  1810,  dans  la  direction 
de  l'orchestre  du  théâtre  de  la  Porte-Saint- 
Martin,  il  la  conserva  jusqu'en  1816,  et  ne  la 
quitta  que  pour  celle  de  troisième,  puis  de 
second  et  enfin  de  premier  chef  du  chanta 
l'Opéra.  En  1824,  il  l'ut  chargé  de  la  mise  en 
scène  des  ouvrages  nouveaux,  et  il  renonça 
alors  à  ses  fonctions  d'accompagnateur  du 
théâlre  du  Gymnase,  qu'il  remplissait  depuis 
1820.  La  décoration  de  la  Légion  d'honneur 
lui  fut  accordée,    en   1825;    mais    au   mois 
d'octobre  1820,  il  perdit  ses  deux  places  à 
l'Opéra,  sans  qu'on  lui  eût  fait  connaître  le 
motif  de  sa  destitution.  En  vain  il 'réclama- 
contre  cette  injustice,  par  un  écrit  intitulée/a 
défense  (Paris,  1820,  in-4°  de  vingt  pages, 
tiré  à  douze  exemplaires)  ;  tout  ce  qu'il  obtint 
fut  une  pension  plus  élevée  que  celle  qui  lui 
était  due  pour  la  durée  de  son  service  :  celte 
augmentation  lui  fut  enlevée  après  la  révolu- 
lion  de  1830.  Le  privilège  du  spectacle  de 
Boulogne    avait  été  accordé  à  Piccinni,  en 
1827;  mais  cette  entreprise  ne  réussit  pas.  De 
retour  à  Paris,  il  s'y  livra  à  l'enseignement 
jusqu'en  1836.   Dans  cette  même  année  ,  il 
s'établit  à  Boulogne,  en  qualité  de  professeur 
de  piano  et  de  chant,  puis  il  passa  plusieurs 
années  à  Toulouse,  où  il  fut  chargé  de  la  di- 
rection du  Conservatoire.  On  ignore  les  motifs 
qui  lui  firent  abandonner  cette  position  pour 
se  rendre  à  Strasbourg,  où  il  se  livrait  à  l'en- 
seignement du  chant.  Il  y  fit  représenter,  en 
1847,  son  dernier  ouvrage  intitulé  lu  Prise 
de  Jéricho,  opéra  mélodramatique.  Pendant 
son  séjour  dans  celte  ville,  il  allait  diriger 
les  concerts  et  les  fèies  musicales  à  Bade.  De 
retour  à  Paris,  en  1849,  il  y  est  mort  à  l'âge 
de  près  de  soixante  et  onze  ans,  le  24  avril 
1850.  Cet  artiste  a  écrit  la  musiquede  plus  de 
deux  cents    mélodrames  et  ballets   d'action 
pour  le  théâtre  de  la  Porle-Saint-Martin  et 
pour  quelques   autres  spectacles  des  boule- 
vards.   Quelques-uns    de   ces    ouvrages    ont 
obtenu  un  succès  de  vogue;  tels  sont  :  Romu- 
lus,Robinson  Crusoé,  la  Pie  voleuse,  jUaric 
StiKirt,  le  Vampire  f  les  deux  Forçats,  le 
Monstre,  Trente  ans  de  la  vie  d'un  Joueur, 
le  Mariage  de  raison, à  laPorte-Sainl-Marthij 
le  Volcan,  la  Femme  magnanime,  la  Belle 
Arsène,  Geneviève  de  Drubant,  au  Cirque  - 
Olympique;  Clara,  la  Bataille  de  Pultawa, 
les  Strélitz,à  l'Ambigu-Comique;  la  Citerne, 
le  Chien  de  Montargis,  le  Mont-Sauvage,  la 


PICCINNI  —  PICCOLOMINI 


SI 


Fille  de  l'Exilé,  la  Fausse  Clef,  Guillaume 
Tell,  la  Peste  de  Marseille,  au  théâtre  de  la 
Gaieté.  Les  opéras  comiques  de  Piccinni  sont  : 
1°  arlequin  au  village.  2°  La  Pension  de 
jeunes  demoiselles.  3°  Le  Pavillon.  4°  Arle- 
quin bon  ami.  5°  Les  deux  Issues.  6°  Les 
Billets  doux.  7°  L'Amant  rival  de  sa  mai- 
tresse.  8°  Les  deux  Maîtres.  9°  La  Femme 
justifiée.  10°  La  Physionomie  ;  tous  repré- 
sentés au  théâtre  de  Jeunes-Artistes  de  la  rue 
de  Bondy.  11°  La  Forteresse.  12°  L'Entre- 
sol. 13°  Lui-même.  14°  Le  Terme  du  voyage. 
15°  Gilles  en  deuil.  16°  Les  deux  Voisins,  au 
théâtre  des  Variétés.  17°  L'Amoureux  par 
surprise,  au  théâtre  Feydeau,  en  1804. 
18°  Avis  au  public  ou  le  Physionomiste  en 
défaut,  en  deux  actes,  ibid.,  1806.  \%° Ils  sont 
chez  eux,  en  un  acte,  ibid.,  1808.  20°  Le 
Sceptre  et  la  Charrue,  en  trois  actes,  itid., 
1817.21°  La  Maison  en  loterie,  en  un  acte, 
au  théâtre  du  Gymnase,  1820.  22°  Le  Bra- 
mine,  en  un  acte,  ibid.,  1822.  25°  La  petite 
Lampe  merveilleuse,  en  un  acte,  ibid.,  1822. 
24°Za  Fête  française,  en  un  acte,  1823,  ibid. 
25°  Alcibiade  solitaire,  en  deux  actes,  à 
TOpéra,  1824.  Piccinni  a  écrit  une  cantate 
pour  le  baptême  du  duc  de  Bordeaux,  exé- 
cutée au  Gymnase,  en  1821  ;  une  Ode  maçon- 
nique, en  1818;  beaucoup  de  romances,  de 
cantates  et  d'airs  de  vaudevilles;  enfin,  des 
sonates,  des  pots-pourris  et  des  thèmes  variés 
pour  le  piano. 

PICCIOLI  (Jacques-Antoine),  prêtre  et 
compositeur,  qui  vivait  vers  la  fin  du  seizième 
siècle,  aaquit  à  Corbario,  dans  l'État  de  Ve- 
nise, et  fut  élève  du  P.  Constant  Porta.  On 
connaît  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  1°  Li- 
taniœ  de  B.  V.  5  voc.  (voyez  le  catal.  de  Pas- 
torff).  2°  Canzonettea  5  voci;  Venise,  1595, 
in -4°.  Dans  la  collection  de  messes  de  divers 
auteurs,  publiée  à  Milan,  en  1588,  par  Jules 
Bonagionla,  on  en  trouve  une  de  Piccioli,  à 
cinq  voix,  intitulée  Voce  mea,  etc.,  dans  la- 
quelle le  Benedictus  est  un  canon  à  quatre 
voix,  où  deux  parties  marchent  par  mouve- 
ment direct,  et  deux  par  mouvement  con- 
traire. 

PICCIOI\I(JEAN),organistedela  cathédrale 
d'Orvieto,  à  la  fin  du  seizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-septième,  a  publié  six  livres 
de  madrigaux  à  cinq  voix, dont  je  ne  connais  que 
ceux-ci  :  1°  Madrigali  a  cinque  voci.  Libro 
quarto;  Venezia,  appresso  Gardano,  1596, 
in -4°.  2°  Il  Paslor  fido  musicale,  sesto  libro 
<ii  madrigali  a  cinque  voci;  Venelia,  per 
Giacomo  I  incenli,  1602,  in-4°.  Piccioniest 


aussi  auteur  de  plusieurs  livres  de  motets, 
desquels  on  trouve  à  la  bibliothèque  du  Lycée 
musical  de  Bologne  :  3°  Concerti  ecclesiastici 
et  Mottetti  a  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7  et  8  voci, 
op.  16;  Venelia,  Gia.  Vinccnti,  1610,  in-4°. 
4"  Concerti  ecclesiastici  o  Mottetti  sacri  a 
due,  tre  et  quattro  voci,  op.  21  j  Roma, 
J.-B.  Robletti,  1619. 

PICCOLI  (Costantino)  ,  littérateur  pié- 
montais,  né  à  Novare  au  commencement  du 
dix-neuvième  siècle,  est  auteur  d'un  Elogio 
del  maestro  di  Capella  Pietro  Generali;  No- 
vare, imprimerie  de  Bosario,  1835,  in-8°  de 
quarante-sept  pages,  suivies  de  sept  pages  de 
notes. 

PICCOLO  (Filippo  LO),  nom  qui  n'est 
vraisemblablement  que  l'indication  de  la  taille 
de  la  personne  (Philippe  le  petit),  mais  le  seul 
sous  lequel  soit  connu  un  prêtre  sicilien  qui 
fut  bénéficié  de  la  cathédrale  de  Palerme,  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  On  a  sous  ce 
même  nom  un  traité  du  plain-chant,  inti- 
tulé :  IlCanto  fermo  esposto  nella  maggior 
brevitâ,  e  col  modo  più  facile;  in  Palermo, 
1739,  nella  stamperia  di  Angelo  Felicella, 
in-4°  de  xvi  et  cent  vingt -quatre  pages. 
L'ouvrage  est  divisé  en  sept  chapitres. 

PICCOLOMI1NI  (Alexandre),  né  àSienne, 
le  13  juin  1508,  fut  professeur  de  philosophie 
morale  à  Padoue,  et  fut  fait  archevêque  de 
Patras,  en  1574,  et  coadjuteur  de  Sienne.  Il 
mourut  en  celte  ville  le  12  mars  1578.  Dans 
son  livre  intitulé  Délia  institutions  morale 
libri  XII  (Venise,  1569,  in-4°),  il  traite  de  la 
musique  en  général,  de  la  musique  vocale  et 
de  la  musique  instrumentale,  aux  chapitres 
12*  et  13«  du  quatrième  livre. 

PICCOLOMINI  (François),  né  à  Sienne, 
en  1520,  enseigna  la  philosophie  pendant 
cinquante-trois  ans  aux  universités  de  Pé- 
rouse  et  de  Padoue,  et  mourut  dans  sa  ville 
natale,  en  1604,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
quatre  ans.  Il  traite  de  l'effet  moral  de  la  mu- 
sique dans  son  livre  intitulé  :  Universa  Phi- 
losophie, de  moribus,  nunc  primum  indécent 
gradus  redacta  et  explicata;  Venise,  1583, 
in-fol.  C'est  une  seconde  édition. 

PICCOLOMINI  (Marie),  cantatrice,  née 
à  Sienne,  en  1836,  et  de  la  même  famille  que 
les  précédents,  reçut  des  leçons  de  vocalisation 
et  de  chant  d'un  abbé  attaché  à  la  cathédrale 
de  celle  ville.  La  beauté  de  sa  voix  détermina 
ses  parents  à  la  mettre  au  théâtre.  En  1855, 
elle  débuta  à  Turin  dans  la  Traviata  de 
Verdi,  et  y  produisit  une  vive  impression.  En- 
gagée dans  l'année  suivante  au  théâtre  de  la 

i. 


PICCOLOMINI  -  P1CHEL 


Ruine,  à  Londres,  elle  y  excita  des  transports 
r  d'admiration  qui  s'accrurent  pendant  les  sai- 
sons de  1857  et  1858.  Dans  l'été  de  cette  der- 
nière année,  elle  fut  appelée  à  New-York,  où 
ses  succès  eurent  aussi  beaucoup  d'éclat.  De 
retour  à  Londres,  en  1860,  elle  y  a  retrouvé 
toute  la  faveur  des  dilctlanti. 

P1CEULI  (le  P.  Silverio),  docteur  en 
théologie  de  l'ordre  des  mineurs  observants 
réformés,  au  couvent  de  Naples,  dont  il  était 
gardien,  naquit  à  Rieti,  dans  les  dernières 
années  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  trois 
,  traités  sur  la  musique,  sous  les  litres  sui- 
vants :  1°  Specchio  primo  di  musica,  nel 
quale  si  vede  chiaro  non  soV  il  vero,  facile 
e  brève  modo  d'imparar  di  cantare  il  canto 
figurato  e  ferma;  ma  vi  se  vedon'  anco 
dicltiaratc  con  brevissim'  ordine  tntte  le 
principalimuterie  ,che  ivi  si  trattano  ,sciolte 
le  maggiore  difficoltà,  etc.  ;  Naples,  Ottavio 
Beltrano,  1630,  in-4°  de  quatre-vingt-une 
j>ages.  2°  Specchio  seconda  di  musica,  nel 
quale  si  vede  chiaro  il  vero  e  facil  modo  di 
comporte  di  canto  figurato  e  fermo,  di  fare 
con  nuove  regole  ogni  sorte  di  conlrappunti 
ecanom',etc;  Naples,  MalteoNucci,  1051,  cent 
quatre-vingt-seize  pages  in -4°.  Le  troisième 
traité,  sous  le  titre  de  Specchio  terzo  di  mu- 
sica, est  relatif  à  la  musique  théorique  et  aux 
proportions.  J'ignore  la  date  de  l'impression 
de  ce  traité.  Forkel,  qui  n'a  connu  Picerli  et 
ses  ouvrages  que  par  la  citation  fautive  et 
laconique  de  La  Borde,  le  nomme  Picerli,  et 
range  le  Specchio  primo  et  le  Specchio  se- 
condo  parmi  les  traités  généraux  de  musique, 
au  lieu  de  les  placer  chacun  à  la  division  qui 
•leur  convient  {Allgem.  Liller.  der  Musick, 
p.  28G).  L'erreur  de  La  Borde  a  pour  origine 
une  faute  d'impression  île  la  table  des  auteurs 
du  1er  volume  de  Vf/istoire  de  la  musique, 
par  le  P.  Martini.  M.  Liclitcntbal  a  copié 
Forkel;  quant  à  M.  Becker,  il  a  commis  une 
singulière  inadvertance,  en  citant  les  livres 
de  Picerli  sous  le  véritable  nom  de  leur  au- 
teur (p.  475  du  Systcmutisch-Chronol.  Dar- 
stellung  der  musicalischen  Lileralur),  et 
dans  un  autre  endroit  (p.  2S(j,Jbid.),  sous 
celui  de  Picerli. 

PICI1EL  ou  PICI1L  (WEscESLAs),compo- 
sileur,  naquit  en  174 1,  à  Becliin,  en  Bohème, 
et  commença  l'élude  de  la  musique  dès  sa 
septième  année,  sous  la  direction  de  Jean 
Pockorny,  recteur  de  l'école  de  ce  lieu.  En 
1753,  il  fui  admis  au  séminaire  dis  jésuites  de 
Itrzeznicz,  en  qualité  d'enfant  de  chœur  :  il  y 
lit  ses  humanilés.  Lorsqu'elles  Curent  termi- 


nées, il  alla  à  l'université  de  Prague  poui  y 
suivre  les  cours  de  philosophie,  de  théologie 
et  de  droit.  Dans  le  même  temps,  il  fut  placé 
comme  violoniste  au  séminaire  de  Sainl-Wen- 
ceslas.  Après  avoir  pris  pendant  deux  années 
des  leçons  de   contrepoint  dans    l'école   du 
célèbre  organiste   Segert,   il    entra  dans    la 
chapelle  de   l'évéque   de   Grosswardein,    en 
qualité  de  sous-directeur.  Son  goûl  pour  la 
poésie  latine  le  porta  dans  le  môme  temps  à 
faire  quelques  petits  opéras  en  cette  langue, 
tels  que  Olympia  Jovi  sacra;  Pythia,  seu 
ludi  Jpollinis;  Ccrtamen  Deorum,  etc.,  qui 
fuient  mis  en  musique  par  lui-même,  ou  par 
le  maître  de  chapelle  Dilters.  C'est  à  la  même 
époque  qu'il  composa  des  messes,  des  sym- 
phonies et  des  concertos  de  violon.  En  176!), 
la  cour  de  Saint-Pétersbourg  lui  fit  faire  des 
propositions  pour   la   place  de  directeur  de 
musique;  mais  il  préféra  rester  dans  sa  patrie, 
et  il  accepta  le  même  titre  chez  le  comte  de 
Harlig,  à  Prague.  Après  deux  années  passées 
chez  ce  seigneur,  il  fut  appelé  à  Vienne,  en 
qualité  de  premier  violon  du  théâtre  national, 
et  l'impératrice  Marie-Thérèse  le  fit  entrer, 
en  1775,  chez  l'archiduc  Ferdinand,  à  Milan, 
en  qualité  de  directeur  de  musique.  Pendant 
les  vingt  et  un  ans  de  la  durée  de  son  séjour 
en  Italie,  il  fit  des  voyages  à  Rome,  Naples, 
Florence,  Parme,  Venise,  et  autres  villes  im- 
portantes, et  y  lia  des  relations  d'amitié  avec 
les  principaux  artistes  de  cette  époque.  Lors- 
que la  Lombardic  fut  envahie   par  l'armée 
française,  en  1796,  Pichl  retourna  à  Vienne 
avec  l'archiduc,  et  bientôt  il  apprit  que  sa 
bibliothèque  musicale,  laissée  à  Milan,  ainsi 
qu'une  histoire  des  musiciens  de  la  Bohême, 
qu'il  avait  écrite  et  qui  lui  avait  coûté  de  lon- 
gues recherches,  lui  avaient  été  eulevées  par 
les  Français.  Après  avoir  visité  Prague,  au 
mois  de  décembre  1802,  avec  sa  fille,  excel- 
lente cantatrice,  il  retourna  à  Vienne,  où  il 
mourut  au  mois  de  juin  1804,  d'une  apoplexie 
foudroyante,  pendant  qu'il  exécutait  un  con- 
certo de  violon  chez  le  prince  de  Lobkowitz. 
D'après  la  liste  de  ses  compositions,  écrite  par 
lui-même,   il  a  publié   :   I.  Vingt  huit  sym- 
phonies à  grand  orchestre,  divisées  dans  les 
œuvres  1,8,  15,  17,  19,  38,  39,  115;  Vienne, 
Offenbachct  Paris.  II.  Trois  sérénades  à  grand 
orchestre,  op.  9;  ibid.  III.  Douze  quintettes 
pour  deux  violons,  deux  violes  et  basse,  op.  5, 
28  et  42;  ibid.  Cinq  de  ces  quintettes  ont  été 
publiés  à   Paris,  chez  Sieber,  et  à  Offenbaeh 
chez  André,  comme  œuvres  3  et  30.  IV.  Douze 
quatuors  pour  deux  violons,  allô  cl  violon- 


PICHEL  -  P1CT0P. 


relie,  op.  13,  -10,41  cl  113;  Vienne,  Amster- 
dam, Berlin  et  Paris;  six  de  ces  quatuors 
sont  gravés  chez  Sieber,  comme  l'œuvre  2me. 
V.  Trois  quatuors  pour  flûlc,  op.  12;  Vienne 
et  Amsterdam.  VI.  Trois  quatuors  pour  cla- 
rinette, op.  10;  ibid.  VII.  Six  oltetti  pour 
baryton,  violons,  violes,  flûte  et  violoncelle, 
op.  57.  VIII.  Sept  septuors  pour  les  mêmes 
instruments,  op.  56.  IX.  Six  sextuors  pour 
baryton,  deux  violons,  deux  violes  et  violon- 
celle, op.  35.  X.  Six  quintettes  pour  baryton, 
deux  violons,  viole  et  violoncelle,  op.  34. 
XI.  Trois  quatuors  pour  baryton,  violon, 
viole  et  violoncelle,  op.  33.  XII.  Symphonie 
concertante  pour  deux  violons  et  orchestre, 
op.  6.  XIII.  Trois  concertos  pour  violon,  op.  3 
et  104.  XIV.  Trois  concerlini,  idem,  op.  45. 
XV.  Six  trios  pour  violon,  alto  et  violoncelle, 
op.  7.  XVI.  Trente-deux  duos  pour  deux  vio- 
lons, ou  violon  et  alto,  ou  violon  et  violon- 
celle, divisés  dans  les  œuvres  2,  4,  10,  14,  18, 
23  et  24.  XVII.  Sonates  et  solos  pour  violon, 
op.  20,  21,  22,  25,  27,  29,  43,  44. 
XVIII.  Deux  concertos  pour  la  clarinette, 
op.  101  ;  Vienne.  XIX.  Sonates  pour  piano 
avec  ou  sans  accompagnement,  op.  26,  31, 
102;  ibid.  XX.  Trois  messes  solennelles  à 
quatre    voix    et    orchestre,    op.    106,    ibid. 

XXI.  Messe  en  plain-chant,  op.   107;  ibid. 

XXII.  Miserere   en   plain-chant,   op.   108. 

XXIII.  Six  motets,  op.  109.  XXIV.  Deux  gra- 
duels, op.  110.  XXV.  Dix  psaumes,  op.  114. 

Ce  laborieux  artiste  a  laissé  en  manuscrit 
dans  la  chapelle  de  Grosswardein  :  1°  Trois 
messes  solennelles  à  quatre  voix  et  orchestre. 
2°Une  messe  pastorale.  3°  Trois  opéras  latins. 
4°  Six  offertoires.  5°  Neuf  symphonies,  inti- 
tulées les  Neuf  Muses.  6°  Trois  autres  inti- 
tulées les  Trois  Grâces.  7°  Quatre  sérénades 
pour  divers  instruments.  8°  Sept  concertos 
pour  violon.  9°Six  trios  pour  violon.  19°  Douze 
sonates  pour  violon  seul.  Pendant  la  durée  de 
son  séjour  à  Milan,  il  a  écrit  pour  le  service 
de  l'archiduc  Ferdinand,  depuis  1776  jusqu'en 
1796  :  11°  Dix-sept  petites  messes.  12°  Douze 
psaumes  pour  les  vêpres.  13°  Quinze  offer- 
toires. 14°Une  messede  Requiem.  15°  Un  Dies 
irx  solennel.  16°  Un  Miserere  avec  instru- 
.  ments.  17 '°  Miserere  in  Parasceve,  sans  in- 
struments. 18°  Quatre  messes  solennelles. 
19°  Messe  en  plain-chant.  20°  Te  Deum  so- 
lennel. 21°  Trois  opéras  sérieux  italiens. 
22°  Quatre  opéras  bouffes  italiens.  23°  Quatre 
Tantum  ergo.  24°  Trente-six  symphonies  à 
^rand  orchestre.  25°  Quatre  grandes  sérénades. 
20°  Vingt-quatre  trios  pour  deux  violons  et 


violoncelle.  27°  Six  concertos  pour  violon. 
28°  Grand  concerto  pour  orchestre.  29°  Six 
quatuors  pour  violons,  violcet  basse.  30°  Trois 
quintettes,  idem.  31°  Cent  quarante-huit  qua- 
tuors pour  baryton,  violon,  alto  et  basse, 
composés  pour  le  prince  Eslerhazy.  32°  Vingt- 
quatre  caprices  pour  violon.  53°  Un  concerto 
pour  hautbois.  34°  Deux  concertos  pour  flûte. 
35°  Un  concerto  pour  basson.  56°  Un  concerto 
pour  harpe.  57°  Un  concerto  pour  contrebasse. 
58°  Une  symphonie  concertante  pour  deux 
violons.  39°  Un  idem  pour  deux  cors.  40°  Huit 
concertos  pour  cor. 

PICHELMAYER  ou  PICHELMAIER 
(Georges),  valet  de  chambre  de  l'empereur 
d'Autriche  et  musicien  de  la  cour  impériale, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  séjourné  quelque  temps  en  Bohême. 
Il  s'est  fait  connaître  par  un  ouvrage  intitulé 
Psalmodia  sacra  ;  Ratisbonne,  1637. 

PÏCIIIS  (Érasme  DE),  auteur  inconnu,  a 
écrit  à  Rome  un  traité  De  musica  cité  par 
Mandosi  (Biblioth.  roman,  cent.  7). 

PICIILER  (le  P.  Placide-Marie),  né  à 
Pfaffenfoven  sur  l'Ilm,  en  1721,  se  livra  dans 
sa  jeunesse  à  l'étude  des  sciences  et  de  la  mu- 
sique, et  entra  dans  l'ordre  de  Saint-Benoît, 
en  1741,  à  Thierhauplen.  Après  avoir  été  or- 
donné prêtre,  en  1744,  il  fut  envoyé  au  cou- 
vent de  Scheuern,  où  il  se  fil  connaître  comme 
un  des  meilleurs  organistes  de  son  temps; 
puis  il  passa  quelques  années  à  Vienne,  fit  un 
voyage  en  Italie  et  se  retira  à  Venise,  au  cou- 
vent de  Saint-Georges,  où  il  mourut,  en  1796. 
Vers  1760,  il  se  répandit  en  Allemagne  des 
copies  manuscrites  de  plusieurs  morceaux  de 
sa  composition;  entre  autres  six  trios  pour 
violon,  viole  et  basse;  six  idem  pour  luth, 
violon  et  violoncelle,  et  enfin  six  autres  trios 
pour  flûte,  violon  et  basse. 

PICIISELLÎUS  (Sébastien),  littérateur 
et  musicien  allemand  du  seizième  siècle,  a 
publié,  à  Spire,  un  petit  poëme  latin  sur  la 
musique,  sous  le  titre  de  M.  Sebastiani 
Pichselli  viri  eruditissimi  ac  musici  cele- 
berrimi  p.  m.  Carmen  de  musica,  1588, 
in-8°  d'une  feuille  non  paginée. 

PICTE  (Noël),  luthier  de  Paris,  né  vers 
1760,  fut  élève  de  Saunier.  Les  violons  et  les 
basses  qu'il  a  fabriqués  jusqu'en  1810  sont  d'un 
beau  fini  et  sont  estimés. 

PICTOU  (D.  Jean-Frédéric),  prêtre  et 
organiste  de  la  cathédrale  de  Salzbourg,  dans 
les  dernières  années  de  seizième  siècle,  n'est 
connu  (pie  par  un  recueil  de  psaumes  des 
vêpres  à  quatre  et  à  cinq  voix  intitulé  :  Psal- 


PICTOR  —  PIERSON 


modia  vespertina  D.  Joannis  Friderici 
Pictorii  reverendissimi  ac  illust.  Princi- 
pis  Domini,  Andrew  Cardinalis  de  Austria 
Sacellani,  junctis  aliquot  Beatissimx  Vir- 
ginia Marix  canlicis  quatuor  et  quinque 
vocibus  compositis  et  ad  Dei  Opt.  Max. 
laudem  et  eeclesix  catholiex  decus  nu- 
perrimè  in  lucem  editis.  Monachii ,  in 
officina  musica  Adami  Berg,  1594,  in-4° 
obi. 

PIELTAIN  (Diepdonné- Pascal),  violo- 
niste et  compositeur,  né  à  Liège,  en  1754,  fut 
nn  des  meilleurs  élèves  de  Jarnowich.  En 
1778,  il  se  rendit  à  Paris,  et  s'y  fit  entendre 
six  années  de  suite  au  Concert  spirituel.  Il 
ne  s'éloigna  de  celte  ville  qu'en  1784,  pour 
aller  à  Londres  en  qualité  de  premier  violon 
des  concerts  de  lord  Abington.  Après  avoir 
occupé  cette  place  pendant  neuf  années,  Piel- 
tain  fit  un  voyage  à  Pétersbourg,  où  il  donna 
des  concerts  avec  succès,  s'arrêta  quelque 
temps  à  Varsovie,  à  Berlin  et  à  Hambonrg,  où 
il  se  trouvait  en  1800.  De  retour  à  Liège,  il  y 
vécut  dans  nne  Iionnéle  aisance,  fruit  de  ses 
travaux,  aimé  et  respecté  de  ses  concitoyens. 
Il  est  mort  dans  cette  ville,  le  12  décembre 
1835,  à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans.  Piel- 
tain  a  publié  à  Paris  et  à  Londres  treize  con- 
certos pour  le  violon,  six  sonates  pour  le 
même  instrument,  deux  œuvres  de  six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  douze 
duos  pour  deux  violons;  Paris,  Pleyel,  et 
douze  airs  variés  en  deux  livres  pour  les 
mêmes  instruments;  Paris,  Sieber. 

PIELTAIIV  (le  jeune),  frère  du  précédent, 
fut  élève  de  Punto  pour  le  cor,  et  exécuta,  en 
1781,  des  concertos  sur  cet  instrument  au 
Concert  spirituel.  En  1784,  il  était  avec  son 
frère  attaché  aux  concerts  de  lord  Abington,  à 
Londres. 

PIERLOT  (Denis),  violoniste  français, 
qui  était  attaché  au  Concert  spirituel,  en  178G, 
a  publié  à  Paris,  chez  Imbault  :  1°  Trois  sym- 
phonies pour  deux  violons,  alto,  basse,  deux 
hautbois  et  deux  cors,  op.  1.  2°  Première  et 
deuxième  symphonies  concertantes  pour  deux 
violons  et  orchestre. 

PIERLE1GI  (Arcelo),  fils  aine  de  l'il- 
lustre Pierluigi  dePaleslrina,  naquit  à  Rome, 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Élève  de  son 
père,  il  se  livra  à  la  composition.  Dans  le  se- 
cond livre  des  motets  de  celui-ci,  on  trouve 
deux  motels  à  cinq  voix  d'Angelo  sur  les  pa- 
roles :  Circuire  possum,  Domine,  cœlum,  et 
In  /me  cruce  teinvenit.  Il  mourut  jeune,  an- 
térieurement à 1594. 


PIERLUIGI  (RoDOLpnr.),  second  fils  de 
Jean  Pierluigi  de  Palestrina,  né  à  Rome,  y 
mourut  avant  1574.  Un  motet  à  cinq  voix  de 
sa  composition  a  été  inséré  dans  le  deuxième 
livre  de  ceux  de  Palestrina. 

PIERLUIGI  (Silla),  troisième  fils  de 
Jean  Pierluigi  de  Palestrina,  né  aussi  à  Rome, 
y  mourut  comme  ses  frères  avant  1594.  Deux 
motets  à  cinq  et  à  six  voix  de  sa  composition 
{Domine  pater,  etc.,  et  Nunc  dimittis)  ont 
été  insérés  dans  le  second  livre  de  motets  de 
son  père. 

PIERMARIM  (François),  ténor,  né  à- 
Bologne,  débuta  au  théâtre  de  la  Pergola,  à 
Florence,  en  1822.  Dans  l'année  suivante,  il 
chanta  à  Turin,  puis  à  Milan,  où  on  le  re- 
trouve en  1824,  1820  et  1827.  Appelé  à  Ma- 
drid, en  1828,  il  y  obtint  du  succès,  et  fut 
attaché  au  Conservatoire  de  cette  ville,  en 
qualité  de  professeur  de  chant.  En  1834,  il  en 
fut  nommé  directeur  et  censeur.  La  reine 
d'Espagne  le  décora  de  l'ordre  de  Charles  III. 
Par  des  motifs  inconnus,  Piermarini  aban- 
donna cette  position,  en  1840,  et  se  rendit  à 
Paris,  où  il  publia  un  Cours  de  chant  divisé 
en  deux  parties.  Une  édition  française  et  al- 
lemande de  cet  ouvrage  a  été  publiée,  en  1845, 
à  Mayence,  chez  Schott. 

PIERRE,surnommé  DE  CORRIE,du  lieu 
de  sa  naissance,  fut  poète  et  musicien  dans  le 
treizième  siècle.  Il  nous  reste  six  chansons 
notées  de  sa  composition,  qu'on  trouve  dans  le 
manuscrit  de  la  bibliothèque  impériale  de 
Paris  coté  7222  (ancien  fonds). 

PIERRE  (l'abbé),  vicaire  de  la  cathédrale 
de  Metz,  né  dans  cette  ville,  s'est  fait  con- 
naître par  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  De 
l'harmonie  dans  ses  rapports  avec  le  culte 
religieux. Eludes  abrégées;  Metz,  Verounais, 
1838,  et  Paris,  Gaume,  1  vol.  in-8°,  avec 
trcnle-six  pages  de  musique. 

PIERRET  (....),  luthier  fiançais,  vécut 
sous  les  règnes  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIII. 
Ses  violons  sont  estimés;  il  les  terminait  avec 
plus  de  soin  que  son  compatriote  Bocquay,  et 
en  a  fait  en  moins  grand  nombre. 

PIERSON  (Martin),  bachelier  en  musique 
et  directeur  du  chœur  de  l'église  Saint-Paul, 
de  Londres,  mourut  en  cette  ville,  vers  1050. 
On  a  sous  son  nom  une  collection  de  motels 
et  de  chansons  à  cinq  voix  avec  accompagne- 
ment de  violes  et  orgue;  cet  ouvrage  a  pour 
litre  :  Mottels.or  grave  chamber  music,  coit- 
taining  songs  of  5  parts  of  several  sorts 
forvoices  and  viols  ,ivith  an  organ  part,  clc. 
Londres,  1030. 


PIERSON 


PIERSON  (Hr.NRi-IluGn),  compositeur, 
est  né  le  12  avril  1815,  à  Oxford.  Il  descend 
d'une  ancienne  famille  anglaise,  d'origine 
normande.  Son  nom  véritable  est  lel  qu'il  est 
écrit  ici  et  non  Pearson,  comme  on  l'écrit 
généralement  et  même  comme  on  le  trouve 
aux  titres  de  plusieurs  de  ses  ouvrages.  Son 
|>ère  était  prédicateur  en  titre  du  roi 
Georges  IV,  ce  qui  procura  au  jeune  Pierson 
l'occasion  d'entendre  souvent  l'excellente 
musique  de  la  chapelle  royale,  ainsi  que  les 
concerts  de  la  cour,  et  cette  circonstance  fit 
découvrir  ses  heureuses  dispositions  pour  l'art. 
Son  éducation  musicale  fut  confiée  au  maître 
de  la  chapelle  et  à  l'organiste  Thomas  Atl- 
wood,  artiste  distingué.  Les  progrès  de  son 
élève  furent  rapides.  A  l'âge  de  treize  ans, 
Henri  Pierson  fut  envoyé  au  collège  de  Harrow 
(près  de  Londres),  pour  y  faire  ses  études  lit- 
téraires. Il  y  était  depuis  trois  ans  et  y  avait 
obtenu  le  prix  de  poésie  latine,  lorsque  l'alté- 
ralion  sensible  de  sa  santé  décida  son  père  à 
le  rappeler  près  de  lui,  à  la  campagne,  et  à 
lui  interdire  toute  occupation  relative  à  la 
musique ,  parce  que  son  tempérament  ner- 
veux en  éprouvait  de  trop  vives  émotions. 
Cependant  son  goût  passionné  pour  cet  art 
l'emportant  sur  toute  autre  considération,  il 
continua  de  composer  en  secret.  Lorsque  sa 
santé  fut  rétablie,  Pierson  fut  envoyé  à 
Londres,  pour  suivre  des  cours  de  médecine,  à 
l'exercice  de  laquelle  il  était  destiné.  Il  y 
passa  deux  ans,  et  dans  cet  intervalle  il  écrivit 
de  la  musique  sur  quelques  poésies  fugitives 
de  Byron  et  de  Sbelley  :  ces  morceaux  furent 
publiés  chez  l'éditeur  Novello.  En  1835, 
Pierson  se  rendit  à  Paris  avec  la  résolution  de 
se  livrer  exclusivement  à  la  culture  de  la  mu- 
sique, vers  laquelle  il  se  sentait  entraîné.  Ac- 
cueilli par  le  vieux  maestro  Paer,  11  en  reçut 
quelques  conseils,  mais  il  ne  put  alors  con- 
tinuer des  études  régulières,  parce  que  son 
père  le  rappela  près  de  lui  et  le  fit  entrer  à 
l'université  de  Cambridge,  où  il  suivit  les 
cours  de  sciences  physiques.  Ce  fut  dans  celle 
institution  qu'il  apprit  le  contrepoint  sous  la 
direction  du  professeur  Walmisley.  Ses  études 
scientifiques  étant  terminées  en  18-39,  il 
partit  pour  l'Allemagne  et  vécut  d'abord  quel- 
que temps  à  Prague,  ou  Tomaschek  lui  en- 
seigna l'art  de  l'instrumentation.  A  Dresde, 
il  reçut  aussi  des  conseils  de  Reissiger.  Quel- 
ques compositions  vocales  publiées  à  Leipsick 
chez  Breitkoff  etllsertel  et  chez  Kistner,  com- 
mencèrent à  le  faire  connaître.  En  1844,  la 
chaire  de  professeur  de  musique  du  l'univer- 


sité d'Edimbourg  étant  devenue  vacante  par 
la  retraite  de  Henri  Bishop,  Pierson  fut  appelé 
en  Ecosse  pour  la  remplir.  Cette  position  parut 
d'abord  lui  plaire;  mais  après  l'avoir  occupée 
pendant  dix-huit  mois,  il  donna  sa  démission 
et  retourna  en  Allemagne.  A  Vienne,  où  il  se 
rendit  d'abord,  il  publia  plusieurs  ouvrages 
sous  le  pseudonyme  d' Edgar  Mans feldt  ;  puis 
il  alla  à  Berlin  et  y  écrivit  son  opéra  roman- 
tique intitulé  Leila,  qu'il  destinait  au  théâtre 
de  Hambourg;  mais  avant  de  faire  connaître 
celle  production  au  public,  il  fil  jouer,  le 7  mai 
1841),  au  théâtre  de  Brltnn,  l'opéra  féerique 
Der  Elfensieg  (le  Triomphe  des  Sylphes),  dont 
le  livret  était  de  sa  femme  (Caroline  Leon- 
hard  Lyser),  et  qui  obtint  quelque  succès.  Ce 
ne  fut  que  deux  ans  plus  tard  que  Leila  fut 
représenté  à  Hambourg.  La  musique  de  cet 
ouvrage  fut  l'objet  d'éloges  exagérés  et  de  cri- 
tiques acerbes.  Après  quelques  représentations 
orageuses,  Pierson  prit  le  parti  de  retirer  sa 
partition,  se  plaignant  de  la  mauvaise  vo- 
lonté du  chef  d'orchestre,  qu'il  accusait  de 
nuire  à  l'exécution  de  son  ouvrage.  Pierson 
écrivit  ensuite  l'opéra  héroïque  intitulé  Con- 
tarini,  lequel  n'a  pas  été  représenté.  Après 
avoir  habité  Hambourg  depuis  1847  jusqu'en 
1855,  il  retourna  en  Angleterre,  où  précédem- 
ment son  oratorio  de  Jérusalem  avait  été  en- 
tendu avec  intérêt  et  avait  été  publié  en  par- 
tition chez  Novello.  Depuis  lors  il  a  écrit  le 
Paradis,  oratorioqui,  je  crois,  n'a  pas  encore 
été  exécuté,  ainsi  que  la  seconde  partie  du 
Faust  de  Goethe. 

Parmi  les  compositions  publiées  par  cet 
artiste-amateur,  on  remarque  :  1°  Marche 
funèbre  pour  Hamlet,  tragédie  de  Shakes- 
peare, partition  et  arrangement  pour  le  piano; 
Leipsick,  Peters.  2°  Ouverture  romantique, 
parties  d'orchestre  et  partition  pour  le  piano; 
Vienne,  Millier.  3°  Six  chants  à  voix  seule 
avec  piano;  ibid.  4°  Huit  chants  idem:  Ham- 
bourg, Schuberth.  5°  Élégie  pour  ténor  ou  so- 
prano ,  avec  piano;  Hambourg,  Bœhme. 
G0 Romances,  idem;  Dresde,  Arnold.  7°  Chant 
de  mai,  à  quatre  voix,  poésie  de  Milton; 
Londres,  Novello.  8°  Salve  xternum,  cantate 
avec  orchestre,  exécutée  aux  concerts  phil- 
harmoniques de  Norvvich;  Londres,  Ewer 
et  C.  9°  Ave  Maria,  idem  ;  Vienne,  Millier. 
10°  Beaucoup  de  mélodies  et  de  romances  dé- 
tachées, dont  l' Apparition,  un  Regard,  etc. 
Pierson  a  donné  à  Hambourg  une  deuxième 
édition  des  Éludes  d'harmonie  et  de  contre- 
point de  Beethoven,  et  en  a  publié  une  tra- 
duction anglaise,  à  Londres. 


56 


PIETERZ  -  PIETRAGRUA 


PIETERZ  (Adhif.s),  le  plus  ancien  l'acteur 
d'orgues  connu  de  la  Belgique,  naquit  à  Bruges 
dans  les  premières  années  du  quinzième 
siècle.  En  1451,  il  construisit  à  Dclft  un  orgue 
appelé  Heilig Kruis  Or^ef  (l'Orgue  de  la  sainte 
Croix),  parce  qu'il  était  placé  au-dessus  de 
l'autel  de  Saint-Georges,  à  la  croix  de  l'église. 
Il  a  construit  à  Delft,  en  14155,  dans  l'église 
Neuve,  un  instrument  qui  s'y  trouve  encore, 
mais  qui  avait  été  déjà  restauré  quatre  fois  en 
1548.  Il  ne  reste  presque  plus  rien  aujour- 
d'hui de  l'ouvrage  de  Fieterz.  Loolens,  et 
d'après  lui  Hess  (Korle  Schets  van  de  aller- 
eersle  uitvinding  der  Orgclen,  p.  14),  ont 
donné  quelques  renseignements  sur  ces  in- 
struments. 

PIETKEX  (Lambert),  clianoine  de  Sainl- 
Materne  et  maître  de  chapelle  à  Saint-Lam- 
bert, de  Liège,  né  dans  celte  ville,  en  1612, 
y  mourut  en  1696.  La  cathédrale  de  Liège 
possède  de  sa  composition  douze  messes  à  six 
et  à  huit  voix.  Il  a  publié  de  sa  composition 
un  recueil  de  motets  intitulé  :  Sacri  concen- 
tus  2,  5,  4  et  8  vocum  ;  Liège,  1668,  in-4",  et 
quelques  autres  ouvrages  dont  les  litres  nesont 
pas  connus.  Enfin,  il  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  antiennes  qui  se  chantaient  encore 
à  Liège,  en  1794. 

PIÉTOIN  (Loyset  ou  Louis),  musicien 
français,  naquit  vers  la  fin  du  quinzième 
siècle,  ou  plutôt  dans  les  premières  années  du 
seizième,  à  Bernay,  en  Normandie,  et  fut,  à 
cause  de  cela,  surnommé  le  Normand.  L'abbé 
Baini  a  confondu  ce  musicien  avec  Louis 
Compère  (voyez  ce  nom).  Le  lieu  de  la  nais- 
sance de  Piéton  est  indiqué  dans  la  table  des 
auteurs  du  quatrième  livre  des  motels  de  la 
collection  publiée  par  Pierre  Altaignant,  en 
1531,  in-4°obl.;  on  y  lit  :  Benedicila  Deum 
cœZï... Loyset  de  Bernais.  Forkel  s'est  trompé 
lorsqu'il  a  cru  que  Loyset.  était  le  nom  de 
famille  du  musicien  dont  il  s'agit,  et  Piéton 
un  sobriquet  (Allgem.  Ge.scliichle  der  Musik, 
tome  II,  p.  648)  :  Loyset  était,  à  l'époque  ou 
vécut  cet  artiste,  un  diminutif  de  Louis  assez 
fréquemment  employé;  c'est  ainsi  qu'on  ap- 
pelait aussi  Louis  Compère,  et  c'est  la  confor- 
mité de  ce  prénom  qui  a  causé  l'erreur  de 
Baini,  copié  par  Kiescwetler  dans  son  Mé- 
moire sur  les  musiciens  néerlandais,  dans 
son  L/istoire  abrégée  de  la  musique  moderne, 
et  dans  le  catalogue  de  la  musique  de  sa  bi- 
bliothèque. Dans  son  obstination  à  me  contre- 
dire sur  la  distinction  que  j'ai  faite  des  deux 
musiciens  Compère  et  Piéton,  Kiescweltcra 
fait  un  long  article  rempli  (Terreurs  dans  la 


ô9'"c  année  de  la  Gazette  générale  de  musique 
de  Leipsick  (p.  5G5-5G8J,  sous  les  initiales 
D.  F.,  pour  démontrer  leur  identité.  La  dé- 
couverte de  l'épitaphe  de  Compère  (voyez  ce 
nom)  est  venue  me  donner  gain  de  cause,  et 
démontrer  que  j'étais  dans  le  vrai,  lorsque  j'ai 
dit  (pie  Loyset  Piéton  est  postérieur  d'un 
demi-siècle  à  Loyset  Compère.  Tous  les  rai- 
sonnements de  Riesewelter,  pour  prouver 
leur  idenlilé,  sont  tombés  dans  le  néant. 
Outre  le  morceau  cité  ci-dessus,  on  a  de 
Piéton  un  L'eati  omnes  à  quatre  voix,  im- 
primé dans  une  collection  de  psaumes  publiée 
à  Nuremberg,  en  1542;  Forkel  en  a  rapporté 
un  extrait  en  partition  (loc.  cit.).  Les  Con- 
centus  4-8  vocum  de  Salblinger  (Augsbourg, 
1545)  contiennent  aussi  quelques  morceaux 
de  Piéton.  Le  troisième  livre  des  Motets  de  la 
Couronne,  publié  par  Octave  Pctrucci,  ren- 
ferme un  O  bone  Jesu  illumina  à  quatre 
voix,  du  même  musicien.  On  trouve  deux 
autres  psaumes  à  quatre  voix  de  Piéton  dans 
le  Tomus  tertius  Psalmorum  selectorum 
quatuor  et  quinquevocum,  etc.;  Norimbergx, 
apud  Jo.  Petreium,  etc.,  1542.  Le  troisième 
livre  des  Motelti  del  Fiore,  qui  porte  le  litre 
latin  Liber  tertius  cum  quatuor  vocibus 
(Lyon,  Jacques  Moderne,  1539),  contient  deux 
motels  du  même  musicien.  On  en  trouve  deux 
à  cinq  voix,  du  même,  dans  le  Liber  tertius 
viginli  musicales  quinque,  sex ,  vel' oclo 
vocum  molelos  habet,  publié  à  Paris,  par  Al- 
taignant, en  1534.  Enfin  trois  chansons  fran- 
çaises à  quatre  voix,  de  Piéton,  sont  contenues 
dans  le  premier  livre  de  pièces  de  ce  genre,  im- 
primé à  Anvers,  en  1543,  parTylman  Susalo. 

PIETRAGRUA  (Gaspard),  prêtre,  né  à 
Milan,  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  organiste  de  l'église  Saint-Jean  de 
Monza,  puis  de  la  collégiale  de  Canobio,  où  il 
se  trouvait  en  1629.  Il  avait  alors  le  titre  de 
prieur.  On  connaît  sous  son  nom  :  1°  Concert i 
e  canzoni  francesi  ad  1,  2,  3,  4,  enn  Messe, 
Magnificat,  falsi  bordoni,  Litanie  délia 
Madona  e  degli  santi  ;  Milan,  1629.  2°  Can- 
zoneltc  a  tre;  ibid.  5°  Motetti  a  voce  sola  ; 
ibid.  AaMcssa  csalmi  alla  llomana  per  cnu- 
tarsi  alli  vespri  di  tutlo  l'anno  con  due 
Magnificat,  le  quattro  anlifonc,  ed  otto 
falsi  boordoni  a  4  voci,  lib.  5;  ibid. 

PIETRAGRUA  (Chaules-Louis),  com- 
posilcur  dramatique,  naquit  à  Florence,  en 
1692.  Il  a  écrit  pour  le  théâtre  de  Venise  :  // 
J'astor  fido,  en  1721 ,  cl  Iîomolo  c  Tazio,  en 
1722.  On  ignore  (jucile  fut  la  suite  de  la  car- 
rière detet  artiste. 


PIFARO  -  PILLAGO 


57 


PIFARO  (Nccolo).  foyez  NICOLAS 
DE  PADOUE. 

PIFFET  (Etienne),  surnommé  le  grand 
nés,  était  violoniste  à  l'orchestre  de  l'Opéra, 
à  Paris,  vers  1750.  Il  se  fit  entendre,  à  celte 
époque,  avec  succès  au  Concert  spirituel.  On 
a  gravé  de  sa  composition  des  sonates  à  deux 
violons  et  basse  continue,  et  des  cantates  à 
voix  seule. 

PIGNATT  (l'abbé  Pierre-Romui.us),  ou 
PIGNATA,  compositeur  dramatique,  né  à 
Home  vers  1660,  fut  considéré  comme  un  ar- 
tiste distingué  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle.  On  a  retenu  les  titres  suivants  des 
opéras  qu'il  a  fait  représenter  sur  les  divers 
théâtres  de  Venise  et  dans  quelques  autres 
villes  d'Italie  :  1°  Costanza  vince  il  destine-, 
au  théâtre  San  Giovanni  et  San  Paolo  de 
Venise,  1695.  2°  Almiro,  re  di  Corinto,  au 
même  théâtre.  3°  Sigismondo  primo,  1696. 
4°  L'Inganno  senza  danno ,  à  Trévise,  en 
1697.  5°  Paolo  Emilio,  à  Venise,  en  1699. 
6°  Il  Vanlo  d'Jmore,  au  théâtre  San-Mosé, 
à  Venise,  1700.  7°  Oronte  in  Egitto,  au  théâ- 
tre d'Udine,  en  1705.  L'abbé  Pignata  fut  aussi 
le  poète  de  la  plupart  de  ses  opéras. 

PIGNORIA  (Laurent),  en  latin  PIGNO- 
RIUS,  antiquaire,  né  à  Padoue,  en  1571,  fit 
ses  études  chez  les  jésuites  de  cette  ville, 
entra  alors  dans  l'état  ecclésiastique  et  obtint 
un  canonicat  dans  la  cathédrale  de  Trévise. 
Il  mourut  à  Padoue,  d'une  maladie  épidémi- 
que,  le  13  juin  1631.  Au  nombre  des  ouvrages 
de  ce  savant,  on  en  trouve  un  qui  a  pour 
titre  :  De  Servis  et  eorum  qpud  veteres  mi- 
nisteriis  comment ari us  ;  Augsbourg,  1613, 
<n  4°.  L'édition  la  plus  estimée  est  celle  qui  a 
été  publiée  à  Amsterdam,  en  1674,  un  vol. 
in-12.  Pignoria  y  traite  de  la  musique  des  an- 
ciens, particulièrement  de  leurs  instruments, 
depuis  la  page  145  jusqu'à  180.  On  y  trouve 
quelques  renseignements  utiles  sur  cette 
matière. 

PIGOI\ ATI  (André),  médecin  napolitain, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
est  auteurd'une  Lettera sopra  il Tarantismo , 
ossia  morso  délia  Tarantola  che  si  guarisce 
nella  Puglia  colla  mim'ca,  etc.  Ce  petit  écrit, 
accompagné  de  notes  et  de  planches,  est  im- 
primé à  la  fin  d'un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Memoria  di  Brindisi  sollo  il  regno  di  Fer- 
dinando;  Naples,  Morelli,  1781,  in-4°. 

PILATE  (Auguste),  dit  PILAIT,  compo- 
siteur, né  le  29  septembre  1810,  à  Bouchait), 
ville  forte  du  département  du  Nord.  Il  com- 
mença l'étude  de  la  musique  à  l'école  commu- 


nale de  Douai  ;  puis  il  fut  conduit  à  Paris  et 
admis  au  Conservatoire,  le  18  novembre  1822, 
comme  élève  de  solfège.  Le  premier  prix 
de  celte  partie  élémentaire  de  la  musique  lui 
fut  décerné  au  concours  de  l'année  suivante, 
et  au  mois  de  juin  1824,  il  fut  rayé  de  la 
liste  des  élèves  de  cette  institution.  Après  cette 
époque,  on  manque  de  renseignements  sur  la 
suite  des  études  musicales  de  cet  artiste,  et 
l'on  ignore  le  nom  de  son  maitre  d'harmonie 
et  de  composition.  Ses  premières  productions 
furent  des  romances,  dont  quelques-unes  ont 
eu  de  la  vogue.  En  1836,  il  fit  représenter,  sur 
le  théâtre  du  Palais-Royal  de  Paris,  plusieurs 
petits  opéras  dont  les  litres  n'ont  pas  été  con- 
servés. En  1837,  M.  Pilati  fit  jouer  au  théâtre 
d'Adelphi,  à  Londres,  un  ouvrage  dans  le  goût 
romantique  de  cette  époque,  et  qui'élait  inti- 
tulé le  Roi  du  Danube.  De  retour  à  Paris,  il 
donna  au  théâtre  de  la  Renaissance,  en  colla- 
boration avec  M.  de  Flottow,  le  Naufrage  de 
la  Méduse,  opéra  en  quatre  tableaux.  Nommé 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  porte  Saint- 
Martin,  en  1840,  il  a  écrit,  pour  cette  scène,  la 
musique  de  beaucoup  de  drames,  mélodrames, 
pantomimes  et  ballets.  En  1848,  il  donna, 
avec  M.  Gauthier,  l'opéra  de  circonstance  in- 
titulé les  Barricades,  au  théâtre  National. 
Les  trois  Dragons,  opérette  de  M.  Pilali, 
jouée  au  théâtre  des  Folies,  en  1854,  fut  reprise 
au  théâtre  des  Variétés,  en  1859.  La  cantate 
du  même  compositeur,  intitulée  le  Nid  d'aigle, 
fut  chantée  au  même  théâtre,  le  16  août  1858, 
à  l'occasion  de  la  fête  de  l'empereur  Napo- 
léon III. 

PILEUR  D'APLIGNY  (LE),  chimiste 
et  littérateur  français,  n'est  connu  que  par 
ses  ouvrages,  parmi  lesquels  on  remarque  un 
bon  traité  de  l'art  de  la  teinture.  Il  est  aussi 
auteur  d'un  livre  intitulé  :  Traité  sur  la  mu- 
sique et  sur  les  moyens  d'en  perfectionner 
l'expression;  Paris,  1779,  in-8°.  Cet  ouvrage 
ne  renferme  que  des  vues  superficielles. 

PILKLXGTON  (François),  musicien  an- 
glais du  seizième  siècle,  était  luthiste  dis- 
tingué, attaché  à  la  cathédrale  de  Chester. 
Après  avoir  fail  ses  études  à  l'université 
d'Oxford,  il  y  fut  élevé  au  grade  de  bachelier 
en  musique,  dans  l'année  1595.  Cet  artiste 
est  un  des  compositeurs  d'un  recueil  d'airs 
pour  le  luth  et  la  basse  de  viole  publié  à 
Londres,  en  1605,  in-fol. 

PILLAGO  (Charles),  ou  peuL-êlre  mieux 
FILLAGO,  né  à  Rovigo,  dans  les  dernières 
années  du  seizième  siècle,  fut  nommé  orça- 
niste  de  Saint-Marc,  à  Venise,  le  lfr  mai  1023, 


ss 


P1LLAG0  -  PILOTTf 


et  mourut  en  1044.  Il  fut  considéré  comme 
un  des  meilleurs  organistes  de  l'Italie.  On  a 
de  sa  composition  :  Sacri  concerti  a  voce 
sola  con  basso  per  l'organo  ;  Venise,  1042, 
in-4°. 

PILLET-WILL  (le  comte  Michel-Fré- 
déric), banquier  et  économiste,  amateur  de 
musique,  né  le  26  août  1781,  à  Montmeillan 
(Savoie),  tenait  par  sa  mère  à  la  famille  du 
chancelier  d'Aguesseau.  Établi  à  Paris  sous 
l'empire  de  Napoléon  l",  il  y  fonda  une 
maison  de  banque  importante,  fut  un  des 
créateurs  de  la  caisse  d'épargne,  en  1818,  et 
fut  appelé,  en  1828,  à  siéger  parmi  les  régents 
de  la  Banque  de  France.  Membre  de  l'Aca- 
démie royale  de  Turin,  il  y  fonda  quatre 
grands  prix  de  chimie,  de  physique,  de  mathé- 
matique et  d'astronomie.  Grand  amateur  de 
musique,  il  était  lié  d'amitié  avec  les  artistes 
les  plus  célèbres,  particulièrement  avec  Ros- 
sini.  Baillot  lui  avait  donné  des  leçons  de 
violon  :  il  joua  de  cet  instrument  avec  délices 
jusque  dans  ses  dernières  années,  fit  composa 
environ  cent  solos  de  violon  avec  accompagne- 
ment de  piano,  écrit  par  d'habiles  arlistes, 
particulièrement  par  Henri  Herz.  M.  Pillel- 
"Will  a  fait  graver  toute  cette  musique,  qui  n'a 
pas  été  mise  dans  le  commerce,  mais  qu'il 
donnait  à  ses  amis.  Il  a  publié  plusieurs  écrits 
sur  des  sujets  d'économie  politique  et  de 
finances,  dont  on  trouve  la  liste  dans  la 
France  littéraire  de  Quérard  (t.  VII,  p.  173), 
et  dans  la  Littérature  française  contempo- 
raine de  M.  Bourquelol  (t.  VI,  p.  21).  Le 
comte  Pillet-Will  est  mort  à  Paris,  le  11  fé- 
vrier 1800. 

PILLWITZ  (Ferdinand),  chanteur  et  di- 
recteur de  musique  à  Brème,  est  né  dans  les 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle.  En 
1829,  il  fit  représenter  au  théâtre  de  cette 
ville  un  opéra  intitulé  Lehmann,  et  deux  ans 
après  il  y  donna  celui  qui  a  pour  titre  :  Die 
//ochzeitim(iaslhofe(\a  Noccdans l'auberge). 
Son  opérette  lîalaplan,  nu  le  petit  tambour, 
obtint  du  succès,  en  1851,  non-seulement  à 
Brème,  où  elle  l'ut  reprise  plusieurs  fois,  mais 
dans  tonte  l'Allemagne  et  fut  jouée  à  plusieurs 
reprises  à  Dcssau,  Munich, Stuttgard,  Weimar 
et  Vienne. 

PILOTTI  (Joseph),  compositeur  et  profes- 
seur de  contrepoint,  naquit  à  Bologne,  dans 
les  premiers  mois  de  1784.  Son  père,  Gioac- 
chino  Pilotti,  était  organiste  et  facteur 
d'orgues.  Dès  son  enfance,  il  se  livra  a  l'étude 
des  éléments  de  la  musique  et  montra  du  pen- 
clianl  pour  Ki  profession  de  son  père.  Il  élail 


parvenu  à  l'âge  de  seize  ans  et  déjà  il  avait  ac- 
quis des  connaissances  dans  la  fabrication  des 
orgues,  lorsque  Gioacchino  Pilotti  mourut, 
laissant  sa  femme  et  plusieurs  enfants  dans 
une  situation  peu  fortunée.  Joseph  prit  alors 
la  résolution  de  venir  en  aide  à  sa  famille  par 
son  travail,  et  d'en  devenir  le  chef.  Partageant 
le  temps  entre  l'étude  et  les  travaux  manuels 
de  l'atelier,  sans  égard  pour  sa  faible  com- 
plexion,  il  ne  prenait  presque  jamais  de  repos. 
Devenu  bon  organiste,  il  était  appelé  souvent 
dans  les  maisons  religieuses  des  environs  de 
Bologne  pour  des  fêtes  ou  des  cérémonies,  et 
toujours  il  faisait  à  pied  le  trajet  pour  ne  pas 
diminuer  le  salaire  qu'il  recevait  et  qu'il  rap- 
portait intact  à  sa  mère.  Quelques  amis,  ayant 
remarqué  sa  belle  organisation  pour  la  mu- 
sique, lui  donnèrent  le  conseil  de  se  livrer 
à  l'élude  du  contrepoint  sous  la  direction 
du  P.  Stanislas  Mattei.  Ce  maître  l'accueillit 
parmi  ses  disciples,  au  nombre  desquels  était 
alors  Rossini.  Bientôt  Mattei  eut  distingué  les 
rares  dispositions  de  Pilotti  pour  la  science 
de  l'harmonie;  il  en  fit  son  élève  de  prédilec- 
tion. Ses  progrès  furent,  en  effet,  si  rapides, 
qu'avant  d'avoir  accompli  sa  vingt  et  unième 
année,  il  fut  reçu  membre  de  l'Académie  phil- 
harmonique, et  fut  compté  parmi  les  maîtres 
les  plus  habiles  de  Bologne.  Dès  ce  moment, 
il  écrivit  une  grande  quantité  de  musique 
d'église  dont  le  mérite  lui  fit  obtenir  la  place 
de  mailre  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Pis- 
toie.  Vers  le  même  temps,  il  composa  l'opéra 
bouffe  VAjo  nell'  imbarazzo ,  qui  fut  joué 
avec  quelque  succès  sur  le  théâtre  du  Corso, 
à  Bologne;  toutefois,  Pilotti  reconnut  dans 
cet  essai  qu'il  n'avait  pas  reçu  de  la  nature  le 
génie  dramatique,  et  ce  fut  le  seul  ouvrage 
qu'il  écrivit  pour  la  scène.  En  1820,  il  succéda 
à  son  professeurMatlei  dans  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  la  basilique  de  San-Petronio , 
et  trois  ans  après  il  reçut  sa  nomination  de 
professeur  d'harmonie  et  de  contrepoint  an 
Lycée  communal  de  musique  de  Bologne.  Là 
était  sa  véritable  destination,  car  il  se  fit  re- 
marquer dans  son  enseignement  par  la  mé- 
thode pratique  qui  avait  fait  la  grande  répu- 
tation de  Maltci.  Pilotti,  que  de  fortes  ma- 
ladies avaient  mis  plusieurs  ''ois  aux  portes  du 
tombeau,  mourut  à  l'âge  de  cinquante-quatre 
ans,  le  12 juin  1858.  Parmi  ses  compositions 
pour  l'église,  qui  sont  toutes  restées  en  ma- 
nuscrit, on  cilecommedes  œuvres  distinguées 
ses  psaumes  à  huit  voix,  et  son  Dies  irai,  avec 
orchestre.  On  a  aussi  de  lui  un  traité  d'instru- 
mentation qui  a  été  public  sous  ce  litre:  Z-Vcic 


PILOTTI  -  PIONNIER 


59 


insegnamento  teorico  sullu  natura,  esten- 
sione,  proporzione  armonica,  etc.,per  tutti 
gli  stromenti ;  Milan,  Ricordi. 

PIMENTEL  (Pierre)  ,  célèbre  organiste 
portugais,  mourut  à  Lisbonne,  en  1599.  Il  a 
laissé  un  recueil  de  compositions  pour  l'orgue, 
in lilulé  :£ivro de  cifra  de  varias  obras  para 
se  tangerem  na  orgaô.  Machado  (Bibl.  Lu- 
sit.,  t.  III,  p.  610)  croit  que  ce  livre  a  été  im- 
primé. 

PINA  E  MENDOÇA  (Léon  DE),  che- 
valier de  l'ordre  du  Christ,  né  en  Portugal, 
vécut  vers  1650.  Machado  lui  attribue  plu- 
sieurs opuscules  concernant  la  théorie  de  la 
musique,  restés  en  manuscrit  (Bibl.  Lusit., 
t.  III.  p.  11). 

PU\AROL  (Jean),  musicien  belge,  né 
dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle, 
n'est  connu  que  par  six  motets  à  quatre  voix, 
imprimés  dans  les  Motetti  XXXIII,  sortis 
des  presses  d'Oltaviano  Petrucci  de  Fossom- 
brone,  en  1502,  petit  in-4°  oblong,  et  par  la 
chanson  italienne,  à  quatre  voix,  Fortuna 
desperata,  qui  se  trouve  dans  les  Canti  C 
cento  cinquanta ,  publiés  par  ce  célèbre  im- 
primeur, en  1505. 

PI1NELLI  DE  GEUARDIS  (Jean-Bap- 
tiste),  né  à  Gènes,  en  1543,  d'une  famille 
noble,  voyagea  en  Allemagne,  et  s'établit  à 
Prague,  antérieurement  à  l'année  1580.  En- 
viron neuf  mois  après  la  mort  du  maître  de 
chapelle  Scandelli,  il  fut  appelé  à  Dresde,  en 
1581,  pour  lui  succéder;  mais  sa  mauvaise 
conduite  l'obligea  à  retourner  à  Prague  bien- 
tôt après.  Il  mourut  en  cette  ville;  l'époque 
de  son  décès  est  ignorée.  "Walther  cite  de  sa 
composition  les  ouvrages  suivants  :  1°  FI 
Misse  a  4  voci;  Dresde,  1582,  in-fol.  2°  Ma- 
gnificat allemands  dans  les  huit  tons  de 
l'église;  ibid.,  1583,  in-fol.  3°  Madrigali; 
ibid.,  1584,  in-fol.  4°  Cantiones  sacrs  8, 10  e 
15  voc.  ;  ibid.,  1584,  in-fol.  On  a  aussi  de  Pi- 
nelli  :  5°  Mutetii  quinque  vocum  a  loanne 
Baptista  Pinello  italo  nobilique  Genuensi, 
S.  C.  M.  masico  composita;  impressa  Prag 3e 
per  Georgium  Negrinum  ,  1588,  in-4°. 
6°  Nouvelles  chansons  allemandes  à  cinq 
voix,  traduites  de  l'italien  pour  être  chantées 
et  accompagnées  dans  la  manière  italienne; 
Dresde,  1584,  in-4°.  7°  Napoletane  a  5  voci; 
ibid.,  1585,  in-4°.  8°  Dix-huit  musettes  à  cinq 
voix;  Prague,  1588,  in-4°. 

PINHEIRO  (le  P.  Jean),  religieux  portu- 
gais, né  à  Thomar,  dans  l'Estramadure,  fut 
un  des  meilleurs  musiciens  de  sa  nation,  et 
forma  plusieurs  bons  élèves.  Il  mourut  dans 


la  première  moitié  du  dix-septième  siècle.  On 
trouvait  encore  de  lui  vers  1720,  dans  la  Biblio- 
thèque royale  de  Lisbonne,  les  ouvrages  sui- 
vants, en  manuscrit  ;  1»  Jve  Regina  cœlorum 
à  douze  voix  (n°  809).  2»  Affliclio  mea  à  six 
voix  (n°810). 

PIIMVA  (Emmanuel  DE),  musicien  de  la 
chapelle  du  roi  de  Portugal,  né  en  Espagne, 
vivait  à  Lisbonne  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des 
cantiques  pour  le  jour  de  Noël  et  les  princi- 
pales fêtes  de  saints,  sous  ce  titre  :  Fillan- 
cicos  y  romances  de  la  Natividad  de  Jesu- 
Christo  y  otros  santos. 

PIINTADO  (Joseph),  violoniste  romain  sur 
qui  l'on  n'a  point  de  renseignements,  a  publié 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  Fera  idea  délia 
musica  e  del contrappunto ;  Rome,  de  l'im- 
primerie de  Gioacchino  Puccinelli,  1794, 
in-8°decent  cinquante-six  pages.  Cet  ouvrage 
est  de  très-peu  de  valeur. 

PIIXTI  (Salvator-Ignace),  moine  italien, 
vécut  dans  un  couvent  de  la  Bohême  vers  la 
dernière  partie  du  dix-huitièmesiècle.  Il  com- 
posa la  musique  d'un  oratorio,  intitulé  :  Il 
Santo  Abele  di  Boemia,  ossia  il  glorioso 
martirio  di  S.  TFenceslao,  signor  di  detto 
regno,  qui  fut  exécuté,  en  1781,  dans  l'église 
Saint-Pierre  de  Prague. 

PIO(Antoine),  compositeur,  né  àRavenne, 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle  ,  fut 
maître  de  chapelle  dans  cette  ville.  En  1785, 
il  écrivit,  à  Vienne,  Nettuno  ed  Egle,  opéra 
sérieux,  et,  en  1790,  il  donna,  au  théâtre  de 
la  Scala,  à  Milan,  77  Medonte,  opéra  sé- 
rieux. 

PIOCCHI  (Christophe),  né  à  Foligno 
(États  Romains),  dans  lq>  dernières  années  du 
seizième  siècle,  fut  d'abord  maitre  de  cha- 
pelle à  Orvielo,  puis  fut  appelé  à  Sienne, 
pour  remplir  les  mêmes  fonctions  à  la  cathé- 
drale. Il  occupait  encore  cette  position  en 
1669,  dans  un  âge  avancé.  On  connaît  de  lui  : 
1°  Cantiones  sacrte  seu  Motetti  2,  3  et  4  vo- 
cum, liber  primus;  Orvieto,  1625.  J'ignore 
les  dates  et  le  lieu  de  l'impression  du  deuxième 
et  du  troisième  livres  de  ces  motets.  2°  Mo- 
tetti a  due,  tre  et  quattro  voci.  Lib.  IF; 
Bologne,  Jacques  Monti,  1668,  in-4°.  5°  Res- 
ponsoria  hcbdomadœ  sanctx  quatuor  voci- 
bus;  ibid.,  1669,  in-4". 

PIOIMNIER  (Jean),  musicien  français  du 
seizième  siècle,  fut  maître  de  chapelle  à  Lo- 
relte.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition: 
1°  Motetti  a  cinque  voci,  lib.  I;  Venise, 
1561,  in-4n.  2"  Idem,  lib.  II;  ibid.,  1504. 


60 


PIONNIER  -  P1RKIIERT 


in-40.  On  trouve  trois  motets  à  six  voix  de 
ce  mailre  dans  le  premier  livre  des  Motetti 
del  frutto  a  sei  voci;  Venelia,  nella  stampa 
d'Antonio  Gardane,  1339. 

PIOVESANA  (François),  né  à  Salice 
(royaume  de  Nazies),  est  auteur  d'un  opus- 
cule, intitulé  :  Misure  harmoniche ;  Venelia, 
app.  Gardano,  1G27,  in-4°  de  soixante-six 
pages.  Ce  savant  et  son  ouvrage  sont  cités  par 
Tevo  (voyez  ce  nom),  dans  son  JUusico 
Testore. 

PIOZZÏ  (...),  compositeur  italien,  attaché 
au  service  du  prince  Palatin,  a  fait  graver,  à 
r.Ianheim,  en  1780,  deux  œuvres,  chacun  de 
trois  quatuors  pour  clavecin,  deux  violons  et 
basse. 

PIPLLARE  (Mathieu),  musicien  belge, 
né  à  Louvain,  vécut  à  la  fin  du  quinzième 
siècle  et  au  commencement  du  seizième.  On 
ne  sait  rien  de  ses  études,  ni  des  places  qu'il 
n  occupées.  Ornilhoparcus,  qui  le  cite  comme 
une  autorité  en  ce  qui  touchait  les  propor- 
tions de  l'ancienne  notation  (Microl.  Musicx 
activa:,  lib.  II,  cap.  8),  nous  a  appris  son 
prénom,  qu'on  ne  trouve  point  ailleurs.  Pipe- 
lare  signait  ordinairement  son  nom  par  un 
reluis  composé  du  mot  Pipe  et  des  notes  de 
musique  la,  ré.  C'est  ainsi  qu'on  le  trouve 
dans  des  manuscrits  delà  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles.  Une  mcsseà  quatre  voix  dePipe- 
lare  est  imprimée  dans  la  collection  publiée 
par  André  Antiquo  de  Monlona  (voyez  Mon- 
tona).  Octave  Petrucei  a  aussi  inséré  un  Ave 
Jllariade  ce  mailre,  dans  son  premier  livre  de 
motetsà  cinq  voix  :  Venise,  1505.  GeorgesBhau 
a  inséré  quelques  compositions  de  ce  mailre 
dans  sa  Bicinia  çiallica,latina  et  germanica 
(Vilebergse,  1545).  Le  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque royale  de  Munich,  n°  34,  provenant  de 
la  chapelle  des  ducs  de  Bavière,  contient  de 
Pipelare  l'antienne  à  quatre  voix  Fila  ditl- 
cedo.  Des  compositions  de  Pipelare  se  trou- 
vent, avec  des  messes  et  autres  morceaux  de 
Pierre  de  La  rue,  dans  deux  beaux  manuscrits, 
in-folio  atlantique,  qui  appartiennent  à  la 
Bibliothèque  royale  de  Bruxelles;  enfin,  les 
manuscrits  des  archives  de  la  chapelle  ponti- 
ficale, à  Borne,  renferment  des  messes  du 
même  musicien,  entre  autres  une  messe  de 
V Homme  armé,  à  quatre  voix. 

PIPELET  (madame  Constance).  Voyez 
SAL1U  (madame  DE). 

PIPERIXI  (Alphonse),  professeur  de  mu- 
sique napolitain,  vécut  vers  le  milieu  du  dix- 
linilièmc  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
traité  de  la  transposition  intitulé     Rcgole  per 


ben  trasportare  ogni  composizione  per  tutti 
i  tuoni  e  mezzi  tuoni  ;  Naples,  1759,  in-8°. 

PIPPE>G(HENRi),néà  Leipsick,  le  2  jan- 
vier 1G70,  y  fit  ses  études  et  y  obtint  le  titre 
de  prédicateur  à  l'église  Saint-Nicolas,  en 
1G03.  Quatre  ans  après,  il  passa  en  la  même 
qualité  à  celle  de  Saint-Thomas.  En  1709,  il 
fut  promu  au  grade  de  docteur  en  théologie  à 
l'université  de  Wittenherg,  puis  fut  appelé  à 
Dresde  en  qualité  de  prédicateur  de  la  cour  et 
de  conseiller  du  consistoire.  Il  mourut  dans 
cette  ville,  le  22  avril  1722.  Pipping  n'était 
âgé  que  de  seize  ans  lorsqu'il  soutint,  pour  le 
grade  de  bachelier,  une  thèse  :  De  Saule  per 
musicam  curuto,  sous  la  présidence  du  pro- 
fesseur Lœscher  {voyez  ce  nom).  Celle  disser- 
tation a  été  imprimée  à  Leipsick,  en  168G, 
in-4°.  Il  en  fut  fait  une  seconde  édition  dans 
la  même  ville,  en  1699,  et  il  en  parut  une 
troisième  à  Wittenherg,  en  1705,  in-4°  de 
soixante-quatre  pages.  Enfin  ce  morceau  fut 
reproduit  une  quatrième  fois  dans  les  Exer- 
citationes  académies  Juvéniles,  de  Pipping  ; 
Leipsick,  1723,  in-4°. 

PIRKER  (Marianne),  femme  d'un  violo- 
niste de  la  chapelle  du  duc  de  Wurtemberg, 
fut  une  des  meilleures  cantatrices  allemandes 
de  son  temps,  et  brilla  à  Londres,  à  Vienne  et 
à  Slultgard.  Admise,  à  cause  des  qualités  de 
son  esprit,  dans  l'intimité  de  la  duchesse  de 
Wurtemberg  ,  elle  se  trouva  compromise 
quand  cette  princesse  se  sépara  de  son  époux 
(en  1755),  fut  arrêtée  et  enfermée  dans  la 
forteresse  de  Stohen-Asperg,  où  elle  resta 
jusqu'en  17G5.  Ce  changement  subit  de  sa  for- 
lune  la  priva  de  l'usage  de  sa  raison  pendant 
plusieurs  années  ,  sans  porter  cependant 
atteinte  à  son  talent.  De  la  paille  de  seigle  qui 
composait  sa  couche,  elle  fabriquait  des  fleurs 
d'une  merveilleuse  délicatesse  :  elle  parvint 
bientôt  à  tant  d'habileté  dans  cet  exercice, 
que  l'impératrice  Marie-Thérèse  ne  dédaigna 
pas  d'accepter  un  bouquet  de  ces  fleurs  artifi- 
cielles que  madame  Pirker  lui  avait  envoyé, 
et  qu'elle  la  récompensa  par  le  don  d'une  mé- 
daille d'or.  Un  autre  bouquet,  offert  à  l'impé- 
ratrice (Catherine)  de  Bussie,  lui  valut  une 
récompense  magnifique.  Lorsque  madame  Pir- 
ker eut  recouvré  sa  liberté,  elle  se  retira  à 
Heilbronn,  et  y  vécut  en  donnant  des  leçons 
de  chant.  A  l'âge  de  soixante  ans,  elle  chan- 
tait encore  avec  une  rare  expression.  Elle 
mourut  le  10  novembre  1783,  à  l'âge  de 
soixante-dix  ans. 

lMRIillKRT  (Edouard),  pianiste  et  com- 
positeur, né  le  24  octobre  1817,  à  Aullie,  vil- 


PIRKIIERT  —  PISA 


CI 


lage  de  la  Slyrie,  fit  ses  éludes  littéraires  au 
gymnase  et  à  l'université  de  Grœlz,  où  il  reçut 
les  premières  leçons  de  musique;  puis  il  se  ren- 
dit à  Vienne,  où  Antoine  Halm  fut  son  maître 
de  piano;  plu*  tard  il  devint  élève  de  Charles 
Czerny.  M.  Pirkhert  s'est  fixé  dans  cette  ville 
et  a  commencé  à  s'y  faire  connaître  en  jouant 
dans  les  concerts,  en  1837.  Parmi  les  ou- 
vrages qu'il  a  publiés,  on  remarque  :  Étude 
héroïque  pour  le  piano,  œuvre  4;  Vienne, 
Mechetti;  six  mélodies  idem,  op.  9;  ibid.; 
douze  éludes  de  salon  idem,  op.  10;  ibid.; 
études  en  octaves  idem,  op.  11  ;  ibid.;  Fan- 
taisie de  concert  sur  les  Noces  de  Figaro, 
op.  12;  Leipsick,  Hofmeisler.  En  1855, 
M.  Pirkhert  a  été  nommé  professeur  de  piano 
au  Conservatoire  de  Vienne. 

PIRLI1NGEU  (Joseph),  violoniste  de  la 
musique  de  la  cour  impériale,  à  Vienne,  fit, 
vers  1786,  un  voyage  à  Paris,  et  y  publia  de 
sa  composition  :  1°  Six  quatuors  pour  deux 
violons,  allô  et  basse.  2°  Six  symphonies  à 
huit  parties.  De  retour  à  Vienne,  où  il  vivait 
encore  en  1802,  il  a  fait  paraître  :  3°  Trois 
trios  faciles  pour  deux  violons  et  basse; 
Vienne,  Steiner.  4°  Plusieurs  œuvres  de  duos 
et  de  divertissements  pour  deux  violons.  Pir- 
linger  a  été  l'éditeur  d'une  nouvelle  publica- 
tion de  la  mélhode  de  violon  de  Léopold  Mo- 
zart; Vienne,  Wallishauser.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  dix-huit  trios  pour  deux  violons  et 
basse. 

PISA  (Don  Augustin),  docteur  en  droit 
canon  et  civil,  vivait  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  et  a  publié  un  livre  qui  a 
pour  litre  :  Battuta  délia  musica  dichiarata 
dadon  Agostino  Pisa,dottoredileggeca?io- 
nica  e  civile, e  musico  fpeculativo  e  prattico. 
Opéra  nova,  utile  e  necessaria  alli  professori 
délia  musica.  Ristampata  di  novo,  ed  am- 
pliata;inRoma,  ICI  1,  in-4°.Forkel  (Allgem. 
Litteratur  derMusik,  p.275)dit  que  l'auteur 
de  ce  livre  est  cité  quelquefois  sous  le  nom 
d'Agostino  di  Pisa,  comme  si  ce  nom 
d' Agostino  élait  celui  de  sa  famille,  et  Pise 
le  lieu  de  sa  naissance.  D'après  ce  renseigne- 
ment inexact,  M.  Ferdinand  Becker  n'a  pas 
hésité  à  placer  Pisa  sous  le  nom  d' Agostino, 
et  à  le  faire  naître  à  Pise,  dans  son  Tableau 
systématique  et  chronologique  de  la  littéra- 
ture musicale  (1).  Ainsi  qu'on  le  voit  par  le 
titre,  l'édition  de  1C11  est  la  deuxième*  du 
livre  de  Pisa;  mais  j'ignore  où  la  première  a 


(I)  Si/Êlem  Chrnnol.  Darstellmg  der  musical  Liltcra- 
tur,  col.  274 


été  publiée.  Le  seul  renseignement  que  l'on 
trouve  dans  la  deuxième,  concernant  la  pre- 
mière, est  que  Pisa  avait  dédié  celle-ci  à  Bo- 
niface  Cannobio,  noble  bolonais,  au  lieu  que 
Paulre  est  dédiée  au  P.  Thomas  Pallavicino. 
La  seconde  édition  du  livre  de  Pisa  n'est  pas 
commune,  mais  la  première  est  beaucoup  plus 
rare.  Il  est  le  premier  où  ce  qui  concerne  la 
mesure  en  musique  a  été  Irai  lé  avec  dévelop- 
pement. Après  les  madrigaux  et  les  sonnets 
adressés  à  l'auteur,  suivant  l'usage  du  temps 
où  il  écrivait,  et  l'épîlre  dédicaloire,  on 
trouve  un  avertissement  au  lecteur  p.  13; 
l'éloge  de  la  musique,  p.  15;  un  aperçu  des 
inventeurs  de  la  musique,  p.  17,  et  un  raison- 
nement intitulé  :  Del  musico  e  cantore.  Vient 
ensuite  la  préface  de  l'ouvrage,  p.  23-44,  où 
railleur  examine  ce  qu'on  a  dit  jusqu'à  lui, 
dans  les  divers  traités  de  musique,  concer- 
nant la  mesure.  Les  chapitres  qui  composent 
le  corps  du  livre  sont  les  suivants  :  1°  Che 
cosa  sia  battuta,  p.  44-50. 2°  Che  cosa  signi- 
fichi  questa  parola,  positione  nella  battuta. 
p.  50-C3.  3°  Per  che  causa  sia  stata  ritro- 
vala  la  battuta,  p.  G3-C7.  4°  Di  quanle parti 
sia  composta  la  battuta,  p.  G7-71.  5°  Dove 
cominci  e  termini  questa  battuta,  p.  71-88. 
G"  Del  primo  moto,  o  primo  spatio  che  fà  la 
mano  per  andare  a  ponersi  in  alto  per  bat- 
tere,  p.  88- 9G.  7°  Di  alcuni  disordini  che  oc- 
corono  per  non  dare  il  suo  vero  principio 
alla  battuta,  p.  97-102.  8°  Corne  ci  doviamo 
servire  di  questa  misura,  per  dare  principio, 
e  seguilare  il  canto,  p.  103-1 19.  9°  Che  tut  te 
le  cantilene  devono  finire  ail'  insu,  cioè  in 
aria,  p.  119-127.  10°  Délie  proportioni, 
p.  127-131.  11°  Catalogo  degli  errori  repro- 
batiin  questa  dichiaratione,  p.  132-1 3C.  Le 
livre  est  terminé  par  la  table  des  matières. 
J'ai  cru  devoir  donner  ici  l'indication  du  con- 
tenu de  cet  ouvrage,  à  cause  de  sa  rareté.  Le 
style  de  Pisa  est  diffus,  mais  son  livre  ren- 
ferme de  fort  bonnes  choses  sur  une  matière, 
négligée  à  l'époque  où  il  fut  écrit,  et  qui  a  de 
l'intérêt.  Les  recherches  historiques  qu'on  y 
trouve  sont  curieuses.  Pisa  est,  je  crois,  le  pre- 
mier qui  contesta  à  Guido  d'Arezzo  les  in- 
ventions qu'on  lui  attribue  à  tort.  Georges 
Schielcn  cile  de  cet  auteur  (Biblioth.  Enu- 
cleata,  p.  328)  un  traité  De  Percussione 
musica.;  mais  ce  titre  n'est  qu'une  mauvaise 
traduction  latine  du  titre  italien  de  l'ouvrage 
pniédent.  Maltheson  en  parle  aussi  dans  son 
Oichesire  scrutateur  (das  forschende  Orches- 
ter,  pige  408),  sous  le  titre  de  Traclatus  de 
taclu. 


C2 


PISADOR  —  PISARONI 


PISADOR  (Didier),  musicien  espagnol 
<Iu  seizième  siècle,  naquit  à  Salamanque.  Il  a 
publié  un  traité  sur  l'art  de  jouer  de  la  viole, 
sous  le  litre  de  Musica  de  viguela,  citharis- 
ticx  artis  documenta;  Salamanque,  1552, 
in-fol. 

PISANELLI  (Pampilio),  mailrc  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Pise,  naquit  à  Bo- 
logne vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  s'est 
fait  connaître  par  un  recueil  de  seize  madri- 
gaux à  cinq  voix,  intitulé  :  Madrigalia  cin- 
que  voci.  Libro  primo.  In  Ferrara,  per 
FMorioBaldini,  1586,  in-4°. 

PISA1M  (Antoine),  membre  delà  Société 
philharmonique  de  Palerme,  naquit  en  1793, 
et  mourut  en  1827.  Il  a  fait  imprimer  un 
opuscule  intitulé  :  Pensieri  sul  diritto  uso 
délia  musica  istrumentale;  Naples,  1817. 
Dans  la  même  année,  il  en  a  paru  une  autre 
édition  à  Palerme,  in-4°. 

PISARI  (Pascal),  né  à  Rome  vers  1725, 
était  fils  d'un  pauvre  maçon.  Dans  sa  jeu- 
nesse, il  possédait  une  très-belle  voix  qui, 
ayant  été  remarquée  par  un  musicien  nommé 
Gasparino,  détermina  celui-ci  à  lui  enseigner 
la  musique.  Après  la  mue,  il  acquit  une 
bonne  voix  de  basse;  mais  sa  timidité  était  si 
grande  que,  ne  trouvant  point  de  ressource 
dans  son  talent  comme  chanteur,  il  résolut  de 
se  livrer  à  l'élude  de  la  composition.  Il  y  fit 
de  rapides  progrès  sous  la  direction  de  Jean 
Biordi,  chapelain-chantre  de  la  chapelle  pon- 
tificale, et  mailre  de  chapelle  de  Saint-Jacques 
des  Espagnols.  La  lecture  des  ouvrages  de 
Paleslrina  fut  surtout  profitable  à  Pisari  :  il 
saisit  si  bien  l'esprit  du  style  de  ce  grand 
homme,  que,  de  tous  ceux  qui  tentèrent  de 
l'imiter,  il  est  peut-être  le  musicien  qui  en 
approche  le  plus  :  sa  supériorité  en  ce  genre 
Ta  l'ait  appeler  par  le  P.  Martini  lePaleslrina 
du  dix-huitième  siècle.  En  1752,  il  fut  agrégé 
à  la  chapelle  pontificale;  mais  bien  qu'il  y  ait 
fait  un  long  service,  il  n'y  eut,  pendant  la 
plus  grande  partie  du  temps,  que  la  position  de 
surnuméraire.  Sa  misère  était  extrême  :  à  peine 
couvert  de  vieux  habits  que  lui  donnaient  ses 
amis,  il  n'avait  d'habitation  qu'une  mansarde 
qu'on  lui  cédait  par  charité.  Son  mobilier  se 
composait  d'une  couverture  placée  sur  deux 
tables  pour  son  coucher,  d'un  clou  où  il  atta- 
chait une  chandelle,  et  d'un  morceau  d'argile 
qu'il  avait  façonné  en  écritoire.  L'encre  dont 
il  se  servait  n'était  composée  que  d'eau  et  de 
charbon;  sa  plume  était  un  bâton  fendu.  Il 
n'avaitd'aulre  papier  que  celui  qu'il  ramassait 
dans  les  rues  de  Rome;  lui-même  le  lignait 


pour  écrire  sa  musique,  et  il  l'appuyait  contre 
la  fenêtre  pour  y  tracer  ses  belles  composi- 
tions, dignes  de  procurer  à  leur  auteur  un  sort 
moins  pénible.  Enfin,  l'occasion  favorable  pour 
tirer  Pisari  de  celle  horrible  situation  parut 
se  présenter.  Le  bruit  de  son  mérite  étant  par- 
venu à  la  cour  de  Portugal,  l'ambassadeur  de 
celle  puissance  à  Rome  fut  chargé  de  lui  de- 
mander un  Dixit  à  seize  voix  réelles  en  quatre 
chœurs,  et  un  service  complet  pour  les  di- 
manches et  fêtes  de  toute  l'année,  à  quatre 
voix  avec  orgue. Cet  immense  travail  terminé, 
le  Dixit  fut  exécuté,  en  1770,  d'après  l'ordre 
de  l'ambassadeur,  dans  l'église  des  XII  Apô- 
tres, par  cent  cinquante  des  meilleurs  chan- 
teurs de  Rome.  Burney,  qui  entendit  cetle 
exécution  solennelle,  parle  avec  admiration 
du  mérite  de  la  facture  de  ce  morceau.  Toute 
la  musique  fut  expédiée  à  la  cour  de  Lisbonne; 
elle  remplissait  deux  caisses.  Malheureuse- 
ment la  récompense  due  à  de  si  beaux  et  si 
considérables  travaux  mit  tant  de  temps  à 
parvenir  à  Rome,  que  lorsqu'elle  y  arriva, 
Pisari  n'était  plus.  Il  avait  cessé  de  souffrir, 
en  1778.  Ce  fut  son  neveu,  simple  ouvrier 
maçon,  qui  recueillit  le  prix  de  son  travail. 
Les  compositions  écrites  par  Pisari  pour  la 
chapelle  pontificale  sont  en  grand  nombre  et 
d'un  travail  parfait;  ellesconsistenten  messes, 
psaumes  et  motets  à  huit  voix,  deux  TeDeum, 
dont  un  à  huit  voix  et  un  à  quatre.  L'abbé 
Baini  accorde  beaucoup  d'éloges  à  ces  produc- 
tions. Pisari  fut  moins  heureux  dans  le  Mise- 
rere à  neuf  voix  qu'il  écrivit,  en  1777,  à  la 
la  demande  de  ses  collègues,  pour  le  service 
de  la  même  chapelle  :  la  misère  et  l'immense 
travail  qu'il  avait  faiUpour  la  cour  de  Por- 
tugal avaient  épuisé  ses  forces  :  l'effet  du 
morceau  ne  répondit  pas  à  ce  qu'on  attendait 
du  talent  de  l'auteur.  L'abbé  Santini  possède 
en  manuscrit  de  cet  excellent  artiste:  \°  Dixit 
à  quatre  voix.  2°  Miserere  à  4.  5°  Laudate 
Dominum  à  4,  en  canon.  4°  Une  messe  à  8. 
5°  Les  psaumes  Dixit,  Laudate,  Lxtatus 
sum  et  Beatus  vir  à  huit  voix.  (3°  Les  motels 
J'irtute  magna,  Coronas  aureas,  Siconsur- 
rexistis  et  Tu  es  pastor  ovium  à  8.  7°  Le 
fameux  Dixit  à  10,  composé  pour  le  roi  de 
Portugal. 

PIS AROIXI  (  Benedetta  -  Rosamunda  )  , 
excellente  cantatrice,  n'est  pas  née  à  Palerme, 
en  1806,  comme  le  dit  l'auteur  de  la  notice 
insérée  dans  le  Lexique  universel  de  musique 
publié  par  le  docteur  Schilling,  mais  à  Plai- 
sance, le  G  février  1793.  Un  maître  obscur, 
nommé  Pino,  lui  donna  les  premières  leçons 


PISARONI  -  PISCHEK 


C3 


de  musique.  A  Page  de  douze  ans,  elle  passa 
sous  la  direction  du  sopraniste  Moschini,  alors 
au  service  du  vice-roi  d'Italie,  à  Milan.  Après 
avoir  appris  de  lui  Part  du  chant,  suivant  les 
principes  de  l'ancienne  école,  elle  reçut  des 
conseils  de  Marchesi,  qui  se  chargea  du  soin 
de  perfectionner  son  goût.  Tels  furent  les 
avantages  qu'elle  recueillit  des  leçons  de  ces 
deux  maîtres  que,  malgré  l'extérieur  le  plus 
repoussant,  malgré  les  défauts  d'une  partie  de 
son  organe  vocal,  elle  excita  partout  l'admi- 
ration. La  plupart  des  biographes  qui  ont  écrit 
sur  cette  cantatrice  ont  dit  que  sa  voix  était 
originairement  un  contralto  qui  s'était  élevé 
progressivement;  c'est  le  contraire  qui  est 
exact.  Lorsque  madame  Pisaroni  débuta  à 
Bergame,  dans  l'été  de  1811,  à  l'âge  de  dix- 
liuit  ans,  elle  chantait  en  soprano  aigu  les 
rôles  de  Griselda,  Camilla,  et  autres  du  ré- 
pertoire de  celte  époque.  Applaudie  à  Ber- 
game, elle  fut  appelée  à  Vérone  dans  la  saison 
suivante,  et  le  succès  qu'elle  y  obtint  la  fit 
connaître  de  toute  l'Italie.  De  retour  à  Plai- 
sance vers  la  fin  de  1812,  elle  y  chanta  avec 
succès.  Appelée  à  Parme  au  commencement 
de  1813,  elle  y  eut  une  maladie  longue  et  sé- 
rieuse aprèslaquelle  elle  perditquelques  notes 
aiguës  de  sa  voix,  tandis  que  la  partie  grave 
de  l'organe  acquit  de  l'étendue  et  de  la  force. 
Obligée  de  renoncer  à  son  premier  emploi, 
elle  prit  celui  de  contralto,  et  l'exercice  dé- 
veloppa si  bien  en  elle  les  avantages  de  ce 
genre  de  voix,  qu'en  peu  de  temps  elle  fut 
considérée  à  juste  titre  comme  le  premier  con- 
tralto de  l'Italie,  quoiqu'elle  ne  pût  donner 
quelques  notes  qu'avec  un  accent  guttural  de 
l'effet  le  plus  désagréable.  Applaudie  sur  les 
théâtres  de  Venise,  de  Florence,  de  Padoue, 
de  Palerme,  de  Naples,  de  Milan  et  de  Turin, 
elle  fut  appelée,  sur  sa  réputation,  à  Paris,  en 
1827,  et  y  débuta  au  mois  de  mai,  par  le  rôle 
d'Arsace  de  Semiramide.  Je  n'oublierai 
jamais  l'effet  qu'elle  produisit  sur  l'auditoire 
lorsque  arrivant  surla  scène  en  tournant  le  dos 
au  public,  et  considérant  l'intérieur  du  temple, 
elle  fit  entendre  d'une  voix  formidable,  admi- 
rablement posée,  cette  phrase  :  Eccomi  al  fin 
in  Babilonia!  Des  transports  unanimes  ac- 
cueillirent ces  vigoureux  accents  et  cette  large 
manière,  si  rare  de  nos  jours;  mais  lorsque 
la  cantatrice  se  retourna  et  fit  voir  des  traits 
horriblement  bouleversés  par  la  petite  vérole, 
une  sorte  de  cri  d'effroi  succéda  à  l'enthou- 
siasme, et  l'on  vil  des  spectateurs  fermer  les 
yeux  pour  jouir  du  talent  sans  être  obligés  de 
regarder  la  personne.  Avant  la  fin  de  la  re- 


présentation, le  talent  avait  remporté  une 
victoire  complète  dans  la  cavatine,  dans  le 
duo  avec  Assur,  dans  le  finale  du  premier 
acte,  dans  le  grand  duo  du  second,  et  dans  le 
rondo  In  si  barbara  sciagura.  Après  quelques 
mois,  le  public  ne  songea  plus  à  la  ligure  de 
madame  Pisaroni,  dominé  qu'il  était  par  la 
puissance  de  son  talent.  La  Donna  del  lago 
lui  fournit  une  autre  occasion  de  montrer  sa 
supériorité  dans  le  rôle  de  Malcolm,  et  l'Ila- 
liana  in  Algeri  prouva  qu'elle  n'avait  pas 
moins  d'habileté  dans  le  genre  bouffe. 

Moins  heureuse  à  Londres  qu'à  Paris,  elle  y 
chanta  sans  succès,  en  1829,  et  n'y  trouva 
personne  qui  sût  apprécier  Pélévalion  de  son 
style.  En  1830,  madame  Pisaroni  se  rendit  à 
Cadix,  où  elle  chanta  pendant  deux  ans.  De 
retour  en  Italie,  elle  n'y  a  pas  retrouvé  la  fa- 
veur qui  l'accueillait  autrefois.  D'ailleurs,  le 
répertoire  de  Rossini  était  usé,  et  Pon  n'écri- 
vait plus  pour  la  voix  de  contralto  :  ces  cir- 
constances la  déterminèrent  à  se  retirer  dans 
sa  ville  natale,  où  elle  vit  encore,  je  crois 
(1863),  dans  une  honnête  aisance. 

PISCHEK  (Jean-Baptiste),  baryton  dis- 
tingué du  théâtre  allemand,  est  né  à  Melnik 
(Bohéme)7  le  14  octobre  3814.  Destiné  à  la- 
profession  d'avocat,  il  fit  ses  études  à  Prague 
et  y  suivit  les  cours  de  droit  ;  mais  son  amour 
pour  la  musique,  son  goût  pour  le  théâtre  et 
la  beauté  de  sa  voix,  lui  firent  prendre  la  ré- 
solution de  se  vouer  à  la  scène.  Après  avoir 
fait  pendant  deux  ans  des  études  de  chant,  if 
débuta  au  théâtre  de  Prague,  en  1835,  dans  la 
Norma  de  Bellini.  Appelé  ensuite  à  Brunn  et 
à  Presbourg,  il  y  obtint  des  succès  qui  le  firent 
engager  pour  le  théâtre  de  Vienne,  en  1837. 
Ce  fut  dans  cette  ville  que  son  talent  prit  tout 
son  développement.  Guhr  (voyez  ce  nom),  qui 
l'entendit  dans  quelques-uns  de  ses  bons 
rôles, en  1840, l'engagea  immédiatement  pour 
le  théâtre  de  Francfort-sur-le-Mein,  et  lui  ac- 
corda des  appointements  considérables.  Sa  ré- 
putation s'étendit  bientôt  dans  toute  l'Alle- 
magne, et  ses  succès  à  Berlin,  en  1843,  à 
Prague,  dans  l'année  suivante,  et  à  Stuttgard, 
eurent  beaucoup  d'éclat  et  le  firent  appeler  à 
Londres,  en  1845.  De  retour  en  Allemagne,  iï 
rentra  au  théâtre  royal  de  Stuttgard.  En  1848, 
il  chantait  à  Hambourg.  Quatre  fois,  il  fut 
rappelé  à  Londres  et  toujours  y  fut  considéré 
comme  un  chanteur  d'élite.  Je  l'entendis  dans 
celte  ville,  en  Ï851  :  il  n'avait  rien  perdu  de 
la  beauté  de  sa  voix  et  chantait  avec  un  très- 
bon  sentiment.  Depuis  cette  époque,  je  n'aî 
plus  eu  de  renseignements  sur  la  suite  de  sa 


Gl 


PISCHEK  -  P1ST0CGIII 


carrière.  Bon  musicien  et  pianiste  habile, 
Pischek  a  composé  des  Lieder  qui  ont  été  re- 
cherchés en  Allemagne. 

PISENDEL  (Jean-Georges)  ,  maître  de 
concerts  de  l'électeur  de  Saxe,  roi  de  Pologne, 
naquit  à  Carlsbourg,  petite  ville  de  la  Fran- 
conie,  le  26  décembre  1087.  A  l'âge  de  neuf 
ans,  il  entra  comme  enfant  de  chœur  dans  la 
chapelle  du  margrave  d'Anspach,  placée  alors 
sous  la  direction  de  Pistocchi,  et  dont  Corelli 
était  premier  violon.  Devenu  élève  de  ce  der- 
nier, il  fit  de  si  rapides  progrès  sur  le  violon, 
qu'il  put  être  nommé  violoniste  de  la  chapelle 
à  l'âge  de  quinze  ans.  En  1709,  il  se  rendit  à 
Leipsick,  pour  y  suivre  les  cours  de  l'univer- 
sité ;  trois  ans  après,  il  entra  dans  la  chapelle 
du  roi  de  Pologne,  puis  fut  attaché  à  la  per- 
sonne du  prince  héréditaire  de  Saxe,  qu'il  ac- 
compagna à  Paris,  en  1714,  à  Berlin,  l'année 
suivante,  en  Italie  pendant  les  années  1716  et 
1717,  et  enfin  à  Vienne,  en  1718.  De  retour  à 
Dresde,  il  y  reprit  son  service  à  la  cour,  et 
succéda,  en  1728,  à  Volumier,  en  qualité  de 
maître  de  concerts.  Il  se  distingua  dans  cette 
place  par  les  qualités  d'un  excellent  chef 
d'orchestre.  En  1754,  il  suivit  le  roi  de  Po- 
logne à  Varsovie,  avec  quelques  artistes  de  la 
chapelle  de  Dresde.  Il  mourut  le  25  novembre 
1755,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans.  Pisendel 
avait  étudié  l'harmonie  et  la  composition  sous 
la  direction  de  Heinichen  :  il  laissa  en  manu- 
scrit quelques  concertos  de  violon,  dont  un 
avait  été  composé  pour  la  dédicace  de  la  nou- 
velle église  catholique  de  la  cour  de  Dresde, 
des  solos  pour  le  même  instrument,  et  des 
fugues  à  quatre  parties  instrumentales. 

l'ISTICCI  (Athanase),  grand  cordelicr, 
maître  de  chapelle  de  son  ordre  au  couvent  de 
Pis»:,  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
1"  Motelli  a  Ire  voci  con  il  basso  per  l'or- 
gano;  Venise,  1629,  in-4°.  2°  Motetti  a  2e5 
voci,  lib.  2;  ibid.,  1633.  3°  Idem,  lib.  5j 
ibid.  4°  Salmi  a  qualtro  voci. 

PISTILL1  (Achille),  compositeur  napoli- 
tain, fit  ses  éludes  musicales  au  collège  royal 
de  musique  de  San-Pietro  a  Majella.  Sorti 
deectte  institution,  il  fil  représenter, en  1840, 
au  théâtre  Nuovo  de  Naples,  Il  finlo  Feuda- 
tario,  qui  ne  réussit  pas.  En  1846,  il  a  donné 
dans  la  môme  ville  Ilodolfo  di  firienza, 
opéra  romantique,  qui  fut  plus  heureux. Quel- 
ques morceaux  de  cet  opéra  ont  été  publiés 
avec  accompagnement  de  piano,  à  Milan,  chez 
Ricordi.  Depuis  ce  second  essai,  le  nom  de  cet 
artiste  a  disparu  du  monde  musical. 


PISTOCCHI  (François-Antoine),  compo- 
siteur et  célèbre  professeur  île  chant,  naquit 
en  1659,  à  Palerme,  suivant  le  témoignage  de 
Fanluzzi  (Notizie  degli  Scritl.  Bolog.,  t.  6), 
et  non  à  Bologne,  comme  l'ont  affirmé  tous 
les  biographes.  Ce  qui  a  causé  leur  erreur, 
c'est  qu'il  fut  transporté  dans  sa  première  en- 
fance, avec  toute  sa  famille,  dans  cette  der- 
nière ville.  Il  y  fut  dirigé  par  son  père  dans 
l'étude  de  la  musique  et  de  la  composition,  et 
ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de 
huit  ans  il  fut  en  état  de  publier  son  premier 
ouvrage  sous  ce  litre  :  Caprici puerili  varia- 
mente  composti  in  40  modi,  sopra  un  basso, 
da  un  balbelto  in  età  d'anni  8,  op.  1,  Bo- 
logne, 1667',  in-folio.  Pistocchi  reçut  ensuite 
des  leçons  de  chant  du  P.  Vastamigli,  carme 
de    San-Martino-Maggiore,   puis    il   devint 
élève  de  Barlolomeo  Monari.  Ses  études  ter- 
minées, il  fut  élu  mailre  de  chapelle  de  San- 
Giovanni-in-Monte.  En  1692,  il  fut  admis 
membre  de  l'Académie  des  Philharmoniques 
de  Bologne,  dans  l'ordre  des  compositeurs;  il 
en  fut  prince  en  1708,  et,  pour  la  seconde  fois, 
en  1710.  Vers  l'âge  de  vingt  ans,  il  se  con- 
sacra au  théâtre;  mais  quel  que  fût  son  talenl, 
les  défauts  de  son  extérieur  et  la  faiblesse  de 
son  organe  l'empêchèrent  d'obtenir  les  succès 
qu'il  espérait.  Bientôt  il  quitta  cette  carrière, 
embrassa  l'état  ecclésiastique  et  entra  dans  la 
congrégation  de  l'Oratoire.  Son  mérile  comme 
compositeur  le  fit  appeler  à  la  cour  du  mar- 
grave de  Brandebourg-Anspach,  Frédéric  III, 
en  qualité  de  maître  de  chapelle.  Il  y  composa 
plusieurs  opéras,  entre  autres  celui  de  Nar- 
ciso,  sur  le  poème  d'Apostolo  Zeno,  repré- 
senté en  1697.  Deux  ans  après,  il  se  rendit  à 
Venise,  où  il  écriyil  II  Mart irio  diS.  Adriano, 
oratorio,  et  l'année  suivante,  il  alla  à  Vienne 
pour  y  composer  le  liise  di  Dcmocrile,  1700. 
On  connaît  aussi  de  lui  Lea>idro,  1679,  //  Gi- 
re//o,1681,et  l'oratorio  intitulé  Maria  f  irgine 
addolorata,  1698.  Ses  autres  œuvres  pratiques 
sont  :  1°  Scherzi  musicali,  collection  d'airs 
italiens,    fiançais    et   allemands,    publiée    à 
Amsterdam,  chez  Roger  (sans  date).  2°  Duetli 
e  Terzetti,  Bologne,  1707,  op.  3.  Enfin  on 
trouvait,  il  y  a  quelques  années,  chez  Breil- 
kopf,  à  Leipsick,  le  psaume  147,  Lauda  Jé- 
rusalem, à  cinq  voix  et  basse  continue,  en 
manuscrit,  sous  le  nom  de  Pistocchi. 

Mais  ce  qui  assure  surtout  à  Pislocchi  une 
gloire  impérissable,  c'est  d'avoir  établi  à  Bo- 
logne, vers  1700,  une  école  de  chant  d'oii  sont 
sortis  les  plus  grands  chanteurs  de  la  première 
moitié  du  dix  huitième  siècle,  tels  que  Antoine 


PISTOCCHI  —  PITONI 


65 


Bcrnacclii,  Ant.  Pasi,  J.-B.  Minelli,  A.  Pio 
Fahri,  Borlolino  de  Faenza,  etc.,  etc.  Là,  pour 
la  première  fois,  la  pose  du  son, la  vocalisation 
I>ien  articulée,  l'expression  dramatique  furent 
enseignées  méthodiquement.  Enfin  l'émulation 
que  celte  école  produisit  dans  le  reste  de 
l'Italie  donna  naissance  à  une  multitude 
d'autres  établissements  du  même  genre,  et 
particulièrement  à  l'admirable  école  napoli- 
taine, établie  par  Dominique  Gizzi,  en  1720. 
On  ignore  l'époque  de  la  mort  de  Pistocchi; 
on  a  cependant  la  preuve  qu'il  existait  encore 
et  même  qu'il  composait  en  1717,  car  il  existe 
un  livret  d'oratorio  intitulé  :  La  Fuga  di 
santa  Teresia  per  musica  (in-4°,  sans  nom 
de  lieu),  où  l'on  voit  que  la  poésie  a  été  écrite 
par  le  docteur  Eustachio  Manfredi,  de  Bo- 
logne, pour  l'usage  de  la  congrégation  de 
Saint-Philippede  Neri,  de  la  maison  de  Forli, 
et  que  la  musique  a  été  composée  par  le 
P.  Francesco  Pistocchi,  prêtre  de  l'Oratoire, 
dans  cette  même  année  1717. 

PISTORIUS  (Jean-Frédéric),  docteur  en 
droit,  fut  chantre  de  la  chapelle  de  l'électeur 
de  Bavière  et  élève  de  Boland  de  Lassus.  Il  a 
publié  de  sa  composition  :  Psalmodia  vesper- 
tïna  cum  aliquot  B.  M.  V .  canticis  4  et  5 
vocibus;  Munich,  1595,  in-4°. 

PISTORIUS  (Hermann-Alexandre)  est 
né  le  23  avril  1815,  à  Potsdam,  où  son  père 
était  organiste  de  la  communauté  des  frères 
moraves  et  professeur  de  l'école  de  la  garnison. 
En  1834,  Pistorius  fut  nommé  professeur  de 
musique  du  séminaire  des  instituteurs,  et  deux 
ans  après,  il  obtintlemémelitre  à  l'écoled'in- 
dustrie  de  Berlin.  Il  était  membre  de  l'Aca- 
démie de  chant  de  cette  ville  et  de  la  Lieder- 
fa/W  instituée  par  Zelter.  Pistorius  est  mort  à 
Berlin,  le  21  juillet  1845.  On  a  publié  des 
Lieder  de  sa  composition,  à  Berlin,  chez  Chaî- 
ner et  chez  Traulwein. 

PITICCHIO  (François),  maitre  de  cha- 
pelle à  Palerme,  dirigea,  vers  1780,  l'Opéra 
italien  à  Brunswick,  et  y  fit  représenter  la 
Didone  abbandonata,  de  sa  composition.  En 
1784,  il  donna  à  Dresde  l'opéra  bouffe  Gli 
Amanti  alla  prova;  puis  il  se  rendit  à 
Vienne,  où  il  écrivit  77  Bertoldo,  représenté 
en  1787.  Il  paraît  qu'il  séjourna  plusieurs 
années  en  cette  ville;  il  y  publia  :  1°  Douze 
canzoncltes  italiennes  avec  accompagnement 
de  piano;  Vienne,  Artaria.  2°  Douze  idem, 
op.  5;  Vienne,  Kozeluch.  On  a  aussi  sous  son 
nom  :  5°  Six  quintettes  pour  deux  violons, 
deux  altos  cl  basse;  Offcnbach,  André. 

PITICCHIO  (Pierre-Paul),  compositeur 
jiioi.ii.  dsiv.  des  iuusicir..\s.  r.  vu. 


italien,  vécut  à  Borne  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  On  connaît  de  lui,  en 
manuscrit,  une  cantate  à  deux  voix  de  soprano 
et  orchestre,  intitulée  :  Le  Allegrezze  pasto- 
rali;  des  duos  pour  deux  soprani ;  quinze 
quintettes  pour  deux  hautbois,  deux  cors  et 
basson,  et  six  pièces  d'harmonie  pour  quatre 
hautbois,  deux  cors  et  deux  bassons. 

PITOIVI  (Joseph-Octave),  savant  compo- 
siteur de  l'école  romaine,  naquit  à  Bieti,  le 
18  mars  1G57.  Il  n'était  âgé  que  de  onze  mois 
quand  ses  parents  allèrent  s'établir  à  Borne 
avec  lui.  A  cinq  ans,  il  entra  dans  l'école  de 
musique  de  Pompeo  Natale,  où  il  apprit  les 
éléments  du  chantet  du  contrepoint  :  trois  ans 
après  il  entra  comme  soprano  dans  l'église 
Saint-Jean-des-FIorentins,  puis  à  celle  des 
XII  Apôtres,  où,  encore  enfant,  il  fit  entendre 
quelques-unes  de  ses  composilions  qui  excitè- 
rent l'admiration  de  Fr.  Foggia.  Ce  maître, 
l'ayant  demandé  à  ses  parents,  le  dirigea  dans 
ses  études  de  contrepoint  pendant  plusieurs 
années.  Parvenu  à  l'âge  de  seize  ans,  en  1673, 
Pitonifut  élu  maître  de  chapelle  de  la  Terra  di 
Botondo,  et  dans  l'année  suivante,  il  entra  dans 
la  chapelle  de  la  cathédrale  d'Assise,  où  il 
s'occupa  à  mettre  en  partition  les  œuvres  de 
Paleslrina.  Cette  élude  fut  toujours  considérée 
par  lui  comme  la  meilleure  :  il  en  recomman- 
dait l'usage  à  ses  élèves.  En  1676,  on  lui  confia 
la  direction  de  la  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Rieti  ;  mais  il  n'y  resla  qu'une  année,  ayant 
été  choisi,  en  1677,  comme  maître  de  chapelle 
de  la  collégiale  de  Saint-Marc,  à  Rome.  Ce  fut 
dans  celle  église  qu'il  fit  entendre  pour  la 
première  fois  ses  composilions  à  deux  et  trois 
chœurs.  11  y  conserva  son  titre  de  maître  de 
chapelle  pendantsoixanle-sixans,et  y  joignit, 
en  1686,  la  direction  de  la  chapelle  du  collège 
allemand  de  Sainte-Apollinaire,  puis,  en  1686, 
celle  de  maître  de  Saint-Laurent  in  Bamaso, 
par  la  protection  du  cardinal  Ottoboni.  En 
1708,  le  chapitre  de  Saint-Jean  de  Lateran 
l'élut  à  l'unanimité  pour  en  diriger  la  mu- 
sique, mais,  en  1719,  il  renonça  à  cette  place 
pour  celle  de  maître  de  Saint-Pierre  du  Vati- 
can. A  ces  différents  emplois,  il  réunit  aussi 
ceux  de  maîlre  de  Saint-Augustin,  de  Saint- 
André  délia  Faite,  de  Sainte-Marie  in  Cam- 
pilelli,  de  Sainte-Marie  délia  Pace,  deSainl- 
Étienne  del  Cacco,el  de  Saint-Charles  a'  Ca- 
tinari.  Il  mourut  à  Rome,  le  1er  février  1745, 
à  l'âge  de  près  de  quatre-vingt-six  ans,  et  fut 
inhumé  dans  l'église  de  Saint-Marc. 

Pitoni  fut  un  des  plus  savants  maîtres  de 
l'école   romaine  dans   les  temps   modernes. 

5 


PITONI  —  P1TSCH 


L'abbé  Baini  dit  avec  raison  que  ses  composi- 
tions ont  conservé  jusqu'à  ce  jour  toute  leur 
Fraîcheur;  il  cite  en  particulier  la  fugue  du 
Dixit  à  1G  voix,  en  quatre  chœurs  réels,  qui 
se  chante  chaque  année  aux  secondes  vêpres 
de  Saint-Pierre,  dans  la  basilique  du  Vatican, 
et  qui  parait  toujours  plus  belle,  ainsi  que 
ses  messes  intitulées  LiPastori  a  Maremme, 
Li  Pastori  a  montayna,  et  J/osca.  Je  pos- 
sède de  ce  maître  une  messe  à  huit,  et  des 
canons  qui  m'ont  donné  aussi  une  haute  idée 
de  son  mérite.  Les  compositions  de   Piloni, 
écrites  pour  le  service  des  différentes  églises 
où  il  était  maître  de  chapelle,  sont  en  nombre 
immense  :  jamais  il  ne  faisait  entendre  dans 
une  église  ce  qu'il  avait  écrit  pour  une  autre. 
Ses  messes  et  ses  psaumes  à  trois  chœurs,  avec 
et  sans  instruments,  s'élèvent  à  plus  de  qua- 
rante;   il    a   écrit    plus  de   vingt  messes   et 
psaumes  à  seize  voix  en  quatre  chœurs,  avec 
et  sans  instruments;  enfin,  pour  la  seule  ba- 
silique du  Vatican,  il  a  composé  le  service 
entier  de  toute  l'année,  tant  en  messes  que 
vêpres  des  fêtes  de  première  et  seconde  classe, 
dimanches,  communs  et  propres  «les  saints. 
Pitoni  a  laissé  également  quelques  psaumes  et 
motels  à  six  et  à  9  chœurs,   chacun  composé 
de  quatre  parties;  il  avait  commencé  à  écrire 
une   messe  à  quarante-huit  voix    en   douze 
chœurs,  mais  son  grand  âge  ne  lui  permit  pas 
de  l'achever.  On  conserve  aussi  de  lui  dans 
quelques  bibliothèques  d'excellentes  études  de 
contrepoint  écrites  pour  l'instruction  de  ses 
élèves.    L'abbé   Sanlini    possède    en    manu- 
scrit, de  Piloni  :  Irois   messes   à  huit;   deux 
Dixit  à  huit;  Tu  es  Petrus  et  O  vos  omnes 
à  huit;  dix  motets  à  trois  et  à  quatre;  Dus 
iras  à  six,  un  des  plus  beaux  ouvrages  de  ce 
mailre;  Dixit  à  quatre  avec  orchestre;  autre 
Dixit  à  huit  idem;  quatre  hymnes  sur   le 
plain-chant.  Le  chanoine   Proske  (voyez  ce 
nom)  a  publié  de  Piloni,  dans  sa  belle  col- 
lection  intitulée  Musica  divina  (tome  I'r, 
p.  209),  la  messe  en  partition  lu    \atii  iiate 
Domini,  à  quatre  voix,  et  (p.  289)  la  messe 
Pro  defnnetit,  également  à  quatre  voix.  Dans 
le  second   volume  (Liber  JJolcttorum),   il  a 
donné  en  partition  six  motels  à  quatre  voix 
du  même  compositeur.  On  a  aussi  de  Piloni  : 
fllolelti  a  due  voci ;  Rome,  IMascardi,  1097. 
Enfin,  Pitoni  a   rendu  un   service   important 
aux  historiens  de  la  musique  par  la  compo- 
sition d'un  livre  intitulé  :  Notizie  dei  maeitri 
di  cappella  si  di  Roma  cite  ollramonlaiii, 
ossia  Notizia  di  contrappuntisti  ecomposi- 
turi  di  musica  deyli  anni  ddl'  cra  crisliana 


1500  sino  al  1700.  dont  le  manuscrit  original 
existe  dans  la  bibliothèque  du  Vatican.  C'esl 
de  cet  ouvrage  que  l'abbé  Baini  a  tiré  la  plu- 
part des  notices  sur  les  musiciens  italiens,  et 
particulièrement  sur  ceux  de  l'école  romaine, 
dont  il  a  rempli  ses  Mémoires  sur  la  vie  et' les 
ouvrages  de  Palestrina.  Je  suis  redevable  au 
savant  M.  Gaspari  de  Bologne,  de  l'indication 
d'un  ouvrage  important  de  Pitoni,  dont  l'abbé 
Baini,  ni  aucun  autre  musicien  érudit,  n'ont 
eu  connaissance.  De  ce  livre,  dont  cent  huit 
pages  seulement,  sans  frontispice,  ont  été  im- 
primées, l'on  a  perdu  le  manuscrit  qui,  du 
moins,  ne  s'est  pas  retrouvé  jusqu'à  ce  jour. 
Ces  cent  huit  pages  contiennent  le  premier 
livre,  divisé  en  XVI  chapitres,  qui  traitent 
des  intervalles  des  sons  et  de  leur  succession. 
M.  Gaspari  en  donne  ainsi  le  titre,  copié  sur  la 

première  page  : 

Guida 

A  rmonica 

Di  Giuseppe  Ollaiio  Piloni 

Maestro  di  cappella  di  Sun   Lorenzo  in  Damaso 

et  di  S.  Apollinare  in  Roma.  Libro  primo  ; 

Cap.  I. 

Dove  si  traita  dclle  ennsonanze  e  dissonance 

e  corne  si  pratticano. 

M.  Gaspari  conjecture  que  l'impression  de 
ce  fragment  a  été  faite  après  1089,  époque  où 
Pitoni  fut  nommé  mailre  de  chapelle  de  Saint- 
Laurent  in  Damaso.  Durante,  L.  Léo  et 
Fr.  Feo  furent  élèves  de  Piloni.  Jérôme  Chili, 
de  Sienne,  ami  de  ce  célèbre  musicien,  a  écril 
sur  sa  vie  une  longue  notice  qui  se  trouve  dans 
la  bibliothèque  de  la  maison  Corsini  alla 
Lungara,de  Rome. 

J'ITSCII  (Chaules-François),  organiste 
de  l'église  Saint-Nicolas,  à  Prague,  naquit  en 
1789,  à  Patzdorf,  en  Bohême,  où  son  père 
était  instituteur.  A  l'âge  de  quatre  ans,  il 
commença  l'élude  du  violon,  du  clavecin  et 
de  l'orgue;  ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'il 
remplit  quelquefois  les  fonctions  d'organiste 
à  Beiehenbach  (Silésie),  «lès  l'âge  de  huit  ans. 
Ce  fut  dans  ce  lieu  qu'il  apprit  l'harmonie, 
sous  la  direction  de  Constantin  Bach.  Plus 
tard,  il  fréquenta  l'Université  de  Prague  et  y 
lit  un  cours  de  philosophie;  puis,  il  fut,  pen- 
dant quelques  années,  instituteur  dans  la 
maison  d'un  noble  en  Autriche.  De  retour  à 
Prague,  il  .s'adonna  uniquement  à  la  musique 
cl  obtint,  en  18Ô-',  la  place  d'organiste  de 
Saint-Nicolas.  En  1840,  il  reçut  sa  nomina- 
tion de  professeur  au  Conservatoire  de  Prague 
et,  dans  l'année  suivante,  on  le  chargea  de  la 
direction  de  l'école  d'orgue  de  celle  ville. 
Pilsch  est  mort  dans  celle  position,  le  lô  juin 
1858.   Il  élait  membre  correspondant  de  la 


P1TSCII  -  PIXIS 


67 


Société  hollandaise  de  Rotterdam  pour  les 
progrès  delà  musique.  Parmi  ses  ouvrages,  on 
remarque  l'hymne  O  Erstcrl  dessen  Hmich 
ich  bin,  pour  deux  chœurs  à  quatre  voix  cha- 
cun, avec  orgue,  violoncelle  et  contrebasse; 
Prague,  Hoffmann.  Jllcluya ,  fugue  pour 
l'orgue;  ibid.  Six  préludes  pastoraux  idem; 
ibid.  Vingt  préludes  courts  et  faciles  pour 
l'orgue  ;  ibid.  Répertoire  des  organistes  pour 
les  fêtes  solennelles  de  l'église  ;  Leitmeritz. 
Pitsch  a  donné,  à  Prague,  une  deuxième  édi- 
tion du  livre  de  l'abbé  Vogler,  Handbuch  fiir 
dit ' Harmonielehre  und  fiir  den  Generalbass. 

PITTERLIN  (Frédéric-Adolphe),  né  à 
Bautzen,  vers  17G0,  alla  à  Leipsick,  en  1785, 
étudier  la  théologie;  mais  un  penchant  irré- 
sistible lui  fit  abandonner  cette  science  pour 
la  musique.  Devenu  directeur  de  musique  de 
la  troupe  d'opéra  dirigée  par  Seconda,  il  écri- 
vit la  musique  de  plusieurs  ballets,  des  panto- 
mimes et  l'opéra  intitulé  les  Bohémiens,  qui 
Tut  représenté  avec  succès  dans  plusieurs 
villes  d'Allemagne.  Plus  lard,  il  entra  comme 
chef  d'orchestre  dans  la  Société  dramatique 
de  Dœbbler,  avec  laquelle  il  voyagea  et  arriva 
à  Magdebourg,  en  1796.  L'année  suivante, 
Touverture  et  les  chœurs  qu'il  avait  compo- 
sés pour  la  tragédie  intiluléey///m2  obtinrent 
tin  brillant  succès  dans  celle  ville.  Il  s'y  dis- 
tingua aussi  dans  la  direction  des  concerts 
d'hiver  donnés  par  la  loge  maçonnique  et  par 
la  Société  philharmonique;  mais  une  maladie 
de  poitrine  le  conduisit  au  tombeau,  le  1er  oc- 
tobre 1804.  On  connaît  des  symphonies  à 
grand  orchestre  de  la  composition  de  Pii- 
terlin. 

PIXÉRÉCOURT  (René-  Char  les  GUIL- 
BERT  DE),  célèbre  auteur  de  mélodrames  et 
de  livrets  d'opéras  comiques,  est  né  le  22  jan- 
vier 1773,  au  village  de  Pixérécourt,  près  de 
Nancy,  dont  il  a  pris  le  nom.  Fils  d'un  an- 
cien major  au  régiment  de  Royal-Roussillon, 
il  fut  traité  dans  sa  jeunesse  avec  beaucoup  de 
sévérité  par  son  père,  qui  le  destinait  au  bar- 
reau ;  mais  après  les  premiers  événements  de 
la  révolution,  il  érnigra  et  fil  la  campagne  de 
1792  comme  officier,  dans  l'armée  du  duc  de 
Bourbon.  Rentré  en  France,  l'année  sui- 
vante, il  se  cacha  à  Paris  pendant  le  régime 
de  la  terreur,  sous  ie  nom  de  Pixérécourt, 
qu'il  a  gardé  depuis  lors.  Entré  plus  lard 
dans  l'administration  des  domaines,  il  y  par- 
vint au  rang  d'inspecteur.  Après  trente  ans  de 
service,  il  a  obtenu  sa  retraite  de  cet  emploi 
avec  la  pension  qui  lui  était  due.  Devenu  di- 
recteur de  l'Opéra-Comique,   en  1824,  il   a 


conservé  celte  position  jusqu'à  la  fin  de  1827, 
où  des  discussions  avec  les  sociétaires  de  ce 
théâtre  l'obligèrent  à  se  retirer.  En  1838,  il  a 
quitté  Paris  pour  aller  achever  ses  jours  à 
Nancy,  où  il  est  mort  le  27  juiMet  1 844.  Guilbert 
de  Pixérécourt  a  obtenu  de  brillants  suc- 
cès aux  théâtres  des  boulevards  de  Paris,  par 
une  multitude  de  mélodrames  remarquables 
sous  les  rapports  de  l'originalité  des  idées  et 
de  l'effet  scé  ni  que.  Il  a  aussi  donné  quelques 
pièces  à  l'Opéra-Comique.  Ami  de  Dalayrac, 
il  a  écrit  une  notice  détaillée  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  ce  compositeur,  intitulée:  Vie  de 
Dalayrac,  contenant  la  liste  complète  des 
productions  de  ce  célèbre  compositeur,  par 
R.  C.  G.  P.  ;  Paris,  Barba,  un  volume  in-12. 
A  l'occasion  de  ses  discussions  avec  les  socié- 
taires du  théâtre  Feydeau,  il  a  aussi  publié 
un  recueil  de  pièces  intitulé  simplement  : 
Théâtre  royal  de  V 'Opéra-Comique,  volume 
in-4°  de  quatre-vingt-onze  pages,  sans  nom 
d'auteur,  d'imprimeur,  sans  nom  de  lieu,  et 
sansdale  (1827). 

PIXIS  (Frédéric-Guillaume),  organiste 
de  l'église  réformée  à  Manheim,  depuis  1770, 
et  ancien  élève  de  la  première  école  de  l'abbé 
Vogler,  a  publié  de  sa  composiiion  :  1°  Huit 
préludes  courts  et  faciles  pour  l'orgue,  pre- 
mière suite;  Manheim,  1791.  2°  Huit  idem, 
deuxième  suite;  ibid.,  1792.  3° Deux  sonatines 
pour  piano;  ibid.,  1792.  4°  Trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle;  ibid.,  1794.  Les  bio- 
graphes allemands  ne  fournissent  aucun  ren- 
seignement sur  les  dernières  années  et  la 
mort  de  cet  artiste;  on  sait  seulement  qu'il 
vivait  encore  à  Manheim  en  1805. 

PIXIS  (Frédéric-Guillaume),  fils  aîné  du 
précédent,  est  né  à  Manheim,  en  178G. 
A  l'âge  de  cinq  ans,  il  commença  l'étude  du 
violon  :  son  premier  maître  fut  un  musicien 
obscur  nommé  Ritter.  Luigi,  violoniste  à  Of- 
fenbach,  lui  donna  ensuite  des  leçons;  puis  il 
devint  élève  de  Frœnzel.  Il  avait  à  peine 
atteint  sa  dixième  année,  lorsqu'il  joua  avec 
son  frère  dans  un  concert  public,  à  Manheim; 
puis  tous  deux,  sous  la  direction  de  leur  père, 
voyagèrent  en  Allemagne,  pour  y  donner  des 
concerts,  et  visitèrent  Carlsruhe,  Stuttgard, 
Gœttingue,  Cassel,  Brunswick,  Zell,  Brème  et 
Hambourg.  Arrivé  en  cette  ville,  en  1797, 
lorsque  Violti  s'y  trouvait,  le  jeune  violoniste 
profita  des  conseils  de  ce  célèbre  artiste.  En 
1799,  Pixis  fit  un  nouveau  voyage  à  Hanovre 
avec  son  frère  et  son  père;  puis  visita  Leip- 
sick, Berlin,  Dresde  et  Varsovie,  où  de  grands 
éloges  furent  donnés  à  son  talent.  De  retour  à 


C8 


PIXIS  —  PIZZATI 


Manheim,  en  1804,  il  entra  dans  la  chapelle 
du  prince  palatin.  Deux  ans  après,  il  se  remit 
en  voyage,  s'arrêta  quelque  temps  à  Vienne, 
puis  se  fixa  à  Prague,  où  il  fut  nommé  profes- 
seur du  Conservatoire  et  chef  d'orchestre  du 
théâtre.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  le  20  oc- 
tobre 1842.  Quelques-unes  des  compositions 
attribuées  par  le  Manuel  de  la  littérature  mu- 
sicale de  Whislling  à  Jean-Pierre  Pixis,  frère 
de  Frédéric-Guillaume,  appartiennent  à  ce 
dernier,  notamment  les  variations  pour  violon 
et  orchestre  sur  l'air  allemand  :  War  's  viel- 
leicht  um  eins;  Vienne,  Leidersdorf,  et  un 
concertino  pour  violon  et  orchestre,  op.  1  ; 
ibid. 

PIXIS  (Jean-Pierre),  frère  du  précédent, 
né  à  Manheim  en  1788,  a  eu  de  la  réputation 
comme  pianiste  et  comme  compositeur.  Élève 
de  son  père,  il  voyagea  avec  lui  et  avec  son 
frère  pour  donner  des  concerts,  dès  l'âge  de 
neuf  ans.  Depuis  1803  jusqu'en  1808,  il  re- 
prit à  Manheim  le  cours  de  ses  études  musi- 
cales, et  s'y  livra  à  l'enseignement  du  piano. 
En  1809,  il  s'établit  à  Munich,  et  y  publia 
quelques-unes  de  ses  compositions,  puis  se 
rendit  à  Vienne,  où  il  vécut  plusieurs  années. 
Fixé  à  Paris,  en  1825,  il  y  fit  paraître  quel- 
ques-uns de  ses  meilleurs  ouvrages,  et  y  fut 
considéré  comme  un  des  bons  professeurs  de 
piano  de  cette  époque.  Il  avait  adopté  pour 
sa  fille  une  orpheline  allemande,  connue  sous 
le  nom  de  Franciïla  Pixis,  mais  dont  le  nom 
de  famille  était  Giiringer;  depuis  lors  il  se 
livra  presque  exclusivement  à  l'éducation  mu- 
sicale de  celte  jeune  personne,  et  en  fit  une 
cantatrice  distinguée.  Dès  ce  moment,  il  a  cessé 
de  se  faire  entendre  dans  les  concerts,  et  ses 
travaux  dans  la  composition  ont  eu  moins 
d'activité.  En  1828,  il  était  allé  revoir  sa  ville 
natale,  après  avoir  f»it  un  voyage  à  Londres. 
En  1833,  il  voyagea  en  Allemagne  avec  sa 
fille  adoptive,  et  la  fit  entendre  avec  succès  à 
Prague,  Leipsick  etDresdc.  De  retour  à  Paris, 
où  son  élève  ne  réussit  pas  aussi  bien  qu'il 
l'avait  espéré,  il  partit  avec  elle  pour  l'Italie, 
et  lui  procura  des  engagements  pour  quelques 
théâtres  où  son  talent  se  développa.  Après 
avoir  brillé  sur  le  théâtre  de  Palerme,  Fran- 
ciïla Pixis  obtint  un  beau  succès  au  théâlre  de 
Saint-Charles,  à  Naplcs,  dans  Sapho,  opéra 
écrit  pour  clic  par  Pacini  (1840).  Après  que 
cette  cantatrice  se  fut  mariée,  Pixis  alla  se 
fixer  à  Baden-Baden,  où  il  avait  acheté  une 
maison.  Je  l'ai  retrouvé  dans  cet  agréable 
lieu,  en  1850;  il  s'y  livrait  à  l'enseignement 
avec  beaucoup  d'ardeur,  et  paraissait  avoir 


cessé  de  composer.  Je  crois  qu'il  y  vit  encore 
(18G3). 

Plus  de  cent  cinquante  œuvres  de  tout 
genre  sont  connus  sous  le  nom  de  cet  ar- 
tiste estimable  :  dans  le  nombre ,  on  re- 
marque une  symphonie  à  grand  orchestre, 
op.  5,  Breslau ,  Fœrster  ;  des  quintettes 
pour  deux  violons,  deux  altos  et  basse;  des 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  violon- 
celle, op.  7,  Vienne,  Mechetli,  et  op.  09, 
Leipsick,  Probst;  des  concertos  pour  piano; 
un  concertino  idem,  op.  68;  des  rondeaux 
brillants  pour  piano  et  orchestre;  de  grandes 
variations,  idem,  op.  36,  59,  66,  87,  etc.;  un 
quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  basse, 
op.  4;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel  ;  des 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  75 
et  87,  compositions  d'un  mérite  remarquable; 
des  sonates  pour  piano,  violon  ou  flûte,  et 
violoncelle,  op.  14,  17,  24,  30,  35,  38, 
62,  etc.;  des  sonates  pour  piano  seul,  op.  3, 
10  et  85;  enfin,  une  multitude  de  fantaisies, 
de  variations  et  de  pièces  de  différents  genres 
pour  piano  à  quatre  et  à  deux  mains.  En 
1831 ,  Pixis  a  fait  représenter,  au  théâtre 
allemand  de  Paris,  Bibiana,  opéra  écrit  pour 
madame  Schrœder-Devrient  :  cet  ouvrage  n'a 
point  obtenu  de  succès.  En  1836,  il  a  donné 
aussi,  au  théâtre  Rœnigstadt,  de  Berlin,  l'opéra 
intitulé  Die  Sprache  des  Herzens  (le  Langage 
du  cœur). 

PIXIS  (Théodore),  fils  de  Frédéric-Guil- 
laume, naquit  à  Prague,  le  13  avril  1831. 
Élève  de  son  père  pour  le  violon,  il  débuta 
dans  sa  ville  natale  à  l'âge  de  dix  ans,  et  s'y 
fit  remarquer  par  sa  précocehabilcté.Enl84G, 
il  se  rendit  à  Paris  près  de  son  oncle  qui  lui 
fit  donner  des  leçons  par  Baillol;  puis  il 
voyagea  pour  donner  des  concerts  et  obtint 
partout  des  succès.  Arrivé  à  Cologne,  en  1850, 
il  y  fut  attaché  comme  maître  de  concert  et 
professeur  dn  Conservatoire.  A  l'âge  de  vingt- 
cinq  ans,  cet  artiste, frappé  d'un  coupdesang, 
mourut  subitement  le  1er  août  1856.  On  con- 
naît de  sa  composition  deux  recueils  de 
Liedcr,  et  plusieurs  solos  de  violon  avec  ac- 
compagnement de  piano. 

PIZZATI  (l'abbé  JosErn),  savant  italien, 
vécut  à  Venise  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  On  lui  doit  un  livre  concernant  la 
théorie  de  l'harmonie,  intitulé  :  La  scienza 
de'  suoni  e  deW  armonia;  diretta  spécial- 
mente  a  render  ragionc  de'  fenomeni  cd  a 
conoscer  la  nalura  e  le  leggi  délia  medesima, 
corne  a  giovare  alla  pratica  del  conlrap- 
1  punto  ;    opéra    divisa    in    cinque  parti; 


PIZZATI  -  PLANITZER 


60 


Venise,  1782,  petit  in-fol.  de  trois  cent  cin- 
quante-huit pages,  avec  quarante-neuf  pages 
d'exemples.  Une  analyse  étendue  de  cet  ou- 
vrage a  été  publiée  dans  les  Effemeridi  let- 
terarie  di  Roma  (t.  XIII,  p.  29).  Il  en 
a  été  fait  aussi  une  critique  dans  le  Giornale 
de'Letterati  (année  1782,  t.  XLVIII,  p.  3-59); 
elle  a  pour  titre  :  Letlera  del  sig.  Ab.  Fran- 
cesco  Gori  Pannilini  di  Siena  ,  cavalière 
Gierosolimitano,  sopra  la  Scienza  de'  suoni, 
deW  Ab.  Giuseppe  Pizzati. 

PIZZOM  (le  P.  Éléazar),  moine  du  tiers 
ordre  de  saint  François,  né  à  Parme  vers 
1020,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  de  son 
ordre,  appelée  Satita  Maria  délia  carità,  à 
Bologne.  Membre  de  l'Académie  des  Philhar- 
moniques de  cette  ville,  dès  sa  fondation,  il  en 
fut  prince  en  1070.  On  a  imprimé  de  sa  com- 
position :  1°  Ballettti ,  Correnli ,  etc.,  a 
5  stromenti,  op.  1  ;  Bologne,  1009,  in-4°. 
2°  Motetti  sacri  a  voce  sola,  op.  2  ;  ibid., 
1070,  in-4°. 

PLACH  (François),  luthier  à  Schœnbach, 
en  Bohême,  vers  1788,  s'est  fait  connaître 
avantageusement  par  délions  violons. 

PLACI1Y  (Wenceslas),  né  à  Rlopotowitz, 
en  Moravie,  le  4  septembre  1785,  reçut  des 
leçons  de  musique  de  son  oncle,  Antoine 
Plachy,  et  se  fixa  à  Vienne,  tians  sa  jeunesse. 
Il  s'y  lia  d'amitié  avec  Hummel  et  Fœrster, 
donna  des  leçons  de  piano,  et  fut  nommé  or- 
ganiste de  l'église  des  Piaristes,  en  181 1 .  Il  a 
fait  imprimer,  chez  divers  éditeurs  de  cette 
ville,  environ  soixanle-dix  œuvres  de  so- 
nnâtes et  de  pièces  de  piano  et  de  chant,  d'un 
style  agréable  et  facile.  Parmi  ses  compo- 
sitions ,  on  remarque  :  1°  Messe  à  quatre 
voix  et  orchestre,  op.  24;  Vienne,  Cappi. 
2"  Graduel  à  quatre  voix,  deux  violons,  con- 
trebasse et  orgue,  op.  34;  ibid.  5°  Deux 
Tantum  ergo  à  quatre  voix  et  orchestre, 
op.  35  et  56  ;  ibid.  Plachy  est  mort  à  Praguej 
le  7  juillet  1858. 

PLAINE  (Jean-Marie),  harpiste  et  profes- 
seur d1harmonie,  né  à  Paris,  en  1774,  s'est 
fait  connaître  depuis  1798  jusqu'en  1827  par 
la  publication  d'environ  trente  œuvres  de  so- 
nates pour  la  harpe  (nos  1  à  8),  d'études  (trois 
cahiers),  de  fantaisies  (nosl  à  10), de  nocturnes 
et  de  variations.  Ces  ouvrages,  qui  d'abord 
ont  paru  chez  l'auteur,  sont  ensuite  devenus 
la  propriété  de  Frey,  et  en  dernier  lieu  de 
M.  Richaull.  On  a  aussi  de  cet  artiste  un 
Cours  d'harmonie  divisé  en  douze  leçons 
claires  et  faciles;  Paris,  Bichault,  in-fol.  de 
cinquante-trois  pages. 


PLA1NELLI  (Antoine),  littérateur  italien, 
chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jéru- 
salem, naquit  à  Bitonto,  dans  le  royaume  de 
Naples,  le  17  juin  1747.  Après  avoir  terminé 
ses  études  à  l'université  d'Altamura,  il  se 
rendit  à  Naples  et  s'y  livra  d'abord  à  des  ex- 
périences de  chimie,  qu'il  abandonna  ensuite 
pour  la  culture  des  lettres.  Au  nombre  de  ses 
ouvrages,  on  remarque  :  Bell'  opéra  in 
musica;  Naples,  Campo,  1772,  ip  8°  de  deux 
cent  soixante-douze  pages.  Cet  ouvrage,  di- 
visé en  sept  parties,  dont  la  première  renferme 
un  abrégé  de  l'histoire  de  l'Opéra  en  Italie, 
et  dont  les  autres  traitent  de  la  poésie  de  ce 
genre  de  spectacle,  de  la  musique,  des  déco- 
rations et  des  machines,  de  la  danse  et  de  la 
direction  générale  de  l'ensemble,  renferme 
quelques  bonnes  idées;  mais  le  sujet  n'y  est 
pas  conçu  d'une  manière  assez  vaste.  Planelli 
est  mort  à  Naples,  d'une  maladie  nerveuse,  au 
mois  de  mars  1803. 

PLANES  (François-Joseph),  né  le  12  août 
1755,  à  Hirschau,  petite  ville  près  d'Amberg, 
en  Bavière,  fit  ses  premières  études  sous  la 
direction  du  cantor  Wtihrl,  puis  entra  à  l'âge 
de  quinze  ans  au  séminaire  d'Amberg,  où  il 
apprit  à  jouer  du  piano,  du  violon  et  les  prin- 
cipes de  l'harmonie.  Après  que  les  jésuites 
eurent  été  expulsés  de  la  Bavière,  il  alla  con- 
tinuer ses  éludes  à  Sulzbach.  Pendant  qu'il  y 
faisait  sa  rhétorique, Wuhrl  mou  rut;  Planes  fut 
rappelé  dans  sa  ville  natale  pour  le  remplacer, 
et  reçut,  au  mois  de  mars  1775,  les  titres  de 
recteur  etde  directeur  du  chœur  de  Hirschau. 
Il  y  améliora  l'enseignement  du  chant  et  com- 
posa beaucoup  de  musique  pour  le  service  de 
son  église.  Elle  est  restée  en  manuscrit. 
Planes  vivait  encore  à  Hirschau  en  1816. 

PLA1NICIZKY  (Joseph-Antoine),  né  en 
Bohème,  dans  les  dernières  années  du  dix- 
septième  siècle,  était,  en  1723,  ténor  à  la 
chapelle  du  prince  évêque  de  Freysing.  Iî  a 
publié  une  collection  de  douze  motets  de  sa 
composition,  sous  ce  titre  :  Opella  ecclesias- 
tica  seu  arix  duodecim  nova  idea  exornala, 
nec  non  benevolo  philomuso  in  lucem 
editx,  etc.,  Augsbourg,  Loller,  1723,  in-fol. 

PLAIMTZER  (J.-C),  musicien  aveugle, 
vivait  à  Halle  (Saxe),  en  1854.  Aucun  bio- 
graphe ou  bibliographe  allemand  ne  four- 
nit de  renseignements  sur  lui.  Planitzer  a 
publié  un  opuscule  intitulé  :  Die  gehœrige 
Unterordnung  der  Tonarten  unfer  Tongat- 
tungen  und  dièse  unter  das  Tongeschlecht 
(La  classification  des  tons  en  espèces  et  en 
genres),    Quedlinbourg   et    Leipsick,   Bass«,. 


70 


PLANITZER  —  PLANTADE 


1833,  in-8°  de  vingt-quatre  pages,  avec  une 
ppéface  de  Iiuit  pages  et  une  planche.  On  a 
aussi  du  même  auteur  :  Die  Lehrevon  Ueber- 
gaenrjen.  Ein  Theil  der  thcoretischen  J/ttsik 
mœglichst  systematische  bearbeilet  (  La 
science  des  transitions;  partie  de  la  musique 
théorique,  coordonnée  systématiquement,  au- 
tant que  cela  se  peut);  Halle,  CF. -G.  Scharre, 

1834,  in-8°  de  soixante-quatorze  pages,  avec 
deux  planches  et  une  préface  de  M.  de  La- 
mothe-Fouqué.  C'est  dans  cette  préface  qu'on 
trouve  l'indication  de  l'infirmité  de  Planitzer 
et  du  lieu  où  il  habitait. 

PLAIVSON  (Jeu ak),  né  vers  1540,  fut  or- 
ganiste de  l'église  Saint-Germain  l'Auxerrois, 
de  Paris.  Il  occupait  cette  place  lorsqu'il 
obtint  an  concours  du  Pmj  de  musique 
d'Evreax,en  1578,  le  prix  de  la  harpe  d'argent, 
pour  la  composition  du  motet  à  quatre  parties, 
Aspice,  Domine.  Au  même  concours,  il  eut 
nn  autre  prix,  pour  la  chanson  française  à 
plusieurs  voix,  commençant  par  ces  mots  : 
Ah  Dieu!  que  de  filetz. 

PLANTADE  (Chahles-Heuri),  né  à  Pon- 
toise,  le  19  octobre  1764,  fut  admis,  à  l'âge  de 
huit  ans,  dans  l'école  des  pages  de  la  musique 
du  roi.  Il  y  commença  l'élude  du  violoncelle, 
qu'il  continua  plus  tard  sous  la  direction  de 
Duport.  Après  sa  sortie  de  l'école  des  pages, 
il  se  rendit  à  Paris,  où  il  reçut  des  leçons  de 
Langlé  (tour  le  chant  et  la  composition,  et  de 
Ilullmandel  pour  le  piano.  Pclrini  lui  enseigna 
aussi  à  jouer  de  la  harpe,  dont  il  donna  des 
leçons  pendant  plusieurs  années.  Une  sonate 
qu'il  publia  pour  cet  instrument,  et  quelques 
recueils  de  romances  commencèrent  à  le  faire 
connaître  :  Une  de  ces  petites  pièces  (Te  bien 
aimer,  6  ma  chère  Zélié)  obtint,  en  1791,  un 
succès  de  vogue  dont  il  n'y  avait  point  eu 
d'exemple  jusqu'alors  en  France,  car  on  en 
vendit  plus  de  vingt  mille  exemplaires.  Ce 
succès  exerça  beaucoup  d'influence  sur  la 
carrière  de  Plantade;  il  le  fit  choisir' pour 
maître  de  chant  de  mademoiselle  Hortensede 
Beauharnais  qui,  devenue  reine  de  Hollande, 
lui  accorda  une  constante  protection.  Ses  ro- 
mances lui  procureront  aussi  des  poèmes 
d'opéras-comiques  qu'il  mit  en  musique  et 
dont  quelques-uns  furent  hien  accueillis  du 
public,  à  cause  de  leurs  mélodies  faciles. 
Parmi  ses  productions  en  ce  genre,  on  remar- 
qua surtout  Zoé,  ou  la  Pauvre  Petite,  et 
Palma,  ou  le  Voyage  en  Grèce,  qui  sem- 
blaient promettre  à  l'auteur  une  brillante 
carrière,  bien  qu'on  y  eût  désiré  plus  de 
fermeté  dans  le  style,  et  plus  d'originalité 


dans  les   idées.  Mais  ces  heureux  débuts  né 
furent  point  justifiés  dans   la  suite,  et   les 
autres  ouvrages  de  Plantade  furent  joués  sans 
succès.  En  1797,  il  était  entré,  en  qualité  de 
maître   de    chant  à   l'institution   de    Saint- 
Denis,  dirigée   par  madame  Campan  ;  ce  fut 
alors  qu'il  donna  les  premières  leçons  à  ma- 
moiselle   de   Beauharnais.    En    1802,    il    fut 
chargé  du  même  enseignement  au  Conserva- 
toire, en   partage   avec  Garât;    et   dès  lors 
commença  entre  eux  une  haine  qui  ne  s'est 
jamais  apaisée.  Plantade  ne  quitta  sa  place  au 
Conservatoire  que   pour  celle  de  maître  de 
chapelle  de  Louis  Napoléon,  roi  de  Hollande, 
que  sa  protectrice  lui  fil  obtenir.  Après  l'abdi- 
cation du  roi,  Plantade  retourna  à  Paris,  et 
pour  se  rappeler  au  souvenir  des  artistes,  il 
fit  exécuter  à  Saint-Eustache,  en  1810,  une 
messe  avec  orchestre  où  l'on  remarquait  quel- 
ques bons  morceaux.  Il  avait  conservé  à  Paris 
ses  fonctions  de  directeur  de  la  mus, que  de  la 
reine  Horlense  :  en  1812,  il  y  joignit  la  place 
de  maître  de  chant  et  de  directeur  de  la  scène 
à  l'Opéra,  et  la  conserva  jusqu'en  1815,  oii 
nne  réaction  se  fit  sentir  contre  tous  les  pro- 
tégés delà  maison  impériale.  Il  avait  été  aussi 
pendant  deux  ans  membre  du  jury  de  lecture 
du  même  théâtre.  Après  la  réorganisation  du 
Conservatoire,  sous  le  litre  d'Ecole  royale  de 
chant  et  de  déclamation,  il  y  rentra  comme 
professeur,  et  conserva  son  emploi  jusqu'à  la 
réforme  opérée  dans  celle  école,  au  mois  de 
janvier    1828.    Une    scène    lyrique,    imitée 
d'Ossian,  mise  en  musique  par  Plantade,  pour 
la  fêle  du  roi  de  Louis  XVIII,  lui  fil  obtenir, 
en  1814,  la  décoration  de  la  Légion  d'honneur, 
En  1816,  Plantade  succéda  à  Persuis,  comme 
maître  de  musique  ou  chef  d'orchestre  de  la 
chapelle  royale.  Il  conserva  cet  emploi  jus- 
qu'à la  fin  du  règne  de  Charles  \.  La  révolu- 
lion  de  1830  lui  fit  perdre  tontes  ses  places  : 
le  chagrin  qu'il  en  ressentit  altéra  sa  santé. 
Retiré  aux Batignolles,  il  y  fut  atteint  d'une 
maladie  grave  et  se  fit  transporter  à  Paris, où 
il  mourut  entre  les  bras  de  ses  deux  fils,  le 
18  décembre  1859,  à  l'âge  de  soixante-quinze 
ans. 

Plantade  a  composé  pour  divers  théâtres  de 
Paris  les  opéras  dont  voici  les  litres  :  1°  Les 
deux  Sœurs,  en  un  acle,  au  théâtre  Feydeau, 
1791.  2°  Les  Souliers  mordorés,  en  deux 
actes,  au  même  théâtre,  1793.  Cet  ancien 
opéra  avait  été  mis  en  musique  par  Fridzeri; 
la  nouvelle  composition  de  Plantade  ne  réussit 
pas.  3°  Au  plus  brave  la  plus  belle,  en  un 
acle,  au  théâtre  Louvois,  1794.  4°  Palma,  ou 


PLANTADE  -  PLATIX 


il 


Fe  T'oyagcen  Grèce,  en  deux  actes,  au  théâtre 
Feydeau,  1797.  5°  Romagriesi,  en  un  acte,  au 
même  théâtre,  1799.  G0  Le  Roman,  en  un 
acte,  au  même  théâtre,  1799.  7°  Zoé,  ou  la 
Pauvre  Petite,  en  un  acte,  au  théâtre  Favart, 
1800.  7°  (bis)  Lisez  Plutarque,  opéra-comi- 
r|iie,  en  un  acte,  au  théâtre  Montansier,  1800. 
8°  Bayard  à  la  Ferté,  en  trois  actes,  puis  en 
deux,  au  théâtre  Feydeau,  1811.  9°  Le  Mari 
de  circonstance,  en  deux  actes,  au  même 
théâtre,  1813.  Cet  ouvrage  a  présenté  le  rare 
exemple,  en  France,  d'une  musique  médiocre 
(|ui  a  nui  au  succès  d'une  jolie  comédie. 
10°  Scène  lyrique,  à  l'Opéra,  1814. 
11°  Blanche  de  Castille  (avec  Habeneck), 
composé  pour  l'Opéra,  et.  non  représenté. 
Planlade  a  écrit  quelques  morceaux  pour  le 
Jaloux  malgré  lui,  comédie,  et  les  chœurs 
(VEsther,  tragédie  de  Racine,  pour  le  service 
<lu  roi  de  Hollande,  en  1808.  Pour  le  service 
de  la  chapelle  du  roi,  il  a  composé  des  messes, 
«les  motets,  une  messe  de  Requiem,  et  un  Te 
Deum,  qui  sont  restés  en  manuscrit.  Les  par- 
titions de  Palma  et  du  Mari  de  circonstance 
ont  été  gravées  à  Paris.  Les  autres  productions 
dePlantade  qui  ont  été  publiées  sont  :  1°  So- 
nate pour  la  harpe,  op.  1  ;  Paris,  Imbault. 
2°  Vingt  recueils  de  romances;  Paris,  Janet, 
Leduc,  Pleyel,  Momigny,  etc.  5°  Trois  recueils 
de  nocturnes  à  deux  voix,  ibid. 

PLARP.  (Auglste-Tuéodore),  flûtiste,  né 
à  Dresde,  le  2  août  174G,  fut  le  premier  qui 
ajouta  à  son  instrument  la  clef  de  si  bémol,  en 
1795.  Il  est  mort  dans  sa  ville  natale,  le 
14  avril  1803. 

PLARP*  (Théopiïile-  Emmanuel),  frère  du 
précédent,  et  chancelier  de  la  cour  d'appel  de 
la  Saxe  électorale,  né  à  Dresde,  en  1748, 
entra  comme  enfant  de  chœur  dans  la  chapelle 
du  château  de  cette  ville,  en  1759,  et  y  apprit 
pendant  six  ans  la  musique  et  la  composition 
sous  la  direction  de  Reilher.  Vers  1790,  il 
conslruisit  un  harmonica  d'un  nouveau  sys- 
lème,  supérieur,  dit-on,  à  l'ancien.  Dans  les 
années  1791  à  1795,  il  a  publié  chez  Hilscher, 
à  Dresde,  divers  recueils  de  danses,  de  polo- 
naises et  de  petites  pièces  pour  le  piano. 

PLATEL  (Nicolas-Joseph),  excellent  vio- 
loncelliste, naquit  à  Versailles,  en  1777.  Son 
père,  musicien  de  la  chapelle  du  roi,  se  fit  ac- 
teur après  la  révolution  de  1789,  et  joua  dans 
l'opéra-comique,  au  théâtre  des  Troubadours 
de  la  rue  de  Louvois,  puis  au  théâtre  Fey- 
deau, où  il  fut  chef  des  chœurs  jusqu'en  1800. 
Le  jeune  Platel  fut  d'abord  placé  dans  les 
p  iycs  de  la  musique  de  Louis  XVI,  et  reçut 


des  leçons  de  chant  de  Richer  ;  mais,  dès  l'âge 
de  dix  ans,  il  montra  le  goût  le  plus  vif  pour  le 
violoncelle,  et  Louis  Duport,  ami  de  son  père, 
charmé  de  sa  rare  intelligence  musicale,  diri- 
gea ses  premières  éludes  sur  cet  instrument,  et 
lui  donna  les  excellents  principes  de  la  pose 
et  du  maniement  de  l'archet,  ainsi  que  d'une 
belle  qualité  de  son,  que  Platel  transmit  plus 
tard  à  ses  élèves.  Vers  la  fin  de  1789,  le  dé- 
part de  Duport  pour  Berlin  laissa  Platel  sans 
guide:  mais  en  1793,  son  ancien  condisciple 
Lamare,  plus  âgé  que  lui  de  quelques  années, 
et  déjà  artiste  distingué,  ranima  son  zèle,  lui 
donna  des  conseils,  et  surtout  excita  son  ému  - 
lalion  par  ses  progrès  et  parsa  renommée,  qui 
allait  grandissant  chaque  jour.  En  1796,  Pla- 
tel entra  à  l'orchestre  du  théâtre  Feydeau, 
connu  alors  sous  le  nom  de  Théâtre-Lyrique  ; 
mais  une  actrice  de  ce  spectacle,  dont  il  s'était 
épris,  ayant  quitté  le  théâtre  à  la  fin  de  1797 
pour  aller  à  Lyon,  il  l'y  suivit  et  ne  revint  à 
Paris  qu'en  1801.  Il  brilla  alors  aux  concerts 
de  la  rue  de  Cléry  et  du  théâtre  des  Victoires 
nationales,  rue  Chanlereine,  et  fut  considéré 
à  juste  litre  comme  le  plus  habile  violoncel- 
liste de  Paris;  car  Duport  était  à  Berlin,  et 
Lamare,  en  Russie.  Malgré  les  avantages  que 
son  talent  pouvait  lui  procurer  dans  cette  ca- 
pitale, son  humeur  insouciante  ne  put  se  fa- 
çonner aux  convenances  sociales;  il  ne  voulut 
faire  aucune  démarche  pour  obtenir  les  places 
auxquelles  il  pouvait  prétendre,  et  préféra 
voyager  pour  donner  des  concerts.  II  quitta  de 
nouveau  Paris,  en  1805,  et  se  dirigea  vers  la 
Bretagne;  mais  son  insouciance  et  le  peu 
d'ordre  qu'il  mettait  dans  ses  affaires  ne  le 
rendaient  pas  propre  à  réaliser  ses  projets  de 
voyage  :  arrivé  à  Quimper,  il  y  trouva  un 
amateur  de  violoncelle  qui  devint  bientôt  son 
ami,  et  il  passa  deux  années  dans  cette  petite 
ville,  qui  ne  devait  l'arrêter  que  quelques 
jours.  Enfin,  il  se  remit  en  route,  joua  avec 
succès  à  Brest,  à  Nanles,  puis  se  dirigea  vers 
la  Belgique  avec  l'intention  de  visiter  la  Hol- 
lande et  l'Allemagne;  mais  arrivé  à  Gand,ou 
il  donna  des  concerts,  il  y  resta  plusieurs  an- 
nées, donnant  des  leçons  de  chant  et  de  vio- 
loncelle, puis  il  alla  s'établir  à  Anvers,  en  1813. 
L'état  florissant  de  la  marine  dans  ce  port  y 
avait  attiré  une  bonne  troupe  d'opéra  :  Platel 
y  tint  l'emploi  de  premier  violoncelle.  Il  y  passa 
environ  six  ans,  puis  alla  se  fixer  à  Bruxelles, 
où  il  fut  aussi  premier  violoncelle  du  théâtre. 
En  1824,  le  prince  de  Chimay  l'attacha  à 
l'école  royale  de  musique  de  cette  ville;  et 
lorsque  celle  école  fut  réorganisée,  en  1831, 


72 


PLATEL  -  PLATON 


sous  le  litre  de  Conservatoire  de  musique, 
Plalel  y  conserva  ses  fonctions  de  professeur 
de  violoncelle.  Dans  les  onze  années  de  son 
enseignement,  il  y  fonda  l'excellente  école  de 
I>asse  d'où  sont  sortis  Servais,  Balta,  Demunck, 
et  que  ce  dernier  continua  comme  successeur 
de  son  maître.  Platel  est  mort  à  Bruxelles,  le 
25  août  1835,  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans. 
Véritable  artiste  d'autrefois,  il  était  étranger  à 
tout  esprit  d'intrigue,  d'égoïsme  et  de  charla- 
tanisme. Son  désintéressement  allait  jusqu'à 
la  prodigalité;  son  ignorance  des  affaires  et 
des  usages  était  celle  d'un  enfant,  et  jamais  il 
ne  se  mit  en  peine  du  lendemain.  Lorsqu'il 
était  à  Anvers,  des  huissiers  vinrent  un  jour 
chez  lui  pour  saisir  ses  meubles  ;  dans  ce  mo- 
ment il  jouait  du  violoncelle.  Dès  qu'il  sut  ce 
que  ces  hommes  venaient  faire,  il  les  reçut 
poliment,  les  fit  entrer  dans  sa  chambre  à 
coucher,  et  pendant  qu'ils  verbalisaient,  il 
sortit  emportant  seulement  son  instrument, 
fermant  la  porte  à  double  tour,  et  jamais  il 
ne  s'informa  de  ce  qu'était  devenu  son  mobi- 
lier. Une  autre  fois,  il  lui  échut  un  héritage 
qu'il  fit  réaliser  et  qu'on  lui  envoya  en  or.  Ja- 
mais il  n'avait  vu  de  somme  aussi  considé- 
rable :  ne  sachant  comment  la  serrer,  il  prit  un 
vieux  bas  de  soie,  s'en  fil  une  bourse,  et  porta 
sa  fortune  sur  lui.  Des  amis  lui  conseillèrent 
déplacer  cet  argent;  mais  il  leur  répondit 
qu'il  craignait  les  banqueroutes.  Bientôt  ce- 
pendant, prêtant  à  tout  venant,  il  vit  dispa- 
raître celle  ressource;  mais  il  ne  s'en  mit  pas 
en  peine,  et  reprit  son  train  de  vie  accoutumé 
et  son  insouciance,  quoiqu'il  touchât  à  la  vieil- 
lesse. 

Platel  a  publié  de  sa  composition  :  t°  Pre- 
mier concerto  pour  violoncelle  et  orchestre  ; 
Paris,  Gaveaux.  Deuxième,  troisième  et  qua- 
trième idem,  Paris,  Pleyel.  2°  Cinquième 
idem,  intitulé  le  Quart  d'heure;  Bruxelles, 
Weissenbruch.  5°  Sonates  pour  violoncelle, 
avec  accompagnement  de  basse,  œuvres  2,  5 
et  4  ;  Paris,  Gaveaux.  4°  Huit  airs  variés  pour 
violoncelle;  Paris,  Naderman.  5°  Caprices  ou 
préludes  pour  violoncelle;  Bruxelles,  Weis- 
senbruch. G°  Trois  trios  pour  violon,  alto  et 
basse  ;  ibid.  7°  Six  duos  pour  violon  et  violon- 
celle; Paris,  Naderman.  8°  Six  romances  avec 
accompagnement  de  piano  ;  ibid. 

PLATINEtt  (Augustin),  compositeur  alle- 
mand, vivait  au  commencement  «lu  dix-sep- 
tième siècle.  On  connaît  sous  son  nom  :  jlJissx 
octonis  vocibus  concinendœ  ;  Nuremberg 
1G23. 

PLATON,    illustre  philosophe  grec,    né 


dans  l'île  d'Égine,  l'an  430  avant  Jésus- 
Christ,  reçut  d'abord  le  nom  VAristoclès-, 
qui  était  celui  de  son  aïeul,  et  prit  ensuite 
celui  sous  lequel  il  est  connu.  Doué  des  dons 
du  génie  et  du  sentiment  du  beau,  il  se  livra 
d'abord  à  la  poésie  et  composa  des  tragédies; 
mais  il  brûla  lui-même  ses  ouvrages,  après 
qu'il  eut  pris  la  résolution  de  cultiver  unique- 
ment la  philosophie.  Dans  sa  jeunesse,  il  avait 
étudié  la  gymnastique,  la  peinture  et  la  mu- 
sique. Son  premier  maître  de  philosophie  fut 
Cratyle;  mais  il  quitta  l'école  de  ce  maître 
pour  devenir  élève  de  Socrale,  et  pendant  huit 
années  il  reçut  des  leçons  de  ce  sage.  Après 
la  mort  de  son  maître,  l'indignation  et  la  dou- 
leur le  firent  s'éloigner  d'Athènes,  avec  les 
autres  disciples  de  Socrate  :  il  se  relira  à  Mé- 
gare  et  y  suivit  les  leçons  d'Euclide;  puis  il 
entreprit  de  longs  voyages  en  Italie,  où  il  fré- 
quenta les  plus  anciens  disciples  de  Pytha- 
gore.  Arrivé  à  Cyrène,  il  y  perfectionna  ses 
connaissances  en  géométrie  sous  Théodore, 
puis  il  alla  en  Egypte  et  en  Sicile,  qu'il  visita 
deux  fois.  De  retour  à  Athènes,  il  y  fonda 
l'Académie,  école  célèbre  de  philosophie,  où 
Arislole  s'instruisit  dans  les  sciences  qui  lui 
firent  plus  tard  un  si  grand  nom. Platon  mou- 
rut 347  ans  avant  Jésus-Christ,  et  laissa  la 
direction  de  l'Académie  à  son  disciple  Speu- 
sippe. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'examiner  la  na- 
ture et  la  portée  de  cette  célèbre  philosophie 
de  Platon  qui  a  traversé  tant  de  siècles  et  ex- 
cité l'admiration  de  tous  les  peuples  et  de 
toutes  les  générations  :  celle  tâche  a  été  rem- 
plie par  de  savants  critiques  beaucoup  plus 
habiles  à  traiter  un  tel  sujet;  mais  on  a  parlé 
si  diversement  des  opinions  et  de  la  doctrine 
de  ce  grand  homme  concernant  la  musique, 
qu'il  est  nécessaire  de  rétablir  ici  les  faits  à 
leur  véritable  point  de  vue.  Et  d'abord  se  pré- 
sente cette  question  :  Platon  a-t-il  eu  une 
doctrine  scientifique  de  la  musique;  cl  s'il  en 
eut  une,  quelle  est-elle?  Si  l'on  en  croit  An-- 
toxène,  antérieurement  à  Pythagore  les  musi- 
ciens divisaient  chaque  intervalle  d'un  ton 
en  quatre  parties  égales;  mais  le  philosophe 
de  Samos  avait  substitué  à  cette  division  arbi- 
traire un  système  de  proportions  des  inter- 
valles qui,  jusqu'à  ce  jour,  a  retenu  son  nom. 
D'après  le  dire  d'Aristoxèpe,  deux  systèmes 
auraient  donc  été  en  présence,  au  temps  de 
Platon;  plusieurs  endroits  de  ses  écrits  prou- 
vent qu'il  adopta  celui  des  phylhagoriciens. 
Kn  effet,  dans  le  septième  livre  de  l.i  Répu- 
blique, il  fait  dire  à  l'un  des  interlocuteurs  : 


PLATON. 


/j 


«  11  semble  que,  comme  les  yeux  ont  été  faits 
»  pour  l'astronomie,  les  oreilles  Pont  été  pour 
»  les  mouvements  harmoniques,  et  que  ces 
»  deux  sciences,  l'astronomie  et  la  musique, 
»  sont  sœurs,  comme  disent  les  pylhagori- 
»  ciens,  et  comme  nous,  cher  Glaucon,  nous 
«  l'admettons,  n'est-ce  pas?  —  Oui  (1).  » 
Rien  que  l'ahbé  Roussier  dise  (Mémoire  sur 
la  jnusique  des  anciens,  note  mm,  p.  58)  que 
les  quaternaires  employés  par  Platon,  dans 
son  Ame  du  monde  (il  confond  le  Timée  de 
Platon  avec  l'écrit  apocryphe  attribué  à  Ti- 
mée de  Locres)  sont  plutôt  une  déviation 
qu'une  extension  des  principes  de  Pythagore, 
les  éloges  accordés  par  Platon  lui-même  à 
l'exposé  des  idées  de  Timée,  disciple  immé- 
diat de  Pythagore,  prouvent  que  son  dia- 
gramme était  conforme  à  la  philosophie  pytha- 
goricienne de  son  temps.  Enfin,  un  autre  pas- 
sage de  la  République  (loc.  cit.)  démontre 
qu'il  ne  s'écartait  pas  des  simples  proportions 
de  Pythagore  ;  car  après  s'être  moqué  des  fai- 
seurs d'expériences  qui,  de  son  temps,  dit-il, 
fatiguaient  les  cordes  et  les  chevilles  à  varier 
les  tensions  et  les  intonations,  pour  chercher 
des  intervalles  et  des  rapports  inappréciables 
à  l'oreille,  il  ajoute  :  «  Ceux-ci  du  moins  (les 
»  pythagoriciens)  font  la  même  chose  que  les 
»  astronomes  ;  ils  cherchent  des  nombres  dans 
»  les  harmonies  qui  frappent  l'oreille  ;  mais 
»  ils  ne  vont  pas  jusqu'à  y  voir  de  simples 
»  données  pour  découvrir  quels  sont  les  nom- 
r>  bres  harmoniques  et  ceux  qui  ne  le  sont 
»  pas;  ni  d'où  vient  entre  eux  cette  diffé- 
»  rence.  » 

C'est  dans  le  Timée  que  Platon  expose 
sa  doctrine  harmonique  de  la  musique  ;  expo- 
sition bien  obscure,  qui  a  donné  la  torture 
aux  commentateurs  dans  l'antiquité  comme 
dans  les  temps  modernes,  mais  dont  M.  Th.- 
Henri  Martin  a  pénétré  le  mystère  dans  ses 
belles  etsavantes  Etudes  sur  ce  dialogue  (2). 
On  sait  que  Platon  a  donné  à  l'entretien  de 
Socrate,  Critias,  Timée  et  Hermocrate  le 
titre  :  Timée  ou  de  la  nature.  La  nature, 
telle  quela  concevait  l'illustre  philosophe,  est, 
en  effet,  le  sujet  du  dialogue.  La  formation  de 
l'âme  du  monde,  expliquée  par  Timée,  est 
l'objet  principal,  et  l'harmonie  de  l'univers, 
ainsi  que  l'harmonie  musicale  en  sont  les  con- 
séquences et  sont  analogues  aux  mouvements 
de  l'âme,  parce  que  les  mêmes  nombres  les 

(1)  Plat.,  delîepubl.,  lib.  VU.  Fd.  Bekkeri,  part.  III, 
vol.  !,  p.  356. 

(2)  Études  sur  le  Timie  de  Platon.  Taris,  Ladrange, 
1841,2  vol.  in-8». 


régissent.  C'est  ce  qu'indique  Platon  lorsqu'il 
fait  dire  par  Timée  que  «  l'harmonie  musicale 
»  a  des  mouvements  semblables  aux  révolu- 
»  tions  de  l'âme  (l).  »  De  l'analyse  de  ces 
nombres,  M.  Th. -Henri  Martin  a  tiré  les  pro- 
portions des  intervalles  de  l'octave  de  Platon, 
lesquelles  sont  exactement  celles  de  la  doc- 
trine pythagoricienne,  comme  on  peut  le  voir 
ici.  N'ayant  pas,  comme  M.  Martin,  à  com- 
parer ces  proportions  avec  celles  des  acousti- 
ciens  modernes  pour  notre  échelle  musi- 
cale (2),  j'applique,  dans  le  tableau  suivant, 
les  proportions  de  Platon  aux  télracordes  dis- 
joints du  genre  diatonique  des  Grecs. 


RAPPORTS 

NUMÉRIQUES. 

NOMS 
des 

NOTES. 

Ton,  9  :  8 

mi 

Ton,  9  :  8 

ré 

Ton,  9  :  8 

ut 

Limma,  256  :  243 

si 

Ton, 9  :  8 

la 

Ton,  9  :  8 

sol 

Ton, 9  :  8 

fa 

Limma,  256  :  243 

mi 

Dans  ce  que  dit  Platon  concernant  la  mu- 
sique, il  a  droit  surtout  de  nous  intéresser 
par  la  plus  belle  conception  esthétiquede  l'art 
que  l'antiquité  nous  ait  léguée,  lorqu'il  fait 
voir,  dans  le  second  livre  des  Lois,  que  le 
beau  ne  réside  ni  dans  le  plaisir  des  sens  que 
provoque  la  musique,  ni  dans  l'imitation. 
M.  Cousin,  qui  a  fait  une  excellente  analyse 
du  principe  esthétique  de  Platon,  dit  avec  une 
rare  élégance  de  style  que  selon  ce  philosophe  la 
beauté  de  la  musique  consiste  dans  un  charme 
particulier  et  indéfinissable  qui  enlève  l'âme 

(1)  Timée,  47. 

(2)  Études  sur  le  Timée  de  Platon,  note  XXIII,  §4, 
tome  Irr,  p.  402. 


71 


PLATON  -  PLAWENN 


à  la  vie  vulgaire,  et  l'emporte  dans  un  monde 
à  part,  où  tout  est  noble,  serein,  pur,  mélo- 
dieux :  la  belle  musique  (dit-il)  est  essentiel- 
lement morale,  par  la  moralité  de  ses  effets. 
Remarquons  que  ces  idées  ont  beaucoup  d'ana- 
logie avec  l'opinion  exprimée  par  Aristote 
dans  ce  passage  du  huitième  livre  de  sa  Poli- 
tique :  «  L'opinion  commune  ne  voit  d'uti- 
«  lilé  à  la  musique  que  comme  un  simple 
»  délassement;  mais  est-elle  véritablement 
«  si  secondaire,  et  ne  peut-on  lui  assigner  un 
»  plus  noble  objet  que  ce  vulgaire  emploi?  Ne 
»  doit-on  lui  demander  que  ce  plaisir  banal 
»  qu'elle  excite  naturellement  chez  tous  les 
«  hommes,  charmant  sans  distinction  tous  les 
»  âges,  tous  les  caractères?  ou  bien  ne  doil- 
»  on  pas  rechercher  aussi  si  elle  n'exerce  au- 
»  cune  influence  sur  les  cœurs,  sur  les  âmes? 
»  Il  suffirait,  pour  en  démontrer  la  puissance 
»  morale,  de  prouver  qu'elle  peut  modifier 
«  nos  affections;  et  certainement  elle  les  mo- 
»  difie  (1).  »  Ces  grands  hommes  avaient 
aperçu  la  fuisse  voie  où  des  musiciens  maté- 
rialistes essayent  aujourd'hui  de  jeter  l'art, 
s'imaginant  qu'ils  le  perfectionnent,  et  ont 
montré  en  peu  de  paroles  quel  est  le  but  réel 
de  cet  art. 

Un  passage  du  septième  livre  des  Lois  de 
Platon  a  paru  à  quelques  érudits  indiquer 
l'usage  de  l'harmonie  dans  l'ancienne  mu- 
sique des  Grecs  (2).  Le  célèbre  critique  Gode- 
froid  Stallbaum  a  démontré  que  le  texte,  cause 
de  ce  malentendu  ,  est  altéré,  et  l'a  restitué 
dans  une  dissertation  académique  intitulée  : 
Musica  exPlatone  secundum  locutn  legg.  VIT, 
p.  7\'£(Lipsîae}  1846,  in-4°  de  trente-quatre 
pages).  Tous  les  passages  relatifs  aux  impres- 
sions causées  par  la  musique  ainsi  qu'à  ses 
effets  moraux  ont  été  extraits  des  écrits  de 
Platon,  discutés  et  analysés,  par  M.  Cornélius 
Dcn  Tex,  membre  de  l'ancien  Institut  de  Hol- 
lande, dans  une  dissertation  qui  a  pour  titre  : 
Disputatio  inauguralis  de  Vi  musice$  ad 
excolendum  hominem  c  sententia  Platonis 
(Trajecti  ad  Hhenum,  181G,  gr.  in-8°  de  cent 
soixante  et  dix  pages). 

PLATOIML  (Louis),  compositeur  napoli- 
tain, né  vers  1760, fut  instruit  dans  la  musique 
au  Conservatoire  de  la  Piclà  de'  Turcliini. 
On  connaît  sous  son  nom  les  opéras  dont  les 
litres  suivent  :  1"  AtïiQT  non  lia  riguardi,  à 

(I)  Arlslot.  Tolilic.  VIII,  vol.  Il,  fol.  1340,  rx  rd. 
Pckkeri,  Berol.  1831  ;  et  t.  Il,  p.  147  do  la  traduction  de 

M.  Ilarlliclomy  S.iint -llil.iiic. 

(i)  Voyez  mon  Mémoire  sur  l'harmonie  simultanée  des 
sous  cites  les  Grecs  el  les  Humains. 


Naples,en  178".  1°  LeConvulzioni,  ib.,  1787. 
5°  JIMatrimonio  persorpresa,  à  Home,  1788. 
4°  Il  Conte  Lentichia,  à  Naples,  1788. 

PLATS  (les  frères),  dont  l'aîné  s'appelait 
Joseph,  nés  en  Espagne  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  furent  tous 
deux  virtuoses  sur  le  hautbois.  En  1752,  ilsse 
rendirent  à  Paris,  où  leurs  talents  furent  ap- 
plaudis au  Concert  spirituel.  En  17G1,  ils  en- 
trèrent au  service  du  duc  de  Wurtemberg; 
mais  le  plus  jeune  mourut  dans  la  même 
année.  Joseph  resta  à  Slultgard  jusqu'en 
1763;  la  diminution  qu'on  voulut  faire  alors 
dans  le  traitement  des  musiciens  de  la  cha- 
pelle le  décida  à  se  rendre  à  Amsterdam,  où  il 
était  encore  en  1776.  Il  y  a  publié  six  duos 
pour  deux  flûtes,  op.  1.  Le  catalogue  de  Wesl- 
phal  indique  de  sa  composition,  en  manu- 
scrit :  1°  Six  concertos  pour  le  hautbois. 
2°  Trois  solos  pour  le  même  instrument. 
3°  Vingt  trios  pour  deux  hautbois  et  basse. 

PLATTI  (Jean),  hautboïste  et  violoniste, 
né  à  Venise,  dans  les  premières  années  du 
dix-huitièmesiècle,  entra  vers  1740  au  service 
du  prince-évéque  de  Wtirzbourg.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  1°  Six  sonates  pour 
le  clavecin,  op.  1  ;  Nuremberg,  1746.  2°  Six 
concertos  pour  le  clavecin,  op.  2  ;  ibid.  5"  Six 
solos  pour  la  flûte,  op.  3;  ibid.  4°  Six  sonates 
pour  clavecin,  op.  4;  ibid.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit plusieurs  concertos  et  sonates  pour  le 
clavecin.  La  femme  de  cet  artiste  était  atta- 
chée à  la  chapelle  de  Wtirzbourg. 

PL  AÏZ  (Gabriel),  ou  PL  AU  TZ,  religieux 
cordelier,  né  en  BaVièreversIa  fin  du  seizième 
siècle,  vécut  au  couvent  d'Aschaffenbourg,  où 
il  a  fait  imprimer,  en  1621,  un  recueil  de  mo- 
tets et  de  messes  intitulé  :  Floseulits  vernalis 
sacras  cantioncs,  missas  aliasque  laudes 
11.  Marix  3-8  voc,  eum  B.  G.,  in-4". 

PLAYVEJW  ou  PLAUE^  (Lbopoid), 
bénédictin  bavarois,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  au  couvent  de 
Zwifallen,  dans  le  diocèse  d'Ulm.  Précédem- 
ment il  avait  l'ait  ses  vœux  dans  un  monastère 
du  Tyrol.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
Sacrie  Nymphx  duplicium  aquarum  in  Dei 
et  divorum  laudes  a  3,  4,  5  et  6  voeibus  et 
instrumentis  animatae;  Inspruck,  1659.  La 
troisième  partie  de  celle  collection  parut  à 
krinpten,  en  1672;  elle  contient:  jVissx  qua- 
tuor festiv.v,  et  quatuor  excquialx  esters 
una  cum  choro  vocali  ad  plmihun.  La  qua- 
trième pai  lie,  composée  de  cantiques. à  trois-, 
quatre,  cinq  et  six  voix,  avec  instruments,  a 
été  publiée  à  Ulm,  en  1 07'J. 


PLÀYFORD  -  PLEYEL 


PLAYFORD  (Jbam),  marchand  de  mu- 
sique à  Londres,  né  dans  cette  ville,  en  1613, 
substitua  aux  anciens  caractères  de  musique 
dont  on  se  servait  pour  l'impression  en  Angle- 
terre, des  types  plus  beaux  dans  lesquels  on 
aperçoit  moins  les  solutions  de  continuité,  et 
dont  les  crochets  des  croches  et  doubles  cro- 
ches sont  d'une  seule  pièce  avec  les  queues 
des  notes,  ce  qui  n'existait  pas  dans  les  an- 
ciens caractères.  Playt'ord  écrivit  et  fit  impri- 
mer, en  1055,  un  traité  élémentaire  de  mu- 
sique qu'il  avait  extrait  des  livres  de  Morley, 
de  Butler,  et  de  quelques  autres  anciens  au- 
teurs; cet  ouvrage  parut  sous  ce  titre  :  An 
introduction  to  the  skill  of  musiclt,  in  two 
books  (Introduction  à  la  connaissance  de  la 
musique);  Londres,  1055,  in-8°.  Le  premier 
livre  contient  les  principes  et  les  règles  de  la 
musique  et  de  la  solmisation;  le  second,  des 
instructions  et  des  leçons  pour  la  basse  de 
viole  et  le  violon,  avec  les  figures  de  ces  in- 
struments. On  trouve  dans  ce  volume  le  por- 
trait de  Playford.  La  préface  qu'il  a  miseàson 
livre  prouve  qu'il  avait  une  instruction  solide 
et  variée.  La  deuxième  édition  de  l'ouvrage 
parut  chez  l'auteur,  en  1058  ;  celle-ci  fut  aussi 
promptement  enlevée,  et  il  en  fallut  faire  une 
troisième,  en  1005.  D'autres  parurent  en 
1070,  1072,  1074,  1677  et  1079.  Celle-ci 
est  la  huitième.  Playford  y  ajouta  le  traité  de 
composition  de  Campion,  intitulé  :  The  art  of 
discant,  or  composing  of  musiclt  in  parts, 
avec  les  annotations  de  Simpson.  La  dixième 
édition  parut  non  en  1683,  comme  le  disent 
Burney  et  ses  copistes,  mais  en  1684.  La  dou- 
zième édition  publiée  en  1094,  après  la  mort 
de  Playford,  fut  corrigée  par  Henri  Purcell, 
qui  remplaça  le  traité  de  Campion  par  de  nou- 
veaux principes  de  composition,  réimprimés 
dans  les  éditions  de  1097,  1700  et  1703.  La 
dix-septième  édition,  que  je  crois  la  dernière, 
a  paru  à  Londres,  en  1718,  in-12.  Playford 
mourut  en  1093,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 
Il  fut  l'éditeur  de  la  collection  des  psaumes 
anglais  avec  le  chant  de  l'église  anglicane  ar- 
rangé à  trois  parties,  et  la  publia  sous  ce 
litre  :  Whole  Book  op  psalms  ,  with  the 
muai  Injmns  and  spiritual  songs,  composed 
in  three  parts  ;  Londres,  1073,  in-8°.  Il  a  été 
fait  plusieurs  éditions  de  ce  recueil.  Il  donna 
aussi  quelques  psaumes  et  hymnes  à  quatre 
parties,  sous  ce  titre  :  Psalms  and  Hymns  in 
solemn  musick,  in  4  parts  on  the  common 
tunes,  etc.;  Londres,  1071,  in-fol.;  6  Hymns 
for  one  voice  to  the  organ;  ibid.,  in-fol.,  et 
enfin,  un  recueil  de  morceaux  pour  le  chant 


intitulé:  The  musical  companion,  in  two 
books;  Londres,  1073. 

PLAYFORD  (Henri),  fils  du  précédent, 
né  vers  1658,  succéda  à  son  père,  fut  l'éditeur 
de  plusieurs  collections  de  musique  et  mit 
une  préface  au  recueil  intitulé  :  Fade  Me- 
scum,  or  the  necessary  companion  ;  Londres, 
1679,  réimprimé  en  1692,  in-8°.  En  1701,  il 
donna  le  Pleasant  musical  companion,  being 
a  choice  collection  of  calches  for  three  and 
four  voices.  Henri  Playford  ne  parait  pas 
avoir  vécu  après  1710,  car  on  ne  connaît 
aucune  publication  faite  par  lui  après  celte 
époque. 

PLEYEL   (Ignace),  compositeur   célèbre, 
né  en  1757,   à    Bupperslhal,  petit  village  à 
quelques  lieues  de  Vienne,  fut  le  vingt-qua- 
trième enfant  du  maître  d'école  de  ce  lieu,  et 
d'une  jeune  dame  de  haute    naissance,    que 
cette  union  disproportionnée  avait  fait  déshé- 
riter  par    ses    parents.    La    mère    d'Ignace 
Pleyel  perdit  la  vie  en  la  lui  donnant;  Martin 
Pleyel  se  remaria,  eut  quatorze  autres  enfants 
de  sa  seconde  femme,   et   mourut  à  l'âge  de 
quatre-vingt-dix-neuf  ans.    Élevé  comme  on 
l'est  en  l'Allemagne,  Pleyel  apprit  les  élé- 
ments de  la  musique  en  même  temps  que  ceux 
de  sa  langue.  Ses  dispositions  pour  cet  art  se 
manifestèrent   de  bonne    heure  et    parurent 
assez  remarquables  pour  qu'on   l'envoyât   à 
Vienne,  où  il  étudia  le  piano  sous  la  direction 
de  Wanhall.  Jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans,  il 
n'eut  point  d'autre    maitre  ;    mais    à    celle 
époque  (vers  1772),  le  comte  Erdœdy,  grand 
seigneur  hongrois,  le  prit  en  affection,  et  le 
fit  entrer  chez  Joseph  Haydn,  dont  il  devint  à 
la  fois  l'élève  et  le  pensionnaire.  Le  Mécène 
généreux  s'était  chargé  d'acquitter  le  prix  de 
sa  pension,   qui  était  de  cent  louis  par  an, 
somme  considérable  pour  ce  temps.  Cinq  an- 
nées se  passèrent,  pendant  lesquelles  Pleyel  se 
livra  avec  assiduité  aux  études  que  lui  faisait 
faire  Je  grand  artiste.  Une  circonstance  singu- 
lière faillit  rompre  la  bonne  intelligence  qui 
régnait  entre  le  maître  et   l'élève.  Lorsque* 
Haydn  avait  terminé  un  ouvrage  nouveau,  il 
avait  l'habitude  de  le  laisser  pendant  un  temps 
plus  ou  moins  long  avant  de  le  revoir,  pour  y 
faire  les  corrections  qu'il  jugeait  nécessaires. 
Or,  il  arriva  qu'ayant  eu  quelques  chagrins  de 
cœur,  ce  grand  musicien  se  sentit  entraîné  à 
composer  un  œuvre  de  six  quatuors  qui  étaient 
tous  dans  le  mode   mineur.   Suivant  sa  cou- 
tume, il  en  laissa  le  manuscrit  sur  son  piano, 
et  oublia  complètement  les  idées  renfermées 
dans  cet  ouvrage,  comme  cela  lui   arrivait 


FLEYEL 


quand  il  avail  écrit  quelque  cliose.  Quelque 
temps  après,  il  voulut  revoir  cet  œuvre,  dont 
il  avait  bonne  opinion;  mais  ce  fut  en  vain 
qu'il  le  chercha  :  le  manuscrit  avait  disparu, 
et  jamais  Haydn  ne  le  revit.  Pleyel  seul  vivait 
dans  l'intimité  de  son  maître  ;  Haydn  ne  douta 
pas  qu'il  ne  fut  l'auteur  de  ce  larcin,  et  long- 
temps il  conserva  celle  opinion,  malgré  les 
protestations  de  son  élève.  Enfin,  le  dévoue- 
ment sincère  de  celui-ci  convainquit  Haydn  de 
son  injustice;  il  rendit  son  amitié  à  Pleyel,  et 
le  regret  seul  d'avoir  perdu  un  de  ses  plus 
beaux  ouvrages  resta  dans  son  souvenir.  Ce 
qui  ajoute  à  la  singularité  de  cette  anecdote, 
c'estque  le  voleur  ne  tira  aucun  parti  du  trésor 
qu'il  avait  dérobé  :  jamais  ces  quatuors  n'ont 
vu  le  jour. 

Pleyel  était  près  d'atteindre  sa  vingtième 
année;  il  avait  à  peu  près  achevé  ses  études, 
lorsque  Gluck  fit  un  voyage  à  Vienne,  en  177G, 
après  avoir  fait  représenter  son  Alccste  à 
Paris.  Peu  de  jours  après  son  arrivée,  il  alla 
voir  Haydn,  qui  lui  fit  entendre  son  quatuor  en 
fa  mineur,  récemment  achevé.  Une  si  belle 
composition  ne  pouvait  être  entendue  avec  in- 
différence par  le  restaurateur  de  la  tragédie 
lyrique  :  il  lui  donna  des  éloges.  Alors  Haydn 
lui  demanda  la  permission  de  lui  faire  entendre 
un  morceau  de  celui  qu'il  appelait  son  élève 
favori.  Cet  essai  du  talent  de  Pleyel  fut  loué 
par  Gluck,  qui  lui  dit: «Mon  jeune  ami,  main- 
»  tenant  que  vous  avez  appris  à  mettre  des 
»  notes  sur  le  papier,  il  ne  vous  reste  plus 
»   qu'à  apprendre  à  en  effacer.  » 

En  1777,  Pleyel  sortit  de  chez  Haydn  pour 
se  rendre  auprès  de  son  prolecteur,  le  comte 
Erdœdy,qui  le  nomma  son  maître  de  chapelle. 
Mais,  bien  que  celte  position  offrît  quelque 
agrément  au  jeune  musicien,  il  élait  préoc- 
cupé d'un  vif  désir  de  visiter  l'Italie.  Le 
comte  s'opposa  d'abord  à  ce  voyage;  mais  cé- 
dant enfin  à  ses  sollicitations,  il  lui  fournil  les 
moyens  de  l'entreprendre ,  et  Pleyel  ^>ailil 
pour  Naples.  Déjà  son  talent  pour  la  musique 
instrumentale  s'était  révélé  parla  composition 
de  son  premier  œuvre  de  quatuors,  où  l'on 
remarque  une  facilité  naturelle,  des  chants 
heureux,  et  une  manière  tout  individuelle. 
Par  une  singularité  assez  remarquable]  Haydn, 
dans  les  leçons  qu'il  lui  avait  données  pen- 
dant cinq  ans,  ne  lui  avait  jamais  parlé  du 
ihyihme  musical,  et  ne  lui  avait  pas  fait  re- 
marquer qu'il  y  eut  des  règles  concernant  la 
symétrie  des  phrases.  Ce  fut  dans  cette  igno- 
rance que  Pleyel  écrivit  son  premier  œuvre, 
bon  instmet  musical  lui  avait  fait  trouver  ce 


rhythme  nécessaire  ;  mais  une  faute  lui  étant 
échappée  à  cet  égard  dans  un  menuet,  il  ap- 
prit, par  les  observations  critiques  d'un  ami, 
l'existence  des  principes  qu'il  avait  ignorés 
jusqu'alors. 

Arrivé  en  Italie,  Pleyel  se  lia  avec  tous  les 
artistes  célèbres  qui  brillaient  à  cette  époque, 
ou  qui  se  sont  illustrés  quelques  années 
après.  Cimarosa,  Guglielmi,  Paisiello  devin- 
rent ses  amis.  Son  goût  se  forma  par  les  occa- 
sions qu'il  eut  d'entendre  des  chanteurs  tels 
que  Marchesi,  à  Milan,  Guadagni,  à  Padotie, 
la  Gabrielli,  Pacchierolti,  et  beaucoup  d'au- 
tres. Nardini  vivait  encore  et  avait  conservé 
son  talent:  Pleyel  eut  le  plaisirde  l'entendre  et 
l'admira.  Il  connut  aussi Pugnani  et  beaucoup 
d'autres  grands  artistes  qui  faisaient  alors  la 
gloire  de  l'Italie.  A  Naples,  il  fut  présenté  au 
roi,  qui  l'accueillit  avec  bonté,  et  lui  demanda 
des  morceaux  pour  une  sorte  de  lyre  dont  il 
jouait  quelquefois.  Pleyel  satisfit  à  son  désir 
et  en  écrivit  plusieurs.  Bien  que  la  nature  de 
son  talent  le  portât  vers  la  musique  instru- 
mentale, il  eut  aussi  la  fantaisie  d'essayer  ses 
forces  sur  la  scène,  et  il  composa,  pour  le 
grand  théâtre  de  Naples,  une  Jfigenia  qui  eut 
du  succès,  et  qui  fut  traduite  plus  lard  en  alle- 
mand. La  partition  manuscrite  allemande  se 
trouve  à  Offenbach,  chez  André,  qui  en  a  pu- 
blié un  joli  rondeau  avec  récilatif  dans  sa  col- 
lection d'airs  arrangés  pour  le  piano.  De  re- 
tour en  Allemagne,  en  1781,  Pleyel  y  resta 
peu  de  temps.  Tout  occupé  du  souvenir  de 
l'Italie,  il  voulait  revoir  celte  terre  classique 
des  douces  mélodies;  l'année  suivante,  il  sa- 
tisfit ce  désir  et  se  rendit  à  Rome.  Ce  second 
voyage  fut  moins  long  que  le  premier.  Richler 
(François-Xavier),  maîlre  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Strasbourg,  était  alors  âgé  de 
soixante-quatorze  ans;  il  sentait  le  besoin 
d'être  aidé  dans  ses  fonctions  :  on  offrit  à 
Pleyel  la  place  de  maître  de  chapelle  adjoint, 
avec  la  survivance  :  il  l'accepta,  et  vint 
prendre  possession  de  son  emploi  en  1783.  Sa 
nouvelle  position  l'obligeait  à  écrire  de  la  mu- 
sique d'église  :  il  composa  plusieurs  messes 
et  des  motets  qui  furent  goûtés;  malheureuse- 
ment toutes  ces  compositions  furent  consumées 
dans  un  incendie.  Les  dix  années  qui  s'écou- 
lèrent depuis  1783  jusqu'en  1793  furent 
l'époque  de  la  vie  de  Pleyel  où  il  produisit  la 
plus  grande  partie  de  ses  ouvrages.  Ses  qua- 
tuors de  violon  et  ses  sonates  de  piano  acqui- 
rent une  vogue  dont  il  y  a  peu  d'exemples. 
Les  éditions  de  ces  ouvrages  se  multiplièrent 
à  l'infini,  ci  les  exemplaires  en  furent  répan- 


PLEYEL 


dus  avec  une  profusion  inouïe  à  Vienne,  à 
Berlin,  à  Leipsick,  à  Paris,  à  Londres  et  en 
Hollande.  Vers  1795,  la  réputation  de  Pleyel 
éclipsait  celle  de  tous  les  autres  musiciens,  et 
l'on  ne  voulait  pas  entendre  d'autre  musique 
que  la  sienne.  Il  avait  aussi  composé  des 
symphonies;  bien  que  sa  musique  n'eût  pas 
de  proportions  assez  grandes  pour  ce  genre, 
elles  avaient  eu  du  succès,  à  cause  des  mélo- 
dies agréables  qui  y  étaient  répandues,  et  de 
leur  facile  exécution. 

Il  existait  à  Londres,  depuis  plusieurs  an- 
nées, un  concert  hebdomadaire  connu  sous  le 
nom  de  Professional  Concert  :  plusieurs  ar- 
tistes et  amateurs   distingués  s'étaient  asso- 
ciés pour    soutenir    cet    établissement.    En 
1791,  Salomon,  violoniste  qui  jouissait  d'une 
assez  grande  réputation,  imagina  de  donner 
par  souscription  douze  grands  concerts  à  la 
salle  de  Hanover-square,  et  pour  lutter  avec 
avantage  contre  le  Professional  Concert,  il 
engagea  Haydn  à  lui  donner  une  grande  sym- 
phonie nouvelle  pour  chaque  soirée.    Haydn 
se  rendit  en  effet  à  Londres  :  on  sait  quel  effet 
produisirent    ces     beaux     ouvrages    {voyez 
Hatdn).  Le  succès  qu'avait  obtenu  l'entreprise 
de  Salomon  engagea  ce  musicien  à  la  conti- 
nuer l'année  suivante.  Les  administrateurs  du 
Professional  Concert  comprirentalors  la  né- 
cessité d'opposer  à  leur  compétiteur   un  at- 
trait de  curiosité  qui  pût  ramener  les  ama- 
teurs à  leurs  séances  musicales,  et  Pleyel  fut 
engagé  à  se  rendre  à  Londres,  vers  la  fin  de 
1791,  pour  y  écrire  quelques  symphonies.  Le 
premier  concert  fut  donné  le  15  février  1792. 
Le  succès  de  la  musique  de  Pleyel  fut  prodi- 
gieux. Il  s'était  surpassé    et  s'était    montré 
digne  de  lutter  avec  son  illustre  maître.  Les 
symphonies   étaient  au   nombre  de  trois;   il 
s'en  trouvait  une  en  mi  bémol  qui  a  été  sur- 
tout signalée  comme  un  ouvrage   excellent. 
Malheureusement  le  Professional  Concert  fut 
dissous  quelques  années  après,  la  bibliothèque 
dispersée,    et  les    symphonies,    dont   Pleyel 
n'avait  pas  gardé  de  copies,  furent  perdues 
pour  toujours.  Son    engagement  de  Londres 
avait  été  fait  moyennant  deux  cents  livres 
sterling  ;  cette  somme,  réunie  à  quelques  éco- 
nomies, permit  à  Pleyel  d'acheter  une  pro- 
priété à  quelques  lieues  de  Strasbourg.  Richler 
avait  cessé  de  vivre,  le  12  septembre  1789,  et 
Pleyel  lui  avait  succédé,  avec   le  litre  et  les 
avantages  de  premier  maître  de  la  cathédrale 
de  Strasbourg;  mais  la  révolution,  qui  venait 
d'éclater,  amena  bientôt  l'anéantissement  du 
culte  catholique.  Pleyel  perdit  son  emploi  et 


se  retira  dans  la  propriété  qu'il  avait  acquise. 
On  ne  l'y  laissa  pas  tranquille.  La  place  qu'il 
avait  occupée  pendant  longtemps  le  rangeait 
dans  la  classe  de  ceux  qu'on  appelait  alors 
aristocrates.  Sept  fois  il  fut  dénoncé  dans 
l'année  1793  ;  il  ne  put  se  soustraire  à  la  mort 
que  par  la  fuite.  Le  besoin  de  revoir  sa  famille 
l'ayant  ramené  chez  lui,  il  y  fut  arrêté  au 
milieu  de  la  nuit,  et  conduit  à  Strasbourg  de- 
vant les  officiers  municipaux.  Interrogé  sur 
ses  opinions,  il  protesta  de  son  civisme;  mais 
on  exigea,  pour  preuve  de  sa  sincérité,  qu'il 
écrivît  la  musique  d'une  sorte  de  drame  pour 
l'anniversaire  du  10  août,  dont  un  septembri- 
seur avait  composé  les  paroles:  il  fallut  obéir. 
Pleyel  ayant  demandé  la  permission  de  re- 
tourner chez  lui,  pour  y  travailler  plus  à 
l'aise,  elle  lui  fut  accordée;  mais  il  resta  sous 
la  garde  de  deux  gendarmes  et  du  poète, 
qui  lui  donnait  ses  instructions.  Après  un  tra- 
vail non  interrompu  pendant  sept  jours  et 
sept  nuits,  l'ouvrage  fut  achevé,  et  l'auteur 
retourna  à  Strasbourg  pour  en  diriger  l'exé- 
cution. Il  y  avait  employé  sept  cloches  sur  les 
tons  de  la  gamme  ;  ces  cloches,  qui  avaient  été 
tirées  de  plusieurs  églises,  furent  suspendues 
dans  la  coupole  de  la  cathédrale.  Le  premier 
son  qu'elles  rendirent  fut  un  accord  parfait 
qui  produisit  un  effet  si  extraordinaire,  que 
Pleyel  s'évanouit.  Les  habitants  de  Strasbourg 
ont  gardé  le  souvenir  de  ce  bel  ouvrage,  dont 
la  partition  se  conserva  dans  la  famille  du 
compositeur.  Dégoûté  par  cet  événement  du 
séjour  de  la  province,  Pleyel  vendit  sa  pro- 
priété et  se  rendit  à  Paris  avec  sa  femme  et  ses 
enfants,  au  commencement  de  1795.  Le  succès 
toujours  croissant  de  sa  musique  lui  fit  conce- 
voir le  projetd'en  tirer  lui-même  les  bénéfices 
qu'elle  procurait  aux  marchands,  et  de  s'en 
faire  lui-même  l'éditeur.  Il  établit  donc  une 
maison  de  commerce  de  musique,  à  laquelle  il 
ajouta  plus  tard  une  fabrique  de  pianos.  Ces 
établissements  prospérèrent  ;  mais  les  soins 
qu'ils  exigeaient  détournèrent  insensiblement 
Pleyel  de  la  composition,  et,  longtemps  avant 
sa  mort,  il  cessa  d'écrire.  Toutefois,  il  avait 
composé  douze  quatuors  qui  n'ont  point  été 
publiés,  mais  qui,  suivant  l'opinion  de  Dus- 
sek,  d'Onslow  et  de  plusieurs  autres  artistes 
distingués,  sont  supérieurs  aux  premiers,  sous 
le  rapport  de  la  facture. 

Après  une  carrière  si  laborieuse,  Pleyel 
s'était  retiré  loin  de  Paris,  dans  une  propriété 
où  il  se  livrait  à  ses  goûts  pour  l'agriculture. 
Il  y  vivait  heureux,  quand  la  révolution  de 
juillet,  en  lui  donnant  des  inquiétudes  pour 


78 


PLEYEL 


sa  fortune,  vint  troubler  sa  vieillesse.  Déjà  sa 
santé  était  fort  affaiblie;  ses  maux  augmen- 
tèrent, et  après  trois  mois  de  souffrances  con- 
tinuelles, il  cessa  de  vivre,  le   14  novembre 
18-31 ,   à  l'âge  de   soixante-quatorze  ans.   Il 
s'était  marié  en  1788,  et  avait  eu  plusieurs 
enfants,  dont  quelques-uns  sont  morts  jeunes. 
Si    la  soif  de  renommée  était  le  premier 
besoin  de  l'artiste;  s'il  n'y  avait  pour  lui, 
dans  la  culture  de   son  art,  une   aspiration 
plus  élevée,  plus  pure  que  cette  satisfaction 
d'amour-propre  qui  résulte  de  la  faveur  pu- 
blique;  enfin,  si,  suivant  l'expression  d'un 
ancien,  il  ne  chantait  pour  les  Muses  et  pour 
lui,  il  y  aurait  quelque  chose  de  pénible  dans 
le  spectacle  du  naufrage de-tant  de  réputations 
créées  par  un  caprice  de  la  mode,  et  qu'un 
autre  caprice  anéantit.  Heureusement  la  plus 
vive  jouissance  du  poète,  du  grand  peintre  et 
du  musicien  réside  dans  la  production   con- 
sciencieuse des  œuvres  de  son  talent,  et  cette 
jouissance  l'indemnise  avec  usure  des  chagrins 
qui  peuvent  l'assaillir.  La  renommée  ne  s'at- 
tache guère  qu'au  mérile  réel  ;  mais  l'engoue- 
ment dévore  ceux  qu'il  semble  caresser.  Eh  ! 
qui    excita  jamais    plus   d'engouement   que 
Pleyel?   Quel   autre  a  joui  d'une  réputation 
plus  universelle,  d'une  domination  plus  ab- 
solue dans  la  domaine  de  la  musique  instru- 
mentale? Pendant  plus  de  vingt  ans,  il  n'est 
pas  d'amateur  ni  de  musicien   qui  ne  se  soit 
délecté  des  inspirations  de  son  génie;  point  de 
lieu  si  écarté  où  ses  compositions  n'aient  été 
connues  ;  point  de  marchand  de  musique  dont 
il  n'ait  fait  la  fortune.  Reproduite  sous  toutes 
les  formes  par  les  spéculations  du  commerce, 
sa  musique  occupait  les  loisirs  de  l'élève  le 
plus  inexpérimenté  comme  de  l'artiste  le  plus 
liahilc.  Mais  il  n'y  a  rien  dont  l'usage  immo- 
déré n'enfante  le  dégoût:  Pleyel  en  fit  la  triste 
expérience.  Les  ingrats  qui  lui  étaient  rede- 
vables de  tant  de  plaisirs  se  fatiguèrent  d'en- 
censer toujours  la  même  idole,  et  l'hommage 
exclusif  qu'ils  lui  avaient  rendu  finit  par  faire 
place  au  délaissement  le  plus  absolu.  La  mo- 
destie de  l'artiste  se  plia  peut-être  trop  facile- 
ment à  ce  changement  de  fortune;  fatigué  de 
succès,  il  ne  fit  point  usage  de  ce  qui  lui  res- 
tait de  forces  pour  en  obtenir  de  nouveaux; 
d'autres  travaux  occupèrent  sa  vie,  des  talents 
plus  jeunes  se  produisirent,  et  bientôt  une  gé- 
nération nouvelle  s'éleva,  qui  ne   s'informa 
point  d'un  homme  à  qui  une  autre  génération 
avait  dû  ses  délices. 

11  faudrait  faire  aujourd'hui  beaucoup  de 
recherches  pour  découvrir  les  compositions  ori- 


ginales de  Pleyel  parmi  les  nombreux  arran- 
gements qu'on  en  a  faits  :  on  se  contentera  d'in- 
diquer les  principaux  ouvrages.  1 .  Symphonies 
a  grand  orchestre,  au  nombre  de  vingt-neuf, 
savoir:  n°  1  (en  ut);  Vienne,  Artaria;  n°  2, 
en   forme  de    sérénade,  op.    G;    Offenbach, 
André;  nos3,  4  et  5,  op.  12;  ibid.;nos6,  7,  8, 
op.   14;  ibid.;  n°  9,  en  forme  de  sérénade, 
op.  20;  ibid.  ;  n°s  10,  11,  12,  op.  27;  ibid.; 
n°s  13,  14,  10,  op.  29;  ibid.;  nos  17,  18,  19, 
op.  30  ;  ibid.;  no920,21,  op.  3-3;  ibid.;n°  22, 
op.  38;  ibid.;  n°  23,  op.  G2;   ibid.  ;  n°  24, 
op.  G8;  ibid.;  n°  25,  op.  75;  ibid.;  n°  26; 
Paris,  Pleyel;  nos27,  28,  29;  Paris,  Imbauli. 
De  nouvelles  éditions  de  ces  symphonies  ont 
été  faites  à  Paris   chez   Imhault,   Pleyel   et 
Sieber.  II.  Septuors,  sextuors  et  ouintettes. 
1°  Septuor  pour  deux  violons,  alto,  violon- 
celle, contrebasse  et  deux  cors;  Paris,  Sieber. 
2°  Sextuor  pour  deux  violons,  deux  altos,  vio- 
loncelle  et   contrebasse,   op.    37;    ibid.,    et 
Offenbach,  André.  5°  Quintettes  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  violoncelle,  livres  1,  2, 
3,  4  et  5  ;  Paris,  Sieber.  Toutes  les  autres  com- 
positions du  même  genre,  publiées  sous  le  nom 
de  Pleyel,  ne  sont  que  des  arrangements  de 
ses  autres  ouvrages.  III.  Quatuors.  4°  Qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
au  nombre  de  quarante-cinq,  divisés  dans  les 
œuvres  1,  2,  5,  4,  5,  G  (renfermant  douze 
quatuors  en  quatre  livraisons,  dédiées  au  roi 
de  Prusse),  et  7.  Tons  ces  quatuors  ont  été 
imprimés  dans  les  principales  villes  de  l'Eu- 
rope.  Les  autres  œuvres  de   quatuors    sont 
arrangés  d'après  d'autres  compositions.  On  a 
arrangé  les  premiers  en  quatuors  pour  cla- 
vecin, pour  flûte,  clarinette,  etc.  5°  Six  qua- 
tuors pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  56, 
livres  1  et  2;   Offenbach,  André.  IV.  Trios. 
G0  Trios  pour  violon,  alto  et  basse,  op.  11; 
Offenbach,  André.  7°  Trios  pour  deux  violons 
et  violoncelle,  livres  1,  2  et  3;  Paris,  Pleyel, 
Vienne,  Offenbach,  etc.  V.  Concertos.  8°Con- 
certos  pour  violon,  n°»  1  cl  2;  Paris,  Sieber, 
Vienne,  Mollo,  etc.  9°  Concertos  pour  violon- 
celle,   nos  1,  2,   3,  4;   Paris   Sieher,  Janet, 
Pleyel.  10°  Symplionieconcertantepourviolon 
et  alto,  op.  35;  Offenhach,  André.  11°  Idem 
pour  deux  violons,  op.  57;  ibid.  12°  Idem 
pour  violon,  alto  et  basse,  op.  59;  Paris,  Na- 
derman.  13°  Quatrième  idem  pour  deux  vio- 
lons, alto,  violoncelle,  flûte,  hautbois  et  bas- 
son ;  Paris,  Pleyel.  14°  Cinquième  idem  pour 
flûle,  hautbois,  cor  ei  hasson,  ibid.  15°  Idem 
pour   piano    et   violon,    nos    1    et    2;    ibid. 
VI.  Duos.  1G°  Duos  pour  deux  violons,  livres 


PLEYEL 


1,  2,  3,  4,  5  et  G;  Paris,  diez  tous  les  éditeurs. 
17°  Duos  pour  violon  et  violoncelle,  op.  12; 
ibid.  18°  Duos  pour  violon  et  alto,  op.  30; 
Paris,  Pleyel.  Une  multitude  d'autres  œuvres 
de  duos  ont  été  publiés  sous  le  nom  de  Pleyel, 
mais  ils  sont  arrangés  d'après  d'autres  com- 
positions, ou  sont  reproduits  sous  d'autres 
numéros.  VII.  Musique  de  piano.  19°  Con- 
certos pour  piano,  nos  1  et  2;  Paris,  Vienne, 
OfTenbach,  elc.  20°  Sonates  pour  piano,  violon 
et  basse,  op.  14,  livres  1  et  2,  op.  15,  16, 
livres  1  et  2,  op.  23,  24,  29;  grandes  sonates 
îdrem;op.5I,  32,  33,  34,  cbez  tous  les  éditeurs 
de  musique.  Tous  les  œuvres  de  sonales  pour 
ces  instruments  qui  portent  d'autres  numéros, 
sont  des  répétitions  ou  des  arrangements. 
21°  Six  sonates  progressives  pour  piano  et 
violon,  op.  27;  Paris,  Pleyel.  22°  Six  idem, 
op.  28;  ibid.  Dans  le  grand  nombre  d'autres 
morceaux  qui  ont  paru  sous  le  nom  de  Pleyel, 
il  est  presque  impossible  de  distinguer  ceux 
qui  sont  originaux  de  ceux  qui  ne  sont  que  des 
extraits  ou  des  arrangements  :  aucun  com- 
positeur n'a  fourni  la  matière  d'autant  de 
fraudes  commerciales  de  tout  genre. 

PLEYEL  (Camille),  fils  aine  du  précédent, 
né  à  Strasbourg,  en  1792,  fit  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  de  son  père,  reçut  des 
conseils  de  Dussek  pour  le  piano,  vécut  quel- 
que temps  à  Londres,  puis  revint  à  Paris,  où 
il  dirigea  la  maison  de  commerce  de  musique 
fondée  par  Ignace  Pleyel.  Devenu  l'associé  de 
Kalkbrenner  (voyez  ce  nom),  en  1824,  pour  le 
développement  de  la  fabrique  de  pianos  de  la 
même  maison,  il  y  donna  tous  ses  soins,  et  par 
sa  rare  intelligence  et  ses  trayaux  constants, 
éleva  cet  établissement  au  rang  de  ceux  qui 
produisent  les  meilleurs  instruments.  Malgré 
les  éloges  que  mérite  Pleyel  par  les  résultats 
qu'il  a  obtenus  en  ce  genre,  on  ne  peut  s'em- 
pêcher de  regretter  que  ses  heureuses  facultés 
se  soient  tournées  sans  réserve  vers  la  profes- 
sion de  facteur  de  pianos,  car  la  nature  l'avait 
destiné  à  briller  parmi  les  musiciens  les  plus 
distingués  de  son  temps.  Pianiste  élégant  et 
gracieux,  doué  d'un  sentiment  délicat  et  ex- 
pressif, il  écrivit  aussi,  au  commencement  de 
sa  carrière,  de  très-bonne  musique  instrumen- 
tale, trop  peu  connue,  parce  qu'il  n'a  pas  pris 
assez  de  soin  pour  la  répandre.  Parmi  ses 
compositions,  on  remarque  :  1°  Quatuor  pour 
piano,  violon,  allô  et  basse,  op.  3;  Paris, 
Pleyel.  2°  Trois  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  1  ;  ibid.  3°  Sonate  pour  piano 
et  violon,  op.  2;  ibid.  4°  Idem  pour  piano  et 
violoncelle,   op.   0;    ibid.    5"   Beaucoup   de 


rondos,  nocturnes,  fantaisies,  mélanges, 
thèmes  variés,  etc.,  pour  piano  seul  ou  accom- 
pagné ;  ibid.  6°  Duo  pour  piano  à  4  mains, 
op.  4;  ibid.  Camille  Pleyel  est  mort  à  Paris, 
le  4  mai  1855,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans, 
laissant  sa  fabrique  de  pianos  dans  une  grande 
prospérité,  continuée,  développée  et  agrandie 
par  son  successeur  M.  Auguste  Wolff  (voyez 
ce  nom).  Pleyel  était  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur. 

PLEYEL  (madame  Makie-Félicité-De- 
nise),  femme  du  précédent,  connue  d'abord 
sous  le  nom  de  mademoiselle  Moke,  est  née  à 
Paris,  d'un  père  belge,  professeur  de  linguis- 
tique, et  d'une  mère  allemande.  Elle  est  sœur 
de  feu  M.  Moke,  professeur  de  l'université  de 
Gand,  membre  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique et  littérateur  distingué.  Dès  ses  pre- 
mières années,  mademoiselle  Moke  fit  voir  des 
dispositions  exceptionnelles  pour  la  musique. 
Son  premier  professeur  de  piano  fut  M.  Jac- 
ques Herz  (voyez  ce  nom).  A  peine  âgée  de 
neuf  ans,  elle  fixait  déjà  sur  elle  l'attention 
des  artistes  et  des  amateurs.  A  celte  époque, 
Bloschelès,  alors  à  Paris,  lui  donna  des  leçons. 
Lorsqu'elle  eut  atteint  sa  douzième  année,  elle 
vint  en  Belgique  avec  ses  parents  et  se  fit  en- 
tendre dans  quelques  concerts,  où  elle  excita 
l'étonnement  général  par  sa  précoce  habileté. 
De  retour  à  Paris,  elle  devint  élève  de  Kalk- 
brenner, à  qui  elle  fut  redevable  des  parfaites 
traditions  de  l'école  de  Clementi,  de  l'égalité 
d'aptitude  des  deux  mains  et  de  la  clarté  qui, 
depuis  lors,  sont  au  nombre  des  qualités  de 
son  merveilleux  talent.  A  quinze  ans,  made- 
moiselle Moke  était  déjà  comptée  parmi  les 
pianistes  de  premier  ordre  de  cette  époque. 
Après  son  mariage  avec  Camille  Pleyel,  elle 
reçut  de  son  mari  de  très-utiles  conseils  sur  le 
Flyle  d'expression,  car,  ainsi  qu'on  l'a  vu  dans 
la  notice  précédente,  il  avait  pu  apprécier  les 
rares  qualités  de  Dussek  sous  ce  rapport,  et 
lui-même  était  doué  d'un  goût  fin  et  délicat. 
Aux  qualités  classiques  qu'elle  avait  puisées  à 
l'école  de  Kalkbrenner,  madame  Pleyel  avait 
ajouté  la  délicatesse  et  le  charme,  lorsqu'elle 
partit  pour  l'Allemagne  etlaBussie.  A  Péters- 
boii rg,  son  talent  subit  une  nouvelle  transfor- 
mation, après  qu'elle  eut  entendu  Thalberg.Le 
son  splendide  que  tirait  du  piano  cet  artiste  cé- 
lèbre la  saisit  et  lui  fit  comprendre  quelles  de- 
vaient être  désormais  ses  études  pour  donner  à 
son  jeu  cette  ampleur  de  sonorité.  A  son  retour 
en  Allemagne,  les  succès  qu'elle  obtint  dans 
ses  concerts  eurent  un  grand  retentissement 
constaté  par  les  journaux,  notamment  par 


80 


PLEYEL  -  PLINE 


la  Gazelle  générale  de  musique  de  Leipsick. 
Dans  cette  ville,  Mendelsohn  voulut  diriger 
personnellement  l'orchestre  de  ses  concerts 
et  donna  le  signal  des  applaudissements. 
A  Dresde,  à  Prague,  même  enthousiasme. 
A  l'arrivée  de  madame  Pleyel  à  Vienne,  les 
artistes  et  les  amateurs  semblaient  être  fana- 
tisés par  le  talent  de  Liszt  :  ce  grand  artiste  y 
donnait  alors  des  concerts  où  la  foule  se  pré- 
cipitait et  faisait  au  héros  du  piano  des  ova- 
tions dont  il  n'y  avait  pas  eu  d'exemple  jus- 
qu'alors dans  la  capitale  de  l'Autriche.  Entrer 
en  lutte  contrede  tels  succès  eût  été  dangereux 
pour  tout  autre  talent  que  celui  de  madame 
Pleyel  :  maisdès  son  premierconcert,  l'impres- 
sion profonde  qu'elle  produisit  lui  prouva 
qu'elle  n'avait  pas  été  téméraire. Liszt,  qui  d'ail- 
leurs a  toujours  montré  beaucoupde  sympathie 
à  madame  Pleyel,  avait  eu  le  bon  goût  de  se  faire 
son  champion  dans  cette  circonstance  :  il  la 
conduisit  lui-même  au  piano  et  lui  tourna  les 
feuilles.  La  haute  aristocratie  viennoise  avait 
pris  madame  Pleyel  sous  sa  protection,  et  tous 
les  salons  se  disputaient  l'avantage  de  la  faire 
entendre  à  des  auditoires  d'élite. 

En  quittant  Vienne,  madame  Pleyel  se 
rendit  directement  à  Bruxelles,  où  sa  mère 
s'était  fixée.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'elle 
réalisa  le  projet,  formé  à  Pétersbourg,  de 
réunir,  aux  précieuses  qualités  qu'elle  possé- 
dait, la  puissance  sonore  qui  ne  semble  pas 
appartenir  à  la  délicate  constitution  des 
femmes.  Évitant  pendant  cinq  ans  les  occa- 
sions de  se  faire  entendre,  elle  fit,  dans  la  so- 
litude, un  travail  incessant  pour  atteindre  à 
son  but,  et  pour  se  jouer  des  difficultés  de 
mécanisme  les  plus  inouïes.  Sûre  d'elle-même 
après  cinq  années  d'efforts  et  d'abnégation, 
madame  Pleyel  voulut  rentrer  avec  éclat  dans 
le  monde  musical, et  se  rendit  àParis,en  1845, 
pour  y  donner  des  concerts.  La  première  fois 
qu'on  l'entendit,  peu  de  jours  après  son  ar- 
rivée, ce  fut  dans  une  soirée  musicale  donnée 
dans  les  salons  de  Pape,  facteur  de  pianos. 
L'effet  qu'elle  y  produisit  fut  magique  :  les 
meilleurs  artistes,  à  la  tête  desquels  était 
Auber,  et  les  organes  principaux  de  la  presse, 
l'entourèrent  et  la  pressèrent  de  produire  au 
grand  jour  son  talent,  dont  le  caractère  était 
nouveau  et  différent  de  celui  de  tous  les  autres 
giands  pianistes.  Elle  donna  en  effet  au  Théâ- 
tre Italien, deux  concerts  qui  firent  naître  une 
émotion  extraordinaire,  et  dont  le  souvenir  ne 
s'est  pas  effacé  à  Paris.  Le  troisième  concert 
était  près  d'être  donné,  lorsque  la  nouvelle 
d'une  grave  maladie  de  la  mère  de  madame  | 


Pleyel  lui  parvint  :  elle  partit  immédiatement, 
abandonnant  la  continuation  de  succès  dont  il 
y  a  eu  peu  d'exemples.  En  1846,  madame 
Pleyel  se  rendit  à  Londres,  où  l'effet  qu'elle 
produisit  ne  fut  pas  inférieur  à  celui  qu'elle 
avait  fait  à  Paris. 

En  1848,  cette  grande  artiste  a  été  nommée 
professeur  de  piano  au  Conservatoire  royal  de 
Bruxelles  :  c'est  à  elle  que  cette  institution  est 
redevable  d'une  véritable  école  de  piano;  car 
avant  qu'elle  eût  fait  connaître  à  la  Belgique 
les  avantages   de  l'enseignement  normal   et 
fondamental  pour  jouer  de  cet  instrument, 
cette  partie  de  l'art  était  dans  un  état  évident 
d'infériorité  à  l'égard  des  autres.  Liszt  a  dit  et 
répété  souvent  :  Il  existe  des  pianistes  très- 
habiles  qui  se  sont  ouvert  des  routes  parti- 
culières, et  qui  obtiennent  de  brillants  succès 
par  les  choses  qui  leur  sont  familières;  mais 
il  n'y  a  qu'une  seule  école  appropriée  à 
l'art,  dans  toute  son  extension  .-c'est  celle  de 
madame  Pleyel.  Les  élèves  formés  par  elle 
ont  répandu  ses  traditions  dans  le  monde;  de  la 
vient  que  l'art  de  jouer  du  piano  est  aujour- 
d'hui cultivé  avec  tant  de  succès  en  Belgique. 
A  différentes  époques,  depuis  1848,  madame 
Pleyel  a  voyagé  dans  diverses  parties    de  la 
France  et  y  a  excité  l'enthousiasme  dans  ses 
concerts,  ainsi  qu'à  Paris;  toutefois,  il  est  juste 
de  dire  que  la  portée  de  son  talent  dans  tous 
les  genres  demusique  n'est  connue  que  du  petit 
nombre  de  personnes  qu'elle  admet  à  l'en- 
tendre chez  elle.    Les    artistes  et   amateurs 
étrangers  qui  jouissent  de  ces  avantages  sont 
émerveillés  de  ce  talent,  de  ces  mains  aux- 
quelles aucune  difficulté  ne  résiste,  de  cette 
puissance  foudroyante,    de  cet  art    de   mo- 
difier le  son  en  raison  du  caractère  de  la  mu- 
sique, art  que  personne  n'a  poussé  aussi  loin; 
de  sa  grâce  inimitable,  enfin,  de  sa  haute 
poésie  dans  la  musique  classique  des  grands 
maîtres.  Les  artistes  qui  l'accompagnent  dans 
celte  musique  sont  toujoursébahis,confondus, 
accablés  par  celle  réunion  inouïe  de  tant  de 
qualités  supérieures.  J'ai  entendu   tous   les 
pianistes  célèbres,  depuis  Hullmandel  et  Cle- 
menti  jusqu'à  ceux  qui  jouissent  aujourd'hui 
d'une  renommée   méritée  ;  mais  je  déclare 
qu'aucun  d'eux  ne  m'a  donné,  comme  madame 
Pleyel,  le  sentiment  de  la  perfection. 

PLINE  (Caius  Plénius  secundus), l'Ancien, 
naquit  à  Vérone,  l'an  23  de  l'ère  chrétienne. 
Après  avoir  servi  dans  les  armées  des  empereurs 
Vespasien  et  Titus,  il  obtint  plusieurs  emplois 
à  Rome  et  en  Espagne.  Il  périt,  en  79,  dans 
l'éruption  du  Vésuve  qui  cngloulil  Ilercula- 


PLINE  -  PHJTARQUE 


81 


num,  Pompeïa  et  plusieurs  autres  villes.  Il  nous 
reste  de  lui  une  histoire  naturelle  en  trente- 
sept  livres,  considérée  ajuste  titre  comme  un 
des  ouvrages  les  plus  importants  que  nous  a 
légués  l'antiquité.  On  a  plusieurs  bonnes 
éditions  de  ce  livre  :  une  des  meilleures  est 
celle  qui  a  été  publiée  dans  la  collection  de 
l'anckouke,  avec  la  traduction  de  M.  Ajasson 
de  Grandsagne  et  les  notes  de  Beudant,  Bron- 
gniart,G.  Cuvier  etUaunou (Paris,  1829-1836). 
Pline  traite  d'objets  relatifs  à  la  musique  et 
aux  instruments  des  anciens,  livrell,chap.  22; 
livre  VII,  chap.  22  et  36;  livre  IX,  cliap.  9; 
livre  XI,  chap.  51  ;  livre  XVI,  chap.  36. 

PLISCHKOWSKY  (A.-F.),  professeur 
de  musique,  né  à  Prinzlau  (Bohême),  fit  ses 
études  littéraires  et  musicales  à  Prague,  puis 
se  fixa  dans  sa  ville  natale,  où  il  se  livra  à 
l'enseignement  du  chant.  On  a  de  lui  un  livre 
intitulé  :  Leitfaden  im  Gesange,  etc.,  fiir 
Gymnasien  und  Burgerschule  (Guide  pour 
Pétude  du  chant,  etc.,  à  l'usage  des  collèges  et 
des  écoles  communales);  Prinzlau,  18ô7,  in-4°. 

PLOUVIER  (Pierre- Joseph),  né  àGand, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
s'établit  à  Paris,  en  qualité  de  professeur  de 
guitare,  vers  1804,  puis  se  fixa  à  Bruxelles  et 
s'y  fit  marchand  et  éditeur  de  musique.  Il  est 
mort  dans  cette  ville  vers  1826.  Plouvier  était 
aussi  flûtiste.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Sérénades  pour  deux  flûtes  et  basson, 
liv.  1 ,  2,  5,  4;  Bruxelles,  Plouvier.  2°  Quatuor 
pour  guitare,  deux  violons  et  violoncelle,  op.  4; 
ibid.  5°  Pot-pourri  pour  guitare,  /violon  et 
alto,  op.  1;  ibid.  4°  Symphonie  concertante 
pour  deux  guitares;  ibid.  5°  Duos  pour  deux 
guitares  et  guitare  et  violon,  op.  1,  14,  15  et 
17;  ibid.  6°  Thèmes  variés  pour  guitare  et 
violon,  op.  7;  ibid.  7°  Thèmes  variés  pour 
guitare  seule;  ibid.  8°  Méthode  complète  pour 
guitare;  ibid. 

PLUTARQUE,  poîygraphe  grec,  naquit 
à  Chéronée,  dans  la  Béotie,  vers  l'an  49  de 
l'ère  chrétienne.  Disciple  d'Ammonius,  il 
suivit  en  beaucoup  de  choses  la  doctrine  de 
Plularque  et  celle  de  Platon.  Il  fleurit  depuis 
le  règne  de  Néron  jusqu'à  celui  d'Adrien. 
Après  avoir  vécu  à  Rome  et  en  Illyrie,  dont  il 
fut  préfet,  il  fut  revêtu  de  la  dignité  consulaire 
par  son  élève  Trajan,  puis  retourna  dans  la 
Grèce,  où  il  mourut  l'an  159.  L'édition  grec- 
que-latine des  œuvres  complètes  de  Plularque 
donnée  par  Reiske  (Leipsick,  1774-1782, 
12  vol.  in-8°)  élait  une  des  plus  estimées, 
avant  (lue  MM.  Didot  en  eussent  publié  une 
excellente  dans  leur  belle  collection  d'auteurs 

CIOCR.  UMV.   DES"  MUSICIENS.  1.    Ml. 


grecs.  On  a  de  ce  laborieux  écrivain  de  l'anti- 
quité deux  ouvrages  où  il  traitede  la  musique  : 
le  premier  est  le  commentaire  sur  la  création 
de  l'âme  décrite  dans  le  Timée  de  Platon. 
L'obscur  passage  dont  il  s'agit,  en  ce  qui  con- 
cerne la  théorie  des  nombres  musicaux  des 
pythagoriciens,  est  expliqué  dans  le  commen- 
taire de  Plularque  avec  plus  de  clarié  et  de 
profondeur  que  par  aucun  autre.  Il  est  regret- 
table que  M.  Cousin,  dans  ses  notes  sur  le 
passage  du  Timée  de  Platon  (œuvres  traduites 
en  français,  t.  XII,  p. 530-539)  ne  paraisse  pas 
avoir  attaché  au  travail  de  Plularque  toute  l'at- 
tention qu'il  mérite;  mais  les  Etudes  sur  le 
Timée  de  Platon  de  M.  Th. -Henri  Marlin 
ont  fourni  sur  ce  sujet  des  éclaircissements 
plus  satisfaisants  et  plus  complets  que  ceux  de 
Plularque.  Le  second  ouvrage  de  Plularque 
est  un  dialogue  qui  traite  spécialement  de  la 
musique.  La  plus  grande  partie  de  ce  dialogue 
est  relative  à  l'histoire  de  la  musique;  Plu- 
larque n'y  traite  delà  théorie  que  vers  la  fin. 
Bien  que  Requeno  montre  peu  d'estime  pour 
la  partie  historique  du  dialogue  de  Plutarque 
(Saggio  sul  ristabilmento  dell'  arte  armo- 
nica  de'  Greci  e Romani  cantori,  1. 1,  p.  285), 
il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  ce  dialogue,  et 
le  livre  d'Athénée,  sont  les  sources  les  plus 
certaines  où  nous  pouvons  puiser  pour  l'his- 
toire de  la  musique  pratique  des  Grecs.  Le 
texte  grec  du  dialogue  de  Plularque,  corrigé 
par  Burette  d'après  plusieurs  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris,  a  servi  pour 
l'édition  de  Reiske.  Guillaume  Xylander,  Her- 
mann  Cruserius  et  Charles  Valgulio  en  ont 
donné  des  versions  latines.  Il  a  été  aussi  tra- 
duit en  italien  par  Marc-Antoine  Gandino  ; 
mais  le  meilleur  travail  sur  ce  morceau  est  la 
traduction  française  de  Buretle  avec  le  texte 
grec  et  un  très-grand  nombre  de  notes  instruc- 
tives {voyez  Burette).  Clavier,  dans  son  édition 
complète  des  œuvres  de  Plutarque  traduites  par 
Amyot,  a  inséré  la  traduction  du  Dialogue 
sur  la  musique,  par  Burette,  niais  sans  les 
notes.  M.  Ricardus  Volkmann  a  donné  une 
nouvelle  édition  du  texte  du  dialogue  de  Plu- 
tarque sur  la  musique,  avec  une  nouvelle  ver- 
sion latine,  une  préface  critique  et  un  com- 
mentaire plein  d'érudition  sous  ce  simple 
titre  :  Plutarchi  de  Musica;  Lipsias,  1856, 
gr.  in-8°.  L'ouvrage  est  suivi  d'une  disserta- 
lion  intitulée  :  De  organis  sive  instruments 
veterum  musicis  epimetrum.  Il  existe  une 
édition  dn  texte  de  Plutarque  avec  une  tra- 
duction anglaise,  sans  nom  du  traducteur, 
sous  le  titre  :  The  nepi  u.o'jjtxyfc  of  Plutarch 

G 


82 


PLUTARQUE  -  POELITZ 


translated,  Chiswick,  C.  Whitlingham,  1822, 
petit  in-8°.  J'ai  appris  que  M.  J.-II.  Bromby, 
de  Hull,  est  l'auteur  de  la  traduction. 

PODBIELSKI  (Jacques),  organiste  prus- 
sien, vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  est 
cité  avec  éloge  par  Niedt,  dans  son  Manuel  de 
musique  (p.  184  et  185,  édition  de  Natlheson) 
et  par  Motz,  dans  sa  Défense  de  la  musique 
religieuse.  Wallher  possédait  des  pièces  de 
clavecin  de  cet  artiste. 

PODBIELSKI  (CimÉTiErt- Guillaume) , 
organiste  de  la  cathédrale,  à  Kœnigsberg, 
*  naquit  dans  celte  ville,  en  1740.  Son  père  lui 
enseigna  le  musique,  et  il  fit  ses  éludes  à 
l'université  desa  villenatale.Devenuorganisle 
habile,  il  obtint  l'emploi  ci-dessus  désigné, 
et  bientôt  il  justifia  la  confiance  qu'on  avait 
eue  en  ses  talents,  par  la  publication  de  so- 
natesdeclavecin,  remarquables  sous  le  rapport 
de  la  nouveauté  des  idées  et  de  l'élégance  de 
la  facture.  Il  mourut  subitement  à  Kœnigs- 
berg, le  3  janvier  1792.  On  a  de  cet  artiste  : 
1°  Six  sonates  pour  le  clavecin;  Riga,  1780. 
La  première  édition  ayant  été  épuisée  en 
quatre  ans,  ces  sonates  furent  réimprimées  à 
Leipsick,  en  1784.  2°  Six  sonates  pour  le  cla- 
vecin, op.  2;  Riga,  1785.  Une  deuxième  édi- 
tion a  paru  à  Leipsick.  3°  Petites  pièces  pour 
le  clavecin  et  pourléchant;  Kœnigsberg,  1783. 

PODIO  (Guillaume  DE),  prêtre  espagnol, 
vivait  vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  vrai- 
semblablement à  Valence.  On  a  de  lui  un 
traité  de  musique  qui  parait  être  le  plus  ancien 
livre  imprimé  sur  cet  art  en  Espagne,  et  dont 
la  rareté  est  excessive.  Cet  ouvrage  a  pour 
litre  :  Guillelmo  de  Podio  presbytero  com- 
menlariorum  musices  ad  reverendissimum 
et  illustrissimum  Alphonsum  de  Aragonia 
episcopum  incipit  prologus.  Au  dernier 
feuillet,  on  dit  :  Impressum  in  inclita  urbe 
falenti na ,  impensis  magnifici  JJumini 
Jacobi  de  Villa  per  ingeniosos  et  artis  im- 
pressorix  expertos  Petrum  Hagenbach  et 
Leonardum  f/utum,  Alemanos.  Anno  1495, 
die  undecima  mensis  Aprilis,  in-4°. 

POECK  (Ignace,  chevalier  DE),  amateur 
de  musique  à  Vienne,  né  dans  les  dernières 
années  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'une 
brochure  intitulée  :  Darstcllung  des  Zu- 
standes  der  Oper  und  des  Ballets,  in 
K.  K.  Hoflhcater  naclist  dem  Karnth- 
nerthor,  wœhrend  der  Pachtung  des  Herrn 
D .  2?ar6a;a  (Tableau  de  la  situation  de  l'opéra 
et  des  ballets  au  théâtre  impérial  de  la  Porte 
de  Carinthie,  sous  la  direction  de  M.  Bar- 
baja);  Vienne,  Wallishauser,  1825,  in-8°. 


POEL  (le  P.),  bénédictin  du  couvent  de 
Ncustadt-sur-le-Mein,  est  auteur  de  sonates 
pour  le  clavecin  qui  ont  été  publiées  sous  ce 
litre  :  Objectum  pinnarum  tactilium;  sive 
sonatœ  sex  pro  clav.;  Nuremberg,  174G, 
in-fol. 

POELCDAU  (Georges),  né  à  Cremon, 
petite  ville  de  la  Livonie,  le  5  juillet  1773, 
parcourut  la  Russie  sous  lu  règne  de  Paul  I", 
puis  s'établit  à  Hambourg,  où  il  se  fit  entendre 
comme  chanteur  dans  les  concerts.  Ce  fut  dans 
celte  ville  qu'il  commença  la  formation  d'une 
des  plus  belles  bibliothèques  musicales  qu'ail 
possédées  un  particulier,  par  l'acquisition  de 
toute  la  collection  délaissée  par  Charles- 
Pbilippe-Emmanuel  Bach,  dans  laquelle  se 
trouvaient  beaucoup  de  manuscrits  originaux 
de  Jean-Sébastien  Bach  et  des  autres  artistes 
de  cette  famille  illustre.  Pœlchau  fit  ensuite 
un  voyage  en  Italie,  et  y  réunit  une  multi- 
tude de  livres  rares  et  d'œuvres  de  musique 
imprimées  dans  les  seizième  et  dix-septième 
siècles.  Fixé  à  Berlin,  en  1813,  il  devint 
membre  de  l'Académie  de  chant  et  en  fut  un 
des  soutiens  les  plus  zélés.  Il  mourut  dans 
celle  ville,  le  12  août  1836.  Chargé  par  sa 
famille  de  faire  le  catalogue  de  sa  magnifique 
bibliothèque  ,  le  professeur  Dehn  employa 
plusieurs  années  à  l'accomplissement  de  celle 
tâche.  Sur  sa  proposition,  le  roi  Frédéric- 
Guillaume  IV  acheta  celte  immense  collection 
el  la  réunit  à  la  partie  musicale  de  la  Biblio- 
thèque royale  de  Berlin,  déjà  forl  riche  avant 
celte  addition. 

POELCUAU  (le  Dr.  P.  A.),  de  la  même 
famille  que  le  précédent,  est  né  vers  1790,  à 
Cremon  (Livonie).  Fixé  à  Riga,  vers  1830,  il 
fut  diacre  dans  la  cathédrale  de  celle  ville.  Il 
est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  litre  :  Ueber 
die  Angriffe  auf  das  in  Riga  und  Livland 
sich  in  kirchlichen  Gebrauche  befindende 
deutsche  Gesangbuche  (Sur  les  causes  irré- 
sistibles qui  ont  fait  admettre  les  livres  de 
chant  allemandsdans  l'usage  des  églises  à  Riga 
et  dans  la  Livonie)  ;  Riga,  1835,  in-8°.  Celle 
édition  est  la  deuxième. 

POELITZ  (Chahles-Heniu-Louis),  Saxon 
de  naissance,  mort  à  Dresde,  en  1831,  fut 
professeur  de  philosophie  et  de  droit  dans  plu- 
sieurs universités  d'Allemagne  et  membre  de 
diverses  académies.  Parmi  ses  nombreux 
écrits,  on  remarque  celui  qui  a  pour  litre  : 
Grundlegung  zu  einer  JFisscnschaftlichen 
Aesthetik,  etc.  (Bases  d'une  esthétique  scien- 
tifique etc.);  Pirna,  1800,  in-8°  de  cent 
soixanle-buil   pages.  On  y  trouve  quelques 


POELITZ  —  POHL 


83 


bonnes  choses  concernant  la  philosophie  de  la 
musique. 

POESSITSGER    (  François  -  Alexandre  ) , 
dont  le  nom  est  aussi  écrit  PESSITSGEU, 

violoniste  de  l'orchestre  du  théâtre  national  à 
Vienne,  depuis  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
vivait  encore  dans  cette  ville  vers  1825.  Il  a 
composé  et  publié  :  1°  Trois  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  1  ;  Vienne, 
Artaria,  1799.  2°  Deux  quintettes  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  violoncelle,  op.  S;  ibid. 
5°  Trois  duos  pour  violon  et  alto,  op.  4  ;  ibid. 
4"  Pièces  pour  trois  flûtes,  op.  5;  ibid.  5°  Va- 
riations pour  flûte  et  basse,  op.  C;  ibid. 
0"  Trio  pour  flûte,  violon  et  alto,  op.  7  ;  ibid. 
7"Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  18  ;  ibid.  8°  Plusieurs  suites  de 
quatuors  sur  des  thèmes  de  Rossini  et  de 
YVeber;  ibid. 

POGGI  (Antoine),  ténor  distingué,  né  à 
Bologne,  en  1808,  fit  ses  études  musicales  sous 
la  direction  des  maîtres  Celli   et  Corticelli; 
puis  il  alla  terminer  son  éducation  vocale  à 
Naples,  où  il   reçut   des   leçons    de    Nozzari 
(voyez  ce  nom).  En  1828*  il  débuta  à  Paris 
dans  la  Donna  del  Lago,  de  Rossini  :  il  y 
produisit  peu  d'effet  et  n'acheva  pas  la  saison. 
De  retour  en  Italie,  il  chanta  au  théâtre  Saint- 
Charles,  de  Naples,  pendant  les  années  1829 
et  1830,  et  son  talent  s'y  perfectionna  d'une 
manière  remarquable.   Dans    cette  dernière 
année,  il  se  rendit  à  Palerme,  où  il  obtint  de 
brillants  succès.  On  le  retrouve  à  Pise,  puis  à 
Home,   en  1855;  à  Gènes,  dans  l'année  sui- 
vante;  à  Milan,  en   1835,  et  dans  la  même 
année  à  Vienne,  où  il  retourna  en  1837,  1858 
et  1839.  Milan  l'avait  rappelé,  en  1836,  et  il  y 
chanta  encore  en  1858  et  en  1845.  Dans  les 
années  1837  et  1844,  il  brilla  à  Venise.  Il  avait 
éiéappeléàPetersbourg,en  1840;mais  leclimat 
de  la  Russie  n'étant  pas  favorable  à  sa  santé, 
il  revint  promplement  en  Italie,  et  chanta  à 
Trieste  et  à  Turin.  Dès  1842,  l'affaiblissement 
de  son  organe  vocal  avait  commencé  à  se  faire 
sentir, quoiqu'il  nefùtâgé  quedetrente-quatre 
ans;  la  progression  du  mal  fut  rapide,  et  Poggi 
fut  obligé  de  renoncera  la  carrièredu  théâtre, 
en  1845.  Il  était  membre  de  la  Société  de 
Sainte-Cécile  de  Rome  et  des  académie  sde 
Turin,  de  Venise  et  de  Florence.  Il  avait  épousé 
la  célèbre  cantatrice  Frezzolini,  à  Turin,  en 
1841  ;  mais  ils  vécurent  peu  ensemble,  et  la 
Frezzolini  conserva  toujours  le  nom  sous  lequel 
elle  avait  fait  sa  réputation. 

POHL  (Guillaume),  docteur  en  médecine 
et  amateur  de  musique,  né  en  Silésie,  vécut  à 


Vienne  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et 
mourut  vers  1807.  Ou  connaît  de  sa  composi- 
tion :  1°  Deux  sonates  pour  clavecin  ;  Vienne, 
1790.  2°  Trois  duos  pour  deux  violons;  ibid. 
3°  Trois  duos  pour  violon  et  alto,  op.  4;  ibid. 
4°  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  5;  ibid.,  1792. 5"  Trois  quatuors  pour 
flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  6;  ibid.,  1793. 
6°  Nocturne  pour  flûte,  violon,  deux  altos  et 
basse,  op.  2;  ibid.,  1791.  7°  Cavatine  de  la 
Molinara  variée  pour  flûte,  violon,  alto  et 
violoncelle;  ibid.  On  a  aussi  de  cet  amateur 
des  chansons  allemandes  publiées  à  Breslau, 
vers  1785,  et  plus  tard  à  Vienne. 

POHL  (Joseph),  compositeur  de  musique 
d'église,  né  en  Silésie,  vécut  à  Breslau,  vers 
1800.  On  a  gravé  quelques  morceaux  de  chant 
et  de  piano  de  sa  composition,  à  Breslau,  chez 
Leuckart. 

POHL  (François-Benoît),  docteur  en  mé- 
decine, est  né  à  Lœwenberg,  en  1792.  Après 
avoir  reçu  les  premières  leçons  de  musique  du 
cantor  Scheer,  il  fréquenta  le  gymnase  de 
Grussau,  et  en  1812,  il  se  rendit  à  l'université 
de  Breslau,  où  il  suivit  les  cours  de  médecine 
pendant  qu'il  continuait  ses  études  musicales. 
Après  un  séjour  de  quatre  ans  dans  cette  ville, 
il  alla  à  Vienne  où  il  se  lia  avec  Mayseder, 
Boelime,  Weiss,  Merk,  et  autres  hommes  dis- 
tingués. Habile  violoniste,  il  faisait  quelque- 
fois sa  partie  dans  les  quatuors  de  Schuppan- 
zigh.  En  1817,  il  fit  un  voyage  à  Berlin,  puis 
il  se  fixa  à  Lœwenberg,  pour  y  exercer  la  mé- 
decine. Il  y  vivait  encore  en  1841.  Pendant 
son  séjour  à  Berlin,  il  a  publié  une  dissertation 
académique  intitulée  :  De  artis  musiese  in 
sanos  et  xgrotantes  effectu;  Berlin,  1818, 
in-8°  de  trente  et  une  pages. 

POHL  (le  docteur  Richard),  savant,  litté- 
rateur et  musicien  de  l'époque  actuelle  (1853- 
18G5),  ne  m'est  connu  que  par  quelques-uns 
de  ses  travaux.  D'après  le  peu  de  renseigne- 
ments qui  me  sont  parvenus,  le  docteur  Pohl 
est  né  à  Dresde;  après  avoir  fait  ses  études  à 
l'université  de  Leipsick,  ainsi  qu'au  conserva- 
toire de  celte  ville,  il  est  retourné  dans  la  ca- 
pitale de  la  Saxe  et  y  a  vécu  quelques  années. 
Il  y  était  en  1853;  mais  deux  ans  après,  on  le 
trouve  fixé  à  Weimar,  où  je  crois  qu'il  est  en- 
core (1864).  M.  Pohl  s'est  fait  connaître 
d'abord  par  une  suite  de  lettres,  au  nombre  de 
huit,  réunies  sous  ce  titre  :  Akustiche  Briefe 
fiir  Musiker  und  Ulusikfreunde.  Eine  po± 
pulxre  Darslelluny  der  Akustik  als  Natur- 
wissenchaft  in  Beziehung  zur  Tonkunsl, 
(Lettres  concernant  l'acoustique  potut  les  mu- 

6. 


84 


POIIL  —  POISOT 


siciens  et  les  amateurs.  Exposé  populaire  «le 
l'acoustique,  comme  science  naturelle  en  rap- 
port avec  la  musique)  ;  Leipsick,  Bruno  Ilinze, 
1853,  petit  in-8°  de  cent  vingt-huit  pages. 
L'avertissement  est  daté  de  Dresde,  au  mois  de 
février  1853.  La  méthode  de  M.  Pohl  est  claire, 
facile,  et  son  style  a  toute  la  simplicité  néces- 
saire pour  un  travail  de  ce  genre.  Les  écrits  de 
Kraushaar,  de  Wœllje,  de  Stehlin,  de  Dro- 
hisch  et  d'Opell,  lui  ont  fourni  la  matière  de 
ses  lettres.  Il  est  regrettable  que  cette  première 
partie  du  travail  de  son  auteur  soit  la  seule 
qui  ait  vu  le  jour.  Zélé  partisan  de  la  musique 
de  Richard  Wagner  et  de  son  système  drama- 
tique, M.  Pohl  s'est  associé  à  M.  Brendel,  pour 
la  rédaction  et  la  publication  de  l'écrit  pério- 
dique  intitulé  :  Anregungen  fur  Kunst ,  Leben 
und  IFissenschaft  (Incitations  à  l'art,  la  vie 
(intellectuelle)    et    la    science),     depuis     la 
deuxième  année  (1857)  jusqu'à    la    sixième 
(1861), qui  a  été  la  dernière.  Ainsi  qu'il  arrive 
partout  aux  apôtres  de  doctrines  déplorables, 
qui  prétendent  donner  à  la  musique  une  di- 
rection qui  lui  est  antipathique  et  aussi  con- 
traire à  son  essence  qu'au  sentiment  universel, 
cet  écrit  n'a  pas  trouvé  de  lecteurs  en  nombre 
suffisant  pour  le  faire  vivre.  En  dépit,  je  ne 
dirai  pas  des  convictions,  mais  du  parti  pris 
des  sectateurs  de  l'art  faux  qu'on  veut  substi- 
tuer au  vrai,  tous  leurs  efforts  seront  vains  en 
définitive;  mais  ils  produisent,  par  desécrits 
semblables,  un  mal  réel  sur  les  âmes  faibles, 
dans  lesquelles  ils  ébranlent  la  foi  en  la  réalité 
«lu  beau  ainsi  que  dans  ses  conditions  éter- 
nelles. En  exallant  les  dernières  œuvres  de 
lleethoven,  aberrations  d'un  génie  qui  s'éteint, 
et  les  monstrueuses  combinaisons  de  Tann- 
hxuser  et  de  Lohengrin,  monuments  d'im- 
puissance à  créer  dans  le  domaine  de  la  noble 
et  belle  musique,  les  rédacteurs   des  anre- 
gungen ont  contribué  à  faire  naître  le  doute 
«:l  l'anarchie  actuellcd'opinions,  qui  font  des- 
cendre aujourd'hui  la  nation  allemande  de  la 
position  élevée  où  l'avaient  placée  les  Bach, 
Htende), Gluck, Haydn, ledivin  Mozart  et  Bee- 
thoven, dans  sa  belle  époque. 

POULE  (M.-A.),  médecin  à  Wiltenberg,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle,  est  au- 
teurd'unedissertalion intitulée:  DeCuralione 
morborum  percantu;  Wiltenberg,  1706,  in-4°. 

POIILEI  (Rodolphe),  pianiste,  né  a 
Nordhauscn,  vers  1810,  s'est  fixé  à  Leipsick, 
en  1830,  et  y  a  fait  représenter,  dans  la 
même  année,  un  petit  opéra  intitulé  florelte. 
On  a  aussi  de  lui  des  Licdcr  à  voix  seule  avec 
accompagnement  de  piano. 


POHLEIVZ  (CnnÉTiEN-AtiGESTE),  organiste 
à  l'église  Saint-Thomas  et  directeur  de  mu- 
sique du  grand  concert  de  Leipsick,  est  né  en 
1790,  à  Sallgast,  dans  la  Basse-Lusace.  Il  a 
publié  deux  recueils  de  polonaises  pour  le 
piano,  à  Leipsick,  chez  Hoffmeister  et  Peters, 
deux  recueils  de  chants  allemands  à  quatre 
voix;  ibid.,  et  des  chants  à  voix  seule;  ibid. 
On  connaît  de  lui  de  la  musique  d'église  et 
des  chants  pour  un  chœur  d'hommes.  Pohlenz 
fut  directeur  de  musique  de  la  Société  des 
amateurs  et  de  l'Académie  de  chant.  Il  est 
mort  à  Leipsick,  d'une  attaque  d'apoplexie,  le 
0  mars  1843. 

POISE  (Ferdinand),  compositeur,  né  à 
Nîmes,  le  4  juin  1829,  y  apprit  les  éléments 
de  la  musique.  S'étant  rendu  fort  jeune  à 
Paris,  il  entra  au  collège  Louis-le-Grand,  y  fit 
ses  études  classiques  et  fut  reçu  bachelier  es 
lettres.  En  1850,  il  fut  admis  au  Conservatoire 
et  y  devint  élève  d'Adolphe  Adam  pour  la 
composition.  Ses  progrès  furent  si  rapides, 
qu'il  obtint  le  grand  prix  de  composition  de 
l'Institut  de  France,  en  1852.  Dans  l'année 
suivante,  il  a  fait  représenter  au  Théâtre- 
Lyrique  son  premier  opéra  intitulé  Bonsoir, 
voisin,  qui  a  obtenu  plus  de  cent  représenta- 
tions. Parti  ensuite  pour  l'Italie  et  l'Alle- 
magne ,  conformément  au  règlement  îles 
grands  concours  de  l'Institut,  M.  Poise  revint 
à  Paris,  en  1855,  el  donna  dans  la  même 
année,  au  Théâtre-Lyrique,  les  Charmants, 
opéra  en  un  acte,  qui  obtint  aussi  plus  de  cent 
représentations,  et  a  été  repris  à  l'Opéra - 
Comique.  En  1856,  il  lit  représenter,  .nu 
théâtre  des  Bouffes-Parisiens,  Polichinelle, 
en  un  acte;  en  1858,  Don  Pedro,  en  deux 
actes  et  trois  tableaux,  à  l'Opéra  Comique,  et 
en  1861,  au  même  théâtre,  le  Jardinier  ga- 
lant, en  deux  actes  et  trois  tableaux.  Le  style 
de  M.  Poise  rappelle  celui  de  son  maître;  mai* 
à  un  degré  plus  faible  :  la  distinction  y 
manque. 

POISOT  (CnAnLES-ÉMiin),  né  à  Dijon,  le 
8  juillet  1822,  étudia  «l'abord  le  piano  dans 
cette  ville,  sous  la  direction  de  M.  Jules  Senart, 
élève  de  Liszt  et  artiste  distingué.  Arrivé  à 
Paris  en  1834,  M.  Poisot  acheva  ses  éludes 
classiques  au  Lycée  national  :  dans  le  même 
temps,  il  reçut  des  leçons  de  piano  «l'un  élève 
de  Zimmcrman,  nommé  N.-G.  Bach.  Plus 
tard,  il  eut  tour  à  tour  pour  maîtres  de  cet 
instrument  Louis  Adam  (père),  M.Slamaty  et 
Thalbcrg.  Après  avoir  étudié  le  contrepoint 
«lans  les  leçons  privées  de  M.  Leborne, 
M.  Poisot  entra  au  Conservatoire,  en  1844,  et 


POISOT  —  POISSON 


85 


y  devint  élève  d'Halévy,  dont  il  suivit  le  cours 
pétulant  quatre  ans.  Dès  1855,  M.  Poisot  avait 
commencé  à  publier  des  romances  et  des 
chansonnettes  chez  la  plupart  des  éditeurs  de 
Paris.  Le  16  octobre  1850,  il  fit  représenter 
au  théâtre  de  l'Opéra  Comique  le  Paysan,  en 
un  acte,  dont  le  livret  est  de  M.  Alboise.  La 
partition  de  cet  ouvrage,  réduite  pour  piano  et 
chant,  a  été  publiée  chez  Richault.  On  connaît 
aussi  du  même  artiste  deux  opéras  de  salon, 
le  Coin  du  feu,  en  un  acte;  Paris,  Challiot,  et 
les  Terreurs  de  M.  Péters;  Paris,  Ledentu. 
En  1 852,  M.  Poisot  retourna  à  Dijon  et  y  resta 
deux  ou  trois  années,  s'occupant  de  rensei- 
gnement et  de  travaux  littéraires  relatifs  à  la 
musique.  Ce  fut  alors  qu'il  écrivit  et  publia 
l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Essai  sur  les  mu- 
siciens bourguignons,  comprenant  une  es- 
quisse historique  sur  les  différentes  trans- 
formations de  l'art  musical  en  France,  du 
neuvième  au  dix-neuvième  siècle;  Dijon, 
Lamarche  et  Drouelle,  1854,  gr.  in-8°.  Les 
Mémoires  de  l'Académie  de  Dijon  (1857)  con- 
tiennent une  Notice  biographique  de  Rode 
que  M.  Poisot  écrivit  à  la  même  époque.  De 
retour  à  Paris,  il  a  publié  son  livre  intitulé  : 
Histoire  de  la  musique  en  France,  depuis  les 
temps  les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours; 
Paris,  E.  Denlu,  1860,  un  volume  in- 12  de 
trois  cent  quatre-vingt-quatre  pages.  On  a 
aussi  de  cet  artiste-littérateur  :  Notice  sur 
I>rifaut,  lue  à  l'Académie  de  Dijon,  en  1850, 
et  Notice  sur  Mong in  (voyez  ce  nom),  extrait 
«lu  Journal  de  la  Côtc-d'Or  (1861).  Les  com- 
positions instrumentales  publiées  de  M.  Poisot 
.sont  les  suivantes  :  1°Duo  pour  piano  et  violon 
sur  des  motifs  de  Fidelio ;  Paris,  Richault. 
2°  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle  dédié 
;i  Onslow;  Paris,  Dumonchel,  5°  Fantaisie  à 
quatre  mains  sur  les  Mousquetaires  de  la 
reine;  Paris,  Brandus.  4°  La  Marguerite, 
polka  difficile.  5°  Exercices  de  mécanisme 
pour  lé  piano;  Paris,  Benoît.  6°  Grande  valse 
de  bravoure;  Paris,  Nowinski.  7°  Scherzo 
pour  piano  à  quatre  mains;  Paris,  Benoît. 
8"  Fantaisie  à  quatre  mains  sur  la  Straniera; 
il)id.,  etc. 

POISSL  (Jean-Népomucène,  baron  DE), 
chambellan  du  roi  de  Bavière,  intendant  de  la 
musique  de  la  cour,  est  né  le  15  février  1783, 
à  Hauskenzell,  dans  la  forêt  de  Bavière.  Dès 
son  enfance,  il  montra  un  goût  passionné 
pour  la  musique  :  Danzi  dirigea  ses  études 
dans  cet  art.  En  180G,  M.  de  Poissl  fit  le  pre- 
mier essai  de  son  talent  par  un  opéra-comique 
mlilulé    Opern  Probe   (La   répétition   d'un 


opéra);  et  deux  ans  après,  il  donna  l'opéra 
sérieux  Antigone.  Ces  faibles  productions 
n'eurent  qu'un  médiocre  succès.  Quelques 
progresse  firent  ensuite  remarquer  dans  une 
messe  de  M.  de  Poissl  et  dans  quelques  mor- 
ceaux de  concert.  Son  Ottaviano  in  Sicilia, 
qu'il  fit  représenter  en  1812,  et  qui  fut  ac- 
cueilli avec  beaucoup  de  faveur,  indiqua  aussi 
que  le  sentiment  de  la  scène  s'était  perfec- 
tionné en  lui.  Deux  ans  après,  il  donna  son 
Athalie,  tragédie  lyrique  qui  obtint  le  plus 
brillant  succès,  non-seulement  à  Munich,  mais 
sur  les  principaux  théâtres  de  l'Allemagne. 
Un  style  plus  élevé  que  dans  ses  précédentes 
compositions  et  l'originalité  des  idées  justi- 
fiaient ce  succès.  Outre  cet  ouvrage,  on  a  aussi 
représenté,  à  Munich,  les  opéras  suivants 
du  même  compositeur  :  Der  JFittkampf  in 
Olympia  (Le  concours  à  Olympie),  Nitteti,  la 
Représaille,  Mérope ,  la  Princesse  de  Pro- 
vence et  Der  Untersberg .  Ce  dernier  opéra, 
du  genre  romantique,  a  été  mis  en  scène  en 
1820,  et  a  reçu  beaucoup  d'applaudissements. 
C'est  le  dernier  ouvrage  que  M.  le  baron  de 
Poissl  a  fait  représenter.  La  perte  de  sa  femme 
et  la  mort  de  plusieurs  enfants  l'ont  détourné 
depuis  lors  du  goût  du  théâtre;  ces  malheurs 
ne  lui  ont  laissé  de  penchant  que  pour  la  mu- 
sique d'église.  Ayant  été  nommé,  en  1823, 
intendant  de  la  musique  de  la  cour,  il  a  réuni 
à  ses  fonctions,  l'année  suivante,  celles  d'in- 
tendant du  théâtre  royal.  Des  intrigues  l'ont 
éloigné  de  ce  dernier  emploi  :  il  a  été  rem- 
placé par  le  conseiller  de  cour  Kaestner.On  a 
publié  de  M.  de  Poissl  les  ouvertures  à  grand 
orchestre  de  ses  opéras  :  Alhalie,  Mérope^ 
Olympie  et  Ottaviano  in  Sicilia,  ainsi  qu'un 
concerto  pour  violoncelle;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel.  Il  a  écrit  le  95me  psaume  pour 
quatre  voixsoloset  un  chœur  ;  un  Stabat  à  huit 
voix  et  un  Miserere  aussi  à  huit  voix,  sans 
instruments,  ainsi  qu'un  autre  Miserere  à  six 
voix,  avec  des  chorals  intercalés. 

POISSON  (le  P.  Nicolas-Joseph),  prêtre 
de  l'Oratoire,  naquit,  en  1G37,  à  Paris,  sui- 
vant quelques  biographes,  ou  à  Vendôme,  se- 
lon d'autres.  Son  attachement  à  la  philosphie 
de  Descartes  lui  attira  des  tracasseries  et  des 
chagrins.  Exilé  à  Nevers,  il  y  devint  le  grand 
vicaire  de  l'évêque;  mais  après  la  mort  de  ce 
prélat,  il  se  retira  à  la  maison  de  l'Oratoire  de 
Lyon,  et  y  mourut,  le  3  mai  1710.  On  a  du 
P.  Poisson  :  Le  Traité  de  la  mécanique  de 
Descaries,  suivi  de  l'abrégé  de  la  musique  du 
même  auteur,  traduit  du  latin  en  français, 
avec  des  éclaircissements  et  des  notes,  Paris, 


86 


POISSON  —  POKORNY 


1068,  in-4°.  Les  éclaircissements  furent  en- 
suite traduits  en  latin,  pour  les  éditions  pos- 
térieures des  œuvres  de  Descaries,  et  publiés 
sous  ce  titre  :  Elucidaliones  physicx  in  Car- 
tesii  mechanicam  et  musicam,  ex  gallico  lat. 
versai  ;  Amstelodami ,  1701,  in-4". 

POISSON  (l'abbé  Léonard),  né  en  1G95, 
fut  curé  à  Marchands,  au  diocèse  de  Sens,  et 
mourut  le  10  mars  1755.  On  lui  doit  un  très- 
bon  livre  qu'il  publia  sans  nom  d'auteur,  sous 
ce  litre  :  Traité  théorique  et  pratique  du 
plain-chant ,  appelé  grégorien,  dans  lequel 
on  explique  les  vrais  principes  de  cette 
science,  suivant  les  auteurs  anciens  et  mo- 
dernes, etc.;  Paris,  Lottin,  1750,  un  volume 
in-8°  de  quatre  cent  dix-neuf  pages.  Ce  livre, 
le  traité  du  P.  Jumilhac,  et  le  traité  historique 
de  l'abbé  Lebeuf,  sont  ce  qu'on  a  publié  de 
meilleur  en  France  sur  le  plain-chant,  dans  le 
dix-huitième  siècle. 

POISSON  (...),  prêtre  du  diocèse  de 
Rouen,  fut  curé  à  Bardouville,  puis  à  Bocher- 
ville,  dans  ce  diocèse,  et  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  est  auteur 
d'un  livre  intitulé  :  Nouvelle  méthode  pour 
apprendre  le  plain-chant;  Rouen,  1789,  un 
volume  in-8°  de  deux  cent  vingt-trois  pages. 
On  a  quelquefois  confondu  ce  livre  et  son  au- 
teur avec  le  livre  et  l'écrivain  cilésdans  l'ar- 
ticle précédent. 

POISSON  (Siméon-Denis),  mathématicien 
distingué,  né  à  Pithiviers,  le  21  juin  1781, 
entra  comme  élève  à  l'École  polytechnique 
lorsqu'elle  fut  organisée,  et  s'y  fit  bientôt  re- 
marquer par  son  aptitude  et  par  son  applica- 
tion. Lagrange,  frappé  de  la  promptitude  de 
sa  conception,  dit  un  jour  en  présence  de  plu- 
sieurs professeurs  et  élèves  de  l'école  :  Petit 
poisson  deviendra  grand.  Celui  dont  l'homme 
illustre  jugeait  ainsi  l'avenir  a  justifié  cet  ho- 
roscope. Lorsque  la  nouvelle  école  normale 
fut  instituée,  en  1811,  Poisson  y  fui  appelé  en 
qualité  de  professeur  de  mécanique.  Depuis 
lors,  il  a  été  successivement  appelé  aux  fonc- 
tions d'examinateur  des  élèves  de  l'École  poly- 
technique et  du  corps  royal  d'artillerie,  d'in- 
specteur des  (■Unies  des  écoles  militaires,  de 
membre  du  conseil  d'instruction  publique,  cl 
d'astronome  du  bureau  des  longitudes.  Il 
élail  aussi  membre  de  l'Académie  des  sciences 
de  l'Inslilut  de  France.  Ce  savant  a  cessé  de 
vivre  le  25  avril  1840.  On  a  de  lui  un  Traité 
de  mécanique  (Paris,  1853,  deux  volumes 
in-8°),  où  il  traite  de  plusieurs  objets  relatifs 
a  la  philosophie  de  la  musique.  H  a  fait  insé- 
i ci  nu  Mémoire  sur  la  théorie  du  son,  dans 


le  quatorzième  cahier  du  Journal  de  l'Ecole 
polytechnique,  et  le  deuxième  volume  des  nou- 
veaux mémoires  de  l'Académie  des  sciences 
renferme  un  autre  mémoire  de  lui  sur  le  mou- 
vement des  fluides  élastiques  dans  les 
tuyaux  cylindriques,  et  sur  la  théorie  des 
instruments  à  vent.  On  a  aussi  de  Poisson  : 
Sur  la  vitesse  du  son,  dans  la  Connaissance 
des  temps,  1826.  —  Mémoire  sur  les  oscilla- 
tions du  son  dans  un  vase  d'une  profondeur 
quelconque  (dans  le  t.  XIX  du  Journal  de 
Mathématique,  de  Gergonne). 

POITEVIN  (Guillaume),  maître  des  en- 
fants de  chœur  de  la  cathédrale  d'Aix,  en 
Provence,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  mu- 
sique d'église,  qui  a  été  longtemps  en  usage 
dans  le  midi  de  la  France. 

PORORNY  (François-Xavier),  compo- 
siteur, naquit  en  1729, 'dans  la  Bohême,  et  fit 
ses  éludes  musicales  sous  la  direction  de  Rie- 
pel,  à  Ratisbonne.  Il  entra  ensuite  au  service 
du  prince  d'Oeltingen-Wallerslein,  en  qualité 
de  musicien  de  la  cour;  mais  il  resta  peu  de 
temps  dans  cette  position,  ayant  accepté  la 
place  de  second  violon  chez  le  prince  de  la 
Tour  et  Taxis,  «à  Ratisbonne.  Il  mourut  dans 
celle  ville,  en  1794.  Pokorny  a  laissé  en  ma- 
nuscrit beaucoup  île  messes,  de  symphonies 
et  de  concertos  pour  le  violon. 

POKORNY  (Gottiiaiid),  violoniste  et  or- 
ganiste distingué,  naquit  à  Bœmisch-Brod,  le 
16  novembre  1753.  Son  premier  maître  de 
musique  fut  Wenceslas  Wrabecz,  instituteur 
dont  il  fut  plus  tard  le  collègue,  en  qualité  de 
sous- maître.  Le  désir  d'augmenter  ses  con- 
naissances dans  la  musique  lui  fit  entre- 
prendre un  voyage  en  Allemagne;  mais  il 
s'arrêta  à  BrUnn,  et  y  fut  nommé,  en  1760, 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  Saint-Pierre. 
Il  se  maria  dans  celle  ville,  et  eut  une  fille 
dont  le  talent  sur  le  piano  fut  assez  remar- 
quable pour  mériter  les  applaudissements  de 
Mozart.  En  1793,  Pokorny  fil  un  voyage  en 
Bohême  pour  revoir  le  lieu  de  sa  naissance.  Il 
mourut  à  Brllnn,  le  4  août  1802,  à  l'âge  de 
soixante-neuf  ans.  Il  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  messes,  des  litanies,  «les  vêpres, 
quelques  concertos  de  violon,  et  des  pièces 
pour  le  clavecin. 

POKORNY  (  Joseph  François),  fils  de 
François-Xavier,  naquit  à  Ratisbonne,  vers 
I7(i0.  Ainsi  que  son  pure,  il  l'ut  attaché  à  la 
musique  du  prince  de  la  Tour  et  Taxis,  où  il 
était  encore  en  1812.  On  a  de  lui  en  manuscrit 
des  concertos  pour  le  piano,  cl  des  sympho- 


POKORNY  -  POL1TIEN 


87 


nies.  Il  a  publié  une  cantate  dédiée  a  l'ar- 
chiduc Charles;  à  Augsbourg,  r^cz  Gombart. 

POKORIVY  (Etienne),  moine  augustin, 
compositeur  et  organiste  distingué,  naquit  à 
Chradim,  en  Bohême,  et  fit  ses  études  au  col- 
lège des  Augustins  de  Teutschbrod.  Il  y  fut 
employé  comme  chanteur  dans  la  musique  du 
chœur.  Plus  tard,  il  se  rendit  à  Prague  et  y 
acheva  de  s'instruire  dans  la  musique,  sous  la 
direction  de  Cajetan  Mara,  maître  de  chapelle 
de  Saint- Wenceslas.  Il  écrivit  h  celte  époque 
de  la  musique  d'église,  particulièrement  un 
bon  Salve  Regina,  et  des  offertoires  qui  se 
conservent  dans  les  couvents  de  Strahow  et  de 
Ilaudnilz.  En  1788,  il  fut  envoyé  en  qualité 
d'organiste  au  couvent  des  Augustins  de 
Vienne  :  il  vivait  encore  en  celle  ville  dans  les 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle.  Po- 
korny  a  mis  en  musique  et  fait  graver  le  Pè- 
lerinage de  Schiller;  Vienne,  Diabelli. 

POLACK.  Voyez  POLLACK. 

POLANI  (Jérôme),  compositeur  de  l'école 
vénitienne,  vécut  dans  les  dernières  années  du 
dix-septième  siècle  et  au  commencement  du 
dix-huitième.  Il  fut  simple  chantre  de  la  cha- 
pelle de  Saint-Marc.  Il  avait  été,  dans  sa  jeu- 
nesse, soumis  à  la  castration,  car  il  chantait 
dans  cette  chapelle  les  parties  de  soprano.  11 
a  fait  jouer,  aux  théâtres  de  Venise,  les  opéras 
suivants  :  1°  Prassitele  in  Gnido ,  1700. 
2°  La  Vendetta  disarmata  daW  Amore , 
1701.  3°  Creso  tolto  aile  flamme,  1705. 
4°  Rosihla,  1707.  5°  Vindice  lapazzia  délia 
vendetta,  1707.  G0  La  Virtù  trionfante  di 
Amore  vendicalivo,  1708.  7°  Il  Cieco  ge- 
loso,  1708.  8"  Berengario  Re  d'Italia,  1710. 
9«  Chi  la  fà  V  aspetta,  1717. 

POLAISTUS  (Jean);  sous  ce  nom  d'un 
écrivain  inconnu,  on  a  imprimé  une  disserta- 
tion intitulée  :  Vom  christlichen  Gebrauche 
der  Orgeln  (De  l'usage  chrétien  des  orgues)  ; 
Leipsick,  1G55. 

POLAROLO.  Voyez  POLLAROLO. 

POLEISI  (Jean),  célèbre  physicien  et  an- 
tiquaire, naquit  à  Venise,  en  1G83,  fut  pro- 
fesseur d'astronomie,  puis  de  physique  à  l'Uni- 
versité de  Padoue.  En  1719,  il  succéda  à 
Nicolas  Bernouilli  en  qualité  de  professeur  de 
mathématiques.  I!  mourut  en  17G1,  à  l'âge  de 
soixante-huit  ans.  Au  nombre  des  ouvrages  de 
ce  savant,  on  remarque  :  De  Pliysices  in  ré- 
bus mathematicis  utilitate  oratio;  Padoue, 
17IG,  in-4°;  il  y  traite  de  la  musique  dans  la 
seconde  partie. 

POLICRETO  (Joseph),  compositeur,  né 
■à  Fcrrare,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  a 


composé  des  chansons  napolitaines  à  troisvoix 
dont  il  a  été  publié  six  livres  sous  ce  titre  : 
Il  ...  libro  délie  napoletane  a  tre  voci  di 
Gioseffo  Policreto  e  d'  altri  eccellentisstmi 
musici,  con  alcune  canzoni  alla  Ferrareso 
del  medesimo,  a  quattro  voci;  Venise,  1571, 
in-8°.  Les  autres  compositeurs  de  ce  recueil 
sont  Jérôme  Tast,  allemand,  et  Anselme  de 
Pérouse, 

POLIDORI(Uortensio),  compositeur,  né 
à  Camerino,  dans  les  États  de  l'Église,  vers  la 
fin  du  seizième  siècle,  était,  en  1621,  maître 
de  chapelle  à  la  cathédrale  de  Fermo,  et  déjà, 
sans  doute,  depuis  plusieurs  années,  car  il  pu- 
bliait alors  son  cinquième  livre  de  motets, 
qui  était  son  neuvième  œuvre.  Cet  ouvrage  a 
pour  titre  :  Quinto  libro  de  motetti  a  due, 
tre,  quattro  e  cinque  voci  di  Hortensia  Po- 
lidori  da  Camerino,  maestro  di  capella  délia 
metropoli  di  Fermo ,  dedicati  alli  molto 
illustri  e  mollo  reverendissimi  canonici 
dell'  istessa  metropoli.  Opéra  nona  ;  in  Ve- 
netia,  app.  Bart.  Magni,  1621,  in-4°.  Plus 
tard,  Polidori  occupa  pendant  plusieurs  années 
la  place  de  maître  de  chapelle  à  la  cathédrale 
de  Chieti,  dans  le  royaume  de  Naples,  puis  il 
eut  une  position  semblable  à  Pesaro.  On  con- 
naît de  sa  composition  :  1°  Messe  a  5  e  8  voci, 
con  ripienie  2  violini;  Venise,  1651 .  2"  Salmi 
a  cinque  voci  concertait,  op.  12;  Venise, 
Aless.  Vincenti,  1634,  in-4°.  5°  Motetti  a 
voce  sola  e  a  duoi,  op.  13;  ibid.,  1637,  in-4°. 
4°  Messe  a  cinque  e  otto  voci  concertati  con 
2  violini  ad  libit.,o\>.  14;  ibid.,  1639,  in-4°. 
5°  Salmi  concertati  a  3  e  5  voci,  lib.  2,  con 
stromenti,  op.  15;  ibid.  6°  Salmi  concertati 
a  8  voci,  lib.  1;  ibid.,  1641,  in-4°.  7°  Salmi 
concertati  a  8  voci  in  2  chori,  parte  concer- 
tati et  parle  ripieni,  lib.  2;  ibid.,  1646, 
in-4°. 

POLIDORI  (Paul),  violoniste  italien,  se 
trouvait  à  Paris,  vers  1785  et  y  a  fait  graver 
six  trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  1; 
Paris,  Louis.  Viotti  le  fit  entrer  à  l'orchestre 
de  l'Opéra  italien  de  cette  ville,  en  1789; 
mais  il  y  resta  vraisemblablement  peu  de 
temps,  car  on  ne  le  trouve  plus  au  nombre  des 
artistes  de  ce  théâtre  dans  l'Annuaire  desspec- 
tacles de  1791 . 

POLITIEN  (Ange)  ou  POLITIANO, 
né  le  14  juillet  1454,  à  Monte-Pulciano  ou 
Poliziano,  dans  la  Toscane,  prit  le  nom  du 
lieu  de  sa  naissance,  au  lieu  de  celuld'^m- 
brogini,  que  portait  son  père.  Également 
distingué  comme  poêle,  historien,  philosophe 
et  critique,  il  cultiva  aussi  les  arts  avec  suc- 


88 


POLITIEN  —  POLLAROLO 


ces,  jouissant  à  la  cour  de  Laurent  de  Médicis 
d'une  faveur  sans  bornes,  digne  de  ses  talents 
et  de  son  Mécène.  Il  mourut  à  Florence,  le 
24  septembre  1494,  à  l'âge  de  quarante  ans. 
Les  manuscrits  rassemblés  dans  la  Biblio- 
thèque laurentienne  lui  ont  fourni  des  ren- 
seignements intéressants  relatifs  à  des  objets 
de  l'antiquité;  il  en  forma  ses  Miscellanea, 
imprimés  à  Florence,  en  1489,  in-fol.  Le  qua- 
torzième chapitre  de  ce  recueil  est  consacré  à 
des  recherches  sur  l'instrument  polycorde  ap- 
pelé en  grec  vaù^ot,  ou  plus  exactement  vàêXa, 
à  l'occasion  des  vers  d'Ovide  : 

Disce  etiam  duplici  genialia  naulia  palma 
Verrcre  :  conveniunt  dulcibus  illa  jocis. 

Folitien  a  aussi  traité  de  Musica  naturali, 
mundana  et  artificiali  dans  celui  de  ses  ou- 
vrages qui  a  pour  titre  :  Panepistemoti,  seu 
omnium  scientiarum  liberalium  et  mecha- 
nicarum  descriptio;  dont  il  y  a  une  édition 
de  Florence,  1552,  in-8°. 

POLL  (Georges),  né  en  1747,  dans  un 
village  près  d'Amberg,  commença  son  éduca- 
tion musicale  au  séminaire  de  celle  ville,  puis 
alla  prendre  des  leçons  de  composition  chez 
Riepel,  à  Ralisbonne.  Plus  tard,  il  remplit 
les  fonctions  de  cantor  à  la  cathédrale,  et  en 
dernier  lieu,  il  entra  chez  le  prince  de  Palm, 
en  qualité  de  musicien  de  la  chambre.  Après 
que  ce  seigneur  eut  diminué  son  orchestre, 
Poil  vécut  en  donnant  des  leçons  et  en  jouant 
pendant  trenle-qualre  ans  la  partie  de  pre- 
mière flûte  au  théâtre  de  Ralisbonne.  Il  a 
écrit  pour  ce  théâtre  l'opéra  comique  intitulé 
le  Grand  Harem.  On  connaît  aussi  de  sa  com- 
position deux  messes,  six  vêpres  complètes, 
quatre  sérénades  et  des  solfèges,  le  tout  en 
manuscrit. 

POLLACK  (  François -Cii  arlks-Josepii- 
Ernest),  directeur  de  musique  du  théâtre  na- 
tional d'Inspruck,  est  né  à  Przychod,  près 
d'Oppeln,  en  Silésic,  dans  les  dernières  années 
du  dix-huitième  siècle.  Admis  au  gymnase  de 
Neisse,  il  y  apprit  la  musique  et  remplit  les 
fonctions  d'organiste  pendant  sept  ans.  Le 
violon,  la  flûte  et  la  guitare  l'occupèrent  aussi 
tour  à  tour.  Dans  la  huitième  année  de  ses 
études,  il  fréquenta  le  collège  de  Saint-Ma- 
thias,  à  Breslau;  puis,  en  1818,  il  suivit  les 
cours  de  droit  de  l'université  de  cette  ville. 
Ce  fut  alors  qu'il  reçut  de  Schnabel  des  leçons 
d'harmonie  et  de  composition.  Après  plusieurs 
voyage  entrepris  pour  donner  des  concerts,  il 
accepta  la  place  de  chef  d'orchestre  au  théâtre 
de  Blieg,  et  l'occupa  pendant  deux  ans;  puis 
il  voyagea  dans  la  Moravie,    en  Bohême,  et 


s'arrêta  à  Dresde,  où  Charles-Marie  de  Weber 
l'engagea  comme  lénor  de  l'Opéra  allemand. 
Ses  débuts  au  théâtre  de  la  cour  furent  heu- 
reux ;  mais  il  sentit  la  nécessité  de  se  livrer  à 
l'élude  du  chant,   qui  lui  fut  enseigné    par 
Mieksch,  chanteur  de  la  chambre  et  directeur 
des  choeurs.  Pollack  fut,  peu  de  temps  après, 
chargé  des  rôles  de  premier  ténor  dans  les 
opéras  comiques  joués   au  théâtre  d'été  de 
Pilnitz.  Après  la  mort  de  Weber,  il  s'éloigna 
de  Dresde,  voyagea  et  se  fit  entendre  sur  les 
théâtres  de  Linz,  Augsbourg,  Fribourg,  Leip- 
sick,   etc.;    mais,   en  1834,  il  s'est  fixé   à 
Inspruck,  où  il  remplit  les  fonctions  de  directeur 
de  musique  du  théâtre.   Il  ,y  a  écrit  des  ou- 
vertures et  d'autres  compositions.  Je  ne  con- 
nais  de    lui    que   deux  recueils   de   chants  à 
voix  seule,  publiés  à  Breslau,  chez  Leuckart. 
Les  biographes  allemands  ne  fournissent  pas 
de  renseignements   sur  Pollack    après   celle 
époque. 

POLLAROLO  (Charles-François),  com- 
positeur, né  à  Brescia,  dans  la  première  moi- 
tié du  dix-septième  siècle,  fut  élève  de  Le- 
grenzi  (voyez  ce  nom),  qui  le  fit  entrer  fort 
jeune  comme  chanteur  à  la  chapelle  ducale  de 
Saint-Marc,  le  21  février  1C65.  Il  resta  long- 
temps dans  cette  position,  car  il  n'obtint  la 
place  d'organiste  du  second  orgue  de  celle 
chapelle  que  le  15  août  1690,  avec  un  traite- 
ment de  deux  cenls  ducats.  II  n'occupa  celte 
place  que  peu  de  temps,  ayant  été  nommé 
vice-maître  de  chapelle,  le  22  mai  1092.  Pol- 
larolo  trouva  toujours  peu  de  faveur  près  des 
procurateurs  de  Sainl-Marc,  parce  que  son 
penchant  pour  la  composition  dramatique  lui 
faisait  montrer  peu  de  zèle  dans  ses  fonctions 
à  l'église  :  c'est  ainsi  du  moins  que  M.  Caffi 
explique  (1)  l'injure  qui  lui  fut  faite,  en  1702, 
par  la  nomination  d'Antoine  Biffi  à  la  posi- 
tion de  premier  maître  de  chapelle,  quoiqu'il 
n'eût  occupé  jusqu'alors  aucun  emploi  dans  la 
musiquede  Sainl-Marc.  Pollarolo  remplit,  pen- 
dant trente  ans,  les  fondions  de  second 
maître,  et  mourut  à  la  fin  de  1722.  Il  fut  lu 
compositeur  vénitien  le  plus  fécond  pour  la 
scène,  car  le  nombre  des  opéras  qu'il  a  fait 
représenter,  soit  â  Venise,  soit  dans  d'autres 
villes,  s'élève  à  soixante-dix;  de  plus,  il  a 
écrit  plusieurs  oratorios,  des  cantates  et  des 
pièces  d'orgue.  A  Venise  seule,  il  a  donné 
soixanle-qualre  opéras,  dont  voici  la  liste  : 
1°  Demone    amante,    o    Ciityurla,    168G. 


(I)  Siuria  délia  musica  snern  nellagià  <u/>)iclla  ttueatt 
di  San  Marco  in  Ventzia,  t.  I,  p.  323. 


POLLAROLO  -     POLLEDRO 


89 


2<>LiCurgo,  1G86.  5°  Antonino  Pompciano, 
it  Hiescia,  puis  à  Venise,  1G89.  4°  Alboino  in 
llalia,  1001 .  5°  La  Pace  fra  Tolomeo  e  Se- 
leuco,  1091.  6°  Ibraim  Sultano,  1692.  7°  Me 
Begina  di  Napoli,  1692.  8°  Jeftc ,  1692. 
9"  Onorio  in  Rama,  1692.  10°  Circe  abban- 
tlonata,  à  Plaisance,  1692,  puis  à  Parme, 
dans  la  mêmeannée,elà  Venise,  1697. 11°  La 
Forza  délia  virtà,  1695.  12°  Avvenimenti  di 
Erminia  e  Clorinda ,  1693.  15°  Ottone , 
1694.  14°  La  Schiavita  fortunata,  1694. 
15°  Alfonso  primo,  1694.  16°  Amage,  Re- 
gina  de'  Sarmati,  1694.  17°  Gli  inganni 
fclici,  1695.  18"  L'Irène,  1695.  19°  Ll  Pas- 
tore  d'Anfriso,  1695.   20°  Ercole  in  cielo, 

1696.  21»  Rosamnnda,  1696.  22"  /  Régi  equi- 
voci,  1697.23°  Tito  Manlio ,1697.  24°  Amore 
e  Dovcre ,  1697.    25°  La  Forza  d' amore  , 

1697,  et  à  Bologne,  1733.  26°  Ulisse  scono- 
sciuto  in  Itaco,  1698.  27°  Marzio  Corio- 
lano,   1698.   28°   il  Giudizio    di  P aride  , 
1699.  29°  Faramondo,  1699.  30°  11  color  fà 
la  Regina,  1700. 51°  Lucio  Fera,  1700.  32»// 
Ripudio  d'Ottavia,   1700.  33°    Delirio  co- 
mune  per  l'  incoslanza  de'  Genii ,   1701. 
34°  Catone   Uticense,    1701.    55°  Ascanio , 
1701.   36°  Odio  in  Amore,  1703.  37°  Ven- 
ceslao,  1703.  38°  Almanzor,  1703.  39"  Ar- 
minio,  à  Pratolino,   1703,   puis  à   Venise, 
1722.    40°   La   Forluna  per   dote,    1704. 
41°  Giorno  dinotle,  1704.  42»  La  Fede  ne' 
tradimenti,  1705.  43°  L'  Enigma  disciolta, 
1705.  44°  Dafni,  1705.  45°  Flavio  Perta- 
rido,  Re  de  Longobardi,  1706.  46°  Filippo, 
Re   di    Greciu  ,    1706.    47"    La    Vendetta 
d' Amore,  1707.  48»  Egisto,  1708.  49»  L'Al- 
cibiade,  o  violenza  d' Amore,   1709.  50°   Ll 
falso  Tiberino,   1709.  51»   Costantino  Pio, 
1710.  52»  Le  troisième  acte  (VEraclio,  1712. 
53°  L'  Lnfedeltà  punita,  1712.  54°  Spurio 
Poslumio,  1712.  55»  Scipione,  1712.  56»  Ll 
Trionfo  délia  costanza ,    1714.   57»  Semi- 
ramide,  1714. 58»  Ariodante,  1716.  59°  Ger- 
manico,  1716.   60°  Farnace,  1718.  61»  Le 
Pazzie  degli  amanti,  1719.  62°  Lucio  Pa- 
pirio,   1721.   63»  Plautella ,    1721.   64°  11 
Pescalore  disingannato,  1721 .  Parmi  ses  ou- 
vrages composés  pour  diverses  villes  d'Italie, 
on   remarque    -.Ascanio,   à    Milan,    1702; 
l'Eqnivoco,  à  Rome,  1711;  Amore  in  gare 
co'  l  fasto,  à  Rovigo,  1711  ;  et  Astinome,  à 
Rome,  1719.  Ses  oratorios,  au   nombre  des- 
quels est  Jefte,  composé  pour   Vienne,    en 
1710,   ne  sont  pas    tous   connus;   Pollarolo 
avait  composé  trois  ou  quatre  oratorios  pour  le 
Conservatoire  degli   incurabili,  dont  il  fut 


maître  pendant  plusieurs  années.  Sa  cantate 
Fede,  valore,  gloria  et  fama,  fut  exécutée,  en 
1716,  dans  le  palais  de  l'ambassadeur  d'Au- 
triche. Ce  maître  ne  peut  pas  être  compté  au 
nombre  des  artistes  de  génie  qui  exercent  une 
influence  plus  ou  moins  active  sur  l'art  de 
leur  époque;  toutefois  il  ne  mérite  pas  le  dé- 
dain avec  lequel  M.  Caffi  en  parle  (/oc.  cit.). 
Il  a  donné  à  l'instrumentation  de  ses  ouvrages 
plus  d'intérêt  que  les  maîtres  vénitiens  à  qui 
il  succéda,  et  il  écrivait  bien.  J'ai  de  lui  deux 
pièces  d'orgue  en  manuscrits  originaux  qui 
méritent  d'être  mises  en  parallèle  avec  ce 
qu'on  a  fait  de  mieux  en  Italie  à  son  époque. 
POLLAIIOLO  (Antoine),  fils  du  précé- 
dent, naquit  vraisemblablementà Venise,  vers 
1680.  Le  26  février  1725,  il  obtint  la  place  de 
vice-maiire  de  chapelle  qu'avait  occupée  son 
père  pendant  trente  ans,  et  le.  22  mai  1740,  il 
succéda  àLotti  dans  la  place  de  premier  maître 
de  chapelle  :  il  la'  conserva  jusqu'au  mois  de 
septembre  1749.  On  ignore  s'il  mourut  à  cette 
époque.  Il  a  donné  aux  théâtres  de  Venise  : 
1°  Arisleo,  1700.  2°  Griselda,  1701.  3°  Leu- 
cippo  e  Teone,  1702.  4»  Cosroe,  1723.  5»  Fu- 
ria  Lucrezia,  1726.  6°  Nerina,  1728.  7°  La 
Sulpizia  fedele,  1729.  On  conserve,  dans  les 
archives  de  la  cathédrale  de  Saint-Marc,  de  la 
musique  d'église  composée  par  Antoine  Polla- 
rolo. 

POLLEDRO   (Jean-Baptiste),  maître  de 
chapelle  à  Turin,  est  né  en  1776,  à  laPiora, 
village  près  de  cette  ville.  Destiné  au  com- 
merce,  il   n'apprit  d'abord   la  musique  que 
pour  se  délasser  de  ses  autres  études.  Un  ami 
de  sa  famille  lui  avait  donné  un  petit  violon, 
sur  lequel  il  s'exerça  dans  ses  heures  de  ré- 
création. Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  huit 
ans,  son  père,  remarquant  ses  heureuses  dis- 
positions pour  cet  instrument,  lui  donna  pour 
maître  Mauro  Coldarero,  violoniste  à  Asti,  qui 
lui  fit  faire  de  rapides  progrès  par  l'étude  des 
œuvres  de  Corelli  et  des  autres  grands  violo- 
nistes de  l'ancienne  école.  Plus  lard,  il  passa 
sous  la  direction  de  Gaétan  Vai,  premier  violon 
de  la  chapelle  de  Asti,  puis  il  alla  achever  ses 
études  à  Turin,  avec  un  artiste  nommé  Paris. 
Parvenu  à  l'âge  de  quatorze  ans,  Polledro  fil 
un  premier  voyage  dans  la  Lombardie,  pour 
y  donner  des  concerts.  De  retour  à  Turin,  il 
s'y  fit  aussi  entendre  en  public,  et  Pugnani 
ayant  remarqué  dans  son  jeu  de  belles  qua- 
lités, offrit  de  lui  donner  des  leçons;  mais 
l'élève  ne  put  profiter  des  excellents  conseils 
d'un  tel  maître  que  pendant  six  mois,  car  la 
santé  de  Pugnani  ne  lui  permit  bientôt  plus. 


90 


POLLEDRO  -  POLLIER 


de  se  livrer  à  l'enseignement.  Peu  de  temps 
après,  Polledro  entra  dans  la  chapelle  de 
Milan,  puis  il  fut  nommé  premier  violon  de 
Sainte-Marie  Majeure,  à  Bergame.  Les  troubles 
de  la  guerre  Payant  obligé  de  s'éloigner  de 
cette  ville,  il  se  rendit  à  Moscou,  en  1799,  et  y 
demeura pendantcinq  ans, puis  àPétersbourg. 
En  1809,  il  fit  un  voyage  en  Allemagne,  et 
jusqu'en  1812,  il  parcourut  ce  pays,  donnant 
des  concerts  dans  la  plupart  des  grandes 
villes.  Après  avoir  aussi  visité  la  Hollande  et 
l'Angleterre,  il  retourna  en  Italie,  en  1814, 
se  fît  entendre  à  Milan,  Florence,  Bergame, 
Padoue,  Borne,  Naples,  Palerme.  De  retour 
enfin  à  Turin,  il  y  a  obtenu,  en  1815,  la  place 
de  maître  de  chapelle.  Les  journaux  allemands 
ont  accordé  de  grands  éloges  au  talent  de  cet 
artiste,  dont  on  a  publié  :  1°  Concertos  pour 
violon,  op.  6,  7,  10;  Leipsick,  Breitkopt'  et 
llsertel.  2°  Airs  variés  pour  violon  et  orchestre, 
op.  5,  5,  8;  ibid.  5°  Trios  pour  deux  violons 
et  basse,  op.  2,  4,  9;  ibid.  4°  Exercices  pour 
violon  seul;  ibid.  5°  Duos  pour  deux  violons, 
op.  11;  Vienne,  Mechetti. 

POLLET  (Charles-François- Alexandre), 
connu  sous  le  nom  de  POLLET  AINE  ,  na- 
quit à  Béthune,  en  Artois,  dans  l'année  1748. 
Après  avoir  étudié  quelques  temps  la  guitare, 
il  quitta  cet  instrument  pour  le  cislre,  sur 
lequel  il  acquit  une  habileté  remarquable. 
Arrivé  à  Paris,  en  1771,  il  s'y  fit  bientôt  une 
brillante  réputation,  mit  le  cistre  à  la  mode 
et  en  donna  des  leçons.  Dans  l'espace  d'environ 
vingt  ans,  il  publia  dix-huit  œuvres  de  sonates, 
et  d'airs  variés  pour  le  cistre,  ainsi  qu'une 
méthode  pour  cet  instrument  qui  parut  chez 
Leduc,  à  Paris,  en  1780.  Il  faisait  aussi  pa- 
raître un  journal  d'airs  d'opéras  pour  le  cislre, 
quifut  interrompu  par  les  événements  de  1795. 
Pollet  se  retira  alors  à  Evreux,  où  il  vivait 
encore  en  1811  ;  j'ignore  l'époque  do  sa  mort. 

POLLET  (  Jean-Josepii-Benoît)  ,  frère 
puîné  du  précédent,  naquit  à  Béthune,  vers 
17;53,  se  livra  d'abord,  comme  son  frère,  à 
l'élude  du  cistre,  et  en  donna  des  lirons  à 
Paris:  mais  par  les  conseils  de  Rrumpholz,  il 
abandonna  cet  instrument  pour  la  harpe.  Ma- 
dame de  Genlis  et  l'ollct  se  sont  disputé  l'hon- 
neur d'avoir  été  les  premiers  à  l'aire  usa^e  des 
sons  harmoniques  des  deux  mains.  Pollet  est 
mort  à  Paris,  en  LS18.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1"  Plusieurs  œuvres  de  sonates  el 
d'airs  variés  pour  le  cislre.  2°  Concertos  pour 
la  harpe,  n08 1,  2,  3;  Paris,  Ilanry.  5°  Noc- 
turnes pour  harpe,  guitare  et  flûte,  ir  1  el  •"; 
.biil.  \"  Trio  pour  harpe,  cor  et  basson  ;  ibid. 


5°  Airs  variés  pour  harpe  et  cor;  ibid.  G9  So- 
nates pour  harpe  seule  (au  nombre  de  qua- 
torze); Paris,  Naderman,  Hanry.  7°  Beaucoup  r 
d'airs  variés,  de  caprices  et  de  pots-pourris 
pour  le  même  instrument;  ibid.  8»  Méthode 
de  harpe,  op.  14  ;  Paris,  Hanry.  Elle  a  été  tra- 
duite en  allemand;  Offenbach,  André. 

POLLET  (L.-M.),  fils  du  précédent,  né  à 
Paris,  vers  1783,  se  livra  à  l'étude  de  la  gui- 
tare, pour  laquelle  il  a  publié  quelques  œuvres, 
et  se  fit  marchand  de  musique.  Il  est  mort, 
vers  1830.  Cet  artiste  a  publié  :  1°  Airs  variés 
pour  guitare.  2°  Méthode  pour  guitare. 
3"  Valses  et  rondeaux  pour  piano  à  quatre 
mains;  Paris,  Hanry. 

POLLET  (Marie-Nicole  SIMONIN), 
femme  du  précédent,  née  à  Paris,  le  4  mai 
1787,  était  fille  de  Jean-Baptiste  Simonin, 
luthier,  auteur  d'une  mécanique  pour  la 
harpe.  Elle  reçut  pendant  trois  ans  des  leçons 
de  Blattmann  pour  cet  instrument,  puis  per- 
fectionna son  talent  sous  la  direction  de  Dal- 
vimare.  Vers  1808  et  dans  les  années  suivantes, 
elle  s'est  fait  entendre  avec  succès  dans  les 
concerts.  Elle  a  publié  quelques  airs  variés 
pour  la  harpe.  Madame  Simonin  Pollet  était 
connue  avantageusement  comme  professeur 
de  cet  instrument.  Elle  a  voyagé  en  Allemagne, 
en  Pologne  et  en  Russie,  et  a  eu  partout  des 
succès. 

POLLET  (Joseph),  fils  du  guitariste  de  ce 
nom  et  de  madame  Simonin-Pollet,  est  né  à 
Paris,  le  50  avril  1803,  et  fut  admis  comme 
élève  au  Conservatoire,  le  7  octobre  1824. 
Après  avoir  étudié  l'harmonie  sous  la  direction 
de  Dourlen,  et  reçu  des  leçons  d'orgue  de 
M.  Benoist,  il  devint  élève  de  l'auteur  de  cette 
notice  pour  le  contrepoint  et  la  fugue.  En 
1829,  le  second  prix  de  fugue  lui  fut  décerné 
au  concours;  il  obtint  le  premier,  en  1830. 
Sorti  de  celle  école  en  1851,  M.  Pollet  fut 
nommé  organiste  de  l'église  Notre-Dame,  et 
plus  tard  il  eut  la  place  de  maître  de  chapelle 
de  celte  cathédrale.  Il  occupe  encore  celle  po- 
sition (1805).  On  a  de  cet  artiste  distingué  des 
motels  el  autres  morceaux  de  musique  d'église 
publiés  à  Paris. 

POLLET  (Charles),  fils  du  précédent,  si 
je  suis  bien  informé,  estorganiste  à  Paris,  et  a 
publié  (1rs  préludes  pour  orgue;  Paris,  Bepos; 
des  cantiques,  Te  Deum,  O  Salutaris,  et. 
Domine  Salvum,  à  voix  seule  avec  orgue, 
chez  lr  même  éditeur. 

POLLIEH  (Matthias),  chapelain-chanlrc 
de  la  cathédrale  d'Anvers,  vécut  dans  les  der- 
nières années  du  seizième  siècle  et  an  com- 


POLLIER  -  POLLUX 


9t 


mencement  du  dix-septième.  Il  a  publié  une 
collection  de  messes  des  maîtres  les  plus  célè- 
bres de  son  temps,  sous  ce  titre  :  Selectissi- 
viarum  Missarum  flores,  ex  prxslantissimis 
nostrx  xtatis  authoribus  quatuor,  quinque, 
sex  et  plurium  vocum,  collecti,  et  ad  ecclesiœ 
catholicx  usumordine  decenti  dispositi;  Ant- 
verpix  ex  typographia  musica  Pétri  Pha- 
/estï/1599,in-4°obl.Les  messes  contenues  dans 
ce  recueil  sont  :  1°  Missa  Cantabo  Domino,  à 
quatre  voix,  de  Viadana.  2°  Idem  Ad  placilum, 
à  quatre  voix,  d'Orlande  Lassus.  5°  IdemSi- 
cerdos  pontifex,  à  cinq  voix,  par  Pierluigi  de 
Palestrina.  4°  Idem  Sine  nomine,  à  cinq  voix, 
par  M.  Pollier.  5°  Idem  Sexti  toni,  à  cinq  voix, 
parOrl.  Lassus.  6°  Idem  Sagitta  Jonathse,  à 
six  voix,  parTiburce  Massaini.7°/dem  Primi 
toni,  à  six  voix,  par  J.-M.  Asola.  8°  IdemBe- 
cantabat,  à  huit  voix,  par  Jean  Croce. 

POLLEAI  (François),  naquit  en  1765,  à 
l.ayhach,  en  Illyrie,  appelé  Lubiana  par  les 
Italiens.  Après  avoir  appris  les  éléments  de  la 
musique  et  du  clavecin  darts  le  lieu  de  sa 
naissance,  il  se  rendit  à  Vienne  et  y  devint 
élève  de  Mozart,  qui  lui  a  dédié  un  rondo  pour 
piano  et  violon,  ainsi  qu'on  le  voit  par  le  ca- 
talogue imprimé  des  compositions  de  ce 
maître.  Fixé  à  Milan,  vers  1793,  il  y  trouva 
Zingarelli  qui  dirigea  ses  études  de  composi- 
tion. En  1798,  il  écrivit  pour  le  théâtre  de  la 
Canobbiana  Topera  bouffe  intitulé  la  Casetta 
nci  boschi,  et  le  50  avril  1801,  il  fit  chanter, 
au  théâtre  de  la  Scala,  la  cantate  II  Trionfo 
délia  pace,  à  l'occasion  de  la  paix  d'Amiens. 
Peu  de  temps  après,  Pollini  fit  un  voyage  à 
Paris,  et  y  publia,  chez  Érard,  trois  sonates 
pour  le  piano.  De  retour  à  Milan,  il  fut 
bientôt  après  nommé  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  de  cette  ville,  qui  venait  d'être 
institué.  C'est  pour  cet  établissement  qu'il 
écrivit  une  bonne  métho'de  de  piano  dont  la 
première  édition  a  paru  en  1812  chez  Ricordi. 
Ses  caprices,  ses  sonates,  ses  exercices  pour  le 
piano  étaient  recherchés  par  les  artistes  et  les 
amateurs.  C'est  dans  un  de  ces  morceaux,  in- 
titulé Unode'  trentadue  esercizi  in  forma  di 
toccata,  que  Pollini  donna  le  premier  exemple 
des  combinaisons  d'un  chant  suivi  avec  des 
traits  brillants  exécutés  par  les  deux  mains.  Ce 
morceau,  écrit  sur  trois  portées,  parut  en  1820. 
Dans  sa  lettre  de  dédicace  à  Meyerbeer,  Pollini 
s'exprime  ainsi  :  «  Je  nie  suis  proposé  d'offrir 
»  un  chant  simple  plus  ou  moins  large  et  de 
»  différents  caractères  combiné  avec  des  ac- 
»  compagnemenls  de  rhylhmes  variés,  afin  de 
»  faire  distinguer  avec  une  expression  pjiii- 


»'  culière  la  partie  du  chant  de  celle  qui  l'ac- 
»  compagne  (1).  «  Déjà  des  exemples  de  com- 
binaisons de  ce  genre  se  trouvaient  dans  une 
pièce  de  Clementi  et  d'autres  plus  remarqua- 
bles encore  dans  une  sonate  de  Beethoven;  mais 
non  d'une  manière  suivie,  et  comme  mani- 
festation d'un  système.  L'ouvrage  de  Pollini, 
au  contraire,  est  basé  sur  le  développement  de 
cette  idée.  Il  parait  que  c'est  le  même  ouvrage 
qui  a  fourni  à  Thalberg  l'indication  d'après 
laquelle  il  a  donné  à  son  talent  le  caractère 
tout  spécial  qu'on  lui  connaît,  et  qui  a  fait 
une  révolution  dans  l'art  de  jouer  du  piano 
(voyez  Thalberg).  Pollini  est  mort  à  Milan,  au 
mois  d'avril  1847,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
quatre  ans.  On  connaît  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  piano  seul  ;  Paris,  Érard. 
2°  Sonate,  caprice  et  variations  pour  deux 
pianos;  Milan,  Ricordi.  5°  Sonate  facile  pour 
piano  et  violon,  op.  3ô  ;  ibid.  4°  Introduction 
et  rondeau  pastoral  pour  le  piano  à  quatre 
mains;  ibid.  5°  Beaucoup  de  caprices,  de 
toccates,  de  rondeaux  et  de  fantaisies  publiées 
chez  le  même  éditeur.  6°  Des  variations  idem, 
ibid.  7°  La  méthode  de  piano  dont  il  a  donné 
une  seconde  édition  considérablement  aug- 
mentée ;  ibid.  Pollini  a  écrit  aussi  de  bonne 
musique  d'église;  mais  on  n'en  a  publié  qu'un 
Stabat  mater  en  langue  italienne,  pour 
sopra-no  et  contrallo,  avec  accompagnement 
de  deux  violons,  deux  violoncelles  et  orgue. 
Dans  la  musique  de  chambre,  son  chant  de 
Selma  pour  soprano,  tiré  des  poésies  d'Ossian, 
a  été  publié  et  a  obtenu  un  brillant  succès. 

POLLUX  (Jules),  grammairien  et  rhéteur 
grec,  naquit  à  Naucratis,  en  Egypte,  vers  la  fin 
du  règne  d'Adrien  (deuxième  siècle  de  l'ère 
chrétienne).  Il  vécut  quelque  temps  à  Rome,  y 
eut  des  succès  dans  l'art  oratoire,  et  fut  choisi 
par  Marc-Aurèle  pour  être  un  des  instituteurs 
de  son  fils  Commode.  Pollux  se  retira  ensuite 
à  Athènes,  où  il  mourut  à  l'âge  de  cinquante- 
huit  ans,  dans  les  premières  années  du  troi- 
sième siècle  de  l'ère  chrétienne.  On  lui  doit 
une  sorte  de  Lexique  grec,  intitulé  Onoma- 
sticon,  où  les  mois  sont  rangés  par  ordre 
d'analogie.  Cet  ouvrage  estdivisé  en  sixlivres: 
il  traite  de  la  musique  et  des  inslrumentsdans 
le  4e  chapitre  du  second  livre,  et  dans  les  7e, 
8e,  9e,  10e  et  11e  du  quatrième.  La  meilleure 
édition  ancienne  de  ce  livre  est  celle  queLe- 

(1)  Io  mi  proposi  di  offrire  un  canto  semplicc,  pià 
o  mena  spianato  e  di  différente  carattere  combinato  con 
aceompagnamenti  di  rilmi  variai),  e  di  condurre  a  dis- 
tinguere  ion  una  partieolare  espressione  e  tocco  la  parle 
det  cauiu  da  c/ncllo  c/ie  lo  accompatjnano. 


9t> 


POLLtlX  -  PONCHARD 


derlin  el  Hemsterhuys  ont  publiée  à  Amsler- 
clam,  chez  Wettstein,  en  1706,  2  vol.  in-fol. 
Il  en  a  été  donné  une  très-correcte  par  Emma- 
nuel Bekker,  à  Berlin,  en  1846,  2  vol.  in-8°. 

POLTZ  (Jean),  né  à  Lubeck,  le  4  décembre 
1060,  fit  ses  études  à  l'université  de  Witten- 
berg,  fut  co-recleur  dans  sa  ville  natale,  en 
1G89,  puis  recteur  en  1694,  et  enfin  pasteur  à 
Preetzen,  où  il  mourut  le  18  octobre  1705.  Il 
a  fait  imprimer  une  dissertation  intitulée  :  De 
Harmonica  musica,  Wittenberg,  1679,  in-4° 
de  vingt-huit  pages. 

POLYMNESTES  DE  COLOPHON, 
musicien  grec,  était  fils  de  Mélès,  citoyen  de 
Colophon,  ville  d'Ionie  ,  célèbre  par  ses 
oracles.  Il  parait  avoir  vécu  après  Terpandre 
et  Clonas.  Plularque  dit  qu'il  travaillait  dans 
le  même  genre  de  poésie  musical'-  que  ces 
deux  musiciens,  c'est-à-dire,  qu'il  composait 
des  airs  de  flûte,  des  prosodies,  des  chants 
élégiaques,  et  des  épiques.  Ses  airs  de  flûte 
s'appelaient  de  son  nom  poiymnestiens  ou  po- 
lymiiasliens.  Le  même  auteur  compte  Polym- 
nesles  parmi  ceux  qui  firent  à  Lacédémone  le 
second  établissement  de  la  musique,  et  qui  in- 
troduisirent dans  cette  ville,  en  Arcadie  et 
dans  Argos,  plusieurs  danses  nouvelles;  enfin, 
il  lui  attribue  des  airs  de  flûte  appelés  ort  hiens, 
auxquels  il  joignit  la  mélopée  ou  la  musique 
vocale. 

PONCE  (Nicolas),  graveur  et  littérateur, 
né  à  Paris,  le  12  mars  1746,  mort  en  cette 
ville,  le  21  mars  1851,  a  fait  insérer  dans  le 
recueil  intitulé  Les  quatre  Saisons  du  Par- 
nasse (troisième  partie,  p.  264  et  suivantes), 
un  fragment  Sur  les  cotises  des  progrès  et 
de  la  décadence  de  la  musique  chez  les 
Crées. 

PONCHARD  (Antoine),  né  en  1758,  à 
Bussu,  près  de  Péronne  (Picardie),  perdit  son 
père  un  an  après  sa  naissance.  Sa  mère, 
femme  intelligente,  ayant  remarqué  ses  heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique,  lorsqu'il 
eut  atteint  l'âge  de  sept  ans,  le  fit  entrer 
comme  enfant  de  chœur  à  l'église  principale 
de  Péronne,  où  il  fit  ses  études  littéraires  et 
musicales  ;  puis  il  alla  les  achever  à  la  cathé- 
drale de  Liège,  particulièrement  pour  la  com- 
position. Rentré  en  France,  il  obtint  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  l'église  de  Saint-Malo, 
qu'il  abandonna  ensuite  pour  la  même  posi- 
tion à  la  cathédrale  de  Bourges.  Plus  tard,  il 
l'ut  appelé  à  Auxerre  pour  y  remplir  les 
mêmes  fondions.  Arrivé  à  Paris,  il  s'y  maria 
en  17X6,  et  dans  l'année  suivante, ^  il  alla 
s'établir  à  Pont-Ic-Voy,  oit  il  eut  l'en  ploi  de 


professeur  de  musique  du  collège  royal.  Cinq 
ans  après,  les  événements  de  la  révolution 
ayant  dispersé  les  ecclésiastiques  qui  diri- 
geaient ce  collège,  Ponchard  se  trouva  sans 
emploi  et  se  retira  d'abord  à  Blois,  puis  au 
village  de  Mareuil,  dont  il  avait  été  nommé 
maître  d'école.  Plus  tard,  il  reçut  sa  nomina- 
tion de  receveur  des  contributions  de  l'arron- 
dissement d'Auxerre  et  retourna  dans  cette 
ville  avec  sa  femme  et  ses  enfants  ;  mais  étran- 
ger aux  connaissances  administratives  et  tou- 
jours artiste  de  cœur,  il  donna  sa  démission 
pour  se  faire  chef  d'orchestre  d'une  troupe 
dramatique  venue  à  Auxerre  et  qu'il  suivit  à 
Chalon-sur-Saône,  puis  à  Tournon.  En  1805, 
il  s'établit  à  Lyon,  y  dirigea  l'orchestre  du 
Grand-Théâtre  et  s'y  fit  connaître  comme  ar- 
tiste de  talent.  Ses  fils  ayant  achevé  leur  édu- 
cation, furent  admis  au  Conservatoire  de 
Paris,  en  1808.  Après  les  heureux  débuts  de 
celui  qui  est  l'objet  de  la  notice  suivante,  son 
père  voulut  jouir  de  ses  succès  et  alla  se  fixer 
à  Paris,  en  1815;  deux  ans  après,  il- y  obtint  la 
place  de  maitre  de  chapelle  de  Saint-Euslache. 
Ce  fut  dans  cette  position  qu'il  acheva  pai- 
siblement sa  carrière.  Il  mourut  au  mois  de 
septembre  1827-,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans. 
Ponchard  a  laissé  en  manuscrit  les  ouvrages 
dont  voici  la  liste:  1°  Messe  solennelle  à  quatre 
voix,  orchestre  et  orgue  (en  si  bémol).  2°  Messe 
de  Requiem  idem,  considérée  comme  sa  meil- 
leure production.  5°  Messe  solennelle  à  quatre 
voix  et  orchestre  (en  ré).  4°  Messe  à  quatre 
voix  et  orgue  (en  si  mineur).  5°  Messe  brève 
pour  la  commémoration  des  morts.  6"  Credo 
(en  /a),  pour  six  voix  concertantes.  7°  Offer- 
toire pour  le  jour  de  Pâques,  à  quatre  voix  et 
orchestre.  8°  Domine  salvum  fac  regem  pour 
chœur  et  orchestre.  9°  Idem,  pour  quatre 
voix  et  orgue.  10°  Idem,  pour  un  chœur  à  cinq 
voix  sans  accompagnement.  11°  Credo  à  trois 
voix.  12°  O  Salutaris  à  quatre  voix  seules. 
13"  Idem,  à  quatre  voix  et  orchestre.  14"  Idem 
avec  quatuor  d'instruments  à  cordes.  15°  Idem 
à  deux  voix  et  orgue  suivi  d'un  Privât  in 
a'iernum.  16°  Cantate  pour  la  naissance  du 
roi  de  Rome. 

PONCHARD    (jEAN-FnÉDKIWC-AUGUSTE), 

fils  du  précédent,  est  né  à  Paris,  le  8  juillet 
1789.  Il  commença  l'étude  de  la  musique  à 
Auxerre  et  la  continua  à  Lyon,  où  il  entra  à 
l'orchestre  du  Grand-Théâtre,  en  qualité  de 
violoniste;  mais  ses  heureuses  dispositions 
pour  le  chant  lui  firent  quitter  celle  position 
pour  entrer  au  pensionnat  du  Conservatoire 
de  musique  de  Paris,  où  il  lui  admis  comme 


PONCIIARD  —  rONIATOWSKI 


93 


élève,  le  13  juillet  1808.  Après  y  avoir  fait  des 
études  préparatoires  de  vocalisation,  il  reçut 
des  leçons  de  Garât,  et  brilla  dans  les  con- 
certs du  Conservatoire,  pendant  les  années 
1810  et  1811.  Le  17  juillet  1812,  il  débuta  à 
l'Opéra- Comique,  dans  l'Ami  de  la  maison  et 
dans  le  Tableau  parlant,  opéras  de  Grétry. 
Bien  que  sa  taille  et  son  extérieur  n'eussent 
rien  d'avantageux  pour  la  scène,  et  que  le 
timbre  de  sa  voix  fût  d'une  qualité  médiocre, 
il  fut  applaudi  par  les  connaisseurs,  à  cause 
de  l'expression  de  son  chant,  de  son  profond 
sentiment  de  la  musique,  de  sa  bonne  vocali- 
sation et  du  goût  des  ornements  de  son  chant. 
Avant  lui,  il  y  avait  eu  de  belles  voix  et  d'ex- 
cellents acteurs  à  l'Opéra-Comique;  mais  il 
fut  le  premier  qui  y  introduisit  l'art  véritable 
du  chant.  Son  habileté  le  fit  souvent  lutter 
avec  avantage  contre  la  belle  voix,  la  verve  et 
la  réputation  de  Martin  (voyez  ce  nom),  par- 
ticulièrement dans  Picaros  et  Diego.  Quel- 
ques pièces  de  l'ancien  répertoire,  telles  que 
Zémire  et  Azor,  les  Evénements  imprévus; 
et  parmi  les  nouveaux  ouvrages  :  le  Chaperon 
rouge,  la  Dame  blanche  et  Mazaniello\e  pla- 
cèrent, vers  la  fin  de  sa  carrière  dramatique, 
à  la  tête  des  meilleurs  chanteurs  de  l'Opéra- 
Comique.  Retiré  du  théâtre  en  1834,  avec  la 
pension  acquise  par  ses  services  pendant 
vingt-deux  ans,  il  s'est  livré  depuis  lors  à  l'en- 
seignement du  chant.  Déjà  il  avait  été  nommé 
professeur  au  Conservatoire  pour  cette  partie 
de  l'art,  en  1819;  il  y  forma  de  bons  élèves, 
au  nombre  desquels  on  remarque  son  fils.  Per- 
sonne n'a  chanté  d'une  manière  plus  tou- 
chante le  cantabile  et  la  romance  :  on  se  sou- 
vient encore  de  l'impression  profonde  que 
produisait  cet  artiste  dans  l'air  de  Zémire  et 
Azor  :  Du  moment  qu'on  aime,  et  surtout 
dans  l'air  des  Abencérages  de  Cherubini,  qu'il 
chanta  plusieurs  fois  aux  concerts  du  Conser- 
vatoire, et  dans  lequel  il  émut  toujours  l'au- 
ditoire jusqu'à  l'enthousiasme. 

PONCHARD  (Marie- Sophie  CAL- 
LAULT),  femme  du  précédent,  née  à  Paris, 
le  30  mai  1792,  entra  d'abord  au  Conserva- 
toire de  musique,  comme  élève  externe,  au 
mois  de  mars  1806,  puis  fut  reçue  au  pen- 
sionnat de  chant  de  cette  école,  et  y  reçut  des 
leçons  de  Garât.  Après  avoir  brillé,  en  1817, 
au  théâtre  de  Rouen,  elle  entra  à  l'Opéra-Co- 
mique l'année  suivante.  D'abord  assez  froide- 
ment accueillie,  à  cause  de  l'excessive  timidité 
qui  paralysait  son  incontestable  habileté  dans 
l'art  du  chant,  elle  obtint  plus  tard  des  succès 
dans  quelques  opéras  où  celle  habileté  pouvait 


se  développer  avec  avantage,  particulière- 
ment dans  le  Cheval  de  bronze,  d'Auber,  où 
elle  fut  applaudie  avec  enthousiasme.  Retirée 
de  l'Opéra-Comique,  en  1836,  elle  a  encore 
chanté  avec  succès,  pendant  celte  année,  au 
théâtre  de  Rouen,  mais  l'année  suivante  elle 
est  rentrée  dans  la  vie  privée. 

POISIATOWSKI  (Joseph-Michel-Xa- 
vie.i-François-Jean,  prince),  petit-neveu  de 
Stanislas  II,  dernier  roi  de  Pologne,  est  né  à 
Rome,  non  le  20  mars,  comme  il  est  dit  dans 
plusieurs  notices,  mais  le  20  février  1816.  Dès 
ses  premières  années,  il  montra  d'heureuses 
dispositions  pourla  musique,  dont  les  premiers 
éléments  lui  furent  enseignés  par  un  prêtre, 
nommé  Candido  Zanetti.  A  l'âge  de  huit  ans, 
ses  progrès  avaient  été  assez  rapides  pour 
qu'il  pût  jouer  avec  succès  des  variations  de 
piano  dans  un  concert.  Peu  de  temps  après, 
sa  famille  alla  s'établir  à  Florence,  et  le  jeune 
prince  fut  placé  dans  un  collège  pour  y  faire 
ses  éludes.  A  dix-sepl  ans,  il  y  obtint  le  pre- 
mier prix  de  mathématiques.  Sorti  de  cette  in- 
stitution, il  se  livra  sans  réserve  à  Ja  culture 
de  l'art  pour  lequel  il  sentait  qu'il  était  né, 
étudia  le  chant,  et  reçut,  des  leçons  de  compo- 
silionde Ferdinand  Cevecchini,  maitre-*de  cha- 
pelle d'une  des  églises  de  Florence. Douéd'unc 
belle  voix  de  ténor  et  devenu  chanteur  habile, 
il  ne  dédaigna  pas  de  se  fairo  entendre  sur  le 
théâtre  del  Giglio,  à  Lucques,  puis  à  celui  de 
la  Pergola,  à  Florence.  Parvenu  à  l'âge  de 
vingt-deux  ans,  il  voulut  essayer  ses  forces 
dans  la  composition  d'un  opéra  et  arrangea 
pour  la  scène  lyrique  la  tragédie  de  Niccolini, 
Jean  Procida,  dont  il  écrivit  rapidement  la 
partition.  L'ouvrage  fut  joué,  en  1858,  au 
théâtre  Standish,  à  Florence,  et  le  prince  y 
chanta  le  rôle  du  ténor.  Le  bon  accueil  fait  à 
cette  première  production  eut  assez  d'éclat 
pour  que  Jean  Procida  fût  demandé  à  l'au- 
teur pour  le  théâtre  de  Lucques,  où  le  succès 
ne  fut  pas  contesté.  L'opéra  bouffe  Don  De- 
siderio,  composé  par  le  prince  Poniatowski, 
dans  l'année  suivante,  fut  joué  d'abord  à 
Pise,  où  il  fut  applaudi  avec  enthousiasme  et 
n'eut  pas  moins  de  succès  à  Venise,  à  Bologne, 
à  Livourne,  à  Milan,  à  Rome,  à  Naples  et  à 
Palerme.  Dix-huit  ans  après,  cet  ouvrage  eut 
un  sort  non  moins  heureux  au  Théâtre  italien 
de  Paris.  Ruy  Blas,  donné  par  le  prince,  an 
théâtre  de  Lucques,  en  1842,  eut  une  chute  à 
peu  près  complète,  quoiqu'il  eût  été  très-bien 
chanté  par  la  Frezzolini,  Poggi  et  le  baryton 
Collini.  Le  compositeur-amateur  se  releva  par 
le  succès  complet  de  Bonifazio  dei  Geremci, 


94 


P0NIAT0WSK1  —  PONTÉCOULANT 


représenté  à  Rome,  en  1844,  puis  à  Aucune, 
à  Livourne,  à  Gênes  et  à  Venise.  /  Lamber- 
tazzi,  opéra  joué  à  Florence,  en  1845,  n'eut 
que  deux  représentations;  mais  Mahk-Adel, 
opéra  sérieux  en  trois  actes,  fut  plus  heureux 
à  Gènes,  dans  l'année  suivante.  Les  alterna- 
tives de  succès  et  de  chutes  semblaient  être 
dans  la  destinée  dramatique  du  prince  Ponia- 
lowski,  car  laSposa  d'slbido  tomba  à  plat  à 
Venise,  et  fut  suivie  d' Es  mer  aida,  représentée 
à  Livourhe,  en  1847,  et  qui  réussit.  Après  les 
événements  politiques  de  1848,  le  grand-duc 
de  Toscane  a  nommé  le  prince  Poniatowski 
son  ministre  plénipotentiaire  à  Paris.  Fixé  de- 
puis lors  dans  celle  ville,  le  prince  a  été  na- 
turalisé français  et  l'empereur  Napoléon  III 
l'a  fait  sénateur.  Toutefois,  les  affaires  ne  lui 
ont  pas  fait  oublier 'l'art;  en  18G0,  il  a  donné, 
à  l'Opéra,  Pierre  deMédicis,  en  quatre  actes, 
dans  lequel  il  y  a  de  belles  choses,  parti- 
culièrement au  quatrième  actes,  et  à  l'Opéra 
comique,  Au  travers  du  mur,  en  un  acte. 

PONS  (D.  José),  musicien  espagnol,  naquit 
à  Gerono,  en  17G8.  Il  fit  ses  éludes  musicales 
sous  la  direction  de  D.  Jaime  Balins,  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Cordoue.  Pons 
était  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Gerono  lorsque,  en  1 795,  il  obtint,  au  concours, 
la  place  de  mailre  de  chapelle  de  l'église  mé- 
tropolitaine de  Valence.  Il  mourut  dans  celle 
position,  en  1818.  Le  genre  de  composition 
dans  lequel  ce  mailre  s'est  particulièrement 
distingué,  est  celui  des  Filhancicos ,  ou 
chants  de  Noël,  avec  orchestre,  et  des  Mi- 
serere pour  la  semaine  sainte.  Il  en  a  fait  de 
véritables  drames  bibliques,  quj  ont  obtenu  un 
grand  succès  dans  toute  l'Espagne.  Pons  a 
composé  aussi  des  Filhancicos  avec  orgue, 
qui  sont  encore  chantés  dans  la  plupart  des 
églises  de  sa  patrie.  Cet  artiste,  dit  M.  Eslava 
(voyez  ce  nom)  est  le  véritable  représentant 
de  l'école  catalane,  dont  les  traditions  sont  en- 
tièrement différentes  de  celles  de  l'école  valen- 
oaise,  dans  laquelle  le  style  classique  a  tou- 
jours été  cultivé. 

POINTAC  (D.  Diego),  prêtre  espagnol,  vé- 
cut au  milieu  du  dix-septièmesiècle.  Il  occupa 
d'abord  la  place  de  mailre  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Grenade.  En  1044,  il  fut  appelé 
à  exercer  les  mêmes  fondions  à  l'église  mé- 
tropolitaine de  Santiago  de  Galice.  Le  7  sep- 
tembre 1G49,  il  abandonna  cette  position  pour 
celle  de  maître  de  chapelle  de  la  Seu  de  Sara- 
gosse  ;  enfin,  en  1G60,  il  oblinlla  direction  de 
ta  chapelle  de  l'église  métropolitaine  «le  Va- 
lence, qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort.  Le  petit 


nombre  de  productions  que  ce  maître  a  écrites 
pour  l'église  se  trouve  en  manuscrit  à  La 
chapelle  royale  de  Madrid  et  au  monastère  de 
VEscorial.  M.  Eslava  a  publié  une  messe  à 
quatre  voix  de  Pontac,dans  le  premier  volume 
de  la  deuxième  série  (dix-septième  siècle)  de 
sa  collection  intitulée  :  Lira  sacro-liispana. 

PONTE  (Jacoues  DE),  compositeur  du 
seizième  siècle,  est  connu  par  un  recueil  inti- 
tulé :  Citiquanta  stanze  dal  Betnbo  conmu- 
sica  a  quattro  roci ;  Venise,  1558.  Dans  le 
rarissime  recueil  intitulé:  Evangelia  Domi- 
nicorum  et  festorum  dierum,  musicis  nu- 
meris  pulcherrime  comprehensa  et  ornata 
quatuor,  quinque,  sex  et  plurium  vocum, 
lomi  sex,  etc.  (Nuremberg,  Jean  Monlanus 
et  Ulrich  Neuber,  1556),  on  trouve,  t.  III, 
n°  2G,  de  Jacques  de  Ponte,  l'évangile  Cœ- 
nantibus  Mis  accepit  Jésus  panem,  à  quatre 
voix.  Le  rédacteur  du  catalogue  de  la  musique 
de  la  Bibliothèque  royale  de  Munich  traduit 
de  Ponte  par  Dupont,  d'après  un  recueil  de 
motets  publié  à  Anvers,  sous  ce  litre  :  Qua- 
tuor  vocum  musicx  modulationes  numéro 
XXVI ,  ex  optimis  auctoribus  diligenter 
selectx  prorsus  novx,  etc.  ;  Jntverpix,  apud 
Guilielmun  rissenacum  ,  1542.  On  y  trouve 
deux  motels  qui  portent  en  tête  :  Jacobus  Du 
Pont.  Si  tel  était  son  nom,  les  Italiens  l'on 
changé  en  de.  Ponte  pendant  le  séjour  que 
l'artiste  parait  avoir  fait  dans  la  péninsule 
italique. 

PONTE  (Adam  DE),  chanteur  de  la  cha- 
pelle impériale  sous  le  règne  de  Ferdinand  Ier, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  On  n'a  pas  de  renseignements  sur  sa 
pairie  :  si,  ce  qui  est  assez  vraisemblable,  son 
nom  était  Du  Pont,  ou  Dupont,  il  aurait  été 
Belge  ou  Français.  C'est  à  cet  artiste  qu'ap- 
partiennent quatre  molels  à  quatre  et  cinq 
voix  qui  se  trouvent  dans  )eNovus  Thésaurus 
musicus,  de  Pierre  Joannelli,  et  que  j'ai  at- 
tribués par  erreur  à  Jacques  de  Ponte,  dans 
la  première  édition  de  celte  Biographie. 

POINTÉCOULANT  (Louis-Adolphe  LE 
DOULCET,  comte  DE),  né  à  Paris, en  1794, 
est  fils  du  comte  de  Ponlécoulant,  qui  fut  le 
premier  préfet  du  déparlement  de  la  Dyle, 
puis  sénateur  et  pair  de  France.  Entré  à  l'école 
militaire  de  Saint-Cyr,  il  en  sortit,  en  1812, 
pour  faire  la  campagne  de  Russie.  Dans  la  re- 
traite désastreuse  de  l'armée  française,  il  fui 
fait  prisonnier  au  combat  de  Paroutina  et 
passa  deux  ans  dans  le  gouvernement  d'Orcn- 
bourg,  visitant  les  bords  de  l'Oural.  Rentré  en 
Franco,  à  la  lin  de  1814,  il  lit  la  campagne  de 


PONTÉCOULANT  -  PONZIO 


35 


1815,  et  fut  chargé,  après  la  bataille  de  Wa- 
terloo, de  l'organisation  et  du  commandement 
de  la  levée  en  masse  du  département  de  la 
Haute-Saône.  Parti  pour  l'Amérique  après  la 
seconde  restauration,  il  prit  part  à  la  révolu- 
tion de  Fernambouc  (Brésil),  et  fut  condamné 
la  peine  capitale,  mais  parvint  à  s'évader.  De 
retour  à  Paris,  après  sept  années  d'absence,  il 
se  fit  recevoir  bachelier  es  sciences  et  suivit 
les  cours  de  droit.  En  1825,  il  fut  nommé  exa- 
minateur des  livres  au  ministère  de  l'inté- 
rieur. Après  la  révolution  de  Belgique,  en 
1830,  Pontécoulant  se  souvint  des  années  de 
son  enfance  passées  dans  ce  pays,  et  vint,  avec 
un  corps  de  volontaires  organisé  par  lui,  sous 
le  nom  de  tirailleurs  belges  partisans ,  of- 
frir ses  services  au  gouvernement  provisoire 
établi  à  Bruxelles.  Dès  son  arrivée,  il  fut 
nommé  aide  de  camp  du  général  Van  Halen, 
reçut  l'ordre  de  se  rendre  àGandet  d'y  prendre 
le  commandement  de  toutes  les  forces  actives 
disséminées  dans  les  deux  Flandres.  Il  rendit 
d'importants  services  dans  les  émeutes  popu- 
laires de  ces  provinces,  se  trouva  comme  vo- 
lontaire à  labatailledeLouvainely  fut  blessé. 
Après  1831 ,  il  rentra  en  France,  reprit  ses 
études,  et,  depuis  lors,  il  ne  s'est  plus  occupé 
que  de  sciences  et  de  littérature.  Il  prit  part  à 
la  rédaction  de  V Encyclopédie  des  gens  du 
monde,  de  V Encyclopédie  nouvelle,  de  l'En- 
cyclopédie catholique  et  de  V Encyclopédie  du 
XIXe  siècle;  le  nombre  de  grands  articles 
qu'il  y  a  fait  insérer  est  très-considérable  : 
ceux  qui  concernent  l'astronomie  forme- 
raient seuls  un  cours  complet  de  cette 
science. 

En  1857,  M.  de  Pontécoulant  commença  à 
s'occuper  spécialement  de  l'histoire  de  la  mu- 
sique dans  l'antiquité,  de  l'acoustique  et  de  la 
théorie  de  la  construction  des  instruments.  Il 
fournit  un  certain  nombre  d'articles  sur  ces 
divers  sujets  à  la  Gazette  musicale  de  Paris, 
puis  à  la  France  musicale  :  il  est  maintenant 
(1864)  attaché  à  la  rédaction  du  journal  heb- 
domadaire YArt  musical.  Il  a  été  spéciale- 
ment chargé  de  l'examen  des  instruments  de 
musique  aux  expositions  industrielles,  pour 
ces  écrits  périodiques.  Il  a  publié  un  livre  in- 
titulé :  Essai  sur  la  facture  instrumentale 
considérée  dans  ses  rapports  avec  Vart,  Vin- 
dustrie  et  le  commerce;  Paris,  1857,  un  vo- 
lume grand  in-8°.  Le  même  ouvrage,  aug- 
menté d'un  deuxième  volume  de  six  cent 
quatre-vingt-six  pages,  a  été  reproduit  sous 
ce  titre  :  Organographie.  Essai'sur  la  fac- 
ture instrumentale.  Art,  industrie  et  com- 


merce;  Paris,  Castel,  18G1,  deux  volumes  gr. 
in-8°.  Ce  livre  renferme  une  multitude  de 
renseignements  aussi  curieux  qu'utiles  sur 
tous  les  genres  de  fabrications  d'instruments, 
les  inventions  et  perfectionnements,  les  bre- 
vets obtenus  dans  tous  les  pays,  et  le  com- 
merce de  ces  objets.  On  a  aussi  de  M.  de  Pon- 
técoulant :  Douze  jours  à  Londres.  Voyage 
d'un  mélomane  à  travers  l'exposition  uni- 
verselle; Paris,  Frédéric-Henri,  1862,  un  vo- 
lume in-12de  trois  cent  vingt-huit  pages.  Ce 
volume  contient  une  appréciation  du  mérite 
des  instruments  placés  à  l'exposition  interna- 
tionale de  Londres,  en  1862. 

PONTEL1BERO  (Ferdinand),  surnommé 
AJUTAISTINI,  compositeur  et  violoniste, 
élève  de  Rolla,  vécut  à  Milan  depuis  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle  jusque 
vers  1820.  En  1806,  il  fit  un  voyage  à  Paris, 
et  y  fit  graver  quelques  œuvres  de  musique 
instrumentale.  Il  a  écrit,  pour  le  théâtre  de  la 
Scala,  la  musique  des  ballets  dont  les  titres 
suivent  :  1°  Zulima,  en  1800.  2°  Sadak  e 
Kalasrod,  1801.  3°  Il  Sacrifizio  di  C'urzio, 
1805.  4°  Alcina  e  Ruggiero,  1805.  5°  Cam- 
bise  in  Egilto,  1807.  6°  Le  premier  acte  de 
la  Morte  di  Whaytsong ,  1809.  7°  Divertisse- 
ment exécuté  le  15  mai  1815.  Pontelibero  a 
mis  en  musique,  pour  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano,  soixante-six  octaves  de 
la  Jérusalem  délivrée,  divisées  en  quatre  li- 
vraisons; Milan,  Ricordi.  Enfin,  il  a  publié  à 
Paris,  chez  Carli  :  1°  Trois  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  4.  2°  Trois 
trios  pour  deux  violons  et  violoncelle,  op.  3. 
3°  Trois  duos  pour  deux  violons,  op.  2. 

POIVTHUS  (....),  bon  facteur  d'inslru-  • 
ments  à  vent,  travaillait  à  Mâcon,  dans  la 
première  moitié  dudix-seplième  siècle.  Il  était 
particulièrement  renommé  pour  le  fini  et  la 
perfection  de  ses  musettes  (voyez  le  Traité  de 
la  musette,  de  Borjon,  p.  39). 

PONTHUS  DE  TU  YARD.  Voyez 
ÏHYARD. 

PONTIUS  (François).  On  a  sous  ce  nom 
d'un  écrivain  inconnu  :  Problemata  de  mu- 
sica  XVII;  Venise,  1559,  in-4°. 

PONZIO  (Pierre),  compositeur  et  théori- 
cien, naquit  à  Parme,  le  25  mars  1532,  et  fut 
nommé  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Bergame,  vers  1570.  Il  s'attacha  ensuite  à 
Girolamo  Cornazzano,  chevalier  du  roi  de 
Portugal,  puis  il  passa  au  service  de  l'église 
Saint-Ambroise  de  Milan,  où  il  se  trouvait 
en  1581.  Enfin  de  retour  dans  sa  ville  natale,  il 
y  obtint  la  direction  de  la  chapelle  de  la  Stcc- 


96 


P0NZ10  -  PORPHYRE 


cala,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  27  décembre  1596.  Ses  compositions,  consis- 
tant en  messes  et  motets,  sont  :  1°  Missurum 
4  voc.  liber  primus  :  Venise,  1578.  2°  Lib.  I. 
Missarum  quinque  vocibus;  Venise,  1580. 
3°  Lib.  2.  Missarum  quinque  vocibus,  Ve- 
nise, 1581,  in-4Q.4°  Psalmivespertini  totius 
anni;  Venise,  1578,in-4°.  5°  Motettorumcum 
quinque  vocibus  lib.  I;  Venise,  1582,  in-4°. 
G0  Lib.  2.  Missarum  4  voc;  ibid.,  1584,  in-4°. 
7°  Magnificat,  lib.  I;   ibid.,   1584,    in-4°. 
8°  Missarum  quinque  vocibus,  lib.  5;  ibid., 
1585,   in-4°.    9U  Psalmi  vesperarum  totius 
anni  4  toc;  ibid.,  1589,  in-4°.  10°  MisssG, 
8  voc;  ibid.,  1590.  Il9  Hymni  solemniores 
ad  vespertinas  horas  canendi;  ibid.,  1596, 
in-4°.   Ce    musicien    est   aujourd'hui   moins 
connu  par  ses  compositions  que  par  ses  écrits 
didactiques,  dont  les  titres  sont  :  1°  Ragiona- 
menti  di  musica,  ove  si  tratta  de'  passagi 
délie  consonanzie  e  dissonanzie  buoni  e  non 
buoni,  e  del  modo  di  far  motetti,  messe, 
salmi,   et  altre    compositioni,    e    d'alcuni 
avverlimenti  per  il  contrapuntista  e  compo- 
sitore,  et  altre  cose  pertinenti  alla  musica; 
Parme,  1588,  in-4°.  2°  Dialogo  ove  si  tratta 
délia  teorica  eprattica  di  musica,  etanco  si 
mostra  la  diversité  di  contrapunti  e  canoni; 
Parme,  1595,  in-4°.  Il  a  paru  une  deuxième 
édition  de  ce  livre,  à  Parme,  1603,  in-4°.  Ce 
n'est  guère  qu'un  extrait    des   ouvrages   de 
Zarlina,  mais  assez  bien  fait.  Forkel  cite  aussi 
une  édition  de  ce  dialogue  datée  de  Parme, 
1591,  in-4»  (A  llgem.  LUI.  derMusik,p.  420); 
mais  le  père  Affo,  qui  a  donné  une  notice  sur 
Ponzio,  dans  ses  recherches  sur  les  écrivains 
de  Parme  (tome  IV,  page  199),  et  à  qui  l'on 
doit  une  liste  bien  faite  de  ses  œuvres,  indique 
l'édition  de  1595  comme  la  première. 

POINZIO  (....),  compositeur  dramatique, 
né  à  Naples,  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  a  fait  représenter  à  Venise, 
en  1706,  son  opéra  sérieux  intitulé  :  Arta- 
serse. 

POOL  ou  POOLE  (Mathieu),  savant  non 
conformiste,  né  à  York,  en  1624,  mourut  en 
Hollande  dans  l'année  1679.  On  a  de  lui  un 
sermon  dirigé  contre  l'usage  de  l'orgue  et  des 
instruments  dans  l'église,  qui  a  paru  sous  ce 
litre  :  Evangelical  tvorsliip,  us  it  was  dis- 
cussed  in  a  sermon  on  John  lf,  23,  24; 
Londres,  1660,  in-4°.  Une  deuxième  édition  a 
été  publiée  dans  la  même  année,  également 
in -4°.  Il  en  a  paru  une  troisième  sous  ce 
titre  :  A  Reverse  lo  M.  Oliver's  sermon  of 
spiritual  worsliip;  Londres,  1698,  in -4'. 


POPPE  (Jean-Wenceslas),  religieux  bo- 
hémien de  l'ordre  des  frères  de  la  Croix,  était 
compositeur,  et  a  écrit  un  Te  Deum  pour  le 
jubilé  de  la  canonisation  de  saint  Jean  Népo- 
mucène,  en  1728.  11  est  mort  deux  ans  après. 
On  a  publié  à  Berlin  quelques  antiennes  de  ce 
compositeur,  sous  ce  titre  :Kirchenmusik  fur 
4  Singslimmen  und  Orgel. 

POPPE  (....),  bon  facteur  d'orgues  à  Roda, 
dans  la  Saxe,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
a  construit  en  1797,  dans  l'église  de  la  ville, 
un  bon  instrument  à  deux  claviers,  pédale  et 
vingt-sept  jeux,  dont  on  trouve  la  description 
dans  le  Traité  de  musique  théorique  de 
Klein,  p.  187. 

POIICEL  (François),  ténor  et  compositeur 
espagnol,  né  à  Bilbao,  en  1816,  a  chanté  de- 
puis 1840  jusqu'en  1847  à  Pampelune,  San- 
tander,  Tarragone,  Valladolid,  Victoria  et 
Saragosse.  Son  premier  opéra,  intitulé  El 
Trovador,  fut  représenté  à  Pampelune,  en 
1842.  Deux  ans  après,  il  donna  à  la  Corogne 
Rosamunda  en  Ravenna,  qui  fut  joué  ensuite 
à  Tarragone  avec  succès. 

La  femme  de  cet  artiste,  madame  Mas- 
Porcel,  cantatrice  de  quelque  talent,  a  chanté 
sur  les  mêmes  scènes  que  son  mari. 

POIIDEÎNOINE  (Marc-Antoine),  neveu  du 
célèbre  peintre  de  ce  nom,  qui  fut  son  parrain 
naquit  à  Venise  et  se  distingua  comme  luthiste 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  a  publié 
de  sa  composition  deux  livres  de  madrigaux  à 
cinq  voix,  à  Venise,  chez  Gardane,  en  1567, 
in-4°.  Le  troisième  livre  de  ces  madrigaux  à 
cinq  voix  a  paru  chez  le  même  éditeur,  en 
1571,  et  le  quatrième  livre  en  1573.  On  con- 
naît aussi  de  Pordenone  :  Madrigali  a  quuttro 
voci,  ibid.,  1580,  in-4°. 

POKFIlll (Pierre),  compositeur  et  maître 
de  chapelle  de  l'église  collégiale  de  Saint- 
Nicolas  in  Fabriano,  à  Bologne,  naquit  à 
Venise,  vers  1650.  En  1687,  il  donna  dans  cette 
ville  l'opéra  de  Zenocrate  ambasciatore  ai 
Macedoni.  On  connaît  aussi  de  lui  :  Cantate 
da  caméra  a  voce  sola,  op.  1  ;  Bologne,  1699, 
en  partition,  in-4°  oblong. 

PORLETTI  (Modeste),  membre  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Turin,  a  fait  insérer 
dans  les  mémoires  de  cette  société  savante 
(1805-1808,  part.  1, p.  141-159)  des  Recher- 
ches sur  l'influence  que  la  lumière  exerce 
sur  la  propagation  du  son. 

POKI'llYllE,  écrivain  grec  et  philosophe 
de  l'école  néoplalonique,  naquit  en  233,  à  Bé- 
tanée,  dans  la  Syrie.  Son  nom  véritable  était 
MAI.Ciil  S;  il  le  traduisit  lui-même  en  grec. 


PORPHYRE  —  PURPURA 


97 


Ses  mailres  dans  la  grammaire,  la  rhétorique 
et  la  philosophie  fuient  Longin  et  Plotin.  II 
était  âgé  de  trente  ans  lorsqu'il  alla  rejoindre 
ce  dernier  à  Rome,  en  253,  et  pendant  six  ans 
il  suivit  ses  leçons.  Un  accès  de  mélancolie 
l'avait  décidé  à  se  donner  la  mort;  mais  un 
voyage  en  Sicile  le  guérit  de  ce  mal.  Après  le 
décès  de  Plotin,  il  retourna  àRome,où  il  brilla 
par  son  éloquence.  Il  y  resta  jusqu'à  sa  mort, 
qui  eut  lieu  vers  505.  Au  nombre  des  livres  de 
cet  écrivain  se  trouve  un  commentaire  sur  les 
deux  premiers  livres  des  Harmoniques  de 
Ptoléméc,  que  Wallis  a  publié  avec  une  tra- 
duction  latine,  d'après  quelques  manuscrits  de 
la  bibliothèque  d'Oxford,  dans  le  troisième 
volume  de  la  collection  de  ses  œuvres  (p.  183 
et  555)  (1).  Ce  commentaire,  où  Porphyre  cri- 
tique amèrement  la  doctrine  de  Ptolémée,  est 
entièrement  spéculatif  et  n'apprend  rien  con- 
cernant la  pratique  de  l'art  au  troisième  siècle. 
Il  ne  s'étend  que  jusqu'au  septième  chapitre 
«lu  second  livre. 

POltPOIlA  (Nicolas),  compositeur  et  cé- 
lèbre professeur  de  chant,  naquit  à  Naples,  en 
1087,  suivant  certains  biographes,  ou  en 
1085,  selon  d'autres,  ou,  d'après  le  marquis 
de  Villarosa  (2),  le  19  août  1680.  Cependant, 
d'après  une  lettre  écrite  de  Naples,  le  16  avril 
1760,  au  P.  Martini,  par  Joseph  Tibaldi,  Por- 
pora  aurait  eu  alors  quatre-vingt-six  ans  ;  ce 
qui  porte  l'année  de  sa  naissance  à  1674.  Il 
est  à  remarquer  toutefois  que  le  marquis  de 
Villarosa  donne  la  date  de  1086  d'après  un 
registre  de  l'église  San  Gennaro  ail'  Olmo, 
où  Porpora  fut  baptisé.  Son  père,  libraire, 
chargé  d'une  nombreuse  famille,  prit  la  réso- 
lution de  faire  étudier  la  musique  à  cet  enfant 
et  obtint  son  admission  au  Conservatoire  de 
Santa  Maria  di  Loreto.  Les  maîtres  de  Por- 
pora dans  celle  école  furent  Gaetano  Greco, 
le  P.  Gaétan  de  Pérouse  et  François  Manna. 
liurney  met  aussi  Alexandre  Scarlatti  au 
nombre  de  ses  maîtres.  Sorti  du  Conservatoire 
après  plusieurs  années  d'études,  Porpora  com- 
mença sa  carrière  de  compositeur  par  l'opéra 
intitulé  :  Basilio,  re  di  Oriente,  représenté 


(1)  Oxford,  1093-1699-  4  vol.  in-fol. 

(2)  Suivant  une  Notice  écrite  par  Gazzaniga  (voyez  ce 
nom),  élève  de  Porpora,  laquelle  se  trouve  dans  le 
manuscrit  D.,  p.  120,  de  la  bibliothèque  du  lycée  com- 
munal de  musique  de  Boulogne  et  qui  a  été  communi- 
quée à  M.  Farrenc  par  M.  Gaspari  (voyez  ce  nom),  ce 
serait  en  1718  que  Porpora  aurait  été  écrire  cet  ouvrage 
a  Home;  mais  Gazzaniga  a  certainement  été  mal  informé, 
car  M.  Farrenc,  dans  une  bonne  notice  sur  Porpora, 
insérée  dans  la  première  li\raison  de  son  Trésor  des 
pianistes,  n  prouve  que  l'ouvrage  lut  représenté  en  172!. 

mou;,  cmv.  des  xi'sicikms.  t.  mi. 


au  théâtre  îles  Fiorenlini,  nouvellement 
élevé.  Sur  la  partition  de  cet  ouvrage,  il  pre- 
nait le  litre  de  maître  de  chapelle  de  l'ambas- 
sadeur de  Portugal.  En  1710,  il  fut  appelé  à 
Rome  pour  écrire  la  Bérénice,  opéra  en  trois 
actes,  qui  fut  favorablement  accueilli  par  le 
public.  Hœndel,  qui  était  à  Rome  au  moment 
où  cet  ouvrage  fut  représenté,  rendit  justice 
au  mérite  de  la  musique  de  Porpora,  et,  ce  qui 
lui  arrivait  rarement,  il  complimenta  l'artiste 
napolitain  sur  son  succès?  Ces  deux  hommes, 
remarquables  chacun  en  son  genre,  ne  pré- 
voyaient pas  alors  qu'ils  deviendraient  plus 
tard  ennemis  irréconciliables. 

De  retour  de  Naples,  Porpora  composa,  pour 
l'ancien  théâtre  San  Rartolomeo,  l'opéra  en 
trois  actes,  intitulé  Flavio  Anicio  Olibrio, 
qui  fut  représenté  au  mois  de  décembre  1711. 
Après  cet  ouvrage,  le  compositeur  écrivit 
beaucoup  de  messes,  de  psaumes  et  de  motets 
pour  la  plupart  des  églises  de  Naples.  Au 
nombre  de  ses  talents,  il  possédait  au  plus  haut 
degré  celui  de  renseignement  du  chant.  Il  ou- 
vrit à  la  même  époque  une  école  de  cet  art, 
devenue  célèbre,  et  dans  laquelle  se  formèrent 
Carlo  Broschi,  surnommé  Farinelli,  Gaétan 
Majorano,  connu  sous  le  nom  de  Cuffarelli, 
Hubert,  dit  il  Porporino ,  du  nom  de  son 
maître,  Salimbeni,  la  Molleni  et  plusieurs  au- 
tres, qui  furent  les  plus  grands  chanteurs  du 
dix-huitième  siècle.  Farinelli  surtout  était  in  - 
comparable  pour  le  chant  de  bravoure  et  le 
brillant  de  la  vocalisation.  En  1719,  Porpora 
donna,  au  théâtre  San  Bartolomeo,  l'opéra  de 
Faramonde,  qui  eut  un  brillant  succès.  Dans 
la  même  année,  il  fut  nommé  maître  du  Con- 
servatoire degli  poveri  di  Gesù  Crislo.  Ap- 
pelé à  Rome,  il  y  composa  l'opéra  Eumene, 
en  1721,  qui  fut  représenté  au  théâtre  Ali- 
berti(i),  et  obtint  du  succès.  De  retour  à  Na- 
ples, en  1722,  Porpora  écrivit  l'oratorio 
//  Marlirio  di  santa  Eugenia ,  qui  fut 
considéré  comme  une  de  ses  plus  belles  pro- 
ductions. Sa  réputation,  comme  professeur  de 
composition,  égalait  celle  qu'il  avait  acquise  à 
juste  litre  dans  l'enseignement  du  chant. 
Arrivé  à  Naples,  en  1724,  ce  fut  lui  que  Hasse 
choisit  pour  le  diriger  dans  ses  éludes;  mais 
ayant  été  présenté  plus  lard  à  Alexandre  Scar- 
latti, le  plus  grand  musicien  de  l'Italie,  il  en 

(\)  C'est  ici  le  lieu  de  faire  remarquer  que  j'ai  clé 
induit  en  erreur  lorsque  j'ai  dit,  dans  la  première  édition 
de  cette  Biographie  universelle  des  musiciens,  (\vfEumtne 
fut  écrit  pour  Carlo  Broschi  surnommé  Farinelli,  car, 
ainsi  que  le  remarque  M.  Farrenc,  le  nom  de  cet  artiste 
ne  figure  pas  dans  le  livret  parmi  ceux  des  chanteurs 
qui  exécutèrent  l'ouvrage. 


98 


PORPORA 


reçut  des  conseils  et  quitta  l'école  de  Porpora. 
Il  en  résulta  entre  eux  une  haine  qui  ne  fit 
que  s'accroître  avec  le  temps. 

L'année  1723  fut  marquée  dans  la  carrière 
de  Porpora  par  une  grande  activité  dans  ses 
travaux,  car  il  écrivit,  pour  les  noces  du 
prince  de  Montemiletto,  une  cantate  intitulée 
VImeneo,  dans  laquelle  chanta  son  élève  Fa- 
rinelli;  puis  Amure  per  regnare,  opéra  re- 
présenté au  théâtre  San  Bartolomeo,  et.  sui- 
vant un  recueil  manuscrit  qui  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris, 
cité  dans  la  notice  de  M.  Farrenc,  Adélaïde, 
opéra  représenté  à  Rome. Peut  être  est-ce  dans 
cet  opéra  queFarinelli  fit  son  début  dans  celle 
Ai'le.  Il  faut  ajouter  à  ces  compositions  une 
messe  à  cinq  voix,  qui  est  dans  la  collection  de 
l'abhé  Sanlini,  et  qui  porte  la  date  de  1723. 
Quant  à  l'opéra  de  Semiramide,  ajouté  par 
Villarosa  à  la  liste  des  ouvrages  de  Porpora, 
écrits  à  Naples  dans  cette  même  année,  je 
crois  que  ce  biographe  s'est  trompé,  car  la 
Dramaturgia  d'Allaci  indique,  d'après  le 
livret,  la  Semiramide  riconosciuta  comme 
ayant  été  écrite  à  Venise  et  représentée  en 
1729,  â  moins  que  le  maître  n'ait  composé 
deux  ouvrages  sous  le  même  litre. 

En  1725,  Porpora  fit  un  voyage  à  Vienne, 
où  11  fit  entendre  à  la  cour  quelques  morceaux 
de  ses  opéras  qui  ne  furent  pas  goûlés.  L'em- 
pereur Charles  VI,  qui  n'aimail  pas  les  orne- 
ments du  chant  italien,  et  qui  avait  particu- 
lièrement en  aversion  les  trilles  et  les 
mordents,  que  Porpora  prodiguait  dans  sa 
musique,  ne  le  chargea  d'écrire  aucune  com- 
position. Au  retour  de  ce  voyage,  le  maître 
s'arrêta  à  Venise,  où  il  fut  engagé  à  composer 
l'opéra  de  Si  face,  qui  fut  représenté,  en  1720, 
au  théâtre  Saint-Jean -Chrysostome.  Le  succès 
de  cet  ouvrage  lui  fit  obtenir  la  place  de 
maître  du  Conservatoire  degli  incurabili.  On 
voit  dans  la  Dramaturgia  d'Allaci  qu'il 
donna,  dans  la  même  année,  Jmeneo  in  Alêne, 
au  théâtre  Saint-Samuel,  et  Meride  e  Scli- 
nunte,  à  celui  de  Saint-Jean-Chrysoslomc.  Je 
possède  la  partition  de  cet  ouvrage;,  au  litre 
duquel  Porpora  prend  le  titre  de  maestro  délie 
figlie  del  coro  degli  incurabili  (1).  En  1727, 
il  donna,  au  même  théâtre,  Arianna  c  Teseo, 
qui  fut  alors  considéré  comme  un  de  ses  meil- 
leurs ouvrages  (2).   Ce  fut  à  Venise  et  à  la 

(1)  I/éditcur  de  la  Dramalunjia  d'Allaccj  (  Venc- 
ïia,  17K5)  s'est  trompe  en  plaçant  In  représentation  de 
Meride  en  172G,  car  mon  manuscrit  de  l:i  partition  de  cet 
ouvrage,  lequel  a  été  fait  pour  l'cleclriiu  de  Saxe,  porte 

I»  date  de  1727. 

(2)  Iturney   dit    i|ue    cet    opéra    fut    écrit  à  Vienne 


même  époque  qu'il  écrivit,  pour  les  élèves  de 
VOspedale  degli  incurabili,  ses  douze  belles 
cantates  dont  il  a  été  fait  plusieurs  éditions, 
et  dont  la  première  parut  à  Londres,  en 
1735. 

En  1728,  Porpora  fut  invité  à  se  rendre  à 
Dresde  pour  enseigner  le  chant  à  la  princesse 
électorale  de  Saxe,  Marie-Antoinette.  Passant 
à  Vienne,  dans  ce  but,  il  s'y  arrêta   quelque 
temps,  dans  l'espoir  de  faire  revenir  l'empe- 
reur de  ses  préventions  conlre  lui,  et  d'en  re- 
cevoir quelque  récompense  dont  il  avait  be- 
soin, car  il  était   parti   de  Venise  avec    une 
bourse  fort  légère;  mais  ce  fut  longtemps  en 
vain  qu'il  chercha  l'occasion  de  faite  exécuter 
quelque  ouvrage  de  lui  dans  la  chapelle  im- 
périale; il  se  serait  même  trouvé  dans  le  plus 
grand  embarras,  si  l'ambassadeur  de  Venise 
ne  l'avait  retiré  chez  lui,  et  ne  lui  avait  l'ail 
enfin  obtenir  la    faveur  d'écrire  un  oratorio 
pour  le  service  de  Charles  VI.  Les  auteurs  de 
la  Biographia  degli  uomini  illustri  del  re- 
gno  di  Napoli  font  honneur  au  célèbre  com- 
positeur liasse  de  la  protection  accordée  en 
celle  circonstance  à  son  maître;  mais  à  celle 
époque  liasse  était  en  Italie,  et  ce  ne  fut  que 
deux  ans  après  qu'il  s'éloigna  de  Venise  [tour 
aller  à  Dresde.  D'ailleurs,  liasse,  loin  d'avoir 
conservé  de  la  reconnaissance  pour  les  soins 
que  lui  avait    donnés    son    maître,    ne    lui 
montra  que  de  l'ingratitude  lorsqu'il  le  re- 
trouva   plus  lard   à  Dresde  et  ailleurs.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Porpora  écrivit  l'oratorio,  pour 
lequel  on    lui  avait  fait  dire  d'être  plus  mé- 
nager de  ses  trilles  et  de  ses  mordents.  L'em- 
pereur, assistant  à  la  répétition  de  l'ouvrage, 
fut  charmé  d'y  trouver  un  style  simple  où  ne 
paraissait  pas  un  seul  de  ces  ornements  qu'il 
n'aimait  pas.  Cependant,  le  compositeur  avait 
préparé  pour  la  fin  une  plaisanterie  à  laquelle 
le  monarque  ne  s'attendait  pas,  et  qui  eut  le 
succès  que  le  compositeur  s'élait  promis.  Le 
thème  de  la  fugue  finale  commençait  par  quatre 
notes  ascendantes  sur  lesquelles  il  avait  mis  un 
trille;  celte  série  de  trilles,  répétée  à  toutes  les 
entrées  des  différentes  voix,  devint  une  bouf- 
fonnerie des  plus  plaisantes  au  stretto,  quand 
loules  les  parties  firent  entendre  une  longue 
suite  de  trilles   qu'elles  reprenaient  tour  à 
tour.  Quoique    d'un    caractère  fort  sérieux, 

en  1717,  puis  représenté  à  Venise  en  1727,  et  à 
Londres,  en  1734  (n  General  hislory  nf  Motîe,  t.  IV, 
p.  SiJ)  :  J'ai  suivi  cette  indication  dans  la  première  édi- 
tion de  la  Jiingraphie  des  Aluiiriens ;  mais  Antoine 
Sclimid  m'a  communiqué, en  ISliO,  une  lettre  autographe 
de  Porpora,  de  laquelle  il  resuite  qu'il  alla  à  Vienne 
pour  la  première  fois  en  I7-'J. 


PORPORA 


99 


l'empereur  fut  pris  d'un  rire  convulsif  à  l'au- 
dition de  ce  morceau  grotesque,  pardonna  à 
l'auteur  sa  plaisanterie,  et  lui  lit  remettre  une 
récompense  pour  son  travail. 

Arrivé  à  Dresde,  Porpora  y  fut  bien  ac- 
cueilli, et  bientôt  il  y  jouit  d'une  faveur  sans 
bornes  près  de  la  princesse  électorale,  qui  ap- 
prit de   lui   non-seulement  l'art  du    chant, 
mais  la  composition.  Lorsque  Hasse  se  rendit 
à  la  cour  de  Saxe,  en  1730,  il  trouva  Porpora 
en  possession  de  la  direction  de  la  musique  de 
la  cour,  et  ce  fut  alors  qu'il  lui  donna  des  té- 
moignages d'une  ingratitude  qui  s'était  déjà 
manifestée  à  Naples.  En  1729,  le  maître  napo- 
litain avait  obtenu  un  congé  pour  aller  à  Lon- 
dres diriger  l'Opéra  italien  établi  en  opposi- 
tion au  théâtre  dirigé  par  Hœndel  ;  mais  avant 
de  s'y  rendre,  il  alla  à  Venise  écrire  la  Semi- 
ramide  riconosciuta,  qui  eut  du  succès.  Arrivé 
à  Londres,  au  mois  d'avril,  il  fut  mis  en  pos- 
session de  la  direction  de  la  musique  de  l'Opéra 
italien  dont  la  noblesse  faisait  les  frais  dans 
le  dessein  de  faire  tomber  celui  que  Hsendel 
soutenait  à  ses  dépens.  Des    pertes  considé- 
rables résultèrent,  pour  ces  deux  entreprises, 
de  leur  rivalité.  Porpora  comprit  alors  qu'il 
ne  pourrait  lutter  avec  avantage  qu'en  appe- 
lant près  de  lui  Farinelli   pour  l'année  sui- 
vante. De  retour  à  Dresde,   il  négocia  cette 
affaire,  et,  dans  l'année  suivante,  il  se  rendit 
de  nouveau  à  Londres,  où  la  réunion  de  Fari- 
nelli et  de  Senesino  au  théâtre  de  Hay-Market 
assura  le  succès  du  rival  de  Hsendel.  Alors 
Porpora  demanda  et  obtint  la  résiliation  de 
son  engagement  avec  la  cour  de  Saxe  et  de- 
meura dans  la  capitale  de  l'Angleterre  pen- 
dant plusieurs  années.  Il  y  publia  un  livre  de 
ses  excellentes  cantates,  et  des  trios  de  violon 
et  basse,  sous  le  titre  de  Symphonies,  ouvrage 
d'une  conception  aussi  faible  que  l'autre  était 
remarquable.  Accoutumée  à  la  musique  ner- 
veuse et  pleine  d'invention  de  Hsendel,  la  na- 
tion anglaise  ne  goûtait  pas  les  œuvres  dra- 
matiques de  Porpora,   dont  le  syle,  bien  que 
rempli  de  mélodie,  manquait  de  chaleur  et  de 
nouveauté.  Mais  la  grande  réputation  dont  il 
jouissait  à  Londres  comme  maître  de  chant, 
après  qu'on  eut  entendu  Farinelli,  aurait  pu 
faire  sa  fortune,  si  son  ambition  d'artiste  se 
fût  alors  bornée  à  donner  des  leçons  d'un  art 
qu'il  possédait  si  bien.  Il  fit  certainement  des 
voyages  à  Venise  pendant  la  durée  de  son  sé- 
jour en  Angleterre,  car  on  voit  dans  la  Dra- 
maturgia d'Allaci  qu'il  donna,  en  1 7ô  1  ,Anni- 
bale,  en  trois  actes,  au  théâtre  Sant'Angiolo, 
de  cette  ville,  el  je  possède  la  grande  partition 


de  Milridate,  en  trois  actes,  qu'il  y  écrivit  en 
1733.  Il  parait  qu'il  s'éloigna  de  l'Angleterre 
en  1730,  car  il  fit  représenter,  au  théâtre 
Saint-Jean-Çhrysostome,  un  opéra  intitulé 
Rosdale,  dans  la  même  année.  Il  semble  aussi 
qu'il  y  reprit  les  fonctions  de  directeur  d>une 
des  écoles  de  musique  de  cette  ville;  mais 
toute  cette  partie  de  sa  vie  est  incertaine  :  on 
sait  seulement  qu'il  était  à  Venise  en  1744, 
car,  suivant  la  Dramalurgia ,  il  y  donna 
alors  le  Nozze  d'Ercole  e  d'Ëbe.  En  1745,  il 
s'y  trouvait  encore  et  y  écrivit  un  Stabat, 
pour  deux  voix  de  soprano  et  deux  contraltos, 
qui  appartenait  à  Sigismondi,  bibliothécaire 
du  collège  royal  de  musique  de  Naples,  en 
1819;  cet  ouvrage  était  daté  de  Venise,  dans 
cette  même  année  1745. 

Un  gentilhomme  vénitien,  nommé  Corner, 
fut  envoyé  vers  ce  temps  comme  ambassadeur 
de  sa  république,  à  Vienne.  Il  avait  une  maî- 
tresse qui  était  folle  de  musique  et  qui  pre- 
nait des  leçons  de  chant  de  Porpora.  Cette 
femme  obtint   de    Corner   qu'il   emmenât  à 
Vienne  le  vieux  maître,  dont  elle  ne  pouvait 
se  séparer  et,  pour  la  troisième  fois,  Porpora 
revit  la  capitale  de  l'Autriche.  H  y  passa  plu- 
sieurs années,  et  ce  fut  dans  le  séjour  qu'il  y 
fit  que  Haydn  (voyez  ce  nom)  le  connut  et  en 
reçut  des  conseils.   Ce   fut  sans  doute  à  la 
générosité   de   l'ambassadeur  de  Venise  que 
Porpora  fut  redevable  des  moyens  de  publier 
ses  sonates  pour  violon  et  basse  qui  parurent 
sous  ce  litre  :  Sonate  XII  di  violino  e  basso 
dedicate  a  S.  A.  R.  la  principessa  électorale 
di  Sassonia  Maria  Antonia  Walburga  di 
Baviera,  da  Niccolb  Porpora,  maestro  di 
cappella  di  S.  M.  il  re  di   Pologna.    In 
Vienna  d'Austria,   1754.  Si  vendono  dal 
Signor  Frederico    Bernardi  libraro  délia 
corte  imp.,  in-fol.  oblong  de  soixante-deux 
pages,  gravé  sur  cuivre.  Dans  l'épître  dédica- 
toire  de  cet  ouvrage,  le  compositeur  dit  qu'il 
y  a  fait  usage  des  trois  genres  diatonique,  en- 
harmonique et  chromatique.   On    ignore    en 
quelle  année  il  quitta  Vienne  pour  retourner 
à  Naples,  mais   tout  porte  à  croire  que  ce 
fut   entre  1755  et   1760.   Suivant  la   notice 
écrite  par  Gazzaniga  et  citée  précédemment, 
ce  fut  en  1759.  Il  ajoute  que  Girolamo  Abos, 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Naples 
et  maître  de  chapelle  du   Conservatoire  de 
San  Onofrio,  étant  mort,  en  17G0  (1),  Por- 
pora lui  succéda  dans  ces  deux  emplois.  Dans 


(I)  J'ai  placé  trop  lard  la  dalc  de  la  mort  de  cet  artiste 
dans  l'article  qui  le  concerne. 


100 


PORPORA 


celle  même  année,  il  avait  fail  représenter 
son  dernier  opéra,  intitulé  II  Trionfo  di  Ca- 
millo.  Porpora  ne  s'était  jamais  distingué  par 
l'abondance   ni   par  la  nouveauté  des  idées; 
mais  dans  ce  dernier  ouvrage,  la  débilité  de 
l'imagination  était  complète.  Le  grand  âge  de 
l'artiste,  et  le  besoin  qui  l'avait  porté  à  écrire, 
étaient  son  excuse.  Les  leçons  des  ténèbres  à 
soprano  et  ténor,  pour  le  mercredi  et  lejeudi 
saints,  qu'il  écrivit  dans  le  même  temps  pour 
l'église  des  Pellegrini,  furent  chantées   par 
les  célèbres  artistes  Caffarelli  et  Baff.  Leur 
talent  prêta  à  cette  musique  un  charme  que  le 
compositeur  n'y  avait  pas  mis.  La  dernière 
production  de  Porpora  fut  une  musique  pour 
la  fête  du  sang  de  saint  Janvier;  elle  fut  exé- 
cutée dans  la  cathédrale,  en  1765.  L'historien 
de  la  musique  Burney,  qui  visita  Naples  peu 
de  temps  après  la  mort  de  l'artiste,  dit  que  sa 
misère  futextrêmedans  ses  dernières  années; 
ses  infirmités  l'empêchaient  souvent  de  don- 
ner ses  leçons,  qui  étaient  sa  meilleure  res- 
source. On  a  peine  à  comprendre  qu'il  en  fut 
ainsi,  s'il  est  exact  qu'il  réunit,  à  cette  der- 
nière époque  de    sa  vie,   les  deux  places  de 
maître  du  Conservatoire  de  San  Onofrio  et 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Naples.  Toute- 
Ibis,  l'assertion  de  Burney  se  trouve  confirmée 
par  le  marquis  de  Villarosa,  qui  nous  apprend 
que  les  musiciens  de  celte  ville  dînent  se  co- 
tiser pour  payer  les  frais  de  ses  funérailles,  qui 
furent  faites  dans  l'église  de  VEcce  homo,  où 
il  fut  enterré.  C'est  un  grave  reproche  à  la 
mémoire  de  Farinelli  et  de  Caffarelli,  gorgés 
de  richesses,  d'avoir  laissé  languir  la  vieil- 
lesse de  leur  maître  dans  les  horreurs  du  be- 
soin. Suivant  la  notice  de  Gazzaniga,  Porpora 
mourut  au   mois  de   février   1706,  d'un  mal 
qui  lui  était  survenu  à  la  jambe.  D'après  les 
renseignements  recueillis  par  Villarosa,  son 
décès  n'aurait  eu  lieu  qu'en  1767,  par  suite 
d'une  pleurésie.  Il  y  a  plus  de  probabilité  pour 
la  date  donnée  par  l'élève  de  Porpora,  qui  a 
dû  être  bien  informé  de  la  mort  de  son  maître. 
Porpora  ne  vécut  donc  pas  jusqu'à  l'âge  de 
quatre-vingt-dix  ans,  comme  le  prétend  Bur- 
ney, ni  jusqu'à  sa  quatre-vingt-deuxième 
année,  suivant  Gerbcrt,  mais  jusqu'à  l'âge  de 
quaire-vingis  ans  moins  quelques  mois. 

Burney  dit,  d'après  les  renseignements 
qu'il  recueillit  à  Naples,  que  Porpora  a  com- 
posé plus  de  cinquante  opéras;  on  ne  connaît 
aujourd'hui  que  ceux  dont  les  (rires  suivent  : 
1°  fiusilio,  re  di  Oriente,  à  Naples.  2"  Béré- 
nice, à  Borne,  1710.  3°  Flavio  Anicio  Oli- 
briOf  à  Naples,  1711.  4"  Earamondo,  idem, 


1719.  Entre  ces  deux  derniers  ouvrages,  il  y  a 
une  lacune  de  huit  années,  pendant  lesquelles 
on  ne  peut  douter  que  Porpora  n'ait  écrit 
plusieurs  opéras  maintenant  inconnus.  5°  Eu- 
mette,  à  Borne,  1721 .  6°  L'Imeneo,  cantate,  à 
Naples,  1723.  7°  Issipile,  à  Borne,  1723.  Je 
doute  de  l'existence  d'un  opéra  de  ce  nom 
écrit  par  Porpora,  parce  que  le  catalogue  de 
la  collection  de  l'abbé  Sanlini  indique  Jssi- 
pile ,  cantata  di  caméra.  8°  Adélaïde,  à 
Borne,  1723.  9°  Si  face,  à  Venise,  1726. 
10°  Imeneo  in  Alêne,  ibid.,  1726.  \\°Mcridc 
e  Selinunte,  à  Venise,  1727.  12°  Ezio,  ibid., 

1728.  13°  Semiramide  riconosciuta,  ibid., 

1729.  14"  Ermenegilda,  à  Naples,  1729. 
15"  Tamerlano,  à  Dresde,  1750.  Je  crois 
qu'il  y  a  eu  d'autres  opéras  composés  par  Por- 
pora pour  la  cour  de  Saxe,  au  nombre  desquels 
doit  être  16°  Alessandro  nelle  Jndie.  î~°An- 
nibale,  à  Venise,  1731.  18°  Germanico  in 
Gcrmania,  à  Borne,  1752.  La  partition  de  cet 
opéra  est  dans  la  collection  de  l'abbé  Santini, 
à  Borne.  19°  Mitridate,  à  Venise,  en  1733. 
La  partition  est  dans  ma  bibliothèque.  20°/er- 
dinando,  à  Londres,  en  1734.  Cet  ouvrage, 
dit  Burney,  n'eut  que  quatre  représentations. 
2\°  Lucio  Pupirio,  à  Venise,  1757.  22"  Ros- 
dale,  ibid.,  1757.  25°  Temistocle,  à  Londres, 
1742.  Cet  ouvrage  n'obtint  que  huit  représen- 
sentations.  24°  Le  Nozze  d'Ercole  e  d'Ebe, 
à  Venise,  1744.  25°  Il  Trionfo  di  Camillo,  à 
Naples,  en  1760.  Les  autres  ouvrages  drama- 
tiques de  Porpora  dont  on  ne  connaît  pas  les 
lieux  de  représentation,  sont  :  20"  Statira, 
en  1742.  27°  Polifemo.  28°  Iftgenia  in  Au- 
lide.  29°  Rosmene.  50°  Partcnope.  51"  Di- 
done.  32°  Agrippi na.  Deux  cantates  ou^;i "ont 
teatrali,  à  savoir  :  Angelica  e  Medore,  de  Mé- 
tastase, et  Gli  Orti  Esperidi,  du  même,  ont 
été  mises  en  musique  par  ce  maître. 

Porpora  était  dépourvu  de  génie  drama- 
tique; il  y  a  absence  complète  de  variété  dans 
le  style  de  ses  opéras.  Comme  la  plupart  des 
maîtres  de  son  temps,  il  n'écrivit  que  des  airs 
pour  ces  ouvrages,  et  tous  ces  airs  sont  jetés 
dans  le  même  moule.  Dans  la  partition  dé 
jVeride  e  Selinunte,  que  j'ai  sous  les  yeux,  il 
y  a  vingt-neuf  airs  et  un  seul  chœur  final  de 
vingt  et  une  mesures.  De  ces  airs,  huit  sont  en 
fa  majeur,  dont  sept  à  quatre  temps  et  «/- 
legrOf  et  un  à  trois  temps,  avec  basse  de 
viole  obligée.  Porpora  a  écrit  plusieurs  ora- 
torios ;  voici  ceux  dont  les  titres  sont  connus  : 
1°  Gedconc.  2"  //  Martirio  di  santa  Eu- 
genia.  3°  /  Martiri  di  S.  Giovanni  Nepo- 
mucenc.  4°  Il  f'erbo  incarnato.  5°  Davide, 


PORPORA  -  PORRO 


101 


à  Londres,  1735.  G0  //  Trionfo  dclla  divina 
giustizia.  On  ignore  le  titre  de  celui  qu'il 
écrivit  à  Vienne,  pour  l'empereur  Charles  VI. 
Parmi  ses  œuvres  pour  l'église,  on  remarque 
en  manuscrit,  dans  plusieurs  bibliothèques  : 
1°  Messe  à  cinq  voix,  sans  orchestre.  2°  Messe 
à  cinq  voix,  deux  violons,  viole  et  basse. 
3°  Messe  à  deux  chœurs,  quatre  voix  di  ri- 
pieno,  et  orchestre.  4°  Messe  à  quatre  voix  et 
orchestre;  Paris,  Launer.  5°  Inexitu  Israël, 
à  deux  chœurs.  6°  Confitebor,  à  deux  chœurs, 
deux  violons,  viole  et  orgue.  7°  Domine  pro- 
basti  me,  pour  deux  voix  de  soprano,  deux 
contraltos,  deux  violons,  viole  et  orgue.  8°  In 
te  Domine  speravi ,  à  cinq  voix,  deux  violons, 
viole  et  orgue.  9°  Qui  habitat,  pour  deux  so- 
prani,  deux  contralti,  violons,  viole  et  orgue. 
^"Magnificat,  à  deux  chœurs.  1 1° Dixit  pour 
quatre  voix,  deux  violons  et  orgue.  12°  Dixit 
court,  à  quatre  voix.  13"  Stabat  pour  deux 
soprani,  deux  contralti,  deux  violons,  viole  et 
orgue.  ]4n  Six  duos  pour  deux  soprani  sur  le 
lexte  de  la  Passion,  pour  la  semaine  sainte. 
15°  Leçons  pour  l'office  des  morls.  16°  Lau- 
date,  pueri,  Dominum,  à  quatre  voix,  vio- 
lons, viole  et  hautbois.  17°  Te  Deum,  à  quatre 
voix  et  instruments.  18°  In  te,  Domine, 
speravi,  à  quatre  voix.  19°  Beatus  vir,  à 
quatre  voix.  20°  Credidi,  à  quatre  voix. 
21°  Lauda,  Jérusalem,  à  quatre  voix.  22°  Lse- 
tatns  sum,  à  deux  chœurs  avec  violons.  23"  Jn 
ennvertendo,  à  quatre  voix.  24°  Cum  invo- 
carem,  à  quatre  voix.  25°  Nunc  dimiltis,  à 
cinq  voix.  2C°  De  profundis,  à  quatre  voix. 
27°  Confitebor,  à  quatre  voix.  28°  Nisi  Do- 
minus,  à  quatre  voix.  29°  Inlroduzione  al 
srilmo  Miserere  pour  deux  soprani,  deux 
alti  et  instruments.  50°  Litanies  à  quatre  voix 
et  instruments.  31°  Salve  Regina,  à  quatre 
\oix.  32°  Salve  Regina,  à  voix  seule  avec  in- 
struments, dont  le  manuscrit  orignal  était 
«lans  Ma  collection  d'Aloys  Fuchs,  à  Vienne. 
33°  Deux  Regina  Cœli,  à  voix  seule  et  instru- 
ments. 

Porpora  a  écrit  un  nombre  immense  de 
cantates  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
rlavecin.  Il  en  a  fait  graver  douze  à  Lon- 
dres, en  1735.  Ces  cantates,  du  plus  beau 
style,  me  semblent  être  l'œuvre  capitale  de 
Porpora.  Choron  en  a  donné  une  édition  nou- 
velle, à  Paris.  Porpora  a  publié  aussi  à  Londres, 
en  1736,  six  symphonies  da  caméra  pour 
deux  violons,  violoncelle  et  basse  continue. 
Les  autres  ouvrages  de  musique  instrumen- 
tale de  cet  artiste  sont  :  1°  Les  douze  belles 
sonates  de  violon  et  basse,  gravées  à  Vienne, 


en  1754,  et  dont  il  a  été  fait  deux  éditions 
en  partition  à  Paris,  la  première  chez  Des- 
conibes,  l'autre  chez  Janet.  2°  Six  fugues 
pour  clavecin,  publiées  pour  la  première  fois 
par  Clemenli,  dans  son  Practical  Narmony 
(Londres,  quatre  volumes  in -4°  obi.,  t.  Ier, 
pp.  58-5C),  puis  par  M.  Farcenc,  dans  le  pre- 
mier volume  de  son  Trésor  des  pianistes. 
Dans  sa  jeunesse,  Porpora  avait  beaucoup 
de  gaieté,  d'esprit,  et  la  repartie  vive;  mais 
devenu  vieux,  il  éprouvait  souvent  des  impa- 
tiences et  des  accès  de  mauvaise  humeur  que 
sa  misère  faisait  excuser.  Il  était  instruit  dans 
les  littératures  latine  et  italienne,  cultivait  la 
poésie  avec  succès,  et  parlait  avec  facilité  les 
langues  française,  allemande  et  anglaise.  On 
trouve  son  portrait  gravé  dans  le  volume  de 
la  Biografia  degli  uomini  illuslri  del  regno 
diNapoli  qui  concerne  les  musiciens  ;  Naples, 
1819,  in-4». 

PORRO  (Pierre),  né  à  Béziers,  en  1759, 
apprit  dans  sa  jeunesse  la  musique  et  la  gui- 
tare, et  fit  de  bonnes  éludes  au  collège  de 
cette  ville.  En  1783,  il  se  rendit  à  Paris,  s'y 
livra  à  renseignement  de  la  guitare,  et  publia 
quelques  sonates  pour  cet  instrument  qui  le 
firent  connaître  d'une  manière  avantageuse. 
Quatre  ans  après,  il  commença  un  journal  de 
pièces  de  guitare  dont  il  publia  la  suite  pen- 
dant seize  ans  :  il  y  intercala  beaucoup  de 
morceaux  de  sa  composition  pour  une  et 
deux  guitares.  Le  succès  de  ce  journal  le  jeta 
dans  le  commerce  de  la  musique,  qu'il  conti- 
nua pendant  toute  sa  vie,  quoique,  dans  ses 
dernières  années,  il  eût  acheté  une  petite  pro- 
priété dans  la  belle  vallée  de  Montmorency,  où 
il  habitait  pendant  l'été.  Doué  d'un  esprit  vif, 
original,  plein  de  saillies,  et  d'une  âme  noble, 
il  était  obligeant,  et  ne  se  laissait  pas  décou- 
rager par  l'ingratitude.  Son  amour  pour  l'art 
et  pour  les  productions  classiques  des  grands 
maîtres  allait  jusqu'à  l'enthousiasme.  Il  en 
publia  beaucoup  dans  un  temps  où  ce  genre 
de  musique  était  peu  recherché  en  France, 
bien  moins  stimulé  par  l'espoir  du  gain  que 
par  le  désir  de  faire  connaître  à  ses  compa- 
triotes des  chefs-d'œuvre  ignorés.  Il  est  mort 
à  Montmorency,  dans  l'été  de  1831.  Les  prin- 
cipaux ouvrages  de  Porro  sont  :  1°  Concertos 
pour  guitare  et  orchestre,  nos  1  et  2;  Paris, 
Ueaucé.  2»  Six  divertissements  pour  guitare, 
flûte  et  violon  ;  ibid.  3°  Quatre  livres  de  duos 
pour  deux  guitares;  Paris,  Porro.  4°  Sonates 
pour  guitare  et  violon  ou  ilùle,  op.  11,  17, 
19,  20,  35,  36;  ibid.  5"  Sérénades,  idem, 
n"5  1-6;  ibid.  6°  Duos  pour  guitare  et  piano. 


102 


POMIO  —  PORTA 


op.  33;  ibid.  7°  Un  grand  nombre  d'airs  va- 
riés, pois-pourris,  recueils  d'études  et  d'exer- 
cices pour  guitare  seule;  ibid.  8°  Environ 
vingt-cinq  sonates,  idem,  et  détachées;  ibid. 
9o  Instruction  pour  la  lyre-guitare  ;  ibid. 
10°  Tableaux  élémentaires  pour  apprendre  à 
s*accompagner  et  se  perfectionner  sur  la  gui- 
tare; ibid.  11°  Quelques  recueils  de  pièces 
]>our  un  et  deux  flageolets;  ibid.  12°  Méthode 
de  flageolet;  ibid.  13"  Hymne  à  sainte  Cécile, 
à  deux  voix,  orchestre  et  orgue;  ibid. 
14°  Panis  angelicus,  à  deux  voix  et  orgue; 
ibid.  15°  Douze  romances  avec  accompagne- 
ment de  guitare,  op.  27;  ibid.  16°  Beau- 
coup de  romances  et  de  chansons  détachées; 
idem,  ibid. 

PORSILE  (Joseph),  compositeur  napoli- 
tain, né  en  1672,  fit  ses  éludes  musicales  dans 
un  des  conservatoires  de  Naples.  Ayant  été 
appelé  en  Espagne  au  service  de  Charles  II,  il 
fut  d'abord  second  maître  de  la  chapelle 
royale;  en  1G97,  il  devint  titulaire  de  la  place 
de  premier  maître.  Après  la  mort  de  ce  prince 
(1700)  et  l'avènement  de  Philippe  V  au  trône 
d'Espagne,  Porsilc  retourna  à  Naples.  La 
longue  guerre  de  la  succession  le  retint  dans 
celte  ville,  où  son  occupation  principale  fut 
l'enseignement  du  chant  et  la  composition  de 
musique  d'église  pour  les  nombreux  couvents 
et  les  églises  de  Naples.  La  paix  d'Ulrecht,  qui 
mit  fin  aux  agitations  de  l'Europe,  permit  à 
l'empereur  Charles  VI  de  se  livrer  à  son  goût 
passionné  pour  la  musique  :  il  fit  venir  d'Italie 
des  virtuoses  et  des  compositeurs.  Porsile,  à 
qui  l'on  fit  peut-être  un  mérite  de  s'être 
éloigné  de  l'Espagne  au  moment  où  la  domi- 
nation française  venait  s'y  établir,  fut  du 
nombre  des  artistes  appelés  à  la  cour  impé- 
riale :  il  arriva  à  Vienne,  en  1715.  Il  y  eut  le 
litre  de  mailre  de  musique  de  l'archiduchesse 
Joséphine  et  de  l'archiduc,  qui  fut  empereur 
sous  le  nom  de  Joseph  Ier.  Plus  tard,  Porsile  eut 
le  litre  de  compositeur  aulique.  Il  est  appelé 
compositore  giubilato  au  titre  de  son  opéra 
'  Sparlaco.  Il  conserva  sa  position  jusqu'à  sa 
morl,  arrivée  le  29  mai  1750.  Il  avait  atteint 
Pige  de  soixanle-dix-huit  ans.  Son  premier 
ouvrage  composé  pour  la  cour  impériale  fut 
Sisara ,  drame  d'Apostolo  Zeno,  représenté 
va  1719.  Ses  autres  opéras  écrits  pour  la  même 
cour  sont  :  Meridc  e  Sclinunte,  en  1721  ;  Spar- 
laco, en  1720;  I  duc  rc,  Iioboamo  e  Geroboa- 
nw,  en  1731;  Giuscppcriconosciulo,  en  1733. 
Davide,  oratorio,  fut  composé  en  17i24,  sur  le 
poème  (V/tpostolo  Zeno.  Les  partitions  de 
Porsile  sont  conservées  à  Vienne  dans  la  riche 


collection  d'ancienne  musique  dramatique  de 
la  cour.  Hasse  avait  beaucoup  d'estime  pour 
les  compositions  de  cet  artiste,  dont  le  style 
était  simple  et  expressif. 

PORTA  (Co:(sta:nt),  religieux  de  l'ordre 
de  Saint-François  ou  mineur  conventuel,  na- 
quit à  Crémone,  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle,  et  fit  ses  études  musicales  à 
Venise,  sous  la  direction  d'Adrien  Willaert  (1). 
Après  avoir  été  mailre  de  chapelle  du  couvent 
de  son  ordre,  à  Padoue,  il  alla  occuper  un  poste 
semblable  à  la  cathédrale  d'Osimo,  puis  à  l'é- 
glise mélropolitainedeRavenne,et  en  dernier 
lieu  à  la  Santa  Casa  de  Lorette,  où  il  mourut 
en  1001.  On  peut  le  considérer  comme  un  des 
plus  savants  musiciens  italiens  de  son  temps. 
Son  style  est  grave,  et  nul  n'a  été  plus  sévère 
observateur  du  caractère  de  la  tonalité  du 
plain-chant,  sur  lequel  il  a  écritla  plusgrande 
partie  de  ses  ouvrages.  Il  a  formé  beaucoup 
d'élèves  qui  ont  été  des  artistes  de  mérite.  Il  a 
publié  de  sa  composition  :  Liber  pri mus  Motec- 
torum  4,  5,  G,  7  et  8  vocum  ;  Venise,  1555.  Ce 
premier  livre  a  été  réimprimé- à  Venise,  chez 
Ang.  Gardane,  en  1559,  in-4°  obi.  2°  Liber  II, 
ibid.,  1559.  3"  Liber  III,  ibid.,  1572.  4"  Li- 
bevlV, ibid.5°UbevV, ibid. ,\5%5. 6° Liber  I 
Missarum  A,  5  et  G  vocum;  ibid.,  1578.  Les 
cinq  livres  de  motels  ont  été  réimprimés  chez 
le  même,  en  1580  et  1585.7°Zf6er  I Introilus 
Missarum  quinque  vocum;  ibid.,  1566.  8°  Li- 
ber II  Jntroitus  Missarum  dominicus  pro 
quinque  vocibus  ;  ibid.,  1588.  9°  Madrigali  a 
4e  5  voci,  lib.  I ;  ibid.,  1555.  10°  Libro  n, 
iMd.,1573.11°Libro III,  toid.,  1586,  \2'lnni 
sacri  per  tutto  l'anno  a  quattro  voci;  in 
Venetia  ,  app.  Gardano  ,  1602  ,  in-4". 
15°  Psalmodia  Fespertinaomn.  solem.  oclo 
vocum,  adj.  quatuor  canticis  B.  M.  V. 
octonis  vocibus;  ibid.,  1605.  Ces  deux  ou- 
vrages sont  posthumes.  14°  Il  quarto  libro  di 
madrigali  a  cinque  voci  nuovamente  raccolti 
di  Marsiglio  Cristoforo;  in  ï  enclin  app. 
Ang.  Gardano,  1586,  in-4°.  Le  P.  Martini 
possédait  aussi  en  manuscrit  de  ce  musicien  : 
Lamentationes  quinque  vocum,  et  J/adrigali 
a  quattro  voci;  ainsi  qu'un  traité  de  compo- 
sition intitulé  :  Instruzioni  di  contrapunto. 
Le  P.  Constant  Porta  fut  un  des  auteurs  qui 
dédièrentà  Pierluigi  de  Palestrina  un  recueil 
de  psaumes  à  cinq  voix.  On  trouve  quelques 
morceaux  de  sa  composition  dans  les  anciens 

(I)  SI.  de  WinlcrMil,  «i ti i  a  donné  quelques  détails 
sur  les  élèves  de  ce  mailre,  dans  vin  livre  sur  Jean  <;a- 
bricli,  a  oublie  Porta,  qui  fut  pourtant  un  des  plus  dis- 
tingues. 


PORTA 


103 


recueils  publiés  à  Venise  et  à  Anvers,  au 
seizième  siècle.  Le  P.  Martini  a  donné  plu- 
sieurs extraits  de  ses  œuvres  dans  le  Saggio 
fondamentale  pratico  di  contrappunto,  re- 
produits par  Choron  dans  ses  Principes  de 
composition  des  écoles  d'Italie,  et  Paolucci 
en  a  inséré  deux  morceaux  dans  les  deux 
premiers  volumes  de  son  Arle  pratica  di 
contrappunto ;  enfin,  un  morceau  ingénieux 
«le  Porta,  publié  par  Artusi  dans  son  livre 
Pelle  imperfetioni  (sic)  délia  moderna  mu- 
sica,a  été  reproduit  par  Hawkins,  dans  le  pre- 
mier volume  de  son  Histoire  générale  de  la 
musique  (pages  112-115). 

PORTA  (Hercule),  compositeur,  né  à 
Bologne  dans  les  dernières  années  du  seizième 
siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  San  Giovanni 
in  Persicetti,  à  Venise.  Il  occupait  cette  po- 
sition en  1620.  Il  n'est  connu  que  par  quelques 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  1°  Le  Laudi 
délie  musica,  a  tre  voci,  libro  primo;  Rome 
(sans  date).  2°  Hore  di  recreazione  auna  et 
due  voci;  in  Fenetia,  app.  Vincenti,  1612. 
5'  Lusinghe  d'amore  e  canzonetle  a  5  voci, 
Venise.  4°  Sacri  concert i  musicali  a  1,  2,  5, 
4,  5,  G  voci,  con  violini,  Ire  tromboni  et 
basso  per  l'organo,  op.  7,  Venise,  Aless. 
Vincenti,  1620,  in-4".  5°  Completorium 
quinque  vocum,  op.  8,  ibid.,  in-4\ 

PORTA  (Jean-Baptiste),  physicien  cé- 
lèbre, naquit  à  Naples  vers  1550,  et  mourut 
dans  la  même  ville,  le  4  lévrier  1615.  C'était 
un  homme  d'érudition,  mais  dont  l'esprit 
était  rempli  de  préjugés  et  de  crédulité  poul- 
ies choses  les  plus  absurdes.  Dans  sa  Magia 
naturalis  libri  XX,  dont  la  première  édition 
parut  à  Naples,  en  1589,  in-fol.,  il  traite 
(lib.  XX,  cap.  7)  de  l'efficacité  de  la  musique 
pour  le  traitement  de  quelques  affections  mo- 
rales. Sous  le  nom  de  Giovan  Battista Porta, 
sans  autre  indication,  a  été  publié  un  recueil 
intitulé  :  Madrigali  a  cinque  voci,  in  Ve- 
nelia, app.  Barlol.  Magni,  1616,  in-4". 

POUTA  (Jean),  compositeur  dramatique, 
né  à  Venise,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  fut  d'abord  directeur  de  la  musique  du 
cardinal  Otloboni,  puis  retourna  à  Venise,  en 
1716,  et  y  obtint  la  place  de  maitre  du  chœur 
des  jeunes  filles  du  conservatoire  de  la  Pietà. 
Il  occupait  encore  celle  place  en  1736,  lors- 
qu'il se  présenta  au  concours,  après  la  mort 
de  Biffi,  pour  la  place  de  premier  maître  de  la 
chapelle  ducale  de  Saint-Marc,  avec  Antoine 
Pollarolo  et  Lotli  :  ce  dernier  obtint  la  préfé- 
rence. Après  cet  échec,  Porta  retourna  à  Lon- 
dres où  il  avait  déjà  l'ail  un  voyage,  en  1729. 


Il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  l'électeur 
de  Bavière,  en  1737,  el  mourut  à  Munich,  en 
1740.  On  connaît  de  cet  artiste  les  opéras 
suivants  :  1°  La  Costanza  combattuta  in 
amore,  Venise,  171G.  2°  Agrippa,  ibid., 
1717.  3°  L'Amor  di  f.glia,  ibid.,  1718. 
4°  Teodorica,  ibid.,  1720.  5"  L'Amor  ti- 
ranno,  ibid.,  1722.  G8  Li  Sforzi  d'ambi- 
zione  e  d'amore,  ibid.,  1724.  7°  Anligono 
tutore    di    Filippo   (avec    Albinoni),   ibid., 

1724.  8°  Iflarianna,  ibid.,  1724.  9°  Agide, 
rediSparta,  ibid.,  1725.  10°  Ulisse,  ibid.. 

1725.  11°  Il  Trionfo  di  Flavio  Olibrio,  ibid., 
1626.  12a  Aldeso,  ibid.,  1727.  13°  Âmor  e 
fortuna,  ibid.,  1728.  14°  Nel  perdono  la 
vendetta,  ibid.,  1728.1 5° Doriclea  ripudiala 
di  Creso,  ibid.,  1729.  16°  Numidor,  à  Lon- 
dres, 1738.  17°  Artaserse,  à  Munich,  1759. 
On  trouvait  autrefois  chez  Breilkopf,  à  Leip- 
sick,  un  Magnificat  à  quatre  voix  et  orchestre 
et  un  motet  pour  soprano,  deux  violons,  alto 
et  basse,  de  Porta. 

PORTA  (Bernardo),  né  à  Rome,  en  1758, 
reçut  des  leçons  de  composition  de  Magrini, 
élève  de  Léo.  Après  avoir  élé  maître  de  cha- 
pelle à  Tivoli,  il  retourna  à  Rome,  et  fut  at- 
taché au  prince  de  Salm,  alors  prélat  dans 
cette  ville.  Dans  ce  même  temps,  il  écrivit 
pour  le  théâtre  Argentina  la  Principesse 
d'Amalfi,  qui  n'eut  point  de  succès,  des 
messes,  des  motets  et  deux  oratorios.  Arrivé  à 
Paris,  en  1788,  il  donna  dans  la  même  année, 
au  Théàlre  Italien,  le  Diable  à  quatre,  opéra- 
comique,  avec  une  nouvelle  musique  qui  fut 
mal  accueillie  par  le  public.  Cet  ouvrage  fut 
suivi,  au  même  théâtre  et  au  théâtre  Montan- 
sier  de  la  Blanche  haquenée,  Pagamin,  au 
théâtre  Louvois,  1792,  Laurette  au  village, 
au  théâtre  Molière,  1795.  Porta  donna  à 
l'Opéra,  en  1794,  Agricole  Viala  ou  la  Réu- 
nion du  10  août,  en  un  acte  ;  les  Horaces,  en 
deux  actes,  1800,  son  meilleur  ouvrage;  le 
Connétable  de  Clisson,  en  trois  actes,  1804. 
Il  est  difficile  d'imaginer  rien  de  plus  plat,  de 
plus  misérable,  que  ce  dernier  opéra,  qui  fut 
l'objet  d'une  chanson  satirique,  sur  un  vieil 
air  français,  avec  ce  refrain  : 

l'orle  ailleurs  ta  musique,  Porta. 
Porte  ailleurs  ta  musique. 

Porta  avait  terminé  douze  opéras  français 
dont  il  n'a  pu  obtenir  la  représentation.  Ce 
musicien  a  écrit  aussi  de  la  musique  instru- 
mentaient l'on  connaît  sous  son  nom:  l°Trios 
pour  deux  violons  el  basse,  livres  1  et2;  Paris, 
Naderman.  2°  Trios  pour  trois  flûtes,  op.  1, 
G  et  11  ;  Paris,  Sicber   et  Janet.  5a    Trois. 


104 


PORTA  -  PORTMANN 


quatuors  pour  flûle,  violon,  alto  cl  liasse; 
Paris,  Imbault.  4°  Quintettes  pour  deux  flûtes, 
violon,  alto  et  basse,  livres  1,  2,  3,  4,  Paris, 
Naderman.  5°  Six  duos  pour  deux  violoncelles, 
Paris,  Frey.  Porta  était,  dit-on,  bon  maître  de 
chant.  Il  est  mort  à  Paris,  du  choléra,  au  mois 
d'avril  1832  (1). 

PORTA  (François  DELLA),  organiste  et 
compositeur,  né  à  Milan,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle,  eut  pour  maître  de 
composition  Jean-Dominique  Ripalta.  Après 
avoir  été  pendant  quelques  années  organiste 
de  l'église  Saint-Ambroise,  dans  sa  ville 
natale,  il  succéda  à  Antoine-Marie  Turato,  en 
qualité  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Celse, 
et  en  dernier  lieu,  il  fut  maître  de  chapellede 
l'église  Saint-Antoine,  jusqu'au  mois  de  jan- 
vier 1GG6,  époque  de  sa  mort.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  :  1°  Salmi  da  Capella  a 
quattro  voci,  con  altri  a  3,  4,  5  voci  con- 
certati,  op.  5;  in  Fenezia,  per  Jless.  Fin- 
centi,  1C37,  in -4°.  2"  Motelti  a  2,  3,  4,  5 
voci  con  lilania  délia  D.  F.  à  4  t'oct, 
Libro  1°,  oi».  2;  ibid.,  1G45,  in-4°.  3°  Ricer- 
cari  a  4  voci;  Milan.  4°  Motetti,  lib.  1  cl  2; 
Venise.  5°  Molecta  2,  3,  4  et  5  vocum  cum 
una  Missaet  psalmi  quatuor  vel  quinque 
vocibus  ad  libitum  decanlandis,  cum  basso 
ad  organum  libri  tertii,  opus  quurtum; 
Antwcrpiz,  ap.  Hxred.  Pétri  Phalcsii, 
1054,  in-4°. 

PORTAFERRARI  (Charles-Antoine), 
ecclésiastiquedeEologne,dans  le  dix-huitième 
siècle,  fut  moine  dans  un  couvent  de  Modène. 
Il  a  publié  un  traité  de  chant  ecclésiastique 
intitulé  :  Regole  pclcanlo  fermo  ecclesiastico; 
Modène,  1732,  in-4°. 

PORTE  (Joseph-François),  littérateur, 
membre  correspondant  de  la  Société  philhar- 
monique du  Calvados,  membre  de  l'Académie 
dis  sciences,  agriculture,  arts  et  belles-lettres 
d'Aix,  est  né  dans  celte  ville  (Bouches-dn- 
Rhone),  en  1792.  Connu  par  divers  ouvrages  de 
littérature,  étrangers  à  l'objet  de  cette  biogra- 
phie, il  n'est  cité  ici  que  pour  un  mémoire  cou- 
ronné par  la  Société  philharmonique  du  Cal- 
vados, et  qui  a  pouj-  tilre  :  Des  moyens  de 
propuger  le  goût  de  la  musique  en  France,  et 
particulièrement  dans  les  départements  <lr 

(I)  Audilîret  s'est  trompé,  dans  le  supplément  delà 
Biographie  universelle  de  Rlichaud,  lorsqu'il  :i  ilii  que 
Porta  était  mort  vers  JSIii,  car  II  donnait  encore  des 

leçons  d  li  ii  i ie  dans  l'institution  dirigée  par  Choron, 

en  l s i-j .  j(-  lui  succédai  alors  dans  cet  enseignement, 
lin  1829  je  lui  reiu  citez  lloger,  membre  de  l'Académie 
(cunçji 


l'ancienne  Normandie;  Czcn,  1835,  in-8"dc 
quatre-vingt-seize  pages. 

PORTE  (Gérard  DE  LA),  musicien  au 
service  du  prince  évoque  d'Osnabruck,  vers 
1080,  a  fait  imprimer  un  ouvrage  de  sa  com- 
position, sous  le  titre  de  :  Suites  de  pièces 
nouvelles  choisies  et  disposées  pour  le  concert, 
pour  deux  dessus  de  violon  avec  la  basse  con- 
tinue pour  le  clavecin,  auxquels  on  peut 
joindre  la  basse  de  viole  et  le  téorbe;  Amster- 
dam, 1089,  in-4°obI. 

PORTE  (Nicolas  DE  LA),  organiste  et 
maître  de  clavecin  à  Paris,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un 
ouvrage  qui  a  pour  tilre  :  Traité  théorique  et 
pratique  de  l'accompagnement  du  clavecin, 
avec  l'art  de  transposer  dans  tous  les  tons 
et  sur  tous  les  instruments,  dédié  à  made- 
moiselle Le  Duc,  in-4°  gravé  ;  Paris,  La  Che- 
vardière  (sans  date). 

PORTE  (l'abbé  DE  LA).  Foyez  LA- 
PORTE. 

PORTER  (Walter),  musicien  de  la  cha- 
pelle du  roi  d'Angleterre  Charles  Ier,  et  inspec- 
teur des  enfanls  de  chœur  de  AVestminster,  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Airs  et  madri- 
gaux pour  une,  deux,  trois,  quatre  et  cinq 
voix,  avec  basse  continue  pour  l'orgue  on  le 
(éorbe,  dans  la  manière  italienne;  Londres, 
1039.  2°  Cantiques  et  motels  1i  deux  voix; 
Londres,  1057.  3°  Paraphrase  des  psaumes  de 
George  Sandy,  à  deux  voix,  avec  basse  con- 
tinue pour  l'orgue;  Londres,  1070. 

PORTINARIO  (François),  musicien  né 
dans  les  Étals  de  Venise,  vivait  à  Padoue  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle.  On  connaît  de 
lui  trois  livres  de  madrigaux  à  cinq  et  six 
voix,  dont  le  premier  est  intitulé  :  Il  primo 
libro  de  Madrigali  a  cinque  voci;  Fenetia, 
app.  Ant.  Gardane,  1550,  petit  in-4°ohlong. 
Le  dernier  livre  a  pour  litre  :  //  terzo  libro  de' 
madrigali a  5  e  G  voci,  contre  dialoghiaG 
e  uno  a  olto;  Venise,  1557,  in-4°. 

POROIAINIV  (Jean-Théophile),  né  à 
Oberlichtenau,  près  de  Dresde,  le  4  décembre 
1739,  Il t  ses  études  musicales  à  l'école  de  la 
Croix,  dans  cette  ville.  On  ignore  les  circon- 
sianccs  qui  l'amenèrent  <!■■  la  capitale  de  la 
Saxe  près  «les  bords  «lu  Rhin,  mais  on  sait 
qu'après  avoir  élé  chanteur  à  la  cour  du  duc 
de  Darmstadt,  il  a  rempli,  à  Darmstadt  même, 
les  fonctions  de  professeur  adjoint  et  de  can- 
tor  à  l'école  de  la  ville.  Il  mourut  le  10  sep- 
lembre  1798,  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans. 
Pentlanl  plusieurs  années,  il  fut  attaché  à  la 
rédaction  de  la  Bibliothèque  allemande  uni- 


PORTMANN  -  PORTOGALLO 


101 


verseUc,ponr  la  musique,  et  il  s'y  montra  cri- 
lique  sévère.  Son  premier  ouvrage  imprimé  a 
pour  titre  :  Musicalischer  Unterricht  zum 
débranche  fur  Jnfanger  und  Liebhabcr  der 
jl/usik  uberhauptj   etc.    (Instruction    musi- 
cale pour  les  commençants  et  les  amateurs  de 
musique,    etc.);   Darmstadt  et  Spire,    1775, 
in-4°  de  trente-deux  pages.  Une  seconde  édi- 
tion de   ce  petit  ouvrage    fut    annoncée    en 
1799,    mais  elle   n'a    pas   paru.    Quatre   ans 
après   la  publication  de  sa  méthode  élémen- 
taire de  musique,  Porlmann   fit  paraître  un 
traité  d'harmonie  intitulé    :    Leichtes   Lehr- 
buch  der  Harmonie,  Composition  und  das 
Generalbasses,  zum  Gebrauch  fiir  Liebhaber 
der  Musik,  etc.  (Méthode  facile  d'harmonie, 
de  composition  et  de  basse  continuera  l'usage 
des  amateurs  de  musique,  etc.);  Darmstadt, 
1789,   in-4°  de   soixante    et  dix  pages,   avec 
soixante-quatre    planches  de  .musique.    Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
en  1799,  à  Darmstadt,  chez  Heyer.  Je  crois 
que  ce  n'est  que  la  première,  avec  un  nouveau 
titre.  Le  livre  le  plus  important  de  Porlmann 
est  celui  qui  a  pour  titre  :  Die  neueslen  und 
wichtigsten  Entdeckungen  in  der  Harmonie, 
Mélodie  und   dem  doppelten  Contrapuncte 
(Les  découvertes  les  plus  nouvelles  et  les  plus 
importantes  dans  l'harmonie  et  le  contrepoint 
double.  Supplément  à  toute  théorie  musicale)  ; 
Darmstadt,    1798,    deux   cent  soixante  et  dix 
pages  in-8°  et  dix-neuf  planches  de  musique. 
Une  analyse  détaillée  de  cet  ouvrage  se  trouve 
dans  la  première  année  de  la  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick,  p.  444.  On  a  aussi  de  Porl- 
mann :  \a  Nouveau-livre  choral  pour  le  duché 
de  Hesse-Darmstadt  ;  Darmstadt,  1786,  in-4°. 
Son  nom  ne  se  trouve  pas  au  titre,  mais  après 
la  préface.  2°  Musique  pour  la  fêle  de  Pente- 
côte; Darmstadt,  179ô.  Il  a  laissé  en   manu- 
scrit six  fugues  pour  le  clavecin  qui  se  trou- 
vaient, en  1812,  à  Leipsick,  chez  Kiihnel. 

POPiTO  (  Antoine-Ignace ) ,  pianiste  et 
compositeur,  naquit  à  Vicence,  en  178G. 
A  l'âge  de  treize  ans,  il  entra  au  collège  des 
Nobles  de  Parme,  y  reçut  une  bonne  éducation, 
et  prit  des  leçons  de  piano  de  Chiavarini,  et 
de  contrepoint  d'Alfonse  Savi.  De  retour  à 
Vicence,  il  y  composa  beaucoup  de  musique 
instrumentale,  particulièrement  des  sympho- 
nies à  grand  orchestre,  qui  étaient  estimées  en 
Italie  vers  1820. 

PORTO  (Matiueu),  chanteur  bouffe  ita- 
lien, possédait  une  voix  de  basse  puissante, 
mais  lourde  et  lente  dans  l'articulation.  Il 
commença  à  se  faire  connaître,  en  1802,  au 


théâtre  de  Pavie,  chanta  au  théâtre  Carcano, 
de  Milan,  en  1805,  puis  à  Gênes,  à  Venise  et 
à  Rome.  En  1810,  il  vint  à  Paris,  et  fut  atta- 
ché comme  permière  basse  à  l'opéra  italien 
du  théâtre  de  l'Impératrice.  Il  y  resta  jus- 
qu'en 1814,  retourna  en  Italie  vers  la  fin  de 
cette  année,  et  revint  à  Paris  en  1819.  Sa 
voix  avait  alors  perdu  une  partie  de  son  tim- 
bre; il  eut  peu  de  succès,  et  après  avoir 
chantéjusqu'au  printemps  de  1821,  il  alla  à 
Londres,  où  il  chantait  en  1824.  De  retour 
dans  sa  patrie,  il  a  paru  encore  sur  quelques 
théâtres,  jusqu'en  1826.  Depuis  lors  son  nom 
ne  se  trouve  plus  dans  la  composition  des 
troupes  dramatiques. 

PORTOGALLO  (Mauc-Antoine),  dont  le 
nom   de  famille    était  SI.1IAO ,  a    reçu   en 
Italie   celui   sous  lequel  il  est  connu,   parce 
qu'il   était  Portugais.   Il   naquit  à  Lisbonne, 
en  1763,  et  montra  dès    son  enfance   d'heu- 
reuses dispositions   pour   la  musique.  Après 
avoir  appris    les    éléments  de    cet   art  dans 
un  couvent  de  Lisbonne,    il  reçut  des  leçons 
de   chant   de    Borselli  ,    chanteur    italien    de 
l'Opéra   de  celle   ville,   et  le  second    maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale,  nommé  Orao, 
lui   enseigna  le  contrepoint.  Des  canzoneltes 
italiennes  et  quelques  airs  avec  orcheslre  qu'il 
écrivit  pour  le  (héâlre  de  Lisbonne  furent  ses 
premiers  essais.  Borselli  ayant  quitté  le  Por- 
tugal pour  se  rendre  à  Madrid,  Portogallo  l'y 
suivit  et  obtint,  par  son  entremise,  la  place 
d'accompagnateur  au  clavecin  de  l'Opéra  ita- 
lien. Il  élait  alors,  dans  sa  vingtième  année. 
Pendant  son  séjour  à  Madrid,  l'ambassadeur 
de  Portugal,  charmé  par  le  génie  qu'il  remar- 
quait en  lui  pour  la  musique  dramatique,  lui 
fournit  les  secours  nécessaires  pour  qu'il  se 
rendît  en  Italie.  II  y  arriva  en  1787.  L'année 
suivante,  il  écrivit,  à  Turin,   VEroe  cinese, 
son  premier  opéra,  dont  le  succès  ne  répondit 
pas  à  l'attente  de   ses   amis;   mais   quelques 
mois  après,    il   prit  une   complète  revanche 
dans  l'opéra  bouffe  la  Bachetta  porlcnlosa, 
qui    excita   l'admiration  des   Génois    par    la 
multitude  de  trails  nouveaux  qui  abondaient 
dans   la   plupart   des    morceaux.   VAslullo, 
qu'il  fii  jouer  au  printemps  de  1789,  à  Flo- 
rence, n'eut  pas  moins  de  succès,  et  IlMoli- 
naro,  qu'il  donna  cà  Venise,  au  carnaval  de 
1700,  acheva  de  fonder  sa  réputation.  Après 
la  représentation  de  cet  ouvrage,  Porlogallo 
fil  un  voyage  à  Lisbonne,  et  fut  présenté  nu 
roi,  qui  le  nomma  son  maître  de  chapelle.  De 
retour  en   Ilalic,    dans    l'année   suivante,    il 
écrivit,  à  Parme,  la  Donna  di  genio  valu- 


106 


PORTOGALLO  -  POSSEV1N 


bile,  à  Rome,  ta  Fedova  raggiralrice,  et  à 
Venise,  il  Principe  di  Spazzacamino ,  dont 
l'éclatant  succès  excita  l'intérêt  de  toute  l'Ita- 
lie. Dans  le  genre  sérieux,  le  Demofoonte 
qu'il  composa  à  Milan,  en  1794,  et  surtout 
Fernando  in  Messico,  peut-être  son  chef- 
d'œuvre,  écrit  pour  madame  Billington,  à 
Rome,  en  1797,  le  mirent  au  rang  des  meil- 
leurs compositeurs  de  cette  époque.  Les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  du  roi  de  Portugal 
obligeaient  Porlogallo  à  retourner  à  Lishonne 
de  temps  en  temps,  et  à  y  faire  d'assez  longs 
séjours;  mais  son  penchant  le  ramenait  tou- 
joursen  Italie,  où  ses  travauxélaient  accueillis 
par  d'unanimes  applaudissements.  Son  dernier 
voyage  en  ce  pays  eut  lieu  en  1815;  il  donna 
pendant  le  carnaval  VAdriano  in  Siria,  à 
Milan. A  l'époquedudépartde  la  famille  royale 
de  Portugal  pour  le  Brésil  (novemhre  1807), 
Portogallo  l'avait  accompagnée  en  sa  qualité  de 
maître  de  chapelle  de  la  cour,  et  était  resté  à 
Rio-Janeiro  jusqu'en  1815,  époque  où  il  ob- 
tint un  congé  pour  essayer  encore  une  fois  son 
génie  auprès  des  Italiens.  C'est  alors  qu'il 
écrivit,  à  Milan,  pour  le  théâtre  Re,  l'ouvrage 
dont  il  vient  d'être  parlé.  Après  le  retour  du 
roi  à  Lishonne,  il  y  reprit  son  service.  Porto- 
gallo est  mort  dans  celte  ville  à  la  fin  de  1829, 
on  au  commencement  de  1830. 

Il  serait  difficile  de  donner  la  liste  com- 
plète des  compositions  de  ce  musicien  distin- 
gué, car  on  manque  de  renseignements  sur  ce 
qu'il  a  écrit  à  Lisbonne;  on  sait  seulement 
qu'il  a  produit  une  grande  quantité  de  mu- 
sique d'église  pour  le  service  de  la  chapelle 
loyale, et  un  grand  nombre  d'airs  portugais  ap- 
pelés modeinhas.  A  l'égard  de  ses  opéras  ita- 
liens, je  n'ai  pu  recueillirque  les  titres  de  ceux 
qui  suivent  :  1°  L*Eroe  cinese,  à  Turin,  1788. 
2°  La  Bachclta  portentosa,  à  Gênes,  1788. 
5°  L'Astutta,  à  Florence,  1789.  4°  Il  Moli- 
naro,  à  Venise,  1790.  5°  La  Donna  di genio 
volubile,  à  l'arme,  1791.  0"  La  Fedova  rag- 
giralrice, à  Rome.  7°  Il  Principe  di  Spazza- 
camino, à  Venise.  8°  Il  Filosofo  sedicente. 
9U  Alceste.  10"  Demofoonte,  à  Milan,  1794. 
11°  Oro  non  compra  amore.  12°  /  due 
Gobbi,  ossia  le  confusiuni  nate  dalla  somi- 
glianza,  à  Venise,  1795.  13°  //  Ritomo  di 
Serse,  à  Bologne.  14°  Il  Diavolo  a  qualtro, 
ossia  le  Donne  cambiale.  15°  Fernando  in 
Messico,  à  Borne,  1797.  1G"  La  Maschera 
forlunata.  17°  Non  irritar  le  donne,  à  Plai- 
sance, 1799.  18°  Idontc,  à  Milan,  1800.  19°// 
Mulo  per  astuzzia.  20°  Omar,  re  di  Tema- 
gene.  21°  Argenide.  Cet  opéra,  dont  on  ne 


trouve  pas  l'indication  dans  les  almanachs  de 
théâtres  italiens,  a  été  chanté  à  Londres,  au 
mois  de  janvier  1806,  par  madame  Billington 
et  Braham.  22°  Semiramide,  à  Lisbonne,  en 
1802,  par  madame  Catalani.  25"  Il  Cia  bot- 
tino.  24"  Zulema  e  Selimo.  25°  Adriano  in 
Siria,  à  Milan,  1815.  26°  La  Morte  di  Mitri- 
date.  Porlogallo  avait  un  frère,  de  qui  l'on 
connaît  quelques  compositions  pour  l'église. 

PGSCII  (Isaac),  musicien  et  organiste  des 
États  de  la  Carinlhie,  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  s'est  fait  connaître  parles 
ouvrages  suivants  :  1°  Cantiones  sacrx  1,  2, 
o,  4  vocum;  Nuremberg,  1G25.  2°  Musika- 
lische  Ehren  und  Tafels  Freue,  en  deux  par- 
ties ;  ibid.,  1026. 

POSS  (Georges),  cornettiste  au  service  de 
l'archiducFerdinand  d'Autriche,  vers  le  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  a  publié 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Liber  primas  mis- 
sarum  8  et  G  vocibus  ;  Augsbourg,  1608. 
2°  Orphxus  mixtusvel  concentas  musicitam 
sacris  qaam  profanis  usibus,  tam  instru- 
mentis  quam  voc.  humants  concinnali , 
lib.  I;  ibid.,  1608. 

POSSELT  (François),  organiste  et  compo- 
siteur distingué,  naquit  en  Bohème,  dans 
l'année  1729.  Après  avoir  été  directeur  du 
chœur  à  l'église  de  Gralzau,dans  sa  jeunesse, 
il  fut  eboisi  par  le  comte  Gallus  pour  diriger 
le  chœur  et  l'école  de  Beichenherg.  Plus  tard, 
un  membre  de  cette  noble  famille  l'établit  dans 
son  palais,  à  Prague,  en  qualité  de  secrétaire. 
Posselt  mourut  dans  cette  ville,  le  27  janvier 
1801,  à  l'âge  de  soixante  et  onze  ans.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  compositions 
pour  l'église,  entre  autres  deux  messes  solen- 
nelles, dont  une  a  été  exécutée  dans  l'église 
des  Dominicains,  le  jour  de  saint  Égide,  en 
1783,  et  l'autre,  dans  la  mêmeannée,  à  l'église 
de  Saint  Sauveur.  On  a  aussi  chanté  à  l'église 
du  couvent  de  Slrahow,  en  1798,  six  messes 
brèves  de  sa  composition. 

POSSEIN  (Lauxnin),  luthier  à  Schœngau, 
en  Bavière,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
fut  engagé  pour  la  fabrication  et  l'entretien 
des  instruments  de  la  chapelle  de  Munich,  en 
1564,  aux  appointements  de  quatre  cent  cinq 
florins.  On  conserve,  dans  quelques  cabinets 
de  curieux,  des  luths  et  des  violes  sortisde  son 
atelier. 

POSSEVIN  (Antoine),  jésuite,  né  à  Man- 
toue,  en  1554,  avait  terminé  ses  éludes  avec 
succès  avant  l'âge  de  quinze  ans,  cl  se  rendit 
à  Rome,  ou  il  fut  chargé,  par  le  cardinal  de 
Gonzague,  de  l'éducation  de  ses  neveux.  Plus 


POSSEVIN  —  POTT 


107 


tard,  il  entra  dans L  compagnie  de  Jésus,  fut 
employé  par  s,,s  djpecleurs  «tans  plusieurs  né^ 
gociationsoù  il  montra  de  l'habileté,  et  devint, 
en  1573,  secrétaire  du  général  des  jésuites. 
Le  pape  l'employa  aussi  dans  des  négociations 
en  Suède  et  en  Russie.  Il  mourut  à  Ferrare, 
le  2G  lévrier  1611,  à  l'âge  de  soixante-dix- 
linit  ans.  Dans  son  livre  intitulé  Bibliolheca 
selecta  de  rations  sludiorum  (Rome,  1593, 
deux  volumes  in-fol.,  et  Cologne,  1007,  deux 
volumes  in-fol.),  il  traite  (lib.  XV,  cap.  5  et  0) 
de  la  musique  et  des  compositeursdeson  temps, 
dont  il  donne  une  liste  étendue. 

POSTEL  (Guillaume)  ,  célèbre  vision- 
naire, naquit,  le  25  mars  1510  (1),  à  Dolerie, 
près  de  Barenton,  en  Normandie.  Après  avoir 
fait  d'excellentes  éludes,  il  voyagea  longtemps 
en  Europe  et  en  Asie,  puis  il  retourna  à  Paris. 
Il  fut  professeur  de  mathématiques  au  collège 
de  France,  puis  il  se  relira  au  monastère  de 
Saint-Marlin-des-Champs,  où  il  enseigna  la 
philosophie  jusqu'en  1578.  Il  mourut  à  Paris, 
le  6  septembre  1581.  Postel  l'ut  un  des  plus 
savants  hommes  de  son  temps,  mais  il  eut 
un  esprit  faible,  préoccupé  de  visions  dont  on 
trouve  les  détails  dans  les  biographies  géné- 
rales. Il  a  écrit  cinquante-sept  ouvrages,  au 
nombre  desquels  il  s'en  trouve  un  qui  a  pour 
titre  :  Tabula  in  musicam  theoricam  ;  Paris, 
1552,  in-8°.  Ce  livre  est  devenu  fort  rare. 

POTENZA  (Pascal),  sopraniste  distingué, 
naquit  à  Naples  vers  1735,  et  chanta  à 
Londres,  en  1761.  Après  son  retour  en  Italie, 
il  brilla  sur  plusieurs  théâtres,  notamment  à 
Padoue,  en  1770.  Quelques  années  après,  il 
fut  attaché  à  la  chapelle  de  Saint-Marc,  à  Ve- 
nise, comme  un  des  vingt-quatre  chanteurs  de 
celte  chapelle,  jusqu'aux  derniers  jours  de  la 
république  vénitienne  (1797).  On  ignore  la 
date  de  sa  mort. 

POTIER  (Heniu-IIippolyte),  fils  cadet  du 
célèbre  comédien  de  ce  nom,  est  né  à  Paris,  le 
10  février  1816.  Admis  au  Conservatoire,  le 
19  octobre  1827,  il  étudia  le  solfège  dans  la 
classe  du  professeur  Amédée,  puis  devint 
élève  de  Zimmerman  pour  le  piano.  Le  second 
prix  pour  cet  instrument  lui  fut  décerné  au 
concours  de  1830,  et  il  obtint  le  premier  prix 
en  1831.  Dourlen  et  M.  Lecoupey  furent  ses 
professeurs  d'harmonie  et  d'accompagnement 
pratique,  dont  le  premier  prix  lui  fut  décerné 

(l)  Forkel  et  Geruer  ont  adopté  une  fausse  date,  en 
plaçant  la  naissance  de  Postel  en  1477;  ils  ont  été  copiés 
dans  cette  faute  par  Fayulle,  Lichtenthal,  liecker,  Ber- 
ii'iii,  etc.,  etc.  Voyez  les  Eclaircissements  sur  ta  vie  de 
Guillaume  Postel,  par  le  P.  Dcsbillons. 


en  1832.  M.  Potier  se  livra  ensuite  à  l'élude 
sérieuse  du  contrepoint  et  de  la  fugue  pendant 
cinq  années  et  ne  sortit  du  Conservatoire 
qu'au  mois  de  juin  1837,  après  dix  années 
d'un  travail  assidu.  Il  se  livra  alors  à  l'ensei- 
gnement et  à  la  composition.  Il  se  fit  parti- 
culièrement remarquer  pas  son  talent  d'ac- 
compagnateur dans  les  concerts.  Au  mois 
d'août  18-îG,  il  fit  jouer,  au  théâtre  de  l'Opéra- 
Comique,  le  Caquet  du  couvent,  en  un  acte, 
dont  la  musique  avait  de  la  distinction,  bien 
qu'on  eût  pu  y  désirer  plus  d'originalité.  Cet 
ouvrage  fut  suivi  d'il  Signor  Pascariello , 
opéra  en  trois  actes,  qui  fut  joué  au  même 
théâtre,  en  1848,  et  qui  obtint  à  juste  titre  du 
succès.  Depuis  cette  époque,  M.  Potier  n'a 
écrit  pour  la  scène  que  la  musique  d'un  ballet 
en  deux  actes,  représenté  à  l'Opéra  de  Paris, 
le  22  septembre  1853,  et  qui  a  pour  titre  : 
sElia  et  Mysis  ou  V  Atellane.  Cet  ouvrage 
n'a  pas  eu  une  longue  existence.  M.  Potier  a 
été  nommé  chef  du  chant  à  l'Opéra,  en  1850  ; 
il  occupe  encore  cette  position  (1863). 

Madame  Potier,  femme  de  cet  artiste,  fut 
une  agréable  et  jolie  cantatrice  qui  se  fit  ap- 
plaudir pendant  quelques  années  (1847-1855), 
au  théâtre  de  l'Opéra-Comique  et  dans  les 
concerts.  Son  éducation  musicale  avait  été 
faite  au  Conservatoire  de  Paris. 

POTIIV  (Antoine),  facteur  d'instruments  à 
clavier,  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  travail- 
lait à  Paris,  où  vraisemblablement  il  est  né. 
Le  P.  Mersenne  dit  de  lui  dans  son  Harmonie 
universelle  (Traité  des  instruments  à  cordes, 
liv.  III,  p.  159)  :  «  Les  meilleures  espinettes 
«  étaient  fabriquées  par  Antoine  Potin,  qui 
«  faisait  une  excellente  barrure.  »  On  voit, 
dans  quelques  vieux  instruments,  que  le  sys- 
tème de  barrage  des  épineltes  et  des  clavi- 
cordes  de  cette  époque  était  perpendiculaire 
au  chevalet. 

POTT  (Auguste),  violoniste  allemand  de 
l'époque  actuelle,  est  né  le  7  novembre  1800, 
à  Nordheim,  dans  le  Hanovre.  Son  père,  musi- 
cien de  ville,  lui  enseigna  les  éléments  de  la 
musique,  et  lui  apprit  à  jouer  de  plusieurs  in- 
struments; mais  le  violon  était  celui  pour 
lequel  il  se  sentait  une  vocation  décidée,  et 
ses  instances  finirent  par  faire  consentir  son 
père  à  ce  qu'il  le  cultivai  de  préférence  à  tout 
autre.  Dans  les  années  1818  à  1820,  Spohr 
ayant  donné  des  concerts  à  Gœltingue,  Pott  fit 
plusieurs  voyages  de  Nordheim  à  celte  ville 
pour  l'entendre.  Sa  persévérance  obtint  enfin, 
de  son  père  les  moyens  de  se  rendre  à  Cassel 
pour  étudier  sous  la  direction  du  maître  qu'U 


103 


POTT  -  POTTIER 


avait  choisi  pour  modèle.  En  1824,  il  se  fit  en- 
tendre publiquement  à  Cassel  pour  la  pre- 
mière fois,  et  le  succès  couronna  ses  efforts. 
Depuis  lors,  il  a  voyagé  en  Danemark,  à 
Vienne  et  dans  plusieurs  villes  de  l'Allemagne  : 
partout  il  a  été  considéré  comme  un  artiste  de 
mérite.  Il  a  aussi  visité  Paris,  mais  j'ignore 
s'il  s'y  est  fait  entendre.  En  1852,  le  duc  d'Ol- 
denbourg l'a  nommé  son  maître  de  chapelle, 
et  depuis  ce  temps  il  en  remplit  les  fonctions. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Les  adieux 
de  Copenhague,  grand  concerto  pour  le  vio- 
lon, op.  10;  Leipsick,  Hofmeisler.  2°  Varia- 
tions pour  violon,  avec  accompagnement  de 
second  violon,  alto  et  violoncelle;  Hanovre, 
Kruchwïtz.  5°  Duo  pour  deux  violons;  ibid. 
4°  Les  Souvenirs  de  Paris,  variations  bril- 
lantes sur  un  thème  original  pour  violon  et 
orcbeslre,  op.  12;  Leipsick,  Hofmeister. 
5°  Deuxième  concerto  pour  violon  et  orches- 
tre, op.  15;  Leipsick,  Kislner.  6°  Variations 
de  concert  (Das  Minnelied),  idem  (en  sol), 
op.  16;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel.  7°  Va- 
riations de  concert  (sur  un  thème  hollandais), 
idem  (en  ré),  op.  20;  Leipsick,  Kislner.  Une 
ouverture  à  grand  orchestre,  de  Pott,  a  été 
exécutée  à  Leipsick  et  à  Prague,  en  1838.  Cet 
artiste  a  fait  un  voyage  en  Belgique  et  s'est 
fait  entendre  à  Bruxelles,  en  185G. 

POTT  (madame  Aloyse),  dont  le  nom  de 
famille  était  WINKLA11DE  FORAZET, 
est  née  à  Vienne,  le  23  avril  1815.  Élève  de 
Charles  Czerny  pour  le  piano  et  de  Gyrowetz 
pour  la  composition,  cette  dame  se  distingue 
par  un  rare  talent  d'exécution,  mais  seule- 
ment comme  amateur.  Elle  joue  aussi  fort  bien 
<lu  violoncelle.  Elle  a  composé  des  Lieder.  des 
quatuors  pour  instruments  à  cordes,  et  une 
messe  à  quatre  voix  cl  orchestre. 

POTT  EU  (Jeah),  littérateur  anglais,  vivait 
à  Londres  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle.  On  a  de  lui  quelques  poésies,  et 
un  écrit  intitulé  :  Observations  on  the  pré- 
sent state  ofmusic  and  musicians;  Londres, 
17fi3,  in-8°. 

POTTEIV  (Ciriu.iNi),  pianiste  et  composi- 
teur, est  né  à  Londres,  en  1702.  Lorsqu'il  eut 
atteint  l'âge  de  sept  ans,  son  père,  professeur  de 
musique,  lui  donna  les  premières  leçons  deccl 
art.  Allvvoodlui  enseigna  les  règles  du  contre- 
point, et  il  acheva  ses  éludes  de  théorie  sous 
la  direction  de  Calcotl  et  du  docteur  Crolch. 
\|irès  l'arrivée  de  Woclfl  en  Angleterre,  il 
reçut  ses  conseils  pendant  cinq  ans.  Il  se  fil 
entendre,  pour  la  première  lois,  au  concert 
philharmonique,  dans  un  sextuor  de  sa  com- 


position ;  mais  l'accueil  froid  qui  fut  fait  à  cet 
ouvrage  l'ayant  jeté  dans  le  découragement, 
il  prit  la  résolution  de  voyager,  visita  l'Alle- 
magne, et  se  rendit  à  Vienne,  où  il  fut  présenté 
à  Beethoven  par  un  de  ses  amis.  De  là  il  se 
renditen  Italie,  puis  retourna  àLondres,  où  il 
se  livra  à  l'enseignement  du  piano.  Ayant  été 
nommé  professeur  de  cet  instrument  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique,  en  1825,  il  en  con- 
tinua les  fonctions  jusqu'en  1832,  où  il  succéda 
au  docteur  Crolch  dans  la  direction  de  celle 
institution.  Après  vingt-neuf  ans  passés  dans 
celte  position,  M.  Polter,  ayant  pris  la  résolu- 
lion  de  passer  ses  dernières  années  dans  le 
repos,  a  pris  sa  retraite,  en  18GI.  Il  a  publié 
de  sa  composition  :  1°  Sextuor  pour  piano, 
flûte,  violon,  alto,  violoncelle  et  contrebasse, 
op.  11  ;  Bonn,  Simrock.  2°  Grands  trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  ou  clarinette  et 
basson,  op.  12,  n03  1,  2  et  3;  ibid.  3°  Sonate 
concertante  pour  piano  et  cor,  op.  13;  ibid. 
4°  Grand  duo  pour  deux  pianos,  op.  7;  Vienne, 
Mechelli.  5°  Introduction  cl  rondo  pour  piano 
à  quatre  mains,  op.  8  ;  Bonn,  Simrock.  6°  So- 
nates pour  piano  seul,  n03  1  et  2;  Londres, 
Clementi;  nos  3  et  4,  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hœrtel.  7"  Beaucoup  de  toccales,  rondeaux, 
fantaisies,  éludes,  pots-pourris,  variations, etc. 
pour  piano  seul;  Londres,  Bonn,  Leipsick, 
Vienne,  etc.  M.  Polter  a  en  manuscrit  des 
quatuors  de  violon  et  des  symphonies,  dont 
une  a  été  exécutée  au  concert  philharmonique 
de  Londres,  en  1835.   ' 

POTTIIOFF  (....),  bon  organiste  et  cé- 
lèbre carillonnenr,  naquit  à  Amsterdam,  en 
1726.  Il  n'était  âgé  que  de  sept  ans,  lorsque, 
à  la  suite  de  la  petite  vérole,  il  devint  aveugle. 
La  place  de  carillonneur  île  l'hôtel  de  ville  lui 
fut  confiée  à  l'âge  de  treize  ans.  Peu  de  cam- 
panisles  ont  eu  un  talent  comparable  au  sien  : 
il  jouait  presque  constamment  à  trois  parties, 
faisant  la  basse  avec  les  pieds;  mais  l'exercice 
violent  auquel  il  était  obligé  de  se  livrer, 
lorsqu'il  exécutait  de  celle  manière  des  fugues 
et  des  variations,  lui  causait  une  si  grande; 
fatigue,  qu'il  était  bois  d'état  de  prononcer 
un  mot  après  avoir  fini.  En  1738,  Potlhoff 
concourut  avec  vingt-deux  rivaux  pour  la 
place  d'organiste  de  If'eslern-Kcrk  et  fit 
preuve  d'un  talent  distingué.  Il  obtint  la  place 
d'organiste  île  la  vieille  église,  en  1760. 
J'ignore  ia  date  de  la  mort  de  cet  artiste. 

POTT IE I*  (Matthieu),  musicien  attaché  à 
l.i  cathédrale  d'Anvers,  vers  le  milieu  du  dix- 
scplième  siècle,  est  connu  par  les  ouvrages 
suivants  :    !     Flores  selectissimaruni  mis- 


POTTiER  -  POWER 


109 


sarum  4,  5  et  G  roc,  Anvers,  1650,  in-4". 
C'est  une  collection,  formée  par  l'ottier,  de 
messes  d'Asola,  Jean  Croce,  Orland  de  Lassus, 
Massaini,  Palestrina  et  Louis  Viadana;  le  re- 
cueil ne  contient  qu'une  seule  messe  de  Pol- 
tier,  à  quatre  voix.  2°  Missx  7,  8  voc;  ibid., 
1640. 

POTTIER  (Jean-Marie),  ancien  musicien 
de  la  chapelle  du  roi,  est  né  à  Belleville,  en 
1772.  Après  qu'il  eut  appris  les  éléments  de 
la  musique  sous  la  direction  d'un  vieux  maître, 
nommé  Avril,  sa  belle  voix  le  fit  recevoir  en- 
fant de  chœur  à  la  cathédrale  de  Paris,  dont 
Fabbé  Dugué  était  alors  maître  de  chapelle. 
En  1790,  il  sortit  de  la  maîtrise  de  Notre- 
Dame,  continua  ses  éludes  littéraires,  et  suivit 
des  cours  de  droit.  Mais  son  penchant  pour  la 
musique  le  fit  ensuite  entrer  au  Conservatoire, 
où  il  devint  élève  de  Berton  pour  l'harmonie. 
Il  cultiva  aussi  l'art  du  chant  sous  la  direction 
de  Mengozzi,  et  plus  tard  il  en  donna  des 
leçons  à  Paris.  Admis  dans  la  chapelle  de  Na- 
poléon, en  1807,  il  devint,  en  1815,  musicien 
de  celle  du  roi.  En  1818,  il  institua  une  école 
de  musique  dans  sa  maison.  Depuis  lors,  des 
chagrins  de  famille,  des  pertes  de  fortune,  et 
la  dissolution  de  la  chapelle  royale  l'ont  dé- 
cidé à  vivre  dans  la  retraite.  Il  a  publié  un  re- 
cueil de  quatre  romances  chez  Naderman,  à 
Paris.  A  l'époque  des  succès  de  l'enseignement 
de  la  musique  par  la  méthode  de  Massimino, 
M.  Pottier  a  fait  une  critique  du  système 
de  ce  professeur,  dans  une  Lettre  à  ma- 
dame ***  sur  la  musique,  M.  M o  et 

l'enseignement  mutuel;  Paris,  F.  Didot, 
1818,  in-8°  de  vingt-quatre  pages. 

POUILLAIV  (mademoiselle),  virtuose  sur 
le  clavecin,  vécut  à  Paris,  dans  la  seconde 
moitié  dudix-huilième  siècle.  Elle  a  fait  graver 
à  Paris,  en  1783,  trois  sonates  pour  le  clave- 
cin, op.  1. 

POUSAM  (Manuel),  moine  auguslin  por- 
tugais, naquit  à  Landroal,  et  fut  maître  de 
chapelle  du  couvent  de  son  ordre,  où  il  est 
mort,  en  1685.  Il  a  fait  imprimer  :  Liber  pas- 
sionum  et  eorum  qux  a  dominica Palmarum 
usque  ad  sabbatum  sanctum  cantari  soient; 
Lugduni,  1676,  in-fol.  Il  a  laissé  aussi  en 
manuscrit  :  1°  Missa  defunctorum  8  vocum. 
2°  Filhancicos  e  motetes.  Ces  compositions 
étaient  autrefois  dans  la  bibliothèque  du  roi 
de  Portugal. 

POUTEAU  (....),  né  à  Chaulme,  en  Brie, 
vers  1740,  fut  conduit  à  Paris  à  l'âge  de  quatre 
ans,  et  y  commença,  fort  jeune,  l'élude  de  la 
musique.  Forqueray,  son  grand-oncle,  un  des 


meilleurs  organistes  de  ce  temps,  lui  enseigna 
à  jouer  de  l'orgue,  et  il  reçut  de  Bordier  des 
leçons  de  composition.  A  l'âge  de  quinze  ans, 
il  obtint  la  place  d'organiste  à  l'église  Saint- 
Jacques  de  la  Boucherie;  plus  tard  il  succéda 
à  Forqueray,  comme  organiste  du  prieuré  de 
Saint-Marlin-des-Champs  et  de  Saint-Severin. 
En  1810,  il  était  organiste  de  la  paroisse 
Sainl-Méry,  quoiqu'il  fût  âgé  de  plus  de 
soixanle-dix  ans.  En  1777,  il  avait  fait  repré- 
senter à  l'Académie  royale  de  musique  Alain 
et  Rozette,  opéra  en  un  acte,  qui  fut  bien  ac- 
cueilli. Il  a  laissé  des  pièces  de  clavecin  et  des 
motets.  On  lui  doit  aussi  les  accompagnements 
dé  piano  de  quaranle-huit  recueils  d'airs 
d'opéras  français. 

POWEL  (Thomas),  né  à  Londres,  en 
1776,  se  livra  à  l'étude  de  la  musique  dès  ses 
premières  années,  et  apprit  à  jouer  du  violon- 
celle, du  piano  et  de  la  harpe.  En  1805,  il  joua 
avec  succès  un  concerto  de  violoncelle,  com- 
posé par  lui,  au  concert  donné  à  Hay-Market 
pour  le  bénéfice  du  fonds  choral.  L'année  sui- 
vante, il  alla  se  fixer  à  Dublin  en  qualité  de 
professeur  de  musique,  et  y  composa  plusieurs 
ouvrages  pour  l'église  et  les  concerts.  Son  ta- 
lent de  violoncelliste  se  développa  de  jour  en 
jour,  et  les  biographes  anglais  assurent  qu'il 
pouvait  êlre  mis  en  comparaison  avec  Bom- 
berg.  Après  plusieurs  années  passées  à  Dublin, 
il  s'est  fixé  à  Edimbourg,  où  il  vit  encore  (1863). 
Cet  artiste  a  publié  à  Londres  età  Edimbourg  : 
1°  Trois  duos  pour  violon  et  violoncelle,  op.  1. 
2°  Trois  duos  pour  deux  violoncelles,  op.  2. 
3°  Trois  idem,  livre  2e.  4°  Grand  duo  pour 
violon  et  violoncelle,  op.  4.  5°  Quatuor  varié 
pour  deux  violons,  allô  el  hasse  sur  le  thème 
anglais  :  J/ope  told.  6°  Sonates  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  nos  1  et  2.  7°  Grandes 
sonales  pour  piano  et  violoncelle  obligé. 
8°  Grande  marche  et  rondo,  exécutés  par  l'or- 
chestre d'harmonie  aux  jardins  du  Vauxhall. 
9°  La  Campanella,  rondo  pour  piano.  10°  Des 
thèmes  variés,  idem.  11°  Duos  pour  harpe  et 
piano.  M'.  Powel  a  beaucoup  de  compositions 
en  manuscrit. 

POWER  (Lyonel),  auleur  inconnu  d'un 
petit  traité  du  déchant,  ou  de  la  composition, 
en  ancienne  langue  anglaise.  A  l'époque  où 
Hawkins  et  Burney  onl  écrit  leurs  Histoires 
delà  musique,  le  manuscrit  qui  conlientcet 
ouvrage  étail  dans  la  possession  du  comte  de 
Shelburne.  D'après  le  style,  l'orthographe  des 
mots  et  la  forme  des  caractères,  qui  se  rap- 
prochent plus  des  lettres  saxonnes  que  des 
lettres    romaines,   ces  auteurs  pensent  que 


110 


POWER  -  PRADIIER 


l'auteur  a  dû  vivre  vers  le  temps  de  Chaucer, 
c'est-à-dire  vers  le  milieu  du  quatorzième 
siècle,  et  que  c'est  le  plus  ancien  ouvrage  an- 
glais sur  celte  matière.  Morley  l'a  connu,  car 
il  le  cite  à  la  fin  de  son  Introduction  to  prac- 
tical  music.  Hawkins  a  donné  le  commence- 
ment du  livre  de  Power  [a  General  historyof 
tfie  science  and  practice  of  mnsic,  tome  II, 
page22G),et  Burney  (a  General  II islor y,  etc., 
tome  II,  page  422)  l'a  aussi  rapporté.  Cet  ou- 
vrage a  pour  titre  :  Ofthe  Cordis  ofmusihe. 

POYDA  (Jean-Frédéric),  surintendant  et 
pasteur  à  BitteiTeld,  a  publié  un  sermon  qu'il 
avait  prononcé  à  l'occasion  de  l'érection  d'un 
orgue  à  Priorau(?). Cet  opuscule  a  pour  litre  : 
Prediyt  bei  der  Einweihung  der  Orgel  zu 
Priorau,  etc.;  Leipsick,  Cnobloch,  1821, 
in-8°  de  trente  pages. 

POZZI  (Anne),  cantatrice  distinguée,  na- 
quit à  Rome,  en  1758.  L'étendue,  la  pureté, 
la  légèreté  de  sa  voix  et  l'expression  de  son 
chant  lui  procurèrent  de  brillants  succès.  En 
1784,  elle  chantait  à  Naples  les  rôles  de  prima 
donna;  plus  tard  on  la  trouve  à  Venise,  et  en 
1787,  elle  était  à  Milan.  Elle  est  morte  quel- 
ques années  avant  1812. 

POZZI  (Gaétan),  bon  ténor  italien,  chanta 
avec  succès  depuis  1798  jusqu'en  1819.  Il  est 
mort  à  Novi,  pendant  l'hiver  de  1833 . 

PRACHT  (Auguste-Guillaume),  musicien 
à  Koenigsberg,  dans  la  nouvelle  Marche  de 
Brandebourg,  vécut  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  l°Chansons  allemandes  avec  accom- 
pagnement de  piano;  Zerbst,  1796.  2°  Six 
petites  sonates  pour  le  piano,  1rc  partie;  ibid., 
1797.3° Sonates  pour  le  clavecin,  avec  accom- 
pagnement de  violon  et  violoncelle,  Berlin, 
Rcllslâbt,  1798. 

PRADHER,  ou  plus  exactement  PRA- 
DKIVI2  (Louis-Bartiiéi.emi),  pianiste  et  com- 
positeur, fils  d'un  professeur  de  violon,  est  né 
à  Paris,  le  18  décembre  1781.  A  l'âge  de  huit 
ans,  il  commença  l'étude  de  la  musique,  sous 
la  direction  de  son  oncle,  Lefèvre,  qui,  plus 
lard,  fut  chef  d'orchestre  du  théâtre  de 
l'Opéra -Comique;  puis  il  entra  comme  élève 
à  l'école  royale  de  musique,  où  il  reçut  des 
leçons  de  Gobert  pour  le  piano.  Après  que  la 
révolution  eut  fait  supprimer  celle  institution, 
madame  de  Hontgeroult  accueillit  Pradher 
comme  élève,  el  lui  donna  des  leçons  pendant 
plus  de  deux  ans.  Le  Conservatoire  ayant  éié 
institué,  il  y  fut  appelé,  et  rentra  sous  la  di- 
rection de  Gobert,  son  ancien  maître.  Au  con- 
cours de    1797,   il   obtint  le  second  prix  de 


piano,  et  l'année  suivante,  le  premier  lui  fut 
décerné.  Admis  alors  dans  le  cours  d'har- 
monie de  Berlon,  il  se  livra  à  l'élude  de  cette 
science;  mais  peu  de  temps  après,  il  sortit  du 
Conservatoire  pour  se  marier  avec  la  fille  du 
célèbre  compositeur  Philidor,  quoiqu'il  n'eût 
pas  encore  atteint  sa  vingtième  année.  En 
1802,  après  la  mort  d'Hyacinthe  Jadin,  sa 
place  de  professeur  de  piano  au  Conservatoire 
fut  mise  au  concours,  et  Pradher  l'obtint 
par  l'exécution  brillante  d'un  concerto  de 
Dussek  et  de  fugues  très-difficiles  composées 
pour  ce  concours  par  Chcriibini,  el  qu'il  joua 
sans  hésitation  à  première  vue.  Les  principaux 
élèves  qu'il  a  formés  dans  celte  école  sont  les 
frères  Henri  et  Jacques  Herz,  Dubois,  Mey- 
semberg,  Lambert  el  Rosellen.  Pradher  a 
eu  aussi  l'honneur  de  donner  des  leçons  de 
piano  aux  princesses  de  la  famille  du  roi 
des  Français  Louis-Philippe.  Excellent  ac- 
compagnateur, il  fut  successivement  attaché 
en  cette  qualité  à  la  chapelle  du  roi,  et  à  la 
musique  particulière  des  rois  Louis  XVIII  et 
Charles  X.  Devenu  l'époux,  en  secondes  noces, 
de  la  charmante  actrice  de  l'Opéra-Comique, 
mademoiselle  More,  il  a  beaucoup  voyagé  avec 
elle,  et  a  pris  sa  retraite  de  professeur  du 
Conservatoire  en  1827,  après  vingt-cinq  ans 
de  service.  Il  s'était  retiré  avec  sa  femme  à 
Toulouse,  où  ils  vivaient  honorablement  du 
fruitde  leurs  travaux, et  jouissaientde  l'estime 
générale.  Pradher  fut  nommé  directeur  du 
Conservatoire  de  musique  de  celle  ville.  Il  est 
mort  à  Gray  (Haute-Saône),  dans  le  mois  d'oc- 
tobre 1843. 

Pradher  était  déjà,  depuis  plusieurs  années, 
professeur  au  Conservatoire  lorsque  le  désir 
«le  se  livrer  à  la  composition  dramatique  lui 
fit  suivre  le  cours  de  Méhul,  qui  lui  enseigna 
le  contrepoint,  la  fugue,  et  surtout  l'art 
d'écrire  pour  la  scène.  En  1804,  il  fit  un  pre- 
mier essai  de  ses  forces  dans  le  Chevalier 
d'industrie,  opéra-comique  en  un  acte,  dont 
il  écrivit  la  musique  en  société  avec  Gustave 
Dugazon.  Le  24  septembre  1807,  il  donna  au 
théâtre  Feydcau  la  Folie  musicale,  ou  le 
Chanteur  prisonnier ,  opéra-comique,  suivi 
de  Jeune  et  Vieille,  opéra-comique  en  \\\\ 
acte,  181 1,  de  l'Emprunt  secret,  en  un  acte, 
25  juillet  1812,  du  Philosophe  en  voyage,  en 
trois  actes,  le  10  juillet  1821  (en  société  avec 
Frédéric  Kreubé),  et  de  Jenny  la  bouquetière, 
en  deux  actes,  le  10  mars  1823 (avec  le  même). 
Parmi  les  compositions  de  Pradher,  pour  le 
piano,  on  remarque  :  1°  Concerto  pour  piano 
(en  sol);  Paris,  Siebcr.  2"  Grande  sonate  pour 


PRADIIER  -  PR/ETORIUS 


iH 


piano,  violon  et  violoncelle,  op.  17;  Paris, 
Janet.  5°  Adagio el  rondo,  idem,  ibid.  4U  Ron- 
do pour  deux  pianos;  Paris,  Leduc.  5°  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  1,  2,  ô,  13,  16;  Paris, 
Janet,  Naderman, Leduc,  Pleyel.  6°  Rondeaux 
et  fantaisies,  idem,  op.  8,  10,  12,  15;  ibid. 
7°  Pots-pourris,  idem,  noS  1  et  2;  Paris,  Mo- 
migny.  8°  Variations,  idem,  op.  11,  14,  18; 
Paris,  Leduc.  9°  Vingt-deux  recueils  de  ro- 
mances ;  Paris,  Érard,  Leduc,  Momigny. 

PRADHER  (madame),  autrefois  made- 
moiselle More,  née  à  Carcassone  (Aude),  le 
6  janvier  1800,  était  fille  d'une  ancien  direc- 
teur de  théâtres,  dans  le  midi  de  la  France. 
A  l'âge  de  cinq  ans,  elle  parut  pour  la  première 
fois  sur  la  scène  dans  le  rôle  de  Jeannette,  du 
Déserteur.  A  dix  ans,  elle  chantait  dans 
l'opéra  et  dans  les  concerts,  à  Montpellier. 
Elley  resta  jusqu'à  l'âgede  seize  ans,  puis  elle 
alla  à  Rouen,  et  débuta  à  l'Opéra-Comique,  le 
21  juin  1816.  Une  voix  agréable  et  facile,  un 
extérieur  plein  de  charme,  et  son  jeu,  à  la  fois 
naturel  et  gracieux,  lui  procurèrent  des  succès 
qui  devinrent  chaque  jour  plus  remarquables. 
Le  premier  rôle  écrit  pour  elle  fut  celui  d'un 
adolescent  dans  le  Frère  Philippe,  opéra- 
comique  de  Dourlen  :  elle  y  fut  charmante. 
Bientôt  des  rôles  plus  importants  lui  furent 
confiés,  et  plus  tard,  elle  joua  ceux  de  première 
femme  dans  Léocadie,  le  Maçon,  la  Fiancée, 
Fiorella  ,  et  beaucoup  d'autres  ouvrages 
d'Auber,  d'Hérold  et  d'autres  compositeurs. 
On  se  rappellera  longtemps  le  charme  qu'elle 
mettait  dans  celui  de  la  Vieille,  opéra-comique 
de  l'auteur  de  cette  biographie.  Retirée  en 
1835,  avec  la  pension  acquise  par  vingt  et  un 
ans  de  service,  madame  Pradher  a  donné, 
dans  les  années  suivantes,  des  représentations 
sur  les  principaux  théâtres  de  France. 

PRAEGER  (Henri -Alovs),  violoniste, 
guitariste  et  compositeur,  estné  à  Amsterdam, 
le  23  décembre  1783.  Après  avoir  accompagné 
pendant  plusieurs  années  une  troupe  de  comé- 
diens ambulants,  en  qualité  de  chef  d'orchestre, 
il  aétédirecteurdemusiquedu  théâtre  de  Leip- 
sick,  depuis  1827  jusqu'en  1829,  puis  il  a  été 
chargé  des  mêmes  fonctions  au  théâtre  deMag- 
debourg.  En  1829,  il  avait  obtenu  la  place  de 
maître  de  chapelle  à  Hanovre;  mais  il  ne  fut  pas 
considéré  comme  assez  habile  pour  occupercelte 
position,  et  Marschner  le  remplaça  en  1830.  En 
1838,  il  était  à  Cologne,  en  qualité  de  violoniste. 
Après  celle  époque,  on  ne  trouve  plus  de  ren- 
seignements sur  sa  personne.  Praegera  mis  en 
musique  et  fait  représenterl'opéra  deKotzebue 
intitulé  Der  Kiffxuser  Berg.  Les  principales 


compositions  de  cet  artiste  sont  :  1°  Un  grand 
quintette  pour  deux  violons,  deux  altos  et 
basse,  op.  28;  Leipsick,  Drcitkopf  et  naertel. 
2°  Des  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
violoncelle,  op.  13,  17,  18,  19,  34,  43,  47; 
ibid.,  et  Leipsick,  Hofmeister  et  Probst. 
3°  Trios  pour  violon,  alto  et  violoncelle, 
op.  14  et  42;  ibid.  4°  Duos  pour  deux  violons, 
op.  16,  25,  29;  ibid.  5°  Des  caprices,  exercices 
et  études  pour  violon  seul,  op.  10,  22,  44; 
ibid.  6°  Quintette  pour  alto,  deux  clarinettes, 
flûte  et  basson,  op.  12.  7°  Des  thèmes  variés 
pour  divers  instruments.  8°  Des  pièces  de 
guitare.  Rassmann  cite  aussi  de  Praeger 
(Panthéon  der  Tonkiinsller,  page  192),  des 
messes,  des  concertos  de  violon,  en  manu- 
scrit, et  un  Gradus  ad  Pamassum  musical. 
J'ignore  quelle  est  la  nature  de  ce  dernier 
ouvrage. 

PRAELISAUER  (le  P.  Célestin),  moine 
de  l'abbaye  de  Tegernsee,  en  Bavière,  naquit 
à  Koelzling,  en  1694,  et  fut  élevé  au  séminaire 
de  son  couvent.  Il  y  acquit  de  profondes  con- 
naissances dans  la  musique,  particulièrement 
par  l'étude  des  œuvres  de  Roland  de  J,assus. 
Pendant  plusieurs  années,  il  dirigea  le  chœur 
de  son  monastère.  Il  mourut  à  Tegernsee,  le 
5  février  1745.  Dans  le  grand  nombre  de  com- 
positions pour  l'église  qu'il  a  laissées  en  ma- 
nuscrit, on  distinguait  des  répons  pour  les 
vigiles  des  morts  qui  étaient,  dit-on,  remplies 
de  beautés. 

PR/ETORIUS  (Godescalc),  dont  le  nom 
allemand  était  SCHULZ,  professeur  de  phi- 
losophie à  Wiltenberg,  fut  un  des  hommes  les 
plus  savants  de  son  temps,  et  posséda  parfai- 
tement quatorze  langues  :  il  naquit  à  Salz- 
wedel,  le  28  mars  1528.  Après  avoir  fréquenté 
plusieurs  universités  et  terminé  ses  éludes,  il 
fut  quelque  temps  recteur  de  l'école  de  Mag- 
debourg,  puis  il  se  rendit  à  la  cour  de  Bran- 
debourg, où  il  fut  employé  dans  l'administra- 
tion. Il  mourut  le  8  juillet  1573.  Liéd'amitié 
avec  Martin  Agricola,  il  réunit  ses  connais- 
sances musicales  à  celles  de  ce  savant  pour  la 
rédaction  d'une  sorte  de  solfège  à  l'usage  des 
élèves  de  l'école  de  Magdebourg  ;  mais  Agri- 
cola mourut  avant  l'entière  exécution  de  cet 
ouvrage,  et  Prselorius  ne  le  publia  qu'après  le 
décès  de  ce  musicien,  sous  ce  titre  :  Melodix 
scholaslicae  sub  horarum  intervalles  decan- 
tandx,  in  quibus  musica  Martino  Agricola:, 
J/ymni  suis  auctoribus,  Distributio  eu  m 
aliis  nonnullis  Godescalco  Prxlorio  deben- 
tur,  in  usum  scholw  Maydeburgensis,  cum 
4  voc:  Magdebourg,  1556,  in-4°.  Il  y  a  une 


\\1 


PK.ETUKIIS 


•leuxlème  édition  qui  a  paru  aussi  à  Magde- 
hourg,  en  1584, in-4°. 

PRETOR1US  ou  SCHULZ   (Jérôme), 
savant  organiste,  naquit  à  Hambourg,  en  1500. 
Son  père,  organiste  de  l'église  Saint-Jacques 
de  cette  ville,  lui  donna  les  premières  leçons 
de  musique,  puis  le  jeune  Schulz  alla  terminer 
ses  études  musicales  à  Cologne.  Ses  progrès 
avaient  été  si  rapides,  qu'en  1580,  il  fut  con- 
sidéré comme  assez  habile  pour  remplir  les 
fonctionsdecantoràErfurt,  et  qu'il  obtintcelte 
place.  Son  père  étant  mort  deux  ans  après,  on 
le  choisit  pour  lui  succéder  dans  la  place  d'or- 
ganiste de  Saint-Jacques  à  Hambourg.  Il  oc- 
cupa cette  place  pendant  quarante-sept  ans, 
et  mourut  en  1629,  dans  sa  soixante  dixième 
année.  Prœtorius  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Cantiones  sacrx de prxcipuis  festis  totius 
anni  5,  6,  7  et  8  vocum  ;  Hamburgi excude- 
bat  Philippus  de  Ohr,    1599,   huit  parties 
in-4°.  J'ignore  pourquoi  Gerber  a  cité  cet  ou- 
vrage sous  un  titre  allemand  :  mon  exemplaire 
a  celui  qui  vient  d'être  rapporté.  2°  Magni- 
ficat octo  vocum  iiber  die  acht  Kirchen-Tœne , 
nebst    einigen   8-12    stimmigen    Motellen 
(Magnificat  à  huit  voix  dans  les  huit  tons  de 
l'église,  suivis  de  quelques  motets  depuis  huit 
jusqu'à  douze  voix);  Hambourg,  Philippe  de 
Ohr,  1002,in-4°.  5°  Ein  Kindelein so  lœbelich , 
cantique  à  huit  voix,  dédié  comme  cadeau  de 
noces,  à  la  duchesse  de  Saxe;  ibid.,  1615, 
in-4°.  4°  Six  messes  à  5-8  voix;  ibid.,  1G1G, 
in-4°.  5°  Cantionum  sacrarum  5-20  stim- 
men,  op.  5  ;  ibid.,  1618,  in-4°.  Tous  ces  ou- 
vrages ont  été  réunis  sous  ce  titre  :  Opus  mu- 
sicum  novum  et  perfectum,   V  tomis  con- 
cinnatum;  Francfort,  Emmêlais,  1622,  in-4°. 
Cette  magnifique  collection  est  ainsi  divisée  : 

I.  Cantiones  sacrx  de  prxcipuis  festis. 
Operum  musicorum  etc.  tomus  primus,  huit 
parties  in-4"  et  un  volume  in-folio  pour  la 
basse    continue    à    l'usage    des    organistes. 

II.  Cantiones  Maris.  Operum  musicorum 
tomus  secundus,  huit  parties  in-4"  et  un  vo- 
lume in-folio  pour  la  basse  continue.  Ml. Liber 
Missarum.  Operum  etc.  tomus  tertius,  huit 
parties  in-4°  etun  volume  in-fol. IV. Cantiones 
varix.  Operum  etc.  tomus  (juartus,  huit 
parties  in-4°  et  un  volume  in-fol.  V.  Magni- 
ficat octo  lonorum.  Operum  etc.  tomus 
quintus, hu\l  parties  in-4"elun  volume  in-fol. 
6°  Cantiones  novx  officiosx,  motets  depuis 
cinq  jusqu'à  quinze  voix;  Hambourg,  1629, 
in-4". 

PR/ETORIUS  (François),  sous-recteur  à 
Danneberg,  dans   les  premières  années  du 


dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  un  dis- 
cours intitulé  :  Oralio  de  prxstantia,  aucto- 
ritate  et  dignitale  artis  musicx;  Rostock, 
1604,  in-4". 

PR/ETORIUS  (BAUTnoLO.Mh),  composi- 
teur allemand,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par 
des  pièces  instrumentales  à  cinq  parties  inti- 
tulées :  Newe  liebliche  Paduanen  und  Ga- 
gliardenmit6Stimmen{VivaaeselgaiUàrdei 
nouvelles  et  agréables  à  cinq  parties),  Berlin, 
1617, in-4°. 

PR.ETORIUS  (Jacques),  fils  de  Jérôme 
(voyez  3.  Moller,  Cimbria  litterata,  tome  I, 
fol.  505),  organiste  distingué,  né  dans  la  se- 
conde  moitié   du    seizième  siècle,    eut  pour 
maître  son  père  etun  organiste.  d'Amsterdam, 
nommé  Jean   Petersen.   Il   fut  organiste  de 
l'église  Saint-Pierre  et  Saint-Paul,  à  Ham- 
bourg, et  eut,  le  28  octobre  1648,  le  titre  de 
doyen  des  vicaires  de  la  cathédrale  de  cette 
ville.  Il  mourut,  dans  un  âge  avancé,  le  21  oc- 
tobre 1651.  Il  a  contribué,  avec  Jérôme  Prœ- 
torius, Joachim  Decker  et  David  Scheidemann, 
à  la  composition  du  Livre  choral  à  quatre 
parties,   publié  à  Hambourg,  en  1604.  Il  est 
aussi  auteur  d'un  recueil  de  motels  à  quatre 
et  cinq    voix,  intitulé  Melodix  sacrx,  dont 
j'ignore  la  date  de  la  publication.  Kuhnau  a 
publié    un   cantique   de    Prœtorius   dans    le 
deuxième  volume  de  ses  f'ierstimmige  altc 
und  neue  Choralgesxnge  (Berlin,  1786). 

PR/ETORIUS  ou  SCHULZ   (Michel), 
célèbre  écrivain  sur  la  musique  et  composi- 
teur, naquit  à  Creuzberg,  dans  la  Thuringe, 
le  15  février  1571 .  On  n'a  pointde  renseigne- 
ments sur  sa  jeunesse,  sur  ses  études,  ni  sur 
les   maîtres  qui  lui  enseignèrent  la  musique. 
On  sait  seulement  qu'il  fut  d'abord  maître  de 
chapelle  à  Lunebourg,  puis  organiste  du  duc  de 
Brunswick,  enfin,  mailre  de  chapelle  et  secré- 
taire du  même  prince  à  \Voll'enhutle),et  prieur 
de  l'abbaye  de  Ringelheim,  près  de  Gozlar, 
bénéfice  qui    ne  parait  pas  l'avoir  obligé    à 
résidence.    Il    mourut    à    WolfenbUttel  ,     le 
I S  février  1621.  Quelques-unes  des  composi- 
tions de  Prœtorius,  que  j'ai  vues  en  partition, 
prouvent  qu'il  l'ut  un  savant  et  laborieux  mu- 
sicien, sous  le  rapport  de  la  pratique  de  l'art  ; 
mais  c'est  surtout  comme  écrivain  qu'il   est 
connu  maintenant  par  un  livre  remarquable, 
qui    joint    malheureusement    à    son    mérite 
propre  celui  d'une  grande  rareté,  et  qu'il  est 
difficile  de  trouver  complet.  Ce  livre  a  pour 
titre  :  Syntagma  tnusicum  ex  veterum  et  re- 
centiorum    ecclesiasticorum    autorum    lec- 


tione,  Polyhislorum  consignatione,  varia- 
rum  linguaruni  nolatione,  hodierni  seculi 
(nie)   usurpatione,   ipsius  (Unique   musicx 
arlis  observatione  :  in  cantorum,  organis- 
tarum.  organopœorum,  cxlerumquc  musi- 
cuni   scientiarn   amantium  et  tractantium 
gratiam  collcctum.  L'ouvrage  entier  devait 
avoir  quatre  volumes  in-4°  :  les  trois  premiers 
seulement  ont  paru.  Le  premier  volume  est 
divisé  en  deux  parties  :  la  première  fut  im- 
primée à  Wolfenhultel  ;  la  seconde,  à  Willen- 
herg.  L'épître  déeicatoire  de  celle-ci  est  datée 
<ie  Dresde,  le  5  mars  1G14.  Les  deux  parties 
ont  été  ensuite   réunies  avec  un  titre  général 
qui  porte  la  date  de  1615,  mais  sans  nom  de 
lieu.  Les  frontispices  ont  été  plusieurs  fois 
changés.   Ce  premier  volume  est  en  langue 
latine  :   les  deux  autres  sont  en  allemand; 
ceux-ci  ont  été  imprimés  à  Wolfenhultel,  chez 
Élie   Halwein,   en    1619;    mais  les  planches 
gravées    sur    bois  ,    qui    appartiennent    au 
deuxième  volume,    n'ont  été  publiées  qu'en 
1G20,  dans  la  même  ville,   en  un  cahier  de 
quarante-deux  planches  avec  une  table  des 
instruments,  sous  ce  titre  :  Theatrum  instru- 
mentorum    seu    Sciagraphia.    Le    premier 
volume,  entièrement  historique,  traite  de  la 
musique  religieuse,  ou   plus  exactement  du 
chant  choral  et  de  la  psalmodie  dans  le  culte 
judaïque,  et  dans  les  églises  des  divers  rites 
grec,  asiatique,  égyptien  et  catholique  romain; 
des  instruments  de  l'antiquité,  de  la  musique 
vocale  et  de  la  musique   instrumentale.    Le 
deuxième  volume,  qui  traite  de  tous  les  in- 
struments, de  leur  nature,  de  leur  étendue,  et 
particulièrement  des  orgues,  avec  tous  les  dé- 
tails de  leur  facture,  et  l'examen  de  plusieurs 
de    ces    instruments    très-anciens    et    très- 
curieux,  a  pour  titre  particulier  :   Syntag- 
matis  musiei  Michaelis  Prxtorii  tomus  se- 
cundus  de  organographia.  Le  troisième  vo- 
lume est  relatif  aux  principes  de  la  musique, 
de  la  solmisation,  de  la  notation, de  la  mesure, 
à  l'art  du  chant,  à  la  manière  d'écrire  pour  les 
instruments,    à    la   forme  et   aux   différents 
genres  de  compositions.  Le  quatrième  devait 
traiter  du  contrepoint  :  Prœtorius  n'eut  pas  le 
temps  de  le  terminer,  et  l'on  n'en  a  pas  re- 
trouvé le  manuscrit.  Tous  les  bibliographes 
musiciens  affirment  que  ce  quatrième  volume 
n'a  pas  été  publié;  cependant  le  catalogue  de 
la    bibliothèque  de   Forkel   indique,   sous  le 
n°  526  (p.  25),  le  Syntagma  musicum,  t.  I 
à  IV;  mais  il  est  vraisemblable  que  les  planches 
<ki  second  volume  formaient  le  quatrième  tome 
de  cet  exemplaire. 

BIOGR.   l'MV.    lins  MlfSiCir.XS     T.  MF. 


PH.KTOUUTS  us 

Une  érudition  solide  se  fait  remarquer  dans 


le  livre  de  Prœtorius,  et  l'on  y  admire 
l'étendue  et  la  variété  des  connaissances  de 
l'auteur.  A  ces  qualités  se  mêlent  à  la  vérité 
les  défauts  du  temps  où  vécut  ce  savant  musi- 
cien, c'est-à-dire  beaucoup  de  pédantisme,  et 
l'absence  de  l'esprit  de  critique;  mais  ces  dé- 
fauts n'empêchent  pas  que  l'ouvrage  ne  soit 
une  mine  précieuse  de  renseignements  con- 
cernant toutes  les  parties  de  la  musique,  sous 
les  rapports  historiques  et  techniques  :  le  pre- 
mier livre  renferme  même  des  aperçus  philo- 
sophiques qui  ne  manquent  pas  de  profon- 
deur. 

Les  compositions  connues  de  Prœtorius  sont 
les  suivantes  :1°  Sacrarum  motelarum  pri- 
mitif 4,,  5,   usque   ad    1G  voc.   unà   cum 
1  Jl/issa  et  Magnificat  ;  Magdebourg  et  Leip- 
sick,  1G00,  in-4°.  2°  Polyhymnia  111  pane- 
^gyrica,  c'est-à-dire,  Chants  de  paix  et  de  joie 
pour  les  concerts,  aune,  deux,  trois,  jusqu'à 
vingt-quatre  voix,  pour  deux,  trois,  quatre, 
cinq  et  six  chœurs,  avec  trompettes  et  basse 
continue  pour  orgue;  Francfort  et  Leipsick, 
1G02,  in -fol.  Prœtorius  a  indiqué  le  contenu 
de  cette  collection  dans  le  troisième  volume  de 
son  Syntagma.  o»  Magnificat  à  huit  voix 
dans  les  huit  tons  de  l'église  avec  quelques 
motets  à  huit  et  douze  voix  (titre  allemand)  ; 
Hambourg,  Froben,  1G02.  4°  Musx  Sionix 
oder  geistliche  Concert-Gesxnge  (les  Muses  de 
Sion,  ou  chants  spirituels  concertants),  pre- 
mière, deuxième,  troisième,  quatrième,  cin- 
quième, sixième,  septième,  huitième  et  neu- 
vième parties;  Ratisbonne,  Jena,  Helmsladt  et 
Wolfenhultel,    1605-1610.    Neuf  parties  di- 
visées  en    quinze   volumes   in-4°.   Collection 
excessivement  rare;   la    neuvième  partie  est 
presque  introuvable  et  a  même  été  inconnue  à 
tous  les  bibliographes.  Voici  les  titres  parti- 
culiers de  chaque  partie  :  a.  Musx  Sionix 
oder   geistliche  Concert-Gesxnge    iiber  die 
fùrhncmhste  Herrn  Lutheri   und   anderer 
teutsche  Psalmen  mit  8  Stimmen  geselzt,  etc. 
(Muses  de  Sion,  ou  chants  spirituels  concer- 
tants sur  les  psaumes  traduits  par  Luther  et 
d'autres,  composés  à  huit  voix,  etc.);  Erster 
Theil,  Ratisbonne,  1605,  in-4°.  b.  Musx  Sio- 
nix  geistliche  Concert-Gesxnge    iiber    die 
fiirhnemhste  deutsche  Psalmen  und  Lieder , 
ivie  sie  in  derChristlichen  Kirchen  gesungen 
werden  mit    8    nnd  12    Stimmen   gesetzet 
(Muses  de  Sion,  chants  spirituels  concertants 
sur  les  psaumes  et  cantiques,  tels  qu'ils  sont 
chantés  dans  les  églises  chrétiennes,  composés 
à   li!ii(    et   douze   voix);  Ândçr  Theil.  Jchujt 

b 


114 


PR^TORIUS  —  PRANDI 


(Jena),  1007,  in-4°.e.  Troisième  partie,  mémo 
litre  el  même  nombre  de  voix;  HelmstaiU, 
1007,  in-4°.  d.  Quatrième  partie,  à  huit  voix; 
même  litre;  Helmstadt,  1607,  in-4°.  e.  Musx 
Sionix    Michaclis    Prxtorii   C  geistlicher 
deutscherinder christlichen  Kirchenublicher 
Lieder  und  Psalmen  mit  2,  5,  4,  5,  G,  7,  8 
Stimmen.Fùnfter  Theil  (\es  Muses  sioniennes 
de  Michel  Praetorius;  cent  cantiques  spirituels 
allemands  et  psaumes  à  deux,  trois,  quatre, 
cinq,  six, sept  et  huit  voix.  Cinquième  partie); 
Wolfenbuttel, 1608,  in-4^f.  .Musa?  .Sïoru^efc.; 
mit    vier   Stimmen  (les    Muses    sioniennes 
de  etc.,  même  titre,  à  quatre  voix.  Sixième 
partie);  Wolfenbuttel,  1609,  in-49.  g.  Musx 
Sionix  etc.  Siebenter  Theil  (même  titre  et 
même  nombre  de  voix.  Septième  partie);  ibid., 
1609,  in-4°.  h.  Musx  Sionix  Michaelis  Prx- 
torii,  C  deutscher  geistlicher  in  Kirchen  und 
Hxusern  gebrauchlicher  Lieder  und  Psal- 
men, etc.  mit  vier  Stimmen,  in  Contrapuncto 
simplici  nota  contra  notam.  Achler  Theil 
(les  Muses  sioniennes  de  Michel  Praetorius; 
cent  cantiquesspirituelset  psaumes  allemands 
à  l'usage  des  églises  et  des  maisons;  mis  à 
quatre  voix,  en  contrepoint  simple  de  noie 
contre  note.  Huitième  partie);  ibid.,  1610, 
in  4°.    t.    Musx    sionix   etc.,  même   titre, 
même   nombre  de  voix.    Neuvième   partie); 
ibid.,    1610,   in-4°.   5°    Cent    irenle-quatre 
chants  religieux  et  psaumes  pour  les  jours  de 
fêle  de  loule  l'année,  à  quatre  voix,  en  con- 
trepoint simple;  Wolfenbuttel,  1609;  Ham- 
bourg,  1611,   in-4°.   6°  Eulogodia  Sionia, 
consistanten  motetsàdeux,troisetjusqu'àhuit 
voix,  pour  l'office  divin  ;Hambourg,l  61 1,in-4°. 
7°  Bicinia  et  tricinia,  dans  lesquels  se  trou- 
vent la  plupart  des  psaumes  et  des  cantiques  en 
usage  dans  les  temples  et  les  maisons,  à  deux  el 
trois  voix,  dans  le  style  des  motets,  des  madri- 
gaux et  dans  un  autre  genre  inventé  par  l'au- 
teur; Hambourg,  1611,  in-4°.  8°  Hymnodia 
Sionia,  consistant  en  vingt-quatre  hymnes  sa- 
crées à  deux,  trois  et  jusqu'à  huit  voix;  Ham- 
bourg, Bering,  161 1.9°  Megalynodia,  Magni- 
ficat à  cinq,  six  et  huit  voix,  ainsi  que  quelques 
madrigaux  el  motets;  Wolfenbuttel,  1G1I,  et 
Francfort,    1619,    in-4°.    10°    Terpsichore, 
musarum  Aoniarum  quinta,  recueil  de  plu- 
sieurs danses  el  chansons  françaises  à  quatre, 
cinq  et  six  parties;  Hambourg,  1611,  in-fol. 
11"  Idem,  seconde  partie,  danses  anglaises 
pour  dames,  à  quatre  cl  cinq  parties;  Lcip- 
sick,  Klosemann,  in  fol.,  1612.  12°  Musarum 
Aoniarum  scxla  Terpsichore,  danses  fran- 
çaises à  quatre  et  cinq  parties;  Hambourg, 


1G11,  in  4°.  13°  Musarum  Aoniarum  tertia 
Erato,  renfermant  quarante-quatre  chansons 
profanes    allemandes ,    ainsi    que    quelques 
mélodies  anglaises  à  quatre  voix  ;  Hambourg, 
1611.   14°  Petite  et  grande  litanie  en  deux 
chœurs,  à  cinq,  six  el  sept  voix,  avec  une  no- 
lice  sur  l'origine  de  celle  litanie;  Hambourg, 
Hering,  1612,  in-4".  15°  Te  Deum  à  seize  voix, 
avec  le  chant  de   Noël   :   Ein  Kindlein  so 
lœblich,  à  huit  voix;  Hambourg,  1613.  Je  crois 
qu'il  y  a,  dans  la  citation  de  cet  œuvre,  une 
erreur  de  Gerber,  et  que  c'est  le  même  qui  est 
attribué  à  Jérôme  Praetorius  (voyez  ce  nom). 
16°Épilhalamesur  le  mariage  du  duc  Frédéric- 
Ulric  de  Brunswick  et  de  la  margrave  Anne- 
Sophie   de  Brandebourg;    Hambourg,    1614, 
in-fol.  17°  Polyhymnia  panegerica  et  cadu- 
ceatrix,  concerts  solennels  de  paix  et  de  joie, 
consistant  en   trenle-deux  chants  d'église  à 
plusieurs  voix;   Wolfenbuttel,    1619,   in-fol. 
18°  Musa  Aonia  Thalia,  ou  toccates  et  can- 
zonettesà  cinq  parties,  pour  violes  et  violons,  et 
particulièrement  pour   instruments    à    venl, 
aveebassecontinue;  Nuremberg,  1619,  in-4°. 
19°  Converti  sacri  ecclesiastici  et  politiciex 
Jtalis  autoribus,  iisque  oplimis  et  prxslan- 
tissimis,  collecti  et  aucti  adjecto  ripiena  seu 
choropleno.  Accesserunt  sub  finem  ejusdem 
generis    cantiones ,    quorum    auctor    ipse 
M.  P.  C;  Francfort,  1620,  in-4°.  20"  Poly- 
hymnia exereiletio,  ou  chansons  religieuses 
allemandes  en  contrepoint  simple  et  figuré  à 
deux,  trois,  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix  avec 
basse    continue;    Francfort,    1620,    in-4". 
21°  Calliope,  ou  quelques  chansons  joyeuses 
allemandes  à  une,  deux,  trois  et  quatre  voix 
principales,   et  cinq,   six,  sept  et  huit  voix 
chorales,  symphonies  et  ritournelles  ajoutées; 
Francfort,  1620,  in-4°.  22°  Puericinium,  seu 
concentus  triumvel  quatuor  puerorum  ,trium 
pluriumve  adultorum,   et  quatuor  instru- 
mentorum,  renfermant  quinze  chants  d'église 
allemands,  el  d'autres   chants   de   concerl; 
Francfort  1621,  in-4°. 

PRiETOMUS  (maître  Jeais),  néàQued- 
linbouig,  le  19janvier  1634,  étudia  à  Witlen- 
berg  et  à  Jena,  où  il  devint  magister  et  pro- 
fesseur adjoint  du  cours  de  philosophie.  En- 
suite il  fut  nommé  précepteur  des  ducs  de 
Gotha,  puis  recteur  à  Zocst,  et  enfin  recteur  à 
Halle,  où  il  mourut  le  21  février  1705.  En 
1681,  il  donna  à  Halle  un  oratorio  de  sa  com- 
position intitulé  David. 

TKAIMDI  (Jérôme),  professeur  de  philoso- 
phie et  de  droit  naturel  a  Bologne,  au  com- 
mencement du  dix-neuvième  siècle,  a  fait  nu- 


PRANDI  -  PRATJN 


lis 


primer  un  discours  intitulé  :  Orazione  sulla 
tnusictt;  Bologne,  1805. 

PRASPERG  (Balthazar),  en  latin  PRA- 
SPERGIUS,  cantor  à  Bâle,  au  commence- 
ment du  seizième  siècle,  naquit  à  Mersebonrg, 
dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle. 
On  à  de  lui  un  traité  du  plain-chant  intitulé  : 
Clarissima  plané  atqtie  choralis  7nusice  in- 
terpretatio,  cum  certissimis  regulis  alque 
eVemplorum  adnolationibus  et  figuris  mul- 
tnm  splendidis  ;Bàle,  1501,  in -4°,  gothique. 
Ouvrage  rare,  mais  de  peu  de  valeur,  malgré 
son  litre  fastueux. 

PRAT  (Daniel),  ecclésiastique  anglican, 
fui  d'abord  recteur  à  Harrixham,  dans  le 
duché  de  Kent,  puis  chapelain  du  roi 
Georges  III,  à  Rensington;  il  vécut  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  s'est 
fait  connaître  par  quelques  ouvrages  de  théo- 
logie, et  par  un  petit  poème  intitulé  :  Anode 
on  the  latecelebrated  ffandel  on  his  playing 
on  the  organ  (Ode  sur  le  célèbre  Handel  et 
s'ur  son  talent  d'organiste);  Cambridge,  1701, 
in-4*. 

PRATI  (Alessio),  maître  de  chapelle  de 
l'électeur  palatin,  naquit  à  Ferrare,  le  16  juil- 
let 1750,  d'après  une  notice  dont  le  titre  est 
indiqué  plus  bas.  Après  avoir  fait  ses  études 
musicales  sous  la  direction  d'un  musicien  de 
la  cathédrale  de  Ferrare,  nommé  Bighetti, 
Prali  fut  maître  de  chapelle  à  Udine,  puis  se 
rendit,  en  1767,  à  Paris,  où  il  eut  le  titre  de 
directeur  de  la  musique  du  duc  dePenthièvre, 
et  fut  employé  comme  maître  de  chant  des 
personnes  les  plus  distinguées  de  la  cour.  Il 
y  donna  aussi  l'Ecole  de  la  jeunesse,  opéra- 
comique,  qui  eut  du  succès,  et  dont  on  a 
gravé  la  partition.  De  Paris,  Prali  se  rendit  à 
Saint-Pétersbourg,  visita  ensuite  l'Allemagne, 
et  retourna  en  Italie  vers  1781.  Il  eut  alors  le 
litre  de  maître  de  chapelle  du  roi  de  Sar- 
daigne,  écrivit  quelques  opéras  à  Turin,  à 
Florence,  à  Venise,  à  Naples,  et  mourut  à 
Ferrare,  le  17  janvier  1788,  à  l'âge  de  cin- 
quante el  un  ans.  Les  opéras  italiens  de  Prali 
dont  on  connaît  les  titres  sont  :  1°  Ifigenia 
in  Aulide,  1784,  à  Florence.  2°  Semiramide , 
1785,  dans  la  même  ville.  5°  Armida  abban- 
donata,  à  Munich,  1785.  4"  Olimpia,  à  Na- 
ples, en  1786.  5°  Demofoonle,  1787,  à  Ve- 
nise. On  connaît  aussi  du  même  artiste  : 
1"  Six  sonates  pour  clavecin  et  violon,  op.  1  ; 
Lyon,  Carnaud.  2°  Trois  idem,  op.  2;  Berlin. 
5°  Trois  idem,  op.  ô;  ibid.  1°  Concerto  pour 
flûte,  à  Paris.  5°  Concerto  pour  basson,  ibid. 
0°  Trois  sonates  pour  harpe  cl  violon,  op.  6; 


Paris.  7°  Duo  pour  deux  harpes  ;  ibid.  8°  Plu- 
sieurs recueils  de  romances  et  d'airs  italiens 
gravés  à  Paris  et  à  Londres.  On  a  sur  cet  ar- 
tiste une  notice  de  M.  Camille  Laderchio,  inti- 
tulée :  Notizie  biografiche  inlorno  alla  vila 
di  A.  Prati,  Ferrare,  1825,  in-8\ 

PRATO  (Vincent  DEL),  sopraniste,  né  à 
Imola,  le  5  mai  1756,  fit  ses  éludes  de  chant 
sous  la  direction  du  maître  de  chapelle  Lorenzo 
Gibelli.  Il  n'était  âgé  que  de  seizeans  lorsqu'il 
débuta  au  théâtre  de  Fano,  en  1772.  Depuis 
lors,  il  chanta  avec  succès  sur  les  principaux 
théâtres  d'Italie.  En  1779,  il  produisit  la  plus 
vive  impression  à  Stutlgard,  pendant  le  séjour 
de  Paul  Ier  dans  celle  ville.  L'année  suivante, 
il  fut  appelé  à  Munich.  C'est  pour  lui  que  Mo- 
zart écrivit  le  rôle  d' Idamanle, dans  son  Ido- 
meneo,  joué  en  1780.  Depuis  lors,  del  Prato 
est  resté  attaché  à  la  cour  de  Bavière  qui  lui  a 
accordé  une  pension  en  1805.  Il  est  mort  à 
Munich  vers  1828. 

PRATOrNERI  (Spirito),  musicien  italien 
du  seizième  siècle,  n'est  connu  jusqu'à  ce 
jour  que  par  ses  ouvrages,  qui  ont  pour  litre  : 
1°  J/ar  monta  super  aliquol  Davidis  psalmos 
ad  vesperas  sex  vocibus;  Venise,  Jérôme 
Scotlo,  15G9,  in-4°  obi.  2°  Motetti  a  olto 
voci  ;  Venelia.  Giac.  Vincenli  et  Rie.  Ama- 
dino,  1584,  in-4*\  5"  Madrigali  ariosi  del 
sig.  Spirito  Pratoneri  a  qualtro  voci,  con 
uti  dialogo  a  otto ,  nuovamente  composti  et 
dali  in  luce;  in  Venetia,  presso  Giacomo 
Fincenti,  1587,  in-4°. 

PRATT  (Jean),  fils  d'un  professeur  et 
marchand  de  musique,  est  né  à  Cambridge, 
vers  1779.  A  l'âge  de  huit  ans,  il  fut  admis  an 
collège  du  Roi  pour  y  faire  ses  études  comme 
enfant  de  chœur,  puis  il  devint  élève  de  Ran- 
dal,  organiste  du  collège,  dont  il  fut  le  suc- 
cesseur en  1799.  Au  mois  de  septembre  de  la 
même  année,  il  eut  aussi  le  litre  d'organiste 
de  l'université.  En  1815,  il  a  succédé  à 
C.  Paris,  comme  organiste  du  collège  de 
Saint-Pierre.  Cet  artiste  a  publié  un  recueil 
de  psaumes  et  d'hymnes  intitulé  :  Psalmodia 
cantabrigiensis  ;  1817,  in-4°.  Il  a  écrit  aussi 
beaucoup  d'antiennes  el  de  services  du  matin 
et  du  soir,  qu'on  entend  souvent  dans  la  cha- 
pelle royale  de  Cambridge. 

PRAUN  (Sicismond-Otto,  baron  DE), 
violoniste  qui,  dès  son  enfance,  eut  beaucoup 
de  célébrité,  naquit  le  1er  juin  1811,  à  Tyrnau. 
en  Hongrie.  Avant  d'avoiratteint  sa  quatrième 
année,  il  avait  obtenu  au  collège  les  premiers 
prix  dans  les  études  de  langues,  de  calcul, 
d'histoire  et  de  dessin.  Au  mois  de  mai  1815, 

8. 


lit 


PRAUN  -  PREDIERI 


il  se  fil  entendre  au  Burg-Théâlrc,  à  Vienne, 
dans  un  trio  de  Pleyel  pour  le  violon  ;  mais 
cet  essai  ne  fut  point  heureux,  car  le  pauvre 
enfant  eut  peur  de  l'assemblée,  pleura  beau- 
coup, et  joua  faux;  mais  un  an  après,  il  prit 
sa  revanche  dans  un  quatuor  de  Rode,  où  il 
étonna  le  public  par  la  vigueur  relative  de 
son  coup  d'archet.  En  1817,  il  fut  confié  aux 
soins  de  Mayseder,  et  après  trois  années 
d'études  sous  ce  maître  ,  il  commença  des 
voyages  d'exploitation,  devenus  trop  fréquents 
pour  ces  prodiges  que  des  parents  avides  épui- 
sent dès  le  berceau.  En  1820,  le  jeune  de 
Praun  donna  deux  concerts  à  Milan,  et  y  causa 
beaucoup  d'élonnement.  Il  n'eut  pas  moins  de 
succès  à  Rome  l'année  suivante.  En  1824,  il 
visita  Tlle  de  Malte  ;  puis  il  se  rendit  à  Paris, 
où  il  excita  peu  d'intérêt.  Après  une  absence 
de  dix  ans,  il  retourna  en  Allemagne,  et  se  fit 
entendre,  en  1828,  à  Slultgard,  à  Munich,  à 
Leipsick,  et  enfin  à  Berlin,  où  l'on  eut  l'idée 
grotesque  de  le  mettre  en  parallèle  avec  Pa- 
ganini  ;  mais  cette  bouffonnerie  n'eut  point  de 
succès.  Au  mois  de  novembre  1829,  de  Praun 
se  mit  en  route  pour  Pélershourg  ;  mais  arrivé 
à  Cracovie,  il  y  l'ut  attaqué  par  une  inflamma- 
tion des  poumons,  une  hydropisie  de  poitrine 
se  déclara,  et  le  pauvre  jeune  homme,  épuisé 
par  un  travail  précoce,  mourut  le  5  janvier 
1830,  à  l'âge  de  dix-neuf  ans.  Les  qualités  de 
son  jeu  n'étaient  pas  assez  remarquables  pour 
justifier  la  réputation  qu'on  avait  voulu  lui 
faire. 

PRAEP^ER  ("VVemcesias),  compositeur, 
organiste  et  violoniste,  naquit  à  Leilmerilz, 
en  Bohème,  le  18  août  1744.  11  suivit  les  cours 
du  collège  des  Jésuites,  et  se  livra  en  môme 
temps  à  l'étude  de  la  musique,  où  il  fit  de  si 
rapides  progrès,  qu'à  l'âge  de  quatorze  ans  il 
put  se  faire  entendre  plusieurs  fois  à  l'église 
dans  des  concertos  de  violon.  Il  cultiva  aussi 
l'orgue,  et  apprit  la  théorie  de  l'harmonie  et 
du  contrepoint  par  la  lecture  de  quelques  bons 
ouvrages.  Le  désir  de  se  distinguer  lui  fit 
quitter  Leilmerilz  pour  se  rendre  à  Prague  : 
il  y  continua  ses  éludes  littéraires  et  musicales 
au  séminaire  de  Saint-Wenceslas,  et  suivit  un 
cours  de  théologie,  parce  qu'il  se  destinait  à 
l'étatecclésiaslique  ;  mais  au  bout  de  deux  ans, 
il  changea  de  dessein  et  prit  la  résolution  de  se 
livrer  exclusivement  à  la  musique.  Le  comle 
de  Rinck  le  choisit  d'abord  pour  chef  d'or- 
chestre de  son  théâtre  particulier;  le  talent 
qu'il  déploya  dans  ses  fondions  le  lit  nommer 
ensuite  directeur  du  chœur  de  l'église  Saint- 
Marlin,  puis   de  Sainte-Marie  -au  -Berceau,  de 


Nolre-Dame-aux-Neiges,  et  enfin,  le  1"  juil- 
let 1794,  de  la  Thein-Kirche.  Après  la  mort 
de  Joseph  Strobach,  directeur  de  l'orchestre 
de  l'Opéra,  il  lui  succéda  dans  celle  place,  et 
eut  aussi  celle  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
des  Frères-de-la-Croix.  C'est  à  celle  époque 
de  sa  vie  qu'il  écrivit  plusieurs  grands  ou- 
vrages pour  le  théâlre.  La  mort  de  sa  femme 
lui  causa  un  vif  chagrin  qui  le  conduisit  au 
tombeau,  le  2  avril  1807.  Cet  artiste,  estimé 
pour  ses  qualités  sociales  autant  que  pour  son 
talent,  a  laissé  en  manuscrit  des  messes  solen- 
nelles, des  graduels,  des  offertoires,  un  Re- 
quiem, des  vêpres  à  trois  chœurs,  des  concer- 
tos de  violon,  des  symphonies  et  des  pièces 
d'orgue.  De  ses  opéras,  on  ne  cite  que  Circé, 
qui  fut  représenté  avec  succès  au  théâtre  du 
comte  de  Thun. 

PRAUÏVSPERGER  (Maiuakcs)  ,  béné- 
dictin bavarois,  vécut  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  au  monastère  de  Te- 
gernsée  et  y  fut  professeur  de  théologie.  Il  a 
fait  imprimer  des  pièces  instrumentales  de  sa 
composition,  sous  le  titre  bizarre  :  Pegasus 
sonorus,  hinniens,  salin  12  partitas  belle- 
t (cas  exhibens  ;  Augshourg,  1730,  in-fol. 

PREDIERI  (Ange),  religieux  du  tiers 
ordre  de  Saint-François,  naquit  à  Bologne,  au 
mois  de  janvier  1655,  et  apprit  la  musique 
sous  la  direction  de  Camille  Cevennini,  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale,  el  d'Augustin  Fi- 
lipuzzi,  maître  de  chapelle  des  chanoines  de 
Latran  ,  à  Saint-Jean  in  7nonte.  Il  entra 
dans  l'ordre  des  Franciscains,  en  1072.  Habile 
organiste  et  musicien  instruit  dans  l'art  du 
contrepoint,  il  se  distingua  particulièrement 
dans  l'enseignement,  et  fut  le  premier  maître 
du  P.  Jean-Baptiste  Martini.  Predieri  mourut 
à  Bologne,  le  17  février  1731,  à  l'âge  de 
soixante-seize  ans.  Le  P.  Martini,  à  qui  j'em- 
prunte ces  détails,  a  rapporté  dans  son  Sag- 
gio  fondant,  prattico  di eontrappunto  (t.  II, 
p.  155  et  suiv.),  un  extrait  d'un  Dixil  à 
quatre  voix  et  instruments  composé  par  ce 
maître,  dont  l'abbé  Sanlini,  de  Borne,  possède 
des  motets  à  quatre  voix,  et  un  Kyrie  cuni 
Gloria,  également  à  quatre  voix. 

PREDIERI  (Jacques-César),  né  à  R<>- 
logne,  dans  la  dernière  moitié  du  dix-septième 
siècle,  fit  ses  (Unies  musicales  sous  la  direc- 
tion de  Jean-Paul  Colonna.  Il  fut  nommé 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  celle 
ville,  en  1098.  Il  occupait  encore  celte  place 
vers  1720.  Predieri  avait  été  reçu  membre  de 
l'Académie  des  Philharmoniques  île  Bologne, 
en   lii'.lO;  il  en  l'ut  prince  trois  fois,  en  1098; 


PREDÏERI  —  PREISSLER 


117 


1707  et  171 1.  On  connaît  de  lui  un  ouvrage 
dont  le  litre  est  :  Jesabella,  oratorio  a  selte 
voci,  diviso  in  A  parti  recitate  in  due  série 
nella  chiesa  de  MM.  RR.  PP.  deW  Oratorio 
di  S.  Filippo  Neri,  detti  délia  Madona  di 
Galieri,  le  due  feste  seguenli  delli  25  et  26  di 
Jlarzo  1719  (en  manuscrit). Predieri  eut  pour 
collaborateur  de  cet  œuvre  Floriano  Aresti 
(voyez  ce  nom),  organiste  de  l'église  de  l'Ora- 
toire. Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition  des 
cantates  morales  et  spirituelles  à  trois  voix, 
avec  basse  continue  pour  le  clavecin,  à  Bo- 
logne,  1696,  in-4°. 

PREDIERI  (Jean-Baptiste),  né  à  Bologne, 
en  1678,  fut  licencié  en  droit  civil  et  canon,  le 
25  juin  1700,  et  obtint  ensuite  un  canonical 
dans  l'église  de  Sainte-Marie-Majeure.  Il  a  fait 
imprimer  un  livre  intitulé  :  Le  Ricreazioni 
spiritual*  nella  musica  délie  sagre  canzoni; 
Bologne,  Benacci,  1750,  in-4«.  J'ignore  quelJe 
est  la  nature  de  cet  ouvrage. 

PREDIERI  (Luc-Antoine),  né  à  Bologne, 
le  15  septembre  1688,  apprit  d'abord  à  jouer 

.du  violon,  sous  la  direction  de  Vitali,  puis  fut 
élève  de  son  oncle  Jacques-César  Predieri 
pour  le  contrepoint.  Il  fut  élu  membre  de 
l'Académie  des  Philharmoniques  de  sa  ville 
natale,  en  1706,  et  en  fut  prince,  en  1723.  Il 
fut  appelé  à  Vienne,  au  service  de  l'empereur 
Charles  VI,  en  qualité  de  compositeur  drama- 
tique, vécut  environ  quinze  ans  à  Vienne,  et 
mourut  dans  sa  patrie,  en  1743.  On  assure 
qu'il  y  avait  beaucoup  d'imagination  dans  sa 
musique,  et  que  ses  mélodies  étaient  expres- 
sives. On  a  retenu  les  litres  suivants  de  ses 
opéras  :  1"  Griselda,  à  Bologne,  1711 .  2°  As- 
tarto,  1715.  ô°LucioPapirio,  1715,  à  Venise. 
4°  Il  Trionfo  di  Solimano,  à  Florence,  1719. 
5"  J/erope,  1719.  6°  Partenope,  à  Bologne, 
au  théâtre  Marsigli,  1719.  7°  Scipione  il  gio- 
vane,  1731.  8°  Zoe.  à  Venise,  1736.  9°  Il 
Sacrifizio  d'Abramo ,  oratorio,  à  Vienne, 
1758.  10°  Isacco  figura  del  Redentore,  1740. 
Ces  deux  derniers  titres  semblent  appartenir 

.  au  même  ouvrage. 

PREDIGER  (....),  facteur  d'orgues  à  la 
fin  du  dix-septième  siècle,  a  construit  de  1694 
à  1696  un  instrument  de  vingt-six  jeux,  deux 
claviers  et  pédale,  à  Anspach. 

PREINDL  (Joseph),  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Etienne,  à  Vienne,  naquit  à 
Marbach,  sur  le  Danube,  en  1758.  Son  père, 
organiste  dans  ce  lieu,  lui  enseigna  les  pre- 
miers principes  de  la  musique,  puis  il  alla 
achever  ses  études  sous  la  direction  d'Aï-. 
hrechlsbcrger. Organiste  distingué  et  musicien 


instruit,  il  succéda  à  celui-ci,  comme  maître 
de  chapelle  de  l'église  Saint-Étienne,  en  1809, 
et  mourut  à  Vienne,  non  en  1826,  comme  il 
est  dit  dans  le  Lexique  universel  de  musique 
publié  par  Schilling  (à  l'article  Breindl),  mais 
le  25  octobre  1823.  On  a  gravé  sous  le  nom  de 
cet  artiste  :  1°  Premier  concerto  pour  le 
piano,  op.  1  ;  Vienne,  Artaria.  2°  Deuxième 
idem,  op.  2;  Vienne,  Rozeluch.  3°  Thèmes 
variés  pour  piano  seul,  op.  3,  4,  6;  Vienne, 
Bœrmann,  Haslinger.  4°  Fantaisies  pour  le 
piano,  op.  5,  15;  ibid.  5°  Sonates  pour  piano 
seul;  Vienne,  Tracy.  6°  Six  messes  à  quatre 
voix,  orchestre  et  orgue,  n°  1,  op.  7;  Vienne, 
Mechetti;  n°  2  (petite),  op.  8,  ibid.;  n°  4, 
op.  10,  ibid.;  n°  5,  op.  11,  ibid.;  n°  6,  op.  12, 
ibid.  7°  Graduels  et  offertoires,  op.  14,  15, 
16,<tl7,  18,  ibid.  8"  Offertoires,  n°  1,  De 
Beata;  n°  2.  De  SS.  Trinitate;  n°  5,  Lauda, 
anima  mea,  Dominum ;  ibid.  9°  Requiem  à 
quatre  voix,  orchestre  et  orgue,  op.  50;  ibid. 
10°  Te  Deum,  idem,  op.  51;  ibid.  1 1  °  Lamen- 
tations qui  se  chantent  dans  la  semaine  sainte, 
avec  orgue;  ibid.  12°  Mélodies  pour  tous  les 
chants  de  l'église  allemande,  avec  des  cadences 
et  des  préludes  pour  l'orgue,  op.  15;  ibid. 
15°  Chants  pour  la  fêle  anniversaire  de  la  ré- 
formation,  en  1817,  avec  orgue;  Vienne,  Has- 
linger. 14°  Méthode  de  chant,  op.  55;  Vienne, 
Haslinger.  Après  la  mort  de  Preindl,  le 
chevalier  de  Seyfried  a  publié  un  traité  d'har- 
monie, de  contrepoint  et  de  fugue  qu'il  avait 
laissé  en  manuscrit;  ce  livre  a  paru  sous  le 
litre  suivant  :  Wiener  Tonschule:  oder  An- 
weisung  zum  Generalbass,  zur  Harmonie, 
zum  Contrapunkt  und  zur  Fugenlehre 
(École  de  musique  viennoise,  ou  Introduction 
à  la  science  de  la  basse  continue,  de  l'har- 
monie, du  contrepoint  et  de  la  fugue);  Vienne, 
Haslinger,  1827,  deux  parties  in-8°.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
chez  le  même,  en  1852.  La  théorie  exposée 
par  Preindl  dans  ce  livre  est  peu  rigoureuse, 
et  les  exemples  en  sonl  écrits  d'une  manière 
assez  lâche;  défaut  qu'on  peut  en  général  re- 
procher à  l'école  de  Vienne. 

PREISSLER  (Jean),  ecclésiastique,  né  en 
Bohême,  vers  1750,  fit  ses  éludes  au  collège 
de  Prague  et  y  suivit  des  cours  de  théologie  et 
de  philosophie.  Le  maître  de  chapelle  Schling 
fut  son  maître  de  musique,  et  en  fit  un  pianiste 
habile  et  un  musicien  instruit.  Après  avoir  été 
précepteur  des  enfants  du  comte  de  Kaunitz, 
il  fut  nommé  doyen  à  Bœhmischleipa ,  vers 
1788.  Plusieurs  concertos  et  sonates  de  piano 
de  sa  composition  sont  connus  en  manuscrit 


118 


PREISSLER  —  PREU 


dans  la  Bohême;  on  n'en  a  imprimé  qu'une 
sonate  pour  piano  seul,  op.  1  ;  Prague,  Berra  ; 
et  une  sonate  pour  piano  et  violon,  op.  2, 
ibid.  Preissler  est  mort  à  Brehmischleipa , 
dans  le  mois  de  novembre  1796. 

PUELLEUR  (Pierre),  musicien  français, 
se  fixa  à  Londres  dans  les  premières  années 
du  dix-huitième  siècle.  Dans  sa  jeunesse,  il 
fut  maître  d'écriture  à  Spitalfields,  mais  dans 
la  suite  il  se  consacra  tout  entier  à  la  musique 
et  en  donna  des  leçons.  En  1728,  il  obtint  la 
place  d'organiste  à  l'église  Saint-Alban,  de 
Londres.  A  la  même  époque,  il  fut  nommé 
claveciniste  du  théâtre  de  Goodman's  fields,  et 
pendant  plusieurs  années,  il  composa  la  mu- 
sique des  ballets  et  des  pantomimes  qu'on  y 
représentait.  Il  a  publié  un  traité  du  chant  et 
de  Part  de  jouer  des  instruments  alors  en 
usage,  sous  ce  titre  :  The  modem  music 
master,  containing  an  instruction  to  sing- 
ing  y  and  instructions  for  most  of  the 
instruments  in  use;  Londres,  1751,  in-8°. 
A  la  suite  de  cet  écrit,  on  trouve  un  abrégé  de 
l'histoire  de  la  musique,  extrait  du  livre  de 
Bontempi.  Cinq  ans  après  la  publication  de 
cet  ouvrage,  Prelleur  obtint  la  place  d'orga- 
niste de  l'église  du  Christ,  à  Middlesex.  Ce 
renseignement  est  le  dernier  que  l'on  ait  con- 
cernant la  vie  de  cet  artiste. 

PRElMTZou  PRENZ  (Gaspard),  maître 
de  chapelle  de  l'évêque  d'Eichsladt,  naquit  à 
Berlach,  près  de  Munich,  vers  1640.  Il  fut  le 
maître  du  célèbre  organiste  Pachelbel,  lors- 
qu'il habitait  Batisbonne,  où  il  a  publié  : 
Alauda  sacra,  sac.  psalmi  per  annum  con- 
sueti  a  A  voc.  concert. ,  2  violin.  concert,  ad 
libitum  ,Zviolis  concert,  adlibit.,  aciripien. 
ad  libit.;  Batisbonne,  1695.  Cet  artiste  est  le 
même  qui  est  appelé  Prentz  par  Maltheson 
(Ehrenpforte,  p.  249),  et  Lipowsky,  trompé 
par  cette  orthographe  inexacte,  a  fait  deux 
articles  dcPrenitz  et  de  Prentz  (Bayerisches 
Musik  Lexikon,  p.  265). 

PRENNER  (Georges),  chanteur  de  la 
chapelle  impériale,  sous  le  règne  de  Ferdi- 
nand Ier,  naquit  à  Salzbourg,  en  1517,  suivant 
un  renseignement  puisé  dans  les  archives  de 
celte  chapelle,  par  Antoine  Schmid  (voyez  ce 
nom),  et  qu'il  m'a  communiqué.  Premier  était 
un  musicien  instruit  et  écrivait  bien  dans  le 
style  de  son  temps.  Le  IVovus  thésaurus  mu- 
sicus,  publié  par  Pierre  Joannelli  (Venise, 
1568),  contient  treize  motets  à  quatre,  cinq  et 
six  voix,  de  la  composition  de  cet  artiste. 

PRESCI1EII  (Nicolas),  facteurd'orgues  à 
Nordlingen,  dans  les  premières  années  du 


dix-huitième  siècle,  a  construit,  en  1706,  un 
instrument  à  un  seul  clavier  et  vingt  registres 
à  Frachtwangen,  près  d'Anspach. 

PIIESCIMONI  (Nicolas-Joseph),  doc- 
teur en  droit  et  avocat  à  Palerme,  naquit  à 
Francavilla,  en  Sicile,  le  25  juillet  1669. 
François  Catalano,  frère  de  sa  grand'mère, 
lui  enseigna  la  musique,  et  dans  le  même 
temps  il  fit  ses  humanités  au  collège  de  Mes- 
sine. Devenu  docteur  en  droit,  à  l'âge  de  dix- 
huit  ans,  il  se  fixa  à  Palerme,  et  quoiqu'il  lût 
avocat  de  profession,  il  composa  beaucoup  de 
sérénades,  d'oratorios,  et  d'autres  pièces  dont 
voici  les  titres  :  1°  La  Gara  de'  fiumi,  séré- 
nade à  cinq  voix;  Palerme,  1695,  in-4°. 
2°  La  Nascila  di  Sansone  annunziata  dall' 
Angelo,  figura  délia  sacratissima  annun- 
ziata del  Verbo,  dialogo  a  5  roc*';  Messine, 
1694.  5°  L'Onnipotenza  glorificata  da'  tre 
fanciulli  nella  fornace  di  Babilonia;  dia- 
logo a  o  voci;  Naples,  1695.  4°  //  Trionfo 
degli Dei,  sérénade  à  cinq  voix,  deux  chœurs, 
et  six  instruments;  Messine,  1695.  5°  Gli 
Angeli  salmisti  per  la  concezione  di  Maria  ; 
dialogo  a  5  voci;  Borne,  1696.  6°  Il  Fuoco 
panegirista  del  Creatore  nella  fornace  di 
Babilonia,  dialogo  a  5  voci  ;  Palerme.  7"  La 
Notte  felice,  sérénade  à  six  voix  ;  ibid.,  1700, 
8°  La  Crisi  vitale  del  mondo  languente  nel 
sudor  di  sangue  del  Redentore,  oratorio  à 
trois  voix  ;  Messine,  1701.  9°  I Miracolidella 
Providenza,  etc.,  oratorio  à  cinq  voix;  Pa- 
lerme, 1705.  10°  Il  Tripudio  délie  Ninfe 
nella  piaggia  di  Mare  dolce,  sérénade  à  trois 
voix  et  instruments;  ibid.,  1704.  11°  IlGiu- 
dizio  di  Salomone,  nella  contesa  délie  due 
madri ; sacro  trattenimenlo  armonico  ;  ibid., 
1705.  12°  La  Figlia  unigenita  di  Gefte  sa- 
crifteata  a  Dio  dal  padre,  dialogue  à  cinq 
voix;  ibid.,  1705.  15°  Le  f'irtù  in  gara, 
trattenimento  armonico  a  4  voci;  ibid., 
1707.  14°  //  latte  di  Jaele,  figura  dell'Eu- 
charislia  sacrosanta,  oratorio  à  cinq  voix  et 
instruments;  ibid.,  1706. 

PUEU  (Frédéric),  compositeur,  né  àLeip- 
sick,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle.  La  nature  lui  avait  accordé  du 
talent  pour  la  musique,  mais  sa  vie  agitée  ne 
lui  permit  pas  d'en  développer  les  avantages. 
En  1781  et  1785,  ses  amis  publièrent,  à  son 
profit,  deux  recueils  de  ses  chansons  avec  ac- 
compagnement de  clavecin.  En  1785,  il  était 
directeur  de  musique  à  Riga;  il  parait  qu'il 
se  trouvait  à  Bayreulb,  en  1790.  Il  a  écrit 
pour  le  théâtre  allemand  :  1°  Adraste,  grand 
opéra.  2°  Le  Feu  follet,  opéra-comique,  eu 


PREU  —  PRÉVOST 


H9 


1786.  3°  Bella  et  Fernando,  ou  la  Satire, 
opéra  en  un  acte,  gravé  à  Leipsick,  en  parti- 
tion pour  le  piano,  en  1791.  4°  LaModiste, 
petit  opéra,  non  imprimé. 

PREUS  (Georges),  organiste  à  Greifs- 
walde,  dans  la  Poméranie  antérieure,  vécut 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle.  On  a  de  lui  un  petit  traité  intitulé  : 
Observationes  musicx,  oder  musikalische 
Jnmerkungen,  welche  bestehen  in  Einthei- 
lung  der  Thonen,  deren  Eigenschaft  und 
Jf'irkung,  der  Musik-Liebenden  zum  bcsten 
herausgegeben  (Observations  musicales  con- 
cernant la  division  des  tons,  leur  propriété  et 
leur  effet);  Greifswalde,  chez  Daniel-Benja- 
min Starken,  1706,  deux  feuilles  in-4°,  avec 
une  planche. 

PREUS  (Georges),  organiste  à  l'église  du 
Saint-Esprit,  à  Hambourg,  occupait  cette  place 
en  1729.  On  ne  sait  rien  de  plus  sur  sa  per- 
sonne, et  son  existence  n'est  connue  que  par 
un  opuscule  qui  a  pour  titre  :  Grundregelnvon 
der  Sruclur  und  den  Requisitis  einer  unta- 
delhaflen  Orgel,  worinnen  hauptsxchlich 
gezeigtwird,  was  bei  Erbauung  einer  neuen 
und  Renowirung  einer  alten  Orgel  zu  beo- 
bachten  sei.  auch  voie  eine  Orgel  bei  Ueber- 
lieferung  miisse  probiret  und  examinirt 
werden,  etc.  (Règles  fondamentales  de  la 
structure  et  des  qualités  requises  d'un  orgue 
irréprochable,  où  l'on  montre  ce  qu'il  faut 
observer  dans  la  construction  d'un  nouvel  in- 
strument et  dans  la  réparation  d'un  an- 
cien, etc.);  Hambourg,  1729,  cent  quatre 
pages  in-8°,  non  compris  la  préface  et  la  dé- 
dicace. Matlheson  a  reproché  avec  raison  à 
cet  ouvrage  (Grosse  General- Bass-schule, 
deuxième  édition,  p.  15-29)  de  n'être  qu'un 
plagiat  de  VOrgelprobe  de  Werckmeister 
(voyez  ce  nom). 

PREUSS  (Charles),  musicien  attaché  à  la 
cour  de  Hanovre,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  a  fait  imprimer  à  Cassel, 
en  1778,  trois  quatuors  pour  clavecin,  deux 
violons  et  violoncelle;  et,  en  1783,  un  volume 
d'odes  et  de  chansons,  avec  accompagnement 
<le  clavecin.  On  a  aussi  de  lui  des  pièces  pour 
deux  flûtes;  Hanovre,  Kruchwitz,des  varia- 
lions  pour  piano  sur  un  air  allemand;  Ha- 
novre, Bachmann,  et  d'autres  petites  pièces. 
On  ne  sait  rien  de  plus  sur  cet  artiste. 

PRÉVOST  (Pierre),  professeur  de  philo- 
sophie à  Genève,  naquit  dans  cette  ville,  le 
5  mars  1751,  vécut  quelque  temps  à  Paris, 
puisa  Berlin,  et  retourna  à  Genève,  en  1782. 
Il  y  remplissait  encore  ses  fondions  de  pro- 


fesseur en  1828.  Parmi  ses  nombreux  ou- 
vrages, on  remarque  un  morceau  qu'il  a  fait 
insérer  dans  le  volume  de  l'Académie  de 
Berlin  pour  l'année  1785,  sous  ce  titre  :  Mé- 
moire sur  le  principe  des  beaux-arts  et  des 
belles-lettres,  dans  lequel  on  examine  les  rap- 
ports de  la  poésie  et  de  la  musique  avec  les 
sens  et  les  facultés  intellectuelles.  Prévost  est 
mort  à  Genève,  le  8  avril  1839. 

PRÉVOST  (Hippolyte),  sténographe  ha- 
bile, membre  de  l'Athénée  des  arts  et  rédac- 
teur du  Moniteur  universel,  puis  secrétaire- 
rédacteur  en  chef  des  procès-verbaux  du  Sénat, 
né  à  Toulouse,  en  1808,  apprit  la  musique  dès 
ses  premières  années.  Huny,  chef  d'orchestre 
du  théâtre  de  sa  ville  natale,  lui  enseigna  le 
violon,  dont  il  jouait  déjà  à  l'âge  de  onze  ans 
dans  les  concerts  d'amateurs.  Ses  progrès  sur 
cet  instrument  le  mirent  en  état  de  jouer  à 
Rodez,  en  1826,  le  neuvième  concerto  de 
Kreutzer,  dans  un  concert  donné  au  bénéfice 
des  Grecs.  Ses  études  de  collège  terminées,  il 
commença  celle  du  droit,  mais  il  l'interrom- 
pit bientôt  pour  se  rendre,  en  1827,  à  Paris, 
et  s'y  appliquer  à  la  pratique  de  la  sté- 
nographie. Avant  de  quitter  Toulouse ,  il 
avait  publié  une  nouvelle  théorie  de  la  sté- 
nographie, dont  la  sixième  édition  a  paru 
récemment  (1862).  En  1830,  il  fut  admis 
à  la  rédaction  du  Moniteur  et  chargé  de  di- 
riger la  publication  officielle  des  Chambres.  Il 
conserva  cette  position  jusqu'en  1852  ;  ce  fut 
alors  qu'il  entra  dans  l'administration  du  Sé- 
nat, en  qualité  de  secrétaire-rédacteur  en  chef 
des  procès-verbaux  des  séances.  M.  Prévost  a 
publié  une  brochure  dont  l'objet  a  de  l'inté- 
rêt, sous  ce  titre  :  Sténographie  musicale,  ou 
art  de  suivre  l'exécution  musicale  en  écri- 
vant ;  Paris,  1833,  in-8°.  J'ai  analysé  ce  petit 
écrit  dans  le  treizième  volume  de  la  Revue 
musciale  (p.  241-244).  On  en  a  fait  une  tra- 
duction allemande  intitulée  :  Musikalische 
Sténographie  oder  die  Kunst  die  Musik  so 
schnell  zu  schreiben ,  als  sie  ausgefùhrt 
wird;  Leipsick,  1835,  in-8°de  quarante-quatre 
pages  et  deux  planches,  ou  quarante-huit 
pages  in-12.  Une  traduction  italienne  a  aussi 
paru  sous  ce  titre  :  Stenografia  musicale, 
o  arte  di  seguire  l'esecuzione  musicale  scri- 
vendo;  Paris,  Duverger,  1833,  in-12  de 
quarante-huit  pages.  Le  succès  de  cet  ouvrage 
avait  fixé  l'attention  des  musiciens  et  des 
amateurs  sur  son  auteur  ;  on  lui  proposa  de  se 
charger  de  la  critique  musicale  dans  le  jour- 
nal intitulé  Revue  des  théâtres;  il  accepta, 
mais  il  comprit  alors  la  nécessité  de  compléter 


'l'JO 


PREVOST  —  PRIMAYERA 


ses  connaissances  en  musique  et  se  remit  à 
l'étude  de  cet  art,  qu'il  avait  négligé  depuis  son 
arrivée  à  Paris;  c'est  ainsi  qu'il  fit  un  cours 
d'harmonie  et  de  composition  avec  M.  Reber. 
Depuis  1837  jusqu'en  1853,  M.  Prévost  a  fait 
la  critique  musicale  dans  le  Journal  du  Com- 
merce et  dans  le  Moniteur.  Appelé  à  la  posi- 
tion qu'il  occupe  au  Sénat,  il  fut  obligé  de 
suspendre  ce  genre  de  travail,  mais  il  l'a  re- 
pris plus  tard,  sous  les  pseudonymes  de 
P.  Crocius,  et  de  Paul  Hollens,  dans  plu- 
sieurs journaux  quotidiens  et  hebdomadaires. 

PRÉVOST  (Eugène-Prosper),  né  à  Paris, 
le  23  août  1809,  fut  admis  au  Conservatoire  de 
celte  ville,  le  27  mars  1827,  et  y  reçut  des 
leçons  de  contrepoint  de  Jelensperger  et  de 
Seuriot.  En  même  temps,  il  devint  élève  de 
Lesueur  pour  la  composition.  En  1829,  il  ob- 
tint, au  concours  de  l'Institut  de  France,  le 
second  grand  prix  de  composition  :  le  sujet  de 
ce  concours  était  la  cantate  de  Cléopâtre.  Le 
premier  prix  lui  fut  décerné,  en  1831,  pour  la 
composition  de  Bianca  Capello.  Dans  la  même 
année,  il  avait  fait  jouer  à  l'Ambigu-Comique 
un  petit  opéra  en  un  acte,  intitulé  V Hôtel  des 
princes,  qui  eut  du  succès,  et  le  14  mai  de 
cette  année  1831,  il  donna  au  même  théâtre  le 
Grenadier  de  JFagram,  opéra-comique  en 
tin  acte.  Au  mois  de  juillet  1831,  il  partit 
pour  l'Italie.  De  retour  à  Paris,  il  a  donné,  le 
13  septembre  1834,  à  l'Opéra-Comique, 
Cosimo,  en  un  acte,  qui  a  été  bien  accueilli 
par  le  public.  Quelque  temps  auparavant,  il 
avait  épousé  mademoiselle  Colrn,  cantatrice, 
qui  fut  engagée  au  théâtre  du  Havre,  et  fut 
nommé,  en  1835,  chef  d'orchestre  de  ce 
théâtre.  Au  mois  de  septembre  1837,  M.  Pré- 
vost fit  représenter  au  théâtre  de  l'Opéra - 
Omique,  le  Bon  Garçon,  en  un  acte,  dont  la 
musique  manquait  de  distinction,  et  qui  n'eut 
pas  de  succès.  Il  a  fourni  quelques  articles 
à  la  Gazette  musicale  de  Paris.  En  1840, 
il  s'est  lixé  à  la  Nouvelle-Orléans  comme 
chef  d'orchestre  du  théâtre  et  professeur  de 
musique. 

PREYER  (Gottfried),  compositeur  et 
professeur,  né  le  15  mai  1809,  à  Hausbrunn 
(Autriche),  reçut  les  premières  leçons  de  mu- 
sique de  son  père,  instituteur  et  cemtorde  ce 
village,  et  apprit  en  même  temps  le  chant,  le 
violon  elle  clavecin.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il 
se  rendit  à  Vienne  et  y  fit  un  cours  de  com- 
position, sous  la  direction  de  Scchler  (voyez 
ce  nom).  En  1835,  il  obtint  la  place  d'orga- 
niste de  l'église  évangélique  ;  cl  trois  ans 
après,  il  fut  nommé  professeur  d'harmonie  du 


conservatoire  de  Vienne.  La  direction  de  celte 
école  lui  fut  confiée  en  1844,  après  qu'il  eutété 
pendant  plusieurs  années  second  maître  de 
chapelle  de  la  cour  impériale.  En  1853,  Preyer 
a  élé  appelée  la  position  de  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  Saint-Élienne,  qu'il  occupe 
encore  (1863).  On  a  publié  de  cet  artiste  : 
1°  Symphonie  pour  l'orchestre,  op.  16  (en  ré 
mineur);  Vienne,  Diabelli.  2°  Quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse;  ibid.  3°  Double 
fugue  pour  l'orgue  ou  le  piano,  op.  11  ;  ibid. 
4°  Scherzo  pour  le  piano  (en  si  mineur), 
op.  42;  ibid.  5°  Un  grand  nombre  de  Lieder 
à  voix  seule  avec  piano  ;  ibid.  6°  Beaucoup  de 
chants  pour  quatre  voix  d'hommes;  ibid. 
Preyer  a  en  manuscrit  un  grand  nombre  de 
grands  et  de  petits  morceaux  pour  l'église,  et 
l'oratorio  de  Noé. 

PREYSEXG  (Henri-Balthazar),  violon- 
celliste, né  en  1736,  fut  attaché  à  la  musique 
de  la  cour  de  Gotha,  et  mourut  à  Gotha,  le 
6  octobre  1820,  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre 
ans.  Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  com- 
positions pour  son  instrument. 

PRIETO  (D.  Julien),  musicien  espagnol, 
naquit  en  1765,  à  Sanlo-DomingodelaCalzada, 
et  y  apprit  la  musique  comme  enfanl  de  chœur 
de  la  cathédrale.  Après  avoir  perdu  la  voix 
d'enfant,  il  fut  envoyé  àSaragosse,où  il  apprit 
la  composition  pendant  plusieurs  années, 
sous  la  direction  de  Xavier  Garcia. Doué  d'une 
très-belle  voix  de  ténor,  il  obtint  au  concours 
une  place  de  chanteur  à  la  cathédrale  de 
Pampelune.  Après  la  mort  de  François 
Iluerta,  maître  de  chapelle  de  cet  église,  le 
chapitre  chargea  Prielo  d'en  remplir  les 
fondions,  mais  sans  abandonner  celles  de 
ténor.  Il  conserva  celle  position  jusqu'à  ses 
derniers  jours,  et  mourut  le  24  février  1844, 
à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans.  Sa  belle 
voix  et  son  goût  dans  l'exécution  de  la  mu- 
sique lui  avaient  fait  une  grande  réputation 
de  chanteur  dans  son  pays.  M.  Eslava  (voyez 
ce  nom)  dit  qu'il  montre  dans  ses  compositions 
un  génie  véritable.  Il  n'écrivit  pas  de  grands 
ouvrages  et  ne  traita  jamais  le  style  fugué  ; 
mais  ses  motels,  ses  antiennes,  litanies  et 
chants  joyeux  sont,  dit  le  même  auteur,  des 
modèles  de  simplicité,  de  mélodie,  de  bon 
goût  et  de  grâce. 

PRIMA  VER  A(.Iea>-Léonard), surnommé 
DELL'  ARPA,  à  cause  de  son  habileté  sur 
la  harpe,  naquit  dans  la  I.ombardie,  vers 
1510,  et  fut  maître  de  chapelle  du  comman- 
deur de  Caslille,  gouverneur  de  l'État  de 
Milan  pour   le  roi  d'Espagne.    Il   a  fait  im- 


PR1MAVERA  -  PR1NTZ 


121 


primer  de  sa  compositfou  :  1°  Madrigali  a 
einquee  seivoci,  libro  primo;  in  Venelia, 
app.  Geronimo  Scotto,  1505,  in-4°  obi. 
2"  11  seconda  libro  di  Madrigali  a  cinque 
voci,  nttovamente  da  lui  composti  et  date 
in  luce;  ibid.,  1505,  in-4°  obi.  3°  Il  terzo 
libro  di  Madrigali  a  cinque  et  sei  voci;  in 
f'enetia,  app.  Francisco  Rampazetlo ,  1500, 
in-4°  obi.  4°  Il  primo  libro  di  Canzone  na- 
poletane  a  tre  voci;  Venise,  Scollo,  1570, 
in-4".  5°  Il  secondo  libro,  idem,  ibid.  0°  Il 
terzo  libro  délie  Villotte  alla  Napolclana, 
a  tre  voci;  ibid.,  1570,  in-8°.  7°  Frulti  et 
Madrigali  a  cinque  voci,  con  un  dialogo 
a  dieci.  Libro  quarto;  in  Venetia  appresso 
Vherede  di  Girolamo  Scotto,  1573,  in-4°. 
L'épîlre  dédicatoire  est  datée  de  Venise,  le 
6  septembre  1573. 

PRINCE  (Louis-Nicolas  LE),  curé  de 
l'église  paroissiale  de  Ferrière,  de  1008  à 
1077,  fut  d'abord  maître  de  musique  de  la 
cathédrale  de  Lisieux.  On  a  de  lui  :  1°  Missa 
sex  vocum  ad  imitationem  moduli,  Macula 
von  est  in  te;  Paris,  Eallard,  1003,  in-4°. 
2°  Missa  quatuor  vocum  ad  imitationem 
moduli, Tv  es  cloria  mea;  ibid.,î6C>9,  in-fol. 
5"  Airs  spirituels  sur  la  paraphrase  de 
Laudate  Dominum  de  coelis,  à  trois  voix 
pareilles,  et  basse  continue,  ibid.,  1071, 
in-4°  obi. 

PRINCE  (Nicolas-Thomas  LE),  biblio- 
graphe, ancien  employé  de  la  bibliothèque 
royale,  né  à  Paris,  en  1750,  est  mort  à  Lagny, 
le  51  décembre  1818.  Au  nombre  de  ses  ou- 
vrages on  remarque  les  suivants,  relatifs  à  la 
musique  :  1°  Anecdotes  des  beaux-arts,  conte- 
nant tout  ce  que  la  peinture,  la  sculpture,  la 
gravure,  l'architecture,  la  littérature,  la  mu- 
sique, etc.,  offrent  de  plus  curieux  et  de  plus 
piquant  chez  tous  les  peuples  du  monde, depuis 
l'origine  de  ces  différents  arts  jusqu'à  nos 
jours;  Paris,  Bastien,  1770-1781,  trois  volumes 
in-8°.  2°  Essais  historiques  sur  l'origine  et  les 
progrès  de  l'art  dramatique  en  Franoe  ;  Paris, 
Belin,  1785  et  années  suivantes,  trois  volumes 
in-12. 

PRINCE  (René  LE),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Paris,  en  1753.  On  a  de  lui  un  bon 
ouvrage  intitulé  :  Lettres  sur  les  arts  du 
moyen  âge  ;  Paris,  1785,  in-12.  Le  Prince  est 
aussi  l'auteurd'une  bonne  dissertation  insérée 
dans  le  Journal  encyclopédique  (novembre 
1782,  pages  489  et  suivantes),  sous  ce  titre  : 
Observations  sur  l'origine  du  violon. 

PRINNER  (le'  P.  Augustin),  bénédictin 
bavarois,  naquit  le  24  mars  1750,  à  Rœlz, 


près  de  Ratisbonne.  Il  fil  ses  études  musicales 
et  littéraires  dans  la  môme  ville.  Le  15  no- 
vembre 1771,  il  entra  au  couvent  des  béné- 
dictins de  Michelfeld,  où  il  fut  ordonné  prêtre, 
le  1 1  mars  1775.  Il  mourut  le  22  juin  1807,  à 
l'âge  de  soixante-sept  ans.  Parmi  ses  compo- 
sitions pour  l'église,  qui  sont  restées  en  ma- 
nuscrit, on  remarque  des  vêpres,  des  répons 
et  des  lamentations  en  contrepoint  d'ancien 
style. 

PRINTEMPS (ïï.),  né  à  Lille  (Nord),  vers 
1802,  fit  ses  premières  éludes  de  musique  dans 
cette  ville,  et  se  rendit  à  Paris,  en  1820.  Admis 
au  Conservatoire,  il  devint  élève  de  l'auteur 
descelle  Biographie,  pour  la  composition,  et 
apprit  sous  sa  direction  le  contrepoint  et  la 
fugue.  De  retour  à  Lille  en  1825,  il  s'y  livra  à 
l'enseignement  du  piano;  mais  une  maladie 
de  langueur  le  conduisit  au  tombeau,  vers 
1830.  Il  a  publié  qilelques  oeuvres  de  musique 
pour  le  piano,  entre  autres  un  thème  varié,  à 
Lille,  chez  Bœhm,  et  une  fantaisie  sur  un 
thème  de  madame  Gail,  op.  5;  Paris, 
Ph.  Petit. 

PRINTZ  (Wolfcang-Gaspard),  est  sur- 
nommé DE  WALDTHURN,  parce  qu'il 
était  né  le  10  octobre  1041,  dans  celle  ville  dn 
haulPalalinat,  sur  les  fronlièresde  la  Bohême. 
Son  père,  maître  des  forêts  et  receveur  des 
contributions,  l'envoya  fort  jeune  à  l'école  de 
Vohenslrause,  dont  l'instituteur  lui  enseigna 
la  solmisalion  d'après  l'ancienne  méthode  des 
muances;  mais  bientôt  après,  ce  maître  eut  un 
successeur  qui  adopta  la  nouvelle  méthode  des 
sepl  noms  de  noies,  et  la  fit  apprendre  à  ses 
élèves.  Prinlz  reçut  ensuite  des  leçons  d'orgue 
de  Guillaume  Stœckel,  bon  organiste  de  Nu- 
remberg. A  l'âge  de  treize  ans,  il  fut  mis  au 
collège  de  Weyden,  ville  située  à  une  lieue  de 
Waldlhurn  :  là  il  continua  ses  études  de  mu- 
sique sous  la  direction  de  Jean-Conrad  Merz, 
organiste  de  la  chapelle  du  prince  de  Saxe- 
Lauenbourg.  Il  apprit  aussi  à  jouer  du  violon, 
du  trombone  et  de  plusieurs  autres  instru- 
ments. En  1058,  il  se  rendit  à  l'université 
d'Altorff,  où  il  suivit  les  cours  de  théologie; 
pendant  le  temps  qu'il  y  consacra,  il  ne  put 
s'occuper  de  la  musique  que  comme  d'un  dé- 
lassement. Né  dans  la  religion  luthérienne,  il 
voulut  en  propager  les  dogmes  dans  le  Pala- 
linat  par  des  sermons;  mais  poursuivi  par  les 
ordres  religieux  pour  sa  propagande,  il  fut  ar- 
rêté, mis  en  prison,  et  n'obtint  sa  mise  en 
liberté  que  sur  la  promesse  de  renoncer  à  la 
prédication.  Il  entra  alors  en  qualité  de  ténor 
dans  la  chapelle  du  prince-électeur  Palatin,  à 


122 


PRINTZ 


Ileidelberg.  Après  y  avoir  passé  une  année,  il 
avait  l'espoir  d'être  bientôt  nommé  cantor, 
lorsqu'une  controverse  religieuse  l'obligea  à 
s'éloigner  furtivement,  à  pied  ;  mais  il  s'égara 
dans  ce  voyage,  et  dénué  de  ressources,  il  fut 
obligé  d'accepter  l'offre  d'un  voyageur  hollan- 
dais qui  l'engagea  comme  valet  de  chambre, 
ou  plutôt  (dit-il  lui-même,  dans  son  autobio- 
graphie) comme  laquais,  pour  tout  faire. 
Printz  visita  avec  ce  voyageur  une  partie  de 
l'Allemagne,  et  les  villes  principales  de  l'Ita- 
lie, telles  que  Venise,  Rome  et  Naples.  Au  re- 
tour, il  tomba  malade  dans  un  village  près  de 
Manloue,  et  fut  abandonné  par  son  maître. 
Dès  qu'il  fut  rétabli,  il  se  mit  en  route  à  pied, 
et  retourna  chez  lui  par  la  Bavière.  Arrivé  à 
Promnitz,  il  y  donna  des  preuves  de  talent,  et 
fut  engagé  pour  remplir  les  fonctions  de 
maître  de  chapelle  de  celte  petite  cour;  mais 
la  guerre  qui  causa  à  cette  époque  tant  de  ra- 
vages dans  la  Moravie,  fit  réformer  celle  cha- 
pelle, au  mois  de  janvier  1664,  après  la  mort 
du  comte.  Piinlz  accepta  alors  une  place  de 
cantor  à  Triebel.  Le  temps  qu'il  y  passa  fut, 
dit-il,  le  plus  heureux  de  sa  vie.  Cependant, la 
place  plus  importante  de  cantor  à  Sorau  lui 
ayant  été  offerte  le  15  mai  1665,  il  se  rendit 
dans  celle  ville,  s'y  maria,  et  y  resta  pendant 
dix-sepl  années.  Il  paraît  qu'il  y  fut  accusé 
«l'ivrognerie,  car  pour  se  défendre  de  celte  im- 
putation, il  fait,  dans  sa  notice  biographique, 
rénumération  de  ses  travaux,  et  démontre 
qu'il  n'aurait  pu  écrire  tant  d'ouvrages  s'il 
eût  eu  le  défaut  qu'on  lui  attribuait.  En  1682, 
il  obtint  le  litre  de  directeur  de  la  chapelle  du 
comle  de  Promnitz,  et  en  cumula  les  fondions 
avec  celles  de  cantor.  Après  cinquante  deux  ans 
deséjourà  Sorau,  il  mourut  le  lô  octobre  1717, 
à  l'âge  de  soixante-seize  ans.  Printz  a  laissé 
sur  sa  personne  et  sur  ses  travaux  une  longue 
notice,  dont  Matlheson  a  extrait  celle  qu'il  a 
publiée  dans  son  Ehrenpforte  (p.  257-276). 
Cet  écrit  est  rempli  d'inutilités  et  de  niai- 
series. Printz  en  a  donné  un  abrégé  à  la  fin 
de  son  Histoire  de  la  musique;  c'est  de  cet 
abrégé  que  Wallher  s'est  servi  pour  la  notice 
de  son  Lexique  de  musique.  On  y  voit  que, 
dans  l'espace  de  douze  ans,  Printz  a  composé 
plus  île  cent  cinquante  morceaux  de  différents 
genres  avec  orchestre,  cl  l'on  y  trouve  la  liste 
de  tous  ses  ouvrages  historiques,  théoriques  et 
didactiques,  tant  imprimés  (pic  manuscrits. 
C'est  à  ces  derniers  travaux  qu'il  doit  au- 
jourd'hui sa  réputation.  J'en  vais  donner  la 
liste  par  ordre  chronologique. 
1°  Anweisuny  sur Singekunsl (Instruction 


concernant  l'art  du  chant).  Printz  cite  trois 
éditions  de  cet  ouvrage,  dans  son  Histoire  de 
la  musique  (p.  221),  sous  les  dates  de  1666, 
1671  et  1685,  mais  sans  indication  du  lieu  de 
l'impression.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  ces  édi- 
tions ont  paru  à  Dresde,  où  les  premiers  ou- 
vrages de  ce  musicien  ont  été  imprimés  ;  mais 
on  n'en  a  pas  la  preuve,  car  Wallher,  Mat- 
lheson, Forkel  et  les  autres  biographes  n'ont 
eu  connaissance  de  cet  ouvrage  que  par  ce  que 
Printz  en  dit  lui-même.  Dans  le  catalogue  de 
la  bibliothèque  de  Forkel,  si  riche  en  livres 
anciens  concernant  la  musique,  et  qui  renfer- 
mait tous  les  autres  ouvrages  de  Printz,  on  ne 
trouve  pas  celui-là.  Il  n'est  pas  indiqué  par 
les  catalogues  des  bibliothèques  de  Berlin,  de 
Munich,  ni  de  Vienne.  Moi,  qui  possède  aussi 
tous  les  livres  du  même  auteur,  j'ai  fait  cher- 
cher en  vain  Vlnstructionsur  l'art  du  chant 
en  Allemagne.  Je  doule  de  son  existence. 
2°  Compendium  musicx  signatoria?  et  mo- 
dulaiorim  vocalis,  das  ist  :  Kurzer  Begri/f 
aller  derjenigen  Sachen,  so  einem,  der  die 
Focal-music  lernen  will ,  zu  wissen  von 
nœtlien  seyn  (Abrégé  de  la  musique  vocale 
écrite  et  chantée,  ou  résumé  succinct  de 
toutes  les  choses  nécessaires  à  ceux  qui  veu- 
lent apprendre  le  chant);  Dresde,  1668,  in-8° 
de  cent  neuf  pages.  Une  deuxième  édition  de 
cet  ouvrage  a  paru  à  Leipsick,  en  1714.  La 
première  édition  porte  la  date  de  1689;  mais 
les  deux  derniers  chiffres  ont  été  évidemment 
retournés  dans  l'impression ,  et  devaient 
former  68,  car  celle  date  est  celle  que  Prinlz 
donne  lui-même  (loc.  cit.,  page  222);  il 
ajoute  (pie  ce  livre  est  un  de  ceux  qu'il  publia 
dans  les  premières  années  de  son  séjour  à 
Sorau  (In  den  ersten  Jahrcn  Divines  neuen 
Jmtes  Hess  ich  zicey  TracLrtyen  druc- 
ken,  etc);  ce  qui  ne  convient  qu'à  la  dale  de 
1668,  et  non  à  celle  de  1689.  L'ouvrage  dont 
il  s'agit  est  un  traité  des  éléments  de  la  nui  - 
sique,  de  la  solmisalion  par  les  deux  systèmes 
des  hexacordes  et  de  la  gamme  complète,  et  de 
l'art  du  chant.  C'est  surtout  par  ces  dernières 
parties  qu'il  se  dislingue  des  ouvrages  du 
même  genre  publiés  en  Allemagne  à  la  même 
époque.  5°  Phrynis  flfytilensus,  oder  Saty- 
rischerComponist,  welcher,vermittelsteiner 
Satyrischen  Geschichle,  die  Fehler  der  unye- 
/e/irten,  telbgewachsenen }  ungcschicklen , 
und  unvertt&ndigen  Componisten  hœ/lich 
darstellet,  und  zuyleich  leliret,  wie  einmti 
sikalisches  Stuck  rein,  ohne  Fehler,  und 
nach  dem  rechten  Grunde  zu  componiren 
und  zu  setsen  sey,  etc.  (Phrynis  de  Mylilènc, 


PRINTZ 


12" 


ou  le  compositeur  satirique  qui,  au   moyen 
d'une  histoire  (fiction)  critique,  expose  d'une 
manière  honnête  les  fautes  des  compositeurs 
ignorants,  maladroits  et  peu  raisonnables,  et 
qui  enseigne  en  même  temps  comment  doit 
être  composé  un  morceau   de  musique  pur, 
sans  défaut,   et  d'après   les  meilleurs   prin- 
cipes, etc.),  première  partie;  Ouedlinbourg, 
167C,    in-4°;    deuxième   idem,   ibid.,  1677, 
in-4°.  Ces  deux  parties  furent  réimprimées  à 
Dresde  et  à  Leipsick,  en  1694,  in-4",  avec  une 
troisième   intitulée   :   Phrynidis    Mytilenxi 
oder  des  Satyrischen  Componisten  dritter 
Theil,  so  in  sich  hxlt  unterschiedl.  Musika- 
lische  Discurse,  sonderlich  aber  von  denen 
Generibus  modulandi,  etc.  (Troisième  partie 
de  Phrynis  de  Mytilène,   ou  le  compositeur 
satirique,    etc.).    Une    critique    raisonnable, 
et  peut-être  trop  douce  du  livre  de  Printz,  fut 
publiée  sans  nom  d'auteur,  sous  ce  titre  :  Ré- 
futation des  Satyrischen  Componisten,  oder 
so  genannten  Phrynis  (Réfutation  du  Com- 
positeur satirique  désigné   sous  le   nom   de 
Phrynis),  sans  nom  de  lieu  (imprimée  dans  le 
monde),  1 678,  deux  feuilles  in-4°;  réimprimée 
en  1695.  Printz,  irrité  par  cette  réfutation,  y 
fit  une  réponse  intitulée  :  Déclaration  oder 
weitere  Erklxrung  der  Réfutation  des  Saty- 
rischen Componisten ,  oder  so  genannten 
Phrynis  (Déclaration  ou  explication  concer- 
nant la  Réfutation  du  Compositeur  satirique); 
Cosmopolis,  1679,  quarante-huit  pages  in-4°. 
Cette  faible  réponse  est  réimprimée  en  tête 
de  la  première  partie  du  Compositeur  satiri- 
que, dans  l'édition  de  1696.  La  conception  du 
livre  qui  avait  donné  lieu  à  cette  polémique 
est  aussi  ridicule  que  l'exécution  est  défec- 
tueuse. L'auteur  suppose  que  Phrynis  de  My- 
tilène, musicien  grec  dont  il   est  parlé   par 
plusieurs  écrivains  de  l'antiquité,  est  envoyé 
chez  un  maitre  de  musique  pour  apprendre  les 
éléments  de  cet  art.  On  lui  enseigne  d'abord 
la  formation  des  modes  grecs,  ou  plutôt  des 
tons  du  plain-chant  sous  des  noms  grecs.  Puis 
on  lui  parle  des  consonnances  et  des  disso- 
nances; là  il  n'est  plus  question  de  la  théorie 
des  Grecs,  à  l'égard  de  la  classification  des 
intervalles,   mais  de  celle  des  modernes,   et 
Printz  fait  du  maître  de  Phrynis  un  harmoniste 
du  dix-septième  siècle,  qui  parle  de  mouve- 
ment des  consonnances  parfaites  et  imparfaites, 
à  peu  près  dans  les  mêmes  termes  que  Bonon- 
cini  et  autres  écrivains  didactiques  contem- 
porains île  Printz,  et  avec  de  fastidieux  dé- 
tails qui  prouvent  que  l'auteur  n'avait  pas  la 
plus  légère  notion  de  la  généralisation  des 


principes.  La  deuxième  partie  du  Compositeur 

satirique  est  relative  aux  proportions  dans  la 
mesure  du   temps  musical,  aux  figures  que 
forment  les  notes  entre  elles,  à  la  basse  con- 
trainte, à  l'harmonie  et  à  la  basse  continue. 
Dans  la  troisième  partie  de  son  livre,  Printz 
traite  des  proportions  numériques  des  inter- 
valles, du  tempérament,  du  rhylhme  poétique 
appliqué  à  la  musique,  et  des  contrepoints  con- 
ditionnels en  vogue  dans  les  écoles  dégénérées 
du  dix-septième  siècle.  Tout  cela  est  rempli 
de  futilités,  de  pensées  de  mauvais  goût  et  de 
bavardages  vides  de  sens.  Par  exemple,  au 
lieu  de  dire  en  quelques  mots  et  de  démontrer 
par  de  courts  exemples  les  motifs  de  la  règle 
qui  défend  les  successions  de  quintes  directes, 
Printz  emploie  six  pages  à  conter  comme  quoi 
Phrynis,  ayant  fait  une  mélodie,  fut  invité  par 
son  maître  à  la  mettre  en  harmonie  d'abord  à 
deux  parties,  puis  à   trois,   écrivit  les  deux 
premières  en  tierces,  puis  la  troisième  à  la 
tierce  de  la  seconde,  et  de  là  résulta  une  suite 
de  quintes  avec  la  première  partie,  déchirante 
pour  l'oreille.    Alors   Phrynis  se  désola,    et 
voulut  prendre  la  résolution  de  ne  plus  faire 
d'harmonie  en  musique.  Dans  un  autre  en- 
droit, Phrynis  ayant  fait  une  faute,  reçoit  un 
soufflet  de  son  maître;  la  violence  du  coup  lui 
fait  heurter  la  tête  de  son  voisin,  qui  heurte  à 
son  tour  une  troisième  personne,  dont  la  tête 
va  frapper  le  mur  :  le  fou  rire  prend  à  tout  le 
monde  sur  le  quadruple  effet  du  .soufflet,  et  le 
maître  fait  une  longue  dissertation  sur  l'ana- 
logie des  dissonances  qui  heurtent  désagréa- 
blement plusieurs  sons,  avec  le  soufflet  qui  se 
fait  sentir    à  plusieurs  personnes.   Un   style 
plat  et  misérable  répond  à  la  nature  des  idées. 
Et  pourtant  on  trouve  à  chaque  pas,  dans  ce 
mauvais  livre,  les  preuves  d'un  savoir  étendu, 
non  seulement  en  musique,  mais  en  beaucoup 
de  choses  dont  la  connaissance  n'est  pas  or- 
dinaire aux  musiciens.  4°  Musica  modula- 
toriavocalis,  oder  manierlich  und  zierliche 
Sing-Kunst,  in  welcher  ailes,  was  von  einem 
guten  Sxnger  erfordert   wird ,   grùndlich 
und  aufdas  deutlich  gelehret  und  vor  Aitycn 
gestellet  wird,  etc.  (Musique  vocale  figurée, 
ou  art  du  chant  agréable  et  élégant,  etc.); 
Schweidnitz,  Okel,   1678,  in-4°  de  soixante- 
dix-neuf  pages.  Cet  ouvrage  n'est,  sous  quel- 
ques   rapports,    que    le    développement    du 
deuxième  du  même  auteur,  et  peut-être  aussi 
du  premier.  5"  Exercitationes  musicx  theo- 
retico-praclicx  de  concordantiis  singulis, 
das   ist    musikalische    JFissenschafft    und 
Kunst-  Uebungen  von  jcdvceden  Concordait' 


121 


PR1NTZ 


tien,  etc.  (Exercice  de  musique  théorico-pra- 
lique  sur  toutes  les  consonnances,  c'est-à- 
dire,  science  musicale  et  exemples  concernant 
chaque  intervalle  consonnant,  etc.)  ;  Dresde, 
1089,  in-4°.  Cet  ouvrage  a  paru  par  parties 
séparées  en  nombre  égal  à  celui  des  conson- 
nances, et  à  différentes  époques.  La  pre- 
mière, concernant  l'unisson,  a  été  publiée  à 
Francfort  et  à  Leipsick,  1G87,  en  trente-deux 
pages;  la  seconde,  sur  l'octave  (en  cinquante- 
cinq  pages)  a  vu  le  jour  dans  la  même  année, 
ainsi  que  la  troisième,  relative  à  la  quinte  (en 
cinquante-deux  pages).  Le  cahier  qui  concerne 
la  quarte  a  été  publié  en  1688  (quarante-six 
pages),  ainsi  que  celui  qui  est  relatif  à  la  tierce 
majeure  (en  trente-deux  pages).  En  1689, 
Printz  a  publié  les  parties  qui  concernent  la 
tierce  mineure  (en  trente-deux  pages),  la  sixte 
majeure  (en  vingt-huit  pages),  et  la  sixte  mi- 
neure (en  trente  pages).  Le  cahier  d'introduc- 
tion à  la  connaissance  générale  des  intervalles 
a  paru  dans  la  même  année,  avec  le  titre  de 
tout  l'ouvrage  rapporté  précédemment.  Le  plan 
du  livre  de  Printz  était  neuf  à  l'époque  où  il 
l'écrivit.  Il  examine  d'abord  chaque  intervalle 
sous  le  rapport  de  ses  proportions  numériques, 
puis  il  fait  le  dénombrement  de  toutes  les  ma- 
nières dont  il  peut  être  formé,  et,  enfin,  il 
analyse  toutes  les  circonstances  de  son  emploi 
dans  la  pratique. Malheureusement,  au  milieu 
de  quelques  bonnes  choses,  Printz  a  placé 
beaucoup  d'inutilités,  comme  dans  tous  ses 
ouvrages.  6°  I/istorische  Bcschreibung  der 
edelen  Sing  und  Kling-Kunst,  in  welcher 
derselben  Ursprung  und  Erfindung,  Fort- 
gang,  Verbesserung ,  unterschiedlicher  Ge- 
brauch,  wunderbarc  Wiirckungen^  man- 
cherley  Feinde,  und  zugleich  beriïhmteste 
Ausiiber  von  Anfang  der  Weit  bis  au/f 
unzere  Zeil  in  mœglichster  Kiirtze  erzehelt 
und  vorgestellet  iverden  (Description  histo- 
rique du  noble  art  du  chant  et  de  la  musique, 
dans  laquelle  il  est  traité  de  son  origine  et  in- 
vention, etc.);  Dresde,  1690,  in-4°de  deux  cent 
vingt-trois  pages.  Toute  la  première  partie  de 
cet"Ouvrage  est  de  peu  de  valeur,  car  Printz 
n'y  est  que  le  compilateur  de  documents  et  de 
traditions  vulgaires  qu'il  accepte  sans  examen; 
mais  dès  le  douzième  chapitre,  le  livre  devient 
plus  intéressant,  à  cause  des  renseignements 
qu'il  renferme  concernant  les  musiciens  alle- 
mands du  dix-septième  siècle. 

Prinlz  avait  écrit  plusieurs  autres  traités  de 
musique  dont  il  perdit  les  manuscrits,  avec 
tous  s<s  livres,  par  un  incendie  qui  éclata  à 
Sorau,  le  2  mai  1684,  ou  qui  sont  restés  entre 


les  mains  de  ses  amis.  Les  litres  de  ces  ou- 
vrages étaient  ceux-ci  :  1°  Idea  boni  compo- 
sitoris,  en  neuf  livres.  2°  Iffusici  defensi. 
3°  La  quatrième  partie  du  Compositeur  sati- 
rique. 4°  De  circulo  quintarum  et  quarta- 
rum,  en  deux  parties.  5°  Histoire  de  la  mu- 
sique, en  latin.  6°  Musica  arcana ,  en 
plusieurs  parties.  7°  Promenade  du  composi- 
teur satirique,  à  Holiarden,  en  allemand. 
8°  Erotemata  musicx  Schelianx.  9°  Erote- 
mata  musicte  Pezoldianx.  10°  Musica 
theoretica  signatoria.  11°  Musica  theoretica 
didactica.  12°  Analecta  musica  historica 
curiosa.  13°  De  stylo  recitativo.  14°  Melo- 
pœia,  sive  musica  poetica  intégra.  15°  De 
instrumentas  in  toto  orbe  musicis.  Printz  as- 
sure {Hist.  Beschr.  der  Sing-und  Aling- 
Kunstf  page  223,  §  33)  que  son  Histoire  de 
la  musique,  en  latin,  était,  en  1690,  entre  les 
mains  de  son  éditeur  Jean-Christophe  Miethe, 
à  Dresde,  qui  allait  la  livrer  à  l'impression; 
cependant  elle  n'a  point  paru,  et  l'on  ignore 
ce  qu'est  devenu  le  manuscrit.  A  l'égard  des 
autres  ouvrages  cités  précédemment,  ils 
étaient  sans  doute  contenus  dans  deux  grands 
volumes  in-4°,  écrits  de  la  mains  de  Printz, 
qui  ont  péri  dans  l'incendie  du  château,  à  Co- 
penhague, le  26  février  1794.  On  attribue 
aussi  à  Printz  trois  romans  musicaux,  dont  le 
premier  a  paru  sous  le  pseudonyme  de  Cotula. 
Ces  ouvrages  ont  été  imprimés  sous  les  titres 
suivants  :  1°  Musicus  vexatus  oder  der 
vohlgeplagte,  doch  nicht  verzagte,  sondern 
jederzeit  lustige  Musicus  instrumentons. 
In  einer  anmuthigen  Geschichtevor  Augen 
gestellt  von  Cotala  don  Kunst-Pfeife-ge- 
sellen  (le  Musicien  vexé,  ou  le  joueur  d'instru- 
ments fort  tourmenté, mais  non  découragé,  ou 
plutôt  toujours  joyeux,  etc.);  Freyberg,  Jean- 
Christophe  Miethen,  1690,  in-8°  de  deux  cent 
quatre  pages.  Ce  volume  a  pour  objet  de  pré- 
senter le  tableau  de  la  triste  situation  des 
apprentis  musiciens  de  l'Allemagne  au  dix- 
septième  siècle.  Une  deuxième  édition,  sans 
date  et  sans  nom  de  lieu,  a  été  publiée  (en 
177:2),  en  un  volume  gr.in-8°  de  cent  soixante- 
six  pages.  2°  Musicus  magnanimus  oder 
P.ancalus,  der  grossmuthige  J/usicant,  in 
einer  iiberaus  lustigen,  anmuthigen  und  mit 
schœnen  Moralicu  gezierten  Geschichte  vor- 
gestellet von  Minnermo,  des  Pancali  guten 
Freundc (le Musicien  magnanime, ou  Pancalus, 
le  généreux  ménétrier  etc.)  ibid.,  1691,  in-8" 
de  deux  cent  soixante-deux  pages.  Ce  volume, 
qui  est  en  quelquesorleunc  suite  du  précédent, 
est  une  peinture  de  la  vie  accidentée  des  mu- 


PRINTZ  -  PROCH 


123 


siciens  ambulants  de  l'Allemagne,  à  l'époque  où 
Prinlz  vivait.  3°  Musicus  curiosus,  oder  Bat- 
talus,  der  verwitzige  Musicant.  In  einer 
sehr  lustigen  anmuthigen,  unerdichtetcn 
und  mit  schcpnen  Moralien  durchspiekten 
Geschichte  vorgestcllet  von  Minnermo,  der 
Battali  guten  Freunde  (le  Musicien  curieux, 
ou  Batlalns,  l'indiscret  ménétrier,  etc.); 
ibid.,  1691,  in-8°  de  trois  cent  trente-trois 
pages.  Tout  cela  est  lourd  d'idées  et  de  style. 

PRIOLI  (Jean),  maître  de  chapelle  de 
l'empereur  Ferdinand  II,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle,  est  connu  par  les  ou- 
vrages suivants  :  1°  Sacromm  concentinun 
quinque  vocum  in  duas  partes  distribu- 
torum  pars  prima;  Venetiis,  apud  Barth. 
Magni,  1618,  in-4°.  2°  Sacrorum  concen- 
tuum  etc.,  pars  altéra;  ibid.,  1619,  in-4°. 
3°  Misse  a  8e9  voci ;  ibid.,  1624.4°  Delicie 
musicali;  Vienne,  1625.  On  trouve  aussi 
quelques  morceaux  de  la  composition  de  Prioli 
dans  la  collection  intitulée  :  Bergam.  Par- 
nassus  music.  Ferdinandœus ;  Venise,  1615, 
in-4°. 

PRIORIS,  musicien  belge,  élève  d'Oke- 

ghem,  vécut  à  la  fin  du  quinzième  siècle  et  au 

commencement  du  seizième.  Son  nom  est  cité 

dans  la  Déploration  de  Crespel,  sur  la  mort 

d'Okeghem  : 

«  Agricola,  Verbonnet,  Prions, 
«  Etc.  » 

On  ne  sait  rien  concernant  la  position  qu'il 
occupa,  ni  sur  les  événements  de  sa  vie  d'ar- 
tiste. Prioris  fut,  sans  aucun  doute,  un  savant 
et  ingénieux  musicien ,  car  on  trouve  deux 
canons  très-bien  faits  de  sa  composition  dans 
la  collection  qui  a  pour  litre  :  Bicinia  gal- 
Uca ,  latina  et  germanica ,  et  qusdam 
fugx.  Tomi  duo;  Vitebergx,  apud  Geor- 
gium  Rhav,  1545,  petit  in-4°  obi.  Les  deux 
morceaux  de  Prioris  sont  dans  le  second  vo- 
lume. Le  premier,  intitulé  fuga  sex  vocum, 
est  un  triple  canon,  chacun  à  deux  parties, 
sur  les  paroles  :  Da  pacem  Domine.  L'autre 
(fuga  octo  vocum)  est  un  quadruple  canon, 
chacun  à  deux  parties,  sur  le  Jexle^/t'eyl/an'a. 
Ces  pièces  sont  très-remarquables  pour  le 
temps  où  vécut  leur  auteur.  Un  manuscrit  in- 
folio du  seizième  siècle,  qui  se  trouve  à  la  bi- 
bliothèque royale  de  Berlin,  contient  un 
Magnificat  du  huitième  ton,  à  quatre  voix,  de 
Prioris.  Des  messes  de  ce  musicien  sont  dans 
les  manuscrits  de  la  chapelle  pontificale 
{voyez  Baini,  Memor.  stor.  crit.  délia  vila 
e  délie  opère  di  G.  Pierluigi  da  Paleslrina, 
n.  22G) 


PRIXNER  (le  P.  Sébastien),  né,  non  à 
Ralisbonne,  comme  je  l'ai  dit  dans  la  pre- 
mière édition  de  cette  Biographie,  mais  à 
Reichenbach  (Bavière),  en  1744,  fit  ses  pre- 
mières études  littéraires  dans  cette  ville,  et 
apprit  la  musique  à  Saint-Éméran.  En  1763, 
il  prononça  ses  vœux  dans  ce  monastère  :  il  y 
fut  ordonné  prêtre  cinq  ans  après,  et  mourut  le 
25  décembre  1799,  après  avoir  rempli  pendant 
vingt-cinq  ans  les  fonctions  d'inspecteur  du 
séminaire  etdedirecteurdu  chœurduchapitre. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  neuf  messes  à  quatre 
voix,  des  motels  et  des  pièces  d'orgue.  Le 
P.  Prixner  a  fait  imprimer  un  petit  écrit  inti- 
tulé :  Kann  man  nicht  in  zwei  oder  drei 
Monaten  die  Orgel  gut  und  regelmxssig 
schlagen  lernen?  (Ne  peut-on  pas  apprendre 
en  deux  ou  trois  mois  à  bien  jouer  de  l'orgue?)  ; 
Landshut,  Hagen,  1795,  in-fol.  La  deuxième 
édition  de  cet  écrit  a  été  publiée  dans  la 
même  ville,  en  1804,  un  volume  in-folio  de 
cent  vingt  pages. 

PRORUS  (...),  pasteur  protestant,  à  Rot- 
terdam, vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
a  écrit  un  livre  intitulé  :  Vertoog  over  den 
nuttig  Gebruik  en  ontstichtend  misbruikvan 
het  Psalmgezang  in  den  openbaaren  Gods- 
dienst  der  Protestanten  (Exposé  de  l'utile 
usage  et  de  l'abus  scandaleux  du  chant  des 
psaumes  dans  les  églises  protestantes);  Rot- 
terdam, Kornelisde  Veer,  1766,  in-4°. 

PROCH  (Henri),  né  le  22  juillet  1809,  à 
Laybach  et  non  à  Vienne,  comme  le  disent  les 
biographes  allemands  qui  m'ont  induit  en  er- 
reur dans  la  première  édition  de  cette  Bio- 
graphie, a  montré  dès  ses  premières  années 
d'heureuses  dispositions  pour  la  musique. 
A  l'âge  de  treize  ans,  il  a  reçu  des  leçons  de 
Joseph  Benesch  pour  le  violon,  sur  lequel  il  a 
acquis  une  habileté  remarquable.  En  1854,  il 
entra  dans  la  chapelle  impériale  à  Vienne,  et 
en  1848  il  fut  choisi  comme  chef  d'orchestre 
du  théâtre  Josephstadt  :  quelques  années  après 
il  obtint  une  position  semblable  au  théâtre 
de  la  cour.  Il  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment par  beaucoup  de  chants  avec  accompa- 
gnement de  divers  instruments,  particulière- 
ment de  piano,  violoncelle  et  cor,  op.  1,  3,  4, 
5,6,  11,14,  17,  18,  19,21,22,28,29,31,54, 
58,  46,  etc.;  Vienne,  Diabelli;  deux  messes 
avec  orchestre;  des  graduels  et  offertoires; 
des  ouvertures,  des  quatuors  de  violon,  dont 
il  n'a  été  publié  qu'un  seul,  op.  12,  un  grand 
trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  27; 
Vienne,  Leidesdorff,  et  des  morceaux  concer- 
tants pour  le  violon.  Son  opéra  intitulé  :  Ring 


126 


PROCII  -  PROCLUS 


und  Maske  (Aneau  el  masque)  fut  représenté 
à  Vienne,  en  1844.  Trois  ans  après,  il  a  fait 
jouer  celui  qui  a  pour  litre  :  Die  Blutrache 
(la  Vengeance  sanglante),  et,  en  1848,  il  a 
donné,  dans  la  même  ville,  Der  Gefxhrlich 
Sprung  (le  Saut  périlleux).  Ces  ouvrages  ont 
eu  peu  de  succès. 

PROCHASKA  (Jean),  professeur  de 
contrebasse  à  Prague  (1830-1845),  né  en  Bo- 
hême, est  un  fécond  compositeur  de  quadrilles 
et  de  polkas.  Il  a  fait  exécuter  dans  celte  ville, 
en  1841,  une  ouverture  à  grand  orchestre,  de 
sa  composition. 

Un  trompettiste  de  Vienne,  d'un  talent  re- 
marquable, nommé  Prochaska,  est,  je  crois, 
frère  du  contrebassiste. 

PROC1IE  (François),  professeur  de  mu- 
sique à  Breslau,  est  né,  en  1796,  à  Doberney, 
près  de  Kœniggraetz,  en  Bohême,  où  son  père 
était  inspecteur  des  forêts.  Dès  son  enfance,  il 
montra  d'heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique ;  il  apprit  les  éléments  de  cet  art  en  fai- 
sant son  éducation  littéraire  dans  les  institu- 
tions de  Kelzeldorfet  de  Bernsdorf.  A  l'âge  de 
quinze  ans,  ses  études  étaient  terminées  et  une 
place  secondaire  lui  fut  donnée,  en  1809,  dans 
une  institution  du  village  de  Merkelsdorf.  Le 
traitement  attaché  à  cette  position  était  si  mi- 
nimequ'il  était  obligé dejouerd'uninstrnment 
les  jours  de  fêtes,  pourladanse,  dans  les  guin- 
guettes. Après  avoir  végété  pendant  cinq  ans 
dans  cette  infime  situation,  il    accepta  une 
place  de  professeur  chez  un  baron,  espèce  de 
maniaque  qui  l'occupait  sans  relâche  pendant 
douze  ou  quinze  heures  chaque  jour  à  faire  de 
la  musique.  Quatre  années  se  passèrent  dans 
cette  pénible  situation,  dont  Proche  ne  sortit 
qu'en  acceptant  une  autre  place  de  professeur 
de  musique  chez  une  dame  noble,  à  Rampels- 
dorf,  en  Silésie.  Il  y  passa  dix-huit  mois,  se 
maria,  et  prit  la  résolution  de  sortir  de  l'exis- 
tence dépendante  qu'il  avait  eue  jusqu'alors, 
en  allant  s'établir  dans  une  ville  où  il  cher- 
cherait l'utile  et  honorable  emploi  de  ses  ta- 
lents. Oels  fut  le  lieu  qu'il  choisit,  peut-être 
imprudemment;  car  cett    ville  contient  une 
population  d'environ  six  mille  habitants,  uni- 
quement occupés  d'industrie  et  de  commerce. 
Ce  ne  fut  que  par  d'énergiques  efforts  que  l'ar- 
tiste parvint  à  y  faire  naître  le  goût  de  la  mu- 
sique et  à  y  fonder  des  sociétés  de  chant  et  de 
musique  instrumentale.  Kosmaly,   biographe 
de  Proche,  assure  que  telle  était  l'ignorance 
des  habilanls  d'Oels,  en  ce  qui  concerne  la  mu- 
sique,  que  les  œuvres  de  Haydn  et  de  Mozart 
leur  étaient  complètement  inconnues  en  1820, 


el  que  ce  fut  lui  qui  les  leur  fit  entendre  pour 
la  première  fois.  Dix- neuf  années  de  la  vie  de 
ce  pauvre  artiste  s'écoulèrent  dans  ce  triste 
milieu,  où  il  eut  à  pourvoir  à  l'existenced'une 
nombreuse  famille.    Convaincu    enfin,    mais 
malheureusement  trop  lard,  qu'il  usait  inuti- 
lement ses  forces  à  lutter  contre  l'indifférence 
de  la  population  de  cette  ville,  il  s'en  éloigna 
et  alla  se   fixer  à  Breslau,  en   1839.   Il  n'y 
trouva  pas  un  sort  beaucoup  plus  favorable, 
quoique  l'art  soit   cultivé  avec   succès    dans 
cette  grande  ville.   Sa  jeunesse  était  passée; 
quelques  artistes  seulement  connaissaient  son 
mérite,  et  de  rares  leçons  étaient  sa  seule  res- 
source en  1846;  il  avait  alors  cinquante  ans. 
Après  celte  époque,  on  n'a  plus  de  renseigne- 
ments sur  sa  personne.  Cependant,  cet  homme, 
si  peu  favorisé  dans  sa  carrière,  était  né  avec 
une  organisation  d'élite.  Quelques-uns  de  ses 
Lieder  qui  me  sont  tombés  sous  la  main  sont 
d'un  sentiment  exquis,  particulièrement  ceux 
qui  ont  pour  titres  :  Der  Thrane  (la  Larme), 
Der  Doppelkuss  (le  Double  Baiser),   et  Die 
litzte  Loge  (la  dernière  Demeure),  pour  ténor, 
chœur  d'hommes  et  piano.  Dans  ses  variations 
pour  piano,  Proche  ne  traite  que  des  thèmes 
d'invention,  dont  la    distinction  est   remar- 
quable, et  dans  les  formes  de  ces  variations, 
il  réunit  les  qualités  de  la  musique  sérieuse  à 
celles  d'une  rare  élégance.  Toutes  ses  compo- 
sitions pour  l'orchestre  sont  restées  en  ma- 
nuscrit. C'est  une  noble  nature  que  celle  qui, 
dans  une  adversité    prolongée,    conserve  les 
facultés  de  l'imagination  et  le  pur  amour  de 
l'art. 

PROCKSCH  (Gaspard),  clarinettiste  alle- 
mand, né  en  Bohême,  fut  attaché  au  service  du 
prince  de  Conti  vers  1779.  Il  a  fait  graver  à 
Paris  :  1°  Six  trios  pour  clarinette,  violon  et 
basse.  2°  Six  solos  pour  clarinette.  5°  Six  duos 
pour  deux  clarinettes. 

PROCLUS,  philosophe  grec,  né  le  8  fé- 
vrier 412  de  Père  chrétienne,  vraisemblable- 
ment à  Constantinople,  suivit  d'abord  les 
leçons  du  grammairien  Orion  et  du  rhéteur 
Leonas,  puis  étudia  la  philosophie  sous  Olym- 
piodorc  et  sous  Héron,  à  Alexandrie.  Il  mou- 
rut le  17  avril  48;»,  après  avoir  enseigné  long- 
temps la  philosophie  avec  distinction.  Parmi 
ses  nombreux  ouvrages,  dont  nous  n'avons 
qu'une  partie,  on  remarque  le  commentaire 
sur  le  Timcc  de  Platon,  où  il  traite  de  la  doc- 
trine des  nombres  appliquée  à  la  musique.  Ce 
morceau  se  trouve  dans  les  éditions  des 
œuvres  de  Platon  publiées  en  1534  et  1566, 
in- fol .   A  l'égard   du   Commentaire   sur  les 


PROCLUS  —  PRONOMUS 


127 


Harmoniques  de  Ptolémée  qui  lui  est  attribué 
par  le  Dictionnaire  historique  des  musiciens 
(Paris,  1810),  il  ne  lui  appartient  pas. 

PROKSCH  (Joseph),  né  le  4  août  1794,  à 
Reichenberg,  en  Bohême,  est  chef  d'une  insti- 
tution pour  l'éducation  musicale.  A  l'âge  de 
huit  ans,  il  perdit  l'usage  de  l'œil  droit,  et 
dans  sa  dix-septième  année,  il  fut  complète- 
ment privé  de  la  vue.  En  1811,  il  entra  dans 
l'institution  des  aveugles,  à  Prague.  Ses  pro- 
grès dans  la  musique  furent  beaucoup  plus  ra- 
pides que  ceux  des  autres  élèves  frappés  de 
cécité,  parce  qu'il  avait  appris  le  système  de 
la  notation  avant  d'être  privé  de  l'usage  des 
yeux.  Wenceslas  Rozeluch  lui  donna  des 
leçons  de  piano,  et  Farnik  fut  son  mailre  de 
clarinette.  Il  acquit  sur  ce  dernier  instrument 
un  talent  assez  distingué  pour  pouvoir  faire 
un  voyage  d'artiste  en  Bohême,  en  Moravie, 
en  Hongrie  et  en  Autriche,  avec  le  harpiste 
Rleger.  A  l'égard  de  son  éducation  littéraire 
et  pédagogique,  il  la  dut  au  professeur  Jarosch. 
Lorsque  le  système  d'enseignement  de  Logier 
(voyez  ce  nom)  commença  à  se  répandre  en 
Allemagne,  Proksch  l'adopta  avec  enthou- 
siasme et  fonda  une  école  dans  laquelle  il  le 
mit  en  pratique  ;  cette  institution  eut  un  grand 
succès  dans  la  capitale  de  la  Bohême.  II  a 
écrit,  pour  ses  cours  simultanés  de  piano,  des 
morceaux  pour  plusieurs  instruments  de  cette 
espèce  à  quatre  mains,  lesquels  ont  été  publiés 
à  Prague,  chez  Berra.On  a  de  ce  professeur  un 
écrit  intitulé  :  Aphorismen  iiber  katholische 
Kirchenmusik  (Aphorismes  sur  la  musique 
d'église  du  culte  catholique)  ;  Prague,  Bell- 
mann,  1858,  in-8°. 

PROFE  (Ambroise),  né  à  Breslau,  dansles 
dernières  annéesdu  seizième  siècle,  fut  nommé, 
le  8  mars  1617,  organiste  à  l'église  Sainte- 
Élisabelh,  et  le  18  octobre  de  la  même  année, 
cantor  à  Jauer,  près  de  la  capitale  de  la 
Silésie.  Il  remplissait  encore  ces  fonctions 
en  1649.  On  ne  sait  rien  de  plus  sur  ce  mu- 
sicien de  mérite.  On  a  de  lui  un  traité  des 
éléments  de  la  musique  et  de  la  solmisation 
sans  muances,  d'après  les  sept  noms  de  notes, 
sous  ce  titre  :  Compendium  musicum,  darin 
gewiesen  wird  wie  ein  junger  Mensch,  in 
weniger  Zeit ,  leichlicht  und  mit  geringer 
Miihe,  ohne  einige  Mutation,  mœge  singen 
lernen /Leipsick,  1641,  in-4°dehuit  feuilles. 
Un  extrait  de  cet  ouvrage  a  été  imprimé  en 
1649,  avec  le  corollaire  de  la  collection  pu- 
bliée par  Profe,  sous  ce  titre  :  Geislliche  Con- 
certe und  f/armonien  verschiedener  Kom- 
ponisten  fiir  1,  2,.3,  4,  5,  6,  7  und  mehrerc 


Stimmen,  mit  und  ohne  f'iolinen  (Concerts 
et  harmonies  spirituelles  de  différents  compo- 
siteurs pour  une,  deux,  trois,  quatre,  cinq,  six, 
sept  et  un  plus  grand  nombre  de  voix,  avec  et 
sans  violons),  première  partie;  Leipsick,  1641, 
in-4°;  deuxième  idem,  ibid.  ;  troisième  idem, 
ibid.,  1642;  quatrième  idem,  ibid.,  1646. 
Cette  dernière  partie  fut  suivie  du  Corolla- 
rium  geistlicher  Collectaneorum  beriihmtcr 
authorum  so  zu  denen  bishero  unterschieden 
publicirten  vier  Theilen  gehôrig  und  ver- 
sprochen,  etc.  ;  Leipsick,  1649,  dédié  au  duc 
de  Saxe-Altenbourg,  Guillaume  II.  Profe  est 
aussi  auteur  de  chansons  morales  intitulées 
Musikalischen  Moralien;  Leipsick,  1639, 
in-4°. 

PROMRERGER  (Jean),  facteur  de 
pianos,  à  Vienne,  naquit  à  Kuffulek,  dans  le 
Tyrol,  le  25  juin  1779.  A  l'âge  de  seize  ans, 
il  entra  en  apprentissage  chez  un  menuisier  à 
Vienne  ;  mais  la  vue  d'un  piano  lui  révéla  sa 
vocation,  et  lui  fit  quitter  la  menuiserie  pour 
entrer  chez  Millier,  renommé  pour  la  fabrica- 
tion de  cet  instrument,  dans  la  capitale  de 
l'Autriche.  Après  s'être  livré  au  travail  avec 
ardeur,  il  épousa  la  veuve  du  facteur  d'instru- 
ments Schweighofer,  et  donna  à  sa  fabrique 
une  extension  considérable.  L'invention  d'un 
instrument,  auquel  il  donna  le  nom  de  Sire- 
nion,  le  fit  connaître  avantageusement.  En 
1828,  il  fit,  avec  son  fils,  un  voyage  pour  faire 
entendre  cet  instrument  à  Prague,  Dresde, 
Leipsick  et  Berlin  :  partout  il  reçut  des  félici- 
tations sur  son  invention.  Ses  pianos  ont  été 
estimés  en  Allemagne.  Une  longue  et  doulou- 
reuse maladie  Ta  conduit  au  tombeau,  le 
25  juin  1834. 

PROMBEBGER  (Joseph),  fils  du  précé- 
dent, est  né  à  Vienne,  le  15  septembre  1810. 
Devenu  habile  pianiste  après  avoir  pris  des 
leçons  de  Ries,  frère  du  compositeur,  et  de 
Charles  Czerny,  il  a  fait  aussi  plus  tard  un 
cours  de  composition  sous  la  direction  du  che- 
valier de  Seyfried.  En  1828,  il  a  accompagné 
son  père  dans  ses  voyages  pour  faire  entendre 
le  Sirenion,  et  a  fait  admirer  la  délicatesse 
de  son  jeu  sur  cet  instrument.  Il  s'est  ensuite 
fixé  à  Vienne,  en  qualité  de  professeur  de 
piano,  et  a  publié  chaque  année  quelque  mor- 
ceaux de  sa  composition  pour  cet  instrument, 
dans  le  style  brillant  et  léger.  En  1831,  il  a 
fait  exécuter,  à  Vienne,  une  ouverture  de 
Jubilé  et  d'autres  compositions  pour  l'or- 
chestre. 

PRONOMUS,  joueur  de  flûte  grec,  naquit 
à  Thèbes,  en  Béotie.  Athénée  dit  (IV,  184,  d) 


428 


PRONOMUS  —  PROPIAC 


qu'il  fut  le  maître  de  flùle  ri'Alcibiade  :  il  vécut 
ec-nséquemment  environ  440  ans  avant  l'ère 
chrétienne.  Pausanias ,  décrivant  Thèbes 
(lib.  IX,  c.  12,  7ô4)  dit  de  ce  musicien  :  «  On 
»  voit  aussi  dans  le  même  endroit  la  statue  de 
»  Pronomus,  le  joueur  de  flûte  le  plus  agréable 
»  qu'on  ait  entendu.  Jusqu'à  lui,  les  joueurs 
»  de  flûte  faisaient  usage  de  trois  flûtes  diffé- 
»  rentes,  l'une  pour  le  mode  dorien,  l'autre 
»  pour  le  mode  phrygien  et  la  troisième  pour 
»  le  mode  lydien.  Pronomus  fut  le  premier 
»  qui  imagina  une  flûte  propre  à  toutes  sortes 
»  de  modes  ;  il  est  le  premier  encore  qui  exé- 
»  cula  sur  le  même  instrument  des  chants 
»  également  différents  les  uns  des  autres;  on 
»  ajoute  qu'il  divertissait  singulièrement  les 
»  spectateurs  par  ses  grimaces  et  par  les  mou- 
»  vements  de  tout  son  corps.  On  a  conservé 
»  de  lui  un  chant  qu'il  avait  composé  pour 
»  servir  d'hymne  aux  Chalcidiens  des  bords 
»  de  l'Euripe,  lorsqu'ils  entraient  au  temple 
»  de  Délos.  Les  Thébains  ont  placé  sa  statue 
»  en  cet  endroit,  ainsi  que  celle  d'Épami- 
»  nondas,  fils  de  Polymnis.  » 

PROIMY  (Gaspard-Claire-Framçois  Marie 
RICHE,  baron  DE),  savant  ingénieur  et 
géomètre,  naquit  à  Chamelet  (Rhône),  le 
12  juillet  1755.  Son  père,  conseiller  au  parle- 
ment de  Dombes,  lui  fit  donner  une  brillante 
éducation.  Admis  à  l'école  des  ponts  et 
chaussées  en  1776,  il  obtint  le  titre  de  sous- 
ingénieur  en  1780.  Après  avoir  rempli  ses 
fonctions  dans  plusieurs  provinces  de  France, 
il  fut  rappelé  à  Paris,  et  chargé,  parle  ministre, 
«le  travaux  importants  qui  lui  valurent  l'estime 
des  savants.  Au  nombre  des  immenses  résul- 
tats de  ces  travaux,  on  doit  placer  les  grandes 
tables  logarithmiques  et  trigonomélriques,  en 
dix-sept  volumes  in-folio,  qu'il  calcula  et 
dressa  par  ordre  du  gouvernement  :  ouvrage 
colossal  qui  n'a  point  vu  le  jour,  bien  que 
l'Angleterre  ait  offert  au  gouvernement  fran- 
çais de  payer  la  moitié  des  frais  de  l'im- 
pression. Le  24  août  1798,  Prony  fut  nommé 
inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées,  et 
directeur  de  l'école,  le  4  octobre  suivant.  Em- 
ployé successivement  dans  diverses  parties  de 
la  France,  en  Italie  et  en  Espagne,  par  Napo- 
léon, pour  de  grands  travaux,  il  s'acquitta  de 
toutes  ses  missions  en  homme  supérieur. 
Nommé  professeur  a  l'école  polytechnique,  il 
ne  cessa  ses  leçons  qu'après  la  restauration, 
mais  il  resta  attaché  à  celle  école,  en  qualité 
d'examinaleur.  Louis  XVIII  l'avait  nommé 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  en  1814;  en 
1810,  il  le  fit  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 


Michel,  et  le  15  juin  1828,  Prony  reçut  le  titre 
de  baron.  Devenu  membre  de  l'Institut,  à  là 
création  de  cette  société  savante,  il  fut  associé 
à  la  Société  royale  de  Londres,  en  1820,  et  fit 
partie  de  presque  toules  les  académies  de 
sciences  de  l'Europe.  Il  est  mort  à  Paris,  le 
29  juillet  1839.  Les  ouvrages  de  mathématiques 
publiés  par  ce  savant  géomètre  ne  sont  pas  du 
ressort  de  cette  biographie;  il  n'y  est  cité  que 
pour  quelques  écrits  relatifs  à  la  musique.  Il 
aimait  passionnément  cet  art  et  le  cultivait 
avec  succès.  La  harpe  était  l'instrument  (pi  i 
préférait  et  dont  il  jouait  habituellement.  C'est 
ce  goût  particulier,  et  les  connaissances  qu'il 
avait  dans  les  principesdesa  construction,  qui 
l'ont  dirigé  dans  son  Rapport  sur  la  nouvelle 
harpe  à  double  mouvement,  lu  à  l'Institut, 
en  1815,  et  imprimé  dans  la  même  année 
(Paris,  Didot,  deux  feuilles  in-8°).  C'est  le 
même  penchant  qui  a  l'ait  écrire  par  Prony  sa 
Note  swr  les  avantages  du  nouvel  établis- 
sement d'un  professorat  de  harpe  à  l'Ecole 
royale  de  musique  et  de  déclamation  ;  Paris, 
Didot,  1825,  in-4°de  douze  pages.  L'ouvrage 
le  plus  important  deProny,en  ce  qui  concerne 
la  musique,  est  celui  qui  a  pour  litre  :  Ins- 
truction élémentaire  sur  les  moyens  de  cal- 
culer les  intervalles  musicaux,  en  prenant 
pour  unités  ou  termes  de  comparaison,  soit 
l'octave,  soit  le  douzième  d'octave,  et  en  se 
servant  de  tables  qui  rendent  ce  calcul  extrê- 
mement prompt  et  facile.  Formules  analy- 
tiques pour  calculer  le  logarithme  acoustique 
d'un  nombre  donné,  et  réciproquement; 
progressions  harmoniques  ;  autres  formules 
relatives  à  l'acoustique  musicale,  avec  des 
applications  aux  instruments  de  musique; 
détermination  du  son  fixe,  etc.;  Paris, 
F.  Didot,  1822,  in  4°  de  cent  douze  pages  avec 
deux  tableaux.  Prony  fait  usage,  dans  cet  écrit, 
de  logarithmes  binaires,  déjà  indiqués  par 
Euler. 

PROPIAC  (Catherine- Josepii-Ferdi> \ ko 
GIIIAUD  I>E),  littérateur  et  musicien,  na- 
quit vers  1700,  en  Bourgogne,  d'une  famille 
noble.  En  1791,  il  émigra,  servit  dans  l'armée 
du  prince  de  Coudé,  et  obtint  la  croix  de  Sainl- 
Louis.  Après  avoir  demeuré  longtemps  à 
Hambourg,  il  profila  des  événements  du 
18  brumaire  pour  rentrer  en  France,  et  obtint 
la  place  d'archiviste  du  département  de  la 
Seine.  Il  mourut  à  Paris,  le  1er  novembre 
1825,  d'une  attaque  d'apoplexie  foudroyante, 
à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  Propiac  a  publié 
beaucoup  de  livres  élémentaires,  d'abrégés. 
de  traductions  et  de  romans.  Comme  musicien, 


PROPIAG  -  PROSKE 


129 


il  s'est  fait  connaître  par  les  opéras-comiques 
suivants  :  1"  Isabelle  et  Rosalva,  à  la  Comédie 
italienne,  1787.  2°  Les  trois  Déesses  rivales, 
1788.  3°  La  Continence  de  Bayard,  1790. 
Ce  dernier  ouvrage  a  eu  du  succès.  4°  La 
fausse  Paysanne,  en  un  acle,  1790.  Propiac 
a  publié  aussi  de  jolies  romances,  don  t  la  poésie 
était  de  madame  Perrier,  femme  d'un  esprit 
distingué  :  on  en  a  publié  plusieurs  dans  le 
Chansonnier  des  Grâces. 

PROSKE  (Ciurles),  chanoine  de  la 
cathédrale  de  Ratisbonne  et  savant  musicien, 
naquit  en  1794,  à  Graebing,  village  de  la  Si- 
lésie.  Son  père,  riche  propriétaire,  n'avait  que 
ce  fils  et  cinq  filles.  Ses  enfants  reçurent  une 
éducation  distinguée.  A  l'âge  de  treize  ans, 
Charles  Proske  perdit  sa  mère,  qui  mourut  du 
typhus.  Quelques  années  après,  son  père  se  re- 
maria et  épousa  une  veuve  qui  avait  six  enfants. 
Cette  augmentation  considérable  de  la  famille 
fit  cesser  les  soins  que  Charles  prenait  de  l'ad- 
ministration des  biens  de  son  père,  et  il  put  se 
livrer  à  l'étude.  Son  penchant  le  portait  vers 
la  théologie,  mais  son  père  ne  voulut  pas  con- 
sentir à  ce  qu'il  se  fit  prêtre.  Contrarié  dans 
son  dessein, Proske  se  décida  pour  la  médecine 
et  alla  suivre  ses  cours  à  Vienne  :  à  l'âge  de 
ilix-huit  ans,  il  termina  ses  études.  En  1815, 
lorsque  toute  l'Allemagne  se  souleva  contre  la 
domination  de  la  France,  il  s'engagea  comme 
médecin,  et  fit  les  campagnes  de  1813,  1814 
et  1815.  Après  la  paix  de  1814,  il  avait  reçu  la 
croix  militaire  de  Prusse.  Après  avoir  quitté 
l'armée,  il  fut  nommé  médecin  de  district  à 
Blœft,  sur  les  frontières  de  la  Pologne,  et  y 
fut  accablé  d'occupations  de  son  état.  L'aspect 
incessantdes  misères  de  l'humanité  qu'il  avait 
sous  les  yeux  réveilla  dans  son  cœur  compa- 
tissant le  désir  d'être  prêtre.  Ce  désir,  devenu 
chaque  jour  plus  vif,  lui  fit  prendre,  en  1822, 
la  résolution  d'entrer  dans  les  ordres.  Il  se 
rendit  à  Ratisbonne  et  suivit  pendant  quatre 
ans  les  cours  de  théologie.  Après  des  examens 
brillants,  il  fut  ordonné  prêtre  par  l'évêque 
Sailer,  dont  il  devint  dès  ce  moment  le  com- 
pagnon habituel  dans  les  tournées  que  faisait 
ce  prélat  dans  son  diocèse.  Plus  tard,  il  devint 
vicaire  de  l'ancienne  chapelle,  et  en  1830,  il 
fut  pourvu  d'un  canonicat.  Dès  ce  moment,  il 
employa  toutes  ses  heures  de  loisir  à  son  étude 
favorite  de  la  musique,  particulièrement  des 
oeuvres  des  anciens  maîtres,  qu'il  préférait 
aux  formes  plus  modernes  de  l'art.  Au  mois 
d'août  1834,  il  se  rendit  à  Rome,  s'y  lia  d'une 
étroite  amitié  avec  Baini,  maître  de  la  cha- 
pelle Sixtine,  ainsi  qu'avec  Mgr  Ressach,  alors 

BIOCU.  UMV.  DES  MUSICIENS.  T.   VII. 


recteur  de  la  propagande,  et  qui,  plus  tard, 
devint  cardinal.  Ce  fut  pendant  son  séjour  à 
Romcqu'il  rassembla,  avec  un  zèle  infatigable, 
les  œuvres  des  maîtres  les  plus  célèbres  de 
l'ancienne  école  italienne,  particulièrement 
dans  le  style  religieux.  Il  visita  Naples,  Flo- 
rence, Bologne  et  Venise  pour  y  trouver  de 
semblables  trésors  d'éditions  rares  et  de  ma- 
nuscrits précieux.  C'est  enfin  dans  ces  voyages 
qu'il  posa  les  bases  de  sa  belle  bibliothèque, 
l'une  des  plus  considérables  en  son  genre  qui 
aient  jamais  existé. 

De  retour  à  Ratisbonne,  le  chanoine  Proske 
donna  tous  ses  soins  à  la  restauration  des 
formes  classiques  de  la  musique  dans  les 
églises, etsur  la  demande  del'évêqueValentin, 
il  entreprit  le  travail  immense  de  la  traduction 
en  notation  moderne  et  en  partition  d'une  col- 
lection d'oeuvres  de  musique  religieuse,  des 
compositeurs  du  seizième  siècle.  Son  plan, 
trop  vaste  pour  un  seul  homme  à  l'âge  où  il 
était  parvenu,  n'a  pu  être  réalisé  qu'en  partie 
dans  les  volumes  qu'il  a  publiés,  sous  le  titre  de 
Musica  divina.  Avant  d'entreprendre  celle 
publication  importante,  et  qui  donne  une 
haule  opinion  de  son  mérite  personnel  et  de 
son  savoir,  il  fit,  en  1841,  un  second  voyage 
en  Italie  et  en  rapporta  de  nouvelles  richesses 
bibliographiques.  Des  témoignages  d'eslime 
et  de  considération  lui  ont  été  donnés  de 
toutes  parts  pour  son  noble  caractère  et  pour 
ses  beaux  travaux  :  le  roi  de  Bavière  l'a  dé- 
coré de  la  croix  de  chevalier  de  l'ordre  de 
Saint-Michel,  et  l'évêque  Ignace  de  Ratisbonne 
l'a  nommé  membre  du  conseil  épiscopal,  et 
membre  extraordinaire  de  l'ordinariat.  Mal- 
heureusement atteint  d'une  affection  phlhi- 
sique,  dont  les  progrès  furent  rapides,  le 
chanoine  Proske  mourut  le  20  décembre  18G1 , 
léguant,  par  son  testament,  sa  précieuse  bi- 
bliothèque à  la  ville  de  Ratisbonne. 

D'aprèsleplan  conçu  parce savantmusicien, 
la  Musica  divina  devait  formerqualre parties 
complètes  de  musique  d'église  des  plus  grands 
maîtres  du  seizième  et  du  dix-septième  siècle  : 
la  première  à  quatre  voixen  partition  etparties 
séparées,  la  seconde  à  cinq  voix,  la  troisième 
à  six  et  la  quatrième  à  huit.  La  première  seu- 
lement a  pu  être  achevée  :  elle  se  compose  des 
volumes  de  partitions  et  des  parties  séparées 
dont  voici  les  titres  :  1°  Tomus  primus.  Liber 
Missarum,  in-4°.  Ce  volume  renferme  douze 
messes  à  quatre  parties,  dont  trois  de  Pales- 
trina,  deux  d'Orlando  de  Lassus,  une  de 
Th.-L.  de  Victoria,  une  trfem d'André Gabrieli, 
une  idem  de  Léon  llaslcr,  deux  d'Octave  Pi- 

9 


1Ô0 


FROSKE  -  PROVKDI 


toni,  dont  une  de  Requiem,  «ne  d'Antoine 
Lolli  el  une  de  Mathieu  Asola.  Le  volume  est 
précédé  d'une  longue  préface  et  de  bonnes 
notices  sur  les  auteurs  el  sur  chaque  messe, 
en  LXX  pages.  Les  partitions  des  messes  for- 
ment trois  cent  cinquante  pages.  2°  Tomus 
secundus.  Liber  Motettorum  auctorum  va- 
riorum;  quatre  cahiers  in-4°  formant  un  vo- 
lume deLVI  et  cinq  cent  quatre-vingts  pages. 
Il  contient  des  motets  à  quatre  voix,  des 
maîtres  les  plus  célèbres,  pour  tous  les  diman- 
ches et  fêles  de  l'année.  5°  Tomus  tertius. 
Psalmodiam  Magnificat  ,  Hymnodiam  et 
Antiphonias  B.  M.  V.  etc.;  Auctorum  va- 
riorum,  in-4°  de  XX  et  cinq  cent  douze  pages. 
4°  Tomus  quartus.  Liber  Fespertinum.  Ce 
volume,  divisé  en  deux  cahiers  in-4°,  était  sous 
presse  au  moment  de  la  mort  du  chanoine 
Proske;  j'ignore  s'il  a  paru.  Le  litre  général 
de  la  collection  est  celui-ci  :  Musica  divina, 
sive  Thésaurus  concentuum  selectissimorum 
omni  cultui  divino  totius  anni  juxta  rilum 
S.  Ecclesix  catUolicxinservientium.  Ab  ex- 
cellentissimis  superioris  sévi  musicis  nn- 
meris  harmonicis  compositorum,  quos  e 
codicibus  originalibus  tuin  editis  quant 
incdiiis  accuratissime  in  partilionem  re- 
dactus  ad  instaurandam  polyphoniamvere 
ecclesiasticam  publiée  offert  Carolus  Proske; 
Ratisbonx.  Sumlibus,  cliartis  et  typis  Fri- 
derici  Pustet  ;  18oô,  in-4°.  L'exécution  typo- 
graphique des  partitions  et  des  parties  sépa- 
rées est  magnifique. 

Proske  avait  compris,  plusieurs  années 
avant  sa  mort,  qu'il  ne  pourrait  accomplir 
entièrement  le  travail  qu'il  avait  projeté,  ce 
qui  le  détermina  à  publier  un  choix  de  seize 
messes  à  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix,  qui  a 
paru  en  quatre  cahiers,  lesquels  ont  pour  litre 
général  :  Selectus  ttovus  jUissarum  prxstan- 
tissimorum  superioris  asvi  auctorum,  juxta 
codices  originales  tum  manuscriptos  ttun 
impressos  edilarum  a  Carolo  Proske;  ibiil., 
185G,  in-4°.  Le  premier  cahier  contient  deux 
messes  de  Palestrina,  la  première  à  quatre 
voix,  l'aulre  à  six;  wna  messe  à  qualrc  de  Félix 
Ancrio,  et  une  à  cimj  voix  de  Lassus.  Dans 
le  second  cahier,  on  trouve  deux  messes  de 
Vicloria,  dont  une  à  quatre  et  l'autre  a  six 
voix,  une  à  six  voix  de  François  Soriano,  et 
une  à  Bull  de  Léon  Ilasler.  Je  n'ai  pas  vu  les 
troisième  el  quatrième  cahiers. 

PROT  (Fkux-Jea«),  né  à  Senlis,  en  1757, 
vint  jeune  à  Paris,  recul  des  leçons  «le  violon  de 
Désmaràis,  el  apprit  l'harmonie  sons  la  direc- 
tion  deGianotli.  En  1775,  il  entra  comme  allô 


à  la  Comédie-Française,  et  pendant  quarante- 
sept  ans,  il  occupa  cette  place.  Relire,  en 
1822,  avec  la  pension  acquise  par  ses  services, 
il  n'en  jouit  pas  longtemps,  car  il  mourut  au 
commencement  de  l'année  182Ô,  à  l'âge  de 
soixante-seize  ans.  Prot  a  donné,  à  l'Opéra- 
Comiquede  la  foire  Saint-Lanrenl,  leBalbour- 
geois,  en  un  acte,  et  à  la  Comédie  Italienne, 
les  Rêveries,  en  1779,  et  le  Printemps,  en 
1787.  Il  a  aussi  publié  en  musique  instru- 
mentale :  1°  Symphonie  concertante  pour 
deux  altos;  Paris,  Lachevardière.  2°  Six  duos 
concertants  pour  deux  altos;  Paris,  Leduc. 
ô°  Duos  pour  deux  violons,  liv.  I,  II,  III, 
IV,  chacun  de  six;  Paris,  Imbault.  4°  Ldem, 
liv.  V,  VI,  VII,  VIII,  chacun  de  six;  Paris, 
Sieber.  5"  Duos  très-faciles  pour  deux  violons, 
op.  15  et  17  ;  idem.  9°  Six  duos  dans  le  genre 
(les  symphonies  concertantes,  op.  18;    ibid. 

PÏIOTA  (Joseph),  né  à  Naples,  en  1G99, 
étudia  la  composition  au  Conservaloire  dei 
poveri  di  Cesu  Cristn,  puis  à  celui  de  la 
Pietà,  sous  la  direction  d'Alexandre  Sca Haïti. 
Il  succéda  ensuite  à  son  maître  en  qualité  de 
professeur  nu  Conservatoire  de  la  Pietà.  Prota 
cul  la  gloire  d'être  le  premier  maître  de  Jo- 
melli.  lia  écrit  plusieurs  opéras,  dont  on  n'a 
pas  retenu  les  tilres. 

PROTA  (Gabiuei.),  compositeur  napoli- 
tain, vécut  dans  la  dernière  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  et  fut  attaché,  en  qualité  de 
maître  de  chapelle,  au  monastère  de  Santa- 
Ghiara.  Il  a  écrit  pour  le  service  de  ce  couvent 
une  assez  grande  quantité  de  musique  d'église 
pour  des  voix  de  femme.  On  cite  particulière- 
ment de  lui  en  ce  genre  :  1° Messe  pour  quatre 
soprani  et  orgue.  2"  Litanies  de  la  Vierge  pour 
quatre  soprani.  3°  Miserere  pour  quatre  so- 
prani el  orgue.  En  1790,  il  a  remis  en  mu- 
sique et  fait  jouer,  au  théâtre  Nuovo,  un  an- 
cien opéra  intitulé  Gli  Slu/lcnti. 

PROTA  (Jean),  compositeur  napolitain,  vé- 
cut an  commencement  du  dix-neuvième  siècle, 
et  fut  maître  de  chanl  dans  la  maison  d'édu- 
cation appelée,  à  Naples,  dei  Miracoli.  Il  a 
écrit,  pour  les  théâtres  de  celle  ville,  les  opé- 
ras  intitulés;  TlServo  astutto  el  il  Cimento 
feliee.  On  connaît  aussi  de  lui  beaucoup  de 
musique  d'église. 

PROVEDI  (Fbahçois),  littérateur  italien, 
qui  vécut  vers  le  milieu  diidix-htiitième siècle, 
naquit  à  Sienne,  vers  1710.11  passe  pour  avoir 
été  d'abord  rémouleur  et  coutelier  (arrolino 
e  coUellinajo).  Lichtenlhal   pense  (1)  que  ce 

(I)  Dizzion.  c  Biblioi/.  dcllu  Musica,  I.  III,  p.  I.'i. 


PROVEDI  -  PRUDENT 


tr.i 


mot  coltellinajo  a  pu  cire  un  second  prénom 
de  Provedi  ;  mais  M.  Casamorata  fait  remar- 
quer avec  justesse  (1)  que  Romagnoli,  né éga- 
lement  à  Sienne,  et  <|iii  vécut  peu  de  lemps 
après  Provedi,  se  sert,  en  parlant  de  cet  écri- 
vain, dans  la  continuation  des  Pompe  sanesî 
d'Ugurgieri,  des  expressions  arroslinoe  collel- 
linajo  dans  le  sens  de  Pexcrcice  des  professions 
de  rémouleur  et  de  coutelier.  Provedi  a  fait 
imprimer,  dans  le  premier  volume  de  la  Rac- 
colta  d' opiiscoli  seienliflci  e  filologici  (Ve- 
nise, 1754,  in-8°,  p.  343-451),  une  comparai- 
son de  la  musique  ancienne  el  de  la  moderne 
[Paragone  délia  musica  anlica  e  délia  mo- 
derna)  en  quatre  dissertations,  dont  la  pre- 
mière contient  un  abrégé  de  l'histoire  de  cet 
art.  Ce  petit  ouvrage,  dit  M.  Casamorata,  fut 
publié  d'abord  en  un  volume  in-12,  sans  date 
et  sans  nom  de  lieu;  mais  la  dédicace,  ail' 
Eminentissimo  Tanara,  fait  connaître  qu'il 
a  été  imprimé  à  Sienne,  en  1732.  L'objet  de 
cet  opuscule  est  de  démontrer  que  le  plain- 
ebant  est  identique  avec  l'ancienne  musique 
grecque,  el  qu'il  est  supérieur  et  préférable  à 
la  musique  mesurée.  Cette  thèse  s'est  produite 
plusieurs  fois  et  a  été  reprise  en  dernier  lieu 
(voyez  Clément  (Félix),  d'OitTicuE  et  IUtL- 
i.Ani)).  On  peut  voir  aux  articles  ANSELME 
DE  FLAINDREvS  et  FRITELLI,  de  celte 
Biographie  universelle  des  musiciens ,  ce  qui 
y  est  dit  d'une  lettre  écrite  par  Provedi,  en 
1748,  concernant  les  systèmes  de  solmisation 
parla  méthode  des  muances  et  par  la  gamme 
de  sept  notes. 

PROVETVZALE  (Fbasçois),  un  des  plus 
anciens  maîtres  des  conservatoires  de  Naples, 
brilla,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  par 
son  savoir  et  par  le  mérite  de  sa  musique 
d'église.  Il  occupa  les  positions  honorables  de 
premier  maître  du  Conservatoire  de  la  Pt'età 
deiTurchini  et  de  maître  de  la  chapelle  pala- 
tine. On  conserve  de  lui  des  parti  menti  et  des 
fugues  qu'il  écrivit  pour  l'instruction  des 
élèves  du  Conservatoire.  Ses  compositions  con- 
nues sont  :  1°  Pange  lingua  à  neuf  voix  avec 
orchestre,  et  avec  des  ritournelles  entre  les 
versets.  2°  Tantum  ergo  et  Genilori  pour  so- 
prano solo  et  orgue  avec  chœur  pieno,  ou- 
vrage d'une  grande  beauté,  qu'on  a  toujours 
exécuté  dans  l'église  de  Saint-Dominique-Ma- 
jeur, pendant  les  quarante  heures  du  carnaval, 
depuis  le  lemps  où  il  a  été  écril  jusqu'à 
l'époque  actuelle,  mais  qui  ne  produit  plus 
aujourd'hui   l'effet  qu'il  faisait  autrefois,    à 

11)  Ca-.tuo.  musicale  ili  Milano  (tS'J,  il"  3!,  p.  i>'j3). 


cause  de  l'absence  des  voix  de  castrais.  3°  La 
Colomba  ferila,  drame  sacré,  composé,  en 
1009,  pour  le  monastère  de  Sanla-Rosalia. 
4"  La  Geneviefa,  oratorio.  5"  L'/nfedeltà 
ahbatluta,  oratorio  composé  pour  la  petite 
ville  d'Assise,  dans  les  Etats  romains. 

PRUDENT  (Emile-  REUNIE),  pianiste 
et  compositeur  pour  son  instrument-,  naquit  à 
Angoulème,  le  4  avril  1817.  Il  était  âgé  de 
neuf  ans  lorsqu'il  fut  admis  comme  élève  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  12  juillet  1826.  Ses 
maîtres  de  solfège  furent  Larivière  et  M.  Le- 
couppey.  Ses  progrès  furent  assez  lents  dans 
colle  étude  élémentaire,  car  après  trois  années 
de  fréquentation  des  classes,  il  n'obtint  qu'un 
second  prix  de  lecture  musicale  au  concours  de 
1829,  el  jamais  il  n'eut  le  premier.  Le  méca- 
nisme du  piano  avait,  sans  doute,  plus  d'at- 
trait pour  lui,  si  l'on  en  juge  par  le  peu  de 
lemps  qu'il  passa  aux  études  préparatoires 
dans  la  classe  de  Laurent,  avant  d'entrer  dans 
celle  de  Zimmerman.  Le  second  prix  de  piano 
lui  fut  décerné  au  concours  de  18ôl  ;  il  obtint 
le  premier  en  1833.  Après  ce  succès,  il  resta 
dans  l'école  pour  l'étude  de  l'harmonie  et  du 
contrepoint;  mais  dans  cette  science,  comme 
dans  le  solfège,  Prudent  ne  monda  pas  d'ap- 
titude, et  l'on  voit  en  lui  un  des  exemples  de 
celte  anomalie  d'un  riche  instinct  dépourvu  de 
la  faculté  d'apprendre  ;  car  un  des  registres  du 
Conservatoire  porte,  à  la  date  du  1er  décembre 
1835,  ce  mot,  qui  ne  s'employait  que  pour 
1'incapacilé  :  rayé.  Il  était,  en  effet,  resté  dans 
les  classes  d'harmonie  pendant  près  de  quatre 
années  sans  s'élever  jusqu'à  l'accessit  dans 
les  concours.  Prudent  était  pianisle-né,  mais 
non  musicien.  Il  venait  de  sortir  du  Conserva- 
toire et  restait  inaperçu  dans  la  foule  des 
premiers  prix  de  piano  de  cette  institution, 
lorsque  Thalberg  arriva  à  Paris,  en  1836,  et  y 
produisilune  profonde  impression  parle  beau 
son  qu'il  lirait  de  l'instrument  el  par  son  nou- 
veau genre  de  musique,  où  la  mélodie  est  ac- 
centuée au  centre  d'arpèges  compliqués  en  ap- 
parence et  néanmoins  assez  faciles.  Thalberg 
fut  pour  Prudent  ce  qu'avait  été  Moschelès 
pour  Henri  Herz,  c'esl-à-dire  la  révélation 
d'une  école  nouvelle,  dont  l'apparition  était 
saluée  par  des  succès  d'éclat.  II  se  dit  aussitôt 
que  là  était  tout  son  avenir  et  se  condamna  au 
silence  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  assimilé  le  slyle 
qui  avait  alors  toutes  les  sympathies  du  public. 
Le  nom  de  Prudent  retentit  pour  la  première 
fois  dans  les  journaux  en  1840,  par  le  compte 
rendu  d'un  concert  qu'il  avait  dort  né  à  Rennes, 
cl  dans  lequel   il    avait  produit  une  profonde 

9. 


132 


PRUDENT  —  PRIME 


sensation  par  la  magie  du  nouveau  genre  de 
musique  de  piano,  encore  inconnu  dans  la 
Bretagne.  Depuis  lors,  sa  carrière  de  virtuose 
voyageur  ne  lui  offrit  plus  que  des  occasions 
de  succès.  Son  début  à  Paris  se  lit  en  1842, 
dans  un  concert  donné  à  la  salle  Pleyel.  Ren- 
dant compte  de  ce  concert,  le  critique  Blan- 
chard disait  dans  la  Gazette  musicale  de  Pa- 
ris (n°  11)  :  «  M.  Emile  Prudent  est  un  élève 
»  de  notre  Conservatoire;  il  a  cru  devoir  aller 
a  s'approvisionner  de  célébrité  en  province 
•>  et  à  l'étranger,  célébrité  qu'on  est  toujours 
»  forcé  de  venir  faire  sanctionner  à  Paris, 
n  M.  Emile  Prudent  est  un  jeune  pianiste  à 
»  manière  nette,  chaleureuse  en  même  temps 
»  que  délicate;  il  s'est  fait  tout  d'abord  une 
»  place  entre  Thalberg  et  Dcehler.  Peut-être 
»  ses  composilronsetson  exécution  manquent- 
»  elles  de  largeur,  de  grandiose,  de  poésie; 
»  peut-être  laissent-elles  à  désirer  un  peu 
»  plus  d'inattendu,  d'originalité;  mais  cela 
»  est  bien  phrasé,  riche  de  détails  charmants 
»  et  pleins  d'animation.  » 

Quelquefois  Prudent  faisait  trêve  à  ses  lon- 
gues pérégrinations  de  donneur  de  concerts  et 
restait  plus  ou  moins  longtemps  à  Paris,  où  il 
se  livrait  à  l'enseignement  et  à  la  composition 
de  nouveaux  morceaux,  qui  devenaient  ses  pro- 
visions de  soliste  pour  d'autres  voyages.  C'est 
dans  cette  alternative  que  s'est  écoulée  son 
existence,  hélas!  trop  courte.  Sa  renommée 
avait  grandi  d'année  en  année  et  presque  tous 
ses  voyages  étaient  productifs.  Sa  musique  de 
concert  et  de  salon  se  vendait  et  procurait  des 
bénéfices  à  ses  éditeurs  qui,  par  reconnais- 
sance autant  que  par  spéculation,  lui  prodi- 
guaient des  éloges  dans  leurs  journaux.  Au 
nombre  des  arrangements  de  thèmes  d'opéra 
dont  il  faisait  des  fantaisies  et  des  variations, 
ainsi  que  dans  ses  morceaux  d'invention,  il 
y  a  des  choses  d'un  goût  élégant  et  gracieux 
qui  ont  obtenu  un  succès  mérité.  Parmi  ces 
œuvres  légères  avec  lesquelles  il  s'est  fait  ap- 
plaudir partout  et  qui  ont  été  jouées  par  la 
plupart  des  pianistes  amateurs,  on  remarque 
Y  Hirondelle,  étude,  œuvre  11;  Souvenir  de 
Beethoven,  op.  9;  Souvenir  de  Schubert, 
op.  14;  Ronde  de  nuit,  op.  12;  Grande  fan- 
taisie sur  Guillaume  Tell,  op.  37  ;  la  Danse 
des  Fées,  op.  41,  etc.,  etc.  Ses  compositions 
sérieuses  sont  :  Un  grand  trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle  ;  un  concerto-symphonie 
pour  piano  et  orchestre,  op.  35.  Dans  ses  der- 
nières années,  Prudent  s'était  aperçu  d'une 
diminution  d'élasticité  dans  ses  doigts  et  de 
son  ancienne  sûreté  dans  l'exécution  des  traits 


rapides;  par  suite  de  celte  observation,  qu'il 
cachaitavcc  soin,  il  évitait  dans  ses  morceaux 
nouveaux  les  difficultés  qui  auraient  pu  le 
compromettre  dans  ses  concerts.  11  venait  «l'en 
donner  un  à  Paris  avec  un  brillant  succès, 
lorsque,  le  5  juin  18G3,  il  fut  saisi  à  l'impro- 
v is te  d'u  ne  a  ngi  ne  couenneuse,  dont  les  progrès 
furent  si  rapides,  qu'il  expira  dans  la  nuit 
même,  et  que  les  journaux,  qui  préparaient  le 
compte  rendu  de  son  dernier  triomphe, 
reçurent  en  même  temps  la  nouvelle  de  sa 
mort. 

PIIUME  (Fiusçois-IltJBERT),  virtuose  vio- 
loniste, né  le  3  juin  181G,  à  Slavelot,  petite 
ville  de  la  province  de  Liège  (Belgique),  où 
son  père  était  organiste,  montra  dès  l'âge  de 
trois  ans  le  désir  de  jouer  du  violon,  et  fit  tant 
de  supplications  pour  obtenir  un  instrument 
de  celle  espèce,  que  ses  parents  lui  en  ache- 
tèrent un  proportionné  à  sa  taille,  à  la  foire 
d'une  localité  voisine.  Quinze  jours  après,  il 
étonna  sa  famille  en  exécutant  avec  justesse 
les  airs  qu'il  avait  entendu  chanter  par  ses 
sœurs.  Parvenu  à  l'âge  de  cinq  ans,  cet  en- 
fant fut  envoyé  à  Malmédy,  pour  y  développer 
ses  dispositions  par  les  leçons  d'un  violoniste 
de  quelque  talent  qui  s'y  trouvait.  Deux  ans 
après,  il  revint  dans  sa  ville  natale  et  y  donna 
son  premier  concert,  dans  lequel  il  exécuta  le 
septième  concerto  de  Rode.  En  1827,  la  fon- 
dation du  Conservatoire  de  Liège  fournit  aux 
parents  du  jeune  Prume  le  moyen  de  faire  in- 
struire leur  fils  par  un  maître  habile  ;  il  passa 
trois  ans  dans  cette  école,  puis  il  partit  pour 
Paris,  oii  il  fut  admis  au  Conservatoire  comme 
élève  d'Habcneck.  Pendant  deux  ans,  il  reçut 
les  leçons  de  ce  professeur  et  devint  un  de  ses 
meilleurs  élèves.  Ne  pouvant  prendre  part 
aux  concours  du  Conservatoire,  à  cause  de  sa 
qualité  d'étranger,  Prume  reçut  du  comité 
d'enseignement  la  déclaration  que  ses  études 
étaient  terminées.  De  retour  à  Liège,  à  l'âge 
de  dix-sept  ans,  il  fut  nommé  professeur  de 
violon  au  Conservatoire  de  cette  ville.  En 
1839,  profitant  d'un  congé  de  deux  mois, 
pendant  les  vacances  de  cette  institution,  il 
entreprit  un  voyage  en  Allemagne,  joua  dans 
un  concert  à  Francfort  avec  un  brillant 
succès,  puis  visita  Leipsick,  Berlin,  Prague, 
Weimar,  la  Russie,  la  Suède,  la  Norvège,  le 
Danemark,  donnant  partout  des  concerts  et 
partout  applaudi.  Après  trois  années  de 
voyages,  Prume  revint  dans  le  lieu  de  sa  nais- 
sance, qu'il  n'avait  pas  revu  depuis  longtemps. 
Il  fit  ensuite  quelques  voyages  en  Belgique, 
joua  à  Bruxelles,  à  Cand  et  à  Anvers.  Vers  la 


PRUME  -  PSELLUS 


155 


môme  époque,  une  maladie  grave  le  mit  aux 
portes  du  tombeau;  sa  mort  fut  même  an- 
noncée dans  quelques  journaux  ;  mais  quelque 
temps  après,  il  reparut  à  Francfort,  où  il 
donna  quatre  concerts  au  théâtre,  puis  revit 
Berlin,  et  joua  à  Dresde,  à  Hambourg,  à  Cas- 
sel  et  dans  plusieurs  autres  villes.  A  Gotha,  il 
donna  avec  Liszt  un  concert  au  profit  des  pau- 
vres. En  récompense  de  cet  acte  de  générosité, 
le  duc  de  Saxe-Gotha  le  nomma  son  maître  de 
concert  honoraire,  et  le  décora  de  l'ordre  d'Er- 
nestine  de  Saxe.  Au  retour  de  ce  second 
voyage,  Prume  alla  passer  l'hiver  à  Paris  et 
s'y  fit  entendre  avec  succès,  puis  il  consentit 
à  rentrer  au  Conservatoire  de  Liège  en  qualité 
de  professeur  supérieur  de  violon.  Une  fièvre 
nerveuse,  du  caractère  le  plus  grave,  l'ayant 
atteint,  les  médecins  lui  conseillèrent  d'es- 
sayer de  l'air  natal  ;  il  suivit  leur  avis,  mais  les 
progrès  du  mal  ne  cessèrent  pas,  et  le  14  juil- 
let 1841),  Prume  mourut  à  Stavelot,  à  l'âge  de 
trente-trois  ans.  On  connaît,  sous  le  nom  de 
cet  artiste  :  une  pastorale  intitulée  la  Mélan- 
colie, pour  violon  et  orchestre  ou  piano,  op.  1  ; 
Paris,  Brandus;  un  Concertino  idem,  dédié 
au  duc  de  Saxe-Cobourg  ;  un  Morceau  de 
concert,  idem,  dédié  au  roi  de  Suède;  une 
Grande  Polonaise,  idem,  et  six  grandes 
études,  op.  2. 

PRUMIER  (Antoine),  né  à  Paris,  le 
2  juillet  1794,  reçut  de  sa  mère,  amateur  de 
harpe,  des  leçons  de  cet  instrument  dès  l'âge 
de  neuf  ans.  11  fit  ses  éludes  littéraires  au  Ly- 
cée Bonaparte  et  les  termina  en  1810,  après  y 
avoir  obtenu  le  premier  prix  de  mathémati- 
ques. Voulant  perfectionner  ses  connaissances 
musicales,  il  entra  au  Conservatoire,  en  1811, 
pour  y  suivre  le  cours  d'harmonie  de  Catel, 
obtint  le  second  prix  de  cette  science  après  un 
an  d'étude,  et  fut  nommé  répétiteur  du  cours, 
l'année  suivante.  Appelé  au  service  militaire 
en  1815,  il  se  présenta  aux  examens  de  l'École 
polytechnique,  et  par  suite  de  ses  premières 
éludes,  il  y  fui  admis  trente-sixième  sur  deux 
cent  cinquante  élèves  reçus.  Dans  la  même 
année,  il  passa  à  l'École  normale  pour  la  partie 
des  sciences,  et  n'en  sortit,  à  la  fin  de  l'année 
1814,  qu'après  avoir  obtenu  le  diplôme  de 
licencié  es  sciences.  A  son  entrée  à  l'École 
normale,  il  avait  été  obligé  de  contracter  un 
engagement  de  dix  ans  avec  l'université;  le 
changement  de  gouvernement,  à  la  seconde 
restauration,  rendit  cet  engagement  nul; 
M.  Prumieren  profita  pourreprendre  ses  études 
musicales  et  rentra  au  Conservatoire,  où  il 
reçut  d'Elerdes  leçons  de  contrepoint  pendant 


qu'il  se  livrait  à  l'enseignement  particulier 
des  mathématiques,  et  plus  tard  à  celui  de  la 
harpe.  Appelé  à  remplir  les  fonctions  de  har- 
piste au  Théâtre-Ilalien,  il  quitta  cette  posi- 
tion pour  entrer,  en  1835,  à  l'orchestre  de 
l'Opéra-Comique,  en  la  même  qualité.  Dans  la 
même  année,  il  succéda  à  Naderman,  au  Con- 
servatoire, comme  professeur  de  harpe  à 
double  mouvement.  Depuis  cette  époque,  ses 
élèves  ont  obtenu,  dans  les  divers  concours, 
plus  de  quarante  distinctions.  En  1840,  il  a 
renoncé  à  sa  place  de  harpiste  de  l'Opéra- 
Comique  en  faveur  de  son  fils,  l'un  de  ses  meil- 
leurs élèves.  En  1845,  M.  Prumier  a  été  fait 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  En  1848,  il 
fut  élu  membre  du  comité  de  l'Association  des 
artistes  musiciens,  et  depuis  1850,  il  en  est 
vice-président.  M.  Prumier  a  publié  soixante- 
quatorze  œuvres  de  fantaisies,  de  rondeaux 
et  de  thèmes  variés  pour  la  harpe,  chez  les 
différents  éditeurs  de  musique  de  Paris. 

PRITMV'E  (Guillaume),  jurisconsulte  an- 
glais, né  à  Swanswick,  dans  le  comté  de  So- 
merset, en  1G00,  fit  ses  études  à  l'Université 
d'Oxford,  et  au  collège  de  jurisprudence  de 
Lincoln-Inn,  à  Londres.  Entré  dans  la  secte 
des  puritains,  il  en  fut  un  des  plus  vigoureux 
champions,  et  en  même  temps  le  martyr,  car 
le  parti  de  la  cour  le  fit  condamner  à  d'énormes 
amendes,  à  des.  peines  infamantes  et  à  la 
prison  perpétuelle.  Il  subit  ces  mauvais  trai- 
tements avec  un  rare  courage,  recouvra  sa 
liberté  après  la  révolution  de  1640,  fut 
membre  du  parlement  à  deux  reprises,  mais 
continua  d'être  en  butte  à  d'autres  persécu- 
tions qui  n'eurent  de  terme  que  sa  mort,  ar- 
rivée le  24  octobre  1669.  Il  a  écrit  un  nombre 
immense  de  livres,  ouvrages  oubliés,  parmi 
lesquels  on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  : 
Histrio  mastix  (le  Fouet  des  comédiens)  ; 
Londres,  1653,  in-4°  de  mille  pages,  où  il  at- 
taque avec  violence  la  musique,  et  surtout  le 
chant  des  pièces  de  théâtre. 

PRZIRIL  (. . . .),  compositeur  de  la  Bohême, 
vécut  probablement  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle,  et  fut  directeur  du 
chœur  de  l'église  de  Baudnitz,  où  l'on  trouve 
de  sa  composition  six  messes,  quatre  litanies, 
un  Salve  Regina,  un  Ave  Regina,  et  quatre 
Aima  Redemptoris  en  manuscrit. 

Un  autre  musicien  du  même  nom,  actuelle- 
ment vivant  à  Prague  (186o),  y  a  fait  imprimer, 
chez  Berra,  quelques  œuvres  pour  la  flûte. 

PSELLUS  (Michel),  écrivain  grec  du 
moyen  âge,  naquit  à  Constantinople,  de  pa- 
rents consulaires,  et  vécut  sous  le  règne  de 


1Ô4 


PSELLUS  —  PTOLÉMÉE 


Constantin  Ducas,  qui  gouverna  l'empire  de- 
puis l'an  105'J  jusciu'en  1007.  Cet  empereur 
le  choisit  pour  précepteur  de  son  (ils  Michel 
Ducas,  qui  régna  <lc  1071  à  1078.  Parmi  Je 
grand  nomhre  d'ouvrages  qu'il  écrivit  el  qui 
sont  indiqués  par  Gesner  (Pibl..  p.G08)cl  par 
Allacci  (de  Pscllis,  XXXIII,  p.  25  ad  60), 
on  en  trouve  un  intitulé  Quadrivium,  qui 
traite  des  quatre  sciences  mathématiques, 
l'arithmétique,  la  musique,  la  géométrie  et 
l'astronomie.  Le  traité  de  musique  contient 
une  exposition  des  principes  théoriques  selon 
le  système  de  Pylhagore  :  il  est  remarquable 
surtout  par  la  clarté.  Le  texte  grec  de  Psellns 
lut  publié  pour  la  première  fois  par  Arsenius, 
archevêque  de  Mon  imbasa,  en  Morée,  sous  ce 
litre  :  Opus  in  quatuor  mathemalicas  disci- 
plinas, arithmeticam,  musicam,  geome- 
triatn  et  astronomiam,  grxce;  Venise,  1532, 
in-8",  et  réimprimé  à  Paris,  en  1545.  La  pre- 
mière traduction  latine,  faite  par  Guillaume 
Xylander,  parut  sous  ce  titre  :  Perspicuus 
liber  de  quatuor  mat  lie  mat  ici  s  scientiis, 
arilhmetica ,  musica,  geometria  et  astrono- 
mia,  grxce  et  latine  mine  primum  edilus; 
Baie,  155G,  in-8",  el  fut  réimprimée  à  Leyde, 
en  1C47.  Il  y  a  trois  autres  versions  latines; 
)a  première,  par  Élie  Yinel,  contenant  l'arith- 
métique, la  musique,  la  géométrie  de  Psellus, 
et  le  Traité  de  la  .sphère  de  Proclus,  a  été 
publiée  à  Paris,  en  1557,  in-8°;  la  seconde, 
sans  nom  d'auteur,  et  à  laquelle  on  a  joint  le 
texte  grec,  a  paru  à  Willenberg,  en  1500;  et 
la  troisième,  par  Lambert  Alard,  prédicateur 
a  llrunsbuttel,  se  trouve  à  la  fin  de  son  traité 
De  veterum  musicu ,  Schleusing,  1636,  in-12. 
Mizler  a  aussi  donné  une  traduction  alle- 
mande  de  la  musique  de  Psellus,  avec  les  notes 
de  Xylander  dans  le  tome  III  de  sa  Biblio- 
thèque musicale ,part.  2,  p.  171 .  Le  savant  Mo- 
relli,  bibliothécaire  de  Saint-Marc,  à  Venise,,  a 
publié  un  opuscule  inédit  de  Psellus,  intitulé  : 
IIpo>Xafi6avôfi£va  Etç,ri)'*pu6s*ix>]»e]tiç-rçMn;v  avec 
les  éléments  rhylhmiqûes  d'Arisloxène  ;  Ve- 
nise, 1785,  in-8°  (voyez  Mahn,  Diatribe  de 
Aristoxcno,  page  15).  C'est  à  tort  que  quel- 
ques manuscrits  attribuent  à  Pachymère 
{voyez  ce  nom)  le  traité  des  quatre  sciences 
mathématiques  qui  appartient  à  Psellus. 

PTOLEMEE  (Claude),  célèbre  astronome 
grec,  n'est  pas  né  à  Pélnse,  comme  on  le  pense 
communément;  mais  la  critique,  qui  a  dé- 
montré l'erreur  à  cet  égard,  n'a  pu  fixer 
exactement  le  lieu  oit  ce  savant  a  vu  le  jour. 
La  même  incertitude  règne  sur  les  événements 
•le  sa  vie,  car  on  ignore  même  où  il  a  fait  ses 


observations  astronomiques ,  si  toutefois 
celles  dont  il  parle  lui  appartiennent.  Tout  ce 
qu'on  sait  positivement,  c'est  qu'il  vécut 
après  la  dernière  observation  astronomique 
consignée  dans  son  Almagcste,  et  qui  répond 
au  22  mars  141  de  notre  ère.  C'est  donc  par 
ses  ouvrages  que  Ptolémée  est  particulière- 
ment connu,  et  bien  que  des  doutes  se  soient 
élevés  à  l'égard  de  ses  droits  sur  quelques- 
uns,  on  est  maintenant  persuadé  que  la  plu- 
part lui  appartiennent.  Ils  lui  ont  fait  une  si 
grande  renommée,  que  ses  successeurs  immé- 
diats lui  ont  donné  le  nom  de  Divin.  Les 
titres  de  celte  renommée  ont  été  savamment 
discutés  par  des  critiques  modernes,  el  ce  n'est 
pas  dans  un  livre  du  genre  de  celui-ci  qu'ils 
peuvent  êlre  examinés  de  nouveau  :  il  n'y 
peut  être  question  que  du  traité  de  musique 
connu  sous  le  nom  de  Ptolémée.  Ce  traité, 
dont  la  plupart  de  grandes  bibliothèques  ren - 
ferment  des  manuscrits,  a  pour  litre  :  KtauSlou 
rj-co^éfiacou  ApaovixâJv  E.Qta  T  (  Les  trois 
livres  des  harmoniques  de  Claude  Ptolémée). 
Gogavin  ou  Gogava  (voyez  ce  nom)  est  le  pre- 
mier qui  publia  cet  ouvrage,  non  dans  la 
langue  originale,  mais  dans  une  version  laline 
assez  médiocre,  qui  parut  en  1502,  à  Venise. 
Meibom  a  fort  maltraité  celle  traduction  dans 
la  préface  de  son  Aristoxcne, disant  que  celui 
qni  l'a  faite  ignorait  la  musique,  n'avait 
qu'une  connaissance  imparfaite  du  grec,  et 
manquait  de  jugement.  Wallis  a  été  plus  in- 
dulgent, el  a  rejeté  une  partie  des  fautes  du 
traducteur  sur  les  manuscrits  défectueux  dont 
il  s'est  servi.  Kepler  nous  apprend,  dans  l'ap- 
pendix  de  ses  Ilavmimices  Mundi,  libri  J~, 
que  vers  lOOilil  avait  commencé  une  traduction 
des  Harmoniques  de  Ptolémée.  d'après  un  ma- 
nuscrit qu'il  possédait, et  qu'il  l'avait  poussée 
jusqu'au  septième  chapitre  du  deuxième  livre, 
mais  que  ses  autres  travaux  ne  lui  avaient  pas 
laissé  le  temps  nécessaire  pour  achever  celle 
version.  Il  existe  une  traduction  laline  des 
Harmoniques  de  Ptolémée  plus  ancienne  que 
celle  «le  Gogava  :  die  a  été  l'aile  par  Nicolas 
de  Lorgnes,  ainsi  nommé  de  la  petite  ville  de 
la  Provence  où  il  était  né  (Leonics),  pour 
l'usage  de  Gafori.  Le  manuscrit  original  de 
celle  traduction,  daté  de  149'J,  se  trouve  au 
Muséum  Britannique,  dans  les  fonds  de 
llulcy,  n"  3306.  Le  volume,  petit in-foL  sur 
vélin,  avec  les  armoiries  de  Gafori  peintes  au 
commencement,'  a  pour  titre  :  Cïaudii  Pto- 
lemei  ffarmonicorum  libri  très,  interprète 
Nicoluo  Leonices.  Pies  d'un  siècle  après  Go- 
gava, Marc  Meibom  (voyez  ce  nom)  p   Mnit, 


PTOLEMEE 


dans  l.i  préface  de  sa  collection  d'ailleurs 
grecs  sur  la  mii^ i»in o,  de  publier  aussi  le  traité 
ries  Harmoniques  de  Ptolémée,  mais  il  ne 
tint  pas  cet  engagement  envers  lepublic.Le  sa- 
vant géomètre  anglais Wallis  Ht  enfin  paraître 
le  texte  grec  de  ce  traité,  avec  une  bonne  tra- 
duction latine,  d'après  onze  manuscrits  tirés 
des  bibliothèques  d'Angleterre,  ou  qu'Isaac 
Vossius  lui  avait  envoyés  de  Leyde. L'ouvrage 
accompagné  de  notes  et  d'un  Jppendix  de 
Feierum  Harmonica  ad  hodiernam  compa- 
rata,  parut  d'abord  en  un  volume  in-4°,  sous 
ce  titre  :  Claudii  Plolemxi  Harmonicorum 
libri  très.  Ex  cod.  Mss.  undecim,  nunc 
primum  grxce  editus,  Oxonii,  1G80;  puis  fut 
réimprimé  dans  le  troisième  volume  des 
œuvres  mathématiques  de  Wallis,  avec  le 
commentaire  de  Porphyre  sur  le  même  ou- 
vrage, et  le  traité  de  musique  de  Manuel 
Aryenne,  publiés  pour  la  première  fois  en 
grec  et  en  latin  (Oxford,  1G99,  in-fol.). 
Malgré  le  mérite  incontestable  de  ces  éditions, 
il  est  à  regretter  que  Wallis  n'ait  pu  consulter 
d'autres  manuscrits  que  ceux  dont  il  s'est 
servi,  car  tous  ceux-ci  sont  du  seizième  siècle 
et  sortent  de  la  même  source.  Les  manuscrits  de 
la  bibliothèque  impériale  de  Paris,  particuliè- 
rement le  n"  2450,  du  quatorzième  siècle,  avec 
des  notes  marginales  et  des  scolies  interli- 
néaires, le  n°  2451,  du  quinzième  siècle,  et  le 
n°245ô,  bon  manuscrit  du  commencement  du 
seizième  avec  des  scolies,  lui  auraient  fourni 
en  plusieurs  endroits  uu  texte  plus  correct,  et 
des  éclaircissements  sur  des  passages  qu'il  n'a 
pas  bien  entendus. 

Plusieurs  auteurs,  parmi  lesquels  on  re- 
marque Bède (in  Musica  theorica, tome  I,  op., 
paye  346),  et  Meurs! us,  dans  ses  notes  sur  Ni- 
comaque  (page  185),  ont  considéré  Ploiémée 
comme  pythagoricien,  à  l'égard  de  sa  doctrine 
harmonique;  mais  Fabricius  a  fort  bien  re- 
marqué (Biblioth.  Grxc.,  t.  III,  page  440) 
qu'il  suffit  de  lire  ses  attaques  contre  Archylas 
et  les  autres  pythagoriciens,  pour  avoir  la 
preuve  qu'il  n'est  point  de  leur  école.  Il  me 
semble  que  les  premières  phrases  du  Traité 
des  harmoniques  démontrent  que  Ptolémée 
s'est  proposé  de  fonder  une  doctrine  éclectique, 
dans  laquelle  il  faisait  entier  les  principes 
opposés  de  Pylhagore  et  d'Aristoxène,  s'effor- 
çant  de  démontrer  que  chacun  avait  un  objet 
et  un  mode  d'action  différents.  Voici  ses  pa- 
roles :  «  Les  deux  critériums  de  l'harmonie 
»  sont  l'ouïe  et  la  raison,  agissant  l'une  et 
»  l'autre  de  manières  différentes;  car  l'ouïe 
?  juge  selon  la  matière  et  la  sensation,  et  la 


»  raison,  selon  la  forme  et  la  cause  (1).  » 
Celte  doctrine,  absolument  différente  de  celle 
de  tous  les  autres  écrivains  grecs  sur  la  mu- 
sique, donne  au  livre  de  Ptolémée  une  impor- 
tance considérable  ,  indépendamment  des 
autres  considérations  qui  en  relèvent  le  mérite 
à  nos  yeux.  Porphyre  a  fait  une  sévère  et  sa- 
vante critique  de  celle  doctrine  dans  son  long 
Commentaire  sur  le  premier  chapitre  du  pre- 
mier livre  du  Traité  des  harmoniques.  :  c'est 
un  morceau  qui  mérité  d'être  lu  avec  atten- 
tion. 

L'analyse  de  la  critique  que  fait  Plolémée 
de  la  théorie  des  pythagoriciens  pour  la  for- 
mation et  la  classification  des  consonnances 
(Harmon.  lib.  I,  cap.  5  et  G)  ainsi  que  des 
erreurs  où  il  se  laisse  entraîner  (cap. 7  et  seq.) 
serait  trop  étendue  pour  trouver  place  ici  ion 
la  trouvera  dans  les  notes  de  la  première 
partie  de  ma  Philosophie  de  la  musique. 
Euler  a  fait  à  ce  sujet  de  bonnes  remarques, 
dans  les  paragraphes  16,  17,  18  et  19  du  qua- 
trième chapitre  de  son  Tentamen  novx 
theoricx  musicx ;  mais  lui-même  s'est  égaré 
par  un  autre  faux  principe.  Ce  qu'on  ne  peut 
refuser  à  Ptolémée,  et  ce  qui  seul  assurerait 
une  grande  importance  à  ses  travaux  sur  la 
musique,  c'est  d'avoir  introduit  le  premier  les 
nombres  5  cl  6  dans  le  calcul  des  intervalles, 
et,  par  là,  d'avoir  donné  la  mesure  des  tierces 
(lib.  I,  cap.  10);  car  on  sait  que  les  calculs  de 
Pylhagore  n'embrassaient  que  les  proportions 
de  l'oclave,  2  :  1 ,  de  la  quinte,  3  :  2,  et  de  la 
quarte,  5  :  4.  Mais  Ptolémée  ne  considéra  les 
intervalles  de  tierces  majeure  et  mineure  que 
comme  des  dissonances,  tandis  qu'il  fait  une 
classe  intermédiaire  entre  les  consonnances  et 
les  dissonances  pour  le  ton  majeur,  dont  la 
proportion,  est  comme  on  sait,  8  :  9  (cap.  7), 
et  par  le  ton  mineur,  représenté  par  la  pro- 
portion 9  :  10.  Il  est  remarquable  que  depuis 
Ptolémée  jusqu'à  Euler  ,  aucun  nouveau 
nombre  premier  n'a  été  introduit  dans  la  mu- 
sique, comme  l'expression  d'un  intervalle  na- 
turellement admissible  dans  l'harmonie  :  en- 
core est  il  certain  que  les  mémoires  de  ce 
grand  géomètre  sur  la  nécessité  de  l'intro- 
duction du  nombre  7  dans  La  théorie  de  l'har- 
monie moderne  (2),  n'ont  pas  été  compris  jus- 

(i)  Kai  xprrr,pïa  |isv  àpu.ovfa;,  àxo/]  xccl  Xôyoç. 
Où  xarà  xàv  a'JTÔv  oè  xpàitoy.  AÀXàï)  p.s.v  àxor,, 
r.ttpà  t/jV  u>.yjv  xal  là  TiâOoç.  '0  8k  Aoyoç,  Ttapi  tô 
eioo;  xal  tô  <miov.  Cl  Piolem.  llarm.  Lib.  I,  cap.  I. 

(2)  Conjecture  sur  ta  raison  de  quelques  dissonances 
généralement  reçues  dans  la  musique.  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Berlin,  17G4-.  Du  véritable  caractère  de  la  «lit- 
siqne  moderne.  Ibid. 


136 


PTOLÉMÉE  -  PUCCINI 


qu'à  celle  heure.  Les  proportions  de  Plolémée, 
adoptées  au  seizième  siècle  par  Zarlino,  sont 
devenues  les  bases  de  la  fausse  théorie  mathé- 
matique de  la  musique,  et  n'ont  trouvé  d'ad- 
versaires que  dans  les  partisans  de  la  progres- 
sion arithmétique  (voyez  Lévens,  Ballièhe, 
Jamard,  Sorce),  et  dans  les  abbés  Roussier  et 
Requeno  (voyez  ces  noms).  De  ceux-ci,  le  pre- 
mier n'admettait  de  réel  pour  les  proportions 
des  intervalles  que  le  produit  de  la  progression 
triple,  et  l'autre,  que  la  division  égale  des 
douze  demi-tons  de  l'octave ,  c'est-à-dire  le 
tempérament. 

Le  deuxième  livre  du  traité  de  musique  de 
Plolémée  a  pour  objet  principal  la  constitution 
de  la  tonalité  de  la  musique  grecque.  Il  y  pro- 
pose (chap.  9  et  suiv.)  la  réforme  de  celie 
tonalité,  en  réduisant  à  sept  les  quinze  modes 
de  l'ancienne  musique.  Ces  modes,  placés 
dans  leur  ordre,  en  commençant  par  le  plus 
grave,  sont  l'hypolydien,  l'hypophrygien, 
l'hypodorien,le  dorien,  le  phrygien,  le  lydien, 
le  mixorydien,  et  suivant  l'ordre  de  tons  mo- 
dernes, le  dorien  (la),  l'hypolydien  (si),  l'hy- 
pophrygien (ut),  l'hypodorien  (re),  le  mixoly- 
dien  (mi),  te  lydien  (fa),  et  le  phrygien  (sol). 
Nous  ignorons  l'opinion  qu'on  s'est  faite  de 
celle  réforme  au  temps  de  Plolémée,  car  le 
Commentaire  de  Porphyre  (voyez  ce  nom)  sur 
son  Traité  des  harmoniques  s'arrêle  au  sep- 
tième chapitre,  et  le  resle  est  perdu  pour  nous. 
Boèce  (De  musica,  lib.  IV,  cap.  17)  émet 
l'opinion  que  Ptolémée  adopta  plus  tard  un 
huitième  mode  qui  aurait  été  l'hypermixoly- 
dien  ;  mais  en  cela  il  s'est  trompé,  car  si  Plo- 
lémée parle  de  huit  modes  ou  tons,  au  com- 
mencement du  dixième  chapitre  du  second 
livre  de  ses  Harmoniques ,  c'est  pour  constater 
que  de  son  temps  ces  tons  ou  modes  étaient 
déjà  réduils  à  huit,  et  non  pour  adopter  ce 
nombre,  car  il  propose  de  le  fixer  à  sept,  pré- 
cisément parce  que  le  mode  hypermixolydien 
n'est  que  l'hypolydien  transporté  à  une  octave 
supérieure.  Franrois-IIaskins-Eyles  Stiles,  à 
qui  l'on  doil  un  bon  travail  sur  les  modes  de 
l'ancienne  musique  grecque  (Philosoph. 
Transact.,  ann.  1700,  tom.  LI),  a  assez  hien 
compris  la  disposition  tonale  de  ceux  de  Plo- 
lémée; mais  il  en  donne  une  fausse  idée,  en 
attribuant  à  tous  la  même  corde  grave,  au  lieu 
d'indiquer  la  note  moderne  correspondante  à 
Celle  corde  pour  chaque  mode.  On  trouve  aussi 
un  bon  morceau  sur  les  modes  de  Plolémée 
dans  le  livre  de  Charles  Davy,  intitulé  Lellers 
upon  subjects  of  literalure  (t.  II,  pages  415 
et  suiv.);  mais  parmi  les   modernes,   Peine 


(voyez  ce  nom)  est  celui  qui  a  le  mieux  entendu 
ce  sujet,  et  qui  l'a  le  mieux  exposé. 

La  plus  grande  partie  du  troisième  livre 
des  Harmoniques  a  élé  employée  parPtolémée 
à  l'exposition  du  système  pythagoricien  de 
V Harmonie  universelle  ;  il  y  traite  (depuis  le 
chapitre  neuvième  jusqu'au  seizième)  des 
concerts  que  forment  entre  eux  les  aslres. 
L'illustre  mathématicien  et  astronome  Kepler, 
séduit  par  la  lecture  de  ce  livre,  a  traité  le 
même  sujet  dans  ses  Harmonices  mundi. 
Dans  l'appendice  de  cet  ouvrage,  il  se  félicite 
d'avoir  surpassé  son  modèle;  et  malgré  les 
erreurs  où  il  s'est  laissé  entraîner,  on  ne  peut 
nier  que  sa  prétention  ne  soit  fondée, car  c'est 
dans  ce  livre  qu'il  a  donné  sa  règle  célèbre  des 
carrés  des  révolutions  et  des  cubes  des  dis - 
lances  des  planètes.  Macrobe  avoue,  dans  le 
dix-neuvième  chapitre  du  Commentaire  sur  le 
Songe  de Scipion,  que  ce  qu'il  dit  de  l'har- 
monie universelle  est  emprunté  à  Plolémée. 
Plusieurs  savants  ont  démontré  que  les  trois 
derniers  chapitres  du  troisième  livre  de  ses 
Harmoniques  sont  de  Nicéphore  Grégoire, 
grec  du  quatorzième  siècle.  Ces  trois  chapitres 
sont  l'objet  du  Commentaire  de  Barlaam(uoi/e.ï 
ce  nom),  publié  pour  la  première  fois  dans 
l'écrit  de  Frantz  (voyez  ce  nom)  sur  les  musi- 
ciens grecs,  q'ii  a  paru  à  Berlin,  en  1840. 

Meibom  a  reproché  de  l'obscurité  au  style 
de  Ptolémée  (Epist.  de  Scriptor.  variis  mu- 
sicis,  apud  Epist.  Marg.  Qudii,  page  57), 
qui  manque  en  effet  de  clarté  en  plusieurs  en- 
droits. Wallis  n'a  pas  toujours  triomphé  des 
difficultés  que  lui  offrait  le  texte  des  Harmo- 
niques, particulièrement  à  l'égard  des  modes, 
où  il  est  tombé  dans  quelques  erreurs  considé- 
rables. Bouillaud  a  rapporté  quelques  passages 
de  ce  trailé  dans  des  notes  sur  Théon  de 
Smyrne,  et  les  a  éclaircis.  Son  travail  n'a  pas 
élé  inutile  à  Wallis. 

l'UCGUM  (Jacques),  né  à  Lacques,  en 
1712,  étudia  la  musique  à  Bologne,  sous  la  di- 
rection de  Caretli,  maître  de  la  basilique  de 
Saint- Pétrone.  De  retour  dans  sa  ville  natale, 
en  1739,  il  y  obtint  le  titre  de  maître  de  cha- 
pelle de  la  république  de  Lucques.  Il  mourut, 
en  1781,  dans  eette  ville.  Son  talent  sur 
l'orgue  et  ses  compositions  pour  l'église  lui 
firent  une  honorable  réputation.  On  cite  par- 
ticulièrement avec  éloge  le  service  solennel 
qu'il  a  écrit  pour  la  fête  de  l'Exaltalion  de  la 
sainte  Croix. 

PLCCINI  (Antoine),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Lucques,  en  17-17,  et  fit,  comme  son 
père,  ses  éludes  musicales  dans  l'école  de  Ca- 


PUCC1NI  -  PUGET 


ir,7 


relti,  à  Bologne.  En  1781  ,  il  succéda  à  son 
père  dans  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la 
république  de  Lucques.  Parmi  ses  compositions 
de  musique  religieuse,  on  remarque  la  messe 
de  Requiem  qui  fut  exécutée,  en  1789,  pour 
le  service  funèbre  de  l'empereur  Joseph  II.  Il 
a  écrit  aussi  quelques  opéras  dont  on  n'a  pas 
conservé  les  titres. 

PUCCIIM  (Ange),  violoniste,  est  né  à  Li- 
vourne,  en  1781.  Son  compatriote  Vanacci  fut 
son  premier  maître;  puis  il  alla  continuer 
l'étude  du  violon  à  Florence,  sous  la  direction 
de  Tinti,  et  reçut  dans  la  môme  ville  quelques 
leçons  de  contrepoint  de  Zingarelli.  De  retour 
à  Livourne,  il  acheva  de  s'instruire  dans  la 
composition  chez  Cecchi.  On  connaît,  en 
Italie,  des  concertos,  des  sonates  et  des  duos 
pour  violon  sous  le  nom  de  cet  artiste. 

PUCCITA  (Vincent),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Rome,  en  1778,  entra  au  Conser- 
vatoire de  la  Pietà,  de  Naples,  à  l'âge  de 
douze  ans,  et  reçut  des  leçons  de  Fenaroli 
pour  l'accompagnement,  et  de  Sala  pour  le 
contrepoint.  Ses  études  terminées,  il  écrivit 
son  premier  opéra  à  Sinigaglia,  en  1799  :  on* 
n'a  pas  conservé  le  titre  de  cet  ouvrage.  L'an- 
née suivante,  il  donna,  à  Lucques,  l'Amor 
platonico  qui  eut  du  succès,  et  à  l'automne 
suivant,  le  IVozze  senza  sposa,  à  Parme.  Ap- 
pelé à  Milan,  en  1801,  il  y  fil  représenter// 
Fuoruscilo,  qui  n'eut  qu'un  succès  médiocre; 
mais  /  due  Prigionieri,  joués  à  Rome  peu  de 
temps  après,  commencèrent  sa  réputation,  et 
Il  Puntiglio,  écrit  à  Milan  dans  l'été  de  1802, 
acheva  de  le  faire  connaître  avantageusement. 
Teresa  Wilk,  la  finta  Pazza,  et  quelques 
autres  ouvrages  joués  à  Venise,  à  Padoue,  à 
Gênes,  furent  aussi  bien  accueillis  par  le  pu- 
blic. En  1806,  Puccita  fut  engagé  pour  écrire 
un  opéra  sérieux  à  Lisbonne  ;  il  y  donna 
VAndromacca,  puis  il  se  rendit  à  Londres, 
en  qualité  de  directeur  de  musique  de  l'Opéra. 
Il  y  fit  jouer  la  Vestale,  opéra  sérieux,  consi- 
déré comme  son  meilleur  ouvrage,  et  écrivit, 
en  1811,  le  Tre  Sultane,  pour  madame  Cata- 
lani,  et  Laodicea,  pour  la  même  cantatrice, 
en  1815.  Devenu  l'accompagnateur  de  cette 
virtuose,  qui  chantait  sa  musique,  il  la  suivit 
dans  ses  voyages  en  Ecosse,  en  Irlande,  dans 
toute  l'Angleterre,  en  Hollande,  en  Belgique 
et  dans  l'Allemagne  du  Rhin.  Lorsque  ma- 
dame Catalani  prit  la  direction  de  l'Opéra 
italien  de  Paris,  en  1815,  Puccita  fut  attaché 
à  ce  théâtre,  en  qualité  d'accompagnateur,  et 
y  fit  représenter  l'Orgoglio  avvilito ;en  1815, 
la  Cccciadi  EnricolV,zn  1816,  et  laPrin- 


cipessu  in  campugna,  en  1817.  Vers  la  On 
de  cette  année  ,  des  altercations  survenues 
entre  le  compositeur  et  Valahrègue,  mari  de 
madame  Catalani,  décidèrent  Puccita  à  re- 
tourner en  Italie.  En  1821,  il  a  écrit  à  Rome, 
où  il  s'était  retiré,  la  Festa  del  Fillagio.  Dix 
ans  après,  il  donna,  à  Venise,  /  Prigioneri, 
et,  en  1835,  il  fit  jouer,  à  Milan,  Adolfo  e 
Chiara.  Depuis  lors  on  n'a  plus  eu  de  rensei- 
gnements sur  sa  personne.  La  musique  de  ce 
compositeur  est  dépourvue  d'invention,  mais 
elle  est  écrite  avec  facilité.  Les  titres  de  ses 
ouvrages  connus  sont  les  suivants:  1° L'Amor 
platonico,  à  Lucques,  1800.  2°  Le  Nozzc 
senza  sposa,  Parme,  1800.  5°  Il  Fuoruscito, 
dans  l'été  de  1801,  à  Milan.  4"  /  due  Prigio- 
nieri, 1 802,  à  Rome.  5°  Il  Puntiglio,  1 802, 
à  Milan.  6°  Zelinda  e  Lindoro.7"  Lo  Sposo 
di  Lucca.  8°  Teresa  Wilk.  9°  Lafinta  Pazza. 
10°  La  Lauretta.  11°  TVerter  e  Carlotta. 
12°  L'Imbroglio  délia  Lettera.  13°  Andro- 
macca,  opéra  sérieux,  à  Lisbonne,  1806. 
14°  77  Duello  per  complimento.  15°  La  Ves- 
tale, Londres,  1809.  16°  Le  Tre  Sultane, 
ibid.,  1811.  17°  Laodicea,  ibid.  ,  1813. 
18°  L'Orgoglio  avvilito,  à  Paris,  1815. 
19"  La  Caccia  di  Enrico  IV,  ibid.,  1816. 
20°  La  Principessa  in  campagna,  ibid., 
1817.  21°  La  Festa  del  Villagio,  à  Rome. 
22°  L  Prigioneri,  à  Venise,  1831.  23°  Adolfo 
e  Chiara,  à  Milan,  1833. 

PUERTO  (Didier  DEL),  chapelain- 
chantre  de  la  chapelle  de  Sainl-Bartholomé, 
et  bénéficier  de  l'école  de  Salamanque,  a  écrit 
un  traité  du  plain-chant,  intitulé  :  Arte  de 
canlo  llano  ;  Salamanque,  1504,  in-4°. 

PUESDEIVA  (François),  compositeur  es- 
pagnol, maître  de  la  chapelle  royale  de  Na- 
ples, vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  «fait 
représenter  à  Venise,  en  1692,  un  opéra  de  sa 
composition  intitulé  :  Gelidaura. 

PUGliT  (madame  Loïsa  LEMOINE , 
née),  compositeur  de  romances,  née  à  Paris, 
d'une  famille  honorable,  a  eu  de  la  célébrité 
vers  1830  par  ses  mélodies,  qu'elle  chantait 
dans  ses  concerts  et  dans  les  salons.  Ces  lé- 
gères productions  ont  eu  des  succès  de  vogue 
pendantenviron  quinze  ans,  puis  elles  ont  lait 
place  à  des  noms  plus  nouveaux.  Les  romances 
de  mademoiselle  Puget  ont  de  la  tendresse,  un 
peu  bourgeoise  à  la  vérité,  mais  d'un  tour 
agréable;  ses  chansonnettes  ont  de  l'entrain 
et  de  la  gaieté.  Chaque  année,  elle  publiait 
des  albums  de  ces  petites  choses  qui  se  répan- 
daient partout.  On  citait  particulièrement  la 
Confession  du  brigand,  le  Mousquetaire,  la 


i.->,s 


PLGLT  —  PUGNI 


Somnambule,  A  la  grâce  de  Dieu ^  Ave 
Maria,  la  Bénédiction  d'un  père  et  le  So- 
leil de  ma  Bretagne.  En  18-36,  mademoiselle 
Puget  osa  aborder  un  champ  plus  vaste,  el  lit 
représenter,  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  un 
ouvrage  intitulé  le  Mauvais  œil  :  il  s'y  trou- 
vait un  joli  air,  chanté  d'une  manière  parfaite 
par  madame  Damoreau,  et  un  duo  dont  cette 
cantatrice  admirable  et  Ponchard  faisaient 
valoir  lesdétails  gracieux.  Le  reste  était  faible. 
Mademoiselle  Puget  a  épousé,  en  1842, 
M.  Gustave  Lemoine,  spirituel  auteur  drama- 
tique, auteur  des  paroles  de  la  plupart  ses 
romances;  depuis  celle  époque,  elle  a  disparu 
du  monde  musical. 

PUG3iAl>I  (Gaétan),  chef  d'une  école  de 
violon,  naquit  à  Turin,  en  1727.  Élève  de'So- 
mis,  son  compatriote,  il  reçut  de  lui  les  tra- 
ditions de  Corelli.  Devenu  habile  sur  son 
instrument,  il  fit  le  voyage  de  Padoue  pour 
consulter  Tarlini  sur  son  jeu,  et  ne  dédaigna 
pas  de  se  mettre  sons  sa  direction,  dans  l'es- 
poir  de  perfectionner  son  talent.  Le  roi  de 
Sardaigne  le  choisit,  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans, 
pour  occuper  les  places  de  premier  violon  de 
sa  chapelle  et  de  directeur  de  ses  concerts.  En 
1754,  il  obtint  un  congé  pour  se  rendre  à  Pa- 
ris; il  y  joua  au  Concert  spirituel  et  obtint  un 
succès  éclatant.  Après  un  séjour  de  près  d'une 
année  dans  celte  ville,  il  visita  plusieurs  con- 
trées de  l'Europe  ,  s'arrêta  longtemps  à 
Londres,  et  ne  retourna  à  Turin  qu'en  1770. 
Ce  fut  alors  que  les  fondions  de  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  royal  lui  furent  confiées,  et 
qu'il  ouvrit  une  école  de  violon,  devenue  cé- 
lèbre par  la  production  de  plusieurs  grands 
artistes,  à  la  léle  desquels  on  doit  placer 
Viotli.  Pugnani  montra  aussi  un  rare  talent 
dans  la  direction  de  l'orchestre,  et  transmit  ce 
genre  d'habileté  à  plusieurs  de  ses  élèves,  no- 
tamment à  Bruni,  qui  a  dirigé  l'Opéra  italien 
«le  Paris,  en  1801  et  1802.  Compositeur  dis- 
tingué dans  la  musique  instrumentale,  il  a 
laissé  des  concertos,  des  trios,  des  duos  et  des 
sonates  de  violon,  considérés  comme  «les 
oeuvres  classiques  :  une  partie  de  ces  ouvrages 
a  été  gravée  pendant  sa  vie,  et  le  reste  esi  en- 
core en  manuscrit.  Pugnani  a  écrit  aussi  pour 
l'église  et  pour  le  théâtre;  dans  ce  dernier 
genre,  il  a  eu  d'honorables  succès.  Ses  dernières 
années  ont  été  troublées,  à  l'époque  de  l'inva- 
sion de  la  Sardaigne  par  les  armées  françaises, 
car  l'éloignement  «le  la  cour  lui  fit  perdre  ses 
traitements  et  pensions.  Il  est  mort  à  Turin, 
en  Iso.",  ,i  l'âge  de  soixante-seize  ans.  Pugnani 
avait  un  maintien  noble  el  aurait  passé  pour 


bel  homme,  si  la  prodigieuse  dimension  de 
son  nez  n'avait  gâté  la  régularité  des  autres 
traits  de  son  visage.  Son  talent  d'exécution  se 
faisait  remarquer  par  un  beau  son,  une  ma- 
nière à  la  fois  large  el  chaleureuse,  et  beau- 
coup de  variété  dans  l'articulation  de  l'archet. 
Son  organisation  le  portait  plus  au  grand  style 
«|u'aux  choses  gracieuses.  Il  a  écrit  pour  le 
théâtre:  1°  Issea,  cantate  dramatique  pour 
les  noces  de  la  comtesse  de  Provence,  en  1771 . 
2°  Tamas  Koulikan,  opéra  sérieux,  à  Turin, 
1772.  3°  L'Aurora,  cantate  pour  le  mariage 
du  prince  de  Piémont,  1775.  4°  Adone  e  Fe- 
nere,  opéra  sérieux,  à  Naples,  1784.  5°  Na- 
nettae  Lubino,  opéra  bouffe,  à  Turin,  1784. 
0°  Achille  in  Sciro,  opéra  sérieux,  ibid., 
1785.  7°  Demofoonte,  ibid.,  1788.  8°  Deme- 
trio  aRodi,  pour  le  mariage  du  duc  d'Aosle, 
1789.9°  Coreso  e  Calliroe,  ballet  héroïque, 
1792.  On  connaît  neuf  concertos  de  violon  de 
Pugnani,  mais  le  premier  seulement  a  été 
gravé,  chez  Sieber,  à  Paris.  Parmi  ses  autres 
compositions  instrumentales  qui  ont  été  pu- 
bliées, on  remarque  :  1°  Sonates  pour  violon 
Seul,  op.  1  et  5,  Paris,  Troupenas  ;  op.  0,  Paris, 
Frey  ;  op.  11,  Paris,  Sieber.  Chacun  de  ces 
«oeuvres  est  composé  de  six  sonates.  2°  Duos 
pour  deux  violons,  op.  2  el  13;  Paris,  Sieber. 
3°  Trios  pour  deux  violons  el  basse,  liv.  I,  II 
et  III;  Londres,  Preslon  ;  Paris,  Bailleux. 
4"  Six  qualuors  pour  deux  violons,  viole  et 
basse,  op.  7  ;  Londres,  Preston.  5"  Six 
symphonies  pour  deux  violons,  viole,  basse, 
deux  hautbois  el  deux  cors,  op.  4;  ibid. 
G"  Six  idem,  op.  8;  ibid.  7°  Deux  œuvres  de 
mx  quintettes  pour  deux  violons,  deux  flûtes. 
cl  basse;  ibid. 

l'IJGJM  (Clsau),  compositeur  dramatique, 
élève  du  conservatoire  de  Milan,  né  vers  1810, 
a  fait  son  début  dans  le  monde  musical  par  la 
composition  de  quelques  airs  introduits  dans 
«les  opéras  d'autres  compositeurs,  tels  <|iie 
Fausla,  de  Donizelti,77  l'alegname  di  I.i- 
vonia,  de  Pacini.  Barbaja  lui  fit  aussi  écrire 
la  musique  de  plusieurs  ballets,  à  Vienne.  Au 
printemps  de  1832,  il  donna  à  Milan  son  pre- 
mier opéra  (la  Fendetta),  qui  ne  réussit  pas, 
parce  qu'il  fut  très-mal  chanté.  Dans  la  même 
année,  Pugni  écrivit  l'opéra  intitulé  Ricciardo 
di  Edimburg,  qui  fut  représenté  à  Triesle,  au 
mois  de  décembre,  cl  n'eut  pas  une  plus  longue 
existence.  Le  jeune  compositeur  lui  plus  heu- 
reux avec  le  Contrubundierc,  qu'il  fit  jouer 
à  Milan,  au  printemps  de  1833,  et  avec  le 
Diserlore  Suizzvro,  représenté  dans  la  même 
ville  el  dans  la  même  année.  Ce  sont  ses  meil- 


PUGNI  -  PUPPO 


tna 


leurs  ouvrages  el  ceux  dont  le  succès  a  été  le 
plus  honorable.  A  la  même  époque,  il  (il  aussi 
une  musique  nouvelle  polir  V/mboscata,  joué 
sans  succès  au  iliéâlre  Canobbiana  de  Milan. 
Wcigl  avait  écrit,  en  181T),  une  partition  sur 
ce  livret  pour  le  théâtre  de  la  Scala  :  il  y  avait 
entre  son  ouvrage  et  celui  de  Pugni  la  dis- 
tance d'un  mailie  à  un  écolier.  En  18Ô4, 
Pugni  écrivit  aussi  pour  le  théâtre  Canohhiana 
l'opéra  bouffe  Un'  Episodio  di San  Michèle, 
pitoyable  pot-pourri  de  contredanses  et  de 
valses.  Comme  beaucoup  de  musiciens  de  sa 
patrie,  Pugni  écrivait  avec  hâte  et  négligence, 
ne  pouvant  se  persuader  que  la  musique  est 
un  art  qu'il  faut  prendre  au  sérieux.  Cet 
artiste  a  composé  un  grand  nombre  de  ballets 
dont  les  litres  ne  me  sont  pas  tous  connus; 
je  citerai  seulement  :  1°  L'Jssedio  di  Calais. 
2°Pelia  Milelo.  5"  Jgamennone.  4"  Jdclaide 
di  Francia.50 Guglielmo  Tell.  6°  Esmeralda. 
7°  Catarina,  ossia  la  figlia  del  Bandilo,  avec 
un  autre  compositeur  de  musique  de  ballets, 
nommé  Bajclli. 

PUJOLÀS(J.),  d'abord  maître  de  musique 
d'un  régiment  d'infanterie,  puis  violoniste  et 
professeur  de  musique  à  Orléans,  mort  en 
1806,  a  fait  graver  de  sa  composition  :  l°Six 
duos  pour  violon  et  flûte,  op.  1  ;  Paris,  Im- 
bault.  2°  Sept  marches  pour  musique  mili- 
taire, op.  2;  ibid.  3"  Six  trios  pour  violon  ou 
flûte,  alto  el  basse,  op.  3,  livres  I  et  II  ;  ibid. 
4°  Six  idem,  op.  4;  ibid.  5°  Concerto  pour 
violon  etorcheslre  ;  Paris,  Pleyel.  6°  Six  duos 
pour  deux  flûtes,  op.  6;  Orléans,  Demar. 
7°  Six  quatuors  pour  flûte,  violon,  alto  et 
basse,  op.  8,  livres  I  el  II,  ibid.  Six  duos  pour 
deux  flûtes,  op.  9  ;  Paris,  Bonjour.  9°  Six  duo* 
pour  deux  violons,  op.  10,  livres  I  et  II  ; 
Orléans,  Demar. 

PULIASCHI  (Jean -Dominique),  né  à 
Rome  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  fut  chanoine  de  Sainte  -Marie  in  Cos- 
medin,  et  entra  dans  la  chapelle  pontificale, 
en  qualité  de  chapelain  chantre,  le  3  mai 
1612.  Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Mu- 
siche  a  voce  sola;  Rome,  Zannelli,  1618. 
2°  Gemma  musicale,  dove  si  contengono  ma- 
drigali,  arie,  canzoni  e  sonetti  a  una  voce 
con  il  basso  continuo  per  sonare;  Rome, 
161 8. 

PULITE  (François-Gabriel),  de  la  famille 
des  PULITI,  de  Monte  Pulciano,  fut  corde- 
lier  el  maître  de  chapelle  au  couvent  de  Saint- 
François  de  Pontremoli,  dans  les  premières 
années  du  dix-septième  siècle.  On  connaît  de 
sa  composition  :  1°  Sacra:  modulations  qua- 


tuor et  quinque  vocibus  ;  Parme,  Érasme 
Vioti,  1600.  2°  Integra  omn.  solemn.  f'es- 
pertina  Psalmodia  5  vocum;  Milan,  Simon 
Tini,  1602. 

PUI'I-I  (Pierre).  Un  compositeur  de  ce 
nom,  né  à  Naples,  el  qui  vécut  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  eut  une  certaine  répu- 
tation par  le  succès  d'un  opéra  intitulé  Cajo 
Mario  Coriolano ,  qu'il  fil  représenter  au 
théâtre  Sainl-Charles,  en  1745.  Deux  ans 
après,  le  même  ouvrage  fut  joué  au  théâtre 
S.  Cassiano,  de  Venise.  Je  n'ai  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste. 

PUFTJTO  (Jean).  Voxjez  STICH. 

PUPPO  (Joseph),  violoniste,  né  à  Lucques, 
le  12  juin  1749,  fit  ses  premières  études  au 
Conservatoire  de  S.  Onofrio,  à  Naples,  et 
s'adonna  ensuite  spécialement  au  violon,  sur 
lequel  il  acquit  de  l'habileté. Son  jeu  se  faisait 
particulièrement  remarquer  par  une  expres- 
sion douce  el  mélancolique.  Il  se  disait  élève 
deTartini;  mais  Laboussaye,  qui  avait  pris 
longtemps  des  leçons  de  ce  maître,  a  toujours 
affirmé  que  Puppo  n'avait  même  pas  élé  à 
Padoue.  En  177o,  il  fit  un  premier  séjour  à 
Paris,  mais  de  courte  durée,  parce  qu'il  reçut 
une  invitation  de  se  rendre  en  Espagne, 
pour  y  faire  de  la  musique  avec  un  frère  du 
roi.  De  là  il  passa  à  Lisbonne,  où  il  trouva 
un  protecteur  zélé  dans  l'ambassadeur  de 
Venise,  grand  amateur  de  musiqne,  qui  le 
présenta  dans  les  maisons  les  plus  opulentes. 
Charmés  par  le  talent  de  l'artiste,  les  maîtres 
de  ces  maisons  firent  une  souscription  magni- 
fique pour  le  concerl  qu'il  donna  quelque- 
temps  après.  Le  produit  de  ce  concert  fut  si 
considérable,  que  Puppo  crut  être  devenu  un 
riche  capitaliste,  et  donnant  en  cette  circons- 
tance une  preuve  manifeste  de  la  bizarrerie  de 
son  caractère,  il  se  rendit  au  port  de  Lisbonne, 
sans  avoir  revu  une  seule  personne  de  sa  con- 
naissance, et  se  jeta  sur  le  premier  vaisseau 
qui  partait,  sans  s'informer  de  sa  destination. 
Or,  le  navire  sur  lequel  il  se  trouvait  allait  en 
Angleterre.  Arrivé  à  Londres,  Puppo  y  vécut 
en  gentleman  avec  l'argent  qu'il  avait  gagné 
en  Portugal,  ne  s'occupant  pas  plus  de  mu- 
sique que  s'il  n'en  eût  jamais  fait  sa  profession. 
Cependant  son  trésor  s'épuisa,  et  le  violon 
dut  alors  venir  en  aide  à  celui  qui  l'avait  dé- 
daigné. Heureusement  il  ne  se  trouvait  alors 
aucun  violoniste  de  renom  à  Londres  :  n'ayant 
pas  à  craindre  de  rivalité,  Puppo  devint  bien- 
tôt l'artiste  à  la  mode  et  gagna  beaucoup 
d'argent.  Il  passa  quelques  années  dans  celle 
agréable  situation;  mais  l'inconstance  de  son 


140 


PUPPO 


caractère  lui  fit  quitter  brusquement  la  capi- 
tale de  l'Angleterre,  en  1784,  pour  retourner 
à  Paris,  où  il  fit  un  séjour  de  vingt-sept  années. 
En  1790,  ce  fut  lui  que  Violti  choisit  pour 
premier  violon  et  chef  d'orchestre  de  l'Opéra 
italien,  au  théâtre  de  Monsieur.  Lorsque  cet 
opéra  fut  supprimé  par  les  événements  de  la 
révolution ,  Puppo  resta  attaché  au  théâtre 
Feydeau  pendant  quelques  années,  puis  il 
entra  au  Théâtre  français  de  la  République 
et  en  dirigea  l'orchestre  jusqu'en  1799;  il 
ne  perdit  cette  place  qu'après  la  réunion 
des  comédiens  français  de  l'Odéon  et  de 
la  rue  de  Richelieu.  Il  s'était  marié,  pour  la 
troisième  fois,  avec  la  maîtresse  de  l'hôtel  où  il 
était  logé,  afin  de  n'avoir  plus  de  loyer  à 
payer.  Il  avait  épousé  autrefois  une  jeune  Es- 
pagnole, qui  mourut  dans  un  accouchement 
laborieux;  puis  il  avait  contracté  un  second 
mariage  à  Londres,  avec  une  belle  Anglaise, 
qui  ne  put  s'accoutumer  aux  bizarreries  de 
son  mari,  et  qui  divorça. 

Puppo,  qui  possédait  au  plus  haut  degré  le 
talent  d'accompagnateur,  fut  recherché  par 
les  amateurs  les  plus  distingués  de  cette  épo- 
que, au  nombre  desquels  étaient  madame  Zoé 
de  La  Rue,  Eugénie  de  Reaumarchais,  et  ma- 
dame Sophie  Gay.  Ces  relations  lui  procurè- 
rent beaucoup  d'élèves;  sa  position  paraissait 
assurée,  lorsque  tout  à  coup,  par  un  de  ces 
traits  de  folie  qu'on  remarqua  dans  toute  sa 
vie,  il  s'éloigna  secrètement  de  Paris,  en  1811, 
abandonnant  sa  femme  et  ses  enfants,  dont  il 
ne  s'informa  plus  jamais.  S'étanl  embarqué  à 
Marseille,  il  arriva  à  Naples,  où  il  eut  la  bonne 
fortune  d'être  employé  comme  premier  violon 
et  second  chef  d'orchestre  du  théâtre  Saint- 
Charles.  Quelques  années  se  passèrent  ainsi. 
En  1817  était  arrivé  le  moment  où  il  devait 
renouveler  son  engagement;  Rarbaja  lui  en 
envoya  le  modèle,  dans  lequel  il  avait  ajouté 
l'obligation  pour  l'artiste  de  diriger  la  mu- 
sique des  ballets.  A  la  lecture  de  ce  papier, 
Puppo  saisit  une  plume,  écrit  et  signe  celte 
phrase  :  Famé  e  morte,  si;  ma  ballo,  no! 
(la  faim  et  la  mort,  oui  ;  mais  la  danse,  non!) 
Dans  ce  premier  mouvement,  il  ne  s'était  pas 
souvenu  qu'il  n'était  plus  jeune  et  qu'il  avait 
peu  d'espoir  de  trouver  ailleurs  une  bonne 
position.  Rientôt  il  se  trouva  sans  ressource; 
il  se  décida  alors  à  retourner  dans  sa  ville 
natale;  mais  il  n'y  trouva  plus  une  seule  per- 
sonne de  sa  famille,  cl  la  petite  ville  de  Luc- 
ques  lui  offrit  encore  moins  de  ressources  que 
Naples.  Il  crut  qu'il  serait  plus  heureux  à 
Florence  et  s'y  rendit.  La  fortune,  en  effet, 


lui  tendit  encore  la  main,  en  lui  faisant 
trouver  dans  le  chevalier  Rernard  Damiani, 
amateur  violoniste  distingué,  un  protecteur 
qui  le  recueillit  dans  sa  maison  et  pourvut  à 
ses  besoins  pendant  deux  ans,  puis  lui  procura 
un  revenu  suffisant  dans  la  petite  ville  de  Pon- 
tremoli,  sous  la  condition  d'y  donner  des 
leçons  de  violon  à  un  certain  nombre  d'élèves. 
Puppo  arriva  dans  cette  ville,  en  1820,  et 
d'abord  tout  alla  au  mieux;  mais,  toujours 
incorrigible  et  ne  pouvant  s'accoutumer  à  sa 
nouvelle  position,  il  l'abandonna  à  la  fin  de  la 
seconde  année  et  retourna  à  Florence.  Alors  il 
eut  une  vie  misérable  et  fut  souventobligé  d'im- 
plorer l'assistance  de  ses  amis.  Enfin,  grâce  à 
la  générosité  de  M.  Edouard  Taylor,  professeur 
de  musique  au  collège  de  Gresham,  à  Londres, 
qui  se  trouvait  alors  à  Florence,  et  qui  paya 
sa  pension  dans  un  hospice,  Puppo  y  trouva 
un  asile  dans  l'hiver  de  1826.  Pour  se  sous- 
traire aux  atteintes  du  froid  qui,  celle  année, 
était  rigoureux,  il  ne  sortit  plus  de  son  lit.  Ses 
forces  déclinèrent  rapidement,  et  le  19  avril 
1827,  il  expira  à  l'âge  de  soixanle-dix-huit 
ans. 

Puppo  élait  doué  d'un  esprit  original  qui  se 
manifestait  dans  ses  paroles  comme  dans  sa 
conduite.  Arrêté  comme  suspect  en  1795,  il 
fut  conduit  au  comité  de  salut  public,  où  on 
lui  fit  subir  l'inlcrrogatoire  suivant  :  a  Votre 
»  nom?  —  Puppo.  —  Voire  profession?  —  Je 
»  joue  du  violon.  —  Que  faisiez-vons  sous  le 
»  règne  du  tyran?  —  Je  jouais  du  violon.  — 
»  Que  faites-vous  maintenant  ?  —  Je  joue  du 
»  violon.  —  Mais  si  la  République  a  besoin  de 
a  vos  services,  que  pouvez-vous  pour  elle?  — 
»  Je  jouerai  du  violon.  »  Le  sérieux  signifi- 
catif des  membres  du  comité  ne  tint  pas  contre 
la  singularité  de  ces  réponses,  faites  d'un  ton 
ferme  et  bref  :  Puppo  fut  acquitté.  Son  com- 
patriote Rlangini,  voulant  lui  faire  visite,  à 
son  arrivée  à  Paris,  et  ayant  découvert  sa  de- 
meure, non  sans  peine,  frappe  à  sa  porte. 
«  Qui  est  là?  —  Ami.  —  Je  n'ai  point 
»  d'amis.  »  Et  sa  porte  demeura  close.  On 
connaît  ce  mot  si  jusle  et  si  fin  par  lequel  il  a 
caractérisé,  de  la  manière  la  plus  heureuse,  le 
talent  de  deux  grands  compositeurs  :  Boccfie- 
rini,  disait-il,  est  la  femme  de  Haydn.  Mal- 
heureusement il  aimait  trop  le  vin,  et  ses  fré- 
quentes libations  mettaient  souvent  sa  bourse 
à  sec.  Le  confortable  de  son  logement  et  de 
son  mobilier  se  ressentait  de  sa  gène  habi- 
tuelle. Deux  chaises,  une  table,  un  lit,  com- 
posaient tout  son  luxe.  Il  avait  la  manie  de 
changer  souvent  de  gîte;  mais  ses  déménage- 


PUPPO  -  PURCELL 


141 


ments  ne  lui  causaient  aucun  souci.  Jamais  il 
ne  retenait  de  chambre;  ses  préparatifs  con- 
sistaient à  faire  mettre  les  meubles  dont  il 
vient  d'être  parlé  sur  une  charrette  à  bras. 
Lui-même  portait  son  violon,  marchant  devant 
la  charetle  et  s'arrêlant  devant  chaque  écri- 
teau,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  Jrouvé  une  chambre 
qui  lui  plût.  Il  s'y  installait  immédiatement, 
et  peu  de  temps  après  recommençait  le  même 
manège. 

On  a  gravé  de  la  composition  de  cet  artiste  : 
1°  Trois  duos  pour  deux  violons;  Paris, 
Beaucé.  2°  Deux  concertos  pour  violon  et  or- 
chestre; Paris,  Bailleux.  5°  Huit  fantaisies  ou 
études  pour  le  violon;  Paris,  Sieber.  4°  Six 
fantaisies  pour  le  piano;  Paris,  Godefroy. 

PURCELL  (Henri),  né  à  Londres,  en 
1658,  était  fils  d'un  musicien  de  la  chapelle 
de  Charles  II.  Il  y  a  peu  de  renseignements 
sur  son  éducation  musicale;  cependant,  son 
père  étant  mort  en  1664,  lorsqu'il  n'était  âgé 
que  de  six  ans,  on  croit  qu'il  entra  comme 
enfant  de  chœur  à  la  chapelle  royale,  où  il 
reçut  des  leçons  de  Cooke,  puis  de  Pelham 
Humphrey.  Le  docteur  Blow  fut  ensuite  son 
maître  de  composition.  Ses  progrès  furent  si 
rapides,  qu'il  composa  plusieurs  antiennes 
pendant  qu'il  était  encore  enfant  de  chœur. 
A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  fut  choisi  comme 
organiste  de  l'abbaye  de  Westminster,  et  la 
place  d'organiste  de  la  chapelle  royale  lui  fut 
accordée  en  1684.  C'est  de  cette  époque  que 
datent  ses  meilleures  compositions  pour 
l'église,  et  que  sa  réputation  s'étendit  dans 
toute  la  Grande-Bretagne.  La  supériorité  in- 
contestable de  sa  musique  sur  tout  ce  qu'on 
avait  écrit  depuis  longtemps  en  Angleterre; 
le  caractère  d'originalité  qu'on  y  remarquait 
et  la  variété  des  formes  firent  rechercher  ses 
ouvrages  par  tous  les  maîtres  de  chapelle.  Dès 
1677,  il  s'était  aussi  fait  connaître  au  théâtre 
par  l'ouverture  et  les  airs  qu'il  écrivit  pour  le 
drame  intitulé  Abelazôr.  Purcell  fut  le  pre- 
mier compositeur  anglais  qui  introduisit  les 
instruments  dans  la  musique  d'église,  car 
avant  lui  on  n'employait  que  l'orgue  pour  l'ac- 
compagnement des  voix;  il  montra  dans  son 
instrumentation  autant  de  conceptions  nou- 
velles que  dans  le  caractère  de  sa  musique  vo- 
cale. Parmi  ses  œuvres  religieuses,  son 
Te  Deum  et  son  Jubilate  sont  particulière- 
ment remarquables  par  la  majesté  du  style; 
mais  pour  apprécier  le  mérite  de  ces  compo- 
sitions, il  est  nécessaire  de  se  reporter  au 
temps  où  l'auteur  écrivit,  et  de  leur  comparer 
la  situation  de  l'art  à  cette  époque   en   An- 


gleterre. De  nos  jours,  elles  laissent  désirer  à 
l'audition  plus  de  suavité  dans  la  mélodie,  un 
retour  moins  fréquent  des  mêmes  cadences 
harmoniques,  et  plus  de  variété  dans  les 
rhylhmes.  En  cela,  elles  participent  du  style 
de  Carissimi,  que  Purcell  paraît  avoir  étudié 
avec  soin.  Il  y  a  aussi  de  l'embarras  dans  le 
mouvement  des  parties  de  son  harmonie,  et 
celle-ci  est  souvent  incorrecte.  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  certainement  le  plus  grand  musi- 
cien qu'ait  produit  l'Angleterre.  Il  s'est 
exercé  dans  tous  les  genres,  et  dans  tous  il 
s'est  montré  artiste  de  génie  :  toutefois,  il  ne 
faut  pas  adopter  le  jugement  des  écrivains  an- 
glais lorsqu'ils  le  comparent  à  Scarlatti,  à 
Keiser,  et  lui  donner  la  préférence  sous  le  rap- 
portde  l'invention  :  ceux-là  furent  des  maîtres 
sans  reproche.  Sa  fécondité  inspire  de  l'éton- 
nement,  lorsqu'on  songe  que  son  existence  n'a 
pas  été  an  delà  de  la  trente-septième  année, 
car  il  mourut  le  21  novembre  1695. 

Une  partie  des  productions  dramatiques  de 
Purcell  a  été  publiée  dans  une  collection  qui 
a  pour  titre  :  A  Collection  of  ayres  compo- 
sed  for  the  théâtre  and  on  other  occasions, 
by  the  late  M.  Henry  Purcell  (Collection  de 
morceaux  composés  pour  le  théâtre  et  dans 
d'autres  occasions,  par  feu  maître  Henri  Pur- 
cell); Londres,  1697.  Les  drames  et  opéras 
dont  on  trouve  des  morceaux  dans  ce  recueil 
sont  ceux  dont  les  titres  suivent  :  1°  Abelazôr, 
représenté  en  1677.  2°  The  virtuous  Wife  (la 
Femme  vertueuse),  1680.  3°  Indian  Queen 
(la  Beine  indienne),  dont  la  première  partie  de 
l'ouverture  égale,  suivant  Burney,  les  meil- 
leures productions  de  Hsendel.  4°  Dioctétien 
ou  le  Prophète,  1690.  5°  King  Arthur  (le  roi 
Arthur),  1691.  On  ne  connaissait  cet  ouvrage 
que  par  les  extraits  de  la  collection  citée  plus 
haut;  mais  M.  Edouard  Taylor  en  a  retrouvé 
la  partition  complète,  et  en  a  fait  le  sujet  de 
deux  lectures  publiques,  à  Londres,  les  11  et 
12  mai  1840.  Suivant  l'opinion  de  ce  savant 
professeur,  leRoi  Arthur  est  une  composition 
de  l'ordre  le  plus  élevé,  eu  égard  au  temps  où 
railleur  vivait.  Cet  ouvrage  a  été  publié  dans 
la  collection  anglaise  des  Antiquaires  musi- 
ciens. 6°  Amphitryon ,  1691.  7°  Gordian 
knot  unlied  (le  Nœud  gordien  délié),  1691. 
8°  Distressed  Innocence,  or  the  Princess  of 
Persia  (l'Innocence  malheureuse,  ou  la  Prin- 
cesse de  Perse),  1691.  9°  The  Fairy  Queen 
(la  Beine  des  fées),  1692.  lQ°Theold  Bachelor 
(le  vieux  Bachelier),  1693.  11°  The  Married 
beautifull  (le  beau  Marié),  1694..  12°  The 
double  Dealer  (le  Fourbe),  1694. 13°  Bonduca, 


142 


PURCELL  -  PUSTKUCIll.N 


1 095,  une  ries  meilleures  productions  de  Pùr- 
cell,  publiée  dans  la  collection  des  Antiquaires 
musiciens,  13°  (bis)  Dido  and  JEneas:  ibid. 
Parmi  les  compositions  dramatiques  de  cet 
artiste  dont  on  ne  trouve  pas  d'extrait  dans 
la  collection  citée  plus  haut,  on  remarque  : 
14"  Timon  d'Jlhènes,  1G78.  15°  Theodosius, 
or  the  Force  ofLove  (Théodose,  ou  la  Force  de 
l'Amour),  1G80.  10°  La  Tempête,  de  Dryden, 
1090.  \l"Don  O?nc/io«c,1 694.  Purcell  a  publié 
en  partition,  chez  Playford,  à  Londres,  les  mor- 
ceaux de  musique  qu'il  avait  composés  pour 
un  divertissement  théâtral,  représenté  en  1G8Ô, 
et  pour  la  tragédie  iVŒdipe,  en  1692.  Il  a 
aussi  publié  lui-même,  en  1684,  sa  musique 
pour  la  fête  de  Sainte-Cécile,  exécuté  le  22  no- 
vembre de  l'année  précédente,  et,  en  1691,  la 
partition  de  son  opéra  sérieux  Dioclétien.  Il 
avait  fait  paraître,  en  1685,  douze  sonates 
pour  deux  violons  et  basse  continue. 

Quoique  Purcell  eût  écrit  beaucoup  de  mor- 
ceaux détachés  pour  le  chant,  on  n'en  avait 
publié  qu'un  petit  nombre  pendant  sa  vie;  ils 
avaient  paru  dans  la  collection  de  Playford, 
intitulée  :  The  Théâtre  of  music  (Londres, 
1G87).  Après  la  mort  de  Purcell,  sa  veuve 
réunit  tout  ce  qu'il  avait  laissé  en  ce  genre, 
et  en  donna  la  collection  sous  le  titre  d'Or- 
pheus  britannicus  (Londres,  169G).  Cette 
édition  était  remplie  de  fautes  grossières  ;  il 
en  fut  donné  une  meilleure  en  1702;  mais 
elle  ne  contient  pas  toutes  les  pièces  de  la  pre- 
mière. Playford  publia,  dans  la  même  année, 
le  deuxième  volume  de  VOrpheus  britanni- 
cus. La  veuve  du  compositeur  fit  aussi  paraître 
successivement  :  1°  Une  suite  de  dix  sonates 
pour  le  clavecin,  dont  la  neuvième  est  connue 
sous  le  titre  de  Golden  Sonata  (Sonate  d'or), 
à  cause  de  son  mérite.  2"  Leçons  pour  le  cla- 
vecin. 5°  Les  fameux  Te  Deum  et  Jubilale, 
et  quelques  antiennes  dans  V  Harmonia 
sacra  de  Playford. 

Une  grande  quantité  de  musique  de  Purcell 
était  restée  en  manuscrit;  Vincent  Novello 
(voyez  ce  nom)  l'a  recueillie  avec  soin  et 
en  a  publié  une  belle  édition  complète,  en 
soixante-douze  livraisons  grand  in-folio,  pré- 
cédées d'une  notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
du  compositeur  (en  quarante -quatre  pages 
in-."olio),  et  de  son  portrait.  Celte  collection  a 
pour  titre  :  Purcell's  sacred  Music  edited  by 
Pincent  iYovello;  Londres,  1820-1806. 

PURCELL  (Dahiel),  frère  du  précédent, 
fut  pendant  quelques  années  organiste  du 
Collège  de  la  Madeleine,  à  Oxford,  puis  rem- 
plit  les  mômes  fondions  à  l'église  Saint-An- 


dré de  Ilolborn.  En  1697,  il  écrivit  la  musique 
de  Brutus  àJlbe,ou  le  Triomphe  d'Auguste, 
qui  fut  représenté  à  Dorset-Garden.  On  cite 
de  lui  un  autre  opéra  intitulé  :  Love's  Pa- 
radise  (le  Paradis  de  l'Amour),  et  la  Prin- 
cesse d'Islande,  qu'il  composa  en  société  avec 
Leveridge.  Purcell  écrivit  aussi  quelques  mor- 
ceaux détachés  pour  des  comédies.  C'était  un 
musicien  de  peu  de  mérite. 

PURIFICAM  (Jean  DE),  chanoine  régu- 
lier et  maître  de  chapelle  du  monastère  de 
Sainl-Éloi,  à  Lisbonne,  naquit  en  cette  ville  et 
mourut  le  19  janvier.!  651.  lia  laissé  en  manu- 
scrit beaucoup  de  compositions  pour  l'église. 

PURMANN  (Jean-Geouges),  recteur  du 
collège  de  Francfoi  l-sur-le-Mein,  mort  le 
11  décembre  18Iô,  est  auteur  d'une  disserta- 
lion  intitulée  :  Antiquitates  mnsicx;  Franc- 
fort, 1776,  in-4°de  vingt-quatre  pages. 

PUSCIIMANN  (Auam),  né  en  Silésie  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle,  était 
cordonnier  de  profession,  mais  avait  appris  la 
musique.  Vers  1570,  il  fut  appelé  à  Gœrlitz, 
en  qualité  de  cantor.  Dix  ans  après,  il  était 
établi  à  Breslau,où  il  parait  avoir  terminé  ses 
jours.  On  a  de  lui  un  livre  sur  un  sujet  inté- 
ressant, intitulé  :  Griindlicher  Bericht  des 
deutschen  jVeister-Gesœnge  (Renseignements 
précis  sur  l'art  des  maîtres  chanteurs  alle- 
mands) ;  Gœrlitz,  1571,  in-4°.  Forkel  indique 
une  autre  édition  du  même  ouvrage  (Allgem. 
Litter.  der  Musik,  p.  122),  sous  ce  titre  : 
Traclalus  von  der  edlrn  Kunst  der  Meister- 
Sxnger;  Gœrlitz,  1572;  enfin,  M.  de  Slelten 
en  cite  une  troisième  qui  aurait  été  publiée  en 
1574,  in-4°  (Histoire  de  l'art,  p.  551).  Si 
toutes  ces  éditions  sont  réelles,  il  y  a  eu  peu 
d'exemples  d'un  pareil  succès  à  celle  époque 
reculée.  M.  Hoffmann  indique  (dans  son  Livre 
sur  les  inusiciens  de  la  Silésie)  l'oratorio  de 
Jacob  et  Joseph,  composé  par  Puschmann,  et 
dont  il  existe  deux  manuscrits  dans  les  biblio- 
thèques de  Breslau. 

PLSCiniAINN  (Joseph),  musicien  au  ser- 
vice du  prince  de  Schafgotsch,  à  Johannisherg, 
en  Silésie,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Il  a  laissé  en  manuscrit  : 
1°  Concerto  pour  violon.  2"  Deux  symphonies 
à  grand  orchestre.  -""Trois  quatuors  pour  deux 
clarinettes  el  deux  cors.  4"  Trois  pièces  en 
harmonie  pour  deux  clarinettes,  deux  cors  et 
deux  bassons.  5°  Quatre  trios  pour  flûte 
d'amour,  ^  iole  el  basse. 

IHiSTkl  CHEIN  (Antoimk-IIssbi),  né  le 
lfj  février  1761,  •>  Blomherg,  dansle  comté  de 
la  Lippe, obtint, en  1790.  les  ph.ces  de  cantor, 


PUSTKUCHEN  —  PUYLL01S 


14." 


d'organisle  et  professeur  de  musique  au  sémi- 
naire de  Detmold.  Il  est  mort  dans  celle  ville, 
en  1830,  après  avoir  rempli  ses  fonctions  pen- 
dant quarante  ans.  On  a  de  ce  musicien  un 
ouvrage  élémentaire  intitulé  :  Anleitung  voie 
Singechœre  auf  de  m  Lande  zu  bilden  sind 
(Instruction  pour  former  des  chœurs  de  clianls 
à  la  campagne);  Hanovre,  1810,  in-8".  Une 
deuxième  édition  de  ce  livre  a  été  publiée  en 
1815.  Pustkuchen  est  aussi  auteur  d'un  livre 
choral  pour  le  comté  de  la  Lippe,  publié  à  Ha- 
novre, in-4°.  Enfin,  il  a  fait  paraître  des  mor- 
ceaux de  chant  et  des  chœurs,  à  l'usage  des 
écoles;  Detmold,  1812,  in-4°. 

PUTIFil  (Bartmolomé),  chanteur  distin- 
gué, né  en  Italie  vers  1750,  fut  attaché  au 
théâtre  de  la  cour  de  Dresde  pendant  quelques 
années,  puis  entra  au  service  de  l'empereur 
de  Russie,  à  l'époque  de  la  guerre  de  sept 
ans.  Il  se  trouvait  encore  à  Pétersbourg,  en 
1766. 

PITTE  (Henri  VAN  DE),  dont  le  nom 
latinisé  est  PUTEANUS,  et  que  les  biogra- 
phes français  appellent  DUPUY,  naquit  à 
Venloo,  le  4  novembre  1574.  Il  fit  ses  huma- 
nités à  Dordrecht,  étudia  la  philosophie  à  Co- 
logne et  le  droit  à  Louvain,  sous  Juste  Lipse, 
avec  qui  il  se  lia  d'une  étroite  amitié.  Ce  fut 
aussi  dans  cette  dernière  ville  qu'il  se  livra  à 
l'élude  de  la  musique,  conlre  l'avis  de  Juste 
Lipse,  qui  n'aimait  point  cet  art.  Van  de 
Putle  se  rendit  ensuile  en  Italie,  pour  y  visiter 
les  principales  académies;  il  s'arrêta  d'abord 
à  Milan,  puis  à  Padoue,  où  il  accepta  une 
chaire  d'éloquence,  en  1601.  Presque  dans  le 
même  temps,  il  fut  nommé  historiographe  du 
roi  d'Espagne,  et  deux  ans  après  il  reçut  le 
diplôme  de  citoyen  romain,  et  fut  agrégé  doc- 
leurà  la  facullé  de  droit.  Ces  distinclions  flat- 
leuses  l'avaient  déterminé  à  se  fixer  en  Italie, 
et  il  s'y  était  même  marié  (en  1604),  lorsque 
la  chaire  de  belles-lettres  à  l'université  de 
Louvain  lui  ayant  été  offerte,  après  la  mortde 
Jusie  Lipse  (1606),  il  saisit  celle  occasion  pour 
se  rapprocher  de  sa  famille  et  de  son  pays. 
L'archiduc  Albert  le  nomma  un  de  ses  conseil- 
lers, et  lui  confia  le  gouverncmentdu  château 
de  Louvain,  où  il  mourut  le  17  septembre 
1646. 

L'imperfection  de  la  méthode  des  hexa- 
eordes  attribuée  à  Guido  d'Arezzo,  et  les  dé- 
fauts de  la  solmisation  par  les  muances  qui 
en  étaient  le  résultat,  avaient  été  remar- 
qués depuis  longtemps;  plusieurs  musiciens 
avaient  même  tenté  de  remédier  à  ces  défauts, 
proposant  l'addition  d'un  septième  nom  de  noie 


aux  six  premiers.  Van  de  Putte,  revenant  sili- 
ce sujet,  écrivit  un  livre  pour  démontrer  la 
nécessité  d'une  septième  syllabe,  qu'il  appelle 
6»'.  L'ouvrage  où  il  traite  celle  question  est 
inlilulé  :  Modulata  Pallas,sive  septem  dis- 
crimina vocum,  ad  hartnonicsê  lectionis 
usum  aptala  philologo  quodafn  fdo;  Milan, 
1599,  in-8°.  Il  est  divisé  en  vingt  chapitres, 
qui  furent  réduits  à  dix-sept  dans  la  seconde 
édition,  publiée  sous  ce  titre  :  JUusathena, 
seunotarum  heptas,ad  harmonica;  lectionis 
novum  et  facilem  tisum;  Francfort,  1602, 
in-12.  C'est  dans  celle  forme  et  sous  ce  litre 
qu'il  fut  inséré  dans  le  second  volume  des 
oeuvres  de  Van  de  Pulte  (p.  109-197),  inti- 
tulé :  Amœnitatum  humanarum  dia- 
triba  XII ,  operum  omnium,  lomus  sc- 
enndus;  Francfort,  1615,  in-12.  Van  de 
Putle  avait  donné  précédemment  un  abrégé 
de  son  livre,  sous  le  tilre  de  Pleias  musica; 
Venise,  1600,  in-12,  dont  il  y  a  une  seconde 
édition  intitulée  :  Iter  Nonianum,  seu  dia- 
logus,  qui  Musathena  (1)  epitomen  compre- 
hendit,  ad  clarissimum  V.  Ludov.  Sevta- 
lium ,  patricium  et  medicum  mediol.  ; 
Francfort,  1601,  in-12,  et  une  troisième,  pu- 
bliée à  Hanovre,  1602,  in-8°  de  cinq  feuilles 
et  demie.  On  le  trouve  aussi  dans  les  Amœ- 
nitat.  humanar.,  p.  188-409.  Cet  abrégé  est 
un  entrelien  de  l'auteur  avec  Arnold  Cathius, 
l'un  de  ses  amis;  Nonianum  est  le  nom  d'une 
maison  de  campagne  qu'ils  allaient  voir,  et 
qui  avaient  appartenu  à  Bembo. 

PUYLLOIS  (Jean),  ou  plutôt  PULLOYS, 
musicien  belge  du  quinzième  siècle,  est  cité  par 
Tincloris,  dans  le  douzième  chapitre  du  troi- 
sième livre  de  son  Proportionnaire  de  mu- 
sique, pour  une  faute  de  notation  proportion- 
nelle que  Le  Rouge  (communément  appelé 
Rubeis)  et  lui  ont  faite,  le  premier  dans  une 
messe  intitulée  :  Mon  Cuer  (cœur)  pleure,  et 
Puyllois  dans  Vin  terra  pax  de  sa  messe  du 
plagal  du  troisième  ton  irrégulier  (2).  Aucune 
composition  de  ce  musicien  n'a  été  trouvée 
jusqu'à  ce  jour;  mais  il  se  peut  qu'on  en  dé- 
couvre dans  l'avenir  :  ce  motif  m'a  fait  prier 
mon  confrère  et  ami,  M.  le  chevalier  Léon  de 
Burbure,  de  vouloir  bien  faire  des  recherches 
dans  les  archives  de  la  cathédrale  d'Anvers, 
source  précieuse  de  renseignements  concer- 
nant les  artistes  belges  des  quinzième  et  sei- 

(1)  Il  semblerait,  d'après  ce  litre,  que  la  Musathena 
avait  eu  une  édition  antérieure  à  celle  de  1(Ï02. 

(2)  Quod  licet  faciant  Le  Rouge  et  Puyllois  in  missis 
Mon  cuer  pleure,  et  in  quodatn  Et  in  terra  pax  plagalis 
autlienli  triti  irregularis,  tamen  est  intoleraljile  {Tiw- 
toris  provortionule,  tib.  III,  cap.  2). 


^u 


PUYLLOIS  —  PYTHAGORE 


zième  siècles.  Avec  la  sagacilé  et  la  patience 
qui  le  distinguent,   M.  de  Burbure  a  dépassé 
mon  attente  dans  ses  découvertes,  desquelles  il 
résulte  :  l°que  le  nom  de  l'artiste  dont  il  s'agit 
est  écrit  de  ces  différentes  manières  dans  les 
registres  :  Pylois  ,  Puyllois ,  Pillois ,  Pul- 
loys,  et  que  celte  dernière    est   préférable, 
parce  qu'elle  coïncide  avec  la  plupart  des  do- 
cuments contemporains;  2°  que  cette  forme 
est  aussi  celle  qui  explique  le  mieux  le  sobriquet 
flamand  de  Jean  Kie  (traduction  de    Jean 
Poulet,  ou  Pulloys,  pullus  en   latin),  qu'on 
parait  lui  avoir  donné  lorsqu'il  n'était  encore 
qu'enfant  de  cliœur.  Ce  nom  Joannes  Kie  ou 
Kye  figure  dans  les  comptes  des  chapelains, 
les  premières  années  où  Jean  Pulloys  prend 
part  aux  services  en  déchant,  c'est-à-dire  en 
1442  et  144o;  mais  dès  1444,  il  est  remplacé 
par  le  nom  véritable  de  l'artiste;  3°  que  Pul- 
loys  n'était   à   celle  époque  ni  chapelain,  ni 
prêtre,  mais  qu'il  était  simplement,  comme 
Okeghem,  son   condisciple,  vicaire  musicien 
laïque;  il  ne  reçut  la  prêtrise  que  plusieurs  an- 
nées après;  4°  qu'il  prit  part  aux  offices  en 
musique  de  la  collégiale  jusqu'à   la   fin   de 
1447,  mais  qu'après  la  Noël  de  celle  année,  son 
nom  disparaît  des  listes  de  présence  du  corps 
des  chapelains;  5°  que  plus  lard,  mailre  Jean 
Pulloys  fait  partie  de  la  chapelle  du  duc  de 
Bourgogne,  où,  en  1463,  il  occupait  la  place  de 
premier  chapelain  (primus  capellanus  Do- 
mini  Ducis),  et  qu'alors  il  est  prêtre  et  quali- 
fié de  maître  es  arts;  6°  qu'il  revint  la  même 
année  à  Anvers,  où  le  chapitre  lui  donna  un 
canonicat  dans  l'église  où  il  avait  commencé 
sa  carrière  musicale,  et  qu'il  y  retrouva  Bar- 
bireau,  Wyngaert,  Jacolïn  (voyez  ces  noms) 
et  d'aulres  excellents  musiciens,  ses  anciens 
amis;  enfin,  que  depuis  cette  époque,  Pulloys 
ne  quitta  plus  cette  position;  7°  et  finalement, 
que  dans  son  testament,  passé  le  18  juin  1478, 
il   est  qualifié  de  f'enerabilis  vir  Dominus 
Johannes  Pulloys,  et  qu'il  mourut  deux  mois 
après  (2ô  août  1478). 

PYIlAT\UItE,  musicien  grec,  cité  par 
Athénée  (liv.  XIV,  c.  9),  a  écrit  un  Traité  des 
joueurs  de  flûte  qui  n'est  pas  venu  jusqu'à 
nous. 

PYTHAGORE,  philosophe  illustre,  na- 
quit à  Samos,  dans  la  49""  olympiade,  c'est-à- 
dire  environ  580  ans  avant  l'ère  chrétienne. 
La  vie  de  ce  sage  est  environnée  de  ténèbres 
et  de  fables  :  ce  qui  [tarait  avoir  quelque  certi- 
tude dans  les  faits  qui  le  concernent  se  réduit 
à  ce  qui  suit  :  Son  précepteur  fut  Ucrmndamus, 
disciple  de  Créophilc,  qui  avait  accordé  l  hos- 


pitalité à  Homère;  plus  lard  il  devint  l'élève 
de  Phérécide.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  quitta 
sa   patrie    pour  voyager  en    Phénicie  et  en 
Egypte.  Après  un  long  séjour  près  des  prêtres 
d'Héliopolis  et  de  Memphis,  il  retourna  en 
Grèce,  visita  Sparte  pour  s'instruire  de  ses 
lois,  arriva  à  Samos,  alors  gouvernée  par  le 
tyran  Polycrate,  et  enfin  passa  en  Italie  et  se 
fixa  à  Crolone,  où  il  eut  de  nombreux  disciples 
qui  se  faisaient  initier  à  une  sorte  de  culte  se- 
cret, établi  par  le  mailre.  Ce  qu'on  rapporte 
de  l'institut  fondé  par  Pylhagore  est  si  rempli 
de  merveilleux,  qu'il  serait  aujourd'hui  à  peu 
près  impossible  d'y  démêler  la  vérité  ;  on  sait 
seulement  avec  certitude  qu'à  la  suite  d'une 
émeute,  les  Crotoniates  attaquèrent  les  pytha- 
goriciens réunis  dans  la  maison  de  Milon,  l'un 
d'eux  ;  que  la  plupart  périrent,  et  que  Pytha  - 
gore  lui-même  n'échappa  au  danger  que  par 
la  fuite.  Mais  la  persécution  contre  les  pytha- 
goriciens s'étant  étendue  dans  les  autres  villes 
d'Italie,  il  trouva  la  mort  à  Métaponte. 

Il  y  a  peu  de  certitude  sur  ce  qu'on  rapporte 
de  la  doctrine  de  Pythagore,  car  il  ne  parait 
pas  avoir  écrit,  et  la  tradition  qui  l'a  trans- 
mise jusqu'aux  écrivains  les  plus  respectables 
de  l'antiquité,  l'a  sans  doute  modifiée  et  al- 
térée.  Ce   qu'on    en    sait    n'a    de  caractère 
d'authenticité  que  par    quelques    fragments 
de  Philolaus,  par  le  Timée  de  Platon,  et  par 
cequ'Arisloteen  rapporte;  car  celte  doctrine 
a   subi  de    si    importantes    altérations    dans 
l'école  d'Alexandrie  et  dans   la   philosophie 
néoplatonicienne,  qu'on  ne  peut  accorder  une 
confiance  entière  aux  asserlionsde  Jamblique, 
de  Porphyre  et  de  quelques  autres.  Ce  qui  pa- 
rait certain  et  hors  de  toute  discussion,  c'est 
que  Pythagore  et  ses  disciples  immédiats  con- 
sidéraient le  monde  comme  un  tout  harmo- 
nieusement ordonné,  en  ce  que  des  propor- 
tions numériques  établissaient  des   rapports 
exacts  entre  le  tout  et  ses  parties.  Les  nombres 
étaient  donc  considérés  dans  la  doctrine  py- 
thagoricienne comme  l'âme  du  monde;  et  la 
perfection  des    rapports   qu'ils    établissaient 
entre  toutes  choses  constituait  l'harmonie  uni- 
verselle, qui  régissait  les  mouvements   des 
astres  comme  les  moindres  atomes  de  la  créa- 
tion. Suivant  celte  théorie,   les  astres,  dans 
leurs    révolutions  ,     formaient    un    concert 
de  consonnances  analogue  à  celui  que  les  sons 
de  la  musique  font  entendre  entre  eux  (voyez 
sur  ce  sujet  les  articles  de  PiiilolaUs,  Tuée 
deLociies,  Platon,  Ptolémée,  Machobe,  Cen- 
sonin  et  Kepler).  La  découverte  des  propor- 
tions numériques  de  quelques-uns  des  inlcr- 


PYTHAGORE  —  PYTHOCLIDE 


1« 


valles  de  la  musique  est  attribuée  à  Pythagore. 
Nicomaque  rapporte  à  ce  sujet  une  anecdote 
dans  son  Traité  de  musique  (p.  11,  éd.  Mei- 
bom),  qui  a  été  répétée  par  beaucoup  d'écri- 
vains, sans  faire  remarquer  que  le  fait  en  lui- 
même  porte  la  preuve  de  sa  fausseté.  Suivant 
ce  théoricien,  Pythagore,  passant  devant 
l'atelier  d'un  maréchal,  fut  étonné  d'entendre 
les  marteaux  des  forgerons  produire  les  con- 
sonnances  de  l'octave,  de  la  quinte,  de  la 
quarte,  et  la  dissonance  du  ton  ou  seconde 
majeure.  Cette  singularité  remarquable  le  fit 
entrer  dans  la  boutique  du  maréchal  ;  il  pesa 
les  marteaux  et  vit  que  la  différence  des 
sons  provenait  de  celle  de  leurs  poids.  Alors  il 
prit  quatre  cordes  de  même  matière,  d'égale 
longueur  et  grosseur,  les  tendit  et  y  suspendit 
des  poids  égaux  à  ceux  des  marteaux;  il  trouva 
que  la  corde  tendue  par  un  poids  de  douze 
livres  sonnait  l'octave  de  celle  qui  n'était 
tendue  que  par  un  poids  de  six  livres,  d'où  il 
tira  la  proportion  2  :  1  pour  celle  de  l'octave. 
La  corde  tendue  par  un  poids  de  huit  livres 
sonnait  la  quinte,  d'où  la  proportion  de  3  :  2. 
La  corde  tendue  par  un  poids  de  neuf  livres 
faisait  entendre  la  quarte,  d'où  la  proportion 
4  :  5  ;  enfin  les  cordes  tendues  par  huit  et  par 
neuf  livres  donnaient  la  proportion  du  ton 
majeur.  Ainsi  se  trouva  expliqué  lephénomène 
qui  avait  frappé  l'oreille  de  Pythagore  à  l'au- 


dition des  coups  de  marteaux  des  forgerons. 
Il  est  pourtant  évident  que  ce  n'étaient  point 
les  marteaux  qui  vibraient  lorsqu'ils  frappaient 
le  fer,  mais  l'enclume,  eleonséquemment  que 
leurs  poids  ne  pouvaient  exercer  d'influence 
que  sur  l'intensité  et  non  sur  l'intonation  des 
sons.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  proportions  numé- 
riques des  intervalles  d'octave,  de  quinte  et 
de  quarte  sont  attribuées  à  Pythagore  depuis 
la  plus  haute  antiquité,  ainsi  que  le  principe 
qui  lui  faisait  rejeter  le  témoignage  de 
l'oreille  dans  l'appréciation  de  la  justesse  de 
ces  intervalles,  et  n'admettait  que  le  calcul 
comme  critérium  de  cette  justesse. Longtemps 
après,  Aristoxène  {voyez  ce  nom)  soutint  une 
doctrine  contraire. 

Aristide  Quintilien  attribue  à  Pythagore 
l'invention  de  la  notation  grecque  de  la  mu- 
sique en  usage  de  son  temps  (De  Jilusica, 
lib.  I,  p.  28,  apud  flleibom.)  ;  mais  celle  qui 
est  connue  sous  son  nom  n'est  qu'une  modi- 
fication d'une  autre  plus  ancienne  (voyez 
à  ce  sujet  un  Mémoire  de  Perne,  dans  la 
Revue  musicale,  t.  III,  pp.  433-441 ,  et  les 
planches). 

PYTIIOCLIDE,  joueur  de  flûte,  fut  l'in- 
venteur du  mode  mixolydien.  Arislote,  cité 
par  Plularque(tn  Pericl.,p.  280, lin. 5e,  edit. 
Steph.  Grxc.)}  assure  qu'il  fut  le  maître  de 
musique  de  Périclès. 


Binon.   IIMV.   DES  MUSICIENS.  T.   \t\ 


IC 


Q 


QUADRI  (Dominique),  professeur  de  musi- 
que, né  à  Vicence,  dans  les  derniers  mois  de 
1801,  fit,  dans  sa  jeunesse,  de  bonnes  éludes  lit- 
téraires et  scientifiques.  La  musique  ne  fut  d'a- 
bord pour  lui  qu'un  objet  d'agrément;  mais  plus 
tard  il  résolut  de  se  livrer  sans  réserve  à  la  cul- 
ture de  cet  art.  La  position  de  son  père,  con- 
seiller-secrétaire du  gouvernement  à  Venise,  lui 
fournit  l'occasion  de  recevoir,  dans  cette  ville,  des 
leçons  du  P.  Marsand  (voy.  ce  nom)  ;  puis  Qua- 
dri  se  rendit  à  Bologne,  et  y  compléta  son  ins- 
truction musicale  sous  la  direction  de  Marchés!, 
de  Donelli  et  de  Pilotti,  tous  élèves  de  Maltei 
(voy.  ce  nom).  L'esprit  d'analyse,  par  où  se 
distinguait  le  jeune  Quadri,  lui  fit  bientôt  aper- 
cevoir les  défauts  de  la  métbode  roufinièrede  ses 
maîtres  :  il  leur  demandait  incessamment  la  rai- 
son des  règles  ;  mais  l'autorité  de  l'école  était  la 
seule  qu'on  lui  donnât.  La  lecture  de  plusieurs  ou- 
vrages de  tbéoi if,  publies  depuis  peu  en  France, 
lui  fit  concevoir  le  dessein  d'écrire  des  éléments 
d'harmonie  appuyés  sur  une  base  plus  solide  que 
l'enseignement  traditionnel ,  lesquels  pourraient 
servir  d'introduction  à  la  science  du  contre- 
point. Après  plusieurs  années  passées  à  Bologne, 
il  partit  pour  Naples,  où  la  méthode  d'enseigne- 
ment ne  lui  parut  pas  plus  avancée  qu'à  Bologne. 
En  1830,  il  entreprit  de  faire  connaître  ses 
idées  didactiques  dans  un  ouvrage  intitulé  :  La 
Ragione  armonica.  Quadri  s'était  proposé  d'y 
donner  des  basses  chiffrées  ou  partimenti  de 
Maltei ,  d'après  son  système  de  classification 
des  accords,  assez  semblable  à  celui  de  Langlé 
(voy. ce  nom),  en  ce  qu'il  procédait  à  la  gén<  ra- 
tion des  groupes  fondamentaux  de  Bons  par  des 
superpositions  de  tierces.  Une  vive  opposition 
se  manifesta  aussitôt  contre  cette  théorie,  parmi 


la  plupart  des  professeurs  napolitains;  et  la  pu- 
blication de  la  Ragione  armonica  se  trouva 
arrêtée  par  le  petit  nombre  des  souscripteurs  dès 
la  deuxième  livraison. 

Persuadé  de  la  bonté  de  son  système,  Quadri 
ne  se  découragea  pas  après  ce  premier  échec. 
En  1831,  il  ouvrit  une  école  publique  pour 
l'enseignement  de  l'harmonie,  et  entreprit  de  ré- 
futer dans  ses  leçons  orales  les  objections  qui  lui 
avaient  été  faites.  La  lutte  recommença  plus  ar- 
dente; toutefois  l'avantage  parut  être  du  côté  du 
jeune  professeur,  homme  d'esprit,  plein  de  zèle 
et  de  feu,  qui  s'exprimait  avec  élégance  et  clarté. 
Parmi  ses  élèves  se  trouvaient  quelques  jeune* 
compositeurs  qui,  depuis  lors,  se  sont  fait  con- 
naître par  leurs  ouvrages.  En  1832,  Quadri  pu- 
blia l'ensemble  de  son  système  dans  un  livre, 
intitulé  Lezioni  d'armonia  (Naples,  Tramenler, 
1  volume  in-4°).  Une  deuxième  édition  de  cet 
ouvrage  fut  donnée  à  Borne,  en  1835,  par  l'abbé 
Alfieri,  à  la  typographie  des  beaux-arts ,  et 
l'auteur  alla  en  publier  une  troisième,  dans  la 
môme  ville  en  18'»l,en  un  volume  in-4°  de  95 
pages,  avec  44  pages  d'exemples  pratiques.  Dans 
l'automne  de  la  même  année,  l'auteur  de  cette 
notice  trouva  Quadri  à  Naples,  et  reconnut  en 
lui  un  musicien  aussi  instruit  qu'intelligent.  Sa 
position  n'était  pas  heureuse.  Ne  trouvant  pas 
dans  ses  leçons  des  moyens  d'existence  suffi- 
sants ,  il  était  obligé  d'accepter  l'hospitalité 
qu'on  lui  offrait  dans  les  maisons  de  campagne 
des  environs  de  Naples,  comme  professeur  de 
solfège  et  de  chant.  Bientôt  cette  ressource  vint 
à  lui  manquer,  et  la  nécessité  l'obligea  à  retour- 
ner en  Lombardie.  Arrivé  a  Milan  au  printemps 
de  1842,  il  essaya  d'y  mettre  en  vogue  son  sys- 
tème d'harmonie  ;  mais  là  comme  à  Naples  il 


QUADRI  —  QUANDT 


147 


eut  des  luttes  à  soutenir  contre  la  critique.  La 
mauvaise  fortane,  qui  l'avait  maltraité  depuis 
sa  jeunesse,  avait  porté  atteinte  à  sa  constitution. 
Malade  et  découragé,  il  ne  se  sentit  pas  la  force 
de  résister  à  ses  adversaires  ;  son  mal  s'aggrava, 
et  le  29  avril  1843,  il  mourut  à  l'âge  de  quarante 
et  un  ans. 

QUADRIO  (François-Xavier),  littérateur 
italien,  né  à  Ponte,  dans  la  Valteline,  le  1er  dé- 
cembre 1695  ,  entra  dans  la  société  des  Jésuites 
après  avoir  terminé  ses  études  à  l'université  de 
Pavie,  enseigna  à  Padoue  et  à  Bologne,  séjourna 
à  Modène,  à  Rome,  à  Milan,  et  sortit  en  1744 
de  chez  les  Jésuites.  Ayant  obtenu  du  pape  la 
permission  de  porter  l'habit  de  prêtre  séculier, 
il  vécut  à  Milan,  occupé  de  travaux  littéraires 
et  scientifiques.  Dans  ses  dernières  années  il  se 
retira  au  couvent  des  Barnabites  de  cette  ville , 
et  y  mourut  le  21  novembre  1756.  Au  nombre 
des  ouvrages  de  ce  savant  se  trouve  colui  qui  a 
pour  titre  :  Délia  storia  e  délia  ragione  d'o- 
gni  poesïa;  Bologne  et  Milan,  1739-1759,  7  vol. 
in-4°.  Il  y  traite  de  divers  objets  relatifs  à  la 
musique,  à  la  cantate,  à  l'opéra  et  à  l'oratorio, 
dans  les  tomes  2e  et  3e. 

QUAGL1A  (Jean  Baptiste),  premier  orga- 
niste de  l'église  Sainte-Marie-Majeure,  à  Ber- 
game,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
Motetti  a  voce  sola,  libre-  primo;  Bologne, 
Jacques  Monli,  1668,  in-8°. 

QUAGLIA  (Augustin),  né  à  Milan  en  1744, 
lit  ses  études  musicales  sous  la  direction  de 
Fioroni  et  de  Carlo  Monza.  Il  succéda  à  ce  der- 
nier dans  la  place  d'organiste  de  la  cathédrale, 
et  en  1802  il  obtint  celle  de  maître  de  chapelle 
de  cette  église.  Il  vivait  encore  à  Milan  en  1812. 
Des  copies  manuscrites  de  ses  compositions  pour 
l'église  sont  répandues  en  Italie.  L'abbé  San- 
tini,  de  Borne,  possède  un  Magnificat  à  4  voix 
sous  son  nom. 

QUAGLIATI  (Paul),  compositeur  de  l'é- 
cole romaine,  fut  considéré  comme  un  des  cla- 
vecinistes les  plus  distingués,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle.  Le  catalogue  de  la  mu- 
sique de  l'abbé  Sautini  lui  donne  le  titre  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  Sainte-Marie  Ma- 
jeure, en  1612;  cependant  il  ne  figure  pas  parmi 
les  maîtres  de  cette  chapelle,  dont  l'abbé  Baini 
a  donné  la  liste  dans  ses  Mémoires  sur  la  vie  et 
les  ouvrages  de  J.  Pierluigi  de  Palestrina  (note 
440).  Délia  Valle  prétend  {Délia  musica  dell' 
età  nostra,  dans  les  œuvres  de  J.  B.  Doni,  t.  II, 
p.  251)  que  Qnagliati  fut  le  premier  qui  intro- 
duisit h  Borne  le  chant  dramatique,  ou  qui  du 
moins  le  traita  avec  grâce  ;  ruais  il  est  évident 


qu'Emilio  del  Cavalière  eut  ce  mérite  avant  lui, 
ou  du  moins  en  même  temps.  Le  même  Délia 
Valle  cite  une  sorte  de  drame  à  5  voix  et  5  ins- 
truments composé  par  Quagliati  en  1606,  et  qui 
fut  exécuté  dans  un  char,  au  carnaval  de  cette 
année;  c'est  sans  doute  ce  même  drame  qui  a 
été  publié  sous  ce  titre  :  Carro  di  fedellà 
d'Amore  rappresentalo  in  Rotna  da  cinque 
voci  per  cantar  soli  et  insieme,  con  aggiunio 
d'arie  a  iina,  due  e  ire  voci;  Rome,  1611, 
in-fol.  On  ne  comprend  pas  ce  que  veulent  dire 
les  auteurs  du  Dictionnaire  historique  des 
musiciens  (Paris,  1810-1811),  lorsqu'ils  écrivent 
cette  phrase  :  Il  (Quagliati)  est  le  premier  qui 
introduisit  dans  les  églises  le  chant  à  plu- 
sieurs parties.  Cette  absurde  proposition  est 
démentie  par  les  faits  rapportés  en  cent  endroits 
de  leur  propre  livre.  L'abbé  Santini,  de  Borne, 
possède  dix-neuf  motets  à  huit  voix,  de  Qua- 
gliati, ainsi  qu'un  Dixit  à  douze  voix.  Ou  trouve 
des  morceaux  de  Quagliati  dans  la  collection 
qui  a  pour  titre  :  Canzonette  alla  romana  di 
diversi  eccellentissimi  musici  romani  a  tre 
voci  ;  Anvers,  P.  Phalèse,  1607,  in-4°  obi.  On 
connaît  aussi  de  ce  maître  un  ouvrage  intitulé  : 
Motteti  e  dialoghi  a  2, 3,  4,  5  e  8  voci;  Roma, 
appresso  Roblelti,  1620. 

QUAISAIN  (Adrien),  né  à  Paris,  en  1766, 
fut  enfant  de  chœur  à  l'église  Saint- Jacques 
du  Haut-Pas,  et  y  apprit  à  chanter.  Après  la  clô- 
ture des  églises,  qui  suivit  les  événements  de  la 
révolution,  il  reçut  de  Beiton  des  leçons  d'har- 
monie. En  1797  il  se  fit  acteur  d'opéra,  et  débuta 
au  Théâtre  des  Amis  des  arts,  autrement 
théâtre  Molière,  rue  Saint-Martin ,  dans  un 
opéra  de  sa  composition  intitulé  Sylvain  et  Lu- 
cette  ou  La  Vendange ,  qui  eut  un  succès 
agréable.  Au  mois  d'avril  1799  Quaisain  fut 
nommé  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  l'Ambigu- 
Comique.  Il  prit  sa  retraite  de  cet  emploi  en 
1819,  après  vingt  ans  de  service,  et  mourut  le 
15  mai  1828,  à  l'âge  de  soixante-deux  ans.  Il 
composa  la  musique  d'un  grand  nombre  de 
mélodrames,  entre  autres  :  Tekely ,  le  Juge- 
ment  de  Salomon,  la  Prise  de  Jérusalem,  le 
Fils  banni,  Jean  de  Calais,  et  le  Belvédère 
ou  la  Vallée  de  VEtna. 

QUALEIVBERG  (Jean-Michel),  clarinet- 
tiste de  Vienne,  entra  au  service  de  l'électeur 
palatin  en  1772,  et  mourut  à  Manheim  en  1793. 
Il  a  fait  insérer  dans  la  Correspondance  musicale 
de  Spire  (année  1791,  p.  169)  un  morceau  inti- 
tulé :  Histoire  véritable  d'un  violon  de  Steiner 
Qualenberg  avait  le  titre  de  conseiller  de  cour  de 
l'électeur  palatin. 

QUANDT  (  Chrétien-Frédéric)  ,   écrivain 

(0. 


148 


QUAND!  — QUANTZ 


sur  la  musique  et  acousticten,  naquit  à  Hcrrnliut, 
en  Saxe,  le  17  septembre  17GG.  Après  avoir  fait 
ses  humanités  au  collège  de  Niesky ,  près  de 
Gccrlitz,  il  commença  un  cours  de  théologie  ; 
mais  il  abandonna  cette  science  pour  la  méde- 
cine, qu'il  étudia  à  Jéna  depuis  1788  jusqu'en 
1791,  où  il  reçut  le  grade  de  docteur.  1!  lit  alors 
un  voyage  à  Londres  pour  y  étudier  la  médecine 
expérimentale  dans  les  hôpitaux.  De  retour  à 
Niesky,  en  1793,  il  s'y  livra  à  l'exercice  de  son 
art.  Son  mérite  le  lit  choisir  en  1797,  par  la 
société  des  arts  de  la  Lusare  supérieure,  pour 
un  de  ses  membres.  Il  lui  fournit  plusieurs 
morceaux  intéressants  pour  ses  mémoires;  mais 
une  maladie  de  poitrine  vint  l'arrêter  dans  ses 
travaux,  et  le  conduisit  au  tombeau  le  30  janvier 
1806,  et  non  le  6  octobre,  comme  le  dit  M.  liec- 
ker.  Quandt  s'est  particulièrement  fait  connaître 
par  ses  travaux  sur  la  musique  et  sur  l'acous- 
tique. Depuis  son  enfance,  il  avait  montré  d'heu- 
reuses dispositions  pour  cet  art.  Il  jouait  bien  du 
piano;  mais  l'acoustique  appela  particulièrement 
son  attention.  Les  écrits  de  Chladni  lui  avaient 
fourni  l'idée  d'un  instrument  à  frottement  auquel 
il  donna,  comme  ce  savant  acousticien,  le  nom 
tYEupkonc,  mais  qui  était  absolument  différent 
de  celui  de  Chladni,  sous  le  rapport  de  la  cons- 
truction. On  lui  doit  aussi  des  essais  de  per- 
fectionnement pour  la  harpe  éolienne  et  pour 
l'harmonica.  Enfin  il  construisit  deux  pianos  qui 
obtinrent  les  éloges  des  connaisseurs.  Il  était 
peintre  distingué,  et  avait  une  rare  habileté  dans 
l'équitation.  Comme  écrivain  sur  la  musique, 
Quandt  s'est  fait  connaître  par  les  morceaux 
suivants  :  1°  Essais  et  observations  sur  la  harpe 
éolienne,  dans  le  recueil  mensuel  de  la  Lusace 
(Lausitzische  Monatschrift,  1795,  nov.,  n°  11), 
et  dans  le  Journal  des  modes  (mars  1799).  — 
2° Sur  l'Harmonica  et  les  instruments  du  même 
genre,  avec  des  observations  sur  le  son  d'har- 
monica en  général  (  Lausilz.  Monatschrift  , 
1797,  mars,  n°  2).  —  3°  Sur  les  sons  qu'on  tire 
du  verre  et  d'autres  corps  (  Gazette  musicale  de 
Leipsick,  2e année  page  32l).  —  4°  Supplément 
à  la  Dissertation  de  Kneclit  sur  l'harmonie  (  Ga- 
lette musicale  de  Leipsick,  tome  I,  pages  346 
et  suiv.). 

QUANTZ  iJf.an-Joaciiim)  ou  QUANZ,  flû- 
tiste célèbre,  naquit  à  Obersrhaden,  dans  le  Ha- 
novre, le  30  janvier  1697.  Devenu  orphelin  à 
l'âge  de  dix  ans,  il  alla  prendre  des  leçons  de 
musique  chez  son  oncle,  qu'il  perdit  au  bout  de 
quelques  mois,  puis  chez  le  musicien  de  ville  qui 
lui  avait  succédé.  Il  demeura  sept  ans  et  demi 
chez  celui-ci ,  cl  apprit  «à  jouer  du  violon,  du 
hautbois  et  de  la  trompette.  Kiesewctter,  orga- 


niste de  quelque  mérite,  lui  donna  aussi  des  le- 
çons de  clavecin.  Les  compositions  de  Hoffman, 
de  Heinichen  et  de  Telemann  avaient  été  d'abord 
les  objets  de  ses  études  ;  les  chanteurs  et  les 
virtuoses  étrangers  qu'il  entendit  ensuite  dans  la 
chapelle  du  duc  de  Mersebourg  commencèrent 
à  perfectionner  son  goût,  et  lui  inspirèrent  le 
désir  de  voyager  pour  augmenter  son  savoir. 
Dresde,  où  se  trouvaient  alors  plusieurs  artistes 
distingués,  lui  parut  le  lieu  le  plus  convenable 
pour  la  réalisation  de  ses  projets  :  il  s'y  rendit  en 
1714.  Cependant  les  difficultés  qu'il  y  rencontra 
pour  assurer  sa  subsistance  l'obligèrent  à  s'en 
éloigner,  et  la  seule  ressource  qui  s'offrit  à  lui 
fut  de  se  retirer  à  P.adeberg,  chez  le  musicien  de 
la  ville,  qu'il  aida  dans  s.  s  fonctions,  en  don- 
nant, des  leçons  et  jouant  des  danses  dans  les 
fêtes  de  village.  L'incendie  qui  réduisit  en  cen- 
dres cette  petite  ville  l'obligea  à  chercher  asile 
à  Pirna,  chez  un  autre  musicien,  qui  lui  com- 
muniqua les  concertos  de  Vivaldi,  considérés 
alors  comme  les  meilleures  compositions  dans 
leur  genre,  et  qui  devinrent  les  modèles  de  ses 
premiers  essais.  La  proximité  de  Pirna  et  de 
Dresde  lui  permit  de  faire  de  fréquents  voyages 
dans  cette  dernière  ville  et  d'y  connaître  Heine, 
bon  musicien  de  ville,  qui  consentit  à  le  rece- 
voir chez  lui,  en  qualité  de  prévôt.  Fixé  dans 
la  capitale  de  la  Saxe  en  1716,  il  y  puisa  dans 
la  société  de  Pisendel  ,  Veracini,  Hebenstreit, 
Weiss,  Richter  et  Buffardin  ,  le  goût  du  beau, 
et  le  sentiment  d'une  perfection  relative  qu'il 
s'efforça  d'atteindre.  Dans  l'année  suivante, 
le  maître  de  chapelle  Schmidt,  après  avoir  en- 
tendu Quantz  jouer  un  concerto  de  trompette, 
voulut  l'attacher  à  la  chapelle  électorale  pour 
cet  instrument;  mais  le  jeune  artiste  préféra 
la  position  de  hautboïste  qui  lui  était  offerte 
dans  la  chapelle  royale  de  Varsovie  :  il  se  rendit 
dans  cette  ville  en  1718,  et  ce  fut  alors  que, 
désespérant  de  parvenir  à  l'habileté  qu'il  désirait 
sur  le  violon  et  sur  le  hautbois  ,  il  s'attacha  spé- 
cialement à  la  flûte,  sous  la  direction  de  Buf- 
fardin et  de  Pisendel.  Ses  premiers  essais  de 
composition  consistèrent  en  quelques  morceaux 
pour  cet  instrument.  Guidé  par  son  instinct,  il 
les  écrivit  sens  avoir  étudié  les  règles  de  l'har- 
monie; mais  bientôt  il  sentit  la  nécessité  de 
connaître  ces  règles,  et  le  compositeur  bohème 
Zelenka  lui  donna  les  premières  leçons  de  con- 
trepoint. La  formation  de  l'excellent  opéra  de 
Dresde  amena  au  service  du  roi  de  Pologne,  en 
1719,  des  chanteurs  de  premier  ordre,  tels  que 
Senesino,  Borselli,  Durantasti  et  les  cantatrices 
Tesi  et  Faustina.  En  écoutant  ces  grands  artistes, 
Quantz  comprit  qu'il  devait  apprendre  d'eux  l'art 


QUAINTZ 


i  i.r» 


de  chanter  sur  son  instrument,  et  ils  devinrent 
ses  modèles.  Accompagné  de  Weiss  et  de  Gratin, 
i!  se  rendit  à  Prague  en  1723,  pour  assister  à 
l'exécution  de  l'opéra  de  Fux  ,  Costanza  e  For- 
tezza,  composé  à  l'occasion  du  couronnement  de 
l'empereur  Charles  VF,  comme  roi  de  Bohême. 
On  avait  réuni,  pour  cette  exécution  solennelle, 
cent  chanteurs  et  deux  cents  instrumentistes.  Ce 
fut  là  que  Quantz  entendit  pour  la  première 
fois  Tartini,  dont  il  admira  le  beau  son  et  le  mé- 
canisme, quoiqu'il  trouvât  son  style  sec  et  dé- 
pourvu de  charme. 

En  1724,  Quantz  obtint  du  roi  la  permission 
d'accompagner  à  Rome  le  comte  de  Lagnasco, 
ambassadeur  de  Pologne  près  du  saint-siége.  A 
peine  arrivé  dans  cette  ville,  il  alla  chez  Gaspa- 
rini,  qui  lui  donna  quelques   leçons  de  contre- 
point. L'année  suivante  il  se  rendit  à  Naples,  où 
il  trouva  Hasse,  qui  étudiait  alors  sous  la  direc- 
tion d'Alexandre  Scarlatti ,  et  qui  présenta  son 
compatriote  à  ce  grand  maître.  Scarlatti  n'ai- 
mait pas  les  instruments  à  vent,    parce  qu'ils 
étaient  fort  imparfaits  de  son  temps  ;  mais  lors- 
qu'il entendit  Quantz,  il  avoua  qu'il  ne  croyait 
pas  qu'on  pût  tirer  de  !a  flûte  des  intonations 
si  justes  et  de  si  beaux  sons.  Une  aventure  d'a- 
mour,  qui  faillit  coûter  la  vie  au  virtuose,  l'o- 
bligea de  quitter  Naples  à  l'improviste.  De  retour 
à  Rome,  il  y  entendit  le  fameux  Miserere  d'Al- 
legri  pendant  la  semaine  sainte,  puis  il  visita  les 
principales  villes  d'Italie.  A  Venise,  il  se  lia  d'a- 
mitié avec  Vinci,  Porpora  et  Vivaldi.  Le  15 
août  1726,  il  arriva  à  Paris.  Le  style  de  la  mu- 
sique française  ne  le  satisfit  point,  et  l'orchestre 
de  l'Opéra  lui  parut  fort  mauvais,  quoiqu'il  ac- 
cordât des  éloges  à  quelques  artistes,   particu- 
lièrement à  Forqueray,  à  Marais,  pour  la  basse 
de  viole  ;  à  Batiste,  pour   le  violon  ;  à  Blavet, 
pour  la  flûte.  Ce  fut  à  Paris  que  Quantz  fit  un 
premier  essai  de  perfectionnement  pour  ce  der- 
nier instrument,   en  y  ajoutant  une  deuxième 
clef.  Après  huit  mois  de  séjour  dans  cette  ville, 
il  fut  rappelé  à  Dresde,  mais  il  voulut  visiter 
l'Anglelene  avant  d'y  retourner,  et  arriva  à  Lon- 
dres le  20  mars  1727.  L'Opéra,  dirigé  parHœndel, 
y  était  alors  dans  sa  plus  grande  splendeur.  On 
y  remarquait  parmi   les  chanteurs  Senesino,  la 
Cuzzoni  et  la  Faustina  ;  l'orchestre,  en  grande 
partie   composé  de  musiciens  allemands,  était 
excellent.  Des  offres  avantageuses  furent  faites 
à  Quantz  pour  le  retenir  à  Londres  ;  mais  sa  pa- 
role était  engagée  avec  la  cour  de  Saxe,  et  il  partit 
pour  Dresde,  où  il  arriva  le  23  juillet,  après  avoir 
traversé  la  Hollande,  le  Hanovre  et  Brunswick. 

La   longue  absence  de  Quantz,  ses  voyages, 
ses  relations  avec   les   artistes  célèbres  en  tout 


genre,  avaient  mûri  son  talent.  Il  reparut  à 
Dresde  avec  éclat,  et  son  traitement  y  fut  dou- 
blé par  la  cour.  Dans  la  même  année,  il  suivit 
le  roi  à  Berlin.  La  reine  de  Prusse,  charmée  de 
son  talent ,  lui  fit  offrir  une  place  dans  sa  mu- 
sique, avec  des  appointements  de  800  écus; 
mais  le  roi  son  maître  ne  permit  pas  qu'il  quittât 
son  service.  La  seule  chose  qu'il  lui  accorda, 
fut  de  faire  un  voyage  chaque  année  pour  don- 
ner des  leçons  de  flûte  au  prince  royal,  qui  plus 
tard  fut  roi  de  Prusse,  sous  le  nom  de  Frédéric  1 1 
Après  la  mort  du  roi  de.  Pologne  (1733),  son 
successeur  (Frédéric -Auguste),  voulant  garder 
Quantz  à  son  service,  lui  accorda  un  trai- 
tement de  huit  cents  thalers,  et  la  permission 
de  faire  deux  voyages  chaque  année  pour  visiter 
son  royal  élève.  En  1734  Quantz  publia  ses  pre- 
mières sonates  pour  la  flûte,  lise  maria  en  1737 
avec  la  veuve  d'un  musicien  de  la  cour  de 
Dresde,  nommé  Schindler,  et  deux  ans  après  il 
établit  une  manufacture  de  flûtes,  suivant  son 
nouveau  système.  Cette  entreprise  fut  heureuse, 
et  l'artiste  y  gagna  beaucoup  d'argent.  Frédé- 
ric II,  étant  monté  sur  le  trône  en  1741,  lui  fit 
offrir  des  appointements  de  2,000  thalers  (7,500 
francs)  avec  promesse  de  lui  payer  chacune  de 
ses  compositions,  s'il  consentait  à  se  fixer  à  Ber- 
lin. Ces  propositions  furent  acceptées,  et  Quantz 
s'éloigna  de  la  cour  de  Dresde.  Sa  faveur  auprès 
de  Frédéric  fut  sans  bornes.  Ses  fonctions  con- 
sistaient à  se  rendre  chaque  jour  chez  le  roi  pour 
jouer  avec  lui  des  duos  de  flûte,  ou  essayer  de 
nouveaux  concertos ,  à  écrire  toute  la  musique 
que  Frédéric  exécutait,  enfin,  à  battre  la  mesure 
des  concertos  aux  concerts  qui  avaient  lieu  cha- 
que soir  dans  les  appartements  du  roi. 

Indépendamment  de  la  clef  qu'il  avait  ajoutée 
à  la  flûte,  Quantz  contribua  à  l'amélioration  de 
cet.  instrument  par  l'invention  de  la  pompe  d'al- 
longe pour  la  pièce  supérieure,  qui  permet  de 
maintenir  l'accord  de  l'instrument  avec  l'or- 
chestre, lorsqu'il  s'échauffe  et  tend  à  monter. 
Cette  invention  n'a  été  introduite  en  France  que 
longtemps  après.  Cet  artiste  célèbre  fit  plus 
encore  pour  l'art,  en  publiant  son  Essai  d'une 
méthode  pour  apprendre  à  jouer  de  la  flûte 
traversicre,  dont  les  éditions  et  les  traductions 
se  sont  multipliées,  et  qui  peut  être  encore  lu 
avec  fruit,  «nonobstant  les  progrès  que  l'art  a 
faits  dans  l'espace  do  plus  d'un  siècle  écoulé 
depuis  la  publication  de  ce  livre.  Après  trente- 
deux  ans  d'une  existence  heureuse  et  hono- 
rable à  la  couf  de  Prusse,  Quantz  mourut 
à  Potsdam,  le  13  juillet  1773,  à  l'âge  de 
soixante-seize  ans.  C'est  à  lui  que  l'art  de  jouer 
de  la  llûte  est  redevable  de  ses  progrès  les  plus 


IÔO 


QUANTZ  —  QUEISSER 


considérables.  Son  activité  fut  prodigieuse,  car  il 
a  écrit  pour  le  service  du  roi  de  Prusse  près  de 
trois  cents  concertos  pour  flûte  avec  orchestre, 
plus  de  deux  cents  morceaux  à  flûte  seule,  beau- 
coup de  duos,  de  quatuors  et  de  trios,  malgré 
les  soins  qu'exigeaient  sa  manufacture  de  flûtes, 
et  son  service  quotidien  à  la  cour.  La  plus  grande 
partie  de  cette  musique  est  restée  en  manuscrit 
chez  le  roi  de  Prusse,  et  le  puhlicn'en  a  presque 
rien  connu.  Quantz  était  encore  à  Dresde  quand 
il  publia  son  premier  œuvre  intitulé  :  Sei  sonate 
a  flauto  traverso  con  basso  per  violonccîlo  o 
cembalo,  op.  1.  Dresde,  1739,  in-fol.  ohlong. 
Son  œuvre  deuxième  consiste  en  six  duos  pour 
deux  flûtes;  Berlin,  1759.  A  l'égard  de  deux 
œuvres  de  solos  publiés  à  Amsterdam  et  à  Paris, 
sous  son  nom,  ils  ne  sont  pas  de  lui.  Quelques 
concertos  manuscrits  de  Quantz  sont  indiqués 
dans  le  catalogue  de  Westphal  à  Hambourg 
(  1782  ).  On  a  aussi  de  cet  artiste  des  mélo- 
dies pour  les  hymnes  de  Gellert,  Berlin,  1760, 
in-8°. 

Quantz  s'est  fait  connaître  avantageusement 
tomme  écrivain  par  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Vcrsuch  einer  Anweisung  die  Flœte  traver- 
sière zu  spielen  mit  verschiedenen  zur  Bcfœr- 
derung  des  guten  Gesmacks  in  der  praktischen 
Musik  dienlichen  Anmerkungen  begleitet,  und 
mit  Exempcln  erlautert,  Berlin,  1752,  in-4°de 
45  feuilles,  avec  24  planches.  La  deuxième  édition 
de  cet  ouvrage  a  paru  à  Breslau,  en  1780,  in-4°.  Il 
y  en  a  une  troisième  de  1789,  à  Breslau,  chez  Korn, 
in-4°.ll  en  a  été  fait  une  traduction  française  qui 
a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Essai  d'une  méthode 
pour  apprendre  à  jouer  de  la  flûte  traver- 
siez, avec  plusieurs  remarques  pour  servir 
au  bon  goût  de  la  musique ,  le  tout  éclairci 
par  des  exemples;  Berlin,  175.2,  iu-4°  avec  24 
planches.  Lustig  a  publié  aussi  une  bonne  tra- 
duction hollandaise  de  ce  livre,  avec  des  notes, 
intitulée  :  Grondig onderwys  van  den  Aardt  en 
de  regte  behandeling  der  Dwars/luit ,  etc.  ; 
Amsterdam,  Olofsen,  1755,  in-4°.  —  2°  Appli- 
cation pour  la  flûte  traversière  avec  deux 
clefs  ;  Berlin  (  sans  date),  in-fol.  —  3°  Jlcm  J.  J. 
Quantzen  Lebenslauf,  von  ihm  selbst  entuor- 
l'en  (  Notice  sur  la  vie  de  M.  J.  J.  Quantz,  écrite 
par  lui-même);  dans  les  Essais  historiques  et 
sur  la  musique  de  Marpurg,  t.  I,  p.  197-250. 
Moldenit  {voyez,  ce  nom)  avait  fait  une  critique 
de  l'Essai  sur  l'art  de  jouer  de  la  Flûte,  dans 
une  lettre  intitulée  :  Schreibenan  Ilm.  Quantz-, 
nebst  einigen  Anmerkungen  ïtlirr  dessen  Ver- 
such  einer  Anweisung  die  Flœte  traversière 
si*  spielen  (sans  nom  de  lieu  et  sans  date); 
Quanti  répondit  à  cette  critique  dans  les  Essais 


historiques    et   critiques   de  Marpurg,   t.   IV, 
p.  153-191. 

QUATREMÈRE  DE  QUINCY  (An- 
toixe-Cw.ysostome )  est  né  à  Paris,  le  28  oc- 
tobre 1755.  Successivement  représentant  de  la 
commune  de  Paris,  après  la  révolution  de  1789, 
membre  de  l'assemblée  législative  et  du  conseil 
des  Cinq-Cents,  secrétaire  général  du  départe*- 
ment  de  la  Seine  (en  1800),  membre  de  l'Insti- 
tut (Académie  des  inscriptions),  et  secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  des  beaux-arts,  il  a 
donné  sa  démission  de  ce  dernier  emploi  en  1 839, 
pour  vivre  dans  la  retraite.  Il  est  mort  le  28 
décembre  1849.  On  a  de  ce  savant  des  écrits 
estimés  sur  les  arts  et  les  antiquités.  Amateur 
passionné  de  musique  italienne,  il  fut  un  des 
soutiens  du  fameux  théâtre  des  Bouffons  qu'on 
établit  à  Paris  en  1789.  A  l'occasion  de  l'ins- 
titution de  ce  spectacle,  il  lit  alors  insérer  dans 
le  Mercure  de  France  (année  1789,  mars, 
pages  124  et  suiv.  ),  un  morceau  intitulé  :  De 
la  nature  des  opéras  bouffons,  et  de  l'union 
de  la  comédie  et  de  la  musique  dans  ces 
pièces.  Il  a  été  tiré  des  exemplaires  séparés  de 
cette  dissertation  ;  Paris,  1789,  2  feuilles  in-8°. 
On  l'a- aussi  réimprimée  dans  les  Archives  litté- 
raires (  tome  XVI,  page  3).  Le  docteur  Frédé- 
ric-Auguste Weber  a  traduit  en  allemand  cet  écrit, 
et  l'a  fait  insérer  par  extraits  dans  la  Correspon- 
dance musicale  de  Spire  (année  1792,  pages  122, 
149,  167,  197,  203,  209  ).  En  sa  qualité  de  se- 
crétaire perpétuel  de  l'Académie  royaledes  beaux- 
arts,  Quatremèrc  de  Quincy  a  prononcé  dans  les 
séances  publiques  de  cette  académie  et  fait  im- 
primer :  1°  Notice  historique  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Paisiello;  Paris,  Didot,  1827,  in-4°. 
—  2°  Notice  historique  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrages de  M.  de  Monsigny;  Paris,  Didot,  1818, 
in-4°.  —  3°  Notice  historique  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Méhul  ;  Paris,  Didot,  1819,  in-4°. 

QUEDENFELD  (  W.  ),  professeur  de  piano 
à  Dresde,  a  publié  dans  cette  ville,  chez  Hils- 
cher,  en  1790,  Trois  sonates  pour  le  clavecin. 

QUEHL  (Jacques),  pasteur  à  Eisenacl:  et  en 
dernier  lieu  à  Georgenthal,  dans  le  duché  de 
Saxe-Cobourg,  a  fait  imprimer,  à  l'occasion  de 
la  dédicace  d'un  orgue  nouvellement  érigé  dans 
ce  village,  un  sermon  intitulé  :  Von  der  edlen 
Vocal-und l 'nst rumental-M vsik  Vortrcflichkcit 
und  Nutzbarkeit  (De  l'excellence  et  de  l'utilité 
de  la  noble  musique  vocale  et  instrumentale), 
Gotha, 1682,  in-4°- 

QUEISSER  (Ciukles-Thaucott),  excellent 
tromboniste  allemand,  est  né  le  1 1  janvier  1800, 
à  Dœbcn,  près  de  Grinuna,  en  Saxe,  où  son 
père  était  aubergiste.  Sans  maître,  il  apprit  les 


QUEISSER  —  QUERCU 


151 


éléments  de  la  musique,  et  montra  de  si  heu- 
reuses dispositions,  que  ses  parents  se  décidèrent 
à  l'envoyer  chez  le  musicien  de  ville  Barth,  à 
Grimma.  Il  y  apprit  à  jouer  de  tous  les  instru- 
ments, suivant  l'usage  de  l'éducation  chez  les 
musiciens  de  ville,  en  Allemagne;  et,  chose  re- 
marquable, le  trombone  fut  celui  dont  on  lui 
donna  les  plus  faibles  notions.  Mais  la  nature 
l'avait  destinée  devenir  tromboniste ,  et,parses 
études  personnelles, il  parvint  au  plus  haut  degré 
d'habileté,  tirant  le  plus  beau  son  de  l'instru- 
ment, et  se  jouant  des  plus  grandes  difficultés. 
En  1817,  Queisser  se  rendit  à  Leipsick;  il  y  fut 
placé  à  l'orchestre  du  théâtre  en  1821.  Depuis 
1824,  il  y  joue  de  l'alto,  et  ne  se  fait  entendre 
comme  tromboniste  que  dans  de  rares  occasions. 
Il  s'est  fait  admirer  par  son  talent  à  Francfort, 
à  Dresde  et  dans  quelques  autres  villes.  Son 
frère  Jean-Théophile,  né  à  Dceben  en  1808,  est 
aussi  habile  artiste  sur  le  trombone.  Il  occupe 
la  place  de  tromboniste  solo  dans  la  chapelle 
royale  de  Dresde.  On  ne  connaît  de  la  compo- 
sition de  Queisser  que  des  danses  allemandes 
pour  orchestre  ;  Leipsick,  Dreilkopf  et  ïlaertel. 

QUENSTEDT  (Jean-André),  docteur  et 
professeur  en  théologie,  assesseur  du  consis- 
toire, à  Wittenberg,  naquit  à  Quedlinbourg,  le 
13  août  1G17,  et  mourut  à  Wittenberg,  le  22 
mai  1688.  On  a  de  lui  un  écrit  intitulé  :  De  prœ- 
cibus  publias,  psalmorum,  necnon  sacrorum 
ordine,  Wittenberg,  1686.  Selon  l'ancien  lexique 
de  Gerber,  cette  dissertation  se  trouve  aussi 
dans  un  autre  ouvrage  du  même  auteur,  intitulé 
Antiquitates  biblicœ  et  ecclesiasticx. 

QUENTIN  (Louis),  violoniste  de  l'Opéra 
de  Paris,  entra  à  l'orchestre  de  ce  théâtre  en 
1706,  et  se  retira  en  1746  avec  la  pension,  après 
quarante  ans  de  service.  Il  a  publié,  depuis  1713 
jusqu'en  1737,  quatre  œuvres  de  sonates  pour 
le  violon,  et  trois  livres  de  trios  pour  deux  vio- 
lons et  basse  continue. 

QUERCU  (Simon  DE),  premier  chantre  ou 
maître  de  chapelle  de  Louis  Sforce,  duc  de  Mi- 
lan, naquit  dans  le  Brabant,  vers  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle.  Gruber  pense  que  le 
nom  latin  sous  lequel  il  est  connu  est  la  traduc- 
tion de  Du  Quesne,  et  Valère  André,  suivi  par 
Foppens,  l'appelle  Van  der  Eyken .  Pacquot  lui 
conserve  le  nom  de  Quercu.  Pour  moi,  je  crois 
que  le  nom  véritable  de  cet  artiste  était  Eiken- 
hout,  nom  flamand  de  Duchesne  ou  Duchenc,  si- 
gnification exacte  de  de  quercu.  On  ne  sait  sur 
quelle  autorité  Gerber  dit  (1)  que  ce  musicien 


(i)Neueshistor.    Biograph.  Lexikonder  Tonkiinstler, 
tom    1",  p.  783. 


naquit  à  Bruxelles;  de  Quercu  se  qualifie  sim- 
plement de  Brabançon  au  titre  de  l'ouvrage 
dont  il  sera  parlé  tout  à  l'heure  :  per  Simonem 
Brabantinum  de  Quercu,  cantorem  ducum 
Mediolanen.  confectum.  Je  crois  avoir  lu 
quelque  part  que  l'artiste  dont  il  s'agit  était 
de  Bois-le-Duc;  mais  ce  souvenir  est  vague.  Les 
deux  jeunes  ducs  Maximilien  et  François-Marie 
Sforce  ayant  été  envoyés  par  leur  père  à  Vienne, 
auprès  de  l'empereur  Maximilien,  De  Quercu 
les  y  accompagna,  et  y  publia  un  petit  traité  de 
musique  intitulé  :  Opusculum  musices  per 
quam  brevissimum  de  .Gregoriana  et  figura- 
tiva  atque  contrapuncto  simplici  percom- 
mode  traclans  :  omnibus  cantu  observ antibus 
utile  ac  necessarium,  Vienne,Winterburger(l), 
1509,  in-4°.  L'épître  dédicatoire  de  eet  opuscule 
est  datée  de  Milan,  1508.  Les  circonstances  du 
voyage  de  Quercu  à  Vienne  sont  rapportées  par 
lui-même  dans  sa  préface.  J'ai  indiqué  dans  la 
l'e édition  de  hBiographiedesMusiciens,commQ 
la  deuxième  édition  du  même  ouvrage,  celle 
qui  fut  publiée  à  Landshut  en  1518;  c'était  une 
erreur  où  m'avaient  entraîné  Forkel  et  Gerber; 
la  deuxième  édition  véritable,  dont  l'existence 
me  fut  d'abord  révélée  par  Georges  Pray  (2),  et 
dont  j'ai  acquis  ensuite  un  exemplaire,  porte 
exactement  le  même  titre  :  le  frontispice  est  orné 
d'une  charmante  gravure  sur  bois  d'Albert  Du- 
rer, et  porte  au  bas  ces  mots  :  Dtis  Joan. 
Weyssenburger  Nurembergx  impressit.  Au 
dernier  feuillet,  après  le  mot  telos  (fin), on  lit: 

ireyssenburgerus  tenui  me  grammate  pressit 
A'omine  Joannes  cui  labor  iste  placet, 

1513,  in-40  gothique  de  34  feuillets  non  chiffrés. 
Valère  André,  Foppens  et  Paquot  n'ont  pas  connu 
ces  éditions.  Walther  (3)  a  cité,  sous  la  date 
de  1516,  l'édition  de  Landshut,  qui  est  la  troi- 
sième ;  toutefois  la  date  véritable  est  celle  qui 
est  donnée  par  Conrad  Gesner,  sous  ce  titre 
abrégé  :  Libellus  de  musica  gregoriana  ctfi- 
gurafivaac contrapuncto  simplici,  cumexem- 
plis;  Landshut,  1518,  in-8°.  Valère  André, 
Foppens  et  Paquot  ont  altéré  ce  titre.  Des  exem- 
plaires de  la  première  édition  et  de  la  troisième 

* 

(1)  Forkel,  AUgemeine  Litteratur  der  Musik,  p.  J9S, 
écrit  le  nom  de  l'imprimeur  Winterburg  ;  il  a  été  copié 
par  Gerber,  Becker,  Lichtcnthal  et  tous  les  autres  bio- 
graphes et  bibliographes;  mais  ce  nom  est  Winterburger, 
c'est-à-dire  de  Winterburg,  parce  que  le  typographe  dont 
il  s'agit  était  né  dans  un  petit  village  ainsi  nommé  et  situé 
près  de  Kreutznach  (Bas-Rbin).  Il  fut  imprimeur  à  Vienne 
dans  les  dernières  années  du  quinzième  siècle  et  au 
commencement  du  seizième. 

(2)  Index  rarior.  libror.  ■Biblioth.  Universit.  régi» 
Dudensis;  Budx,  1781,  part.  Il,  p.  8*7. 

(3)  Musikal.  Lexikon,  p.  508. 


152 


QUERCU  —  QUIGNARD 


de  cet  opuscule  sont  à  la  Bibliothèque  impériale 
de  Paris.  Simon  de  Quercu  se  trouvait  encore  à 
Vienne  en  1513,  car  il  y  fut  l'éditeur  d'un  vo- 
lume contenant  tout  l'office  des  morts  suivant 
l'usage  de  Padoue,  lequel  est  intitulé  :  VigiUi  cum 
Vesperis  et  erequiis  mortuorum  annexis  can- 
ticis  eorundem  et  céleris  in  eisdempromore 
subnotatis.  A  la  fin  du  volume,  on  lit  :  Hune 
emendatissimum  Yigiliarum  majorum  et  mi- 
norum  codicem  :  annexis  caniieis  :  Vesperis: 
et  exequiis  defunctorum  secundum  ritum 
ecclesix  Palavien.  imjiressit  Joh.  Winterbr 
civis  Viennensis.  Emendatore  D.  Simone  de 
Quercu  Brabantino  ;  Vienne,  1513,  petit  in-foi. 

QUERHAMER  (Gaspard),  bourgmestre  à 
Halle,  en  Saxe,  mort  le  19  mars  1557,  a  composé 
quelques-unes  des  mélodies  du  livre  des  canti- 
ques publié  par  Michel  Vœh,  à  Halle,  en  1537. 

QUERhXI  (le  P.  Jules-César),  moine  ser- 
vite  du  couvent  de  Foligno,  dans  la  seconde  moi- 
tié ilu  dix-septième  siècle,  a  composé  la  mu- 
sique d'un  ouvrage  intitulé  :  5.  Fili/ipo  Beniz- 
zio,  oratorio  per  musica  recitato  in  occasione 
di  celebrarsi  in  città  di  Castello  il  Capitolo 
de'  Padri  délia  provincia  di  Borna  delV  or- 
dîne  de'  Servi  di  Maria  Virgine.  L'exécution 
de  cet  oratorio  a  eu  lieu  à  Castello,  en  1092, 
ainsi  que  le  prouve  le  livret  imprimé  à  Foligno 
dans  celte  année,  in-8°. 

QUERLOAt(Anne-Gabriel  MEUSMER  DE), 
Itlératcur,  né  à  Nantes,  en  1705,  acheva  ses 
•tudes  à  Paris,  et  fut  attaché  pendant  huit  ans  à 
a  Bibliothèque  royale  pour  la  conservation  des 
nanuscrits.  Plus  tard  il  devint  rédacteur  de  la 
iazette  de  France  et  des  Petites  Affiches  de 
>rovincc.  Vers  la  fin  de  sa  vieil  fut  bibliothécaire 
lu  fermier  général  Beaujon.  Il  mourut  à  Paris 
le  22  avril  1780,  à  Page  de  soixante-dix-huit 
ans.  Parmi  les  nombreux  écrits  de  Qucrlon,  on 
remarque  une  plaisanterie  intitulée  :  Code  ly- 
rique, ou  Règlement  pour  l'Opéra  de  Paris, 
Utopie  (Paris),  1743,  in- 12  de  68  pages.  Il  est 
aussi  l'auteur  d'un  pamphlet  publié  sous  ce  titre  : 
Réponse  au  faction  de  la  demoiselle  Petit, 
ci-devant  actrice  à  l'Opéra,  pour  Mademoi- 
selle Jacquet,  accusée  d'imposture  et  de  ca- 
lomnie (sans  date  et  sans  nom  de  lieu),  1  feuille 
in-4".  Enfin  on  attribue  à  De  Qucrlon  le  Mé- 
moire historique  sur  la  chanson  en  général, 
et  en  particulier  sur  la  chanson  française, 
qu'on  trouve  en  tète  du  premier  volume  de 
V Anthologie  française,  publiée  par  Monnet 
{voyez  ce  nom) 

QUKSDENA  (François),  compositeur  sici- 
lien, vécut  dans  les  dernières  années  du  dix-sep- 
tième siècle.  H  a  écrit  la  musique  d'un  opéra  in- 


titulé Gelidaura,  lequel  fut  représenté,  en  1692, 
au  théâtre  SS.  Giovanni  e  Paolo  de  Venise. 

QUICHER  AT  (Louis),  ancien  professeur  de 
rhétorique,  agrégé  de  l'université  de  France,  est 
né  à  Paris,  en  1799.  En  1847,  il  a  été  nommé 
conservateur  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
Sainte  Geneviève  de  cette  ville.  Auteur  d'un  bon 
traité  delà  versification  latine,  dont  la  quinzième 
édition  a  paru  en  1858  ;  il  a  donné  aussi  un  Traité 
de  la  versification  franc  aise ,  ouvrage  intéres- 
sant pour  les  compositeurs  de  musique,  parce 
que  M.  Quicherat  y  a  développé  les  principes  de 
Scoppa  (voyez  ce  nom)  concernant  les  fonctions 
de  l'accent  dans  la  poésie  française.  On  doit  au 
même  littérateur  un  Traité  élémentaire  de 
musique;  Paris,  Hachette,  1833,1  vol.  in-!2de 
114  liages,  dont  la  dernière  édition  a  paru  chez 
le  même,  sous  le  titre,  Principes  raisonnes  de 
i  la  musique,  1846.  1  vol.in-80.  Enfin,  M.  Qui- 
cherat a  publié  plusieurs  écrits  relatifs  à  la  mu- 
sique dans  la  Revue  de  V Instruction  publique. 
Pour  ses  autres  travaux  étrangers  à  cet  art,  on 
peut  consulter  les  ouvrages  généraux  de  bio- 
graphie et  de  bibliographie. 

QUIDAiXT  (Joseph),  connu  sous  les  noms 
ô" Alfred  Quidant,  bien  qu'Alfred  ne  soit  pas 
son  prénom,  est  fils  d'un  marchand  d'instruments 
de  Lyon.  Il  est  né  dans  cette  ville ,  le  7  décem- 
bre 18 15,  et  y  a  fait  ses  premières  études  de 
musique  et  de  piano.  Arrivé  à  Paris  à  l'âge  de 
seize  ans,  il  entra  au  Conservatoire  le  1"  avril 
1832;  mais  il  y  resta  peu  de  temps,  parce  qu'il 
fut  attaché  à  la  maison  du  célèbre  facteur  de 
pianos  Erard,  pour  faire  entendre  les  instruments 
aux  amateurs  qui  visitaient  les  magasins.  Son 
talent  de  pianiste  s'étant  perfectionné  par  de 
persévérantes  études,  c'est  le  même  artifte  qui 
a  fait  briller  les  produits  de  cette  grande  maison, 
pendant  trente  ans  environ,  dans  toutes  les  ex- 
positions de  l'industrie,  soit  nationales,  soit 
universelles.  M.  Quidant  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  un  certain  nombre  de 
légères  productions  pour  le  piano,  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  1°  La  Fête  au  village, 
grande  valse;  Paris,  Lemoine.  —  2°  Fantaisie, 
en  forme  de  valse  chromatique;  Paris,  Colom- 
bier. —  3°  Cantique,  ou  Fantaisie  de  Salon,  op. 
13,;  ibid.  —  4°  Mazrppa,  grande  étude-galop, 
op.  21;  ibid.  —  5J  Les  Mystères  du  cœur, 
pièces  de  genre,  en  cinq  numéros,  op.  24,  27, 
3u,  32,  33;  ibid.  — 6°  Grande  étude-valse,  op. 
29,  ibid.  —  7°  La  Marche  -de  l'Univers,  fantai- 
sie, op.  34,  ibid.  —  8»  L'Horloge  à  musique, 
caprice,  op.  35,  ibid.,  etc. 

QUIGNARD  (....),  maître  de  musique  de 
la  cathédrale  de  Soissons,  en  1752,  a  publié  de- 


QUIGNARD  —  QUINZANI 


153 


puis  1746  jusqu'en  1754  la  canlate  d'Andro- 
mède, lescantatilles  Le  Flambeau  de  l'Amour, 
Le  Retour  du  Roi,  L'Isle  d*s  Plaisirs,  La 
Paix,  et  Daphnis  et  Chloê.  On  a  aussi  de  lui 
trois  livres  d'airs  à  chanter,  trois  livres  de  so- 
nates pour  deux  flûtes  et  un  livre  de  sonates  en 
trios  pour  deux  violons  et  basse.  Les  auteurs  du 
Dictionnaire  des  musiciens  (Paris,  1810-1811), 
disent  que  le  premier  livre  des  sonates  pour  deux 
flûtes  de  Quignard  a  paru  en  1756;  c'est  une 
erreur,  car,  dom  Caffiaux  cite  les  trois  livres 
dans  son  Histoire  delà  musique,  qu'il  acheva  en 
1754.  Quignard  a  écrit  aussi  des  messes  et  des 
motets  pour  le  service  de  la  cathédrale  de  Sois- 
sons;  mais  ces  compositions  sont  restées  en  ma- 
nuscrit. 

QUILICI  (Maximilien),  directeur  delà  mu- 
sique particulière  du  duc  de  Lucques,  est  né  dans 
la  ville  de  ce  nom,  au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle.  Le  premier  ouvrage  qui  a  fait 
connaître  cet  artiste  est  l'opéra  Francesca  di 
Rimini,  qui  fut  représenté  au  théâtre  ducal  de 
Lucques  en  1829.  Ce  même  opéra,  joué  au  théâ- 
tre de  la  Pergola  à  Florence,  le  15  septembre  1831, 
n'eut  pasdesnccès  et  n'obtint  que  trois  représenta- 
tions. Une  messe,  composée  par  le  maître  Quilici, 
tut  exécutée  à  l'église  Saint -Ferdinand  de  Luc- 
ques, en  1843,  et  fut  considérée  alors  comme  un 
bon  ouvrage.  Le  même  artiste  a  écrit  des  chœurs 
et  des  cantates  pour  le  service  de  la  cour.  Quel- 
ques morceaux  de  la  partition  de  Francesca  di 
Rimini  ont  été  gravés  avec  accompagnement  de 
piano,  à  Milan,  chez  Ricordi,  ainsi  que  six  ariet- 
tes à  voix  seule  avec  piano  de  M.  Quilici.  Lorsque 
le  Lycée  musical  de  Lucques  a  été  organisé, 
en  1841,  le  maître  Quilici  y  a  été  chargé  de  l'en- 
seignement du  chant,  de  l'accompagnement,  de  la 
théorie  de  la  musique  et  de  l'esthétique. 

QUILLET  (Charles),  amateur  de  musique, 
né  a  Passy,  près  de  Paris,  en  1797,  est  fils  d'un 
chef  de  bureau  du  ministère  de  la  guerre.  ]1  s'est 
fait  connaître  par  un  petit  ouvrage  qui  a  pour 
titre  -.  Méthode  pour  connaître  dans  quel  ton 
l'on  est,  et  pour  savoir  ce  qu'il  faut  à  la  clé 
(sic)  dans  tous  les  tons,  Paris,  Henri  Lemoine, 
1829,  in-4°.  Cette  méthode,  purement  empirique, 
n'est  pas  propre  à  faire  distinguer  le  ton  par  les 
élèves,  lorsque  la  pièce  de  musique  module. 

QUINAULT  (Jean  -  Baptiste  -  Maurice  ) , 
connu  sous  le  nom  de  Quinault  aîné,  fils  d'un 
acteur  delà  Comédie  française,  qui  obtint  du  duc 
d'Orléans,  régent  du  royaume,  des  lettres  de 
noblesse,  débuta  le  6  mai  1712  au  Théâtre-Fran- 
çais, dans  le  rôle  d'Hippolyte  de  Phèdre,  fut 
reçu  le  27  juin  suivant,  et  partagea  avec  son 
frère  (Qiiinault-Dufresne)  les  premiers  rôles  dans 


la  comédie,  depuis  1718  jusqu'en  1733.  Retiré 
dans  cette  dernière  année  à  Gien,  il  y  mourut 
en  1744.  Quinault  était  bon  musicien,  chantait 
avec  goût  dans  les  divertissements  de  la  Comé- 
die française,  et  composait  la  musique  de  la  plu- 
part des  intermèdes  qu'on  exécutait  à  ce  théâ- 
tre. En  1729,  il  fit  représenter  à  l'Opéra  Les 
Amours  des  Déesses,  ballet-opéra  en  quatre 
actes,  dont  la  musique  eut  du  succès.  Quinault 
était  homme  d'esprit  et  brillait  par  ses  bons 
mots  dans  la  Société  des  gens  de  lettres. 

QUINAULT  (Makie-Anne),  sœur  du  pré^ 
cèdent,  débuta  à  l'Opéra  en  1709,  dans  le  Belle- 
rophon  de  Lulli,  et  n'y  eut  qu'un  succès  mé- 
diocre. En  1713  elle  quitta  ce  théâtre,  et  deux 
ans  après  elle  fut  reçue  à  la  Comédie  française, 
d'où  elle  se  retira  en  1722.  Douée  d'une  rare 
beauté  et  de  beaucoup  d'esprit,  elle  fut  la  maî- 
tresse du  duc  d'Orléans,  régent  du  royaume, 
puis  du  vieux  duc  de  ISevers,  père  du  duc  de 
Nivernais,  qui  passa  même  plus  tard  pour  l'avoir 
épousée  en  secret.  La  protection  de  ces  hauts 
personnages  lui  avait  fait  obtenir  une  pension 
sur  la  cassette  du  roi,  et  un  logement  au  Lou- 
vre, dans  le  pavillon  de  l'Infante,  qu'elle  con- 
serva pendant  plus  de  soixante  ans,  et  dans  le- 
quel elle  était  visitée  par  la  plus  haute  noblesse. 
Elle  y  mourut  en  1793,  à  l'âge  de  plus  de  cent 
ans.  Élève  de  son  père  pour  la  musique,  elle 
composait  des  motets  qu'elle  faisait  exécuter  à 
Versailles,  dans  la  chapelle  du  roi.  Un  de  ces 
motets  fut  trouvé  fort  beau  et  lui  fit  obtenir, 
grâce  à  la  bienveillance  du  duc  d'Orléans,  le 
grand  cordon  de  l'ordre  de  Saint-Michel  ;  dis- 
tinction qui  n'avait  jamais  été  accordée  à  une 
femme,  et  qu'aucune  autre  n'a  eue  après  made- 
moiselle Quinault. 

QUINTANELLA  (Hyacinthe),  mansion- 
naire  de  la  collégiale  de  Saint- Pétrone,  à  Bolo- 
gne, et  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
Étienne  de  la  même  ville,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  fut  académicien 
philharmonique.  On  a  imprimé  de  sa  composi- 
tion un  ouvrage  intitulé  :  Il  primo  libro  de 
Motetti  a  voce  sola,  op.  1,  Bologne,  Giac. 
Monti,  1672,  in-4°. 

QUI1XZA1XI  (Lucrezio),  moine  de  Cîteaux 
au  monastère  de  la  Cava,  naquit  à  Crémone, 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  fut  consi- 
déré comme  un  des  meilleurs  musiciens  de  son 
temps.  On  connaît  de  lui  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  lntroitus  Missarum  quatuor  vocum, 
Francfort-sur-le-Mein,  1585,  in-4°.  Celte  édi- 
tion est  faite  d'après  une  autre  qui  avait  été 
publiée  en  Italie  (voy.  Arisi,  Cremona  litteruta, 
t.  II,  p.  455). 


154 


QUINTILLIEN  —  QU1TSCHREIBER 


QULMTILLIEN  (Aristide).  Voyez  ARIS- 
TIDE QUINTILLIEN. 

QU1RSFELD  (Jean),  né  à  Dresde,  le  22 
juillet  1642,  lit  ses  études  à  Wittenberg,  et  y 
obtint  le  grade  de  maître  en  philosophie.  Après 
qu'il  eut  quitté  cette  université,  il  fut  nommé 
cantor  àPirna,  puis  diacre,  et  enfin  archidiacre 
dans  cette  ville,  où  il  mourut  le  18  juin  1686. 
On  lui  doit  un  traité  élémentaire  de  musique, 
à  l'usage  des  écoles,  sous  ce  titre  :  Breviarium 
musicum  oder  kurzer  Begriff,  me  ein  Knabe 
leicht  und  bald  zur  Singe-Kunst,  etc.,  erler- 
nen  kan  (Abrégé  de  musique,  ou  court  précis 
dans  lequel  un  garçon  peut  apprendre  facilement 
et  en  peu  de  temps  l'art  du  chant);  Pirna,  1675, 
in-8°  quatre  feuilles  et  demie.  Une  2e  édition, 
augmentée  d'exercices  et  de  canons  à  deux  voix, 
dans  les  douze  modes,  a  été  publiée  à  Dresde, 
chez  Martin  Gabriel  Hubner,  en  1683,  112  pages 
in-8°,  avec  une  préface  de  cet  éditeur.  La  troi- 
sième édition  a  été  publiée  chez  le  même  en 
1688,  la  quatrième  en  1702,  et  la  dernière  en 
1717,  toutes  in-8°  de  huit  feuilles  et  demie. 
Quirsfeld  a  aussi  publié  un  livre  choral  inti- 
tulé :  Geistlicher  Harfenklang  auf  zehn  Sai- 
ten,  etc  ,  in  einem  vollsisendigen  Gezangbu- 
chc,  darinnenûbcr  1000  Lieder  zu  finden,  etc. 
(Son  de  la  harpe  spirituelle  de  dix  cordes,  con- 
sistant en  un  livre  choral  complet,  où  se  trou- 
vent plus  de  mille  chants,  etc.)  ;  Leipsick,  1679, 


in-8°.  Corneille  de  Benjjhem  cite  aussi  du 
même  auteur  (  Bibliath.  Mathcm.,  p.  108)  un 
livre  intitulé  :  Aurifadina  mathematica  de 
sono;  Leipsick,  1675,  in-8°. 

QU1TSCHREIBER(  Georges),  né  à  Cra- 
nichfeld,  en  Saxe,  le  30  décembre  1569,  fut 
nommé,  en  1594,  par  le  comte  deScbwarzbourg, 
cantor  et  maître  d'école  à  Rudolstadt.  En  1598, 
il  obtint  la  place  de  cantor  à  Jéna;en  1614,  il 
eut  la  place  de  ministre  à  Heinichen,  et  en  1629, 
il  réunit  en  la  même  qualité  les  paroisses  de 
Magdala,  Ottstedt  et  Mœina.  Il  mourut  en  ce 
dernier  endroit  en  1638.  On  a  de  lui  un  livre 
élémentaire  concernant  l'art  du  chant,  intitulé 
De  canendi  clegantia  prxcepta  ;  Jéna,  1598, 
in-4°.  Il  a  aussi  publié  un  traité  qui  parait  être 
destiné  au  même  objet,  et  qui  a  pour  titre  : 
Kurz  Musikbuchlein ,  in  teutschen  und  la- 
teinischen  Schulen  fur  die  Jugend  zu  ge- 
brauchen,  mit  Bericht  voie  man  Gesunge 
anstimmen  solle  (Petit  livre  de  musique  à 
l'usage  de  la  jeunesse  dans  les  écoles  allemandes 
et  latines,  etc.),  Leipsick,  1605,  in-8°;  Leipsick, 
1605,  et  Jéna,  1607,  in-8°  de  six  feuilles.  Comme 
compositeur,  Quitschreiber  s'est  fait  connaître 
par  le  recueil  des  psaumes  à  qualre  voix  imprimé 
à  Jéna,  1608,  in-4°,  par  des  chants  religieux  à 
quatre  voix,  ibid.,  1611,  in-4°,  et  par  le  4me 
psaume  à  six  voix,  ibid.,  1622,  in-4°. 


li 


R  AAB  (Léopold-Frédéric),  né  en  1721,  à 
Glogau,  en  Silésie,  fit  pendant  plusieurs  années 
ses  études  an  collège  des  jésuites  de  Breslau,  et 
y  apprit  aussi  les  éléments  de  la  musique.  Rau, 
violoniste  de  cette  ville,  lui  donna  des  leçons  de 
violon,  puis  Raab  se  rendit  à  Berlin  où  il  devint 
élève  de  François  Benda.  Le  style  de  cet  artiste 
lui  devint  si  familier,  qu'on  avait  peine  à  distin- 
guer ses  compositions  de  celles  de  son  maître.  Il 
fut  successivement  attaché  à  la  musique  du  mar- 
grave Charles  et  du  prince  Ferdinand,  de  la  fa- 
mille royale  de  Prusse.  Il  vivait  encore  à  Berlin 
en  1784.  Ses  concertos  pour  le  violon  sont  restés 
en  manuscrit. 

RAAB  (Ernest-Henri-Otto),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Berlin  en  1750.  Il  fit  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  son  père,  et  devint 
un  des  violonistes  allemands  les  plus  distingués 
de  son  temps.  Admis  en  1770  dans  la  musique 
particulière  du  prince  Ferdinand  de  Prusse,  il 
obtint,  en  1784,  un  congé  pour  voyager  en  Al- 
lemagne; puis  il  se  rendit  à  Pétersbourg,  où  il 
obtint  une  place  de  musicien  de  la  cour.  Il  vivait 
encore  à  Pétersbourg  en  1801. 

RABASSA  (D.  Pedro),  compositeur  espa- 
gnol et  licencié  es  arts,  fut  nommé  maître  de 
chapelle  de  l'église  métropolitaine  de  Valence  en 
1713,  qu'il  ne  quitta  que  pour  une  position  sem- 
blable, à  la  cathédrale  de  Séville,  en  1724.  Il 
mourut  en  1760,  à  un  âge  très-avancé.  Les  œu- 
vres musicales  de  cet  artiste,  particulièrement 
pour  la  musique  d'église,  à  4,  à  8  et  à  12  voix, 
sont  en  très-grand  nombre.  Il  en  existe  une 
partie  à  Valence,  et  une  plus  grande  quantité  à 
Séville.  M.  Eslava  (voyez  ce  nom)  a  inséré  une 
des  compositions  de  Rabassa  dans  la  seconde 
série  de  sa  collection  intitulée   Lira  sacro.-his- 


pana.  Ce  maître  a  laissé  en  manuscrit  un  grand 
traité  de  contrepoint  et  de  composition,  en  un 
volume  in  folio  de  516  pages,  intitulé  Guia 
para  los  que  quieran  aprender  composition 
(  Guide  pour  ceux  qui  veulent  apprendre  la 
composition). 

RACAIVI  (Jean-Baptiste),  maître  de  chapeile 
de  l'église  Sainte-Marie  Majeure,  à  Bergame, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  est 
connu  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Ilprimo  li- 
bro  de'  Madrigali  a  cinque  voci;  Venise,  1581, 
in-4°.  —  2°  Misse  a  quattro  e  cinque  voci;  Ve- 
nise, 1588,  in-4°. 

RACHELLE  (Pierre),  premier  violoncelle 
de  la  cour  ducale  de  Parme,  s'est  fait  connaître 
par  un  traité  abrégé  du  violoncelle  intitulé  : 
Brève  metodo  di  violoncello  compilato  dat  etc.; 
Milan,  Ricordi,  in-fol  de  37  pages  gravées. 

RACKNITZ  (Joseph-Frédéric,  baron  DE), 
maréchal  de  la  maison  du  prince  électeur  de 
Saxe,  et  chevalier  de  Malte,  naquit  à  Dresde,  le 
3  novembre  1744.  D'heureuses  dispositions  pour 
la  musique  lui  firent  cultiver  cet  art  avec  succès 
dès  ses  premières  années.  A  l'âge  de  dix-sept 
ans,  il  entra  au  service  militaire  ;  mais  il  prit  sa 
retraite  en  1769,  futnommé  chambellan  en  1774, 
et  maréchal  du  palais  en  1790.  En  1802  l'opéra 
de  la  cour  et  la  chapelle  du  prince  furent  placés 
sous  sa  direction.  Cet  amateur  a  publié  de  sa 
composition  :  Ie  Trois  sonates  pour  le  clavecin; 
Dresde,  Hilscher,  1790  —  2°  Douze  chansons  alle- 
mandes et  françaises ,  avec  accompagnement  de 
piano;  ibid.,  1791.  —  3°  Douze  entr'actes  arrangés 
pour  le  piano,  ibid.,  1795.  Le  baron  de  Racknitz 
a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  d'autres  compo- 
sitions. Il  est  mort  à   Dresde,  le  10  avril    1818. 

RACKWITZ  (....),  facteur  d'orgues  sué. 


150 


RACKW1ÏZ  —  IIADLNO 


dois,  vivait  à  Stockholm  en  1798.  Ce  fut  lui  qui 
construisit  pour  l'abbé  Vogler,  et  sur  ses  plans, 
l'orchestrion  et  le  piano  que  cet  abbé  appelait 
organochordon. 

RADECKE  (Robert),  né  Ie31  octobre  1830, 
à  Dittmannsdorf,  près  de  Waldenburg  (Silésie), 
apprit  sous  la  direction  de  son  père,  organiste 
et  cantor  dans  ce  lieu,  les  éléments  du  violon, 
du  piano  et  de  l'orgue.  Il  était  encore  enfant 
lorsqu'il  joua  du  pianoavec  succès  dans  quelques 
concerts  donnés  dans  les  petites  villes  des  envi- 
rons. Pendant  les  années  1845  à  1848,  il  fréquenta 
les  classes  du  gymnase  (collège)  de  Breslau.  Dans 
le  même  temps  il  reçut  des  leçons  de  piano  et 
d'orgue  d'Ernest  Koliler,  et  continua  l'étude  du 
violon  chez  Lùstner,  ainsi  que  celle  de  la  com- 
position sous  la  direction  de  Brosig.  Entré  au 
conservatoire  de  Leipsick  en  1S48,  il  y  passa 
deux  années  et  y  perfectionna  son  talent  sur  les 
trois  instruments  qu'il  avait  étudiés  depuis  son 
enfance.  Lorsqu'il  en  sortit,  il  se  livra  à  l'ensei- 
gnement et  fut  directeur  de  l'académie  de  chant 
jusqu'en  1853  :  il  obtint  alors  la  place  de  chef 
des  chœurs  du  théâtre;  mais  il  ne  la  conserva 
pas  longtemps,  car  dans  la  même  année  il  fut 
appelé  pour  le  service  militaire  dans  l'armée 
prussienne.  Arrivé  à  Berlin,  il  y  fonda  des  soirées 
de  musique  de  chambre,  après  qu'il  eut  obtenu 
son  congé,  et  dans  l'hiver  de  1858-1859,  il  y 
établit  de  grands  concerts  de  musique  d'orchestre 
et  de  chœur,  à  l'imitation  de  ceux  du  Gewand- 
haus  de  Leipsick.  Comme  compositeur,  Radecke 
a  publié  environ  dix  recueils  de  Lieder  à  voix 
seule  avec  piano,  plusieurs  suites  de  chants  pour 
deux  et  trois  voix  de  femmes,  des  pièces  pour 
le  piano  à  deux  et  à  quatre  mains,  des  duos  pour 
piano  et  violon  et  pour  piano  et  violoncelle  ; 
enfin,  on  connaît  de  lui  une  ouverture  à  grand 
orchestre  pour  le  drame  de  Shakespeare,  Le  Roi 
Jean.  Il  a  fait  chanter  à  la  Peter-Kirche  de 
Berlin,  en  1856,  le  premier  psaume  pour  un 
chœur  de  voix  de  femmes;  la  cantate  religieuse 
intitulée  Uer  liebe  Huldigung ,  pour  voix  seule 
et  chœur  de  femmes,  exécutée  le  0  mai  1858; 
le  13e  psaume,  pour  voix  seule,  chœur  de 
voix  de  femmes  et  orgue,  exécuté  le  4  juin 
1859. 

RADECKE  (Rodolphe),  frère  du  précé- 
dent ,  né  à  Dittmannsdorf  vit  à  Berlin,  où  il  se 
livre  à  l'enseignement.  [I  a  publié  des  Lieder  à 
voix  seule  avec  piano,  des  chants  a  4  voix,  et 
quelques  pièces  pour  le  piano. 

RADEKER  (Henri),  organiste  et  carillon- 
neur  de  la  grande  église  de  Harlem,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  fait  graver  de  sa 
composition  :  1°  Caprice  pour  le  clavecin,  Ams- 


terdam, 1740.  —  2°  Concerto  pour  le  clavecin, 
ibid.  — 3°  Deux  sonates  idem,  ibid. 

RADEKER  (Jean),  (ils  du  précédent, naquit 
à  Harlem  vers  1730.  Élève  de  son  père,  il  fut 
d'abord  organiste  au  village  de  Beverwyck,  près 
de  Harlem,  puis  il  succéda  à  Henri  Radeker  dans 
ses  places  d'organiste  et  de  carillonneur.  Il  a 
publié  en  1762,  à  Amsterdam,  trois  sonates  pour 
clavecin  et  violon  ;  mais  il  est  connu  principale- 
ment par  sa  description  historique  du  grand 
orgue  de  Harlem,  intitulée  :  Korte  Beschryving 
van  het  beroemde  en  prachtige.  Orgel,  in  de 
groole  of  Saint-Bavoos- Kerck  te  Haerlem; 
Harlem,  Enschede,  1775,32  pages  in-8°. 

RADICATI  (Félix-Alexandre),  professeur 
de  violon  au  lycée  musical  de  Bologne,  et  di- 
recteur de  l'orchestre  du  théâtre  de  cette  ville, 
naquit  à  Turin,  en  1778.  Son  père,  Maurice  de* 
Radicati ,  appartenait  à  une  famille  noble ,  mais 
peu  favorisée  de  la  fortune.  Félix  était  encore 
fort  jeune  lorsqu'il  reçut  des  leçons  de  violon 
de  Pugnani  (voyez  ce  nom).  En  1816,  Radicati 
fit  un  voyage  dans  la  Lombardie;  deux  ans 
après,  il  était  à  Vienne.  Il  a  fait  représenter  à 
Bologne  un  opéra  intitulé  ■.  Ricciardo  Cuor  di 
Ir.one.  Radicati  avait  épousé  la  cantatrice  Thé- 
rèse Bertinotti.  Il  est  mort  le  14  avril  1823, 
par  suite  des  blessures  qu'il  reçut  dans  la 
chute  d'une  voiture  où  il  se  trouvait,  et  dont  les 
chevaux  s'emportèrent.  On  a  gravé  de  la  com- 
position de  cet  artiste  :  1°  Quintettes  pour  2  vio- 
lons, 2  altos  et  violoncelle,  op.  17  ;  Mayence, 
Schott.  —  2°  Idem,  op.  21  ;  Vienne,  Cappi.  — 
3"  Quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  8, 

11,  14  ;  Vienne,  Artaria;  op.  15,  Vienne,  Weigl; 
op.  16,  Vienne,  Artaria.  —  4°  Trios  pour  vio- 
lon, alto  et  violoncelle,  op.  7,  13;  Vienne, 
Weigl;  op.  20;  Milan,  Ricordi.  —  5°  Duos  pour 
2 violons,  op.  1,2,  3;  Vienne,  Cappi;  op.  9,  10, 

12,  19;  Vienne,  Artaria.  — 6°  Thèmes  variés 
pour  violon  et  orchestre  ou  quatuor,  op.  18,  22; 
Milan,  Ricordi.  —  7°  Ariettes  italiennes,  avec 
ace.  de  piano,  op.  3;  Vienne,  Weigl. 

RADICCI1I  (Joseph),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Rome  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  a  écrit  à  Venise,  en  1778,  l'opéra  intitulé 
Il  Medonte. 

RADINO  (Jean-Marie),  organiste  de  l'église 
San-Qio-vanni  in  Vcrdara,  à  Padoue,  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle,  est  connu  par 
un  livre  de  pièces  pour  le  luth  ou  le  clavecin, 
lequel  a  pour  titre  :  Il  primo  libro  d'intavola- 
tara  di  ballï  d'arpicordo.  In  Vcnetia,  oppressa 
Giacomo  Vincenti,  1592,  petit  in-4°  obi.  Rien 
que  le  titre  indique  que  les  pièces  contenuefl 
dans  le  recueil  sont  en  tablature,  la  notation  esî 


RADINO  —  RAFF 


15) 


ordinaire  sur  une  portée  de  5  lignes  pour  la 
main  droite,  et  la  partie  de  la  main  gauche,  qui 
Tait  l'harmonie,  est  notée  sur  une  portée  de  8 
lignes. 

RADOWITZ  (Joseph-Marie),  lieutenant 
général  au  service  de  Prusse,  et  membre  de  l'A- 
cadémie royale  des  sciences  de  Berlin,  naquit 
à  Blanckenbourg,  le  6  février  1797,  et  mourut  à 
Berlin  le  25  décembre  1853.  Le  cinquième  vo- 
lume de  ses  œuvres  complètes,  imprimées  à 
Berlin  chezReimer,  renferme  plusieurs  morceaux 
qui  concernent  la  musique,  particulièrement  la 
musique  d'église,  Jean-Jacques  Rousseau  comme 
musicien,  J.-S.  Bach,  les  impressions  produites 
par  la  musique,  la  critique  musicale,  et  l'opéra. 

RADZIW1LL  (le  prince  Antoine-Henri), 
d'une  illustre  famille  polonaise,  est  né  dans  le 
duché  de  Posen,  le  13  jaillet  1775.  En  1815,  le 
roi  de  Prusse  l'a  nommé  gouverneur  du  grand 
duché  de  Posen.  Amateur  passionné  de  musique 
et  violoncelliste  distingué,  ce  prince  a  publié  des 
romances  françaises,  avec  accompagnement  de 
piano,  des  polonaises  et  plusieurs  chants  alle- 
mands. En  1796,  il  épousa  la  princesse  Louise- 
Frédérique  de  Prusse,  et  le  majorât  de  Nieswicz 
et  d'Olyka  lui  échut  en  partage,  Ce  prince  mou- 
rut à  Berlin  dans  la  nuit  du  8  au  9  avril  1833. 
Son  œuvre  la  plus  considérable  est  la  musique 
qu'il  a  composée  sur  le  Faust  de  Gœthe,  dont  la 
partition  a  été  publiée  en  1835,  à  Berlin,  chez 
Trautwein,  par  les  soins  de  Rungenhagen,  di- 
recteur de  l'Académie  royale  de  chant  de  cette 
ville,  sous  ce  titre  :  Partiiur  Aufgabe  von 
Fursten  Antomj  Radziwill  compositionen,  zu 
den  dramatischen  Gedichten  Faust,  von  Gœ- 
the. La  même  partition,  arrangée  pour  piano 
seul,  par  J.  P.  Schmidt,  a  paru  chez  le  même 
éditeur,  et  il  en  fut  fait  une  traduction  en  polonais, 
qui  a  été  publiée  en  1844,  à  Wilna,  chez  Zu- 
wadzki.  Cet  ouvrage  remarquable  a  été  repré- 
senté avec  succès  à  Dantzick,  Cobourg,  Hanovre, 
Kœnigsberg,  Leipsick,  Potsdam ,  Prague  et 
Weimar.  L'Académie  royale  de  chant  de  Berlin 
l'a  exécuté  souvent  le  jour  anniversaire  de  la 
mort  du  prince  Radziwill. 

H  A  EUT  (Pierkin  DE),  musicien  flamand 
qui  vécut  au  commencement  du  seizième  siècle, 
n'est  connu  que  par  une  messe  à  4  voix,  intitulée 
Quam  dicunt  homines,  qui  se  trouve  dans  un 
manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Cambrai, 
n°  124),  dont  M.  de  Coussemaker  a  donné  une 
description  complète  dans  sa  Notice  sur  les 
collections  musicales  de  la  bibliothèque  de 
Cambrai  (pages  65-91).  Le  même  savant  a  pu- 
blié, à  la  fin  de  ce  volume,  le  Sancius  en  par- 
tition de  la  messe  de  Pierkin  de  Raedt  (n°  9)  ; 


mais  au  lieu  de  la  clef  d'ut  sur  la  deuxième  ligne 
qui  se  trouve  à  la  partie  de  ténor,  il  faut 
substituer  la  même  clef  sur  la  quatrième  ligne, 
sans  laquelle  le  morceau  n'aurait  pas  de  sens 
harmonique.  La  clef  d'-ui  sur  la  deuxième,  ligne 
n'est  bien  placée  qu'à  la  partie  du  contratenor. 

R/EUSCH  (Charles),  organiste  distingué 
à  l'église  principale  de  Rostock,  est  né  àWismar, 
vers  1810.  Il  s'est  fait  connaître  d'une  manière 
avantageuse  parles  ouvrages  suivants  :  3  Pré- 
ludes pour  l'orgue,  op.  1  ;  Hambourg.Cranz;  2  pré- 
bides pour  un  clavier  et  pédale  d'orgue,  op.  2 , 
ibid. ;  Pièces  faciles  pour  l'orgue,  op.  4;  Leipsick, 
Hofmeister. 

RAFAËL  (Charles-Frédéric),  né  en  Bo- 
hême, fut  conduit  dans  son  enfance  en  Silésie, 
et  reçut  son  éducation  musicale  à  Breslau.  Eii 
1816,  il  entra  dans  une  troupe  de  comédiens  am- 
bulants, puis  fut  attaché  au  théâtre  de  Breslau. 
En  1828,  il  quitta  la  scène  pour  se  livrer  à  l'en- 
seignement du  chant,  et  depuis  lors  il  a  vécu 
dans  la  capitale  de  la  Silésie,  en  qualité  de  pro- 
fesseur de  cet  art.  Il  y  vivait  encore  en  1 840.  Cet 
artiste  s'est  fait  connaître  comme  compositeur  par 
les  ouvrages  suivants:  1°  Pater  noster(  en  alle- 
mand), à  4  voix,  sans  accompagnement;  Bres- 
lau, Leuckart.  —  2°  Wenn's  weiter  nichts  ist, 
chant  allemand  à  qualre  voix;  Breslau,  Fœrster. 
—  3°  Quolibet  de  Kudras  à  voix  seule,  avec  ac 
compagnement  de  piano;  Breslau,  Leuckart.  — 
4°  Les  quatre  saisons,  chants  à  4  voix  d'hom- 
mes; Breslau,  Fœrster. 

RAFF  (Antoine),  né  en  1714  à  Gelsdorf, 
dans  le  duché  de  Juliers,  est  considéré  comme  le 
chanteur  le  plus  habile  qu'ait  produit  l'Allemagne 
au  dix-huitième  siècle.  Destiné  à  l'état  ecclé- 
siastique, il  fit  ses  études  chez  les  jésuites ,  à 
Cologne.  Déjà  il  était  parvenu  à  l'âge  de  vingt 
ans  et  il  ne  savait  pas  une  noie  de  musique. 
Des  motifs  inconnus  ne  lui  ayant  pas  permis 
d'entrer  dans  les  ordres,  il  fut  obligé  d'accepter 
une  place  de  précepteur  dans  le  lieu  de  sa  nais- 
sance. C'est  alors  que  la  beauté  de  sa  voix  de 
ténor  lui  suggéra  le  désir  d'apprendre  à  lire  la 
musique  ;  mais  privé  du  secours  d'un  maître,  ce 
ne  fut  qu'avec  beaucoup  de  peine  qu'il  apprit  seul 
à  déchiffrer  des  airs  faciles.  L'électeurde  Cologne, 
ayant  entendu  parler  de  la  belle  voix  de  l'insti- 
tuteur de  Gelsdorf,  le  fit  venir  à  sa  cour,  et  lui 
fit  chanter  dans  un  oratorio  des  solos  qu'un  mu- 
sicien de  la  cour  lui  avait  appris.  L'électeur  de 
Bavière  l'ayant  entendu,  dans  une  visite  qu'il 
fit  à  Cologne  en  1736,  éprouva  tant  de  plaisir  à 
l'audition  de  cette  belle  voix,  qu'il  engagea  Raff 
à  son  service  et  l'emmena  à  Munich.  Le  compo- 
sileur  Ferandini  (voyez  ce,  nom),  alors  maîtie 


158 


RAFF 


de  chapelle  de  la  cour  de  Bavière,  fut  chargé  de 
diriger  l'éducation  musicale  du  chanteur  impro- 
visé, et  lui  lit  faire  de  rapides  progrès;  mais 
bientôt  lui-même  comprit  la  nécessité  de  coulier 
son   élève  aux  soins  d'un  grand   professeur  de 
chant,  et,  d'après  ses  conseils,  Raff  futenvoyé  à 
Bologne,  dans  l'excellente   école  de  Bernacchi, 
dont  il  devint  un  des  élèves  les  plus  distingués. 
Après  avoir  reçu,  pendant  environ  trois  ans  ,  les 
leçons  de  ce  maître  célèbre,  il  débuta  à  Florence 
avec  succès;  parut  ensuite  sur  plusieurs  théâ- 
tres, et  retourna  à  Munich  en  1742.  Il  y  chanta 
dans  les  fêtes  qui  eurent  lieu  pour  le  mariage  de 
l'électeur  Charles- Théodore,  puis  il  se  fit  entendre 
au  couronnement  de  l'empereur  à  Francfort,  et 
enfin  il  chanta  en  1749  à  Vienne,  dans  la  Didone 
de  Jomelli.  Acleur  médiocre,  il  rachetait  par  la 
perfection  du  chant  les  défauts  de  son  jeu.  Dans 
la  même  année,  il  retourna  en  Italie  où  son  ta- 
lent fut  accueilli  avec  enthousiasme,  particuliè- 
rement à  Naples.  On  rapporte  comme  une  preuve 
des  émotions  que  Raff  pouvait   faire  naître  par 
son  chant    l'anecdote  suivante  :  La   princesse 
Belmonte-Pignatelli,  après  la  mort  de  son  mari, 
était  en  proie  à  une  douleur  sombre  et  muette 
(pii  faisait  craindre  pour  sa  vie:  un  mois  s'était 
écoulé  sans  qu'elle  proférât  un  mot  ou  versât  une 
larme.  Chaque  soir  on   la  portait  dans  ses  jar- 
dins, les  plus  beaux  de  toutes  les  vidas  qui  en- 
vironnent Naples;  mais  ni  le  [tins  beau  site,  ni 
le  charme  des  soirées  de  cet  heureux  climat  ne 
produisaient  on  elle  les  émotions  d'attendrisse- 
ment qui  seules  pouvaient  lui  sauver  la  vie.  Le 
hasard  conduisit  Raff  dans  ces  jardins  au   mo- 
ment où  la  princesse  y  était  couchée  sur  un  lit 
de  repos  ;  on  le  pria  d'essayer  l'effet  de  sa  belle 
voix  et  de  son  talent  sur  les  organes  de  la  ma- 
lade; il  y  consentit,  s'approcha  du  bosquet  où 
reposait  Mme  de  Belmonte,  et  chanta  la  canzo- 
nette  deRolli  : 

Snlitario  bosco  ombroso; 
tir. 

La  voix  touchante  de  l'artiste,  l'expression  de 
son  chant,  la  mélodie  simple  et  douce  dfl  la  mu  • 
sique  et  le  sens  des  paroles  adapté  aux  circons 
tances,  aux  lieux,  à  la  personne,  produisirent 
une  impression  si  puissante,  un  effet  si  salutaire, 
que.  la  princesse  versa  des  larmes  qui  ne  s'ar- 
rêtèrent point  pendant  plusieurs  jours  et  qui  la 
sauvèrent  d'une  mort  inévitable. 

En  17.V>  Raff  se  rendit  a  Lisbonne  et  y  «liant.» 
pendant  trois  ans.  Appelé  ensuite  à  Madrid,  il  y 
débuta  en  I7.">;>  avec  un  succès  qui  alla  jusqu'à 
l'enthousiasme.  La  mort  du  roi,  arrivée  quatre 
ans  après,  ayant  obligé  laiinelli  à  s'éloigner  de 


l'Espagne  et  à  retourner  en  Italie,  Raff,  devenu 
son  ami  et  son  protégé,  le  suivit,  et  se  lit  en- 
tendre [sur  les  principaux  théâtres.  A  Rome,  il 
produisit  une  impression  si  vive,  que  le  pape  le 
décora  de  l'ordre  de  l'Éperon  d'or.  En  1770,  il 
s'aperçut  des  atteintes  portées  par  le  temps  à  la 
souplesse  et  au  timbre  de  son  organe  vocal,  et 
prit  la  résolution  de  quitter  la  scène.  De  retour 
à  Manheim  dans  la  même  année,  il  y  chanta,  à 
la  demande  de  l'électeur  palatin,  dans  l'opéra 
intitulé  Giinther  von  Schwarzbourg.  En  1770 
il  fit  un  voyage  à  Paris,  puis  retourna  à  Man- 
heim, et  suivit  la  cour  palatine  à  Munich, 
en  1779.  Alors  il  ouvrit,  dans  sa  maison,  une 
école  de  chant;  mais  la  sévérité  des  études  ou 
il  voulait  astreindre  ses  élèves  les  lui  lit  |>erdre 
bientôt,  dans  un  pays  où  l'art  du  chant  véritable 
n'était  pas  estimé  à  sa  juste  valeur.  Alors  le  cé- 
lèbre chanteur  cessa  de  s'occu|>er  de  musique, 
vendit  le  piano  qui  servait  à  l'accompagner, 
donna  la  collection  de  ses  airs  à  un  ami,  et  se 
livra  aux  exercices  de  dévotion,  La  lecture  de 
livres  pieux  et  de  médecine,  interrompue  seu- 
lement par  celle  des  poésies  de  Métastase  et  des 
ouvrages  de  Cervantes ,  occupait  ses  loisirs.  Il 
mourut  à  Munich  le  28  mai  1797,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-trois  ans. 

RAFF  (JoAcmM),  pianiste,   violoniste,   et 
compositeur,  est  né  le  -27  mai  1822  à  Lacben,  sur 
le  lac  de  Zurich  (Suisse).  La  littérature  et  les 
sciences  occupèrent  d'abord  sa  jeunesse,  quoi- 
qu'il eût  étudié  d'une  manière  sérieuse  la  musique 
et  le  piano  ;  mais  en  1843,  il  s'épril  d'une  passion 
véritable  pour  cet  art  et  publia  en  |>eu  de  temps 
un    certain    nombre    d'ouvrages    pour  le    piano 
dans  les  formes  habituelles  de  cette  époque,  telles 
que  pièces  caractéristiques,  fantaisies  brillantes, 
caprices,  rondos,  romances  sans  paroles  et  autres 
du  même  genre.  Depuis  1850  il  a  résidé  plus  ou 
moins    longtemps  dans  quelques    localités  des 
provinces  rhénanes,  s'y  livrant  en  partie  à  l'en- 
seignement du  piano ,  à  la  composition  et  à  la 
critique  musicale  dans  les  journaux  ;  puis  il  se 
rendit  à  Weiniar  près  île  Lis/.t  et  écrivit,  pour  le 
théâtre  de  cette  ville,  l'opéra  intitulé  Le  Roi  Al- 
fred, qui  y  fut  représenté  sans  succès.  Devenu 
aident  admirateur  des  œuvres  de  R'chard  Wa- 
gner, il  a  écrit  pour  la  glorification  de  ce  nova- 
teur  un   livre  intitulé  Die    Woijnerfrage  (la 
question  de  Wagner).  On  connaît  aussi,  de   la 
composition  de  liait',  une  fantaisie   pour  violon 
avec  orchestre,  des  duos  pour  piano  el  violon- 
celle et  pour  piano  et  violon  ,  des  Lieder  et  des 
chants  pour  des  voix  d'hommes.  Au  moment   où 
cette  notice  est  écrite  (  18(12),  cet  artiste  littéra- 
teur e^t  établi  à  Wiesbaden. 


RAFFAEL   (  Icnace-Wenceslas  ).    Voyez 

RAPHAËL. 

RAFFANELLI  (Louis),  excellent  bouffe 
italien,  né  en  1752,  dans  un  village  de  la  pro- 
vince de  Lecce,  au  royaume  de  Naples,  apprit 
la  musique  chez  un  musicien  attaché  à  la  cathé- 
drale de  Lecce ,  et  entra  au  théâtre  à  l'âge  de 
vingt-deux  ans.  Une  voix  de  basse  médiocre, 
mais  un  talent  naturel  pour  l'expression  comi- 
que le  rendaient  propre    à  l'emploi  des  rôles 
bouffes ,  dans  lesquels  l'étude  lui  fit  faire  de 
si  grands  progrès,  qu'il  put  être  plus  tard  con- 
sidéré comme  un  modèle  parfait  en  son  genre. 
Après  avoir  fait  les  délices  des  Napolitains  au 
petit  théâtre  des  Fiorentini,  pendant  plusieurs 
années,  il  se  décida  à  paraître  sur  de  plus  grandes 
scènes  et  fut  engagé  à  Rome  en  1779.  Il  joua  en- 
suite à  Parme,  à  Padoue ,  à  Venise,  et  enfin  à 
Milan,  dans  l'été  et  dans  l'automne  de  1784.  Au 
printemps  de  cette  même  année,  il  avait  épousé 
la  cantatrice  Julie  Moroni,  qui  joua  avec,  lui  sur 
plusieurs  grands  théâtres.  En  1789  Raffanelli  fut 
engagé  par  Viotti  pour  la  fameuse  troupe  italienne 
du  théâtre  de  Monsieur,  à  Paris.  On  lui  donna 
dans  cette  ville  le  nom  de  Préville  italien,  à 
cause  de  l'excellence  de  son  jeu.  Les  événe- 
ments du  10  août  1792  dispersèrent  les  acteurs 
de   cette    troupe,    et  Raffanelli    se    rendit   à 
Vienne  en  1793.  L'année  suivante  il  alla  en  Italie, 
chanta  à  Trieste,  à  Padoue,  à  Turin,  puis  s'em- 
barqua à  Gênes  pour  l'Angleterre.  Le  premier 
consul  Bonaparte  ayant  fait  organiser  de  nouveau 
un  Opéra  italien  à  Paris,  en  1802,  Raffanelli  fut 
rappelé  et  s'y  fit  encore  admirer.  Dans  l'automne 
de  1804,  il  joua  à  Milan,  et  dix  ans  après  on  le 
revit  dans  la  même  ville  au  petit  théâtre  Re; 
mais,  parvenu  alors  à  l'âge  de  soixante-deux  ans, 
il  n'était  plus  que  l'ombre  de  lui-même.  Peu  de 
temps  après  il  a  quitté  la  scène.  On  ignore  où  il 
s'est  retiré. 

RAFFY,  ou  RAFY,  facteur  d'instruments 
à  vent,  né  à  Lyon,  vécut  dans  la  première  moitié 
du  XVIe  siècle,  sous  le  règne  de  François  Ier.  Cet 
artiste  est  connu  par  quelques  vers  de  Clément 
Marotet  de  Baïf  :  on  y  voit  que  ses  instruments, 
excellents  pour  son  temps,  étaient  fort  recher- 
chés des  amateurs. 

Voici  ce  qu'en  dit  Marol ,  dans  sa  quatrième 
complainte  : 


Pe  moi  auras  un  double  chalumeau, 
Fait  de  la  main  de  Raffy  I.yonnois; 
Lequel  à  peine  al  eu  pour  un  ci."  reau, 
Du  bon  pasteur  Michau,  que  tu  cognais. 
Jamais  encor  n'en  sonnay  qu'une  fois, 
Et  si  le  garde  aussi  cher  que  la  vie. 


RAFFAEL  —  RAGUENET  159 

Baïf  en  parle  ainsi  dans  Les  Jeux,  églogue  du 
Devis  : 


Apres  tous  ces  propos,  j'apporte  une  musette 
Que  Bafy,  Lyonnois,  à  Marot  avoit  faite. 

On  ne  connaît  plus  aujourd'hui  d'instruments 
fabriqués  par  Raffy. 

RAGUÉ  (Lodis-Cii arles),  amateur  distin- 
gué, vécut  à  Paris  depuis  1775  jusqu'aux  événe- 
ments de  la  révolution  française,  en  1792,  puis 
se  retira  à  la  campagne ,  dans  les  environs  de 
Moulins.  En  1784  il  fit  représenter  à  ,1a  Comédie 
italienne  Metnnon,  opéra  en  trois  actes,  dont  il 
avait  composé  la  musique  et  qui  n'eut  point  de 
succès.  Deux  ans  après  il  donna  au  même  théâtre 
l'Amour  filial,  en  deux  actes,  qui  fut  mieux 
accueilli.  Ragué  avait  du  talent  sur  la  barpe  et 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Sonates  pour  la 
harpe,  œuvres  2S  4e,  5e  ,  15e  et  16«;  ces  deux 
derniers  extraits  des  œuvres  de  Pleyel  ;  Paris, 
Cousineau.  — -    2°Sonates  pour  harpe  et  violon, 
op.  12  et  13,  ibid.  —  3°  Duos  pour  deux  harpes, 
op.  1,  7,  8,   18,   ibid.  —4°  Trios  pour  harpe, 
violon  et  violoncelle,  op.  9.  ibid.  —  5°  Quatuors 
pour  harpe,  violon,  alto  et  basse,  op.  19,  ibid. 
_  6°  Airs  variés  pour  harpe  seule,  op.  3,  ibid.  — 
7°  Concerto  pour  barpe  et  orchestre,  op.  6,  Pa- 
ris, Leduc.  —  8°  Trois  symphonies  pour  orchestre, 
op.  10,  ibid.  On  n'a  aucun  renseignement  sur 
l'époque  de  la  mort  de  Ragué. 

R  AGUENE  AU-DE-  LA  -  CHAIN  AYE 
(Armand-Henri),  né  à  Paris,  le  16  janvier  1777, 
a  publié  divers  ouvrages  de  facéties,  des  pièces 
de  théâtre ,  et  un  recueil  intitulé  ;  Annuaire 
dramatique,  contenant  l'indication  du  person- 
nel des  théâtres,  les  noms  des  directeurs,  acteurs, 
chanteurs,  musiciens  d'orchestre,  etc.,  le  réper- 
toire des  tragédies,  comédies,  opéras  et  ballets, 
et  des  notices  nécrologiques  sur  les  auteurs, 
chanteurs  etc.  ;  Paris,  1804-1822,  17  vol.  in  32. 
Audiffrel  a  pris  part  à  la  rédaction  de  cet  an- 
nuaire, qui  a  paru  sous  le  voile  de  l'anonyme.  Le 
dernier  volume  contient  les  années  1821  et  1822. 
Ragueneau-de-la-Chainaye  a  été  coopérateur  de 
l'Histoire  critique  des  théâtres  de  Paris  pen- 
dant l'année  1821,  avec  Châlons-d'Argé. 

RAGUENET  (L'abbé  François),  littéra- 
teur, naquit  à  Rouen  vers  1660.  Après  avoir  fait 
ses  études  avec  distinction,  il  embrassa  l'état  ec- 
clésiastique et  devint  précepteur  des  neveux  du 
cardinalde  Bouillon. En  1698,  il  accompagna  ce 
cardinal  à  Rome,  et  s'y  livra  à  l'élude  des  mo- 
numents d'art  qui  s'y  trouvent.  La  musique  ita- 
lienne y  devint  aussi  pour  lui  l'objet  d'une  ad- 
miration enthousiaste.  De  retour  en  France,  il 


160 


RAGUENET  —  RAICK 


entreprit  la  comparaison  de  cette  musique  avec 
celle  de  Lulli  et  des  musiciens  de  son  école,  et 
exalta  le  mérite  de  la  première  dans  un  livre  inti- 
tulé :  Parallèle  des  Italiens  et  des  Français, 
en  ce  qui  regarde  la  musique  et  les  opéras  (1), 
Paris,  1702,  in-12  ;  Amsterdam  ,  1704,  in-12  de 
124  pages.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  anglais, 
sons  ce  titre  :  A  comparison  between  flie 
Frenck  and  Italian  music  and  opéras,  Lon- 
dres, 1709,  in-8°.  L'écrit  de  Raguenet  souleva 
l'indignation  des  partisans  de  la  musique  fran- 
çaise, dont  Lecerf-de-la-Vieville-de-Fresneuse 
(voy.  Leck.rf-de-la-Vieville)  prit  la  défense 
avec  chaleur.  Raguenet  répondit  à  celui-ci  par  la 
Défense  du  Parallèle  des  Italiens  et  des 
Français,  en  ce  qui  regarde  la  musique  et 
les  opéras,  Paris,  1705,  in-12  de  174  pages.  Le 
Journal  des  Savants  entra  dans  la  discussion, 
à  propos  de  ce  dernier  écrit ,  et  se  rangea 
parmi  les  adversaires  de  Raguenet  (ann.  1705, 
p.  1194  etsuiv.).  On  trouve  la  liste  des  ouvrages 
de  .l'abbé  Raguenet,  lesquels  n'ont  pas  de  rap- 
port' avec  la  musique,  dans  la  France  littéraire 
de  Quérard  (  t.  VU,  p.  438  439)  et  dans  les 
recueils  généraux  de  Biographies.  On  croit  que 
cet  abbé  mourut  en  1722,  dans  une  retraite 
qu'il  s'était  choisie  loin  de  Paris  ;  mais  on  rap- 
porte diversement  les  circonstances  de  sa  mort. 
Trublet  l'attribue  à  un  suicide  :  «  L'abbé  Rague- 
«  net  (dit-il)  eut  aussi  son  coin  de  folie,  puis- 
«  qu'il  finit  par  se  couper  la  gorge  avec  un  rasoir.» 
(Mémoires  pour  servir  à  V  histoire  de  la  vie 
et  des  ouvrages  de  M.  de  Fontenelle;  Paris, 
1700,  in-12,  p.  167). 

RAGlISA  (Vincent),  moine  franciscain, 
naquit  en  Sicile  le  7  février  1630,  lit  ses  vœux 
dans  le  couvent  de  Modica,  et  y  passa  toute  sa 
vie.  Il  y  mourut  le  24  mai  1703,  laissant  un 
grand  nombre  de  compositions  pour  l'église,  qui 
ont  été  conservées  longtemps  dans  la  bibliothèque 
de  son  couvent. 

Il  A  11  LÈS  (Ferdinand),  né  à  Durcn,  petite 
ville  de  la  Prusse  rhénane,  vers  1812.  En  1839, 
il  y  était  directeur  d'une  société  chorale,  pour 
laquelle  il  a  écrit  un  grand  nombre  de  chants  à 
4  voix.  Il  a  publié  aussi  plusieurs  recueils  de 
Lieder  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano.  En  1844,  M.  Rahles  a  fait  à  Cologne  des 
lectures  publiques  sur  la  musique,  et  dans  Tannée 
suivante  il  ouvrit  un  nouveau  cours  de  ces  lec- 
tures à  Coblence. 


(1)  Ce  titre  est  rapporté  d'une  manière  Ineiaclc  dans  le 
Dtctionnuire  historique  det  musiciens,  par  CboroD  et 
l'ayolle,  et  dans  la  liiouraphie  universelle  des  Iréres  Mi- 
eband- 


RAI  (  Pietro)  ;  voy.  RAJ. 

RAICK  (Dieudonné)  (1),  prêtre,  organiste 
et  compositeur,  naquit  à  Liège,  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-huitième  siècle.  On  voit 
par  les  registres  de  la  cathédrale  d'Anvers  qu'il 
y  entra  comme  enfant  de  chœur  vers  l'âge  de 
huit  ans.  Ce  fut  dans  cette  église  qu'il  fit  son  édu 
cation  musicale.  Ce  fut  aussi  à  Anvers  qu'il  fi 
ses  humanités  et  ses  premières  études  de  théo 
logie.  La  place  d'organiste  de  la  cathédrale  et  di 
la  confrérie  du  Saint-Sacrement  étant  devenm 
vacante  au  mois  de  juillet  1721,  par  la  mort  d* 
La  Fosse,  qui  en  était  titulaire,  Raick  l'obtin 
au  concours  dans  le  mois  suivant.  Il  s'y  fit  re- 
marquer par  la  distinction  de  son  talent.  H  fut  or- 
donné prêtre  par  Pévéque  d'Anvers,  le  6  avril  1726. 
Des  difficultés  qui  survinrent  dans  cette  année  eu- 
tre  lui  et  la  confrérie  du  Saint-Sacrement,  ainsi  que 
d'autres  discussions  qu'il  paraît  avoir  eues  avec 
les  chanoines  de  la  cathédrale,  le  décidèrent  à 
donner  sa  démission  et  à  se  rendre  à  Louvain, 
où  il  fut  nommé  organiste  de  la  collégiale  de 
Saint-Pierre  en  1727.  Pendant  qu'il  en  remplis- 
sait les  fonctions,  il  continua  à  l'université  ses 
éludes  de  théologie  et  de  jurisprudence,  et  fut 
reçu  licencié  en  droit  civil  et  en  droit  canon. 
Après  avoir  occupé  la  place  d'organiste  de  Saint- 
Pierre  jusqu'en  1741 ,  il  accepta  celle  d'orga- 
niste de  la  catliédrale  de  Saint-Bavon,  à  Gand. 
11  est  vraisemblable  que  la  brillante  réputa- 
tion que  lui  avait  laite  son  talent  dans  cette 
ville  ainsi  qu'à  Louvain,  avait  donné  des  re- 
grets aux  chanoines  de  l'église  Notre-Dame 
d'Anvers,  car  après  la  mort  de  Chrétien  de 
Trazegnies,  organiste  de  celte  cathédrale,  ils 
conçurent  le  projet  de  le  faire  revenir,  pour  oc- 
cuper la  place  où  le  souvenir  de  son  talent  ne 
s'était  pas  effacé,  quoique  trente  ans  se  fussent 
écoulés  depuis  son  départ.  Des  négociations  eu- 
rent lieu  à  ce  sujet  entre  l'évêquc  d'Anvers  et 
celui  de  Gand,  et  Raick  rentra  dans  ses  anciennes 
fonctions  le  25  décembre  1757,  avec  le  titre  de 
chanoine  de  la  deuxième  fondation  ,  ou  de  vi- 
caire du  chœur  de  musique.  Il  mourut  dans  celte 
position  le  29  ou  30  novembre  1764.  On  connaît 
de  sa  composition  :  1°  Hix  suites  de  clavecin, 
dédiées  a  Mlle  la  comtesse  Rose ,  née  comtesse 
d'Harrach,  composées  par  Dieudonné  Raick, 
prêtre,  licencié   es  droit ,  organiste  de   l'é- 


(1)  J'entrais  les  faits  de  celte  notice  des  annexes  de  la 
notice  publiée  pir  M.  Xavier  Van  Klewyck.  sons  ce  titrr  : 
Matthias  f'anden  r.ltet/n,  le  plus  grand  orijaniste  et  ra- 
rillonneur  belge  du  dix-huitième  svcle  (  l'aris,  Bruxelles 
et  l.ouvain,  146!).  Une  partie  de  ces  faits  a  été  fourme  a 
M.  Van  Klewyck  par  le  chevalier  Léon  de  Bnrbure,  avec 
beaucoup  de  circonstances  que  J'ai  cru  devoir  supprimer. 


RAICK  —  RAIMOM)! 


ICI 


glise  collégiale  de  Saint-Pierre,  à  Lointain. 
Œuvre  premier.  Se  vendent  chez  l'auteur  à 
Louvain.  Bruxelles.  J.-C.  Rousselet,  graveur. 
—  2°Trois  sonates  pour  le  clavecin,  à  Ganil, 
chez  Wauters.  Ces  ouvrages  sont  d'un  bon  style. 
D'autres  pièces  pour  le  clavecin,  composées  par 
ce!  ecclésiastique,  se  trouvent  en  manuscrit  dissé- 
minées à  Gand,  à  Louvain  et  à  Bruxelles.  M.  Van 
Elewyek  dit  (dans  sa  notice  sur  Matthias  Van 
den  Gheijn,  p.  67  )  :  «  On  a  longtemps  prétendu 
que  le  fils  de  Bach  était  l'inventeur  des  sonales  : 
les  œuvres  de  Baick  détruisent  complètement 
cette  supposition.  »  Le  sentiment  national  qui  a 
dicté  cette  phrase  est  ici  dans  Terreur  :  on  n'a 
pas  attribué  l'invention  des  sonates  àCh.  Ph.  Em. 
Bach,  car  ce  genre  de  pièces  existait  avant  la  (in 
du  dix-septième  siècle  ;  ce  qui  appartient  à  Bach, 
c'est  la  forme  et  le  caractère  de  la  sonate  mo- 
derne, devenus  les  modèles  de  toute  la  musique 
instrumentale  telle  que  symphonies,  quatuors,  etc. 
D'ailleurs,  le  premier  œuvre  de  sonales  de  Bach 
a  été  publié  à  Nuremberg  en  1742.  Les  ouvragas 
de  ce  grand  homme  ont  été  répandus  dans  l'Eu- 
rope; RaicK,  au  contraire,  n'a  publié  ses  so- 
nates qu'après  cette  date,  pendant  son  séjour  à 
Gand,  et  n'a  été  connu  que  d'un  petit  nombre  de 
ses  compatriotes. 

R  A1ENTROPH  (  Fortunato  ) ,  compositeur 
dramatique,  né  à  Naples,  de  parents  allemands, 
fit  ses  études  au  collège  royal  de  musique  de 
cette  ville.  Il  y  lit  représenter  en  1837,  au  théâtre 
ftuovo,  l'opéra  intitulé  20  anni  d'Esilio,  dont  la 
musique  légère  et  facile  eut  quelque  succès. 
VAstuccio  d'Oro,  son  second  ouvrage,  fut  joué 
au  même  théâtre  en  1839,  et  obtint  quelques  re- 
présentations. En  1842,  le  même  artiste  donna  La 
Fit/lia  del  soldato, .qui  ne  réussit  pas,  et  deux 
ans  après  il  fit  représenter  ho  Zio  Bat ista,  qui 
ne  fut  pas  plus  heureux.  M.  Raientroph  avait  à 
Naples  de  la  réputation  comme  professeur  de 
chant  lorsque  je  visitai  cette  ville  en  1841. 

RAIGER(....  ),  compositeur  à  Vienne,  vers 
les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle,  ne 
m'est  signalé  que  par  ses  ouvrages,  parmi  lesquels 
on  remarque  :  1°  Quatuor  pour  llûte,  violon,  alto 
et  basse,  op.  10;  Vienne.  Cappi.  —  2°  Grand  trio 
pour  flùle,  violon  et  violoncelle,  op.  7,  ibid,  — 
3°  Trio  pour  piano,  llûte  et  basse,  op.  12,  ibid. 
—  4*  Sonates  pour  piano  et  flûte,  op.  11  et  13, 
ibid.  —  5°  Sonates  pour  piano  à  quatre  mains, 
op;  8  et  14;  ibid.  —  6°  Rondo  pour  piano,  Vienne, 
llaslinger.  —  7°  Variations,  id.,  op.  15  ;  tienne, 
Cappi. 

RAILLARD  (L'abbé  F.),  membre  du  clergé 
de  Saint-Thomas  d'Aquin ,  à  Paris,  est  né  eu  1804 
à  Montormentier,  petit  hameau  du  diocèse  de 

610CK.    ONIV.    DES  MUSICIENS.    —  T.    Vil. 


Langres.  Le  goût  de  la  musique  était  héréditaire 
dans  sa  famille;  son  bisaïeul  était  d'une  remar- 
quable habileté  sur  le  hautbois;  son  grand-père 
et  son  père  étaient  violonistes,  mais  aucun  d'eux 
n'exerçait   la  profession    de   musicien.    M.   F. 
Raillard  lit  ses  études  au  séminaire  de  Langres  et 
y  reçut  les  ordres  ecclésiastiques.  Son  aptitude 
pour  les  sciences  le  ht  distinguer  par  ses  supé- 
rieurs, qui   le  choisirent  pour  les  enseigner  dès 
1827,  d'abord  au  grand  séminaire  où  il  venait 
de   terminer  ses  études  idéologiques ,  puis  au 
grand  et  au  petit  séminaire  de  Pamiers,  au  col* 
|   lége  de  l'Assomption  à  Nîmes,  et  en  dernier  lieu 
j  au  collège  de  Juilly.  L'Académie  des  sciences  de 
I  l'Institut  de  Fiance  a  accueilli  avec  faveur  plu- 
sieurs mémoires  de  M.  l'abbé  Raillard  sur  des 
sujets  de  physique  et   d'astronomie ,   dont  les 
résumés  ont  été  publiés  dans  le  Cosmos,  revue 
scientifique  rédigée  par  M.  l'abbé  Moigno.  A  l'oc- 
casion des  nouvelles  éditions  du  Graduel  et  de 
l'Autiphonaire  romains   pnbliées  par  une  com- 
mission d'ecclésiastiques  de  Reims   et  de  Paris 
(  Paris,  Lecoffre,    1852),  M.  i'abbé    Raillard  se 
livra  à  des  recherches  dans  les   livres  de   chant 
manuscrits  du  moyen  âge,  et  publia  le  résultat 
de  ses  études  dans  un  livre,  entièrement  litho- 
graphie, qui  a  pour  titre  :  Explication  des  neu- 
mes  ou  anciens  signes  de  notation  musicale, 
pour  servir  à  la  restauration  complète  du 
chant  grégorien,  avec  des  tableaux  de  compa- 
raison et  un  recueil  de  chants  religieux,  ex- 
traits   d'un    manuscrit  du  onzième  siècle. 
Paris,  E.  Repos  (sans  date),  grand  in-8°.  L'a- 
nalyse de  cet  important  travail  serait  trop  étendue 
pour  trouver  place  ici  :  ce  sujet  sera  traité  dans 
mon  Histoire  générale  de  la  musique.  Les  autres 
ouvrages  publiés  par  M.   l'abbé  Raillard  sont  : 
Chant  grégorien  restauré;  Paris,  Périsse  frères, 
1861,  1  volume  grand  in  8°,  gravé,  de  106  pages, 
et  précédé  d'explications  et  d'éclaircissements  de 
16   pages.  —  Sur  V emploi  du  quart  de  ton 
dans  le  chant  grégorien,  article  publié  dans  la 
Revue  ardiéole gigue.  —  Sur  les  quarts  de  ton 
du  graduel  Tibi  Domine,  dans  la  même  Revue, 
1861.  —  Mémoire  sur  la  restauration  du  chant 
grégorien;  Paris,  Périsse  frères,  1862,  gr.  in-8°de 
46  pages,  avec  un  tableau  des  neumes.  M.  I'abbé 
Raillant  cultive  la  musique  pratique  et  joue  de 
plusieurs  instruments,  particulièrement  du  vio- 
lon ,  du  violoncelle  et  delà  contre-basse. 

RALMONDI  (Ignace),  violoniste  distin- 
gué et  compositeur,  naquit  vraisemblablement 
à  Naples  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  reçut  des  leçons  de  Barbella,  dont 
il  était  le  meilleur  élève.  Vers  1762,  il  se  fixa  à 
Amsterdam,  où  il  établit  des  concerts  périodiques. 

11 


KÎ2 


RAIMOISDI 


Il  y  était  encore  en  1777  .;  mais  il  parait  s'en  être 
éloigné  avant  1780,  et  l'on  ignore  ce  qu'il  est 
devenu  depuis  cette  époque.  Le  15  janvier  1777, 
il  avait  fait  exécuter  à  Amsterdam  une  symphonie 
imilative,  intitulée  tes  .4 Tentures  de  Télémaque, 
dont  il  est  rendu  compte  dans  ['Esprit  des  Jour- 
naux (ann.  1777,  p.  300).  On  a  gravé  de  la 
composition  de  Rairnondi  :  1°  Trois  trios  pour 
violon,  alto  et  violoncelle,  Amsterdam  et  Berlin, 

Hummel 2°  Trois  concertos  pour  violon,  ibid. 

—  3°  Six  quatuors  pour  2  violons,  allô  et  vio- 
loncelle, ibid. 

RAIMOIMDI  (Pœtro),  célèbre  professeur 
de  contrepoint  et  compositeur,  naquit  à  Rome 
le  20  décembre  1786,  de  parents  pauvres  qui  ne 
lui  léguèrent  que  l'indigence  dans  ses  premières 
années.  A  l'âge  de  onze  ans,  il  perdit  son  père; 
et  sa  mère  qui  prit  un  nouvel  époux  dans  l'année 
suivante,  alla  s'établir  à  Gênes,  et  l'abandonna 
aux  soins  d'une  sœur  de  son  père  dont  le  cœur 
était  heureusement  meilleur,  et  qui  jouissait 
d'une  certaine  aisance.  Cette  bonne  femme  re- 
cueillit son  neveu  et  confia  son  éducation  à  un 
prêtre,  pour  qu'il  lui  enseignât  les  éléments  de 
la  langue  latine  et  le  préparât  à  enlrer  dans  l'état 
ecclésiastique.  Après  deux  années  employées  à 
ces  études,  le  jeune  Rairnondi  déclara  résolument 
à  sa  tante  qu'il  ne  se  sentait  pas  de  vocation 
pour  l'église.  Contrariée  dans  ses  projets,  elie  ne 
lui  retira  pas  néanmoins  sa  protection  ,  et  lui 
demanda  ce  qu'il  voulait  étie.  «.Musicien,  lui 
«  dii-il  ;  je  ne  me  sens  de  goût  que  pour  cette 
«  profession.  —  Eh  bien  !  soit;  mais  songe  à  être 
«  persévérant  cette  fois,  et  à  profiter  des  sacri- 
u  (ices  que  je  fais  pour  toi.  »  Sans  perdre  de 
temps,  elle  le  conduisit  à  Naples,  et  le  fit  entrer 
au  Conservatoire  de  la  Pieta  dei  Turcliini,  où 
i4  fut  placé  sour,  la  direction  du  maître  La  Bar- 
bara ,  pour  le  chant  et  l'accompagnement  des 
partimenti,  ainsi  que  sous  celle  de  Tritto,  pour 
le  contrepoint.  Pendant  six  années,  Rairnondi 
suivit  avec  ardeur  les  leçons  de  ces  professeurs, 
et  acquit  une  connaissance  complète  des  procédés 
de  l'art.  A  l'expiration  de  la  dernière  année,  il  re- 
çut de  sa  tante  une  lettre  par  laquelle  elle  lui  dé- 
clarait qu'elle  allait  fixer  son  séjour  à  Florence,  et 
ne  pouvait  plus  désormais  pourvoir  à  son  entre- 
tien. Ne  pouvant  plus  dès  lors  payer  le  prix  de  sa 
pension  au  Conservatoire,  il  en  sortit  et  prit  la 
résolution  de  retourner  à  Rome.  Pour  s'y  rendre, 
il  dut  faire  le  voyage  à  pied.  En  y  arrivant,  il 
retrouva  le  frère  de  son  père  qui  l'accueillit  avec 
affection,  mais  qui,  trop  pauvre  lui-même  pour 
venir  en  aide  au  jeune  musicien,  l'envoya  chez 
sa  tante  à  Florence.  Lorsqu'il  y  arriva,  il  était 
exténué  de  fatigue  et   malade.    Le  pauvre  Rai- 


rnondi ne  retrouva  plus  dans  son  ancienne  pro- 
tectrice les  mêmes  sentiments  :  la  seule  marque 
d'intérêt  qu'elle  lui  donna,  fut  de  le  faire  entrera 
l'hôpital  de  Santa  Maria  Nuova  ;  Irisle  situation 
pour  un  jeune  homme  de  vingt  ans,  qui,  ju-qu'a- 
lors,  s'était  bercé  des  illusions  de  la  gloire  à  venir. 
Grâce  à  sa  bonne  constitution,  il  triompha  de  la  ma-- 
ladie,  peut-être  même  de  la  médecine,  et  se  re- 
trouva dans  la  rue,  respirant  un  air  pur,  et  sans 
autre  souci  que  la  difficulté  de  trouver  un  gîte  et 
d'apaiser  sa  faim.  Il  prit  alors  la  résolution  d'aller 
près  de  sa  mère  à  Gênes;  bien  qu'elle  lui  eût 
montré  peu  de  tendresse  jusqu'alors,  et  sans 
tarder,  il  prit  à  grands  pas  le  chemin  de  la  dé- 
licieuse contrée  connue  sous  le  nom  de  Rivière 
de  Gênes,  Les  enchantements  de  cette  vallée  le 
ramenèrent  à  ses  rêves  de  bonheur.  Pour  la 
première  fois,  il  comprit  alors  quel  était  l'état 
avancé  de  son  instruction  musicale  et  sentit  qu'il 
pouvait  acquérir  l'indépendance  par  sa  propre 
force. 

Arrivé  à  Gênes,  il  s'y  livra  au  travail  et  se  fit 
bientôt  connaître  comme  artiste  de  mérite.  Son 
premier  ouvrage,  représente  dans  cette  ville 
en  1807,  avait  pour  titre:  Le  Dizzarrie  d' amore. 
Dans  l'année  suivante,  il  donna  au  même  théâ- 
tre La  Forza  dell'  imaginazione  ossia  il  Bat- 
tuto  content o,  puis  le  monudrame  Ero  e  Lean- 
dro.  Appelé  à  Florence  en  1810,  Rairnondi  y 
écrivit  pour  le  théâtre  de  La  Pergola,  l'opéra 
bouffe  inlitu'.é  Eloisa  U'erner.  Le  souvenir  des 
années  heureuses  qu'il  avait  passées  au  Con- 
servatoire de  Naples  ne  s'était  pas  effacé  de  son 
esprit  :  il  voulut  revoir  cette  ville,  et  peu  de  temps 
après  son  arrivée  (en  1811),  il  y  composa  l'6>ra 
colo  di  Delfo,  pour  le  théâtre  Saint-Charles.  Ce 
fut  le  premier  ouvrage  dans,  lequel  il  mit  en  évi- 
dence sa  rare  habileté  dans  l'art  d'écrire  pour 
les  voix  et  pour  l'orchestre.  Dans  la  même  année, 
il  donna  au  théâtredu  Fondo  II  Fanatico  deluso. 
En  1813,  il  écrivit  à  Rome  Amurat  secondo, 
qui  fut  suivi  de  la  I.avandaia,  h  Naples  l,'o- 
péra  bouffe  était  celui  dans  lequel  il  réussissait 
le  mieux  :  les  premiers  ouvrages  où  il  donna  des 
preuves  de  cette  spécialité  de  son  talent  furent 
//  FanatiCO  deluso,  et  Lo  Sposo  agitato.  Son 
chef-d'œuvre  dans  le  même  genre  est  son  opéra 
Il  Ventaglio,  joué  à  Naples  en  1831,  puis  sur 
tous  les  théâtres  (l'Italie;  ouvrage  charmant  où  se 
trouvent  plusieurs  morceaux  d'une  grande  dis- 
tinction, particulièrement  un  triode  premier 
ordre.  Dans  des  circonstances  plus  favorables, 
nul  doute  que  l'attention  publique  ne  se  fût  fixée 
sur  les  productions  de  Rairnondi  ;  mais  cet  arti-t" 
entrait  dans  la  carrière  précisément  en  même 
temps  que  Rossini,  dont  le  puissant  génie  s'em- 


RAIMONDI 


!  (",:; 


para  immédiatement  de  tout  l'intérêt  du  monde 
musical,  et  plongea  dans  l'ombre  les  travaux  de 
tous  les  autres  compositeurs  de  l'Italie.  Toutefois, 
il  faut  le  reconnaître,  lors  môme  que  le  géant  de 
Pesaro  n'eût  pas  régné  sans  rival  sur  la  scène 
lyrique,  le  talent  de  Raimondi  n'était  pas  de  na- 
ture à  produire  de  grands  effets  dramatiques,  car 
c'est  moins  par  le  brillant  de  l'imagination  et  par 
l'audace  de  la  fantaisie  que  son  nom  s'est  ajouté 
à  la  liste  des  compositeurs  illustres,  que  par  le 
génie  de  la  combinaison  des  sons;  génie  en  son 
genre  non  moins  rare  que  tout  autre,  et  que  cet 
artiste  a  possédé  au  degré  le  plus  éminenl. 

Jusqu'en  1823,  la  plupart  des  opéras  de  Rai- 
mondi furent  écrits  pour  les  tbéâtres  de  Naples, 
pour  Rome  et  pour  la  Sicile.  Dans  celte  même 
année  1823,  il  fut  appelé  à  Milan  pour  y  composer 
Le  Finie  Amazzoni ,  ouvrage  qui  eut  peu  de 
succès.  Dans  l'année  suivante  il  devint  directeur 
de  la  musique  des  théâtres  royaux  de  Naples.  Déjà, 
avant  sa  nomination  à  cette  place  il  avait  composé 
pour  le  théâtre  Saint-Charles,  outre  ses  opéras,  la 
musique  de  beaucoup  degrandsballets  :  le  nombre 
s'en  élève  à  plus  de  vingt  et  un.  Raimondi  con- 
serva la  même  position  jusqu'en  1832  ;  mais  après 
l'éclatant  succès  de  son  opéra  II  Ventaglio,  il  re- 
çut sa  nomination  de  professeur  de  composition  au 
Conservatoire  de  Païenne.  Aucun  choix  ne  pou- 
vait être  meilleur,  car  Raimondi  était  incontes- 
tablement le  musicien  italien  dont  l'instruction 
était  la  plus  solide.  11  a  été  la  gloire  de  cette  ins- 
titution pendant  plus  de  dix-huit  ans.  Par  ses 
soins  et  ses  leçons,  plusieurs  jeunes  Siciliens  ac- 
quirent de  l'habileté  dans  l'art  d'écrire  :  parmi 
les  plus  distingues,  on  cité  les  noms  de  Pittari, 
Barbieri,  Bonanno,  Chiaramonle  etCutreva,  dont 
le  Solitario,  joué  au  théâtre  de  Palerme  en  1838, 
donnait  de  grandes  espérances,  et  qui ,  par  des 
circonstances  inconnues  ,  n'a  pas  poursuivi  sa 
carrière  d'artiste. 

La  place  de  maître  de  chapeile  de  la  basilique 
de  Saint- Pierre  du  Vatican  étant  devenue  va- 
cante au  mois  de  mars  1850,  par  la  mort  de  Ba- 
silj,  ce  fut  Raimondi  qui  l'obtint.  Nul  n'en  était 
plus  digne,  ou  pour  mieux  dire,  il  n'y  avait  point 
de  compositeur  en  Italie  qui  pût  entrer  en  com- 
paraison avec  lui  pour  l'étendue  cl  la  profondeur 
des  connaissances  dans  l'art  sérieux.  A  cette 
époque,  et  dans  l'espace  de  quarante  et  un  ans 
(1807  à  1848),  Raimondi  avait  donné  soixanle- 
deux  opéras  sur  les  théâtres  principaux  de  l'I- 
talie, v  ingl  et  un  grands  ballets  en  deux  cl  trois 
actes;  de  plus,  il  avait  écrit  cinq  oratorios,  non 
compris  l'oratorio  triple  dont  il  sera  parlé  tout 
à  l'heure;  quatre  messes  à  grand  orcher.tre;dsux 
messes  à  deux  chœurs  réels,  dans  le  style  sévère 


a  capelld;  deux  messes  de  Requiem  à  grand 
orchestre;  une  autre  messe  de  Requiem  à  8 et  16 
voix  réelles  ;  quatre  vêpres  complètes  avec  or- 
chestre et  orgue;  des  compiles;  un  Credo  à  16 
voix  réelles;  un  Libéra,  écrit  pour  les  obsèques 
de  la  reine  Caroline  de  Naples  ;  un  Te  Deum  à 
4  voix  ;  trois  Stabat  Mater  à  2 ,  3  et  4  voix  ; 
trois  Miserere  à  4  et  à  8  voix,  dont  un  avec  or- 
chestre ;  trois  Tantum  ergo  ;  deux  litanies  ; 
plusieurs  psaumes  à  4  et  à  8  voix,  avec  orches- 
tre; les  Sept  paroles  de  J.-C.  à  3  voix;  deux  sym- 
phonies à  grand  orchestre,  combinées  pour  être 
exécutées  ensemble;  les  cent-cinquante  psaumes 
de  David  à  4,  5,  6,  7  et  8  voix,  dans  le  style 
alla  Vales.tr ma,  formant  une  collection  de  15 
volumes;  un  recueil  de  basses  remplies  d'imi- 
tations et  fuguées  pour  l'étude  de  l'accompagne- 
ment et  de  la  composition,  publié  à  Milan,  chez 
Ricordi,  à  Rome  et  à  Naples  ;  un  nouveau  genre 
de  compositions  scientifiques  inventé  par  l'auteur, 
et  démontré  en  douze  morceaux  très-remarqua- 
bles, ouvrage  publié  à  Naples,  chez  P.  Tramater; 
deux  fugues  en  une,  bien  que  différentes  de 
forme,  ouvrage  divisé  en  dix  exemples,  et  qui  a 
été  imprimé  i.  Rome  ;  une  collection  de  parti- 
menti,  composée  de  quatre-vingt-dix  basses, 
avec  trois  accompagnements  différents  sur  cha- 
cune, ouvrage  élémentaire  divisé  en  deux  livres, 
et  publié  à  Naples,  chez  Clauselti  ;  quatre  fu- 
gues à  4  voix,  écrites  en  des  tons  différents,  mais 
qui  peuvent  être  réunies  en  une  seule  fugue  à  16 
voix  ;  ce  chef-d'œuvre  de  combinaison  a  été  im- 
primé à  la  typographie  Tiberina,<ie  Rome;  six 
fugues  à  quatre  voix,  en  des  tons  différents,  réu- 
nies en  une  seule  fugue  à  24  voix,  publiées  à  Rome, 
à  la  même 'typographie;  une  fugue  à  04  voix 
divisées  en  16  chœurs;  seize  fugues  à  4  voix; 
enfin,  vingt  quatre  fugues  à  4,  5,  6,  7  el  8  voix. 
Dans  cet  ouvrage,  publié  a  Milan,  chez  Ricordi, 
on  trouve  quatre  et  cinq  fugues  réunies  en  une 
seule.  On  se  sent  l'esprit  saisi  de  stupéfaction  à 
la  seule  énumération  de  pareils  travaux. 

L'auteur  de  toutes  ces  choses,  où  brillent  beau- 
coup d'inventions  nouvelles,  et  surtout  l'esprit 
de  combinaison  le  plus  extraordinaire  qui  ait 
jamais  existé,  voulut  terminer  sa  carrière  par  un 
effort  plus  surprenant  encore  de  force  de  tôle. 
Environ  deux  ans  après  son  retour  à  Rome,  en 
qualité  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Pierre,  il 
prépara  Pexéculion  de  son  dernier  ouvrage,  à 
savoir  l'oratorio  de  Joseph,  œuvre  colossale, 
composée  de  trois  oratorios  susceptibles  de  cinq 
combinaisons,  que  le  poète  sicilien,  Joseph  Sapio, 
avait  disposés  pour  le  tour  de  force  inouï  du 
compositeur.  Celte  œuvre  immense  est  le  fruit  de 
plusieurs  années  d'un  travail  environné  de  pro- 

11 


IG4 


RAIMOiNDI 


digieusesdifficultés.  Il  semble  que  de  lelles  choses 
ne  peuvent  être  comprises  que  par  le  très-petit 
nombre  de  connaisseurs  qui  ont  l'ait  une  étude 
spéciale  des  difficultés  des  compositions  scien- 
tifiques ;  toutefois  lorsque  l'assemblée  qui  en- 
combrait la  salle  du  théâtre  Argeniina  entendit 
les  trois  orchestres,  les  troi3  choeurs  et  les  chan- 
teurs solistes  des  trois  oratorios  Putiphar,  Pha- 
raon et  Jacob  se  réunir  en  un  seul  corps  d'en- 
viron quatre  cents  musiciens  dans  l'exécution  si- 
multanée de  ces  trois  ouvrages  ;  saisie  par  la 
majesté  de  cet  ensemble,  dont  les  détails  con- 
servaient toute  leur  clarté,  celte  assemblée  fut 
émue  de  la  suprême  force  de  tête  qui  avait  com- 
biné de  pareils  effets  ;  tout  le  monde  se  leva 
spontanément,  jetant  des  cris  d'admiration  ;  une 
agitation  impossible  à  décrire  régna  dans  toute 
la  salle;  des  battements  de  mains,  des  trépigne- 
gnements,  des  hourras  enthousiastes  éclatèrent 
de  toutes  parts,  tandis  que  les  femmes,  penchées 
sur  le  bord  des  loges,  agitaient  leurs  mouchoirs. 
Kaimondi  avait  pu  contenir  au  dedans  de  lui- 
même  le  sentiment  de  sa  force  jusqu'à  l'âge  de 
soixante-six  ans  ;  sa  philosophie  avait  su  se  ré- 
signer à  l'obscurité  relative  dans  laquelle  il  était 
resté  pour  la  plus  grande  partie  de  l'Europe  ; 
mais  il  ne  put  supporter  l'émotion  de  l'incom- 
parable succès  qui  venait  couronner  sa  vieillesse  : 
il  s'évanouit,  et  l'on  fut  obligé  de  l'emporter  hors 
de  la  scène  el  loin  du  bruit  pour  lui  faire  re- 
prendre ses  sens. 

On  comprend  l'impossibilité  de  rencontrer 
l'effet  dramatique  dans  la  combinaison  de  trois 
sujets  absolument  difléients  qui  se  développent 
simultanément.  Il  est  facile  de  comprendre  aussi 
que  chacune  des  parties  du  grand  tout  ne  peut 
avoir  la  plénitude  et  l'intérêt  d'une  œuvre  simple 
dans  laquelle  le  sentiment  domine  la  conception. 
Enfin,  on  ne  doit  pas  se  persuader  qu'il  puisse  y 
avoir  dans  une  combinaison  esthétique,  telle  que 
l'oratorio  de  Joseph,  l'originalité  d'idées  qui  se 
trouve  quelquefois  dans  un  opéra.  Dans  uneeom 
position  semblable,  le  compositeur,  incessam- 
ment occupé  de  la  réunion  totale  des  parties,  est 
nécessairement  obligé  de  sacrifier  dans  chacune 
de  celles-ci  des  beautés  qui  ne  pourraient  entrer 
dans  la  combinaison.  De  là  vient  que  le  premier 
drame,  intitulé  Putiphar,  n'a  pas  offert  un  grand 
attrait  de  nouveauté  à  l'auditoire,  dans  la  pre- 
mière soirée,  bien  que  plusieurs  morceaux  aient 
été  remarqués  par  les  connaisseurs  ;  particullè 
rement  un  chœur  d'eunuques  à  voix  blanches 
d'un  effet  fort  original,  une  prière  de  ténor  bien 
chantée  par  Acchi,  un  beau  trio  chanté  par  Adda, 
femme  rie  Putiphar,  Joseph  et  Pharaon,  ainsi 
qu'un  ensemble  agitato  dans  la  troisième  partie 


de  ce  premier  drame,  dont  l'exécution  fut  dirigée 
par  André  Salesi, 

Dans  le  second  drame,  intitulé  Joseph ,  ou 
Pharaon,  l'introduction  est  un  chœur  de  fête, 
où  le  peuple  de  Memphis  chante  la  gloire  de  Jo- 
seph. Ce  chœur  est  disposé  en  accords  stacca  i 
et  solto  voce,  pendant  que  les  cors  et  trompette* 
font  entendre  une  mélodie  harmonisée  d'un  bel 
effet.  Cette  introduction  fut  fort  applaudie.  On 
distingue  aussi  dans  ce  drame  le  beau  chant, 
Vieni,  ah!  vieni,  o  miodiletto,  qui  forme  le 
thème  principal  du  finale  de  la  deuxième  partie, 
et  le  finale  de  la  troisième,  Per  quai  via 
d'infiniti  portenti,  avec  une  instrumentation 
neuve  et  pittoresque. 

Le  Jacob  est  le  même  sujet  sur  lequel  Méhul 
a  écrit  un  de  ses  plus  beaux  ouvrages.  L'intro- 
duction commence  par  un  très-beau  chœur  de 
ténors  et  de  basses,  lequel  est  suivi  d'un  chant 
expressif  et  suave,  sur  les  paroles  :  Ah!  dipianto 
et erno,  dans  lequel  Colini  fit  preuve  d'un  grand 
talent.  Dans  le  finale  de  la  première  partie  se 
trouve  un  trio  de  Rachel  et  de  Judas  réunis  à 
Jacob,  sur  le  beau  chant,  Deh!  cessate  o  figli 
miei.  L'introduction  de  la  deuxième  partie 
renferme  un  chœur  du  plus  grand  effet,  accom- 
pagné de  harpes,  sur  ces  paroles,  Oriasventura! 
O  duol  !  Dans  toutes  les  exécutions  du  Joseph 
qui  se  succédèrent  depuis  le  7  août  1852  jusqu'au 
29  septembre,  ce  morceau  excita  un  véritable 
enthousiasme.  Un  beau  trio  et  le  finale  de  la 
troisième  partie  ont  aussi  fait  naître  beaucoup 
d'intérêt.  Mais  c'est  surtout  lorsque,  après  avoir 
entendu  et  applaudi  ces  trois  drames  séparés, 
sous  les  directions  de  Salesi,  Battaglia  et  Ter- 
ziani,  l'exécution  simultanée  de  ces  ouvrages, 
dirigée  par  Kaimondi  en  personue  s'est  fait  en- 
tendre; c'est  alors,  dis-je,  que  l'admiration  pour 
une  si  grande  conception  n'a  plus  eu  de  bornes. 
Non-seulement  aucune  œuvre  semblable  n'avait 
jamais  été  essayée,  mais  sa  possibilité  ne  s'était 
présentée  à  l'imagination  d'aucun  compositeur. 
Au  point  de  vue  esthétique,  il  n'est  pas  désirable 
que  des  tours  de  force  de  ce  genre  soient  tentés; 
mais  on  ne  peut  s'empêcher  de  rendre  un  éclatant 
hommage  au  génie  uniqueen  son  genre  qui  a  pu 
concevoir  et  i  éaliser  une  entreprise  si  gigantesque. 
L'existence  de  Raimondi  ne  se  prolongea  qu'une 
année  environ  après  son  triomphe  :  il  mourut  à 
Rome  le  30  octobre  1853. 

La  liste  des  ouvrages  dramatiques  de  ce  labo- 
rieux compositeur  est  classée  de  cette  manière  : 
Première  période,  de  1807  à  1814  :  i*  Le  Biz- 
zarrie  d'amore  (Gênes)  ;  —  2°  Il  Battuto  con- 
trnto  (idem);  —3"  Eroe  Leandro  (idem);  — 
4°  F. loi sa  Wcrncr  (Florence)  ;  —  5e  L'Oracolo 


RA1M0NDI  —  RAINPRUHTliR 


1GS 


di  Delfo  (Naples);  —  G1  II  Fanatico  delnso 
(idem);—  TLo  Sposo  agi  lato  (idem);  —  S°Âmu- 
rat  secondo  (Rome);  —  9°  La  Lavandaja 
(Naples).  —  Deuxième  période,  de  1815  à  1819  : 
10°  II  Trionfo  di  Tito  (Turin);  —  ll°  Andro- 
macca  (Palerme);  —  M"  Il  Sacrifizio  d'Abramo 
(Naples);  —  13°  Radamisto  e  Zenobia  (?)  ;  — 
14° / Madianiti  (Palerme);  —  ib°L'Esaltazione 
di  Mardocheo  (Naples);  —  16°  Il  Dissolut o 
punito  (Rome).  —  Troisième  période, de  1820 à 
1830  :  17°  Ciro  in  Babilonia  (Rome);  —  18°  Le 
Nozze  dei  Sanniti  (?)  ;  —  19°  Le  Finie  Amaz- 
zoni  (Milan,  Scala);  —  20°  La  Donna  Colo- 
nclla  (Naples);  _  21°  La  Caccia  d'EnricoIV 
(idem)  ;  —  22°  Il  Disertore  (idem)  ;  —  23°  Béré- 
nice in  Roma  (ibid.)  ;  —  24°  Il  Morio  in  appa- 
renza  (ibid.);  —  25°  Ârgia  (Milan),  —  26°  Il 
Caslellino  deifiori  (Naples);  _  27°  La  Fidan- 
zata  del  parruchiere  (idem);  —  28°  Don 
Anchise  Campanone  (ibid.);  —  29°  Il  Principe 
feudatario  (Reggio)  ;  —  30°  h'Infanzia  accu- 
satrice (Naples);  —  31°/  Minât ori  Scozzesi 
(Messine).  —  Quatrième  période,  1830  à  1840  : 
32°  Giuditta,  oratorio  (Naples);  —  33°  La  Gioja 
pubblica  (idem)  ;    34°  A  mezza  notte  (ibid)  ; 

—  35°  Il  Terno  del  lotto  stornato  (ibid.)  ;  — 
36°  Il  Ventaglio  (Naples  et  dans  toute  l'Italie); 

—  37°  Palmilella  maritata,  suite  à' Il  Venta- 
glio (Naples)  ;  _  38°  UOrfana  russa  (idem)  ; 

—  39°  La  Vita  d'un  giocatoi  e  (ibid)  ;  —  40°  I 
parenti  ridicoli  (ibid.)  ;  —  41°  Il  Tramonto  del 
sole  (ibid);  —  42°  Vinclinda  (ibid.);  — 
43°  Ruth,  oratorio  (ibid.)  ;  —  44°  Isabella  degli 
Abenanti  (ibid.)  ;  —  45°  Il  Présidente  disgra- 
ziato  (ibid);  —   46°  Il  trionfo  dell'Amore; 

—  47°  Il  nemico  degli  ammogliati  ;  — 
48°  Il  Vendimento  ;  —  49°  Rafaello  d'Ur- 
bino  (Rome)  ;  —  50°  Peggio  il  rimedio  del 
mole  (  Naples)  ;  —  51°  Il  fauslo  Arrivo  ;  — 
52°    Sueno  primo;    —    53°  Il    Caffetiere  ; 

—  54°  Gli  artifizi  d'Amore  (Naples).  —  Cin- 
quième période,  1841  à  1848  :  55°  Francesco 
Donato  (Paierme);  —56°  Il  Trionfo  délie 
donne  (idem)  ;  —  5"°  Le  Stanze  da  letto  (ibid.)  ; 

—  58°  Il  Giudizio  universale,  oratoire,  poésie 
d'Onofrio  Abbate,  exécuté  à  Palerme,  en  1843  ; 

—  59°  Mosè  al  Sinaï,  oratorio  (écrit  à  Palerme 
en  1844;  —60°  Putifar  ;  —  61°  Guiseppe 
giuslo;  —  62°  Giacobbe.  (Ouvrages  dont  il  est 
parlé  précédemment.  Raimondi  commença  cette 
grande  composition  au  mois  d'octobre  1844,  et 
la  termina  dans  les  derniers  mois  de  1848). 

Grands  ballets  composés  pour  le  théâtre  Saint- 
Charles  de  Naples,  depuis  1812  jusqu'en  1828  : 
1°  L'Orfano;  —  2°  Rosmanda;  —  3°  Laca- 
duta  de1   Giganti;  —  4°    Otrante  liberata; 


—  b°  La  Promcssa  manferiutà;  —  6°  /  Pazzi 
perforza;  —  7°  Un'  ora;—  8°  Irène  d'Ers- 
tal  ;  — ■  9°  La  Morte  d'Ippolilto  ;  —  1 0°  L'Orda 
Selvaggia;  —  n°   L'Orfanella  di  Ginevra; 

—  12°  La  Morte  d'Achille;  —  13"  Giafar;  — 
14°  /  Due  Geni;  —  15°  Otlaviano  in  Egitto; 

—  16°  Pamile  ;  —  17°  Giulio  Sabino;  — 
18»  L'Oracolo  in  Cantina;  —  19"  Délit lo  et 
punizione  ;  —  20°  L'Isola  délia  Fortuna;  — 
21°  Amina. 

RAINPRUHTER  (Georges- Joseph),  fils, 
d'un  inspecteur  des  mines,  naquit  en  1728,  à 
Drafeier,  en  Stytïe.  Après  avoir  reçu  dans  sa 
jeunesse  une  bonne  éducation  littéraire  et  mu- 
sicale, il  alla  suivre  des  cours  de  philosophie  et 
de  droit  à  Salzbourg.  Déjà  bon  musicien  et  habile 
sur  la  harpe,  la  mandore,  la  basse  de  viole  et  le 
violon,  il  commença  dans  cette  ville  des  études 
de  composition  chez  Adelgasser,  et  les  acheva 
sous  la  direction  d'Eberlin,  maître  de  chapelle 
du  prince  évêque.  En  1750,  il  obtint  le  titre  de 
musicien  delachauibre  de  l'électeur  de  Bavière, 
et  fut  envoyé  à  Alleweiting,  en  qualité  d'admi- 
nistrateur des  domaines.  Le  mérite  des  compo^ 
sitions  qu'il  écrivit  dans  cette  résidence  le  lit 
nommer  maître  de  chapelle  du  même  lieu,  par 
l'électeur  Maximilien  III  ;  Rainpruhter  en  remplit 
honorablement  les  fonctions  pendant  plusieurs 
années,  et  mourut  en  1800,  à  l'âge  de  soixante- 
douze  ans.  Il  a  laissé  en  manuscrit  un  grand 
nombre  de  messes,  de  vêpres,  de  litanies,  d'an- 
tiennes et  de  cantates  religieuses  avec  orches. 
tre. 

RAIIVPRUHTER  (  Jean  •  Népomucène  - 
François-Séraphin),  fils  du  précédent,  naquit  à 
Altenœtting  le  17  mai  1752.  Après  avoir  fréquenté 
le  collège  de  Burghausen,  il  alla  étudier  la  phi- 
losophie et  le  droit  à  l'université  d'Ingolstadt. 
Son  père  lui  avait  enseigné  la  musique,  et  dès 
son  séjour  au  collège  de  Burghausen,  il  avait 
donné,  dans  de  petites  compositions,  des  preuves 
de  son  aptitude  pour  cet  art.  Lorsqu'il  quitta 
Ingolstadt,  il  se  rendit  à  Salzbourg,  pour  y  pren- 
dre des  leçons  de  composition  chez  Léopold 
Mozart.  Ses  premiers  essais  furent  si  remar^ 
quables,  que  Michel  Haydn  en  fit  publique- 
ment l'éloge ,  et  considéra  leur  auteur  comme 
un  artiste  distingué.  Appelé  à  la  direction  du 
chœur  du  couvent  de  Saint- Pierre,  à  Salzbourg, 
Rainpruhier  en  remplit  les  fonctions  avec  talent  : 
il  occupait  encore  cette  position  en  1812;  mais 
depuis  lors  on  manque  de  renseignements  sur  sa 
personne.  On  porte  à  plusieurs  centaines  ses 
compositions,  qui  consistent  en  symphonies , 
concertos  pour  divers  instruments,  quatuors,, 
trios,  duos,  sérénades,  messes  soleunelles,  v£- 


k;g 


RAIjNPRUHTLR  —  BAMBURES 


près,  litanies,  antiennes,  cantates,  etc.;  tous  ces 
ouvrages  sont  restés  en  manuscrit. 

RAISON  (André),  organiste  de  l'abbaye  de 
Sainte- Geneviève,  à  Paris,  dans  la  seconde  par- 
tie du  dix-septième  siècle,  eut  pour  maître  Tile- 
louse  (voyez  ce  nom).  On  a  gravé  de  sa  compo- 


Serofiono.  L'orgue  de  Saint-Vigile,  fait  en  1800, 
celui  des Olivélains,  en  1802,  et  celui  do  Sainte- 
Martiie,  en  1805,  sont  ceux  qu'il  a  élevés  à 
Sienne.  En  1804,  il  a  fait  celui  de  Saint-Augustin, 
à  Coitone,  et  en  1805,  celui  de  la  paroisse  de 
Caldana  Tous  ces  instruments  prouvent  le  talent 


sition  :   Livre  d'orgue  contenant  cinq  messes  j  du  facteur. 

et  une  offerte  sur  le  rétablissement  durai,  j      RAAIAZZOTTi    (Domitien),  compositeur 

Paris,  1088,  in-fol.  obi.  Le  second  livre  a  paru  |  italien    qui   vivait  dans    la   seconde  moitié  du 


peu  de  temps  après.  11  y  a  du  talent  dans  ces 
pièces,  qui  ont  une  grande  supériorité  sur  ce 
que  les  organistes  français  du  siècle  suivant  ont 
produit. 

RAJ  (Pierre),  compositeur,  né  à  Lodi,  en 
Lombardie,  en  1773,  étudia  d'abord  le  piano  et 
l'orgue  sous  la  direction  de  maîtres  particulier, 


seizième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  un 
recueil  intitulé  :  Salmi  lesperlini  e  Magnificat 
a  cinque  rocl,  Venise,  1567,  in-4°. 

RAMBACII  (Auguste-Jacques),  prédicateur 
de  l'église  Saint-Jacques,  à  Hambourg,  et  célèbre 
hyranologuo,  était  déjà  connu  en  1802  par  ses 
sermons,  et  vivait  encore  en  1832.  On  a  de  ce 


puis  entra,  en  1793,  au  Conservatoire  de  la  Pietà  i  savant  un  excellent  recueil  d'hymnes  et  de  cau- 


de'  Turchini,  à  Naples,  et  y  reçut  des  leçons 
de  Sala,  puis  de  Piccinni.  Ses  éludes  terminées, 
il  retourna  à  Lodi  et  y  obtint  la  chapelle  delta 
Incoronaia.  Plus  tard  il  se  fixa  à  Milan,  où  il 
lut  nommé  professeur  de  composition  du  Con- 
servatoire et  vice-censeur  de  celte  institution. 
H  a  écrit  beaucoup  de  musique  d'église,  entre 


tiques  de  l'Eglise  prolestante,  depuis  les  pre- 
miers temps  de  la  réformation  jusqu'à  l'époque 
actuelle,  avec  une  introduction  historique  sur  le 
chant  des  églises  réformées.  Ce  recueil  est  divisé 
en  deux  parties  dont  la  première  renferme  les 
hymnes  et  cantiques  anciens,  et  l'autre,  les  mo- 
dernes. Ce  recueil  a   pour  titre    :  Anthologie 


autres  un  oiatorio  en  deux   parties  sur  l'agonie   !  christ.  Gesxnge  aus    allen  Jahrh.  der  Kir- 


et  la  mort  de  Jésus-Christ,  qui  fut  exécuté  pour 
la  première  fois  à  Monxa,  en  1807.  Après  la 
campagne  de  Prusse,  il  (it  exécuter,  en  1808,  une 
cantate  de  circonstance  an  théâtre  de  la  Scala, 
intitulée  Alessand.ro  in  Arménie,  pour  le  retour 
du  prince  Eugène  et  de  l'armée  italienne.  Le. 
9  juin  181  i,  il  lit  exécuter,  au  palais  du  sénat  ita- 
lien, Vllalia  esultantc,  cantate  composée  à 
l'occasion  de  la  naissance  du  roi  de  Rome.  De- 
puis lors  il  a  écrit  plusieurs  opéras,  entre  autres 
Cli  Spensierati,  représenté  au  théâtre  Re,  de 
Milan,  en  1816.  On  a  gravé  de  sa  composition  ; 
1"  Chiore  et  t'edeltà,  cantate  pour  deux  basses 
et  soprano,  Milan,  Ricordi.  —  2°  Alessandro 
in  Arménie,  cantate  à  voix  seule,  ibid.  Comme 
professeur  de  l'art  d'écrire  en  musique,  Raj  est 
auteur  d'un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Slùdio 
Teorico-pratico  di  eontrappunto,  compilât o 
pe'  suoi  allicvi  ;  Milan,  Ricordi.  Cet  artiste  est 
mort  à  Milan  dans  les  derniers  jours  d'avril  1857, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans. 

RAMAI  (Jr.AN-lUi'risTK),  habile  construc- 
teur d'orgues,  né  à  Sienne  en  1763,  fut  élève  du 
fameux  constructeur  Tronci,   de  Pistoie.  Il  ne 


cke,  etc.   (Anthologie  des  chants  chrétiens  de 
tous  les  siècles  de  l'Église,  distribués  dans  l'ordre 
chronologique  et  avec  des  remarques  historiques); 
Altona,  1816-1832,  5   vol.  gr.  in-8°.  Les  notes 
qui  accompagnent   les  diverses  pièces  contenues 
dans  ce  recueil  sont  fort  instructives.  M.  Ram- 
bach  a  aussi   publié   un  livre  rempli  d'intérêt, 
sous  ce  titre  :  Ueber  Dr.  Martin  Luthers  Ver- 
dienst  umden  Kirchengesang,  oder  Darstcl- 
lung  desjenigen,  vas  er  aïs  Litarg,  als  Lie- 
derdichter  und  Tonsetzer  zur  Verbesserung 
des  œffentlichen  Gottesdienstcs  geleistct  hat 
(Sur  le  mérite  de  Martin   Luther  à   l'égard  du 
chant  de  l'Église,  ou  exposé  de  ce  qu'il   a  fait 
pour  l'amélioration  du  service  divin,  soit  comme 
auteur  liturgique,  soit  comme  poète  et  composi- 
teur de  chants)  ;  Hambourg,  1813,  in-8°  de  256 
pages,   avec  un  supplément  de  92  pages.  Enfin, 
ce  ministre  évangélique  est   aussi  auteur  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Ueber  dass  Bedurfniss  eincr 
verbesserten  Einrichtung  des  Gottesdienstesin 
den  protestant  ischen  Kirchen  mit  besonderer 
Hinsicht  au  f  Hambourg  (Sur  la  nécessité  d'une 
disposition  améliorée  du  service  divin  dans  les 


s'est  pas  moins  fait  remarquer  par  le  nombre  de  i  églises  protestantes,  particulièrement  en  ce  qui 


ses  instruments  que  par  leur  qualité.  On  lui  doit 
les  orgues  de  la  paroisse  «le  Monlel'oscoli ,  eu 
1792,  de  celles  de  Peccioli.  eu  1794,  et  de  celles 
de,  Lajatico,  en  1796.  En  1797,  il  travailla  à 
l'orgue  de  Sainte-Marie  in  Monte,  près  de  Pise, 
et  en  1799,  il  construisit  celui  de  la  collégiale  de 


concerne  Hambourg)  ;  Hambourg,  1815,  in-8". 

RAMBURES  (M.  DE),  propriétaire  àVau- 
drieourt,  près  ù'Abbeville  (Somme),  a  inventé, 
en  1846,  un  système  de  notation  de  la  musique, 
auquel  il  a  donné  le  nom  de  Sténographie 
musicale,  et  qui   a  été  adopté   par  le  comité 


RAMBURKS  —   RAMKAU 


t  f>? 


supérieur  d'enseignement  primaire  d'Abbeville. 
Son  usage  s'est  répandu  dans  les  école*  et  dans 
les  sociétés  de  chant  de  toute  l'ancienne  Picar- 
die. Les  bases  du  système  de  M.  de  Rambures 
sont  la  ligne  droite  tantôt  verticale,  tantôt  in- 
clinée à  droite  ou  à  gauche,  ou  horizontale,  et 
des  cous  bes  de  diverses  formes.  Ces  signes  présen- 
tent des  variétés  à  chaque  octave.  A  vrai  dire, 
ce  système  n'est  pas  une  sténographie,  car  il 
n'abrège  pas  la  notation ,  ayant  non-seulement 
un  signe  pour  chaque  son ,  mais  aussi  poul- 
ies durées ,  les  altérations  accidentelles;,  etc. 
M.  de  Rambures  a  cru  prévenir  les  objec- 
tions à  cet  égard  par  la  possibilité  de  lier  plu- 
sieurs signes  au  moyen  d'un  seul  trait  ;  mais 
ce  trait,  devant  suivre  tous  les  contours  des 
signes  particuliers,  n'abrège  pas  en  réalité.  Il 
résulte  de  ces  observations  que  la  notation  dont 
il  s'agit  est  purement  arbitraire,  qu'elle,  ne  pré- 
sente aucun  avantage  de  simplification,  et  qu'elle 
a  de  plus  le  très-grave  inconvénient  d'enseigner 
une  chose  qui  n'a  aucun  rapjwrt  avec  la  musique 
usuelle.  M.  de  Rambures  a  publié,  en  ce  qui  con- 
cerne son  système:  1° Sténographie  musicale 
appliquée  à  l'enseignement  de  la  musique; 
Abbeviile,  imprimerie  de  Jeunet,  1837,  in-8°. 
—  2°  Tableaux  lithographies  pour  lesinodèles 
d'écriture  de  la  notation  sténographique  ; 
ibid.  —  3°  dotation  musicale,  rendue  popu- 
laire par  la  sténographie  ;  ibid.,  1845,  in- 16 
de  56  pages. 

RAMEAU  (Jean  Philippe),  le  plus  célèbre 
musicien  français  du  dix-huitième  siècle,  naquit 
à  Dijon  le  25  septembre  1683  (t).  Fils  d'un  père 
et  d'une  mère  qui  aimaient  la  musique,  élevé 
dès  ses  premières  années  dans  la  culture  de  cet 
art,  il  y  fit  de  si  rapides  progrès,  qu'à  l'âge  de 
sept  ans  il  lisait  et  exécutait  sur  le  clavecin,  à 
première  vue,  toute  espèce  de  musique.  Cepen- 
dant ses  parents,  qui  le  destinaient  à  la  ma- 
gistrature, interrompirent  ses  études  musicales 

(1)  Dans  la  première  édition  de  la  Biographie  des  mu- 
siciens, j'ai  donné,  d'après  La  Borde  (Essai  sur  la  musi- 
que, tome  111,  p.  464),  la  date  du  25  octobre  pour  celle 
de  la  naissance  de  Rameau  :  mais  Maret,  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  de  Dijon,  fournit  celle  du  25  sep- 
tembre 1683,  dans  son  Éloge  historique  de  Rameau,  Di- 
jon, n"0,  in-S°  :  sans  doute  il  se  conforme  en  cela  à 
l'acte  de  naissance,  car  il  indique  l'heure  même  (quatre 
heures  du  soir)  à  laquelle  l'illustre  musicien  a  vu  le  jour. 
Il  est  à  remarquer,  au  surplus,  que  cette  date  du  25sep- 
embre  avait  ele  déjà  donnée  par  Chabanon,  en  1764,  dans 
son  Eloge  de  M.  Rameau  (Paris,  Imprimerie  de  Lambert, 
in-8n),et  M.  Farrenc  dit  avec  raison  [Notice  biographi- 
qve  de  Jean- Philippe  Rameau,  dans  la  première  livraison 
«lu  Trésor  des  pianistes) ,  que  la  même  date  se  trouve 
dans  l'Almanacb  de  Duchesoe  (Us  Spectacles  de  Paris) 
pour  l'anuée  1165,  p.  6.1. 


pour  le  faire  entrer  au  collège  des  jésuites.  Ra- 
meau était  ne  musicien,  et  rien  de  plus.  Son 
indocilité  et  la  violence  de  son  caractère  le  ren- 
daient peu  propre  à  la  discipline  des  classes,  et 
ses  préoccupations  de  musique  ne  lui  laissaient 
pas  donner  assez  d'attention  au  rudiment,  pour 
qu'il  en  tirât  beaucoup  de  profit.  Ses  livres,  ses 
cahiers  et  ceux  de  ses  camarades,  étaient  char- 
gés par  lui  de  traits  de  solfèges  ou  de  fragments 
de  sonates.  Les  choses  allèrent  si  loin,  que  la 
présence  d'un  tel  étudiant  dans  le  collège  parut 
intolérable,  et  que  ses  parents  furent  priés  de  le 
retirer.  Il  en  sortit  avant  d'avoir  achevé  sa 
quatrième,  et  depuis  lors  il  ne  fit  plus  d'études 
et  ne  lut  plus  d'autres  livres  que  des  traités  de 
musique.  Devenu  libre  et  pouvant  se  livrer  à 
ses  goûts  sans  contrainte,  il  ne  s'occupa  plus 
que  du  mécanisme  du  clavecin,  de  l'orgue,  dH 
violon,  et  de  quelques  règles  de  contrepoint  que 
lui  enseignaient,  tant  bien  que  mal,  son  père  et 
deux  ou  trois  organistes  de  Dijon.  Malheureu- 
sement ceite  ville,  qui  lui  offrait  des  ressources 
suffisantes  pour  l'exécution,  ne  possédait  pas  ies 
mêmes  avantages  pour  l'enseignement  de  l'art 
d'écrire,  alors  fort  négligé  dans  les  provinces. 
La  faiblesse  des  études  de  Rameau  dans  cet 
art  exerça  sur  toute  sa  carrière  une  fâcheuse 
influence  -.  son  harmonie,  bien  que  forte  et  riche 
de  modulations,  fut  toujours  incorrecte,  et  ja- 
mais il  ne  comprit  bien  les  avantages  de  la 
méthode  pratique  du  contrepoint,  ni  ce  qui  sé- 
parait celle-ci  de  la  conception  d'un  système 
d'harmonie. 

L'amour  que  lui  avait  inspiré  une  jeuneveuve 
du  voisinage  vint  tout  à  coup  l'arrêter  dans  ses 
travaux.  Être  auprès  de  cette  femme,  ou  lui 
écrire  lorsqu'il  en  était  éloigné,  étaient  devenus 
le  seul  emploi  de  son  temps,  et  la  musique  avait 
perdu  son  charme  pour  lui.  Il  y  trouva  pourtant 
cet  avantage,  que  celle  qu'il  aimait  le  fit  rougir 
de  son  ignorance,  et  obtint  qu'il  apprît  au  moins 
sa  langue.  Cependant  le  père  de  Rameau,  in- 
quiet des  suites  de  cette  intrigue,  se  résolut  à 
envoyer  son  fils  en  Italie,  dans  l'espoir  que  la 
musique  qu'il  y  entendrait  réveillerait  son  goùl 
pour  l'art,  et  lui  ferait  oublier  l'objet  de  son 
amour.  Jean-Philippe  se  rendit  en  effet  à  Milan, 
et  y  arriva  en  1701,  dans  un  âge  où  son  oreille 
semblait  devoir  être  sensible  au  charme  des 
mélodies  ausoniennes  ;  mais  l'habitude  d'enten- 
dre la  musique  française  l'avait  déjà  si  bien  fa- 
çonné au  style  de  cette  musique,  qu'il  ne  com- 
prit rien  à  celui  des  opéras  deScarlatti,  de  Lotti 
et  de  Caldara  (t).  D'ailleurs,  il  ne  pénétra  pas 

(il  M.  Maurice  Bourges,  dans  une  notice  sur  Rameau, 


168 


RAMEAU 


au  delà  de  la  capitale  de  la  Lombardie,  et  son 
séjour  à  Milan  ne  fut  pas  assez  long  pour  que 
son  oreille  s'accoutumât  aux  nouveautés  qui  la 
frappaient.  Un  directeur  de  spectacle,  qui  re- 
crutait son  orchestre  pour  donner  des  représen- 
tations dans  le  midi  de  la  France,  l'engagea 
dans  sa  troupe,  en  qualité  de  premier  violon,  et 
l'emmena  à  Marseille,  à  Lyon,  à  Nîmes,  à  Alby 
et  dans  d'autres  villes,  où  il  retourna  à  plusieurs 
reprises,  et  commença  sa  réputation  par  son 
talent  sur  l'orgue.  A  Montpellier,  il  rencontra  un 
musicien  nommé  Lacroix,  qui  lui  enseigna  la 
règle  de  l'octave  pour  l'accompagnement  du 
clavecin;  lui-même  avouait  cette  circonstance 
qui  prouve  le  peu  d'avancement  de  son  instruc- 
tion musicale  à  cette  époque,  en  même  temps 
que  l'excellence  de  l'organisation  qui  lui  per- 
mettait, avec  une  éducation  si  mal  faite,  de  lixer 
sur  lui  l'attention,  comme  organiste. 

De  retour  à  Dijon,  après  une  absence  de  plu- 
sieurs années,  Rameau  n'y  fit  qu'un  court  séjour, 
malgré  l'offre  qu'il  y  reçut  de  la  place  d'orga- 
niste delà  Sainte-Chapelle,  et  qu'il  refusa.  Une 
seule  pensée  l'occupait  alors  :  c'était  celle  de  la 
gloire,  qu'il  croyait  ne  pouvoir  trouver  qu'à  Pa- 
ris» Paris  était  donc  devenu  le  but  unique  vers 
lequel  tendait  son  imagination  :  il  y  arriva  en 
1717,  déjà  riche  d'expérience,  mais  encore  in- 
connu et  n'ayant  rien  produit ,  quoiqu'il  fût  âgé 
de  trente-quatre  ans.  Marchand  (voyez  ce  nom) 
était  alors  l'organiste  le  plus  renommé  de  la  ca- 
pitale :  lorsqu'il  se  faisait  entendre  à  l'église  des 
Grands-Cordeliers,  il  y  avait  foule  pour  l'écouter. 
Rameau,  ne  voulant  perdre  aucune  occasion  de 
l'entendre  et  d'étudier  sa  manière,  alla  se  loger 
dans  le  voisinage  du  couvent.  Accueilli  avec 
bienveillance  par  Marchand,  il  en  reçut  des  pro- 
messes de  protection  qui  furent  d'abord  sincères, 
car  le  maître  donna  quelques  leçons  à  son  nou- 
vel ami,  et  le  prit  pour  suppléant  aux  orgues  des 
Jésuites  et  des  PP.  de  la  Merci  ;  mais  après  que 
Rameau  lui  eut  montré  quelques-unes  de  ses 
pièces  d'orgue,  le  zèle  de  Marchand  pour  son 
protégé  se  refroidit,  et  bientôt  celui-ci  put  se 
convaincre  de  la  difficulté  qu'il  éprouverait  à 
s'établir  à  Paris,  en  présence  d'un  tel  adversaire. 
Ses  moyens  d'existence  étaient  insuffisants  ;  une 
place  d'organiste  dans  une  des  paroisses  pouvait 


Insérée  dans  la  Gazette  musicale  de  Paris  (ann.  i339. 
pag.  S02),  dit  que  le  musicien  français  arriva  en  I.'.alic  aa 
moment  où  Gasparinl  et  Alex.  Scarlatti  faisaient  place  à 
I.co,  Porpora,  Vinci,  liasse,  etc.  ;  mais  Léo  et  Poi-pora 
»e  commencèrent  a  écrire  pour  le  théâtre  que  plus  de 
quinze  ans  après  le  séjour  <lc  Hameau  à  Milan  ;  Masse  et 
Vinci  «c  donnèrent  leurs  premiers  murages  que  vingt- 
elaq,  ans  après  son  retour  en  France. 


seule  faire  cesser  ce  qu'il  y  avait  de  précaire 
dans  sa  situation:  l'occasion  se  présenta  pour 
en  obtenir  une  ;  mais  cette  fois  encore  Rameau 
retrouva  dans  Marchand  l'arbitre  de  son  sort  ; 
car  c'était  lui  qu'on  avait  choisi  pour  juger  le 
concours  ouverts  entre  Daqnin  et  le  musicien  de 
Dijon  pour  la  place  d'organiste  de  Saint-Paul. 
Les  œuvres  d'orgue  et  de  clavecin  que  nous 
avons  des  deux  compositeurs  ne  laissent  aucun 
doute  sur  l'immense  supériorité  de  Rameau,  et 
J  j'ai  dit  ailleurs  [voyez  Daqcin)  ce  qu'on  doit 
penser  de  l'historiette  rapportée  à  ce  sujet  :  ce- 
pendant le  jugement  fut  en  faveur  de  Daquin,  et 
son  rival  n'eut  plus  d'autre  ressource  que  d'ac- 
cepter l'orgue  deSaînt-Étienne,  à  Lille.  Il  ne  resta 
pas  longtemps  dans  cette  ville,  parce  que  son 
frère  (1)  lui  offrit  la  place  d'organiste  de  la  ca- 
thédrale de  Clermont,  en  Auvergne,  qu'il  laissait 
vacante  par  sa  retraite.  Rameau  accepta,  el 
consentit  à  souscrire  un  engagement  à  long 
terme  avec  le  chapitre. 

Le  silence  d'une  ville  placée  dans  un  pays  de 
montagnes,  où  les  communications  étaient  diffi- 
ciles ,  devait  être  favorable  aux  méditations  de 
Rameau.  Depuis  longtemps  excitées  parla  lecture 
des  écrits  de  Zarlino,  de  Mersenne  et  de  Descar- 
tes, ces  méditations  allaient  conduire  l'organiste 
de  Clermont  à  la  création  du  premier  système 
d'harmonie  qui  eût  vu  le  jour;  mais  ce  qui  est 
digne  de  remarque,  c'est  que  ce  silence,  cette 
vie  calme  et  monotone  d'une  petite  ville,  tout 
en  favorisant  les  spéculations  d'un  esprit  sérieux, 
ne  portèrent  point  atteinte  à  l'imagination  de 
l'artiste,  et  ne  l'empêchèrent  pas  de  produire 
des  motets,  des  cantates,  des  pièces  de  clavecin 
qui,  considérés  an  point  de  vue  de  leur  époque, 
attestent  l'originalité  de  la  pensée  et  la  nouveauté 
du  style.  Quatre  années  employées  à  ces  tra- 
vaux avaient  permis  à  Rameau  d'y  mettre  la  der- 
nière main  :  il  comprit  que  le  temps  était  venu 
de  réaliser  ses  projets  et  de  se  manifester  au 
inonde  musical.  Paris  seul  lui  en  offrait  les 
moyens  :  mais  un  engagement  l'enchaînait  à 
Clermont,  et  ses  démarches  pour  en  obtenir  la 
résiliation  avaient  été  sans  résultat  II  dut  alors 
avoir  recours  à  la  ruse,  et  n'imagina  pas  de  meil- 
leur moyen  que  de  déchirer  l'oreille  de  l'evêque 
et  des  chanoines  par  une  musique  si  barbare, 
qu'on  finit  par  lui  accorder  la  liberté  qu'il  récla- 
mait. Cependant  ne  voulant  pas  laisser  une  fâ- 

;l)  Claude  Rameau,  frère  <!c  celui  qui  est  l'objet  de  cet 
article,  fut  un    habile  organiste    attaché  à  l'abbaye   de 

I  Saint-liénignect  à  la  cathédrale  de  Dijon,  et  qui  y  mou- 
rut eu  1761.  Hameau  eut  aussi  une  sretir,  nommée  Cathe- 

l  rine,  qui  enseignait  le  clavecin  à  Dijon,  ci  qui  y  mourut 
en  no*. 


RAMEAU 


16» 


chr-use  impression   sur   son  talent,  il  déploya  ( 
loute  son  habileté  le  jour  désigné  pour  le  der- 
nier de  son  service,  et  joua  de  manière  à  faire 
naître  les  plus  vifs  regrets  dans  l'esprit  de  ceux 
qui   l'écoutaient.    Arrivé  à  Paris  en  1721  ,  il  y 
donna  des  soins  à  la  publication  de  son  traité 
d'barmonie,  qui  parut  dans  l'année  suivante.  Cet 
ouvrage  ne  fut  pas  compris;  mais  les  critiques 
qu'on  en  fit  tournèrent  au  profit  de  son  auteur, 
en  fixant  sur  lui  l'attention  du  public.  La  publi- 
cation de  quelques  cantates  et  de  ses  sonates  de  } 
clavecin  acheva  de  le  faire  connaître,  et  lui  pro- 
cura de  bons  élèves ,  qui  devinrent  ses  admira- 
teurs :  déplus,  il  eutla  place  d'organiste  de  Sainte- 
Croix-de-la-Bretonnerie.  Le  désir  qu'il  avait  de  tra- 
vailler pour  la  scène  l'engagea  à  faire  des  essais 
dans  des   fragments  de  chants  et  de  danses  pour 
des  pièces  de  Piron  représentées  à  l'Opéra-Comi- 
que,  telles  que  la  Rose,  le  faux  Prodige,  V En- 
rôlement d'Arlequin,  etc.   En   1726  parut  son 
Nouveau  système  de  musique  théorique,  où  le 
système  de  la  basse  fondamentale ,  déjà  indiqué 
dans  le  Traité  d'harmonie,  trouvait  une  base  dans 
les  phénomènes  de  résonnance  de  quelques  corps 
sonores.  Ces  deux  ouvrages  et  la  Dissertation 
sur  les  différentes  méthodes  d'accompagne- 
ment pour  le  clavecin  et  pour  V orgue,   qui 
fut  publiée  en  1732,  lui  firent  la  réputation  d'un 
savant    harmoniste ,    malgré    les  critiques   des 
journalistes  et  les  insinuations  malveillantes  de 
quelques  envieux.  Ni  l'Académie   des  Sciences, 
qui  approuva  les  travaux  de  Rameau  (  en  1737 
et  1749),  ni  les  littérateurs  qui  en  faisaient  la 
critique,  n'entendaient  bien  le  sujet  de  la  discus- 
sion; mais  c'est  une  chose  remarquable  que  cette 
science  de  l'harmonie,  qui  venait  d'être  créée 
par  Rameau ,  trouva  tout  le  monde  prêt  à  en 
parler,  comme  s'il  se  fût  agi  de  la  chose  la  plus 
simpie.  Malgré  les  ennuis  que  lui  suscitaient  ces 
débats,  le  savant  musicien  y  trouvait  de  l'avan- 
tage pour  sa  célébrité. 

Cependant  il  n'était  point  satisfait  encore; 
car  il  se  sentait  appelé  à  parcourir  la  double  car- 
rière de  théoricien  et  de  compositeur  dramatique. 
En  vain  était-il  cité  comme  le  meilleur  orga- 
niste de  France;  en  vain  sa  musique  instrumen- 
tale était-elle  recherchée  par  tous  les  amateurs  ; 
Rameau  se  tourmentait  de  la  pensée  qu'il  tou- 
chait à  sa  cinquantième  année  sans  avoir  pu  par- 
venir jusqu'à  la  scène  de  l'Opéra,  tandis  que  beau- 
coup de  musiciens  médiocres  y  étaient  arrivés 
sans  peine.  Devenu  maître  de  clavecin  et  d'accom- 
pagnementdeMmelaPopelinière,  femmedu  fermier 
général,  il  trouva  heureusement  un  Mécène  dans 
ce  financier,  qui  entretenait  un  orchestre  à  son 
service,  et  donnait  des  concerts  dans  son  hôtel, 


à  Paris  ,  ei  dans  sa  belle  maison  de  Passy.  La 
Popelinïère  obtint  de  Voltaire,  pour  son  protégé, 
le  livret  d'un  opéra  dont  Scmison  était  le  sujet. 
Rameau  écrivit  sa  musique;  l'ouvrage  fut  essayé 
chez  le  fermier  général  et  plut  beaucoup  à  ceux 
qui  l'entendirent  ;  mais  Thuret,  alors  directeur 
de  l'Académie  royale  de  musique,  peu  séduit  par 
un  sujet  de  la  Bible,  refusa  l'œuvre  de  Voltaire 
et  de  Rameau.  Longtemps  après ,  celui-ci  em 
ploya   la   musique   de  Samson  dans  son  Zo- 
roaslre.  D'abord  découragé,  il  semblait  vouloir 
renoncer  au  projet  de  se  faire  une   réputation 
de  compositeur  dramatique  ;  mais  la  Popelinière 
tint  bon,   et  finit  par  lui  taire  avoir  de  l'aLbé 
Pellegrin  le  livret  A'Uippolyteet  Aricie, moyen- 
nant  une  obligation  de  500  livres  donnée  comme 
garantie  contre  la  chute  de  l'ouvrage.  Quelque 
temps  après,  le  premier  acte  fut.  essa5-é  chez  le  fi- 
nancier, et  le  bon  abbé  qui,  comme  on  l'a  dit, 
dînait  de  l'autel  et  soupait  du  théâtre ,  char- 
mé de  ce  qu'il  entendait,  déchira  le  billet,  en 
déclarant   que    de    semblable   musique   n'avait 
pas  besoin  de  caution .  Cependant  le  succès  de 
la  représentation  ne  répondit   pas  d'abord  'aux 
espérances  du  poète  et  des  amis   de  Rameau. 
L'ouvrage  fut  joué  pour  la  première  fois  le  1er  oc- 
tobre 1732,  et  les  admirateurs  de  Lulli  se  réu- 
nirent pour  en  condamner  le  style,  qu'ils  appe- 
laient bizarre,  baroque  et  dépourvu  de  mélodie. 
On  ne  pouvait  nier  que  le  compositeur  d'Hippo- 
lyte  et  Aricie  ne  fût  inférieur  à  celui  é'Armide 
dans  le  récitatif,  et  qu'il  y  eût  moins  de  correc- 
tion dans  sa  manière  d'écrire;  mais  son  harmo- 
nie avait  bien  plus  de  force,  ses  modulations 
étaient  moins  uniformes,  ses  chœurs  avaient  plus 
d'effet  et  d'énergie;  enfin,  son  instrumentation 
était  plus  riche  de  formes  et  de  détails.  En  un 
mot,  le  nouvel  opéra  annonçait  un  génie  d'une 
autre  trempe  que  tout  ce  qui  avait  suivi  Lulli; 
on  pouvait  discuter  sur  l'agrément  de  cette  mu- 
sique, mais  non  lui  refuser  le  caractère  de  la 
création.  Depuis  près  de  cinquante  ans,  il  n'a- 
vait été  rien  donné  à  l'Opéra  de  Paris  qui  eût  ce 
cachet  de  nouveauté.  Tel  fut  néanmoins  le  mau- 
vais accueil  fait  à  cet  ouvrage,  qu'il  fut  à  peine 
permis  de  l'achever.  L'abbé  Desfontaines  accusa 
Rameau ,  dans  son  Nouvelliste  du  Parnasse, 
de  substituer  les  spéculations  harmoniques  aux 
jouissances  de  l'oreille.  Les  pamphlets,  les  cou- 
plets  satiriques  accablèrent  le  compositeur,  et 
l'on  fit  courir  contre  lui  cette  épigramme  • 

Si  le  difficile  est  le  beau. 
C'est  un  grand  homme  qne  Rameau; 
Mais  si  le  beau,  par  aventure, 
N'était  que  la  simplenature, 
Quel  petit  homme  que  Rameau! 


(70 


RAMEAU 


Celte  épigramme  était  une  sottise  de  son  auteur, 
car  le  beau  n'est  pas  la  simple  nature,  qui  n'a 
rien  à  taire  dans  la  musique.  Le  beau  dans  l'art 
est  la  création  pure  du  génie,  et  la  nature  y  est 
étrangère. 

Rameau,  étourdi  de  ces  critiques,  crut  un  mo- 
ment s'eire  trompé,  et  dit  k  ses  amis  :  «  J'ai 
«  cru  que  mon  goût  réussirait ,  et  je  vois  qu'il 
«  n'en  est  rien  ;  mais  je  n'en  ai  point  d'autre  : 
■-  je  ne  ferai  plus  d'opéra.  »  Heureusement  ceux 
qui  le  protégeaient  contre  ses  ennemis  ne  se  lais- 
sèrent point  ébranler  comme  lui.  Ils  prirent  sa 
défense,  ramenèrent  insensiblement  l'opinion  pu- 
blique, et  finirent  par  fixer  l'attention  sur  une 
production  qui  avait  été  jugée  avec  légèreté. 
Griinm,  qui  n'aimait  pas  Rameau,  prétend  que  le 
grand  succès  obtenu  plus  tard  par  la  musique  de 
ce  compositeur,  ne  fut  que  le  résultat  des  cal- 
culs des  partisans  de  la  musique  française,  en 
baine  de  l'italienne  (1).  Quoi  qu'il  en  soit  de 
cette  assertion,  il  est  certain  que  Rameau  par- 
vint à  la  plus  brillante  renommée  en  France  par 
ses  compositions  dramatiques,  et  qu'il  fit  preuve 
d'une  prodigieuse  facilité  dans  ses  travaux  en  ce 
genre;  car  bien  qu'il  eût  donné  son  premier 
opéra  à  l'âge  de  cinquante  ans,  et  qu'il  fût  pres- 
que constamment  occupé  de  la  rédaction  de 
ses  traités  théoriques  d'harmonie  et  6c  la  polé- 
mique qu'ils  soulevaient ,  il  fit  représenter  à 
l'Opéra  vingt-deux  grands  opéras  ou  opéras- 
ballets  dans  l'espace  de  vingt-sept  ans.  Il  était 
âgé  de  soixante-dix-sept  ans  quand  il  lit  jouer  le 
dernier.  Les  biographes  modernes  qui  ont  essayé 
«'e  faire  l'appréciation  de  la  musique  de  Rameau 
et  de  la  nature  de  son  talent,  me  paraissent  l'a- 
voir fait  au  hasard  et  sans  avoir  étudié  ses  ou- 
vrages; car  ils  le  louent  pour  des  qualités  qui 
ne  sont  point  les  siennes ,  et  lui  reprochent  des 
imitations  de  Lnlli  qui  ne  sont  pas  fondées.  Son 
Castor  et  Pollux  a  été  à  juste  titre  considéré 
comme  son  chef-d'œuvre.  Tel  était  le  mérite  de 
quelques  morceaux  de  cet  opéra,  qu'il  s'est  sou- 
tenu plusieurs  années  à  côté  môme  des  opéras  de 
Gluck.  En  1791 ,  Candeilte  refit  la  musique  de  cet 
ouvrage  ;  mais  désespérant  de  faire  aussi  bien 
que  Rameau  la  scène  où  se  trouve  l'air  Tristes 


lii  «  Tous  ses  ouvrages  tombèrent  d'abord,  et  s'ils  se 
relevèrent  ensuite,  ses  partisans  ne  furent  pas  moins  re- 
gardés comme  hérétiques  et  presque  C M  mauvais  ci- 
toyens. Lorsque  ensuite  la  musique  italienne  lit  des  pro- 
grès en  France  ,  lcs;cnncmis  les  plus  violents  de  Hameau 
passèrent  (le  leur  acharnement  à  l'admiration  la  plus 
aveugle,  et  ne  pouvant,  soutenir  Lnlli,  Ils  opposèrent  le  nom 
et  la  célébrité  de  Hameau  aux  partisans  de  ta  musique 
Italienne.»  [Correspondance  littéraire,  octobre  118*, 
tome  v,  page  BO   Édition  de  Paris,  1819.1 


apprêts ,  paies  flavibeaux,  il  la  conserva  telle 
qu'elle  est  dans  l'ancienne  partition. 

Si  le  début  de  Rameau  dans  sa  carrière  avait 
été  pénible,  il  en  trouva  la  compensation  dans 
l'espèce  de  domination  qu'il  exerça  sur  la  musique, 
en  France  pendant  les  trente  dernières  années 
de  sa  vie.  Les  discussions  même  qu'il  eut  à  sou- 
tenir contre  plusieurs  savants,  et  qu'il  semblait 
moins  craindre  que  rechercher,  augmentèrent 
son  autorité,  et  rendirent  son  nom  populaire.  Le 
produit  de  ses  leçons,  de  ses  ouvrages  et  le  re- 
venu de  ses  places  lui  avaient  assuré  une  aisance 
augmentée  par  une  sévère  économie,  qu'on  l'ac- 
cusait de  pousser  jusqu'à  l'avarice  la  plus  sordide. 
Le  roi  avait  créé  pour  lui  la  charge  de  composi- 
teur de  son  cabinet  ;  plus  lard,  il  lui  accorda  des 
lettres  de  noblesse ,  et  le  nomma  chevalier  de 
Saint-Michel.  Grimm  prétend  qu'il  ne  voulut  pas 
faire  enregistrer  les  titres  de  ces  distinctions,  et 
se  constituer  en  une  dépense  qui  lui  tenait 
plus  au  cœur  que  la  noblesse  (1).  Le  même 
écrivain  ajoute  que  Rameau  étail  d'un  naturel 
dur,  sauvage,  étranger  à  tout  sentiment  d'huma- 
nité. Diderot,  dans  le  livre  singulier  intitulé  le 
Neveu  de  Rameau,  a  dit  aussi  de  l'oncle,  avec 
sa  manière  originale  :  «C'est  un  philosophe  dans 
«  son  espèce  :  il  ne  pense  qu'à  lui  ;  le  reste  de 
«  l'univers  lui  est  comme  d'un  clou  à  un  souf- 
«  llet.  Sa  fille  et  sa  femme  n'ont  qu'à  mourir 
«  quand  elles  voudront;  pourvu  que  les  cloches 
«  de  la  paroisse  qui  sonneront  pour  elles  conti- 
«  nuent  de  résonner  la  douzième  et  la  dix-sep- 
«  tième  (2),  tout  sera  bien.  »  Il  y  a  beaucoup 
d'exagération  dans  ces  paroles  de  deux  hommes 
qui  n'aimaient  ni  Rameau  ni  la  musique  fran- 
çaise, dont  il  était  le  représentant  à  cette  époque, 
et  qui  d'ailleurs  conservaient  contre  lui  de  la 
rancune,  à  cause  de  ses  démêlés  avec  les  ency- 
clopédistes. Rameau  paraît  avoir  aimé  l'argent , 


(1)  Je  ne  sais  où  Castll-BIaze  a  pris  l'anecdote  qu'il 
raconte  en  ces  termes  :  ■  Rameau  reçoit  des  lettres  de  no- 
«  blesse,  prélude  nécessaire  pour  le  rendre  digne  d'ac- 
«  cepter  le  cordon  de  Saint  -Michel,  que  le  roi  lui  desti- 
«  nait.  Ce  musicien  se  garde  bien  de  faire  enregistrer  sa 
<<  patente  nobiliaire.  Louis  XV  pense  que  Rameau  ne  vent 
«  pas  débourser  les  frais  de  chancellerie,  et  lut  fait  pro- 
«  poser  de  se  charger  lui-même  de  celte  dépense.  —  Que  Sa 
«  Majesté  veuille  m'en  remettre  l'argent,  je  saurai  l'cm- 
«  ployer  d'une  manière  plus  avantageuse.  A  moi  des  lct- 
«  très  de  noblesse?  Castor  et  llardanus  me  les  ont  de- 
<  puis  longtemps  paraphées.»  {Théâtres  lyriques  ttcl'aris; 
«  Académie  royule  de  musique,  1. 1,  p.  18t.)  Quelle  que 
fût  la  brusquerie  du  caractère  de  Rameau,  il  est  impossi- 
ble qu'il  ait  répondu  par  ce  langage  grossier  a  l'honneur 
qui  lui  était  fait. 

(2)  Allusion  au  système  d'harmonie  de  Rameau,  basé  sur 
la  resimnanee  de  l'accord  parfait  majeur  dans  certains 
corps  sonores. 


RAMEAU 


171 


penchant  assez  rare  de  son  temps  parmi  les  ar- 
listes,  et  fort  commun  aujourd'hui  ;  mais  il  se- 
rait injuste  de  prétendre  que  ce  goût  avait  éteint 
en  lui  tout  sentiment  d'humanité;  car  il  paya 
longtemps  une   pension  à  sa  sœur   infirme ,  et 
l'on  sait  qu'il  rendit  des  services  pécuniaires  au 
compositeur  Dauvergne  et  à  l'organiste  Balbâtre. 
Plusieurs  académies  avaient  ouvert  leurs  portes 
à  Rameau,  sans  qu'il  recherchât  ces  honneurs. 
Le  magistrat  de  Dijon  l'exempta  à  perpétuité,  lui 
et  sa  famille,  de  latailleet  des  autres  droits  mu- 
nicipaux. Sa   taille  était  fort  grande  et  sa  mai- 
greur excessive  ;  mais  quoique  son  extérieur  eût 
pu  faire  croire  que  sa  santé  était  débile,  il  n'a- 
vait jamais   été   malade.  Le  régime  qu'il  avait 
adopté  et  sa  sobriété  le  firent  parvenir  à  un  âge 
avancé,  et  lui  permirent  de  se  livrer  à  de  grands 
travaux  jusqu'à  ses   derniers  jours.  Sombre  et 
peu  sociable,  il  fuyait  le  monde  et  gardait,  même 
avec  sa  famille ,  un  silence  presque  absolu.  Dans 
ses  promenades  solitaires,  il  n'abordait  ni  ne 
voyait  personne.  On  le  croyait  absorbé  dans  de 
profondes  méditations   :    cependant  Chabanon, 
son  ami,  obtint  de  lui  l'aveu  que,  dans  ses  vagues 
rêveries ,  aucun  objet  ne  l'occupait  précisément  ; 
son  esprit  y  était  dans  une  sorte  de  somnolence, 
et  ses  jambes  seules  conservaient  de  l'activité. 
Lorsqu'on  l'abordait,    il   semblait  sortir  d'une 
extase,  ne  reconnaissait  personne,  et  ses  amis 
les  plus  intimes  étaient  obligés  de  se  nommer. 
Ses  panégyristes  disent  qu'il  était  naturellement 
modeste:  il  paraît  en  effetqu'il  parlait  peu  de  lui, 
lorsqu'il  n'y  était  pas  entraîné  par  la  discussion  ; 
mais  il  supportait  impatiemment  la  contradiction, 
et  quoiqu'il  eût   presque  toujours  tort  dans  les 
polémiques  où  il  s'engagea,  comme  je  le  ferai 
voir  plus  loin,  il   prenait  un  ton  dur  et  hautain, 
même  avec  les  savants  les  plus  recommandables. 
Ses  théories  harmoniques,  dont  il  s'exagérait  le 
mérite  et  l'importance,  l'occupèrent  jusqu'à  ses 
derniers  jours,   et  il  mettait  la  dernière  main  à 
un  livre  concernant  les  avantages  que  la  musique 
devait  retirer  de  ce  qu'il  appelait  ses  découver- 
tes, lorsqu'il  mourut,  à  plus  de  quatre-vingts  ans, 
le  12  septembre  17G4.  Des  obsèques  magnifiques 
lui   Turent   faites  à  l'église   Saint-Eustacho.    La 
direction  de  l'Opéra  lui  fit  faire,  à  l'Oratoire,  le 
27  septembre,  un  service  solennel,  auquel  tous  les 
musiciens  de  Paris  prirent  pari,  et  pendant  plu- 
sieurs années,   l'anniversaire  de    son  décès  fut 
céléhré  avec  pompe  dans  la   même  église.  Un 
second  service  fut  célébré  dans  l'église  des  Car- 
mes déchaussés,  près  du  Luxembourg.  La  mu- 
sique qu'on  y  exécuta  était  de  Philidor.  Un  grand 
concours  de  monde  se  pressa  dans  ces  cérémo- 
nies. 


Rameau  avait  épousé  une  demoiselle  Marie- 
Louise  Mangot,  qui  lui  survécut.  «Mme  Rameau, 
«  dit  Maret  (loc.  cit.),  est  une  femme  honnête, 
«  douce,  aimable,  qui  a  rendu  son  mari  fort  heu- 
«  reux  :  elle  a  beaucoup  de  talent  pour  la  mu- 
«  sique,  une  fort  jolie  voix  et  un  bon  goût  du 
«  chant.  »  Les  enfants  de  Rameau  fuient  : 
1°  Claude-François  Rameau  ,  écuyer,  valet  de 
chambre  du  roi.  —  2°  Marie-Louise,  religieuse 
au  couvent  de  la  Visitation  de  Sainte-Marie , 
a  Montargis.  —  3°  Marie-Alexandrine,  qui,  après 
la  mort  de  son  père ,  épousa  un  mousquetaire , 
nommé  de  Gauthier.  On  a  fait  plusieurs  por- 
traits de  Rameau;  le  premier  a  été  gravé  par 
Delattre,  in-4°  ;  le  deuxième  et  le  plus  beau  a 
été  fait  par  Renoist ,  d'après  Restout,  in-fol.  ; 
le  troisième  a  été  gravé  par  Saint- Aubin,  d'après 
Caffieri.  Le  petit  portrait  en  pied  de  Carmontelle 
est  plein  d'esprit  :  c'est  celui  qui  représente  le 
mieux  l'aspect  du  grand  musicien ,  quoique  le 
dessinaleur  ait  un  peu  cherché  la  caricature.  On 
trouve  aussi  le  portrait  de  Rameau ,  gravé  par 
Masquelier,  dans  le  deuxième  volume  de  VEssai 
sur  la  musique  de  La  Rorde ,  au  frontispice  de 
la  12me  année  de  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick,  dans  les  Essais  physiognomoniques  de 
Lavater,  et  dans  plusieurs  autres  ouvrages. 

Célèbre  comme  organiste,  plus  célèbre  en- 
core comme  compositeur  dramatique  ,  Rameau 
semble  pourtant  n'avoir  voulu  faire  de  ces  titres 
de  gloire  que  l'accessoire  de  sa  renommée ,  tant 
il  s'est  élevé  par  la  création  de  son  système 
d'harmonie,  quels  qu'en  soient  d'ailleurs  les  dé- 
fauts. On  a  parlé  diversement  de  ce  système,  et 
l'on  se  fait  en  général  une  fausse  idée  de  sa 
portée  et  de  son  mérite.  1!  n'est  pas  vrai,  comme 
l'ont  prétendu  plusieurs  écrivains  fiançais,  qu'a- 
vant Rameau  il  n'y  eût  dans  la  science  de  l'har- 
monie et  de  la  composition  qu'un  amas  indi- 
geste de  règles  arbitraires,  sans  liaison  entre 
elles,  et  souvent  contradictoires.  Il  n'est  pas 
v^i  non  plus  que  toutes  ces  règles  se  soient  éva- 
nouies en  présence  de  la  basse  fondamentale,  ni 
que  celle-ci  ait  pu  en  tenir  lieu  ;  car  tous  les 
préceptes  de  l'art  d'écrire  formulés  par  les  an- 
ciens écrivains  didactiques  ont  pour  base  les  lois 
éternelles  de  la  tonalité ,  tandis  que  les  règles 
du  système  de  la  basse  fondamentale  sont  sou- 
vent en  contradiction  avec  ces  lois.  Mais  ce  n'est 
point  là  qu'est  la  gloire  de  Rameau,  et  ceux  qui 
l'ont  vanté  sous  ce  rapport  n'ont  pas  compris 
plus  que  lui  le  mérite  de  son  œuvre.  J'ai  expli- 
qué, dans  mon  Esquisse  de  l'histoire  de  l'har- 
monie (l),  quelle  était  la  situation  de  la  science 

U)  Gazette  musicale  de  Paris,  année  1840,  ip»  35  ct4S> 


172 


RAMEAU 


avant  Rameau,  et  quels  ont  été  les  résultats 
réels  de  ses  travaux.  L'exposé  analytique  de 
ces  choses  est  trop  étendu  pour  trouver  place  ici, 
et  je  suis  obligé  de  renvoyer,  pour  les  détails,  à 
cette  partie  de  mon  travail  :  je  me  bornerai  à 
indiquer  les  faits  principaux. 

L'art  d'écrire  la  musique  en  harmonie  avait 
reçu  dans  le  moyen  âge  le  nom  de  contrepoint. 
Les  règles  de  cet  art,  perfectionnées  par  l'ob- 
servation et  par  un  sentiment  plus  exercé , 
avaient  été  puisées  dans  la  conformation  de  la 
gamme  et  dans  la  tonalité  dont  elle  est  la  for- 
mule. Deux  accords  consonnants  (l'accord  par- 
fait et  l'accord  de  sixte)  et  les  dissonances  intro- 
duites dans  ces  accords  par  des  moyens  artificiels, 
composaient  tout  le  domaine  harmonique  de 
ces  premiers  temps.  Plus  tard,  on  y  introduisit 
les  accords  dissonants,  appelés  naturels,  parce 
qu'ils  sont  les  produits  immédiats  de  la  constitu- 
tion de  la  tonalité.  Les  auteurs  de  traités  de 
contrepoint  n'imaginèrent  pas  de  rechercher  l'o  • 
rigine des  harmonies;  mais  ils  constatèrent  tout 
ce  qui,  dans  leurs  successions,  satisfaisait  aux 
exigences  de  la  tonalité  ou  les  blessait.  De  là  les 
règles  formulées  dans  leurs  écrits.  Lorsque  l'har- 
monie desvoix  cnusagejusqu'àla  fin  du  seizième 
siècle,  eut  fait  place  aux  chants  à  voix  seule,  ac- 
compagnés par  i'orgue  ou  le  clavecin,  il  fallut 
indiquer  aux  accompagnateurs  l'harmonie  qu'ils 
devaient  faire  entendre  sur  la  basse  écrite  qu'on 
leur  donnait  pour  les  guider;  cette  basse  prit 
le  nom  de  basse  continue ,  et  l'on  imagina  de 
placer  au-dessus  de  ces  notes  certains  chiffres  et 
signes  qui  faisaient  connaître  les  principaux  inter- 
valles des  accords  qui  devaient  les  accompagner. 
Telle  est  l'origine  de  la  science  de  l'harmonie. 
Les  travaux  des  harmonistes  italiens  et  allemands 
ajoutèrent  des  faits  nouveaux  aux  faits  primitifs 
de  cette  science ,  pendant  le  dix-septième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-huitième;  ils  s'atta- 
chèrent surtout  à  perfectionner  l'art  de  l'accom- 
pagnement sur  le  clavier,  qui  était  l'objet  es- 
sentiel de  la  basse  continue  ;  mais,  ainsi  que  les 
auteurs  de  traités  de  contrepoint,  ils  se  livrèrent 
bien  moins  à  des  recherches  sur  la  constitution 
des  accords  qu'à  l'analyse  des  circonstances  har- 
moniques et  tonales  de  leur  enchaînement.  C'est 
dans  cet  esprit  que  furent  rédigés  les  livres  de 
Gaspariui.oe  Printz,  de  Werckmeisler,  de  Niedt, 
de  Iloiniclien  et  même  de  Mattheson.  Ce  n'est  pas 
à  dire  pourtant  que  les  règles  contenues  dans 
leurs  ouvrages  ne  soient,  comme  on  l'a  dit,  dic- 
tées que  par  une  aveugle  routine,  car  elles  étaient 
le  produit  de  l'observation  et  les  conséquences 
nécessaires  des  lois  de  la  tonalité ,  comme  les 
règles  du  contrepoint  :  seulement  il  y  manquait  le 


point  de  vue  scientifique ,  et  la  conception  d'un 
système  de  théorie. 

C'est  en  cet  état  que  Rameau  trouva  l'art. 
Livré  à  la  lecture  des  livres  de  Mersenne,  de 
Descartes  et  de  Zarlino,  dans  sa  solitude  de  Cler- 
mont,  il  y  puisa  la  connaissance  des  nombres 
appliqués  aux  intervalles  des  sons.  Une  proposi- 
tion de  Descartes,  où  ce  philosophe  pose  en  fait 
que  l'oreille  ne  saisit  naturellement  que  les  inter- 
valles représentés  par  les  nombres  1 ,  3 ,  5  et 
leurs  multiples,  le  conduisit  à  considérer  l'accord 
parfait  majeur,  produit  par  la  génération  de  ces 
nombres,  comme  le  type  de  toute  harmonie, 
i  lui  fournissait  le  son  fondamental  ;  1 ,  l'oc- 
tave; 3,  l'octave  de  la  quinte;  4,  la  double  oc- 
tave du  son  fondamental  ,  5,  la  double  octave  de 
la  tierce,  etc.  Considérant  les  sons  d'octaves 
comme  identiques  avec  les  sons  primitifs,  il  rap- 
prochait les  intervalles  et  y  trouvait  l'accord  par- 
fait. Pour  la  formation  de  tous  les  autres  ac- 
cords, il  lui  parut  qu'il  ne  s'agissait  plus  que 
d'ajouter  d'antres  sons  à  la  tierce  inférieure  ou 
supérieure  des  accords  parfaits  majeur,  mineur, 
ou  d'en  supprimer  d'un  côté  pendant  qu'en  en 
ajoutait  de  l'autre.  C'est  par  ces  additions  de 
tierces  qu'il  formait  tous  les  accords  de  sep- 
tièmes, de  neuvièmes,  etc.  A  l'égard  des  accords 
où  la  sixte  et  la  quarte  étaient  caractéristiques  de 
l'harmonie, il  les  obtenait  parle  renversement  des 
accords  primitifs.  Cette  génération  des  accords, 
qui  obligeait  Rameau  à  transposer  l'accord  par 
fait  pour  trouver  les  autres  intervalles  nécessaires 
à  la  formation  des  accords  dissonants,  ne  lui  per- 
mettait pas  de  faire  entrer  dans  son  système  les 
considérations  de  tonalité,  et  tous  les  accords 
étaient  autant  de  faits  isolés  qui  n'avaient  plus 
entre  eux  de  rapport  de  succession.  Dès  lors 
toutes  les  règles  des  anciens  harmonistes  s'éva- 
nouissaient. Trop  bon  musicien  pour  ne  pas 
comprendre  qu'après  avoir  rejeté  ces  règles  de 
succession  et  tde  résolution  des  accords,  incom- 
patibles avec  son  système,  il  devait  y  suppléer 
par  des  règles  nouvelles  qui  n'y  fussent  pas  con- 
traires, il  imagina  sa  théorie  de  la  basse  fonda- 
mentale. Cette  basse  n'était  qu'un  moyen  de 
vérification  de  la  régularité  de  l'harmonie,  et 
non  une  basse  réelle  :  c'est  pourquoi  Rameau 
l'ait  remarquer  dans  son  Traité  d'harmonie 
(p.  135),  qu'on  ne  doit  pas  s'arrêter  aux  succes- 
sions d'octaves  et  de  quintes  consécutives  qu'elle 
exige.  Il  prescrivit  des  règles  pour  la  formation 
de  cetts  basse,  mais  ii  ne  put  les  établir  que 
«l'une  manière  arbitraire  :  tout  s'opposait  à  ce 
qu'il  en  exposât  une  théorie  rationnelle,  basée 
sur  la  nature  môme  de  l'harmonie.  Ces  règles. 
avaient  le  défaut  d'être   insuffisantes  poui    mie 


RAMEAU 


173 


multitude  de  cas,  et  d'être  fausses  dans  quel- 
ques-uns. De  plus,  comme  elles  n'élaient  qu'un 
moyen  de  vérification  des  fautes  qui  pouvaient 
échapper  en  écrivant,  elles  ne  remplissaient  pas 
les  mêmes  fonctions  que  celles  des  anciens  har- 
monistes ,  dont  l'objet  était  de  faire  éviter  ces 
fautes.  Tel  est  le  système  exposé  par  Rameau 
dans  son  Traité  de  fharmonie,  publié  en 
1722.  Nonobstant  ses  vices  radicaux,  qui  ne  vont 
pas  à  moins  qu'à  l'anéantissement  de  la  correc- 
tion dans  l'art  d'écrire,  ce  système,  le  premier 
où  l'on  a  essayé  de  donner  une  base  scientifi- 
que à  l'harmonie,  est  une  création  du  génie.  Il 
renferme  d'ailleurs  une  idée  vraie,  féconde,  et 
qui  seule  eût  immortalisé  son  auteur  :  je  veux 
parler  de  la  considération  du  renversement  des 
accords,  qui  appartient  à  Rameau  et  sans  la- 
quelle il  n'y  a  pas  de  système  d'harmonie  possi- 
ble. Si  nous  nous  plaçons  au  point  de  vue  de  la 
situation  où  se  trouvait  Rameau  lorsqu'il  con- 
çut le  sien ,  nous  ne  pourrons  lui  refuser  notre 
admiration  pour  la  force  de  tête  qui  brille  dans 
cette  conception. 

Le  phénomène  de  la  production  sensible  des 
harmoniques  de  l'accord  parfait  majeur  dans  cer- 
tains corps  sonores,  avait  été  observé  antérieu- 
rement à  la  publication  du  Traité  d'harmonie  : 
Rameau,  en  ayant  eu  connaissance,  y  vit  une 
confirmation  manifeste  de  son  système  de  l'har- 
monie primitive,  puisée  dans  la  nature.  Enthou- 
siasmé par  ce  fait,  dont  la  portée  n'est  pas  ce  quïl 
supposait,  il  en  développa  les  conséquences  dans 
son  Nouveau  système  de  musique  théorique, 
publié  en  1726.  C'est  dans  cet  ouvrage  qu'il 
commença  à  se  jeter  dans  un  étalage  de  démons- 
trations de  physique  et  de  calculs  par  lesquels  il 
espérait  relever  le  mérite  de  sa  théorie,  mais  qui 
n'ont  au  fond  que  peu  de  valeur.  Dès  qu'il  fut 
entré  dans  cette  voie,  son  esprit  s'y  abandonna 
sans  réserve  ;  le  premier  fruit  de  ses  méditalions 
géométriques  fui  la  publication  de  son  Traité  de 
la  Génération  harmonique ,  suivi  de  la  Dé- 
monstration du  principe  de  Vharmonie,  et 
de  plusieurs  autres  écrits  où  la  manie  du  calcul 
finit  par  conduire  l'auteur  du  Traité  d'iuirmonie 
jusqu'à  vouloir  démontrer  que  tontes  les  sciences 
ont  leur  origine  dans  les  proportions  fournies 
par  le  corps  sonore;  car,  dans  l'ignoranee  où  l'on 
étaitalors  d'une  multitude  de  phénomènes  acous- 
tiques, Rameau  était  persuadé  quêtons  les  corps 
sonores  produisaient  les  mômes  sons  harmoni- 
ques, quelles  que  fussent  leurs  formes,  leurs  di- 
mensions et  le  mode  d'action  vibratoire  qu'on 
leur  imprimât.  L'Académie  des  sciences,  et  d'A- 
lembert lui-même  eurent  le  tort  d'encourager  Ra- 
meau à  persévérer  dans  cetle  fausse  direction, 


par  des  rapports  sur  ces  ouvrages  où  l'on  trouve 
des  passages  tels  que  celui-ci  :  «  Ainsi  l'har- 
«  monie,  assujettie  communément   à   des   lois 
«  arbitraires  ou  suggérées  par  une   expérience 
«  aveugle,  est  devenue,  par  le  travail  de  Ra- 
«  meau,  une  science  plus   géométrique,  et  à 
«  laquelle  les  principes  mathématiques  peuvent 
«  s'appliquer  avec  une  utilité  plus  réelle  et  plus 
«  sensible  qu'ils  ne  l'ont  été  jusqu'ici  (1).  »  Plus 
tard,  et  lorsque  Rameau  eut  déclaré  la  guerre 
aux   encyclopédistes  dans  son    pamphlet   inti- 
tulé :  Erreurs  sur  la  musique  dans  l'Encyclo- 
pédie (Paris,  1755),  d'Alembert  essaya  de  jeter 
i  quelque  ridicule  sur  les  prétentions  du  musicien 
à  passer  pour  un  géomètre,  et  voulut  lui  dé- 
montrer, dans  une  lettre  imprimée  en  1758,  que 
le  corps  sonore  ne  donne  par  lui-même  aueune 
notion  des  proportions  des  intervalles  dont  il  fait 
résonner  les  harmoniques;  mais  il  avait  affaire  à 
un  rude  jouteur,  qui  ne  s'effrayait  point  s  l'i'dée 
d'entrer  en  discussion  avec  les   plus  savants, 
n'ayant  nul  souci  de  leurs  arguments,  et  se  com- 
plaisant aux  siens.  Il  avait  osé  se  mesurer  avec 
Eu  1er,  dont  il  ne  comprenait  gnère  l'Essai   sur 
une  nouvelle  théorie  de  l'harmonie;  il  ne  recula 
pas  devant  la  nécessité  de  répondre  à  d'Alembert 
sur  des  matières  de  physique  et  de  calcul,  comme 
s'il  ne  se  fût  agi  que  d'une  question  de  basse 
fondamentale.  Le  savant  géomètre  français  au- 
rait dû  être  averti  du  danger  qu'il  y  avait  à  en- 
courager Rameau  dans  ses  fantaisies  de  science, 
par  ce  qui  était  arrivé  au  P.  Castel.  Ce  jésuite 
avait  accueilli  avec  bienveillance  l'organiste  de 
Clermont  à  son  arrivée  à   Paris,  en   1721  ,  et 
bien  que  peu  instruit  dans  la  musiqnc  à  cette 
époque,  il  avait  fort  goûté  l'idée  de  sa  basse 
fondamentale,  et  l'avait  engagé  à  continuer  ses 
travaux  sur  cette  matière.  Quatorze  ans  après, 
le  même  P.  Castel,  dans  la  seconde  partie  de  ses 
Nouvelles  expériences  d'optique  et  d'acousti- 
que, insérée  parmi  les  Mémoires  de  Trévoux 
(août  1735,  p.  1635),  ayant  cité  un  passage  de 
la  Musurgiaàe  Kircher,qui  semblait  indiquer  la 
première  idée  de  la  basse  fondamentale,  Rameau 
lui  fit  une  rude  réponse  dans  le  même  recueil 
(juillet  1736,  p.  1691  ),  et  n'y  montra  pas  cette 
modestie  dont  parlent  ses  panégyristes.  Mais  la 
partie  était  trop  forte  pour  lui  :  la  réplique  du 
jésuite  ne  se  fit  pas  attendre  (septembre  1736, 
p.  1999)  (2)  :  elle  fut  catégorique.  «  J'ai  toujours 

(1)  Rapport  de  1749,  imprimé  à  la  fin  de  la  Démonstra- 
tion du  principe  de  l'harmonie,  pag.  xiv.  Le  texte  de 
ce  rapport  est  altéré  dans  la  Biographie  universelle  de 
M.  Michaud,  t.  37,  pa(f.  32. 

\t)  M.  Maurice  Bourges  s'est  trompé  sur  l'objet  de  la 
dispute,  et  sur  les  torts  qu'il  a  attribués  au    I'.  Castel 


174 


RAMEAU 


«  admiré  (  «lit-il  )  et  j'admire  encore  quatre  pen- 
«  sées  sublimes  de  cet  auteur  (  Rameau  )  sur  son 
«  art   :    i°  sa  basse  fondamentale;  —  2°  ses 
«  accords   fondamentaux;  —  3P  leur  structure 
«  par  tierces  ,  —  4°  leur  renversement  par  sixtes, 
«  quartes,  secondes,  etc.  Je  ne  m'en  dédirai,  je 
«  crois,  jamais.  Après  cette  protestation,  M.  Ra- 
«  meau  doit  voir  que  je  suis  fort  éloigné  de  le 
«  chicaner  et  de  le  suivre  même  dans  les  chicanes 
«  qu'il   fait  à   Kircher  (p.  2003).  Je  lui  dis... 
«  que  son  grand  objet  devait  être  «IVclaircir  et 
«  <l'étendre  ses  premières  vues,  et  de  fixer  sur- 
«  tout  la  modulation.  11  en  jugea  autrement.  Il 
«  prit  quelques  arrangements  du  côlé  de  la  géo- 
«  métrie,  comme  on  le  voit  par  son  second  ou- 
«  vrage  sous  le  nom,  je  crois,  d'Introduction  ou 
«  de  supplément   au  Traité  de  l'harmonie,  et 
«  nous  donna  dans  cet  ouvrage  quelques  ta- 
«  blés  de  nombres  harmoniques  qui  ne  vont 
«  à  rien  (p.  2020).  »  Il  est  assez  remarquable 
que  le  P.  Castel,  auteur  d'une  analyse  fort  louan- 
geuse delà  basse  fondamentale,  publiée  dans  les 
Mémoires  de  Trévoux,  et  d'Alembert,  qui  s'é- 
tait donné  la  peine  d'extraire  ses  Éléments  de 
musique  des  œuvres  de  Rameau ,  dans  le  des- 
sein de  rendre  plus  populaire  cette  même  basse 
fondamentale,    finirent  tous  deux  par  s'en  «lé-   ! 
goûter,  et  firent  de  très-solides  objections  contre 
cet  objet  de  leur  ancienne  admiration,  le  premier 
tlans  les  mômes  Mémoires  de   Trévoux  (août 
173.">),   l'autre   «lans  une   polémique  qui   parut 
en  1700.  Lu  somme  la  gloire  de  Rameau,  comme 
théoricien,  réside  dans  îe  Traité  d'harmonie; 
ce  qu'il  publia  dans  la  suite  n'y  ajouta  rien;  mais 
tous  ces  livres  et  ces  pamphlets  occupèrent  le 
public  de  la  basse  fondamentale,  et  lui  procurè- 
rent une  vogue  dont  il  n'y  eut  jamais  d'exempte 
à  l'occasion  d'une  science  nouvelle,  et  oui  dura 
près  «le  quatre-vingts  ans.  Le  règne  «le  la  basse 
fondamentale  n'était  pas  encore  passé  au  com- 
mencement «lu  dix-neuvième  siècle,  car  on  voit 
dans  les  procès-verbaux  des  séances  du  Conser- 
vatoire, pour  la  détermination  d'une  théorie  «le   i 
l'harmonie  (  2  et  5  juin  1801  ),  que  le  système 
«le  Rameau  fut  tour  à  tour  attaque  et  défendu;   | 
mais  l'adoption  «le  la  théorie  <lc  Catcl  ni  bientôt   ■ 
oublier  celle  de  la  basse  fondamentale.  Grimm,   I 
«lont  la  mauvaise  foi  égale  l'ignorance  «les  faits,   ! 
assure  que  les  écoles  d'Italie  et  d'Allemagne  n'ont 
jamais  entendu  parler  des  livres  de  Rameau  con- 
cernant L'harmonie  (Corresp.   lillér.,  octobre 
1764,  tome  4,  page  81)  :  or,  il  e>t  précisément 
démontré  que  ces  ouvrages  ont  fait   naître  les 

lorsqu'il  »  «  1 1 r  qu'après  h  r«'pon<c  <lr  Hameau,  le  f  CttS' 
tri  )«<•  tou/flu  mot  {Canette  mu  uvale  ,u<  Paru,  pag.  t  *> 


,  premières  idées  de  théorie  d'harmonie  en  Alle- 
magne et  en  Italie,  comme  ils  donnèrent  naissance 
à  des  multitudes  de  systèmes  chez  les  Français. 
La  seule  pensée  de  la  possibilité  «l'une  théorie 
scientifique  de  l'harmonie  fut  un  trait  de  génie 
qui  remua  le  monde  musical  et  qui  même  encore 
aujourd'hui  exerce  son  influence.  Le  Traité  de 
Vharmonie  a  été  l'origine  du  Tentamenà''E\\\er, 
et  du  système  de  Tartini  ;  ce  fut  le  système  de 
la  basse  fondamentale  modifié   que  Marpurg  in- 
troduisit en  Allemagne  dans  son  Manuel  de  la 
basse,  continue,  et  dans  la  traduction  «les  Élé- 
ments «le  musique  de  d'Alembert;  Sorge,  bien  qu'il 
eût  fait  choix  d;un  autre  principe,  se  rallia  à  l'i- 
dée émise  par  Rameau  de  la  nécessité  d'une  base 
scientifique  pour  la  théorie  des  accords;  Matthe- 
son  lui-même,  dans  ses  grossières  injures  contre 
l'auteur  du   Traité  d'harmonie,   prouve  qu'il 
était  vivement  préoccupé  de  cet  ouvrage;  Martini, 
dès  1757,  discutait,  dans  le  premier  volume  de 
son  Histoire  générale  de  la  musique,  les  opinions 
de  Rameau,   et   l'appelait  célèbre  scriltore  di 
mxisica  tcorica  c  pralica  de'  nostri  giorni  ,• 
enfin,  la  formation  des  accords  dissonants  par  des 
additions  de  tierces ,   et  l'extension  du  principe 
de  renversement  des  accords  ont  été  les  sources 
du  système  de  Vaiotti  et  de  Sabbatini.  Il  est  donc 
certain  que,  loin  de  mériter  les  dédains  de  Grimm, 
les  livres  de  Rameau,  malgré  leurs  énormes  dé- 
fauts, ont  eu   plus  de  succès  et  ont  exercé  une 
influence  plus  universelle  «juaucun  antre  traité 
«le  musique. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  Rameau,  con- 
cernant la  tbéorie  de  la  musique  et  de  l'harmo- 
nie :   1°  Traité  de  l'harmonie  réduite  à  ses 
principes  naturels;  divisé  en  quatre  livres, 
[.ivre  I  :  Du  rapport  des  raisons  et  propor- 
tions harmoniques.   Livre  II  :  De  la  nature 
et  de  la  propriété  des  accords,  et  de  tout  ce 
qui  peut  servir  à  rendre  xine  musique  par- 
faite. Livre  III  :  Principes  de  composition. 
Livre  IV :  Principes  d?accompagnement,  Pa- 
ri-;, J.-IJ. -Christ.   Ballard,   1722,  1    vol.  in-4°  <!<> 
432  pages,  avec  un    supplément   de  17  pages, 
l.'r.e  traduction  anglaise   du    Traité  de  l'Har- 
monie a  élé  faite  par  Griffith  Joncs  ;  elle  a  pour 
titre  :   Treatise.  on   Ilarmonij,  in  u/iick  the 
l'rïnciples  of  accompaniment   are  fully  ex- 
plaincd    and    illustrutcd   by   a    varietij  of 
examplcs,  translatai  from  the  French.  Lon- 
dres, mfol.  (sans  date),    il   existe  aussi  une 
version  anglaise  «lu   troisième  livie  de  cet  ou- 
vrage, intitulée  :  ,1  Treatise  of  Music.contain- 
ing   the  principes  of  composition^  Londres, 
J.  Ii.ncb,  sans  date  (  1737),  k''-  i" •«"  «le   !SO 
l>ag<«.  Une  deuxième  édition  «le  cette  traduction 


RAMEAU 


1-75 


a  été  publiée  à  Londres,  chez  Murroy,  en  1752, 
in  4°  de  176  pages,  —  2°  Nouveau  système  de 
musique  théorique,  où  l'on  découvre  le  prin- 
cipe de  toutes  les  règles  nécessaires  à  la  pra- 
tique, pour  servir  d'introduction  au  Traité 
d'harmonie,  Paris,  J.-B.-Clir.  Ballard,  1726, 
in-4°  de  114  pages.  — 3o  Plan  abrégé  d'une 
méthode  nouvelle  d'accompagnement  pour 
le  clavecin  (  dans  le  Mercure  de  France,  mars 
1730).  Cet  écrit  était  destiné  à  annoncer  l'ou- 
vrage suivant  :  —  4°  Dissertation  sur  les  dif- 
férentes méthodes  d'accompagnement  pour 
le  clavecin  ou  pour  l'orgue:  avec  le  plan 
d'une  nouvelle  méthode  établie  sur  une  mé- 
canique des  doigts  que  fournit  la  succession 
fondamentale  de  l'harmonie  ;  et  à  l'aide 
de  laquelle  on  peut  devenir  savant  com- 
positeur et  habile  accoinpagnateur,  même 
sans  savoir  lire  la  musique  (!),  Paris,  Boivin , 
1732,  in-4°  de  63  pages.  Une  deuxième  édition 
de  cet  écrit  a  été  publiée  en  1742.  —  5°  Lettre 
au  P.  Castel,  au  sujet  de  quelques  nouvelles 
réflexions  sur  la  musique  (dans  les  Mémoires 
de  Trévoux,  juillet  1736,  p.  1691  et  suivantes). 

—  6"  Génération  harmonique,  ou  Traité  de 
musique  théorique  et  pratique,  Paris,  Prault, 
1737,  in-8°  de  201  pages,  avec  des  plancbes.  — 
"a  Démonstration  du  principe  de  l'harmonie, 
servant  de  base  à  tout  l'art  musical;  Paris, 
Durand,  1750,  in-8*  de  112  pages,  avec  le  rap- 
port des  membres  de  l'Académie  royale  des 
sciences  en  xlvii  pages.  —  8°  Nouvelles  ré- 
flexions sur  la  Démonstration  du  principe 
de  l'harmonie,  servant  de  base  à  tout  l'art 
musical,  Paris  1752,  in-8°  de  80  pages.  — 9°  Ré- 
flexions de  M.  Rameau  sur  la  manière  de 
former  la  voix,  d'apprendre  la  musique,  ci 
sur  nos  facultés  pour  les  arts  d'exercice 
(dans  le  Mercure  de  France,  octobre  1752.  Il 
a  été  lire  quelques  exemplaires  séparés  de  cet 
écrit.  —  10"  Extrait  d'une  réponse  de  M.  Ra- 
meau à  M.  Euler  sur  l'Identité  des  octaves, 
d'où  résultent  des  vérités  d'autani  plus  cu- 
rieuses qu'elles  n'ont  pas  encore  été  soupçon- 
nées; Paris,  Durand,  1753,  in-8°  de  41  pages. 

—  11°  Observations  sur  notre  instinct  pour 
la  musique  et  sur  son  principe  ;  Paris,  Prault, 

1754,  iu-8°de  125  pages.  —  12°  Erreurs  sur  la 
musique  dans  l'Encyclopédie:  Paris,  S.  Jorry. 

1755,  in-8°  de  124  pages.  —  1-3°  Suite  des  Er- 
reurs sur  la  musique  dans  l'Encyclopédie; 
Paris,  S.  Jorry,  1756,  in- 8°  de  39  pages.  — 14°  Ré- 
ponse de  M.  Rameau  à  MM.  les  éditeurs  de 
l'Encyclopédie  sur  leur  dernier  avertissement  ; 
Paris,  S.  Jorry,  1757,  in-8°  de  54  page?.  — 
15°  Lettre  de  M.  d'Alembcrt  à  M.  Rameau 


concernai:!  te  corps  sonore,  avec  la  réponse 
de  M.  Hameau;  Paris,  sans  date  (  1758),  in-8" 
de  36  pages.  —  16"  Prospectus  du  code  de 
musique;  Paris,  Durand,  sans  date  (1759), 
une  feuille  in-s".  —  17°  Code  de  musique  pra- 
tique, ou  Méthodes  pour  apprendre  la  mu- 
sique, même  à  des  aveugles,  pour  former  la- 
voix  et  l'oreille,  pour  la  position  de  la  main 
avec  une  mécanique  des  doigts  sur  le  clavecin 
et  l'orgue,  pour  l'accompagnement  sur  tous 
les  instruments  qui  en  sont  susceptibles,  et. 
pour  le  prélude  :  avec  de  nouvelles  réflexions 
sur  le  principe  sonore;  Paris,  de  l'Imprimerie 
royale,  1760,  in-4"de  237  pages,  avec  des  plan- 
cbes.—  18°  Origine  des  sciences,  suivie  d'une 
controverse  sur  le  même  sujet,  Paris,  1761 
in-4°.  —  19°  Lettre  aux  philosophes,  concer- 
nant le  corps  sonore  et  la  sympathie  des  tons 
(dans  les  Mémoires  de  Trévoux,  1762,  p.  465-477). 
Rameau  a  laissé  en  mauuscrit  :  —  20°  Traité 
de  composition  des  canons  en  musique, 
avec  beaucoup  d'exemples.  —  21°  Vérités  in- 
téressantes peu  connues  jusqu'à  nos  jours.  — 
22°  Des  avantages  que  la  musique  doit  reti- 
rer des  nouvelles  découvertes  (inachevé).  Une 
analyse  générale  des  théories  de  Rameau  a  été 
publiée,  sous  ce  litre  :  Réflexions  sur  divers 
ouvrages  de  M.  Rameau,  par  M.  du  Char- 
ger, de  Dijon,  Rennes,  17G1,  in-12. 

Les  opéras,  ballets  et  divertissements  de  Ra- 
meau sont  ceux  dont  les  titres  suivent  :  1°  Di- 
vertissements Atl'Endriague,  comédie  de  Piron, 
pour  l'Opéra-Comique  de  la  foire  Saint  Germain, 
en  1727.  —  2°  Idem  pour  la  Rose,  au  même 
théâtre,  1728.  —  3°  Idem  pour  le  Faux  pro- 
dige ,  au  même  théâtre.  —  4°  Idem  pour  V En- 
rôlement d'Arlequin ,  au  même  théâtre.  — 
51'  Idem  pour  les  Courses  de  Tempe,  au  Théâ- 
tre français,  1734.  —  6°  Samson,  tragédie  lyri- 
que de  Voltaire,  non  représentée,  1732.  — 
7°  Hippolyte  et  Aride,  idem,  représentée  en 
1733.  —  8°  Les  Indes  galantes ,  opéra-ballet, 
1735. —  9°  Castor  et  Pollux,  tragédie  lyrique, 
1737.  -- 10°  Les  Talents  lyriques,  opéra-ballet, 
1739.  —  11°  Dardanus,  tragédie  lyrique  1739. 
—  12°  Les  Fêtes  de  Polymnie,  opéra-ballet, 
1745.  —  13°  La  Princesse  de  Navarre,  comédie 
avec  intermèdes,  1745.  —  14°  Le  Temple  de 
la  Gloire,  opéra-ballet,  1745.  —  15°  Les  Fêles 
de  l'Hymen  et  de  l'Amour,  idem,  1747.  — 
16°  ZeCis,  opéra-ballet,  1748.  —  17°  Pygmalion, 
idem,  1748.—  l8°A"Gfe,idem,1749.— i9°  Platée, 
opéra  bouffon,  1749.  —20°  Zoroaslre,  tragédie 
lyrique,  1749.  —  21°  Acante  et  Céphise,  pas- 
torale héroïque,  1751.  —  22°  La  Guirlande, 
ira  ballet,  1751.  —  23°  DaphnéetÉglé,  idem, 


I7G 


RAMEAU  —  RAMIS 


1753.  —  24°  Lysis  et   Délie,  idem,   1753.  — 

—  25°  La  Naissance  d'Osiris,  idem,  1764.  — 

—  26°  Anacréon,  idem,  1754.  —  27°  Zéphire, 
idem.  —  28°  Nélée  et  Mirthis,  idem.  —  29°  lo, 
idem.  —  30°  Le  Retour  (TAslrée ,  prologue, 
1757.  —  31°  Les  Surprises  de  l'Amour,  opéra- 
ballet,  1759.  —  32°  Les  Sybarites,  idem,  1759. 

—  33°  Les  Paladins,  idem,  1760.  —  3i°  Abaris 
ou  les  Boréades ,  tragédie  lyrique,  non  repré- 
sentée. —  35°  Linus,  idem.  —  36°  Le  Procureur 
dupé,  opéra-comique,  non  représenté.  Les  par- 
titions des  principaux  de  ces  opéras  ont  été  im- 
primées, mais  seulement  avec  les  parties  chan- 
tantes, la  basse,  les  ritournelles  et  la  pariie  de 
premier  violon  (1).  Rameau  a. laisse  en  manuscrit 
les  motets  avec  chœurs  :  lnconvertendo  ;  Quam 
dilecia;  Deus  nosler  refugium  ,  et  quelques 
autres.  Le  motet  Laboravi ,  à  5  voix  et  orgue, 
est  imprimé  dans  le  troisième  livre  du  Traité 
d'harmonie.  On  a  aussi  de  ce  compositeur  des 
pièces  de  clavecin  d'un  mérite  très-remarquable. 
Elles  ont  paru  sous  les  titres  suivants  :  1°  Pièces 
de  clavecin  avec  une  table  pour  les  agréments, 
Paris,  1731,  in-fol.  obi  M.  Farrenc  cite,  dans 
sa  Notice,  une  édition  de  ce  premier  livre  de 
pièces  sous  la  date  de  173!,  Paris,  in-fol.  obi. 
J'en  possède  un  exemplaire  dont  le  titre,  im- 
primé en  caractères  mobiles,  a  été  vraisembla- 
blement renouvelé,  et  porte  la  date  de  173G.  — 
4°  Nouvelles  suites  de  pièces  de  clavecin,  avec 
des  remarques  sur  les  différents  genres  de 
musique,  ibid.  (sans  date),  in-fol.  obi.  Ces  der- 
nières pièces  sont  fort  belles.  —  5°  Pièces  de 
clavecin  en  concerts  (cinq) ,  avec  un  violon 
ou  une  flûte ,  et  une  viole  ou  un  deuxième 
violon  ;  Paris,  Leclerc,  1741,  in-fol.  M.  Farrenc 
en  possède  un  exemplaire  qui  porte  la  date  de 
1752.  Il  a  été  fait  une  édition  de  ces  pièces  à 
Londres.  On  est  redevable  à  M.  Farrenc  d'une 
nouvelle  et  excellente  édition  des  deux  suites  de 
pièces  de  clavecin  de  Hameau,  insérée  dans  la 


(1)  Les  opéras  de  Rameau  ont  donné  lieu  aui  pamphlets 
suivants  :  1°  /Mire  de  M.  de'"  à  M",c  '",  sur  les  opéras 
de  i'i;:ir -luii,  Ilippulylc  et  Arlcle;  Paris,  1743,  in-8°.  — 
2°  Lettre  à  l'auteur  de  la  lettre  de  M.  de'"  à  M""'", 
s ur  les  opéras,  etc.  (Dans  le  Journal  littéraire  intitulé  : 
Observations  sur  les  écrits  modernes,  3  mars  1743.  — 
3"  Réponse  de  fauteur  de  ia  lettre  de  M.  de"-',  etc.,  à  la- 
lettre  qui  lui  a  été  adressée  dans  les  Observations  sur  les 
écrits  modernes;  Paris,  1743,  Une  feuille  in-'j.  —  4°  Lettre, 
Critique  sur  l'opcra  de  Castor  et  Pollux  (dans  le  Mercure 
de  i-'rance,  avril  1172).  —  5°  Réponse  à  la  critique  de 
l'opcra  de.  Castor,  et  observations  sur  la  musique;  Paris, 
1773,  ln-12.  —  6°  Lettre  de  M.  le  baron  delà  Vieille- Croche, 
au  sujet  de  topera  de  Castor  et  Pollm,  donne  à  Ver- 
sailles le  10  mal  1777,  Paris.  1777,  ln-8».  —  T>  Le  For- 
geron musicien.  Lettre  critique  sur  la  musique  des 
Indes  galantes;  Paris  (sans  datc),in-12 


première  livraison  de  sa  précieuse  et  sptendide 
collection  intitulée  Le  Trésor  des  pianistes. 
Enfin  Rameau  a  laissé  en  manuscrit  des  pièces 
d'orgue. 

Maret ,  de  l'académie  de  Dijon,  a  publié  un 
Éloge  historique  de  Hameau  ;  Paris ,  1706 , 
in-8°.  Cet  éloge  se  trouve  aussi  dans  le  recueil 
de  l'académie  de  Dijon.  Il  en  a  été  fait  une 
deuxième  édition,  à  Dijon,  en  1770,  in-8°.  Chaba- 
non  avait  déjà*  publié  un  éloge  de  ce  grand  artiste, 
Paris,  1764,in-l>.  Palissot  en  a  donné  un  autre 
dan:;  le  Nécrologe  des  hommes  célèbres  pour 
l'année  1765.  Le  Mercure  de  France  contient 
aussi  un  Essai  d'éloge  historique  de  feu 
M.  Rameau  (année  1765  ,  tome  l*r).  Enfin  il 
s'en  trouve  un  autre  dans  l'écrit  intitulé  Ordre 
chronologique  des  deuils  de  cour,  pour  Van- 
née 1764.  Gautier- Dagoty  fils  (Jean-Raptiste),  a 
donné,  en  1771,  dans  la  Galerie  française, 
in-fol.,  la  vie  de  Rameau  avec  son  portrait 
gravé  par  Bénolst,  d'après  Restout.  On  trouve  aussi 
une  notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  ce  mu- 
sicien, dans  l'Ami  des  Arts,  par  de  Croix  (Paris, 
1776,  in- 1.1,  p.  95-124);  M.  Maurice  Rourges 
en  a  donné  une  autre  dans  la  Gazette  musicale 
de  Paris  (année  1839,  p.  201-205,  228-230);  et 
M.  Farrenc  a  donné  aussi,  dans  la  première  li- 
vraison du  Trésor  des  pianistes,  une  Notice 
biographique  de  Jean-Philippe  Rameau. 
Enfin,  M.  Solié,  (ils  de  l'ancien  acteur  de  l'Opéra- 
Comique,  a  publié  :  Études  biographiques  sur 
les  compositeurs  qui  ont  illustré  la  scène 
française  :.  Rameau,  Ancenis,  1853,  in-8°.  Jean- 
François  Rameau,  neveu  du  compositeur,  a  pu- 
blié un  poème  en  cinq  chants,  intitulé  la  Ra- 
méide  (Paris,  1766,  in-8*),  dont  la  vie  et  les 
travaux  de  son  oncle  sont  le  sujet.  On  en  a  fait, 
dans  la  même  année,  une  parodie  qui  a  pour 
titre  la  Nouvelle  Ramé[de,  in-8°  de  30  pages. 

RAMERlïV,  ou  RAMERINO  (Jacques), 
Florentin,  vécut  au  dix -septième  siècle.  Il  est 
cité  par  Jean-Raptiste  Doni ,  son  compatriote  et 
son  contempor&in  comme  le  premier  inventeur  du 
clavecin  transposileur,  dans  son  Traité  de  la 
matière  des  tons,  en  français  (p.  111 -du  ma- 
nuscrit original  de  la  Rililirjthèque  impériale  de 
Paris,  n°  1089,  fonds  de  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés).  Voici  le  passage  de  Doni  :  «  Enfin, 
«  la  diversité  des  tons  que  l'on  entend  au  cla- 
«  vecin  fabriqué  par  Jacques  Ramerin,  Florentin, 
«  auquel,  par  le  changement  de  ressorts,  le 
«  même  clavier  sert  à  divers  tons  différents,  par 
»  degrés  semi-toniques.  » 

RAMIS  ou  RAMOS  DE  PAREJA  ou 
PERE J A  (IUhtiiolome),  professeur  de  mu- 
sique,  naquit  à  Baeza ,  dans  l'Andalousie,  vers 


RAMIS 


177 


1440.  Bumey  dit,  dans  son  Histoire  générale  de 
la  musique,  que  Ramis  fut  professeur  de  musique 
à  Tolède;  mais  son  erreur  est  manifeste,  car 
Ramis  nous  apprend  lui-môme,  dans  un  passage 
du  livre  dont  il  sera  parlé  tout  à  l'heure,  qu'a- 
vant de  se  tendre  à  Bologne,  il  avait  enseigné  la 
musique  à  Salamanque,  qu'il  y  avait  soutenu 
une  doctrine  contraire  à  celle  d'un  certain  maître 
Osmcno,  Espagnol,  et  qu'il  y  avait  fait  imprimer 
un  traité  de  musique  dans  sa  langue  mater- 
nelle (i).  Cette  .publication  a  été  faite  antérieure- 
ment à  1480,  car  suivant  l'abbé  Xavier  Lam- 
pillas  ('2),  Ramis  avait  quitté  alors  Salamanque 
pour  se  rendre  en  Italie;  et  nous  voyons  en  effel 
qu'antérieurement  au  mois  de  mai  1482,  il  en- 
seignait à  Bologne,  et  y  avait  déjà  formé  des 
élèves,  parmi  lesquels  était  J.  Spataro  ivotj.  ce 
nom).  Dans  une  notice  sur  Jlamos  de  Pareja 
insérée  dans  la  Biographie  universelle  de  Mi- 
chaud  (notice  qu'on  peut  appeler  un  roman  ) 
Bocous  fait  naître  ce  musicien  à  Salamanque,  vers 
1535,  le  fait  appeler  à  Bologne  en  1582  par  le 
pape  Nicolas  V,pour  y  occuper  une  chaire  de 
musique  qui  venait  d'y  être  fondée,  lui  fait  pu- 
blier son  traité  de  musique  (dent  il  ne  sait  pas 
le  titre)  en  1596,  à  Bologne,  et  le  fait  mourir 
dans  cette  ville  en  1611.  Or  le  pape  Nicolas  V 
monta  sur  le  siège  apostolique  en  1447  et  mou- 
rut en  1455,  c'est-à-dire  cent  vingt-sept  ans 
avant  l'époque  où  Bocous  prétend  qu'il  fit 
venir  Ramis  à  Bologne.  A  l'égard  de  la  date  vé- 
ritable du  séjour  de  celui-ci  dans  cette  ville, 
elle  se  prouve  par  celle  de  la  publication  de  son 
livre ,  par  la  critique  que  fit  Burci  de  cet  ou- 
vrage (voy.  Burci),  par  la  défense  de  Ramis 
écrite  par  son  élève  Spataro,  et  par  d'autres  té- 
moignages contemporains.  Ainsi  il  est  démontré 
que  Rainis  de  Pareja  vécut  un  siècle  plus  tôt 
qu'il  n'est  dit  dans  la  Biographie  universelle 
(tome  37,  p.  54  et  55). 

Bartholomé  Ramis  nous  apprend  (dans  le  se- 
cond traité  de  son  livre,  concernant  les  propor- 
tions de  la  notation),  que  son  maître  fut  un 
musicien  nommé  Jean  de  Monte,  contempo- 
rain de  Busnois  et  d'Okeghem.  Aaron  a  cité  ce 
passage  dans  le  38me  chapitre  du  premier  livre 
de  son  Toscanello  in  musica.  La  date  de  la 
mort  de  Ramis  est  inconnue;  il  paraît  qu'il  vi- 
vait encore  en  1521,  lorsque  Spataro  ou  Spadaro 


|1)  Cure  in  studio  legeremus  Salmantino  présente  et  co- 
ram  eo  redarguimus,  et  in  tractatui  quem  ibi  in  hac  fa- 
cultate  lingua  materna  composuimus,  Ipsi  in  omnibus 
eontradiximus,  etc.  (Raml,  De  Musica.  'Tract.  2,  Part.  1, 
Cap.  6  ) 

(2)  Saggio  storico-apologetico  délia  letteratura  spa- 
•jtiwlu,  t.  Il,  part.  2,  p.  380. 

BIOGR.   UNIV.   DES  MUSICIENS.   —  T.   VU. 


publia  ses  Errori  de  Franchino  Gcfurio  da 
Bodi,  dal  maestro  Joanne  Spatario,  musico 
bolognese;  in  sua  defensione ,  et  del  suo  pre- 
cetiore  maestro  Bartolomeo  Ramis  Hispano, 
subtilmente  demonstrati ;  car  aucune  phrase 
de  celte  polémique  n'indique  que  le  maître  de 
l'écrivain   fût  décédé. 

Ramis  fit  imprimer  les  leçons  de  musique  qu'il 
avait  données  publiquement  à  Bologne  dans  un 
livre  intitulé  :  De  Musica  Tractatus,  sive  mu- 
sica practica.  Bononia  (sic),  dum  eam  ibid. 
publiée  legeret,  impressa  XI  Maij  1482,  in-4°. 
Par  des  motifs  inconnus,  à  peine  cette  édition 
fut-elle  mise  au  jour,  qu'elle  fut  supprimée  par 
l'auteur,  et  remplacée  par  des  exemplaires  avec 
des  cartons  qui  portent  ces  roots  au  frontispice  : 
Editio  altéra  aliquant.  mutata.  Bononia  die 
5  junii  1482.  Le  P.  Martini  a  possédé  un  exem- 
plaire de  chacun  des  deux  tirages  de  ce  livre  ; 
ils  sont  aujourd'hui  dans  la  Bibliothèquedu  Ly.cée 
communal  de  musique ,  à  Bologne.  Celui  de  la 
première  édition    est   chargé  de   notes  manus- 
crites d'un  auteur  inconnu  et  d'Hercule  Bottrigari. 
Cet  exemplaire  est  peut-être  le  seul  que  l'on  con- 
naisse aujourd'hui.  Ceux  de  la  seconde  édition 
sont  aussi  fort  rares;  je  n'ai  pu  m'en  procurer  ua 
qu'après  dix  ans  de  recherches  dans  les  villes 
principales  de  l'Italie.  Gerber,  sur  une  indication 
incomplète  du  traité  de  musique  publié  à  Sala- 
manque par  Ramis,  puisée  par  de  Murr  dans  les 
Annales  typographiques  de  Panzer,  déclare  dans 
son  nouveau  Lexique  des  musiciens ,  que  les 
éditions  de  Bologne,  citées  par  Forkel  d'après  le 
P.  Martini ,  n'existent  pas.  Or  Panzer  (Annal, 
typog.,  t.  IV,  p.  417),  d'après  Caballero  (Délia 
typographia  espanola ,  page  96)  cite  le  traité 
de  musique  en  langue  espagnole,  publié  à  Sala- 
manque, et  non  le  traité  latin  qui  parut  à  Bologne. 
Le  traité  de  Ramis  est  sans  titre  dans  les  deux 
tirages  de  l'édition  de  1482.   La  première  page 
porte  en  tête  Prologus ,  et  commence  par  ces 
mots  :  Boetii  musices  disciplina  quinque  vo- 
luminibus  comprehensa,  etc.  Ce  livre  est  com- 
posé de  81  feuillets  non  chiffrés,  mais  avec  des 
signatures  aux  trois  premières  feuilles  a,  b,  c. 
L'ouvrage  est  divisé  en  trois  traités.  Les  deux 
tirages  sont   exactement    semblables   jusqu'au 
commencement  du  septième  chapitre  de  la  pre- 
mière partie,  au  feuillet  signé  b  3  ;  mais  la  demi- 
feuille  signée  b  3  a  été  entièrement  réimprimée 
pour  le  second  tirage,  ainsi  que  le  commence 
ment  du  huitième  chapitre,  pour  des  change- 
ments de  peu  d'importance,  et  surtout  pour  faire 
disparaître  les  abréviations  trop  nombreuses  du 
premier  tirage.  Dans   le  second,  l'imprimeur  a 
oublié  de  marquer  le  commencement  du  huitième 

12 


178 


RAMIS 


chapitre.  Le  feuillet  qui  vient  après  cette  demi- 
feuille  est  semblable  dans  les  deux  tirages,  ainsi 
que  tout  le  reste  de  l'ouvrage  jusqu'au  dernier 
feuillet  qui  aété  réimprimé.  A  la  fin  de  l'Épilogue, 
verso  du  feuillet  81,  on  lit  dans  les  exemplaires 
du  second  tirage  :  Explicit  féliciter  prima  pars 
musice  egregie  et  fatnosi  musici  domini  Bar- 
tolomei  Parea  Hispani  dum  pubiice  musica 
Bononie  legeret,  in  qua  iota  praciice  can- 
torum  perlraclat.  Impressa  vero  opéra  et  in- 
dustriel ac  expensis  magistri  Baltasaris  de 
Hiriberis,  anno  Domini  M.  CCCC.  LXXXII. 
die  5  iunii.  Puis  vient  le  registre  des  3  pre- 
mières feuilles.  Dans  le  premier  tirage,  on  lit  à 
la  même  place  :  Explicit  musica practica  Bar- 
tolomei  Rami  de  Pareia  Hispani  ex  Betica 
provincia  et  civitale  Baeza  Bien,  dioces. 
vel  sufragaoriundi.  Aime  urbis  Bononie  dum 
eam  ibidem  publiée  legeret.  Impressa  anno 
Domini  millesimo  quadringentesimo  octo- 
gesimo  secundo,  quarto  idus  maji. 

Le  livre  de  Ramis  est  divisé  en  trois  traités 
qui  sont  eux-mêmes  subdivisés  en  deux  ou  en 
trois  parties.  Le  premier  est  relatif  à  l'éclielle 
musicale  et  à  la  constitution  des  tons  ;  le  second, 
à  la  notation,  à  ses  proportions  et  au  contre- 
point; le  troisième,  à  la  nature  des  intervalles  et 
à  leurs  proportions.  Dans  le  premier,  il  critique 
assez  rudement  les  bexacordes  du  système  at- 
tribué à  Guido,  non  à  cause  de  la  difficulté  des 
muances,  mais  parce  qu'ils  ne  représentent  que 
des  échelles  incomplètes.  Cette  critique  lui  attira 
de  violentes  attaques  de  Burci  (voy.  ce  nom), 
son  contemporain.  Dans  la  troisième  partie  du 
troisième  traité,  il  aborde  la  question  de  la  réalité 
sensible  du  comma  80  :  81,  et  propose  de  le  faire 
disparaître  au  moyen  du  tempérament.  Il  est 
remarquable  que  Marchettode  Padoue,  Tinctoris, 
Gafori,  Burci,  et  après  eux  Pierre  Aaron,  Etienne 
Vanneo  et  Glaréan,  affirmaient  la  réalité  sensible 
du  comma  dans  la  théorie,  mais  n'en  tenaient 
pas  compte  dans  la  pratique.  Salinas  a  fort  bien 
remarqué  ( De  musica,  lib.  4,  cap.  30,  p.  223- 
224)  les  contradictions  de  Gafori  à  ce  sujet.  Cet 
écrivain,  en  effet,  suit  la  théorie  pure  de  Pytha- 
gore  et  de  Boèce  dans  son  livre  intitulé  :  4?»- 
gelicum  ac  divinum  opus  musicx  (tract.  I, 
cap.  17),  à  l'égard  de  la  quarle,  contre  les  opi- 
nions de  Ptolémée,  et  dans  le  même  livre,  il  adopte 
la  sesquiquarte  et  la  sesquiquinte  de  ce  der- 
nier, contrairement  à  la  doctrine  de  Boèce  et  des 
pythagoriciens  ;  enfin  il  critique  vivement,  dans 
le  trente-quatrième  chapitre  du  deuxième  livre 
de  son  traité  De  Harmonica  musicorum  ins- 
trumentorum,  la  modération  des  tierces  proposée 
par  Ramis,  comme  une  conséquence  nécessaire 


des  quintes  et  quartes  justes.  Mais  Ramis  fait  un 
très-bon  raisonnement  lorsqu'il  propose  son  tem- 
pérament pour  faire  disparaître  le  comma  qui 
donne  lieu  à  ces  contradictions  manifestes  :  car 
dit-il,  ou  le  comma  est  sensible  à  l'oreille,  ou 
il  ne  l'est  pas;  dans  le  premier  cas,  il  faut 
faire  une  division  générale  des  intervalles  telle, 
que  la  différence  soit  répartie  sur  tous  ;  dans 
l'autre,  il  ne  doit  point  apparaître  dans  la  théorie. 
Toutefois  si  Ramis  est  dans  le  vrai  en  ce  qui 
concerne  la  nécessité  du  tempérament,  non  dans 
les  voix,  mais  dans  les  instruments  à  sons  fixes, 
il  se  trompe  en  croyant  le  réaliser  par  les  demi- 
tons  majeurs,  dans  la  proportion  de  15  :  16,  et 
faisant  le  ton  d'ut  à  ré  égal  à  9  :  10,  c'est-à-dire 
un  ton  mineur,  et  le  ton  de  ré  à  mi  égal  à  8  :  9, 
proportion  du  ton  majeur;  car  ces  proportions  ne 
constituent  pas  un  tempérament  véritable  :  c'est 
simplement  le  système  diatonique  synton  de. 
Didyme  ivoy.  ce  nom)  ;  système  dont  Fogliani  a 
fait  plus  tard  la  base  de  sa  théorie  de  la  musique 
{Musica  theor.  sect.  2,  cap.  15,  et  sect.  .", 
cap.  l ,  )  et  qui  a  été  reproduit  par  Yicentinn 
(  L'anlica  Musica  rid.  alla  moderna  prat. 
lib.  I,  cap.  25,  p.  22),  par  Salinas  (De  Musica, 
lib.  II,  cap.  Il),  et  par  Galilei  (  Dial.  delta 
Musica,  p.  33).  L'erreur  de  Ramis  consiste  à 
n'avoir  pas  vu  que  le  diatonique  synton  de  Di- 
dyme n'est  pas  plus  un  tempérament  que 
celui  de  Ptolémée,  qui  en  est  la  disposition  in- 
verse, en  ce  que,  dans  celui  ci,  ut  et  ré  forment 
un  ton  majeur  égal  à  8  :  9,  et  que  réel  mi  sont 
entre  eux  à  la  distance  d'un  ton  mineur,  égal 
à  9  :  10;  système  adopté  par  Zarlino  (Inst.it. 
harmon.part.il,  cap.  39),  et  qui  est  devenu  la 
base  de  la  théorie  numérique  de  la  musique  chez 
la  plupart  des  géomètres  modernes.  Le  tempé- 
rament, que  cherchait  Ramis,  ne  peut  exister 
que  dans  la  division  irrationnelle  du  ton  en  deux 
demi-tons  égaux;  division  de  laquelle  résulte  le 
tempérament  égal,  c'est-à-dire  celui  de  la  for- 
mation de  l'échelle  chromatique  en  douze  demi- 
tons  égaux  dans  l'étendue  de  l'octave;  car  c'est  le 
seul  qui  puisse  être  appliqué  aux  instruments  à 
sons  fixes. 

Ainsi  qu'on  le  voit,  Ramis  abandonne  dans  son 
Traité  la  doctrine  de  Boèce,  qui  avait  été  celle  de 
tous  les  musiciens  du  moyen  âge;  de  plus,  son 
nouveau  système  l'oblige  à  entrer  dans  la  consi- 
dération de  l'octave,  avec  laquelle  le  système  des 
bexacordes  attribué  à  Guido  d'Arezzoest  incom- 
patible. De  là  ses  critiques  contre  les  deux  lu- 
mières de  la  théorie  de  la  musique  de  son  temps; 
mais  ces  critiques  ne  purent  se  produire  sans 
échauffer  la  bile  des  partisans  de  l'ancien  système. 
Nicolas  Burci,  do  Panne,   prêtre  connu  sous  le 


ÏIAMIS  —  RAMJUELSBERG 


179 


nom  latinisé  de  Burtius ,  attaqua  Ramis  avec 
violence  dans  un  traité  de  musique  publié  à  'Bo- 
logne en  1487  (voij.  Bunci).  Spataro,  élève  du 
théoricien  espagnol,  prit  la  défense  de  son  maître 
dans  un  écrit  qui  parut  en  1491  (voy.  Spataro), 
et  la  polémique  sur  les  questions  de  proportions 
des  intervalles  des  sons  et  de  tempérament  se 
renouvela  avec  ardeur  quelques  années  après, 
et  se  continua  pendant  une  grande  partie  du 
seizième  siècle. 

La  Bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  un 
précieux  manuscrit  du  fonds  de  Pœlchau  ,  qui 
conlient  un  traité  de  musique  attribué  à  Bartho- 
lomé  Ramis,  écrit  vraisemblablement  dans  les  der- 
nières années  du  quinzième  siècle,  et  qui  a  tous 
les  caractères  d'un  manuscrit  autographe.  Cet 
ouvrage,  entièrement  différent  de  celui  qui  a  été 
imprimée  Bologne,  en  1482,  fut  acheté  à  Catane, 
en  Sicile,  le  3  décembre  1817,  par  Jean-Chrétien 
Niemeyer,  qui  le  céda  à  Pœlchau,  dont  la  riche 
bibliothèque  musicale  a  été  acquise  par  le  roi  de 
Prusse.  L'ouvrage  est  divisé  en  deux  livres,  et 
le  deuxième  livre  est  subdivisé  en  quatre  parties. 
Les  six  chapitres  du  premier  livre  traitent  de 
la  connaissance  des  noies  et  de  leur  distinction, 
de  l'échelle  générale  des  notes  dans  le  genre 
diatonique,  des  modes  et  des  tons,  enfin,  de  la 
solmisation.  La  doctrine  qui  y  est  développée  est 
basée  uniquement  sur  le  sentiment  musical,  c'est- 
à-dire  sur  les  sensations  qui  naissent  des  rap- 
ports perceptibles  des  sons.  Le  second  livre  ren- 
ferme la  théorie  arithmétique  des  proportions  des 
intervalles ,  et  de  leurs  dispositions  dans  les 
gammes  des  tons.  L'auteur  dit  lui-même,  au 
commencement  de  son  ouvrage  :  Ilunc  nostrum 
librutn  musicse  in  duos  partiales  libros  divi- 
dimus  ;  primas  de  modis  musicis  sensuatiter 
deprehensis;  secundus  rationis  investigation 
nem  doccbit. 

Primus  liber  :  De  parte  judiciali  musicse 
quoad  sensum  videlicet  et  adsingula  ad  hune 
modum  requisita.  La  théorie  exposée  par  Ramis 
dans  le  second  livre  le  ramène  à  son  idée  favo- 
rite de  ce  qu'il  considérait  comme  le  vrai  tempé- 
rament propre  à  constituer  la  justesse  approxi- 
mative des  intervalles. 

A  l'égard  du  traité  rédigé  à  Salamanque  par 
Ramis  en  langue  espagnole,  on  n'en  a  pas  re- 
trouvé de  copie  jusque  ce  jour;  peut-être  le 
manuscrit  dont  il  vient  d'être  parlé  en  est-il  la 
traduction  latine. 

RAMLER  (Charles-Guillaume),  professeur 
de  belles  lettres  à  Berlin,  naquit  en  1725  à  Cul- 
berlen,  dans  la  Poméranie,  et  fut  placé  dans  la 
maison  des  Orphelins  de  Stetlin,  puis  à  celle  de 
Halle.  Après  avoir  fréquenté  l'université  de  cette 


dernière  ville,  il  se  livra  à  la  poésie,  pour  la- 
quelle il  avait  reçu  du  talent  de  la  nature.  Fixé 
plus  tard  à  Berlin  ,  il  y  fut  nommé  professeur  au 
corps  des  cadets.  Frédéric  11  lui  confia,  de 
moitié  avec  Engel ,  la  direction  du  théâtre  na- 
tional ;  mais  sa  santé  l'obligea  d'abandonner 
cette  position  en  1796:  toutefois  on  lui  en  con- 
serva les  appointements.  Ramier  mourut  à 
Berlin,  le  11  avril  1798.  Ses  poésies  jouissent 
d'une  haute  estime  en  Allemagne.  On  a  aussi 
de  lui  quelques  traductions  d'ouvrages  français 
relatifs  à  la  musique,  entre  autres  Les  Beaux- 
arts  réduits  à  un  seul  principe,  de  l'abbé 
Batteux,  Leipsick,  1758,  in-8°,  la  Défense  de 
l'opéra  français,  dans  les  Essais  historiques  de 
Marpurg  (tome  2,  pages  84-92),  et  la  Disser- 
tation sur  le  même  sujet,  par  Rémond  de  Saint- 
Mard  (Essais  historiques  de  Marpurg,  t.  2,  pages 
181-194). 

RAMM  (Frédéric)  ,  célèbre  hautboïste,  na- 
quit à  Manheim,  le  18  r.ovembre  1744.  Slark, 
hautboïste  du  corps  de  musique  militaire  du 
Palatinat,  fut  son  maître  et  lui  lit  faire  de  si  ra- 
pides progrès,  qu'à  l'âge  de  quatorze  ans  il  fut 
admis  dans  la  musique  de  la  cour  à  Manheim. 
En  1760,  il  entreprit  son  premier  voyage,  et  se 
rendit  à  Francfort,  où  il  joua  avec  succès  dans 
un  concert  public.  Puis  il  parcourut  la  Hollande 
et  fut  partout  accueilli  avec  faveur.  De  retour  à 
Manheim  en  1761,  il  y  resta  jusqu'en  1772.  A 
cette  époque,  il  visita  Vienne,  et  joua  à  la  cour, 
devant  l'empereur  Joseph  H  et  l'impératrice 
Marie-Thérèse.  En  1778,  il  se  rendit  à  Paris  et 
excita  l'admiration  dans  les  concerts  spirituels  ; 
puis  il  visita  l'Italie,  l'Angleterre  et  Berlin.  Le  roi 
de  Prusse  lui  offrit  une  position  avantageuse 
dans  sa  chapelle  ;  mais  Ramm,  engagé  au  service 
de  l'électeur  de  Bavière,  ne  voulut  pas  aban- 
donner sa  place.  En  1807,  il  fit  un  troisième 
voyage  en  Italie,  et  donna  un  concert  à  Milan. 
De  retour  à  Munich,  il  y  fit  son  jubilé  de  50  ans, 
en  1809,  et  le  roi  de  Bavière  lui  accorda  son 
traitement  entier  comme  pension  de  retraite 
après  cinquante  ans  de  service.  Cet  excellent 
artiste,  qui  n'a  jamais  été  surpassé  pour  la  beauté 
du  son,  la  délicatesse  et  l'élégance  du  style,  n'a 
pas  fait  graver  de  compositions  pour  son  ins- 
trument. Je  n'ai  pas  de  renseignements  sur  l'é- 
poque de  sa  mort  :  elle  n'est  pas  indiquée  dans 
les  Lexiques  de  Gassner  et  de  Bernsdorff. 

RAMMELSRERG  (Jules),  musicien  de  la 
chambre  du  roi  de  Prusse,  et  violoniste  de  l'or- 
chestre de  l'opéra  à  Berlin,  est  né  dans  cette  ville  le 
10  juin  1816.  Les  premières  leçons  de  musique 
et  de  violon  lui  furent  données  par  Spiess, 
membre  de  la  chapelle  royale,  puis  il  devint 

12. 


180 


RAMMELSBERG  —  RANDHARTINGER 


élève  de  Hubert  Ries,  et  Grell  lui  enseigna  l'har- 
monie. Cet  artiste  est  considéré  à  Berlin  comme 
un  bon  violoniste,  particulièrement  pour  l'exécution 
des  quatuors.  Ses  compositions  consistent  en  un 
trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  plusieurs 
morceaux  pour  violon  et  orchestre,  trois  sonates 
pour  piano  et  violon ,  environ  50  Licder  et  un 
psaume;  mais  il  n'a  publié  jusqu'à  ce  jour  (1862) 
qu'une  sonate  pour  piano  et  violon,  à  Berlin, 
chez  Spiedler. 

RAMOiXEDA  (Ignace),  moine  espagnol, 
directeur  de  la  musique  du  couvent  de  Saint- 
Laurent,  à  l'Escurial  ,  près  de  Madrid,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  s'est  fait 
connaître  par  la  publication  d'un  traité  de  plain- 
chant,  intitulé  :  Arte  de  canio  llano  en  com- 
pendio  brève,  y  vietodo  muy  facil para  que 
los  particulares,  qui  debcn  saperlo,  adquiron 
cou  brevidad  y  poco  trabajo  la  intclUgencia, 
y  destreza  conveniente ,  Madrid,  P.  Marin, 
1778,  in-4"  de  216  pages. 

RAMOUX  (L'abbé  Gilles-Jcseph-Evrard), 
rié  à  Liège,  le  21  janvier  1750,  fit  de  brillantes 
études  au  collège  des  jésuites  établi  dans  cette 
ville,  puis  entra  dans  les  ordres.  Après  la  sup- 
pression des  jésuites  par  le  pape  Clément  XIV, 
l'évoque  de  Liège  établit  un  collège  communal 
dont  l'abbé  Ramoux,  bien  jeune  encore,  fut 
nommé  professeur  de  rhétorique.  En  1784,  il 
abandonna  la  carrière  de  l'enseignement  pour 
la  cure  de  Glons,  près  de  Liège,  qui  lui  avait  été 
offerte.  Il  y  passa  le  reste  de  ses  jours,  occupé 
du  soin  d'améliorer  le  sort  de  ses  paroissiens  et 
leur  venant  incessamment  en  aide.  Ce  digne  ec- 
clésiastique mourut  à  Glons  le  8  janvier  1826,  à 
l'Age  de  76  ans.  11  avait  été  l'un  des  fondateurs 
de  la  Société  d'émulation  de  Liège  en  1779.  L'abbé 
Ramonx  est,  dit-on,  l'auteur  des  paroles  et  de 
la  mélodie  d'un  chant  national  devenu  populaire 
dans  le  pays  de  Liège,  et  qui  commence  par  ces 
mots  :  Yaleurevx  Liégeois .' 

Un  neveu  de  cet  ecclésiastique,  Michel-Jo- 
seph Ramoux,  qui  fut  président  de  la  société 
d'Orphée,  de  Liège,  a  fourni  à  plusieurs  jour- 
naux des  articles  de  critique  musicale  et  a  tra- 
duit de  l'allemand  les  paroles  de  beaucoup  de 
chants  en  chœur.  Un  fils  de  celui-ci,  Alphonse 
Ramoux,  né  a  Jemeppe-sur-Meuse,  le  5  juil- 
let 1817,  eut  one  organisation  toute  musicale 
qui  se  développa  rapidement  dans  ses  études  au 
Conservatoire  de  Liège.  Déjà  il  se  faisait  remar- 
quer dans  les  concerts  par  son  habileté  précote  sur 
le  piano,  et  ses  premières  rtompositions  indi- 
quaient »n  avenir  d'artiste  d'élite,  lorsqu'une 
fièvre  cérébrale  le  mit  au  tombeau,  le  14  septem- 
bre 1835. 


RAMP1AI  (Jacques),  maître  de  chapelle  de 

la  cathédrale  de  Padoue,  naquit  dans  cette  ville 
vers  1680.  Il  fit  représenter  au  théâtre  de  Ve- 
nise les  opéras  suivants  :  1°  Armida,  en  1711. 

—  2°  La  Gloria  trionfante  d'amore,   1712. 

—  3°  Ercole  sul  Termodonie,  1715.-4°  Il 
Trionfo  délia  costanza,  1717.  Ce  maître  a 
laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  musique  d'église. 

R AMPOLIIXI(Matteo),  musicien  florentin, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle 
et  fut  attaché  au  service  de  Cosme  de  Médicis. 
H  fut  un  des  compositeurs  chargés  d'écrire  la 
musique  pour  les  fêtes  qui  eurent  lieu  à  l'occa- 
sion du  mariage  de  ce  prince  avec  Léonore  de 
Tolède,  en  1539.  Ses  collaborateurs  pour  ces  tra- 
vaux étaient  François  Corteccia,  Constant  Eesta, 
Masaconi  et  Moscbini.  Les  chants  à  quatre  et  cinq 
voix  qu'ils  écrivirent  pour  ces  fêtes  ont  été  pu- 
bliés sous  ce  titre  :  Musiche  faite  nelle  nozze 
Uello  illustrissùno  Duca  di  Firenze  il  Siqjwr 
i  Cosimo  de  Medici  et  délia  illuslrissima  Con- 
sorte  suaMad.  Leonora  da  Tolleto.  In  Vene- 
tia,  nella  stampa  d'Antonio  Gardano,  nelV 
anno  del  Signore  1539,  nel  mese  di  Agosto , 
petit  in-4°oblong.  Des  exemplaires  de  cet  ou- 
vrage rare  sont  à  la  Bibliothèque  impériale  de 
Vienne,  et  à  la  Bibliothèque  de  Saint-Marc,  à 
Venise. 

RAAIPONT  (Mansuès-François),  docteur 
en  médecine  de  la  faculté  de  Paris,  médecin  de 
la  grande  armée  ,  à  l'époque  du  premier  Empire 
français,  et  membre  de  plusieurs  sociétés  médi- 
cales, est  né  à  Vadonville  (Meuse),  le  3  septem- 
bre 1777.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  trouve 
un  écrit  intitulé  De  la  voix  et  de  la  parole; 
Paris  1803,  1  vol.  in-S°.  de  151  pages.  Il  y  a 
de  bonnes  observations  mêlées  à  quelques  erreurs 
dans  ce  petit  ouvrage  :  celles-ci  concernent  par- 
ticulièrement la  production  simultanée  du  chant 
et  de  la  parole  :  l'auteur  s'est  persuadé  que 
dans  cette  réunion  il  y  a  uue  double  phonation 
par  le  larynx,  tandis  qu'il  est  de  toute  évidence 
qu'il  n'y  a  qu'un  son  produit,  avec  uue  articula- 
tion de  la  langue,  des  lèvres  et  des  dents,  pour  le 
modifier.  Kampont  n'est  pas  seulement  instruit 
ddiis  son  art,  car  il  a  des  connaissances  en  beau- 
coup de  choses.  Il  aime  assez  à  traiter  de  haut 
certaines  questions  de  son  livre  et  à  entrer 
dans  le  domaine  de  la  philosophie ,  mais  au 
point  de\ue  purement  sensualiste  de  l'époque 
à  laquelle  il  appartient.  Condillac,  Cabanis,  et 
même  Helvétius,  sont  ses  oracles. 

RA\DHARTL\GER  (Benedict),  compo- 
siteur et  professeur  de  piano  à  Vienne,  né  le 
27  juillet  1802  à  Reprechtshofca  (Autriche), 
reçut  de  son  père,  maître  d'école  dans  ce  lieu,  sou 


RAINDÏÏARTINGER  —  RAOUL  DE  BEAUVES 


181 


instruction  dans  les  éléments  de  ia  musique.  Sa 
belle  voix  le  fit  admettre  à  i'âge  de  dix  ans  dans 
l'institution  de  Vienne  appelée  Staats-Convict, 
el  dans  les  trois  dernières  années  qu'il  y  passa, 
il  reçut  de  Salieri  des  leçons  de  chant  et  de  com- 
position .  En  1832;  i!  entra  comme  ténor  à  la  cha- 
pelle impériale;  en  1844  ,  il  en  devint  le  second 
maître  de  chapelle.  En  1840,  il  avait  été  nommé 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  porte  de  Carin- 
thie.  On  a  quelques  compositions  de  cet  artiste 
pour  le  piano,  et  beaucoup  de  Lieder.  Rand- 
hartingeraéerit  aussi  des  symphonies,des  mor- 
ceaux de  concert  pour  divers  instruments  ,  et  l'o- 
péra intitulé  Kœnig  Enzio.  En  1843,  ilal'ait  exé- 
cuter une  messe  solennelle  desa  composition,  avec 
orchestre,  à  l'église  Saint-Étienne  de  Vienne. 

RA1XGO  (Conrad-Tibukce  ) ,  professeur  de 
théologie  à  Greilswalde ,  surintendant  général 
de  la  Poméranie  antérieure  et  de  l'île  de  Rugen, 
naquit  à  Colberg,  en  Poméranie,  le  9  août  1C39. 
Il  mit  une  préface  au  livre  choral  de  Jean  Krtiger, 
publié  à  Stettin  en  1675.  Ce  morceau  a  été  réim- 
primé à  la  suite  d'une  lettre  du  môme  auteur 
sur  la  musique  des  cantiques  anciens  et  nou- 
veaux, intitulée  :  Senschreiben  von  der  Mu- 
sica,  altcn  und  neuen  Liedern,  Greifswalde, 
1694,  in-4°. 

RANGONI  (Jean-Baptiste),  littérateur  ita- 
lien et  amateur  de  musique,  a  publié  un  opus- 
cule concernant  le  style  en  musique  et  le  carac- 
tère du  talent  des  trois  violonistes  célèbres  Nar- 
dini ,  Lolli  et  Pngnani.  Cet  écrit  a  pour  titre  : 
Soggio  sul  guslo  délia  musica,  col  caratlere. 
de'  (re  eelebri  suonatori  di  viofino  Nardini, 
Lolli  e  Pvgnani,L\\6i\Tne,  1790,  in-8°.  Il  y  a 
une  deuxième  édition  de  cet  écrit,  avec  le  titre 
français  :  Essai  sur  le  goût  de  la  musique , 
avec  le  caractère  des  trois  célèbres  joueurs 
de  violon  Nardini,  Lolli  et  Pugnani,  Livourne, 
Tommaso  Masi,  in-8°  de  vu  et  91  pages.  L'ou- 
vrage est  en  français  et  en  italien. 

RAXGOUSE  (Jean),  conseiller  au  parle- 
ment de  Toulouse,  naquit  dans  cette  ville  en 
1534.  Poète  et  musicien,  il  écrivit  un  grand 
nombre  de  ballades  ,  de  chants  royaux,  de 
chansons  et  de  pastourelles,  et  en  composa  les 
airs,  qu'on  a  chantés  longtemps.  Rémi  Belleau 
lui  fournissait  des  paroles.  Dans  un  voyage  que 
Rangousefit  à  Paris,  il  se  lia  avec  Ronsard,  qui 
l'engagea  à  mettre  en  musique  ses  poésies  ga- 
lantes, et  le  musicien  gascon  s'acquitta  de  celle 
lâche  avec  succès.  L'amour  vint  rompre  l'amitié 
qui  les  unissait.  On  sait  que  Ronsard  avait  choisi 
Hélène  de  Sugères,  fille  d'honneur  de  ia  reine, 
pour  la  dame  de  ses  vers;  Rangouse,  devenu 
amoureux  de  cette  dame,  lui  proposa  un  ma- 


riage secret  et  fut  favorablement  écoulé;  mais 
Ronsard  ,  averti  du  coup  qui  le  menaçait,  pro- 
posa à  son  rival  un  combat  que  celui-ci  n'accepta 
pas.  Le  magistrat  musicien  se  retira  dans  sa  pro- 
vince et  y  mourut  en  1569,  à  l'âge  de  trente- 
cinq  ans.  A  l'aurore  de  la  révolution  de  1789,  on 
voyait  encore  son  tombeau  dans  le  cloître  de 
Saint-Saturnin. 

RANISCH  (Christophe),  né  à  Dresde  en 
1595,  fut  premier  organiste  de  la  eour  de  Geor- 
ges 1er,  électeur  de  Saxe.  Après  avoir  beaucoup 
voyagé,  il  s'arrêta  à  Stockheim,  où  la  place  d'or- 
ganiste lui  fut  donnée.  Il  y  mourut  à  l'âge  de 
quarante-deux  ans,  en  1638.  Ranisch  était  con- 
sidéré comme  un  des  plus  grands  organistes  et 
clavecinistes  de  son  temps» 

RANS  (Nicolas  De);  Voyez  NICOLAS 
DE  RANS. 

RAIXTZIUS  (Melchior),  compositeur,  né 
en  Silésie  vers  1570,  a  publié  les  ouvrages  sui- 
vants ;  i"  Musikalische  Bergreyen  in  Contra- 
punlo  colorato,  da  der  Ténor  intonierl,  mit 
vier  Stimmen  (  Mines  musicales  en  contrepoint 
fleuri  à  quatre  voix  sur  le  chant  du  ténor)  ;  Nu- 
remberg, 1602,  in-4°  —  2°  Farrago  oder  Ver- 
mischung  allerley  Lieder  da  eine  Stimme  der 
andern  allzeit  respondirt  mit  G  Stimmen, 
ibid.,  1602,  in-4°. 

RAOUL  DE  LAON,  frère  du  célèbre  An- 
selme, qui  enseignait  avec  éclat  à  Lann,  vers  le 
milieu  du  onzième  siècle,  fut  lui-même  un  sa- 
vant professeur  dans  les  sciences  et  dans  les  lettres, 
bien  qu'Abailard  le  traite  assez  mal  dans  une  de 
ses  épîtres.  Raoul  a  laissé  un  traité  de  semito- 
nio,  dont  le  manuscrit  existait  autrefois  dans  la 
bibliothèque  du  couvent  de  Saint-Victor,  à  Pa- 
ris, sous  le  n°  758,  et  se  trouve  aujourd'hui  à  la 
Bibliothèque  impériale  de  cette  ville,  n°  534  du 
supplément  latin.  Les  auteurs  de  l'Histoire  litté- 
raire de  la  France  disent  (t.  7,  p.  143)  que  l'ou- 
vrage de  Raoul  de  Laon ,  ainsi  que  celui  de 
Tbeolger,  évoque  de  Metz,  traitent  du  demi-ton, 
qui  est  comme  l'âme  du  chant,  et  en  forme 
les  différences  suivant  sa  situation.  Ce  pas- 
sage donne  lieu  à  deux  remarques  assez  curieu- 
ses :  la  première,  que  le  traité  de  musique  de 
Tbeotger  (  V.  ce  nom  )  n'a  pas  le  demi-ton  pour 
objet;  l'autre,  que  La  Borde  ayant  copié  ce  pas- 
sage, une  faute,  d'impression  a  fait  mettre  dans 
son  livre  Vaine  du  chant  au  lieu  de  Vdme  du 
chant;  et  sans  être  arrêtés  par  le  non-sens  de 
cette  phrase,  Gerber,  Forkel,  Choron  et  Fayolle, 
Lichtentbal,  M.  Beckcr  et  tous  les  autres  com- 
pilateurs l'ont  copiée. 

RAOUL  DE  BEAUVES,  trouvère,  était 
ainsi  nommé  parce  qu'il  naquit  à  Beauvais,  au 


182 


RAOUL  DE  BEAUVES  —  RAPICCIA 


commencement  du  treizième  siècle.  H  nous  reste 
cinq  chansons  notées  de  sa  composition  dans  le 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale,  n°  65 
(fonds  de  Cangé). 

RAOUL,  surnommé  DE  FERRIÈRES,  parce 
qu'il  était  né  au  bourg  de  ce  nom,  en  Normandie, 
fut  poète  et  musicien.  Il  vivait  en  1250.  On  a 
de  lui  neuf  chansons  notées  ;  les  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  impériale,  cotés  65  (fonds  de 
Cangé)  et  7222  (ancien  fonds)  en  contiennent 
six. 

RAOUL,  comte  de  Soissons,  de  l'ancienne 
maison  de  Nesle,  était  contemporain  de  saint 
Louis,  et  ami  de  Thibault  IV,  roi  de  Navarre, 
qui  lui  donne  dans  ses  chansons  le  titre  de  Sire 
de  Vertus.  Ce  comte  cultivait  la  poésie  et  la 
musique.  Les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  im- 
périale nous  ont  transmis  quatre  chansons  notées 
de  sa  composition. 

RAOUL  (Jf,an-M\rie),  amateur  de  musi- 
que et  violoncelliste  distingué,  né  à  Paris  en 
176G,  fut  d'abord  avocat  aux  conseils  du  roi, 
puis  à  la  cour  de  cassation  :  plus  tard  il  fut 
longtemps  employé  dans  les  administrations 
de  l'État,  et  mourut  à  Paris  en  1S37,  à  l'âge  de 
soixante  et  onze  ans.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Trois  sonates  pour  violoncelle  et 
basse,  op.  1  ;  Paris,  Pleyel.  —  2°  Airs  variés 
ou  éludes  ;  ibid,  — 3°  Méthode  de  violoncelle, 
contenant  une  nouvelle  exposition  des  principes 
de  cet  instrument,  op.  4  ;  ibid.  —  3°  Trois  noc- 
turnes à  deux  voix  avec  accompagnement  de 
piano;  ib.  —  5°  Trois  romances  avec  piano;  Pa- 
ris, Momigny.  Vers  1810,  Raoul  conçut  le  pro- 
jet de  tirer  la  basse  de  viole  de  l'oubli  où  elle 
était  tombée.  Devenu  possesseur  d'un  excellent 
instrument  de  ce  genre,  construit  en  1521  par 
Duiffoprugcar,  pour  le  roi  de  France  François  !<*, 
laquelle  a  passé  ensuite  dans  la  possession  de 
M.  Vuillauine,  il  se  livra  à  l'élude  de  son  manche 
et  de  son  doigter;  mais  la  faible  sonorité  de  cette 
basse  lui  fit  comprendre  la  nécessité  d'en  changer 
les  proportions,  et  de  les  rapprocher  de  celles  du 
violoncelle  moderne.  Ce  fut  d'après  cette  idée 
que  M.  Vuillaume,  célèbre  luthier  de  Paris,  con- 
struisit pour  lui,  en  1H';,7,  une  basse  de  viole  d'un 
nouveau  modèle,  montée  de  sept  cordes ,  et  qui 
parut  à  l'exposition  des  produits  de  l'industrie 
de  cette  même  année,  sous  le  nom  iVheptacorde. 
Les  sept  cordes  de  cet  instrument,  dont  la  plus 
grave  sonnait  une  tierce  au-dessous  de  Yut  du 
violoncelle,  étaient  accordées  de  cette  manière, 
rn  montant  .  la,  ré,  sol,  ut,  mi,  la,  ré.  Raoul 
a  donné  une  notice  sur  cette  variété  de  la  basse 
de  viole  dans 'la  Revue  musicale  (tome  II, 
pages  jC-01  ). 


RAOUL  ROCHETTE;  voy.  RO- 
CHETTE. 

RAOUX  (....),  facteur  d'instruments  de 
cuivre ,  descendant  d'une  famille  où  la  fabrica- 
tion de  ces  instruments  avait  été  pratiquée 
pendant  près  d'un  siècle,  fut  un  des  premiers 
arlistes  qui  perfectionnèrent  le  système  de 
construction  des  cors.  Il  en  fabriqua  en  argent 
pourPuntoet  pour  Turschmidt,  en  1778  et  1781. 
Ce  dernier  a  souvent  déclaré  que  Raoux  était 
l'homme  le  plus  habile  de  sa  profession  qu'il  eût 
rencontré. 

Les  fils  de  cet  artiste  lui  ont  succédé  dans  la 
fabrication  des  cors,  des  trompettes  et  des  autres 
instruments  de  cuivre.  L'aîné,  élève  de  Danprat 
pour  le  cor,  a  été  attaché  comme  second  cor  à 
l'orchestre  du  Théâtre  italien  depuis'1822.  Vers 
1850,  les  frères  Raoux  se  sont  retirés  et  ont  cédé 
leur  établissement. 

RAPHAËL  (  Ignace-Wencesias  ) ,  né  à 
Mûnchengraelz  le  16  octobre  1762,  apprit  la  mu- 
sique en  commençant  ses  études  littéraires,  et 
reçut  à  Prague  des  leçons  de  plusieurs  artistes, 
pendant  qu'il  y  suivait  les  cours  de  l'université. 
En  1784  il  commença,  à  se  faire  connaître  avan- 
tageusement par  sa  belle  voix  et  par  son  talent 
sur  l'orgue.  Appelé  ensuite  à  Pesth,  il  y  fut  atta- 
ché à  l'orchestre  du  théâtre,  et  demeura  plusieurs 
années  dans  cette  situation;  puis  il  alla  à  Vienne, 
s'y  lia  avec  quelques  artistes  célèbres,  et  y  pu- 
blia quelques-unes  de  ses  compositions.  Les  pro- 
tections qu'il  y  trouva  le  tirent  entrer  dans  la 
chambre  des  comptes,  où  il  eut  un  bon  emploi. 
La  mort  l'enleva  dans  sa  trente-septième  année, 
le  23  avril  1799.  Les  ouvrages  connus  de  Raphaël 
sont  :  1°  Pater  noster,  à  4  quatre  voix  et  or- 
chestre. —  2°  Te  Deum ,  idem.  Ces  ouvrages, 
exécutés  à  Vienne  ,  y  ont  été  considérés  comme 
excellents.  —  3"  La  Fête  des  violettes,  ballet 
représenté  à  Vienne  en  1795,  avec  un  succès 
édatant.  —  4°  Pygmalion,  ballet,  dont  la  mu- 
sique fut  considérée  comme  un  modèle  d'expres- 
sion mimique.  —  5°  Virginie,  mélodrame  dont 
il  n'y  a  qu'une  partie  composée  par  Raphaël.  — 
6"  Trois  airs  variés  pour  le  piano,  op.  l,  Offen- 
bacli,  André.  —  7"  Six  variations,  idem  ;  Vienne, 
Mollo,  1796.  — 8°  Six  idem;  Vienne,  Artaria. 

—  9&  Marche  pour  la  garde  bourgeoise  de  Vienne, 
pour  piano;  Augsbourg,  Gombart.  —  10°  Marche 
des  volontaires  «le  la  basse  Autriche,  idem; ibid.  — 
1 1°  Six  canons  à  3  et  4  voix  avec  orgue  ;  Vienne, 

—  12u  Chansons  allemandes. 
RAPICCIA    (Honaventure),   cordelier    à 

Castro  Allier:,  au  diocèse  d'Asti ,  dans  le  Pié- 
mont, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Dialoguai 


RAPICCIA  -  RASTRELLl 


183 


de  rubricis  breviarii  et  missalis,  adjunctis 
aliquot  observationibus  canins  Gregoriani; 
Vercellis,  apud  Franc.  Bonatum.  1592,  in-4°. 

RAPP(  Jean-Dietkicu  ou  Tiiiekky),  virtuose 
sur  la  flûte,  né  dans  le  duché  de  Courlande,, 
vers  1746 ,  suivit  les  cours  de  l'université  de 
Leipsick,  et  y  étudia  la  théologie.  Vers  1770,  il 
fui  choisi  comme  musicien  de  ville  à  Mittau,  et 
pendant  près  de  quarante  ans  il  en  remplit  les 
fonctions.  Il  mourut  dans  cette  ville  en  1813.  On 
connaît  de  sa  composition  :  1°  Six  trios  pour 
2  flûtes  et  basse  ;  Riga,  1789.  —  2°  Sixduos  pour 
2  flûtes  ;  ibid. 

RASCH  (Jean),  compositeur  de  musique 
d'église,  vivait  a  Munich  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle.  On  a  imprimé  de  sa  com- 
position :  1°  Cantiunculx  paschales;  Munich  , 
Adam  Berg,  1572.  —  2°  Cantiones  ecclesiasticx 
de  nativitate  Çhristi,  4  vocum;  ibid.,  1572, 
in-4°.  —  3°  In  monte  Olivarum  quatuor  vo- 
cum, ibid.,  1572,  in-4°.  —  4°  Salve  Regina, 
G  voc,  ibid.,  1572,  in-4°  obi. 

RASEL  ou  RASELIUS  (André),  né  à 
Amberg,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut 
nommé,  en  1583,  professeur  à  l'école  normale  de 
Heidelberg,  puis  obtint,  le  19  mai  1584,  les  li- 
tres de  cantor  et  de  professeur  au  gymnase  poé- 
tique de  Ratisbonne.  Il  y  signa,  en  1590,  la  fa- 
meuse formula  concordix.  L'aménité  de  son 
caractère  et  ses  talents  lui  avaient  fait  des  amis 
parmi  les  catholiques  aussi  bien  que  parmi  les 
protestants.  En  1G0O,  l'électeur  palatin  le  rap- 
pela à  Heidelberg,  et  le  nomma  son  maître  de 
chapelle.  Il  mourut  dans  cette  ville  en  1014. 
On  a  de  sa  composition  :  1°  Un  recueil  de  mo- 
tets allemands  à  5  voix,  imprimé  à  Nuremberg, 
1594,  in-4°.  —  2°  Cantiones  sacrx  cum  5,  f>, 
8  et  9  vocibus  concinendx;  Nuremberg,  1595, 
in-4°  —  3°  Regensburgischer  Kirchen  Contra- 
punkt,  Ratisbonne,  1599,  in-8°  Il  a  aussi  fait 
imprimer  un  recueil  de  six  queslions  avec  les 
réponses  concernant  quelques-uns  des  objets 
principaux  delà  musique  pratique,  sous  ce  titre  : 
Hexachordum,  seu  quxstiones  musicx  prac- 
ticx,  sex  capitibus  comprehensx ,  qux  conti- 
nent perspicua  methodo  ad  praxim,  ut  kodie 
est  necessaria.  etc,  Nuremberg,  1589,  in-8°.  Une 
deuxième  édition  a  été  publiée,  sous  le  même 
titre,  à  Nuremberg,  en  1591,in-8°  de  11  feuilles. 
Cet  ouvrage  contient  beaucoup  de  canons  à  deux 
voix  donnés  pour  exemples.  L'auteur,  partisan 
du  système  des  douze  modes,  expose  à  ce  sujet 
la  doctrine  de  Glaréan.  Enfin  Valentin-Barthé- 
letni  Hausmann,  organiste  à  Schafstsedt,  possé- 
dait vers  1720  trois  autres  ouvrages  manuscrits 
de  Rasel,  sous  les  titres  suivants  :  1°  Tractatus 


primus  de  subjecto  musices.  —  2°  Tractatus 
secundus  de  systemate  musico ,  etc.  —  3°  An- 
leitung  zum  Generalbass. 
RASETTI  (Amédée);  voy.  RAZETTI. 
RASI    (François),    amateur   de   musique, 
!  chanteur,  poète  et  compositeur,  naquit  à  Arezzo 
I  (Toscane),  d'une  noble  famille,  dans  la  seconde 
!  moitié  du  seizième  siècle.  Il  a  écrit  des  chants  à 
j  voix  seule,  avec  basse  continue,  qui  ont  été  publiés 
|  sous  ce  titre  :  Madrigali  di  diversi  autori  posti 
in  musica  da  Franc.  Rasi,  nobile  aretino;  Flo- 
rence, 1610,   in-fol.  de  21    pages.  Les  paroles 
de  ce  recueil  sont  de  Pétrarque,  J.  B.  Strozzi, 
Guarini,  Chiabrera,  Ang.  Capponi,   et  de  Rasi 
lui-même.  On  voit  dans  la  préface  de  la  Dafne, 
de  Marco  de  Gagliano,  que  Rasi  fut  un  des  chan- 
teurs qui   exécutèrent  cet   ouvrage  à  Mantoue, 
en  1008,  et  qu'il  y  brilla  à  l'égal  de  la  cantatrice 
Catherine  Martinelli. 

RASSMA3I  (Chrétien-Frédéric),  littérateur 
fécond<et  médiocre,  né  en  1772,  dans  un  village 
de  la  Westphalie,  lit  ses  études  à  Halberstadt, 
et  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  à  Muns- 
ter, où  il  est  mort  dans  sa  cinquante-neuvième 
année,  le  9  avril  183  1.  Ses  nombreux  travaux 
furent  vraisemblablement  peu  productifs,  car  il 
vécut  dans  un  état  voisin  de  la  misère.  Au  nom- 
bre de  ses  ouvrages,  on  en  remarque  un  qui  a 
pour  titre  :  Panthéon  der  Tonkunstler,  oder 
Gallerie  aller  bekannten,  verstorbenen  und 
lebenden  Tonsetzer,  Virtuosen,  Musiklehrer, 
musikaliscken  Schriftsteller,  etc.  (Panthéon 
des  musiciens,  ou  Galerie  de  tous  les  musiciens 
connus,  morts  et  vivants,  virtuoses,  professeurs  de 
|  musique, écrivains  surcetart, etc.),  Quedlinbourg 
et  Leipsick,  1831,  1  volume  in-8°  de  280  pages. 
Ce  livre  est  rempli  d'erreurs  et  de  méprises  ;  ce- 
pendant on  y  trouve  quelques  renseignements 
utiles  dont  les  auteurs  du  Lexique  universel  de 
musique  publié  par  Schilling  n'ont  point  pro- 
fité. On  peut  aussi  consulter,  pour  la  littérature 
de  la  musique,  le  dictionnaire  des  écrivains  du  ter- 
ritoire de  Munster,  intitulé  :  Munsierlandis- 
chen  Schriftsteller  Lexïkon,  Munster,  1814- 
1824, '2  parties,  in-8*  avec  trois  suppléments, 
et  le  dictionnaire  des  écrivains  pseddonymes 
de  l'Allemagne,  du  même  auteur,  publié  sous  ce 
titre  :  Kurzfasstes  Lexïkon  deutscher  pseu- 
donymer  Schriftsteller,  von  den  altern  bis 
auf  die  jungste  Zeit  aus  allen  Fxchem  d. 
Wissenschaftcu;  Leipsick,  1830,  grand  in-8\ 
Rassmann  est  auteur  de  poésies,  de  romans, 
et  éditeur  de  recueils  d'anciennes  chansons  et 
ballades  allemandes. 

RASTRELL1  (Vincent),   né  à   Fano,  en 
1760,  apprit  la  musique  dans  son  enfance,  et,.) 


184 


RASTRELLI  —  RATHE 


fit  de  si  rapides  progrès,  que  dans  sa  dix-hui- 
tième année  il  était  déjà  le  professeur  de  chant 
le  plus  recherché  dans  sa  ville  natale.  Vers 
1780,  il  se  rendit  à  Bologne  ,  et  y  fit  des  études 
de  contrepoint,  sous  la  direction  du  P.  Mattei. 
Six  ans  après,  ses  études  étaut  achevées,  il  fut 
nommé  membre  de  l'Académie  des  Philharmo- 
niques, honneur  alors  moins  prodigué  que  de  nos 
jours.  De  retour  à  Fano,  Rastrelli  y  obtint  l'em- 
ploi de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale.  Ce 
fut  peu  de  temps  après  que  l'électeur  de  Saxe  le 
/•rit  à  son  service  et  le  nomma  compositeur  de 
sa  chapelle  :  il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en 
1802.  Des  propositions  lui  ayant  été  faites  alors 
pour  se  rendre  en  Russie,  il  quitta  Dresde,  se 
rendit  à  Moscou,  et  y  resta  quatre  ans.  Vers  la 
fin  de  1S06,  il  fit  un  voyage  en  Italie,  mais  bien- 
tôt après  il  fut  rappelé  à  Dresde.  Ayant  demandé, 
en  1814,  l'autorisation  de  faire  un  nouveau  voyage 
en  Italie,  il  ne  put  l'obtenir  du  gouvernement 
provisoire  russe,  alors  établi  à  Dresde  :  le  dé- 
labrement de  ss  santé,  qui  rendait  ce  voyage 
nécessaire,  le  détermina  à  donner  sa  démission, 
et  sa  place  fut  donnée  à  François  Schubert.  Plus 
tard,  lorsque  Rastrelli  retourna  à  Dresde,  il  n'y 
trouva  plus  d'autre  emploi  que  celui  de  profes- 
seur de  chant  de  la  cour;  mais  en  1824,  sa 
place  de  compositeur  de  la  chapelle  lui  fui  ren- 
due. Son  grand  âge  lui  fit  obtenir  sa  retraite 
avec  une  pension  en  1831,  et  son  emploi  lut 
supprimé.  Rastrelli  a  beaucoup  écrit  pour  l'é- 
glise :  on  conserve,  dans  les  archives  de  la  cha- 
pelle de  Dresde,  dix  messes  de  sa  composition,  et 
trois  vêpres  complètes,  dont  une  à  8  voix.  On 
tonnait  aussi  de  lui  un  oratorio  de  Tobie,  des 
canzoncttes,  des  airs,  des  duos,  etc.  Toutes  ces 
œuvres  sont  médiocres.  Rastrelli  ne  s'est  dis- 
tingué que  comme  maître  de  chant.  11  est  mort 
à  Dresde  ,  le  20  mars  1839. 

RASTRELLI  (Joseph),  fils  du  précédent,  est 
né  aDresde,  le  13  avril  1799.  Ses  dispositions  pour 
la  musique  furent  si  précoces,  qu'à  l'âge  de  six  ans 
il  exécuta  un  concerto  de  violon  au  concert  des 
Nobles  à  Moscou.  De  retour  à  Dresde,  il  y  reçut 
des  leçons  de  Poland  pour  son  instrument,  et  s'y 
fit  entendre  en  public  à  l'âge  de  dix  ans.  L'or- 
ganiste Feidler  lui  donna  les  premières  leçons 
d'harmonie,  mais  en  1814,  il  suivit  son  père  en 
Italie,  et  alla  étudier  à  Bologne  le  contrepoint 
sous  la  direction  de  Mattei.  Appelé  à  Ancône,  en 
1810,  il  y  écrivit  l'opéra  intitulé  la  Distruzione 
di  Gerusalemme,  qui  obtint  quelque  succès, 
quoiqu'il  ne  fut  alors  âgé  que  de  dix-sept  ans. 
Kn  1817,  il  retourna  près  de  son  père,  à  Dresde. 
Trois  ans  après,  il  obtint  une  place  de  violoniste 
dans  la  chapelle  du  roi  de  Saxe.  Vers  ce  même 


temps,  il  écrivit  son  deuxième  opéra  (la  Schiava 
Circassa),  qui  obtint  un  brillant  succès  au  théâ- 
tre de  Dresde.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de  l'opéra 
bouffe  intitulé  le  Donne  curiose,  représenté  en 
1821,  et  de  Velleda qui  fut  moins  heureux  que  les 
ouvrages  précédents,  quoique  la  musique  en  fût 
travaillée  avec  plus  de  soin.  Le  roi,  satisfait  de 
son  travail,  lui  procura  les  moyens  de  faire  un 
second  voyage  en  Italie.  :  Rastrelli  profita  de 
son  séjour  à  Milan  pour  faire  représenter  à  la 
Scala.  le  16  mars  1824,  le  drame  musical  inti- 
tulé A  mina.  Rentré  à  la  chapelle  de  Dresde,  il 
se  livra  à  la  composition  de  la  musique  d'église, 
et  produisit  3  messes,  dont  une  à  8  voix  et  les 
deux  autres  à  4  ;  trois  vêpres,  un  Miserere,  un 
Salve  Jîegina,  etc.  Le  pape  lui  envoya  la  déco- 
ration de  l'ordre  de  chevalier  de  l'Éperon  d'or 
pour  deux  motels  à  8  voix  qu'il  avait  écrits  pour 
la  chapelle  Sixtine.  Devenu  pianiste  habile  et 
bon  maître  dechant,  il  fut  choisi,  en  1829,  comme 
second  maître  de  musique  du  théâtre  delà  cour, 
et  l'année  suivante  il  eut  le  titre  de  chef  d'or- 
chestre de  la  chapelle  royale,  et  en  remplit  les  fonc- 
tions jusqu'à  sa  mort.  En  1832,  il  lit  représenter 
à  Dresde  Salvator  Rosa,  son  premier  opéra  al- 
lemand, et  trois  ans  après  il  donna  au  môme 
théâtre  Derthe  de  Bretagne,  opéra  sérieux.  Ces 
compositions  sont  considérées  comme  ce  qu'il 
a  écrit  de  meilleur  pour  le  théâtre.  On  lui  doit 
aussi  la  musique  de  la  tragédie  de  Macbeth,  le 
ballet  der  Raub  Zetulbeus  (l'enlèvement  de 
Zétulbé),  et  des  morceaux  intercalés  dans  di- 
verses pièces.  Rastrelli  a  fait  graver  pour  le 
piano  un  rondeau  intitu  lé  lesCh  armes  de  Dresde; 
Dresde,  Paul.  11  est  mort  à  Dresde  le  14  novem- 
bre 1842. 

RASZEI»  (Louis),  compositeur  polonais  de 
musique  d'église  et  professeur  de  piano,  vécut  à 
Pula\\'5  et  s'y  livra  à  l'enseignement  de  la  mu- 
sique. Il  est  mort  dans  cette  ville  en  1848.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  messes  et  de 
motets  qui  sont  répandus  dans  les  églises  de  la 
Pologne.  On  a  aussi  de  lui  un  grand  nombre  de 
morceaux  détachés  pour  le  piano,  parmi  lesquels 
on  remarque  des  polonaises,  qui  ont  eu  du 
succès. 

RATHBODE,  évoque d'Ulrecbt,  au  dixième 
siècle,  mort  en  917,  fut  un  des  plus  savants 
hommes  de  l'Église  de  son  temps.  Il  a  composé 
le  chant  de  plusieurs  hymnes  pour  les  fêtes  des 
saints,  et  l'office  complet  de  saint  Martin. 

RATHE  (....),  virtuose  sur  la  clarinette,  se 
fit  entendre  avec  succès  au  concert  spirituel  de 
Paris,  en  1780,  dans  un  concerto  de  sa  compo- 
sition. On  admira  la  beauté  des  sons  qu'il  tirait 
de.  toute  l'étendue  de  son  instrument. 


RATIIGEBER  —  RATTWITZ 


185 


RATHGEBER  (VAlhsïw),  bénédictin  de 
Saint-Pierre  et  Saint-Denis,  à  lîantheln,  dans  la 
Franconie,  naquit  à  Ober  Elsbach,  vers  H'90.  11 
vivait  encore  dans    son  couvent  en    1744.  Ce 
moine  fut  un  des  musiciens  les  plus  féconds  de 
son    temps,    particulièrement  pour  la  musique 
d'église.  Voici    la  liste  de  ses  ouvrages,    telle 
qu'on  la  trouve  dans   les  Lexiques  de  Walther 
et  de  Gerber  :  1°  Octava  musica  clavium  octo 
musicarum.in  missis  octo  musicalibus,  cum 
appendice  duarum  missarum  de  Requiem,  a 
4  roc.  2  viol,  et  duplo  basso  continua,  op.  1, 
Augsbourg,  Lotter.  —  2°  Cornucopix  hoc  est 
6 vesperx  integrx de Dominica ,  etc  ,op.  2,  ibid., 
1723.  —  3°  Missx  IX  principales,  a  4  voc, 
1  viol.,1  clar.,  etc.,  op.  3,  ib.,  1725,  in-fol.  — 
4°  XXIV  Offertoria  de  Tempore  et  Sanctis,  a 
4  roc,  2viol.,  2  tubis,  etc.,  op.  4,  1726,  in-fol. 
—  5°  Litanlœ  6  laurelanx  de  Bcata  V.  cum 
andphonis.  etc.,  op.  5,  ibid.,  1727,  in-fol.  — 
6°   Chelis  sonora  :  constans  24  concertationi- 
bus,etc,  op.  6,  ibid.,  1728,  in-fol.  Cet  œuvre 
contient   des  concertos  et  des  symphonies  con- 
certantes pour  divers  instruments.  —  7°  10  Misses 
solomnes,  etc.,    a  4  voc,  2  viol.,  op.  7,  ibid, 

1730,  in-fol.  —   8°  G  Missœ  de  Requiem  et 

1  Libéra,  a  4  voc.  ac  instrum.,  op.  8,  ibid., 

1731,  in-fol.  —  9°  4  Vesperx  integrx  de  Do- 
minica, B.  V.  Mar.  et  Apostol.,  a  4  voc, 

2  viol.,  2  clar.,  org.  ac  violonc,  op.  9,  ibid., 

1732,  in-fol.  —  10°  16  Arix,  in  duas  partes 
divisx,  latine  et  gcrmanic'c,  a  voce  sola  cum 
instr., -op.  10,  ib.,  1732,  in-fol.  —  11°  36  Hgmni 
a  4  voc.  et  instrum.,  op.  11,  ibid.,  1732, 
in-folio.  —  12°  6  Missx  civilis,  a  3  vel  4  voc. 
cum  instrum.,  op.  12,  part.  I,  ibid.,  1733,  in- 
fol.  —  13°  6  Missx  rurales  cum  2  de  Requiem, 
a  1  vel  2  voc,  necessariis  cum  aliis  voc.  ad 
lib.  et  instrum.,  op.  12,  part.  2,  ibid.,  1733,  in- 
fol.  —  14°  Miserere  cum  adj.  6  Tanlum  crgo; 
a  4  voc.  et  instrum.,  op.  13,  ib.,  1734.  — 
15°  60  Offortoria  festivalia  per  annum,  a  4 
voc.  cum  instrum.,  etc.,  op.  14,  ibid.,  in-fol., 

3  part.  —  16°  50  Offertoria  pro  omnibus  et 
singulis  Do?ninicis,a  kvoc.  ac  instr.,  op.  15, 
ibid.  —  17°  24  Antiphonx  Marianx,  a  4  voc, 
instr.  ac  org.,  op.  16,  ib.  —  18°  4  Vesperx 
rurales  cum  bpsalmis,  etc., op.  17,  ibid.,  1736,  j 
in-fol.  •—  19°  Litanix  lauretanx  6  de  B.  V.  M.   , 
a  4  voc.  cum  instr.,  op.   18,  ibid.,  1736.  —  | 
20°  4  Missx  solemnes,  a  4  voc  cum.    instr.,  I 
op,  19,  ibid.,  1738,  in-fol.  —21°  30  Offertoria  j 
ruralia,  a  4  voc.  ac  instr.,  op.  20,  ibid.,  1739, 
in-foi.  —  22°  2  Missx  de  Requiem,  a  4  voc.  I 
mm  instr.,  op.  21,  ibid.,  —  23°  Musikaliscker  \ 
lieitvcrveib  auf  dem  Clavier,  etc.,  op.  22, 


ibid.,  1743,  2e  édition,  ibid.,  1751.  Ce  recueil 
[  renferme  des  pièces  de  clavecin.  —  24°  Vcs- 
j  perx  rurales  4,  a  2  vocib.  et  org.  obi.,  etc., 
i  ibid. 

RATIISMANN  (Jean),  cantor  et  institu- 
teur à  Lewen,  dans  le  comté  de  Glatz  (Silésie), 
est  né  le  29  juin  1803  à  Oberschwedelsdorf,  près 
deGlalz,  où  son  père  était  menuisier.  Après 
avoir  étudié  la  musique  sous  divers  maîtres  plus 
ou  moins  obscurs,  il  entra  à  l'école  normale  de 
Scblegel,  pour  se  préparera  l'enseignement.  11 
était  âgé  de  24  ans  lorsqu'il  fut  nommé,  en  1827, 
cantor  à  Lewen.  Il  a  écrit  un  grand  nombre  de 
compositions,  particulièrement  pour  l'église; 
mais  la  plupart  sont  restées  en  manuscrit.  Ses 
ouvrages  pour  le  piano  et  pour  l'orgue  ont  été 
publiés  à  Breslau,  chez  Leuckart,  et  chez  C. 
Cranz. 

RATTI  (BARTnoLOMÉ),  maître  de  chapelle  à 
l'église  du  Saint,  à  Padoue,  dans  les  premières 
années  du  dix-septième  siècle.  On  a  imprimé  de 
sa  composition  :  Brevi  salmi  a  5  voci;  Venise, 
1605,  in-4°. 

RATTI  (Laurent),  maître  de  chapelle  de 
l'église  de  Loretle,  né  à  Pérouse,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  fit  ses  études  à  Rome, 
sous  la  direction  de  son  oncle,  Vincent  Ugolini 
(voyez  ce  nom).  Après  avoir  été  maître  de  cha- 
pelle du  séminaire  romain,  il  remplit  les  mêmes 
fonctions  au  collège  allemand,  puis  à  l'église  de 
Lorette.  Il  mourut  en  cette  ville,  jeune  encore, 
en  1630.  On  a  de  lui  :  1°  Il  primo  libro  de1  via- 
drigali  a  cinque  voci;  Venise,  Vincenti,  1615, 
in-4°.  —  2"  Il  secondo  libro;  idem,  ibid., 
1616,  in-4°.  —  3°  Mollecta  Laurentii  Rattiin 
romano  seminario  musicx  prxfectis  duabus, 
tribus,  quatuor  et  quinque  vocibus  ad  orga- 

num  accomodato;    Rome,    Zanetli,   1617 

4°  Motiecta  idem,  lib.  2,  ibid.,  1617.  —  5"  Mo- 
tetti  délia  cantica  a  2,  3,  4,  5  voci;  Rome, 
Zanetti,  1619.  —  6°  Motetti  a  1,  2,  3,  4.  5, 
6  voci:  Venise,  1620.—  7'  Litanie  délia  Beata 
Virgineab-\2  voci;  Venise,Vincenti,  1626,  in-4°. 
—  8°  Graduels  et  offertoires  pour  toute  l'année, 
intitulés  :  Sacrx  rnodulationes,  seu  Graduait 
et  Offert orii  1-12  vocum.  Part.  1,2,  3;  Ve- 
nise, Vincenti,  1628.  —  9°  Cantica  Salomonis 
binis,  ternis,  quaternis  ac  quinis  vocibus  con- 
cinenda,  una  cum  basso  ad  organum.  Pars 
prima;  Veneliis,  apud  Vicentmum,  1632,  in- 
4°.  Pitoni,  cité  par  l'abbé  Baini,  affirme,  dans 
ses  notices  sur  les  contrepointistes,  qu'on  con- 
serve beaucoup  de  compositions  latines  et  ita- 
liennes de  Ratti  chez  les  PP.  de  l'oratoire  de 
Saint-Philippe,  a  Pérouse. 
RATTWITZ  (Charles-Frédéric),  avocat 


186 


RATTWITZ  —  RAUCHFUSS 


à  Leipsick,  né  à  Camenz,  mort  en  1829,  a  fait 
imprimer  des  recherches  historiques  pleine* 
d'intérêt  concernant  l'impression  de  la  musique 
en  caractères  mohiles;  son  ouvrage  a  pour  titre  : 
Dissertatio  de  dcscriplione  typis  confeclatum 
in  génère,  tum  quoad  signa  musiccs  inspecte, 
médit ado  nés  quxdam  ex  naturali  potissi- 
mum  jure  deduclx;  Leipsick,  1828,  in-i°  de 
28  pages. 

RAU(Hbribert),  littérateur  allemand,  vivant 
actuellement  (1803)  à  Berlin,  est  auteur  d'un 
roman  historique  et  musical  intitulé  :  Mozart. 
Ein  Kunstlerleben  (Mozart;  vie  d'artiste). 
Francfort  (sur  le  Mein),  1858,  6  volumes,  petit 
in-8".  La  troisième  édition  a  paru  à  Berlin,  chez 
Otto  Janke,  en  18G3,  3  vol.  in-8°  compactes.  Si 
je  suis  hien  informe,  l'auteur  de  cet  ouvrage  est 
(ils  du  célèbre  économiste  Charles-David-Henri 
Ran,  professeur  de  l'université  de  Heidelherg. 
Le  livre  a  de  l'intérêt  :  les  faits,  pris  dans  les 
monographies  de  Nissen,  d'Oulibicheff  et  d'Otto 
Jahn,  sont  exacts  et  la  forme  romancière  a  de  l'é- 
légance et  du  charme. 

RAUCH  (Woi.fc.anc),  musicien  au  service 
du  duc  de  Wurtemberg,  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle,  n'est  connu  que  par  deux, 
épitaphes  à  2  et  à  6  voix  qui  se  trouvent  dans  un 
petit  volume  intitulé  :  Martini.  Crusii,  grxco- 
latini  ctoratorii  inAcad.  Tybingensi  (zic)pro- 
fcssoris,  Oralio  de  Rom.  Augusta  frena,  vel 
Maria  grxca,  Philippi  Suevi,  quondam  Ro- 
tnani  Cxsaris,  charissima  uxore;  Tubingx, 
apudGcorgium  Gruppenbaghium,  1593,111-4". 
La  première  épitaphe  a  pour  titre  :  Epitaphium 
Imp.  Philippi, sex  vocibus,  Wolf.  Rauchi  mu- 
<ici  apud  illustr/ssimum  principem  Wirlem* 
berg.  I).  Ludovicum.  20  Aug.1589.  L'autre  est 
intitulée  :  Epitaphium  Augusta:  Irenx  Ifohen- 
staufx  li08,xtatis  eirciter  36  anno  dcfunclx, 
quinque  vocibus  Wolf.  Rauchi,  7  Julii  1589. 

R  AUC1I  (  André  ) ,  né  à  Potendorf,  en  Au- 
triche, vers  la  lin  du  seizième  siècle,  fut  d'abord 
organiste  du  temple  réformé  à  llernals,  près  de 
Vienne,  puis  obtint,  vers  1030,  la  place  d'orga- 
niste a  Ëdenbourg,  dans  la  basse  Hongrie.  Il  a 
publié  de  sa  composition  -.  1°  Thymiaterium 
musicale,  das  ist  oiusïkalisches  Rauchfass- 
Ici  h,  oder  Gebeltein  viit  4,  5,  o,  7  und  8 
stimmen,  sanvmtden  B.  C.  (  Encensoir  musi- 
cal, ou  petites  prières  à  4,  5,  6,  7  et  8  voix  avec 
liasse  continue)  ;  Nuremberg,  1625,  in-4°.  — 
2°  Concentus  volivus  ;  Vienne,  chez  Grégoire 
Gelbhaar,  io.iï.  Cet  œuvre  contient  une  musique 
triomphale  pour'  l'entrée  de  l'empereur  Ferdi- 
nand Il  à  Ëdenbourg.  —  3°  Motets  et  messe  en 
allemand,  à  3  et  4  voix  avec  violon»  —  Cuv- 


rus  triumphalis  musicus,  1048.  Printz  accorde 
beaucoup  d'éloges  au  style  de  cet  artiste,  dans 
son  Histoire  de  la  musique  (  page  144). 

RAUCH  (  Christophe  ),  né  en  Bavière,  fut 
d'abord  professeur  de  philosophie,  dans  sa  patrie, 
puis  entra  en  qualité  de  chanteur  au  théâtre  de 
Hambourg,  vers  1080.  Les  attaques  de  Reiser 
{voyez  ce  nom)  contre  l'opéra,  dans  sa  Thca- 
tromania,  décidèrent  Ranch  à  les  réfuter  ;  il  le 
fit  dans  son  écrit  intitulé  :  Thealrophania, 
entgegen  gezetget  der  so  gênant  en  Schrifft 
Theatromania-zur  Verthxdigung  der  Christ- 
lichen,  vornemlich  aber  deren  musikalischen 
Operen,  etc.  (Antipathie;  du  théâtre  pour  la  dé- 
fense de  l'opéra  en  musique,  principalement  au 
point  de  vue  chrétien,  contre  l'écrit  intitulé  : 
Thédtromanie,  etc.);  Hanovre,  1682,  in-8"  en 
2  parties,  de  150  pages. 

RAUCH  [  Jean-Georges  ),  né  à  Sulz,  en  Al- 
sace, vers  le  milieu  du  dix -septième  siècle,  fut 
organiste  de  la  cathédrale  de  Strasbourg ,  et  oc- 
cupait encore  ce  poste  en  1700.  On  connaît  de 
lui  :  r  Novae  sirènes  sacrx  harmonix  tam 
instruments  quam  vocibus  tantuvi  concer- 
tantes a  2,  3,  4,  5,  6,  7  et  8,  recens  in  lucem 
editx;  Augsbourg,  1688.  —2°  Cilhara  Orphei 
duodecim  sonatarum,  etc.,  op.  4;  Strasbourg, 
1097,  in-4°. 

RAUCH  (Jacques),  luthier  de  la  cour  de 
l'électeur  palatin  ,  vécut  à  Manheim  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle.  La  plus  grande  acti- 
vité de  ses  ateliers  se  trouve  entre  1730  et  1740. 
Ses  violons,  dont  la  qualité  de  son  a  du  rapport 
avec  ceux  de  Steiner,  sont  recherchés  en  Alle- 
magne. Il  a  fait  aussi  de  bons  altos,  violoncelles 
et  contrebasses. 

RAUCH  (Sébastien),  autre  luthier  de  beau- 
coup de  mérite,  vécut  à  Leitmeritz,  en  Oohéme, 
depuis  1742  jusqu'en  17G3,  ainsi  que  l'indiquent 
les  dates  de  ses  instruments.  On  croit  qu'il  était 
fils  d'un  très-bon  facteur  de  luths  qui  avait  tra- 
vaillé à  Nuremberg  chez  Schelle,  et  qui  était  à 
Prague  en  172*  (voyez  les  recherches  de  Baron 
sur  le  luth,  page  97  ). 

RAUCHENSTEIN  (Bernard),  maître  de 
chapelle  de  l'église  de  Constance ,  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-huitième  siècle,  était  né 
à  Friboorg  (Suisse),  et  y  avait  fait  ses  études.  H 
a  lait  imprimer  de  sa  composition  un  recueil 
d'offertoires,  de  graduels  et  de  messes,  sons  ce 
titre  :  Luscinia  sacra  ludens  et  lugens,  sen 
offertoria  et  gradualie  muni  tempore  usur- 
panda  cum  tribus  messis (sic) ex sequalibus 
4  etb  vocibus  cum  instrum.;  Constantix,  1702, 
in-4°. 

RAUCHFUSS  (Puilut-e-Chrétien),  avo- 


RAUCHFUSS  ~  RAUPACH 


187 


cat  et  organiste  à  l'église  principale  de  la  haute- 
ville  à  Mulhausen,  en  Thuringe,  y  vivait  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  six 
sonates  faciles  pour  le  clavecin,  à  Nuremberg, 
en  17f>0. 

RAUFFUF(  Sébastien),  compositeur  né  à 
Freystadt  (Silésie) ,  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  recueil 
de  onze  messes  à  quatre,  cinq  et  six  voix,  lequel 
a  pour  titre  :  Sebastiani  Rauffufii  Frcid&tad. 
Siles.  mus.  Missx  super  optima  ouctomm 
bonorum  cantica  a  quatuor,  sex  atque  quin- 
que  vocibus,  planx  novx,  omniumque  selec- 
tissimse,  nec  anle  vulgatx,  recens  sed  editx, 
ad  nominis  divini  honorent  et  gloriam  ec- 
clesiarum  exinde  ad  usos  publicos,  etc.  Auc- 
tore  impensis,  typis  Dorfferii  in  opphlo  Be- 
thania  Calcographi,  1G12,  in-4°.  Les  parties 
de  ténor  de  ces  onze  messes  sont  tirées  des  œuvres 
deMeiland,  Lassus,  Handl  et  Scandelli. 

RAULT  (Félix),  flûtiste  habile,  né  à  Bor- 
deaux, en  1736,  était  fils  de  Charles  Rault,  bas- 
son de  la  musique  du  roi  et  de  l'Opéra  de  Paris. 
Élève  de  Blavet,  il  acquit  en  peu  de  temps  un 
talent  remarquable.  En  1753,  il  entra  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra,  et  quelques  années  après,  il 
eut  le  titre  de  première  flûte  solo  pour  l'accom- 
pagnement. Admis  dans  la  musique  du  roi  en 
17GS,  il  y  resta  jusqu'à  la  dissolution  de  la  cha- 
pelle, en  1792.  Depuis  1776,  il  avait  obtenu  sa 
pension  de  retraite  à  l'Opéra.  La  suppression  de 
toutes  ses  pensions  le  mit  dans  une  situation  peu 
fortunée  pendant  le  règne  de  la  terreur,  et  l'obli- 
gea à  entrer  à  l'orchestre  du  théâtre  de  la  Cité, 
où  il  était  encore  en  1800.  La  clôture  de  ce 
théâtre  le  plongea  de  nouveau  dans  la  misère,  et 
Rault  mourut  peu  de  temps  après.  Cet  artiste  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Trois  duos  pour 
2  flûtes,  op.  1  ;  Paris,  Pleyel.  —  2°  Trois  id., 
op.  2  ;ibid.  — 3°Concertos  pour  flûte  et  orchestre, 
n«s  1  et  2  ;  Paris,  Imbault.  —  4°  Six  duos  faciles 
pour  2  flûtes,  op.  b ;  Offenbach,  André.  —  5°  Six 
idem,  op.  6  ;  Paris,  Pleyel.  —  6°  Six  idem, 
op.  7;ibid. — 7°  Six  duos  concertants,  op.  8  ;  liv. 
1  et2,ibid.  —  8°  Recueils  d'airs  pour  2  flûtes,  nos  i 
à  1 0  ;  Paris,  Frère.  —  9°  Trios  pour  2  flûtes  et  bas- 
son, op.  25;  Paris,  Pleyel. —  10°  Six  idem  pour 
flûte,  violon  et  alto,  op.  26  ;  ibid.  —  11°  Sonates 
pour  flûte  et  basse,  liv.  1  et  2  ;  Paris,  Naderman. 

RAUMER  (Frédékic),  docteur  en  philoso- 
phie, professeur  ordinaire  de  l'université  de  Ber- 
lin et  membre  de  l'Académie  des  sciences  de 
cette  ville,  est  né  à  Waertitz  le  14  mai  1781. 
Dans  s.i  jeunesse,  il  reçut  des  leçons  de  musique 
de  Turk,  à  Halle,  et  de  Forkel,  à  Gœtlingue. 
Amateur  et  connaisseur  de  cet  art,  il  a  été  un 


des  fondateurs  de  l'Académie  de  chant  de  Berlin, 
et  en  était  encore  membre  en  1860.  Divers  écrits 
•relatifs  à  la  musique  ,  que  ce  savant  a  publiés 
dans  le  Dictionnaire  de  la  Conversation  et  dans 
plusieurs  journaux,  ont  été  réunis  dans  le  troi- 
sième volume  de  ses  œuvres  mêlées  (Leipsick, 
Brockhaus,  1854),  pages  270  à  399.  Les 
articles  principaux  concernent  les  œuvres  de 
Gluck,  Haydn,  Beethoven,  Spontini,  le  Don  Juan 
de  Mozart,  Balthasar  et  le  Messie  de  Hœndel, 
Ali-Baba  de  Cherubini,  les  Huguenots  de 
Meyerbeer,  la  messe  en  si  mineur  de  J.  -  S. 
Bach,  etc. 

RAUPACH  (Christophe)  naquit  à  Tun- 
dern,  dans  le  duché  de  Schleswig,  le  5  juillet  1686. 
Son  père,  organiste  de  cette  ville,  lui  enseigna 
les  éléments  de  la  musique,  le  clavecin,  l'orgue 
et  le  violon.  A  l'âge  de  treize  ans,  il  avait  déjà  fait 
assez  de  progrès  pour  accompagner  la  basse  con- 
tinue, et  exécuter  les  pièces  declavecin  et  les  fu- 
gues de  Froberger,  deBuxtehudeetde  Pachelbel. 
La  lecture  de  quelques  écrits  sur  la  musique  dé- 
cida sa  vocation  pour  l'étude  sérieuse  de  son 
art.  Après  la  mort  de  son  père,  arrivée  en  1700, 
il  se  rendit  à  Hambourg,  et  s'y  mit  sous  la  di- 
rection de  Bronner,  organiste  de  l'église  du  Saint- 
Esprit  et  artiste  de  mérite,  qui  lui  fit  connaître 
les  beautés  de  la  musique  de  Keiser,  et  perfec- 
tionna son  savoir  dans  le  contrepoint.  Après 
deux  ans  de  séjour  près  de  ce  maître ,  les  res- 
sources pécuniaires  de  l'élève  se  trouvèrent 
épuisées.  Dans  ce  moment  critique,  son  frère, 
qui  demeurait  à  Rostock ,  l'invita  à  se  rendre 
près  de  lui,  afin  d'aller  ensuite  concourir  pour  la 
place  d'organiste  de  l'église  Saint-Nicolas  de 
Stralsnnd.  Il  accepta  cette  invitation  et  partit 
de  Hambourg  au  mois  d'avril  1703.  Au  nombre 
des  amis  qu'il  rencontra  à  Rostock  se  trouvait 
Fischer,  maître  de  chapelle  du  duc  de  Mecklem- 
bourg,  qui  lui  donna  des  lettres  de  recomman- 
dation pour  Stralsund.  Le  concours  fut  ouvert 
peu  de  jours  après  son  arrivée  dans  cette  ville. 
Raupach  improvisa  des  variations  sur  huit  chants 
chorals  qu'on  lui  présenta,  accompagna  sur  la 
basse  chiffrée  une  pièce  avec  orchestre,  et  fit 
exécuter  quelques  morceaux  de  sa  composition. 
A  la  suite  de  ces  épreuves,  il  l'emporta  sur  ses 
rivaux,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  dix-sept  ans. 
Sa  nomination  ne  ralentit  pas  l'ardeur  qu'il  por- 
tait dans  ses  études.  Il  se  livra  au  travail,  et 
composa  beaucoup  de  pièces  de  circonstance 
pour  diverses  fêtes,  des  oratorios,  des  cantiques, 
plusieurs  morceaux  pour  l'anniversaire  de  la  ré- 
formation en  1717,  des  concertos  pour  instru- 
ments, et  des  suites  de  pièces  de  clavecin.  On 
trouve  la  liste  de  ces  ouvrages,  restés  en  ma- 


188 


RAUPACH  —  RAUZZLNI 


nuscrit,  dans  VEhrcnpfortc  de  Mattlieson 
(pages  286-257).  Raupacli  s'était  marié  en  1707, 
et  avait  eu  plusieurs  enfants.  II  vivait  encore  à 
Stralsund  en  1740.  On  n'a  pas  de  renseigne- 
ments sur  le  reste  de  sa  vie.  Cet  artiste  n'est 
connu  que  par  un  écrit  sur  la  musique,  que 
Mattlieson  a  fait  imprimer  à  la  suite,  de  la  troi- 
sième partie  du  livre  de  Niedt  intitulé:  M usU 
kalisches  Handleitung ,  etc.  (Guide  musi- 
cal, etc,  );  il  a  pour  titre  :  Veritophili  deutliche 
Beweis-Grunde,  ivoraufder  redite  Gebrauch 
der  Musik,beydes  in  den  Kirchen,  alsausser 
denselben,  beruhet  (Arguments  clairs  d'un  ami 
delà  vérité,  d'après  lesquels  le  bon  usage  de  la 
musique ,  tant  dans  l'église  qu'au  dehors ,  est 
évident);  Hambourg,  Benjamin  Schiller,  1717, 
in-4"  oblong  de  56  pages,  avec  une  préface  de 
deux  feuilles  par  Mattlieson.  Il  y  a  du  savoir  dans 
cet  écrit,  et  plus  de  raison  qu'on  n'en  trouve 
dans  les  livres  sur  le  même  sujet  qui  ont  paru 
vers  l'époque  où  Raupach  écrivait.  On  trouve 
des  exemplaires  de  son  ouvrage  séparés  de  celui 
de  Niedt. 

RAUPACH  (Hermann-Frédéric),  fils  du 
précédent,  naquit  à  Stralsund  en  1728.  Élève  de 
son  père,  il  fit  de  rapides  progrès  dans  la  mu- 
sique et  devint  un  claveciniste  distingué.  Dans 
un  voyage  qu'il  fit  en  Russie,  vers  1756,  l'impé- 
ratrice le  choisit  pour  chef  d'orchestre  de  l'O- 
péra. Il  y  donna  en  1759  Alceste,  opéra  séiieux 
en  langue  russe,  et  l'année  suivante  Siroe,  en 
italien.  Plus  tard  il  se  rendit  à  Paris,  et  y  publia 
des  œuvres  de  sonates  pour  clavecin  et  violon, 
en  1780,  et  un  œuvre  de  trios  pour  clavecin, 
violon  et  violoncelle.  On  n'a  point  de  renseigne- 
ments sur  la  fin  de  la  carrière  de  cet  artiste. 

RAUPPE  (Jean-Georges),  né  à  Stettin  ,  le 
7  juillet  1762,  se  livra  dans  sa  jeunesse  à  l'étude 
du  violoncelle,  et  reçut  à  Berlin  des  leçons  de 
Duport  l'aîné.  Lorsqu'il  sortit  de  chez  ce  maître, 
il  voyagea  dans  l'Allemagne  septentrionale,  en 
Suède  et  en  Danemark,  et  se  fit  admirer  dans 
ses  concerts  par  la  beauté  du  son  qu'il  tirait  de 
l'instrument  et  par  son  exécution  vigoureuse. 
En  1786,  il  se  fixa  à  Amsterdam  et  y  obtint  l'em- 
ploi de  premier  violoncelle  du  théâtre  allemand 
et  des  concerts.  Il  mourut  en  celte  ville,  le  15 
juin  1814,  dans  une  situation  peu  aisée,  laissant 
deux  enfants  en  bas  âge.  On  ne  connaît  pas 
de  composition  sous  le  nom  de  cet  artiste. 

RAUSCIIE  ( ),  professeur  de  piano,  à 

Hambourg,  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle,  a  publié  de  sa  composition  : 
i°  Polonaises  pour  le   piano,  liv,  1,  2,  3  et  4; 

Hambourg,  Bœlimc 2°  Pièces,ficilesà4  mains, 

op.  3  ;  ibid.  —  3°  Sonate  pour  piano  seul,  op.  12, 


Hambourg,  Cranz.  —  4°  Rondeau  mignon,  idem, 
op.  11;  ibid.  —  5°  Trois  divertissements  en 
forme  de  valses,  idem,  op.  13;  ib.  —  6° Valses, 
idem,  op.  10  et  14;  ibid.  —  "°  Étrennes  pour 
mes  élèves,  op.  15,  ibid. 

RAUSCHELBACH  (Juste-Théodore), 
pianiste  et  compositeur,  vraisemblablement  né  à 
Hambourg,  fut  élève  de  Ch.-Ph.-Em.  Bach.  Ses 
études  terminées,  il  fut  instituteur  à  Otterndorf, 
puis  il  obtint,  en  1790,  la  place  d'organiste  à  la 
cathédrale  de  Brème.  Il  vivait  encore  dans  cette 
ville  en  1805.  Il  a  publié  à  Leipsick,  en  1789, 
deux  sonates  de  clavecin,  avec  accompagnement 
de  deux  violons  et  violoncelle.  En  1797,  il  a  fait 
paraître  dans  la  même  ville,  chez  Kùhnel,  deux 
grandes  sonates  pour  piano  et  violon.  Cet 
artiste  a  laissé  aussi  en  manuscrit  des  cantates 
et  des  symphonies. 

RAUSCHER  (Jacques),  excellent  ténor  du 
théâtre  de  Hanovre,  est  né  en  1800  dans  un  vil- 
lage près  de  Vienne,  et  a  fait  ses  études  musi- 
cales dans  cette  ville.  11  débuta  sur  la  scène  à 
Vienne  en  1821.  En  1832,  il  donna  des  représen- 
tations à  Dresde,  et  en  1833,  à  Berlin,  avec  un 
brillant  succès.  Le  roi  de  Wurtemberg  l'attacha 
au  théâtre  de  Stuttgard  en  1840.  Sept  ans  après 
il  donna  des  représentations  à  Hambourg.  Ce 
chanteur  distingué  a  obtenu  sa  retraite  vers 
1855. 

RAUT  (Jean  ) ,  luthier  français,  né  en  Bre- 
tagne, travailla  à  Rennes  jusqu'en  1790.  Ses 
violons,  en  petit  nombre,  sont  faits  sur  le  mo- 
dèle de  ceux  de  Guarnerius,  et  sont  estimés. 

RAUTENBERG  (Jean),  cantor  et  com- 
positeur à  Landsberg  sur  la  Warthe  (  Prusse), 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  s'est 
fait  connaître  par  un  recueil  de  chants  spiri- 
tuels intitulé  ■.  Norcm  verbeux  sacrx ,  oder 
6  geistliche  Krceutcr  vnd  B lumen  (Neuf  ra- 
meaux sacrés,  ou  neuf  plantes  et  fleurs  spiri- 
tuelles); Berlin,  1629,  in-4°. 

RALTENSTEIN  (  Jules-Ernest)  ,  com- 
positeur du  dix-septième  siècle,  était  organiste  à 
Quedlinbourg,  vers  1637,  puis  il  occupa  un  poste 
semblable  au  Vieux-Stettin.  Il  a  fait  imprimer  un 
recueil  de  chants  funèbres  sous  le  titre  de  Lcidi- 
ien  Arien,  en  I6.ss. 

RAUWE   (Jean),   pasteur  à  Wetter,  vers 
|   la  fin  du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  le  livre 
des  cantiques  de    Martin  Luther,    mis  à  4  voix, 
Francfort,  1589,  in  12. 

RAUZZ1M  (Venanzio),  né  à  Rome  en  1747, 
reçut  des  leçons  de  chant  et  de  composition  d'un 
chapelain-chantre  de  la  chapelle  pontificale.  Il 
débuta  à  l'âge  de  dix-huit  ans  au  théâtre  Valle,  à 
Rome,  dans  un  rôle  de  femme,  parce  que  lescan- 


RAUZZINI  —  RAVAL 


189 


tatrices  ne  pouvaient  paraître  alors  sur  les  théâtres 
de  cette  ville.  Sa  beauté  était  si  remarquable,  que 
plusieurs  femmes  titrées  s'éprirent  d'amour  pour 
lui,  et  qu'une  dame  du   plus  haut  rang  se  com- 
promit publiquement  à  Munich,  en  lui  faisant 
connaître  sa  passion.   Cette  aventure  fut  cause 
du  congé  donné  à   Rauzzini    par   l'électeur  de 
Bavière.  Ce  lut  alors  qu'il  alla  se  fixer  en  An- 
gleterre. (Voyez  les  Réminiscences  of  Michael 
Kelly,  t.  I,  p.  10.)  Guadagni,  qui  l'avait  entendu, 
lui  procura  un  engagement  à  Munich,  en  1767. 
En  passant  à  Vienne,  Rauzzini  s'y  fil  entendre 
dans  quelques  représentations  du  théâtre  de  la 
cour,  et  y  obtint  un  brillant  succès  par  l'excel- 
lence de  sa  méthode.  Burney  le  trouva  à  Munich 
en  1772,  cl  fut  charmé  de  son  talent.   Après  un 
séjour  de  sept  ans  à  la  cour  de  l'électeur,  et  après 
y   avoir  fait  représenter   qualre   opéras  de  sa 
composition,  il  se  rendit  à  Londres,  et  y  succéda 
à  Millico  dans   l'emploi  de  premier  ténor.   11 
parut  pour  la  première  fois  sur  le  théâtre  du 
roi,    au  mois  de  novembre   1774,  dans  l'Aies- 
sandro  neW  Indie ,  de  Corn.  Burney,  qui  l'en- 
tendit alors,  dit  («  General  History  of  Music, 
tome  IV,  page  51)  qu'il  était  non-seulement  fort 
bel  homme,  mais  excellent  acteur,  musicien  pro- 
fond, et  aussi  instruit  dans  la  composition  qu'ha- 
bile dans   l'art  du   chant.  Sa  voix,  dit-il,  était 
douce,  timbrée,  flexible,  bien  posée,  et  d'une 
étendue  de  plus  de  deux  octaves.  L'historien  de 
la  musique  dit  qu'il  était  d'une  hat>ileté  remar- 
quable sur   le   clavecin,  et  qu'il  écrivait  bien 
pour  cet  instrument.  Après  avoir  rempli  pen- 
dant trois  ans  l'emploi  de  premier  ténor  à  l'O- 
péra italien  de  Londres,  Rauzzini   quitta  la  scène 
pour  se  livrer  à  l'enseignement  du  chant,  qui  lui 
offrait  de  grands  avantages  dans  cette  ville.  Mais 
la  chute  de  son  opéra  la  Vestale,  en  1 787,  le 
dégoûta  du  séjour  de  Londres,  et  il  se  retira  à 
Bath.  Il  y  continua  ses  cours  de  chant,  et  y  éta- 
blit des  concerts  publics,  qui  eurent  un  brillant 
succès.  Le  reste  de  sa  vie  s'écoula  paisiblement 
dans  cette  agréable  ville,  où  il  mourut  le  8  avril 
1810,  à  l'âge  de  soixante-deux  ans  et  quelques 
mois.  Au  nombre  des  bons  élèves  qu'il  a  formés, 
on  remarque  Braham,  Incledon  et  M,ne  Slorace. 
Les  opéras  de  Rauzzini  dont  les  litres  sont  con- 
nus sont  :  1°  Piramo  c  Tisbe,  à  Munich,  1769. 
Il  y  chanta  le  rôle  principal.  —  2°  L'Ali  d'A- 
inore,    1770,   ib.  —  3"  L'Eroe  cinese,  ibid., 
1770.  —  4°  Astarto,  1772,  ibid.  —  5°  La  Re- 
gina  di  Golconda,  à  Londres,  1775.  —  6°  Ar- 
inida,  1778,  idem.  —  7°  Creusa  inDelfo,  1782, 
ibid.  —  8°   La  Vestale,  1787,  ibid.  Parmi  ses 
œuvres  de  musique  instrumentale,  on  remarque  : 
1°  Quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  2, 


5  et  7  ;  Londres.  —  2°  Quatuors  pour  piano , 
violon,  alto  et  violoncelle,  op.  1,  Offenbach, 
André.  —  3°  Sonates  pour  piano  et  violon, 
opp.  3,  6  et  9,  Londres,  Pearsall.  —4°  Sonates 
pour  piano  à  4  mains,  op.  4  et  12,  ibid.  —  5°  Des 
airs  et  des  duos  italiens ,  Londres,  démenti.  — 
6°  Des  chansons  anglaises,  ibid. 

RAUZZINI  (Mathieu),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Rome  en  1754.  A  l'âge  de  seize  ans,  il 
suivit  son  frère  à  Munich,  et  en  1772,  il  débuta 
comme  chanteur  dans  le  Finie  Gemelli,  opéra 
bouffe  de  sa  composition  où  l'on  remarque  un 
style  agréable.  En  1774,  Rauzzini  suivit  son  frère 
en  Angleterre,  et  peu  de  temps  après  il  entra 
au  théâtre  de  Dublin.  Il  y  fit  représenter,  en 
1784,  Il  Re  pastore.  Devenu  professeur  de  chant 
en  cette  ville,  il  mourut  jeune,  en  1791.  On  con- 
naît, sous  son  nom,  un  recueil  d'exercices  pour 
le  chant. 

RAVAGNAN  (L'abbé  Jérôme),  professeur 
de  rhétorique  et  d'éloquence  de  la  chaire  au  sé- 
minaire de  l'évèché  de  Cbioggia,  dans  l'État  de 
Venise,  est  né  en  cette  ville,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  A  la  reprise  des 
études  du  séminaire,  il  prononça,  le  30  mars 
1.818,  l'éloge  de  Zarlino,  qui  fut  publié  dans  le 
Mercurio  filosofico  e  letterario ,  par  Zirletti,  à 
Venise.  Peu  de  temps  après,  cet  éloge  fut  réim- 
primé séparément,  sous  ce  titre  :  Elogio  diGiu* 
seppe  Zarlino  di  Chioggia  célèbre  ristaura- 
tore  délia  musica  nel  secolo  XVI.  Prolasione 
pel  riaprimento  deglistudi  del  seminario  ves- 
coviledi  Chioggia  nel  di  30  marzo  1818  ;  Ve- 
nise, 1819,  79  pages,  petit  in-8°.  Cet  éloge  et 
les  notes  qui  l'accompagnent  renferment  des  ma- 
tériaux utiles  pour  la  biographie  du  célèbre  mu- 
sicien. 

RAVAL  (Sébastien),  compositeur  espagnol, 
brilla  dans  les  dernières  années  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix -septième.  Il 
était  chapelain  agrégé  de  l'ordre  de  Saint- Jean- 
Baptiste  de  Jérusalem,  et  maître  de  chapelle  du 
duc  d'Urbin,  lorsqu'il  fut  désigné  par  le  duc  de 
Maquedo,  vice-roi  de  Sicile,  comni£  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Païenne.  En  passant 
par  Rome  pour  se  rendre  à  son  nouveau  posle, 
ce  musicien,  dont  le  savoir  incontestable  était 
cependant  moins  grand  que  l'orgueil,  se  vanla 
d'être  le  plus  habile  de  tous  lescontrepointistes, 
et  de  n'avoir  jamais  rencontré  d'égal.  Pour  sou- 
tenir cette  jactance,  il  défia  Jean-Marie  Nanini 
et  Soriano  de  concourir  avec  lui  sur  un  thème 
qu'il  choisit  lui-même.  Ces  grands  maîtres  ayant 
accepté  le  défi,  ils  improvisèrent  tous  trois  un 
morceau  à  plusieurs  parties  sur  le  thème  de 
Raval;  mais  lorsque  Nanini  et  Soriano  eurent 


190 


RAY  AL  —  RAVETS 


présenté  leurs  compositions  ornées  de  tous  les 
artifices  du  contrepoint,  et  en  même  temps 
admirables  par  l'élégance  du  style  et  la  clarté  des 
dispositions,  Raval,  frappé  de  terreur,  fut  obligé 
de  s'avouer  vaincu,  et ,  suivant  les  conventions, 
se  rendit  à  l'école  de  ses  adversaires  et  les  ap- 
pela humblement  ses  maîtres.  Cette  aventure  se 
passait  en  1593.  C'est  à  la  même  époque  que 
Raval  publia  un  de  ses  ouvrages  intitulé:  Il  primo 
libro  di  canzonetlc  a  quattro  voci,  composte 
péril  signor  Sebastiano  Raval,  gentWhuomo 
delVordine  di  ubidicenlia  di  San  Gio-Bat- 
lista  Gicrosolimitano .  In  Venetia,  appresso 
Giacomo  Vincent i,  1595,  in-4°.  L'épîlVe  dédi- 
catoire  à  Marc-Antoine  Colonna,  duc  de  Taglia- 
cozzo,  etc.,  est  datée  de  Rome,  le  24  mars  1593. 
Raval  y  dit  qu'il  a  été  attaché  autrefois  au  ser- 
vice de  l'aïeul  du  duc,  lequel  était  vice-roi  de 
Sicile,  puis  à  celui  du  cardinal  Ascanio  Co- 
louna.  Arrivé  à  Palerme,  il  ne  fit  pas  voir  plus 
de  modestie  qu'a  Rome  dans  le  défi  qu'il  porta  à 
Achille  Falcone.  On  peut  voir,  à  l'article  qui  con- 
cerne celui-ci,  tous  les  détails  de  cette  dispute. 
On  connaît  de  Raval  un  recueil  de  motets  inti- 
tulé :  Libro  de  Motetti  a  3,  4,  5,  6,  8  voci  di 
Sebastiano  Raval,  maestro  délia  regia  cap- 
pella di  Palermo,  Palerme,  Franceschi,  1601 , 
et  Madrigali  a  5  voci,  libro  primo  ;  in  Venetia 
appresso  Giac.  Vincenti,  1585,  in-4". 

RAVALIÈRE  (Pierre-Alexandre  LE- 
VESQUE  DE  LA).  Voyez  LÉVESQUE  DE  LA 
RAVALIÈRE. 

RAVANiYI  (Gaétan),  chanteur  distingué, 
naquit  à  Brescia,  le  7  août  1744.  Élève  de  son 
compatriote  Pinetti,  il  développa  sous  sa  direction 
les  qualités  de  sa  belle  voix  de  contralto.  Il  n'était 
Agéque  dequinzeans  quand  il  chanta  pour  la  pre- 
mière  fois,  en  1759,  un  rôle  de  femme  dans  un 
opéra  représenté  à  Brescia.  L'année  suivante,  il 
fut  engagé  à  Parme,  et  en  1701,  il  partit  sur  le 
théâtre  San-Benedetto,  à  Venise.  Ses  succès  dans 
ces  villes,  et  ceux  qu'il  obtint  ensuite  sur  les 
théâtres  de  Bologne  et  de  Vérone,  lui  procu- 
rèrent un  engagement  avantageux  à  Munich, 
en  1704.  Il  y  eut  le  titre  cl  le  traitement  de 
chanteur  de  la  cour.  En  1772,Burney  l'entendit 
plusieurs  fois ,  particulièrement  dans  un  trio 
chanté  par  lui ,  Guadagni  et  lUiuzzini  ;  la  réu- 
nion de  ces  trois  grands  chanteurs  dans  ce  mor- 
ceau lui  parut  un  modèle  de  perfeclfon.  Les 
électeurs  qui  se  succédèrent,  et  le  roi  de  Bavière 
Maximi lien-Joseph,  continuèrent  à  Ravanni  les 
avantages  dont  il  jouissait,  et  le  dernier  de  ces 
primes  lui  donna,  en  180i,  son  traitement  pour 
pension  de  retraite,  après  quarante  ans  de  ser- 
vice.  Ce  chanteur   vivait  encore  à  Munich  en 


1812,  mais  depuis  lors  on  n'a  plus  eu  de  ren- 
seignements sur  sa  personne. 

RAVENSCROFT  (Thomas),  bachelier  en 
musique  de  l'université  d'Oxford,  lut  dirigé  dans 
ses  études  de  musique,  vers  1590,  par  Edouard 
Pearee,  maître  des  enfants  de  chœur  de  l'église 
Saint-Paul  de  Londres.  Devenu  lui-même  pro- 
fesseur, puis  marchand  de  musique,  il  se  fit  con- 
naître par  la  publication  d'une  collection  de  chan- 
sons à  4  et  5  voix,  intitulée  :  Mclismata;  mu- 
sical phansies,  fitting  the  court,  cilié,  and 
country  humours,  to  three ,  four  and  pZve 
voyces ,  Londres,  1611.  Partisan  de  l'ancienne 
notation  et  de  ses  proportions,  perfections,  im- 
perfections, etc.,  qu'on  abandonnait  avec  raison 
depuis  plusieurs  années ,  il  écrivit  sur  ce  sujet 
un  opuscule  intitulé  :  A  brief  discourse  of  the 
true  but  neglected  ttse  of  cliaracterising  the 
degreesby  their  perfection,  imperfection  and 
diminution  in  viemurable  musiefte,  against 
the  common  praexice  and  custome  of  thèse 
Urnes,  Londres,  1614,  in-4°.  On  doit  aussi  à 
Ravenscroft  une  des  plus  belles  collections  de 
psaumes  à  quatre  parties  qui  aient  été  publiées 
en  Angleterre;'  elle  est  intitulée  :  The  whole 
book  of  psalms  with  the  hymns  evangelical 
and  songs  spiritual  composed  mto  four  parts 
by  sundry  auth ors,  Londres,  1621-1623,  in-8°. 
On  trouve  dans  cette  collection  beaucoup  de  mé- 
lodies composées  par  Ravenscroft.  Ce  musicien 
est  mort  à  Londres,  en  1035. 

RAVENSCROFT  (Jean),  musicien  an- 
glais, vécut  à  Londres  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Engagé  comme  violoniste 
au  théâtre  de  Goodmansfield,  il  s'y  fit  entendre 
plusieurs  fois  dans  les  concertos  de  Corelli.  Le 
talent  principal  de  cet  artiste  consistait  à  jouer 
de  la  cornemuse  (hornpipe  )  avec  une  habileté 
supérieure  à  tout  ce  qu'on  avait  entendu  avant 
lui.  Il  a  laissé  quelques  compositions  pour  cet 
instrument.  On  place  l'époque  de  sa  mort  vers 
1  ?'.:>. 

RAVETS  ou  RAVITS  (Antoine-Guil- 
laume), né  à  Louvain,  vers  1758,  fit  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  l'excellent  orga- 
niste et  compositeur  Mathias  Vanden  Gbeyn 
(voy.  ce  nom),  et  fut  organiste  de  l'église  Saint- 
Jacques,  dans  sa  ville  natale.  Plus  tard,  il  aban- 
donna cette  position  pour  celle  d'organiste  de 
l'église  des  Augustins  à  Anvers.  Il  est  mort  dans 
cette  ville  en  1827.  Ravets  a  laissé  en  manuscrit 
des  préludes  pour  l'orgue,  et  un  grand  nombre  de 
motets  avec  orchestre  qui  ont  en  de  la  réputation 
en  Belgique.  Parmi  ces  compositions,  on  remarque 
celles-ci  :  1°  De  profundis,  à  2  voix,  orgue  et 
orchestre.   —  2°  Jesu,  Corona  virginum.    — 


RAVETS  —  RAYMOiND 


191 


3°  Confitcantur.  — 4°  Verbum  supemum. — 
5°  Tecum  principum.  —  6°  Juravit  Dominus, 
pour  soprano,  ténor  et  .basse.  —  7°  Quis  sicut 
Dominus.  On  connaît  aussi  de  cet  artiste  une 
inesse  de  Requiem  à  4  voix  et  petit  orchestre. 

RAVINA  (Jean-Henri),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  à  Bordeaux,  le  20  mai  1818,  fut  admis 
comme  élève  au  Conservatoire  de  Paris,  le  10 
octobre  1831,  y  reçut  d'abord  des  leçons  de 
M.  Laurent,  professeur  adjoint,  puis  devint  élève 
de  Zimmerman.  Le  second  prix  lui  fut  décerné 
en  1832;  il  obtint  le  premier  au  concours  de 
1834,  et,  deux  ans  après,  le  premier  prix  d'har- 
monie  et  d'accompagnement  pratique;  enfin  il 
compléta  son  instruction  musicale  par  l'étude  du 
contrepoint  sous  la  direction  de  Reicba,  puis 
de  M.  Leborne.  Sorti  du  Conservatoire,  Ravina 
se  fit  entendre  avec  succès  dans  les  concerts, 
et  se  livra  à  l'enseignement.  Il  a  publié  un 
grand  nombre  d'œuvres  pour  le  piano  dans  les 
formes  de  son  époque  ;  celles  qu'on  a  remar- 
quées sont  :  1°  12  Études  de  concerts,  en  2  li- 
vres, dédiées  à  Zimmerman;  Paris,  Lemoine.  — 
2°  25  études  caractéristiques;  ibid.  —  3°  Mor- 
ceau de  concert  pour  piano  etorcbestre,  op.  8; 
ibid.  —  4°  Rondo  élégant,  op.  4  ;  ibid.  —  5°  Fan- 
taisie de  salon  sur  deux  airs  napolitains,  op.  5  ; 
ibid.  —  6°  Divertissements  brillants,  op.  10  et  16; 
ibid.  —  7°  Nocturne,  op.  13;  ibid.  —  8°  Rê- 
verie, op.  19;  ibid.,  etc.  Cet  artiste  est  mort  à 
Paris  en  1862,  à  l'âge  de  44  ans. 

RAWL1IYGS  (Thomas),  fils  de  Robert  Raw- 
lings,  organiste  de  Chelsea,  né  en  1775,  apprit 
de  son  père  les  premiers  éléments  de  la  musique. 
A  l'âge  de  treize  ans,  il  fut  mis  sous  la  direction 
d'un  maîlre  allemand  nommé  Dittenbofer,  qui 
lui  enseigna  le  piano,  le  violon,  le  violoncelle  et 
les  éléments  de  l'harmonie.  Après  sept  années  d'é- 
tudes sous  ce  maître,  il  composa  quelques  mor- 
ceaux qui  furent  exécutés  au  Professional  con- 
cert. Depuis  lors  il  s'est  livré  à  l'enseignement, 
et  a  été  employé  dans  les  orchestres  de  plusieurs 
théâtres,  comme  violoniste  et  comme  violon- 
celliste. J'ai  connu  cet  artiste  à  Londres,  en 
1829.  Ses  principales  compositions,  gravées  chez 
Chappell,  sont  :  l°  Concerto  da  caméra  pour 
piano,  flûte,  deux  violons,  alto  et  basse. — 
2°  Duo  pour  harpe  et  piano.  —  3°  Mélodies  na- 
tionales pour  le  piano.  —  4°  Sérénade  pour  plu- 
sieurs instruments.  —  5°  Airs  anglais. 

RAWLIIXS  (Jean) ,  ecclésiastique  anglais, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Il  fut  recteur  à  Leigh,  dans  le  comté  de 
Worcester,  ministre  à  Bodsey,  puis  à  Wickam- 
ford  ,  et  enfin  chapelain  de  lord  Archer.  A  l'oc- 
casion du  festival  de  musique  des  trois  chœurs 


réunis  de  Worcester,  de  Hereford  et  de  Glocester, 
il  prononça  un  sermon  qui  fut  publié  sous  ce 
titre  :  The  power  of  mxisick,  and  the  parti- 
cular  influence  of  church  musick  (Le  pou- 
voir de  la  musique,  et  l'influence  paiticuliète  de 
la  musique  d'église);  Ravington  ,  1773,  in-8". 

RAYMANN  (Jacqees),  luthier  anglais,  tra- 
vaillait à  Londres  vers  1650.  11  se  distinguait 
surtout  par  la  bonne  qualité  de  ses  violes.  On 
cite  aussi  un  violon  fait  par  lui  qui  se  trouvait 
dans  l'héritage  de  Britton  (voyez  ce  nom). 

RAYMOND  (Georres-Makie),  né  à  Cham- 
béry,  en  1769,  fut  d'abord  employé  du  cadastre, 
et  obtint,  en  1794,  la  place  de  secrétaire  général 
«lu  département  du  Mont-Blanc.  Ayant  ensuite 
perdu  cet  emploi ,  il  accepta  celui  de  professeur 
d'histoire  à  l'école  centrale  de  ce  département,  et 
fut  ensuite  professeur  de  mathématiques  à  Ge- 
nève. En  18fl,  il  devint  principal  du  collège  de 
Chamb'éry.  Litlérateur  laborieux  et  amateur  de 
musique,  il  a  publié  beaucoup  de  livres,  de 
brochures  et  d'articles  de  journaux  littéraires  sur 
toutes  sortes  de  sujets,  particulièrement  sur  la 
musique.  La  liste  de  ceux-ci  renferme  les  ou- 
vrages suivants  :  1°  De  la  musique  dans  les 
églises,  considérée  dans  ses  rapports  avec 
l'objet  des  cérémonies  religieuses  (  Mémoire 
inséré  dans  le  Magasin  Encyclopédique,  août 
1809).  —  2°  Lettre  à  M.  Millin  sur  l'utilité  du 
rétablissement  desmailrises  de  chapelle  dans 
les  cathédrales  de  France  (dans  le  même  re- 
cueil, mai  1810) 3°  Seconde  lettre  à  M.  Mil- 
Un  sur  l'usage  delà  musique  dans  les  églises 
(dans  le  môme  recueil,  août  1810).  Ces  deux 
morceaux  ont  été  publiés  séparément  sous  ce 
titre  :  Lettres  à  M.  Millin,  membre  de  l'Insti- 
tut, etc.,  sur  l'usage  de  la  musique  dans  les 
églises,  Chambéiy,  Cléaz,  1811,  in-8°.  —  4°  Ré- 
futation d'un  système  sur  le  caractère  attri- 
bué à  chacun  des  sons  de  la  gamme,  et  sur 
les  sources  de  l'expression  musicale  (dans  la 
Décade  philosophique,  an  x  (1802)  nos  22 
et  23).  Ces  quatre  opuscules  ont  été  réunis  avec 
le  suivant,  en  un  volume  intitulé  :  5°  Lettre 
à  M.  Villoteau,  touchant  ses  vues  sur  la 
possibilité  et  l'utilité  d'une  théorie  exacte  des 
principes  naturels  de  la  musique;  suivie  d'un 
mémoire  et  de  quelques  opuscules  sur  l'usage 
de  la  musique  dans  les  églises  ,  etc.,  Paris, 
Courcier,  1811 ,  in-8°  de  261  pages.  A  l'exception 
d'une  assez  bonne  réfutation  des  erreurs  de 
l'abbé  Roussier,  concernant  les  proportions  des 
intervalles  de  la  tonalité  moderne  et  la  forma- 
tion de  la  gamme  ,  le  sujet  de  la  lettre  de  Ray- 
mond à  Villoteau  y  est  traité  d'une  manière 
superficielle  :  on  aurait  dû  s'attendre  à  trouver 


192 


RAYMOND 


un  langage  plus  rigoureux  dans  l'écrit  d'un 
musicien  géomètre.  Le  professeur  de  mathéma- 
tiques se  retrouve  davantage  dans  l'écrit  suivant, 
qui  n'est  qu'un  remaniement  du  même  sujet, 
mais  sans  vues  nouvelles  :  —  6e  Essai  sur  la 
détermination  des  bases  physico-mathéma- 
tiques de  l'art  musical;  Paris,  Ve  Courcier, 
1813,  in-8°  de  79  pages.  L'Académie  des  sciences 
de  l'Institut  de  France,  a  qui  ce  mémoire  avait 
élé  soumis ,  n'y  trouva  à  louer  que  le  zèle  de 
l'auteur  pour  les  progrès  de  la  théorie  de  la  mu- 
sique. Raymond  cherche  à  y  démontrer  que  la 
constitution  organique  de  l'homme  et  celle  des 
corps  sonores  qui  lui  sont  analogues,  fournissent 
immédiatement  les  éléments  physiques  de  l'art  et 
le  principe  de  l'harmonie.  Cette  erreur  du  dix- 
huitième  siècle  a  pour  résultat  inévitable  de  ma- 
térialiser un  art  qui  n'a  sa  source  que  dans  la 
combinaison  de  la  sensibilité,  du  sentiment  et  de 
l'intelligence.  —  7°  Des  principaux  systèmes 
de  notation  musicale  usités  ou  proposés  chez 
divers  peuples  tant  anciens  que  modernes,  ou 
Examen  de  cette  question  -.  L'écriture  mu- 
sicale généralement  usitée  en  Europe  est- 
elle  vicieuse  au  point  qu'une  réforme  com- 
plète soit  devenue  indispensable?  Turin,  de 
l'imprimerie  royale,  1824 ,  un  volume  in-4°de 
154  pages  avec  une  planche.  Ce  mémoire  est 
inséré  en  entier  dans  le  trentième  volume  des 
mémoires  de  l'Académie  royale  des  sciences  de 
Turin,  dont  Raymond  était  membre.  Son  travail 
est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  est  relative 
aux  notations  de  l'antiquité,  du  moyen  âge  et 
de  l'Orient  ;  l'autre  renferme  l'exposé  et  l'examen 
des  systèmes  de  notation  deSouhailty,  Brossard, 
Lancelot,  Sauveur,  de  Motz,  Boigclou,  J.-J.  Rous- 
seau, de  l'Aulnaye,  R.  Patterson ,  de  l'abbé  Fey- 
tou  ,  de  la  Sallelte ,  de  Riebesthal  et  de  Bertini. 
L'auteur  de  cet  ouvrage  n'avait  pas  les  connais- 
sances nécesaires  pour  traiter  la  première  partie 
de  son  livre;  la  deuxième  est  plus  satisfaisante, 
bien  qu'elle  ne  donne  pas  la  solution  de  la  ques- 
tion posée  au  frontispice.  —  8°  Mémoire  sur  la 
musique  religieuse,  à  l'occasion  de  l'établis- 
sement d'un  bas-chœur  et  d'une  maîtrise  de 
chapelle  dans  l'église  métropolitaine  de  Cham- 
béry.  Ce  mémoire,  lu  à  l'Académie  royale  de 
Savoie,  le  7  mars  1828,  a  été  inséré  dans  le  troi- 
sième volume  des  mémoires  de  cette  société.  Il 
en  a  été  tiré  des  exemplaires  séparés  (iu-8u  de 
35  pages),  sans  date  et  sans  nom  de  lieu.  Ray- 
mond a  laissé  en  manuscrit  :  Principes  éléittcn- 
taircs  d'harmonie,  de  contrepoint  et  de  com- 
position musicale.  Il  est  mort  à  Chambéry,  le 
24  avril  1839. 
RAYMOND  (Edouard),  violoniste  et  com- 


positeur à  Breslau ,  est  fils  d'un  faDricant  d'ins- 
truments de  cette  ville.  Il  est  né  le  27  septembre 
1812,  et,  à  peine  âgé  de  sept  ans.  a  commencé 
l'étude  du  violon ,  sous  la  direction  du  profes- 
seur Charles  Luge  {voyez  ce  nom).  Ses  progrès 
furent  rapides  :  à  l'âge  de  quatorze  ans,  il  joua 
avec  son  maître,  au  ihéàlre,  la  symphonie  concer- 
tante de  Kreutzer  pour  deux  violons,  et  y  ht  re- 
marquer la  souplesse  de  son  archet  ainsi  que  la 
justesse  de  ses  intonations.  Depuis  cette  époque, 
il  a  brillé  dans  les  concerts,  soit  à  Breslau,  soit 
dans  d'autres  villes  de  l'Allemagne.  Entré  en  1834 
dans  l'orchestre  du  théâtre  de  sa  ville  natale,  en 
qualité  de  premier  violon,  il  n'y  resta  que  jus- 
qu'en 1838,  parce  que  les  leçons  qu'il  donnait  à 
un  nombre  considérable  d'élèves  l'occupaient 
incessamment.  Devenu  chef  d'orchestre  de  la 
société  musicale  Lxtitia,  en  1839,  il  abandonna 
celte  position,  cinq  ans  après,  pour  celle  de  di- 
recteur des  concerts  de  la  Société  du  dimanche, 
où  les  symphonies  des  grands  maîtres  sont  bien 
exécutées  par  un  bon  orchestre.  Raymond  oc- 
cupait encore  cette  position  en  1853.  Le  goût  de 
cet  artiste  et  son  expérience  se  sont  formés  dans 
les  voyages  qu'il  a  faits  à  Berlin,  Dresde,  Vienne, 
Leipsick,  Francfort  et  Cologne.  On  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Introduction  et  polonaise 
pour  violon  et  piano;  Breslau,  Fœrsler.  — 
2°.  Adagio  et  rondeau  brillant  avec  accompa- 
gnement de  quatuor  ou  de  piano  ;  Breslau,  Ed. 
Pelz.  —  3°  Le  Russe,  petit  rondeau  agréable  et 
facile  pour  violon  et  piano  ;  ibid.  —  4°  Grande 
fantaisie  pour  violou  et  orchestre  ou  piano  sur 
des  motifs  deLucia  di  Lammermoor  ;  Breslau, 
Schuicann.  —  5°  Première  symphonie,  arrangée 
pour  piano  à  4  mains;  Breslau,  Weinholdl  — 
6°  Romances  sans  paroles  pour  piano;  Breslau, 
Schumann.  —  78  Grande  polonaise  pour  orches- 
tre ou  piano  ;  Berlin,  Bote  et  Bock.  Beaucoup 
d'autres  petites  compositions  pour  violon  ou 
pour  piano.  Raymond  a  en  manuscrit  :  Le  Maes- 
tro, opéra  non  représenté  :  la  Tempête,  idem  ; 
la  Fiancée  de  Rubezahl,idem;  Première  sym- 
phonie (  en  la  mineur  ) ,  à  grand  orchestre , 
exécutée  dans  les  concerts  de  la  Société  du 
dimanche;  Deuxième  symphonie  (en  sot), 
idem;  Première  ouverture  de  concert  (en  ut), 
idem;  Deuxième  ouverture  (en  si  mineur),  idem; 
Nocturne  pour  violon,  alto,  violoncelle,  contre- 
basse, flûte,  clarinette,  basson  et  cor,  idem; 
Grande  polonaise  pour  piano  à  quatre  mains. 

RAYMOND  (Joseph),  connu  sous  le  nom  de 
liaymondi,  littérateur  et  amateur  de  musique, 
vivait  à  Paris  de  1840  à  1850.  Il  a  proposé  un 
nouveau  système  de  notation  de  la  musique  dans 
deux  ouvrages  dont  voici  les  titres:  1°  Essai  de  sim- 


RAYMOND  —  REBEL 


193 


plification  musicographiquc ,  avec  un  précis 
analytique  des  principaux  systèmes  de  nota- 
tion musicale  proposés  pendant  le  XIXe  siè- 
cle; Paris,  Bernard  Latte,  1843,  in-8°  de  quatre 
feuilles,  avec  2  planches.  —  2°  Nouveau  sys- 
tème de  notation  musicale,  suivi  du  Rapport 
fait  au  congrès  scientifique  de  France  sur  le 
premier  essai  de  simplification  musicogra- 
phique  ;  Paris,  imprimerie  de  Uiière,  1846,  in-is° 
de  100  pages  avec  3  planches.  Les  éléments  du 
système  de  notation  de  M.  Raymond  sont  pris 
dans  l'alphabet  hébraïque.  Ce  système  a  eu  le 
sort  de  tous  ceux  du  môme  genre.  Les  artistes 
ni  le  public  n'y  ont  accordé  aucune  attention. 
On  a  du  môme  littérateur  un  ouvrage  philosophi- 
que intitulé  :  Fantaisies  morales,  ou  senti- 
ments, vices  et  vertus;  Paris,  Amyot,  1846-47, 
in-8°. 

RAYMONT  (Henri),  souffleur  et  répétiteur 
de  musique  au  théâtre  de  Beaujolais  vers  1765, 
a  fait  les  paroles  et  la  musique  des  pièces  sui- 
vantes représentées  à  ce  théâtre  :  1°  L'Amateur 
de  musique.  —  2°  V Amant  écho.  —  3°  Ana- 
créon.  —4°  V Armoire. —  5°  Le  Chevalier  de 
Lerigny.  —  6°  Le  Braconnier. 

RAZETTI  (  Amédée  ) ,  fils  d'un  violoniste 
piémontais,  naquit  à  Turin  en  1754.  Sa  mère, 
femme  aimable  et  galante,  dont  l'aventurier 
Casanova  parle  dans  ses  mémoires  ,  vint  s'éta- 
blir à  Paris  vers  1761,  et  confia  son  fils  au 
claveciniste  Clément,  qui,  trouvant  en  lui  d'heu- 
reuses dispositions,  en  fit  un  artiste  distingué. 
Razetti  eut  de  la  réputation  à  Paris  comme  maî- 
tre de  piano  et  comme  compositeur.  Dans  les 
œuvres  qu'il  a  publiées  pour  le  piano,  il  y  a  de 
l'originalité.  Ses  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  ont  eu  un  succès  de  vogue  vers 
1800.  Razetti  est  mort  d'une  maladie  de  poitrine 
en  1799.  On  a  de  lui  les  productions  suivan- 
tes :  1°  Concerto  arabe  pour  piano  et  orclkestre, 
op.  14  ;  Paris,  Naderman.  —  2°Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  12  ;  Paris,  Pleyel.  — 
3°  Trois  idem,  op.  13,  n»s  1 ,  2  et  3,  Paris, 
Sieber.  —  4°  Six  sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  1  ;  Paris,  Bailleux.  —  5°  Sonates  pour  cla- 
vecinseul,  op.  2, 3  et  6  ;  Paris,  Boyer.  —  6°  Six 
sonates  pour  le  clavecin  dans  les  styles  d'Eckai  t 
(voyez  ce  nom),  Haydn, démenti,  Cramer,  Stei- 
beltet  Mozart,  op.  7,  part,  1  et  2  ;  Paris,  Boyer. 
—  7°  Trois  sonates  pour  le  clavecin  ;  la  lre  pour 
clavecin  seul;  la  2«>e  avec  violon  et  basse;  la 
dernière  avec  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  10; 
Paris,  Consineau.  —  8°  Premier  recueil  de  ro- 
mances avec  ace.  de  piano,  op.  8;  ibid.  —  9°  Pre- 
mier pot-pourri  pour  le  piano,  op.  9  ;  ibid.  — 
1.0°  Deuxième  recueil  de  romances,  op.  11. 

UIOCR.   UNIV.    DES    MUSICIENS. —T.  VU. 


READIJVG  (Jean),  organiste,  né  à  Londres, 
dans  les  dernières  années  du  dix  septième 
siècle,  étudia  la  musique  sons  la  direction  de 
Blow.  Ses  études  terminées,  il  obtint  la  place 
de  sous-maître  des  enfants  de  chœur  de  la  ca- 
thédrale de  Lincoln.  Il  ne  la  quitta  que  pour  celle 
d'organiste  de  l'église  paroissiale  de  Hackney.  Plus 
tard  il  fut  organiste  de  l'église  de  SaintDunstan  , 
et  en  dernier  lieu  il  remplit  les  mômes  fonctions  à 
Sainte-Marie  de  Woolnolh,  à  Londres.  Il  mourut 
dans  cette  position  en  1766.  Reading  a  publié 
de  sa  composition  un  livre  d'antiennes  avec  basse 
continue  pour  l'orgue  ou  le  clavecin,  sous  ce 
titre  :  A  Book  of  new  anthems ,  containing 
a  hundred  plates  fairly  engraved,  with  a 
thorough-bassfigured  for  the  organ  or  harp- 
sichord  with  proper  ritornels;  Londres,  1742, 
in-fol . 

REALI  (Jean),  musicien  vénitien,  vécut 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
et  fut  maître  de  chapelle  à  Guastella,  dans  le 
duché  de  ce  aom.  Il  n'est  connu  que  par  le 
!  titre  de  l'opéra  II  Begno  galante,  dont  il  avait 
|  composé  la  musique  ,  et  qui  fut  représenté  en, 
1727,  au  théâtre  San-Mose  de  Venise. 

REBEL  (Jean-Ferry),  né  à  Paris  dans  la 
seconde  moitié  du  dix -septième  siècle,  fut  un 
des  vingt-quatre  violons  de  la  grande  bande  du 
roi  de  France,  et  compositeur  de  la  chambre, 
Entré  à  l'Opéra  en  1699,  en  qualité  de  premier 
violon,  il  en  devint  chef  d'orchestre  en  1707. 
On  le  voit  encore  figurer  sur  l'état  de  cet  orches- 
treen  1737,  avec  des  appointements  de  1,200  li- 
vres ;  mais  on  ignore  l'époque  de  sa  mort,  an- 
térieure toutefois  à  l'état  des  pensionnaires  dressé 
en  Ï751,  car  son  nom  n'y  paraît  pas.  Rebel  a  eu 
un  fils  qui  fut  directeur  de  l'Opéra  (voyez  l'article 
suivant).  Durey  de  Noinville  a  induit  en  erreur 
La  Borde,  Choron  et  Fayolle,  ainsi  que  tous  les* 
autres  compilateurs,  en  disant  que  la  femme  du 
compositeur  Lalande  (voyez  ce  aom)  fut  la  fille 
de  Rebel,  car  elle  était  sa  sœur  aînée.  Rebpl  a 
donné  à  l'Opéra,  en  1703,  Ulysse,  tragédie 
lyrique  en  cinq  actes,  qui  eut  peu  de  suecès.  11 
a  publié  un  livre  de  sonates  de  violon  en  duos, 
et  un  livre  de  trios  pour  deux  violons  et  basse 
continue  pour  le  clavecin.  Ses  airs  de  danse  inti- 
tulés Caprice,  Boutade  et  Caractères  de  la 
danse,  ont  eu  beaucoup  de  réputation. 

REBEL  (François),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Paris  le  19  juin  1701.  Élève  de  son  père, 
il  fut  admis  à  l'orchestre  de  l'Opéra  en  1714, 
quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  treize  ans.  En  1738, 
il  occupait  encore  la  môme  position,  et  son  trai- 
tement n'était  que  de  600  livres;  mais  chaque 
année,  depuis  1735, il  recevait  une  gratificatiuB 

13 


194 


REBEL  —  REBEYBOL 


de  500  francs.  Lié  d'amitié  avec  Francœur  (V.  ce 
nom),  violoniste  comme  lui  à  l'orchestre  de 
l'Opéra,  il  le  prit  pour  collaborateur  dans  la  plu- 
part des  opéras  qu'il  composa,  et  l'eut  pour  as- 
socié dans  la  direction  de  l'Académie  royale  de 
musique.  D'abord  inspecteurs  de  ce  spectacle, 
ils  en  prirent  la  direction  en  1751,  et  la  conser- 
vèrent jusqu'en  1767.  Louis  XV  avait  fait  Rebel 
chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Michel,  et  lui  avait 
accordé  une  des  places  de  surintendant  de  sa 
musique.  En  1772,  il  le  nomma  aussi  adminis- 
trateur général  de  l'Opéra;  mais  l'artiste,  par- 
venu à  l'âge  avancé  de  soixante-quatorze  ans, 
se  retira  le  ler  avril  1775.  Il  ne  jouit  pas  long- 
temps du  repos  acquis  au  prix  de  si  longs  ser- 
vices, car  il  mourut  le  7  novembre  de  la  même 
année.  Rebel  a  composé  en  société  avec  Fran- 
cœur les  opéras  suivants  :  1°  Pyrameet  Thisbé, 
représenté  en  1726.  —  2°  Tharsis  et  Zélie,  en 
1728.  —  3°  Scanderberg,  en  1735.  —  5°  Le 
Ballet  de  la  Paix,  en  1738.  —  5°  Les  Angus- 
lalcs,  prologue,  en  1744.  —  6°  Zélindor  et  Is- 
mene,  en  1745.  —  7°  Les  Génies  tutélaires,  en 
1751.  —  8°  Le  Prince  de  Aoisy,en  1760.  Re- 
bel a  écrit  aussi  un  Te  Deum  et  un  De  profun- 
dis  qui  ont  été  exécutés  avec  succès  au  Concert 
spirituel. 

REBELLO  (Jean-Laurent),  excellent  com- 
positeur portugais,  naquit  en  1609,  à  Caminha, 
et  entra,  à  l'âge  de  quinze  ans,  au  service  de  la 
maison  de  Bragance,  à  Lisbonne,  où  il  eut  l'oc- 
casion d'étudier  la  composition  et  de  développer 
le  talent  qu'il  avait  reçu  de  la  nature.  Il  mourut 
près  de  Lisbonne,  en  1661,  avec  la  réputation 
d'un  des  musiciens  les  plus  distingnés  du  Por- 
tugal. Les  écrivains  de  sa  nation  lui  accordent 
de  grands  éloges.  11  parait  qu'il  lit  un  voyage  en 
Italie  peu  de  temps  avant  sa  mort,  car  il  y  a 
publié  des  Psaumes,  Magnificat,  Lamentations 
et  Miserere  à  seize  voix  et  basse  continue, 
sous  ce  titre  :  Psalmi  tum  resperarum,  tum 
complétant.  Item  Magnificat,  Lamentationes 
et  Miserere.  Romse,  typis  Maufitii  et  Amadœi 
Bclmonliarum  ,  1657,  in*4°  max.  Beaucoup  de 
compositions  de  lîebello  étaient  en  manuscrit 
dans  la  bibliothèque  royale  de  Lisbonne  au  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle. 

REBELLO  (Manuel),  compositeur  portu- 
gais, maître  de  chapelle  à  Evora,  né  à  A\iz, 
dans  la  province  d'Alentajo,  vient  vers  1625. 
Ses  compositions  se  trouvaient  dans  la  biblio- 
thèque royale  de  Lisbonne,  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle. 

REBER  (Nai'oléon-Henri),  compositeur  dis- 
tingué, professeur  d'harmonie  au  Conservatoire 
de  Paris  et  membre  de  l'Institut,  est  né  à  Mulhouse 


(Haut-Rhin),  le  2 1  octobrel807.  Sa  première  édu- 
cation fut  dirigée  vers  l'étude  des  sciences  appli- 
quées à  l'industrie  ;  mais  son  penchant  pour  la  mu- 
sique lui  inspira  tant  de  dégoût  pour  la  profession 
qu'on  lui  destinait,  qu'il  prit  la  résolution  de  se 
livrer  sans  réserve  à  la  culture  de  cet  ai  t.  Il  avait 
appris  à  jouer  de  la  flûte  et  du  piano,  et  avait 
mis  beaucoup  de  persévérance  à  lire  les  traités 
de  composition  qui  lui  étaient  tombés  sous  la 
main;  mais  chaque  jour  il  acquérait  la  conviction 
de  l'insuffisance  de  ces  ouvrages  pour  compléter 
une  éducation  pratique.  En  1828,  il  se  rendit  à 
Paris,  et  le  16  octobre  de  la  même  année,  il 
fut  admis  au  Conservatoire  pour  y  apprendre  le 
contrepoint  et  la  fugue,  sous  la  direction  de 
Jelensperger  et  Seuriot,  professeurs  adjoints 
de  la  chaire  de  Reicha.  Au  mois  d'octobre  1829, 
il  devint  élève  de  Lesueur  ,  qui  dirigea  ses 
éludes  de  composition  dramatique.  Depuis  1S35, 
M.  Reber  s'est  fait  d'abord  connaître  par  des 
ceuvres  de  musique  instrumentale  et  vocale 
qui  indiquent  un  talent  distingué,  sons  le  rap- 
port de  la  forme  et  d'une  certaine  naïveté  gra- 
cieuse. Il  a  publié  en  ce  genre  :  1°  Quintette 
pour  2  violons,  2  altos  et  violoncelle,  op.  1  ;  Pa- 
ris, Richault.  —  2°  1""  grand  quatuor  pour  2  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  4;  ibid.  —  3°  2mc  idem, 
op.  5;  ibid,  —  4°  3me  idem,  op.  7;  ibid.  — 
5°  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  8; 
ibid.  — 6°  2me  idem;  ibid.  —  7"  Pensée  musi- 
cale pour  piano  seul,  op.  3;  ibid.  —  8°  Varia- 
tions sur  un  air  suisse,  idem,  op.  6;  ibid. — 
9°  Quelques  mélodies  charmantes  à  voix  seule 
et  piano,  parmi  lesquelles  on  remarque  le  Voile 
de  la  châtelaine,  la  Captive,  liai  luli,  la 
Chanson  du  pays.  —  10°  Des  valses  pour 
piano  et  pour  piano  et  violon,  d'un  caractère 
original,  etc.  M.  Reber  a  compose  aussi  des  sym- 
phonies qui  ont  été  exécutées  aux  concerts  delà 
société  de  Sainte-Cécile,  et  dont  une  a  été  en- 
tendue dans  ceux  du  Conservatoire.  Comme 
compositeur  dramatique,  il  a  donné:  1°  La 
Nuit  de  ISoel,  en  3  actes,  au  théâtre  de  l'O- 
péra-Comique, le  11  février  1848.  —  2''  Le  Père 
Gaillard,  en  3  actes,  au  même  théâtre,  le 
7  septembre  1852.  —  3°  Les  Papillotes  de 
M.  Jienoisf,  en  un  acte,  au  même  théâtre,  le 
28  décembre  1853.  —  4°  Les  Dinars  capitaines, 
en  3  aeles,  au  même  théâtre,  3  juin  1857.  M.  Ke- 
ber  a  écrit  aussi  pour  l'Opéra  un  grand  ouvrage 
intitulé  Nalm,  qui  n'a  pas  été  représente,  mais 
dont  l'ouverture  a  été  exéculée  dans  les  con- 
certs de  Paris.  On  a  du  même  artiste  un  Traite 
d'harmonie;  Paris,  Colombier,  1862,  l  vol.  gr. 
in-8°. 
REBEYBOL  (Pierre),  né  à  Nanles    en 


REBEYROL  —  REDIN 


195 


1798,  entra  comme  élève  au  Conservatoire  de 
l'aris  en  1818,  et  y  devint  élève  de  Lefebvre 
pour  la  clarinette.  Le  premier  prix  de  cet  ins- 
trumentlui  fut  décerné  au  concours  de  1820. 
Dans  la  même  année,  il  entra  sous  la  direction 
de  Reicha  pour  la  composition.  De  retour  à 
Nantes,  il  a  été  nommé,  en  1834,  par  le  conseil 
municipal,  professeur  de  musique  de  l'école 
primaire  supérieure.  Cet  artiste  a  publié  plusieurs 
œuvres  de  quatuors  et  de  quintettes  pour  des 
instruments  à  cordes.  Il  a  fait  aussi  entendre 
dans  les  concerts  des  symphonies  et  d'autres 
morceaux  de  sa  composition. 

REBS  (CnuÉTiEN-GoTTLon),  docteur  en  phi- 
losophie, cantor  et  directeur  de  musique  de 
l'église  Saint-Michel,  à  Zeitz,  est  né  le  23 
août  1771  à  Rossleben.  On  a  gravé  de  sa  coin- 
position  :  1°  Deux  sonatines  avec  des  ron- 
deaux variés  pour  piano  seul,  op.  5;  Leipsick, 
Hofmeister.  —  2°  Variations  sur  un  thème  du 
Preischiiiz;  ibid. —  3°  Variations  sur  l'air  alle- 
mand :  Wir  ivinden  dir  den  J.,  op.  11,  ibid. 
—  4°  Six  chansons  allemandes  à  voix  seule, 
avec  accomp.  de  piano  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrtel  ;  et  plusieurs  autres  petites  productions. 
Rebs  s'est  fait  connaître  comme  critique  musical 
par  des  articles  publiés  dans  divers  journaux,  et 
il  a  donné  dans  la  Gazette  générale  de  musique 
de  Leipsick  (1841)  une  série  de  questions  et  de 
réponses  concernant  la  construction  des  orgues. 
Il  a  publié  une  notice  sur  sa  vie  sous  le  titre  de 
Erinncrungcn  ans  mein  Leben;  Zeitz,  1839, 
in-S°  de  132  pages. 

RECHEiXBERG  (Ernest),  professeur  de 
musique  et  compositeur  à  Berlin,  estné  le  12  oc- 
tobre 1800  à  Friedersdorf  sur  laQueis,  dans  la 
régence  de  Liegnitz.  Après  avoir  terminé  ses 
études  littéraires  et  musicales,  il  se  rendit  à 
Berlin  en  1822,  et  fut  admis  dans  l'Institut  pour 
la  musique  d'église,  où  il  reçut  des  leçons  de 
Bernard  Klein  pour,  la  composition.  A  sa  sortie 
de  cette  institution,  Rechenberg  s'est  livré  à 
l'enseignement.  Au  nombre  de  ses  élèves,  on 
remarque  Charles  Eckert  (voyez  ce  nom).  Ses 
compositions  consistent  en  musique  d'église  dont 
il  n'apubîié  que  le  psaume  Golt  ist  miser  Ueil, 
à  plusieurs  voix,  orchestre  et  orgue  (Berlin, 
Schmidt),  beaucoup  de  Lieder  à  voix  seule  et  à 
quatre  voix,  et  des  pièces  pour  piano  seul.  On 
a  aussi  de  cet  artiste  un  livre  choral  (Allge- 
meines  Ckoralbuch,  Berlin,  Challier),  avec  des 
préludes  et  des  conclusions  pour  l'orgue,  tirés 
des  œuvres  de  J.-S.  Bach,  Hesse,  Kûhn,  Kuli- 
nau,  Natorp,  etc.,  à  l'usage  des  organistes  des 
petites  villes. 

RÊDERM  (Guillaume-Frédéric,  comte  DE), 


conseiller  intime  et  chambellan  du  roi  de  Prusse, 
intendant  général  de  la  musique  de  la  cour,  et 
membre  de  l'Académie  royale  des  beaux -arts  de 
Berlin,  est  né  dans  cette  ville  le  9  décembre 
1802.  Après  avoir  terminé  ses  études  de  droit  à 
l'université,  il  entra  dans  le  conseil  d'État  en 
1823,  et  deux  ans  après,  il  devint  chambellan  de 
la  princesse  royale  Elisabeth,  depuis  lors  reine 
de  Prusse.  Amateur  passionné  de  musique  qu'il 
cultivait  avec  succès,  M.  de  Redern  fut  chargé, 
en  1842,  de  l'intendance  générale  de  la  musique 
de  la  cour.  Le  premier  ouvrage  qui  le  fit  con- 
naître comme  compositeur  fut  une  ouverture 
pour  l'orchestre,  écrite  à  l'âge  de  dix-huit  ans, 
et  qui  fut  exécutée  à  Berlin  en  1820.  Parmi  ses 
compositions,  on  remarque  :  1°  Liturgie,  chœur 
à4  voix;  Berlin,  Schlesinger.  —  2°  Musica  saera 
(ler  volume)  :  Agnus  Dei;  Adoramus;  Veni 
Sancle  Spiritus;  Sanctus-Dominus,  1856.  _ 
3°  Musica  sacra  (2e  volume)  :  Nunc  dimitis  ,- 
Hyninus  angelicus  ;  Christus  fortis  est,  1857. 

—  4°  Cantate  (  haut  tœne  miser  Lobgesang  ) , 
pour  voix  solo,  chœur  et  orchestre,  pour  le  jour 
de  naissance  du  roi  Frédéric-Guillaume  IV,  exé- 
cutée le  12  janvier  1858. — 5°  Christine,  grand 
opéra  en  trois  actes,  représenté  au  théâtre  royal 
de  Berlin,  le  17  janvier  1860,  gravé  en  partition 
pour  le  piano;  Berlin,  Bote  et  Bock.  —  6°  Mar- 
che triomphale  à  grand  orchestre  pour  la  tragé- 
die L'Empereur  Frédéric  III,  arrangée  pour 
piano;  Berlin,  Schlesinger.  —  7°  Ouverture  de 
concert  pour  orchestre;  Berlin,  Bote  et  Bock. 

—  8°  Pièces  pour  musique  de  cavalerie,  ibid.  — 
9°  Pas  redoublé  pour  musique  militaire,    ibid. 

—  10°  Plusieurs  recueils  de  quadrilles  et  de 
valses  pour  piano. 

REDIN  ou  REDEIIV  (Jean-François)  (1), 
violoniste  et  compositeur  belge,  ne  naquit  pas  à 
Liège,  comme  il  est  dit  dans  la  première  édition 
de  cette  Biographie,  car  il  vit  le  jour  à  Anvers, 
et  fut  baptisé  à  la  cathédrale  de  cette  ville  le 
5  novembre  1748.  Il  était  le  troisième  fils  de  Jo- 
seph Redin,  bourgeois  de  cette  ville,  et  de 
Jeanne-Françoise-Hansewyck  (2).  Il  est  vrai- 
semblable que  Jean-François  Redin  reçut  sa  pre- 
mière éducation  musicale  comme  enfant  de 
chœur.  Cependant  on  ne  possède  aucun  rensei- 
gnement à  cet  égard;  on  ignore  également  le  nom 
du  maître  de  violon  de  cet  artiste,  et  l'on  ne  sait 
qu'il  fut  premier  violon  de  la  cathédrale  d'Anvers 
que  par  le  titre  d'un  de  ses  ouvrages.  J'ai  dit,  dans 

(1)  Ce  nom  est  écrit  de  plusieurs  manières  dans  les  ac- 
tes de  l'état  civil,  à  Anvers. 

(2)  Je  suis  redevable  de  ces  renseignements  authenti- 
ques aux  soins  obligeants  de  M.  le  chevalier  Léon  de  Rur- 
bure,  qui,  à  ma  prière,  a  bien  voulu  faire  des  recherches. 

13. 


196 


REDIN  —  REEVE 


la  notice  de  la  première  édition  de  ce  livre  que 
Hcdin  entra  au  service  du  prince  Charles  de 
Lorraine,  gouverneur  des  Pays-Bas,  et  qu'il 
mourut  à  Bruxelles  :  ces  faits  sont  inexacts,  car 
son  nom  ne  figure  pas  dans  les  états  de  la  cha- 
pelle de  ce  prince,  et  l'on  verra  tout  à  l'heure 
qu'il  cessa  de  vivre  dans  le  lieu  même  où  il  était 
né.  Son  œuvre  quatrième  ayant  été  publiéà  Lon- 
dres en  1789,  tout  porte  à  croire  qu'il  y  habitait 
alors.  II  resta  célibataire,  ainsi  que  le  prouve 
l'acte  de  son  décès,  et  mourut  à  Anvers  à  l'âge 
de  cinquante-trois  ans,  le  8  ventôse  an  X  (24 
février  1802).  On  voit  dans  les  registres  de  l'é- 
tal civil  que  la  déclaration  de  la  mort  de  J.  F. 
Redein,  musicien,  est  faite,  non  par  des  per- 
sonnes de  sa  famille,  mais  par  deux  voisins,  dont 
un  est  qualifié  ^hospitalier.  Les  ouvrages  pu- 
bliés par  Redin  sont  estimables  et  ont  eu  du 
succès  dans  leur  nouveauté  ;  ils  ont  pour  titres  : 
1°  Six  duos  pour  2  violons,  œuvre  1er;  Bruxelles, 
Van  Ypen.  —  2°  Six  sonates  pour  2  violons, 
dédiés  au  chevalier  J.  F.  Van  Ertborn,  et  com- 
posées par  J.  F.  Redin,  1er  violon  de  la  cathé- 
drale d'Anvers,  œuvre  2,  ibid.  — 3°  Six  sym- 
phonies pour  2  violons,  alto,  basse,  2  hautbois 
et  2  cors,  op.  3;  Paris,  Bailleux,  1786.  —  4°  Six 
quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  4; 
Londres,  Preston,  1789. 

REDI  (D.  Thomas),  né  à  Sienne  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-septième  siècle ,  fut  maître 
de  chapelle  à  Lorette  pendant  près  de  quarante, 
ans,  et  mourut  vers  1735.  On  peut  voir,  dans  les 
Mémoires  de  l'abbé  Baini  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Palestrina  (tome  I,  note  195),  le 
récit  d'une  discussion  survenue  entre  Redi  et 
le  P.  Martini,  à  l'occasion  de  la  résolution  d'un 
canon  d'Animuecia.  Redi  a  laissé  beaucoup  de 
musique  d'église  en  manuscrit  :  je  possède  de 
lui  quatre  psaumes  à  huit  voix,  où  se  trouvent  de 
belies  fugues. 

REDI  (François),  excellent  professeur  de 
chant  et  maître  de  chapelle  à  Florence,  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  établit, 
en  1716,  une  école  de  chant  où  la  célèbre  can- 
tatrice Victoire  Tesi  a  reçu  sa  première  éduca- 
tion vocale.  Beaucoup  d'autres  chanteurs  re- 
nommés se  sont  aussi  formés  dans  l'école  de 
Redi. 

REDSLOB  (Gustave-Maurice),  littérateur 
allemand,  né  à  Querfurt,  en  Saxe ,  a  fait  im- 
primer une  dissertation  académique  intitulée  : 
Dissertatio  de  prœceptomusico  (Lauenaceacii 
al  haccitith)  in  inscriptionibus  psalmorum 
VIII,  LXXXI  et  LXXXLV,  consp4cuus;  Leip- 
sick,  1831,  in-8°  de  43  pages.  Ce  titre,  mêlé  de 
latiu  et  d'hébreu,  signifie  :  Dissertation  sur  le 


précepte  musical  (pour  chanter  sur  le  Githith  (1), 
qui  se  voit  dans  les  inscriptions  des  psaumes 
8, 81  et  84. 

REEVE  (Guillaume),  professeur  de  musique 
et  compositeur,  naquit  à  Londres  en  1757.  Des- 
tiné au  barreau,  il  fréquenta  d'abord  le  cabinet 
d'un  procureur;  mais  bientôt  il  abandonna  l'é- 
tude de  la  jurisprudence  pour  celle  de  la  musi- 
que, sous  la  direction  de  Richardson,  organiste 
de  Saint-Jacques,  dans  Westminster.  En  1781, 
Reeve  accepta  une  place  d'organiste  àTottness, 
dans  le  Devonshire.  Il  en  remplit  les  fonctions 
pendant  deux  anc  ;  mais  vers  la  fin  de  178Î  les 
frères  Ashlcy  lui  offrirent  un  engagement  pour 
écrire  la  musique  des  pantomimes  et  des  drames 
qu'ils  faisaient  représenter  à  leur  théâtre,  et 
leurs  propositions  le  ramenèrent  à  Londres.  Non- 
seuiement  il  composa  un  très-grand  nombre  de 
pantomimes,  de  ballets  et  d'opéras,  niais  il  pa- 
rut aussi  sur  plusieurs  théâtres  comme  acteur  et 
comme  chanteur,  particulièrement  à  Covent-Gar- 
denetà  Haymarket.  En  1792,  il  avait  été  nommé 
organiste  de  Saint-Martin,  dans  le  quartier  de 
Ludgate;  mais  il  ne  garda  pas  longtemps  cet 
emploi.  Reeve  vivait  encore  à  Londres  en 
1829,  âgé  de  soixante-dix  ans,  et  jouissait  d'une 
honnête  aisance  acquise  par  ses  travaux.  Il  a 
été  un  des  compositeurs  dramatiques  anglais  les 
plus  renommés  de  son  temps.  Il  réussissait  par- 
ticulièrement dans  le  style  comique.  Quelques- 
uns  de  ses  ouvrages  ont  été  faits  en  société  avec 
Mazzinghi  (voy.  ce  nom).  On  ne  connaît  point 
aujourd'hui  les  titres  de  toutes  les  pièces  de 
théâtre  pour  lesquelles  Recveaécrit  de  la  musique; 
elles  sont  au  nombre  de  plus  de  cent.  Celles  qui 
ont  eu  le  plus  de  succès  sont  les  suivantes  : 
Oscar  et  Malvina,  pantomime  en  1791.  — 
2°  Orphée  etEuridice,  ballet,  1792.-3°  L'Ap- 
parition, drame  musical,  1794.  —  4°  liritish 
Fortiiude  (la Bravoure  anglaise,  1794.  —  5°  Her- 
cule et  Ompkale,  pantomime,  1794.  —  6°  The 
Purse  (la  Bourse),  drame  musical,  1794.  — 
7°  Merry  Sherwood,  1795. —  8°  Arlequin  et 
Oberon.  1796.  —  9e  Baniry  Jiay  (la  Baie  de 
Bantrv),  opéra,  1797.  —  IC"  Raymond  cl  Agnès, 
ballet  sérieux,  1797.  —  11°  Round  Toicer  (la 
Tour  ronde),  1797.  —  12°  Jeanne  d'Arc,  bal- 
let historique,  1798.  —  13°  L'Embarcation , 
opérette,  1799.  —  14°  Thomas  et  Suzanne, 
opéra,  1799.  —  15°  La  Caravane,  idem,  1803. 
— -  lf»°  The  Dash  (la  Rixe),  opéra  bouffe,  ISOi. 
—  71°  Jf'hitc  Plume  Qe  Panache  blanc),  opéra, 


(0  Le  lïithith  etnlt  vniiseirblablement,  d'après  le  rap- 
port de  noru  avec  le  qytharah  des  Arabes,  un  Instru- 
uuut  ,'i  cordes  pincées. 


REEVE  —  REEVES 


197 


1806.  Reeve  a  composé  en  société  avec  Mazzin- 
ghi.  —  18°  Ramah-Droog,  grand  opéra,   1798. 

—  19°  The  Turnpike  gâte  (la  Barrière),  opéra- 
comique,  1799.  —  20°  Paul  et  Virginie,  1800. 

—  21°  Blind  Girl  (la  Fille  aveugle).  Enfin,  il  a 
pris  part  à  la  composition  de  beaucoup  d'autres 
pièces,  jusqu'en  1811.  Reevp  a  publié  un  ouvrage 
élémentaire  pour  le  piano,  intitulé  :  The  juvénile 
preceptor,  or  enterlaining  inslruclor  ;  a  com- 
plète introduction  to  the  piano  forte,  Londres, 
démenti,  in-folio. 

REEVES  (Suis),  le  plus  célèbre  ténor  de 
l'Angleterre,  est  né  à  Woolwich  en  1821.  Dès 
son  enfance ,  il  montra  les  plus  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique,  et  son  père,  musicien 
de  profession,  entreprit  de  les  cultiver  et  de  les 
développer.  Les  progrès  du  jeune  Reevcs  furent 
si  rapides,  qu'ayant  à  peine  atteint  l'âge  de  qua- 
torze ans,  il  possédait  déjà  une  remarquable  ha- 
bileté sur  plusieurs  instruments,  était  excellent 
lecteur,  et  connaissait  la  théorie  de  l'harmonie. 
Son  instruction  dans  la  musique  d'église  était 
dès  lors  si  étendue,  qu'il  fut  choisi  comme  or- 
ganiste et  directeur  du  chœur  à  Norlh-Croy,  dans 
le  comté  de  Kent.  Ce  fut  à  cette  époque  qu'il 
fit  ses  premiers  essais  de  compositions  dans 
quelques  antiennes  pour  le  service  de  son  église. 
Après  avoir  quitté  cette  position,  il  se  rendit  à 
Londres  et  reçut  quelques  leçons  de  piano  de 
Jean-Baptiste  Cramer.  La  beaué  «le  sa  voix 
s'était  manifestée  pendant  qu'il  dirigeait  le  chœur 
de  North-Croy,  et  son  père  lui  avait  donné  un 
professeur  de  chant,  qui,  par  une  erreur  qui 
n'est  pas  sans  exemple,  se  trompa  sur  le  carac- 
tère de  la  voix  de  son  élève,  la  prit  pour  un 
baryton,  et  ne  cultiva  que  les  notes  comprises 
dans  l'étendue  de  ce  genre  de  voix.  Sims  Reeves 
débuta  en  effet  à  l'âge  de  dix-neuf  ans  comme 
baryton  au  théâtre  de  Newcastle,  et  y  chanta  les 
rôles  de  Rodolphe  dans  la  Sonnanbula ,  et  de 
Dandini ,  dans  la  Cenerentola;  il  y  obtint  de 
brillants  succès  qui  se  soutinrent  dans  les  villes 
de  l'Irlande  et  de  l'Ecosse  où  il  se  fit  entendre. 
Comprenant  toutefois  qu'il  ne  possédait  pas  les 
vrais  principes  de  l'art  du  chant,  il  prit  la  réso- 
lution de  se  rendre  à  Paris  et  de  prendre  des 
leçons  de  Bordogni.  Ce  fut  alors  que  ce  profes- 
seur lui  découvrit  l'erreur  de  son  premier  maî- 
tre, et  lui  démontra  qu'il  possédait  un  ténor  de 
la  plus  grande  puissance  et  de  la  plus  rare 
étendue  dans  les  sons  de  l'octave  aiguë.  De  re- 
tour en  Angleterre,  Sims  Reeves  continua  de 
chanter  dans  les  provinces  et  en  Irlande,  car  au- 
cune proposition  ne  lui  fut  faite  alors  par  les 
directeurs  des  théâtres  de  Londres.  Toujours 
désireux   de  perfectionner  son  talent,  il  fil  un 


voyage  en  Italie.  Arrivé  à  Milan  ,  il  y  prit  des 
leçons  de  Mazzucato,  et  compléta,  6C-us  la  di- 
rection de  cet  excellent  maître,  son  éducation 
vocale.  Avant  de  s'éloigner  de  cette  ville,  il 
chanta,  au  théâtre  de  laScala,  le  rôle  d'Edgardo 
dans  Lucia  di  Lammermoor,  avec  une  puis- 
sance d'effet  qui  n'avait  été  égalée  par  aucun 
chanteur.  Il  fut  ensuite  engagé  pour  d'autre? 
théâtres  de  l'Italie,  et  partout  applaudi  chaleu- 
reusement. 

Au  moment  du  retour  de  Sims  Reeves  à  Lon- 
dres, Jnllien  venait  de  se  charger  de  l'entreprise 
du  théâtre  de  Drury-Lane  :  il  offrit  au  jeune 
chanteur  un  engagement  qui  fut  accepté,  et  le 
G  décembre  1847,  le  début  de  Reeves  se  fit  par  le 
ïùXeA'Edgard,  qui  lui  avait  fait  une  brillante  ré- 
putation en  Italie.  Par  diverses  circonstances 
dont  le  détail  serait  trop  long,  il  n'y  produisit 
pas  l'effet  qu'on  pouvait  attendre  de  son  talent 
et  de  son  admirable  voix.  Engagé  par  M.  Lum- 
ley  pour  le  Théâtre  de  la  Reine  en  1848,  il  y  dé- 
buta le  20  mai  par  le  rôle  de  Carlo  dans  Linda 
di  Chamountjt  et  son  succès  égala  celui  des 
meilleurs  chanteurs  italiens  de  ce  théâtre;  néan- 
moins il  y  resta  peu  de  temps,  parce  que  le  rôle 
à'Edgard  ayant  été  donné  à  un  autre  artiste, 
Sims  Reeves  rompit  immédiatement  son  engage- 
ment. Ce  fut  dans  l'automne  de  la  même  année 
1848  que  le  talent  de  ce  chanteur  fut  placé  dans 
sa  sphère  propre  par  l'engagement  qu'il  reçut 
pour  chanter  la  partie  de  ténor  soJo  dans  le  Fes- 
tival de  Norwich,  car  depuis  lors  il  n'a  pas  eu 
de  rival  dans  la  grande  musique  classique  et 
religieuse,  particulièrement  dans  les  centres  de 
Hœndel,  dont  il  a  saisi  admiraLlement  le  carac- 
tère, et  dans  lesquelles  la  puissance  exception- 
nelle de  son  organe  fait  ressortir  tous  ses  avan- 
tages. Dans  l'année  suivante  (1849),  il  fut  engagé 
au  théâtre  de  Covent-Garden  et  y  chanta  dans 
la  Sonnanbula  et  dans  la  Donna  del  Lago; 
puis,  dans  l'hiver  suivant,  il  chanta  au  même 
théâtre  dans  l'opéra  anglais.  Pendant  ce  temps, 
il  était  devenu  l'étoile  des  concerts  de  Londres. 
En  1850,  il  retourna  au  Théâtre  de  la  Reine  et  y 
chanta  dans  Ernani  et  dans  Lucia  di  Lammer- 
moor, avec  Mile  Hayes  et  M'ne  Sontag.  En  1851, 
il  accepta  un  engagement  au  Théâtre  Italien  de 
Paris  et  y  débuta  dans  Ernani  le  même  jour 
que  Sophie  Cruvelli.  Toute  l'attention  du  pu- 
blic s'était  portée  sur  cette  cantatrice,  qui  émut 
l'assemblée  jusqu'à  l'enthousiasme;  il  en  résulta 
que  le  talent  de  Sims  Reeves  fut  peu  remarqué; 
mécontent  de  n'avoir  pas  produit  l'effet  qu'il 
avait  espéré,  il  retourna  à  Londres  sans  attendre 
la  lin  de  la  saison.  A  diverses  époques,  il  accepta 
encore  des   engagements  de  théâtres;   mais  ce 


198 


REEVES  —  RÉGINON 


n'est  pas  dans  celte  voie  qu'il  a  obtenu  ses  plus 
beaux  succès  :  les  grands  festivals  de  l'Angle- 
terre, les  oratorios  d'Exeter-JIall  et  de  Cristal- 
Palace,  enfin  les  concerts  où  il  dit  avec  un 
cbarme  inexprimable  les  mélodies  écossaises  et 
anglaises,  voilà  son  véritable  domaine;  c'est  là 
qu'il  excite  au  plus  liant  degré  l'enthousiasme 
de  ses  compatriotes.  Sims  Reeves  a  fini  par  le 
comprendre,  car,  depuis  1S50,  il  n'a  plus,  que 
je  sache,  paru  sur  aucun  théâtre. 

REGART  (D.  Salvador-Maria),  musicien 
espagnol  du  dix-neuvième  siècle  (1840-18G0), 
est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Piuevo  sis- 
lema  musical.  Tratado  elemental  de  musica, 
à  sea  Nuevo  melodo  para  aprender  la  musica 
flgurada,  ù  canto  profano ;  Madrid  (sansdate). 

REGGIO  (Pierre),  luthiste  célèbre  du  oix- 
septième  siècle,  né  à  Gênes,  fut  d'abord  attaché 
à  la  musique  de  la  reine  Christine  de  Suède; 
mais,  après  l'abdication  de  celte  princesse,  il  se 
rendit  en  Angleterre,  et  s'établit  à  Oxford,  où  il 
publia  un  livre  intitulé  :  A  Treatisetosing  well 
any  song  whatsoever.  (Traité  pour  apprendre 
à  bien  chanter  quelque  air  que  ce  soit),  Ox- 
ford, 1077.  Quelque  temps  après  la  publication  de 
ce  livre,  Rcggio  s'établit  à  Londres,  où  il  mourut 
le  23  juillet  1083.  On  a  de  la  composition  de  cet 
artiste  les  chansons  amoureuses  de  Cowley, 
mises  en  musique  à  voix  seule  avec  basse  con- 
tinue. 

RÉGINON,  abbé  de  Prum,  monastère  de 
bénédictins  dans  le  diocèse  de  Trêves,  naquit  en 
Allemagne,  vraisemblablement  vers  Tannée  840. 
Distingué  par  ses  connaissances  en  théologie, 
en  histoire,  et  dans  les  sciences,  il  parvint 
aux  premières  dignités  dans  l'abbaye  de  Prum, 
où  il  avait  fait  ses  vieux.  Ce  fut  lui  qui,  en  885, 
coupa  les  cheveux  au  prince  Hugues,  (ils  du  roi 
Lolhaire,  qu'on  y  avait  relégué,  après  lui  avoir 
crevé  les  yeux.  Après  le  pillage  de  cetle  abbaye 
parles  Normands,  en  892,  Farubert  abdiqua 
son  titre  d'abbé,  et  Réginon  fut  choisi  pour  lui 
succéder;  mais  les  intrigues  de  trois  moines 
nommés  Richard,  Gérard  et  Maifred,  obligèrent 
Réginon  à  se  démettre  de  sa  dignité  en  899,  et 
à  se  retirer  près  de  Rathbod,  archevêque  de 
Trêves,  qui  lui  donna  un  témoignage  de  son  es- 
time en  lenommantabbédeSainl-Maximin,dans 
le  faubourg  de  Trêves  (1),  où  il  mourut  en  915. 
On  a  de  Réginon  :  1°  Une  chronique  qui  s'étend 
depui*  la  naissance  de  Jésus  (  hrist  jusqu'en  907, 
et  qui  a  eto  publiée  àMaycnceen  i52i,à  Francforl 

|i)  l.ei  Bénédictin*,  antenra  de  VHittotre  littéraire  de  in 

Fronce,  p|  .l'après  eux    M.  Weiss,  se  sont  trompes  en 
donnant  à  cette  abbaye  le  nom  de  iUtm-Martln. 


en  1560,  et  que  Pistorius  a  insérée  dans  ses/?e. 
rum  germanicarum   Scriptores;    Francfort, 
15S3.  —2°  Un  traité  de  la  discipline  de  l'Église, 
publié  par  Hildebrand,  sous  ce  titre  :  De  Dis- 
ciplina   ecclesiasiica  veterum,    prseserlim 
j   Gcrmanorum,    libri   duo,  Helmstadt,    1659, 
in  4°,  et  dont  Baluze  a  donné  une  meil'eure  édi- 
tion, intitulée  :  De  Disciplinis  ecclcsiasticis  et 
religione   chrisliana:    Paris,    1071,    in-s°.   — 
3°    Epistola    de  harmonica  institutione   ad 
Rathbodum  Episcopum  Trevîrensem,  ac  To- 
narius  sive  octo  toni,  cura  suis  différent iis. 
L'existence  de  cet  ouvrage  était  ignorée  quand 
Buuemann,   bibliothécaire  à  Minden,  puis   rec- 
teur du  collège  de  Hanovre,  connu  par  de  bons 
livres  relatifs  à  la  bibliographie,   en  acheta   un 
manuscrit  dans  une   vente  publique,  à  Maes- 
tricht.  Mattheson  annonça  cet  événement  dans 
le  troisième  numéro  de  sa  Crilica  musica  (t.  I, 
p.  83),  au  mois  de  juin  1722,  en  faisant  remar- 
quer que  Louis  XIV  avait  offert  plusieurs  mil- 
liers de  livres  pour  le  même  manuscrit  quelques 
années  auparavant,  mais  que  par  des  circons- 
tances inconnues  le  volume  s'était  alors  égaré. 
D'après  une  notice  publiée  par  Runemann  lui- 
même,  Mattheson  assure  que  ce  manuscrit,  de 
la  main  même  de  Réginon,  est  le  seul  qui  existe 
(estunicum  cxemplar  in  Mo  terrarum  orbe). 
I!  ajoute  que  l'auteur  n'était  que  simple  moine 
lorsqu'il   l'écrivit,  et   qu'il  ne  devint  abbé  de 
Prum  que    postérieurement  :   d'où  il  suit   que 
l'ouvrage  est  antérieur  à  892.  Postérieurement, 
CG  manuscrit  a  passé    dans  la   bibliothèque  de 
l'université  de  Leip>ick,  et  l'on  en  a  découvert 
une  autre  copie  dans  la  bibliothèque  d'Ulm.  En 
1824,  j'ai   trouvé  dans  un  très-ancien   volume 
manuscrit  de  différentes  mains,  appartenant  à 
la    bibliothèque    royale   de  Relgique  (n°    2751, 
in-4°),  et  contenant  dix-sept  pièces  historiques 
et  autres,  une  copie  apographe  de   l'ouvrage  de 
Réginon  ,  datée  de   l'an  885.  Cette  copie    pré- 
cieuse renferme  l'épitre  à  Rathbod,   suivie  des 
formules  ou  neumes  de  deux  cent  quarante- trois 
antiennes  ci  de  cinquante-deux  répons,  dans  les 
huit  tons  de  l'église,  notées  en  neumes  de  l'ancienne 
espèce  germanique   que  j'ai  appelée   notation 
saxonne  on  gothique.  J'ai  cité  ce  manuscrit  dans 
le   Résumé  philosophique  de  l'histoire  delà 
musique.  On  connaît  donc  jusqu'à  ce  jour  trois 

copies  de  l'ouvrage  de  Réginon. 

L'abbé  Gerbert  a  publié  l'épitre  De  Harmo- 
nica instiiulione,  dans  le  premier  volume  de 
ses  Scriptores  ecclesiast,  de  Musica  sacra 
(p.  230-947),  d'après  le  manuscrit  de  Leipsick  j 
mais  il  n'a|x>int  donné  les  formules  des  neumes; 
en  sorte  que  cette  intéressante  partie  du  travail 


RÉGINON  ;—  REGNARD 


19» 


de  Réginon  est  encore  inédite.  L'objet  de  la 
lettre  à  Rathbod  est  <le  signaler  la  décadence  du 
chant  ecclésiastique  dans  l'archevêché  de  Trêves, 
vers  la  lin  du  neuvième  siècle,  et  les  altérations 
qui  s'étaient  glissées  dans  un  certain  nombre 
d'antiennes.  Cette  lettre  est  divisée  en  dix-neuf 
sections.  Dans  la  première,  Réginon  rapporte 
qu'ayant  pris  chez  lui  l'antiphonaire  dé  la  ca- 
thédrale, il  en  a  rangé  les  chants  dans  un  meil- 
leur ordre  et  suivant  la  constitution  des  tons. 
Puis  il  indique  des  anomalies  d'un  certain  nom- 
bre d'antiennes  où  la  constitution  des  modes  du 
plain-chant  n'est  pas  respectée,  et  qui,  après 
avoir  commencé  dans  un  ton,  Unissent  dans  un 
autre.  Les  troisième  et  quatrième  sections  trai- 
tent des  tons  suivant  la  doctrine  ordinaire;  dans 
la  quatrième,  Réginon  appelle  musique  natu- 
relle celle  des  quatre  tons  authentiques,  et  mu- 
sique artificielle  celle  des  tojis  plagaux.  Les 
cinquième  et  sixième  divisions  exposent  la  doc- 
trine de  l'harmonie  universelle  d'après  Boèce. 
Les  septième  et  huitième  sont  relatives  aux 
trois  genres  d'instruments  à  cordes,  à  vent  et  de 
percussion.  La  neuvième  division  a  pour  titre: 
Quid  vox,  quid  sonus?  on  y  voit  qu'à  cette 
époque  vox  signifiait  le  ton  ou  la  note  déter- 
minée, et  sonus,  le  son  en  général.  Les  sections 
dix  à  dix-sept  exposent  la  doctrine  des  inter- 
valles et  des  divisions  de  l'échelle  suivant  le  sys- 
tème grec.  Dans  les  dernières,  Réginon  dit  que 
la  musique  est  un  art  si  vaste  et  dont  les  prin- 
cipes sont  si  obscurs,  qu'il  n'est  donné  qu'à  peu 
de  personnes  d'y  être  initié. 

REGIS  ou  DE  ROI  (Jean),  dont  le  nom 
flamand  était  vraisemblablement  Koninck,  qui  a 
la  même  signification,  fut  un  des  musiciens  re- 
nommés de  la  Belgique  vers  le  milieu  et  dans  la 
seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  car  il  fut 
contemporain  d'Ockeghem.de  Busnois  et  deCa- 
ron,  suivant  ce  que  nous  apprend  Tinctoris,  dans 
le  prologue  du  Proport ionale  (écrit  en  1476), 
où  nous  voyons  aussi  qu'il  était  compté  au  nom- 
bre des  plus  habiles  dans  son  art.  «  Ses  contem- 
«  porains  (de  Dunstaple  ,  voyez  ce  nom)  dans 
«  la  Gaule  (Belgique),  dit  Tinctoris,  ont  été  Du- 
«  fay  et  Bincbois,  suivis  immédiatement  par  les 
«  modernes  Okeghem,  Busnois,  Régis  et  Caron, 
«  tous  excellents  compositeurs,  d'après  ce  que  j'en 
«  ai  entendu  (1).  »  Il  résulte  de  ce  renseignement 
que  Begis  a  dû  produire  ses  premiers  ouvrages 
vers  1450  au  plus  tard,  Dufay  étant  mort  en  1432. 
On  voit,  dans  les  documents  qui  ont  servi  pour 

|D  De  huic  contemporanei  fuerunt  in  Gallia  Dufay  et 
Binchots  quibus  immédiate  successerunt  moderni  Oke- 
ghem Busnois,  Uegis  et  Caron,  omnium  quos  audiverim 
in  compositlone  prxstaatissimi. 


la  notice  d'Obrecht(i'oye;  cejtotn),  que  ce  maî- 
tre célèbre  entretenait  une  correspondance  avec 
Régis.  Rien  n'a  fait  connaître  jusqu'à  ce  jour 
quelle  fut  la  position  de  cet  artiste  :  il  est  seule- 
ment démontré,  par  les  recherches  de  M.  Pin- 
cliart  et  de  M.  Léon  de  Burbure,  qu'il  ne  fut  atta- 
ché ni  à  la  chapelle  des  ducs  de  Bourgogne,  ni 
à  la  cathédrale  d'Anvers.  Dans  un  livre  de  frag- 
ments de  messes  de  divers  auteurs,  publié  par 
Petrucci  deFossombrone,  en  1508,  on  trouve  le 
Credo  à  4  voix  de  la  messe  Village,  de  Begis, 
Le  premier  livre  de  motets  à  cinq  voix  publiu 
par  le  même  imprimeur  contient  quatre  motets 
de  ce  savant  musicien,  à  savoir  :  Ave  Maria; 
Clanrjat  plebs  floret  ;  Salve  Sponsa  lui  geni- 
trix;  Lux  solemmis  adest.  Dans  le  troisième 
livre  (signé  C)  de  la  précieuse  collection  du 
même  typographe,  intitulée  Harmonice  ?nusices 
Odhecaton  (Venise,  1503),  on  trouve  lachanson 
française  à  4  voix,  de  Begis,  dont  les  premiers 
mots  sont  S'il  vous  plaisist.  Plusieurs  messes 
de  cet  artiste,  dont  une  sur  la  chanson  de  l'Homme 
armé,  se  trouvent  en  manuscrit  dans  les  archi- 
ves de  la  chapelle  pontificale,  à  Rome.  Tinctoris 
{Proport.  lib.  111,  cap.  5)  cite  aus-si  de  lui  la 
messe  Par  omnia ,  lui  reprochant  certaines 
fautes  de  proportions  dans  la  notation  de  cet  ou- 
vrage. 

REGNARD  ou  REGNART  (François). 
né  à  Douai,  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle,  fut  d'abord  attaché  à  la  cathédrale  de 
Tournay,  en  qualité  de  simple  musicien.  J'ai  dit, 
dans  la  première  édition  de  cette  biographie,  que 
Regnard  obtint  en  1573  le  titre  de  maître  de  cha- 
pelle de  cette  cathédrale,  parce  qu'il  porte  ce  tilre 
au  frontispice  de  son  recueil  de  Cinquante  chan- 
sons à  quatre  et  cinq  parties,  publié  à  Douai, 
chez  Jean  Bogaerd,  en  1575;  cependant  la  liste 
des  maîtres  de  chapelle  de  cette  église,  laite  à  la 
demande  de  M.  Van  Elewyck,  par  M.  le  chanoine 
Voisin,  vicaire  général  du  même  diocèse,  semble 
démentir  ce  fait  parce  que,  d'une  part,  le  19  août 
de  cette  même  année  1573,  Simon  Lenaerd  est 
nommé  maître  de  chapelle,  et  de  l'autre,  une  in- 
demnité est.  accordée  à  François  Regnard  pour 
le  temps  où  il  avait  occupé  la  même  position. 
Toutefois,  ces  motifs  ne  me  paraissent  pas  suf- 
fisants pour  infirmer  la  date  que  j'ai  donnée,  ou 
plutôt  ils  me  semblent  la  confirmer.  Remarquons 
d'abord  que  ce  n'est  que  le  19  août  que  Simon 
Lenaerd  reçoit  sa  nomination;  en  second  lieu, 
on  accorde  une  indemnité  à  Regnard  pour  le  temps 
où  il  a  rempli  les  fonctions  de  maître  de  chapelle, 
ce  qui  prouve  qu'il  n'a  occupé  cette  place  que 
peu  de  temps,  car  s'il  y  fût  resté  une  année  en- 
tière, par  exemple,  ce  n'est  pas  une  indemnité  qui 


200 


REGNARD 


lui  aurait  été  due,  mais  le  traitement  régulier  at- 
taché à  la  position.  11  est  donc  vraisemblable 
qu'ayant  été  nommé  en  1573,  une  position  plus 
avantageuse  lui  fut  offerte ,  qu'il  a  donné  sa 
démission  avant  le  mois  d'août,  et  qu'il  n'oc- 
cupa la  place  de  maître  de  chapelle  que  pendant 
un  temps  assez  court. 

Il  ne  reste  plus  qu'à  découvrir  quelle  fut  la  posi- 
tion de  François  Regnard  après  avoir  abandonné 
celle  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Tournay  :  or  nous  en  trouvons  une  indication  pré- 
cisedansson  recueil  de  messes  intitulé  Sfissx  très, 
quatuor  et  quinque  vocum,  auctore  Francisco 
Rcgnardo  Sereaiss.  Principis  Mathix  Aus- 
trij,  etc.,  musicorum  vice  prxfecto.  Jampri- 
mum  in  lucem  editx;  Antverpix,  ex  officina 
Christophori  Plantini,  1582, in-fol.  max.  Ainsi, 
François  Regnard  passa  immédiatement  de  la  ca- 
thédrale deTournayau  service  de  l'archiduc  Ma- 
thias.  Ce  fut  sans  doute  son  frère  (  voyez  l'ar- 
ticle suivant)  qui  lui  procura  cet  emploi.  On  con 
naît  aussi  de  sa  composition  :  1°  Cinquante  chan- 
sons à  quatre  et  cinq  parties,  convenant  tant 
aux  instruments  qu'à  la  voix  ;  à  Douai,  chez 
Jean  Bogaerd,  1373,  in-4°.  2°  Poésies  de  P.  de 
Ronsard  et. autres  poètes,  mises  en  musique, 
ù quatre  et  cinq  parties;  Paris,  Adrien  Leroy, 
1579,  in-4°oblong. 

REGNARD  ou  REGNART  (  Jacques  ), 
frère  puîné  du  précédent,  naquit  à  Douai  vers 
1531,  et  fit  ses  études  au  collège  des  jésuites.  Il 
y  a  quelque  incertitude  sur  les  commencements 
de  sa  carrière  d'artiste,  et  sur  les  positions  qu'il 
occupa  avant  1570.  Remarquons  d'abord  qu'il 
n'étaitàgé  que  d'environ  vingt  et  un  ans  lorsque 
ses  premières  compositions  furent  publiées,  en 
1 552,  dans  un  recueil  de  Magnificat  à  4  et  5  voix 
de  divers  compositeurs.  Il  fut  d'alwrd  attaché  en 
qualité  de  chantre  à  la  cathédrale  de  Tournay; 
mais  il  ne  dut  pas  y  rester  longtemps,  car  Pierre 
Joannelli,  qui  a  recueilli  une  grande  collection  de 
motets  composée  par  les  membres  de  la  chapelle 
impériale,  sous  les  règnes  de  Ferdinand  1er  et  de 
Maximilicn  II,  et  qui  la  publia  en  1508,  sous  le 
titre  de  Novus  Thésaurus  7nusicits,  y  a  placé 
vingt  morceaux  de  ce  genre,  composes  par  Jac- 
ques Regnard  ;  d'où  l'on  doit  conclure  qu'il 
avait  passé  de  la  cathédrale  de  Tournay  dans 
cette  chapelle  avant  que  Roland  de  Lassua  l'ap- 
pelât à  Munich  en  1570  pour  le  service  de  la  cha- 
pelle du  duc  de  Ravière  Albert.  Ouoi  qu'il  en  soit, 
il  est  certain  que,  dans  cette  même  année  1570, 
Il  était  établi  dans  cette  ville,  puisqu'il  y  épousa 
Anne  Fischer,  fille  de  Jean  Fischer,  chanteur  de 
la  chapelle  électorale.  Vers  1575,  Regnard  fut 
rappelé  au  service  de  l'empereur  Maximilien  II, 


et  après  la  mort  de  ce  prince,  l'empereur  et  roi 
de  Bohême  Rodolphe  II  l'appela  à  Prague,  et  le 
nomma  second  maître  de  sa  chapelle.  Il  y  resta 
jusqu'à  ce  que  l'archiduc  Ferdinand  priât  le  roi 
de  Bohême  de  le  renvoyer  à  Vienne.  Il  parait 
qu'il  fut  peu  satisfait  de  la  situation  qu'il  y  trouva, 
car  il  retourna  à  Prague  quelques  années  après  ; 
cependant  il  n'est  pas  douteux  qu'il  ait  été  maître 
de  la  chapelle  de  l'archiduc  Ferdinand,  car  il  en 
prend  le  titre  au  frontispice  de  son  recueil   de 
25  Chansons  amusantes  (en  allemand  ),  qui  fut 
publié  à  Munich  en  1591.  Peu  de  temps  après 
son  retour  à  Prague,  sa  santé  s'altéra,  et  l'ardeur 
qu'il  mit  à  continuer  ses  travaux  le  conduisit  en 
peu  de  temps  aux  portes  du  tombeau.  Dans  la 
dédicace  latine  de  son  dernier  livre  de  messes,  à 
l'empereur,  datée  de  Prague  le  31  décembre  1599, 
il  dit  que  son  état  est  désespéré,  qu'il  kii  reste  à 
peiue  assez  de  force  pour  achever  son  ouvrage, 
et  termine  en  suppliant  le  monarque  de  prendre 
sous  sa  protection  sa  femme  et  ses  enfants  (1).  Re« 
guard  mourut   vraisemblablement  en  1600,  ou 
au  plus  tard  dans  l'année  suivante,  car  sa  femme 
prend  le  titre  de  veuve   dans  un  recueil  de  ses 
compositions  posthumes  qu'elle  dédia  à  l'électeur 
de  Ravière,  après  son  retour  à  Munich,  en  1C02. 
Les   premières  compositions  de    cet  artiste  ont 
paru  dans  un  recueil  intitulé  :  Magnificat  se- 
cundum  8  vulgares  musicx  modos  a  diversis 
musicis  composilum  4  et   5  vocum,  Duaci, 
1552.  Dans  la  liste  de  ses  autres  ouvrages  on  re* 
marque  :  1°  Teu/sche  Lieder  mit  dreyer  Stim- 
men,  nachArt  derneapolilanen  oder  welschen 
Villancllen  (  Chansons  allemandes  à  la  manière 
des  villanelles  italiennes,  à  3  voix)  ;  Munich,  Ad. 
Berg,  1 573,  in-4°.  —  2e  Sacrx  aliquot  Cantioncs 
quas  vioteta  vulgus  appellat, quinque  et  sex 
vocum.  Authore  Jacobo  Regnart  flandrv  Sac. 
des.  Majestatis  musico  divo  Maximiliano  11, 
Romanorum    imperatori    semper    Augusto, 
consecratus;    ibid ,    1575,    in-4°.   —  3°   AlU 
quot  cantioncs  vulgo  motecta  appcllatx,  ex 
veteri  atque  novo  testamento  collecta',  qua- 
tuor vocum.  A  tilorc  Jacobo  Regnard  flandro, 
sacrx  Cxsarex  Majestatis  musico;  Aoribcrgx, 
in  officina  Cath.    Gerlachin  et  hxredès  Jo- 
hannis  Montant,  1577,  in-4".  —4°  Newe  Kurz* 
îceilige  teutsche  Lieder  mit  fùnf  Stimmen  SU 
sinycnund  auf  allcrlaj  Instrumentcn  tu  ge- 
brauche  (Nouvelles  chansons  allemandes  courtes 
et  agréables  à  5  voix,  pour  chanter  ou  pour  l'u- 
sage de  toutes  sortes  d'instruments);  Nuremberg, 
Catherine  Gerlach  et  Jean  de  Berg,  1580,  in-4° 

(l|  On  trouve  l£  texte  de  celte  épitre  dans  le  Dictionnaire 
historique  des  artistes  de  la  Bohème, par  Dlahncz,  tome  II, 
page  5*6.  * 


RF.GJNARD  —  REICI1 


201 


oblong.— 5°  Canzoni  ilallane  a  cinque  voci, 
lib.  1  et  2;  ibid.,  l581,in-4°  obi.— 6°  Chansons 
allemandes  à  3  voix,  dans  le  genre  des  napoli- 
taines ,  publiées  d'abord  en  trois  parties,  puis 
réunies;  Munich,  Adam  Berg,  1583,  in-4°  Franc- 
fort, 1591,  1597,  in-4°.  Je  crois  que  ces  diverses 
éditions  ne  sont  que  des  reproductions  de  l'ou- 
vrage publiée  Munich, enl573.— 7°  Cantionum 
piamm  scptem  psalmi  pœnit endettes,  tribus 
vocibus;  Munich,  Adam  Berg,  1586,  in-4°. — 
8°  Mariale,  hoc  est  opusculum  sacrarum 
cantionum  pro  omnibus  fi.  M.  V.  festiviiati- 
buscumb,  5, 6, 8  voc.  ;Inspruck,  1588,  in-4°. — 
9°  Vingt-cinq  chansons  amusantes  (en  allemand), 
à  4  voix  et  pour  divers  instruments  ;  Munich, 
1591.  C'est  au  frontispice  de  cet  ouvrage  que 
Regnard  prend  le  titre  de  maître  de  chapelle  de 
l'archiduc  Ferdinand.  Les  autres  ouvrages  de  Re- 
gnard, dont  les  titres  suivent,  n'ont  été  publiés 
qu'après  sa  mort.  — 10° IX  Missxsacrx adimi- 
tationem  selectissimarum  cantionum  suavis- 
s'nna  harmonie  a  quinque,  sex  et  octo  vo- 
cibus élaborât ve.  Authore  Jacobo  Regnardo, 
Cxs.  Majestatis  chori  vxusici praefecto ;  Fran- 
cofurti,  apud  Wolfgangum  Richterum,  im- 
pensis  Nicolai  Steinii  bibliopolx,  1602,  in-4° 
oblong.— 11°  Deuxième  suitedeces  messes;  Franc- 
fort, 1603,  in-4°obl.Il  est  vraisemblable  que  cette 
édition  est  une  réimpression,  car  rien  n'indique 
un  titre  que  Regnard  fut  décédé.  —  12°  Corol- 
larium  missarum  sacrarum  ad  imitât ionem 
selectissimarum  cantionum  suavissima  har- 
monia  a  4,  5,  6,  8  et  10  voc.  ;  Munich,  1603, 
in-4°.  On  trouve  dans  cet  ouvrage  deux  dédi- 
caces de  la  veuve  de  Regnard,  la  première  à  l'ar- 
chiduc Ferdinand,  l'autre  à  Gcorges-Certhold  de 
Breitenberg.— 13°  Motettx  4,  5,6,  7,8  et  f2  vo- 
cum,pro  certis  quibusdam  diebus  dominicis, 
sanctorumque  festiviîatibus  ;  Francfort,  1605, 
jn-4°.  —  14° Canlicum Marix  quinque  vocum  ; 
Dillingen,  1605,  in-4°.  —  15°  Magnificat  decies 
octonis  vocibus  ad  octo  modos  musico  compo- 
situm,  una  cum  duplici  antiphona,  Salve 
Regina,  tôt  idem  vocibus  decantanda  ;  Franc- 
fort, 1614,  in-4°. 

REGNARD  ou  REGNART  (Paschasius, 
et  Charles)  frères  de  François  et  de  Jacques, 
ont  été  aussi  musiciens  et  compositeurs.  Les  po- 
sitions qu'ils  ont  occupées  ne  sont  pas  connues 
jusqu'à  ce  jour.  Leur  existence  n'est  révélée  que 
par  un  recueil  composé  de  pièces  des  quatre 
frères,  lequel  est  imprimé  sous  ce  litre  :  Novae 
cantiones  sacrx  quatuor,  quinque  et  sex  vo- 
cum, tum  instrument  orum  cuivis  generi ,  tum 
vivx  voci  aptissimx,  authoribus  Francisco, 
Jacobo,  Paschasio,  Carolo  Regnart  fratribus 


germants  (  Ecce  quam  bonum  et  quam  ju- 
cundum  habitare  fratres  in  unum,  Psal.  132)  ; 
Duaci,  ex  officinaJoannis  Bogarti  typographi 
jurât i,  1590,  in-4°. 

REGNIER  (Joseph),  avocat  à  Nancy, 
membre  de  la  société  Foi  et  Lumière  de  cette 
ville,  et  amateur  de  musique,  est  auteur  d'un 
livre  qui  a  pour  titre  :  L'Orgue,  sa  connaissance, 
son  administration  et  son  jeu;  Nancy,  Vagnerr 
1850,  un  volume  in-8°  de  552  pages.  Ce  titre 
énigmatique,  qui  exprime  mal  ce  qu'il  veut  dire, 
répond  au  contenu  de  l'ouvrage,  écrit  d'un  style 
prétentieux,  déclamatoire  et  souvent  obscur  : 
l'auteur  ne  sait  pas  toujours  les  choses  dont  il 
parle.  Par  exemple,  dans  ce  passage  (  page  34  ), 
où  il  s'agit  de  la  nature  des  jeux  d'anche  de  l'or- 
gue :  «  Représentons-nous  la  languette  fixée  par 
«  une  de  ses  extrémités  au  système  de  l'anche  ; 
«  plus  longue  sera  cet  te  langactte,  plus  grande  sera 
«  la  force  de  l'air  pour  la  faire  battre  contre 
x  son  anche,  et  dans  ses  battements  elle  mettra 
«  d'autant  moins  de  rapidité  qu'ils  la  tiendront 
«  plus  éloignée  de  Vortfice  de  l'anche,  etc.  » 
M.  Régnier  ne  sait  pas  que  la  languette  est  ee 
qu'on  nomme  l'anche  :  H  prend  pour  celle-oi  la 
rigole  contre  les  parois  de  laquelle  cette  anche 
bat,  comme  la  languette,  ou  Tanche  de  la  clari- 
nette bat  contre  les  parois  de  l'ouverture  de 
son  bec. 

REGO  (Pedro-Vaz),  maître  de  oliapelle  * 
Elvas,  en  Portugal,  né  en  1670,  à  Evora,  mourut 
en  ce  lieu  en  1736,  à  l'âge  de  soixante-six  ans. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  décompositions 
pour  l'église,  un  traité  de  musique,  en  langue  por- 
tugaise, inachevé,  et  une  dissertation  intitulée  : 
Defensa  sobra  a  entrada  da  novena  da  missa 
sobre  la  scala  Aretina,  composta  pelo  Mestre 
Francisco  Valls,  Mestre  da  cathedral  de  Bar- 
celona  (Défense  d'une  entrée  de  neuvième  dans 
la  messe  sur  la  gamme  d'Arétin,  composée  par 
M.  François  Valls,  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Barcelone). 

REHM  (  Hekmann-Frédéric  ),  inspecteur  de 
l'école  supérieure,  prédicateur  et  pasteur  à  Neu- 
kirchen,  dans  la  Hesse  électorale,  connu  par  des 
écrits  théologiques  et  des  sermons,  depuis  1794, 
a  publié  un  opuscule  intitulé  :  Der  Orgel  hoher 
j  Zweckj  zur  fieherzigung  fur  Gemeinden,  Or- 
ganisten,  Cantoren,  Schullehrer  und  solche, 
die  es  werden  wollen.  In  einem  Yorworte  une. 
einer  Orgelweihe  (  le  But  élevé  de  l'orgue,  etc.), 
Marbtirg,  Chr.  Garthe,  1826,  in-8°  de  76  pages. 

REICH  (Paul),  écrivain  inconnu  du  dix-sep- 
tième siècle,  est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour 
titre  :  Deutsche  Musica  (la  Musique  allemande), 
Wittenberg,  1634,  in-8°. 


202 


RE1CII  —  IŒICHA 


REICI1  (Le  P.  Honoré),  né  en  1677,  à  Wan- 
gcn,  en  Bavière,  entra  en  1693  au  ton  vent  d  Ot- 
tobeuern,  où  il  fit  ses  études  et  ses  vœux.  Il  y 
mourut  en  1750.  Excellent  organiste  et  bon  com- 
positeur pour  l'église,  il  a  laissé  en  manuscrit 
beaucoup  de  messes,  Miserere,  motets  et  litanies. 

REICHA  (Joseph  ),  violoncelliste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Prague  en  1746.  Après  avoir  été 
pendant  plusieurs  années  attaché  au  service  du 
comte  de  Wallerstein,  il  entra  en  1787  chez  l'é- 
lecteur de  Cologne,  à  Bonn,  en  qualité  de  maître 
de  concerts  et  de  chef  d'orchestre  du  théâtre. 
La  goutte  dont  il  était  tourmenté  ne  lui  permit 
pas  de  remplir  longtemps  ce  dernier  emploi.  H 
mourut  à  Bonn  en  1795,  et  non  en  1793,  comme 
il  est  dit  dans  le  Lexique  universel  de  musique 
publié  par  le  docteur  Schilling.  Reicba  a  eu 
de  son  temps  la  réputation  d'un  violoncelliste 
habile,  d'un  bon  chef  d'orchestre  et  d'un  compo- 
siteur de  mérite.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Six  duos  concertants  pour  violon  et  violon- 
celle, op.  1 ,  li v.  1  et  2  ;  Bonn,  Simrock.  —  2°  Trois 
concertos  pour  violoncelle  et  orchestre,  op.  2; 
Offenbacb,  André.  — 3°  Symphonie  concertante 
pour  2  violons,  ou  violon  et  violoncelle,  op.  3  ; 
Bonn,  Simrock. — 4°  Trois  duos  pour  violon  et  vio- 
loncelle, op.  4  ;  ibid.  —  5°  Symphonies  à  dix  par- 
ties, op.  5,  nos  1,2,3  ;ibid. —  6°  Symphonies  con- 
certantes pour  violon  et  violoncelle,  nos  2  et  3  ; 
ibid.  —  7°  Symphonie  concertante  pour  2  cors; 
ibid; 

REICHA  (Antoine),  neveu  du  précédent, 
est  né  à  Prague  le  27  février  1770.  Admis  comme 
enfant  de  chœur  à  l'église  de  la  Croix-du-Sei- 
gneur,  à  l'âge  de  neuf  ans,  il  apprit  en  même 
temps  que  la  musique  les  éléments  de  la  langue 
latine,  puis  suivit  les- cours  de  l'université.  Par- 
venu à  sa  seizième  année,  il  se  rendit  à  Bonn  [très 
de  son  oncle,  qui  lui  fit  continuer  ses  études  mu- 
sicales. Le  traité  de  la  fugue  de  Marpurg,  et  le 
livre  de  Kirnherger  sur  la  compoition  pure,  fu- 
rent ses  seuls  guides  dans  l'art  d'écrire.  Ses  pro- 
grès fuient  rapides,  car  à  dix-sept  ans  il  dirigea 
lui-même  l'exécution  de  sa  première  symphonie. 
Plus  lard,  il  disait  que  l'étude  de  l'algèbre  lui 
avait  été  fort  utile  pour  pénétrer  les  mystères  de 
l'harmonie  :  si  l'on  ne  savait  d'ailleurs  que  cette 
étude  ne  peut  conduire  à  rien  de  réel  en  musi- 
que, on  aurait  la  preuve,  par  1rs  ouvrages  île 
Reicba  sur  la  théorie  de  cette  science,  qu'elle 
n'empêche  pas  de  tomber  dans  de  graves  er- 
reurs. 

Lu  1794,  Reicba  alla  s'établir  à  Hambourg,  où 
il  donna  pendant  cinq  ans  des  leçons  de  piano  et 
d'accompagnement.  Il  y  écrivit  la  musique  d'un 
opéra  français  intitulé  •  Gode  froid  de  Monlfort. 


Après  une  répétition  de  cet  essai  dramatique  di- 
rigée par  Rode,  qui  se  trouvait  alors  à  Hambourg 
avec  Garât,  le  directeur  du  théâtre  de  cette  ville 
lit  à  Reicba  des  propositions  pour  qu'il  y  fit  re- 
présenter son  ouvrage;  mais  M.  de  Fombrune, 
émigré  français,  lui  donna  le  conseil  de  le  faire 
entendre  à  Paris.  Séduit  par  l'espoir  du  succès 
dans  la  capitale  de  la  France,  Reicba  ne  fut  plus 
occupé  que  du  désir  de  faire  des  économies  pour 
s'y  rendre,  et  pendant  plusieurs  années  il  se  livra 
à  l'enseignement  avec  ardeur  dans  ce  but.  Il  put 
enfin  se  mettre  en  route,  et  arriva  à  Paris  au  com- 
mencement de  1799.  Il  s'y  fit  connaître  avanta- 
geusement par  une  symphonie  exécutée  aux  con- 
certs de  la  rue  de  Cléry,  qui  jouissaient  alors 
d'une  célébrité  méritée.  Cet  heureux  début  lui  fit 
obtenir  le  livret  d'un  opéra  destiné  au  théâtre 
Feydeau.  Déjà  sa  partition  était  prête,  lorsque  les 
deux  théâtres  d'opéra-comique  de  la  rue  Feydeau 
et  de  Favart  furent  successivement  fermés.  Le  dé- 
couragement jeté  dans  l'âme  du  compositeur  par 
ces  contretemps  le  décida  à  s'éloigner  de  Paris 
pour  aller  à  Vienne,  où  il  se  lia  d'amitié  avec 
Haydn,  Albrecbtsberger,  Salieri  et  Beethoven. 
Ce  fut  alors  que  Reicba  se  livra  avec  activité  à  la 
composition,  et  qu'il  écrivit  un  nombre  considé- 
rable d'ouvrages  en  tout  genre,  où  il  lit  preuve 
de  plus  de  facilité  que  de  génie.  Ce  fut  alors  aussi 
que  ses  idées  commencèrent  à  se  formuler  en  ce 
qui  concernait  la  théorie  de  l'harmonie,  la  mo- 
dulation et  les  formes  didactiques  des  composi- 
tions. Le  premier  ouvrage  où  il  montra  sa  ten- 
dance pour  l'innovation  dans  ces  formes,  est  le 
recueil  de  Trente-six  fugues  pour  le  piano 
d'après  un  nouveau  systè?7ie,  qu'il  dédia  à 
Haydn.  Ce  nouveau  système,  qui  consistait  à 
faire  des  réponses  aux  sujets  de  fugues  à  tous  les 
degrés  de  la  gamme,  au  lieu  de  les  traiter  en  fu- 
gues réelles  ou  tonales,  à  la  tonique  et  à  la  domi- 
nante, n'était  autre  chose  que  ce  que  les  compo- 
siteurs italiens  du  dix-septième  siècle  appelaient 
ricercare  di  fantasia,  et  que  Langlé  avait  es- 
sayé de  faire  revivre  dans  son  Traité  de  la  fu- 
gue. C'est  dans  ce  livre  que  Beicha  avait  pris 
l'idée  de  ce  prétendu  nouveau  système,  pen- 
dant son  séjour  à  Paris  :  il  avait  cru  y  trouver 
le  principe  d'une  modulation  plus  riche  de  va- 
riété, et  ne  s'était  pas  aperçu  qu'il  anéantissait  le 
sentiment  de  la  tonalité,  sur  lequel  repose  toute 
la  musique  possible  du  système  européen.  D'ail- 
leurs la  réunion  des  formes  scolastiques  aux  li- 
bertés de  la  fantaisie  gâte  les  unes  et  les  autres, 
chacune  de  ces  choses  représentant  un  ordre  d'i- 
dées dont  l'objet  est  différent.  Dans  une  notice 
fournie  par  Beicha  aux  compilateurs  du  Dic- 
tionnaire, historique  des  musiciens,  il  est  dit 


r  Rien  A 


205 


que  son  ouvrage  fit  une  vive  impression  sur  les 
musiciens,  et  qu'on  nomma  l'auteur  en  Allemagne 
le  restaurateur  de  la  fugue  ;  mais  la  vérité  est 
que  cette  production  n'eut  aucun  succès,  et  que 
les  planches,  gravées  en  1803,  chez  Steiner,  se 
retrouvèrent  trente-huit  ans  après  à  peu  près  in- 
tactes chez  son  successeur  Haslingor. 

L'existence  de  Reicha  à  Vienne  était  très-heu- 
reuse :  la  composition  et  l'enseignement  lui  four- 
nissaient des  ressources  suffisantes  pour  ses  be- 
soins, qui  furent  toujours  peu  considérables; 
mais  la  guerre  de  1803,  l'invasion  de  l'Autriche 
et  l'occupation  de  Vienne  par  l'armée  française, 
vinrent  porter  atteinte  à  son  bien-être.  Les  ap- 
proches d'une  guerre  nouvelle,  vers  la  lin  de 
1808,  le  décidèrent  à  s'éloigner  de  Vienne  et  à  se 
fixer  à  Paris,  où  il  arriva  au  mois  d'octobre.  Il 
y  retrouva  des  amis,  et  l'exécution  d'une  sym- 
phonie de  sa  composition  dans  un  des  concerts 
du  Conservatoire,  rappela  sur  lui  l'attention  pu- 
blique- Il  s'y  livra  à  l'enseignement  de  la  compo- 
sition, et  sa  manière  expéditive,  qui  consistait  à 
n'entretenir  ses  élèves  que  de  choses  en  usage 
dans  la  musique  de  son  époque,  particulièrement 
dans  le  style  instrumental,  lui  fit  beaucoup  de 
partisans  qui,  se  persuadant  qu'il  n'y  avait  pas 
autre  chose  à  apprendre  pour  posséder  une  con- 
naissance réelle  de  l'art  d'écrire,  trouvaient  cette 
méthode  plus  commode  que  toute  autre.  De  là  la 
réputation  de  musicien  savant  et  de  grand  profes- 
seur dont  Reicha  commença  à  jouir  en  1812,  et 
qui  grandit  encore  après  la  publication  de  son 
Traité  de  mélodie,  en  1S14.  Si  l'ignorance  de 
toute  littérature  musicale  n'avait  pas  été  com- 
plète alors  eu  France,  ce  livre  aurait  dû  cepen- 
dant porter  atteinte  à  la  confiance  dans  le  savoir 
de  l'auteur.  Il  suffit  de  lire  les  premières  lignes 
de  la  préface  pour  acquérir  la  preuve  que  Reicha 
n'avait  pas  même  pris  la  peine  de  s'informer  de 
ce  qui  avait  été  fait  sur  le  même  sujet  :  «  Depuis 
«  plusieurs  siècles,  dit-il,  on  a  publié  une  quan- 
«  tité  de  traités  sur  l'harmonie,  et  pas  un  seul 
«  sur  la  mélodie!  »  Il  ajoute  plus  loin,  dans  une 
note  :  «  Sulzer  et  Kirnberger,  deux  auteurs  alle- 
«  mands  d'un  mérite  très-distingué,  l'un  dans 
«  son  Dictionnaire  des  beaux-arts,  et  l'autre 
«  dans  son  Traité  de  composition,  ont  parlé 
«  du  véritable  rhytbme  musical  (  mélodique  )  ; 
«  mais  ce  qu'ils  en  ont  dit  ne  regarde  que  sa  dé- 
«  finition  et  son  utilité.  Quant  à  ses  lois,  à  ses 
«  exceptions,  à  ses  secrets,  etc.,  tout  exigeait 
«  des  recherches  suivies  et  bien  liées  qu'on  n'y 
«  trouve  point.  »  Or,  laissant  à  part  l'excellent 
discours  de  Doni  Sur  la  perfection  de  la  mé- 
lodie (t),  et  le  livre  de  Nichelmann  :  Die  Me- 

11)  Tome  II  de  ses  OEuvrcs,  pag.  203  et  suiv. 


lodie  nach  ihren  Wesen  sowohl  als  nach  ihren 
Eigcnschaftcn  (  la  Mélodie  d'après  sa  nature  et 
ses  qualités)  (1),  où  le  sujet  est  considéré  sim- 
plement sous  le  rapport  esthétique,  on  trouve, 
environ  quatre-vingts  ans  avant  la  publication 
du  livre  de  Reicha,  celui  de  Matlbeson  intitulé  : 
Kern  melodisches  Wissenschaft,  etc.  (  Base 
d'une  science  mélodique,  consistant  dans  les  prin- 
cipes naturels  et  fondamentaux  de  la  composi- 
tion, etc.  )  (2),  et  plus  tard  la  première  partie  du 
grand  ouvrage  de  Riepel  (3),  qui  est  trn  traité 
complet  du  rhytbme  musical;  la  seconde  partie 
du  même  ouvrage  (4),  qui  renferme  une  bonne 
théorie  de  la  modulation  ;  le  traité  de  la  compo- 
sition du  chant,  par  Marpurg  (5),  où  le  rhythme 
mélodique  est  traité  de  main  de  maître;  les  deux 
derniers  volumesde  V Essai  d'une  introduction  à 
la  composition,  de  Koch  (6),  qui  renferment  un 
bon  traité  de  mélodie  sous  ses  divers  aspects; 
enlin,  te  rhythme  mélodique  avait  été  traité  ex  pro- 
fesso  dans  le  livre  du  P.  Sacchi  (  Délia  divisione 
del  tempo  nella  musica,  nel  ballo  e  nella  yoe~ 
sia),  dans  celui  de  Bonesi  (  Traité  de  la  mesure, 
ou  de  la  division  du  temps  dans  la  musique  et 
dans  la  poésie),  et  en  dernier  lieu  dans  le  Cours 
complet  d'harmonie  et  de  composition,  de 
M.  de  Momigny  (7).  Reicha  était  d'autant  moins 
excusable  de  n'avoir  pas  pris  connaissance  de 
ces  ouvrages,  que  la  plupart  sont  écrits  dans  les 
langues  allemande  et  française,  qui  lui  étaient 
familières.  A  l'égard  de  son  livre  en  lui-même, 
on  peut  dire  qu'il  est  imparfait,  en  ce  que  l'auteur 
n'y  a  considéré  son  sujet  que  sous  un  seul  aspect, 
celui  du  rhythme  de  la  phraséologie  mélodique, 
et  n'a  pas  même  entrevu  les  lois  de  la  mélodie 
sous  les  rapports  de  tonalité,  de  modulation, 
d'harmonie  et  d'esthétique.  Bien  inférieur  aux 
livres  de  Matlbeson,  de  Riepel  et  de  Koch  à  oet 
égard,  il  laisse  encore  à  faire  un  bon  traité  de  la 
mélodie. 

La  réputation  de  savant  professeur  qu'on  avait 
faite  à  Reicha  le  fit  choisir,  en  1817,  pour  suc- 
cédera Méhul,  en  qualité  de  professeur  de  con- 
trepoint dans  le  Conservatoire  de  Paris,  récem- 
ment réorganisé  sous  le  titre  d'École  royale  de 

(1)  Dantzick,  1755,  in-4°. 

(2)  Hambourg,  1737,  in-V. 

(3)  Anfangsgrilnde  sur  musikalischen  Setzkunst  (Élé- 
ments de  la  composition  musicalei  ;  Ratisbonnc,  1762,  in- 
lol.,  réimprimé  en  1754. 

(4)  GYandregeln  zur  Tonordnung  |  Règles  fondamen- 
tales du  système  des  tons  )  ;  Francfort  et  Leipzick,  1757, 
in-folio. 

;5)  Anlexlung  zur  Slngcomposilion  |  Introduction  à  la 
composition  du  chanl)  ;  Berlin,  t~&8,  in-4°. 

Wfersitch  einer  AnleiUmg  zur  Composition;  Rudol- 
stadt  et  I.eipsick,  3  vol.  ln-8",  1762-1793. 

(7)  Taris,  1806,  3  vol.  in-S°, 


204 


REICHA 


musique  et  de  déclamation.  Ce  fut  peu  de  temps 
après  sa  nomination  à  cette  place  qu'il  publia  son 
système  d'harmonie,  dans  unlivre  intitulé  :  Cours 
de  composition  musicale,  ou  Traite  complet 
et  raisonne  d'harmonie  pratique.  Écartant  la 
considération  de  la  succession  des  accords,  dont  les 
premiers  aperçus  appartiennent  àSorge  (voyezee 
nom  ),  et  conséquemment  des  phénomènes  de 
constitution  harmoniques  résultant  de  la  prolon- 
gation, Reicha  rentre  dans  le  système  des  accords 
isolés  créé  par  Hameau,  et  en  forme  une  classi- 
fication arbitraire,  suivant  de  certaines  considé- 
rations qui  lui  sont  particulières.  Sa  base  de 
théorie  se  compose  de  treize  accords  consonnants 
et  dissonants,  parmi  lesquels  quelques-uns  sont 
primitifs,  et  les  autres,  des  produits  de  l'altéra- 
tion des  intervalles  naturels.  Dès  ses  premiers 
pas  dans  l'exposition  de  ses  principes,  on  aperçoit 
une  certaine  confusion  dans  les  idées  fondamen- 
tales, qui  le  jette  dans  le  dédale  d'une  multi- 
tude de  faits  particuliers.  Les  deux  premiers  ac- 
cords de  la  classification  de  Reicha  sont  le  par- 
fait majeur  et  mineur;  le  troisième  est  l'accord 
parfait  diminué  (  tierce  et  quinte  mineures  ) , 
dont  il  fait  un  accord  dissonant.  En  cela  il  diffère 
des  autres  auteurs  de  systèmes  d'harmonie  par  des 
classifications  d'accords  isolés,  qui  ne  reconnais- 
sent comme  dissonances  que  les  sons  qui  se  heur- 
tent en  seconde,  et  leurs  renversements  et  redou- 
blements de  septième  et  de  neuvième.  Ce  qui 
détermine  Reicha  à  ranger  cet  accord  parmi  les 
dissonants,  c'est  que  par  l'effet  même  de  la  constitu- 
tion de  l'intervalle  de  quinte  diminuée  (mineure), 
il  y  a  une  sorte  d'attraction  entre  les  deux  sons 
qui  composent  cet  intervalle;  mais  il  aurait  dû 
voir  que  cette  attraction  n'est  pas  tellement  im- 
périeuse, qu'elle  ne  s'évanouisse  dans  une  modu- 
lation, ce  qui  n'a  pas  lieu  à  l'égard  de  la  véri- 
table dissonance,  à  moins  qu'elle  ne  prenne  par 
l'enharmonie  un  caractère  de  note  seusible.  Le 
quatrième  accord  de  la  classification  de  Reicha 
est  celui  de  quinte  augmentée;  mais  ici  déjà 
se  manifeste  la  confusion  des  idées  de  l'auteur 
du  système,  car  dans  le  chapitre  où  il  traite  de 
cet  accord,  il  avoue  que  ce  n'est  qu'un  accord 
parfait  majeur  altéré  dans  sa  quinte.  Le  cin- 
quième accord  est  celui  de  septième  de  domi- 
nante, qu'il  appelle  de  première  espèce;  puis 
vient  le  sixième  accord,  qui  est  celui  de  septième 
mineure  avec  tierce  mineure,  objet  de  tant  d'er- 
reurs pour  tous  les  harmonistes.  Reicha  lui  donne 
Je  nom  d'accord  de  septième  de  seconde  espèce, 
et  se  borne  à  dire  qu'il  s'emploie  principale- 
ment sur  le  second  degré  d'une  gamme  ma- 
jeure, sans  plus  s'informer  de  sa  formation  ori- 
ginaire que  de  celle  des   autres  accords.   L'ac- 


cord de  septième  avec  quinte  mineure,  appelé 
de  troisième  espèce  par  Reicha,  celui  de  sep- 
tième majeure  ou  de  quatrième  espèce,  celui 
de  neuvième  majeure  et  de  neuvième  mineure, 
sont  aussi  considérés  par  lui  comme  des  accords 
primitifs  de  même  rang,  et  quoique  les  accords 
1  ime,  i2me  et  13me  ne  soient  que  des  altérations 
des  accords  dérivés  de  sixte  augmentée  avec 
quinte  et  quarte,  et  de  l'accord  de  septième  do- 
minante avec  quinte  augmentée,  il  les  place 
néanmoins  dans  sa  catégorie  fondamentale.  Tel 
est  le  système  qui  a  eu  de  la  vogue  parmi  quelques 
artistes  de  Paris,  parée  que  le  professeur  qui 
l'a  inventé  faisait  oublier  ses  défauts  dans  les 
analyses  et  les  applications  pratiques  qu'il  don- 
nait à  ses  élèves;  mais  qui  n'en  est  pas  moins  la 
théorie  la  moins  rationnelle  qu'il  fût  possible 
d'imaginer,  et  le  retour  le  plus  déplorable  vers 
l'empirisme  grossier  des  anciennes  méthodes  du 
commencement  du  dix-huitième  siècle. 

En  1824,  Reicha  fit  paraître  un  nouveau  livre 
élémentaire,  auquel  il  donna  le  titre  de  Traité 
de  haute  composition  musicale,  faisant  suite 
au  Cours  d'harmonie  pratique  et  au  Traité 
de  mélodie.  Les  musiciens  instruits  éprouvè- 
rent quelque  étonnement  à  ce  mot  de  haute 
composition,  qui  semble  indiquer  des  catégories 
de  compositions  moins  élevées  que  d'autres,  par 
des  qualités  étrangères  à  l'inspiration.  Cojnposi- 
tion  était  employé  par  Reicha  dans  le  sens  d'art 
d'écrire;  il  évitait  avec  soin  le  mot  de  l'école 
(  contrepoint  ),  parce  qu'une  partie  de  celte 
science  seulement  (le  contrepoint  double)  était 
considérée  par  lui  comme  utile  dans  son  applica- 
tion à  la  musique  moderne.  Il  ne  comprenait  pas, 
dans  l'état  actuel  de  l'art,  l'usage  du  contrepoint 
simple,  et  ne  se  doutait  pas  que  l'art  d'écrire 
ne  peut  avoir  d'autre  base.  De  là  le  silence  qu'il 
garde  sur  ce  sujet  dans  son  livre,  et  qui  fait 
crouler  l'édifice  qu'il  voulait  construire.  Son 
ignorance  absolue  de  l'histoire  de  la  musique,  et 
le  peu  de  soin  qu'il  avait  pris  d'étudier  les  mo- 
numents de  celte  histoire,  fout  d'ailleurs  entraîné 
dans  de  graves  erreurs,  qui  l'ont  exposé  à  la  sé- 
vère critique  de  l'abbé  Baini  (1),  dont  l'acca- 
blante érudition  et  l'infiexible  logique  ont  dé- 
montré que  Reicha  avait  confondu  les  époques, 
supposé  des  faits  absurdes,  ignoré  les  choses  les 
plus  vulgaires,  dans  tout  ce  qu'il  dit  concernant 
les  formes  des  compositions  anciennes,  et  même 
à  l'égard  du  principe  constitutif  d'harmonie  qu'il 
leur  suppose. 

Dès  son  arrivée  en  France,  Reicha  avait  espéré 


(I)  Memoric  storico-critichc  délia  vila  et  délia  opère 
di  G.  l'ierluigt  du  l'alettrina,  t.  Il,  pag.  363-374. 


REICHA 


206 


prendre  place  parmi  les  compositeurs  dramati- 
ques :  mais  les  ouvrages  qu'il  lit  représenter  à 
l'Opéra  et  au  théâtre  Feydeau  ne  furent  point 
heureux.  En  1810,  il  donna  avec  Dourlen  à 
l'Opéra-Comique  Cagliostro,  en  trois  actes,  qui 
tomba  à  la  première  représentation.  Natalic, 
opéra  en  3  actes,  joué  en  1 8 1 6  à  l'Académie  royale 
de  musique,  ne  fut  pas  plus  heureux;  enfin 
Sapho,  grand  opéra  en  3  actes,  tomba  en  1822. 
Ce  fut  le  dernier  essai  de  Reicha  pour  la  scène, 
et  depuis  lors  il  ne  composa  que  de  la  musique 
instrumentale.  Il  fut  le  premier  en  France  qui 
écrivit  pour  les  instruments  à  vent  des  compo- 
sitions sérieuses,  dans  lesquelles  leurs  ressources 
particulières  sont  employées  avec  adresse.  Ses 
quintettes  pour  tinte,  hautbois,  clarinette,  cor 
et  basson,  ont  eu  un  succès  de  vogue,  vers  1815. 
Le  nombre  de  ses  ouvrages  pour  les  instruments 
s'élève  à  plus  de  cent,  qui  renferment  plus  de 
quatre  cents  morceaux,  la  plupart  de  grande  di- 
mension. On  s'étonne  que  de  tant  d'ouvrages 
écrils  par  un  homme  habile,  il  ne  soit  rien  resté, 
et  que  la  plupart  de  ses  productions  soient  tom- 
bées dans  un  profond  oubli,  même  avant  sa  mort. 

Reicha  s'était  présenté  plusieurs  fois  à  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  de  l'Institut  de  France  pour 
y  remplir  les  places  vacantes;  mais  l'usage  de 
n'admettre  dans  la  section  de  musique  de  cette 
Académie  que  des  compositeurs  dont  la  réputa- 
tion s'était  faite  à  la  scène,  l'avait  toujours  fait 
écarter.  Après  la  mort  de  Catel,  en  1831,  il  se 
présenta  de  nouveau,  et  chercha  à  démontrer  la 
nécessité  de  réserver  aux  théoriciens  des  places 
parmi  les  membres  de  l'Académie,  dans  un  petit 
écrit  intitulé  :  A  messieurs  les  membres  de  l'A- 
cadémie des  beaux-arts  à  l'Institut  de  France. 
Réflexions  sur  les  titres  d'admission  dans  la 
section  de  musique  de  cette  Académie,  Paris, 
de  l'imprimerie  de  Pihan-Delaforest,  1831,  in-4° 
de  4  pages  ;  mais  ses  efforts  ne  furent  pas  plus 
heureux  cette  fois  que  les  précédentes  :  ce  fut 
Paër  qui  obtint  la  place  vacante.  Enfin,  après  la 
mort  de  Boieldieu,  au  mois  d'octobre  1835,  Rei- 
cha fut  admis  à  le  remplacer  ;  mais  il  ne  jouit 
pas  longtemps  de  l'honneur  qu'il  avait  tant  dé- 
siré, car  il  mourut  le  28  mai  1836,  regretté  pour 
ses  vertus  sociales  par  tous  ceux  qui  l'avaient 
connu.  Les  membres  de  l'Institut,  les  professeurs 
et  élèves  du  Conservatoire,  ainsi  que  les  artistes  de 
l'Académie  royale  de  musique  et  de  l'Opéra-Co- 
mique, assistèrent  à  ses  obsèques.  Il  était  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur. 

Dans  la  liste  des  principales  productions  de 
Reicha ,  on  remarque  celles  dont  les  titres  sui- 
vent  :  I.  OUVRAGES  DIDACTIQUES.   1"  Études   OU 

Théories  pour  le  piano-forté,  dirigées  d'une 


manière  nouvelle;  Paris,  Imbault,  1800,  in-4°. 

—  2°  Traité  de  mélodie,  abstraction  faite  de 
ses  rapports  avec  l'Harmonie,  suivi  d'un 
supplément  sur  l'art  d'accompagner  la  mélo- 
die par  l'harmonie,  lorsque  la  première  doit 
être  prédominante,  etc.;  Paris,  1814,  in-4°  de 
126  pages  de  texte  et  de  75  planches  gravées. 
Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  pu- 
bliée en  1832;  Paris,  Zetter,  in-4°.  Rasmann  in- 
dique une  traduction  allemande  du  môme  livre, 
par  J.  Spech,  mais  sans  faire  connaître  ni  le 
lieu,  ni  la  date  de  la  publication.  —  3°  Cours  de 
composition  musicale,  ou  Traité  complet  et 
raisonné  d'harmonie  pratique;  Paris,  Gam- 
baro,  sans  date  (1818),  in-4°  de  269  pages  gra- 
vées. —  4o  Traité  de  haute  composition  musi- 
cale, faisant  suite  au  Cours  d'harmonie  pra- 
tique et  au  Traité  de  mélodie;  Paris,  Zetter 
et  Compagnie,  sans  date  (1824-1826),  deux 
parties  in-4°  de  235  et  de  331  pages  gravées.  Une 
traduction  allemande,  accompagnée  du  texte 
original  avec  des  notes  de  Czerny,  a  paru  sous 
ce  titre  :  Volstœndige  Lehrbuch  der  musikalis- 
chen  Composition,  etc.;  Vienne,  Diabelli,  1834, 
4  vol.  in-fol.  —  5°  Art  du  compositeur  drama- 
tique, ou  Cours  complet  de  composition  vo- 
cale, divisé  en  quatre  parties,  et  accompagné 
d'un  volume  de  planches;  Paris,  A.  Farrenc, 
1833,  in-4°  de  115  pages  de  texte  et  de  111 
planches  de  musique  gravée.  —  6°  Petit  Traité 
d'harmonie  pratique  à  deux  parties,  suivi 
d'exemples  en  contrepoint  double,  et  de  douze 
duos  pour  violon  et  violoncelle,  pouvant  se 
jouer  aussi  sur  le  piano,  op.  84  ;  Paris,  Gam- 
baro  (sans  date),  in-4°.  Reicha  a  aussi  fourni  des 
articles  sur  la  musique  à  ['Encyclopédie  des 
gens  du  monde.  II.  Compositions  instrumen- 
tales. —  7°  Symphonies  à  grand  orchestre, 
op.  41  et  42;  Leipsick,  Breilkopfet  Haertel.  — 
8°  Ouverture  idem,  op.  24,  Brunswick,  Spehr.  — 
9°  Octuor  pour  2  violons,  alto,  basse,  hautbois, 
clarinette,  cor  et  basson,  op.  96  ;  Paris,  Janet. 

—  10°  Trois  quintettes  pour  2  violons ,  2  altos 
et  basse,  op.  92;  Paris,  Pacini.  —  11°  Quatuors 
pour  2  violons,  alto  et  violoncelle,  au  nombre  de 
vingt,  savoir  :  op.  48,  49,  52,  58,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel.;  op.  90,  livres  1  et  2,  Paris, 
P.  Petit;  op.  94,  95,  Paris,  Pacini.  —  12°  Trios 
pour  violon ,  alto  et  violoncelle  ;  Vienne,  Has- 

linger 13°  Duos  pour  2  violons,  op.  45,  53; 

Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel 14°  Vingt-quatre 

quintettes  pour  flûte,  hautbois,  clarinette,  cor 
et  basson,  op.  88,  91,  99;  Paris,  Janet;  op.  100, 
Paris, Zetter. —  15°  Quatuor  pour 4  flûtes, op.  12; 
Paris,  Pleyel.  —  16°  Six  quatuors  pour  flûtp, 
violon,  alto  et  basse,  op.  98  ;  Paris,  Janet.  — 


206 


REICHA  —  REICHARDT 


17°  Trios  pourllùte,op.2G,  51, Brunswick, Spehr  ; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hasrtel.  —  18"  Duos  pour 
2  Utiles,  op.  20,  21,  22,  25,  Brunswick,  Spehr. 

—  19°  Quintette  pour  clarinette,  violon,  2  allos 
et  violoncelle,  op.  89,  Paris,  Pleyel.  —  20°  Six 
livres  de  trios  pour  trois  cors,  op.  82,  93;  ibid. 

—  21°  Quatuor  pour  piano,  llùte,  violoncelle  et 
basson,  op.  104  ;  Paris,  Zetter.  —  22"  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  47,  54  et  101  ; 
Leipsick ,  Breitkopf  et  Hœrtel  ;  Paris,  Zetter.  — 
123°  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  44,  54, 
55,  62;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel,  —  24°  So- 
nates pour  piano  seul,  op.  40,  43,  46;  ibid.  — 
25°  Études  et  fugues  pour  le  piano,  op.  31,  32, 
59,  61,  SI,  86,  97  ;  Paris  et  Leipsick.  —  26°  Va- 
riations idem,  op.  83,  85,  87  ;  ibid.  —  27°  L'art 
de  varier  ou  57  variations  sur  un  tbème  d'inven- 
tion; Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  J.  A.  De- 
laire  a  publié  :  Notice  sur  lieicha,  musicien 
compositeur  et  théoriste  ;  Paris,  1837,  in- 8°. 

REICHARD  (Élie-Gaspard),  professeur  et 
lecteur  du  collège  de  la  vieille  ville,  à  Magde- 
bourg, naquit  à  Quedlinboui  g,  le  4  novembre  1714, 
etinourut  à  Magdebourg,  le  18  septembre  1791 .  Il 
est  auteur  d'une  notice  intéressante  sur  Martin 
Agricola  et  sur  son  traité  intitulé  Musica  instru- 
mentons, laquelle  est  datée  du  18  juin  1758,  et 
que  Marpurg  a  insérée  dans  le  cinquième  volume 
de  ses  Essais  historiques  et  critiques  (Uistoriscke 
kritische  Beytrxge,  etc.,  p.i2i-l30,et  229-245), 
sous  ce  titre  :  Gluck-ivûnschungs  schreibcn  an 
fferjrn  Johann  Heinrich  Rollen,  ivohlverdien- 
ten  Directorem  Musices  in  Magdebourg ,  bei 
dessen  ehelicher  Verbindung  u.  s.  îc.  abge- 
lassen.  Worin  zugleich  von  Marlino  Agricola, 
einem  allen  geschichten  Torikûnsller  und  ers- 
iem  Directore  Musices  hieselbst,  einige  Nach- 
rieht  ertheilt  xvird  (Épître  de  félicitalion,  à 
monsieur  Jean-Henri  Rollen ,  digne  directeur  de 
musique  à  Magdebourg,  écrite  à  l'occasion  de  son 
mariage  ;  dans  laquelle  sont  renfermés  en  même 
temps  quelques  renseignements  sur  Martin  Agri- 
cola, ancien  artiste  musicien  habile,  et  premier 
directeur  de  musique  de  celle  ville). 

REICIIAKD  (Henri-Auguste-Ottokar), 
conseiller  intime  de  cour  et  directeur  du  bureau 
de  la  guerre  de  Saxe-Gotha,  naquit  à  Gotha, 
le  3  mars  1751.  Destiné  au  barreau,  il  lit  ses 
études  aux  universités  de  Gœttingue,  Leipsick  et 
Jéna;  mais  de  retour  à  Gotha,  il  abandonna  le 
droit  pour  la  littérature.  En  177",  il  publia  ses 
premiers  essais  qui  consistaient  en  poésies  et  en 
opuscules  en  prose  ;  ils  obtinrent  du  succès. 
Lorsque  la  troupe  de  Seyler  alla  donner  des  re- 
présentations à  Gotha,  Rcichard  se  lia  avec  le 
directeur,  prit  le  goût  du  théâtre,  et  commença 


la  publication  d'un  almanach  des  théâtres,  qu'il  a 
fait  paraître  chaque  année  depuis  1775  jusqu'en 
1800.  En  1779,  il  fut  lui-môme  chargé  par  le  duc 
Ernest  II  de  la  direction  du  théâtre  national  de 
Gotha.  Il  joignit  bientôt  à  cette  place  celle  de 
conservateur  de  la  bibliothèque  publique  de  Go- 
tha, et  le  titre  d'inspecteur  de  la  bibliothèque 
particulière  du  prince.  Les  fonctions  de  tous  ces 
emplois  ne  l'empêchèrent  pas  de  fonder  plusieurs 
journaux  scientifiques  et  littéraires  qu'il  conti- 
nua pendant  plusieurs  années  avec  succès.  Tout 
le  monde  connaît  son  livre  intitulé  le  Guide  du 
voyageur  en  Europe,  dont  il  a  été  fait  dix-sept 
éditions.  L'idée  de  ce  livre  lui  vint  dans  les 
voyages  qu'il  lit  lui  même  en  Allemagne,  en 
Suisse,  en  Fiance  et  en  Italie.  Reichardest  mort  à 
Gotha,  le  17 octobre  1828. Son  Theatcr- Kolender 
(  Calendrier  théâtral  )  a  paru  pendant  vingt-six 
ans,  à  Gotha,  chez  C.  W.  Ettinger,  in-12.  On  y 
trouve  la  liste  de  tous  les  opéras  représentés  en 
Allemagne  dans  cette  période  avec  les  noms  des 
compositeurs,  des  notices  biographiques  et  des 
anecdotes  musicales.  Le  rédacteur  de  l'article 
Reichard,  dans  la  Biographie  universelle  des 
contemporains ,  de  Rabbe ,  a  confondu  ce  lil- 
lérateur  avec  Jean-Frédéric  Reichardt  (  voyez 
l'article  suivant)  en  lui  attribuant  des  Lettres 
sur  la  musique,  en  2  volumes,  le  livre  sur  l'o- 
péra-comique allemand,  les  lettres  confidentielles 
écriles  de  Paris  et  de  Vienne,  et  même  l'opéra 
V  Amour  seul  rend  heureux,  dont  il  a  fait  une 
comédie. 

REICHARDT  (Jean-Frédéric),  composi- 
teur et  littérateur  musicien,  naquit  à  Kœnigsberg, 
le  25  novembre  1752.  Dès  ses  premières  années 
il  étudia  la  musique;  Richter,  organiste  de  celle 
ville,  lui  enseigna  à  jouer  du  clavecin,  et  Veich- 
lener,  de  l'école  de  Renda,  lui  donna  des  leçons 
de  violon.  Après  avoir  fait  ses  premières  éludes 
au  gymnase  de  Kœnigsberg,  il  suivit,  à  l'univer- 
sité de  cette  ville,  le  cours  de  philosophie  de  l'il- 
lustre Eant,  pendant  les  années  1709  et  1770, 
et  fréquenta  l'université  de  Leipsick  en  1771  et 
1772.  Pendant  les  deux  années  suivantes,  il 
voyagea  en  Allemagne.  Appelé  à  Berlin,  vers 
la  fin  de  1775,  par  l'ordre  de  Frédéric.  II ,  il 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  cour, 
devenue  vacante  par  la  mort  d 'Agricola.  Déjà 
courtisan  habile,  il  avait  imité  le  style  de  Graun 
que  le  roi  de  Prusse  aimait  beaucoup,  dans  un 
air  italien  envoyé  à  ce  prince  comme  échan- 
tillon de  son  talent  :  cet  air,  composé  en  con- 
currence avec  Naumann  et  Schvvanenberger, 
lui  procura  la  victoire  sur  ses  rivaux,  et  la  place 
lui  fut  donnée.  Reichardt  continua  d'imiter  la 
manière  de  Graun   et   celle  de   liasse,  dans   les 


11EICHARDT 


207 


opéras  italiens  qu'il  fil  représenter  au  théâtre  de 
Frédéric.  Il  établit  aussi  à  Berlin  un  concert  spi- 
rituel où  il  faisait  exécuter  les  compositions  de 
Jomelli,  Majo,  Saccliini,  Piccinni,  et  d'autres 
compositeurs  de  l'école  moderne  de  l'Italie,  dont 
les  ouvrages  étaient  inconnus  à  Berlin.  Dans  le 
cours  de  l'année  1782,  il  lit  un  voyage,  ou  plu- 
tôt une  course,  en  Italie  ;  car  n'ayant  pas  obtenu 
de  congé  du  roi,  il  dut  se  bâter  et  retourner  ra- 
pidement à  Berlin.  En  1785,  il  se  rendit  à  Lon- 
dres et  y  fit  exécuter  la  Passion,  oratorio  de 
Métastase  dont  il  avait  composé  la  musique,  des 
psaumes  et  des  scènes  italiennes.  Après  quel- 
ques mois  de  séjour  en  cette  ville,  Reicbardt 
alla  à  Paris,  et  fit  entendre  les  mêmes  composi- 
tions avec  succès  au  concert  spirituel.  La  direc- 
tion de  l'Académie  royale  de  musique  lui  proposa 
de  mettre  en  musique  les  opéras  de  Tamcrlan, 
par  More!,  et  de  Panlhée,  par  Berquin  :  il  em- 
porta ces  livrets  à  Berlin,  et  l'année  suivante  il 
retourna  à  Paris  avec  le  Tamcrlan  terminé,  et 
une  partie  de  la  partition  de  Panthée.  Pendant 
qu'on  était  occupé  des  répétitions  du  premier  de 
ces  opéras,  et  que  Reicbardt  se  préparait  à  se 
rendre  à  Fontainebleau,  où  la  reine  l'avait  appelé, 
Frédéric  il  mourut,  et  le  compositeur  fut  obligé 
de  partir  en  toute  hâte  pour  Berlin  ,  où  l'appe- 
lait la  nécessité  d'écrire  une  cantate  funèbre  pour 
les  funérailles  du  roi.# 

L'avènement  de  Frédéric-Guillaume  II  marqua 
le  commencement  de  l'époque"  la  plus  brillante 
de  la  musique  à  Berlin.  L'ancien  orcbestre  de 
Frédéric  fut  réuni  à  celui  du  prince  qui  venait 
de  monter  sur  le  trône  :  Reicbardt  en  eut  la 
direction  et  y  attira  les  artistes  les  plus  renom- 
més de  l'Europe.  Bientôt  on  y  vit  briller  les  deux 
Duport,  Vachon,  Ritter,  Tùrscbmidt,  Palsa , 
Bœhr,  et  plusieurs  autres  talents  remarquables 
déjà  célèbres,  ou  qui  n'étaient  qu'à  l'aurore  de 
leur  carrière.  Reicbardt,  en  homme  habile, 
abandonna  son  ancien  style,  et  consultant  le  goût 
du  nouveau  monarque,  se  mit  à  étudier  et  imiter 
la  manière  de  Gluck  dans  le  récitatif,  et  celle  de 
Piccinni  dans  les  airs.  Ses  opéras,  intitulés  An- 
dromeda  ,  Protesilao,  Brenno  et  VOUmpiade 
sont  écrits  dans  ce  style  mixte.  Dans  le  même 
temps  il  composa  pour  le  théâtre  national  de 
Kœnigstadt  des  opéras  et  des  mélodrames. 
Chargé  par  le  roi  d'aller  en  Italie  à  la  recherche 
de  bons  chanteurs  pour  le  théâtre  de  Polsdam, 
il  arriva  à  Borne,  en  1790,  quelques  jours  avant 
la  semaine  sainte,  et  put  entendre  ta  parfaite 
exécution  des  chantres  de  la  chapelle  Sixtine. 
De  là,  il  alla  à  Naples,  et  revint  en  hâte  à  Ber- 
lin, rappelé  par  les  devoirs  de  sa  place, Les  fa- 
tigues de  ce  voyage  lui  occasionnèrent  une  ma- 


ladie grave  qui  l'empêcha  de  finir  son  OUm- 
piadé,  destiné  pour  l'ouverture  du  carnaval.  Cet 
opéra  ne  fut  joué  qu'aux  noces  de  la  princesse 
de  Prusse  avec  le  prince  d'Orange,  devenu  roi  des 
Pays-Bas,  vingt-trois  ans  après. 

Déjà  depuis  le  retour  de  Reîchardt  de  son 
voyage  d'Italie,  des  mécontentements  du  roi  contre 
lui  s'étaient  fait  apercevoir  :  les  motifs  de  cette 
lâcheuse  disposition  du  monarque  à  l'égard  de 
son  maître  de  chapelle  n'ont  pas  été  connus; 
mais  par  ce  qui  advint  dans  la  suite,  il  y  a  lieu 
de  croire  que  d'imprudentes  paroles  relatives  à 
la  révolution  française,  alors  flagrante,  en  furent 
la  cause.  Ces  mécontentements  devinrent  si 
marqués  au  commencement  de  1701,  que  Reî- 
chardt offrit  sa  démission;  mais  elle  fut  re- 
fusée. En  considération  de  la  nécessité  de  réta- 
blir sa  santé,  alléguée  par  le  compositeur,  il  lui 
fut  seulement  accordé  un  congé  de  trois  années, 
avec  la  permission  de  les  passer  dans  une  mai- 
son de  campagne  qu'il  possédait  à  Giebichen- 
stein,  près  de  Halle,  vers  les  frontières- de  la 
Saxe,  et  pendant  ce  temps  la  totalité  de  son 
traitement  lui  fut  conservée.  Reicbardt  ne  quitta 
cette  retraite  que  pour  aller  à  Berlin  mettre  en 
scène  son  Ottmpiade;  mais  il  y  retourna  bien- 
tôt, et  refusa  de  se  charger  de  la  composition 
d'un  opéra  nouveau  pour  le  carnaval  suivant. 
Profitant  du  loisir  qu'il  trouvait  dans  s-a  paisible 
habitation,  il  conçut,  avec  ses  amis  Kunsen  et 
Spazier,  le  plan  d'un  journal  ou  écrit  périodique 
sur  la  musique,  qui  commença  à  paraître  au 
mois  de  janvier  1792,  par  numéros  d'une  feuille, 
sous  le  titre  de  Musikalischës  Wœchenblalt 
(Gazette  musicale  hebdomadaire)  :  mais  au  mois 
de  juillet  de  la  même  année,  ce  journal  prit  la 
forme  d'un  recueil  mensuel  et  parut  sous  le  titre 
de  Musikalische  Monatschrïft.  Les  tristes  ré- 
sultats de  la  campagne  des  troupes  prussiennes 
en  Champagne  décidèrent  les  éditeurs  de  ce  re- 
cueil à  cesser  leur  publication,  qui  a  été  réunie 
en  un  volume,  intitulé  Studien  fur  Tonkùnstler 
und  Musikfreunde  (Études  pour  les  musiciens 
et  les  amateurs  de  musique).  Pendant  cette 
même  année  1792,  Reicbardt  avait  fait  un  troi- 
sième voyage  à  Paris.  De  retour  dans  sa  retraite 
de  Giebichenstein,  il  mit  en  ordre  ses  notes  et  ses 
souvenirs  sur  ce  voyage,  et  laissa  percer  des  sen- 
timents favorables  à  la  révolution  française  dans 
des  lettres  confidentielles  qui  furent  rendues  pu- 
bliques. Cette  imprudence ,  singulière  de  la  part 
d'un  homme  qui  avait  fait  en  d'autres  circons- 
tances preuve  d'adresse  et  de  circonspection, 
acheva  de  le  perdre  dans  l'esprit  de  Frédéric- 
Guillaume,  et  lui  fit  donner  sa  démission  avant 
l'expiration  du  terme  de  sou  congé. 


208 


REICHARDT 


Reichardt  se  retira  à  Hambourg,  et  y  publia 
un  écrit  périodique  intitulé  La  France,  qui  ob- 
tint un  brillant  succès.  Avant  de  se  fixer  dans 
cette  ville,  il  avait  fait,  au  mois  d'août  1793,  un 
voyage  à  Stockbolm  ;  mais  il  y  resta  peu  de 
temps,  car  au  mois  de  novembre  de  la  même 
année,  il  était  déjà  de  retour  à  Hambourg.  Il 
s'y  maria  en  secondes  noces,  ayant  perdu  sa  pre- 
mière femme  en  1783  ;  puis  il  vécut  avec  sa 
fattiille  dans  un  pavillon  attenant  au  moulin  du 
village  d'Ottenbausen,  près  d'Altona.  C'est  là 
qu'il  rédigea  son  journal  polilique  jusqu'au  mois 
d'août  1795.  Ayant  obtenu  à  cette  époque  l'au- 
torisation de  retourner  à  sa  maison  de  Giebi- 
cbenstein,  il  s'y  rendit;  mais  il  continua  de  gar- 
der, comme  artiste,  le  silence  qu'il  semblait 
s'être  imposé  depuis  le  commencement  de  1793; 
car  môme  après  que  le  roi  eut  paru  vouloir  lui 
rendre  ses  bonnes  grâces,  en  lui  accordant  en 
179G  le  titre  d'inspecteur  des  salines  de  Halle  , 
avec  un  traitement  de  1,500  écus,  il  ne  publia 
rien  de  ses  ouvrages,  et  ne  voulut  point  écrire 
pour  le  tlicâtre. 

La  mort  de  Frédéric-Guillaume  II,  arrivée  le 
17  novembre  1797,  vint  cbanger  la  situation  de 
Reichardt  :  il  reparut  à  Berlin  au  commence- 
ment de  1798.,  y  fit  représenter  avec  un  brillant 
succès,  son  Bremus,  grand  opéra,  et  fit  exé- 
cuter sa  cantate  funèbre  pour  la  commémoration 
de  Frédéric  II.  Chargé  de  nouveau  de  la  direc- 
tion de  la  musique  au  théâtre  royal,  il  y  donna, 
pour  la  fête  du  couronnement  du  nouveau  roi, 
l'Ile  sonnante,  opéra-comique  considéré  comme 
nn  dese«  meilleurs  ouvrages.  Au  commencement 
de  l'année  1800,  il  mit  aussi  en  vogue  le  vaude- 
ville musical  allemand  qu'il  avait  inventé,  et  au- 
quel il  donna  le  nom  de  Liederspiel.  L'ouvrage 
qu'il  écrivit  pour  modèle  des  pièces  de  ce  genre 
a  pour  titre  Amour  et  Fidélité  ;  il  fut  suivi  de 
l'Art  et  V Amour  :  tous  deux  obtinrent  du  suc- 
cès. Son  grand  opéra  intitulé  Bosemonde  vint, 
au  commencement  de  1801,  mettre  le  comble  à 
la  faveur  dont  il  jouissait  près  des  habitants  de 
Berlin.  Le  roi  de  Prusse  fut  si  satisfait  de  cet  ou- 
vrage, qu'il  accorda  au  compositeur  une  grati- 
iication  de  1,500  écus,  et  porta  son  traitement 
d'inspecteur  des  salines  à  2,300  thalers  (environ 
■9,000  francs). 

Au  mois  d'octobre  1802,  Reichardt  fit  un  nou- 
veau voyage  à  Paris;  les  savants  et  les  artistes 
J'y  accueillirent  avec  distinction  ;  il  y  fut  pré- 
senté au  premier  consul,  et  la  quatrième  classe 
de  l'Institut  de  France  l'admit  au  nombre  de  ses 
correspondants.  De  retour  à  Giebichenstein  dans 
l'été  de  1803,  il  y  reçut  le  brevet  de  membre  de 
J'Académie  de  Stockholm.  L'esprit  d'observation 


dont  il  fit  preuve  dans  ses  Lettres  confidentiel, 
les  écrites  pendant  un  voyage  à  Paris,  dans 
les  années  1802  et  1803,  procura  à  cet  ouvrage 
un  succès  de  vogue.  L'invasion  de  la  Saxe  par 
l'armée  française,  en  1806,  obligea  Reichardt  à 
se  retirer  dans  le  nord  de  l'Allemagne,  et  pen- 
dant près  d'une  année  il  vécut  à  Dantzick,  Kœ- 
nigsberget  Même!.  Les  événements  qui  en  furent 
la  suite  le  privèrent  de  ses  emplois  et  de  ses  re- 
venus, et  il  ne  trouva  de  ressource  que  dans  la 
place  de  directeur  du  théâtre  royal  de  Casse!, 
qui  lui  fut  offerte  par  le  roi  de  Westphalie.  Il  y 
composa  un  opéra  français  intitulé  l'Heureux 
ftaufrage,  et  quelques  divertissements  drama- 
tiques. Dans  un  voyage  qu'il  lit  à  Vienne  en 
1808  pour  y  engager  des  chanteurs  italiens,  il 
composa  Bradamante,  grand  opéra  de  Collin, 
et  reçut  des  offres  avantageuses  pour  s'y  fixer, 
mais  il  préféra  retourner  à  Cassel.  Cependant  la 
guerre  qui  éclata  dans  l'année  suivante  entre 
l'Autriche  et  la  France  lui  faisant  craindre  de 
nouvelles  dévastations  pour  sa  propriété  de  Gie- 
bichenstein, H  s'y  retira  après  avoir  donné  sa 
démission,  et  s'y  livra  à  la  rédaction  de  ses  Let- 
tres confidentielles  sur  Vienne ,  qui  parurent 
en  1810.  Ou  ignore  le  motif  qui  le  décida  à  faire 
imprimer  cet  ouvrage  à  Amsterdam.  Reichardt 
mourut  dans  sa  maison  près  de  Halle,  le  27  juin 
1814,  à  l'âge  de  soixante-deux  ans.  Il  avait  été 
marié  deux  fois  :  sa  première  femme  (Julie  Rei- 
chardt), née  à  Berlin  en  1752,  était  fille  du  cé- 
lèbre violoniste  François  Benda.  La  seconde 
femme  de  Reichardt  était  fille  d'un  négociant  de 
Hambourg;  sa  dot  fut  employée  pai'  le  compo- 
siteur à  l'acquisition  d'une  terre  dans  le  Itol- 
stein. 

Considéré  comme  compositeur,  Reichardt  ne 
peut  être  classé  parmi  les  artistes  de  génie,  car 
il  ne  sut  qu'imiter  avec  adresse  et  arranger  avec 
goût.  Sa  musique  de  théâtre  ne  manque  ni  d'a- 
grément dans  la  mélodie,  ni  même  de  force  dra- 
matique, dans  la  déclamation;  mais  on  n'y  trouve 
point  de  ces  nouveautés,  de.  ces  hardiesses  qui 
décèlent  l'invention.  Son  harmonie  est  assez 
pure,  quoiqu'il  n'eût  fait  que  des  études  incom- 
plètes dans  l'art  d'écrire  ;  mais  il  appartient  plus 
à  l'ancienne  école  mixte  allemande  de  Graun  et 
de  liasse  qu'à  celle  des  nouveautés  trouvées  par 
Mozart.  Ses  modulations  sont  aussi  trop  uni- 
formes. Dans  la  musique  instrumentale,  il  n'eut 
de  succès  que  jusqu'en  1 790.  Les  transformations 
qui  s'opérèrent  vers  cette  époque  dans  celte  par- 
tie de  l'ait  tirent  bientôt  vieillir  ses  productions 
en  ce  genre. 

Comme  écrivain  sur  la  musique,  Reichardt  ne 
s'est  distingué  que  comme  critique  et  comme 


REICHARDT 


•2m 


historien  de  l'art  de  son  temps.  Homme  d'esprit 
t'I  d'expérience;  ayant  lu  beaucoup  de  musique, 
comparé  les  productions  d'époques  et  de  pays 
différents ,  connu  beaucoup  d'artistes  île  mérite 
et  recueilli  une  multitude,  d'anecdotes  sur  leur 
personne  et  leurs  travaux,  il  reunissait  toutes 
les  qualités  nécessaires  pour  écrire  avec  succès 
des  analyses  de  compositions  et  des  mémoires 
contemporains;  mais  dans  les  questions  sérieuses 
et  fondamentales,  il  manquait  également  desavoir 
et  de  profondeur.  On  peut  dite  de  lui  qu'il  fut 
littérateur  musicien  plutôt  que  musicien  sa- 
vant. 

Les  productions  de  cet  artiste  estimable  se 
divisent  en  écrits  spéciaux  sur  la  musique,  ou 
dans  lesquels  il  a  traité  accidentellement  de  cet 
art,  en  opéras  et  mélodrames,  en  musique  ins- 
trumentale, en  musique  vocale  pour  l'église,  le 
concert  ou  la  chambre.  On  y  compte  environ 
cent  quatre-vingts  œuvres  imprimées  ou  manus- 
crites En  voici  la  liste  :  I.  Écrits  relatifs  a  la 
Musiqcf.  :  1°  Musikalisches  Kunstmagazin 
(Magasin  de  l'art  musical),  Berlin,  1782-1791, 
huit  numéros  formant  2  volumes  in-folio.  Les 
livraisons  de  cet  écrit,  qui  devait  être  périodique, 
parurent  à  des  époques  indéterminées.  Il  contient 
des  notices  historiques  sur  l'art  et  les  artistes, 
et  des  morceaux  de  musique  vocale  et  instru- 
mentale de  compositeurs  célèbres  anciens  et 
modernes  ou  de  l'auteur  du  recueil.  —  1°  Geist 
des  musikalischen  Kunstmagazins  von  Johann 
Friedrich  Reichardt.  Hcrausgegeben  vonJ.  A. 
(Esprit  du  magasin  de  l'art  musical  de  J.  F.  Rei- 
chardt,  publié  par  J.  A.)  ;  Berlin,  Ungher,  1791, 
in-8°  de  xn  et  195  pages.  Ce  volume  renferme 
le  texte  de  l'ouvrage  précédent,  sans  les  morceaux 
de  musique.  Il  paraît  que  Reichardt  fut  mécon- 
tent de  cette  publication,  car  denxansaprès  il  en 
rit  paraître  une  autre  édition  intitulée  :  Geist  des 
musikalischen  Kunstmagazins ,  nach  einem 
vom  Yerfasser  durchcorrigirten  und  mit 
Zusxtzen  vennehrten  Exemplare  des  Kunst- 
magazins. Hcrausgegeben  von  J.  A.  (Esprit  du 
magasin  de  l'art  musical,  d'après  un  exemplaire 
corrigé  par  l'auteur  et  augmenté  d'additions,  etc.); 
Berlin,  1793,  in-8°.  —3°  Studien  fur  Ton- 
kunstler  und  Musikfreunde.  Fine  historisch- 
kritische  Zcitschrifl  fur  Jahr  1792,  in  zwei 
Thcilen  hcrausgegeben  von  F.-A.  Kunzen  und 
J.-F.  Reichardt  (Études  pour  les  musiciens  et 
les  amateurs  de  musique;  écrit  périodique  histo- 
rique et  critique  pour  l'année  1792,  publié  en 
2  parties  par  F.-A.  Kunzen  et  J.-F.  Reichardt), 
Berlin,  1793,  1  vol.  in-4°.  Lapremière  partie  de 
ce  journal  de  musique  a  pour  titre  :  Musika- 
liches-  Wœchenblatt  (Gazette  musicale  hebdoma- 

BIOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.  —   T.    VU. 


daire),  et  la  seconde  Musiknlisches  AJonafh- 
sch  rift  ( Écrit  musical  mensuel).  —  4°  lia  linischa 
musikalische  Zeiiung  (Gazelle  musicale  de  Ber- 
lin),    Berlin  et   Oranienbourg,  chez  Frœhhch, 
1805-1806,  1  volume  in-4°.  La  publication  de  ce 
journal   fut  arrêtée   par  les  événements  de   la 
guerre  de  Prusse  en  1806.  —  5"  Musikalischer 
Almanach  mit  12  neuen  Liedcrn  (Almanacb 
musical   avec  12    chansons  nouvelles);   Berlin, 
Ungher,  1796,  petit  in-12.  Cet  opuscule  écrit  par 
Reichardt  dans  sa   retraite   de  Giebichenstein , 
pendant  sa  disgrâce,  contient  un  calendrier  où 
chaque  jour  indique  la  naissance  d'un  composi- 
teur, d'un  chanteur,  d'un  instrumenlistecélèbres, 
ou  d'un  écrivain  sur  la  musique,  et  des  articles 
biographiques  où  l'auteur  essaie  de  caractériser 
le  mérite  de  quelques-uns  de  ces  artistes  et  sa- 
vants. —  6°  Ucber    die   deutsche   Kamisc.hr* 
Opernebst  einem  An'.i ange  eines  freundschaft - 
lichen  Briefes  uber  die  musikalisches  Poésie 
(Sur  l'opéra-comique  allemand,  suivi  d'une  lettre 
confidentielle  sur  la  poésie  musicale);  Hambourg, 
1774,  petit  in-8°  de  124  pages.  —  7°  Ueber  die 
Pflichten  des  Riphen-Yiolonislen   (Sur  les  de- 
voirs (qualités  nécessaires)  d'un  violoniste  d'or- 
chestre) ;  Berlin  et   Leipsick,   1776,  in-S°  de  92 
pages.  Ce  petit  écrit  renferme  des  conseils  pour 
les  violonistes  sur  le  son,  le  maniement  de  l'ar- 
chet, le  doigter,  les  nuances,  la  mesure,  etc.  — 
8°  Georg-Friedrich  Hxndel's  Jugend  (Jeunesse 
de  George-Frédéric  Haendel),   Berlin,  1785,  in -8° 
de  30  pages.  — 9°  An   das  musikalische  Pu- 
blicum ,  seine  franzœsische   Opern    Tamcr* 
lan  und.   Panthée  betreffend  (Au  public  mu- 
sical concernant  les  opéras  français  Tamerlan 
et  Panthce),  Hambourg,  1787,  in-8°  de  55  pages. 
Reichardt  y  rend  compte  des  circonstances  qui 
ont  empêché  la  représentation  de  ces  ouvrages. 
—  10°  Prie fe  eines  aufmerksamen  Reisendcn, 
die  Musik  betreffend  (Lettres  d'un  voyageur 
observateur,  concernant  la  musique),  Francfort 
et  Leipsick,  1774,  lre  partie,  in-8°  de  184  pages. 
2me   idem,    1776,   in -8°,    de    134    pages.     — 
1 1°  Schreibcn  ùber  die  Berlinische  Musik  an 
den  Herrn  L.-V.  Sch.in  M.  Eine  Beilage  zit 
don  ersten  Theile  der  Briefe  eines  aufmcrk* 
samen  Reisenden,  etc.  (Lettre  à  M.  L.  de  Sch.  à 
Mayence  ;  supplément  à  la   première  partie  des 
Lelties  d'un  voyageur  observateur,  qui  concerne 
particulièrement  les  musisiens  de  Berlin);  Ham- 
bourg, 1775,  in-8°  de  32  pages.—  12°  Vertraute 
Briefe  aus  Paris gesch  reiben  in  den  Jahren  1 802 
vnd  1803  (Lettres confidentiellesécrites  de  Paris 
dans   les   années    1802    et   1803);   Hambourg, 
1804  ;  1"  partie,  in-8°  de  492  pages;  2™e  idem, 
in-8°  de  422  pages  3me  idem,  1805,  in-8°de390 

14 


210 


REICIIARDT 


pages.  Cet  ouvrage  eut  tant  de  succès,  qu'on  dut 
réimprimer  les  deux  premiers  volumes  en  1805.  Il 
renferme  beaucoup  de  renseignements  sur  la  musi- 
que française  et  sur  les  musiciens  qui  vivaient  à 
Paris  à  cette  époque.  A  l'égard  des  Lettres  confi- 
dentielles écrites  de  Paris  en  1792  et  publiées  en  2 
volumes  ,  lesquelles  sont  citées  par  Choron  et 
Fayolle,  et  par  quelques  autres  biographes  fran- 
çais, je  n'en  trouve  pas  plus  d'indication  dans  les 
catalogues  allemands  et  dans  le  Lexique  biogra- 
phique de  Kayser,  que  du  Voyage  musical  en 
Allemagne,  en  Angleterre  et  en  France  qui,  sui- 
vant l'ancien  Lexique  des  musiciens  de  Gerber, 
aurait  été  publié  en  trois  volumes  dans  l'année 
1787.  —  13°  Vertraute  Brlefe  geschreiben  auf 
eincr  Reise  nach  Wienund  den  0  est  erre  ichis- 
chen  Staaten  zu  Ende  des  Jahres  1808  und 
zu  Anfang  1 809  (Lettres  confidentielles  écrites 
pendant  un  voyage  à  Vienne  et  dans  les  États 
autrichiens,  vers  la  fin  de  l'année  1808  et  au 
commencement  de  1809);  Amsterdam,  1810, 
2  volumes  in-8".  Ces  lettres  renferment  de  très- 
bonnes  observations  sur  la  situation  de  la  mu- 
sique dans  le  midi  de  l'Allemagne  à  cette  époque. 

—  14°  Lcben  des  beruhmteri  Tonkunsllers 
Heinrich  Wilhelm  Gulden  nachher  genunnt 
Guglielmo  Enrico  Fiorino  (Vie  du  célèbre  mu- 
sicien Henri-Guillaume  Gulden,  ensuite  appelé 
Guillaume  Henri  Fiorino);  Derlin,  A.  Mylius, 
1779,  in-8*  de  258  pages,  lie  partie.  Sans 
nom  d'auteur.  Cet  ouvrage  est  un  roman  d'édu- 
cation musicale,  dont  la  première  partie  eut  si 
peu  de  succès,  que  Reichardt  ne  fit  point  pa- 
raître les  autres.  —  15°  Beaucoup  de  morceaux 
détachés  sur  diverses  parties  de  la  musique  dans 
des  journaux  de  littérature  ou  de  musique, 
entre  autres  dans  les  Archives  du  Temps,  de 
Berlin,  juin  et  octobre  1795;  dans  la  Gazelle 
musicale  de  Berlin  publiée  par  Spazier,  en  1793 
et  1794  ;  dans  le  journal  intitulé  V Allemagne,  et 
dans  le  Lycée  des  beaux-arts,  Berlin,  1797; 
dans  la  Gazette  littéraire  de  Berlin,  et  dans 
la  Bibliothèque  allemande  universelle  ;  enfin, 
dans  la  Gazelle  musicale  de  Leipsick,  où  l'on 
trouve  particulièrement  un  très-bon  article  bio- 
graphique sur  le  maître  de  chapelle  Schulz 
(tome  3).  Reichardt  a  aussi  donné  sa  biographie 
détaillée  dans  la  Gazelle  musicale  de  Berlin 
(année  1805),  n°'  55,  56,  65,  66,  71,  78,  79,  82, 
84  et  89).  H  a  été  l'éditeur  de  la  troisième  édi- 
tion de.  la  Méthode  de  violon  de  LcRhlein  (va;/,  ce 
nom),  publiée  à  Jéna,  en  1797,  in-4°,  avec  des 
additions.  Ses  écrits  politiques  et  littéraires  sont: 

—  16°  La  France,  journal  publié  à  Hambourg 
en  1793  et  1794.  —  17°  Lettre  au  comte  de  Mi- 
rabeau sur  Lavater;  Hambourg,  1786,  in-8°.  — 


18°  Napoléon  et  le  peuple  français  (en  allemand); 
Hambourg,  Campe,  1 80 1 ,  in-8".  —  11.  Composi- 
tions dramatioi  es:  19°  Hanschen  undGrelchen 
(d'après  Rose  et  Colas),  opéra-comique,  im- 
primé à  Riga,  en  partition  pour  le  piano,   1772. 

—  20°  La  Lanterne  magique  de  l'amour, 
opéra-comique;  ibid.  1773.  —  21"  Le  Bûcheron, 
opéra-comique  en  un  acte,  (en  allemand),  repré- 
senté en  1775,  resté  en  manuscrit. —  22°  Il 
Sesse  galanli,  opéra  bouffe  italien,  à  Potsdam, 
1775,  en  manuscrit,  en  trois  actes.  —  23°  l.n 
Gioia  dopo  il  duolo,  cantate  théâtrale  en  deux 
actes,  à  Berlin,  1776.  —  24°  Artemisia,  opéra 
italien  en  trois  actes,  ibid.,  1778.  —  25°  An- 
dromède, opéra  sérieux  en  trois  actes,  ib.,  1778. 

—  26"Protesilao,  idem,  ibid.,  1779.  —  27"  Ino, 
duodrame  ;  imprimé  à  Leipsick  en  partition  pour 
le  piano,  1779.  —  28°  Procris  et  Cèphale, 
duodrame;  ibid.,  1780.  —  39"  Ariane  a  Aaxos, 
cantate  dramatique  de  Gerstemberg  (en  allemand); 
gravée  en  partition,  Leipsick,  1780.  —  30"  L'A- 
mour seul  rend  heureux,  opéra  allemand  en 
trois  actes,  à  Dessau,  1781.  —  31°  Tamerlan , 
opéra  français  en  quatre  actes,  1785,  non  repré- 
senté; puis  traduit  en  allemand  et  joué  au  théâ- 
tre de  Kœnigstadt,  à  Berlin,  en  1799.  —  32°  Pen- 
sée, grand  opéra  français,  en  quatre  actes,  1786. 

—  33°  Brenno,  opéra  sérieux  italien,  en  1787, 
à  Berlin.  —  34°  Claudine  de  Villa  bclla,  opéra 
allemand  en  trois  actes,  de  Ga:lhe,  1788.  — 
33°  Ouverture ,  entr'actes  et  chants  pour  Eg- 
mont,  tragédie  de  Gœthe,  1790.  —  36°  Lilla, 
opéra-comique  (allemand)  en  un  acte.de  Goethe, 
1790.  —  37°  L'Olimpiade,  opéra  sérieux,  en 
italien,  1790.  —  38°  Ervin  et  Elmirc,  opéra- 
comique  allemand  de  Gœthe,  en  deux  actes, 
1790  ;  imprimé  en  partition  pour  le  piano,  à  Mer- 
lin, 1793.  —  39"  Ouverture,  chœurs  et  bal- 
lets pour  Macbeth,  de  Shakspeare,  traduit  par 
Burger.  —  40°  Vile  Sonnante  ou,  des  Esprits, 
opéra-comique  allemand  de  Gotter,  en  1799.  — 
41e  Rosamunda,  grand  opéra  italien,  en  trois 
actes,  au  théâtre  royal  de  Berlin,  1801.  —  42° 
Amour  et  Fidélité,  Liederspiel,  au  théâtre  de 
Kœnigstadt,  à  Berlin,  1801.  —  43"  Jenj  et  Ba- 
teiy,    opéra-comique   (allemand)    de    Gœthe, 

écrit  en  1790,  et  représenté  eu  1801 44°  L'Art 

et  V Amour,  Liederspiel,  au  théâtre  de  Kœ- 
nigstadt, 1802.  —  45°  Ouverture,  marche  et 
chœurs  pour  Les  Croisés,  mélodrame  de  Kolze- 
bue,  1809.  —  46"  Le  Château  enchanté,  opéra 
en  trois  actes,  de  Kotzebue,  1802.  —  47"  La 
Mort  d'Hercule,  monodrame,  d'après  Sophocle, 
ii  Berlin  ,  1804.  —  48°  L'heureux  Naufrage, 
opéra-comique  fiançais,  en  un  acte,  à  Cassel, 
1808.  —  49"   Rradamanle,  opéra  allemand  en 


REICHARDT 


21 1 


quatre  acte:",  à  Vienne,  en  1S08.  Des  morceaux 
détachés  de  ces  divers  ouvrages  ont  été  gravés 
avec  accompagnement  de  piano.  —  III.  Musique 
religieuse  :  50°  La  Passiàhe,   oratorio  de  Mé- 
tastase, en  1785;  exécuté  à  Londres  et  à  Paris. 
—  51°  Canlus  lugubris  in  obilum  Frcderici 
Magni,  Paris,  1787;  gravé  en  grande  partition, 
in-fbl.  —  52°  Te  Deum  pour  le  couronnement 
de  Frédéric  Guillaume  If,  17SG.  —  53°  Te  Deum 
pour  la  paix  générale,  1800.  —  54°  Le  psaume 
145,  sur  la  traduction  allemande  de  Mendclssohn, 
avec  chœur  et  orchestre  ;  écrit  en  1784,  imprimé 
en  partition,    1792.  —  55°  Le  psaume  65,  en 
partition,  à  Leipsick,  chez  Kuhnel.   —  56°  La 
Résurrection,  oratorio  à  4   voix,  2  chœurs  et 
orchestre,    écrit    en   17S5;    en   manuscrit.   — 
57°  Ode  funèbre  sur  le  Christ  en  croix,  en  ma- 
nuscrit. —  58°  Chorai  :  Wohinmein  Auge,  etc., 
à  4  voix  et  orchestre.  —  59°  Hymne  du  matin,  de 
Milton,à  4  voix  et  orchestre,  Lcipsick,  Hofmeis- 
ter.  — 60° Cantate  religieuse  -.Lussi  denErhalier, 
en  partition  manuscrite.  —  IV.   Musique  vocale 

DE   CONCERT    ET  DE    CHAMBRE:      61°  Éloge     de   la 

mus/que,  cantate  à  4  voix  et  orchestre,  en  manu- 
scrit. —  02°  Le  Mois  de  Mai,  cantale  de  Ramier, 
pour  ténor  et  orchestre,  idem.  —  63°  Éloge  de 
Hii'ndel,  cantate  allemande,  composée  h  Londres, 
en  1785.  —  64°  Il  Consiglio,  cantate  de  Métas- 
tase, 1788.  — 65°  Amor  timido,  idem,    17S8. 

—  66°  Cantale  sur  le  rétablissement  du  prinre  de 
Prusse,  1789.  —  67°  Deux  odes  de  Frédéric  ie 
Grand,  à  4  voix  et  orchestre,  gravées  en  parti- 
tion réduite  pour  le  piano;  Berlin,  1800.  — 
68"  Cantates  et  chansons  italiennes  et  allemandes  ; 
Merlin,  1775.  —  69°  Chansons  de  Grethe,  Burger, 
Voss  et  Spiekmann ,  avec  accompagnement  de 
piano,  2me  recueil;  idem,  1780.  —  70"  Odes  et 
chansons  de  Herder,  Goethe  ,  etc.  ;  3me  recueil , 
ib.,  1781.  —  71°  Chansons  deKIesl,  Uz,  Hage- 
dorn,  etc.  ;  4me  recueil  ;  ibid.,  1782.  —  72°  Chan- 
sons de  Gleim  et  de  Jacobi;  5me  recueil,  ibid., 
1783.  — 73°  Chansons  pour  les  enfants,  G'"e  re- 
cueil, Wolfenbuttel,  1786.  —  74°  Cascilia,  lecueil 
de  cantiques  ,  hymnes,  airs,  duos ,  trios  ,  qua- 
tuors et  chœurs,  4    suites  ;  Berlin,    1790-1792. 

—  75°  Poésies  lyriques  de  Schiller,  à  voix 
seule  et  piano.  lre  et  2me  parties;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  —  76°  Six  canzonettes 
italiennes  et  six  romances  françaises;  Paris, 
Érard.  V.  Musique  instrumentale.  —  77°  Six 
sonates  pour  le  clavecin;  Berlin,  1771.  — 
78°  Onze  concertos,  idem  ;  Amsterdam,  1774.  — 
79"  Concerto,  idem;  Biga ,  5  773.  —  80°  Onze 
sonates,  idem;  Berlin,  1776. —  81°  Concerto, 
idem;  Leipsick,  1777. —  82"  Onze  sonates  pour 
clavecin  et  violon;  Amsterdam,  1777.—  83°  Deux 


idem  pour  clavecin;  violon,  alto  et  basse;  Ams- 
terdam, 1782.  —  84°  Sonate  pour  clavecin  et 
flûte;  Berlin,  1787.  —  85°  Quintette  pour  piano, 
2  IlOles,  et  2  cors;  Paris.  _  86°  Grande  sonate 
pour  piano  seul;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel. 

—  87°  Six    rondeaux  pour  piano  seul  ;   Zerbst. 

—  88"  Symphonies  pour  orchestre,  nos  1,  2,  3, 
4,  5  et  6  ;  Berlin,  Bellsiab,  etOlfenbach,  André. 

—  89"  Concerto  pour  violon  et  orchestre  ;  Riga, 
1773.  —  90°  Symphonie  concertante  pour  2  vio- 
lons, allô ,  violoncelle  et  orchestre  ;  Leipsick, 
Harlknock.  —  91"  Six  trios  pour  deux  violons 
et  violoncelle;  Offenhach,  André. 

REICHARDT  (Julie),  première  femme 
du  précèdent,  naquit  à  Berlin,  en  1752.  Fille 
du  célèbre  violoniste  F.  Benda,  elle  reçut  lapins 
belle  éducation  musicale,  et  devint  une  des  can- 
tatrices les  plus  distinguées  de  l'Allemagne,  pia- 
niste habile,  et  compositeur  agréable.  En  1776, 
elle  épousa  Reichardt ,  dont  les  conseils  ache- 
v  rent  de  développer  son  talent.  On  lui  doit 
plusieurs  mélodies  avec  accompagnement  de  cla- 
vecin, qui  ont  été  publiées  dans  les  recueils  de 
son  temps.  Elle  a  aussi  fait  imprimer  de  sa  com- 
posilion  :  r  Six  sonates  pour  le  clavecin;  Ham- 
bourg, Campe,  1782,  in-4°.  —  2"  Chansons  alle- 
mandes, avec  accompagnement  de  clavecin;  ibid. 
M"|C  Reichardt  mourut  à  la  fleur  de  l'âge,  le 
9  mai  I7S3. 

REICHARDT   (Louise),  fille  des  précé- 
dents, naquit  à  Berlin,  en  1778,  et  se  livra  dès 
ses  premières  années  à  l'étude  du   piano  ei  de 
la  composition.  Après  la  mort  de  son  père,  elle 
se  retira  à  Hambourg,  où  elle  mourut,  le  17  no- 
vembre 1826,  à  l'âge  de  quarante-huit  ans.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1°  Cantiques  spirituels 
(en  allemand),  à,  plusieurs  voix  sans  accompa- 
gnement, en  à  voix  seule  avec  ace.  de  piano; 
Hambourg,  Cranz.  —  2°  Chansons  spirituelles 
des  meilleurs  poêles  allemands,  pour  deux  voix 
de  soprano  et  deux  contraltos,  ibid.  —  3"  Douze 
chants  à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  3;  Hambourg,  Bcehme.  — 4"  Six  chan- 
sons de  Novalis,  op.  4  ;  ibid.  —  5°  Sept  chants 
romantiques  de  Tieck,  op.  5  ;   ibid.   —  6°  Six 
chansons,  op.  6;   ibid.  —  7°  Six  idem,  op.  7; 
ibid.  —  8°  Six  idem,  op.  8  ;  Hambourg,  Cranz. 
Six  recueils  de  ces  mélodies  ont  été  réimprimés 
à  Breslau.  chez  Leuckardt. 

REICHARDT  (Gustave),  né  le  13  novembre 
1797,  est  fils  d'un  prédicateur  de  Stralsund,  qui 
montra  pendant  tonte  sa  vie  beaucoup  de  zèle 
pour  les  progrès  de  la  musique  dans  la  Pomé- 
ranie.  Chacun  de  ses  sept  enfants  avait  ap- 
pris à  jouer  d'un  instrument,  eu  sorte  que  ce 
digne  pasteur   pouvait  faire  exécuter  chez   lui 

14. 


212 


REICHARDT  —  REICHERT 


les  compositions  les  plus  difficiles  par  son  or- 
chestre de  famille.  Destiné  à  l'étude  de  la  théo- 
logie, le  jeune  Reichardt  fut  envoyé  au  collège 
de  Greifsswalde,  puis  il  suivit  les  cours  de  l'uni- 
versité de  cette  ville.  En  1818  il  alla  continuer 
ses  études  à  l'université  de  Berlin ,  et  devint 
élève  de  Bernard  Klein  pour  la  théorie  de  la 
composition.  Déjà  il  se  faisait  remarquer  par- 
son  habileté  dans  le  chant,  sur  le  violon  et  sur 
le  piano.  Admis  dans  les  sociétés  de  chant  de 
cette  ville,  il  y  prit  tant  de  goût  pour  la  mu- 
sique, qu'il  abandonna  la  théologie  pour  cet  ail, 
en  1819,  et  bientôt  après  il  en  donna  îles  leçons. 
Depuis  lors  il  a  continué  de  se  livrer  à  l'ensei- 
gnement de  la  musique.  En  1850  il  a  été  nommé 
chef  du  chœur  (Musik-Direclor  )  du  Théâtre 
royal  de  Berlin.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Pièces  instructives  en  forme  de  sonates 
pour  le  piano  à  quatie  mains  ,  op.  4  ;  Ha- 
novre, Bachmann.  —  2°  Six  chansons  de  table 
pour  quatre  voix  d'homme,  op.  5;  Berlin,  Laue. 
—  3°  Siv  idem,  op.  7;  six  id.,  op.  8;  six  idem, 
op.  12;  Leipsick,  Hofmeister.  —  4°  Chansons 
populaires  pour  soprano  ,  contralto ,  ténor  et 
basse,  op.  9,  11,  13  et  16;  ib.  —  5°  Chansons 
allemandes  à  voix  seule,  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  6  et  10,  ibid.  Un  grand  nombre 
de  Lieder  détachés  avec  ace.  de  piano.  — 
7°  Quelques  morceaux  pour  le  piano. 

RE1CHE  (Goiiefroid)  ,  premier  musicien  de 
ville,  à  Leipsick,  né  à  Weissenfels,  le  5  fé- 
vrier 1667  ,  fut  le  plus  habile  virtuose  de  son 
temps  sur  la  trompette.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position vingt-quatre  morceaux  pour  un  cornet 
et  trois  trombones,  sous  le  titre  de  Quufi teinta, 
qui  parurent  en  1696,  in-4°.  Beiche  vivait  encore 
en  1717,  car  Hansmann  a  gravé  son  portrait 
dans  cette  même  année. 

REICIIEL  (Joseph),  chanteur  de  la  cha- 
pelle du  grand-du£  de  Hesse-Uarmstadt ,  consi- 
déré comme  une  des  meilleures  basses  chantantes 
de  l'Allemagne,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  naquit  en  Hongrie,  en  1804. 
Après  avoir  chanté  avec  succès  sur  les  théâtres 
de  Carlsruhe,  Berlin,  Stuttgard,  Manheim, 
Milan,  Dresde  vet  Hambourg,  il  accepta 
l'engagement  qui  lui  fut  offert  à  Darmstadt 
en  1846.  11  est  mort  en  celte  ville,  d'une  maladie 
de  langueur,  le.  30  juin  1856. 

REICIIEL  (Adolphe),  compositeur  dis- 
tingué de  Lieder  et  de  chants  à  plusieurs  voix, 
est  né  à  Berlin  vers  1815.  Son  premier  œuvre, 
composé  de  sept  Lieder,  à  voix  seule,  avec,  ac- 
compagnement de  piano,  a  été  public  à  Merlin 
en  1x35.  Plus  lard,  il  a  fait  des  études  sérieuses 
de   composition    sous    la   direction     de     Delm 


(voyez  ce  nom) .  En  1859,  il  a  été  nommé  di- 
recteur de  l'Académie  de  chant,  à  Dresde.  De- 
puis lors  il  a  fait  paraître  un  grand  nombre 
de  recueils,  qui  ont  eu  un  succès  décidé.  Parmi 
ses  œuvres  instrumentales  on  remarque  : 
1°  Quatre  préludes  et  fugues  pour  le  piano, 
op.  3;  Leipsick,  Lheilkopf  et  Hœrtel.  —  2°  So- 
nate en  (sol  mineur)  idem,  op.  4;  ibid. 
—  3°  Sonate  (en  fa)  idem,  op.  9;  Leipsick, 
Gœlz.  —  4°  3  mazijrkes,  idem,  op.  11  ;  Leip- 
sick, Hofmeister  .  —  5»  Sonate  (  en  si  mineur  ) 
idem,  op.  16;  Leipsick  ,  Peters.  —  6°  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle  ,  op.  17  ;  ibid. 

REICI1ELT  (F.-G.  ),  professeur  de  mu- 
sique à  Hambourg,  fut  d'abord  commis  au 
magasin  de  musique  de  Westphal ,  dans  cette 
ville.  On  a  gravé  sous  son  nom  des  pièces 
d'harmonie  pour  des  instruments  à  vent ,  des 
airs  de  danse ,  des  divertissements  et  d'autres 
petites  pièces  pour  le  piano.  11  a  aussi  publié 
une  critique  de  l'enseignement  de  la  musique 
d'après  le  système  de  Buchholtz,  sous  ce  litre 
Musihalisclicr  Quersfrich  mitlen  durcit  des 
Herrn  J.-G.-B.  Unterricht,  etc.  (lîarre  musi- 
cale oblique  mise  à  travers  l'enseignement  mu- 
sical de  M.J.-G.  B.  ),  Hambourg,  1784,  in-i" 
de  16  pages.  Reichelt  est  mort  à  Hambourg, 
en  1798. 

REICHENRERG  (Le  P.  Jean-Nepomu- 
cène),  professeur  de  philosophie  générale  et  de 
mathématiques  au  séminaire  de  Saint-Paul,  à 
Batisbonne,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pour  titre  :  Die ganze  Musikkunst ,  so,  voie  sie 
Veltweisheit  und  die  Mulhemalik  leichtliche 
jedenlehrt,  etc.  (L'Art  musical  en  gênerai  en- 
seigné clairement  par  la  philosophie  et  les  ma- 
thématiques, etc.),  Batisbonne,  1777;  2  parties, 
in  8°  de  138  pages.  Le  contenu  de  l'ouvrage  ne 
répond  pas  à  ce  tilrn  ambitieux.  La  méthode 
philosophique  de  l'auteur  procède  par  axiomes 
souvent  contestables,  et  les  rapports  numéri- 
ques des  intervalles  des  sons  y  sont  expliques 
d'une  manière  obscure  et  embarrassée. 

REICHERT  (...•),  musicien  allemand  au 
service,  du  comte  de  Bruhl,  à  Dresde,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  composé  la  mu- 
sique d'un  intermède  représenté  dans  cette  ville, 
en  1755,  sous  ce  litre  :  Il  Giuocatore  e  la  Bu- 
chettona, 

REICHERT  (  Mathieu-André),  né  à  Maas- 
tricht, en  1830,  l'un  des  virtuoses  llùlistes  les  plus 
habiles  el  les  plus  extraordinaires  du  dix-neuvième 
siècle.  Fils  i\'n\\  musicien  ambulant,  il  joua 
d'abord  dans  les  cafés  et  les  guinguettes.  Frappé 
de  ses   remarquables  dispositions,  M.  Demeur, 


REICIIERT  —  REIMANN 


!I3 


alors  professeur  de  flûte  au  conservatoire  de 
Bruxelles,  à  qui  le  hasard  l'avait  fait  entendre, 
le  présenta  à  l'auteur  de  cette  notice,  qui  l'admit 
coinine  élève  dans  cetteinstitulion,  en  1844.  Quel- 
ques mois  de  leçons  lui  suffirent  pour  dépasser 
en  talent  tous  les  autres  élèves  du  professeur  ; 
toutefois  ,  le  directeur  du  Conservatoire,  d'accord 
avec  M.  Demeur,  voulant  qu'un  long  travail  dé- 
veloppât tous  les  avantages  d'une  si  belle  organi- 
sation, ne  l'admit  pas  au  concours  la  première 
année,  et  usa  de  son  influence  sur  le  jury  pour 
qu'un  second  prix  seulement  lui  fût  accordé 
en  1846.  Il  était  nécessaire  d'ailleurs  de  le  sous- 
traire aux  habitudes  d'intempérance  contractées 
dès  son  enfance,  dans  son  existence  nomade.  Ce 
fut  pour  ce  motif  qu'on  le  tit  engager  dans  la 
musique  excellente  du  régiment  des  guides  pen- 
dant qu'il  continuait  ses  études  au  Conservatoire, 
afin  que  la  sévérité  de  la  discipline  militaire  l'ha- 
bituât à  une  vie  régulière.  En  1847,  le  premier 
prix  lui  fut  décerné,  et  le  talent  dont  il  fit  preuve 
dans  le  concours  porta  l'admiration  des  assistants 
jusqu'à  l'enthousiasme.  A  la  suite  de  ce  succès  , 
il  joua  dans  plusieurs  concerts  du  Conservatoire, 
et  chaque  fois  il  y  porta  l'admiration  du  public 
jusqu'à  l'exaltation.  Après  l'expiration  de  son 
engagement  dans  la  musique  des  guides,  il  vécut 
honorablement  quelque  temps,  voyagea,  donna 
des  concerts  dans  les  villes  principales  de  la 
Belgique  et  de  la  Hollande ,  puis  il  contracta  un 
engagement  avec  Julien  (voyez  ce  nom)  pour 
les  concerts  que  cet  entrepreneur  donnait  en  An- 
gleterre. Il  y  excita  également  des  transports 
d'admiration  chaque  fois  qu'il  s'y  fit  entendre  : 
mais  bientôt,  reprenant  ses  premières  habitudes, 
il  s'enivra  chaque  jour,  et  finit  par  tomber  aux 
dernières  extrémités  de  la  misère  et  de  l'abrutis- 
sement. On  dit  cependant  que  dans  ces  der- 
nières années  il  s'est  relevé  et  a  retrouvé  tout 
son  talent.  Au  moment  où  cette  notice  est 
écrite  (1863),  il  est  au  Brésil,  où  l'admiration 
pour  ses  prodigieuses  facultés  est  portée  à  l'excès. 
Reichert  a  composé  pour  son  instrument  des 
morceaux  qui  se  distinguent  par  les  nouveautés 
de  la  (orme  et  l'audace  des  difficultés. 

REICHAIAiXN  (  Jacques  ),  né  à  Kemberg, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle, 
fut  adjoint  de  la  faculté  de  philosophie,  à  Wit- 
tenberg,  puis  recteur  à  Torgau ,  où  il  mourut, 
en  16S9.  11  a  fait  imprimer  une  thèse  intitulée  : 
De  Echo,  Wittenberg,  1655,  in-4°. 

REICÎLMEISTER    (  J.-C.  ) ,   organiste    à 

Moselwitz,  dans  le  duché  de  Saxe-Altenhourg, 

né  en   1797,    est  auteur   d'un    écrit    intitulé  : 

Unentbehiiiches    Hilfsbuch    behn   orgelbau 

(Manuel  indispensable  pour  la  facture  d'orgues); 


Leipsick,  A.  Fist,  1822,  in-8°  de  77  pages. 
REIGUWEIN  (Jean-Georces),  maître  de 
chapelle  à  la  cathédrale  de  Ratisbonne,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  II 
a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  1°  Delicix 
sacne,  sive  missx  ires  brevesa  quatuor  vocibus 
concert.  2  violinis  ad  libit.  et  4  ripien.  cum 
basso  continuo  nec  non  psalmi  II  ab  1,  2,  3  et 

4  voc.  cum  et  sine  violinis  ac  ripienis  ;  Ratis- 
bonne, 1685,  in-fol. — 2°  Sacra  Thymiamata,  id 
est  offertoria per  (esta  anni  majora  a  4  vel 

5  vocibus  concertantibus  et  5  instrumentes  ; 
Ratisbonne,  1688. 

REIFFENBERG  (  FRÉnÉKic-AucusTE-FfiR- 
dlnand-Thomas  ,  baron  de  ) ,  conservateur  de 
la  bibliothèque  royale  de  Belgique,  né  d'une 
ancienne  famille  de  Franconie,  le  14  novem- 
bre 1795,  fut  un  des  plus  féconds  et  spiri- 
tuels polygraphes  de  l'époque  actuelle.  Ancien 
élève  de  l'École  normale  de  Paris,  il  em- 
brassa la  carrière  militaire  en  1814,  et  obtint  le 
grade  d'officier  d'état-major  dans  l'armée  belge  : 
mais  bientôt,  dégoûté  d'un  état  si  peu  fait  pour 
la  tournure  de  son  esprit  et  la  direction  de  ses 
études,  il  donna  sa  démission  ,  et  fut  successi- 
vement conservateur  de  la  Bibliothèque  des  ducs 
de  Bourgogne  à  Bruxelles,  professeur  de  philo- 
sophie à  l'université  de  Louvain,  puis  professeur 
d'histoire  à  l'université  de  Liège,  et  enfin  con- 
servateur de  la  bibliothèque  royale  à  Bruxelles. 
M.  de  Reiffenberg  était  chevalier  de  plusieurs 
ordres,  correspondant  de  l'Institut,  membre  de 
l'Académie  de  Bruxelles  et  d'un  grand  nombre 
d'académies  et  de  sociétés  littéraires;  enfin, 
secrétaire  de  la  commission  d'histoire  de  la  Bel- 
gique. La  liste  des  nombreux  ouvrages  de  M  de 
Reiffenberg  n'appartient  point  à  cette  biographie 
spéciale  ;  mais  j'y  dois  citer  un  écrit  relatif  à  la 
musique  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Lettre  à 
M.  Fétis ,  directeur  du  Conservatoire  de 
Bruxelles ,  sur  quelques  particularités  de 
l'histoire  musicale  de  la  Belgique  ;  Bruxelles, 
1834,  in-8°.  Cet  écrit  a  paru  d'abord  dans  le 
journal  littéraire  intitulé  :  Revue  encyclopé- 
dique belge  (octobre  1833)  ;  il  a  été  réimprimé, 
avec  quelques  changements  ,  à  la  fin  du 
deuxième  volume  d'un  recueil  de  nouvelles  du 
même  auteur  dont  le  titre  est  :  Le  Dimanche, 
récits  de  Marsilius  Brunck,  docteur  en  phi- 
losophie de  l'université  de  Heidelberg  ; 
Bruxelles,  Hauman,  1834,  2- volumes  in-ls. 
M.  'de  Reiffenberg  est  mort  à  Bruxelles,  le 
18  avril  1850. 

RElMARft  (Matthieu),  docteur  en  droit 
et  conseiller  de  l'empereur  Rodolphe  II,  naquit 
à  Lowemberg,  en  1544.  Il  est  vraisemblable,  par  le 


214 


REIMANJ*  —  REINAGLE 


litre  <le  ses  ouvrages,  qu'il  fut  habile  sur  le  luth. 

On  connaît  sous  son  nom  les  compositions  sui- 
vantes :  1°  Noctes  musicx;  Leipsick,  1598, 
in-fol.  —  2°  Cithara  sacra  psalmodix  Davi- 
dis  ad  vsum  tesludinis  .accomodaia;  Colo- 
gne, 1G13,  in-4".  Reimann  mourut  le  21  octobre 
1507  :  les  publications  île  ses  ouvrages  sont 
conséquermnent  posthumes. 

REEMAXN  (  Jean-Balthazar),  né  à  Bres- 
lau,  le  1 4  juin  1 702,  fit  voir  de  bonne  heure  d'heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique.  Pendant  en- 
viron dix  années,  il  reçut  des  leçons  de  Giirtler, 
Sturm  et  Willisch ,  cantors  à  Breslau.  L'orgue 
devint  l'objet  de  ses  études  spéciales,  et  bientôt 
on  le  compta  au  nombre  des  bons  organistes  de 
son  temps.  Après  avoir  occupé  la  place  de  can- 
tor  à  Neustadt,  il  obtint,  en  1726,  celle  d'or- 
ganiste de  Sainte-Marie-Madeleine  à  Breslau. 
Trois  ans  après,  ayant  été  appelé  à  Hirschberg, 
pour  la  réception  du  nouvel  orgue  construit  par 
Rcr-der,  de  Berlin,  son  talent  y  parut  avec  tant 
d'avantages,  qu'il  y  fut  nommé  organiste  par 
acclamation.  Quelque  temps  après,  il  fit  un 
voyage  à  Leipsick  ,  dans  le  but  d'y  entendre 
Jean-Sébastien  Bach  ,  qui  depuis  lors  devint  son 
modèle.  Il  mourut  à  Hirschberg,  en  1749,  à 
l'âge  de  quarante-sept  ans.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1°  Cantate  sur  la  mort  de  l'em- 
pereur Charles  VI;  Hirschberg,  1740.  —  2°  Re- 
cueil de  cantiques  anciens  et  nouveaux  ;  ibid., 
1747,  in-4°  oblong.  Ce  recueil  contient  362  mé- 
lodies. 

REIME  (Henri-Gottlieb  ),  savant  allemand, 
n'est  connu  que  par  une  dissertation  sur  une 
expression  hébraïque  qu'on  croit  être  relative  à 
la  musique.  Ugolini  l'a  insérée  dans  son  trésor 
des  antiquités  sacrées,  sous  ce  titre  :  Disser- 
talio  de  voce  sela  (  Thesaur.  antiq.  sacr., 
t.  32,  page  727  ).  A.-J.  Bytemeister,  professeur 
et  docteur  de  théologie  à  Helmstadt ,  a  fait  une 
réfutation  de  la  dissertation  de  Reime;  Ugolini 
l'a  aussi  insérée  dans  sa  collection. 

REIM.MANX  (  Jacques- Frédéric  ),  savant 
bibliographe ,  né  le  22  janvier  1668,  à  Grreniii- 
gen,  près  de  Halberstadt,  fit  ses  études  à  l'uni- 
versité de  Jéna  ;  puis  fut  successivement  institu- 
teur à  Halberstadt,  premier  pasteur  à  Erms- 
leben,  bibliothécaire  du  chapitre  à  Magdebourg 
en  1714,  et  enlin  pasteur  à  Hildesheim  ,  où  il 
mourut  le  1""  février  1743.  Au  nombre  de  ses 
ouvrages,  on  en  remarque  un  qui  a  pour  titre  : 
Vej.such  einer  Einleltung  in  die  Hisloriam 
l.iltcrariam  der  Teutschen  (Essai  d'une  in- 
troduction ;i  l'histoire  littéraire  des  Allemands); 
Halle,  1708-1713,  6  volumes  in  8".  Il  y  traite, 
au  premier  et  au  troisième  volume.des  écrivains 


et  de  la  littérature  de  la  musique,  de  l'histoire  de 
cet  art ,  et  de  la  solmisation. 

REIN  (  Jean-Balthazar),  musicien  à  Altona, 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  mourut 
en  cette  ville,  le  24  août  1794.  lia  fait  imprimer 
un  livre  choral  à  quatre  parties,  sous  ce  titre  : 
Vierslimmige  Choralbuch,  worin  aile  Melo- 
dien  der  ijcklesuïch-Holslein  ,•  Altona,  1755, 
in-4°. 

REIXA  (  Sixte  ) ,  religieux  minorité ,  maître 
de  chapelle  de  l'église  Sainte-Marie  et  Saint- 
François  de  Milan ,  naquit  à  Sarano  ,  dans  le 
Milanais,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  On  a  imprimé  des  psaumes  de  sa  compo- 
sition ,  à  Milan,  en  1653.  Il  fut  en  dernier  lieu 
organiste  de  l'église  Saint-Bartholomé,  à  Mo- 
dène.  Ce  moine  donnait  souvent  des  titres 
bizarres  à  ses  ouvrages ,  tels  sont  ceux-ci  : 
1°  Fiorita  corona  di  mélodie  céleste  a  l,  2,  3, 
e  4  voci  con  stromenti,  op.  7;  Milano,  presso 
Comagni,  1660,  in-4°  — 2°  La  Dan zu  délie 
voci rcgolata  ne'salmi  di  Terza,edi  Compléta, 
Te  Deum  e  litanie  a  8  voci ,  ed  ait  ri  salmi  a 
voce  sola  e  a  3  voci  con  violini ,  le  quattro 
antifonc  di  compiela  a  quattro,  e  due  sonate 
a  quattro  con  violini,  op.  9;  in  Yenctia,  Fran- 
cesco  Magni,  1664,  in-4°. 

REIXA  (Dominique),  ténor  qui  a  en  de  la 
réputation  en  Italie,  naquit  à  Lugano,  vers  1807, 
et  commença  sa  carrière  dramatique  en  1828. 
Dans  l'année  suivante,  il  chanta  an  théâtre  de 
la  Scalaà  Milan,  puis  à  Parme.  En  1S30,  il  était  à 
Vérone.  Rappelé  à  Milan  en  1831,  il  y  obtint  de 
brillants  succès,  et  y  fut  appelé  de  nouveau 
dans  les  années  1833,  34,  35  et  36.  Il  ne  réussit 
pas  moins  à  Naples,  où  il  chanta  en  1833,  1838, 
1840  et  1841.  Enfin,  il  trouva  le  même  accueil  à 
Venise  ,  à  Bergame  ,  à  Bologne  ,  à  Florence,  à 
Livourne,  à  Rome  et  à  Gênes.  En  1845,  ce  chan- 
teur distingué  se  retira  de  la  scène.  Il  était  mem- 
bre des  Académies  philharmoniques  de  Bologne 
et  de  Rome. 

RE1XAGLE  (Joseph  ),  fils  d'un  professeur 
de  musique  allemand,  est  né  à  Poitsmouth  , 
en  1762.  Destiné  à  la  marine,  il  fut  d'abord 
mis  sur  un  vaisseau  ,  puis  envoyé  en  appren- 
tissage chez  un  joaillier  à  Edimbourg;  enlin,  il 
recul  de  son  père  des  leçons  de  musique.  Entré 
ensuite  comme  trompette  dans  la  maison  du  roi, 
il  devint  habile  sur  son  instrument;  mais  plus 
tard  sa  saut.-  l'obligea  à  l'abandonner  pour  le 
violoncelle.  Pendant  quelques  années,  il  a  été  di- 
recteur du  concert  à  Edimbourg,  mais  en  1789  il 
S'établit  en  Irlande,  sous  la  protection  de  lord 
Westmoreland  ,  alors  lord  lieutenant  de  ce  pays. 
Après  deux  années  passées  à  Dublin  ,  il  retourna 


RKINAGLK  —  REUNECKK 


215 


à  Londres.  Postérieurement  il  s'est  fixé  à  Oxford, 
ou  il  est  mort,  en  1836.  On  a  sous  le  nom  de 
Reinagle  :  1°  Vingt-quatre  leçons  progressives 
pour  le  clavecin;   Londres,  1798.  —  2°  Douze 
duos    progressifs   pour  le   violoncelle,    op.   2; 
Preston.  —  3°  Six  idem.  op.  3  ;  ibid.  —  4°  Six 
,  idem,  op.  4.  —  5°  Six  idem,  op.  5.  —  6°  Six 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  ibid. 
Reinagle   a    aussi    composé    des    concertos   île 
violon  et  de  violoncelle ,  des  ouvertures,  et  des 
trios  pour  2  violons  et  violoncelle,  qui  sont  restés 
manuscrits.   On  a  de  lui  une  méthode  de  vio- 
loncelle intitulée  :  Concise  introduction  to  the 
art  of  playing  the,  violoncello ,•  Londres  (sans 
date).  Il  y    a  quatre  éditions  de  cet  ouvrage. 
REINAGLE  (Hugues),  frère  puîné  du  pré- 
cédent, né  à  Porstmouth,  en  17(56,  fut  élève  de 
Crosdill  pour  le  violoncelle,  et  devint  un  artiste 
distingué.  Il  mourut  jeune,  à  Lisbonne,  où   il 
était  allé  pour  rétablir  sa  santé.  On  a  gravé  de 
sa  composition   :   1°  Six  solos   pour   le   violon- 
celle, op.  1  ;  Londres,  Preston.  —  2"  Six  idem, 
op.  2  ;  ibid.  —  3°  Six  duos   pour  deux  violon- 
celles, op.  3;  ibid. 

REINCKE   (Jean-Aoam),    ou    REINKE, 
appelé  Heitiicke  par  Moller  (Cimbria  literata, 
tom.  I,  p.  539  ).  Les  Pays-Bas  ont  vu  naître  cet 
organiste   célèbre,   qui    cependant  appartient  à 
l'école  allemande,  parce  qu'il  puisa  dans  celle-ci 
l'instruction  qui  développa  ses  talents  par  la  suite  : 
il  vit  le  jour  à  Deventer,  province  d'Overyssel, 
le  27  avril  lf>23.  Après  avoir  appris  les  premiers 
principes  de  la  musique  et  du  clavicorde  dans  sa 
ville  natale,  il  se  rendit  à  Leipsick,  puis  à  Ham 
bourg,  où  il  étudia  la  manière  de  Henri  Scheid- 
mann  (voyez  ce  nom),   organiste  remarquable. 
Après  la  mort  de  cet  artiste  ,  Reincke  se  mit  sur 
les  rangs  pour  lui  succéder  dans  la  place  d'orga- 
niste de  Sainte-Catherine  ,  et  l'emporta  sur  tous 
ses    rivaux   au  concours.    Lorsqu'on    apprit  à 
Amsterdam  que  Scheidmann  avait  cessé  de  vivre, 
et  que  Reincke  occupait  sa  place,  un  des  musi- 
ciens les  plus  habiles  de  celle  ville  dit  qu'il  consi- 
dérait Reincke  comme  bien  audacieux,  ou  comme 
fort  habile  s'il  se  montrait  digne   de  succéder  à 
un  si   grand  artiste.    Instruit   de    ces   propos, 
l'organiste    de  Hambourg    envoya    à    ce   mu- 
sicien un  cantique  allemand  varié,  en  lui  écri- 
vant   que    ce    morceau    lui     ferait    connaître 
celui    qu'il  appelait  audacieux.  Plus   tard,   le 
musicien  hollandais  fit  un  voyage  à  Hambourg, 
dans  l'intention  d'entendre  Reincke  sur  l'orgue  : 
charmé  de  son  habileté,  il  lui  baisa  les  mains. 
Le    plus  grand   de  tous   les   organistes,  Jean- 
Sébaslien  Bach,  fit  deux  fois  le  voyage  de  Ham- 
bourg  pour   entendre  Reincke  :  à  l'époque   du 


dernier  voyage,  cet  artiste  distingué  était  presque 
centenaire.  Bach  joua  devant  lui  pendant  près  de 
deux  heures,  dans  l'église  de  Sainte-Catherine; 
le  vieux  Reincke  lui  dit,  après   l'avoir  entendu  : 
J'ai  cru  que  cet  art  allait  mourir  avec  moi; 
mais  je  vois  que  vous  le  fuites  revivre.  Le 
vénérable  organiste  mourut    le    24    novembre 
1722,  à  l'âge  de  quatre-vingt-dix-neuf  ans   et 
sept  mois.  Moller  a  été  trompé  par  ses  rensei- 
gnements en  fixant  la  date  de  la  mort  de  Reincke 
en  i09;i(loc.cit.).  Reincke  n'a  rien  publié  pour  l'or- 
gue, mais  ses  préludes  et  ses  cantiques  variés  se 
trouvent  en  Allemagne,  dans  les  bibliothèques  de 
plusieurs  amateurs.  La  publication  du  recueil  de 
ces  pièces  avait  été  annoncée  dans  les  catalogues 
de  Leipsick  (ann.  1688,  p.  45,  et  1689,  p.  33), 
sous  le  titre  de  Horlus  musicus  ;   mais  cette 
promesse  ne  paraît  pas  avoir  été  réalisée.  Le 
seul  ouvrage  connu  de  Reincke  est  un  recueil  de 
pièces  pour  deux  violons  et  basse  continue  pour 
le  clavecin,  lequel  a  pour  titre  :  Sonatenconcer- 
tanien,  allemanden ,  courant en ,  sarabanden 
und  chiquen  (sic),  auf  zwei  violinen  und  de?n 
cembalo,  gravé  sur  des  planches  de  cuivre,in-fol.; 
Hambourg,  1704  (roules  Hislorisches  Keltiar- 
ques  (sic)  desJahrs  1704, de  Lëhmann,  n°  34, 
p.    272).    Il   y   a  quelque  chose  de  piquant  el 
d'animé  dans    le  style  de   cet  organiste,     qui 
marque  un  progrès  sensible  de  l'ait  :  on  en  re- 
trouve des  inspirations  dans  les  œuvres  de  Bach. 
REIA'ECCIUS    (Chuétien-Fhédéhic),   ma- 
gister  et  recteur  du  gymnase  d'Eisleben,  naquit 
dans  cette  ville,  vers  la  lin  du  dix-septième  siècle, 
et  y  mourut,  le  24  mars  1739.  On  a  de  lui  une 
dissertation   intitulée  :  Programma  de  effecti- 
bus  musices  suspectis;  Eisleben,  1729,  in-4°  de 
10  pages. 

REINECKE  ou  RELNICKE  (Cuahles-Léo- 
pold),  né  à  Dessau,en  1774,  fut  destiné  à  la 
théologie  dès  son  enfance,  par  son  père ,  musi- 
cien  de  la  petite  cour  d'Anhalt-Dessau;  cepen- 
dant son  goûl  décidé  pour  la  musique  changea 
la  résolution  qu'on  avait  prise,  et  il  lui  fut  per- 
mis de  se  livrer  à  la  culture  de  cet  art.  Ainsi 
que  beaucoup  de  musiciens  allemands,  Reinecke 
apprit  à  jouer  de  plusieurs  instruments,  et  pres- 
que simultanément  il  prit  des  leçons  de  violon, 
de  clarinette,  de  cor  anglais,  de  basson,  de  trom- 
pette et  de  trombone.  A  l'âge  de  douze  ans, 
il  fut  mis  en  apprentissage  chez  un  musicien  de 
ville,  nommé  Reichardt  :  il  en  sortit  quatre  ans 
après  pour  entrer  dans  le  corps  des  hautboïstes 
du  prince.  Dans  le  même  temps,  il  reçut  des  le- 
çons de  violon  du  directeur  de  musique  Rust. 
En  1796,  Reinecke  fut  envoyé  à  Dresde  par  le 
piince   d'Anhalt-Dessau,  pour  y  étudier   l'har- 


21G 


REINECKE  —  RELNELT 


nionie  et  le  contrepoint,  sons  la  direction  de 
Naumann.  L'enseignement  de  celui-ci  était  pure- 
ment pratique  :  il  consistait  à  faire  écrire  par  son 
élève  des  morceaux  de  musique  vocale  et  instru- 
mentale, dont  il  corrigeait  les  fautes.  Après  deux 
ans  de  séjour  à  Dresde ,  Reinecke  retourna  à 
Dessau,  et  y  fut  d'abord  employé  dans  l'orches- 
tre de  la  cour  comme  bassoniste,  puis  comme 
chef  de  pupitre  pour  le  violon.  Le  titre  de 
directeur  de  musique  lui  fut  accordé  après  la 
mort  de  Jacobi  •.  il  lit  preuve  d'habileté  dans  cette 
position,  par  les  progrès  de  l'orchestre  conlié  à 
ses  soins.  Trois  opéras  de  sa  composition  (Adé- 
laïde de  Scharffeneck ,  Fedora ,  Perronte  el 
Alfred)  furent  représentés  avec  succès  à 
Dessau,  et  ajoutèrent  à  l'estime  qu'on  avait  pour 
ses  talents.  Un  événement  déplorable  vint  mettre 
un  terme  à  l'existence  heureuse  et  paisible  qu'il 
avait  eue  depuis  vingt  ans.  Il  s'était,  rendu  à 
Quedlinhonrg  pour  y  entendre  l'exécution  de 
l'oratorio  de  Frédéric  Schneider,  le  Jugement 
dernier,-  au  retour  de  cette  excursion ,  le 
13  octobre  1820  ,  les  chevaux  de  la  voiture  qui 
le  ramenait  s'emportèrent  et  le  jetèrent  dans  un 
précipice.  Grièvement  blessé ,  il  fut  transporté 
dans  la  ville  voisine,  où  après  huit  jours  de  souf- 
frances horribles  il  mourut,  à  l'âge  de  quarante- 
sept  ans,  le  22  octobre  suivant,  laissant  une 
veuve  et  huit  enfants  dans  une  situation  peu 
fortunée.  Les  trois  opéras  cités  précédemment, 
quelques  symphonies  restées  en  manuscrit,  des 
chansons  allemandes  ,  et  quelques  petites  pièces 
instrumentales  sont  tout  ce  qu'on  connaît  de  la 
composition  de  cet  artiste. 

REINECKE  (J.-l'.-R.) ,  professeur  de  mu- 
sique à  Altona,  a  publié  un  opuscule  élémentaire, 
sous  ce  titre  :  Vorbereitender  Unterrieht  in 
der  Musik  ûberhavjtt  uni!  im  Piano-forle- 
.Sji/el  insbcsondere,  etc.  (  Instruction  prépara- 
toire pour  la  musique  en  général  et  pour  le  jeu 
du  piano  en  particulier,  etc.  );  Alloua,  C.  Aue, 
1834,  in-S°  de  Cl  pages. 

REINECKE  (Charles),  filsdu  précédent,  est 
né  à  Altona,  le  23  juin  182».  Il  reçut  de  son  père 
les  premières  leçons  de  chant,  de  piano  et  de 
violon.  Ses  premiers  essais  de  composition  se 
firent  dès  l'âge  «le  sept  ans;  à  onze  ans  il  se  fit 
déjà  connaître  comme  pianiste.  Il  vécut  à  Altona 
jusqu'en  181:5,  mais  au  mois  de  mars  de  cette 
année  il  se  rendît  à  Leipsick ,  où  il  s'arrêta 
quelques  mois,  puis  il  continua  son  voyage  dans 
le  Mord,  donnant  des  concerts  à  Lubeck  et  à  Co- 
penhague. Au  mois  d'octobre  184?. ,  il  retourna  à 
Leipsick  et  y  lit  un  séjour  de  tmis  années,  pen- 
dant lesquelles  il  termina  ses  études,  se  lia  avec 
Mcndelssolm  et  Schumann,  el  joua  plusieurs  Ibis 


dans  les  concerts  du  Gewandhaus.  En  184G,  il 
donna  des  concerts  à  Brème  et  à  Hanovre  ,  puis 
à  Dantzick,  à  Kœnigsberg,  et  enfin  il  retourna  en 
Danemark,  où  il  obtint  le  titre  de  pianiste  de 
la  cour.  Dans  l'hiver  de  la  même  année,  il  revit 
Leipsick,  et  au  mois  d'avril  1847,  il  alla  s'établir 
à  Brème,  où  il  resta  deux  ans.  Au  commencement 
de  1851,  il  lit  un  voyage  à  Paris,  et  y  donna  un 
concert,  dans  lequel  il  fit  peu  de  sensation.  De 
retour  en  Allemagne ,  il  obtint  la  place  de 
professeur  de  piano  à  l'école  rhénane  de  musique 
de  Cologne.  Ln  1854,  il  abandonna  cette  position 
pour  celle  de  directeur  de  musique  à  Barmen , 
qu'il  quitta  de  nouveau  en  1859,  pour  succéder 
àMosewius  dans  les  places  de  directeur  de  mu- 
sique de  l'Université  et  de  l'Académie  de  chant  à 
Breslau,  qu'il  occupe  au  moment  où  cette  notice 
est  écrite  (1863).  Parmi  les  compositions  pu- 
bliées de  Reinecke,  on  remarque  la  partition  pour 
le  pianodu  petit  opéra  Der  Yierjeehrirje  Postcn, 
une  ouverture  pour  un  drame  de  Calderon,  des 
chœurs  de  voix  d'homme  avec  orchestre,  deux 
quatuors  pour  des  instruments  à  cordes,  une 
pièce  de  concert  pour  piano,  avec  petit  orchestre, 
un  quatuor  pour  piano  { op.  34),  un  trio  pour 
piano  (op.  38),  une  sonate  pour  piano  à  quatre 
mains  (op.  35),  une  idem  pour  piano  et  violoncelle 
(op.  42),  et  des  pièces  de  différents  genres  pour 
piano  seul.  M.  Reinecke  a  en  manuscrit  des  sym- 
phonies, des  ouvertures  et  des  chœurs. 

REINELT  (François),  né  à  Muhlseiffen(Silé- 
sie),  le  4  octobre  1778.  Son  père,  instituteur  dans 
ce  lieu,  ayant  remarqué  ses  précoces  dispositions 
pour  la  musique ,  lui  fit  apprendre  à  jouer  de 
plusieurs  instruments,  particulièrement  du  piano 
et  de  l'orgue.  Ses  progrès  furent  rapides,  et 
bientôt  les  leçons  qu'il  recevait  à  Muhlseiffen 
devinrent  insuffisantes.  Il  alla  alors  passer  quel- 
ques années  chez  un  organiste  de  la  Bohême, 
de  qui  il  reçut  une  instruction  plus  solide.  De 
retour  en  Silésie,  il  se  sentit  du  goût  pour  l'en- 
seignement ,  et  entra  en  1795  à  l'école  normale 
de  Glalz.  Après  y  avoir  terminé  ses  études  ,  il 
retourna  chez  son  père,  pour  l'aider  dans  ses 
fonctions.  Au  mois  d'août  1799,  il  fut  nommé 
instituteur  adjoint  à  Lewen;  mais  il  n'y  rota 
que  jusqu'au  mois  de  janvier  1800,  ou  il  reçut 
sa  nomination  d'instituteur  communal  à  Sarkisch. 
Il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en  1810.  Dans 
cette  année,  il  fut  rappelé  à  Lewen,  en  qualité  de 
régent  du  chu-ur,  et  garda  cette  position  pendant 
quatorze  ans.  Enfin,  en  1824,  les  places  de  rec- 
teur du  collège  et  de  rnnlor  de  la  petite  ville  de 
Habelschwerdt,  près  de  Glatz,  lui  furent  con- 
fiées, et  il  y  passa  le  rc-te  de  sa  vie.  Les  composi- 
tions écrites  pai  Reinell  sont  presque  toutes  pour 


UKINKLÏ  —  REINER. 


!17 


l'église  :  on  y  remarque  des  vêpres,  des  psaumes, 
une  messe  de  Requiem ,  et  plusieurs  Salve 
Regina.  Le  21  octobre  1845  a  été  un  jourremar- 
qnable  dans  la  vie  de  cet  homme  respectable  : 
il  y  fêla  le  cinquantième  anniversaire  de  son 
entrée  dans  la  carrière  de  renseignement  :  il 
reçut  des  témoignages  d'affection  de  toute  la 
population  d'Habelschwerdt,  et  le  roi  de  Prusse, 
à  cette  occasion,  le  décora  de  l'ordre  du  Mérite. 

REIXEft  (Thomas),  chanoine  de  l'abbaye 
de  Steinfeld,  en  Westphahe,  et  curé  du  village 
de  Kirchdaun,  naquit  à  Duiensnr  laRoer,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  et  mourut  le 
7  septembre  1690.  Au  nombre  des  ouvrages  qu'il 
laissa  en  manuscrit  a  l'abbaye  de  Steinfeld,  se 
trouvait  celui  qui  avait  pour  titre  :  Philomela 
choralis,  seu,  de  canin  chorati,  en  2  volumes 
in-4°. 

RUINER  (Jacques),  moine  bénédictin,  maître 
de  musique  de  l'abbaye  de  Weingarten ,  en 
Souabe ,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  a  composé  un  grand  nombre  de  morceaux 
de  musique  sacrée,  desquels  on  a  imprimé  les 
suivants  :  1°  Canliones  5  et  &  vocum;  Munich, 
1579,  in-4°.  —  2"Can(iones  germanicx  4  et  5 
vocum,  et  vivx  voci  ac  musicis  instrumentis 
accomodatx;  ibid.,  1381 ,  in-4°.  —  3"  Psalmi 
pœnitentialcs  3  vocibus  concinnati ;  ibid.,  1586. 

—  3"  (bis)  Chrisiliche  Gesang ,  leuische 
Psalmen ,  mit  dreij  Slimmen  zu  singea 
(Chants  chrétiens  ou  psaumes  allemands  à 
chantera  3  voix);  Dillingen,  Joli.  Meyei,  1589, 
in-4°  oblong.  — 4°  Teuischeund  laieinische 
Lieder  mit  3  and  4  Stimmen;  Lauingen,  1593, 
in-4°.  —  5°  Canliones  seu  motetx  4  et  5  vo- 
cum, adjunct.  est  Magnificat;  Costnitz,  1595. 

—  6°  Motetx  sacrx  b  et  «  roc;  Costnitz,  1595. 

—  7"  Canliones  6,  1,  8  adjundaque  una  10  vo- 
cum ;  Munich,  Adam  Ccrg,  1551,  in-4°  obi.  —  7° 
(bis)  Cantica  seu  motetx  ex  sacris  script,  de- 
sumplx  a  quatuor  et  quinque  voces  summo 
studio  et  singulari  artijicio  coneinnalx  et 
composilx.  His  accesscrunt  adhuc  alix  com- 
positiones  super  caniicum  B.  Murix  Virginis 
Magnificat,  simili  studio  elaboratx;  Constan- 
tix  ;  ex  offîcina  Eberhardi  Straab ,  anno 
159»,  in-4°  obi.  —  8"  Liber  Motettarum  sive 
canlionum  sacrarum sex  et  octovocum,  voci 
et  instrumentis  accomodatarum ,  Jacobi 
Reineri  monaslerii  celeberrimi  Weingar- 
tcnsis  musici;  Monachii,  apud  Nicolaum 
Henricum,  1600,  in-4°.  —  9°  Sacrarum  mis- 
sarum  sex  vocum,  lib.  I.  Authore  Jacobo 
Reinero,  monaslerii  Wcingartensis  Chorimu- 
sici  magislro  ;  Dillingx,  excudebat  Adamvs 
Meltzcr,    1604,  in-4°.    —   10°   Cloriosissimx 


Mariée  Virginis  Dci  genitrix  caniicum  quod 
vacant  Magnificat  decies  octonis  vocibus  ad 
octo  modos  musices  composition  una  cvm 
duplici  untiphona ,  salue  Regiâa  toiidcm 
decanlanda  ;  Francfort,  1004,in-4°.  —  \l"  Mo- 
tettarum si  ce  canlionum  sacrarum  sex  vocum 
voci  et  instrumentis  accomodatarum  ;  Augs- 
bourg,  1604.  La  seconde  édition  a  paru  à  Dillin- 
gen, en  1606,in-4°.  — 12°  Caniicum  gloriosis- 
simx  Virginis  Marix  sex  vocum  j  Dillingen, 
1605,  in-4°. 

REIA'ER  (Ambroise),  maître  de  chapelle  de 
l'archiduc  d'Autriche  Ferdinand-Charles ,  vers  !e 
milieu  du  dix-septième  siècle ,  vécut  quelque 
temps  à  Prague,  puis  à  Inspruck.  11  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Moleiti  a  2,  3  e  4  voci,  con 
Violini,  lib.  I;  Munich,  1645, in-4°.—  2° Moietti 
a  4,  5  e  6  vociconl  violini,  lib.  II;  ib.,  1648. 
—  3°  Moietti  a  8  voci,  lib.  111;  ib.,  1654.  ~ 
4°  Salmi  a  8  voci  con  violini,  lib.  IV  ;  ibid., 
1654.  —  5°  Missx  quinque  vocum  et  trium  ins- 
trumcnlorum  necessariorum  cum  aliis  tribus 
ad  libitum,  lib.  V;  Inspruck,  M.  Wagner,  1655. 
Ces  messes  sont  curieuses  sous  le  rapport  de 
l'instrumentation  :  indépendamment  de  la  partie 
de  viole  ou  d'alto  ordinaire ,  on  y  trouve 
trois  violes  da  braccio,  dont  la  première  est 
écrite  avec  la  clef  d'ut  sur  la  troisième  ligne,  la 
deuxième  avec  la  clef  de  ténor,  et  la  dernière 
avec  la  clef  de  fa  sur  la  quatrième  ligne.  Dans 
la  cinquième  messe ,  il  y  a  deux  cornets  écrits 
comme  des  parties  de  clarinettes,  basson  et  trois 
trombones  combinés  pour  des  effets  d'une  origi- 
nalité remarquable. 

REINER  (Félix),  né  à  Eichstadt,  en  1732, 
était  (ils  d'un  musicien  au  service  du  prince- 
évèque  de  cette  ville.  Après  avoir  étudié  les  élé- 
ments de  la  musique  et  du  basson  sous  la  di- 
rection de  son  père,  11  se  rendit  à  Munich,  en  1750, 
et  y  fut  placé  dans  un  régiment  d' infanterie,  en  qua- 
lité de  bassoniste.  Le  duc  Clément  de  Bavière ,  co- 
lonel de  ce  régiment,  le  pritsous  sa  protection,  et  lui 
fournit  les  moyens  de  voyager  en  Italie.  Arrivé  à 
Turin,  Reiner  y  reçut  des  leçons  du  célèbre  Jérôme 
Besozzi,  qui  en  lit  le  bassoniste  Se  plus  distingué  de 
l'Allemagne  à  cette  époque.  Reiner  se  rendit  ensuite 
à  Rome,  en  1760,  et  y  excita  autant  d'étonnement 
que  de  plaisir  par  la  perfection  et  l'expression 
de  son  jeu.  De  retour  à  Munich,  il  y  entra  dans 
la  musique  de  la  cour,  et  continua  d'y  développer 
son  talent  par  une  étude  constante.  Dans  les 
voyages  qu'il  fit  ensuite  en  Allemagne,  en  France 
et  en  Angleterre,  il  fut  considéré  comme  l'arlisle  le 
plus  habile  de  son  temps  sur  le  basson.  Il  mourut 
à  Munich,  en  1782,  laissant  en  manuscrit  quel- 
ques compositions  pour  son  instrument. 


218 


RE1INER  —  REINHARD 


Reiner  a  eu  deux  enfants.  Sa  fille  (Kuphrosine), 
liée  a  Munich,  le  2  août  1786,  commença  l'étude 
de  la  musique  chez  Camerloher,  maître  de  cha- 
pelle à  Freising,  puis  étudia  le  chant  sous  la  di- 
rection de  Raff.  Ayant  t'ait  un  voyage  à  Paris, 
die  lut  bien  accueillie  à  la  cour,  et  se  livra 
à  l'enseignement  du  chant.  Les  événements  de 
la  révolution  française  l'obligèrent  à  chercher 
un  refuge  dans  un  couvent;  mais  elle  retourna 
à  Paris  sous  le  Consulat,  et  fut  chargée  de  l'en- 
seignement du  chant  à  l'institution  impériale 
d'Ecouen ,  dirigée  par  Mme  Campan.  Elle  est 
morte  à  Saint-Germain,  près  de  Paris,  en  1831. 

Félix  Reiner,  fils  du  célèbre  bassoniste,  naquit 
à  Freising,  en  1780,  lit  ses  études  musicales  à  la 
cathédrale  de  cette  ville,  et  devint  ensuite  élève 
de  Winter  et  de  Danzi  pour  le  chant,  lin  1803 
il  débuta  au  théâtre  de  la  cour  de  Munich,  et  y 
obtint  un  brillant  succès  dans  le  rôle  de  Sarastro 
de  la  Flûte  enchantée.  Nommé  immédiatement 
après  chanteur  de  la  cour,  il  aurait  eu  vraisem- 
blablement une  belle  carrière,  si  la  mort  fié 
l'avait  enlevé  à  l'art  et  à  ses  amis,  le  3  janvier 
1808,  à  l'âge  de  vingt-huit  ans. 

REINER  (Josepii-Ewald)  ,  avocat  et  secré- 
taire de  la  ville  d'Osteritz,  dans  la  Liisace 
saxonne  ,  est  né  le  25  janvier  1784,  à  Wartliau, 
près  de  Bunzlau,  en  Silésie.  Après  avoir  fait  ses 
études  littéraires  et  musicales  chez  les  jésuites 
de  Glogau,  il  fréquenta  les  cours  du  gymnase 
catholique  de  Rreslau,  puis  se  rendit,  en  1805, 
à  Leipsick  pour  étudier  le  droit.  Le  résultat  de  la 
bataille  de  Jéna  lui  ayant  lait  perdre  l'espoir 
d'obtenir  un  emploi  en  Prusse,  il  resta  à  Leipsick, 
et  s'y  livra  à  l'enseignement  de  la  musique, 
particulièrement  de  la  guitare,  dont  il  jouait  avec 
habileté.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Alten bourg, 
il  obtint  la  protection  de  la  duchesse  de  Cour- 
lande,  qui  le  recommanda  à  sa  sœur  Elise  de 
Recker,  comtesse  de  l'Empire,  fixée  à  Leipsick. 
Dès  ce  moment  sa  position  dans  cette  ville  de- 
vint agréable,  et  son  existence  fut  assurée.  Après 
y  avoir  achevé  en  1809  ses  études  universitaires, 
il  obtint  à  Raut/.en  le  titre  de  référendaire,  et 
plus  tard  il  fut  nommé  secrétaire  de  la  ville  à 
Osteiitz,  où  il  vivait  encore  en  1850.  Reiner  s'est 
sut  tout  distingue  comme  compositeur  de  chansons. 
On  a  de  lui  quelques  œuvres  de  pièces  pour  la 
guitare,  graves  a  Leipsick,  chez  Ilofmcistcr. 

REINtiOT  (Cilles),  musicien  belge  de  la 
lin  du  quinzième  siècle,  naquit  vraisemblablement 
dans  le  Hainaut,  et  peut-être  à  Mous,  où  il  y 
avait  plusieurs  familles  de  ce  nom.  Dans  le  troi- 
sième livie  de  Vodhccaton,  imprimé  en  1503, 
parOitavianoPetrucci(voyeacenom),sou8le  titre 
particulier Canti  Cn"  cenfo cinquanta,on\rtmve 


de  ce  musicien  une  chanson  française  à  quatre 
\oix,  sur  la  mélodie  populaire  For  seulement, 
qui  a  servi  de  thème  à  beaucoup  de  compositeurs 
des  quinzième  et  seizième  siècles. 

REIA'IIARD  (  André  ),  organiste  et  notaire 
à  Sclineeberg,  au  commencementdu  dix-septième 
siècle  ,  est  connu  par  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Musica  sive  Guidonis  Aretini  de  xisu  et  cons- 
titutione  monochordi ,  dialogus  jam  denuo 
recogniius;  Leipsick,  impensis  Job.  Rosii  bibliop., 
1604,  in- 12.  On  se  tromperait  si  l'on  croyait, 
d'après  ce  titre,  que  l'ouvrage  dont  il  s'agit  ap- 
partient àGuido  d'Arezzo  :  il  a  été  composé  par 
Reinhard,  d'après  les  écrits  de  cet  homme  cé- 
lèbre. Gerher  a  fait  deux  ouvrages  différents  du 
même  livre,  en  le  citant  dans  son  premier  Lexique 
sous  le  titre  de  Monochordon,  d'après  une  fausse 
indication  de  Draudius,  et  dans  l'autre  sous  le 
titre  véritable.  Le  dialogue,  supposé  de  Guido, 
forme  5  feuillets  non  chiffrés,  précédés  d'un  feuil- 
let qui  contient  une  lettre  de  Reinhard  au  li- 
braire qui  a  fait  imprimer  l'ouvrage.  Ce  dialogue 
renferme  des  règles  pour  diviser  le  monocorde 
par  la  méthode  arithmétique  des  modernes  :  il 
n'y  a  rien  de  semblable  dans  les  ouvrages  de 
Guido.  Il  est  suivi  d'un  second  frontispice  qui 
porte  ce  titre  :  Monochordum  Andrex  Rein- 
hardi,  Mcimontani ;  Lipsix,  Valent inam  Endc 
imprimabat,  typis  Ilxredum  Beyeri,  anno 
Christi  1604  (64  pages).  A  la  dernière  page  on 
lit  :  Lipsix,  sumptibus  Joli.  Hossii  bibliop. 
Le  second  titre  du  livre  indique  le  lieu  de  nais- 
sance de  Reinhard,  car  jSivimontanus  est  le  nom 
latin  de  Sclineeberg  (montagne  de  neige)  même, 
ville  de  la  Saxe  OÙ  il  était  organiste  et  notaire. 
Reinhard  a  laissé  aussi  en  manuscrit  un  livre 
intitulé':  Methodus  de  arte  musica,  pcrcoti- 
cinne  suis  numeris  et  notis  elaborata  ;  1610. 
Cet  ouvrage  existait  dans  la  bibliothèque  «tes 
carmes  déchaussés  d'Erfurt  en  1758,  lorsque  Ade- 
lung  a  écrit  la  première  édition  de  son  Intro- 
duction à  la  littérature  musicale  (Anlcil.  SU  der 
musikalischen  Gelalirlheit,  page  279). 

REINHARD  (  Michel-Hbhw  ),  docteur  en 
théologie,  ne  à  Hildburghausen ,  le  18  octobre 
1678,  fut  surintendant  général  et  prédicateur 
de  la  cour  à  Wcissenlèls.et  mourut  d'une  attaque 
d'apoplexie,  le  Ie'  janvier  1732.  En  1699,  il 
soutint  à  l'université  de  Witlenberg,  pour  le 
grade  de  docteur,  nue  thèse  sur  les  instrument!] 
de  musique  des  Hébreux,  qui  fut  imprimée  sons 
ce  titre  :  Organophylakion  musicum  codicis 
Hebrxi,  in  disputatione  jiro  loco  in  amplis- 
Simo  philosophonun  online  bénévole  situ  con- 
ersso  ad  d.hNovcmb.  anno  16'J'J  habenàa. 
Witlenberg,  1699,  in- V. 


RK1NHART) 


219 


REINHARD  (Léonard),  né  à  Augsbourg, 
en  1710,  fut  organiste  de  l'église  luthérienne 
Saint  Jacques  de  celte  ville,  où  il  vivait  encore 
m  17.">G.  Il  a  publié  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Kurzrr  vnd  deutlicher  Unierricht  von  don 
Generalbuss,  etc.  (Méthode  brève  et  claire  de 
la  basse  continue,  dans  laquelle  on  montre,  par 
des  règles  certaines  et  îles  exemples  faciles,  d'après 
le  système  musical  le  plus  moderne,  comment  les 
commençants  peuvent  parvenir  de  la  manière  la 
plus  aisée  à  un  degré  d'instruction  solide  dans 
cette  science)  ;  Augsbourg,  1750,  in-8°. 

REINHARD  (Jean-Paul),  professeur  de 
philosophie  a  Eilangen,  mort  dans  cette  ville,  le 

10  juin  1 77 9, e<t  auteur  de  plusieurs  bons  ouvrage*, 
parmi  lesquels  on  remarque  :  Einleilung  zu  einer 
allgemcinen  Geschichte  der  G,elehrsamheit 
(  Introduction  à  une  histoire  générale  de  la 
science);  Erlangen,  1779,  in-4°.  Le  premier  vo- 
lume seulement  de  cet  ouvrage  a  paru,  et  la  pu- 
blication a  été  arrêtée  par   la  mort  de  l'auteur. 

11  y  donne  un  aperçu  de  l'histoire  de  la  musique, 
pages  194-211. 

REINHARD  (  B.-François ) ,  imprimeur  à 
Strasbourg,  naquit  à  Huningue,  en  1765,  et  fut 
envoyé  à  Colmar  pour  y  taire  ses  études.  Pen- 
dant son  séjour  en  cette  ville,  il  se  sentit  en- 
traîné vers  la  typographie  par  un  penchant  irré- 
sistible, et  se  construisit  une  petite  presse,  en 
1786.  Cultivant  aussi  la  musique,  il  conçut  le 
projet  de  nouveaux,  caractères  mobiles  de  mu- 
sique et  de  procédés  particuliers  pour  l'impres- 
sion, Ses  premiers  essais  ne  réussirent  pas  ;  mais 
arrivé  a  Mayence,  où  il  s'était  rendu  pour  se  sous- 
traire à  de  fâcheux  rapports  dans  sa  patrie,  il 
commença  à  y  atteindre  son  but.  Rappelé  par 
ses  parents  à  Strasbourg,  en  1790,  il  s'y  associa 
avec  Sébastien  Reithinger,  né  à  Bautzenheim 
(Haut-Rhin),  graveur  de  caractères,  qui  fit  les 
poinçons  et  les  matrices  des  types  destinés  à  la 
nouvelle  imprimerie  musicale  de  Reinhard  ;  mais 
les  premiers  essais  présentèrent  tous  les  incon- 
vénients de  l'interruption  des  filets  de  la  portée 
qu'on  remarquait  précédemment  dans  les  carac- 
tères de  Breitkopf,  d'Enschedé  et  de  Fournier. 
A  lors  Reinhard  conçut  le  projet  de  faire  stéréo- 
typer  les  planches  composées  en  caractères  mo- 
biles, et  de  faire  retoucher  au  burin  les  lignes  de 
la  portée  dans  le  moule  destiné  à  la  fonte  de  la 
planche  stéréotypée  :  le  résultat  de  son  opération 
donna  une  musique  dont  l'impression  était  fort 
supérieure  à  tout  ce  qu'on  avait  fait  précédem- 
ment. Plus  tard,  la  dépense  de  ce  procédé  l'en- 
gagea à  essayer  de  l'impression  de  la  musique  en 
deux  tirages,  déjà  employée  dans  les  dernières 
années  du  quinzième  siècle  par   Petrucci,  et  re- 


nouvelée dans  le  dix-huitième  par  Gandoà  Pa- 
ris. Dans  l'automne  de  l'armée  1791,  Reinhard  et 
Reithinger   s'éloignèrent   de  Strasbourg    et  allè- 
rent s'établir  à  Huningue,  puis  (en  1792)  à  Ribeau- 
villers  (Haut-Rhin),  ou  ils  continuèrent  leurs  tra- 
vaux   jusqu'au  printemps  de  1793.  De  retour  à 
Strasbourg  dans   la    même  année,  ils  commen- 
cèrent h  impiimer.  Le  premier  ouvrage  sorti  de 
leurs  presses  fut  un  œuvre  de  quatuors  de  Pleyel. 
Cependant,  soit  que  la  dépense  fût   encore  trop 
considérable  par  ce  mode  d'impression,  soit  que 
l'habitude  que  les  amateurs  de  musique  ont  de 
la  gravure  ait  nui  à  la  musique  imprimée,  le  suc- 
cès ne  répondit  pas  aux  espérances  de  Reinhard. 
La  mort  de  Reithinger   acheva  de  déranger  ses 
calculs,  et  l'obligea  en  1796  à  renoncer  à  la  ty- 
pographie, et  à  aller,  avec  les  débris  de  ce  qu'il 
possédait   autrefois,   chercher    fortune  dans   le 
commerce  à  Paris.  L'annonce  des  procédés  d'O- 
livier et  Godefroy  pour   l'impression  de  la  mu- 
sique, en  1801,  lui  lit  envoyer  aux  journaux  une 
réclamation  dans  laquelle  il  revendiquait  la  prio- 
rité d'invention,  quoique  le  principe  de  la  nou- 
velle typographie  musicale  n'eût  pointde  rapport 
avec  le  sien.  En  1801  il  s'est  de  nouveau  établi 
à  Slrasbourg,  et  y  a  élevé  une  nouvelle  impri- 
merie de  musique.  On  lit  dans  les  Notices  histo- 
riques, statistiques  et  littéraires  sur  la  ville 
de  Strasbourg,    par  Jean-Frédéric   Hermann, 
ancien  maire  de  celte  ville  (  Strasbourg,  1817, 
t.  Il,  p.  408),  qu'il  modifia  alors  son  procédé  de 
manière  à  imprimer  en  un  seul  tirage  les  lignes 
des  portées  et  les  queues  des  notes  en  encre  pâle, 
et  tout  le  reste  en  encre  noire  et  brillante.  Cepen- 
dant  le  succès  pour  sa  fortune  ne  fut  pas  meil- 
leur que  la  première  entreprise,  et  bientôt  après 
il   fut   obligé   de   l'abandonner  définitivement. 
J'ignore  l'époque  de  la  mort  de  ce  typographe. 
REINHARD  (Chari.es),  né  dans  le  duché 
de  Gotha,  en  1763,  servit  d'abord  en  qualité  de 
lieutenant  d'infanterie  dans  les  troupes  de  Hesse- 
Cassel,  puis  se  fit  acteur  d'opéra,  et  débuta  en 
1787,  à  Cologne  et  à  Bonn,  dans  la  troupe  dirigée 
par  Kloos.  Après  la  dispersion  de  celte  troupe, 
Reinhard  se  rendit  en  Hollande,  en  1789,   et  y 
chanta  dans  les  deux  opéras  allemand  et  hollan- 
dais.  Engagé    l'année    suivante   au   théâtre  de 
Schwerin,  il  suivit  ensuite  le  directeur  de  spec- 
tacle Tilly  à  Luheck  et  à  Brunswick.  En   1793, 
il  entra  au  théâtre  de  Hambourg,  et  y  chanta 
pendant  dix  ans  dans  les  principaux  opéras  de 
cette  époque.  En  1803  il  fut  engagé  au  théâtre 
de  Berlin;  mais  il  n'y  resta  que  deux  ans,  et  en 
1805  il  reçut  un  engagement  au  théâtre  de  Mu- 
nich. Sans  être  musicien   distingué,  il  chantait 
avec  goût  et  se  servait  avec  adresse  d'une  voix 


220 


REUVHARD  —  REINTHALER 


qui  réunissait  la  douceur  et  la  force.  Reinhard 
s'est  fait  connaître  aussi  comme  écrivain  par 
quelques  drames  et  par  des  écrits  politiques. 

REIMIARDT  (Jean-Georges),  troisième 
organiste  de  l'empereur  à  Vienne,  dans  les  années 
1721  à  1727,  a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Litaniœ 
P.  B.  M.  V.  quatuor  vocum.  —  V  Pasto- 
rella  sopra  il  tema  :  In  dulci  jubilo,  etc.,  per 
l'organo.  —  3°  Des  pièces  pour  le  clavecin. 

REIMIARDT  (Jean-Christophe),  maître 
de  chapelle  du  duc  de  Saxe-Gotha,  et  organiste 
de  la  cour,  vers  la  lin  du  dix-huitième  siècle,  fut 
d'abord  attaché  au  service  du  prince  de  Leinin- 
gen,  et  ne  le  quitta,  en  1795,  que  pour  entrer 
chez  le  duc  de  Gotha.  Il  mourut  dans  cette  der- 
nière position,  le  14  décembre  1821.  On  ade  cet 
artiste  des  chansons  religieuses  et  morales,  im- 
primées à  Gotha,  en  1788. 

REIAHARDT  (Georces),  clarinettiste  dis- 
tingué, est  né  à  Wiirzbourg,  le  28  septembre 
178-9.  Fils  d'un  musicien  au  service  de  celte  pe- 
tite cour,  il  apprit  dès  son  enfance  à  jouer  de 
presque  tous  les  instruments,  et  fut  plus  tard 
élève  de  Meissncr,  virtuose  sur  la  clarinette. 
Après  quelques  voyages,  il  s'arrêta  à  Wiesba- 
den,  et  y  prit  un  engagement  à  l'orchestre  ;  puis 
il  s'établit  à  Darmstadt,  et  y  entra  dans  la  cha- 
pelle du  grand-duc  de  Hesse;  mais  il  y  resta 
peu  de  temps,  et  quitta  cette  position  pour  en- 
trer à  l'orchestre  du  théâtre  de  Francfort.  En 
1821,  leroi  de  Wurtemberg  lui  accorda  uu  enga- 
gement de  clarinettiste  solo  pour  toute  sa  vie. 
Depuis  lors  il  n'a  plus  quille  Stuttgard.  Rein- 
hardt  a  fait  plusieurs  voyages  en  Allemagne,  et 
s'est  fait  entendre  avec  succès  à  Vienne,  Berlin, 
et  dans  quelques  auties  grandes  villes.  Schilling 
compare  le  talent  de  Reinhard t  à  ceux  de  Herm- 
stae.lt  et  de  Baermann,  et  le  considère  comme  les 
ayant  égalés.  On  ne  connaît  pas  jusqu'à  ce  mo- 
ment de  compositions  pour  la  clarinette  <le  «et 
artiste.  Il  était  encore  atlaché  à  la  musique  du 
roi  de  Vûrtemberg  en  183S,  lorsque  j'ai  visité 
Stuttgard. 

REIMIOLD  (Wf.rner),  savant  éditeur  de 
Térence,  né  dans  la  Poméranie,  était  fixé  à  Pase- 
walk,  dans  cette  province,  en  1843.  Au  nombre 
de  ses  écrits  se  trouve  une  dissertation  intitulée  : 
Uebcr  die  Anivendung  der  Musik  in  der  Co- 
mœdic.n  der  Allen  (Sur  l'emploi  de  la  musique 
dans  les  comédies  «les  anciens);  Pasewalk,  18.1'.), 
petit  in-8°  de  38  pages. 

REIMIOLDT  (Tqéodore-Cbristueb),  di- 
recteur de  musique  à  l'église  de  Sainte  Croix,  à 
Dresde,  obtint  celte  place  en  1723,  et  l'occupa 
jusqu'à  sa  mort,  en  1755.  11  fut  le  prédécesseur 
d'Homilius  (voyez  ce  nom),  et  le  maître  deHil- 


ler,  qui  lui  dédia,  en  1753,  sa  dissertation  sur 
l'imitation  de  la  nature  dans  la  musique  (voyez 
IIiller  ).  Reinholdt  s'est  fait  connaître  par  un 
opuscule  qui  a  pour  titre  :  Einige  zur  Musik 
gehœrige  poetische  Gedanken,  bel  Gelegenheit 
der  schœnen  neuen  in  der  Frauenkirche  in 
Dresden  vcrferliglen  Orgcl  (Quelques  idées 
concernant  la  musique  poétique,  à  l'occasion  du  bel 
orgue  nouvellement  érigé  dans  la  Frauenkirche, 
à  Dresde),  Dresde  ;  1736,  in-4°  de  4  feuilles. 

REINK  ASTEN  (M.-  C),  musicien  à  Ham- 
bourg, vivait  dans  celte  ville  vers  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  a  laissé  en  manuscrit,  de  sa 
composition:  1°  Trois  sonates  pour  clavecin, 
avec  violon  et  violoncelle,  op.  t.  — 1"  Trois 
idem,  op.  2.  —  3°  Trois  solos  pour  clavecin.  — 
4°  Concerto  pour  le  basson.  —  5°  Stimmc  der 
Liebe  (La  Voix  de  l'amour),  cantate  à  voix  seule, 
avec  dix  instruments. 

REEMKE  (Jean-adam).  Voyez  REIIXCKE. 

REINMANN  (Georges-Frébéric),  auteur 
inconnu  d'un  livre  élémentaire  intitulé  :  Musik- 
Bùchlein  (Petite  Méthode  de  musique)  ;  Erfurt, 
1644,  in-8°. 

REIAMANN  (Jean-Hartmann),  directeur 
de  la  chapelle  du  duc  de  Saxe-Saalfeld,  naquit  à 
Saalfel.l,  le  17  avril  1677.  En  1707,  il  entra  comme 
musicien  de  la  chambre  chez  le  duc  Jean- Ernest, 
qui  l'envoya  chez  le  maitrede  chapelle  Erlebach, 
pour  apprendre  la  composition.  Sept  ans  après, 
le  prince  le  nomma  son  maître  de  chapelle. 
Reinmann  composa  ensuite  un  oratorio  de  la 
Passion,  dont  le  prince  avait  écrit  les  paroles.  Il 
mourut  à  Saalfeld,  le  10  novembre  1728. 

REINTHALER  (Charles)  fut  d'abord 
cantor  à  Erfurt,  et  y  vivait  en  1S37.  Suivant  le 
Tonkûnsller-Lexïkon  Berlin? s,  deM.de  Le- 
debur  (p.  444),  ce  musicien  aurait  fait  son  édu- 
cation musicale  à  Berlin,  sous  la  direction  de 
M.  le  professeur  Marx,  dans  les  années  1844-49  ; 
mais  ce  fait  esl  certainement  inexact,  puisque 
l'on  voit  dans  la  Gazette  générale  <le  musique  >u\ 
Leipsick;  année  1839,  p.  103)  que  Charles  Rein- 
thaler  avait  publié  ses  premiers  ouvrages  à  Er- 
lurt  et  à  Leipsick  en  1837.  En  1854  il  fut  appelé 
a  Cologne  comme  professeur  de  l'école  de  mu- 
sique établie  en  cette  ville,  et  dans  l'année  sui- 
vante il  dirigea  à  Londres  l'orchestre  de  l'opéra 
allemand.  Après  la  mort  de  Riem,  en  1857, 
Reinthaler  lui  succéda  en  qualité  de  directeur  de 
musique  à  Brème.  Ses  compositions  publiées  ont 

pour  titres  •.  1°  Gesxnge  und  Liedcr  zu  einer 
hohen  Fcicr  der  heiligen  Taufe  (Chants  et 
mélodies  pour  la  fêle  du  saint  baptême)  ;  Erfurt, 
1837.-2°  Die  heilige  Géburl  unsers  Jlcrrn 
(La  sainte   Nativité  de  .Noire -Seigneur),  25clianls 


IIKINTHALER  —  REIS1G 


221 


pour  un  chœur  de  voix  mêlées,  à  l'usage  de  la 
fête  de  Noël);  Erfnrt  et  Leipsick,  Dœrffling  el 
Franlœ,  in-8°.  11  a  été  fait  trois  éditions  de  cet 
ouvrage.  —  3°Tafetliederfur  dculschc  Glau- 
bensbriider  (Collections  de  Lieder  pour  les 
Frères  apôtres  allemands  (f);  ibid.,  in-8°.  — 
4°  Lieder  pour  voix  de  soprano  avec  piano,  en 
2  suites,  op.  2;  Berlin,  Bote  et  Bock.  —  5°  Trois 
poèmes  mélodiques,  chants  du  soir,  idem,  op.  3  ; 
Berlin,  Srhlesinger.  —  6°  Trois  poèmes  mé- 
lodiques, idem,  op.  4;  ibid.  —  7°  Six  Lieder 
à  4  voix.;  Cologne,  Schloss.  —  8°  Six  Lieder  à 
voix  seule  avec  piano  ;  ibid. ,  Beintlialer  a  pu- 
blié aussi  une  collection  de  musique  d'église 
de  plusieurs  compositeurs,  sous  ce  titre  :  Die 
heilige  Passion  unsers  H  erra  (La  sainte  Pas- 
sion de  Notre-Seigneur);  Erfurt,  1837.  Les  au- 
teurs dont  on  trouve  des  pièces  dans  ce  recueil 
sont  Ha-ndel,  Christophe  Agthe,  Henri  Lausmann, 
Nanini  et  Palestrina.  On  a  aussi  de  lui  l'oratorio 
Jephié,  composition  estimée,  qui  a  été  exécutée 
avec  succès  dans  plusieurs  villes  de  l'Allemagne 
et  en  Hollande.  Il  écrivit  cet  ouvrage  à  Cologne. 
Le  90me  Psaume,  pour  deux  chœurs,  de  sa  com- 
position, a  été  exécuté  à  l'Académie  de  chant  de 
Berlin,  le  1er  décembre  1848. 

REIA'WALD  (Louis),  musicien  au  service 
du  prince  de  flildhurghausen,  vers  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  les  ou- 
vrages suivants  :  lu  Deuxsymphoniesà9  parties, 
op.  1  ;  Berlin,  Huminel.  —  2°  Des  recueils  de 
danses  pour  le  piano  ;  ibid.  —  3°  Instruction 
pour  le  piano  ;  ibid.  —  4°  La  célébration  de  la 
paix  :  Heil  uns,  chant  en  chœur  avec  piano; 
Hambourg,  1797. 

RE1SCH  (Georges),  prieur  de  la  Chartreuse 
près  de  Fribourg  en  Btisgau,  vers  la  fin  du 
quinzième  siècle,  fut  d'abord  premier  confesseur 
de  l'empereur  Maximilien  fr.  [|  est  auteur  d'une 
encyclopédie  par  ordre  de  matières  qui  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  MargarUa  philosophica, 
totius philosophie  rationalis  etmoralis  prin- 
cipia  duodecim  libris  dialogice  complectens; 
Friburgi,  Joannes  Scholus  ,  1503,  in-8°.  Une 
deuxième  édition  fut  imprimée  à  Strasbourg  en 
1504,  une  troisième  dans  la  même  ville  en  1508, 
et  une  quatrième  en  1512.  Brunninger  en  donna 
une  cinquième,  aussi  à  Strasbourg,  en  1515, 
in-4°,  gothique,  avec  des  additions  relatives  aux 
alphabets  grec  et  hébreu  ,  à  la  composition  des 
carrés  magiques,  à  la  quadrature  du  cercle,  à  la 
cubation  de  la  sphère,  etc.  Oronce  Fine  en  a 
donné   aussi  des  éditions  augmentées  et   retou- 


(1)  Secte  religieuse,  qui  prit   naissance  en  Allemagne 
au  commencement  du  dis-neuvième  siècle. 


cliées  dans  ce  qui  a  rapport  aux  sciences  ma- 
thématiques, à  Paris,  en  i523,in-4°,  et  à  Bâle, 
en  1534,  in-4".  Le  cinquième  livrede  cet  ouvrage 
traite  delà  musique  :  il  est  divisé  en  deux  par- 
ties, la  première,  spéculative,  en  19 chapitres,  l'au- 
tre, pratique,  en  13  chapitres.  Jean-Paul  Galluci, 
de  Salo,  a  donné  une  traduction  italienne  de  la 
MargarUa  philosophica,  avec  des  notes  sur  le 
livre  de  la  musique;  Venise,  Barezzo  Barezzi, 
1599,in-4°. 

REISER  (Antoine),  théologien  protestant, 
né  à  Augshourg,  le  7  mars  1628,  fréquenta  pin- 
sieurs  universités  [tour  y  faire  ses  études,  et  eut 
une  vie  agitée  par  les  troubles  religieux  auxquels 
il  prit  part.  Nommé  d'abord  pasteur  à  Schmaitz, 
puisa  Presbourg,  il  voulut  s'opposer  à  l'intro- 
duction du  calvinisme  dans  l'église  de  cette 
ville  ,  en  1672  ;  mais  il  fut  emprisonné,  dépouillé 
de  tout  ce  qu'il  possédait,  condamné  à  la  peine 
capitale,  puis  gracié  de  la  vie,  et  chassé  du 
territoire  de  la  ville,  avec  sa  famille.  De  retour 
à  Augsbourg ,  il  y  occupa  quelques  emplois 
obscurs  dans  l'église,  et  obtint  enfin  le  pastorat 
à  l'église  de  Saint-Jacques,  à  Hambourg  :  il  y 
mourut  le  27  avril  1686.  Reiser  était  un  de  ces 
théologiens  ardents  de  l'école  de  Luther  qui  ne 
reculaient  jamais  devant  les  conséquences  de 
leurs  opinions  religieuses.  A  peine  échappé  aux 
persécutons  de  Presbourg,  et  rétabli  dans  une 
position  honorable  à  Hambourg,  il  s'y  déclara 
l'antagoniste  de  l'Opéra  allemand  qui  s'y  élaiî, 
établi  nouvellement,  et  l'attaqua  dans  un  livre 
intitulé  :  Theairomania,  oder  die  Werkeder 
Finstemiss,in  denœf [eut  lichen  Schauspielen 
von  den  allai  Kirchenlehren  und  ellichen 
heydnischen  Schribenien  verdammt  (Théalro- 
manie,  ou  les  œuvres  des  ténèbres  condamnées 
dans  les  spectacles  publics,  par  les  anciens 
théologiens  et  par  quelques  écrivains  païens)  ; 
Ratzebourg,  1681,  in-12.  Christophe  Rauch 
{voyez  ce  nom  )  ayant  publié  une  réfutation  de 
cet  écrit  dans  sa  Theatrophania,  etc.,  Reiser 
lui  fit  une  vigoureuse  réponse  intitulée  :  Der 
gewissenlose  Advocat  mit  seiner  Theatro- 
phanie  kùrzlich  abgefertigt  (L'avocat  sans 
conscience  lentement  expédié  avec  sa  Théatro- 
phanie)  ;  Hambourg,  1682,  in-12. 

REISIG  (Michel),  né  à  Stolberg,  dans  la 
Misnie,  en  1584,  fut  d'abord  musicien  de  ville  à 
Chemnitz,  puis  organiste  à  Augustenbourg  et 
musicien  de  la  chambre  de  l'électeur  de  Saxe. 
Son  habileté  sur  le  grand  cornet  d'Allemagne  lui 
fit  une  brillante  réputation  :  il  était  aussi  consi- 
déré comme  un  compositeur  distingué.  Reisig  a 
laissé  beaucoup  de  compositions  vocales  et  ins- 
trumentales en  manuscrit;  on  n'a  imprimé  de 


222 


REISIG  —  RE1SSIGER 


ses  ouvrages  qu'un  motet  à  liuit  voix,  qui  parut  à 
Leipsick,  en  1619. 

REISIG  (Gottlieb  on  Théophile),  directeur 
de  musique  et  recteur  de  l'école  latine  de  Licli- 
«enstein,  naquit  à  Meissen,  le  30  août  lG6i.  Après 
avoir  achevé  ses  études  à  l'université  de  Leip- 
sick, il  fut  nommé  par  le  comte  de  Scliœnbourg, 
en  1C95,  cantor  à  Liclitenstein,  et  trois  ans 
après  recteur  à  l'école  latine  et  directeur  de 
musique,  lant  à  la  cour  qu'à  l'église.  Reisig  a 
laissé  en  manuscrit  un  livre  auquel  il  travaillait 
en  1734,  et  qu'il  a  désigné  sous  le  titre  de  Tri- 
folium  Iiistorico-crilicum.  Cet  ouvrage  était 
divisé  en  trois  parties  :  la  première  contenait 
des  notices  sur  la  vie  et  les  ouvrages  des  meil- 
leurs musiciens  allemands;  dans  la  deuxième, 
on  trouvait  la  description  des  principales  orgues 
de  l'Allemagne,  avec  des  renseignements  sur  les 
tacteurs  qui  les  avaient  construites  et  les  meil- 
leurs organistes.  La  troisième  partie  était  un 
dictionnaire  technologique  de  la  musique.  On 
ignore  où  a  passé  ce  manuscrit. 

REISIG  (Jean-Benjamin).  On  a  sous  ce 
nom,  qui  était  probablement  celui  d'un  étudiant 
de  l'université  de  Leipsick ,  une  dissertation 
académique  intitulée  :  De  vi  aeris  in  sono; 
Leipsick,  17C7,  in-4°  de  32  pages.  Feu  mon 
digne  ami  Dehn,  de  regrettable  mémoire,  consi- 
dérait Daniel-Christian  Burdach,  naturaliste 
de  Leipsick,  comme  le  véritable  auteur  de  cette 
dissertation. 

REISS  (Antoine),  célèbre  facteur  d'orgues, 
né  en  1741,  à  Trautenaw,  en  Bohême,  apprit  la 
théorie  et  la  pratique  de  son  art  à  Vienne,  à 
Breslau  et  à  Dresde.  Il  finit  par  se  fixer  à  Pra- 
gue, et  y  acquit  une  grande  renommée  par  la 
beauté  de  ses  instruments.  Il  mourut  à  Prague, 
le  30  avril  1815,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Parmi 
ses  principaux  ouvrages,  on  remarque  :  1°  Le 
bel  orgue  de  l'église  Sainte-Pauline,  à  Prague, 
placé  plus  tard  à  l'église  cathédrale  de  Leitine.ritz. 

—  T  Un  très-bel  orgue  dans  IVglise  de  Schlau. 

—  3°  L'orgue  des  franciscains  dans  le  même 
lieu.  —  4°  L'orgue  de  l'église  des  Servîtes,  à 
Rabensteifl.  —  5°  La  reconstruction  du  grand 
orgue  de  Strahow.  —  6°  Le  bel  orgue  de  IVglise 
paroissiale  de  Neuhaus,  achevé  en  180?..  Reiss 
s7est  fait  connaître  aussi  comme  facteur  de  pianos. 

REISS  (CiiAiai'.s-IliM;i-Ai>oi.i'iii:),  né  à 
Fiancfoit-sur-le  Mein,  en  1829,  est  fils  d'un  mé- 
decin. Il  étudia  le  piano  sous  la  direction  de 
Rosenhain,  et  Ferdinand  Kessler  lui  enseigna  la 
théorie  de  l'harmonie.  En  I8ï7  il  alla  continuer 
ses  études  musicales  chez  llauptmann,  à  Leip- 
sick. L'accueil  bienveillant  qu'il  y  trouva  près 
■de  Mcndelssolm,  de  Gade  et  de  Moschcles  exerça 


une  influence  salutaire  sur  ses  dispositions  pour 
l'art.  De  retour  à  Francfort,  il  y  diiigea  d'abord 
une  société  de  chant;  puis  il  alla,  en  1849,  di- 
riger l'orchestre  du  théâtre  de  Bàle,  d'où  il  passa 
à  ceux  de  Wùrzbourg,  de  Cologne  etdeMayence. 
Dans  cette  dernière  ville,  il  dirigea  aussi  la  so- 
ciété de  chant  d'hommes  (Liederfa/el)  et  celle 
des  dames  (Damengcjangwerein).  En  1856,  il 
succéda  à  Bott  dans  la  place  de  second  maître 
de  chapelle  de  la  cour  de  Cassel.  Les  composi- 
tions de  Reiss  pour  l'église,  la  chambre  et  le 
concert  ont  été  publiées  chez  divers  éditeurs, 
particulièrement  chez  Schott,  à  Mayence.  Il  a 
fait  représenter  dans  cette  ville  l'opéra- comique 
intitulé:  CarnevalsOper  (L'Opéra  de  carnaval), 
et  l'opéra  romantique  Otto  der  Schûls  (Olhon 
l'Archer)  :  tous  deux  ont  eu  du  succès. 

REISSIGER  (Chrétien-Théophile),  can- 
tor  à  Belzig,  près  de  Witlenberg,  né  vers  (700, 
fit  ses  études  musicales  à  Dresde,  sous  la  di- 
rection de  Tùrk.  Il  a  publié  trois  symphonies  à 
grand  orchestre,  à  Dresde,   en  1790. 

REISSIGER  (Charles-Théophile),  fils  du 
précédent,  maître  de  chapelle  du  roi  de  Saxe, 
naquit  le  3i  janvier  1798,  à  Belzig,  près  de  Wit- 
tenberg.  Élève  de  son  père,  il  se  faisait  déjà  re- 
marquer dès  sa  dixième  année  par  son  habileté 
sur  le  piano.  En  1811,  il  eut  le  bonheur  d'être 
admis  comme  pensionnaire  à  l'école  Saint-Tho- 
mas de  Leipsick ,  où  il  reçut  des  leçons  de 
Schicht  pour  l'harmonie  et  le  piano.  Dans  les 
années  1815  et  1816,  il  écrivit  quelques  motets 
qui  furent  ses  premiers  essais  dans  la  composi- 
tion. En  1818,  il  suivit  les  cours  de  l'université 
de  Leipsick,  particulièrement  pour  la  théologie, 
mais  sans  interrompre  ses  travaux  relatifs  a  la 
musique.  Un  goût  passionné  l'entraînait  vers 
cet  art;  mais  pour  s'y  livrer  sans  réserve  et 
abandonner  la  théologie,  espoir  de  son  avenir, 
il  était  trop  pauvre  ;  son  excellent  maître  Schicht 
le  tira  d'embarras,  en  obtenant  par  les  soins  de 
son  gendre,  directeur  de  l'assurance  contre  l'in- 
cendie, et  par  l'appui  de  quelques  amis  de 
Berlin  et  de  Leipsick,  une  pension  de  trois  an- 
nées, qui  permit  à  Reissiger  de  se  rendre  à 
Vienne,  en  1821,  pour  y  continuer  ses  travaux 
de  composition.  Il  y  écrivit  son  premier  opéra  : 
Pas  Rockenweibcken  (La  Petite  Fileuse),  dont  la 
censure  ne  permit  pas  la  représentation,  mais 
dont  l'ouverture,  exécutée  dans  quelques  con- 
certs, fit  connaître  sous  un  aspect  favorable  le 
talent  du  jeune  compositeur.  Plusieurs  autres 
ouvertures  composées  pour  le  llofbunjlhcater 
lui  procurèrent  ses  entrées  aux  théâtres  impé- 
riaux. L'Opéra  allemand  était  alors  bien  composé; 
Reissiger  tira    quelque   fruit   de   l'audition  des 


REISSIGEK 


223 


bons  ouvrages  exécutés  par  d'habiles  artistes. 
Avant  rie  quitter  Vienne,  il  se  fit  entendre  avec 
beaucoup  de  succès  dans  un  concert  donné  au 
théâtre  de  la  cour  :  il  y  chanta  un  air  de  basse 
de  ILrnriel,  et  exécuta  un  concerto  de  piano  de 
sa  composition.  Artaria  etsteiner  publièrent  alors, 
quelques-uns  de  ses  ouvrages. 

Au  mois  de  mai  18?.?.,  Heissiger  quitta  Vienne, 
pour  se  rendre  à  Munich,  dans  le  but  d'y  conti- 
nuer ses  études,  sous  la  direction  de  W'inter  :  il 
y  déploya  une  activité  digne  des  plus  grands  élo- 
ges. Une  messe  qu'il  acheva  dans  cette  ville,  et 
une  ouverture  composée  sur  un  thème  de  cinq 
notes  que  lui  avait  fourni  Winter,  lui  valurent 
l'amitié  de  ce  maître  :  le  succès  de  ces  œuvres 
fut  si  grand,  que  l'intendant  du  théâtre  royal 
chargea  Reissiger  de  la  composition  de  l'ouver- 
ture, des  entr'actes  el  des  chœurs  de  la  tragédie 
de  Néron,  qui  furent  vivement  applaudis  à  la 
représentation.  L'ouverture  a  été  publiée  pende 
temps  après,  chez  Breilkopl'et  Hsertel,  à  Leipsick. 
Après  avoir  terminé  cet  ouvrage,  le  jeune  com- 
positeur partit  en  toute  hâte  pour  celte  dernière 
ville,  où  l'appelait  la  maladie  de  Schicht,  son 
maître  et  son  bienfaiteur.  Au  mois  de  mai  1823, 
il  arriva  à  Berlin,  où  quelques  nobles  familles, 
qui  s'étaient  cotisées  pour  assurer  son  existence, 
l'accueillirent  comme  un  fds.  Avant  son  départ 
de  Munich,  Winter  avait  fait  arranger  pour  lui 
le  poëme  de  Didon,  opéra  de  Métastase,  dans 
la  forme  moderne ,  mais  au  moment  où  il  allait 
le  faire  représenter,  le  théâtre  de  la  cour  fut  ré- 
duit en  cendres.  Reissiger  se  livra  au  travail,  à 
Berlin,  pour  perfectionner  son  ouvrage,  puis  il 
envoya  sa  partition  à  Weber,  qui  fit  représenter 
l'opéra  au  théâtre  royal  de  Dresde  :  il  y  fut 
joué  trois  fois  avec  succès.  Les  protecteurs  de 
Reissiger  oblinrent  pour  lui  du  roi  de  Prusse  un 
subside  pour  faire  un  voyage  en  Italie,  et  le  mi- 
nistère le  chargea  de  recueillir  des  notes  en  France 
et  en  Italie  concernant  l'organisation  d'un  Con- 
servatoire, qu'on  avait  le  dessein  d'établir  à 
Berlin.  Reissiger  partit  de  cette  ville,  au  mois 
de  juillet  1824,  et  prit  sa  route  par  la  Hollande 
pour  se  rendre  à  Paris,  où  il  arriva  au  mois 
d'août.  Il  y  resta  jusqu'au  mois  de  février  1825; 
mais  le  placement  de  quelques-uns  de  ses  ou- 
vrages chez  les  éditeurs  de  musique  de  cette 
ville  lui  permit  de  suffire  aux  dépenses  qu'il  y 
fit.  Dans  son  voyage  en  Italie,  il  visita  Turin, 
Gênes,  Milan,  Florence,  Bologne,  Rome  et  Na- 
ples.  Après  un  séjour  de  quatre  semaines  dans 
cette  dernière  ville,  il  retourna  à  Rome,  où  il  fit 
la  connaissance  de  l'abbé  Baini;  puis,  au  mois 
d'octobre  1825 ,  il  retourna  à  Berlin  en  visitant 
Padoue,  Venise,  le  Tyrol  et  Vienne.  Il  avait  écrit 


à  Rome  un  opéra  intitulé  :  Der  Ahnenschxtï 
(Le  Trésor  des  aïeux),  dont  l'ouverture  brillante 
eut  à  Dresde  un  succès  d'enthousiasme  ;  mais 
l'opéra  lui-môme  ne  fut  jamais  représenté,  parce 
que  le  livret  avait  trop  de  ressemblance  avec 
celui  de  Freischùtz. 

A  Berlin,  Reissiger  fut  chargé  de  dresser  le 
plan  d'un  Conservatoire  de  musique  sur  une 
grande  échelle,  pour  les  États  prussiens.  Ce  pro- 
jet obtint  l'approbation  d'une  commission  nom- 
mée par  le  gouvernement;  cependant  il  n'a  pas 
reçu  son  exécution.  Son  auteur  fut  désigné,  dans 
le  môme  temps,  comme  professeur  de  l'Insti- 
tution musicale  dirigée  par  Zelter.  Au  mois 
d'octobre  1826  il  fut  appelé  à  La  Haye  pour  y 
|  organiser  le  Conservatoire  qui  y  subsiste  encore. 
De  retour  à  Berlin,  il  y  reçut  sa  nomination  de 
directeur  de  musique  à  Dresde  en  remplacement 
de  Marschner,  qui  venait  d'être  appelé  à  Hano- 
vre. Là  il  dut  déployer  une  activité  extraordi- 
naire, car  indépendamment  de  la  direction  de  la 
musique  de  l'Opéra  allemand,  on  lui  donna  aussi 
celle  de  l'Opéra  italien,  pendant  une  maladie 
grave  de  Morlacchi.  Les  preuves  de  talent  qu'il 
donna  dans  ces  doubles  fonctions  lui  firent  ac- 
corder par  le  roi  de  Saxe,  en  1827,  le  litre  de 
maître  de  chapelle,  dont  la  place  était  devenue 
vacante  par  la  mort  de  Weber.  Dans  cette  même 
année,  il  écrivit  une  messe  solennelle,  et  Yelva, 
mélodrame  en  trois  actes,  qui  obtint  un  beau 
succès  dans  toute  l'Allemagne.  Libella,  opéra  ro- 
mantique, reçut  aussi  à  Dresde  lemeilleuraccneil, 
en  1828.  Il  fut  suivi  de  Die  Felsenmukle  zu 
Elalieres  (Le  Moulin  du  rocher),  qui  jouit  de  la 
faveur  publique  à  Dresde,  à  Leipsick,  à  Berlin,  à 
Breslau,  à  Copenhague,  et  dont  les  journaux 
ont  fait  l'éloge.  Le  Turandol,  autre  opéra  du 
même  auteur,  a  en  aussi  beaucoup  de  retentisse- 
ment en  Allemagne  :  toutefois  les  critiques  de 
ce  pays  ont  considéré  le  talent  du  compositeur 
comme  plus  remarquable  dans  la  musique  reli- 
gieuse que  dans  le  style  dramatique.  Dans  ces 
derniers  temps  il  s'est  aussi  essayé  avec  succès 
dans  la  symphonie.  Son  nom  jouit  en  Allemagne 
d'une  estime  méritée,  quoiqu'on  ne  puisse  le 
classer  parmi  les  compositeurs  de  génie  dont  les 
productions  font  époque  dans  l'histoire  de  l'art. 

Parmi  les  principaux  ouvrages  de  cet  artiste, 
on  remarque  les  suivants.  I.  Musique  dramati- 
que :  [° Das Rockenweibchen  (La  Petite  Fileuse), 
opéra-comique,  à  Vienne,  1821.  —  2°  Didone, 
opéra  italien,  à  Dresde,  1823.  —  3°  Ouvertures, 
entr'actes  et  chœurs  de  Néron,  tragédie,  à  Mu- 
nich, 1822.  —  4°  Der  Âhnemchxtz  (Le  Trésor 
des  aïeux),  opéra  composé  à  Rome,  en  1825. — 
5°  Yelva,  mélodrame  en  trois  actes,  à  Dresde, 


224 


RKISSICER 


1827.  —  6°  Libella,  grand  opéra,  à  Dresde,  1S28, 
gravé  en  partition  pour  le  piano,  à  Leipsick,  chez 
Hofmeister.  —  7°  Die  Felseniniihlezu.  Etalieres 
(Le  Moulin  du  rocher),  à  Dresde,  1829,  gravé  en 
partition  pour  le  piano  ;  à  Bonn,  chez  Simrock. 

—  8°  Turandot,  opéra  romantique,  à  Dresde,  en 
1835.  —  8°  (bis) .  Adèle  de  Foix,  opéra  en  trois  ac- 
tes, à  Dresde,  en  1841.-8°  (ter)  DerSckiffbruch 
der  Médusa  (Le  Naufrage  de  la  Méduse),  opéra 
en  trois  actes,  à  Dresde,  en  1846.  — II.  Musique  re- 
ligieuse. —  9°  Messe  solennelle,  à  Munich,  1822. 

—  10°  Idem,  à  Dresde,  1827.  —  11°  Trois  mo- 
tets à  quatre  voix;  Leipsick,  Breitkopf  et  Ha?r- 
tel.  —  12°  Le  66e  Psaume  :  Deus  viisereaiur 
nostri,  op.  82,  en  partition  ;  Dresde,  Thieme.  — 
13°  Hymne  :  Es  ist  ein  hastlich  Dïng,  etc.,  à 
quatre  voix  chorales  et  orchestre,  op.  105;  en 
partition,  Meissen,  Gœdsche.  —  14°  Frcude  am 
Dasein,  hymne  pour  un  chœur  d'hommes, 
op.  129  en  partition;  Berlin,  Trautwein.  — 
15°  Hymne  tirée  du  1er  Psaume,  op.  129,  en  par- 
ution; ihid.  —  16°  3me  Messe  solennelle,  en 
la,  à  4  voix  et  orchestre  ;  Augsbourg,  Bœlim.  — 
17°  4ms  Messe  solennelle  (en  mi  bémol,;  Vienne, 
Diabelli.  —  18°  5,ue  blesse  (facile)  pour  la  .cam- 
pagne, sous  le  titre  deLandmesse,  à  4  voix,  or- 
chestre et  orgue  ;  Augsbourg,  Bœhm.  —  19"  6me 
Messe  solennelle  (en  ré  mineur),  à  4  voix  et  or- 
chestre, dont  Reissiger  m'a  donné  la  partition 
manuscrite,  à  Dresde,  en  1849.  —  20"  Hymne 
tirée  du  23e  Psaume,  pour  un  chœur  de  voix 
d'hommes,  op.  177.;  Berlin ,  Trautwein.  — 
21°  Vêpres  complètes  à  4  voix  et  orchestre,  exé- 
cutées à  Dresde,  en  1S33.  —  22°  Salve  liegina, 
à  4  voix  et  orchestre,  exécuté  en  1837  à  Leipsick, 
dans  un  concert  du  Gewandhaus. —  III.  Musique 
instrumentale.  —  23"  Symphonie  à  grand  or- 
chestre (en  mi  bémol),  op.  120,  Berlin,  Schle- 
smger.  — 24°  Ouverture,  id.,  op.  128;  Leipsick, 
Peters.  —  25°  Premier  quintette  pour  2  violons, 
2  altos  et  violoncelle,  op.  90;  ibid.  —  26°  Trois 
quatuors  pour  2  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  1 1 1;  ibid. — 27° Quintette  pour  piano,  2  violons, 
alto  et  basse,  op.  20;  Paris,  Farrenc. —  28°  Qua- 
tuor pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle,op.29; 
Bonn,  Simrock.  —  29"  Idem,  op.  70  ;  Berlin, 
Schlesinger.  —  30°3me  idem,  op.  108;  ibid. — 
31"4mc  idem,  op.  135;  ibid.  —32°  5">c  idem, 
op.  141  ;  ibid.  —  33"  Grand  trio  polir  piano,  vio- 
lon et  violoncelle,  op.  25;  Paris,  Farrenc,  op.  33, 
ibid.;  op.  40;  Leipsick,  Hofmeister;  op.  50, 
Leipsick,  Kistner;  op.  75,  Bonn,  Simrock; 
op.  77,  Leipsick,  Peters  ;  op.  85,  ibid.;  op.  97, 
ibid.;  op.  103,  ibid.;  op.  115,  ibid.;  op.  125, 
ibid.  Ces  trios  sont  au  nombre  de  douze.  — 
34°  Duos  pour  piano  et  violon,  op.  45,  ib.;op.  94  ; 


Berlin,  Schlesinger;  idem  pour  piano  et  cla- 
rinette, op.  130,  Dresde,  Paul.  —  35°  Sonates 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  05  ,  66;  Dresde, 
Paui.  — 36°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  22,  41, 
95;  Leipsick,  Probst  ;  Hambourg,  Schuberth.  — 
.  37°  Rondos  pour  piano  seul,  op.  21,30,31,36, 
37,  39,  47,  51,  55,  57,  58,  59,  64,  78,  83; 
Vienne,  Berlin,  Leipsick,  Bonn,  Paris.  — 
38"  Quelques  œuvres  de  variations  ;  ibid.  — 
39"  Quelques  pièces  séparées  ;  ibid.  —  40°  Concer~ 
tino  pour  flûte  et  orchestre,  op.  60.  —  41°  Coh- 
certin/j  pour  clarinette  et  orchestre,  op.  63.  — 
42°  Quatrième  quatuor  pour  2  violons,  alto  et  vio- 
lonci-lle,  op.  155  ;  Dresde,  Paul.  —  43°  5me  idem, 
op.  179;  Berlin,  Schlesinger.  —  44"  Un  très- 
grand  nombre  de  Lieder  et  de  chants  de  tous 
genres,  formant  soixante-dix  recueils. 

Une  valse  ce  Reissiger  pour  le  piano  a  été 
publiée  e-i  France  sous  le  titre  de  Dernière  pen- 
sée de  Weber,  et  par  cette  supercherie  a  ob- 
tenu un  succès  de  vogue  ;  car  pour  le  peuple 
moutonnier  des  amateurs  de  musique  le  mérite 
d'un  ouvrage  est  en  raison  de  la  popularité  du 
nom  de  l'auteur.  En  dépit  des  réclamations  de 
l'éditeur  qui  avait  publié  depuis  longtemps  l'œu- 
vre de  Reissiger  d'où  ce  morceau  est  tiré,  on  ne 
continuait  pas  moins  à  la  répandre  dans  le  public 
sous  son  faux  titre.  Reissiger  s'en  est  expli- 
qué lui-même  dans  une  lettre  du  7  octobre  1846 
à  M.  Théodore  Parmentier  (voyez  ce  nom),  où 
se  trouve  ce  passage  :  «  La  dernière  pensée  de 
«  Weber,  éditée  en  Allemagne,  et  aussi  à  Paris, 
«  peu  de  temps  après  la  mort  du  célèbre  We- 
«  ber,  vers  la  fin  de  1826,  n'est  autre  chose 
«  (ainsi  que  je  l'ai  plusieurs  fois  fait  connaître 
«  dans  les  publications  musicales  du  temps)  que 
«  l'une  des  valses  composées  par  moi,  en  1853, 
«  et  éditées  en  1824,  par  Peters,  à  Leipsick,  sous 
«  le  titre  de  Douze  Valses  brillantes  pour  le 
«  piano,  op.  62.  L'éditeur  Peters  a  aussi  décliné 
«  ce  fait,  il  y  a  dix  ans,  dans  les  papiers  publics, 
«  et  il  en  est  résulté  qu'on  intitule  aujourd'hui  la 
«  valse  en  question  :  Valse  de  Reissiger,  dite 
«  Dernière  Pensée  de  Weber.  Je  ne  sais  com- 
«  ment  il  se  fait  que  l'on  a  utilisé  de  cette  ma 
«  nière  l'une  de  mes  valses  ;  mais  il  est  certain 
«  que  cela  a  été  une  spéculation  de  marchande 
«  de  musique,  et  une  véritable  fraude.  Mon  ami 
«  Weber  m'avait  souvent  entendu  jouer  moi- 
«  même  cette  valse,  en  1813,  à  Leipsick;  je 
■  sais  aussi  qu'elle,  lui  plaisait  beaucoup  et  qu'il 
«  la  jouait  sou  vent.. le  ne  sais  s'il  l'a  jouée  à  Paris, 
«  niais  cela  est  probable.    » 

Reissiger  était  membre  d'un  grand  nombre  de 
s  iciétés  musicales,  et  avait  reçu  de  plusieurs 
rois  et  princes  des  témoignages  de  distinction.  Il 


REISSIGER   —  REITER 


225 


avait  de  l'instruction  littéraire  et  scientifique. 
On  a  de  lui  quelques  bons  articles  de  critique 
musicale  dans  la  Gazette  générale  de  musique  de 
Leipsick  et  dans  des  journaux  de  Dresde.  Chef 
d'orchesire  distingué,  il  a  été  appelé  à  diriger  de 
grandes  fêtes  musicales  à  Aix-la-Cliapelle  en 
1843,  et  à  Meissen  en  1844.  Ce  digne  artiste, 
aussi  intelligent  que  laborieux,  et  dont  le  carac- 
tère bienveillant  ne  connaissait  ni  l'envie  ni  l'in- 
trigue, est  mort  à  Dresde,  le  7  novembre  1859, 
à  l'âge  de  soixante  et  un  ans. 

REISSIGER  (Frédéric-Auguste),  frère  du 
précédent,  né  à  Belzig,  en  1804,  a  fait  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  son  père  et  à 
Leipsick.  Il  s'est  établi  à  Christiania  (Norvège), 
en  qualité  de  directeur  de  musique  d'une  so- 
ciété de  chant.  On  a  de  lui  un  grand  nombre  de 
recueils  de  Lieder,  et  des  pièces  de  différents 
genres  pour  le  piano.  Cet  artiste  vivait  encore  a 
Christiania  en  1861. 

RELFE  (Jean),  (ils  d'un  organiste  de  l'hô- 
pital de  Greenwich  ,  né  dans  cette  ville  ,  en 
1763,  a  eu  pour  maîtres  de  musique  son  père  et 
Keble,  organiste  de  Saint-Georges,  à  Londres. 
Admis  dans  la  musique  particulière  du  roi 
Georges  III,  il  aété  en  outre  professeur  de  piano 
et  d'harmonie  à  Londres  pendant  quarante  ans.  Je 
l'ai  connu  dans  cette  ville  en  1829  ;  il  vivait  alors 
dans  le  repos,  jouissant  «le  l'aisance  qu'il  avait 
acquise  par  ses  travaux.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Sonates  àquatre  mains  pour  le  piano, 
op.  3;  Londres,  démenti.  — 2°  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  4  et  7;  Londres,  Broderip.  Mais 
c'est  surtout  comme  écrivain  didactique  que 
Relfe  s'est  fait  connaître  ;  on  a  de  lui  :  1°  Guida 
armonica,  traité  élémentai;e  d'harmonie  et 
d'accompagnement,  qui  fut  publiée  Londres,  en 
1798,  sous  la  l'orme  d'un  écrit  périodique  dont 
il  paraissait  une  livraison  chaque  mois.  Cet  ou- 
vrage fut  réimprimé  sous  ce  titre  :  The  princi- 
pes of  harmony,  containing  a  complète  and 
compendious  illustration  of  the  theory  of 
Music;  Londres,  Hatchard ,  1816,  in -fol.  — 
2°  Remarks  on  the  présent  statc  of  musical 
instruction,  with  a  prospectus  of  a  neworder 
of  thoroughbass  désignation,  and  a  démons- 
trative view  of  the  defective  nature  of  the 
customary  mode,  etc.  (Observations  sur  l'état 
présent  de  l'instruction  musicale,  avec  le  pros- 
pectus d'un  nouvenu  système  de  la  basse  conti- 
nue, etc.);  Londres,  Hatchard,  1819,  in-8°de 
89  pages.  C'est  ce  même  ouvrage  que  MM.  Lich- 
tenthal  et  Becker  ont  cité  sous  le  titre  italien  : 
Osservazioni  sullo  stato  présente  dell'  islru- 
zione  musicale  in  Inghiltcrra,  d'après  le  jour- 
nal littéraire  Antologia  di  Firenze.  L'ouvrage 

DIOf.H.    UNIV.    DES  MUSICIENS.  —  T.  VU. 


sur  un  nouveau  plan,  annoncé  dans  l'écrit  de 
Relfe,  parut  sous  ce  titre  :  —3°  Lucidusordo, 
comprising  an  analytical  course  of  sludies 
on  the  several  branches  of  musical  science; 
with  a  new  order  of  thoroughbass  désigna- 
tion, etc.  (Disposition  claire,  comprenant  un 
cours  analytique  d'études  sur  les  diverses  parties 
de  la  musique,  avec  un  nouveau  système  de  la 
basse  continue,  etc.)  ;  Londres,  Preston,  1821, 
in-4°  de  83  pages,  avec  des  planches.  Cet  ou- 
vrage est  divisé  en  deux  parties;  la  première, 
relative  à  la  formation  de  la  gamme  et  à  l'har- 
monie; la  seconde,  à  l'art  de  jouer  du  piano.  Le 
système  d'harmonie  de  Relie  consiste  à  placer 
sur  toutes  les  notes  de  la  gamme  diatonique  l'ac- 
cord parfait,  et  ceux  de  septième  et  de  neuvième, 
et  à  en  tirer  conséquemment  des  dérivés  et  des 
renversements  qui  se  posent  également  sur  tous 
les  degrés.  A  l'égard  du  renversement,  il  émet 
une  opinion  bien  singulière,  lorsqu'il  veut  dé- 
montrer que  les  intervalles  ne  se  renversent  pas 
à  l'octave,  comme  on  le  croit  communément, 
mais  à  la  neuvième.  Il  est  évident,  dit-il,  qu'une 
seconde  ajoutée  à  une  septième  donne  le  nom- 
bre 9,  et  qu'il  en  est  de  même  d'une  tierce  ajou- 
tée à  une  sixte,  d'une  quarte  réunie  à  une  quinte. 
Son  erreur  vient  de  ce  qu'il  ne  remarque  pas 
que  le  son  qui  sert  de  pivot  dans  le  renverse- 
ment se  répète  dans  les  deux  intervalles.  Pour 
chiffrer  la  basse  continue ,  il  veut  que  ia  note 
fondamentale  de  chaque  accord  soit  marquée  de 
la  lettre  r  (  radix,  ou  racine  ),  que  le  chiffre  du 
premier  dérivé  soit  accompagné  du  signe',  et  ce- 
lui du  second  de  ".  La  base  de  ce  système  est  pui- 
sée dans  les  livres  de  l'abbé  Vogler  et  de  Schicht. 

REITER  (Ernest),  professeur  de  violon  de 
l'Institut  musical  de  Wurzbourg,  né  dans  cette 
ville,  en  1804,  se  fit  entendre  avec  succès  dans 
les  concerts  de  Manheim  en  1835,  et  à  Baie  en 
1837.  En  1839  il  accepta  une  place  de  directeur 
de  musique  à  Strasbourg,  et  la  quitta  en  1841, 
pour  une  position  semblable  à  Bâle,  où  il  était 
encore  en  1848.  En  1841  il  dirigea  la  grande 
fête  musicale  de  Lucerne.  On  connaît  de  cet  ar- 
tiste plusieurs  recueils  de  Lieder  pour  voix  seule 
avec  piano,  qui  ont  été  publiés  à  Mayence,  chez 
Schott, et  à  Vienne,  chez  Haslinger.  Deux  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
œuvies  7  et  8  ;  Vienne,  Diabelli,  et  d'autres 
compositions  pour  soninstiumeul.il  a  fait  exé- 
cuter à  Bâle  en  1845,  et  à  Vienne  en  1847, 
son  oratorio  intitulé  :  Das  neue  Parodies  (Le 
nouveau  Paradis). 

M"ie  Reiter-Bildstein,  femme  de  cet  artiste,  a 
brillé  comme  cantatrice  à  Francfort  et  à  Leipsick 
en  1845,  et  à  Bâle  en  1843. 

15 


22G 


RELLSÏAB 


HELLSTAB  (Jea:s-Charles-Frédéric)  ,  né 
à  Berlin  le  27  février  1759,  eut  pour  maître  de 
musique  Agricola,  compositeur  de  la  cour,  et  de- 
vint ensuite  élève  de  Fascli.  Des  circonstances 
inattendues  ne  lui  permirent  pas  de  se  livrer  à 
la  culture  de  l'art,  et  l'obligèrent  à  entrer  dans 
la  carrière  du  commerce;  mais  il  voulut  rester 
en  relation  avec  les  artistes,  et  se  fit  éditeur  de 
musique.  Cependant  il  ne  renonça  pas  lui-même 
à  la  composition,  car  tout  le  temps  dont  il  put 
disposer   fut   employé  à  écrire  de  la   musique 
instrumentale  ou  vocale,  ou  à  rédiger  des  opus- 
cules ou  des  morceaux  de  critique  concernant 
cet  art,   pour  les  journaux  de  son  temps  Les 
événements  de  la  guerre   de  Prusse,  en  1806, 
lui  enlevèrent  une  parliede  sa  fortune,  et  l'obli- 
gèrent à  faire  chez  lui   un   cours  de  musique, 
pour  réparer  ses  pertes.  Il  mourut  d'apoplexie, 
à  Berlin,  le  19  août  1813.  Les  écrits  publiés  par 
Rellstab  sont  les  suivants  :  1°   Yersuch  ùber 
die  Vereinigung  der  musikalischen  und  ora- 
lorischen  Déclamation ,  hauptscechllch  far 
Muslkcr  und  Componisten,  etc.  (Essai  sur  l'u- 
nion de   la  déclamation   musicale   et  oratoire, 
principalement  à  l'usage  des  musiciens  et  des 
compositeurs);  Berlin,  1786,  in-fol.  de  14 feuilles. 
—  2°  Ueber  die  Berner kungeneines  Belsen- 
den,  die  Bcrlinischen  Kirchenmuslken,  Con- 
certe, Oper  Undkœnlgl.  Kammcrmusik  betref- 
fendÇSur  les  observations  d'un  voyageur  concer- 
nant la  musique  d'église  à  Berlin,   les  concerts, 
l'opéra  et  la  musique  de  la   chambre  du   roi  ); 
Berlin,    1789,   in-8"  de    51    pages.  L'écrit  dont 
Rellstab  fait  la  critique  dans  cet  opuscule  avait 
paru  l'année  précédente,  à  Halle. —  3°  Anlei- 
tung  fur  Clavier spieler,  den  Geb ranch  der 
Bach'  schen    Fingersetzung,  die  Manierung 
und  don  Vortrag  betreffend  (Instruction pour 
les  pianistes,  concernant  l'usage  du  doigter,  du 
style  et  de  l'exécution  dans  le  système  de  Bach); 
Berlin,  1790.  En  1781,  Rellstab  composa  dans  la 
manière  de  son  maître   Agricola  l'oratorio  des 
Bergers  à  la  crèche.  Il  a  écrit  aussi  l'opéra- 
comique  Die  Âpotheke  (la   Pharmacie),   et  la 
cantate  de  Pygmalion,  pour  ténor,  sur  la  poé- 
sie de  Ramier.  Ces  œuvres  n'ont  point  été   pu- 
bliées, mais  l'auteur  a  fait  paraître  de  sa  com- 
position :    1°   Deux   recueils  de   chansons  alle- 
mandes:   Berlin,    1791.  —    2°   Solfèges  avec 
accompagnement    de    piano;   ibid.,   1792.   — 
3°  Sonates  pour  l'orgue;  ibid.  —  4"  Sonate  poir 
piano  et  llùlc;  ibid.  — 5<>  Douze  marches   pour 
le  piano;  ibid.  Il  a  laisse  en  manuscrit  sept  sym- 

plionieset  des  ouvertures  pour  l'orchestre. 

RELLSTAB  (Henw=Fkédéhic-Lodi9)>  fils 
du  précédent,  est  né  à  Berlin,  le  13  avril  1799. 


t  Destiné  par  son  père  à  être  musicien,  il  com- 
mença de  bonne  heure  l'étude  de  l'art  ;  mais  de- 
venu orphelin  à  l'âge  de  quatorze  ans,   il  entra 
au  gymnase  de  Joachimsthal,  où  son  esprit  reçut 
une    autre    direction.  L'influence  de    quelques 
amis   et  la  situation  des  affaires  publiques  du 
temps  excitèrent  en  lui  un  sentiment  patriotique 
exalté,  qui  lui  fit  prendre  les  armes  en  1815,  à 
l'âge  de  seize  ans,  Il  entra  dans  le  huitième  ré- 
giment de   hussards  de  Prusse;  mais  bientôt  la 
faiblesse  d'une  constitution  physique  non  encore 
développée  et  la  myopie  dont  il  éiait  atteint  le 
firent  renvoyer  du  service.  Cependant,  résolu  de 
suivre  cette  carrière,  il  entra  à  l'école  militaire  et 
y  suivit  le  cours  des  études.   Bientôt  il   eut  le 
grale  de   porte-étendard,  et  peu  de  temps  après 
celui  d'officier.  Les  devoirs  de  son  état  ne  lui 
avaient  pas  fait  abandonner  le  goût  des  arts.  La 
poésie  l'occupait  particulièrement  :  il  écrivit  des 
livrets  d'opéras  et  des  chansons  pour  la  société 
de   chant  (  Liedertafel  )  qu'il   avait  fondée  en 
1819,  avec  L.  Berger  et  Bernard  Klein.  En  1821, 
il  quitta  le  service  militaire  et  se  rendit  à  Franc- 
fort-su i -l'Oler,  où  il  écrivit  sa  tragédie  AeChar- 
Irs   le    Téméraire,  imprimée  en  1824.  Après 
trois  mois  passés  dans  cette  ville,  il  alla  à  Dresde 
et  s'y  lia  d'amitié  avec  Weber;  puis  il  visita  Hei- 
delberg,  les  villes  du  Rhin,  la  Suisse  et  l'Italie 
supérieure.   De  retour  à  Berlin,   en  1823,  il    y 
arriva  au  moment  où  allait   être  représentée  sa 
Didon,  opéra  mis  en  musique  par  Klein,  qui  eut 
une  chute    complète.  Depuis  ce  moment  il  s'est 
livré   à  la   littérature  et  à  la  critique  musicale. 
Des  poésies,  des  historiettes  et  des  romans  ont 
été  publiés  par  Rellstab,  depuis  1825.  Parmi  ces 
derniers  ouvrages,  on  remarque  le  roman  sati- 
rique intitulé  Henriette,  ou  la  belle  cantatrice. 
dont  les  succès  de  Mlle  Sontag  avaient  fourni  le 
sujet.  La  hardiesse  des  caricatures  sociales  que 
l'auteur  y  avait  présentées  fit   supprimer  l'ou- 
vrage, et  prépara  à  Rellstab  des  haines  dont  il 
a  plus  tard  ressenti  les  effets.  En  1827  il  se  char- 
gea de  la  rédaction  de  la  Gazette  berlinoise  de 
Voss,  et  lui  donna  de  la  popularité  par  le  piquant 
de  ses  articles.  Il  fournit  aussi  des  articles  aux 
journaux   de  musique  de  l'Allemagne,  et  fonda 
lui-même  un  petit  journal  spécial  de  cet  art  in- 
titulé :  Iris  im  Gebiete   der  Tonkunst  (  Iris 
dans  les   domaines  de  la  musique  ),  qui  com- 
mença à  paraître  en  1829,  à  Berlin,  chez  Trautr 
wein,  in-8",  et  dont  il  a  paru  douze  années.  Une 
haine  contre  Spontini,  dont  les  motifs  sont  peu 
connus,  le  poussa  à  des  attaques  directes  contre 
ce  compositeur  dans  plusieurs  articles  de  jour- 
naux, <lans  une  brochure  intitulée  ;   l'eber  die 
Theaterverwaltung  Spontini's  (  Sur  l'admifiis- 


RKLLSTAB   -   RKMDE 


T>7 


jration  théâtrale  de  Spontini),  donl  le  gouverne- 
ment empêcha  la  mise  en  vente,  dans  une  satire 
publiée   dans   l'écrit  périodique   Cxcilia  (t.  4, 
p.  1  et  suit.),  sous  te  titre  :  Aus  dem  îXachla&s 
cines  jungen   Kunstler  (Extraits  des  papiers 
d'un  jeune  artiste),  enfin,  dans  Julius,  nouvelle 
insérée  aa  même  recueil  (tome  6,  p.   1-108),  où 
tout  ce  qui  pouvait    blesser  le  coeur  du  maître 
de  chapelle  du  roi  de  Prusse  est  rassemblé  avec 
beaucoup  d'art,  quoique  Spontini  n'y  soit  pas 
nommé  une  seule  fois.  L'amère  critique  de  Rellstab 
souleva  l'indignation  du  compositeur,  qui  eut  le 
tort  d'en  poursuivre  la  répression  judiciaire,  et 
qui  obtint  contre  son  antagoniste  une  condam- 
nation  à  une  détention  de  quelques  mois  dans 
une  prison  d'État.  Rellstab  a  écrit  sur  le  même 
sujet  une  brochure  très-piquante  intitulée  :  Ueber 
me'/n    Verhœltniss    als  Kritiker   zu  Herrn 
Spontini  als  Componisten  und  Generalmn- 
sik-Director  in    Berlin   (Sur   mes  rapports, 
comme    critique ,    avec    M.    Spontini ,    comme 
compositeur  et  directeur  général  de  musique  à 
Berlin);    Leipsick,   Whistling,  1827  ,  in-8°   de 
vu   et  149  pages.  D'autres  pièces  ont  été  pu- 
bliées   à  l'occasion    de    cette  dispute  (  voyez 
Spontini  ),    Schnyder  de   Wartensée,   dans  le 
jugement  qu'il  porte  sur  Rellstab  (Universal- 
Lexihon  der  Tonkunst,  t.  5,  p.  701),  exprime 
l'opinion  que  les  connaissances   positives  de  ce 
critique  n'ont  ni  l'étendue  ni  la  profondeur  né- 
cessaires pour  la  mission  qu'il  s'est  donnée,  et  y 
ajoute  le  reproche,  plus  grave,  de  manquer  d'im- 
partialité; mais  où  est  aujourd'hui  le  journaliste 
de  musique  dont  la  capacité  soit  suffisante,  et 
qui  ait  en  même  temps  dans  sa  critique  le  res- 
pect   de    soi-même  et  d'autrui?   Rellstab   ra- 
chète du  moins  les  défauts  qu'on   lui   reproche 
par  un  certain  tour  original  de  la  pensée  et  par 
un  talent  incontestable  de   dialectique.   On  a  de 
Rellstab  une  notice  sur  les  concerts  de  Liszt  à 
Berlin,  avec  une  esquisse  de  la  vie  de  cet  artiste 
célèbre,  sous  ce  simple  titre  :  Franz  Liszt;  Ber- 
lin, Trautwein,   1842,  in-8°  de  76  pages.  Rell- 
stab est  mort  d'apoplexie,  dans  la  nuit  du  27  au 
128  novembre  1860. 

REMET  (Jean-Ernest),  excellent  organiste, 
naquit  en  1749,  à  Subi,  en  Saxe.  Tout  ce  qu'on 
sait  de  son  éducation  musicale,  c'est  qu'il  lut 
redevable  de  son  beau  talent  sur  l'orgue  à  l'étude 
des  œuvres  de  Jean-Sébastien  Bach.  Eu  1772,  il 
obtint,  à  l'âge  de  vingt-trois  ans,  la  place  d'orga- 
niste dans  l'église  de  la  Croix,  à  Subi;  l'année 
suivante,  celle  d'organiste  de  l'église  principale  de 
ce  lieu  lui  fut  confiée.  Il  l'occupa  pendant  trente- 
sept  ans,  et  mourut  le  26  février  1810,  dans  sa 
soixante  et  unième  année.  Toute  sa  vie  s'écoula 


I  dans  le  calme  de  la  petite  ville  de  deux  mille  âmes 
'   où  il  était  né  ;  jamais  il  n'entendit  d'artiste  d'un 
talent  renommé,  et  ce   n'est  qu'en    lui-même 
qu'il    pnisa  la   force   nécessaire    pour    s'élever 
comme  il  le   fit  ;  cependant  il  lut  un  des  orga- 
nistes les  plus  remarquables  de  son  temps  en  Al- 
lemagne. Le  seul  voyage  qu'il  entreprit  fut  celui 
de  Leipsick,  dans  sa  province,  en    1797,  il  était 
!   alors  âgé  de  quarante-buit  ans  et  avait  publié  la 
plupart  de  ses  bons  ouvrages.  Ses  trios  d'oigue, 
pour  deux  claviers  et  pédale,  sont  des  morceaux 
d'un  ordre  très-élevé.  On  a  imprimé  de  sa  com- 
'   position  :  1°  Six  trios  d'orgue  pour  deux  claviers 
et  pédale,  premier  recueil  ;  Leipsick,  Creitkopf, 
1787.  —  2°  Cinquante  petites  fugues  à  4  parties 
|    pour  l'orgue,  dédiées  à  Hiller;  ibid.,  1791,  ii>4° 
i  obi.  — 3°  Douze  préludes  de  choral,  en  forme 
I   de  trios;  ibid.,  1797.  —  4°  Six  préludes  de  clro- 
j  rais  fugues  à  4  parties  ;  ibid.  —  5°  Douze  trios 
faciles  pour  des  préludes  de  chorals,  deuxième 
suite;  ibid.  —  6°  Dix-huit    idem;  ibid.  —  7°  Six 
grands  trios,  deuxième    recueil;  ibid.    Rembt 
avait  en  outre  en  manuscrit  :  8°  Seize  petites 
fugues   faciles    pour    l'orgue ,  à  4    parties.  — 
9°  Deux  grandes  fugues.  —  1<G°  Un  prélude  pour 
grand  orgue. —  il0  Collection  de  prélud«s  fa- 
ciles pour  les  commençants.  —  12°  Choral  varié 
pour  l'orgue,  avec  clarinette  en   si.  —  13*  Cho- 
ral varié  pour  grand  orgue,  avec  2  clarinettes, 
2  cors  et  2  bassons. 

REMDE  (Jean-Chrétien-Henri),  composi- 
teur et  professeur  de  musique,  naquit  vers  1790, 
à  Berka,  sur  l'Ilm  (Saxe-Weimar),  et  apprit  de 
son  père,  cantor  en  ce  lieu,  les  éléments  de  la 
musique;  puis  il  fréquenta  le  gymnase  (collège) 
de  Weimar,  et  alla  continuer  ses  études  à  Halle, 
où  il  reçut  des  leçons  de  Tark  pour  le  chant,  le 
piano  et  l'harmonie.  Il  fréquentait  les  cours  de 
l'université,  lorsqu'une    grave  altérai  ion    de  sa 
santé   l'obligea  de  retourner  dans    la    maison 
paternelle.  Après   son  entière  guérison,  il  alla 
s'établir  à  Berlin,  où  il  se  livra  pendant  sept  ans 
à  renseignement  de  la  musique.  Lorsqu'il  s'éloi- 
gna de  cette  ville,  if  se  rendit  à  Leipsick;  mais 
n'ayant  pu  y  trouver  une   position  convenable, 
il  alla  vivre  quelque  temps   à  Memmingen,  en 
Souabe,  puis  voyagea  dans  le  grand-duché  de 
Saxe-Weimar,  et  y   donna  des  concerts.  Fixé 
enfin  à  Weimar,  où  il  eut  la  bonne  fortune  d'ê- 
tre protégé  par  Gœthe,  il  y  obtint  la  place  de 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  cour,  à  laquelle 
il  réunit   bientôt  après  celle   de   professeur  de 
musique  de  l'institut  des  pages  et  d'une  école 
primaire  de  garçons  et  de  filles.  Remde  était  en- 
core dans  cette  ville  en  1840.  Ses  compositions 
consistent  en   Lieder  et  ballades  à  voix  seute 

li. 


228 


REM  DE  —  REMIT 


avec  piano,  chants  à  4  voix,  pièces  de  diffé- 
rents genres  pour  le  piano,  danses,  Pygmalion, 
mélodrame,  Der  Wandcl  des  lrrthums(Le  Chan- 
gement d'erreur),  cantate,  et  les  opéras  :  Die 
lustigen  Studenten  (les  joyeux  Étudiants), /ter 
Zaubersee  (le  Lac  enchanté),  et  Der  entwaff- 
nele  Rache  (La  Vengeance  désarmée).  Le  Lac 
enchanté  a  été  représenté  à  Weimar,  en 
1836. 

REMENTERIA  (D.  Salvador-MariaDE), 
prêtre  espagnol,  actuellement  vivant  (1863;,  à 
Madrid,  est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Nuovo  Metodo  de  canto-llano  riformado  ;  Ma- 
drid, 1859,  1  vol.  in-8°. 

REMI  D'AUXERRE,  ainsi  nommé  à 
cause  du  lieu  de  sa  naissance,  naquit  en  effet 
dans  cette  ville  de  la  Bourgogne,  vers  le  milieu 
du  neuvième  siècle,  selon  l'opinion  commune  : 
cependant  il  est  incertain  si  la  désignation  qui  ac- 
compagne son  nom  indique  lelieude  sa  naissance 
ou  celui  dans  lequel  s'écoula  une  partie  de  sa 
"vie.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  prononça  ses  vœux  dans 
l'abbaye  de  Saint-Germain  d'Auxerre,  et  y  étu- 
dia sous  la  direction  d'un  savant  moine  de  ce 
temps,  nommé  Heine.  Il  eut  pour  condisciples 
à  cette  école  le  prince  Lothaire ,  Charles  le 
Chauve,  et  Hucbalde,  moine  de  Sainl-Amand. 
Foulques,  archevêque  de  Reims,  crut  ne  pou- 
voir mieux  faire,  pour  relever  les  lettres  et  les 
sciences  dans  son  diocèse,  que  d'y  appeler,  pour 
enseigner,  Rémi  et  son  ami  Hucbalde.  Ce  fut  en 
893  que  Rémi  commença  son  enseignement  à 
Reims.  Après  la  mort  de  Foulques,  il  ferma  son 
école  et  se  rendit  à  Paris.  Il  ouvrit  des  cours  pu- 
blics de  théologie  et  des  beaux-arts.  Martianus 
Capella  était  l'auteur  qu'il  avait  choisi,  et  qu'il 
expliquait  en  le  commentant.  Son  enseignement 
à  Paris  date  des  premières  années  du  dixième 
siècle.  Le  lieu  où  il  se  retira  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  et  l'époque  de  sa  mort  sont 
également  inconnus.  L'abbé  le  Beuf  fut  le  pre- 
mier qui  découvrit  une  copie  du  commentaire  de 
Rémi  d'Auxerre  sur  le  traité  de  musique  de 
Martianus  Capella,  parmi  les  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  royale  de  Paris,  et  qui  en  signala 
l'existence  (1).  Ce  manuscrit  et  un  autre  qu'on 
a  retrouvé  depuis  lors  ont  servi  à  faire  la  copie 
d'après  laquelle  l'abbé  Gerbert  a  corrigé  en  plu- 
sieurs endroits  et  fait  imprimer  le  texte  de  Rémi 
d'Auxerre  (Script,  ecclcsiast .  de musica  sacra, 
tomel,  pages  63  à  94).  Malgré  les  soins  de  l'é- 
diteur, bien  des  fautes  défigurent  encore  re  texte. 
Rémi,  comme  tous  les  écrivains  de  son  époque, 
traite  de  la  musique  suivant  la  doctrine  des  Grecs 

(I)  lerueit  de  divers  écrUi,  etc.,  t.  II.  [>  g  n  9s. 


et  prend  Boèce  pour  guide.  Son  livre  est  de  peu 
d'intérêt,  parce  qu'il  ne  fournit  pas  de  rensei- 
gnements sur  la  musique  de  son  temps. 

RÉMOND  DE  SAI\T-MARD  (Tous- 
saint), littérateur  médiocre,  naqu  t  à  Paris,  eu 
1682.  Possesseur  d'une  grande  fortune,  il  ne  vou- 
lut point  prendre  d'état,  ne  se  maria  pas,  et 
parvint  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans,  unique- 
ment occupé  de  la  culture  des  lettres,  qui  ne 
fut  pour  iui  qu'une  douce  oisiveté.  Il  mourut  à 
Paris,  le  28  octobre  175".  Au  nombre  des  opus- 
cules de  peu  de  mérite  qu'il  publi.i,  on  remarque 
des  Réflexions  sur  t'Opéra:  Paris,  1741, in- 12, 
qui  renferment  une  apologie  de  ce  spectacle. 
Ce  morceau  a  été  recueilli  dans  les  œuvres  de 
Rémond  de  Saint-Mard;  La  Haye  (Paris),  1732, 
3  vol.  in-12,  et  Paris,  1751,  5  vol.  in-12. 

REMORIXI  (Ranieri),  chanteur  et  acteur 
distingué,  né  à  Bologne,  en  1783,  fit  ses  pre- 
mières études  de  chant  dans  cette  ville,  et  re- 
çut ensuite  des  leçons  de  Moschini,  à  Luc- 
ques.  En  1806  il  débuta  à  Parme  dans  l'emploi 
de  bouffe,  et  brilla  particulièrement  dans  quel- 
ques rôles  des  opéras  de  Mayr  et  dans  ceux 
de  Fioravanti.  Après  avoir  chanté  avec  succès 
dans  les  principales  villes  de  l'Italie,  il  se  rendit  à 
Rome.au  carnaval  de  1 8 1 6 ,-  où  Rossini  écrivit 
pour  lui  Torwaldo  e  Dorlisca.  Dans  la  même 
année,  il  chanta  à  Milan  pendant  l'automne  et 
pendant  le  carnaval  de  1817,  puis  se  rendit  à 
Naples  pour  y  chanter  au  carnaval.  De  retour  à 
Milan,  dans  l'automne  de  1818,  il  n'en  partit,  au 
commencement  de  1819,  que  pour  aller  à  Lis- 
bonne, où  il  eut  de  brillants  succès.  En  1824  il 
reçut  un  engagement  pour  l'opéra  de  Londres; 
il  y  fut  bien  accueilli  dans  le  rôle  de  Selim  du 
Turco  in  Italia.  Peu  de  temps  après  il  ressentit 
les  premières  atteintes  d'une  maladiede  poitrine 
qu'il  espérait  guérir  sous  le  climat  de  l'Italie  :  il 
retourna  à  Bologne;  mais  le  mal  fit  des  progrès, 
et  après  avoir  passé  environ  deux  années  dans 
un  état  desouffiance,  Remorini  mourut  à  Bologne, 
dans  la  nuit  du  28  au  29  décembre  1827,  à  l'âge 
de  quarante-quatre  ans. 

REMPT(Jean-Mathias),  musicien  allemand, 
né  vraisemblablement  vers  1760,  fit  ses  études 
musicales  à  l'école  Saint-Thomas  de  Leipsick, 
sous  la  direction  de  Doles,  et  suivit  un  cours  de 
théologie  a  l'université  de  cette  ville;  puis  il  ob- 
tint la  place  de  cantor  à  l'église  principale  de 
Suhl.en  Saxe.  En  1788  il  fut  appelé  à  Weimar 
pour  y  remplir  les  mêmes  fonctions  :  il  y  mourut 
en  1S02,  au  moment  où  il  venait  de  mettre  la 
dernière  main  au  livre  choral  à  quatre  voix,  pour 
l'usage  du  duché  de  Sa\e-\Veimar.  Ce  livre  fut 
publié  dans  la  même  année  à  Jéna.  Rempt  avait 


RKMPT  -    KKISOTTK 


Ï'.'D 


laissé  en  manuscrit  dix-huit  chorals  traités  en 
forme  de  cantates  pour  voix  et  instruments.  11 
possédait  une  belle  collection  de  musique  reli- 
gieuse qui  fut  vendue  à  l'encan,  et  dont  le  cata- 
logue formait  42  pages  in-8°. 

RÉMUZAT  (Jean),  virtuose  flûtiste,  né  à 
Bordeaux  (Gironde),  le  11  mai  1815,  fut  admis 
au  Conservatoire  de  Paris  le  25  octobre  1830, 
et  y  devint  élève  de  Tulou.  Le  premier  prix  de 
son  instrument  lui  fut  décerné  à  l'âge  de  dix- 
sept  ans,  au  concours  de  1832.  Des  qualités 
précieuses  caractérisent  le  talent  de  cet  artiste  : 
beau  son,  articulation  brillante  dans  les  traits  et 
belle  manière  de  phraser,  sont  les  avantages  qui 
lui  ont  procuré  du  succès  partout  où  il  s'est  fait 
entendre.  Comme  son  maître,  M .  Rémuzat  n'a  pas 
adopté  la  flûledeBœhm,et  s'estfait  le  zélédéfen- 
seur  de  l'ancien  instrument.  Cet  artiste  a  passé 
la  plus  grande  partie  de  sa  carrière  à  Londres, 
où  il  était  première  flûte  du  théâtre  de  la  Reine. 
Après  la  clôture  de  ce  théâtre,  occasionnée  en 
1853  par  la  banqueroute  de  l'entrepreneur, 
M.  Rémuzat  fnt  obligé  de  retourner  à  Paris,  où 
il  entra,  comme  première  flûte  solo  au  Théâtre- 
Lyrique.  On  a  de  cet  artiste,  pour  son  instrument, 
des  concertinos,  des  fantaisies  sur  des  airs  d'o- 
péras italiens  et  français,  des  thèmes  originaux 
et  autres  variés,  et  des  morceaux  de  salon  de 
différents  caractères.  Ces  ouvrages  ont  été  pu- 
bliés à  Paris,  chez  Brandus,  Meissonnier,  Co- 
lombier, et  à  Londres ,  chez  divers  éditeurs. 
Cette  musique  est  agréable  et  brillante. 

IlEMUZAT  (Bernard-Martin),  frère  du 
précédent,  né  à  Bordeaux,  le  4  février  1822,  entra 
au  Conservatoire  de  Paris  le  18  novembre  1836, 
y  fut  élève  de  Tulou,  et  obtint  le  premier  prix 
de  flûte  au  concours  de  1840.  Ses  études  furent 
terminées  au  premier  octobre  de  l'année  sui- 
vante. On  ne  trouve  aucun  renseignement  sur 
cet  artiste  après  sa  sortie  du  Conservatoire. 

RENALDI  (Jules),  compositeur,  né  à  Pa- 
doue,  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
est  connu  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Ma- 
drigali  a  4,  5  e  6  voci,  con  dialoghi  a  7  voci; 
Venise,  Ant.  Gardane,  1567,  lib.  1,  in-4°.  — 
2"  Madrigali  a  ivoci,lib-  2;ibid.,  1567,  in-4°. 

RENAUD  (..-.),  musicien  français,  fut  atta- 
ché au  service  de  l'impératrice  de  Russie,  en 
qualité  de  chef  d'orchestre  et  de  compositeur  de 
ballets  du  théâtre  de  Saint-Pétersbourg,  vers 
1740.  De  retour  à  Paris,  il  a  écrit,  pour  l'Opéra- 
Comique  de  la  foire  Saint-Laurent,  la  musique 
des  pièces  intitulées  le  Cuvier  et  le  Mauvais 
Ménage. 

RENAUD  (Rose),  connue  sous  le  nom  de 
Mue  Renaud  l'aînée,  cantatrice  de  la  Comédie 


italienne  (Opéra-Comique),  née  k  Paris,  en  1767, 
fut  élève  de  Richer,  et  débuta  avec  succès  au 
concert  spirituel,  en  1781, dans  des  airs  italiens 
de  Majo,  de  Sacchini  et  de  Bertoni.  Le  9  mai 
1785,  elle  parut  pour  la  première  fois  sur  la  scène, 
dans  le  rôle  de  Lucette  oe  la  Fausse  Magie. 
et  y  obtint  le  plus  brillant  succès.  D'Origny,  son 
contemporain,  s'exprime  en  ces  termes  (Annales 
du  Théâtre-Italien,  1,3,  p.  204)  sur  le  début 
de  cette  actrice  :  «  Une  figure  intéressante,  un 
«  air  ingénu,  un  maintien  décent,  un  organe 
«  pur,  une  voix  douce  et  flexible,  une  exécution 
«  précise,  facile  et  sûre,  un  chant  simple,  sans 
«  contrainte,  sans  manière,  et  un  jeu  qui  se  sent 
«  bien  moins  de  l'inexpérience  qu'il  n'annonce 
«  de  finesse,  ont  excité  l'enthousiasme  du  pu- 
«  blic.  »  Reçue  sociétaire  de  la  Comédie  ita- 
lienne, M"e  Renaud  fut  en  possession  de  l'emploi 
de  première  chanteuse  à  roulades,  comme 
on  disait  alors,  jusqu'en  1792,  époque  où  elle 
épousa  le  poète  d'Avrigny.  Retirée  du  théâtre 
l'année  suivante,  elle  vivait  encore  à  Paris  en 
1811. 

Miie  Renaud  (Sophie),  sœur  de  la  précédente, 
a  eu  aussi  des  succès  au  même  théâtre,  et  s'est 
retirée  en  même  temps. 

RENAUD-D'ALLEN  (Mme  DE  GRAM- 
MONT,  née  M'ie),  fille  d'un  ancien  officier,  de 
famille  noble,  née  en  1789,  entra  au  Conserva- 
toire de  Paris  vers  1802,  et  y  fit  des  études 
complètes  de  chant,  de  piano  et  d'harmonie. 
Devenue  professeur  de  ces  diverses  branches  de 
l'art,  elle  ouvrit,  en  1817,  des  cours  publics  de 
musique  élémentaire,  pour  lesquels  elle  écrivit 
des  Principes  de  musique;  Paris,  de  l'imprime- 
rie d'Herhan ,  in-4°  de  24  pages.  Elle  a  aussi 
publié  quelques  romances,  et  de  petites  pièces 
pour  le  piano.  Mariée  à  M.  de  Grammont,  en 
1821,  elle  a  cessé  de  s'adonner  à  l'enseignement, 
et  n'a  plus  cultivé  la  musique  que  comme  ama- 
teur. 

REIVAUDIN  (....).  Deux  frères  de  ce  nom 
vivaient  à  Paris  dans  la  dernière  partie  du  dix- 
huitième  siècle.  L'un  d'eux,  harpiste,  imagina 
un  chronomètre  en  forme  de  pendule,  des- 
tiné à  marquer  la  mesure  en  musique,  lequel 
fut  exécuté  par  son  frère,  horloger.  Davaux  a 
donné  la  description  de  cet  instrument  dans  le 
Journal  encyclopédique  (juin  1784,  p.  539). 
Son  écrit  a  pour  titre  :  Lettre  sur  un  instrument 
ou  pendule  nouveau,  qui  a  pour  but  de  dé- 
terminer avec  la  plus  grande  exactitude  les 
différents  degrés  de  vitesse,  depuis  le  pres- 
tissimo jusqu'au  largo,  avec  les  nuances  im- 
perceptibles d'un  degré  à  Vautre. 

RENOTTE  (Hubert),  bon  organiste  de  la* 


230 


RENOTTE  —  REQUEKO-Y-YI\ÉS 


cathédrale  de  Liège,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  mort  en  1747,  a  écrit  de  la 
musique  d'église  qui  était  estimée  de  son  temps, 
et  qui  est  restée  en  manuscrit.  Il  a  publié  trois 
Sonates  pou?'  deux  violons  et  violoncelle  ; 
Liège,  MUM  Libert  (note  de  M.  Van  Elewyck). 

RENTE-LINSEN  (J.-C  ),  professeur  de 
musique  à  Amsterdam,  est  auteur  d'un  manuel 
élémentaire  des  principes  de  la  musique  et  de 
solfège,  à  l'usage  des  écoles  primaires  de  la  Hol- 
lande, intitulé  :  Handleiding  by  het  Onderrigt 
in  de  Toonen  Zangkunst  op  de  Schoolen  van 
het  lagere  onderwys,  etc.;  Harlem,  de  l'impri- 
merie de  J.  Enscliedé,  1823,  in-4°  obi.  de  24 
pages.  M.  Rente-Linsen  vivait  encore  à  Amster- 
dam en  1846. 

RENTSCH  (Jean-Wolfgasg).  l'oyez 
SAUER. 

RENVOISY  (Richakd  DE),  chanoine  et 
maître  des  enfants  de  chœur  de  la  Sainte-Cha- 
pelle de  Dijon,  était  un  des  plus  habiles  luthistes 
de  son  temps.  On  voit  dams  l' Histoire  des  com- 
mentateurs de  la  coutume  de  Bourgogne, 
par  le  président  Bouhier  (p.  nui),  que  la  trop 
libre  fréquentation  de  Renvoisy  avec  ses  élèves 
le  fit  tomber  dans  un  crime  pour  lequel  il  lut 
condamné  à  être  brûlé  vif.  La  sentence  fut  exé- 
cutée le  6  mars  1586.  M.  Poisot  (Les  Musiciens 
bourguignons,  p.  18)  rapporte  l'extrait  du  Jour- 
nal manuscrit  d'un  chanoine  musical  de  la 
Sainte-Chapelle  de  Dijon,  nommé  Pépin,  dans 
lequel  on  lit  ce  passage,  à  la  date  de  158G  : 
«  Le  13  février  a  été  contraint  M.  de  Renvoisy,  par 
«  Messieurs  de  la  cour,  et  emporté  en  sa  chaire, 
«  assisté  de  plusieurs  huissiers  d'icelle  cour,  et 
«  conduit  en  la  conciergerie  du  palais,  tous  ses 
«  biens  séquestrés,  etc.  llétoil  maître  de  musique 
«  habile,  et  des  plus  habiles  qu'il  y  eût  sur  le 
«  lulh.  »  Le  chanoine  musical  Pépin  était  as- 
surément un  singulier  écrivain.  Il  existe  des  vers 
latins  à  la  louange  de  Renvoisy,  par  un  certain 
Philibert  Colin,  dont  on  trouve  un  extrait  dans 
les  œuvres  de  jurisprudence  du  président  Bou- 
hier  (Dijon,  1787, 1. 1,  p.  xxix).  On  a  de  Richard 
de  Renvoisy  les  ouvrages  dont  voici  les  titres  : 
1°  J'salmi  Davidici  quatuor  vocum;  Paris, 
Richard  Breton,  1573,  in-4°  oblong.  —  2°  Les 
odes  d'  Anacréon  mises  en  musique  à  quatre 
parties;  Paris,  Richard  Breton,  1581,  in-4u  obi. 

RENZSCH  (Chaules-Ernest),  facteur  d'or- 
gues et  de  pianos  à  Dresde,  a  eu  de  la  répu- 
tation en  Allemagne.  En  1707,  il  sortit  de  chez 
le  facteur  Horn  pour  établir  lui-même  des 
ateliers  de  construction  d'instruments.  Au  nom- 
bre de  ceux  qu'il  a  faits,  on  remarque  l'orgue 
d'Arntfeld,  près  d'Aniiaberg. 


,  REPARAZ  (D.  Antonio),  composileur 
espagnol    de  l'époque  actuelle,   a  fait  jouer  à- 

J  San  Juan  de  Oporto,  en  1857,  les  opéras  de  sa 

j  composition  intitulés  :  1°  Don  Gonzab  de  Cor- 
doba;  2°  Don  Pedro  el  Cruel;  et  dans  la 
même  année  il  a  donné  au  théâtre  de  Sara- 
«osse  l'opéra-comique  [z-arzuela)  el  Castillo 

I  feudal.  On  n'a  pas  d'autre  renseignement   sur 

j  cet  artiste. 

REQUENO-Y-VIVÊS  (L'abbé  Vincent), 
littérateur  et  numismate,  naquit  en  1743,  à  Cala- 
trao,  dans  l'Aragon.  A  l'âge  de  quatorze  ans,  il 
entra  dans  la  Société  des  Jésuites;  et  à  l'époque 
où  il«  furent  expulsés  de  l'Espagne,,  il  s'embarqua 
pour  l'Italie,  avec  beaucoup  de  ses  confrères, et 
alla  s'établir  à  Rome,  où  son  érudition  et  son 
goût  pour  l'archéologie  le  tirent  connaître  des 
savants.  Plus  tard,  il  profita  de  la  permission  ac- 
cordée aux  jésuites  espagnols  de  rentrer  dans 
leur  patrie,  et  bientôt  après  il  fut  nommé  mem- 
bre de  l'Académie  d'Aragon  et  conservateur  des 
médailles  de  cette  société.  Informé  du  rétablis- 
sement des  jésuites  en  Sicile,  il  se  hâta  de  re- 
tourner en  Italie,  pour  se  réunir  à  eux  ;  mais  il 
ne  put  arriver  au  terme  de  son  voyage,  étant 
mort  à  Tivoli,  le  17  février  1811,  à  l'âge  de 
soixante-huit  ans.  Ses  ouvrages  relatifs  à  la  mu- 
sique sont  :  l"  Saggio  sul  ristabilmento  delV 
artc  annonica  de'  Greci  e  Romani  catilori; 
Panne,  17.i8,  2  vol.  in-8°.  L'objet  principal  de 
ce  livre  est  de  démontrer,  d'après  la  doctrine  d'A- 
ristoxène,  que  les  Grecs  n'ont  fait  usage  dans 
leur  musique  que  île  l'octave  divisée  en  douze 
demi-tons  égaux.  Requeno  y  considère  Pvlha- 
gore,  et  surtout  Plolémée,  comme  les  destruc- 
teurs de  la  musique  antique,  par  l'invention  de 
leurs  proportions  des  intervalles.  Il  soutient  aussi 
l'existence  de  l'harmonie  dans  la  musique  grec- 
que, et  attribue  l'invention  du  contrepoint  ù 
Lysandre,  contemporain  de  Tyrtec  (part.  I, 
cliap.  11).  Tout  ce  que  renferme  le  livre  de  ce 
jésuite  est  dénué  de  fondement,  car  les  Grecs 
u'onl  eu  aucune  notion  de  ce  que  les  acousticiena 
modernes  appellent  le  tempérament  :  ce  n'est 
pus  dt  cela  qu'il  s'agit  dans  le  système  d'Aris- 
toxène.  Requeno  a  recours  au  monocorde  pour 
la  démonstration  de  sa  fausse  théorie  des  douze 
demi-tons  de  la  gamme  naturellement  égaux, 
tandis  qu'Ari  to\ene  n'admet  que  l'oreille  pour 
juge  de  la  justesse  des  six  tons  égaux  par  les- 
quels il  divise  l'octave,  en  opposition  aux  pytha- 
goriciens, qui,  par  le  calcul,  n'y  trouvaient  que 
cinq  tons  et  deux  demi-tons  mineurs.  Quant  à 
la  connaissance  que  ie,s  Grecs  auraient  eue  de 
l'harmonie,  dans  le  sens  donnée  ce  mot  par  les 

peeplcs  modernes,  etàl'usa»e  qu'ils  en  auraient 


REQUENO-Y-VIVÈS  —  REUCHLIN 


231 


fait,  on  peut  consulter  mon  Mémoire  sur  l'har- 
monie simultanée  des  sons  chez  les  Grecs  et  les 
Komains,  etc.  (Bruxelles,  imprimerie  de  Hayez, 
1S58,  in-4°,  et  Mémoires  de  l'Académie  royale 
des  sciences,  des  lettres  et  des  arts  de  Belgi- 
que, tome XXXI).  —  2°  Il  Tamburo,  stromenlo 
di  prima,  nécessita  pel  regolamento  délie 
truppe,  perfezionaio  daD.  Vincenzo  Requeno; 
Rome,  1797,  in-8°  de  93  pages.  L'auteur  de  cet 
opuscule  se  propose  de  faire  voir  qu'on  pourrait 
perfectionner  le  tambour  sans  altérer  sa  puis- 
sance rhythmique,  en  lui  donnant  la  possibilité 
de  produire  des  intonations  musicales,  et  même 
des  harmonies  telles,  par  exemple,  que  l'accord 
parfait  ut,  mi,  sol,  nt. 

RESAREIÇAM  (Antoine  DE),  moine  por- 
tugais, naquit  à  Lisbonne,  en  1621,  fit  ses  \œux 
au  couvent  de  Viana,  dans  la  province  d'Alen- 
tejo,  et  y  fut  nommé  sous-chantre.  Plus  tard  il 
eut  la  dignité  de  déliniteur  provincial  de  son 
ordre.  Il  mourut  à  Santarem,  le  17  janvier  1686, 
dans  la  soixante-cinquième  année  de  son  âge.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  des  messes  et  d'autres  com- 
positions pour  l'église. 

RESUMARIUS  (Baltoazak),  dont  le  nom 
allemand  était  Harzer  (résineux),  naquit  à  Jes- 
sen,  village  de  la  Saxe,  en  Misnie,  dans  les  pre- 
mières années  du  seizième  siècle.  Dans  sa  jeu- 
nesse, il  se  livra  à  l'étude  de  la  musique,  et 
devint  élève  de  Henri  Isaac.  Plus  lard,  ayant 
terminé  sesétudesde  théologie,  il  entra  dans  l'état 
ecclésiastique ,  et  parvint  à  la  dignité  d'évêque 
de  Leipa,  en  Bohême.  On  a  sous  son  nom  un 
recueil  de  répons  des  principales  fêtes,  intitulé  : 
Responsorium  libri  duo,  prbnus  de  Christo 
et  regno  ejiis,  doctrina,  vita,  passione,  resur- 
rectione  et  ascensione  :  aller  de  sanctis  et 
illorum  in  Christum  fide  et  cruce  ;  Witten- 
berg,  1544.  Ce  recueil  contient  80  répons  à  plu- 
sieurs voix. 

RESTA  (Noël),  compositeur  dramatique,  né 
à  Milan,  y  vivait  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  et  y  a  donné  un  opéra  intitulé  :  /  tre 
Sigisbei  ridicoli,  en  1748. 

RESTORI  (André),  violoniste  et  composi- 
teur, est  né  en  1778,  à  Pontremoli,  en  Toscane. 
A  l'âge  de  douze  ans,  il  commença  l'étude  de  la 
musique,  sous  la  direction  de  Vincent  Fanini  di 
Toscana,  et  montra  d'heureuses  dispositions 
pour  le  violon.  Entré  trois  ans  après  au  collège 
Saint-Martin  deLucques,  il  y  reçut  des  leçons  de 
Ramaggi  pour  cet  instrument,  et  plus  tard  il  de- 
vint élève  de  Rolla,  qui  demeurait  alors  à  Parme. 
De  retour  à  Pontremoli,  Restori  y  a  été  chargé 
de  la  direction  de  l'orchestre  du  théâtre.  On 
connaît  en  Italie  sous  son  nom  quatre  concertos 


pour  le  violon,  six  oeuvres  de  duos  pour  le  même 
instrumentât  dix  symphonies  à  grand  orchestre. 

RETEMEYER  (Maximilien  ),  pianiste  et 
compositeur  allemand,  était  fixé  à  Amsterdam 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième 
siècle.  Il  a  fait  graver  de  sa  composition 
1°  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle; 
Paris,  Pleyel. —  2°  Nocturne  pour  piano,  violon 
ou  flûte  ;  Amsterdam,  Steup.  —  3°  Valses  pour 
le  piano  ;  Leipsick  et  Amsterdam. 

RETZEL (Olaus),  littérateur  suédois,né  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  fit  ses 
études  à  l'université  d'Upsal,  où  il  a  fait  impri- 
mer une  thèse  De  Tactu  musico;  Upsal,  1698, 
in-4°. 

RETZEL  (Antoine),  maître  de  chapelle  du 
duc  de  Holstein,  naquit  à  Brunswick,  en  1724. 
Fils  d'un  cantor  de  celte  ville,  il  apprit  de  lui 
les  déments  de  la  musique.  En  1746,  il  entra 
comme  chanteur  à  l'opéra  de  sa  ville  natale  ; 
mais  bientôt  après  il  quitta  le  théâtre  pour  se  li- 
vrer à  l'étude  du  basson,  qui  devint  son  instru- 
ment favori,  et  s'adonna  à  la  composition  dans 
le  style  de  Graun.  Plus  tard  il  se  rendit  à  Strélilz, 
et  y  épousa  une  cantatrice,  élève  de  la  célèbre 
Astrua.  De  là  il  passa  au  service  du  duc  de  Hol- 
stein. En  1760,  il  écrivit  pour  la  chapelle  de  Son- 
dershausen  une  grande  cantate  qui  fut  exécutée 
pour  l'anniversaire  de  la  naissance  du  prince  de 
Schwarzbourg.  On  a  gravé  de  sa  composition  un 
œuvre  de  six  trios  pour  violon  ou  flûte  et  basse, 
intitulé  :  Sonate  a  tre;  Amsterdam.  Retzel  a 
laissé  en  manuscrit  des  cantates  pour  l'église, 
des  concertos  de  violon  et  de  hautbois,  des 
symphonies,  etc. 

REUCHLIiV  (Jean),  savant  célèbre  du 
quinzièmesiècle,  né  à  Pforzheim  (duché  de  Bade), 
le  28  décembre  1455,  apprit  les  éléments  du  chant 
à  l'écoledecette  ville,  et  montra  toujours  beaucoup 
de  goût  pour  la  musique.  Il  fut  placé  comme  en- 
fant de  chœur  dans  la  chapelle  du  margrave,  qui, 
charmé  de  ses  progrès  dans  la  grammaire,  la 
musique  et  les  sciences,  l'attacha  à  son  fils.  En 
1473,  il  accompagna  ce  prince  à  Paris  et  profita 
de  son  séjour  en  cette  ville  pour  suivre  les  cours 
des  plus  célèbres  professeurs.  Possédant  à  fond 
les  langues  latine,  grecque  et  hébraïque,  il  fut  un 
des  plus  érudits  philologues  de  son  temps,  obtint 
les  degrés  de  docteur  en  philosophie,  en  droit,  et 
fut  employé  avec  succès  par  plusieurs  princes 
dans  des  négociations  diplomatiques.  Il  mourut 
à  Stuttgard,  le  30  juin  1522.  Dans  un  séjourque 
Reuchlin  lit  à  Heidelberg  en  1497,  il  composa, 
pour  les  écoliers  du  gymnase  de  celte  ville,  la 
première  comédie  latine  qui  eût  été  jouée  dans 
les  collèges  de  l'Allemagne  et  la  première  pièce 


232 


REUCHLIN  —  RETJSS 


de  théâtre  où  la  musique  ait  été  employée  dans 
ce  pays.  Elle  a  pour  titre  :  Scenica  progym- 
nastata  :  C'est  une  imitation  de  la  Farce  de 
Maistre  Pathelin,  que  Reuchlin  avait  vu  jouer 
à  Paris.  L'ouvrage  fut  imprimé  à  Strasbourg, 
chez  Jean  Gruninger ,  en  1497,  petit  in-4°  gothi- 
que. On  trouve  dans  cette  pièce  deux  chœurs  à 
quatre  voix  et  à  note  contre  note  égale,  gravés 
sur  bois.  Une  autre  édition  fut  faite  à  Bàle,  par 
Jean  Bergmann,  en  1498,  avec  les  chœurs  égale- 
ment gravés  sur  bois,  in-4°  de  23  feuillets  non 
chiffrés.  Les  éditions  de  cet  ouvrage  de  Reuchlin 
se  sont  multipliées;  il  y  en  a  une  de  Leipsick, 
datée  de  1503,  et  d'autres  de  Pforzheim,  1508,  de 
Tubingen,  1511,  1512  et  1516,  avec  un  commen- 
taire de  Jacques  Spiegel,  de  Leipsick,  1514  et 
1515,  enlin,  devienne,  imprimée  par  Singre- 
nius,  en  1523. 

REUFF1US  (Jacques),  musicien  du  dix- 
septième  siècle,  est  cité  par  Lipenius  (Bibliot. 
philosoph.)  comme  auteurd'un  ouvrage  intitulé  : 
Opellx  musicx;  Nuremberg,  1643,  in-8°. 

REULING  (Wilhelm  ou  Guillaume),  com- 
positeur et  maître  de  chapelle  à  Vienne,  a  vécu 
dans  cette  ville  depuis  1825  environ  jusqu'en 
1845.  Après  y  avoir  fait  représenter  quelques  pe- 
tits opéras,  il  a  donné  en  1840  Alfred  le  Grand, 
opéra  en  trois  actes,  qui  eut  un  brillant  succès, 
et  fut  repris  en  1845.  Le  critique  de  la  Gazette 
générale  de  musique,  de  Leipsick,  qui  a  rendu 
compte  de  cet  ouvrage  (ann.  42e,  p.  930),  dit 
qu'on  y  trouve  la  clarté  de  Mozart,  du  naturel 
dans  les  idées,  la  vérité  psychologique,  les 
caractères,  les  paroles  et  les  situations  bien  ex- 
primées. On  a  publié  de  cet  artiste  environ 
cent  œuvres  de  musique  de  tous  genres,  particu- 
lièrement des  quintettes  pour  des  instruments  à 
vent,  un  trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
op.  82  (en  si  mineur),  Mayence,  Schott  ;  des 
chants  pour  quatre  voix  d'homme,  et  des  Lie- 
der  à  voix  seule  avec  piano;  Magdebourg  et 
Vienne. 

REIJLX (Anselme  DE),  DE  REUX,  ou  plutôt 
DE  RŒULX,  musicien  belge  du  seizième  siècle, 
ainsi  nommé,  sans  doute,  parce  qu'il  était  de  la 
petite  ville  de  RœuLr,  dans  le  Hainaut;  car  on 
sait  que  beaucoup  d'artistes  et  de  savants  de 
cette  époque  étaient  désignés  par  leur  prénom 
joint  au  nom  du  lieu  de  leur  naissance  :  la  par- 
ticule de  ne  laisse  pas  de  doutn  à  cet  égard.  Le 
musicien  passa  probablement  une  partie  de  sa 
vie  en  Italie,  puisque  ses  œuvres  connues  sont 
des  madrigaux  :  on  sait  en  effet  que  ce  genre  de 
pièces  a  pris  naissance  en  Italie,  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  L'onvrage  qui  a  fait 
connaître  Anselme  deReulx  a  pour  titre  :  Madri- 


gali  a  qucitlro  voci  di  Anselmo  de  Reulx, 
nuovamente  ristampati  et  corretti;  Yenetiis, 
apud  Ant.  Gardane,  1543,  petit  in-4e  obi.  On 
trouve  dans  ce  recueil  29  madrigaux.  Ainsi  qu'on 
le  voit  par  ce  titre,  cette  édition  est  au  moins  la 
seconde.  François  Doni  cite  deux  livres  de  ces 
madrigaux  d'Anselme  de  Reulx  (  Libraria,  di- 
vision des  Motetti  et  Madrigali).  M.  E.  de 
Coussemaker  cite  (Notice  sur  les  collections  ?nu- 
sicales  de  la  bibliothèque  de  Cambrai,  p.  82), 
le  motet  Domine  quis  habitabit,  à  quatre  voix, 
de  Jacques  de  Reux,  lequel  se  trouve  dans  le 
manuscrit  124  de  cette  bibliothèque,  et  le  donne 
en  partition,  sous  le  n°  10  de  son  livre.  Y  eut-il 
dans  la  première  moitié  du  quinzième  siècle 
deux  musiciens  nés  à  Kœulx,  le  premier  nommé 
Anselme,  l'autre,  Jacques?  Cela  paraît  vraisem- 
blable. 

REUSCH  (Jean),  né  à  Rostock,au  duché  de 
Cobourg,  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle,  fut  secrétaire  de  l'évêquede  Meissen,  et 
compositeur  de  sa  chapelle.  11  a  fait  imprimer  : 
l°Mpitaphia  Ravorum  (de  la  famille  des  Rhaw), 
ivocum,  Wittenberg,  l55o,  chez  les  héritiers 
de  Georges  Rhaw,  in-4°  obi.  —  2°  Melodix 
odarum  Georg.  Fabrici;  Leipsick,  1554.  Il  y  a 
une  deuxième  édition  de  ce  recueil,  imprimée  à 
Zurich  (Tiguri),en  1574,  in  fol.  —  3»  Elementa 
musicx  practicx  pro  incipientibus;  Lipsix, 
1553.  in-8°  de  sept  feuilles. 

REUSCHEL  (Jean-Georges),  cantor  à  Mar- 
kersbach,  sur  les  frontières  de  la  Bohême  et  de 
la  Saxe,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a 
fait  imprimer  un  recueil  de  dix  messes  de  sa 
composition,  intitule  :  Decas  Missarutn  sa- 
crarum,  4,  5,  6-18  vocum;  Freyberg,  1667,  in- 
fol. 

REUS1XER  (Jacques),  compositeur  allemand 
des  premières  années  du  dix-septième  siècle,  est 
connu  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Missx  6 
vocum;  Dillingen,  1604,  in-40.—  2°  Missx  4  et 
5  vocum  cum  officio  B.  M.  V.;  ibid.,  1604, 
in-4o. 

REUSS  (Georces-Jacqces-Louis),  pasteur  à 
Crosdorf,  près  de  Giessen,né  en  1760,  est 
auteur  de  beaucoup  de  livres  concernant  le 
culte  protestant ,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
1°  Ifeue  evangelische  Kirchenagende  oder 
was  zu  grundlichcr  Verbesserung  der  pro- 
testant isch  en  <  u/fus  in  der  Kircheund  fur  die 
Kirche  billig  su  dieser  Zeit  geschehen  sollte 
(Nouvel  agenda  évangélique,  ou  ce  qu'il  convien- 
drait de  faire  pour  l'amélioration  fondamentale 
du  culte  protestant  dans  l'église  et  pour  l'é- 
glise); Gotha,  1825,  in-8°  de  106  pages.  On 
trouve  une  analyse   de  cet  ouvrage  dans  l'écrit 


REUSS  —  REVKR0N1  SAINT-CYR 


233 


périodique  intitulé  Eulonia  (t.  5,  p.  74).  Il  y 
est  traité  de  la  musique  dans  le  culte  protestant. 
—  2°  Drei  Abhandlung  in Predigtform  nebst 
Liturgieen  und  Liedern,  etc.  (  Trois  traités  en 
forme  de  sermon ,  suivis  de  remarques  sur  la 
liturgie  et  les  cliauts);  Coblence,  1828,  in-8°. 

REUSSNER  (Eue),  luthiste  distingué,  na- 
quit en  Silésie ,  dans  la  première  moitié  du 
dix -septième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par 
un  recueil  de  pièces  pour  le  luth,  intitulé  :  Lan- 
tenlust  (Délices  du  luth),  consistant  en  pré- 
ludes, pavanes,  courantes,  sarabandes,  gi- 
gues, gavottes  et  autres  pièces  ;  Breslau,  1668. 

REUSSÎVER  (Isaie),  (ils  du  précédent,  fut 
aussi  luthiste  habile.  Il  entra  d'abord  au  service 
du  prince  de  Liegnitz-Brieg  et  de  Wolhau,  puis 
dans  la  chapelle  de  l'électeur  de  Brandebourg.  Il 
a  publié  pour  son  instrument:  1°  Musikalische 
geselschafls  Ergœtzung,  consistant  en  sonates, 
allemandes,  courantes,  gavottes  et  gigues  ;  Leip- 
sick,  1673.  —  2°  ISeue  Lauten  frucht  (Nou- 
veaux fruits  du  luth);  ibid.,  1676.  —  3°  Cent 
mélodies  pour  des  cantiques  spirituels,  etc.,  ibid., 
1676. 

REUTER  (  Georges  )  ou  REUTTER ,  orga- 
niste de  la  chambre  impériale  et  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-Etienne,  à  Vienne,  naquit  dans 
cette  ville,  en  1660.  Il  y  vivait  encore  en  1731, 
à  l'âge  de  soixante  et  onze  ans.  Le  catalogue  de 
Traeg,  de  Vienne,  indique  de  la  composition  de 
Reuter  un  Miserere  à  deux  chœurs ,  alV  uso 
romano,  et  des  toccates  et  fugues  pour  l'orgue, 
en  manuscrit.  La  Bibliothèque  royale  de  Berlin 
possède  en  manuscrit  de  cet  artiste  :  1°  Re- 
quiem  à  quatre  voix  avec  instruments  (en  sol 
mineur);  —  2°  Messe  à  quatre  voix  et  instru- 
ments (en  re), 

REUTER  (Charles)  ou  REUTTER,  dit  le 
jeune,  fils  du  précédent,  né  à  Vienne,  en  1697, 
était  en  1731  organiste  de  l'église  de  Saint- 
Étienne  dans  cette  ville.  11  mourut,  dans  cette 
situation,  en  1770.  Burney  entendit  à  Vienne  un 
Te  Deum  de  cet  artiste,  qui  lui  parut  une  com- 
position sèche  et  froide.  Chargé  de  composer 
en  collaboration  avec  Caldara,  pour  le  théâtre 
impérial  de  Vienne ,  l'opéra  intitulé  Forza  deW 
Amicizia,  il  en  écrivit  le  premier  acte  -.  Caldara 
composa  les  deux  autres.  Cet  ouvrage  fut  re- 
présenté en  1728.  En  1731,  Reuter  écrivit  l'o- 
ratorio Lu  divina  Providenza  in  Ismaêl,  qui 
fut  exécuté  à  la  chapelle  impériale  en  1732.  Il 
avait  composé  en  1731  le  deuxième  et  le  troi- 
sième acte  du  divertissement  dramatique  La 
Pazienza  di  Socrale  con  due  mogli,  dont  Cal- 
dara avait  écrit  l'ouverture  et  le  premier  acte. 
Cet  ouvrage  lut  représenté  pendant  le  carnaval 


de  la  même  année.  Il  Ritorno  di  Tobin,  oratorio 
considéré  comme  le  meilleur  ouvrage  de  Reuter, 
fut  exécuté  en  1733.  En  1734  il  écrivit  l'oratorio 
Betulia  liberata  (poésie  de  Métastase),  qui  fut 
exécuté  dans  la  chapelle  de  l'empereur  Char- 
les VI,  et  dont  il  fut  fait  une  nouvelle  exécution 
dans  la  même  chapelle  en  1740. 

REUTTER  (Romain),  bénédictin  bavarois, 
naquit  en  1755,  à  Kallmiinz,  près  de  Ratisbonne. 
Admis  comme  enfant  de  chœur  à  l'abbaye  de 
Prùfeniag,  il  y  fit  ses  premières  études  musicales, 
puis  entra  au  séminaire  de  Neubourg  sur  le  Da- 
nube, où  il  développa  ses  heureuses  dispositions 
sous  la  direction  du  compositeur  Schuhbauer.  Ce 
fut  dans  cette  école  que  Reutter  lit  ses  premiers 
essais  dans  de  petites  compositions  pour  l'église. 
H  alla  ensuite  étudier  la  philosophie  à  Amberg, 
et  composa  des  litanies  d'une  expression  tou- 
chante :  elles  furent  accueillies  avec  enthousiasme 
par  les  artistes  de  cette  ville.  On  le  chargea  en- 
suite de  la  composition  du  mélodrame  qu'on 
exécute,  à  la  fin  de  chaque  année  scolaire,  dans 
les  collèges  de  la  Bavière,  et  le  succès  de  cet  ou- 
vrage eut  encore  plus  d'éclat  que  le  premier. 
En  17  75,  Reutter  entra  à  l'abbaye  des  bénédic- 
tins de  Plankstetten,  où  la  musique  était  fort  né- 
gligée :  il  y  fut  chargé  de  la  direction  du  chœur, 
et  le  remit  dans  un  état  florissant.  Ce  fut  dans 
ce  lieu  qu'il  écrivit  des  messes,  des  motets  et 
des  sonates  de  clavecin  d'un  mérite  remarquable, 
qui  se  répandirent  dans  les  monastères  de  la  Ba- 
vière et  du  haut  Palatinat.  En  1781,  il  composa 
pour  le  gymnase  d'Amberg  un  second  mélodrame, 
intitulé  la  Vigne  de  ISaboth ,  dont  la  musique 
parut  si  belle ,  qu'on  en  conservait  encore  le 
souvenir  trente  ans  après  à  Amberg.  Reutter  est 
mort  dans  son  couvent ,  en  1806,  à  l'âge  de  cin- 
quante et  un  ans. 

REVERONI  SAINT-CYR  (Jacques-An- 
toine, baron  de),  né  à  Lyon,  le  7  mai  1767,  est 
issu  d'une  famille  italienne  qui  suivit  en  France 
Catherine  de  Médicis,  et  y  importa  l'industrie 
des  étoffes  de  soie  qu'on  appella  depuis  lors  flo- 
renées.  Après  avoir  achevé  ses  éludes,  Reve- 
roni  Saint-Cyr  embrassa  la  carrière  militaire  à 
l'âge  de  quinze  ans  et  entra  dans  l'arme  du 
génie,  en  1782.  Successivement  capitaine  dans 
cette  arme,  adjoint  à  l'état- major  du  ministère 
delà  guerre,  membre  du  comité  des  fortifications 
de  Paris,  lieutenant-colonel  du  génie,  colonel 
d'état-major,  professeur  de  fortification  à  l'École 
polv technique,  chef  de  division  au  ministère  de 
la  guerre  et  sous-directeur  du  génie,  il  eut 
une  carrière  laborieuse.  Malheureusement  il  fut 
atteint  d'aliénation  mentale  en  1828,  et  mou- 
rut dans  une  maison  de  santé,  près  de  Paris,  le 


234 


REVEROM  SAIKT-CYR  —  REY 


19  mars  1829,  a  l'âge  de  soixante  et  un  ans  et  , 
quelques  mois.  Reveroni  Saint-Cyr  a  écrit  les  li- 
vrets de  plusieurs  opéras  et  drames  qui  ont  été 
mis  en  musique  par  Derton ,  Cherubini  et  Mé- 
hul,  ou  qui  n'ont  pas  été  représentés.  Parmi  les 
livres  qu'il  a  publies,  on  en  remarque  un  qui  a 
pour  titre  :  Essai  sur  le  perfectionnement  des 
beaux-arts  par  les  sciences  exactes,  ou  cal- 
culs et  hypothèses  sur  la  poésie,  la  peinture 
et  la  musique;  Paris,  Henrichs,  1804,  2  vol. 
in-8°,  avec  des  planches.  Le  principe  qui  sert 
de  base  à  ce  qui  concerne  le  perfectionnement  de 
la  musique,  dans  cet  ouvrage  ,  est  ainsi  formulé 
par  l'auteur  :  La  musique  est  une  série  de 
sons  propres  à  frapper  l'oreille  et  à  peindre 
à  l'esprit  des  images  et  des  sensations.  Son 
système  est  donc  celui  de  la  perfection  de  l'art 
dans  le  genre  descriptif  et  pittoresque;  mais  ce 
n'est  pas  seulement  l'imitation  esthétique  qu'il 
veut  qu'on  y  introduise;  c'est  aussi  l'imitation 
matérielle ,  et  c'est  ce  qu'il  appelle  le  perfection- 
nement de  l'art  par  les  sciences  exactes;  voulant 
prouver  que  les  courbes  formées  par  les  notes 
de  la  mélodie  affectent  agréablement  l'imagina- 
tion lorsqu'elles  sont  d'un  aspect  doux  à  l'œil, 
et  l'ébranlent  d'une  manière  plus  ou  moins  vio- 
lente lorsqu'elles  se  transforment  en  angles  plus 
ou  moins  aigus,  il  essaye  de  démontrer  cette 
théorie  par  l'analyse  de  quelques  phrases  d'opéra 
dont  il  calcule  mathématiquement  les  courbes. 
Cette  théorie  prétendue  est  une  des  absurdités 
les  plus  originales  qu'on  ait  imaginées. 

RÉVI  AL  (  Marie-Pauline-Françoise-Louis- 
Benoît-Alphoinse),  professeur  de  chant  au  Con- 
servatoire impérial  de  Paris,  né  à  Toulouse 
{Haute  Garonne),  le  29  mai  1810,  entra  dans  la 
même  école ,  comme  élève,  le  23  octobre  1829. 
Il  y  reçut  des  leçons  de  solfège  de  Kuhn,  de  vo- 
calisation de  Henry,  et  après  deux  années  d'é- 
tudes dans  le  pensionnat  de  cette  institution,  il 
obtint  le  second  prix  de  chant  au  concours  de 
1831.  Le  premier  prix  lui  fut  décerné  en"  1832. 
Le  15  avril  1833  il  débuta  au  théâtre  del'Opéra- 
Comique  dans  Fra  Diavolo ,  d'Auber.  Le  pre- 
mier rôle  qu'il  créa  fut  dans  la  Prison,  d'Edim- 
bourg, deCarafa,  ouvrage  représenté  le  24  juil- 
let de  la  même  année.  La  voix  de  cet  artiste 
n'était  pas  belle  :  elle  manquait  de  timbre  dans 
le  registre  de  poitrine,  mais  il  se  servait  avec 
habileté  de  la  voix  mixte.  Il  avait  de  l'âme,  du 
feu  ,  chantait  avec  goût  et  avec  expression. 
Pendant  quelques  années  il  fut  premier  ténor  du 
théâtre  de  l'Opéra-Comique  ;  mais  après  tes  dé- 
buts de  Roger,  que  la  nature  avait  doué  d'une 
belle  voix  et  d'avantages  extérieurs  qui  lui  pro- 
curèrent les  plus  brillants  succès,  Revial  ne  put 


rester  en  possession  de  son  emploi;  il  se  retira 
au  mois  d'avril  1838,  et  partit  peu  de  temps 
après  pour  l'Italie,  où  il  travailla  au  perfection- 
nement de  son  organe  et  de  son  mécanisme  de 
la  vocalisation.  En  1840  il  chanta  au  théâtre  de 
Varèse,  en  qualité  de  premier  ténor.  De  retour 
à  Paris  «lu  commencement  de  l'année  1841,  il  se 
fit  entendre  dans  les  concerts  de  quelques  villes 
de  France  et  à  Londres,  puis  il  fut  engagé  comme 
premier  ténor  du  théâtre  de  La  Haye  en  1842. 
Retourné  à  Paris  dans  l'année  suivante,  il  prit 
la  résolution  de  renoncer  à  la  scène,  et  se  livra 
avec  succès  à  l'enseignement.  Au  mois  de  juillet 
1846,  il  fut  nommé  professeur  de  chant  au  Con- 
servatoire de  Paris;  il  occupe  encore  cette  posi- 
tion (1863). 

REY  (  Jean-Baptiste),  né  à  Lauzerte  (Tarn- 
et-Garonne),  le  18  décembre  1734,  entra  dans 
son  enfance  à  l'abbaye  de  Saint-Sernin,  en  qua- 
lité d'enfant  de  chœur,  et  y  apprit  la  musique. 
A  l'âge  de  dix-sept  ans ,  il  obtint  au  concours  la 
place  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
d'Audi.  Des  discussions  qu'il  eut  avec  le  chapi- 
tre de  cette  église  le  tirent  renoncer  à  la  maî- 
trise après  trois  ans ,  et  il  accepta  la  place  de 
chef  d'orchestre  à  l'Opéra  de  Toulouse.  Jusqu'à 
l'âge  de  quarante  ans,  il  remplit  des  fonctions 
semblables  à  Montpellier,  Marseille,  Bordeaux 
et  Nantes.  Il  était  dans  celte  dernière  ville  lors- 
que la  renommée  de  son  habileté  dans  la  direc- 
tion des  orchestres  le  lit  appeler  à  Paris,  en 
1776,  pour  régénérer  celui  de  l'Opéra  dans  l'exé- 
cution des  ouvrages  de  Gluck  et  de  Piccinni.  D'a- 
bord adjoint  à  Francœur,  il  lui  succéda  en  1781 
dans  la  place  de  premier  chef  d'orchestre.  Ces 
grands  artistes  trouvèrent  en  lui  autant  de  fer- 
meté que  d'intelligence  et  de  sentiment  musical. 
Quelques  motets  exécutés  dans  la  chapelle  du 
roi  avaient  prouvé  qu'il  possédait  aussi  du  savoir 
dans  l'art  d'écrire.  En  1779,  Louis  XVI  le  nomma 
maître  de  la  musique  de  sa  chambre,  lui  ac- 
corda une  pension  de  2,000  francs,  et  lui  fit  pro- 
mettre une  des  places  de  surintendant  de  sa  cha- 
pelle avec  la  décoration  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel.  Les  événements  de  la  révolution  fran- 
çaise enlevèrent  à  la  fois  à  Rey  ses  avantages  et 
ses  espérances.  Après  le  mois  d'août  1/92,  on  le 
choisit  pour  être  un  des  membres  du  comité 
d'administration  de  l'Opéra,  et  le  décret  qui  or- 
ganisa définitivement  le  Conservatoire  de  mu- 
sique de  Paris,  le  désigna  comme  un  des  profes- 
seurs d'harmonie  de  cette  école.  Quelques  années 
après,  j'y  devins  son  élève,  et  j'appris  de  lui 
cette  science  d'après  les  principes  de  Rameau , 
les  seuls  qu'il  connût  et  qu'il  voulût  admettre. 
Dans  la  discussion  relative  au  système  de  Catel 


REY 


235 


(voyez  ce  nom),  en  1800,  il  s'en  montra  un  des 
plus  ardents  adversaires,  et  cette  circonstance, 
réunie  à  l'attachement  qu'il  témoigna  à  Lesueur 
dans  ses  querelles  avec  le  Conservatoire,  le  lit 
exclure  de  cet  établissement  en  1802.  Sa  nomi- 
nation de  maître  de  la  chapelle  de  Napoléon, 
en  1804,  le  consola  de  cette  disgrâce.  Le  sort 
heureux  dont  il  jouissait  fut  troublé,  en  1809,  par 
la  mort  de  sa  lille,  jeune  personne  qui  possédait 
un  beau  talent  sur  le  piano.  La  douleur  dont  il 
fut  saisi  par  cet  événement  le  conduisit  au  tom- 
beau, le  15  juillet  1810,  à  Page  de  soixante-seize 
ans.  Il  avait  dirigé  l'orchestre  de  l'Opéra  pendant 
plus  de  trente  ans  avec  une  habileté  dont  il  n'y 
avait  point  eu  d'exemple  en  France  avant  lui. 
Depuis  1781  jusqu'à  1785  il  avait  aussi  dirigé 
celui  du  Concert  spirituel.  Les  compositions  de 
ce  digne  artiste  sont  :  1°  Apollon  et  Coronis, 
opéra  en  un  acte,  représenté  à  l'Académie  royale 
de  musique,  en  1781.  —  2°  Tous  les  airs  de 
danse  de  Tarare, opéra  de  Salieri,  ibid.,  1787. 

—  3°  Ouverture  ai1  Apollon  et  Daphné,  1787.  — 
4°  Le  troisième  acte  d'Ârvire  et  Evelina,  opéra 
que  Sacchini  avait  laissé  inachevé.  Ce  célèbre 
compositeur  avait  désigné  Rey,  son  ami  ,  pour 
terminer  son  ouvrage,  qui  fut  représenté  en  17S8. 

—  5°  Les  airs  de  danse  à'Œdipe  à  Colone, 
opéra  de  Sacchini,  en  1787.  —  0°  Diane  et  En- 
dymion,  en  deux  actes,  à  l'Opéra,  1791.  Rey  a 
laissé  en  manuscrit  deux  messes  solennelles  avec 
orchestie,  et  plusieurs  motets  exécutés  dans  la 
chapelle  du  roi.  On  trouve  quelques  solfèges  de  sa 
composition  dans  la  troisième  partie  des  solfèges 
du  Conservatoire  de  Paris. 

REY  (Loiis-Cuarles-Joseph),  frère  du  pré- 
cédent, naquit  à  Lauzerte,  le  26  octobre  173s. 
Comme  son  frère,  il  fit  ses  études  musicales  à 
l'abbaye  de  Saint  Seruin,  et  entra  comme  violon- 
celliste au  théâtre  de  Montpellier,  à  l'âge  de 
seize  ans.  En  1755  il  se  rendit  à  Paris,  pour  y 
prendre  des  leçons  de  Bertaut.  Après  deux  an- 
nées de  séjour  en  cette  ville,  il  accepta  une  place 
de  violoncelliste  au  théâtre  de  Bordeaux,  et  en 
remplit  les  fonctions  pendant  neuf  ans.  De  retour 
à  Paris  vers  la  fin  de  1760,  il  entra  à  l'orchestre 
de  l'Opéra  l'année  suivante,  et  fut  admis  dans  la 
chapelle  du  roi  en  1772.  Retiré  de  l'Opéra  à  la  fin 
de  1806  avec  la  pension,  après  un  service  de  qua- 
rante ans,  il  se  coupa  la  gorge  avec  un  rasoir  dans 
un  accès  de  fièvre  nerveuse,  et  mourut  à  Paris,  le 
12  mai  1811.  Rey  eut  quelque  part  dans  l'opéra 
de  son  frère,  Apollon  et  Coronis.  il  a  fait  graver 
de  sa  composition  :  1°  Trios  pour  2  violons  et  vio- 
loncelle ;  Paris, Consineau. —  2°  Airs  variés  pour 
violon  et  violoncelle;  Paris,  Sieber.  —  3°.  Duos 
pour  2  violoncelles,   liv.    1  et  2;  Paris,  Bail- 


leux.  Papillon  de  Lafcrté,  intendant  des  menus- 
plaisirs  du  roi,  ayant  exprimé  dans  une  brochure 
son  mécontentement  des  difficultés  que  les  ar- 
tistes du  théâtre  et  de  l'orchestre  lui  faisaient 
éprouver  dans  l'administration  de  l'Opéra,  Rey 
y  fit  une  réponse  intitulée:  Mémoire  justifica- 
tif des  artistes  de  l'Académie  royale  de  mu- 
sique, ou  réponse  à  la  lettre  qui  leur  a  été 
adressée  lek  septembre  1789;Paris,  1789,in-8°. 
REY  (  Jean-Baptiste),  né  à  Tarascon  ,  vers 
1760,  fut  élevé  à  la  maîtrise  de  la  collégiale  de 
cette  ville,  et  apprit  seul  à  jouer  du  clavecin,  du 
violon  et  du  violoncelle.  Après  avoir  été  organiste 
et  maître  de  musique  des  cathédrales  de  Viviers 
et  d'Uzès,  il  vint  à  Paris  en  1795,  et  s'y  fixa 
comme  professeur  de  musique.  Admis  à  l'orches- 
tre de  l'Opéra  en  qualité  de  violoncelliste  l'année 
suivante,  il  y  est  resté  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
dans  l'été  de  1822.  Il  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Pot-pourri  pourlepiano,  op.  1;  Paris, 
Leduc.  —  2°  Cours  élémentaire  de  musique 
et  de  piano- forte ,  ou  méthode  pratique  de 
l'art  de  toucher  le  piano-forté;  Paris,  Nader- 
man.  Partisan  du  système  de  la  basse  fondamen- 
tale, qu'il  prétendait  appliquer  à  l'échelle  chro- 
matique, quoique  Rameau  n'eût  eu  pour  principe 
que  la  gamme  diatonique  dans  la  création  de 
ce  système,  il  écrivit,  pour  la  propagation  de  sa 
méthode,  un  livre  intitulé  :  Exposition  élémen- 
taire de  l'harmonie  ,•  théorie  générale  des  ac- 
cords d'après  la  basse  fondamentale,  vue 
selon  les  différents  genres  de  musique  ;  Paris 
(sans  date,  mais  publié  en  1807  ),  veuve  Nader- 
man,  grand  in-S°de  198  pages  gravées. 

REYr  (V.-F.-S.  ),  ancien  vérificateur  des  do- 
maines, employé  à  la  comptabilité  de  l'enregis- 
trement, naquit  à  Lyon,  vers  1762.  La  protection 
de  son  compatriote  Sonnerai  lui  fit  obtenir  en 
1782  un  emploi  dans  l'administration  financière, 
où  il  a  passé  toute  sa  vie.  Il  vivait  encore  à  Paris 
en  1816.  Comme  ses  homonymes,  il  était  admi- 
rateur de  la  théorie  de  l'harmonie  imaginée  par 
Rameau,  qu'il  essaya  de  résumer  dans  de  grands 
tableaux  publiés  sous  ce  titre  :  Tablature  gé- 
nérale de  la  musique,  pour  servir  à  l'inlelli- 
j  gence  du  système  dans  tout  l'ensemble  de  la 
musique.  Le  second  titre  de  ces  tableaux  est 
!  celui-ci  :  Système  harmonique  développé  et 
!  traite  d'après  les  principes  du  célèbre  Ha- 
meau, ou  grammaire  de  musique  sous  le 
titre  de  tablature,  se  rapportant  au  Diction- 
naire de  J.-J.  Boussea k  ,•  Paris ,  Sieber  fils, 
grand  in-fol.  de  15  pages  gravées,  sans  date 
(1795).  Plus  tard,  Rey  développa  et  modifia  ses 
idées  concernant  la  théorie  de  la  musique  et  de 
l'harmonie,  dans  un  livre  intitulé  :  L'Art  de  la 


236 


REY  —  REYER 


musique  tkéori-physico-pralique  générale  et 
élémentaire ,  ou  exposition  des  bases  et  des 
développements  du  système  de  la  musique, 
Paris,  Godefroy,  1806,  in-4°  de  54  pages,  et  de 
43  planches ,  en  partie  gravées  et  en  partie  im- 
primées avec  le;  caractères  de  musique  d'Olivier 
et  Godefroy.  A  l'égard  des  planches  gravées  sous 
ce  titre  :  La  Couronne  d' Apollon,  ou  le  guide 
de  la  musique,  citées  par  M.  Quérard  dans  la 
France  littéraire  (tome  7,  page  557),  elles  ap- 
partiennent à  l'ouvrage  précédent. 

RE Y-DUSSEUIL  ( antoine-François-Ma- 
rius),  littérateur,  né  à  Marseille,  le  12  juillet 
1800,  fit  ses  études  dans  cette  ville,  puis  suivit 
des  cours  de  droit  à  Aix  et  à  Paris.  Il  abandonna 
la  culture  de  cette  science  pour  se  livrer  à  celle 
des  lettres,  contribua  à  la  rédaction  de  plusieurs 
journaux  politiques  et  littéraires,  publia  des  ro- 
mans qui  eurent  quelque  succès,  et  mourut 
aliéné  à  Paris,  en  1837.  Attaché  à  la  rédaction  du 
nouveau  Mercure  de  France  pendant  quatre 
ans,  il  y  a  inséré  des  Lettres  sur  les  théâtres 
lyriques,  où  il  analysait  le  mérite  des  compo- 
siteurs, des  opéras  et  des  acteurs.  Ces  lettres 
se  font  remarquer  par  une  tournure  d'esprit  ori- 
ginale, et  par  une  critique  pleine  de  causticité; 
mais  Rey-Dusseuil  n'avait  pas  les  connaissances 
nécessaires  en  musique  pour  donner  de  la  soli- 
dité à  ses  jugements. 

REYER  (Louis -Etienne -Ernest),  né  à 
Marseille,  le  1er  décembre  1823,  entra  à  l'âge  de 
six  ans  à  l'école  communale  de  musique  dirigée 
par  M.  Barsotti  (voyez  ce  nom  ),  qui,  trouvant 
en  lui  d'heureuses  dispositions  réunies  à  une 
jolie  voix  de  soprano  ,  en  fit  un  bon  lecteur  :  le 
premier  prix  de  solfège  fut  décerné  deux  fois 
au  jeune  Reyer  dans  les  concours  de  son  école. 
Ses  parents  ne  le  destinant  pas  à  la  profession 
de  musicien,  il  fut  envoyé  à  Alger,  à  l'âge  de 
seize  ans,  et  entra  dans  les  bureaux  de  son 
oncle  (M.  Louis  Farrenc),  aujourd'hui  trésorier 
payeur  de  la  province  de  Constantine.  Les  af- 
faires administratives,  pour  lesquelles  M.  Reyer 
avait  peu  de  penchant,  ne  le  détournaient  pas 
de  son  goût  pour  la  musique.  Il  jouait  du  piano, 
étudiait  avec  ardeur  l'harmonie,  organisait  des 
concerts  et  devenait  l'âme  des  salons  où  l'on 
faisait  de  la  musique.  Bientôt  il  fit  ses  pre- 
miers essais  de  composition  dans  des  romances 
qui  obtinrent  de  la  vogue  et  se  chantent  encore  ; 
enfin,  lorsque  le  duc  d'Auinale  arriva  à  Alger, 
M.  Reyer  composa  une  messe  qu'il  dédia  à  la 
duchesse,  et  qui  fut  exécutée  solennellement 
devant  les  princes.  De  bonnes  choses  furent  re- 
marquées dans  cet  œuvre,  resté  inédit  jusqu'au 
moment  où  cette  notice  est  écrite. 


Après  la  révolution  de  1848,  M.  Reyer  se 
rendit  à  Paris ,  avec  le  dessein  de  se  livrer  sans 
réserve  à  la  culture  de  l'art  vers  lequel  il  se  sen- 
tait entraîné.  Son  premier  soin  fut  de  perfec- 
tionner, par  des  études  nouvelles ,  ses  connais- 
sances dans  la  partie  technique  de  la  composi- 
tion :  ce  fut  sa  tante,  Mme  Louise  Farrenc,  qui 
le  dirigea  dans  ce  travail,  rendu  facile  par  la 
vive  intelligence  du  jeune  artiste.  Après  avoir 
produit  quelques  œuvres  légères  qui  ne  lui  four- 
nissaient que  d'insuffisantes  ressources  pour  son 
existence,  M.  Reyer  se  lia  d'amitié  avec  Théo- 
phile Gautier,  qui  écrivit  pour  lui  le  poème  d'une 
ode  symphonique,  avec  des  airs  et  des  chœurs, 
sur  un  sujet  oriental  dont  le  titre  était  le  Selam. 
Cet  ouvrage  fut  exécuté  avec  succès  au  Théâtre- 
Italien,  le  5  avril  1850;  la  critique  toutefois  op- 
posa au  Sélam  le  Désert  de  Félicien  David  ,  et 
crut  voir  dans  l'un  de  ces  ouvrages  une  imita- 
tion de  l'autre,  quoique  M.  Reyer  n'eût  puisé 
ses  mélodies  que  dans  son  propre  fonds,  au  lieu 
de  les  emprunter,  comme  son  prédécesseur,  aux 
chants  des  Arabes.  Au  Selmn  succéda  Maître 
Wolfram,  opéra  en  un  acte,  dont  le  poème  était  de 
Méry,  et  qui  fut  représenté  au  Théâtre-Lyri 
que,  le  20  mai  1854,  quelques  jours  avant  sa  clô- 
ture. Repris  plus  tard  à  l'Opéra-Comique,  il  est 
resté  au  répertoire.  Les  conditions  désavanta- 
geuses de  la  carrière  de  compositeur  dramatique 
en  France  se  montrent  avec  évidence  dans  celle 
de  M.  Reyer,  car  ce  n'est  qu'à  de  longs  inter- 
valles qu'il  lui  est  donné  d'aborder  la  scène.  Le 

20  juillet  1858  il  fit  représentera  l'Académie  im- 
périale de  musique  Sacounlala,  ballet  en  deux 
actes  sur  un  sujet  indien,  dont  le  scénario 
était  de  Théophile  Gautier.  Malheureusement, 
la  première  représentation  ne  précéda  que  de  peu 
de  jouis  le  départ  pour  Pétersbourg  de  Mœe  Fer- 
raris,  qui  y  jouait  le  rôle  principal,  et,  plus  mal- 
heureusement encore,  les  décors  de  Sacoun- 
tala  furent  brûlés  dans  l'incendie  du  magasin  de 
l'Opéra,  rue  Richer.  La  Statue,  opéra  en  trois 
actes  de  M.  Reyer,  fut  joué  au  Théâtre-Lyrique, 
le  11  août  1861,  et  y  obtint  un  succès  mérité. 
On  y  a  remarqué,  au  premier  acte,  le  chœur  des 
fumeurs  d'opium,  la  romance  Toi  que  n'at- 
teint pas  l'ardeur  du  soleil,  le  finale  du 
deuxième  acte,  le  chœur  Bonjour,  Bonjour, 
dont  le  caractère  a  de  l'originalité,  au  troisième 
acte  le  duo  de  Margijane  et  Sèlim,  et  le  trio  qui 
le  suit.  En  général ,  la  partition  de  la  Statue  fait 
apercevoir  dans  le  talent  de  M.  Reyer  un  ca- 
chet individuel  auquel  il  ne  manque  qu'une 
plume  plus  exercée  dans  l'art  d'écrire  :  la 
charte,  la  simplicité  s'y  font  parfois  désirer.  Le 

21  août  1862,  cet  artiste   a  fait  représenter  à 


REYER  —  REYJSWÀAN 


237 


Bade  Êrostrate,  opéra  en  deux  actes,  dont 
le  livret  était  écrit  par  Méry  et  M.  Pacini. 
Le  jour  même  de  la  répétition  générale,  l'au- 
teur de  la  musique  reçut  la  décoration  de  la 
Légion  d'honneur.  La  reine  de  Prusse,  qui  as- 
sistait à  la  première  représentation  de  cet  ou- 
vrage ,  lit  demander  le  compositeur,  le  com- 
plimenta et  lui  envoya  peu  de  temps  après  la  dé- 
coration de  l'Aigle  rouge.  Les  autres  productions 
de  cet  artiste  consistent  en  mélodies  détachées, 
parmi  lesquelles  on  remarque  un  Salve  Regina  , 
un  Ave  Maria  et  un  0  saluiaris  hostia, 
une  cantate  exécutée  à  l'Opéra,  un  hymme 
intitulé  l'Union  des  Arts,  paroles  de  M.  Méry, 
pour  l'inauguration  d'une  nouvelle  société  d'ar- 
tistes à  Marseille,  en  1862,  et  un  recueil  de 
quarante  chansons  anciennes,  dont  il  a  écrit  les  ac- 
compagnements. Au  moment  où  cette  notice  est 
écrite  (1863),  M.  Reyer  travaille  à  un  opéra 
en  cinq  actes  destiné  à  l'Académie  impériale  de 
musique  (l'Opéra).  Ses  tendancessont  celles  que 
les  succès  des  ouvrages  de  Weber  ont  données 
à  l'Allemagne  :  puisse-t-il  ne  pas  se  laisser  trop 
entraîner  sur  cette  pente,  qui  a  conduit  fatale- 
ment aux  excès  de  l'époque  actuelle  et  à  l'anéan- 
tissement du  goût  !  M.  Reyer  a  donné  des  arti- 
cles de  critique  musicale  dans  les  journaux  la 
Presse,  la  Revue  de  Paris,  le  Courrier  de 
Paris,  et  d'autres. 

REYHER  (André),  maître  en  philosophie 
et  recteur  du  gymnase  de  Gotha,  naquit  le  4  mai 
1601,  à  Heinrichs,  près  de  Henneberg.  Ses  études 
ayant  été  terminées  avec  distinction,  il  fut  nommé 
recteur  à  Schleusingen  ;  puis  il  fut  appelé  à  Gotha, 
en  la  même  qualité.  Il  y  mourut  le  2  avril  1673. 
Pendant  qu'il  était  à  Schleusingen,  il  publia  une 
collection  de  dissertations  sur  les  diverses  par- 
ties des  arts  et  des  sciences,  intitulée  :  Marga- 
rita  philosophica  in  annulo  synopsis  totius 
philosopkix  ;  Nuremberg,  1636,  in-8°.  Une 
deuxième  édition  a  été  publiée  à  Gotha,  en  1669, 
in-8°.  La  douzième  dissertation  de  ce  recueil 
traite  de  la  musique  :  elle  avait  été  déjà  publiée 
séparément,  sous  ce  titre  :  Epitome  Musicee  pro 
Tyronibus;  Schleusingen,  I635,in-8°.0n  a  aussi 
un  autre  ouvrage  de  Reyher,  relatif  à  la  mu- 
sique,  intitulé  :  Spécimen  musicum  pro  exer- 
cilio  hebraice  conjugandi;  Gotha,  1671,  in-4°. 

REYMANN  (Matthieu),  en  latin  Reyman- 
ncs,  luthiste  au  service  de  l'électeur  de  Cologne, 
dans  les  premières  années  du  dix-septième  siècle, 
est  auteur  d'une  collection  de  psaumes  à  quatre 
parties,  arrangée  pour  le  luth  et  publiée  sous  ce 
titre  :  Cythara  (sic)  sacra,  sive  Psalmodiée 
Davidis  ad  usum  testudinis  accommodais  ; 
Coloniœ,  1613,  in-4°. 


REYMANN  (  F.-G.),  maître  des  ballets  du 
théâtre  de  la  cour  de  Strélitz,  vers  1783,  y  a 
composé  un  petit  opéra  intitulé  le  Derviche.  On 
ignore  si  cet  artiste  est  le  même  dont  le  Catalo- 
gue de  Traeg  (Vienne,  1799)  indique  les  ouvra- 
ges suivants,  en  manuscrit  :  1°  Deux  ouvertures 
à  13  instruments.  —  2°  Neuf  symphonies  à  grand 
orchestre  ,  dont  trois  concertantes.  —  3°  Con- 
certo pour  flûte  principale.  —  4°  Idem  pour  haut- 
bois.—  5°  Treize  concertini  pour  tlûte,  flûte  d'a- 
mour, 2  violes,  2  cors  et  violoncelle.  —  6°  Trois 
sérénades  pour  huit  instruments ,  et  plusieurs 
quatuors  pour  des  instruments  à  vent  ou  à  ar- 
chet. 

REYMANN  (P.-C),  harpiste  qui  a  eu  quel- 
que réputation,  vivait  à  Hambourg  en  1810.  II  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Trois  sonates  pour 
harpe,  violon  et  violoncelle ,  op.  18;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel.  —  2°  Trois  sonates  pour 
harpe  à  crochets  et  violon,  op.  8  ;  ibid.  — 
3°  Idem,  op.  14,  15  et  17;  Hambourg,  Bœhme. 
—  4°  Sonates  pour  harpe  et  flûte,  op.  10,  11, 
12;  ibid.— 5°  Thèmes  variés  pour  harpe  et  vio- 
lon, op.  7,  13,  16;  ibid. 

RE  YJXITZSCH  (Jean  -  Christophe  -  Guil- 
laume), sous-bibliothécaire  à  Gotha,  mort  jeune, 
en  1810,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  Ueber 
Druyden  und  Druydensteine ,  Barden  und 
Bardenlieder,  Fesle,  Schmœusse,  etc.  (Sur  les 
druides  et  les  pierres  druidiques,  les  bardes  et 
leurs  chants,  etc.);  Gotha,  Ettinger,  1802,  in-8°, 
avec  planches.  Reynitzsch  y  traite  de  la  musique 
des  bardes  et  des  scaldes,  depuis  la  page  81 
jusqu'à  la  page  123. 

REYIXWAAIV  (  Jean-Verschuere),  com- 
positeur et  écrivain  sur  la  musique,  prend  au  titre 
d'un  de  ses  ouvrages,  imprimé  en  1787,  les  qua- 
lités d'organiste,  carillonneur  et  docteur  en  droit 
à  Flessingue  (  Zélande),  et  se  donne  le  titre  d'a- 
vocat praticien,  au  frontispice  de  son  diction- 
naire de  musique  (practiseerend  advocaal). 
11  vécut  dans  la  dernière  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  et  mourut  en  1806.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position, à  Amsterdam,  vers  1780,  trois  sonates 
pour  le  piano,  op.  1.  Il  n'existait  pas  de  diction- 
naire de  musique  en  hollandais  lorsque  Ver- 
schnere  Reynwaan  fit  imprimer  l'essai  d'un  livre 
de  ce  genre  intitulé  :  Musykaal  konst-worden- 
boeck,  etc.  (Vocabulaire  de  l'art  musical)  ;  Mid- 
delbourg,  1789,  in-8°.  Il  n'en  parut  d'abord  que 
la  première  partie,  contenant  les  lettres  A-E  ; 
puis  (au  commencement  de  1790)  parut  un  ca- 
hier de  la  seconde  partie  ;  mais  l'auteur,  frappé 
des  défauts  de  son  ouvrage,  en  arrêta  la  publi- 
cation. Ainsi  qu'il  le  dit  lui-même  dans  sa  pré- 
face ,  il  avait  pris  pour  base  de  son  dictionnaire 


238 


REYNWAAPs  —  RHAW 


ceux  de  Brassard  et  de  Jean-Jacques  Rousseau; 
niais  il  avait  abrégé  l'étendue  des  principaux  ar- 
ticles de  ce  dernier.  Aucun  des  auteurs  de  bi- 
bliographies ou  de  biographies  musicales  n'a  eu 
connaissance  de  ce  premier  dictionnaire  de  mu- 
sique publié  par  Reynwaan.  Son  premier  travail 
ayant  été  abandonné,  il  s'occupa  d'une  nouvelle 
rédaction  d'un  livre  du  même  genre,  dont  la 
première  partie  parut  smis  ce  titre  :  Muzijkaal 
konst  ivoordenboek,  behetzende  de  Verhlaa- 
ringenals  mede  het  Gebruicken  de  Krachtder 
Kunstwoorden  die  in  de  Musijk  voorkomen 
(Lexique  d'art  musical,  contenant  l'explica- 
tion de  l'usage  et  de  la  signification  précise  des 
termes  techniques  employés  dans  la  musique); 
Amsterdam,  Wouter  Brave,  1795,  première  par- 
tie, contenant  les  lettres  A-M,  1  volume  grand 
in-8°  de  C1S  pages,  avec  beaucoup  de  planches. 
Par  une  sorte  de  fatalité,  qui  ne  permettait  pas 
à  Verschuere  Reynwaan  de  voir  la  fin  de  son 
travail,  l'invasion  de  la  Hollande  par  l'armée 
française,  la  conquête  de  la  Zélande,  au  mois  de 
février  1795,  et  la  stagnation  des  affaires,  qui  en 
fut  la  suite,  empêchèrent  la  publication  de  la 
seconde  partie,  qui  n'a  point  paru  plus  tard.  Ce 
qui  était  imprimé  du  livre  fut  mis  au  pilon  en 
1801;  de  là  l'excessive  rareté  des  exemplaires.  Ce 
n'est  qu'après  des  recherches  infructueuses  d'un 
grand  nombre  d'années  que  je  suis  parvenu  à 
me  procurer  celui  que  je  possède,  au  prix  de  46 
florins  de  Hollande.  S'il  n'est  pas  unique,  il  ne 
s'en  faut  de  guère,  car  il  n'en  a  jamais  passé  un 
exemplaire  dans  les  nombreuses  ventes  de  livres 
faites  en  Hollande.  Telle  qu'elle  est  exécutée, 
cette  seconde  rédaction  de  l'ouvrage  peut  être 
considérée  comme  un  des  meilleurs  dictionnaires 
de  musique.  Une  érudition  solide  règne  dans  la 
plupart  des  articles,  et  les  définitions  sont  aussi 
précises  que  le  permettait  le  génie  de  la  langue 
hollandaise.  Ce  livre  n'est  pas,  comme  on  pour- 
rait le  croire,  un  vocabulaire  hollandais  des  ter- 
mes de  musique,  mais  une  explication  en  langue 
hollandaise  des  mots  grecs,  latins  et  italiens  rela- 
tifs à  cet  art.  Il  me  semble  que  ce  vocabulaire 
polyglotte,  adopté  par  Verschuere  Reynwaan,  est 
un  défaut  à  l'égard  des  lecteurs  à  qui  son  ouvrage 
était  destiné.  On  a  aussi  du  même  auteur  un 
traité  élémentaire  de  musique  intitulé  :  Cale- 
chismus  der  Mutijk,  etc.,  Amsterdam,  1788, 
1  volume  in-8°.  Le  nom  de  l'auteur  est  écrit 
lieynwaen  au  titre  de  cet  ouvrage,  au  lieu  de 
Reynwaan  qui  se  trouve  au  frontispice  du  dic- 
tionnaire. 

REYS  (Gaspard),  était  mattre  de  chapelle 
d'une  église  de  Lisbonne  vers  16.'I0,  puis  il  alla 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  Braga,  ou  il  mou- 


rut. Élève  de  Duarte  Lobo ,  excellent  maître 
portugais,  il  montra  de  l'habileté  dans  l'art 
d'écrire  par  la  composition  de  plusieurs  messes, 
psaumes,  motets  et  vilhancicos,  qui  se  conser- 
vent dans  l'église  des  Franciscains  de  Valladolid. 
RHAW  (Georges),  ou  RHAU,  composi- 
teur, écrivain  didactique  et  célèbre  imprimeur 
de  musique,  naquit  en  1488,  à  Eisfeld,  dans  la 
Franconie.  Le  nom  du  maître  qui  lui  enseigna  la 
musique  ainsi  que  le  lieu  où  il  fit  ses  études  sont 
inconnus  ;  on  sait  seulement  qu'il  était  cantor  et 
directeur  de  musique  à  Leipsick  antérieurement  à 
1518,  car  il  y  publia  au  commencement  de  cettean- 
née  la  première  édition  de  son  traité  de  musique. 
En  1519  il  fit  exécuter  une  messeà  12  voix  desa 
composition,  avant  la  discussion  publique  entre 
Luther  et  Eck,  et  un  Te  Deum  après  qu'elle  eut 
été  terminée.  Rhavv  s'établit  ensuite  à  Wilten- 
berg,  et  y  fonda  une  imprimerie  de  musique,  d'où 
sont  sortis  quelques  recueils  de  compositions  de 
célèbres  musiciens  allemands  de  la  fin  du  quin- 
zième siècle  et  de  la  première  moitié  du  seizième. 
Il  mourut  à  Wittenberg,  le  6  août  1548,  dans*  sa 
soixante-douzième  année.  Rhaw  s'est  fait  con- 
naître comme  écrivain  didactique  par  un  traité 
élémentaire  de  musique,  intitulé  :  Enchiri- 
dion  Musices,  ex  variis  musicorum  libris  dc- 
promptum,  rudibus  hujus  arlis  Tyronibus 
sane  frugiferum,  Leipsick,  Valentin  Schutnann, 
1518,  in-8°  de  10  feuilles.  Ainsi  que  l'indique  le 
titre  de  cet  ouvrage,  ce  n'est  qu'une  compilation 
des  principaux  traités  de  musique  publiés  jus- 
qu'à l'époque  où  il  parut;  mais  cette  compilation 
est  bien  faite.  Le  livre  est  divisé  en  deux  par- 
ties :  la  première  traite  de  la  musique  sous  le 
rapport  des  intervalles,  de  la  gamme  par  hexa- 
cordes,  et  des  tons;  la  deuxième,  de  la  mu- 
sique mesurée.  Les  exemples  sont  écrits  à  trois 
et  à  quatre  parties.  Une  édition  retouchée  et 
modifiée,  qui  parait  être  lu  seconde,  fut  ensuite 
publiée  par  Rhaw, sous  ce  titra  :  Enchiridion  »(- 
riusquemusicx practic.r,  a  Georgio  Rhaw,  ex 
variis  musicorum  libris,  pro  pueris  in  scholrt 
Vltebergensi  congestum;  Wittenberg,  1 530,  in-8* 
de  11  feuilles.  On  voit  par  Pépitre  dédicatoire  de 
cette  édition  que  Georges  Rhaw  n'était  pas  seule- 
ment imprimeur  de  musique  à  Wittenberg,  mais 
qu'il  y  remplissait  aussi  les  fonctions  de  cantor, 
et  qu'il  avait  écrit  son  livre  pour  ses  élèves.  Les 
bibliographes  citent  une  troisième  édition  du 
même  ouvrage,  publiée  à  Wittenberg,  en  1532, 
in-8°;  une  quatrième,  delà  même  ville,  I53fi,in-S° 
de  1 1  feuilles;  une  cinquième,  ibid.,  1538,  in-8°  ; 
une  sixième,  ibid.,  1546,  in-8°,  et  une  septième, 
ibid..  1553,  in  8°;  ils  en  ont  oublié  une  qui  a 
piru  dans  la  même  ville  en  1551,  in-8°  de   11 


RHAW  —  KIIEIN 


23» 


feuilles  et  demie.  Je  possède  les  éditions  de  153G, 
1551  et  1553;  elles  n'offrent  pas  de  diffférences 
entre  elles.  Les  deux  dernières  éditions  ont  été 
publiées  par  les  héritiers  de  Rhaw.  Il  existe  une 
édilion  sans  nom  de  lieu  et  sans  date  :  il  est  vrai- 
semblable qu'elle  est  la  plus  ancienne.  On  trouve 
aussi  des  exemplaires  de  l'édition  de  Leipsick 
qui  portent  la  date  de  1520  :  j'ignore  si  cette  édi- 
tion est  réelle,  ou  si  ce  n'est  qu'un  changement 
de  frontispice.  A  cette  édition  est  réunie  le  Libel- 
lus  de  compositione  canins,  de  Galliculus.  (Voy. 
ce  nom.  ) 

Comme  éditeur  et  imprimeur  de  musique,  Rhaw 
a  publié  quelques  bons  ouvrages  didactiques  et 
pratiques,  parmi  lesquels  on  remarque  les  livres 
de  Martin  Agricola  (  voy.  ce  nom  )  et  le  petit 
traité  De  Compositione  cantus  de  Galliculus 
(voy.  ce  nom).  Ou  lui  doit  aussi  de  précieuses 
collections  de  compositions  d'anciens  maîtres 
allemands,  entre  autres  :  1°  Selectx  harmonie' 
quatuor  vocum,  qui  contient  une  Passion  de 
Galliculus,  une  autre  de  Obrecht,  et  d'autres 
compositions  de  Jean  Walther,  de  Louis  Senfel, 
de  Cellarius,  de  Ducis,  de  Eckel,  de  Stœlzer  et 
de  Henri  Isaac.  —  2°  Newe  deutsche  geistliehe 
Gesœnge  (  Nouveaux  cantiques  religieux  alle- 
mands, etc.  ),  Wittenberg,  1544,  qui  contiennent 
123  morceaux  à  quatre  et  cinq  voix,  à  l'usage 
des  écoles  et  qui  renferment  des  compositions  de 
Balthazar  Resinarius,  de  Lupus  Hellink,  de  Mar- 
tin Agricola,  de  Louis  Senfel,  de  Thomas  Stœlzer, 
d'Arnold  de  Bruck,  d'Etienne  Mahu,  de  Virgile 
Hauck,  de  Benoît  Ducis,  de  Sixte  Dietricht,  de 
Jean  Weinmann,  de  Wollf  Heintz  ,  de  Georges 
Vogelhiiber,  de  Georges  Forster  et  de  Jean  Stahl. 
Commeéditeur,  Georges  Rhaw  a  aussi  publié  une 
collection  de  messes  intitulée  :  Opus  decem  mis- 
sarum  quatuor  vocum  collectum  a  Georgio 
Rhawo  ;  Wittenberg,  1541,  in-4°.  Une  des  plus 
intéressantes  publications  de  Rhaw,  comme  édi- 
teur, est  une  collection  de  chansons  françaises, 
latines  et  allemandes  à  deux  voix,  intitulée  :Bici- 
nia  gallica,  latina  et  germanica  ;  Wiltebergx, 
1545,  petit  in-4°  obi.  On  y  trouve  en  partition, 
pour  deux  voix,  la  plus  ancienne  tradition  con- 
nue du  chant  suisse  appelé  le  Ranz  des  va- 
ches. 

RHEIiV  (Frédéric),  fils  d'un  maître  de  cha- 
pelle à  Strasbourg,  naquit  dans  cette  ville,  en 
1771,  et  se  livra  dès  sa  jeunesse  à  l'étude  de  la 
flûte,  sur  laquelle  il  acquit  un  habileté  remar- 
quable. Après  avoir  voyagé  dans  la  partie  de 
l'Allemagne  qui  avoisine  le  Rhin,  il  se  fixa  à 
Vienne,  et  y  mourut,  à  l'âge  de  vingt-huit  ans, 
en  1798.  On  agravé  de  sa  composition  :  1°  Trois 
duos  pour  2  flûtes,  op.    1  ;  Paris,   Irnbault.  — 


2°  Six  idem.  op.  2;  Paris.  Bonjour.  —3°  Premier 
concerto  pour  flûte  et  orchestre,  op.  3;  Spire, 
Uossler.  —  4°  Deuxième  idem,  op.  4;  ibid.  — 
5°  Six  trios  pour  2  flûtes  et  basson,  op.  5;  ibid. 
On  trouve  deux  duos  de  flûte  de  cet  artiste  dans 
l'œuvre  26me  de  Hofmeister,  publié  à  Vienne, 
chez  Artaria. 

Le  frère  aîné  de  Frédéric  Rhein,qui  était  pia- 
niste et  hautboïste  distingué,  s'établit  à  Toulouse. 
Plus  tard  il  retourna  à  Strasbourg,  et  s'y  fit 
marchand  de  musique.  Il  était  aussi  attaché  au 
théâtre  de  cette  ville,  en  qualité  de  hautboïste. 
Un  autre  frère,  flûtiste  au  théâtre  des  Variétés, 
à  Paris,  a  publié  deux  œuvres  de  duos  pour 
2  flûtes,  et  un  œuvre  de  sonates  pour  flûte  et 
basse  ;  à  Paris,  chez  Gaveaux.  Enfin,  le  plus  jeune 
des  quatre  frères  ,  musicien  dans  un  régiment, 
périt  dans  la  campagne  de  Russie,  en  1812. 

RHEIiV  (  Charles-Laurent  ),  fils  et  neveu 
des  précédents,  naquit  à  Toulouse,  le  24  février 
1798.  Élève  de  son  père  pour  le  piano,  il  joua  en 
public,  à  Marseille,  dès  l'âge  de  cinq  ans,  des 
sonates  de  Clementi  et  de  Mozart.  Lorsque  son 
père  alla  se  fixer  à  Strasbourg,  il  l'y  suivit  et  se 
livra  à  l'enseignement  jusqu'à  l'âge  de  dix-neuf 
ans.  Arrivé  à  Paris  en  1817,  il  fut  admis  comme 
élève  au  Conservatoire,  et  reçut  des  leçons  de 
Pradher  pour  le  piano,  de  Dourlen  pour  l'har- 
monie, puis  de  Reicha  pour  la  composition. 
Quelques  mois  après  son  entrée  dans  cette  école, 
il  obtint  le  second  prix  de  piano  au  concours,  et 
le  premier  prix  lui  fut  décerné  en  1818.  Depuis 
cette  époque,  jusqu'en  1832,  M.  Rhein  fut  con- 
sidéré comme  un  des  bons  professeurs  de  piano 
qui  se  trouvaient  à  Paris.  A  la  suite  d'un  voyage 
qu'il  fit  dans  le  midi  de  la  France,  il  s'établit  à 
Bordeaux,  en  1S36  ;  puis  il  habita  quelque  temps 
à  Lyon.  Plus  tard,  il  est  retourné  à  Paris,  où  ii 
paraît  s'être  fixé.  On  connaît  sous  le  nom  de  cet 
artiste  :  1°  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  20 
et  21  ;  Paris,  Janet,  MmeLemoine.  — 2°Rondolelto 
idem,  op.  22  ;  Lyon,  Arnaud.  —  4°  Sonates  pour 
piano  et  flûte,  op.  18;  Paris,  Pacini.  —  4°  Duas 
pour  piano  et  violon  sur  des  thèmes  de  divers 
opéras,  op.  20  ;  Paris,  Tronpenas;op.  31,  Paris 
Pleyel;  op.  32,  Paris,  Frère;  op.  33,  Paris,  Zet- 
ter;  op.  43,  sur  un  thème  original,  Paris,  Pacini. 

—  5°  Duos  pour  piano,  op.  25,  à  quatre  mains, 
sur  des  thèmes  de  Wallace,  Paris,  Colombier  ; 
op.  36,  pour  harpe  et  piano,  sur  des  thèmes  des 
Deux  Nuits,  Paris,  Janet.  —  6°  Études,  op.  42, 
44  ;  Paris,  Lemoine,  Catelin.  —  7°  Fantaisies 
sur  des  thèmes  d'opéras  pour  piano  seul,  op.  12, 
45,  46,  47  ;  Paris,  Troupenas,  B.  Latte,  Catelin. 

—  8°  Variations  idem,  op.  7,  10, 13,  14,  15,  16, 
24,   34,    38,  41  ;  ibid.  —   9°  Rondeaux  idem, 


240 


RHFJN  —  R1ARIO  SFORZA 


op.  11,  22,  28,  31,  35;  ibid.  —  10°  Polonaise 
brillante, idem,  op.  40;  Paris,  Pacini. 

RHEINECK  (Christophe),  né  à  Memmingen, 
le  1er  novembre  1748,  apprit  dans  sa  jeunesse 
les  éléments  de  la  musique,  et  se  livra  ensuite  à 
l'étude  du  clavecin.  Dans  un  voyage  qu'il  lit  en 
France,  il  habita  quelque  temps  à  Lyon ,  et  y 
fit  représenter  son  premier  opéra,  dont  le  sujet 
était  le  nouveau  Pygmalion.  Des  amis  le  re- 
commandèrent à  Turgot,  alors  contrôleur  géné- 
ral des  finances,  qui  lui  promit  une  place  dan* 
les  fermes;  mais  avant  de  se  fixer  en  France,  il 
désirait  revoir  son  père,  qui  mourut  peu  de  jours 
après  son  retour  à  Memmingen.  Par  suite  de  cet 
événement,  un  mois  s'écoula  avant  qu'il  fût  de 
retour  à  Paris;  lorsqu'il  y  arriva,  Turgot,  tombé 
en  disgrâce,  ne  put  remplir  sa  promesse,  et 
Rheineck,  trompé  dans  ses  espérances,  prit  le 
parti  de  retourner  dans  sa  patrie.  Il  acheta  l'an- 
berge  de  Memmingen,  se  maria  et  ne  cultiva  plus 
la  musique  qu'en  amateur.  Il  mourut  en  1796,  à 
l'âge  de  quarante-huit  ans.  On  vante  l'élégance 
et  le  bon  goût  de  ses  compositions,  parmi  les- 
quelles on  trouve  :  1"  Le  nouveau  Pygmalion, 
opéra-comique  français.  —  2»  Le  Fils  recon- 
naissant, opéra-comique,  composé  à  Lyon  pour 
un  théâtre  de  société. —  3°  Renaud  et  Armide, 
grand-opéra  allemand,  représenté  à  Memmingen, 
en  1779.  —  4°  Der  Todesgang  Jesu,  oratorio 
allemand,  en  1778.  —  5°  Messe  solennelle  (en 
manuscrit).  —  6°  Mélodies  pour  le  recueil  de 
cantiques  de  Schelhorn .  —  7°  Quatre  recueils 
de  chansons  allemandes,  dont  le  premier  fut  pu- 
blié en  1770.  —  8°  Quelques  pièces  de  clavecin 
dans  la  collection  publiée  à  Spire,  par  Bossler.  — 
—  9°  Six  concertos  pour  le  clavecin,  restés  en 
manuscrit. 

RI1ESA.  (Louis-Fedemir),  professeur  à  l'uni- 
versité de  Kœnigsberg,  est  né  en  Lithuanie,  vers 
1785.  Savant  philologue,  il  a  publié  divers  écrits 
relatifs  aux  antiquités  de  son  pays,  particulière- 
ment sur  la  bible  en  langue  lithuanienne,  sur  les 
poèmes  historiques,  et  sur  les  chansons  popu- 
laires de  la  Lithuanie.  Ce  dernier  ouvrage  a  pour 
titre  :  Dainos  oder  Lithauische  Volksliedern 
gesammelt ,  ubersetz  und  mit  gegenùber- 
studene  Urtext  herausgegebcn.  Aebst  eincr 
Abhandlung  iiber  die  Lithauischen  Volksge- 
dichte  (Chansons  populaires  de  la  Lithuanie  réu- 
nies en  collection,  etc.  Avec  une  dissertation  sur 
la  poésie  lithuanienne  et  des  exemples  de  musi- 
que) ;  Kœnigsberg,  1825,  in-8°.  Une  deuxième 
édition  a  été  publiée  à  Berlin,  en  1843,  1  voI.in-8°. 

mil  KM  \X\  ou  KM  11  \\\  i  .iv. .....  m, 

musicien  au  service  de  l'électeur  de  Hcsse-Cas- 
sel,  dans   la  premièie  moitié   du   dix-huitième 


siècle,  est  connu  par  les  ouvrages  suivants,  pu- 
bliés à  Amsterdam,  chez  Roger  :  1°  Suites  de 
pièces  pour  la  basse  de  viole  et  basse  continue, 
op.  1.  —  2°  Six  sonates  pour  violon  seul  et  basse 
continue,  op.  2.  —  3°  Sonates  en  trios  pour  vio- 
lon, basse  de  viole  et  basse   continue,  op.  3.     • 

RHODE  (JeanFréoéric),  facteur  d'orgues  à 
Dantzick,  y  a  construit  en  1760  l'orgue  de  l'é- 
glise Saint-Pierre,  de  quarante  jeux,  et  celui  de 
Saint- Jean,  de  trente  jeux. 

RHODE  (Jean -G.),  savant  littérateur  et 
historien,  né  en  Silésie,  mort  à  Breslau,  le  23 
août  1827.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on  en  re- 
marque un  qui  a  pour  titre  :  Théorie  der  Ver- 
breitung  des  Schalls,  fur  Baukunstler  (Théo- 
rie de  la  propagation  du  son,  pour  les  archi- 
tectes); Berlin,  Dunker,  in-8°,  avec  une  planche. 
Le  titre,  tel  qu'il  est  cité  par  Lichteuthal  et 
Becker,  est  inexact. 

RIIODIGINUS,  dont  le  nom  véritable  était 
RICCHIERI  (Louis),  prit  son  nom  latin  de  Ro- 
vigo,  ou  il  reçut  le  jour  en  1447.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études  de  philosophie  à  Ferrare,  et  de 
droit  civil  et  canonique  à  Padoue,  il  fit  un  voyage 
en  France,  puis  s'établit  à  Rovigo,  où  il  obtint 
une  chaire  de  professeur,  en  1497.  Banni  de  sa 
pallie  un  an  après,  il  alla  enseigner  à  Vicence, 
puis  à  Padoue,  eut  une  vie  agitée  par  les  évé- 
nements politiques,  et  mourut  à  Rovigo,  en  1525. 
Dans  son  livre  intitulé  Lectionum  antiquarum 
UbriXXX,  dont  la  première  édition  fut  publiée 
à  Venise,  par  Aide,  en  1516,  in-fol.,  il  traite  de 
la  musique  des  anciens  aux  chapitres  3">e  et  9ine 
du  livre  cinquième,  danstoutle  livre  neuvième, 
dans  leschapitres  1  l™e  et  15me  du  dix-neuvième 
livre,  dans  le26me  du  livre  vingt-septième,  et 
dans  le  chapitre  16rae  du  livre  vingt-neuvième. 

RIIYZELIUS  (Andhé-Olaus),  né  dans  un 
village  de  la  Suède,  en  1677,  fut  professeur  de 
théologie  à  l'université  d'Abo,  puis  aumônier  de 
Charles  XII,  et  enfin  évéque  de  Lindkœping.  Il 
mourut  dans  cette  ville,  en  1756.  Il  a  écrit  une 
dissertation  en  langue  suédoise  intitulée  :  Chris- 
telig  Orgelwerks  Inwigning  (Introduction  de 
l'orgue  dans  les  églises  chrétiennes)  ;  Upsal,  1733, 
in-4°. 

Il  I A 15 IO  SFORZA  (Leduc  Jean),  amateur 
distingué  de  musique,  naquit  à  Naples,  le  21  mai 
1769.  Destiné  par  sa  famille  au  service  militaire 
de  la  marine,  il  fut  envoyé  au  lycée  de  Portici 
pour  y  étudier  les  sciences  dont  la  connaissance 
est  indispensable  dans  cette  carrière.  Son  orga- 
nisation le  portait  précisément  vers  l'étude  des 
mathématiques,  dans  lesquelles  il  fit  de  rapides 
progrès.  Déjà  il  était  parvenu  au  grade  de  ca- 
pitaine de  vaisseau,  lorsque  la  mort  de  son  frère 


MARIO  SFORZA  —  RICCATI 


241 


aîné,  ayant  changé  sa  position,  le  détermina  à 
donner  sa  démission.  Dès  sa  jeunesse  il  avait 
cultivé  la  musique  avec  passion  et  succès  :  il  se 
livra  à  la  composition  dans  les  loisirs  de  sa  re- 
traite à  la  campagne.  Le  mérite  deses  ouvrages, 
dont  il  envoya  quelques-uns  à  l'Académie  des 
philharmoniques  de  Bologne,  le  lit  admettre  au 
nombre  des  membres  de  celte  société.  Le  duc 
Riario  mourut  du  choléra,  le  4  décembre  1836, 
à  l'âge  de  soixante-sept  ans,  On  connaît  de  lui 
les  productions  dont  voici  la  liste  :  1°  Messe  à 
quatre  voix,  chœur  et  orchestre;  —  2°  Dixit 
pour  voix  de  basse,  chœur  et  orgue  ;  —  3°  Salve 
Regina  à  trois  voix  et  orchestre;  —  4°  Tanfum 
ergo  pour  voix  de  basse  et  orchestre;  —  5° Sta- 
bat  Mater  à  trois  voix,  chœur  et  orgue;  — 
0°  Magnificat  pour  un  chœur  à  quatre  voix,  sans 
instruments  ;  —  7o  Piramo  e  Tisbe,  opéra  sé- 
rieux;— 8°  Saffo,  idem  ;  —9°  Armide,  action 
théâtrale.  Le  duc  Riario  a  composé  aussi  plu- 
sieurs cantates  et  des  pièces  de  chant  avec  ac- 
compagnement de  piano. 

R1BBE  (Jean-Chrétien),  médecin,  littérateur 
et  amateur  de  musique,  vécut  à  Berlin,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle,  et  y  existait  encore 
en  1822.  Il  a  publié  les  compositions  suivantes  : 
1°  Six  sonates  pour  clavecin  et  flûte  ;  Berlin, 
1789.  —  2°  Trois  grands  duos  concertants  pour 
2  flûtes  ,  Berlin,  Hummel,  1798. 

RIBERA  (Bernakdin),  musicien  espagnol, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième,  siècle. 
On  croit  qu'il  fut  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Tolède,  parce  que  cette  église  est  la 
seule  où  se  trouvent  ses  œuvres,  et  l'on  y  voit, 
par  les  livres  capitulaires,  que  Cristoval  Mo- 
rales {voyez  ce  nom)  est  postérieur  à  Ribera. 
Ce  maître  n'est  connu  que  par  ses  ouvrages; 
mais  le  rare  mérite  du  Magnificat  et  des  deux 
motets  publiés  par  M.  Eslava  {voyez  ce  nom) 
dans  sa  Lira  sacro-hispana,  d'après  les  ma- 
nuscrits de  l'église  de  Tolède ,  font  regretter 
qu'on  ne  possède  pas  de  renseignements  plus 
précis  sur  leur  auteur.  Ce  qui  le  distingue  de  ses 
prédécesseurs  ,  c'est  l'expression  du  caractère 
des  paroles,  et  des  tendances  d'innovations  dans 
la  tonalité  et  dans  la  modulation.  Il  existe  dans 
la  cathédrale  de  Tolède  un  volume  manuscrit  de 
la  plus  grande  beauté  qui  contient  les  messes 
composées  par  Ribera. 

RlBOCK  (J.-J.-H),  docteur  en  médecine  à 
Luchow,  petite  ville  près  de  Lunebourg,  y  est 
mort,  en  1784,  ou,  suivant  d'autres  renseigne- 
ments, a  cessé  de  vivre  à  Hanovre,  en  1785.  Ama- 
teur de  flûte,  il  s'occupa  du  perfectionnement  de 
cet  instrument  et  publia  sur  ce  sujet  :  1°  Be- 
mcrkxmgen  iiber  die  Flœte  und  Versuch  einer 

BIOGR.    UNIV.   DES  MUSICIENS.   —  T.    VII. 


kurzen  Anleitung  zur  bessern  Einrichiung 
tind  Behandlung  der&elben  (Observations  sur 
!a  flûte  et  essai  d'une,  instruction  sur  une  cons- 
truction améliorée  de  cet  instrument)  ;  Stendhal, 
1782,  in-4°  de  62  pages  avec  7  planches.  Les 
idées  de  Ribock  pour  le  perfectionnement  de 
l'instrument  consistent,  d'une  part ,  dans  le  ré- 
trécissement du  tube  vers  l'embouchure;  idée 
reprise  plus  tard  par  Bœhm  {voyez  ce  nom),  et 
de  l'autre  par  l'addition  de  deux  clefs,  qui  en 
portèrent  le  nombre  jusqu'à  cinq,  an  moyen  des- 
quelles on  put  jouer  dans  tous  les  tons,  et  exécuter 
plusieurs  trilles  qui  ne  pouvaient  se  faire  aupa- 
ravant.—  2°  Veber  Musik,  an  Flœtenliebha- 
ber  insonderheit  (Sur  la  musique,  particuliè- 
rement pour  les  amateurs  de  flûte),  dans  le  Ma- 
gasin de  musique,  publié  par  Cramer  (t.  I, 
p.  686-736). 

RI  BOVI  US  (Laurent),  né  à  Greifswalde 
dans  les  premières  années  du  dix-septième  siècle, 
fut  cantor  et  maître  d'école  à  Lœbenicht,  près 
de  Kœnigsberg.  On  a  de  lui  un  traité  élémentaire 
de  musique,  par  demandes  et  réponses,  intitulé  : 
Enchiridion  musicum,  oder  kurzer  Begriff 
der  Singkunst;  Kœnigsberg,  1638,  in-8°  de  onze 
feuilleset  demie.  Dans  la  même  année,  Ribovius 
a  publié  une  deuxième  édition  augmentée  de 
cet  ouvrage,  aussi  à  Kœnigsberg,  en  16  feuilles 
et  demie  in-8°. 

RICCARD1  (Françoise),  connue  sous  le 
nom  de  Mme  PAtTt,  cantatrice  distinguée,  est 
née  à  Parme,  en  H78.  Douée  d'une  belle  voix  et 
d'heureuses  dispositions  pour  la  musique,  elle 
se  livra  à  l'étude  du  chant  sous  la  direction  de 
Fortunati.  A  l'âge  de  seize  ans,  elle  débuta  avec 
succès  au  théâtre  de  Brescia,  où  elle  chanta  avec 
le  célèbre  ténor  David  (père).  En  1795,  elle  parut 
comme  prima  donna  sur  le  théâtre  de  Milan, 
puis  chanta  à  Parme,  à  Florence,  revint  à  Milan 
à  l'automne  de  1796,  puis  alla  à  Bologne,  et  enfin 
chanta  à  Milan  au  carême  de  1798.  Devenue  la 
femme  du  célèbre  compositeur  Paër,  elle  le  sui- 
vit à  Vienne,  à  Dresde  et  à  Paris,  où  eile  chanta 
en  1807  et  1808  au  théâtre  de  la  cour.  Séparée 
ensuite  de  son  mari,  elle  retourna  en  Italie,  et  se 
fixa  à  Bologne. 

RICCATI  (Le  comte  Giordano),  habile  géo- 
mètre, architecte  el  amateur  de  musique,  naquit 
à  Castel-Franco,  près  de  Trévise,  le  28  février 
1709.  Fils  d'un  mathématicien  habile,  il  apprit 
de  lui  les  mathématiques,  et  se  livra  de  bonne 
heure  à  la  culture  des  arts.  Il  mourut  à  Trévise, 
le  20  juillet  1790.  On  a  de  lui  les  productions 
suivantes  :  1°  Saggio  sopra  le  leggi  del  con- 
trappunto;  Castel-Franco,  1762,  in-8°  de  155 
pages.  — 2°   Délie  corde  ovvero  fibre  elasli- 

16 


242 


RICCATI  —  RICCI 


che,  Bologne,  1777,  in-4°  de  24G  pages,  avec 
planches.  —  3"  Soluzione  délia  difficollà  pro- 
posta daldottisshno  P.  D.  Girolamo  Saladini 
inlorno  ad  una  propositions  contenuta  nelV 
opéra  :  Délie  corde,  ovvero  libre  élasticité,  etc. 
(dans  la  Raccolla  d'Opuscoli  scienlifici  e  filo- 
logici  de  Cnlogera,  t.  19,  p.  287).  — 4°  Let- 
tera al  chiarissimo  Sig.  conte  Girolamo  Fe- 
naroli ,  nella  quais  s'indaga  l'  arlsficio  di 
eut  si  serve  la  natura  per  far  si,  che  incitata 
una  corda  alsuono,  s'  adatti  in  brevissimo 
tsmpo  ad  una  curva  bilanciata  ed  isocrona 
(NuovoGior.n.  de  letterati  d'Italia,Modène,  1778, 
t.  13,  p.  6.2-79).  —  5°  Lettera  al  Sig.  Arci- 
prete  ISicolai,  in  cui  nuovamente  si  difende 
dalla  nota  di  petizions  di  principio  la  for- 
mula colla  quale  il  cav.  Newton  détermina 
la  vélocité  délia •■  propagations  del  suono  per 
V  aria  (ibid.,  ann.  1777,  t.  12,  p.  320-331).  — 
C°  Lettera  II,  in  cui  si  détermina  V  equazionr 
generalissima  délie  curve  bilanciate  ed  iso- 
crone  (  ibid.,  tome  4,  page  269  ).  —  7°  Belle 
vibrazoni  sonore  dei  cilindri, duns  le  premier 
vulume  des  Memorie  di  maternât,  s  fisica  délia 
società  italiana;  "Vérone,  1782,  in-4°.  — 
8°  Dissertations  fisico-matemat .  délie  vibra- 
zionidsl  tamburro  (Saggi  scienlifici  e  letterati 
delV  Academia  di  Padova,  tome  1,  1786, 
grand  in-4°,  p.  419-446).  —  9°  Lettere  due  alV 
orr.atissimo  Padrs  D.  Gio  vénale  Sacchi ,  etc. 
(dans  le  ISuovo  Giornalc  de'  Letterati  d'Ita- 
lia,  1789,  t.  45,  p.  170  ).  Ces  lettres  contiennent 
un  aperçu  de  l'histoire  de  la  musique  théo- 
rique et  pratique  en  Italie.  —  10"  Del  suono 
falso.  Dissertaz.  acustico-matematica  (Pro- 
dromo  dell'  Enciclopedia  italiana  ;  Sienne, 
1779,  in-4°,  page  96).  —  118  liiflcssioni  sopra 
il  libro  primo  délia  scisnza  teorica  e  pra- 
liea  délia  musica  del  P.  Yalotti  (Ntiovo 
Giorn.  de'  Letterati  d'  ltalia,  tome  23,  pages 
45-115).  —  12"  Esame  del  sistema  musicale 
diM.  Hameau  (ibid.,  tome  21,  pages  47-97). 
—  13°  Esame  del  sistema  musico  del  sig.  Tar- 
tini  (ibid.,  tome  22,  pages  169-272) 

RICCIIEZZA  (Dominique),  compositeur 
napolitain  ,  fut  élève  du  Conservatoire  de  San 
Onofrio,  et  vécut  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Appelé  au  poste  de  maître 
de  chapelle  de  l'église  des  PP,  de  l'Oratoire,  ou 
1  ilippini,  de  SNaples,  il  écrivit  pour  les  fun- 
zioni  de  cette  maison  les  oratorios  dont  les  ti- 
tres  suivent  :  1°  La  Fedctrionfantc  ; —  2°  San 
l'.mslo;  —  3° Le  gars  degli  elementi. —  4°A'a- 
Uucco;  —  5°  Il  trionfodella  grazia;  —  6°  Il 
iucri/izio  di  Abete ;  —  7°  San  Martino  ves- 
coi'o;  —  8°//  Sospetto  di  San  Giussppe;  — 


9°  La  Rovina  degli  Angeli  ;  —  io°  La  Vcrità 
de'  sogni  di  Giuseppe  ;  —  1 1°  San  Eustachio; 
—  12°  San  Francesco  Saverio  ;  —  13°  San 
Giovanni  Hat  lista.  Tontes  les  partitions  de 
ces  ouvrages  existent  dans  la  Bibliothèque  des 
PP.  de  l'Oratoire,  à  Naples. 

RICCI  (David),  ou  RIZZIO,  excellent  lu- 
thiste, né  à  Turin,  en  1540,  était  fils  d'un  musi- 
cien de  cette  ville.  En  1564,  il  accompagna  l'am- 
bassadeur de  Sardaigne  à  la  cour  de  la  reine  Ma- 
rie d'Ecosse;  mais  arrivé  à  Edimbourg,  ce  sei- 
gneur lui  donna  son  congé,  et  Ricci  n'eut  pas 
d'autre  ressource  que  d'entrer  dans  la  musique 
de  la  chambre  de  la  reine.  Il  n'y  fut  pas  long- 
temps inaperçu;  Marie  rattacha  à  sa  personne, 
en  qualité  de  chanteur  et  de  luthiste;  puis  elle  en  lit 
son  secrétaire  et  son  favori.  Les  laveurs  dont  l'ar- 
tiste était  comblé  par  la  reine  excitèrent  la  jalousie 
des  courtisans,  qui,  éveillant  les  soupçons  de  l'é- 
poux de  Marie  Stuart,  lui  firent  prendre  la  réso- 
lution d'assassiner  Ricci.  Le  9  mars  1566,  les 
conjurés  s'introduisirent  dans  l'appartement  de 
la  reine,  et  poignardèrent  son  favori  à  ses  côtés. 
Quelques  écrivains  ont  attribué  à  Ricci  la  com- 
position de  plusieurs  anciens  airs  écossais,  encore 
célèbres  aujourd'hui;  mais  leur  erreur  est  mani- 
feste, car  ces  airs  sont  d'un  temps  plus  reculé 
que  celui  où  vécut  ce  musicien,  et  remontent  au 
moins  au  règne  du  roi  Jacques. 

RICCI  (Michel-Ange),  musicien,  né  il  Ber- 
ganie,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
a  composé  des  madrigaux  à  1,  2,  3,  4  et  5  voix 
avec  basse  continue,  qui  ont  été  insérés  dans  le 
Pamassus  m  usicus  Ferdinandwus  Bergamcn.; 
Venise,  1615,  in-4°. 

RICCI  (Augustin),  maître  de  chapelle  à  Pa- 
doue,  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  s'est  fait  connaître  par  quelques  composi- 
tions pour  l'église,  parmi  lesquelles  on  remarque: 
1°  Eçce  sacerdos  magnus,  à  2  chœurs.  — 
2°  Kyrie,  a  4  voix.  —  ^Peatus  vir,  à  4.—  4°  Ave 
Maris  stclla,  à  4.  —  5°  Si  quœris  miracula, 
à8.  —  6"  Vent  Creator  spirilus,  à  4.  Cesouvra- 
ges  sont  dans  la  bibliothèque  de  l'abbé  Sanlini,  à 
Borne. 

RICCI  (Pascal),  naquit  à  Como,  en  1733,  et 
étudia  la  musique  sous  la  direction  de  Vignati, 
maître  de  chapelle  à  Milan.  Entré  dans  les  or- 
dres, il  prit  le  titre  d'abbé,  sans  cesser  de  cul- 
tiver la  musique  avec  succès.  Après  avoir 
fait  plusieurs  vo\ages  en  Allemagne,  en  Hol- 
lande et  en  Angleterre,  il  se  rendit  à  Paris,  on  il 
publia  plusieurs  ouvrages  de  sa  composition; 
puis  il  retourna  à  Como,  où  il  obtint  le  litre  de 
maifie  de  chapelle.  Il  y  vivait  encore  dans  les 
dernières  années  du  dix-huitième  siècle.   Parmi 


RICCI 


243 


ses  compositions ,  on  remarque  des  quatuors 
et  des  trios  de  violon  d'une  bonne  facture.  Il  a 
aussi  publié  à  Paris  un  traite  de  l'art  de  jouer  du 
piano  ,  intitulé  :  Méthode  ou  Recueil  des  con- 
naissances élémentaires  pour  le  piano-forté 
on  clavecin  ;  Paris,  Lacbevardière,  1788,  iu-4°. 
On  cite  de  la  composition  de  Ricci  un  Dies  irai 
dont  l'effet  était  saisissant. 

RICCI  (Locis),  compositeur  dramatique, 
lié  à  Naples,  en  1808,  montra  dès  son  enfance 
d'heureuses  dispositions  pour  la  musique.  Ayant 
élé  admis  avec  son  frère  Frédéric  (  voyez  la  no- 
tice suivante)  au  Conservatoire  de  San-Pietro  a 
Majella,  de  sa  ville  natale,  il  y  étudia  l'art  du 
chant  et  l'accompagnement  des  partimenti,  puis 
il  devint  élève  de  Zingarelli  pour  la  composition. 
Louis  Ricci  fit  exécuter  en  1828,  au  petit  théâtre 
de  celte  école,  son  premier  opéra  intitulé  : 
L'Imprésario  in  angustie.  Dans  la  même  an- 
née, il  écrivit  à  Rome,  pour  le  théâtre  Yalle, 
L'Orfanello  di  Ginevra,  drame  musical  qui  ob- 
tint un  brillant  succès.  Après  cet  ouvrage,  les  deux 
frères  se  réunirent  pour  composer  en  commun 
les  opéras  suivants  :  1°  Il  Sonnanbulo ,  joué 
sans  succès  à  Rome,  au  théâtre  l'allé,  en  1829. 
—  2°  L'Eroina  del  Messico,  ossia  il  Fernando 
Cortez,  représenté  au  théâtre  Tordinone,  dans 
la  même  ville,  le  9  lévrier  1830,  et  qui  ne  réussit 
pas.  —  3e1  II  Colombo  ,  à  Parme,  à  la  même 
époque,  qui  ne  fut  pas  plus  heureux.  Cette  der- 
nière chute  décida  les  frères  Ricci  à  séparer  leurs 
travaux.  En  1831,  Louis  donna  àTui in  Annibale 
in  Torino,  et  dans  la  même  année  il  fit  repré- 
senter à  Milan  Chiara  di  Rosenberg,,  qui  eut 
un  grand  succès  et  fut  joué  dans  toute  l'Italie, 
à  Berlin,  à  Vienne,  à  Weimar,  et  même  à  Cons- 
tantinople,  à  New-York  et  au  Brésil.  En  1832,  il 
écrivit  à  Milan  La  Neva,  opéra  en  trois  actes  qui 
ne  réussit  pas.  Il  fut  plus  heureux  dans  II  Dia- 
volo  condannato  a  prender  moglie ,  joué  à 
Naples  dans  la  même  année,  et  qui  réussit  égale- 
ment à  Rome,  à  Milan  et  à  Venise.  Un  des  plus 
grands  succès  de  Louis  Ricci  fut  celui  qu'il  ob- 
tint à  Parme  au  carnaval  de  1833,  avec  Ilnuovo 
Figaro,  puis  dans  toute  l'Italie,  à  Berlin  et  à 
Vienne.  Cet  ouvrage  a  été  joué  aussi  sous  le  titre 
de  Le  JSozzc  di  Figaro.  La  Gabbia  de'  matti, 
écrit  à  Rome,  puis  à  Milan,  dans  la  même  année, 
n'eut  pas  une  longue  existence.  Au  carnaval  de 
1834,  I  due  Sergenti  du  même  compositeur  eut 
peu  de  succès;  mais  cet  opéra  fut  suivi  de  celui 
qui  a  pour  titre  :  Un'  Avventura  di  Scaramuc- 
cia,  représenté  à  Milan,  charmant  ouvrage,  dont 
le  succès  fut  universel,  et  qui ,  par  la  verve  co- 
mique ainsi  que  par  le  charme  des  mélodies, 
peut  prendre  place  parmi  les  meilleures  produc- 


tions théâtrales  du  dix-neuvième  siècle.  Erano 
due,  or  son  tre,  joué  à  Turin  à  la  lin  de  1834, 
fut  aussi  un  des  beaux  succès  de  Louis  Ricci  : 
cet  ouvrage  fut  représenté  partout.  Dans  l'année 
suivante  ildonna  à  Naples  Aladino,  qui  ne  réussit 
pas.  Il  se  releva  un  peu  dans  la  Dama  coloncllo, 
joué  dans  la  même  ville,  à  l'automne  de  la  même 
année.  Maria  di  Montalban  ,  écrit  ensuite  à 
Milan,  eut  une  chute  complète.  La  Serva  et 
VUssaro,  joué  en  1836,  ne  fut  pas  plus  heureux. 
A  la  suite  de  cette  chute,  les  deux  frères  se  réu- 
nirent de  nouveau  et  donnèrent  a  Naples  II  Di- 
sertore  suizzero,  qui  eut  quelque  succès,  ainsi 
que  Crispino  e  la  Comare.  Le  dernier  ouvrage 
heureux  donné  par  Louis  Ricci  fut  l'opéra  Ixmffe 
Chi  dura  vince,  écrit  à  Milan  en  1837,  et  qui 
fut  joué  partout  en  Italie.  Dans  la  même  année, 
il  fut  appelé  à  Trieste  comme  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  et  directeur  de  musique  au 
théâtre.  Il  se  livra  dès  lors  à  la  composition  de 
la  musique  d'église,  ainsi  qu'a  ses  fonctions  au 
théâtre  et  cessa  d'écrire  pour  la  scène.  Cet  arliste 
distingué  occupait  ces  positions  depuis  vingt  ans, 
lorsque  sa  raison  se  dérangea,  dans  l'été  de  1857. 
Sa  famille  venait  de  le  faire  placer  dans  l'hô- 
pital des  aliénés  à  Prague,  lorsque  je  me  trouvai 
dans  cette  ville  en  1838  .  il  y  languit  environ 
dix-huit  mois,  et  mourut  le  1er  janvier  1860. 

RICCI  (FKÉnÉRic),  frère  du  précédent,  et 
comme  lui  compositeur  dramatique  ,  né  à  Na- 
ples, en  1809,  lit,  comme  son  frère,  ses  études  mu- 
sicales au  Conservatoire  de  San-Pietro  a  Ma- 
jella. Sorti  de  cetle  école,  il  se  livra  d'abord  à 
l'enseignement  du  chant ,  puis  le  premier  suc- 
cès de  son  frère  à  Rome  le  détermina  à  s'es- 
sayer aussi  dans  la  composition  pour  la  scène. 
Outre  les  ouvrages  qu'il  a  écrits  en  collaboration 
de  son  frère,  il  a  donné  à  Venise,  en  1835, 
Monsieur  Deschalumeaux ,  qui  réussit  et  fut 
joué  avec  succès  à  Florence,  Trieste,  Gènes  et 
Turin.  Après  cet  ouvrage,  Ricci  laissa  passer 
quelques  années  sans  aborder  le  théâtre,  parais- 
sant borner  sa  canière  aux  fonctions  de  profes- 
seur de  chant.  Il  reparut  à  la  scène  par  l'opéra 
intitulé  :  La  Prigione  d'Edimbourg ,  joué  à 
Trieste  au  printemps  de  1838,  et  qui  fut  son 
plus  grand  succès,  car  l'ouvrage  fut  représenté 
sur  tous  les  théâtres  de  l'Italie.  Il  fut  suivi  d'un 
Duello  sotto  Richelieu,  qui  ne  réussit  pas  à 
Milan,  en  1839.  Un  silence  de  deux  années  suivit 
la  représentation  de  cet  opéra.  En  1841,  Frédé- 
ric Ricci  écrivit  à  Florence  Michelangelo  e 
Rolla  ,  qui  ne  réussit  pas  et  qui  fut  suivi,  à 
Milan,  en  1842,  de  Corrado  d'Allamura,  un 
des  meilleurs  ouvrages  de  cet  artiste.  Dans  l'an- 
née suivante  il  donna,  dans  la  même  ville,  Vallom- 

16 


244 


RICCI  —  RICCIUS 


bru,  qui  n'eul  qu'une  courte  existence.  Les  deux 
dernières  productions  dramatiques  de  ce  composi- 
teur sont  habella  de'  Medici,  jouée  à  Trieste, 
sans  succès,  en  1845.  et  Estella  di  Murcia,  qui 
eut  une  chute  complète,  à  Milan,  dans  l'année  sui- 
vante. Au  résumé,  deux  ouvrages,  La  Prison 
d'Edimbourg  et  Corrado  d'Altamura  sont 
tout  ce  qui  est  resté  des  travaux  de  Frédéric 
Ricci.  Cet  artiste  a  passé  quelque  temps  en  Es- 
pagne et  en  Portugal  comme  directeur  de  mu- 
sique des  théâtres  de  Madrid  et  de  Lisbonne, 
puis  il  a  été  appelé  à  Pétersbourg.  En  1858,  je 
l'ai  trouvé  à  Prague,  où  il  était  venu  avec  quel- 
ques artistes  distingués  de  sa  patrie,  à  l'occasion 
du  50e  anniversaire  de  la  fondation  du  Conser- 
vatoire de  celte  ville.  Ce  fut  alors  qu'ayant  vi- 
sité l'hôpital  des  aliénés  de  Prague,  il  remarqua 
la  bonne  tenue  de  l'établissement  ainsi  que  les 
soins  .touchants  prodigués  à  ces  infortunés,  et 
conçut  le  dessein  d'y  placer  son  frère,  récem- 
ment privé  de  la  raison  par  un  ramollissement 
du  cerveau.  Des  recueils  d'ariettes  italiennes  et 
des  albums  pour  le  chant,  de  la  composition 
de  Frédéric  Ricci,  ont  été  publiés  à  Milan  ,  chez 
Rtcordi. 

RICCÎO  (Antoine-Théodore),  savant  musi- 
cien, né  à  Brescia,  vers  1540,  fut  d'abord  maître 
de  chapelle  à  Ferrare,  et  y  acquit  de  la  réputa- 
tion comme  compositeur;  puis  il  entra  au  service 
de  l'empereur,  à  Vienne.  Son  humeur  incons- 
tante lui  fit  bientôt  quitter  cette  nouvelle  position 
pour  aller  a  Dresde,  où  il  se  lit  protestant  et  se 
maria.  En  1579,  il  s'éloigna  de  cette  ville  pour 
aller  à  Kœnigsberg,  où  le  margrave  de  Brande- 
bourg le  fit  son  maître  de  chapelle.  Suivant  les 
biographes  italiens ,  Riccio  aurait  bientôt  après 
quitté  cette  position  pour  se  rendre  à  Witten- 
berg,  où  il  serait  mort,  en  1580;  mais  Pisanski 
assure,  dans  son  Histoire  littéraire  de  la  Prusse 
(part.  I  ),  qu'il  vivait  encore  à  Kœnigsberg  en 
1583.  Les  productions  connues  de  cet  artiste 
sont  :  Ie  Libro  1°  de'  Madrigali  a  5  voci  /Ve- 
nise, 1507,  Gardane,  in-4°.  —  2°  Libro  2°  de' 
Madrigali  a  6,  7,  8  e  12  voci;  ibid.,  1507,  in-4°. 
—  3"  Il  primo  libro  délie  canzoni  alla  napo- 
lilana  a  cinque  voci,  con  alcunc  maschcrale 
nelfine  a  cinque  et  asei,  novamente  dati  in 
luce  da  Teodoro  Riccio  liresciano,  ilaliano, 
maestro  di  capella  dcl'  illusfriss.  et  eccellen- 
iiss.  signor  principe,  il  signor  Ceorgio  Frede- 
rico,  marchese  di  lirandenburgo,  duca  di 
Prussia,  et  liurggravio  di  Norimbergo.  In  No- 
rimberga,  appresso  Catharina  Gerlachin  et 
Heredi  di  Giovanni  Montano,  1577,in-4° — 
4°  Cantiones  sacrx  5,  6  e  8  vocum,  lum  rira 
vocc,tum  eliam  omnis  generis  instrumenlis 


cantatu  eommodissime;  Nuremberg,  1570,in-4°. 

—  5°  Un  livre  de  messes,  publié  à  Kœnigsberg, 
chez  Osterberger,  en  1579.  — 0°  Molette  quin- 
que  et  plurim.  vocum.  Regiomonti  Borussix 
(Kœnigsberg),  in  offteina  Georgii  Osterbergeri, 
1580.  Ce  recueil,  où  l'on  trouve  des  motets  à 
cinq,  six,  huit  et  douze  voix,  est  ie  second  livre 
du  précédent.  —  7°  Introitus  qui  in  solemnita- 
tibus  majoribus  et  prxcipuorum  sanctorum 
festis  in  Ecclesia  decantari  soient  ;  Venise, 
1589,  in-4°. 

RICCIO  (Jean-Baptiste),  compositeur  ita- 
lien, vécut  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  On  connaît  sous  son  nom  : 
1°  Divine  laudi  musicali  al,  2,  3  et  4  voci. 

—  2°  Canzoni  da  sonare  a  1,  2,  3  et  4  stro- 
menti. 

RICCIO  (Ange-Marie),  docteur  en  théologie 
et  professeur  de  littérature  grecque,  à  Florence, 
vers  le  milieu  du  dix -huitième  siècle,  a  publié 
un  recueil  de  dissertations  philologiques  inti- 
tulé :  Dissertationes  Homericx  ;  Florence,  1741, 
3  volumes  in-4°.  On  y  trouve  les  dissertations 
suivantes  relatives  à  la  musique  :  1°  De  Achille 
cithara  canente ,  veterique  Grxcorum  mu- 
sica (tome  II,  page  31).  —  2°  An  musica  cu- 
ranlur  morbi  (tome  H,  page  5t).  —  3°  De 
musica  virili  cl  effeminata  Gracorutri  non- 
nullisque  aliis  ad  cognitioncm  musica •  perti- 
nentibus  (t.  III,  p.  41). 

RICCIUS  (Auguste-Ferdinand),  né  le  26  fé- 
vrier 1819,  àBernstadt,prèsdeHerrnheit,  dans  la 
Lusace,  montra  dès  ses  premières  années  d'heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique,  et  y  fit  de  si 
rapides  progrès,qu'à  l'âge  de  neuf  ans  il  jouait  déjà 
sa  partie  de  violon  ou  de  flûte  dans  les  concerts  de 
la  société  d'harmonie  de  sa  ville  natale,  dont  son 
père,  simple  maîtreouvrier, était  membre.  Jusqu'à 
l'Age  de  quatorze  ans,  il  apprit  à  jouer  de  plu- 
sieurs instruments,  particulièrement  du  piano  et 
de  l'orgue,  sous  la  direction  deSchœnfeld,  cantor 
de  la  ville.  En  1833,  il  fut  envoyé  au  gymnase 
de  Zitlau  pour  y  faire  ses  études  littéraires  :  ii 
y  devint  membre  de  la  Société  de  chœurs,  dont 
il  eut  plus  tard  la  direction,  et  le  musicien  de  la 
ville,  nommé  Zimmermann ,  lui  donna  des  le- 
çons de  plusieurs  instruments.  Ce  fut  aussi  à 
Ziltau  qu'il  fit  ses  premiers  essais  de  composition. 
En  1840  il  se  rendit  à  l'université  de  Leipsick,  où 
il  se  livra  à  l'élude  de  la  théologie  pour  satis- 
faire au  désir  de  ses  parents.  Cependant  son 
penchant  pour  la  musique  s'accroissait  de  jour 
en  jour, après  trois  ans  de  lutte  entre  sa  passion 
pour  cet  art  et  le  vœu  de  sa  famille,  il  finit  par 
rompre  avec  la  théologie  et  embrassa  la  profes- 
sion d'artiste  musicien.  Trop  pauvre  pour  payer 


RICf.lUS  —  RICHAFORT 


24J 


les  leçons  d'un  maître  de  composition,  il  s'ins- 
truisit par  la  lecture  des  traités  de  théorie,  ainsi 
que  par  l'étude  des  œuvres  classiques  des  plus 
célèbres  compositeurs.  Quelques  leçons  de  chant 
et  d'harmonie  qu'il  donnait  à  bas  prix  étaient  alors 
ses  seuls  moyens  d'existence.  La  publication  de  ses 
premiers  ouvrages  le  fit  connaître  d'une  manière 
avantageuse,  et  dès  lors  sa  position  s'améliora. 
En  1849,  la  société  musicale  connue  sous  le  nom 
A'Eulerpe  le  choisit  pour  diriger  l'orchestre 
de  ses  concerts.  Il  conserva  cette  position  jus- 
qu'en 1855,où  il  fut  le  successeur  de  Kietz  dans 
la  direction  de  l'orchestre  du  théâtre  de  Leipsick. 
Il  exerce  encore  aujourd'hui  (1863)  les  mêmes 
fonctions.  Au  nombre  des  principales  productions 
de  Riccius,  on  remarque  plusieurs  morceaux 
intercalés  dans  les  opéras  représentés  au  théâ- 
tre de  Leipsick,  une  ouverture  de  concert,  une 
autre  ouverture  pour  La  Fiancée  de  Messine, 
composée  à  l'occasion  de  l'anniversaire  sécu- 
laire de  la  naissance  de  Schiller,  et  la  grande 
cantate  la  Consécration  de  la  force,  sur  le 
poëme  de  Zacharie  Werner.  Riccius  s'est  aussi 
distingué  par  le  mérite  de  ses  Lieder  et  de  ses 
chants  à  plusieurs  voix,  de  plusieurs  airs  de  con- 
cert pour  soprano  ou  ténor,  quelques  morceaux 
de  musique  religieuse,  un  ben  trio  pour  violon, 
alto  et  violoncelle,  un  duo  pour  piano  et  cor,  une 
sonate  pour  piano,  et  une  suite  de  petits  mor- 
ceaux à  deux  ou  quatre  mains  pour  le  même  ins- 
truments. 

Deux  neveux  de  Riccius  se  sont  aussi  fait 
connaître  comme  des  artistes  de  talent.  L'aîné 
(Charles),  né  le  26  juillet  1830,  est  violoniste  et 
directeur  de  musique  au  théâtre  de  Dresde;  son 
frère  (Henri),  né  en  1831,  fut  aussi  attachée  la 
chapelle  royale  de  Dresde,  puis  il  vécut  quelque 
temps  à  Cologne,  et  enfin  il  s'est  fixé  en  Angle- 
terre. Il  y  est  professeur  de  musique  dans  une 
grande  maison  d'éducation  à  Uppingham,  près 
de  Londres.  Tous  deux  ont  publié  des  ouvrages 
de  leur  composition  ,  particulièrement  pour  le 
chant. 

RICCOBONI  (Louis),  acteur  italien,  désigné 
au  théâtre  sous  le  nom  de  Lelio ,  naquit  à  Mo- 
dène,  en  1677.  La  troupe  italienne  qu'il  avait 
formée,  d'après  l'ordre  du  duc  d'Orléans,  régent 
du  royaume  de  France,  fut  amenée  par  lui  à 
Paris,  et  y  débuta  au  mois  de  mai  1716.  Ricco- 
boni  en  fut  un  des  principaux  acteurs.  Il  se  re- 
tira de  la  scène  en  1729,  et  alla  vivre  quelque 
temps  à  Parme  ;  mais  il  revint  plus  tard  à  Paris, 
et  y  mourut,  le  6  décembre  1753.  On  a  de  lui  les 
ouvrages  intitulés  :  l°  Dell'  arte  rappresenta- 
tiva,  capitolisci,  in  terzarime;  Londres,  1728, 
in-8".  —  2°  De  la  ré  formation  du  théâtre; 


Paris,  1743,  in-12  de  337  pages.  —  3°  Histoire, 
du  théâtre  italien,  etc.;  Paris,  1728-1731,  2  vo- 
lûmes  in-8°.  —  4°  Réflexions  historiques  et 
critiques  sur  différents  théâtres  de  l'Europe; 
Paris,  1738,  in -8°.  On  trouve  dans  ces  livres 
quelques  renseignements  concernant  l'Opéra. 

RICCOBONI  (Antoine-François),  fils  du 
précédent,  né  à  Mantoue,  en  1707  ,  mourut  à 
Paris,  le  15  mai  1772.  Il  fut  acteur  de  la  comédie 
italienne  de  cette  ville,  sous  le  nom  de  Lelio, 
depuis  1726  jusqu'en  1750.  Il  a  donné  quelques 
pièces  de  sa  composition  an  théâtre  où  il  était 
attaché,  et  a  fait  imprimer  un  ouvrage  eslimé 
intitulé  :  L'Art  du  théâtre,  à  Madame*** , 
suivi  d'une  lettre  au  sujet  de  cet  ouvrage  ; 
Paris,  1750,  in-8°  de  102  pages.  Une  deuxième 
édition  a  paru  en  1752,  in-8°. 

RICHAFORT  (Jean)  ou  RICHEFORT,  donî 
.  le  nom  est  écrit  par  les  Italiens  RICCIAFORTE, 
compositeur  belge,  nédans  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle,  eut  pour  mallre  Josquin  des 
Prés,  suivant  ce  que  nous  apprénent  Du  Ver- 
dier  (Biblioth.  française,  tome  III,  page  83, 
édit.  de  Rigolet  de  Juvigny) ,  et  le  poète  Ron- 
sard (  Mélange  de  chansons,  tant  des  vieux 
auteurs  que  des  modernes  à  5,  6,  7  et  8  par- 
ties ;  Paris,  Ad.  Leroy  et  Robert  Ballard,  1572, 
in-4°obl.,  dans  la  préface).  Il  devint  maître  de 
.musique(maîlre  de  chapelle)  del'église  Saint-Gilles 
de  Bruges,  en  1543,  comme  successeur  de  Jean 
Claus,  et  conserva  cette  position  jusqu'à  la  fin  de 
1547.  Son  successeur,  en  1548,  fut  Jean  Bart, 
prêtre.  Il  est  vraisemblable  que  cette  année  1547 
est  celle  du  décès  de  Richafort,  car  Guichardin 
le  place ,  dans  sa  Descrizione  di  tutti  i  Paesi 
Bassi ,  au  nombre  des  musiciens  belges  qui 
avaient  cessé  de  vivre  avant  1556.  Richafort  fut 
considère  comme  un  habile  maître  de  son  temps; 
Glaréan  lui  accorde  (Dodecach.,  p.  288)  des 
éloges  qui  sont  justifiés  par  le  mérite  des  mor- 
ceaux de  sa  composition  que  j'ai  mis  en  parti- 
tion. La  collection  la  plus  considérable  de  ses 
œuvres  se  trouve  dans  un  manuscrit  du  seizième 
siècle  qui  est  à  la  bibliothèque  royale  de  Bel- 
gique, à  Bruxelles.  Le  manuscrit  in-folio  des  ar- 
chives de  la  chapelle  pontificale,  à  Rome,  coté 
n"  38",  contient  plusieurs  motets  de  ce  musicien. 
La  plupart  des  recueils  publiés  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle  à  Venise,  Louvain,  An- 
vers et  Paris,  renferment  aussi  des  motets  de  sa 
composition.  Dans  le  deuxième  livre  des  motets 
dits  de  la  corona,  publié  par  Petrucci,  à  Fos- 
sombrone,  en  1519,  on  trouve  un  Miseremini 
mei,  à  4  voix,  dont  il  est  auteur.  Le  huitième 
livre  de  motets  à  quatre,  cinq  et  six  parties, 
imprimé  chez  Pierre  Attaingnant,  à  Paris,  en. 


:4G 


RICHAFORT  —  RICHOMME 


1634,  in-4°,  gothiqire,  contient  un  Veni  electa 
du  même  artiste.  Enfin,  on  trouve  des  composi- 
tions de  ce  musicien  dans  la  Fior  de  Moitetti 
tratti  dalli  Moitetti  del  Flore  (Venise,  Ant. 
Gardane,  1539)  ;  à  la  suite  des  Magnificat  de 
Morales  (Venise,  Jérôme  Scoto,  1 54  3)  ;  dans  les  Se- 
lectissimx  nec  non  l'amiliarissimx  cantiones 
ultra  centum  (Augsbourg,  Kriestein,  1540);  dans 
les  Cantiones  septem,  sex  et  quinque  vocum, 
publiées  par  Sigismond  Salblinger,  chez  le  même, 
en  1545;  dans  les  Modulai ioncs  ait qnot  qua- 
tuor vocum  selectissimx  ^  Nuremberg,  J.  Pe- 
treius,  1538  )  ;  dans  le  Tomus  secondtis  l'sal- 
morum  selectorum  quatuor  et  quinque  vocum 
(ibid.,  1539);  dans  le  Selecttssimarum  mote- 
tarurn  ,  partim  quinque  partim  quatuor  vo- 
cum, Tomus  primus  (ibid.,  1540);  dans  les 
livres  premier,  deuxième,  quatrième,  sixième 
et  douzième  de  la  grande  collection  de  motets, 
«i  vingt  livres,  publiée  par  Altaingnant,  à 
Paris,  1534-1541;  dans  les  recueils  de  motets 
et  de  chansons  imprimés  à  Lyon,  chez  Jacques 
Moderne  ,  et  dans  plusieurs  autres  collections. 
Georges  Schielen  (in  Bibliot.  Enucl.  page  327), 
etGesner  (inPandect.  1.  7,  t.  VI,  fol.  63:  attri- 
buent à  Richafort  un  Compendium  musicale, 
qui  ne  paraît  pas  avoir  été  imprimé. 

RICHARD  (Baltiiazau),  musicien  au  ser- 
vice de  l'infante  Isabelle,  naquit  à  Mons,  en  Hai- 
naut,  vers  la  (in  du  seizième  siècle,  ou  dans  les 
premières  années  du  dix-septième  siècle.  11  a 
fait  imprimer  un  ouvrage  de  sa  composition,  inti- 
tulé :  Lilanix beadssimx  Marias  Virginis  Lau- 
relanx,  5,6,  7,  8,  9  et  12,  tam  vocibusquam 
instrumenta  modulatx,  quitus  missa  octonis 
vocibus  adjuncta  est.  Componebat  fialtazar 
(sic)  Richard,  Hannonius  Montensis,  Smx.  Isa- 
belle, Hispaniaruin  iufantis,  in  aulx  ejussa- 
ccllo  in  lïelgio  cornicen,  cum  basso  continuo 
ad  orrjanum  ;  Anvers ,  cliez  les  héritiers  de 
Pierre  Phalèse,  imprimeur  de  musique ,  1631, 
in-4e. 

RICHARD  (Loris),  bachelier  en  musique, 
professeur  et  organiste  de  la  Madeleine  à  Ox- 
ford, dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
Siècle,  Il  mourut  en  1639,  et  eut  pour  successeur 
Arthur  Philips,  lui  1630,  il  fit  exécuter  à  Whi- 
tehall  une  mascarade  de  sa  composition  intitulée 
Salmacida  spolia. 

RICHARD  (  MARTIN  );  Voyez  RIXCK- 
IIARD 

RICHARD  (Paumn),  employé  à  la  biblio- 
thèque impériale  de  Paris,  estnéà  Rodez  (Avey- 
ron),  le  17  juin  1798.  Il  était  Agé  d'environ 
Irentc  ans  lorsqu'il  se  livra  à  l'étude  du  chant 
sous  la  direction  de  Garcia,  ce  qui  le  jeta  dans 


des  recherches  historiques  et  théoriques  sur 
cet  art,  lesquelles  toutefois  n'ont  rien  produit. 
M.  Richard  a  fourni  quelques  articles  à  la  Revue 
musicale,  à  la  Gazette  musicale  de  Paris,  et 
h  la  France  musicale. 

RICHER  (André),  né  à  Paris,  en  1714,  fut 
admis  dans  les  pages  de  la  musique  du  roi,  et  lit 
ses  études  musicales sousla  direction  de  Lalande 
et  de  Bernier.  Plus  tard,  il  l'ut  attaché  à  la  cha- 
pelle de  Louis  XV,  et  y  fit  exécuter  plusieurs 
motets.  Ses  cantates  ont  été  gravées  à  Paris, 
vers  1750.  Richer  eut  trois  fils,  qui  firent  leur 
profession  de  la  musique  :  le  premier  était  habile 
violoncelliste,  le  second,  attaché  à  la  cour  de 
Parme, avait  du  talent  sur  le  violon;  le  dernier, 
chanteur,  est  le  sujet  de  l'article  suivant. 

RICHER  (  Louis- Augustin ) ,  fils  d'André, 
naquit  à  Versailles,  le  26 juillet  1740.  A  Pâgede 
huit  ans,  il  entra  chez  les  pages  de  la  chapelle  du 
roi,  et  il  en  sortit  en  1756.  Dès  sa  neuvième  an- 
née, il  s'était  fait  entendre  dans  quelques  motets, 
et   la  beauté  de  sa  voix  lui  avait  fait  accorder 
une  pension  par  Louis  XV.  Son  début  au  Con- 
certspirituel  fut  brillant  :  on  admira  sa  belle  voix 
de  ténor  et  son  goût  naturel.  Après  la  mort  de 
son  père,  il  eut  le  titre  de  maître  de  musique  du 
duede  Chartres  et  du  duc  de  Bourbon.  En  1779, 
le  roi  lui  accorda  la  survivance  de  la  charge  de 
maître  de  musique  des  enfants  de  France,  dont 
il  remplit  les  fonctions  après  la  mortde  Lagarde. 
La  révolution  l'ayant  privé  de  ses  emplois  et  de 
ses  pensions,  il  trouva,  pour  compensation,  une 
place  de  professeur  de  chant  au  Conservatoire. 
Il  mourut  a  Paris,  le  6  juillet  1819.  On  a  gravé 
de  sa  composition  deux  livres  de  cantalilles,  un 
livre  de  romances,  et  un  livre  de  chansonnettes. 
RICHOMME  (Antoine- Jacques),  graveur 
de  musique,  né  à  Paris,  le   18  septembre  1754, 
s'est    fait   remarquer  par  la  perfection  de  son 
travail,  et  a  fait   faire  de  grands  progrès   à  l'art 
de  la  gravure  de  la  musique  en  France.  Élève 
deM'te  Vendôme,  il  se  montra  bientôt  plus  habile 
que  son  modèle.  Ses  premiers  soins  eurent  pour 
objet  de  rendre  les  poinçons  plus  élégants  dans 
leurs  formes  que  ceux  qui  existaient  avant  lui. 
(''e^t  Richnmme  qui  a  gravé  les  planches  de  mu- 
sique de.  l'Encyclopédie  métuodiqne;   mais  ses 
plus  beaux  ouvrages  sont  les  éditions  complètes 
des  quatuors  de  Haydn  et  de  Mozart,  ainsi  que  le 
Répertoire    des  liaereiiiistcs   publié  par   Nae- 
geli,  à  Zurich.  C'est  aussi  Richomme  qui  a  gravé 
sur  cuivre  le  beau  recueil  de  romances  de  J.-J. 
Rousseau  intitulé  les  Consolations  des  misères 
de  ma  rie.    Il  a  formé  la  plupart  des  bons  gra- 
veurs qui  lui  ont  succédé.  J'ignore  l'époque  de 
sa  mort. 


RICHOMME 


RICHTER 


247 


RICHOMME  (Jean-Thomas),  fils  du  précé- 
dent, est  né  à  Paris,  en  1780.  Elève  de  son  père, 
il  est  aussi  bon  graveur  de  musique.  Il  a  publié 
un  petit  écrit  intitulé  :  Leçons  sut*  la  manière 
de  graver  la  musique;  Paris,  Mahler  et  com- 
pagnie, 1829,  in-8°de  40  pages,  avec  3  planches. 
.  RICHSTHAL  (Chr.-G.),  auteur  inconnu 
d'un  petit  écrit  intitulé  :  Nouvelle  méthode 
pour  noter  la  musique,  etpour  l'imprimer 
avec  des  caractères  mobiles;  Paris,  Lenor- 
inand,  1810. 

RICHTER  (Jean-Sigismond)  naquit  à  Nu- 
remberg, le  31  octobre  1657.  En  1674  il  fréquenta 
l'université  d'Altorf.  Après  trois  années  de  sé- 
jour dans  cette  ville,  il  accepta  une  place  de  pré- 
cepteur qu'il  fut  obligé  de  remplir  pendant  dix 
ans.  En  1687,  il  obtint  un  emploi  civil  à  Nurem- 
berg; peu  de  temps  après,  on  lui  confia  les  fonc- 
tions d'organiste  de  la  Frauenkirche.  En  1691,  il 
fut  nommé  organiste  de  l'église  Saint-Égide,  et  à 
la  mort  de  Pachelbel,  en  1706,  il  lui  succéda  en 
la  même  qualité  à  Saint-Sebald.  Il  occupa  cette 
place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  4  mai  1719.  Je 
possède  un  cahier  de  pièces  d'orgue  d'anciens 
maîtres,  en  manuscrit,  où  se  trouvent  quatre 
chorals  variés  de  Richter,  qui  donnent  une  opi- 
nion favorable  de  son  talent. 

RICHTER  (  Jean-Christophe),  organiste  de 
la  cour  de  Dresde,  né  dans  les  dernières  années 
du  dix-septième  siècle,  fut  mis  en  possession  de 
son  emploi  chez  l'électeur  de  Saxe  en  1726.  il 
fut  un  des  élèves  de  Hebensireit  pour  l'art  de 
jouer  du  pantalon  (voyez  Hebenstreit).  Rich- 
ter mourut  à  Dresde,  vers  1749.  Le  catalogue 
de  l'ancien  fonds  de  musique  de  Rreitkopf,  à 
Leipsick,  indique  de  la  composition  de  cet  ar- 
tiste une  cantate  d'église  à  4  voix  et  à  8  instru- 
ments, et  une  sonate  d'orgue  pour  2  claviers  et 
pédale. 

RICHTER  (Geobges-Godefroi),  magisteret 
pasteur  à  Neusta^dlein,  près  de  Schneeberg,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle,  est  au- 
teur d'un  sermon  qui  a  été  publié  sous  ce  titre  : 
Vivum  Dei  Organum,  oder  dus  lebendige  Or- 
gcl-Werck  Gotles,  zeigele  unter  unstxndlicher 
Erzéhung,  wie  die  Orgeln  erfunden  und  in 
die  Kirchen  gebauet  veerden,  etc.  (L'orgue  vi- 
vant de  Dieu,  exposé  en  paroles  simples,  à  la 
commune  chrétienne  de  Neustaedlein  près  de 
Schneeberg,  dans  un  récit  circonstancié  concer- 
nant l'invention  des  orgues  et  leur  introduc- 
tion dans  les  églises,  le  16e  dimanche  après  la 
Trinité,  le  24  septembre  1719,  à  l'occasion  de 
l'érection  du  nouvel  orgue);  Schneeberg,  1720, 
in-4°de  47  pages,  avec  une  longue  épîtredédi- 
catoire. 


RICHTER  (François-Xavier),  compositeur 
et  écrivain  didactique,  naquit  à  Holischau,  en 
Moravie,  le  1er  décembre  1709.  Après  avoir 
achevé  son  éducation  musicale,  il  entra  an  ser- 
vice de  l'électeur  Palatin  et  vécut  quelques  années 
à  Manheim.  En  1747,  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Strasbourg  étant  de- 
venue vacante,  il  se  mit  au  nombre  des  aspirants, 
et  l'obtint  au  concours.  Il  en  remplit  les  fonc- 
tions seul  et  avec  honneur  pendant  trente-six 
ans,  et  ce  ne  fut  qu'en  1783,  à  l'âge  de  soixante- 
quatorze  ans,  qu'il  sentit  le  besoin  d'être  aidé 
par  un  maître  de  chapelle  adjoint  :  ce  titre  lut 
donné  à  Pleyel.  Richter  mourut  à  Strasbourg,  le 
12  septembre  1789,  dans  sa  quatre-vingtième 
année,  estimé  à  juste  titre  comme  compositeur 
et  comme  professeur.  Le  catalogue  thématique 
de  Breitkopf  indique  vingt-six  symphonies  de 
cet  artiste,  en  manuscrit,  un  concerto  de  piano, 
et  six  quatuors  de  violon.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position, à  Amsterdam  et  à  Paris,  trois  œuvres 
de  trios  pour  clavecin,  violon  et  violoncelle  ,  et 
deux  œuvres  de  six  symphonies  poHrl'orchcstic. 
Des  nombreux  ouvrages  de  musique  d'église 
qu'il  a  écrits  à  Strasbourg,  on  n'a  imprimé  qu'un 
Dixit  à  4  voix,  en  parution,  Paris,  chez  Porro. 
Les  ouvrages  de  cet  artiste  restés  en  manuscrit, 
et  qui  se  trouvent  à  la  cathédrale  de  Saint-Dié 
(Vosges),  sonteeux  dont  voici  les  titres  :  1°  Missa 
hymnalis  (en  la  majeur),  à  4  voix,  avec  ac- 
compagnement de  8  instruments.  —  2°  Missa 
Cxciliana  (en  mi  bémol),  à  4  voix  et  orches- 
tre. —  4°  Missa  concert,  (en  ut  majeur),  à  4 
voix  et  6  instruments.  —  4°  Missa  pastoralis 
(en  sol  majeur)  à  4  voix  et  orchestre.  —  5°  Messe 
en  ré  majeur,  à  4  voix  et  orchestre.  —  6°  M'sse 
en  ré  mineur,  à  4  voix  et  6  instruments.  — 
7°  Messe  en  fa  majeur,  à  4  voix  et  6  instruments. 

—  8°  Grand  Te  Deum  en  ré  majeur,  à  4  voix 
et  orchestre,  dédie  à  l'abbé  Larminacb,  prêtre 
et  ehapelain  de  la  cathédrale  de  Saint-Dié  (  avec 
la  date  de  1789).  —  9°  Dixit  et  Magnificat  (en 
ut  majeur  ),  à  4  voix  et  grand  orchestre.  — 
10°  Domine  salvumfac  regem  (mut  majeur), 
à  4  voix  et  grand  orchestre.  —  11°  Lauda  Siou 
Salvatorem  (en  sol  majeur),  duo  avec  chœur 
à  4  voix  et  orchestre.  —  12°  Écee  sacerdos, 
motet  (en  ré  majeur)  po-ur  voix  de  basse  avec  8 
instruments.  —  13°  Deus,  Deus  ad  te  (en  fa 
majeur  ),  pour  soprano  solo  avec  4  instruments. 

—  14o  Autorbeatisxculi  (en  sol  majeur),  idem. 

—  15°  Quemadmodum  desiderat  (en  sol  ma- 
jeur), pour  ténor  solo,  avec  6  instruments.  — 
16°  JesuCorona  Virginum(ea  fa  majeur),  pour 
soprano  solo,  avec  6  instruments.  —  17'  Quo- 
modo  cantabimus  candeum  (en  si  bémol), 


24S 


RICHTER 


idem.  —  18°  Odoclor optime  ecclesix  (en  mi 
bémol  ),  cour  lénor  solo  avec  6  instruments.  — 
19"  Est  ut  superba  criminum  (  en  7»i  bémol  ), 
duo  pour  soprano  et  ténor  avec  3  instruments. 
—  ?o"  Coeli  cives  convolate  (enré  majeur),  pour 
soprano  solo  avec  7  instruments.  —  21°  Adhx- 
reat  lingua  mea  (en  fa  majeur),  duo  pour  so- 
prano et  basse,  avec  G  instruments.  —  22°  Quant 
dilecta  tabernacula  (en  mi  bémol),  pour  so- 
prano solo  avec  5  instruments.  —  23°  Lectio  se- 
cunda  Sabbat i  sancti.  Alepb!  Quomodo  obscu- 
ratum  est  (en  sol  mineur),  pour  soprano  solo, 
avec  4  instruments.  Pendant  que  Richter  était 
au  service  de  la  cour  de  Manheim,  il  écrivit  un 
grand  traité  de  composition  intitulé  :  Harmo- 
ritsehc  Bclehrungen  oder  grundliche  Anwei- 
sung  zû  den  musikalischen  Tonkunst  (sic). 
Cet  ouvrage  fut  dédié  par  l'auteur  à  l'électeur 
Palatin  du  Rhin.  Je  possède  le  manuscrit  origi- 
nal de  cet  ouvrage  avec  la  signature  de  l'auteur 
à  la  dédicace,  en  304  pages  in-fol.,  non  compris 
le  registre.  Une  copie  de  ce  manuscrit  existe  aussi 
à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris.  C.  Kalk- 
brenner  a  traduit  en  français  ce  livre,  mais  en  le 
mutilant  en  cent  endroits,  et  l'a  publié  sous  ce 
titre  mensonger:  Traité  d'harmonie  et  de  com- 
position, reim,  corrigé,  augmenté  (!)  et  publié 
avec  93  planches  par,  etc.;  Paris,  1804,  in-4°. 

RICHTER  (Jean-Chrétien-Ciiristophe)  , 
père  du  célèbre  littérateur  Jean- Paul,  naquit  à 
Neust.edt,  le  16  décembre  1727.  Son  extrême 
pauvreté  rendit  sa  jeunesse  pénible.  Après  avoir 
fréquenté  le  collège  deWunsiedel,  il  acheva  ses 
éludes  au  gymnasium  poelicum  de Ratisbonne. 
La  musique  était  l'objet  principal  de  sestravaux. 
Après  avoir  été  pendant  quelques  années  simple 
musicien  dans  la  chapelle  du  prince  de  la  Tour  et 
Taxis  d  alla  suivre  des  cours  de  théologie  à  Jéna 
et  à  Erlangen,  puis  il  obtint,  en  17G0,  la  position 
d'organiste  et  de  troisième  professeur  à  Wun- 
sicdel.  Plus  tard,  il  fut  appelé  comme  pasteur  à 
Jœditz,  dans  la  principauté  de  Bayreuth,  et  enliu 
il  alla  remplir  les  mêmes  fonctions  à  Schwar- 
zenbach,  sur  la  Saale.  Cet  ecclésiastique  a  laissé 
en  manuscrit  beaucoup  de  compositions  agréables 
pour  l'église.  Son  fils,  musicien  d'organisation  et 
pianiste  habile,  n'a  cependant  pas  parlé  de  la 
musique  dans  son  grand  traité  d'Esthétique  :  il 
semble  avoir  été  effrayé  par  les  difficultés  du 
sujet. 

RICHTER  (CiMRLES-GoTTur.n  ou  Théo- 
phile), né  à  Berlin,  en  1728,  étudia  d'abord  la 
chirurgie,  par  obéissance  pour  ses  parents  ;  mais  il 
se  livra  ensuite  à  son  penchant  pour  la  musique, 
et  en  apprit  les  éléments  sous  la  direction  de 
S(  haffrath,  musicien  au  service  de  la  princesse 


Amélie  de  Prusse.  En  1754,  Richter  entra  au 
service  du  général  comte  de  Truchness,  à  Cus- 
trin  :  quelques  années  après,  il  se  rendit  à  Kœ- 
nigsberg,  où  il  vécut  d'abord  sans  autre  emploi 
que  celui  de  professeur  de  musique  ;  puis  il  ob- 
tint la  place  d'organiste  de  l'église  de  la  vieille 
ville.  Son  habileté  sur  l'orgue  ne  put  le  mettre 
à  l'abri  de  la  misère  pendant  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie.  Déjà  avancé  en  âge,  il  obtint  la  place 
d'organiste  de  la  cathédrale  de  Kœnigsberg.  Il 
mourut  en  cette  ville,  dans  l'été  de  1809,  à  l'âge 
de  quatre  vingt-un  ans.  On  a  imprimé  desa com- 
position :  1°  Six  trios  pour  deux  flûtes  et  basse; 
Kœnigsberg,  1771.  —  2°  Deux  concertos  pour 
le  clavecin  ;  Riga,  1772.  —  3°  Neuf  concertos 
idem;  Kœnigsberg,  en  1774,  1775  et  1783.  Rich- 
ter fut  le  maître  de  composition  de  Heichardt 
(voyez  ce  nom).  On  trouve  aussi  trois  concertos 
de  cet  artiste  imprimés  à  Leipsick,  chez  Hart- 
knoch. 

RICHTER  (Amédée-Frédéric),  fils  d'un 
cantorde  Wurzen,  naquit  en  cette  ville  et  fit  ses 
études  musicales  sous  la  direction  de  Hilleretde 
Millier,  à  l'école  de  Saint-Thomas  de  Leipsick. 
En  1812,  il  fut  nomme  organiste  de  la  cour  et  de 
la  ville,  à  Géra.  On  a  imprimé  de  sa  composi- 
tion :  1»  Trois  recueils  de  chants  avec  accompa- 
gnement de  piano,  sons  le  titre  de  Thalia,  Leip- 
sick, Hofmeister.  —  2"  Cxcilia,  douze  poèmes 
de  Thiersch,  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  4,  ibid. 

RICHTER  (Guillaume),  musicien  de  la 
chapelle  du  grand-duc  de  Mecklembourg-Schwe- 
rin,a  Ludvvigslust,  au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle,  se  distingua  particulièrement 
par  son  talent  sur  la  flûte.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Sonate  facile  pour  piano  et  flûte, 
op.  1;  Leipsick,  Breilkopf  etHacrtel.  — 2°  Grande 
sonate  idem,  op.  5;  Hambourg,  Boshme.  — 
3°  Duo  concertant  idem,  op.  10;  Leipsick,  Breil- 
kopf et  Haertel.  —  4o  Duo  concertant  pour  piano 
et  cor,  op.  6;  ibid.  —  5°  Ouverture  (en  ut  mi- 
neur), op.    9;  ibid.  —  6°  Introduction  et  londo 


pour  piano,  op.  11;  ibid. 


Quelques  œuvres 


de  duos  et  de  solos  de  flûle.  —  8°  Deux   re- 
cueils de  danses  pour  piano  ;  Halle,  Anton. 

Quelques  autres  musiciens  du  nom  de  Rich- 
ter se  sont  aussi  fait  connaître  par  des  composi- 
tions imprimées  on  manuscrites;  mais  on  manque 
de  renseignements  sur  leur  personne.  Le  premier, 
dont  les  prénoms  sont  indiqués  par  les  initiales 
G.  F.,  paraît  avoir  vécu  à  Vienne.  Le  catalogue 
de  Traeg,  imprimé  dans  cette  ville,  en  1799, 
donne  les  titres  des  ouvrages  suivants  dont  il  est 
auteur  :  1°  Concerto  pour  2  clavecins  avec  or- 
chestre. —  2°    Douze  concertos  pour   claveciu 


RICHTER 


249 


avec  orchestre.  —  3o  Six  sonates  pour  clavecin 
et  violon.  —  4o  Sonate  et  fantaisie  pour  clavecin 
seul.  —  5°  Allegro  avec  variations  pour  le  piano. 
Sous  ces  mêmes  initiales  on  a  gravé,  à  Paris, 
3  sonates  pour  clavecin  et  violon,  op.  7;  Paris, 
1792. 

J.  Richter  a  publié  :  1"  Quatuors  pour  2  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  l  et  2;  Offenbach,  André. 
—  2»  Duos  pour  2  violons,  op.  4  et  5  ;  ibid.  — 
3°  Danses  allemandes  pour  piano  ;  Hambourg, 
Bœhme. 

RICHTER  (ErnestHenri-Léopold),  pro- 
fesseur de  musique  à  l'école  normale  de  Breslau, 
est  né  le  15  novembre  1805,  à  Tbiergarlen,  près 
de  Glogau.  Ernst,  organiste  de  cette  ville,  lui 
enseigna  les  éléments  de  la  musique.  Admis  plus 
tard  à  l'école  normale  de  Breslau,  il  y  reçut  des 
leçons  de  Hientzsch.du  premier  organiste  Berner, 
et  de  Siegert  (voyez  ces  noms).  Ses  rapides  pro- 
grès dans  ses  études  lui  tirent  obtenir  une  bourse 
du  gouvernement,  pour  aller  à  Berlin  perfec- 
tionner ses  connaissances  musicales  et  pédago- 
giques à  l'Inslitut  royal  de  musique.  Richter  pro- 
fita de  son  séjour  dans  la  capitale  de  la  Prusse 
pour  fréquenter  les  leçons  de  Bernard  Klein,  de 
Zelter,  de  Guillaume  Bach  et  de  Helvig.  Il  suivit 
aussi  plusieurs  cours  de  l'Université.  Les  conseils 
de  Klein  lui  furent  particulièrement  utiles  pour  la 
théorie  et  la  pratique  de  l'harmonie  et  de  la  com- 
position. Rappelé  à  Breslau  en  1826,  il  y  fut 
nommé  professeur  adjoint  à  l'école  normale.  Dans 
l'année  suivante,  il  remplaça  Berner  dans  la  place 
de  professeur  de  musique,  devenue  vacante  par 
le  décès  de  cet  artiste.  Richter  établit  son  ensei- 
gnement sur  nu  plan  plus  vaste  que  celui  de  son 
prédécesseur,  car  il  donnait  aux  séminaristes  des 
leçons  de  chant,  de  piano,  de  violon,  d'orgue  et 
d'harmonie.  Les  succès  de  son  enseignement  et  le 
mérite  de  ses  composilions  fixèrent  sur  lui  l'atten- 
tion de  l'autorité  supérieure  des  écoles,  qui,  en 
maintes  circonstances,  lui  donna  des  témoignages 
de  considération.  Mosevius  lui  donna  la  direc- 
tion du  chant  en  chœur  dans  l'Académie  royale 
de  chant  de  Breslau,  et  peu  de  temps  après  il  fut 
aussi  chargé  de  diriger  une  des  principales  sociétés 
chorales  decette  ville.  En  1845  il  accepta  les  places 
de  cantor  et  de  directeur  de  musique  àGœrlitz;  et 
deux  ans  après  il  fut  appelé  à  Halberstadt,  en  qua- 
lité de  professeur  de  musique  du  séminaire  des 
instituteurs.Les  compositions  les  plus  importantes 
de  ce  professeur  distingué  sont  :  1°  La  Contre- 
bande, opéra- comique  joué  avec  succès  au  théâ- 
tre de  Breslau.  —  2°  Une  Symphonie  à  grand 
orchestre,  exécutée  à  Breslau  en  1844.  —  3°  Six 
chants  de  Hoffmann  de  Fallersleben  à  voix  seule 
avec  piano,  op.  1;  Breslau,  Cranz.  —  4°Huit  piè- 


ces d'orgue  faciles,  op.  2;  ibid.  —  5«>Six  chansons 
de  table  à  quatre  et  cinq  voix  d'homme,  op.  4; 
ibid.  —  6°  Cantique  religieux  pour  4  voix 
d'homme,  op.  5;  Breslau  ,  Fœrster.  —  7°  Huit 
préludes  d'orgue  pourdes  chorals,  op.  0  ;  ibid.  — 
8°  Cantique  religieux  pour  des  voix  d'homme, 
I  op.  8;  Breslau,  Cranz.  —9"  Lieder  pour  4  voix 
d'homme,  op.  9,  13,  15  et  41  ;  ibid.  —  10°  Plu- 
sieurs recueils  de  Lieder  à  voix  seule  avec  piano; 
ibid.  —  lloLe  psaume  «0  à  4  voix  de  différents 
genres,  avec  accompagnement  d'orgue  obligé, 
op.  18;  ibid.  —  12°  Domine salvum  facregem, 
pour  un  chœur  d'hommes  avec  orchestre,  op.  19. 
—  13o  Le  Rhin  allemand,  pour  un  chœur 
d'hommes,  op.  20.  Il  a  été  fait  deux  éditions  de 
ce  chant.  —  14°  Chansons  populaires  de  la  Si- 
lésie  avec  des  mélodies,  op.  27  ;Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrtel.  —  15°  Des  psaumes,  des  motets 
et  des  cantates  avec  orchestre,  en  manuscrit.  — 
16°  Messe  en  mi  mineur  à  4  voix  et  orchestre, 
idem. 

RICHTER  (Ernest-Frédéric-Ëdouard),  né 
le  24  octobre  1808,  à  Gross-Schœnau,  près  de 
Zittau,  reçut  les  premières  instructions  pour  la 
musique  dans  la  maison  paternelle,  où  dès  l'âge 
de  dix  ans  il  commençait  déjà  ses  premiers  es- 
sais de  composition.  Quelque  temps  après,  il  fut 
envoyé  au  gymnase  de  Zittau  pour  y  faire  ses  étu- 
des littéraires.et  continuer  de  s'instruire  dans  la 
musique.  En  1831,  il  se  rendit  à  Leipsickpour  y 
fréquenter  les  cours  de  l'Université.  Weinlig, 
cantor  de  l'école  Saint-Thomas,  lui  enseigna  la 
théorie  de  l'harmonie  et  de  la  composition,  et 
dans  le  même  temps  il  fit  la  connaissance  de 
Mendelssohnet  de  Schumann,  dontles  conseils  ne 
furent  pas  sans  influence  sur  le  développement 
de  ses  facultés.  En  1843,  la  place  de  professeur 
d'harmonie  et  de  composition  du  Conservatoire 
deLeipsick  lui  fut  donnée,  et  peu  de  temps  après 
il  fut  nommé  directeur  de  musique  de  l'Univer- 
sité :  en  1851,  il  obtint  sa  nomination  d'organiste 
de  l'église  Saint-Pierre.  Les  compositions  les 
plus  importantes  de  Richter  sont  celles-ci  :  l°Le 
136e  psaume  pour  quatre  voix,  chœur  et  orches- 
tre, publié  à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Haertel. 

—  2°  Le  116e  psaume,  idem,  exécuté  à  la  fête 
musicale  d'Eilenbourg,  puis  à  Leipsick,  et  pu- 
blié commeœuvre  16,  en  partition  pourle  piano; 
ibid.,  1846.  —  3°  Le  126e  psaume,  idem,  op.  10; 
ibid.,  1846;  —  4°  Hymne  pour  le  jubilé  de  l'inven- 
tion de  l'imprimerie,  exécuté  à  Leipsick.  — 
5o  Ouverture  à  grand  orchestre,  exécutée  dans  la 
même  ville,  en  1836.  —  6u  Quelques   motets. 

—  7°  Trios,  préludes,  fugues  et  fantaisies  pour 
l'orgue.  —  8°  Des  quatuors  pour  des  instru- 
ments à  cordes.  —  9°  Des  Lieder  à  voix  seule 


250 


RJCHTKR  —  RIECK 


avec  piano,  op.  9  et  14.  —  10°  Lieder  à  2  voix, 
op.  13.  —  11°  Chants  à  4  voix  avec  piano. 
Comme  littérateur  musicien,  M.  Richter-est  au- 
teur d'un  traité  de  l'harmonie,  dont  la  troisième 
édition  a  été  publiée  sous  ce  litre  :  1°  Lehrbuch 
der  Harmonie.  Praktische  Anleilung  su  den 
Studien  in  derselben  ,•  Leipsick,  Dreitkopf  et 
Haertel,  18C0,  1  vol.in-8°.  —  2°  Lehrbuch  der 
Fuge  (Traité  de  la  fugue)  ;  ibid.  Ces  deux  ou- 
vrages sont  destinés  à  l'instruction  des  élèves  du 
Conservatoire  de  Leipsick. 

RICHTER  (Jean-Tuéodore),  musicien  delà 
chambre  du  roi  de  Prusse  et  alto  de  l'orchestre 
de  l'opéra,  de  Berlin,  est  né  dans  cette  ville  le 
15  janvier  1824.  Filsd'un  musicien  de  la  chapelle 
du  roi,  il  apprit  de  son  père  les  éléments  de  la 
musique,  et  C.  Bœhmer  lui  enseigna  la  compo- 
sition. En  1846,  il  fut  admis  dans  la  chapelle 
royale.  On  connaît,  de  la  composition  de  cet  ar- 
tiste, deux  quatuors  pour  2  violons,  alto  et  vio- 
loncelle (en  ré  mineur  et  en  sol)  ;  un  quatuor 
pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle  (en  ut)  ; 
et  un  quintette  pour  piano,  violon,  alto,  vio- 
loncelle et  contrebasse  (en  ut  mineur).  Dans  ses 
moments  de  loisir,  Richter  s'occupe  des  sciences 
naturelles,  particulièrement  de  l'astronomie  :  ce 
fut  lui  qui,  le  6  juin  1845,  découvrit  la  nouvelle 
comète,  qui  fut  ensuite  observée  par  tous  les 
astronomes.  Étonné  de  trouver  de  semblables 
connaissances  réunies  à  la  faculté  d'observation 
chez  un  musicien  de  vingt  et  un  ans,  Alexandre 
de  Humboldt  s'intéressa  à  lui,  et  le  présenta  au  roi 
Frédéric-Guillaume  IV,  à  Potsdam. 

RICIERI  (Jean-Antoine),  ou  RICCIERI,  né  à 
Viccnce,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  apprit  les  éléments  de  la  musique  sous  la 
direction  de  Dominique  Frescbi  (voyez  ce  nom), 
puis  se  rendit  à  Ferrare,  où  il  reçut  des  leçous 
de  Bassani.  D'abord,  il  s'était  destiné  au  chant; 
mais  plus  tard  il  s'appliqua  de  préférence  à  la 
composition.  Engagé  au  service  du  prince  Sta- 
nislas Rzewuski ,  n  (it  en  Pologne  un  séjour  de 
six  ans,  et  y  écrivit  beaucoup  d'ouvrages  pour  le 
théâtre  et  pour  l'église.  De  retour  en  Italie,  il  se 
fixa  d'abord  à  Bologne  et  y  ouvrit  une  école  de 
composition,  où  se  sont  formés  plusieurs  artistes 
distingués.  Ricieri  fut  un  des  maîtres  du  P.  Mar- 
tini, et  membre  de  l'Académie  des  philharmoni- 
ques de  Bologne.  En  1744,  il  fut  nommé  maitre 
de  chapelle  à  Cento.  11  mourut  dans  celte  ville, 
en  1740.  On  trouve  dans  plusieurs  bibliothèques 
en  Italie  Ie8  Compositions  de  Ricieri  pour  l'église, 
particulièrement  à  la  chapelle  de  Saint-Pierre  du 
Vatican. 

EUCOItl  (NieODÈMfi),  pseudonyme  sous  le- 
quel a  été  publié  un  opuscule  intitulé  :  ISorma, 


opéra  nuova  del  maestro  Vincenzo  BeWni 
niessa  in  iscena  il  20  décembre  nelV  I.  R.  tea- 
tro  alla  Scala  ;  Alcuni  cenni  critico-dramma- 
tico-litterari ;  Milan,  1S32,  in-8°  de  14  pages. 
—  Sous  le  même  nom  a  paru  un  autre  écrit  du 
môme  genre,  qui  a  pour  titre  :  Vgo  conte  di  Pa- 
rigi,  tragedia  lirica  in  quattre  parti.  Opéra 
nuovo  del  maestro  Gaetano  Donizetti,  messa 
in  iscena  il  13  murzo  1832  :  Alcuni  cenni  criti- 
codrammatico  Ultcrari,  ibid.  1832,  in-8°  de  7 
pages.  Un  troisième  écrit  sous  le  môme  nom  a  été 
publié  sur  la  Vendetta  de  César  l'ngni,  repré- 
senté au  théâtre  de  la  Scala,  le  11  février  1832  ; 
ibid.  in-8°de  10  pages. 

RID  (Christophe),  magister  et  cantor  à 
Schorndortf,  dans  le  Wurtemberg,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  est  traducteur  du  livre  élémen- 
taire de  Henri  Faber  ;  sa  traduction  est  intitulée  : 
A.usica,  Kurtzcr  Inhalt  der  Singkunst,  auss 
M.  Henr.  Fabri  lateinischen  Compendio  mu- 
sices,  etc.  (La  musique,  instruction  brève  de 
l'art  du  chant,  traduit  mot  à  mot  du  Compen- 
dium  musices  de  M.  Faber,  à  l'usage  des  com- 
mençants) ;  Nuremberg,  1572,  in-4°,  etl591,in-8° 
de  3  feuilles. 

RIECK  (Jean-Ernest),  organiste  de  l'église 
Saint-Thomas,  à  Strasbourg,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  dans  cette 
ville,  en  1658,  un  recueil  d'allemandes,  gigues, 
ballets,  courantes ,  sarabandes  et  gavottes  avec 
quelques  variations ,  à  trois  ou  quatre  parties, 
pour  deux  violons,  viole  et  basse  continue. 

RIECK  (Charles-Frédéric),  premier  maître 
de  chapelle  du  roi  de  Prusse  Frédéric  1er,  entra 
le  20  janvier  1683  au  service  de  la  cour  éleclo- 
rale  de  Brandebourg,  avec  un  traitement  de  300 
écus.  Le  14  septembre  1698,  il  eut  le  titre  de  di- 
recteur de  la  musique  de  la  chambre,  qui  devint 
la  chapelle  royale  en  1700.  Rieck  mourut  en 
1704.  Les  titres  connus  de  ses  compositions  sont  : 
1°  La  Festa  del  lmcnvo,  ballet-opéra  dont  il 
écrivit  les  airset  l'ouverture  :  le  reste  fut  composé 
par  Ariosti  (voyez  ce  nom).  —  T'  Der  streit 
des  ai/en  undnruen  ::;iculi  (l'Opposition  du 
siècle  qui  finit  et  de  celui  qui  commencé),  cantate 
exécutée  le  12  juillet  1701  pour  l'anniversaire  de 
la  naissance  du  roi.  Au  titre  du  livret  de  cet  ou- 
vrage, imprimé  dans  la  môme  année,  chez  Ulrich 
Lieber,  à  Cologne  sur  la  Sprée  (Cosln  an 
der  Spree,  premier  nom  de  Berlin  ),  Rieck  est 
désigné  Ober-Kaprllmeister,  Director  der 
K/migl.  Cammer-Musique.  — 3°  Peleus  vnd 
Thetis ,  oder  das  Gluck  der  Liebe  (Pelée  et 
Thétis,  ou  le  bonheur  de  l'amour  ),  cantate  exé- 
cutée à  Oranicnbourg,  en  1700.  Il  est  vraisem- 
blable  que  cet  ouvrage  est  le  môme  qui  a  élé 


R1EGK  —  R1EDT 


251 


cilé  sous  le  iitre  :   Der  Triumph  der  Llebe. 

RIE1JEL  (Frédéric-Juste),  (ils  d'un  pas- 
teur protestant,  naquit  le  10  juillet  1742,  à  Yis- 
sellbach,  village  près  d'Erfurt.  Après  avoir  fait 
ses  études  à  Weimar,  Jéna,  Leipsîck  et  Halle,  il 
alla  s'établir  à  Jéna,  où  il  commença  sa  carrière 
littéraire  par  la  publication  de  quelques  satires 
qui  ont  été  réimprimées  plusieurs  fois.  Sa  Théo- 
rie des  beaux-arts  et  des  sciences  (  Théorie 
der  schœnen  Kùnste  und  Wissenscliaflen,  Jéna, 
1767,  et  1773,  grand  in-8°  )  reçut  un  accueil  fa- 
vorable du  public.  En  1768,  la  place  de  profes- 
seur de  philosophie  à  l'université  d'Erfurt  lui  fut 
offerte  ;  il  l'accepta  et  l'occupa  pendant  quatre 
ans.  Mais  la  vie  calme  et  monotone  du  profes- 
sorat ne  convenait  point  à  son  activité  :  il  donna 
sa  démission,  étudia  le  droit  pendant  un  an,  et  se 
rendit  à  Vienne,  en  1773.  Il  y  obtint  la  place  de 
professeur  de  l'histoire  des  beaux-arts  à  l'Aca- 
démie impériale  ;  mais  peu  de  temps  après  on 
le  représenta  au  confesseur  de  l'impératrice 
Marie-Thérèse  comme  un  homme  de  mauvaise 
conduite  et  un  alliée;  il  n'en  fallut  pas  davantage 
pour  lui  faire  ôter  son  emploi  sans  enquête,  et 
bientôt  il  ne  resta  plus  au  malheureux  Kiedel 
que  le  faible  produit  de  sa  plume  pour  sub- 
sister. Parmi  les  écrits  qu'il  a  publiés  se  trouve 
une  traduction  allemande  de  la  lettre  de  l'abbé 
Arnaud  sur  Ylphigénie  en  Aulide  de  Gluck, 
réunie  à  une  autre  lettre  sur  le  même  sujet,  et 
au  Dialogue  entre  Lulli ,  Rameau  et  Orphée 
aitx  Champs-Elysées,  qui  parut  sous  ce  titre  : 
Ucber  die  Musik  der  Ritter  Christoph  von 
Gluck;  Vienne,  Trattner,  1775,  in-8°.  Sensible 
à  la  flatterie,  Gluck  vint  au  secours  du  traducteur 
et  l'admit  à  sa  table;  mais  la  misère  et  l'intem- 
pérance avaient  altéré  la  santé  de  Riedel  :  il 
tomba  dans  une  mélancolie  profonde,  eut  des 
accès  de  folie,  et  l'on  fut  obligé  de  le  transporter 
à  l'hôpital  Sainte-Marie,  où  il  mourut,  le  2  mars 
1785,  à  l'âge  de  quarante-trois  ans. 

RIEDEL  (G.-L.),  pasteur  et  prédicateur  à 
Weida,  dans  les  dernières  années  du  dix-huitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  comme  compositeur 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Six  sonates  pour 
le  clavecin;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  — 
Freudenschaft  und  Liebe,  etc.  (  Amitié  et 
Amour,  lecueil  de  divers  morceaux  de  piano  et. 
décriant  );  ibid.,  1798. 

R1EDER  (  Ambroise  ),  compositeur  et  orga- 
niste allemand,  est  né  le  10  octobre  1771,  à 
Dœbling,  près  de  Vienne ,  où  son  père  était 
maître  d'école.  Dès  son  enfance,  il  apprit  dans  la 
maison  paternelle  les  éléments  de  la  musique  : 
à  treize  ans,  il  jouait  du  violon,  du  clavecin  et 
de  l'orgue.  Plus  tard  il  continua  l'étude  de  cet  art 


sous  la  direction  de  Hoffmann,  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Vienne,  lut  les  traités 
d'harmonie  et  de  composition  de  Tiirk,  de  Kirn- 
berger  et  deMarpurg,  ctenlin  reçut  des  leçons  de 
contrepoint  d'Albrechtsberger.  En  1802,  Riedel 
fut  nommé  directeur  du  cbœor  à  l'église  de  Pe- 
tersdorf,  dans  un  faubourg  de  Vienne,  et  écrivit 
pour  cette  église  un  grand  nombre  de  composi- 
tions religieuses,  dont  une  partie  seulement  a  été 
publiée.  11  a  occupé  cette  position  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  le  19  novembre  1855.  Les  principaux 
ouvrages  de  cet  artiste  sont  :  1°  Quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  2  et  8  ;  Vienne, 
Kozeluch.  —  2°  Sonates  pour  piano,  violon  et 
violoncelle, op.  10,  12  et  13;ibid. —  3°Variations 
pour  piano  seul,  op  1,  3,7,  9  et  14  ;  Vienne, 
Kozeluch  ;  Heilbronn,  Eder.  —  4°  Fugues  pour 
orgue  ou  piano,  op.  79,  33,  92  et 93  ;  Vienne, 
Haslinger.  —  5°  Préludes  pour  l'orgue,  op.  31, 
80, 82  et  90  ;  Vienne,  Haslinger,  Diabelli,  Cappi. 

—  6°  Douze  petites  fugues  idem,  Vienne,  Cappi. 

7°  Requiem  à  4  voix,  violons,  cors,  trombone, 

contrebasse  et  orgue,  op.  39  ;  Vienne,  Haslinger. 

—  8°  Graduels  idem  ;  op.  40,  41  et  42  ;  ibid.  — 
9°  Offertoires  pour  différentes  voix  et  orchestre, 
op.  43,44,  45,  46,  47,  48,  55,  63,  75,  78,-89; 
Vienne,  Haslinger,  Cappi.  —  10"  Tantum  ergo, 
à  4  voix  et  orchestre;  Vienne  Diabelli.  —  1 1°  Vcni 
Sancte  Spiritus ,  et  Ecce  sacerdos  magnus, 
id.;  ibid.  —  12°  Messe  à  quatre  voix  et  orchestre, 
op.  76;  ibid.  —  13°  Beaucoup  de  chants  allemands 
pour  voix  seule  et  piano  ;  Vienne,  Haslinger. 

R1EDERER  (  Jean-Bartholomé  ),  né  à 
Nuremberg,  le  3  mars  1720,  fut  nommé  profes- 
seur à  Altdorf,  et  mourut  en  cette  ville,  le  5  fé- 
vrier 1771.  On  connaît  sous  son  nom  un  écrit 
intitulé  :  Abha-ndluug  von  Einfûhrung  der 
deutschen  Gesanges,  etc.  (  Traité  de  l'introduc- 
tion du  chant  allemand  dans  l'église  évangôlique 
luthérienne  en  général,  et  dans  celle  de  Nurem- 
berg en  particulier  )  ;  Nuremberg,  1759,  in-8°  de 
[  326  pages.  Cet  ouvrage  renferme  des  renseigne- 
ments intéressants  pour  l'histoire  du  chant  des 
églises  réformées. 

R1EDT  (  Frédéric-Guillaume),  né  à  Berlin, 
le  5  janvier  1710,  élait  fils  d'un  garde  de  l'ar- 
genterie du  roi,  et  succéda  à  son  père  dans  cette 
place.  Il  avait  reçu  des  leçons  de  flûte,  jouait  de 
cet  instrument  avec  talent ,  et  avait  appris  de 
Graun  et  deSchaffrath  les  règles  de  la  composi- 
tion. Au  mois  de  février  1741,  le  roi  de  Prusse 
le  nomma  tlûtiste  de  sa  musique,  et  neuf  ans 
après,  on  le  choisit  pour  diriger  la  musique  de 
la  Société  des  amateurs  de  l'université.  Riedt 
mourut  à  Berlin,  le  5  janvier  1783,  jour  anniver- 
saire de  sa  naissance.  Il  possédait  des  connais* 


252 


RIEDÏ  —  R1EGER 


sances  assez  étendues  en  mathématiques.  On  ne 
connaît  des  compositions  de  cet  artiste  que  : 
1°  Sonate  pour  deux  flûtes  ;  Leipsick,  Brcitkopt 
et  Haertel.  —  2° Sonate  pour  flûle  et  violoncelle; 
iln'd  —  3°  Six  trios  pour  2  flûtes  et  basse  ;  Paris, 
1754.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  concertos,  des 
symphonies  concertantes  et  des  symphonies  pour 
l'orchestre.  C'est  surtout  par  ses  écrits  sur  la 
musique  qu'il  mérite  d'être  mentionné  ici;  ceux 
uu'il  a  publiés  ont  pour  titres  :  l°  Versuch  iiber 
die  musikalischen  Intervallen,  in  Ansehung 
titres  eigentlichen  Sitzes  und  nalurlichen  Vor- 
zugs  in  der  Komposilion  (  Essais  sur  les  inter- 
valles musicaux,  sous  le  rapport  de  leur  nombre, 
de  leur  position,  et  de  leurs  qualités  dans  la  com- 
position); Berlin,  1753,  in-4°.  —  2°  Défense  de 
eet  ouvrage  contre  la  critique  qui  en  avait  été 
faite  par  Scheibe,  dans  la  préface  de  sa  Disser- 
uition  sur  la  musique  ancienne;  cette  réponse 
est  insérée  dans  les  Essais  historiques  et  criti- 
ques de  Marpurg,  tome  I,  pag.  414-430.  — 
3"  Betrachtungen  iiber  die  willkuhrlichen 
Veranderungen  der  musikalischen  Gedanken 
bei  Ausfùhrung  einer Mélodie  (Considérations 
sur  les  changements  arbitraires  des  idées  mu- 
sicales dans  l'exécution  d'une  mélodie.  Dans  les 
Essais  historiques  et  critiques  de  Marpurg,  t.  II, 
p.  95  ).  —  4°  Tableau  de  tous  les  accords  pri- 
mitifs à  trois  et  quatre  parties  contenus  dans  l'é- 
chelle complète  des  sons,  tant  diatoniques  et 
chromatiques  qu'enharmoniques,  etc.  (  ibid. , 
p.  387).  —  5°  Deux  questions  musicales  réso- 
lues dans  l'intérêt  des  amis  de  la  vérité,  savoir  : 
Si  l'unisson  parfait  est  un  intervalle  réel, 
et  si  l'on  peut  admettre  ou  non  dans  la  mu- 
sique les  unissons  augmentés  ou  diminués 
(ibid.,  t.  III,  p.  171).  —  6°  Documents  pour  un 
dictionnaire  de  musique  (ibid.,  p.  402).  — 
7°  Réplique  à  la  Réponse  de  M.  Sorge  contre 
lui  (Ricdt),  dans  les  notices  hebdomadaires  de 
Hiller,  t.  III,  pag.  331-336. 

RIEFF  (GEORGES-JosEPn  DE),  amateur  de 
musique,  né  vers  1700,  était  secrétaire  de  la 
ville,  à  Maycnce,  en  1795.  En  1821,  ii  obtint  des 
leltreade  noblesse.  On  a  imprimé  de  sa  composi- 
tion :  1"  Sonate  pour  piano  à  quatre  mains,  op.  3; 
Offcnbach  ,  André.  —  2°  Sonate  pour  piano  et 
violon,  op.  G;  ibid.  —  3°  Trois  sonates  idem, 
op.  4  ;  ibid.  —  4"  Sonate  pour  piano,  violon  et 
basse,  op.  12;  Mayencc,  Scho'.t.  —  5»  Sonate 
pour  piano  seul,  op.  5  ;  Offcnbach,  André.  — 
r>°  Thèmes  variés  pour  piano  seul,  op.  2,  9,  11, 
14  ;  Mayence,  Schott,  et  Augsbourg,  Gombart.  — 
7°  Romances  et  chansons  allemandes  à  voix 
seule  et  piano,  environ  dix  recueils-  Maycnce, 
Scuolt,  et  Augsbourg,  Gombart. 


RIEFFELSEN  (Pierre),  professeur  de 
mécanique  à  l'Institut  de  Christiania,  à  Copen- 
hague, naquit  dans  le  Holstein,  vers  1766.  Ayant 
été  mis  en  apprentissage  à  Schleswig,  chez  un 
serrurier,  il  y  construisit,  sans  aucun  secours,  un 
positif  de  cinq  jeux.  A  cette  occasion,  le  facteur 
d'instruments  Lange  lui  fit  connaître  le  diapason 
qui  devait  lui  servir  à  accorder  son  orgue.  La 
vue  de  ce  diapason  lui  fit  concevoir  le  projet 
d'un  instrument  composé  uniquement  de  corps 
sonores  semblables  :  la  difficulté  consistait  à 
trouver  un  archet  convenable  pour  opérer  la 
vibration  par  la  frottement  ;  il  ne  réussit  à  le 
trouver  qu'en  1800,  à  Copenhague.  Ce  fut  alors 
qu'il  acheva  le  Mélodicon,  composé  de  diapa- 
sons, d'un  clavier  qui  approche  l'archet  des  corps 
sonores  par  les  touches,  et  d'un  mouvement  de 
rotation  qui  dirige  cet  archet.  En  1803,  Rieffelsen 
perfectionna  ses  idées,  dans  un  nouveau  Mélo- 
dicon. La  beauté  des  sons  de  cet  instrument  sur- 
passe celle  de  tous  les  autres  en  douceur  et  en 
puissance  ;  malheureusement  la  vibration  est 
quelquefois  lente  à  se  déterminer  ;  circonstance 
qui  s'est  opposée  au  succès  du  Mélodicon.  Plu- 
sieurs autres  facteurs  ont  essayé  de  construire  des 
instruments  du  même  genre  et  d'obvier  à  cet 
inconvénient  ;  mais  aucun  d'eux  n'a  complète- 
ment atteint  le  but. 

R1EFSTAHL  (Charles),  violoniste  dis- 
tingué, né  à  Stralsund,  vers  1808,  a  brillé  comme 
virtuose  à  Munich  en  1833,  à  Francfort-sur-le- 
Mein  en  1838,  puis  à  Pétersbourg,  où  il  fut 
nommé  maître  de  concert.  En  1843,  il  était  à 
Stockholm.  De  retour  en  Allcmagnedans  la  même 
année,  il  joua  avec  succès  à  Hambourg,  à  Ber- 
lin et  à  Leipsick.  En  1844,  il  s'arrêta  à  Greifs- 
wald  et  y  épousa  la  fille  d'un  professeur  de  l'U- 
niversité. Le  31  juillet  1845,  il  mourut  dans 
cette  ville,  après  une  maladie  de  trois  jours.  On 
a  publié  de  cet  artiste  des  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse;  introduction  et  varia- 
tions pour  le  violon,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  5;  Berlin,  Trautwein;  deux  romances 
pour  le  violon  ou  violoncelle,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  C;  ibid. 

RIEGEL.  Foyea  RIGEL. 

R1EGER  (Goi)efrod),  naquit  à  Troplowitz, 
village  de  la  Silésie  autrichienne,  en  1764.  Son 
père,  simple  ménétrier,  gagnait  la  subsistance  de 
sa  famille  en  jouant  des  danses  dans  les  cabarets, 
et  le  destinait  à  la  même  profession  ;  mais  le 
maitre  d'école  du  village,  ayant  reconnu  d'heu- 
reuses dispositions  dans  le  jeune  Rieger,  voulut 
lui  faire  parcourir  une  plus  noble  carrière,  et  lui 
donna  des  leçons  de  chant  et  de  violon.  De  plus, 
il  le  recommanda  au  comte  Scdlenski,  qui  l'admit 


RIEGER  —  R1EL 


253 


en  qualité  de  page  dans  sa  chapelle.  Il  y  reçut 
des  leçons  d'orgue  et  de  toute  espèce  d'instru- 
ments, et  lit  en  peu  de  temps  des  progrès  re- 
marquables. Dix  années  s'écoulèrent  dans  cette 
position,  où  Rieger  goûta  les  douceurs  d'une  vie 
calme  et  studieuse.  Ses  premiers  essais  de  com- 
position consistèrent  en  pièces  d'harmonie  pour 
des  instruments  à  vent,  et  des  concertos  pour 
plusieurs  intruments;  mais  convaincu  de  la 
nécessité  de  se  livrer  à  l'étude  de  l'harmonie  et 
du  contrepoint,  il  obtint  du  comte  Sedlenski  la 
permission  d'aller  apprendre  ces  sciences  sous 
la  direction  d'un  moine  du  couvent  des  pia- 
ristes  à  Weisswasser.  Après  deux  ans  passés 
près  de  ce  maître,  il  revint  au  château  du  comte 
et  en  fut  nommé  l'organiste.  Le  désir  de  voyager 
lui  fit  solliciter  un  congé  de  trois  ans,  qui  lui  fut 
accordé.  Arrivé  à  Brunn,  capitale  de  la  Moravie, 
il  y  trouva  des  protecteurs  et  des  amis,  qui  l'en- 
gagèrent à  s'y  fixer.  Ayant  obtenu  du  comte  son 
congé  définitif,  il  s'établit  en  effet  dans  cette 
ville,  et  y  fut  chargé  de  la  direction  de  l'orchestre 
du  théâtre.  Treize  ans  après,  le  comte  de  Haug- 
witz,  amateur  passionné  de  musique,  l'engagea  à 
le  suivie  dans  sa  terre  et  lui  olïrit  un  engage- 
ment pour  le  reste  de  sa  vie  ;  mais  l'insalubrité 
du  lieu  décida  Rieger  à  se  démettre  de  son  em- 
ploi et  à  retourner  à  Brunn,  où  il  vivait  encore 
en  1837,  chargé  de  la  direction  du  chœur  de 
de  l'église  et  des  concerts. 

Rieger  a  écrit  pour  le  théâtre  :  1°  Das  te'ù- 
thende  Heer  (l'Armée  furieuse).  —  2°  Die  Tod- 
tenglocke  (  la  Cloche  de  mort  ).  —  3°  Schuster 
Flink  (  le  Cordonnier  Flink  ).  —  4°  Les  quatre 
Savoyards.  Ses  œuvres  pour  l'église  sont  :  — 
5°  Trois  messes  solennelles.  —  6°  Treize  messes 
brèves  pour  un  chœur  d'hommes,  avec  accom- 
pagnement d'orgue.  —  7°  Messe  allemande  avec 
orgue,  op.  40;  Brunn,  Trassler.  —  8°  Plusieurs 
hymnes,  offertoires,  motets,  Pange  Lingua, 
cantates  de  circonstance,  oratorios ,  etc.  Parmi 
ses  compositions  instrumentales,  on  remarque  : 
1°  Concertos  pour  piano  et  orchestre,  op.  13  et 
15, Vienne,  Cappi.  —  2°  Quatuors  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  8,  nos  1,  2,  3;  Vienne, 
Haslinger.  —  3°  Trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  14;  Vienne,  Cappi.  —  4°  Trois 
idem  concertants;  Vienne,  Haslinger.  —  5°  Trois 
sonates  pour  piano  et  violoncelle,  n°»  1,2,  3; 
Vienne,  Haslinger.  —  6°  Trois  sonates  pour  piano 
et  flûte,  op.  18;  Vienne,  Cappi.  —  7°  Sonates 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  19;  ibid. — 8°  Idem 
(grande);  Vienne,  Artaria.  —  9°  Rondos  pour 
piano  seul,  op.  24,  25,  26,  29;  Vienne,  Cappi. 
—  10°  Plusieurs  œuvres  de  variations  pour  ie 
piano;  Vienne,  Artaria,  Weigl,  Cappi,  Haslinger. 


RIEGER  (Jean-Népomucèhe),  pianiste  et 
compositeur,  né  à  Berlin,  en  1787,  vintse  fixer  à 
Paris  en  1811,  et  s'y  livra  à  l'enseignement.  Il 
y  est  mort,  au  mois  de  février  1828,  à  l'âge  de 
quarante  et  un  ans.  On  a  publie  de  cet  artiste  : 
1°  Symphonie  concertante  pour  piano  et  violon, 
avec  orchestre,  op.  8;  Paris,  Frey.  —  2°  Grand 
concerto  en  ut  mineur  pour  piano;  Paris,  Sieber. 

—  3°  Rondo  pastoral  avec  orchestre,  op.  4; 
Paris,  Frey.  —  4°  Deuxième  concerto,  op.  9; 
ibid.  —  6°  Trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle ,  op.  3;  ibid.  —  6°  Sonate  pour  piano  à 
quatre  mains,  op.  1  ;  Berlin,  Lischke.  —  7°  Grande 
sonate  idem,  op.  2  ;  Paris,  Sieber.  —  S0  Nocturne 
et  mélanges  idem,  op.  5,  21  ;  Paris,  Frey.  — 
9°  Sonates  avec  préludes  pour  piano  seul,  op.  10; 
ibid.  —  10°  Rondos  idem,  op.  7,  13,  17;  ibid. 

—  11°  Fantaisies  idem,  op.  12,    16,  25  ;  ibid. 

—  12°  Études  ,  op.  22  et  23;  ibid.  —  13°  Varia- 
tions, op  14,  26,  ibid.  —  14°  Valses,  op.  11,  24, 
ibid. 

R1EGLER  (François-Xavier),  professeur 
d  musique  à  l'école  royale  et  nationale  de 
Presbourg,  vivait  en  cette  ville  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle.  On  lui  doit  une  méthode 
pour  le  piano  intitulée  :  Anleitung  zum  Clavier 
fur  musikalische  Lehr&tunden  ( Instruction 
pour  le  clavecin  à  l'usage  des  écoles  de  musique)  ; 
Vienne,  1779,  in-4°.  Deuxième  édition  ;  Vienne, 
1791. 

RIEHL  (Wilhelm-Henri),  historien  et  écri- 
vain sur  la  musique,  est  né  dans  le  duché  de 
Nassau,  vers  1 820.  En  1848,  il  fut  membre  de 
l'assemblée  nationale  de  Francfort,  puis  il  fut  at- 
taché à  la  rédaction  de  la  Gazette  d'Augsbourg. 
Son  mérite  et  ses  opinions  conservatrices  l'on! 
fait  nommer,  en  1854,  professeur  d'économie  po- 
litique à  l'université  de  Munich.  La  Gazette 
d'Augsbourg  a  publié  un  grand  nombre  d'articles 
de  critique  relatifs  à  la  musique  fournis  par 
M.  Riehl.  On  a  de  cet  écrivain  un  livre  intitulé: 
Musikalische  Charakterkopfe  (  Caractéristique 
des  têtes  musicales);  Stuttgard  ,  1853,  1  vol. 
in-8°.  La  troisième  édition  de  cet  ouvrage  a  paru 
dans  la  mémo  ville,  en  1860,  chez  Cotta,  2  volu- 
mes in-8°.  Ce  livre  est  fort  estimé  en  Allemagne. 
Un  recueil  de  50  Lieder  de  la  composition  de 
M.  Riehl  a  été  publié  sous  le  titre  de  Haus- 
musick  (Musique  de  la  maison). 

R1E11LE  (Jules),  amateur  de  musique  à 
Leipsick,  né  vers  1 805,  s'est  fait  connaître  depuis 
1830  jusqu'en  1840  par  la  publication  d'en- 
viron vingt  œuvres  de  Lieder  à  voix  seule  avec 
piano,  et  par  des  pièces  de  différents  gpnres  pour 
cet  instrument. 

RiEL  (Jean-Frédéric-Heinri),  né  à  Po'.sdam, 


25  4 


R1EL  —  RIEMER 


en  1774,  étudia  la  composition  sous  la  direction 
de  Fascli,  à  Berlin ,  et  fréquenta  pendant  plu- 
sieurs années  l'école  de  chant  fondée  par  ce  maî- 
tre. Devenu  pianiste  distingué,  il  fut  admis  par 
le  roi  Frédéric-Guillaume  II  comme  accompa- 
gnateur de  la  musique  de  la  cour,  sur  la  recom- 
mandation de  Fasch.  L'attachement  de  Rie! 
pour  le  roi  était  si  vif,  qu'il  ne  voulut  plus  rester 
à  Potsdam  nia  Berlin  après  sa  mort,  et  qu'il  se 
rendit  à  Kœnigsberg  (en  1798)  pour  y  chercher 
une  existence  comme  virtuose  et  comme  profes- 
seur. Il  y  établit  une  école  de  chant  sur  le  mo- 
dèle de  celle  de  Fasch  :  dès  1803  elle  était  en 
pleine  activité.  L'année  suivante  il  eut  le  titre 
de  cantor,et  enfin,  en  1805,  on  lui  donna  celui 
de  directeur  de  la  musique  du  roi,  à  Kœnigs- 
berg, où  il  vivait  encore  en  1844.  (Voyez  la  Ga- 
zelle générale  de  musique  de  Leipsick,  année  46, 
p.  18C.  )  On  a  gravé  de  la  composition  d^  cet 
artiste  :  1°  Grande  sonate  pour  piano  et  violon  ; 
Berlin,  Schlesinger.  —  2°  Variations  sur  un 
thème  original  ;  ibid.  —  3°  Idem  sur  une  écos- 
saise favorite  ;  ibid.  —  4°  Recueil  de  chansons  al- 
lemandes; Leipsick,  Breitkopf  etHacrtel. 

RIEM  (Guillaume-Frédéric),  organiste  de 
la  cathédrale  de  Brème  et  directeur  de  l'acadé- 
mie de  chant  de  cette  ville,  est  né  à  Cœlleda, 
dans  la  Thuringe,  le  17  février  1779.  Ayant 
perdu  son  père  dans  sa  jeunesse,  il  alla  demeu- 
rer chez  son  aïeul,  à  Schloss-Beichlingen,  et  y 
commença  l'étude  de  la  musique  à  l'âge  de  sept 
ans.  Le  déplacement  de  sa  famille,  qui  alla  s'é- 
tablir à  Zvvangen,  près  de  Jéna,  le  priva  ensuite 
d'instruction  pendant  une  année  entière.  Il  n'é- 
tait âgé  que  de  neuf  ans  lorsque  l'audition  de 
l'organiste  Domaratius,  à  Jéna,  réveilla  son  goût 
pour  la  musique  et,  sans  maître,  il  se  mit  à 
s'exercer  avec  tant  d'ardeur  sur  le  piano,  qu'il  fit 
en  peu  de  temps  des  progrès  remarquables.  Jus- 
qu'à sa  quinzième  année,  il  demeura  sans  secours 
pour  son  instruction;  mais  alors  il  entra  à  l'école 
de  Saint-Thomas,  à  Leipsick,  et  reçut  des  leçons 
de  Hiller.  Après  quatre  années  passées  dans 
celte  école,  il  suivit  des  cours  de  droit  à  l'uni- 
versité ;  puis  il  abandonna  cette  science  pour  se 
livrer  exclusivement  à  la  musique,  et  en  1807  il 
obtint  le  titre  d'organiste  de  l'église  réformée  de 
Leipsick.  Il  se  fit  bientôt  dans  cette  place  la 
réputation  d'un  artiste  distingué,  et  commença 
à  se  faire  connaître  par  ses  compositions.  Appelé 
au  poste  d'organiste  de  Saint-Thomas  en  1814, 
il  conserva  cet  emploi  jusqu'en  1822,  époque 
où  il  fut  nommé  organiste  de  la  cathédrale  et  di- 
recteur de  l'académie  de  chant  de  Brème.  C'est 
depuis  celte  dernière  nomination  qu'il  a  écrit  ses 
principaux  ouvrages,  parmi  lesquels  on  remar- 


que :  1°  Quintelto  pour  2  violons,  2  altos  et 
violoncelle,  op.  G  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 
—  2°  Trois  quatuors  pour  2  violons,  alto  et  vio- 
loncelle, op.  19;  ibid.  —  3°  Sonates  pour  piano 
et  violon,  op.  5  et  13,  ibid.  —  4"  Des  rondeaux, 
sonates  et  polonaises  pour  piano  à  qnalre  mains, 
op.  12,  22,  23,  24,  36  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haer- 
tel, Peters.  —  5°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  1,  2, 
3, 4,  7,  11,  21,25,  40  ;  ibid.  —  6"  Des  caprices, 
rondeaux  idem,  op.  10,  18,  34,  etc.;  ib.  — 
7°  Des  variations  idem  ;  ib.  —  8°  Des  chœurs  à 
4  voix ,  o(i.  30  ;  Leipsick,  Hoffmeister.  Un  des 
principaux  ouvrages  de  cet  artiste  distingué  est 
la  cantate  qu'il  a  composée  pour  la  fête  de  la  con- 
fession d'Augsbourg  en  1830,  et  qui  fut  exécu- 
tée le  27  juin  de  la  même  année.  On  a  aussi  de 
Riem  un  recueil  de  compositions  (tour  l'or- 
gue, sous  ce  titre  :  Sammtliche  Orgel  Cotnpo- 
sitionen  mm  Concerlvortrag  und  sam  Ge- 
brauch  Gotlesdienste ,  publié  par  livraisons, 
Erfurt,  Kœrner.  Riem  est  mort  à  Brème,  le  20 
avril  1857,  à  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans. 

RIEMANN  (Auguste),  né  le  12  août  1772, 
à  Blankenhayn,  près  de  \Veimar,  se  livra  de 
bonne  heure  à  l'étude  de  la  musique,  sous  la 
direction  de  son  père,  organiste  de  ce  lien.  En 
1788,  il  alla  continuer  son  instruction  chez  le 
musicien  de  ville  à  Weimar,et  y  apprit  particu- 
lièrement à  jouer  de  la  flûte,  du  hautbois  et  du 
violon.  En  1790,  le  maître  de  chapelle  Kranz  le 
fit  nommer  premier  violon  de  la  musique  de  la 
cour.  Appelé  au  poste  de  répétiteur  de  l'Opéra 
en  1806,  il  succéda  au  chef  d'orchestre  et  maître 
de  chapelle  K.  Mûrier  en  1818,  et  conserva  cette 
position  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  au  mois  d'août 
1826.  11  se  distingua  par  un  talent  remarquable 
pour  la  direction  des  orchestres.  Cet  artiste  a 
laissé  en  manuscrit  quelques  compositions  pour 
le  violon. 

RCEMER  (  Christophe),  professeur  de  mu- 
sique à  l'école  primaire  de  Jéna,  naquit  à  Dant- 
zick,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  On  con- 
naît de  lui  une  pièce  à  cinq  voix  intitulée  :  Can- 
lio  quinque  vocum  in  honorent  rirlule, 
doctrina  et  ntoruin  inlcgritate  omatissimi 
juvenis  Barlkolomiri  Lolhii  nevimontani , 
cum  ipsi  magisterii  jthilosophici  gradus  in 
inclyla  Jencnsium  Academia  decernerelur, 
die  29  julii  anni  1589.  Jense ,  typis  Donali 
Jteihtzenlunt,  in-4°. 

RIEMER  (Jean),  né  à  Halle,  en  Saxe,  le 
11  février  1648,  fut  d'abord  magister  à  Jéna. 
En  1678.il  quitta  celte  ville  pour  aller  à  Weis- 
senfels  occuper  la  place  de  professeur  d'élo- 
quence au  gymnase;  de  là  il  passa  à  Osterwick, 
en  qualité  de   pasteur  primaire,  et  en   1690  il 


RIKMKH 


1\IKS 


obtint  la  place  de  surintendant  à  llildesheim. 
Enfin,  ayant  été  élevé  an  grade  de  docteur,  il 
passa  à  Hambourg  en  1704,  en  qualité  de  pas- 
teur de  l'église  Saint-Jacques,  et  mourut  dans 
cette  ville,  le  10  septembre  1714.  On  a  de  cet 
ecclésiastique  une  dissertation  académique  inti- 
tulée :  Disputatio  de  proportionc  jnusica  ve- 
terum  et  noslra;  Jéna,  1G73,  in-4°  de  4  feuilles. 
RIEPEL  (Joseph),  directeur  de  la  musique 
du  prince  de  la  Tour  et  Taxis,  naquit  en  Saxe, 
dans  la  première  moitié  du.dix -huitième  siècle , 
et  fit  ses  études  musicales  à  Dresde,  pendant  un 
séjour  de  cinq  armées.  Il  mourut  àRatisbonne, 
le  23  octobre  1782.  Aussi  estimable  par  ses  qua- 
lités sociales  que  remarquable  par  son  savoir 
dans  la  théorie  de  l'art,  et  par  son  habileté  comme 
compositeur  et  comme  violoniste,  ce  musicien 
distingué  n'a  pas  joui  de  la  renommée  qu'il  mé- 
ritait. Il  avait  conçu  le  plan  d'un  vaste  corps 
de  doctrine  musicale,  qu'il  fil  paraître  en  parties 
détachées,  publiées  successivement,  mais  dont  la 
mort  l'empêcha  de  voir  la  lin.  Cet  ouvrage  dont 
la  vente  fut  lente  et  difficile,  était  digne  d'un 
meilleur  sort.  On  y  trouve  quelques  parties  ex- 
cellentes, particulièrement  en  ce  qui  concerne  le 
rhythme.  Voici  les  titres  des  diverses  parties  de 
ce  livre  :  1°  Anfangsgrûnde  zur  musikalis- 
chen  Setzkunst,  nicht  zwar  nach  ait  ma- 
thematischer  Einbildungsart  der  Zirkelhar- 
monisten,  sondern  durchgehends  mit  sicht- 
baren  Ezempeln  abgefasset.  De  Rhythmopœia 
oder  von  der  Tactordnung  (Éléments  de  la 
composition  musicale,  non  absolument  d'après 
l'ancienne  invention  mathématique  du  cercle  des 
harmonistes ,  mais  au  moyen  d'exemples  prati- 
ques, etc.)  ;  Augsbourg,  Lotter,  1752,  in-fol.  de 
79  pages.  Il  y  a  aussi  des  exemplaires  de  la 
même  date,  avec  l'indication  de  Ratisbonne  et 
de  Vienne.  La  même  édition  fut  reproduite, 
avec  un  nouveau  frontispice,  àRatisbonne,  chez 
L.  Montag,  en  1754.  Riepel  traile,  dans  cette 
Ire  partie  de  son  livre,  du  rhythme  et  de  ses  com- 
binaisons; il  y  fait  preuve  de  beaucoup  de  saga- 
cité dans  une  matière  difficile.  —  2°  Grundre- 
geln  zur  Tonordnung  (Règles  fondamentales  de 
l'arrangement  des  sons,  sous  le  rapport  mélodi- 
que )  ;  Francfort  et  Leipsick,  1755,  in-fol.  de  130 
pages.  —  3°  Griindliche  ErkUtrung  der  Ton- 
ordnung insbesondere ,  zugleich  aber  fur  die 
mehresten  Organisten  insgemein,  etc.  (  Expli- 
cation fondamentale  de  l'ordre  tonal  en  particu- 
lier et  en  générale  l'usage  des  organistes)  ;  Franc- 
fort et  Leipsick,  1757,  in-folio  de  84  pages.  Dans 
ce  troisième  chapitre  de  son  livre,  Riepel  a  con- 
sidéré principalement  la  tonalité  sous  le  rapport 
de  l'harmonie.  —  4°  Erlxuterung  der  betrùgli- 


chen  Tonordnung,  nxmlich  das  versprochenc 
vierte  Capitel  (  Exposition  de  l'ordre  tonal 
trompeur,  etc.);  Augsbourg,  Lotter,  1765,  in- 
folio de  103  pages.  Sous  ce  titre  peu  satisfaisant, 
Riepel  a  réuni  dansle  quatrième  chapitre  de  son 
livre  ce  qui  concerne  les  cadences,  en  particulier 
celles  que  les  Italiens  appellent  (Yinganno ,  la 
modulation  et  la  relation  des  tons  dans  les  suc- 
cessions harmoniques.  —  5°  Fûnftes  Capitel. 
Unentbehrliche  Anmerkungen  ziem  Contra- 
punct,  ùber  die  durchgehend  gewechselt  und 
ausschweifenden  Noten,  etc.  (  Cinquième  cha- 
pitre. Observations  indispensables  sur  le  con- 
trepoint, sur  les  notes  changées  et  transgres- 
santes dans  tous  les  sens,  etc.);  Ratisbonne, 
Jacques-Chrétien  Krippner,  1708,  in-fol.  de  79 
pages.  —  6°  Basschlusscl,  das  ist,  Anleitung 
fur  Anfscnger  und  Liebhaber  der  Setzkunst, 
die  schasne  Gedanken  haben  und  zu  Papier 
bringen,  abernur  Klugen,  dass  siekeinenBass 
rechtdazu  zu  setzen  uissen  (Clef  de  la  basse, 
c'est-à-dire  instruction  pour  les  commençants 
et  amateurs  de  composition  qui  ont  de  belle» 
idées  et  les  mettent  sur  le  papier,  mais  qui 
n'ont  pas  l'instruction  nécessaire  pour  y  ajouter 
une  bonne  basse  )  ;  Ratisbonne,  1786,  in-folio  de 
83  pages.  Celte  partie  a  été  publiée  après  la 
mort  de  Riepel,  par  son  élève  Schubarth,  cantor 
à  Ratisbonne.  Le  même  artiste  possédait  aussi 
en  manuscrit  d'autres  parties  du  corps  de  doc- 
trine musicale  de  Riepel,  qui  n'ont  pas  été  pu- 
bliées. On  peut  considérer  comme  appartenant 
au  même  système  général  de  tout  ce  qui  con- 
cerne la  composition,  un  autre  ouvrage  du  même 
auteur,  intitulé  :  Harmonisches  Sylbenmœss. 
Dichtern  melodischer  Werke  gewidmet  und 
angehenden  Singcomponisten  zur  Einsicht 
mit  platten  Beispielen  gesprxchsweise  abge- 
fasst '.,  etc.  (Les  chythmes  harmoniques  etc.); 
Ratisbonne,  1776,  in-fol.  de  93  pages.  Cet  ou- 
vrage est  divisé  en  deux  parties  :  la  première 
traite  du  rhythme  poétique  dans  le  récitatif,  et 
l'autre,  du  même  rhythme  dans  les  airs.  Les 
compositions  publiées  de  Riepel  consistent  en 
trois  concertos  pour  violon  et  orchestre,  impri- 
més à  Ratisbonne  en  1756.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit deux  symphonies,  deux  concertos  pour 
le  clavecin,  et  des  morceaux  pour  l'église,  parmi 
lesquels  on  remarque  un  Miserere. 

RIES  (Ferdinand)  ,  pianiste  et  compositeur, 
fils  d'un  directeur  de  musique  au  service  de  l'é- 
lecteur de  Cologne,  naquit  à  Bonn,  en  1784.  Ses 
heureuses  dispositions  pour  la  musique  se  mani- 
festèrent dès  ses  premières  années  :  son  père 
lui  fit  commencer  l'étude  de  cet  art  à  l'âge  de 
cinq   ans  ,  et  dans  sa  huitième  année  il  devint 


25G 


RIES 


élève  de  Bernard  Romberg  pour  le  violoncelle; 
mais  l'invasion  du  pays  par  l'armée  française 
ayant  dispersé  la  chapelle  du  prince  en  1793, 
le  père  de  Ries,  ruiné  par  cet  événement,  et 
sans  espoir  de  procurer  à  son  fils  une  position 
solide,  lui  fit  apprendre  à  jouer  du  piano.  Déjà, 
dans  sa  neuvième  année,  il  avait  écrit  quelques 
petites  compositions  pour  cet  instrument.  Le 
jeune  Ries  n'eut  d'abord  d'autres  secours  pour  son 
instruction  dans  l'harmonie  que  quelques  livres 
rassemblés  par  son  père.  Parvenu  à  sa  treizième 
année,  on  l'envoya  à  Arnberg,  en  Westphalie, 
chez  un  ami  de  sa  famille,  qui  s'était  chargé  du 
soin  de  lui  enseigner  à  jouer  de  l'orgue,  et  les 
éléments  delà  composition;  mais  il  se  trouva  que 
le  maître  était  moins  habile  que  l'élève,  et  que 
celui-ci  ne  put  employer  utilement  son  temps, 
pendant  les  neuf  mois  de  son  séjour  à  Arnberg, 
qu'en  se  .livrant  à  l'étude  du  violon.  De  retour 
dans  la  maison  paternelle,  il  y  resta  environ 
deux  ans,  occupé  à  mettre  en  partition  les  qua- 
tuors de  Haydn  et  de  Mozait,  qu'il  avait  pris 
pour  modèles,. et  à  arranger  pour  le  piano  les 
oratorios  de  la  Création,  des  Saisons,  et  le  Re- 
quiem de  Mozart,  dont  Simrock  publiait  des 
éditions.  En  1801,  Ries  se  rendit  à  Munich  avec 
son  ami  d 'Arnberg,  qui  bientôt  l'y  laissa,  fort 
léger  d'argent,  mais  plein  d'espoir  dans  l'avenir, 
et  d'énergie  pour  surmonter  les  obstacles.  Ce- 
pendanUMunich  lui  offrait  peu  de  ressources  pour 
le  but  qu'il  se  proposait  d'atteindre  :  quelques 
leçons  de  Winter  furent  ce  qu'il  y  trouva  de 
mieux;  mais  le  départ  de  ce  maître  pour  la 
France  le  laissa  bientôt  privé  de  ce  secours,  et  le 
détermina  à  se  rendre  à  Vienne.  Lorsqu'il  se  mit 
en  route  pour  cette  ville,  toute  sa  fortune  se  com- 
posait de  sept  ducats,  et  d'une  lettre  de  recom- 
mandation de  son  père  pour  Beethoven,  qui 
avait  été  son  ami.  Le  grand  homme  justifia  par 
la  cordialité  de  son  accueil  l'espoir  du  jeune 
artiste  et  celui  de  sa  famille.  Devenu  élève  de 
Beethoven,  Ries  se  livra  avec  ardeur  au  travail. 
Le  maître  ne  s'était  charge  que  de  son  éducation 
de  pianiste;  à  l'égard  du  contrepoint,  il  l'avait 
envoyé  chez  Albrccht-berger  qui,  devenu  vieux, 
n'aurait  point  accepté  de  nouvel  élève  si  la  re- 
commandation de  Beethoven  n'eût  été  pressante, 
et  si  l'attrait  d'un  ducat  par  leçon  ne  l'eût  séduit. 
Malheureusement  les  ducats  n'étaient  pas  en 
grand  nombre  dans  la  bourse  de  Ries;  après 
vingt- huit  leçons,  ses  ressources  pécuniaires 
furent  épuisées  ,  et  il  ne  lui  resta  plus  d'autre 
moyen  d'intruction  que  les  livres,  et  le  souvenir 
de  ce  petit  nombre  de  leçons,  les  seules  qu'il  ait 
reçues  concernant  l'ait  d'écrire. 
Quatre  années  de   cohabitation  avec  Beetho- 


ven, son  exemple  et  se»  conseils,  avaient  formé 
le  goût  de  Ries,  et  imprimé  à  son  talent  une  ten- 
dance vers  la  grandeur  et  la  force.  En  1805, 
l'inflexible  loi  de  la  conscription  vint  l'arracher  à 
son  heureuse  existence,  et  l'obligea  à  retourner 
en  hâte  à  Bonn,  alors  au  pouvoir  des  Français. 
L'armée  de  Napoléon  qui  s'avançait  vers  Vienne 
obligea  le  jeune  artiste  à  faire  un  long  détour 
pour  se  rendre  à  Leipsick,  et  à  passer  par  Pra- 
gue et  Dresde.  Arrivé  à  Coblence,  il  s'y  présenta 
devant  le  conseil  de  recrutement  qui  devait 
l'enrôler  comme  soldat  ;  mais  l'effroi  que  lui  ins- 
pirait celte  perspective  fut  bientôt  dissipé,  car 
ayant  perdu  l'usage  d'un  œil  dans  son  enfance, 
par  la  petite  vérole,  il  fut  déclaré  incapable  de 
service.  Alors  il  réalisa  le  projet  formé  depuis 
longtemps  de  visiter  Paris.  H  y  fit  un  séjour 
d'environ  deux  ans,  et  y  publia  quelques-unes 
de  ses  meilleures  compositions.  En  1809  il  partit 
pour  la  Russie,  s'arrêtant  à  Cassel ,  Hambourg, 
Copenhague  et  Stockholm,  pour  y  donner  des 
concerts.  Ce  voyage,  commencé  sons  d'heureux 
auspices,  fut  cependant  traversé  par  des  acci- 
dents assez  graves  :  par  exemple,  le  vaisseau 
sur  lequel  Ries  s'était  embarqué  en  quittant  la 
Suède  fut  pris  par  les  Anglais  ,  qui  gardèrent 
leurs  prisonniers  pendant  huit  jours  sur  un  ro- 
cher avant  de  les  rendre  à  la  liberté.  Arrivé 
enfin  à  Pétersbourg,  Ries  y  trouva  son  ancien 
maître,  Bernard  Romberg,  qui  fit  avec  lui  un 
voyage  dans  l'intérieur  de  la  Russie.  Ils  donnè- 
rent des  concerts  à  Kiew,  dans  la  petite  Russie, 
à  Riga,  à  Revel,  et  fuient  partout  accueillis  avec 
enthousiasme.  Le  projet  des  deux  artistes  était  de 
se  rendre  ensuite  à  Moscou  ;  mais  l'arrivée  des 
armées  françaises  en  Russie,  et  le  désastre  de 
cette  capitale,  qui  en  fut  la  suite,  ne  leur  permit 
pas  de  réaliser  leur  dessein.  Ries  prit  alors  la 
résolution  d'aller  en  Angleterre;  mais  avant  de 
s'y  rendre,  il  s'arrêta  une  seconde  fois  à  Stock- 
holm. Arrivé  à  Londres  au  mois  de  mars  1S13, 
il  y  débuta  au  concert  philharmonique,  et  y  ex- 
cita une  vive  sensation.  Peu  de  temps  après,  il 
épousa  une  dame  anglaise,  aussi  remarquable 
par  les  qualités  de  l'esprit  que  par  la  beauté. 
Dès  ce  moment  il  devint  un  des  maîtres  les  plus 
renommés  dans  la  capitale  de  l'Angleterre.  Son 
activité  prodigieuse  comme  virtuose,  comme 
professeur  et  comme  compositeur,  lui  fit  gagner 
en  dix  années  des  sommes  considérables.  Le  3 
mai  1824  il  donna  a  Londres  son  concert  d'adieu, 
où  les  amateurs  se  portèrent  en  foule;  puis  il 
partit  avec  sa  famille  pour  se  rendre  dans  une 
propriété  qu'il  avait  acquise  à  Godesberg,  près 
de  Bonn,  et  y  vivre  dans  le  repos.  Là,  il  se  livra 
à  son  gont  pour  la  composition,  et  écrivit  auel- 


RIKS 


257 


ques  grands  ouvrages.  Les  embarras  d'une  maison 
de  banque  de  Londres,  où  il  avait  placé  une 
partie  de  son  avoir,  lui  donnèrent  ensuite  des 
inquiétudes  sur  sa  fortune  ;  mais  il  paraît  que 
ces  affaires  s'arrangèrent,  et  que  ses  pertes  lurent 
peu  importantes.  En  1830  il  lit  représenter  son 
opéra  de  la  Fiancée  du  brigand,  en  trois  actes, 
qui  fut  accueilli  avec  laveur  dans  plusieurs  villes 
de  l'Allemagne,  notamment  à  Berlin.  L'année 
précédente  il  avait  fixé  son  séjour  à  Francfort. 
En  1831  il  lit  un  voyage  en  Angleterre  pour  faire 
représenter  à  Londres  son  nouvel  opéra  féerie, 
intitulé  Liska,  ou  la  Sorcière  de  Gellenstein, 
et  pour  diriger  les  festivals  de  Dublin.  De  re- 
tour en  Allemagne  à  l'automne  de  la  même  an- 
née, il  y  resta  un  an,  puis  entreprit  avec  sa  fa- 
mille un  voyage  en  Italie,  visita  Milan,  Venise, 
Florence,  Rome,  Naples,  et  enfin  retourna  à 
Francfort,  où  il  repritses  travaux.  Chargé  de  la 
direction  de  la  fête  musicale  d'Aix-la-Chapelle, 
en  1834,  il  s'établit  dans  cette  ville,  au  mois  de 
février.  Je  l'y  vis  pour  la  première  fois  au  mois 
de  mai,  quoique  nous  fussions  en  correspon- 
dance depuis  près  de  dix  ans,  et  je  trouvai  en 
lui  un  homme  aimable,  modeste  et  d'un  esprit 
solide.  A  l'occasion  de  cette  fête,  la  ville  d'Aix-la- 
Chapelle  lui  offrit  la  place  de  directeur  de  l'or- 
chestre et  de  l'académie  de  chant  :  bien  qu'indé- 
pendant par  sa  fortune,  il  l'accepta,  dans  le  but 
unique  de  travailler  au  développement  du  goût 
et  de  la  culture  de  l'art  dans  une  ville  éloignée 
du  centre  d'activité  de  l'Allemagne,  Cependant 
la  gêne  attachée  à  de  semblables  fonctions  le  dé- 
cida à  s'en  démettre  en  1836,  et  il  se  rendit  à 
Paris,  puis  à  Londres,  où  il  écrivit  son  oratorio 
de  l'Adoration  des  Rois,  destiné  à  la  fête  musi- 
cale d'Aix-la-Chapelle,  en  1837.  Se  rendant  en 
cette  ville  pour  y  préparer  l'exécution  de  son  ou- 
vrage, il  passa  par  Bruxelles,  vint  rne  voir  et  me 
lit  entendre  son  oratorio  avec  l'amour  qu'un  ar- 
tiste accorde  toujours  à*  ses  dernières  produc- 
tions. Il  avait  de  la  gaieté,  se  portait  bien,  et  rien 
ne  semblait  annoncer  sa  fin  prochaine.  Après  le 
festival  d'Aix-la-Chapelle,  il  retourna  à  Franc- 
fort, et  se  chargea  de  la  direction  de  la  Société  de 
Sainte-Cécile,  fondée  par  Schelb;  mais  à  peine 
avait-il  pris  possession  de  cet  emploi ,  qu'il 
mourut,  le  13  janvier  1838,  à  l'âge  de  cinquante 
et  un  ans. 

Ries  doit  être  rangé  dans  la  classe  des  artistes 
les  plus  distinaués  de  son  temps.  S'il  n'eut  pas 
comme  pianiste  nu  mécanisme  irréprochable,  il 
lut  un  des  premiers  qui  donnèrent  à  cet  instru- 
ment une  grande  puissance  d'effet  par  des  traits 
harmoniques  de  formes  nouvelles,  et  par  un  fré- 
quent usage  alternatif  de  la   pédale  qui  lève  les 

BIOCR.    UNIV.    DES    MUSICIENS.    —    T.    VII. 


étouffoirs.  Dans  ses  compositions,  son  style  est 
évidemment,  sinon  une  imitation,  au  moins 
une  émanation  de  celui  de  Beethoven ,  parti- 
culièrement dans  ses  premiers  ouvrages.  Vers 
la  fin  de  sa  vie,  Ries  fit  des  efforts  pour  donner 
à  ses  œuvres  un  caractère  d'individualité,  sans 
doute  à  cause  des  critiques  qui  avaient  attaqué 
l'analogie  de  son  style  avec  celui  de  son  maître. 
Ses  premières  symphonies  ont  un  peu  de  séche- 
resse; mais  dans  les  autres  il  y  a  de  l'éclat  et  de 
la  chaleur.  Il  y  a  de  fort  belles  choses  d'un  grand 
style  dans  son  oratorio  de  V Adoration  des  Bois. 
Sa  musique  de  théâtre  a  le  défaut  de  manquer 
de  facilité  et  de  charme  dans  la  mélodie,  défaut 
assez  ordinaire  chez  les  compositeurs  qui  ont 
écrit  beaucoup  d'oeuvres  instrumentales.  Dans  la 
liste  des  ouvrages  les  plus  importants  de  Ries, 
on  remarque  ceux-ci  :  1°  Symphonies  à  grand 
orchestre,  n°  1,  op.  23;  n°  2,  op.  80;  n°  3,  op. 
90,  Bonn,  Simrock  ;  n°  4.  op.  110;  n°  5,  op.  1 12, 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel  ;  n°  6,  op.  148, 
Leipsick,  Peters.  —  2°  Ouverture  à  grand  or- 
chestre pour  Don  Carlos,  de  Schiller,  op.  94  ; 
Bonn,  Simrock.  —  3°  Idem  de  la  Fiancée  du 
Brigand,  op.  156  ;  Leipsick,  Peters.  —  4°  Idem 
de  la  Fiancée  de  Messine,  par  Schiller,  op.  162; 
Bonn,  Simrock.  — 5°  Idem  de  Liska,  o\\.  164  ;  ibid. 
—  0°  Grande  ouverture  et  marche  triomphale, 
op.  172  ;  Mayence,  Schott.  —  7°  Quintettes  pour 
2  violons,  2  altos  et  violoncelle,  n°  1,  op.  37, 
Hambourg,  Bœhme  ;  n°  2,  op.  68,  Leipsick,  Pe- 
ters ;  n°  3  pour  flûte,  violon,  2  altos  et  violon- 
celle, op.  107,  ibid.;  n°  4,  op.  167,  Mayence, 
Schott;  n°  5,  op.  171,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel  ;n°  6  (Souvenir  d'Italie),  pour  2  vio- 
lons, alto  et  2  violoncelles,  op.  183,  Bonn,  Mon- 
pour.  —  8°  Quatuors  pour  2  violons,  alto  et 
basse,  op.  70  ;  Leipsick,  Peters.  —  9°  Trois  idem, 
op.  126  ;  ibid.  —  10°  Trois  idem,  op.  145  ;Bonn, 
Simrock.  —  11°  Trois  idem,  op.  150  ;  ibid.  — 
12°  Deux  idem,  op.  166  ;  Francfort,  Dunst.  — 
13°  Concertos depiano,  n°  l,op.  24,  Hambourg, 
Bœhme;  n°  2,  op.  42,  Leipsick,  Peters;  n°  3, 
op.  55,  Bonn,  Simrock;  n°  4,  op.  115,  Leipsick, 
Peters;  n°  5  (pastoral),  op.  120,  Vienne,  Lei- 
desdorf  ;6mt  idem,  op.  123,  ibid.;  7mR  idem  (les 
Adieux  de  Londres),  op.  132,  Leipsick,  Peters; 
8me idem  (Salut au  Rhin),  op.  tôt,  Bonn,  Sim-" 
rock;  9"11' idem,  op.  177,  Leipsick,  Kistner.  — 
14°  Grand  septuor  pour  piano,  violon,  violoncelle, 
clarinette,  2  cors  et  contrebasse,  op.  25,  Bonn, 
Simrock.  —  15°  Quintette  pour  piano,  violon, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  74;  Leip- 
sick, Pefers.  —  16°  Grand  sextuor  pour  piano, 
2  violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  1 00  ; 
Bonn,  Simrock.  —   17°  Sextuor  pour   piauo, 

17 


/ 


158 


RIKS 


îiarpe,  clarinette,  cor,  basson  et  contrebasse, 
Mayence,  Schott.  —  18°  Ottelto  pour  piano, 
violon,  allô,  clarinette,  cor,  basson,  violoncelle 
et  contrebasse  op.  128,  Leipsick,  Kistner.  — 
19°  Quatuors  pour  piano,  violon,  allô  et  basse, 
op.  13,  17,  129,  Leipsick,  Pelers  ;  Bonn,  Sim- 
îock.  —  20"  Trios  pour  piano ,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  2,  28,  35,  63,  143,  Leipsick,  Bonn, 
Vienne.  —  21"  Trio  pour  2  pianos  et  barpe, 
op.  95,  Bonn,  Simrock.  —  22°  Duos  pour  piano  et 
violon,  op.  3,  8,  10,  16,  18,  19,  20,  21,  29,  30, 
38,  45,  69,  71,  76,  81,  83,  86,  87,  169,  cbez  la 
plupart  des  éditeurs.  —  23°  Grande  sonate  pour 
piano  et  cor,  op.  5,  Hambourg,  Bœbme.  — 
24°  Grande  sonate  pour  piano  et  violoncelle , 
op.  125,  Leipsick,  Probst  — ■  25°  Grande  sonate 
pour  piano  à  4  mains,  op.  160,  Leipsick,  Kist- 
ner. —  26°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  1,  5, 
9,  11,  26,45,  49,  114,  141,  175,  ibid.  —  2"°  Un 
très-grand  nombre  de  rondos,  fantaisies,  tbèmes 
variés,  marcbes,  etc.,  ibid.  —  28°  Cbants  à  plu- 
sieurs voix  et  à  voix  seule,  ibid. 

Ries  a  publié,  avec  M.  Wegeler  de  Bonn, 
une  notice  biographique  sur  Beelboven,  intitu- 
lée :  Biographische  ISodzen  ûber  Ludwig  van 
Beethoven;  Coblence,  Baedeker,  1838,  in-8». 
M.  A. -F.  Legentil  a  donné  une  traduction  fran- 
çaise de  ce  volume,  sous  le  titre  :  Notices  bio- 
graphiques sur  L.  Van  Beethoven  par  le 
Dr.  F. -G.  Wegeler  et  Ferdinand  Ries;  Paris, 
Dentu,  1862,  1  vol.  in-8°.  Les  renseignements  que 
fournit  cet  ouvrage,  particulièrement  sur  la  jeu- 
nesse de  l'illustre  compositeur,  ont  sans  doute 
de  l'intérêt;  mais  son  caractère  y  est  présenté 
sous  un  jour  défavorable  en  plusieurs  circons- 
tances. Quelle  que  puisse  être  la  vérité  des  faits 
rapportés  à  cet  égard  par  Ries,  peut-être  ne 
i!i  \ ait-il  pas  s'en  faire  l'historien,  et  s'exposer 
au  grave  reproche  d'ingratitude  envers  un  si 
grand  homme,  qui  avait  eu  pour  lui  les  senti- 
ments d'un  père.  Peut-être  certains  procédés 
désagréables  de  Beethoven  envers  lui,  dans  la 
dernière  année  de  son  séjour  à  Vienne,  lui 
avaient-ils  laissé  de  l'irritation  :  je  fus  porté  à  le 
noire  lorsqu'il  m'écrivit  en  1829  une  lettre  rem- 
plie de  félicitations  à  l'occasion  des  critiques 
que  je  publiai  à  cette  époque  sur  les  défauts 
considérables  de  goût  qui,  dans  mon  opinion, 
déparent  les  derniers  ouvrages  de  cet  homme  de 
fcénie.  Quoique  je  fusse  persuadé  alors,  comme 
je  le  suis  encore  et  le  serai  toujours,  que  j'étais 
'1ms  le  vrai  a  cet  égard,  j'avoue  que  j'éprouvai 
beaucoup  d  elonnemenl  de  rencontrer  cet  écho 
dans  l'Aine  du  seul  élève  que  Beethoven  ait  voulu 
loi  mer. 

IUES  (Hubert),  frère  du  précédent,  né  à 


Bonn  le  Ier  avril  1802,  et  non  en  1792,  comme 
il  est  dit  dans  la  première  édition  de  cette  bio- 
graphie, ni  en  1799,  d'après  le  Lexique  univer- 
sel de  musique  publié  par  Schilling,  est  violoniste 
de  la  musique  du  roi  de  Prusse,  à  Berlin.  Élève 
de  son  père  pour  le  violon,  il  possédait  un  talent 
distingué  sur  cet  instrument.  Jusqu'à  l'âge  de 
dix-huit  ansF  il  ne  sortit  pas  de  sa  ville  natale; 
mais  en  1820,  il  entreprit  un  voyage  en  Alle- 
magne, et  s'arrêta  pendant  un  an  à  Cassel,  pour 
y  prendre  des  leçons  de  Spohr  pour  le  violon, 
et  de  llauptman  pour  la  composition.  Arrivé  à 
Berlin  en  1824,  il  entra  à  l'orchestre  du  théâtre 
Krcnigstadt,  et  le  1er  avril  de  Tannée  suivante,  il 
fut  admis  dans  la  chapelle  royale.  En  1830,  il 
lit  un  voyage  à  Vienne,  où  il  se  fit  entendre  avec 
succès.  De  retour  à  Berlin,  il  y  fonda  en  1833  des 
soirées  de  quatuors  avec  C.  Bobiner,  Manier 
et  Jusl.  Quelques  années  plus  tard,  il  succéda 
au  maître  de  concert  Hcnning  dans  la  direction 
de  l'orchestre  de  la  société  Philharmonique  :  il 
occupait  encore  cette  position  en  1860.  Il  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  1°  Quatuor  brillant 
pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  1,  Bonn,  Sim- 
rock. —  2°  Douze  études  pour  violon  seul, 
op.  2,  Vienne,  Haslinger.  — 3°  Variations  pour 
violon,  avec  accompagnement  d'un  second  vio- 
lon, alto  et  basse,  op.  4,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrtel.  —  4°  Premier  concerto  pour  violon  et 
orchestre,  op.  13,  Berlin,  Weslpbal.  —  5°  Duos 
pour  2  violons,  op.  5;  8,  10,  17,  21,  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel;  Berlin,  Trautwein.  — 
6°  Douze  solos  pour  violon,  op.  9,  Berlin,  Traut- 
wein. —  7°  Deuxième  concerto  pour  violon  et 
orchestre,  op.  16;  Berlin,  Bote  et  Bock.  — 
8°  Deux  quatuors  faciles  pour  2  violons,  alto  et 
violoncelle,  op.  20;  Olfenbach,  André.  —  9°  Tiois 
morceaux  de  salon  pour  violon  et  piano,  op.  23  ; 
Berlin,  Bote  et  Bock.  —  10°  Six  chants  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano,  op.  11  ; 
Berlin,  Trautwein,  183X).  —  11°  Méthode  de 
violon  pour  la  première  instruction  ,  avec  106 
petits  duos  pour  servir  d'exercices;  Leipsick, 
Hofineister,  1842. 

MES  (Louis),  (ils  aîné  du  précédent,  né  à' 
Berlin  le  30  janvier  1830,  a  fait  son  éducation  de 
violoniste  sous  la  direction  de  son  père,  et  plus 
lard,  a  reçu  des  leçons  de  Vieuxlemps.  En  1852, 
il  se  rendit  a  Bruxelles,  puis  à  Paris,  où  il  ne 
s'arrêta  pas  longtemps,  et  enfin  à  Londres,  où  d 
s'est  fixé.  Artiste  d'un  talent  lin,  délicat  et  de  plus 
très-bon  musicien,  Ries  est  très-estimé  en  An- 
gleterre :  il  complète  l'excellent  quatuor  de  Joa- 
(him,  l'iatti  et  Blagrove,  à  la  société  de  la  Mu- 
sical Union. 

IUES  (Adolphe),  le  plus  jeune  fils   d'Ilu- 


RIES  —  RIETZ 


250 


bert,  est  né  à  Berlin  le  20  décembre  1837.  Sou 
premier  maître  de  piano  a  été  Steiffensand,  puis 
il  est  devenu  élève  de  Th.  Kullack,  et  C.  Bœhmer 
lui  a  enseigné  l'harmonie.  Ses  premières  œuvres, 
qui  consistent  en  un  trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  et  une  sonate  pour  piano  et  violon, 
ont  été  écrites  à  l'âge  de  dix-huit  ans.  On  connaît 
aussi  de  lui  4  Liederh  voix  seule  et  piano,  op.  2; 
Berlin,  Trautwein  (  Balm  ),  1856."Le  jeune  ar- 
tiste a  fait,  en  1858,  un  voyage  à  Londres,  pour 
s'y  faire  connaître  comme  virtuose  ;  mais  dans 
cette  ville  où  abondent  les  pianistes  les  plus  ha- 
biles, il  a  été  peu  remarqué. 

RIESCHACK  (  Jean-Jacques  ),  fadeur 
d'orgues  à  Neisse ,  dans  la  première  moilié  du 
dix-huitième  siècle,  a  construit  dans  l'église  de 
la  Sainte-Croix ,  à  Breslau  ,  un  instrument  de 
vingt-six  jeux ,  et  à  Frankenstein,  en  1730,  un 
orgue  de  vingt-cinq  registres. 

RIESE  (Jean-Henri),  valet  de  chambre  du 
roi  de  Danemark,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  mourut  à  Copenhague  le  26  mars  1808, 
dans  un  âge  avancé.  On  a  de  lui  un  traité  du 
tempérament  musical,  sous  ce  titre  :  Arithme- 
tische  und  geometrische  Vcrgleichung ,  oder 
eine  Linie,  velche,  wenn  sie  in  arithmetische 
Thcile  getheilt  icird,  giebt  auf  einer  andem 
Linie  geometrische  Proportion  (Comparaison 
arithmétique  et  géométrique,  ou  ligne  qui,  dis- 
tribuée en  parties  arithmétiques,  donne  sur  une 
autre  ligne  les  proportions  géométriques),  Co- 
penhague, 1759,  in-4°. 

R1ESE  (Hélène),  née  d'une  famille  hono- 
rable à  Berlin,  vers  1796,  reçut  delà  nature 
l'organisation  la  plus  heureuse  pour  la  musique. 
Lanska  (  voyez  ce.  nom  )  tut  son  maître  de  piano. 
Elle  était  âgée  d'environ  treize  ans  lorsqu'elle 
joua  pour  la  première  fois  en  public  dans  un 
conceit  donné  à  Berlin  le  27  avril  I8u9  :  elle  y 
excita  beaucoup  d'intérêt  par  le  sentiment  dis- 
tingué de  son  exécution.  Deux  ans  apiès,  elle  se 
fit  entendre  de  nouveau  dans  la  même  ville,  et 
y  obtint  un  brillant  succès.  Déjà  son  talent  avait 
pris  un  caractère  sérieux  et  grandiose  dont  les 
connaisseurs  fuient  frappés.  A  la  même  époque 
elle  publia  ses  premières  compositions ,  où  se 
révélait,  plus  encore  que  dans  son  exécution,  la 
puissance  de  son  sentiment  musical.  La  sonate 
pour  piano  seul,  op.  1  (Berlin,  Schlesinger) , 
n'était  qu'un  essai  dont  le  style  était  évidemment 
inspiré  par  les  sonates  de  Mozart;  mais  dans  la 
féconde,  dont  le  premier  morceau  est  un  alle- 
gro maeatoso ,  un  génie  original  et  le  caractère 
de  la  grandeur  se  manifestent  d'une  manière 
remarquable.  Bochlilz  a  donné  une  analyse  poé- 
tique et  pleine  d'enthousiasme  de  cet  ouvrage 


dans  la  13e  année  de  la  Gazette  générale  de 
Musique  de  Leipsick  (  1811,  p.  573-576).  L'au- 
teur était  alors  dans  sa  quinzième  année.  Son  ta- 
lent grandit  encore  dans  la  grande  sonale,  op.  3, 
qui  parut  chez  le  même  éditeur  en  1812.  Dans 
l'année  suivante,  Mlle  Riese  épousa  un  certain 
M.  Liebmann,  qui  l'emmena  à  Vienne,  où  elle 
publia  ses  grandes  sonates,  œuvres  4  et  5,  ainsi 
quedes  variations  sur  différents  thèmes.  En  1816, 
elle  lit  paraître  chez  Schlesinger,  à  Berlin,  sa 
sonate  pour  piano  avec  violon,  op.  9,  et  à  la  fin 
de  la  même  année  parurent  chez  Peters,  à  Leip- 
sick ,  les  grands  trios  de  Mrac  Liebmann,  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  œuvres  il  et  12. 
Dans  le  compte  rendu  de  ces  deux  ouvrages,  on 
voit  que  la  position  de  leur  auteur  était  celle 
d'amateur  dont  le  talent  d'exécution  était  aussi 
brillant  que  celui  du  compositeur  était  remar- 
quable. Rien  n'indique  où  cette  dame  habitait 
alors  :  peut-être  était-ce  à  Magdebourg,  où  il  y 
avait  en  1825  un  amateur  violoniste  appelé  Lieb- 
mann. Quoi  qu'il  en  soit,  un  quatuor  pour 
piano,  violon,  alto  et  basse,  op.  13,  une  sonale 
pour  piano  et  violon,  op.  14,  une  sonate  pour 
piano  seul,  op.  t5,  et  une  fantaisie  pour  le  même 
instrument,  op.  16,  sont  les  dernières  produc- 
tions de  Mine  Liebmann.  Elles  furent  publiées 
dans  les  années  1818  et  1819,  après  quoi  le  nom 
de  cette  femme  extraordinaire  disparut  du  monde 
musical.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  celle  qui  le 
portail  cessa  de  vivre  vers  la  même  époque.  De 
tous  ses  ouvrages,  je  ne  connais  que  la  grande 
sonate  œuvre  5,  et  le  quatuor  œuvre  13;  mais 
quand  je  les  entendis,  ils  me  frappèrent  comme 
des  œuvres  de  maître. 

RIETZ  (Jules),  compositeur  et  maître  de 
chapelle  du  roi  de  Saxe,  est  né  à  Berlin  le  28 
décembre  1812.  Fils  et  frère  de  deux  membres 
de  la  chapelle  royale,  il  commença  l'étude  delà 
musique  dès  ses  premières  années.  A  l'Age  de 
huit  ans,  il  jouait  déjà  du  violoncelle  ;  à  douze,  il 
était  d'une  habileté  remarquable  sur  cet  instru- 
ment. Zelter  (  voyez  ce  nom)  le  prit  alors  sous 
sa  protection  et  lui  lit  faire  de  bonnes  études 
d'harmonie  et  de  composition.  La  mort  du  père, 
puis  celle  du  frère  de  Rietz,  l'obligèrent  à  se  créer 
par  lui-même  des  moyens  d'existence.  A  l'âge 
de  seize  ans,  il  entra  dans  l'orchestre  du  théâtre 
royal,  et  Spontini  le  fit  admettre  dans  la  musique 
particulière  de  la  cour.  Il  le  destinait  à  de  plus 
grands  avantages  lorsque  Mendelssobn  appela 
Rietz  à  Dusseldorf,  pour  lui  confier  la  direction 
de  la  musique  du  théâtre  que  venait  de  fonder  le 
poète  Immermann  ;  mais  cette  entreprise  ne 
réussit  pas,  et  Rietz  fut  obligé  de  se  retirer.  Peu 
de  temps  après  il  reçut  sa  nomination  de  directeur 

17. 


2G0 


RIETZ 


de  la  musique  de  la  ville,  précédemment  occupée 
par  Mendelssohn.  Il  la  conserva  pendant  douze 
années  et  y  lit  preuve  d'un  talent  remarquable 
comme  chef  d'orchestre,  ainsi  que  d'un  août 
très-pur  dans  le  choix  des  ouvrages  qu'il  lit 
exécuter.  Ses  fonctions  ne  se  bornaient  pas  à  la 
direction  des  concerts,  car  il  dirigeait  aussi  la 
musique  dans  les  églises  catholiques  ainsi  que 
dans  les  grandes  fêles  musicales ,  et  la  société 
remarquable  de  chant  Màlerliedertafel  l'avait 
pris  pour  son  chef.  A  la  même  époque  il  brilla 
comme  violoncelliste  dans  les  concerts  de  la  plu- 
part des  villes  du  Rhin.  En  1847,  il  fut  appelé  à 
Leipsick  en  qualité  de  directeur  de  l'Académie 
du  chant  et  de  chef  d'orchestre  du  théâtre.  Après 
la  mort  de  Mendelssohn,  il  fut  chargé  de  la  di- 
rection des  concerts  du  Gewandhaus,  et  l'en- 
seignement de  l'harmonie  et  de  la  composition  au 
Conservatoire  lui  fut  confié  en  1848.  Dans  l'an- 
née suivante,  je  connus  cet  artiste  distingué,  et 
je  trouvrai  en  lui  un  homme  aimable,  bienveil- 
lant et  modeste.  Rielz,  le  bon  et  sympathique 
Hauptmann,  directeur  de  l'école  Saint-Thomas, 
le  maître  de  concert  Ferdinand  David  et  sa 
charmante  famille,  enfin  M.  Haertel,  esprit  d'une 
grande  distinction,  et  chef  de  la  maison  si  connue 
Breitkopf  et  H  sériel,  m'ont  laissé  un  agréable 
souvenir  de  mon  court  séjour  à  Leipsick.  Ils  for- 
maient entre  eux  une  société  d'amis  intimes. 

En  1854,  Rietz  abandonna  la  direction  de 
l'orchestre  du  théâtre,  alin  de  se  livrer  avec  plus 
de  liberté  à  ses  autres  fondions.  A  l'occasion 
de  la  fête  du  centième  anniversaire  de  la  nais- 
sance de  Schiller,  le  10  novembre  1859,  l'Uni- 
versité de  Leipsick  lui  conféra  la  dignité  de  doc- 
teur. Au  commencement  de  l'année  suivante,  le 
roi  de  Saxe  le  nomma  son  maître  de  chapelle, 
comme  successeur  de  Reissiger  (voyez  ce  nom), 
récemment  décédé.  Rietz  alla  immédiatement 
après  prendre  possession  de  celte  place  à  Dresde, 
où  il  se  trouve  aujourd'hui  (1863). 

Parmi  les  productions  de  cet  artiste,  on  remar- 
que: I.  Musique  dramatique  :  1°  Lorbeerbaum 
uad  Bettelstab,  oder  drei  Winter  eines  deutS' 
cli en  Dichters  (Laurier  et  bâton  de  mendiant, 
ou  trois  hivers  d'un  poète  allemand,  comédie 
en  3  actes  mêlée  de  chants),  de  C.  de  Holtey  , 
représentée  le  13  février  1833,  au  théâtre  Kœ- 
nigstadt  de  Rerlin.  L'ouverture  et  deux  chansons 
de  cet  ouvrage  arrangées  pour  le  piano  ont  été 
publiés  chez  Trautwein.  —  2°  Das  Mxdchen 
avs  der  Fremde  (  La  tille  du  pays  étranger), 
opéra  de  circonstance  en  un  acte,  représenté  à 
Dusseldorf  en  1839,  à  l'occasion  du  couronne* 
nient  du  roi  Frédéric-Guillaume  IV.  —  3°  Fêtes 
théâtrales  pour  l'anniversaire  de  la  naissance  du 


prince  et  de  la  princesse  de  Prusse,  au  théâtre  de 
Dusseldorf.  —  4°  La  musique  pour  les  drames 
Macbeth;  Faust  de  Goethe,  Der  Richter  von 
Zulamea  (Le  juge  de  Zulamée)  et  Blaubart 
(Rarbe-Rleue  ),  pour  le  théâtre  d'Immermann,  à 
Dusseldorf.  —  5°  Jcry  et  Bxtely,  op. -comique 
en  un  acte,  de  Gœthe,  gravé  en  partition  pour 
le  piano,  à  Leipsick,  chez  Hofmeisler.  —  6o  Le 
Corsaire,  grand  opéra  en  4  actes,  représenté  au 
théâtre  de  Leipsick,  le  28  décembre  1850.  — 
7°  Georg  Neumark  und  die  Gambe,  opéra- 
comique  en  un  acte  représenté  au  théâtre  de 
Weimar,  le  25  niai  1859.  —  8°  Ouverture  et 
enlr'acles  pour  Judith,  tragédie  de  Hehbel,  re- 
présentée à  Leipsick,  en  1851.  —  9"  Reaucoup 
de  chœurs,  de  Lieder,  de  marches,  et  autres 
pièces  pour  des  drames  et  des  comédies.  IL  Mu- 
sique relicieuse.  —  10°  Six  duos  religieux  pour 
sopranoet  contralto  contenant:  (0  Salutarishos 
tia;  Benedicam  Domino,  Ave  Maria,  etc.), 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  9  ;  Leipsick, 
Hofmeister.  —  11°  Neuf  cantiques  allemands  à 
voix  seule  avec  piano,  op.  13;  Leipsick,  Kist- 
ner.  —  12°  Six  psaumes  pour  contralto  ou  basse 
avec  piano,  op.  25,ibid.  —  12°  (bis).  Six  Lieder 
spirituels  pour  les  sociétés  de  chœur,  op.  37; 
Leipsick,  Rreitkopf  et  Haertel.  III.  Musique  vo- 
cale de  concekt  et  de  salon  :  —  13°  Treize 
chants  à  voix  seule  avec  piano,  en  2  suites,  op.  6  ; 
Leipsick,  Rreitkopf  et  Haertel.  —  14°  Douze 
chants  idem,  en  2  suites,  op.  8  ;  Ronn,  Sim- 
rock;  —  15°  Ancien  chant  de  guerre  allemand 
pour  un  chœur  d'hommes  à  l'unisson,  avec  or- 
chestre, op.  12;  Leipsick,  Rreitkopf  et  Haertel. 

—  16°  Neuf  Lieder  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  15;  Leipsick,  Kistner.  —  7°  Scène  et  cava- 
tine  pour  soprano,  op.  19;  ibid.  —  18°  Dithy- 
rambe de  Schiller  pour  voix  d'hommes  et  or- 
chestre ou   piano,  op.    20;  Leipsick,  Klemm. 

—  19°  Douze  chants  à  voix  seule  et  piano, 
op.  26;  Rerlin,  Rote  et  Rock;  —  20°  Sept  Lieder 
idem,  op.  27  ;  Leipsick,  Rreitkopf  et  Haertel.  — 
21°  Douze  idem  en  deux  suites,  op  28  ;  Leipsick, 
Peters.  —  22°  Le  lied  du  vin,  pour  voix  d'hom- 
mes et  orchestre;  op.  36.  IV.  Musique  instru- 
mentale. —  23°  Quatuor  pour  deux  violons, 
alto  et  violoncelle,  op.  1;  Rerlin,  Kluge.  — 
24°  Fantaisie  pour  violoncelle  et  orchestre,  op.  2; 
Leipsick,  Kistner.  —  95°  Ouverture  pour  mu- 
sique militaire,  op.  3;  ibid.  —  26°  Scherzo  ca- 
priCiOSO  pour  piano,  op.  5;  Leipsick,  Rreitkopf 
et  Haertel.  —  27°  Ouverture  de  concert  pour 
grand  orchestre  (en  la),  op.  7,  Leipsick,  Kist- 
ner.—  28°  Ouverture  (Ilero  et  Leandrc),  pour 
piano  à  quatre  mains;  Leipsick,  Rreitkopf  et  Hœr- 
tel.  —   29°   lre  symphonie  pour  orchestre  (en 


RIKTZ  —  R1GKI. 


201 


sol  mineur),  op.  13;  Leipsick,  Kislner.  —  30° Ou- 
verture (L'Orage),  op.  14;  Leipsick,  Hof- 
rneister.  —  31°  Concerto  pour  violoncelle  et 
orchestre  ou  piano,  op.  1G;  Leipsick,  Kistner. 
—  32°  Sonate  pour  piano  (en  la  mineur)  op.  17  ; 
Leipsick,  Whislling.  —  33°  Lustspiel  ouverture 
Ouverture  (pour  une  comédie),  pour  orchestre, 
op.  18.  Leipsick  ,  Kislner.  —  34°  2me  sonate  pour 
piano,  op.  21;  Leipsick,  Senff.  —  35°  2me  sym- 
phonie pour  orchestre,  op.  23.  —  36°  Con- 
certo pour  clarinette  et  orchestre,  op.  29,  Leip- 
sick, Kistner.  —  37°  Concerto  pour  violon  et 
orchestre,  op.  30;  ibid.  —  38°  3me  symphonie 
pour  orchestre;  op.  31;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hajrtel.  —  39°  2me  concerto  pour  violoncelle  et 
orchestre,  op.  32.  —  40°  Pièce  de  concert  pour 
hautbois  et  orchestre  ou  piano,  op.  33  ;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel.  —  41°  Douze  pièces  enfan- 
tines pour  piano,  en  deux  suites,  op.  34  ;  Leip- 
sick, Senff.  —  42°  Capriccio  pour  violon  et  or- 
chestre, op.  35. 

R1FAUT  (Lodis-Victor-Étienne),  fils  d'un 
contrebassiste  de  l'Opéra,  naquit  à  Paris  le  11 
janvier  1798,  et  fut  admis  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  le  16  août  1811,  comme  élève  d'Adam 
père,  pour  le  piano.  Devenu  plus  lard  élève  de 
Berton  pour  l'harmonie  et  la  composition,  il 
obtint  en  1821  le  premier  prix  de  composition 
au  grand  concours  de  l'Institut  de  France.  Le 
sujet  de  ce  concours  était  une  cantate  intitulée 
Diane  et  Endymion.  Devenu  pensionnaire  du 
gouvernement  français,  Rifaut  séjourna  à  Rome, 
à  Naples,  à  Vienne,  à  Munich,  à  Dresde,  et  revint 
à  Paris  en  1825.  Avant  son  départ  pour  l'Italie, 
il  était  accompagnateur  du  théâtre  de  l'Opéra- 
Comique;  après  son  retour  à  Paris,  il  en  reprit 
les  fonctions.  En  1828,  il  fut  nommé  chef  du 
chant  du  même  théâtre,  et  l'année  suivante,  il 
obtint  la  place  de  professeur  d'accompagnement 
au  Conservatoire.  Une  longue  et  douloureuse 
maladie  l'a  conduit  au  tombeau  dans'  le  mois  de 
mars  1838.  Au  mois  de  novembre  1827,  il  avait 
fait  représenter  à  l'Opéra-Comique  le  Roi  et  le 
Batelier,  opéra  eu  un  acte,  composé  en  société 
avec  Halévy.  Le  23  février  1828,  il  donna  au 
même  théâtre  le  Camp  du  drap  d'or,  opéra  en 
trois  actes,  fait  en  collaboration  avec  Batton  et 
M.  Leborne,  et  le  6  novembre  de  la  même  année, 
il  lit  jouer  Un  Jour  de  réception,  opéra-comi- 
que en  un  acte.  En  1834,  André  ou  la  Senti- 
nelle perdue,  a  été  représenté  au  même  théâtre. 
Son  dernier  ouvrage,  joué  sans  succès  en  1836, 
lut  Gasparo,  opéra-comique  en  un  acte.  On  a 
gravé  à  Vienne  un  air  italien  (  Non  so  dir  se 
pena  sia)  de  sa  composition. 

RIGADE   (André-Jean)  ,  né  en  Provence 


vers  1730,  alla  en  Italie  dans  sa  jeunesse  ,  et 
éludia  la  composition  sous  la  direction  de  Pic- 
cinni.  De  retour  à  Paris,  il  donna  à  la  Comédie 
italienne  Zélie  et  Lindor,  opéra-comique,  re- 
présenté au  mois  de  novembre  1763,  et  qui  ne 
réussit  pas.  Rigade  est  mort  à  Paris  en  1803. 

RIGATI  (Jean-Antoine),  ou  RIGATTI, 
prêtre  vénitien  ,  attaché  à  l'église  Santa-Maria 
Formosa ,  et  chanteur  de  Saint-Marc  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  eut  aussi  le  titre  et 
les  fonctions  de  maître  de  chant  des  jeunes  filles 
du  Conservatoire  degl'  incurabili.  Il  mourut 
jeune,  vers  la  fin  de  1649,  et  fut  inhumé  dans 
l'église  de  cette  institution  de  charité.  Ses  élè- 
ves reconnaissantes  firent  graver  cette  touchante 
inscription  sur  son  tombeau  : 

D.Joh.  dnt.  Rigattus 
Musicus  eximius   docuit  cantare  puellas 
Qux  lapide   et  lacrymis  ac  prece  membra  regunt. 

Les  productions  de  cet  artiste  de  mérite  ontété 
publiées  sous  les  titres  suivants  :  1°  Misse  e 
salmi,  parte  concertât i  a  3,  4,  5 ,  7  e  8  voci 
con  2  violini,  e  parte  a  5  voci  a  capella;  in  Ve- 
netidt,  app.  Bartolemei  Magni,  1640,  in-4°. — 
2°  Prima  parte  de'  Motetti  a  2,  3  e  4  voci 
con  alcuni  candlene;  ibid.,  1640,  in-4°.  — 
3°  Motetti  a  voce  sola  con  partitura;  ibid., 
1643,  in-4°.  —  4°  Messe  e  salmi  ariosi  a  3  voci 
concertai;  ibid.,  1643,  in-4°.  —  5°  Salmi 
diversi  di  compléta  a  una,  due,  tre  e  quat- 
tro  voci  con  stromenti  e  senza,  e  con  le  Anti- 
fone  che  si  cantano  nel  fine  délia  compielà; 
in  Veneiia,  app.  Alessandro  Vincenti,  1646, 
in-4".  —  6"  Messa  e  Salmi  a  3  voci  conl  vio- 
lini e  quattro  parti  di  ripieno  se  piace;  ibid., 
16*8,  in-4° 

R1GAUT  (Mme  Antoinette-Eugénie),  can- 
tatrice de  l'Opéra-Comique,  connue  d'abord  sous 
le  nom  de  W^Pallar,  quoique  le  nom  de  sa  fa- 
mille fût  Paillard,  est  née  à  Paris  le  4  septem- 
bre 1797.  Admise  au  pensionnat  de  chant  du  Con- 
servatoire, dans  le  mois  de  juin  1808,  elle  reçut 
des  leçons  de  Gérard  pour  la  vocalisation,  puis 
devint  élève  de  Garât.  En  1813,  elle  débuta  à 
l'Opéra-Comique  et  y  fut  d'abord  peu  remar- 
quée; mais  par  degrés  le  public  comprit  mieux  le 
mérite  de  la  rare  élégance  et  du  finide  son  chant, 
et  dans  les  dernières  années  de  sa  carrière  dra- 
matique elle  obtint  de  grands  succès  en  chantant 
avec  Ponchard  et  Martin.  Retirée  du  théâtre 
en  1830,  elle  habita  depuis  ce  temps  une  maison 
de  campagne  près  de  Fontainebleau,  avec  son 
mari,  ancien  professeur  de  vocalisation  au  Con- 
servatoire de  Paris. 

R1GEL  (Henri-Joseph),  dont  le  nom  vérilar 


2G2 


RIGEL  —  RIGG1ERI 


be  est  originairement  ltiegel,  naquit  à  Wertlieim 
in  Franconîe,  le  9  lévrier  1741.  Dans  un  voyage 
qu'il  fit  à  Stuttgard,  il  fut  assez  heureux  pour 
recevoir  quelques  leçons  de  Jomelli  :  Kichter 
avait  été  son  premier  maître  d'harmonie  et  de 
contrepoint.  Arrivé  à  Paris  en  1768,  il  s'y  fit  re- 
marquer par  son  habileté  sur  le  clavecin  et  se 
livra  à  l'enseignement  avec  succès.  Il  lit  exécuter, 
plusieurs  symphonies  de  sa  composition  au  concert 
des  amateurs  de  l'hôtel  de  Soubise,  alors  dirigé 
par  Gossec,  et  publia  quelques  œuvres  de  sonates 
pour  le  piano,  ainsi  que  des  duos  et  des  quatuors 
pour  2  violons,  alto  et  basse.  Il  écrivit  aussi 
bvaiieoun  de  musique  d'église,  et  fit  exécuter  au  ! 
Concert  spirituel  les  oratorios  suivants  :  1°  La  \ 
Sortie  d'Egypte,  qui  fut  considéré  comme  un 
des  bons  ouvrages  de  ce  genre.  —  2°  Jephté.  — 
3"  La  Prise  de  Jéricho.  Beaucoup  de  petits 
opéras  furent  composés  par  lui,  et  représentés 
sur  divers  théâtres  de  Pans;  les  titres  de  ces 
ouvrages  sont  :  1°  Le  Savetier  et  le  Financier, 
à  l'Opéra-Comique.  — T  Blanche  et  Vermeille, 
idem.  —  3°  L'Automate,  ihid.  —  4°  Eosanie, 
qui  fut  repris  en  1790  au  théâtre  de  Monsieur, 
sous  le  titre  d'Azélie.  —  5°  Aline  et  Zamorin, 
au  théâtre  des  Beaujolais.  —  6°  Lucas,  idem.  — 
7°  Le  bon  Fermier,  ibid.  —  8P  Les  Amours  du 
Gros-Caillou,  ibid.  —  9°  Alix  de  Beaucaire, 
au  théâtre  Montansier.  —  Piigel  avait  écrit,  à  la 
demande  de  l'administration  de  l'Opéra,  Cora  et 
Alonzo,  grand  opéra,  dont  il  ne  put  jamais  ob- 
tenir la  représentation.  Successivement  directeur 
de  musique  du  Concert  de  la  Loge  olympique 
et  du  Concert  spirituel,  puis  professeur  au  Con- 
servatoire, il  mourut  à  Paris,  dans  le  mois  de  mai 
1799,  avec  la  réputation  d'un  artiste  de  talent. 

RIGEL  (Louis),  fils  aîné  du  précédent,  né 
à  Paris  eu  1769,  fut  élève  de  son  père  pour  le 
clavecin,  et  devint  un  bon  professeur  de  cet 
instrument.  Après  avoir  enseigne  longtemps  à 
Paris,  il  se  fixa  au  Havre,  où  il  mourut  le  25 
février  1811.  Cet  artiste  n'est  connu  que  parles 
arrangements  de  quelques  symphonies  de  Haydn 
|Miur  le  piano,  et  de  plusieurs  trios  de  Pleyel.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  des  sonates  de  piano. 

RIGEL  (Henri-Jean),  deuxième  fils  de  Henri- 
Joseph,  est  né  à  Paris  le  11  mai  1772.  Élève  de 
son  père  pour  le  piano  et  la  composition,  il  fui, 
à  l'âge  de  treize  ans,  nommé  répétiteur  à  l'École 
nivale  de.  chant  et  de  déclamation.  Bientôt  après 
il  débuta  au  Concert  spirituel  et  y  fit  exécuter 
le -  cantates  religieuses  de  sa  composition  intitu- 
lées Gcdéon,  Judith,  le  Retour  de  Tobie,  et 
une  symphonie  à  grand  orchestre.  I)e\enu  un 
des  meilleurs  profeeseursde  piano  alors  existants 
à  Paris,  il  se  livrait  à  l'enseignement  avec  suc- 


cès, lorsque  le  général  Bonaparte  le  détermina 
à  le  suivie  en  Egypte.  Rigel  partit  en  I7'J8.  Ar- 
rivé au  Caire,  il  fut  un  des  membres  de  l'Insti- 
tut des  sciences  et  arts  de  celte  ville,  et  fut 
chargé  de  la  direction  de  la  musique  du  théâtre 
français  qu'on  y  avait  organisé.  11  y  fit  repré- 
senter le  petit  opéra  intitulé  Les  deux  Meuniers, 
en  1799.  De  retour  à  Parisen  1800,  Rigel  reprit 
ses  fonctions  de  professeur,  et  reçut  de  l'empe- 
reur Napoléon  le  litre  de  pianiste  de  *a  musique 
particulière.  Il  se  distinguait  particulièrement 
par  son  talent  d'accompagnateur  au  piano.  Après 
une  laborieuse  carrière,  ce  digne  artiste  jouît 
tranquillement  de  l'aisance  acquise  par  ses  tra- 
vaux ;  il  habitait  à  Paris  pendant  l'hiver,  et  se 
relirait  pendant  l'été  dans  une  maison  deram- 
pagne  qu'il  possédait  pi  es  de  Beau  vais.  En  I  SOS, 
il  fit  représenter  au  théâtre  Feydeau  le  Duel 
nocturne,  opéra-comique  en  un  acte.  Dans  la 
listede ses  compositions  on  remarque:  1° Grande 
ouverture  (en  rê);  Paris,  Érard.  —  2°  Ouver- 
ture pastorale;  ibid.  —  3J  Premier  Concerto 
pour  piano  ;  Paris,  Gaveaux.  —  4°  Deuxième 
idem  ;  Paris,  Richaull.  —  5"  Troisième  id.;  S. 
Gaveaux.  —  6°  Quatrième  idem;  Paris,  Érard. 
—  7°  Trios  pour  piano,  harpe  et  violon;  ihid. — 
8°  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  1,  7,  et  11»; 
Paris  et  Oflenbach.  —  9°  Duo  pour  piano  a 
4  mains  ;  Paris,  Naderman.  —  10"  Duos  pour 
2  pianos  ;  Paris,  Naderman  ,  Érard  ,  Porro.  — 
11° Sonates  pour  pianoseul,  op.  2;  Paris,  Schle- 
singer.  —  11°  Idem,  op.  3;  Paris,  Gaveaux.  — 
13°  Trois  grandes  idem,  op.  l'7  ;  Pari-,  Érard,  — 
14°  Plusieurs  fantaisies,  rondos,  pots-pour- 
ris, etc.;  ib.  —  15°  Plusieurs  œuvres  «le  varia- 
tions, idem;  ibid.  —  l'6°  Rondo  brillant  pour 
piano,  op.  45.  Rigel  c4  mort  a  Abbeville,  le 
16  décembre  1852. 

RIGEL  ou  RIEGEL  (Antoine),  pianiste 
et  compositeur,  vécut  à  Heilbroun,  vers  la  lin  du 
dix-huitième  siècle,  et  s'établit  à  Manheim,  en 
1807.  On  a  gravé  de  s;i  composition  a  Spire, 
Manheim  et  Heilhronn,  six  œuvres  rie  sonates 
avec  accompagnement  de  violon,  un  œuvre  de 
caprices  pour  piano  seul,  et  un  oeuvre  de  qua- 
tuors pour  2  violons,  alto  et  basse;  à  Paris,  chez 
Naderman. 

RIGGIERI  (Colombe),  connue  à  Paris  sous 
le  nom  de  COLOMBE  AÎNÉE,  naquit  a  Venise 
en  1754.  Amenée  ,1  Paris  par  ses  parents  dans 
son  enfance,  on  lui  lit  apprendre  la  musique  et 
le  chant.  Elle  débuta  à  l'âge  de  dix  huit  ans 
dans  les  premières  amoureuses  de  l'opéra 
comique,  à  la  Comédie  italienne,  le  6  septem- 
bre 1772,  par  le  rôle  iVllortcnsc,  dans  le  /lu- 
ron. Les  rôles  de  Sophie  dans  Tom  Jones,  de 


RIGGIERI  —  RIG1IIM 


2G3 


Suzette  dans  le  Bûcheron,  de  Lucile  et  sur- 
tout celui  de  Belinde  dans  la  Colonie,  lui  ont 
fait  une  brillante  réputation.  Un  critique  de  son 
temps  a  fait  de  cette  cantatrice  l'éloge  suivant  : 
«  Une  ligure  intéressante  et  noble,  une  taille 
«  avantageuse,  une  voix  brillante  et  flexible,  une 
«grande  sensibilité,  tous  ces  dons  réunis  à 
«  beaucoup  d'intelligence,  h  un  excellt-nt  goût 
«  du  chant,  à  des  gestes  expressifs,  à  un  débit 
«  gracieux  et  à  un  jeu  naturel,  aisé,  décent  et 
«  animé,  ont  assuré  à  cette  jeune  actrice  des 
«  succès  auprès  du  public.  »  Mademoiselle  Co- 
lombe s'est  retirée  de  la  scène  en  1788.  Elle  est 
mode  à  Versailles  en  1835. 

RIGGIERI  (Marie-Madeleine),  sœur  de  la 
précédente,  connue  au  théâtre  sous  le  nom  d'A- 
DELIINE,  et  née  à  Paris  en  1760,  fut  reçue  à  la 
Comédie  italienne  au  mois  de  mars  1779.  Dès 
son  enfance  elle  avait  été  attachée  à  ce  théâtre 
pour  la  danse,  et  son  admission  aux  appointe- 
ments avait  eu  lieu  le  17  avril  1776.  Douéed'une 
voix  charmante  et  d'un  talent  dramatique  re- 
marquable, elle  chanta  et  joua  avec  de  grands 
succès  les  rôles  de  Denise  dans  l'Épreuve  vil- 
lageoise, de  la  soubrette  dans  Renaud  d'Ast, 
et  de  Lisette  dans  la  Mèlomanie.  Elle  joua 
pour  la  dernière  fois  en  1799  dans  le  vieil  opéra 
intitulé  Fan  fan  et  Colas.  Je  l'entendis  à  cette 
représentation,  et  ses  accents  me  firent  une  pro- 
fonde impression  dont  j'ai  toujours  conservé  le 
souvenir.  Je  n'avais  alors  quequinze  ans  :  peut- 
être  ma  jeunesse  lut-elle  pour  beaucoup  dans 
l'effet  que  j'éprouvai;  mais  je  me  souviens  que 
c'étaitquelque  chose  de  paifaitcommeM'leMars, 
avec  la  sensibilité  de  plus.  Retirée  immédiate- 
ment après  celte  représentation,  Adeline  vécut 
encore  quarante-deux  ans  ;  elle  mourut  à  Ver- 
sailles au  mois  de  février  1841. 

RIGHI  (Joseph),  né  àCarpi,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  fut  chanoine  et  maître 
de  chapelle  de  la  collégiale  de  Mirandola.  On  a 
publié  de  sa  composition  plusieurs  ouvrages 
dont  je  ne  connais  que  celui  qui  a  pour  titre  : 
Compléta  romane  a  otto  voci  con  Litanie , 
Mottetti  et  Antifone  délia  beata  Maria  Vir- 
gine,  op.  7;  in  Venetia,  appresso  Giac.  Vin- 
centi,  1610,  in-4°. 

RIGHI  (François),  maître  de  chapelle  à  l'é- 
glise des  Jésuites  a  Gênes,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  est  connu  par  un  opéra  intitulé 
l'Innocenza  riconosciuta,  représenté  à  Gênes, 
en  1653.  Il  a  aussi  beaucoup  écrit  pour  l'église. 

RIGHI  (Joseph-Marie),  compositeur  de  l'é- 
cole de  Bologne,  a  fait  représenter  dans  celte 
ville,  en  1694,  l'opéra  la  Bernarda,  dont  il 
avait  composé  les  paroles  et  la  musique. 


RIGHIIYI  (Vincent),  compositeur,  né  à  |Jo- 
Iogue,  le  22  janvier  1756  (1),  fit  ses  premières 
études  musicales  dans  la  maîtrise  du  chœur  de 
Saint-Pétrone,  puis  reçut  du  P.  Martini  des  le- 
çons de  contrepoint,  et  apprit  l'art  du  chant 
dans  l'école  de  Bernacchi.  A  l'âge  de  dix-neuf 
ans,  il  débuta  sur  le  théâtre  de  Parme,  et  se 
fit  applaudir  par  sa  bonne  méthode  plutôt  que 
par  la  beauté  de  sa  voix.  L'année  suivante,  il 
fut  engagé  au  théâtre  de  Prague,  et  commença  à 
s'y  faire  connaitrecomme  compositeur  par  des 
morceaux  qu'on  intercalait  dans  les  opéras  bouf- 
fes de  cette  époque,  puis  par  ses  premiers  opé- 
ras. Après  un  séjour  de  trois  années  à  Prague, 
il  se  rendit  à  Vienne  et  fut  choisi  par  l'empereur 
Joseph  II  pour  enseigner  le  chant  à  l'archidu- 
chesse Elisabeth,  qui  plus  tard  devint  duchesse 
de  Wurtemberg.  L'empereur  le  chargea  égale- 
ment de  la  direction  de  l'Opéra  Bouffe  italien  de 
sa  cour.  Le  séjour  de  Righini  à  Vienne  fut  de 
huit  années.  En  1788,  il  accepta  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'électeur  de  Mayence,  et 
cette  nouvelle  position  lui  fournit  l'occasion  d'é- 
crire quelques-uns  de  ses  meilleurs  ouvrages, 
particulièrement  une  messe  solennelle  composée 
pour  l'élection  de  l'empereur,  et  exécutée  à 
Francfort  en  1790.  Deux  ans  après,  le  roi  de 
Prusse,  Frédéric-Guillaume  II,  l'appela  à  Berlin 
pour  écrire  l'opéra  sérieux  Enea  nel  Lazio. 
Le  succès  de  cet  ouvrage  fit  choisir  le  composi- 
teur pour  directeur  de  la  musique  du  théâtre 
royal,  au  mois  d'avril  1793,  en  remplacement 
d'Alessandri,  avec  des  appointements  de  quatre, 
mille  écus  de  Prusse  (environ  15,000  fr.  ). 
Cette  heureuse  position  détermina  Righini  à  se 
marier  avec  Mlle  Knefel,  cantatrice  distinguée, 
qu'il  avait  connue  aux  théâtres  de  Mayence  et  de 
Francfort.  Depuis  lors  il  conserva  sa  place  a 
Berlin  jusqu'à  sa  mort,  et  ne  s'éloigna  de  celte 
ville  que  pour  faire  un  voyage  à  Hambourg  avec 
sa  femme.  Vers  la  fin  de  sa  vie,  il  fut  attaque 
d'une  maladie  calculaire  :  on  lui  conseilla  d'es- 
sayer de  l'air  natal  pour  rétablir  sa  santé.  Arrivé 
à  Bologne,  il  y  subit  deux  fois  l'opération;  à  la 
suite  de  la  seconde,  il  mourut  le  19  août  1812, 
à  l'âge  de  cinquante-six  ans. 

Righini  a  écrit  pour  la  scène  :  1°  La  Vedova 
scaltra,  opéra  bouffe,  son  premier  ouvrage  dra- 
matique, représenté  à  Prague  en  1778.  —  2°  La  . 
BottegadelCafè,  opéra  bouffe,  ibid.  —  2°  Don 
Giovanni  ossia  il  Convitato  di  Pietra  C'est 
le  même  sujet  que  Mozart   remit  en  musique 

(1)  L'auteur  de  la  notice  sur  Righini,   insérée  dans   le 
Lexique  universel  de  musique  publie  par  Schilling,  a  été 
m;il  informé  en  le  faisant  naître  en  1760  :  j'ai  puisé  mes- 
renseignrmenls  à  Bologne  même. 


264 


RIGHINI  —  RIMBAULT 


quelques  années  après,  dans  la  même  ville  de 
Prague,  sur  le  nouveau  livret  écrit  par  d'Aponte, 
et  combiné  pour  les  nouvelles  formes  musicales 
conçues  par  l'illustre  compositeur.  —  4°  La  Sor- 
presa  amorosa,  cantate  avec  orchestre,  écrite  à 
Vienne,  en  1780.  —  5°  II  Natale  d'Apollo,  idem. 
—  6°  Grande  Sérénade,  idem.  —  7°  L'Fncontro 
inaspettalo,  opéra  bouffe,  à  Vienne,  en  1785 — 
8°  Il  Demogorgone,  ossia  ilFilosofo  confuso, 
ibid.  —  9°  Plusieurs  scènes  et  morceaux  inter- 
calés dans  divers  opéras,  ibid.  —  10°  Anligono, 
opéra  sérieux,  à  Mayence,  en  1788.  Une  belle 
scène  de  cet  opéra  {Bérénice,  chef  ai?)  a  été 
gravée  avec  accompagnement  de  piano.  — 
11°  Quelques  scènes  introduites  dans  divers  opé- 
ras. — 12°  Armi.de,  k  Ascbaffenbourg. —  13°  Al- 
cideal  Bivio,  àCoblence,  en  1789.  — 14°  Enea 
nel  Lazio,  à  Berlin,  au  mois  de  janvier  1793. — 
15°  //  Trionfo  d'Ariane,  à  Berlin,  1795.  — 
16°  Atalante  e  Meleagro,  fête  théâtrale,  ibid., 
1797.  —  17°  Armida,  presque  entièrement  re- 
faite, ib.,  1799,  gravée  en  partition  pour  le  piano, 
à  Leipsick,  chez  Breitkopf.  —  18°  Tigrane, 
opéra  sérieux,  ibid.,  1799. —  19°  Gerusalemmc 
liberata,  ibid.,  1802.  —  20°  LaSelva  incan- 
tata,  opéra  bouffe,  ibid.  Les  partitions  de  ces 
trois  derniers  ouvrages  ont  été  publiées  pour  le 
piano,  à  Leipsick.  La  partition  de  la  messe  so- 
lennelle du  couronnement,  de  Righini,  a  été  gra- 
vée à  Berlin,  chez  Schlesinger.  Les  autres  ouvra- 
ges de  cet  artiste  sont  :  1°  Sérénade  pour  2  cla- 
rinettes, 2  cors  et  2  bassons  ;  Augsbourg,  Gom- 
bart.  —  2°  Sonates  en  trios  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  liv.  1  et  2;  Leipsick,  Heinrichs.  — 
3°  Concerto  pour  flûte  et  orchestre;  Augsbourg, 
Gombart.  — 4°  Plusieurs  recueils  de  duos  pour 
le  chant  ;  à  Berlin.  —  5°  Beaucoup  d'ariettes  ita- 
liennes, en  recueils  et  détachées,  de  roman- 
ces, etc.;  Hambourg,  Bœhme;  Berlin,  Schlesin- 
ger; Leipsick, etc.  —  6"  Quelques  cantates;  ibid. 
Les  exercices  de  chant  publiés  par  Righini,  en 
1804,  sont  un  des  meilleurs  ouvrages  de  ce 
genre. 

RIGLER  (Fit  am;ois-Paul),  professeur  de  mu- 
sique à  l'École  nationale  supérieurede  Presbourg, 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  s'est  fait  con- 
naître par  un  bon  ouvrage  intitulé  :  Anleitung 
zum  Gesange  und  don  Klavier  oder  die  Or- 
gel  zu  spielcn,  nebsf  den  ersten  Grunden  zur 
Composition,  etc.  (  Introduction  au  chant  et  à 
l'art  de  jouer  du  clavecin  où  de  l'orgue,  suivie 
des  premiers  principes  de  la  composition);  Ofen 
(Hongrie),  1798,  gr.  in-4"  obi.  de  1 10  pages,  avec 
4  planches  gravées. 

HILEY  (Guillaume),  musicien  anglais,  vivait 
à  Londres  vers  le  milieu  du  dix-huilième  siècle. 


Il  s'est  fait  connattre  par  une  collection  de 
psaumes  à  quatre  parties,  précédée  d'une  instruc- 
tion sur  la  psalmodie,  et  d'une  critique  du  chant 
des  méthodistes.  Cet  ouvrage  est  intitulé  :  Paro- 
chial  musick  corrected,  containing  remarks 
on  the  performance  ofpsalmodg  in  country- 
churches,  and  on  the  ridiculous  and  profane 
manner  ofsinging  prac  tised  bg  the  methodists; 
together  uith  parochial  harmong,  consisting 
of  a  collection  of  Psalm-tunes,  in  three  and 
four  parts;  Londres,  1762,  in-4°. 

RIMBAULT  (Edouard-François),  musicien 
érudit  et  littérateur  d'un  méritetrès-remarquable, 
dont  les  connaissances,  en  ce  qui  concerne   les 
antiquités  et  l'histoire  de  la  musique  en  Angle- 
terre, sont  plus  étendues  et  plus  solides  que  cel- 
les des  autres  écrivains  de  ce  pays.  Il  est  né  le 
13  juin  1810,  dans  le  q  uartier  de  Soho,  à  Londres, 
et  descend  d'une  ancienne  famille  de  Normandie 
qui  s'est  fixée  en  Angleterre,  après  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes.  Son  père,  professeur  de  mu- 
sique et  organiste  de  Saint-Gilles-in-the-fields 
(Soho),  fut  son   premier  maître  pour  les  prin- 
cipes de  l'art;  puis  M.  Rimbault  termina  son 
éducation  musicale  sous  la  direction  du  célèbre 
organiste  Samuel  Wesley.  A  l'âge  de  seize  ans, 
il  fut  nommé  organiste  de   la  chapelle   suisse, 
dans  Soho,   où  il   eut  fréquemment  l'occasion 
d'accompagner     les   psaumes    harmonisés    par 
Claudin  le  Jeune  et  d'autres  maîtres  anciens.  Ce 
fut  cette  circonstance  qui  inspira  au  jeune  artiste 
le  goût  de  la   musique  ancienne  et  dirigea   ses 
travaux  spécialement  vers  l'étude  des  antiquités 
de  cet  art.  M.  Rimbault  était  parvenu  a  l'âge  de 
vingt-deux  ans,  lorsque  les  connaissances  qu'il 
avait  acquises  dans  l'exploration  des  traités  de 
musique  réunis  à  la  bibliothèque  de  la  paroisse 
de  Saint-Martin,  formée   par  l'archevêque  Jen- 
nison,  le  décidèrent  à  ouvrir,  en  1838,  un  cours 
de  lectures  sur  l'histoire  de  la  musique  en  An- 
gleterre. Ces    lectures,  continuées  en  plusieurs 
périodes,  eurent  du  retentissement,  fixèrent  l'at- 
tention publique  sur  le  mérite  du  jeune  profes- 
seur, et  inspirèrent  à  plusieurs  hommes  d'élite 
de  l'intérêt  pour  l'histoire  de  l'art  dans  leur  pa- 
trie. L'association  de    MM.    Rimbault,  Edouard 
Taylor  et  William  Chappell,  pour  la  fondation 
de  la  Musical  antiquarian  Society  et  «le   la 
l'crcy  Society,  en  fui  un  îles  résultats  principaux 
dans  l'origine.  Les  travaux  du  comité  de  la  pre- 
mière de  ces   sociétés  commencèrent   le  1<-'''  no- 
vembre 1840:  M.  Rimbault  en  fut  le   membre 
le  plus  actif.  On  connaît  les  belles  publications 
d'œuvres  des  anciens  compositeurs  anglais  faites 
par  cette  association  d'hommes  aussi  recomman- 
dablés  par  leur  zèle  que  distingués  par  leur  mé- 


RIMBAULT 


265 


rite  personnel.  Dix-neuf  volumes  d'œuvres  de 
Byrd,  Morley,  Wilbye,  Weelkes,  Dowland,  Gib- 
bons, Hilton,  Bateson,  Purcell,  etc.,  qui  n'exis- 
taient qu'en  parties  séparées  dont  la  rareté  est 
excessive,  ont  été  publiés  avec  luxe  en  partition 
par  les  membres  de  la  société  ;  la  moitié  de; 
cette  intéressante  collection  est  due  aux  soins  et 
aux  travaux  de  M.  Rimbault,  qui  a  enrichi  cha- 
que  volume  de  notices  excellentes,  dans  les- 
queHes  brille  au  plus  haut  degré  l'esprit  de  cri- 
tique et  de  recberebes. 

La  Société  Percij ,  ainsi  nommée  de  l'évêque 
Tbomas  Percy,  éditeur  des  Relies  of  the  an- 
cient  english  Poetry,  fut  fondée  dans  la  même 
année  que  celle  des  antiquaires  musiciens;  son 
but  était  la  publication  des  nouvelles  éditions 
des  monuments  de  l'ancienne  poésie  anglaise. 
M.  Rimbault  en  fut  nommé  secrétaire,  comme  il 
l'était  de  celle  de  l'ancienne  musique,  et  comme 
tel,  il  fut  l'éditeur  de  la  plupart  des  ouvrages  re- 
produits. La  Moiett  Society,  qui  avait  pour 
objet  la  publication  des  œuvres  de  Palestrina, 
Victoria,  Orlandodi  Lasso,  etc.,  avec  des  paroles 
anglaises  pour  l'usage  de  l'Église  réformée,  fut 
constituée  en  1841,  et  M.  Rimbault,  dont  les 
connaissances  spéciales  étaient  justement  appré- 
ciées dans  sa  patrie,  fut  chargé  de  la  direction 
du  travail  et  des  soins  nécessaires  pour  les 
nouvelles  éditions.  En  1842,  il  fut  nommé  mem- 
bre de  la  Société  des  Antiquaires  de  Londres,  et 
dans  la  même  année  il  reçut  le  diplôme  de  doc- 
teur en  philosophie  de  l'université  de  Gœttingue, 
et  de  membre  de  l'académie  de  musique  de  Stock- 
bolm.  Les  suceès  qu'il  avait  obtenus  dans  ses 
cours  de  lectures  sur  la  musique  avaient  fixé  l'at- 
tention des  corps  savants  de  l'Angleterre  :  il  fut 
invité  à  en  faire  de  semblables  à  la  Collegiate 
Institution  de  Liverpool,  ainsi  qu'à  l'Institut 
pbilosopbique  d'Edimbourg.  Lés  révélations  du 
docteur  Rimbault  sur  les  antiquités  de  l'art, 
dans  ces  séances,  excitèrent  un  vif  intérêt  chez 
ses  compatriotes,  et,  dès  ce  moment,  les  monu- 
ments de  cette  histoire  furent  recherchés  avec 
avidité.  Peu  après  la  formation  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  musique,  M.  Rimbault  reçut  l'in- 
vitation d'accepter  la  place  de  professeur  de 
musique  à  l'université  d'Harvard,  aux  États-Unis 
d'Amérique  ;  mais  les  avantages  dont  il  jouissait 
dans  sa  patrie  lui  firent  décliner  ces  propositions 
honorables.  En  1844,  il  obtint  le  doctorat  endroit, 
et  dans  le  même  temps  il  fut  nommé  examina- 
teur dans  le  collège  royal  des  précepteurs  de 
Londres  :  il  occupe  encore  cette  position  (1863). 
En  1848,  le  docteur  Rimbault  eutlerare  honneur 
d'être  invitée  faire  un  nouveau  cours  de  lec- 
tures sur  la  musique  à  l'Institution  royale  de  la 


Grande-Bretagne.  Il  le  divisa  en  deux  parties, 
la  première  théorique,  l'autre  historique,  et  les 
traita  toutes  les  deux  avec  de  larges  développe- 
ments dans  les  sept  séances  qu'il  y  consacra. 

Livré  à  ses  grands  travaux  d'antiquaire  et 
d'éditeur,  M.  Rimbault  n'a  pu  s'occuper  avec  ac- 
tivité de  la  composition;  néanmoins  il  a  écrit  la 
musique  du  petit  opéra  The  Fair  Maid  of  Is- 
lington  (La  Belle  Fille  d'Islington),  et  le  drame 
musical  The  Caslle  Spectre  (Le  Spectre  du  châ- 
teau), lesquels  ont  été  représentés  à  Londres  en 
1838  et  1839.  On  connaît  aussi  sous  son  nom 
un  certain  nombre  de  chansons  anglaises  à  voix 
seule  avec  piano.  Dans  la  pratique  de  l'art,  les 
arrangements  de  grandes  partitions  pour  le 
piano  ont  pris  une  large  place  dans  ses  occu- 
pations ;  c'est  ainsi  qu'il  a  réduit  les  partitions 
des  opéras  La  Chute  de  Babylone  et  Les  Croi- 
sés, de  Spohr  ;  Robin  Hood,  Helvellyn  et  Jessy 
Lea,  de  Macfarren;  La  Bohémienne,  L'Fnchan» 
teresse,  et  La  Fille  de  la  place  Saint-Mafc,  de 
Balfe;  Niccolode  Lappi,  de  Schirva;  Maritana, 
Amber  Witch  et  Désert  Flowers,  de  Wallace. 
Une  partie  de  la  carrière  de  M.  Rimbault  fut 
employée  à  l'amélioration  delà  musiqued'église 
de  la  religion  anglicane  ;  ce  fut  pour  ce  but  qu'il 
visita,  en  1843  et-1844,  les  bibliothèques  des  uni- 
versités d'Oxford  et  de  Cambridge,  ainsi  que  le 
Fitz-William  muséum.  Il  en  tira  des  services 
complets  de  maîtres  oubliés,  dont  il  a  introduit 
une  partie  dans  le  premier  volume  de  la  nou- 
velle édition  qu'il  a  publiée  de  la  Cathedral 
Music  de  Samuel  Arnold.  Ce  fut  à  la  suite  de 
cette  publication  que  M.  Rimbault  fut  invité,  en 
1853,  à  faire  un  cours  de  lectures  sur  la  psal- 
modie à  Edimbourg  et  à  Glascow.  C'est  aussi 
pour  le  but  de  la  restauration  du  chant  religieux, 
que  ce  savant  musicien  s'est  livré  à  l'étude  de 
l'harmonium ,  instrument  sur  lequel  il  a  ac- 
quis un  talent  aujourd'hui  célèbre  en  Angle- 
terre. 

Devenu  l'homme  nécessaire  pour  tout  ce  qui 
se  rattache  à  l'histoire  de  la  musique  en  Angle- 
terre, M.  Rimbault  a  été  appelé  par  le  comité 
qui  s'était  formé  pour  donner  unenouvelie  édi- 
tion correcte  des  œuvres  de  Hsendel ,  d'après 
les  manuscrits  originaux  dont  j'avais  fait  con- 
naître l'existence  dans  la  Revue  musicale  en 
182S  (tome  V,  p.  577-583),  et  prié  de  seconder  le 
zèle  des  membres  de  cette  association,  en  se 
chargeant  de  la  publication  de  plusieurs  oratorios, 
particulièrement  du  Messie.  L'édition  qu'il  a 
donnée  de  cet  ouvrage  sublime  est  un  modèle  en 
son  genre  :  au-dessus  de  la  partition  originale 
deHœndel,  il  a  placé  l'instrumentation  ajoutée 
par  Mozart,  et  au  bas  des  pages  se  trouve  l'ar- 


26G 


RIMBAULT 


rangement  pour  le  piano  fait  par  lui-même,  le- 
quel est  différent  en  beaucoup  de  points  de  ce 
qui  avait  été  publié  précédemment,  mais  rigou- 
reusement conforme  à  la  partition.  Cette  édition 
est  magnifique.  M.  Rimbault  a  aussi  prêté  son 
secours  à  Mendelssolin,  qui  s'était  chargé  de  pré- 
parer la  partition  de  l'oratorio  Israël  en  Egypte, 
pour  la  même  collection,  mais  qui  était  souvent 
arrêté  dans  son  travail  par  desdilficultés  dont  il 
n'avait  pas  la  clef.  Il  y  a  environ  vingt-cinq  ans 
qnt:  M.  Rimbault  recueille  des  matériaux  pour 
un  ouvrage  concernant  la  musique  originale  des 
drames  de  Shakespeare  (On  ihe  original  Mu- 
sic of  Shakespeare's  Plays)  :  ce  livre  intéres- 
sant est  maintenant  terminé  et  paraîtra  dans  un 
court  délai. 
Liste  des  ouvrages  publiés  par  M.  Rimbault, 

COMME  ÉDITEUR.  — I.  MUSIQUE  RELIGIEUSE  i  1°  Dr. 

Arnold's collection  ofCathedral  music,  a  new 
édition  carefully  collated  with  numerous  an- 
cient  Mss.,  in  which  is  added  an  accompani- 
ment  for  ihe  organ  (  in  place  of  fhe  signed 
Bass)  and  biographical  accounts  of  ihe  va- 
rions composas  (Collection  de  musique  d'église 
du  Dr  Arnold  ;  nouvelle  édition  soigneusement 
revue  et  collalionnée  avec  de  nombreux  manus- 
crits anciens,  à  laquelle  est  ajouté  un  accompa- 
gnement d'orgue,  au  lieu  de  la  basse  chiffrée,  et 
des  notices  biographiques  sur  les  compositeurs)  ; 
Londres,  Dalmaine  and  C°.  (s.  d.),  3  vol.  in -fol. — 
2°  A  collection  ofcathedral Music,  by  the  great 
English  masters,  consisting  in  services  and  A  n- 
thems  selecled  from  the  Booksofthe  différent 
cathedrals,  from  the  Aldrich,  the  Tudway, 
and  the  Fitzwilliam  Mss.  Collections  ;  and 
from  the  library  of  the  Music  School  of  Ox- 
ford. Printed  in  score,  with  an  accompani- 
ment  for  the  organ  and  biographical  notices 
of  the  composers  (Collection  de  musique  d'é- 
glise, par  les  meilleurs  maîtres  anglais,  consis- 
tant en  services  et  antiennes  tirés  des  livres  de 
diverses  cathédrales,  des  collections  d'Aldrich,  de 
Tndway,  de  Fitzwilliam,  et  de  la  bibliothèque 
de  l'école  de  musique  d'Oxford  ;  publiée  en  par- 
tition avec  accompagnement  d'orgue,  et  des  no- 
tices biographiques  des  compositeurs)  ;  Londres, 
Chappell  andC°.,  in-fol.  —  3°  Cathedr al  chants 
of  ihe  sixtenth ,  seventeenth  and  eighteenth 
centuries,  selecled  from  the  liooksof the  cathe- 
drals and  collégiale  establishments;  in  score, 
with  an  accompaniment  for  the  organ,  and 
biograjthical  notices  of  Ihe  composers  (Chants 
d'église  des  seizième,  dix-septième  et  dix-hni- 
lièuie siècles,  tirés  des  livres  des  cathédrales  et 
des  universités,  en  partition,  avec  accompagne- 
ment d'orgue,  et  des  notices  biographiques  des 


compositeurs)  -Londres,  Dalmaine  and  C\,  in-fol. 

—  4°  The  full  cathedr  al  service  composed 
by  Thomas  Tallis.  A  new  édition  with  an 
historical  Préface,  and  a  Biography  of  ihe 
composer.  In  full  score  with  an  organ  ac- 
companiment (Le  service  complet  de  l'église 
composé  par  Thomas  Tallis.  Nouvelle  édition, 
avec  une  préface  historique,  et  la  biographie  du 
compositeur.  Partition  complète  avec  accompa- 
gnement d'orgue  );  ibid.  —  5°  The  order  of 
daily  service  with  the  musical  notation  as 
adapted  and  composed  by  Th.  Tallis.  Care- 
fully revised  and  corrected,  with  an  histo- 
rical and  crilical  préface  (L'ordre  de  service 
journalier  avec  la  notation  musicale  telle  qu'elle 
y  est  adaptée  et  composée  par  Thomas  Tallis. 
Revu  avec  soin  et  corrigé,  avec  une  préface  his- 
torique et  critique)  ;  ibid.  —  6°A  collection  of 
services  and  anthems,  chiefly  adapted  from 
the  works  of  Palestrina,  Orlando  de  Lasso, 
Viltoria,  Colonna,  etc.,  etc.  (  Collection  de 
services  et  d'antiennes,  tirés  particulièrement 
des  oeuvres  de  Palestrina,  Orlando  de  Lasso, 
Victoria,  Colonna,  etc.,  etc.);  Published  under 
the  direction  of  the  Motett  Society  ;  3  vol. 
in-fol.  —  7°  A  collection  of  Anthems  by  com- 
posers of  the  Madrigalian  era  (Bateson,Este, 

Weelkes,  etc.).  New  first  printed  from  Mss. 
in  the  possession  of  the  Editor.  Published  by 
the  Musical  anliquarian  Society  (Collection 
d'antiennes  par  les  compositeurs  de  l'époque 
madrigalesque,  Bateson,  Lste,  Weelkes,  etc.  Pu- 
bliée pour  la  première  fois  d'après  des  manus- 
crits appartenant  à  l'éditeur,  dans  la  Collection 
des  musiciens  antiquaires)  ;  in-fol.  —  8°  The 
Order  of  Morning  and  Evcning  Prayer,  with 
the  Jlarmony  in  4 parts;  ihe  Plain-song  of 
the  church  being  placed  in  the  Ténor,  ac- 
cording  to  ancient  usage;  Londres,  A.  No- 
vello  (  Le  livre  de  prières  du  matin  et  du  soir 
harmonisé  à  4  parties,  le  plain-chant  étant 
placé  dans  la  partie  du  ttnor,  suivant  l'ancien 
usage).  —  9°  The  Order  of  daily  serrice, 
With  the  musical  notation  as  used  in  the 
Abbey-Church  of  Saint-Peter,  Westminster. 
New  first  published  from  ihe  traditional 
practice  of  the  choir  (L'Ordre  du  service  jour- 
nalier, avec  la  notation  musicale  en  usage  dans 
l'église  Saint-Pierre  de  l'Abbaye  de  Westmins- 
ter. Publié  pour  la  première  fois  d'après  l'usage 
traditionnel  du  chœur);  Londres,  Georges  Bell. 

—  10"  Edward  Lowe's  Order  of  chanting 
the  Cathedr  al  service.  Reprinted  from  the 
2d  édition  printed  ai  Oxford,  1664,  and 
adaptai  for  modem  use.  (La  Manière  de  chan- 
ter l'office  <\<-  l'église;  publiéd'après  la  deuxième 


R1MBAULT 


2fi7 


édition  imprimée  à  Oxford  en  1664,  et  adaptée 
à  l'usage  moderne)  ;  Londres,  Chappeli  and  C°. 

—  11°  The  H  and  Book  fur  the  Parish  Choir, 
a  collection  of  Psalm  Tunes,  services,  an- 
thems,  chants,  Sanctus,  etc.  The  Psalm  Tunes 
newly  harmonized  in  four  parts  (Manuel  du 
chœur  de  paroisse,  collection  de  psaumes,  offices, 
antiennes,  chants  et  Sanctus,  etc.  Les  psaumes 
sont  harmonisés  à  quatre  parties);  ibid.  — 
12°  The  Organist  Hand-Book,  a  collection  of 
voluntaries  for  the  organ  chiefly  selected 
and  arrangcd  from  Composersof  (lie  German 
School  (Manuel  de  l'organiste,  collection  de 
préludes  pour  l'orgue,  choisis  et  arrangés  d'a- 
près les  compositeurs  de  l'école  allemande); 
Londres,  Cramer,  Beale  and  C°.  — .13°  Vocal 
part  Music-sacred  andsecular,  a  collection  of 
Anthcms,  Motetti,  Madrigal,  Part-songs,  etc. 
In  score  ivith  a  separate  accomp.  for  organ 
or  piano  forte  (Partie  vocale  de  musique  sa- 
crée et  mondaine,  collection  de  motets,  an- 
tiennes,madrigaux,chansons  à  plusieurs  voix,etc, 
en  partition  avec  un  accompagnement  séparé 
pour  l'orgue  ou  le  piano);  Londres,  Dalmaine 
and  C°.  —14°  The  Whole  Book  ofpsalms,  with 
the  Tunes  in  4  parts  as  printed  by  Thomas 
Este,  1592.  IS'eiv  first  printed  in  score  with 
an  historical  préface  and  biographical  No- 
tice. (  Le  psautier  complet  harmonisé  à  quatre 
parties,  conforme  à  l'édition  de  Thomas  Este, 
1592.  Première  édition  en  partition,  avec  une 
préface  historique  et  la  notice  biographique);  Mus. 
Antiq.  Society.  —  15°  The  Booke  of  common 
prayer  tvilh  musical  notes,  as  used  in  the 
chapel  royal  of  Edward  VI;  1550.  Compiled 
by  John  Marbeck.  Reprinted  in  fac-similé  (Le 
livre  des  prières  publiques  noté  suivant  l'usage 
de  la  chapelle  royale  d'Edouard  VI,  en  1550; 
compilé  par  Jean  Marbeck;  réimprimé  en  fac- 
similé);  Londres,  Richering.  —  16°  Marbeck's 
Booke  of  common  Prayer  ;  autre  édition  en  ca- 
ractères ordinaires,  avec  une  préface  historique  et 
la  biographie  de  Marbeck;  Londres,  A.  Novello. 

—  17°  Messe  à  5  voix,  composée  sous  le  règne 
de  la  reine  Marie  pour  la  cathédrale  de  Saint- 
Paul,  par  William  Byrd.  Gravée  en  partition, 
avec  une  introduction  historique.  —  IL  Musique 

DE  CHAMBRE   ET  DRAMATIQUE  :    18°  ThomClS  Mor- 

ley's  First  Book  of  Ballets  for  5  voices.  New 
first  printed  in  score  from  the  original  édi- 
tion of  1595  (Premier  livre  de  ballets  à  5  voix 
de  Thomas  Morley  ;  imprimé  pour  la  première 
fois  en  partition  d'après  l'édition  originale  de  1595). 
(Mus.  Antiq.  Society), in-fol.  —  19°  Thomas  Ba- 
teson's  First  set  of  Madrigals  for  3,  4,  5  et  6 
voices.  New  first  printed  in  score  from  the 


original  édition  (Première  suite  de  madrigaux 
à  3,  4,  5  et  6  voix  par  Bateson  ;  publiée  pour  la 
première  fois  en  partition  d'après  l'édition  ori- 
ginale) ;  (idem),  in-fol.  —  20"  Orlando  Gibbons 
Fantasies  of  3  parts  for  viols.  Scored  from 
the  original  édition  and  collated  with  various 
ancient  Mss  (Fantaisies  à  3  parties  pour  des  vio- 
les, d'Orlando  Gibbons,  mises  en  partition  d'a- 
près l'édition  originale  collationnée  avec  plusieurs 
anciens  manuscrits)  ;  (idem);  in-fol.  — 21°  Bon- 
duca,an  opéra  composed  by  Ilarrij  Purcell 
New  first  printed.  In  which  is  addeda  His- 
tory  of  the  rise  and  progress  of  dramatic 
Music  in  England  (Bonduca,  opéra  composé 
par  Henri  Purcell  ,  publié  pour  la  première 
fois,  avec  une  histoire  de  l'origine  et  des  pro- 
grès de  la  musique  dramatique  en  Angleterre); 
(idem),  in-fol.  —  22*  Parthenia,  or  the  first 
Musik  ever  printed  for  the  Virginals  (Par- 
thenia, ou  la  première  musique  qui  fut  impri- 
mée pour  la  Virginale);  traduite  en  notation 
moderne,  avec  une  esquisse  de  la  première  épo- 
que de  l'art  de  jouer  du  piano)  (idem).  — 
23°  Nursor y  Rhymes,with  the  Tunes  to  which 
thcy  aresung  in  the  ISursery  of  England,  ob- 
tained  principally  from  oral  tradition 
(Chansons  de  nourrices,  avec  les  airs  sur  les- 
quels elles  sont  chantées  dans  les  établissements 
de  nourrices  en  diverses  parties  de  l'Angleterre, 
et  recueillies  particulièrement  par  la  tradition); 
Londres,  Cramer,  Beale  and  C°.  —  24°  Christ- 
muss  Carols  with  (lie  ancient  mélodies  to 
which  they  are  sung  in  various  paris  of  the 
country  (Chants  de  Noël  avec  les  mélodies,  tels 
qu'ils  sont  chantés  en  diverses  parties  de  l'An- 
gleterre (ibid.).  —  25°  The  ancient  vocal  Mu- 
sic of  England,  etc.  (L'ancienne  Musique  vocale 
de  l'Angleterre;  collection  de  spécimens  rappor- 
tés dans  un  cours  de  lectures  musicales  fait  à 
l'Institution  philosophique  d'Edimbourg ,  et  à 
la  Collégiale  Institution  de  Liverpool,  dans  les 
années  1846  et  1847)  ;  Londres,  A.  Novello,  2  vol. 
in-fol.  — 26o  Tiie  Rounds,  Calches  and  Canons 
of  England,  a  Collection  of  spécimens  of 
the  sixteenth,  seventeenth  and  eighteenth 
centuries,  etc.  (Rondes,  chansons  à  refrains  et 
canons  de  l'Angleterre,  collection  de  spécimens 
des  seizième,  dix-septième  et  dix-huitième  siècles, 
adaptés  à  l'usage  moderne,  avec  une  introduc- 
tion historique  sur  l'origine  et  les  progrès  du 
chant  des  rondes,  chansons  à  refrains  et  canons, 
etdes  notices  biographiques  sur  les  compositeurs); 
Londres,  J.-B.  Crames  and  C°,  in-4°.  —  III.  Ora- 
torios.—  27°  Samson,  oratorio  de  Hsendel  en 
grande  partition,  édité  avec  une  préface  et  ac- 
compagnement de  piano  (dans  la  Collection  pu- 


268 


RIMBAULT  —  RINALDINI 


bliée  par  la  Société  de  Hœndel).  —  28o  Saùl; 
id.,  ibici.  —  29°   Messiah  (Le  Messie),  oratorio 
deHnendel  en  grande  partition,  édité  avec  les 
accompagnements  ajoutés  par  Mozart,  une  intro- 
duction historique  et  accompagnement  de  piano 
(dans  la  môme  Collection).  IV.  Ouvrages  élémen- 
taires et  musique  pratique  :  30°   The  Child's 
First  Instruction  Book  for  the  piano-forte, 
with  variety  of  progressive  Lessons  (Le  Livre 
des   enfants   pour   la  première   instruction  du 
piano,  avec  des  leçons    progressives  d'espèces 
différentes);  Londres,  Dalmaine.  —  31°  A  Guide 
to  the  use  ofthe  new  Alexandre  Church  Har- 
monium, with  two  Rowsof  Keys.  Towhichis 
added  a  sélection  of  pièces  by  classical  mas- 
ters,  etc.  (Guide   pour  l'usage  du  nouvel  har- 
monium d'église  d'Alexandre,  à  deux  claviers; 
auquel  est  ajouté  un  choix  de  morceaux  par  les 
maîtres  classiques,  etc.)  ;  Londres,  Chappell.  — 
32°  Rimbault's  Harmonium  Tutor.  A  concise 
and  easy  book  of  instruction  for  this  popular 
instrument  (chiefly  adapted    to  sacrée  pur- 
pose),   etc.  (Guide   pour  l'harmonium  de  Rim- 
bault,  ou  traité  concis  et  facile  d'instruction  pour 
l'usage  de  cet  instrument  populaire  appliqué  au 
culte,  suivi    d'un   choix  de    pièces    arrangées 
d'après    les  œuvres  de   Hœndel,  Bach,  Haydn, 
Marcello,    Hummel ,   Rink,   INaumann,  etc.), 
8me  édition;   ibid. — 33"  Plusieurs  recueils  de 
musique   arrangée   pour  l'harmonium    et  pour 
l'orgue,  de  services  et  d'antiennes  à  l'usage  des 
cathédrales  et  des  paroisses,  comme  pour  les  pe- 
tits chœurs  de  chapelles.  —  V.  Littérature  mu- 
sicale et  poétique  :  34°  Memoirs  of  Musikby 
the  honorable  Roger  Korth,  atlorneg  gênerai 
to  James  II  ( Mémoires  sur  la  musique,  par  l'ho- 
norable Roger  Norlh,  procureur  général  sous  le 
règne  de  Jacques  II...  Publiés  pour  la  première 
fois  d'après  le  manuscrit  original  avec  beaucoup 
de  notes  par  Ed.  Rimhault)  ;  Londres,  Georges 
Bell,  1846,  petit    in-i°  de  XXIV  et  139  pages, 
imitant  les  impressions  du  dix-septième  siècle, 
sur  papier  de  Hollande,  avec  le  portrait  de  Roger 
North.   —   33°    The  Organ,  its  hislory   and 
construction  :  a  comprehensive  treatise  upon 
the  structure  andeapabi lit tes  oftht >  organ, etc., 
intendedas  a  Handbook  for  the  organist  and 
the  amateur,  by  Edward  Bopkins,  organist 
ofthe  Temple  church,  prrceded  by  unenti- 
rely  new  Historyof  the  organ,  Memoirs  ofthe 
most  eminent    builders  of  the  seventeenth 
and   eighteenth  centuries,  etc.,   by  Edward 
F.  Iiimbault  (  L'Orgue,  son  histoire  et  sa  cons- 
truction ;   traité  complet  de  la  structure  et  des 
ressources  de  l'orgue,  formant    un  manuel  de 
l'organiste  et   de  l'amateur,   précédé  d'une  his- 


toire entièrement  nouvelle  de  l'orgue,  de  notices 
sur  les  facteurs  d'orgues  les  plus  éminents  des 
dix-septième  et  dix-huitièmes  siècles,  etc.,  par 
Ed. F.  Rimbault);Londres,  Robert  Cocks,1855,  un 
vol.  gr.  in-8°  de  596  pages.  —  36°  The  Piano 
forte,  its  origin,  progress  and  construc- 
tion; with  some  account  of  instruments  of 
the  same  class  which  preceded  it ,  viz  the 
Clavichord,  the  Virginals,  the  Spinet,  the 
Harpsichord  (Le  Piano,  son  origine,  ses  progrès, 
sa  construction,  avec  des  notices  sur  les  instru- 
ments de  même  espèce  qui  l'ont  précédé,  tels  que 
le  clavicorde,  les  virginales,  le  clavecin,  par  Ed. 
F.  Rimbault;  Londres,  Rob.  Cocks,  1860,  1  vol. 
gr.  in-4°  de  420  pages,  avec  des  spécimens  d'an- 
ciennes pièces  de  clavecin  des  meilleurs  maîtres, 
et  un  appendice.  —  37°  Bibliotheca  Madriga- 
liana;  a  Bibliographical  account  of  musical 
and  poetical  works  publishedin  England  du- 
ring  the  reigns  of  Elisabeth  and  James  the 
first  (Bibliothèque  madiïgalesque,  ou  Notice  bi- 
bliographique des  œuvres  musicales  et  poétiques 
publiées  en  Angleterre  pendant  les  règnes  d'Elisa- 
beth et  de  Jacques  I^r);  Londres,  J.-R.  Smith.  — 
38°  Who  icasJack  Wilson, thesingerof Shakes- 
peare stage  ?  An  attempt  to  prove  the  identity 
ofthis  personwithJohn  Wilson  doctorof  Mu- 
sick  in  the  University  of  Oxford  A.  D.  1644 
(  Qui  était  Jacques  Wilson ,  chanteur  du  théâ- 
tre de  Shakespeare?  Tentative  pour  démontrer 
l'identité  de  ce  personnage  avec  Jacques  Wilson, 
docteur  en  musique  de  l'université  d'Oxford  en 
1644); Londres,  J.-R.  Smith.  —  39°  A  LittleBook 
of  Songs  and  Ballads,gaihered  from  ancient 
Musick  Books ,  Mss.  and  printed  (  Petit  Livre 
de  chansons  et  ballades  recueillies  dans  d'anciens 
livres  de  musique,  manuscrits  et  imprimés);  Lon- 
dres, J.-Russell  Smith,    1851,  1  vol.  in- 12. 

Les  autres  travaux  de  M.  Rimbault,  purement 
littéraires,  forment  l'objet  de  sept  publications 
de  la  Bercy  Society  :  elles  sont  étrangères  à  ce 
dictionnaire  par  leurs  sujets.  Indépendamment, 
des  ouvrages  cités  précédemment,  ce  savant  ar- 
chéologue musicien  a  un  si  grand  nombre  de 
notes  et  de  recherches  concernant  la  musique, 
que  leur  ensemble  représente  l'étendue  de  24  vo- 
lumes in-4°. 

R1NALDI1Y1  (D.  Soccorso),  prêtre,  maître 
de  chapelle  ddla  M  adonna  de  Monti ,  naquit 
à  Fabriano,  dans  les  Étals  de  l'Église,  au  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle,  cl  fut  agrégé, 
en  1746,  au  collège  des  chapelains  chantres  de 
la  chapelle  pontilicale.  Il  a  formé  beaucoup  de 
bons  élèves  pour  le  chant  et  pour  la  composi- 
tion, et  a  laissé  en  manuscrit  des  composition» 


RINALDO  —  RIINR 


269 


RINALDO,  compositeur  italien,  naquit  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle,  à  Monta- 
gnana,  dans  le  duché  de  Moriène.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  Il  primo  libro  de'  mottetti  a 
4  voci;  Venise,  1573,  in-4°. 

RINALDO  DA  CAPUA,  compositeur 
dramatique,  fils  naturel  d'un  grand  seigneur,  na- 
quit à  Capoue,  dans  le  royaume  de  Naples,  en 
1715.  N'ayant  point  de  nom  de  famille,  il  fut  dé- 
signé par  celui  du  lieu  de  sa  naissance  Ses  pro- 
grès dans  la  musique  furent  si  rapides,  qu'a  l'âge 
de  quinze  ans  il  donna  à  Venise  son  premier 
opéra.  Artiste  d'instinct  plutôt  que  d'étude,  il 
écrivait  avec  peu  de  correction;  mais  ses  ouvrages 
brillaient  par  des  traits  de  génie.  On  ignore  l'é- 
poque de  sa  mort.  C'est  à  tort  qu'on  lui  a  attri- 
bué l'invention  du  récitatif  accompagné  par  l'or- 
chestre, connu  longtemps  avant  lui.  L'invention 
qui  appartient  réellement  à  Rinaldo  est  celle  des 
ritournelles  développées  du  récitatif  obligé,  dans 
le  but  d'exprimer  les  passions  dont  sont  affectés 
les  personnages  des  drames.  De  tous  ses  ouvrages, 
on  ne  connaît  aujourd'hui  que  ceux  dont  les  titres 
suivent;  1° La  Zingara,  opéra  bouffeen  un  acte. 

—  2°  La  Donna  vendicativa  (dont  la  partition 
manuscrite  était  dans  la  bibliothèque  de  Burney). 

—  3°  Farnace,  1739.  —  4°  La  Libéria  nociva, 
à  Venise,  1744.  — 5°  L'Ambizione  delusa. — 
6°  La  Commedia  in  commedia,  à  Venise,  1749. 

RINCK  (Jean),  organiste  distingué,  né  à 
Frankenheim,  enThuriuge,  vers  1730,  apprit  les 
éléments  de  la  musique  à  Grœfenrode,  sous  la 
direction  du  cantor  Kellner,  puis  étudia  le 
contrepoint  chez  le  maître  de  chapelle  Stœlzel. 
En  1754,  il  obtint  la  place  d'organiste  à  l'église 
Sainte-Marie,  de  Berlin.  Le  talent  de  cet  artiste 
pour  l'improvisation  des  fugues  était  remarqua- 
ble. Il  vivait  encore  en  1772, 

R1NCKHARD  (Martin),  nom  altéré  par 
Forkel,  Gerber,  Lichtenlhal,  et  d'autres  en  celui 
de  Richard.  Rinckhard  demeurait  à  Eilenbourg 
au  commencement  du  dix-septième  siècle.  Il  na- 
quit en  1585,  et  mourut  en  1649  (voyez  Winter- 
feld,  Der  Evangelische  Kirchengesang,  t.  II, 
p.  5).  On  a  de  lui  un  ouvrage  de  musique  pra- 
tique à  6  voix  sur  le  cantique  Nun  danketalle 
Gott,  intitulé  :  Geistlichcs  musikalisches 
Triumph-Cranzlein ,  von  der  hoch  edeîn 
und  recht  englischen  Dorothea,  und  grossen 
Gottes-Gab,  der  Frau  Musica (Petite  Couronne 
triomphale,  musicale  et  religieuse  de  la  très- 
noble  et  angélique  Dorothea ,  dame  musique, 
don  précieux  de  Dieu)  ;  Leipsick,  1619.  Gruber, 
qui  le  premier  a  cité  cet  ouvrage  dans  son  essai 
sur  la  littérature  musicale,  l'a  pris  pour  un  traité 
de  musique  ,  et  a  été  copié  par  tous  les  auteurs 


qui  viennent  d'être  cités.  (VoyezC.  F.  Becker,  Die 
Tonwerke  des  16  und  17  Jahrhunderts,  etc., 
dans  l'Introduction,  p.  VIII,  note  **). 

RINK  (Jean-Christian-Henri),  organiste  cé- 
lèbre, naquit  le  18  février  1770,  à  Elgersburg, 
dans  le  duché  de  Gotha,  où  son  père  était  orga- 
niste et  instituteur.  Dès  son  enfance,  il  montra 
les  plus  heureuses  dispositions  pour  la  musique  : 
son  goiït  pour  l'orgue  était  en  lui  une  véritable 
passion.  Il  avait  quatorze  ans  lorsque  son  père 
l'envoya,  en  1784,  auprès  d'Abicht,  maître  d'é- 
cole à  Angelroda,  qui  lui  donna  chaque  jour  des 
leçons  de  chant,  de  clavecin  et  d'orgue.  Il  ne 
resta  que  neuf  mois  près  de  ce  maître,  ayant  été 
placé  ensuite  chez  Junghanz,  à  Arnstadt ,  pour 
apprendre  le  violon  et  la  composition  ;  mais  ne 
trouvant  pas  chez  cet  artiste  l'instruction  qu'il 
avait  espérée,  il  ne  resta  que  trois  mois  près  de 
lui.  Son  père  l'envoya  alors  à  Biichelohe,  près  de 
Rudolstadt,  pour  continuer  ses  études  sous  la 
direction  du  cantor  Kirschner.  Après  avoir 
reçu  ses  leçons  pendant  un  an,  il  se  renditàEr- 
fuit,  dans  le  but  de  perfectionner  son  talent  par 
les  leçons  de  Kittel  (voyez  ce  nom),  l'un  des 
meilleurs  élèves  du  grand  Sébastien  Bach.  Ce 
fut  sous  la  direction  de  cet  habile  et  savant 
artiste  qu'il  fit  toutes  ses  études  d'harmonie  et  de 
contrepoint  pendant  trois  ans.  Bien  qu'il  n'eût 
atteint  que  sa  vingtième  année,  Rink  avait  déjà 
la  réputation  d'habile  organiste.  Il  se  disposait 
à  aller  à  Gcettingue  étudier  la  théorie  de  la 
composition  chez  Forkel,  lorsqu'il  reçut,  à  la 
fin  de  1789 ,  sa  nomination  d'organiste  de  la 
ville  de  Giessen  (Hesse  Supérieure).  Son  bio- 
graphe allemand  (J.  Fœlsing)  remarque  que  la 
plupart  des  auteurs  qui  ont  parlé  de  cette  nomi- 
nation en  ont  placé  la  date  en  1790,  parce  que 
le  décret  qui  conférait  ce  titre  à  Rink  ne  fut 
signé  que  le  2  août  de  celte  année.  Le  faible  trai- 
tement de  cette  place  obligea  l'artiste  à  se  livrer 
à  l'enseignement:  bientôt  le  nombre  de  ses  élèves 
fut  si  grand,  qu'il  ne  lui  resta  plus  d'autre  temps 
qu'une  partie  des  nuits  pour  se  livrer  à  ses  pro- 
pres études.  En  1805,  Rink  fut  nommé  professeur 
de  musique  au  gymnase  de  Giessen.  Peu  après  on 
vint  lui  offrir  les  places  de  directeur  de  musique 
et  d'organiste  de  l'Université  à  Dorpat,  en  Li- 
vonie;  mais,  ne  voulant  pas  s'éloigner  du  grand- 
duché  de  Hesse,  il  n'accepta  pas  cette  position.  A 
la  fin  de  la  même  année  ,  il  fut  appelé  à  Darm- 
stadt  pour  y  remplir  les  fonctions  d'organiste  de 
la  Tille,  de  cantor  et  de  professeur  de  musique 
du  collège.  Depuis  lors,  il  ne  s'éloigna  de  cette 
Tille  que  pour  quelques  Toyages  de  peu  de  durée. 
Le  talent  remarquable  de  cet  artiste  et  les  ser- 
vices qu'il  avait  rendus  à  l'art  furent  récompen- 


270 


RINK 


ses,  en  1813,  par  sa  nomination  d'organiste  de 
la  cour.  Le  grand-duc  Louis  1er  y  ajouta,  en 
181",  le  titre  et  les  avantages  de  membre  effectif 
<le  la  chapelle  ducale.  Vers  le  milieu  de  juillet  1 820, 
Bink  se  rendità  lllmenau,  dans  la  Tliuringe t  s'ar- 
rêtant  dans  toutes  les  villes  qui  se  trouvaient 
sur  son  passage,  il  s'y  fit  entendre  comme  orga- 
nise, et  partout  excita  des  transports  d'admira- 
tion. Dix  ans  après,  son  ancien  élève  Mainzer 
(voyez  ce  nom)  l'invita  à  l'aller  visiter  à  Trêves  : 
bien  qu'âgé  alors  de  soixante  ans,  le  maître  se 
résolut  à  ce  voyage  et  partit  accompagné  de  son 
fds.  Son  arrivée  dans  l'ancienne  ville  romaine 
lut  pour  lui  un  véritable  triomphe.  Tout  ce  qui 
s'y  trouvait  d'artistes  et  d'amateurs  lui  lit  un  ac- 
cueil chaleureux  :  on  exécuta  ses  œuvres  dans 
les  concerts,  elles  fêtes  qu'on  lui  donna  se  suc- 
cédèrent sans  interruption.  Ce  fut  sa  dernière 
excursion.  Sa  renommée  s'était  étendue  dans 
toute  l'Europe  ;  en  France  même,  où  les  orga- 
nistes de  l'Allemagne  étaient  à  peine  connus  de 
nom  à  cette  époque,  celui  de  Rink  n'était  pro- 
noncé qu'avec  respect.  Ce  n'est  pas  sans  émotion 
que  j'ai  visité,  en  1838,  ce  digne  vieillard,  de 
qui  je  reçus  l'accueil  le  plus  cordial.  En  1841,  la 
santé  de  Rink  commença  à  s'altérer  :  elle  con- 
tinua de  décliner  jusqu'en  1846,  et  il  mourut  le 
7  août  de  cette  année.  Le  grand  mérite  de  cet 
homme  respectable  fut  honoré  par  une  miiltitide  de 
distinctions  :  en  1831,  la  Société  hollandaise  pour 
l'encouragement  delà  musique  le  nomma  l'un  de 
ses  membres;  le  grand-duc  Louis  de  Darmstadt 
lui  accorda  en  1838  la  croix  de  première  classe 
de  son  ordre;  dans  l'année  1840,  l'Université  de 
Ciessen  lui  envoya  le  diplôme  de  docteur  en 
philosophie  et  arts;  enfin,  la  plupart  des  sociétés 
musicales  de  l'Allemagne  se  l'associèrent. 

Dans  la  composition  de  la  musique  d'orgue, 
le  talent  de  Rink  a  un  caractère  tout  individuel. 
Bien  qu'élève  de  Kitlel  et  nourri  des  traditions 
de  Jean-Sébastien  Bach,  il  n'y  a  rien  de  la  ma- 
nière de  ce  grand  maître  dans  ses  œuvres.  Son 
style,  élégant  et  simple  à  la  fois,  a  en  général  de 
la  noblesse  et  de  la  gravité.  Son  harmonie  a  du 
piquant  et  de  l'inattendu;  sa  mélodie-est  suave 
et  touchante.  Une  recherche  pas  les  grandes  dif- 
ficultés, et  l'on  voit  qu'il  s'est  proposé  pour  but 
de  travailler  particulièrement  pour  les  organistes 
des  petites  localités,  dont  il  a  voulu  former  le 
goût  et  perfectionner  les  études.  Il  cultiva  le  style 
d'imitation,  mais  d'une  manière  simple  et  natu- 
relle. Enfin,  il  a  peu  écrit  dans  le  grand  style  de 
la  fugue.  Je  lui  en  demandai  la  cause  dans  la 
conversation  que  j'eus  a\ce  lui  :  sa  réponse  fui 
de  grand  sens.  «  Bach,  me  dit-il,  est  un  colosse 
■•  qui  domine  le  monde  musical  i  on  ne  peut  es- 


■  pérerdele  suivre  que  de  loin  dans  son  domaine 
«  car  il  a   tout  épuisé,   et  dans  ce  qu'il  a  fait 
«  il  est  inimitable.   J'ai  toujours  pensé  que  si 
«  l'on  peut  réussir   à  composer  quelque  chose 
«  qui  soit  digne  d'être  écouté  et  approuvé,   c'est 
«  dans  une  autre  voie  qu'il  faut  s'engager.  »  Ses 
œuvres  élémentaires  pour  l'orgue  sont  celles  dont 
voici  les  titres  :  1°  Vingt  morceaux  de  différents 
genres  pour  orgue,  op."  33.  —  2°  Pièces  d'orgue 
dédiée*  au  vétéran  de  la  littérature  musicale,  Er- 
nest-Louis Gerber,  op.  38.    —   3°  Six    chorals 
avec  variations,  op.  40.  — 4Q  École  d'orgue  pra- 
tique,divisée  en  6  parties,  op.  55.  —  5°  2i  prélu- 
des faciles  pour  orgue,  à  l'usage  des  commen- 
çants, lesquels  peuvent  se  jouer  avec  on  sans  pé- 
dale, et  destinés  à  être  exécutés  pendant  l'office 
divin,  op.  63.  —  6°  Exercices  pratiques  pour  les 
commençants,  avec  des  exemples  à  deux,  trois  et 
quatre  parties,  op.  99.  —  7°  Préceptes  théori- 
ques et  pratiques,  pour  l'art  de  jouer  de  l'orgue, 
op.  124.  Dans  ses  autres  productions  on  remar- 
que :  8"  Trois  sonates  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  I;  Mayence,  Scbolt. — 9°  Sonates  idem, 
op.  32  et  34  ;  Offenbach,  André.—  10°  Une  idem, 
avec  violon  et  violoncelle  obligés;  Cassel,  Wœh- 
ler.  —  U"  Trois  idem  (faciles),  avec  violon  et  vio- 
loncelle  ad  libitum;  ibid.  —  12° Sonates  pour 
piano  à  4  mains,  op.  26  et  50;  Offenbach,  An- 
dré. —  13"  Une  idem,  op.  86  ;  Bonn,  Simrock.  — 
14°  Pièces  d'orgue  de  différents  genres,  op.  8, 
9,  29,  37,  66,  72,  92,94,  100,    106;    Leipsick, 
Breilkopl  et  Il;n  tel  ;  Mayence ,  Schott;   Bonn, 
Simrock;   Manheim  ,  Ileckel.  —    15°    Préludes 
pour  des  chorals,  op.  2,  25,  37,47,  49,  52,  53, 
58,  65,  74,  93,  95,  105,  116;  ibid.  —  16°  Con- 
clusions   (Nachtspielé),  op.  48,  78,    107,   114, 
ibid.  —  17"  Chorals  variés,  op.  64,77,  78,  109, 
ibid.  —  !8"  L'Ami  du  choral,  on  études  pour 
l'exécution  des  chorals,  ouvrage  divisé  en  suites 
orr  années,  op.  104,  contenant  les  deux  premières 
années   en    six   suites;  3I»«  année,    op.    110; 
4me  année,  op.  115  ;bm*  année, op.  117;6rae  an- 
née,  op.    119;  7rae  année,  op.   122.  Mayence, 
Schott.  —  19"  Thèmes  variés  avec  finales,  ada- 
gios, fugues,  etc.,  op.  56.  57,  70,    84,  89,  108; 
Mayence,  Schott;  Bonn,  Simrock.  —  20"  Introduc- 
tion pratiquée  l'art  de  jouer  de  l'orgue,  ensix  sui- 
tes, Darmstadt,  Diehl.  —  21°  Livre  choral  avec 
des  versets,  à  l'usage  de  la  West  phalie  prussienne. 

—  22°  Nouveau  livre  choral,  pour  le  grand-du- 
ché de  Besse  l) armstadi  ;  Darmstadt,  Liske  , 
in-4°.  Parmi  les  œuvres  de  musique  vocale  pour 
l'église  composées  par  l'.ink  ,  on  remarque  : 
23°  Voter  unser  (Pater  tloster),  à  4  voix,  avec, 
orgue,  op.  59;  Bonn,  Simrock.  —  24°  Hymne 
funèbre  à  4  voix  et  orgue  obligé,  op.  68;  ibid.  — 


RIiNK  —  RIPA 


271 


25°  Prière  pour  les  trépassés,  idem,  op.  71;  ibid. 

—  26°  Cantate  de  noces,  idem,  op.  73;  ibid.  — 
26°  Hymne  {Danket  dem  Hcrm),  idem,  op.  75  ; 
Mayence ,  Schott.  —  28°  Cantate  pour  le  ven- 
dredi saint,  idem ,  op.  76  ;  ibid.  —  29°  Motet 
(Beflehl  dem Herrn  deineWege),  idem, op.  85; 
ibid.  —  30"  Douze  chorals  pour  4  voix  d'hom- 
mes; Darmstadt,  Heyer.  —  31°  Motet  (Lobe  dem 
Herrn,  met  ne  Seele),  à  4  voix  et  orgue,  op.  88; 
Bonn,  Simrock.  —  32°  Messe  à  4  voix  avec  or- 
gue obligé,  op.  91;  Mayence,  Schott.  —  33"  Mo- 
tet (Gottsei  unsgnaedig),  idem,  op.  109;  ibid. 

—  34°  Chants  religieux  pour  2  ténors  et  2  basses, 
op.  112;  Darmstadt,  Heycr.  —  35°  Cantique  de 
Klopstock  à  4  voix  et  orgue,  op.  113;  Bonn,  Sim- 
rock. 

Une  autobiographie  de  Bink  a  été  publiée  par 
M.  J.-B.Laurens,  dans  la  Revue  de  la  musique 
religieuse  de  M.  Danjou,  t.  II,  p.  275  et  suiv. 
M.  J.  Frelsing  en  a  publié  une  complète,  sous  le 
titre  :  Zuge  aus  dem  Leben  und  Werken  des 
Dr.  Christ.  Heinr.  Rink,  gewesen  Canlors, 
Ifoforganisten  und  Kammermusicus  zu 
Darmstadt;  Erfurt,  1848,  in-8°. 

RI1XOLDI  (Antoine),  né  à  Milan  dans  les 
dernières  années  du  seizième  siècle,  fut  organiste 
de  la  collégiale  de  SawMartino  in  Rio,  dans 
cette  ville.  On  connaît  sous  son  nom  un  œuvre 
qui  a  pour  titre  :  II  primo  libro  de''  Mottetti 
concertati  a  2,  3,  4  et  5  voci,  op.  2  ;  Venise, 
Alexandre  Vincenti,  1627,  in-4°. 

RINTEL  (Wilhelm  ou  Guillaume),  docteur 
en  médecine  et  médecin  praticien  à  Berlin,  est 
né  dans  celte  ville  le  9  novembre  1818.  Dès  son 
enfance,  Zflter,  son  aïeul,  lui  fit  apprendre  la  mu- 
sique et  le  lit  entrer  dans  la  Sing-Academie 
(Académie  de  chant).  Ses  études  de  l'Université, 
particulièrement  de  la  médecine,  lui  firent  ensuite 
négliger  cet  art  pendant  quelques  années;  mais 
plus  tard  il  y  revint  et  prit  des  leçons  d'harmo- 
nie chez  le  professeur  Dehn.  Bien  que  cultivant 
la  musique  comme  amateur,  le  docteur  Rintel 
s'est  livré  à  la  composition.  En  1854,  il  a  fait 
représenter  au  théâtre  Frédéric- Wilhemsstsedt, 
de  Berlin,  un  opérette  en  un  acte  intitulé  Die 
Flitterwochen  in  Gebirge  (  Les  semaines  de 
plaisir  dans  la  montagne  ),  qui  a  obtenu  du  suc- 
cès. On  connaît  aussi  de  lui  Golgotha  ,  cantate 
pour  la  Passion  avec  orchestre,  écrite  en  1856, 
et  des  Lieder.  On  doit  au  docteur  Bintel  une 
monographie  de  son  grand-père  Zeller. 

RIOTTE  (  Philippe-Jacques  ),  maître  de 
ehapelle  à  Prague,  naquit  à  Trêves  le  16  août 
1776,  et  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  à 
"Vienne,  dans  la  position  de  chef  d'orchestre  du 
théâtre  Ander  Wien  (sur  la  Vienne).  Il  est  mort 


dans  cette  ville,  le  20  août  1856.  Riottea  fait  re- 
présenter au  théâtre  de  Prague  deux  opéras  dont 
le  premier  a  pour  titre  :  Mozart's  Zauberjlœie 
(  la  Flûte  enchantée  de  Mozart  )  ;  l'autre  :  Nou- 
reddin,  prince  de  Perse.  Il  est  aussi  auteur  de 
quelques  opérettes,  parmi  lesquels  on  remarque 
celui  qui  a  pour  titre  :  Die  LieWin  der  Stadt 
(  Les  Amours  de  la  ville  ),  représenté  à  Vienne 
en  1834.  Enfin,  il  a  écrit,  pour  les  théâtres  delà 
capitale  de  l'Autriche  ,  la  musique  de  plusieurs 
ballets  et  pantomimes.  On  a  beaucoup  de  musique 
instrumentale  sous  le  nom  de  cet  artiste.  Ses 
principaux  ouvrages  en  ce  genre  sont  :  1°  Sym- 
phonie à  grand  orchestre,  op.  25  ;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hsertel.  —  2°  Quatuors  pour  2  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  21 ,  ibid.;  op.  46  ;  Vienne, 
Mechetti.  —  3°  Concertos  pour  flûte,  op.  4, 
Offenbach,  André;  op.  22,  Leipsick,  Peters; 
op.  31,  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  — 
4°  Concertos  pour  clarinette,  op.  24,  26,  36, 
Bonn,  Simrock.  —  5°  Concertos  pour  piano,  op.  8, 
Offenbach,  André;  op.  15,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel.  — 6°  Trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  9,  André,  Offenbach;  op.  26,  49, 
Vienne,  Haslinger.  —  7°  Sonates  pour  piano  et 
violon,  op.  13,  35,  44,  45,  50,  55,  Leipsick, 
Vienne.  —  8°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  2,  3, 
11,20,  32,  37,  38,  41,  52,  ibid. 

RIPA  (Alberto  de)  (1),  seigneur  de  Carois, 
ou  plutôt  Carrois,  célèbre  joueur  de  luth,  naquit 
à  Mantoue,  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  et  se  fit  une  grande  réputation  dans  sa 
patrie  par  son  habileté  sur  son  instrument.  H  fut 
le  contemporain  et  le  rival  de  Francesco  de 
Milan  et  de  Marco  del  Aquila,  qui  se  sont  pla- 
cés à  la  tête  des  luthistes  italiens  du  seizième 
siècle.  Gerber ,  dans  son  ancien  Lexique  des 
musiciens  (Lex.  der  Tonkiinstler,  t.  1,  col.  20), 
copié  par  Choron  et  Fayolle  (  Dict.  histor.  des 
musiciens,  t.  I,  p.  10),  fait  d'Albert  un  violo- 
niste de  la  chapelle  de  François  1er,  roi  de  France, 
et  dit  que  ce  prince  l'avait  amené  avec  lui  de 
l'Italie  à  Paris  dans  Vannée  1530  :  ce  fait  est 
absolument  controuvé,  car  François  Ier  fut  fait 
prisonnier  à  la  bataille  de  Pavie,  le  24  février 
1525,  conduit  en  Espagne,  et,  après  sa  rentrée 
en  Fiance,  ne  retourna  jamais  en  Italie.  L'épo- 
que où  Albert  de  Ripa  entra  au  service  du  roi 
reste  donc  incertaine.  Quoi  qu'il  en  soit,  Albert 


(!|  Je  suis  redevable  à  M.  Farrenc  de  la  communication 
d'un  travail  étendu  qui  m'a  été  fort  utile  pour  cette  notice. 
Je  dois  faire  remarquer  ici  que  la  courte  notice  ALBERT 
ou  ALBERTO  de  Mantoue,  qui  se  trouve  au  1er  volume  de 
cette  édition  delà  Biographie  des  musiciens,  fait  double 
emploi  avec  celle-ci,  car  cet  Alberto  Manlovano  des 
'   Italiens  n'est  autre  qn'.Ilbcrt  de  Hijin. 


272 


RIPA 


était  sans  aucun  doute  dans  cette  position  anté- 
rieurement à  1537,  car  il  écrivait  de  Paris  à 
Pierre  PArétin  le  16  mars  de  celte  année,  et  sans 
doute  il  était  à  la  cour  du  roi  de  France  depuis 
plusieurs  années,  car  sa  lettre  fait  voir  qu'il  y 
jouissait  de  Crédit  et  de  considération  (1).  La 
faveur  accordée  a  l'artiste  par  le  monarque  se 
voit  d'ailleurs  dans  une  lettre  écrite  le  6  juin 
1538  par  l'Arétin  à  Ripa,  et  dans  laquelle  il  le 
félicite  sur  ses  rares  talents  dans  la  musique, 
dont  vous  êtes  la  lumière,  dit-il,  et  qui  vous 
a  rendu  si  cher  à  Sa  Majesté  et  au  monde 

( délia  musica,  di  cke  siele  lume,  et  vi  ha 

fatto  si  caro  a  Sua  Maestà ,  et  al  mondo)  (2). 
Au  reste,  François  I"  a  donné  des  preuves  non 
équivoques  de  l'estime  qu'il  avait  pour  le  talent 
du  célèbre  luthiste,  puisqu'il   le  fit  seigneur  du 
village  de  Carrois  et  de  son  château,  dans  L'an- 
cienne province  de  l'Ile-de-France ,  diocèse  de 
Sens,  aujourd'hui  départementde Seine-et-Marne, 
arrondissement  de  Melun,  à  14  lieues  de  Paris. 
Le  privilège  accordé  par  Henri  It  à  Guillaume 
Morlaye  (voyez   ce  nom),  le   12  février  1551, 
pour  la  publication  des  pièces  de  luth  d'Albert, 
prouve  qu'à  cette  époque  l'artiste  était  décédé. 
On  y  lit  :  «  Henry,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de 
«  France,  etc..  Receu  avons  l'humble  supplica- 
«  tion  de   nostre  bien  amé   maistre  Guillaume 
«  Morlaye,  ioeur  de  leuth,  demourant  en  nostre 
«  ville  de  Paris,  contenant  que  à  grands  frais  et 
«  mises,  soing  et  diligence  il  aurait  depuis  vingt 
«  ans  en  ça,  et  des  sa  iennesse  recouvert  (  re- 
«  cueilli)  les  œuvres  de  feu  maistre  Albert  de 
«  Rippa  de  Mantoue,  nostre  ioeur  de  leuth  ordi- 
«  naire,  etc.  »  D'autre  part,  on  trouve  dans  les 
satires  de  Gabriel  Symeoni  (3)  un  sonnet  sopra 
al  suonar  del  liuto  del  signor  Alberto  Man- 
tovano,  qui  ne  permet  pas  de  douter  que  ce  cé- 
lèbre musicien  ne  vécût  encore  en  1549,  date  de 
la  publication  du  recueil  de  Symeoni  ;  car  s'il 
eût  été  mort,  il  n'y  aurait  pas  simplement  dans 
l'intitulé  du  sonnet  del  signor  Alberto  Manto- 
vano,  mais  del  fu  signor.  Il  résulte  donc  des 
deux  pièces  qui  viennent  d'être  citées  qu'Albert 
de  Ripa  mourut  à  Paris  entre  les  années  1549  et 
1551.  Il  était  avancé  en  âge  quand  il  cessa  de 
vivre,  suivant  une  pièce  qui  se  trouve  dans   le 
Bocage  royal  de   Ronsard,  sous  le  titre  :  Epi- 
taphc  d'Albert,  joueur  de  lue;    enlre-par- 

(l)  Celle  lettre  se  trouve  dans  les  Lettrre  scrite  al  si- 
gnor l'ictro  Jretino  da  motti  signnri...  Venetla  (.Marco- 
Uni),  1852,  in-8°,  t.  I,  pag.  348. 

(!]  llsrcondntibrode  le lettere  di  M"  Pieiro  stretino; 
Pins   1C09,  In  8». 

(:ii  U  satire  alla  Bernrsca  rli  M»  Cabrlello  Su- 
meoni...  in  Turino,  per  Martino    Cravolto,    I8H,  In-V 


leurs,  le  Passant  et  le  Prcstre.  Ce  morceau, 
où  se  retrouve  le  mauvais  goût  habituel  du  poète, 
nous  apprend  que  le  célèbre  luthiste  mourut  de 
la  pierre.  On  y  trouve  ces  deux  vers  : 

Mais  quand  11  devint  vicl,  et  que  sa  main   pesante 
S'engourdit  sur  le  lue  à  demi  languissante, 
Etc.... 

M.  Farrenc  possède  un  recueil  des  œuvres  d'Al- 
bert de  Ripa  devenues  fort  rares  ;  en  voici  les 
titres  :   1°  Premier  livre  de   tabulature  de 
lent,  contenant  plusieurs  chansons  et  fan- 
taisies, composées  par  feu  messire  Albert  de 
Rippa  (sic)  de  Mantoue,  seigneur  de  Carois, 
loueur  de  leut,  et  varlet  de  chambre  du  roy 
nostre  sire,-  à  Paris,  de  l'imprimerie  de  Mi- 
chel Fezandat    au  mont  Sainct-Hilaire ,  à 
l'hostcl  d'Albret,  Et  en  la  rue  de  Bievre,  en 
la  maison  de  maistre    Guillaume  Morlaye, 
1553,-  avec  privilège  du  roi  pour  dix  ans. 
—  ï"  Troisième  livre  de  tabulature,  etc.,  même 
adresse,  1554.-3°  Quatriesme  livre,  etc.,  même 
adresse,  1554.— 4°  Cinquiesme  livre, etc.,  même 
adresse,  1555.  —  5°  Sixiesme  livre,  etc.,  même 
adresse,  1558.  —6°  Quart  livre  de  tabulature 
de  luth  contenant  plusieurs  fantaisies,  chan- 
sons et  pavanes  :  composées  par  feu  maistre 
Albert  de  Rippa  de  Mantoue,  seigneur  du 
Carois,  loueur  de  luth  et  varlet  de  chambre 
du  roy  nostre  sire  ;  à  Paris,  de  l'imprimerie 
d'Adrian  le  Roy  et  Robert  Balard  (sic),  rue 
Saint-Jean  de  Beauvais,  à  l'enseigne  Sainte- 
Geneviève,  4  novembre  1553,  avec  privilège 
du  roy,  pour  neuf  ans.  Il  est  assez  singulier 
qu'après  avoir  donné  un  privilège  de  dix  années 
à  Guillaume  Morlaye  pour   la  publication   des 
œuvres  d'Albert  de  Ripa,  Henri  11  en  concède 
un  autre  pour  neuf  ans  et  pour  les  mêmes  ou- 
vrages à  Adrian  le  Roy  et  à  son  associé  Robert 
Rallard.  A  l'expiration  de  leur  privilège  pour 
neuf  ans,  Adrian  le  Roy  et  Robert  Ballard  ob- 
tinrent leur  grand  privilège,  renouvelé  dans  leur 
famille  sous  chaque  roi,  et  publièrent  une  nou- 
velle édition  des  livres  de  tablature  d'Albert  de 
Ripa,  commencée  en  1562  et  finie  dans  l'année 
suivante.  Les  livres  2me,  3me  et   5me  de  cette 
édition  sont  à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich; 
le  sixième  livre  est  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Bruxelles.  On  trouva  des  pièces  de  luth,  compo- 
sées par  Albert,  dans  le  recueil   intitulé:  Inta- 
bolatura  di  liuto  da  diversi  con  la  Battaglia 
et  altre  cose  bellissime,  di  M.  Francesco  da 
Milano;  in  Vinegia,  per  Francesco  Marcolini 
da  Forli,  1536,  petit   in-4"  obi.  Pierre  Phalèse 
a  aussi  inséré  des  pièces  de  cet  artiste  dans  ses 
Carminum  que  chely  vel  (estudine  canuntitr, 


RIPA  —  RITMULLEJA 


273 


trnun ,  quatuor  vel  quinque  partium  liber 
primus,  et  liber  secundus.  Lovanii,  apud  Pe- 
trum  Phalesium  etc.,  1516,  ainsi  que  dans  le 
Thésaurus  musicus  seu,  Cantiones  tcstudini 
a  plaies,  etc.;  Lovanii,  apud  Petrum  Phale- 
sium, 1574,  in-4°. 

RIPA  (D.-Antoine), prêtre  et  compositeur  es- 
pagnol, né  vers  1720  à  Tarazona  (dans  l'Aragon), 
lit  son  éducation  musicale  comme  entant  de 
ohœur  dans  la  cathédrale.  Après  avoir  reçu  la 
prêtrise,  il  obtint  la  place  de  maître  de  chapelle 
des  Carmes  déchaussés  de  cette  ville,  en  rempla- 
cement de  Don  Joseph  Picanol.  Il  était  âgé  d'en- 
viron 48  ans  lorsqu'il  fut  nommé,  le  23  juin 
1768 ,  mailre  de  chapelle  et  mansionnaire  de 
l'église  métropolitaine  de  Séville.  Il  conserva 
cette  position  jusqu'à  sa  mort,  qui  eut  lieu  le 
3  novembre  1795.  Les  nombreuses  compositions 
de  Ripa  se  sont  répandues  dans  toute  l'Espagne; 
les  plus  importantes  sont  à  la  cathédrale  de  Sé- 
ville :  elles  consistent  en  messes,  vêpres,  com- 
piles, motets,  un  office  des  morts  et  les  mati- 
nes de  Noël.  M.  Eslava  (voyez  ce  nom)  a  inséré 
dans  le  premier  volume  de  !a  seconde  série  de 
la  Lira  Sacro-IIispana,  une  Messe  de  ce  com- 
positeur à  8  voix  en  deux  chœurs  avec  2  violons, 
2  cors,  orgue  et  contrebasse,  et  un  Stabat  Ma- 
ter à  8  voix  en  deux  chœurs  avec  orgue,  sur  le 
plaiu-chant.  Le  Stabat  est  un  ouvrage  de  très- 
bon  style  et  bien  écrit. 

RI  P  ALT  A  (Jean-Dominique)  ,  né  à  Monza, 
dans  le  Milanais,  fut  organiste  et  maître  de 
chapelle  à  l'église  Saint-Jean  de  cette  ville,  vers 
1575.  Le  roi  de  France  Henri  lit  l'ayant  entendu 
en  passant  par  Monza,  à  son  retour  de  Pologne, 
voulut  l'engager  à  le  suivre  en  France;  mais 
Ripalta,  attaché  à  son  église,  ne  voulut  pas  la 
quitter  pour  les  avantages  qu'on  lui  offrait.  A 
sa  mort,  il  légua  à  cette  même  église  tout  ce 
qu'il  possédait.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
Mess  a  a  5  in  parlitura  ;  Milan,  1 629. 

R1SCH  (Georges-Mathias),  musicien  à  Illme- 
nau,  dans  le  duché  de  Weimar,  naquit  en  celte 
ville  vers  1710.  11  inventa  un  instrument  à  cla- 
vier destiné  à  imiter  la  basse  de  viole  ou  viole 
de  gambe.  Cet  instrument  était  monté  de  cor- 
des de  boyau  mises  en  vibration  par  de  petites 
roues  enduites  de  colophane ,  qu'une  roue  plus 
grande,  placée  sous  la  caisse ,  mettait  en  mou- 
vement. En  1752,  Risch  se  fit  entendre  sur  cet 
instrument  dans  la  Société  des  amateurs  de 
Berlin,  et  quatre  ans  après  il  fit  imprimer  à  Nu- 
remberg une  sonate  composée  pour  ce  même 
instrument.  Beaucoup  d'autres  essais  du  même 
genre  ont  été  faits  en  Allemagne,  en  France 
et  en  Italie ,  avant  et  après  l'invention  de  Risch. 

RIOCR.    l.MV.    DES    MUSICIENS.  —  T.    VII. 


RISPOU  (Salvator),  né  à  Naples,  vers 
1745,  fit  ses  études  au  Conservatoire  de  San 
Onofrio  de  celte  ville,  puis  se  livra  avec  succès 
à  la  composition  dramatique.  Les  opéras  co'n- 
nus  sous  son  nom  sont  :  1°  Ipermcstra,  à 
Milan,  en  1786.  —  2°  Idalide ,  opéra  sérieux  , 
à  Turin,  1786.  —  3°  Il  Trionfo  di  Davide,  à 
Naples,  1788.  La  mauvaise  santé  du  composi- 
teur Insanguine,  surnommé  Monopoli,  ayant 
rendu  nécessaire  son  remplacement  comme 
maître  du  Conservatoire  de  San  Onofrio,  en 
1792,  Piccinni  fut  consulté  sur  le  choix  de  son 
successeur,  et  indiqua  Rispoli  comme  un  des 
meilleurs  professeurs  de  cette  époque.  Ce  compo- 
siteur a  écrit  une  suite  de  petits  duos,  intitulée 
La  Gelosia,  et  destoccates  pour  le  clavecin.  Ses 
compositions  pour  l'église  sont  en  très-grand 
nombre.  Saverio  Maffei  a  fait  un  bel  éloge  du  m 
talent  de  Rispoli  dans  ce  genre  de  musique  (Tra- 
duzione  de  Salmi,  t.  8  ) ,  et  vanté  l'expression 
touchante  de  ses  mélodies. 

RBST  (Jean),  conseiller  du  duc  de  Mecklem- 
bourg,  et  prédicateur  à  Wedel  sur  l'Elbe,  na- 
quit le  8  mars  1607  à  Pinneberg,  près  de  Ham- 
bourg, où  son  père  était  prédicateur.  Il  fit  ses 
études  au  gymnase  de  Hambourg,  et  les  ter- 
mina à  Brème.  Il  mourut  le  31  août  1667.  Dans 
son  livre  intitulé  Aprilens- Unterredung  (Les 
entretiens  d'avril),  il  traite  delà  musique- de- 
puis la  page  157  jusqu'à  la  page  215.  On  a  de 
sa  composition  un  recueil  de  cantiques  pour  voix 
de  soprano  et  de  basse,  imprimé  à  Hambourg  , 
en  1650,  et  dont  il  y  a  eu  plusieurs  éditions 
imprimées  également  à  Hambourg  en  1654  et 
1658. 

RISTOR1  (Jean-Albert),  compositeur,  né 
à  Bologne  vers  1690 ,  a  écrit  pour  les  théâtres 
de  plusieurs  villes  d'Italie.  Au  nombre  de  ses 
ouvrages  dramatiques,  on  cite  :  1°  La  Pace 
trionfantein  Arcadia,  représenté  en  1713.  — 
2°  Euristeo  ,  en  1714.  Ayant  été  appelé  eu 
Russie  ,  il  demeura  longtemps  à  Pétersbourg, 
puis  il  entra  au  service  de  l'électeur  de  Saxe,  en 
1741,  en  qualité  de  compositeur  de  sa  chapelle. 
Il  était  encore  à  Dresde  en  1750.  On  trouvait 
autrefois  sous  son  nom  dans  le  magasin  de  Breit- 
kopf,  à  Leipsick,  des  messes  et  d'autres  ou- 
vrages de  musique  d'église.  L'abbé  Santini  pos- 
sède de  Ristori  un  Credo  à  5  voix  concertées 
avec  instruments. 

RITMÙLLER  (Théophile-Guillaume),  fac- 
teur d'instruments  à  Gœttingue,  naquit  dans 
cette  ville,  le  2  avril  1772,  et  y  mourut  le  3  juil- 
let 1829.  Ses  guitares  ont  été  considérées 
comme  excellentes  dans  toute  l'Europe.  Ses 
pianos,  construits  suivant  le  principe  de  la  mé- 

18 


274 


RITMULLER  —  RITTER 


canique  allemande ,  n'ont  pas  joui  d'autant  de 
réputation.  Ritmuller  a  laisse  deux  fils,  facteurs 
d'instruments  comme  lui;  l'un  d'eux  a  établi  une 
fabrique  de  pianos  à  New-York. 

RITSCHEL  (Georges),  violoniste  attaché 
à  la  chapelle  de  l'électeur  de  Bavière,  vers  1780, 
a  lait  graver  à  Paris  six  quintettes  de  sa  com- 
position pour  flûte,  violon,  2  altos  et  violon- 
celle. 

RITSON  (Joseph),  savant  critique  anglais, 
naquit  en  1752,  à  Stockton-upon-Tees,  dans  le 
comté  de  Durham,  et  mourut  aliéné,  dans  une 
maison  de  santé  à  Hoxton,  le  3  septembre  1808. 
Son  caractère  atrabilaire  lui  fit  porter  dans  la 
critique  un  esprit  de  dénigrement  et  d'amertume 
qui  lui  lit  beaucoup  d'ennemis.  Au  nombre  des 
ouvrages  qu'il  a  publiés,  on  trouve  :  1°  Select 
collection  of  English  songs  with  their  origi- 
nal airs  ,•  and  an  historical  Essay  on  ths 
origin  and  progress  of  national  song  (Collec- 
tion choisie  de  chansons  anglaises  avec  leurs 
airs  originaux,  et  un  Essai  historique  sur  l'ori- 
gine et  les  progrès  de  la  chanson  nationale  )  ; 
Londres,  1783,  3  volumes  in-8°.  Thomas  Parke 
a  donné  une  deuxième  édition  de  cette  collection, 
avec  des  notes  ;  Londres,  1813,3  volumes  in-8°. 
—  2°  Anciennes  chansons  depuis  le  temps  de 
Henri  III  jusqu'à  la  révolution  de  1688  ;  Lon- 
dres, 1792,  in-8°.  —  3°  Chansons  écossaises 
avec  la  musique  originale ,  et  des  remarques 
historiques,  Londres,  1794,  2  volumes  in -8°. 

RITTER  (Charles),  chanoine  régulier  de 
Saint-Auguslin  au  monastère  de  Sagan ,  dans 
la  basse  Silésie,  fut  directeur  de  musique  de 
son  couvent.  Il  fit  imprimer  à  Augsbonrg ,  en 
1727,  six  messes  à  quatre  voix,  avec  accompa- 
gnement de  deux  violons,  viole  et  orgue. 

RITTER  (  Jeais-Christophe),  organiste  à 
Claustlial,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
a  fait  imprimer  à  Nuremberg,  en  1750,  un 
oeuvre  de  sonates  de  clavecin. 

RITTER  (Georges- Wenzel),  virtuose  sur 
Je  basson,  né  à  Manheim  ,  le  7  avril  1748, 
entra  d'abord  au  service  de  l'électeur  Palatin, 
puis  fut  attaché  à  la  chapelle  électorale,  à  Mu- 
nich, et  enfin  fut  appelé  à  Berlin,  en  1788,  pour 
entrer  dans  la  musique  du  roi  de  Prusse,  Frédé- 
ric-Guillaume II  ,  qui  fixa  son  traitement  à  la 
somme  considérable  de  1,000  thalers  (6,000 
francs)  (1).  Ilestmort  dans  cette  ville  le  1G  juin 
1803,  à  l'âge  de  soixante  et  un  ans.  En  1777,  il 
avait  fait  un  voyage  à  Paris,  et  y  avait  fait  ad- 
mirer son  talent.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 

(1)  Suivant  h  notice  du  Tonkilnstler-Lcxikon  Beilin's 
tfe  M.  dt  Lrdebur,  p  «7» 


1°  Concertos  pour  le  basson,  n"s  1  et  2  ;  Pari--, 
Baillcux.  —  2°  Six  quatuors  pour  basson,  violon, 
alto  et  basse,  op.  1  ;  ibid. 

RITTER  (Jean-Nicolas)  ,  facteur  d'orgues 
à  Hof,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  fut  élève  de  Godefroid-Henri 
Trost,  d'Altenbourg.  Les  cours  de  Bayreuth  et  de 
Brandebourg  Culmbach  le  patentèrent.  Associé 
avec  Jean-Jacques  Graiclien,  il  construisit  des 
orgues  à  Culmbach,  Neustadt,  Berg,  Renk, 
Trebgast  et  Bischofsgrun.  En  1764,  il  fit,  seul, 
l'orgue  de  l'église  française  d'Erlangen.  On 
ignore  l'époque  de  la  mort  de  cet  artiste. 

RITTER  (Charles-Rodolphe-Henri),  or- 
ganiste à  Brème,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  quelques 
petites  pièces  et  des  variations  pour  le  piano, 
imprimées  à  Brème,  en  1786. 

RITTER  (Pierre),  né  à  Manheim,  vers 
1700,  fut  engagé  dans  la  chapelle  du  prince  Pa- 
latin, en  qualité  de  violoncelliste.  On  croit  qu'il 
reçut  des  leçons  de  composition  de  l'abbé  Vo- 
gler.  Ses  études  étant  achevées,  il  voyagea  en 
Allemagne,  et  se  lit  entendre  à  la  cour  de  Berlin, 
en  1785  ;  mais  il  y  brilla  peu,  à  cause  de  la  com- 
paraison qu'on  fit  de  son  talent  avec  celui  de 
Dtipoit  aîné.  De  retour  à  Manheim,  il  écrivit 
l'opéra  intitulé  VHermitede  Formentara,  qui 
fut  joué  avec  succès  sur  le  théâtre  de  la  cour, 
en  1788.  Cet  ouvrage  fut  suivi  du  Marchand 
d'esclaves,  en  1790;  de  la  Dédicace,  prologue 
musical,  en  1792,  et  des  Joyeuses  Commères,  en 
1794.  La  cour  de  Manheim  le  choisit  en  1310 
pour  remplir  les  fonctions  de  maître  de  concerts 
et  de  chef  d'orchestre  de  l'opéra-comique  (Sings- 
piel  ).  Les  occupations  multipliées  que  lui  don- 
naient ces  deux  places  lui  laissaient  peu  de 
temps  pour  composer;  cependant  il  acheva  dans 
la  même  année  Marie  de  Montalban,  drame 
lyrique  qui  fut  joué  avec  succès  au  théâtre  de 
Francfort.  Son  dernier  ouvrage  dramatique  fut 
Zitterschlscger  (le  Joueur  de  cistre) ,  repré- 
senté en  1813.  Le  grand-duc  de  Bade  le  nomma 
maître  de  clwpeUe  en  1811;  neuf  ans  après,  il 
obtint  sa  pension  de  retraite  à  Manheim.  On  a 
gravé  de  sa  composition  les  partitions  pour  le 
piano  du  Mandarin,  opéra-comique,  Manheim, 
Heckel,  et  du  Joueur  de  cistre;  Bonn,  Simrock, 
ainsi  que  des  chansons  allemandes,  avec  accom- 
pagnement de  piano,  dont  les  mélodies  sqnt 
agréables. 

RITTER  (Jean-Louis),  pasteur  supérieur 
à  Rœtha,  petite  ville  de  Saxe,  est  auteur  d'un 
écrit  intitulé  :  Elwas  zur  Fcyer  des  ersten  Ju- 
bilxums  der  beiden  Silbermannischen  Or- 
(jelnin  Rœtha  (  Quelque  chose  couccrr  ant  la 


RITTER  —  RIVANDER 


275 


fête  du  premier  jubilé  des  deux  orgues  de  Sil- 
bermann  à  Rœtlia);  Leipsick ,  Weigand  ,  1821, 
in -8°  de  32  pages.  Cet  opuscule  contient  une 
courte  notice  sur  le  facteur  d'orgues  Godefroid 
Silbermann,  de  Freyberg,  un  catalogue  des  or- 
gues qu'il  a  construites,  des  renseignements  con- 
cernant celles  de  Rœtba,  la  description  de  la  fête 
du  jubilé, et  le  sermon  prononcé  à  cette  occasion. 

RITTER      (  AlICUSTE-GOTTFIUED     OU     GODE- 

froid),  né  le  23  août  1811  à  Erfurt,  a  fait  ses 
études  musicales  sous  la  direction  de  Mùller  dans 
sa  ville  natale,  et  lésa  continuées  à  Berlin  cbez 
le  professeur  de  piano  Berger.  De  retour  à  Er- 
furt,  il  a  été  nommé  organiste  de  l'église  des 
Négociants. Il  occupait  encore  cette  place  en  (841. 
En  1843,  il  succéda  à  Vilhelm  Schneider,  décédé 
(tans  la  place  d'organiste  et  de  directeur  de  musi- 
que de  la  cathédrale  de  Mersebourg.  Il  a  quitté 
cette  position  en  1847,  pour  prendre  celle  de  direc- 
teur de  musique  et  d'organiste  de  la  catbédrale  à 
Magdebourg.  Bon  organiste  et  pianiste  distingué  , 
Ritter  a  fait  plusieurs  voyages  en  Allemagne,  et 
s'est  fait  entendre  avec  succès  à  Berlin,  à  Leip- 
fick,   à  Gotba  et  dans   plusieurs  autres  villes. 
Ses  ouvrages  principaux  sont  :  1°  Concerlo  pour 
le  piano  avec  orchestre  obligé.   —  2°  Quatuor 
pour  piano  et  instruments  à  cordes.  —  3°  So- 
nate instructive  pour  piano  seul,  comme  échan- 
tillon d'oeuvres  plus  considérables,  op.  12;  Mag- 
debourg ,  Heinricbshofen.  —  4°  Le  Sérieux  et 
le  Plaisant   (Ernst  und  Sciiez),  compositions 
de  différents  caractères,  pour  piano,  op.  16  ;  ibid. 
—  5°  Caprice  idem,  op.  17;  Leipsick,  Breitkopt 
et  Haertel.  —  6°  Sonate  (en  ré)  idem.  op.  20  ; 
ibid.  —  7°  12  Préludes  d'orgue  pour  des  chorals 
dans  l'ancienne  tonalité  de  l'église,  op.  4;  Ru- 
dolstadt,  Muller.  —  8°  12  Préludes  idem,  dans 
les  tons  mineurs,  op.  5  ;  ibid.  —  9°  12  Préludes 
de  chorals,  op.  6  ;  ibid.  —  10°  Variations  pour 
l'orgue  sur  le  chant  populaire  :  Heil  dir  im  Sie~ 
gerhranz;  Leipsick,  Friese.  —  11°  Die  Kunst 
des  Orgelspiels  (  L'art  de  jouer  de  l'orgue),  ins- 
tmclion  théorique  et    pratique    pour  préluder, 
jouer  la   pédale  et   faire  les  combinaisons  des 
jeux;  Erfurt,  Korner,  in-4°obl.  L'éditeur  Kœrner, 
suivant  son  habitude,  a  accolé  son  nom  à  celui 
de  Ritter  sur  le  frontispice  de  cet   ouvrage, 
quoiqu'il  n'y  ait  rien  fait.   On  trouve  une  ana- 
lyse et  l'éloge  de  cet  ouvrage  dans  VUrania, 
journal     de    musique   destiné  aux    organistes 
<ann.  1856,  rr*  3).  —  12*  Six  Préludes  pour  des 
chorals  à  3  claviers,  op.  7  ;  Mayence,  Schott.  — 
13°  Sonate  pour  orgue  (en  ré  mineur),  op.  11  ; 
Erfurt,  Kœrner.  —  14°  32    Préludes  et  finales 
pour  des  chorals,  op.    13,  in -4°  ;  Magdebourg, 
Heinricbshofen.  —  15°  Sonate  pour  orgue  (en 


mi  mineur),  op.  19  ;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœr- 
tel.  —  16°  Fugue  pour  l'orgue  (en  ut  mineur); 
ibid.  —  17°  Quelques  Chants  pour  quatre  voix 
d'hommes.  —  18°  Trois  chants  à  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano ,  Magdebourg, 
Heinricbshofen.  Ritter  a  écrit  3  ouvertures  pour 
l'orchestre,  une  symphonie  en  ut  mineur  qui  fut 
exécutée  dans  un  concert  à  Jéna,  au  mois  d'a- 
vril 1840,  et  dont  VAllgemeine  musikalische 
Zeitung  (42e  année,  n°  17,  p.  349-353)  a  donné 
une  analyse  détaillée;  une  deuxième  symphonie, 
qui  fut  exécutée  aux  concerts  d'Erfurt  en  1843, 
et  une  messe  pour  des  voix  seules,  également 
exécutée  à  Erfurt.  Cet  artiste  a  été  le  rédacteur 
principal  du  journal  des  organistes  intitulé  Ura- 
nia,  pendant  les  quatre  premières  années.  Il  a 
pris  part  également  à  l'Ami  de  Vorgue  (Orgel- 
freund),  collection  de  pièces  de  différents  maîtres 
en  5  volumes,  publiée  par  Kœrner,  à  Erfurt, 
ainsi  qu'aux  Archives  de  l'orgue  (Orgelarchiv), 
conjointement  avec  Charles-Ferdinand  Becker. 

RIUS(P.  José  de  laMadre  de  Bmos),  recteur 
des  écoles  pies  de  Mataro  (Espagne),  a  publié,  au 
nombre  de  ses  écrits,  un  volume  qui  a  pour  titre: 
Opéra  espaiïola  (Barcelone,  1841,  in-8°).  Cet 
ouvrage  est  divisé  en  trois  parties  :  la  première 
contient  une  traduction  en  vers  espagnols  de 
Belisario,  mis  en  musique  par  Donizetti  ;  la 
seconde,  un  jugement  sur  cet  opéra,  et  la  troi- 
sième, un  discours  sur  la  nécessité  d'un  opéra 
national  espagnol. 

RIVA  (Jean -Baptiste),  musicien  italien 
qui  vivait  à  Paris  vers  1620,  fut  l'inventeur  d'un 
instrument  en  usage  en  France  pendant  le  dix- 
septième  siècle,  appelé  sourdeline,  ou  musette 
italienne. 

RIVA  (Jut.Es),  médecin  et  compositeur  vé- 
nitien ,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  En  1670,  il  fit  représenter  au 
théâtre  Alli  Saloni,  de  Venise,  son  opéra  intitulé 
V Adélaïde  regia  principessa  di  Susa,  qui  eut 
beaucoup  de  succès.  L'opéra  de  Riva  fut  le  pre- 
mier ouvrage  représenté  à  ce  théâtre. 

RIVA  (Joseph),  amateur  de  musique,  né 
à  Modène  en  1696,  fut  attaché  à  la  légation 
vénitienne  à  Londres.  Il  a  publié,  sous  le  voile 
de  l'anonyme,  un  petit  ouvrage  intitulé  :  Av- 
viso  ai  compositori  ed  ai  cantanti  ,•  Londres, 
1728,  !B-8°. 

R1VANDER  (Paul),  compositeur  de  mu- 
sique instrumentale,  né  à  Lœsnitz,  près  de  Meis- 
sen,  vers  1570,  fut  attaché  au  service  du  prince 
électoral  de  Brandebourg,  en  qualité  de  musicien 
de  sa  chapelle.  Il  vivait  à  Nuremberg  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  : 
1°  JSewe  lustige  Couranten,  au f  Instrumentai 

18. 


276 


R1VANDER  —  ROBBERTS 


und  Geigen  lieblich  zu  gebrauchen  mit  4  Stim- 
tncn  (Nouvelles  Courantes  gaies  pour  violons  et  au- 
tres instruments,  d'un  usage  agréable,  à  quatre 
parlies);Onollzbacli,  1614,in-4°.  —  2°  Einnewes 
Quodlibet,  elc.  (  Un  nouveau  quolibet  de  diver- 
ses facéties  à  quatre  voix);  Nuremberg,  1615, 
in-4°.  —3°  Siudcnten  Freud,  darinnen  xvel- 
tliche  Gesœnge  von  3-8  Stimmen  (Joie des  étu- 
diants, ou  Chants  profanes  à  3-8  voix ,  avec 
textes  joyeux,  etc.  );  Nuremberg,  1621,  in-4°. 

RIVARÈS  (Frédéric),  littérateur  et  ama- 
teur de  musique,  né  à  Pau  (Basses-Pyrénées), 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle, 
a  publié  un  recueil  rempli  d'intérêt  sous  le  titre 
de  Chansons  et  Airs  populaires  du  Bèarn; 
Pau,  A.  Bassy  ;  Paris,  Chaillot,  1844,  1  volume 
gr.  in-8°  de  152  pages,  avec  la  musique  de 
soixante-cinq  chants  ou  danses,  et  une  planche 
représentant  trois  jeunes  chanteurs  du  Béarn. 
Les  chants  sont  précédés  d'une  introduction 
historique,  et  d'observations  sur  l'idiome  béarnais. 

RIVE  (L'abbé  Jean-Joseph),  savant  biblio- 
graphe, fut  d'abord  curé  de  Molléges ,  diocèse 
d'Arles,  prêtre  de  la  ville  d'Apt,  plus  tard  biblio- 
thécaire du  duc  de  la  Vallière,  puis  de  la  ville 
d'Aix.  Il  naquit  à  Apt,  le  19  mai  1730,  et  mou- 
rut à  Marseille,  le  20  octobre  1791.  Au  nombre 
de  ses  écrits,  on  en  remarque  un  intitulé  :  No- 
tice d'un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de 
M.  le  duc  de  la  Vallière,  contenant  les  poé- 
sies de  Guillaume  Machault  (  Guillaume  de 
Maehau),  accompagné  de  recherches  histori- 
ques et  critiques,  pour  servir  à  la  vie  de  ce 
poêle  (musicien).  Ce  morceau  est  imprimé  dans 
le  troisième  volume  de  l'Essai  sur  la  musique  de  La 
Borde  :  on  en  a  tiré  quelques  exemplaires  à  part. 

R1ZZIERI  (  Jean-Antoine),  compositeur 
bolonais,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  par  une  espèce  d'ora- 
torio intitulé  :  Il  core  humano  (sic)  combat- 
tuto  da'  due  amori,  divino  et  yrofano,  poe- 
sia  dcl  Sig  doit.  Gio.  Battista  Ncri ,  musica 
del  Sig.  Gio.  Au  t.  Ilrzzteri,  da  cantarsi  nclla 
chiesa  délia  Congregazione  di  San  Gabriele, 
nella  quaresima  dclï  anno  1716,  in  Bologna; 
Bologne,  1716,  in-4°. 

.  ROA  (Martin  DF),  jésuite  espagnol,  naquit 
à  Cordoue,  en  1563,  et  mourut  à  Montillo,  le 
5  aviil  1637.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Singu- 
larium  locorum  et  rerum  S.  Scripfur.c  li- 
bri  17,  in  duas  partes  distinct i ;  Lyon,  1667, 
in-8°.  Boa  y  traite,  dans  la  seconde  partie 
(p.  600  et  suiv.l,  des  cymbales  des  anciens. 

ROBRERECHTS  (  André  ),  né  à  Bruxelles 
le  16  décembre  1797 ,  se  livra  de  bonne  heure 
à  l'étude  de  la  musique,  et  lit  de  rapides  pro- 


giès    sur   le  violon,  sous  la  direction  de  Van- 
der  Plancken,  bon  professeur  de  celte  ville.  Ad- 
mis au  Conservatoire  de  Paris  au  commencement 
de  1814,  il  y  obtint,  le  29  décembre  de  cette 
année,  l'accessit  de  violon  ;  mais  Feutrée  des  ar- 
mées alliées  à  Paris,  peu  de  mois  après,  fit  fer- 
mer le  Conservatoire,  et  Robberechts  alla  deman- 
der à  Baillot  des   leçons  particulières,  puis  re- 
tourna à  Bruxelles.  Viotti  ayant  visité  cette  ville, 
ie  jeune  Robberechts  sollicita  la  faveur  de  jouer 
devant  lui  ;  et  le  grand  artiste  fut  si  satisfait  des 
qualités  de  son  jeu,  qu'il  consentit  à  le  prendre 
pour  élève.  Fixé  près  de  Viotti  pendant  plusieurs 
années,  Robberechts  acquit,  par  les  leçons  d'un 
tel  maître,  le  beau  son  et  la  justesse  parfaite  qui 
étaient  les  fondements  solides  de  son  talent.  De 
|   retour  à  Bruxelles  vers  1820,  il  y  obtint  du  roi 
Guillaume  Ier  le  titre  de  premier  violon  solo  de 
sa  musique,  avec  un  traitement  d'environ  trois 
mille  francs.  Ce  fut  alors  qu'il  donna  quelques 
leçons  à  M.  de  Bériot,  qui  a  conservé  un  senti- 
ment de  reconnaissance  pour  les  utiles  conseils 
qu'il  en   a  reçus.  Les  événements  politiques  de 
1830  ayant  laissé  Piobberechts  sans  emploi,  il  se 
rendit  à  Paris  où  il  a  constamment  habité  de- 
puis lors,  sauf  quelques  voyages  dans  les  pro- 
vinces de  France.  Il  fui  longtemps  considéré  dans 
cette  ville  comme  un  des  artistes  les  plus  distin- 
gués et  les  plus  modestes.  Robberechts  est  mort  à 
Paris  le  23  mai  1860,  et  a  été  inhumé  au   cime- 
metière   de   Montmartre.  Des   compositions  de 
cet  artiste  qui  ont   été  gravées ,  je  ne  connais 
que  les  suivantes  :  1°  Air  varié  pour  violon  et 
piano,  avec  introduction  et  finale,  op.  1  ;  Paris, 
B.  Latte.  —  2°  Romance  varice  idem,  op.  7  ;  ibid. 
—  3°  idem,  op.  9  ;  ibid.  —  4°  Variations  bril- 
lantes sur  un  thème  original,  op.  10;  Paris,  Ri- 
chanlt.  —  5°  Introduction  et  polonaise   brillante 
pour  violon  et  piano,  op.  15;  ibid.  —  6"  Fan- 
taisie romantique  pour  violon  et  orchestre,  avec 
de  nouveaux  effets  des  sons  harmoniques,  op.  17  ; 
ibid. —  7°  Duo  pour  deux    violons   et  piano; 
op.  18;  ibid.  — 8° Deux  mélodies,  V Espagnole  et 
la  Pastorale,  pour  violon  avec  accompagnement 
de  piano,  op.   19;  ibid.  —  9°  Les  Adieux,  duo 
dramatique  idem,  op.  20;   ibid.  —  10°   Grand 
duo  concertant  pour  violon  et  piano,  avec  Albert 
Sowinski,  op.  21  ;  ibid.  Robberechts  a  laissé  en 
manuscrit  une   grande  Fantaisie  pour  orchestre 
et  chœur,  une  grande  Polonaise  en  la  pour  violon, 
des  romances  avec  accompagnement  de  piano, 
quelques  mélodies  pour  piano  seul. 

ROBBERTS  (Jean),  facteur  d'orgues  à 
Rotterdam,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
a  construit  à  l'église  réformée  de  Delfshaven  un 
bon  instrument  de  dix-neuf  registres,  deux  cla- 


ROBBERTS  —  ROBER. 


277 


Tiers  à  la  main  et  pédale.  En  1773,  il  a  restauré 
le  grand  orgue  de  seize  pieds  de  l'église  de  Maas- 
sluys,  composé  de  quarante-deux  jeux ,  trois 
claviers  à  la  main  et  pédales. 
'  ROBBIANO  (François),  chanoine  de  Saint-' 
Victor,  au  bourg  d'Arcesati  (  Lombardie  ),  naquit 
à  Lugnano  en  1581.  lia  fait  imprimer  de  sa 
composition  :  77  primo  librodi  Motteili  a  due 
et  tre  voci;  Milano,  Filippo  Lomazzo,  1G10. 

ROBERDAY  (  François),  valet  de  chambre 
de  la  reine,  mère  de  Louis  XIV,  et  organiste  de 
l'église  des  Petils-Pères,  vécut  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle.  Il  fut  un  des  maîtres  de 
composition  de  Lulli.  On  a  gravé  de  sa  compo- 
sition :  Fugues  et  caprices  à  quatre  parties, 
mises  en  partition  pour  l'orgue;  Paris,  1660, 
in-4°  oblong.  Il  y  a  du  talent  dans  cet  ouvrage. 

ROBERGER  (A.),  auteur  inconnu  d'un  pe- 
tit dictionnaire  de  musique,  suivi  d'une  histoire 
abrégée  de  cet  art,  lequel  a  pour  titre  :  Kleine 
musikaUsches  Wœrterbuch,  oder  Erklxrung 
der  in  der  Musik  gebrauchlichen  Kunstaus- 
driicke.  Quoique  fort  médiocre,  cet  ouvrage 
a  eu  trois  éditions  :  la  troisième  a  paru  à  Qued- 
linbourg,  chez  Basse,  en  1833,  in-8°  de  85  pages, 
avec  des  planches  de  musique.  On  n'y  trouve  ni 
préface,  ni  aucune  indication  quelconque  sur  la 
position  de  l'auteur,  qui  n'a  été  cité  par  aucun 
biographe  allemand. 

ROBERGER  DE  VAUSEWILLE 
(....),  correspondant  de  l'Académie  royale  des 
sciences  de  Paris,  a  publié  un  petit  écrit  en  forme 
de  prospectus  intitulé  :  Invention  nouvelle. 
L'art  de  rayer  les  papiers  de  musique,  plein- 
chant  (sic),  papiers  à  clavecin  et  à  composi- 
tion, etc.,  par  une  méthode  variable  plus 
prompte  et  plus  expéditive  que  l'impression  ; 
Paris,  Gueflier,  1767,  in-4°. 

ROBERT,  roi  de  France ,  naquit  à  Orléans 
vers  l'an  970,  monta  sur  le  trône  au  mois  d'oc- 
tobre 996,  et  mourut  à  Melun,  le  20  juillet  1031. 
Il  était  poète  et  musicien,  autant  qu'on  le  pou- 
vait être  de  son  temps.  On  lui  attribue  les  pa- 
roles et  le  chant  des  hymnes  Sancte  Spiritus 
adsit  nobis  gratia ,  et  Rex  omnipotens  die 
hodierna,  ainsi  que  le  répons  Judxa  et  Jéru- 
salem nolite  timere,  et  0  constantia  marty- 
rum.  Le  chant  de  ce  dernier  se  trouve  dans  la 
Méthode  pour  apprendre  le plain-chant,  de 
Drouaux  (p.  42). 

ROBEBT,  surnommé  de  Blois,  parce  qu'il 
était  né  dans  celte  ville,  fut  un  troubadour  con- 
temporain de  saint  Louis.  Les  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris,  cotés  7222  et 
C5  (  fonds  de  Cangé  )  contiennent  cinq  chansons 
uotées  de  sa  composition. 


ROBERT  DE  FLANDRE,  compositeur, 
de  musique  d'église,  fut  ainsi  nommé  par  les 
Italiens  (Rolierto  di  Fiandra)  parce  qu'il  était 
né  en  Belgique  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  11  était,  en  1610,  maître  de  chapelle  delà 
cathédrale  de  Rieti,  lorsqu'il  fut  désigné  pour 
prendre  la  direction  de  la  chapelle  de  Sainte- 
Marie-Majeure  :  il  accepta  cette  nomination  ;  ce- 
pendant il  ne  se  rendit  point  à  Rome,  et  la  place 
fut  confiée  à  Donati.  On  ne  connaît  pas  les  ou- 
vrages de  Robert. 

ROBERT  (Pierre),  abbé  de  Saint-Pierre 
de  Melun,  naquit  à  Louvres,  près  de  Paris,  en 
1611.  Après  avoir  fait  ses  études  musicales  et 
littéraires  à  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de 
Noyon ,  il  entra  au  séminaire ,  et  fut  ordonné 
prêtre  en  1637.  Il  se  rendit  alors  à  Paris,  et  ob- 
tint au  concours  la  place  de  sous-chantre  à 
Saint-Germain-l'Auxerrois,  lorsque  Pecbon  y 
était  maître  de  musique.  Devenu  ensuite  maître 
de  musique  de  la  chapelle  du  roi,  il  eut,  par  la 
protection  de  M.  de  Harlay,  le  bénéfice  de 
l'abbaye  de  Saint-Pierre  de  Melun.  Il  avait 
pris  pour  modèle  du  style  de  ses  motets  celui 
de  Hauteousteaux  ,  et  ne  changea  point  sa 
manière  lorsque  Lulli  commença  d'introduire 
dans  la  chapeile  de  Louis  XIV  les  molets 
avec  ritournelles  et  accompagnement  d'or- 
clieslre.  La  musique  de  Robert  parut  alors  d'un 
goût  suranné  ;  mais  lui-même  était  trop  âgé  pour 
réformer  son  style,  et  ce  fut  son  excuse,  lorsque 
le  roi  lui  fit  la  proposition  de  rajeunir  ses  mo- 
tets; cependant  il  consentit  à  la  proposition  qui 
lui  fut  faite  de  confier  à  Lulli  l'instrumentation 
de  quelques-uns ,  tels  que  les  psaumes  Quart 
fremuerv.nt  gentes,  et  Exaudiat  te  Domine. 
En  1684  (I)  il  demanda  et  obtint  sa  retraite 
avec  la  pension  :  il  mourut  à  Melun  en  1686. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  :  1°  Motets 
et  élévations;  Paris,  Ballard,  1679,  in-4°  obi. 
—  2°  Motets  composés  pour  la  chapelle  du 
roi;  ibid.,  1684,  in-4°  oblong(en  parties  sépa- 
rées ). 

ROBERT  (François),  écrivain  inconnu,  a 
fait  imprimer  dans  le  dix-septième  volume  des 
Transactions  philosophiques  (  n°  195,  p.  559), 
une  dissertation  intitulée  :  A  discourse  con- 
cerning  the  musical  notes  of  the  trumpets 
and  trumpet-marine,  and  of  the  defects  of 
the  same  (  Discours  sur  les  notes  (  les  sons  )  des 
trompettes  et  de  la  trompette  marine,  et  sur 
leurs  défauts). 


(1)  la  date  de  1682  donnée  par  l.a  Borde  et  par  Choron 
et  Fayolle,  n'est  pas  exacte;  Je  tire  celle  que  je  donne  da 
VÊtat  de  ta  France,  par  N.  Besongne. 


278 


HOBERTSCW  —  ROBLEDO 


ROBERTSON  (  TnoMAS  ),  savant  écossais, 
membre  de  l'Académie  des  sciences  d'Edim- 
bourg dans  la  seconde  moitié  dn  dix-huitième 
siècle,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  An  En- 
quiry  into  the  fine  arts  (  Recherche  concernant 
les  beaux-arts);  Londres,  Cadell,  1785,  in-4°. 
Il  y  traite,  en  six  chapitres  et  dans  un  appendice, 
de  l'esthétique  et  de  l'histoire  de  la  musique  an- 
cienne et  moderne. 

RORERTSON  (Thomas),  professeur  de  lan- 
gueanglaise,  né  en  Ecosse,  sefixa  à  Paris, en  1810, 
et  fut  d'abord  employé  parMillin  (voyez  ce  nom) 
à  faire  des  traductions  pour  ses  travaux  sur  les 
antiquités  grecques  et  romaines.  Après  la  mort 
de  ce  savant,  Robertson  donna  des  leçons  de 
langue  anglaise  et  publia  un  grand  nombre 
d'ouvrages  pour  l'étude  de  cette  langue.  On  a 
aussi  de  lui  :  Lettre  à  M.  M illin  sur  une  ma- 
nière de  rendre  les  sons  perceptibles  aux 
sourds;  Paris,  1814,  in-8°-  Cette  lettre  a  paru 
dans  \eMagasin  encyclopédique  (ann.  1814). 
Quelques  exemplaires  seulement  ont  été  tirés  à 
part. 

ROBERTSON  (Jonw),  professeur  de  mu- 
sique dans  les  écoles  populaires  de  Glascow,  est 
né  en  Ecosse  en  1808.  On  a  de  lui  un  livre  de 
chants  pour  les  psaumes  et  les  hymnes,  à 
4  voix,  suivant  l'usage  des  églises  de  l'Ecosse.  Cet 
ouvrage,  dont  il  a  été  fait  plusieurs  éditions,  a 
pour  titre  :  The  Seraph  (Le  Séraphin).  A  sélec- 
tion of  Pmlm  and  Ilymn  tunes,  many  of 
them  originals  for  four  voyces,  adapted  to 
ihe  varions  mètres  used  in  the  established 
Churches,  Chapets  and  Congrégations  in  ihis 
Country;  Glascow  (sans  date),  in-8°  obi.  L'ou- 
vrage est  précédé  d'un  catéchisme  des  principes 
de  musique. 

RORINEAU  (L'abbé  Alexandre),  violo- 
niste amateur  à  Paris,  fut  un  des  meilleurs  élè- 
ves de  Gaviniès.  Il  a  publié,  vers  1770,  six  solos 
pour  le  violon ,  et  un  concerto  avec  orchestre. 
A  l'époque  de  la  révolution  de  1789,  l'abbé  Ro- 
bineau  émigra  et  mourut  en  Allemagne. 

ROBINOT  (M.),  notaire  à  Paris  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle ,  fut 
un  des  champions  de  la  lutte  en  faveur  de  la 
musique  française  contre  les  attaques  de  la  let- 
tre de  J.-J.  Rousseau,  et  publia  à  cette  occa- 
sion :  Lettre  d'un  Parisien  contenant  quelques 
reflexions  sur  celle  de  J.-J.  Rousseau  ;  Paris, 
1754,  in-12.  Cet  opuscule  est  une  des  pièces  les 
plus  rares  de  la  polémique  sur  le  sujet  dont  il 
s'agit. 

ROBINSON  (Thomas),  musicien  à  Londres, 
dans  les  premières  années  dudix-septièmesiècle, 
est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  The  ùchool  of 


Musilie,  or  the  perfect  method  of  fingering 
the  Lute,  Pandora,  Orpharion  and  Viole  de 
gamba  (l'École  de  musique,  ou  la  Méthode  par- 
faite du  doigté  sur  le  luth,  la  pandore,  l'or- 
pharion  et  la  basse  de  viole);  Londres,  1603, 
in-fol. 

RORINSON  (Jean  ),  organiste  de  l'abbaye 
de  Westminster  et  de  l'église  Saint-Laurent,  à 
Londres,  naquit  en  1682  et  eut  pour  maître  le 
docteur  Rlow.  Cet  artiste  eut  la  réputation  du 
meilleur  organiste  anglais  de  son  temps.  Il  est 
auteur  d'un  livre  intitulé  :  Essay  npon  vocal 
Mustek  (Essai  sur  la  musique  vocale)  ;  Londres, 
1715,  in-12.  Robinson  est  mort  à  Londres  en 
1762,  à  l'âge  de  quatre  vingts  ans.  Son  portrait 
a  été  fort  bien  gravé  par  G.  Yirtue  :  il  y  est 
représenté  jouant  de  l'épinette. 

RORINSON  (Anastasie),  comtesse  de  PE- 
TERBOROUGH,  naquit  à  Londres  vers  la  fin 
du  dix-septième  siècle.  Fille  d'un  peintre  de 
portraits,  elle  reçut  une  bonne  éducation,  et 
apprit  les  éléments  de  l'art  du  chant  sous  la  di- 
rection du  docteur  Croft,  puis  reçut  des  leçons 
de  Sandoni,  excellent  maître  de  chant  italien, 
alors  résidant  à  Londres.  Elle  se  lit  entendre 
d'abord  dans  des  concerts,  où  elle  s'accompa- 
gnait sur  le  clavecin.  En  1714,  elle  parut  pour 
la  première  fois  sur  la  scène  dans  l'opéra  de 
Creso,  et  le  succès  qu'elle  y  obtint  la  rendit 
bientôt  célèbre.  Ses  appointements  furent  portés 
à  mille  livres  sterling,  et  les  présents  qu'elle 
recevait,  ainsi  que  les  représentations  à  son  bé- 
néfice, égalaient  cette  somme.  Elle  brilla  dans 
les  premiers  opéras  de  Haendel,  particulièrement 
dans  Rinaldo ,  Radamisto  et  Muzio  Sccvola; 
cependant  ce  compositeur  ne  l'aimait  pas,  et 
n'écrivit  pour  elle  que  des  airs  inférieurs  à  eeux 
qu'il  composait  pour  la  Durantasti.  Devenu 
amoureux  d'elle,  lord  Peterborough  l'épousa  en 
secret  et  lui  fit  quitter  le  théâtre  en  1724  ;  ce- 
pendant il  ne  déclara  son  mariage  qu'en  1735, 
et  ce  ne  fut  qu'alors  que  la  cantatrice  prit  le 
rang  de  pairesse  d'Angleterre.  Je  ne  sais  où 
Gerber  a  pris  qu'elle  mourut  en  1755,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-huit  ans.'  S'il  en  était  ainsi, 
elle  aurait  eu  quarante-sept  ans  quand  elle 
débuta  dans  l'opéra,  et  c'est  dans  sa  cinquante- 
quatrième  année  qu'elle  aurait  charmé  lord  Pe- 
terborough. 

ROBINSON  POLLINGROVE  (....), 
poète  anglais  qui  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  a  fait  imprimer,  à  l'oc- 
casion du  festival  en  commémoration  de  Haendel, 
une  ode  intitulée  :  Jlandel's  Ghost  (  Esprit 
de  Hœndel);  Londres,  1784,  in-4°. 

ROBLEDO  (Melciiior),  compositeur  espa- 


ROBLEDO  —  ROCCHI 


279 


gnol,  vécut  à  Rome  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Dans  le  volume  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque de  la  chapelle  pontificale,  n°  22,  on 
trouve  des  messes  de  la  composition  de  ce 
maître  ;  quelques-uns  de  ses  motets  sont  aussi 
dans  le  volume  38  de  la  même  bibliothèque.  De 
retour  dans  sa  patrie,  Robledo  lut  nommé  maître 
de  chapelle  et  racionairede  la  Seu  de  Saragosse. 
M,  Saldoni  place  la  date  de  cette  nomination 
au  2  juillet  1560  (  Effemerides  de  musicos  es- 
pa/ïoles,  p.  208).  M.  Eslava  se  borne  à  dire 
(Âpuntes  biographicos,  etc.,  Lira  sacro-his- 
pana,  2e  série,  XVIe  siècle,  t.  I  )  que  ses  re- 
cherches l'ont  conduit  à  la  certitude  que  Robledo 
était  en  1569  maître  de  chapelle  et  prébende 
de  la  Seu  de  Saragosse.  A  sa  mort ,  le  chapitre 
lui  rendit  l'honneur  sans  exemple  d'accompa- 
gner en  corps  son  convoi  funéraire.  Par  les 
constitutions  du  chœur  de  l'église  Notre-  Dame 
del  Pilar,  on  voit. que  les  compositions  de  Ro- 
bledo, de  Morales,  de  Victoria  et  de  Palestrina, 
furent  les  seules  qu'on  y  exécuta  jusqu'à  la  fin 
du  seizième  siècle.  Les  ouvrages  de  celui  de  ces 
maîtres  qui  est  l'objet  de  cette  notice  sont  en 
très-grand  nombre  répandues  dans  les  églises  de 
l'Espagne.  M.  Eslava  a  publié  en  partition  (loc. 
cit.)  un  Magnificat  et  un  psaume  dont  Robledo 
est  auteur. 

ROBSON  (Jean-Jacques),  d'origine  anglaise, 
vécut  en  Belgique  et  occupa  la  place  d'organiste 
de  la  collégiale  de  Saint-Germain,  à  Tirlemont, 
pendaut  une  longue  suite  d'années,  car  le  fron- 
tispice de  son  œuvre  1er,  publié  en  1749,  lui 
donne  ce  titre,  et  l'on  voit,  par  les  procès-verbaux 
du  magistrat  de  Malines ,  que  cet  artiste  était 
membre  du  jury  d'un  concours-  ouvert  dans 
cette  ville  en  1772,  pour  les  places  d'organiste 
de  la  métropole  et  de  carillonneur  communal , 
qu'il  occupait  encore  la  même  position  ,  et  qu'il 
était  alors  considéré  comme  un  des  musiciens 
belges  les  plus  distingués.  On  connaît  sous  son 
nom  les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Pièces  pour  clavecin  ,  dédiées  au  magistrat 
de  Tirlemont,  œuvre  1er  ;  Liège,  Andrez,  1749. — 
2°  Sonates  à  concerts  pour  clavecin ,  2  vio- 
lons ,  taille  (alto)  et  basse,  dédiées  au  comte 
de  Frankenberg,  œuvre  IV;  ibid  (sans  date). 
—  3°  Préludes  d'orgue  dans  les  différents  tons 
de  l'église  (en  manuscrit).  Ces  morceaux  font 
partie  d'une  collection  qui  a  appartenu  à  l'abbé 
Libau,  chanoine  du  chapitre  de  Sainte-Gudule  de 
Bruxelles,  en  1764  (1).  Les  autres  productions 
de  Robson  ne  sont  pas  connues  jusqu'à  ce  jour. 


(1)  Je  suis  redevable  de  ces  renseignements  à  l'obligeance 
de  M.  Xavier  Van  Elewyck.  [voyez  ce  nom.) 


ROBUSCHI  (Ferdinand),  compositeur  dre- 
matique,  né  le  15  août  1765,  à  Colorno,  dans 
le  Parmesan,  fut  envoyé  à  l'université  de  Parme 
pour  y  faire  ses  études  :  il  y  prit  des  leçons  de 
musique  de  Fortunati,  et  plus  tard  il  se  rendit 
à  Bologne,  dans  le  dessein  d'étudier  le  contre- 
point sous  la  direction  du  P.  Martini.  Après 
quatre  années  passées  dans  cette  ville,  où  il 
acheva  son  cours  de  philosophie,  il  alla  con- 
tinuer ses  études  musicales  auprès  de  Sarti,  à 
Milan,  puis  il  se  rendit  à  Naples  et  y  reçut  des 
conseils  de  Cimarosa  pour  le  style  dramatique. 
De  retour  à  Parme,  il  y  obtint  le  titre  de  composi- 
teur des  spectacles  de  la  cour.  Son  premier 
opéra  fut  écrit  en  1786,  et  dans  l'espace  de  vingt- 
deux  ans,  il  en  composa  trente-quatre  à  Parme, 
Rome,  Naples,  Venise,  Livourne  ,  Florence  et 
Padoue.  Parmi  ces  ouvrages,  ceux  qui  ont  été 
le  mieux  accueillis  sont  :  1°  I  Castrini,  à  Parme, 
en  1786.  —  2°  Altalo,  RediBitinia,  à  Padoue, 

1788.  —  3°  Il  Geloso  disperato,à  Rome,  1788. 
—  4°  Chi  sta  bene  non  si  muova,  à  Florence, 

1789.  — 5°  La  Morte  di  Cesare,  à  Livourne, 

1790.  —  6°  La  Briseide,  à  Naples.  —  7°  I  tre 
Rivali  in  amore,  à  Venise. 

ROC  A  Y  BISBAL  (D.  Jean-Baptiste), 
professeur  de  musique  à  Barcelone,  né  dans  cette 
vilie  vers  1800,  est  auteur  d'un  traité  élémen- 
taire de  musique  intitulé  :  Gramatica  musical, 
dividida  in  calorce  lecciones;  Barcelone, 
1837. 

ROCCA  (  Ange  ) ,  savant  philologue  et  an- 
tiquaire, naquit  en  1545,  à  Rocca-Contrada,  dans 
la  Marche  d'Ancône.  Après  avoir  fait  ses  études 
en  plusieurs  villes,  particulièrement  à  Padoue, 
il  fit  ses  vœux  dans  l'ordre  de  Saint- Augustin,  et 
fut  appelé  par  ses  supérieurs  à  Rome,  en  1579  , 
et  attaché  comme  secrétaire  au  vicaire  général. 
Le  pape  Sixte  V  lui  confia  ensuite  la  surveillance 
de  l'imprimerie  du  Vatican,  et  l'admit  dans  la 
congrégation  établie  pour  la  révision  de  la  Bible. 
En  1595,  le  P.  Ange  Roca  fut  revêtu  de  la  dignité 
de  sacristain  de  la  chapelle  apostolique ,  et  en 
1605  il  fut  fait  évêque  de  Tagaste.  Ce  prélat 
mourut  à  Rome,  le  8  avril  1620.  Au  nombre  de 
ses  savants  ouvrages,  on  remarque  celui  qui  a 
pour  titre  :  Commentarius  de  campanis; 
Rome,  1612,  in-4°.  Ce  traité  de  cloches  a  été 
réimprimé  par  Sallengre  dans  le  Thésaurus 
antiquitatum  romanarum  ,  et  dans  la  collec- 
tion des  œuvres  de  Rocca,  publiée  à  Rome,  en 
1719,  2  vol.  in-folio. 

ROCCHI  ( Don-Antoine ),  prêtre,  né  à  Pa- 
doue dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  est  auteur  d'un  ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
Islituz-ioni  di  musica  leorico-pratica.  Délia 


280 


110CCHI  —  ROCHEFORT 


teoria  matemalica,  Ubro  primo.  Del  génère 
diatonico.  In  Venezia ,  nella  stamperia  M- 
brizziana,  1777,  in-4°  de  60  pages.  Il  païaît 
que  cette  première  partie  seule  de  l'ouvrage  a  été 
publiée. 

ROCCHIGI ANO  (Jean-Baptiste),  ou  ROC- 
CHiGIAM, maître  de  chapelleà  l'église  Sainte- 
Marie  de  Rieti,  dans  les  États  de  l'Eglise,  na- 
quit à  Orvieto  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle.  11  fit  ses  études  musicales  à  la 
maîtrise  de  la  cathédrale  de  cette  ville.  Il  a 
publié  des  messes  et  des  motets  de  sa  compc- . 
sition,  à  Venise,  chez  Vincenti.  On  connaît  aussi 
de  lui  :  Arie ,  Sonetti  et  madrigali,  Ubro 
primo  ad  una,  due  et  3  voci;  Orvieto,  presso 
Fei,  1623,in-4°. 

ROCCO  (Benoit),  né  vers  1740  à  Afragola , 
dans  le  royaume  de  Naples,  fit  ses  études  litté- 
raires au  collège  des  Jésuites  de  cette  ville,  puis 
étudia  les  sciences  philosophiques  sous  la  di- 
rection d'Antoine  Genovesi,  qui  l'aimait  beau- 
coup. Il  embrassa  l'état  ecclésiastique,  ce  qui  l'o- 
bligea à  suivre  les  cours  de  théologie  du  sémi- 
naire de  l'archevêché.  Dès  sa  jeunesse  il  avait 
montré  d'heureuses  dispositions  pour  la  musique 
et  s'était  instruit  dans  toutes  les  parties  de  cet 
art  par  les  leçons  de  Pascal  Errichelli  et  de  Char- 
les Cotumacci  (V.  Cotumacci) .  Sous  la  direction 
de  ces  maîtres,  il  devint  très-bon  musicien  et 
accompagnateur  habile.  Il  se  distingua  aussi 
dans  la  composition,  et  l'on  cite  parmi  ses  ou- 
vrages une  cantate  à  la  louange  de  la  princesse  de 
Belnionte,  Clara  Spinelii,  un  nombre  infini  de 
canzoneite,  de  duos,  des  motets  et  d'autres 
pièces  de  musique  d'église.  Dans  sa  vieillesse,  il 
vécut  dans  la  maison  du  prélat  Angelantonio 
Scotti,  entre  les  mains  de  qui  il  a  laissé  un 
Traité  de  la  musique  italienne  en  manuscrit. 
Rocco  s'est  fait  connaître  aussi  par  des  ouvrages 
de  littérature  estimés.  Il  est  mort  à  Naples,  le 
&  juillet  1824. 

ROCCO  RODIO  V.  RODIO  (Rocco). 

ROCHou  ROCHUS  (GoDEruoiD),cantoret 
directeur  de  musique  à  Pilnitz  (Saxe),  naquit  dans 
cette  petite  ville  vers  1G70.  Il  occupait  les  places 
indiquées  ci-dessus  depuis  quatorze  ans,  lorsqu'il 
publia  un  poëme  sur  la  musique,  précédé  d'une 
dissertation  dans  laquelle  il  rapporte  les  opi- 
nions des  auteurs  anciens  qui  ont  fait  l'éloge 
ou  h  critique  de  cet  ait,  et  qui  est  accompagnée 
de  quelques  notes.  Cet  opuscule  a  pour  litre  : 
Musica  noster  amor,  hec  est  monumentum 
muskx  dii'inx,  etc.  ;  Pirna,  1717,  in-4°  de  30 
pages.  Quoique  le  titre  soit  en  latin,  la  disserta- 
lion  seule  est  dans  cette  langue  :  le  poème  est  I 
eu  allemand. 


ROCH  (Frédéric-Wilhelm)  ,  organiste  et 
professeur  de  musique  au  Gymnase  de  Gu- 
ben,  est  né  le  7  octobre  1806.  Kœrner  d'Erfurt 
a  publié  des  préludes  d'orgue  de  la  composition 
de  cet  artiste  dans  son  Aeues  Oryd  Jour- 
nal (  Erfurt,  sans  date,  in-4°  obi.),  ainsi  que 
dans  son  Posl Indien- Buch,  on  Recueil  de 
pièces  finales  pour  l'orgue  (Erfurt,  sans  date, 
in-4°obl.). 

ROCIIà  (François  D A),  religieux  portugais, 
né  à  Lisbonne  en  1640,  lit  ses  vœux  dans  un 
monastère  de  cette  ville,  où  il  mourut  en  1720, 
à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  La  nature  l'avait 
organisé  d'une  manière  si  heureuse  pour  la  mu- 
sique, qu'à  l'âge  de  onze  ans  il  composa  une 
messe  à  sept  voix  sur  la  gamme  descendante 
la,  sol,  fa,  mi,  ré,  ut.  Son  compatriote,  Jean- 
Laurent  Rohello,  était  le  maître  qu'il  s'était 
proposé  pour  modèle.  Il  a  laissé  en  manuscrit 
beaucoup  de  messes  ,  de  psaumes  et  de  vilhan- 
cicos,  dont  on  trouve  le  catalogue  détaillé  dans 
la  Bibliothèque  lusitanienne  de  Machado,  t.  II, 
p.  239. 

ROCHEFORT  (Guillaume  DE),  littérateur 
français,  né  à  Lyon  en  173 1,  fit  ses  études  à 
Paris,  puis  obtint,  par  le  crédit  d'un  ami  de  sa 
famille,  la  place  de  receveur  général  des  fermes 
à  Cette,  dans  le  Languedoc.  L'isolement  où  il 
se  trouvait  dans  celte  petite  ville  lui  fit  chercher 
dans  ses  livres  des  ressources  contre  l'ennui  : 
il  étudia  le  grec,  et  devint  Itabile  helléniste.  Sa 
passion  pour  Homère  lui  fit  entreprendre  une 
traduction  en  vers  de  l'Iliade  et  de  l'Odyssée,  et 
l'amour  des  lettres  l'engagea  à  fuire  le  sacrifice 
de  sa  fortune,  en  donnant  sa  démission  de  la 
place  de  receveur  général  des  fermes,  pour  re- 
tourner à  Paris,  où  il  se  fixa.  L'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres.  Il  mourut  à  Paris  le  25  juillet 
1788,  à  l'âge  de  cinquante-sept  ans.  On  doit  à 
ce  littérateur  des  Recherches  sur  la  Sympho- 
nie des  anciens,  insérées  dans  les  Mémoires 
de  l'Académie  dt!S  inscriptions  (tome  41,  pages 
365-381). 

ROCHEFORT  (Jean-Baptiste),  né  à  Paris 
le  24  juin  1746,  apprit  la  musique  comme  en- 
fant de  chœur  à  la  maîtrise  de  Notre-Dame,  puis 
entra  à  l'Opéra  en  qualité  de  contrebassiste,  en 
1775.  Cinq  ans  après,  il  fut  engagé  comme  chef 
d'orchestre  d'un  théâtre  d'opéra  français  au  ser- 
vice du  landgrave  de  liesse,  et  demeura  à  Cass,! 
en  cette  qualité  jusqu'en  1785.  La  mort  du 
landgrave  fit  congédier,  cette  année,  l'opéra 
fiançais,  et  Rochefort  retourna  à  Paris,  où  il 
rentra  dans  l'orchestre  de  l'Opéra  comme  con- 
trebassiste et  chef  d'orchestre  adjoint.  11  y  con- 


ROCHEFORT  —  ROCIIL1TZ 


281 


serva  cette  position  jusqu'en  1815,  et  obtint 
alors  sa  retraite  avec  la  pension  acquise  par  qua- 
rante ans  de  service.  Il  mourut  à  Paris  en 
1819.  Rochefort  a  composé  la  musique  des  opéras 
et  ballets  suivants  :  A  l'Opéra  :  1°  Daphnis  et 
flore,  pastorale  en  nn  acte.  —  2°  Ariane,  scène 
lyrique.  —3°  L'Enlèvement  d'Europe,  ballet. 
—  4°  Jérusalem  délivrée,  idem.  —  5»  La 
Prise  de  Grenade,  idem.  —  6°  Bacchus  et 
Ariane,  idem.  —  7°  Toulon  soumis,  pièce  ré- 
publicaine. A  la  Comédie  italienne  :  8<>  L'In- 
connue persécutée,  parodiée  sur  la  musique 
d'Anfossi,  avec  des  morceaux  ajoutés.  — 9°  L'Es- 
prit de  contradiction,  opéra-comique  en  un 
acte.  —  10°  La  Cassette,  idem.  Au  Théâtre 
Montansier  :  l]o  La  Pantoufle,  opéra-comique 
en  un  acte.—  12°  Dorothée,  idem.  Au  Théâtre 
de  la  Cité  :  13°  La  Force  du  sang,  drame  ly- 
rique. A  Cassel  :  14»  La  Pompe  funèbre 
de  Crispin,  opéra-comique.  —  15°  Pyrame  et 
Thisbè,  mélodrame.  —  16°  Le  Temple  de  la 
Postérité,  cantate  pour  la  fête  du  landgrave.  — 
17°  Les  Noces  de  Zerbine,  opéra-comique.  On 
a  aussi  gravé  du  même  artiste  :  18°  Six  qua- 
tuors pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  1  ; 
Paris,  Laclievardière.  —  19»  Six  idem,  op.  2  ; 
ibid. —  20°  Six  duos  pour  2  violons;  ibid. 

UOCHEMONT  (DE),  négociant  et  amateur 
de  musique,  né  à  Genève  vers  1715,  vivait  à 
Lausanne  au  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il 
prit  .part  à  la  polémique  relative  à  la  lettre  de 
J.J.  Rousseau  sur  la  musique  française,  et 
publia,  sous  lé  voile  de  l'anonyme,  une  bro- 
chure intitulée  :  Réflexions  d\m  patriote  sur 
l'opéra  français  et  sur  l'opéra  italien,  qui 
présentent  le  parallèle  du  goût  des  deux  na- 
tions dans  les  beaux-arts  ;  Lausanne,  1754, 
in -8°  de  137  pages. 

ROCHETTE  (Désiré-Raoul),  littérateur, 
membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  de  l'Institut  de  France,  secrétaire  perpé- 
tuel de  l'Académie  des  beaux-arts,  professeur 
d'archéologie  et  conservateur  du  cabinet  des 
Antiques  de  la  Bibliothèque  impériale,  né  à  Saint  - 
Amand  le  8  mars  1789,  mort  à  Paris  au  mois 
de  juillet  1854,  a  publié  un  très-grand  nombre  de 
mémoires  concernant  la  numismatique,  les  anti- 
quités et  l'histoire  ancienne,  dont  il  ne  peut  être 
question  ici  :  Raoul  Rochette  n'est  cité  dans  ce 
dictionnaire  biographique  que  pour  les  éloges  de 
quelques  artistes  célèbres  qui  ont  été  membres  de 
l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut;  parmi 
ces  éloges, on  remarque  :  lo  Notice  historiquesur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  Lesucur,  lue  à  la 
séance  publique  de  l'Académie  royale  des 
beaux-arts,  le  5  octobre  1839;  Paris,  Firmin 


Didot  frères,  1839,  in-4°  de  22  pages.  —  2<>  No- 
tice historique  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Chcrubini,  lue  dans  la  séance  publique,  le 
1  octobre  1843;  ibid.,  1843,  in-4°de  32  pages.  — 
3«  Notice  historique  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
de  Berton  ,  lue  dans  la  séance  publique  du 
lOoctobre  1846  ;  ibid.,  1846,  in-4°  de  27  pages. 
—  4°  Notice  historique  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrages de  Spontini,  lue  dans  la  séance  publi- 
que du  7  octobre  1852;  ibid.,  1852,  in-4°  de 
24  pages. 

ROCHLITZ  (Fréuéric),  conseiller  de  la 
cour  du  duc  de  Saxe-Weimar,  poète  et  critique 
musicien  estimé,  est  né  à  Leipsick  le  18  février 
1770.  Doué  d'heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique et  entraîné  par  un  penchant  irrésistible 
vers  la  culture  de  cet  art,  il  essayait  de  jouer  les 
mélodies  des  cantiques  religieux  sur  un  vieux  cla- 
vecin, et  parvint  à  connaître  le  clavier  de  cet 
instrument  à  l'âge  de  neuf  ans,  avant  qu'on  lui 
eût  appris  les  noms  des  notes.  Enfin  il  eut  un 
maître  de  musique  qui  n'eut  pas  de  peine  à  lui 
enseigner  les  principes  de  cet  art  et  du  clavecin. 
Doles  (voyez,  ce  nom) ,  directeur  de  l'école  de 
Saint-Thomas,  lui  ayant  trouvé  une  belle  voix, 
le  lit  entrer  dans  ce  collège,  et  lui  enseigna  l'art 
du  chant  et  les  éléments  de  l'harmonie,  d'après 
son  système  particulier.  Cependant  la  famille  de 
Rochlitz,  le  destinant  à  l'étude  de  la  théologie, 
s'opposait  à  ce  qu'il  accordât  trop  de  temps  à 
l'objet  de  sa  prédilection  ;  l'élève  de  Doles  ne 
put  se  livrer  qu'en  secret  à  son  goût  passionné 
pour  l'art.  Il  écrivait,  la  nuit, des  compositions  re- 
ligieuses qu'il  faisait  exécuter  dans  les  églises 
de  Leipsick,  sous  le  nom  de  Léopold  Kozeluch, 
et  qui  obtenaient  l'approbation  générale.  L'arri- 
vée de  Mozart  à  Leipsick,  et  les  liaisons  deRoch- 
litz  avec  ce  grand  artiste  -achevèrent  d'entraî- 
ner celui-ci  vers  la  culture  d'un  art  qui  ne  devait 
être  que  l'objet  accessoire  de  sa  destination  : 
mais  par  une  force  de  caractère  dont  il  y  a  peu 
d'exemples ,  il  se  décida  à  ne  pas  s'occuper  de 
musique  pendant  les  deux  années  qu'il  consacra  à 
l'étude  de  la  philosophie  transcendante,  évitant 
même  d'en  entendre.  Un  des  objets  importants 
de  cette  philosophie  même,  l'esthétique,  l'y  ra- 
mena, et  son  retour  vers  cet  art  fut  marqué  par 
ce  qu'il  en  dit  dans  son  premier  écrit  intitulé  : 
Blicke  in  das  Gebiet  der  Kûnste  und  der 
praktischen  Philosophie  (Coup  d'œil  dans  le 
domaine  des  artsetde  la  philosophie  pratique), 
Gotha,  Perthes,  1796,  in-8°.  Herder,  à  qui  cet 
ouvrage  était  dédié  ,  fit  l'éloge  des  principes  qui 
avaient  présidé  à  sa  rédaction,  mais  blâma  la 
forme  du  livre,  et  Rochlitz  reconnut  plus  tard 
que  la  critique  était  fondée. 


282 


ROCHLITZ  —  ROCHOIS 


Des  circonstances  plus  favorables  permirent 
à  cet  écrivain  de  se  livrer  sans  contrainte  à  son 
penchant  pour  la  musique;  le  premier  fruit  de 
son  loisir  fut  l'écrit  qu'il  fit  insérer  dans  le  Mer- 
cure allemand  do  mois  d'octobre  1798,  sous  ce 
titre  :  Gedanken  iiber  die  Zweckmœssige 
Benutzung  der  Materie  der  Musik  (Pensées 
sur  le  bon  emploi  des  matériaux  de  la  musique). 
Le  succès  de  cet  opuscule  parmi  les  musiciens 
fixa  leur  attention  sur  Roclilitz.  Breitkopf,  qui 
venait  d'entreprendre  la  publication  de  sa  Ga- 
zette musicale,  l'engagea  à  prendre  part  à  sa  ré- 
daction et  à  en  diriger  l'esprit.  Les  littérateurs 
musiciens  qui  connaissent  l'intéressante  collection 
de  cet  écrit  périodique,  avouent  que  le  temps  le 
plus  brillant  de  sa  durée  fut  celui  où  Roclilitz  y 
prit  une  part  active.  Il  y  a  fourni  un  grand 
nombre  d'articles,  parmi  lesquels  on  remarque 
ceux-ci  :  lo  Anecdotes  garanties  de  la  vie  de 
W.-A.  Mozart,  t.  I,  p.  17,  49,  81,  113,  125, 
177.  —  2°  Sur  l'effet  nuisible  supposé  résulter 
du  jeu  de  l'harmonica,  ibid.,  p.  97.  —  3°  Quel- 
ques mots  concernant  la  réunion  de  la  poésie  à 
la  musique,  etc.,  ibid.,  p.  433.  —  4°  Essais  sur 
l'histoire  de  la  musique  actuelle,  ib.,  p.  625.  — 
5°  Diversité  des  jugements  sur  des  productions 
musicales,  ibid.,  p.  497.  —  6°  Lettres  à  un  jeune 
composilenr  (sur  divers  sujets  de  critique  musi- 
cale),!. II,  p.  I,  17,  20,  57,  161,  177.  —  7o  Pa- 
rallèle de  Raphaël  et  de  Mozart,  ibid.,  p.  641. 
—  8°  Motif  du  mûr  examen  d'un  article  de  foi 
musicale,  t.  III,  p.  677.  —  9°  Sur  les  diverses 
manières  des  compositeurs  qui  écrivent  pour  les 
voix,  ibid.  —  10°  Souvenirs  de  Faustine  liasse, 
ibid.,  page  805.  —  11°  Souvenirs  d'Elisabeth 
Mara,  t.  IV,  p.  465.  —  12°  Fragments  d'un  ou- 
vrage inédit,  intitulé  :  Ferdinand,  ouVÈduca- 
tion  d'un  musicien,  t.  V,  p.  1.  —  13°  Sur  le 
goût  des  compositions,  particulièrement  dételles 
de  J.-S.  Bach,  pour  le  piano,  ibid.,  p.  310.  — 
14»  Sur  sainte  Cécile  et  sa  fôte,  t.  VI,  p.  97  et 
113.  —  15o  visite  à  la  maison  des  fous  :  ce  mor- 
ceau intéressant  remplit  en  partie  les  nos  37^  40, 
41  et  42  de  la  même  année.  —  16°  Sur  le  bon 
emploi  des  moyens  de  l'art  musical,  tome  VIII, 
p.  3,  49,  193,  241.  —  17o  Sur  les  musiciens 
aveugles,  t.  X,  p.  209.  —  18o  Dialogues  sur 
l'opéra,  ibid.,  p.  337  et  339.  Après  la  dixième 
année  (1809),  Rochlilz  cessa  de  coopérer  à  la  ré- 
daction de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick.  A 
cette  époque,  il  parut  avoir  renoncé  aux  travaux 
relatifs  à  la  musique,  et  son  silence  se  prolongea 
jusqu'en  1824  :  alors  parut  de  lui  un  livre  qui, 
par  le  charme  du  style  et  l'ardent  amour  de  l'art 
qui  y  est  empreint,  excita  un  vif  intérêt  en  Al- 
meagne.  Ce  livre  a  pour  titre  :  Fur  Frrunde 


der  Tonkunst  (Pour  les  amis  de  la  musique) , 
Leipsick,  Cnobloch,  1824-1825,  1830-1832,  4 
vol.  in-8°.  Les  deux  premiers  volumes  ayant  été 
épuisés  avant  l'impression  du  troisième,  ont  été 
réimprimés  en  1830.  Recueil  de  morceanx  dé- 
tachés, cet  ouvrage  renferme  des  notices  biogra- 
phiques et  caractéristiques  sur  quelques  artistes 
et  écrivains  célèbres  sur  la  musique,  tels  que 
Hiller,  Mmc  Mara,  Romberg,  Hoffmann,  Nau- 
mann,  Fesca,  Faustine  liasse,  Charles-Philippe- 
Emmanuel  Bach,  etc.;  des  analyses  esthétiques 
de  plusieurs  grandes  compositions  ;  quelques 
morceaux  historiques  ou  de  fantaisie  sur  diverses 
parties  de  l'art,  et  un  choix  des  articles  précé- 
demment insérés  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick.  La  dernière  publication  de  Rochlilz  est 
un  recueil  de  compositions  historiques  et  classi- 
ques, intitulé  :  Collection  de  morceaux  de 
chant  tirés  des  maîtres  qui  ont  le  plus  con- 
tribué aux  progrès  de  la  musique,  et  qui  oc- 
cupent un  rang  distingué  dans  Vhisloire  de 
cet  art  ;  choisis  et  arrangés  chronologique* 
ment  avec  des  notes  historiques  et  autres; 
Mayence,  Schott,  grand  in-4°.  Deux  volumes  de 
cette  collection  en  trois  parties  ont  paru.  Rochlitz 
est  mort  à  Leipsick  le  16  octobre  1842,  à  l'âge 
de  soixante-douze  ans. 

ROCHOIS  ou  LE  ROCHOIS  (Mlle  Mar- 
the), célèbre  actrice  de  l'Opéra,  au  temps  de  Lulli, 
naquit  à  Caen  en  1650.  Devenue  orpheline  dès  ses 
premières  années,  il  ne  lui  resta  qu'un  oncle,  qui 
prit  soin  de  son  éducation;  mais  ayant  perdu  ce 
protecteur,  le  seul  qui  lui  fût  resté,  elle  se  vit 
contrainte  de  chercher  dans  la  belle  voix  dont  la 
nature  l'avait  douée  une  ressource  contre  la  mi- 
sère et  d'accepter  les  propositions  qui  lui  étaient 
faites  pour  entrer  à  l'Opéra.  Lulli  lui  fit  donner 
des  leçons  de  chant,  et  la  fit  débuter  en  K578. 
Le  premier  rôle  où  elle  se  fit  remarquer  fut  celui 
d'Aréthuse,  dans  Proserpine,en  16-80;  mais  ce 
fut  surtout  dans  Armide  qu'elle  parut  actrice  ex- 
cellente. Bien  que  sa  taille  fût  peu  avantageuse 
et  que  sa  ligure  eût  les  traits  communs,  elle  pa- 
raissait belle  à  la  scène  par  l'expression  de  ses  ac- 
cents et  l'animation  de  son  jeu.  Retirée  en  J698, 
après  avoir  joué  pour  la  dernière  fois  dans  l'Eu- 
rope galante, le  24  octobre  1697,elleeut  une  pen- 
sion de  mille  francs  sur  l'Opéra  qui,  réunie  à  une 
autre  quelle  tenait  du  duc  de  Sully,  son  ancien 
amant ,  et  à  quelques  économies,  la  mft  en  état  de 
vivre  alternativement  dans  une  maison  de  campa- 
gne qu'elle  possédait  à  Sartrouville-sur-Seine,  a 
quatre  lieues  de  Paris,  et  dans  cette  ville,  où  elle 
mourut  le  9  octobre  1728,  à  l'âge  de  soixante- 
dix-huit  ans.  Ses  conseils  formèrent  les  talents  de 
Mlles  Jouinet  et  Antier,  actrices  de  l'Opéra. 


ROCOUR  —  RODE 


283 


ROCOUR  on  ROCOURT  (  Pierre  DE),  pré 
tre,  ainsi  nommé  parce  qu'il  était  né  au  village  de 
Rocourt,  près  de  Liège,  fut  chantre  prébende  à 
la  cathédrale  de  cette  ville,  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  un  recueil 
de  motets  à  4  voix  intitulé  :  Motectorum  qua- 
tuor vocum  liber  primus,  auctore  Pelro  Ro- 
curtino  presbitèro  cantoreque  cathedr.  Leod. 
Lovanii,  excudebat  Jacobus  Battus  typogra- 
phusaCxs.Ma.  admissus,  1546,  petit  in 4° obi. 
On  trouve  aussi  des  compositions  de  Pierre  de 
Rocour  dans  les  recueils  intitulés  :  1°  Chan- 
sons à  4  parties,  auxquelles  sont  contenues 
XXXI  nouvelles  chansons,  convenables  tant 
àla  voix  comme  aux  instruments.  Livre  I.  Im- 
primées enAnvers.par  Tylman  Susato, etc.,  1543, 
in-4°.  _  2°  Le  XIe  livre  contenant  XXIX  chan- 
sons amoureuses  à  4  parties,  etc.,  ibid.,  1549, 
in-4".  11  est  assez  remarquable  que  tous  les  com- 
positeurs de  ces  chansons  amoureuses,  Clément 
(non  papa),  Th.  Créquillon,  J.  Castileli  (alias 
Gwjol),  Josquin  Baston,  Crespel,  Christianus  de 
Hollande  (sic),  de  Rocour,  et  Josquin  Deprès, 
étaient  ecclésiastiques.  —  3°  Cantiones  sacras; 
quasvulgo  Moteta  vacant  ex  opiimis  quibus- 
que  hujusurtatis  Musicis  selectx.  Libri  quatuor; 
ibid.,  1546-1547,  in-4°.  Le  nom  de  Pierre  de  Ro- 
cour est  écrit  dans  ce  recueil  Roucourt. 

RODE  (Pierre)  (1), violoniste  célèbre,  naquit  à 
Bordeaux,  le  26  février  1774.  Fauvel  aîné  (voyez 
ce  nom)  fut  son  premier  maître  de  violon  en  1782, 
et  lui  donna  des  leçons  pendant  six  ans.  Arrivé 
à  Paris  en  1788,  et  alors  âgé  de  quatorze  ans,  Rode 
joua  un  concerto  de  violon  devant  le  célèbre  cor- 
niste Punlo  qui,  charmé  de  ses  heureuses  dispo- 
sitions, le  présenta  à  son  ami  Viotti.  Ce  maître 
l'accueillit  avec  le  plus  grand  intérêt,  et  en- 
treprit de  perfectionner  son  talent  par  ses  leçons. 
En  1790,  ce  grand  artiste  le  fit  débuter  au  théâtre 
de  Monsieur,  dans  l'entr'acle  d'un  opéra  italien  : 
Rode  y  joua  le  treizième  concerto  de  son  maître. 
Dans  la  même  année,  il  fut  attaché  à  l'excellent 
orchestre  du  théâtre  Feydeau,  en  qualité  de  chef 
des  seconds  violons,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de 
seize  ans.  Ce  fut  à  cette  époque  qu'il  exécuta  à 
ce  théâtre  pendant  les  concerts  de  la  semaine 
sainte,  les  3me,  13"^  i4me,  17me  et  18me  concer- 
tos de  Violti.  La  beauté  de  cette  dernière  compo- 
sition fut  vivement  sentie;  l'exécutant  et  l'auteur 
eurent  une  part  égale  au  triomphe  que  le  public 


(l)  Cette  notice,  publiée  dans  la  Bévue  musicale  (f.  X, 
p.  173-178)  en  1830,  a  été  traduite  et  reproduite  depuis 
lors  dans  plusieurs  ouvrages  allemands  et  anglais.  Je  crois 
devoir  faire  cette  déclaration,  afin  qu'on  ne  m'accuse  pas 
d'avoir  emprunté  à  ces  livres  la  forme  de  ce  morceau  ainsi 
que  les  faits. 


décerna,  en  manifestant  le  désir  de  l'entendre  dai.s 
trois  concerts  consécutifs.  Rode  conserva  sa  place 
au  théâtre  Feydeau  jusqu'en  1794,  et  ne  la  quitta 
que  pour  entreprendre  un  voyage  en  Hollande  et 
à  Hambourg,  avec  le  célèbre  chanteur  Garât.  De 
Hambourg  il  se  rendit  à  Berlin,  où  il  joua  devant 
le  roi  Frédéric-Guillaume  II.  De  retour  à  Ham- 
bourg, il  s'y  embarqua  pour  aller  à  Bordeaux; 
mais  une  tempête  le  jeta  sur  les  côtes  d'Angle- 
terre. Si  près  de  Viotti,  il  voulut  le  revoir  et  se 
mit  en  route  pour  Londres.  Le  désir  de  s'y  faire 
entendre  en  public  l'occupait  beaucoup;  mais  sa 
qualité  de  Français  était  un  obstacle  au  suc- 
cès qu'il  voulait  obtenir.  Il  crut  l'écarter  en  don- 
nant un  concert  au  bénéfice  des  veuves  et  des 
orphelins;  mais  il  ne  put  y  réunir  qu'un  audi- 
toire peu  nombreux.  Bientôt,  dégoûté  d'un  peuple 
qui  n'avait  pas  su  mieux  apprécier  son  talent  que 
celui  de  son  illustre  maître,  il  retourna  de  nou- 
veau à  Hambourg,  d'où  il  revint  en  France  par 
la  Hollande  et  les  Pays-Bas,  donnant  partout  des 
concerts  qui  augmentaient  sa  renommée.  Lorsqu'il 
arriva  à  Paris,  le  Conservatoire  venait  d'être  ins- 
titué par  un  décret  de  la  Convention  ;  il  y  fut  atta- 
ché en  qualité  de  professeur  de  violon ,  mais  il  ne 
s'arrêta  pas  longtemps  en  cette  ville,  car  bientôt 
il  partit  pour  l'Espagne,  après  s'être  fait  enten- 
dre avec  un  succès  éclatant  aux  fameux  concerts 
de  Feydeau.  Arrivé  à  Madrid,  Rode  s'y  lia  d'ami- 
tié avec  Boccherini,  qui  écrivit  pour  lui  l'instru- 
mentation de  plusieurs  concertos,  particulièrement 
du  sixième,  en  si  bémol.  De  retour  à  Paris  en 
1800,  il  fut  attaché  à  la  musique  particulière  du 
premier  consul,  en  qualité  de  violon  solo.  Cette 
époque  fut  la  plus  brillante  de  son  talent  et  de 
ses  succès.  Parmi  les  artistes  et  les  amateurs  qui 
assistèrent  alors  aux  concerts  donnés  à  l'Opéra  par 
la  célèbre  cantatrice  Grassini,  il  n'en  est  point 
qui  ne  se  rappelle  l'effet  prodigieux  qu'il  pro- 
duisit dans  son  septième  concerto,  alors  dans  sa 
nouveauté. 

Cédant  à  des  propositions  avantageuses  qui  lui 
étaient  faites  par  la  cour  de  Russie,  Rode  partit 
en  1803  pour  Saint-Pétersbourg  avec  son  ami  Boiel- 
dieu.  Arrivé  dans  cette  capitale,  il  fut  présenté  à 
l'empereur  Alexandre,  qui  le  nomma  premier  vio- 
lon de  sa  musique,  sans  lui  imposer  d'autre  obliga- 
tion que  celle  de  se  faire  entendre  dans  les  concerts 
de  la  cour  et  à  ceux  du  théâtre  impérial.  Son 
début  dans  cette  cour  produisit  une  sensation  dif- 
ficile à  décrire.  Ses  succès  s'accrurent  de  jour  en 
jour  pendant  les  cinq  années  de  son  séjour  en  Rus- 
sie. Il  reparut  à  Paris,  vers  la  fin  de  1808,  dans 
un  concert  qu'il  donna  à  l'Odéon.  Malgré  ses 
longs  voyages,  le  souvenir  de  son  beau  talent 
était  encore  trop  récent  pour  qu'on  laissât  échap- 


284 


RODE 


per  l'occasion  de  l'entendre  :  il  y  eut  à  ce  concert 
une  affluence  extraordinaire  de  curieux  et  d'ama- 
teurs véritables.  Il  faut  le  dire ,  l'attente  de  cet 
auditoire  ne  se  trouva  pas  complètement  réalisée. 
C'était  toujours  la  même  pureté  de  son ,  la  même 
élégance  d'archet,  le  même  goût;  mais  l'éclat  et 
la  verve  du  style  avaient  diminué  depuis  les  con- 
certs de  M,DeGrassini.  Rode.sans  doute,  fut  blessé 
de  n'être  plus  applaudi  avec  le  même  enthousiasme 
qu'autrefois,  car  ce  fut  la  dernière  fois  qu'il  joua 
dans  un  concert  public  à  Paris.  Ses  amis  seuls 
eurent  encore  le  plaisir  de  l'entendre,  et  ce  plai- 
sir était  bien  vif,  car  rien  n'était  plus  séduisant 
que  ses  quatuors  exécutés  par  lui ,  et  accompagnés 
par  Baillot  et  de  Lamarre. 

Fatigué  du  silence  auquel  il  s'était  condamné, 
et  avide  de  succès,  il  partit  de  nouveau  pour 
l'Allemagne  en  1811,  et  parcourut  l'Autriche,  la 
Hongrie,  la  Styrie,  la  Bohême,  la  Bavière  et  la 
Suisse.  Ce  fut  pendant  ce  voyage  et  lorsque  Rode 
était  à  Vienne,  que  Beethoven  écrivit  pour  lui  la 
délicieuse  romance  de  violon  et  orchestre  que  Bail- 
lot  a  fait  entendre  longtemps  après  avec  tant  de 
guecès  dans  les  concerts  du  Conservatoire.  En 
1814,  Rode  se  fixa  à  Berlin  et  s'y  maria.  A  son 
arrivée  dans  cette  ville ,  il  donna  un  concert  au 
bénéfice  des  indigents  :  depuis  lors  il  vécut  dans 
la  retraite,  au  sein  de  sa  famille.  Quelques  af- 
faires, des  arrangements  de  fortune  le  retenaient 
loin  de  sa  patrie;  dès  qu'il  les  eut  terminées,  il 
alla  s'établir  à  Bordeaux,  qu'il  ne  quitta  plus,  si 
ce  n'est  pour  un  voyage  à  Paris,  en  1828.  Falal 
voyage,  qui  hâta  la  mort  d'un  artiste  si  juste- 
ment célèbre!  Depuis  plus  de  douze  ans,  la  publi- 
cation de  quelques  ouvrages  était  le  seul  point 
de  contact  qui  fût  resté  entre  lui  el  le  public  :  ses 
amis  seuls  avaient  le  privilège  de  l'entendre ,  et 
par  une  illusion  de  l'amitié  ,  se  persuadaient  qu'il 
n'avait  rien  perdu  de  son   talent  :  lui-même  le 
croyait.  L'habitude  de  n'entendre  que  lui,  et  consé- 
quemment  l'absence  de  moyens  de  comparaison, 
avaient  fini  par  éteindre  cette  vive  émulation  qui 
conserve  et  grandit  le  talent.  Rode  avait  conçu 
tout  à  coup  le  projet  de  reparaître  sur  la  scène 
du  monde  musical  :  il  alla  chercher  avidement  à 
Paris  les  occasions  de  se  faire  entendre,  comme 
aurait  pu  le  faire  un  jeune  homme  de  réputation 
naissante.  Ce  fut  d'abord  une  fête  pour  ses  an- 
ciens admirateurs;  mais  bientôt  ce  fut  avec  ef- 
froi qu'ils  virent  compromettre  un  si  beau  nom, 
un  talent  si  réel.  L'intonation,  jadis  si  pure  et 
si  belle,  était  devenue  douteuse;  l'archet  était  ti- 
mide comme  les  doigts;  l'élan,  la  fougue,  la  sû- 
reté même  de  l'expérience,  qui  remplace  l'audace 
de  la  jeunesse,  tout  avait  disparu.  Il  était  évi- 
dent que,  malgré  ses  illusions,  Rode  n'avait  plus 


en  lui-môme  la  confiance  d'autrefois;  et  l'on  sait 
ce  que  vaut  cette  confiance  que  les  hommes  de 
talent  tirent  du  sentiment  de  leur  valeur  ;  lors 
qu'elle  est  ébranlée,  tout  disparaît  avec  elle.  Pleins 
de  respect  pour  une  grande  renommée ,  les  artis- 
tes applaudirent  encore  aux  derniers  efforts  d'un 
beau  talent,  mais  par  devoir  seulement,  et  sans 
conviction  comme  sans  entraînement.  Rode  aper- 
çut la  différence  de  ces  applaudissements  et  de 
ceux  qu'il  recevait  autrefois  :  alors  une  affreuse 
lumière  vint  éclairer  son  esprit,  et  pour  la  pre- 
mière fois  il  comprit  qu'il  n'était  plus  lui-même. 
Le  coup  fut  d'autant  plus  sensible  qu'il  était  inat- 
tendu. L'artiste  s'éloigna  de  Paris  le  cœur  navré 
de  douleur.  L'échec  que  son  nom  venait  de  re- 
cevoir devint  la  pensée  de  tous  ses  jours,  le 
songe  de  toutes  ses  nuits.  Bientôt  sa  santé  s'al- 
téra. Une  révolution  subite  s'opéra  dans  sa  cons- 
titution vers  la  fin  de  1829;  frappé  d'une  at- 
teinte de  paralysie  qui  mit  dans  l'inertie  une  par- 
tie de  son  corps,  et  même  attaqua  le  cerveau, 
il  ne  sortit  plus  de  l'état  de  langueur  qui  con- 
sumait sa  vie,  et  le  25  novembre  1830,  il  cessa 
d'exister. 

Malgré  la  susceptibilité  d'artiste  dont  il  a  donné 
de  si  tristes  preuves  vers  la  fin  de  sa  vie,  Rode 
n'avait  pas  d'orgueil  au  temps  de  ses  succès, 
au  temps  où  son  talent  était  le  modèle  du  fini  le 
plus  précieux  uni  à  la  chaleur  la  plus  entraînante. 
Ne  parlant  jamais  de  lui;  admirant  sincèrement 
tous  les  artistes  de  mérite; aimant  passionnément 
le  beau,  de  quelque  genre  qu'il  fût,  jamais  il  ne 
connut  l'esprit  d'intrigue  ni  la  jalousie,  malheu- 
reusement trop  ordinaires  dans  la  carrière  dos 
arts.  Une  vive  amitié  l'unissait  à  Baillot,  son  ri- 
val en  talent  :  rattachement  que  ces  deux  grands 
artistes  s'étaient  voué  ne  se  démentit  jamais.  C'é- 
tait vraiment  un  spectacle  touchant  que  celui  de 
leur  empressement  à  augmenter  les  succès  de  l'un 
par  l'autre.  Rode  devait-il  se  faire  entendre  quel- 
que part,  Baillot  se  réduisait  au  rôle  de  simple 
accompagnateur;  et  quand  venait  le  tour  de  Bail- 
lot,  Rode  lui  rendait  le  même  service.  Je  me 
rappelle  encore  une  cérémonie  du  Conservatoire 
où  Baillot  lit  entendre  un  de  ses  tiios,  accompa- 
gné par  Rode  et  Lamarre;  la  perfection  ne  fut 
jamais  poussée  plus  loin  ;  mais  le  dévouement 
que  ces  grands  artistes  témoignaient  l'un  pour 
l'autre  était  peut-être  plus  admirable  encore. 

Comme  compositeur  pour  son  instrument,  Rode 
mérite  d'occuper  une  place  parmi  les  plus  dis- 
tingués. Son  instruction  dans  l'art  d'écrire  avait 
été  négligée,  et  d'abord  il  dut  avoir  recours  à  ses 
amis  pour  instrumenter  ses  concertos;  mais  ses 
mélodies  ont  une  suavité  remarquable,  le  plan  de 
ses  compositions  est  bien  conçu,  et  ses  traits  ont  du 


RODE 


285 


brillant  et  de  l'originalité.  Ses  quatuors,  qui  se  com- 
posent d'une  partie  brillante  de  premier  violon, 
accompagnée  d'un  second  violon,d'un  alto  et  d'une 
iiasse,  n'ont  pas  eu  moins  de  succès  que  ses  concer- 
tos, lorsqu'ils  étaient  joués  par  lui.  Voici  la  liste  de 
ses  ouvrages  :  1°  Concertos  :  1er  (en  ré  mi- 
neur), Paris,  Janet  et  Cotelle.  2me  (en  mi), 
ibid.  3me  (en soi  mineur),  Paris,  Leduc.  4me(en 
la),  Paris,  Janet  et  Cotelle.  5me  (en  ré),  ibid. 
6me (en  si  bémol),  ibid.  7me(en  la  mineur), 
P'aris,  Frey  (Ricbault).  8rae  (en  mi  mineur), 
ibid.  9me  (en  ut),  ibid.  I0me  (Souvenir  aux 
amis  de  Stalgen,  en  si  mineur  ),  ibid.  — 
2  Quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse:, 
op.  14,  15,  16,  Paris,  Ricbault.  —  3°  Quatuors 
brillants  idem,  nos  l,  2,  3,  4,  op.  24  et  25,  ibid. 

—  4°  Thèmes  variés  avec  orchestre  :  n«  1  (en 
mi  majeur),  op.  10,  ibid.  n°  2  (en  la  majeur), 
op.  21,  ibid.  n"  3  (air  allemand),  op.  25,  ibid. 
n«  4,  op.  26,  ibid.  —  5°  Thèmes  variés  avec 
quatuor  :  n°  1,  op.  9,  ibid.  n<>  2,  op.  12,  ibid. 
n°  3,  ibid.  n°  4,  op.  28,  ib.  —  6°  Fantaisie, 
pour  violon  et  orchestre,  op.  24,  ibid.  —  ~o  Ca- 
vatine  et  rondeau,  avec  quatuor,  op.  28,  ibid. 

—  8°  Duos  pour  deux  violons  :  1er  livre,  Paris, 
Leduc.  2mc  livre,  op.  18,  Paris,  Ricbault.  3me  li- 
vre, Berlin,  Liscbke.  On  a  aussi  du  même  artiste 
quelques  morceaux  détachés,  tels  qu'andante , 
rondeaux,  etc. 

RODE  (Jean -Godefroid)  ,  chef  de  musique 
des  chasseurs  de  la  garde  du  roi  de  Prusse,  à 
Potsdam,  naquit  le  25  février  1797  à  Kirchschei- 
dungen,  près  de  Laucha  (Saxe  prussienne).  Les 
éléments  de  la  musique  théorique  et  pratique  lui 
fuient  enseignés  jusqu'à  l'âge  de  quatorze  ans 
par  le  cantor  et  organiste  Lœwe;  puis  il  alla  à 
Eisenberg,  chez  Schnorr,  directeur  de  musique 
de  la  ville,  et  y  apprit  pendant  cinq  ans  à  jouer 
du  cor,  suu  lequel  il  acquit  une  habileté  remar- 
quable, du  violon,  de  la  flûte,  de  la  clarinette  et 
de  la  trompette.  Au  mois  de  lévrier  1817,  il  entra 
dans  les  chasseurs  de  la  garde  royale,  en  qualité 
de  premier  cor  solo.  Ce  fut  alors  qu'il  devint 
élève  de  Zelter  pour  l'harmonie  et  qu'il  com- 
mença à  écrire,  pour  le  cor  et  pour  la  trompette, 
des  concertos,  duos,  quatuors  et  polonaises  qu'il 
exécuta  dans  les  concerts  à  Berlin  jusqu'en  1827. 
Appelé  alors  à  la  direction  de  la  musique  des 
chasseurs  de  la  garde  à  Potsdam,  il  cessa  de  se 
faire  entendre,  ne  s'occupant  plus  que  du  per- 
fectionnement du  corps  de  musique  confié  à  ses 
soins,  et  de  l'arrangement  d'une  immense  quan- 
tité de  musique  pour  les  instruments  à  vent.  Le 
nombre  de  ces  ouvrages  s'élève  à  100  opéras  en- 
tiers, 100  ouvertures  tirées  d'autres  opéras,  300 
valses  de  Lanner,  Strauss,  Labitzki,  plus  de  800 


marches,  outre  une  quantité  considérable  de 
pièces  de  chasse;  enfin,  on  porte  à  3,000  mor- 
ceaux le  nombre  d'ouvrages  composés  ou  arran- 
gés par  cet  artiste  aussi  distingué  que  laborieux. 
Le  19  mai  1853,  le  roi  Frédéric-Guillaume  IV  le 
nomma  directeur  de  sa  musique  de  chasse.  A 
diverses  époques,  Rode  reçutdes  distinctions,  des 
cadeaux  et  des  médailles  en  récompense  de  ses 
travaux  :  c'est  ainsi  que  l'empereur  Nicolas  1er  lui 
envoya  une  riche  tabatière  d'or,  en  1833,  pour 
300  pièces  de  chasse  écrites  par  l'artiste  pour  son 
service.  Rode  a  formé  plusieurs  cornistes  de  ta- 
lent, parmi  lesquels  on  remarque  son  troisième 
fils,  E.  Jacobi,  Reinicke,  Strohmann,  Wagner  et 
Schœfer.  Ilest'mortà  Potsdam  le  8  janvier  1857. 
RODE  (  Théodore),  fils  aîné  du  précédent, 
professeur  de  musique,  compositeur  et  écrivain 
sur  son  art,  est  né  à  Potsdam,  le  30  mai  1821. 
Son  père  ne  le  destinait  pas  à  la  musique  et  dé- 
sirait qu'il  s'adonnât  aux  sciences  ;  mais  les  dis- 
positions naturelles  de  celui  qui  est  l'objet  de 
celte  notice  en  décidèrent  autrement.  Dès  son 
enfance  il  apprit  à  jouer  du  piano,  du  violon,  de 
la  flûte  et  du  cor,  sous  la  direction  de  son  père; 
plus  tard,  il  reçut  des  leçons  de  Wiedemann, 
directeur  de  musique,  pour  le  piano  et  la  com- 
position. Ayant  été  admis  en  1838  au  séminaire 
des  instituteurs  de  Potsdam,  il  continua  ses  études 
dé  contrepoint  et  d'orgue  avec  le  professeur 
Scbcertlich.  Sorti  de  cette  institution  en  1841, 
ii  obtint  une  place  de  professeur  dans  une 
école  de  garçons  à  Berlin,  et  la  conserva  jusqu'en 
184i.  Pendant  ces  trois  années,  il  suivit  les  cours 
de  philosophie  et  de  philologie  à  l'université,  et 
compléta  son  instruction  dans  la  théorie  de  la 
musique  chez  le  professeur  Dehn.  Depuis  1844, 
M.  Rode  s'est  livré  à  Berlin  à  l'enseignement  de 
cet  art  ainsi  qu'à  la  composition,  et  a  fourni  des 
articles  de  critique  et  autres  à  divers  journaux, 
notamment  au  Neue  Zeitschrift  fur  Musik,  de 
Leipsick,  et  à  la  Nouvelle  Gazette  musicale  de 
Berlin  (  Bote  et  Bock  ).  Parmi  ses  compositions, 
on  remarque  des  sonates  de  piano,  des  morceaux 
de  musique  militaire  et  de  chasse,  des  cantates, 
des  motets.  Dans  les  années  1848  à  1852  il  a 
rempli  les  fonctions  de  directeur  de  musique  à 
l'église  Saint-Matthieu.  Ses  écrits  sur  la  musiq>ie 
sont  ceux  dont  les  litres  suivent  :  lo  Zur  Ge- 
schichte  der  K.  Preuss.  Infanterie  und  Jœger- 
Musik  (  Pour  l'histoire  de  la  musique  d'infan- 
terie et  de  chasseurs  dans  le  royaume  de  Prusse); 
lettre  à  M.  W.  Wieprecht,  musicien  de  la 
chambre  et  directeur  de  la  musique  des  gardes 
du  corps,  extraite  des  numéros  15,  16  et  17  du 
dixième  volume  du  Neue  Zeitschrift  fur  Mu- 
s%  Leipsick,  C.  F.  Kahnt,  1858,in-8°de50  pages. 


2SG 


RODE  —  RODIO 


—  2°  Eine  neue  Regimcnts-Hornisten-Infan- 
terie  Musik (Nouvelle  musique  décors  pour  l'in- 
fanterie, etc.),  ibid.  in-8°  de  30  pages.  —  3°  Die 
russische  Jagdmusik  (La  Musique  de  chasse 
russe  ),  dans  le  50e  volume  de  Neue  Zeïtschrift 
fur  Musik  (no  22).  —  4°  Ueber  Anbahnung  ei- 
geseinheitlichen  Choralspiels  und  Choralge- 
songes  in  den  evangelischen  Kirche  (Sur  la  né- 
cessité d'introduire  l'unité  du  chant  choral  et  de 
son  accompagnement  dans  les  églises  évangéli- 
ques),  ibid.  t.  51,  n°  13.  —  5"  Esquisse  de  l'as- 
sembléedes  musiciens  allemands  àLeipsick  (Nou- 
velle Gazette  musicalede  Berlin,  13e  année,  no  23). 
6°  —  Essai  sur  le  diapason  normal  (  ibid.  n°  25  ). 

—  7°  Sur  l'introduction  d'un  diapason  normal 
dans  la  musique  (ibid.  nos  43  et  44  ).  —  8°  La 
musique  de  chasse  russe,  esquisse  (  ibid.  n°  30). 

—  9«  Pour  l'histoire  de  la  musique  de  chasseurs 
et  de  cavalerie  dans  le  royaume  de  Prusse  (  ibid. 
14e  année,  n^6  et  7).  —  10°  Sur  la  signification 
du  titre:  Directeur  de  musique  (ibid  n°  15). — 
1  lo  Sur  l'histoire  du  cor  (  ibid  nos  31  et  32  ).  — 
12»  Henri-Auguste  Neithardt  (voyez  ce  nom) 
ibid.  no  33. 

RODEWALD  (Joseph-Charles),  né  le  11 
mars  1735,  à  Seitsch,  en  Silésie,  étudia  à  Berlin 
le  violon  chez  François  Benda,et  reçut  des  leçons 
<le  Kirnberger  pour  la  composition.  En  1762,  il 
entra  au  service  du  landgrave  de  Hes^e,  à  Cassel, 
et  se  lit  estimer  par  son  double  talent  de  violo- 
niste distingué  et  de  compositeur.  Lorsque  le 
landgrave  changea  son  orchestre  pour  le  com- 
poser presque  entièrement  de  musiciens  français, 
Rodewald  futdu  petit  nombre  d'artistes  allemands 
qui  demeurèrent  à  Cassel.  Le  prince  rendit  jus- 
tice à  son  mérite  en  le  nommant  maître  de  musique 
du  prince  héréditaire,  qu'il  suivit  à  l'universilé  de 
Mai  bourg,  en  1789.  Quelques  années  après,  Ro- 
dewald obtint  la  pension  de  retraite,  avec  le  titre 
de  maître  de  concerts  du  landgrave  de  Hesse- 
Cassel,  et  alla  se  fixer  à  TIanau.  Il  mourut  dans 
celle  ville  le  11  juillet  1809,  à  l'âge  de  soixante- 
seize  ans.  On  a  gravé  de  sa  composition  en  1788 
1111  Stabat  Mater,  qui  obtint  dans  la  nouveauté 
un  succès  d'enthousiasme.  Rodewald  a  composé 
aussi  pour  le  théâtre  de  Cassel  un  opéra-comique 
fiançais,  et  pour  le  service  de  la  cour,  beaucoup 
de  musique  instrumentale  qui  est  restée  en  ma- 
nuscrit. 

UODIO  (  Roco.o  ),  savant  contrapuntiste  et 
écrivain  didactique,  naquit  en  Calabre,  vers  1530 
ou  1532  (1).  En  1589,  il  publia  la  deuxième  édi- 

(1)  J'ai  filé  trop  tard  l'époque  de  la  naissance  de  Rodio, 
dan»  la  première  édition  de  cette  fSlographlc,  en  la  met- 
tant en  1850.  J'en  al  acquis  la  preuve  par  une  lettre  de 
Camille  M.iift-i  [  iniji  i   ce  nom),  qui  se  trouve  dans  son 


tiond'un  recueil  de  ses  compositions  réunies  à  cel- 
les de  Jean-François  délie  Castelle,  de  François- 
Antoine  Villani,  et  de  quelques  maîtres  napolitains. 
Il  vivait  à  Naples  en  1601  (voyez,  la  Praltica 
musica  de  Cerreto,  p.  156),  et  était  alors  âgé  de 
soixante-neuf  ou  soixante-dix  ans.  Rodio  est  un 
des  premiers  maîtres  qui  ont  donné  des  règles  et 
des  exemples  pour  faire  le  contrepoint  improvisé 
sur  le  plain-chant  appelé  par  les  Italiens  contrap- 
punto  da  mente,  dans  un  traité  de  musique 
dont  la  date  de  la  première  édition  n'est  pas 
connue  jusqu'à  ce  jour,  mais  qui  doit  être  1600 
ou  1601,  car  Cerreto,  dont  la  Pratlica  musica 
fut  imprimée  dans  cette  dernière  année,  dit  (  lib.  4, 
cap.  1  ,  pag.  243)  :  Benehe  Rocco  Rodio 
tratiando  di  quesio  fatto  nel  suo  libro  inti- 
tolalo  Regole  di  musica...  novamente  stam- 
pato,  etc.  La  seconde  édition  a  pour  titre  :  Re- 
gole di  musica  di  Rocco  Rodio  sotto  brevissime 
risposte  ad  alcuni  dubbj  propostigli  da  un 
cavalière,  intorno  aile  varie  opinioni  de'  con- 
trapuntisti.  Con  la  dimoslratione  di  tutti  i 
canoni  sopra  il  canto  fermo,  con  li  contra- 
punti  doppj  e  rivollati,  e  loro  -regole.  Aggion- 
lovi  un'  altra  brève  dimostralione  de'  dodici 
tuoni  regolari.  E  di  nuovo  Don  Batt.  Olifante 
aggiuntovi  un  Trattato  di  pro-portioni  ne- 
cessarie  a  delto  libro.  Ristampato  in  Napoli, 
1609,  in-4°.  Une  troisième  édition  a  été  publiée 
sons  ce  litre  plus  simple  :  Regole  per  far  con- 
trappunto  solo  e  accompagnato  nel  canto 
fermo,  Naples,  1626,  in-40. 

Les  éditions  des  compositions  de  Rodio  sont 
d'une  rareté  excessive.  L'abbé  Sanlini  a  mis  en 
partition,  d'après  un  recueil  de  ses  messes,  im- 
primé à  Naples  en  1580,  celles  qui  ont  pour  ti- 
tres :  1°  In  dominicalibus,  à  4  voix  ;  —  2°  Fac 
tibi,  idem;  —  30  In  minoribus  duplicdnis, 
idem;  —  4°  Sancte  Alphonse,  idem*,  —  50  Ma- 
ter patris,  à  4  voix  semblables;  —  60  Sancta 
Maria,  à  5 voix; — 70  Ultimi  mici sospiri,  idem; 
—  80  Descendit  Angélus,  idem;  —  9°  Missa 
de  Beata  Virgine,  à  5  voix  :  celle-ci  est  fort 
remarquable  en  ce  qu'elle  peut  être  chantée  à 
4  voix,  si  l'on  supprime  la  partie  du  quinto,  ou  à 
3  voix  égales  en  supprimant  aussi  le  superius, 
ou  enfin,  à  3  voix  supérieures  si  l'on  supprime 
le  quinto  et  la  basse.  Cette  combinaison  est  un 

livre  rarissime  sur  la  voix  et  l'art  du  chant  (  publié 
en  1568  ),  page  182.  Cette  lettre,  adressécà  Rodio  lui-même, 
est  remplie  de  témoignages  d'admiration  pour  ses  ouvra- 
ges. Or,  suivant  la  date  approximative  que  j'avais  cru  de- 
voir adopter,  Rocco  Rodio  n'aurait  été  qu'un  enfant  de 
douze  ans  quand  le  livre  de  Maffel  fut  Imprimé,  ce  qui 
est  Inadmissible,  puisqu'il  était  déjà,  dés  lors,  compositeur 
renommé  et  qu'il  charmait  (suivant  les  eipressions  de  la 
lettre)  la  ville  de  Naples  par  la  douceur  de  son  harmonie. 


RODIO  —  RODOLPHE 


287 


véritable  tour  de  force  ;  —  10°  Messe  Adieu 
mes  amours,  à  6  voix. 

RODOLPHE,  ou  plutôt  RUDOLPHE 
(jEAN-JosEPii),né  à  Strasbourg,  le  1 4  octobre  1 730, 
reçut  de  son  père  les  premières  leçons  de  musi- 
que, et  apprit  à  jouer  du  violon  et  du  cor  dès  l'âge 
de  sept  ans.  Déjà  fort  habile  sur  ce  dernier  ins- 
trument avant  d'avoir  atteint  sa  seizième  année, 
il  se  rendit  alors  à  Paris,  et  continua  l'étude  du 
violon  sous  la  direction  de  Leclair.  Plus  tard, 
il  fut  attaché  aux  orchestres  de  Bordeaux,  de 
Montpellier  et  de  plusieurs  autres  villes  du  Midi 
de  la  France,  en  qualité  de  premier  violon.  Vers 
1754,  il  entra  au  service  du  duc  de  Parme. 
Traetta,  qui  était  alors  directeur  de  la  musique 
de  ce  prince,  écrivit  pour  Rodolphe  le  premier 
accompagnement  de  cor  obligé  dans  un  air 
chanté  par  la  cantatrice  Petraglia.  Le  même  com- 
positeur lui  enseigna  les  principes  de  l'harmonie 
et  du  contrepoint.  En  1760,  Rodolphe  quitta  la 
musique  du  duc  de  Parme,  pour  entrer  dans 
celle  du  due  de  Wurtemberg,  à  Stuttgard.  Jo- 
melli  se  trouvait  alors  en  cette  ville  :  il  consentit 
à  compléter  par  ses  leçons  l'instruction  du  vir- 
tuose. Ce  fut  à  Stuttgard  que  Rodolphe  fit  ses 
premiers  essais  de  composition,  en  écrivant  la 
musique  de  plusieurs  ballets  de  Noverre,  parti- 
culièrement de  ceux-ci  :  1°  Médée  et  Jason, 
ballet  héroïque.  —  2°  Psyché,  idem.  —  3o  La 
Mort  d'Hercule,  idem.  —  4°  Armide,  idem.  En 
1763,  il  retourna  à  Paris,  et  entra  dans  la  mu- 
sique du  prince  de  Conti  :  deux  ans  après,  il  fut 
attaché  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  et  ce  fut  encore 
lui  qui,  dans  un  air  de  Boyer  (Amour,  sous  ce 
riant  ombrage  )  chanté  par  Legros,  fit  entendre 
pour  la  première  fois  à  ce  théâtre  un  accompa- 
gnement de  cor  concertant.  Admis  en  1770  dans 
la  musique  des  petits  appartements  du  roi,  il 
entra  quatre  ans  après  dans  la  chapelle  royale. 
Vers  cette  époque  il  proposa  au  ministre  Amelot 
le  plan  d'une  école  de  musique  que  M.  de  Bre- 
teuil  réalisa  par  les  conseils  de  Gossec,  en  1784  : 
Rodolphe  y  fut  attaché,  en  qualité  de  professeur 
d'harmonie.  C'est  pour  cette  école  qu'il  écrivit  le 
solfège  et  le  traité  d'accompagnement  dont  il 
sera  parlé  tout  à  l'heure. 

La  révolution  de  1789  lit  perdre  à  cet  artiste 
la  plupart  de  ses  places  et  de  ses  pensions  ;  en 
dédommagement,  il  obtint  sa  nomination  de  pro- 
fesseur de  solfège  au  Conservatoire,  dans  le  mois 
d'octobre  1799.  Trois  ans  après,  il  dut  demander 
lui-même  sa  retraite  à  cause  du  mauvais  étal  de 
sa  santé;  mais  Sarrette,  directeur  du  Conserva- 
toire, obtint  pour  lui  du  premier  consul  une  pen- 
sion de  douze  cents  francs.  Rodolphe  mourut  à 
Paris,  le  18  août  1812,  à  l'âge  de  près  de  quatre- 


vingt-deux  ans.  Pendant  plusieurs  années  il  avait 
été  attaché  comme  violoniste  à  l'orchestre  du 
Théâtre-Français. 

Rodolphe  s'est  fait  connaître  à  Paris  comme 
compositeur,  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Le 
Mariage  par  capitulation,  opéra-comique  en 
un  acte,  à  la  Comédie  italienne,  en  1764.  — 
2°  L'Aveugle  de  Palmyre,  au  même  théâtre, 
en  1767.  —  3°  Ismenor,  pour  le  mariage  du 
comte  d'Artois,  à  Versailles  et  à  l'Opéra,  en 
1773.  —  4°  Premier  et  deuxième  concertos  pour 
le  cor,  Paris,  Sieber,  Bailleux.  —  5°  Fanfares 
faciles  pour  deux  cors,  Paris,  Sieber.  — 6°  Vingt- 
quatre  fanfares  pour  3  cors,  Paris,  Bailleux.  — 
7°  Duos  pour  deux  violons,  1er,  2me  et  3me  li- 
vres, ibid.  —  8»  Études  pour  le  même  instru- 
ment, ibid.  —  9°  Étude,  composée  de  trente 
morceaux  de  différents  genres  pour  le  violon,  à 
l'usage  des  commençants,  Paris,  Pleyel.  Mais 
c'est  surtout  à  son  solfège  que  Rodolphe  doit  la 
célébrité  dont  il  jouit  encore  en  France.  La  pre- 
mière édition  de  cet  ouvrage  fut  publiée  en 
1786,  à  Paris,  chez  Boyer,  sous  ce  titre  :  Solfè- 
ges divisés  en  deux  parties  :  la  première  con- 
tenant la  théorie  de  la  musique;  la  seconde, 
avec  la  basse  et  les  gradations  nécessaires 
pour  parvenir  aux  difficultés.  En  1790,  l'au- 
teur de  cet  ouvrage  en  publia  une  deuxième  édi- 
tion, et  la  dédia  à  la  nation  :- elle  parut  chez  Na- 
derman.  Plus  de  trente  autres  ont  suivi  celle-là,, 
et  le  calcul  qui  porte  à  près  de  deux  cent  mille 
le  nombre  d'exemplaires  qu'on  en  a  vendu  n'est 
point  exagéré.  Un  tel  succès,  dont  il  n'y  a  point 
d'aulre  exemple  parmi  les  livres  élémentaires  de 
musique,  semblerait  indiquer  un  mérite  remar- 
quable dans  la  conception  de  l'ouvrage;  cepen- 
dant il  serait  difficile  d'imaginer  rien  de  plus 
médiocre;  car  on  n'y  trouve  ni  logique,  ni  mé- 
thode dans  l'exposé  des  principes;  le  style  en 
est  pitoyable,  et  les  leçons  y  sont  aussi  mal  gra- 
duées que  mal  écrites  pour  les  voix.  Mais  ce  sont 
précisément  les  défauts  de  ce  livre  qui  firent  son 
succès  à  l'époque  où  il  parut  ;  car  l'ignorance  des- 
musiciens français,  et  surtout  des  maîtres  de 
province,  s'accommodait  fort  bien  de  la  manière 
empirique  de  Rodolphe,  qui  les  dispensait  de  rai- 
sonner avec  leurs  élèves,  ainsi  que  delà  vulgarité 
de  son  langage,  analogue  à  la  portée  de  leur  esprit, 
et  de  la  facilité  des  leçons  pratiques,  mieux 
adaptée  à  leur  capacité  que  celles  d'ouvrages  plus 
savants.  Plus  instruits,  plus  habiles  aujourd'hui, 
ils  rejettent  ce  solfège,  dont  la  vogue  a  diminué 
progressivement.  Toutefois  il  lui  reste  encore 
quelques  sectateurs  parmi  les  maîtres  de  pro- 
vince. La  Théorie  d'accompagnement  et  de 
composition,  ù  l'usage  des  élèves  de  l'école  na- 


288 


RODOLPHE  —  UOEDER 


tionalc  de  musique,  publiée  par  Rodolphe,  à 
Paris,  en  1799,  chez  Naderman,  in-folio,  est 
encore  plus  au-dessous  de  ïa  critique  que  son 
solfège. 

RODOLPHE  (Antoine).  Voyez  RUDOL- 
PHE. 

RODRIGUEZ  (Rodericus  Sancus,  ou  San- 
chez  de  Arevalo),  évêque  de  Zamora,  naquit, 
en  1404,  à  Santa-Maria  de  Nieva,  au  diocèse  de 
Ségovie,  d'une  ancienne  famille  de  la  Vieille  Cas- 
tille.  Après  avoir  fait  de  brillantes  études  à  Sala- 
manque,  il  y  enseigna  le  droit  civil  et  canonique  ; 
mais  il  quitta  la  carrière  de  l'enseignement  pour 
entrer  dans  l'état  ecclésiastique.  Ses  talents  et  sa 
naissance  relevèrent  bientôt  aux  premières  di- 
gnités ecclésiastiques.  D'abord  archidiacre  de  Tre- 
vino,  puis  doyen  du  chapitre  de  Léon  et  de  celui 
deSéville,  il  devint  successivement  évêque  d'O- 
viedo,  ambassadeur  du  roi  d'Espagne  près  du  pape 
Calixle  II,  gouverneur  du  château  Saint-Ange 
à  Rome,  évêque  de  Zamora,  de  Calahorra  et  de 
Palencia.  Il  mourut  à  Rome,  le  4  octobre  1470, 
à  l'âge  de  soixante-six  ans.  Ce  prélat  est  auteur 
d'un  livre  intitulé  Spéculum  vitx  humanx,  qui 
a  eu  tant  de  célébrité,  que  dans  le  quinzième 
siècle  il  s'en  fit  plus  de  onze  éditions.  Ce  livre  est 
uu  traité  de  morale,  où  l'auteur  examine  les 
avantages  et  les  inconvénients  de  chaque  profes- 
sion. Il  y  traite  de  la  musique  au  chapitre  trente- 
neuvième  du  premier  livre,  et  des  chantres,  au 
quinzième  chapitre  du  livre  deuxième. 

RODR1GUEZ  (Jean),  chantre  de  la  ca- 
thédrale de  Salamanque,  né  dans  cette  ville  vers 
1460,  est  auteur  d'un  traité  du  plain-chant  inti- 
tulé :  Tratado  de  canto  llano,  Salamanque, 
1503,  in-4». 

RODRIGUEZ  (Jean),  moine  portugais,  né 
dans  les  dernières  années  du  quinzième  siècle, 
termina  à  Lisbonne,  en  1560,  un  traité  du  plain- 
chant  intitulé  :  Arte  do  canto  chad,  dont  le 
manuscrit  existait  à  Lisbonne  dans  une  bibliothè- 
que particulière,  à  l'époque  où  Machado  écrivait 
sa  Bibliothèque  lusitanienne. 

RODRIGUEZ  (Manuel),  excellent  orga- 
niste et  harpiste  à  Elvas,  en  Portugal,  était  atta- 
ché à  la  chapelle  du  roi,  à  Lisbonne,  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle,  et  s'y  fit  admirer 
pendant  plus  de  vingt  ans.  Il  a  publié  de  sa 
composition  un  recueil  de  morceaux  de  musique 
d'église  arrangés  pour  les  instruments,  sous  ce 
titre  :  Flores  de  musica  para  instrumenta  de 
(ecla,  e  harpa,  Lisbonne,  Craesbeke,  in-folio, 
1600. 

RODRIGUEZ  DE  IIITA  (D.  Antoine), 
pnMre  espagnol  qui  vécut  dans  la  seconde  moi- 
tié du  dix-huitième  siècle,  fut  d'abord  niaîlre  de 


chapelle  de  la  cathédrale  de  Palencia,  puis  il  alla 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  l'église  de  VEn- 
camacion,  de  Madrid.  Ce  maître  a  écrit  un 
traité  de  contrepoint,  dont  plusieurs  copies  ma- 
nuscrites se  sont  répandues  en  Espagne,  mais  qui 
ne  paraît  pas  avoir  été  imprimé. 

ROE  (Richard),  littérateur  anglais,  a  publié 
dans  le  Monthly  review  (année  1824,  juin,  p.  96 
et  suiv.)  une  dissertation  qui  a  pour  titre:  The 
principles  of  rhythm  ,  both  in  Speech  and 
Music,  especially  in  the  mechanism  of  en- 
cjlish  verse  (Les  Principes  du  rhythme  dans  la 
parole  et  dans  la  musique,  particulièrement  dans 
le  mécanisme  du  vers  anglais). 

ROECKEL  (Edouard),  pianiste,  neveu  de 
Hummel,  né  à  Vienne  en  1814,  a  vécu  près  de 
son  oncle  à  Weimar  pendant  quelques  années, 
puis  à  Erfurt.  Il  a  publié  pour  son  instrument 
des  caprices,  des  Rêveries,  des  Romances  sans 
paroles,  des  Sérénades  et  des  Mazourkes. 

Auguste  Roeckel,  frère  de  cet  artiste,  a  reçu 
aussi  son  éducation  de  pianiste  chez  Hummel,  à 
Weimar,  puis  s'est  fixé  à  Dresde,  comme  di- 
recteur de  musique  d'une  société  de  chant. 

ROEDER  (Jean-Michel),  très-bon  facteur 
d'orgues  à  Rerlin,  né  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle,  vécut  et  travailla  dans  celte 
ville  jusqu'en  1740.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
1°  L'orgue  de  l'église  Saint-Nicolas  à  Potsdam.en 
1713.  — 2°  L'orgue  de  l'ancienne  église  de  la  gar- 
nison à  Rerlin,  dans  la  même  année.  —  3°  Le 
grand  orgue  de  32  pieds,  dans  l'église  Sainte-Marie- 
Madeleine  à  Rreslau,  composé  de  56  registres, 
3  claviers  à  la  main,  pédales,  carillon,  trompette 
et  timbales,  en  1725.  Cet  instrument  est  son 
plus  bel  ouvrage  —  4°  Le  grand  orgue  de  Hirsch- 
berg,  composé  de  53  jeux,  3  claviers,  pédales, 
carillon,  trompettes  et  timbales,  en  1727.  — 
5°  L'orgue  de  Grosburg,  dans  le  comté  de  I3rieg, 
en  1730.  —  0°  Celui  de  l'église  Notre-Dame  à 
Liegnilz.  —  7°  Celui  de  l'église  réformée,  à  Star- 
gard.  C'est  aussi  Rœder  qui  a  construit  le  caril- 
lon du  clocher  de  l'église  paroissiale  à  Rerlin, 
sous  la  direction  de  l'organisle  Weiss. 

ROEDER  (Georges- Vincent),  né  en  1780  à 
Rammungen,  dans  la  basse  Eranconie,  reçut  de 
son  père,  instituteur  dans  ce  lien,  les  premières 
leçons  de  musique,  et  Ut  de  si  rapides  progrès, 
qu'à  l'âge  de  onze  ans  il  jouait  déjà  de  plusieurs 
instruments  et  lisait  toute  espèce  de  musique  à 
première  vue.  Le  clavecin  était  l'instrument  qu'il 
cultivait  de  préférence.  Ayant  été  admis  au 
gymnasede  Mannerstadt  dans  sa  treizième  année, 
il  fut  chargé  des  fonctions  d'organiste  dans  l'é- 
glise des  Auguslins.  Ces  moines  dirigeaient  le 
collège  :  ils  remarquèrent  bientôt  ses  progrès 


ROEDER  —  ROELLIG 


L>89 


dans  les  études  littéraires,  ainsi  que  le  dévelop- 
pement rapide  de  son  talent  musical  dans  l'exé- 
cution des  œuvres  classiques,  et  voulurent  le 
faire  entrer  dans  leur  ordre;  mais  Rœder, 
n'ayant  pas  de  vocation  pour  la  vie  monastique, 
résista  à  leurs  sollicitations.  Ses  humanités  étant 
terminées,  il  se  rendit  à  Wurzbourg  pour  y  sui- 
vre les  coursde  l'université.  Son  habileté  sur  l'or- 
gue l'eut  bientôt  fait  remarquer  et  le  fit  admettre 
gratuitement  dans  l'institut  de  Saint-Julien,  où 
les  jeunes  gens  les  plus  distinguésdansleurséludes 
étaient  seuls  reçus.  Ce  fut  dans  cette  maison  qu'il 
apprit  la  composition,  sous  la  direction  de  Kur- 
zinger.  Pendant  qu'il  suivait  les  cours  de  droit 
à  l'université,  il  vécut  en  donnant  des  leçons  de 
musique  dans  les  familles  les  plus  opulentes. 
Prenant  part  aux  concerts  qui.se  donnaient  à 
Wurzbourg  pendant  la  saison  d'hiver,  il  y  forma 
son  goût  par  l'audition  des  œuvres  de  Haydn  et 
de  Mozart.  En  1805,  le  grand-duc  de  Toscane 
Ferdinand  ,  frère  de  l'empereur  François  Ier, 
étant  devenu  électeur  de  Wurzbourg,  forma  une 
nouvelle  chapelle,  à  laquelle  fut  attaché  Rœdcr, 
qui  venait  de  terminer  ses  études.  Plus  tard,  on 
lui  confia  là  direction  de  l'orchestre  de  l'Opéra  : 
cette  position  lui  procura  les  moyens  d'étudier 
les  plus  belles  productions  de  l'école  italienne, 
dont  la  bibliothèque  du  grand-duc  était  abon- 
damment fournie.  Rœder  vécut  dans  cette  posi- 
tion jusqu'en  1814,  où,  par  la  cession  du  grand- 
duché  de  Wurzbourg,  Ferdinand  fut  appelé  au 
trône  de  la  Bavière  :  alors  la  chapelle  fut  dis- 
soute, et  Rœder  fut  mis  à  la  pensiorî.  11  vécut 
quelque  temps  dans  la  retraite,  et  ce  fut  à  cette 
époque  de  sa  vie  qu'il  écrivit  les  messes  solen- 
nelles qui  lui  ont  fait  une  belle  réputation  en 
Allemagne.  Le  retentissement  qu'eut  le  nom  de 
l'auteur  de  ces  ouvrages  en  Bavière  fit  appeler 
Rœder  en  1830  à  Augsbourg,  en  qualité  de  di- 
recteur de  musique.  Au  mois  d'août  1839,1e  roi 
Louis  de  Bavière  lui  confia  la  direction  de  sa 
chapelle.  Cet  artiste  estimable  vivait  encore  à 
Munich  en  1861  et  était  alors  âgé  de  quatre-vingt- 
un  ans.  Ses  ouvrages  principaux  sont  :  1°  Messe 
solennelle  (en  ut),  pour  4  voix  et  orchestre,  n°  1; 
Munich,  Falter.  —  2°  Messe  solennelle  (en  ré) 
idem,  n°  2  ;  ibid.  —  3°  Messe  idem  (en  ut), 
n°  3;  ibid.  —  4°  Messe  solennelle  à  4  voix,  chœur, 
orgue  et  orchestre,  o°  4,  op.  35;  ibid.  — 5°  Trois 
messes  semi-solennelles  pour  solos,  chœur,  or- 
gue, 2  violons,  alto  et  2  contrebasses,  avec  les 
instruments  à  vent  et  timbales  ad  libitum; 
Mayence,  Schotl.  —  6°  Te  Deum  à  4  voix  solos, 
chœur  et  orchestre;  ibid.  — 7°  Psaumes  des  vê- 
pres pour  toutes  les  fêtes  de  l'année,  avec  les 
antiennes  des  qualre  temps  de  l'église,  à  4  voix 

D10CR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —    T.    VII. 


chœur,  orgue  obligé,  et  orchestre  ad  libitum; 
ibid.  —  8°  Motet  (Fracto  demum)  idem;  ibid. 

—  9°  Psaumes  des  vêpres  du  dimanche  pour 
4  voix  et  chœur,  2  violons,  alto,  violoncelle,  con- 
trebasse et  orgue  obligés,  cors,  trompettes  et 
timbales  ad  libitum;  op.  44  ;  Munich,  Falter. 

—  10°  Psaumes  des  vêpres  des  fêtes  de  la  Vierge 
idem.,  op.  45  ;  ibid.  —  11°  La  Messiade,  ora- 
torio pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre, exé- 
cuté à  Augsbourg  en  1831,  puis  à  Stuttgard  et  à 
Munich. —  12°  Cxcilie  (Sainte-Cécile),  can- 
tate idem,  exécutée  à  Munich  en  1839.  — 
13°  Symphonie  à  grand  orchestre;  ibid.  — 
14°  Les  Suédois,  grand  opéra  représenté  à  Pra- 
gue, en  1842. 

ROEDIGER  (  Jean-Christophe),  né  le  4  mai 
1704,  à  Bischlcben,  village  du  duché  de  Saxe- 
Gotha,  entra  à  l'âge  de  onze  ans  dans  la  chapelle 
du  duc  de  Gotha,  comme  enfant  de  chœur.  La 
beauté  de  sa  voix  lui  procura  la  protection  du 
prince,  qui  le  lit  instruire  par  un  des  meilleurs 
musiciens  de  sa  chapelle.  A  l'âge  de  vingt-trois 
ans,  il  entra  au  service  du  prince  de  Schwarz- 
bourg-Sondershausen  ;  il  y  resta  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  le  5  mars  1765.  Habile  violoniste  et 
chanteur  agréable,  il  était  aussi  compositeur 
distingué,  comme  on  peut  le  voir  par  quelques- 
uns  de  ses  morceaux  insérés  dans  la  collection 
de  musique  d'église  publiée  par  le  maître  de 
chapelle  Stœlzel. 

ROEHM  (Jëan-Holdrich),  directeur  de 
musique  et  acteur  à  Francfort-sur-le-Mein,  na- 
quit à  Eschborn,  dans  le  district  de  Hanau,  eu 
1755,  et  débuta  sur  la  scène  en  1777.  Il  a  com- 
posé, pour  les  théâtres  auxquels  il  fut  attaché,  la 
musique  des  opéras  comiques  suivants  :  1°  Dos 
Testament  (le  Testament).  —  2e  Der  Fassbin- 
der  (le  Tonnelier). —  3°  Der  verliebte  Maler 
(le  Peintre  amoureux).  —  4°  Der  Zvceite  Hock- 
zeiitag(\e  Second  jour  de  noces).  Retiré  du  théâ- 
tre, Rœhm  vivait  à  Francfort  en  1790. 

ROELLIG  (Jean-George),  né  à  Burghausen, 
dans  la  Saxe,  en  1710,  eut  pour  premier  maître 
de  musique  Balthazar  Grollmann,  recteur  de  l'é- 
cole de  celte  ville  ;  puis  il  continua  ses  études  à 
l'école  de  la  Sainte-Croix,  de  Dresde,  sous  la  di- 
rection de  Reinhold,  depuis  1727  jusqu'en  1735. 
Dans  le  même  temps,  il  prit  des  leçons  de  clave- 
cin et  de  composition  chez  Hartwich.  Ses  liai- 
sons avec  quelques  artistes  de  mérite,  particu- 
lièrement avec  Zelenka,  achevèrent  de  former 
son  talent.  Après  avoir  passé  quelques  années  à 
l'université  de  Leipsick,  il  entra  dans  la  cha- 
pelle du  prince  d'Anhalt,  à  Zerbst.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  quatorze  symphonies,  vingt-six  mor- 
ceaux concertants  pour  divers  instruments,  six 

19 


290 


ROELLIG  —  ROESER 


trios  pour  tlùle,  violon  et  basse,  et  neuf  trios 
pour  cor,  hautbois  et  basson. 

Un  autre  artiste,  désigné  sous  le  nom  de 
RcslUg  le  jeune,  est  connu  par  trois  concertos 
pour  le  clavecin,  et  douze  trios  pour  clavecin, 
violon  el  fiùte. 

ROELLIG  (Ciiarles-Léopold),  né  à  Vienne, 
en  17G1,  s'adonna  dès  sa  jeunesse  à  l'étude  de 
l'harmonica,  et  acquit  sur  cet  instrument  une 
habileté  remarquable.  Le  désir  d'augmenter  les 
ressources  de  cet  instrument  lui  lit  entre- 
prendre d'y  appliquer  un  clavier,  mais  il  le  cons- 
truisit de  manière  qu'on  pût  aussi  le  jouer  par  le 
frottement  des  doigts.  Ce  fut  lui  aussi  qui  ima- 
gina de  dorer  les  bords  des  cloches,  pour  rendre 
plus  facile  leur  mise  en  vibration.  Le  désir  de 
se  procurer  ces  cloches  d'une  bonne  qualité, 
lui  fit  visiter  les  verreries  de  la  Hongrie  et  de 
la  Bohême.  Il  y  taisait  faire  des  essais  jusqu'à 
ce  qu'il  se  fût  procuré  des  cloches  du  son  le 
plus  pur  et  le  plus  juste ,  dans  un  diapason 
donné,  pour  tous  les  degrés  chromatiques  de  l'é- 
chelle. Arrivé  à  Hambourg,  vers  1782,  il  y  de- 
meura quelque  temps  et  y  écrivit  ia  musique 
d'un  opéra-comique  intitulé  :  Clarissa,  oder 
das  unbekannte  Dinstmxdchen  (  Clarisse,  ou 
la  Servante  inconnue).  Arrivé  à  Berlin,  il  y  pu- 
blia, en  1787,  la  description  de  l'harmonica  à 
clavier  qu'il  avait  inventé;  puis  il  se  rendit,  en 
1789,  à  Leipsick,  où  il  fit  paraître  un  recueil  de 
petites  pièces  pour  cet  instrument,  chez  Breit- 
kopf.  De  retour  à  Vienne,  il  y  fut  nommé,  en 
1797,  officiai  de  la  bibliothèque  impériale.  11 
mourut  en  cette  ville,  le  4  mars  1804,  à  l'âge  de 
quarante-trois  ans.  Ladescription  qu'il  a  publiée 
de  son  harmonica  perfectionné  a  pour  titre  : 
Ueber  die  Harmonica.  Ein  Fragment  ;  Berlin 
1787,  in-4°  de  32  pages,  avec  la  figuré  de  l'ins- 
trument. Raîllig  inventa  plus  tard  un  autre  ins- 
trument à  clavier  de  trois  octaves  et  demie, 
monté  de.  cordes  métalliques  et  de  boyau,  des- 
tiné à  être  joué  par  une  seule  main,  qu'il  appela 
Orphica,  et  dont  il  donna  la  description  dans 
un  écrit  intitulé  :  Orphica,  ein  musikalisches 
Instrument,  erfunden  von  C.-L.  lïœllig  (Or- 
phica, instrument  de  musique  inventé  par  C.-L. 
Rœllig);  Vienne,  Blnmauer,  1793,  in-8°  de  21 
pages,  avec  5  planches.  Cet  opuscule  fut  inséré 
dans  le  Journal  du  Luxe  et  des  Modes,  au  mois 
de  février  1796,  et  dans  celui  des  Fabriques,  des 
Manufactures  et  du  Commerce  (janvier  1790) 
Lu  1801,  Rœllig  inventa  un  antre  instrument  à 
cla\ieravec  des  archets  mis  en  mouvement  par 
une  pédale.  11  lui  donna  le  nom  de  Xenorjihica , 
el  en  publia  la  description  dans  le  Journal  des 
Me  des  (fé\ri«r  1801),  avec  une  histoire  des  ï 1 1  — 


,  trumcntsdu  môme  genre,  depuis  celui  que  Jean 
Heydn  [voyez  ce  nom)  avait  inventé  en  1610, 
jusqu'à  sa  propre  invention.  On  a  aussi  de  Rœl- 
lig :  l°  Yersuch  ciner  musikalischcn  Inter- 
vallentabelle ,  sur  zusammensetzung  aller 
ùblichcn  Tonleilern  Accorde,  und  ihren  Ver- 
wechslungen,  fur  junge  Musiker  und  Dilet- 
tanlen  (Essai  d'une  table  des  intervalles  de 
musique  pour  la  formation  des  gammes  usi- 
tées, etc.);  Leipsick,  Breitkopf  et  ILertel,  1789, 
in-folio.  —  2°  Une  dissertation  sur  Raoul  de 
Couci,  dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick, 
tome  IV,  pages  625-632.  —  3°  Un  article  sur 
l'harmonica  à  clavier,  ibid.,  tome  V,  page  423. 
—  4°  Quelques  morceaux  faciles  pour  l'orphica; 
Vienne,  Mollo,  1797.  —  5°  Six  Ciiansons  alle- 
mandes, avec  accompagnement  d'orphica  ou  de 
clavecin;  ibid.,  1797.  Il  avait  aussi  promis,  dans 
le  Journal  des  modes  (juin  1798),  de  publier  12 
chansons  du  comte  de  Wolkenslein,  trouvère 
du  quatorzième  siècle,  d'après  un  manuscrit  de 
la  bibliothèque  impériale,  traduites  en  notation 
moderne;  mais  ces  curieux  morceaux  n'ont 
point  paru. 

ROEMHiLD  (Jean-Théodore)  ,  bon  com- 
positeur de  musique  d'église,  naquit  le  23  sep- 
tembre 1084,  à  Salsungen,  près  de  Henneberg. 
Jacques  Bachen,  cantor  à  Ruhl,  fut  son  premier 
maitrede  musique.  Admis  ensuite  à  l'école  Saint- 
Thomas  de  Leipsick,  il  y  reçut  des  leçons  de 
Schellen  et  de  Kuhnau.  Ses  études  terminées 
dans  cette  écoie,  il  suivit  les  cours  de  l'université 
depuis  1705  jusqu'en  1708,  puis  fut  nommé 
cantor  à  Spremberg.  Son  mérite  ayant  été  bien- 
tôt reconnu,  il  obtint,  en  1714,  la  place  de 
lecteur  à  l'école  de  celle  ville;  cependant  il  n'y 
resta  pas  plus  d'une  année,  parce  que  la  place, 
plus  avantageuse,  de  directeur  de  musique  à  l'é- 
glise luthérienne  de  Frcyberg,  dans  la  basse  Si- 
lésie,  lui  lut  donnée  en  1715.  Neuf  ans  après  ,  il 
retourna  à  Spremberg,  avec  le  titre  de  nlailre  de 
chapelle.  Le  duc  de  Mersebourg  l'appela  à  sa 
cour  en  la  même  qualité,  dans  l'année  1731,  et 
lui  accorda  en  outre,  après  la  mort  de  Kaulf- 
mann,  en  1735,  les  places  d'organiste  île  la  cour 
et  de  la  cathédrale.  Rœmhild  mourut  à  Mersc- 
bourg  en  1757.  11  a  beaucoup  écrit  pour  l'église. 
Parmi  ses  compositions  on  remarque  la  musique 
de  deux  années  complètes  pour  le  service  divin, 
et  des  canlates  sur  les  différents  âges  de  la  vie 
htmiaipe. 

ROESER  (Valektih),  clarinettiste  allemand, 
attaché  au  prince  de  Monaco  vers  1770,  vint  à 
Paris  à  cette  époque,  et  y  publia  des  symphonies 
concertantes,  desquatuors  etdes  Irios  pour  instru- 
ments à  vent.  On  couuatt  aussi  sou*-  son  nom  : 


ROESER  —  ROESS1G 


291 


f"  Gamme  pour  ie  hautbois  avec  12  duos;  Paris, 
Boyer,  1785.  —  Gamme  pour  la  clarinette  avec 
fi  duos;  ibid.  —  3°  Gamme  pour  le  basson  avec 
12  duos;  ibid.  L'ouvrage  par  lequel  Rœser  est 
encore  connu  a  pour  titre  :  Essai  d'instruction 
à  l'usage  de  ceux  qui  composent  pour  la  cla- 
rinette et  les  cors;  Paris,  1781,  in-4°.  Rœser  a 
donné  une  traduction  française  de  la  Méthode 
raisonnee  de  violon,  par  Léopold  Mozart;  Paris, 
Boyer,  1 770,  in-folio.  Il  est  aussi  l'auteur  d'une 
méthode  de  llùte  publiée  à  Paris,  chez  Leduc. 

ROESLER  (Valentin),  philologue  et  orien- 
taliste, né  à  Nuremberg,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle,  est  auteur  d'un  écrit  inti- 
tulé :  Dissertalio  philologico-theologica  de 
chorseis  veterum  Hebrxorum  ;  Altorf,  1726, 
in-4°  de  32  pages. 

ROESLER  (le  P.  François-Grégoire), 
moine  auguslin,  à  Ratisbonne,  mourut  dans  cette 
ville,  en  1760.11  s'est  fait  connaître  avantageu- 
sement par  de  bonnes  compositions  pour  l'église, 
intitulées:  Melodramma  ecclesiasticum,  id  est 
offertoria  XV  festis  aliquibus  Dominicis,  et 
commuai  Sanctorum  accomodata  a  4  voc.  et 
6  inslrumentis,  op.  1;  Augsbourg,  Lotter,  1747, 
in-fol.  —  2°  Oves  oclo  harmonicx  in  ovile 
fraternum  recepfx,  seu  VIII symphonies  a  4, 
op.  2;  ibid.  —  3°  VI  Missx  solemniores,  qua- 
rumultima  de  Requiem  ai  voc.  ac  6  instrum. 
op.  3;  ibid.  — 4"  VI  Litanix  lauretanx  a  4 
voc.  relut  operariis  acconsuetis  instrumentis 
sex;  ibid. 

ROESLER  (Ern est-Frédéric),  né  à  Ras- 
tenberg,  dans  le  duché  de  Weimar,  le  26  mars 
1748,  fit  ses  études  au  collège  de  Weimar,  et  y 
reçut  des  leçons  de  musique  du  maître  de  cha- 
pelle Woli'f.  Ayant  acquis  une  grande  habileté 
sur  l'orgue,  il  fut  nommé  organiste  à  Plauen, 
dans  le  Voigtland.  11  occupa  cette  place  jusqu'en 
179S;  alors  il  donna  sa  démission  et  se  mit  à 
voyager  en  Allemagne  avec  l'intention  d'aller  à 
Londres.  En  1799,  il  se  fit  entendre  à  Sonders- 
liausen  ;  Gerber  lui  accorde  des  éloges  pour  son 
talent,  mais  non  sans  restriction.  Depuis  cette 
époque,  on  n'a  plus  eu  de  renseignements  sur 
cet  artiste.  Rœsler  a  publié  en  1785  un  livre 
choral  complet  à  l'usage  des  organistes,  sous  ce 
titre  :  Vollstandigen  leichtbezifferten  Choral- 
buch,zum  bestenangehender  Orgelspieler.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  des  pièces  d'orgue  de  dif- 
férents genres. 

ROESLER  (Joseph),  né  en  1773,  à  Schem- 
nilz,  en  Hongrie,  était  fils  d'un  conseiller  des 
mines  qui  se  fixa  ensuite  à  Prague.  Son  père, 
simple  amateur  de  musique,  lui  enseigna  les 
principes  de  cet  art.  La  lecture  de  livres  de  théo- 


I  rie  et  de  partitions  des  grands  maîtres  compléta 
son  éducation  musicale.  Après  qu'il  eut  achevé 
ses  cours  de  philosophie,  il  accepta  la  place  de 
directeur  d'orchestre  dans  la  troupe  d'opéra  di- 
rigée par  Guardason,  en  1795.  Il  parcourut  en 
cette  qualité  une  partie  de  l'Allemagne  méridio- 
nale, pendant  dix  ans  ;  puis  le  prince  de  Lobko- 
wilz  l'appela  à  Vienne,  l'attacha  au  théâtre  de 
la  cour,  le  prit  dans  sa  maison  et  le  chargea  de 
la  direction  de  sa  musique.  .Malheureusement  la 
santé    de   Rœsler  était    chancelante.  Dans   un 
voyage  en  Bohême,  où  il  accompagnait  le  prince, 
en  1810,  une  maladie  sérieuse  l'arrêta  au  châ- 
teau de  Raudnilz.  A  peine  convalescent,  il  reprit 
à  Vienne  ses  occupations;  mais  l'excès  du  travail 
lui  causa  une  rechute,  au  mois  de  juillet  1811, 
pendant  qu'il  se  trouvait  à  Prague.  Les  eaux  de 
Liebwerder,  que  les  médecins  lui  avaient  or- 
données, semblèrent  d'abord  lui   procurer  une 
amélioration  sensible ,  mais  elle  fut  de  peu  de 
durée,  car  il  succomba  le  25  juillet  1812,  à  l'âge 
de  trente-neuf  ans.  Parmi  les  productions  de  cet 
artiste,  on  compte  dix  opéras,  savoir  :  1°  La  Sor- 
presa,  opéra  bouffe  italien,  représenté  à  Prague. 
—  2°  La  Pacedi  Klentsch.  —  3°  La  Pastorella 
degli  Alpi.  —  4°  Il  Custode  di  se  stesso.  — 
5°  La  Forzadell'  amove,  écrit  pour  Venise  en 
1798.  —6°  Le  dueBurle,  à  Prague.  —  7°  Clé- 
mentine ou    les  Rochers   d'Açpna,  ibid.   — 
8°  Tristes  Aventures  d'Élisa,  princesse  de  Bul- 
garie, opéra  allemand,   à  Venise,  en  1807.  — 
9°  Le  Mariage  de  Jason,  opéra  allemand.  — 
10°  La  Vengeance  ou  le  Château  de  brigands, 
en  trois  actes,  représenté  au  théâtie  de  Prague, 
le  26  décembre    1808.  Deux  pantomimes.   — 
11°  Le  petit  Cor  enchanté.  —  \ï°  La  Naissance 
du  tailleur  Wetz-Wet&Wetz*  Quatre  cantates 
parmi  lesquelles  :  li0  II  Cyclope. —  14°  Marte 
al  tempio  delta  Gloria.  —  15°  Cantate  sur  la 
mort  de   Mozart,    Prague  1798.  Beaucoup  de 
morceaux  ajoutés  à  des  opéras  italiens  ou  dans 
des   oratorios.    Les    compositions   gravées    de 
Rœsler  sont  les  suivantes  :    1°  Concerto  pour 
piano,  op.  15  ;  Offenbacli,  André.  —  2°  Sonates 
pour  piano  et  violon,  liv.  1  et  2  ;  Leipsick,  Hen- 
richs.  —  3°  Quatuor   pour  2  violons,  alto  et 
basse,  op.  6  ;  Offenbach,  André.  —  4°  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  t  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrtel.  —  5°  Trois  sonatines,  idem;  ibid.  — 
6°  Sonate  composée  quinze  jours  avant  sa  mort  ; 
Prague,  Enders.  —  7°  Rondeaux  et  fantaisies  ; 
Leipsick,  Breitkopf;  Vienne,  Mechetti;  Prague, 
Berra.  — 8°  Variations,  idem;  Prague,  Berra.  — 
9°  Chansons  allemandes  ;  Vienne,  Haas;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel. 

ROESSIG  (Ciiahles-Gottlob),  savant  éco- 

19. 


2f)2 


ROESSIG  —  R.OGF.R 


normale  ei  jurisconsune,  né  à  Mersebourg ,  en 
1752,  vécut  à  Leipsick,  et  y  eut  le  titre  de  pro- 
fesseur ordinaire «ie  droit  naturel  et  de  droit  des 
gens.  Il  mourut  en  cette  ville,  le  20  novembre 
1800.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  on  en  re- 
marque un  qui  a  pour  titre  :  Yersuch  in  musi- 
kalische  Dramen  nebst  einige  Ânmerkun- 
gen,  etc.  (Essai  de  drames  en  musique,  avec  des 
notes  concernant  l'histoire  et  les  règles  de  ce  genre 
de  poésie,  et  la  moralité  du  théâtre);  Bayreuth, 
1779,  in-8o. 

ROETER  (Jean-Guillaume),  prédicateur  à 
Heidelberg,  était  dans  cette  ville  en  18 17  ,  et  y  vi- 
vait encore  en  1834.  Il  a  publié  dans  !e  recueil 
intitulé  -.General-Synode  des  Grossherzogthums 
Baden  (Synode  général  du  grand-duché  de  Bade), 
Carlsruhe,  1834 ,  n°  7,  p.  1-19,  un  Avis  sur  la 
partie  musicale  du  nouveau  livre  de  chant 
du  grand-duché  de  Bade. 

RŒTH  (Philippe),  compositeur,  né  à  Mu- 
nich, le  6  mars  1779,  se  livra  d'abord  à  l'étude  des 
sciences,  mais  il  l'abandonna  bientôt  pour  celle 
de  la  musique.  Schwarz,  musicien  de  la  cour  de 
Bavière ,  lui  enseigna  le  violoncelle  ;  il  apprit 
aussi  à  jouer  de  la  flûte,  du  violon,  du  piano,  et 
Winter  lui  donna  quelques  leçons  de  composi- 
tion. Cependant  l'étude  des  partitions  de  Haydn, 
de  Mozart,  de  Cherubini,  et  de  quelques  autres 
grands  maîtres,  fut  la  source  où  Bœth  puisa  ses 
connaissances  les  plus  solides  dans  l'art  d'écrire. 
Après  avoir  vécu  quelque  temps  à  Vienne  et 
visité  une  partie  de  l'Allemagne,  il  retourna  dans 
sa  patrie,  et  fit  représenter  au  théâlre  de  la  cour, 
à  Munich,  en  1809,  un  opéra  en  trois  actes,  inti- 
tulé :  Holmara.  Le  succès  de  cet  ouvrage  le 
décida  à  écrire  le  Fermier  Robert,  opéra- 
comique  en  un  acte,  joué  en  1811,  et  qui  ne  fut 
pas  moins  bien  accueilli.  Rœth  a  écrit  ensuite 
la  musique  de  plusieurs  ballets  et  d'opérettes 
parmi  lesquels  on  cite  :  Huldigungsfeste  (La 
Fête  du  serment  de  fidélité  );  Dcr  Kampf  mit 
dem  Drachen  (Le  Combat  avec  les  dragons). 
Prinzessin  Esclshaut  (La  Princesse  Peau-d'Ane)  ; 
Zaubcrin  Sidonia  (  La  Fée  Sidonie  )  ;  Zémire 
et  Azor;  Zwwlf  schlafenden  Jungfrauen 
(Douze  jeunes  Filles  endormies).  Tous  ces  ou- 
vrages ont  été  représentés  à  Munich  jusqu'en 
1823.  En  1625,  Rœth  fit  un  nouveau  vovage  à 
Vienne  et  donna,  au  théâtre  An  dcr  Wien  (Sur 
la  Vienne  ),  l'opéra-comique  Vas  Abentheucr 
in  Guadarama  Gebirgc  (L'Avenlure  dans  les 
montagnes  de  Guadarama  ).  Dans  l'année  sui- 
vante, il  écrivit  dans  la  même  ville,  avec  Hiotte 
(  voyez  ce  nom),  l'opéra  féerique  Staberl  von 
der  Freichùtz  (  L'Arbalète  du  franc  archer). 
De  retour  à  Munich  en  1828,  Rœth  y  vivait  en- 


core en  1858  et  était  alors  âge  de  soixante-dix- 
neuf  ans.  Il  a  publié  :  1»  Concerto  pour  la  flûte; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hîertel. —  2°  Trois  thèmes 
variés  pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  ibid.  — 
3°  Des  airs  de  danse  pour  divers  instruments.  — 
4°  Des  chansons  allemandes  avec  accompagne- 
ment de  piano. 

ROEVER  (Henri),  né  à  Vienne  le  27  mai 
1827,  apprit  d'abord  à  jouer  du  violon  ;  mais  à 
l'âge  de  dix-huit  ans  il  abandonna  cet  instrument 
pour  se  livrer  à  l'étude  du  violoncelle,  sur  lequel 
il  est  parvenu  à  la  possession  d'un  beau  talent. 
Cet  artiste  est  aujourd'hui  (1803)  le  plus  habile 
violoncelliste  de  Vienne.  11  a  publié  dans  cette 
ville  quelques-unes  de  ses  compositions  pour  son 
instrument. 

ROFOD  (....)>  docteur  en  théologie  et  prédi- 
cateur à  Copenhague,  est  auteur  d'une  disserta- 
tion en  langue  danoise,  qui  a  pour  titre  :  Mu- 
sikens  Indslydelse  paa  mennesket  (L'Influence 
de  la  musique  sur  l'organisation  humaine)  ;  Co- 
penhague, 1804,  in-8°  de  140  pages. 

ROGAATIiVI  (François),  organiste  de 
l'église  Sainte-Marie  Majeure,  à  Bergame,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a  publié  un  re- 
cueil d'ouvrages  de  sa  composition  pour  l'église, 
sous  ce  titre  :  Libro  primo  di  concerfi  cccle- 
siastici  a  una,  due,  tre  e  quattro  voci  con  due 
Messe,  Deus  in  adjutoriuni,  falsi  bordoni,  Ma- 
gnificat e  litanie,  op.  I;  Venctia,Aless.  Yin- 
centi,  1044,  in-4o. 

ROGER  (Michel),  compositeur  français, 
vécut  vers  la  fin  du  seizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-septième.  11  y  avait  un  mu- 
sicien de  ce  nom  dans  la  chapelle  de  Henri  IV.  On 
a  imprimé  de  sa  composition  :  lo  Missse  4  vo- 
cibus concinnendx,  adimitationem  moduli . 
1°  Dum  tolleret  Dominus;  —  2°  Traderunt  enim 
Gentibus; —  3°  Ecce  véniel;  Paris,  Ballard, 
in-fol.  mo.  2°  Inttoilus  Dom.  dierum  et 
pjwcipuum  Fest.  5  vocum;  Leipsick,  in-4°. 

ROGER  (Benjamin),  fils  d'un  musicien  de 
la  chapelle  royale  de  Windsor,  naquit  dans  cetle 
ville  en  1014.  Après  avoir  fait  ses  études  musi- 
cales comme  enfant  de  chœur,  sous  la  direction 
du  Dr.  Nathaniel  Gilles,  il  fut  nommé  clerc  de  la 
chapelle,  puis  organiste  de  l'église  du  Christ,  à 
Dublin.  En  1041,  époque  de  la  rébellion,  il  re- 
tourna à  Windsor  et  y  eut  le  titre  de  clerc  du 
chapitre  ;  mais  bientôt  encore  troublé  dans  cette 
position  par  les  événements  politiques,  il  n'eut 
plus  d'autres  ressources  qu'une  petite  pension  et 
quelques  leçons  pour  vivre.  En  1056,  il  obtint  le 
titre  de  bachelier  en  musique  à  l'université  de 
Cambridge.  Rentré  dans  la  chapelle  de  Windsor 
en  1002,  il  eut  aussi  le  titre  d'organiste  du  col- 


ROGKR 


293 


lége  d'Eton  dans  la  même  année.  En  1669,  il  prit 
ses  degrés  de  docteur  en  musique.  En  1685,  il 
perdit  sa  place  d'organiste  par  ordre  formel  du 
roi,  parce  qu'i!  avait  eu  recours  à  la  protection 
de  Cromwell.  Depuis  lors  il  vécut  à  la  campa- 
gne, d'une  pelite  pension  que  lui  faisait  le  collège, 
et  parvint  à  un  âge  avancé,  entièrement  oublié. 
L'hymne  à  quatre  voix  de  sa  composition  : 
Teach  me,  o  Lord,  inséré  par  le  docteur  Crotch 
dans  ses  Spécimens,  prouve  que  Roger  écrivait 
bien,  et  que  ses  mélodies  étaient  douces  et  gra- 
cieuses. Quelques-uns  de  ses  morceaux  ont  été 
publiés  par  Playford  dans  sa  collection  des  airs 
de  cour  (Court  ayres),  en  1665.  Plusieurs  hym- 
nes et  antiennes  de  sa  composition  ont  été  aussi 
publiés  dans  les  Cantica  sacra,  et  dans  la  col- 
lection de  psaumes  et  hymnes  à  quatre  parties 
dont  Playford  est  l'éditeur.  La  collection  com- 
plète de  ses  services  et  antiennes  se  trouve  eu 
manuscrit  dans  lesarchives  deSaint-Paul,  à  Lon- 
dres. 

ROGER  (Etienne),  célèbre  éditeur  de  mu- 
sique et  libraire  à  Amsterdam,  exerça  son  in- 
dustrie depuis  les  dernières  années  du  dix-sep- 
tième siècle  jusqu'en  1725,  époque  où  Le  Cène 
devint  son  successeur.  11  a  publié  un  catalogue 
de  ses  ouvrages  de  fonds  ou  d'assortiment,  qui 
fournit  des  renseignements  utiles  pour  la  biblio- 
graphie de  la  musique,  sous  ce  titre  :  Catalogue 
des  livres  de  musique  nouvellement  imprimez 
à  Amsterdam  chez  Estienne  Roger,  marchand 
libraire,  ou  dont  il  a  nombre,  avec  les  prix; 
Amsterdam,  Roger  (sans date),  in-8°  de  16  pages. 
Ce  catalogue  a  été  réimprimé  avec  les  nombreu- 
ses additions  des  ouvrages  imprimés  chez  Le 
Cène,  sous  ce  titre  :  Catalogue  des  livres  de 
musique  imprimés  à  Amsterdam,  chez  Etienne 
Roger,  et  continués  par  Michel- Charles  Le 
Cène;  Amsterdam,  Le  Cène  (sans  date),  petit 
in-8°  de  72  pages.  Ce  petit  volume  a  de  l'intérêt 
pour  l'histoire  bibliographique  de  la  musique 
>ers  la  fin  du  17e  siècle  et  dans  la  première  moi- 
tié du  dix-huitième. 

ROGER  (Joseph-Louis),  docteur  en  méde- 
cine, naquit  à  Strasbourg  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  et  se  fixa  à  Montpellier,  où 
il  fut  admis  comme  membre  de  l'Académie  royale 
de  médecine.  11  mourut  à  Avignon  en  1761.  On 
a  de  lui  une  bonne  monographie  intitulée  :  Ten- 
tamen  de  vi  sont  et  musices  in  corpore  hu- 
mano  ;  Avignon,  Jacques  Gurrignan,  1758,  un 
volume  in-8°de  117  pages  (très-rare).  E.  Sainte- 
Marie,  médecin  de  Montpellier,  a  donné  une  tra- 
duction française  de  cet  ouvrage  avec  des  notes, 
sous  le  titre  :  Traité  des  effets  de  la  musi- 
que sur  le  corps  humain  ;  Paris,  Brunot,   et 


Lyon,  Reimann,  1803,  1  vol.  in-8°  de  350  pages. 

ROGER  (Alexis-André),  né  le  11  juin  1814 
à  Chàteau-Gontier  (Mayenne),  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  Paris  le  22  août  1828,  et  y  reçut 
des  leçons  d'harmonie  et  d'accompagnement  de 
MM.  Leconpey  et  Dourléïi.  Le  second  prix  de 
cette  partie  de  l'art  lui  fut  décerné  en  1832. 
Plus  tard,  il  devint  élève  de  Paër  pour  la  com- 
position. Le  premier  grand  prix  lui  fut  donné  au 
concours  de  l'Institut,  en  1842.  Aucun  ouvrage 
de  cet  artiste  ne  m'est  connu. 

ROGER  (Gustave-Hippolyte),  ténor  dra- 
matique français,  né  le  17  décembre  1815  à  la 
Chapelle-Saint-Denis,  près  de  Paris,  est  fils  d'un 
notaire  de  ce  lieu.  Ayant  perdu  ses  parents  dans 
sa  première  jeunesse,  il  fut  élevé  par  un  oncle  qui 
lui  fit  faire  de  bonnes  études,  le  destinant  à  sui- 
vre la  carrière  de  son  père.  A  sa  sortie  du  col- 
lège, cet  oncle  l'obligea  de  fréquenter  les  cours 
de  droit  et  le  plaça  chez  un  notaire;  mais,  do- 
miné par  un  goût  passionné  pour  le  théâtre, 
Roger  négligea  les  leçons  des  professeurs  du  Code 
et  du  Digeste.  Son  travail,  dans  l'élude  du  notaire 
chez  qui  on  l'avait  obligé  d'entrer,  se  bornait  à 
apprendre  des  rôles  d'opéra-comique,  pour  un 
théâtre  de  société  dans  lequel  il  avait  enrôlé  ses 
amis  et  quelques  grisettes.  II  était  entré  dans  sa 
vingt  et  unième  année  et  touchait  à  sa  majorité, 
lorsque  enfin  son  oncle,  vaincu  par  sa  persévé- 
rance, le  laissa  libre  de  suivre  son  penchant 
pour  la  scène.  Ce  fut  alors  que  Roger  commença 
des  études  régulières  de  chant.  Le  17  juin  183G 
il  fut  admis  au  Conservatoire  de  Paris  comme 
éJève  externe  de  chant,  et  le  19  janvier  1837  il 
obtint  son  admission  au  pensionnat  de  cette  ins- 
titution (1).  Martin  (voyez  ce  nom)  y  fut  son 
professeur  de  chant,  et  M.  Morin  lui  enseigna  la 
déclamation  lyrique.  Doué  d'une  voix  char- 
mante et  d'une  rare  intelligence  dramatique,  il 
fit  de  rapides  progrès  dans  ses  études,  et  obtint 
les  premiers  prix  de  chant  et  d'opéra-comique 
aux  concours  de  1837.  Le  16  février  1838  il  dé- 
buta au  théâtre  de  la  Bourse  par  le  rôle  de 
Georges,  dans  l'Éclair  d'Halévy.  Son  extérieur 
élégant  et  gracieux,  le  charme  de  sa  voix  et  son 
instinct  dramatique  lui  procurèrent  un  véritable 
succès,  qui  se  consolida  dans  les  représentations 
suivantes.  Son  premier  rôle  de  création  fut  celui 
du  marquis  de  Forlanges  dans  le  Perruquier 
de  la  Régence,  opéra  d'Ambroise  Thomas.  Non 
moins  distingué  par  son  jeu  que  par  le  chant,  il 
devint  bientôt  l'acteur  indispensable  des  ouvrages 

(J)  Les  dates  données  dans  des  notices  biographiques 
de  Roger  publiées  en  Allemagne  sont  toutes  fausses  :  celles 
qu'on  trouve  Ici  sont  authentique?  et  provienn«nt  des  l>l- 
«istres  du  Conservatoire  de  Paris. 


294 


ROGER  —  ROGIER 


de  quelque  importance  représentés  à  l'Opéra-Co- 
mique.  Pendant  dix  années  consécutives  il  ne 
connut  que  le  succès  dans  tous  ses  rôles.  Quel 
motif  lui  lit  quitter  la  scène  pour  laquelle  il  sem- 
blait avoir  été  formé?  Personne  ne  le  sait;  mais 
ce  fut  assurément  une  détermination  malheu- 
reuse pour  lui,  car  sa  voix ,  pleine  d'agrément 
dans  la  musique  légère  de  ce  théâtre,  fit  voir  son 
insuffisance  à  l'Opéra,  où  il  s'engagea  en  1848,  et 
surtout  dans  le  rôle  principal  du  Prophète  de 
Meyerbeer,  dont  la  première  représentation  eut 
lieu  le  16  avril  1849.  Dès  la  première  soirée,  les 
connaisseurs  jugèrent  que  Roger  ne  résisterait 
pas  à  la  fatigue;  car  il  forçait  son  organe  pour 
lui  donner  l'intensité  nécessaire  ;  ressource  déplo- 
rable qui  ruine  rapidement  les  meilleures  voix. 
Leur  prédiction  ne  tarda  pas  à  se  vérifier.  En 
1850  il  fit  un  premier  voyage  en  Allemagne,  et 
chanta  aux  théâtres  de  Francfort  sur-le-Mein  et 
<le  II  ■  m  bourg  aux  applaudissements  unanimes  du 
public,  charmé  par  son  excellente  prononciation 
de  la  langue  allemande  et  pour  sa  belle  manière  de 
phraser  la  musique  des  plus  grands  maîtres.  En 
1S51,  il  fit  un  second  voyage  au  delà  du  Rhin, 
et  n'eut  pas  moins  de  succès  à  Berlin  qu'à  Ham- 
bourg et  à  Francfort.  Dans  les  années  suivantes, 
il  y  fit  plusieurs  autres  excursions  :  mais  on  ne 
tarda  pas  à  constater  l'altération  progressive  de 
sa  voix.  Un  cruel  accident  vint  le  frapper  après 
son  dernier  séjour  à  Berlin  :  dans  une  partie  de 
chasse  il  reçut  la  charge  de  son  fusil  dans  un 
bras  ;  la  blessure  était  des  plus  graves  et  l'ampu- 
tation devint  nécessaire.  Après  sa  guérison,  il  es- 
saya de  reprendre  son  servire  à  l'Opéra  avec  un 
bras  mécanique ,  mais  ses  efforts  pour  se  main- 
tenir sur  cette  grande  scène  furent  impuissants  : 
après  quelques  mois  de  fatigue,  il  dut  y  renoncer. 
Il  donna  alors  des  représentations  dans  quelques 
grandes  villes  des  départements  de  la  France. 
De  retour  à  Paris,  il  rentra  à  l'Opéra  Comique; 
mais  il  n'était  plus  que  l'ombre  de  lui-môme  ;  cet 
essai  ne  fut  pas  plus  heureux  que  celui  de  l'O- 
péra, et  bientôt  après  il  disparut  pour  toujours 
du  théâtre  de  son  ancienne  gloire.  Aujourd'hui 
(1864)  il  joue  encore  les  rôles  de  grand  opéra  dans 
ses  voyages,  mais,  en  dépit  de  son  adresse  et  de 
son  intelligence,  sa  voix  est  insuffisante. 

ROGGE  (Henri),  organiste  à  l'église  Sainte- 
Marie,  à  Rostock,  né  dans  cette  ville  en  1642,  fut 
considéré  comme  un  des  ai  listes  les  plus  habiles 
de  son  temps  dans  la  fantaisie  lihre  sur  l'orgue, 
l'n  accident  l'ayant  privé  pendant  quelque  temps 
de  l'usage  de  la  main  gauche,  il  se  servit  avec  tant 
de  talent  des  pédales  pour  les  basses,  pendant 
qu'il  jouait  les  parties  supérieures  avec  la  main 
droite,  que  personnelle  put  se  douter  qu'il  ne  se 


fut  servi  que  d'une  main.  Il  mourut  en  1702,  après 
avoir  Gccupé  sa  place  pendant  près  de  quaranle 
ans.  Ses  compositions  pour  l'église  et  pour 
l'orgue  sont  restées  en  manuscrit.  Il  avait 
écrit  une  dissertation  sur  la  quarte,  qui  n'a  pas 
été  imprimée. 

ROGGIUS  (n»«olas),  né  à  Gcettinguc  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle ,  fut  cantor 
du  collégede  Saint-Martin,  à  Brunswick.  On  lui 
doit  un  traité  des  éléments  de  la  musique,  qu'il 
écrivit  pour  l'usage  des  élèves  de  cette  école.  Ce 
livre  a  pour  titre  :  Musica  practica,  sive  artis 
canendi  elementa,  modorumque  musicarum 
doctrina,  quxstionibus  breviter  et  perspicue 
exposita  ;  Brunswick ,  15GG,  in-8°.  La  deuxième 
édition  a  été  publiée  à  Wilîenherg,  en  1586  (six 
feuilles  in-8°),  et  la  troisième  à  Hambourg ,  en 
1596. 

ROGIER-PATHIE  ou  ROGER  (Map- 
tre).  organiste  de  la  chapelle  de  Marie,  reine  de 
Hongrie,  gouvernante  des  Pays  Bas.  11  succéda  en 
cette  qualité  à  Sigismond  Wyer,  qui  l'occupait 
encore  au  mois  d'avril  1533,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  ce  passage  d'un  registre  de  comptes,  sous 
celte  date  (1)  :  «  A  Siegmont  Vyer,  pour  un  grant 
«  instrument  Virginal  par  luy  prins  et  acheté  en 
«  la  ville  d'Anvers,  et  ce  comprins  l'ammcnaige 
«  du  dict  Anvers,  xxxvi  livres  et  quinze  sous 
«  (avril  1533).  »  Rogier-Pathie  est  cité  dans  les 
mêmes  registres  comme  organiste  de  la  cour  en 
1538  et  1539  (2).  C'est  ce  même  artiste  dont  les 
compositions  se  trouvent  clans  plusieurs  recueils 
sous  le  nom  seul  de  Rogicr  ou  de  maistre  Jio- 
gier,  ou  même  Roger.  Le  treizième  livre  de  la 
rarissime  collection  de  motets  publié  par  Attain- 
gnant  sous  ce  litre  :  Liber  decimus  iertius  XXII J 
nuisicales  habet  modulos quatuor ,  quinque  rel 
sex  vocibus  edilos  (Parriiisiis,  ele.,  1535,  petit 
in-4°  obi.)  en  renferme  deux  à  4  voix  de  Hogier. 
Une  chanson  à  4  parties  de  sa  composition  est  dans 
le  premier  livre,  publié  à  Anvers  par  Tylnian 
Susato,  en  1543,  sous  ce  titre  :  Chansons  à  4 
parties,  auxquelles  sont  contenues  XXXI nou- 
velles chansons  convenables  tant  à  la  voix 
comme  aux  instruments.  Le  neuvième  livre 
imprimé  par  Allaingnant  sous  ce  titre  :  Trente 
et  une  chansons  musicales  à  quatre  parties 
(Paris,  1534,  petit  in-8"  obi.  ),  renferme  deux 
chansons  de  Roger  l'alhie  (fol.  9  et  13)  :  c'est 
le  seul  recueil  où  l'on  trouve  le  nom  de  famille 
de  Rogier  ou  Roger.  La  grande  collection  inti- 
tulée: Trenle-cinq  livres  de  cluuisonsnouerllrs 
à  4  parties  de  divers  auteurs  eu  deux  volu- 

(11  Registre  n°  M  216  de  la  chambre  des  comptes,  aux 
archives  de  Lille. 

('.)  lU-gbtrc  M  MO.  Midi. 


ROGIER  —  ROGNON E 


295 


mes  (Paris,  Pierre  Atlaingnant,  1539-1549,  in-4° 
<>!il.)  contient  plusieurs  chansons  de  Rogier 
dans  les  livres  V  et  VI.  La  deuxième  partie  du 
recueil  intitulé  :  Ilortus  Musarum.  In  quo  tan- 
quam  flosculi  qu'idem  selecdss/ m arum  carmi- 
num  cotlecti  sunt  ex  oplimisquibusque  auctori- 
bus  (Lovanii,  apud  Phalesium  bibliopolam 
1 5.')2- 1 553),  ren  ferme  les  chants  Ccssezmonœil;  Si 
pur,  ti  guardo,  de  Rogier,  avec  un  accompa- 
gnement de  luth.  On  trouve  aussi  le  motet  Tanlo 
tempore  vobiscum  à  4  parties,  du  même  musi- 
cien, dans  un  manuscrit  précieux  de  la  bibliothè- 
que de  Cambrai  (sous  le  n"  124),  dont  M.  E. 
de  Coussemaker  a  donné  la  description  dans  sa 
Notice  sur  les  Collections  musicales  de  la 
Bibliollù-que  de  Cambrai  (p.  C5-91). 

ROGIER  (Philippe-Marie).  On  voit  dans 
les  registres  de.  la  chapelle  royale  de  Madrid 
qu'un  maître  flamand  de  ce  nom  occupait  la 
place  de  vice-maître  de  celte  chapelle  en  1589, 
après  la  retraite  de  Flécha  (voyez  ce  nom),  et 
que  Thomas-Louis  de  Victoria  en  fut  nommé 
maître  dans  la  même  année  (voyez  M.  Mariano- 
SorianodeFuertez,  Ilist.  de  lamusica  espanola, 
t.  II,  p.  135).  Il  se  peut  que  ce  Rosier  ait  été  de 
la  même  famille  que  le  précédent,  et  peut-être 
son  fils.  Les  compositions  de  Philippe-Marie  Ro- 
gier ont  été  inconnues  jusqu'à  ce  jour  :  une  cir- 
constance imprévue  vient  d'en  faire  découvrir 
(186!?)  quelques-unes  qui  ont  beaucoup  d'in- 
térêt. Il  existe  à  la  bibliothèque  de  Tournai  un 
volume  grand  in-folio  de  257  pages  chiffrées  dont 
le  titre  manque.  La  première  page  est  remplie 
par  la  dédicace  adressée  à  Philippe  III,  roi  des 
Espagne  (Philippo  tertio  Hispaniarum  Régi), 
signé  Gaugcricusde  Ghcrsem. Celui-ci  nous  y  ap- 
prend'qu'il  est  chargé,  par  le  testament  de  Phi- 
lippe Rogier,  son  maître,  de  mettre  au  jour  cinq 
messesde  sa  composition,  el  qu'il  y  enaajoutéune 
sixième,  dont  lui-même  est  auteur.  Les  cinq  mes- 
ses de  Philippe  Rogier  sont  :  1°  Philippus  se- 
cundus  Rex  Hispanix;  2°  Inclila  slirpo  Jesse; 
toutesdeux  à  quatre  voix.  3°  Dirige gressusmeos , 
à  cinq  voix;  4°  Ego  sum  qui  sum;  5°  Inclina 
Domine;  ces  deux  dernières  à  6  voix.  La  messe 
de  Gaugericus  de  Ghersem  est  à  sept  voix  :  elle  a 
pour  titre  :  Ave  Virgo  Sanctissima.  A  la  fin  du 
volume,  on  lit  la  souscription  suivante  -.Matriti, 
apud  Joannem  Flandrum  MDXCVIII  (î). 
Il  est  hors  de  doute  que  Gaugericus  de  Gher- 
sem fut  aussi  un  des  musiciens  belges  qui  illus- 
trèrent leur  patrie  dans  toute  l'Europe  pendant 

{V  Je  suis  redevable  de  ces  renseignements  sur  le  ra- 
rissime recueil  îles  messes  Je  Philippe  Rogier  à  l'obligeance 
de  M.  A.  Wilbaux,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de 
Tournai. 


les  quinzième  et  seizième  siècles.  Nous  trou- 
vons dans  une  pièce  intéressante  publiée  par 
M.  Alexandre  Pinchart,  au  2e  volume  de  ses 
Archives  des  arts,  sciences  et  lettres  (Gand., 
1863,  p.  236),  la  preuve  que  cet  artiste, 
après  avoir  été  au  service  du  roi  d'Espagne ,  re- 
vint dans  son  pays  et  qu'il  y  eut  l'emploi  de  maî- 
tre de  chapelle  des  archiducs  Albert  et  Isabelle, 
gouverneurs  des  Pays-Bas.  Cette  preuve  se  trouve 
dans  une  lettre  de  ces  princes,  écrite,  en  1607, 
au  magistrat  de  Tournai,  et  dont  voici  le  texte  : 

«  Lesarchiducqz,  etc.  Cherset  bien  amez,Géry 
(Gaugericus)  de  Ghersem,  maistre  de  la  cha- 
pelle de  noslre  oratoire,  supplie  qu'en  considé- 
ration des  longs  services  qu'il  a  rendu  en  la  cha- 
pelle royale  de  feue  Sa  Majesté,  et  lesquels  il 
continue  en  la  susdicte  qualité,  il  nous  pleust 
faire  affranchir  de  tous  logemens  de  gens  de  guerre 
une  sienne  maison  audict  Tournay  ;  nous  avons  bien 
voulu  advertir  par  ceste  qu'aurions  pour  service 
agréable  que  teniez,  icelle  maison  exempte  des- 
dicts  logemens,  si  aulcunement  faire  se  peult. 
A  tant.etc.de  Bruxelles, le  Xe  de  décembre  1607(1).» 
Il  résulte  de  cette  lettre  que  Géry  de  Ghersem, 
après  avoir  été  longtemps  chanteur  de  la  cha- 
pelle flamande  de  Philippe  II,  avait  quitté  l'Espa- 
gne pour  rentrer  en  Belgique.  La  dédicace  des 
messes  de  Rogier  à  son  sucessenr,  Philippe  III, 
avait  été  faite  pour  le  rendre  favorable  à  l'élève 
de  ce  maître  :  elle  indique  que  le  volume  ne  pa- 
rut que  dans  les  derniers  mois  de  1598,  car  Phi- 
lippe II  ne  mourut  que  le  13  septembre  de  celle 
année.  En  dépit  de  sa  dédicace,  Géry  ne  trouva 
pas  sous  le  nouveau  règne  la  faveur  dont  les  mu- 
siciens belges  avaient  joui  sous  celuide  Philippe  II. 
On  voit  dans  l'Histoire  de  la  musique  espagnole 
de  M.  Mariano  Soriano  de  Fuertez  que,  depuis 
le  règne  de  Philippe  III,  la  chapelle  royale  ne 
fut  plus  composée  que  de  musiciens  espagnols. 

ROGÎMOiYE  (Richard),  violonisle  distingué 
et  compositeur  à  Milan,  vers  la  lin  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-septième,  est 
connu  par  les  ouvrages  suivants:  1°  Canzonetle 
alla  napolitana,  a  ire  e  quattro  voci,-  Venise, 
1 586.  —  2°  Libro  di  passaggi  per  voci  ed  istro- 
menti,  ibid,  1592.  —  3°  Pavane  et  balli  con  due 
canzoni ,  e  diverse  sorte  di  brandi  per  suo- 
nare  a  quattro  e  cinque,  Milan,  1603. 

ROGNONE  (Jean-Dominique)  fils  du  précé- 
dent, entra  dans  les  ordres,  et  se  fit  remarquer  par 
son  talent  sur  lorgue.  Il  eut  les  titres  de  maître 
de  chapelle  du  duc  de  Milan  et  de  l'église  du 
Saint-Sépulcre,  vers  1620.  On  a  imprimé  de  sa 

(1)  Collection  des  papiersd'État  et  de  l'audience,  aux  ar- 
chives du  royaume  de  Belgique. 


2  9G 


ROGNONE  —  ROHLEDER 


composition  :  1°  Canzoneltc  a  3  e  4  insieme 
conalcune  altredi  Ilugger  Trofeo,  Milan,  1615. 
2°  Libro  primo  di  madrigal*  et  otto  voci  indue 
cori  ton  partitura, ibid.,  1619.  —  3°Mcssaper 
défont  i alV Ambrosianacon  l'aggiunta  per  ser- 
virsene  alla  romana,  ibid.,  1624.  On  trouve  des 
motets  de  ce  compositeur  dans  les  collections 
imprimées  de  Michel- Ange  Grancinietde  Lucino. 

ROGNONE  (François),  second  fils  de  Ri- 
chard, fut  maître  des  concerts  du  duc  de  Milan, 
et  maître  de  chapelle  de  Saint-Ambroise,  vers 
1620.  Il  a  beaucoup  écrit  pour  l'église  et  a  pu- 
blié :  l°  Messe  esalmi,  falsi  bordoni  e  mo- 
tetti  a  5,  col  basso  per  V  organo;  Milan,  1610. 
—  2°  Messe  e  moietti  a  4  e  5;  Venise,  1624.  — 
3°  Madrigali  a  5  col  basso;  Venise,  1613.  — 
4°  Correnti  e  gagliarde  a  4  con  la  quinta 
parle  ad  arbitrio  per  suonaresu  varii  stro- 
menli;  Milan,  1624.  —  5°  Aggiunla  delln  sco- 
laro  di  violino  ed  altri  stromenti  col  basso 
continuo  per  V  organo;  Milan,  1614.  L'ouvrage 
le  plus  intéressant  de  Kognone  pour  l'histoire 
de  la  musique  est  celui  qui  a  pour  titre  :  selva 
di  varii  passaggi  secondo  V  uso  moderno ,  per 
caniare  e  suonare  con  ogni  sorte  di  stro- 
menti, divisa  in  due  parti.  JSella  prima  di 
qualesi  dimostra  il  modo  di  cantar  polito,  e 
con  gratia,  e  la  maniera  di  porlar  la  voce 
accentata,  con  tremoli,  gruppi,  irilli,  escla- 
tnalioni  ed  a  passeggiare  di  grado  in  grado, 
salti  di  terza,  quinta,  sesta  ed  ottava,  etc. 
Nella  seconda  poi  si  traita  de'  passaggi  dif- 
ficili  per  gV  instromenti,  del  dar  Varcola  o 
leggiadre,  etc.;  Milan,  1620,  avec  une  dédicace 
latine  au  roi  de  Pologne  Sigismond  III. 

ROHLEDER  (Jean),  prédicateur  à  Fried- 
land  ,  dans  la  petite  Poméranie,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  a  publié  chez  Rellslab,  à 
Berlin,  en  1790,  un  Te  Deum  allemand,  pour 
orgue,  2  violons  et  basse,  ou  pour  orgue  seul, 
à  l'usage  des  petites  villes.  L'année  suivante,  il 
présenta  à  l'académie  des  sciences  de  Berlin 
vin  manuscrit  sur  une  nouvelle  disposition  du 
clavier  des  pianos,  dans  laquelle  les  touches 
blanches  et  noires  devaient  être  rangées  alterna- 
tivement sur  toute  son  étendue.  Il  y  proposait 
aussi  une  nouvelle  notation  appropriée  à  ce  cla- 
vier. L'académie  ayant  approuvé  cette  inven- 
tion, dont  les  inconvénients  sont  cependant  de 
toute  évidence,  Rohleder  publia  son  ouvrage  sous 
ce  titre  :  Erleichterung  des  Klavicrspielens 
vermœge  eincr  neuen  Einrichtung  der  Kla- 
viatur  und  eines  neuen  Notensystems  (Moyen 
plus  facile  de  jouer  du  clavecin,  par  le  procédé 
d'un  nouveau  clavier  et  d'un  nouveau  système 
do  notation);  Kœnigsberg,  1792,   in-4°  de    46 


pages,  avec  une  planche.  C'est  ce  même  sys- 
tème dont  Charles  Lemme  (voyez  ce  nom)  s'est 
attribué  l'invention  trente-sept  ans  après  la  pu- 
blication de  l'opuscule  de  Rohleder,  et  qui  lui  a 
fait  perdre  sa  fortune  et  sa  raison. 

ROHLEDER  (Jean-Gottlieb  on  Théo- 
phile), cantor  à  l'église  de  la  Trinité,  à  Hirsch- 
berg,  dans  la  Silésie ,  naquit  en  1745,  à  Lobe, 
près  de  Breslau.  Ses  éludes  musicales  furent  di- 
rigées dans  cette  ville  par  l'organiste  Jean-Georges 
llofmann.  Rohleder  mourut  à  Hirschberg,  le  26 
août  1804,  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans.  On 
a  imprimé  de  sa  composition  :  t°  Der  Sommer 
(l'Été),  cantate  avec  accompagnement  de  piano, 
dont  la  première  partie  fut  publiée  en  1785,  et 
la  seconde  en  1789.  —  2e  Der  Fruhling  (le 
Printemps,  ou  Chants  de  bons  poètes  allemands 
mis  en  musique  pour  les  commençants)  ;  Schweid- 
nitz,  1792,  in-fol.  de  8  feuilles.  En  1802,  il  avait 
annoncé  un  essai  d'une  méthode  simplifiée  d'har- 
monie qui  n'a  pas  paru. 

ROHLEDER  (Frédéric-Traucott)  ,  pas- 
teur à  Lohn,  en  Silésie,  fut  un  des  hommes  les 
plus  zélés  de  son  époque  pour  le  perfection- 
nement et  la  propagation  du  chant  choral  dans 
les  écoles.  On  a  de  lui  sur  ce  sujet  :  1°  Die  musi- 
kalische  Liturgie  in  der  evangelisch  protes- 
tant ischen  Kirche.  Fur  Liturgen  und  Kir- 
chen  musiker,  insbesondere  aile  Predigter, 
Cantoren  und  Organisten,  etc.  (la  Liturgie  mu- 
sicale dans  l'église  évangélique  protestante,  etc.); 
Glogau  et  Lissa,  1828,  in-8°  de  222  pages.  — 
2°  Analytische  Erklxrùng  des  in  einer  JS'oten- 
beilage  befindlichen  Chorals  :  Herr  Gott  dich 
loben  wir  (Éclaircissement  analytique  concernant 
le  choral  :  Herr  Gott  dich  loben  wir,  etc.),  dans 
l'écrit  périodique  intitulé  :  Eutonia,  1829,  t.  2, 
p.  41-48.  —  3°  Einige  Gedanken  uber  Kir- 
chenfïgural  Yocalmusik,  in  don  evanget. 
protestant  ischen  Gottesdienste,  etc.  (Quelques 
idées  sur  la  musique  d'église  vocale  et  figurée, 
dans  le  service  divin  du  culte  évangélique  pro- 
testant, etc.),  dans  le  môme  recueil,  t.  3,  p.  201 
et  suivantes.  —  4°  Vermischte  Aufsxtze  zvr 
llefœrderung  wahrer  Kirchcnmusik  (Mélanges 
pour  la  propagation  de  la  véritable  musique  d'é- 
glise); Lowenberg,  1833,  in-8°de51  pages.  Cette 
publication  est  la  dernière  du  pasteur  Rohleder. 
Les  biographes  allemands  de  l'époque  actuelle 
(1848-1800)  ne  fournissent  aucun  renseignement 
sur  les  trente  dernières  années  de  sa  vie. 

ROHRMANN  (Henri-Léopold),  organiste 
a  Clausthal,  dans  le  Harz ,  au  commencement  de 
ce  siècle,  étudia  les  élémentsde  la  musique  chez 
Wallis,  organiste  à  Herzberg,  et  continua  ses 
études  à  Hanovre  et  à  Zelle.  On  a  publié  de  sa 


ïlOURWArvJV  —  ROLDAN 


297 


composition  :  1°  Vérsuch  in  Moduliren  be- 
stehend  in  einer  Beihe  von  Accordai  (Essai 
de  modulation  consistant  en  une  série  d'accords); 
Brunswick.  Spelir.  —  ?o  Variations  pour  le  piano 
sur  l'air  allemand  :  Omein  licbcn  Augustin; 
ibid.  —  3°  Variations  sur  God  save  ihe  King; 
Hanovre.  —  4°  Méthode  courte  de  l'exécution 
des  chants  chorals,  avec    une  instruction  sur  la 
conservation  des  orgues;  Hanovre,  Hahn,  1801, 
43  pages  in-4<>.  —  5°  Cinquante  préludes  pour 
l'orgue,  la  plupart  faciles,  6  conclusions  et  nu 
exercice;  llmenau,  Voigt.  —  fi°  Collection  de 
préludes  pour  des  chorals  à  l'usage  des  organistes 
exercés;  Halle,  Hendel.  La  publication  de  cet 
ouvrage  porta  atteinte  à  la  réputation  de  Rohr- 
inann,  car  Rembt  en  réclama  la  propriété  dans 
un  journal  allemand  publié  en  1803,  et  déclara 
que  ces  préludes  étaient  son  ouvrage.  Rohrmann 
dit  pour  son  excuse  que  l'éditeur  avait  placé,  sans 
son  aveu,  son  nom  sur  le  recueil  dont  il  s'agis- 
sait. —  7°  Pater  noster  avec  accompagnement 
d'orgue  varié;  llmenau,  Voigt.   Rohrmann  est 
mort  à  Clausthal  en  1821. 

ROIG  (  Nicolas-Pascal  ),  organiste  du  cou- 
vent royal  ne  Saint-Augustin,  à  Valence,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  est  au- 
teur d'un  traité  de  plain-chant  et  de  la  musique 
mesurée  intitulé  :  Explication  de  la  teorica  y 
practica  del  canto  llano  y  figurado;  Madrid, 
1778,  in-4°  de  154  pages. 

ROLAND  (Alfred),  né  vers  1820  à  Ba- 
gnères  de  Bigorre  (Hautes-Pyrénées),  fut  élève 
de  l'école  de  musique  religieuse  instituée  dans 
cette  ville.  Plus  tard,  il  fut  un  des  montagnards 
des  Pyrénées  qui  se  réunirent  au  nombre  de 
quarante,  et  parcoururent  une  grande  partie  de 
l'Europe  depuis  1840  jusqu'en  1851,  donnant 
partout  des  concerts  de  chants  populaires  sans 
accompagnement.  Roland  a  publié  une  partie 
de  ces  mélodies  sous  ce  titre  :  Premier  recueil 
religieux ,  pastoral  et  national,  des  chants 
montagnards  favoris,  exécutés  à  la  cour  de 
tous  les  souverains  de  l'Europe,  par  les  qua- 
rantemontagnards  français;  Paris,  imprimerie 
de  Guiraudet,  1847,  in-8«.  Onze  éditions  ont  été 
faites  de  ce  recueil. 

ROLANDLAU  (  Louise-Philippine-José- 
piiine),  née  à  Paris  en  1771 ,  fut  admise  en  1789 
à  l'école  de  chant  de  l'Opéra,  et  y  reçut  des  le- 
çons de  Lasuze.  Le  lOavril  1791,  elle  débutadans 
le  rôle  d'Antigone  à'Œdipe  à  Colone.  Après 
une  année  passée  à  ce  théâtre  sans  succès  dé- 
cidé, elle  entra  an  théâtre  Feydeau  en  1792,  et  y 
débuta  dans  Lodoïska  de  Cherubini.  Son  talent, 
plus  analogue  à  ce  genre  de  spectacle  qu'à  celui 
du  grand  opéra,  la  classa  bientôt  au  rang  des 


meilleures  cantatrices  de  l'Opéra-Comique.  Après 
dix  années  passées  avec  succès  sur  la  scène  de 
la  rue  Feydeau,  elle  ne  fut  pas  comprise  dans 
l'association  des  principaux  acteurs  des  deux 
théâtres  d'opéra-comique  qui  se  forma  vers  la 
fin  de  1801.  Quelques  mois  après,  elle  débuta  à 
l'Opéra  bouffe  italien,  qui  venait  d'être  trans- 
porté dans  la  salle  Favart,  et  se  montra  digne 
d'être  entendue  à  côté  des  artistes  habiles  de 
cette  époque.  Pins  tard  elle  rentra  avec  succès 
au  théâtre  Feydeau  dans  Alexis,  ou  l'Erreur 
d'un  bon  père,  dont  le  rôle  principal  avait  été 
écrit  pdurelleen  1799;  mais  blessée  de  ce  qu'elle 
n'obtenait  point  de  rôles  nouveaux,  elle  s'éloigna 
une  seconde  fois  de  l'Opéra-Comique  ,  et  se 
chargea  de  la  direction  du  théâtre  de  Gand,  en 
1806.  Cette  entreprise  n'ayant  pas  réussi,  M'te  Ro- 
landeau  rentra  au  théâtre  Feydeau  pour  la  troi- 
sième fois  au  commencement  de  1807,  et  s'y  fit 
applaudir  dans  l'Auberge  de  Bagnères,  dont  le 
rôle  principal  avait  été  composé  pour  elle  par 
Catel.  Un  événement  funeste  mit  fin  à  sa  vie  dans 
les  premiers  jours  du  mois  de  mai  :  le  feu  prit  à 
sa  robe  au  moment  où  elle  s'approchait  d'une 
cheminée,  et  la  consuma  avant  qu'on  put  lui 
porter  du  secours. 

ROLDAN  (D.  Juan-Perez1),  musicien  espa- 
gnol, était,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  maître  de  chapelle  du  monastère  royal 
des  dames  Augustines  de  l'Incarnation  à  Madrid. 
La  date  de  sa  mort  doit  être  placée  vers  la  fin  de 
1722,  car  il  eut  pour  successeur,  en  1723,1e 
compositeur  Diego  Muclas.  Thomas  Yriarte  a 
placé  Roldan  au  nombre  des  plus  illustres  com- 
positeurs de  l'Espagne,  dans  ces  vers  du  troi- 
sième chant  de  son  poème  sur  la  musique  : 

No  es  ya  ml  canto,  no,  qulen  te  célébra, 
Simo  las  mismas  obras  Immortales 
De  I'atifto,  Roldan,  Garcia,  Viana, 
De  Guerrero,  Victoria,  Ruiz,  Morales, 
De  Litercs,  San-Juan,  Duron  y  Nebra  (1). 

Les  ouvrages  de  Roldan  ont  été  chantés  dans 
toutes  les  cathédrales  de  l'Espagne;  on  les  trouve 
dans  les  archives  des  monastères  de  l'Incarnation 
et  de  1' ' Escortai  ;  la  chapelle  royale  de  Madrid 
possède  un  volume  grand  in-fol.  de  157  pages 
qui  contient  ses  messes  solennelles,  et  l'on  trouve 
à  la  cathédrale  de  Ségovie  un  recueil  de  ses 
messes  de  Bequiem.  M.  Eslava  a  publié  une  de 
ses  messes  en  partition  dans  la  Lira  sacro-his- 
pana  (2e  série,  xvme  siècle,  1. 1). 


(1)  Ce  ne  sont  pas  mes  vers,  mais  bien  leurs  ouvrages 
immortels  qui  ont  rendu  célèbres  Patino,  Roldan,  Garcia, 
Viana,  Guerrero,  Victoria,  Ruiz,  Morales,  Litérès,  San- 
Juan,  Duron  et  Nebra. 


2US 


ROLFLNCK  —  ROLLA 


ROLFINCK  (Werneh),  médecin,  né  à  Ham- 
bourg le  15  novembre  1599,  fit  ses  études  à 
Wittenberg,  Leyde,  Oxford,  Paris  et  Padoue;  il 
obtint  en  1625,  dans  cette  dernière  ville,  le  docto- 
rat en  médecine.  Arrivé  à  Jéna,  il  y  fut  nommé, 
en  1C29,  professeur  d'anatomie,  de  cbirurgie,  de 
botanique  et  de  chimie.  Il  y  mourut  le  6  mai 
1673.  Dans  son  livre  intitulé  Ordo  etmethodus 
medendi  (Jéna,  1655),  il  traite,  au  dix-neuvième 
chapitre  :  Demusicamorborum  medela. 

ROLL  (  Pierre-Gaspard),  né  à  Poitiers  en 
1788,  fut  admis  au  Conservatoire  de  musique 
de  Paris  en  1810  :  ses  premières  études  termi- 
nées, il  re<;ut  des  leçons  de  Reiclia  et  de  Berton 
pour  la  composition.  En  1814,  le  grand  prix 
de  composition  lui  fut  décerné  au  concours  de 
l'Institut  de  France  •-  le  sujet  du  concours  était 
Mala,  cantate  à  grand  orchestre.  Parti  pour 
l'Italie,  on  qualité  de  pensionnaire  du  gouverne- 
ment, Roll  vécut  à  Rome  pendant  deux  ans,  puis 
à  >aples,  et  envoya  à  l'Académie  des  beaux  arts 
de  l'Institut  de  grandes  compositions  pour  l'é- 
glise, qui  se  trouvent  aujourd'hui  dans  les  ar- 
chives de  cette  Académie.  De  retour  à  Paris, 
Roll  y  chercha  les  occasions  de  se  faire  con- 
naître par  des  succès  à  la  scène;  mais  ce  fut  en 
vain  qu'après  avoir  écrit  la  partition  ô'Ogier  le 
Danois,  grand  opéra  destiné  à  l'Académie  royale 
de  musique,  il  sollicita  sa  mise  en  scène  :  ainsi 
que  beaucoup  d'autres  ouvrages,  Ogier  le  Da- 
nois a  été  oublié  par  l'administration  de  ce  théâ- 
tre. Devenu  l'époux  de  la  veuve  du  romancier 
Ducray-Duminil,  Roll  se  retira  dans  une  mai- 
son qu'il  possédait  à  Ville-d'Avray,  près  de  Pa- 
ris, et  disparut  du  monde  musical. 

ROLLA  (Alexandre),  célèbre  violoniste  et 
compositeur,  naquit  à  Pavie  le  22  avril  1757,  et 
montra,  dès  son  enfance,  les  plus  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique.  11  se  livra  d'abord  à 
l'étude  du  piano,  sous  la  direction  d'un  prêtie 
de  la  cathédrale  de  Pavie  ,  nommé  Sanpielro. 
Plus  tard,  il  entra  dans  l'école  de  Fioroni,  à  Mi- 
lan ;  mais  l'ardeur  qu'il  porta  dans  ses  études 
altéra  sa  santé  de  manière  à  faire  naître  de  vives 
inquiétudes  sur  sa  vie.  Pendant  une  année,  ses  pa- 
rents lui  interdirent  tout  travail  ;  cependant  il  prit 
en  sccretdes  leçons  de  violon  de  Renzi,qui  depuis 
lois  est  devenu  premier  violon  de  la  cour  du  Bré- 
sil. Ayant  œpris  toute  son  activité  première,  il 
devint  ensuite  élève  du  violoniste  Conti,  plus  tard 
premier  violon  de  l'opéra  italien  de  Vienne.  Les 
progrès  de  Rolla  sur  le  violon  furent  rapides, 
et  bientôt  il  fut  considéré  comme  un  des  plus 
habiles  violonistes  de  l'Italie.  Un  penchant  in\  in- 
cible ie  portait  vers  Y  allô,  dont  il  lit  une  étude 
particulière,  el  sur  lequel  il  acquit  un  talent  in- 


comparable. Il  en  joua  des  concertos  dans  les 
églises,  les  concerts  et  même  au  théâtre.  Après 
avoir  brillé  à  Milan  pendant  quelques  années,  il 
fut  appelé  à  Parme  en  1782,  en  qualité  de  vir- 
tuose de  la  chambre  el  de  premier  alto  solo.  La 
mort  de  Giacomo  Georgi  ayant  laissé  vacantes  les 
places  de  premier  violon  et  de  maître  des  concerts 
de  la  cour,  Rolla  fut  désigné  pour  les  remplir. 
Après  la  mort  du  duc  de  Parme,  en  1802,  il  se 
rendit  à  Milan,  et  y  fut  chargé  de  la  direction  de 
l'orchestre  du  théâtre  de  la  Scala.  Trois  ans 
après,  le  prince  Eugène  de  Beauharnais,  vice-roi 
du  royaume  d'Italie,  le  choisit  pour  prépaie*  vio- 
lon de  sa  musique  particulière,  et  le  nomma  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  Milan.  Le  reste  de 
sa  vie  active  et  dévouée  à  l'art  s'écoula  dans  les 
travaux  de  ces  places.  Jusqu'à  ses  derniers  jouis, 
il  conserva  la  jeunesse  de  sentiment  qu'on  avait 
remarquée  de  tout  temps  dans  son  exécution  et 
dans  ses  ouvrages.  Il  montra,  dans  la  direction 
des  orchestres,  une  habileté  bien  rare  de  son 
temps  en  Italie  :  la  plupart  des  compositeurs 
s'estimaient  heureux  de  lui  confier  l'exécution 
de  leurs  ouvrages.  Il  est  mort  à  Milan  le  15  sep- 
tembre 1841,  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans, 
aussi  estimé  pour  la  noblesse  de  son  caractère  que 
pour  ses  talents.  Comme  compositeur  de  musique 
instrumentale,  Rolla  tient  une  place  honorable 
dans  l'art  ;  ses  trios  pour  violon,  alto  et  basse 
ont  eu  particulièrement  un  succès  de  vogue.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  lo  Sérénade  à  six 
parties,  op.  1;  Olïenbach,  André.  —  2»  Concertos 
pour  violon  et  orchestre,  nos  1,  2,  3;  Paris,  Ja- 
net, Sieher;  Vienne,  Artaria.  —  3°  Adagio  et 
thème  varié  idem;  Milan,  Ricordi.  —  4°  Con- 
certos pour  alto  et  orchestre,  n°s  1,  2,  3,  4;  Pa- 
ris, Sieher;  Offenbach,  André.  —  5<>  Divertisse- 
ment id.;  Milan,  Ricordi.—  6o  Trois  quatuors 
pour  2  violons,  alto  et  basse,  op,  1;  Vienne,  Ar- 
taria; Paris,  Janel.  —  7°  Trois  idem,  2«ne  livre; 
ibid.  —  8»  Quintette  concertant  pour  2  violons, 
1  altos  et  basse;  Vienne,  Artaria.  —  9o  Trios 
pour  violon,  alto  et  basse,  liv.  1  et  2;  Paris, 
Janet.  —  10°  Trios  pour  1  violons  et  basse, 
op.  1 1  ;  Paris,  Sieber.  —  1 1°  Duos  pour  violon  et 
alto,  op.  1,  6,  7,  8,  17;  Paris,  Janet;  Vienne, 
Artaria; Milan,  Ricordi.  —  12°  Duos  pour  2  vio- 
lons, op.  3,  4,  5,9,  10,  13;  ibid.  Rolla  a  laissé 
en  manuscrit  plusieurs  concertos  et  beaucoup  de 
symphonies. 

ROLL\  (Antoine),  fils  du  précédent,  né  à 
Panne,  en  1797  (1),  a  reçu  des  leçons  de  violon 

(1)  l 'auteur  de  l'article  concernant  Rfllltr,  dnns  le 
lexique  universel  de  musique  du  Dr  Schilling  a  Été  In- 
duit en  erreur  en  le  faisant  naître  a  Milan,  en  1810. 


ROLLA  —  ROMAGJNESI 


299 


de  son  père.  En  1623,  il  fut  appelé  à  Dresde  par 
Morlacclii,  en  qualité  de  premier  violon  de  l'opéra 
italien  :  il  s'y  fit  remarquer  par  son  habileté  et 
remplit  ses  fonctions  jusqu'en  1836.  Une  dou- 
loureuse et  longue  maladie  enleva  cet  artiste  le 
1>.)  mai  1837.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Concerto  pour  le  violon,  op.  7  ;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrtel.  —  2°  Rondos  alla  Polacca, 
avec  orchestre,  nos  \t  2,  3,;  Milan,  Ricordi.  — 
3°  Variations  brillantes  idem,  op.  8;  ibid.  — 
4°  Idem  avec  quatuor,  op.  13;  ibid.;  et  divers 
antres  ouvrages  pour  son  instrument. 

ROLLE  (Chrétien-Charles)  ,  cantor  de  !a 
nouvelle  église  de  Berlin  ,  né  à  Quedlinbourg 
vers  171  5,  est  mort  à  Berlin  le  4  juin  1795.  On  a 
de  lui  un  écrit  intitulé  :  Neue  Wahrnehmungen 
zur  Aufnahme  und  Ausbreitung  der  Musik 
(Nouveaux  aperçus  concernant  l'usage  et  la  pro- 
pagation de  la  musique)  ;  Berlin,  1784,  in-8°. 
Parmi  les  divers  sujets  qu'il  examine  dans  cet  ou- 
vrage, écrit  d'un  style  obscur,  hérissé  de  termes 
nouveaux,  il  traite  de  l'usage  et  du  perfectionne- 
ment de  l'art,  page  27  à  91.  On  a  du  même  au- 
teur un  Te  Deuni  avec  orgue,  trompettes  et 
timbales,  qui  parut  en  1765,  et  quelques  autres 
compositions  religieuses  en  manuscrit. 

ROLLE  (Jean-Henri),  compositeur  distin- 
gué, naquit  à  Quedlinbourg  le  23  décembre  1718. 
Son  père,  directeur  de  musique  en  cette  ville, 
ayant  été  appelé  à  Magdebourg  en  1721,  pour  y 
remplir  des  fonctions  semblables,  s'y  établit  avec 
sa  famille,  et  ce  fut  dans  cette  ville  que  le  jeune 
Rolle  commença  l'étude  des  sciences  et  de  la 
musique.  Sa  prédilection  pour  cet  art  lui  fit  faire 
des  progrès  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  treize  ans  il 
écrivit  une  cantate  religieuse,  que  son  père  fit 
exécuter  dans  l'église  du  Saint-Esprit.  A  peine 
âgé  de  quatorze-ans,  le  jeune  Rolle  était  déjà  or- 
ganiste de  l'église  Saint-Pierre,  à  Magdebourg. 
Il  occupa  cette  place  jusqu'à  sa  dix-huitième  an> 
née;  en  1751,  il  fut  envoyé  à  Leipsick,  pour 
y  suivre  les  cours  de  droit  et  de  philosophie.  Il 
y  passa  quatre  années,  puis  se  rendit  à  Berlin, 
en  1740,  au  moment  où  Frédéric  II,  qu'on  a  de- 
puis lors  surnommé  le  Grand,  venait  de  monter 
sur  le  trône.  Le  talent  dont  Rolle  fit  preuve  dans 
quelques  compositions  publiées  à  Berlin  eut 
bientôt  (ixé  sur  lui  l'attention  du  nouveau  mo- 
narque :  ce  prince  lui  fit  offrir  une  place  dans 
sa  musique  :  elle  fut  acceptée.  Six  ans  après, 
il  reçut  sa  nomination  d'organiste  à  l'église 
Saint-Jean  de  Magdebourg  :  mais  il  n'obtint  pas 
sans  peine  sa  démission  de  Frédéric  II,  qui  ne 
l'accorda  qu'après  six  mois  de  sollicitations.  La 
mort  de  son  père  en  1752.  le  fit  choisir  pour  rem- 
plir les  fonctions  de  directeur  de  musique  à  l'uni- 


versité de  cette  ville.  Une  attaque  d'apoplexie 
le  conduisit  au  tombeau  le  29  décembre  1785, 
à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  Sans  être  homme 
de  génie,  Rolle  fut  un  compositeur  de  talent.  Ses 
mélodies  ont  de  la  grâce  et  du  naturel  ;  son  har- 
monie est  purement  écrite,  et  l'on  voit  dans  ses 
chœurs  qu'il  possédait  l'art  de  faire  chanter 
les  voix  sans  contrainte.  Il  a  écrit  plusieurs  an- 
nées complètes  de  motets  et  de  cantates  religieu- 
ses ;  huit  oratorios  de  la  Passion ,  dont  quatre 
d'après  les  évangélistes,  et  quatre  sur  les  textes 
des  meilleurs  poètes  allemands.  Ses  ouvrages  les 
plus  connus  sont  des  drames  composés  pour  Mag- 
debourg, et  imprimés  en  partition  pour  le  cla- 
vecin. Ces  drames  ont  pour  titre  :  1°  La  Mort 
d'Abel;  Leipsick,  1771.  —  2°  La  Victoire  de 
David  dansla  vallée  des  Chênes  ;  ibid.,  1776. 

—  3°  Saiil,  ou  la  Force  de  la  musique,  ibid., 
1776.  —  4°  Oreste  et  Pylade;  ibid.  —  5°  Abra- 
ham; ibid,  1777  ;  2m« édition;  ibid.,  1785.  — 
6°  Lazare,  ou  la  Fête  de  la  Résurrection  ; 
ibid.,  1777.  —  7°  Idamante,  ou  le  Vœu;  ibid., 
1782.  —  8°  L'Arrivée  de  Jacob  en  Egypte  ;  ibid., 
17s3.  —  9°  Thirza  et  ses  fils;  ibid.,  1784.  — 
10°  LaMortd'Arminius;  ibid.,  1784.  —11°  Me- 
lida,   ibid.,  1785.  —  12°  Mehala,  ibid.,  1784. 

—  W  La  Tempête  ou  VJle  enchantée,  exécuté 
à  Berlin  en  1802.  —  14°  Gedor,  ou  le  Réveil 
pour  une  vie  meilleure,  sa  dernière  composi- 
tion en  ce  genre,  terminée  trois  mois  avant  sa 
mort,  et  imprimée  par  les  soins  de  Zachaiie,  à 
Leipsick,  en  1786.  On  a  aussi  publié  de  lui  les 
cantates  intitulées  :  15°  David  et  Jonathan, 
élégie  avec  accompagnement  de  piano,  Leipsick, 
1773.  —  16°  L'Apothéose  de  Romulus,  idem  ; 
ibid.  —  17°  Les  Dieux  et  les  Muses.  —  18°  Les 
Pasteurs.  —  19°  Les  Travaux  d'Hercule.  — 
20°  Les  expressions  de  la  fidélité,  de  la  joie , 
de  la  reconnaissance  et  de  l'amour,  cantate 
pour  l'anniversaire  de  naissance  du  prince  de 
Schwarzbourg-Rudolstadt,  en  1768.—  21°  Sam- 
son;  Leipsick,  Scbwickert.  —  22°  Les  Odes 
d'Anacréon,  à  voix  seule  avec  accompagnement 
de  clavecin  ,  Berlin,  1775.  —  23°  Plusieurs  re- 
cueils de  chansons,  à  Halle  et  à  Leipsick.  Rolle  a 
laissé  en  manuscrit  des  symphonies,  des  concer- 
tos pour  le  clavecin  ,  des  trios  et  des  solos  pour 
cet  instrument. 

ROLLET  (....),  professeur  de  musique  à 
Paris,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  a  fait  imprimer  un  livre  intitulé  :  Méthode 
pour  apprendre  la  musique  sans  transposi- 
tion, sur  toutes  les  clefs  et  dans  tous  les  tons 
usités.  Paris,  1780. 

ROMAGIVESI  (Henri),  compositeur  de  ro- 
mances et  éditeur  de  musique,  naquit  à  Paris  le 


300 


ROMAGNESI  —  ROMANCISTO 


tfT  septembre  1781,  d'une  famille  qui  descen- 
dait d'un  acteur  italien  fixé  en  France,  sous  le 
règne  de  Louis  XIV.  A  l'âge  de  huit  ans,  Ro- 
magnesi  était  enfant  de  chœur  à  IVglise  Saint-Sé- 
verin.  Plus  tard,  il  se  livra  à  l'étude  des  mathé- 
matiques sous  la  direction  de  Choron  (voyez  ce 
nom  ),  qui  le  présenta  comme  candidat  à  l'école 
polytechnique  ;  mais  il  n'y  fut  pas  admis.  Cet 
échec  l'obligea  de  revenir  à  l'étude  de  la  musi- 
que, qui  fut  de  nouveau  interrompue  par  son  dé- 
part forcé,  en  1799,  pour  l'armée  de  la  Vendée, 
quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  dix-huit  ans.  De 
retour  à  Paris,  après  la  pacification  des  dé- 
partements de  l'Ouest,  il  essaya  de  la  carrière 
des  emplois,  et  entra  dans  les  bureaux  de  l'a- 
gence des  receveurs  généraux.  Au  commencement 
de  1803,  il  obtint  le  grade  de  lieutenant  dans  les 
équipages  de  l'armée  des  côtes  de  l'Océan,  qu'il 
abandonna  pour  la  place  de  secrétaire  du  comte 
Daru  ,  alors  surintendant  de  la  maison  de  Tern- 
pereur  Napoléon.  Ce  fut  en  cette  qualité  qu'il  lit 
la  campagne  d'Austerlifz  et  visita  Vienne.  On 
ignore  les  circonstances  qui  lui  firent  perdre 
cette  position  et  le  ramenèrent  à  Paris  au  com- 
mencement de  1806.  Sa  seule  ressource  fut  alors 
d'accepter  une  place  de  commis  chez  l'éditeur 
de  musique  Leduc,  dont  Choron  était  devenu 
l'associé.  Dans  l'année  suivante,  Romagnesi  ob- 
tint du  duc  de  Feltre  un  emploi  dans  les  bu- 
reaux du  ministère  de  la  guerre.  Guidé  par  un 
heureux  instinct,  il  avait  composé  quelques  jolies 
romances  qui  avaient  obtenu  du  succès  dans  les 
salons;  mais  son  instruction  musicale  était  si 
peu  avancée,  qu'il  ne  les  écrivait  qu'avec  peine, 
et  qu'il  était  sans  cesse  obligé  de  recourir  à  l'a- 
mitié de  Choron  pour  corriger  les  fautes  d'har- 
monie de  ses  accompagnements  de  piano.  Jouis- 
sant enfin  de  quelque  aisance  par  sa  nouvelle 
position,  il  prit  la  résolution  de  recommencer  ses 
études  de  musique,  prit  un  maître  de  solfège  et 
reçut  des  leçons  de  chant  de  Gérard ,  professeur 
au  Conservatoire.  Cambini  lui  enseigna  quelque 
peu  d'harmonie  et  lui  fit  analyser  les  partitions 
d'opéras  italiens  des  maîtres  de  cette  époque. 
Devenu  plus  habile,  Romagnesi  se  livra  avec  ar- 
deur à  la  composition  de  romances,  en  publia 
un  grand  nombre,  et  devint  à  la  mode  pour  ce 
genre  de  musique.  Enhardi  par  le  succès,  il  ne 
borna  pas  son  ambition  à  briller  dans  la  spécialité 
pour  laquelle  la  nature  l'avait  formé;  il  voulut 
tàter  du  théâtre  et  fit  représenter,  le  9.7  juillet 
1822,  au  théâtre  Feydeau,  un  opéra  en  trois  actes 
intitulé  Nadir  et  Sélim,  faible  production  qui  dis- 
parut de  la  scène  après  quatre  ou  cinq  repré- 
sentations. Trois  jours  en  une  heure,  opéra- 
comique  en  un  acte,  qu'il  lit  jouer  en  1830,  ne 


fut  pas  plus  heureux.  En  1832,  Romagnesi  éta- 
blit une  maison  de  commerce  de  musique  par- 
ticulièrement destinée  au  chant  :  il  y  publia 
une  édition  complète  de  ses  romances,  en  3  vo- 
lumes gr.  in-4°.  Le  succès  de  vogue  obtenu  par 
quelques-unes  de  ces  petites  pièces  est  justifié 
par  leurs  mélodies  gracieuses  et  naïves.  On  a 
aussi  de  cet  artiste  les  ouvrages  intitulés  : 
1°  VArt  de  chanter  les  romances ,  les  chan- 
sonnettes, les  nocturnes,  et  généralement  toute 
la  musique  de  salon,  accompagné  de  quelques 
exercices  de  vocalisation,  et  suivi  de  dix  ro- 
mances pour  servir  d'application  à  la  mé- 
thode; Paris,  Duverger,  1846,  in  8°  de  32  pages, 
avec  24  pages  de  musique.  —  2°  Psychologie 
du  chant.  Méthode  abrégée  de  l'art  de  chan- 
ter contenant  des  exercices  de  vocalisation 
et  de  Mélodie  de  genres  différents  ;  ibid,.  1 846  ; 
in-8°  de  40  pages,  avec  22  pages  de  musique. 
Romagnesi  a  dirigé  l'Abeille  musicale,  journal 
mensuel  de  chant  avec  piano  ou  guitare,  qui  a 
commencé  à  paraître  au  mois  d'octobre  1828,  et 
a  continué  jusqu'en  1839.  Cet  artiste  est  mort  à 
Paris  le  9  janvier  1850.  11  s'était  endormi  pai- 
siblement le  soir,  et,  sans  avoir  été  malade,  il  ne 
se  réveilla  plus. 

ROMAGNOLI  (Deifobo),  compositeur  et 
organiste  de  la  cathédrale  de  Sienne,  naquit 
dans  cette  ville  vers  1765,  et  eut  pour  maître 
son  compatriote  Lorenzo  Borzini.  Il  obtint  sa 
nomination  d'organiste  en  1795.  On  connaît  en 
Italie  beaucoup  de  compositions  religieuses  de 
cet  artiste  ,  en  manuscrit. 

ROMAGIXOLI  (Hectou),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Sienne  en  1768,  et  après  avoir  terminé 
ses  études  musicales  sous  la  direction  de  Borzini, 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  Ma- 
done di  Provenzano,  dans  sa  ville  natale.  Il  a 
composé  plusieurs  messes,  des  psaumes,  >les  li- 
tanies et  des  cantates,  qui  sont  restés  en  .ma- 
nuscrit. 

ROMANA  (Le  P.  Fr.  Jcan),  né  à  Piera , 
près  de-  Barcelone ,  tit  ses  études  musicales  au 
monastère  de  Montserrat,  sous  la  direction  du 
P.  Marquez,  et  y  lit  profession  en  1632.  11  fut 
maître  de  chapelle  et  organiste  de  son  ordre. 
Savant  théologien  ,  il  fut  prieur  de  Castellfollit, 
puis  maître  des  novices  et  prieur  de  Rindevillns. 
Les  historiens  espagnols  disent  qu'il  était  savant 
musicien ,  grand  organiste,  et  qu'il  écrivit  de 
belles  toccates  pour  l'épinette,  et  de  remarqua- 
bles Gaillardas  para  Chirimia  (Gaillardes  pour 
le  hautbois). 

ROMANCISTO  (Le  P.  Domitiano),  né 
d'une  famille  noble  de  Bologne,  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle,  lut  moine  du  MontOlivct  et 


ROMAJNCISTO  —  ROMBERG 


30! 


maître  de  chapelle  de  son  couvent  :  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  Psalmi  qui  cunctis 
diebus  anni  fcstis  pro  tempore  recitatur,  sex 
vocum;  Ferrare,  V.  Baliiini,  1587.  in-4°. 

ROMANI  (D.),  surnommé  Senensis,  parce 
qu'il  était  né  à  Sienne  (Toscane),  fut  moine  de 
la  congrégation  du  Mont-Olivet,  et  vécut  à  Rome 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  au 
couvent  de  celte  compagnie  religieuse.  Il  fut 
du  petit  nombre  des  élèves  de  Pierluigi  de  Pa- 
lestrina.  On  a  de  la  composition  du  P.  Romani 
l'œuvre  qui  a  pour  titre  :  Missarum  quinque  et 
sex  vocum  Liber  primus  ;  Roma,  ISicolo 
JUuzio,  1596,  in-fol. 

ROMANI  (Etienne),  né  à  Pise  le  2  février 
1778,  a  fait  ses  éludes  musicales  au  Conserva- 
toire de  la  Pietà  de'  Turchini,  àNaples,  sous 
la  direction  de  Sala  et  de  Tritto.  Il  a  beaucoup 
écrit  pour  l'église,  et  a  donné  au  théâtre  de  Li- 
vouine  L'Isola  incantata,  et  à  Pise,  /  tre 
Gobbi. 

ROMANINI  (Antoine),  organiste  vénitien, 
né  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut  élève 
d'André  Gabrieli,  et  se  présenta  au  concours  pour 
lui  succéder  dans  la  place  d'organiste  du  second 
orgue  de  l'église  Saint-Marc,  au  mois  de  décem- 
bre 1586.  Il  subit  cette  épreuve  avec  Vincent 
Bellavere,  ou  Bell'  Haver,  et  Paul  Giusto,  dit 
da  Castello  (voy.  ces  noms)  :  ce  fut  Bell'  Haver 
qui  l'emporta ,  par  décret  des  procurateurs  de 
Saint-Marc,  en  date  du  30  du  môme  mois.  On 
n'a  pas  jusqu'à  ce  jour  d'autre  renseignement 
sur  la  personne  de  Romanini;  et  sur  les  posi- 
tions qu'il  occupa,  avant  et  après  cette  épo- 
que (voyez  la  Storia  délia  musica  sacra  nella 
giù  cappella  ducale  di  S.  Marco  in  Venezia, 
de  M.  Caffi,  t.  I,p.  189).  Je  n'ai  pas  trouvé  d'oeu- 
vres de  la  composition  de  cet  artiste  dans  les 
grandes  bibliothèques  que  j'ai  visitées  ,  ni  dans 
les  catalogues  que  j'ai  parcourus ,  mais  Diruta 
(voy.  ce  nom  )  a  inséré  dans  la  première  partie 
de  son  Transilvano  une  toccate  du  huitième 
ton  en  tablature  (intavolata),  sous  le  nom  à' An- 
tonio Romanini. 

ROM  AXO  (Alexandre),  surnommé  Alessan- 
dro  délia  Viola,  à  cause  de  son  habileté  sur 
cet  instrument,  naquit  à  Rome  vers  1530.  Il  entra 
dans  la  chapelle  pontificale  en  qualité  de  chape- 
lain-chantre dans  l'année  1560.  Plus  tard,  il 
abandonna  cette  position ,  pour  se  faire  moine 
de  la  congrégation  de  Monte  Oliveto,  sous  le 
nom  de  don  Giulio  Cesare.  D'un  caractère  peu 
sociable,  il  eut  des  démêlés  avec  plusieurs  mem- 
bres de  son  ordre,  car  Banchieri  {voy.  ce  nom) 
dit  (Direttorio  monastico,  lib.  2,  part.  3, 
f"  287)  que  son  existence  ne  fui  pas  heureuse  dans 


son  monastère.  Les  ouvrages  connus  de  ce  reli- 
gieux sont  ceux-ci  :  i°  Il  primo  libro  délie  Na- 
politanc  a  5  vocicon unacanzonetta  ;  Venetia, 
a  pp.  Girolamo  Scotto,  1572,  in-4°.  —  2°  Il  se- 
condo  libro  délie  canzoni  alla  napolitana  a 
5  voci  ;  in  Venetia,  app.  l'Eredi  di  Girolamo 
Scotto,  1575,  in-4°.  — 3°  Il  primo  libro  di  Mo- 
tetti  a  cinque  voci;  ibid.,  1579,  in-4°.  Adami  de 
Bolsena  (voy.  ce  nom)  cite  aussi  de  Romano 
des  Concertia  più  voci,  e  stromenti. 

ROMANO  (Charles- Joseph)  ,  né  dans  la 
Lombardie,  fut  organiste  et  maître  de  chapelle  à 
l'église  de  la  Passion  de  Milan  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  connaît  de  sa 
composition  les  ouvrages  dont  voici  les  titres  : 
1° Armonia  sacra  eMoltetti  apiùvoci,  libro  1°, 
op.  4;  Milan,  Comagni  frères.  —  2°  Armonia 
sacra,  etc.,  libro  2°,  op.  4  ;  ibid.,  1680,  in-4°. 
—  3°  Cigno  sacro  o  Mottetti  a  più  voci  ;  Milan, 
Franc.  Vigoni,  1668.  —  4°  Sirenea  sacra.  Mot- 
tetti, Messa  e  Sahniper  tutti  i  Vespri,  Magnifi- 
cat, Ecce  nunc,  Pater  noster,  Veni  Creator,  e  Li- 
tanie délia  Beata  Virgine  a  5  voci,  op.  3  ;  Mi- 
lan, Comagni  frères,  1674.  —  5°  Il  primo  libro 
de'  Motetti  a  voce  sola,  op.  2;  Milano,  Fr.  Vi- 
goni, 1670. 

ROMANO  (J.-H.),  dont  le  nom  véritable 
était  ROHMANN,  maître  de  chapelle  du  roi  de 
Suède,  vécut  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  fit  exécuter  en  1724,  à  Stock- 
holm, une  musique  solennelle,  le  troisième  jour 
de  Pentecôte,  dans  l'église  allemande.  En  1738, 
il  était  encore  dans  cette  ville,  et  y  donnait  des 
concerts  publics.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Douze  sonates  pour  2  flûtes  et  basse  con- 
tinue. —  2°  Dix  idem,  livre  1  ;  Amsterdam,  Ro- 
ger. 

ROMANO  (Louis),  compositeur  italien  in- 
connu, a  écrit  la  musique  de  l'opéra  sérieux  in- 
titulé Calipso  abbandonata,  qui  fut  joué  avec 
succès  à  Rrùnn,  en  1793. 

ROMBERG  (André),  fils  de  Gérard-Henri, 
virtuose  clarinettiste  et  directeur  de  musique  à 
Munster,  naquit  à  Vechte,  entre  cette  ville  et 
Osnabruck,  le  27  avril  1767.  Ses  heureuses  dis- 
positions pour  le  violon  et  pour  la  composition 
se  manifestèrent  dès  ses  premières  années.  Ses 
progrès  furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  sept  ans 
il  put  se  faire  entendre  dans  un  concert  public, 
avec  son  cousin  Bernard  Romberg,  devenu  de- 
puis lors  le  plus  célèbre  des  violoncellistes  alle- 
mands. L'amitié  qui  unissait  déjà  ces  deux  ar- 
tistes ne  se  démentit  pas  dans  le  cours  d'une 
longue  carrière.  Le  talent  d'André  se  dévelop-. 
pant  de  jour  en  jour,  il  fut  bientôt  en  état  de 
voyager  en  Hollande ,  en  France ,  en  Allemagne 


?02 


ROMBERG 


et  en  Italie  :  partout  il  se  fit  applaudir  avec  en- 
thousiasme. Déjà  son  habileté  dans  la  composi- 
tion se  taisait  apercevoir  dans  de  premiers  essais 
de  musique  instrumentale.  A  l'âge  de  dix-sept 
ans,  il  visita  Paris  pour  la  première  fois,  et  se 
fit  entendre  chez  le  baron  de  Bagge  (voyez  ce 
nom;  avec  tant  de  succès,  que  le  directeur  du 
Concert  spirituel  l'engagea  pour  la  saison  de 
1784.  Après  plusieurs  années  de  voyages,  An- 
dré Romberg  entra  au  service  de  l'électeur  de 
Cologne,  et  se  livra  à  ses  travaux  dans  la  com- 
position avec  beaucoup  d'activité.  Cinq  ans  api  es, 
il  recommença  ses  voyages  avec  Bernard  Rom- 
berg, et  visita  toute  l'Italie.  Arrivés  à  Rome,  ils 
y  trouvèrent  un  protecteur  dans  le  cardinal  Rez- 
zonico,  qui  leur  procura  l'honneur,  jusqu'alors 
inconnu,  de  donner  un  concert  au  Capitole, 
le  17  février  1796.  De  retour  en  Allemagne  par 
le  Tyrol,  André  Romberg  s'arrêta  à  Vienne,  et 
s'y  fit  admirer  par  son  double  talent  de  violo- 
niste et  de  compositeur.  Haydn  lui-même  accorda 
beaucoup  d'éloges  au  premier  quatuor  de  sa  com- 
position qu'il  y  fit  entendre.  En  1797  il  retourna 
à  Hambourg,  qu'il  avait  visité  quelques  années 
auparavant,  et  s'y  fixa.  Il  s'y  lia  d'amitié  avec 
le  poète  Klopstock,  et  pour  la  première  fois  s'y 
sépara  de  Bernard,  qui  partit  en  1799  pour  l'An- 
gleterre, puis  se  fixa  à  Paris,  où  André,  cédant  à 
ses  instances,  alla  le  rejoindre  vers  la  fin  de 
1800.  Quelques-unes  de  ses  compositions  furent 
essayées  dans  les  concerts  de  la  rue  de  Cléry , 
alors  le  rendez-vous  de  tous  les  amateurs  de 
musique  :  elles  furent  peu  goûtées.  La  chute 
de  l'opéra  comique  DonMendoee,  ou  le  Tuteur 
portugais,  qu'il  avait  écrit  pour  le  théâtre  Fey- 
deau,  acheva  de  le  dégoûter  du  séjour  de  cette 
grande  ville.  Il  retourna  à  Hambourg,  et  s'y 
maria.  Il  y  passa  quinze  années,  incessam- 
ment occupé  de  grands  travaux  «le  composition, 
et  y  reçut  un  témoignage  llatteur  de  distinction 
dans  le  diplôme  de  docteurcn  musique,  qui  lui  fut 
envoyé  par  l'université  de  Kiel.  Appelé  à  Gotha 
en  1815,  avec  le  litre  de  maître  de  chapelle 
delà  cour,  il  s'y  rendit  avec  sa  famille,  et  y  écrivit 
plusieurs  grands  ouvrages.  C'est  dans  cette  ville, 
qu'à  la  suite  de  plusieurs  attaques  d'apoplexie, 
il  mourut  le  10  novembre  1821,  à  l'âge  de  cin- 
quante-huit ans.  Toute  l'Allemagne  exprima  des 
regrets  pour  la  perte  de  cet  artiste  estimable, 
qui  n'a  pas  Irouvé  pour  ses  productions  autant 
d'estime  chez  les  nations  étrangères.  Admirateur 
passionné  des  œuvres  de  Haydn  et  de  Mozart, 
André  Homberg  eut  peut-être  le  tort  de  suivre  avec 
Irop  de  fidélité  la  route  tracée  par  ces  grands  ar- 
tistes. Abondant  en  mélodies  heureuses,  écri- 
vant avec  pureté,  toujours  gracieux,  élégant  ou 


brillant,  il  n'a  manqué  que  d'audace,  pour  se 
frayer  de  nouvelles  voies  dans  l'art.  Tel  il  trouva 
cet  art,  tel  il  le  laissa  dans  ses  ouvrages,  qui  sont 
tous  dignes  de  l'estime  des  connaisseurs,  mais 
où  l'on  ne  trouve  pas  les  -qualités  de  l'inspi- 
ration qui,  seules,  font  les  grandes  renommées. 
André  Romberg  fut  un  des  compositeurs  les 
plus  féconds  de  son  époque,  si  ce  n'est  le  plus 
fécond  de  tous.  Il  s'est  essayé  dans  tous  les  genres, 
et  dans  tou6,  à  l'exception  de  la  scène,  il  a  mon- 
tré du  talent.  Parmi  ses  nombreuses  productions, 
on  cite  :  1°  Six  symphonies  à  grand  orchestre  ; 
quatre  seulement  (oeuvres,  6,  22,  33  et  51)  ont 
été  gravées  à  Leipsick,  chez  Peters  ,  et  à  Paris, 
chez  Janet.  2°  Huit  ouvertures;  on  n'a  publié 
que  celles  de  Mendoce,  des  Ruines  de  Pa- 
luzzi,  de  la  Magnanimité  de  Scipion  et  une 
ouverture  détachée  (en  ré),  op.  34,  ib.  —  3°  Sym- 
phonie concertante  pour  violon  et  violoncelle  (avec 
B.  Romberg),  Bonn,  Simrock;  Paris,  Pleyel.  — 
4°  Quatre  concertos  pour  le  violon,  op.  3,  8,  40, 
50;  Paris,  Bonn  et  Leipsick.  —  5°  Rondos  pour 
violon  et  orchestre,  op.  10,  29;  Leipsick  et  Ham- 
bourg. —  G°  Airs  variés  idem,  op.^7,  60.  ihid.  — 
7°  Quintettes  pour  2  violons, 2  altos  et  violoncelle, 
op.  23.  58,  Hambourg,  Bœhme;  Leipsick,  Peters; 
Paris,  Pleyel.  r—  8°  Quatuors  pour  2  violons, alto  et 
basse,  op.  1,  2,  5,  7,  11,  le,  30,  58,  59  (en  tout 
25  gravés  et  5  inédits);  Paris,  Pleyel  et  Janet; 
Leipsick,  Bonn,  Vienne  et  Offenbach.  —  9°  Duos 

pour  2  violons,  op.  4,  18,  56,  ibid 10°  Études 

ou  sonates  pour  violon  seul,  op.  32,  Leipsick, 
Peters.  —  11°  Huit  quintettes  pour  flûte,  violon  , 
2  altos  et  violoncelle,  dont  quatre  publiés, 
op.  21;  41,  Bonn,  Simrock;  Leipsick,  Peters. — 
12°  Quintette  pourclarinette,  violon,  2  altoset  vio- 
loncelle, op.  57;  ib.  —  13°  Quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  22;  ib.  —  14°  Sonates  pour 
piano  et  violon,  op.  9,  Bonn,  Simrock. —  15°  Can- 
tate spirituelle  à  4  voix  et  orchestre,  en  partition; 
Leipsick,  Brcitkopf  et  Hsertel.  —  16°  Psaume  Dixit 
Dominus,  à  4  voix  ,  chœur  et  orchestre,  en  par- 
tition ;  Leipsick,  Peters.  Ce  morceau  avait  été 
mis  au  concours;  Romberg  obtint  le  prix,  à  Ham- 
bourg.—  17° Pater  noster,  à  3  voix  et  orchestre, 
en  partition;  Hambourg,  Bobine;  Paris,  Bcaucé. 
—  lS°/JSff^Hoi//cconsistanten  cinq  psaumes,  Ma- 
ynificat  et  Alléluia,  à  4, 5,  8  et  16  voix  sans  ac- 
compagnement, d'après  la  traduction  allemande  de 
Mendelssohn  ;  Offenbach,  André. —  19°  Te  Deum 
à  4  voix  et  orchestre,  en  partition,  Bonn,  Sim- 
rock.—  20e  Sclmar  et  Schna ,  élégie  à  2  voix, 
2  violons,  alto  et  basse;  Leipsick,  Peters. —  21°  La 
<  'loche,  de  Schiller,  à  4  voix  et  orchestre,  op.  25; 
ibid.  —  22"  Die  Kindcsmardcrin  (l'Infan- 
ticide), de  Schiller,  chant  avec  orchestre,*en  par- 


ROMRERG 


30  3 


lilion,  op.  27;  ibid.— 23°  £a  puissance  (lâchant, 
de  Scliiller,  cliant  avec  orchestre,  en  partition, 
op.  28;  ibid.  —  24° La  Pucelle  d'Orléans, mono- 
logue de  Schiller,  avec  orchestre,  en  partition, 
op.  38;  ibid.  —  25°  Ode  de  Kosegarten,  à  4  voix 
et  orchestre;  en  partition,  op.  42,  Bonn,  Simrock. 

—  26°  Le  Comte  de  Hapsbourg, ballade  de  Schil- 
ler, à  voix  seule  et  orchestre,  en  partition,  op.  43; 
ibid.  —  27°  Le  Désir,  de  Schiller,  à  voix  seule 
et  orchestre,  op.  44;  ih.  —28°  L'Harmonie  des 
Sphère*,  de  Ko>egarten,  à  4  voix  et  orchestre, 
en  partition,  op.  45;  ibid.  —  29°Phisieurssuitesde 
chants  à  3  voix  et  piano;  Hambourg,  Bœhme. 

—  30°  Sept  opéras;  on  n'a  gravé  que  les  parti- 
tions pour  piano  de  la  Magnanimité  de  Scipion 
et  des  Ruines  de  Paluzzi.  Tant  de  traveaux  fu- 
rent peu  productifs,  car  André  Romberg  laissa 
en  mourant  sa  veuve  et  six  enfants  dans  une  si- 
tuation voisine  du  besoin  :  plusieurs  villes  de  l'Al- 
lemagne vinrent  à  leur  secours  avec  le  produit 
de  concerts  donnés  à  leur  bénéfice. 

ROMBERG  (bernard),  chef  de  l'école  du 
violoncelle  en  Allemagne,  naquit  àDinklage,  près 
de  Munster.  Son  père,  Antoine  Romberg,  habile 
bassoniste,  né  en  1745,  avait  été  d'abord  atta- 
ché à  la  cathédrale  de  cette  ville,  puis  s'était  établi 
à  Bonn;  plus  tard  il  fut  premier  basson  à  l'orches- 
tre de  Hambourg,  et  enfin  il  se  retira  à  Munster, 
où  il  mourut  en  1812.  Les  biographes  placent  l'épo- 
que de  la  naissance  de  Bernard  Romberg  en  1770  ; 
cependant  je  crois  qu'elle  doit  être  recuire  de  quel- 
ques années,  car  lorsqu'il  joua  en  public  du  violon- 
celle avec  son  cousin  André  Romberg,  qui  n'était 
âgé  que  de  sept  ans,  il  n'aurait  été  que  dans  sa 
quatrièmeannée;  cequiest  peu  vraisemblable.  On 
ne  connaît  pas  le  nom  de  son  maître,  il  y  a  lieu 
de  croire  que  ce  fut  quelque  musicien  obscur  de 
la  chapelle  de  Munster,  et  que  Romberg  ne  dut 
qu'à  lui-même  le  beau  talent  admiré  de  l'Europe 
entière.  Après  avoir  fait  applaudir  la  précocité  de 
ce  talent,  dans  les  voyages  qu'il  fit  avec  son 
oncle  Gérard  Henri,  et  avec  son  cousin  André, 
il  vécut  pendant  plusieurs  années  à  Bonn,  où 
l'étude  et  la  méditation  mûrirent  ce  talent  donné 
par  la  nature.  En  1793,  Bernard  Romberg  par- 
tit de  Bonn  à  l'approche  de  l'armée  française, 
et  alla  s'établir  avec  sa  famille  à  Hambourg,  où 
il  entra  en  qualité  de  premier  violoncelliste  à 
l'orchestre  du  théâtre  dirigé  par  Schrœder.  Trois 
ans  après  il  partit  pour  l'Italie,  et  y  excita  une 
vive  sensation  partout  où  il  donna  des  concerts. 
De  retour  à  Hambourg,  il  n'y  resta  que  peu  de 
temps,  car  il  en  partit  en  1799  pour  se  rendre 
en  Angleterre.  Après  avoir  donné  quelques  con- 
certs à  Londres,  il  visita  le  Portugal,  l'Espagne, 
et  arriva  à  Paris,  en  1800.  Les  succès  qu'il  ob- 


tint aux  concerts  de  la  rue  de  Cléry  et  du  théâ- 
tre des  Victoires  le  firent  appeler  à  remplir  une 
place  de  professeur  de  violoncelle  au  Conserva- 
toire de  cette  ville,  en  1801.  Son  beau  talent 
était  alors  dans  tout  son  éclat.  Si  le  son  de  Du- 
port  avait  plus  de  rondeur  et  de  moelleux;  si  ie 
style  de  Lamare  était  plus  délicat  et  plus  élégant , 
Romberg  ne  se  montrait  pas  moins  le  premier  des 
violoncellistes  sous  les  rapports  de  l'énergie  et  de 
la  puissance  de  l'exécution.  Duport  était  alors  à 
Berlin ,  et  Lamare  se  disposait  à  partir  pour  la 
Russie  :  l'acquisition  d'un  professeur  tel  que  Rom- 
berg était  donc  précieuse  pour  le  Conservatoire  : 
malheureusement  il  ne  prolongea  pas  son  séjour  à 
Parisau  dclàdel803.IlretournaalorsàHambourg, 
et  y  demeura  jusqu'en  1805,  où  le  roi  de  Prusse 
l'appela  à  Berlin,  en  qualité  de  violoncelliste  solo 
de  sa  chapelle.  Les  événements  de  la  guerre  de 
Prusse  en  1806  vinrent  troubler  l'heureuse  situa- 
tion de  Romberg,  et  l'obligèrent  à  faire  un  voyage 
à  Prague,  en  Hongrie  et  à  Vienne.  De  retour  à 
Berlin,  après  la  paix  de  Tilsit,  il  y  resta  jus- 
qu'en (810,  puis  visita  la  Silésie,  la  Pologne  et 
la  Russie.  Arrivé  àPétersbourg,  il  y  rencontra  Ries 
(voyez  ce  nom),  et  voyagea  avec  lui  dans  l'U- 
kraine, à  Kiew  et  dans  quelques  autres  chefs- 
lieux  de  provinces  de  l'empire  russe.  Les  deux  ar- 
tistes se  disposaient  à  visiter  Moscou,  quand  la 
nouvelle  de  l'incendie  de  cette  ville  leur  parvint 
et  les  fit  changer  de  direction.  Romberg  se  rendit 
à  Stockholm,  donna  des  concerts  à  Copen- 
hague ,  Hambourg,  Brème,  dans  les  principa- 
les villes  delà  Hollande  et  de  la  Belgique,  puis 
fit  un  court  séjour  à  Paris.  Dans  un  second 
voyage  en  Russie,  il  demeura  près  de  deux  ans 
à  Moscou,  et  enfin  retourna,  en  1827,  à  Berlin, 
qui  devint  son  séjour  habituel.  Au  mois  de  fé- 
vrier 1840,  il  a  fait  un  voyage  à  Paris,  et  y 
a  joué  quelques-unes  de  ses  dernières  composi- 
tions dans  les  salons  de  plusieurs  artistes.  Je 
l'ai  entendu  à  cette  époque,  et  je  puis  assu- 
rer qu'il  n'existait  plus  rien  du  beau  talent  que 
j'avais  admiré  à  Paris  trente-huit  ans  auparavant. 
Un  son  faible,  un  jeu  timide,  des  intonations 
douteuses,  un  archet  débile;  avaient  pris  la  place 
des  grandes  qualités  de  l'artiste  d'autrefois. 
C'était  un  triste  spectacle  que  celui  de  ce  vieillard 
qui  ne  voulait  pas  finir  avec  ce  qui  le  quittait, 
et  qui  semblait  se  plaire  à  porter  de  mortelles 
atteintes  à  sa  belle  renommée. 

Le  mérite  de  Romberg,  dans  ses  compositions 
pour  le  violoncelle,  ne  fut  pas  inférieur  à  son 
talent  d'exécution.  Ses  concertos  sont  encore 
considérés  comme  des  modèles  d'un  style  noble 
et  brillant  à  la  fois.  Il  s'est  aussi  essayé  dans 
d'autres  productions  instrumentales  ,  et  même 


304 


ROMBERG  -  ROMIEU 


dans  des  opéras;  mais  ces  œuvres  sont  de  beau- 
coup inférieures  à  celles  qu'il  a  produites  pour 
son  instrument.  Parmi  celles-ci,  on  remar- 
que :  1°  Concertos  pour  violoncelle  et  orches- 
tre, n°  1  (en  si  bémol),  op.  2,  Paris,  Érard; 
n°  2,  (en  ré),  op.  3,  ibid.;  n°  4  (en  mi  mineur), 
op.  7,  ibid.;  n°  5  (en  fa  dièse  mineur),  op.  30, 
Bonn,  Simrock;  n°  6  (militaire),  op.  31,  ibid.; 
n°  7  (en  ut),  op.  44,  Leipsick,  Peters;  n°  8  (en 
la),  op.  48,  Vienne,  Haslinger;  n°  9  (en  si 
mineur),  op.  56,  ibid.  —  2°  Concertinos  idem  :  n°  1 
(en  sol),  Mayence,  Schott;  n°  2  (en  mi  mineur), 
Vienne,  Pennauer;  n°  3(en  ré),  op.  51 ,  Vienne,  Has- 
linger.—  3°  Fantaisie  pour  violoncelleet  orchestre, 
op.  10,  Paris,  Erardé  —  'i°  Polonaises  idem,  op. 
29  et  36,  Leipsick,  Peters.  —  5°  Airs  russes  variés 
idem,  op.  14,  Bonn,  Simrock.  —  6°  Caprice  sur  des 
airs  suédois,  id.  op  :  28;  Bonn  Simrock;  — 
7°Idem,  sur  des  airs  polonais,  op.  47;  Vienne,  Has- 
linger. —  8°  Rondo  brillant  idem,  op.  49;  ibid.  — 
9°  Deuxième  et  troisième  collections  d'airs  russes 
pour  violoncelle  et  quatuor,  op.  20  et  37;  Paris, 
Pleyel;  Bonn,  Simrock.  —  10°  Quatrième  recueil 
d'airs  russes  pour  violoncelle  et  orchestre,  op  52; 
Vienne,  Haslinger. —  11°  Caprice  sur  des  airs  mol- 
daves et  valaquespour  violoncelle,  2  violons,  alto, 
violoncelle  et  contrebasse,  op.  45;  Leipsick,  Pe- 
ters. —  12°  Caprice  et  rondo  sur  des  airs  espa- 
gnolsid.,op.  13,  ibid.  — 13°  Fantaisie  sur  des  airs 
norvégiens  avecquatuor,  op.  58;  Mayence,  Schott. 
—  14°Quatuors  pour  2  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  1 , Leipsick, Breitkopf  et Haertel;  op.  12, Paris, 
Pleyel;  Leipsick,  Peters  ;  op .  25,  Leipsick,  Peters  ; 
n°  8,  Paris,  Pleyel;  Leipsick,  Peters;  n°  9,  op.  39, 
ibid.  — 15°  Trios  pour  violon,  alto  et  basse,  op.  8, 
Paris,  Érard  ;  idem,  op.  38,  pour  violoncelle,  alto 
et  basse,  Leipsick,  Peters.  —  16°Duos  pour  deux 
violoncelles,  op.  9,  Paris,  Érard;  idem  op.  33, 
Leipsick,  Peters;  Paris,  Pleyel,  Richault. — 
17°  Trois  sonates  avec  basse,  op.  43;  Leipsick,  Pe- 
ters.—1 8°  Diverses  pièces  détachées.tels  que  diver- 
tissements, andante,  pots-pourris,  etc.,  avec  qua- 
tuorou  piano.  Lesautrescompositionsde  Romberg 
consistent  en  trois  opéras,  savoir  :  La  Statue  re- 
trouvée, à  Bonn,  en  1790;  le  Naufrage,  ibid., 
1791;  Ulysse  et  Circé,  grand  opéra;  ce  dernier 
a  été  gravé  en  partition  réduite  pour  le  piano, 
à  Leipsick,  chez  Peters;  symphonie  funèbre  pour 
la  mort  de  la  reine  de  Prusse,  op.  23,  ibid. 
symphonie  à  grand  orchestre,  op.  28,  ibid.;  ou- 
vertures id.,  op.  il  et  14,  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel,  Peters;  symphonie  concertante  pour 
deux  cors,  op.  41,  Leipsick,  Peters. 

ROMBERG  (Cypmen),  (ils  d'André,  est  né 
à  Hambourg,  en  1810.  Élève  de  son  parent  pour 
le  violoncelle,  il  a  voyagé  en  Allemagne,  en  Hon- 


grie, en  Bohême,  puis  s'est  fixé  à  Pétersbourg' 
où  il  est  attaché  à  la  musique  de  l'empereur.  H 
a  publié  pour  son  instrument  :  l°Concertino  (en 
sol),  op.  1,  Leipsick,  Peters.  — 2°  Fantaisie  avec 
orchestre,  op.  2,  ibid. 

ROMER  (F.).  Un  compositeur  anglais  de  ce 
nom  a  fait  représenter  à  Princess-Theatre,  de 
Londres,  au  mois  de  novembre  1840,  un  opéra 
romantique  intitulé  Fridolin,  qui  a  eu  quel- 
ques succès.  J'ignore  si  ce  musicien  est  l'auteur 
d'une  brochure  publiée  sous  le  même  nom  et  qui 
a  pour  titre  :  The  Physiology  of  the  human 
voice (Physiologie  delà  voix  humaine); Londres, 
Leader  et  Cork,  1845,  in-8°  de  68  pages. 

Une  cantatatrice  de  talent,  nommé  Miss  Ro- 
mer,  a  chanté  à  l'opéra  anglais  de  Londres,  de- 
puis 1838  jusqu'en  1846.  C'est  à  elle  que  Bene- 
dict  avait  confié  le  rôle  le  plus  important  de  son 
opéra  The  Crusaders  (Les  Croisés),  qui  fut  re- 
présenté au  théâtre  de  Drury-Lane,  le  26  février 
1846.  Elle  appartient  vraisemblablement  à  la 
môme  famille  que  le  précédent. 

ROMERO  DE  AVILA  (D.  Jébome),  ec- 
clésiastique, racionaire  et  maître  du  chœur  de 
la  cathédrale  de  Tolède,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pourtitre  :  Arledecanto  llano y  organo,opron- 
tuario  musico  dividido  en  cuatro partes  (Art 
du  plainchant  et  de  la  musique  rues-urée,  ou 
armoire  musicale  divisée  en  quatre  cases).  Ma- 
drid, 1785,  in-4°.  Une  deuxième  édition  de  cet 
ouvrage  a  paru  à  Madrid,  en  1830,  sous  le  sim- 
ple titre  :  Arte  de  canto  llano  y  organo.  Ro- 
mero  a  fait  une  exposition  des  règles  du  chant 
mozarabe,  appelé  chant  eugénien  ou  mélodi- 
que, dans  une  dissertation  insérée  au  Brevia- 
rium  gothicum  secundum  regulam  Beatis- 
simiIcidori,etc,  ad  usum  sacelli  mozarabuvi 
(Matriti ,  1775,  in-fol.).   On   trouve  dans  cette 
dissertation  un  fragment  de  l'ancien  chant  go- 
thique-mozarabe noté  par  une  des  variétés  des 
notations  neumatiques  du  moyen  Age,    accom- 
pagné  d'une  traduction  en    notation    moderne, 
laquelle  démontre  que  la  tradition  de  l'église  de 
Tolède  s'est  altérée  et  ne   repose  plus  sur  des 
principes  certains;  car  Romcro  attribue  des  si- 
gnifications différentes    aux   mêmes  signes,  et 
un  sens  identique  à   des  signes  dont  les  diffé-  < 
rences  sont  évidentes.  Toutefois  la  dissertation 
du  savant  chantre  de  Tolède  a  beaucoup  d'intérêt 
pour  l'histoire  de  la  formation  du  chant  mozarabe 
par  le  mélange  de  l'ancien  chant  gothique  d'Es- 
pagne avec  le  goût  des  mélodies  moresques. 

ROMIEU  (....),  membre  de  la  Société 
royale  des  sciences  de  Montpellier,  vécut  dans 
cette  ville  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle. 


R0M1EU  —  RONCONI 


305 


11  découvrit,  en  1743,  un  phénomène  harmoni- 
que <lans  lequel  deux  sons  aigus  étant  produits 
simultanément,  à  un  intervalle  harmonique  quel- 
conque, il  se  forme  de  la  réunion  de  leurs  vi- 
brations un  troisième  son  grave  qui  est  aussi 
dans  un  rapport  harmonique  avec  les  deux  au- 
tres; c'est  ce  qu'on  appelle  le  phénomène  dit, 
troisième  son.  Romieu  ht  insérer  un  mémoire 
sur  ce  sujet  dans  le  compte  rendu  de  l'assemblée 
publique  de  la  société  royale  des  sciences,  tenue 
dans  la  grande  salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Mont- 
pellier, le  16  décembre  1751.  Ce  mémoire  a  pour 
litre  :  Nouvelle  découverte  des  sons  harmo- 
niques graves,  dont  la  résonnance  est  très- 
sensible  dans  les  accords  des  instruments  à 
vent.  Serre  a  rendu  compte  de  cette  expérience 
dans  ses  Essais  sur  les  principes  de  l'harmonie 
{voyez  Serre),  et  en  a  donné  une  explication 
satisfaisante.  C'est  cette  même  expérience  qui  est 
devenue  la  base  du  système  de  ïartini  (voyez 
ce  nom). 

ROMOWACEIÎ  (Aloïs),  bon  organiste  et 
instituteur  à  Radonicz,  près  de  Laun,  en  Bo- 
hême, naquit  en  ce  lieu  vers  1740.  Élève  de 
Segerl  Kopriwa,  il  fit  honneur  à  ce  grand  artiste 
par  son  habileté  sur  l'orgue  et  dans  la  compo- 
sition. Il  mourut  à  l'âge  de  soixante-quatorze 
ans,  le  12  janvier  1S14.  Il  a  écrit  de  la  musique 
d'église,  des  concertos  et  des  sonates  pour  l'or- 
gue, ainsi  que  des  quatuors,  quintettes  et  sex- 
tuors pour  des  instruments  à  cordes,  qui  sont 
restés  en  manuscrit. 

RON  (Martin  DE),  fils  d'un  banquier  de 
Stockholm  ,  naquit  dans  cette  ville,  en  1790. 
Bien  que  simple  amateur  de  musique  ,  il  lit  une 
étude  séiieuse  de  la  littérature  musicale,  apprit 
à  jouer  de  plusieurs  instruments  ,  et  composa 
avec  goût.  Ses  fréquents  voyages  pour  les  affaires 
et  les  travaux  de  son  intelligence  usèrent  avant 
le  temps  son  tempérament;  il  mourut  d'étisie 
à  Lisbonne,  le  20  février  1817,  à  l'âge  de  vingt- 
sept  ans.  Les  quatuors  d'instruments  à  cordes 
étaient  le  genre  de  musique  qu'il  affectionnait 
particulièrement  :dans  toutes  les  villes  où  il  ar- 
rivait, il  rassemblait  des  artistes  pour  en  exécu- 
ter. On  a  gravé  de  sa  composition  un  bon  quin- 
tette pour  piano,  llftte,  clarinette,  cor  et  basson, 
op.  1,  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel,  un  thème 
finlandais  avec  variations  pour  clarinette  et  or- 
chestre, et  un  andante  et  polonaise  pour  basson 
et  orchestre,  ibid.  Cet  amateur  distingué  a  fourni 
plusieurs  articles  à  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick, entre  autres  un  Aperçu  de  Vétat  de  la 
musique  en  Portugal,  principalement  à  Lis- 
bonne et  à  Porto,  avec  une  notice  sur  la  mu- 
sique nationale. 

U10CR.    UNJV.    DES   MUSICIENS,    —  T.    VU. 


RONCAliLIA  (François),  très-bon  sopra- 
niste,  né  à  Faenza,  vers  1750,  était  attaché,  en 
1772,  au  théâtre  de  Manheim,  puis  il  retourna  en 
Italie  et  chanta  à  Rome  en  1781,  à  Naples,  en 
1784,  à  Bologne,  au  printemps  de  1787,  à  Milan 
au  carnaval  de  1788,  à  Pérouse,  en  1790,  et  à 
Riraini,  en  1791.  On  ignore  où  cet  artiste  a  ter- 
miné ses  jours. 

RONCONI  (Dominique),  célèbre  ténor  et 
très-bon  professeur  de  chant,  naquit  à  Lendinara 
di Pollesine ,  en  Lombardie,  le  11  juillet  1772. 
L'abbé  Cervellini,  maître  de  chapelle  à  Trieste, 
lui  enseigna  le  piano,  le  chant  et  le  contrepoint. 
Doué,  par  la  nature  d'une  bonne  voix  de  ténor, 
il  fit  de  rapides  progrès  dans  un  art  où  Pacchie- 
rottiet  Babinifurentsesmodeles.il  n'était  âgéque 
de  dix-huit  ans  lorsqu'il  se  maria  et  alla  s'établir 
à  Conegliano,  en  qualité  de  maître  de  chant.  L'in- 
vasion de  l'Italie  par  les  armées  françaises  le  dé- 
cida à  se  retirera  Venise,  en  1795  :ily  trouva  des 
ressources  dans  l'enseignement  et  dans  les  égli- 
ses ou  dans  les  concerts.  En  1796,  il  débuta  au 
théâtre  San-Benedetto  dans  la  Merope  de  Naso- 
lini.  Le  succès  qu'il  y  obtint  lui  procura  bien- 
tôt des  engagements  dans  les  principales  villes 
de  l'Italie.  Appelé  à  Pétersbourg  pour  l'O- 
péra italien,  il  y  chanta  depuis  1801  jusqu'en 
1805.  Après  son  retour  en  Italie,  il  excita  le 
plus  vif  enthousiasme  à  Venise,  à  Padoue,  à 
Trieste,  à  Vicence,  à  Bologne,  à  Milan,  à  Flo- 
rence et  à  Rome.  En  1809,  la  cour  impériale  de 
Vienne  lui  confia  la  direction  de  l'Opéra  italien; 
l'année  suivante,  Napoléon  le  fit  venir  à  Paris 
pour  prendre  part  aux  concerts  des  fêtes  de  son 
mariage  avec  Marie-Louise.  De  retour  en  Italie, 
il  reparut  avec  éclat  sur  les  théâtres  les  plus 
importants.  En  1819,  le  roi  de  Bavière  lui  lit 
faire  des  propositions  pour  chanter  à  l'Opéra,  et 
enseigner  le  chant  aux  princesses  de  la  famille 
royale  :  les  avantages  qui  lui  étaient  assurés  dé- 
cidèrent Ronconi  à  passer  dix  années  à  Munich. 
Il  y  termina  sa  carrière  dramatique  par  le  rôle 
d'Otello.  En  1829,  Ronconi  est  retourné  à  Milan, 
et  y  a  ouvert  une  école  de  chant  qui  a  produit 
de  bons  élèves,  parmi  lesquels  on  remarque  ses 
trois  fils  et  Mt'e  Ungher.  On  a  impunie  de  sa 
composition  :  1°  Six  ariettes  italiennes,  dédiées 
à  l'impératrice  de  Russie.  —  2°  Douze  ariettes 
avec  accompagnement  de  piano,  Milan,  Ricordi. 
Ronconi  est  mort  à  Milan,  le  13  avril  1839. 

RONCONI  (Georges),  fils  aîné  du  précédent, 
et  célèbre  chanteur  baryton,  est  né  à  Milan,  en 
1810.  Élève  de  son  père,  il  prit  de  lui  la  tradi- 
tion d'une  belle  mise  de  voix  et  d'une  manière 
large  de  pbraser.  Son  début  sur  la  scène  se  fit 
à  Pavie  en  1831,  et  eut  tant  d'éclat,  qu'il  fut  im- 

20 


soc 


RONCOM  —  ROMANI 


médiatement  après  engagé  au  tliéâlre  Voile,  de 
Itome,  où  il  chanta  ,  en  1832,  l'opéra  de  Lauro 
Roksï  11  Disertore  suizzero,  avec  un  brillant 
succès.  On  le  retrouve  dans  la  même  ville  en 
1833  et  1834  :  la  population  romaine  ne  se  las- 
sait pas  de  l'entendre.  De  Rome  il  alla  à  Naples 
en  1835  et  y  trouva  la  même  faveur.  Il  y  chanta 
pendant  toute  cette  année  jusqu'à  .l'automne  de 
183C;  puis  il  fut  appelé  à  Florence,  où  il  clianta 
pendant  deux  ans;  ensuite  il  eut  un  engagement 
pour  le  printemps  de  1839  à  Parme,  d'où  il  re- 
tourna à  Milan.  Après  y  avoir  brillé  an  carnaval 
de  18i0,  il  y  fut  rappelé  en  1842.  Toutes  les 
grandes  villes  de  l'Italie  voulurent  l'entendre,  et 
ses  succès  à  Venise,  à  Turin,  à  Trieste,  ne  furent 
pas  moins  brillants  qu'à  Milan,  Florence,  Rome 
et  Naples.  Les  villes  de  second  ordre  eurentleur 
tour,  et  Livourne,  Lucques,  Modène,  Véronne 
et  Padoué  applaudirent  son  talent  avec  non 
moins  d'enthousiasme  que  les  grandes  cités. 
A  Vienne,  à  Francfort,  à  Londres,  à  Paris  et 
à  Madrid,  ses  succès  n'eurent  pas  moins  d'é- 
clat. Malheureusement  la  période  de  sa  vie 
qui  commence  en  1846  fut  agitée  par  des  chagrins 
domestiques  et  par  le  désordre  de  ses  affaires  : 
car  la  prévoyance  et  l'économie  lui  étaient  in- 
connues. Nonobstant  les  sommes  considérables 
qu'il  avait  gagnées,  il  avait  des  dettes,  et  ses 
créanciers  ne  se  montraient  pas  indulgents 
pour  l'artiste.  Son  talent  se  ressentit  de  ces 
tracasseries;  sa  voix  perdit  par  degrés  le  tim- 
bre et  l'égalité,  et  sa  situation  financière  ne  lui 
permit  pas  de  se  retirer  quand  il  aurait  fallu  le 
faire.  Dans  les  derniers  temps,  on  n'a  pas  eu 
de  renseignements  précis  sur  la  situation  de 
Ronconi.  Au  moment  où  cette  notice  est  écrite 
(1863),  il  vient  de  fonder  un  conservatoire  de 
chant  à  Cordoue  (Espagne).  Il  a  publié  à  Milan, 
chez  Ricordi,  8  vocalises  pour  baryton  ou  con- 
tralto, avec  accompagnement  de  piano. 

RONCONI  (Félix),  second  Ms  de  Domi- 
nique,  est  professeur  de  chant  distingué.  Il  a 
vécu  quelques  années  à  Wùrzbourg,  où  il  se  li- 
vrait à  l'enseignement.  On  dit  qu'il  est  mainte- 
nant en  Espagne.  On  connaît  de  cet  arliste  : 
1"  6  Ar'el/e  ilaliane  per  mezzo  soprano  o 
barltono  cou  jiiano  forte;  Milan,  Ricordi.  — 
2°  Il  Desiderio,  arietla,  idem;  ibid. 

RO\COi\l  (Sébastien),  troisième  (ils  de  Do- 
minique, eut  une  bonne  voix  de  basse  et  fut 
chanteur  estimable.  Il  débuta  à  Milan  en  1837  et 
chanta  à  Rome,  à  Venise,  à  Florence  et  à  Gè- 
nes; toutefois  il  fut  plus  souvent  engagé  par  les 
entreprises  de  théâtres  de  second  ordre.  En 
1847,  il  était  à  Berlin;  je  n'ai  plus  eu  de  ren- 
seignements sur  lui  depuis  celte  époque. 


ROXG  (GiiLLAiMii-Fr.RDiNASD),  musicien  de 
la  chambre  du  prince  Henri  de  Prusse,  avait  déjà 
ce  titre  en  1786,  et  vivait  encore  à  Berlin  en 
1821.  Il  donnait  des  leçons  de  solfège,  de  chant, 
de  piano,  de  violon  et  de  guitare.  On  lui  attri- 
bue l'invenlion  d'une  sorte  de  guitare  en  forme 
de  lyre,  à  laquelle  il  donna  le  nom  à'Apollina 
pour  les  dames.  Suivant  M.  de  Ledebur  {Ton- 
liunsIler-Lexikon  Berlin's  p.  479),  Rong  était 
déjà  en  1800  un  vieillard  de  quatre-vingts  ans,  et 
aurait  eu  conséquemmentp'.us  d'un  siècle  s'il  vi- 
vait encore  en  1 821).  Il  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  par  des  chansons  allemandes  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  <!e  piano,  publiées  à 
Berlin,  et  par  des  recueils  de  marches  et  d  airs 
de  danse.  Il  a  écrit  aussi  en  1793  un  duodrame 
intitulé  Aima  und  Selmar,  pour  le  théâtre  de 
Potsdam.  Mais  c'est  surtout  pour  ses  écrits  rela- 
tifs à  la  musique  qu'il  mérite  d'être  mentionné. 
Ils  ont  pour  titre  :  1°  Elementarlehre  am  Cla- 
vier (  Méthode  élémentaire  pour  le  clavecin), 
Berlin,  1786,  in-4°.  Une  deuxième  édition  de 
cet  ouvrage  est  intitulée  :  Versuch  einer  Ele- 
mentarlehre fur  die  Jvgend  am  Clavier  (Es- 
sai d'une  méthode  élémentaire  de  clavecin  pour 
les  enfants),  Potsdam  et  Berlin,  1793,  in-4°  de 
43  pages»et  17  planches  de  musique.  Le  frontis- 
pice de  cetle  édition  a  été  renouvelé,  avec  l'in- 
dication de  Stendal,  chez  Franzen  et  Gross.  — 
2°  Theoretisch-pracfitisches  llandbuch  der 
Tonarten-  Kennlniss  (Manuel  théorique  et  pra- 
tique de  la  connaissance  des  tons),  Berlin, 
Lange,  1805,  in-4°.  Le  titre  de  ce  livre  a  été 
renouvelé  en  1814,  de  la  manière  suivante  :  An- 
leitung sur  griindliche  Tonartenkenntniss  in 
dialog.  Lehrart  (Introduction  à  la  connaissance 
fondamentale  de  la  tonalité)  ;  Berlin,  chez  l'au- 
teur. —  3°  48  Tableaux  pour  passer  d'un  ton  dans 
un  autre,  offrant,  dans  552  exemples,  une  sorte 
de  dictionnaire  de  modulations  à  l'usage  des 
amateurs  de  composition  et  de  libre  fantaisie.  — 
4°  Ein  musikalisches  Spict,  etc  (Jeu  musical 
pour  s'instruire  dans  la  connaissance  des  notes 
et  de»  tons,  etc.)  ;  Berlin,  Lange,  1S00. 

ROIXTAÎMI  (Raphaël),  musicien  florentin, 
vécut  à  la  fin  du  seizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-seplième.  Par  la  dédicace 
d'un  ouvrage  de  sa  composition  parvenu  jus- 
qu'à nous,  on  voit  qu'il  fut  attaché  au  service 
de  don  Antoine  de  Médicis,  fils  naturel  du  duc 
François-Marie  de  Médicis  et  de  Bianca  Ca- 
pello,etqui  fut  marquis  de  Capistrano.  L'ouvrage 
dont  il  s'agit  a  pour  titre  :  Le  varie  musiche 
di  lia  f facile  Bontani,a  una,  due  etrevoci, 
per  cantare  ncl  clavi-cembalo,  o  chitarone, 
libro  primo  novainente posta  in  lucc;  dedi- 


R01STAJM  —  ROQUEFORT 


307 


cale  a  l'illuslriss.  et  eccellendss.  Signor  D. 
Antonio  Medici  ;  Firenze ,  Marescolti  (sic), 
1014,  petit  in-fol. 

RONZI,  famille  de  musiciens  distingués,  s'est 
fait  remarquer  par  des  talents  divers  dans  la 
première  moitié  du  dix-neuvième  siècle.  Le  père 
avait  eu  de  la  réputation  comme  maître  de  bal- 
lets dans  plusieurs  grandes  villes  de  l'Italie.  Son 
tils  aîné,  Stanislas  Ronzi,  bon  violoniste  et  mu- 
sicien intelligent,  se  rendit  à  Paris  en  1822  avec 
sa  sœur,  Mme  Ronzi  Debegnis,  et  fut  attaché  à 
l'orchestre  de  l'Opéra- Italien  jusqu'en  1824.  De 
retour  en  Italie,  il  se  fixa  à  Rome,  y  donna  des 
concerts  avec  succès,  et  fut  attaché  au  théâtre 
Valle  en  qualité  de  premier  violon.  Lient  un 
fils,  nommé  Stanislas  comme  lui,  qui  fut  té- 
nor dramatique  et  chanta  à  Turin,  en  1845  et 
à  Bologne  dans  l'année  suivante. 

M"e  Joséphine  Ronzi,  cantatrice  célèbre  en 
Italie,  épousa  le  bouffe  Debegnis  (voyez  ce  nom 
et  Ronzi  Debegnis).On  croit  devoir  ajouter  ici 
à  ce  qui  a  été  dit  dans  cet  article  qu'elle  était 
née  à  Milan.  Sa  grande  réputation  commença  en 
Italie  après  son  retour  d'Angleterre  en  1830. 
Son  début  à  Naples  en  1831  fut  des  plus  heu- 
reux. Elle  fut  attachée  au  théâtre  Saint  Charles 
jusqu'en  1834,  où  elle  alla  chanter  à  Rome. 
Bientôt  rappelée  à  Naples,  elle  y  fut  reçue  avec 
acclamation,  et  y  jouit  de  toutela  faveur  publique 
pendant  plusieurs  années.  Les  autres  villes  où  elle 
s'est  laitentendre  avec  succès  sont  Milan,  Venise, 
Vicence  et  Brescia. 

Antoine  Ronzi,  ténor  et  compositeur,  frère 
de  Stanislas  père,  chanta  à  Livournp,  à  Triesle 
et  à  Rome  en  1835,  à  Naples,  dans  l'année  sui- 
vante et  en  1837,  à  Barcelone  depuis  1838  jus- 
qu'en 1840,  et  à  Paris  en  1841.  Ricordi,  de  Mi- 
lan, a  publié  de  la  composition  de  cet  artiste 
une  suite  de  neuf  mélodies  pour  différentes  voix, 
avec  piano,  sous  le  titre  VEco  délia  veneta 
Laguna. 

Louis  Ronzi,  le  plus  jeune  des  frères  de  cette 
famille,  était  pianiste  et  compositeur.  !1  donna  à 
Milan,  en  1838,  une  farce  (opéra  comique)  inti- 
tulée :  1  Rossiniani  à  Parigi  (Les  Rossinistes  à 
Paris),  et  en  1844  à  Venise,  Louisa  Strozzi. 
Dans  un  concert  que  donna  Stanislas  Ronzi  au 
théâtre  Valle  de  Rome,  en  1837,  Louis  exécuta 
avec  lui  une  symphonie  concertante  de  sa  com- 
position. Ces  deux  frères  ont  publié  à  Milan, 
chez  Ricordi  :  1°  Bouquet  pour  piano  et  violon 
sur  des  motifs  de  l'opéra  /  Puritani,  op.  1  ;  — 
2°  Duo  concertant,  idem,  op.  2. 

ROOTSEY  (S.),  auteur  inconnu  d'un  sys- 
tème particulier  de  notation  de  la  musique,  dont 
il  a  fait  l'exposition  dans  un  écrit  intitulé  :  An 


attempt   (o  simplifij  the  notation  of  Music. 
(Tentative  pour  simplifier  la  notation  de  la  mu- 
sique) ;  Londres,  Baldwyn,  1811,  gr.  in-4°. 
ROQUEFORT    -    FLAMER1COURT 

(Jean-Baptiste-Bonaventure),  fils  d'un  proprié- 
tairedeSaint-Domingue,  naquit  à  Mons  (Belgique) 
le  15  octobre  1777  (1).  Après  avoir  fait  ses  études 
aucollégede  Lyon,  il  se  rendit  à  Paris,  en  1792.  Il 
est  dit  dans  h  Biographie  universelle  et  porta- 
tire,  de  Rabbe,  que  Roquefort  entra  dans  uneécole 
militaire,  qu'il  obtint  le  grade  de  sous-lieutenant 
d'artillerie  à  l'âge  de  quinze  ans,  et  qu'il  parvint 
au  gracie  de  capitaine ,  puis  se  retira  pour  des 
motifs  de  santé;  mais  tout  cela  est  inexact.  Ro- 
quefort partit  comme  simple  soldat,  ainsi  que 
beaucoup  déjeunes  gens  de  cette  époque,  ne  re- 
joignit l'armée  de  Dumouriez  qu'après  la  bataille 
de  Jemmapes,  et  profita  de  la  retraite  de  ce  gé- 
néral pour  retourner  à  Paris,  où  il  se  cacha  pen- 
dant un  an  sous  un  nom  supposé.  En  1796,  il 
commença  à  se  livrer  à  l'enseignement  du  solfège, 
du  piano  ,  et  publia  deux  pots-pourris  et  des 
contredanses  et  valses  pour  cet  instrument,  Paris, 
Cochet  et  Momigny.  Ses  liaisons  avec  Ginguené 
et  de  l'Aulnaye  lui  inspirèrent  le  goût  de  l'histoire 
et  de  la  littérature  de  la  musique  :  il  se  livra  à 
des  recherches  sur  ce  sujet,  et  rassembla  beaucoup 
de  matériaux  et  de  dessins  d'instruments  anti- 
ques et  du  moyen  âge.  Ea  1804,  nous  commen- 
çâmes ensemble  la  publication  d'un  Journal  sur 
la  musique,  dont  il  ne  parut  que  quelques  nu- 
méros. Peu  de  temps  après,  il  prit  un  goût  pas- 
sionné pour  les  monuments  de  la  littérature  de 
l'ancienne  langue  française  appelée  langue  ro- 
mane, et  entreprit  la  rédaction  du  glossaire  de 
cette  langue,  qu'il  publia  en  1808,  et  qui  lui  fit 
honneur  parmi  les  gens  de  lettres.  Dès  ce  moment 
il  abandonna  l'enseignement  de  la  musique,  et  ne 
s'occupa  plus  qu'accidentellement  de  la  littérature 
de  cet  art.  Ses  travaux,  mal  payés,  ne  lui  procu- 
raient qu'une  existence  précaire.  Il  finit  par  être 
obligé  de  se  mettre  à  la  solde  de  quelques  libraires 
pour  donner  des  soins  à  de  nouvelles  éditions 
d'anciens  livres,  passa  ses  dernières  années  dans 
un  état  voisin  de  la  misère,  et  mourut  en  1833, 
épuisé  parle  travail  et  l'intempérance.  Au  nombre 


(i)  Cette  date  étant  différente  et  de  celle  que  j'ai  donnée 
dans  la  première  édition,  ainsi  que  de  celle  qu'on  trouve 
dans  la  Biographie  portative  des  Contemporains,  de 
Raab,  et  de  celle  du  Dictionnaire  historique  des  Musi- 
ciens, de  Choron  et  Fayolle,  je  crois  devoir  la  justifier  par 
l'extrait  de  l'acte  authentique  d'où  je  l'ai  tirée,  et  que 
voici  :  «Entrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse 
«  de  St.-Germainiâ  Mons.  Le  18  octobre  17"7  a  été  baptl-é 
a  Jean-Baptiste-Bon  aventure,  né  le  15  à  quatre  heure» 
«  après  midi,  fils  de  Jean-François  Roquefort,  et  de  Marie- 
«  Claire-Finance  ;  parrain,  etc.  » 

20. 


308 


ROQUEFORT  —  RORE 


des  ouvrages  qu'il  a  publies,  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre  :  De  l'état  de  la  poésie  fran- 
çaise dans  les  XIIe  et  XIIIe  siècles.  Mémoire 
qui  a  remporté  le  prix  dans  le  concours  pro- 
posé, en  isio,  par  la  classe  d'histoire  et  de 
littérature  ancienne  de  l'institut  de  France, 
Paris,  Fournier,  1814,  un  volume  in-8°.  Cet  ou- 
vrage a  été  reproduit  en  1821,  avec  l'adjonction 
d'une  Dissertation  sur  la  chanson  chez  fous 
les  peuples,  Paris,  Audin.  Dans  ce  livre,  Roque- 
fort traite  avec  quelque  développement  de  la  mu- 
sique et  des  instruments  du  moyen  âge.  Son  tra- 
vail a  de  l'rmportance  à  cause  des  textes  nom- 
breux des  écrivains  comtemporains  qu'il  cite.  Il 
a  aussi  expliqué  beaucoup  de  termes  de  musique 
de  l'ancienne  langue  française  dans  son  Glossaire 
de  la  langue  romane  ;  Paris,  1808  et  1820,  trois 
volumes  in-8°,  y  compris  le  supplément.  Roque- 
fort a  rédigé  pendant  plus  de  quinze  ans  les  ar- 
ticles de  littérature  musicale  dans  le  Moniteur 
universel,  et  a  fourni  quelques  notices  sur  des 
musiciens  à  la  Biographie  universelle  de 
MM  Michaud.  Il  avait  possédé  une- collection  de 
livres  sur  la  musique,  riche  en  manuscrits  pré- 
cieux et  en  éditions  anciennes  ;  mais  longtemps 
avant  sa  mort,  elle  avait  été  dispersée,  parce  qu'il 
vendait  ses  livres  lorsqu'il  était  pressé  par  le 
besoin. 

RORBERUS  (Georors),  musicien  allemand, 
vécut  vers  la  fin  du  seizième  siècle.  On  connaît 
sous  ce  nom  :  Disticha  moralia,  item  Bene- 
dictioncs  et  gratiorum  acliones,  alixque  sacrx 
cantilenx  4  vocum  fugis  continualx,  Nurem- 
berg, 1599,  in-4°. 

RORE  (Cvprien  DE),  ou  plutôt  VAN  RORE, 
musicien  célèbre  du  seizième  siècle,  naquit  à  Ma- 
tines en  1516.  On  n'a  point  de  renseignements 
sur  sa  première  éducation  musicale;  mais  on  sait 
qu'il  se  rendit  en  Italie  dans  sa  jeunesse,  et  qu'il 
alla  étudier  à  Venise,  dans  l'école  de  son  compa- 
triote Adrien  "Willaert,  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Saint-Marc.  Pendant  qu'il  suivait 
les  leçons  de  ce  maître,  il  était  chanteur  à  celte 
chapelle.  Son  épitaphe  nous  apprend  qu'il  fut 
ensuite  attaché  au  service  du  duc  de  Ferrare 
Hercule  II.  Après  la  mort  de  ce  prince,  arrivée 
le  3  octobre  1559,  de  Rore  retourna  à  Venise,  où 
il  remplit  les  fonctions  de  second  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-Marc,  pendant  les  dernières  années 
de  la  vie  de  Willaert,  dont  les  infirmités  ne  per- 
mettaient pas  qu'il  vaquât  aux  devoirs  de  sa  place. 
Le  18  octobre  15G3,  de  Rore  succéda  a  cet  il- 
lustre professeur  en  qualité  de  premier  maître 
delà  cathédrale  ;  mais  il  n'occupa  cet  emploi  que 
pendant  environ  dix-huit  mois,  ayant  été  engagé 
comme  directeur  de  la  chapelle  d'Oclave  Far- 


nèse,  duc  de  Parme  et  de  Plaisance.  Il  ne  jouit 
pas  longtemps  des  avantages  de  sa  nouvelle  po- 
sition, car  il  mourut  en  15G5,  à  l'âge  de  quarante- 
neuf  ans,  ainsi  que  le  prouve  son  épitaphe  qui 
existe  encore  dans  la  cathédrale  de  Parme.  Cette 
inscription  est  ainsi  conçue  : 

Cypriano  Roro  Flandro 
Artis  ruusicae 
Viro  omnium  peritissimo 
Cujus  nomen  famaque 
Kec  vetustate  obrui 
Kec  oblivione  deleri  poterit. 
Hercules  Ferrarieus.  Ducis  II 
Deinde  Venetorum 
Postremo 
Octavii  Farnesii  Parmaeet  Placentiae 
Ducis  II  Chorl  prsefecto 
LndoviCus  frater.  Fil.  et  hseredes 

Mœstissinii  posuerunt. 
Obiit  anno  MOLXV  œtatis  xlix. 

Les  contemporains  de  Cvprien  de  Rore,  parti- 
culièrement Zarlino,  P.  Ponzio  et  Vincent  Ga- 
lilée  lui  ont  accordé  de  grands  éloges,  justifiés 
par  quelques-unes  de  ses  productions,  et  surtout 
par   ses  motets   à  4,  5,  6  et  8  voix.  Artusi, 
bien  qu'assez  avare  de  louanges,   lui   attribue 
le  mérite  d'avoir  été  le  premier  qui   arrangea 
convenablement    la    musique    sur    les    paroles 
{V Artusi,  owero   délie  imperfettione  délia 
musica,  page  19).  L'abbé  Baini  a  réfuté  solide- 
ment l'opinion  d' Artusi  dans  les  notes  17G  et  177 
de  ses  Mémoires  sur  la  vie  et  les  œuvres  de 
J.  Pierluigi  de  Palestrina  (tome  I,  p.  108),  et  a 
démontré  qu'avant  Cyprien  de  Rore  les  compo- 
siteurs avaient  bien  placé  les  paroles  sous  les  notes 
dans  les  madrigaux  et  dans  les  motels;  l'usage 
contraire  n'existait  que  dans  les  messes;  or  dans 
celles  qu'on  possède  de  Rore,  il  est  tombé  dans 
les   mêmes  erreurs  que  ses  prédécesseurs.  Les 
ouvrages  connus  aujourd'hui  de  ce  célèbre  musi- 
cien sont  les  suivants  :    1°  Il  primo  libro  de 
madrigali  a  Quattro  voci;  Venise,  Gardane, 
1542,  in-4°.  La  deuxième  édition  de  ce  recueil  a 
pour  titre  :  Di  Cipriano  di  Bore  il  primo  libro 
de'  madrigali  a  quattro  voci,  di  nuovo  cou 
ogni  diligenza  rivedutie  ristampati,  con  l'ag- 
giunla  di  quattro  ail  ri  madrigali  del  mede- 
simo  autore  novellamentc  mrssi    in  luce  a 
4  voci.  In  Venetia  per  Plinio  Pietra-Santa, 
1557,  in-4°  obi.  Les  21e  et  22e  madrigaux  sont  sur 
«les  paroles  françaises.  Une  autre  édition  de  ce 
premier  livre  a   élé  imprimée  à  Ferrare,  chez 
Bulgliat,  en  1550,  in-4°.  Une  quatrième  a  paru 
riiez  Antoine  Gardane,  en  1552,  et  une  cinquième 
chez  Ange  Gardane,  à  Venise,  en    1575,  in-4°; 
enfin,  j'en  possède  une  autre,  imprimée  chez  ce 
dernier  en  15S'>,  in-4°  obi.  —  2"  //  secondo  li- 


RORE 


309 


bro  de'  madrigali  a  quatlro  e  cinque  voci;  in 
Venetia,  appresso  Gardane,  1543,  in-4"  oblong. 
—  3°  Madrigal/  a  cinque  voci  ;  Venise,  1544, 
in-4°.  La  deuxième  édition  de  ce  recueil  est  in- 
(ilulée  ;  Di  Cipriano  di  Rore  il  terzo  libro  de' 
madrigali  dovesiconi 'engoua  le  Vergini  [\),et 
ttltri  madrigali,  di  nuovo  cou  ogni  diligenza 
ricedud  e  ristampati  cou  Vaggiunta  d'alcuni 
allri  madrigali  del  medesimo  aulore,  norel- 
lamenlc  messi  in  luce;  in  Venetia, per  Plinio 
Pietra-Santa,  1557,  in-4°  obi.  D'antres  éditions 
ont  paru  en  1562,  1565  et  158?,  M  4°  obi.  Il  y 
a  une  édition  des  trois  livres  de  madrigaux  à 
4  voix  de  Cyprien  de  Rore,  donnée  par  Ant.  Gar- 
dane à  Venise,  en  1560,  in-4°  obi.  —  4°  Moletti 
a  quatlro,  ciivjue,  sei  et  olto  voci;  Venise, 
Gardane,  1544.  Il  existe  des  exemplaires  de  cette 
édition  du  premier  livre  de  motets  à  5  voix,  mais 
sans  les  motets  à  6  et  à  S  voix,  avec  un  litre  la- 
lin  au  frontispice  :  Cipriani  musici  erccllen- 
tissinti  cum  quibusdam  aliis  doctis  authoribus 
Motectorum  nunc primum  maxime  diligentia 
in  unum  exeuntium  liber  primus  quinque 
■vocum.  Veneliis,  ap.  Ant.  Gardanum,  1544, 
jn_4°.  _  5°  il  secondo  libro  de'  motetti  a 
quatlro  e  cinque  voci  ;  Venise,  1547,  in-4".  — 
5°  (bis)  Il  terzo  libro  di  Mottetti  a  cinque 
voci  di  Cipriano  de  Rore,  et  da  allri  excel- 
tentissimi  musici,  novamente  ristampato,  con 
una  buona  giunta  de  Mottetti  no  ci;  in  Ve- 
netia, app.  di  Ant.  Gardano,  1569,  in-4°  obi.  On 
voit  que  cette  édition  est  une  réimpression.  Le 
nombre  de  motets  contenus  dans  ce  recueil  est 
de  vingt-deux  :  six  sont  de  Cyprien  de  Rore  ;  les 
autres  appartiennent  à  Perizone,  Clément  non 
papa,  Josquin  Baston,  Henri  Senfel,  Francesco 
Viola,  Jacquet,  Jos.  Zarlino,  Jean  Nasco,  Cre- 
quillon,  Claudin  (de  Sermisy),  et  Adrien  Wil- 
laert.  —  6°  Fantasie  e  ricercari  a  3  voci,  ac- 
comodate  da  cantare  e  sonare  per  ogni 
instrumenta .  composte  da  Mess.  Tiburtino 
musico  eccellentissimo,  con  la  giunta  di  alcuni 
allri  ricercari,  e  madrigali  a  tre  voci,  com- 
posa da  lo  eccellentissimo  Adriano  Willaert, 
e  Cipriano  Rore  suo  discepolo  ;  Venetia,  1549, 
in-4».  _  6°  (bis  )  Madrigali  Cromatici,  à  5  voci, 
libri  1,  2,  3,  4,  5;  in  Venetia,  app.  Ant. 
Gardane,  1560-1568,  in-4°  obi.  Il  y  a  une 
deuxième  édition  de  ces  cinq  livres  de  madrigaux 
ebromatiques,  imprimée  cbez  Ange  Gardane,  en 
1576.  —  6»  (  ter)  Cipriani  de  Rore  et  aliorum 
authorum  Motetta  quatuor  vocibus  deçà- 
nenda  ;  cum  tribus  lectionibus  per  mortuis 
Josepho  Zarlino  authore;  Venetiis  apud  Hie- 

(l)   Les  f'ergini  sont  les  chansons  de  Pétrarque. 


ronymum  Scotlum,  1 563,  in-4o  obi —  6°  (a)  Ma- 
drigali délia  fuma  a  4  voci.  Venetia,  app. 
Gardane  (sans  date),  in-4»  obi.  —  6°  (b)  Il 
primo  libro  délie  flamme  vaghi  e  dileltc- 
volia  4  et  5  voci  di  Cipriani  de  Rore;  Venetia, 
app.  Girolamo  Scotto ,  1569,  in-4°.  —  G0  (c) 
Madrigali  a  5  voci  libro  quarto;  Venetia,  app. 
Ant.  Gardano,  1568,  ih-4o  obi.  —  6»  (d)  Il 
quinlo  libro  de'  Madrigali  a  5  voci  ;  ibid.,  1568, 
in-4°  obi.  Il  y  a  une  seconde  édition  de  ce  cin- 
quième livre,  app.  li  Figliuolidi  Ant.  Gardane, 
Venise,  1571,  in-4»,  et  une  autre  du  quatrième 
livre,  app.  Angelo  Gardano,  1580,  in-4o.  — 
6«  (e)  Passio  D.  N.  J.  Chrisli,  in  qua  solus 
Johannes  canens  introdncilur  cum  quatuor 
vocibus.  Auctore  Cipriano  Rore.  Parisiis, 
apud  Adrianum  le  Roy  et  Robertum  Ballard, 
1557,  in-folio.  —  6o  Passio  D.  N.  J.  Christi, 
in  qua  infroducuntvr  Jésus  etJudxi  canentes, 
çum  duabus  et  sex  vocibus.  Auctore  Cipriano 
Rore;  ibid.  1557,  in-folio.  —  7o  Liber  mis- 
sarum  k,  5  et  6  vocum  ;  Venise,  1566.  Cet  ou- 
vrage est  cité  par  Draudius  dans  sa  Bibliotheca 
classica.  —  8o  Cantiones  sacrx  seu  motettx 
quinque  vocum,  Lovanii,  P.  Phalesii,  1573, 
in-4»  obi.  —  9°  Salmi  di  vespere  con  Magnificat, 
aquattro  voci;  Venise,  1593.  Les  madrigaux  de 
Rore  à  quatre  voix  ont  élé  réunis  sous  ce  titre  : 
Tutti  i  madrigali  di  Cipriano  di  Rore  ait  voci, 
spartiti  et  accomodali  per  sonar  d'  ogni  sorte 
d'instrumenti  perfetio  et  qualunque  studioso 
di  contrappunti  novamente posti  allestampe; 
in  Venetia,  1577,  in-fol.  La  collection  d'Eler, 
qui  se  trouve  en  manuscrit  à  la  Bibliotbèque  du 
Conservatoire  à  Paris,  contient  dix-sept  motets 
en  partition,  un  madrigal  et  un  dialogue  à  8  voix 
de  Cyprien  de  Rore.  Hawkins  a  rapporté  son 
madrigal  à  quatre  voix  :  Ancor  che  col  partir  e, 
en  partition,  dans  le  deuxième  volume  de  son 
Histoire  générale  de  la  musique  (  pages  486-490); 
et  Burney  a  donné  un  fragment  d'un  de  ses  mo- 
tels (  a  General  history  of  music,  tome  III, 
pages  319-320);  morceau  curieux  pour  quatre 
voix  de  basse,  établi  sur  l'échelle  chromatique. 
Dans  le  recueil  intitulé  :  Spoglia  amorosa.  Ma- 
drigali a  5  voci  di  diversi  eccellentissimi  mu- 
sici, Venise,  1585,  in-4o,  on  trouve  des  pièces 
de  Rore,  ainsi  que  dans  le  Liber  musarum  cum 
quatuor  vocibus,  seu  sacrx  cantiones,  quas 
vulgo  motetta  appellant,  publié  à  Milan,  en 
1588,  par  Antoine  Barré.  Un  des  plus  beaux  monu- 
ments qui  aient  été  élevés  à  la  gloire  de  Cyprien  de 
Rore  est  sans  contredit  la  collection  de  ses  motets 
à  4,  5, 6  et  8  voix,  suivie  de  l'ode  d'Horace,  Donec 
gratus  eram  tibi,  etc.,  dont  le  duc  Albert  V  de 
Bavière  a  fait  faire  une  superbe  copie  sur  véliov 


310 


RORE  —  ROSEISGR.VVE 


en  Jeux  volumes  in-fol.,  avec  le  portrait  de  l'il- 
lustre musicien  peint  par  Jean  Mielich.  Ce  ma- 
nuscrit se  trouve  dans  la  bibliothèque  royale  «le 
Munich.  Un  autre  manuscrit  de  la  môme  bi- 
bliothèque (  coté  XLV  )  contient  une  messe  à  cinq 
voix  ,  a  note  nègre ,  de  Cyprien  de  Rore.  Elle 
est  écrite  dans  l'ancien  système  de  la  notation 
noire  en  usage  dans  le  quatorzième  siècle  et  dans 
les  premières  années  du  quinzième. 

On  trouve  des  motets  et  des  madrigaux  de 
cet  artiste  célèbre  dans  une  multitude  de  recueils 
de  divers  auteurs  qu'il  serait  trop  long  de  citer 
ici  :  je  me  bornerai  à  indiquer  les  recueils  de 
chansons  et  de  motets  imprimés  par  Tylman 
Susato,  d'Anvers  et  par  Pierre  Phalèse,  de  Lou- 
vain. 

ROSA  (  Salvator  ),  peintre  célèbre,  musicien 
et  poète,  né  le  20  juin  1C15,  à  l'Aranella,  joli 
village  des  environs  de  Naples,  eut  une  vie  agi- 
tée, et  mourut  en  1673  à  Rome,  où  il  s'était  re- 
tiré, après  s'être  compromis  dans  la  révolution 
napolitaine  de  Masaniello.  Ce  n'est  point  ici  le 
lieu  d'examiner  son  mérite  dans  la  peinture  et  dans 
la  poésie  :  il  ne  trouve  sa  place  dans  cette  biogra- 
phie que  pour  les  madrigaux  et  les  cantales  qu'il 
a  mis  en  musique,  et  dont  Burney  a  possédé  une 
collection  complète  en  manuscrit.  Le  Dr.  Crotch 
a  publié  une  des  cantates  de  cet  artiste  dans  ses 
Spécimens  de  différents  genres  de  musique. 
Parmi  les  satires  de  Salvator  Rosa,  dont  il  y  a 
une  bonne  édition  publiée  à  Florence  par  l'abbé 
Salvini,  en  1770,  on  en  trouve  une  sur  la  musique 
et  les  musiciens,  aussi  remarquable  par  l'énergie 
du  style  que  par  le  cynisme  et  l'àcreté  de  la  bile 
du  poète.  C'est  cette  satire,  publiée  d'abord  à 
Amsterdam, qui  a  fourni  à  Mattheson  le  sujet  de 
son  écrit'miiUûé  M  ithridate  (voyez  Mattiikson). 
L'édition  d'Amsterdam  ,  sans  date  ni  nom  d'im- 
primeur, a  pour  titre  -.  Satire  di  Salvatore  Rosa 
dedicate  a  Settano  (dédiées  aux  conspirateurs). 
Jn  Amsterdam,  presso  Scvo  prothomastix , 
in-12  de  153  pages.  L'objet  de  la  première  sa- 
tire est  la  musique;  la  poésie  est  le  sujet  de  la 
seconde;  la  peinture,  de  la  troisième;  la  guerre, 
delà  quatrième;  la  liabilonia  (le  monde  mo- 
derne), de  la  cinquième;  V Envie,  de  la  sixième. 
Les  trois  dernières  n'étonnent  pas,  étant  l'œuvre 
d'un  esprit  en  révolte  contre  la  société  de  son 
temps;  mais  qu'un  homme  doué  du  triple  talent 
de  peintre,  de  poëtc  et  de  musicien,  ait  répandu 
sa  bile  sur  les  arts  auxquels  il  doit  sa  renommée 
et  qui  ont  fait  oublier  les  égarements  de  sa  vie 
privée!  cela  ne  se  comprend  pas. 

ROSA  (Chrétien),  sous  ce  nom  d'un  au- 
teur inconnu,  on  a  un  discours  à  la  louange  de 
la  musique  vocale  intitulé:  Oralio  de  mvsiav 


ai  fis  (non  omnigeme  sed  vocalis)  laudibus 
et  usu  prxcipuo.  Neo  Ruppini,  dicta  Fran- 
cofurti,  1655,  in-4°. 

ROSARIG(Aktoink  DE),hiéronymile  portu- 
gais, né  à  Lisbonne,  le  20  juin  1C82,  lit  ses  vœux 
dans  le  couvent  de  Belem,  et  se  livra  ensuile  à 
l'élude  de  la  musique.  Devenu  habile  dans  cet  art, 
il  a  laisséen  manuscrit  lescomposilions  suivantes 
pour  l'église  :  1°  Huit  Magnificat  sur  le  plain- 
chant  des  huit  tons.  —  2°  Lamentations  et  motets 
du  carême  et  de  la  semaine  sainte  à  4,  6  et  8  voix. 
—  3"  Répons  des  matines  de  la  conception  de  la 
Vierge,  a  4  voix.  —  4o  Répons  des  matines  de 
saint  Jérôme,  à  8  voix.  —  5°  Vilhancicos  à  4  et 
à  8  voix.  —  6°  Oraison  de  saint  Joseph  en  plain- 
ebant. 

ROSE  (Jean-Henri-Victor),  organiste  à  l'é- 
glise principale  de  Quedlinbourg,  naquit  en  cette 
ville,  le  7  décembre  1743.  Jusqu'à  l'âge  de  treize 
ans,  il  n'eut  point  d'autre  maître  de  musique  que 
son  père,  musicien  de  la  ville  ;  mais  en  175C,  la 
princesse  Amélie  de  Prusse,  alors  abbesse  de 
Quedlinbourg,  le  mena  à  Berlin,  et  lui  donna 
pour  maîtres  de  violoncelle  Mara  et  Giuel.  Ses 
progrès  sur  cet  instrument  furent  rapides.  Il  ne 
quitta  Berlin  qu'en  1703  pour  entrer  au  service 
du  prince  d'Anhalt-Bernhourg,  en  qualité  de  vio- 
loncelliste de  la  chambre.  En  1767,  il  donna  sa 
démission  de  cette  place  pour  voyager,  et  vers  la 
fin  de  la  même  année  il  entra  dans  la  chapelle 
•In  prince  d'Anhalt-Dessau,  où  il  resta  jusqu'en 
1772.  Alors  il  obtint  la  place  d'organiste  à  Qued- 
linbourg qu'il  occupait  encore  dans  les  premières 
années  de  ce  siècle.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion -.  Trois  solos  pour  violoncelle  avec  ac- 
compagnement de  basse,  op.  1  ;  Berlin,  Hum- 
mel.  En  1692  il  a  fait  imprimer  à  Quedlinbourg 
les  mélodies  du  livre  choral  de  celte  ville  à  quatre 
parties. 

ROSE1IXGRAVE  (Thomas),  ou  ROSIN- 
GRAVE,lils  d'un  vicaire  de  l'église  Saint- Patrick  à 
Dublin,  naquit  dans  cette  ville  vers  la  lin  du  dix- 
septième  siècle.  Élève  de  son  père  pour  la  musique, 
il  obtint  du  chapitre  de  Saint-Patrick  une  pension 
pour  voyager,  et  se  rendit  à  Rome,  où  il  étudia  le 
contrepoint  suivant  la  doctrine  de  l'ancienne  école 
italienne.  De  retour  en  Angleterre  vers  1720,  il 
fut  attaché  à  la  musique  du  théâtre  de  Haymar- 
ket,  et  y  fit  représenter  le  lyarcisso  de  son  ami 
Dominique  Scarlatli,  auquel  il  ajouta  quelques 
morceaux.  En  1725,  un  orgueayant  été  établi  dans 
la  nouvelle  église  Saint-Georges,  de  Hannover- 
Square,  Roseingrave  obtint  la  place  d'organiste 
au  concours  dont  ILnendel  et  Geminiani  étaient 
juges.  Quelques  années  après,  des  chagrins  d'a- 
mour dérangèrent  ses  facultés  :  on  fut  obligé  de 


ROSEIKCRAVE  -   ROSKNHAIN 


31! 


5ni  donner,  en  1737  ,  Keeble  pour  successeur.  11 
mourut  à  Londres  en  17.">(>.  Admirateur  passionné 
des  œuvres  de  Palestrina,  i!  avait  couvert  les 
murs  de  sa  chambre  d'extraits  de  messes  et  de 
motets  de  ce  grand  musicien,  et  les  avait  pris 
pour  modèles  dans  tout  ce  qu'il  écrivait .  Oulre 
les  morceaux  qu'il  ajouta  au  Narcisso  de  Scar- 
latli,  ou  a  de  lui  des  pièces  de  clavecin  insérées 
dans  l'édition  qu'il  a  donnée  de  celles  de  ce 
maître;  de  belles  antiennes  à  quatre  parties;  des 
préIndes  et  des  fugues  pour  l'orgue;  enlin  douze 
sonates  pour  flûte  avec  basse  continue.  Un  des 
ouvrages  les  plus  intéressants  de  cet  artiste  dis- 
tingué a  pour  titre  :  Voluntanjs  and  Fugues 
mode onpurpose  forlheorgan  or  harpsichord, 
Londres  J.  Walsh,  gr.  in-4°.  Toutes  les  pièces 
contenues  dans  ce  recueil  sont  bien  écrites  dans 
le  véritable  style  de  l'orgue. 

ROSELLEN  (Henri),  fils  d'un  facteur  de 
piano,  est  né  à  Paris  le  13  octobre  1811.  Admis 
comme  élève  au  Conservatoire  le  24  octobre 
1823,  il  y  reçut  des  leçons  de  solfège  de  Go- 
blin  et  de  piano  de  Pradber,  puis  de  Zimmer- 
man  ,  et  apprit  l'harmonie  sous  la  direction 
de  Dourlen.  En  1830,  je  devins  son  maître  de 
contrepoint ,  et  lorsque  je  m'éloignai  de  Paris, 
pour  devenir  maître  de  chapelle  du  roi  des 
Belges  etdirecletirdu  Conservatoire  de  Bruxelles, 
il  continua  ses  études  sous  la  direction  d'Halévy. 
Ses  études  ont  été  terminées  au  mois  d'octobre  1835, 
après  avoir  reçu  des  leçons  de  composition  idéale 
de  Berton.  Pendant  plusieurs  années,  il  avait  été 
élève  de  Henri  Herz  pour  le  piano,  en  dehors 
du  Conservatoire.  Depuis  cette  époque,  Rosellen 
est  devenu  un  des  professeurs  de  piano  les  plus 
actifs  de  Paris.  Il  a  publié  pour  cet  instrument 
des  rondos,  des  fantaisies  et  des  variations  sur 
des  thèmes  d'opéras.  Le  nombre  de  ses  produc- 
tions est  très-considérable  ;  son  travail  a  dû 
être  rapide  à  l'excès,  car,  ayant  publié  son  oeuvre 
6l!ie  en  1835,  il  faisait  paraître  au  mois  de  fé- 
vrier 1846  son  premier  trio  concertant  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  qui  est  son  oeu- 
vre 82  e.  La  vogue  de  la  musique  de  M.  Rosel- 
len fut  prodigieuse  pendant  environ  quinze  ans  : 
les  éditeurs  de  Paris  l'appelaient  leur  providence. 
Les  œuvres  de  cet  artiste  ont  été  aussi  repro- 
duites dans  toute  l'Allemagne. 

ROSELLI  (Jérôme  j,  né  à  Pérouse,  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle  ,  fut  d'abord  moine  de 
Montcassin,  et  ensuite  abbé  de  Saint-Martin,  en 
Sicile.  Zarlino,  dont  il  était  l'ami,  cite  de  lui 
{Sopplim.  li(>.  4,  cap.  12,  p.  158  )  un  livre  in- 
tulé  :  Trattato  délia  musica  spherïca,  qui 
est  resté  en  manuscrit. 

ROSEMRACII  (Jea.v  Conrad),  né  le   1" 


août  1073,  a  Seebergen,  dans  la  principauté  de 
Schwarzbourg ,  lut  envoyé  à  Erfurt  à  l'âge  de 
onze  ans,  pour  étudier  l'orgue  et  le  clavecin  sous 
la  direction  de  Pachelbel.  Après  un  séjour  de 
cinq  années  dans  cette  ville,  il  suivit  son  maître  à 
Stuttgard,  et  reçut  encore  ses  conseils  pendant 
deux  ans;  puis  il  visita  les  principales  villes  de 
l'Allemagne ,  s'arrêta  deux  ans  à  Gotha,  où  il 
remplaça  souvent  l'organiste  de  la  cour  Chrétien- 
Frédéric  Witl  dans  ses  fonctions,  et,  après  avoir 
vécu  quelque  temps  à  Hambourg,  accepta  la 
place  d'organiste  à  Ischoe,  dans  le  Holstein,  le 
2  novembre  1693.  Pendant  vingt  ans  il  en  rem- 
plit les  fonctions  ;  mais  des  motifs  inconnus  lui 
firent  quitter  cette  place,  le  1 1  janvier  1713,  pour 
celles  d'organiste  et  de  cantor  de  la  ville  de 
Glùcksladt ,  auxquelles  il  ajouta,  en  1736,  les 
fonctions  d'organiste  du  château.  Il  vivait  en- 
core en  1740;  mais  depuis  cette  époque  on  n'a 
plus  eu  de  renseignements  sur  sa  personne.  Ro- 
scmbach  n'a  rien  publié  de  ses  compositions, 
mais  il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  morceaux 
d'église  et  decirconstance  pour  un  et  deux  chœurs, 
et  beaucoup  de  pièces  d'orgue  et  de  clavecin.  Mat- 
theson  cite  de  lui  avec  éloge  (Grilndlage  einer 
Ehren-P forte ,  etc.,  page  295)  deux  livres  de 
chorals  variés  pour  l'orgue. 

ROSENFELD  (Frédéric-Guillaume),  lit- 
térateur et  poète,  né  en  1760,  à  Hohenwarschle- 
ben,  près  de  Magdebourg,  séjourna  quelque  temps 
à  Dessau,  et  y  reçut  de  Rust  des  leçons  décom- 
position. Il  périt  en  1782,  des  suites  d'une  chute 
sur  la  glace.  Dix-sept  ans  après  sa  mort,  ses  amis 
publièrent  les  premiers  fruits  de  ses  travaux,  sous 
ce  litre  :  Chansons  avec  accompagnement  de 
piano;  Magdebourg,  Kiel,  1799. 

ROSEl\HAIN  (Jacques),  pianiste  distingué 
et  compositeur  de  beaucoup  de  mérite,  né  à 
Manheim  le  2  décembre  1813,  est  fils  d'un  ban- 
quier de  cette  ville  qui,  après  avoir  perdu  la 
plus  grande  partie  de  sa  fortune  par  les  événe- 
ments politiques,  renonça  aux  affaires  pour  s'oc- 
cuper de  l'éducation  de  ses  enfants.  L'aîné  de  ses 
fils,  objet  de  cette  notice,  reçut  d'abord  de  quel- 
ques maîtres  obscurs  des  leçons  de  piano ,  puis 
devint  élève  de  Jacques  Schmitt,  qui  lui  fit  faire 
de  si  rapides  progrès,  qu'à  l'âge  de  neuf  ans  le 
petit  virtuose  fut  en  état  de  se  faire  entendre 
dans  un  concert  public.  En  1824,  Rosenhain  joua 
dans  plusieurs  concerts  à  Manheim,  et  frappa 
d'étonnement  les  artistes  et  les  amateurs  par  sa 
précoce  habileté  et  par  son  intelligence  musicale. 
Etonné  des  heureuses  dispositions  de  cet  enfant, 
le  prince  de  Furstemberg  l'emmena  à  Donau- 
eschingen,  où  il  lui  donna  pour  maître  Kalliwoda. 
Après  deux  années  passées  sous  la  direction  de 


312 


ROSENHAIN  —  ROSENKRA1NZ 


cet  artiste,  il  voyagea,  donna  des  concerts  à  Stutt- 
i^ard  et  à  Francfort  avec  le  plus  brillant  succès. 
Fixé  dans  cette  dernière  ville,  il  y  devint  l'élève 
de  M.  Sclmyder  de  Wartensée  pour  la  composi- 
tion, et  fit  avec  lui  un  cours  complet  de  l'art 
d'écrire.  C'est  à  Francfort  que  M.  Rosenhain  fit 
son  premier  essai  de  composition  dramatiquedans 
l'opéra  en  un  acte,  Une  visite  à  Ledlam,  qui 
eut  un  vrai  succès  sur  le  théâtre  de  cette  ville,  et 
qui  fui  joué  dans  plusieurs  autres  villes  de  l'Al- 
lemagne, notamment  à  Weimar,  sous  la  direc- 
tion de  Hummel,  alors  maître  de  chapelle  de  celte 
cour.  Dans  un  concert  que  Paganini  donna  à  Ba- 
den  en  1830,  Rosenhain  sut  se  faire  remarquer  à 
côté  de  ce  célèbre  artiste,  et  en  reçut  des  témoi- 
gnages de  satisfaction.  En  1837,  M.  Rosenhain 
fit  un  voyage  à  Londres,  avec  l'intention  de  s'y 
fixer.  Il  y  trouva  un  bon  accueil  parmi  les  ar- 
tistes et  les  amateurs,  joua  au  concert  philhar- 
monique, et  lui-même  en  donna  qui  eurent  du  re- 
tentissement. Dans  l'automne  de  la  même  année, 
il  fit  un  voyage  à  Paris,  où  il  s'établit  définiti- 
vement, se  bornant  à  faire  chaque  année  un  sé- 
jour de  quelques  mois  à  Londres.  Il  fut  un  des 
premiers  qui  donnèrent  à  Paris  des  séances  de 
musique  des  grands  maîtres ,  secondé  tour  à 
tour  par  Alard,  Ernest ,  Joachim,  Maurin,  et 
d'autres  artistes  distingués.  Elles  eurent  un  grand 
succès,  par  sa  manière  large  et  pure  d'interpréter 
ces  belles  œuvres.  La  grande  activité  de  M.  Ro- 
senhain comme  compositeur  a  commencé  en  1 837, 
après  qu'il  se  fut  fixé  à  Paris.  Des  circonstances 
heureuses  lui  ayant  permis  de  ne  plus  employer 
la  plus  grande  partie  du  temps  à  l'enseignement, 
il  put  se  livrer  en  liberté  à  la  production  d'œuvres 
sérieuses,  dans  lesquelles  il  a  fait  preuve  de  sen- 
timent, d'élévation  dans  les  idées  et  de  connais- 
sance de  l'art  d'écrire.  Il  a  écrit  trois  sympho- 
nies, dont  la  première  a  été  exécutée  au  concert 
du  Gewandhuus,  àLeipsick,  sous  la  direction  de 
Mendelssohn,  et  la  seconde,  au  conservatoire  de 
Bruxelles,  dont  l'orchestre  est  dirigé  par  l'auteur 
de  cette  notice  ;  à  Francfort,  sous  la  direction 
de  Guhr,  et  à  la  Société  philharmonique  de  Lon- 
dres, où  son  succès  fut  assez  grand  pour  que  la 
reine  voulût  l'entendre  exécuter  par  l'orchestre 
de  la  cour,  en  présence  de  l'auteur, 

Dans  la  liste  des  principaux  ouvrages  de  M.  Ro- 
senhain  ,  on  remarque  :  Trois  Trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle  (Paris,  Richault;  Mayence, 
Schott).  —  Quatuor  pour  piano  et  instruments 
à  cordes.  —  Deux  sonates  pour  piano  et  violon- 
celle (Paris,  Lemoine,  Richault  ;  Mayence,  Schott  ; 
Leipsick,  Peters;. — Sonate  pour  piano  seul,  dédiée 
à  M.  Félis.  —  Trois  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes.   —  Environ  50  morceaux  pour 


piano  seul ,  dont  :  Poëme,  op.  24  (Schott).  — 
Cahiers  de  morceaux  caractéristiques  (Brandus, 
Schott.  — Études  caractéristiques  (Paris,  Le- 
moine; Leipsick,  Hofmeisler).  —  La  Tempe'te  (Pa- 
ris, Meissonnier).  —  Scène  dramatique  (  Paris , 
Girod).  On  a  aussi  de  Rosenhain  beaucoup  de 
musique  vocale,  en  allemand  et  en  fi  ançais,  dont  : 
Adieu  à  la  mer,  à  voix  seule,  de  Lamartine 
(Paris,  Brandus), beaucoup  de  recueils  de  Lieder, 
des  mélodies  détachées,  et  un  recueil  de  Mélodies 
à  deux  voix.  Le  17  mars  1851 ,  il  fit  représenter 
à  l'Opéra  Le  Démon  de  la  nuit,  en  2  actes, 
livret  de  Bavard  et  Etienne  Arago.  Les  journaux 
ont  constaté  le  succès  de  cet  ouvrage,  qui  fut 
joué  à  Bruxelles  par  Mme  Cabel  et  dans  plusieurs 
villes  de  l'Allemagne.  M.  Rosenhain  a  en  manus- 
crit une  ouverture  de  concert  (en  ré),  et  Lis- 
weuna,  opéra  allemand,  en  trois  actes.  Cet  ar- 
tiste distingué  a  été  décoré  de  l'ordre  de  la  cou- 
ronne de  chêne  par  le  roi  des  Pays-Bas  :  il  est 
membre  de  la  sociélé  de  Sainte-Cécile  de  Rome. 

ROSEAtI!A1I\(Édouaiïd),  frère  du  précédent, 
né  le  18  novembre  1818  à  Manheim,  est  mort 
le  6  septembre  1861  à  Francfort-sur-le-Mein,  où 
il  était  un  des  meilleurs  professeurs  de  piano  et 
de  composition.  Schnyder  de  Wartensée  le  con- 
sidérait comme  un  de  ses  meilleurs  élèves.  Ex- 
cellent musicien  et  pianiste  de  la  bonne  école,  il 
exécutait  la  musique  des  maîtres  classiques  dans 
le  style  qui  leur  est  propre.  Il  a  formé  beaucoup 
de  bons  élèves  qui  sont  devenus  eux-mêmes  des 
professeurs  habiles ,  et  a  exercé  une  active  in- 
fluence sur  le  développement  du  goût  de  la  mu- 
sique à  Francfort,  aujourd'hui  l'une  des  viiles  de 
l'Allemagne  les  plus  avancées  dans  la  culture  de 
cet  art.  Edouard  Rosenhain  avait  aussi  acquis  de 
l'habileté  sur  le  violon.  Dans  un  concert  que 
donna  son  frère  le  30  mars  1835,  jl  exécuta  sur 
cet  instrument  un  concerto  de  Rode;  plus  tard  il 
négligea  ce  talent.  Les  compositions  de  cet  artiste 
ont  obtenu  du  succès  en  Allemagne  par  la  distinc- 
tion de  la  forme.  Parmi  ses  ouvrages  publiés  on 
cite  particulièrement  :  1°  Sonate  pour  piano  seul, 
op.  12  ;  —  2°  Sérénade  pour  piano  et  violoncelle, 
op.  20;  —  3°  Caprice  pour  piano  seul ,  op.  17  ; 
—  4°  Élégie,  op.  18;  —  5°  Rondeau,  op.  13  ;  — 
6°  La  Coquette,  op.  16;  —  7°  Nocturnes,  op.  « 
et  9,  et  des  romances  sans  paroles. 

ROSEIVKUAIVZ  (François),  hautboïste 
distingué, naquit  en  I76l,à  Podleecbin,  village 
près  de  Schlau,  en  Bohème.  Après  avoir  fait  ses 
études  musicales  à  Prague,  il  fut  attaché  vers 
1788  en  qualité,  de  premier  hautbois  à  la  cha- 
pelle de  Hanovre,  puis  fut  maître  de  musique  du 
régiment  de  Kinsky,  et  premier  hautbois  solo 
du  théâtre  de  Prague.  En  1802,  il  se  fixa  à  Vienne 


ROSENKRANZ  —  ROSETTI 


313 


et  y  eut  la  place  de  premier  liautbois  du  théâtre 
An-der-Wien.  Il  mourut  dans  cette  ville  le  8  dé- 
cembre 1807,  à  Tàge  de  quarante-six  ans.  Cet 
artiste  a  laissé  en  manuscrit  quelques  concertos 
et  des  quatuors  pour  le  hautbois. 

ROSENMULLER  (Jean),  né  dans  la  Saxe 
électorale  vers  1615,  lit  ses  études  musicales  à 
l'école  de  Saint-Thomas,  de  Leipsick,  et  y  fut 
plus  tard  professeur  adjoint.  Son  profond  savoir 
l'aurait  vraisemblablement  conduit  à  être  le  suc- 
seur  de  Michaelis  comme  cantor,  s'il  n'eût  été 
accusé,  en  1655,  de  tentatives  criminelles  sur  ses 
élèves,  et  mis  en  prison.  Ayant  trouvé  le  moyen 
de  s'enfuir  à  Hambourg,  il  y  écrivit  une  requête 
en  grâce,  qu'il  adressa  à  l'électeur  de  Saxe,  en 
l'accompagnant  d'un  cautique  de  sa  composition  ; 
mais  ses  supplications  lurent  infructueuses.  Ne 
se  croyant  pas  en  sûreté  à  Hambourg,  il  se  re- 
tira en  Italie.  Jean- Philippe  Krieger  le  trouva  à 
Venise  en  1673,  et  y  prit  de  lui  des  leçons  décom- 
position. Il  y  jouissait  de  l'estime  des  plus  grands 
artistes  de  cette  époque.  En  1 667,  Rosenmùller  ob- 
tint la  permission  de  retourner  en  Allemagne,  et 
fut  nommé  maître  de  chapelle  du  duc  de  Bruns- 
wick. Il  mourut  à  Wolfenbultel  en  1686,  avec 
la  réputation  d'un  des  plus  savants  compositeurs 
de  son  temps.  Printz  et  Mattheson  lui  ont  ac- 
cordé beaucoup  d'éloges.  Ses  principaux  ouvrages 
publiés  sont  :  1°  Maximes  de  l'Ancien  eldu  Nou- 
veau Testamentà  3,  4,  5,  6  et  7  voix  ;  Hambourg, 
1648-1652,  in-folio.  —  2°  Sludenten  Musik  ; 
elc.  (Musique  d'étudiants,  consistant  en  pavanes, 
allemandes  ,  courantes ,  ballets  et  sarabandes  , 
pour  3,  4  et  5  instruments)  ;  Leipsick,  1754,  in-4°. 
—  3°  XII  Sonate  da  caméra  a  5  stromenti; 
Venise,  1667,  in-fol.  Une  deuxième  édition  de 
cet  ouvrage  a  été  publiée  en  1671. 
»  ROSEMV1ULLER  (Jean-Georges),  pia- 
niste et  compositeur,  né  dans  un  village  de  la 
Bavière,  vers  1774,  fut  professeur  de  musique  à 
Leipsick,  dans  les  premières  années  du  dix-neu- 
\ième  siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
l°Deux  sonates  pour  le  clavecin,  op.  l;Offenbacb, 
André. — 2°  Trois  grandes  sonates,  idem,  op.  2; 
Augsbourg,  Gombart. 

ROSE3ITHAL  (GodefroidÉric),  commis- 
saire des  mines  à  Gotha  et  membre  de  l'académie 
d'Lrfurt,  naquit  à  Nordhausen  le  13  février  1745, 
et  mourut  à  Gotha  en  1814.  Au  nombre  de  ses  ou- 
vrages, il  en  est  un  qui  a  pour  titre  :  Litteratur 
der  Technologie,  dass  ist  Verzeichniss  der 
Bûcher  und  Schriften ,  ivelche  pon  den  Kiins- 
ten,  Manufacturai,  etc.,  handeln,  nach  al- 
phabetischer  Ordnung  (Littérature  de  la  tech- 
nologie, ou  Catalogue  des  livres  et  écrits  concer- 
nant les  arls,  manufactures,  etc.);  Berlin,  1795, 


in-4*.  On  y  trouve  l'indication  d'un  certain  nom- 
bre de  livres  concernant  la  musique. 

ROSETI  ou  ROSETTI  (  Stepiian  ou 
Etienne),  compositeur,  né  à  Nizza  (Sardaigne), 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  Il 
fut  maître  de  chapelle  à  Novare.  On  connaît  de 
lui  :  1°  Madrigali  a  quattro  voci,  insieme  al- 
quanti  madrigali  ariosï,  et  con  alcuni  versi 
di  Virgilio,  novamente  composti.  Libro  primo, 
in  Venetia,  aj)presso  d'Antonio  Gardane,  1560, 
in-43  obi.  —  2°  Madrigali  a  sei  voci  con  due 
dialoghi  a  otto;  ibid.,  1566,  in-4°,  obi.  Cet  ou- 
vrage a  été  reproduit  à  Nuremberg,  en  1 573  , 
par  Tbéodoric  Gerlach.  —  3°  Madrigali  a  tre 
voci;  Venetia,  app.  Claudio  diCorreggio, 
1567,  in-4°. —  4°  JSovx  quxdam  sacrx  cantio- 
nes,  qux  vulgo  moteta  vocant,  quinque  et  sex 
vocum  ita  compositx,  ut  ad  omnis  generis 
instrumenta  attemperari  possunt;  Norimbergx 
in  ofjlcina  Thcodoric  Gerlazeni,  1573,  in-4° 
obi.  Il  doit  y  avoir  une  édition  antérieure  de 
cet  ouvrage  publiée  à  Venise. 

ROSETTI  (François-Antoine),  dont  le  nom 
véritable,  suivant  Dlabacz  (Allgem.  histor. 
Kûnstler -Lexikon  far  Bœhmen,  t. II,  p.  587), 
était  Rœssler,  naquit  en  1750,  à  Leitmerilz,  en 
Bohême.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique ,  il  entra 
au  séminaire  de  Prague,  à  l'âge  de  dix-sept  ans, 
et  reçut  la  tonsure  dans  sa  dix-neuvième  année, 
avec  le  titre  de  chanoine  de  la  cathédrale;  mais 
son  goût  décidé  pour  la  musique,  qu'il  avait  ap- 
prise dès  son  enfance,  et  dans  laquelle  il  avait 
acquis  des  connaissances  étendues,  lui  fit  aban- 
donner celte  position  pour  eelle  de  maître  de 
chapelle  du  comte  de  Wallerstein.  Vers  1782  ,  il 
obtint  un  congé  pour  se  rendre  à  Paris.  Ce  voyage 
exerça  une  heureuse  influence  sur  son  goût,  par 
l'audition  des  symphonies  de  Haydn,  que  l'excel- 
lent orchestre  du  concert  de  la  loge  Olympique 
exécutait  avec  une  rare  perfection,  et  par  les 
opéras  de  Gluck  et  de  Piccinni.  De  retour  en  Al- 
lemagne, il  accepta,  en  1789,  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  la  cour  de  Mecklembourg-Scbwe- 
rin,  en  remplacement  de  Westenholtz;  mais  il 
ne  jouit  pas  longtemps  de  cette  honorable  position, 
car  il  mourut  d'une  maladie  de  poitrine  à  Lud- 
wïgslust,  le  30  juin  1792,  à  l'âge  de  quarante- 
deux  ans.  Peu  de  temps  avant  son  décès,  le  roi 
de  Prusse  Frédéric-Guillaume  II  l'avait  fait  venir 
à  Berlin,  et  lui  avait  demandé  quelques  grandes 
compositions,  entre  autres  son  oratorio  de  Jésus 
mourant,  qui  fut  exécuté  par  l'excellente  mu- 
sique de  la  chapelle  royale.  Ces  travaux  ache- 
vèrent d'épuiser  les  forces  de  Rosetti. 

Plusieurs  musiciens  de  ce  nom  paraissent  avoir 
vécu  vers  la  même  époque,  en  sorte  qu'il  estdif- 


31-1 


ROSETTI 


ROSINI 


(icile  «le  distinguer  les  compositions  qui  appar- 
tiennent à  celui  dont  il  est  question  dans  cet 
article;  cependant  Dlabacz  croit  que  celles  dont 
les  titres  suivent  sont  de  lui.  Queiques-uns  de 
ces  ouvrages  ont  été  publiés  après  la  mort  de 
Rosetti,  par  les  soins  de  Joseph  Strobacli,  di- 
recteur du  chœur  de  Saint-Nicolas,  à  Prague, 
ami  de  cet  artiste  :  1°  Six  symphonies  pour  2  vio- 
lons, alto,  basse,  (lûie,  2  hautbois  et  2  cors; 
Paris,  Sieber.  —  2°  Trois  idem,  op.  5  ;  Vienne, 
Artaria.  —  3'  Deux  idem,  op.  13;  Offénbach, 
André.  —  4°  La  Chasse,  symphonie  pour  2  vio- 
lons, alto,  basse,  flûte ,  2  hautbois  ,  2  cors, 
2  trompettes  et  basson  ;  Paris,  Sieber.  —  5°  Six 
symphonies  à  grand  orchestre  ,  composées  pour 
l'électeur  de  Trêves,  en  manuscrit.  —  6°  Ca- 
lijpso  et  Télèmaque,  grande  symphonie  imita- 
tive,  exécutée  à  Paris  en  1791,  en  manuscrit. 
Josegh  Strobach  avait  aussi  en  manuscrit  douze 
autres  symphonies  de  Rosetti  qui  n'ont  pas  été 
publiées.  —  7°  lre  symphonie  concertante  pour 
2  cors;  Paris,  Leduc.  —  8°  2me  idem  ;  Paris, 
Sieber.  —9°  Harmonie  pour  2  clarinettes,  2  haut- 
bois, 2  cors  et  2  bassons  ;  Paris,  Pleyel.  — 
10°Sextuorponrviolon,  flûte, 2  cors,  altoetbassc, 
Prague,  1784.  —  11°  Trois  quatuors  pour  2  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  4  ;  Offénbach,  André.  — 
1 2°  Six  idem,  op.  6  ;  Vienne,  Artaria.  —  13°  Con- 
certos pour  flûte  et  orchestre,  n°s  1,  2,  3,  4; 
Paris,  Sieber.  —  14"  Concertos  pour  clarinette 
et  orchestre,  n05  1,  2,  3,  4;  ibid.  —  15°  Concer- 
tos pour  cor  et  orchestre,  nos  1,  2,  3;  ibid.  — 
16°  Concerto  pour  clavecin  ;  Offénbach,  André. 
—  17"  Six  sonates  pour  piano,  violon  et  basse, 
op.  1  ;  Oflenbach,  André.  —  18°  Trois  idem, 
op.  2;  ibid.  —  19°  Trois  divertissements  idem; 
Prague.  —  20°  Jésus  mourant,  oratorio  alle- 
mand, en  manuscrit.  —  21°  Messe  de  Requiem, 
à  4  voix  et  orchestre. 

ROSI  MRS  (Chaules),  vice-maître  de  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Cologne,  vers  la  lin  du  dix-, 
septième  siècle  et  au  commencement  du  dix- 
huitième,  a  fait  imprimer  les  ouvrages  suivants 
de  sa  composition  :  1°  Pièces  choisies  à  la 
manière  italienne,  propres  à  jouer  sur  la 
flûte,  te  violon  et  autres  instruments;  Ams- 
terdam, 1091,  in-4°  obi.  —  2°  Cantiom.es  sacras; 
Cologne,  1098.  —  3"  Quatorze  sonates  pour 
les  violons  et  1rs  hautbois,  à  <i  parties;  Ams- 
terdam, Bogef,  in-4°  obi.  —  4°  Françœsischen 
Partien  fur  3  Stimmen  ;  Augsbourg,  1710,  in- 
fôlio. 

ROSINGRAVE  (Thomas).  Voyez  ROSEIN- 
GKAVE. 

ROSIIVI  (Jkiiôme),  né  à  Pérousc  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut  le  premier 


sopraniste  italien  :  tous  les  castrats  précédem- 
ment attachés  à  la  chapelle  pontificale  ,  ainsi 
qu'aux  autres  grandes  chapelles  de  l'Italie,  étaient 
Espagnols  de  naissance.  Un  concours  ayant  été 
ouvert  à  la  chapelle  pontificale  pour  une  place 
vacante  de  sopraniste,  Rosini  se  lit  entendre  et 
fut  applaudi  par  le  pape  Clément  VIII,  qui  assis- 
tait à  ce  concours;  néanmoins  les  chanteurs 
espagnols  parvinrent  à  le  faire  exclure,  parce 
qu'il  n'était  pas  de  leur  nation.  Le  chagrin  que 
Rosini  en  conçut  le  décida  à  se  faire  capucin  ; 
mais  le  pape  ayant  été  informé  de  celle  circons- 
tance le  lit  appeler  et  le  releva  de  ses  vœux  ad 
inserviendum  CapclUe  pontifier.  Rosini  fut 
admis  dans  la  chapellle  pontificale  le  22  avril 
1C01.  La  beauté  de  sa  voix,  son  excellente  mé- 
thode de  chant  et  la  pureté  de  son  goût  le  tirent 
longtemps  admirer.  Le  13décembre  1G06,  il  entra 
dans  l'institut  de  l'Oratoire,  fondé  par  saint  Phi- 
lippe Néri  :  il  mourut  le  23  septembre  1644. 
Les  compositions  de  Rosini  ne  sont  pas  connues 
jusqu'à  ce  jour.  Son  portrait  se  trouve  dans  les 
Osserrazioni  per  ben  regolare  il  coro  delta 
capella  l'ontificia;  d'Adamidc  Bolsena(p.  189). 

ROSIIVI  (Charles -Marie),  né  àNapIesen 
1748,  fit  ses  premières  études  chez  les  jésuites, 
et  les  acheva  au  séminaire  de  celte  capitale;  puis 
il  entra  dans  les  ordres,  et  quoique  à  peine  Agé  de 
vingt  ans,  il  eut  une  chaire  de  littérature  grecque 
et  latine.  Son  rare  mérite  le  fit  ensuite  nommer 
un  des  membres  de  l'académie  archéologique 
d'Herculanuin ,  et  ce  fut  lui  qu'on  chargea  de 
l'explication  et  de  la  publication  des  papyrus  et 
autres  manuscrits  recueillis  dans  les  ruines  de 
cette  ville  antique.  Le  premier  volume  tout  entier 
fut  consacré  à  la  restitution  du  traité  sur  la  mu- 
sique de  Philodème,  à  sa  traduction  latine,  et  à 
des  commentaires  sur  le  texte.  Le  plus  profond 
savoir,  l'érudition  la  plus  solide  régnent  dans  ce 
travail.  Les  talents  et  les  vertus  de  l'abbé  Ro- 
sini lui  firent  obtenir  en  1792  un  canonicat  dans 
l'église  cathédrale  de  Naples,  et  cinq  ans  après 
il  fut  fait  évêque  de  Puzzuoli.  Ce  respectable 
prélat  vivait  encore  en  1832,  entoure  de  la  véné- 
ration de  tous  ses  compatriotes,  et  de  l'estime  des 
savants  de  toute  l'Europe.  Son  beau  travail  sur 
Philodème  a  été  publie  dans  le  premier  volume 
de  la  collection  intitulée  :  llereulanensium  ro- 
luminuin,  quee  superswnt;  Naples,  1793-1820, 
3  vol.  in  -fol. 

ROSIIVI  (Jean),  littérateur  italien,  né  à  Pise 
en  1777,  fit  voir  dès  sa  Jeunesse  d'heureuses 
dispositions  pour  la  culture  des  lettres  en  général, 
et  particulièrement  pour  la  poésie.  Il  établit  à  Pise 
une  imprimerie  d'où  sont  sorties  des  éditions  très- 
estimées  des  meilleurs  classiques  italiens,  dont  il 


ROSllNI  —  ROSSKÏTO 


315 


a  revu  lui-même  les  textes  avec  soin.  Un  de  ses 
premiers  essais  est  un  poème  intitulé  :  La  Poe- 
sia,  lu  Musica  c  la  Danza  ;  Parma,  co'i  tipi 
Bodoniani,  1796,  in-8°  de  30  pages.  Cet  opus- 
cule a  été  réimprimé  dans  les  Poésie  diverse  de 
l'auteur;  Pise,  1817,  2  volumes  in-12. 

ROSliXUS  (Jean),  prédicateur  à  Nuremberg, 
naquit  à  Eisenach  en  1551,  et  mourut  à  Nurem- 
berg en  1610.  Il  a  publié  un  livre  sur  les  anti- 
quités romaines  (Antiquilates  Romanx  ;  Bêle, 
1585,  in-fol.)  qui  n'est  pas  sans  intérêt,  bien  que 
«les  ouvrages  du  même  genre  et  plus  riches  de 
faits  aient  vu  le  jour  postérieurement.  Le  mérite 
de  ce  livre  est  attesté  par  les  éditions  multipliées 
qui  en  ont  été  faites.  On  en  connaît  de  Leyde, 
1009,  in-4°;  de  Paris,  1617,  in-fol.,  de  Cologne, 
1619  et  1662,  de  Gand,  1620,  et  d'Utrecht,  1701, 
in-4°.  Rosinus  traite  dans  cet  ouvrage  de  Fart 
dramatique,  et  dans  le  llmc  chapitre  du  5me  li- 
vre, des  dûtes  et  de  leurs  variétés  dans  la  récita- 
lion  de  la  tragédie  et  de  la  comédie  des  Romains. 

ROSIXER  (Jean-Geohces-Eunest),  profes- 
seur à  l'université  d'Erlangen,  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un 
livre  intitulé  :  Toni  Theoila;  Erlangen,  1739, 
in-4°.  Cet-écrit,  inconnu  à  tous  les  auteurs  qui 
se  sont  occupés  de  l'histoire  littéraire  de  la  mu- 
sique, n'est  pas  même  mentionné  dans  l'Allge- 
meines  Bûcher- LexUton  de  Heinsius,  ni  dans 
les  suppléments.  La  théorie  des  rapports  des 
sons,  exposée  dans  cet  ouvrage,  est  toute  mathé- 
matique et  n'offre  pas  de  principe  nouveau. 

ROSNER  (François),  ténor  distingué,  na- 
quit le  2  décembre  1800  à  Waitzen  en  Hongrie. 
Son  nom  véritable  était  Rosnill ;  il  prit  celui 
sous  lequel  il  est  connu  lorsqu'il  entra  dans  la 
carrière  de  chanteur  dramatique.  Doué  dans  son 
enfance  d'une  jolie  voix  de  soprano,  il  reçut  sa 
première  éducation  musicale  comme  enfant  de 
chœur  à  la  cathédrale  de  Pesth.  Son  père,  an- 
cien militaire,  le  destinait  au  commerce  et  l'en- 
voya à  Vienne  à  l'âge  de  quinze  ans,  pour  y  faire 
son  apprentissage  dans  la  maison  d'un  riche  né- 
gociant; ce  fut  alors  que  Rosner  sentit  s'éveiller 
en  lui  le  gont  passionné  de  la  musique,  après 
avoir  entendu  l'exécution  de  quelques  messes 
solennelles  à  l'église  Saint-Etienne;  sa  voix  s'é- 
tant  transformée  en  un  beau  ténor,  il  obtint 
facilement  du  maître  de  chapelle  Preindl  l'autori- 
sation de  chanter  dans  les  chœurs.  Frappés  de  la 
beauté  de  son  organe  vocal,  les  musiciens  de 
cette  église  lui  donnaient  fréquemment  le  con- 
seil d'entrer  au  théâtre  ;  son  penchant  l'y  portait 
nonobstant  la  défense  de  son  père.  Cédant  enfin 
à  son  entraînement  vers  la  scène,  il  débuta  en 
1820  au  théâtre  Léopold,  et  y  obtint  de   si  bril- 


lants succès,  que  Wcigl  (voyez  ce  nom)  l'engagea 
pour  le  théâtre  de  la  cour  et  lui  donna  des  leçons 
de  chant.  Pendant  trois  ans  il  chanta  à  l'opéra 
de  la  cour  impériale  ;  mais  lorsque  l'entrepreneur 
Barbaja  eut  pris  à  baii  le  théâtre  de  la  Porte  de 
Carinlhie,  pour  l'opéra  italien,  Rosner  accepta  un 
engagement  à  l'opéra  allemand  d'Amsterdam. 
Deux  ans  après  il  chanta  au  théâtre  de  Brunswick, 
et  en  1829  il  se  rendit  à  Londres,  où  il  produisit 
une  vive  sensation.  De  retour  à  Amsterdam, 
il  y  recul  l'invitation  d'aller  à  Bruxelles  pour 
chanter  à  la  <  our,  mais  la  révolution  du  mois  de 
septembre  1830  le  fit  s'éloigner  précipitamment 
de  celte  ville.  I!  entra  à  cette  époque  au  théâtre 
électoral  de  Cassel,  jusqu'à  ce  que  les  événements 
politiques  eussent  interrompu  les  représentations, 
il  accepta  alors  un  engagement  à  Darmstadt.  En- 
fin, en  1833,  le  roi  de  Wurtemberg  le  prit  à  son 
service,  en  qualité  de  premier  ténor  de  sa  cha- 
pelle. Rosner  mourut  à  Stuttgard  le  3  décembre 
1841. 

ROSS  (Jean),  organiste  de  l'église  de  Saint- 
Paul,  à  Aberdeen,  est  né  en  1764,  à  Newcastle 
sur  la  Tyne.  A  l'âge  de  onze  ans  ,  il  fut  placé  sons 
la  direction  de  Howdon,  organiste  de  Saint-Ni- 
colas, à  Newcastle,  et  élève  de  Charles  Avison. 
Ross  étudia  près  de  lui  le  clavecin,  l'orgue  et 
l'harmonie  pendant  sept  années;  puis  il  se  livra 
à  la  lecture  de  quelques  anciens  traités  de  com- 
position, et  devint  un  organiste  distingué.  En 
1783,  il  obtint  l'orgue  de  Saint-Paul,  à  Aberdeen, 
et  pendant  plus  de  cinquante  ans  il  a  été  l'orga- 
niste de  cette  église.  Cet  artiste  a  publié  à  Edim- 
bourg et  à  Londres  :  1°  Concertos  pour  piano  et 
orchestre,  nos  i,  2,  3,4,  5,6. —  2°  Sept  œuvres 
de  trois  sonates  pour  le  piano,  dont  trois  com- 
posés sur  des  airs  écossais.  —  4°  Duos  pour 
piano  à  4  mains,  op.  26.  —  4°  Airs  anglais  et 
écossais  variés.  —  5°  Six  hymnes  à  3  voix  avec 
orgue.  —  6°  Six  recueils  de  chansons  avec  ac- 
compagnement de  piano.  —  7°  Des  valses  et 
autres  bagatelles. 

ROSSELLI  (François),  V.  ROUSSEL 
(François)-. 

ROSSETI  (Antoine),  en  latin  Rossetus  Ve- 
ronensis,  parce  qu'il  naquit  à  Vérone,  dans  la 
seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  fut  un 
compositeur  de  chants  italiens  et  particulière- 
ment vénitiens,  connus  à  cette  époque  sous  le 
nom  de  frottole.  On  trouve  des  frotlole  d'An- 
toine Rosseti  dans  le  deuxième  livre  de  ces 
chants  publiés  par  Octavien  Petrucci,  à  Venise, 
en  1507. 

ROSSETTO  (Biaise),  prêtre  et  organiste 
de  l'église  collégiale  de  Vérone,  naquit  dans 
cette  ville  à  la  fin  du  quinzième  siècle.  Il  est 


316 


ROSSETTO  -  ROSSI 


auteur  d'un  petit  ouvrage  intitulé  :  Libellus  de 
rudimentis  musices.  De  triplici  musices  specie; 
de  modo  débile  solvcndi  divinvm  pensum;  et 
de  auferendisnonnullis  alPusibus  in  Dei  tem- 
plo;  Vérone,  1529,  in-4°.  Au  dernier  feuillet  du 
volume  on  lit  :  Vérone  lier  Stephanum  et  fra- 
tres  de  Nicolinis  de  Sabio,  sumptuet  réqui- 
sitions U.  Rlasii  Rosetti  (sic)  presbylcri,  in 
ecclesia  majori  organist x ;MDXXIX,  mense 
septembris.  Cet  ouvrage,  dont  les  exemplaires 
sont  rares,  est  un  traité  du  chant  de  l'église.  La 
seconde  partie,  intitulée  De  Choro  et  organo 
compendium,  traite  de  l'exécution  du  chant  et 
de  l'ordre  de  l'office  divin  pour  le  chœur  et 
pour  l'organiste. 

ROSSI  (Emile),  maître  de  chapelle  à  Notre- 
Dame  de  Lotetle,  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle,  et  connu  par  un  canon  à  quatre 
parties  bien  fait,  rapporté  par  Kircher  (Mu- 
surgia  univers.,  tome  I,  fol.  489),  et  dont  on 
trouve  la  résolution  en  partition  dans  l'Histoire 
générale  de  la  musique  de  Hawkins,  t.  Il, 
p.  3C5.  Une  messe  à  si\  voix  du  ce  compositeur  est 
en  manuscrit  à  la  bibliothèque  royale  de  Mu- 
nich, cod.  45;  elle  a  pour  titre  :  Ullimi  miei 
sospiri. 

ROSSI  (Jean-Marie),  compositeur  distingué, 
né  à  Brescia  vers  1530,  ne  sut  pas  faire  estimer 
son  mérite  à  «a  juste  valeur,  parce  qu'il  était 
d'une  rare  modestie.  On  ne  connaît  de  lui  que 
l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Libro  primo  de' 
Motetti  a  chique  voci  dati  inluce  et  corretli 
da  Claudio  di  Correggio;  in  Yenetia,  1567, 
in-4°obl. 

ROSSI  (Jean- Baptiste),  clerc  régulier  de 
l'ordre  des  PP.  Somasques,  naquit  à  Gênes  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  vraisem- 
blablement au  plus  tard  en  1550,  car  il  dit, 
dans  l'épttre  dédicatoire  du  livre  dont  il  sera 
parlé  tout  à  l'heure,  qu'il  était  vieux  quand  il  le 
composa.  Il  vécut  dans  le  couvent  de  son  ordre 
à  Gènes,  d'où  l'épître  dédicatoire  de  son  livre  est 
datée,  le  2  janvier  1618.  Il  nous  apprend  aussi, 
dans  le  second  chapitre  de  cet  ouvrage,  qu'il 
avait  publié  précédemment  à  Gènes,  chez  Jean 
Guariglio,  un  livre  de  philosophie  dans  lequel  il 
avait  traité  de  certaines  questions  spéculatives  de 
la  musique,  et  qu'on  peut  les  consulter  avec 
fruit.  Son  traité  de  musique  a  pour  litre  -.Organo 
de  cantorl  per  intendere  da  se  stesso  ogni 
passo difficile  che  si  trova  nella  mutica,  et 
aiico  per  imparar  contrappunto,  con  alcune 
cantilene  adue,tre,  quattroet  cinque  voci} 
stampadel  Gardanoin  Venetia, oppressa  Bar- 

tholoinro  Magni,  1018,  in-fol.  de  1 15  pages.  Cet 

ouvrages  del'intérôl  par  Us  résolutions  qu'on  j 


trouve  de  quelques  cas  embarrassants  de  la  nota- 
tion proportionnelle  des  quinzième  et  seizième  siè- 
cles, particulièrement  des  modes,  des  prolations 
et  des  proportions.  Les  chapitres  12  à  37  de  la 
première  partie  du  livre  sont  employés  à  ces 
sortes  de  résolutions.  La  deuxième  partie  est  un 
traité  de  contrepoint  où  l'on  trouve  quelques 
bons  morceaux  de  Jean-Baptiste  Rossi  dans  un 
style  relativement  moderne. 

ROSSI  (Salomon),  compositeur,  vivait  à 
Manloue  vers  la  fin  du  seizième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-septième.  Il  était  juif 
de  naissance,  et  suivant  Wolff,  qui  lui  donne  le 
nom  de  Rubeis  dans  sa  Bibliotkeca  hebraa, 
il  était  rabbin.  On  le  trouve  quelquefois  désigné 
sous  le  nom  de  Rossi  de  Manloue.  On  a  sous  le 
nom  de  Bossi  :  1°  Il  primo  libro  délie  canzo- 
nclle  àtre voei;  Venise,  1589.  —2°  Ilsecondo 
libro  idem;  Venise,  1592,  in-4°.  —  3°  Il  primo 
libro  de'  Madrigali  a  cinque  voci;  Venise  . 
1596,  in-4°.  Il  a  été  fait  une  édition  de  ce  reçus  il 
à  Anvers,  par  Pierre  Phalèse,  enl598,in-4°  obi., 
et  Richard  Amadino,  de  Venise,  en  adonné  un 
troisième  en  1607.  Le  second  livre  de  ces  madri- 
gaux à  5  voix  aété  publié  à  Venise,  chez  Richard 
Amadino,  en  1599;  le  troisième  ibid.,  en  1609, 
et  le  quatrième  ibid., en  1613.  —  4°  Sonate, 
gagliarde,  brandi  c  correnti  a  duc  viole  col 
basso  per  il  cembalo;  Venise,  1623,  in-4". 

ROSSI  (Louis),  compositeur,  né  à  Naples 
dans  les  dernières  années  du  seizième  siècle, 
vécut  à  Borne  vers  1620,  et  y  fit  admirer  ses 
ouvrages.  U  se  distingua  particulièrement  dans  le 
genre  de  la  cantate,  dont  il  fut  un  des  premiers 
auteurs.  Pierre  Délia  Yalle  fait  l'éloge  du  talent 
de  cet  artiste,  dans  sa  lettre  à  Guidiccioni  sur  la 
situation  de  la  musique  en  Italie  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle,  insérée  dans  le  2'"*  vo- 
lume des  oeuvres  de  J.-B.  Doni  (p.  249  à26i). 
Beaucoup  de  cantates  de  Rossi  se  trouvent  en 
manuscrit  au  Musée  britannique  de  Londres, 
n03  1265  et  1273,  et  dans  la  collection  d'Aldrich, 
au  collège  du  Christ,  à  Oxford  ,  qui  contient 
aussi  plusieurs  motets  de  sa  composition,  remar- 
quables par  la  facture.  On  trouve  dans  la  biblio- 
thèque Magliabècchi,  à  Florence,  une  scène  ex- 
traite de  l'oratorio  intitulé  :  Giuseppe  figlio  di 
Giacobbe,  opéra  spirituale,  fatta  in  musica 
da  Aloigi  (!<•  Rossi,  Napolitano,  in  Borna. 

ROSSI  (Michel-Ange),  né  à  Borne,  excellent 
violoniste,  organiste  et  compositeur,  fut  le  meil- 
leur élève  de  Frescobaldi.  Il  vécut  à  Rome  de- 
[1111-.  1620  jusque  vers  1660.  En  1625,  il  donna  à 
Rome,  dans  une  société  d'amateurs,  un  opéra 
intitulé  :  Erminia  sul  Giordano.  il  joua  lui- 
même  dans  le  prologue  le  rôle  à1  Apollon.  On 


ROSSI 


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voit  dans  la  préface  de  la  partition,  qu'il  fit  en- 
tendre des  sons  si  doux  et  si  moelleux  sur  son 
violon,  qu'il  justifia  par  là  son  triomphe  lorsque 
les  Muses  l'amenèrent  dans  un  char.  L'opéra 
de  Rossi  fut  publié  à  Rome  en  1627.  Rossi  s'est 
fait  aussi  connaître  avantageusement  comme  or- 
ganiste, par  un  livre  de  pièces  d'orgue  et  de  cla- 
vecin intitulé  :  Iniabolatura  d' organo  e  cem- 
balo,  Rome,  1657.  infol. 

ROSSI  (  Lemme  ) ,  professeur  émérite  de  phi- 
losophie et  de  mathématiques  à  l'université  de 
Permise,  naquit  dans  cette  ville  en  1601.  Il  nous 
apprend,  dans  son  Sistema  musico  (  p.  95),  que 
son  maitre  de  mathématiques  fut  le  savant  Jo- 
seph Neri.  En  1628,  Rossi  fut  professeur  de 
philosophie  à  l'université  de  sa  ville  natale. 
Il  mourut  le  2  mai  1673,  à  l'âge  de  72  ans,  et 
fut  inhumé  dans  l'église  de  S.  Maria  Nuova  (1). 
On  a  de  ce  savant  un  traité  sur  les  proportions 
des  intervalles  musicaux,  sous  le  titre  de  Sis- 
tema musico,  overo  musica  speculativa,  dove 
si  spiegano  i  più  celebri  sistemi  di  tutti  i  tre 
generi;  Pérouse,  1666,  in-4°. 

ROSSI  (  Christophe),  chanteur  et  composi- 
teur, né  à  Milan  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle, était,  en  1655,  ténordans  la  cha- 
pelle île  l'empereur  Ferdinand  III,  à  Vienne.  11 
a  laissé  en  manuscrit  des  messes,  motets  et  in- 
troïts  indiqués  dans  le  catalogue  de  Parstorlfer. 

ROSSI  (  L'abbé  François  ),  chanoine  de  l'é- 
glise métropolitaine  de  Bari  vers  1680,  naquit 
dans  cette  ville  vers  1645;  il  est  connu  par  la  mu- 
sique de  quatre  opéras,  dont  les  titres  sont:  m  II 
Sejanomoderno  delta  Tracia,  à  Venise,  1686. 
—  2°  La  Pena  degli  occhi,  représenté  an  théâ- 
tre San-Mosè,  à  Venise,  en  16S8. —  3°  La  Corilda, 
o  l'Amor  trionfante  delta  vendetta,  au  mêm'e 
théâtre,  dans  la  même  année.  — 4°  Mitrane, 
opéra  sérieux,  représenté  au  même  théâtre, 
en  1689.  J'ai  tiré  de  la  partition  de  cet  opéra 
un  air  de  contralto  de  la  plus  grande  beauté,  qui 
a  été  chanté  avec  un  brillant  succès  dans  mon 
concert  historique  de  la  musique  du  dix- sep- 
tième siècle,  au  mois  de  mars  1833.  Je  ne  sais 
quel  barbare  a  imaginé  depuis  lors  d'instru- 
menter cet  air  avec  des  flûtes,  des  hautbois,  des 
clarinettes,  des  bassons,  des  cors,  des  trompettes 
et  des  trombones.  J'ai  vu  la  partition  ainsi 
ajustée  en  la  possession  d'une  cantatrice.  On  a 
aussi  de  Rossi  :  Salmi  e  messa  (pro  defunctis)  a 
cinque  voci, opéra  prima  ;  Venise,  1688,  in-iû. 
La  partition  de  son  oratorio  La  Caduia  degli 

(1)  Voy.  les  Recherches  de  Biographie  Pérousienne  de 
M.  le  comte  Rosst-Scotti,  placées  en  tête  de  son  excel- 
lente monographie  intitulée  :  Délia  vita  e  délie  opère  di 
Francesco  Morlacchi.  (  Peruzia,  1861,  p.  XLI-XHI.  ) 


Angcli  se  conserve  chez  les  PP.  de  l'Oratoire  ou 
Filippini  de  Naples. 

ROSSI  (  Laurent),  compositeur  dramatique, 
né  à  Florence  en  1760,  fit  ses  premières  études 
de  musique  sous  la  direction  de  Bartholomé 
Felici,  son  compatriote,  puis  alla  demander  des 
conseils  à  Paisiello,  en  1775.  Ce  musicien  cé- 
lèbre qui  s'éloignait  alors  de  Naples  pour  se  ren- 
dre en  Russie,  conseilla  au  jeune  Rossi  d'entrer 
au  Conservatoire  de  San  Onofrio;  ce  qu'il  fit, 
et  pendant  cinq  ans  il  reçut  les  leçons  d'Insan- 
guine  et  de  Cotumacci.  De  retour  à  Florence,  it 
y  écrivit  d'abord  beaucoup  de  musique  d'église, 
et  une  cantate  à  trois  voix  pour  le  grand-duc 
Léopold,  intitulée  VUmanità.  Plus  tard  il  com- 
posa les  opéras  dont  les  titres  suivent  :  1°  Vlfi- 
genlain  Aulide,  à  Gênes.  —  1°  I  due  Fratelli 
ridicoli,  à  Turin.  —3°  VAntigono,  à  Alexan- 
drie. —  4°  Il  Geloso  in  cimento,  à  Monza.  — 
5°  Le  due  Cognate  in  contesa,  à  Venise.  — 
6"  Lo  Sposo  burlato,  à  Rome.  Rossi  a  publié 
à  Florence,  en  1784,  symphonies  pour  2  violons, 
alto,  basse,  flûte;  2  hautbois  et  2  cors.  On  con- 
naît aussi  sous  son  nom  six  rondos  pour  le 
piano.  • 

ROSSI  (Joseph),  maitre  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Terni  (Étals-Romains),  dans  les 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle,  a  fait 
représenter  au  théâtre  Tordinone  de  Romer 
pendant  le  carnaval  de  1807,  l'opéra  intitulé 
La  £  posa  in  Livorno.  On  a  de  ce  maître  un 
opuscule  qui  a  pour  titre  :  Alli  intendent  i  di 
contrappunto ;  Terni,  1809,  in-8o.  Le  livre 
posthume  d'Adrien  de  la  Fage  (  Essais  de  Di- 
phlhérographie ;  Paris,  Legouix,  1864),  fournit 
des  renseignements  sur  cet  opuscule  et  sur  les 
circonstances  qui  le  firent  naître  (p.  408)  ;  il  en 
résulte  que  Rossi  avait  imaginé  un  système 
d'harmonie  d'après  lequel  les  accords  employés 
pour  l'accompagnement  delà  gamme  ascendante 
l'étaient  aussi  pour  la  gamme  descendante  ;  ce 
qui  est  impossible  si  le  quatrième  et  le  septième 
degré  de  la  gamme  ont  les  accords  dissonants 
qui  caractérisent  la  tonalité  moderne.  Un  certain 
abbé  De  Angelis,  ténor  de  la  cathédrale  deRieti, 
avait  attaqué  le  système  de  Rossi  ;  diverses  let- 
res  furent  écrites  à  ce  sujet  par  les  deux  ad- 
versaires, et  la  question  fut  soumise  indirecte- 
ment à  l'abbé  Baini  (voyez,  ce  nom),  qui  répon- 
dit par  un  écrit  où  il  avait  tâché  de  concilier 
les  opinions  opposées.  C'est  à  la  suite  de  cette 
espèce  de  jugement  arbitral  que  Rossi  publia 
son  opuscule,  dans  lequel  Baini  est  attaqué  sans 
ménagement.  Après  l'avoir  lu,  celui-ci  y  fit  une 
réponse  qui  n'a  pas  été  publiée,  mais  qui  existe 
en  manuscrit  à  Rome,  dans  la  bibliothèque  C'a- 


318 


ROSSI 


sanatense  (Fonds  Baini,  o.  II.  220),  et  qui  a 
pour  titre  :  Risposita  di  Giuseppe  Baini,  cap- 
pellano  cantorc  pontificio ,  aW  opusculo  del 
Sig.  Maestro  Giuseppe  Rossi,  impresso  in  Terni 
il....  1809, col  tilolo  :  «  Alli  intendenlidel  con- 
irappunto.  »  Opuscvlo  dove,  oltre  laprincipal 
ques/ione  circa  gli  accordida  darsi  allasçala 
si  dilucidano  alcuni  punti  quanlo  intéressante 
altretanio  oscuri  délia  scienza  Musica. 

ROSSI  (  Louis  ),  compositeur  napolitain, 
mort  jeune  vers  1830,  était  fils  d'un  avocat  et 
suivit  la  même  carrière,  mais  avec  peu  de  suc- 
cès, parce  qu'il  n'avait  aucun  goût  pour  cette 
profession,  qu'il  n'avait  embrassée  que  par  défé- 
rence pour  son  père.  Apres  la  mort  de  celui-ci, 
son  penchant  pour  la  musique,  comprimé  jus- 
qu'alors, se  réveilla.  Il  prit  des  leçons  de  Sigis- 
mondo,  ancien  maître  devenu  bibliothécaire  du 
collège  royal  de  musique  de  Naples,  et  se  dé- 
voua à  la  culture  de  l'art.  On  connaît  de  lui  une 
messe  à  4  voix  avec  orchestre,  des  vêpres,  une  can- 
tate dramatique,  beaucoup  d'airs  détachés,  et 
des  symphonies. 

ROSSI  (  Lauro  ),  compositeur  dramatique, 
est  né  à  Naples  vers  1810,  et  a  fait  des  études 
musicales  au  collège  royal  de  musique  de  cette 
ville.  Zingarelli  fut  son  maître  de  composition. 
Le  début  de  Lauro  Rossi  l'ut  l'opéra  intitulé  Cos- 
ianza  cd  Oringaldo,  représenté  à  Naples  en 
1830.  Dans  l'année  suivante,  il  donna  au  théâtre 
Nuovo  de  la  même  ville  Scomessa  e  Matri- 
monio ,  qui  ne  réussit  pas  et  qui  fut  suivi  en 
1832  de  La  Sposa  al  lelto.  Il  Disertore 
swizzero,  joué  à  Rome  dans  la  même  année,  fut 
le  premier  succès  réel  et  mérilé  du  compositeur. 
Le  même  ouvrage  fut  ensuite  représenté  à  Tu- 
rin, à  Païenne,  et  reprisa  Rome  en  1837.  L'o- 
péra Ze  Fuccine  di  Bergen,  écrit  dans  la  même 
ville  en  183'i,  fut  moins  heureux.  Après  son 
retour  a  Naples,  Rossi  écrivit  Amelia  pour  le 
théâtre  Saint-Charles;  mais  cet  ouvrage  ne 
réussit  pas.  Le  jeune  artiste  prit  une  éclatante 
revanche  à  Milan,  dans  la  même  année,  par  son 
opéra  intitulé  La  Casa  disabitata,  dont  le  suc- 
cès fut  des  pi ii$  brillants,  et  qui  fut  joué  avec 
la  même  faveur  dans  la  plupart  des  villes  de 
l'Italie,  ainsi  qu'à  Paris,  sous  le  titre  /  falsi  Mo- 
nelari.  Avant  de  composer  cet  ouvrage,  Lauro 
Rossi  avait  écrit  pour  le  théâtre  de  Como  La 
Villana  confessa,  à  laquelle  il  attachait  peut- 
être  peu  d'importance,  et  qui  néanmoins  réus- 
sit très-bien;  cet  opéra  futjoué  ensuite  avec  suc- 
cès à  Turin,  à  Venise  et  à  Naples.  11  termina  cette 
saison  par  Leocadia,  opéra  romantique  qui  fut 
représenté  à  Milan  vers  la  fin  de  la  même  an- 
née. Immédiatement  après,   Rossi   partit    pour 


Mexico,  où  il  était  appelé  pour  diriger  la  musi- 
que d'un  théâtre  italien  qu'on  venait  d'y  former. 
II  y  passa  les  années  1836  à  1839;  puis  il  se  ren- 
dit à  la  Havane,  où  il  fut  chargé  des  mêmes  fonc- 
tions. Il  y  épousa,  en  1841,  Mue  Ober  Mayer,  can- 
tatrice allemande  dont  l'éducation  vocale  avait 
été  faite  à  Milan  par  les  soins  de  Vaccaj  et  de 
Lamperti.  En  1842,  Lauro  Rossi  fut  appelé  avec 
sa  femme  à  la  Nouvelle-Orléans,  et  après  deux 
ans  de  séjour  dans  cet  Etat  de  l'Amérique,  tous 
deux  revinrent  en  Europe.  De  retour  à  Milan  en 
1844,  Rossi  écrivit  immédiatement  pour  le 
théâtre  de  La  Scala  l'opéra  bouffe  FI  Borgomas- 
iro  di  Schicdam,  dont  le  succès  fut  brillant  et 
qui  fut  joué  à  Turin,  à  Gênes,  à  Venise,  à  Naples, 
ainsi  que  dans  beaucoup  d'autres  villes  de  second 
ordre.  Cet  ouvrage  fut  suivi,  en  I8i5,  de  l'opéra 
bouffe  Ll  Dottor  Bobolo,  joué  sans  succès  à 
Naples  et  à  Turin,  et  de  Benvenuto  C ellini ,  à 
Turin.  Azema  di  Granata,  joué  à  Milan  en 
1846,  fut  aussi  représenté  à  Vienne  peu  de  temps 
après.  En  1847,  Lauro  Rossi  écrivit  à  Turin  la 
Figlia  di  Figaro,  et  à  Milan,  Bianca  Conta- 
rini.  Les  agitations  de  l'Italie,  en  1S4S,  etles  gra- 
ves événements  qui  s'y  passèrent,  imposèrent  si- 
lence au  compositeur;  mais  après  que  le  calme 
eut  été  rétabli ,  il  donna  à  Milan,  en  1 849,  Il  Do  - 
rnino  nero.  En  1850,  j'ai  connu  M.  Lauro  Rossi 
à  Milan  :  il  venait  d'être  nommé  censeur  (  Di- 
recteur des  études  )  du  conservatoire  de  celle 
ville.  J'ai  trouvé  en  lui  un  artiste  de  mérite  et 
un  homme  aimable,  simple  et  modeste.  Je  n'ai 
connaissance  que  d'un  seul  ouvrage  composé 
par  lui  depuis  cette  époque;  il  a  pour  titre  l'Al- 
chimista,  écrit  pour  le  théâtre  du  F'ondo ,  à 
Niiples,  en  1853. 

ROSSï  (  Llici-Felice),  professeur  de  musi- 
que et  compositeur  de  mérite,  naquit  le  27  juil- 
let 1805,  à  Brandizzo,  près  de  Chivasso,  dans 
le  Piémont.  Doué  d'heureuses  dispositions  pour 
la  musique,  il  apprit  seul  les  principes  de  la  mu- 
sique et  du  solfège  à  l'aide  d'un  ouvrage  élémen- 
taire qui  était  tombé  sous  sa  main,  et  il  n'eut  pas 
d'autre  guide  que  son  intelligence  pour  apprendre 
à  jouer  de  la  Cote.  Destiné  par  sa  mère  à  l'étal 
ecclésiastique,  il  lit  ses  études  au  collège  de 
Chivasso,  et  n'en  sortit  que  pour  entrer  au  sé- 
minaire de  Turin.  Cependant,  n'ayant  pas  de 
vocation  pour  la  carrière  qu'on  avait  voulu  lui 
laite,  il  sollicita  et  obtint  la  permission  de  quitter 
l'étude  de  la  théologie  pour  se  livrer  à  celle  de 
la  composition.  Il  se  rendit  alors  à  Naples,  où  il 
eut  la  bonne  fortune  de  recevoir  les  leçons  de 
Raimondi  (voyez  ce  nom ),  excellent  professeur 
dont  le  profond  savoir  lut  digne  des  plus  beaux 
temps  de  l'ancienne  école  romaine.  Le  départ  de 


ROSSI 


319 


ce  maître  pour  la  Sicile  ayant  eu  lieu  avant 
que  les  études  de  Rossi  lussent  terminées,  celui- 
ci  devint  élève  de  Zingarelli,  compositeur  mé- 
diocre et  profeseur  d'un  esprit  étroit,  tout  rem- 
pli de  préjugés,  qui  fut  très  au-dessous  de  la 
réputation  dont  il  jouissait.  Sorti  de  son  école, 
Rossi  retourna  à  Turin.  En  1835,  il  fit  jouer  au 
théâtre  d'Angennes,  de  cette  ville,  l'opéra  bouffe 
GU  Awenturieri ,  dont  le  livret  avait  été  mis 
en  musique  dix  ans  auparavant  par  Cordella 
(voyez  ce  nom),  pour  le  théâtre  Canobbiana, 
de  Milan.  Imité  du  style  deCimarosa,  l'ouvrage 
de  Rossi,  où  l'imagination  faisait  défaut,  n'ob- 
tint qu'un  succès  d'estime  à  Turin,  et  tomba  à 
Milan.  Le  compositeur  eut  le  bon  sens  de  recon- 
naître qu'il  n'avait  pas  le  sentiment  de  la  scène 
et  se  livra  dans  la  suite  à  des  travaux  de  mu- 
sique d'église,  plus  analogues  à  son  genre  de  ta- 
lent. On  connaît  de  lui  plusieurs  messes  dans  le 
Piémont,  où  elles  jouissentdebeaucoupd'eslime: 
on  cite  particulièrement  les  messes  solennelles  en 
ré  mineur  et  en  fa  mineur,  qui  ont  été  publiées 
à  Turin  ;  une  messe  de  Requiem,  pour  des  voix 
d'hommes  avec  orchestre,  à  Milan,  chez  Ricordi  ; 
d'autres  messes  auxquelles  on  a  donné  les  noms  des 
villes  pourlesquelles  elles  ont  été  écrites,  à  savoir, 
les  messes  deGon'o,  d'Alessandria  et  de  Crescen- 
tino , trois  vêpres  complètes  ;  un  Te  Deum,écril  en 
1847  ;  un  Magnificat (enmi  bémol  )  ;  une  messe 
alla  Palestrina;  les  psaumes  Beati  omnes, 
Lsetatus  sum,  Confifebor  et  Laudate  pueri, 
plusieurs  motets,  enfin,  les  Setle  parole  di 
Giesù  Cristo  sulla  croce ,  composition  dé- 
diée à  l'Académie  de  Sainte-Cécile  de  Rome, 
dont  Rossi  était  membre.  Littérateur  distingué, 
il  a  été  le  rédacteur  de  tous  les  articles  qui 
concernent  la  musique  dans  VEnciclopedia  po- 
pulare  de  l'éditeur  Pomba ,  de  Turin,  et  du 
Gran  Dizzionario  délia  lingua  ilaliana  de 
Tomaseo.  11  a  traduit  en  italien  le  Cours  de  con- 
trepoint et  de  fugue  de  Chérubini,  le  Traité 
de  composition  de  Reicha,  et  les  Etudes  de 
contrepoint  de  Beethoven,  d'après  la  version 
française  et  les  notes  de  l'auteur  de  cette  no- 
lice.  Collaborateur  de  la  Gazzeita  musicale 
de  Milan,  publiée  par  Ricordi,  il  y  a  fourni  de 
bons  articles.  Instruit  dans  la  théorie  et  la  di- 
dactique de  son  art,  il  a  formé  plusieurs  bons 
élèves.  Rossi,  dont  la  santé  avait  toujours  été 
chancelante,  est  mort  à  Turin  le  20  juin  1863.  Il 
avait  été  pendant  plusieurs  années  directeur  de 
musique  des  écoles  communales  de  cette  ville. 

ROSSI  (  Mme  la  comtesse  de  )  Voyez 
SONNTAG  (Henriette). 

ROSSI.  Une  multitude  de  chanteurs  et  de 
cantatrices  de  ce  nom  ont  occupé  la  scène  en 


Italie,  avec  plus  ou  moins  de  talent  et  de  succès, 
depuis  1835  jusqu'en  1855  environ.  Parmi  les 
ténors,  on  compte  Felice  Bossi,  qui  chanta  à 
Bologne,  à  Vérone,  et  a  la   foire  de  Viterbe  en 

1834,  à  Ravenne  en  1835,  et  qui  disparaît  après 
avoir  été  à  la  Pergola  de  Florence  en  1837,  et 
à  Ferrare  dans  l'année  suivante.  —  François 
Bossi,  qui  ne  paraît  sur  les  théâtres  de  Gènes, 
de  Modène  et  de  Rome,  que  pendant  les  an- 
nées 1842,  1843  et  1844.  —  Gaétan  Bossi,  qui 
chante  à  Milan  en  1842,  et  qu'on  retrouve  à 
Alger  trois  ans  après.  —  Pierre  Bossi,  attaché 
au  théâtre  Valle  de  Rome,  en  1838,  au  Fondo 
de  Naples  deux  ans  après,  puisa  Berlin  en  1841,  à 
Copenhague  en  1844,  et  à  Bucharest  en  1846.  — 
Bossi-Cicerchia ,  à  Novareen  1839,  à  Palerme 
dans  l'année  suivante  et  en  1845,  à  Naples  en 
1841.  —  Paul  Bossi,  au  théâtre  Valle,  de  Rome, 

en  1853 Enfin  Bossi-Guerra,    à  Parme  en 

1843,  à  Trévise,  à  Crémone  en  1844,  et  à  Sa- 
luzzo  dans  l'année  suivante. 

Dans  la  catégorie  des  basses  on  trouve  Fré- 
déric Bossi,  qui  chanta  à  Ferrare  en  1838,  à 
Crémone  en  1840,  et  à  Lncques  en  1843.  — 
Gaétan  Bossi,  à  Milan  en  1843,  à  la  foire  de 
Bergame  dans  l'année  suivante,  et  à  Messine 
en  1845.  —Napoléon  Bossi,  qui  paraît  avoir  été 
artiste  de  talent  et  dont  la  carrière  commença 
,en  1836  à  Lucques  et  à  Venise.  Il  chanta  en- 
suite jusqu'en  1850  à  Milan,  Turin,  Gênes, 
Trieste,  Rome,  Florence,  Modène,  Vérone,  Vi- 
cence,  Padoue,  Berlin  et  Pétersbourg.  —  Char- 
les Bossi,  chanteur  bouffe,  à  Naples  en  1840,  à 
Parme  en  1845,  à  Berlin  dans  la  même  année, 
et  à  Pétersbourg  en  1848.  —  Bossi-Corsi,  qui 
chanta  à  Turin  en  1845,  et  à  Monza  dans  l'an- 
née suivante. 

Les  cantatrices  du  même  nom  ne  sont  pas 
moins  nombreuses  ;  les  plus  connues  sont  :  Jo- 
séphine Bossi,  qui  chanta  à  Milan  en  1836.  — 
Julie  Rossi,  qui,  après  avoir  paru  sur  plusieurs 
théâtres   de   l'Italie,    chanta  à  Barcelone     en 

1835,  et  à  la  Havane  en  1836,  1837  et  1838;— 
Giovanna  Bossi,  qui,  après  avoir  chanté  à  Mi- 
lan en  1841,  fut  engagée  à  l'Opéra-Comique  de 
Paris  en  1842; —  Thérèse  Rossi  qui  brilla  à 
Venise  en  1834,  puis  à  la  Havane  en  1836,  à 
Lima  depuis  1842  jusqu'en  1845,  puis  à  Val- 
paraiso  jusqu'en  1850. —  Virginie  Bossi-Corry, 
née  en  Angleterre,  sœur  de  la  cantatrice  Corry- 
Paltoni,  et  femme  de  Napoléon  Rossi,  chanta 
à  Livourneen  1835,  à  Florence  en  1836  et  1838,  à 
Rovigoetà  Milan  en  1841, et  àNaplesen  1834.— 
Rossi-Galieno  eut  quelque  succès  à  Gênes  en 
1834,  à  Paris  en  1835,  à  Nice  en  1836,  et  à  Cé- 
phalonie  en  18-*1. 


320 


ROSSI  —  ROSSIJNI 


ROSSI-SCOTTI  (Jean-Baptiste,  comte 
de  ) ,  né  à  Pérouse  vers  1830,  littérateur  d'un 
esprit  distingué,  et  amateur  des  arts  dans  ce 
qu'ils  ont  de  plus  sérieux  et  de  plus  élevé,  est 
auteur  d'une  très-bonne  monographie  de  son 
compatriote  et  concitoyen  le  compositeur  de  mu- 
sique François  Morlacchi.  Elle  a  pour  titre  :  Délia 
vita  e  délie  opère  del  cavalière  Francesco 
Morlacchi  di  Perugia,  primo  maestro  délia 
real  cappella  di  Drcsda,  direttore  délia  opéra 
italiana  e  délie  musiche  di  Corte  di  S.  M.  il  re 
di  Sassonia.Memorie  istoriche  precedute  dalla 
biografia  e  bibliografia  musicale  Perugina  ; 
Perugia,  lipografia  di  Vicenzo  Bartelli, 
1861,  gr.  in  4°  de  LI  et  de  140  pages,  avec  le 
portrait  de  Morlacchi. 

ROSSINI  (joachim),  le  plus  illustre,  le  plus 
populaire  des  compositeurs  dramatiques  de  l'I- 
talie au  dix-neuvième  siècle,  est  né  le  29  fé- 
vrier 1792  à  Pesaro,  petite  ville  de  l'État  de  l'É- 
glise. Son  père,  Joseph  Rossini,  jouait  du  cor,  et 
allait  de  foire  en  foire  faire  sa  partie  dans  les  or- 
chestres improvisés  des  opéras  de  circonstance 
qu'on  y  organise  chaque  année;  sa  mère,  Anne 
Guidarini,  chantait  des  rôles  de  secondes  femmes 
dans  ces  opéras  forains.  De  retour  à  Pesaro, 
après  la  récolte  de  la  saison,  la  famille  Rossini  y 
vivait  le  reste  de  l'année  du  mince  produit  de  ses 
excursions  dramatiques.  Ce  fut  au  sein  de  cette 
existence  obscure  et  pauvre  que  se  passèrent  les 
premières  années  de  celui  qui,  plus  tard,  a  donné 
tant  de  lustre  à  son  nom.  Deux  versions  se  sont 
répandues  sur  ce  qui  concerne  son  enfance  :  d'a- 
près la  première,  il  n'aurait  commencé  l'étude  de 
la  musique  qu'à  l'âge  de  douze  ans ,  sous  un 
maître  de  Bologne.  Suivant  l'autre,  il  suivait  déjà 
la  profession  de  son  père  dès  sa  dixième  année, 
jouant  la  deuxième  partie  de  cor  dans  les  opéras 
forains.  Celle-ci  est  exacte.  Ses  parents  ne  son- 
gèrent à  lui  donner  une  éducation  régulière  de 
musicien  qu'après  avoir  remarqué  la  beauté  de 
sa  voix  :  alors,  c'est-à-dire  en  1804,  on  lui  donna 
pour  maître  Angelo  Tesei,  de  Bologne,  qui  lui 
enseigna  le  chant,  le  piano,  et  lui  lit  chanter  des 
solos  de  soprano  dans  les  églises.  Deux  ans  après, 
Rossini  élait  déjà  grand  lecteur  à  première  vue 
et  accompagnateur  habile.  Ses  parents  conçurent 
le  projet  de  tirer  quelque  avantage  de  son  talent 
précoce,  et  de  l'attacher,  non  plus  comme  simple 
corniste  aux  spectacles  des  foires  de  la  Romagne, 
mais  en  qualité  de  maestro  al  ccmbalo.  Le 
27  août  1806  il  s'éloigna  de  Bologne  pour  aller 
à  Lugo,  puis  à  Ferrare,  Forli,  Sinigaglia,  et  dans 
quelques  autres  petites  villes.  Pendant  cette  tour- 
née ,  la  mue  de  sa  voix  se  déclara,  et  il  cessa 
de  chanter.  Devenu,  par  cet  accident,  hors  d'élat 


de  remplir  ses  fonctions  de  maître  des  choristes 
de  théâtre,  il  rentra  à  Bologne ,  et  le  20  mars 
1807,  il  fut  admis  au  lycée  de  cette  ville,  et  y 
reçut  de  l'abbé  Mattei  des  leçons  de  contre- 
point. 

Peu  d'organisations  musicales  ont  été  moins 
bien  disposées  que  celle  de  Rossini  pour  une  sou- 
mission passive  aux  préceptes  de  l'école.  Impa- 
tient d'écrire,  et  guidé  par  son  instinct  vers  la 
carrière  de  compositeur  dramatique,  il  ne  com- 
prenait pas  l'utilité  des  exercices  qu'on  lui  faisait 
faire  dans  l'art  d'écrire  d'un  style  pur  et  correct, 
à  quatre,  cinq  ou  six  parties  réelles,  sur  la  gamme 
on  sur  un  plain-chant  donné.  Encore  moins  pou- 
vait-il se  décider  à  ne  faire  usage  dans  ce  qu'il 
écrivait  que  d'harmonies  simples  et  consonnantes 
sans  modulations;  lui  dont  le  penchant  naturel 
tendait  vers  ces  associations  d'accords  où  toutes 
les  tonalités  sont  mises  en  un  contact  sans  cesse 
variable.  Toute  la  science  de  Mattei,  assurément 
incontestable,  était  de  peu  de  ressource  pour  di- 
riger le  génie  d'un  tel  élève.  Ce  maître  n'avait 
qu'une  méthode,  et  les  ressources  de  son  esprit 
n'étaient  pas  assez  riches  pour  la  modifier  en 
faveur  d'une  audacieuse  intelligence  (1).  Après 
avoir  conduit  ses  élèves  pas  à  pas  dans  les 
variétés  de  l'art  élémentaire  désigné  sous  le  nom 
de  contrepoint  simple,  et  lorsqu'il  se  disposait 
à  les  introduire  dans  les  combinaisons  plus  diffi- 
ciles des  canons,  des  contrepoints  doubles  et  de 
la  fugue,  il  lui  arriva  de  leur  dire  que  la  connais  • 
sance  de  ce  contrepoint  simple,  objet  de  leurs 
études  précédentes,  n'était  suffisante  que  pour 
écrire  de  la  musique  libre  ;  mais  que  pour  le  style 


|1|  Il  ne  faut  pas  croire  toutefois  ce  qu'ont  écrit  certains 
journalistes  du  mépris  qu'aurait  eu  Rossini  pour  les 
formes  scientifiques  de  l'ancienne  musique.  Voici  ce  que 
lut- même  m'en  a  dit  dans  une  conversation  sérieuse  en 
1841,  à  sa  villa,  prés  de  Bologne.  Je  lui  avais  donné  quel- 
ques jours  auparavant  mon  esquisse  de  l'histoire  de  l'har- 
monie, et  lui  avals  dit  en  lut  remettant  ce  volume  :  fous 
ne  lirez  pas  cela;  mais  je  ne  crois  pas  pouvoir  mettre 
ce  litre  en  des  mains  plus  dignes  que  dans  celles  de 
l'homme  qui  a  été  créateur  dans  l'harmonie  II  sourit 
et  ne  répondit  rien.  Quelques  Jours  après.  J'allai  le  re- 
voir ;  il  vint  au-devant  de  mot  dans  son  jardin  et  en- 
tama immédiatement  la  conversation  de  cette  manière: 
«  J'ai  lu  votre  ouvrage  avec  un  grand  intérêt  :  c'est  une 
«  chose  curieuse  que  l'invention  et  les  progrés  de  cette 
«<  harmonie  ,  partie  si  essentielle  de  la  musique.  SI  Je 
«  vous  avais  eu  pour  maitre,  mon  cher  Fétis,  j'aurais  été 
«  ce  qu'on  appelle  un  savant  musicien,  car  J'avais  le  goût 
«  des  combinaisons  île  la  musique  des  anciens  maitros. 
<■  le  plus  vif  plaisir  que  la  musique  m'ait  fait  éprouver 
«  est  l'exécution  en  1S12,  de  quelques  morceaux  de  Pales- 
«  trina  à  la  chapelle  pontificale  de  Home.  Mais  j'avais  a 

«  Bologne   un qui,   lorsque  je  lui  demandais  la 

«  raison  de  ce  qu'il  me  faisait  faire,  me  répondait  tou- 
•<  jours  par  l'autorité  de  l'école.  Je  l'ai  envoyé  promener 
u  et  n'ai  plus  consulté  que  mon  goût.  » 


ROSSINI 


321 


ecclésiastique,  il  était  nécessaire  de  posséder  un 
savoir  plus  étendu.  A  ces  mots,  Rossini  s'écria  : 
«  Maître!  que  dites-vous?  quoi;  avec  ce  que 
«  j'ai  appris  jusqu'à  ce  jour;  on  peut  écrire  des 
«  opéras?  —  Sans  doute.  —  C'est  assez  ;  je  n'en 
«  veux  pas  savoir  davantage  ;  car  ce  sont  des 
n  opéras  que  je  veux  faire.  »  Là,  en  effet,  se  bor- 
nèrent ses  études  scolastiques  qui  lui  lurent  île  peu 
de  secours,  parce  que  la  négligence  et  le  dégoût 
y  avaient  présidé  ;  mais  il  y  suppléa  par  une 
étude  pratique,  plus  profitable  pour  un  esprit  de 
sa  trempe  :  elle  consistait  à  mettre  en  partition 
des  quatuors  et  des  symphonies  de  Haydn  et  de 
Mozart  :  de  celui-ci  surtout;  car  le  génie  de 
Mozart,  incompris  jusqu'alors  en  Italie,  était  en 
merveilleux  rapport  avec  les  juvéniles  pensées  du 
fiutuc  grand  artiste.  Maintes  fois  il  m'a  dit  qu'il 
avait  mieux  compris  les  procédés  de  l'art,  dans 
ce  travail  facile,  qu'il  n'aurait  pu  le  faire  pendant 
plusieurs  années  d'après  l'enseignement  de  Mattei. 
Les  premières  productions  du  talent  de  Rossini 
avaient  été  une  symphonie  à  grand  orchestre,  des 
quatuors  de  violon,  qu'on  a  eu  ie  tort  de  publier 
contre  le  vœu  de  leur  auteur,  et  une  cantate  in- 
titulée II  Pianto  d'Armonia,  qui  fut  exécutée 
à  Bolognesle  11  août.  1808.  Il  était  alors  âgé  de 
seize  «ans  et  quelques  mois.  De  retour  à  Pesaro 
dans  les  premiers  mois  de  1810,  il  y  trouva  chez 
quelques  amateurs,  particulièrement  dans  la  fa- 
mille Periicati,  des  protecteurs  qui  aidèrent  ses 
premiers  pas  dans  une  carrière  où  il  devait  ac- 
quérir une  gloire  enviée  de  tous  les  musiciens 
de  «on  époque.  Ce  fut  par  leurs  soins  que  Rossini 
obtint  un  engagement  pour  écrire  son  premier 
opéra.  Cet  ouvrage  fut  joué  pendant  l'automne 
de  1810  au  théâtre  San-Mosè  de  Venise,  sous  le 
titre  de  La  Cambiale  di  matrimonio.  Le 'succès 
de«cette  production  fut  ce  que  pouvait  être  celui 
d'un  petit' opéra  en  un  acte  écrit  par  un  compo- 
siteur de  dix-neuf  ans  encore  inexpérimenté.  De 
retour  à  Bologne ,  Rossini  y  attendit  l'occasion 
d'un  second  essai,  qu'il  fît  dans  l'automne  de  1811, 
an  théâtre  del  Corso  de  cette  ville ,  dans  un 
opéra  bouffe  intitulé  VEquivoco  slravagante. 
Malgré  le  talent  de  la  Marcolini,  chargée  du  rôle 
principal  de  cet  ouvrage,  il  ne  réussit  pas; 
mais  Rossini  se  releva  bientôt  à  Rome  par  lé  De- 
mclrio  e  Polibib,  écrit  pour  le  théâtre  J  aile, 
de  Rome,  et  qui  fut  joué  par  Mombelli  et  ses 
tilles.  Là  se  trouvait  un  délicieux  quatuor  où  le 
génie  du  compositeur  se  révélait  tout  entier,  et 
qu'on  a  depuis  lors  intercalé  dans  d'autres  ou- 
vrages du  même  artiste.  Dès  l'année  1812,  l'ad- 
mirable fécondité  du  génie  de  Rossini  se  mani- 
festa d'une  manière  non  équivoque;  car  il  écrivit 
pour  le  carnaval  Vlnganno  felice ,  au  théâtre 

E10CR.    UNIT.    DES  MUSICIENS.  —    T.  VII. 


San-Mosè,  de  Venise;  au  carême, Cifo  in  Ba- 
bilonia;  pour  le  théâtre, Communale  de  Fer- 
rare;  au  printemps, la  Scala  di  scia,  pour  le 
théâtre  San-Mosè,  de  Venise;  a  l'automne,  la 
Pietra  del  paragone,  pour  le  théâtre  de  la 
Scalo,  à  Milan;  et  dans  la  même  saison,  l'Oc- 
casione  fà  il  ladro,  pour  Venise.  Tout  n'était 
pas  bon  dans  ces  cinq  opéras  écrits  en  si  peu  de 
temps,  et  dont  la  fortune  ne  fut  pas  égale  ;  à  peine 
a-t-on  retenu  les  litres  de  la  Scala  di  sela  et  de 
l'Occazione  fà  il  ladro;  mais  un  très-beau  trio 
de  Vlnganno  felice  ,  mais  deux  airs  et  surtout 
un  choeur  de  Ciro  in  Babilonia,  dont  la  déli- 
cieuse canliiène  est  devenue  plus  tard  le  thème 
de  la  cavatine  du  Rarbier  de  Se  vil  le  (Ecco  ri- 
dente);  mais  la  cavatine  (Ecco  pielosa  tu  sei 
la  sola)  et  le  finale  du  premier  acte  de  la  Pietra 
del  paragone,  ne  laissaient  plus  de  doute  sur  la 
richesse  d'imagination  du  nouveau  maître.  Dans 
l'année  suivante,  Tancredi,  écrit  pour  la  Fe- 
nice,  de  Venise,  et  VItaliana  in  Algeri,  com- 
posé pour  le  théâtre  San-Bcnedetto  de  la  même 
ville,  firent  saluer  leur  auteur  par  l'opinion  pu- 
blique comme  lepremier  des  compositeurs  drama- 
tiques vivants  de  l'Italie.  Le  ton  chevaleresque 
du  premier  de  ces  ouvrages  ;  la  noble  mélancolie 
du  rôle  de  Tancrède;  l'intérêt  soutenu  pour  la 
première  fois  d'un  bout  à  l'autre  d'un  opéra  sé- 
rieux italien ,  par  une  verve  continue  d'inspira- 
tion ;  une  harmonie  dont  les  successions  piquantes 
étaient  auparavant  ignorées  chez  les  compatriotes 
de  Rossini  ;  enfin  une  instrumentation  dont  les 
formes  n'étaient  pas  moins  nouvelles  pour  eux; 
tout  cela,  dis-je,  procura  à  la  création  de  l'artiste 
un  de  ces  succès  d'émotion  qui  sont  les  signes 
certains  d'une  époque  de  réelle  transformation  de 
l'art.  L'abus  de  certains  moyens  d'effet,  tels  que 
les  crescendo ,  les  cabalette,  et  de  singulières 
négligences  de  style  et  de  facture  semées,  çà  et 
là,  faisaient  mêler,  il  est  vrai,  les  sévères  improba- 
tions  des  critiques  de  profession  aux  élans  de 
l'admiration  des  dilettanti ,  mais  déjà  l'auteur 
de  Tan rratfe avait  compris  que  les  défauts  de  cette 
nature  n'ont  pour  censeurs  que  les  gens  du  mé- 
tier, toujours  en  petit  nombre,  et  que  le  public 
n'analyse  pas  ce  qui  l'émeut.  Ce  qu'il  voulait , 
c'était  le  succès  populaire;  or,  on  doit  avouer 
que  jamais  compositeur  ne  l'obtint  d'une  manière 
aussi  complète,  dans  les  beaux  temps  de  sa  car- 
rière. En  dépit  des  critiques  dont  ces  innovations 
étaient  l'objet;  en  dépit  des  efforts  des  partisans 
de  l'ancienne  école,  Rossini  n'eut  plus  de  rivaux 
en  Italie  après  le  succès  de  Tancrède.  Venise  et 
Milan,  Rome  et  Naples  furent  désormais  les  seules 
villes  qui  purent  aspirer  à  l'honneur  de  l'engager  : 
dès  ce  moment,  il  n'écrivit  plus  que  pour  leurs 

n 


322 


ROSS  I M 


théâtres.  Milan  eut  la  bonne  fortune  de  le  garder 
pendant  toute  Paunée  1814  :  il  y  composa  l'Au- 
reliano  in  Palmira et IlTurco  in  Ikdia,  char- 
mante bouffonnerie  qui  n'a  de  pendant  chez  Ros- 
sinique  Vltaliana  in  Algeri,  et  qui  futson  der- 
nier ouvrage  de  ce  genre.  En  1815,  ilne  produisit 
que  V Elisabeth;  mais  il  l'écrivit  pour  le  théâtre 
Saint-Charles  de  Naples,  et  cette  prise  de  posses- 
sion de  la  première  scène  lyrique  de  l'Italie  lui 
parut  assez  importante  pour  qu'il  y  donnât  tous 
ses  soins.  Après  cet  ouvrage,  les  années  les  plus 
actives  de  la  carrière  de  Rossini ,  les  plus  éton- 
nantes par  l'importance  des  compositions,  furent 
1816  et  1817  :  une  grande  cantate  pour  le  ma- 
riage de  la  duchesse  de  Berry,  et  sept  opéras, 
parmi  lesquels  on  remarque  le  Barbier  de  Sé- 
ville, Otello,  Cenerentola  et  la  Gazza  Ladra, 
furent  produits  dans  ce  court  espace  de  temps. 
Chacune  de   ces  œuvres  du  génie  aurait  suffi 
pour  faire  la  réputation  d'un  compositeur.  Le 
Barbier  de  Séville  fut  écrit  pour  Rome  :  les 
phases  de  sa  fortune  y  présentèrent  une  des  cir- 
constances les  plus  singulières  de  l'histoire  de  la 
musique  dramatique.  Le  sujet  du  Barbier  de 
Séville  avait  été  traité  en  Russie  par  Paisiello 
(voyez  ce  nom),  et  cet  ouvrage,  transporté  en 
Italie,  y  avait  trouvé  plus  de  censeurs  que  d'a- 
pologistes. Les   Romains  ,  particulièrement,  l'a- 
vaient mal  accueilli.  Plus  tard,  ils  se  passionnè- 
rent pour  cette  musique  qu'ils  avaient  dédaignée, 
et  la  pensée  de  lui  en  opposer  une  autre  sur  le 
même  sujet  leur  parut  un  sacrilège.  Torwaldo  e 
Dorliska,  faible  composition  de  Rossini  qui  avait 
précédé  le  Barbierh  Rome,  dans  la  môme  saison, 
ne  lui  donnait  d'ailleurs  point  assez  de  crédit  dans 
l'esprit  des  Romains,  pour  qu'ils  ne  considéras- 
sent pas  son  entreprise  comme  une  condamnable 
témérité.  Ce  fut  sous  l'influence  fâcheuse  de  ces 
préventions  que  fut  donnée  la  première  représen- 
tation du  Barbier  de  Séville.  Rossini  a  toujours 
pensé  que  le  vieux  maître  napolitain  n'était  pas 
étranger  aux  dispositions  hostiles  de   la   foule 
compacte  de  ses  ennemis  dans  cette  soirée.  Quoi 
qu'il  en  soit,  l'orage  qui  avait  grondé  sourdement 
pendant  tout  le  premier  acte  éclala  nu  second  , 
et  l'exécution  de  ce  chef-d'œuvre  éternel  de  grâce 
et  d'élégance  coquette  ne  s'acheva  qu'au  milieu 
des  témoignages  les  plus  outrageants  des  impro- 
bations.  Peu  accoutumé  aux  événements  de  cette 
nature,   Rossini  ne    voulut    pas  reparaître  au 
piano   dans   la  seconde  représentation   et  pré- 
texta  une   indisposition    pour    s'en   dispenser. 
Il  était    profondément   endormi   lorsque,   tout 
à  coup,  un  grand  bruit  se  fait  entendre  sous 
ses    fenêtres  ;  quelques   personnes    franchissent 
avec  fracas  l'escalier  qui  conduit  à  sa  chambre-, 


saisi  de  frayeur,  Rossini  se  persuade  que  les  par- 
tisans de  Paisiello  le  poursuivent  jusque  dans 
sa  demeure;  mais  ce  sont  les  interprètes  de  sa 
musique,  Garcia,  Zamboni,  Botticelli,  qui  vien- 
nent lui  annoncer  que  l'ouvrage  a  été  aux  nues 
(aile  stelle),  et  que  les  spectateurs  inondent  la 
rue  à  la  lueur  des  flambeaux ,  pour  lui  donner 
un  témoignage  non  équivoque  de  leur  admiration. 
Cette  prompte  péripétie  fit  naître  le  plus  vif  élon- 
nement  dans  toute  l'Italie,  et  donna  plus  d'éclat 
au  succès  qu'une  si  belle  composition  devait  ob- 
tenir. C'est  dans  le  Barbier  de  Séville  que  Ros- 
sini employa  à  différentes  reprises  l'effet  du 
rhythme  à  temps  ternaires  d'un  mouvement  ra- 
pide, qu'il  avait  essayé  dans  II  Turco  in  Italia, 
et  dont  il  a  fait  depuis  lors  un  fréquent  usage. 

De  retour  à  Naples,  et  après  y  avoir  donné 
aux  Fiorentini   le  petit  acte  de  la  Gazzetta,  il 
écrivit  pour  l'automne  son  admirable   partition 
A'Otello,  et  trouva  pour  ce  sujet  autant  d'accents 
pathétiques  et   passionnés,  qu'il  avait  eu  d'es- 
prit et  de  finesse  pour  Rosine  et  pour  Figaro. 
Quel  est  le  musicien,  le  simple  dilettante,  qui 
ne  se  sente  encore  ému  au   souvenir   de  cette 
musique  pénétrante  des  deux  premiers  actes  si 
remplis  d'énergie,  et  du  troisième,  où  le  génie  du 
compositeur    égale  celui  de  Shakspeare,    mais 
non  dans  le  même  sentiment.  Les  enthousiastes 
de  Shakspeare  se  sont  montrés  sévères,  disons 
le  mot,  injustes  pour  la   musique  de   Rossini, 
parce  qu'ils  auraient  voulu  qu'il  se   fit  traduc- 
teur des  inspirations  du  créateur  de  la  tragédie 
anglaise  ;  mais   c'est  précisément  parce  qu'il  est 
tout  autre  chose,  parce  qu'il  est  lui,  génie  in- 
dépendant, qu'il  mérite  toute  notre  admiration. 
Le  sujet  étant  donné,  il  l'a  senti  et  rendu  avec 
l'originalité  du  musicien,  de  même  que  Shaks- 
peare l'avait  traité  avec  l'imagination  du  poète. 
Une  innovation  signale  aussi  cette  belle  compo- 
sition :  c'est  la  complète  disparition  de  l'ancien 
récitatif  libre,  remplacé  par  un  récitatif  accom- 
pagné, où  l'instrumentation  pittoresque  donne  un 
caractère  plus  décidé  à  chaque  situation,  une  ex- 
pression plus  vive  à  toutes  les  passions.  Par  là, 
Rossini   acheva  de  faire  disparaître   la  langueur 
de  l'opéra  sérieux,  que  les  plus  grands  compo- 
siteurs n'avaient  pu  éviter  avant  lui,  dans  les 
intervalles  qui  séparaient  leurs  plus  beaux  mor- 
ceaux. Incessamment  préoccupé  de  l'effet,  Rossini 
y  a  peut-être  trop  sacrifié  certaines  parties  de 
son  art;  mais  on  doit  avouer  que  cette  préoc- 
cupation lui  a  fait  trouver  des  beautés  inconnues 
avant  lui. 

Deux  mois  d'intervalle  seulement  séparent  la 
première  représentation  iVOIello  à  Naples  et  la 
mise  en   scène   de   Cenerentola    à  Rome.  Ce 


R0SS1M 


323 


charmant   ouvrage  n'eut   pour  interprètes  que 
«les  chanteurs  de  second,  et  môme  de  troisième 
ordre,  et  un  orchestre  détestable  :  il  ne  fit  point 
alors  l'effet    que   nous  lui  avons   vu    produire 
plus  tard  avec  les  artistes  excellents  attachés  an 
Théâtre- Italien  de  Paris.  Au  printemps  de  1817, 
la  Gazza  ladra  fut  donnée  à  Milan,  et  fit  une 
profonde  impression.  Composition  où   les  plus 
grandes  beautés  sont  mêlées  aux  défauts  les  phi* 
choquants,  où  l'inspiration  libre  et  pure    vient 
s'allier  aux  formules  de  convention   basées  sur 
les  ciescendos,  les  cabalettes,  le  retour  fréquent 
des  rhythmes  animés,  et  le  développement  pro- 
gressif de  l'effet  bruyant,  la  Gazza  ladra  reçut 
à  la  fois  l'éloge  et   le  blâme  des  gens  de  goût. 
Si  l'on  considère  attentivement  cette  partition, 
on   y  voit  avec  évidence  que  le   compositeur  y 
a  poussé  jusqu'à  ses  dernières  conséquences  le 
système  d'effet  établi  sur  la  sensation  nerveuse, 
vers  lequel  il  tendait  depuis  ses  premiers  essais. 
Il  prouva  du   reste  qu'il  ne  s'était  pas    trompé 
dans  le  plan  qu'il  s'était  fait    pour  cet  ouvrage 
sous  le  rapport  du  succès,  car  celui  qu'il  obtint 
fut  une  sorte  de  délire;  mais  il  dut  comprendre 
qu'il  ne  lui  restait  plus  qu'à  se  répéter  dans  d'au- 
tres ouvrages,  s'il  ne  changeait  de  manière,  ou 
du  moins  s'il  ne  modifiait  celle  de  sa  dernière 
partition.  On  voit  en  effet  que  cette  nécessité  le 
préoccupa,    car  Armide,  Mosè,  Ermione,  la 
Donna  del  lago  et  Maometto  II,  qui   se  suc- 
cédèrent pendant  les  années  suivantes,  présen- 
tent des   variétés  où,  malgré  le  retour  de  cer- 
taines   formes   habituelles,   on    découvre    une 
tendance   vers  la  couleur  locale  et  l'expression 
caractérisée.  Ainsi  dans  Armide,  c'est  la  suavité 
et  le  ton  chevaleresque  qui  dominent  ;  dans  Mosè, 
le  sentiment  religieux;  dans  Ermione,  Rossini 
cherche  la  simplicité  de  la  déclamation  lyrique; 
dans  la  Donna  del  lago,  il  trouve  avec  un  rare 
bonheur  le  caractère  romantique  et  montagnard; 
dans  Mahomet,  d'heureuses  oppositions  de  vi- 
gueur  sauvage  et  l'accent   du  dévouement  pa- 
triotique. A  l'égard  de  ses  partitions  d' 'Adélaïde 
di  Borgogna  (Rome,  1818),  de  Ricciardo  e  Zo- 
raide  (  Naples,   même   année  ),  (VEduardo  e 
Crislina  (Venise,  1819,  )  et  de  Malilde  di  Sa- 
bran,  bien  qu'on  y  trouve  de  beaux  morceaux,  le 
ton  y  est   en  général  plus  vague,  et  le  style  y 
tient  plus  de  la  forme  que  de  la  pensée.  Bianca 
e  Faliero  n'offre  guère    qu'un  quatuor,  mor- 
ceau délicieux  qu'on  intercale  aujourd'hui  dans 
la  Donna  del  lago. 

Armide,  Mosè,  Ricciardo  e  Z  or  aide ,  Er- 
mione, la  Donna  del  lago  et  Maometto  furent 
écrits  pour  Naples.  Depuis  1815,   Rossini  avait   ! 
Ii\é  sa   résidence  principale   dans   celte   ville, 


parce  que  le  directeur  des  théâtres  (  Rarbaja  ) 
lui    avait    accordé   un    engagement    annuel  de 
12,000  francs,    sous  la  condition   qu'il  écrirait 
deux  opéras  chaque  année,  et  dirigerait  la  mise 
en  scène  de   quelques  anciens  ouvrages.  Pen- 
dant plusieurs  années,  ce  directeur  de  spectacles 
,  eut  l'entreprise  non-seulement  des  théâtres  de 
Naples,  mais  de  celui  de  la  Scala,  à  Milan,  et 
de  l'Opéra  italien  de  Vienne.   Il    y    faisait  en- 
tendre ses  meilleurs  acteurs,  et  la  présence  de 
Rossini  était  parfois  une  des  conditions  de  ses 
marchés.  C'est  ainsi  qu'en  1822,  après  être  de- 
venu l'époux   de  Mlle  Colbran,  première  canta- 
trice des  théâtres  royaux  de  Naples,  le  maître 
alla  diriger  la  musique  de   l'Opéra  de  Vienne, 
où  saZelmira,  chantée  par  sa  femme,  Mlle  Eker- 
lin,  Nozzari  et  David,  obtint  un  brillant  succès. 
Il  est  remarquable  que  l'Allemagne  méridionale, 
et  surtout  Vienne,  a  montré  pour  sa  musique 
un  enthousiasme   véritable,  tandis   qu'à  Rerlin 
elle  était  l'objet   de    critiques   amères.  On  peut 
affirmer  que  le  nord  de  l'Allemagne  s'est  mon- 
tré   complètement     inintelligent  à  l'égard    du 
génie   le  plus  remarquable  de  son  époque    en 
musique.  Mendelssohn  même,  si  grand  musicien 
qu'il  fût,  a  montré  un  esprit  étroit  dans  sa  ré- 
pugnance pour  les  œuvres  de   ce  génie. 

Après  avoir  reçu  de  la  famille  impériale  et  delà 
haute  société  de  la  capitale  de  l'Autriche  l'accueil 
le  plus  flatteur,  Rossini  retourna  à  Naples  ,  puis 
se  rendit  à  Venise  pour  y  écrire  la  Semiramide, 
le  dernier  ouvrage  qu'il  composa  en  Italie,  et 
qui  porte  le  cachet  d'une  nouvelle  transforma- 
tion de  son  talent.  La  richesse  d'idées  neuves,  la 
variété  des  formes  et  leur  tendance  vers  l'éléva- 
tion du  styje,  enfin  la  nouveauté  des  combinai- 
sons instrumentales,  donnent  à  cet  ouvrage  un 
prix  considérable,  quoiqu'on  puisse  y  reprendre 
des  longueurs  et  l'abus  du  bruit  qui,  devenu  un 
modèle  pour  d'autres  compositeurs,  a  été  dépassé 
et  nous  a  conduits  aux  excès  de  l'époque  ac- 
tuelle. Trop  large  pour  les  oreilles  italiennes, 
au  moment  où  elle  fut  écrite,  Semiramide  n'eut 
qu  un  succès  médiocre  à  Venise,  dans  le  carnaval 
de  1823.  Blessé  d'une  indifférence  qu'il  consi- 
dérait avec  raison  comme  une  injustice,  Ros- 
sini quitta  sans  regret  la  terre  qui  l'avait  vu  naî- 
tre, pour  se  rendre  à  Paris  et  à  Londres,  où 
l'attendait  l'enthousiasme  le  plus  exalté.  Il  était 
à  Paris,  au  mois  de  mai  de  la  même  année,  et 
ne  s'y  arrêta  que  quelques  jours  parce  qu'il 
avait  un  engagement  dans  la  capitale  de  l'Angle- 
terre, où  il  resta  cinq  mois,  occupé  de  concerts 
et  de  leçons  dont  les  produits  s'élevèrent  à  la 
somme  énorme  de  deux  cent  cinquante  mille 
francs,    y   compris    deux  mille  livres  sterling 

21 


334 


ROSSINI 


qui  lui  furent  offertes  par  une  réunion  démem- 
bres du  parlement.  Au  mois  d'octobre,  il  retourna 
à  Paris,  où  l'appelaient  des  arrangements  faits 
avec  le  ministre  de  la  maison  du  roi,  pour  la 
direction  de  la  musique  du  Théâtre-Italien. 

En  Italie,  les  jouissances  d'un  compositeur 
dramatique  sont  peut-être  plus  vives  qu'à  Pa- 
ris, parce  que  l'admiration  s'y  exprime  d'une 
manière  plus  expansive  :  mais  les  disgrâces  y 
sont  plus  poignantes,  parce  que  l'improbation 
n'y  a  pas  de  retenue.  L'habitude  qui  s'y  est  con- 
servée de  livrer  au  public  la  personne  même 
de  l'artiste,  en  le  faisant  asseoir  dans  l'orchestre 
pendant  les  premières  représentations  de  l'o- 
péra nouveau,  porte  atteinte  à  sa  dignité  si 
son  ouvrage  est  défavorablement  accueilli  ;  car 
c'est  à  lui-même  que  s'adressent  les  sifflets 
et  les  brocards.  En  France,  quelle  que  soit  la  mau- 
vaise fortune  d'une  œuvre  dramatique,  elle  seule 
est  compromise,  et  son  auteur  est  toujours  res- 
pecté. Bien  que  le  succès  y  soit  moins  enivrant, 
au  fond  il  satisfait  davantage,  parce  qu'il  est  dé- 
cerné d'une  manière  plus  noble  et  plus  intelli- 
gente. Il  est  donc  permis  d'affirmer  que  le  temps 
où  Rossini  a  joui  de  sa  gloire  la  plus  pure,  la 
plus  complète,  est  celui  du  long  séjour  qu'il  a 
fait  à  Paris.  Il  avait  fallu  beaucoup  de  temps 
pour  que  sa  renommée  s'y  établit,  parce  que 
les  diverses  administrations  qui  s'étaient  suc- 
cédé au  théâtre-italien  depuis  1813,  époque  du 
succès  de  Tancrcdi  à  Venise,  semblaient  avoir 
pris  à  lâche  de  laisser  ses  beaux  ouvrages  dans 
l'oubli.  Médiocrement  exécutés,  ses  opéras  de 
l'Inganno  forlunato  et  de  l'italiana  in  Algeri 
étaient  les  seuls  qu'on  y  eût  entendus,  et  ils  n'y 
avaient  pas  réussi.  Ce  fut  Garcia  qui,  à  la  lin 
de  1819,  fit  enfin  connaître  Rossini  pour  ce  qu'il 
était,  en  faisant  mettre  en  scène  le  Barbier  de 
Séville.  Peu  s'en  fallut  pourtant  que  le  sort  de 
ce  charmant  ouvrage  ne  fût  au  théâtre  de  la  rue 
de  Louvois  ce  qu'il  avait  été  au  théâtre  Argen- 
tina  de  Rome;  car  il  ne  manquait  pas  à  Paris 
d'admirateurs  de  Paisiello  qui  trouvaient  fort 
irrévérent  qu'un  jeune  musicien  osât  refaire  l'ou- 
vrage d'un  tel  maître.  D'ailleurs,  assez  médio- 
crement chanté  par  M",c  Ronzi-Debegnis,  le  rôle 
de  Rosine  n'avait  pas  répondu  à  la  réputation  de 
l'opéra  :  il  y  eut  donc,  sinon  une  chute  décidée, 
au  moins  un  succès  incertain.  Ce  ne  fut  qu'après 
un  infructueux  essai  de  la  reprise  du  Barbier 
de  Paisiello,  et  lorsque  Mmc  Mainvielle-Fodor 
se  fut  chargée  du  rôle  principal  de  femme,  que 
la  musique  du  maître  de  Pesaro  fut  goûtée,  et 
qu'on  en  comprit  tout  le  charme.  Alors,  chaque 
représentation  augmenta  l'enthousiasme  du  pu- 
blic   et    sembla    transformer   les    spectateurs , 


comme  le  maître  avait  transformé  la  musique. 
Le  Turc  en  Italie,  la  Gazza  ladra,  Tancredi, 
Otello,  Cenerentola,  vinrent  tour  à  tour  aug- 
menter l'admiration  et  la  rendre  générale.  Des 
éditions  multipliées  des  partitions  et  de  mor- 
ceaux détachés  de  ces  opéras  ;  des  arrangements 
de  ces  morceaux  pour  tous  les  instruments,  pour 
les  corps  de  musique  militaire  et  pour  les  or- 
chestres de  danse,  complétèrent  la  métamor- 
phose du  goût  français.  Au  milieu  de  ces  cir- 
constances ,  Rossini  alla  se  fixer  à  Paris  et 
recueillir  les  plus  doux  fruits  de  ses  travaux. 
Accueilli,  fêté,  exalté,  entouré  d'égards  et  de 
distinctions,  il  dut  grandir  alors  à  ses  propres 
yeux.  Doué  de  l'esprit  le  plus  fin,  le  plus  bril- 
lant, et  de  plus  imbu  de  la  fausse  opinion  que 
rien  ne  saurait  être  sérieux  chez  les  Français , 
il  s'était  persuadé  malheureusement  que  le  rôle 
par  excellence  y  devait  être  celui  de  mystifica- 
teur, et  ce  fut  celui  qu'il  adopta.  Nul  ne  pouvait 
le  remplir  avec  plus  d'avantages;  mais  il  ne 
convenait  à  personne  moins  qu'à  l'auteur  de  Se- 
miramis  etù'Otello.  D'ailleurs,  il  s'était  trompé. 
Sous  une  apparence  de  frivolité,  les  Français 
sont  peut-être  le  peuple  le  plus  sérieux  du  conti- 
nent, et  certainement  c'est  celui  qui  a  le  sen- 
timent le  plus  délicat  des  convenances  et  de  la 
dignité  sociale.  Plus  tard,  Rossini  s'est  convaincu 
de  son  erreur  par  l'expérience,  et,  modifié  par 
l'âge,  il  a  pris  dans  la  société  française  la  posi- 
tion qui  convient  à  la  grandeur  de  son  talent. 

Les  engagements  de  Rossini  envers  le  ministère 
de  la  maison  du  roi  lui  imposaient  l'obligation  d'é- 
crire pour  l'opéra  italien  et  pour  l'opéra  français, 
mais  la  favourdont  il  jouissait  prèsde  M.  le  vicomte 
de  La  Rochefoucault,  chargé  de  l'administration 
des  beaux-arts,  (il  faire  beaucoup  de  concessions  à 
sa  paresse.  Le  premier  ouvrage  qu'il  composa  à 
Paris  lut  un  opéra  de  circonstance  pour  le  sacre 
de  Charles  X,  intitulé:  Il  Yiaggio  a  Reims. 
L'exécution  de  ce  petit  opéra  fut  confiée  à  une 
réunion  bien  rare  de  chanteurs,  car  on  y  remar- 
quait Mmc  Pasta,  Mombelli,  Cinli  (  depuis  lors 
Mme  Damoreau),  Zucchelli,  Don/.elli,  Bordogni, 
Pellegrini  et  Levasseur.  L'année  suivante  (  1S26  ) 
Rossini  arrangea  son  Maometto  pour  le  grand 
Opéra,  et  le  fit  jouer  sous  le  tilre  du  Siège  de 
Corinlhe.  Une  partie  de  l'ancienne  partition  dis- 
parut dans  ce  travail,  et  fut  remplacée  par  des 
morceaux  nouveaux  ,  au  nombre  desquels  est  le 
bel  air  composé  pour  M"'c  Damorpau,  et  la  scène 
admirable  de  la  bénédiction  des  drapeaux,  au  troi- 
sième acte.  Le  succès  de  cet  arrangement  <i'iui 
ancien  ouvrage  décida  Rossini  à  faire  un  travail 
semblable  pour  son  Mosè  :  mais  ici  la  part  de 
la  musique   nouvelle  qu'il  fallait  écrire  devint 


ROSS  1 M 


S  25 


j  lus  considérable  :  un  premier  acte  presque  en- 
tièrement nouveau,  les  airs  de  danse  et  le  su- 
perbe finale  du  troisième  acte  •.  enfin  un  air  avec 
chœur  de  la  plus  grande  beauté  au  quatrième, 
telle  fut  la  part  de  travail  nouveau  de  Ros.sini 
dans  cet  arrangement,  qui  obtint  ajuste  litre  le 
plus  beau  succès,  en  1827.  Un  an  après,  il  donna 
le  Comte  Ory,  élégante  et  gracieuse  partition 
dans  laquelle  Rossini  fit  entrer  un  grand  mor- 
ceau  de  son  opéra  italien  11  Viaggio  a  Reims, 
et  quelques  autres  fragments,  mais  dont  la  plus 
grande  partie  était  composée  de  musique  nou- 
velle. 

Cependant  les  artistes  attendaient  depuis  long- 
temps un  grand  opéra  de  l'auteur  ô'Otcllo ,  et 
desiraient  pour  sa  gloire  qu'il  ne  tardât  pas  plus 
longtemps  à  remplir  sa  promesse  :  il  y  satisfit 
enfin  par  Guillaume  Tell,  qui  fut  représenté  à 
l'Opéra  dans   le  mois  d'août  1829.  Le  génie  du 
grand  artiste  y  avait  subi  une  dernière  et  com- 
plète transformation.  Devenu  compositeur  français 
par  l'intelligence  fine  et  profonde  de  l'action  dra- 
matique,  par  le  sentiment  des  convenances  et 
par  une  excellente  déclamation  dans  le  récitatif, 
il  avait  conservé  tout  son  feu,  toute  son  élégance, 
toute  -son  abondance  italienne  de  motifs  heureux, 
et  avait  acquis  plus  de  fini  dans  les  détails,  plus 
d'habileté  dans  la  facture,  plus  de  ces  qualités 
enfin  dont  l'ensemble  compose  ce  qu'on  appelle 
le  style.  Le  succès  ne  lut  pas  douteux  pour  les 
connaisseurs  :  ils  proclamèrent  unanimement  la 
nouvelle  partition  de  Rossini  comme  son  plus 
bel  ouvrage    et  comme  un  de  ses  plus  beaux 
titres   de  gloire.    Malheureusement   le  livret  est 
mal  fait,  dénué  d'intérêt,  et  abonde  en  contre- 
sens. Le  public  français ,  bien  que  sensible  à  la 
musique,  n'a  pas  le  don  de  faire  abstraction  de 
son  intelligence  pour  selivrerau  seul  plaisir  d'en- 
tendre de  belles  mélodies  :  l'absence  de  bon  sens 
dans  une  pièce  le  décourage  et  nuit  au  plaisir  que 
le  compositeur  lui  fait  éprouver.  De  là  la  courte 
«luréc  des  succès  de  Guillaume  Tell  à  la  scène, 
dans  la  nouveauté,  tandis  (pie  les  morceaux   de 
cette  œuvre  sublime  se  trouvaient  sur  tous    les 
pianos  et  se  faisaient  entendre  dans  tous  les  con- 
certs. Toutefois,  lorsque  cet  opéra   fut    repris 
a  Paris  pour  le  chanteur  Dupiez,  il  excita   l'ad- 
miration générale,  et  obtint  un  succès  plus  po- 
pulaire que  dans   sa  nouveauté;    succès  tardif 
néanmoins,  et  qui  n'a  point  fait  oubliera    Ros- 
sini   sa    résolution  de  ne    plus    écrire    pour   la 
scène    française.    Le  lendemain  de    la    première 
représentation    de    Guillaume   Tell,    l'auteur 
de  cette  belle  partition  jeta  sa  plume  pour  ne 
plus  la  reprendre.  A  trente-sept  ans  ,  il  se  con- 
fiera comme  parvenu  au  terme  de  sa  carrière. 


disant  à  ses  amis,  qui  le  pressaient  d'y  rentrer  : 
«  Un  succès  de  plus  n'ajouterait  rien  à  ma  re- 
«  nommée;  une  chute  pourrait  y  porter  atteinte; 
«  je  n'ai  pas  besoin  de  l'un,  et  je  ne  veux  pas 
«  m'exposer à  l'autre.  <■  Ce  langage,  quia  trouvé 
ses  apologistes,  nous  apprend  qu'en  recevant  un 
si  beau  génie  de  !a  nature ,  Rossini  n'y  sut  pas 
allier  au  même  degré  l'amour  de  la  musique  ; 
sentiment  pur  et  noble  qui  fait  cultiver  l'art  pour 
lui-même,  et  console  l'artiste  de  ses  disgrâces. 
Un  colorant  son  mécontentement  contre  la  France 
d'une  excuse  plus  spécieuse  que  solide,  Rossini 
oubliait  d'ailleurs  que  ce  dépit  était  une  injus- 
tice :  car  il  déclamait  contre  le  mauvais  goût 
des  Français  au  moment  même  où,  délaissé  dans 
son  pays  pour  de  nouveaux  venus  peu  dignes  de 
se  mesurer  avec  lui,  et  méconnu  dans  la  plus 
grande  partie  de  l'Allemagne,  il  ne  trouvait  que 
cette  nation  demeurée  fidèle  à  sa  gloire.  S'il  y 
eût  pensé  plus  mûrement,  il  aurait  compris 
que  lorque  les  chants  auront  cessé  pour  lui  dans 
le  monde  entier,  un  seul  écho  résonnera  des  sons 
de  sa  lyre  :  ce  sera  celui  de  la  France,  d'où  s'exha- 
leront encore  les  sublimes  accents  de  Guillaume 
Tell. 

La  place  de  directeur  du  Théâtre-Italien  qu'on 
avait  donnée  à  Rossini  lorsqu'il  arriva  à  Paris, 
ne  convenait  point  à  sa  paresse.  Jamais  adminis- 
tration dramatique  ne  se  montra  moins  active, 
moins  habile  que  la  sienne.  La  situation  de  ce 
théâtre  était  prospère  lorsqu'il  y  entra  :  deux  an- 
nées lui  suffirent  pour  le  conduire  à  deux  doigts 
de  sa  perte;  car  la  plupart  des  bons  acteurs  s'é- 
taient éloignés  et  le  répertoire  était  usé,  sans  que 
le  directeur  se  fût  occupé  de  remplacer  les  uns 
et  de  renouveler  l'autre.  Malgré  ses  préventions 
aveugles  pour  Rossini,  M.  de  La  Rochcfoucault 
liait  par  comprendre  qu'un  homme  de  ce  carac- 
tère était  le  moins  capable  de  conduire  une  ad- 
ministration, et,  de  concert  avec  lui,  il  le  nomma 
intendant  général  de  la  musique  du   roi  et  ins- 
pecteur général  du  chant  cri  France  ;  sinécures 
qui  ne  lui  imposaient  d'autre  obligation  que  celle 
de  recevoir  un  traitement  annuel  de  vingt  mille 
francs ,  et  d'être  pensionné  si,  par  des  circons- 
tances imprévues,  ses  fonctions  venaient  à  ces- 
ser. Ces  arrangements,  si  favorables  au  composi- 
teur, avaient  pour  but  de  l'obliger  à  écrire  pour 
l'Opéra,  mais  ils  lui  laissaient  la  propriété  de  ses 
ouvrages,  et  ne  diminuaient  nullement  le  produit 
qu'il  devait  en  tirer.   Si  les  choses  fussent  de- 
meurées  en  cet  état,  Rossini  aurait  fait  succéder 
à  Guillaume  Tell  cinq  ou  six  opéras;  mais  la 
révolution,  qui  précipita  du  trône  Charles  X  et  sa 
dynastie,  au  mois  de  juillet  1830,  rompit  les  liens 
qui  attachaient  l'artiste  au  monarque,  et  te  rendit 


:;-ji; 


UO.ssIM 


a  sa  paresse,  en  le  privant  de  son  traitement.  Dès 

lors  une  discussion  s'éleva  pour  la  pension  de  six 
mille  francs  réclamée  par  Rossini.  La  révolution 
de  Juillet,  disait-il,  était  certainement  le  moins 
prévu  des  événements  qui  devaient  faire  cesser 
ses  fonctions  :  il  demandait  donc  le  dédommage- 
ment stipulé  pour  ce  cas.  De  leur  côté,  les  com- 
missaires de  la  liquidation  de  la  liste  civile  pré- 
tendaient assimiler  son  sort  à  celui  des  autres 
serviteurs  de  l'ancien  roi  qui,  privés  de  leurs 
emplois,  avaient  aussi  perdu  tous  leurs  droits  ; 
mais  le  malin  artiste  avait  obtenu  ,  comme  un 
litre  d'honneur,  que  l'acte  de  ses  engagements 
avec  la  cour  lût  signé  par  le  roi  lui-même,  et 
par  là  avait  rendu  personnelles  les  obligations 
de  Charles  X  envers  lui  :  cette  habile  manœuvre 
lui  valut  le  gain  de  son  procès. 

Pendant  les  cinq  ou  six  aimées  que  durèrent 
les  contestations  à  ce  sujet,  Rossini  avait  con- 
tinué de  résider  à  Paris.  En  1836  il  retourna 
en  Italie,  dans  le  dessein  d'y  faire  un  voyage 
seulement,  et  de  visiter  ses  propriétés,  mais  son 
séjour  s'y  prolongea,  et  l'incendie  du  Théâtre-Ita- 
lien, nu  périt  un  de  ses  amis,  le  décida  à  s'y  fixer. 
Il  vécut  d'abord  quelque  temps  à  Milan,  puis  alla 
s'établir  à  liologne,  où  s'attachaient  les  souve- 
nirs de  .sa  jeunesse.  Sa  santé  s'était  altérée  d'une 
manière  assez  grave  :  lorsque  je  le  revis  en  1841, 
je  lus  effrayé  de  son  amaigrissement.  Au  mal 
physique  qu'il  éprouvait  s'était  ajoutée  une  ma- 
ladie morale  non  moins  sérieuse  :  l'ennui.  Favo- 
risé des  biens  de  la  fortune  et  comblé  de  gloire, 
il  n'y  trouvait  pas  la  satisfaction  qu'il  s'était 
promise  en  les  recherchant.  L'organisation  la  plus 
merveilleuse,  la  succession  de  circonstances  heu- 
rt uses  qui  avaient  aplani  sa  route,  enfin,  l'une 
des  plus  belles  et  des  plus  universelles  renommées 
dont  un  artiste  ait  jamais  joui,  ne  suffisaient  pas 
pour  combler  le  vide  indéfini  de  son  âme.  C'est 
rpie,  pour  jouir  de  tout  cela,  il  lui  manquait  une 
chose  essentielle,  sans  laquelle  le  monde  n'a  rien 
de  vrai  :  la  foi  !  la  foi  dans  l'art,  dans  les  senti- 
ments du  cœur,  dans  la  réalité  du  but  de  la  vie 
en  dehors  des  jouissances  matérielles,  dans  l'ave- 
nir! la  foi,  sans  laquelle  notre  existence  n'est 
qu'une  déplorable  déception]  Sans  qu'il  s'en  dou- 
tai, Rossini  était  parvenu  au  résulta!  final  du  scep- 
ticisme, qui  avail  clé  sa  philosophie  pratique 
jusqu'à  l'âge  de  cinquante  ans.  «  Vous  voyez  ce 
"  piano  (me  disait-il)  ;  il  n'est  ici  qu'a  la  condi- 
»  lion  qu'on  n'en  jouera  pas.  »  Pauvre  grand 
homme!  il  croyait  qu'il  avait  pu  renoncer  à  la 
musique  pour  faire  je  ne  sais  quoi ,  connue  on  oie 
un  habit  pour  en  prendre  u  m  autre!  C'était  elle  qui 
lui  manquait  alors  pour  être  heureux!  elle,  dont 
il  semblait  s'efro  fail   un  jouei  dans  sa  jeune 


in. us  en    ijiu    était    toute   la    réalité   de   sa    vie. 

Un  ami  vint  heureusement  a  son  secours  dans 
le  momenl  même  où  j'étais  près  de  lui  :  ce  lut 
l'éditeur  Troupenas.  Rossini,  dans  un  voyage  fait 
en  Espagne  vers  la  lin  de  1832,  avait  écrit  à  la 
hâte  un  Stabat  Mater  pour  un  amateur  riche  de 
ce  pays.  Troupenas  proposa  au  maître,  en  1841 , 
de  revoir  cet  ouvrage,  de  le  retoucher  et  de  le 
compléter  par  de  nouveaux  morceaux,  ayani 
conçu  le  dessein  d'en  faire  l'objet  d'un  certain 
nombre  de  concerts  spirituels  à  Paris.  Sans  pa- 
raître attacher  d'importance  à  cette  proposition, 
Rossini  se  mit  au  travail,  écrivit  avec  soin  sa  par- 
tition,  et  l'envoya  à  son  éditeur.  On  parla  bien 
tôt  à  Paris  d'un  ouvrage  nouveau  de  l'auteur 
de  Guillaume  Tell,  qui,  après  douze  ans  de 
sommeil,  avait  enfin  repris  sa  plume.  Ce  lut  un 
événement.  En  spéculateur  habile  ,  Troupenas  sut 
exploiter  l'attrait  de  curiosité  qui  s'attachait  a 
cette  production  nouvelle  :  loules  les  ressources 
île  la  presse  lurent  mises  en  œuvre  pour  que  le 
retentissement  fût  universel;  les  concerts  du 
Stabat  Mater  se  succédèrent  avec  rapidité,  la 
loule  compacte  s'y  porta,  et  la  faveur  d'y  cire 
admis  se  paya  au  poids  de  l'or.  Pendant  ce  temps 
des  éditions  de  l'ouvrage  se  publièrent  eu  diffé- 
rents  formats  et  en  partitions  d'orchestre  cl  de 
piano,  avec,  les  paroles  latines,  italiennes,  ou 
françaises.  A  peine  l'imprimeur  put-il  suffire  a  I.. 
rapidité  de  la  vente  des  exemplaires.  De  toutes 
parts,  dans  les  salons  comme  dans  les  concerts  et 
les  théâtres,  on  n'entendait  plus  que  le  stabat  de 
Rossini  ;  enfin,  pour  que  rien  ne  manquât  au 
succès,  la  critique  malveillante  s'en  mêla. 

L'éditeur  Troupenas  s'était  proposé  simplement 
de  faire  une  bonne  affaire,  et  de  profiter  de  l'ad- 
miration pour  le  maître  que  le  chanteur  Dupiez 
venait  de  ranimer  par  le  talent  dont  il  avait  lait 
preuve  dans   le  rôle   d'Arnold  de   Guillaume 
Tell;  mais  il    fut,    sans  le  savoir,  le    médecin 
le  plus  habile  de  tous  ceux  qui  s'occupaient  de  la 
santé  de  Rossini.  Au  lieu  de  l'indifférence  mon- 
trée souvent  par  ce  grand  artiste  puni  ses  suc- 
cès, dans  sa  jeunesse,   il  lit   voir  dans  celte  in- 
constance le  vil  intérêt  (pie  celui  du  Stabat  tai- 
sait  naître  en  lui.    Incessamment   préoccupé  du 
soin  d'étendre  ce  succès  dans  toute  l'Italie,  il  fai- 
sait des  traités  avec  les  principaux  directeurs  d'o- 
péra  pour  l'exécution  de  son  ouvrage,  choisissait 
lui-même  les  chanteurs,  leur  enseignait  leur  par- 
tic,  et  parfois  présidait  aux  répétitions.  Le.  senti- 
ment de  l'artiste  s'était  réveillé  :  par  lui  disparut 
l'ennui  ;  avec  lui  revint  la  santé. 

Quelques  années  heureuses  pour  Rossini  avaient 
suivi  le  moment  où  je  l'avais  revu,  quand  éclatè- 
rent les  événements  de  1848.  Une  antipathie  ins- 


R0SSIN1 


327 


tinctive  pour  les  tendances  révolu  lionnaires  de 
son  époque  est  chez  le  maître  un  des  traits  ca- 
ractéristiques de  son  organisation.  Les  agitations 
tumultueuses  dont  Bologne  fut  alors  le  théâtre 
ne  lui  inspiraient  que  du  dégoût  :  il  ne  sut  pas 
assez  le  dissimuler,  et  quand  vint  le  moment  où 
l'on  lit  appel  à  son  patriotisme  pour  des  sacrilicé*S 
d'argent  en  faveur  de  la  révolution,  ses  dons  tu- 
rent, dit-on  ,  une  sorte  de  mystification  qui  sou- 
leva la  populace  contre  iui  ;  il  dut  fuir  à  la  hâte 
vers  Florence,  et  les  démagogues  durent  se  con- 
tenter de  le  brûler  en  efiigie.  L'émotion  cau- 
sée à  Rossini  par  ces  événements  avait  été  trop 
violente  ;  sa  santé  fut  de  nouveau  compromise 
d'une  manière  grave  ,  et  son  séjour  à  Florence 
fut  une  longue  souffrance.  Paris  lui  revint  alors 
à  la  pensée  :  il  prit  la  résolution  d'y  retourner.  Le 
voyage  fut  lent  et  pénible,  et  les  forces  du  maître 
semblaient  épuisées  quand  il  arriva  dans  la 
grande  ville,  en  1853.  Le  caractère  de  sa  maladie 
était  une  affection  nerveuse  très-intense  qui 
tenait  de  l'hypocondrie.  Incessamment  affectée 
de  la  crainte  de  la  mort,  son  imagination  avait 
besoin  surtout  d'être  calmée.  L'empressement 
de  ses  amis,  l'affection  qu'on  lui  témoignait 
de  toutes  parts,  les  soins  des  meilleurs  mé- 
decins et  l'exercice  gradué  de  la  promenade,  fi- 
rent disparaître  par  degrés  les  symptômes  de 
son  mal  et  finirent  par  amener  sa  guérison  com- 
plète. Se  retrouvant  dans  le  milieu  le  plus  sa- 
tisfaisant pour  son  intelligence,  entouré  d'hom- 
mages rendus  à  son  génie,  et  goûtant  la 
satisfaction  de  la  vie  facile  qu'on  ne  trouve  nulle 
part  aussi  séduisante  qu'à  Paris,  il  y  a  repris  sa 
verve  et  ses  brillantes  saillies,  tempérées  aujour- 
d'hui par  une  bonhomie  bienveillante  qu'il  ne  lais- 
sait pas  apercevoir  autrefois. 

Comme  tons  les  hommes  de  génie,  Rossini  a 
exercé  une  active  influence  sur  l'art  de  son 
temps.  Celte  influence  ne  se  fait  pas  seule- 
ment apercevoir  dans  le  nombre  de  ses  imita- 
teurs, mais  dans  la  transformation  complète  de 
l'organisation  musicale  de  sa  nation.  La  mélodie, 
divinisée  parles  Italiens,  avait  pour  eux  tant 
d'importance  à  la  scène,  qu'ils  n'admettaient 
l'harmonie  qu'à  la  condition  qu'elle  n'en  fût  que 
le  simple  accompagnement.  Il  fallait  que  cette 
harmonie  fût  naturelle,  que  les  dissonances  y 
fussent  rares  ainsi  que  les  transitions;  enlin,  le 
goût  passionné  des  Italiens  pour  le.  chant  im- 
posait aux  instruments  l'obligation  de  le  soutenir 
sans  le  couvrir,  et  ne  permettait  qu'ils  attiras- 
sent vers  eux  l'attention  de  l'oreille  que  dans 
les  morceaux  syllabiques  de  l'espèce  désignée 
sous  le  nom  de  note  et  parole.  La  musique 
douce  ou  pathétique   avait  seule  le  privilège  de 


plaire  aux  oreilles  ultramonfalnes;  le  bruit,  les 
cris  de  notre  opéra  français  leur  étaient  antipa- 
thiques. C'était  dans  ces  conditions  que  tous  les 
maîtres  avaient  écrit  pour  les  théâtres  d'Italie 
jusqu'au  temps  de  Simon  Mayr  etdePaèr.  Quel- 
que dures  qu'elles  puissent  paraître  aux  com- 
positeurs de  nos  jours,  qui  sans  doute  y  ver- 
raient la  dégradation  de  leur  génie,  elles  n'a- 
vaient point  empêché  Scarlatli,  Léo,  Pergolèsc, 
Jomelli,  Majo,  Piccinni,  Saccbini,  Cimarosa, 
Guglielmi,  Paisiello,  de  s'élever  jusqu'aux  beau- 
tés les  plus  émouvantes  de  l'expression  drama- 
tique, chacun  d'eux  ajoutant  quelque  forme, 
trouvant  quelque  combinaison  nouvelle,  et  sur- 
tout inventant  des  mélodies  dont  notre  siècle  est 
plus  avare.  Telle  était  la  situation  de  la  musique 
de  théâtre  et  du  goût  de  la  population  en  Italie 
à  l'aurore  de  la  carrière  dramatique  de  Rossini. 
On  ne  peut  nier  qu'un  jeune  compositeur  se  trou- 
vait alors  dans  l'alternative  ou  de  recommencer 
ce  qui  avait  été  fait,  ou  de  transformer  l'art 
et  les  penchants  de  la  nation.  C'est  pour  cette 
œuvre  dernière  que  Rossini  avait  été  mis  au 
monde  ;  mais  le  miracle  de  la  transformation 
fut  si  complet,  qu'il  surpassa  tout  ce  qu'on  pou-- 
vait  attendre  d'un  seul  homme.  Qui  aurait  pu 
croire  en  effet  que  moins  de  quinze  ans  lui  .suf- 
firaient pour  amener  ses  compatriotes  à  aimer 
une  harmonie  hérissée  de  dissonances  et  sans 
cesse  modulant?  à  partager  leur  attention  entre 
le  chant  et  les  combinaisons  des  instruments? 
enfin,  à  se  passionner  pour  le  bruit  jusqu'à  ne 
plus  se  contenter  de  l'orchestre  le  plus  considé- 
rable, et  vouloir  sur  la  scène  la  bande  militaire, 
les  tambours  et  la  grosse  caisse?  Voilà  pourtant 
où  en  vint  toute  l'Italie  dans  l'espace  écoulé  de- 
puis Demctrio  e  Polibio  jusqu'à  la  Donna  del 
lago  et  Semiramide,  c'est-à-dire,  depuis  1812 
jusqu'en  1823.  Une  seule  chose  restait  à  faire  : 
c'était  d'abandonner  le  chant  pour  les  cris;  mais 
cette  gloire  ne  devait  pas  être  celle  de  Rossini  : 
elle  était  réservée  à  ses  successeurs.  Homme  de 
goût  et  chanteur  habile,  il  s'indigne  aujourd'hui 
de  leur  ouvrage  ;  cependant  ses  innovations  de- 
vaient conduire  à  ce  résultat,  car  les  révolutions 
ne  s'arrêtent  pas  où  le  veulent  ceux  qui  les  font. 
A  des  effets  bruyants  devait  succéder  un  bruit 
intense,  et  l'excès  devait  arriver  à  ce  point  que 
lartdu  chant  ne  résidât  plus  quedans  l'énergie  des 
poumons.  Sans  le  remarquer,  Rossini  se  trouve 
aujourd'hui  dans  la  situation  où  étaient  dans  sa 
jeunesse  les  anciens  maîtres  qui  se  rencontrèrent 
sur  sa  route  :  il  riait  de  leur  blâme;  ei,  lui-même 
blâme  à  son  tour.  Mais  entre  lui  et  ceux  qui  lui 
ont  succédé,  il  y  a  toute  la  dislance  qui  sépare 
l'homme  de  génie  de  la  foule  des  imitateuis  et 


328 


ROSSLNI 


des  exagérateurs.  Un  seul  entre  ceux-ci  (Bellini) 
avait  trouvé  quelque  nouveauté  dans  la  combi- 
naison des  deux  systèmes  dramatiques  de  la 
France  et  de  l'Italie  ;  mais  il  avait  peu  didées, 
peu  de  variété  dans  les  formes,  et  non-seulement 
il  ne  connaissait  pas  le  mécanisme  de  l'art  d'écrire, 
mais  il  n'en  avait  que  médiocrement  l'instinct.  Il 
y  avait  loin  de  là  à  l'organisation  si  riche  du 
maître  de  Pesaro. 

Rossini  avait  dit  à  plusieurs   de   ses   amis, 
lorsqu'il  écrivait  pour  la  scène,  que    la   musi- 
que d'église  serait  plus  tard   l'objet    de    ses 
travaux;  cependant    il    semblait  avoir  renoncé 
à  la  réalisation  de  cette  promesse,  lorsque  Trou- 
penas  la  lui  rappela  par  la  demande  du  Stabat   j 
Mater.  On  a  vu  quel  fut  le  succès  de  cet  ou-  i 
vrage  ;  son  effet  ne  s'est  pas  affaibli  après  plus 
de  vingt  ans;    car  lorsqu'il  est  convenablement 
exécuté,  il    fait  toujours  éprouver  de  vives  im-   j 
pressions  à  l'auditoire.  Quelques  critiques  en  ont  ; 
blâmé  le  style,  trop  dramatique  pour  l'église;   I 
toutefois  il  ne  faut  pas  considérer  l'ouvrage  à 
ce  point  de  vue  ;  car  le  maître  ne  s'est  pas  pro-  ; 
posé  d'en  faire  la  séquence  des  vêpres   de  la  : 
sainte  Vierge  ,  mais  d'en  prendre  le  texte  pour 
un  oratorio,  ou  plutôt  pour   une  cantate  reli- 
gieuse destinée  à  des  concerts  spirituels.  Tous 
les  morceaux  n'en  sont  pas  également  bien  réus- 
sis ;  mais  l'introduction  (Stabat  Mater),  l'air  de 
ténor  (Cujus  animam  gementem),  le  quatuor 
(Sancta  Mater  ),  et  l'air  de  soprano  avec  chœur 
(inflammatus) ,  sont  d'une  beauté  achevée.  De 
plus,  tout  cet  ouvrage  est  empreint  d'un  carac- 
tère d'originalité  incontestable.  Rossini  vieut  de 
terminer  une  messe  dont   on  parle  au   moment 
où  cette  notice  est  retouchée,  mais  qui  n'est  pas 
encore  connue. 

Danscequi  précède,  j'ai  cité  le  plus  grand  nom- 
bre des  ouvrages  du  grand  artiste  ;  mais  je  crois  de- 
voir en  donner  ici  l'a  liste  complète ,  en  les  rangeant 
dans  l'ordre  chronologique,  pour  l'explication  du 
développement  du  talent  et  du  système  de  cet 
liomme  extraordinaire.  Cette  liste  est  composée 
«les  productions  suivantes  :  1°  11  Pianto  a"  Ar- 
vwnia,  grande,  cantate  exécutée  en  1808  dans 
le  lycée  de  Bologne.  —  2°  Symphonie  à  grand  or- 
chestre, 1809.  —  3"  Quatuors  pour  2  violons, 
alto  et  basse,  ibid.  —  4"  La  Cambiale  di  ma- 
trlmonio,   au  théâtre  San-Mosè,  de  Venise, 

1810.  —  5°  L'Equivoco  stravagante,  en  un  acte, 
an  théâtre  dcl  Corso,   à  Bologne,  automne  de  j 

1811.  —  6"  Didone  abbandonata,  cantate  coin-  ! 
posée  pour  iSsther  Mombellî,en  I8it.  —  7° De- 
-metrio  et  Polibio,  au  théâtre  Yulie  de  Rome, 
1811.  —  8"  L'Inganno  f'elicc,  en  un  acte,  au 
théâtre  San-Mosè  de  Venise,  carnaval  de  1812. 


—  93  Ciro  in  Babilonia ,  opéra  sérieux  en 
deux  actes,  au  théâtre  Communal  de  Ferrare, 
carême  de  1812.  —  10°  La  Scala  di  set  a,  en  un 
acte,  au  théâtre  San-Mosè  de  Venise,  printemps 
de  1812.  —  11°  La  Pietra  del  Paragone ,  en 
deux  actes,  au  théâtre  de  la  Scala  de  Milan , 
automne  de  1812.  —  12°  Voccasione  fà  il  la- 
dro,  en  un  acte,  à  Venise,  idem.  —  13°  Il  Figlio 
perazzardo,  au  même  théâtre,  carnaval  de  1813. 

—  14°  Tancredi,  opéra  sérieux,  à  la  Fcnice. 
de  Venise,  idem.  —  \b"VItaliana  in  Algeri, 
au  théâtre  San-Benedetto  de  Venise,  été  de 
1813.  —  16°  Aureliano  in  Palmira ,  à  la 
Scala  de  Milan,  carnaval  de  1814.  —  17°  Egle 
e  Irène,  cantate  inédite ,  composée  pour  une 
dame  de  Milan.  —  18°  Il  Turco  in  ltalia,  opéra 
bouffe,  en  deux  actes,  à  la  Scala  de  Milan,  au- 
tomne de  1814.  —  19°  Elisabetta,  opéra  sé- 
rieux, au  théâtre  Saint-Charles  de  Naples,  au- 
tomne de  1815.  —  20°  Torvaldo  e  Dorliska, 
en  deux  actes,  au  théâtre  Valle  de  Rome,  car- 
naval de  1816.  —  21°  //  Barbiere  di  Siviglia, 
au  théâtre  Argentina  de  Rome,  idem.  —  22°  La 
Gazzetta,  en  un  acte,  au  théâtre  des  Fioren- 
tini  à  Naples,  dans  l'été  de  1816.  —  23°  Otello  , 
au  théâtre  del  Fondo,  à  Naples,  dans  l'automne 
de  1816.  —  24°  Teti  e  Peleo,  grande  cantate, 
au  théâtre  del  Fondo,  en  1816.  —  25°  Ceneren- 
tola,  au  théâtre  Valle,  à  Borne,  dans  le  carnaval 
de  1817.  —  26°  La  Gazza  ladra,  à  la  Scala 
de  Milan,  printemps  de  1817.  —  27°  Armida, 
opéra  semi-seria,  à  Saint-Charles  de  Naples,  au- 
tomne de  1817.  —  28°  Adélaïde  di  Borgogna  , 
au  théâtre  Argentina  de  Rome,  carnaval  de  1818. 

—  29°  Mosè ,  opéra  sérieux  ,  à  Saint-Charles  de 
Naples,  carême  de  1818.  —  30° Ricciardoe  Zo- 
raide,  idem,  automne  de  1818.  —  31°  Ermione, 
opéra  sérieux,  idem,  carême  de  18 1 9.  —  32° 
Eduardo  e  Cristina,  au  théâtre  San-Bene- 
detto, à  Venise,  printemps  de  1819.  —  33°  La 
Donna  del  lago ,  à  Saint-Charles  de  Naples, 
automne  de  1819.  —  34°  Cantate  pour  la  fête 
du  roi  de  Naples,  au  théâtre  Saint-Charles  en 
1819.  —  3j°  liianca  e  Faliero,  à  la  Scala  de 
Milan,  carnaval-  de  1820.  —  26°  Maomeito  II, 
à  Saint-Charles  de  Naples,  idem.  —  37°  Cantate 
pour  l'empereur  d'Autriche,  au  même  théâtre 
en  1820.  —  38°  Malilde  di  Sabran,  au  théâtre 
Apollo  de  Borne,  carnaval  de  1821.  —  39°  La 
Riconosccnza,  cantate  pour  une  représentation 
au  bénéfice  de  Bossini,  au  théâtre  Saint-Charles, 
en  1821.  —  40"  Zclmira,  au  théâtre  Saint-Char- 
les, carnaval  de  1822.  —  41°  //  veto  Omaggio, 
cantate  chantée  pendant  le  congrès  de  Vérone , 
au  théâtre  des  Fi/annoiiici.  —  42°  Semiramide, 
à  la  Fcnice  de  Venise,  carnaval  de  1823.  — 


ROSSINI  —  ROST 


329 


43°  Sigismundo.  J'ignore  où  a  été  représenté 
cet  ouvrage,  qui  est,  je  crois,  !a  plus  faible  par- 
tition de  Rossini.  —  44°  //  Viaggio  a  Reims,  au 
Théâtre-Italien  de  Paris,  dans  l'été  de  1825.  — 
45°  Le  Siège  de  Corinthe,  à  l'Opéra,  dans  le 
mois  d'octobre  1820.  —  46"  Moïse,  au  même 
théâtre, en  1827.  —  47°  Le  Comte  On/,  au  même 
théâtre,  en  1828.  —  48°  Guillaume  Tell,  au 
môme  théâtre,  en  1829.  —  49°  Stabat  Mater, 
en  1841. 

Rossini  a  composé  une  messe  qui  a  été  exé- 
cutée dans  une  campagne,  près  de  Paris ,  en 
1832.  Enfin,  on  lui  doit  un  recueil  de  douze 
mélodies  charmantes  à  une  et  deux  voix,  sous 
le  titre  de  :  Soirées  musicales,  œuvre  par- 
faite en  son  genre,  et  trois  chœurs  religieux, 
dont  on  a  fait  un  grand  nombre  d'éditions.  Il  a 
écrit  de  la  musique  pour  piano  ,  connue  de  ses 
amis,  mais  qui  est  encore  inédite  (1863). 

Associé  de  l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Ins- 
titut de  France  et  membre  d'honneur  d'un  grand 
nombre  d'académies  et  de  sociétés  musicales, 
Rossini  est  un  des  trente  membres  étrangers  de 
l'ordre  du  Mérite  de  Prusse,  commandeuret  che- 
valier de  beaucoup  d'ordres.  Une  multitude  de 
notices  biographiques  plus  ou  moins  inexactes 
et  des  écrits  de  toute  espèce  ont  paru  sur  ce 
grand  artiste  :  la  liste  en  est  trop  longue  pour 
trouver  place  ici  ;  je  crois  devoir  ne  citer  que 
ceux-ci  :  l°  Giuseppe  Carpani,  Le  Rossiniane 
ossia  lettere  musico-tealrali;  Padoue,  de  l'im- 
primerie de  la  Minerve,  1824,  1  vol.  in-8°. — 
2"  Reyle  (sous  le  pseudonyme  de  Stendhal),  Vie 
de  Rossini,  lre  édition,  Paris,  1822,  1  vol.  in-8°; 
•lme  édition,  Paris,  1824,  1  vol.  in-8°,  avec  le 
portrait  de  Rossini.  —  3°  A.  Wendt ,  RossinVs 
Leben  und  Treiben  ;  Leipsick,  1  vol.  in-8°.  Ce 
livre  est  en  partie  traduit  de  celui  de  Beyle.  — 
4°  Vie  de  Rossini,  célèbre  compositeur,  mem- 
bre de  l'Institut  (sans  nom  d'auteur)  ;  Anvers, 
1839,  iu-12.  —  5°  Loménie  (M.  Louis  de), 
M.  Rossini,  par  un  homme  de  rien  ;  Paris,  1 842, 
in-8°.  —  6°  Œttinger  (Edouard-Marie),  Ros- 
sini, Leipsiik,  1845,in-8°  (en  allemand);  2me édi- 
tion, 2  vol.  in-8°  (roman  satirique  qui  ne 
mérite  que  le  mépris).  Traduit  en  danois  par 
M.  Marlow;  Copenhague,  1849,  2  vol.  in-8°;  en 
suédois,  parM.  Landberg; Stockholm,  1850,2  vol. 
in-8°,  et  en  fiançais  par  M.  Blaes,  inséré  par 
extrait  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  1er  mai, 
15  id.  et  1er  juin  1 854.  Il  y  en  a  une  autre  tra- 
duction française  publiée  à  Bruxelles,  2  vol.  in-12. 
—  7°  Escudier  frères ,  Rossini,  sa  vie  et  ses 
œuvres,  précédé,  d'une  introduclion  par  Méry  ; 
Paris  1854,  in- 18.  —  8°  Betloni  (Nicolo) ,  Ros- 
sini e  la  suamusica;  Milan,  1824,  in-8°;  tra- 


duit en  français  par  l'auteur  sous  le  titre  :  Ros- 
sini et samusique; Paris,  1836, in  8°.  —  9° Mu- 
sumacci  (  le  comte  Liborio  ),  Parallelo  ira  i 
maestri  Rossini  e  Bellini  ;  Palerme,  1834,  in-8°. 
—  10°  San  Jacinto  (M.  de),  Osservazioni  sut 
mcrito  musicale  dei  maestri  bellini  e  liossini, 
in  riposta  ad  un  parallelo  irai  medesimi,  etc.; 
Palerme,  1834,  in-8°;  Bologne,  1836,  in-8°;  tra- 
duit en  français  par  M.  de  Ferrer,  sous  le  titre: 
Rossini  et  Bellini  etc.  ;  Paris,  1836,  in-8°.  — 
1 1°  Observations  d'un  amateur  non  dilettante 
au  sujet  du  Stabat  de  M.  Rossini;  Paris,  Du- 
verger,  1842,  in-8°. 

ROSSIJVO  (Jean-Franço:s),  religieux  corde- 
lier  du  couventde  Rome,  vécut  dans  les  dernières 
années  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  un 
traité  des  éléments  de  la  musique  intitulé  :  Gram- 
matica  melodiale  teorico-pratica ,  esposta 
per  dialoghi,  nella  quale  con  metodo  chiaro, 
brève,  facile  a  ragionato  insegnasi  il  modo 
dHmparare  anche  di  per  se  il  canto  ecclesias- 
îico ;  Rome,  Lazzarini,  1793,  in-4°.  Lichtentlial 
et  Charles-Ferdinand  Recker  se  sont  trompés  en 
plaçant  cet  écrit  parmi  les  traités  de  mélodie. 

ROSSUS  (Pierre-  Jérôme)  ,  organiste  à 
Worms,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  IV 
Missx  octo  vocum;  Francfort-sur  le-Mein,  1614, 
in-4°. 

ROSWICK  (Michel),  maître  d'école  dans 
un  village  de  la  Saxe,  vécut  dans  les  premières 
années  du  seizième  sièle.  Il  a  publié  un  abrégé 
de  plusieurs  traités  de  musique ,  à  l'usage  des 
écoles  primaires,  sous  ce  titre  :  Compendiaria 
musicx  editio,  cuncta  qux  ad  practicam  at- 
tineat  mira  quadam  brevitale  complectens; 
Lipsiœ,  1516,  in-4°.  La  deuxième  éditiion  a  été 
imprimée  à  Leipsick  par  Wolffgang  de  Munich 
(Wolffgangus  Monacensis),  en  1513,  in-4°, 
gothique  de  15  feuillets  non  chiffrés.  La  troisième 
édition,  publiée  par  le  même,  en  1520,  est  aussi 
in-4°,  gothique.  La  date  de  1619  indiquée  par 
Forkel.dans  sa  Littérature  générale  de  la  musique 
(p.  277),  est  une  erreur. 

ROST  (Nicolas),  ROST  H I  US  en  latin,  né 
à  Weimar  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  musicien  de  ville  dans  le  lieu  de  sa  nais- 
sance, puis  à  Altenbourg,  et  entra  en  1580  au 
service  de  l'électeur  Palatin,  à  Heidelberg.  Vers 
la  fin  de  sa  vie,  il  était  pasteur  à  Cosmenz,  près 
d'Altenbonrg.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
l°Trente chansons  allemandes  religieuses  et  mon- 
daines, à  4,  5  et  6  voix,  Francfort,  1583.  — 
2°  Trente  nouvelles  gaillardes  agréables,  avec  des 
textes  amusants,  à  4  voix;  Jéna  ,  1594,  in-4°.  La 
deuxième  partie  de  ce  recueil  a  été  publiée  à  A^ 


330 


ROST  —  ROTH 


tenbourg,  en  1595.  —  3°  Cantiones  seleclissim.v, 
vulgo  molcctx  appellatx,  fontibus  ex  Sionis 
derivatx,  sex  octoque  vocum,  recueil  composé 
de  dix-sept  motets  latins,  à  6  et  à  7  voix;  Géra, 
1614,  in-4°. 

ROST  (  Frédéric  -  Guillaume  -  Ehrenfried  ), 
magister  et  professeur  de  philosophie,  né  à  Baut- 
zen,  le  11  avril  1768,  fut  d'abord  recteur  à 
Plauen,  puis  recteur  de  l'école  Saint-Thomas  de 
Leipsick.  Il  est  mort  dans  cette  position,  le  12  fé- 
vrier 1835,  à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  Au 
nombre  des  dissertations  qu'il  a  publiées,  on  en 
Irouve  une  qui  a  pour  titre  :  De  insigni  utili- 
tate  exartis  musicae  studio  in  puerorum  eclu- 
calionem  redundante,  Leipsick,  1800,  in-4°  de 
20  pages  Le  sujet  de  ce  morceau  philosophique 
est  plein  d'intérêt;  mais  j'ignore  comment  l'au- 
teur l'a  traité.  On  a  aussi  de  ce  savant  d'autres 
bonnes  dissertations  intitulées.  1°  Solemnia  anni 
vertentis  in  lu  do  Thomano  pridie  calmd.  Ja- 
nuar.  A.  C.  MDCCCV.  Oratione  latinacele- 
branda.  Inest  :  Oratio  ad  renovandum  sdhi 
Calvisii  memoriam  ;  Leipsick,  1805,  in-4°  de  24 
pages.  Ce  discours  est  à  consulter  pour  l'histoire 
des  travaux  importants  de  Calwitz  dans  la  musique. 
—  2°  De  necessitudine  qux  litterarum  studiis 
cum  arte  niusica  intercedit.  Oratio  ad  inau- 
gurandum  scholœ  cantorcm,  die  XXX  April. 
A  Chr.  1817  recitata;  Leipsick,  Klaubarth,  in-8° 
de  35  pages.Cediscoursaété  prononcé  pour  l'ins- 
tallation du  cantor  Jean- Godefroid  Schicht.  Rost 
a  aussi  publié  une  très-bonne  biographie  de  Georges 
Rliaw,  dans  son  écrit  intitulé  :  Was  liât  die 
Leipsiger  Thomasschule  fur  die  Reformai  ion 
t/ethan?  (Qu'a  fait  l'école  Saint-Thomas  de  Leip- 
sick pour  la  réformation?),  Leipsick,  1817,  in-4° 
de  6(5  pages.  La  vie  de  Rhaw  est  contenue  dans 
les  pages  10  à  24,  et  l'on  trouve,  pages  44  à  60, 
la  notice  des  écrits  qu'il  a  publiés  comme  auteur 
ou  comme  éditeur. 

ROSZAWOELGYI  (  Marc  ),  compositeur 
hongrois,  d'une  famille  Israélite,  mort  à  Pesth, 
le  23  janvier  1848,  s'est  rendu  célèbre  par  sa 
Marche  de  Ragoczy  et  par  un  grand  nombre 
de  compositions  instrumentales  et  >->  aies,  dont 
le  caractère  appartient  à  la  nation  hongroise. 
Tonte  la  musique  de  cet  artiste  a  une  verve 
entraînante  par  le  rhythme.  Le  nombre  de  ses 
œuvres  est  d'environ  cent;  la  plupart  de  ces  ou- 
vrages ont  été  publiés  à  Pesth,  chez  Wagner, 
et  sont  écrits  ou  arrangés  pour  le  piano  :  leurs 
titres  sont  en  langue  magyare. 

ROTA  ou  ROTTA  (Antoine),  luthiste  et 
virtuose  sur  le  cornet,  né  à  Padoue,  dans  les 
dernières  années  du  quinzième  siècle,  acquit  une 
fortune  considérable  par  ses  talents.  Il  mourut  à 


Padoue,  en  1548.  On  connaît  sons  son  nom  un 
recueil  de  pièces  de  luth  intitulé  :  Iniabulatura 
dcl  Lauto,  ossia  ricercari,  motetti,  bâtit,  ma- 
drigali  c  canzoni  franeesi;  libro  primo.  Ve- 
nise, Antoine  Gardane,  1546,  in-4°  obi.  Il  y  a 
une  autre  édition  de  ce  premier  livre  publiée  à 
Venise  dans  la  même  année,  mais  sans  nom  d'im- 
primeur. On  trouve  des  pièces  de  luth  de  Rota 
dans  la  première  partie  du  recueil  intitulé  :  Uor- 
tus  Musarum  in  quo  lanquam  flosculi  qui- 
dam selectissimarum  carminum  collccti  sunt 
ex  oplimis  qnibusque  auctoribus;  Lovanii, 
apud  Phalesium  bibliopolam  iuratum,  1552, 
in-4°. 

ROTA  (André),  né  à  Bologne,  vers  1540,  fut 
un  des  meilleurs  compositeurs  de  son  temps,  et 
directeur  du  chœur  de  l'église  de  San  Petronio 
de  cette  ville.  Les  ouvrages  connut;  sous  son  nom 
sont:  1° Madrigali a cinque voci ,  lib.  1;  Venise, 
1579,  in-4°.  —2° idem, second  livre;ibid.,  1579, 
in-4u.  —  3°  Motetti  a  5,  6,  7  voci  lib.  1  ;  Venise, 
1 584,  Gardane,  in-4°.  —  4°  II  primo  libro  di  ma- 
drigali a  4  voci,  ibid  ,  1592,  in-40.—  5°  Motetti 
a  5,  6,7,8  et  10  roc/',  lib.  2;  ibid.,  1595,in-4°. 
—  6°  Liber  primus  Missarum  quatuor,  quia- 
que  et  sex  vocum  ;  ibid.,  1595,  in-4°. 

ROTENBACIIER  (Ébasmé),  co-recteur  du 
collège  de  Saint-Égide  à  Nuremberg,  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle,  a  publié  de  sa  composition 
des  chansons  à  deux  voix  intitulées  ;  1°  Diphona 
amoma  et  florida;  Nuremberg,  1549,  in-4°.  — 
ï0Bcrgkrcycnaufzu-oStimmcncomponirt,  etc. 
(Chansons  à  deux  voix,  suivies  de  quelques  pe- 
tits airs  français  choisis  avec  soin,  pour  être 
agréable  à  ceux  qui  aiment  la  noble  musique); 
Nuremberg,  1551,  in-4°  oblong. 

ROTENBURGER  (  Conrad)  ,  célèbre  fac- 
teur d'orgues  du  quinzième  siècle,  était  (ils 
d'un  boulanger,  et  naquit  à  Nuremberg  en  1443. 
Il  mourut  dans  cette  ville  en  1508,  à  l'âge  de 
soixante-cinq  ans.  En  1477,  il  construisit  le 
grand  orgue  des  Récollets  de  Nuremberg,  et  vers 
la  même  année  il  lit  le  grand  orgue  de  Baniherg, 
qu'il  augmenta  en  1493  de  quelques  touches  au 
clavier,  et  de  plusieurs  soufflets.  On  trouve  quel- 
ques renseignements  sur  ces  instruments  dans  le 
Si/ntagma  musicum  de  Pra-lorius  (tome  II, 
page  111). 

ROTH  (Chrétien),  organiste  à  Leitmeritz, 
en  Saxe ,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  un  recueil  de  soixante-quatorze 
courantes  a  quatre  et  cinq  parties  ;  Dresde,  1624, 
in-4°. 

HOTI1  (Ci  ni  m  mi -Aucuste-Traugott),  né 
près  d'Erfurt  en  1720,  apprit  les  éléments  de  la 
musique  dans  cette  ville,  sous  la  direction  d'Ad- 


ROTH  —  ROUCOURT 


3ÎÎ 


long,  et  reçut  de  Wallher  des  leçons  de  clavecin, 
a  Weiinar.  En  1754,  il  se  rendit  à  Berlin  et  s'y 
lixa  en  qualité  de  professeur  de  •  musique.  Il  a 
publié  un  recueil  de  chansons  de  sa  composition, 
a  Berlin,  en  1757. 

ROTI!  (Joseph),  l'acteur  d'orgues  estimé, 
vivait  à  Prague  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  En  1784,  il  a  construit  un  posi- 
lil  dans  l'église  paroissiale  de  Straliow.  Ses  pianos 
avaient  de  la  réputation  en  Bohême  en  1796, 
époque  où  il  vivait  encore. 

ROTH  (Georges  Michel),  professeur  et  pro- 
lecteur  du  collège  de  Francfort-sur-le-Mein,  na- 
quit dans  cette  ville  le  12  février  1769,  et  y  mourut 
le  3  janvier  1817.  An  nombrede  ses  ouvrages  on 
en  remarque  un  qui  a  pour  titre  :  Ueber  die  bis- 
herige  Vnmœglichkeit  einer  Philosophie  des 
Bildes,  <ler  Musilc  xind  der  Sprache  (Sur  l'im- 
possibilitéjusqu'à  ce  moment  d'une  philosophie  de 
la  peinture,  de  la  musique  et  du  langage)  ;Gœttin- 
gue,  Dietrich,  1796,  95  pages   in-8. 

ROTHE  (Jean-Christophe),  né  en  1653, 
a  Rosswein,  en  Misnie,  apprit  les  éléments  ;!e  la 
musique  sous  la  direction  de  son  père,  qui  était 
cantor  dans  ce  lieu.  Admis  d'abord  comme  vio- 

4 

loniste  dans  la  musique  du  duc  de  Saxe-Cohourg, 
il  quitta  bientôt  cette  position  pour  entrer,  en 
1693,  au  service  du  prince  de  Sehwarzbourg.  Il 
mouruten  1722,  laissant  en  manuscrit  de  grandes 
compositions  pour  l'église,  telles  que  des  Pas- 
sions, musique  de  Pâques,  etc. 

ROTHFISCHER  (Paul),  violoniste  au 
service  du  prince  de  Nassau-Weilbonrg,  naquit 
en  1746  à  Altmannstein,  en  Bavière.  Après  avoir 
fait  ses  études  au  monastère  de  Wettenbourg, 
et  au  collège  de  Saint-Émeran,  à  Ratisbonne,  il 
voyagea  et  entra,  en  1789,  au  service  du  prince 
de  Nassau.  Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  con- 
certos pour  le  violon. 

ROTT  (Joseph),  facteur  d'orgues  et  de  pianos 
à  Prague,  vers  1810,  était  élève  de  Reis.  Ses  ins- 
truments ont  de  la  réputation  en  Bohème. 

ïtOTTMANNER  (Édouaro),  organiste  de 
l'église  Saint-Michel  à  Munich  et  bon  violoniste, 
est  né  dans  cette  ville  en  1790.  Ett  (voy.  ce 
nom),  excellent  organiste  de  h  même  église,  lut 
son  professeur,  et  sous  la  direction  de  ce  maître, 
Rotlmanner  a  acquis  une  grande  habileté  sur 
l'instrument,  et  en  même  temps  est  devenu  com- 
positeur distingué  dans  la  musique  d'église  et 
dans  le  style  instrumental.  Il  a  publié  de  sa 
composition  -.  Messe  à  4  voix  et  orgue  ;  Munich, 
l'aller. 

ROUlilN  (AuÉnÉE  DE),  amateur  de  musi- 
que, pianiste,  organiste  et  compositeur,  né  à 
Paris,  le  22  avril  1822,  a  fait  ses  premières  éludes 


de  musique  sous  la  direction  de  M.  Nieou-Choron 
et  de  Robberechts.  Plus  tard ,  Napoléon  Âlkan 
(voy.  ce  nom)  lui  lit  taire  un  cours  d'harmonie. 
Pendant  plusieurs  années,  M.  Roubinse  livra  à 
la  composition  de  la  musique  militaire  et  d'ins- 
truments à  vent,  que  Carafa,  alors  directeur  du 
Gymnase  de  musique  militaire ,  fit  exécuter 
par  les  élèves  de  cette  école.  M.  Roubin  a,  de- 
puis lors,  organisé  lui-même  une  société  d'har- 
monie de  65  exécutants  dans  une  commune  du 
département  de  l'Eure,  où  se  trouvent  ses  pro- 
priétés. Toutefois  le  goût  de  cet  amateur  se 
portait  surtout  vers  la  musique  dramatique,  lin 
1851  il  a  écrit  une  scène  dramatique  à  7  voix 
et  chœurs,  sous  le  titre  :  La  Chasse  du  Dur- 
grave.  En  1853,  il  a  fait  entendre  à  Paris  Le  fie- 
négat  de  Tanger ,  cantate  à  trois  voix,  et  il  a 
fait  représenter  avec  succès  au  théâtre  de  l'Opéra 
de  Rouen,  le  9  février  1859,  la  Perle  de  Fras 
cati,  opéra-comique  en  un  acte,  dont  le  livret 
était  de  M.  Émilien  Pacini. 

ROUCOURT  (  Jean-Baptiste  ) ,  né  à 
Bruxelles,  le  2S  octobre  1780,  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  musique  de  Van  Helmont , 
maître  de  chapelle  de  l'église  SS.  Michel  et  Gu- 
dule,  puis  se  rendit  à  Paris,  où  il  fut  admis 
comme  élève  de  l'école  de  chant  du  Conserva- 
toire, au  mois  de  février  1802.  Sorti  l'année  sui- 
vante de  cette  école,  il  devint  élève  de  Fiocchi , 
et  se  livra  à  l'enseignement.  De  rctourà  Bruxelles 
en  1812,  il  y  a  été  longtemps  le  seul  maître  de 
chant  en  réputation.  Ayant  conçu  le  plan  d'une 
école  publique  de  musique,  il  ouvrit  d'abord  à 
ses  risques  et  périls  cette  institution,  qui  fut  ré- 
gularisée en  1823,  reçut  un  subside  du  gouver- 
nement et  prit  le  nom  d' 'École  royale  de  musique. 
Roucourt  en  fut  nommé  le  directeur.  La  ré- 
volution de  1830  ayant  fait  fermer  celle  école, 
et  un  Conservatoire  ayant  été  institué  à  Bruxelles 
en  1832  dans  des  proportions  plus  vastes,  Rou- 
court y  a  été  nommé  professeur  honoraire.  Il 
est  mort  dans  celte  ville  le  1er  mai  1849.  Cet 
artiste  a  publié  :  1°  Six  romances  avec  accom- 
pagnement de  piano;  Paris,  Pleyel.  —  2°  Plu- 
sieurs autres  romances  détachées.  —  3°  Essai 
sur  la  théorie  du  chant;  Bruxelles,  WçiV 
senbruch,  1820,  in-8°  de  110  pages.  Il  a  écrit 
aussi  une  cantate  avec  orchestre ,  à  l'occasion 
du  mariage  du  prince  Frédéric  des  Pays-Bas 
avec  la  princesse  Louise  de  Prusse,  et  les  ou- 
vrages suivants  de  musique  religieuse  :  1°  Deux  Be- 
nedictus,  chœurs  à  4  voix;  —2°  Verbum  caro, 
solo  de  basse  et  chœur;  —  3°  Ecce  partis  ,  solo 
de  ténor  ;  —  4°  Ave  verum,  chœur  à  4  voix  ;  - 
5°  O  salit  taris,  idem;  — 6°  Salve  Regina 
idem,-  —  7°  Ave  Maria,  solo  de  soprano. 


332 


R0UGE0N-BEAUCLA1R  —  ROUGET  DE  L'ISLI. 


ROUGEON -BEAUCLAIR  (Antoini 
Loi  ft),  guitariste  amateur  et  compositeur,  fut 
employé  de  l'administration  des  postes,  à  Paris, 
depuis  1802  jusqu'en  1829,  époque  de  sa  mort. 
Si's  principaux  ouvrages  sont  :  1"  Trois  trios 
pour  deux  guitares  et  violon,  op.  3;  Paris,  Na- 
derman.  —  2"  Trois  trios  pour  deux  guitares, 
np.  2;  Paris,  Momigny.  —  3"  Trois  grands  duos 
pour  guitare  et  violon,  op.  7;  Paris,  Beaucé.  — 
4°  Sonates  pour  guitare  seule,  op.  4  et  8,  Pa- 
ris, Leduc,  Lemoine.  —  à"  Beaucoup  de  thèmes 
variés. 

ROUGET  DE  LSSLE  (Ci.aude-Josf.mi  ), 
poète  et  amateur  de  musique,  né  le  10  mai  1760 
a  Lons-le-Saulnier,  entra  en  17S2  à  l'Ecole  du 
Génie.  Il  était  capitaine  du  génie,  en  garnison  à 
Strasbourg ,  lorsqu'on  proclama  dans  cette  ville 
la  déclaration  de  guerre  au  roi  de  Bohême  et  de 
Hongrie,  le  24  avril  1792.  Dans  l'émotion  causée 
par  cet  événement ,  Rouget  de  Lisle  composa, 
la  nuit  même,  un  Chant  de  guerre  aux  ar- 
mées,  paioles  et  musique,  connu  plus  lard  sous 
le  nom  de  Marche  des  Marseillais ,  A' 'Hymne 
tirs  Marseillais ,  et  enfin   de  la  Marseillaise. 

Suspendu  deses  fonctions,  le  25  août  suivant, 
pour  avoir  refuse  d'adhérer  à  la  déchéance  du  roi, 
il  fut  réintègre  à  la  lin  d'octobre,  après  l'immense 
succès  qu'avait  obtenu  son  Offrande  à  la  Li- 
berté (la  Marseillaise),  mise  en  action, orches- 
trée par  Gossec  et  représentée  pour  la  première 
fois  à  l'Opéra  le  30  septembre  1792.  — Son  chant, 
qui  enllaminait  le  courage  des  années  de  la  Ré- 
publique, n'a  pas  peu  contribué  à  leurs  victoires. 
—  La  célébrité  de  l'auteur  ne  put  le  sauver  des 
persécutions  de  la  Teneur.  —  Emprisonné  au 
mois  de  septembre  1793,  et  prêt  de  porter  sa 
tète  sur  l'échafaud,  il  ne  dut  son  salut  qu'aux 
événements  du  y  thermidor.  Sorti  de  prison ,  il 
présenta  à  la  Convention,  le  5  août,  un  hymne 
dithyrambique  sur  la  conjuration  de  iiobes- 
pierre  et  la  rendu  lion  du  'j  thermidor,  qu'il 
avail  ((imposée  pendant  sa  détention.  —  Au  mois 
(le  juin  179.')  il  se  rendit  a  l'année  des  Cotes  de 
l'ouest,  et  s'y  trouva  au  moment  du  débarque- 
ment des  émigrés  français  à  Quiberon.  —  Revenu 
a  Paris  après  ces  événements,  OÙ  il  lut  blesse 
d'un  éclat  de  mitraille,  il  lut  proclame  à  la  Con- 
vention nationale  comme  auteur  el  compositeur 
de  l'Hymne  dry  Marseillais  (  séance  du  14  juil- 
let ),  et  Jean  Debry  demanda  el  fil  adopter 
que  son  nom  et  son  (liant  lussent  inscrits  au 
procès-verbal  de  la  séance.  La  Convention  dé- 
créta ensuite  que  VAir  de  la  Marseillais/  sé- 
rail joué  chaque  jour  a  la  garde  montante  el 
que  son  Hymne  dv.  9  Ihe'rmidor  sérail  (liante 
dans  la  le|e  publique  'lu  27  juillel    —  Un  aulre 


décrel  de  14  thermidor  ordonna ,  à  litre  de  ré 
compense  nationale,  qu'il  aurait  un  emploi  dans 
l'année.  —  Quelques  mois  après,  nommé  chef 
de  bataillon  du  génie ,  il  refusa  cet  avancement 
tardif. 

Il  publia,  en  1796,  ses  Essais  eu  verset  en 
prose  et  24  morceaux  avec  accompagnements  de 
piano  et  violon,  puis  il  s'occupa  de  négociations 
pour  le  gouvernement  hollandais.  —  J|  lit  repré- 
sentera l'Opéra,  le  18  floréal  an  vi  (7  mai  1798), 
le  Chant  des  vengeances, intermède  mêlé  de 
chant  et  de  pantomime,  orchestré  par  Elet\  qui 
y  avail  ajouté  une  ouverture  de  sa  composition. 

—  Le  9  prairial  (28  mai  1798),  Jacquot  ou  l'É- 
cole des  Mères,  opéra-comique,  paroles  de 
Rouget  de  Lisle,  musique  de  Della-Marià,,  lut 
représenté  au  théâtre  Pavait,  et  les  journaux  rie 
l'époque  ont  rendu  un  compte  élogieux  du  poème. 

—  Après  le  18  brumaire,  Rouget  de  Lisle  com- 
posa, sur  la  demande  de  Bonaparte,  un  Chant 
du  Combat,  chanté  à  l'Opéra  le  13  nivôse  (;i  jan- 
vier 1800),  et  par  l'armée  d'Egypte  qui  l'adopta 
pour  remplacer  la  Marseillaise. 

Il  ne  se  rallia  pas  à  l'Empire  et  fut  négligé 
par  Louis  XVIII  et  Charles  X,  n'obtenant  aucune 
recompense,  aucun  emploi  et  vivant  dans  une 
position  peu  fortunée.  En  1827  il  lit  représenter 
l'opéra  de  Macbeth  ,  musique  de  Chelard.  — 
Après  les  journées  de  1830,  Louis  Philippe 
lui  accorda  une  pension  de  1,500  Ir.  sur  sa  cas- 
sette particulière;  et  en  1832,  sur  les  instances 
de  notre  illustre  chansonnier  Déranger,  il  obtint 
deux  autres  pensions  de  1,000  IV.  sur  la  caisse 
des  ministères  de  l'intérieur  et  du  commerce.  Il 
était  alors  relire  à  Choisy-le  Roi,  chez  un  ami 
dévoué:  il  y  mourut  le  27  juin  1836. 

Le  26  octobre  1864,  M.  Kasln-r,  membre  de 
l'Institut  de  France  (  voyez  sa  notice  ,  m'a  com- 
muniqué un  exemplaire  de  l'édition  originale 
du  chant  de  Bouget  de  Lisle  ayant  pour  titre  : 
Chant  de  guerre  pour  l'année  du  Rhin,  dé- 
dié au  maréchal  Luckner.  â  Strasbourg,  de 
l'imprimerie  de  Th.de  Danne.bach,  imprimeur 
de  lamuniciputite,  une  demi- h.uillein-4"  oblong, 
sans  date  el  sans  nom  d'auteur;  mais  le  mare- 
chai  Luckner  ayant  été  pmede  son  comman- 
dement   après  le    20   août   I7:i2,    la  publication 

est  nécessairement  antérieure.  J'ai  donc  cru  de- 
voir laire  celle  rectification  à  cette  notice  el  mo- 
difier en  même  temps  celle  de  Navoigille. 

On  trouve  diverses  anciennes  éditions  de  /" 
Marseillaise  avec  les  sis  couplets  primitifs  et 
d'autres  avec   sept  couplets.   \  l'égard  des  va 

riantes  de  la  mélodie,  elles  sont  assez  nombreu- 
ses :  la  version  authentique  est  celle  de  l'édition 
dédiée  au  maréchal  Luckner.  L'effel  prodigieux, 


ROUGET    DE  L'ISLE  —  ROUSSEAU 


333 


du  chant  des  Marseillais  l'avait  fait  surnommer 
le  Tyrtée  de  la  France.  Plusieurs  éditions  de 
ce  chant  ont  été  faites  à  Paris,  en  1795et  1797.  Il 
a  été  réimprimé  et  tiré  à  beaucoup  d'exemplaires 
après  les  événements  de  1830.  Les  autres  pro- 
ductions de  Rouget  de  l'Isle  sont  :  1°  le  Chant 
des  vengeances;  Paris,  V.  Delormel ,  1798. — 
2°  Le  Chant  du  combat,  Paris,  1800.  — 
3°  Tom  et  Lucy,  romance  historique ,  avec 
accompagnement  de  piano  et  violon  obligé  ; 
Paris,  Pleyel,  1799.  —  4°  Romances  avec  ac- 
compagnement de  piano  et  violon  obligé,  4  re- 
cueils renfermant  24  romances,  ibid.  —  5"  Cin- 
quante chants  français,  paroles  de  différents  au- 
teurs ,  mis  en  musique  par  Rouget  de  Lisle  ; 
Paris,  chez  l'auteur,  un  volume  grand  in-4°. 

ROUJOUX  (-...),  vicaire  à  Fismes,  en 
Champagne,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  est  auteur  d'un  bon  ouvrage  intitulé  : 
Traité  théorique  et  pratique  des  proportions 
harmoniques  et  de  la  fonte  des  cloches  ;  ou- 
vrage curieux  pour  les  savants  et  utile  aux 
chapitres,  aux  fabriques  et  aux  commu- 
nautés; Paris,  Nyon,  1765,  in-8°  de  152  pages. 

ROUQUET  ( ....  ) ,  peintre  en  émail ,  né  à 
Genève  au  commencement  du  dix-huitième  siècle, 
mourut  à  Londres  en  1758-  On  a  de  lui  un  livre 
intitulé  :  The  présent  state  of  the  arts  in  En- 
gland,  Londres,  1755.  Une  traduction  française 
de  ce  livre  parut  dans  la  même  année,  sous  ce 
titre  :  État  des  arts  en  Angleterre  ;  Paris , 
Jombert,  1755,  in-12.  Rouquet  y  traite  de  la 
musique  et  des  concerts  à  Londres. 

ROUSEE,  chantre  de  la  chapelle  de  Henri  II, 
roi  de  France,  depuis  1547  jusqu'en  1559,  d'a- 
près un  compte  original  et  manuscrit  qui  existe 
à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris ,  et  dont 
j'ai  donné  la  notice  dans  la  Revue  musicale 
(t.  XII,  15  septembre  1S32,  n°  33).  On  trouve 
plusieurs  motets  de  ce  musicien  dans  les  sep- 
tième et  douzième  livres  de  la  collection  publiée 
par  Attaingnant  (  voyez  ce  »nom  ).  On  voit  par 
le  compte  dont  il  s'agit  qu'Antoine  Schmid  s'est 
trompé  dans  son  excellent  ouvrage  sur  Petrucci 
de  Fossombrone,  lorsqu'il  a  confondu  Rousée 
avec  Cyprien  de  Rore  (  voyez  le  3me  index  de  ce 
livre. 

ROUSSEAU  (Jean),  violiste  distingué, 
élève  de  Sainte-Colombe,  vécut  à  Paris,  en  qua- 
lité de  maître  de  musique  et  de  viole ,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a  pu- 
blié :  1°  Premier  et  deuxième  livres  de  pièces 
de  viole,  avec  des  exercices  sur  plusieurs 
nouvelles  manières  de  l'accorder,  Paris, 
chez  l'auteur  (  sans  date  ) ,  in-4°  oblong.  — 
2°  Méthode  claire,  certaine  et  facile  pour  ap- 


prendre à  chanter  la  musique  sur  les  tons 
naturels  et  transposez  ;  à  toutes  sortes  de 
mouvemens  ;  avec  les  règles  du  port  de 
voix  et  de  la  cadence,  lorsmesme  qu'elle  n'est 
pas  marquée;  et  un  éclaircissement  sur  plu- 
sieurs difficultez  nécessaires  à  savoir  pour  la 
perfection  de  Part;  Paris,  Chr.  Ballard,  1678, 
in-8°.  Trois  autres  éditions  ont  été  publiées  à  Paris 
jusqu'en  1707;  la  cinquième  a  paru  à  Amster- 
dam, chez  Pierre  Mortier  (sans  date),  in-8°  de 
87  pages.  Il  y  en  a  une  sixième  imprimée  à 
Amsterdam,  chez  Roger.  —  3°  Traité  de  la 
viole,  qui  contient  :  une  dissertation  curieuse 
sur  son  origine  ;  une  démonstration  générale 
de  son  manche  en  quatre  figures ,  avec  leurs 
explications;  l'explication  de  ses  jeux  dif- 
férents,  et  particulièrement  des  pièces  par 
accords,  etc.;  Paris,  Chr.  Ballard,  1687,  in-8° 
de  152  pages. 

ROUSSEAU- (  l'abbé  Jean-Marie),  né  à 
Dijon ,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  fit  ses  études  littéraires  et  musicales  dans 
la  maîtrise  de  la  cathédrale,  en  qualité  d'en- 
fant de  chreur.  Après  avoir  été  maître  de  mu- 
sique des  cathédrales  d'Arras  et  de  Dijon  ,  il  ob- 
tint le  même  titre  au  chapitre  de  Tournai ,  et  y 
eut  un  bénéfice  avec  le  titre  de  chapelain.  Il 
mourut  dans  cette  ville  en  1774,  avec  la  répu- 
tation de  savant  musicien  et  d'homme  de  génie, 
qu'il  ne  méritait  pas.  Ses  messes,  particulière- 
ment celle  de  Requiem ,  passaient  pour  des 
chefs-d'œuvre  à  Tournai;  mais  elles  sont  mal 
écrites  et  d'un  style  plat,  comme  toute  la  musique 
d'église  qu'on  entendait  autrefois  dans  les  ca- 
thédrales de  France.  En  1814,  je  fus  chargé 
d'instrumenter  la  messe  de  Requiem  de  Rous- 
seau qu'on  voulait  exécuter  à  Douai  pour  le  ser- 
vice expiatoire  de  la  mort  de  Louis  XVI  ;  mais 
je  fus  obligé  préalablement  de  corriger  une  mul- 
titude de  fautes  d'harmonie,  de  mauvaises  suc- 
cessions ,  et  de  mouvements  gauches  et  mala- 
droits dans  les  voix.  On  a  imprimé,  de  la  com- 
position de  Rousseau ,  un  recueil  de  messes  in- 
titulé :  Très  missse  quatuor  vocibus  nobili 
capituio  antiquissimx  et  celeberrimx,  eccle- 
six  cathedralis  Tornacensis  dicatx;  Bruxelles, 
Van  Ypen  (sans  date),  in-folio  max°.  Il  y  a  de 
lui  d'autres  recueils  de  messes  imprimés;  mais  je 
n'en  ai  pas  les  litres. 

ROUSSEAU  (  Jean-Jacques)  ,  illustre  écri- 
vain, naquità  Genève  le  28  juin  1712,  et  mourut 
le  3  juillet  i778,  à  Ermenonville ,  près  de  Paris, 
dans  une  petite  maison  dépendante  du  château 
du  marquis  de  Girardin.  La  vie  de  cet  homme 
célèbre  a  été  trop  souvent  écrite  et  placée  dans 
des  recueils    biographiques,  pour  qu'il  soit  né- 


334 


ROUSSEAU 


cessaire  de  la  donner  ici.  Je  croisdevoir  m'abstmir 
aussi  de  parler  de  ceux  de  ses  écrits  qui  n'ont  pas 
de  rapport  avec  l'objet  de  ce  dictionnaire.  Rous- 
seau ne  doit  être  considéré  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens  que  comme  com- 
positeur, et  comme  écrivain  sur  la  musique. 
N'ayant  pas  eu  d'éducation  musicale  propre- 
ment dite,  n'ayant  même  jamais  appris  régulière- 
ment la  musique,  il  fut  toujours  mauvais  lec- 
teur et  médiocre  harmoniste,  bien  qu'il  eût  à 
un  éminent  degré  l'instinct  et  l'amour  de  l'art. 
Ce  qu'il  dit  lui-même,  dans  ses  Confessions, 
de  son  premier  essai  de  composition  à  Lausanne, 
lorsqu'il  était  âgé  de  dix-neuf  ans,  prouve  qu'à 
cet  âge  son  ignorance  était  complète  non-seule- 
ment'dans  l'art  d'écrire  en  musique,  mais  même 
dans  les  principes  du  solfège.  Depuis  lors,  il  ap- 
prit ces  principes  en  les  enseignant ,  ou  dans 
des  études  cent  fois  reprises  et  cent  fois  aban- 
données ;  mais  tous  les  musiciens  savent  que 
lorsque  de  pareilles  études  ne  sont  pas  faites 
dans  l'enfance,  et  lorsqu'un  long  exercice  n'a 
pas  rendu  familières  les  difficultés,  on  ne  par- 
vient pas,  dans  l'âge  mûr,  à  surmonter  celles-ci. 
Ce  fut  pourtant  dans  la  musique  que  Jean- 
Jacques  Rousseau  chercha  ses  premiers  moyens 
d'existence  ,  lorsqu'à  l'âge  de  vingt-neuf  ans  il 
se  rendit  à  Paris,  avec  quinze  louis  et  le  ma- 
nuscrit d'un  nouveau  système  de  notation  mu- 
sicale. L'Académie  des  sciences  fut  appelée  à 
prononcer  sur  le  mérite  de  ce  système.  Le  ma- 
nuscrit que  Rousseau  y  avait  lu,  le  22  août  1742, 
était  intitulé  :  Projet  concernant  de  nouveaux 
signes  pour  la  musique  :  il  a  été  imprime  dans 
les  diverses  éditions  des  œuvres  complètes  de 
cet  écrivain  ,  mais  alors  l'auteur  ne  crut  pas  de- 
voir le  publier  sous  sa  forme  primitive.  Il  revit 
son  ouvrage,  Pétendit ,  développa  ses  principes, 
et  fit  paraître  son  nouveau  système  dans  une 
brochure  qui  avait  pour  titre  ':  Dissertation  sur 
la  musique  moderne;  Paris,  G.-F.  Quillau,  1743, 
in-8°.  Ce  morceau  a  été  aussi  inséré  dans  toutes 
les  éditions  complètes  des  œuvres  de  Rousseau. 
Ainsi  que  tous  ceux  qui  apprennent  avec  diffi- 
culté la  musique  et  la  savent  mal,  il  s'était  per- 
suadé qu'il  y  a,  dans  les  signes  qui  servent  à 
l'écrire,  mauvaise  conception  en  ce  qui  concerne 
leurs  éléments,  et  complication  inutile  dans 
leurs  combinaisons.  Il  s'élève  avec  force,  dans 
l'écrit  dont  il  s'agit ,  contre  «  la  quantité 
«  de  signes,  de  clefs,  de  transpositions,  de 
«  dièses,  de  bémols,  de  bécarres,  de  mesures 
«  simples  et  composées ,  de  rondes,  de  blan- 
«  cbes,  de  noires,  décroches,  de  doubles,  de 
«  triples  croches,  de  pauses,  de  demi-pauses, 
-  (h;   soupirs,   de  demi-soupirs,   de  quarts  de 


«  «  soupir,  etc.,  dont  se  compose  la  notation ,  » 
|  et  propose  d'y  substituer  des  signes  qui ,  au 
premier  aspect,  paraissent  beaucoup  plus  sim- 
ples, puisqu'ils  ne  se  composent  que  des  chif- 
fres 1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  pour  la  désignation  des 
sept  degrés  de  la  gamme;  mais  qui,  par  la  né- 
cessité de  les  modifier  pour  distinguer  les  octaves, 
les  toniques ,  les  dièses  et  bémols  accidentels,  les 
durées,  etc.,  et  d'en  changer  la  signification  à 
chaque  modulation,  se  multiplient  en  réalité  au 
point  de  présenter  un  plus  grand  nombre  de  si- 
gnes que  la  notation  ordinaire.  On  peut  voir  dans 
le  livre  de  Raymond  intitulé  :  Des  princi- 
paux systèmes  de  notation  musicale,  etc., une 
très-bonne  analyse  du  système  de  J. -J.Rousseau 
(  pages  94  à  1 18  ),  et  de  ses  vices  radicaux.  Toute- 
fois Raymond  n'insiste  pas  assez  sur  une  objec- 
tion essentielle  qui  peut  s'opposer  à  toutes  les  cri- 
tiques de  la  notation  moderne  et  à  tous  les  sys- 
tèmes de  simplification  nés  ou  à  naître;  savoir, 
que  ces  simplifications ,  fussent-elles  réelles 
dans  leur  conception,  auront  toujours  le  défaut , 
par  leur  simplicité  même  et  leur  uniformité  (en 
les  supposant  complets  et  suffisants),  de  ne  pas 
peindre  immédiatement  aux  yeux  les  formes 
musicales  et  d'en  frapper  en  même  temps  l'in- 
telligence ;  avantage  dont  jouit  la  notation  ordi- 
naire, précisément  par  la  diversité  sensible  d'é- 
léments que  lui  reprochent  ses  détracteurs.  La 
musique,  dans  son  exécution,  n'est  point  un 
art  de  lente  analyse,  où  les  signes  se  présen- 
tent un  à  un  à  la  vue  et  à  l'esprit ,  comme  le 
supposent  les  médiocres  musiciens  auteurs  de 
ces  systèmes,  mais  une  aperception  simultanée 
de  phrases  complètes  avec  toutes  les  combinai- 
sons de  signes  qui  les  expriment  :  or,  plus  il  y 
a  de  diversité  dans  la  physionomie  de  ces  signes, 
moins  il  y  a  de  danger  de  les  confondre  et 
d'en  laisser  échapper  le  sens.  Natorp  (  voyez  ce 
g  nom  ),  qui  reprit  plus  tard  le  système  de  nota- 
tion par  les  chiffres,  en  le  modifiant  d'une  ma- 
nière heureuse,  n'a  prétendu  l'appliquer  qu'aux 
mélodies  simples  des  cantiques  à  l'usage  des 
enfants  des  écoles  primaires,  et  n'a  pas  voulu  en 
faire  un  système  général  de  notation  ,  à  quoi 
ces  signes  ne  pourraient  servir.  A  l'égard  de 
l'accusation  portée  contre  J.-J.  Rousseau  par 
Labordc,  par  les  compilateurs  de  l'Lncyclo- 
pédie  méthodique,  et  par  Roquefort,  dans  l'ar- 
ticle Demotz,  de  la  Biographie  universelle 
des  frères  Michaud,  d'avoir  emprunté  son  sys- 
tème au  1*.  Souhaitty  (voyez  ce  nom),  accu- 
sation repoussee  par  les  auteurs  du  Dictionnaire 
historique  des  musiciens,  Raymond  a  fort 
bien  démontré  qu'il  y  a  identité  entre  les  deux 
systèmes ,  en  ce  qui  concerne  la  désignation  des 


ROUSSEAU 


335 


notes,  mais  que  celui  de  Rousseau  a  un  avan- 
tage incontestable  pour  la  représentation  des 
durées. 

Ainsi  que  toutes  les  conceptions  de  nouveaux 
systèmes  pour  noter  la  musique,  celui  de 
J.-J.  Rousseau  n'avait  eu  aucun  succès  ,.  et  n'a- 
vait pas  tiré  son  auteur  de  l'obscurité.  Il  essaya 
d'être  plus  heureux  dans  la  composition  d'un 
opéra  intitulé  les  Muses  galanies.  On  en  fit 
une  répétition  chez  le  fermier  général  la  Popeli- 
mète.  Rameau  ,  qui  y  assistait,  déclara  qu'une 
partie  de  cet  ouvrage  devait  être  d'un  artiste 
habile,  et  que  le  reste  appartenait  à  un  ignorant 
qui  ne  savait  pas  même  la  musique.  Il  n'en 
fallut  pas  davantage  pour  faire  intenter  contre 
Rousseau  une  nouvelle  accusation  de  plagiat, 
qui  ne  fut  pas  la  dernière.  Toutefois  le  duc  de 
Richelieu,  qui  le  protégeait,  ne  lui  retira  pas 
sa  bienveillance  ;  il  le  chargea  de  retoucher  les 
paroles  et  la  musique  de  la  Reine  de  Navarre, 
intermède  de  Voltaire  et  de  Rameau  ,  composé 
pour  l'arrivée  de  la  Dauphine  ,  en  1745,  et  qui 
n'avait  été  joué  qu'à  la  cour.  Ce  nouvel  essai 
ne  fut  point  heureux;  la  Reine  de  Navarre 
tomba  à  Paris,  au  mois  de  décembre  de  la  même 
année.  Découragé  et  dégoûté  de  la  musique  et 
du  théâtre ,  Rousseau  parut  pendant  quelque 
temps  vouloir  se  livrer  à  d'autres  occupations, 
mais  ses  liaisons  avec  Diderot  et  d'Alembert 
l'ayant  fait  choisir  pour  rédiger  les  articles  de 
musique  dans  l'Encyclopédie ,  il  se  livra  pour 
ce  travail  à  des  lectures  sérieuses  qui  étendi- 
rent ses  connaissances  dans  l'art  ;  mais  le  temps 
qu'on  lui  avait  tixé  était  trop  court ,  et  comme 
il  le  dit  lui-même  dans  |a  préface  de  son  Diction- 
naire de  musique,  il  fit  vite  et  mal.  Rameau, 
dont  il  avait  critiqué  le  système  dans  quelques- 
uns  de  ses  articles ,  fit  paraître  à  cette  occasion 
son  pamphlet  intitulé  :  Erreurs  sur  la  musique 
dans  l'Encyclopédie.  Rousseau  jeta  sur  le  pa- 
pier, en  1755,  une  réponse  à  cet  écrit,  sous  le 
titre  :  Examen  de  deux  principes  avancés  par 
M. Rameau,  dans  sa  brochure  intitulée  .-Er- 
reurs sur  la  musique  dans  l'Encyclopédie  ; 
mais  il  ne  la  publia  pas  :  elle  ne  parut  qu'après 
sa  mort ,  dans  les  collections  de  ses  œuvres 
complètes. 

Après  les  agitations  où  la  publication  de  YÉ- 
mile  jeta  Rousseau,  il  s'était  retiré  à  Motiers- 
Travers,  en  Suisse  ;  ce  fut  là  que,  revoyant  ses 
articles  de  l'Encyclopédie ,  et  blessé  de  leurs  im- 
perfections ,  il  conçut  le  projet  de  les  reloucher, 
d'en  augmenter  la  nomenclature,  et  d'en  faire 
un  dictionnaire  de  l'art  et  de  la  science.  Cet 
ouvrage  fut  achevé  en  1764,  mais  ne  parut  que 
quelques  années  après  sous  ce  titre  simple  : 


Dictionnaire  de  musique,  Genève,  1767,  un 
volume  in-4°,  dont  il  fut  fait  les  éditions  sui- 
vantes :  Paris  ,  V.  Duchesne ,  1768,  in-4°  ;  Ams- 
terdam ,  1768,  2  vol.  in-12;  Paris,  V.  Duchesne, 
1774,  un  volume  grand  in-8°;  Genève,  1781, 
2  vol.  in-8°;  Deux-Ponts,  1783,  in-8°  ;  Paris,  Le- 
quien,  1821-1822,  2  vol.  in-8°.  On  le  trouve 
aussi  dans  toutes  les  éditions  des  œuvres  com- 
plètes de  Rousseau.  Une  traduction  hollandaise 
du  Dictionnaire  de  musique  de  J.-J.  Rousseau, 
par  E.  Van  Heyligert,  a  élé  publiée  à  Amster- 
dam, en  1769,  in-8°,  et  une  traduction  anglaise 
a  paru  à  Londres,  en  1771,  in-8°,  sans  nom 
d'auteur;  mais  on  sait  qu'elle  a  été  faite  par 
W.  Waring  ;  celle  ci  n'est  point  achevée. 
Turbri  a  donné  un  Abrégé  du  Dictionnaire 
de  musique  de  J.-J.  Rousseau;  Toulouse, 
Bellegarrigue,  1821,  in-12  de  140  pages.  L'ou- 
vrage original  obtint,  à  l'époque  de  sa  publica- 
tion, le  succès  qui  s'attachait  à  toutes  les  produc- 
tions de  son  célèbre  auteur;  plus  tard ,  il  fut 
l'objet  de  critiques  sévères  et  même  injustes. 
Les  moins  raisonnables  de  ces  critiques  furent 
certainement  celles  de  Ginguené,  Framery, 
l'abbe  Feytou ,  et  des  autres  rédacteurs  du  Dic- 
tionnaire de  musique  de  l'Encyclopédie  métho- 
dique (Paris,  1791-1818,  2  volumes  in-4°)qui, 
prenant  pour  base  de  leur  travail  les  articles  du 
Dictionnaire  de  Rousseau  ,  emploient  dans  des 
suppléments  toute  leur  logique  à  en  démonlrer 
la  fausseté  ou  l'insuffisance.  Après  eux  est 
venu  Castil-Blaze  qui,  dans  la  préface  de  son 
Dictionnaire  de  musique  moderne,  s'exprime 
ainsi  :  «  Si  le  Dictionnaire  de  Rousseau  est 
«  venu  jusqu'à  nous,  on  ne  doit  l'attribuer 
«  qu'aux  déclamations  éloquentes  qu'il  contient. 
«  La  partie  didactique  en  est  vicieuse  presque 
«  sur  tous  les  points,  et  ses  développements 
«  obscurs  et  étranglés. 'L'auteur  prouve  à  chaque 
«  pas  qu'il  ignorait  lui-même  ce  qu'il  prétend 
«  nous  expliquer.  Enfin,  son  ouvrage  est  in- 
«  complet,  en  ce  qu'il  ne  contient  pas  la  moitié 
«  des  mots  du  vocabulaire  musical.  »  Malgré 
cette  critique ,  fondée  sous  quelques  rapports , 
Castil-Blaze  a  emprunté  plusieurs  articles  à 
l'ouvrage  objet  de  sa  critique  ;  d'Outrepont  en 
porte  le  nombre  à  trois  cent  quarante-deux. 
Nonobstant  la  réalité  des  imperfections  du  livre 
de  Rousseau ,  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  ra- 
reté des  livres  spéciaux  et  des  autres  matériaux 
en  France,  à  l'époque  où  il  fut  écrit,  rendait  un 
semblable  travail  fort  difficile;  qu'il  fut  terminé 
dans  une  solitude  où  l'auteur  était  dépourvu 
de  tout  secours,  et  qu'enfin  une  partie  des  er- 
reurs de  Rousseau  sont  celles  de  son  temps. 
Dans  toute  la  partie  esthétique,  il  montre  d'ail- 


336 


ROUSSEAU 


leurs  un  rare  Instinct  de  l'art  et  des  vues  fort 
élevées. 

Peu  de  temps  après  avoir  fourni  à  l'Encyclo- 
pédie le  travail  qui  est  devenu  la  base  de  son 
dictionnaire,  il  composa   son   petit  opéra  inti- 
tulé :  le  Devin  du  village,  qu'un  succès  d'en- 
thousiasme accueillit  en   1752.    Pour  apprécier 
celte  composition  à  sa  valeur  réelle ,  il  ne  faut 
pas  oublier  quel  était  l'état  de  l'art  à  cette  époque 
cliez  les  Français  ;  il   faut  comparer    la   mono- 
tonie  des  rhythmes   et   des  formes  de   la  plu- 
part des  airs  des  anciens  opéras  avec   les  gra- 
cieuses   mélodies  de   l'ouvrage   de   Rousseau. 
Sans    doute,  la    phrase    y    est    souvent    mal 
faite,  l'harmonie    laisse     beaucoup   à  désirer, 
et  la  basse  porte  à  faux  dans  plusieurs  passages; 
mais  un  heureux  instinct  se  manifeste  dans  les 
chants  naïfs,   élégants,   de  presque  tout   l'ou- 
vrage, et  ce   genre  de    mérite   est    plus    rare 
qu'on  ne  pense.   Pendant  plus  de  soixante  ans, 
le  Devin  du  village  a  été  joué  avec  succès  à 
l'Opéra   et   sur    presque   tous   les   Ihéâtres    de 
France.   Les  ennemis  de  Rousseau  lui  ont  con- 
testé   la  propriété  de  cet  ouvrage  et  ont  avancé 
qu'un  musicien  obscur  de    Lyon  (Granet)  en 
était  l'auteur  ;    mais    outre  que  cette  assertion 
n'a  jamais  été  prouvée,  il  sufiit  de  jeter  les  yeux 
sur  un  recueil  de  plus  de  cent  romances  et  au- 
tres morceaux  de  sa  composition  intitulé  :  Les 
consolations  des   misères  de  ma  vie,   qui  ne 
fut  publié   qu'après   sa  mort  (Paris,    1781,  in- 
fol.,  gravé  sur  cuivre  par  Richomme  ),  pour  ac- 
quérir la  preuve  que  les  touchantes  mélodies  de 
celte  collection  sont  évidemment   de  la  même 
main  que  les  airs  du  Devin  du  village.  Castil- 
Rlaze  a  été   le   plus  ardent  des  détracteurs  de 
J.-J.  Rousseau  au   sujet  de  cet  ouvrage,  dans 
son   livre    intitulé   Molière    musicien  (t.    II. 
pages  409-422),  et  dans  celui  qui  a  pour  titre  : 
Théâtres  lyriques  de  Paris.  Académie  royale 
de  musique  (t.   1,  page  193).  Ce  qu'il  appelle 
les   preuves  du  plagiat  de  J.-J  Rousseau    est 
pris  des  M émoires secrets  de  Bachaumont  et  Pi- 
danzat  de  Mairobert,  ainsi  que  d'une  anecdote 
insérée  dans  le  Journal  encyclopédique,  par  un 
certain  Pierre  Rousseau,  de  Toulouse.  Au  reste 
l'anecdote  a  été  rapportée  de  plusieurs  manières 
différentes  et  l'on  a  cité,  comme  auteurs  de   la 
musique  du  Devin  du  village,  plusieurs  musi- 
ciens aussi  inconnus  les  uns  que  les  autres.  Deux 
éditionsde  la  partition  de  cet  opéra  ont  été  publiées 
à  Paris  (sans  date,  in-4°).  File  a  élé  gravée  de 
nouveau  en  format  in-S°  pour  la  belle  édition 
des  œuvres    de  J.-J.  Rousseau    publiée    par 
Dalibon   (Paris,   1824-28,   27  vol.  in-8J).  Les 
autres  compositions  dramatiques  de  cet  homme 


célèbre  sont  :  1°  Pygmalion,  scène  lyrique,  ou 
mélodrame,  Paris,  1773  (en  partition)  Rousseau 
estl'inventeurdecegenre  d'ouvrage,  où  l'orches- 
tre dialogue  avec  les  paroles  du  personnage  qui 
est  en  scène,  et  exprime  les  sentiments  dont  il  est 
ému.  On  sait  ce  qu'est  devenu  ce  genre  aux 
spectacles  des  boulevards  de  Pari  s.  Dans  un 
livre  intitulé  :  Lyon,  vu  de  Fourvières  (  Lyon, 
1833,  in-8°  )  on  trouve  (  pages  539-552  )  un  mor- 
ceau intitulé  J.-J.  Rousseau  à  Lyon,  dans  lequel 
un  musicien  nommé  Horace  Coignet  revendique 
la  musique  de  Pygmalion,  qu'il  avait  composée , 
dit-il,  à  la  demande  de  Rousseau,  pendant  le  sé- 
jour que  lit  à  Lyon  ce  grand  écrivain,  en  1770. 

—  2°  Fragments  de  Daphnis  et  Chloé ,  com- 
posés du  premier  acte,  de  l'esquisse  du  pro- 
logue, et  de  différents  morceaux  préparés  pour 
le  second  acte;  Paris,  1780,  in-fol.  (en  parti- 
tion ).  —  3°  Les  six  nouveaux  airs  du  Devin 
du  village;  Paris,  1780,  in-fol.  (en  partition). 

—  4°  Les  Muses  galantes,  opéra  ballet  en  trois 
entrées  (  paroles  et  musique),  exécuté  en  1745 
chez  le  fermier  général  la  Popelinière,  représenté 
sans  succès  à  l'Opéra  en  1747,  et  en  1761  chez 
le  prince  de  Conti  (non  publié). 

Une  troupe  de  chanteurs  bouffes  italiens  vint 
à  Paris  en  1752,  et  obtint  l'autorisalion  de  don- 
ner à  l'Académie  royale  de  musique  des  repré- 
sentations de  quelques  opéras  de  Pergolèse,  de 
Léo,  de  Rinaldode  Capua,  et  de  plusieurs  autres 
compositeurs,  alternativement  avec  l'Opéra  fran- 
çais. J-J.  Rousseau,  Grimm   et  les  autres  cory- 
phées du  parti  encyclopédique,  se  déclarèrent 
en  faveur  de  la  musique  italienne  contre  la  mu- 
sique française;  Grimm  engagea  le  combat  par 
sa  Lettre  sur  Omphale  (  voyez  Grimm,  Frédé- 
ric-Melchior) .  Un  partisan  de  la  musique  fran- 
çaise prit  la  défense  de  celle-ci  dans  des  Remar- 
ques au  sujet  de  la  Lettre  de  M.  Grimm  sur 
Omphale  (  Paris,   1752,  in   8°),  et  Rousseau, 
sous  le  voile   de  l'anonyme,  répliqua  par  une 
Lettre  à  M.   Grimm,  au  sujet  des  remar- 
ques ajoutées  à  sa  Lettre  sur  Omphale,  sans 
nom  de  ville  ni  d'imprimeur  (  Paris),  1752,  in-8°. 
Les   bibliographes    de  la  musique   ont  ignoré 
l'existence  de  cet  opuscule,  ou  du  moins  n'ont 
pas  su  que  Rousseau  en  est  le  véritable  auteur. 
On  a  cependant  la  preuve  qu'il  lui  appartient 
par  les  collections  de  ses  œuvres  faites  avec  son 
consentement  à  Neiifc.halel  (  Paris  ),  Duchesne, 
1764-1779,   et   Amsterdam,  Marc-Michel  Rey , 
1769,  11  vol.  in-8°,  où  l'on  en  a  mis  un  extrait 
sous  le  titre  d'Extrait   d'une  Lettre  à  M*** 
concernant  Rameau.  La  lettre  à  Grimm  a  été 
insérée  entière  dans   l'édition  complète  des  «li- 
vres de  J.-J.  Rousseau,   Paris,  Lelèvrc,  1819- 


ROUSSEAU 


337 


1820,  22  vol.  ih-8°(  Voyez  Barbier,  Diction- 
naire des  ouvrages  anonymes  et  pseudony- 
mes, t.  Il,  p.  223).  Cette  lettre   n'était  qu'un 
agréable   persiflage;  mais  après  l'expulsion  des 
bouffons,    Rousseau  ne  garda   plus   autant  de 
mesure.  Avec  ce  ton  dogmatique  et  paradoxal 
qu'il  élayait  toujours  de   l'attrait  de  son  style 
admirable,  il  déclara  que  les  Français  n'avaient 
pas  de   musique  et  ne  pouvaient  en  avoir,  dans 
sa  Lettre  sur  la  musique  française,  sans  nom 
de  ville  ni  d'imprimeur  (  Paris) ,  J753,in-8°. 
L'effet  que  produisit  ce  pampblet  ne  saurait  se 
décrire;  les  acteurs  et  les  musiciens  de  l'Opéra 
brûlèrent  Rousseau  en  effigie  dans  la  cour  de 
f Académie    royale   de   musique,   et  malgré  le 
succès  du  Devin  du  village,  alors  dans  tout 
son  éclat,  les  directeurs  de  ce  spectacle  lui  ôtèrent 
ses  entrées,  qui  ne  lui  fuient  rendues  que   plus 
de    vingt   ans  après ,  sur  les    réclamations  de 
Gluck.  Une   multitude  de   réponses,  bonnes  ou 
mauvaises,  fuient  imprimées  et  lancèrent  beau- 
coup d'injures  contre  l'auteur  de  la  Lettre  sur 
la  musique  française.  La  cour  même  prit  part 
à  celle  querelle,  qu'on  présentait  comme  intéres- 
sant f  honneur  national,  et  Mn>e  de   Pompadour 
ne  négligea  rien  pour  assurer  le  triompbe  de  la 
musique  du  grand  Opéra  contre  ses  antagonis- 
tes. Rousseau    ne  se   vengea  des  traits  lancés 
contre  lui  à  celte  occasion  que  par  une  plaisan- 
terie fort  spirituelle  intitulée  :  Lettre  d'un  sym- 
phoniste de  l'Académie  royale  de  musique  à 
ses  camarades  de  l'orchestre,  une  feuille  in-8°, 
^ans  nom  d'auteur,  de   lieu,    d'imprimeur,  et 
sans  dale  (  Paris  ,  1753).  Celte  pièce  se  trouve 
dans  toutes  les  éditions  complètes  des  œuvres 
de  Rousseau,  ainsi  que  la  Lettre  sur  la  mu- 
sique française.  Il  a  été  fait  deux  autres  édi- 
tions séparées  de  cette  dernière,  l'une  à  Ams- 
terdam, 1753,  in-12,  l'autre  sans  nom  de  lieu 
(Paris),    1754,  in-12.  On   en  trouve  une  ana- 
lyse dans  les  Essais  historiques  et  critiques  de 
Marpurg,  t.  1  (1754),    p.  57-68.  M.  J.    Schlett 
en  a   publié  une  traduction  allemande  avec  des 
notes,  Siil/.bacb  ,  chezSeidel,  1822,  in-8°.  Après 
avoir  entendu  les   opéras  de  Gluck,  Rousseau 
revint  sur  ses  opinions  concernant  la  possibilité 
d'un  bon  style  de  musique  française,  et  en  fit 
publiquement  l'aveu.  Il  a  témoigné  sa  haute  es- 
time pour  les  opéras   de  ce   célèbre  composi- 
teur dans  des  Observations  sur  VAlceste,  et  dans 
^Extrait  d'une  réponse  du  petit  faiseur  à 
son  prête-nom,  sur  un  morceau  de  l'Orphée 
de  M.  Gluck,  qui  n'ont  paru  qu'après  sa  mort, 
dans  les   collections  de  ses  œuvres.  Ses  autres 
opuscules  concernant  la  musique  sont  :  1°  Lettre 
a  M.  le  docteur  Burney;  auteur  de   rilis- 

BIOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.  T.    VII. 


loire  générale  de  la  musique.  —  2"  Lettre  à 
M.  l'abbé  Raynal,  au  sujet  d'un  nouveau 
mode  de  musique.  •—  3°  Essai  sur  l'origine 
des  langues ,  où  il  est  parlé  de  la  mélodie  et 
de.  l'imitation  musicale.  Ces  trois  écrits  ne  se 
trouvent  que  dans  les  collections  des  œuvics 
complètes  de  l'auteur. 

Sans  être  savant  dans  la  théorie  et  dans  l'his- 
toire de  la  musique;  sans  avoir  possédé  une 
connaissance  pratique  de  l'harmonie  et  du  con- 
trepoint; sans  avoir  même  été  assez  habile  lec- 
teur pour  déchiffrer  une  simple  leçon  de  sol- 
!  fége,  Jean-Jacques  Rousseau  exerça  une  grande, 
influence  sur  la  musique  de  son  temps  en  France. 
La  hardiesse  de  ses  idées,  le  charme  de  son 
style ,  les  singularités  de  sa  vie ,  ses  malheurs, 
attachaient  à  toutes  ses  productions  un  intérêt 
qui  devait  rejaillir  sur  ses  œuvres  musicales  et 
sur  ses  opinions.  Dans  l'esthétique  de  la  mu- 
sique, il  eut  d'ailleurs  des  vues  justes,  élevées, 
et  ce  qu'il  en  a  écrit  n'a  pas  été  sans  fruit  pour 
la  réforme  du  goût  des  Fiançais  dans  cet  art. 

ROUSSEAU  (J.  ),  acteur  de  l'Opéra  de 
Paris,  naquit  à  Soissons,en  1701  et  fut  admis 
dans  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  cette  ville 
dès  l'âge  de  neuf  ans.  Après  y  avoir  fait  ses 
études  littéraires  et  musicales,  il  en  sortit  à  dix- 
sept  ans,  bon  musicien  et  possédant  une 'belle 
voix  de  ténor  aigu,  appelée  alors  en  France 
haute-contre.  En  1779,  il  débuta  au  théàlre  de 
Reims  et  y  produisit  une  si  vive  sensation  par 
la  beaulé  de  son  organe,  qu'il  fut  bientôt  si- 
gnalé à  l'attention  des  directeurs  de  l'Opéra.  Un 
ordre  de  la  cour  le  fit  venir  à  Paris,  et  il  débuta 
à  l'Académie  royale  de  musique  en  1780.  Le 
succès  qu'il  y  obtint  le  fit  admettre  comme  dou- 
ble de  Legros.  Après  la  retraite  de  celui-ci, 
Rousseau  partagea  avec  Lainez  les  rôles  du  pre- 
mier emploi  de  ténor,  se  réservant  ceux  qui 
exigeaient  une  certaine  souplesse  d'organe,  tels 
qu'Orphée  etAtys.  Quoiqu'il  ne  connût  que  mé- 
diocrement l'art  du  chant ,  il  y  avait  tant  de 
charme  dans  sa  voix,  qu'il  excitait  toujours 
les  plus  vifs  transports  d'enthousiasme  dans  Or- 
phée, et  dans  Renaud,  de  VArmide  de  Gluck. 
Une  maladie  de  langueur  le  conduisit  au  tom- 
beau en  1800,  à  l'âge  de  trente-neuf  ans. 

ROUSSEAU  (Frédéric),  violoncelliste, 
né  à  Versailles, le  11  janvier  1755,  reçut  des 
leçons  de  plusieurs  maîtres ,  et  perfectionna  son 
talent  sous  la  direction  de  Louis  Duport.  Admis 
à  l'orchestre  de  l'Opéra  au  mois  de  mai  1787, 
il  ne  s'est  retiré  qu'en  1812,  après  vingt-cinq 
ans  de  service.  Fixé  depuis  lors  à  Versailles,  il 
y  a  ouvert  une  école  de  musique  qui  était  fré» 
qu'entée  par  un  grand  nombre  d'élèves.  Rousr 

22 


338 


ROUSSEAU  —  ROUSSIER 


seau  avait  été  l'un  des  fondateurs  des  beaux  con- 
certs de  la  rue  de  Cléry.  Il  a  fait  graver  de  sa 
composition  :  1°  Trois  duos  concertants  pour 
2  violoncelles,  op.  3;  Paris,  Naderman.  — 
2°  Trois  idem,  op.  4;  ibid.  —  3°  Pot-pourri  pour 
deux  violoncelles  ;  ibid. 

Rousseau  eut  un  frère  aîné ,  né  à  Versailles, 
en  1748,  qui  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra 
comme  violoniste,  en  1776,  et  qui  ne  se  retira 
qu'en  1S12,  après  trente-six  ans  de  service.  11 
mourut  en  1821.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Huit  trios  d'airs  connus,  dialogues  et 
variés  pour  2  violons  et  basse,  liv.  1  et  2,  Paris, 
Boyer.  —  2°  Duos  pour  2  violons,  op.  3  et  5, 
Paris,  Naderman. 

ROUSSEAU  (....),  arcbitecte  à  Paris,  est 
auteur  d'une  brochure  intitulée  :  Considérations 
sur  le  théâtre  de  l'Opéra,  Paris,  de  l'impri- 
merie de  Rignoux,  1823,  in-8°  de  16  pages. 

ROUSSEL  (François),  compositeur  fran- 
çais du  seizième  siècle ,  appelé  par  les  Italiens 
Rossclli  ,  passa  en  Italie,  jeune  encore,  et  se 
fixa  à  Rome,  où  il  succéda  à  Dominique  Ferra- 
bosco  dans  la  charge  de  maître  des  enfants  de 
chœur  de  la  chapelle  pontificale,  au  mois  de  fé 
vrier  1548.  Il  ne  conserva  cette  place  que  jusqu'à 
la  fin  de  février  1550,  parce  qu'il  fut  alors  obligé 
de  quitter  Rome,  comme  on  le  voit  par  un  re- 
gistre de  cette  chapelle  où  il  est  dit  en  parlant 
de  lui  :  Decessit  ab  urbe  die  26  Februarii  1550. 
On  ignore  quelle  position  il  prit  à  cette  époque  , 
mais  on  sait  qu'il  retourna  ensuite  à  Rome,  où 
il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  Saint-Jean-de- 
Latran ,  en  1572.  L'époque  de  sa  mort  est 
ignorée.  Vincent  Galilei  fait  l'éloge  du  talent  de 
ce  compositeur,  dans  son  Fronimo  (p.  61), 
et  rapporte  de  lui  deux  chansons  en  tablature 
de  luth.  On  connaît  sous  son  nom  :  Il  primo 
libro  de'  Madrigali  a  5  voci,  Florence ,  Junte. 
—  2°  Chansons  nouvelles  mises  en  musique 
à  4,  5  et  6  parties;  Paris,  Adrian  Leroy  et  Ro- 
bert Rallard,  1577,  in-4°.  On  trouve  des  ma- 
drigaux de  sa  composition  dans  le  recueil  de 
divers  auteurs  publié  par  Gardane,  à  Venise, 
en  1557,  et  dans  un  autre  recueil  du  même 
genre  que  Scotto  lit  paraître  en  1561.  Pitoni  a 
trouvé  en  manuscrit  une  messe  de  Rcussel  dans 
les^archives  de  Saint-Laurent  m  Damaso. 

ROUSSEL  (Ferdinand),  violoniste  à  Paris 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  était  premier 
violon  du  théâtre  lyrique  de  cette  ville  en  1799. 
On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Guide  musical, 
ou  Théorie  pratique  abrégée  de  la  musique 
vocale  et  instrumentale ,  Paris,  1775,  petit 
in-4°  obi.,  gravé. 

ROUSSELIÈRE    (  jKAN-RAPTisrK-Ciun-   ' 


les  DE  LA),  auteur  inconnu  d'un  petit  ouvrage 
intitulé  :  Traité  des  languettes  impériales 
pour  la  perfection  du  clavessin,  nouvelle  in- 
vention françoise  présentée  au  Roi,  à 
MM.  de  V Académie  royale,  et  à  MM.  de  la 
musique  de  la  chapelle  de  Sa  Majesté,  etc., 
avec  un  udvis  très-utile  pour  l'entretien  de 
Vaccord  en  tout  temps,  Paris,  1679,  in-8°. 

ROUSS1ER  (l'abbé   Pierre-Joseph),  né 
à  Marseille,en  1716,  fit  ses  études  au  séminaire 
de  cette  ville,  et  y  obtint  la  cure  du  quartier  des 
Comtes.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Paris  en  1754  , 
il  obtint  un  canonicat  à  Écouis,  en  Normandie, 
et  mourut  dans  ce  lieu,vers  1790.  L'abbé  Rous- 
sier  était  parvenu  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans  sans 
connaître  une  note  de  musique  ;    la  réputation 
dont  jouissait  alors  le  système  de  la  basse  fon- 
damentale lui  inspira  le    désir   d'étudier    une 
chose  dont  tout  le  monde  parlait;   il  se  livra 
avec  ardeur  à  la  lecture  des  livres  de  Rameau, 
et  quand  il  crut   en  avoir  bien  saisi  les   prin- 
cipes, il  voulut  essayer  de  les  expliquer  et  d'en 
étendre  l'application.  Mais,  ainsi   qu'il  arrive  à 
tous  ceux  qui  n'apprennent  pas  la  musique  dans 
leur  enfance,  il  n'en  posséda  jamais  la  pratique  que 
d'une  manière  fort   imparfaite,  et  s'égara  dans 
ses  recherches  de  théorie ,  lorsqu'il  essaya  d'a- 
bandonner  le  guide  qu'il   avait   pris  d'abord  , 
pour  se  frayer   une  route  nouvelle,  considérée 
par  lui  comme   la  seule  qui  pouvait  conduire 
à  la  vérité.  Son  premier  ouvrage  a  pour  titre  : 
Traité  des  accords  et  de  leur  succession,  selon 
le  système  de  la  basse  fondamentale ,  pour 
servir  de  principes  d'harmonie  à  ceux  qui 
étudient  l'accompagnement  du  clavcin  avec 
une  méthode  d'accompagnement,  Paris,  Du- 
chesne,  1764,  in-8°  de  192  pages,  avec  une  pré- 
face de  28  pages.  Ce  livre  est  divisé  en  trois  par- 
ties ;  les  deux  premières  ne  contiennent  qu'une 
classification  et  une  analyse  des  accords  suivant 
les  principes   de  Rameau,  mais  dans   laquelle 
Roussier  a  eu  le   mérite  d'être   le  premier  en 
Fiance  qui  y  ait  fait  entrer  la  considération  de 
la  succession  des  barmonies.  La  troisième  est 
surtout  digne  d'attention  par  la  proposition  que 
l'auteur  y  fait  d'admettre  dans  la   musique  un 
certain    nombre    d'accords  alors    inconnus ,  et 
qui   sont    le   produit   des    combinaisons  de   la 
prolongation  ,  de  la  substitution  et  de  l'altération 
des  intervalles  naturels  des  accords  primitifs.  Il 
y  a   lieu   de   s'étonner  qu'avec  un  faible  senti- 
ment musical ,  et  guidé  seulement  par  l'analogie, 
Roussier  ait  entrevu  la  possibilité  du  bon  em- 
ploi de   certaines   harmonies  que  le   génie  de 
Mozart  et  de  quelques-uns  de  ses  successeurs  a 
su  mettre  en  œuvre.  Malheureusement  il  était 


ROUSSIER 


339 


hors  d'état  de  distinguer  ce  qui  est  réellement 
bon  dans  ces  harmonies ,  de  ce  qui  est  inadmis- 
sible. On  trouve  dans  cette  troisième  partie  de 
son  ouvrage  d'affreux  accords  qu'il  considère 
comme  excellents  (  V.  mon  Esquisse  de  l'his- 
toire.de  Vharmonie,  p.  tll  et  112).  Onze  ans 
après  la  publication  <le  son  Traité  des  accords  , 
il  en  fit  paraître  le  complément  dans  un  livre 
intitulé  :  V Harmonie  pratique,  ou  exemples 
pour  le  Traité  des  accords,  Paris,  1775, 
in-8°  gravé. 

Jusque-là,  Roussier  s'était  borne  à  expliquer, 
pour  la  pratique  de  l'harmonie,  le  système  de 
Rameau  ;  mais  bientôt  il  abandonna  cette  route 
pour  se  livrer  à  des  spéculations  de  théorie, 
basées  sur  un  passage  obscur  de  Timée  de  Lo- 
cres,  rapporté  par  Platon,  qui  lui  fournit  l'idée 
d'une  progression  triple  de  douze  termes,  dont 
Rameau  avait  déjà  présenté  les  résultats  dans 
sa  Génération  harmonique  (p.  43  et  suiv). 
Un  bronze  antique  dont  Montfaucon  a  donné  la 
figure  dans  V Antiquité  expliquée ,  et  qui  re- 
présente la  suite  des  sept  planètes  principales, 
commençant  par  Saturne  et  finissant  par  Vénus, 
lui  fournit  par  analogie  la  gamme  qu'il  consi- 
dère comme  fondamentale  :  si,  ut,  ré,  mi,  fa, 
sol ,  la.  Il  part  de  ce  principe  pour  former  la 
suite  de  douze  quintes  descendantes ,  si,  mi, 
la,  ré  sol,  ut,  etc.,  et  y  applique  le  calcul 
de  la  progression  triple, qui  lui  donne  au  dou- 
zième terme  le  chiffre  551,441,  expression  ,  se- 
lon lui,  du  comma  d'ut  bémol  à  si;  d'où  il 
tire  la  conséquence  que  les  proportions  des  in- 
tervalles de  Ptolémée,  adoptées  par  Zarlino,  et 
postérieurement  par  tous  les  géomètres,  sont 
fausses.  Ses  autres  conclusions  sont  que  la  se- 
maine planétaire  des  anciens,  dont  le  bronze  de 
Montfaucon  offre  la  représentation ,  est  l'origine 
de  la  musique  moderne.  De  plus,  il  soutient  que 
les  intervalles  de  l'échelle  musicale  des  Grecs  se 
prenaient  en  descendant;  opinion  déjà  émise  par 
Pepusch  ,  et  que  Drieberg  a  reproduite  de  nos 
jours.  C'est  de  ces  rêveries  que  l'abbé  Roussier 
a  rempli  les  ouvrages  dont  les  litres  suivent  : 
1°  Observations  sur  différents  points  de 
Vharmonie,  Genève  et  Paris,  d'Houry  1765, 
in-8°.  —  2°  Mémoire  sur  la  musique  des  an- 
ciens, où  Von  expose  les  principes  des  pro- 
portions authentiques,  dites  de  Pythagore, 
et  les  divers  systèmes  de  musique  chez  les 
Grecs,  les  Chinois  et  les  Égyptiens,  avec  un 
parallèle  entre  le  système  des  Égyptiens  et 
celui  des  modernes;  Paris,  Lacombe,  1770,  m-4°. 
—  3°  Deux  lettres  à  Vendeur  du  Journal  des 
lieaux-Arts,  touchant  la  division  du  zodiaque 
et  l'institution    de   la  semaine  planétaire  ; 


Paris,  1771,  in-12  (exemplaires  tirés  à  part  sur 
la  composition  du  journal).  —  4°  Notes  et  ob- 
servations sur  le  Mémoire  du  P.  Amyot  con- 
cernant la  musique  des  Chinois  (Paris,  Nyon, 
1779,  in-4°).  On  a  aussi  de  l'abbé  Roussier  : 
5°  Mémoire  sur  la  harpe  nouvelle  de  M.  Cou- 
sineau,  luthier  de  lu  reine,  mis  au  jour  par 
M.  F.  Delaulnayc,  du  Musée  littéraire  de 
Paris;  Paris,  Lamy,  1782,  in-12  de  40  pages. 
—  6°  Mémoire  sur  le  clavecin  chromatique 
de  M.  de  La  Borde;  Paris,  1782,  in-4°.  — 
7°  Nouvelle  manière  de  chiffrer  la  basse  con- 
tinue (dans  la  seconde  partie  de  l'ouvrage  inti- 
tulé :  Sentiment  d'un  harmoniphile  sur  diffé- 
rents ouvrages  de  musique);  Paris,  1750.  — 
8°  Lettre  à  M.  de  la  Bkincherie,  sur  le  cla- 
vecin de  M.  de  La  Borde  (dans  les  Nouvelles 
de  la  république  des  lettres  et  des  arts,  1781, 
n°  16).  —  9°  Lettre  sur  l'acception  des  mots 
basse  fondamentale,  dans  le  sens  des  Italiens 
et  dans  le  sens  de  Rameau  (voyez  le  1er  vo- 
lume du  Journal  encyclopédique,  1783).  Qué- 
rard  lui  attribue  (dans  la  Franee  littéraire, 
t.  8,  p.  245)  la  Méthode  de  musique  sur  un 
nouveau  plan,  de  J acob  (Paris,  t769,  in-12), 
qu'il  considère  comme  un  pseudonyme  ;  c'est 
une  erreur  qui  se  démontre  par  le  privilège  du 
roi  placé  à  la  fin  de  cet  ouvrage;  on  y  lit: 
«  Notre  amé  le  sieur  Jacob,  de  notre  Académie 
«  de  musique,  nous  a  fait  exposer,  etc.  »  La 
Rorde  n'a  pas  mis  de  bornes  aux  éloges  qu'il  ac- 
corde à  l'abbé  Roussier,  auteur  d'une  partie  du 
troisième  volume  de  son  Essai  sur  la  musique; 
selon  lui  (Essai  sur  lamusique,  tome  111,  page 
679),  «  M.  l'abbé  Roussier  a  prouvé  jusqu'à  l'é- 
«  vidence  que  tous  ceux  qui  ont  écrit  sur  la  mu- 
«  sique  avant  lui  n'ont  établi  que  de  faux  prin 
«  cipes,  parce  qu'ils  n'ont  pas  connu  le  seul 
«  véritable,  sublime  par  sa  simplicité,  et  sa- 
«  tisfaisant  à  tous  les  égards  (sic).  Dans  Athe- 
«  nés,  on  lui  eût  élevé  des  statues;  on  Peut  en- 
«  tretenu  aux  frais  de  l'État,  pour  l'engager  à 
«  professer  publiquement  un  art  qu'il  possède 
«  à  un  degré  si  éminent,  etc.  »  De  leur  côté, 
les  auteurs  du  Dictionnaire  historique  des  mu- 
siciens le  représentent  (t.  IF,  p.  243  et  244) 
comme  un  cuistre  aussi  ignorant  en  physique  et 
en  géométrie  qu'en  musique;  qui,  sachant  tout 
au  plus  les  premières  règles  de  l'arithmétique, 
entassa  des  calculs  puérils  pour  soutenir  des 
systèmes  contraires  à  l'observation  et  à  l'expé- 
rience. «  Ce  qui  révolte  le  plus  (disent-ils)  dans 
«  les  écrits  de  ce  pédant,  c'est  la  hardiesse  et  la 
«  présomption  avec  laquelle  il  décide  sur  tous 
«  les  objets,  et  l'impertinence  avec  laquelle  il 
«  traite  les  auteurs  les  plus  célèbres,  lorsquiis 

22. 


340 


ROUSS1ER  —  ROVETTA 


«  n'opèrent  point  selon  ses  avis...  Les  ouvrages 
«  de  l'abbbé  Roussier  sont  aussi  révoltants  par 
«  l'esprit  de  système  ,  par  les  erreurs  qu'ils 
•<  contiennent,  par  le  ton  de  morgue  et  de  pé- 
«  danterie  qui  y  règne,  par  la  platitude  du 
«  style,  etc.  »  Le  pauvre  abbé  ne  méritait,  en 
vérité, 

NI  cet  excès  d'honneur,  ni  cette  indignité  ! 

ROUVRON  (Le  baron  DE),  maréchal  de 
camp,  sortit  de  France,  au  commencement  de 
la  Révolution,  et  se  retira  en  Angleterre,  où  il  a 
publié  Les  Révolu  (ions  du  théâtre  musical  en 
Italie,  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours, 
traduites  et  abrégées  de  l'italien  de  Don  Ar~ 
teaga,  in-8°  de  102  pages;  Londres,  1802. 

ROVELLI  (Joseph  ),  violoncelliste,  né  à 
Bergame,en  1753,  fit  ses  études  musicales  à  Mi- 
lan, et  y  demeura  pendant  plusieurs  années.  En 
1782,  il  entra  au  service  de  la  cour  de  Parme,  en 
qualité  de  virtuose  de  la  chambre.  Il  eut  pour 
élève  de  violoncelle  l'infant  don  Louis.  Rovclli 
est  mort  à  Parme,le  12  novembre  1806.  Plusieurs 
concertos  et  des  solos  de  violoncelle  de  sa 
composition  sont  connus  en  Italie. 

ROVELLI  (Pierre),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Parme  le  6  février  1793.  Après  la  mort 
de  son  père,  il  fut  recueilli  par  son  aïeul,  ancien 
violoniste  de  l'église  Sainte-Marie-Majeure  de 
Bergame,  qui  lui  enseigna  les  premiers  princi- 
pes du  violon.  Les  dispositions  heureuses  qu'il 
montra  dans  ses  études  musicales  inspirèrent  de 
l'intérêt  au  sénateur  Alessandri,  qui  l'envoya  à 
Paris,  pour  y  recevoir  des  leçons  de  Rodolphe 
Kreutzer  (voyezcp.  nom),  dont  il  fut  un  des 
bons  élèves.  Après  quelques  années  passées  près 
de  ce  maître,  il  retourna  à  Bergame,  ou.  il  fut 
nommé  premier  violon,  puis  chef  d'orchestre  de 
Sainte-Marie-Majeure  et  du  théâtre.  II  est  mort 
dans  celte  ville, le  8  septembre  183s.  Dans  un 
voyage  qu'il  avait  fait  à  Vienne,  il  y  épousa 
Micheline  Fœrstcr,  pianiste  distinguée  (lille  du  pro- 
fesseur de  composition  de  ce  nom),  dont  il  eut 
un  fils.  Pierre  Rovelli  a  laissé  en  manuscrit  quel- 
ques concertos  de  violon  et  des  quatuors  pour 
instruments  à  cordes. 

ROVETTA  (Jean),  né  à  Venise,  dans  les 
dernières  années  du  seizième  siècle,  entra  à  l'é- 
glise Saint-Marc  comme  enfant  de  chœur.  Le  17 
décembre  lr>23,  il  y  fut  admis  comme  chanteur 
parmi  les  choristes  basses,  aux  appointements 
de  70  ducats.  Ce  fut  alors  qu'il  devint  un  des 
meilleurs  élèves  de-Monteverde.  Il  embrassa  l'é- 
tat ecclésiastique  et  fut  attaché  comme  prêtre 
au  service  de  l'église  San-Fantino,  puis  il  entra 
dans  la  congrégation  de  Saint-Silveslre,  Le  22 


décembre   1027    il  succéda  à  Alexandre  Grandi 
I   {voyez  ce  nom)  dans  la  position  de  vice-maître 
de  chapelle  de  l'église  ducale  de  Saint-Marc, 
avec  un  traitement  de   120  ducats.  Il  était  fort 
pauvre,  car  dans  les  années  1635,  1640  et  1642, 
les  procurateurs  de  Saint-Marc  lui  accordèrent, 
une  première  fois40  ducats,  et  chacune  des  deux 
autres  20  ducats  per  mera  carità  (  par  simple 
charité),  comme  il  est  dit  dans  les  registres  de 
la  cathédrale.  Il  écrivit  la  musique  de  l'opéra 
Ercole  in  Lidia,  qui  fut  représenté  au  théâtre 
dclla  Cavallerezza  à  Venise,  en  1645.  Il  avait 
aussi  commencé  la  composition  d'Argiope,  autre 
opéra,  mais  il  n'acheva  pas  cet  ouvrage,  qui  fut 
terminé  par  Alexandre  Leardini  d'Urbino,  et  re- 
présenté au  théâtre  Saint-Jean  et  Saint-Paul,  en 
1649.    Rovetta  succéda    à    son  illustre   maître 
Monteverde,  dans  la  place  de  maître  de  chapelle 
de  Saint-Marc,  le  21  juillet  1643  (1).  Il  mourut 
au  mois   d'août  1668,  et  eut  François   Cavalli 
pour  successeur.  C'était,  nonobstant  son  grand 
mérite,  un  homme  simple  et  de  moeurs  douces. 
Ils  vécut  toujours  avec  sa  sœur,  nommée  Hélène, 
dont  le  (ils  fut  son  élève  et  prit,  par  reconnais- 
sance pour  son  instituteur,  le  nom  de  Rovetdno. 
Par  son  testament,  en  date  du   16   juillet    1667, 
il  veut  que  son  corps    soit  transporté  la   nuit 
dans  une  gondole  à  l'église  Saiut-Silvestre,  et 
inhumé  sans  aucune  cérémonie;  mais  il  dispose 
d'un   capital  pour  que  chaque  année,  à  perpé- 
tuité, dit-il,  la  messedc  mort,  à  deux  chœurs, 
composée  par  moi,  et  écrite  à  Bologne,  soit 
chantée,   avec  intervention  des  chanoines, 
ainsi  que  le  motel  Ad  Dominum  eu  m  tribnlarer, 
une  fois  à  Saint-Marc,  et  une  autre  à   l'église 
Saint-Silvestre(2).  Ses  productions  connues  sont: 
1°  Salmi  concertati  per  Vespri  a  5  et  6  roci 
ed  altri  con  duc  violini ,  c  Moletti  a  1  c  i 
voci  con   alcuni  canzoni-per  sonare  a  3,e4 
voci;  op.  1,  in  Venetia,  app.  Bar  toi.  Magni, 
1626,  in-4°.  —  2°  Madrigali  concertait  a  2, 
3,  4  c  uno  a  seivoci,  e  due  violini,  con  un 
dialogo  nelfine  et  una  cantala  a  voce  sola, 
libro primo,  operaseconda;  Venise,  1627,  in-4 ". 
11  y  en  a  une  réimpression  faite  à  Rotterdam, 
en  1660,  in-4°.  —  3°  Motetti  concertait  a,  3,  4 
et  6  voci,  con  la  Litania  délia  B.    V.  ed  una 
Messa  conccrta'a  a  voci  pari ,  op.  3  ;  in    Yc- 
nelia,  app.    Bartol.  Magni,   1635,  in-4°.  — 


|l)La  date  du  8  octobre  1649,  qne  J'ai  donnée  dans  h 
I'e  édition  de  cette  biographie  d'après  le  livre  de  M,  de 
Wlnterfeld  sur  Jean  Gabriel!,  n'est  i>.is  exacte:  celle  du 
21  juillet  1648  est  prise  dans  les  registre  de  la  chapelle 
ducale  de  Saint-Marc. 

(î)  Voyez  le  livre  de  M.  Caffl  Storia  ilrlla  mtisica  ncila 
•   i.  a./  pi  lia  di  S.-Muft  o,l.  I,  p.  266. 


ROVETTA  -  -  110/01 


341 


4"  Mndilgali  concertait  a  2,  3,  ed  altri  a  5, 
6  e  8  voci,  con  due  versi  ed  una  cantata  a 
4  voci;  libro  2°,  op.  6;  .ibid.  1640.  —  5°  Salini 
a  1, 1,  3  c  4  voci  con  una  Messa  a  3  voci  con- 
certai i  cou  due  violini  ed  altri  stromenti, 
op.  7;  ibid.  1042.  —  6°  Salini  a  à  e 6  vaci,  con  2 
violini,  op.  8;  ibid.  —  7°  Salmi  a  otto  voci  e 
basso  per  V  organo.  —  8°  Motel ti  concertait 
m  2  e  3  voci,  con  violini  se  piace,  lib.  2,  op.  !) 

—  9°  Moleiii  concertati  a  2  e  3  voci,  con 
litanie  e  4  voci;  lib.  3,  op.    10;  ibid.   1047. 

—  10°  Salmi  a  otto  voci.  In  Ycnetia,  Aless. 
VineenU.  1644.  —  11°  Madrigali  concertati  a 
2,  3  e  4  voci,  libro  3°,  racoltali  da  Giov.  delta 
Volpe  ;  ibid.,  1645.  —  12°  Salmi per  i  vespri  e 
r.ompietà  a  otto  voci  da  cantarsi  alla  brève 
secondo  l'uso  dis.- Marco;  ibid.,  1662. 

ROVETTINO  (Jean-Baptiste  VOLPE, 
surnommé),  neveu  du  précédent  et  son  élève,  a 
recueilli  et  publié  quelques-uns  des  ouvrages  de 
son  oncle.  Il  n'est  connu  aujourd'hui  que  par  la 
composition  des  quatre  opéras,  tous  représentés 
àVeuise,  et  qui  ont  pour  titres  :  1°  Antiope,  au 
théâtre  Saint- Paul,  en  1649.  —  2°  Costanza  di 
liosmonda,  au  même  théâtre,  en  1659.  —  3J  Gli 
Amori  di  Apotlo  c  Leucotoe,  au  même  théâtre, 
en  1663.  — 4°  La  Roselina,  au  même  théâtre, 
en  1664. 

ROY  (Abri an  LE);  Voyez  LEROY  (  Adrian 
on  Adrien). 

ROYER  (Ciiari.es),  facteur  d'orgues  à 
Bruxelles,  vers  le  milieu  du  div-septième  siècle, 
a  dû  avoir  de  la  réputation  dans  son  temps, 
quoiqu'il  soit  tombé  plus  tard  dans  l'oubli;  car 
il  l'ut  appelé  à  Marseille,  pour  y  construire  l'or- 
siiie  delà  cathédrale.  Cette  église  a  été  récem- 
ment démolie  pour  cause  de  vétusté;  lorsqu'on 
i  n  démonta  l'ancien  orgue,  qui  y  existait  depuis 
deux  siècles,  on  trouva  ces  mots  sur  le  som- 
mier du  positif  :  Carolus  Jioyer  Bruxellensis 
j'ecit  anno  1657. 

ROYER  (Joseph-Nicolas- Pancrace),  né  en 
Bourgogne  d'une  famille  nohie,  vers  1700,  apprît 
la  musique  dans  son  enfance,  et  s'en  fit  un  moyen 
d'existence  après  la  mort  de  ses  parents,  qui  le 
laissèrent  sans  fortune.  Arrivé  à  Paris  en  1725, 
il  se  fit  connaître  parla  composition  de  plusieurs 
livres  de  cantates  et  de  cantatilles,  et  par  les  opé- 
ras dont  les  titres  suivent  :  1<>  Pyrrhus,  à  l'A- 
cadémie royale  de  musique,  en  1730.  — . 
2°  Zoide,  en  1739.  —  3°  Le  Pouvoir  de  l'a- 
mour, en  1743.  —  4°  Almasis,  en  1750.  Ap- 
pelé à  la  direction  de  l'orchestre  de  l'Opéra  en 
1741,  il  fut  nommé  inspecteur  de  ce  spectacle 
i  n  1753.  La  place  de  maître  de  musique  des  en- 
lant>  de  France  lui  fut  accordée  en  I7i(>,  puis  il 


obtint  la  charge  de  compositeur  de  la  chambre 
du  roi.  En  1747,  il  eut  la  direction  du  concert 
spirituel.  On  trouva  dans  ses  papiers,  après  sa 
mort,  beaucoup  de  musique  de  chambre,  et  la 
partition  de  l'opéra  de  Pandore,  composé  sur  le 
poème  de  Vollaire. 

ROZE  (  L'abbé  Nicolas),  né  le  17  janvier 
1745,  à  Bourg-Neuf,  diocèse  de  Châlon,  fut 
admis  comme  enfant  de  chœur  de  la  collégiale 
de  Beaune,  à  l'âge  de  sept  ans.  A  peine  âgé  de 
dix  ans,  il  fit  exécuter  dans  celte  église  un  motet 
avec  orchestre.  L'année  suivante,  il  lut  admis 
dans  la  musique  du  roi  ;  mais  ses  parents  se  dé- 
cidèrent à  renoncer  aux  avantages  qu'il  pouvait 
en  tirer,  et  lui  firent  achever  ses  études  au  col- 
lège de  Beaune  et  au  séminaire  d'Autun.  Au 
sortir  de  cette  dernière  école,  il  fit  exécuter  à 
Beaune,  en  1769,  une  messe  de  sa  composition 
qu'il  porta  ensuite  à  Paris,  et  qu'il  présenta  à 
Dauvergne,  alors  surintendant  de  la  musique  du 
roi.  Ce  maître  lui  fit  faire,  pour  le  Concert  spiri- 
tuel, un  motet  qui  commença  sa  réputation.  Les 
divers  ouvragesqu'il  écrivit  pour  les  principales 
églises  de  Paris  le  firent  choisir,  en  1775,  pour 
maître  de  chapelle  de  l'église  des  Innocents  : 
mais  des  discussions  avec  l'autorité  ecclésiastique 
lui  firent  donner  sa  démission  quatre  ans  après, 
et  le  décidèrent  à  embrasser  la  carrière  de  ren- 
seignement de  la  musique,  particulièrement  de 
l'harmonie  et  de  l'accompagnement.  La  Borde 
publia  en  1780  un  aperçu  du  système  d'harmonie 
de  l'abbé  Roze,  dans  le  troisième  volume  de  son 
Essai  sur  la  musique  (p.  475-483).  D'une  appli- 
cation facile  dans  la  pratique,  cette  méthode  pro- 
cura beaucoup  d'élèves  à  son  auteur.  Après  la 
mort  de  Langlé,  en  1S07,  Roze  fut  choisi  pour 
lui  succéder  dans  la  place  de  bibliothécaire  du 
Conservatoire.  11  la  conserva  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  à  Saint-Mandé,  près  de  Paris,  le  30  sep- 
tembre 1819.  Il  avait  fait  don,  avant  sa  mort,  à  la 
bibliothèque  confiée  à  sa  garde  des  manuscrits  de 
ses  messes  et  motets,  entre  autres  de  la  messe 
qu'il  avait  écrite  en  1802,  pour  être  exécutée  à 
l'église  Saint-Gervais,  et  d'un  motet,  composé 
pour  le  sacre  de  Napoléon,  dont  le  finale  (Vivat 
inœlernam)  a  été  chanté  dans  toutes  les  cir- 
constances solennelles  au  temps  de  l'Empire.  Ce 
morceau  a  été  gravé  à  Paris,  chez  Janet.  On  a 
aussi  publié  de  sa  composition  :  1°  Laudate 
pueri,  à  2  voin  et  orgue  ;  Paris,  Beaucé.  — 
2°  Messe  à  3  \oix  et  orgue,  Paris,  Sieber.  — 
3°  Vivat  Bex,  motet  à  4  voix  et  orchestre;  Paris, 
Janet.  L'abbé  Roze  a  écrit  pour  l'instruction  des 
élèves  du  Conservatoire  une  Méthode  de  plain- 
chant;  Paris,  Troupenas,  in-4°. 

ROZOl   (Barnabé-Firmin   DU)  ,•  né  à  Paris 


342 


ROZOI  —  RUBIJNI 


en  1745 ,  s'est  fait  connaître  comme  poète  et  litté- 
rateur, mais  sans  pouvoir  s'élever  au-dessus  de 
la  médiocrité.  On  ne  le  cite  ici  que  comme  au- 
teur d'une  Dissertation  sur  le  drame  lyrique; 
Paris,  1776,  in-8°.  On  y  trouve  des  vues  assez 
justes  sur  les  qualités  nécessaires  du  poëme  d'o- 
péra. Arrêté  le  17  août  1792,  à  cause  de  son 
•dévouement  à  la  famille  royale,  du  Rozoi  fut 
traduit  devant  le  tribunal  révolutionnaire,  con- 
damnée mort  le  25  du  même  mois,  et  exécuté 
le  même  jour. 

RUBEI  (Flavio),  né  à  Lodi,  fut  chanoine  de 
la  cathédrale  de  cette  ville,  et  vécut  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle.  On  a  sous  son 
nom  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Psalmorum 
vesperarum  totius  anni  diebus  festorum  qua- 
tuor vocum  liber  primus;  Venise,  Ange  Gar- 
dane,  1578,  in-4°. 

RUBËI  (  Emilio  ),  sacristain  et  directeur  du 
chœur  de  l'église  de  Lorette  (  Santa-Casa) ,  dans 
les  États  Romains ,  vécut  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  11  s'est  faitconnaîlre  par  quelques 
ouvrages  de  sa  composition,  au  nombre  desquels 
sont  ceux-ci  :  1°  Motettorum  2,  3  et  4  vocum 
liber  primus.  Laureli,  apud  J.  B.  Schopi- 
num ,  1642,  in-4°.  —  2°  idem.  Liber  secun- 
dus,op.  3;  ibid.,  1645. 

RUBERT  (Jean-Martin),  né  à  Nurem- 
berg en  1615,  apprit  le  chant,  l'orgue  et  la 
«omposition  dans  cette  ville,  à  Hambourg  et  à 
Leipsick.  Ayant  été  nommé  organiste  de  Saint- 
Nicolas,  à  Stralsund  ,  en  1640,  il  occupa  celte 
place  pendant  quarante  ans ,  et  mourut  en  1680, 
à  l'ûge  «le  soixante-cinq  ans.  Il  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  1°  Weltlicke'musikalische 
Arien  mit  2  bis  3  Stimmen,  eben  so  viel  Ins- 
trument -  Stimmen  und  dem  Generalbass 
(  Airs  de  musique  mondaine  pour  2  et  3  voix,  et 
autant  d'instruments ,  avec  basse  continue  )  ; 
Stralsund,  1647.  —  2°  Sinfonicn,  Scherzi,  Lai- 
letti,  Allemanden,  Couranlen  und  Saraban- 
den  von  2  Violinen  und  Generalbass  (Sym- 
phonies, divertissements,  ballets,  allemandes, 
courantes  et  sarabandes  pour  2  violons  et  basse 
continue  );  Greifswalde,  1650,  in-4°.  —  3°  M u- 
sikalische  Seclen  Erquickuiuj,  etc.  (Récréa- 
tions musicales  tirées  des  sermons  d'hommes 
savants,  pour  une,  deux  et  trois  voix,  avec 
instrumente)  ;  Stralsund,  1664. 

UUBIXELLI  (Jean-Makie),  célèbre  con- 
traltiste,  naquit  à  Rrescia,  en  1753,  et  débuta 
sur  la  scène  à  l'âge  de  dix-huit  ans.  Sa  voix 
pure,  flexible,  et  l'expression  pénétrante  de 
son  chant,  lui  firent  obtenir  un  brillant  succès 
«lès  le  commencement  de  sa  carrière.  En  1772,  il 
entra  au  service   du  duc  de    Wurtemberg,   à 


Sluttgard,  et  y  demeura  cinq  ans  ;  puis  il  retourna 
en  Italie  et  chanta  à  Milan,  en  1778;  h  Florence, 
en  1782;  à  Livourne ,  l'année  suivante  ;  à  Na- 
ples,  en  1784,  et  enfin  à  Milan,  en  1785.  Il 
reçut  dans  cette  dernière  ville  des  propositions 
de  Londres,  où  il  se  rendit  en  1786.  Vers  la  fi» 
de  la  même  année,  il  était  à  Rome.  En  1791,  il 
obtint  un  succès  prodigieux  à  Vicence,  dans  la 
Morte  di  Cleopatra,  de  Nasolini.  Il  se  fit 
également  applaudir  à  Vérone,  au  carnaval 
de  1792,  dans  VAgesilao,  d'Andreozzi.  Retiré 
du  théâtre,  en  1800,  il  se  fixa  à  Brescia,  où  il 
passa  sa  vieillesse  avec  un  neveu  qu'il  aimait 
beaucoup.  Il  y  mourut  en  1829,  à  l'âge  de 
soixante-seize  ans. 

RUB1ÎMI  (Le  Fr.  Bonaventire),  cordelier 
au  couvent  de  Montichio,  en  Sicile,  fut  maître 
de  chapelle  de  l'église  de  son  ordre ,  à  Palerme, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  con- 
naît de  sa  composition  :  1"  Messe  concertate  a 
3,  4,  5,  6,7,  8  et  9  voci ,  op.  1,  Palerme, 
P.  Scaglioni ,  1645,  iu-4°  —  2°  77  primo  libro 
de'  Moietti  concertait  a  2,  3,  4  e  5  voci, 
op.  3,  Palerme,  Fr.  Terranova,  1681,  in-4°.  Il 
est  vraisemblable  que  celui-ci  est  une  deuxième 
édition. 

RUBINI  (Jean-Baptiste),  le  ténor  le  plus 
célèbre  de  l'époque  actuelle,  est  né  le  7  avril  1795, 
à  Romano  ,  petite  ville  de  la  province  de  Ber- 
game.  Fils  d'un  professeur  de  musique,  il  apprit 
les  éléments  de  cet  art  dès  ses  premières  années  : 
à  l'âge  de  huit  ans,  il  chantait  déjà  dans  les 
églises ,  ou  faisait  sa  partie  de  violon  dans  l'or- 
chestre. Plus  tard  fl  fut  confié  aux  soins  de 
Don  Santo,  prêtre ,  organiste  à  Adro ,  près  de 
Brescia,  qui  avait  des  connaissances  en  har- 
monie et  dans  l'art  du  chant.  Après  avoir  exercé 
la  voix  du  jeune  Rubini ,  il  décida  que  cet  en- 
fant n'avait  aucune  disposition  pour  le  chant  et 
le  renvoya  à  son  père,  qui,  convaincu  de  l'er- 
reur de  l'organiste  d'Adro,  ne  continua  pas 
moins  à  donner  des  leçons  à  son  fils,  et  le  fit 
débuter,  à  l'âge  de  douze  ans,  dans  un  rôle  de 
femme.  Après  cet  essai,  Rubini  se  rendit  à 
Bergame,  avec  un  engagement  pour  jouer  des 
solos  de  violon  dans  les  enli'acles  et  chanter 
dans  les  chœurs.  Son  premier  essai  comme  chan- 
teur, sur  le  théâtre  de  cette  ville,  lut  dans  un 
air  de  Lamberti ,  qu'on  avait  introduit  dans  une 
comédie  :  il  y  eut  un  succès  d'enthousiasme , 
et  obtint  de  l'entrepreneur  cinq  francs  de  ré- 
compense. Le  souvenir  de  cette  anecdote  égayait 
encore  l'artiste  célèbre  dans  ses  dernières  an- 
nées. Cependant  il  eut  le  chagrin  de  voir  son 
triomphe  effacé  par  le  refus  que  fit  l'entrepre- 
neur de  Milan   de   le  recevoir   parmi   les   cho- 


RUBINI 


343 


ristesde  son  théâtre,  parce  qu'il  n'avait  pas  assez 
de  voix.  L'engagement  qu'on  lui  offrit  pour  en- 
trer dans  une  troupe  ambulante  qui  se  rendait 
en  Piémont,  fut  la  seule  ressource  qui  lui  restât. 
Arrivé  à  Fossano,  Rubini  y  chanta  les  rôles  de 
premier  ténor,  ainsi  qu'à  Saluzzo  et  à  Verceil. 
Dans  cette  dernière  ville,  il  trouva  un  violoniste 
nommé  Madi,  avec  qui  il  s'associa  pour  donner 
des  concerts  ;  mais  leur  tournée  à  Alexandrie, 
Novi  et  Valenza,  ne  fut  pas  heureuse;  ils  fuient 
obligés  de  retourner  à  Verceil.  La  misère  qui 
accompagnait  Rubini  dans  toutes  ses  excursions 
l'engagea  à  quitter  la  troupe  ambulante  pour  se 
rendre  à  Milan.  Il  n'y  put  trouver  qu'un  engage- 
ment de  quarante-cirrq  francs  par  mois,  pour 
l'automne,  à  Pavie.  Les  succès  qu'il  y  obtint  le 
tirent  appeler  pour  le  carnaval  de  1815  à  Bres- 
cia  :  il  y  eut  mille  francs  pour  trois  mois.  Ce 
prix  fut  doublé  au  printemps  suivant  pour  le 
théâtre  San-Mosè  de  Venise,  et  enfin  Barbaja 
l'engagea  pour  le  théâtre  des  Fiorentini,  à  Naples, 
moyennant  quatre-vingt-qualre  ducats  par  mois. 
Après  une  année,  Barbaja  voulut  renvoyer  Ru- 
bini, quoiqu'il  eût  obtenu  la  faveur  du  public, 
et  ne  consentit  à  le  garder  qu'à  la  condition  de 
réduire -ses  appointements  à  soixante-dix  ducats. 
Le  chanteur  aurait  pu  trouver  ailleurs  des  con- 
ditions plus  avantageuses;  mais  il  voulait  rester 
à  Naples  où  il  recevait  d'utiles  leçons  de  Noz- 
zari.  Toutefois,  en  souscrivant  aux  dures  con- 
ditions de  l'entrepreneur,  il  lui  dit  avec  l'assu- 
rance <le  l'artiste  qui  sent  ce  qu'il  vaut  et  ce 
qu'il  peut  devenir  :  Vous  profitez  des  avan- 
tages que  vous  donne  ma  position;  mais  je 
vous  rattraperai  cela  plus  tard.  Il  ne  s'était 
pas  trompé  :  quelques  opéras  écrits  pour  lui 
en  1816  et  1817,  l'impression  profonde  qu'il 
produisit  à  Rome  dans  la  Gazza  ladra ,  et 
d'autres  bridants  succès  qu'il  obtint  à  Palerme 
et  après  son  retour  à  Naples  ,  firent  enfin  élever 
son  traitement  à  une  somme  convenable.  Ce  fut 
en  1825  qu'il  parut  à  Paris  pour  la  première  fois  : 
il  y  débuta  le  6  octobre  par  le  rôle  de  Ramiro , 
de  Cenerentola.  Le  charme  de  sa  voix  ;  un  style 
qui  lui  était  propre  et  qu'il  n'a  emprunté  à  au- 
cune école,  une  rare  élégance  de  vocalisation  et 
des  ornements  de  bon  goût  y  assurèrent  son 
triomphe.  La  Donna  del  lago,  la  Gazza  la- 
dra et  Otello  consolidèrent  sa  réputation  et  lui 
firent  donner  par  les  journalistes  la  qualification 
de  roi  des  ténors.  Barbaja,  qui  avait  cédé  Ru- 
bini à  l'administration  du  Théâtre-Italien  de  Paris, 
le  réclama  au  bout  de  six  mois.  Rentré  à  Naples 
en  1820,  l'excellent  chanteur  fut  envoyé  en- 
suite à  Milan,  puis  à  Vienne,  où  il  avait  déjà 
été  en  1824.  Dans  cet  intervalle,  le  Pirate  et 


la  Sonnanbula ,  de  Bellini,  ainsi  que  VAnna 
Bolena,  de  Donizetti ,  avaient  enfin  fourni  à  Ru- 
bini le  genre  de  musique  qui  convenait  le  mieux 
à  son  talent  et  à  son  organisation  :  il  s'y  montra 
très-supérieur  à  ce  qu'il  avait  été  dans  les 
opéras  de  Rossini.  Bellini  et  Rubini  semblaient 
être  nés  l'un  pour  l'autre  et  ne  pouvoir  se  sé- 
parer pour  leur  gloire  mutuelle.  C'est  surtout 
de  ce  moment  (  1826  )  que  date  la  supériorité 
incontestable  de  Rubini  dans  son  genre.  Il  fit 
usage ,  dans  les  ouvrages  cités  précédemment , 
de  l'opposition  fréquente  du  piano  et  du  forte, 
qui  était  le  caractère  distinctif  de  son  talent,  et 
dont  il  abusait  peut-être  par  un  trop  fréquent  usage, 
mais  avec  lequel  il  excitait  de  vives  émotions. 
C'est  en  cela  que  consistait  son  cachet  indivi- 
duel ;  c'est  par  là  qu'il  a  créé  une  manière  dont 
les  imitateurs  sont  malheureusement  bien  infé- 
rieurs au  modèle  qui  l'a  fondée. 

Jusqu'en  1831,  Rubini  avait  été  à  la  solde 
de  Barbaja,  qui  avait  dû  élever  son  traitement 
jusqu'à  60,000  francs.  Devenu  libre  de  tout  en- 
gagement, Rubini  retourna  alors  à  Paris,  où  il 
excita  le  plus  vif  enthousiasme  dans  le  Pirate, 
Anna  Bolena,  la  Sonnanbula  et  les  autres 
ouvrages  du  nouveau  répertoire.  Depuisce  temps 
jusqu'en  1843  il  a  chanté  alternativement  chaque 
année  six  mois  à  Paris,  et  le  reste  du  temps  à 
Londres  ou  dans  les  festivals  d'Angleterre,  à 
l'exception  de  1838,  où  il  a  fait  un  voyage  en 
Italie  et  à  Bergame  sa  patrie,  pendant  l'été.  Sa 
réputation  grandit  chaque  jour,  et  ses  succès 
l'ont  fait  considérer  comme  le  premier  ténor  de 
son  époque.  En  1843  il  fit  avec  Liszt  un  voyage 
en  Hollande  et  en  Allemagne  ;  mais  arrivés  à 
Berlin ,  ils  se  séparèrent  et  Rubini  continua  seul 
sa  route  jusqu'à  Pétersbourg.  L'engouement 
pour  son  talent  surpassa,  dans  cette  ville,  celui 
qu'il  avait  fait  naître  dans  les  autres  pays.  Son 
premier  concert  lui  donna  un  produit  net  de 
54,000  francs.  Il  y  donna  au  Théâtre-Italien  des 
représentations  dont  la  vogue  tint  du  délire. 
Non  moins  impressionné  que  ses  sujets ,  l'em- 
pereur Nicolas  nomma  Rubini  directeur  du 
chant  dans  ses  États  et  y  joignit  le  grade  de  co- 
lonel. De  Pétersbourg,  le  célèbre  chanteur  fit 
un  voyage  en  Italie,  dans  l'été  de  la  même 
année,  en  passant  par  Vienne,  où  il  donna 
quelques  représentations.  Dans  l'hiver  de  1844, 
il  retourna  en  Russie  et  chanta  à  Pétersbourg 
pendant  toute  cette  saison;  mais  ayant  remarqué 
que  le  rude  climat  de  ce  pays  avait  porté  at- 
teinte à  sa  voix,  il  prit  la  résolution  de  se  re- 
tirer. De  retour  en  Italie,  il  acheta  une  très- 
grande  propriété  (  près  de  Romano  ) ,  à  laquelle 
était  attaché  le  litre  de  duché ,  et  ce  fut  là  qu'il 


3  44 


RUBINI  —  RUBINSTEIN 


passa  ses  dernières  années  dans  le  calme  et  le 
repos.  Il  y  mourut, le  2  mars  1854.  Une  notice 
biographique  sur  ce  célèbre  chanteur  a  été  pu- 
bliée par  M.  Augustin  Locatelli ,  sous  ce  titre  : 
Cenni  biografici  sulla  straordinaria  carriera 
teatrale  percossa  da  G.  B.  Rubini,  contante 
di  caméra,  etc.;  Milan,  1 844,  in-8°.  Ses  ri- 
chesses surpassaient  celles  de  tous  les  chanteurs 
que  la  fortune  a  le  plus  favorisés.  La  première 
année  qui  suivit  la  lin  de  son  engagement  avec 
Barbaja,  il  gagna  125,000  francs  :  depuis  lors, 
son  revenu  annuel  a  dépassé  200,000  francs , 
H  le  total  de  sa  fortune  s'est  élevé  à  trois  mil- 
lions et  demi. 

Rubini  avait  épousé,  en  1819,  Mlle  Chôme), 
cantatrice  française  qui  obtenait  alors  des  succès  à 
JNaples,  sous  le  nom  de  la  Comelli.  Née  à  Paris,  le 
31  mai  1794,  M|,e  Chomel  avait  été  admise  au 
pensionnat  de  chant  du  Conservatoire  de  Paris, 
au  mois  de  mars  1810,  y  avait  reçu  des  leçons 
de  vocalisation  de  Gérard,  et  était  devenue 
ensuite  élève  de  Garât.  Partie  pour  l'Italie 
en  1818,  elle  arriva  à  Naples  l'année  suivante; 
elle  s'y  fit  connaître  par  le  rôle  du  page  dans 
l' Elisabctta  de  Rossini,  et  eut  un  brillant 
succès  dans  le  Gianni  di  Parigi ,  de  Morlacchi. 
Le  Maometto  de  Rossini  lui  ollrit  l'occasion  de 
consolider  sa  réputation.  En  1831,  elle  chanta 
avec  son  mari  dans  le  Pirate  à  Londres.  Ce  fut 
la  dernière  saison  où  elle  se  lit  entendre  en 
public. 

RUBIIXO  ou  ROB1NO  (....),  compositeur 
français,  dont  le  nom  était  vraisemblablement 
Robin,  succéda  à  Arcadelt,  en  qualité  de 
maître  des  enfants  de  chœur  de  la  chapelle  pon- 
lilicale  à  Rome,  en  1539.  Son  engagement,  qui 
était  de  cinq  années ,  à  raison  de  cinq  écus  ro- 
mains par  mois,  se  termina  au  mois  de  jan- 
vier 1545,  et  Rubino  se  retira  pour  entrer  à 
Saint-Jean- de  Latran,  où  il  remplissait  encore 
le  môme  emploi  en  1549.  Au  mois  de  jan- 
vier 1550,  il  fut  nommé  maître  des  enfants  de 
chœur  de  la  basilique  du  Vatican ,  aux  ap- 
pointements de  six  feus  par  mois;  mais  il 
ne  conserva  cet  emploi  que  jusqu'au  mois 
d'août  1551.  De  là  il  entra,  en  1553,  à  Sainte- 
Marie  Majeure ,  où  il  obtint  un  canonicat.  Pi- 
toni  dit  (Notizie  de'  contrappuntisti ,  etc.) 
qu'il  a  vu  dans  les  archives  de  Saint-Laurent 
in  Damaso  des  motels  de  Rubino  dont  il  fait 
l'éloge.  On  voit  dans  le  livre  de  l'abbé  Paul  de 
Angt-lis  intitule  :  Basilicx  S.  Maria  MajorU 
de  urbe  descriptio  et  delineatio  (  lib.  8,  cap.  2, 
page  149),  que  Rubino  était  ..français,  chanteur 
excellent,  et  qu'il  laissa  par  testament  ses  livres 
et  ses  manuscrits   à  l'église   Sainte -Marie   Ma- 


jeure ,  dont  il  était  chanoine  (  voyez  Bahli, 
Mon.  storico-critiche  délia  vila  e  délie  opère 
di  Giov.  Pierl.  da  Palestrina ,  t.  I,  p.  30  ; 
57.  68,  et  notes  4t,  45,  105,  109,  440  et  023  ). 
RUBINSTEIN1  (Antoine),  pianiste  et  com- 
positeur, est  né  le  12  novembre  1829  (suivant 
le  calendrier  russe ,  ou  le  30  du  même  mois , 
suivant  le  calendrier  romain) ,  à  Wechwotynez, 
village  de  la  Moldavie ,  sur  les  frontières  de  la 
Russie  et  de  la  Bessarabie.  Bientôt  après  sa 
naissance ,  sa  famille  alla  s'établir  à  Moscon. 
Son  père  y  fonda  une  fabrique  de  crayons.  Sa 
mère ,  bonne  musicienne ,  jouait  du  piano  : 
elle  remarqua  les  dispositions  de  son  fils  pour 
la  musique  par  sa  persévérance  à  rester  près  de 
l'instrument  lorsqu'elle  s'y  exerçait.  En  1835, 
elle  lui  enseigna  les  éléments  de  la  musique  et 
du  piano.  Les  progrès  de  cet  enfant  précoce  fu- 
rent si  rapides,  que  sa  mère  fut  obligée  de  le 
con lier,  deux  ans  après,  aux  soins  de  Yilloing, 
premier  professeur  de  piano  de  Moscou  ,  qui 
fut  le  seul  maître  de  Rubinslein  pour  cet  ins- 
trument. Parvenu  à  l'âge  de  neuf  ans,  il 
donna  son  premier  concert  à  Moscou  en  1838. 
Un  an  après,  M.  Yilloing,  ayant  été  obligé  de 
faire  un  voyage  à  Paris,  ne  voulut  pas  confier 
Rubinstein  à  un  autre  maître,  et  s'en  fit  accom- 
pagner dans  cette  ville.  En  1840,  Rubinstein  y 
donna  un  concert,  où  les  artistes  les  plus  re- 
nommés assistèrent  :  il  y  joua  de  la  musique 
de  Bach,  Beethoven ,  Hummel,  Chopin  et  Liszt. 
Ce  dernier  félicita  l'enfant  prodige ,  l'engagea 
à  travailler  sérieusement  et  conseilla  à  son  maître 
de  lui  faire  visiter  l'Allemagne.  Ils  parcoururent 
la  Hollande,  l'Angleterre,  l'Allemagne,  la  Suède, 
le  Danemark ,  et  partout  Rubinstein  inspira  le 
plus  vif  intérêt.  Rentré  en  Russie  dans  l'an- 
née 1843,  le  jeune  artiste  y  resta  près  d'un  an, 
donnant  presque  sans  relâche  des  concerts.  Son 
jeune  frère,  Nicolas,  alors  âgé  de  six  ans  seu- 
lement, faisait  apercevoir  de  rares  dispositions 
pour  la  composition  :  leur  mère  prit  alors  la 
résolution  de  les  conduire  en  Allemagne  pour 
leur  faire  étudier  l'art  d'écrire  la  musique.  Arrivée 
à  Berlin  avec  ses  enfants,  Mrae  Rubinstein  con- 
sulta Meyerbcer  sur  le  choix  d'un  maître  de 
composition  :  il  lui  conseilla  de  les  confier  à 
Delm  (  voyez  ce  nom).  Ils  devinrent  en  eflet  les 
élèves  de  ce  professeur  qui,  pendant  deux  ans 
leur  enseigna  la  théorie  de  l'harmonie  et  du 
contrepoint.  «  Aucun  indice  ne  montrait  en  moi 
»  du  talent  (  me  disait  un  jour  Rubinstein  ) , 
«  j'avais  la  volonté  d'écrire  de  grandes  choses, 
«  et  j'entreprenais  en  effet  des  concertos  poui 
«  le  piano,  des  opéras,  des  cantates  et  des 
<•  symphonies;   mais  tout   cela  n'était  que    du 


RUBINSTEIN 


345 


n  papier  barbouillé.  Mon  frère,  au  contraire, 
><  montrait  dans  ses  études  une  aptitude  des 
ic  plus  remarquables.  » 

En  1846,  M,uc  Rubinstein  dut  retourner  en 
Russie  avec  son  second  (ils,  parce  que  son 
mari  était  atteint  d'une  maladie  grave  qui  le 
conduisit  bientôt  après  au  tombeau.  Obligé  de 
se  vouer  à  la  carrière  du  commerce,  Nicolas 
Rubinstein  négligea  la  musique ,  et  son  heureux 
instinct  pour  cet  art  n'eut  plus  d'occasion  favo- 
rable pour  se  développer.  Antoine  s'était  rendu  à 
Vienne  :  il  y  vécut  en  donnant  des  leçons  de 
piano.  Après  un  séjour  d'un  an  dans  cette  capi- 
tale, il  entreprit  un  voyage  en  Hongrie  avec  le 
tlutiste  Heindl,  pour  donner  dis  concerts.  Ils 
avaient  formé  le  projet  de  se  rendre  en  Amé- 
rique ;  mais  lorsqu'ils  furent  arrivés  à  Berlin 
avec  le  dessein  d'aller  à  Hambourg  pour  s'y 
embarquer,  les  amis  que  Rubinstein  y  avait 
laissés  le  tirent  renoncer  à  son  voyage.  Il  resta 
donc  dans  la  capitale  de  la  Pi  usse,y  donnant  des 
leçons  de  piano  et  se  livrant  à  la  composition. 
Ce  fut  alors  qu'il  eut  la  révélation  intime  de 
son  genre  de  talent  pour  cette  partie  supérieure 
de  l'art  musical.  Dès  ce  moment  il  résolut  de 
s'y  livrer  sans  réserve  et  cessa  ses  études  d'exé- 
culion  sur  le  piano,  quoiqu'il  ait  conservé  sur 
cet  instrument  une  habileté  très-remarquable. 
En  1848,  la  révolution  de  la  Prusse  éclata,  et 
Rubinstein  retourna  en  Russie.  Ce  fut  à  Péters- 
bourg  qu'il  fixa  son  séjour.  Il  s'y  livra  à  l'en- 
seignement du  piano  et  donna  chaque  année  un 
concert  dans  lequel  il  faisait  entendre  ses  compo- 
sitions. Eu  1S49  il  écrivit  son  premier  opéra, 
Demitri  du  Don ,  en  3  actes ,  qui  ne  fut  repré- 
senté qu'en  1852.  Cet  ouvrage  eut  un  brillant 
succès  et  fixa  sur  son  auteur  l'attention  de 
Rlme  la  grande-duchesse  Hélène,  qui  daigna  l'in- 
viter à  passer  les  étés  à  son  palais  de  Kamenoios- 
trow,  pour  y  travailler  en  liberté,  ce  qui  fut  ac- 
cepté avec  reconnaissance.  Cette  princesse  com- 
muniqua au  jeune  compositeur  l'idée  de  composer 
uno  suite  d'opéras  en  un  acte  dont  chacun  devait 
être  le  tableau  de  moeurs  d'une  des  parties  de  la 
Russie.  Rubinstein  en  écrivit  trois  dont  le  premier 
a  pour  titre  Tchcrkesse  (  La  Vengeance  ) ,  le  se- 
cond ,  Les  Chasseurs  de  Sibérie ,  et  le  dernier, 
Thoms,  l'idiot  de  village.  Celui-ci  a  été  re- 
présenté en  1853,  mais  l'exécution  en  fut  si 
mauvaise,  que  le  compositeur  retira  les  parti- 
tions des  deux  premiers,  résolu  qu'il  était  d'at- 
tendre que  le  personnel  de  l'opéra  russe  fût 
améliore. 

Au  commencement  de  1854,  les  comtes  Wiel- 
horski,  généreux  patrons  des  jeunes  artistes,  don- 
nèrent à  Rubinstein  le  conseil  d'aller  dans  les 


pays  étrangers  pour  s'y  faire  connaître,  déve- 
lopper son  talent  et  perfectionner  son  goût  ;  de 
concert  avec  la  grande-duchesse  Hélène,  ils  lui 
en  fournirent  les  moyens.  Au  mois  de  juillet  de 
cette  année,  il  était  à  Mayence ,  où  les  éditeurs 
Schott  l'accueillirent  el  publièrent  plusieurs  ou- 
vrages de  sa  composition.  Il  resta  en  Allemagne 
jusque  vers  le  milieu  de  1855,  où  il  arriva  à 
Paris.  Il  y  donna  des  concerts  avec  orchestre 
dans  la  salle  Herz  et  y  produisit  une  vive  im- 
pression par  son  talent  de  pianiste  :  mais  les 
opinions  furent  partagées  sur  le  mérite  de  ses 
compositions.  De  Paris,  l'artiste  se  rendit  à 
Londres,  où  ses  succès  eurent  encore  plus  d'é- 
clat :  le  retentissement  de  sa  renommée  lui 
fit  obtenir  alors  le  titre  de  pianiste  de  la  cour 
de  Russie.  Dans  les  années  1856  et  1857 
Rubinstein  revit  plusieurs  fois  la  France  et 
l'Angleterre,  où  son  talent  de  virtuose  et  ses 
compositions  acquirent  une  grande  popularité. 
Ses  productions  se  succédaient  avec  une  rapidité 
prodigieuse,  car  dans  l'espace  de  1848  à  1857  il 
avait  écrit  50  ouvrages,  dont  la  plupart  étaient 
de  grande  dimension  :  on  y  comptait  4  opéras; 
un  oratorio  (  Le  Paradis  perdu)  ;  4  sympho- 
nies à  grand  orchestre,  dont  une  a  pour  litre  l'O- 
céan,-6  quatuors  pour  des  instruments  à  cordes; 
2  ouvertures,  dont  une  sur  le  motif  de  l'hymne 
national  allemand;  un  Otletto;  2  concertos  (en 
fa  et  en  sol)  pour  le  piano;'  5  fantaisies  pour 
piano  avec  orchestre;  3  trios  pour  piano,  violon 
et  violoncelle;  2  sonates  pour  piano  et  violon; 
2  autres  pour  piano  el  violoncelle;  3  sonates 
pour  piano  seul,  beaucoup  de  morceaux  pour  le 
même  instrument  dans  les  formes  de  l'époque  ac- 
tuelle ;  des  quatuors  pour  voix  d'hommes,  et  des 
morceaux  de  chant  pour  une  ou  deux  voix,  etc. 
Depuis  1857  jusqu'au  moment  où  cette  notice 
est  écrite  (  1863  ),  Rubinstein  a  beaucoup  aug- 
menté le  nombre  de  ses  ouvrages. 

Au  commencement  de  1858,  il  donna  des  con- 
certs à  Vienne,  puis  à  Pesth ,  et  y  excita  des 
transports  d'admiralion.  Au  mois  d'avril  de  la 
même  année,  il  retourna  à  Paris,  y  donna  dans 
la  salle  Herz  un  concert  avec  orchestre  dans  le- 
quel il  fit  entendre  plusieurs  de  ses  composi- 
tions, au  nombre  desquelles  étaient  ses  deux 
concertos  pour  piano  en  fa  et  en  sol.  Après  la 
saison  de  Paris,  il  se  rendit  à  Londres  et  y  eut 
de  grands  succès  comme  virtuose;  puis  il  re- 
tourna en  Russie  et  revit  Moscou,  où  se  trou- 
vaient les  souvenirs  de  son  enfance  et  les  mem- 
bres de  sa  famille.  En  1859,  il  fit  de  nouveaux 
voyages  à  Vienne  et  à  Londres,  puis  il  retourna 
à  Petersbourg.  Le  23  février  1861,  Rubinstein  a 
fait  représente!-  au  théâtre  de  la  Porte  de  Carin-. 


346 


RUBINSTEIN  —  RUCRERS 


thie  de  Vienne  un  opéra  en  3  actes  intitulé  les 
Enfants  des  Landes,  qui  n'a  eu  qu'un  succès 
médiocre,  et  dont  la  musique  a  paru  monotone. 

Rubinstein  a  une  organisation  musicale  d'é- 
lite :  on  trouve  dans  ses  ouvrages  un  senti- 
ment de  mélodie  qui  n'est  pas  vulgaire,  et  son 
harmonie,  souvent  intéressante,  a  des  succes- 
sions inattendues;  mais  il  écrit  trop  vite,  et 
pèche  par  le  plan  dans  la  plupart  de  ses  pro- 
ductions. Il  y  a  de  belles  choses  dans  sa  musique 
de  piano,  dans  ses  quatuors  et  même  dans  ses 
symphonies;  mais  il  tombe  souvent  dans  la  di- 
vagation et  n'a  pas  écrit  une  seule  composition 
qu'on  puisse  considérer  comme  complètement 
belle.  Comme  tous  les  compositeurs  de  l'époque 
actuelle  ,  il  est  dépourvu  du  sentiment  du  beau 
dans  le  simple  et  cherche  toujours  ses  elfets 
dans  ce  qui  est  tourmenté,  dans  les  modula- 
tions multipliées  et  dans  l'exagération  des 
moyens.  Sa  musique  est  fiévreuse,  nerveuse,  et 
l'on  y  sent  le  caractère  de  l'improvisation  au 
lieu  de  la  conception  méditée.  Son  existence 
nomade  jusqu'à  ce  jour  a  dû  être  une  des  causes 
principales  des  défauts  que  je  viens  de  si- 
gnaler :  s'il  se  fixe  enfin  ,  et  s'il  acquiert  la  con- 
viction qu'aucun  bel  ouvrage  ne  peut  être  pro- 
duit sans  une  idée  claire  et  développée  avec 
ordre,  il  est  assez  jeune  et  assez  richement 
doué,  pour  qu'on  puisse  espérer  de  lui  des  œu- 
vres supérieures  "à  ce  qu'il  a  fait  jusqu'au  mo- 
ment où  cette  notice  est  écrite. 

RUBRI  (Andp.é),  né  à  Venise,en  1739,  enlra 
fort  jeune  chez  les  jésuites ,  et  enseigna  les 
belles-lettres  au  collège  des  nobles,  à  Brescia. 
Après  la  dispersion  de  son  ordre,  il  se  retira  à 
Venise,  et  s'y  livra  à  des  travaux  littéraires.  Il  y 
mourut, en  1810.  Au  nombre  de  ses  ouvrages, 
on  en  remarque  un  qui  a  pour  titre  :  Opuscolo 
alV  apertura  del  nuovo  tcairo  in  Venezia  nel 
1792,  Venise,  1792,  in-8°  de  115  pages,  publié 
sans  nom  d'auteur.  Il  y  traite  avec  beaucoup  de 
développements  de  l'opéra  italien. 

RUCHER  (Cn. -S.)  :  une  dissertation  sur  les 
défauts  de  la  voix  et  de  la  parole  a  été  publiée 
sous  ce  nom,  qui  est  vraisemblablement  celui 
d'un  médecin  allemand,  Elle  a  pour  titre:  De 
vocis  et  loquelx  vitiïs,  llala;,  1793. 

RUCHERS  (  Hans  ou  Ji:an),  dit  le  vieux, 
le  plus  célèbre  facteur  de  clavecins  des  temps 
anciens,  vécut  à  Anvers  vers  la  lin  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-septième.  Il 
fut  inscrit  dans  la  corporation  de  Saint-Luc ,  de 
cette  ville,  en  1579.  Je  possède  de  lui  une  épi- 
nette  double  dont  les  deux  claviers  jouent  en- 
semble ou  séparément,  à  volonté.  L'épiucllc 
supérieure  est  accordée  à  l'octave  au-dessus  de 


l'épinette  inférieure.  Cette  réunion  des  octave* 
produit  le  plus  bel  effet.  L'instrument  a  pour 
inscription  :  Hans  Ruchers  me  fecit  Antverpix, 
1610.  M.  Léon  de  Burbure,  à  qui  l'on  doit  la 
découverte  d'une  multitude  de  documents  au- 
thentiques concernant  les  musiciens  d'Anvers, 
ou  qui  ont  vécu  dans  cette  ville,  a  acquis  la 
preuve  que  Ruckers  ne  fut  pas  moins  bon  fac- 
teur d'orgues  que  facteur  de  clavecins  et  a  recueilli 
suri  lui  les  faits  suivants  :  1°  En  1591,  Ruckers 
devint  accordeur  à  gages  de  l'orgue  de  la  cha- 
pelle de  la  Vierge  à  la  cathédrale.  —  2°  En  1593, 
il  ajouta  quatorze  ou  quinze  registres  au  grand 
orgue  de  la  même  église.  —  3°  De  1615  à  1623 
il  fut  chargé  de  l'entretien  et  de  l'accord  de  l'orgue 
de  l'église  Saint-Jacques  et  de  plusieurs  antres. 

Bien  que  membre  de  la  corporation  de  Saint- 
Luc  dès  1579,  Ruckers  ne  fut  reçu  dans  la 
bourgeoisie  d'Anvers  qu'en  1594.  Un  Hans  Ruc- 
kers y  fut  en  effet  inscrit  le  dernier  jour  de 
février  de  cette  année,  comme  natif  de  Malines, 
et  fils  de  François  Ruckers,  lequel  exerçait  la 
profession  de  facteur  de  clavecins.  M.  de  Bur- 
bure n'a  pu  constater  la  date  précise  du  décès 
de  Hans  Ruckers,  le  vieux;  mais,  d'après  les 
comptes  de  la  cathédrale  el  de  la  Gilde  de  Saint- 
Luc  ,  il  présume  que  ce  dut  être  en  1640  ou 
1641.  Cet  artiste  eut  quatre  fils,  à  savoir,  François, 
baptisé  le  28  mars  1576  ;  Hans  le  jeune,  baptisé  à 
la  cathédrale  d'Anvers  le  15  juillet  1578;  André, 
dit  le  vieux,  et  Antoine,  le  dernier  né,  baptisé  le 
9  avril  1581.  (Voyez  Recherches  sur  les  fac- 
teur s  de  clavecins  et  les  luthiers  d'Anvers,  etc., 
par  M.  le  chevalier  Léon  de  Burbure,  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique; 
t.  XV,  2e  série,  n°  2,  et  tiré  à  part,  Bruxelles, 
Hayez,  1803,  p.  22-25). 

RUCKERS  (Anork),  troisième  fris  du  pré- 
cédent, naquit  à  Anvers  et  lut  baptisé  le  30  août 
1579.  Il  fut  appelé  le  vieux  pour  le  distinguer 
de  son  fils,  dit  le  jeune,  qui  eut  le  même 
prénom.  André  Ruckers  perfectionna  le  méca- 
nisme du  clavecin  et  eut  de  la  réputation  pour  ce 
genre  d'instruments.  La  date  de  sa  mort  n'est 
pas  connue. 

RUCHERS  (Andrk),  dit  le  jeune,  est,  sans 
aucun  doute,  celui  qui,  d'après  les  comptes  de 
la  confrérie  de  Saint-Luc,  obtint  la  maîtrise  de 
cette  compagnie  en  1636,  comme  facteur  de 
clavecins,  qualifié  fils  de  maître.  Je  connais  un 
beau  clavecin  de  lui  qui  porte  la  date  de  1667. 
Élève  de  son  père,  il  le  surpasse  pour  la  puis- 
sance du  son  et  le  lini  de  ses  instruments.  Ses 
compatriotes  les  peintres  les  plus  célèbres  d'An- 
vers, particulièrement  l'excellent  peintre  de  fleurs 
et  d'animaux  Franck,  les  ornaient  de  belles  pein- 


RUCKERS  —  RUEDER 


347 


tiires.  Ces  ornements  ont  été  cause  plus  tard  de 
Ja  destruction  d'un  grand  nombre  de  clavecins  de 
Ruckcrs,  car  lorsque  le  piano  eut  fait  oublier  le 
clavecin,  on  brisa  beaucoup  de  ceux-ci  pour 
avoir  les  panneaux  dont  on  faisait  des  tableaux. 
Jusque  vers  1770,  un  beau  et  bon  ciavecin  de 
Ruckers  coûtait  jusqu'à  3,000  francs;  plus  tard 
ils  tombèrent  au  bas  prix  de  40  à  50  francs.  Il 
serait  maintenant  difficile  d'en  trouver  dans  le 
commerce. 

RUDERSDORFF  (J.),  violoniste,  né  à 
Amsterdam,dans  Tannée  1799,  fit  à  l'âge  de  8  ans 
son  début  dans  un  concert  où  il  joua  un  concerto 
de  Pleyel  sur  le  violon.  En  1822,  il  entra  chez  le 
prince  Bariatinsky,  à  Ivanowskoi,  en  Russie.  Trois 
ans  après  il  devint  maître  de  concert  à  Hambourg, 
puis  il  se  rendit  à  Dublin,  où  il  résida  pendant 
plus  de  vingt  ans.  Arrivé  à  Berlin  en  1851,  il 
dirigea  d'ahord  l'orebestre  du  local  de  Sommer, 
puis  ceiui  de  Kemper-IJof,  et  enfin,  pendant  les 
années  1855  et  1856,  il  fut  ebargé  de  diriger  la 
musique  du  local  de  Kroll(l).  En  1857  Ruders- 
dorff  a  fêté  à  Berlin  le  cinquantième  anniversaire 
de  sa  carrière  d'artiste.  Pendant  les  six  années 
qu'il  avait  passées  dans  cette  ville,  il  avait  dirigé 
1100  concerts  et  joué  «00  solos  de  violon.  Cet 
artiste  a  écrit  beaucoup  de  compositions  de  dif- 
férents genres  dont  il  n'a  publié  qu'une  partie 
dans  quelques-unes  des  grandes  villes  qu'il  a 
visitées,  ayant  parcouru  presque  toute  l'Europe. 
Ses  productions  les  plus  connues  sont  :  1°  six 
Polonaises  pour  piano,  op.  5;  Copenhague, 
Lose.  —  2°  9  valses  et  3  écossaises  pour  guitare  ; 
Augsbourg,  Gombart.  —  3°  7  variations  pour 
guitare  sur  un  air  allemand,  op.  7;  ibid.  —  4° 
8  variations  pour  guitare  sur  un  thème  italien 
op.  8  ;  ibid.  —  5°  Variations  pour  violon  avec 
quatuor  d'accompagnement,  op.  9;  Hanovre, 
Bachmann.  —  6°  Variations  pour  violon  principal 
et  orchestre  sur  Di  tanti  palpiti,  op  10;  Augs- 
bourg, Gombart. —  7°  5  pièces  pour  guitare,  op.  Il; 
ibid.  —  8°  Variations  pour  violon,  op.  12; 
Hanovre,  Bachman.  —  9°  Polonaise  pour  vinlun 
principal  et  orchestre,  op.  14;  Vienne,  Mollo. 
—  10°  3  airs  russes  variés  pour  violon  avec 
quatuor;  op.  15;  Hambourg,  Bœhme.  —  11° 
22  duos  faciles,  pour  deux  violons,  op.  17,  en 
2  livres;  ibid.  —  12°  VOmaggio,  fantaisie  pour 
violon  et  piano,  op.  18;  Milan,  Ricordi.  — 
13°  Fantaisie  brillante  idem  sur  I  due  Foscari, 
op.  19;  ibid.  —  14°  Marche  de  fête  pour 
l'ouverture  du  local  de  Kroll.  —  15°  Beaucoup 
de  Lieder  à  voix  seule  avec  piano. 

RUDENIUSou  RUDE  (Jean),  luthiste, 

(1)  Tous  ces  locaux  sont  des  cafés  concerts. 


né  à  Leipsick,  où  il  avait  étudié  le  droit,  vécut 
au  commencement  du  dix-septième  siècle.  Il 
a  publié  une  collection  de  pièces  pour  le  luth 
intitulée  :  Flores  musicx,  seu  suavissimas  can- 
tiones  notis  musicis  expressx  ad  tesludinis 
usum,  Leipsick  et  Heidelberg,  1C00,  in-fol. 

RUDOLF  (Jean-Antoine),  fils  d'Antoine 
Rudolf,  corniste  bohème  au  service  du  prince 
de  La  Tour  et  Taxis,  naquit  à  Vienne,  en  1770. 

11  suivit  son  père  à  Ratisbonne,  y  reçut  des 
leçons  de  violdn  de  Guillaume  Kafka,  et  fit  de 
rapides  progrès  sur  cet  instrument.  Le  prince 
de  La  Tour  et  Taxis  le  nomma  son  maître  de 
concerts;  quelque  temps  après,  il  eut  la  direction 
de  l'orchestre  au  théâtre  de  Ratisbonne.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  plusieurs  concertos  et  des 
trios  pour  le  violon.  On  a  gravé  de  sa  compo- 
sition :  1°  Thème  avec  12  variations  pour 
violon  principal,  2  violons,  2  cors,  2  clarinettes, 
alto  et  basse,  Ratisbonne,  1802.  —  2°  Thème 
avec  6  variations  pour  violon  principal,  2  vio- 
lons, flûte,  hautbois,  2  cors  et  basse,  ib.,  1802. 
Gerber  a  confondu  ce  Rudolf  avec  Rodolphe, 
auteur  du  solfège  et  corniste  renommé  [voyez 
Rodolphe). 

RUDOLPH  (Christian- Frédéric),  orga- 
niste de  l'église  Saint-Wenceslas,  à  Naumbourg, 
naquit  le  13  novembre  1804,  à  Giespersleben , 
près  d'Erfurt,  et  mourut  à  l'âge  de  25  ans,  le 

12  octobre  1829.  On  a  imprimé  de  sa  composition 
12  pièces  d'orgue  de  divers  styles  (Zwœlf  Or- 
gelsîù^ke  verschiedener  Art  etc.  ),  à  Naum- 
bourg, chez  Weber. 

RUE  (Pierre  DE  LA);  voyez  LARUE 
(Pierre  DE). 

RUE  (Félix  DE  LA);  sous  ce  nom,  le 
P.  Martini  possédait  un  ouvrage  manuscrit  inti- 
tulé :  Varii  modi  di  cantare  le  lelanie  in  falso 
bordone.  Ce  manuscrit  était  daté  de  1573. 

RUEDER  (Jean-Baptiste),  fils  d'un  tonne- 
lier, naquit  le  13  septembre  1723,à  Oberbiberach, 
dans  le  haut  Paiatinat.  Il  commença  ses  études 
au  monastère  de  Speinhart,  et  y  reçut  des  leçons 
de  Joseph  Wild ,  organiste  distingué.  Plus  lard , 
il  alla  achever  ses  études  au  séminaire  d'Amberg, 
et  y  commença  ses  premiers  essais  de  composi- 
tion. En  1752,  il  entra  dans  l'ordre  de  Saint- 
Augustin,  et  fut  ordonné  prêtre.  Il  se  livra,  dans 
son  couvent,  à  l'étude  de  l'orgue,  et  devint  un 
des  meilleurs  organistes  de  la  Bavière.  Il  mourut 
au  monastère  de  Speinhart,  le  7  avril  1807,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans.  Compositeur 
laborieux,  il  a  laissé  en  manuscrit  25  opéras  ou> 
oratorios,  19  messes  à  plusieurs  voix  avec  or- 
chestre, 30  litanies,  40  Vcni  Sancte  Spiritus, 
18    Salve    Rcrjina,    32    symphonies  à   grand 


348 


RUEDER  —  RUFFO 


orchestre,  etc.  Ses  meilleurs  élèves  pour  l'orgue 
ont  été  P.  Kufner  et  Daubermerkl. 

RUEFF  (Joseph-Léonard),  (ils  d'un  mé- 
decin- littérateur,  naquit  à  Fribourg,  vers  1770, 
et  fut  docteur  en  théologie  et  pasteur  à  Ulm. 
Un  traité  élémentaire  de  théologie  a  été  publié 
sous  son  nom  à  Sulzbach  en  182",  ce  qui  pour- 
rait faire  croire  qu'il  y  résidait  à  cette  époque. 
On  a  publié  de  sa  composition  :  l"  Quatre 
messes  faciles  pour  une  ou  deux  voix  avec 
orgue,  2  violons  et  2  cors  ad  libitum,  Augsbourg, 
Lotter.  —  2°  Kurzer,  Fasslicher,  doch  Woll- 
itandiger  Unterricht  zum  Generalbass  (Ins- 
truction courte,  intelligible  et  complète  pour  la 
basse'Continue) ;  Ulm,  Stettin,  1817,  in-lol.  La 
partie  théorique  a  été  publiée  à  Ralisbonne,  in-8° 
de  52  pages  (sans  dale).  Rueff  avait  abandonné 
ses  fonctions  de  la  ville  d'Ulm  avant  1817,  pour 
accepter  la  place  de  chapelain  du  prince  de  la 
Tour  et  Taxis,  à  Ratisbonne.  Il  quitta  celle-ci 
pour  la  direction  du  chœur  de  Buchau  ,  sur  le 
lac  Feder,  dans  le  royaume  de  Wurtemberg. 

RUETZ  (Gaspard)  ,  fils  d'un  organiste,  qui 
avait  été  élève  de  Buxtehude,  naquit  à  Wismar, 
le  21  mars  1708.  Après  avoir  appris  les  éléments 
dé  la  musique  et  du  clavecin  dans  la  maison  pater- 
nelle, et  avoir  reçu  des  leçons  de  Wilkin  pour  le 
violon,  la  flûte  et  le  hautbois,  il  se  livra  à  l'étude 
«le  l'orgue,  sous  la  direction  de  Hœlken.  Admis, 
en  1723,  dans  les  cours  du  collège  de  sa  ville 
natale,  il  y  reçut  des  leçons  du  recteur  Reimavus, 
qui  lui  inspira  un  goût  si  vif  pour  les  sciences, 
qu'il  abandonna  presque  entièrement  l'étude  de 
la  musique  ;  mais  son  penchant  pour  cet  art  se 
ranima  lorsqu'il  eut  fait  la  connaissance  de  l'or- 
ganiste Bach,  à  l'université  de  Jéna,  où  il  s'était 
rendu  en  1728,  pour  étudier  la  théologie.  Deux 
ans  après,  il  quitta  l'université  pour  se  rendre, 
a  Hambourg.  Après  la  mort  de  Sievers,  directeur 
de  musique  et  cantor  à  Lubeck,  Ruetz  obtint  la 
place  qu'il  laissait  vacante,  et  l'occupa  pendant 
dix-huit  ans.  11  mourut  le  21  décembre  1755, 
«l'une  attaque  d'apoplexie.  Ruetz  s'est  fait  en 
Allemagne  la  réputation  d'un  savant  écrivain  sur 
li   musique  par  les  ouvrages  suivants:    1°  Wh 

derlegte  Vorurtheile  voni  i  rsprunge  der 
Kirchenmusik ,  andklarer  Beweis,  dass  die 
Gottesdienste  Mus//,  */<■!>  auf  Golles  Wort 
griinde,  etc.  (Préjugés  réfutés  concernant  l'ori- 
gine de  la  musique  d'église,  etc.);  Lubeck,  Jouas 
Sc.hmidt,  1750,  in- 8°  de  Ili  pages.  Il  s'agit  dans 
cel  ouvrage  de  la  question  maintes  Ibis  agitée 
«le  la  convenance  de  la  musique  dans  le  service 
divin  ;  question  qui  avait  fait  naître  une  vive 
polémique  entre  Chrétien  Gerber  el  Georges  Motz 
{voyez  ces  noms),  et  que  Mattheson  avait  aussi 


traitée,  avec  sa  rudesse  ordinaire,  dans  son  Pa- 
triote  musicien  (Dcr  Musihalische,  Pat  riot  .Yoyei 
Mattheson  ).  Ruetz  a  écrit  son  livre  à  l'occasion 
d'un  recueil  de  sermons  que  le  théologien  Jean- 
Gottlob  Carpzow  avait  publié,  et  dans  lequel  il 
examinait  cette  question  :  Si  la  musique  d'é- 
glise doit  être  abandonnée.  Carpzow  s'était 
prononcé  pour  l'affirmative.  On  doit  avouer  que 
la  réfutation  de  cette  opinion  par  Ruetz  est  beau- 
coup moins  pédante  et  plus  solide  que  ce  qui 
avait  été  publié  précédemment  sur  le  même  sujet. 
—  2°  Widerlegfe  Vorurtheile  von  der  Be- 
schaffcnheil  derheudgen  Kirchenmusik,  etc. 
(  Préjugés  réfutés  concernant  l'état  actuel  de  la 
musique  d'église),  Lubeck,  Pierre  Bœckmann, 
1752,  in-8°  de  175  pages.—  3°  Widerlegte  Vor- 
urtheile von  dcr  Wirkung  dér  Kirchenmusik 
und  den  dazu  erforderten  Vnkosten,  etc. 
(Préjugés  réfutés  concernant  la  puissance  de 
la  musique  d'église,  et  les  dépenses  qu'elle  occa- 
sionne); Rostock  et  Wismar,  J.-A.  Berger  et 
J.  Bœdner,  1753,  in-8°  de  152  pages.  On  doit 
considérer  ces  trois  écrits  comme  ne  formant 
qu'un  seul  ouvrage  sur  le  même  sujet.  Ruetz  a 
aussi  donné,  dans  le  premier  volume  des  Essais 
historiques  et  critiques  de  Marpurg  (pages  273- 
311),  une  lettre  sur  quelques  expressions  de  Bat- 
teux  concernant  la  musique.  Une  réponse  fut  faite 
à  cette  lettre  par  Jean-Daniel  Overbeck  {voy.  ce 
nom)  dans  le  même  recueil  (pages  312-317);  et 
Ruetz  répliqua  immédiatement  (p. 318-325). 

RUFFO  (Vincent),  compositeur  italien  du 
seizième  siècle,  naquit  à  Vérone,  et  fut  contem- 
porain de  Jean-Pierluigi  de  Palestrina.  Il  fut 
«l'abord  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Milan  et  quitta  plus  tard  cette  position  pour 
celle  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  «le 
sa  ville  natale.  Galilée  accorde  des  éloges  à  son 
talent,  et  dit  qu'il  fut  compositeur  fécond.  Ses 
recueils  de  motels  et  de  madrigaux  ont  été  plu- 
sieurs fois  réimprimés,  témoignage  certain  du 
succès  qu'ils  ont  obtenu.  Ses  ouvrages  connus 
sont  :  1°//  primo  libro  di  mot  et  lia  5  voci, 
Venise,  1551,  in-4°.  Il  a  été  réimprimé  à  Venise, 
en  155S  et  à  Milan.  —  2°  Messe  a  5  voci;  Venise, 
1557.  Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  à  Venise  chez 
Antoine  Gardane,  en  1565,  puis  à  Brescia,  chez 
Vineenl  Sabbio,en  1580.  —3°//  primo  libro  de 
motetti  a  G  voci  per  tutto  l'anno,  Venise, 
1583,  in-4°.  Il  y  aune  édition  antérieure  de  ce 
recueil,  sous  ce  titre  :  Motetti  a  set  voci,  no- 
vamenté  jio.s/i  in  luce  et  corretti  da  Agos- 
tino  île'  Negro  Grappulo.  In  Venetia,  appresso 
Geronimo  Scotto,  1555,  in-4°obl.  —  4°  //  libro 
primo  dimadrigalia  .">  yoriyibid.,  1550  et 
i  :, . 2,  in-  i "-   Les  deuxième,  troisième  el   qua 


RUFFO  —  RUGGI 


34  9 


trième  livres  de  ces  madrigaux  parurent  dans  la 
même  ville, en  1553-1560,  chez  Antoine  Gar- 
dane;  la  troisième  édition  des  quatre  livres  a  été 
publiée  chez  le  même  en  1562  ;  le  second  livre  a 
élé  réimprimé  chez  les  héritiers  de  Scotto. en 
l584,in-4°  obi.  ;  le  quatrième  livre  a  été  réim- 
primé sous  ce  titre  -.  Opéra  nuova  di  musica 
intitolata  Arnionïa  céleste,  nclla  quale  si 
contengono  25  madrigali  pieni  d'  ogni  dol- 
cezza  e  soavità  musicale.  Quarto  libro  di 
madrigali  a  5  voci,  ibid.,  1563,  in-4°  obi.  — 
5°  Madrigali  cromatici  a  6,  7  e  8  voci,con  la 
gionta  di  cinque  canzoni  a  diversi  voci  ; 
novamente  di  Ici  suoi  proprii  esemplari  cor- 
retti.  In  Venetia  app.  Geronimo  Scotto,  1554, 
in-4°  obi., ibid.,  1554,  in-4°.  —  6°  Madrigali  cro- 
matici a  5  voci,  ibid.,  1555,  in-4>°.  Trois  autres 
livres  de  ces  madrigaux,  d'un  genre  nouveau 
alors,  ont  paru  en  1557,  1558  et  1560,  in-4°.  — 
7°  Salmi  soavissimi  et  devotissimi  a  5  voci.  A 
Venise,  chez  l'héritier  de  Jérôme  Scotto,  1574. 1 1  y 
enaune2me  édition,  ibid.,  1579,  et  une  troisième, 
idem,  ibid.,  en  1588.  — 8°  Magnificat  brevi 
a  5  voci  con  li  otto  falsi  bordoni  ;  ibid.,  1578. 
Antoine  Barré  a  imprimé  quelques-uns  des  madri- 
gaux de  Ruffo  dans  le  recueil  intitulé  :  Primo  li- 
bro délie  Muse  a  4  voci.  Madrigali  ariosi  di 
Antonio  Barré,  et  altri  diversi.  autori-  Rome, 
AnL  Barré,  1555,  in-4°. 

Un  autre  Ruffo  (Alexandre),  compositeur  italien, 
vécut  dans  le  même  temps  :  je  crois  qu'il  était 
de  Milan.  Il  serait  possible  que  le  premier  livre 
de  madrigaux  à  5  voix,  publié  dans  cette  ville 
et  cité  par  Gesner  (Bibl.  univ.',  lib.  VII,  lit.  7), 
fût  d'Alexandre  Ruffo,  et  nom  de  Vincent. 
"  RUGARLI  (Gaspard  ),  très-bon  organiste 
et  compositeur  de  musique  d'église  et  de  théâtre, 
naquit  à  Colorno,  en  1767.  Fils  d'un  maître  de 
chapelle,  il  apprit  sous  sa  direction  les  principes 
de  la  musique,  puis  étudia  deux  années  chez 
François  Fortunati,  et  enfin  acheva  de  s'instruire 
dans  l'école  du  P.  Mattei,  à  Bologne.  Admis  au 
service  de  la  cour  de  Parme,  il  mourut  dans  cette 
villeje  27  octobre  1799.  On  connaît  de  sa  com- 
position un  opéra  intitulé  :  l'Isola  disabitata,  des 
messes  et  des  motets. 

RUGERI  ou  RUGERIO  (Pierre-Jacques  ), 
de  Crémone,  n'était  pas  de  la  même  famille  que 
ceux  qui  ajoutent  à  leur  nom  la  syllabe  per.  Il 
pratiqua  la  lutherie  et  fut  élève  de  Nicolas 
Amati,  ainsi  qu'il  le  déclare  par  le  billet  placé  dans 
un  bon  violoncelle  sorti  de  ses  mains,  qui  a 
appartenu  au  violoncelliste  Levasseuroine  (voyez 
ce  nom  ),  et  qui  porte  la  date  de  1714. 

RUGERI  (Jean-Baptiste),  surnommé  il 
Buono  en  Italie,  lut  un  autre  très -bon  luthier. 


Il  naquit  à  Bologne,  et  se  fixa  à  Brescïa.  Pendant 
un  certain  nombre  d'années,  il  travailla  en  as- 
sociation avec  Jérôme  Amati,  fils  de  •Nicolas, 
comme  on  le  voit  par  leurs  noms  unis  dans  leurs 
instruments.  Jeconnaisde  Rugeri(  Jean-Baptiste) 
un  alto  date  de  1647,  un  violon  de  1658,  et  un 
violoncelle  de  1663. 

RUGERI  (  Pierre-Jacques  ),  fils  de  Jean- 
Baptiste  de  Bologne,  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  celui  de  Crémone,  qui  a  les  mêmes  prénoms. 
Il  naquit  à  Brescia  vers  1675.  Il  travailla  dans 
cette  ville, depuis  1700  jusqu'en  1720. 

RUGERIO  (François)  ou  RUGERI,  appelé 
Rucer,  dans  le  patois  de  Crémone,  bon  luthier  de 
cette  ville,  vécut  dans  le  dix-septième  siècle  et 
devint  élève  de  Nicolas  Amati,  dont  il  fut  le 
plus  exact  imitateur.  Ainsi  que  la  plupart  des 
membres  de  sa  famille,  il  ajoutait  à  son  nom  la 
particule  per.  On  connaît  des  violons  sortis  de 
ses  ateliers  depuis  1670  jusqu'en  1692. 

RUGERIO  (Jean-Baptiste),  né  également 
à  Crémone,  était  parent  de  François,  et  ajou- 
tait aussi  à  son  nom  la  syllabe  per,  ce  qui  le 
faisait  distinguer  de  Jean-Baptiste  Rugeri  de  Bo- 
logne, autre  luthier  dont  est  il  parlé  précédemment. 
J'ai  vu  de  Jean-Baptiste  lUigeri  de  Crémone 
un  bon  violoncelle  qui  portait  la  date  de  1692. 
RUGERIO  (Vincenzo),  de  ta  même  fa- 
mille, et  peut-être  frère  des  deux  précédents, 
fut  aussi  luthier  à  Crémone  et  fabriqua  parti- 
culièrement des  altos  et  des  violoncelles.  Il  tra- 
vailla depuis  1700  jusqu'en  1730.  Ses  instru- 
ments sont  estimés. 

RUGGERIou  RUGGIERI  (Jean -Mar- 
tin ),  compositeur  vénitien  qui  florissait  vers  la 
fin  du  dix-septième  siècle  et  au  commencement 
du  dix-huitième,  a  donné  au  théâtre  :  1°  Ma- 
rianne,   1696 2°  Clotilde,   1696.  —  3°  Lu 

Saggia  Pazzia,  1698.  —4°  Milziade,  1699.  — 
5°  Amar  per  vendetta,  1702.  —  6°  Arato  in 
Sparta,  1709.  —  7°  Armida  abbandonata, 
1710.  —  8°  L'ingannatore  ingannaio,  1710.  — 
9°  La  Gare  di  polit ica  e  d'amore,  1711.  — 
10°  Arsinoe  vindicata,  1712.  Ses  œuvres  impri- 
mées sont  les  suivantes  :  1°  Scherzi  geniali 
ridotti  a  regola  armonica  in  dieci  sonate  da 
caméra  a  tre,  cioè  due  violini  e  violone  o 
cembalo  ;  Venise,  1690,  in-4°,  op.  2.  —  2°  Suo- 
nate  da  chiesa  a  due  violini  e  violone  o 
liorbo  con  il  suo  basso  continuo  per  l'organo; 
Venise,  1693,  in-4°,  op.  3.—  3°  Suonate  da 
chiesa  a  due  violini  e  violoncello ,  col  suo 
basso  continuo  per  l'organo,  op.  4;  Venise, 
1697,  in-4°.  —  4°  12  Cantate,  con  e  senza 
violini,  op.  5;  Venise,  1706. 

RUGGI  (François),  compositeur  dramatique 


350 


RUGGI  —  RUMLIJNG 


et  bon  professeur  de  chant  et  de  contrepoint, 
naquit  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
à  Naple* ,  où,  il  vivait  encore  vers  1820.  Sa- 
vant dans  l'art  d'écrire  en  musique,  Ruggi  fut 
professeur  de  contrepoint  au  collège  royal  de 
,S.  Pietro  a  Majella,  et  membre  de  l'Académie 
Borbonica  des  beaux-arts.  Il  a  écrit  plusieurs 
opéras,  parmi  lesquels  on  remarque  :  1°  La  Fé- 
licita compita;  —  2°  L'Ombra  di  Nino.  — 
3°  La  Guerra  aperta,  opéra  de  demi-caractère. 
—  4°  Il  Sofl  frippone,  opéra  bouffe  joué  au 
théâtrede  la  Scala,  à  Milan,  en  1804.  On  connaît 
aussi  de  la  composition  de  ce  maître  des  can- 
tates, l'oratorio  G iosuè  al  Giordano,  des  Messes 
avec  orchestre  ou  avec  orgue,  plusieurs  in- 
troïts,  graduels,  offertoires,  hymnes,  vêpres  de 
la  Vierge  et  des  saints,  avec  orchestre  ou  a  cap- 
pella, plusieurs  Credo  avec  orchestre  ou  orgue, 
des  litanies  ,  un  Salve  Regina,  une  Passion 
d'après  saint  Jean,  et  les  Heures  d'agonie.  Ruggi 
a  été  le  maître  de  Michel  Carafa. 

RUHLING  (Jean)  ,  musicien  allemand  du 
seizième  siècle,  naquit  à  Borna  (Saxe)  et  fut 
organiste  à  Dœbeln.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
livre  de  tablature  d'orgue  devenu  d'une  rareté 
excessive,  et  dont  le  titre  naïf  est  :  Tabùlatur- 
biich  auffOrgeln  und  instruments,  etc.  (  Livre 
de  tablature  pour  les  orgues  et  les  instruments, 
qui  contient,  pour  tous  les  dimanches  et  fêtes 
de  l'année,  des  motets  choisis,  charmants 
(  bezauberenden  )  et  travaillés  avec  art,  ainsi 
que  les  évangiles,  épîtres,  introïts,  répons  et 
antiennes .  composés  par  les  auteurs  les  plus 
célèbres,  et  arrangés  sans  fredons,  tels  que  les 
compositeurs  les  ont  écrits,  afin  que  chaque  or- 
ganiste puisse  arranger  la  dite  tablature  à  sa  ma- 
nière et  s'en  servir  avec  fruit)  ;  Leipsick,  Jean 
Beyer,  1583,  petit  in-fol.  de  140  pages.  L'ou- 
vrage est  dédié  aux  ducs  de  Saxe  Frédéric-Guil- 
laume, Jean,  Jean  Casimir,  et  Jean-Ernest,  frères 
et  cousins  :  l'épître  dédicatoire  est  datée  de 
Dœbeln,  le  10  décembre  1582.  La  notation  est 
en  ancienne  tablature  allemande. 

RUIMONTE  (Pierre  DE),  compositeur 
espagnol,  né  à  Saragosse,  était,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle,  maître  de  chapelle  des 
archiducs  Albert  et  Isabelle,  gouverneurs  des 
Pays-Bas,  A  la  date  du  23  février  1605,  il  figure 
dans  l'état  du  personnel  de  la  musique  de  ces 
princes,  sous  le  titre  de  maestro  de  musica  de 
camara.  C'est  la  seule  mention  de  cet  artiste 
trouvée  par  M.  Pinchart  dans  les  comptes 
de  la  chapelle  royale  des  archiducs,  à  l'excep- 
tion d'une  note  par  laquelle  on  voit  que  Pedro 
de  liuimonte,  reçut  au  mois  de  mars  1614, 
une  gratification  de  1 ,500  livres  de  Flandre,  pour 


retourner  dans  son  pays.  11  a  publié  de  sa  com- 
position :  El  Parnasso  Espahol  de  madri- 
gales  y  vilancicos a  quattro,  cinco  yseiz  voces; 
Anvers,  P.  Phalèse,  1614.  Antoniocite  aussi  sous 
le  nom  de  Ruimonte  deux  livres  de  messes,  de 
motets  et  de  lamentations.  On  a  confondu  ce 
musicien  avec  Pierre  de  Larne  (voyez ce  nom). 

RULOFFS  ou  ROELOFFS  (Bartho- 
lomé),  organiste  de  la  grande  église  et  chef 
d'orchestre  du  théâtre  hollandais  d'Amsterdam, 
naquit  en  cette  ville,  vers  1737.  Il  fut  violoniste 
habile  et  compositeur  de  mérite.  Plusieurs  opéras 
hollandais  de  sa  composition  et  des  opéras 
français  qu'il  avait  traduits  et  arrangés  ont  été 
représentés  au  théâtre  d'Amsterdam  pendant 
environ  quarante-cinq  ans.  On  a  gravé  de  lui 
trois  symphonies  pour  l'orchestre,  op.  1,  Ams- 
terdam, 1780,  et  des  pièces  d'harmonie  pour 
2  clarinettes,  2  cors  et  2  bassons,  ibid.,  Hum- 
mel.  Rulolfs  mourut  à  Amsterdam,  le  13  mai 
1801.  Sa  femme  fut  une  des  meilleures  cantatrices 
du  théâtre  hollandais. 

RUMLER  (Jean),  compositeurà  Holovaus, 
en  Bohême,  est  né  dans  cette  partie  de  l'Alle- 
magne, vers  1780.  En  1804,  il  a  fait  représenter  à 
Prague  son  opéra  Aliman,  ou  l'Armée  de  Bo- 
naparte en  Egypte,  en  deux  actes,  et  en  1827  il  a 
donné  dans  la  même  ville  :  la  Nuit  de  Walpur- 
gis,  opéra  romantique  en  trois  actes.  On  a  gravé 
de  la  composition  de  cet  artiste  :  1°  Quintette 
pour  2  clarinettes,  2  corset  basson,  op.  6,Augs- 
bourg,  Gombart.  —  2°  Duos  pour  2  dûtes,  op.  15, 
Prague,  Berra.  — 3°  Trios  pour  2  clarinettes  et 
basson,  op.  7,  Augsbourg,  Gombart.  —  4°  Trio 
pour  piano,  clarinette  et  violoncelle,  op.  8,  ibid. 
—  5°  Sonates  pour  piano  àqualre  mains,  op.  23, 
24,  25.  Leipsick,  Hofmeister.  —  6°  Sonatine  pour 
piano  seul,  op.  36,  ibid.  —  7°  Fantaisies,  polonai- 
ses, exercices  polir  piano ,  op.  16,  19,  21,  43,  50, 
ibid.  —  8°  Thèmes  variés,  idem,  op.  29,  31,  37, 
41,  43,  ibid.,  et  Prague,  lîerra. 

RUMLING  (le  baron  Sicismond  DE),  des- 
cendant d'une  ancienne  famille  de  la  Hesse,  né 
en  Alsace,vers  1739,  entra  au  service  de  l'élec- 
teur de  Bavière  en  qualité  de  page,  vers  1750, 
et  fit  à  Munich  ses  études  musicales.  En  1776  le 
prince  de  Deux -Ponts  lui  offrit  un  emploi  dans 
sa  maison,  et  le  baron  de  Rumling  l'accepta.  Il 
acheva  de  s'instruire  dans  la  musique  et  dans  la 
composition  par  la  fréquentation  des  artistes  dis- 
tingués qui  se  trouvaient  dans  cettecour.  En  1785, 
il  fit  représenter  sur  le  théâtre  de  la  résidence 
de  Karlsberg  son  opéra  intitulé  Polydore,  et 
quelques  années  après  il  donna  Roméo  et  Ju- 
liette. Vers  1785,  il  fit  un  voyage  à  Paris,  et  y 
publia  trois  œuvres  de  quatuors  pour  2  violons, 


RUMLING  —  RUNGENHAGEN 


351 


alto  et  basse,  ainsi  que  des  symphonies  à  grand 
orchestre.  Rentré  au  service  de  l'électeur  de  Ba- 
vière, il  succéda  en  1799  au  comte  Sceau  comme 
directeur  et  intendant  de  la  musique  de  la  cour  ; 
mais  il  ne  garda  pas  longtemps  cet  emploi.  Quel- 
ques années  après,  il  entra  dans  l'ordre  de  Malte  : 
la  suppression  de  cet  ordre  le  ramena  à  Munich, 
avec  la  pension  qui  fut  accordée  aux  chevaliers.  En 
1818,  le  roi  lui  confia  la  direction  de  sa  chapelle, 
mais  l'âge  avait  épuisé  ses  forces  :  il  mourut  le 
7  mai  1825.  Peu  d'années  avant  sa  mort,  il  avait 
anéanti  la  plupart  de  ses  compositions  restées  en 
manuscrit. 

RUMMEL  (Chrétien),  clarinettiste,  pianiste, 
compositeur  et  maître  de  chapelle  du  duc  de  Nas- 
sau, à  Wiesbaden  et  Biberich,  esl  né  vers  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle,  dans  le  duché 
de  Nassau.  Il  est  mort  à  Wiesbaden  le  12  février 
1849.  Chargé  de  la  direction  du  théâtre  de  la 
cour,  il  y  montra  du  talent.  Ses  principales  com- 
positions gravées  sont  :  1°  Quintette  pour  cor 
de  bassette,  clarinette,  hautbois,  cor  et  bas- 
son, op.  41;  Mayence,  Schott.  —  2°  Quintette 
pou*  corde  bassette, cor  anglais,  clarinette,  flûte 
et  basson,  op.  42;  ibid.  —  3°  Plusieurs  suites 
de  pièces  en  harmonie  militaire;  ibid.  — 4°Con- 
certino  pour  clarinette  et  orchestre,  op.  58;  ibid. 
—  5°  Des  variations  pour  piano,  avec  orchestre 
ou  quatuor;  ibid.  —  6°  Sonates  pour  piano  à 
4  mains,  op.  20,  59;  bid.  —  7°  Fantaisies  et  diver- 
tissements idem;  ibid.  —  8°  Fantaisies,  exerci- 
ces, etc.,  pour  piano  seul;  ibid.  —  9°  Variations, 
idem;  ibid.  Rummel  a  fait  un  grand  nombre  d'ar- 
rangements d'opéras  pour  divers  instruments. 

RUMMEL  (Franciska),  fille  du  précédent, 
et  cantatrice  distinguée,  a  chanté  avec  succès  à 
Francfort  (sur-le-Mein)  de  1843  à  1846,  à  Ham- 
bourg et  à  Berlin  en  1847,  et  à  Cassel  dans  l'an- 
née suivante. 

RUIVG  (  E.  ),  compositeur  danois,  était  en 
1848  professeur  de  chant  à  Copenhague.  Il  avait 
vécu  quelque  temps  à  Milan ,  où  il  avait  reçu 
des  leçons  de  Lamperti  pour  le  chant.  En  1847, 
il  fit  représenter  au  théâtre  de  Copenhague  l'o- 
péra intitulé  der  Sturm  (L'Orage), qui  eut  quel- 
que succès.  Dans  l'année  suivante  il  donna  au 
même  théâtre Federigo,  opéra  danois  en  3  actes. 
Cet  artiste  a  publié  pour  le  chant  :  1°  Douze 
chansons  danoises  pour  les  enfants,  à  3  voix 
avec  ou  sans  accompagnement;  Copenhague, 
Heitzel.  —  2°  Chanson  à  boire  pour  2  ténors  et 
deux  basses;  Copenhague,  Olsen.  —  3°  6  ro- 
mances de  Hertz,  à  voix  seule  avec  piano;  Co- 
penhague, Lose.  —  4°  Havfruen ,  ballade  pour 
2  sopranos  ;  ibid.  —  5°  Deux  romances  danoises  à 
voix  seule  avec  piano;  ibid.  —  G"   Ulta  Skal- 


paa  Bal,  ballade  dramatique  danoise  à  quatre 
voix  avec  chœur;  ibid.  —  On  connaît  aussi  de 
M.  Rung  une  barcarolle  vénitienne  pour  voix  de 
basse  avec  piano,  publiée  à  Milan,  chez  Ricordi. 

RUIXGE(Jean-Geokges),  docteur  en  médecine 
et  professeur  au  gymnase  de  Brème,  né  le  13  no- 
vembre 1736,  fit  ses  études  à  l'université  de 
Leyde,  et  y  fit  imprimer  sa  thèse  de  doctorat, 
sous  ce  titré  :  Dissertatio  de  voce  ejusque 
organis;  Leyde,  1753,  in-4°. 

RUNGENHAGEN  (  Charles- Frédéric)  , 
né  à  Berlin,  le  27  septembre  1778,  fut  destiné 
dès  sa  jeunesse  aux  affaires  du  commerce  par 
son  père,  négociant  de  cette  ville.  Un  goût  par- 
ticulier sembla  le  porter  d'abord  vers  l'art  du 
dessin  ;  mais  n'y  ayant  pas  réussi,  il  se  livra  avec 
plus  de  succès  à  l'élude  du  piano,  sous  la  di- 
rection de  Uittauer  et  de  Benda.  Obligé  de  se 
dévouer  aux  intérêts  de  sa  famille,  après  la  mort 
de  son  père,  en  1796,  il  ne  s'occupa  plus  de 
musique  et  de  composition  que  dans  quelques 
moments  de  loisir.  H  avait  appris  seul  les  prin- 
cipes de  l'harmonie  dans  quelques  livres  spéciaux 
sur  cette  science.  En  1801,  il  entra  dans  l'Aca- 
démie de  chant  de  Berlin.  Stimulé  par  les  beaux 
ouvrages  qu'il  y  entendait,  il  fit  quelques  essais 
de  compositions  religieuses.  Vers  ce  même  temps 
il  reçut  des  leçons  de  théorie  de  Zelter,  et  se 
livra  à  l'enseignement  du  piano.  Depuis  1807 
jusqu'en  1813  il  fut  souvent  chargé  de  la  direction 
des  chœurs  dans  les  solennités  musicales  de 
Berlin,  et  plus  tard  il  fut  nommé  directeur  de 
la  plus  ancienne  société  de  chant  de  cette  ville. 
En  1825,1e  ministre  des  cultes  lui  accorda  le 
brevet  de  directeur  de  musique  d'une  des  églises 
principales  de  Berlin,  et,  au  mois  de  janvier  1833, 
il  succéda  à  Zelter  dans  la  direction  de  l'Acadé- 
mie de  chant.  Membre  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  de  Berlin,  il  lit  partie  du  corps  professoral 
de  l'Institut  musical  adjoint  à  cette  société.  Bun- 
genliagen  est  mort  à  Berlin,  le  21  décembre  1851. 
Ses  principales  compositions  consistent  en  ora- 
torios, canlates,  symphonies,  quatuors,  morceaux 
de  musique  d'église,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
1°  La  cantate  de  Goethe,  qu'il  écrivit  pour  le 
soixante  dixième  anniversaire  de  Zelter.  — 
2°  L'Entrée  du  Christ  à  Jérusalem,  oratorio 
exécuté  à  Berlin,  en  1834.  —  3°  Te  Deuni  à 
8  voix.  — 4°  La  Morte d'Abele,  oratorio  de  Mé- 
tastase. —  5°  Stabat  Mater  pour  2  sopranos  et 
contralto,  gravé  en  partition,  chez  Trautwein,  à 
Berlin.  —  6°  Beaucoup  de  motets  et  d'hymnes 
à  4  voix  avec  orchestre  ou  orgue.  —  7°  Cxcilia, 
oratorio.  — 8°  Quelques  variations  pour  le  piano; 
Berlin  Schlesinger,  Grœbeuchutz.  —  9°  Plu- 
sieurs recueils  de  chants  pour  des  voixd'hommes; 


252 


RUNGEKHA.GEN  -  RUSC11 


ibid.  —  10°  Plusieurs  recueils  de  chant  à  voi\ 
seule ,  avec  accompagnement  de  piano.  On  a 
aussi  de  Rungenhagen  une  dissertation  sur  l'en- 
seignement des  premiers  éléments  du  piano, 
dans  le  7me  volume  du  recueil  périodique  inti- 
tulé :  Eutonia  (pages  16-23). 

RUOLZ  (Henri,  vicomte  DE),  amateur  de 
musique  et  compositeur,  né  en  Allemagne,  vers 
1810,  reçut  des  leçons  d'harmonie  et  décomposi- 
tion de  Reicha ,  à  Paris.  Il  vécut  quelque  temps 
en  Italie,  particulièrement  à  Naples,  où  il  écrivit 
l'opéra  romantique  intitulé  Lara,  qui  fut  repré- 
senté en  1835  au  théâtre  du  Fondo.  Quelques 
morceaux  de  cet  ouvrage  ont  été  publiés  à  Mi- 
lan ,  chez  Ricordi ,  avec  accompagnement  de 
piano.  De  retour  à  Paris,  M.  de  Ruolz  donna  à 
l'Opéra  La  Vendetta,  ouvrage  en  3  actes,  qui 
n'eut  qu'un  petit  nombre  de  représentations  en 
1839.  En  1840,  cet  opéra  fut  réduit  en  deux  actes, 
mais  ne  réussit  pas  mieux  sous  cette  forme.  La 
facture  de  l'ouvrage  était  inhabile,  les  idées 
médiocres,  et  l'instrumentation  décolorée. 

RUPERT,  moine  de  l'abbaye  de  Saint-Al- 
bin, à  Mayence,  mourut  en  911.  Il  a  laissé  un 
traité  De  mvsicss  proportione,  qui  est  resté 
en  manuscrit,  et  qui  est  daté  de  892  (voyez 
Trith.  Chron.  Hirsaug.  sub  ann.  892,  p.  22). 

RUPHY  (Jacques-François),  Grec  d'origine, 
né  à  Smyrne,  vint  jeune  en  France, et  lit  partie 
de  l'expédition  d'Egypte  commandée  par  le  gé- 
néral Ronaparte.il  fut  attaché  en  qualité  de  se- 
crétaire adjoint  au  conseil  des  arts  et  du  com- 
merce du  département  de  la  Seine,  depuis  1801 
jusqu'en  1814.  On  a  de  lui  un  écrit  intitulé  : 
De  la  Mélomanie  et  de  son  influence  sur  la 
littérature,  par  J.-F.-R.  Métrophile;  Paris, 
1802,  in  8°.  Il  y  attribue  la  décadence  de  la  lit- 
térature française  aux  progrès  de  la  musique. 

RUPPE  (Chrétien-Frédéric),  fils  d'un 
charpentier  qui  était  en  môme  temps  facteur  d'or- 
gues et  de,  pianos,  naquit  vers  1765, à  Sa|zungen, 
dans  le  duché  de  Saxe-Meiningen,  fit  ses  pre- 
mières études  dans  cette  ville, et  alla  ensuite 
suivre  les  cours  de  droit  de  l'université  de  Leyde. 
Habile  pianiste,  il  se  fixa  dans  cette  ville, 
en  qualité  de  professeur  de  piano  et  de  directeur 
de  musique  de  l'université.  Il  vivait  encore  à 
Leyde  en  1812.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  1, 
3,  6,  7;  La  Haye,  Humincl.  —  2  Idem,  op.  14; 
Rotterdam,  Plaltner.  —  3°  Idem,  op.  25,  26,  27; 
Amsterdam,  Steup.  —  4°  Sonates  pour  piano  et 
violon,  op.  2;  La  Haye,  Hiimmcl.  —  5°  Sonates 
pour  piano  à  4  mains,  op.  4,  ;>;  ibid.  — <>"  So- 
nates progressives  pour  piano  a  4  mains;  Rot- 
terdam, Plaltner.  —  7"  La  chasse,  pour  piano 


seul,  op.  15;  ibid.  ■*-  8°  Pot-pourri  pour  piano; 
ibid.  — 9°  Thèmes  variés  idem;  ibid.  Ruppe  est 
auteur  d'un  traité  général  de  musique,  d'harmo- 
nie et  de  composition,  intitulé  :  Théorie  der  He- 
dendaagsche  Musijk  (Théorie  de  la  musique  mo- 
derne); Amsterdam,  Jean  Allart,  1809-1810,  2  vol. 
in-8°  de  texte,  et  1  vol.  de  planches  de  musique. 

RUPPE  (Frédéric-Chrétien),  frère  puîné 
du  précédent,  naquit  à  Salzungen  le  18  février 
1771.  Livré  à  l'étude  du  piano  dès  son  enfance,  il 
y  fit  de  rapides  progrès.  Un  incendie  ayant  ruiné 
sa  famille  et  cause  la  mort  de  son  père, en  1786,. 
il  alla  étudier  à  Eisenach,  et  s'y  soutint  en  don- 
nant des  leçons  de  piano.  Heureusement  pour 
son  sort ,  il  lut  entendu  dans  la  même  année  par 
le  duc  de  Saxe-Meiningen  qui,  charmé  par  ses 
heureuses  dispositions ,  l'emmena  dans  sa  rési- 
dence, et  lui  fit  donner  une  bonne  éducation  lit- 
téraireet  musicale,  puis  l'admit  dans  sa  chapelle 
en  qualité  de  violoniste,  et  dans  la  musique  de 
sa  chambre  comme  pianiste.  Une  exaltation  ex- 
traordinaire pour  la  musique,  qui  ressemblait  à 
la  folie,  empêcha  malheureusement  Ruppe  de 
mettre  de  l'ordre  dans  ses  idées.  Néanmoins  il 
a  produit  de  belles  choses,  particulièrement  les 
oratorios  de  la  Passion,  de  l'Enfant  prodigue, 
une  cantate  pour  la  paix,  et  un  concerto  de 
piano  avec  chœur  qu'on  dit  fort  beau.  On  a  gravé 
de  sa  composition  :  1°  Grand  trio  pour  piano, 
clarinette  et  basson  ;  Offenbach ,  André.  — 
2°  Grande  sonate  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle ad  libitum  ;  Cassel ,  Wcehler.  Ruppe  est 
mort  à  Memingen  le  14  août  1834.  Parmi  ses 
manuscrits,  on  a  trouvé  des  quintettes,  quatuors 
et  trios  pour  divers  instruments,  où  il  y  a  du 
mérite,  ainsi  qu'un  opéra  inachevé  intitulé  :  Der 
Sieg  der  Tugend  (le  Triomphe  de  la  vertu). 

RUPRECllT  (Etienne),  artiste  du  théâtre 
national  à  Vienne,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  a  composé  la  musique  de  quelques  opéras 
qui  y  ont  été  représentés.  Ces  ouvrages  ont  pour 
titres  ;  lo  ^Yas  erhœlt  die  Manner  Treu 
(Qu'est-re  qui  peut  rendre  les  maris  fidèles?)  — 
2°  Le  Feu  follet.  —  3°  Die  natûrlichen  Wun- 
der  (les  Miracles  naturels),  en  3  actes.  —  4°  El- 
mire. 

Un   artiste  de  ce  nom  elait  en  1847  direc- 
teur   du   chœur   de    l'église   Saint-Charles,    à 
Vienne,  et  occupait  cette  position  avant  1840 
Il  parait  peu  vraisemblable  que  ce  soit  l'ancien 
acteur  du  théâtre  national  de  cette  ville. 

RUSCII  (Georges),  professeur  de  musique 
et  de  piano  à  La  Haye,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,a  publié  de  sa  composition  ■ 
1°  Deux  concertos  pour  le  clavecin  ,  La  Baye, 
1776.  —  2"  Un  idem  ;  ibid.,   1780.  —  3°  Six  so- 


RUSCH  —  RUSSWURM 


353 


nates  faciles  pour  le  piano;  ibid.  —  4°  Six  trios 
pour  clavecin,  violon  et  violoncelle;  ibid. 

RUSCO  (Rafaël).  Ce  no:n  m'a  été  indiqué  à 
Florence,  en  1841,  comme  celui  de  l'auteur  d'un 
poème  pseudonyme  et  didactique  intitulé  :  VArte 
dcl  contrappunto, passatempo  armonico-poe- 
tico  in  ottava  rima  che  contiene  le  regoleprin- 
cipali  delV  armonia  ,ed  un  compendio  delV  ori- 
gine, dei  progressi,  de  la  decadenza,  del  risor~ 
gimento  e  propagazione  délia  musica  fino  al 
corrente  secnlo,  diriso  in  quattro parti  conun 
appendice  intitolato  C  sol  fa  ut  agli  Elisi, 
composta  e  dedicato  alla  nobil  donna  la  Si- 
gnora  confessa  FannyPieri  nata  Spannocchi, 
4a  Sotavio  Ganleno.  Siena,  1828,  da  i  torchi 
di  Pandolfo  Rossi,  alV  insegna  délia  Lupa , 
1  vol.  in-12. 

RUSCHARDUS  (Louis),  musicien  bavarois, 
au  commencement  du  dix-seplième  siècle,  a 
publié:  1°  Mutetorum  4  vocum  liber  primus; 
Nuremberg,  1601,  in-4°.  —  2"  Idem,  lib.  2;  ib., 
1603,  in-4°.  —  3o  Motectorum  6  vocum  ;  ibid. 

—  4°  Magnificat  octo  tonorum  6  vocum;  ibid. 

—  5°  Missarum  lib.  1;  lib.  2;  lib.  3;  ibid.  Le 
troisième  livre  de  ces  messes  a  paru  à  Venise, 
en  1603,  et  à  Nuremberg,  en  1605. 

RUSH  (James),  docteur  en  médecine  à  Phi- 
ladelphie, né  dans  le  district  de  Pensylvanie  en 
1790,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  The  Phi- 
losophy  of  the  human>  voice  embracing  its 
physiologicalhistory,  together  uith  a  system 
of  principles  bywhich  criticism  in  the  Artof 
elocution  tnay  be  rendered  intelligible,  etc. 
(Philosophie  de  la  voix  humaine,  contenant  son 
histoire  physiologique,  ainsi  qu'un  ensemble  de 
principes  par  lesquels  l'analyse  de  l'art  de  l'é- 
locution  peut  être  rendu  intelligible,  etc.);  Phila- 
delphie, Maxwell,  1827,  1  vol.  gr.  in-8°  de  586  p. 
L'objet  que  s'est  proposé  M.  Rush  est  le  même 
que  celui  du  livre  de  Josué  Steele  (voyez  ce  nom), 
c'est-à-dire  !a  notation  de  la  voix  qui  parle  et 
déclame  par  des  signes  différents  de  ceux  de  la 
voix  qui  chante,  mais  avec  plus  de  développe- 
ments, et  d'après  un  système  plus  scientifique. 
Rush  examine  avec  beaucoup  de  soin  les  rap- 
ports et  les  différences  d'intonation  dans  le 
chant  et  dans  la  déclamation.  Ses  signes  sont 
plus  simples  que  ceux  de  Steele. 

RUSSELL  (Guillaume),  fils  d'un  facteur 
d'orgues,  naquit  à  Londres  en  1777.  Après 
avoir  reçu  des  leçons  de  quelques  organistes  ob- 
scurs, il  devint  élève  du  docteur  Arnold,  et  resta 
trois  ans  sous  sa  direction.  Successivement  or- 
ganiste de  plusieurs  églises  de  Londres,  il  joignit 
à  ces  fonctions  celle  d'accompagnateur  du  théâ- 
tre de  Govent-Gard  en,    en  isoi.  Il  mourut  à 

BIOGR.   UNIV.    HES    MUSICIENS.  —  T.  VII. 


Londresen  1813,  à  l'âge  de  trente-six  ans.  Rus- 
sell  a  écrit  la  musique  de  beaucoup  de  mélo- 
drames et  de  pantomimes  pour  le  théâtre  de 
Covent-Garden.  Il  a  aussi  composé  les  oratorios 
intitulés  :  La  Délivrance  d'Israël  et  Job,  ainsi 
que  des  caprices  pour  le  piano  et  des  chansons 
anglaises. 

RUSSIN  (Charles),  inventeur  d'un  système 
d'enseignement  de  la  musique,  né  à  Limoges 
vers  1810,  a  donné  l'explication  et  l'application 
de  ses  procédés  dans  un  ouvrage  intitulé  :  Prin- 
cipes élémentaires  de  musique  d'après  la 
méthode  Russin.  Limoges,  Ve  Blondél,  1844, 
in  8°,  avec  1 3  planches  de  musique. 

RUSSO  (Michel-Ange),  pianiste  et  compo- 
siteur pour  son  instrument,  fut  un  de  ces  en- 
fants prodiges  qui  promettent  beaucoup  et  tiennent 
peu  II  naquit  à  Naples  en  1830,  d'une  famille 
juive  où  la  musique  était  cultivée  avec  amour. 
A  l'âge  de  cinq  ans,  il  lisait  toute  espèce  de  mu- 
sique à  première  vue  :  à  six  ans,  il  commença 
l'étude  du  piano,  et  moins  de  deux  ans  après  il 
étonnait  les  professeurs  par  le  brillant  de  son 
jeu  et  sa  manière  de  chanter  sur  le  clavier,  non- 
obstant la  petitesse  de  ses  mains.  Le  14  octo- 
bre 1849,  il  joua  dans  un  concert  au  théâtre  des 
Fiorentini  et  y  fit  naître  un  véritable  enthou- 
siasme. Peu  de  temps  après,  il  perdit  son  père. 
En  1840,  il  entreprit  son  premier  voyage  avec  une 
partie  de  sa  famille,  et  donna  des  concerts  à  Flo- 
rence, à  Gênes  et  à  Marseille.  Arrivé  à  Paris  au 
commencement  de  1841,  il  joua  plusieurs  fois 
à  la  cour,  et  donna  son  premier  concert  au  mois 
de  mars  de  la  même  année.  Liszt  et  Chopin,  qui 
s'y  trouvaient,  donnèrent  à  l'enfant  de  grands 
encouragements,  et  lui  prédirent  une  belle  carrière. 
A  Londres,  il  excita  la  plus  vive  admiration.  Il 
y  reçut  quelques  leçons  de  Moscbeles,  puis  il 
retourna  à  Paris,  s'arrêlant  à  Bologne  où  il  donna 
deux  concerts,  puis  à  Bruxelles  où  il  ne  put  se 
faire  entendre  parce  qu'il  s'était  blessé  à  la  main 
droite;  mais  il  y  publia  chez  Schott  son  premier 
ouvrage,  qui  consiste  en  une  fantaisie  sur  les  mo- 
tifs des  Purilani.  De  retour  à  Paris,  il  eut  le 
malheur  d'y  perdre  sa  mère  et  sa  sœur.  Dans 
l'année  suivante,  il  s'éloigna  de  cette  ville  pour 
voyager  en  Allemagne,  et  donna  des  concerts  à 
Leipsick,  Dresde,  Berlin  et  Hambourg,  puis  il  se 
rendit  en  Russie,  en  Danemark  et  en  Suède. 
En  1846,  il  était  de  retour  à  Naples  :  depuis  cette 
époque,  son  nom  n'a  plus  retenti  dans  le  monde 
musical. 

RUSSWURM  (  Jean-Guillaume-Bartho- 
lomé  ),  pasteur  à  Herrnbourg,  est  auteur  d'un, 
livre  intitulé  Musikalische  Altar-Agende.  Ein 
Reitrag    zur  Erhebung  und  Belebung   des, 

23 


354 


RUSSWURM  —  RUST 


Cultus  (Agenda  musical  de  l'autel.  Essai  pour 
l'élévation  et  la  vivification  du  culte  ),  Hambourg, 
1826,  in-4°  de  129  pages,  avec  36  pages  de  dis- 
cours préliminaire.  Ouvrage  curieux  et  utile. 
Devenu  pasteur  à  Hambourg  en  1830,  Russwurm 
a  donné  un  supplément  de  son  ouvrage,  sous  ce 
titre  :  Nachtrag  zur  musikalischen  Altar- 
Agende.  Hambourg,  Frédéric  Perthes,  t83l,in-4°. 
RUST  (Jacques),  compositeur  dramatique,  na- 
quit à  Rome  en  1 74 1 .  Après  avoir  étudié  pendant 
plusieurs  années  au  Conservatoire  de  la  Pietà, 
à  Naples,  il  donna  à  Venise,  en  1764,  son  premier 
opéra,  intitulé  :  La  Contadina  in  corte. 
En  1767,  il  obtint  la  place  de  maître  de  chapelle 
à  la  cathédrale  de  Barcelone;  mais  il  fit  plusieurs 
voyages  en  Italie  pour  y  composer:  1°  L'I- 
dolo  cinese,  en  1774.  —  2°  L'Amor  bizzarro, 
en  1775.  —  3°  Alessandro  nelle  Indie,  en  1775. 
—  VU  Barone  di  terra  asciutta,  en  1776.  — 
5°  II  Socrate  immaginario,  en  1776.  —  6°  Il 
Giove,m  1776.— 1°I  due  Protetti,  en  1777.— 
8°  Artaserse,  en  1 784,  à  Modène.  —  9°  Il  T  Us- 
mano,  en  1799,  à  Mîlan.  — 10°  Gli  Antiquari 
in  Palmiia,  à  Milan,  1780.  11°  Bérénice,  à 
Parme,  en  1786. 

RUST  (Frédéric-Willalm  ou  Guillaume), 
né  le  6  juillet  1739,  à  Warliz,  village  de  la  princi- 
pauté d'Anhalt,  jouait,  dès  Page  de  six  ans,  du 
violon  et  du  clavecin,  sans  avoir  jamais  eu  de 
maîtres,  et  parvint,  par  ses  seuls  efforts,  à  jouer 
à  treize  ans  la  plus  grande  partie  des  fugues  et 
des   préludes    de   Jean-Sébastien  Bach.  Après 
qu'il  eut  achevé  l'étude  du  droit,  il  alla,  en  1762, 
prendre  des  leçons  de  Hsech,   maître  de  concert 
à  Zerbst,  puis  demeura  neuf   mois  à  Berlin, 
comme  élève  de  François  Benda.  Pendant  les 
années  1765  et  1766,  il  accompagna   le  prince 
d'Anhalt-Dessau  en  Italie,  et  y  étudia  le  contre- 
point. De  retour  à  Dessau,  il  eut  le  titre  de  di- 
recteur de   la  musique  du  prince.  Il  mourut  à 
Dessau  le  28  février  1796,  à  l'âge  de  cinquante- 
sept  ans.  Cet   artiste  distingué  jouait  bien  du 
clavecin,  du   violon;  de  la  viole  d'amour,  du 
violoncelle,  de  la  harpe  et  de  la  guitare.  Il  écri- 
vait avec  goût,  et  ses  ouvrages  sont  remplis 
d'idées  originales.  On  a  imprimé  de  sa  compo- 
sition :  1°  Six  sonates  pour  le  piano,   Leipsick, 
Breitkopf.  2°  Grande  sonate  idem,  Leipsick,  Hin- 
richs. — 3°  Allegretto  &\ec  vingt-quatre  variation», 
Leipsick,  G.  Fleischer.  —4°  Des  odes  et  des  chan- 
sons allemandes,  à  Dessau,  en  1784.  Mais  le  plus 
grand  nombre  de  ses  compositions  est  inédit  : 
il  a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Plus  de  quarante  so- 
nates pour  le   piano,  avec   ou  sans  accompa- 
gnement.—2°  Autantde  sonates  pour  le  violon,  la 
viole  d'amour,  etc.  —  3°  Plusieurs  concertos  pour 


I  piano,  violon ,  cor,  etc.  —  4°  Beaucoup  de  thèmes 
|  variés  pour  divers  instruments.  —  5°  Des  fugues 
pour  le  piano  et  le  violon,  avec  des  fantaisies,  etc. 
—  6"  Beaucoup  de  morceaux  de  musique  d'église. 
— 7°  Des  chœurs,  airs,  duos,  etc.  —8°  Yncle  et 
Yariko,  duodrame. 

RUST  (Guillaume-Cbarles),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Dessau  le  29  avril    1787.  .Après 
avoir  fait,  sous  la  direction  de  son  père,  ses  pre- 
mières études  musicales  et  suivi  les  cours  du  col- 
lège de  sa  ville  natale,  il  alla  faire  en  1805  et  1806 
sa  philosophie  à  l'université  de  Halle  et  prit  des 
leçons  de  Turk  (voyez  ce  nom)  pour  le  piano  et 
l'harmonie.  Devenu  fort  habile  sur  l'orgue  par 
une  étude  constante  des  compositions  de  Jean- 
Sébastien  Bach,  il  obtint,  en  1819,  la  place  d'or- 
ganiste du  temple  protestant  à  Vienne  et  l'occupa 
jusqu'en  1827.  Alors  il  retourna  à  Dessau,  où  il 
se  livra  à  l'enseignement  du  piano  et  de  l'orgue. 
Il  est  mort  dans  cette  ville  le  18  avril  1855.  Ses 
compositions,  qui  n'ont  pas  été  publiées,  consis- 
tent en  variations  pour  le  piano  sur  un  thème 
original,  trois  fantaisies  à  4  mains,  des  préludes 
d'orgue,  des  Lieder  et  des  chants  à  plusieurs  voix. 
RUST  (Guillaume),  neveu   de   Guillaume- 
Charles,  né  à  Dessau  le  15  août  1822,  s'est  livré 
fort  jeune  à  l'étude  du  piano  et  de  l'orgue.  Élève 
de  Frédéric  Schneider  pour  la  composition,  il 
possède   une    instruction  solide   dans  cet   art. 
Après  avoir  été   attaché   pendant  quelques  an- 
nées en  qualité  de  professeur  de  musique  à  un 
seigneur  de  la  Hongrie,  amateur  de  musique, 
Rust  s'est  fixé  en  1849  à  Berlin,  où  il  se  livre 
(1862)  à  l'enseignement.  Son  talent  de  pianiste 
et  d'organiate  est  estimé,  et    ses  compositions 
publiées  pour  le  pianoet  pour  le  chant  ont  obtenu 
des  succès.  Admirateur  passionné  de  Bach,  il  a 
montré  une  grande  activité  comme  éditeur  des 
œuvres  de  ce  grand  homme  et  comme  membre 
de  la  société  pour  la  publication  de  ses  œuvres 
complètes.  Parmi  les  compositions  de  Bust,  on 
remarque:  1°  Csecilia,  collection  dédiants  reli- 
gieux avec  accompagnement  d'orgue,  op.  1,  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hœrtel.  —2°  Deux  caprices 
pour  piano,  op.  2;  Breslau,  Leuckart.  —  3°  Le 
84e  psaume,  trio  pour  voix  de  soprano  et  con- 
tralto, avec  orgue  obligé  ;  op  4  ;  Leipsick,  Breit- 
kopf et  Haertel.  —4°  Grande  fantaisie  pour  piano 
(en  si  majeur),  op.  5;  ibid.  — 5°  Six  chants  à 
4  voix  en  2  suites,  op.  6;  Breslau,  Leuckart.  — 
6°  Prélude  et  choral  (en  ré),  a  4  mains,  op.  7  ; 
ibid.  —  7°  6  chants    pour  4  voix  d'hommes, 
op.  8;  ibid.  —  8°  Sonate  pour  piano  (en   ut), 
op.  9  ;  Berlin,  Schlesinger.  —  9"  Ave  Maria 
pour  soprano  et  contralto  solo,  avec  chœur  de 
femmes  et  orchestre,  op.  10;  ibid. 


RUST1C1  -  RYBA 


355 


RUSTICI  (  Joseph)  ,  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  de  Lucques  en  184t,  né  dans  cette 
ville,  s'est  fait  connaître  comme  compositeur  de 
musique  dramatique  par  l'opéra  intitulé  Maria 
di  Provenza,  représenté  à  Milan  en  1837. 

RUTGERS  (Janus),  né  à  Dordrecht  le 
26  août  1589,  fit  ses  études  à  Leyde,  et  exerça 
la  profession  d'avocat  à  La  Haye.  Une  mission 
diplomatique  en  Suède  lui  ayant  été  confiée,  il 
obtint  le  titre  de  conseiller  après  son  retour  en 
Hollande,  et  mourut  à  La  Haye  le  26  octobre  1625. 
Dans  ses  Variarum  Lectionum  (Leyde,  1618, 
in  4°),  il  traite  au  deuxième  livre  (p.  132)  de  la 
notation  de  la  musique  de  l'Église  grecque. 

RUTHARDT  (Frédéric),  fils  d'un  hautboïste 
de  la  chapelle  du  roi  de  Wurtemberg,  est  né  à 
Stuttgardt  vers  1810.  Devenu  cantor  de  l'église 
principale  de  cette  ville,  il  a  publié  :  1°  Douze 
mélodies  chorales  du  livre  de  chant  du  royaume 
de  Wurtemberg,  avec  accompagnement  de  gui- 
tare, lre  suite  ;  Stuttgard ,  Zumsteg,  1841.  — 
2°  Treize  Mélodies  chorales  etc;  2me  suite;  ibid. 
Ruthardt  est  aussi  un  des  plus  habiles  joueurs 
de  zither  de  l'Allemagne  ;  il  a  publié  pour  cet 
instrument  :  GrUndliche  Anleitung  die  Zither 
spielen  su  lernem  (1),  Nebst  50  Uebungstucken 
in  fortschreitender  Ordnung  und  mit  ange- 
merkten  Fingersatze)  instruction  régulière  pour 
apprendre  à  jouer  de  la  Zither,  suivie  de  50 
exercices  rangés  dans  un  ordre  progressif  et 
avec  l'indication  des  doigtés  )  ;  Stuttgardt,  Wa- 
gner, 1844. 

RUT1N1  (Jean-Marc),  pianiste  et  composi- 
teur distingué,  naquit  à  Florence,  vers  1730,  et 
lit  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Sant' Onofrio,  à  Naples.  En  1754,  il  voyagea]  en 
Allemagne,  et  trois  ans  après  il  s'établit  à  Prague. 
De  retour  en  Italie  en  1766,  il  y  écrivit  pour  le 
théâtre  :  1°  Gli  Sposi  in  maschera,  à  Modène, 
1706.  —  2°Amor  industrioso,  1767.  — 3°  Volo- 
geso.  Pendant  son  séjour  en  Allemagne,  il  avait 
fait  imprimer  de  sa  composition  :  1°  6  Sonate 
per  il  cembalo,  op  1.  — 2°  6  idem,  op.  3.  — 
3° 6  idem,  op.  3.  —  4°  Cantate  a  voce  di  soprano 
con  4  stromenti,  op.  4.  —  5°  7  Sonate  per  il 
cembalo,  op.  5. —  0°  Arie  III  a  voce  di  so- 
prano con  stromenti.  —  7°  Lavinia  e  Turno, 
cantate,  Leipsick,  1756.  —8°  Cantate  a  voce 
di  soprano  con  4  stromenti,  ibid.,  1758.  Après 
voir  rempli  pendant  plusieurs  années  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  du.duc  de  Modène, 


ri)  La  zither  est  un  Joli  Instrument  à  cordes  pincées 
qui  se  pose  sur  une  table,  ou  qu'on  tient  sur  les  genoux, 
et  qui  est  fort  en  vogue,  particulièrement  dans  l'Allemagne 
méridionale. 


Rutini  entra  au  service  de  Léopold,  grand-duc 
de  Toscane,  et  mourut  à  Florence  en  1797.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  de  la  musique  d'église  es- 
timée. 

RUTINI  (Ferdinand),  fils  et  élève  du  précé- 
dent, naquit  à  Modène,en  1767.  En  1789,  il  fit 
jouer  à  Rome  son  premier  opéra,  intitulé  L'A- 
varo,  puis  composa  divers  ouvrages  à  Florence, 
à  Parme  et  à  «Plaisance.  Il  est  connu  aussi  par 
quelques  cantates  avec  orchestre.  Cet  artiste 
était  maître  de  chapelle  à  Macerata,  en  1812. 
Il  alla  ensuite  remplir  des  fonctions  semblables 
à  Terracine,  où  il  est  mort, au  mois  de  novem- 
bre 1827. 

RUTTINGER  (  Jean-Charles-Frédéric  ) , 
organiste  de  l'église  nouvelle  de  Hildburghausen, 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Six  sonates  pour  le  piano,  Hild- 
burghausen, 1803.  —  2°  Six  sonatines  à  4  mains, 
Berlin,  Lischke —  3°  Deux  sonates  faciles  pour 
piano  seul,  op.  6,  Leipsick,  Hofmeister.  — 
4°  Six  idem,  op.  13,  Bonn,  Simrock.  —  5°  Dix-huit 
pièces  faciles  pour  le  piano,  Leipsick,  Hofmeis- 
ter. —  6°  Thème  varié ,  Vienne ,  Haslinger.  — 
7°'Préludes  pour  des  chorals  en  trios  pour  l'or- 
gue, 5  suites,  Hildburghausen,  chez  l'auteur.  — 
8°  Six  conclusions  faciles  pour  l'orgue,  ibid.  — 
9°  Douze  pièces  d'orgue  faciles  de  différents  styles, 
Hildburghausen,  Kesselring.  —  10°  Douze  idem, 
2me  et3me  recueils,  op.  11  et  12,  ibid. 

RUZICZKA(Wenceslas),  premier  organiste 
de  la  cour,  à  Vienne,  naquit  le  8  septembre  1758, 
à  Jarmeritz,  en  Moravie,  dans  les  possessions  de 
la  maison  de  Kaunitz.  Envoyé  à  Vienne  par  son 
père,  à  l'âge  de  quatorze  ans,  pour  y  chercher 
son  existence  en  donnant  des  leçons,  il  trouva 
le  moyen  de  s'y  instruire  dans  la  composition,  et 
devint  un  organiste  distingué.  Pendant  près  de 
quarante  ans  il  remplit  les  fonctions  d'organiste 
de  la  cour,  et  d'alto  dans  l'orchestre  du  théâtre 
national.  Il  mourut  à  Vienne  le  21  juin  1823,  à 
l'âge  de  soixante-cinq  ans.  On  a  gravé  de  sa 
composition  ;  Sonate  pour  piano  et  violon, 
Vienne,  Mechetti. 

RYRA  (Jacqdes-Jean),  compositeur  et  vir- 
tuosesur  le  violon,  le  violoncelle  et  l'orgue,  naquit 
à  Przesstiez,  en  Bohême,  le  26  octobre  1765.  Son 
père,  qui  était  organiste,  lui  donna  les  premières 
leçons  de  musique  à  l'âge  de  quatre  ans  :  à  huit, 
le  jeune  Ryba  jouait  déjà  sans  fautes  les  sonates 
et  les  concertos  de  Wagenseil  sur  le  clavecin,  et 
déjà  il  se  livrait  à  l'étude  des  éléments  de  la 
basse  continue.  En  1780,  un  de  ses  parents  le  fit 
entrer  au  séminaire  de  Saiut-Wenceslas,  à  Pra- 
gue, et  paya  sa  pension  pour  qu'il  y  pût  fairo 
ses  études.  Celle  qu'il  lit  ensuite  de  l'orgue  eu 

23. 


356 


RYBA 


écoutant  Segert,  et  comparant  son  style  avec 
celui  des  autres  bons  organistes  de  la  Bohème, 
lui  fit  faire  de  rapides  progrès,  et  le  conduisit  à 
une  habileté  remarquable.  En  1788,  il  fut  nommé 
recteur  au  gymnase  de  Roczmittal.  11  y  passa 
environ  vingt-sept  ans,  incessamment  occupé 
des  soins  de  son  école  et  des  travaux  de  la  com- 
position, aimé  et  estimé  de  tous  ceux  qui  le  con- 
naissaient, et  mourut  en  1815,  à  l'âge  de  cin- 
quante ans.  Ryba  a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Seize 
messes  solennelles  avec  orchestre,  dont  une  dans 
le  dialecte  de  la  Bohême.  -  ,  2°  Vingt-quatre 
messes  brèves.   —  3°  Six   messes  moyennes. 

—  4°  Sept  messes  pastorales  sur  le  texte  bohé- 
mien. —  5°  Dix  petites  messes  pastorales  pour 
la  campagne — 6°  Trois    messes   de  requiem. 

—  7°  Trente  offertoires 8°  Vingt  motets.  — 

9°  Deux  Veni  Sancte  Spiritus.  —  10°  Cinq  Te 
Deum.  —11°  Sept  Salve  Regina.  —12°  Deux 


Aima  Redemptoris.  ~  13°  Six  Regina  cœli. 

—  WTrohStabat  Mater.—  15°  Vêpres  sur  un 
texte  bohémien.  —  16°  Quatre  cent  huit  alle- 
mandes et  contredanses  pour  l'orchestre.  — 
17°  Cinquante-six  duos  pour  divers  instruments. 

—  18°Quarante-huit  trios  idem.  — 19°  Soixante- 
douze  qnatuors  id.  — 20°  Sept  quintette?.  — 
21°  Trente-cinq  symphonies  pour  l'orchestre.  — 
22°  Treutehuit  concertos  pour  divers  instruments. 

—  23°  Quatre-vingt-sept  sonates  idem. — 24°  Cent 
trente  œuvres  de  variations.  —  25°  Six  opé- 
ras-comiques et  mélodrames.  —  26°  Trente-cinq 
sérénades  et  nocturnes  —  27°  Quatre-vingts 
chansons  allemandes  et  bohémiennes,  dont  une 
partie  a  été  imprimée  à  Prague.  Il  a  laissé  aussi 
un  Manuel  complet  de  la  musique,  en  quatre 
parties,  écrit  en  1799  et  1800,  mais  qui  n'a  pas 
vu  le  jour.  Une  si  grande  activité  ne  put  tirer 
Ryba  de  la  position  la  plus  médiocre. 


SAAL  (  AKTOINE-GUILLAUME-CnRÉTIEN),  liai- 

pisle  du  duc  de  Mecklembourg-Schweiin,  vi- 
vait à  Ludwigsluts,  dans  les  dernières  années 
du  dix-huilième  siècle.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  Vingt-cinq  morceaux  pour  harpe 
sans  pédales;  Hambourg,  Bœhm,  1800.  En 
1808,  il  était  à  Rostock,  où  il  a  fait  imprimer 
«in  petit  écrit  intitulé  :  Ueber  den  JVerlh  und 
Nutzen  des  Gesanges  so  wie  iiber  die  Ver- 
nachlxssigung  desselben  in  Mecklenburg- 
Schiverin  (Sur  la  valeur  et  l'utilité  du  chant 
ainsi  que  sur  sa  situation  négligée  dans  le  du- 
ché de  Mecklembourg-Schwerin);  JRostock, 
1808,  in-8°  de  trente-huit  pages. 

SAALCHUTZ  (Joseph -Lévi),  docteur  es 
sciences,  né  à  Berlin  d'une  famille  Israélite,  a 
fait  ses  études  à  l'université  de  Kœnigsberg, 
dans  les  dernières  années  du  dix-huitième 
siècle.  On  a  de  lui  deux  ouvrages  intéressants 
qui  ont  pour  titre  :  1°  Von  der  Form  der 
hebr.  Poésie,  nebst  einer  Abhandlung  iiber 
die  Musik  der  Hebrxer  (De  la  forme  de  la 
poésie  hébraïque,  suivi  d'un  traité  sur  la  mu- 
sique des  Hébreux;  avec  une  préface  de 
A.Hahn);  Kœnigsberg,  Unger,  1825,  grand 
in-8°  avec  une  planche  lithographiée.  2°  Ge- 
schichte  und  JVurdigung  der  Musik  bei 
d.  Hebrxern,  in  Verhxltniss  zu  sonstigen 
Ausbildung  dieser  Kunst  in  aller  und  neuer 
Zeit,  nebst  ein  Anhang  iiber  die  hebr.  Orgel 
(Histoire  et  appréciation  de  la  musique  chez 
les  Hébreux,  comparée  avec  la  culture  de  cet 
art  chez  d'autres  peuples  des  temps  anciens 
et  modernes;  suivi  d'un  appendice  sur  l'orgue 
hébraïque);  Berlin,  Fincke,  1829,  in-8°,  avec 
une  planche  lithographiée. 

SABADOil  (Bernard),  compositeur,  né 
à  Venise,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  la  cour 
de  Parme.  Ses  opéras  connus  aujourd'hui  sont 
les  suivants  :  1°  Furio  Camillo,  en  trois 
actes,  représenté  au  théâtre  de  Parme,  en 
1C8G.  2°  Didio  Giuliano,  en  trois  actes,  à 
Plaisance,  en  1G87.  3°  Zenone  tiranno,  en 
trois  actes,  à  Parme,  en  1G87.  4°  La  Favore 
degli  Dei,  à  Venise,  en  1081).  5°  La  Gloria 


d'amore,  en  1690.  G°Eraclea,  en  trois  actes, 
à  Parme,  en  1696.  7°  J Disegni  délia  divina 
Sapienza,  oratorio,  1698. 

SABATINI  (Jean-André),  compositeur, 
né  à  Naples  vers  1740,  et  mort  dans  celte 
ville  en  1808,  fut  d'abord  violoniste  distingué 
et  publia  des  sonates  pour  son  instrument.  En 
1774,  il  fit  exécuter  à  Naples  une  musique  fu- 
nèbre à  deux  chœurs  qu'il  avait  composée  pour 
les  obsèques  de  Jomelli. 

SABATINO  (Nicolas),  compositeur  de 
musique  d'église,  né  à  Naples,  vers  1740,  fit  ses 
études  musicales  au  Conservatoire  de  Santo- 
Onofrio,  puis  il  fut  maître  de  chapelle  de  l'église 
des  Hiéronimilesde  sa  ville  natale.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages  on  remarque  un  beau  Mise- 
rere, qui  se  chante  encore  dans  cette  église,  un 
De  Profundis,  et  un  Tantumergo. 

SABBATII  (Édodard-Gdstave)  ,  profes- 
seur de  chanta  Beçlin,  né  le  10  septembre 
1826,  à  Zessel,  près  d'Oels,  en  Silésie.  Son 
père,  organiste  en  ce  lieu,  fut  son  premier 
maître  pour  le  chant,  le  piano,  le  violon  et 
l'orgue.  En  1845,  il  se  rendit  à  Breslau,  pour 
compléter  son  instruction  dans  les  lettres  et 
dans  les  sciences  :  il  y  reçut  des  leçons  de 
chant  de  Mosewius  et  acheva,  sous  sa  direction, 
son  éducation  de  chanteur.  Arrivé  à  Berlin, 
en  1853,  il  fut  nommé  professeur  de  Chant  au 
Conservatoire  de  Stern,  et  dans  l'année  sui- 
vante, il  entra  comme  chanteur  dans  le  chœur 
du  Dom.  Depuis  lors,  il  a  chanté  avec  succès 
dans  les  fêtes  musicales  à  Leipsick,  Magde- 
bourg,  Aix-la-Chapelle,  Cologne,  Brème  et 
Arnheim  (Hollande).  Sabbath  a  publié  de  sa 
composition  des  Lieder  en  recueils  et  déta- 
chés, à  Breslau,  Cassel  et  Berlin. 

SABn.\TII\I(GALEAZZo),  maître  de  cha- 
pelle du  duc  de  la  Mirandole,  né  à  Pesaro, 
dans  les  dernières  années  du  seizième  siècle, 
est  connu  comme  théoricien  et  comme  com- 
positeur. En  1G28,  il  publia,  à  Venise,  un 
traité  élémentaire  sous  ce  titre  :  Regole  facili 
et  brevi  per  suonure  sopra  il  basso  conti- 
nuo,  nell'  organo,  monochordo  o  altro  si- 
mile  stromento  ;  Vmetia,  per  il  Salvador. 


358 


SABBATINI 


La  seconde  édition  a  paru  dans  la  même  ville, 
en  1644,  et  la  troisième,  à  Rome,  en  1669, 
in-4°.  Walther  (Musical.  Lexicon)  indique  une 
traduction allemandedecet ouvrage,  i>3r  Jean- 
Gaspard  Trost  le  vieux,  laquelle  est  restée  en 
manuscrit.  Les  compositions  connues  de  Sab- 
batini sont  :  1°  Il  primo  libro  de'  Madrigali 
a  2,  3,  4  e  5  voci,  op.  1  ;  in  Venelia,  app. 
Jless.  Vincenti,  1627,  in-4°.  2°  Il  secondo 
libro  de'  Madrigali  a  2,  5,  4  e  5  voci  op.  2; 
ibid.,  1636;  c'est  une  seconde  édition.  3»  Sa- 
cra? laudes  musicis  concentibus  contexte  bi- 
nis,  ternis,  quaternis,  quinisque  vocibus  ad 
organumconcinendx,  lib.  I,  op.  3;  Anvers, 
1642,  in-4°.  4°  Madrigali  concertati  a 
5  voct ,  con  alcune  canzoni  concertute  con 
sinfonie  e  ritornelli,  op.  4  ;  ibid.,  1636. 
5"  Madrigali  concertati  a  2,  3,  4  e  5  voci, 
op.  5;  ibid.,  1630.  6°  Madrigali  concertati 
a  2,  3  e  4  voci,  con  alcune  canzonetti  con- 
certate  con  stromenti,  op.  6;  ibid.,  1656. 
in-4°.  7°  Sacrarum  Laudum  2,  3,  4,  5  voci- 
bus. Lib.  I  et  II,  op.  7;  ibid.,  1637-1641. 
8°  Litanie  délie  Beata  Virgine  Maria,  a  5, 4, 
5  e  6  voci,  op.  8  ;  ibid.,  16ô8.  9°  Sacri  Laudi 
e  Mottetti  a  voce  sola,  op.  9;  Rome,  1639.  La 
deuxième  édition  de  cet  œuvre  a  été  publiée  à 
Venise,  chez  Vincenti,  en  1640,  in-4".  Le 
père  Rircher  exalte  le  talent  de  Sabbatini 
(Musurg.,  t.  I,  p.  460)  comme  admirable  en 
tout  genre;  il  lui  attribue  aussi  l'invention 
d'un  clavecin  au  moyen  duquel  toute  la 
science  de  l'harmonie  se  démontrait  aux 
yeux. 

SABBATINI  (Pierre-Paul),  auteur  in- 
connu d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Toni  ec- 
clesiastici  ail'  uso  romano  ;  Rome,  1650, 
in-4°. 

SABBATINI  (le  P.  Louis-Antoine),  reli- 
gieux franciscain,  naquit  à  Albano,  près  de 
Rome,  en  1739.  Après  avoir  appris  les  élé- 
ments de  la  musique  sons  Va  direction  du 
maître  de  chapelle  de  sa  ville  natale,  il  entra 
comme  novice  dans  le  couvent  des  mineurs 
conventuels  ou  franciscains  à  Rome,  et  y 
commença  l'élude  du  contrepoint;  puis  il  fut 
envoyé  au  couvent  de  Saint-François,  à  Bo- 
logne, où  il  devint  élève  du  P.  Martini.  En 
1763,  il  passa  au  couvent  de  Padoue,  où  se 
trouvait  Valotti  (voyez  ce  nom),  qui  devint 
aussi  son  maître  de  composition,  et  dont  il 
adopta  le  système  d'barmonie.  Devenu  maître 
•le  chapelle  de  l'église  des  Douze-Apôtres,  à 
îmc,  il  occupa  ce  poste  jusqu'en  1780, 
époque  de  la  mort  de  Valotti.  Il  succéda  à  ce 
savant  musicien  dans  la  place  de  niaine  de 


chapelle  de  Saint-Antoine,  à  Padoue,  et  mou- 
rut en  cette  ville,  le  29  janvier  1809.  Deux 
ans  auparavant,  il  avait  été  nommé  membre 
de  la  section  de  musique  dans  la  classe 
des  beaux -arts  de  l'Institut  du  royaume 
d'Italie. 

Sabbatini  a  beaucoup  écrit  pour  l'église, 
suivant  le  système  d'harmonie  de  son  maître 
Valotti  ;  la  plupart  de  ses  œuvres  sont  en  ma- 
nuscrit dans  les  archives  de  l'église  Saint-An- 
toine de  Padoue.  On  trouve  dans  plusieurs  bi- 
bliothèques une  messe  de  Requiem  de  sa  com- 
position, pour  trois  ténors  et  basse. 

Sabbatini  est  connu  principalement  comme 
écrivain  didactique  par  les  ouvrages  suivants  : 
Gli  elementi  leorici  délia  musica,  colla  pra- 
tica  de'  medesimi  in  duetti  e  terzelti  a  ca- 
none;  Rome,  1789,  in-4°  oblong.  Il  y  a  une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  ;  Rome,  1795, 
in-4°.  Ce  livre  est  un  recueil  de  solfèges,  dont 
les  préceptes  et  les  leçons  pratiques  sont  en 
canons.  Une  seconde  édition  de  la  première 
partie  des  leçons  a  été  publiée  à  Paris,  par  les 
frères  Gaveaux,  en  1805.  Choron  a  aussi  donné 
une  édition  de  cet  ouvrage,  sous  ce  titre  :  Sol- 
fèges ou  leçons  élémentaires  de  musique,  qui 
peuvent  s'exécuter  soit  à  voix  seule,  soit  à 
deux  ou  trois  voix  égales,  en  canon,  avec 
basse  continue  ad  libitum;  Paris,  Choron 
(sans  date),  grand  in-8°.  2»  La  vera  Idea  délie 
musicali  numeriche  segnature  diretta  al 
giovane  studioso  dell'  armonia  ;  Venise, 
1799,  in-4°.  Ce  livre  renferme  une"  complète 
exposition  du  système  d'harmonie  de  Valotti 
et  de  Calegari,  qui  fut  l'objet  de  justes  criti- 
ques dans  sa  nouveauté  (voyez  Valotti)  (1). 
3°  Trattato  sopra  le  fughe  musicali  di  fra 
Luigi  Jnt.  Sabbatini  M.  C.  corredato  da 
copiosi  Saggi  del  suo  antecessore  Padre 
Francesco  Antonio  f'alotti;  Venise,  1802, 
deux  parties  in-4°.  La  partie  théorique  de  ce 
livre,  renfermée  en  vingt-trois  pages,  se  ré- 
duite quelques  principes  généraux  assez  vagues 
et  insignifiants  ;  le  reste  est  composé  de  fugues 
ou  d'expositions  de  fugues  réelles  et  tonales  à 
deux,  trois  et  quatre  voix,  composées  par  le 
P.  Valotti,  avec  des  notes  et  commentaires  de 
Sabbatini.  Le  P.  Martini  accorde  beaucoup 
d'éloges,  dans  sa  correspondance,  à  ces  essais 
de  Valotti,   dont  il  avait  eu  les  manuscrits 

(I)  J'ai  donné  l'analyse  de  ce  système  dans  la  Ga- 
zette muiicale  de  Paris  (1840),  et  dans  mon  Esquissede 
l'histoire  de  l'harmonie,  considérée  comme  art  et  comme 
science  systématique,  Paris,  1811,  un  vol.  in-8»  de  178 
pages,  tiré  à  bO  exemplaires  qui  n'ont  pas  été  mis  dans 
I   le  commerce. 


SABBATINI  -  SÂCCHI 


351) 


entre  les  mains,  après  la  mort  de  l'auteur. 
4°  Notizie  sopra  la  vita  e  le  opère  del 
B.  P.  Francesco  Antonio  Valotti;  Padoue, 
1780,  in-8°.  Sabbatini  a  été  l'éditeur  des 
Psaumes  de  Marcello,  édition  publiée  à  Ve- 
nise, en  1801,  par  Sébastien  Valle,  et  non 
par  le  P.  Valle,  comme  le  disent  quelques  bio- 
graphes. 

SABIIXO  (ïïippolyte),  compositeur  véni- 
tien, né  vers  1545,  n'est  connu  que  par  les  ou- 
vrages suivants  :  1°  Madrigali  a  cinque  voci, 
lib.  I  ;  Venise,  1570.  2°  Il  secondo  libro  de' 
madrigali  a  cinque  voci;  ibid.,  1576,  in-4°, 
réimprimé  dans  la  même  ville  en  1580,  in-4°. 
5°  Madrigali  a  sei  voci,  lib.  I;  ibid.,  1579. 
4°  77  terzo  libro  de'  madrigali  a  5  e  6  voci; 
Venise,  1582,  in-4°.  5°  Il  secondo  libro  de' 
madrigali  a  6  voci;  1581,  in-4°,  réimprimé 
en  1584,  in -4°,  Venise.  6°  Magnificat  a 
quattro  voci  ;  ibid.,  1584,  in-4".  7°  Cantiones 
diVcB  Maris  4  vocum;  ibid.,  1685,  in-4°. 
8°  77  quarto  libro  de'  madrigali  a  4,  5,  6,  7 
e  otto  voci;  Venise,  1585,  in-4°.  9°  Il  quinto 
libro  de'  madrigali  a  cinque  e  sei  voci; 
ibid.,  1586,  in-4°.  10°  Il  setlimo  libro  de' 
madrigali  a  cinque  e  sei  voci;  Fenetia,  app. 
Giac.  Vincenii,  1589,  in-4°.  On  a  imprimé 
des  pièces  de  ce  musicien  dans  plusieurs  re- 
cueils de  la  fin  du  seizième  et  du  commence- 
ment du  dix-septième  siècle,  particulièrement 
dans  ceux-ci  :  1 1°  Harmonia  céleste  di  diversi 
eccellentissimi  musici  a  4,  5,  6,  7  e  8  voci  ; 
Anvers,  Pierre  Phalèse  et  J.  Bellère,  1592, 
in-4°  obi.  12°  Symphonia  angelica  di  diversi 
eccellentissimi  musici  o  4,  5,  6  voci,  nuova- 
mente  raccolla  per  Huberto  Waelrant; 
ibid.,  1594,  in  4°  obi.  13°  77  Trionfo  di  Dori 
descritto  da  diversi  e  posto  in  musica  da 
altrettanli  autori,  a  sei  voci;  Venise,  1596, 
in  4°,  Anvers,  1596;  ibid.,  1601;  ibid., 
1614.  14°  Ghirlanda  de'  madrigali  a  sei 
voci,  di  diversi  eccellentissimi  autori  de' 
nostritempi;  Anvers,  Phalèse,  1601,  in-4° 
obi.  14°  Madrigali  a  otto  voci  di  diversi 
eccellenti  e  famosi  autori;  ibid.,  1596,  in-4° 
obi.  Les  ouvrages  de  Sabino  ont  eu  beaucoup 
de  réputation  vers  la  fin  du  seizième  siècle  et 
au  commencement  du  dix-septième;  cepen- 
dantonDesait  rien  concernant  les  événements 
de  sa  vie;  M.  Caffi  n'en  parle  pas  dans  son  His- 
toire de  la  chapelle  de  Saint-Marc  de  Venise, 
et  les  titres  des  ouvrages  de  Sabino  n'indiquent 
pas  la  position  qu'il  occupait. 

SABLIÈRES  (C),  intendant  de  la  mu- 
sique de  Monsieur,  frère  de  Louis  XIV,  n'est 
connu  que  par  ce  qu'en  dit  Guichard,  dans  sa 


Requête  servant  de  factum  contre  Baptiste 
Lulli  et  Sébastien  Aubry  {voyez  Guichard). 
On  y  voit  que  Sablières  avait  composé  la  mu- 
sique de  l'opéra  intitulé  les  Amours  de  Diane 
et  d'Endymion,  en  cinq  actes,  qui  fut  repré- 
senté à  Versailles,  en  1671,  et  qu'il  avait  écrit 
la  musique  d'un  autre  ouvrage,  également  en 
cinq  actes,  en  1672,  dont  Guichard,  auteur 
du  livret,  n'indique  pas  le  titre. 

SABOLY  (Nicolas),  maître  de  musique  à 
l'église  Saint-Pierre  d'Avignon,  né  dans  cette 
ville,  s'est  fait  connaître  par  la  musique  d'un 
Becueil  de  noëls  provençaux;  Avignon, 
Offray,  1802,  petit  in-8». 

SABON  (JosEPn-PiERiiE),  hautboïste,  né 
le  9  octobre  1817,  à  Reuil  (Seine-et-Oise),  fut 
admis  au  Conservatoire  de  Paris,  le  21  avril 
1854,  comme  élève  de  M.  Vogt.  Ses  études  ter- 
minées en  1840,  il  sortit  de  cette  institution 
et  se  fixa  à  Genève.  Il  a  écrit  plusieurs  mor- 
ceaux pour  son  instrument. 

SACADAS,  célèbre  joueur  de  flûte,  né  à 
Argos,  fut  le  premier  qui  composa  et  qui  joua 
des  airs  de  flûte  appelés pythiques.  Pausanias 
dit  qu'on  voyait  sa  statue  sur  le  mont  Hélicon, 
et  que  le  sculpteur  l'avait  représenté  si  petit, 
que  sa  flûte  était  aussi  grande  que  lui.  Le 
même  auteur  dit  aussi  que  dans  la  48me  Olym- 
piade, aux  jeux  pylhiens  établis  par  les  am- 
phiclyons,  Sacadas  joua  de  la  flûte  seule,  sans 
qu'elle  servît  d'accompagnement  aux  voix,  ce 
qu'on  ne  connaissait  point  encore,  et  qu'il  fut 
couronné  aux  deux  pythiades  suivantes.  11 
ajoute  que  lorsqu'on  rebâtit  la  ville  de  Mes- 
sène,  tous  les  travaux  se  firent  au  son  des 
flûtes,  et  que  l'on  se  servit  principalement 
des  airs  de  Sacadas.  Le  tombeau  de  ce  musi- 
cien se  voyait  encore  à  Argos  au  temps  de 
Pausanias. 

SACCHI  (Sai.vator),  né  à  Ronciglione, 
dans  les  États  de  l'Église,  vers  1570,  fut  maître 
de  chapelle  à  Toscanello,  dans  les  premières 
années  du  dix-seplième  siècle.  Il  a  fait  im- 
primer à  Rome,  en  1607,  des  messes  à  quatre 
et  cinq  voix,  de  sa  composition. 

SACCHI  (le  P.  Jdles),  religieux  francis- 
cain, né  à  Ferrare,  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle,  a  laissé  en  manuscrit 
un  livre  qui  a  pour  litre  :  Begole  del  canto 
fermo.  Cet  ouvrage  se  trouve  dans  la  biblio- 
thèque du  lycée  musical  de  Bologne. 

SACCHI  (D.  Juvénae),  chanoine  de  Saint- 
Paul,  membre  de  l'Académie  de  Mantoue,  et 
professeur  d'éloquence  au  collège  des  Nobles, 
à  Milan,  naquit  dans  cette  ville,  en  1726. 
Placé  par  ses  parents  chez  les  barnabites,  il  y 


3<i0 


SACCHI  —  SÀCCHIM 


fit  son  éihication  et  embrassa  leur  règle.  La 
musique,  qu'il  avait  apprise  dans  sa  jeunesse, 
devint  pour  lui  l'objet  d'une  étude  sérieuse 
dans  un  âge  plus  avancé,  et  lui  fournit  le  sujet 
de  plusieurs  ouvrages  remplis  d'érudition  et 
de  science,  mais  qui  laissent  désirer,  en  plu- 
sieurs  endroits,  des  vues  plus  nettes  et  une 
connaissance  plus  étendue  de  la  pratique  de 
l'art.  Lié  avec  le  P.  Martini,  il  en  reçut  des 
encouragements  et  des  éloges.  Après  une  vie 
laborieuse  et  honorable,  il  mourut  à  Milan,  le 
27  septembre   1789.  Ses  écrits  relatifs  à  la 
musique  sont  ceux  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Del  numéro  e  délie  misure  délie  corde  mu- 
siche,  e  loro  corrispondenza ;  Milan,  1761, 
in-8°.  Cet  ouvrage  a  pour  objet  de  déterminer 
les  bases  physico-mathématiques  de  la  gamme 
et  des  proportions  des  intervalles.  Plus  tard 
Sacchi  traita  de  nouveau  ce  sujet  dans  une 
dissertation     latine     intitulée     :     Spécimen 
théorise  musicx,  qui  fut  insérée  après  sa  mort 
dans  les  mémoires  de  l'Académie  des  sciences 
et  arts  de  Bologne  (Bononiensi  scientiarum 
et  arlium  instituto alque  Academia commen- 
tarii;  Bononix,  1791,  t.  VII,  p.  139-197). 
Le  P.  Sacchi  est  revenu  sur  le  même  sujet, 
dans  une  lettre  à  Sébastien  Canterzani,  pro- 
fesseur de  mathématiques  à  Bologne  et  secré- 
taire de  l'Institut  de  cette  ville,  laquelle  est 
placée  à  la  suite  de  l'ouvrage  suivant.  "S0 Délia 
divisione  del  tempo  nella  musica,  nel  ballo  e 
nella  poesia,  disscrtazioni  tre;  Milan,  1770, 
in-8°.  On  trouve  l'analyse  de  cet  ouvrage  dans 
le  premier  volume  de  la  Bibliothèque  musicale 
de  Forkel  (p.  267-279).  Le  sujet  important  de 
ce  livre  est  traité  d'une  manière  vague  par  le 
P.  Sacchi  :  il  n'a  pas  aperçu  les  vrais  prin- 
cipes de  la  division  du  temps  musical  et  du 
rhythme.  3°  Risposta  al  P.  Andréa  Dra- 
ghetti  délia  compagnia  di  Gesù,  prufessore 
di  metafisicain  Erera;  Milan,  Mazzuchelli, 
1771 ,  in-8°  de  cinquante-cinq  pages.  Cet  écrit 
est  une  critique  de  la  théorie  de  la  gamme 
donnée   par  Draghelti    dans   son   Essai   de 
psychologie   (Psychologie   spécimen,   etc.). 
Celui-ci     fit     une     réplique     victorieuse    au 
P.  Sacchi  (voyez  Diugiietti).  4°  Délia  nalura 
e  perfezione  delV  anlica  musica  de'  Greci.  e 
dell'  utililà  che  ci potremmo  promellere  délia 
noslra,    applicandola  ail'  educazione  de' 
giovani,    Dissertazioni  III;  Bilan,    1778, 
n)-8°  de  deux  cent  sept  pages.  On  trouve  une 
analyse  de  ce  livre  dans  le  Giornale  de"  Let- 
terati  d'Italia   (année   1779,    tome   XXIV, 
pages  117-135).  Bien  que  Sacchi  y  soutienne 
l'opinion  que  l'harmonie  des  accords  de  sons 


collectifs  a  été  inconnue  aux  Grecs,  il  ne  s'y 
montre  pas  moins  admirateur  de  leur  système 
musical,  qu'il  s'efforce  de  recomposer  à  l'aide 
du  peu  de  débris  qui  nous  en  restent  ;  mais  il 
tombe  dans  plusieurs  erreurs  graves  sur  le 
sens  des  paroles  de  quelques  auteurs  anciens. 
5°  Délie  quinte  successive  nel  contrappunto 
e  délie  regole  degli  accompagnamenti.  Let- 
tera  al  Sig.  Finceslao  Pichl,  Academico 
Filarmonico,  etc.;  Milan,  Orena,  1780,  in-8° 
de  cent  quatre-vingt-trois  pages;  écrit  rempli 
d'erreurs  à  l'égard  de  la  pratique  de  l'art,  et 
d'obscurité  dans  la  théorie.  6°  Fita  del  cav. 
don  Carlo  Broschi  detto  Farinelli;  Venise, 
1784,  in-8°.  7°  Don  Placido,  Dialogo  dove 
cercasi  se  lo  studio  délia  musica  al  religioso 
convenga  o  disconvenga;  Pise,  Luigi  Raf- 
faelli,  1786,  in-8°  de  cent  cinquante-deux 
pages.  Cet  écrit  fut  publié  par  Sacchi  pour  sa 
propre  défense,  ses  ennemis  lui  ayant  reproché 
son  goût  pour  la  musique,  qu'ils  considéraient 
comme  peu  compatible  avec  les  devoirs  d'un 
religieux.  8»  Fita  di  Benedetto  Marcello, 
patrizio  veneziano  ;  Venise,  1789,  in-8°. 
Celle  notice  n'est  que  la  traduction  de  la  vie 
du  célèbre  musicien,  écrite  en  latin  par  le 
P.  Fonlana,  et  imprimée  dans  le  neuvième 
volume  des  Filx  Italorum  doclrina  excellen- 
tium  de  Fabroni.  La  traduction  de  Sacchi  a 
été  réimprimée  en  tête  de  l'édition  des 
Psaumes  de  Marcello,  publiée  à  Venise,  en 
1801  et  années  suivantes  (pages  17-30).  9°  Al 
nobil  signore  signor  conte  Giordano  Riccali. 
Risposta  del  P.  Giovenale  Sacchi  délia  con- 
gregazione  di  S.  Paolo.  Cette  réponse  à  une 
lettre  deRiccaticoncernantl'histoiredela  mu- 
sique théorique  et  pratique  en  Italie,  est  datée 
du  21  octobre  1788.  Elle  a  été  publiée  dans 
le  quarante-deuxième  volume  du  Nuovo 
giornale  de'  Letterati  d'Italia  (année  1790, 
pages  158-291).  On  a  aussi  du  P.  Sacchi  une 
défense  de  quelques-uns  de  ses  ouvrages  dans 
un  recueil  polémique  intitulé  :  Lctlere  del  Sig. 
Francesco-Maria  Zanotti,  dol  P.  Giamb. 
Martini  c  del  P.  Giovenale  Sacchi,  Accade- 
mici  del  Istitulo  di  Bologna,  nelle  quali  si 
propongono  di  risolvere  alcuni  dubbj  ap- 
parlenenli  al  Trattato  délia  divisione  del 
tempo  iiella  musica,  nel  ballo  e  nella  poesia, 
pubblicato  a  ïïlihtno  l'anno  1770,  e  ail' 
allro  :  Délie  quinte  successive  nel  contrap- 
punto, etc.;  Milan,  1782,  in-4°. 

SACCI11IM  (  Antoine-Mahie-Gaspaiid  ) , 
compositeur  distingué,  naquit  non  à  Naples 
en  1735,  comme  le  prétendent  tous  les  bio- 
graphes, d'après  une  notice  de  Framcry,mais 


SACCHINI 


3GI 


à  Pouzzoles  (Pozzuoli),  le  2ô  juillet  1754,  sui- 
vant un  acte  authentique  recueilli  par  Sel- 
vaggi  {voyez  ce  nom),  et  qu'il  a  bien  voulu  me 
communiquer.  Fils  «le  pauvres  pêcheurs,  il 
était  destiné  à  la  profession  de  ses  parents, 
mais  le  hasard  ayant  conduit  Durante  à  Pouz- 
zoles, ce  mailie  entendit  chanter  des  airs  po- 
pulaires par  le  jeune  Sacchini,  et  fut  si  salis- 
fait  de  la  justesse  de  ses  intonations  et  de  son 
intelligence  animée,  qu'il  le  demanda  à  sa  fa- 
mille, et  le  fit  entrer  au  Conservatoire  de 
Santo-Onofrio  (1).  Après  y  avoir  étudié  les 
principes  de  la  musique,  Sacchini  apprit  à 
jouer  du  violon,  sous  la  direction  d'un  maître 
nommé  Nicolas  Forenza,  et  acquit  sur  cet 
instrument  un  certain  degré  d'habileté.  A  la 
même  époque,  Gennaro  Manna  (voyez  ce 
nom)  lui  donna  des  leçons  de  chant.  Devenu 
élève  de  Durante,  il  étudia  sous  sa  direction 
l'harmonie  et  le  contrepoint.  Ses  condisciples 
étaient  Piccinni  elGuglielmi,  tous  deux  plus 
âgés  que  lui.  Le  maître  disait  quelquefois  à 
ses  autres  élèves  :  «  Vous  avez  un  rival  diffi- 
»  cile  à  vaincre  :  si  vous  ne  faites  beaucoup 
»  d'efforts,  au  moins  pour  l'égaler,  il  restera 
»  seul,  et  ce  sera  l'homme  du  siècle.  «  Ce  ri- 
vzl,  cet  homme  du  siècle,  suivant  l'opinion  de 
Durante,  c'était  Sacchini.  Au  moment  de  la 
mort  de  son  maître  (1755),  celui-ci  était  âgé 
de  vingt  et  un  ans.  Dans  l'année  suivante,  il 
jomposa  un  intermède  en  deux  parties  inti- 
tulé :  Fra  Donato,  qui  fut  exécuté  avec  beau- 
coup de  succès  par  les  élèves  de  l'école.  Sorti 
du  Conservatoire,  il  se  livra  à  l'enseignement 
du  chant,  écrivant  de  temps  en  temps  quel- 
ques petits  opéras  en  dialecte  napolitain  pour 
les  théâtres  de  second  et  de  troisième  ordre. 
Ces  ouvrages  le  firent  connaître  avantageuse- 
ment, et  lui  procurèrent  un  engagement  en 
17G2,  pour  composer  un  opéra  sérieux  qui  fut 
joué  avec  succès  au  théâtre  Argentina  de 
Rome.  Le  bon  accueil  qu'il  reçut  alors  dans 
cette  ville  le  décida  à  y  fixer  son  séjour.  Il  y 
resta  sept  années,  pendant  lesquelles  il  fit  des 
excursions  en  plusieurs  villes  d'Italie  pour  y 
écrire  des  opéras  sérieux  et  bouffes.  Le  grand 
succès  de  son  Alessandro  nell'  Indie,  joué  à 
Venise,  en  1708,  "lui  fit  obtenir  la  place  de  di- 
recteur du  Conservatoire  de  V  Ospedaletlo , 
dans  la  même  ville.  Il  en  prit  immédiatement 
possession,  et  pendant  le  peu  d'années  qu'il 

(I)  Suivant  une  leltre  de  Piccinni,  ce  serait  au  Con- 
servatoire de  Santa  Maria  di  Lorelo  que  Sacchini  aurait 
fait  ses  études,  sous  la  direction  de  Durante  ;  mais  ce 
maître  ne  fut  jumais  attache  au  Conservatoire  de  ce 
nom. 


l'occupa,  il  forma  d'excellents  élèves  pour  le 
chant,  particulièrement  la  Fcrrarese,  qui 
passe  pour  avoir  été  sa  maltresse.  Il  écrivit, 
pour  beaucoup  de  couvents  et  d'églises,  des 
messes,  des  vêpres  et  des  motets,  où  se  faisait 
remarquer  un  style  élégant,  gracieux,  el  des 
mélodies  pleines  d'une  expression  douce  et 
tendre.  Burney  le  connut  à  Venise  en  1770: 
il  jouissait  alors  d'une  grande  répulalion  et 
venait  décomposer,  pour  le  théâtre  de  Padoue, 
Scipione  in  Cartagine,  dont  le  succès  avait 
élé  complet.  Ses  oeuvres  dramatiques  se  com- 
posaient déjà  alors  de  quarante  opéras  sérieux 
et  de  dix  bouffes,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de 
trente-six  ans. 

Vers  la  fin  de  1771,  Sacchini  fit,  en  Alle- 
magne, un  voyage  de  quelques  mois,  et  com- 
posa pour  les  théâtres  de  Munich  et  de  Slult- 
gard  deux  opéras  peu  connus.  Arrivé  à  Lon- 
dres, au  mois  d'avril  1772,  il  y  fit  jouer 
d'abord  quelques-uns  de  ses  anciens  opéras; 
puis,  il  donna,  au  théâtre  du  Roi,  il  Cid  (jan- 
vier 1773),  Tamerlano,  un  mois  après,  Lucio 
Fera  (décembre  1773),  et  dans  l'année  1774, 
Niletli  et  Perseo.  Rauzzini  (voyez  ce  nom), 
alors  premier  ténor  au  Théâtre-Italien  de  Lon- 
dres, avait  élé  lié  d'amitié  avec  Sacchini  el  lui 
fut  d'abord  utile  en  se  chargeant  des  rôles  que 
le  compositeur  lui  confia  ;  mais  plus  lard  ils  se 
brouillèrent,  el  l'inimitié  du  chanteur  causa 
des  chagrins  au  maître  napolitain;  car  Rauz- 
zini se  prétendit  auteur  de  quelques-uns  des 
plus  beaux  airs  des  opéras  de  Sacchini,  et  celte 
calomnie,  donl  l'évidence  était  palpable,  trouva 
des  échos  dans  la  société.  Le  goût  passionné 
de  Sacchini  pour  les  femmes,  son  luxe,  ses 
dépenses  trop  considérables  pour  ses  revenus, 
lui  avaient  fait  beaucoup  d'ennemis,  et  avaient 
diminué  le  zèle  de  ses  protecteurs.  Sa  sanlé 
s'était  altérée;  ses  travaux  n'avaient  plus  la 
même  activité,  à  cause  de  ses  préoccupations 
parsuile  du  mauvais  état  de  ses  affaires.  En- 
fin, les  choses  en  vinrent  au  point  qu'il  fut 
obligé  de  s'éloigner  de  l'Angleterre  pour  se 
soustraire  aux  poursuites  de  ses  créanciers,  et 
de  se  rendre  à  Paris,  en  1782,  sur  l'invitation 
de  Framery,  qui  avait  fait  connaître  sa  mu- 
sique dans  celle  ville,  en  traduisant  de  l'ita- 
lien son  Isola  d'Amore,  sous  le  titre  de  la 
Colonie. 

L'arrivée  de  Sacchini  fit  peu  de  sensation  à 
Paris,  parce  qu'on  y  était  encore  préoccupé 
des  querellesdesGluckistes  et  desPiccinnistes. 
Le  séjour  de  Joseph  II  à  Paris  fut  une  heu- 
reuse circonstance  pour  le  compositeur,  car 
ce  prince,  qui  n'aimait  que  la  musique  ila-e 


302 


SACCHINI 


lienne,  particulièrement  celle  de  Sacchini,  le 
recommanda  à  sa  sœur  (Marie-Antoinette, 
reine  de  France),  dont  la  protection  écarta  les 
obstacles  qui  s'opposaient  à  la  représentation 
de  ses  ouvrages  à  l'Opéra.  Framery  l'avait 
aidé  dans  l'arrangement  de  son  Rinaldo  pour 
la  scène  française.  De  nouvelles  scènes  y 
avaient  été  ajoutées,  et  plusieurs  airs  avaient 
été  refaits  :  l'ouvrage  parut  le25  février  1783, 
et  n'obtint  qu'un  médiocre  succès.  Un  autre 
essai  du  même  genre  fut  tenté  dans  la  traduc- 
tion et  l'arrangement  de  l'opéra  sérieux  II 
gran  Cid,  sous  le  titre  de  Chimène,  et  ne  fut 
pas  plus  heureux,  quoique  ces  deux  ouvrages 
renfermassent  de  grandes  beautés.  Dardanus, 
écrit  par  Sacchini  sur  le  poème  de  l'ancien 
opéra  français,  réduit  en  trois  actes,  ne  reçut 
non  plus  qu'un  froid  accueil,  en  1784.  Sacchini 
avait  achevé  sa  belle  partition  A'Œdipe  à  Co- 
lorie, au  commencement  de  1785  :  cet  ouvrage 
était  destiné  à  l'Opéra;  mais  le  compositeur 
n'eut  pas  la  satisfaction  d'en  voir  la  représen- 
tation. Son  élève  Berton,  auteur  de  la  belle 
musique  de  Montana  et  Stéphanie  et  de  beau- 
coup d'autres  opéras,  nous  a  fait  connaître 
les  circonstances  qui  retardèrent  l'apparition 
iVŒdipe  sur  la  scène  française.  Il  s'exprime 
en  ces  termes  (1)  :  «  l.a  reine  Marie-Antoi- 
»  nette,  qui  aimait  et  cultivait  les  arts,  avait 
»  promis  à  Sacchi  ni  qu'Œd/pe  serait  le  premier 
»  ouvrage  qu'on  représenterait  sur  le  théâtre 
»  de  la  cour,  au  voyage  de  Fontainebleau. 
i>  Sacchini  nous  avait  fait  part  de  cette  bonne 
»  nouvelle  et  continiiailà  se  trouver,  selon  son 
»  usage,  sur  le  passage  de  Sa  Majesté,  qui,  en 
»  sortant  de  l'office  divin,  l'invitait  à  passer 
«  dans  son  salon  de  musique.  Là,  elle  prenait 
»  plaisir  à  entendre  quelques-uns  des  plus 
»  beaux  morceaux  tf  Arvire et  Evelina  (opéra 
»  deGuillard  auquel  Sacchini  travaillait  alors). 
»  Ayant  remarqué  que,  plusieurs  dimanches 
»  de  suite,  la  reine  semblait  éviter  ses  regards, 
»  Sacchini  tourmenté,  inquiet,  se  plaça  un 
»  jour  si  ostensiblement  devant  Sa  Majesté, 
»  qu'elle  ne  put  se  dispenser  de  lui  adresser 
»  la  parole.  Elle  le  reçut  dans  le  salon  de  mu- 
»  siqueetlui  dit  d'une  voix  émue  :  Mon  cher 
»  Sacchini,  on  dit  que  j'accorde  trop  de  fa- 
»  veur  aux  étrangers.  On  m'a  si  vivement 
»  sollicitée  de  fa  ire  représenter,  au  lieu  de  votre 
»  Œdipe, \à Phèdre fieiïl.  Lemoine,quejen'ai 
»  pu  m'y  refuser.  Vous  voyez  ma  position; 
»  pardonnez-moi. 

»  Sacchini,  s'efforçant  de  contenir  sa  dou- 

(I)  Cazcite  muitcalede  Paris, année  183"i,  n"  12. 


»  leur,  fit  un  salut  respectueux  et  reprit  aussi- 
»  tôt  la  route  de  Paris.  Il  se  fit  descendre  chez 
»  ma  mère.  Il  entra  tout  éploré  et  se  jeta  dans 
»  un  fauteuil.  Nous  ne  pûmes  obtenir  de  lui 
>>  que  des  mots  entrecoupés  :  Ma  bonne 
n  amie,  mes  enfants,  je  souis  oun  homme 
»  perdou;  la  reine  il  ne  m'aime  piou!  La 
»  reine  il  ne  m'aime  piou.'Tous  nos  efforts 
«  pour  calmer  sa  douleur  furent  vains.  Il  ne 
»  voulut  point  se  mettre  à  table.  Il  était très- 
»  goutteux  ;  une  oppression  excessive  nous  in- 
a  quiétait  déjà.  MM.  Gaillard,  Loraux  et  moi, 
»  nous  le  reconduisîmes  chez  lui  ;  il  se  mit  au 
»  lit,  et  trois  mois  après  il  avait  cessé  de 
»  vivre.  «  Sacchini  mourut  le  7  octobre  1786, 
à  l'âge  de  cinquante-deux  ans.  Il  laissait  ina- 
chevée sa  partition  iVArvire  et  Evelina.-Rey, 
chef  d'orchestre  de  l'Opéra,  la  termina  d'une 
manière  satisfaisante.  A  peine  Sacchini  eut-il 
fermé  les  yeux,  que  ceux  mêmes  qui  l'avaient 
persécuté  pendant  sa  vie  se  réunirent  pour  lui 
rendre  des  honneurs  :  tous  les  artistes  assis- 
tèrent à  ses  obsèques;  son  éloge  fut  prononcé 
à  l'Académie  des  Enfants  d'Apollon,  on  l'im- 
prima dans  les  journaux,  son  portrait  fut  gravé 
par  plusieurs  artistes,  et  François  Caradori, 
statuaire  de  la  cour  du  grand -duc  de  Toscane, 
fit  son  buste  pour  la  chapelle  du  Panthéon  de 
P>ome.  Œdipe  à  Colone  fut  représenté  le 
1er  février  1787  et  produisit  une  profonde 
impression.  Son  succès  eut  chaque  jour  plus 
d'éclat  ;  Dardanus,  si  dédaigné  dans  sa  nou- 
veauté, fut  remis  en  scène  à  plusieurs  reprises; 
enfin,  Arvire  et  Evelina, œuvre  posthume  de 
son  auteur,  fut  accueilli  avec  faveur. 

Comme  la  plupart  des  compositeurs  italiens, 
Sacchini  avait  écrit  dans  sa  jeunesse  un  grand 
nombre  d'opéras  avec  la  négligence  insépa- 
rable d'une  trop  grande  rapidité  dans  le  tra- 
vail; mais  au  milieu  de  ces  négligences,  on 
trouve  de  nobles  et  pures  cantilènes,  dont  la 
suavité  fut  toujours  le  caractère  distinctif  de 
son  talent.  En  avançant  en  âge,  il  donna  plus 
de  soins  à  ses  productions,  mais  il  perdit  peut- 
être  quelque  chose  de  la  verve  de  sa  jeunesse  : 
on  ne  retrouve  ni  dans  Dardanus,  ni  même 
dans  la  belle  partition  iVŒdipe,  la  chaleu- 
reuse inspiration  de  quelques  morceaux  de 
VÂlessandro  nell'  Jndie  et  de  VAndro- 
macca.  Nul  compositeur  de  l'ancienne  école 
d'Italie  n'a  mis  plus  de  charme  dans  les  airs; 
on  en  connaît  une  multitude,  même  dans  ses 
opéras  les  moins  heureux,  remarquables  par 
la  grâce  et  le  naturel  des  mélodies.  Sacchini 
écrivait  avec  pureté,  élégance,  et  trouvait 
dans  son  instrumentation  de  beaux  effets  par 


SACCHINI  -  SACELLUS 


36S 


des  moyens  fort  simples,  quoiqu'il  ait  eu  sous 
ce  rapport  moins  d'originalité  que  Gluck.  Sa 
partition  a^Œdipe  à  Colorie  est  le  plus  com- 
plet de  ses  ouvrages;  il  s'y  élève  quelquefois 
au  sublime  de  la  simplicité  antique.  Les  rôles 
d'OEdipe  et  d'Antigone,  ainsi  que  les  chœurs, 
sont  surtout  d'une  beauté  achevée;  n'eût-il 
laissé  que  ce  témoignage  de  son  talent,  son 
nom  brillerait  avec  éclat  dans  l'histoire  de 
l'art. 

On  ne  connaît  point  aujourd'hui  les  titres 
de  toutes  les  productions  de  ce  musicien  dis- 
tingué, et  ce  n'est  pas  sans  peine  que  j'ai  pu 
recueillir  ceux  dont  je  vais  donner  la  liste.  II 
a  écrit  pour  l'église  :  1°  Miserere  a  5  voci  e 
stromenli.  2°  Kyrie  cum  Gloria  a  4 voci,  con 
stromenti  ed  organo.  5°  Credo  à  quatre  voix 
et  orchestre.  4°  Messe  à  cinq  voix  et  orchestre. 
5°  Messe  à  deux  chœurs  et  deux  orchestres 
(Venise,  1770).  6°  Dixit  à  deux  chœurs,  vio- 
lons, violes,  basse  et  orgue.  7°  Dixit  à  quatre 
voix,  deux  violons,  alto  et  basse.  8°  Autre 
Dixit  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto,  basse  et 
orgue.  9°  Tantum  ergo  à  quatre  voix  et  in- 
struments. 10°  Tantum  ergo  à  trois  voix 
et  instruments.  11°  Les  cinq  psaumes  de 
complies  à  cinq  voix.  12°  Lzetatus  sum , 
psaume  pour  voix  de  soprano  et  chœur. 
15°  Idem  pour  soprano,  contralto  et  chœur. 
14°  Salve  Regina  pour  contralto,  deux  vio- 
lons, viole  et  basse.  15°  Autre  Salve  Regina 
pour  soprano,  deux  violons,  viole  et  basse. 
16°  Cantate  à  trois  voix  pour  la  fête  de  Noël. 
Oratorios.  17° Esther,  à  quatre  voix,  chœur  et 
orchestre.  18°  Saint  Philippe ,  à  trois  voix, 
deux  violons,  viole  et  basse.  19°  I  Maccabei, 
à  cinq  voix,  chœur  et  orchestre.  20°  Jefle, 
idem.  21°  Le  Nozze  di  Ruth,  à  quatre  voix, 
deux  violons,  alto  et  basse.  21°  (bis)  L'Umiltà 
esallata,  oratorio  à  trois  voix  pour  la  fête  de 
sainte  Anne ,  à  Naples  (décembre  17G4). 
Opéras.  1°  Fra  Donato,  intermède  en  deux 
parties,  au  Conservatoire  de  Sanlo-Onofrio,  en 
1756.  2°  L'Olimpia  tradita,  au  théâtre  des 
Fiorentini,  en  1758.  5"  Il  Copista  burlato,au 
théâtreiVwoi'0;dans  l'automne  de  1 759. 4°  Idue 
Fratelli  beffati,  au  même  théâtre,  en  1760. 
5°  /  due  Baroni,  aux  Fiorentini,  en  1762. 
6°  Semiramide,  au  théâtre  Argentina,  de 
Rome,  1762.  7°  Eumene,  à  Rome,  1765;  An- 
dromacca,  à  Florence,  1763.  8° Il  gran  Cid, 
à  Rome,  1764.  Cet  opéra  fut  chanté  par  Guar- 
ducci,  Bracci,  et  le  ténor  Arcangelo  Corloni. 
9°  L'Amor  in  Campo,  ibid.,  1764.  10° Lucio 
Vero,  au  théâtre  Saint-Charles,  le 4  novembre 
1764.  Cet  opéra  fut  chante  par  la  Gabricli  et 


par  le  célèbre  ténor  RafT.  11°  La  Contadina 
in  Corte,  à  Rome,  1765.  \2°L' Isola  d'Amore, 
dans  la  même  ville,  17G6.  Cet  opéra  a  été  tra- 
duit en  français,  sous  le  titre  de  la  Colonie. 
13°  L'Olimpiade,  à  Milan,  1767.  14"  Arta- 
serse,  au  théâtre  Argentina,  de  Rome,  en 
1768.  Les  célèbres  sopranistes  Guadagni  et 
Louis  Bracci  chantèrent  les  premiers  rôles  de 
cet  ouvrage.  15°  Alessandro  nell'  Indie,  à 
Venise,  en  1768.  16°  Scipione  in  Cartagine, 
à  Padoue,  en  1770.  17°  Calliroe,  à  Stultgard, 
en  1770  18°  Ezio,  en  trois  actes,  à  Naples. 
19°  Alessandro  nell'  Indie,  avec  une  musique 
nouvelle,  à  Turin.  20°  L'Olimpiade,  avec  une 
musique  nouvelle,  à  Venise.  21°  Nicostrate. 
22°  Alessandro  Severo.  23°  Adriano  in  Si- 
ria.2i°  L'Eroe  cinese,  à  Munich,  en  1771. 
25°  Armida,  à  Milan,  1772.  26°  Fologese,à 
Parme.  1772.  27°  Il  gran  Cid,  à  Londres,  jan- 
vier, 1775,  ancien  opéra  de  Rome  relouché. 
28°  Tamerlano,  à  Londres,  février  1773. 
29°  Niletti,  à  Londres,  1774.  30°  Perseo, 
ibid.,  1774.  51°  Montesuma,  ibid.  1775. 32" Il 
Creso,  ibid.,  1775.  33°  Erifite,  ibid.,  1776. 
34°  L'Amor  soldato,  ibid.,  1777.  55°  llCa- 
landrino,  ibid.,  1778.  36°  Enea  e  Lavinia, 
1779.  37°  Renaud,  traduction  française  el  ar- 
rangement de  l'opéra  italien  Rinaldo  ed  Ar- 
mida, à  Paris,  février  1783.  38°  Chimène, 
traduction  française  et  arrangement  de  l'opéra 
italien  II  gran  Cid,  ibid.  39°  Dardanus, 
grand  opéra,  ibid.,  1784.  40°  Œdipe  à  Co- 
lorie, en  trois  actes,  ibid.,  1787.  41°  Ar- 
vire  et  Evelina,  en  trois  actes,  non  achevé, 
terminé  par  Rey,  et  joué  à  Paris,  en  1787. 
Musique  instrumentale.  1°  Six  trios  pour  deux 
violons  et  basse,  op.  1;  Londres.  2°  Six  qua- 
tuors, pour  deux  violons,  alto  el  basse;  ibid. 
5°  Six  sonates  pour  clavecin  avec  accompa- 
gnement de  violon,  op.  5;  Paris  et  Londres. 
4°  Six  idem,  op.  4;  ibid. 

Hesmart,  membre  de  la  Société  d'Apollon, 
a  fait  imprimer  un  éloge  de  Sacchini;  Paris, 
1787,  in-8°  de  vingt  pages,  avec  portrait, 
et  Framery  en  a  publié  un  aulre  dans  le 
Journal  encyclopédique,  du  15décembre  1786. 

SACELLUS  (Léon),  maîlre  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Vicence,  vers  1600,  est 
connu  par  un  ouvrage  intitulé  :  Flores  rnusicx^ 
2,  3  ekvocum;  Anvers,  1619. 

On  trouve  dans  le  catalogue  de  Mayence,  de 
1607,  l'indication  d'un  autre  Sacellus,  sur- 
nommé Asprilius,  auteur  d'un  recueil  inti- 
tulé :  Sacrae  canliones  qux  vulgo  motects 
appellantur  octonis  vocibus  concinendx; 
Francfort,  1606. 


364 


SACHE  —  SACRATI 


SACHE  (le  P.  F.),  prêtre  de  la  congréga- 
tion du  séminaire  de  Jésus  et  Marie,  né  en 
Normandie,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  est  auteur  d'un  traité  du  plain-chant 
intitulé  :  Traité  des  tons  de  l'église  selon 
l'usage  romain;  Lisieux,  R.  le  Boullanger. 
1676,  in-8". 

SACHS  (Hans  ou  Jean),  célèbre  maître 
chanteur  allemand,  naquit  à  Nuremberg,  en 
i486,  selon  quelques  biographes,  ou  en  1494, 
suivant  d'autres.  Il  exerça  longtemps  la  pro- 
fession de  cordonnier,  avant  de  pressentir  lui- 
même  et  de  faire  connaître  son  talent  pour  la 
poésie;  mais  ayant  reçu  des  leçons  de  Léonard 
Nunnenbeck,  maître  chan  leur  {Meistersxnger) 
alors  fameux,  il  abandonna  son  métier  pour 
cultiver  les  lettres  et  la  musique,   et  se  fit 
mailre  d'école  à  Nuremberg,    puis  vécut  à 
Strasbourg,  à  Meiningen,  et  en  dernier  lieu  à 
Augsbourg.  Ami  de  Luther,  et  partisan  déclaré 
de  la  réformation,  il  composa  pour  la  nouvelle 
Église  un  grand  nombre  de  cantiques,  dont  il 
fit  aussi  les  mélodies.  On  lui  attribue  celles 
des  chants  Allein  auf  Gott  setz  dein  Fer- 
traum,  den   Fater  dort  oben,    etc.,  et  Es 
wird  sehier  der  letzte  Tag  verkommen,  etc. 
llans  Sachs  eut  une  rare  fécondité  dans  ses 
travaux,  car,  dans  l'espace  de  quarante-deux 
ans,  il  traduisit  et  mit  en  chants  la  plus  grande 
partie  des  psaumes  (1),  les  proverbes  de  Sa- 
lomon,  la  plupart  des  épitres   et  évangiles, 
l'Ecclésiaste,  une  grande  partie  du  Livre  de  la 
sagesse,  composa  vingt-six  comédies  et  vingt- 
sept    tragédies   spirituelles,    cinquante-deux 
comédies    et  vingt-huit    tragédies    profanes, 
soixante-quatre  farces  de  carnaval, cinquante- 
neuf  fables,  cent  seize  contes  allégoriques, 
trois  cent  sept  poèmes  tant  sacrés  que  pro- 
fanes, et  cent  quatre-vingt-dix-sept  saillies 
ou  contes  comiques,  en  tout  six  mille  qua- 
rante-huit pièces.  Les  opinions  sont  partagées 
sur  l'époque  de  la  mort  de  ce  maître  chanteur  : 
les    uns    veulent  qu'il    ait   cessé  de    vivre   le 
25  septembre  1567;  d'autres  prolongent  son 
existence  jusqu'au  25  janvier  1576  (2). 

SACHS  (Jules),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Meiningen,  en  1830,  a  fait  ses  éludes 
musicales  à  Francfort,  et  y  a  reçu  des  leçons 
de  V.  Kesslerct  de  J.  Rosenhain.  Fort  .jeune 
encore,   il  visita  \Veimar,    Gotha,    Paris   et 

(I)  Cyriac  Spangcnbcrg  (voyez  ce  nom),  nutcur  d'un 
•  loge  de  la  musique,  dont  le  manuscrit  est  a  la  liililin- 
Iheque  «le  Slrasbourg,  rdduil  u  treice  le  nombre  de 
mélodies  composées  par  Sachs. 

Ci)  Cyriac  Spangcnbcrg,  qui  eerivil  en  1998  l'ouvrage 
cité  ci-dessus,  fixe  la  date  do  la  mort  de  llans  Sachs  au 
SOjanvier  1875. 


Londres,  mais  il  fut  peu  remarqué  dans  ces 
deux  dernières  villes.  Dans  ses  premières  com- 
positions, il  affectait  des  formes  bizarres  et 
visait  à  l'originalité  ;  dans  la  suite,  il  modifia 
sa  manière  et  revint  aux  traditions  classiques. 
Parmi  ses  premières  productions,  on  cite 
Chanson  d'amour,  pour  piano  seul,  trois 
mélodies  sans  paroles,  étude  et  caprice  carac- 
téristique, des  Lieder,  et  une  ouverture  de 
concert  à  grand  orchestre  qui  a  été  exécutée 
en  Allemagne. 

SACIISE  (Rodolphe),  professeur  de 
violon  au  Conservatoire  de  Leipsick,  membre 
de  l'orchestre  du  théâtre  et  des  concerts  du 
Gewandhaus,  mort  jeune,  le  17  avril  1848, 
s'est  fait  connaître  par  quelques  compositions 
pour  son  instrument,  parmi  lesquelles  on  re- 
marque: l"Trois  Élégies  pour  violon,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  op.  4;  Leipsick, 
Ristner.  2°  Introduction  et  variations  sur  un 
thème  de  la  Fille  du  régiment,  pour  violon  et 
orchestre,  op.  5  ;  ibid. 

SACK  (Jean-Philippe)  ,  organiste  dis- 
tingué, naquit  en  1722,  à  Harzgerode.  dans  la 
principauté  d'Anhalt-Bernbourg.  Après  y 
avoir  fait  ses  premières  éludes  de  musique,  il 
alla  à  Magdebourg  remplir  les  fonctions  de 
précepteur  des  orphelins.il  y  continua  l'étude 
de  l'orgue  et  de  l'harmonie  sous  la  direction 
de  Graf,  alors  organiste  à  l'église  de  Saint- 
Ulric.  En  1747,  il  passa  à  Berlin,  où  il  fut  or- 
ganiste de  la  cour  et  du  Domkirche.  En  1749, 
il  fut  un  des  fondateurs  de  la  Société  des 
amateurs  de  musique.  Sack  est  mort  à  Berlin, 
en  1763.  Marpiirg  cite  de  la  composition  de 
cet  artiste  des  concertos  et  des  sonates  de  cla- 
vecin dont  il  fait  l'éloge.  On  a  imprimé,  à 
Berlin,  des  Lieder,  des  Odes  morales  et  un 
psaume  avec  accompagnement  de  clavecin 
composés  par  Saek. 

SACUATl  (François-Paul),  compositeur 
dramatique,  né  à  Parme,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle,  fut  considéré  comme 
un  des  musiciens  habiles  de  son  temps.  Le 
3  juin  1649,  il  obtint  la  place  de  maître  de  la 
chapelle  ducale  de  Modène,  sous  le  duc  Fran- 
çois Ier;  mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  des 
avantages  de  cette  position,  car  il  mourut  le 
20  mai  1050.  On  connaît  sous  son  nom  1rs 
titres  des  opéras  suivants  :  1"  Délia,  o  sia  la 
Sera,  sposa  del  Sole,  représenté  au  théâtre  de 
Saint-Juan  et  Saint-Paul,  à  Venise,  en  1639. 
2°  La  finta  Pazza,  au  théâtre  Novissimo  de 
Venise,  en  1641.  ô"  Bellero fonte,  au  même 
théâtre,  en  1642;-  et  à  Bologne,  en  1649. 
4°  Fenere  yelosa,  au  même  théâtre,  en  1643. 


SACRATI  -  SAINNE 


5°  Ulisse  errante,  au  théâtre  Saint-Jean  et 
Sainl-Paul,  en  1044.  G"  Proserpina  rapita,  à 
Venise,  en  1G44,  et  à  Bologne,  en  1696.  7°  Se- 
miramide  in  Jndia,  au  théâtre  San-Cassiano, 
de  Venise,  en  1648.  Lafmta  Pazza  fut  le  pre- 
mier opéra  représenté  sur  le  théâtre  Novissimo 
de  Venise,  appelé  aussi  il  teatre  délia  Cavalle- 
rezza.  Son  succès  fut  un  des  plus  beaux  qu'on 
eût  obtenus  jusqu'à  cette  époque.  L'éclat  de 
ce  succès  décida  le  cardinal  Mazarin  à  faire 
venir  de  Venise  une  troupe  de  chanteurs  ita- 
liens qui  exécutèrent  l'ouvrage  de  Sacrati  au 
palais  du  Petit-Bourbon,  à  Paris,  le  23  février 
1645.  La  Borde  dit  (Essai  sur  la  musique, 
t.  I,  p.  123)  que  le  premier  opéra  italien  que 
Mazarin  fit  entendre  à  la  cour  de  France  fut 
Ercole  amante,  et  que  cet  ouvrage  fut  joué 
au  Louvre,  en  1644;  enfin,  queLully  en  fit  les 
airs  de  ballets  :  tout  cela  est  plein  d'erreurs. 
En  1G44,  Lully  n'était  âgé  que  de  onze  ans  et 
n'était  pas  en  France  :  Ercole  amante  ne  fut 
représenté  que  pour  le  mariage  de  Louis XIV, 
qui  n'eullieu  que  quinze  ans  après  la  représen- 
tation de  la  finta  Pazza,  c'est-à-dire  le  9  juin 
1660.  La  finta  Pazza  eut  aussi  un  brillant 
succès  à  Bologne,  en  1647  (voyez  la  Drama- 
turgia  d'Allaci,  éd.  de  1755,  p.  356). 

SACRÉ  (Louis-Joseph),  chef  d'orchestre 
de  bals  et  compositeur  de  musique  de  danse, 
est  né  à  Bruxelles,  en  1812.  Il  a  fait  ses 
études  musicales  à  l'école  royale  de  musique 
de  cette  ville  et  a  obtenu  un  prix  d'harmonie, 
en  1829.  Ayant  été  nommé  chef  d'orchestre 
des  bals  de  la  cour,  en  1834,  il  occupe  encore 
cette  position  (1864).  M.  Sacré  a  aussi  fondé, 
avec  M.  Singelée  (voyez  ce  nom),  les  concerts 
d'été  du  Jardin  zoologique  et  en  dirige  l'or- 
chestre. Ses  premières  productions  consistent 
en  différents  ouvrages  de  musique  de  chambre; 
plus  tard  il  s'est  livré  exclusivement  à  la  com- 
position d'airs  de  danse  :  ses  ouvrages  en  ce 
genre  se  distinguent  par  l'originalité  des 
rhythmes  et  par  une  instrumentation  brillante. 
M.  Sacré  est  décoré  de  l'ordre  royal  du  Christ 
de  Portugal. 

SAEMAÏVIV  (Charles-Henri),  directeur  de 
musique,  professeur  de  l'université,  et  orga- 
niste de  l'église  paroissiale  de  la  vieille  ville, 
à  Kœnigsberg,  naquit  dans  celte  ville,  en 
1790.  Il  obtint  sa  place  d'organiste  en  1814, 
et  celle  dedirecleurde  musique  à  l'université, 
en  1824.  Il  est  mort  à  Kœnigsberg,  au  mois  de 
février  1860.  Saemann  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  plusieurs  suites  de 
pièces  d'orgue,  et  par  un  oratorio  intitulé  : 
Die  Auferslehung  (la  Résurrection).  Comme 


écrivain  sur  la  musique,  il  a  publié  d'abord 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  Gedanken  iiber  den 
Choral  (Idées  sur  le  chant  choral);  Kœnigs- 
berg, 1819,  in-8°;  enfin,  il  est  auteur  d'un 
excellent  livre  intitulé  :  Der  Kirchengesang 
unserer  Zeit  (le  Chant  d'église  de  notre 
temps);  Kœnigsberg,  1834,  in-8»  de  deux  cent 
soixante  et  une  pages.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
trois  parties  qui  traitent  1°  du  choral;  2»  delà 
liturgie;  3°  de  la  musique  d'église. 

SAGEIi  (Henri),  né  dans  le  pays  de  Dith- 
marschen,  au  duché  de  Holstein,  vers  1595,  fit 
ses  éludes  au  Lycée  de  Rostock,  et  y  prononça, 
le  16  mai  1607,  un  éloge  de  la  musique  qui  a 
été  publié  sous  ce  titre  :  Oratio  de  musicx 
laudibus  et  prxstantia,  in  florentissimo 
Academix  Rostochianx  Lycxo ,  viris  reve- 
rendis,  clarissimis,  consultissimis  et  doctis- 
simis  prxsentibus,  publiée  in  auditorio 
magna  die  1G  maii,  anno  1607,  recitata  ab 
Henrico  Sagero ,  Dithmarso;  Rostochii , 
anno  1607,  in-4°  de  trois  feuilles. 

SAGERET  (H. -P.),  ancien  acteur,  puis 
directeur  du  théâtre  de  la  République  et  de 
l'Opéra  national  de  la  rue  Feydeau,  ne  réussit 
pas  dans  cette  dernière  entreprise,  et  fut  mis 
en  faillite.  Il  rendit  compte  de  sa  gestion  dans 
une  brochure  intitulée  :  Mémoire  et  comptes 
relatifs  à  la  réunion  des  artistes,  à  l'admi- 
nistration des  trois  théâtres  de  la  Répu- 
blique, de  l'Odéon  et  de  Feydeau;  Paris,  Le- 
tellier,  brumaire  an  VIII  (1800),  in-4°. 

S  AGIT  TARI  US.  Voyez  SCHËTZ 
(Henri). 

SAILER  (Léonard),  né  à  Ulm,  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  fut  musi- 
cien aulique  et  organiste  du  prince  de  Bade,  à 
Baden  et  Hochberg.  Il  a  fait  imprimer  de  sa 
composition  :  Cantiones  sacrx  unius,  dua- 
rum,  trium  et  quatuor  vocum,  cum  instru- 
mentis  et  basso  continuo;  Basilex,  typis 
Johann.  Conradi  à  Mochel,  1646,  in-4°. 

SAINNE  (Lambert  DE),  ou  DE  SAYIVE, 
fils  de  Rodolphe  de  Sainne,  qui  fut  organiste 
de  la  cathédrale  de  Rouen  depuis  1499  jus- 
qu'en 1514,  naquit  dans  cette  ville  et  fut  en- 
fant de  chœur  de  la  même  église,  ainsi  qu'on 
le  voit  dans  les  comptes  de  la  maîtrise.  Il  entra 
au  service  de  la  chapelle  impériale  de  Vienne, 
en  qualité  de  chantre,  et  il  s'y  trouvait  encore 
lorsque  l'empereur  Ferdinand  Ier  mourut,  le 
25  juillet  1564.  Pierre  Joannelli  (voyez  ce 
nom)  a  recueilli  dans  son  Thésaurus  musicus 
trois  motets  de  ce  musicien  :  le  premier,  à 
quatre  voix  (flerodes  rex  iratus),  est  dans  le 
troisième  livre  de  celte  collection;  les  deux 


sao 


SAINNE  -  SAINT-AUBIN 


autres,  à  cinq  voix  (Hic  est  Martinus  electus 
Deipontifex  et  Ecce  sacerdos  magnus),  sont 
dans  le  quatrième  livre. 

SAINT-AMANS  (Louis-Joseph),  né  à 
Marseille,  le  26  juin  1749,  fut  destiné  au  bar- 
reau dès  sa  jeunesse,  et  mis  au  collège  pour  y 
faire  ses  études;  mais  son  penchant  pour  la 
musique  lui  fit  quitter  le  rudiment  pour  s'at- 
tacher, en  qualité  d'accompagnateur,  à  une 
troupe  de  chanteurs  italiens  qui  donnait  des 
représentations  dans  le  Midi  de  la  France; 
puis  il  alla  en  Italie,  où  il  voyagea  pendant 
trois  années  à  la  suite  d'un  baron  suisse  qui 
lui  faisait  donner  des  leçons  de  musique  à  ses 
enfants.  Au  commencement  de  1769,  il  se 
rendit  à  Paris  et  débuta  par  le  motet  à  voix 
seule  Cantate  Domino,  qui  fut  exécuté  au 
Concert  spirituel  avec  quelque  succès.  L'année 
suivante,  il  fit  représenter  au  théâtre  de  la 
Comédie  italienne,  Alvar  et  Mincia,  opéra  en 
trois  actes,  qui  fut  suivi  de  la  Coquette  de 
village,  en  deux  actes  (1771);  du  Poirier,  en 
un  acte  (1772),  et  du  Médecin  d'amour,  en  un 
acte  (1773). Plusieursopéras  et  ballets  de  sa  com- 
position furent  ensuite  répétés  à  l'Opéra,  mais 
ils  n'obtinrent  pas  les  honneurs  de  la  représen- 
tation. En  1776,  Saint-Amans  écrivit  la  mu- 
sique de  la  Mort  de  Didon,  ballet  de  Gardel 
aîné,  qui  fut  joué  avec  succès  sur  le  théâtre  de 
la  cour.  En  1777,  il  fit  exécuter  au  Concert 
spirituel  l'oratorio  David  et  Goliath.  Appelé 
à  Bruxelles  l'année  suivante,  en  qualité  de 
chef  d'orchestre  du  théâtre,  il  y  fit  jouer 
Daphnis  et  Thémire,  pastorale,  l'Occasion, 
et  la  Fausse  Veuve,  opéras-comiques,  Psyché 
et  l'Amour,  pastorale  de  Voisenon,  et  la  Ro- 
sière de  Salency,  avec  une  nouvelle  musique. 
De  retour  à  Paris,  en  1784,  il  obtint  une  no- 
mination de  professeur  à  l'école  royale  de 
musique  qui  venait  d'être  établie  parle  baron 
de  Breteuil,  et  dans  le  même  temps,  il  écrivit 
pour  l'Opéra  la  Fête  de  Flore,  en  un  acte.  En 
1785,  il  composa  pour  le  théâtre  de  la  cour  le 
Prix  de  l'arc,  opéra-comique  en  un  acte.  Cet 
ouvragefut  suivi  deZ,aurencc,en  un  acte,  joué 
en  1790,  à  Paris eià  Strasbourg;  de Ninette à  la 
cour,  avec  une  nouvelle  musique,  en  1791  ;  de 
l'Heureux  démenti,  en  deux  actes  (1794),  d'As- 
pasie, viulcux  actes,  (1795),  h  Pauvre  homme, 
cl/«  Fêle  de  la  paix,  en  1797. Deux  ans  après, 
il  donna,  au  Théâtre  des  Jeunes  Artistes,  la 
Tireuse  de  cartes,  en  un  acte,  et  en  1802, 
Chacun  a  son  plan,  au  théâtre  de  la  Porle- 
Saint-Marlin.  Saint-Amans  avait  été  nommé 
professeur  du  Conservatoire  à  l'époque  de  la 
fondation  de  cette  école  :  frappé  par  la  reforme 


de  1802,  il  alla  s'établir  à  Brest,  et  y  composa 
des  cantates,  des  oratorios,  des  sonates  de 
piano  et  de  la  musique  d'église.  Il  publia,  vers 
le  même  temps,  une  Table  élémentaire  des 
accords,  contenant  leur  nomenclature,  les 
notes  sur  lesquelles  ils  sont  employés,  leurs 
sons  fondamentaux,  l'énumération  des  in- 
tervalles qui  les  composent,  le  chiffre  qui  les 
désigne,  etc.;  Paris,  Porro,  1802,  in-4°  gravé. 
Saint-Amans  est  mort  à  Paris,  vers  1820. 

SAINT  AMBROISE.  Voyez  AM- 
BROISE (S). 

SAINT  ATHANASE,  patriarche  d'A- 
lexandrie, naquit  dans  cette  ville,  vers  l'an 
296.  Après  avoir  terminé  ses  éludes,  dirigées 
par  saint  Alexandre,  archevêque  d'Alexandrie, 
il  assista  au  concile  de  Nicée,  puis  succéda  à 
son  maître,  accueilli  par  les  vœux  unanimes 
du  clergé  et  du  peuple.  L'histoire  de  ses  luttes 
avec  l'arianisme  etdes  persécutions  auxquelles 
il  fut  en  butte,  n'appartient  pas  à  cette  Bio- 
graphie. Saint  Alhanase  mourut  à  Alexandrie, 
en  573,  après  quarante-six  ans  d'épiscopat. 
Saint  Augustin  nous  apprend  dans  ses  Con- 
fessions (lib.  10,  ch.  33)  que  saint  Alhanase 
avait  établi  dans  l'église  d'Alexandrie  une 
psalmodie  beaucoup  plus  simple  et  moins 
ornée  que  celle  dont  on  faisait  usage  dans  les 
autres  églises  d'Orient.  «  Je  pèche  (dit-il)  par 
»  excès  de  sévérité,  lorsque  je  désire  voir  pour 
«  jamais  éloigner  de  mes  oreilles  et  de  celles 
»  de  l'Église  les  chants  harmonieux  dont  on  a 
»  coutume  d'orner  les  psaumes  de  David;  et 
»  j'estime  plus  utile  ce  que  je  me  souviens 
»  d'avoir  si  souvent  ouï  dire  de  saint  Alhanase, 
»  patriarche  d'Alexandrie,  qu'il  les  faisait 
»  chanter  avec  si  peu  d'inflexion  de  voix,  que 
»  celui  qui  les  récitait  semblait  plutôt  parler 
»  que  chanter.  « 

SAINT  -  AUBIN  (  Jeam>e  -  Cium-orrE 
SCUBOEDEB),  actrice  célèbre  de  la  Co- 
médie italienne  et  de  l'Opéra-Comique,  naquit 
à  Paris,  le  9  décembre  1764.  Fille  d'un  direc- 
teur de  spectacles  de  province,  elle  débuta  à 
l'âge  de  neuf  ans,  au  pelit  théâtre  de  la  cour, 
par  le  rôle  de  la  fée  Ninette,  dans  l'opéra 
a' Acajou, de  Favart.Le  roi  Louis  XV,  charmé 
de  sa  finesse  et  de  ses  grâces  enfantines,  lui 
donna  des  applaudissements.  Attachée  à  la 
troupe  de  mademoisel'c  Monlansier,  qui  ex- 
ploitait les  théâtres  de  Versailles  et  de  plusieurs 
villes  de  province,  elle  joua  à  Bordeaux,  en 
1778,  et  à  Lyon,  en  1781.  Au  moisde  novembre 
1782,  elle  épousa  Saint-Aubin,  acteur  du 
même  théâtre.  Madame  Sainl-Huberty,  qui 
l'entendit  à  Lyon,  fut  charmée  de  son  talcnl, 


SAINT-AUBIN  -  SAINT  BASILE 


367 


et  lui  obtint  un  ordre  de  début  a  l'Académie 
royale  de  musique  de  Paris.  Madame  Saint- 
Aubin  y  parut  pour  la  première  fois  dans  Co- 
linette  à  la  cour,  le  26  janvier  1786.  Malgré 
le  succès  qu'elle  y  obtint,  elle  comprit  que  le 
faible  volume  de  sa  voix  ni  sa  petite  taille 
n'étaient  convenables  pour  une  scène  si  vaste, 
et  qu'elle  serait  mieux  placée  à  l'Opéra-Co- 
mique. Sur  sa  demande,  un  ordre  du  ministre 
rompit  son  engagement  à  l'Opéra,  et  le  29  juin 
1786,  elle  débuta  à  la  Comédie  italienne  dans 
les  rôles  de  Marine,  de  la  Colonie,  et  de  Denise, 
de  l'Epreuve  villageoise.  Un  biographe  a  dit 
de  sa  personne  et  de  son  talent,  avec  beaucoup 
de  justesse  :  «  Une  figure  aimable,  fine,  ex- 
»  pressive,  une  voix  fraîche  et  flexible,  peu 
»  étendue  à  la  vérité,  mais  qui  ne  manquait 
»  ni  de  timbre,  ni  de  mordant,  un  maintien 
»  plein  de  grâce  et  de  décence,  une  pronon- 
»  ciation  nette,  un  débit  vrai,  des  gestes 
«  simples  et  naturels,  l'intelligence  et  l'habi- 
»  tudedela  scène,  un  jeu  spirituel,  lui  assu- 
»  rèrent  un  triomphe  complet.  »  Tous  les  au- 
teurs voulurent  travailler  pour  une  actrice  si 
remarquable  :  dans  tous  les  rôles  qu'ils  lui 
confièrent,  elle  mit  le  cachet  de  la  perfection. 
Il  faudrait  citer  tous  les  ouvrages  qu'elle  joua 
pour  dire  ceux  où  elle  se  distingua.  Également 
supérieure  dans  l'expression  des  sentiments 
pathétiques,  dans  les  ingénuités, dans  les  rôles 
qui  exigeaient  de  la  noblesse,  et  dans  les  sail- 
lies fines  et  spirituelles,  elle  portait  dans  tout 
un  naturel  si  parfait,  que  son  jeu  semblait 
absolument  dénué  d'art.  Reçue  sociétaire  à 
quart  de  part,  en  1788,  elle  n'eut  la  part  en- 
tière que  dix  ans  après,  lorsque  le  prodigieux 
succès  qu'elle  avait  obtenu  dans  le  Prisonnier 
ne  permit  plus  de  lui  refuser  cet  acte  de  justice. 
La  faillite  du  théâtre  Favart  lui  enleva  ses  éco- 
nomies. A  la  réunion  de  ce  théâtre  avec 
l'Opéra-Comique  de  la  rue  Feydeau,  elle  con- 
serva son  rang  de  sociétaire.  Dégoûtée  des 
tracasseries  de  coulisses,  elle  quitta  la  scène 
jeune  encore,  et  donna  sa  représentation  de 
retraite,  le  2  avril  1808.  Dix  ans  après,  elle 
parut  pour  la  dernière  fois  sur  la  scène  dans 
la  représentation  au  bénéfice  de  son  mari. 
Depuis  lors  elle  a  vécu  dans  la  retraite  avec  le 
fruit  de  ses  épargnes  et  la  modique  pension 
acquise  par  ses  travaux.  Madame  Saint-Aubin 
est  morte  à  Paris,  le  11  septembre  1850,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-six  ans. 

SAINT-AUBIN  (Jean-Denis),  fils  de  la 
célèbre  actrice  dont  la  notice  précède,  naquit 
à  Lyon,  le  8  décembre  1783.  Admis  au  Con- 
servatoire de  musique  de  Paris,  comme  élève 


pour  le  violon,  au  mois  de  messidor  an  V 
(1797),  il  en  sortit  quelques  années  après,  puis 
y  rentra  pour  étudier  l'harmonie  et  le  contre- 
point, le  18  vendémiaire  an  XIV  (1805),  et 
plus  tard  y  fut  employé  comme  répétiteur  des 
rôles  de  la  classe  de  chant.  Vers  1809,  il  publia 
de  sa  composition  :  1°  Six  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  1  ;  Paris,  chez  l'au- 
teur. 2°  Trois  sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  2;  ibid.  Ces  productions  semblaient  an- 
noncer du  talent;  mais  Saint-Aubin  mourut 
peu  de  temps  après  les  avoir  fait  paraître. 

SAINT-AUBIN  (Cécile).  Voyez  DURET 
(madame). 

SAINT- AUBIN  (Alexandrine)  ,  seconde 
fille  de  l'excellente  actrice  de  l'Opéra-Comi- 
que, née  à  Paris,  en  1793,  débuta  au  théâtre 
Feydeau,  en  1809,  et  y  fut  applaudie  dans 
V Opéra-comique,  Ambroise,  et  Paul  et  Vir- 
ginie. En  1810,  elle  obtint  un  succès  d'en- 
thousiasme dans  le  rôle  de  Cendrillon,  écrit 
pour  elle  par  Nicolo-Isouard;  mais  dans  la 
suite  elle  ne  réalisa  pas  les  espérances  qu'elle 
avait  données.  Après  avoir  passé  quelques 
années  au  théâtre  Feydeau  dans  une  sorte 
d'oubli,  elle  se  retira  et  ne  reparut  plus,  sur  la 
scène.  En  1812,  elle  avait  épousé  Joly,  acteur 
du  Vaudeville,  qui  jouissait  alors  de  la  faveur 
publique. 

SAINT  AUGUSTIN.  Voyez  AUGUS- 
TIN (Aurélien). 

SAINT  BASILE,  archevêque  de  Césarée 
en  Cappadoce,  naquit  dans  cette  ville,  en  329, 
reçut  le  baptême,  en  357,  fut  ordonné  prêtre, 
en  364,  et  succéda  à  l'évéque  Eusèbe,  en  370, 
sur  le  siège  de  Césarée.  Il  mourut  en  379, 
universellement  regretté  pour  ses  lumières  et 
ses  vertus.  Les  auteurs  du  Dictionnaire  des 
musiciens  (Paris,  1810-1811)  disent  que  saint 
Basile  fut  le  premier  qui  introduisit  la  psal- 
modie dans  les  églises  de  l'Orient,  telle  que 
saint  Augustin  l'a  établie  dans  celles  de 
l'Occident.  On  ne  sait  ce  que  cela  veut  dire; 
car  l'usage  de  chanter  les  psaumes  dans  les 
églises  d'Orient  date  des  premiers  temps  de  la 
chrétienté;  saint  Athanase  l'avait  trouvé  établi 
et  l'avait  modifié  longtemps  avant  que  saint 
Basile  parvint  à  l'épiscopat;  celui-ci  n'a  pu 
emprunter  à  saint  Augustin  cet  usage  de  la 
psalmodie,  puisqu'il  mourut  lorsque  saint  Au- 
gustin n'était  encore  âgé  que  de  quinze  ans; 
enfin,  ce  dernier  n'a  pas  établi  la  psalmodie 
dans  les  églises  d'Occident,  mais  dans  les 
églises  d'Afrique,  à  l'imitation  de  l'usage  de 
Rome,  qui  participait  un  peu  des  ornements 
du  chants  des  églises  d'Orient,  tempéré  par 


3fi8 


SAINT  BASILE  -  SAINT-GEORGES 


une  partie  de  la  simplicité  de  l'église 
d'Alexandrie. 

SAINT  BERNARD.  Voyez  BER- 
NARD (S.). 

SAINT-CYR  (Jacques-Antoine  REYE- 
RONI).  l'oy.  REVEUONI-SAINT-CYR. 

SAINT-ÉVREMOND  (Charles  Mar- 
guetel  de  Saint-Denis,  seigneur  DE),  naquit 
à  Saint-Denis-le-Guast,  à  trois  lieues  de  Cou- 
tances,  le  1"  avril  1G13.  Après  avoir  fait  ses 
études  au  collège  des  Jésuites,  à  Paris,  il 
entra  au  service  militaire  comme  enseigne,  à 
l'âge  de  seize  ans,  et  se  distingua  par  sa 
bravoure.  Le  duc  d'Enghien,  charmé  de  son 
esprit  caustique,  lui  donna  la  lieutenance  de 
ses  gardes;  mais  les  plaisanteries  de  Saint- 
Évremond  n'ayant  pas  épargné  le  prince  lui- 
même,  celte  faveur  lui  fut  retirée.  Courtisan 
assidu,  l)ien  qu'esprit  frondeur,  il  plut  à  Ma- 
zarin,  qui  le  fit  maréchal  de  camp.  Renfermé 
ensuite  à  la  Bastille  pour  des  bons  mots  contre 
le  ministre,  il  rentra  en  faveur  trois  mois 
après,  et  conserva  sa  position  à  la  cour  jus- 
qu'à l'époque  du  procès  de  Fouquet,  dont  il 
avait  été  l'ami.  Une  lettre  qui  contenait  des 
plaisanteries  contre  les  derniers  actes  du  mi- 
nistère de  Mazarin,  fut  le  prétexte  de  la  sévé- 
rité que  Louis  XIV  montra  en  celte  circon- 
stance contre  Saint-Évremond,  qui  fut  obligé 
de  se  retirer  d'abord  en  Hollande,  puis  à 
Londres,  où  il  passa  les  quarante  dernières 
années  de  sa  vie,  faisant  à  la  courdeCharles  II 
le  rôle  de  courtisan  qu'il  avait  eu  en  France. 
Il  mourut  à  Londres,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
dixans,le20  septembre  1703. Cultivant  les  let- 
tres avec  esprit  et  avec  goût,  il  a  écrit  quelques 
bons  morceaux,  au  nombre  desquels  on  ne 
peut  pas  mettre  sa  Dissertation  sur  l'opéra, 
ou  plutôt  contre  l'opéra.  Il  appelle  ce  genre 
de  spectacle  un  travail  bizarre  de  poésie  et 
de  musique,  où  le  poète  et  le  musicien,  gênés 
l'un  par  l'autre,  se  donnent  beaucoup  de 
peine  pour  faire  un  mauvais  ouvrage.  Vol- 
taire dit  qu'en  écrivant  contre  l'opéra,  Saint- 
Évremond  a  prouvé  seulement  qu'*7  avait 
Voreille  dure.  Cette  dissertation  se  trouve 
dans  le  troisième  volume  de  la  première  édi- 
tion des  œuvres  de  Saint-Évremond,  publiée  à 
Londres,  en  1705,  trois  volumes  in-4°;  dans 
celle  des  œuvres  mêlées  (Londres,  1725,  quatre 
volumes  in-12),  enfin  dans  les  éditions 
d'Amsterdam  (172G,  sept  volumes  in-12)  et  de 
Paris,  (douze  volumes  in-12).  Il  existe  une 
traduction  allemande  de  cette  dissertation 
dans  un  recueil  de  morceaux  de  littérature 
public  à  Lcipsick. 


SAINT-GEORGES  (le  chevalier  de),  né  à 
la  Guadeloupe,  le  25  décembre  1745,  élait  fils 
de  M.  de  Boulogne,  fermier  général,  qui  l'avait 
eu  d'une  négresse.  Amené  fort  jeune  en 
France,  il  y  reçut  l'éducation  d'un  homme  du 
monde,  et  montra  une  aptitude  extraordinaire 
pour  les  arts  et  pour  les  exercices  du  corps. 
Ayant  été  mis  en  pension  à  l'âge  de  treize  ans, 
chez  la  Boèssière,  célèbre  maître  d'armes,  il 
acquit  en  six  années  une  si  grande  habileté 
dans  l'art  de  l'escrime,  qu'on  l'appela  l'ini- 
mitable. Doué  d'une  force  de  corps  et  d'une 
agilité  prodigieuses,  il  eut  dans  cet  art  une 
supériorité  devenue  proverbiale,  et  brilla 
également  dans  tous  les  autres  exercices.  Per- 
sonne ne  pouvait  l'atteindre  à  la  course; 
dans  la  danse,  il  était  le  modèle  de  la  perfec- 
tion ;  excellent  écuyer,  il  montait  à  cru  les 
chevaux  les  plus  difficiles  et  les  rendait  dociles; 
il  patinait  avec  une  grâce  parfaite,  et  se  dis- 
tinguait parmi  les  meilleurs  nageurs  de  son 
temps.  Élève  de  Leclair  pour  le  violon,  il  ac- 
quit sur  cet  instrument  un  talent  égal  à  celui 
des  meilleurs  violonistes  français  de  son 
temps,  et  brilla  dans  les  concerts  par  l'exécu- 
tion de  ses  concertos.  Tant  d'avantages,  un 
esprit  vif  et  orné,  des  manières  distinguées, 
enfin  une  bonté  véritable,  procurèrent  au 
chevalier  de  Saint-Georges  de  brillants  succès 
et  une  jeunesse  heureuse.  Admis  d'abord  dans 
les  mousquetaires,  il  devint  ensuite  écuyer  de 
madame  de  Montesson,  épouse  secrète  du  duc 
d'Orléans,  puis  capitaine  des  gardes  du  duc 
de  Chartres,  dont  il  fut  le  confident  et  l'ami. 
Gossec,  qui  lui  avait  donné  quelques  leçons  de 
composition,  s'associa  à  lui  pour  la  fondation 
du  Concert  des  amateurs,  dont  Saint-Georges 
fut  un  des  directeurs  et  le  premier  violon. 
Avide  de  tous  les  genres  de  succès,  il  voulut 
écrire  pour  le  théâtre  :  son  premier  opéra, 
intitulé  Ernestine,  fut  joué  à  la  Comédie  ita- 
lienne, au  mois  de  juin  1777.  Laclos  en  avait 
fait  le  livret,  dont  la  faiblesse  entraîna  la 
chule  de  la  musique  :  l'ouvrage  n'eut  qu'une 
représentation.  Il  en  fut  de  même  de  la  Partie 
de  chasse,  jouée  quelques  années  après.  En 
1787,  Saint-Georges  voulut  faire  un  dernier 
essai  de  son  talent  pour  la  composition  dra- 
matique, et  fit  jouer,  au  mois  d'août,  la  Fille 
garçon  :  celte  fois  il  fut  plus  heureux,  et  son 
ouvrage  obtint  quelques  représentations.  Un 
œuvre  de  sonates  pour  le  violon,  cinq  con- 
certos pour  le  même  inst  ru  ment  avec  orchestre, 
et  des  symphonies  concertantes,  sont  les 
meilleures  productions  de  cet  amateur  :  elles 
ont  été  publiées  par  Bailleux  et  Sicber.  En 


SAINT-GEORGES  -  SA1NT-HUBERTY 


369 


voici  l'indication  :  1°  Sonates  pour  violon  seul 
<t  basse,  op.  1fr;  Paris,  Bailleux,  1773. 
2°  Deux  concertos  pour  violon  principal,  deux 
violons,  allô,  liasse,  deux  hautbois  et  deux 
cors,  op.  2;  ibid.,  1774.  5°  Concerto  idem, 
op.  5;  ibid.  4"  Concerto  idem,  op.  4;  ibid. 
5°  Sonates  en  trios  pour  deux  violons  et  basse, 
op.  5;  ibid.  G0  Deux  symphonies  concertantes 
pour  deux  violons  et  orchestre,  op.  G;  ibid., 
177G.  7*  Concerto  (5e)  pour  violon  et  orchestre, 
op.  7;  ibid.  8°  Deux  symphonies  concertants 
pour  deux  violons  (2mc  livre);  Paris,  Sieber. 
9"  Sonates  en  trios  pour  deux  violons  et  basse 
(Ome  ijvre);  Paris,  Bailleux.  10°  Deux  sym- 
phonies concertantes  pour  deux  violons  et  or- 
chestre, op.  9;  Paris,  Leduc. 

Engagé  dans  quelques  intrigues  politiques 
au  commencement  de  la  révolution,  par  ses 
relations  avec  le  Palais-Royal,  Saint-Georges 
fut  envoyé  à  Tournai,  an  mois  de  juin  1791, 
par  le  duc  d'Orléans,  sous  prétexte  d'y  donner 
un  concert,  mais  en  réalité  pour  essayer  de 
rattacher  quelques  émigrés  aux  intérêts  du 
prince.  Il  ne  réussit  pas  dans  cette  mission,  et 
reçut  même  l'ordre  de  quitter  la  ville.  De  re- 
tour à  Paris,  il  organisa  un  corps  de  chasseurs 
à  cheval,  dont  il  fut  le  colonel,  et  qu'il  con- 
duisit à  l'armée  du  Nord.  Il  s'y  distingua  par 
sa  bravoure.  Victime  des  excès  de  la  révolu- 
tion, il  fut  arrêté  comme  suspect,  et  vraisem- 
blablement il  aurait  péri  sur  l'échafaud,  si  la 
réaction  du  9  thermidor  (27  juillet  1794) 
ne  l'eut  rendu  à  la  liberté.  Privé  de  tous  ses 
revenus  par  les  événements  politiques,  il 
passa  ses  dernières  années  dans  un  étal  voisin 
de  la  misère.  Un  ulcère  à  la  vessie  le  conduisit 
au  tombeau,  le  12  juin  179'J,  à  l'âge  de  cin- 
quante-quatre ans. 

SAINT-GERMAIN  (M.  DE),  Inspecteur 
de  la  Société  d'assurance  française  pour  le  dé- 
partement de  l'Eure,  correspondant  du  minis- 
tère de  l'instruction  publique  pour  les  travaux 
historiques,  a  publié  un  écrit  qui  a  pour  titre  : 
archéologie  musicale;  Caen,  1846,  in-8°de 
vingt  pages.  Celte  brochure  est  superficielle  et 
sans  valeur. 

SAIÏNT  GRÉGOIRE.  Voyez  GRÉ- 
GOIIIE  (S.). 

SAINT  HILAIRE,  évéque  de  Poitiers, 
docteur  de  l'Église,  naquit  dans  celle  ville, 
vers  le  commencement  du  quatrième  siècle. 
Élevé  dans  I.:  paganisme,  il  ne  l'abandonna 
qu'après  avoir  achevé  de  brillantes  éludes,  et 
lorsque  la  lecture  de  l'Écriture  sainte  l'eut 
éclairé.  Il  était  marié.  Sa  conversion  Tut  suivie 
de  celle  de  sa  femme  et  de  sa   fille.  Sa  piété, 

BIOCR.    INIV.    DES   MUSICIENS.   —  T.    VU. 


son  érudition,  son  éloquence,  le  firent  élever 
à  l'épiscopat  vers  l'an  350.  Ardent  défenseur 
de  la  foi,  il  se  montra  digne  de  cette  haute 
dignité  par  son  zèle  et  son  dévouement.  Ce 
temps  était  celui  du  triomphe  de  Parianisme  : 
il  le  combattit  avec  force  par  ses  écrits  et  dans 
plusieurs  conciles  :  l'exil  auquel  il  fut  con- 
damné ne  put  abattre  son  courage.  De  retour 
à  Poitiers,  après  quatre  ans  d'absence,  il  y  fut 
reçu  comme  un  triomphateur  et  y  mourut, 
en  3G8.  Dans  un  mémoire  rempli  d'érudition, 
M.  l'abbé  Cousseau,  directeur  du  séminaire  de 
Poitiers,  puis  évoque  de  Luçon,  a  entrepris  de 
démontrer  que  l'opinion  qui  attribue  la  com- 
position du  Te  Deuni  à  saint  Hilaire,  piéféra- 
blement  à  saint  Ambroise  et  à  saint  Augustin, 
est  la  mieux  fondée  (1).  Il  y  émet  aussi  la 
conjecture  très-vraisemblable  que  les  huit 
derniers  versets  du  Te  Deum  n'appartiennent 
pas  à  sa  composition  primitive,  et  qu'ils  y  ont 
été  ajoutés  postérieurement.  (Voyez  la  notice 
sur  sa int  Ambroise.)  La  composition  du  Gloria 
Patri  est  attribuée  à  saint  Hilaire. 

SAINT-HILAIUE  (mademoiselle  de), 
pseudonyme  sous  lequel  a  paru  un  écrit  contre 
la  musique  de  Rameau,  sous  ce  titre  :  Lettre 
de  mademoiselle  de  Saint- Hilaire  à  M.  D.... 
(Daquin);  Paris,  1752,  in-8°.  Gossec  m'a  dit 
que,  dans  sa  jeunesse,  on  croyait  que  Daquin 
fils  était  l'auteur  de  cette  brochure. 

SAINT-IICRERTY  (Antoinette-Cécile 
CLAVEL,  connue  sous  le  nom  de),  actrice 
célèbre  de  l'Opéra  de  Paris,  née  à  Toul,  vers 
175G,  était  fille  d'un  ancien  militaire  qui  était 
musicien,  et  qui  se  fit  répétiteur  d'une  troupe 
d'opéra  français,  au  service  de  l'électeur  Pa- 
latin. Il  était  encore  à  Manheim  en  1770, 
mais  peu  de  temps  après  il  l'ut  engagé  avec  sa 
troupe  pour  le  théâtre  de  Varsovie.  Le  com- 
positeur français  Lemoyne,  chef  d'orchestre  de 
celle  troupe  d'opéra,  donna  des  leçons  à  ma- 
demoiselle Clavel,  pendant  quatre  ans,  dans 
cette  ville,  et  la  fil  débuter  dans  un  opéra  de 
sa  composition  intitulé  le  Bouquet.de  Colette. 
De  là  elle  alla  à  Berlin  et  y  épousa,  dit-on,  un 
certain  chevalier  de  Croisy.  Après  son  ma- 
riage, elle  fut  engagée  au  théâtre  de  Stras- 
bourg, et  y  chanta  l'opéra  pendant  trois  ans, 
sous  le  nom  de  mademoiselle  Clavel.  Appelée  à 
Paris,  elle  débuta  à  l'Académie  royale  de  mu- 
sique, le  23  septembre  1777,  par  le  petit  rôle 
de  Mélisse,  dans  VArmide  de  Gluck.  D'abord 

(I)  Le  mémoire  de  M.  l'abbé  Cousseau  Sur  l'auteur 
du  Te  Dettm  est  insère  dans  le  2L'  volume  des  Mémoires 
de  la  Société  des  antiquaires  île  l  Ouest,  Poitiers,  S.iu- 
rin  ferres,  IS37,  in-S"  (pages  2  .I>20(i). 


370 


SAINT-HUBERTY 


peu  remarquée,  elle  n'oblint  que  des  rôles  se- 
condaires, et  ses  défauts  semblaient  s'opposer 
à  ce  qu'elle  en  jouât  de  plus  importants  avec 
succès.  D'une  taille  au-dessus  de  la  moyenne, 
blonde,  maigre,  et  n'ayant  aucun  trait  remar- 
quable dans  la  figure,  quoique  sa  physionomie 
fiit  expressive,  elle  ne  rachetait  les  imperfec- 
tions de  son  extérieur  par  aucune  des  grandes 
qualités  qui  s'emparent  de  l'attention  publi- 
que. Habituée  à  pousser  les  sons  de  sa  voix 
avec  effort,  elle  avait  conservé  dans  son  chant 
un  accent  allemand  et  la  prononciation  la 
plus  vicieuse  :  enfin,  ses  gestes  multipliés  et 
ses  mouvements  convulsifs  ne  semblaient  pas 
promettre  qu'elle  acquerrait  un  jour  de  l'ai- 
sance et  du  naturel  à  la  scène.  Cependant, 
Gluck  sut  la  deviner,  parce  qu'il  lui  trouva  de 
la  chaleur,  de  l'âme  et  la  ferme  volonté  de  dé- 
velopper son  talent.  Bien  qu'elle  eût  été  reçue 
la  seconde  année  à  l'Opéra,  ses  appointements 
étaient  si  peu  de  chose,  qu'elle  languissait 
rlans  une  profonde  misère.  Elle  occupait,  dans 
la  rue  du  Mail,  une  mansarde  dont  un  mauvais 
lit  et  une  malle,  qui  servait  de  chaise,  for- 
maient tout  le  mobilier;  et,  cequi  est  pis  pour 
une  femme,  elle  possédait  à  peine  le  néces- 
saire pour  se  vêtir.  Arrivant  un  jour  à  une 
répétition,  habillée  d'une  robe  noire  en  mau- 
vais état,  elle  entendit  ses  rivales  dire  d'un 
ton  railleur  :  Ah!  voici  madame  la  Res- 
source (1).  —  Le  mot  est  juste,  dit  l'auteur 
A'Lphigénie  en  Tauride ,  car  cette  femme 
sera  un  jour  la  ressource  de  l'Opéra.  Les 
efforts  constants  de  madame  Saint-Huberty, 
pour  corriger  ses  défauts  et  développer  ses 
qualités,  justifièrent  bientôt  ce  jugement  d'un 
grand  artiste.  La  retraite  de  Sophie  Arnould 
ctde  mademoiselle  Beaumesnil  lui  avait  permis 
de  se  faire  entendre  dans  des  rôles  plus  im- 
portants. En  1780,  elle  joua  celui  d'Angé- 
lique, dans  Roland  :  ce  fut  son  premier 
succès;  mais  un  mois  après  elle  en  obtint  un 
plus  beau  dans  le  personnage  de  Lise,  du  Sei- 
(jneur  bienfaisant.  Elle  y  eut  des  accents  si 
pathétiques,  dans  une  scène  de  désespoir,  que 
l'actrice  disparut  aux  yeux  du  public  et  que 
l'illusion  fut  complète.  Le  Thésée,  de  Gossec, 
lui  fournit  l'occasion  d'un  nouveau  triomphe; 
mais  ce  fut  surtout  dans  l'Ariane  d'Édelmann, 
que  son  talent  dramatique  parut  dans  tout  son 
éclat,  et  qu'elle  resta  sans  rivale.  Jamais  l'ex- 
pression «les  sentiments  tendres  et  passionnés 
n'avait  été  portée  si  loin  Bur  la  scène  française. 
l'eu  de  temps  après  elle  prouva,   par  le  rôle 

(I)  rersonn  igtfilc  I  i  comddic  <l»  Jaunir,  de  Itcgnard. 


de  Rosette,  de  VEmbarras  des  richesses, 
qu'il  n'y  avait  pas  moins  d'esprit  et  de  finesse 
dans  son  talent,  que  d'énergie  et  de  sensi- 
bilité. Celui  d'Armide,  dans  le  Renaud  de 
Sacchini,  qui  ne  lui  fut  confié  qu'après  la  qua- 
trième représentation,  acheva  pour  elle  la 
conquête  de  la  faveur  publique  :  elle  y  excita 
des  transports  d'enthousiasme.  La  mort  de 
mademoiselle  Laguerre,  au  commencement  de 
1783,  et  peu  de  temps  après,  la  retraite  de 
mademoiselle  Levasseur,  la  laissèrent  en  pos- 
session du  titre  du  chef  d'emploi  :  elle  re- 
doubla d'efforts  pour  s'en  montrer  digne. 
Pendant  un  voyage  qu'elle  fit  dans  cette  même 
année  1785,  on  répétait  Didon,  nouvel  opéra 
de  Piccinni,  destiné  à  être  joué  pour  la  pre- 
mière fois  devant  la  cour,  pendant  le  voyage 
de  Fontainebleau.  L'ouvrage  produisit  peu 
d'effet  pendant  les  premières  répétitions,  et 
déjà  l'on  s'empressait  de  le  juger  défavora- 
blement :  Messieurs,  dit  Piccinni,  avant  de 
juger  Didon,  attendez  que  Bidon  soit  ar- 
rivée. Tout  changea  en  effet  après  le  retour  de 
madame  Saint-Huberty,  et  l'on  comprit  seu- 
lement alors  les  beautés  remarquables  de  cet 
opéra  :  elle  y  fut  sublime.  «  Le  talent  de  cette 
«  actrice  (dit  Ginguené  dans  sa  notice  sur 
«  Piccinni)  prenait  sa  source  dans  son  ex- 
»  tréme  sensibilité.  On  peut  mieux  chanter 
»  un  air;  maison  ne  peut  donner  ni  aux  airs, 
»  ni  aux  récitatifs,  un  accent  plus  vrai,  plus 
«  passionné  ;  on  ne  peut  avoir  une  action  plus 
»  dramatique,  un  silence  plus  éloquent.  On 
»  n'a  point  oublié  son  terrible  jeu  muet,  son 
»  immobilité  tragique,  et  l'effrayante  expres- 
»  sion  de  son  visage,  pendant  la  longue  ri- 
»  tournelle  du  chœur  des  prêtres,  à  la  fin  du 
»  troisième  acte  de  Didon,  et  pendant  la 
>•  durée  de  ce  chœur.  Quelqu'un  lui  parlant 
»  de  l'impression  qu'elle  avait  paru  éprouver 
«  et  qu'elle  avait  communiquée  à  tous  les 
«  spectateurs  :  Je  l'ai  réellement  éprouvée, 
»  répondit-elle;  dès  la  dixième  mesure,  je 
n  me  suis  sentie  morte.  »  Chimène,  de  Sac- 
chini, les  Danaïdes,  Alcesle,  Phèdre,  achè- 
veront de  placer  celle  grande  actrice  au 
premier  rang  des  chanteurs  de  la  tragédie 
lyrique,  et  la  rendirent  l'objet  de  l'engouement 
général.  Assistant  un  jour  à  la  représentation 
du  Faux  Lord,  à  la  Comédie  italienne,  elle 
fut  saluée  par  1rs  applaudissements  de  toute 
l'assemblée.  A  la  fin  d'une  représentation  de 
Didon,  on  la  couronna  sur  la  scène,  honneur 
jusqu'alors  inouï,  et  dont  on  a  souvent  abuse 
depuis  lors.  Dans  un  second  voyage  qu'elle  lit 
à  Marseille,  en  178'.'»,  les  lèlcs  cl  les  honneurs 


SA1NT-HUBERTY  -  SAINT-LAMBEBT 


371 


lui  Curent  prodigués  dans  un  accès  d'cnlbou- 
siasme  qui  alla  jusqu'au  délire.  On  peut  voir 
dans  la  correspondance  de  Grimm  des  détails, 
qu'on  serait  tenté  de  croire  fabuleux,  sur  la 
réception  qui  lui  fut  faite  alors  dans  le  Midi 
de  la  France.  En  quittant  la  Provence,  elle 
emporta  sur  l'impériale  de  sa  voiture  plus  de 
cent  couronnes,  dont  plusieurs  étaient  d'un 
très-grand  prix. 

De  retour  à  Paris,  elle  passa  encore  quatre 
années  à  l'Opéra,  mais  sans  y  augmenter  sa 
réputation  par  de  nouveaux  rôles.  Elle  y  eut 
même  quelques  sujets  d'ennui;  car  elle  ne 
réussit  pas  dans  le  rôle  de  Clgtemncstre,  peu 
fait  pour  son  extérieur;  on  lui  opposa  made- 
moiselle Dozon  (depuis  lors  madame  Clieron), 
débutante  peu  digne  d'entrer  en  parallèle  avec 
elle;  mademoiselle  Maillard,  dont  elle  avait 
protégé  les  débuts,  la  paya  d'ingratitude.  Ces 
tracasseries  la  dégoûtèrent  du  théâtre.  Depuis 
longtemps  elle  était  la  maîtresse  du  comte 
d'Entraigues,  qui  devint  membre  de  l'as- 
semblée constituante,  et  qui  s'y  montra  dévoué 
à  la  noblesse  et  à  la  cour.  Madame  Sainl- 
Huberly  embrassa  avec  chaleur  ses  opinions 
politiques,  et  lorsque  le  comte  prit  le  parti  de 
sortir  de  France,  elle  donna  sa  démission  à 
l'Opéra,  et  le  suivit  dans  l'émigration  à  Lau- 
sanne. .Elle  le  rejoignit  dans  cette  ville,  au 
mois  d'avril  1790,  et  le  29  décembre  suivant, 
ie  comte  l'épousa  ;  mais  il  ne  déclara  son  ma- 
riage qu'en  1797,  après  que  sa  femme  lui  eut 
donné  les  moyens  de  fuir  la  prison  de  Milan, 
où  le  général  Bonaparte  le  retenait.  Depuis 
celte  époque,  ils  vécurent  quelque  temps  à 
Vienne,  puis  à  Grselz,  où  ils  se  trouvaient,  en 
1799.  Le  comte  d'Entraigues  était  au  service 
•le  la  courde  Russie,  pour  remplir  des  missions 
secrètes  richement  récompensées;  mais  il 
trouva  la  source  d'une  fortune  plus  considérable 
dans  la  communication  qui  lui  fut  faite  à  Pé- 
tersbourg  des  articles  secrets  de  la  paix  de 
Tilsit.  Muni  de  ces  pièces  importantes,  il  se 
rendit  à  Londres  et  les  communiqua  au  minis- 
tère anglais,  dont  M.  Canning  était  le  chef: 
en  échange  de  ce  service,  on  lui  assura  une 
pension  considérable.  Le  comte  et  la  comtesse 
avaient  loué  près  de  Londres  une  maison  de 
campagne:  le  22  juillet  1812,  ils  furent  assas- 
sinés tous  deux  par  un  de  leurs  domestiques, 
nommé  Lorenzo,  au  moment  où  ils  se  dispo- 
saient à  monter  dans  leur  voiture.  Les  motifs 
politiques  de  cet  assassinat  n'ont  jamais  été 
bien  connus.  Madame  d'Entraigues  portail 
habituellement  la  décoration  de  l'ordre  de 
Saint-Michel  qui,  dit-on,  lui  avait  été  donnée 


par  Louis  XVIII,  en  récompense  de  ses  talents, 
et  des  services  qu'elle  avait  rendus  à  la  cause 
royale,  en  faisant  évader  son  mari  des  prisons 
de  Milan,  et  sauvant  son  portefeuille  qui  con- 
tenait des  papiers  d'une  haute  importance. 

SAINT-JULIEN  (IIenri-Fuédéiuc  DE), 
né  à  Manheim,  le  G  janvier  1801,  conseiller 
du  ministère  de  la  guerre  du  grand-duc  de 
Bade,  à  Carlsruhe,  ne  s'est  pas  seulement 
livré  à  l'étude  de  la  jurisprudence,  mais  a  cul- 
tivé la  musique  sous  la  direction  de  son  ami 
Fesca,  dont  il  est  l'unique  élève.  Les  ouvrages 
des  compositeurs  célèbres  du  seizième  siècle 
ont  été  pour  lui  l'objet  d'études  sérieuses,  et 
lui  ont  fait  établir  à  Carlsrude  une  société 
d'amateurs  pour  l'exécution  de  ces  vénérables 
monuments  de  l'art  :  il  en  est  le  directeur. 
M.  de  Saint-Julien  s'est  livré  à  la  composition, 
et  a  publié:  1°  Six  chants  allemands,  op.  1  ; 
Carlsruhe,  J.  Velten.  2°  Six  chansons  alle- 
mandes, op.  2;  Augsbourg,  Gombart.  ô°Trois 
quatuors  pour  violons,  allô  et  basse,  op.  3; 
Paris,  Simon  Richaull.  4°  Douze  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes;  Carlsruhe,  J.  Velten. 
5°  La  sérénade,  suite  de  chansons  ;  ibid. 
C°  Six  chants  allemands,  op.  6;  Carlsruhe, 
W.  Hasper.  7°  Lyrical poems  ofTh.  Moore; 
Mayence,  Schott. 

SAINT-LAMBERT  (Michel  DE),  pro- 
fesseur de  clavecin  à  Paris,  dans  la  seconde 
partie  du  dix-septième  siècle,  a  été  confondu 
par  Gerber  et  ses  copistes  avec  Michel  Lam- 
bert, maître  de  musique  de  la  chambre  du  roi. 
On  ne  sait  rien  de  la  vie  de  Saint-Lambert  :  il 
parait  qu'il  ne  jouissait  pas  d'une  grande  ré- 
putation comme  claveciniste,  en  1680,  lors- 
qu'il fil  paraître  son  traité  d'accompagnement, 
carie  Gallois,  qui  fit  imprimer  dans  la  même 
année  sa  Lettre  à  mademoiselle  Regnault  de 
Solier  louchant  la  musique,  s'exprime  ainsi  : 
«  Le  clavecin  a  eu  pourillustresChamhonière, 
»  les  Couperin,  Hardelle,  Richard,  la  Barre; 
»  et  il  a  présentement  messieurs  d'Englebert, 
»  Gautier,  Burel,  le  Bègue,  Couperin,  et  quel- 
«  ques  autres  qui  ne  sont  pas  présents  à  ma 
»  mémoire.  «  On  voit  que  le  nom  de  Saint- 
Lambert  n'est  pas  cité  parmi  ces  artistes.  On 
a  de  ce  musicien  :  1°  Traité  de  l'accompa- 
gnement du  clavecin,  de  l'orgue  et  de  quel- 
ques autres  instruments)  Paris,  Ballard, 
1080,  in-4°  obi.  Une  deuxième  édition  a  paru 
à  Paris,  chez  Ballard,  en  1707,  in-4"  oblong. 
2"  Principes  du  clavecin;  Paris,  Ballard, 
Ki97,  in-4°  obi.;  une  deuxième  édition  a  été 
publiée  par  le  même  inprimeur,  en  1702, 
in-4"  obi.  Celle-ci  a  pour  titre  :  Les  prin- 

n. 


372 


SATNT-LAMDERT  —  SAINT-PERN 


cipes  du  clavecin, contenant  une  application 
exacte  de  tout  ce  qui  concerne  la  tablature  et 
le  clavier,  avec  des  remarques  nécessaires 
pour  l'intelligence  de  plusieurs  difficultés  de 
la  musique.  Une  réimpression  de  cette  édition 
a  été  l'aile  à  Amsterdam,  chez  Roger  (sans 
date),  un  volume  grand  in-4"  de  cent  qua- 
rante-deux pages,  avec  deux  planches  de  mu- 
sique. 

SAITVT-  LAMBERT  (  Jean -François, 
marquis  DE),  littérateur  français,  né  le  10  dé- 
cembre 1717,  à  Vézelise,  en  Lorraine,  servit 
longtemps  dans  l'infanterie, puis  fut  capitaine 
des  gardes-lorrains,  et  grand-maître  de  la 
garde-robe  du  roi  de  Pologne  Stanislas;  enfin, 
mestre  de  camp  et  gouverneur  de  Joinville.  Il 
mourut  à  Paris,  le  9  février  1803.  Il  avait  été 
membre  de  l'Académie  de  Nancy,  puis  de 
l'Académie  française,  et  en  dernier  lieu  de  la 
deuxième  classe  de  l'Institut  deFrance.  Saint- 
Lambert  est  particulièrement  connu  par  un 
poème  des  Saisons,  souvent  réimprimé.  On  a 
de  lui  une  lettre  sur  l'Opéra,  insérée  par 
Suard  dans  le  quatrième  volume  des  Variétés 
littéraires  (voyez  Suard). 

SAIIVr-LlJBU\  ^Léon  DE),  violoniste  et 
compositeur,  jné  à  Turin, en  1801,  est  fils  d'un 
maître  de  langue  française  qui,  après  avoir 
habité  quelque  temps  dans  celte  ville,  se  fixa  à 
Hambourg.  Saint-Lubin  reçut  d'abord  des  le- 
çons de  harpe,  puis  se  livra  à  l'étude  du  vio- 
lon avec  tant  de  zèle,  qu'il  put  joueren  public 
un  concerto  sur  cet  instrument,  à  l'âge  de 
neuf  ans.  En  1817,  il  se  fit  entendre  à  Berlin, 
puis  à  Dresde,  où  il  reçut  quelques  leçons  de 
Polledro.  L'année  suivante,  il  alla  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  et  devint  l'élève  de  Spohr  pen- 
dant un  an.  Aprèsavoir  parcouru  l'Allemagne, 
pendant  l'année  1819,  il  s'établit  à  Vienne  et 
y  fit  des  études  de  composition.  En  1827,  il 
entra  comme  violoniste  au  théâtre  de  Joseph- 
stadt,  et  la  place  de  sous-chef  d'orchestre  du 
même  théâtre  lui  fut  accordée  l'année  sui- 
vante. Ce  fut  alors  qu'il  essaya  pour  la  pre- 
mière fois  ses  forces  dans  la  musique  drama- 
tique par  le  mélodrame  intitulé  Bclisaire:  il 
écrivit  aussi,  à  la  même  époque,  plusieurs  con- 
certos pour  le  violon,  et  une  grande  sympho- 
nie. Après  avoir  entendu  Paganini,  il  le  prit 
pour  modèle,  et  se  relira  dans  une  solitude  de 
la  Hongrie,  afin  de  pouvoir  se  livrer  en  liberté 
à  de  nouvelles  études.  De  retour  à  Vienne,  il 
y  fut  bien  accueilli,  et  obtint  de  brillants 
succès  dans  ses  concerts.  La  musique  de  plu- 
sieurs ballets  cl  d'un  opéra-féerie,  ainsi  que 
des  trios  pour  le  piano  et  des  quatuors  pour 


instruments  à  cordes  furent,  à  celle  époque,  Je 
fruit  deses  travaux.  Appelé  à  Berlin,  en  1850, 
poury  remplir  les  fondions  de  chef  d'orchestre 
au  théâlre  de  Kœnigsladt,il  a  occupé  la  même 
position  jusqu'à  sa  mort.  A  Berlin  comme  à 
Vienne,  il  a  écrit  des  ballels  et  des  panto- 
mimes. Son  opéra  Kœnin  Branor's  Schwert 
(le  Glaive  du  roi  Branor)  n'a  pas  eu  de  succès; 
il  a  été  plus  heureux  avec  le  Cousin  du  doc- 
teur Faust.  Au  nombre  de  ses  compositions 
on  compte  cinq  concertos  de  violon,  dix-neuf 
quatuors,  et  un  ottello,  la  plupart  publiés  à 
Vienne  et  à  Berlin.  Saint-Lubin  est  mort  dans 
cette  ville,  au  mois  de  février  1850. 

SAOT-LUC,  luthiste  de  la  chambre  du 
roi  de  France,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  fit  vers  l'an  1700  un  voyage  en  Alle- 
magne, et  visita  Vienneet  Berlin,  où  il  eut  des 
succès.  Il  a  fait  imprimer  deux  livres  de  pièces 
de  luth,  avec  flûte  ou  hautbois  et  basse  conti- 
nue ;  Amsterdam,  chez  Boger. 

SAOTMABC  (Jean -Paul-André  DES 
RASOS,  marquis  DE),  né  au  château  de 
Rasins,  en  Guyenne,  le  29  novembre  1728,  fut 
admis  comme  officier  dans  les  gardes  fran- 
çaises en  1744,  et  prit  sa  retraite  dix-huit  ans 
après,  pour  se  livrer  à  la  culture  des  lettres. 
L'Académie  des  belles-lettres,  sciences  et  arls 
de  Bordeaux  l'admit  au  nombre  de  ses  membres 
en  1772;  il  mourut  dans  cette  ville,  le  11  oc- 
tobre 1818.  Au  nombre  des  écrits  de  ce  littéra- 
teur médiocre,  on  trouve  des  Réflexions  sur 
l'opéra;  Paris,  1777,  in-8°.  Cet  opuscule  se 
trouve  dans  le  premier  volume  des  Œuvres  de 
Saint-Marc;  Paris,  Didot  jeune,  1781,  trois 
volumes  in-8°,  et  Paris,  de  l'imprimerie  de 
Monsieur,  1785,  deux  volumes  in  8°. 

SAINT-MAKI»  (Toussaint  RÉMOiNR 
DE  )  /oyez  RÉMOIMD  DE  SAIIY1  - 
IUARD. 

SAINT-MCET.  f'oyezlSlCMT  (S.). 

SAINT-PAUL    ( ),  luthier    français, 

vécut  à  Paris,  vers  1040.  Ses  violons,  d'un 
petit  patron,  sont  estimés  à  cause  de  leur  qua- 
lilé  île  son  argentine.  Il  y  a  aussi  de  lui  de 
bons  quintons  ou  par-dessus  de  viole  à  cinq 
cordes. 

S  VIINT-PERINi  (AI.  DE),  d'une  famille 
noble  de  Bretagne,  mais  sur  qui  je  n'ai  pu 
me  procurer  de  renseignements  biographiques, 
est  inventeur  d'un  instrument  qu'il  a  appelé 
organo-lyricon.  Cet  instrument,  dont  la 
forme  élail  celle  d'un  secrétaire  à  cylindre 
d'environ  deux  mètres  et  demi  de  hauteur, 
d'une  largeur  de  deux  mènes,  et  d'un  mèlre 
cl  demi  île  profondeur,  avait  pour  objet  du 


SAINT-PERN  —  SAINTE-MARIE 


373 


réunir  un  piano  à  un  orgue  imitant  le  timbre 
de  plusieurs  instruments  à  vent;  Yorgano- 
hjricon  fut  l'objet  d'un  rapport  de  la  première 
•  lasse  de  l'Institut  de  France,  dans  la  séance 
du  10  septembre  1810,  et  d'un  autre  rapport 
du  Conservatoire  de  musique  de  Paris,  en  date 
du  12  août  de  la  même  année.  On  trouve  ces 
deux  rapports  dans  la  Bibliographie  musicale 
de  la  France  et  de  l'étranger,  par  Gardeton 
(p.  531-557).  Par  une  singulière  destinée, 
l'instrument  de  M.  de  Saint-Pern,  fort  vanté 
dans  les  rapports  de  l'Institut  et  du  Conserva- 
toire, se  trouvait  en  mauvais  état  dans  une 
salle  de  vente  à  Bruxelles,  où  je  l'ai  vu  en 
1834:  on  l'offrait  à  vil  prix,  sans  trouver 
d'amateurs. 

SAINT-SAENS    (CHARLES-CAMtLLE),  né  à 

Paris,  le  9  octobre  1835,  a  commencé  l'étude 
du  piano  dès  l'âge  de  deux  ans  et  demi,  sous 
la  direction  de  sa  grand'lante.  Frappée  de 
ses  dispositions  précoces,  sa  famille  prit  la 
résolution  de  les  faire  cultiver,  sans  le  desti- 
ner toutefois  à  la  profession  de  musicien. 
A  l'âgé  de  sept  ans,  il  devint  élève  de  M.  Sla- 
mali  (voyez  ce  nom)  pour  lo  piano,  et  il  reçut 
les  leçons  de  cet  artiste  jusqu'à  la  fin  de  sa 
douzième  année.  M.  Haleden  (voyez  ce  nom) 
l'ut  son  maître  de  composition;  mais  il  fré- 
quenta la  classe  d'Halévy,  au  Conservatoire, 
pendant  une  année.  Admis  dans  celte  institu- 
tion comme  élève  du  cours  d'orgue  de  M.  Be- 
noist,  M.  Saint-Saens  obtint  le  second  prix  de 
cet  instrument  au  concours  de  1849,  et  le 
premier  lui  fut  décerné  en  1851.  Dans  l'année 
suivante,  il  se  présenta  au  concours  annuel  de 
l'Institut  de  France,  pour  la  composition  mu- 
sicale, quoiqu'il  n'eût  alors  que  dix-sept  ans; 
n'ayant  pas  réussi  dans  cette  épreuve,  il  ne 
prit  plus  part  aux  concours  des  années  sui- 
vantes. En  1853,  il  fut  nommé  organiste  de 
l'église  Saint-Méry,  à  Paris;  en  1858,  il  obtint 
le  titre  et  les  fonctions  d'organiste  de  l'église 
de  la  Madeleine,  où  se  trouve  un  excellent 
orgue  de  M.  Cavaillé'.  M.  Saint-Saens  est  aussi 
professeur  de  piano  à  l'institution  de  musique 
religieuse  fondée  par  Niedermayer  (voyez  ce 
nom).  Le  début  de  cet  artiste  se  fit  avec  éclat 
par  sa  première  symphonie  (en  mi  bémol), 
qui  fut  exécutée  par  l'orchestre  de  la  Société  de 
Sainte-Cécile,  avant  qu'il  eût  accompli  sa  sei- 
zième année.  Cet  ouvrage  a  été  publié  en  par- 
ution et  parties  séparées,  à  Paris,  chez  Ri- 
cliaull;  elle  a  été  aussi  arrangée  pour  piano  à 
quatre  mains,  et  publiée  sous  cette  forme.  Un 
fragment  de  cette  symphonie  (marche  - 
scherzo)  a  été  exécuté  aux  concerts  populaires 


de  Paris  (1804)  avec  un  grand  succès.  Une 
deuxième  symphonie  du  même  compositeur 
(en  fa)  a  été  exécutée  par  l'orchestre  de  la  So  - 
ciété  de  Sainte-Cécile  de  Bordeaux,  en  1856. 
M.  Saint-Saens  a  une  troisième  symphonie 
(en  la  mineur)  et  une  quatrième  (en  ré),  toutes 
deux  inédites.  Les  autres  ouvrages  de  cet  ar- 
tiste consistent  en  une  messeà quatre  voix,  or- 
chestreetdeux orgues  ;  Paris,  Richault  ;  une  ta- 
rentelle pour  flûte  et  clarinette  avec  orchestre, 
ibid.;  six  bagatelles  pour  piano,  ibid.;  envi- 
ron quinze  romances  ou  mélodies,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  ibid.;  deux  mor- 
ceaux pour  harmonium,  Paris,  Girod;  six 
duos  pour  harmonium  et  piano,  ibid.  ;  orato- 
rio de  Noël,  pour  voix  seules  et  chœur,  com- 
posé pour  l'office  de  la  messe  de  minuit  et 
exécuté  dans  l'église  de  la  Madeleine;  publié 
en  partition  réduite  pour  le  piano,  Paris,  Flax- 
land;  scène  tirée  «les  Horaces  de  Corneille, 
en  partition  de  piano  et  chant,  ibid.;  trans- 
criptions d'après  J.-S.  Bach,  première  et 
deuxième  séries;  Winterthur  (Suisse),  Bider- 
mann.  Parmi  les  compositions  inédites  de 
M.  Saint-Saens  se  trouvent  :  concerto  pour 
piano  et  orchestre  (en  ré);  concerto  pour  vio- 
lon et  orchestre  (en  ut)]  ode  en  l'honneur  de 
Sainte-Cécile  pour  voix  seule,  chœur  et  or- 
chestre, exécutée  par  la  Société  de  Sainte-Cé- 
cile de  Paris,  en  1852;  un  certain  nombre  de 
motets  et  de  mélodies;  quelques  petites  pièces 
pour  le  piano. 

SAIN T-SÉ VIN  (Joseph-Barnabe),  pre- 
mier violon  du  théâtre  de  Bordeaux,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  était 
né  dans  un  village  des  environs  de  Béziers.  On 
a  de  lui  des  Principes  de  violon;  Bordeaux, 
1772,  in-4°. 

SAINTE  CÉCILE,  vierge  et  martyre, 
patronne  des  musiciens.  L'authenticité  des 
actes  du  martyre  de  cette  sainte  est  révoquée 
en  doute  par  les  meilleurs  critiques.  Suivant 
ces  actes,  elle  aurait  souffert  le  martyre  à 
Rome,  vers  l'an  250,  sous  le  règne  d'Alexan- 
dre Sévère,  qui  n'exerça  pourtant  aucune  per- 
sécution contre  les  chrétiens.  Quoi  qu'il  en 
soit,  elle  fut  canonisée  antérieurement  à  la 
fin  du  cinquième  siècle.  On  croit  que  celte 
sainte  unissait  les  sons  des  instruments  à  sa 
voix,  lorsqu'elle  chantait  les  louanges  de 
Dieu;  c'est  sur  celte  incertaine  tradition  que 
les  musiciens  Tout  choisie  pour  leur  patronne. 
Sa  fête  est  le  22  novembre. 

SAINTE-MARIE  (Etienne),  médecin, 
membre  de  la  Société  médicale  de  Montpellier 
cl  <le  l'Académie  de  Lyon,  né  à  Sainlc-Foix- 


374 


SAINTE-MARIE  -  SALA 


lez-Lyon,  le  4  août  1777,  mort  à  Lyon,  le 
3  mars  1829,  traducteur  du  Tentamen  de  vi 
sont  et  musices incorpore  hitmano,  de  Roger, 
publié  par  lui  en  français  sous  le  litre  de 
Traite  des  effets  de  la  musique  sur  le  corps 
humain  ;  Paris,  1803,  un  volume  in-8°  {voyez 
Roger  (Joseph-Laurent). 

SAOTOI^PROsrEn-PniMPPE-CATiiERinE), 
violoniste  distingué,  né  à  Toulouse  (Haute- 
Garonne),  le  5  juin  18I3,  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  Paris,  le  20  décembre  1831, 
comme  élève  d'Habeneck.  Il  obtint  le  second 
prix  de  violon  au  concours  de  1833,  et  le  pre- 
mier lui  fut  décerné  dans  Tannée  suivante. 
Après  que  ses  études  furent  terminées,  il  en- 
tra à  l'orchestre  de  l'Opéra,  mais  il  y  resta 
peu  de  temps,  ayant  pris  la  résolution  de 
voyager.  Il  visita  d'abord  la  Haule-Ttalie,puis 
se  fit  entendre  à  Vienne,  à  Pé'lersbourg,  à  Co- 
penhagueetàStockholm,  etfnl  partoutaccueilli 
avec  faveur.  De  retour  à  Paris,  il  rentra  pour 
quelque  temps  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  puis 
il  se  rendit  à  Londres,  où  depuis  lors  il  s'est 
fixé.  Il  y  jouit  de  la  réputation  d'un  artiste 
très-distingué,  particulièrement  dans  la  mu- 
sique de  chambre.  Devenu  premier  violon  du" 
théâtre  italien  de  Covenl-Garden,  il  a  gardé 
longtemps  celle  position,  dans  laquelle  il  était 
remarquable  par  son  aplomb  dans  l'impulsion 
qu'il  donnait  à  l'orchestre,  aussi  bien  que  par 
la  pureté  de  son  exécution.  En  1858,  il  a  donné 
avec  succès  des  concerts  à  Iloulogne-sur-Mer, 
et  dans  l'année  suivante,  il  a  fait  admirer  son 
talent  dans  les  concerts  de  Paris.  Ce  qui  dis- 
tingue ce  talent,  c'est  une  parfaite  justesse, 
qualité  fort  rare,  le  goût  et  la  souplesse  de 
l'archet  ;  mais  le  son  laisse  désirer  plus  d'am- 
pleur. On  connaît  de  M.  Sainton  plusieurs  fan- 
taisies pour  violon  et  orchestre,  ou  violon  et 
piano,  exéeulées  par  lui  dans  les  concerts. 
Il  a  épousé  à  Londres  mademoiselle  Dalby, 
cantatrice  de  mérite. 

SAJON  (Charles)  ,  compositeur  drama- 
tique, né  à  Venise,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  y  fit  représenter,  en  1C79,  Erne- 
linda,  opéra  sérieux  en  trois  actes,  et  l'année 
suivante, DonChisciolte  délia  Mancia. 

SALA  (Nicolas),  maître  qui  a  joui  d'une 
grande  célébrilé-à  Naples,  naquit  dans  un 
pelit  village  près  dcllénévcnt,  en  1732.  Ayant 
été  admis  parmi  "les  élèves  du  Conservatoire 
de  la  Pietà  de'  Turchini,  il  y  reçut  les  leçons 
île  Fago  et  d'Abos.  Tels  sont  les  renseigne- 
ments fournis  par  le  marquis  de  Villarosa, 
dans  ses  Memoric  dei  coinpositori  di  musica 
Utl  regno  di  Napoli(\>.  19-1).  D'aulrc  part,  les 


compilateurs  de  la   Biografia  degli  uomini 

illustri  dcl  regno  di  Napoli  fixent  la  date  de 
la  naissance  de  cet  artiste  à  1701,  et  le  font 
élève  d'Alexandre  Scarlatli.  Celle  tradition 
parait  être  plus  exacte,  si  l'on  en  juge  par  les 
dales  des  représentations  de  quelques  opéras 
qui  portent  le  nom  de  cet  artiste.  Ces  dates 
peuvent  faire  voir  vers  quelle  époque  se  trouve 
l'activité  de  Sala,  comme  compositeur  d'opé- 
ras, quoiqu'elles  soient  à  de  si  grandes  dis- 
tances, qu'on  serait  tenté  de  croire  qu'elles  se 
rapportent  à  plusieurs  hommes  différents. 
Ainsi,  j'ai  trouvé  sous  son  nom  une  partition 
de  Vologese,  avec  la  date  de  1737,  et  l'indica- 
tion de  Rome,  au  théâtre  Argenlina.  A  la  bi- 
bliothèque du  Conservatoire  de  Naples  se 
trouve  sa  partition  de  Mcrope,  écrite  à  Naples, 
en  1769  (et  non  en  1796,  comme  le  dit  le  mar- 
quis de  Villarosa);  enfin,  son  oratorio  Giu- 
dilta  ossia  Belulia  liberata  porle  la  date  de 
1780,  en  sorte  qu'il  était  âgé  de  soixante- 
dix-neuf  ans  lorsqu'il  l'écrivit.  Sala  mourut 
en  1800,  à  l'âge  de  près  de  cent  ans,  après  en 
avoir  passé  plus  de  soixante  dans  l'ensei- 
gnement delà  composition  et  dans  la  direction 
du  Conservatoire  de  la  Pietà  de''  Turchini. 
II  avait  succédé  à  Fago  dans  la  place  de  se- 
cond maître  du  Conservatoire  de  la  Pietà,  et 
devint  premier  maître  de  celle  même  institu- 
tion, après  la  mort  de  Cafaro,  à  la  fin  de  1787. 
Il  paraît  avoir  en  peu  de  succès  comme  com- 
positeur dramatique,  car  les  écrivains  con- 
temporains ne  le  mentionnent  pas  parmi  ceux 
qui  se  sont  distingués  à  la  scène.  Dans  le 
style  d'église,  je  n'ai  trouvé  de  lui  que  l'ora- 
torio de  Giuditta,  une  messe  à  quatre  voix  et 
orchestre,  un  Dixit  à  cinq  voix  et  orchestre, 
des  Répons  pour  la  semaine  sainte,  à  quatre 
voix,  et  des  litanies  à  plusieurs  parties.  Ces 
ouvrages  se  trouvent  à  la  Bibliothèque  du  Con- 
servatoire de  Naples. 

Sala  doit  particulièrement  sa  renommée  de 
savant  musicien  à  un  recueil  de  modèles  de 
contrepoints  et  de  fugues  qui  fut  gravé,  aux 
frais  du  roi  de  Naples,  sur  de  grandes  planches 
de  cuivre,  et  qui  parut,  en  1794,  sous  ce 
litre  :  Regole  del  contrappunlo  praltico  di 
Nicolo  Sala  iXapalitano,  primo  maestro  ncl 
real  eonservatorio  délia  Pietà  de'  Turchini, 
dedicuto  alla  Macslà  di  Ferdinando  TF,  Re 
dette  Due-Sicilie,  trois  volumes  grand  in-fol. 
Peu  de  temps  après  que  cet  ouvrage  eut  été 
publié,  le  royaume  de  Naples  fut  envahi  par 
l'armée  française;  puis  une  réaction  s'opéra, 
et  dans  les  désordres  de  ces  vicissitudes, 
les  planches  du  livre  de  Sala  s'égarèrent,  et 


SALA  -  SALBLINGER 


375 


l'on  crut  qu'elles  étaient  perdues  pour  tou- 
jours ;  mais  plus  tard  elles  ont  été  retrouvées. 
Dans  l'intervalle,  Choron,  qui  avait  acquis  un 
exemplaire  de  cet  ouvrage,  crut  qu'il  rendrait 
un  service  important  aux  jeunes  artistes  en  le 
publiant  de  nouveau  :  il  en  fit  la  "base  de  la 
compilation  qu'il  a  donnée  sous  le  titre  de 
Principes  de  composition  des  écoles  d'Italie 
Malgré  les  éloges  accordés  aux  modèles  de 
Sala ,  rien  n'y  justifie  l'enthousiasme  que 
Choron  avait  montré  pour  cette  production. 
Les  contrepoints  sont  mal  écrits,  d'un  mauvais 
style,  et,  chose  singulière  dans  l'oeuvre  d'un 
compositeur  italien,  ils  ne  sont  pas  dans  les 
limites  naturelles  des  voix.  Les  fugues  man- 
quent d'intérêt,  sont  souvent  monotones,  et 
quelquefois  d'une  tonalité  équivoque.  De  plus, 
il  semble  que  Sala  n'ait  eu  que  des  notions 
confuses  de  ce  qui  constitue  la  différence  entre 
les  fugues  tonales  et  les  fugues  réelles  :  par 
exemple,  il  appelle  tonale  la  fugue  de  la  se- 
conde série  de  son  livre  (Tu  es  sacerdos  in 
zternum),  quoique  cette  fugue  soit  établie  sur 
la  gamme  diatonique  prise  comme  sujet,  et  que 
la  réponse  soit  sans  mutation  :  ce  qui  présente 
toutes  les  conditions  de  la  fugue  réelle  (!). 
Choron,  peu  habile  dans  la  pratique  de  l'art 
d'écrire,  n'a  point  aperçu  ces  défauts.  En 
somme,  le  travail  de  Sala  est  de  peu  de  valeur 
et  ne  mérite  pas  les  éloges  qui  lui  ont  été  ac- 
cordés par  des  musiciens  peu  instruits. 

Les  seuls  opéras  connus  de  ce  maître  sont  : 
1°  Vologese,  à  Rome,  en  1737.  2°  Prologue 
pour  le  jour  de  naissance  du  roi  de  Naples,  en 
1761 .  ù°Zenobia,  au  théâtre  Saint-Charles  de 
Naples,  dans  la  même  année.  4°  Prologue 
pour  le  jour  de  naissance  du  roi,  en  1763. 
5"  Autre  idem,  en  1769.  6°  Mèrope,  au 
théâtre  Saint-Charles,  dans  la  même  année. 

(1)  On  trouve  un  remarquable  exemple  d'erreur  sem- 
blable de  la  part  de  l'abbé  Baini  et  des  examinateurs  de 
la  congrégation  de  Sainte-Cécile  de  Rome,  dans  le  livre 
posthume  d'Adrien  de  La  Fage  intitulé  Essai  de  diphlé- 
rutjraphie  musicale  (Paris  1801,  pp.  9S-104).  Dans  la 
confusion  de  leurs  idées  sur  les  nécessites  tonales  du 
plain-chant,  tous  se  sont  égarés  à  l'égard  de  ce  sujet  de 
fui;ue 


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et  n'ont  pas  vu  que  c'est  une  fugue  réelle,  dont  la  ré- 
ponse est  : 

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Les  réponses  proposées  par  les  examinateurs  sont 
absurdes,  et  les  objections  de  Baini  ne  le  sont  pas 
moins. 


SALANTIN  (Antoine).  F  oyez  SALL  AN- 
TIN. 

SALARI  (François),  né  à  Bergame,  en 
1751,  et  non  à  Vérone,  comme  le  prétend 
Gerbcr,  se  livra  fort  jeune  à  l'étude  de  la  mu- 
sique dans  un  des  Conservatoires  de  Naples, 
puis  reçut  pendant  cinq  ans  des  leçons  de  Pic- 
cinni,  et  acheva  ensuite  son  éducation  musi- 
cale à  Milan,  sous  la  direction  de  Fioroni. 
L'opéra  sérieux  (Tfigenia  in  Aulide)  qu'il 
écrivit  à  Casal-Monferrato,  en  1776,  le  fit  con- 
naître avantageusement.  Il  alla  s'établir  dans 
l'année  suivante  à  Venise,  où  il  composa 
V Amor  ramingo,  opéra  bouffe.  Après  avoir 
enseigné  le  chant  dans  celte  ville  pendant 
vingt-huit  ans,  il  retourna,  en  1805,  à  Ber- 
game, sa  patrie,  où  il  fut  nommé  professeur 
de  chant  à  l'Institut  musical,  et  second  maître 
de  chapelle  à  Sainte-Marie-Majeure.  On  con- 
naît sous  son  nom  plusieurs  morceaux  de  mu- 
sique d'église. 

SALAZAR  (D.  Jcan-Gaiicia),  prêtre  es- 
pagnol et  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Zamora,dans  la  Vieille-Castille,  vécut  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
M.  Eslava  (voyez  ce  nom)  n'a  pu  découvrir  la 
date  de  sa  nomination  à  cette  place,  mais  il  a 
acquis lapreuveque  Salazar  l'occupaiten  1691, 
et  qu'il  mourut  en  1710.  Quoique  ce  maître  ait 
été  un  des  compositeurs  de  musique  d'église 
les  plus  distingués  de  l'Espagne,  il  y  est  peu 
connu,  et  ses  productions  ne  se  trouvent  que 
dans  la  province  où  il  vécut.  M.  Eslava  a  pu- 
blié (Lira  sacro-Hispana,  deuxième  série, 
t.  I,  p.  76-125)  les  motets  de  Salazar  :  1°  Hic 
mihi,  à  quatre  voix.  2°  O  Rex  Gloria:,  à  six 
voix  et  orgue.  5°  Quœ  est  ista,  idem.  4°  Vidi 
speciosam,  idem.  5°  Sancta  Maria,  à  cinq 
voix  et  orgue.  6°  Nativitas  tua,  à  six  voix  et 
orgue.  7°  Mater  Dei,  à  cinq  voix  et  orgue. 

SALBLINGER  (Sigismond),  musicien  du 
seizième  siècle,  né  à  Augsbourg,  vers  1510, 
s'est  fait  connaître  comme  compositeur  par  un 
recueil  intitulé  :  Cantiones  5-7  vocum;  Augs- 
bourg, 1545,  in-4°.  On  lui  doit  aussi  des  collec- 
tions fort  intéressantes  décompositions  d'an- 
ciens maîtres  intitulées  :\°Concentus quatuor f 
quinque,  sex  et  octo  vocum;  Augsbourg, 
1545,  Philippe  Ulhard,  in-4°  obi.  Salblinger  a 
dédié  son  recueil  aux  magistrats  de  la  ville 
d'Augsbourg.Les  compositeurs  dont  on  trouve 
des  morceaux  dans  celte  collection  sont  :  Ja- 
colin,  Ghiselin  Dankerts,  Jean  Heugel,  Be- 
noit Ducis,  Valentin  Schnellinger,  Ulric  Bro- 
tellius,  Georges  Blankenmuller ,  Josquin  de 
Prés,  Sixle  Dielricht,  Louis  Senfl,  Tilman  Su- 


376 


SALBL1NGER  —  SALE 


s.tio,  llerman  de  Turnliout,  Morales,  Corneille 
Canis,  Adrien  Willaert,  Henri  Finck,  Nicolas 
Payen,  Léonard  Zinssmeister,  JosquinBaslon, 
Jean  Courtois,  Jean  Mouton,  Gascogne,  Pié- 
ton, Jean  et  Philippe  de  Wildre.  2°  Cun- 
liones  septem,  sex  et  quinque  vocum,  longe 
gravissimx,  juxla  oc  umœnissimx,  in  Ger- 
mania  maxime  hactenus  non  excusœ;  A\i- 
gustx  Findelicorum,  per  Meîchiorem  Kries- 
stein,  1545,  i»-4°  obi.  Il  y  a  des  exemplaires 
de  cette  édition  qui  portent  la  date  de  1546. 
Les  auteurs  dont  on  trouve  des  morceaux  dans 
ce  précieux  recueil  sont  :  Benediclus,  Gandin 
(deSermisy),  Conciliuni  (sic),  Crequillon,  Da- 
mien  a  Goes,  Nie.  Gombert,«IIesdin,  Heugel, 
Jachet,  Mais tre- Jean,  Pierre  Jordan,  Lupi, 
Morales,  Noé,  Josquin  de  Prés,  Richafort, 
Tilman  Susalo,  Sixte  Dietricht,  José  Winders 
et  Adrien  Willaert.  3°  Cantiones  selectissimx 
quatuor  vocum,  ab  eximiis  et  prxslantibus 
cœsarex  majeslatis  capellx  musicis  M.C'or- 
nelio  Canis,  Thomas  Criquillone }  etc.  com- 
positx.  Lib.  ]  et  1 1  ;  Auguslx  Vindelico- 
rum,  per  Philippum  Ulhardum,  1548-1540, 
in  4°  obi.  Au  litre  de  ce  recueil,  le  nom  de 
l'éditeur  est  écrit  Salminger. 

SALDAIMIIA.  (Gonzales-Mendes),  com- 
positeur portugais,  né  à  Lisbonne,  vers  la 
fin  du  seizième  siècle,  fut  élève  de  Duarte 
Lobo.  Il  vivait  à  Lisbonne  en  1625.  On  trou- 
vait encore  longtemp-s  après,  dans  la  Biblio- 
thèque royale  de  cette  ville,  des  messes, 
psaumes,  Miserere  et  vilhaneicos  de  sa  com- 
position. 

SALDONI  (D.  Balthasak),  professeur  de 
chant  an  Conservatoire  de  Madrid,  composi- 
teur el  écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Bar- 
celone, le  4  janvier  1807.  Il  reçut  sa  pre- 
mière instruction  dans  une  école  de  sa  ville 
natale  connue  sous  le  nom  de  la  Procura,  la- 
quelle est  annexée  à  une  chapelle  de  Notre- 
Dame  de  Monscrrat.  Après  y  avoir  passé  cinq 
années,  pendant  lesquelles  ses  dispositions 
pour  la  musique  se  manifestèrent,  il  entra  à 
la  maîtrise  de  Santa- M aria  del  Mur ,  et  y 
étudia  cet  art  sous  la  direction  (\\\  maître  de 
chapelle  André vi  (voyez  ce  nom).  A  l'âge  de 
onze  ans,  le  15  mars  1818,  Saldoni  cuira 
comme  élève  à  l'école  de  musique  du  monas- 
tère de  Monserrat.  Il  y  reçut  pendant  quatre 
ans  des  leçons  de  violon,  de  violoncelle,  de 
basson  cl  de  fh'ilc,  ih\  P.  Boeda:  mais  l'objet 
principal  de  ses  études  fut  la  composition. 
Après  avoir  achevé  ses  humanités  dans  ce 
même  monastère,  il  retourna  dans  sa  famille, 
en  1822.  Il  reçut  alors  des  leçons  d'orgue  de 


D.  Mateo  Ferrer,  organiste  de  la  cathédrale  de 
Barcelone,  et  fit  des  éludes  de  contrepoint  sous 
la  direction  de  François  Queralt,  maître  de 
chapelle  de  la  même  église.  Quelques  mor- 
ceaux de  musique  d'église  qu'il  écrivit  à  cette 
époque  commencèrent  à  le  faire  connaître,  et 
il  obtint,  au  concours,  la  place  d'organiste 
de  Santa-Maria  del  Mur.  En  1820,  Saldoni 
se  rendit  à  Madrid,  où  il  fut  accueilli  avec  bien- 
veillance par  Camicer  (voyez  ce  nom).  Dans 
l'année  suivante,  le  Corïservaloire  de  cette 
ville  fut  fondé,  et  Saldoni  y  obtint  la  place  de 
maître  de  solfégeetde  vocalisation. Le20  mars 
1838,  il  fit  jouer  au  théâtre  de  la  Croix  (teatro 
de  la  Cruz)  son  grand  opéra  Jpermestra,  qui 
fut  accueilli  avec  faveur  et  joué  ensuite  avec 
succès  à  Saragosse,  à  Séville,  à  Cadix  et  à  Ma- 
laga.  Peu  de  temps  après,  il  se  rendit  à  Paris, 
pour  y  prendre  connaissance  des  méthodes  de 
chant  employées  au  Conservatoire;  il  fut 
bien  accueilli  par  Cherubini,  Carafa,  Ruhini, 
Bordogni  et  par  son  compatriote  Sor  (voyez 
ce  nom).  De  retour  a  Madrid,  il  fit  représenter 
son  opéra  Cleonice,  reginu  diSiria,  au  théâtre 
de  la  Croix,  le  21  janvier  1840.  Son  troisième 
opéra,  intitulé  :  Boabdil,  ultime  reg  moro  de 
Granada.  fut  représenté  au  théâtre  de  Barce- 
lone, le  23  avril  1846.  Saldoni  fut  nommé  pro- 
fesseur de  chant  au  Conservatoire  de  Madrid 
au  retour  de  son  voyage  à  Paris.  Comme 
écrivain  sur  des  sujets  relatifs  à  la  musique, 
il  a  publié  :  1°  Hesena  historica  de  la  Esco- 
lania  o  Colegio  de  musica  de  la  J'irgen  de 
Monscrrat  in  Cataluna,  desde  1456  husta 
nuestros  dias  (Notice  historique  de  l'école  ou 
collège  de  musique  de  Notre-Dame  de  Monser- 
rat, en  Catalogne,  depuis  1456  jusqu'à 
l'époque  actuelle);  Madrid,  1856,  in-8"  de 
quatre-vingt-cinq  pages.  2"  Effemerides  de 
musicos  espanoles ,  asi  professares  corne 
aficionados  (Éphémérides  des  musiciens  es- 
pagnols, tant  professeurs  qu'amateurs);  Ma- 
drid, 1860,  un  volume  in-8°  de  deux  cent 
soixante-deux  page». 

SALE  (François),  musicien  belge,  est  né 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  ainsi  qu'on 
le  voit  dans  IVpilre  riédicaloire  d'un  de  ses 
ouvrages,  imprimé  à  Prague,  en  1503.  Un 
autre  œuvre  de  sa  composition  nous  apprend 
qu'il  était,  en  1580,  au  service  d'une  princesse 
de  la  famille  impériale,  à  Halle,  dans  le  Tyrol, 
non  en  qualité  de  maître  de  chapelle,  comme 
le  disent  J.-G.  Walthcr  (11  el  Gerher  (2),  mais 


(1)  Music.  Lcxio.  p.  338. 

(2)  \iues  Lexikot»  rter  TonkiiHitlrr,  t.  IV,  p.  fi. 


SALE  -  SALFI 


377 


simple  ténor  du  chœur  delà  chapelle  de  celle 
princesse.  Dès  1595,  il  prend  la  qualité  de 
musicus  cxsareus  au  frontispice  de  ses  Sa- 
crarum  cantionum  liber  primus,  et  Dlahacz 
fournit  les  preuves  qu'il  était,  en  1594,  lénor 
de  la  chapelle  de  l'empereur  Rodolphe  II  (1), 
sous  la  direction  de  Philippe  de  Mons.  Il  occu- 
pait encore  celle  position  le  15  juin  1598, 
suivant  le  titre  d'une  de  ses  compositions  : 
après  cette  date,  on  ne  trouve  plus  de  rensei- 
gnements sur  sa  personne.  Sale  était  un  mu- 
sicien de  grand  mérite  :  il  y  a  de  l'intérêt 
dans  les  mouvements  des  diverses  parties  de 
son  harmonie,  et  il  les  faisait  bien  chanter. 
Ses  ouvrages  connus  sont  ceux  dont  voici  les 
titres  :  1°  Patrocinium  Musices.  Missarum 
solemniarum ,  tam  Sanctorum  quam  festo- 
rutn  Officia  totius  anni,  in  catholicxecclesix 
usum,  harmonicè  contrapiinctum  ac  sua- 
vissimè  concinnata,  sicque  antea  in  lucem 
non  édita.  Serenissimx  Régine  Magda- 
lenxchori  f/alv  ad  Aenum  Magistro  Fran- 
cisco Sale  autore.  Primus  tomus.  Monachii, 
Adamus  Berg,  anno  1589,  in- fol.  max. 
Ces  messes  sont  dédiées  à  l'archevêque  de 
Salzbourg.  M.  Brunet  a  fait,  dans  son  Manuel 
du  libraire,  deux  ouvrages  différents  du  Pa- 
trocinium musices  et  du  livre  de  messes  : 
j'ai  fait  la  même  faute  dans  la  première  édi- 
tion de  celte  biographie.  Patrocinium  mu- 
sices est  un  litre  commun  de  quelques  grands 
ouvrages  de  musique  imprimés  avec  luxe  aux 
frais  des  souverains  de  la  Bavière,  et  même,  à 
ce  qu'il  parait,  pour  le  comple  des  empereurs. 
2°  Francisci  Sale  musici  exsarei  Sacrarum 
cantionum  omnis  generis  instrumentis  mu- 
sicis,  et  vivx  voci  accomodalarum,  liacte- 
nusque  non  editarum  liber  primus;  Pragse, 
lypis  Gëorgii  Nigrini,  anno  1593,  petit 
in-4°  obi.  C'est  dans  l'épîlre  dédicatoire  de  cet 
ouvrage  que  Sale  dit  qu'il  est  né  Belge.  On  y 
trouve  neuf  molets  à  cinq  voix  et  sept  à  six. 
5°  Tripartiti  operis  Officiorum  Missalium, 
quibus  introitus,  allcluya  et  communiones 
de  omnibus  Sanctorum,  per  totum  anni 
circulum,  diebus  festis  et  solemnibus  quin- 
que  et  sex  vocum  continenlur,  liber  primus; 
Pragse,  excudebut  Georgius  Nigrinus  im- 
pensis  authoris,  1594,  in-4"  obi.  Ce  premier 
livre  a  été  reproduit  en  159G  avec  un  nouveau 
frontispice.  4°  Officiorum  Missalium  quibus 
fntroitus,  alleluya,  etc.,  liber  secundus, 
ibid.,  1594,  in-4°  obi.  5°  Officiorum  Missa- 
lium quibus  introitus,  etc.,  liber  tertius  et 

(I)  Altqem.  Itisl.  KunstlT-Lexlkon  fur  /iahmen,  1.  III, 
p.  II. 


uJtimus;  ibid.,  1590.  Ce  dernier  volume  con- 
tient douze  motets  à  trois,  cinq  et  six  voix. 
0°  Patrocinium  Musices.  In  Natalem  Do- 
mini  Jesu  Christi  Servatoris  (Salvatoris) 
nostri,  mutetum  quinque  vocum,  et  Missa, 
ad  ejus  imitalionem  composita.  Authore 
Francisco  Sale,  musico  exsareo.  Monachii, 
e.rcudebat  Adamus  Berg,  anno  1598,  in-fol. 
m".  7°  Oratio  ad  Sanctam  B.  V.  Mariam, 
TFinceslaum,  Adalbertum,  Fitum,  Sigis- 
mundum,  Procopium,  Slephanum,  regno- 
rum  Hungarix  et  Bohemix  patronos ,  à 
Franc.  Sale  sex  voc.  composita;  Pragx,  ex- 
cudebat  Georgius  Nigrinus,  15 /uni/  1598, 
in-4°  obi. 

SALES  (Pir.nnF.-PeMrÉE),  compositeur,  né 
à  Brescia,  en  1729,  y  fit  ses  études  musicales, 
et  paraissait  destiné  à  y  passer  sa  vie,  lors- 
qu'un tremblement  de  terre  l'obligea  de  s'en 
éloigner,  pour  aller  chercher  fortune  ailleurs. 
Après  quelques  années  de  voyages,  il  arriva  en 
Allemagne,  où  il  fut  employé  par  plusieurs 
princes,  particulièrement  parl'évêque  d'Augs- 
bourg.  En  1763,  il  fut  appelé  à  Padoue  pour  y 
écrire  un  opéra  sérieux  qui  eut  du  succès.  De 
là  il  alla  à  Londres,  où  ses  talents  furent  em- 
ployés utilement.  De  retour  en  Allemagne,  en 
1768,  il  entra  au  service  de  l'électeur  de 
Trêves,  en  qualité  de  maître  de  chapelle  et  de 
conseiller  des  finances.  Quatre  ans  après,  il 
fut  appelé  à  Munich,  et  chargé  de  la  composi- 
tion d'un  opéra  pour  le  théâtre  de  rélecteur 
de  Bavière.  En  1777,  il  fit  un  second  voyage 
en  Angleterre  avec  sa  femme,  cantatrice 
agréable,  et  l'année  suivante,  il  retourna  à 
Coblence  où  il  fit  exécuter  avec  beaucoup  de 
succès,  en  1781,  ses  oratorios  Betulia  libe- 
rata,  et  Gioas  re  di  Giuda.  Lorsque  Coblence 
fut  pris  par  les  Français,  Sales  se  retira  à  Ha- 
nau,  où  il  mourut  en  1797.  Plusieurs  airs  de 
sa  composition  ainsi  que  ses  concerlos  de  cla- 
vecin se  trouvent  en  manuscrit  dans  diverses 
bibliothèques  de  l'Allemagne. 

SALETTI  (Antoine),  sopranistedislingué, 
né  en  Italie,  fut  appelé  parFarinelli  au  service 
de  la  cour  d'Espagne,  où  il  chanta  pendant 
plusieurs  années.  En  1742,  il  se  rendit  à  Pé- 
lersbourg,  et  y  excita  l'admiration  géné- 
rale. Après  treize  ans  de  service,  il  demanda 
son  congé  pour  retourner  dans  sa  pairie,  et 
l'impératrice,  en  le  lui  accordant,  lui  fil  pré- 
sent d'une  riche  tabatière  d'or  enrichie  de 
brillants,  et  de  mille  ducats.  On  ignore  l'épo- 
que de  la  mort  de  ce  chanteur. 

S  VLFI  (François),  littérateur  italien,  né 
le  I,r  janvier  1759, à  Cosenza,daiis  la  Calaltrc, 


378 


SAL1Ï  -  SAL1ER1 


embrassa  les  opinions  libérales  à  l'époque  de 
l'invasion  de  l'Italie  par  les  armées  fran- 
çaises, et  alla  s'établir  à  Milan,  où  il  travailla 
à  la  rédaction  de  plusieurs  journaux.  Après 
avoir  été  secrétaire  du  comité  de  législa- 
tion à  Brescia,  puis  secrétaire  du  comilé  de 
l'instruction  publique,  et  enfin  membre  et 
secrétaire  du  nouveau  gouvernement  de 
Naples,  il  fut  obligé  de  se  retirer  de  nouveau  à 
Milan,  après  la  réaction.  Il  y  fut  nommé 
inspecteur  des  théâtres,  et  professeur  à  l'Aca- 
démie de  Brera.  Il  crut  pouvoir  retourner  à 
Naples  après  la  dissolution  du  royaume 
d'Italie;  mais  il  ne  put  s'y  maintenir.  Il  vint 
alors  s'établir  à  Paris,  et  mourut  le  5  sep- 
tembre 1832,  à  Passy,  près  de  cette  ville. 
Continuateur  de  VHistoire  littéraire  d'Ita- 
lie, par  Ginguené  (voyez  ce  nom),  il  donne 
quelques  renseignements  sur  les  musiciens 
italiens  ainsi  que  sur  les  auteurs  de  traités 
de  musique  du  seizième  siècle  (tome  X, 
pages  409-423),  et  fait  une  histoire  abrégée 
du  drame  en  musique  dans  le  dix-septième 
(tome  XII,  pages  427-479)  :  il  y  a  des  choses 
intéressantes  dans  ce  dernier  chapitre. 

SALGUES  (Jacques-Barthélémy),  littéra- 
teur, né  à  Sens,  vers  1760,  entra  dans  la  car- 
rière ecclésiastique,  et  fut  professeur  d'élo- 
quence au  collège  de  Sens,  puis  embrassa  les 
principes  de  la  révolution,  et  fut  procureur  de 
la  commune  de  Sens.  Fixé  à  Paris  depuis  1797, 
il  s'y  livra  à  la  littérature  et  à  la  rédaction  des 
journaux.  Il  y  mourut  le  26  juillet  18Ô0.  Au 
nombre  de  ses  écrits,  on  remarque  un  pamphlet 
intitulé  :  Réflexions  sur  les  causes  de  la  dé- 
gradation du  chant  à  l'Opéra,  comparée 
avec  les  succès  brillants  de  la  danse  au  même 
théâtre;  Paris,  an  iv(1796),  in-8°. 

SALIERI  (Antoine),  compositeur  célèbre, 
naquit  le  19  août  1750,  à  Legnano,  forteresse 
de  l'État  de  Venise.  Son  père,  qui  était  négo- 
ciant, le  mit  de  bonne  heure  dans  un  collège 
où  il  apprit  les  premiers  éléments  de  la  mu- 
sique, du  violon  et  du  clavecin.  Son  frère  aine 
(François  Salieri),  bon  élève  de  Tartini,  fut 
son  instituteur  pour  le  premier  de  ces  instru- 
ments, et  Joseph  Simoni,  organiste  de  la  ca- 
thédrale de  Legnano,  lui  donna  les  premières 
leçons  de  piano.  Des  spéculations  malheu- 
reuses ayant  ruiné  les  parents  de  Salieri,  son 
père  mourut  de  chagrin,  et  ses  nombreux  en- 
fants furent  obligés  de  pourvoir  eux-mêmes  à 
leur  existence.  Antoine  Salieri  n'était  alors 
âgé  que  de  quinze  ans  :  il  jouait  déjà  bien  du 
clavecin  et  possédait  une  belle  voix  de  so- 
prano :  ces  avantages  le  décidèrent  à  se  rendre 


à  Venise,  où  il  trouva  un  prolecteur  dans  un 
membre  de  l'illustre  famille  de  Mocenigo.  Ce 
patricien  lui  fit  obtenir  la  table,  le  logement 
et  l'instruction  dans  la  maitrisedeSaint-Marc, 
sous  la  condition  de  chanter  dans  le  chœur 
aux  fêtes  et  dimanches.  Jean  Pescetti,  second 
maitre  de  chapelle  de  cette  cathédrale,  lui  en- 
seigna les  principes  de  l'harmonie,  et  Ferdi- 
nand Pacini,  ténor  de  la  chapelle,  lui  donna 
desleçonsde  chant.  A  celte  époque,  Gassmann, 
maitre  de  la  chapelle  impériale,  vint  à  Venise, 
pour  y  faire  jouer  son  opéra  Achille  in  Sciro; 
sur  la  recommandation  de  Jean  Mocenigo,  il 
accepta  Salieri  pour  élève,  et  celui-ci  obtint 
de  son  protecteur  l'autorisation  de  suivre  son 
nouveau  maître  à  Vienne,  où  il  arriva  le 
15  juin  1766.  Les  leçons  de  Gassmann,  et  sur- 
tout la  lecture  du  Gradus  ad  Parnassum,  de 
Fux,  lui  firent  faire  de  rapides  progrès  dans 
l'art  d'écrire.  Dans  le  même  temps,  il  apprit 
d'un  prêtre  italien,  nommé  Pierre  Tomasi,  les 
principes  des  langues  allemande  et  française, 
ainsi  que  de  la  poésie  latine  et  italienne. 
Gassmann,  animé  d'un  noble  désintéresse- 
ment pour  son  élève,  fournissait  aux  dépenses 
de  Salieri  comme  si  celui-ci  eût  été  son  fils  : 
mais  ses  bienfaits  ne  firent  point  un  ingrat, 
car,  à  ses  derniers  jours,  la  reconnaissance  de 
l'élève  pour  le  maître  était  aussi  vive  que  dans 
la  jeunesse. 

Quatre  ans  après  son  arrivée  à  Vienne,  Sa- 
lieri écrivit  la  musique  de  l'opéra  bouffe  le 
Bonne  letterate  ,  sa  première  production 
dramatique,  représentée  pendant  le  carnaval 
de  1770.  Le  succès  de  cet  ouvrage  l'enhardit, et 
bientôt  il  déploya  la  plus  rare  activité  dans  ses 
travaux.  L'A  more  innocente,  opéra-comique 
en  deux  actes,  joué  dans  la  même  année;  Don 
Chisciotte,  opéra-ballet  en  un  acte,  repré- 
senté en  1771,  et  surtout  Armida,  opéra 
sérieux,  en  trois  actes,  joué  dans  la  même 
année,  firent  connaître  avantageusement  le 
talent  de  Salieri,  et  fixèrent  sur  lui  l'attention 
de  la  cour  de  Vienne.  La  suavité  des  mélodies 
est  très-remarquable  dans  V Armida.  Il  Ba- 
rone  di  rocca  antica  (1772),  la  Fiera  di  Ve- 
nezia  (1772),  la  Secchia  rapita  (1772)  et  la 
Locandicra  (1775),  mirent  le  sceau  à  la  ré- 
putation du  jeune  compositeur.  Au  mois  de 
janvier  1774,  la  mort  de  Gassmann  laissa  va- 
cante la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  cour 
impériale  :  Salieri  l'obtint,  en  1775,  et  fit 
preuve  d'une  grande  facilité  en  écrivant  dans 
la  même  année,  pour  son  service,  deux  grandes 
cantates  avec  orchestre,  des  concertos  pour 
divers  instruments,  et  la  Calamità  de'  cori, 


SALI  EH  I 


opéivi  bouffe  en  trois  actes.  Cependant  l'enthou- 
siasme <]iii  avait  accueilli  la  nouvelle  manière 
de  Gluck  commençait  à  ébranler  ta  foi  que 
Salieri  avait  eue  jusqu'alors  dans  la  direction 
de  ses  idées.  Il  se  rapprocha  de  l'auteur 
d'Orphée,  après  le  décès  de  son  premier 
maître,  lui  demanda  des  conseils,  et  se  mit  à 
étudier  ses  ouvrages  avec  tant  de  persévé- 
rance, qu'il  parvint  à  s'approprier  son  style, 
en  le  modifiant  par  le  caractère  plus  mélo- 
dique de  ses  propres  inspirations.  Quelques 
nouveaux  opéras,  deux  oratorios,  et  diverses 
compositions  nouvelles  ayant  augmenté  sa 
réputation,  il  fut  appelé  à  Milan,  en  1778,  pour 
y  écrire  Europa  riconosciuta,  opéra  sérieux 
en  trois  actes,  qui  fut  joué  le  5  août,  à  l'ou- 
verture du  nouveau  théâtre  de  la  Scala. 
Une  réunion  d'excellents  chanteurs,  parmi 
lesquels  on  remarquait  mesdames  Balducci, 
Danzi,  le  fameux  Pacchierolti,  et  Ruhinelli, 
chanta  dans  cet  ouvrage.  Au  carnaval  de 
la  même  année,  Salieri  donna,  à  Venise, 
la  Scuola  de'  Gelosi ,  puis  il  alla  à  Rome 
écrire  la  Partenza  inaspettata,  au  printemps 
de  1779,  et  dans  la  même  année,  il  fit  jouer, 
au  théâtre  Canobbiana  de  Milan,  Il  Talis- 
tnannOj  opéra  bouffe  en  deux  actes.  Rome  le 
rappela  au  printemps  de  1780,  pour  écrire  la 
partition  de  la  Dama  pastorella;  après  quoi 
il  retourna  à  Vienne,  où  le  rappelait  son  ser- 
vice de  maître  de  chapelle  et  de  directeur  du 
théâtre  de  la  cour.  Marie-Thérèse  venait  de 
mourir,  et  l'empereur  Joseph  II,  amateur  pas- 
sionné de  musique  italienne,  lui  avait  succédé. 
En  1781,  Salieri  fit  son  premier  essai  de 
composition  dramatique  sur  un  livret  en  langue 
allemande  ;  mais  déjà  une  affaire  plus  impor- 
tante l'occupait  tout  entier.  Gluck  avait  em- 
porté de  Paris  le  poème  des  Dunàides,  dont 
l'administration  de  l'Opéra  attendait  la  mu- 
sique avec  impatience  ;  épuisé  par  de  longs 
travaux,  et  affaibli  par  l'âge  et  les  infirmités, 
l'auteur  à'Armide  ne  se  sentait  plus  la  force 
nécessaire  pour  écrire  un  si  grand  ouvrage. 
•Sans  s'expliquer  avec  les  administrateurs  de 
l'Opéra,  il  chargea  Salieri  de  l'entreprise  dif- 
ficile de  le  remplacer  dans  cette  tâche.  Le  tra- 
vail fut  long  et  pénible  pour  un  compositeur 
qui  ne  connaissait  pas  la  scène  française,  et 
qui  en  savait  à  peine  la  langue.  Cependant, 
l'opéra  terminé  à  la  satisfaction  de  Gluck, 
celui-ci  écrivit  au  directeur  de  l'Académie 
royale  de  musique  qu'un  de  ses  élèves  l'avait 
aidé  dans  son  travail  et  se  rendrait  à  Paris, 
pour  diriger  la  mise  en  scène  des  Danaïdes. 
Salieri  arriva  en  effet  à  Paris  avec  sa  partition, 


en  1784.  L'ouvrage  fut  joué  d'abord  à  la  cour 
plusieurs  fois  avec  succès,  puis  à  Paris,  où  il 
excita  le  plus  vif  enthousiasme.  Les  auteurs  du 
Dictionnaire  historique  des  musiciens  (Paris, 
1811)  disent  que  le  graveur  paya  deux  mille 
fiancs  au  compositeur  pour  sa  partition  :  le 
fait  est  inexact;  car  j'ai  vu  l'acte  de  vente  où 
l'éditeur  ne  s'engageait  à  payer  que  douze 
cents  livres,  à  la  condition  que  le  nom  de 
Gluck  resterait  sur  l'affiche  jusqu'à  la  trei- 
zième représentation  (1)  :  ce  ne  fut  que  le 
matin  même  de  cette  représentation  que  parut 
dans  les  journaux  de  Paris  une  lettre  où  Gluck 
déclarait  que  Salieri  était  l'unique  auteur  de 
la  musique  des  Danaïdes.  La  direction  de 
l'Opéra  lui  paya  dix  mille  francs  pour  la  pro- 
priété de  l'ouvrage,  outre  trois  mille  francs 
pour  les  frais  du  voyage,  et  la  reine  lui  fil  un 
riche  présent.  Comblé  de  faveurs  et  de  gloire, 
Salieri  retourna  à  Vienne,  emportant  le  livret 
des  fforaces,  tragédie  lyrique  en  trois  actes. 
Dans  la  même  année,  il  donna,  à  Vienne,  Se- 
miramide,  opéra  sérieux  en  trois  actes,  el 
l'opéra-comique  77  Ricco  d'un  giorno.  L'em- 
pereur Joseph  II  lui  demanda  encore  la  mu- 
sique tVEraclio  e  Democrito,  en  deux  actes, 
et  de  la  Grolta  di  Trofonio,  opéras  joués  sur 
le  théâtre  de  la  cour,  en  1785.  L'engagement 
qu'il  avait  contracté  à  Paris  l'obligea  d'y  aller 
l'année  suivante  pour  y  faire  jouer  les  No- 
races,  dont  le  succès  fut  à  peu  près  négatif. 
Mais  en  1787,  le  compositeur  se  releva  bril- 
lamment dans  Tarare,  opéra  tragi-comique 
en  cinq  actes,  malgré  l'absurdité  du  sujet  et 
la  platitude  du  style  de  Beaumarchais.  C'est  à 
l'occasion  du  succès  de  celte  pièce  qu'on  de- 
manda pour  la  première  fois  l'auteur  à 
l'Opéra.  Salieri,  amené  malgré  lui  sur  la 
scène,  fut  couronné.  De  retour  à  Vienne,  il 
traita  de  nouveau  le  même  sujet,  et  le  fit  jouer 
avec  un  succès  éclatant,  sous  le  titre  <VAxur 
Re  d'Ormus.  L'année  1788,  où  cet  opéra  fut 
représenté,  est  une  des  plus  actives  de  la  car- 
rière du  compositeur,  car  il  mit  en  scène 
Cublai  gran  Can  de'  Tartari,  opéra  héroï- 
comique,  el  termina  plusieurs  autres  pro- 
ductions. Il  Pastor  fido,  opéra  en  quatre 
actes,  et  la  Cifra,  en  deux  actes,  représentés 
en  1789,  marquèrent  la  fin  de  celle  activité. 
L'empereur  Joseph  II  mourut  peu  de  temps 
après,  et  les  événements  importants  qui  sui- 
virent son  décès  rendirent  plus  rares  les  re- 

(l)  cet  acte,  passé  entre  Salieri  et  l'éditeur  Dcslau- 
riers,  devint  ensuite  la  propriété  d'Imbault,  marchand 
de  musique,  <|iii  eut  pour  successeurs  Janet  et  Cotclle, 
chez  qui  je  l'ai  vu. 


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SALIERI 


présentations  du  théâtre  de  la  cour  :  Catilina, 
joué  en  1792,  II  Monda  alla  rovescia  (1794), 
Palmira  (1795),  Jl  Moro  (1796),  Falstajf 
(1798),  Cesare  in  Farmacusa  (1800),  Anyio- 
lina  (1800),  Annibale  in  Capua  (1801),  la 
Bella  Sdcayyia  (1802),  Die  Neyer  (le  Nègre, 
1804),  furent  les  dernières  productions  dra- 
matiques de  Salieri. 

Cecomposileurs'eslaussi  exercé  dans  la  mu- 
sique d'église,  et  l'on  connaît  de  lui  cinq  messes 
avec  ou  sans  orchestre,  un  Requiem  composé 
pour  ses  obsèques,  plusieurs  Te  Deum,  vêpres 
complètes,  graduels,  offertoires,  motets,  psau- 
mes, quelques  oratorios  parmi  lesquels- on  re- 
marque la  Passion,  des  chœurs,  ouvertures, 
symphonies,  beaucoup  de  canons  pour  deux, 
trois  ou  quatre  voix,  et  des  exercices  de  chant. 
Sans  avoir  possédé  un  de  ces  génies  créateurs 
qui  impriment  une  direction  quelconque  à  l'art 
de  leur  époque,  il  eut  certainement  un  talent 
d'autant  plus  remarquable  qu'il  sut  en  modi- 
fier le  caractère  et  le  présenter  sous  des  as- 
pects variés.  Les  Danaïdes,  ouvrage  traduit 
en  allemand  sous  le  titre  de  Danaus,  et  Ta- 
rare, qu'on  retrouve  presque  en  entier  dans  la 
partition  (VAxur,  sont  les  compositions  dra- 
matiques où  ce  talent  s'est  le  plus  élevé  ;  mais 
il  y  a  aussi  de  fort  belles  choses  dans  Semi- 
ramide  et  dans  Cesare  in  Farmacusa.  On 
peut  voir  l'éloge  que  Carpani  a  fait  de  cette 
dernière  production  dans  ses  Haydine.  Dans 
le  pathétique,  il  s'élevait  quelquefois  jusqu'au 
sublime,  ainsi  que  le  prouve  l'air  d'IIyper- 
mnestre  :  Par  les  larmes  dont  votre  fille,  etc. 
Comme  tous  les  compositeurs  italiens  dont 
l'éducation  a  commencé  par  l'élude  du  chant, 
Salieri  écrivait  bien  pour  les  voix  :  à  l'époque 
même  où  il  se  livrait  à  tout  son  enthousiasme 
pour  la  déclamation  de  Gluck,  il  trouvait  l'art 
de  la  rendre  facile  dans  ses  propres  ouvrages. 
Personne  n'a  mieux  connu  que  lui  le  méca- 
nisme de  la  coupe  dramatique  et  l'effet  du  re- 
tour des  idées  :  on  peut  même  affirmer  qu'il 
est  entré  plus  qu'aucun  des  compositeurs  mo- 
dernes dans  celle  partie  de  la  philosophie  de 
l'art.  De  là  vient  qu'il  a  été  l'oracle  de  lotis  les 
musiciens  allemands  qui  ont  écrit  pour  In 
scène  pendant  les  vingt-cinq  premières  années 
du  dix-neuvième  siècle.  Keellioven,  Weigl, 
Meyerbeer  se  sont  fait  honneur  d'avoir  reçu 
ses  conseils. 

Parvenu  à  l'âge  de  soixante-dix  ans,  cl 
accablé  d'infirmités,  Salieri  avait  demandé  sa 
retraite  en  1821  ;  cependant,  elle  ne  lin  fui 
accordée  qu'en  1824.  En  témoignage  de  satis- 
faction pour  sus  longs  services,  l'empereur  lui 


fit  accorder  la  totalité  de  son  traitement  pour 
sa  pension  de  retraite.  Il  avait  rempli  ses 
fonctions  de  mailrede  chapelle  sous  les  règnes 
de  Marie-Thérèse,  de  Joseph  II,  de  Léopold  et 
de  François.  Il  ne  jouit  pas  longtemps  des 
avantages  qui  lui  avaient  été  faits  par  la  cour 
impériale  pour  une  carrière  si  bien  remplie, 
car  il  mourut  le  12  mai  1825,  avant  d'avoir 
achevé  sa  soixante-quinzième  année.  Tous 
les  artistes  qui  se  trouvaient  alors  à  Vienne 
assistèrent  à  ses  obsèques,  où  l'on  exécuta  le 
Requiem  qu'il  avait  composé  pour  celle  solen- 
nité, et  qu'il  n'avait  fait  entendre  à  personne. 
Il  avait  été  marié,  et  avait  plusieurs  filles  qui 
lui  prodiguèrentdes  soins  jusqu'à  ses  derniers 
jours.  Décoré  de  la  Légion  d'honneur  par  le 
roi  Louis  XVIII,  il  avait  élé  nommé  associé 
«(ranger  de  l'Institut  de  France,  en  1806,  puis 
membre  de  l'Académie  royale  des  beaux-arts, 
en  1816,  et  correspondant  étranger  du  Conser- 
vatoire de  Paris.  Enfin,  l'Académie  royale  de 
musique  de  Slockholm  l'avait  choisi  pour  un 
de  ses  membres. 

Homme  aimable,  bienveillant,  gai,  spiri- 
tuel, original,  Salieri  eut  beaucoup  d'amis 
parmi  les  artistes  et  dans  le  monde.  De  petite 
taille,  mais  bien  fait,  et  toujours  habillé  avec 
une  certaine  recherche,  il  avait  le  teint  brun, 
les  yeux  noirs  et  pleins  de  feu,  le  regard  ex- 
pressif et  le  geste  animé.  Personne  ne  savait 
autant  que  lui  d'anecdotes  et  ne  les  contait 
d'une  manière  plus  plaisante.  Son  langage 
était  une  sorte  de  jargon  où  les  langues  ita- 
lienne, allemande  et  française  étaient  inces- 
samment mêlées.  Grand  amateur  de  frian- 
dises, il  ne  pouvait  passer  près  de  la  boutique 
d'un  confiseur  sans  y  entrer  et  remplir. ses  po- 
ches. Prompt  à  s'irriter,  il  se  calmait  aussi  fa- 
cilement, et  la  bonté  de  son  cœur  ne  se  dé- 
mentait jamais.  Le  temps  n'avait  point  affaibli 
sa  reconnaissance  pour  les  bienfaits  qu'il  avait 
reçus  de  Gassmann  dans  sa  jeunesse.  Les  filles 
de  ce  compositeur  (mesdames  Fuchs  et  Rosen- 
baum)  étaient  encore  dans  l'enfance  à  la  mort 
de  leur  mère  :  Salieri  prit  soin  de  leur  éduca- 
tion, fournit  à  tous  leurs  besoins,  et  fil  de 
l'une  d'elles  (mademe  llosenbaum)  une  canta- 
trice distinguée.  On  trouve  beaucoup  de  dé- 
tails intéressants  sur  la  vie  privée  et  artis- 
tique de  l'auteur  des  Danaïdes,  dans  une 
bonne  monographie  de  M.  Edlen  de  Mosel,  in- 
titulée :  Ueber  das  Lebcn  und  die  Jf'erke  des 
Anton  Salieri  (Sur  la  vie  et  les  ouvrages 
d'Antoine  Salieri;  Vienne,  1827,  un  volume 
in-8")  ".j'en  ai  tiré  la  plupart  des  laits  de  cette 
notice. 


SAL1EM 


3Sl 


Le  catalogue  des  compositions  de  ce  maître 
renferme  les  ouvrages  suivants  :  T.  Musique 
d'église  :  1°  Messe  avec  graduel  el  offertoire, 
à  quatre  voix  de  chœur,  sans  accompagne- 
ment. 2°  Messe  idem  avec  orchestre.  5°  Deux 
messes  à  quatre  voix  de  solos,  choeur  et  or- 
chestre. 4"  Messe  avec  graduel  et  offertoire,  à 
deux  chœurs  et  orchestre.  5°  Requiem  à  quatre 
voix  de  chœur  et  orchestre.  G"  TeDeum,  idem. 
7°  Idem,  à  deux  chœurs.  8°  TeDeum  pour 
quatre  voix  de  solos,  chœur  et  orchestre. 
9°  Vêpres  pour  la  dédicace  de  l'église,  consis- 
tant en  neuf  morceaux.  10°  Quatorze  graduels, 
offertoires,  motets,  psaumes,  etc.,  pour  voix 
de  solo  el  chœur.  II.  Oratorios  et  cantates  : 
11°  La  Passione  di  Gesù  Cristo,  oratorio  en 
deux  parties  (1776).  12°  Gesù  al  limbo,  idem 
(1803).  \Z° Saule, fragments  d'oratorio.  \A°La 
Sconfitta  di  Borea,  cantate  (1774).  15"  // 
Trionfo  délia  gloria  e  délia  virtù,  idem 
(1774).  16°  Le  Jugement  dernier,  idem 
(1787).  17°  La  Riconoscenza,  cantate  allégo- 
rique (1796).  18°  Der  Tyroler  Landsturm  (la 
Tempête  dans  le Ty roi), cantate  (1799).  1 9° La 
Riconoscenza  de'  Tir oies i,  idem  (1800). 
20»  L'Oracolo,  idem  (1803).  21»  Habsbourg, 
idem  (1805).  III.  Opéras  :  22»  Le  Donne  let- 
terate,  opéra  bouffe  en  trois  actes  (1770). 
23°  L'Amor  innocente,  en  deux  actes  (1770). 
24»  Armida,  opéra  héroïque  en  trois  actes 
(1771).  25°  Il  Don  Chisciotte,  en  un  acte 
(1771).  20°  //  Barone  di  rocca  antica,  en 
deux  actes  (1772).  27°  La  Fiera  di  Venezia, 
en  trois  actes  (1772).  28°  La  Secchia  rapita, 
en  trois  actes  (1772).  29°  La  Locandiera,  en 
trois  actes  (1773).  30°  La  Calamità  de''  cori, 
en  trois  actes  (1774).  31°  La  finta  Scema,  en 
trois  actes  (1775).  32"  Delmita  e  Daliso,  en 
deux  actes  (177C).  33»  Europa  riconosciuta, 
opéra  sérieux  en  trois  actes  (1776).  34»  La 
Scuola  de'  gelosi,  opéra  bouffe  en  deux  actes 
(1779).  35°  Il  Talismanno,  en  deux  actes 
(1779).  36»  La  Purtenza  inaspettata,  en 
deux  actes  (1779).  37°  La  Dama  pastorella, 
en  deux  actes  (1780).  38»  Der  Rauchfang- 
kehrer  (le  Ramoneur),  en  trois  actes  (1781). 
39°  Les  Danaides,  tragédie  lyrique  en  cinq 
actes  (1784).  Cet  ouvrage  a  été  repris  avec 
grand  succès  à  Paris,  en  1817,  avec  des  chan- 
gements et  des  additions  faits  par  Persuis  el 
parSpontini.  Ce  dernier  y  avait  ajouté  une 
bacchanale  de  grand  effet,  dont  la  pensée 
était  imitée  d'un  morceau  du  même  genre 
placé  par  Cherubini  dans  le  ballet  à.'' Achille  à 
Scyros.  40°  Semiramide,  en  trois  actes  (1784). 
41°  //  Ricco  d'un  giorno,  opéra  bouffe  en 


trois  actes  (1784).  42"  Eraclito  e  Democrilo, 
en  deux  actes  (1785).  43"  LaGrotta  di  Tro- 
fonio,  en  deux  actes  (1785).  La  grande  parti- 
tion de  cet  ouvrage  a  été  gravée  à  Vienne, 
chez  Artaria.  44"  Les  Horaccs,  tragédie  lyri- 
que en  trois  actes  (1786).  45"  Tarare,  opéra 
en  cinq  actes  avec  un  prologue  (1787). 
46"  Axur  re  d'Ormus,  opéra  semi-seria  en 
quatre  actes  (1788).  Cet  ouvrage  fut  joué 
avec  succès  au  Théâtre-Italien  de  Paris, 
en  1813,  par  Marianne  Sessi,  Tachinardi  et 
Bassi.  47"  Cublai,  Grun  Can  de'  Tartari,en 
deux  actes  (1788).  48»  Jl  Pastor  fido,  en 
quatre  actes  (1789).  49°  La  Cifra,  en  deux 
actes  (1789).  50»  Catilina,  en  deux  actes 
(1792).  51°  Il  Mondoalla  rovescia,  en  deux 
actes  (1794).  52°  Palmira,  en  deux  actes 
(1795).  53»  Il  Moro,  en  deux  actes  (1796). 
54°  Falstaff,  en  deux  actes  (1798).  55°  Da- 
tions, en  quatre  actes  (1800).  56°  Cesare  in 
Farmacusa,  en  deux  actes  (1800).  57°  An- 
giolina,  en  deux  actes  (1800).  58°  Aûnibale 
in  Capua,  en  trois  actes  (1801).  59»  La  Bella 
Selvaggia,  en  deux  actes  (1802).  60"  Ouver- 
tures, entr'actes  et  chœurs  des  Hussites  de 
Naumbourg  (1803).  61°  Die  Neger,  en  deux 
actes  (1804).  62°  Chimènè  et  Rodrigue,  tra- 
gédie lyrique  en  cinq  actes,  pour  l'Opéra  de 
Paris  (1788),  non  représentée.  63»  La  Prin- 
cesse de  Babylone,  opéra  en  trois  actes  (1789), 
idem.  64"  Sapho,  en  trois  actes  (1790),z'dem. 
Les  partitions  originales  de  ces  trois  ouvrages 
se  trouvent  dans  les  cartons  de  l'Académie 
royale  de  musique  de  Paris.  65»  Fragments 
d'un  opéra  intitulé  I  Tre  Filosofî,  non  repré- 
senté. 66»  Das  Posthaus  (la  Maison  de  Poste), 
opéra  non  terminé.  67°  Die  Generalprobe  (la 
Répétition    générale),    opéra    non    terminé. 

IV.  Musique  vocale  détachée  :  68"  Environ 
cinquante  morceaux  de  chant  tels  que  airs, 
duos,  trios,  chœurs,  avec  accompagnement 
d'orchestre.  69°  Vingt-huit  divertissements 
vocaux  avec  accompagnement  de  piano,  divisés 
en  trois  parties;  Vienne,  Weigl.  70»  Scherzi 
armonici,  consistant  en  vingl-cinq  canons  à 
trois  voix,  sans  accompagnement;  ibid. 
71»  Continuation  du  même  recueil,  consistant 
en  quinze  canons  à  trois  voix,  et  douze  autres 
pièces  à  deux,  trois  et  quatre  voix,  sans  ac- 
compagnement; ibid.  72°  Cent  cinquante  au- 
tres compositions  du  même  genre,  en  manu- 
scrit. 73»  Méthode  de  chant  en  vers  italiens,  et 
les  vers  en  musique  à  quatre  voix,  avec  ac 
compagnement  de  basse,  etc.,  en  manuscrit. 

V.  Musique  instrumentale  :  74"  Concerto  pour 
orgue  (1775).  75°  Deux  concertos  pour  le  piano 


38* 


SALIERI  -  SAUNAS 


(1778).  76°  Concerlo  pour  flûte  et  hautbois 
(1774).  77°  Symphonie  concertante  pour  vio- 
lon, hautbois  et  violoncelle  (1774).  78°  Sym- 
phonie pour  l'orchestre  (177G).  713°  Sérénades 
et  musique  de  ballets.  80°  Vingt-quatre  varia- 
tions pour  l'orchestre,  sur  le  thème  des  Folies 
d'Espagne. 

SALIMBENI  (Félix),  célèbre  sopraniste, 
né  à  Milan,  vers  1712,  fut  conduit  à  Naples 
dans  sa  jeunesse,  et  y  devint  élève  de  Porpora, 
qui  en  fit  un  des  chanteurs  les  plus  parfaits 
de  cette  époque  si  riche  en  talents  de  premier 
ordre.  Saliinbeni  débuta  à  Rome,  en  1731, 
dans  le  Cajo  Fabriziode  liasse  ;  l'année  sui- 
vante, il  se  fil  entendre  à  Milan,  dans  VJles- 
sandro  nell'  Indie,  du  même  compositeur. 
Dès  lors,  on  jugea  qu'il  se  placerait  au  rang 
des  chanteurs  les  plus  remarquables  de  son 
temps,  et  des  offres  lui  furent  faites  pour  qu'il 
entrât  au  service  de  l'empereur  Charles  VI, 
amateur  passion  né  de  musique,  dont  la  chapelle 
offrait  une  réunion  d'artistes  excellents  :  il  ac- 
cepta ces  offres  et  partit  pour  Vienne,  en  1753. 
Pendant  quatre  années,  il  chaula,  au  Théâtre- 
Impérial,  dans  les  opéras  de  Caldara  et  antres 
maîtres  célèbres,  ainsi  «pie  dans  la  chapelle 
de  la  cour.  Métastase  écrivit  pour  lui  les  rôles 
de  quelques-uns  de  ses  opéras,  et  l'on  croit 
qu'il  a  fait. son  portrait  dansces  vers  de  VOlim- 
piade  : 

lo  l'Iio  présente.  Avea 
Bionde  le  chiome,  oscuro  il  ciglio;  i  labbri 
Vermigli  si,  ma  tumicietli,  e  forse 
Oltre  il  (lover;  gli  sguacdi 
Lenti  e  pielosi,  un  arrossir  fréquente, 
Un  soavc  parlai-... 

Fatigué  par  le  service  de  la  chapelle  impé- 
riale, et  aussi  par  suite  de  dégoûts  que  lui  fai- 
sait éprouver  le  maître  de  chapelle  Caldara, 
Salimheni  s'éloigna  de  Vienne,  en  1737,  et 
retourna  en  Italie.  Les  Biographes  qui  disent 
qu'il  joua  le  rôle  (W-/lcesle,  dans  l'opéra  de 
Gluck,  en  1742,  sont  tombés  dans  une  singu- 
lière inadvertance,  car  Gluck  n'écrivit  cet  ou- 
vrage qu'en  1707.  En  1743,  Salimbeni  entra 
au  service  du  roi  de  Prusse  (Frédéric  II),  et 
débuta  au  théâtre  de  Berlin,  au  mois  de  dé- 
cembre, par  le  rôle  de  César,  dans  Calone  in 
Utica.  Il  y  obtint  un  succès  d'enthousiasme, 
et  pendantun  séjour  de  sept  ans  dans  la  même 
ville,  l'admiration  excitée  par  son  lalcnl  ne 
diminua  pas.  Toutefois  la  perfection  de  son 
chant  était  le  seul  avantage  qu'il  cùtâ  la  scène, 
car  son  action  dramatique  était  froide,  ou  plu- 
tôt nulle.  Vers  la  fin  de  1750,  il  quitta  Berlin 
pour  se  rendre  à  Dresde,  <>u  'I  n'eut  pas  moins 
d'admirateurs.  Le  premier  lole  où  il  s'y  lit  en 


tendre  fut  dans  Leucippo,  de  liasse.  Ce  com- 
positeur avait  écrit  pour  lui  cinq  airs  nouveaux 
dans  cet  ouvrage,  où  Salimbeni  produisit  une 
impression  profonde.  Cependant,  l'amour  ef- 
fréné du  plaisir  auquel  il  s'était  souvent  aban- 
donné avait  altéré  sa  santé  et  diminué  la 
beauté  de  son  organe.  On  aperçut  à  Dresde  ces 
fâcheux  résultats  dans  l'oratorio  de  Hasse 
1  Pellegri ni,  qu'on  exécuta  le  vendredi  saint 
(1751),  et  lui-même  ne  put  se  dissimuler  la 
détérioration  de  sa  voix.  Dans  l'espoir  que 
l'air  natal  pourrait  le  rendre  à  la  santé,  il 
s'éloigna  de  Dresde  après  Pâques  pour  retour- 
ner en  Italie;  mais  arrivé  à  Laybach,  il  y  fut 
arrêté  par  une  maladie  sérieuse  qui  le  condui- 
sit au  tombeau  dans  le  mois  de  mai  1751 .  Ainsi 
mourut,  à  la  fleur  de  l'âge,  un  des  plus  grands 
chanteurs  qu'ait  produits  l'Italie. 

SALINAS  (François),  savant  écrivain  es- 
pagnol sur  la  musique,  naquit  à  Burgos,  vers 
15 12.  Sa  nourrice,  dont  le  lait  n'était  pas  sain, 
lui  donna  le  germe  d'une  maladie  d'yeux  qui, 
malgré  les  efforts  des  médecins,  se  termina 
par  la  perte  à  peu  près  totale  de  la  vue,  lors- 
que Salinas  eut  atteint  sa  dixième  année.  Son 
père,  qui  jouissait  d'une  certaine  aisance,  lui 
fit  enseigner  la  musique  et  lui  fit  donner  des 
leçons  de  clavecin  et  d'orgue  pour  le  désen- 
nuyer. Le  hasard  lui  fit  apprendre  plus  tard 
la  langue  latine,  et,  chose  singulière,  ce  fut 
une  femme  qui  la  lui  enseigna.  Une  jeune  fille 
qui  avait  appris  cette  langue,  et  qui  se  desti- 
nait à  prendre  le  voile,  voulut  prendre  des 
leçons  d'orgue,  et  Salinas  fut  choisi  pour  lui 
enseigner  cet  instrument,  en  échange  de  l'in- 
struction qu'elle  avait  consenti  à  lui  donner 
dans  le  latin.  Les  rapides  progrès  qu'il  y  fit 
décidèrent  ses  parents  à  le  placer  à  l'univer- 
sité à  Salamanque.  Il  y  apprit  la  langue  grec- 
que et  suivit  un  coins  de  philosophie.  Son 
heureux  destin  voulut  qu'en  sortant  de 
l'université,  il  entrât  au  service  de  Pierre 
Sarmenlo,  archevêque  de  Compostelle,  qui, 
charmé  de  ses  talents  et  de  l'étendue  de  ses 
connaissances,  l'emmena  à  Rome,  lorsqu'il  y 
fut  appelé  pour  recevoir  le  chapeau  de  car- 
dinal. Les  immenses  richesses  littéraires  ras- 
semblées dans  celte  ville,  et  la  conversation  de 
savants  hommes,  fournirent  à  Salinas  les 
moyens  d'acquérir  des  connaissances  étendues, 
particulièrement  dans  la  musique  des  anciens, 
dont  il  pénétra  les  mystères  mieux  qu'aucun 
musicien  de  son  temps.  Résolu  de  se  fixer 
(i.ins  celle  ville,  et  dans  l'espoir  d'obtenir  un 
bénéfice,  il  entra  dans  les  ordres  et  prit  le 
une  d'abbé,  s'altachant  tour  à  tour  à  divers 


SAL1NÀS  -  SALLENEUVE 


383 


cardinaux  qui  lui  promirent  plus  de  protection 
qu'ils  ne  lui  en  accordèrent.  D'après  la  qualité 
qu'il  prend  au  frontispice  de  son  traité  de  mu- 
sique, il  paraîtrait  cependant  qu'il  finit  par 
obtenir  du  pape  Paul  IV  le  titre  d'abbé  de 
Saint-Pancrace  de  Rocca  Scalegna,  dans  le 
royaume  de  Naples.  Quoi  qu'il  en  soit,  après 
un  séjour  de  vingt-trois  ans  à  Rome,  Salinas  fut 
rappelé  à  Salamanque  avec  le  titre  de  profes- 
seur à  l'université.  Il  y  ouvrit  des  cours  de 
musique  et  de  rhythmique.  Pour  aider  à  l'in- 
telligence des  matières  qu'il  enseignait,  il 
écrivit  un  livre  intitulé  :  Francisci  Salins 
Burgensis  abbatis  sancti  Pancratii  de 
Rocca  Scalegna  in  reçjno  Neapolitano,  et  in 
Academia  Salmanticensi  Musicœ  profes- 
sons, De  Musica  libri  septem,  in  qaibus 
ejus  doctrine  veritas  tam  qnx  ad  harmo- 
niam,  quain  qux  ad  rhythmum  pertinet, 
juxta  sensusac  rationis  judicium  ostenditur 
et  demonstratur.  Cum  dnplici  Indice  ca- 
pitum  et  rerum;  Salmanticx,  excudebat 
Mathias  Gastius,  1577,  in-fol.  (1).  Ce  livre, 
remarquable  par  son  élégante  latinité,  prouve 
que  son  auteur  avait  beaucoup  d'érudition, 
une  connaissance  profonde  de  la  musique,  et 
qu'il  était  philosophe  et  mathématicien.  Il  y 
traite  particulièrement  de  l'union  du  rhythme 
poétique  avec  le  rhythme  musical  ;  mais,  ainsi 
que  le  remarque  fort  bien  Requeno  (voyez  ce 
nom),  il  ne  paraît  pas  avoir  entrevu  l'existence 
de  celui-ci,  indépendant  du  rhythme  poétique, 
quoique  le  rhythme  dans  la  musique  instru- 
mentale des  anciens  ne  paraisse  pas  pouvoir 
être  révoqué  en  doute,  d'après  le  traité  ano- 
nyme grec  de  la  mesure  et  du  rhythme,  dont 
on  connaît  plusieurs  manuscrits  et  qui  a  été 
publié  par  M.  Bellermann  (voyez  ce  nom). 
Dans  la  science  des  proportions  musicales, 
Salinas  a  particulièrement  suivi  la  doctrine  de 
Boèce.  Ce  célèbre  professeur  parait  avoir  été 
aussi  habile  dans  la  pratique  de  la  musique, 
que  savant  dans  la  théorie.  Il  mourut  à  Sala- 
manque, dans  le  mois  de  février  1590,  à  l'âge 
d'environ  soixanle-dix-huit  ans. 

SALLATSTIN  (Antoine),  hautboïste  dis- 
tingué, descendait  d'une  famille  qui,  pendant 
une  partie  du  dix-huitième  siècle,  avait  été  at- 
tachée à  la  musique  de  la  maison  du  roi.  Il  était 

(1)  J'ai  toujours  douté  de  l'existence  d'une  édition 
du  même  livre  donnée  à  Salamanque  en  IB9i,  suivant 
l'indication  de  la  table  des  auteurs  placée  à  la  fin  du 
1er  volume  de  V Histoire  de  la  musique  du  P.  Martini  : 
j'ai  acquis  en  effet  la  preuve  que  cette  édition  est  celle 
d»  1577,  dont  le  frontispice  a  été  renouvelé,  en  voyant 
l'exemplaire  de  Martini  duns  la  bibliothèque  du  Lycée 
musical  de  Cologne. 


fils  de  Nicolas  Sallanlin,  hautboïste  de  l'Opéra, 
surnommé  le  Cadet,  et  neveu  d'Antoine  Sal- 
lanlin, premier  accompagnateur  sur  la  flûte, 
au  même  spectacle,  ainsi  que  de  François- 
Alexandre  Sallanlin,  appelé  Sallanlin  Vaine, 
basse  de  violon  et  dessus  de  cornet  de  la  grande 
écurie  du  roi;  et  enfin  de  Charles  Sallanlin, 
violon  de  l'orchestre  de  l'Opéra.  Lui-même 
fut  longtemps  connu  sous  le  nom  de  Sallanlin 
le  neveu,  puis  sous  celui  de  Sallantin  aîné, 
pour  le  distinguer  de  son  frère^altaché  comme 
lui  à  l'orchestre  de  l'Opéra.  Il  naquit  à  Paris, 
en  1754.  Son  père,  qui  lui  donna  les  premières 
leçons  de  son  instrument,  fut  bientôt  surpassé 
par  lui.  Avant  Antoine  Sallantin,  tous  les 
hautboïstes  français  avaient  un  son  dur  et  sau- 
vage :  on  les  employait  en  nombre  presque 
égal  à  celui  des  violons  dans  l'orchestre  de 
l'Opéra,  ils  jouaient  les  mêmes  parties,  et 
soufflaient  de  toutes  leurs  forces,  sans  aucunes 
nuances.  Le  jeune  artiste  était  âgé  d'environ 
vingt  ans  lorsque  Fischer  arriva  à  Paris  ;  en- 
thousiasmé par  le  talent  de  ce  virtuose,  il 
s'attacha  à  lui,  en  reçut  des  leçons,  et  changea 
complètement  sa  manière.  Entré  à  l'orchestre 
de  l'Opéra,  en  1775,  il  y  resta  jusqu'en  1790, 
et  obtint  alors  un  congé  pour  aller  à  Londres 
entendre  encore  Fischer,  et  perfectionner  son 
talent.  Les  événements  de  la  révolution  le 
retinrent  éloigné  de  la  France  jusqu'en  1792, 
mais  depuis  cette  époque  jusqu'en  1815,  il 
continua  de  remplir  ses  fonctions  au  même 
théâtre.  Dans  les  fameux  concerts  de  Feydeau, 
en  1794  et  1795,  il  fit  souvent  applaudir  son 
talent,  remarquable  surtout  par  la  beauté  du 
son  et  la  netteté  dans  les  traits.  A  l'époque  de 
la  fondalion  du  Conservatoire,  il  y  fut  appelé 
comme  professeur  de  son  instrument,  et  y 
forma  de  bons  élèves,  parmi  lesquels  on  re- 
marqua Vogl  et  Gilles.  Relire  à  la  fin  de  1815, 
Sallantin  a  vécu  encore  plusieurs  années.  On 
n'a  gravé  de  sa  composition  qu'un  concerto 
pour  flûte  et  orchestre  ;  Paris,  Pleyel,  1797. 

SALLENEUVE  (Edouard),  professeur  de 
musique  et  compositeur  à  Berlin,  est  né  le  19  dé- 
cembre 1800,  à  Rœnigsberg,  où  son  père, 
Français  de  naissance,  exerçait  l'art  de  la 
sculpture.  Destiné  à  la  pratique  du  même  art, 
Salleneuve  en  commença  l'élude;  mais  son  pen- 
chant pour  la  musique  était  si  vif,  qu'il  obtint 
la  permission  de  se  rendre  à  Breslau,  où  il  se 
mit  sous  la  direction  de  L.  Krchlert;  ensuite 
il  se  rendit  à  Berlin,  où  Pax,  Birnbach,  Run- 
genhagen  et  Bernard  Klein  devinrent  ses 
maîtres  de  chant  cl  de  composition.  L'instru- 
ment qu'il  adopta  l'ut  la  guitare;   plus  lard  il 


3SJ 


SALLKNEUVE  -  SALMON 


fut  considéré  comme  un  des  guitaristes  les  plus 
liabiles  de  l'Allemagne.  Possédant  une  bonne 
voix  de  ténor,  il  fut  aussi  membre  de  plusieurs 
sociétés  de  chant  de  Berlin.  Il  a  publié  de  sa 
composition  un  grand  nombre  de  Lieder  en 
recueils  et  détachées,  dont  plusieurs  ont 
obtenu  un  succès  populaire.  On  connaît  aussi 
de  lui  plusieurs  recueils  de  chants  pour  quatre 
voix  d'hommes.  Parmi  ses  productions  instru- 
mentales on  remarque  des  contredanses  et 
valses  pour  piano,  des  marches,  des  variations 
faciles  et  des  rondeaux  pour  cet  instrument, 
sur  des  thèmes  d'opéras. 

SALM-DYCK  ( Constance- Marie  DE 
TI1EIS,  princesse  de),  est  née  à  Nantes,  le 
7  novembre  1767.  Après  avoir  reçu  une 
éducation  brillante,  elle  épousa,  en  1789, 
Pipelet ,  médecin  qui  jouissait  de  quelque 
réputation,  et  alla  s'établir  à  Paris,  où  elle  put 
se  livrer  à  son  goût  pour  la  littérature  et  par- 
ticulièrement pour  la  poésie.  Un  de  ses  pre- 
miers ouvrages  fut  le  poème  de  Sapho,  opéra 
en  quatre  actes,  qui  fut  mis  en  musique  par 
Martini  et  eut  plus  de  cent  représentations  au 
théâtre  Louvois.  Des  épitres  en  vers,  des 
drames,  et  différentes  autres  pièces  lues  par 
madame  Pipelet  à  l'Athénée  de  Paris  et  dans 
d'autres  sociétés  littéraires,  puis  imprimées, 
lui  firent  une  honorable  réputation  dans  les 
lettres.  Elle  avait  aussi  composé  plusieurs 
romances,  dont  elle  fit  la  musique  avec  accom- 
pagnement de  piano,  et  qui  furent  publiées 
sous  les  titres  suivants  :  Conseil  aux  femmes, 
le  Méchant,  la  Fièvre^  l'Inconstant,  etc.  On 
lui  doit  aussi  VÉloge  de  Pierre  Gaviniès, 
Paris,  1802,  in-8°.  En  1803,  elle  épousa  le 
comte  de  Salm-Dyck,  qui  prit  le  litre  de  prince, 
eu  181G.  Depuis  lois  madame  de  Salm  a  vécu 
Alternativement  dans  les  propriétés  île  son 
mari,  en  Allemagne  et  à  Paris,  où  sa  conver- 
sation douce  et  spirituelle rëunissait  prèsd'elle 
l'élite  des  gens  de  lettres  et  des  artistes.  Elle 
est  morte  à  Paris,  le  13  avril  1845. 

SALMOIV  (Jacques),  violoniste,  composi- 
teur et  valet  de  chambre  de  Henri  III,  roi  de 
France,  naquit  en  Picardie  et  vécut  à  Paris, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  Il  a 
coopéré  avec  Beaulicu,  autre  musicien  fran- 
çais, à  la  composition  de  la  musique  du  Ballet 
comique  de  la  Royne,  de  Ballazarini  (voyez  ce 
nom).  En  1575,  il  obtint,  au  concours  de  mu- 
sique à  Evreux  (Normandie),  le  prix  du  luth 
d'argent,  pour  la  chanson  à  quatre  voix  de  sa 
composition,  sur  les  paroles  :  Je  ?neurs  pen- 
sant en  ta  douceur  (1). 

^1}  Voji'i  l'tiy  ilt  mu ii que  êriyi  »  /.  iT.  ux  ru  l  /.(in unir 


SALMON  (Thomas),    maître   es  arts   au 
collège  de  la  Trinité,  à  Oxford,  puis  recteur  à 
Mepsall,  dans  le  duché  de  Bedford,  vécut  dans 
la    seconde    moitié    du    dix-septième   siècle. 
Préoccupé  des  difficultés  de  la  lecture  de  la 
musique  dans  la  notation  ordinaire,  et  voulant 
réduire  les  tablatures  de  luth,  de  viole  et  de 
clavecin,  alors  en  usage,  à  une  notation  uni- 
verselle,  d'où    la  diversité  des    clefs    serait 
bannie,  il   imagina  de  poser,  sur  la  portée, 
les  lettres    romaines,  indicatives  des  notes; 
ce  qui   n'était  pas  nouveau,  car  on  en  trouve 
des  exemples  pour  le  plain-chant  dans  quel- 
ques  manuscrits  des  douzième   et  treizième 
siècles.    Salmon    publia  ce  qu'il  considérait 
comme  une  importante  découverte  dans   un 
livre  intitulé  :  An  Essay  to  the  advancement 
of  Musick,by  casting  away  the  perplexity 
of  différent  cliffs,  and  uniting  ail  sorts  of 
Musick,  lute,  viol,  violins,  organ,  harpsi- 
chord,  voice,  etc., in  one  universal  character 
(Essai  sur  le  perfectionnement  de  la  musique, 
où  l'on  propose  d'écarter  les  difficultés  qui  ré- 
sultent des  différentes  clefs,  etc.);    Londres, 
1072,  in-8°.  Lipenius  (Bibl.  philol.  p.  970),  et 
"Wallher,  d'après  lui,  citent  du  même  auteur 
un  livre  intitulé/Je auffendaiMuscca  (Londres, 
1G67,  in  8°),  qui  semble  être  le  même  ouvrage 
écrit  en  latin  ;  mais  aucun  autre  auteur  n'en 
fait  mention.  Le  projet  de  réduire  les  clefs  à 
une  seule  a  été  reproduit  un  siècle  plus  tard 
par  l'abbé  de  la  Cassagne,  et  fort  souvent  de- 
puis, mais  toujours  sans  succès.  L'innovation 
de  Salmon  à  ce  sujet  fut  vivement  attaquée 
par  Mathieu  Lock  (voyez  ce  nom),  dans  des 
observations  imprimées  en  1 073,  in-8".  Salmon 
répondit  avec  humeur, dans  un  petit  écrit  in- 
titulé :  A  l'indication  of  an  Essay  lo  the 
advancement  of  Music  from  Mr.  Mallhew 
Lock' s  observations,  enquiring  into  the  real 
nature  aiid  most  convenient  practice  of  lhat 
Science  (Défense  de  l'Essai  sur  le  perfection- 
nement de  la  musique  contre  les  observations 
de  M.   Mathieu  Lock,  etc.),   Londres,   1073, 
in-8°.  Celle  réponse  est  sous  la  forme  d'une 
lettre  adressée  au  docteur  Wallis.  On  a  aussi 
de  Salmon  un  mémoire  sur  la  possibilité  d'ap 
pliquer  dans  l'exécution  de  la  musique  les  in- 
tervalles d'après  leurs  proportions  mathéma- 
tiques, sous  ce  titre  :  A  proposai  to  perform 
Music  in  perfect  and  malhemalical  propor- 
tions, avec  des  remarques  étendues  du  docteur 
Wallis;  Londres,  1088,  in-4°.  Salmon  are- 
produit  les  idées  de  cet  écrit  dans  un  autre 

île  madame  Sainte-Cécile,  publié  d'après  un  minoscril 

■lu  seizième  siècle,  par  MM.  Uuussin  et  Cliassani,  |>.  M. 


SALMON  -  SALOMAN 


"«;', 


mémoire  inséré  clans  les  Transactions  phi- 
losophiques de  1705,  sous  ce  titre  :  The 
Theory  of  Music  reduced  toarithmetical  and 
yeometrical  proportions. 

SALOMAN  (Siegfried),  violoniste  et  com- 
positeur danois,  est  né  à  Tondern,  en  1818. 
Son  père, qui  était  négociant,  jouait  du  violon  ; 
il  lui  enseigna  les  principes  de  cet  instrument* 
Lorsqu'il  eut  atteint  sa  douzièmeannéc,  ou  lui 
donna  pour  premier  professeur  un  violoniste 
nommé  Christian  Selmer.  En  1831,  il  fut  en- 
voyé à  Copenhague, où  il  reçut  tour  à  tour  des 
leçons  de  Salilgreen,  Frœhlich,  Paulli,  Kros- 
sing,  Wechschall  et  Hartmann.  L'excellent 
compositeur  Weyse  et  Siboni  lui  enseignè- 
rent l'harmonie  et  le  contrepoint.  Parvenu  à 
l'âge  de  vingt  ans,  Saloman  obtint  un  subside 
du  gouvernement  pour  voyager;  il  se  rendit 
d'abord  à  Berlin,  puis  à  Dessau,  où  il  entra  à 
l'orchestre  du  théâtre  en  qualité  de  premier 
violon  :  il  y  acheva  de  s'instruire  dans  la  com- 
position par  les  leçons  de  Frédéric  Schneider. 
En  1841 ,  il  alla  à  Dresde  et  y  prit  encore  quel- 
ques leçons  de  violon  de  Lipinski.  Deux  ans 
après,  il  retourna  en  Danemark  et  s'établit  à 
Copenhague,  où  il  fit  des  lectures  publiques 
sur  la  théorie  de  la  musique.  Au  mois  de  mai 
1844,  cet  artiste  donna,  au  théâtre  royal  de 
cette  ville,  l'opéra  en  trois  actes,  intitulé  : 
Tordenskiold  in  Dynekilcn  (Orage  en  Dalé- 
carlie),  dont  le  livret  était  de  Lyser;  cet  ou- 
vrage fut  bien  accueilli  par  le  public.  L'ouver- 
ture avait  été  exécutée  dans  un  concert  à 
Dresde,  deux  ans  auparavant.  Das  Diamant- 
kreuz  (la  Croix  de  diamants),  en  trois  actes, 
fut  le  second  opéra  de  Saloman,  représenté  à 
Copenhague.il  fut  joué,  pour  la  première  fois, 
le  20  mars  1847,  obtint  un  brillant  succès  et 
fut  joué  au  théâtre  de  Berlin  dans  l'année  sui- 
vante. Un  opéra  en  un  acte,  du  même  artiste, 
intitulé  :  Die  Herzenprobe  (les  Épreuves  du 
cœur),  fut  joué  à  Copenhague,  au  mois  de  no- 
vembre 1847.  M.  Saloman  a  fait  jouer  aussi  à 
Darmstadtet  à  Francfort-sur-le-Mein  un  petit 
opéra  intitulé  Das  Corps  der  Rache.  Il  vécut 
ensuite  pendant  plusieurs  années  en  Russie, 
puis  en  Hollande,  où  il  épousa  la  cantatrice 
Henriette  Nissen,  en  1850.  Après  cette  époque 
il  fil  avec  elle  un  grand  voyage  en  Suède,  en 
Finlande  et  en  Russie.  Au  commencement  de 
1857,  il  était  de  retour  en  Allemagne  et  vécut 
quelque  temps  dans  les  villes  du  Rhin,  puis  il 
fit  avec  sa  femme  un  voyage  en  Suisse,  et  dans 
l'hiver  de  1858-1859,  il  habita  à  Bruxelles. 
Une  ouverture  de  sa  composition  fut  alors 
exécutée  dans  un  concert  du  Conservatoire  de 

BIOf.R.    IMV.    DES    MUSICIENS.   —    T.     VII. 


cette  ville.  A  celle  époque,  madame  Saloman 
ayant  été  rappelée  à  Pétersbourg,son  mari  l'y 
accompagna.  Depuis  lois,  on  n'a  plus  eu  de 
renseignements  sur  la  suite  de  la  carrière  de 
Saloman.  On  a  publié  de  cet  artiste  :  1°  Ro- 
mance (en  si  mineur)  pour  violon  avec  piano, 
op.  9;  Hambourg,  Schuberlh.  2°  Six  Lieder 
pour  contralto  ou  baryton,  avec  piano,  op.  2; 
ibid.  3n  Six  idem  pour  mezzo  soprano,  con- 
tralto ou  baryton,  op.  6;  ibid.  4°  Plusieurs 
œuvres  instrumentales. 

SALOMAN  (madame  Henriette),  canta- 
trice connue  d'abord  sous  son  nom  de  famille 
NISSEN,  est  née  vers  1820,  à  Gothembourg 
(Suède).  En  183G,  elle  se  rendit  à  Paris  où  elle 
reçut  des  leçons  de  chant  de  Manuel  Garcia 
pendant  trois  ans.  Ses  éludes  terminées,  elle 
fut  engagée  au  Théâtre-Italien  de  Paris,  où 
elle  débuta  par  le  rôle  (VAdalyise,  dans  la 
Norma,  dont  le  rôle  principal  était  chanté 
par  mademoiselle  Grisi.  Obligée  de  chanter 
un  soir  à  l'improvisle  le  rôle  de  Rosine,  dans 
le  Barbier  de  Séville.  à  cause  d'une  indispo- 
sition de  madame  Persiani,  mademoiselle  Nis- 
sen y  fit  preuve  de  talent  et  dès  ce  moment 
commença  sa  réputation.  De  retour,  dans  sa 
patrie,  en  1842, elle  fut  engagée  au  théâtre  de 
Stockholm.  Au  printemps  de  1844,  elle  chanta 
à  Dresde  et  dans  l'automne  de  la  même  an- 
née, elle  partit  pour  l'Italie;  mais  à  peine  ar- 
rivée à  Milan,  elle  y  reçut  un  engagement 
avantageux  pour  le  Théâtre-Italien  de  Pélers- 
bourg.  Ce  ne  fui  que  dans  l'année  suivante 
qu'elle  put  retourner  en  Italie.  Mantoue  fui  la 
première  ville  où  elle  fut  engagée  :  elle  y 
chanta  la  Sonnambula  dans  trente-cinq  re- 
présentations; puis  elle  alla  à  Bologne  pour  y 
jouer  VJltila  de  Verdi,  la  Norma  et  la  Son- 
nambula. A  Livonrne,  où  elle  se  trouvait  en 
1846,  elle  obtint  de  si  brillants  succès  qu'elle 
y  reçut  des  engagements  pour  Florence  et 
pour  Rome.  Elle  chanta  dans  cette  dernière 
ville  en  1847,  dans  VAllila,  I  due  Foscaricl 
1  Lombardi.  De  Rome,  elle  alla  à  Ferrare,  où 
elle  ne  donna  que  deux  représentations,  parce 
que  la  révolution  l'obligea  de  s'en  éloigner. 
Elle  se  rendit  alors  à  Londres,  où  six  semaines 
d'études  de  la  langue  anglaise  la  mirent  en 
état  de  chanter  dans  l'opéra  national  à  Co- 
vent  Garden.  Rappelée  à  Stockholm  après  la 
saison,  elle  s'y  rendit  et  y  chanta  dans  l'hiver 
de  1849.  En  Allemagne,  où  elle  se  rendit  en- 
suite, elle  se  fit  entendre  avec  de  grands  suc- 
cès à  Lcipsick,  à  Brème,  Oldenbourg,  Ha- 
novre, Francfort,  Dresde  et  Berlin;  puis  elle 
parcourut  la  Hollande,  où  elle  épousa  Salo- 

25 


386 


SALOMAN  —  SALOMON 


man.  Dans  le  voyage  qu'elle  entreprit  ensuite 
avec  lui  en  Suède,  en  Finlande  et  en  Russie, 
elle  alla  jusqu'en  Sibérie  d'un  côté,  et  à 
Odessa  de  l'autre.  Le  reste  de  sa  carrière  est 
indiqué  dans  la  notice  précédente. 

SALOMON  (Élie),  prêtre  français  du  trei- 
zième siècle,  fut  clerc  du  couvent  de  Saint- 
Aster,  dans  le  Périgord.  Il  écrivit,  en  1274, 
un  traité  de  musique  intitulé  :  De  Scienliâ 
artis  musicx,  qu'il  dédia  au  papeGrégoireX. 
L'abbé  Gerbert,  qui  en  a  trouvé  une  copie 
dans  la  Bibliothèque  ambrosienne  de  Milan, 
l'a  inséré  dans  sa  Collection  des  écrivains 
ecclésiastiques  sur  la  musique  (t.  III , 
p.  16-64).  C'est  un  traité  du  plain-chant,  où- 
l'on  trouve  quelques  passages  qui  ne  sont  pas 
sans  intérêt  pour  l'histoire  de  l'art. 

SALOMON  (B.),  luthier  de  Paris,  élève  de 
Bocquay,  vécut  vers  la  fin  du  règne  de 
Louis  XIII.  Ses  violons,  construits  sur  le 
même  patron  que  ceux  de  son  compatriote 
Guersan,  sont  fort  estimés,  et  ne  sont  pas 
communs.  On  a  aussi  de  lui  de  bonnes  basses 
de  viole. 

SALOMON  (...),  né  dans  la  Provence,  en 
1661,  se  rendit  à  Paris  dans  sa  jeunesse,  et 
devint  élève  de  Sainte-Colombe,  pour  la  basse 
de  viole,  sur  laquelle  il  acquit  un  talent  dis- 
tingué. Il  était  déjà  âgé  de  cinquante  et  u\) 
ans  lorsqu'il  entra  dans  la  musique  du  roi,  en 
remplacement  de  Lemoyne.  Le  premier  ou- 
vrage qui  le  fit  connaître  avantageusement 
fut  un  recueil  de  motets,  publié  par  Chris- 
tophe Ballard,  en  1703.  Le  24  avril  1713,  il 
fit  représenter,  à  l'Opéra,  Médée  et  Jason, 
tragédie  lyrique  en  cinq  actes,  qui  eut  un 
brillant  succès,  et  qui  fut  reprise  en  1727, 
1736  et  1740.  On  doit  aussi  à  Salomon  la  mu- 
sique de  Théoné,  opéra  en  trois  acles,  joué 
en  1715.  Salomon  mourut  à  Versailles,  dans 
les  derniers  mois  de  1731,  à  Page  de  soixante 
et  dix  ans. 

SALOMON  (Jean-Piehiie),  violoniste  dis- 
tingué, naquit  à  Bonn  sur  le  Rhin,  en  1745, 
suivant  un  acte  de  naissance  trouvé  dans  ses 
papiers  après  sa  mort.  A  l'âge  de  trente  ans, 
il  entra  au  service  du  prince  Henri  de  Prusse 
et  composa  pour  le  théâtre  de  ce  prince  plu- 
sieurs opéras  français  et  d'autres  morceaux. 
En  1781,  il  fit  un  voyage  à  Paris,  puis  se  ren- 
dit à  Londres,  où  de  brillants  succès  l'engagè- 
rent à  se  fixer.  Homme  aimable  et  bien  élevé, 
il  fut  recherché  par  la  haute  société  anglaise, 
qui  le  combla  de  témoignages  d'intérêt.  Une 
chute  de  cheval  lui  causa  de  graves  lésions 
dont  il  mourut.  Les  biographes  anglais  ne  font 


pas  connaître  l'année  de  son  décès.  On  a 
gravé,  à  Paris,  six  solos  pour  le  violon,  de  la 
composition  de  Salomon.  La  Bibliothèque 
royale  de  Berlin  possède  en  manuscrit  la  par- 
tition de  l'oratorio  Hiskias,  composé  par  cet 
artiste.  C'est  lui  qui,  ayant  institué  de  grands 
concerts  à  la  salle  de  Hannover-Square ,  lit 
un  arrangement  avec  Haydn  pour  écrire  les 
douze  grandes  symphonies  considérées  comme 
lesœuvres  les  plus  parfaitesdece  musicien  cé- 
lèbre (voyez  Haydn). 

SALOMON  (Maurice),  directeur  de  mu- 
sique à  Wernigerode,  en  Saxe,  est  auteur  d'un 
roman  musical  intitulé  :  Eduards  letzte 
Jahre(]es  Dernières  années  d'Edouard)  ;  Qued- 
linbourg  et  Leipsick,  Basse,  182G,  deux  vo- 
lumes in-8°.  Cet  ouvrage  contient  des  aperçus 
philosophiques  sur  la  musique.  On  a  aussi  de 
M.  Salomon  un  petit  écrit  intitulé:  Ueber  Na- 
torp's  Jnleitung  ziir  Untenceisung  im 
Singen  (Sur  l'introduction  à  l'enseignement 
du  chant,  de  Naloip);  Ouedlinbonig,  Basse, 
1820,  in-8°de  six  feuilles.  Cet  opuscule  est 
une  critique  de  l'usage  de  la  notation  en  chif- 
fres dans  l'enseignement  élémentaire  de  la 
musique,  et  l'auteur  y  démontre  d'un  manière 
irrésistible  que  l'habitude  de  celle  notation 
contractée  dans  l'enfance  est  un  obstacle  à 
peu  près  insurmontable  pour  apprendre  plus 
tard  la  notation  usuelle. 

SALOMON  (M.),  professeur  de  guitare, 
né  à  Besançon,  en  1786,  mort  dans  la  même 
ville,  le  19  février  1831,  s'est  fait  connaître, 
en  1828,  par  l'invention  d'une  guitare  à  trois 
manches  appelée  Harpohjre.  Cet  instrument 
était  monté  de  vingt  et  une  cordes;  six  de  ces 
cordes  étaient  placées  sur  le  manche  du  milieu, 
appelé  manche  ordinaire,  etaccordées  comme 
sur  la  guitare  commune.  Le  manche  gauche, 
destiné  aux  basses,  était  monté  de  sepl  cordes 
accordées  par  demi-tons ,  depuis  le  mi  bas 
jusqu'au  la  grave  de  la  contrebasse;  enfin,  le 
manche  de  droite,  appelé  manche  diatonique, 
était  moulé  de  huit  cordes  sonnant  ut,  ré,  mi, 
fa,  sol,  la,  si,  ut.  Des  oppositions  de  sonorité 
d'un  bon  effet  se  faisaient  remarquer  entre  le 
manche  du  milieu  et  le  manche  de  droite,  et 
les  cordes  du  manche  de  gauche  fournissaient 
des  notes  de  basse  vigoureuses.  La  conception 
de  la  harpolyre  semblait  devoir  sauver  la  gui- 
tare de  l'entier  abandon  dont  elle  est  menacée, 
par  les  ressources  variées  qu'elle  offrait  aux 
exécutants;  cependant,  celle  invention  n'a 
pas  eu  de  succès,  aucun  artiste  n'ayant  voulu 
se  livrer  à  l'élude  des  difficultés  de  l'emploi 
des  trois  manches,  quoique  Salomon  eut  fait 


SALOMON  -  SALVATORI 


387 


graver  une  méthode  pour  la  harpolyre,  cl  que 
Sor  eut  composé  des  études  et  des  exercices 
pour  cet  instrument. 

On  doit  aussi  à  Salomon  l'invention  d'une 
machine  ingénieuse  à  laquelle  il  a  donné  le 
nom  d'accordeur.  Elle  consiste  en  un  méca- 
nisme composé  de  lames  métalliques  sonores, 
acecordées  sur  les  degrés  de  l'échelle  chroma- 
tique, et  d'un  cylindre  denté,  mû  par  un  mou- 
vement d'horlogerie,  qui  fait  résonner  à  vo- 
lonté chaque  lame  donnant  une  intonation 
déterminée.  Celle  intonation  se  répète  aussi 
longtemps  qu'il  est  nécessaire  pour  accorder 
à  l'unisson  une  note  de  piano,  de  harpe,  on  de 
tout  autre  instrument  à  sons  fixes  dont  on 
veut  faire  la  partition.  Malgré  les  avan- 
tages que  l'accordeur  présentait  pour  la  pra- 
tique de  l'accord  des  instruments,  il  ne  réussit 
pas  mieux  que  la  harpolyre.  Après  avoir  fait 
inutilement  un  long  séjour  à  Paris  pour  y 
faire  adopter  ses  inventions,  Salomon  retourna 
à  Besançon,  où  la  fatigue  de  ses  efforts,  et  le 
chagrin  d'avoir  dissipé  en  essais  le  fruit  de  ses 
travaux  et  de  ses  économies,  le  conduisirent 
au  tomlieau,  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Douze  divertis- 
sements pour  la  guitare,  op.  1  ;  Paris,  Launer. 
2°  Valses  pour  la  guitare,  op.  2;  ibid.  3°  Con- 
tredanses et  valses  idem;  Paris,  Aulagnier. 
4°  Air  varié  (Charmant  ruisseau)  pour  la 
harpe  ;  Paris,  Janet. 

SALPIUS  (Jean),  auteur  allemand,  sur 
qui  l'on  n'a  aucun  renseignement,  n'est  connu 
que  par  un  écrit  intitulé  :  Dissertatio  de  mu- 
sica  imprimis  antiqua;  Neu-Ruppin,  1714, 
in-4°de  trente-deux  pages. 

SALULIINI  (Paul),  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  de  Sienne,  naquit  dans  cette 
ville,  en  1709.  Les  premières  leçons  de  mu- 
sique lui  furent  données  par  un  de  ses  compa- 
triotes, nommé  le  chevalier  de  la  Ciaja;  puis 
il  alla  terminer  ses  études  sons  la  direction 
du  P.  Martini,  dans  la  célèbre  école  de  Bo- 
logne. De  retour  à  Sienne,  il  y  fut  pendant 
quelques  années  premier  violon  de  l'Opéra,  et 
le  5  mai  1765,  il  obtint  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale.  Il  en  remplit  les 
fonctions  pendant  quinze  ans,  et  écrivit  dans 
cet  espace  de  temps  un  service  complet  pour 
tous  les  dimanches  et  fêtes  de  l'année,  en  style 
moderne,  avec  orchestre.  La  messe  de  Requiem 
qu'il  a  écrite  à  l'occasion  de  la  mort  de  l'em- 
pereur François  Ier  donne  une  haute  idée  du 
mérite  de  l'auteur.  Salulini  mourut  à  Sienne, 
le  29  janvier  1780,  à  l'âge  de  soixante  et  onze 
ans. 


SALVADOR  (Joseph),  docteuren  méde- 
cine de  la  faculté  de  Montpellier,  est  né  dans 
cette  ville,  en  179G,  d'une  famille  Israélite. 
On  lui  doit  un  bon  livre  intitulé  :  Histoire  des 
institutions  de  Moïse  et  du  peuple  hébreu; 
Paris,  Ponlhieu,  1828,  trois  volumes  in-8°. 
Il  y  traite  (t.  III,  p.  127  et  suiv.)  des  instru- 
ments des  Hébreux,  et  en  donne  une  descrip- 
tion qui  diffère  en  plusieurs  points  importants 
de  celles  qu'on  trouve  dans  les  auteurs  qui  ont 
écrit  antérieurement. 

SALVADOR  (Daniel),  professeur  de  mu- 
sique à  Bourges,  né  d'une  famille  Israélite,  est 
auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Grammaire 
philharmonique,  ou  cours  complet  de  mu- 
sique, contenant  la  pratique  et  la  théorie  de 
la  mélodie  et  de  l'harmonie;  Bourges,  de 
l'imprimerie  de  Manceron,  1837-1858,  deux 
volumes,  in-4°. 

SALVATOR  (Jean),  ecclésiastique,  savant 
dans  la  musique,  fut  maître  de  la  Pielà  di 
Turchini,  et  maître  de  la  chapelle  royale.  On 
connaît  de  sa  composition  des  Répons  des 
morts,  et  des  Répons  pour  la  semaine  sainte. 
Le  marquis  de  Villarosa  n'indique  pas  l'époque 
où  il  a  vécu  ;  mais  on  sait  que  Dominique  Sarri 
étudia  sous  sa  direction  dans  le  Conservatoire 
de  la  Pietà,  et  qu'il  en  sortit  en  1697,  d'où  il 
résulte  que  Salvalor  mourut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle. 

SALVATOR  ROSA.  Voyez  ROSA 
(Salvator). 

SALVATORI  (Dominique),  compositeur 
demusiqned'église,  naquit  à  Modène,  le 5 avril 
1748.  Après  avoir  fait  ses  éludes  au  collège 
des  Jésuites  de  cette  ville,  il  reçut  des  leçons 
de  Gigli,  maître  de  chapelle  de  la  cour,  pour  le 
clavecin,  l'orgue  elle  contrepoint.  Le  duc  de 
Modène,  François  III,  ayant  eu  connaissance 
de  ses  rapides  progrès  dans  l'art  musical,  lui 
fit  une  pension  et  l'envoya  au  Conservatoire  de 
San-Onofrio,  à  Naples,  pour  y  perfectionner 
ses  connaissances.  Salvatori  s'y  fit  si  bien  re- 
marquer par  son  talent,  qu'il  fut  chargé  de 
composer  plusieurs  messes  solennelles  pour 
les  églises  de  Naples.  Rappelé  à  Modène  pour 
y  occuper  la  placede  second  maitrede  chapelle 
de  la  cour,  il  y  arriva  dans  un  état  de  dépé- 
rissement causé  par  une  affection  de  poitrine. 
Toutefois,  il  ne  ralentissait  pas  ses  travaux.  Il 
donna  une  preuve  remarquable  de  son  génie 
pour  l'art  dans  une  messe  solennelle  qui  fut 
chanlée  dans  l'église  ducale  de  Sainte-Marie 
délia  Pomposa,  le  24  avril  1774,  à  l'occasion 
de  l'érection  de  la  statue  équestre  du  duc 
François  III,  et  qui  produisit  une  vivesensa- 

25. 


3S* 


SALVATORI  —  SAM  MARTINI 


tlon.  Ce  fut  !e  chant  du  cygne,  car  ce  jeune 
artiste  mourut  le25octobre  de  la  même  année, 
à  l'âge  de  vingt-six  ans. 

SALVI(Matteo),  compositeur  dramatique, 
né  à  Bergame,  vers  1815,  a  fait  ses  éludes  mu- 
sicales dans  celte  ville,  sous  la  direction  de 
Mayr.  En  1843,  il  a  écrit  à  Vienne  l'opéra 
bouffe  intitulé  la  Prima  Donna,  <|ui  ne 
réussit  pas.  Deux  ans  après,  il  donna  à  la 
Scala  de  Milan,  Lara,  qui  eut  du  succès  et 
dont  les  airs  et  duos  ont  été  publiés  dans  cette 
ville,  chez  Ricordi.  En  1845,  Salvi  fit  repré- 
senter au  même  théâtre,  I  Burgravi,  qui 
tomba  à  plat.  On  a,  sous  le  nom  de  ce  compo- 
siteur, des  recueils  de  mélodies, dontun  a  pour 
titre  Premières  pensées  musicales. 

SALVI  (Lorenzo),  ténor  distingué,  que  je 
crois  parent  du  précédent,  est  né  à  Bergame, 
vers  1812.  Il  débuta  à  Rome,  à  l'aulomne  de 
1832.  Sa  voix  manquait  un  peu  de  puissance, 
mais  sa  méthode  était  bonne  et  il  chantait  avec 
grâce.  Dans  les  années  1834  et  1855,  il  chaula 
à  Naples;  m»\s  sa  voix  parut  un  peu  faible  au 
grand  théâtre  Saint-Charles  de  celle  ville. 
Toutefois  il  y  fut  r.appelé,  en  1836,  et  y  resla 
jusqu'au  printemps  de  1839.  De  celle  ville,  il 
alla  à  Vienne,  puis  à  Padoue  «et  à  Venise.  Je 
l'entendis  à  Bergame  avec  la  Slrepponi  et  Co- 
letti,  en  1841,  et  je  fus  satisfait  de  son  style 
élégant  et  pur.  Pendant  les  années  1844,  1845 
et  1840,  il  chanta  à  Moscou  et  à  Pélersbourg 
avec  succès;  mais  le  climat  de  la  Russie  étant 
trop  défavorable  à  sa  santé,  il  résilia  son  en- 
gagement et  se  rendit  à  Londres,  où  il  chanta 
avec  un  grand  succès,  en  1848.  Dans  l'année 
suivante,  il  fut  engagé  au  Théâtre  Italien  de 
Paris.  En  1851,  Salvi  est  retourné  en  Italie  et 
parait  avoir  quitté  la  scène. 

SALZ1TTI  (Scipion),  compositeur  de  can- 
zonetles  et  de  madrigaux,  naquit  à  Capoue 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  On 
connaît  de  lui  :  1°  Madrigalia  5  voci.  Libro 
primo;  Napoli,  Vitali,  1G07,  in-4".  2»  jl/a- 
drigali  a  5  voci.  Libro  secondo;  ibid,  1010, 
in-4°.  3"  t'.anzonette  a  tre  voci.  Libri  1,  2, 
3,  4;  ibid.,  1005-1017,  in-4°. 

SALZMAN  (Ciiaiu.es-Gouei'Roid),  né  à 
Vienne,  le  8  novembre  1797,  apprit,  dès  l'âge 
de  sept  ans,  les  principes  de  la  musique  et  du 
piano  sous  la  direction  d'un  maître  nomme 
Dei  liezka,  puis  reçut  des  conseils  de  Salieri.En 
1821,  il  a  été  nommé  maître  de  piano  du  Con- 
servatoire de  Vienne,  puis  il  fut  chargé  de 
l'enseignement  de  l'harmonie  et  «le  l'accom- 
pagnement. Parmi  ses  compositions  publiées, 
on  remarque  des  variations   pour  le   piano, 


deux  sonates  pour  le  même  instrument,  et  des 
quatuors  pourdes  instruments  à  archet.  Il  a  en 
manuscrit  plusieurs  autres  ouvrages.  En  1839, 
Salzmann  a  fait  représenter  à  Vienne  l'opéra 
intitulé  Richard  Mackicell ,  dont  l'ouverture 
et  quelques  airs  ont  été  gravés  pour  le  piano. 

SAMBER  (Jean-Baptiste),  organiste  de  la 
cathédrale  de  Salzhourg  et  valet  de  chambre 
de  l'archevêque,  dans  les  premières  années  du 
dix-huitième  siècle,  s'est  l'ait  connaître  avan- 
tageusement par  un  ouvrage  intitulé  :  Manu- 
ductio  ad  organum,  ou  instruction  sur  l'art 
de  jouer  de  l'orgue  (en  allemand);  Salzhourg, 
1704,  in-4°.  La  continuation  de  cet  ouvrage 
consistant  en  quatre  instructions  sur  le  doigter, 
la  connaissance  et  l'emploi  des  registres,  les 
caractères  des  divers  genres  de  morceaux,  et 
la  composition,  parut  en  1707,  à  Salzhourg, 
un  volume  in-4°  de  trente  et  une  feuilles  avec 
des  planches.  On  a  aussi  de  Samber  un  traité 
du  chant  choral,  sons  ce  litre  :  Elucidatio  mu- 
sicx  choralis,  dus  isl  grundlich  und  ware 
Erlàuterung  oder  UnU-rweisung ,wie  dieedle 
und  veralte  Choral- M usilc  fundamenlaliter 
denen  wohlgegrundelen  Regeln  mit  leichter 
jViihemœge  erlernet  iverden  (Éclaircissement 
de  la  musique  chorale,  c'est-à-dire,  explication 
ou  enseignement  normal  et  véritable  de  la 
noble  et  ancienne  musique  chorale,  ele)  ; 
Salzhourg,  1700,  petit  in- 4"  obi.  de  quatre- 
vingt-quinze  pages  avec  trente-cinq  pages  de 
musique  gravée. 

SAMIN  (Wolfiiano),  compositeur  espagnol 
du  seizième  siècle,  n'est  connu  que  par  une 
messe  à  quatre  voix,  ad  imitationem  moduli 
Sancli  Spiritus;  Paris,  Adrian  Le  Roy  et  Robert 
Ballard,  1558,  in  fol.  max. 

SAlttMARTIIVI  ou  SAN  MARTINI 
(Pierre),  musicien  au  service  du  grand-duc  de 
Toscane,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Il  est  connu  par  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Mottetti  a  voce  sola,oy>.  1;  Florence,  1035, 
in-4°.  Il  y  a  une  seconde  édition  de  cet  ouvrage 
publiée  à  Venise  par  Barlholomé  Magni,  en 
1038.  2°  Salmi  brevi  a  4  t'oct  concertait*; 
Venise,  Gardane,  1044,  in  4°.  3°  IfJotletti  a 
2,  3,  4  e  5  voci  con  le  litanie  délia  Beuta 
M.  V.  a  G  voci,  op.  4;  Venise,  Bart.  Magni, 

1042.  4°  Mottetti  a  I,  2,  5,  4c5  voci;  ibid., 

1043.  5°  Salmi  a  otto  voci  concertât i,  con 
sacri  ripieni;  ibid.,  1645. 

SAMMARTOI,  ou  SAN  MARTINI 
(Jeam-Baptiste),  compositeur  distingué,  naquit 
à  Milan  vers  la  lin  du  dix- septième  siècle,  ou 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième. 
Homme  de  génie,  il  était  né  pour  l'art;  mais 


SAMMARTINI  -  SAMSON 


389 


son  éducation  fut  négligée,  et  il  il  n'eut  point 
d'autre  maître  que  lui-même  pour  l'harmonie 
et  le  contrepoint.  La  nature  lui  avait  donné 
particulièrement  le  genre  d'imagination  con- 
venable à    la    musique   instrumentale;    sans 
modèle,  il  composa  un  nombre  immense  de 
trios,  de  quatuors  et  de  symphonies,  où,  parmi 
beaucoup  de  choses  communes  et  négligées, 
se  trouvent  à  chaque  instant  des  traits  pleins 
d'invention  et  de  charme.  Organiste  de  deux 
ou  trois  églises,  et  maitre  de  chapelle  du  cou- 
vent de  femmes  appelé  Sainte- Marie-Made- 
leine, à  Milan,  il  vivait  encore  dans  cette  vil  le  en 
1770,  lorsque  Burney  la  visita.  Il  écrivait  des 
messes  pour  les  religieuses  de  ce  couvent,  et 
leurdonnait  des  leçons  ;  mettant  à  tout  ce  qu'il 
faisait  la  même  insouciance,  le  même  laisser 
aller  qu'il  avait  eu  dans  toute  sa  vie,  et  qui  le 
laissait,  à  ses  derniers  jours,  dans  la  position 
peu  fortunée  où  il  avait  toujours  vécu.  Le  gé- 
néral Pallavicini,  gouverneur  de   Milan,    lui 
commanda  sa  première  symphonie  à  grand  or- 
chestre, qui  fut  exécutée  en  1734,  et  qui  ex- 
cita l'enthousiasme  de  l'auditoire.   Plusieurs 
musiciens  de  mérite  ont  remarqué  une  singu- 
lière analogie  qui  se  trouve  entre  les  formes 
des  symphonies  de  Sammartini  et  les  premiers 
ouvrages  de  Haydn  en  ce  genre,  et  l'on  rap- 
porte que  Mysliweczeck  étant  à  Milan  dans  un 
concert,  et  entendant  pour  la  première  fois  les 
vieilles  symphonies  de  Sammartini,  s'écria  : 
J'ai  trouvé  le  père  du  style  de  Haydn.  Le 
comte  de    Harrach,    gouverneur   de  la  Lom- 
bardie  autrichienne,  fut  le  premier  qui  porta 
la  musique  de  Sammartini  à  Vienne,  où  elle 
obtint  un  succès  de    vogue.   Les  comtes   de 
Palfy,  de  Schœnborn  et  de  Mortzin,  ainsi  que 
le  prince  Eslerhazy,  ne  négligèrent  rien  pour 
se  procurer  tout  ce  qu'il  écrivait,  et  ce  der- 
nier donna  mission  à   un  banquier  de  Milan, 
nommé  Bastelli,  de  payer  à  Sammartini  huit 
sequins  d'or  pour  chaque  nouvelle  symphonie 
dont  il  fournirait  le  manuscrit.   Ce  composi- 
teur s'essaya  aussi  dans  la  musique  de  théâtre, 
mais  n'y  réussit  pas.  Le  Catalogue  théma- 
tique de  Breitkopf  (Leipsick,  1702,  p.  21)  in- 
dique les  thèmes  de  dix-huit  symphonies  de 
Sammartini,  et   le  Supplément  (ibid.,  1774, 
p.  14)  en  fait  connaître  trois  autres.  Dans  les 
mêmes  catalogues,  on  trouve  les  thèmes  de 
trente-six  trios   pour  deux  violons  et  basse; 
enfin,  on  y   voit  les  thèmes  de  six  concertos 
pour  le  violon,  avec  deux  violons,  alto  et  basse 
d'accompagnement;  mais  le  nombre  des  com- 
positions de  cet  artiste  est  beaucoup  plusconsi- 
tdblc  :  une    note  que  j'ai  trouvée  sur  une  de 


ses  messes  manuscrites,  à  Venise,  le  porte  à 
deux  mille  huit  cents.  On  a  gravé  à  Londres, 
en  1707,  six  de  ses  trios,  et  à  Paris,  chez  Le- 
clerc,  vingt-quatre  symphonies,  en  quatre 
œuvres,  ainsi  que  six  petits  trios  ou  nocturnes 
pour  flûte  ou  violon.  Il  a  paru  aussi  à  Amster- 
dam, sous  le  nom  de  cet  artiste,  six  sonates  en 
trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  1. 

SAMMARTINI  ,  ou  SAN  MARTINI 
(JosEPn),  frère  atné  du  précédent,  né  à  Milan, 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle,  a  été  un  des  meilleurs  hautboïstes  de  son 
temps.  En  1726,  Ouanz  l'entendit  à  Milan,  et 
fut  charmé  de  son  talent.  Dans  l'année  sui- 
vante, Sammartini  se  rendit  à  Londres,  où  il 
passa  le  reste  de  sa  vie,  et  mourut  au  service 
du  prince  de  Galles,  en  1740.  Il  avait  été 
d'abord  premier  hautbois  de  l'Opéra  italien. 
Son  premier  ouvrage,  gravé  à  Londres,  con- 
siste en  six  sonates  pour  deux  flûtes;  mais  il 
dut  principalement  sa  réputation  à  un  œuvre 
de  six  concertos  pour  le  hautbois,  publié  en 
1738,  et  à  douze  sonates  pour  deux  hautbois  et 
basse,  qui  parurent  quelque  temps  après.  Huit 
ouvertures  et  six  grandsconcerlos  furent  aussi 
publiés  après  sa  mort,  par  Johnson.  Plusieurs 
autres  compositions  de  Sammartini  ont  été 
gravées  à  Amsterdam. 

SAMPIERI  (  le  marquis  François  )  , 
membre  honoraire  de  l'Académie  philharmo- 
niquedeBoIogne,  né  dans  cette  ville,  vers  1790, 
fut  amaleurzélé  etcomposileur.il  résidait  al- 
ternativement à  Florence  et  à  Bologne.  Géné- 
reux et  bienveillant,  le  marquis  Sampieri 
accueillait  avec  empressement  les  artistes  qui 
visitaient  Bologne.  Les  événements  révolution- 
naires qui  agitèrent  l'Italie,  en  1848,  le 
décidèrent  à  se  rendre  à  Paris,  où  il  passa  ses 
dernières  années.  Il  y  est  mort  dans  les  pre- 
miers jours  de  novembre  1863.  Il  a  fait  re- 
présenter, en  1816,  au  théâtre  Re  de  Milan, 
Oscar  e  Malvina ,  opéra  en  deux  actes. 
A  Naples,  il  a  donné,  le  26  septembre  1821, 
Valmiro  e  Zeida,  et  le  23  février  1822,  au 
théâtre  du  Fondo,  la  Foresta  d'Ostropol. 
Plusieurs  autres  opéras  de  la  composition  du 
marquis  Sampieri  ont  été  joués  à  Bologne,  à 
Florence  et  à  Ferrare. 

SAMSON  ou  SAMPSON  (...),  musicien 
du  seizième  siècle,  vraisemblablement  fran- 
çais d'origine,  vécut  en  Allemagne  antérieu- 
rement à  1550.  On  trouve  des  morceaux  de 
sa  composition  dans  les  recueils  intitulés  : 
Novum  et  insigne  opus  musicum  sex,  quin- 
que  et  quatuor  vocum,  etc.  ;  Noribergx,  arte 
J/ieronyrni  (ïraphei,  1537,  in-4°obl.  2°i;'r- 


390 


SAMSON  —  SANADON 


ster  Theil.  Lin  Auszug  guler  aller  und 
newer  Teuschen  Liedlein,  etc.;  Nuremberg, 
J.  Petrejus,  1559,  in-4°  obi.  5"  Selectissima- 
rum  Motetarum  partim  quinque,  partim 
quatuor  vocum,  tomus  primas;  ibid.,  1540. 
4°  Bicinia  gallica,  latina  et  germanica  et 
qiixdam  fugx.  Tomi  duo  ;  Vllebergx,  apud 
Georg.  Rhav,  1545,  petit  in-4°obl. 

SAMUEL  (Adolphe),  compositeur,   pro- 
fesseur d'harmonie  pratique  et  d'accompagne- 
ment au  Conservatoire  royal   de  musique  de 
Bruxelles,  est  né  à  Liège,  le  11  juillet  1824. 
Destiné,  par  ses  parents,  à  la  peinture,  il  prit 
une  autre  direction  par  ses  dispositions  re- 
marquables pour  la  musique.  Entré  au  Con- 
servatoire de  Liège,  en  1832,  il  y  reçut  des  le- 
çons de  piano  de  M.  E.  Soubre  (voyez  ce  nom). 
Ses  progrès  furent  assez  rapides  pour  qu'il  se 
fit  entendre  avec  succès,  en  1835,  à  la  Société 
d'émulation  de  sa  ville  natale.  En  1838,  ses 
parents  s'établirent  à  Bruxelles.  Dans  l'année 
suivante,  Samuel  joua  dans  un  grand  concert 
donné  par    Bériot    et    mademoiselle    Garcia 
(plus  tard  madame  Viardot)  :  il  fut  remarqué 
par  l'auteur  de  cette  biographie,  qui  donna  à 
ses  parents  le  conseil  de  le  faire  entrer  au  Con- 
servatoire pour  y  suivre  les  cours  d'harmonie 
et  de  composition.  Entré  dans  celte   institu- 
tion, en  1840,   il   y  obtint  les  premiers  prix 
d'harmonie,    de   contrepoint  et   d'orgue,    en 
1841,  1842,  1843  et  1844.  Parvenu  à  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  en  1845,  il  prit  part  au  grand 
concours  de  composition  et  obtint  le  premier 
prix.  Devenu  pensionnaire  de  l'État  à  ce  titre, 
il  voyagea  en  Italie  et  en  Allemagne  pendant 
les  années  184G  à  1848.  De  retour  à  Bruxelles, 
il  fit  représenter,  en  1849,  au  Théâtre-Royal, 
Madelaine,  opéra-comique  en  un  acte,  dont  le 
livret  était  de  Scribe  et  de  Gustave  Vaes.  La 
mort  de    la  sœur  de   Samuel,  peu  de  temps 
après,  l'obligea  à  la   remplacer  comme  sou- 
tien de  la  famille,  et  il  dut  se  livrer  à  l'ensei- 
gnement;  néanmoins,  il  écrivit  deux  grands 
opéras,  un  opéra-comique,  deux  symphonies, 
et  s'occupa  de   littérature  musicale  dans  la 
Revue  trimestrielle,  VEcho  de  Bruxelles,  le 
National,  le   Télégraphe  et   V Observateur . 
Au  mois  de  décembre  1858,  je  fis  exécuter,  au 
concert  du  Conservatoire,  une  de  ses  sympho- 
nies, qui  fut  fort  applaudie.  Dans  la  même  an- 
née,  le  gouvernement  belge  le    chargea    de 
composer  une  grande  cantate  pour  l'inaugu- 
ration de  la  colonne  du  Congrès  :  elle  fut  exé- 
cutée deux  fois  pendant  les  fêles  nationales  du 
mois  de  septembre  18;VJ,  par  deux  mille  deux 
cems chanteurs,  cl  un  orchestre  de  trois  cents 


Instrumentistes,  sous  la  direction  de  l'auteur. 
Décoré  de  l'ordre  de  Léopold,  au  mois  d'oc- 
tobre suivant,  M.  Samuel  a  été  nommé  pro- 
fesseur d'harmonie  pratique  au  Conservatoire 
en  1860.   On   a  gravé   de   sa    composition  : 
1°  Hymne  funéraire  à  trois  voix;   Bruxelles, 
Ratio.  2°  Quatre  motets  pour  des  voix  égales; 
ibid.ô"  Trois  chœurs  pourdes  voix  d'hommes, 
sans    accompagnement  ;    ibid.    4°     Quatre 
chœurs  pour  des  voix  de  femmes;  Bruxelles, 
Meynne.  5°Plusieurs  mélodies  pour  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano;  ibid.  6°  Plu- 
sieurs morceaux  de  piano  ;  ibid.  7°  Deux  mélo- 
dies et  divers  fragments  d'opéras;  Bruxelles, 
Gouweloos.  8°  Recueil  de  mélodies  allemandes 
avec  piano;    Cologne,    Schloss.    9°    Air    de 
l'opéra  inédit  les  deux  Prétendants  ;  Bruxel- 
les, Schott.  10°  Cours  d'harmonie  pratique  et 
d'accompagnement  de  labasse  chiffrée  ;  ibid. 
SAMUEL  (Caroline),  sœur  du  précédent, 
née  à  Liège,  le  1e'  novembre  1822,  a  fait  son 
éducation  musicale  au  Conservatoire  de  Liège, 
où  M.  Danssoigne-Méhul,  directeur  de   cette 
institution,   a   été   son    professeur  de  piano, 
d'harmonie  et  de  composition.  A  l'âge  de  onze 
ans,  elle  obtint  au  concours  le  second  prix  de 
piano;  le  premier    prix   lui  fut   décerné    en 
1835,  et  l'année  suivante,  elle  obtint  le  pre- 
mier prix  d'harmonie.   Pianiste  douée  d'un 
talent  gracieux,  fin,   élégant,  elle  se  fil   en- 
tendre avec  succès  dans  plusieurs  concerts,  et 
se  livra  fort  jeune    à    l'enseignement    pour 
fournir  des  moyens  d'existence  à  sa  mère  et  à 
ses  sœurs.  Une  maladie   de  poitrine  l'enleva 
prématurément  à  l'âge  de  vingt-neuf  ans,  le 
15  eiars  1851.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
deux  fantaisies  pour  le  piano,  et  des  mélodiesà 
voix  seule  avec  accompagnement  de  cet  instru- 
ment; Bruxelles,  Lahou. 

SANADON  (Noel-Étiekbe),  jésuite,  né  à 
Rouen,  le  16  février  1676,  enseigna  la  rhéto- 
rique à  Caen  et  à  Paris,  puis  fut  chargé  de 
l'éducation  du  prince  de  Conti.  Devenu  biblio- 
thécaire du  collé^ede  Louis-le-Grand,en  1728, 
il  occupa  cette  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  22  octobre  1733.  On  a  du  P.  Sanadon  :  les 
Poésies  d^Horacc,  disposées  suivant  l'ordre 
chronologique ,  et  traduites  en  français, 
avec  des  remarques  et  des  dissertations  crili~ 
ques;  Paris,  1728,  'deux  volumes  in-40.  Une 
de  ces  dissertations,  fournies'  par  le  P.  Du 
Cerceau  au  P.  Sanadon,  concerne  les  deux  vers 
de  la  neuvième  ode  du  cinquième  livre  d'Ho- 
race : 

Somntf  miMum  tihiiscnrmrn  lyra, 
IIji-  l'or  i  u  m .  illis  lui  lui  uni. 


SANADON  -  SANDOW 


391 


La  question  de  la  connaissance  que  les  an- 
ciens auraient  eue  de  l'harmonie  est  l'objet  de 
cette  dissertation  (voyez  Du  Cerceau  et  mon 
Mémoire  sur  l'harmonie  simultanée  des 
sons  chez  les  Grecs  et  les  Romains  ;  Bruxelles, 
1858,  p.  17etsuiv.). 

SANCES  (Jean-Félix),  ne"  à  Rome,  dans 
les  premières  années  du  dix-septième  siècle, 
se  fixa  à  Vienne  antérieurement  à  1638,  et 
entra  dans  la  chapelle  de  l'empereur  Ferdi- 
nand III,  qui  le  nomma  second  maître  de 
chapelle  en  1655.  Il  devint  premier  maître, 
sous  le  règne  de  Léopold  Ier.  On  a  imprimé 
«le  sa  composition  :  1°  Motetti  a  quattro 
voci;  Venise,  1658.  2°  Capricci  poetici; 
ibid.,  1649.  3°  Salmi  brevi  a  quattro  voci 
concertait.  4°  Motetti  a  voce  sola  con  busso 
continua.  5°  Motetti  a  2,  3,  4  e  5  voci 
con  basso  continuo.  6°  Trattenimenti  mu- 
sicali  per  caméra  a  2,  5,  4  e  5  voci.  Libro 
primo,  opéra  sesta  ;  in  Venetia,app.  Franc. 
Magni,  1657,  in-4°.  7°  Motetti  a  2,  3,  4,  5, 
6,  7  e  8  voci.  8°  Antiphonx  sacra:  B.  M.  V., 
per  totum  annum.  Sances  a  fait  représenter 
à  Vienne,  en  1670,  l'opéra  intitulé  :  Aristo- 
mene  Messenio,  dont  la  poésie  était  du  comte 
Nicolas  Minalo,  de  Bergame.  Sances  vivait  en- 
core en  1678. 

SAÏVCEY  (L.-S.),  auteur  inconnu  d'un  pe- 
tit écrit  intitulé  :  Tachygraphie  musicale,  ou 
l'art  d'écrire  lamusique  aussi  promptement 
que  l'exécution;  Strasbourg,  imprimerie  de 
Mainberger,  1846,  in-8°de  vingt  pages. 

SANCHEZ  (D.  Ventura),  compositeur  es- 
pagnol, né  à  Madrid,  au  commencement  du 
dix-neuvième  siècle,  a  fait  représenter  à  Cadix 
et  à  Séville,  en  1842,  Jginia  dyAsti,  opéra 
semi-seria.  Deux  ans  auparavant,  il  avait 
donné  à  Madrid  l'opéra  espagnol  la  Conspira- 
tion à  Venise.  En  1850,  il  a  fait  jouer  à 
Cadix,  Malek- A del,  opéra  sérieux,  et  en  1854, 
la Maga, opéra  espagnol.  On  n'a  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste. 

SANDEN  (Bernard  DE),  docteur  en  théo- 
logie et  prédicateur  de  la  cour  à  Kœnigsherg, 
naquit  à  Inslerburg  en  Prusse,  le  4  octobre 
1656.  Après  avoir  fait  ses  éludes  aux  univer- 
sités de  Kœnigsberg,  de  Leipsick,  de  Tubinge 
et  de  Strasbourg,  il  voyagea  en  France,  en 
Angleterre  et  en  Hollande,  puis  retourna  à 
Kœnigsberg,  où  il  vivait  encore  en  1722.  On  a 
de  lui  beaucoup  d'écrits  relatifs  à  la  théologie, 
et  un  sermon  sur  l'utilité  de  la  musique  dans 
le  service  divin,  qu'il  a  fait  imprimer  sous  ce 
litre  :  Dass  die  Kirchenmusik,  wenn  solche 
wohl  und  chrisllich  eingerichtet  ist,  eine 


Gabe  Gottes  sey,  etc.;  Kœnigsberg,  1720, 
in  -4°  de  quatre  feuilles.  Ce  sermon  a  été  pro- 
noncé à  l'occasion  de  la  première  musique  que 
Jean-Georges  Neidhardt  fit  exécuter,  en  sa 
qualité  de  maître  de  chapelle  de  l'église  de  la 
citadelle,  à  Kœnigsberg. 

SAlXDEI\(F.-S.),néàDlabaczenBohême, 
vers  1760,  se  fixa  fort  jeune  à  Breslau,  et  s'y 
livra  avec  succès  à  l'enseignement  de  la  mu- 
sique. Il  mourut  en  1796,  à  la  fleur  de  l'âge, 
dans  la  capitale  de  la  Silésie.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Trois  concertos  pour  piano 
avec  orchestre;  Breslau,  1783.  2°  Six  sonates 
pour  le  piano,  première  suite:  ibid.,  1785. 
3°Six  sonatines  faciles,  idem,  première  partie; 
ioi'd.,  1786. 4°  La  prière  de  Klopstock  et  autres 
chants  religieux;  ibid.,  1786.  5°  Six  sonates 
faciles  pour  piano,  deuxième  partie,  ibid., 
1787.  6°  Sonate  pour  clavecin  et  violon,  ibid., 
1789.  7°  Méthode  courte  et  facile  pour  le 
doigter,  avec  des  exemples,  sous  ce  titre  : 
Griindliche  Anweisung  ziir  Fingersetziing 
fur  Clavier spieler  ;  Breslau,  1791,  in-4°obl. 
de  vingt-quatre  pages.  8°  Six  sonates  pour 
clavecin,  avec  accompagnement  de  violon; 
ibid.,  1790.  9°  Le  Triomphe,  prologue  avec 
chant,  pour  l'anniversaire  de  la  mort  du  roi, 
exécuté  sur  le  théâtre  de  Breslau,  le  25  sep- 
tembre 1795.  10°  Six  sonates  pour  piano  et 
violon;  Breslau,  1793.  11°  Don  Silvio  de 
Rosalva,  drame  musical,  en  manuscrit. 

SAIVDERSOIX  (Jacques),  compositeur 
anglais,  naquit  en  1769,  à  Workinglon,  dans 
le  comté  de Durham.  Dès  l'âge  de  dix-huit  ans, 
il  fut  attaché  au  théâtre  de  Newcaslle,  en 
qualité  de  chef  d'orchestre;  mais  un  an  après, 
Astley  l'engagea  pour  l'orchestre  de  son  Cir- 
que, à  Londres,  avec  des  appointements  con- 
sidérables, sous  la  condition  d'écrire  la  mu- 
sique des  pantomimes  et  des  mélodrames  qu'on 
y  représentait.  On  porte  à  cent  soixante  le 
nombre  d'ouvrages  de  ce  genre  qu'il  a  com- 
posés. Beaucoup  de  chansons  anglaises , 
gravées  à  Londres,  chez  Clementi,  et  des  solos 
de  violon3  sont  les  productions  de  ce  musicien 
qui  ont  été  publiées.  Il  est  mort  à  Londres,  à 
la  fin  de  l'année  1841,  à  Page  de  soixante- 
douze  ans. 

SANDOIVI  (Pierre-Joseph),  compositeur, 
né  à  Bologne,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  eut  un  talent  remarquable  sur 
le  clavecin.  Il  fut  reçu  membre  de  l'Académie 
philharmonique,  en  1702,  et  en  fut  prince,  en 
17 13  et  en  1725.  Il  brilla  comme  compositeur 
à  Vienne,  à  Munich,  à  Modène  et  à  Parme. 
Fixé  à  Londres,  vers  1726,  il  y  fut  comparé  à 


w. 


SANDONI  -  SANES 


ïïaendel  pour  son  habileté  dans  l'improvisation. 
On  croit  qu'il  est  mort  dans  cette  ville,  vers 
1750.  En  1709,  il  avait  fait  jouera  Vérone 
Artaserse,  opéra  sérieux  de  sa  composition. 
Plusieurs  autres  opéras  de  ce  compositeur  ont 
élé  joués  à  Gênes,  à  Pesaro,  à  Plaisance  et  à 
Milan,  mais  on  n'en  connaît  plus  les  titres.  On 
"  a  gravé  de  lui,  à  Londres  ;  Cantate  da  caméra, 
et  Sonate  per  il  cembalo,  dédiées  à  la  com- 
tesse de  Pembroke,  sa  prolectrice. 

SATVDONI  (  Fiunçoise  CUZZONI  )  , 
femme  du  précédent,  naquit  à  Parme,  en  1700. 
Douée  d'une  voix  pure  et  pénétrante,  elle  dé- 
veloppa cet  avantage  naturel  par  les  excel- 
lentes leçons  de  Lanzi,  et  devint  une  des  can- 
tatrices les  plus  remarquables  et  les  plus 
admirées  de  son  temps.  Après  avoir  brillé  sur 
plusieurs  théâtres  de  l'Italie,  elle  accepta,  en 
1722,  l'engagement  que  Haendel  lui  offrit  au 
théâtre  qu'il  dirigeait  :  elle  y  excita  une  admi- 
ration qui  allait  jusqu'au  fanatisme,  dans 
VOthon  de  ce  compositeur.  Pendant  quatre 
années,  la  Cuzzoni  fut  en  possession  des  plus 
beaux  rôles  des  opéras  de  Haendel  ;  mais,  aca- 
riâtre et  capricieuse, elle  finit  par  se  brouiller 
avec  lui,  et  paya  ses  soins  d'ingratitude.  Pour 
se  venger,  l'illustre  compositeur  fit  venir  à 
Londres  Faustina,  la  seule  cantatrice  de  ce 
temps  qu'on  put  opposer  à  la  Cuzzoni,  et  com- 
posa pour  elle  des  airs  brillants  et  favorables 
à  sa  voix;  mais  le  succès  ne  répondit  pas  à 
son  attente.  La  rivalité  de  ces  deux  femmes 
dégénéra  en  haine  furieuse,  et  leurs  partisans 
finirent  par  porter  tant  de  trouble  dans  les 
représentations,  que  les  intérêts  de  Haendel  en 
furent  compromis.  Devenue  la  femme  de  San- 
doni,  vers  1727,  la  Cuzzoni  céda  aux  instances 
du  comte  de  Kinsky,  ambassadeur  d'Autriche 
à  Londres,  et  se  rendit  à  Vienne,  où  elle  eut 
d'abord  un  brillant  succès  à  la  cour;  mais  ses 
prétentions  exagérées  l'empêchèrent  de  con- 
tracter un  engagement  pour  le  théâtre.  Elle 
partit  pour  l'Italie,  n'y  trouva  pas  les  avan- 
tages qu'elle  s'était  promis,  et  finit  par  voyager 
en  Hollande,  on  elle  fut  mise  en  prison  pour 
dettes.  Elle  n'en  sortit  qu'après  avoir  payé  ses 
créanciers  par  les  produits  de  ses  représenta- 
lions.  En  17-18,  elle  reparut  au  théâtre  de 
Londres;  mais  elle  n'était  plus  que  l'ombre 
d'elle-même;  elle  n'y  réussit  point,  et  vers  la 
fin  de  l'hiver,  elle  fut  obligée  de  retourner 
dans  sa  patrie ,  où  elle  tomba  dans  une 
profonde  misère.  Vers  la  fin  de  sa  vie,  elle 
était  obligée  de  fabriquer  des  boutons  de 
soie  pour  fournir  à  sa  subsistance.  Elle  mou- 
rut   en     1770,    après    avoir    donné   un    des 


exemples  les  plus  frappants  des  vicissitudes 
de  la  fortune. 

SANDUIN  (....),  compositeur  français  de 
chansons  à  plusieurs  voix,  vécut  dans  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle,  sous  le  règne 
de  François  Ier.  On  trouve  des  chansons  à 
quatre  parties  de  sa  composition  dans  les  re- 
cueils intitulés  :  1°  Le  XIIe  livre,  contenant 
trente  chansons  nouvelles  à  quatre  parties; 
Paris,  parPierre  Altaingnant  et  Hubert  Jullet, 
154-5,  petit  in-4°  obi.  2"  Le  XVI*  livre,  con- 
tenant XXIX  chansons  nouvelles  à  quatre 
parties;  ibid.,  1545.  5°  Le  IIe  livre  des 
chansons  à  quatre  parties,  auquel  sont  con- 
tenues XXX  chansons,  etc.,  imprimées  (sic) 
en  Anvers,  par  Tylman  Susato,  1544,  in-4°. 
Le  nom  du  musicien  est  écrit  Sandryn  dans 
ce  recueil. 

SAINDItïNI  (Paul),  hautboïste  et  guita- 
riste, né  à  Gœrz,  en  1782,  parcourut  l'Alle- 
magne, en  1805,  s'établit  ensuite  à  Prague, 
puis  à  Dresde,  en  1808,  où  il  fut  attaché  à  la 
musique  du  roi  de  Saxe,  et  au  théâtre  en  qua- 
lité de  hautboïste.  Il  mourut  dans  cette  ville, 
le  15  novembre  1815,  à  l'âge  de  trente  et  un 
ans.  On  porte  à  quarante  le  nombre  de  ses 
œuvres  publiées,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que :  1°  Duo  pour  guitare  et  flûte,  op.  12; 
Leipsick,  Hofmeister.  2°  Sonate  concertante, 
idem,  op.  1G;  ibid.  5°  Thèmes  variés,  idem, 
op.  15;  ibid.  4"  Six  cavatines  avec  guitare, 
op.  15;  Leipsick,  Peters.  5°  Six  ariettes  ita- 
liennes, idem,  op.  14;  ibid. 

SAN  DYS  (William),  musicien  anglais,  né 
vers  1704,  dans  l'ouest  de  l'Angleterre,  et  fixé 
à  Londres,  a  publié  un  livre  intitulé  :  Christ- 
mas  Cavols,  ancient  and  modem,  including 
the  most  popular  in  the  JJ'est  of  England, 
and  the  airs  to  which  are  song.  Also  spéci- 
mens of  french  provincial  Carols;  tvilh  an 
introduction  and  notes;  Londres,  1855, 
in-8°.  Celte  collection  de  noels  de  l'ouest  de 
l'Angleterre  est  curieuse. 

SANELLI  (GuALTEno),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Parme,  a  fait  représenter  plu- 
sieurs opéras  en  Italie,  puis  s'est  établi  à 
Mexico,  en  qualité  de  directeur  de  musique  du 
théâtre  italien  de  cette  ville.  Il  s'y  trouvait  en 
1842  ;  mais  il  y  resta  peu  de  temps  et  retourna 
dans  sa  patrie  pour  rétablir  sa  santé.  Ses 
ouvrages  connus  sont  :  1°  La  Contante,  joué 
à  Milan,  en  1841 .  2°  /  due  Sergent i,  à  Turin, 
en  1842.  5°  Ermenegarda,  à  Milan,  en  1845. 
4°  Luisa  Strozzi)  à  Livourne,  en  1847. 

SANES  (Félix),  compositeur  vénitien, 
vécut  vers  la  lin  du  dix-septième  siècle.  Ou 


SANES  -  SAN  ROMANO 


89tf 


connaît  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  1°  Missa 
a  quatlro  voci  con  organo ;  Venise,  1694. 
2°  Missa  a  2  soprani,  1  alto,  A  tenori, 
2  bnssi  con  5  stromenti  obligati.  3°  Magni- 
ficat a  5  concertati,  choro  a  6  voci,  2  violini 
ed  organo.  4°  Miserere  mei  Deus  a  4  voci, 
uno  violino  e  5  viole.  < 

8AI>'GIORGI  (  Antoine-  Jean  -  Baptiste 
RAIîITE) ,  compositeur,  né  à  Parme,  est 
mort  dans  cette  ville,  en  1845.  II  s'est  fait 
connaître  par  les  opéras  intitulés  :  1°  HCon~ 
testabile  diChcster,  représenté  à  Reggio,  en 
1840.  2°  Il  Colombo,  k  Parme,  en  1840. 

Un  ténor  nommé  César  Sangiorgi  a  chanté 
sur  les  théâtres  de  l'Italie,  depuis  1836  jus- 
qu'en 1845. 

SAN  -  JACINTO  (le  marquis  DE),  né 
à  Palerme,  en  1809,  a  fondé  en  cette  ville 
l'Académie  philharmonique,  à  l'imitation  de 
celle  de  Bologne.  Un  amateur  de  musique, 
nommé  Libori  Musumeci,  par  un  patrio- 
tisme sicilien  exagéré,  ayant  publié  un  Pa- 
rallelo  tra  i  maeslri  Rossini  e  Bellini,  dans 
lequel  il  mettait  sans  façon  le  jeune  auteur  du 
Pirate  au-dessus  du  maître  qui  venait  de  pro- 
duire Guillaume  Tell,  M.  de  San-Jacinto  ré- 
pondit victorieusement  à  cet  écrit,  dans  des 
Osservazioni  sul  merito  musicale  deimaestri 
Bellini  e  Rossini,  in  risposth  ad  un  paral- 
lèle tra  i  medesimi  pubblicato  in  Palermo  ; 
Palerme,  1834,  in-8°.  Cet  écrit  fut  réimprimé 
à  Bologne  (Tipografia  délia  Volpe,  1834,  in-8° 
de  vingt-deux  pages),  par  les  soins  du  chevalier 
de  Ferrer,  avec  une  préface.  Ce  même  M.  de 
Ferrer  en  a  donné  plus  tard  une  traduction 
française,  sous  ce  titre  :  Rossini  et  Bellini. 
Réponse  de  M.  le  marquis  de  San-Jacinto  à 
un  écrit  publié  à  Palerme,  revue  et  réim- 
primée à  Bologne  et  traduite  en  français 
par,  etc.;  Paris,  de  l'imprimerie  d'Éverat, 
1836;  in-8f/  de  vingt-quatre  pages. 

SANLECQUE  (Jacques  DE),  graveur  et 
fondeur  de  caractères,  naquit,  en  1573,  à 
Chaulne,  dans  la  province  du  Bourbonnais. 
Arrivé  à  Paris  dans  sa  jeunesse,  il  y  fit  élève 
de  Guillaume  Le  Bé  (voyez  ce  nom)  pour  la 
gravure  des  caractères.  Devenu  lui-même  un 
des  hommes  les  plus  distingués  dans  cet  art,  il 
s'associa  avec  son  troisième  fils,  pour  la  gra- 
vure et  la  fonte  de  caractères  pour  l'impres- 
sion de  la  musique.  Fournier  dit,  dans  son 
Traité  historique  sur  les  caractères  de  fonte 
pour  ce  génie  d'impression, que  ceux  desSan- 
lecque  atteignirent  le  plus  haut  degré  de  per- 
fection possible  alors.  «  Vers  1635  (dit-il),  ils 
»  commencèrent,  pour  leur  propre  usago,  la 


»  gravure  de  trois  caractères  de  musique  dis- 
«  lingues  [)av petite,  moyenne  et  grosse  mu- 
»  sique.  Ces  trois  caractères  sont  un  chef- 
»  d'œuvre  pour  la  précision  des  filets  (de  la 
»  portée),  la  justesse  des  traits  obliques  qui 
»  lient  les  notes,  et  la  parfaite  exécution.  » 
Sanlecque  mourut  le  20  novembre  1648,  à 
l'âge  de  soixante-quinze  ans. 

SANLECQUE  (Jacques),  troisième  fils  du 
précédent,  fut  un  des  plus  savants  hommes  de 
son  temps  dans  les  langues  grecque,  latine  et 
orientales.  Habile  dans  Ta  musique,  il  jouait 
de  presque  tous  les  instruments  alors  en  usage. 
Il  partagea  les  travaux  de  son  père  dans  la 
gravure  et  dans  la  fonte  des  caractères  de  mu- 
sique, et  soutint  avec  lui  un  procès  contre  Ro- 
bert Ballard,  qui,  ayant  le  titre  d'imprimeur 
du  roi  pour  la  musique,  prétendait  au  privi- 
lège exclusif  de  ce  genre  d'impression.  A  l'oc- 
casion de  ce  procès,  qui  ne  fut  point  jugé,  mais 
qui  donna  lieu  à  beaucoup  de  mémoires  et  de 
plaidoiries,  Sanlecque  composa  une  allégorie, 
dont  les  interlocuteurs  sont  le  cheval  Pégase, 
(marque  typographique  des  Ballard),  et  la 
Tortue  (marque  des  Sanlecque).  Celte  allé- 
gorie est  imprimée  à  la  suite  d'un  Traité  de 
l'eau-de-vie;  Paris,  1646,  qui  n'est  pas  de 
Balesdens,  comme  le  dit  Beuchot,  dans  sa 
Notice  sur  les  Sanlecque,  mais  de  Brouatilt. 

SAN  ROMANO  (Charles-Joseph),  orga- 
niste et  compositeur,  naquit  à  Milan,  vers 
1630.  Après  avoir  fait  ses  études  musicales 
sous  la  direction  des  maîtres  de  chapelle  Tu- 
rato  et  Grancini,  il  obtint  la  place  d'organiste 
de  l'église  des  Célestins,  à  l'âge  de  dix-huit 
ans.  Deux  ans  après,  il  fut  appelé  au  bourg  de 
Casorale,  dans  l'État  de  Venise,  pour  y  rem- 
plir les  fonctions  d'organiste,  aux  appointe- 
ments de  mille  livres.  L'invasion  de  l'Italie 
par  l'armée  française,  en  1655,  obligea  San 
Bomano  à  se  retirer  à  Milan,  où  il  obtint  la 
place  d'organiste  de  San  Giovanni-a-Conca, 
puis  celle  d'organiste  de  Sainte-Marie-de-la- 
Passion.  L'emploi  de  maître  de  chapelle  de 
l'église  de  Saint-Celse  étant  devenu  vacant,  il 
entra  en  concurrence  avec  son  maître  Gran- 
cini, et  l'emporta  sur  lui.  En  1670,  il  occupait 
encore  celte  place,  mais  on  n'a  pas  de  rensei- 
gnements sur  l'époque  postérieure  de  sa  vie. 
Ses  compositions  connues  sont  :  I"  Il  Cygno 
sacro,  motetti  a  più  voci;  Milan,  1668. 
2°  //  primo  libro  de' motetti  a  voce  sola; 
ibid.'j  1069.  San  Bomano  avait  en  manu- 
scrit, en  1670,  un  œuvre  de  motels,  messes, 
psaumes,  tic,  à  cinq  voix,  cl  des  psaumes 
à  deux  choeurs. 


394 


SAN  ROMANO  -  SANT1NI 


SANTA-MAltIA  (TnoMAS-A.) ,  moine 
espagnol,  vécut  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  dans  un  couvent  de  Valladolid.  Il  est 
auteur  d'un  livre  intitulé  :  Arte  de  Tanner 
fantasie  para  Tecla,  Viguela,  y  todos  in- 
slrumentos  de  tres.fi  quatro  ordenez  (Art  de 
jouer  îles  fantaisies  sur  le  rehec  (1),  la  viole, 
et  lotis  lesinstrumentsà  troisouquatre cordes); 
Valladolid,  1505,  in-4°. 

SANTARELLI  (D.  Joseph),  chevalier  de 
l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  né  à  Forli, 
en  1710,  fut  admis,  en  1749,  dans  la  chapelle 
pontificale,  en  qualité  de  chapelain  chantre, 
pour  la  partie  de  soprano.  Il  était  excellent 
chanteur,  et  possédait  des  connaissances  éten- 
dues dans  la  composition.  Santarelli  est  cité 
surtout  avantageusement  pour  un  livre  inti- 
tulé :  Délia  musica  del  Santuario  e  délia 
disciplina  de'  suoi  cantori.  Raccolli  di  mo- 
numenti  ordinati  e  dislributi  per  i  secoli 
délia  chiesa:  Rome,  Komareck,  1704,  in-4°. 
Le  premier  volume  seulement  de  cet  intéres- 
sant ouvragea  été  imprimé,  et  n'a  pas  été  mis 
dans  le  commerce.  Burney  dit  (The  présent 
state  of  Music  in  France  and  Italy,  p.  278) 
«pie  le  manuscrit  du  deuxième  volume  était 
prêt  à  être  livré  à  l'impression,  en  1770,  mais 
<|ue  l'auteur  espérait  si  peu  de  succès  pour  un 
livre  si  sérieux,  qu'il  hésitait  sur  la  continua- 
lion  de  l'entreprise.  Santarelli  mourut,  en 
effet,  en  1790,  sans  avoir  fait  imprimer  ce 
volume. 

SANTELLI  (Ange),  né  à  Bologne,  vers 
1720,  fut  un  des  organistes  italiens  les  plus 
distingués,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Élève  d'Angelo  Laurenti,  il  obtint,  en 
1749,  la  place  de  premier  organiste  de  l'église 
San-Petronio  de  sa  ville  natale.  On  a  de  lui 
en  manuscrit  des  pièces  d'orgue  estimées. 
Agrégé  à  l'Académie  des  philharmoniques 
de  Bologne,  en  1746,  il  en  fut  prince  en 
1756. 

SANTER  (Antoine),  second  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  Saint-Michel,  à  Munich,  na- 
quit à  Inspruck,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa 
composition  :  Psalmen  und  Antiphonen  mit 
1  und  2  violinen  nebst  General-Bass  (Psaumes 
et  antiennes  avec  un  et  deux  violons  et  liasse 
continue);  Augsbourg,  1099,  in-4°. 

SANTE UU E  (Pierre),  musicien  du  sei- 
zième siècle,  né  à  Poitiers,  de  parents  protes- 
tants, au  commencement  du  seizième  siècle,  a 
mis  en  musique,  à  quatre  parties  :   Les  cent 

(I)  Violon  mitiqae  j  trois  corilcs. 


cinquante  psalmes  de  David;  Poitiers,  Nico- 
las Lagerois,  1507,  in-4°  obi. 

SAIVTI  (Alphonse),  composileur  drama- 
tique, né  à  Ferrare,  vers  1750,  a  donné  à  Flo- 
rence, en  1781 ,  la  Capricciosa  in  campagna, 
opéra  bouffe  en  deux  actes,  et  à  Parme,  a 
l'automne  de  la  même  année,  l'Amorsoldato. 
Sanli  fut  nommé  maître  de  chapelle  dans  sa 
ville  natale,  en  1782. 

SANTIAGO  (François),  carme  du  cou- 
vent de  Séville,  naquit  à  Lisbonne,  vers  1590, 
et  fut  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Séville.  Il  mourut  en  1040,  avec  la  réputation 
d'un  savant  musicien,  et  laissa  en  manuscrit 
des  messes,  des  motets  et  des  psaumes  que  le 
roi  Jean  IV  de  Portugal  fit  réunir  dans  sa 
belle  bibliothèque  de  musique. 

SANTINELLI  (André),  né  à  Bologne, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  y  fit  ses  éludes  musicales,  puis  se  ren- 
dit à  Vienne,  où  l'empereur  Léopold  Ier  le 
choisit  pour  son  maître  de  chapelle.  Il  écrivit 
pour  le  mariage  de  ce  monarque,  en  1000, 
l'opéra  intitulé  :  Gli  Amori  di  Orfeo  ed  Eu- 
ridice,  qui  fut  considéré  alors  comme  une  mer- 
veille de  l'art. 

SANTINI  (  Prosper  )  ,  compositeur  de 
l'école  romaine,  vécut  vers  la  fin  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  suivant.  Il  est 
un  des  auteurs  dont  Fabio  Coslanlini  a  placé 
des  morceaux  dans  le  recueil  intitulé  :  Selectx 
cantiones  excellentissimorum  auctorum  oc- 
tonis  vocibus  concinendœ  (Rome,  1014).  On 
y  trouve  de  Santini  un  Angélus  Domini  à 
huit  voix,  qui  est  une  fort  bonne  composi- 
tion. 

SANTINI  (Geminiani),  né  à  Pesaro,  fut 
admis,  en  1754,  àlachapelle  pontificale,  mais 
seulement  en  qualité  de  chantre  surnuméraire. 
Il  écrivit  un  traité  de  musique  intitulé  :  Jl 
Compositore  armonico,  et  le  dédia,  en  1704, 
au  pape  Clément  XIII;  mais  sa  pauvreté  ne 
lui  permit  pas  de  le  l'aire  imprimer,  et  ce  pon- 
tife fit  déposer  le  manuscrit  dans  les  archives 
de  la  chapelle  pontificale,  où  il  se  trouve  en- 
core. Santini  composa  aussi,  pour  le  servicede 
celle  chapelle,  une  messe  à  six  voix,  sous  le 
litre  de  Petrus  et  .loannes,  et  la  dédia,  en 
1707,  au  prélat  Jean  Baptiste  Rezzonico,  ne- 
veu du  pape,  en  lui  exposant  sa  triste  situation 
de  chantre  surnuméraire;  mais  il  n'en  obtint 
pas  de  secours,  et  fut  obligé  de  laisser  inédit 
son  Compositore  armonico. 

SANTINI  (Fortuné),  abbé,  composileur 
ri  musicien  érudil,  est  né  à  Rome,  le  5  juillet 
1778,  et  a  été  baptisé  à  l'église  Saint- Ange  in 


SANTINI  —  SANTIS 


395 


Pescaria.  Ayant  perdu  son  père  peu  de  jours 
après  sa  naissance,  il  fui  admis,  à  l'âge  de  sept 
ans,  dans  la  maison  des  orphelins,  où  il  fit  ses 
éludes  latines,  montrant  les  plus  heureuses 
dispositions  pour  la  musique  :  il  devint  élève 
de  Jannaeoni  (voyez  ce  nom).  Ce  dernier  prit 
tant  d'affection  pour  lui,  que  lorsque  Santini 
lui  entré  au  collège  Salviati,  cet  excellent 
maître  continua  de  l'instruire  gratuitement. 
Dès  ce  moment,  Santini  comprit  qu'un  des 
meilleurs  moyens  d'augmenter  ses  connais- 
sances dans  l'art  d'écrire,  consistait  à  copier 
les  œuvres  des  grands  maîtres,  et  ses  travaux 
en  ce  genre,  qui  n'ont  pas  cessé  (tendant  plus 
de  cinquante  ans,  lui  ont  fait  recueillir  une  des 
plus  belles  collections  d'ancienne  musique 
classique  qui  soientau  monde.  Sorti  du  collège, 
le  51  juillet  1798,  il  fit  ses  études  de  philo- 
sophie el  de  théologie,  et  fut  ordonné  prêtre  à 
la  fin  de  mai  1801.  Ayant  pris  l'habitude  d'aller 
chanter  dans  quelques  églises  de  Rome  les 
offices  en  musique,  il  acquit  la  connaissance 
des  anciennes  notations  dans  lesquelles  sont 
écrites  les  compositions  des  maîtres  du  seizième 
siècle.  A  cette  époque  de  sa  vie,  il  étudia  le 
contrepoint  jusqu'à  huit  voix  réelles  sous  la 
direction  de  Jannaeoni  ;  et  Jean  Guidi,  orga- 
niste de  Sainte-Marie-in-Transtevere,  lui  en- 
seigna l'accompagnement  de  l'orgue. 

Plus  de  cinquante  années  se  sont  écoulées 
pendant  lesquelles  l'abbé  Santini  s'est  occupé 
sans  relâche  à  rassembler  une  collection  des 
plus  beaux  ouvrages  des  maîtres  de  toutes  les 
écoles  anciennes  et  modernes,  particulière- 
ment dans  les  styles  ecclésiastique  et  madri- 
galesque;  à  mettre  en  partition  des  compo- 
sitions anciennes  dont  on  ne  possédait  que  les 
parties  séparées,  et  à  copier,  dans  les  biblio- 
thèques publiques  ou  particulières,  ce  qu'il  ne 
pouvait  se  procurer  à  prix  d'argent.  Déjà,  en 
1820,  M.  Santini  publia  la  notice  de  sa  collec- 
tion, sous  le  litre  de  Catalogo  délia  Musica 
esistente  pressa  Fortunato  Santini  in  ftoma; 
Rome,  1820,  in-12  de  quarante-six  pages, 
renfermant  l'indication  abrégée  de  plusieurs 
milliers  d'articles;  mais  depuis  lors,  celte 
collection  s'est  triplée.  J'en  possède  le  catalogue 
manuscrit  in  extenso.  Entretenant  une  cor- 
respondance avec  les  musiciens  érudits  des 
principales  villes  de  l'Europe,  Sanlini  leur 
fournissait  des  copies  de  ses  trésors  sans  autre 
rétribution  que  celle  du  copiste.  Aussi  modeste 
qu'obligeant,  ce  digne  homme  prenait  peu  de 
soin  pour  faire  connaître  ses  propres  compo- 
sitions, parmi  lesquelles  j'ai  vu  des  motels  à 
cinq,  six  et  huit  voix  réelles  forl  bien  écrits, 


et  d'un  bon  style.  L'Académie  royale  de  chani 
de  Berlin  l'a  nommé  l'un  de  ses  membres 
honoraires  :  le  même  honneur  lui  a  été  rendu 
par  l'Académie  philharmonique  de  Rome,  et 
par  la  congrégation  de  Sainte-Cécile  de  la 
même  ville.  Après  la  mort  d'une  sœur  qui  avait 
passé  sa  vie  près  de  lui,  l'abbé  Santini  a  vendu 
sa  belle  collection  à  un  amateur,  sous  la  con- 
dition d'en  conserver  l'usage  pendant  ses 
dernières  années,  et  s'est  retiré  dans  un  cou- 
vent de  Rome.  M.  Wladimir  Slassotf,  amateur 
russe  de  musique,  après  un  séjour  à  Rome, 
dont  une  partie  fut  employée  à  l'examen  de  sa 
bibliothèque,  a  publié  un  écrit  intéressant  sur 
ce  qui  la  concerne,,  sous  le  litre  de  :  V Abbé 
Santini  et  sa  collection  musicale  à  Rome; 
Florence,  1854,  gr.  in-8°  de  soixante  et  dix 
pages. 

SAIHTIINI  (Vincenzo-Felice),  chanteur 
italien,  particulièrement  dans  le  genre  bouffe, 
naquit  à  Parme,  si  j'ai  bonne  mémoire,  en 
1798,  et  parut  pour  la  première  fois  sur  la 
scène  à  Venise,  dans  V Inganno  fortunato 
de  Rossini,  en  1818.  Morlacchi,  l'ayant  en- 
tendu, fut  satisfait  de  sa  voix,  et  l'engagea 
pour  le  théâtre  de  Dresde.  Après  y  avoirchanté 
avec  succès  pendant  plusieurs  années,  il  eut 
un  engagement  pour  le  Théâtre  Italien  de 
Paris,  et  y  débuta  en  1828,  dans  le  rôle  de 
Figaro,  du  Barbier  de  Séville.  Il  possédait 
une  belle  voix  de  basse,  dont  les  sons  graves 
étaient  surtout  remarquables  :  il  descendait 
jusqu'au  contre-ré.  Ses  gestes  trop  multipliés, 
ses  grimaces,  le  faisaient  quelquefois  tomber 
dans  la  caricature;  mais  lorsqu'il  voulait  se 
contenir  el  donner  du  soin  à  son  chant,  il 
produisait  de  l'effet  et  se  faisait  applaudir  à 
côté  des  excellents  chanteurs  qui  se  trouvaient 
alors  à  Paris.  Le  bel  air  de  basse  de  la  Zel- 
mira  de  Rossini,  par  exemple,  n'a  jamais  élé 
mieux  chanté  que  par  lui. En  1834,  il  retourna 
en  Allemagne  et  chanta  avec  succès  au  théâtre 
de  Munich;  mais  il  mourut  dans  celte  ville, 
au  mois  d'octobre  1836,  à  l'âge  de  trente-huit 
ans. 

SANTIS  (Jean  DE),  violoniste  et  compo- 
siteur napolitain,  vécut  dans  sa  patrie,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il  avaiteomposé 
des  concertos  et  des  sonates  pour  le  violon, 
dont  Witvogel,  d'Amsterdam,  se  procura  des 
copies,  et  donna  des  éditions  à  l'insu  de  l'au- 
teur. De  Sanlis,  en  ayant  vu  par  hasard  des 
exemplaires,  se  mit  en  roule  pour  la  Hollande, 
dans  le  dessein  de  se  venger  de  ce  vol;  mais 
il  mourut  avant  d'arriver  au  terme  de  son> 
voyage.  Les  compositions  gravées  par  Wil- 


396 


SANTIS  -  SANTLXCI 


vogel  consistent  en  trois  œuvres  de  sonates 
pour  le  violon,  avec  accompagnement  de  basse 
et  six  concertos  avec  orchestre.  On  connaît  de 
ce  compositeur  deux  opéras  intitulés  V  Anti- 
gono,  et  II  Licurgo. 

SAl>TO  (Samuel-Benjamin),  né  à  Dresde, 
en  1776,  est  fils  d'un  musicien  italien  de  la 
cour.  Meissner  lui  enseigna  le  violoncelle,  qui 
devint  son  instrument  de  prédilection,  et  le 
canlor  Weinlig  lui  donna  des  leçons  de  basse 
continue.  Admis  à  l'âge  de  douze  ans  au 
théâtre  royal  pour  l'accompagnement  du  ré- 
citatif, il  acquit  dans  cette  position  une  rare 
habileté  sur  son  instrument.  En  1795,  il  se 
rendit  en  Silésie,  et  y  entra  d'abord  au  service 
du  comte  Platen,  à  Adelsbach,  puis  chez  le 
comte  de  Schweidnilz.  Dans  cette  dernière 
position,  il  écrivit  vingt  quatre  morceaux  pour 
quatre  et  cinq  instruments  à  vent,  six  con- 
certos pour  le  cor,  et  quelques  petits  morceaux 
pour  le  violoncelle.  Après  avoir  passé  quinze 
années  dans  la  maison  du  comte  de  Schweid- 
nitz,  Santo  alla  se  fixer  à  Breslau,  où  il  était 
encore  en  1824,  jouissant  de  la  réputation  de 
musicien  distingué  et  d'excellent  violoncel- 
liste. On  n'a  gravé  de  sa  composition  que  trois 
duos  faciles  pour  deux  violoncelles  (Breslau, 
Fœrster)  ;  mais  il  avait  en  manuscrit  plusieurs 
concertos  pour  le  violoncelle,  quelques  mor- 
ceaux détachés  pour  le  même  instrument,  avec 
orchestre,  des  duos  pour  deux  violoncelles, 
deux  sonates  de  piano  et  violon,  un  beau  trio 
pour  piano,  violon  et  basse,  et  des  sonates  de 
piano  et  violoncelle. 
SANTO  LAPIS.  Voyez  LAPIS  (Santo). 
SA1XTORIO  (Antoine).  Foyez  SAR- 
TORIO. 

SANTORO  (Fabio-Sebastiano),  prêtre,  né 
à  Giuliano,  près  de  Naples,en  1671,  fut  maître 
de  chant,  directeur  du  choeur  de  l'église 
Sainte-Sophie,  et  économe  de  la  paroisse 
Saint-Nicolas,  dans  le  même  lieu.  Il  est  auteur 
d'un  traité  du  plain-chant  qui  a  été  publié 
sous  ce  titre  :  Scola  di  canlo  fermo  in  eut 
s'insegnano  facilissime  e  chiare  reyole  per 
ben  cantare  e  comporre,  non  meno  utile  che 
necessarie  ad  oyni  ecclesiastico.  Diviso  in 
Ire  libri.  In  Napoli,  nella  stamperia  di  No- 
vello  di  Bonis,  1715,  petit  in -4°  de  deux  cent 
quatre-vingt-douze  .pages  et  un  index,  avec  le 
portrait  de  Santoro  à  l'âge  de  quarante-quatre 
ans. 

SAIM'OS (Manuel DOS),  moine  portugais, 
au  couvent  de  Saint-Paul,  à  Lisbonne,  naquit 
en  relie  ville,  dans  la  seconde  moitié  «lu  dix- 
M^dièmc  sièlcc,  cl  y  muni  ut  en  ]/•;/,  «nec  le 


titre  de  maître  de  chapelle  île  la  cour.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  des  messes  et  motets  qui 
se  trouvaient  à  la  bibliothèque  royale  de  Lis- 
bonne en  1755. 

SANTUCCI  (D.  Marc),  maître  de  chapelle 
et  chanoine  de  la  cathédrale  de  Lucques,  est 
né  à  Camajore,  petite  ville  de  la  Toscane,  le 
4  juillet  1762.  Bien  qu'il  eût  montré,  dès  son 
enfance,  d'heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique, il  ne  se  livra  entièrement  à  l'étude  de 
cet  art  qu'à  l'âge  de  dix-sept  ans.  Au  mois  de 
février  1779,  il  se  rendit  à  Naples,  entra  au 
conservatoire  de  Loreto,  et  s'y  livra  pendant 
onze  ans  à  l'étude  de  l'harmonie,  de  l'accom- 
pagnement et  du  contrepoint,  sous  la  direction 
de  Fenaroli.  En  1790,  il  retourna  à  Lucques, 
où  son  mérite  le  fit  nommer  maître  de  cha- 
pelle. Admis  alors  dans  les  ordres,  il  reçut  la 
prêtrise  au  mois  d'avril  1794.  Trois  ans  après 
(juillet  1797)  il  succéda  à  Anfossi  dans  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  Saint-Jean  de  Lalran, 
à  Rome,  et  en  1808,  il  obtint  un  canonicat  à 
la  métropole  de  Lucques.  Déjà  il  avait  été 
choisi  comme  un  des  huit  membres  de  la  sec- 
tion de  musique  appartenant  à  la  Société  ita- 
lienne des  sciences,  lettres  et  arls,  fondée  par 
Napoléon.  J'ignore  la  date  de  la  mort  deSan- 
lucci;  il  vivait  encore  en  1828. 

Sanlucci  avait  déjà  composé  beaucoup  de 
musique  d'église  lorsqu'il  écrivit  un  motet  à 
seize  voix,  en  quatre  chœurs, qui  fut  couronné, 
en  1806,  par  l'Académie  Napoléonienne  de 
Lucques,  comme  un  travail  d'un  genre  nou- 
veau. Le  savant  abbé  Baini  démontra,  d'une 
manière  accablante,  l'ignorance  des  juges, 
auteurs  de  cette  singulière  méprise  dans  un 
écrit  intitulé  :  Lettera  sopra  il  motelto  a 
qualtro  cori  del  Sig.  M.  Marco  Santucci 
premiato  dall'  accadernia  Napoleone  in 
Lucca  Vanno  1806,  como  lavoro  di  yenere 
nuovo.  Il  y  démontrait  que  non-seulement  ce 
genre  de  composition  n'était  pas  nouveau, 
puisqu'il  existe  un  très-grand  nombre  de  motets 
et  de  messes  à  quatre  chœurs  composés  par  les 
maîtres  du  seizième  et  du  dix-septième  siècle, 
mais  que  les  célèbres  compositeurs  Agoslini, 
Pacelli,  Savetta,  Abhalini,  Mazzocchi,  Bene- 
voli  et  d'autres,  ont  écrit  des  psaumes,  des 
messes  et  des  motets  à  cinq,  six  et  huit  chœurs, 
sans  compter  les  messes  à  quarante-huit  voix 
de  Bencvoli,  de  Gianselli  et  de  Ballabcne. 

Les  autres  compositions  pour  l'église  de 
Sanlucci,  dont  il  exisle  des  copies  à  la  biblio- 
thèque du  Conservatoire  de  Naples,  sont  : 
1°  Messe  (en  tit  mineur)  à  qualre  voix  et  or- 
chestre. 2°  Idem  (en  jj  bémol).  ô°  Idem  (en 


SANTUCCI  -  SARATELLI 


nn7 


fa).  4"  Credo  à  huit  voix  et  orchestre.  5°  Idem 
à  qualre  voix  et  orchestre.  6°  Paraphrase  du 
Stabat  Mater  à  quatre  voix  et  orchestre. 
7°  Paraphrase  du  Dies  iras  à  quatre  voix  et 
orchestre.  8°  Beatus  vir  à  quatre  voix  et  or- 
chestre. 9°  Nocturnes  des  morts  à  qualre  voix 
et  orgue.  10°  Beaucoup  de  motels.  11°  Les 
sept  psaumes  de  la  pénitence  à  quatre  voix. 
12°  Quatre  symphonies  à  grand  orcheslre. 
L'abbé  Santini  possède  aussi  du  même  auteur  : 
13°  Miserere  à  quatre  voix.  14°  Tota  pulclira 
es  à  sept  en  canon.  15°  Des  canons  à  deux  voix. 
On  a  publié  à  Milan,  chez  Ricordi  :  16°  Douze 
sonates  fuguées  pour  l'orgue  ou  le  piano,  par 
Santucci.  17°  Cent  douze  petits  versets  pour 
l'orgue  divisés  en  trois  suites,  par  le  même. 

Santucci  s'est  fait  connaître  aussi  comme 
écrivain  sur  la  musique  par  un  opuscule  in- 
titulé :  Sulla  Melodia,  sull'  Armonia  e  sul 
Métro  dissertazioni  lette  in  una  società  let- 
teraria;  Lucques,  typographie  Bertini,  1828, 
in-8°  de  cent  vingt-quatre  pages,  avec  une 
planche  de  musique.  Ces  trois  dissertations  ne 
renferment  que  des  lieux  communs,  sans 
utilité  pour  la  pratique  ou  pour  l'esthétique  de 
la  musique. 

SAINUTI  (Jean-Baptiste),  célèbre  juris- 
consulte, docteur  et  professeur  en  droit  canon, 
né  à  Bologne,  en  1615,  mourut  dans  la  même 
ville,  en  1697.  Il  était  membre  de  l'académie 
des  Gelati,  et  a  publié,  dans  les  mémoires  de 
cette  académie,  une  dissertation  intitulée  : 
Perché  nelle  cantilene  si  adopri  la  quinta 
diminuita,  e  la  quarta  superflua,  corne 
altresi  per  quai  cagione  si  rigetti  ogni  sorta 
d'intervallo,  o  sia  superfluo,  o  sia  diminuito 
dall'  atlavo.  (Voyez  Prose  dei  Gelati,  p.  1 33.) 

SAPHO,  ou  plutôt  SAPPHO,  la  plus 
illustre  des  femmes  qui  cultivèrent  la  poésie  et 
la  musique  dans  l'antiquité,  naquit  à  Milylène, 
dans  Pile  de  Lesbos,  environ  612  avant  Jésus- 
Christ.  L'ayant  confondue  avec  une  aulre 
femme  du  même  nom,  née  longtemps  après 
elle,  à  Érésos  (autre  ville  de  Pile  de  Lesbos), 
ainsi  que  le  prouve  une  médaille  grecque  dé- 
couverte en  1822  (1),  ou  a  supposé  que  Sapho 
de  Milylène  s'était  éprise  d'une  passion  mal- 
heureuse pour  un  jeune  homme  nommé 
Phaon,  et  que,  pour  s'en  guérir,  elle  se  jeta 
du  haut  du  rocher  de  Leucade  dans  la  mer,  où 
elle  trouva  la  mort;  mais  toute  celte  histoire 
appartient  à  le  seconde  Sapho.  Celle  de  Mily- 
lène avait  élé  mariée  et  était  devenue  veuve. 

(1)  Voyer  une  bonne  notice  sur  Sapho  d' Érésos  par 
N.  Allier  d'Hauteroclie,  dans  la  Biographie  universelle 
des  frères  Slicliaud. 


Son  mérite  avait  attiré  près  d'elle  plusieurs 
jeunes  femmes  qui  devinrent  ses  élèves  dans 
la  poésie  et  dans  la  musique.  Quelques  pas- 
sages des  auteurs  anciens  ont  fait  croire  qu'elle 
conçut  pour  plusieurs  d'entre  elles  une  ten- 
dresse criminelle  ;  mais,  ainsi  que  l'a  remar- 
qué l'abbé  Barthélémy,  ces  écrivains  lui  sont 
de  beaucoup  postérieurs.  On  sait  plus  positi- 
vement que,  compromise  par  Alcée,  dans  une 
conspiration  contre  Pittacus,  qui  régnait  à 
Milylène,  elle  fut  bannie  de  cette  ville,  et  se 
relira  en  Sicile.  Aristoxène  et  Plutarque  lui 
attribuent  l'invention  du  mode  mixolydien 
ancien,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le 
mode  du  même  nom  dont  Bacchius  et  Boèce 
ont  donné  la  constitution.  Sapho  a  inventé 
aussi  le  mètre  qui  porte  son  nom  (vers 
saphique),  et  qu'Horace  a  introduit  d'une  ma- 
nière si  heureuse  dans  la  poésie  latine. 

SAPIEINZA  (Antoine),  compositeur,  est 
né  le  18  juin  1794,  à  Pétersbourg,  où  son  père, 
Antoine  Sapienza,  élait  maître  de  chapelle  de 
l'empereur.  Après  avoir  appris  la  musique  et 
le  contrepoint  en  Russie,  M.  Sapienza  s'est 
rendu  à  Naples,  à  l'âge  de  vingt-huit  ans,  et 
y  a  étudié  sous  Tritto,  Zingarelli  et  Generali. 
Ses  premières  compositions  ont  élé  pour 
l'église  :  elles  consistent  en  deux  messes, 
quelques  molets  et  un  Salve  Kegina.  En  1823, 
il  a  écrit,  pour  le  théâtre  Saint-Charles,  l'opéra 
de  Rodrigo,  qui  fut  suivi  d'une  cantate  inti- 
tulée la  Fondazione  di  Partenope.  En  1824, 
il  a  donné,  au  théâtre  del  Fondo,  l'Audacia 
fortunata,  opéra  bouffe,  et,  au  théâtre  Saint- 
Charles,  il  Tamerlano,  opéra  séria.  Son  der- 
nier ouvrage,  représenté  à  Milan,  est  intitulé 
Il  Gonzalvo.  En  1831,  Sapienza  retourna  à 
Pétersbourg,  en  qualité  de  chef  d'orchestre, 
et  s'y  livra  à  l'enseignement  du  chant.  Après 
cette  époque,  on  n'a  plus  eu  de  renseigne- 
ments sur  sa  personne. 

SAPOIUTI  (Thérèse)  ,  cantatrice  ita- 
lienne, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huilième  siècle.  Elle  était  attachée  au  théâtre 
de  Prague  lorsque  Mozart  y  donna  son  immor- 
tel Don  Juan;  c'est  pour  elle  qu'il  écrivit  le 
rôlededonna  Jnna:à  ce  litre,  elle  mériteque 
son  nom  soit  inscritdans  l'histoire  de  la  musi- 
que. Il  parait  d'ailleurs  qu'elle  se  montra  digne 
de  l'honneur  que  lui  faisait  l'illustre  composi- 
teur. Son  admiration  pour  son  génie  allait 
jusqu'à  l'enthousiasme;  on  dit  même  qu'elle 
éprouva  pour  l'illustre  compositeur  un  senti- 
ment plus  tendre,  auquel  il  se  montra  insensible. 

SARATELLI  (Jacques-Joseph),  composi- 
teur de  l'école  vénitienne,  né  à  Padoue,  en 


.398 


SARATELLI  —  SAIIU 


1714,  fut  nommé  second  ma  tirette  la  chapelle 
de  Saint-Marc,  à  Venise,  le  31  juillet  1740, 
succéda  à  Antoine  Pollarolo,  dans  la  place  de 
premier  mallre  de  celle  chapelle,  le  24  sep- 
tembre 1747,  et  occupa  celle  place  jusqu'au 
mois  d'avril  17G2,  époque  de  sa  mort.  Il  était 
en  même  temps  maître  au  Conservatoire  des 
Mendicanti.  Il  avail  reçu  son  instruction  mu- 
sicale de  Lolti.  J'ai  trouvé  de  lui,  dans  la  Bi- 
bliothèque Saint-Marc  :  1°  Victimx  paschali, 
à  cinq  voix  et  instruments.  2°  Confitebor,  à 
quatre  voix  et  instruments.  5°  In  te  Domine 
speravi,  à  deux  chœurs  et  deux  orgues.  4° Ky- 
rie con  gloria.  Quoique  Saratelli  fût  un  sa- 
vant musicien  et  un  digne  élève  de  Lolti,  il 
écrivait  lentement  et  avec  difficnllé,  ce  qui  est 
cause  qu'il  a  peu  produit.  Sa  misère  était  si 
grande,  que  les  procurateurs  deSaint-Marcdu- 
rent  secourir  ses  deux  filles  après  sa  mort  et 
leur  accordèrent  un  don  de  cent  ducats. 

SARDI  (Alexandre),  né  à  Ferrare,  vers 
1520,  y  mourut  le  28  mars  1588.  On  a  de  lui 
un  livre  intitulé  :  De  Rerum  inventoriais  li- 
bri  duo...  iis  maxime,  quorum  nulla  mentio 
est  fipud  Polydorum  Virgilium;  Mayence, 
1577,in-4°.  Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  plu- 
sieurs fois.  Sardi  y  traite  delà  musique  aux 
chapitres  XIX-XXIV  du  premier  livre. 

SARMIEHiTO  (Salvator),  compositeur 
dramatique,  est  né  en  Sicile,  d'une  famille 
originaire  d'Espagne,  en  1816.  Admis  au 
Conservatoire  de  Naples ,  il  y  a  fait  ses 
éludes  sous  la  direction  de  Cordella,  Ruggi 
et  Zingarelli.  Il  a  fait  représenter,  au 
théâtre  Saint-Charles,  de  Naples,  f'aleria 
ossia  la  Cieca,  en  un  acte,  le  31  mars  1838. 
Le  30  mai  suivant,  il  a  donné,  au  même  théâtre, 
Alfonso  d'Aragona,  en  un  acte,  et  le  12  août 
1841,  le  troisième  ouvrage  de  sa  composition, 
.intitulé  Rolla,  a  été  représenté  au  théâtre  del 
Fonda.  En  1842,  il  a  donné,  au  même  théâtre, 
//  Tramonto  del  sole,  et  en  1845,  Costanza 
d'Aragona.  Après  celle  époque,  je  n'ai  plus 
de  renseignements  sur  les  travaux  de  cet  ar- 
tiste en  Italie.  En  1852,  il  se  rendit  à  Paris  et 
y  donna,  au  Théâtre-  Lyrique,  un  opéra  comi- 
que intitulé  Guilhcry  le  trompette,  auquel  on 
a  reproché  île  nombreuses  réminiscences.  Ce 
fut  le  seul  essai  de  M.  Sarmiento  sur  la  scène 
française;  il  retourna  en  Italie  dans  l'année 
suivante. 

SARINGA  DE'VA,  musicien  indou,  est 
un  dis  écrivains  sur  la  musique  les  plus  an- 
ciens de  l'Inde.  Son  livre  sur  la  théorie  de  cet 
art  a  pour  litre  :  Ratnacura.  Barrow  s'est 
procuré  une  copie  de  cet  ouvrage  danslc  voyage 


qu'il  a  t'ait  à  Hurdwar.  W.  Joncs,  président  de 
la  Société  de  Calcutta,  en  parle  dans  ses  Mé- 
moires sur  lés  modes  musicaux  des  Indous(fln 
the  musical  modes  of  the  Hindus,  t.  III  des 
Asiastic  licsearches ,  p.  327  de  l'édition  de 
Londres) 

SAUO  (J.-H.),  musicien  du  régiment  de 
grenadiers  de  l'empereur  François,  en  garni-  . 
son  à  Berlin,  est  né  le  4  janvier  1827,  à  Jes- 
sen  (Saxe).  Sa  première  instruction  dans  la 
musique  instrumentale  lui  fut  donnée  par  le 
directeur  de  musique  C.Seidal  à  Dommilzsch, 
puis  il  acheva  ses  études  à  Berlin,  sous  la  di- 
rection de  C.  Bœhmer,  musicien  de  la  chambre 
du  roi.  Depuis  le  mois  de  novembre  184G  jus- 
qu'au 1er  mai  1856,  il  fit  partie  du  corps  de 
musique  des  bataillons  de  chasseurs  de  la 
garde  royale;  puis  il  entra  dans  le  régiment 
de  grenadiers,  où  il  est  encore  (1863).  Ses  com- 
positions consistent  en  plusieurs  marches  qui 
ont  obtenu  les  prix  dans  les  concours  de  1856 
et  1860,  une  symphonie,  trois  ouvertures  de 
concert,  un  quatuor  pour  des  instruments  à 
archet,  une  fugue  vocale,  sept  fugues  inslru 
mentales,  et  des  Lieder  à  plusieurs  voix. 

SARRETTE  (Bernard),  né  à  Bordeaux, 
le  27  novembre  1765,  vint  se  fixer  à  Paris, 
après  avoir  terminé  ses  études,  et  fut  nommé 
capitaine  à  l'étal-major  de  la  garde  nationale 
de  celle  ville,  à  l'aurore  de  la  révolution. 
Après  le  14  juillet  1789,  il  réunit  quarante- 
cinq  musiciens  provenant  du  dépôt  des  gardes 
françaises,  et  en  forma  le  noyau  de  la  musique 
de  la  garde  nationale  parisienne.  Au  mois  de 
mai  1790,  la  municipalité  de  Paris  prit  à  sa 
solde  la  musique  de  la  garde  nationale,  qui  fut 
portée  à  soixante  et  dix  musiciens,  et  dans  la- 
quelle entrèrent  des  artistes  distingués,  par 
les  sollicitations  de  Sarrelte;  mais  les  em- 
barras financiers  de  la  commune  ayant  fait 
supprimer  la  garde  nationale  soldée,  au  mois 
de  janvier  1792,  Sarrette  retint  près  de  lui 
les  artistes  et  obtint,  au  mois  de  juin  suivant, 
de  la  municipalité,  l'établissement  d'une  école 
gratuite  de  musique,  où  chacun  d'eux  fut  em- 
ployé. Ce  fut  de  cette  école  que  sortirent  tous 
les  corps  de  musique  militaire  employés  dans 
les  quatorze  armées  de  la  république.  Cesser- 
vices  rendus  à  la  chose  publique,  comme  on 
disait  alors,  fixèrent  l'attention  du  gouverne- 
ment sur  l'école  qui  avait  produit  ces  prompts 
résultats,  et  par  les  démarches  actives  et  les 
soins  multipliés  du  fondateur  de  celte  école, 
elle  fut  convertie  d'abord  en  Institut  national 
de  musique,  puis  définitivement  organisée  en 
Conservatoire,  par  une   loi  du   16  thermidor 


SARRETTE  —  SARRI 


V)ç) 


an  III  (septembre  1795).  Ayant  atteint  son 
but,  qui  était  de  conserver  à  la  France  plu- 
sieurs artistes  remarquables  que  les  troubles 
révolutionnaires  en  auraient  éloignés,  Sar- 
rette  s'apprêtait  à  rejoindre  le  103me  régi- 
ment de  ligne,  où  il  avait  été  nommé  capitaine. 
Une  administration  composée  de  cinq  inspec- 
»  teurs  et  de  quatre  professeurs  avait  été  insti- 
tuée pour  la  direction  du  Conservatoire  5  mais 
dénuée  d'impulsion,  et  divisée  sur  les  bases  de 
l'enseignement,  elle  éprouva  d'assez  grands 
embarras  dès  son  entrée  en  fonctions.  Un 
ordre  du  Directoire  rappela  Sarrette  en 
l'an  iv,  et  lui  donna  le  titre  de  commissaire 
du  gouvernement  chargé  de  l'organisation  de 
la  nouvelle  école,  qui  fut  changé  en  celui  de 
directeur,  dans  l'année  suivante. 

Une  activité  prodigieuse,  une  grande  intel- 
ligence, des  moyens  propres  à  assurer  les  suc- 
cès du  Conservatoire,  le  sentiment  de  l'ait  et 
du  mérite  des  artistes,  enfin,  l'attachement 
qu'il  avait  pour  'son  œuvre,  firent  triompher 
Sarrette  des  obstacles  de  tout  genre  qui  en- 
vironnaient les  commencements  de  la  nouvelle 
école,  et  lui  fournirent  les  moyens  d'assurer 
sa  prospérité  bien  au  delà  de  ce  qu'il  avait  été 
permis  d'espérer.  Ce  fut  par  ses  soins  que  les 
nouvelles  méthodes  du  Conservatoire  mar- 
quèrent un  progrès  réel  dans  l'enseignement 
de  toutes  les  parties  delà  musique;  ce  fut  lui 
aussi  qui  obtint  de  Napoléon  l'établissement 
de  l'école  de  déclamation  et  le  pensionnatdes 
jeunes  chanteurs  des  deux  sexes  attachés  au 
Conservatoire,  une  riche  bibliothèque,  une 
salle  de  concerts,  etc.,  et  qui  fit  instituer  les 
beaux  concerts  qui  ont  porté  dans  toute  l'Eu- 
rope la  gloire  de  la  première  école  de  musique 
de  France.  Il  s'occupait  aussi  de  l'organisa- 
tion de  succursales  de  celte  école  dans  les 
principales  villes  des  déparlements,  et  suivait 
les  détails  de  celle  affaire  au  conseil  d'État, 
quand  les  revers  de  la  France,  ayant  amené  la 
restauration,  en  1814,  des  intrigues  de  la 
nouvelle  cour  le  firent  destituer.  L'eslime 
qu'il  avait  conquise  par  dix-neuf  années  d'une 
administration  probe  autant  qu'éclairée,  l'a 
suivi  dans  sa  retraite.  Après  la  révolution  de 
1830,  le  gouvernement  voulut  lui  rendre  la 
direction  du  Conservatoire;  mais  son  amilié 
pour  Cherubini,  qui  en  était  alors  chargé,  la 
lui  fit  refuser.  Sarrette  est  mort  à  Paris, 
le  13  avril  1858. 

SA11RI  (Dominique),  compositeur,  naquit 
de  parents  pauvres,  en  1G78,  à  Terni,  dans  le 
royaume  de  Naples.  Fort  jeune  encore,  il  se 
rendit  à  Naples  pour  étudier  la  musique,  cl 


entra  au  Conservatoire  de  la  Pietà  de'  Tur- 

chini.  dans  le  temps  où  Salvador  et  Proven- 
zale  y  enseignaient.  Ses  études  terminées,  ii 
sortit  de  cette  école,  en  1097.  On  voit  par  le 
tilre  d'un  oratoriode  sa  composition  qu'il  était 
déjà  maître  de  la  chapelle  royale  en  1713;  un 
autre  de  ses  ouvrages  indique  qu'il  en  élait  le 
premier  maître  en  1741.  En  1702,  il  composa 
un  mélodrame  religieux,  intitulé:  l'Opéra  di 
amore ,  pour  la  confrérie  des  Pèlerins  de 
Naples.  En  1700,  il  donna,  sur  un  des  théâtres 
de  celle  ville,  le  Gare  generose  fra  Cesare  e 
Pompeo.  Déjà,  à  celle  époque,  il  prenait  le 
tilre  de  vice-mal  Ire  de  la  chapelle  royale.  Dans 
la  même  année,  il  écrivit  l'oratorio  II  Fonte 
délie  Grazie,  exécuté  chez  les  PP.  de  l'Ora- 
toire, le  jour  de  la  Visitation  de  la  Vierge.  Il 
donna  aussi,  en  1706,  an  théâtre  des  Fioren- 
tini,  l'opéra  Candaule  re  di  Lidia.T.n  1708, 
Sarri  écrivit  l'oratorio  VAndala  di  Gesù  al 
Calvario,  qui  fut  exécuté  à  l'église  Saint  Paul, 
de  Naples.  Un  autre  oratorio  de  sa  composi- 
tion, pour  la  fêle  de  saint  Gaétan,  fut  chanté 
dans  la  même  église,  en  1712.  L'année  sui- 
vante fut  marquée  par  ses  opéras  intitulés  : 
Il  Comando  non  inleso  ed  ubidito,  et  /  Ge- 
melli  rivali,  joués  tous  deux  au  théâtre  des 
Fiorentini.  Sarri  écrivit,  en  1710,  Tlgran 
giorno  di  Arcadia,  cantate  à  quatre  voix,  poul- 
ie jour  de  naissance  de  Eéopold,  archiduc 
d'Autriche.  En  1718,  il  donna,  au  théâtre 
San-Barlolomeo,  Arsace,  avec  des  intermèdes 
bouffes,  suivant  la  mode  de  celte  époque;  La 
Fede  ne'  tradimenti,  représenté  au  même 
théâtre  ;  une  sérénade  à  quatre  voix,  exécutée 
au  palais  royal,  pour  la  fête  de  la  vice-reine, 
comtesse  Daun;  une  aulre  sérénade  à  trois 
voix,  pour  le  mariage  du  prince  de  Monlaguto 
et  de  Christine  Malaspina  ;  enfin,  une  troi- 
sième sérénade,  intitulée:  Gare  délia virtùe 
délia  dolcezza,  à  trois  voix,  pour  le  mariage  de 
Scipion  Spinelli  et  de  la  comtesse  Emmanuela 
d'Evil.  En  1719,  Sarri  fit  représenter,  au 
théâtre  San-Bartolomeo,  Alessandro  Severo, 
avec  des  intermèdes  bouffes.  Il  donna,  dans 
l'année  suivante,  au  même  théâtre,  Ginevra 
di  Scozzia;en  1724,  la  Didone  de  Métastase, 
an  même  théâtre;  en  1725,  Tito  Sempronio 
Gracco,  et,  dans  la  même  année,  une  cantate 
pour  le  mariage  du  duc  de  Carrzano  et  de 
Laure  Carraciolo.  Un  intervalle  de  six  années 
se  passe  entre  ces  productions  et  l'année  1731, 
où  il  donna,  au  théâtre  San-Barlolomeo,  VAr- 
temisia.  TLn  1734,  Sarri  écrivit  quelques  airs 
pour  la  Finta  pcllegrina,  opéra  d'Antoine 
Olivo.  Dans  la  même  année,  il  composa  l'ora- 


400 


SARM  —  SARTI 


torio  Ester  réparatrice,  à  quatre  voix,  qui  fut 
exécuté  pour  la  congrégation  de  Sanla  Ma- 
ria del  rimedio,  dans  l'église  de  la  Trinité 
des  Espagnols.  En  1730,  il  donna,  au  théâtre 
des  Fiorentini,  la  Iîosaura,  qui  fut  reprise 
en  1758.  Sarri  composa  aussi  les  chœurs  de 
plusieurs  tragédies  (lu  duc  Annihal  Marchese. 
On  ignore  en  quelle  année  il  mourut. 

SARTI  (Joseph),  savant  et  agréable  com- 
positeur, naquit  à  Faeaza,  dans  l'État  de 
l'Église,  non  en  1730,  comme  le  disent  Gerher, 
les  auteurs  du  'Dictionnaire  historique  des 
musiciens  et  leurs  copistes,  ni  en  1728,  comme 
le  prétendent  Gervasoni,  MM.  LichlenlhaJ  et 
Becker,  mais  le  28  décembre  1729,  d'après  les 
renseignements  authentiques  qui  m'ont  été 
fournis  par  Cherubini,  son  élève.  Après  avoir 
fait  ses  premières  études  de  musique  à  la 
cathédrale  de  sa  ville  natale,  Sarti  fut  envoyé 
à  Bologne,  pour  y  apprendre  le  contrepoint, 
sous  la  direction  du  père  Martini.  C'est  dans 
celte  école  célèbre  qu'il  puisa  les  excellentes 
traditions  transmises  ensuite  par  lui  à  son 
élève  Cherubini.  Sarti  n'était  âgé  que  de  vingt- 
deux  ans,  lorsque  la  direction  du  théâtre  de 
Faenza  lui  demanda,  pour  le  carnaval  de  1752, 
un  opéra  sérieux  :  il  écrivit  la  partition  de 
Pompeo  in  Armenia,  qui  obtint  un  brillant 
succès,  et  fit  connaître  avantageusement  le 
jeune  compositeur  dans  toute  l'Italie.  77  Re 
pastore  et  quelques  autres  ouvrages  qu'il 
donna  peu  de  temps  après  confirmèrent  son 
premier  succès,  et  le  firent  considérer  comme 
un  des  meilleurs  maîtres  rie  son  temps.  Appelé 
à  Copenhague,  en  175G,  en  qualité  de  maître 
de  la  chapelle  royale  et  de  professeur  de  chant 
du  prince  héréditaire,  il  y  composa  l'opéra 
Ciro  riconosciuto  et  d'autres  qui,  bien  que 
chantés  par  une  réunion  d'artistes  distingués 
de  l'Italie,  furent  accueillis  avec  froideur.  Dé- 
goûté de  sa  position  en  Danemark  par  ces 
échecs,  Sarti  retourna  en  Italie  et  rentra  dans 
la  carrière  de  la  composition  dramatique, 
après  une  absence  de  neuf  années,  qui  l'avait 
fait  oublier.  Mitridate,  il  Fologeso,  la  Ni- 
tetti,  Ipermestra,  et  Semiratnide  riconos- 
Ctut a,  joués  à  Rome,  à  Venise  et  dans  d'autres 
villes,  depuis  1705  jusqu'en  17G8,  ne  réussi- 
rent qu'à  demi.  Cette  époque  est  la  moins 
heureuse  de  la  vie  du  compositeur.  Il  n'eut 
pas  de  meilleures  chances  lorsqu'il  se  rendit 
à  Londres,  en  17G9,  car  il  n'y  put  faire  jouer 
aucun  de  ses  ouvrages,  et  n'y  eut  d'autre  res- 
source que  de  donner  des  leçons  de  chant  et 
«le  clavecin.  C'est  alors  qu'il  publia  un  recueil 
de  six  sonates  pour  cet  instrument  (Londres, 


17G2),  considéré  ajuste  litre  comme  une  des 
meilleures  productions  de  ce  genre.  De  retour 
à  Venise,  vers  la  fin  de  1770,  il  y  accepta  peu 
de  temps  après  la  place  de  maître,  non,  comme 
on  l'a  dit,  du  conservatoire  des  lUendicanli, 
ni  de  la  Pielà,  occupées  par  Bertoni  et  par 
Ftirnalelto,  mais  celle  de  l'Ospedaletlo , 
lorsque  Sacchini  laissa  celle-ci  vacante  par  , 
son  départ  pour  l'Angleterre.  Ici  commence 
l'époque  la  pins  brihante  de  la  carrière  de 
Sarti;  elle  s'étend  depuis  1771  jusqu'en  1784. 
C'est  dans  cette  période  de  sa  vie  qu'il  composa 
ses  meilleurs  ouvrages,  tels  que  le  Gelosie 
villane,  Giulio  Sabino  et  leNozze  diDorina. 
La  mort  de  Fioroni  ayant  laissé  vacante,  en 
1779,  la  place  de  maître  de  chapelle  du  dôme 
de  Milan,  elle  fut  mise  au  concours,  et  beau- 
coup de  musiciens  distingués  se  présentèrent 
pour  la  disputer  ;  mais  Sarti  l'emporta  sur  eux 
par  la  supériorité  de  son  travail.  Les  mor- 
ceaux intéressants  qu'il  écrivit  pour  ce  con- 
cours, et  qui  consistent  en  antienne,  psaume 
et  messe  à  six  et  huit  voix  réelles,  se  trouvent 
dans  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Paris  :  ils  fournissent  la  preuve  incontestable 
du  profond  savoir  de  Sarli.  Dans  les  années 
suivantes,  il  composa  aussi  beaucoup  de  mu- 
sique d'église,  malgré  les  travaux  dont  il  était 
occupé  pour  le  théâtre,  et  fit,  entre  autres  ou- 
vrages, trois  messes  fort  belles,  en  1781,  par 
ordre  du  ducSerhelloni.  Elles  furent  exécutées 
dans  l'église  des  Capucins,  pour  la  béatifi- 
cation de  trois  religieux  de  leur  ordre.  Il 
remplit  ainsi  ses  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle jusqu'au  mois  de  juillet  1784,  époque  où 
il  reçut  sa  nomination  de  directeur  de  la  mu- 
sique de  la  cour  de  Russie,  et  se  rendit  à  Pé- 
tersbourg.  Arrivé  dans  celle  ville,  il  y  fut  reçu 
avec  une  faveur  marquée  par  l'impératrice 
Catherine  II.  Un  de  ses  premiers  ouvrages  fut 
un  psaume  en  langue  russe  dans  lequel  il 
réunit  au  chœur  et  à  l'orchestre  ordinaire  un 
second  orchestre  de  cors  russes,  tel  qu'il  avait 
été  organisé  trente  ans  auparavant  par  Ma- 
resch  (voyez  ce  nom).  Chargé  de  la  composi- 
tion d'un  Te  Deum  (aussi  en  langue  russe),  à 
l'occasion  de  la  prise  d'Ocsakow,  Sarlr  ima- 
gina d'y  employer  des  canons  qui  tiraient  à 
de  certains  intervalles,  et  donnaient  à  l'exé- 
cution un  caractère  plus  solennel.  En  178G,  il 
fil  représenter  à  la  cour  son  Armida  e  Ri- 
naldo,  dont  l'impératrice  fut  si  satisfaite, 
qu'elle  écrivit  au  compositeur  une  lettre  auto- 
graphe pour  lui  témoigner  sa  satisfaction,  et 
qu'elle  accompagna  celle  faveur  d'une  riche 
labalière  cl  d'une  ba™uc  en  diamants.  La  ce- 


SARTI 


•401 


lèhrecanlalricéTodi, arrivée  à  Priershoin-i»  <ie- 
puis  peu  de  temps,  avait  joué  le  rôle  d'Armide, 
et  y  avait  obtenu  le  plus  brillant  succès.  Une 
intimité  singulière  s'établit  bientôt  entre  l'im- 
pératrice et  celte  femme,  dont'Ies  dispositions 
ne  tardèrent  pas  à  se  montrer  défavorables 
pour  Sarti.  Celui-ci,  voyant  diminuer  son 
crédit,  se  vengea  en  appelant  à  Pétersbourg 
Marchesi,  l'un  des  plus  étonnants  chanteurs 
de  cette  époque,  si  fertile  en  grands  talents, 
et  dont  la  concurrence  était  redoutable  pour 
madame  Todi.  Celle-ci',  irritée  par  l'enthou- 
siasme que  le  talent  de  Marchesi  excitait,  et 
ne  pouvant  plus  dissimuler  sa  haine,  obtint  de 
Calherine  II  le  renvoi  de  son  maître  de  cha- 
pelle. Dans  cette  fâcheuse  position,  Sarti  con- 
serva heureusement  l'amitié  du  prince  Po- 
temkim  qui,  tout-puissant  alors,  lui  fit  présent 
d'un  village  de  l'Ukraine  où  se  trouvaient  en 
abondance  de  belles  voix,  et  y  établit  une  école 
de  chant,  dont  le  maître  de  chapelle  disgracié 
fut  nommé  directeur,  avec  le  titre  de  lieute- 
nant-major de  l'armée  impériale.  La  monde 
Polemkin  (15  octobre  1791)  ayant  laissé  Sarti 
sans  protecteur,  celui-ci  prit  la  résolution  de 
retourner,  en  1793,  à  Pétersbourg  où  il  sut  si 
bien  se  justifier  auprès  de  l'impératrice, 
qu'elle  lui  fit  donner  une  gratification  de 
quinze  mille  roubles,  lui  rendit  son  litre  de 
maître  de  chapelle  de  la  cour,  avec  un  traite- 
ment de  trente-cinq  mille  roubles,  et  lui  donna 
un  logement  au  palais  impérial.  Elle  lui  donna 
aussi  la  mission  d'établir  un  Conservatoire  de 
musique,  sur  le  plan  de  ceux  d'Italie,  à  Kalo- 
rinoslaw,  et  l'en  nomma  directeur.  Lorsque 
les  élèves  de  cette  école  exécutèrent,  en  1795, 
leur  premier  concert  devant  Calherine  II,  elle 
fut  si  satisfaite  de  leurs  progrès,  qu'elle  éleva 
Sarti  au  rang  de  la  première  noblesse,  et  lui 
fit  don  de  terres  considérables,  pouf  le  fixer 
en  Russie.  Mais  l'âge,  le  travail  et  la  rigueur 
du  climat  eurent  bientôt  achevé  d'user  ses 
forces.  L'espoir  de  rétablir  sa  santé  sous  le 
ciel  de  l'Italie  lui  fit  entreprendre  le  voyage 
au  mois  d'avril  1802;  mais  arrivé  à  Berlin,  il 
fut  obligé  de  s'y  arrêter  et  y  mourut  le 
28  juillet  de  la  même  année,  à  l'âge  de 
soixante-ireize  ans.  Les  travaux  de  ce  savant 
musicien  dans  l'acoustique  el  l'invention  d'un 
instrument  propre  à  déterminer  le  nombre  de 
vibrations  qu'ira  son  donné  fait  par  seconde, 
l'avaient  fait  admettre  dans  l'Académie  des 
sciences  de  Pétersbourg,  en  1794. 

Sans  posséder  un  de  ces  puissants  génies 
dont  les  créations  transforment  l'art  d'une 
époque,  Sarti  n'était  pas  seulement  un  des 

BIOCR.    UNIV.    DES    MUSICIEJ+S.   —  T.     vil 


musiciens  de  son  temps  les  plus  habiles  dans 
l'art  d'écrire;  la  nature  l'avait  aussi  doué  de 
la  faculté  de  produire  des  mélodies  pleines  de 
suavité,  et  d'un  certain  instinct  de  l'effet  scé- 
nique.  Dans  la  plupart  de  ses  œuvres  drama- 
tiques, on  trouve  des  morceaux  remarquables 
ou  par  la  grâce,  ou  par  la  justesse  de  l'expres- 
sion. Ce  maître  est  peu  connu  en  France;  on 
n'a  joué  à  Paris  que  son  opéra  des  Nozze  di 
Dorina, qui  obtint  un  brillant  succès  en  1803, 
fut  repris  en  1810,  puis  plusieurs  autres  fois, 
et   reçut  toujours  un   bon  accueil.  On   peut 
s'étonner  que  de  tant  d'ouvrages  de  Sarti, 
celui-là  seul  ait  eu  les  honneurs  de  la  repré- 
sentation  à  l'Opéra   italien ,   tandis  qu'on  y 
jouait  beaucoup  d'opéras  inférieurs  aux  pro- 
ductions de  son  talent.  La  liste  de  ses  ouvrages 
dramatiques  se  compose  des  litres  suivants  : 
1°  Pompeo  in  Armenia,  à  Faenza,  en  1752. 
2"  II  Re  pastore  (1752).  3°  Medonte,  en  trois 
actes,  à  Florence.  4°  Demofoonle,  en  trois 
actes.     5"    L'Olympiade ,    en    trois    actes. 
6°  Cira  rico)iosciuto,h  Copenhague,  en  1750. 
7"  La  Figlia  ricuperata,en  deux  actes.  8"  L.a 
Giardiniera  brillante,  an  \T5%.QaMitridatef 
à  Parme,  1705. 10°  //  Lologeso,  1705.  11°  La 
Nitetli,  1705.  12°  Lpermeslra,  à  Rome,  1700. 
13°  /  Contvalempi,  à  Venise,  1707.  14°  Di- 
done,  1707.   15°  Semiramide  riconosciula, 
1708.  10°  I  Pretendenti  delusi,  1708.  17"  Il 
Calzolajo    di   Strasburgo,    Modène,    1709. 
18°  Cléomène,  opéra  sérieux,  1770.  19°  La 
Clemenza  di  Tito,  à  Padoue,  1771.  20°  La 
Contadina  fedele,  1771.  21°  I  Finti  Eredi, 
1773.    22°    Amor    timido,    canlate,    1775. 
23"  I  Dei  del  ma  re,  can  la  le  à  Irois  voix,  1770. 
24°  La  Partenza  d'Ulisse  da  Calipso,  can- 
tate,   1770.    25°   Le    Gelosie  villane,  opéra 
bouffe,   en  deux  actes,   1770.  20°  Farnace, 
1776.  27°  L'Avaro,  1777.  28°  7/tyem'a  in  Au- 
Ude,  1777.  29°  Epponina,  opéra  sérieux  en 
trois  actes,  à  Turin,  1777.  30"  Il  Militare  biz- 
zarro,  1778.  31°  Gli  Amanti  consolati,  1779. 
32°  Fra  i  due  litiganti  il  lerzo  gode,  1780. 
33"  Scipione,  en  trois  actes,  1780.  34°  Achille 
in  Sciro,  à  Florence,  1781.  35°  L'Incognito, 
à  Bologne,  1781 .  30°  Giulio  Sabino,  à  Venise, 
1781.  37°  Alcssandro  e  Timoteo,  en  1782. 
58°  Le  Nozze  di  Dorina,  opéra  bouffe,  1782. 
39°  5ïroe;à  Turin,  1783.40°  Idalide,k  Milan, 
1783   41°  Armida  e  Rinaldo,  à  Pétersbourg, 
1785.42"  La  Gloire  du  Nord,  opéra  en  langue 
russe,  représenté  en  1794.  Sarti  a  beaucoup 
écrit  pour  l'église.  Le  Conservatoire  de  Paris 
possède  plusieurs  volumes  de  ses  compositions 
en   ce   genre,   renfermant  des   hymne-;,  an- 

20 


•102 


SARTI  -  SARTORIUS 


tiennes,  psaumes,  motets  à  quatre,  six,  huit  et 
douze  voix.  On  trouve  dans  la  bibliothèque  du 
conservatoire  de  Naples  un  Credo  à  quatre 
voix  et  instruments,  et  un  Miserere  à  quatre 
voix,  trois  violes  et  un  violoncelle,  de  sa  com- 
position. Sarti  a  laissé  à  Milan  quatre  messes 
à  quatre  voix  et  orchestre  ;  enfin  on  a  gravé  à 
Pétershourg  son  grand  Te  Deum  en  langue 
russe.  On  trouve  aussi  chez  Breilkopf,  à  Leip- 
sick,  une  fugue  à  huit  voix  réelles  sur  le 
Kyrie,  et  un  hymne  pour  deux  voix  de  so- 
prano, contralto,  deux  ténors  et  basse,  en 
partition. 

La  machine  imaginée  par  Sarti,  pour 
compter  le  nombre  de  vibrations  qu'un  son 
quelconque  fait  dans  une  seconde,  n'était  pas 
nouvelle  dans  son  principe,  car  elle  était  basée 
sur  une  expérience  de  Sauveur  (voyez  ce  nom). 
Elle  consistait  en  deux  tuyaux  d'orgue  de  cinq 
pieds  bouchés,  dont  un  avait  un  tampon  mo- 
bile, un  monocorde  et  un  pendule  à  secondes. 
Lorsqu'on  enfonçait,  suivant  une  échelle  gra- 
duée, le  tampon  mobile  de  l'un  des  tuyaux, 
de  manière  à  élever  l'intonation,  il  s'établis- 
sait entre  les  deux  tuyaux  un  battement  résul- 
tant de  la  dissonance,  qui  permettait  de 
compter  les  vibrations.  Le  monocorde  servait 
à  trouver  l'intonation  voulue  sur  le  tuyau  à 
tampon  mobile,  et  par  le  pendule  à  secondes 
on  connaissait  le  temps  dans  lequel  se  fai- 
saient les  vibrations.  C'est  par  ce  procédé  que 
Sarti  est  parvenu  à  trouver  le  nombre  de 
quatre  cent  trente-six  vibrations  pour  le  la  du 
diapason  de  l'orchestre  de  Pétershourg.  On  a 
aussi  de  ce  savant  musicien,  en  manuscrit, 
une  critique  sévère  de  deux  passages  des  qua- 
tuors de  Mozart,  sous  ce  litre  :  Esatne  acus- 
tico  fatto  sopra  due  frammenli  di  Mozart. 

SAIITO  ou  SARTI  (Jean-Vincent),  com- 
positeur italien,  vécut  dans  la  première  moi- 
tié du  dix-septième  siècle.  On  a  imprimé  de 
sa  composition  à  Venise  :  1°  Messe  c  salmi 
concertatia  treequultrovoci  (10Ô0).  2° Salmi 
concertati  a  2,  ô,  4  e  6  voci;  ibid.  ô°  Litanix 
Marianx  octo  vocum  ;  ibid.,  1000,  in  4°.  La 
Bibliothèque  impériale  de  Paris  possède  des 
psaumes  et  des  vêpres  de  cet  auteur,  en  ma- 
nuscrit. 

SARTORULLI  (Alexandre),  amateur  de 
musique,  né  à  Vérone,  dans  les  premières 
annécsdu  dix-neuvième  siècle,  est  auteur  d'un 
traité  sommaire  de  la  musique  intitulé  Sunlo 
teorico  musicale;  in  Fenezia,  dalla  lipo- 
grafia  di  G.-B.  Merli,  1830,  in -8°  de  iv  et 
25  pages,  avec  six  feuillets  d'exemples. 

SARTORIO  (Antoine),  né  à  Venise,  vers 


1020,  l'ut  d'abord  compositeur  au  service  de 
la  cour  de  Brunswick,  et  devint  ensuite  vice- 
mailrc  de  chapelle  à  l'église  Saint-Marc,  dans 
sa  ville  natale,  le  7  mai  1676.  Il  a  beaucoup 
écrit  pour  les  divers  théâtres  d'Italie.  Ses  prin- 
cipaux opéras  sont  les  suivants  :  Erginda, 
à  Venise,  en  1652;  Amori  infruttuosi  di 
Pirro,  ibid.,  1661;  Il  Seleuco,  ibid.,  1006; 
la  Prospérité  di  Elio  Sejano,  ibid.,  1667; 
la  Caduta  di  Elio  Sejano,  ibid.,  1667;  Er- 
minda  Regina  di  Longobardi,  ibid.,  1670; 
Adélaïde,  ibid.,  1672;  Orfeo,  ibid.,  1672; 
Mesenzio,  ibid.,  1675;  Antonino  e  Pompe- 
jano,  ibid.,  1077;  Giulio  Cesare  in  Eyitto, 
ibid.,  1077;  Ercole  sul  Termodonte,  ibid., 
1078  ;  Anacreonte  tiranno,  ibid.,  1678;  I due 
Tiranni  al  soglio ,  ibid.,  1079;  Flora, 
ibid.,  1681.  On  a  aussi  de  cet  auteur  Salmi  a 
otto  voci  in  due  cori  all'uso  délia  Serenis- 
sima  Cappella  ducale  di  S.  Marco;  Venise, 
G.  Sala,  1680,  in-4°,  op.  1a  .  Sartorio  mourut 
en  1681 ,  pendant  qu'il  terminait  son  opéra  de 
Flora. 

SARTORIUS  (Paul),  né  à  Nuremberg, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  employé  comme  musicien  par  la  cour 
de  Munich,  vers  1596,  et  publia  dois  messes  à 
huit  voix;  Munich,  1000,  in-fol.  Puis  il  entra 
au  service  de  l'archiduc  Maximilicn,  en  qua- 
lité d'organiste.  Il  était  déjà  dans  cette  nou- 
velle position  lorsqu'il  publia,  à  Nuremberg, 
en  1001,  des  sonnets  spirituels  à  six  voix 
(in-4°).  On  a  aussi  de  lui  :  Neue  deutsclie 
Liedlein  mit 4 Stimmen ,ctc .  (Nouvelles  petites 
chansons  allemandes  à  quatre  parties,  dans  le 
genre  des  canzonetles  italiennes,  à  l'usage  de 
toute  sorte  d'instruments);  Nuremberg,  Kauff- 
mann,  1001,  in-4°. 

SARTORIUS  (Érasme),  dont  le  nom  alle- 
mand était  SCHNEIDER  (qui,  de  même 
•pie  Sartorius,  signifie  tailleur),  poète  cou- 
ronné et  professeur  de  musique,  naquit,  en 
1577,  à  Sleswig  ou  Schleswig,  dans  le  Dane- 
mark (1),  etfutadmis  à  L'âge  de  dix  ans  comme 
enfant  de  chœur  dans  la  chapelle  du  duc  de 
Goltorp.  Le  successeur  de  ce  prince  (Jean- 
Adolphe)  l'envoya,  en  1590,  au  gymnase  de 
Bordcsholm,  pour  y  faire  ses  humanités,  puis  à 
l'université  de  Roslock,où  il  se  distingua  comme 
poëte  et  comme  musicien .  Ses  talents  et  sa  bonne 
conduite  lui  firent  conférer  par  le  magistrat 
de   celte   ville   la    place  de  cuntor  à  l'église 

(I)  Malthcson  dit  (GrundlagteintT  r.hrenpfortt,  p.  300) 
que  Sartorius  naquit  vers  1 K7ÎS  ;  mais  Moller  ilonne  la 
ilale  plus  précise  «le  11)77  il  mis  sa  CiwSi'l'u  Litcrata 
(I.  I,  p.  !)80). 


SART0R1US 


403 


Sainte -Marie,  et  ladircelion  de  la  musique  des 
l'êtes  publiques. En  1G04,  il  fut  appelé  à  Ham- 
bourg, en  qualité  de  cantor  et  de  directeur  de 
musique.  Il  s'y  fit  remarquer  par  son  habileté 
dans  l'enseignement,  et  par  la  bonne  exécution 
du  choeur  qu'il  dirigeait.  Gerber  dit  qu'il 
mourut  en  1639;  mais  Jean-Albert  Fabri- 
cius  (1)  et  Moller  (2)  nous  donnent  la  date  plus 
certaine  du  17  octobre  1637.  On  verra  tout  à 
l'heure  que  l'exactitude  de  cette  date  n'est  pas 
indifférente. 

Sartorius  a  publié  une  plaisanlerie  sur  les 
disputes  auxquelles  la  musique  a  donné  lieu 
de  tout  temps,  sous  ce  litre  :  Belligerasmus, 
id  est  Historia  belli  exorli  in  regno  musico, 
in  qua  Uberalis,  et  non  tetrici  ingenii  lector 
inveniet  quod  tam  prodesse,  quam  delectare 
possit  ;  Hambourg,  1022,  in-8°  de  cent  et  une 
pages.  Dans  cet  écrit,  Orphée  est  représenté 
comme  le  chef  du  chant  figuré,  et  ses  guer- 
riers sont  les  chanteurs,  les  joueurs  de  flûte, 
les  organistes,  les  violonistes,  etc.  ;  Bislhon  est 
le  défenseur  du  plain-cbant,  et  sous  ses  ordres 
se  rangent  les  trompelles,  les  joueurs  de  fifre, 
île  cornemuse,  les  oiseaux,  etc.  Une  plaisan- 
terie du  même  genre  avait  été  publiée  long- 
temps auparavant  par  Claude  Sébastien,  or- 
ganiste de  Metz  {voyez  ce  nom),  et  plus  tard, 
lîaehr  ou  Béer  en  écrivit  une  autre,  qui  fut  pu- 
bliée après  sa  mort,  et  dont  on  trouve  un  ex- 
trait à  la  suite  de  ses  tVusikalische  Discurse. 
Mattheson  assure  (Grundlage  einer  Eliren- 
pforte,  p.  507)  qu'il  y  a  une  deuxième  édition 
de  l'écrit  de  Sartorius,  publiée  à  Hambourg, 
en  1626.  Après  sa  mort,  Lauremberg,  docteur 
en  médecine  et  professeur  de  poésie  à  Ros- 
lock,  en  donna  une  troisième  sous  son  nom,  en 
1639,  et  il  en  parut  une  quatrième  sous  ce 
titre:  Musomachia,  id  est  :  Bellum  musicale 
tinte  quinque  lustra  Belligeralum  in  gra- 
tium  Er.Sar.  (Erasmi  Sarlorii)  nunc  denuo 
institutem  a  primo  ejus  auctore;  Roslock, 
1042,  in-8°  de  soixante  et  dix -huit  pages. 
Ainsi  qu'on  le  voit,  il  y  a  une  question  de 
propriété  littéraire  en  ce  qui  concerne  cet  ou- 
vrage. Deux  ans  après  la  mort  de  Sartorius, 
Lauremberg  (voyez  ce  nom)  se  déclare  le 
véritable  auteur  du  Belligerasmus,  et  dit  qu'il 
a  gardé  le  silence  pendant  vingt-cinq  ans  en 
'  faveur  d'£Y.  Sar.  (Érasme  Sartorius).  Moller 
se  borne  à  mentionner  l'édition  de  Lauremberg, 
après  celle  de  Sartorius,  sans  discuter  la  ques- 
tion. Mattheson  se  déclare  en  faveur  de  Lau- 


(I)  lUemor.  /.'itmburg.  Tait.  Il,  p.  G22 
('-0  Loc.  vit. 


remberg,  et  j'ai  cru  devoir  adopter  son  opinion 
dans  la  notice  sur  ce  dernier;  mais  une  note 
d'Antoine  Schmid  (voyez  ce  nom),  qui  m'a  été 
envoyée  de  Vienne  récemment,  a  fait  renattre 
mes  doutes.  Schmid  remarque  que  la  réclama- 
tion de  Lauremberg  ne  s'est  produite  que 
deux  ans  après  la  mort  de  Sartorius;  et  que, 
s'il  y  avait  eu  générosité  pendant  sa  vie  à 
garder  le  silence  surson  prétendu  larcin  litté- 
raire, celte  générosité  nese serait  pas  démentie 
après  sa  mort,  alors  qu'il  ne  pouvait  plus  se 
défendre. 

Sartorius  s'est  aussi  rendu  recommandable 
par  des  éléments  de  musique  composés  pour 
l'usage  des  élèves  de  l'école  de  Hambourg, 
qu'il  a  publiés  sous  ce  litre  :  Institutionum 
musicarum  tractalio  nova  et  brevis  duobus 
libris  comprehensa,  quibus  non  tantum  ar- 
tis  prxcepta  breviter  et  dilucidè  proponun- 
lur,  veram  etiam  pulcherrima  modorum 
musicorum  doclrina  exhibetur,  et  exemplis 
illustralur.Prasmittitur  oratio  de  hujus  artis 
inventoribus,  prxstantia ,  utililate.  Item 
aliquot  fugx  pro  discipulis  secundx  et  ter- 
lias  classis  scholx  Haniburgensis.  Auctore 
Erasmo  Sartorio  cantore;  Hamburgi,  im- 
primebat  Jacobus  Rebenlinus,  16515,  in-8n  de 
treize  feuilles  non  paginées.  Mattheson  a 
donné  les  litres  des  chapitres  de  ce  livre,  de- 
venu déjà  fort  rare  de  son  lemps  (Ehren- 
pforte,  etc.,  p.  309),  et  dont  il  n'a  fait  con- 
naître qu'un  titre  inexact  ;  il  a  été  suivi  en 
cela  par  Forkel ,  Gerber,  MM.  Lichlenlhal, 
Becker  et  les  auteurs  du  Dictionnaire  histo- 
rique des  musiciens.  Il  eûlété  plus  utile  pour 
l'histoire  de  l'art  et  de  la  science  de  dire  que 
dans  le  deuxième  chapitre  du  premier  livre, 
après  avoir  rapporté  les  nouveaux  principes 
de  solmisation  de  Henri  de  Putle,  de  Calvi- 
sius,  de  Lippius  et  de  Hilzler,  ainsi  que  les 
discussions  de  Calvisius  et  de  Hubmeyer  (voyez 
tous  ces  noms)  sur  ce  sujet,  Sartorius  se  mon- 
tra ardent  défenseur  de  l'ancienne  solmisation 
par  les  muances.  Mattheson  a  donné  de  justes 
éloges  au  discours  sur  l'excellence  de  la  mu- 
sique (Encomium  musicx)  qui  précède  l'ou- 
vrage. Ce  morceau  est  remarquable  par  l'éru- 
dition et  l'élégance  de  la  latinité.  Les 
exercices  de  solfège  qui  terminent  l'ouvrage, 
sous  le  nom  de  fugues,  sont  des  canons  fort 
bien  faits  à  deux,  trois,  quatre,  cinq,  six,  sept 
et  huit  voix. 

SAIITORIUS  (Chrétien),  musicien  de  la 
chambre  du  prince  de  Brandebourg,  né  à 
Qnerfurt  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  par  un    œuvre  de 

•Ji>. 


404 


SART0R1US  —  SAUER 


motels  pour  une,  deux,  troi-,  quatre  et  cinq 
voix,  avec  accompagnement  de  deux  ou  d'un 
plus  grand  nombre  d'instruments,  tels  que 
violons,  cornets,  trombones,  et  basse  continue, 
publié  sous  ce  titre  :  Unterschiedlicher  teut- 
scher  nach  der  L/immelskron  zielender 
hoher  Fest-und  Dank-Andachten  Zusam- 
menstimtnung ,  etc.;  Nuremberg,  1658, 
in- fol. 

SARTORIUS  (Jean-Frédéric),  musicien 
allemand,  a  composé  le  texte  et  la  musique 
d'un  opéra  joué  au  théâtre  de  Prague,  avec 
succès,  en  1704, et  dont  le  livret  a  été  imprimé 
sous  ce  litre  :  La  Rete  di  Fulcano,  burletta 
dramatica,  dedicata  e  rappresentata  alla 
Ser.  Allezza  Elett.  Co.  Palatino  del  Reno, 
nel  teatro  di  Praga,  poesia  e  musica  del 
sign.  D.  D.  D.  da  Giov.  Frederico  Sartorio, 
1704,  in-4°. 

SARTORIUS  (Chrétien-Charles).  Des 
lettres  écrites  de  Mexico,  en  1827  et  1828,  sur 
la  musique  et  la  danse  dans  cette  partie  de 
l'Amérique  du  Sud,  ont  été  publiées  sous  ce 
nom  dans  l'écrit  périodique  instilulé  Cxcilia 
(t.  VII,  p.  199-217,  et  t.  VIII,  p.  1-24). 

SASSADIAS(Jean-Sigismond),  organiste 
et  facteur  d'instruments  à  Brieg,  vivait  en 
1740.  Ses  clavecins  étaient  alors  estimés  (voyez 
Mattheson,  Crundl.  einer  Ehrenpforte , 
p.   139). 

SASSAIST  (Matteo),  surnommé  MAT- 
TEUCCI  (voyez  ce  nom),  fut  un  célèbre 
sopraniste.  M.  Farrenc,  qui  a  fait  un  très-bon 
travail  sur  ce  chanteur,  et  qui  a  bien  voulu  me 
le  communiquer,  y  remarque  avec  justesse  que 
j'ai  eu  tort  de  donner  à  Matteucci  le  prénom 
de  Matteo,  parce  que  Matteucci  n'est  précisé- 
ment qu'un  diminutif  de  Malteo.  M.  Farrenc 
fait,  dans  ce  travail,  des  rapprochements  ingé- 
nieux et  des  conjectures  qui  tendent  à  déter- 
miner avec  précision  les  époques  de  ses 
séjours  en  Espagne  et  à  Naples;  mais  il  est 
douteux  qu'on  parvienne  jamais  à  la  certitude 
à  cet  égard. 

Il  ne  faut  pas  confondre  Matteucci  (ou 
Sassani)  avec  Mattucci (Pietro),  autre  sopra- 
niste remarquable,  né  à  Rome,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  et  qui,  doué 
d'une  voix  d'une  étendue  extraordinaire  et 
•  l'une  égalité  parfaite,  joua,  dans  sa  jeunesse, 
les  rôles  de  femme  au  théâtre  Argenlina 
cl  y  obtint  des  succès  d'enthousiasme.  Plus 
tard,  il  brilla  sur  les  scènes  principales  de 
l'Italie,  et  se  fil  le  plus  grand  honneur  au 
théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  dans  la  Conquisla 
del  Messico,  d'Ercole  Paganini,  en  1808. 


SATTLER  (Jean-Astoine),  musicien  de 
chambre  de  l'électeur  de  Bavière,  a  fait  gra- 
ver de  sa  composition  six  symphonies  à  six 
parties,  op.  1;  Nuremberg,  1750. 

SATTLER  (Henri),  organiste  et  directeur 
de  musique  à  Blankenbourg,  dans  le  Harz,  est 
né  a  Quedlinbourg,  le  3  avril  1811. Sa  musique 
d'église  et  ses  pièces  d'orgue  indiquent  du  ta- 
lent. Ses  œuvres  connues  jusqu'à  ce  jour(18G5) 
sont:  l"Six  chants  pour  deux  soprani,  ténor 
et  basse;  Brunswick,  Ed.  Leibrock. '2°  Sept 
Lieder  à  plusieurs  voix:  ibid.  3°  Sept  Lieder 
idem;  ibid.  Une  analyse  de  ce  dernier  recueil 
se  trouve  dans  la  quarante-quatrième  année  de 
\\4llgem.  musikal.  Zeitung.  n°  30.  4U  Har- 
zensklunge  (les  Sons  du  cœur),  huit  Lieder 
pour  soprano  ou  ténor,  avec  piano  ;  ibid. 
5°  Fugue  pour  l'orgue  ;  Erfurt,  Kœrner. 
G0  Tlieorelisch-PraktischeAnleilungzum Ge- 
sang-V  nterrichte  in  Schulen  (Introduction 
théorique  et  pratique  à  l'élude  du  chant  dans 
les  écoles);  Quedlinbourg,  Ernst. 

SATZL  (Ciiristopiiei,  directeur  de  mu- 
sique du  couvent  de  religieuses,  à  Ilall-sur- 
l'Inn,  dans  le  Tyrol,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  :  1°  Fcclesiaslici  concen- 
lus  1,  2,  ô,  4e  5  vocibus  concinendi;  Augs- 
bourg,  1621.  2°  Concerti  a  2  voci  e  ô  stro- 
menti.  3°  Cantiones  genethliacx  ad  Christi 
cunas,  quinque  vocum.  4°  J/ortus  pensilis, 
seu  motelti  a  2,  3,  4,  5  e  6  voci,  con  violini. 
5°  Cantate  per  Pasqua  a  5  e  6  voci. 
0°  IX  messe  a  1,  2,  3,  4  e  5  voci;  Inspruck, 
1646.  7°  Jubilus  Davidicus  seu  psatmiS — 5 
vocibus.  mixto  C hélium  binario  modulandi; 
ibid.,  16.r)3,  in-4".  8°  Missx  quatuor  novx 
4,5  et  pluribus  vocibus  concinendx  ;  ibid., 
1661. 

SAURERT  (Jean),  pasteur  de  Sainl-Sé- 
bald,  à  Nuremberg,  naquit  à  Allorf,  le  26 fé- 
vrier 1592,  et  mourut  de  la  pierre,  le  2  no- 
vembre 1G46.  A  l'occasion  d'une  cantate  qui 
fut  exécutée  dans  celle  église  en  1623,  il  pro- 
nonça un  sermon  imprimé  sous  ce  titre  :  See- 
len  JUusik,  wie  dieselbe  am  Sonntage  cantate 
1623  î'nder  Kirchzu  L'user  Lieben  Frauge- 
hœren  worden,  neben  einer  neuen-Jahrs  Pre- 
dtflft/Nuremberg,  1G24,  in-4".  Saubert  y  traite 
de  la  musique,  de  son  origine,  de  sa  nature  et 
de  son  usage. 

SAUER  (Jean-Georges),  né  à  Allerheini 
en  Bavière,  vers  1640,  fil  ses  éludes  à  l'uni- 
versité de  Wiltenberg,  et  y  soutint,  le  17  juil- 
let 1001 ,  une  thèse  sur  la  division  mathéma- 
tique des  intervalles  des  sons,  qui  a  été  ini- 


SAUER  -  SAUVEUR 


4  or, 


primée  sous  ce  litre  :  Ex  malhematicis  de 
musica  sub  prxsidio  viri  clarissimi  M.  Jo- 
hannis  Wolfg.  lient schi  publiée  disputavit 
Johannes  Georgius  Sauer  Allerheim.  Sue- 
vos  ;  Wiltenberg,  1 GG I  ,  in-4°  de  deux 
feuilles. 

SAUER  (Charles-Gottlob),  mécanicien  et 
facteur  d'instruments  à  clavier,  naquit  dans  le 
Brandebourg,  vers  1750,  se  livra  d'abord  à  la 
profession  de  menuisier,  étudia  ensuite  la 
mécanique  et  s'établit  à  Dresde,  en  1780, 
comme  facteur  d'instruments.  Ses  pianos  ont 
joui  d'une  certaine  réputation  en  Allemagne, 
à  cette  époque. 

SAUER  (Léopold),  facteur  d'instruments, 
travailla  d'abord  à  Prague,  vers  la  fin  du  dix- 
liuitième  siècle,  puis  s'établit  à  Vienne,  y  in- 
venta un  nouveau  piano  vertical,  et,  en  1804, 
VOrchestrion,  instrument  composé  du  piano 
et  de  plusieurs  jeux  d'orgue. 

SAUERBREY  (  Jean-  Wilhelm- Chris- 
tian-Charles), né  le  22  août  1804,  à  Kœnig- 
sée,  dans  la  Thuringe,  fut  d'abord  organiste 
à  l'église  Saint-Nicolas  de  Stade  (Hanovre), 
puis  de  l'église  Saint-Wilhadi,  dans  la  même 
ville.  Artiste  de  mérite,  il  commença  à  se  faire 
connaître,  en  1830,  par  la  publication  d'un 
recueil  de  cent  trente -six  mélodies  cho- 
rales arrangées  à  quatre  voix  pour  l'usage 
du  duché  de  Brème  ;  cet  ouvrage  a  pour 
titre  :  136  choral  -  melodieen  vierstimmig 
ausgesetzt ,  und  zunachst  zum  Gebrau- 
che  in  den  Herzogthumern  Bremen  und 
verden  bestimmt;  Stade  ,  chez  l'auteur.  Il  a 
donné  aussi  un  livre  choral  avec  basse  chif- 
frée pour  l'accompagnement  (Choralbuch  fiir 
den  Herzogthiimer  Bremen,  etc.),  op.  21  ; 
ibid.  Comme  organiste,  Sauerbrey  appartient 
à  la  nouvelle  école  représentée  par  Kohm- 
stedt,  Brôsig,  Meister  et  autres.  Ses  princi- 
paux ouvrages  de  musique  d'orgue  sont  : 
1°  Douze  pièces  d'orgue,  op.  4;  Hanovre,  Na- 
gel.  2°  Vingt  préludes  idem,  pour  les  com- 
mençants, op.  7  ;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hser- 
tel,  3°  Douze  pièces  idem,  op.  8;  ibid. 
4°  Huit  pièces  idem,  faciles,  op.  16;  Ham- 
bourg, Cranz.  5°  Quatre  conclusions  fuguées 
et  faciles,  op.  28;  Erfurt,  Kœrner.  6°  Pré- 
lude et  fugue  (en  ré)  ;  ibid.  Kœrner  a  aussi 
inséré  deux  préludes  et  fugues  de  Sauerbrey 
dans  son  Postludienbuch  fiir  Orgelspieler. 

SAUIN'DERS  (Georges), architecte  anglais, 
est  auteur  d'un  bon  livre  intitulé  :  A  Treatise 
on  théâtres,  including  some  experiments  on 
sou7id  (Traité  sur  les  théâtres  renfermant 
quelques  expériences  sur  le  son);    Londres, 


1790,  in-4°  avec  planches.  Une  deuxième  édi- 
tion de  cet  ouvrage  a  paru  à  Londres,  chez 
Taylor,  en  1818,  un  volume  in-4°. 

SAUNIER  (....),  luthier  français,  né  dans 
la  Lorraine,  vers  1740,  fut  élève  de  Lambert, 
surnommé  le  Charpentier  de  la  lutherie.  Il 
s'établit  à  Paris,  vers  1770,  et  se  fit  estimer 
par  la  bonté  de  ses  violons.  Il  fut  le  maître  de 
Picle. 

SAUPPE  ou  SAUPE  (Chrétien-Théo- 
phile), organiste  à  Glaucha,  dans  le  comté  de 
Schœnbourg,  occupait  déjà  cet  emploi  en 
1780,  et  le  remplissait  encore  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-neuvième  siècle.  Il  na- 
quit en  1754,  à  Wechselbourg,  en  Saxe.  On  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Trois  sonates 
pour  clavecin  (1785).  2°  Six  sonatines  de  cla- 
vecin pour  les  amateurs.  3°  Chants  avec  ac- 
compagnement de  piano,  suivis  de  sonatines  à 
deux  et  quatre  mains;  Leipsick,  Breitkopf, 
1792.4°  Le  Soir,  de  Matthison,avecaccompa- 
gnemenl  de  piano;  ibid.,  1802.  Saupe  s'est  fait 
connaître  avantageusement,  dès  1780,  par  un 
oratorio  intitulé  :  La  Résurrection  glorieuse 
de  Jésus-Christ,  et  par  une  cantate  pour  le 
jour  de  Pâques  :  ces  ouvrages  sont  restés  en 
manuscrit  et  se  trouvent  à  la  bibliothèque 
royale  de  Berlin. 

SAUR  ou  SAURIUS  (André),  cantor  à 
Riel,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  une 
grande  cantate,  qui  fut  exécutée  pour  la  so- 
lennité de  la  prestation  du  serment  au  duc  de 
Holstein;  cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Gluclc- 
wunschung  in  einer  musikalischen  Har- 
monie von  7,  9  bis  15  Stimmen;  Hambourg, 
1661,  in-fol. 

SAURIN  (Didier),  fils  aîné  de  Joseph 
Saurin,  géomètre,  naquit  à  Paris,  vers  1692, 
et  cultiva  la  musique.  Il  est  auteur  d'un  livre 
intitulé  :  La  Musique  théorique  et  pratique 
dans  son  ordre  naturel;  Paris,  Ballard, 
1722,  in-4°. 

SAUVAGE.  Deux  trouvères  de  ce  nom 
ont  vécu  dans  le  treizième  siècle  :  le  premier, 
né  à  Arras,  a  laissé  quatre  chansons  notées, 
qu'on  trouve  dans  les  manuscrits;  l'autre,  de 
qui  nous  n'en  avons  qu'une  (Mss.  de  la  Biblio- 
thèque impériale,  n°7222),  était  né  à  Bétbune. 

SAUVEUR  (Joseph),  géomètre,  naquit  à 
la  Flèche,  le  24  mars  1653.  Jusqu'à  l'âge  de 
sept  ans,  il  resta  muet,  et  jamais  il  n'eut  l'or- 
gane de  la  parole  bien  libre.  Il  fit  ses  études 
dans  un  collège  de  jésuites  ;  mais  son  goût  pas- 
sionné pour  le  calcul  l'empêcha  de  faire  des 
progrès  dans  la  littérature,  tandis  qu'il  apprit 


401) 


SAUVEUR 


sans  maître,  et  dans  l'espace  «l'un  mois,  les 
six  premiers  livres  des  éléments  d'Euclide. 
Arrivé  à  Paris,  en  1G70,  il  y  suivit  les  leçons 
du  physicien  Rohault,el  donna,  pour  subsister, 
des  leçons  de  mathématiques.  Parmi  ses 
élèves,  on  compte  le  prince  Eugène.  En  1680, 
il  obtint  le  titre  de  maître  de  mathématiques 
des  pages  de  la  Dauphinc,  et  peu  de  temps 
après,  le  grand  Condé  l'engagea  à  écrire  un 
traité  sur  la  fortification  des  places.  Le  désir 
de  joindre  la  pratique  à  la  théorie  conduisit 
Sauveur  au  siège  de  Mons,  en  1691 ,  où  il  prit 
part  aux  opérations  les  plus  périlleuses.  De 
retour  à  Paris,  il  s'y  occupa  de  divers  travaux 
relatifs  aux  mathématiques  appliquées;  mais 
l'objet  qui  finit  par  attirer  toute  son  attention 
fut  l'acoustique  musicale;  science  nouvelle  qui 
lui  doit  sa  création,  et  dont  il  posa  les  hases. 
Ce  choix  de  l'objet  principal  de  ses  recherches 
a  cela  de  bizarre  que  Sauveur  était  sourd, 
avait  la  voix  fausse,  et  n'entendait  rien  à  la 
musique.  Pour  vérifier  ses  expériences,  il  élait 
obligé  de  se  faire  aider  par  des  musiciens 
exercés  à  l'appréciation  des  intervalles  et  des 
accords.  Ainsi  qu'on  l'a  très-bien  remarqué, 
cette  position  de  Sauveur  rappelle  celle  du  pro- 
fesseur Saunderson,  aveugle  de  naissance  qui, 
dans  ses  leçons  sur  la  philosophie  naturelle, 
expliquait  les  phénomènes  de  la  lumière.  Sau- 
veur avait  été  nommé  membre  de  l'Académie 
des  sciences, en  1606;  c'est  dans  les  mémoires 
de  cette  compagnie  savante  qu'il  donna  les  ré- 
sultats de  ses  intéressants  travaux.  Il  mourut 
le  0  juillet  1716,  à  l'âge  de  soixante-trois 
ans. 

Depuis  l'antiquité  jusqu'à  Sauveur,  la  théo- 
rie des  rapports  de  sons  élait  resiée  à  peu  près 
stationnaiie  :  elle  n'était  basée  que  sur  des 
nombres  abstraits.  Une  seule  expérience,  at- 
tribuée à  Pythagore  dans  une  anecdote  évi- 
demment fausse,  élait  tout  ce  qu'on  pouvait 
citer  pour  la  démonstration  de  celle  théorie. 
Sauveur,  le  premier,  imagina  de  chercher, 
dans  l'examen  des  phénomènes  de  vibrations 
des  corps  sonores,  les  éléments  de  la  science 
de  l'acoustique.  Ses  premiers  travaux  en  ce 
genre  datent  de  1606.  L'année  suivante,  il 
dicia  un  traité  de  musique  spéculative,  dans 
ses  leçons  au  Collège  royal  ;  mais  il  se  refusa 
à  la  publication  de  ce  traité,  par  des  molifs 
qu'il  a  exposés  dans  son  mémoire  sur  le  Sys- 
tème général  des  intervalles  des  sons.  Son 
point  de  départ  fut  un  (rail  de  génie.  Il  avait 
remarqué  que  les  anciens  ni  les  écrivains  du 
moyen  âge  ne  fournissent  aucun  moyen  de 
retrouver  l'unisson  d'une  des  cordes  de  leurs 


systèmes  musicaux,  cl  que  c'est  à  celte  cause 
qu'il  faut  attribuer  en  partie  l'obscurité  qui 
enveloppe  leur  tonalité,  non  relative,  mais  ab- 
solue. Sauveur  comprit  donc  que,  pour  donner 
une  base  à  une  tonalité  quelconque,  il  est  né- 
cessaire de  déterminer  un  son  fixe  pour  point 
de  comparaison,  et  que  ce  son  ne  peut  être 
fixé  que  par  le  nombre  de  vibrations  qu'il  fait 
dans  un  temps  donné  ;  par  exemple,  dans  une 
seconde.  Mais  la  difficulté  consistait  à  compter 
ces  vibrations,  même  dans  les  sons  graves  où 
elles  sont  plus  lentes  que  dans  les  sons  aigus. 
Le  moyen  dont  il  se  servit,  en  l'absence  de 
tout  instrument  de  précision,  est  ingénieux. 
Le  son  dont  il  voulait  déterminer  l'intonation 
en  nombre  de  vibrations  élait  Vut  grave, 
fourni  par  un  tuyau  d'orgue  de  huit  pieds.  Les 
fadeurs  avaient  remarqué  depuis  longtemps 
que  lorsque  deux  tuyaux  d'orgue  sonnent  en- 
semble, il  s'établit  entre  eux  des  battements 
lorsqu'il  résulte  une  dissonance  de  leurs  deux 
sons  ;  et  que  ces  ballements  ont  lieu  à  des  in- 
tervalles de  lemps  égaux  d'autanl  plus  longs, 
que  les  intervalles  musicaux  sont  plus  petits 
enlre  les  sons  simultanés:  «  Sauveur  (dit  M. de 
Prony)vil  l'explication  de  ce  phénomène  dans 
les  coïncidences  périodiques  des  oscillations 
des  colonnes  d'air  respectives  en  mouvement 
dans  chaque  tuyau  :  lorsque  ces  coïncidences  ont 
lieu,  les  deux  oscillations  contemporaines  font 
sur  l'organe  de  l'ouïe  une  impression  plus  forte 
que  lorsqu'elles  sont  successives. Supposons  que 
le  rapport  des  nombres  rcspeclifsd'oscillalions 
soil  celui  de  huit  à  neuf;  chaque  huitième  os- 
cillation du  tuyau  le  plus  grave,  et  chaque 
neuvième  du  plus  aigu,  auront  lieu  ensemble, 
et  frapperont  l'oreille  par  un  battement  qui  ne 
se  reproduira  qu'à  la  fin  de  la  période  sui- 
vante, de  huit  pour  l'un,  et  de  neuf  pour 
l'autre.  »  Il  résulte  de  là  que  comptant  les  bat- 
tements qui  se  font  dans  une  seconde,  puis 
multipliant  ces  ballements  par  les  nombres  des 
rapports  de  proportions  des  deux  tuyaux,  on 
trouve  le  nombre  absolu  d'oscillations  l'ail  par 
chacun  d'eux  dans  le  même  espace  de  temps. 
C'est  ainsi  que  Sauveur  trouva  que  IHif  grave 
du  tuyau  de  huit  pieds  fait  cent  vingt-deux 
vibrations  dans  une  seconde.  Cet  ut  est  celui 
du  Ion  d'orgue  de  son  temps;  à  Paris  Vut  grave 
du  violoncelle,  qui  correspond  à  celte  noie, 
csi  élevé  jusqu'à  cent  Ironie  et  une  vibrations  ; 
à  Bruxelles,  celle  même  noie  est  élevée  jus- 
qu'à cent  trcnlc-qualrc.  Il  est  à  remarquer 
que  l'application  qu'il  fit  ensuite  du  problème 
aux  cordes  vibrantes  lui  donna  pour  celles-ci 
des  nombres  de  vibrations  doubles  de  ceci  Le* 


SAUVEUR  —  SAUZAY 


407 


oscillations  trouvées  pour  les  tuyaux;  mais  il 
explique  fort  bien  comment  celte  dissidence 
apparente  confirme  ses  résultats  au  lieu  de  les 
infirmer.  Sauveur  fut  aussi  le  premier  qui  ana- 
lysa les  phénomènes  des  sons  harmoniques,  et 
qui  en  donna  une  théorie,  devenue  la  hase  du 
système  d'harmonie  de  Rameau.  A  l'égard 
des  applications  qu'il  voulut  faire  ensuite  à  la 
musique  de  ses  découvertes  en  acoustique,  il 
se  trompa  comme  se  sont  trompés  tous  les  géo- 
mètres qui  ont  essayé  d'entrerdansle  domaine 
de  l'art,  et  ce  qu'il  a  laissé  sur  ce  sujet  ne 
peut  être  d'aucune  utilité.  Les  mémoires  de 
l'Académie  royale  des  sciences,  où  Sauveur  a 
exposé  ses  découvertes  et  ses  idées,  sont  : 
1°  Principes  d'acoustique  et  de  musique,  ou 
système  général  des  intervalles  des  sons,  et 
son  application  à  tous  les  systèmes  et  instru- 
ments de  musique  (1700  et  1701)  2°  applica- 
tion des  sons  hannoniques  à  la  composition 
des  jeux  d'orgue  (1702).  ô°  Méthode  géné- 
rale pour  former  des  systèmes  tempérés  de 
musique,  et  du  choix  de  celui  qu'on  doit 
suivre  (1707).  4°  Table  générale  des  systèmes 
tempérés  de  musique  (1711).  5°  Rapports  des 
sons  des  cordes  d'instruments  de  musique 
aux  flèches  des  cordes,  et  nouvelles  détermi- 
nations des  sons  fixes  (1715). 

SAUZAY  (Eugène),  professeur  de  violon 
au  Conservaloire  impérial  de  Paris,  est  né 
dans  celle  ville,  le  14  juillet  1809.  Fils  d'un 
amateur  éclairé  des  arls,  qui  était  préfet  de 
l'Empire  et  membre  du  Corps  législatif,  il 
puisa  dans  sa  famille  le  goût  de  ces  mêmes 
arls  et  s'attacha  particulièrement  à  la  mu- 
sique. Les  premières  leçons  de  son  instrument 
lui  furent  données  par  Vidal,  artiste  de  mé- 
rite, qui  était  second  violon  des  quatuors  île 
Caillot.  En  1824,  M.  Sauzay  entra  au  Conser- 
vatoire où  il  reçut  d'abord  les  leçons  de 
Guérin,  répétiteur  de  Baillot,  et  l'année  sui- 
vante, il  devint  élève  de  cet  artiste  célèbre.  Le 
second  prix  de  violon  lui  fut  décerné  danscette 
même  année,  1825.  Devenu  élève  de  Reicha, 
à  la  même  époque,  il  étudia  le  contrepoint 
sous  sa  direction.  En  1827,  il  obtint,  au  con- 
cours, le  premier  prix  de  violon  et  le  second 
prix  de  fugue.  Au  concert  d'inauguration  de 
la  Société  des  artistes  du  Conservaloire,  qui 
eut  lieu  le  9  mars  1828,  M.  Sauzay  exécuta 
avec  succès  un  concerto  inédit  de  Rode,  que  ce 
célèbre  violoniste  avait  envoyé  à  Baillot,  son 
ami,  en  le  lui  recommandant.  Peu  d'années 
après  avoir  obtenu  son  premier  prix  deviolon, 
M.  Sauzay  fit  partie  du  célèbre  quatuor  de 
Baillot,  remplaçant  d'abord  Vidal,  qui  venait 


d'être  nommé  chef  d'orchestre  du  Théâtre- 
Italien,  et  plus  tard  succédant  à  Urhan  (voyez 
ce  nom),  jusqu'à  la  dernière  séance,  qui  eut 
lieu  en  1840.  L'amitié  qui  unissait  Baillot  à 
son  élève  fut  plus  intime  encore  lorsque  M.  Sau- 
zay devint  son  gendre.  Déjà  ce  jeune  artiste 
fixait  sur  lui  l'attention  publique  par  son 
double  talent  d'exécution  et  de  la  composition, 
à  laquelle  il  se  livrait  autant  que  le  lui  per- 
mettaient ses  nombreux  élèves,  appartenant 
aux  premières  familles  de  France.  Il  avait 
établi ,  dans  une  société  d'amis  et  de  connais- 
seurs, des  séances  de  musique  classique  aux- 
quelles prenaient  part  le  violoncelliste  Norblin 
ei  le  pianiste  Boely  (voyez  ce  nom),  remplacés 
plus  tard  par  Franchomme,  le  fils  aîné  de 
M.  Sauzay  et  madame  Sauzay,  digne  fille  de 
Baillot,  qui  y  fil  entendre  la  série  des  concer- 
tos de  Mozart.  En  1849,  ces  séances  devinrent 
publiques  et  furent  données,  soit  chez  M.  Sau- 
zay, soit  dans  la  salle  Pleyel.  quelquefois  avec 
un  orchestre.  En  1840,  M.  Sauzay  avait  été 
nommé  premier  violon  de  la  musique  du  roi 
(Louis-Philippe);  il  est  aujourd'hui  chef  des 
seconds  violons  de  la  musique  de  l'empereur 
Napoléon  III.  En  1860,  après  la  mort  de  Gi- 
rard, il  a  été  nommé  professeur  de  violon  au 
Conservatoire  de  Paris.  Il  est  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur.  Les  ouvrages  publiés  de  cet 
artiste  distingué  sont  :  1°  Fantaisie  sur 
Zampa,  pour  piano  et  violon,  op.  1  ;  Paris, 
Meissonnier.  2°  Allegro  et  rondo  idem,  op.  2; 
Paris,  Prilipp.  5°  Sweet  home  (air  irlandais), 
op.  3;  ibid.  4°  Trois  romances  sur  des  paroles 
de  Ronsard,  op.  4;  Paris,  Richault.  5°  Frag- 
ments des  chœurs  d'Athalie  et  tfEsther,  de 
Racine,  op.  5;  ibid.  6°  Cinq  pièces  pour 
piano  et  violon,  dédiées  à  madame  Kiéné,  op.6; 
ibid.  7°  Pièce  en  trio  pour  piano,  violon  et 
alto,  op.  7;  Paris,  Richault.  8°  Trio  pour  vio- 
lon, alto  et  basse,  op.  8;  ibid.  Cet  ouvrage  a 
été  reproduit  en  Allemagne.  9°  Pièces  à  quatre 
mains  pour  piano,  op.  9;  ibid.  10°  Trois  an- 
ciennes chansons,  op.  9  (bis);  ibid.  11°  An- 
dante  de  sérénade  pour  piano,  op.  10;  ibid. 
12°  Trois  anciennes  chansons  pour  piano, 
op.  11;  ibid.  15°  Symphonie  rustique,  ré- 
duite pour  piano  à  quatre  mains,  op.  12; 
ibid.  14°  Etudes  harmoniques  pour  violon. 
op.  15;  ibid.  15° Haydn,  Mozart,  Beethoven. 
Elude  sur  le  quatuor;  Paris,  l'auteur,  18G1, 
gr.  in-8°de  centsoixanle-treize pages.  Ouvrage 
d'analyse  où  l'on  remarque  tic  la  justesse  dans 
les  observations  et  qui  renferme  un  bon  cata- 
logue thématique  et  raisonné  des  quatuors, 
quintettes  et  trios  de  ces  grands  musiciens. 


408 


SAVARD  -  SAVART 


SAVARD   (Marie  GAimiEL-AcGUSTis),  né 
à  Paris,  le  21  août  1814,  fut  admis  au   Con- 
servatoire   de     celle     ville,    le    23    janvier 
1837,  comme   élève  d'harmonie,    et  y  reçut 
les  leçons  de  M.  Bazin  (voyez  ce  nom),   puis 
étudia  le  contrepoint  et  la  composition  sous 
la  direction  de  M.    Le  Borne.  Il  obtint  l'ac- 
cessit  de  cette    science  en  1841  ;   le  second 
prix  lui  fut  décerné  au   concours  dans  l'an- 
née   suivante.    Ses    études    étant    terminées 
en  1845,  il  fut  nommé,  peu  de  temps  après, 
professeur  de  solfège  dans  la  même  institu- 
tion. M.  Savard  s'est  fait  connaître  avantageu- 
sement par  les  livres  dont  voici  les   titres  : 
1°  Cours  complet  d'harmonie  théorique  et 
pratique.  Ouvrage  adopté  pour  l'enseigne- 
ment du  Conservatoire  impérial  de  musique; 
Paris,  Maho,  1853,  deux  volumes  grand  in-8°. 
Bien   que  ce  livre  soit  annoncé  comme  théo- 
rique et  pratique,  c'est  une  simple  méthode 
d'enseignement  pratique  de  l'harmonie  écrite; 
méthode  un  peu  lente  et  trop  chargée  de  dé- 
tails. L'auteur  partage  l'erreur  générale  des 
écoles  française  et  allemande,  d'après  laquelle 
on  considère  l'élude  de  l'harmonie  commecelle 
de  l'art  d'écrire,  qui  ne  réside  que  dans  la 
science  du  contrepoint.  Les  Italiens   anciens 
avaient  mieux  compris  la  pratique  de  l'har- 
monie, en  la  bornant  à  l'élude  des partimenti, 
qui  formait  l'oreille  harmoniquemenl.  L'har- 
monie, comme  science,   est  purement    théo- 
rique; je  l'ai  enseignée  en  huit  leçons  au  grand 
organiste  Lemmens  et  au  compositeur  Benoit, 
2°   Manuel  d'harmonie;  ibid.,   un    volume 
gr.  in-8°.  3°  Principes  de  la  musique  ;  Paris, 
A.  Durand,  libraire,  et  Girod,  éditeur  de  mu- 
sique, 1801,  un  volume  grand  in-8°.  Bon  ou- 
vrage basé  sur  une  méthode  analytique.  4°  Re- 
cueil de  plain-chant  d'église,  transcrit  en 
notation  moderne  et  harmonisé  à  trois  et  à 
quatre  voix;  Paris,  Régnier  Canaux.  5°  Plu- 
sieurs motels;  ibid. 

SAVART  (Félix),  physicien  distingué,  né 
à  Mézièrcs,  le  50  juin  1791, .était  fils  d'un  in- 
génieur en  instrument  de  mathématiques, 
d'abord  attaché  à  l'école  de  cette  ville,  puis  à 
l'école  d'artillerie  et  du  génie  de  Metz.  C'est 
dans  cette  dernière  ville  que  Savait  fil  ses 
études.  Élevé  au  milieu  des  arls  mécaniques, 
et  accoutumé  de  bonne  heure  à  la  précision 
dans  les  travaux  manuels  de  ces  arls.  il  acquit 
la  dextérité  de  main,  si  nécessaire  dans  les  ex- 
périences de  physique  auxquelles  il  se  livra 
plus  tard.  Après  avoir  terminé  ses  éludes  lil- 
léraires,  Savarl  résolut  d'embrasser  la  profes- 
sion de  médecin  et  se  fit  recevoir  comme  élève 


interne  dans  l'hôpital  militaire  de   Metz,    y 
remplit  les  fonctions    de  sous- aide    pendant 
plusieurs  années,  puis,  au  moment  d'être  al- 
teint  par  la  conscriplion,  s'engagea  dans  un 
bataillon  du  génie,  où  il   fut  nommé  chirur- 
gien élève.  Libéré  du  service  en  1814,  il   se 
rendit  à  Strasbourg  pour  y  obtenir  le  doctorat 
en  médecine;  mais  le  retour  de  Napoléon  de 
l'île  d'Elbe,  en  1815,  et  les  événements  qui  en 
furent  la  suite,  retardèrent  sa  réception  jus- 
qu'en 1810.  Le  désir  d'augmenter  ses  connais- 
sances en  médecine  le  fit  rester  encore  un  an 
à  Strasbourg;  après  quoi  il  retourna  à  Melz, 
où    il   se   proposait  d'exercer  sa    profession; 
mais  se  retrouvant  de  nouveau  dans  les  ale- 
liers  de  l'école  d'artillerie  et  du  génie,  il  y  re- 
prit le  goût  des  arts  mécaniques,  et  y  joignit 
l'élude  de  la   physique  et   de  la  chimie  qui, 
d'abord   simple  délassement,   devint  bientôt 
une  vocation   passionnée,  et  l'objet  de  toutes 
ses  méditations.  Les  découvertes   de  Chladni 
dans  l'acoustique  attirèrent  particulièrement 
son  attention  ;  mais,  en  rendant  juslice  à  la 
sagacité  de  ce  savant,  il  aperçut  ce  qui  man- 
quait à  l'examen  des  faits  présentés  par  lui,  et 
à  la  démonstration  de  ses  principes.  Livré  dès 
lors  à  une  multitude  d'expériences  délicates 
sur  les  vibrations  des  corps  sonores,  où  il  por- 
tait  autant  de    dextérité   que  d'attention,  il 
imagina,  vers  la  fin  de  1817,  un  violon  trapé- 
zoïde  qu'il  présenta  deux  ans  après  à  l'examen 
de  l'Académie  des  sciences,  avec  un  Mémoire 
sur    la    construction    des    instruments    à 
cordes  et  à  archet.   Arrivé  à  Paris,  pour  y 
faire    imprimer    une    traduction    du    traité 
de  Celse,  De  re  medicâ,  à   laquelle  il   avait 
travaillé    pendant    plusieurs    années,    il    se 
présenta  chez  Biot,  professeur  au  Collège  de 
France,    qui    faisait    alors   un    cours    public 
d'acoustique,  et  il  lui  communiqua  le  résultat 
de  ses  recherches.  Frappé  de  l'importance  de 
ces  découvertes  et  de  la  nouveauté  des  faits, 
le  célèbre  professeur  en  fit  l'objet  d'une  de 
ses  leçons,  et,  par  là,  fixa  l'attention  publique 
sur  Savait.  Résolu  de  se  livrer  exclusivement 
aux  éludes  de  la  physique  et  de  l'acoustique, 
celui-ci,  d'après  les  conseils  de  ce  savant,  re- 
nonça à  la  carrière  de  la  médecine,  et  conti- 
nua ses  expériences  sur  les  vibrations  de  loule 
espèce.  A  la  recommandation  de  Biot,  il  avait 
obtenu  une  place  de   professeur  de  physique 
dans  un  institution  particulière,  à   laquelle  il 
resta  attaché  jusqu'à  sa  nomination  de  con- 
servateur du  cabinet  de  physique,   cl  de  pro- 
fesseur d'acoustique  au  Collège  de    Fiance. 
Celle  nouvelle  position  lui  procura  les  moyens 


SAVART 


409 


de  conlinnor    ses    expériences  sur    une  plus 
glande  échelle,  et  toutes  les  parties  de  l'acous- 
tique lui   durent   successivement  des  décou- 
vertes intéressantes.  L'Académie   royale  des 
sciences  lui    accorda    la  récompense  la   plus 
flatteuse  de  ses  travaux,  en  l'admettant  dans 
son  sein,  le  5  novembre  1827.  Devenu  libre  de 
tous  soins,  et  n'ayant  plus  à  s'occuper  que  de 
la  science,  il  s'y  livra  sans  réserve,  employant 
presque  toutes  les  journées  à  faire  des  obser- 
vations, et  rédigeant  le  soir  les  idées  qu'elles 
lui  avaient  suggérées.   La  théorie  de  la  con- 
struction des  instruments  de  tout  genre;  les 
phénomènes  de   vibration  et  de  résonnances 
des  corps  de  toute  forme,  de  toute  dimension 
et  de  toute  nature  ;  les  limites  delà  sensibilité 
de  l'ouïe  ;  les  moyens  de  transmission  et  de 
renforcement  du  son;  l'analyse  de  l'appareil 
vocal  chez  l'homme  et  chez  les  oiseaux  ;  enfin, 
d'autres  recherches  sur  la  structure  de  diffé- 
rents corps  solides,  l'occupèrent  tour  à  tour, 
et  furent  pour  lui  la  source  d'une  infinité  de 
découvertes  ou  de  vues  ingénieuses.  Observa- 
teur dévoué,  il  n'accordaitsa  confiance  aux  faits 
les  moins  contestés   qu'après  qu'il   les  avait 
soumis  à  l'examen  le  plus  scrupuleux.  Telles 
étaient  même  ses    préventions   à  cet  égard, 
qu'il  contestait  les  rigoureuses   déductions  du 
calcul,  lorsqu'elles  lui  paraissaient  contredire 
les  faits  de   l'expérience;  disant  qu'il  y  avait 
souvent,  dans  les  opérations  du  mathémati- 
cien  le  plus  habile,  un  point  de  départ  vi- 
cieux, en  ce  que  quelque  circonstance  inob- 
servée n'était  point  entrée  dans  les  éléments 
du  calcul.  C'est  ainsi  qu'il  a  toujours  nié  la 
possibilité  d'une  bonne  théorie  mathématique 
des  surfaces  vibrantes  avant  que  l'observation 
en  ait   constaté    tous  les    phénomènes.    Cet 
homme  si  patient,  si  ingénieux,  si  dévoué  à  la 
science,    a  cessé  de  vivre,  parvenu  à  peine 
à  l'âge  de  cinquante  ans,   au  mois  de  mars 
1841. 

Les  principes  généraux  déduits  des  obser- 
vations de  Savart,  et  sur  lesquels  il  a  basé  la 
théorie  de  la  construction  des  instruments, 
sont  ceux-ci:  1°  Quand  deux  ou  un  plus  grand 
nombre  de  corps,  quel  que  soit  d'ailleurs  leur 
état,  sont  en  contact  immédiat,  et  qu'on  en 
ébranle  un  directement,  ils  produisent  tous  le 
même  nombre  de  vibrations  dans  le  même 
temps;  2"  toutes  leurs  vibrations  suivent  des 
directions  parallèles  entre  elles;  5°  le  renfor- 
cement du  son  d'un  corps  quelconque,  par 
exemple  d'une  corde,  dépend  de  la  simulta- 
néité des  vibrations  des  corps  avec  lesquels 
celte  corde  est  en  contact;  cl  ce  renforcement 


est  porté  à  son   plus  haut  point  lorsque  les 
corps  ébranlés  par  communication  se  trouvent 
dans  des  conditions   telles,  que  s'ils   étaient 
ébranlés    directement,     ils    produiraient    le 
même  nombre  de  vibrations  que  le  corps  mis 
primitivement  en  jeu.  Savart  a  développé  ces 
principes  dans  les  ouvrages  suivants  :  1"  Mé- 
moire sur  la  construction  des  instruments  à 
cordes    et  à  archet,  lu   à  V Académie   des 
sciences,  le  51   mai  1819,  suivi  du  rapport 
qui  en  a  été  fait  aux  deux  Académies  des 
sciences  et  des  beaux-arts,  par  MM.  Haiïy, 
Charles,  de  Prony,  Cherubini,  Catel,  Ber- 
ton,   Lesueur,  Biot,  rapporteur;  Paris.  De- 
lerville,  1819,  in-8°  de  cent  dix- huit  pages, 
avec  trois  planches.  Ce  mémoire  est  aussi  im- 
primé dans,  les   Annales  de  physique  et  de 
chimie  (t.  XII,  pages  229  et  suivantes).  2° Mé- 
moire sur  la  communication   des    mouve- 
ments vibratoires    entre   les    corps    solides 
(Annales  de  chimie  et  de  physique,  t.  XIV, 
juin  1820).  5°  Recherches  sur  les  vibrations 
de  l'air   (ibid.,   t.   XXIV,  septembre  1825). 
4"   Mémoire   sur   les  vibrations   des   corps 
solides  considérés  en  général  (ibid.,  t.  XXV, 
janvier,  février  et  mars   1825).  Parmi  les  au- 
tres travaux  de  Savart,  relatifs  aux  vibrations 
sonores  et  à  leurs  communications,  il  faut  en- 
core ranger  :  5U   De  l'influence  exercée  par 
divers  milieux  sur  le  nombre  des  vibrations 
des  corps  solides  (ibid.).  C°  Note  stir  la  com- 
munication des  mouvements  vibratoires  par 
les  liquides  (ibid.,  I.  XXXI,  mars  1826).  7° Re- 
cherchés sur  les  usages  de  la  membrane  du 
tympan  et  de  l'oreille  externe  (ibid.,  t.  XXVI, 
mai  1824;.  8»  Des  sons  produits  da?is  l'ex- 
périence de  M.  Clément  (ibid.).  Le  mémoire 
donné  en  1702,  par  Daniel  Bernouilli,  sur  les 
vibrations   de  l'air,   avait   fourni    toute    la 
théorie  des  instruments  à  vent  jusqu'à  Savart  ; 
celui-ci,  reprenant  le  travail  du  savant  géo- 
mètre,   soumit  à  un  grand  nombre   d'expé- 
riences les   colonnes  d'air,   sous   des  formes 
très-variées  ;  examina  les  influences  des  pa- 
rois de  diverses  natures,  et  compléta  son  tra- 
vail   par  des  observations    délicates   sur   les 
membranes.  De  ces  travaux  sortirent  des  lois 
aussi    remarquables  par    leur   simplicité  que 
par    leur  généralité,   par  exemple,  celle-ci  : 
«  Les  nombres  des  vibrations  de  masses  d'air 
»   de   formes  semblables  sont  proportionnels 
»  aux  dimensions    linéaires    de    ces   mêmes 
•>   masses  d'air;  loi   qui  se   vérifie   pour  les 
»  masses  d'air  cubiques,  prismatiques,   car- 
»   rées,  cylindriques,  de  mémeque  pour  celles 
»  qui  sont  spbéiiques, prismatiques,  triangu- 


<1I0 


SA V ART  —  SAVER1EN 


»  laires,  etc.  >•  Toutefois  celle  loi  et  plusieurs 
autres,  qui  ne  peuvent  être  rapportées  ici,  ne 
se  vérifient  que  dans  le  cas  où  les  parois  des 
tuyaux  peuvent  être  considérées  comme  abso- 
lument inflexibles;  car,  lorsqu'elles  peuvent 
céder  à  la  réaction  élastique  de  l'air,  il  se 
produit  une  autre  classe  de  phénomènes  sou- 
mis à  d'autres  lois,  et  dont  l'étude  a  conduit 
Savart  à  des  considérations  nouvelles  sur  le 
mécanisme  de  la  voix  humaine  et  du  chant 
des  oiseaux.  On  sait  que  dans  les  tuyaux  d'or- 
gue, et  généralement  dans  un  tube  à  bouche, 
la  gravité  du  son  est  proportionnelle  à  la  lon- 
gueur de  la  colonne  d'air  contenue  dans  le 
tube  :  d'où  l'on  déduit,  â  priori,  l'intonation 
d'un  tuyau  d'orgue  à  bouche,  en  raison  de  ses 
dimensions  longitudinales  ;  tandis  que  la  gra- 
vité relative  des  tuyaux  à  anche  dépend  des 
dimensions  de  celle-ci,  mise  en  vibration  par 
l'action  de  l'air.  Mais  Savart,  faisant  des  ob- 
servations sur  des  tuyaux  à  parois  molles,  tels 
que  les  tuyaux  de  parchemin,  reconnut  que 
ces  parois,  cédant  à  la  réaction  de  l'air,  fai- 
saient produire  aux  tuyaux  des  sons  beaucoup 
plus  graves  que  ceux  de  même  dimension  en 
matière  rigide,  et  que  cette  gravité  augmen- 
tait encore  lorsque  la  membrane  était  humec- 
tée. Ces  faits  furent  pour  Savart  un  trait  de  lu- 
mière :  il  en  déduisit  la  théorie  du  mécanisme 
de  la  voix,  contrairement  aux  théories  de 
MM.  Cuvier,  Dutrochet,  Magendie  et  Biot,  qui 
assimilent  les  fonctions  de  l'appareil  vocal  à 
celles  d'un  instrument  à  anche,  et  revint  au 
système  de  Galien,  qui  en  faisait  un  instru- 
ment du  genre  des  flûtes,  mais  en  démontrant, 
par  ses  expériences  sur  les  tuyaux  à  parois 
molles  et  humides,  les  causes  qui  font  pro- 
duire des  sons  graves  au  larynx,  malgré  les 
courtes  dimensions  de  son  tuyau;  ce  que  Ga- 
lien n'avait  pu  faire,  vu  l'état  borné  des  con- 
naissances de  son  temps.  Les  résultats  des 
travaux  de  Savait  sur  ces  sujels  intéressants 
ont  été  consignés  dans  les  écrits  suivants  : 
8°  Nouvelles  recherches  sur  les  vibrations  de 
l'air  (Annales  de  physique  et  de  chimie, 
t.  XXIX,  août  1825).  '.)"  Mémoire  sur  la  voix 
humaine  (ihid.,  t.  XXX,  septembre  1825). 
10°  Mémoire  sur  la  voix  des  oiseaux  (ihid., 
t.  XXXII,  mai  et  juin  1826).  Enfin,  un  des 
plus  curieux  objets  des  recherches  de  Savait 
est  la  détermination  des  limites  de  la  sensibi- 
lité de  l'oreille  dans  la  perception  et  l'appré- 
ciation dessons  excessivement  gravesou  ,i imis. 
Par  des  appareils  ingénieux  de  son  invention, 
il  démontra  que  ces  limites  sont  plus  éten- 
dues qu'on  ne  l'avait  cru,  d'après  les  observa- 


tions précédentes;  par  exemple,  qu'il  est  pos- 
sible de  faire  apprécier  à  l'oreille  des  sons 
plus  graves  que  celui  qui  est  produit  par  un 
tuyau  ouvert  de  trente-deux  pieds.  Il  a  traité 
ce  sujet  dans  un  mémoire  inséré  parmi  les 
Jnnales  de  physique  et  de  chimie,  t.  XL.  Il 
n'entre  pas  dans  l'objet  de  cette  notice  d'exa- 
miner les  résultats  des  travaux  de  Savart  dans 
l'application  des  phénomènes  de  vibration  à 
l'égard  de  la  structure  de  certains  corps  so- 
lides. Ce  savant,  qui  a  tant  fait  pour  la  théo- 
rie de  la  construction  des  instruments,  en  a 
construillui-mêmede  toutes  les  formes.  M.  Mar- 
loye ,  fabricant  d'appareils  d'acoustique,  à 
Paris,  a  exécuté  la  plupart  de  ceux  que  Sa- 
vart a  inventés,  tels  que  des  tuyaux  d'orgue  de 
diverses  formes  et  matière,  à  bouche  fixe  ou 
mobile  et  à  anches  de  différents  systèmes  ; 
série?  de  plaques  avec  leurs  supports  et  mon- 
tures pour  la  loi  des  vibrations;  lames  en  mé- 
tal et  en  bois  pour  la  théorie  des  vibrations 
transversales  ;  verges  en  cuivre  et  en  bois  pour 
les  vibrations  longitudinales;  timbres  avec 
tuyaux  renforçants;  sonomètres;  appareils 
pour  la  transmission  des  vibrations,  et  autres 
pour  déterminer  les  limites  de  la  sensibilité. 

Parmi  les  travaux  les  plus  importants  de 
Savart,  et  qui  ont  donné  les  résultats  les  plus 
Utiles  dans  l'application,  se  présentent  ses  re- 
cherches sur  les  principes  deila  construction 
des  instruments  à  archet.  Plus  de  vingt  années 
furent  employée  par  lui  en  observations  sans 
cesse  renouvelées  pour  la  détermination  de 
bases  certaines.  Ainsi  qu'il  l'a  déclaré  dans 
son  cours  de  physique  expérimentale,  professé 
au  Collège  de  France  pendant  l'année  scolaire 
1858-1839,  il  n'atteignit  son  but  qu'après 
des  expériences  réitérées  et  variées  de  mille 
manières  sur  un  grand  nombre  de  violons  de 
Stadivarius  et  de  Guarnerius,  ainsi  que  sur  des 
débris  d'instruments  deces  grands  artistes.  On 
peut  voir  l'analyse  de  ces  résultats  dans  mou 
Rapport  sur  les  instruments  de  musique  mis 
à  l'Exposition  universelle  de  Paris,  en  1855, 
(tome  II  de  la  grande  édition  officielle,  iu-4", 
27""  classe,  pp.  <i84-Gi)0)  et  dans  mon  livre 
intitulé:  Antoine  Stradivari,  luthier  célè- 
bre,connu  sous  le  nom  de  Stradivarius,  etc., 
(pp.  80-9G).  Savait  avait  préparé  une  rédac- 
tion définitive  des  principes  exposés  dans  son 
cours  sur  ce  sujet;  mais  la  mort  l'a  empêché 
d'achever  ce  travail. 

SA  Y  EU  I  LIN  (Alexandre),  mathématicien 
et  littérateur,  naquit  à  Arles,  en  1720.  Après 
avoir  fait  ses  études  à  Marseille,  il  recul,  à 
Vingt  ans,  le  brevet  d'ingénieur  de  la  marine. 


SAVEIÏIEN  -  SAX 


AU 


Plus  lard,  il  abandonna  celte  carrière  pour  se 
livrer  à  la  culture  des  sciences  el  des  lettres. 
Il  mourut  pauvre,  à  Paris,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-cinq  ans,  le  28  mai  1805.  Saverien  est 
auleur  de  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  la 
science  de  la  marine,  et  de  travaux  de  littéra- 
ture, parmi  lesquels  on  remarque  une  His- 
toire des  progrès  de  l'esprit  humain  dans  les 
sciences  exactes,  et  dans  les  arts  qni  en  dé- 
pendent. Deuxième  édition:  Paris,  1775- 
1778,  quatre  volumes  in-8°.  On  y  trouve  une 
histoire  abrégée  rie  l'acoustique  et  de  la  mu- 
sique (I.  II,  p.  544-384).  La  première  édition 
a  paru  à  Paris,  en  1760,  un  volume  in-8°. 

SAVETTA  (Antoine),  compositeur,  né  à 
Lodi,  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  fut  maître 
de  chapelle  de  l'église  de  Vlncoronata,  dans 
celle  ville.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
1°  Madrigali  a  5-8  voci,  fatti  nelle  nozze 
delli  molto  illustri  Signori  Lancillotto  Cor- 
redi  e  Claudia  Carminali ,  libro  lmo, 
opéra  5;  Venise,  1010,  in-4".  2"  II.  Messe  a 
Qvoci;  Venise,  1010.  3»  Sahni,  ibid.,  1620. 
4°  Messe  e  salmi  ;  ibid.,  1038.  5°  Messe  a 
4-8  voci.  0°  Messe  e  salmi  a  9  voci;  Venise, 
1039.  7°  Messe  concerlate  a  8  voci,  ibid., 
1059.  8°  Salmi  a  5  voci.  9°  Litanie  ed  anti- 
fonie  a  8  voci,  Venise,  104I.  L'abbé  Baini 
cilc,  dans  la  note  030  de  ses  Mémoires  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  J.  Pieruigi  de  Pales- 
trina ,  des  motets  à  seize  et  à  vingt-quatre 
voix,  deSavetta. 

SAVJ  (Alphonse),  compositeur  et  violon- 
celliste, naquit  à  Parme,  le  21  décembre  1773. 
Après  avoir  étudié  les  belles-lettres  à  l'uni- 
versité de  Parme,  il  reçut  des  leçons  de  vio- 
loncelle de  Gaspard  Ghiretti,  de  Naples,  et 
étudia  le  contrepoint  sous  le  même  mailre, 
pendant  neuf  années.  11  a  écrit  plusieurs 
messes,  psaumes  et  autres  morceaux  de  mu- 
sique d'église,  parmi  lesquels  orra  remarqué 
la  messe  et  les  vêpres  à  quatre  voix  et  or- 
chestre qu'il  composa  pour  la  duchesse  Marie- 
Amélie  de  Parme,  et  qui  furent  exécutées  le 
15  août  1802.  Savj  a  écrit  aussi  plusieurs 
opéras  bouffes  pour  le  théâtre  de  Parme,  des 
symphonies,  duos,  trios  et  quatuors  pour  vio- 
lon et  basse.  On  a  gravé  de  lui  deux  œuvres  de 
trios  pour  deux  violons  et  violoncelle,  le  pre- 
mier, dédié  à  Paer,  le  second,  à  Bolla.  Cet  ar- 
tiste était,  en  1812,  violoncelliste  accompa- 
gnateur au  théâtre  de  Parme.  On  n'a  pas  de 
renseignements  sur  la  suite  de  sa  carrière. 

SAVJ  (Louis),  compositeur  dramatique, 
né  à  Florence,  c>l  mort  dans  celte  ville,  à  la 
{leur  de  l'âge,  le  A  janvier  1842.  Son  pre- 


mier ouvrage,  le  Cid,  Tut  joué  à  Parme  en 
1854,  et  ne  réussit  pas.  Plus  heureux  à  Flo- 
rence, en  1838,  il  y  vit  applaudir  son  opéra 
sérieux  Caterina  di  Cleves,  qui  eut  aussi  de 
brillants  succès  à  Rome,  à  Milan,  el  dans  plu- 
sieurs autres  villes  d'Italie.  Son  Adelson  c 
Salvina  fut  également  bien  accueilli  à  Flo- 
rence, en  1839,  et  à  Rome,  deux  ans  après.  En 
1840,  il  donna,  dans  sa  ville  natale,  VAvaro, 
joué  plus  tard  à  Naples  el  à  Brescia.  En  1841 , 
il  écrivit,  pour  le  théâtre  de  Gènes,  Un  Epi- 
sodio  di  San  Michèle,  qui  futsa  dernière  pro- 
duction. 

SAVITSELEI  (...),  professeur  de  chant  à 
Milan,  vers  1820,  a  publié  un  recueil  d'études 
de  chant,  sous  le  titre  de  Vocalizzi pertenore; 
Milan,  Ricordi. 

SAVIOIMI  (Mamo),  né  à  Rome,  vraisem- 
blablement vers  1015,  fut  agrégé  au  collège 
des  chapelains  chantres  de  la  chapelle  ponti- 
ficale, pour  y  chanter  le  contralto,  le  16  mars 
1G42.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
1°Deux  livres  de  motels  à  voix  seule;  Rome, 
Mascardi,  1650,  et  1070,  ibid.  2°Quatre  livres 
de  madrigaux  à  trois  voix;  ibid,,  1660-1072. 
5°  Madrigali  morali  e  spirituali  a  5  voci 
concertati ;  Rome,  Belmonli,  1068,  in-4". 
4°  Cantate  morali  e  spirituali  a  ô  voci; 
Rome,  Phei,  1660,  in-4".  On  trouve  des  mo- 
tets de  ce  musicien  dans  la  Scella  di  moletti 
a  2  e  3  voci,  publié  par  Caifahri,  à  Rome,  en 
1667,  et  dans  la  Collezione  di  motetti,  a  1-4 
voci,  mise  au  jour  par  le  chanoine  Silvestri 
du  Barbarano ;  Rome,  Lazzari,  1GG8.  Le 
portrait  de  Savioni,  à  l'eau-forle,  se  trouve 
dans  les  Osservazioni  per  ben  regolare  il 
coro  délia  cappella  pontificia  (p.  202),  d'Ada- 
mi  de  Bolsena. 

SAX  (Chaules-Joseph),  facteur  d'instru- 
ments à  Bruxelles,  offre  un  des  exemples  les 
plus  remarquables  de  ce  que  peuvent  produire 
l'intelligence  et  la  volonté  abandonnées  à 
elles-mêmes  11  est  né  à  Dinant  (sur  la  Meuse), 
en  1793.  Dès  son  enfance,  il  se  livra  à  l'élude 
de  l'architecture:  à  treize  ans,  il  avait  achevé 
son  cours  de  celle  science,  el  savait  dessinei1 
un  plan  comme  aurait  pu  le  faire  un  artiste 
beaucoup  plus  âgé.  Son  penchant  pour  tout  ce 
«lui  se  rattachait  à  cet  aille  fil  entrer  dans  un 
atelier  de  menuiserie,  où  la  promptitude  de  son 
esprit,  son  adresse  cl  sa  force  physique  lui 
firent  faire  de  si  rapides  progrès,  qu'il  fui  en 
peu  de  temps  un  très-habile  ouvrier.  Ayant 
appris  aussi  la  musique,  il  enlradans  une  de 
ces  sociétés  d'harmonie  qui  se  trouvent  en 
grand  nombre  d.ins  la  Belgique;  mais  destiné 


412 


SAX 


à  y  jouer  du  serpent,  il  n'était  pas  assez  riche 
pour  acheter  cet  instrument.  Un  amateur  le 
tira  d'embarras  en  lui  prêtant  un  serpent  de 
la  fabrique  de  Bauduin,  de  Paris;  Sax  le  prit 
pour  modèle  et  s'en  fit  un  dont  la  justesse  et 
la  sonorité  égalaient  celles  de  l'instrument  du 
facteur.  Ce  coup  d'essai  décida  plus  tard  de  sa 
vocation.  A  quinze  ans,  il  se  rendit  à 
Bruxelles,  et  y  étudia  l'ébénisterie  dans  les 
meilleurs  ateliers.  Rappelé  bientôt  chez  ses 
parents,  il  ne  retourna  à  Dinant  qu'après  avoir 
fait  une  table  incrustée  d'ornements  en  cuivre 
et  de  bois  de  diverses  couleurs  qui  fut  consi- 
dérée comme  un  chef-d'œuvre.  Ayant  été  ap- 
pelé à  Gand  en  qualité  de  mécanicien  dans  la 
fabrique  de  machines  à  filer  de  M.  Bauwens, 
la  plus  considérable  qu'il  y  eût  alors  non-seu- 
lement en  Belgique,  mais  en  France,  Sax  y  fit 
preuve  de  tant  d'intelligence  et  d'habileté, 
qu'en  peu  de  temps  il  parvint  au  grade  de 
chef  d'atelier.  La  chute  de  l'empire  français 
entraîna  celle  de  ce  bel  établissement,  et  l'in- 
téressant artiste  se  trouva  sans  emploi.  Des 
offres  avantageuses  lui  furent  faites  pour  le 
fixer  à  Dinant;  mais  préoccupé  du  désir  de  se 
livrera  la  fabrication  des  instruments,  il  refusa 
ces  offres  et  alla  se  fixer  à  Bruxelles. 

Il  y  avait  une  sorte  de  témérité  à  vouloir 
établir  alors  en  Belgique  une  manufacture 
d'instruments  à  vent  par  un  homme  étranger 
à  celte  fabrication,  et  qui  n'avait  pour  lui  que 
son  instinct  et  l'habileté  de  main  acquisedans 
d'autres  travaux  mécaniques.  D'ailleurs,  dé- 
pourvu des  outils  nécessaires  et  n'ayant  pour 
le  seconder  aucun  ouvrier  capable,  il  lui  fal- 
lait tout  créer  sans  argent  et  sans  autres  res- 
sources que  lui-même.  Le  génie,  qui  triomphe 
de  tous  les  obstacles,  sut  remplir  ici  sa  mis- 
sion. Grâceà  la  connaissance  qu'il  avait  du  tra- 
vail des  métaux  et  des  bois,  Sax  se  mit  à  fabri- 
quer les  outils,  machines  et  appareils  propres 
à  creuser  les  instruments  en  bois,  multiplia 
les  essais  pour  la  perce  de  ces  instruments,  et 
parvint  ainsi  à  faire  des  serpents  et  des  (lûtes 
de  bonne  qualité,  avec  des  peines  infinies  et 
des  dépenses  malheureusement  trop  considé- 
rables pour  ses  ressources.  Encouragé  par  ses 
succès,  il  agrandit  bientôt  sa  fabrication,  en  y 
joignant  les  clarinettes  et  les  bassons.  En 
1818,  sa  réputation  était  déjà  assez  bien  éta- 
blie pour  que  le  roi  des  Pays  Bas  le  nommai 
facteur  des  instruments  de  sa  cour.  La  forma- 
tion des  musiques  de  régiments  belges  lui 
procura  de  nouveaux  moyens  de  succès,  en 
181'J,  en  lui  faisant  obtenir  la  fourniture  de 
presque  tous    les   instruments.    Lui-même  il 


faisait  l'éducation  de  tous  ses  ouvriers,  en 
s'initiant  à  tous  les  détails  par  son  expé- 
rience propre.  A  la  première  exposition  de 
l'industrie  belge,  en  1820,  la  première  mé- 
daille lui  fut  décernée  pour  des  produits  mis 
en  parallèle  avec  ce  que  la  France  et  l'Alle- 
magne pouvaient  fournir  de  meilleur;  et  le 
gouvernement  prit  la  résolution  de  seconder 
les  efforts  de  cet  homme  ingénieux,  en  lui  ac- 
cordant diverses  sommes  en  prêt  sans  inté- 
rêt. Des  travaux  si  multipliés  lui  occasionnè- 
rent, par  l'excès  de  la  fatigue,  une  maladie 
dont  la  durée  fut  de  quinze  mois,  et  qui  le  con- 
duisit aux  portes  du  tombeau.  A  peine  conva- 
lescent, il  se  décida,  en  1822,  à  faire  entrer 
dans  sa  fabrique  la  construction  des  instru- 
ments de  cuivre,  où  il  n'obtint  pas  moins  de 
succès  que  dans  les  autres.  En  1824,  il  mit  en 
vente  plusieurs  instruments  de  ce  genre,  à  la 
télé  desquels  il  faut  placer  le  cor  omnitonique, 
dont  j'ai  analysé  les  avantages  dans  la  Revue 
musicale  (t.  XIV).  Cet  instrument,  à  l'aide 
d'un  piston  qu'on  fait  avancer  ou  reculer  d'en- 
viron six  lignes,  sur  une  échelle  graduée, 
donne  tous  les  changements  de  tons,  en  met- 
tant en  communication  le  corps  de  l'instru- 
ment avec  des  tubes  plus  ou  moins  longs. 

A  l'exposition  de  l'industrie  faite  à  Harlem, 
en  1825,  Sax  présenta  non-seulement  toutes 
les  espèces  d'instruments  à  vent,  en  cuivre  et 
en  bois,  mais  des  violons  et  altos  de  grand  et  de 
petit  patron.  La  bonne  qualité  de  son  des  pro- 
duits de  sa  fabrique  lui  lit  décerner  la  première 
médaille.  Dès  lors,  il  avait  déjà  rendu  la  Bel- 
gique indépendante  de  l'étranger  pour  tous  les 
instruments  d'harmonie  et  de  symphonie  ; 
mais  bientôt  il  donna  une  plus  grande  exten- 
sion à  sa  fabrique,  en  exportant  des  instru- 
ments dans  les  diverses  contrées  de  l'Europe, 
dans  le  Levant  et  eu  Amérique.  Le  gouverne- 
ment l'encouragea  encore  dans  ses  efforts,  en 
lui  accordant  une  avance  de  dix  mille  florins. 
Pendant  les  années  182G  et  1827,  Sax  créa  un 
nouveau  système  d'instruments  de  cuivre  par 
lequel  il  fait  parcourir  toute  l'échelle  des  tons 
sans  corps  de  rechange,  sans  pistons  ni  cylin- 
dres. Un  nouveau  piano,  une  harpe  à  clavier 
et  une  guitare  nouvelle  dont  la  disposition  des 
coules  est  telle,  que  ses  sons  égalent  l'inten- 
sité de  ceux  de  la  harpe,  furent  aussi  combinés 
et  dessinés  par  lui  dans  ce  même  temps,  et 
furent  l'objet  de  quatre  brevets  d'invention 
que  le  gouvernement  accorda  gratuitement  à 
l'inventeur,  à  titre  d'encouragement. 

Dans  ce  qui  vient  d'être  énuméré,  il  y  au- 
rait de  quoi   remplir  la  carrière  de  plusieurs 


SAX 


413 


hommes  ingénieux  ;  cependant,  depuis  long- 
temps, Sax  était  préoccupé  de  la  nécessité  de 
ramener  la  construction  des  instruments  à 
vent  5  une  théorie  générale  et  positive,  de  la- 
quelle découleraient  toutes  les  améliorations 
partielles  pour  chacun  d'eux.  La  difficulté 
était  grande,  car  jusqu'ici  les  physiciens  ont 
laissé  celte  partie  de  la  science  dans  un  état 
imparfait.  La  révolution  de  septembre  1850,  en 
faisant  fermer  pour  quelque  temps  les  ateliers 
de  M.  Sax,  lui  laissa  le  loisir  nécessaire  pour  mé- 
diter ce  sujet  important.  Enfin,  une  illumina- 
tion soudaine  lui  fit  trouver  la  loi  infaillihleà 
l'aide  de  laquelle  il  divise  les  corps  sonores, 
et  mesure  la  colonne  d'air  contenue  dans  les 
tubes.  Dès  lors,  il  put  donnera  ces  tubes  des 
proportions  relatives  à  la  quantité  d'air  qu'ils 
doivent  contenir,  et  combinées  de  manière  à 
rendre  les  sons  les  plus  purs  et  les  plus  justes, 
en  établissant  l'équilibre  entre  les  éléments 
qui  les  composent.  Écoutonsle  savant  acousti- 
cien  Savarl,  dans  son  appréciation  de  ces  dé- 
couvertes qui  lui  avaient  été  communiquées 
par  M.  Sax  : 

«  M.  Sax  a  découvert  les  lois  qu'aucun  traité 
«  d'acoustique  n'a  pu  lui  enseigner;  car,  il 
»  faut  l'avouer,  les  savants  travaux  des  Ber- 
»  nouilli,  des  d'Alemherl,  des  Euler,  et  même 
»  desLagrange  n'ont  été  que  de  peu  d'utilité 
»  à  la  facture.  Leurs  théories  des  sons  et  leurs 
»  calculs  n'ont  jamais  pu  la  guider  dans  le 
»  percement  des  tubes  exlracylindriques 
*  (Rapport  sur  l'exposition  de  l'industrie 
»  française,  en  1839).  «  Plus  loin  Savart 
ajoute  :  «  M.  Sax  a  renversé  de  fond  en  comble 
»  le  système  actuel  des  instruments  de  cuivre. 
«  De  ses  débris  refondus  il  a  procréé  deux  nou- 
»  velles  familles  d'instruments  à  clefs,  en 
»  cuivre  et  en  bois,  don',  la  partie  la  plus 
»  faible  est  supérieure  aux  meilleures  parties 
»  des  autres.  Les  sons  plus  pleins,  |>4us  forts 
»  et  d'une  parfaite  égalité,  s'allient  à  une  éco- 
»  nomie  de  clefs  et  à  une  plus  grande  étendue 
»  de  l'échelle  chromatique.  Ce  système  ren- 
»  ferme  toute  une  série,  à  partir  du  plus  petit 
»  bugle  ou  trompette  à  clefs  jusqu'à  l'ophi- 
»  cléide.  L'alto,  la  basse,  la  contrebasse  elle 
»  bourdon  offrent  des  sons  inconnus  et  chargés 
»  de  couleurs  nouvelles  {ibid.).»  Enfin,  Savart 
s'exprime  ainsi  dans  un  autre  endroit  : 
«  M.  Sax  père  nous  a  donné  une  preuve  évi- 
»  dente  et  matérielle  de  la  division  des  inslru- 
«  ments  à  vent  sur  une  flûte  percée  d'une 
»  vingtaine  de  grands  trous  qui  donnaient  la 
»  gamme  chromatique  la  plus  exacte  et  la  plus 
»  pleine  que  nous  ayons  jamais  entendue.  Ces 


»  trous  avaient  été  percés  du  premier  coup, 
a  sans  tâtonnement  et  à  l'aide  de  son  compas. 
»  Il  en  est  résulté  pour  nous  la  conviction 
»  que  M.  Sax  possède  la  loi  des  vibrations 
»  d'une  manière  infaillible,  et  que  les  trous 
»  les  plus  grands  donnent  les  sons  les  plus 
»  pleins.  En  forçant  le  souffle,  sa  flûte  oclavie 
«  deux  ou  trois  fois  avec  la  plus  grande  jus- 
»  lesse  (ibid.).  a 

La  beauté  des  produits  de  la  fabrique  de 
M.  Sax,  mis  à  l'exposition  de  l'industrie  de 
Bruxelles, en  1855,  a  fait  accorder  à  cet  artiste 
distingué,  par  Sa  Majesté  le  roi  des  Belges,  la 
décoration  de  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold, 
le  23  octobre  1836.  M.  Sax  s'est  fixé  à  Paris, 
près  de  son  fils  Adolphe,  en  1853. 

SAX  (Antoine-Joseph),  connu  sous  le  nom 
d'ADOLPLIE  SAX,  s'est  rendu  célèbre  par 
son  génied'invenlionetparl'énergïede  carac- 
tère qu'il  a  déployée  dans  une  lutte  de  plus  de 
quinze  années  contre  une  formidable  associa- 
tion de  spoliateurs  qui,  lui  disputant  la  réalité 
des  perfectionnements  qu'il  apportait  dans  le 
domaine  des  instruments  à  vent,  s'en  empa- 
raient et  le  plongeaient  dans  la  misère,  tandis 
qu'ils  s'enrichissaient  de  ses  dépouilles. 

Aine  des  onze  enfants  du  facteur  d'instru- 
ments qui  est  l'objet  de  l'article  précédent, 
Adolphe  Sax  est  né  à  Dinant,  sur  la  Meuse,  le 
6  novembre  1814.  Dès  ses  premières  années, 
il  commença  à  se  servir  d'outils  pour  fabriquer 
des  jouets  dans  l'atelier  de  son  père,  et  il  ap- 
prit les  éléments  de  la  musique  et  du  chant. 
Devenu  plus  tard  élève  du  Conservatoire  de 
Bruxelles,  il  y  reçut  les  leçons  du  professeur 
Lahou  pour  la  flûte.  Déjà  habile  ouvrier  à 
l'âge  où  d'autres  commencent  l'apprentissage, 
il  savait,  à  douze  ans,  tourner  les  pièces  d'une 
clarinette,  mouler  les  clefs,  les  fondre,  les 
polir  et  les  ajuster.  Bientôt  il  comprit  la  né- 
cessité de  jouer  de  cet  instrument,  pour  en 
perfectionner  la  construction  :  il  choisit  pour 
son  maître  M.  Bender,  chef  de  la  musique  du 
régiment  des  guides  belges  et  clarinettiste  dis- 
tingué. Ses  progrès  furent  rapides,  et  peu  d'an- 
nées lui  suffirent  pour  acquérir  un  talent  re- 
marquable. Le  compositeur  allemand  Ruffner, 
l'ayant  entendu  dans  un  voyage  qu'il  fil  à 
Bruxelles,  en  1834,  fut  charmé  de  sa  rare 
habileté  et  lui  dédia  un  œuvre  de  duos  pour 
deux  clarinettes.  Adolphe  Sax  mit  à  l'exposi- 
tion de  l'industrie  belge,  en  1835,  une  clari- 
nette à  vinql-quatre  clefs,  de  son  invention, 
qui  lui  valut  une  mention  honorable.  Défec- 
tueuse au  point  de  vue  de  la  sonorité,  celle  in- 
vention avai*  pour  objet  la  justesse  absolue 


414 


SAX 


des  intonations,  laquelle  ne  peut  ôlre  obtenue, 
sans  nuire  à  la  beauté  du  son,  que  par  une 
modification  de  la  perce.  Quelques  années  de 
méditations  conduisirent  Adolphe  Sax  à  la 
conviction  que  le  problème  à  résoudre  était 
la  :  les  études  auxquelles  il  se  livra  eurent 
pour  but  de  lui  en  faire  trouver  la  solution. 
La  clarinette  avait  deux  défauts  essentiels,  que 
n'avaient  pu  faire  disparaître  les  travaux  de 
plusieurs  facteurs,  à  savoir  l'inégalité  de 
timbre  de  quelques-unes  de  ses  notes,  et  l'im- 
perfection «le  la  justesse.  Par  le  mode  de  vi- 
bration qu'imprime  à  la  colonne  d'air  la 
conformation  de  son  bec  et  de  son  anche,  la 
clarinette  n'octavie  pas,  comme  les  autres 
instruments  à  vent,  mais  quintoie  à  la  double 
octave.  De  là  vient  que  la  qualité  bonne  ou 
mauvaise  des  sons  graves  se  reproduit  exacte- 
ment à  la  double  quinte.  Par  une  nouvelle 
construction  du  tube,  Adolphe  Sax  rendit  la 
sonorité  plus  homogène  dans  toute  l'étendue 
de  l'instrument.  La  clarinette  ordinaire  des- 
cend au  mi  bécarre;  il  en  résulte  que  le  si 
bémol  du  médium,  n'ayant  pas  de  son  fonda- 
mental à  la  double  quinte  grave,  est  une  des 
plus  mauvaises  notes  de  l'instrument  ;  l'artiste 
fit  disparaître  ce  défaut,  en  faisant  descendre 
la  clarinette  au  mi  bémol  grave:  la  nouvelle 
clef,  qu'il  a  placée  vers  le  pavillon,  restant 
ouverte,  le  doigté  n'est  pas  changé.  Le  si 
bécarre  et  le  fa  dièze  à  sa  double  quinte 
n'obligent  plus,  dans  la  nouvelle  clarinette  de 
Sax,  comme  dans  l'ancienne,  à  ouvrir  des 
clefs,  et  des  passages  rapides  sur  ces  notes, 
autrefois  impossibles  parce  qu'on  était  obligé 
de  se  servir  du  même  doigt  pour  plusieurs 
notes,  étaient  devenus  faciles  sur  le  nouvel 
instrument.  Beaucoup  d'autres  améliorations, 
trop  longues  à  détailler,  étaient  les  résultats 
de  la  réforme  de  la  clarinette  qu'Adolphe  Sax, 
termina  dans  l'année  1840.  Postérieurement, 
elle  a  servi  de  modèle  aux  autres  facteurs  de 
ce  genre  d'instrument. 

En  dépit  de  ces  améliorations,  la  clarinette 
est  resiée  jusqu'à  ce  jour  un  instrument  im- 
parfait, nonobstant  la  beauté  spéciale  de  ses 
sons.  J'ai  expliqué,  dans  mon  rapport  sur 
l'exposition  universelle  îles  instruments  de 
musique,  à  Paris,  en  1 8r»:'i,  en  quoi  consis- 
tent ces  imperfections.  Elles  ne  pourraient 
disparaître  que  par  la  transformation  de  la 
perce  du  tube  qui,  de  cylindrique  qu'il  est, 
devrait  passer  à  l'état  conique;  maison  ne 
peut  se  dissimuler  qu'on  ne  possède  point 
encore  la  théorie  complète  des  proportions 
du  cùnc,    [tour  déterminer  ses  conditions  à 


l'égard  de  l'homogénilé  du  timbre  dans  toute 
l'étendue  de  l'échelle  chromatique. 

Dans  l'intervalle  de  1835  à  18ô7,  Sax  avait 
obtenu  un  brevet  de  dix  années  pour  la  con- 
struction d'une  clarinette  basse, qui  ne  conserva 
que  le  nom  de  celles  qu'on  avait  faites  précé- 
demment. Les  essais  de  Streitwolf  de  Geet- 
tingue,  de  Buffet  de  Paris,  de  Bachmann,  a 
Bruxelles,  et  d'autres,  n'avaient  donné  que 
des  résultats  fort  imparfaits,  tant  pour  la 
sonorité  que  pour  la  justesse.  L'emploi  de 
clefs,  pour  boucheries  trous  dans  leur  grand 
écartement,  permit  à  Sax  de  mettre  ceux-ci  à 
leur  place  par  une  exacte  division  du  tube. 
Par  l'heureuse  idée  d'un  très-petit  trou  percé 
près  de  l'embouchure,  il  parvint,  ce  qu'on 
n'avait  pu  faire  avant  lui,  à  la  production  facile 
de  beaux  sons  dans  le  haut  de  l'instrument, 
auquel  on  n'a  pu,  depuis  celle  époque,  ajouter 
aucun  autre  perfectionnement.  La  clarinette 
basse  du  système  de  Sax  est  depuis  longtemps 
restée  sans  rivale.  Lui  même  en  jouait  avec 
une  remarquable  habileté,  et  l'on  n'admirait 
pas  moins,  en  l'écoutant,  le  talent  du  virtuose 
que  celui  du  facteur.  Habeneck,  qui  l'entendit 
dans  un  voyage  qu'il  fil  à  Bruxelles,  en  1859, 
fut  émerveillé  de  la  beauté  de  ce  nouvel  or- 
gane musical,  et  félicita  le  jeune  artiste  sur 
l'heureuse  association  de  son  double  mérite. 
De  retour  à  Paris,  Habeneck  exigea  que  la 
clarinette  basse  de  Sax  prit  dans  l'orchestre 
de  l'Opéra,  confié  à  sa  direction,  la  place  de 
l'instrument  défectueux  qui  y  était  en  usage 
depuis  la  première  représentation  des  ffugue- 
nots  de  Meyerbeer.  Sax  est  également  l'auteur 
d'une  clarinette  contrebasse  en  mi  bémol  (une 
quinte  au-dessous  de  la  clarinette  basse),  d'une 
sonorité  puissante  et  d'un  grand  effet. 

A  peine  Sax  eut-il  achevé  sa  réforme  acous- 
tique de  la  clarinette,  qu'un  trait  de  lumière 
de  son  génie  lui  fit  entrevoir  la  possibilité 
d'appliquer  le  système  d'ébranlement  vibra- 
toire de  ce  genre  d'instrument  à  une  forme 
nouvelle  d'instrument  de  cuivre,  pour  la  perce 
duquel  il  adopta  le  cône  parabolique.  C'est  ce 
même  instrument,  l'une  de  ses  plus  belles  in- 
ventions et  sans  doute  la  plus  originale,  auquel 
il  a  donné  le  nom  de  saxophone.  Tous  les 
problèmes  relatifs  à  la  construction  parfaite 
de  cet  instrument  étaient  résolus,  lorsque 
Adolphe  Sax  prit  la  détermination,  en  1842, 
de  se  rendre  à  Paris,  pour  y  fonder  un  grand 
établissement  d'instruments  à  vent.  Mais  déjà 
sa  pensée  s'était  arrêtée  sur  une  considération 
générale  du  plus  haut  intérêt,  laquelle,  poussée 
dans  toutes  ses  conséquences,  par  la  suite  de 


SAX 


4i:» 


ses  méditations,  l'a  conduit  à  la  connaissance 
des  principes  de  proportions,  qui  lui  assurent 
une  immense  supériorité  sur-tous  les  autres 
facteurs  d'instruments.  L'idée  première,  dont 
il  a  tiré  par  degrés  tous  les  corollaires,  est  la 
conception  d'instruments  de  chaque  genre  de 
sonorité  par  familles  complètes  composées  do 
premier  et  second  sopranos,  contra  Ko,  baryton, 
basse  et  contrebasse.  J'avais  appelé  l'attention 
des  artistes,  en  1827  (Revue  musicale,  avril, 
n°  11),  sur  les  ressources  variées  que  leur 
offriraient'  des  oppositions  de  familles  d'in- 
struments de  timbres  différents,  et  j'avais  rap- 
pelé que  le  moyen  âge  et  la  renaissance  en 
offraient  les  modèles  dans  les  violes  de  toutes 
les  tailles,  dans  la  famille  complète  des  flûtes 
à  bec,  dans  celle  des  hautbois  haut  et  bas, 
dans  celle  des  cornets,  etc.  En  traitant  ce  sujet, 
je  n'avais  en  vue  que  les  instruments  en  usage 
au  temps  où  j'écrivais  et  ne  prévoyais  pas  la 
création  de  tous  les  organes  nouveaux  qui  se 
sont  produits  depuis  lors.  Adolphe  Sax  alla 
plus  loin  de  prime  abord,  parce  qu'il  conçut 
la  possibilité  de  cette  création  et  la  réalisa  par 
familles  complètes,  ainsi  qu'on  le  verra  dans 
la  suite  de  celte  notice.  Il  arriva  à  Paris  vers  la 
fin  de  1842,  riche  d'idées,  mais  léger  d'argent, 
car,  au  moment  où  il  descendit  de  voiture, 
trente  francs  composaient  toutes  ses  res- 
sources financières.  Il  n'avait  pas  de  temps  à. 
perdre  pour  s'en  procurer  de  plus  solides  :  tout 
l'espoir  de  son  avenir  était  renfermé  dans  son 
talent;  il  comprit  qu'il  devait  d'abord  le  faire 
connaître  aux  hommes  dont  l'opinion  a  de 
l'autorité.  Les  premiers  qu'il  entretint  de  ses 
découvertes  et  de  ses  idées  de  perfectionne- 
ments furent  Berlioz,  Halévy  et  Kastner  :  tous 
trois  entrèrent  dans  ses  vues,  lui  prodiguèrent 
des  encouragements,  et  deux  jours  après  sa 
visite  à  ces  artistes,  Berlioz  fixa  l'attention 
publique  sur  les  travaux  du  jeune  artiste  belge, 
par  un  de  ces  articles  chaleureux  tels  qu'il  sait 
les  faire,  quand  il  parle  de  choses  qui  l'inté- 
ressent. Cet  article,  publié  dans  le  Journal 
des  Débats,  fit  une  vive  sensation  parmi 
les  artistes  et  les  facteurs  d'instruments. 
Sax  acheva  de  captiver  l'opinion  publique, 
dans  une  séance  donnée  au  Conservatoire, 
en  présence  d'Auber,  d'Halévy  et  de  plu- 
sieurs professeurs  distingués  de  celte  école.  Il 
joua  lui-même  de  la  plupart  de  ses  instruments 
avec  une  habileté  qui  ne  fut  pas  moins  ap- 
plaudie que  ses  heureuses  transformations  dans 
la  facture.  Le  retentissement  de  celte  séance 
acheva  ce  que  les  éloges  de  Berlioz  avaient 
commencé.  Bientôt  Adolphe  Sax  eut  des  amis 


que  lui  procura  l'admiration  inspirée  par  son 
talent.  Un  matin,  après  trois  jours  d'abstinence 
forcée,  il  vit  entrer  dans  son  modeste  réduit 
un  de  ces  hommes  rares  qui  ont  foi  dans  les 
œuvres  du  génie  :  il  venait  lui  apporter  quatre 
mille  francs  pour  le  commencement  d'un  éta- 
blissement de  facture  de  tous  les  genres 
d'instruments  à  vent.  D'autres  suivirent  son 
exemple,  et  en  quelques  jours  un  capital  d'en- 
viron douze  mille  francs  fut  réuni.  Sax  loua, 
rue  Saint-Georges,  une  sorte  de  hangar,  sur 
l'emplacement  où  se  trouvent  encore  aujour- 
d'hui (18C-3)  ses  ateliers,  et  il  s'y  établit.  L'ar- 
gent fut  employé  en  achat  de  matériaux  et 
d'outils,  et  le  créateur  du  nouveau  système 
d'organes  sonores  se  mit  immédiatement  à 
l'ouvrage,  avec  quelques  ouvriers  dont  il  dut 
faire  l'éducation,  pour  les  initier  à  des  tra- 
vaux qui  leur  étaient  inconnus. 

Tout  alla  bien  d'abord;  mais  l'éclat  même 
des  premiers  essais  d'Adolphe  Sax  avait  donné 
l'éveil  aux  intérêts  qu'il  allait  froisser,  et 
bientôt  commença,  entre  eux  et  lui,  une  lutte 
dont  il  -j'y  a  jamais  eu  d'exemple.  La  facture 
des  instruments  était  divisée  en  différentes 
catégories  de  fabrication  :  certains  facteurs 
ne  faisaient  que  des  instruments  de  cuivre; 
d'autres,  les  instruments  en  bois.  Ceux-ci 
mêmes  avaient  des  spécialités  ;  les  uns  ne  fai- 
saient que  des  flûtes,  d'autres  des  clarinettes, 
ou  des  hautbois  et  des  bassons.  Différentes 
parties  de  ces  instruments  étaient  confec- 
tionnées dans  des  fabriques  qui  les  fournis- 
saient aux  facteurs;  tels  étaient  les  pistons 
des  cors  et  des  cornets,  les  cylindres  des  trom- 
pettes, la  fonte  et  le  polissage  des  clefs.  Tout 
cela  formait  autant  d'industries  distinctes  ; 
mais  l'objet  même  des  réformes  opérées  ou 
méditées  par  Sax  l'obligeait  à  réunir  toutes  ces 
industries  dans  un  seul  établissement.  Seul  il 
faisait  les  modèles,  déterminait  les  calibres, 
et  forgeait  même  des  outils  de  précision  né- 
cessaires à  la  réalisation  de  ses  vues.  La  réus- 
site deson  entrepriseauraitdonc  porléalleinte 
à  la  prospérité  des  industries  dont  il  vient 
d'être  parlé  :  il  n'en  fallut  pas  davantage  pour 
que  tous  les  intérêts  se  coalisassent  contre  lui. 
Mille  embarras  lui  furent  suscités  ;  par  l'appât 
de  salaires  plus  élevés,  on  lui  enleva  ses  meil- 
leurs ouvriers,  et  des  manœuvres  de  tout  genre 
lurent  mises  en  œuvre  pour  anéantir  son 
crédit  naissant.  L'insuffisance  évidente  du 
trop  minime  capital  avec  lequel  il  avait  débuté 
secondait  d'ailleurs  les  bruits  malveillants  ré- 
pandus par  ses  adversaires,  car  ses  fournis- 
seurs cl  ses  ouvriers  ne  pouvaient  être  payés 


416 


SAX 


avec  régularité.  D'autres  antagonistes,  non 
moins  dangereux,  vinrent  bientôt  ajouter  de 
nouvelles  difficultés  à  celles  auxquelles  Adolphe 
Sax  opposait  un  courage  héroïque  :  ces  diffi- 
cultés lui  vinrent  des  artistes.  Parmi  eux  se 
trouvaient  quelques  hommes  de  talent,  plus  ou 
moins  intéressés  dans  les  bénéfices  réalisés  par 
les  facteurs  auxquels  ils  rendaientdes services. 
Ceux-là  agirent  sur  l'esprit  des  autres,  et  une 
ligue  générale  se  forma  pour  repousser  les 
instruments  de  Sax  et  refuser  de  les  jouer  en 
toutes  circonstances. 

Tel  était  l'état  des  choses,  quand  vint  l'expo- 
sition française,  en   1844  :  en  dépit  de  la  si- 
tuation pénible  où  il  se  trouvait,  Sax  redoubla 
d'efforts  pour  y  mettre  en  évidence  la  supé- 
riorité de  ses  instruments,  qu'il  fut  obligé  de 
jouer  lui-même,  n'ayant  pu  trouver  d'artiste 
qui  voulût  s'en  charger.  Frappé  de  la  beauté 
de  ces  produits  du  génie  inventif  de  l'artiste 
belge,  le  jury  déclara  qu'ils  étaient  en  pre- 
mière ligne  parmi  ceux  de  l'exposition;  néan- 
moins, Sax  n'obtint  que  la  récompense  d'une 
médaille   d'argent!    L'opposition    rencontrée 
par  Sax  chez   les   artistes   exécutants  lui    fit 
comprendre  qu'il  ne  pourrait  trouver  de  res- 
sources  pour  ses   innovations   que  dans   les 
corps  de  musique  militaire,  où  la  discipline  le 
mettrait  à  l'abri  des  intérêts  particuliers  et 
«les  résistances  systématiques.  Au  milieu  des 
agitations  résultant  des   liassions  qu'il   avait 
soulevées  et  des  embarras  de  ses  affaires,  il 
avaiteonservé  toute  sa  force  de  tête  et  l'activité 
de  son  imagination.  Ses  essais,  ses  éludes,  ses 
méditations  lui  avaient  fait  connaître  précisé- 
ment à  celle  époque  cette  loi  fondamentale  d'a- 
coustique :  que  le  timbre  du  son  est  déterminé 
par  les  proportions  données  à  la  colonne 
d'air  par  celles  du  corps  de  l'instrument 
qui  la  contient.  Cette  loi,  dont  les  célèbres 
luthiers  italiens  semblent  avoir  eu  l'intuition, 
sans  en  posséder  la  théorie,  se  manifeste  dans 
l'examen  attentif  de  leurs  beaux  instruments 
(uoj/eîSTiUDiVAm).  Le  premier,  Sax  détermina 
en  chiffres,  dans  le  brevet  qu'il  prit,  en  1845, 
pour  le  saxotromba,  les  proportions  des  dia- 
mètres du  cône  des  instruments  pour  chaque 
individu   d'une    famille.   Ses   adversaires    ne 
manquèrent  pas  de  nier  la  réalité  de  l'influence 
de   ces    proportions;    mais,  dans    une    note 
pour  les  conseillers  de   la  Cour  de  Rouen,  ap- 
pelés à  rendre  un  arrêt  dans  un  de  ses  innom- 
brables procès,  Sax  soutint  avec  raison  l'in- 
faillibilité, de  sa  loi,  s'exprima  ni  en  ces  termes- 
«  Les  proporlions  sont  les  lois  qui  régissent 
»  cl  constituent  la  nature  des  instruments  ;  ce 


»  n'est  pas,  en  effet,  leur  forme  qui  leur 
»  donne  leur  voix,  leur  qualité  de  timbre  :  ce 
»  sont  les  seules  proportions.  Ces  proportions 
»  sont  donc  différentes  pour  chaque  espèce 
«  d'instrument;  ce  sont  elles  qui  font  qu'un 
»  cor  n'est  pas  une  trompette,  qu'un  bugle 
»  n'est  pas  un  saxotromba.  Et  mes  adver- 
>^  sa  ires  osent  répéter  à  la  Cour  ce  qu'ils  di- 
»  saient  aux  experts,  à  savoir  que,  loin  d'être 
»  une  loi  fondamentale,  les  proportions  sont 
»  sans  importance,  et  qu'ils  sont  appelés  à  les 
»  modifier,  suivant  les  exigences  des  artistes  ! 
»  Mais,  en  niant  la  nécessité  des  proportions, 
»  les  malheureux  sont  obligés  de  s'y  sou- 
»  mettre,  car,  sans  cela,  ils  ne  pourraient  pas 
»  fabriquer  d'instruments;  seulement,  en 
»  suivant  par  routine  un  patron,  produit  de 
»  l'arbitraire  ou  de  tâtonnements,  ils  font  de 
»  la  proportion  sans  le  savoir,  comme  M.  Jour- 
»  dain  (1)  fait  de  la  prose.  » 

Pour  comprendre  l'importance  de  la  loi  de 
proportion  découverte  par  Adolphe  Sax,  au 
point  de  vue  de  la  science  de  l'acoustique,  il 
faut  se  rappeler  l'incertitude  où  l'on  a  été 
jusqu'à  lui  sur  la  cause  déterminante  du 
timbre.  Quelques  physiciens  avouaient  que 
cette  cause  était  un  mystère;  d'autres  n'hési- 
taient pas  à  affirmer  que  la  matière  du  son 
réside  dans  la  nature  du  corps  sonore,  métal, 
bois,  verre,  etc.,  et  que  l'air,  ébranlé  par  les 
vibrations  de  ce  corps  sonore,  n'est  qu'un 
agent  de  transmission.  Savart  lui-même,  à 
qui  la  science  de  l'acoustique  est  redevable  de 
tant  de  belles  découvertes,  partageait  celte 
opinion  à  l'égard  des  instruments  à  vent,  car 
il  fit  décerner,  en  1844,  la  récompense  de  la 
médaille  «l'or  à  un  facteur  d'instruments  de 
cuivre,  parce  que  (disait-il  dans  son  rapport), 
façonnant  ce  métal  au  marteau,  il  donnait 
à  ses  instruments  un  meilleur  timbre  que  les 
autres  facteurs. 

En  possession  de  la  loi  des  proportions,  et 
conséquemment  des  moyens  de  varier  le  timbre 
de  ses  familles  d'instruments,  Sax  s'était  occupé 
de  l'unité  de  forme  et  «le  doigté,  car  il  est  dans 
la  nature  de  son  esprit  de  s'attacher  de  préfé- 
rence aux  conceptions  générales.  La  famille 
des  bugles,  appelés  Saxhorns  depuis  qu'il  les 
a  perfectionnés,  avait  été  divisée  par  lui  en 
soprano  aigu  (en  mi  bémol),  mezzo  soprano 
(en  si  bémol),  alto-ténor  (en  mi  bémol),  ba- 
ryton (en  si  bémol),  contrebasse  (en  mi 
bémol),  et  contrebasse  (en  si  bémol).  Dif- 
férents   par   la    taille   et  par    la    voix,    mais 

(I)  I'jiis  U-  Bourgeois  gentilhomme,  de  Molière. 


SAX 


417 


identiques  parla  forme,  par  la  position  descy- 
lindres, par  le  mécanisme  du  doigté  et  par  la 
manière  d'en  jouer  en  ce  qui  concerne  l'action 
de  la  bouche,  ces  instruments  ont  été  ramenés 
par  Sax  à  ce  système  d'unité,  afin  que  le  même 
exécutant  pût  jouer  à  volonté  de  l'un  ou  de 
l'autre,  selon  sa  fantaisie, on  d'après  les  néces- 
sités d'un  orchestre  d'harmonie.  Sax  fut  bre- 
veté, en  1845,  pour  toute  cette  famille  et  pour 
le  terme  de  quinze  années.  Ce  fut  alors  qu'il 
écrivit  au  ministre  de  la  guerre  et  fit  remettre 
des  mémoiresau  roi  et  au  général  deRumigny, 
proposait  l'adoption  de  ces  instruments  pour 
la  musique  militaire  en  France,  et  la  suppres- 
sion des  cors  et  bassons  dans  ce  genre  de  mu- 
sique. Une  commission  composée  de  Spontini, 
Auber,    Halévy,  Adam,  Onslow,    Carafa    et 
Georges  Rastner,  secrétaire-rapporteur,  aux- 
quels on  avait  adjoint  quelques  chefs  de  corps 
de  musique  militaire,  et  qui  était  présidée  par 
legénéralde  Rumigny,fut  chargée  d'examiner 
cette  proposition.  Avant  de  donner  son  avis, 
cet  te  commission  exigea  un  concours  entre  l'an- 
cien système  de  combinaison  d'instruments  et 
celui  que  proposait  Adolphe  Sax;  elle  indiqua 
le  Champ  de  Mars,  comme  l'emplacement  où 
se  ferait  l'essai,  et  le  jour  fixé  fut  le  22  avril 
1845.  Les  professeurs  et  élèves  du  gymnase  de 
musique  militaire,  dirigés  par  Carafa,  étaient 
chargés  de  faire  valoir  l'ancien  système;  le 
nombre  de  ces  artistes  était  du  quarante-cinq  ; 
celui  des  musiciens  réunis  par  Sax  ne  s'élevait 
qu'à  trente-huit  ;  néanmoins,  l'avantage  du 
nouveau  système  sur  l'ancien  ne  pouvait  être 
douteux,  dans  un  vaste  emplacement  en  plein 
air,  puisqu'il   ne  s'agissait  que  de  puissance 
sonore.  Plus  de  vingt  mille  personnes  assis- 
taient à  celle  séance.  Le  triomphe  de  Sax  fut 
complet  dans  l'opinion  de  cet  auditoire,  car 
des  applaudissements  enthousiastes  éclatèrent 
de  tout  paris.  D'après  l'avis  de    la  commis- 
sion  éclairée  par  cette  épreuve,  le  minisire 
de  la  guerre  prit,  le  9  août  1845,  une  déci- 
sion insérée  au  Moniteur  du  lendemain,  par 
laquelle  l'organisation  des  corps  de  musique 
militaire,  proposée  par  Saxe,    était  adoptée. 
Celle  victoire  de  l'artiste,  si  ardemment  dési- 
rée, lui  coûta  quinze  années  de  persécutions 
inouïes  et  de  procès  qui  le  ruinèrent  et  le  pri- 
vèrent de  son  repos,  car,  dès  ce  moment,  ses 
ennemis  jurèrent  sa  perte. 

On  s'est  trompé  lorsqu'on  a  cru  que  Sax 
avait  voulu  proposer  l'abandon  du  cor  et  du 
basson  d'une  manière  absolue,  car  lui-même 
s'est  occupé  du  perfectionnement  de  ce  der- 
nier instrument,  et  c'est  d'après  son  basson, 

BIOCR.    l'NIV.    DES  MUSICIENS.    —  T.    VI!. 


mis  à  l'exposition  universelle  de  Londres,  en 
1851,  que  Bœhm  a  conçu  le  sien,  exécuté  plus 
tard  par  M.  Triebert,  de  Paris.  On  a  oublié 
que  la  musique  militaire  était  seule  en  ques- 
tion, c'est-à-dire  la  musique  en  plein  air, 
destinée  à  marquer  le  pas  des  masses  de  sol- 
dats par  une  sonorité  puissante  dans  laquelle 
le  timbre  du  basson  est  absorhé.  Les  saxhorns 
et  les  saxolrombas  ont ,  sous  le  rapport  du 
volume  du  son,  un  avantage  incontestable  sur 
les  cors,  instruments  d'un  effet  excellent  dans 
les  orchestres  de  symphonie  et  d'opéra,  de 
même  que  le  basson  et  le  hautbois  :  jamais 
Sax  M'a  songé  à  les  en  faire  exclure. 

Il  avait  pris,  le  17  août  184ô,  un  premier 
brevet  de  perfectionnement,  ayant  pour  objet 
d'agrandir  et  d'adoucir  les  courbes,  ainsi  que 
de  supprimer  les  angles  dans  le  parcours  de 
l'air  à  travers  les  cylindres  et  les  pistons,  en 
un  mot,  de  faire  disparaître  les  obstacles  qui 
s'opposent  à  la  libre  circulation  de   l'air  et 
nuisent  conséquemment  à  la  beauté  du  son. 
En  1845,  il  prit  un  autre  brevet  d'invention, 
déjà  mentionné  ci-dessus,  pour  une  famille 
nouvelle  d'instruments  à  cylindres,  à  laquelle 
il  a  donné  le  nom  de  saxotromba.  Inlermé^ 
diaire  entre  le  saxhorn  et  la  trompette  à  cy- 
lindres, ce  genre  d'instrument  est  une  des  plus 
heureuses  applications  de  la  loi  des  propor- 
tions  découverte   par  cet   inventeur.   Moins 
rond,  moins  plein  que  le  son  du  saxhorn,  celui 
du  saxotromba  est  moins  strident  que  celui 
delà  trompette;  son  timbre  est  différent  de 
tous  deux,  parce  que  le  cône  du  tube,  moins 
prononcé  que  celui  du  saxhorn,  est  plus  dé- 
veloppé que  celui  de  la  trompette.  Sax  en  a 
fait  une  famille  complète  semblable  à  celle 
des  saxhorns.   Les    contours  du  saxotromba 
sont  largement  dessinés;  la  colonne  d'air  y 
vibre  dans  toute  sa  plénitude.  Dans  la  nouvelle 
organisation  imaginée  par  Sax,  les  familles 
de  saxhorn  et  de  saxotromba  jouent  à  peu  près 
le   rôle   du  quatuor  d'instruments  à   cordes 
dans   l'orchestre.  Pour  apprécier  l'avantage 
de    cette     sonorité     homogène     dans     toute 
l'étendue  de  l'échelle,  de  l'aigu  au  grave,  il 
suffit  de  se  rappeler  que,  dans  l'ancien  sys- 
tème, il  y  avait  un  vide  complet  entre  les  cla- 
rinettes, chargées  des  parties  chantantes,  et 
les  ophicléides  et  trombones,  jouant  la  partie 
de  basse.  Trop  faibles  de  sonorité,  les  cors 
étaient  insuffisants   pour   faire  entendre  les 
parties  d'alto  et  de  ténor,  et  le  baryton  n'exis- 
tait pas. 

Le  troisième  brevet  pris  par  Sax,  le  22  juin 
1840,  a  pour  objet  la  famille  des  saxophonest 

37 


41» 


SAX 


la  plus  belle,  la  plus  étonnante  création  de 
son  génie.  Le  saxophone  est  un  cône  parabo- 
lique en  cuivre,  dans  lequel  les  intonations  se 
déterminent  par  un  système  de  clefs.  Ces  clefs 
sont  au  nombre  de  dix-neuf  ou  de  vingt-deux, 
suivant  les  nécessités  des  individus  de  la 
famille.  Essentiellement  différent  de  la  clari- 
nette, par  les  nœuds  de  vibration  de  sa 
colonne  d'air,  le  saxophone  est  accordé  par 
octaves,  en  sorte  qu'elles  sont  toutes  justes,  ce 
qui  n'a  pas  lieu  dans  les  clarinettes;  toutefois, 
dans  une  grande  partie  de  son  étendue,  le 
saxophone  jouit  de  la  faculté  de  donner  l'har- 
monique de  ladouzièmeou  octave  delaquinte. 
L'instrument  se  joue  avec  facilité,  car  le 
doigté,  semblable  à  celui  de  tous  les  instru- 
ments qui  octavient,  est  peu  différent  de  celui 
de  la  flûte  ou  du  hautbois.  Les  clarinettistes 
parviennent  en  peu  de  temps  à  le  bien  jouer, 
à  cause  de  l'analogie  d'embouchure  avec  leur 
instrument  habituel.  Le  son  du  saxophone  est 
le  plus  beau,  le  plus  sympathique  qu'on  puisse 
entendre. Son  timbre  n'est  celui  d'aucun  autre 
instrument. Mélancolique,  il  est  mieux  adapté 
au  chant  et  à  l'harmonie  qu'aux  traits  rapides, 
quoique  son  articulation  soit  très-prompte,  et 
que  le  remarquable  virtuose  Wuille  ait  exé- 
cuté sur  cet  instrument  des  solos  remplis  de 
grandes  difficultés,  avec  un  brillant  succès. 
Susceptible  de  toutes  les  nuances  d'intensité, 
le  saxophone  peut  passer  du  piano  le  plus 
absolu  au  son  le  plus  énergique  et  le  plus  puis- 
sant. Ce  bel  instrument,  dont  on  commence 
seulement  à  comprendre  les  ressources,  de- 
puis qu'Adolphe  Sax,  nommé  professeur  au 
Conservatoire  de  Paris,  a  été  chargé  de  l'en- 
seigner et  a  formé  de  bons  élèves,  ce  bel 
instrument,  dis-je,  compose  une  famille  com- 
plète, divisée  en  huit  genres  de  voix,  lesquelles 
sont  toutes  à  la  quinte  ou  à  l'octave  les  unes 
des  autres.  L'examen  attentif  de  la  famille  des 
saxophones  révèle  des  faits  de  haute  impor- 
tance; car  cet  instrument  est  nouveau  par  les 
proportions  de  son  tube,  par  son  embouchure, 
et  particulièrement  par  son  timbre.  Il  est 
complet,  car  il  embrasse, dans  les  huit  variétés 
de  sa  famille,  tout  le  diagramme  des  sons  per- 
ceptibles, de  l'aigu  au  grave;  enfin,  il  est 
parfait,  soit  qu'on  les  considère  au  point  de 
vue  de  la  justesse  et  de  la  sonorité,  soit  qu'on 
l'examine  dans  son  mécanisme.  Tous  les 
autres  instruments  ont  leur  origine  dans  la 
nuit  des  temps;  Ions  ont  subi  de  notables  mo- 
difications à  travers  les  âges  et  dans  leurs 
migrations  ;  tous,  enfin,  se  sont  perfectionnés 
par  de  lents  progrès  :  celui-ci,  au  contraire, 


est  né  d'hier,  il  est  le  fruit  d'une  seule  con- 
ception, et,  dès  le  premier  jour,  il  a  été  ce  qu'il 
sera  dans  l'avenir.  Déjà  indispensable  dans 
les  orchestres  régimentaires,  qui,  en  France, 
en  possèdent  un  double  quatuor,  il  ne  tardera 
pas  à  s'introduire  dans  la  musique  de  sym- 
phonie, où  la  beauté  de  son  timbre  a  marqué 
sa  place. 

J'ai  dit  que  le  triomphe  de  Sax,  dans 
l'épreuve  du  Champ  de  Mars,  rendit  plus  active 
la  guerre  que  lui  faisaient  ses  antagonistes  : 
dès  ce  moment,  en  effet,  ils  s'organisèrent  en 
coalition  régulière  :  ils  choisirent  un  prési- 
dent, un  secrétaire,  un  trésorier,  se  réunirent 
à  de  certains  jours,  et  prirent  la  résolution  de 
s'emparer  de  toutes  les  inventions,  ainsi  que 
des  perfectionnements  imaginés  par  l'auteur 
du  saxophone  :  lui  contestant  la  propriété 
de  l'invention,  ils  l'attaquèrent  en  déchéance 
de  ses  brevets.  Par  cette  manoeuvre,  ils  se 
plaçaient  sur  un  terrain  favorable;  car,  avant 
que  la  question  de  propriété  fut  définitivement 
jugée,  et  que  tous  les  incidents  fussent  épuisés, 
plusieurs  années  devaient  s'écouler,  et,  pen- 
dant ce  temps,  les  spoliateurs  s'enrichiraient 
aux  dépens  de  l'inventeur.  D'ailleurs,  se  coali- 
sant tous  contre  lui,  faisant  cause  commune, 
comptant  parmi  eux  des  maisons  riches  et 
puissantes,  ils  possédaient  les  moyens  néces- 
saires pour  soutenir  les  débats  en  justice  assez 
longtemps  pour  que  leur  adversaire,  dont  la 
gène  était  connue,  succombât  (du  moins  ils  le 
croyaient)  avant  qu'il  eût  obtenu  contre  eux 
un  arrêt  définitif.  Leur  tactique  eut  aussi  pour 
eux  cet  avantage,  que  Sax,  dépouillé  de  sa 
propriété,  ruiné  par  des  vols  audacieux,  loin 
d'être  investi  du  droit  naturel  de  demander  à 
la  justice  la  punition  des  coupables,  fut,  au 
contraire,  obligé  de  se  défendre  contre  l'accu- 
sation de  plagiat.  Les  tribunaux,  incapables 
de  découvrir  la  vérité  dans  des  questions  pure- 
ment techniques,  compliquées  par  l'astuce  cl 
la  mauvaise  foi  dos  antagonistes  de  l'inven- 
teur, renvoyèrent  l'examen  de  ces  questions  à 
l'appréciation  d'arbitres.  Rien  ne  fut  négligé 
pour  égarer  l'opinion  de  ceux-ci  :  on  supposa 
l'existence  antérieure,  dans  les  pays  étrangers, 
des  choses  pour  lesquelles  Sax  avait  été  bre- 
veté; on  fil  faire,  par  les  prétendus  inventeurs 
de  ces  choses,  des  réclamations  qui  furent  pu- 
bliées dans  les  journaux  allemands  et  italiens, 
et  qu'on  se  hâta  de  faire  traduire,  pour  les 
mettre  sous  les  yeux  des  arbitres.  On  alla 
même  jusqu'à  faire  acheter  chez  Sax  des  in- 
struments dont  on  fitdisparaltre  le  nom  et  dont 
on  modifia  quelques  détails  insignifiants,  puis 


SAX 


419 


ces  instruments,  envoyés  en  secret  à  l'étranger, 
en  revenaient  ostensiblement  et  directement 
sous  les  yeux  des  arbitres.  Néanmoins,  en 
dépit  de  ces  machinations  frauduleuses,  tous 
les  arbitrages  constatèrent  les  droits  de  Sax  à 
l'invention  de  toutes  les  choses  pour  lesquelles 
il  avait  obtenu  ses  brevets,  et  ces  droits,  après 
avoir  été  discutés  à  tous  les  degrés  de  juridic- 
tion et  avoir  coûté  des  sommes  énormes  en 
frais  judicaires,  furent  enfin  consacrés  par  un 
arrêt  souverain. 

Celte  longue  et  difficile  affaire  n'était  toute- 
fois que  le  prélude  d'une  multitude  de  procès 
dans  lesquels  Sax,  devenu  à  son  tour  deman- 
deur, réclamaitde  la  justice  descondamnations 
contre  ses  spoliateurs,  pour  qu'ils  fussent 
obligés  de  lui  payer  des  indemnités  en  pro- 
portion des  dommages  qu'ils  lui  avaient  causés. 
I.a  plupart  des  facteurs  français  avaient  ap- 
partenu directement  à  la  coalition  des  spolia- 
teurs, ou  suivi  son  exemple  dans  la  contre- 
façon des  instruments  de  Sax;  mais  la  loi 
n'admet  pas  d'action  judiciaire  collective,  à 
moins  qu'il  ne  s'agisse  d'une  société  légale- 
ment constituée,  auquel  cas  elle  ne  représente 
qu'une  individualité.  Il  fallut  donc  que  tour  à 
tour  l'inventeur  prit  à  partie,  tantôt  un  contre- 
facteur, tantôt  un  autre.  Ils  se  prêtaient  de 
mutuels  secours  contre  l'ennemi  commun  , 
épuisaient  tous  les  artifices  pour  faire  naître 
des  incidents  nouveaux,  et  le  même  procès, 
après  avoir  été  jugé  en  première  instance, 
d'abord  par  défaut,  puis  conlradicloirement 
sur  opposition,  allait  en  appel  à  la  Cour  impé- 
riale de  Paris,  puis  à  la  Cour  de  cassation,  de 
celle-ci  à  la  Cour  de  Rouen,  d'où  la  cause  re- 
venait à  la  Cour  de  cassation, qui  la  renvoyait 
à  la  Cour  d'Amiens,  et,  enfin,  l'arrêt  de  cette 
dernière  était  sanctionné  par  la  Cour  souve- 
raine. Tous  ces  arrêts  donnaient  gain  de  cause 
à  Sax  et  flétrissaient  ses  adversaires  du  nom 
de  contrefacteurs  :  ce  qui  n'empêchait  pas 
que  l'inventeur  ne  fût  obligé,  après  avoir  fini 
avec  l'un,  de  recommencer  avec  un  autre,  et 
qu'il  ne  vit  reproduire  les  mêmes  fausses  allé- 
galions,  les  mêmes  artifices  pour  tout  remettre 
en  question,  comme  s'il  n'y  eût  eu  rien  de 
fait  précédemment. Les  personnes  impartiales 
admirent  le  génie  d'Adolphe  Sax  :  la  fermeté 
de  caractère  qu'il  a  déployée  dans  cette  inter- 
minable série  de  tribulations  est  peut-être  plus 
étonnante  encore. 

Il  ne  suffisait  pas  pour  lui  d'avoir  obtenu 
de  la  justice  le  triomphe  de  sa  juste  cause; 
car,  pendant  les  débats  sans  cesse  renouvelés 
de  ses  procès,  le  temps  s'était  écoulé  et  l'expi- 


ration du  terme  de  ses  brevets  approchait,  sans 
qu'il  en  eût  recueilli  les  bénéfices.  Il  crut 
pouvoir,  par  ce  motif,  en  demander  la  prolon- 
gation. Accueillie  avec  faveur  par  le  conseil 
d'État,  sa  requête  fut  soumise  au  Corps  légis- 
latif; après  une  discussion  solennelle,  une 
prolongation  de  jouissance  de  ses  brevets  pen- 
dant cinq  années  fut  accordée  à  Sax,  comme 
un  juste  dédommagement  des  spoliations  dont 
il  avait  été  victime,  et  le  Sénat  adopta  à  l'unani- 
mité cette  décision,  qui  fut  sanctionnée  par 
décret  impérial,  en  18G0. 

Pendant  le  long  intervalle  où  Sax  n'eut  à 
opposer  que  les  ressources  de  son  intelligence 
et  de  sa  prodigieuse  énergie  aux  embarras  nés 
de  ses  procès  et  de  la  triste  position  financière 
qu'ils  lui  avaient  faite,  il  fut  soutenu  dans  sa 
lutte  désespérée  par  les  encouragements  qu'il 
reçut  des  artistes  les  plus  célèbres,  et  par  les 
récompenses  qu'il  sut  conquérir  dans  les  ex- 
positions nationales  et  universelles.  En  1845, 
le  roi  des  Pays-Bas  lui  avait  accordé  la  déco- 
ration de  la  Couronne  de  chêne;  dans  l'année 
suivante,  la  grande  médaille  d'or  du  Mérite  de 
Prusse  lui  fut  décernée;  à  l'exposition  fran- 
çaise de  1849,  il  obtint  la  première  médaille 
d'or  et  la  décoration  de  la  Légion  d'honneur; 
le  jury  de  l'exposition  universelle  de  Londres 
lui  décerna  la  seule  grande  médaille  en  1851; 
enfin,  la  seule  grande  médaille  d'honneur  pour  la 
fabrication  des  instruments  de  musique  qui  lui  fut 
donnée  par  le  jury  de  l'exposition  universelle  de 
Paris,  en  1855.  Ces  importantes  distinctions 
eurent  un  double  effet  dans  cette  période  de 
sa  carrière;  d'une  part,  elles  soutinrent  son 
courage  contre  l'adversité,  de  l'autre,  elles 
augmentèrent  la  haine  de  ses  ennemis. 

Tout  devait  être  extraordinaire  dans  la  vie 
de  cet  artiste.  Douze  années  d'agitations,  d'in- 
quiétudes, d'émotions  pénibles,  ébranlent  la 
constitution  la  plus  robuste  et  peuvent  même 
la  détruire  à  jamais,  quelle  que  soit  la  force 
morale  qu'on  y  oppose  :  Sax  en  fit  la  dure 
épreuve.  S'il  ne  mourut  pas  du  mal  terrible 
qui  vint  le  surprendre,  si  même  il  recouvra 
toutes  ses  forces  et  sa  santé  première  après  sa 
guérison,  ce  fut  par  un  miracle  dont  il  n'y 
aura  peut-être  plus  d'exemple.  Ce  mal  dont  il 
fut  atteint  était  un  cancer  mélanique  à  la 
lèvre  supérieure.  Le  germe  de  la  maladie  se  fit 
apercevoir  en  185ô,  par  une  légère  tache  noire 
vers  le  coin  de  la  bouche.  Le  mal  augmenta 
d'année  en  année,  et  dans  le  courant  de  1858, 
la  tumeur  noire  et  cancéreuse  acquit  un  dé- 
veloppement énorme;  les  douleurs  de  tête 
dont  Sax  souffrait  depuis  deux  ans  étaient  de- 

27. 


420 


SAX 


venues  insupportables,  et  ses  amis  redoutaient 
pour  lui  une  issue  funeste  et  prochaine.  Les 
plus  célèbres  médecins  de  Paris  ne  lui 
cachaient  pas  l'imminent  danger  de  sa  posi- 
tion; ils  lui  conseillèrent  l'essai  d'une  opéra- 
tion chanceuse,  et  l'engageaient  à  faire  préala- 
blement ses  dernières  dispositions.  Alors  un 
de  ses  amis  lui  proposa  de  se  confier  aux  soins 
du  docteur  Vriès,  surnommé  le  docteur  noir, 
et  devenu  célèbre  par  la  cure  miraculeuse  de 
la  maladie  de  Sax,  à  l'aide  d'une  plante  de 
l'Inde  dont  il  connaissait  les  propriétés,  ainsi 
que  parla  condamnation  que  lui  firent  infliger 
les  médecins,  pour  avoir  eu  le  tort  de  réussir 
dans  son  entreprise  de  guérison.  Dans  le  trai- 
tement auquel  il  soumit  le  célèbre  inventeur, 
il  détermina  la  chute  de  la  tumeur  cancéreuse, 
fit  disparaître  tous  les  accidents  qui  avaient 
accompagné  son  développement,  et  parvint  à 
un  succès  si  complet,  que,  depuis  lors,  Sax  a 
recouvré  toutes  ses  forces  et  qu'aucune  trace 
n'est  restée  du  mal  affreux  qui  le  défigurait  et 
menaçait  sa  vie. 

L'activité  du  génie  d'invention  et  de  per- 
fectionnement, loin  de  s'affaiblir  chez  Sax, 
semble  avoir  augmenté,  en  dépit  de  l'existence 
agitée,  tourmentée,  qui  lui  a  été  faite  par  ses 
adversaires.  Les  idées  sont  devenues  plus 
nettes,  plus  sûres  d'elles-mêmes,  parce  qu'à  sa 
théorie  si  féconde  des  proportions  est  venue 
s'adjoindre  une  expérience  consommée  de 
tous  les  faits  qui  se  produisent  dans  les  divers 
systèmes  de  construction  des  instruments  à 
vent,  soit  sous  le  rapport  de  la  qualité  du  son 
et  du  timbre,  soit  sous  celui  de  la  justesse  des 
intonations,  soit,  enfin,  en  ce  qui  concerne  le 
doigté  et  la  facilité  d'émission  des  sons  dans 
toute  l'étendue  de  l'échelle  chromatique.  C'est 
ainsi  que,  dans  ces  derniers  temps,  comparant 
les  avantages  des  anciens  instruments,  rem- 
placés aujourd'hui  par  les  instruments  à 
pistons,  il  a  conçu  diverses  variétés  d'instru- 
ments dans  lesquels  il  a  combiné  de  la  manière 
la  plus  heureuse,  les  avantages  des  deux  sys- 
tèmes; avantages  dont  l'oreille  est  saisie  im- 
médiatement par  le  velouté  du  son,  par  la 
possibilité  du  portamento,  à  l'imitation  de  la 
voix  humaine,  par  la  facilité  d'exécuter  le 
trille  doux,  par  la  pureté  et  la  clarté  d'émis- 
sion des  airs  aigus,  et,  ce  qui  est  de  grande 
importance,  par  la  rectification  de  la  justesse, 
toujours  altérée  par  l'action  combinée  de  plu- 
sieurs pistons  qui  procèdent  par  allongement 
de  la  colonne  d'air  et  par  substitution  d'un 
tube  à  un  autre,  tandis  qu'avec  le  système  des 
clefs,  les  demi-tons  et  tons  chromatiques  se 


produisent  par  raccourcissement  de  la  co- 
lonne d'air  dans  le  même  tube,  et  toujours 
avec  justesse.  De  celle  manière,  les  avantages 
des  deux  systèmes  sont  réunis,  particulière- 
ment dans  les  instruments  chantants;  car  les 
pistons  ajoutent  aux  instruments  de  cuivre  les 
notes  qui  n'existent  pas  dans  les  tubes  ouverts 
par  les  deux  bouts,  et  conséquemment  don-| 
nent  les  sons  graves  de  l'échelle  qui  ne  peu- 
vent être  produits  naturellement  par  un  seul 
tube;  enfin,  ils  donnent  immédialement  les 
demi-tons,  tons,  tierces,  etc.,  de  l'échelle  chro- 
matique descendante;  les  clefs,  au  contraire, 
produisent  avec  justesse  les  demi-tons,  tons, 
tierces, quartes,  de  l'échelle  ascendanleelfavo- 
risent  l'émission  douce  des  sons  aigus,  ainsi  que 
l'exécution  de  cerlains  traits  et  ornements  dé- 
licats qui  sont,  ou  inexécutables  par  les  pis- 
tons, ou  du  moins  fort  imparfaits,  à  cause  des 
solutions  de  continuité  que  font  entendre  les 
passages  de  la  colonne  d'air  d'un  tube  à  un 
autre.  Des  cornels,  des  saxhorns  et  des  saxo» 
trombas  à  trois  pislons  combinés  avec  deux, 
trois,  quatre  ou  cinq  clefs,  ont  été  mis  par 
Adolphe  Sax  à  l'exposition  internationale  de 
Londres, en  18G2,  et  ont  inspiré  le  plus  vif  inté- 
rêt au  jury  ainsi  qu'aux  artistes,  par  le  charme 
de  leur  sonorité  douce  et  pure  à  l'aigu,  ainsi 
que  par  la  perfection  de  l'effet  dans  l'exécution 
des  groupes,  des  trilles  et  du  portamento. 

Uneautre  invention  deSax,dont  le  principe, 
établi  par  un  brevet  du  1"r  octobre  1852,  a  reçu 
tous  ses  développements  dans  celui  du 5 janvier 
1859,  et  dont  il  a  déjà  fait  les  plus  heureuses  ap- 
plications, est  destinée  à  faire  une  révolution 
complète  dans  les  instruments  à  pistons:  elle 
consiste  dans  la  substitution  d'un  seul  piston 
ascendant  aux  combinaisons  de  plusieurs  pis- 
tons descendants,  pour  la  production  de  cer- 
laines  notes  des  échelles  diatonique  et  chromati- 
que; substitution  dont  l'effet  est  de  donner  aux 
intonations  une  justesse  complètement  satis- 
faisante, qui  ne  peut  être  obtenue  par  des 
combinaisons  de  plusieurs  pislons,  qui  ajoutent 
les  uns  aux  autres  des  tubes  dont  les  rapports 
ne  sont  pas  exacts.  Le  trombone  est  le  premier 
instrument  auquel  il  a  fait  l'application  de 
celte  idée  lumineuse.  Partant  de  ce  principe, 
que  toute  la  colonne  d'air  contenue  dans  un 
tube  cylindrique  ou  conique  ne  peint  poduire, 
en  raison  de  sa  longueur,  qu'un  son  grave 
déterminé  et  ses  harmoniques  renfermés  dans 
l'intervalle  de  trois  octaves  et  une  tierce,  et 
considérant  que  ce  son  grave  et  ses  harmoni- 
ques ne  donnent  ni  l'ordre  diatonique, 
ni    l'ordre  chromatique   des   intonations  de 


SAX 


42! 


l'échelle  musicale,  Adolphe  Sax  a  pensé  que, 
pour  obtenir  le  résultat  d'un  instrument 
chromatique  complet  et  parfaitement  juste, 
au  point  de  vue  du  système  tempéré,  il  faut 
réunir  sept  tubes  indépendants  les  uns  des 
autres,  qui,  par  leurs  harmoniques,  produi- 
raient les  douze  sons  de  l'échelle  chromatique 
de  chaque  octave,  et  seraient  accordés  dans  le 
système  tempéré  par  une  coulisse  d'accord 
placée  sur  chacun.  Le  trombone  à  coulisses 
lui  offrait  le  modèle  de  cet  instrument;  car 
chacune  des  sept  positions  d'allongement  et 
de  raccourcissement  du  tube,  dans  ce  genre 
de  trombone,  donnait  une  longueur  déter- 
minée de  la  colonne  d'air,  et  conséquemment 
une  note  fondamentale  et  ses  harmoniques. 
Toutes  les  longueurs  sont  réunies  sous  la 
même  embouchure;  mais,  par  une  disposition 
plus  commode,  Sax  a  ajouté  sur  le  tube  prin- 
cipal six  tubes  additionnels,  auxquels  répon- 
dent autant  de  pistons.  Par  là,  sept  instru- 
ments, identiques  aux  sept  positions  des 
trombones  à  coulisses,  sont  réunis  en  un  seul, 
et  les  sons  harmoniques  de  chaque  tube  pro- 
duisent les  notes  qui  manquent  aux  autres. 
Chacun  des  six  pistons  est  à  double  effet, 
c'est-à-dire  ascendant  ou  descendant,  relati- 
vement aux  notes  qui  précèdent.  Ainsi  se 
trouvent  réunis  dans  un  seul  instrument  la 
justesse  et  le  timbre  du  trombone  à  coulisses, 
et  le  moelleux  à  volonté,  la  faculté  de  chanter, 
de  lier  les  sons  et  de  les  articuler  avec  une 
prodigieuse  rapidité,  que  ne  possède  pas  ce 
trombone.  Dans  la  vitesse  la  plus  excessive, 
le  trombone  d'Adolphe  Sax  fait  entendre  par- 
tout une  sonorité  claire,  nette,  homogène.  En 
cet  état,  le  trombone  est  un  instrument 
complet  et  parfait.  Le  système  de  pistons 
ascendants  de  l'inventeur  est  applicable  aux 
instruments  coniques  comme  aux  cylindri- 
ques :  lui-même  il  a  construit  d'admirables 
basses  dans  ce  système,  sans  préjudice  de  l'ap- 
plication qu'il  en  a  faite  également  aux  aulres 
individus  de  la  famille  des  saxhorn  et  de  celle 
des  saxotrombas,  ainsi  qu'aux  cornets,  aux 
trompettes,  et  même  aux  cors,  lesquels,  con- 
struits dans  ce  système,  offrent  les  résultats 
de  justesse  les  plus  satisfaisants.  L'avantage 
inappréciable  de  celle  invention  est  qu'en 
l'appliquant  à  un  instrument,  quel  qu'il  soit, 
on  n'en  altère  ni  le  caractère,  ni  le  timbre. 
Son  genre  de  voix  reste  intact,  comme  si  l'in- 
strument était  dans  sa  forme  la  plus  simple. 

SI  l'on  parcourt  l'histoire  des  instruments 
de  musique  de  tout  genre,  depuis  les  temps 
les  plus  anciens,    on  n'y  trouvera  rien  qui 


puisse  être  comparé  à  la  richesse  d'imagina- 
tion ni  à  la  facilité  d'invention  d'Adolphe  Sax. 
Ce  qui  le  distingue  encore  de  tous  ceux  qui  se 
sont  occupés  de  ce  genre  de  production,  c'est 
qu'il  se  place,  dans  toutes  ses  créations,  au 
point  de  vue  des  nécessités  de  l'art,  et  qu'il 
en  a  le  sentiment  le  plus  fin.  Pour  apprécier 
à  leur  juste  valeur  tous  les  instruments  in- 
ventés ou  perfectionnés  par  lui,  il  faut  qu'un 
homme  de  génie  les  fasse  entrer  dans  le 
domaine  sérieux  de  la  symphonie  et  de  la  mu- 
sique dramatique,  non  pour  en  augmenter  le 
bruit,  mais  pour  en  tirer  des  nuances  nou- 
velles par  les  oppositions  de  timbres,  et  en 
faire  ressortir  les  accents  poétiques.  Pour  que 
justice  soit  rendue  à  la  prodigieuse  faculté 
d'invention  et  de  perfectionnement  qui  dis- 
tingue Adolphe  Sax,  et  qu'il  obtienne  le  juste 
tribut  d'admiration  qui  lui  est  dit,  il  y  a  en- 
core trop  d'émotions  occasionnées  en  divers 
sens  par  les  terribles  luttes  qu'il  eut  à  soute- 
nir; mais  quand  les  intérêts  hostiles  auront 
disparu;  quand  il  ne  restera  plus  que  le  sou- 
venir de  l'artiste  et  de  ses  immenses  travaux, 
son  nom  sera  inscrit  parmi  ceux  des  plus 
grandes  célébrités  du  dix-neuvième  siècle. 

Il  est  une  autre  série  d'inventions  dues  à 
l'esprit  éminemment  ingénieux  de  cet  artiste, 
lesquelles  mériteraient  d'être  l'objet  d'un  exa- 
men approfondi  ;  mais  la  nature  de  ce  diction- 
naire m'oblige  à  les  mentionner  avec  rapidité. 
Au  nombre  de  ces  inventions,  on  remarque  : 
1*  Trombone,  saxhornsbasse  et  contrebasse  à 
sept  pistons  :  le  septième  piston  sert  à  la  pro- 
duction des  notes  qui  manquent  dans  l'octave 
la  plus  grave  de  ces  instruments,  en  sorte  que 
l'échelle  chromatique  des  sons  n'offre  plus  une 
seule  lacune  dans  son  étendue.  2°  Trombone  à 
coulisse  avec  un  seul  piston  destiné  à  produire 
un  effet  identique  et  combler  les  vides  du  mi 
au  si.  ô"  Trombone  à  couliss^  et  à  trois  pis- 
tons, pour  être  joué  à  volonté  ou  par  le  moyen 
de  la  coulisse,  ou  par  celui  des  pistons.  4°  Nou- 
veau système  de  pistons  ou  cylindres  d'une 
plus  grande  solidité.  5°  Application,  à  tous 
les  instruments  en  cuivre  à  bocal,  d'une  forme 
et  d'un  doigter  identiques  à  ceux  du  saxo- 
tromba.  G"  Nouveaux  clairons  Sax,  ordon- 
nancés pour  les  fanfares  de  chasseurs  ;  au 
moyen  d'une  pièce  de  rapport  adoptée  à  l'in- 
strument simple,  celui-ci  est  transformé  à  vo- 
lonté en  soprano,  alto,  baryton,  ou  basse,  avec 
une  étendue  chromatique  de  chacune  de  ces 
voix  ;  d'où  résulte  la  possibilité  d'exécuter  des 
pièces  instrumentales  en  harmonie  sur  un  in- 
strument borné  en  lui-même  aux  harmoniques 


4T2 


SAX 


du  son  fondamental  (1).  7»  Saxtuba,  famille 
d'instruments  de  cuivre  à  bocal  ,  d'une  im- 
mense sonorité,  laquelle  a  été  employée  dans 
le  Juif  errant,  opéra  d'IIalévy.  8°  Nouveau 
système  de  clefs,  pour  supprimer  les  cavités 
dans  l'intérieur  des  tubes.  9°  Nouveaux  sys- 
tèmes de  pistons  à  échappement  d'air  :  dans  les 
anciens  pistons,  il  y  avait  communication  in- 
cessante entre  l'air  contenu  dans  les  tubes  de 
l'instrument  et  l'air  extérieur,  par  l'espace 
laissé  libre  dans  les  frottements;  dans  le  sys- 
tème de  Sax,  l'air,  au  lieu  de  s'échapper  par 
les  trous  anciennement  placés  à  chaque  bout 
du  cylindre,  se  réfugie  dans  un  petit  conduit 
adhérent  à  la  paroi  extérieure,  y  circule,  et 
produit  une  compensation  constante  entre  la 
partie  supérieure  et  la  partie  inférieure,  sui- 
vant que  se  font  le  vide  ou  le  reroulement. 
D'autres  précautions  empruntées  à  des  ron- 
delles de  liège,  lesquelles  sont  placées  à  la 
partie  supérieure  de  la  lige  et  viennent  s'ap- 
puyer sur  un  filet  saillant,  complètent  une 
fermeture  hermétique.  10°  Doublure  métalli- 
que des  tubes  en  bois.  11°  Nouvelles  disposi- 
tions de  ressorts  pour  cylindres  doubles. 
12°  Compensateur  pour  les  instruments  de 
cuivre,  lequel  consiste  en  une  coulisse  à  res- 
sorts mue  par  le  pouce,  et  qui,  par  l'allonge- 
ment ou  le  raccourcissement  de  la  colonne 
d'air,  permet  d'arriver  à  la  justesse  parfaite  et 
d'exécuter  le  coulé  ou  portamento.  13°  In- 
strument double,  dont  un  est  à  l'octave  de 
l'autre,  et  qui  se  jouent  simultanément  dans 
toute  leur  étendue  par  un  même  mécanisme 
de  pistons.  14"  Instrument  à  deux  pavillons, 
dans  des  tons  différents.  15"  Instrumenta  sept 
pavillons  cl  a  six  pistons  indépendants;  va- 
riété du  principe  précédemment  appliqué. 
1G°  Instruments  à  pavillons  tournants,  pour 
diriger  le  son  à  volonté.  17"  Petit  instrument 
monophone  pour  signaux,  d'une  puissance 
beaucoup  plus  grande  que  le  clairon  et  la 
trompette.  18"  Moyen  de  porter  et  diriger  le 
son  des  sifflets  ou  autres  agents  sonores  des 
chemins  de  fer  sur  un  point  donné.  19"  Nou- 
velle flûte  de  Pan  on  Syringe.  20°  Nouvelles 
timbales  :  (a)  Timbales  s'accordant  au  moyen 
d'un  plan  incliné;  (b)  idem  sans  chaudron. 
Ayant  reconnu  que  le  chaudron,  loin  d'être 
favorable  à  la  sonorité  des  timbales,  lui  fait, au 
contraire,  obstacle,  Sax  l'a  supprimé,  réduisant 
l'instrumenta  un  simple  cercle  en  1er  sur  lequel 

fl)  On  peut  voir  ù  ce  sujet  mun  rapport  sur  les  in- 
struments ilr  musique  mis  a  l'exposition  universelle  île 
Paris,  en  1833, dani  In  collection  ollieiellc  des  rapports 
publiée  par  le  gouvernement,  t.  Il,  p.  07 b 


est  tendue  la  peau,  dont  le  son  est  plus  beau  et 
dont  les  intonations  sont  mieux  appréciables. 
Simple  et  commode,  la  timbale,  sous  cette 
forme,  est  d'un  prix  beaucoup  moins  élevé  que 
les  timbales  ordinaires.  Celte  ingénieuse  dis- 
position permet  de  faire  des  groupes  de  deux, 
trois  ou  quatre  timbales,  ou  même  d'en  for- 
mer une  échelle  chromatique  d'une  octave  ou 
plus.  Dans  le  premier  cas,  le  cercle  est  muni 
de  deux  demi-cercles  croisés  qui  se  replient  et 
s'ajustent  sur  un  trépied  dont  les  parties  sont 
également  mobiles.  Dans  le  second,  les  cercles 
sont  montés  et  fixés  sur  un  support  continu 
en  fer  à  cheval,  où  ils  se  superposent  partielle- 
ment ,  afin  d'occuper  -le  moins  d'espace 
possible.  Deux  exécutants  suffisent  pour  mettre 
en  vibration  ce  clavier  d'espèce  nouvelle, 
(c)  Timbales  non  hygrométriques  :  par  le 
moyen  d'une  composition  dont  il  enduit  les 
peaux,  Sax  est  'parvenu  à  rendre  les  timbales 
insensibles  aux  variations  atmosphériques,  à 
l'humidité  et  même  à  l'action  immédiate  de 
l'eau.  Le  même  procédé  s'applique  aux  grosses 
caisses  et  tambours,  (d)  Timbales-trompettes, 
instrument  formé  d'un  gros  cône  dont  l'ouver- 
ture supérieure  est  recouverte  d'une  peau  qui 
se  frappe  comme  la  timbale  ordinaire;  les 
notes  se  produisent  au  moyen  d'une  armature 
soit  de  clef,  soit  de  coulisses,  soit  enfin  de  pis- 
tons, adoptée  au  cône  et  mise  en  mouvement 
par  un  système  de  pédales.  21°  Réflecteur 
acoustique  pour  orchestre.  22°  Caisse  sonore  à 
l'usage  des  violoncellistes,  expérimentée  pa£ 
Demunck  (voyez  ce  nom).  23°  Plancher  har- 
monique pour  orchestre.  24°  Projet  d'orgue- 
orchestre  d'une  dimention  gigantesque,  mu 
par  la  vapeur  et  desliné  à  être  entendu  à  une 
distance  immense.  25°  Procédé  pour  mellrc, 
au  moyen  d'une  vis  sans  fin,  un  piano  au  dia- 
pason demandé.  20°  Piano  à  puissante  sonorilé 
pour  l'orchestre.  27° Modifications  de  formes  et 
de  proportions  des  instruments  à  archet. 
28°  Moyen  de  prévenir  les  éboulements  dans 
le  forage  des  pui ts.  29°  Dispositions  d'appa- 
reils pour  appliquer  le  goudron,  la  créosote  et 
autres  matières  antiseptiques,  convenables  à 
des  buts  industriels,  d'hygiène  et  autres.  Sax  a 
obtenu  un  brevet  d'invention  pour  ces  appa- 
reils, le  1G  février  18G3.  30°  Découverte  de 
l'effet  salutaire  produit  par  l'habitude  déjouer 
des  instruments  de  cuivre. 

L'unité  de  formes  et  de  doigter  introduite 
par  Sax  dans  les  diverses  familles  d'instru- 
ments de  cuivre,  l'ont  obligé  à  s'occuper  de 
leur  enseignement;  c'est  ainsi  que,  comme 
professeur,  il  a  formé,  au   Conservatoire,  un 


SAX  —  SAYVE 


4L>3 


grand  nombre  d'élèves  distingués  pour  les 
saxophones  de  toutes  les  dimensions.  C'est 
aussi  pour  al  teindre  le  môme  but  qu'il  a  écrit 
et  publié  une  Méthode  complète  pour  Sax- 
horn et  Saxotromba  soprano,  alto,  ténor, 
baryton,  basse  et  contrebasse  à  trois,  quatre 
et  cinq  cylindres;  suivie  d'Exercices  pour 
l'emploi  du  compensateur:  Paris,  Brandus  et 
Du  four.  Le  doigter  étant  le  même  pour  tous 
ces  instruments,  les  principes  sont  aussi  les 
mêmes  pour  tous,  et  la  gradation  des  exercices 
pour  l'un  des  individus  de  la  famille  convient 
également  aux  autres.  C'est  sur  cette  base 
d'unité  que  repose  l'enseignement  de  l'inven- 
teur; enseignement  méthodique  et  lumineux 
qui  recommande  son  ouvrage  à  l'attention  des 
professeurs  comme  à  celle  des  élèves.  L'esprit 
logique  qui  a  présidé  à  sa  rédaction,  n'a  pu 
séparer  la  notation  de  la  musique  destinée  à 
ces  familles  d'instruments  de  l'idée  d'unité  qui 
a  présidé  à  la  construction  de  leur  doigter; 
ici  quelques  mots  d'explication  me  semblent 
nécessaires.  Il  est  des  instruments  qui,  par 
leur  système  d'organisation,  représentent 
exactement  dans  leur  étendue  les  diversités 
d'intonation  d'un  diapason  commun  ;  tels  sont 
la  flûte  actuellement  en  usage,  le  hautbois,  le 
basson,  la  trombone,  le  violon,  l'alto  et  le 
violoncelle.  Leur  notation  représente  exacte- 
ment les  intonations  qu'ils  produisent.  Lors- 
qu'on sort  des  dimensions  habituelles  de  ces 
instruments,  dans  la  petite  flûte,  dans  la 
contrebasse  et  dans  le  cor  anglais  (alto  du 
hautbois),  par  exemple,  la  notation  ne  repré- 
sente plus  en  réalité  les  notes  produites  par 
ces  instruments;  car  la  petite  flûte  fait  en- 
tendre les  notes  écrites  une  octave  plus  haut, 
la  contrebasse  joue  sa  partie  une  octave  plus 
bas,  et  le  cor  anglais,  par  sa  dimension  plus 
grande  que  le  hautbois,  joue  une  quinte  plus 
bas  que  le  diapason  de  la  note  écrite.  Il  en  est 
ainsi  de  tous  les  instruments  qui,  par  les  di- 
mensions plus  ou  moins  développées  de  leurs 
tubes,  transposent  les  notes  écrites  d'un  demi- 
ton,  d'un  Ion,  d'un  ton  et  demi,  d'une  quarte, 
d'une  quinte,  d'une  octave,  etc.,  comme  les 
clarinettes  de  diverses  espèces,  les  trompettes 
et  les  cors.  Sauf  la  clarinette  et  la  trompette 
en  ut,  aucun  de  ces  instruments  ne  fait  en- 
tendre les  intonations  représentées  par  les 
notes.  S'appuyant  sur  ces  faits,  Sax  en  a  con- 
clu qu'une  seule  clef  (de  sol  posée  sur  la  se- 
conde ligne  de  la  portée)  doit  servir  à  noter 
toulelamusique  de  ses  familles  d'instruments, 
puisque  ce  système  est  le  seul  qui  puisse  réa- 
liser l'unité  de  doigter  qui  sert  de  base  à  leur 


construction.  Les  instruments  transposent  par 
leurs  dimensions,  mais  les  artistes  jouent  les 
notes  comme  si  ces  mêmes  instruments 
étaient  tous  au  diapason  des  violons,  flûtes  et 
hautbois.  Par  là,  Sax  a  complété,  avec  la  sim- 
plicité la  plus  absolue,  la  grande  idée  d'unité 
qu'il  a  portée  dans  tous  ses  travaux. 

Telle  est  l'œuvre  prodigieuse  d'un  homme 
qui,  au  moment  où  cette  notice  est  écrite,  n'a 
pas  accompli  sa  cinquantième  année;  œuvre 
conçue,  méditée  et  achevée  au  sein  de  l'exis- 
tence douloureuse,  agitée,  sans  repos,  que  lui 
avaient  faite  ses  ennemis.  Un  phénomène  sem- 
blable ne  s'est  pas  rencontré,  non-seulement 
dans  l'histoire  de  l'invention  des  instruments, 
mais  en  quel  art  que  ce  soit. 

SAYIVE  (Lambert  DE).  Voyez  SAUXIVE 
(Lambert  DE). 

SAYVE  (Matthias  DE),  et  non  DE 
SAYNE,  comme  je  l'ai  écrit  dans  la  pre- 
mière édition  de  cette  Biographie,  d'après 
Wallher  et  Gerber,  naquit  à  Liège,  comme  on 
le  voit  par  le  titre  de  l'ouvrage  cité  plus  loin, 
et  fut  vice-maître  de  chapelle  à  Prague,  à  la 
fin  du  seizième  siècle.  Il  fut  d'abord  attaché  à 
la  chapelle  de  l'empereur  Rodolphe  II,  en  qua- 
lité de  haute-contre.  On  a  de  lui  un  ouvrage 
intitulé  :  Liber  primus  Motectorum  quinque 
vocum  Matthias  de  Sayve  Leodiensis  S.  C.  M. 
chori  musici  viceger.  O.  F.  Feteri  Pragx, 
typis  mandabat  Johannis  Otthmar,  Anno 
Domini,  1585,  in-4°  obi.  Cet  œuvre  contient 
seize  motets  à  cinq  voix. 

SAYVE  (le  comte  Acgeste  DE  LA 
CROIX  CHEVRIÈRE  DE),  né  en  1791, 
dans  un  château  de  sa  famille,  aux  environs  de 
Bruxelles,  a  cultivé  la  musique  dès  sa  jeu- 
nesse, comme  amateur,  et  a  reçu  de  Reicha 
des  leçons  de  composition.  Après  avoir  servi 
comme  officier  de  cavalerie  dans  les  armées 
françaises,  pendant  les  campagnes  de  1812, 
1815  et  1814,  il  donna  sa  démission,  et  rentra 
dans  la  vie  civile,  pour  se  livrer  à  la  litté- 
rature et  à  la  composition  musicale.  Dans  les 
annéesl820etl821,il  fit, en  Italie  et  en  Sicile, 
un  voyage  dont  il  a  fait  imprimer  la  relation 
(Paris,  1822,  trois  volumes  in-8"  avec  plan- 
ches et  caries).  Depuis  lors,  il  visita  les 
principales  villes  de  l'Allemagne.  Le  comte 
de  Sayve  a  vécu  alternativement,,  avec  sa  fa- 
mille, à  Paris,  en  Belgique,  et  dans  les  Pyré- 
nées. Doué  d'une  rare  intelligence  et  d'une 
mémoire  prodigieuse,  il  était  fort  instruit 
dans  les  sciences,  l'histoire,  la  linguistique, 
et  cultivait  la  peinture  avec  quelque  suc- 
cès. Il  était  habile  pianiste,  jouait  du  violon 


424 


SAYVE  —  SCACCHI 


et  de  plusieurs  autres  instruments.  Ce  gen- 
tilhomme distingué  est  mort  à  Paris,  le 
8  avril  1854,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  Il 
était  décoré  des  ordres  de  Malle  et  de  la  Légion 
d'honneur.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
1"  Symphonie  (en  ut  mineur)  à  grand 
orchestre,  op.  16  ;  Munich,  Falter. 
1°  (bis)  Deuxième  grande  symphonie  (en 
ré  mineur),  op.  22;  Berlin,  Schlesinger. 
2°  Premier  quintette  pour  deux  violons,  deux 
altos  et  violoncelle ,  op.  14  ;  Dusscldorf,  Beyer 
et  compagnie.  3°  Deuxième  idem,  op.  17; 
ibid.  A*  Troisième  idem,  pour  deux  violons, 
alto  et  deux  violoncelles,  op.  18;  Vienne, 
Diahelli.  5U  Quatrième  idem,  op.  21  ;  ibid. 
6°  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  op.  13;  Dusscldorf,  Beyer  et  com- 
pagnie. 7°  Grand  quintette  pour  piano,  Vio- 
lon, alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  15; 
Munich,  Falter.  8°  Trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  9;  Dusseldorf,  Beyer  et  com- 
pagnie. 9°  Denxième  idem,  op.  12;  ibid. 
10°  Variations  en  trio,  idem,  op.  11;  ibid. 
11°  Duo  pour  piano  et  violon,  op.  6;  ibid. 
12°  Duo  pour  piano  et  violoncelle,  op.  10; 
ibid.  13°  Quelques  œuvres  de  variations  pour 
le  piano  et  des  romances. 

SBOIIGI  (Gaspard),  né  à  Florence,  en 
1737,  eut  pour  maître  de  contrepoint  son 
compatriote  BartolomeoFelici.  Ses  éludes  ter- 
minées, il  fut  nommé  maître  de  chapelle  du 
grand -duc  de  Toscane  Léopold,  puis  de  Fer- 
dinand. Ce  maître  s'est  particulièrement  dis- 
tingué dans  la  musique  d'église.  Ses  messes  et 
ses  vêpres  étaient  estimées  en  Italie.  Shorgi 
eut  le  titre  de  maîtrede  l'Académie  de  musique 
«le  Rome,  sons  l'invocation  de  sainte  Cécile.  Il 
est  mort  à  Florence,  en  1819. 

SIîGKGI  (Gaktan),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Florence,  en  17G9.  Ses  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique  furent  d'abord 
cultivées  par  son  père;  puis  il  entra  au  Con- 
servatoire de  Saint-Onuphre,  à  Naples,  où  il 
demeura  sept  années.  De  retour  à  Florence, 
il  y  débuta  par  quelques  morceaux  intercalés 
dans  les  Opéras  nouveaux,  qui  furent  suivis  de 
trois  œuvres  de  sonates  pour  le  piano,  gravés 
à  Florence.  Excellent  professeur  de  chant  et 
de  piano,  il  s'est  livré  à  l'enseignement  de  ces 
deux  parties  de  l'art.  Il  vivait  encore  à  Flo- 
rence, en  1821.  J'ignore  si  cet  artiste  est  le 
même  qui  a  fait  représenter  à  Arczzo,  en 
1846,  tin  opéra  intitulé  Tppolita  degli  Azzi; 
Il  aurait  été  âgé,  à  celle  époque,  d'environ 
Boixanle-riiX-sept  ans. 

SCACCIII  HUiic),  né  à  Rome,  vers  la  fin 


du  seizième  siècle,  de  parents  originaires  de 
Galèse,  dans  l'État  de  l'Église,  fut  élève  de 
Félix  Anerio,  célèbre  maître  de  l'école  ro- 
maine. Vers  1GI 8,  Scacchi  fut  appelé  au  service 
du  roi  de  Pologne  Sigismond  III,  en  qualité 
de  maître  de  chapelle.  Après  la  mort  de  ce 
monarque,  il  fut  confirmé  dans  son  emploi 
par  Vladislas  VII,  et  en  remplit  les  fonc- 
lions  jusqu'à  la  mort  de  ce  prince.  De  retour 
en  Italie  ,  en  1C48  ,  après  un  séjour  de 
trente  ans  à  Varsovie,  il  se  fixa  à  Ga- 
lèse, et  y  mourut  dans  un  âge  avancé.  Il 
avait  cessé  de  vivre  depuis  plusieurs  années 
lorsque  Berardi  (voyez  ce  nom),  son  élève, 
publia,  en  1687,  ses  Documenti  armonici. 
Les  œuvres  imprimées  de  Scacchi  sont  : 
1°  Trois  livres  de  Madrigaux  à  cinq  voix;  Ve- 
nise, B.  Magni,  1634  à  1637,  in-4».  2°  Un 
livre  de  messes  à  quatre,  cinq  et  six  voix; 
ibid.,  1638.  3°  Deux  livres  de  motets  remplis 
de  recherches,  à  quatre  et  cinq  voix;  ibid., 
1640.  4°  Cantilena  quinque  vocibus  et  la- 
crimx  sepulchrales  ad  tumulum  Johannis 
Stobaci;  Venise,  1647,  in-4°.  On  trouve  en 
manuscrit,  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin, 
la  partition  d'une  messe  à  douze  voix,  en  trois 
chœurs  avec  instruments,  composée  par  Marc 
Scacchi,  sous  ce  litre  :  Missa  omnium  tono- 
rumpro  eîectione  Iiegis  Polonix  Casimiri. 
Cette  messe  est  datée  de  1664.  La  même  Bi- 
bliothèque possède  aussi,  du  même,  les  mo- 
tets à  quatre  voix,  O  Domine  Jesu  Christe, 
et  Si  Deus  pro  nobis.  Pendant  que  Scacchi 
élait  au  service  de  Vladislas  VII,  il  eut  une 
discussion  avec  Paul  Syfert  ou  Scyferl,  orga- 
niste de  Dantzick  (voyez  Syfert),  à  l'occasion 
de  psaumes  que  ce  même  Syfert  avait  publiés, 
et  que  Scacchi  critiqua  avec  amertume  dans 
l'écrit  intitulé  :  Cribrum  musicum  ad  triti- 
cum  syfertinum,  sen  examinatio  succincta 
Psalmorum,  qitos  non  ita  pridem  Paulus 
Syfertus  Dantiscaims,  in  ,rde  parochiati 
ibidem  organxdus,  in  tucem  edidit,  in  quo 
clare  et  perspicue  multa  explicatif ur,  qux 
summe  necessaria  ad  artem  melo-poeticam 
esse  soient.  Fcneliis  apud  Âlexandrum  î  in- 
centinum,  1643,  in-fol.  de  soixante-quatre 
feuilles.  Une  partie  de  cet  ouvrage  renferme 
des  messes,  des  motets,  des  madrigaux,  suivis 
d'une  collection  «le  canons  artificiels  composés 
par  les  cinquante  musiciens  de  la  chapelle  du 
roi  de  Pologne,  dont  la  plupart  étaient  Italiens 
ou  Polonais.  Ces  canons  portent  le  litre  de 
Xenia  Apollinea.  Blessé  des  attaques  deScac- 
clil,  Syferl  y  répondit  par  un  écrit  inlilulé  : 
Jnlicribralio  musica,  etc..  ou  il  disait  que 


SCACCHI  -  SCALETTA 


425 


les  musiciens  italiens  i  '  laicnt  capables  que 
de  composer  des  opéras  et  des  canzoneltes,  et 
que,  pour  l'art  d'écrire,  ils  pourraient  tous 
l'apprendre  île  lui  et  de  Fœrster,  à  l'école  de 
Dantzick.  D.  Romain  Micheli  (voyez  ce  nom) 
prit  la  défense  de  l'école  italienne  en  général, 
et  de  Scacchi  en  particulier,  dans  une  lettre  à 
Syfert,  qu'il  accompagna  de  l'envoi  de  quel- 
ques-uns de  ses  propres  ouvrages.  Une  réponse 
polie  de  Syfert  à  Micheli  termina  celte  discus- 
sion, où  Scacchi  avait  été  l'agresseur,  mais  où 
Syfert  fit  voir  qu'il  ne  connaissait  pas  l'im- 
mense mérite  des  maîtres  de  l'ancienne  école 
italienne,  et  surtout  de  ceux  de  l'école  ro- 
maine. Au  reste,  il  paraît  que  Scacchi  était 
d'un  caractère  jaloux  et  tracassier;  car,  au 
lieu  de  témoigner  de  la  reconnaissance  à 
Micheli,  qui  avait  pris  généreusement  sa  dé- 
fense, il  contesta  à  celui-ci  l'invention  de 
certains  canons  énigmaliques,  dans  un  petit 
écrit  intitulé  :  Brève  discorso  soprn  la  mu- 
sica  moderna  ;  Varsovie,  Elert,  1647.  L'abbé 
Baini  s'est  trompé  en  considérant  ce  pam- 
phlet comme  une  dernière  réponse  à  Sy- 
fert. 

SCACCIA  (Ange-Marie),  violoniste  dis- 
tingué, vécut  à  Milan,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle.  On  a  gravé  de  sa  composition 
six  concertos  pour  le  violon,  à  Milan,  en 
1740. 

SCALETTA  (Horace),  né  à  Crema  (1), 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  maître  de  chapelle  de  l'église  métro- 
politaine de  Salo,  sur  le  lac  de  Garde,  dans  la 
province  de  Brescia  ;  puis,  en  1607,  il  fut  rap- 
pelé dans  sa  ville  natale,  pour  y  remplir  les 
mêmes  fonctions.  Ayant  fait  un  voyage  à 
Paris,  il  fut,  à  son  retour,  nommé  maître  de 
chapelle  de  Sainte-Marie-Majeure,  à  Bergame. 
En  dernier  lieu,  il  occupa  un  poste  semblable 
à  Saint- Antoine  de  Padoue,  où  il  mourut  de  la 
peste,  en  1630.  Il  laissa  à  ses  héritiers  plu- 
sieurs médailles  d'honneur,  pierres  précieuses 
et  chaînes  d'or  qui  lui  avaient  été  données  en 
cadeaux  par  des  souverains.  On  a  imprimé  de 
la  composition  de  cet  artiste:  1°  Fillanelle 
alla  romana  a  3  voci.  Libro  1°;  fenetia, 
1390,  in-4°.  2°  Madrigali  a  set  voci;  ibid., 
in-4°.  5°  Messa  brève  di  morli  a  4  voci; 
ibid.  Scaletta  est  particulièrement  connu  par 

(I)  Donato  Calvi,  dans  son  livre  intitulé  :  La  Scena 
litteraria  de  gli  Scritlori  Bergamaschi  (part.  I,  pagc330) 
dit  que  Scalelia  naquit  a  lîergame;  il  a  trompé  sur  ce 
point  Gotlfr.  Wa Itlier, copié  ensuite  par  For kel,  puis  par 
E.-L.  Gerber,  Lichtentlial,  C.  Ferd.  liecker  et  moi- 
même;  mais  toutes  les  éditions  de  la  Scala  di  musica 
portent  au  frontispice  :  Scaletta  di  Crema. 


un  petit  ouvrage  élémentaire  intitulé  :  Scala 
di  musica.  D'après  la  plupart  des  biblio- 
graphes, j'avais  considéré  une  édition  pu- 
bliée à  Milan,  en  1599,  comme  la  première; 
mais  M.  Gaspari,  de  Bologne,  m'en  a  fait 
connaître  une  antérieure  d'une  année;  car 
elle  a  été  imprimée  à  Vérone,  en  1598,  par 
Francesco  délie  Donne  et  Scipion  Vargnano, 
son  gendre.  Or,  on  voit  dans  l'épitre  dédica- 
toire  de  celle-ci  :  al  Sig.  Bernardino  Cimer- 
lino,  datée  par  Scaletta  de  Vérone,  le  5  juin 
1598,  que  celle-ci  n'était  pas  la  première,  et 
qu'elle  avait  été  précédée  par  une  autre,  dont 
la  date  et  le  lieu  d'impression  sont  inconnus 
jusqu'à  ce  jour.  Voici  ce  qu'en  dit  l'auteur 
lui-même  :  «J'ai  fait  imprimer  autrefois  un 
»  petit  ouvrage  de  ma  façon,  intitulé:  Scala 
»  di  musica,  plutôt  dans  le  dessein  de  dimi- 
»  nuer  les  fatigues  de  l'enseignement  et  de 
»  l'étude  des  premiers  éléments  de  l'art,  que 
»  pour  en  acquérir  quelque  gloire.  Et  vérila- 
«  blemenl  (si  je  ne  me  suis  pas  trompé),  il 
»  semble  que  l'ouvrage,  bien  que  fort  petit,  et 
«  renfermé  dans  une  seule  feuille,  a  été  assez 
»  heureux  pour  être  universellement  bien 
»  reçu  à  cause  des  avantages  qu'on  y  trouve; 
»  ce  qui  m'a  engagé  par  la  suite  à  Paugmen- 
»  1er  et  à  l'améliorer  autant  qu'il  m'était  pos- 
»  sible,  afin  que  ceux  qui  étudient  ce  bel  art 
»  arrivent  pour  ainsi  dire  par  degrés  à  la  ré- 
»  pulalion  de  chanteur  excellent,  etc.  (1).  » 
Ce  passage  fait  voir  qu'une  édition  de  la  Scala 
di  musica  a  paru  longtemps  (altre  voile) 
avant  celle  de  1598,  et  qu'elle  n'avait  qu'une 
feuille  d'impression.  L'épitre  dédicatoire  de 
l'édition  de  1598  n'ayant  pas  été  reproduite 
dans  les  autres,  ce  fait  a  été  ignoré  de  tons  les 
bibliographes.  Les  éditions  de  Milan,  1599, 
Venise,  1600,'  1608,  1656,  et  Rome,  1666, 
soqt  connues  par  les  citations  qu'en  a  faites  le 
P.Martini  (Storia  délia  musica,  t.  I,  p.  465); 
mais  il  en  existe  d'autres.  J'en  connais  une 
imprimée  à  Milan,  en  1610,  in-4°,  et  une 
autre,  de  la  même  ville,  datée  de  1626.  J'en 
possède  une  qui  a  pour  titre  :  Scala  di  mu- 

(I)  Diedi  altre  volte  alla  stampa  un'  operetta  mia, 
intitolata  Scala  di  musica,  più  tosto  per  allegiarir  le 
moite  fatiche  le  quali  si  fanno  cosi  nell1  insegnare, 
rome  nell'apprendere  i  primi  et  neeessari  fondamenti 
dell1  arte,  elle  per  acquistar  a  me  Iode  alcune.  Et  di  vero 
(se  non  sono  ingannato)  pare  cbe  Topera,  benclie  pic- 
ciola  et  d'un  foglio  solo,  babbia  liavuto  cosi  buona 
fortuna,  cb'  ella  sia  stata  ricevuta  universalmente  per 
lo  beneficio  cbe  apporta.  Il  cbe  m" lia  poi  dato  grand' 
occasione  di  andar  pensando  di  ampliarla.  et  di  ridurla 
a  quella  minor  imperfetlione,chc  per  me  si  potesse,  a  fin 
che  gli  studiosi  dicosi  bella  professione,  appunto  quasi 
per  Scala  salir  potesscro  al  nome  di  perfetto  canîante. 


420 


SCALETTA  —  SCANDELLI 


sica  molto  necessaria  per  prineipianti  di 
Oratio  Scaletta  da  Crema.  Ampliala  di 
novo  in  questa  sesta  impressione,  con  bellis- 
simo  ordine,  et  maggior  facilita,  alli  desi- 
derosi  di  questa  virtù;  in  Fenetia,  appresso 
Alessandro Fincenti,  1626,  in-4°.  La  Biblio- 
thèque royale  de  Berlin  possède  des  exem- 
plaires de  deux  éditions  imprimées  à  Borne,  la 
première,  en  1647,  et  l'autre,  en  1685.  Il  y  a 
aussi  des  exemplaires  d'éditions  imprimées  à 
Borne  qui  portent  les  dates  de  1660,  1665, 
1666  et  1667,  tous  in-4°;  mais  il  est  vraisem- 
blable (pie  tous  sont  de  la  même  édition  dont 
on  a  changé  seulement  le  frontispice.  L'édi- 
tion de  1685  a  pour  titre  :  Scala  di  musica 
molto  necessaria  per  prineipianti  di  Hora- 
tio  Scaletta  da  Crema  ;  dall'  istesso  nella 
settima  impressione,  revista,  corretta,  et 
ampliata  con  bellissimo  ordine  et  maggior 
facilita;  in  Roma,  per  il  Mascardi,  1685, 
in-4°de  trente  pages.  On  voit,  d'après  ce  litre, 
que  toutes  les  éditions  postérieures  à  la  sep- 
tième en  ont  été  de  simples  reproductions. 
Mais  quelle  est  cette  septième  édition?  Évi- 
demment, c'est  la  plus  rapprochée  de  la 
sixième,  publiée  à  Venise,  en  1626;  et  elle  n'a 
pu  être  mise  au  jour  après  1630,  puisqu'elle 
a  été  revue  et  corrrigée  par  l'auteur,  mort 
dans  celte  année.  Il  y  a  donc  une  édition  au- 
thentique, vraisemblablement  publiée  à  Ve- 
nise, entre  1626  et  1650.  Elle  n'est  pas  con- 
nue jusqu'à  ce  jour.  On  voit,  par  les  éditions 
faites  sur  son  modèle,  qu'elle  offre  quelques 
différences  avec  la  sixième. 

On  a  aussi  de  Scaletta  des  principes  élémen- 
taires de  contrepoint  intitulés  :  Primo  sca- 
lino  délia  scala  di  contrappunlo  ;  Milan, 
1622,  in-4°.  La  date  de  1662,  donnée  par 
Forkel  (Allgem.  liter.  der  Musik,  p.  435),  est 
une  faute  d'impression  copiée  par  Lichlen- 
tfaal  (Dibliografia  délia  musica,  t.  IV, 
p.  361).  E.-L.  Gerber  s'e$t  trompé  en  indi- 
quant Naples  comme  le  lieu  de  l'édition  de 
1622;  le  Dictionnaire  historique  des  musi- 
ciens de  Choron  et  Fayollc  (Paris,  1810-1811) 
a  répété  cette  faille. 

SCAMCHIUS(Paul),  aventurier,  né  en 
1534,  à  Agram,  en  Croatie,  prend  dans  ses 
écrits  les  litres  de  prince  de  la  Scala,  mar- 
quis de  Vérone  et  seigneur  de  Creuzbourg,  en 
Prusse,  docteur  en  théologie  et  chanoine  de 
Munster.  Après  avoir  joué,  à  Borne,  le  rôle  de 
savant  el  d'artiste,  il  alla  à  la  cour  de  l'élec- 
teur Albert  de  Brandebourg,  s'y  mêla  dans 
des  intrigues  politiques,  et  fui  obligé  de 
s'éloigner  clandestinement.  Il  mourul  .'i  Danl- 


zick,  en  1578.  On  a  de  lui  des  Miscellanca  de 
Rerum  cousis  (Cologne,  1570-1578,  deux 
tomes  in-4°),  où  se  trouve  un  dialogue  sur  la 
lyre  des  anciens. 

SCALZI  (CnARLEs),  chanteur  distingué, 
naquit  à  Voghera,  dans  le  Milanais,  et  brilla 
vers  1725.  Appelé  au  Théâtre-Italien  de  Lon- 
dres, il  y  eut  de  grands  succès  et  amassa  des 
richesses  considérables.  Vers  la  fin  de  sa  vie, 
il  se  retira  à  Gênes,  et  y  entra  dans  la  congré- 
gation de  l'Oratoire. 

SCAWDELLI  (Antoine),  né  à  Naples, 
vers  1520,  fut  engagé  au  service  de  l'électeur 
de  Saxe,  en  qualité  de  maître  de  chapelle,  el 
se  rendit  à  Dresde  en  1556.  Il  y  remplit  ses 
fonctions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  18  jan- 
vier 1580.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
l°L'épitaphe  du  duc  Maurice  de  Saxe  avec  une 
messe  de  Requiem  à  six  voix;  Nuremberg, 
1558.  2°  Cantiones  germanicx  4  et  5  vocum; 
Nuremberg,  1567  el  1579.  3°  Chansons  reli- 
gieuses allemandes  à  cinq  el  six  voix  avec  in- 
struments, ainsi  qu'un  dialogue  à  huit  voix; 
Dresde,  1575.  4"  Il  primo  libro  délie  canzoni 
napoletane  a  quattro  voci;  Nuremberg, 
Ulrich  Neuber  et  Théodore  Gerlach,  1566, 
1572  et  1583.  5°  Nouvelles  chansons  alle- 
mandes à  cinq  et  six  voix  ;  ibid.,  1565,  in-4°. 
6°  Newe  teulscbe  Liedlein  mitvier  und  fiinf 
Slimmen ,  uelche  ganz  lieblich  eu  singen 
und  auf  allerley  Instrumenten  zu  gebrau- 
c'ien  (Nouvelles  petites  chansons  allemandes, 
lesquelles  sont  toutes  agréables  à  chanter  el 
pour  l'usage  de  toutes  sortes  d'instruments); 
ibid.,  1568,  in-4°  obi.  7°  Il  y  a  aussi  un 
épilhalame  à  plusieurs  voix,  de  ce  compositeur, 
dans  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Epithala- 
mia  in  honoremornalissinii  viri,  eruditione, 
virtute  ac  pielate  pr/vslantiss.  D.  Nicolai 
Leopardi,  symphoniacorum  puerorum  illus- 
triss.  ac  Sercniss.  Principis  Georgii-Fride- 
rici  ]\Iarvhionis  Brandenburgensis ,  etc., 
pr.rcrptoiis  ,  composita  per  Anlhonium 
Scandcllum,  Matlh.vum  Le  Maislrc,  Eras- 
mum  de  Glcin  et  Joannem  TFeselium:  J\o- 
ribergw,  apud  Theod.  Gerlatzenum,  1568. 
in-4°.  8°  Neue  schœne  ausserlesene  geist- 
liche  deulsche  Lieder  mit  5  und  6  Slim- 
men zu  singen  und  auf  allerley  Instru- 
mentai zu  gebrauchen ,  sammt  cinem 
Dialogo  mit  8  Slimmen  ^Nouveaux  beaux 
cantiques  spirituels  allemands  pour  chan- 
ter à  cinq  et  six  voix  et  pour  jouer  sur 
toule  espèce  d'instruments,  avec  un  dialogue 
à  huit  voix);  Dresde,  Giniel-Bergcn ,  1575, 
in-4"  obi. 


SCAPITTA  —  SCARLATTI 


427 


SCAPITTA  (Vincent),  musicien  espagnol, 
naquit  à  Valence,  dans  les  dernières  années 
du  seizième  siècle.  Il  fui  attaché  au  service  de 
l'archiduc  Léopold  d'Autriche.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  :  Musica  di  caméra;  Ve- 
nise, 1630,  in-4°. 

SCARARELLI  (Damiano),  vice-maître  de 
chapelle  de  l'église  métropolitaine  de  Milan, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  On  connaît  de  sa  composition  :  Ma- 
gnificat quatuor  usque  12  vocibus;  Venise, 
Richard  Amadino,  11397,  in-4°. 

SCARAMELLI  (Josi:rn),  violoniste,  né 
à  Venise,  en  17G1,  était,  en  181 1,  premier 
violon  directeur  d'orchestre  du  théâtre  de 
Triesle.  Plus  tard,  il  a  vécu  quelque  temps  à 
Vienne,  puis  s'est  fixé  à  Florence.  On  a  de  lui 
un  écrit  intitulé:  Saggio  soprai  doveri  di 
tin  primo  violino  direttore  d' orchestra  : 
Triesle,  Weis,  1811,  in-8°  de  cinquante  et 
une  pages.  Il  a  publié  aussi  de  sa  composi- 
tion :  1"  Rondo  variato  per  violino  e  corno 
principale  con  orchestra;  Florence,  Cipriani. 
2°  Quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
nos  1  et  2;  ibid.  3°  Variations  pour  deux  vio- 
lons, op.  8  ;  Vienne,  Cappi.  4°  Trois  sonates 
pour  violon  avec  accompagnement  de  basse, 
op.  1  ;  Vienne,  Mollo.  Le  nombre  des  œuvres 
qu'il  a  publiés  s'élève  à  environ  trente;  mais 
je  ne  connais  que  ceux  dont  j'ai  rapporté  les 
titres. 

SCARANI (Joseph),  organiste  du  duc  de 
Mantoue,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
1  •  Motetli  a  due,  tre,  quattro  et  cinque  voci, 
f.ibro  1°,  op.  2;  Venezia,  app.  Bart.  Magni, 
1f>41,  in-4.  2°  Concerti  ecclesiastici  a  2,  5, 
4  e  5  voci;  ibid.  5°  Sonate  concertate  a  due  e 
Ire  stromenli ;  ibid. 

SCARLATTI  (le  chevalier  Alexandue), 
un  des  plus  grands  compositeurs  rie  l'Italie, 
ne  naquit  pas  à  Naples,  comme  l'ont  dit  ta 
plupart  des  biographes,  mais  à  Trapani,  en 
Sicile,  en  1649  (1),  suivant  la  partition  de  son 

(1)  M.  Gennaro  Grossi  s'est  trompé  (Biografia  degli 
uomini  illuslri  del  regno  di  Xapoli,  volume  des  maîtres 
île  chapelle,  etc,  art.  Cavalier  Alessandro  Scarlatti),  en 
plaçant  en  1G30  l'année  de  la  naissance  de  ce  maitre  ;  il 
aurait  dû  éviter  i-ztlc  erreur,  puisqu'il  rapporte  son 
epitaphe,  où  l'on  voit  qu'il  mourut  à  l'âge  de  76  ans,  au 
mois  d'octobre  1723.  Gerber  et  le  Dictionnaire  des  mu- 
siciens de  Choron  et  Fayolle,  donnent  aussi  cette  date  de 
1630,  d'après  Quanz.  Une  copie  fautive  de  l'épitaphe  qui 
n'avait  été  envoyée  de  Naples  pour  la  première  édition 
de  la  ISiograpliie  des  musiciens,  portait  le  chiffre  LXVI, 
pour  son  âge  lorsqu'il  mourut  en  1723,  au  lieu  de 
LXXVI,  et  j'en  avait  conclu  que  Scarlatti  était  né  en 
11539.  Le  marquis  de  Villarosa  adopta   cette  date  de 


opéra  Pompeo,  que  possédait  Selvaggi  (voyez 
ce  nom),  et  qui  porte  au  titre:  dal  Sig.  Alcss. 
Scarlatti  di  Trapani.  A  l'égard  de  la  date  de 
1649,  elle  résulte  de  l'inscription  placée  sur 
le  tombeau  de  l'illustre  maître.  Scarlatti  pa- 
rait avoir  fait  ses  éludes  à  Parme.  Le  marquis 
de  Villarosa  remarque  (1)  que  Clioron  et 
Fayolle  disent,  dans  leur  Dictionnaire  des 
musiciens,  que  Scarlatti  apprit  les  règles  du 
contrepoint  de  Carissimi  à  Rome,  sans  indi- 
quer la  source  de  ce  renseignement;  M.  de 
Villarosa  ignorait  que  les  auteurs  de  ce  dic- 
tionnaire ont  traduit  simplement  le  premier 
Lexique  d'E.-L.  Gerber,  que  ce  biographe 
avait  pris  pour  guide  l'autorité  de  Quanz,  qui 
avait  connu  Scarlatti  à  Naples,  dans  les  pre- 
miers mois  de  1725,  et  qu'il  avait  appris  de 
ce  maître  lui-même  le  fait  dont  il  s'agit  {'/.). 
M.  de  Villarosa  ajoute ,  contre  celte  tra- 
dition, qu'à  l'époque  oit  Scarlatti  fit  ses 
éludes  musicales,  il  existait  à  Naples  des 
maîtres  de  premier  ordre,  tels  que  Gae- 
lano  Greco,  au  Conservatoire  des  Poveri 
di  Giesù  Cristo,  Jean  Salvalor  et  Provenzale, 
à  celui  de  la  Pielà  dei  Turchini;  il  fait  en 
cela  une  singulière  confusion,  car  Greco  na- 
quit à  Naples,  vers  1680,  et,  au  lieu  d'être  le 
maitre  de  Scarlatti,  il  fui  son  élève.  A  l'égard 
de  Provenzale,  il  était  à  la  vérité  maitre  du 
Conservatoire  de  la  Pietà,  en  1669;  mais 
Scarlatti  avait  alors  vingt  ans,  et  ses  éludes 
étaient  terminées.  Au  surplus,  M.  de  Villa- 
rosa dit  plus  loin  qu'on  sait  d'une  manière  po- 
sitive que  lorsque  Scarlatti  arriva  à  Naples 
avec  sa  famille,  il  était  chanteur  remarquable, 
virtuose  sur  la  harpe,  et  claveciniste  excellent. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  hors  de  doute  que  ce 
compositeur  illustre  reçut  une  bonne  éduca- 
tion musicale,  perfectionnée  par  l'élude  des 
œuvres  des  grands  maîtres  de  l'école  romaine. 

17a9,parcequ'il  y  a  aussi,  dans  l'épitaphe  qu'il  rapporte, 
le  chiffre  LXVI.  Les  renseignements  donnés  par  Quanz 
sur  l'âge  de  Scarlatti,  en  1723,  prouvent  que  le  chiffre 
LXXVI,  donné  par  M.  Grossi  et  par  la  Gazette  géné- 
rale de  musique  ,  de  Leipsick  (39me  année,  n°  3,  p.  39). 
dans  la  reproduction  de  l'épitaphe,  est  exact.  C'est 
aussi  ce  chiffre  qu'on  trouve  dans  la  Gazetta  musicale 
diNapoli  (1838,  no  1). 

(1)  Memoric  dei  Compositort  di  musica  del  regno  di 
Napoli,  p.  199. 

('2)  J'ai  dit,  dans  la  première  édition  de  ce  livre,  les 
motifs  qui  me  faisaient  douter  que  Carissimi  eût  pu  être 
le  maitre  d'Alexandre  Scarlatti;  mais  depuis  que  des 
documents  authentiques  ont  permis  de  rectifier  l'épo- 
que de  la  naissance  de  Carissimi  et  qu'au  lieu  de  )3j2 
on  sait  que  160i  en  est  la  date,  les  motifs  de  mes  doutes 
n'existent  plus  ;  car,  si  l'on  suppose  que  Scarlatti  c'ait 
âgé  dequinze  ans  en  1664,  il  a  pu  cire  élève  de  Carissimi, 
qui  n'en  avait  alors  que  soixante. 


428 


SCARLATTI 


Scarlalli  était  âgé  <le  trente  et  un  ans  lors- 
qu'il fut  chargé  de  la  composition  de  l'opéra 
intitulé  VOneslà  nell'  amore,  qui  fut  repré- 
senté au  commencement  de  l'année  lG80,dans 
le  palais  de  Christine,  reine  de  Suède  ;  mais  il 
est  peu  probable  que  cet  ouvrage  soit  le  premier 
qu'il  ait  écrit  pour  le  théâtre,  et  tout  porte  a 
croire  qu'il  avait  déjà  de  la  renommée  lorsque 
Christine  le  choisit  pour  composer  VOneslà 
nell'  amore.  L'auteur  d'une  notice  sur  l'Opéra, 
insérée  dans  le  Magasin  musical  de  Cramer 
(deirxième  année,  p.  GG8),  dit  que  Scarlalli 
donna,  dans  la  même  année,  un  autre  opéra, 
à   la  cour  de  Munich;  mais  le  catalogue  au- 
thentique   des    opéras     représentés     sur    ce 
théâtre,  depuis  1657  jusqu'en    1788,   publié 
par  Lipowsky,  à  la  suite  de  son  Dictionnaire 
de  musiciens  bavarois  (p.  425  et  suivantes), 
prouve   que   cette  assertion  est  erronée,   et 
qu'aucun  opéra  de  ce  maître  ne  fut  joué  à 
Munich  avant  1721.  Son  voyage  à  Vienne  est 
aussi  peu  vraisemblable.  Toute  cette    période 
de  la   vie  de  ce  grand  artiste  est  obscure; 
toutefois,  on  peut  conjecturer  qu'il  ne  s'éloi- 
gna pas  de  Rome  après  la  représentation  de 
VOnestà  nell'  amore,  car  au  livret  du  Pom- 
peo,  joué  au  palais  royal  de  Naples,  le  30  jan- 
vier 1684,   et  dédié  au   marquis  de  Carpio, 
vice-roi,  Scarlalli  prend  le  titre  démarre  de 
chapelle  de  Sa  Majesté  la  reine  de  Suède. 
Depuis  cette  date  jusqu'en  1693,  on  ne  trouve 
aucun  renseignement  sur  sa   vie;  mais  dans 
cette  année,  il  écrivit  l'oralorio  /  Dolori  di 
Maria  sempre  vergine,  pour  la  congrégation 
des  Sept  Douleurs,  à  San  Luigi  di  Palazzo, 
et  l'opéra  Teodora,  joué  à  Rome.  On  ne  peut 
mettre  en  doute  que  plusieurs  opéras  deSear- 
lalti  n'aient  élé  produits  dans  l'intervalle  des 
neuf  années  écoulées   depuis  1684  jusqu'en 
1  693;  mais   on  n'en   connaît  pas   les  litres. 
C'est  dans  Teodoraque  Scarlatti  donna  le  pre- 
mier exemple  du  retour  au  molif  principal  des 
airs  après  la  seconde  partie  :  c'est  ce  qu'on 
appelle  le  da  capo.  Celle  forme  fut  adoptée 
dès  lors   par  tous  les  compositeurs  et   con- 
servée  pendant  plus    de  soixante   ans.    Une 
autre  nouveauté,    plus    importante    encore, 
parut  dans  la  Teodora.  Jusqu'alors  le  récita- 
tif n'avait  eu  d'autre  accompagnement  que  la 
basse,  qui  le  soutenait  sans    interruption  ; 
Scarlalli   y  introduisit  l'orchestre,  coupa  les 
transitions  par  des  ritournelles,  et  donna  nais- 
sance à  ce  qu'on  appelle  improprement  le  ré- 
citatif obligé.   A    l'égard   de  l'accompagne- 
ment des  airs,  au  lieu  de  leur  faire  suivre  le 
chant  en   harmonie  plaquée,  il  lt:i  donna  un 


dessein  particulier,  lorsqu'il  le  jugea  conve- 
nable, et  par  sa  vivacité ,  évita  la  langueur 
et  la  monotonie. 

Christine  étant  morte  en  1688,  Scarlalli 
était  resté  sans  autre  emploi  que  celui  de  com- 
positeur pour  le  théâtre  et  pour  l'église;  il 
parait  qu'il  accepta,  quelque  temps  après,  la 
place  de  maître  de  la  chapelle  royale  de  Na- 
ples, car  c'est  ce  litre  qu'il  porte  dans  le 
livret  de  VOdoacre,  opéra  de  Legrenzi  dont  il 
avait  refait  quelques  airs  par  ordre  du  vice- 
roi,  et  qui  fut  représenté  au  théâtre  San  Bar- 
tolomeo,  de  Naples,  le  5  janvier  1694.  On 
trouve  une  preuve  de  la  modestie  de  cet 
homme  illustre  dans  un  avertissement  au  lec- 
teur de  ce  livret  :  Les  airs  refaits  par  lui 
(dit-il)  sont  marqués  d'un  astérisque,  afin 
que  ses  fardes  ne  soient  pas  préjudiciables  cl 
la  réputation  de  Legrenzi,  dont  la  gloire  im- 
mortelle est  pour  lui  l'objet  d'un  respect  sans 
borties.  Pirro  e  Demetrio,  représenté  en 
1697,  à  Naples;  Il  Prigioniero  fortunalo, 
en  1698;  et  surtout  Laodicea  e  Bérénice, 
joué  en  1701 ,  mirent  le  sceau  à  sa  réputation. 
C'est  dans  ce  dernier  opéra  qu'il  écrivit  un 
air  admirable,  pour  ténor  et  violon  obligé, 
dont  l'accompagnement  était  destiné  à  Co- 
relli,  qui  en  manqua  les  traits  à  la  répétition 
cénérale.  Celte  aventure,  et  la  difficulté  de 
trouver  de  bons  violons  pour  l'exécution  de 
ces  traits,  décidèrent  Scarlalli  à  refaire  cet 
air,  ainsi  que  plusieurs  autres  morceaux, 
lorsqu'il  fit  jouer  cet  opéra  à  Rome,  en  1705. 
Je  possède  les  deux  airs  sur  les  mêmes  pa- 
roles :  le  second  est  fort  inférieur  au  pre- 
mier. 

Antoine  Foggia,  maître  de  chapelle  de 
Sainte-Marie  Majeure,  devenu  vieux  eut  be- 
soin d'être  secondé  par  un  maître  adjoint  : 
Alexandre  Scarlalli  fut  appelé  à  remplir  cet 
emploi,  le  31  décembre  1703,  et  devint  pre- 
mier maître  au  mois  de  mai  1707.  Le  cardi- 
nal Otloboni  lui  avait  déjà  donné  le  litre  d>: 
directeur  de  sa  musique,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  le  livret  de  son  opéra  //  Trionfo  délia  li- 
berté, qu'il  fit  représentera  Venise,  en  1707. 
Il  est  vraisemblable  que  ce  fut  ce  cardinal  qui 
lui  fil  obtenir  la  décoration  de  chevalier  de 
l'Éperon  d'or.  La  conquête  du  royaume  de 
Naples,  qui  avait  élé  faite  dans  la  même  an- 
née, par  l'empereur,  sur  les  Espagnols,  et  le 
changement  favorable  dans  le  sort  des  Napoli- 
tains qui  en  fut  la  suite,  paraît  avoir  décidé 
Scarlatti  à  reprendre  ses  fonctions  de  maître 
de  la  chapelle  royale.  Au  mois  de  mars  1709, 
il  donna  sa  démission  de  mailrc  de  chapelle 


SCARLATTI 


429 


de  Sainte-Marie  Majeure,  et  retourna  à  Na- 
zies. Parmi  les  opéras  qu'il  y  fit  représenter, 
on  remarque  particulièrement  Tigrane,  re- 
présenté, en  1715,  au  théâtre  San-Barlolo- 
meo.  Une  note  bien  intéressante,  placée  après 
l'argument  du  drame,  se  trouve  dans  le  li- 
vret; on  y  lit  :  Set  pregato  a  compatira  con 
discreta  moderazione  quei  difetti,  che  forse 
potrai  conoscere  nella  musica,  in  conside- 
rando   che   ormai    dovrebbe    essere   a/fato 
stanco  l'autore  di  più  sudare  in  simili  sce- 
niche  composizioni,  délie  quali  col  présente 
dramma  viene  a  compire  il  numéro  di  cento 
soi  opère  teatrali  che  haposto  in  musica  pel 
tcatro  di  Napoli,  ed  altri  teatri  dell'  Italia. 
Ainsi,  en  1715,  Scarlatli  avait  écrit  cent  six 
opéras,  auxquels  il  en  fan  [ajouter  dix  on  douze 
autres  qu'il  écrivit  dans  les  années  suivantes, 
plusieurs  oratorios,  et  beaucoup  de   musique 
d'église.  Il  faut  bien  se  garder  de  prendre  à 
la  lettre  ce  qu'il  dit  de  la  faiblesse  de  son  Ti- 
grane, où  tout,  au  contraire,  est  d'invention. 
C'est  dans  cet  ouvrage  qu'il  a  composé  son 
orchestre  de  violons,  violes,  violoncelle,  con- 
trebasse, deux  hautbois  et  deux  cors  ;  instru- 
mentation sans    exemple    jusque-là.    On    y 
trouve  un  morceau  avec  accompagnement  de 
deux  violes  et  violoncelle  solo,  une  autre  avec 
deux  flûtes,  deux  cors  et  deux  bassons  joints 
aux  instruments  à  cordes;  enfin,  un  air  de  la 
plus  suave  mélodie  avec  deux  violons,  viole 
et  violoncelle  concertants,  basse  et  clavecin 
d'accompagnement.  J'ai  dit,  dans  la  première 
édition  de  la  Biographie  des  musiciens,  que 
le  dernier  opéra  de  Scarlatli  est  la  Caduta  de' 
Decemviri,  joué  au  théâtre  San-Bartolomeo 
de  Naples  ;  j'étais  mal  informé,  car  la  parti- 
tion de  l'ouvrage,  que  je  possède  aujourd'hui, 
porte  la  date  de  1706.  Les  traits  de  génie 
abondent  dans  cette  partition.  Tous  les  airs 
ont  un  caractère  analogue  aux  sentiments  ex- 
primés par  les  paroles,  et  leurs  formes  ont 
une  originalité  saisissante.  Plusieurs  ont  une 
partie  de  violon  solo  avec  deux  violons  d'ac- 
compagnement. Au  second  acte  se  trouve  un 
air  d'expression  touchante  accompagné   par 
une  violetta  (alto)  seul,  avec  violoncelle  obligé 
et   basse  seule  sans  clavecin;    ce    morceau, 
rempli  d'harmonies  et  de  modulations   har- 
dies, est  d'une  beauté  achevée.  Les  composi- 
teurs de  l'époque  actuelle  se  sont  persuadé 
qu'ils  sont  les  inventeurs  des  parties  de  pre, 
mier  et  de  second  violons  divisées  en   deux 
chacune  ;  mais  Scarlatli  avait  usé  de  cet  effet 
plus  de  cent  vingt  ans  avant  eux,  car  l'air  du 
premier  actedecette partition,  Ma,ilbenmio} 


chefà?  est  accompagné  par  quatre  parties  de 
violons,  d'un  effet  admirable. 

Quanz  vit  Scarlatli  en  1725  :  suivant  ce  qu'il 
en  dit,  ce  maître  aurait  été  alors  âgé  de 
soixante-quinze  ans;  ce  qui  a  fait  remonter, 
par  les  biographes,  la  date  de  la  naissance  à 
1650;  mais  Quanz  s'est  trompé,  car  Scarlatli 
mourut  le  24  octobre  de  la  même  année,  à 
l'âge  de  soixante-seize  ans,  ainsi  que  le 
prouve  l'inscription  suivante,  placée  sur  son 
tombeau,  dans  la  chapelle  de  Sainte-Cécile,  à 
l'église  des  Carmes  de  Monte-Santo  : 

Hic  situs  est 

Eques  Alexander  Scarlactus 

Vir  moderalione    beneficentia 

Pietale  insignis 

Musices  instaurator.  maximus 

Qui     solidis     veterum     numeris 

Nova  et  mira  suavitate 

Mollitis 

Antiquitati    gloriam 

Posteritati    imitandi  spem  aderait 

Optimatibus    regibusque 

Apprime    carus 

Tandem    annos    natum    I.XXVI    extinxit 

Summo  cum  Italite  dolore 

IX  Kal.  Novembris  CIO  PCCXXV 

Mors    modis    fleeti    nescia 

Tour  à  tour  chargé  de  l'enseignement  dans 
les  Conservatoires  de  Sant'  Onofrio ,  dei 
Poveridi  Gesù  Cristo,  et  de  Loreto,  Scarlatli 
eut  pour  élèves  quelques-uns  des  artistes  qui 
fondèrent  la  gloire  de  l'école  de  Naples,  parti- 
culièrement Logroscino,  Durante,  et  en  der- 
nier lieu  Hasse.  Lesbiographesqui lui  donnent 
aussi  pour  élèves  Léo  et  Pergolese  se  sont 
trompés;  car  le  premier  eut  pour  maître  Pi- 
toni,  de  Rome,  et  l'autre,  Gaetano  Greco.  Nul 
ne  pouvait  être  plus  digne  que  Scarlatli  de 
diriger  l'éducation  musicale  des  hommes  de 
génie  produits  alors  par  le  royaume  des  Deux- 
Siciles.  Audacieux  génie  lui-même,  il  unissait 
à  la  richesse,  à  la  hardiesse  de  l'imagination, 
un  savoir  étendu,  la  pureté  de  style  de  l'école 
romaine,  et  l'expérience  acquise  par  d'im- 
menses travaux.  Sa  modulation  ,  souvent 
inattendue,  n'offre  jamais  de  succession  dont 
l'oreille  soit  blessée,  et  jamais,  dans  ce  que 
cette  modulation  a  de  plus  hardi,  les  intona- 
tions des  voix  ne  sont  difficiles  :  art  que  les 
Italiens  seuls  ont  connu,  parce  que  leur  édu- 
cation commençait  par  l'étude  du  chant.  Le 
marquis  de  Villarosa  dit  de  Scarlatti  {3/e- 
morie,  etc.,  p.  201)  :  «  Mais  quelle  musique 
»  a-t-il  laissée  qu'on  pourrait  entendre  au- 
»  jourd'hui?  Son  style  est  grand  et  correct, 
»  mais  son  goilt  fut  toujours  sec,  énervé  et 


430 


SCARLATTI 


»  scolastique(\).  »  Ah  !  monsieur  le  marquis, 
si  vous  aviez  connu  cette  musique,  dont  vous 
parlez  si  mal,  si  vous  aviez  entendu  seule- 
ment l'air  de  Laodicea  e  Bérénice,  et  celui  de 
Tigrane,  que  .j'ai  fait  exécutera  mes  concerts 
historiques,  donnés  à  Paris,  en  1832  et  1835, 
vous  auriez  dû  avouer  que  rien  n'est  plus 
suave,  plus  expressif,  moins  sec  et  moins  sco- 
laslique.  Pergolese,  dont  vous  parlez  avec 
enthousiasme,  est  bien  loin  de  celle  force 
dramatique,  et  de  ces  nouveautés  d'harmonie 
et  de   modulation. 

Le  mérile  de  Scarlatti ,  comme  profes- 
seur, se  montre  d'une  manière  évidente 
dans  un  écrit  qui  n'a  malheureusement  pas 
<5té  imprimé,  mais  dont  on  trouve  des  co- 
pies à  Naples,  et  dans  lequel  brille  un  pro- 
fond savoir.  .Cet  écrit  a  pour  titre  :  Dis- 
corso di  musica  sopra  un  caso  particolare 
in  arte,  del  Cav.  Sig.  Alcssandro  Scarlatti, 
maestro  delta  reale  cappella  diNapoli,  1717; 
manuscrit  de  vingt-huit  pages  in-folio  de 
texle,  et  de  douze  pages  d'exemples  de  mu- 
sique. Il  fut  composé  à  l'occasion  d'une  dis- 
pute entre  deux  compositeurs  espagnols,  sur 
l'emploi  que  l'un  d'eux  avait  fait  d'une  double 
dissonance  de  seconde  et  de  neuvième  dans 
une  de  ses  messes.  Scarlatti  avait  été  pris 
pour  juge  de  la  contestation.  Sa  dissertation 
fut  écrite  pour  résoudre  la  difficiillé  :  il  y 
montra  une  rare  dextérité  dans  l'analyse; 
mais,  en  adroit  Italien,  il  trouva  le  moyen  de 
donner  des  éloges  à  chacun  des  adversaires 
sans  prononcer  entre  eux. 

Un  des  caractères  du  talent  de  Scarlatti  fut 
une  fécondité  inépuisable;  car,  indépendam- 
ment des  cent  douze  ou  quinze  opéras  qu'il 
avait  écrits,  on  connaît  de  lui  une  immense 
quantité  de  morceaux  de  chambre  et  de  mu- 
sique d'église,  genres  dans  lesquels  il  excella. 
On  sait  que  Jomelli  considérait  ses  messes  et 
ses  motets  comme  les  meilleurs  qu'on  eût  faits 
dans  le  style  concerté.  Ces  messes  étaient, 
«lit-on,  au  nombre  de  deux  cents;  un  critique 
a  révoqué  ce  fait  en  doute,  et  considérant  le 
pelil  nombre  de  celles  qu'on  connaît,  il  a  de- 
mandé ce  qu'étaient  devenues  les  autres.  Mais 
celle  manière  d'argumenter  ne  saurait  élre 
admise,  car  Scarlatti  nous  apprend  lui-même 
qu'il  a  fait  plus  de  cent  opéras,  et  l'on  n'en 
ronnait  qu'environ  trente,  c'est-à-dire,  à  peu 
près  le  quart  !  Il  faut  remarquer  que  la  plu- 
part des  compositeurs  napolitains  écrivaient 

(I)  Ma  quai  musica  ha  lasciala,  che  ogrji  polrehlit 
tentirsi  ?  Il  suo  slilo  fa  grande,  e  btn  inlrso  ;  ma  il  suo 
l/ic«to/i»  sempre  stece,  snenato  e  seolastico. 


leurs  messes,  leurs  motets  et  leurs  vêpres 
pour  des  couvents  où  l'on  gardait  les  manu- 
scrits originaux.  Les  auteurs  eux-mêmes  ne 
possédaient  pas  leurs  ouvrages.  Je  crois  d'au- 
tant plus  facilement  au  nombre  indiqué  de 
messes  de  Scarlatti,  que  j'en  ai  retrouvé  plu- 
sieurs qui  étaient  restées  inconnues  jusqu'à  ce 
jour.  Il  a  écrit  aussi  plusieurs  oratorios,  et  un 
nombre  prodigieux  de  cantates  qui  ont  servi 
de  modèles  à  tous  les  compositeurs  italiens 
pendant  le  dix-huitième  siècle.  Son  élève  Du- 
rante en  a  arrangé  plusieurs  en  duos,  avec 
une  sagacité  merveilleuse.  Scarlatti  écrivait 
ces  petits  drames  musicaux  avec  une  singulière 
facilité.  Burney  en  a  trouvé  la  preuve  dans  le 
manuscrit  original  de  trente-cinq  cantates, 
composées  par  ce  grand  homme  à  Tivoli,  au 
mois  d'octobre  1704,  dans  une  visite  qu'il  fit 
à  son  ami  André  Adami,  chapelain  chantre 
de  la  chapelle  pontificale  (voyez  Adami). 
Toutes  ces  cantates  sont  datées,  et  chacune  a 
élé  faile  dans  un  seul  jour.  Un  amateur  napo- 
litain disait  à  Quanz,  en  1725,  qu'il  possédait 
environ  quatre  cents  morceaux  de  tout  genre 
composés  par  A.  Scarlatti. 

On  ne  connaît  aujourd'hui  des  compositions 
de  Scarlatti  que  celles  dont  les  titres  suivent  : 
I.  Oratorios.  1°  /  Dolori  di  Maria  sempre 
vergine ,  Rome,  1093.  2°  Il  Sacrifizio 
d'Jbramo,  à  Rome,  en  1703.  Une  admirable 
cavaline  tirée  de  cet  oralorio  a  élé  publiée  par 
Burney,  dans  le  quatrième  volume  de  sou 
Histoire  générale  de  la  musique  (page  121). 
5°  Il  Martirio  di  santa  Teodosia,  Rome, 
1705.  La  parlition  de  cet  ouvrage  se  trouve  à 
la  Bibliothèque  impériale  de  Paris.  4°  LaCon- 
cezzione  délia  bcata  Fergine,  ibid.  5°  La 
Sposa  de'  sagri  cantici,  à  quatre  voix,  avec 
instruments,  à  Naples,  1710;  dans  les  archives 
de  la  chapelle  royale,  à  Naples.  6°  San  Fi- 
lippo  Neri,  à  Rome,  1718.  Je  possède  une 
parlition  de  cet  ouvrage,  divisé  en  deux  par- 
ties, et  écrit  pour  quatre  \o\\(Saint  Philippe, 
la  Foi,  l'Espérance  et  la  Charité),  violons, 
viole,  violoncelle  obligé,  contrebasse  et  luth. 
7°  La  Fergine  addolorata,  à  quatre  voix, 
Naples,  1722.8"  Stabat  Mater,  à  quatre  voix, 
Rome,  1725.  'à0  Stabat  jVater  pour  soprano  et 
allô,  avec  orchestre.  10°  Passio  Domini 
nostri  Jesu  Christi  secundum  Johannem, 
cantate  spirituelle  pour  contralto,  choeur, 
violons,  viole  et  orgue.  II.  Musique  ii'église. 
1 1°  Missa  4  vocum  ad  canones  (col  basso  per 
organo).  12"  Missa  quatuor  vocum  (en  mi 
majeur).  13°  Messe  à  cinq  voix  et  orchestre 
en  si  mineur  (dans  les  archives  de  la  chapelle 


SCARLATTI 


431 


royale,  à  Naples).  14°  Messe  pastorale  à  dix 
voix  en  deux  chœurs,  violons  et  orgue. 
15°  Messe  à  six  voix  et  orgue  (en  m»  bémol). 
16°  Messe  de  Requiem  à  quatre  voix  et  orgue. 
17°  Tu  es  Petrus  à  huit  voix  en  deux  chœurs 
avec  basse  continue  pour  orgue.  18°  Concerti 
sacri,  motetti  al,  2,  o  e  4  voci  avec  deux 
violons,  viole  et  basse  continue  pour  l'orgue, 
op.  1  et  2;  Amsterdam,  Roger.  La  deuxième 
partie  de  ces  motets  est  à  quatre  voix,  deux 
violoncelles  obligés  et  basse  continue  pour 
l'orgue.  19°  Motets  à  quatre,  cinq  et  six  voix 
avec  orgue,  en  manuscrit,  chez  l'abbé  Santini, 
à  Borne.  20°  Psaume  Mémento  Domine  à 
quatre  voix,  à  la  Palestrina.  21°  Psaume 
Laudate  pour  soprano,  contralto  et  basse,  avec 
violons,  viole  et  basse  pour  l'orgue.  22°  Ave 
Regina  cœlorum,  pour  deux  soprani  et  orgue, 
composé  pour  l'église  Sainte-Marie  deLorette. 
25°  Miserere  à  plusieurs  voix,  sans  accom- 
pagnement. Ce  morceau  fut  composé  vers 
1680  pour  la  chapelle  pontificale,  où  il  existe 
encore.  III.  Opéras.  24°  L'Onestà  nell' 
amore,  Rome,  1680.  25°  Pompeo,  à  Naples, 
en  1684.  26°  Teodora,  en  trois  actes,  Rome, 
1693.  27°  Odoacre,  en  trois  actes,  musique 
de  Legrenzi,  avec  de  nouveaux  airs  de  Scar- 
latti,  Naples,  1694.  28°  Pirro  e  Demetrio,  en 
trois  actes,  à  Naples,  1697.  Je  possède  la  par- 
tition de  cet  ouvrage.  29°  Il  Prigioniero  for- 
tunato,  1698.  30°  Il  Prigioniero  superbo, 
en  trois  actes,  Naples,  1699.  31°  Gli  Equi- 
vochi  nel  sembiante,  Rome,  1700.  Eraclea, 
en  trois  actes,  à  cinq  voix,  violons,  alto,  flûtes, 
hautbois,  trompettes,  violoncelle  obligé  et 
contrebasse,  1700.  Je  possède  la  partition  de 
cet  opéra.  32°  Le  Nozze  co'l  nemico.  33°  Il 
Milridate  Eupatore.  34°  Laodicea  e  Béré- 
nice, à  Naples,  1701.  35"  Il  Figlio  délie  selve 
(ouvrage  excellent),  1702.  La  Caduta  de' 
decemviri ,  en  trois  actes,  1706.  36°  Il 
Trionfo  délia  libertà,  Venise,  1707.  37°  Il 
Medo,  en  trois  actes,  1708  (une  des  plus 
belles  compositions  de  Scarlatli).  38°  Il  Mar- 
tirio  di  santa  Cecila,  tragédie  lyrique  en 
trois  actes,  à  Rome,  1709.  39°  Il  Teodosio,  en 
trois  actes,  Naples,  1709.  40°  Ciro  riconos- 
ciuto,  en  trois  actes,  Rome,  1712.  41°  Por- 
senna,  musique  de  Lolli,  avec  des  airs  et 
d'autres  morceaux  ajoutés  par  Scarlatli,  au 
théâtre  San-Bartolomeo  de  Naples,  1713. 
Milridate Eupatore,  en  Irois  actes,  au  théâtre 
Saint-Jean-Chrysostome  de  Venise,  1713. 
42°  Scipione  nelle  Spagne,  au  Ihéâtre  San- 
Bartolomeo  de  Naples,  pendant  le  carnaval 
île  1714.  Je  possède  la  partition  de  cet  opéra. 


43"  L'Amor  generoso ,  au  théâtre  du  pa- 
lais royal,  à  Naples,  le  1er  octobre  1714. 
44°  Arminio,  en  trois  actes,  au  théâtre  San- 
Bartolomeo,  le  19  novembre  1714.  45°  Il 
Tigrane,  en  trois  actes,  même  théâtre,  1715. 
46°  Carlo  Re  d'Allemagna,  Naples,  1716. 
47°  La  Virlù  trionfante  deW  Odio  e  dell' 
Amore,  au  palais  royal  de  Naples,  en  1710. 
48"  Il  Trionfo  dell'  Onore,  au  théâtre  des 
Eiorentini,  à  Naples,  en  1718.  49°  Il  Tele- 
macco,  à  Rome,  1718.  50°  Attilio  Regolo, 
en  trois  actes,  au  théâtre  Capranica ,  de 
Rome,  1719.  51°  Il  Cambisio,  avec  des  inter- 
mèdes bouffes,  au  théâtre  San-Bartolomeo, 
de  Naples,  en  1719.  52°  Tito  Sempronio 
Gracco,  en  trois  actes,  avec  des  ballets,  au 
même  théâtre,  1720.  53°  Turno  Aricinio,  à 
Rome,  1720.  54°  La  Principessa  fedele, 
Rome,  1721.  55°  Griselda,  Rome,  1721. 
56°  Didone  abbandonata.  Les  opéras  dont 
les  dates  et  les  lieux  de  représentation  ne 
sont  pas  connus  sont  :  57°  Il  Olitorio. 
58°  Massimo  Papirio.  59°  Non  tutto  il  maie 
vien  per  nuocere.  60°  Diana  ed  Endimione. 
IV. Musique  de  chambre. 01°  Vingt  madrigaux 
à  plusieurs  voix.  Le  P.  Martini  en  a  inséré  un 
(Cor  mio)  chef-d'œuvre  de  facture  élégante, 
d'expression  et  de  modulation  neuve,  dans  le 
deuxième  volume  de  son  Escmplare  di  con- 
trappunto  fugato  (page  207).  Ce  morceau  est 
écrit  pour  quatre  voixde  soprano  et  conlrallo. 
62°  Sercnata  a  quattro  voci  per  gli  sponzali 
del  Principe  di '  Stiglia.no,  1723.  63°  Due  se- 
renate  a  cinquc  voci.  64°  Madrigale  a  due 
canti  (Questo  silenzio  ombroso),  diviso  in 
quattro  duelli,  senza  str.omenti.  65°  Qua- 
torze duos  de  chambre  pour  l'étude,  sans  in- 
struments. 66°  Un  nombre  infini  de  cantates  à 
voix  seule,  la  plupart  avec  la  basse  continue, 
et  quelques-unes  avec  des  violons.  On  les 
trouve  dans  beaucoup  de  bibliothèques;  celle 
du  Conservatoire,  à  Paris,  en  possède  huit 
volumes.  67°  Deux  livres  de  toccates  pour 
clavecin  ou  orgue,  dans  la  collection  de  l'abbé 
Santini.  68°  Une  suite  de  pièces  de  clavecin  ; 
ibid.  On  trouve  un  portrait  de  Scarlatti,  gravé 
d'après  une  peinture  de  Solimène,  dans  la 
Biografia  degli  Uomini  illustri  del  Regno  di 
Napoli;  Naples,  1819,  in-4°. 

SCARLATTI  (Dominique),  fils  du  précé- 
dent, né  à  Naples,  en  1683,  eut  pour  premier 
maître  son  père,  et  termina  ses  études  à  Rome, 
sous  la  direction  de  Gasparini.  Il  reçut  vrai- 
semblablement aussi  des  leçons  de  clavecin  de 
Bernard  Pasquini,  car  il  devint  le  plus  grand 
claveciniste  de  l'Italie,  et  l'un  des  plus  habiles 


432 


SCARLATTI 


«le  l'Europe,  dans  la  première  moilié  du  dix- 
huitième  siècle.  On  manque  de  renseignements 
sur  les  premiers  temps  de  sa  carrière  d'artiste. 
On  trouve  dans  la  bibliothèque  du  Lycée  com- 
munal, à  Bologne,  le  livret  de  l'opéra  intitulé 
Irène,  où  l'on  voit  que  cet  ouvrage  .1  été  joué 
à  Naples,  en  1704,  avec  la  musique  de  Domi- 
nique Scarlatli  et  de  Charles  François  Polla- 
rolo,  de  Brescia.  Scarlalti  n'avait  écrit  sans 
doute  qu'un  petit  nombre  de  morceaux  pour 
«et  opéra,  car  Irène,  de  Pollarolo,  avait  été 
joué  neuf  ans  auparavant  (1695),  au  théâtre 
Sainl-Jfan-Chrysoslome  de  Venise.  Je  vois 
par  la  notice  sur  Dominique  Scarlalti  écrite 
par  M.  Farrenc  pour  le  Trésor  des  pianistes 
(deuxième  livraison),  que  cet  artiste  écrivit  à 
Rome,  en  1710,  pour  le  théâtre  particulier  de 
la  veuve  du  roi  de  Pologne,  Marie-Casimire, 
un  drame  pastoral  intitulé  la  Silvia,  dont  le 
livret  existe  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire 
impérial  de  Paris.  En  1711,  il  donna  sur  le 
même  théâtre ,  l'Orlando,  ovvero  la  gelosa 
pazzia,  et  Tolomeo  ed  Alessandro  ovvero  la 
Corona  disprezzata;  en  1712,  Tetide  in 
Sciro;  au  même  théâtre,  en  1715,  Ifigenia  in 
Aulide,  idem,  et  Ifigenia  in  Tauri,  idem;  en 
1714,  Amor  d'un'  ombra  e  Gelosia  d'un' 
aura,el  II  IVarciso,  idem;  en  \l\ï),l'Amleto} 
à  Rome,  au  théâtre  Capranica.  A  l'égard  du 
Telemacco,  dont  parle  M.  Farrenc,  et  qui  fut 
joué  à  Rome,  en  1718,  il  fut  écrit  par 
Alexandre  Scarlatli,  et  non  par  son  fils.  Domi- 
nique Scarlalti  n'a  écrit  que  quelques  airs 
dans  la  Bérénice  de  Porpora,  et  n'a  pas  été  son 
collaborateur.  A  l'âge  de  vingt-six  ans,  il  était 
à  Venise.  Haendel  le  rencontra  dans  celle  ville, 
en  1709,  et  Scarlatli  fut  si  charmé  de  son  talent 
et  du  goût  piquant  d'harmonie  de  ses  impro- 
visations, qu'il  le  suivit  à  Rome,  pour  jouir 
plus  longtemps  du  plaisir  de  l'entendre.  11 
écrivit  alors  des  cantates  dont  le  mérite  était 
assez  grand  pour  qu'on  les  comparât  à  celles 
de  son  père.  Il  composa  aussi  pour  l'église, 
car  j'ai  une  messe  à  quatre  voix  et  basse  con- 
tinue pour  l'orgue,  qui  porte  son  nom  et  qui 
est  datée  de  Rome  (1712).  On  connaît  aussi  de 
sa  composilion  un  Salve  Regina  à  voix  seule 
avec  deux  violons,  viole  et  basse;  morceau 
d'une  belle  expression.  Le  1er  janvier  1715,  il 
succéda  à  Thomas  Baj,  en  qualité  de  maître 
de  chapelle  de  Saint-Pierre  du  Vatican;  mais 
il  ne  garda  cette  position  que  jusqu'au  mois 
d'août  1719,  ayant  accepté  la  proposition  de 
6e  rendre  à  Londres  pour  y  composer  un 
opéra,  et  pour  tenir  le  clavecin  à  l'Opéra  ita- 
lien. Il  donna  en  effet  à  ce  théâtre  Nurciso, 


représenté  le  00  mai  1720,  mais  qui  avait  été 
déjà  joué  à  Rome,  en  1715,  ainsi  qu'on  vient 
de  le  voir.  L'année  suivante,  il  partit  pour 
Lisbonne.  Charmé  de  son  talent,  le  roi  de 
Portugal  l'attacha  à  son  service  et  lui  accorda 
de  grands  avantages  (1).  Le  désir  de  revoir 
son  père  le  ramena  vraisemblablement  à 
Naples,  en  1725,  car  liasse  l'entendit  alors  et 
eut  tant  d'admiration  pour  son  habileté  sur  le 
clavecin,  qu'il  en  parlait  encore  avec  enthou- 
siasme cinquante  ans  après.  Quanz  le  vit  aussi 
à  Rome  dans  la  même  année,  et  ne  fut  pas 
moins  charmé  de  sa  musique  de  clavecin  et  de 
son  exécution.  Toutefois,  l'Italie  ne  pouvait 
offrir  alors  une  existence  convenable  à  un 
instrumentiste  de  son  mérite;  il  accepta  donc 
des  propositions  qui  lui  furent  faites,  en  1729, 
au  nom  de  la  cour  d'Espagne,  pour  donner  des 
leçons  de  clavecin  à  la  princesse  des  Asturies, 
qui  avait  été  déjà  son  élève  à  Lisbonne,  comme 
princesse  de  Portugal.  Scarlatli,  ayant  accepté 
les  avantages  qui  lui  étaient  offerts,  partit 
pour  Madrid,  où  il  jouit  du  sort  le  plus  heu- 
reux. Devenu  roi  en  1740,  Ferdinand  VI  con- 
tinua de  le  garder  à  son  service,  pour  jouer 
tous  les  soirs  du  clavecin  dans  la  chambre  de 
la  reine.  J'ai  dit,  dans  la  première  édition  de 
la  Biographie  des  musiciens,  qu'après  la 
mort  de  la  reine  d'Espagne,  en  1754,  Scarlatli 
reçut  une  pension  de  la  cour  et  continua  de 
résider  à  Madrid,  où  il  mourut,  en  1757  :  il  y 
a  là  une  erreur  grave,  car  la  reine  Madeleine- 
Thérèse  ne  mourut  que  le  27  août  1758,  et 
Scarlalti  avait  cessé  de  vivre  un  an  aupara- 
vant. Suivant  un  article  de  la  Gazctta  musi- 
cale di  Napoli  (15  septembre  1838),  Scarlatli 
serait  retourné  à  Naples,  en  1754,  et  ce  serait 
dans  celte  ville  qu'il  serait  mort,  en  1757.  Le 
P.  Sacchi  nous  apprend  (2)  que  cet  artiste  cé- 
lèbre avait  la  passion  du  jeu,  et  qu'après  avoir 
dissipé  tout  ce  qui  avait  élé  le  produit  de  son 
talent  et  de  la  munificence  des  rois  de  Por- 
tugal et  d'Espagne,  il  laissa  dans  le  dénù- 
ment  sa  famille,  qui  fut  secourue  plusieurs 
fois  par  le  grand  chanteur  Farinelli,  son  an- 
cien ami. 

(1)  M.  Farrenc  ditquc  lorsque  la  fille  du  roi  de  Por- 
tugal (Madeleine-Thérèse)  épousa  Ferdinand,  prince 
des  Asturies,  Jean  V  voulut  que  Scarlatli  suivit  son 
élève  à  Madrid;  et  plus  loin,  il  ajoule  que  ce  grand 
claveciniste  je  rendit  de  nouveau  dans  celle  ville  en 
1729.  M.  Farrenc  ne  s'est  pas  souvenu  que  le  mariage  du 
prince  des  Asturies  et  (le  la  princesse  de  Portugal  n'eut 
lieu  que  le  1'.)  janvier  1729;  d'où  il  suit  évidemment 
que  Scarlalti  alla  alors  en  Espagne  pour  la  prcmiéic 
fois. 

(3)  Vita  del  cavalière  Don  Carlo  Drosclii;  Venise, 
178t.  pp.  29, 30. 


SCARLATTI 


433 


Scarlalli  fut  le  claveciniste  do  son  temps 
qui  fit  le  plus  d'usage  du  croisement  des  mains 
dans  les  passages  rapides,  et  quelquefois  il 
en  tira  de  beaux  effets  dans  des  combinai- 
sons qui  ne  sont  pas  sans  difficulté:  mais  son 
excessif  embonpoint  ne  lui  permit  plus  d'em- 
ployer cet  artifice  dans  sa  vieillesse,  et  l'on 
remarque  que  ses  dernières  pièces  sont  plus 
faciles  que  les  deux  premières  suites  qu'il 
dédia  à  la  princesse  des  Asturies,  et  qui  furent 
publiées  à  Venise,  à  Paris,  à  Amsterdam  et  à 
Nuremberg,  avant  17G0.  Une  prodigieuse 
variété  dans  la  nature  des  idées,  une  grâce 
charmante  dans  les  mélodies,  et  un  grand 
mérite  de  factureront  les  qualités  dislinclives 
des  compositions  de  cet  artiste.  Le  mouvement 
rapide  dans  lequel  la  plupart  de  ses  pièces 
doivent  être  jouées  les  rend  difficiles,  et  nos 
pianistes  les  plus  habiles  y  pourraient  encore 
trouver  des  sujets  d'étude.  La  fécondité  de 
Scarlatti  fut  prodigieuse  dans  ce  genre  de 
composition,  car  l'abbé  Sanlini,  de  Rome, 
possède  trois  cent  quarante  neuf  sonates  on 
pièces  de  clavecin  et  d'orgue  dont  il  est  auteur, 
et  il  n'a  (tas  tout  ce  que  ce  maître  a  écrit. 
L'édition  originale  du  premier  livre  de  pièces 
de  clavecin  publié  par  Dominique  Scarlatti  est 
rare  :  il  contient  trente  pièces  renfermées 
dans  cent  dix  pages  grand  in-folio  oblong. 
M.  Farrenc,  qui  en  possède  un  exemplaire, 
en  donne  ainsi  le  litre  :  Essercizi  (sic)  per 
gravicembalo  di  Don  Domenico  Scarlatti, 
cavalière  di  San  Giacomo  e  Maestro  de  (sic) 
serenissimi  principe  e  principessa  délie 
Asturie,  etc.  M.  Farrenc  ajoute  aux  rensei- 
gnements qu'il  donne  sur  celte  édition  : 
«  Burney  dit  que  ce  premier  livre  de  Scarlalli 
»  a  été  publié  à  Venise,»  d'où  il  faut  conclure 
que  le  cahier  ne  porte  ni  indication  de  ville,  ni 
date.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  parut  avant 
le  10  août  1746,  car  Scarlatti  prend  encore  le 
titre  de  maître  du  princeet  de  la  princesse  des 
Asturies.  Je  possède  une  édition  de  pièces  de 
cet  artiste  que  je  crois  antérieure  à  celle  dont 
parlent  Burney  et  M.  Farrenc;  elle  est  divisée 
en  cahiers  ou  volumes,  dont  le  premier  con- 
tient seize  pièces,  et  le  second  dix-sept.  Le 
premier  volume  a  pour  titre  :  Pièces  pour  le 
clavecin,  composées  par  Domenico  Scar- 
latti, maître  de  clavecin  du  prince  des 
Asturies.  Premier  volume.  Les  pièces  con- 
tenues dans  ce  livre  n'ont  jamais  été 
gravées;  à  Paris,  chez  madame  Boivin,  rite 
Saint-IIonoré,  à  la  Règle  d'or,  et  chez 
M.  Le  Clerc,  rue  du  Roule,  à  la  Croix  d'or. 
Or,  suivant  VElat  de  la  France  pour  1733, 
piogb.  cary,  des  husiciens.  —  t.  th. 


la  veuve  Boivin  était  morte  au  mois  de  sep- 
tembre de  l'année  précédente.  Le  second  vo* 
lume  a  simplement  pour  titre  :  Pièces  pour  le 
clavecin,  composées  par  Domenico  Scarlatti. 
Deuxième  volume  (mêmes  adresses).  Les  édi- 
teurs de  ce  second  volume  se  sont  trompés  en 
plaçant,  comme  numéro  10  des  pièces  qui  y 
sont  contenues,  une  fugue  en  fa  mineur  écrite 
par  Alexandre  Scarlatti  pour  l'orgue.  Toutes 
les  pièces  de  ces  deux  volumes  sont  dans  la 
notation  originale,  avec  les  clefs  d'ut  sur  les 
première,  troisième  et  quatrième  lignes  pour 
les  deux  mains,  suivant  les  circonstances. 

M.  Farrenc  dit,  dans  sa  notice'  :  «  Pour  ce 
»  qui  est  des  pièces  autres  que  les  trente  con- 
»  tenues  dans  ce  volume  (ci  té  ci-dessus),  je  n'en 
»  connais  pas  les  éditions  originales.  Je  pos- 
»  sède  deux  livres  publiés  à  Londres,  chez 
»  B,  Cooke,  par  Thomas  Roseingrave;  ils  ont 
»  dû  paraître  vers  17-30,  ou,  au  plus  tard,  en 
»  1735;  car,  en  1737,  Roseingrave  perdit  la 
»  raison,  et  l'on  fut  obligé  de  le  remplacer 
»  comme  organisle  à  l'église  Saint-Georges 
»  de  Hanover-Square,  Ce  qui  me  fait  pencher 
»  pour  une  date  rapprochée  de  1757  et  m'em- 
»  pêche  de  regarder  cette  édition  comme  ori- 
»  ginale,  c'est  qu'on  y  trouve  dix-sept  pièces 
»  contenues  dans  le  volume  qu'on  croit  inj- 
»  primé  à  Venise,  et  que  Roseingrave  dit  lui— 
»  même,  dans  une  note  placée  au-dessous  du 
»  titre,  que  son  recueil  contient  quatorze 
»  pièces  qui  ne  sont  dans  aucune  des  autres 
»  éditions.  Je  possède,  enfin,  deux  livres  pu- 
»  bliés  à  Paris (probablementceux que  jeviens 
»  de  citer)  dans  la  seconde  moitié  du  dernier 
»  siècle.  »  Pour  moi,  je  crois  que  Scarlatti  n'a 
pas  publié  d'autre  recueil  que  celui  des  trente 
pièces.  En  1839,  Charles  Czerny  a  donné  à 
à  Vienne,  chez  Haslinger,  une  collection  qui 
renferme  deux  cents  pièces  de  Dominique 
Scarlatti  pour  le  piano  :  c'est  la  plus  complète 
des  édilionsde  ce  mailre.Elle  a  été  reproduite 
à  Paris,  chez  l'éditeur  Launer(Girod).  Madame 
Farrenc,  qui  a  donné  des  soins  à  cette  édition, 
a  corrigé,  à  l'aide  de  l'édition  de  trente  pièces, 
de  celle  de  Roseingrave,  ami  de  Scarlatti,  et 
d'tinecopiemanuscrile  apparlenantau  docteur 
Rimhault,deLondres,quelques  fautesde  l'édi- 
tion devienne.  M.  Farrenc  publie,  au  moment 
où  cette  notice  est  écrite(1864),  un  choix  d'en- 
viron cent  trente  pièces  de  Scarlatti,  dans  sa 
magnifique  collection  intitulée  :  Le  Trésor 
des  pianistes. 

SCARLATTI  (Joseph),  petits-fils  d'A^ 
lexandre,  mais  non  fils  de  Dominique,  naquit 
à   Nantes,  en    1718.  On  ignore  le  nom    du 

28 


434 


SCARLATTI  —  SCHACHT 


mailre  qui  dirigea  ses  éludes  de  musique,  et 
les  commencements  de  sa  carrière  dans  la 
composition  dramatique  ne  sont  pas  mieux 
connus.  Quelques-uns  de  ses  opéras,  représen- 
tés à  Venise  et  à  Naples,  antérieurement  à 
175G,  nous  apprennent  qu'il  ne  se  fixa  à 
Vienne  qu'après  celle  époque.  I!  mourut  dans 
celle  dernière  ville,  en  1 770.  On  connaît  sous 
son  nom  les  opéras  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Pompeo  in  Armenia  ,  Rome,  1747. 
2°  Adriano  in  Siria,  Naples,  1752.  5°  Ezio, 
ihid.,  1754.  4°  Gît  Effetti  délia  gran  madré 
Natura,  Venise,  1754.  5°  Merope,  Naples, 
1755.  0°  De  Giistibus  non  est  disputandum, 
Venise,  1750.  7°  Che  tutto  abbraccia  nulla 
stringe,  ibid.  8°  Il  Mercato  di  Malmanlile, 
Vienne,  1757.  9°  L'Jsola  disabitata,  ibid., 
1757.10°  Isifile.  11°  LaServascaltra,  ihid., 
1759.  12°  La  Clemenza  di  Tito,  ibid.,  1700. 
15°  La  Moglie  pudrona,  ibid.,  1708. 

SCARPA  (Antoine),  analomiste  distingué 
et  directeur  de  la  faculté  de  médecine  de  Pavie, 
naquit  le  17  juin  1847,  dans  une  petite  ville  de 
la  Lombardie.  Il  était  professeur  d'anatomie 
à  l'université  de  Pavie  lorsque  la  république 
cisalpine  fut  établie.  Sincèrement  attaché  à 
l'ancien  gouvernement,  il  refusa  le  serment 
qu'on  exigeaitde  lui,  et  fut  cxpulséde  sa  chaire 
parle  directoire;  mais  Napoléon,  devenu  roi 
«l'Italie,  la  lui  rendit.  Scarpa  mourut  à  Pavie, 
le  30  d'oclobre  1832.  Au  nombre  de  ses 
écrits,  on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  : 
Anatomicx  disquisitiones  de  anditn  et  ol- 
factu;  Pavie,  1789,  in-fol.  On  a  publié  une 
traduction  allemande  de  cet  ouvrage,  à  Nu- 
remberg, en  1800,  in-4°. 

SCARSELLI  (Régnier),  compositeur,  né 
à  Bologne,  vers  1010,  fut  membre  de  l'Acadé- 
mie des  Filomusi,  établie  dans  celte  ville,  en 
1022.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
1°  Il  primo  libro  de'  madrigali  a  due,  tre  e 
quattro  voci,  op.  2;  Venise,  Alexandre  Vin- 
cenli,  1G40,  in-4°.  2°  Il  primo  libro  de'  ma- 
drigali a  cinque  voci;  Venise,  Gardane,  1G42, 
in-4". 

SCUAARSCiniIDT  (jEAN-FnÉnÉnicï , 
recteur  à  Schnecherg,  mort  en  celle  ville,  le 
17avril  1813,  a  publié  une  brochure  intitulée  : 
fersuch  einer  kurzen  Gcschichtc  der  mit  den 
gelehrten  Schulen  des  evangelischen Deutsch- 
lunds  gPM'crhnlich  verbundenen  Singschœren 
(Essai  d'une  histoire  succincte  de  la  réunion 
des  chœurs  de  chant  aux  écoles  normales  du 
culteévangélique  en  Allemagne);  Schnecherg, 
1807,  in-8°  de  trcnlc-cinq  pages. 

SCHACHNER    (J. -Rodolphe),   pianiste 


et  compositeur,  né  à  Munich,  le  31  décembre 
1821,  reçut  les  premières  leçons  de  piano  de 
madame  De  Flad,  femme  du  conseiller  de  ce 
nom,  qui  avait  aussi  dirigé  les  premières 
éludes  de  Heuselt.  Pendant  les  années  1837  et 
1838,  il  reçut  lesconseilsde  Jean-BaptisleCra- 
mer,  qui  résidait  alors  à  Munich.  Gaspard  Elt 
fut  le  maître  de  composition  du  jeune  Schâch- 
nerdès  1833,  et  le  dirigea  pendant  plusieurs 
années.  En  1842,  Schachner  se  rendit  à 
Vienne  et  s'y  fit  connaître  avantageusement 
comme  virtuose  dans  les  concerts.  Il  partit 
pour  Paris  à  l'automne  de  1843.  Arrivé  dans 
cette  ville,  il  se  lia  d'amitié  avec  Habeneck  et 
Chopin.  Son  talent  distingué  le  fit  admettre  à 
jouer  dans  un  concerl  du  Conservatoire  le 
Concertsliick  de  sa  composition,  dans  lequel 
il  obtint  du  succès.  De  retour  en  Allemagne,  il 
s'arrêta  à  Leipsick,  où  Mendelssobn  l'accueil- 
lit avec  bienveillance  et  lui  fit  jouer  son  Con- 
cerlsliick  dans  un  des  concerts  du  Gewand- 
haus.  Schachner  visita  ensuite  Berlin,  où  il 
publia  qnelques-uns  de  ses  ouvrages;  puis  il 
retourna  à  Vienne,  où  il  s'est  fixé.  On  a  gravé 
de  la  composition  de  cet  artiste  :  1°  La  Tem- 
pête, élude  pour  piano,  op.  1  ;  Berlin,  Schlc- 
singer.  2°  Grand  Concertstiick  (grande  pièce 
de  concert),  pour  piano  et  orchestre,  op.  G; 
Vienne,  Haslinger.  3°  Poésies  musicales  pour 
piano,  op.  8;  ibid.  4°  Idem,  op.  9;  ibid. 
5°  Romance  variée  pour  piano,  op.  1 1  ;  Berlin, 
Schlesinger.  0°  Ombres  et  rayons,  pièces  pour 
piano,  six  cahiers,  op.  13  et  17;  Vienne;  Me- 
chelti.  7°  La  Chasse,  caprice,  pour  piano, 
op.  12;  Berlin,  Schlesinger.  8°  Fantasie- 
Stiick  pour  piano,  op.  15;  Vienne,  Haslinger. 
9"  Chanson  à  boire  pourquatre  voix  d'hommes, 
op.  10;  Vienne,  Mechetti.  10°  Le  Regret  et 
Nocturne,  deux  pièces  de  salon,  pour  pianoet 
cor;  Vienne,  Haslinger. 

SCHACUT  (Mathieu-Heniu),  savant  da- 
nois, naquit  à  Wiborg  ou  Viborg,  dans  le 
Julland,  le  29  avril  1G00.  Après  avoir  fait  ses 
éludes  littéraires  à  Copenhague,  il  fréquenta 
les  universités  de  Kiel,  Rostock,  Leipsick, 
Jéna  el  Francfort;  il  habita  ensuite  à  Upsal,ct 
fut  nommé  professeur  à  Viborg,  en  1G82.  Peu 
de  temps  après,  il  quitta  ce  poslc  et  séjourna 
à  Danlzick,  puis  à  Kœnigsbcrg,  à  Copenhague, 
en  Hollande,  et  enfin  se  rendit  en  Finlande, 
où  il  accepta,  en  1G85,  une  place  de  canlor  et 
île  professeur.  Après  en  avoir  rempli  les  fonc- 
tions pendant  trois  ans,  il  fui  nommé  recteur 
à  Rierleminde,  en  Danemark,  oii  il  mourut  le 
8  août  1700.  Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs 
compositions  musicales,  et  un  Lexique  de  mu- 


SCHACHT  -  SCIIAD 


43:> 


sique  suivi  d'un  traité  do  cet  art,  en  langue 
latine,  intitulé  :  Bibliotheca  musiar,  sive 
outhorum  musicorum  catalogus,  qui  vel  in 
theoria  vcl  praxi  musices  scripto  inclarue- 

runt.  Ce  manuscrit,  daté  de  Kierleminde, 
1G87,  contient  une  dédicace  de  quatre  pages, 
une  préface  de  douze,  le  Lexique  musical, 
renfermé  en  cent  treize,  et  le  traité  en  trois 
cent  trente-deux  pages  in-folio.  Ce  manu- 
scrit appartenait  à  Schinerring,  musicien  de  la 
chambre  du  roi  de  Danemark,  qui  en  fit  con- 
naître le  contenu  à  Gerber,  auteur  du  Lexi- 
que des  musiciens. 

SCHACHT  (Théodore,  baron  DE),  na- 
quit à  Strasbourg,  en  1748.  Amateur  passionné 
de  musique,  il  se  livra,  dès  sa  jeunesse,  à  la 
culture  de  cet  art  et  reçut,  à  la  cour  de  Slutl- 
gard  des  leçons  de  Jomelli,  qui  y  était  alors 
maître  de  chapelle.  Le  prince  de  La  Tour  et 
Taxis  le  fit  ensuite  intendant  de  sa  musique; 
il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en  1805,  puis 
se  rendit  à  Vienne,  où  il  passa  le  reste  de  sa 
vie.  Il  s'est  essayé  dans  tous  les  genres  de 
composition,  et  a  écrit  des  opéras,  hallels, 
concertos  pour  divers  instruments,  sympho- 
nies, messes,  etc.;  tout  cela  est  resté  en  ma- 
nuscrit, à  l'exception  d'une  symphonie  publiée 
à  Ralisbonne,  en  1784. 

SCHACHT  (M.),  compositeur  de  danses 
de  l'époque  actuelle  (1840-1855),  vit  à  Ha- 
novre. Il  a  publié,  dans  cette  ville  et  à  Bruns- 
wick, un  grand  nombre  de  galops  et  de  polkas 
pour  le  piano. 

SCnACK,  en  langue  bohème  CZIAK  (Be- 
noît), naquit  en  1758,  à  Mirowitz,  en  Bohême, 
où  son  père  était  instituteur.  Il  reçut  sa  pre- 
mière éducation  musicale  et  littéraire  dans  la 
maison  paternelle,  puis  entra,  à  l'âge  de  onze 
ans,  chez  lesjésuites,  comme  enfant  de  chœur. 
Après  avoir  passé  quatre  années  dans  \e  col- 
lège, il  fut  admis  comme  chanteur  à  la  cathé- 
drale de  Prague,  et  continua  ses  études  à  la 
maîtrise  de  cette  église,  particulièremenldans 
la  composition,  qui  lui  fut  enseignée  par  le 
maître  de  chapelle  Laube.  Vers  la  fin  de  1775, 
il  retourna  chez  son  père,  puis  se  rendit  à 
Vienne,  oii  il  eut  la  bonne  fortune  d'être  ad- 
mis au  séminaire.  Sa  voix  s'était  changée  en 
un  bon  ténor,  que  les  leçons  de  Frieberlh  dé- 
veloppèrent. C'est  dans  cette  école  queSchack 
fil  ses  premiers  essais  de  composition, dans  de 
petits  opéras  chantés  par  ses  condisciples. 
Après  un  séjour  de  cinq  ans  à  Vienne,  pen- 
dant lequel  il  avait  terminé  son  cours  de  phi- 
losophie cl  fait  des  éludes  en  médecine,  il  ac- 
cepta une  place  de  maître  de  chapelle  chez  un 


grand  seigneur  de  la  basse  Silésie,  et  en  alla 
prendre  possession  le  24  juin  1784.  Pendant 
quatre  années,  il  composa  pour  le  service  de 
celte  chapelle  des  concertos  pour  divers  in- 
struments à  vent.  Un  débordement  de  l'Oder 
ayant  fait  de  grands  ravages  dans  la  basse  Si- 
lésie, la  chapelle  dont  Schack  avait  la  direc- 
tion fut  supprimée,  en  1788;  dans  le  même 
moment  des  propositions  lui  furent  faites  pour 
entrer  comme  chanteur  au  théâtre  de  Prague. 
La  banqueroute  du  directeur  de  ce  théâtre 
l'ayant  laissé  sans  ressource  quelques  mois 
après,  Schack  se  trouva  sans  emploi  jusqu'à  ce 
qu'il  entrât  dans  la  troupe  ambulante  de  Schi- 
kaneder,qui  allait  donner  des  représentations 
à  Salzbourg.  Ce  fut  pour  celte  troupe  et  à 
Salzbourg  même  qu'il  écrivit  ses  opéras  inti- 
tulés :  le  Ballon  aérostatique;  Laurent  et 
Suzette;  le  Cuisinier;  le  Faucheur.  Plus  lard, 
il  les  fit  jouer  avec  succès  sur  le  théâtre  de 
Vienne.  A  Ratisbonne,  où  la  troupe  de  Schi- 
kaneder  se  rendit,  Schack  composa  une  messe 
et  des  litanies  pour  la  chapelle  du  prince  de 
La  Tour  et  Taxis.  Engagé,  en  1790,  au  théâtre 
An  der  TFien,  dans  la  capitale  de  l'Autriche, 
comme  premier  ténor,  il  y  brilla  et  se  forma 
dans  l'art  du  chant  en  écoulant  les  excellents 
chanteurs  italiens  Iffandini,  Babini,  Jflom- 
belli  et  Maffoli,  qui  s'y  trouvaient  réunis. 
C'est  aussi  à  Vienne  que  Schack  écrivit  ses 
opéras  :  La  Suite  de  la  Cosa  rara  ;  la  Pierre 
philosophale,  la  Gazette  de  / "tenue;  les  deux 
Antoine;  le  Tambour  enchanté;  le  Pays  des 
Utopies,  etc.  Il  dut  à  ces  ouvrages  l'avantage 
de  connaître  Mozart  qui,  allant  le  visiter  quel- 
quefois, prenait  plaisir  à  s'asseoir  à  son  pu- 
pitre, et  à  jeter  dans  ses  partitions  quelques- 
unes  de  ses  abondantes  idées.  Schack  quitta 
le  théâtre  de  Vienne,  en  1793,  pour  aller  à 
Grsetz,  en  Slyrie,  où  il  demeura  trois  ans  ;  puis 
il  reçut  un  engagement  pour  le  théâtre  de  Mu- 
nich, et  pour  la  chapelle  royale.  Il  composa 
dans  cette  ville  six  messes,  deux  Requiem,  des 
graduels,  offertoires,  deux  cantates  funèbres, 
et  beaucoup  de  morceaux  de  chant  détachés, 
dont  quelques-uns  ont  été  publiés.  Schack  a 
cessé  de  paraître  sur  la  scène  en  1814.  On  a 
gravé  de  sa  composition  l'ouverture  de  l'opéra 
les  deux  Antoine,  pour  piano;  une  messe 
pour  quatre  voix  d'hommes  avec  orgue  (Mu- 
nich, Faller),  la  partition  des  deux  Antoine, 
réduite  pour  le  piano,  et  quelques  chansons 
allemandes. 

SCIIAD  (JosEpn),  pianiste  et  compositeur, 
est  né  à  Wurzbourg,  en  1812.  Ses  parents 
l'avaient  destiné  à  l'état  ecclésiastique;  mais 

28. 


436 


SCHAD  -  SCHADE 


ses  heureuses  dispositions  pour  la  musique,  et 
les  rapides  progrès  qu'il  fit  dans  l'étude  du 
piano,  les  firent  changer  de  résolution  :  il  lui 
fut  permis  de  se  livrer  à  son  penchant.  Après 
avoir  fait,  à  l'Institut  musical  de  Wurzhourg, 
des  études  de  théorie  musicale,  de  piano  et 
d'orgue,  sous  la  direction  de  Frœhlich,  il  se 
rendit  à  Francfort-sur-le-Mein  et  y  devint 
élève  d'Aloys  Schmitt;  puis  il  voyaga  dans 
l'Allemagne  du  Rhin  et  en  Suisse,  où  il  se  fit 
entendre  avec  succès.  Arrivé  à  Morges,  dans 
le  canton  de  Vaud,  il  y  fut  nommé,  en  1834, 
organiste  et  directeur  d'orchestre;  mais  son 
mérite  l'a  fait  appeler  à  Genève,  où  il  fut  pen- 
dant quelques  années  professeur  de  piano  au 
Conservatoire.  On  a  publié  récemment  quel- 
ques œuvres  de  pièces  de  piano  de  sa  compo- 
sition. Je  connais  de  lui  :  1°  Souvenirs  de  la 
vallée,  valses  expressives  pour  piano,  op  14; 
Leipsick,  Hofmeisler.  2°  Morceau  de  salon  sur 
la  Sérénade  de  Schubert  ;  pour  piano,  op.  23  ; 
Mayence,  Scholt.  3°  Morceau  de  concert  sur  le 
6extuor  de  l'opéra  Lucia  di  Lammermoor , 
op.  28;  ibid.  4°  Grande  fantaisie  sur  le  cé- 
lèbre Te  Deum  de  Haydn,  pour  piano;  ibid. 
5°  Fantaisie  brillante  sur  Belisario,  pour 
piano  ;  ibid.  6°  Vingt-quatre  études  faciles  et 
progressives  pour  le  piano, op. 31,  liv.  I  et  II; 
Leipsick,  Hofmeister.  7°  Souvenirs  de  Mu- 
nich, valse  pour  piano,  op.  33  ;  ibid.  8°  Diver- 
tissement sur  Gemma  di  Vergi,  pour  piano, 
op.  34  ;  Mayence,  Schott.  9°  La  Rose  des  Alpes, 
romance  sans  paroles  pour  piano,  op.  38  ;  Co- 
bourg,  Sinner.  10°  Les  Cloches  de  Quasi- 
modo,  nocturne  caractéristique  pour  piano; 
Vienne,  Haslinger.  11°  La  Vierge  de  Dom- 
remi ,  ballade  nationale  pour  chant  et  piano  ; 
Mayence,  Schott. 

SCIIADE  ou  SCHAD  (Abraham),  recteur 
à  Spire,  naquit  à  SenfTtenberg,  dans  la  der- 
nière moitié  du  seizième  siècle.  I)  n'est  connu 
que  comme  compilateur  d'une  collection  de 
motets  d'auteurs  célèbres  de  son  temps;  celte 
collection  est  intitulée  :  Promptuarii  iiiusici 
sacros  harmonicos  sive  motetos  5,  0,  7  et  8 
vocum  e  diversis  iisque  cltirissimis  hujus  et 
superioris  xtatis  antehac  nunquam  in  Ger- 
manie editis ,  collectos  exhibentis  Pars 
prima,  qux  conetntus  selectissimos  qui  tem- 
pore  hyemalis  ecclcsix  usui  esse  possunt 
cnmprehendit  ;  Strasbourg,  IC1 1,  huit  parties 
in-4°et  la  partie  d'orgue  in-fol.  Pars  altéra, 
qn.T  xstivi  temporis,  etc.,  etc.,  concentus 
continet;  Strasbourg,  1012.  Pars  tertia, 
1013.  Pars  quarto,  1010.  La  partie  d'orgue 
a  été  arrangée  par  Gaspard  f'incentius,  or- 


ganiste à  Spire.  Celte  collection,  précieuse 
pour  l'histoire  de  l'art,  surtout  en  ce  qui  con- 
cerne l'école  allemande,  renferme  trois  cent 
quatre-vingt-quatre  motets,  composés  par  cent 
vingt-trois  auteurs,  dont  la  plupart  sont  Aile  - 
mnnds;on  peut  la  considérer  comme  faisant 
suiteà  la  collection  de  Bodenschatz,  et  comme 
précédant  celle  de  Donfrid. 

SCHADE  (Jean),  bon  facteur  d'orgues,  né 
en  Westphalie,  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle,  s'établit  à  Aix-la-Chapelle, 
vers  1028,  et  construisit  plusieurs  bons  instru- 
ments, parmi  lesquels  on  remarquait  ceux  des 
Carmélites  et  des  Soeurs  grises  de  Rure- 
monde,  et  celui  de  la  cathédrale  d'Aix-la- 
Chapelle. 

SCHADE  (Charles),  professeur  à  l'école 
communale  de  Halbersladt  ,  né  dans  cette 
ville  en  1791 i  a  publié,  pour  l'instruction 
vocale  dans  les  écoles,  les  ouvrages  sui- 
vanls  :  1°  Darstellung  einer  Reihenfolge 
melodischer,  rhythmischer  und  dynami- 
scher  Uebungen  als  Beitrxge  znr  Faerde- 
rung  des  Gesanges  in  Foljisschulen  (Projet 
d'une  suite  d'exercices  de  chants  mélodiques, 
rhythmiques  et  dynamiques  (avec  des  nuances 
de  forte  et  de  piano),  comme  essai  d'une 
amélioralion  du  chant  dans  les  écoles  popu- 
laires) ;  Halberstadl,  Helm,  1828,  in-8°  de 
trente-cinq  pages.  2°  Sangebuch  fiir  deutsche 
Folksschulen,enthallenddienothwcndigsteii 
Treff-und  Takt- Uebungen  ;  nebst  eine  Aui- 
voahl  von  90  ein-,  zwei-  und  dreistimmigen 
Liedern  und  10  Kanons,  etc.  (Livre  de  chant 
pour  les  écoles  allemandes,  etc.);  ibid., 
1828,  in -4°.  3°  Kurze  und  griindliche  Ele- 
mentargesang-Bildungslehre,  etc.  (Méthode 
courte  et  fondamentale  du  chant  élémen- 
taire); Halbersladt,  1831,  in-4°.  4°  Singebuch 
fiir  Sehulen,  eine  Sammlung  zwei-  drei-  und 
vierstimm.  Lieder  von  verschied.  Compo- 
nislen  (Livre  de  chant  pour  les  écoles;  re- 
cueil de  chansons  de  différents  compositeurs 
à  deux,  trois  et  quatre  voix)  ibid.,  1829,  in-4°. 
Ce  recueil  a  été  publié  par  Schade,  en  société 
avec  E.  Hauer.  S"  Jf'ie  der  Lehrer  N.  seine 
Schule,  die  erste  Classe  einer  Dorfschule, 
fiir  den  Gesang  ausbildete.  Oder  Kurzcr  und 
grundlicher,  nicht  allein  gangbarer,  son- 
dern  auch  gegengener  L'nterrichtsweg  eines 
practischen  Elementarlehrers  in  Gesangs 
(Comment  l'instituteur  N.  a  perfectionné  avec 
sa  méthode  renseignement  du  chant  dans 
les  premières  classes  d'une  école  de  vil- 
lage, elc. );  Halberstadl,  C.  BrUggemann, 
1SÔ1  ,  in-8°  de    quatre-vingt-quatre   pages. 


SCHADE  —  SCtLEFFER 


437 


6°  Ueber  den  Zweck  des  Gesangunterrichts  in 
Schulen.  Einladungsschrift  zur  œffent- 
lichen  Prufung  der  hœhern  Biirgersschule 
zu  Halberstadt  (Sur  le  but  de  l'enseignement 
du  chant  dans  les  écoles  communales  à  Halber- 
stadt); ibid. ,  1831,  in-8°. 

SCHADECK  (Jean),  compositeur,  né  en 
Bohême,  vers  1775,  s'établit  à  Vienne,  dans 
les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle, 
et  y  vécut  en  qualité  de  maître  de  piano.  Il  est 
mort  jeune,  vers  1807.  Ses  premières  produc- 
tions annonçaient  un  artiste  distingué.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1°  Trois  grandes 
sonates  pour  le  piano;  Vienne,  Eder,  1801. 
2°  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
violoncelle,  op.  2,  ibid.,  1802.  3°  Sonate 
pour  piano,  op.  3;  Vienne,  Artaria.  4°  Trois 
sonates  pour  piano,  op.  5  ;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Hœrlel.  5°  Quelques  thèmes  variés  pour  le 
piano. 

SCH/EDEL  ou  SCILEDL  (Bernard), 
pianiste  et  compositeur,  vécut  d'abord  à  Ham- 
bourg, puis  s'établit  à  Francfort-sur-Ie-Mein, 
en  qualité  de  professeur  de  piano  ;  il  s'y  trou- 
vait en  1845.  Unesymphonie  à  grand  orchestre 
de  sa  composition  fut  exécutée  dans  celle 
ville,  en  1842.  On  a  gravé  de  cet  artiste  envi- 
ron cinquante  œuvres,  dont  je  ne  connais  que 
celles-ci  :  1°  Feuilles  d'Album;  pièces  carac- 
téristiques pour  le  piano,  dans  tous  les  tons 
majeurs  et  mineurs,  op.  25;  Mayence,  Schotl. 
2°  Quatre  Lieder  pour  baryton  et  piano, 
op.  26  ;  Hambourg,  Schubert.  5°  Six  Lieder  à 
voix  seule  avec  piano;  ibid.  4°  Ancien  chant 
allemand,  à  voix  seule  et  piano;  Mayence, 
Scholt.  5°  Chant  de  guerre  pour  un  chœur 
d'hommes  ;  Offenbach,  André. 

SCHvEFER  (Jean-Henri),  chanteur  dra- 
matique, né  à  Cassel,  le  2  janvier  1782,  a  ap- 
pris les  éléments  de  la  musique  sous  la 
direction  de  Stegmann  qui,  plus  tard,  est 
devenu  son  beau-père.  Élève  de  Righini  dans 
l'art  du  chant,  il  débuta,  comme  baryton,  au 
théâtre  de  la  cour.  Bien  qu'il  y  jouit  d'un  sort 
agréable,  il  quitta  ce  théâtre  pour  entrer  à 
celui  de  Schwerin,  où  il  fut  accueilli  avec  fa- 
veur. En  1810,  il  se  rendit  à  Hambourg,  et  y 
débuta  avec  succès  dans  VAxur  de  Salieri. 
Depuis  lors  il  n'a  plus  quitté  cette  ville,  où  il  a 
brillé  pendant  vingt  ans.  Devenu  régisseur  du 
théâtre  en  1828,  il  y  a  fait  preuve  d'autant 
d'activité  que  de  talent,  et  quelquefois  il  a 
dirigé  l'orchestre  avec  habileté. 

SCII/EFFER  (maître  Zacharie),  compo- 
siteur allemand,  vécut  vers  le  commencement 
du  dix-septième  siècle.  On  a  imprimé  deux 


psaumes  à  quatre  voix  de  sa  composition,  à 
Hambourg,  en  1612. 

SCILEFFER  (Charles-Frédéric- Louis), 
né  à  Oppeln,  le  12  septembre  1746,  montra 
dès  son  enfance  d'heureuses  dispositions  pour 
la  musique.  A  l'âge  de  douze  ans,  il  se  faisait 
déjà  entendre  dans  les  concerts.  En  1768,  il 
alla  étudier  la  jurisprudence  à  l'université  de 
Halle;  et  deux  ans  après,  il  alla  continuer  ses 
éludes  à  Leipsick.  Il  s'y  lia  d'amitié  avec 
quelques  hommes  distingués,  tels  que  "Weisse, 
"Wieland  et  Gleim.  Après  un  court  séjour  à 
Francfort,  il  se  rendit  à  Breslau,  et  y  fut 
nommé  avocat,  puis  notaire  et  commissaire 
de  justice  pour  la  haute  Silésie.  Il  mourut  à 
Breslau,  le  6  avril  1817.  Cet  amateur  possédait 
une  belle  bibliothèque  de  musique.  Il  a  com- 
posé :  1°  Plusieurs  sérénades  pour  trois  instru- 
ments. 2°  Six  concertos  de  piano  avec  or- 
chestre, 1790  à  1800. 3°  JValmir  et  Gertrude, 
opéra  représenté  sur  le  théâtre  du  prince 
d'Anhalt-Cœthen,  à  Pleiss,  en  1798  et  en 
1800.  4°  Orkan,  grand  opéra,  1805.  5°  Re- 
quiem pour  deux  chœurs  et  orchestre,  1810. 

SCHIFFER  (Henri),  ténor  du  théâtre  de 
Hambourg,  est  né  à  Cassel,  le  20  février  1808. 
Ses  heureuses  dispositions  pour  la  musique  se 
sont  manifestées  dès  son  enfance  :  à  l'âge  de- 
huit  ans,  il  chanlaità  vue,  dans  les  églises,  des 
solos,  des  motets  et  des  fugues.  Vers  la  fin  de 
sa  neuvième  année,  il  entra  dans  les  chœurs 
du  théâtre.  Gerstaecker  etWild,  qui  brillèrent 
à  Cassel  depuis  1820  jusqu'en  1827,  devinrent 
ses  maîtres  et  ses  modèles.  Il  reçut  aussi  des 
leçons  de  composition  de  quelques  bons  pro- 
fesseurs. Engagé  comme  ténor  à  Magdebourg, 
en  1830,  il  y  resta  dix-huit  mois,  puis  chanta 
pendant  une  saison  à  Brunswick,  et  enfin  ac- 
cepta un  engagement  au  théâtre  de  Hambourg, 
où  il  débuta,  en  1832.  La  belle  qualité  de  sa 
voix,  son  sentiment  musical  et  l'expression  de 
son  chant  le  rendirent  bientôt  l'acteur  favori 
du  public,  particulièrement  dans  les  rôles  de 
Cléomène,  du  Siège  de  Corinthe,  de  Pylade, 
dans  Iphigénie  en  Tauride,  et  de  don  Ottavio, 
dans  Don  Juan.  Un  mariage  avantageux  lui 
a  fait  quitter  le  théâtre,  en  1840,  et  depuis  lors 
il  s'est  livré  aux  travaux  de  la  composition. 
Il  a  publié  trois  recueils  de  chants  pour  cinq 
et  six  voix  d'hommes,  à  Hambourg,  chez 
Bœhme.  Ses  compositions  manuscrites  consis- 
tent en  une  symphonie,  plusieurs  ouvertures, 
des  quatuors  pour  deux  violons,  allô  et  basse, 
et  la  cantate  intitulée  Eloge  de  la  Concorde, 
exécutée  à  Hambourg,  le  1er  mars  1858. 
SCIIyEFFER  (Auguste),  compositeur  à 


43S 


SCHIFFER  —  SCHvERTLICH 


Berlin,  est  né  le  23  août  1814,  à  Rcinsberg-, 
où    son    père   était    receveur   d'impôts.    Dès 
ses  premières  années,  il  reçut  des  leçons  de 
piano  de  Breyer,  musicien    de   la   chambre. 
A  l'âge  de  dix  ans,  il  fut  envoyé  à  Polsdam, 
et  jusqu'à   l'âge   de   dix-huit   ans,  il   reçut 
des  leçons  de  violon  de  Koch,  professeur  du 
séminaire,  et  continua  l'étude  du  piano  et  de 
la  théorie  de  la  musique  sous  la  direction  de 
l'organiste  Bœllcher  et  du  directeur  de  mu- 
sique Schaertlich.   Admis  dans  la  maison  de 
liîendelssohn,  en  1833,  il  reçut  des  instruc- 
tions de  ce  compositeur,  pendant  qu»il   fré- 
quentait d'autre    part   l'institut  de   musique 
religieuse  et  y  recevait  des  leçons  d'orgue  de 
l'organiste  distingué   Henri   Birnbach.   Dans 
l'année  18Ô9,  il  donna  avec  succès,  au  théâtre 
Kœnigsstadt,    son    premier    opéra     intitulé 
Emma  de  Falkenstein.  Vers  le  même  temps, 
il  produisit  aussi  quelques   autres   ouvrages, 
parmi  lesquels  on  remarque  des  chants  comi- 
ques pour  des  voix  d'hommes,  où  se  manifeste 
un  talent  original  qui  a  fait  sa  réputation  en 
Allemagne.  Les  ouvrages  principaux  de  cet 
artiste  sont   :   1°  Une  immense   quantité  de 
Lieder  à  voix  seule  avec  piano,  en  recueils  et 
détachés  ;    2°     des    chants     pour    des    voix 
d'hommes;  3°  les  opéras  :  Emma  de  Falken- 
stein, en   trois  actes,   dont  le  livret  est  de 
Kolzebue  ;  la  Bergère  du  Piémont  (Die  Hirlin 
von  Piémont),  opéra  comique ,   en  un  acle, 
représenté,  le  23  septembre  1841 ,  au  théâtre 
royal  de  Berlin;  Eben  Recht  (Le  bon  chemin) 
opéra-comique  en  un  acte,  paroles  de  Charles 
Blum,  représenté  le  28  février  1847,  au  même 
théâtre;  la  belle  Gasconne  (Die  schœne  Gas- 
cognerin),  opéra-comique  en  deux  actes,   lé 
19  novembre  1852,  an  théâtre  Frédéric-Guil- 
laume, de  Berlin,  publié  en  grande  partition 
chez  Bote  et  Bock,  et  en  partition  de  piano, 
chez  Traulwein;  La  nouvelle  Fonction,  co- 
médie en  cinq  actes ,  avec  des  morceaux  de 
musique,  en  1854;  José  Riccardo,  ou  VEs- 
pagnol  en  Portugal,  opéra-comique  en  trois 
actes,  représenté  à  Hanovre,  le  5  mars  1 857. 
M.  Schaeffer  a  publié  quelques  compositions 
pour  le  piano  et  des  danses,  à  Leipsick,  chez 
Kistner,  et  à  Berlin,  chez  Traulwein  et  chez 
Schlesinger. 

SCH/EFFEU  (Jui.r.s),  compositeur,  élève 
de  Dehn  de  Berlin,  fut  d'abord  directeur  de 
musique  de  la  Société  académique  et  de  l'Aca- 
démie de  chanta  Brcslau;  puis,  en  18;'>;'>,  il  fut 
appelé  à  Slrelilz,  en  qualité  de  directeur  de  la 
musique  du  grand-duc  de  Mecklenhourg.  En 
1800,  il  devint  successeur  de  Reinecke,  comme  ' 


professeur  de  musique  à  l'Université  de 
Breslau  et  à  l'Institut  de  musique  religieuse 
de  cette  ville.  On  a  publié  de  sa  composition 
des  Lieder  et  des  chants  sans  paroles  pour 
piano,  à  Berlin,  chez  Challier. 

SCBI/ERER  (mailre  Meicfiior),  composi- 
teur allemand,  vécut  au  commencement  du 
ilix-seplième  siècle.  Il  a  publié  un  recueil  de 
pièces  pour  trois  voix  ou  trois  instruments, 
sous  le  titre  de  Tricinia,  à  Nuremberg,  en 
1603,  in-4°. 

SCH/ERTLICIÎ  (Jean-Chrétien),  profes- 
seur à  l'école  normale  de  Potsdam,  est  né  à 
Dresde,  le  25  mars  1785.  Après  avoir  reçu  une 
instruction  élémentaire  dans  l'école  primaire 
du  séminaire  de  celle  ville,  il  fut  admis  dans 
le  chœur  à  l'âge  de  sept  ans  pour  y  chanter  le 
soprano.  Il  y  parvint  jusqu'au  grade  de  préfet. 
A  l'âge  de  treize  ans,  il  enira  au  séminaire  de 
Neusladt,  y  fit  ses  études,  et  après  avoir  été 
fait  bachelier,  obtint  une  place  de  quatrième 
professeur.  Ses  connaissances,  plus  littéraires 
que  musicales,  le  rendaient  peu  propre  à  oc- 
cuper la  place  de  cantor  qu'il  désirait;  mais 
par  un  travail  assidu,  il  parvint  à  posséder 
assez  d'instruction  sur  l'orgue   et  le  violon 
pour  obtenir  le  cantoral  à  Annabourg,  au  mois 
d'octobre  1811.  Dans  celte  position,  il  reprit 
ses  études  musicales  avec  ardeur,  et  acquit  une 
connaissance  suffisante  de  la  composition  par 
la  lecture  du  Manuel  de  Koch.  Bien  que  sa  si- 
tuation fût  voisine  de  la  misère  à  Annabourg, 
où  il    ne  touchait  qu'un  traitement  de  cent 
soixante-huit    lhalers    (six    cent    cinquante 
francs),  pour  nourrir  sa  femme  et  plusieurs 
enfants,  il  fut  presque  effrayé  quand  on  lui 
offrit  la   place  de   professeur  de  musique  à 
l'école  de  Potsdam,  quoiqu'il  y  dût  trouver 
de   grands   avantages.   D'après   les    explica- 
tions qui    lui   furent  données,   il   accepta  sa 
place  au  mois  d'août  1817  :  il  l'occupait  en- 
core en  1840.  Le  23  août  1842,  Schaertlich  fut 
nommé  membre  honoraire  de  la  Licderiafel 
(Société   de   chant),    fondée    par    Zeller,    et 
en  1844,  il  en  devint  directeur  de  musique. 
Enfin,   en   1852,  il   fut  nommé  directeur  de 
musique  de  la    Liederlafel    de  Potsdam.   Il 
fêla,  en  1856,  lecinquanlième  anniversaire  de 
sa  carrière  dans   renseignement  et   reçut  à 
cette  occasion    la    décoration  de  l'ordre  de 
l'Aigle  rouge  de  quatrième  classe.  Cet  artiste 
respectable  est  mort  à  Polsdam,  le  29  sep- 
tembre 1859.  On  a  de    lui  :  1°  Chants  pour 
trois  voix  d'hommes;  Hambourg,  Chrisliani. 
2°    Ncurs    Choralbuch    fiir    Biirger    und 
Landschulcti    (  Nouveau    livre   choral    pour 


SCHMVTLICH  -  SCHA1  HOEUTL 


439 


les  écoles  des  villes  et  de  la  campagne), 
Potsdam,  Riegel,  1827,  in -8°.  La  deuxième 
édition  a  paru  en  1829,  et  plusieurs  autres  ont 
été  publiées  postérieurement.  5°  Trois  suites 
de  chansons  de  table,  ibid.  4°  Leitfaden  bei 
dem  ersleti  Untcrrichten  im  Gesxnge  (Guide 
pour  l'instruction  primaire  du  chant);  ibid., 
1850.  5°  Vmf'assende  Gesxngschule  fiir  den 
Schul-  U7id  Privalunterricht  (Nouvelle  mé- 
thode de  chant  pour  l'enseignement  public 
et  particulier),  première  partie;  Polsdam, 
Riegel,  1832,  deuxième  idem;  ibid.,  1833. 
G0  Sammlung  van  500  Uebungssliicken 
beim  Gesang-Unterricht  (Recueil  de  cinq 
cents  exercices  pour  l'étude  du  chant);  ibid., 
1832,  grand  in- 8°.  7°  Harmonielehre ,  etc. 
(Méthode  d'harmonie);  ibid.,  1839,  première 
et  deuxième  parties,  in-8°.  8°  Der  liturgischc 
Chor  nach  seiner  aussern  und  innen  Ein- 
richtung,  etc.  (Le  choeur  liturgique  suivant 
son  organisation  intérieure  et  extérieure); 
ibid.,  1839.  9°  Quatre  chants  pour  quatre  voix 
d'hommes;  Berlin,  Bote  et  Bock.  10°  Méthode 
de  chant  pour  l'instruction  dans  les  écoles  et 
dans  l'éducation  privée  (en  allemand);  Pots- 
dam,  Riegel.  Trois  éditions  de  cet  ouvrage  ont 
été  publiées.  11°  Livre  choral  évangélique, 
avec  des  préludes  et  des  conclusions  pour 
l'orgue  (en  collaboration  avec  Lange);  Pots- 
dam,  Riegel. 

SCII/ETZEL  (Pauline  DE),  devenue  en- 
suite madame  DECIiER,  est  née  à  Berlin, 
en  1812,  et  débuta  au  théâtre  de  cette  ville,  en 
1828,  dans  le  rôle  d'Agathe  du  Freyschiitz, 
avec  un  brillant  succès.  Les  journaux  de  celle 
ville  retentirent  bientôt  d'éloges  remplis  d'en- 
thousiasme pour  ses  qualités  personnelles;  ils 
vantaient  sa  beauté,  sa  jeunesse,  le  timbre  de 
sa  voix,  le  brillant  de  sa  vocalisation,  l'ex- 
pression et  la  noblesse  de  son  jeu.  Elle  parut 
avec  le  plus  grand  succès  dans  Fidelio , 
dans  le  rôle  difficile  de  donna  Anna  (de 
Don  Juan),  et  enfin  dans  celui  de  Rosine,  du 
Barbier  de  Séville.  C'est  dans  cet  ouvrage 
qu'elle  a  pris  congé  du  public  en  1832,s'étant 
retirée  alors  de  la  scène  pour  épouser  31.  Dec- 
ker, imprimeur  de  la  cour.  Depuis  lors  elle 
ne  s'est  fait  entendre  que  comme  amateur  dans 
quelques  concerts. 

SCUAFFEN  (Henri)  ,  compositeur  qui 
vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  naquit 
en  France,  de  parents  nobles,  comme  on  le 
voit  par  le  titre  d'un  de  ses  ouvrages.  On  con- 
naît de  lui  :  1°  Madrigali  a  quattro  voci  a 
note  nègre;  Venise,  1S49,  in-4°  obi.  2°  Mo- 
teltiaSvocijlib.Ietlib.ITïihid.^'ôG'ôy'm-i0. 


Des  motels  de  H.  SchafTen  se  trouvent  dans  le 
cinquième  volume  de  la  rarissime  collection 
intitulée  :  Evangelica  Dominicorum  et  fes- 
torum  dierum  tnusicis  numeris  pulcherrimi 
comprehensa  et  ornata;  Noribergx ,  in 
officina  Joan.  Montant  et  Ulr.  Neuberi, 
1554-1556,  6  vol.  in-4»,  obi. 

SCHAFFIVEU  (Nicolas-Albert),  né  en 
Silésie,  vers  1790,  apprit,  dès  sa  jeunesse,  a 
jouer  de  plusieurs  instruments,  particulière- 
ment du  violon  et  de  la  clarinette,  sur  lesquels 
il  acquit  un  certain  degré  d'habileté.  Il  vécut 
quelque  temps  à  Breslau,  puis  voyagea  en  Al- 
lemagne, et  arriva  à  Paris,  en  1815,  où  il  fut 
nommé  chef  de  musique  d'un  des  régiments  de 
la  garde  royale  ;  mais  il  renonça  à  cet  emploi, 
au  commencement  de  1817,  pour  succéder  à 
Alexandre  Piccinni  dans  la  place  de  chef 
d'orcheslredu  théâtrede  laPorle-Saint-Martin. 
Il  écrivit  pour  ce  théâtre  la  musique  des  mélo- 
drames et  pantomimes  le  Prince  et  le  Soldat  ; 
Daniel,  ou  la  Fosse  aux  lions  ;  Azendaï;  la 
Cabane  de  Montainard;  le  Maréchal  de 
Fillars  ;  le  Proscrit  et  la  Fiancée  ;  le  Petit 
Chaperon  rouge;  le  Banc  de  sable;  les  Frères 
invisibles,  etc.  Quelques  désagréments  lui 
firent  abandonner  sa  place,  en  1821,  pour 
celle  de  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Rouen  : 
il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'en  1834. 
L'année  suivante  il  avait  quitté  ce  poste,  mais 
on  ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis  ce  temps. 
Artiste  laborieux,  Schaffner  a  publié  beau- 
coup de  musique  d'harmonie  pour  instruments 
à  vent,  composée  ou  arrangée  par  lui,  et  des 
morceaux  pour  divers  instruments.  Ses  prin- 
cipales productions  sont  :  1°  Divertissement 
militaire  à  douze  parties;  premier  et  deuxième 
livres,  Paris,  Schonenberger.  2°  Suites  d'har- 
monie à  quatorze  parties;  1,  2,  5,  Paris,  Petit. 
3°  Quatuors  concertants  pour  flûte,  clarinette, 
cor  et  basson,  op.  5,  7,  9;  Paris,  Ph.  Petit. 
4°  Air  varié  pour  violon  et  orchestre;  Paris, 
Gambaro.  5"  Duos  pour  deux  violons,  ibid. 
G°  Quelques  solos  et  airs  variés  pour  flûte. 
7°  Idem  pour  clarinette.  8°  Six  trios  pour 
clarinette,  cor  et  basson;  liv.  1  et  2,  Paris, 
Gambaro.  9°  Duos  pour  deux  clarinettes, 
op.  1G  et  17;  Lyon,  Arnaud.  10°  Trios  pour 
violon,  alto  et  violoncelle,  op.  10;  Paris, 
A.  Petit. 

SCHAFHQEUTL  (le  docteur  Charles), 
conservateur  de  la  Bibliothèque  royale  et  pro- 
fesseur de  physique  à  l'université  de  Munich, 
a  publié,  sous  le  pseudonyme  de  Pellisoxv, 
quelques  bons  ouvrages  sur  des  sujets  relatifs 
à  l'acoustique  et  à  la  musique.  Ces  opuscules 


44) 


SCHAFHOEUTL  —  SCHALL 


ont  pouf  titres  1°  Théorie  gedeckter  cylindri- 
scher  und  konischer  Pfeifer  und  der  Quer- 
flœten.  Der  Beitrxge  zur  Théorie  einiger 
musikalischen  Instrumente  (Théorie  des 
tuyaux  (d'orgue)  bouchés  cylindriques  et  co- 
niques, et  de  la  flûte  traversière);  dans  les 
Nouvelles  annales  de  Cliimif,  t.  VIII,  et 
tiré  à  part;  Halle,  Anton,  1833,  in-8°  de 
trente  pages,  avec  une  planche.  2°  Ueber 
Schall,  Ton,  Knoll  und  einige  andereGegen- 
stxnde  der  Akustik  (Sur  le  son,  l'intonation, 
le  retentissement,  et  quelques  autres  objets  de 
l'acoustique)  ;  dans  les  Nouvelles  Annales  de 
chimie,  t.  IX,  et  tiré  à  part;  Halle,  Anton, 
1834,  in-8°  de  vingt  et  une  pages.  3°  Ueber 
den  Kirchen-Musik  des  katolischen  Cultus 
(Sur  la  musique  d'église  du  culte  catholique), 
dans  la  Gazette  générale  de  musique  de  Leip- 
sick,  trente-sixième  année,  p.  721  et  suiv. 
M.  Schafhœutl  fit  partie  du  jury  pour  les  in- 
struments de  musique  à  l'exposition  univer- 
selle de  Londres,  en  1851,  et  à  l'exposition 
universelle  de  l'industrie  allemande,  à  Mu- 
nich, en  1854.  Il  a  fait  sur  les  instruments  de 
musique  de  celle-ci,  un  savant  rapport  (qua- 
trième classe)  renfermé  dans  les  pages  53  à 
224  du  rapport  général,  et  qui  a  pour  titre  : 
Bericht  der  Beurtheilungs  Commission  bei 
der  allgemeinenteutschen  Induslrie-Jus- 
stellung  zuMûnchcn,\%5b.  IV.  Ueber  musi- 
kalische  Instrumente  von  Dr.K.  Schafhœutl, 
gr.  in-8°;  Munich,  Georges  Franz. 

SCHAFUATH  (Christophe),  musicien  de 
la  chambre  de  la  princessse  Amélie  de  Prusse, 
sœur  de  Frédéric  II,  naquit  en  1709  à  Hohen- 
stein,  près  de  Dresde,  et  mourut  à  Berlin, 
le  17  février  17G3.  Savant  musicien,  il  a  formé 
plusieurs  des  meilleurs  chanteurs,  claveci- 
nistes et  compositeurs  allemands  de  son 
temps.  Il  a  publié  :  1°  Six  duos  pour  clavecin 
et  violon  ou  flûte,  op.  1  ;  Berlin,  1752.  2"  Six 
sonates  pour  clavecin  seul,  op.  2;  ibid., 
1754.  Le  catalogue  de  Breitkopf  indique  aussi 
ni  manuscrit,  de  sa  composition,  trois  sym- 
phonies pour  l'orchestre  ;  six  trios  pour  flûte, 
violon  et  basse,  et  six  sonates  pour  piano.  La 
Bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  le  ma- 
nuscrit original  de  douze  solos  pour  clavecin, 
de  cet  artiste. 

SCIIALE  (CnnÉTiEN-FnÉDLRic),  musicien 
de  la  chambre  du  roi  de  Prusse,  et  organiste 
de  l'église  principale  de  Berlin,  naquit  à 
Brandebourg,  en  1713.  Bolle,  organiste  de 
cette  ville,  fut  son  premier  maître  de  musique. 
A  l'Age  de  seize  ans,  il  entra  à  l'école  de  Mag- 
dehourg,  d'où  il  passa  à  l'université  de  Halle, 


en  1732,  pour  y  suivre  un  cours  de  droit. 
Trois  ans  après,  le  margrave  Henri  de  Bran- 
debourg le  prit  à  son  service,  en  qualité  de 
violoncelliste  de  sa  chambre.  En  1742,  Fré- 
déric II  le  fit  entrer  dans  sa  musique,  où 
Schale  fut  attaché  pendant  quarante  ans.  Il 
obtint  la  place  d'organiste  de  l'église  princi- 
pale de  Berlin,  vers  1760  ;  il  était  alors  consi- 
déré comme  un  des  meilleurs  organistes  et 
clavecinistes  de  l'Allemagne,  et  comme  un 
compositeur  distingué.  Il  a  fait  imprimer,  à 
Nuremberg,  trois  œuvres  de  sonates  de  clave- 
cin, depuis  1750  jusqu'en  1759.  Ses  préludes 
pour  l'orgue,  publiés  en  quatre  recueils,  à 
Berlin,  depuis  1791  jusqu'en  1796,  in-fol. 
oblong,  sont  considérés  comme  son  meilleur 
ouvrage.  Les  catalogues  de  l'Allemagne  indi- 
quent aussi  en  manuscrit,  de  la  composition 
de  cet  artiste,  des  symphonies  à  grand  or- 
chestre, des  concertos  pour  le  clavecin,  des 
trios  et  des  solos  pour  divers  instruments.  Il 
mourut  à  Berlin,  le  2  mars  1800,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-sept  ans. 

SCHALEIMIEIV'TER  (Paul),  composi- 
teur allemand  du  seizième  siècle,  a  écrit,  en 
société  avec  Agricola,  les  mélodies  des  canti- 
ques de  Georges  Thymius,  publiées  à  Zwickau, 
en  1553. 

SCIIALL  (Olacs),  né  à  Copenhague,  vers 
175G,  a  été  considéré,  en  Danemark  et  en 
Allemagne,  comme  un  violoniste  distingué  et 
comme  un  compositeur  de  mérite.  Après  avoir 
fait  plusieurs  voyages  et  s'être  fait  entendre 
avec  succès  à  Hambourg,  à  Berlin,  à  Dresde, 
à  Francfort,  à  Paris  et  en  Italie,  il  retourna 
dans  sa  patrie,  où  le  roi  le  nomma  maître  de 
concert,  et  le  créa  chevalier  de  l'ordre  de  Da- 
nehrog.  Schall  a  formé  une  bonne  école  de 
violonistes,  dont  la  plupart  sont  entrés  dans  la 
chapelle  royale.  Il  est  mort  à  Copenhague,  en 
1836,  dans  un  âge  avancé.  Dans  sa  jeunesse, 
il  s'était  distingué  par  la  composition  de  quel- 
ques ballets.  Ses  principaux  ouvrages  en  ce 
genre  sont  :  1°  L'Idole  de  Ceylan,  repré- 
senté en  1789,  et  gravé  en  partition  pour  le 
piano;  Copenhague,  1780.  2°  Grand  ballet 
pour  l'anniversaire  de  la  naissance  du  roi,  en 
1800.  3"  Sexjfried  ,  grand  ballet,  en  1802. 
4°  Le  Chanoine  de  Milan,  opéra  en  deux 
actes.  Parmi  ses  compositions  instrumentales, 
on  remarque  :  5°  Concertos  pour  le  violon, 
nos  1,2,3,  4,  5;  Copenhague  et  Paris.  G" Duos 
pour  deux  violons,  op.  1,  2;  Paris,  Pleycl, 
Sieber.  7°  Études  de  l'archet  et  du  doigter  pour 
le  violon;  Hambourg,  Bœhme.  8°  Quelques 
danses  pour  l'orchestre. 


SCIIAMBACU  -  SCHAUENSÉE 


Ai\ 


SCHAMBACII  (Jean -Christophe),  sa- 
vant allemand  du  dix-septième  siècle,  a  pu- 
blié une  dissertation  intitulée  :  Deveteris  re- 
centisque  eccles.  hymno  Te  Deum  laudamus; 
Wiltenberg,  1G8G,  in-4°. 

SCHAMELIUS  (Jean-Martin),  né  àMeu- 
selwilz,  dans  le  duché  d'Altenhourg,  le  5  juin 
1GG8,  remplit,  pendant  quelques  années,  les 
fonctions  de  magïster  dans  ce  lieu,  après  avoir 
achevé  ses  études;  puis  il  demeura  à  Hambourg, 
en  1702,  et  fut  appelé,  l'année  suivante,  à 
Naumbourg,  où  il  fut  nommé  pasteur  en  1 708. 
Il  mourut  en  celte  ville,  le  troisième  jour  de 
Pâques  de  l'année  1742.  On  a  de  lui  deux  ou- 
vrages intéressants  sur  le  chantde  l'Église  ré- 
formée, particulièrement  en  ce  qui  concerne 
son  histoire.  Le  premier  a  pour  titre  :  Fin- 
dicia;  cantionum  S.  Ecclesia;  evangelicx , 
das  ist ,  theologische  Rettung  tind  Beant- 
wortung  einiger  schwerscheinenden  Stellen 
der  evangel.  œffentl.  Kirchengesxnge,  etc. 
(Défense  et  explication  évangélique  de  quel- 
ques passages  difficiles  de  chants  de  l'Église 
reformée,  etc.)  ;  Leipsick,  1719,  in-8°  de  cent 
cinquante-deux  pages;  deuxième  partie,  pre- 
mière édition,  1715,  in-8°de  deux  cent  trente- 
neuf  pages.  L'autre  ouvrage  de  Schamelius  est 
intitulé  :  Evangelischer  Lieder  Commenta- 
rius,  darinmn  vornehmlich  die  alten  Kir- 
chen-und  Kernlieder  des  Sel.  Lutheri  und 
anderer  Theologen,  etc.  (Commentaire  des 
chants  évangéliques,  renfermant  principale- 
ment les  anciens  chants  d'église  de  feu  Luther 
et  d'autres  théologiens,  avec  des  remarques)  ; 
Leipsick,  1737,  in-8°  de  sept  cent  seize  pages. 
On  y  trouve  une  histoire  abrégée  des  hymnes 
de  l'Église  évangélique  (p.  01-148 ).  La 
deuxième  partie  de  ce  livre  a  paru  à  Leipsick, 
dans  la  même  année,  in -8°  de  quatre  cent 
quatorze  pages.  . 

SCHAPLER  (Jules),  maître  de  concert  à 
Wieshaden,  en  1840.  La  Société  musicale  de 
Manheim  ayant  ouvert  un  concours  dans  cette 
même  année  pour  la  composition  d'un  qua- 
tuor pour  des  instruments  à  archet,  ce  fut 
Schapler  qui  obtint  le  prix.  Son  ouvrage  a  été 
publié  sous  ce  titre  :  Preis-Quartell  fur  zwei 
violinen,  viola  und  violoncello,  von,  etc.  ; 
Manheim,  lleckel.  On  connaît  du  même  ar- 
tiste :  An  den  Frilhling ,  Lied  pour  soprano, 
ténor  ou  basse,  avec  accompagnement  de 
piano  et  violoncelle  ;  ibid. 

SCIIARBEAU  (Henri),  né  à  Lubeck,  le 
25  mai  168'J,  fut  nommé  prédicaleurde  l'église 
Sainte-Marie  de  cette  ville,  en  1717.  Parmi 
ses  ouvrages,  il   en  est  un  qui  a  pour  litre  ; 


Observationes  sacra;;  Lubeck,  1731 -17Ô3, 
deux  volumes  in-4".  On  y  trouve  une  disserta- 
tion intitulée  :  De  ministerio  musices  sacra; 
solis  viris  vindicalo  (t.  II,  p.  219-244).  Elle 
est  dirigée  contre  Calmel  qui,  dans  son  Trésor 
des  antiquités  sacrées  et  profanes,  avait  dit 
que  les  femmes  prenaient  part  à  la  musique 
dans  le  temple  de  Jérusalem. 

SCHATTENBERG  (Thomas),  de  Flens- 
bourg,  fut  organiste  au  temple  de  Saint-Ni- 
colas, à  Copenhague,  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle.  On  a  de  sa  composi- 
tion •.  1°  Jubilus  S.  Bernhardi  de  nomine 
Jésus  quatuor  vocibus  decantatus ;  Copen- 
hague, 1020,  in-4°.  2°  Cantiones  sacra;  qua- 
tuor vocibus  decantandx ;  Stetlin  ,  1623, 
in-4°. 

SCHAUENSÉE  (François- Joseph- 
Leonti-Meyer  DE),  organiste  du  monastère 
de  Saint-Léodgar,  à  Lucerne,  naquit  en  celle 
ville,  le  10  août  1720.  A  l'âge  de  cinq  ans,  il 
appril  les  éléments  de  la  musique  et  bientôt 
après  il  commença  l'élude  de  l'orgue,  sous  la 
direction  de  Millier,  organiste  du  couvent  de 
Saint-Léodgar,  à  qui  il  succéda  plus  tard. 
Après  six  années  d'études  sous  la  direction  de 
ce  maître,  son  éducation  musicale  se  trouva 
assez  avancée  pour  qu'on  Kii  confiât  l'orgue 
du  monastère,  dans  les  plus  grandes  solenni- 
lés.  En  1731,  ses  parents  l'envoyèrent  chez  les 
bénédictins  de  l'abbaye  de  Saint-Jean,  près 
de  Saint-Gall,  pour  qu'il  y  continuât  ses  hu- 
manités. N'y  ayanl  pas  trouvé  d'orgue,  il  s'y 
livra  à  l'élude  du  clavecin,  du  violon,  du  vio- 
loncelle, et,  quelques  années  après,  se  mil  à  la 
lecture  des  meilleurs  traités  de  théorie  et  de 
composition.  Il  avait  atteint  l'âge  de  dix-neuf 
ans  lorsqu'il  crut  se  senlir  de  la  vocation  pour 
la  vie  monastique,  et  il  entra  au  couvent  de 
Saint-Urbain,  de  l'ordre  de  Cileaux,  pour  y 
faire  son  noviciat;  mais  le  peu  de  prix  qu'on  y 
attachait  à  la  musique  le  dégoûta  bientôt  de 
son  nouvel  état.  Il  retourna  chez  ses  parents, 
et  peu  de  temps  après,  il  partit  pour  l'Italie. 
Après  avoir  passé  dix- sept  mois  à  Milan,  dans  la 
société  des  meilleurs  artistes,  et  y  avoir  com- 
posé ses  premières  sonates  de  clavecin,  il  en- 
tra comme  enseigne  dans  le  régiment  suisse  de 
Relier,  qu'on  venait  de  former  pour  le  service 
du  roi  de  Sardaigne,  et  fit  en  celle  qualité  les 
campagnes  de  1742  et  1743.  Pendant  que  ce 
régiment  était  en  garnison  à  Turin,  il  com- 
posa, pour  la  fête  de  son  colonel,  un  petit 
opéra  qui  fut  représenté  avec  succès  à  Ca- 
gliari.  Il  se  chargea  aussi  de  la  composition 
d'un  Te  Deum  pour  célébrer  une  victoire  rem- 


445 


SCH.YUENSÉE  —  SCHAUM 


portée  sur  les  Espagnols;  enfin,  il  écrivit  pour 
la  cour  un  autre  opéra,  inlilulé  Applausifesto- 
s»\qui  ne  fut  pas  moins  bien  accueilli,  en  1742. 
Ayant  été  fait  prisonnier  près  de  Nice,  peu  de 
temps  après,  il  obtint  la  liberté  sur  sa  parole 
et  retourna  dans  ses  foyers.  Sa  famille  lui  fit 
obtenir  une  charge  de  magistrature  dont  il 
remplit  les  fonctions  pendant  quelque  temps; 
mais  son  ancienne  vocation  pour  la  viemonas- 
tique  s'étant  réveillée,  il  fit  ses  vœux  au  cou- 
vent de  Saint-Léodgar,  où  il  succéda  à  son 
ancien  maître  Millier,  dans  la  place  d'orga- 
niste. Il  vivait  encore  dans  ce  monastère  en 
1790,  mais  on  n'a  plus  de  renseignements  sur 
sa  personne  depuis  celte  époque.  On  a  im- 
primé ou  gravé  de  sa  composition  :  I.  Pour 
l'église  :  1°  De  semine  bono,  quarante  motets 
pour  soprano  et  contralto,  avec  accompagne- 
ment, 1748.  2°  Obeliscus  musicus,  contenant 
des  offertoires  à  quatre  voix,  1752.  3° Ecclesia 
triumphans  in  campo,  œuvre  composé  de 
Te  Deum,  Tanlum  ergo,  Vidi  uquam,  As- 
perges, et  Stella  cœli,  op.  3,  1753.  4°  Ponti- 
ficale Romano-Constantiense  musicum,  seu 
Missx  VII  breviores,  etc.,  op.  4  ;  Augsbourg, 
1756,  in-fol.  5°  Cantiea  doctoris,  seu  anli- 
phonx  Mariante  XXX II  nempe  XI î  Salve 
Regina,  FI  Aima  Redemptoris ,  VI  Ave 
Regina,  et  VIII  Regina  cœli,  etc.  ;  Augs- 
bourg, 1730,  op.  5,  in-fol.  G"  Phœbus  musi- 
cus seu  vesperz  IV,  op.  7;  ibid.,  1757. 
II.  Pour  le  théâtre  :  7°  //  Trionfo  délia 
Gloria,    1743.   8°  Il    Palladio    conservato, 

1743.  911  Applausi  festosi  délia  Sardcgna, 

1744.  Tous  trois  en  Sardaigne.  10°  Hortus 
conclusus  ,  cantate  à  voix  seule,  1745. 
11°  L'Ambassade  du  Parnasse,  opéra  alle- 
mand, à  Lucerne,  1740.  12°  La  Fête  de  la 
Paix,  ibid.,  1751.  13°  Brutus,  opéra  sérieux 
avec  intermèdes,  ibid.,  1753.  1 4"  La  Bourse 
de  l'avare  perdue,  opéra-comique,  ibid., 
1754.  III.  Musique  de  ciuiuisiib  :  15°  Pan- 
théon musicum,  recueil  de  huit  concertos 
pour  l'orgue  ou  le  clavecin,  avec  accompagne- 
ment; Augsbourg,  1757,  op.  0. 16°  Tabellarius 
musicus,  renfermant  six  symphonies  à  quatre 
partie1;,  op.  8;  ibid.,  1757.  17°  Concerli  ar- 
monici d'organoe di  cembalo  concertait  colli 
accompagnamenti,  op.  4  ;  Nuremberg,  1751. 
18°  Omne  trinumperfectum,  cantate  à  quatre 
voix  avec  instruments;  Saint-Gall,  1703. 
10"  Par  nubile  fratritm,  etc.  ;  idem,  op.  7, 
ibid;  1703.  Schaucnsée  a  laissé  en  manuscrit 
<lcs  messes,  offertoires,  Te  Deum.  vêpres, 
hymnes,  Magnificat,  litanies,  Miserere,  an- 
tiennes, Requiem,  un    œuvre    de    concertos 


pour  l'orgue  et  le  clavecin,  dix-huit  sonates 
pour  ce  dernier  instrument,  et  un  œuvre  de 
symphonies. 

SCHAUER (Charles), canlor  à  l'église  de 
Jérusalem,  à  Berlin,  né  à  Furstenwaldc,  le 
3  décembre  1806,  se  rendit  à  Berlin,  en  1821, 
et  y  reçut  les  leçons  de  Zelter,  puis  devint 
élève  deGrell,en  1823, et  continua  sous  sa  di- 
rection ses  éludes  d'orgue,  d'harmonie  et  de  con- 
trepoinl  jusqu'en  1830.  Vers  la  même  époque, 
il  fréquenta  l'école  de  musique  religieuse,  où  il 
perfectionna  ses  connaissances  sous  les  pro- 
fesseurs Grell,  A. -Guillaume  Bach  etL.  Hell- 
wig.  En  1825,  il  élail  entré  commechorisle  au 
théâtre  Rœnigsladt.  Deux  ans  après,  il 
obtint  la  place  de  préchanlre  à  l'église  Saint- 
Nicolas,  de  Berlin,  et  en  1829,  il  abandonna 
sa  place  du  ihéâlre  Kœnigsladt  pour  celle  de 
cantor  à  l'église  de  Jérusalem.  En  1830,  il 
remplaça  Grell  et  Zelter  comme  directeur  de 
l'école  judaïque  et  succéda  à  B.  Auerbach,  en 
qualité  de  professeur  de  chant  de  la  même  in- 
stitution. On  lui  doit  :  1°  La  publication  d'un 
recueil  de  chants  de  divers  auteurs,  divisé 
en  deux  suites,  et  intitulé  :  Markische  Lieder 
Sammlung  fiir  Schulen;  Berlin.  2°  Citants  à 
deux  et  trois  voix,  à  l'usage  des  écoles  de  la  cam- 
pagne, des  gymnases  et  des  séminaires  ;  ibid. 

SCIIAUL  (Jean-Baptiste),  musicien  de 
la  cour  du  roi  de  Wurtemberg,  mort  à  Slutl- 
gard,  le  23  août  1822,  était  en  même  temps 
professeur  de  langue  italienne,  et  a  publié  di- 
vers ouvrages  concernant  la  grammaire  de 
cette  langue.  On  a  de  lui  un  écrit  intitulé  : 
Bricfe  iiber  den  Geschmack  in  der  Musik 
(Lettres  sur  le  goût  dans  la  musique);  Carls- 
ruhe,  1809,  in-8°  de  cent  pages.  On  y  trouve 
quelques  notices  sur  des  musiciens,  négligés 
dans  le  premier  Lexique  de  Gerber. 

SCHAUM  (J.-O.-H.),  né  en  Silésic,  fut 
d'abord  auditeur  à  Hirschherg,  puis  à  Berlin. 
Il  vécut  quelque  temps  à  Breslau,  et  s'y  lit  re- 
marquer comme  amateur  distingué  en  diri- 
geant, le  5  avril  1804,  l'exécution  du  Pater 
tioster  de  Naumann,  au  profil  des  pauvres, 
par  un  orchestre  de  quatre-vingts  personnes. 
Il  a  l'ait  représenter,  en  1795,  au  théâtre  du- 
cal d'Oels,  Jerg  et  Ratelg,  opéra  île  sa  com- 
position. H  avait  écrit  un  antre  opéra  intitulé 
Z,<u7fl,qu'il  se  proposait  de  faire  représentera 
Breslau,  mais  qui  ne  parait  pas  avoir  été  joué, 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Kriegslie- 
der,  zum  besten  venvandeter  Krieger  her- 
ausgegeben  (Chansons  de  guerre  avec  accom- 
pagnement «le  piano,  etc.);  Hirschherg , 
Thomas*.  2"  Chants  cl  chansons  à  voix  seule 


SCHAUM  -  SCIIECIINER-WAAGEN 


143 


avec  piano;  Breslau,  Grass,  elc.  5°  Canons  à 
(rois  voix  ;  Berlin,  Schlesinger.  Sclianm  a  tra- 
duit en  allemand  le  traité  do  la  construction 
des  instruments  à  archet,  par  Bagalella 
{voyez  ce  nom),  sons  ce  titre  :  Ueber  den  Bau 
der  f'iolinen,  Bratschen,  T'ioloncells  und 
f'iolons;  Leipsick,  Klllinel  (sans  date),  in-4° 
de  vingt  pages,  avec  deux  planches. 

SCIÏAUTZ  (Mathieu),  facteur  de  pianos  à 
Augsbourg,  naquit  à  Sontheim  sur  la  Brenz, 
en  Bavière,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Élève  de  Georges-André  Stein,  il  a  fa- 
briqué des  instruments  qui  soutenaient  la 
comparaison  avec  ceux  de  son  maître.  Il  s'est 
fixé  à  Augsbourg,  en  1785. 

SCHEBST  ou  SCHEBEST  (Agnès), 
cantatrice  allemande  d'un  talent  distingué, 
est  née  à  Vienne,  le  15  février  1813.  A  l'âge  de 
deux  ans,  elle  fut  transportée  par  ses  parents  à 
Alexandrie(Piémont),  d'où  ses  parents  étaient 
originaires.  Son  père,  officier  dans  l'armée  au- 
trichienne, avait  été  blessé  par  l'explosion 
d'une  mine  dans  la  démolition  d'un  ouvrage  . 
de  fortification  ;  un  événement  semblable  lui 
•tonna  la  mort,  en  1815;  et  sa  femme' partit 
pour  la  Bohême.  A  l'âge  de  quinze  ans, 
Agnès  Schebst,  dont  la  belle  voix  de  mezzo-so- 
prano  commençait  à  se  développer,  se  rendit 
à  Dresde,  s'y  livra  à  l'étude  du  chant,  et  ma- 
dame Werdy,  bonne  actrice  a-Demande,  fut 
chargéede  lui  enseigner  la  déclamation.  Après 
quelques  années  de  travail,  Agnès  débuta  à 
Dresde,  dans  le  rôle  de  Benjamin,  de  l'opéra 
de  Méhnl  inlitulé  Joseph.  Le  succès  qu'elle 
y  obtint  la  fit  engager,  en  1832,  à  l'Opéra  de 
celte  ville,  puis  elle  chanta  à  Peslh.  Rappelée 
à  Dresde,  elle  y  fit  remarquer  les  progrès  de 
son  talent,  et  reçut  ensuite  un  engagement 
pour  Vienne.  En  1837,  elle  était  à  Carlsruhe, 
où  elle  produisit  une  profonde  impression  par 
la  perfection  de  son  talent  dramatique.  En 
1841,  mademoiselle  Schebslcommença  à  voya- 
ger, parcourut  l'Allemagne,  une  partie  de  la 
France,  l'Italie  et  la  Suisse:  partout  elle  eut 
de  grands  succès  et  souvent  excita  l'enthou- 
siasme du  public  par  l'expression  de  son  jeu  et 
le  charme  de  sa  voix.  Ce  fut  dans  cette  même 
année  1841  qu'elle  épousa  David-Frédéric 
Strauss,  auteur  de  la  Fie  de  Jésus.  Fixée  plus 
tard  à  Stuttgart],  elle  a  quitté  le  théâtre  et  de- 
puis lors  a  vécu  dans  la  retraite.  En  1857,  elle 
a  publié  sa  biographie,  écrite  par  elle-même, 
sous  ce  litre  :  Leben  einer  Kunstlerin  (Vie 
d'une  artiste);  Stullgard,  un  volume  in-8°. 
Cet  ouvrage,  écrit  d'un  style  charmant,  est 
plein  d'intérêt. 


SCIIECJI1NGEB  (Jean),  organiste  de  la 
cour  de  Munich,  vivait  en  celle  ville,  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle.  On  voit  par  les 
comptes  de  la  cour  qu'il  recevait  trente  florins 
annuellement  pour  les  leçons  de  clavicorde 
qu'il  donnait  aux  enfants  du  duc  Albert  V.  Il 
a  publié  un  recueil  de  chansons  profanes 
à  quatre  voix,  à  Nuremberg,  en  1549,  in -4° 
oblong. 

SCIIECHNEB  -  WAAGEIV  (Nanette), 
célèbre  actrice  de  l'Opéra  allemand,  est  née  à 
Munich,  en  1806.  Les  premières  leçons  de 
chant  lui  furent  données  par  un  acteur  nommé 
Weber,  et  ses  premiers  pas  sur  la  scène  se 
firent  dans  le  chœur  de  l'Opéra  italien.  Une 
circonstance  heureuse  la  lira  de  celle  position, 
et  fit  connaître  de  quoi  elle  était  capable,  lors- 
que madame  Grassini,  arrivant  à  Munich,  vou- 
lut se  faire  entendre  dans  des  scènes  détachées 
des  Horaces,  de  Cimarosa.  N'ayant  trouvé 
personne  au  théâtre  qui  put  remplir  le  rôle  de 
Coriace,  elle  se  rendit  à  l'école  de  chant,  et  y 
fit  choix  de  mademoiselle  Schechner.  Effrayée 
d'une  entreprise  si  hasardeuse,  celle-ci  ne  parut 
sur  la  scène  qu'en  tremblant;  mais  dès  les  pre- 
miers sons  de  sa  belle  voix,  un  murmure  d'ap- 
probation l'encouragea,  et  son  succès  fut  com- 
plet. Devenue  sa  protectrice,  la  reine  de  Ba- 
vière lui  donna  un  maître  de  langue  italienne, 
et  la  fil  instruire  dans  le  chant  par  le  maître 
de  chapelle  Orlandi,  et  par  l'excellent  chan- 
teur Ronconi.  Le  premier  rôle  qu'elle  chanta 
fut  celui  de  la  comlesse  dans  les  Nozze  di 
Figaro.  Après  deux  années  passées  à  l'Opéra 
italien  de  Munich,  elle  se  rendit  à  Vienne,  où 
elle  fut  peu  remarquée,  n'y  ayant  chanté  que 
des  seconds  rôles  dans  des  ouvrages  peu  ana- 
logues à  la  nature  de  son  talent.  Enfin,  en 
1827,  à  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  elle  prit  la 
résolution  de  quitter  la  scène  italienne  pour 
chanter  l'opéra  allemand,  et  elle  accepta  un 
engagement  au  Théâtre-Royal  de  Berlin.  Elle 
y  parut  la  première  fois  dans  le  rôle  d'Emme- 
line  de  la  Famille  suisse.  Son  nom,  à  peine 
connu  dans  l'Allemagne  du  Nord,  n'avait  pu 
triompher  du  désavantage  d'une  représenta- 
tion donnée  le  dimanche,  par  un  beau  jour 
d'été  :  il  y  avait  peu  de  monde  dans  la  salle 
pendant  le  premier  acte  de  l'opéra;  mais 
l'élonnement  qu'avaient  fait  éprouver  à  l'au- 
ditoire la  beauté  de  son  organe,  son  intelli- 
gence et  sa  véhémence  dramatique,  furent 
causes  que  les  spectateurs  se  répandirent  pen- 
dant l'enlr'acte  dans  les  cafés  et  sur  la  place, 
et  y  parlant  avec  enthousiasme  de  ce  qu'ils  ve- 
naient d'entendre,  amenèrent  la  foule  dans  la 


444 


SCHECHNER-WAAGEN  —  SCHEIBE 


salle  pendant  le  second  acte.  Des  acclamations 
unanimes  firent  connaître  à  la  cantatrice 
qu'elle  n'aurait  bientôt  plusde  rivale  à  l'Opéra 
allemand.  Fidelio,  Iphitjénie  en  Tauride  et 
la  festalehn  fournirent  des  occasions  de  faire 
apprécier  la  flexibilité  de  son  talent  et  l'éner- 
gie de  son  âme.  Un  séjour  de  quelques  mois  à 
Berlin  avait  suffi  pour  fonder  la  réputation  de 
mademoiselle  Schechner  et  pour  la  faire  con- 
sidérer comme  une  des  meilleures  cantatrices 
qu'ait  eues  la  scène  allemande.  De  retour  à 
Munich,  elle  y  fut  malheureusement  bientôt 
atteinte  d'une  maladie  nerveuse  qui  la  tint 
longtemps  éloignée  du  théâtre.  Sa  voix  en  re 
çut  une  atteinte  sensible,  et  lorsqu'elle  se  fit 
entendre  à  Berlin,  dans  quelques  représenta 
lions,  la  diminution  de  ses  moyens  d'exécu- 
tion frappa  ses  plus  ardents  admirateurs.  Les 
progrès  de  sa  maladie  de  nerfs  l'ont  obligée  à 
se  retirer  en  1835,  et  depuis  lors  elle  n'a  plus 
paru  sur  la  scène. 

SCIIED  ou  SCïIEDIUS  (Paul-Mélisse), 
conseiller,  professeur  et  bibliothécaire  à  Hei- 
delberg,  naquit  le  20  décembre  1539.  Après 
avoir  fini  ses  études,  il  reçut  de  l'empereur 
Ferdinand  Ier,  en  1564,  le  titre  de  poète  cou- 
ronné. Il  mourut  subitement  à  Heidelberg,  le 
3  février  1602,  laissant  en  manuscrit  beaucoup 
«le  compositions  pour  l'église,  dont  on  faisait 
encore  usage  en  1(356,  suivant  la  chronique  de 
Ewickau.Gerber  cite  sous  son  nom,  d'après  la 
Bibliotheca  classica  de  Draudius  (p.  161-3), 
un  recueil  de  motets,  sous  le  litre  de  Canliones 
musicx  miscellanex  quatuor  et  quinque  vo- 
cum  (Wiltenberg,  1566,  in-4°). 

SCIIEDLICII  (Jacques),  compositeur  al- 
lemand, vécut  dans  les  premières  années  du 
dix-septième  siècle.  Il  a  publié  un  recueil  de 
musique  intitulé  :  Magnificat  et  intonationes 
preeutn  vesperlinurum,  sur  les  huit  Ions  de 
l'église,  à  quatre  voix  ;  Lcipsick,  1613. 

SCIIEDLICII  (David),  compositeur  et  or- 
ganiste de  Sainl  Laurent,  à  Nuremberg,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a  publié  Un 
œuvre  de  musique  instrumentale  intitulé  : 
Musikalische»  Klecblalt,  beslehend  in  J>al- 
letten,  Couranten  und  Sarabanten  (Feuille 
de  trèfle  musicale,  consistant  en  ballets,  cou- 
rantes et  sarabandes  pour  deux  violons  et 
violette) ;  Nuremberg,  1665,  in-4°obl. 

SCI1EFEK  (Jean-Guillaume),  musicien 
de  ville  à  Ueberlingen,  dans  le  grand-duché 
«le  Bade,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  des 
messes  à  deux  et  trois  voix  avec  orgue  (Ueber- 
lingen, 1676,  in  4°). 

SCUEFFER  (Maiiti.n),  et  selon  Lipçnius 


(Bibl.  philos.,  p.  976),  SCIIEFER,  cantor  à 
l'école  de  Minden,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  est  auteur  d'un  traité  de  mu- 
sique intitulé  :  Sylvulx  musicx  libri  duo  ; 
Hildesheim,  1605,  in-8°.  La  nature  de  cet  ou- 
vrage, devenu  fort  rare,  n'a  été  connue  ni  de 
Forkel,  ni  de  Gerber  qui  l'ont  cité. 

SCHEFFER  (Paul),  musicien  allemand, 
né  vraisemblablement  en  Silésie,  vécut  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  de  sa  composition  :  1°  Lib.  I  et 
II  melodiarum  biblicarum,  quinque  et  sex 
vocum,  Breslau,  1619,  in-4°.  2°  XII  Entrées 
et  courantes,  avec  un  canon  à  six  parties  ; 
ibid.,1619,  in-4». 

SCHEFFER  (Henri-Théophile),  né  à 
Stockholm,  en  1710,  se  distingua  dans  les  ma- 
thématiques et  dans  la  physique,  particulière- 
ment dans  leur  application  aux  arts.  Admis 
dans  l'Académie  des  sciences  de  Suède,  il 
fournit  à  celte  société  savante  beaucoup  de 
mémoires,  parmi  lesquels  on  remarque  une 
Comparaison  mathématique  des  rapports 
naturels  des  sons  entre  eux,  insérée  dans  les 
mémoires  de  l'Académie  royale  de  Stockholm 
(lome  X,  page  59).  Scheffer  mourut  dans  la 
capitale  de  la  Suède,  en  1759. 

SCUEFFER  (  Jean  -  Théophile  -  Guil- 
laume), facteur  d'orgues  à  Brieg,  dans  la  Si- 
lésie, vécut  au  milieu  du  dix-huitième  siècle. 
En  1752,  il  a  construit  l'orgue  de  l'église  ré- 
formée de  Breslau,  composée  de  trente  jeux, 
puis  celui  de  Klein-Oels,  près  de  Brieg. 

SCUEIRE  (Jean),  facteur  d'orgues  à  Leip- 
sick,  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  a  construit,  en  1715,  le  bel  orgue  de 
cinquante-quatre  jeux,  dans  l'église  des  Pau- 
lins  de  cette  ville.  Plus  tard,  il  fit  aussi  celui 
de  Saint-Jean  qui, bien  que  composé  seulement 
de  vingt  deux  jeux,  a  été  déclaré  parfait  par 
Jean-Sébastien  Bach  et  le  facteur  Hildebrand, 
qui  en  avaient  été  nommés  les  examinateurs. 

SCUEIRE  (Jean-Adolphe),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Lcipsick,  en  1708.  Doué  d'heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique,  il  com- 
mença l'élude  de  cet  art  dès  l'âge  de  six  ans. 
A  la  même  époque,  il  eut  le  malheur  de  perdre 
l'œil  droit  par  l'inadvertance  d'un  ouvrier, 
dans  l'atelier  de  son  père.  A  neuf  ans,  il  se 
livra  à  l'élude  du  clavecin,  mais  il  ne  put  le 
faire  d'une  manière  suivie  qu'après  avoir 
atteint  sa  quatorzième  année.  En  1725,  il 
suivit  les  cours  de  droit  de  l'université,  après 
avoir  achevé  ses  humanités  au  collège  de 
Saint-Nicolas;  mais  bientôt  la  ruine  de  son 
père  l'obligea  à  les  abandonner  pour  la  mu- 


SCHEIBE 


44.' 


sique,  qui  lui  offrait  des  ressources  plus  im- 
médiates. Il  reprit  donc  avec  ardeur  ses  exer- 
cices sur  le  clavecin  et  sur  l'orgue,  dans  l'es- 
poir d'obtenir  une  place  d'organiste.  Plusieurs 
devinrent  vacantes  à  Leipsick,  mais  malgré 
ses  efforts  il  ne  put  parvenir  à  en  obtenir  une 
seule.  Désespérant  de  réussir  dans  celte  car- 
rière, il  crut  qu'il  serait  plus  heureux  dans  la 
composition,  qui  partagea  ses  travaux  avec  la 
théorie  de  la  musique.  Après  avoir  donné  pen- 
dant quelques  années  des  leçons  de  clavecin  à 
Leipsick,  il  fit,  en.  1755,  un  voyage  à  Prague 
et  à  Gotha.  Après  un  court  séjour  à  Sonders- 
hausen,  il  se  rendit  à  Hambourg,  dans  l'espoir 
d'y  être  employé  comme  compositeur  à  l'Opéra; 
mais  ce  spectacle  ayant  élé  fermé  peu  de  temps 
après,  Scheibe  entreprit  la  publication  d'un 
écrit  périodique  intitulé  le  Musicien  critique, 
dans  l'espoir  que  la  littérature  de  l'art  lui  serait 
plus  utile  que  l'art  lui-même.  Malgré  quelques 
tracasseries,  la  fortune  sembla  lui  devenir  plus 
favorable,  en  1740,  qu'elle  ne  l'avait  été  jus- 
que-là, car  le  margrave  de  Brandebourg- 
Culmhach  le  nomma  son  maître  de  chapelle. 
Scheibe,  dans  cette  nouvelle  position,  n'inter- 
rompit pas  la  publication  de  son  Musicien 
critique,  qui  souleva  contre  lui  d'assez  vives 
attaques  de  la  part  de  Mizler  et  de  Schrœler, 
parce  qu'il  avail  dit,  dans  un  des  numéros  de 
cet  écrit,  que  les  mathématiques  sont  absolu- 
ment inutiles  à  la  théorie  de  l'harmonie.  La 
réputation  de  savant  musicien,  que  lui  avait 
procurée  cette  publication,  lui  fit  obtenir,  en 
1744,  la  place  de  maître  de  chapelle  du  roi  de 
Danemark.  L'année  suivante,  il  donna  une 
deuxième  édition  du  Musicien  critique , 
augmentée  des  discussions  que  cet  écrit  avait 
fait  naître. Pendant  lesdouzeou  quinze  années 
qui  suivirent,  son  sort  fut  heureux,  et  il  se 
livra  à  la  composition  avec  beaucoup  d'activité; 
mais  l'arrivée  de  Sarli  à  Copenhague  lui  fit 
perdre  sa  position;  car  ses  lourdes  productions 
ne  pouvaient  lutter  avec  la  musique  élégante 
et  facile  du  compositeur  italien.  Scheibe  fut 
mis  à  la  retraite,  en  1758,  avec  une  pension 
de  quatre  cents  écus.  Il  vécut  encore  dix-huit 
ans,  occupé  de  travaux  scientifiques  relatifs  à 
la  musique,  et  mourut  à  Copenhague,  au  mois 
d'avril  1776,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans. 

La  plupart  des  compositions  de  Scheibe  sont 
restées  en  manuscrit  :  elles  consistaient  en 
plus  de  deux  cents  morceaux  de  musique 
d'église,  cent  cinquante  concertos  pour  la 
flûte,  composés  pour  le  margrave  de  Brande- 
bourg-Culmbach,  trente  concertos  pour  le 
violon,    soixante-dix    symphonies    à   quatre 


parties,  une  multitude  de  trios  et  de  sonates 
pour  le  clavecin,  un  opéra  en  langue  danoise, 
des  cantates  italiennes  et  allemandes,  et  beau- 
coup de  chansons.  Tout  cela  parait  avoir  été 
dépourvu  d'imagination.  On  n'a  imprimé  de 
celte  immense  quantité  d'ouvrages  que  ceux- 
ci  :  1°  Tre  sonate  per  il  cembalo  obligato  e 
flauto  traverso,  op.  1  ;  Nuremberg,  in-fol. 
2°  Musikalische  Erquick-Stunden,  consistant 
en  six  sonates  pour  flûte  et  basse  continue; 
Leipsick,  1729,  in-fol.  3°  Thusnelda,  opéra 
danois  en  quatre  actes,  avec  une  préface  sur 
la  possibilité  et  les  qualités  d'un  bon  opéra  ; 
Leipsick  et  Copenhague,  1749.  4°  Chansons  de 
francs-maçons;  Copenhague,  1749.  5°  Can- 
tates tragiques  à  deux  voix,  avec  accompagne- 
ment de  clavecin,  précédées  d'une  préface  sur 
le  récitatif  en  général,  et  sur  les  cantates  en 
particulier;  Copenhague  et  Leipsick,  1765. 
6°  Chansons  morales  pour  des  enfants,  avec 
une  préface  sur  ce  genre  de  compositions; 
Flensbourg,  1766.  Parmi  ses  compositions 
manuscrites,  son  oratorio  de  la  Bésurreclion 
et  de  l'Ascension  de  Jésus-Christ  a  été  dis- 
tingué de  son  temps  comme  un  ouvrage  bien 
écrit. 

Scheibe  n'a  conservé  de  réputation  que  par 
ses  écrits  sur  la  musique.  Il  y  fait  preuve  non- 
seulement  de  savoir,  mais,  ce  qui  était  plus 
rare  de  son  temps  parmi  les  musiciens,  d'es- 
prit d'analyse  et  de  vues  ingénieuses.  Par 
exemple,  il  est  le  premier  qui  ait  dit  que 
l'origine  de  l'harmonie  se  trouve  chez  les 
peuples  du  Nord.  Cette  assertion,  alors  si 
neuve,  prouvait  que  son  auteur  avait  attenti- 
vement examiné  la  question  :  elle  ne  fut  cepen- 
dant pas  remarquée;  mais  peu  de  temps  après, 
Jean-Jacques  Bousseau  la  reproduisit,  et  les 
écrivains  français  la  traitèrent  d'insoutenable 
paradoxe,  quoique  le  fait  ne  puisse  plus  être 
aujourd'hui  contesté.  Les  ouvrages  de  littéra- 
ture musicale  et  de  théorie  publiés  par  Scheibe 
sont  les  suivants  :  1°  Der  Crilischen  Musicus 
(le  Musicien  critique),  journal  hebdomadaire 
dont  il  parut  soixante-dix-huit  numéros; 
Hambourg,  17Ô7-1758,  in -8°.  En  1745,  il 
donna  à  Leipsick  une  deuxième  édition  de  ce 
recueil,  augmentée  de  plusieurs  dissertations 
et  de  pièces  relatives  aux  discussions  de  l'au- 
teur avec  Birnbaum  ,  Mizler  et  Schrœter, 
quatre  parties, grand  in-8°de  mille  cinquante- 
neuf  pages.  2°  Abhandlung  von  den  musika- 
lischen  Intervallen  und  Geschlechten  (Traité 
des  intervalles  et  des  genres  musicaux),  Ham- 
bourg, 1739,  in-8°  de  cent  quatorze  pages. 
Dans  cet  ouvrage,  Scheibe  considère  les  inler- 


440 


SCHEIBE  —  SCHEIBLE 


valles  absolument  musicalement  et  sans  aucun 
i-apport  avec  les  proportions  mathématiques. 
3°  Abltandlung  von  Ursprungc  und  Aller 
der   Musik,    insonderheit  der    Fokalmusik 
(Dissertation  sur  l'origine  et  l'antiquité  de  la 
musique);  Allona,  1754,  in-8°  «le  cent  sept 
pages,  avec  une  préface  critique  de  LXX  p. 
qui  peut  être  considérée  comme  une  des  meil- 
leures productions  de  Scheibe.  4°  Ueantwor- 
tung  der  unparleïschen  Anmerkungen  iiber 
eine  bedenklicheStclle  in  dem  seclisten  Stiicke 
des  Krilisclten  Musicus  (Réponse  aux  remar- 
ques sur  un  passage  important  du  sixième  nu- 
méro du  Musicien  critique)]  Ilambourg,  1738, 
in-8°  de  quarante  pages.  Les  remarques  aux- 
quelles Scheibe  répond  dans  cet  écrit  sont 
celles  que  Birnbaum  avait  publiées  sur  la  cri- 
tique faite  par  Scheibe  des  compositions  de 
J. -S.  Bach,  qu'il  appelle  pourtant  un  grand 
homme.  C'est  cette  réponse  qu'il  inséra  dans 
la  deuxième  édition  de  son  Musicien  critique 
(voyez  Birnbaum).  5° Schreiben  an  die  fferren 
Ferfass.  der  neuen  verschiedener  Schriften 
zur    Aufnahme    und     Ferbesscrung    der 
schœnen    TFissenschaften    und    danischen 
Sprache,  die  in  Sorœ  heraus  kam  (Lettre  aux 
auteurs  de  l'écrit  périodique  publié  à  Sorau 
sous  le  litre  :  Recueil  de  pièces  ayant  pour 
objet  les  progrès  des  sciences  et  de  la  langue 
danoise);  Copenhague,  17G5,  in-8"  de  cin- 
quante-six  pages.   Une  cantate  que  Scheibe 
avait  composée  pour  la  confirmation  du  prince 
royal  de  Danemark,  et  qui  avait  été  critiquée 
dans  le  recueil  de  Sorau,  donna  lieu  à  cet  écrit. 
0°  Abhandlung  iiber  das  Recitativ  (Disserta- 
tion sur  le  récitatif),   dans   la  bibliothèque 
(allemande)  des  sciences   et   des    beaux-arts 
(tome  II,  pages  209-268,  et  tome  XII,  pages 
217-2GG).  7°  Ueber  die  7nusikalische  Compo- 
s*7ion(Sur  la  composition  musicale),  première 
partie,  contenant  la  théorie  de  la  mélodie  et 
de  l'harmonie;  Leipsick,  Schwickert,    1773, 
un  volume  in  4°  de  six  cents  pages,  avec  une 
bonne  préface  historique  et  critique  de  LX 
pages.   Cet  ouvrage  devait  avoir  quatre  vo- 
lumes; mais  la  mort  de  l'auteur  ne  lui  permit 
pas  de   l'achever.    Dans    le  volume   publié, 
Scheibe  traite  «les  intervalles,  de  l'harmonie  à 
trois  et  à  quatre  parties,  de  la  tonalité,  de  la 
modulation,  de  la  mesure  et  du  rbythme.  On 
y  trouve  une  longue  analyse  du  système  de 
Rameau,  un  bon  morceau  sur  la  comparaison 
de  la  tonalité  moderne  avec  les  modes  des  an- 
ciens et  les  tons  du  plain-cbant,  un  autre  sur 
les  différents  systèmes  de  solmisalion,  et  un 
troisième  sur  les  genres  chromatique  cl  cu- 


,  harmonique.  Bien  qu'on  puisse  reprocher  au 
;  livre  de  Scheibe  des  longueurs  et  des  redites, 
on  ne  peut  refuser  à  l'auteur  l'esprit  métho- 
dique et  un  savoir  fort  étendu.  8°  Compendium 
musices  theorico-pralicum ,  ou  abrégé  des 
règles  les  plus  nécessaires  pour  la  composition. 
Le  manuscrit  de  cet  ouvrage,  qui  n'a  point  été 
publié,  appartient  à  M.  Charles-Ferdinand 
Becker,  de  Leipsick  ;  il  est  composé  de  trente 
feuilles  in-4°.  M.  Becker  le  considère  comme 
un  travail  destiné  a  l'instruction  des  élèves  de 
Scheibe. 

SC1IEIBEL  (Godefroid-Épiiraïm),  né  à 
Breslau,  en  1696,  y  fit  ses  humanités,  puis 
alla  suivre  les  cours  de  théologie  à  l'université 
de  Leipsick.  En  1736,  il  obtint  sa  nomination 
de  professeur  au  gymnase  de  Breslau  ;  il  mou- 
rut dans  celte  ville,  en  1759.  Scheibel  fut  un 
des  plus  savants  musiciens  de  son  temps. 
A  l'âge  de  vingt-cinq  ans,' il  publia  son  pre- 
mier ouvrage,  sous  le  litre  suivant  :  Zufxl- 
lige  Gedanken  von  der  Kirchen-Musik,  elc. 
(Pensées  fortuites  sur  la  musique  d'église, 
dans  l'état  où  elle  se  trouve  aujourd'hui,  etc.); 
Francfort  et  Leipsick,  1721,  in-8°  de  quatre- 
vingt-quatre  pages.  Quoiqu'il  y  ait  du  mérite 
dans  cet  opuscule,  c'est  surtout  par  son  his- 
toire de  la  musique  d'église  ancienne  et  mo- 
derne (Die  Geschichle  der  Kirchen-Musik 
alter  und  neuer  Zeiten;  Breslau,  1738,  in-8" 
de  quarante-huit  pages),  que  Scheibel  s'est 
rendu  recommandable.  Bien  «|ue  ce  ne  soit 
qu'une  simple  brochure,  elle  est  si  substan- 
tielle, qu'on  peut  la  considérer  comme  une 
des  meilleures  choses  qu'on  ait  écrites  con- 
cernant la  musique  des  églises  réformées. 
On  a  aussi  de  ce  savant  :  Musikalisrh-poe- 
tisch-andxchtige  Betrnchlungen  iiber  die 
Sonn-  und  Feiertags-Evangelia  (Considéra- 
tions musicales  et  poétiques  sur  les  évangiles 
des  fêtes  et  dimanches);  Breslau,  Korn,  1720, 
in-8°;  deuxième  édition,  ibid.,  1738,  in-8". 
Scheibel  s'est  fait  connaître  aussi  comme  com- 
positeur par  une  année  entière  de  musique 
d'église,  à  l'usage  du  culte  protestant,  publiée 
à  Oels  (sans  date).  Cet  ouvrage  est  confposé  de 
morceaux  à  àeux  voix,  deux  violons  et  basse 
continue  pour  l'orgue. 

SCHEIBLE  (Jean-Nkpomuclne)  ,  direc- 
teur de  la  Société  musicale  de  Francl'ort-sur- 
le-Mein,  connue  sous  le  nom  de  Cxcilia  (vers 
1818),  naquit  à  Bulïingcn,  le  10  mai  1789, 
et  mourut  à  Francfort,  le  7  août  1837.  Doué 
d'une  bonne  voix  de  ténor  et  bon  musicien, 
Scheihle  montra  de  l'habileté  dans  la  direc- 
teur de  la  société  dont  il  avait  été  le  fondateur. 


SCIIEIBLE  —  SCIIEIDLER 


44; 


Comme  professeurde  chant,  il  était  fort  estimé. 
On  connaît,  sous  son  nom,  des  chœurs,  des 
cantates  et  des  romances.  Weismann  a  publié 
sur  lui  un  petit  écrit  qui  a  pour  titre  :  Joh. 
IVepomuck  Schcible,  Director  der  Cxcilien- 
JFercins  in  Franc furt-am- Main ;F rancfort, 
J838,  in-8». 

SCIIEIBLEÏl  (Jean-Henri),  fabricant 
d'étoffes  de  soie  à  Crcfeld  ou  Crevelt,  près  de 
Dusscldorf,  naquit  le  11  novembre  1777,  à 
Monljoie,  dans  la  régence  d'Aix-la-Chapelle, 
et  y  passa  ses  premières  années.  Des  études 
sérieuses  et  des  voyages  faits  avec  fruit,  par- 
ticulièrement en  Italie,  ornèrent  son  esprit  de 
connaissances  solides  et  variées.  Ayant  fondé 
une  manufacture  d'étoffes  de  soie  à  Crefeld,  il 
y  passa  doucement  les  trente  dernières  années 
de  sa  vie,  remplie  par  d'utiles  travaux.  L'ex- 
cès du  travail  lui  occasionna  une  maladie 
inflammatoire,  dont  il  mourut  le  20  novembre 
1837.  Son  penchant  pour  la  physique,  et  par- 
ticulièrement pour  la  science  des  sons,  le  con- 
duisit à  faire  des  recherches  pour  une  meil- 
leure division  du  manche  de  la  guitare  par  le 
tempérament  égal.  Plus  tard,  il  inventa  un 
instrument  appelé  Aura,  composé  de  vingt 
guimbardes  régulièrement  accordées  et  réu- 
nies sur  deux  barres  par  un  mécanisme  parti- 
culier qui  en  facilite  de  maniement,  et  rend 
possible  la  succession  de  tous  les  tons.  Ce 
n'était  là  que  le  prélude  de  ce  qui  devait  plus 
laid  attacher  son  nom  à  l'histoire  de  la  mu- 
sique par  des  expériences  qui  tendent  à  dé- 
montrer que  les  instruments  à  clavier  doivent 
être  accordés  par  le  tempérament  égal.  Depuis 
longtemps  il  employait  le  loisir  que  lui  lais- 
sait sa  manufacture  à  chercher  les  moyens  de 
déterminer  l'accord  des  instruments  d'une 
manière  à  la  fois  sensible  et  mathématique,  et 
à  poser  le  son  fixe  qui  devait  servir  à  cet  ac- 
cord. Les  embarras  que  lui  avait  causés  l'ac- 
cord des  guimbardes  de  son  Aura  lui  avaient 
démontré  que  les  tempéraments  pratiques  des 
accordeurs  manquent  de  justesse,  et  que  les 
travaux  des  calculateurs  sur  ce  sujet  ne  four- 
nissent pas  «le  rectification  satisfaisante.  Il 
eut  recours  à  l'expérimentation,  et  prit, 
comme  Sauveur  et  Sarti  {voyez  ces  noms),  les 
battements  de  deux  sons,  dont  les  vibrations 
se  heurtent,  comme  la  mesure  du  nombre  de 
ces  vibrations  ;  mais  avec  des  moyens  de  véri- 
fication des  battements,  préférables  à  ceux 
dont  ceux-ci  s'étaient  servis.  Au  lieu  du  pen- 
dule fixe,  Scheibler  construisit  un  métronome 
semblable  à  celui  de  Maelzel,  quant  au  méca- 
nisme de  l'accélération  ou  du  ralentissement 


du  balancier,  et  dont  l'échelle  graduée,  était 
entre  les  limites  de  cinquante  elquatre-vjngi- 
dix  oscillations  par  minute.  Par  une  multitude 
d'expériences  délicates,  il  trouva  :  1°  que  le 
métronome  subit  les  influences  de  la  lempé- 
rature  d'une  manière  sensible,  et  qu'il  doit 
être  réglé  à  toute  variation  d'un  demi-degré 
du  thermomètre  de  Uéaumiir,  de.  manière  à 
fournir  exactement  le. même  nombre  d'oscil- 
lations dans  un  tempsdonné  ;  2"que  le  nombre 
de  battements  par  chaque  coup  de  balancier, 
en  raison  du  degré  de  l'échelle  où  celui-ci 
esr.  placé,  suffit  pour  avoir  le  nombre  de 
battements  par  seconde,  et  que  celui-ci  se 
trouve  en  multipliant  le  numéro  du  balancier 
par  le  nombre  de  battements,  et  divisant  le 
produit  par  soixante  ;  3°  que  tout  battement 
est  composé  de  deux  vibrations  simples.  Cela 
posé,  Scheibler  trouva  le  diapason  moyen  du 
la  à  vide  du  violon  égal  à  quatre  cent  trente- 
neuf  et  un  tiers  vibrations  parseconde,  et  fixa, 
par  de  nombreuses  expériences  sur  le  tempé- 
rament égal,  la  valeur  numérique  de  toutes 
les  intonations  de  l'octave  représentées  par 
une  suite  de  diapasons  en  acier.  Il  donna  à 
l'appareil  de  cette  collection  de  diapasons  le 
nom  de  Tonmesser  (phonomèlre),  et  publia 
le  résultat  de  ses  observations  et  de  ses  décou- 
vertes dans  un  écrit  intitulé  :  Der  pjiysika- 
lische  und  musikalische  Tonmesser,  welcher 
durch  den  Pendel,  dem  Auge  sichtbar,  die 
absohiten  Vibralionen  der  Tœne ,  so  wie 
die  schœrfste  Genanigkeit  gleichstvebender 
und  malhematischer  Accorde  beweist,  etc. 
(Le  phonomètre  physique  et  musical,  qui  dé- 
montre par  le  balancier  d'une  manière  visible 
à  l'œil  les  vibrations  absolues  des  tons  (sons 
déterminés),  des  espèces  principales  de  sons 
tempérés,  ainsi  que  la  justesse  précise  des  ac- 
cords parle  tempérament  égal);  Essen,  Iîœde- 
ker,  1834,  in-8°  de  quatre-vingts  pages.  Quel- 
ques mois  après,  Scheibler  fil  paraître  une 
instruction  sur  l'application  de  son  système  à 
l'accord  de  l'orcue,  dans  une  demi-feuille 
d'impression  intitulée:  Anleitung  die  Orgel 
vermittelst  der  St&sse  (vulgo  Schivebungen) 
und  des  Metronoms,  correct  gleischwebend 
zustimmen;  Crefeld,  C.-M.  Schliller,  1834, 
in-8°.  Deux  autres  brochures  relatives  au 
même  sujet  ont  été  publiées  par  lui,  sous  les 
titres  suivants  :  Ueber  mathematische  Stim- 
mung,  Temperaturen  und  Orgelbaustim- 
mung  nach  Vibrations  -  differenzen  oder 
Stsssen  (Sur  l'accord  mathématique,  les  tem- 
péraments et  l'accord  de  l'orgue  d'après  les 
différences  de  vibrationsou  battements);  ibid., 


448 


SCHEIBLER  —  SCIIEID 


1835,  in  8°,  cl  IWttheilung  iiberdes  Wesent- 
liche  des  musikalischen  und  physikalischen 
Tonmesser  (Note  sur  la  nature  du  phonomètre 
musical  et  physique);  ibid.,  1835,  in-8°.  Les 
divers  écrits  de  Scheibler  ont  «'-té  réunis  en 
un  volume  sous  le  titre  :  Schriften  iiber  mu- 
sikalische  und  physikalische  Tonmessung 
und  deren  Anwendung  auf  Pianoforte  und 
Orgelstimmung  ;  Crefeld,  1838,  in-8°. 

Les  expériences  de  Scheibler  ont  eu  un 
grand  retentissement  en  Allemagne,  et  ses 
succès  ont  fait  adopter  généralement  son  pho- 
nomètre pour  l'accord  des  orgues  par  le  tem- 
pérament ég3l.  Mon  savant  ami  Neukomm  m'a 
écrit  de  Francfort,  en  1837,  une  lettre  remplie 
d'expressions  d'enthousiasme  sur  l'excellent 
résultat  d'une  expérience  de  cet  accorda  la- 
quelle il  avait  assisté.  Le  système  du  tempéra- 
ment égal  n'était  pas  nouveau;  plusieurs  au- 
teurs en  ont  soutenu  l'excellence,  et  dans  les 
dernièresannées  dudix-huilième  siècle,  l'abbé 
Requeno  a  prétendu  le  démontrer  par  des  ex- 
périences rapportées  dans  son  Essai  sur  le 
rétablissement  de  l'art  harmonique  desGiecs 
et  des  Romains  (voyez  Requeno)  ;  mais  le  mo- 
nocorde ,  seul  instrument  dont  il  s'était  servi, 
ne  pouvait  lui  fournirde  démonstration  réelle. 

Scheibler  ne  possédait  pas  l'art  d'expo- 
ser ses  idées  avec  clarté  :  sa  méthode  d'ail- 
leurs présentait  un  grand  obstacle  pour 
l'usage  qu'en  auraient  pu  faire  les  accordeurs, 
à  savoir,  le  prix  élevé  de  ses  appareils,  les- 
quels étaient  construits  par  un  mécanicien  de 
Crefeld,  à  qui  il  en  avait  cédé  la  propriété  et 
l'exploitation.  En  1836,  il  fit  un  voyage  à  Paris 
pour  y  faire  connaître  les  résultats  de  ses  tra- 
vaux; il  s'y  mit  en  relation  avec  Savait etavec 
Cagniard  de  La  Tour,  qui  d'abord  furent  in- 
téressés par  certains  aperçus  qu'ils  démê- 
laient au  milieu  de  ses  obscures  paroles  ;  mais, 
incapable  de  formuler  en  théorie  quelconque 
ce  que  l'expérience  lui  ayait  révélé,  Scheibler 
ne  parlait  qu'en  empirique  de  sa  méthode  à 
ces  savants,  sans  parvenir  à  la  leur  faire  com- 
prendre :  ils  se  dégoûtèrent  et  l'abandonnè- 
rent. Il  prit  alors  la  résolution  d'ouvrir  un 
cours  dans  lequel  il  voulait  procéder  par  la 
démonstration  des  faits;  mais  à  peine  eut-il 
trois  ou  quatre  témoins  de  ses  expériences. 
Découragé,  il  quitta  Paris  et  retourna  en  Alle- 
magne, où  il  eut  d'abord  des  succès  qui  furent 
oubliés  après  sa  mort,  parce  qu'il  avait  né- 
gligé la  fabrication  de  ses  appareils,  et  que  ne 
pouvant  les  acquérir  avec  facilité,  on  finit  par 
oublier  l'inventeur  et  la  méthode.  Tœpfer 
(voyez   ce  nom)  essaya  de  rendre  le  système 


de  Scheibler  plus  clair  et  plus  pratique  dans 
un  petit  écrit  intitulé  :  Die  Scheibler' sche 
Stimm-3Iethode,  leicht  fasslich  erklxrt  und 
auf  eine  neue  Art  ungewendet  (La  méthode 
d'accord  de  Scheibler,  rendue  facile,  intelli- 
gible, et  éclaircie,  elc.)  ;  Erfurt,  Kœrner,  1842, 
in-8°  de  quarante-huit  pages.  Après  Toepfer, 
M.  Vincent  (voyez  ce  nom)  a  exposé,  dans  uu 
Mémoire  de  soixante-trois  pages,  avec  onze 
tables  de  nombres  acoustiques  et  une  plancha 
(Annales  de  chimie  et  de  physique,  troisième 
série,  t.  XXVI,  1849),  le  système  de  Scheibler, 
au  pointde  vue  de  l'analyse  mathématique  (1). 
Maisc'està  M.Lecomte(foyez  ce  nom)  que  sont 
dus  l'exposé  parfaitement  intelligible  de  la 
méthode  de  Scheibler,  et  l'analyse  de  ses  œu- 
vres dans  un  Mémoire  inséré  parmi  ceux  de  la 
Société  impériale  des  sciences,  de  l'agriculture 
et  des  arts,  de  Lille  (volume  de  185G),  et  dont 
il  a  été  fait  des  tirés  à  part.  Cet  ouvrage  a 
pour  litre  -.Mémoire  explicatif  de  l'invention 
de  Scheibler,  pour  introduire  une  exactitude 
inconnue  avant  lui,  dans  l'accord  des  in- 
struments de  musique;  Lille,  imprimerie  de 
Danel,  1850,  in-8°  de  soixanle-dix-buil  pages, 
avec  une  planche  et  quatre  tableaux. 

SClIEIBNEU(GEonGEs-GoTTLiEBOiiTnÉo. 
phm.e),  compositeur,  né  dans  la  Thuringe,  en 
1785,  est  mort  le  25  juin  183G.  On  ne  sait  rien 
concernant  sa  personne,  si  ce  n'est  qu'il  fut 
professeur  au  gymnase  d'Erfurl,  et  qu'il  oc- 
cupait celle  position  au  moment  de  son  décès. 
Admirateur  passionné  de  Mozart,  il  imitait 
dans  ses  ouvrages  le  style  de  ce  grand  maître. 
On  n'a  publié  qu'un  petit  nombre  de  ses  pro- 
ductions; les  plus  connues  sont  :  1°  Quatre 
suites  de  chants  à  voix  seule  avec  piano;  Er- 
furt, Muller.  2°  Grande  sonale  (en  la)  pour  le 
piano,  œuvre  5;  Erfurt,  Kœrner.  3°  Deux  fu- 
gues pour  l'orgue  ou  le  piano,  publiées  par 
Kœrner,  dans  la  troisième  partie  de  son  Post- 
ludienbuch. 

SCIIEID  (JEvN-FnÉDÉnic),  né  à  Franeforl- 
sur-le-Mein,  était,  en  1719,  étudiant  en  droit 
à  l'université  de  Strasbourg,  où  il  soutint  une 
thèse  qui  a  été  imprimée  sous  ce  titre:  Dis- 
sertatio  inauguralis  de  Jure  in  musicos  sin- 
gulari,  Germ.  Dienste  und  Obrigkeit  der 
Spielleulh ,  Rappolsleinensi  comitatui  an- 
nexo,  quam  solo  Deo  prwsidc,  auctorilalc 
amplissims  facultatis  juridicx  Argentora- 
tensis,  pro  liccutia  summos  in  ulroqucjure 
honores  et  privilégia  doctoralia  rite  consc- 
quendi  soleniniler  défendit  Jo.  Fredericus 

(I)  Ce  mémoire  a  cl<i  tiri!  à  pari  dans  la  nicmc  annes. 


SCIIEID  —  SCHEIDT 


449 


Scheid,  Franco  fur  t.  ad  Mxn.  D.XIX  Maji, 
Anno  D1DCCX1X.  hor.  et  loc.  consuet.  Ar- 
gentorati,  littcris  Jdhannis  Pastorii,  in-4° 
de  cinquante-deux  pages.  Il  y  a  eu  une 
deuxième  édition  donnée  à  Jéna,  en  17Ô8,  de 
cette  curieuse  dissertation  sur  la  constitution 
et  les  droits  de  la  corporation  des  ménétriers 
en  Allemagne;  elle  a  pour  litre  plus  simple  : 
Jo.  Frederici  Sclieid  Disserlatio  de  Jure  in 
musicos  singulari,  German.  Dicnste  und 
Obligkeit  der  Spielleut,  Rappolsleinensi  co- 
viitalui  annexo  (1),  in-4°  de  soixante-douze 
pages.  M.  Bernhard  (voyez  ce  nom)  dit  que  la 
dissertation  de  Scheid  n'a  aucune  espèce  de 
valeur  (Notice  sur  la  Confrérie  des  joueurs 
d'instruments  d'Alsace,  p.  175,  note  1)  :  ce 
jugement  est  beaucoup  trop  sévère. 

SCHEIDLER  (Jean-David),  violoncelliste 
et  musicien  de  chambre  du  duc  de  Gotha,  né 
en  1748,  mourut  à  Gotha,  d'une  inflammation 
de  poitrine,  le  20  octobre  1802,  à  l'âge  de 
cinquante-quatre  ans.  Il  a  publié  à  Leipsick, 
en  1779,  une  suite  de  petites  pièces  pour  le 
clavecin,  suivie  d'un  autre  œuvre  du  même 
genre, en  1787. 

Il  y  a  eu  un  guitariste  du  même  nom,  qui 
vivait  à  "Vienne,  en  1820,  et  qui  y  a  publié 
beaucoup  de  pièces  pour  son  instrument. 

SCHEIDEMANN  (Henri),  fils  de  Jean 
Scheidemann,  bon  organiste  de  Sainte-Cathe- 
rine, à  Hambourg,  naquit  dans  cette  ville  vers 
1000.  Élève  de  son  père  jusqu'à  l'âge  de  seize 
ans,  il  fut  ensuite  envoyé  à  Amsterdam  pour 
y  continuer  ses  études  sous  la  direction  du  cé- 
lèbre organiste  Swelinck.  Dans  l'espoir  d'at- 
tacher à  leur  église  un  grand  organiste,  les 
administrateurs  de  Sainte-Catherine  payèrent 
tous  les  frais  du  séjour  du  jeune  Scheidmann 
à  Amsterdam.  Leur  attente  ne  fut  pas  trom- 
pée, car  il  devint  un  des  plus  habiles  virtuoses 
de  son  temps  sur  l'orgue,  et  se  distingua  au- 
tant par  le  mérite  de  ses  compositions  que  par 
son  talent  d'exécution.  Il  succéda  à  son  père 
dans  la  place  d'organiste  de  Sainte-Catherine  en 
1G25,  :t  mourut  à  Hambourg,  en  1694.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  de  beaux  préludes  pour 
l'orgue  qui,  après  avoir  appartenu  à  West- 
phal,  organiste  à  Schwerin,  ont  passé  dans 
ma  collection.  On  lui  doit  aussi  des  mélodies 
chorales  pour  le  livre  de  chant  de  Hambourg, 
et  les  chansons  de  Rist,  publiées  en  cinq  par- 
lies,  à  Hambourg,  en  1652. 

Il  y  a  eu,  à  la  fin  du  seizième  siècle,  un  autre 

(l)  Rappolsleinenti  comitatui  signifie  le  comté  tic  ï'.i- 
beaupierre,  en  Alsace. 

titdfiR.    UNIV.    DES  MUS.UENS.   —   T.    vil. 


musicien  nommé  David  Scheidemann  ,  qui 
était  organiste  de  l'église  Saint-Michel,  à  Ham- 
bourg, en  1585,  et  qui  a  mis  à  quatre  parties 
plusieurs  mélodies  du  livre  de  chant  de  Luther; 
ces  mélodies  ont  été  imprimées  dans  le  livre 
rarissime  intitulé  :  Melodeyen  Gesangbuch 
darinn  D.  Luthers  und  ander  Christen  ge- 
brcuchlichsten  Gesenge  (sic),  ihren  gewœhnli- 
chen  Melodeyen  nach  durch  Hieronymum 
Prœtorium,  Joachimum  Decker  um ,  Jacobum 
Prœtorium,  Davidem  Scheidemannum ,  fllu- 
sicis  und  verordnete  Organisten  in  denvier 
Caspelkirchen  (sic)  in  Hamburg ,  in  vier 
Stimmenubergesetzt1begriffensindt(Mè\oi\\e& 
du  livre  de  chant  du  docteur  Luther  et  autres 
chants  chrétiens  en  usage,  lesquelles  mélo- 
dies sont  mises  à  quatre  voix  par  Jérôme  Prae- 
torius,  Joachim  Decker,  Jacques  Prœtorius  et 
David  Scheidemann,  conformément  aux  règle- 
ments pour  les  musiciens  et  organistes  des 
quatre  chapelles  des  églises  de  Hambourg); 
Hambourg,  Samuel  Rudinger,  1604,  pet.  in-8° 
de  quatre  cent  onze  pages. 

SCIIEIDHAXJER  (Christophe),  facteur 
d'orgues  à  Breslau,  vers  le  milieu  du  dix-hui-> 
tième  siècle,  a  construit  un  orgue  de  vingts 
trois  jeux  pour  le  lemple  évangélique  de 
Wuslwalthersdorf,  et  un  autre  de  quatorze 
jeux  à  Breslau,  en  1743. 

SCHEIDLER  (  Sophie  -  Elisabeth  -  Su- 
zanne), dont  le  nom  de  famille  était  PREY- 
8ING,  naquit  à  Golha  et  débuta  au  théâtre 
de  cette  ville,  en  1776.  Ce  théâtre  ayant  été 
supprimé  l'année  suivante,  le  duc  la  nomma 
cantatrice  de  la  chambre,  et  la  maria  à 
Scheidler.  La  beauté  de  sa  voix  passait  pour 
incomparable. 

SCHEIDT  (Samuel),  organiste  distingué, 
naquit  à  Halle,  en  1587.  L'étude  des  ouvrages 
de  Merulo,  de  Hoffhaimer,  des  deux  Gabrieli 
et  de  quelques  autres  organistes  célèbres  du 
seizième  siècle,  parait  avoir  formé  son  talent. 
Après  avoir  été  organiste  de  l'église  Saint- 
Maurice,  à  Halle,  il  s'établit  à  Hambourg  pen- 
dant quelques  années,  puis  retourna  dans  sa 
ville  natale  pour  y  reprendre  son  ancienne 
position,  avec  le  titre  de  maître  de  chapelle 
du  magistrat.  Il  mourut  à  Halle,  le  14  mars 
1654,  à  l'âge  de  soixante-sept  ans,  laissant 
par  son  testament  une  somme  considérable 
pour  l'érection  du  grand  orgue  de  l'église  de 
Saint-Maurice.  Cet  artiste  n'a  pas  joui  de  la 
célébrité  qui  lui  était  due,  car  il  est  à  peine 
cité  dans  l'histoire  des  organistes;  cependant 
le  mérite  de  ses  ouvrages  le  rend  digne  d'y 
figurer  au  premier  rang,  Les  mélodies  de  Sa= 

29 


450 


SCIIEIDT  —  SCI1EIN 


muel  Scheidt  n'ont  pas  la  grâce  de  celles  de 
son  contemporain  Frescobaldi,  mais  son  har- 
monie est  piquante,  et  il  y  a  plus  de  ressources 
dans  son  génie  pour  les  variations  d'un  sujet. 
On  peut  considérer  ses  ouvrages  comme  les 
types  des  excellents  préludes  publiés  plus 
lard  parles  meilleures  organistes  allemands. 
Les  productions  imprimées  de  ce  grand  mu- 
sicien sont  :  1°  Cantioncs  sacrx  octo  vocum; 
Hambourg,  1620,  in-4°.  2»  Cantiones  sacra; 
7  vocibus  decantandx;  ibid.,  1622,  in-4°. 
5°  Concentuum  sctcrorum  2,  3,  4,  5,  8  et  12 
voc.  adjeclis  symphoniis  et  choris  inslru- 
mentalibus;  ibid.,  1C22,  in -fol.  A"  Ludorum 
musicorum  prima  et  secunda  pars,  com- 
posées de  pavanes,  gaillardes,  allemandes, 
chansons  et  entrées  pour  l'orgue  ou  le  cla- 
vecin; ibid.,  1623.  5°  Tabulatura  nova; 
ibid.,  1624,  trois  parties  in-fol.  La  première 
partie  de  cet  important  ouvrage  contient  des 
psaumes  et  des  cantiques  variés,  des  fan- 
taisies, des  passamèses  et  des  canons  pour 
l'orgue.  La  seconde  renferme  des  psaumes  et 
des  toccates;  dans  la  troisième,  on  trouve  une 
messe  des  dimanches,  les  hymnes  des  princi- 
pales fêles  de  l'année,  et  des  Magnificat  de 
tous  les  tons.  6°  Liebliche  Kraft-BUimlein, 
Conzerticeise  mit  2  Stimmen  und  General- 
bass  (Agréable  petite  fleur  vigoureuse,  con- 
certs à  deux  voix  et  basse  continue);  Halle, 
1625.  7°  Geistliche  Conzerten,  mit  2  und 
3  Stimmen,  etc.  (Concerts  spirituels  à  deux  et 
trois  voix  avec  basse  continue);  Leipsick,  16ÔI , 
quatre  parties  in-4°.  8°  Tabulalur-Buch, 
enthxlt  100  vierstimmige  Psalmen,  und 
Geistliche  Lieder  (Livre  de  tablature,  conte- 
nant cent  psaumes  à  quatre  voix  et  quatorze 
cantiques  spirituels);  Gœrlilz,  1650  et  1653. 
Maltheson  cite  dans  son  Ehrenpfortc  (p.  106), 
un  traité  de  composition,  en  deux  parties,  (pie 
Scheidt  a  laissé  en  manuscrit.  Le  portrait  de 
cet  artiste  se  trouve  en  tête  de  la  Tabulatura 
nova. 

SCIIEIFFELIIUT  (Jacques),  musicien 
allemand,  né  en  Bavière,  fut  attaché  à  l'église 
Sainte-Anne  d'Augsbourg,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  1° Lieblicher  Friihlings,  clc, 
collection  d'allemandes,  courantes,  etc.,  pour 
deux  violons,  viole  cl  basse;  Augsbourg,  1685, 
in-4°.  2°  Musikalisches  Âleeblatt,  collection 
■Je  marches,  airs,  rondos,  bourrées,  elc,  pour 
deux  violons  et  basse;  Augsbourg,  1711,in-4°. 

SC11EI1X  (jF-AN-IlEnnuNN),  né  à  Grlinhain, 
en  Saxe,  le  20  janvier  1586,  était  fort  jeune 
lorsqu'il  perdit  son  père,  pasteur  en  ce  lieu. 


Sa  mère  l'envoya  à  Dresde,  où  le  prédicateur 
de  la  cour  le  fit  entrer  dans  la  chapelle  de 
l'électeur,  pour  y  chanter  le  soprano.  En  1603, 
il  fut  admis  comme  interne  au  gymnase  de 
Dresde,  connu  sous  le  nom  de  Schulpforte; 
puis  il  alla  continuer  ses  études  à  l'université 
de  Leipsick.  En  1613,  le  duc  de  Saxe-Weimar 
le  nomma  son  maitre  de  chapelle.  Deux  ans 
après,  il  succéda  à  Calvisius,  dans  la  place  de 
Canlor  à  Leipsick,  où  il  mourut  en  1630,  à 
l'âge  de  quarante-trois  ans.  On  a  imprimé  de 
sa  composition  :  1°  Venus  Krxnzlcin,  oder 
weltliche  Lieder  mit  5  Stimmen,  elc.  (Cou- 
ronne de  Vénus,  ou  chansons  profanes  à  cinq 
voix,  avec  quelques  entrées,  gaillardes,  etc.); 
Leipsick,  1609,  in-4°.  2°  Concerts  à  quatre 
voix,  ibid.,  1612,  in-4°.  5°  Cijmbalum  Sio- 
nium,  contenant  trente  cantiques  allemands 
et  latins  à  cinq,  six,  huit,  dix  et  douze  voix; 
ibid.,  1615,  in-4°.  4°  Banchctlo  musicale, 
nouvelle  collection  de  pavanes,  gaillardes, 
courantes  et  allemandes  à  cinq  parties;  ibid., 
1617,  in-4°.  5°  Opellx  nova?,  première  partie 
contenant  des  concerts  spirituels  à  trois, quatre 
et  cinq  voix;  ibid.,  1618;  deuxième  édition, 
ibid.,  1627.  5°  (bis)  Musica  divinu,  collec- 
tion de  motels  à  huit,  seize  et  vingt-quatre 
voix,  avec  basse  continue  pour  l'orgue  el  tim- 
bales; ibid.,  1620,  petit  in-fol.  6°  Jflusica 
boscareccia,  chansons  de  chasseurs,  villa- 
nelles  d'invention  italienne,  à  trois  voix;  ibid., 
162l,in-4°.  Il  y  a  aussi  une  édition  de  ce  re- 
cueil publiée  à  Francforl(sans date).  7° /«rae/s 
Brùnlein,  auserlesene  Spruckleinvon  5  und 
G  Stimmen  (Fontaine  d'Israël,  recueil  de 
maximes  de  l'Écriture  à  cinq  et  six  voix  avec 
basse  continue,  composées  dans  le  style  des 
madrigaux)  ;  Francfort,  1625. 8° Opellx  novx, 
deuxième  partie,  ou  concerts  spirituels  à  trois, 
quatre,  cinq  et  six  voix  ;  Fribourg  et  Leipsick, 

1626,  in  4".  Ce  recueil  contient  vingt-sept 
chants  allemands  et  cinq  latins.  9°  Cantional 
ou  livre  de  chant  choral  de  la  Confession 
d'Augsbourg,  à  quatre  voix,  etc.;  Leipsick, 

1627,  in-8°.  On  voit  dans  YEhrcn-PforU:  dé 
Maltheson  (page  100)que  Hausmann  possédait 
un  traité  de  composition,  de  Schein,  sous  le 
lilre  de  Manuduclio  ad  musicam  poelicam. 
On  ne  sait  pourquoi  Forkel  et  d'autres  ont  mis 
en  doute  si  cet  ouvrage  est  de  Schein,  ou  s'il 
n'est  qu'une  seule  et  même  chose  avec  le  traité 
d'Otto  (voyez  ce  nom)  en  langue  allemande 
sur  le  même  sujet  :  il  est  évident,  par  le  lilre 
même  de  ce  dernier,  qu'il  élait  extrait  de  plu- 
sieurs ouvrages,  notamment  de  celui  de 
Schein. 


SCIIEINLEIN  —  SCHELLER 


toi 


SCIIEINLEUX  (Jean-Michel),  fils  d'un 
musicien  de  la  Franconie  qui  était  en  même 
temps  fabricant  d'instruments,  naquit  à  Lan- 
genfeld,  en  1751.  Instruit  dans  les  ateliers  de 
son  père,  il  devint  un  hahile  luthier,  et  fabri- 
qua des  violons  qui  furent  estimés  en  Alle- 
magne. 

SCHEINPFLUG  (Chrétien-Gothilf),  né 
dans  un  village  de  la  Saxe,  en  1722,  entra 
d'abord  en  qualité  de  ténor  dans  la  chapelle 
du  prince  de  Rudolstadt,  et  succéda  à  Gebel, 
en  1753,  comme  maître  de  cette  chapelle.  Il 
mourut  en  1770,  à  l'âge  de  quarante-huit  ans, 
considéré  comme  un  compositeur  habile,  par- 
ticulièrement pour  la  musique  d'église.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  :  1°  Deux  années  de  mu- 
sique d'église;  la  deuxième  finit  au  quatrième 
dimanche  après  la  Trinité.  2°  Mithridate, 
opéra  représenté  à  Rudolstadt,  le  5  mai  1754. 

SCIIELHAMMER  (le  docteur  Gunther- 
Ciiristophe),  fils  d'un  professeur  de  médecine 
à  l'université  de  Jéna,  naquit  en  1649,  dans 
cette  ville.  Devenu  orphelin  à  l'âge  de  deux 
ans,  il  fut  destiné  à  l'exercice  de  la  même 
profession  que  son  père,  et  fit  ses  études  à 
l'université  de  Leipsick.  En  1672,  il  visita 
l'Allemagne  et  les  Pays-Bas,  séjourna  à  Leyde 
pendant  deux  ans,  puis  parcourut  l'Angleterre, 
la  France  et  l'Italie.  De  retour  dans  sa  patrie, 
il  obtint  une  chaire  de  botanique  à  Ilelmstadt, 
fut  nommé,  en  1690,  professeur  d'anatomie 
et  de  chirurgie  à  l'université  de  Jéna,  et  cinq 
ans  après  eut  la  chaire  de  médecine  pratique 
à  Kiel,  où  il  mourut,  le  11  janvier  1716.  Sa 
thèse  de  doctorat  est  intitulée  :  Dissertatio 
inauyuralis  medica  de  voce,  ejusque  affcc- 
tibus  ;  Helmstadt,  1677,  in-4a.  Il  s'y  montre 
partisan  du  système  de  Fabrice  d'Aquapen- 
dente  concernant  les  fonctions  et  le  méca- 
nisme de  l'organe  vocal.  Schelhammer  a  fait 
aussi  imprimer  une  dissertation  De  auditu, 
Lugduni-lJalavorum,  1684,  in-8°. 

SCHELIUS  (Jacques),  Cantor  à  Eisfeld, 
dans  le  duché  de  Saxe-Meiningen,  naquit  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  de  sa  composition  :  Christlicher 
Wunsch  und  Segen  aus  dem  121  Psalm  ge- 
nommen  und  mit  6  Slimmen  kumponirt 
(Souhait  et  bénédiction  chrétiennes  ,  tirés 
du  121e  psaume,  à  six  voix);  Eisfeld,  1618, 
in -4°. 

SCÎIELLE  (Jean),  Cantor  à  l'école  Saint- 
Thomas  de  Leipsick,  naquit  à  Geisingen,  dans 
le  cercle  de  Misnie,  où  son  père  était  Cantor. 
Après  avoir  été  quelque  temps  sopraniste 
dans  la  chapelle  de  l'électeur  Uc  Saxe,  il  alla 


j  faire  ses  études  à  Wolfenbltttel,  et  les  acheva 
à  l'université  de  Leipsick.  Son  premier  emploi 
fut  celui  de  Cantor  à  Eilenbourg; 'puis  il  alla 
remplir  les  même  fonctions  à  Leipsick,  où  il 
mourut  en  1701.  Kuhnau  fut  son  successeur. 
Il  a  composé  plusieurs  années  complètes  de 
cantates  'et  de  morceaux  pour  le  culte  ré- 
formé, qui  se  trouvent  en  manuscrit  à  l'école 
de  Leipsick,  et  n'a  fait  imprimer  de  sa  co.ni- 
posilion  que  le  recueil  intitulé  :  Melodien  zu 
Joach.  Fellers  andaechtigen  Studentcn  (Les 
mélodies  de  l'étudiant  pieux  par  Joach.  Fcllcr, 
à  quatre  voix). 

SCilELLEMïERG  (Antoine-  Othon  ) , 
professeur  à  l'université  de  Gœtlingue,  an 
commencement  du  dix-neuvième  siècle,  a 
publié  un  livre  singulier,  qui  a  pour  litre  :Die 
Pasimusik  oder  Hermannusspiel  Bekannt- 
machung  der  vor  einigen  Jahren  angekun- 
digten  Freuden  Erfindung  (la  Musique  uni- 
verselle,ou  invention  amusante  connuedepuis 
quelques  années  sous  le  nom  de  jeu  d'Her- 
mann);  Gœllingue,  1811,  gr.  in-8°. 

SCHELLER BERG  (Hermann),  organiste 
de  l'église  Saint-Jean,  à  Leipsick,  est  né  dans 
celte  ville,  le  10  novembre  1816.  Artiste  dis- 
tingué, il  a  donné  avec  succès  des  concerts 
d'orgue,  en  1840,  à  Leipsick  et  dans  plusieurs 
autres  villes  de  la  Saxe.  Il  a  publié  de  sa  com- 
posilion  :  1"  Toccale- élude  pour  l'orgue; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Haertel.  2"  Le  130e 
psaume  pour  voix  solo,  chœur  et  orgue  ;  ibid. 
5°  Fantaisie  et  fugue  (en  sol  mineur),  pour 
l'orgue,  à  trois  claviers,  op.  1  ;  Erfurt,  Kœr- 
ner.  4°  Cinq  Lieder  pour  voix  de  contralto, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  6;  Leip- 
sick, Breilkopf  et  Haertel.  M.  Schellenberg  a 
publié  une  analyse  critique  de  l'édition  des 
oeuvres  d'orgue  de  J.-S.  Bach,  publiée  par 
Griepenkerl  (voyez  ce  nom),  chez  Peters,  à 
Leipsick  (dans  la  Gazette  générale  de  mu- 
sique, 48me  année,  p.  291-296). 

SCHELLER.  (Jacques),  bon  violoniste, 
naquit  le  12  mai  1759,  à  Schellat,  près  de 
Rakonilz,  en  Bohême.  Destiné  à  l'état  ecclésias- 
tique, il  fut  envoyé  à  Prague  pour  faire  ses 
études  chez  les  jésuites  ;  mais  un  penchant  in- 
vincible pour  la  musique  lui  fit  abandonner 
celle  carrière  pour  se  livrera  l'étude  du  violon. 
Fort  jeune  encore,  il  se  rendit  à  Vienne  et  y 
fut  employé  dans  les  orchestres;  puis  il  fut 
attaché  pendant  deux  ans  à  l'orchestre  de  la 
cour  de  Manheim,  où  il  reçut  des  leçons  de 
composition  de  l'abbé  Vogler.  Le  désir  de 
voyager  pour  perfectionner  son  talent  lui  fit 
quitter  la  cour  de  l'électeur  Palatin;  il  par- 


452 


SCHELLER  —  SCHENCK 


courut  la  Suisse,   l'Italie,    puis  se   rendit  à 
Paris,  où  il  séjourna  trois  ans,  sans  cesse  oc- 
cupé de  l'élude  du  style  de  Viotli,  le  plus  beau 
modèle  qu'il    pût  choisir.  De  retour  en  Alle- 
magne, il  s'arrêta  à  Stultgard,  et  entra  dans 
la  musique  du  duc  de  "Wurtemberg,  en  qualité 
de  maître  de  concerts.  Il  y  était  depuis  sept 
ans    et   jouissait  d'une    existence  heureuse, 
lorsque  l'entrée  des  troupes  françaises  dans  le 
duché  de  Wurtemberg,  en  1792,  lui  enleva  sa 
position.  Il  voyagea  alors  en  Allemagne,  et  y 
donna  des  concerts;  mais  bientôt  l'intempé- 
rance le  fil  tomber  dans  une  misère  si  pro- 
fonde que,  ne  possédant  plus  même  de  violon, 
il  allait  à  pied  de  ville  en  ville,  empruntant 
l'instrument  dont  il  devait  se  servir.  Il  vivait 
encore  ainsi  en  1799  ;  mais  on  n'a  plus  eu  de 
renseignements  sur  sa  vie  depuis  celte  époque. 
Cet  arliste  est    le   premier  qui   imagina  de 
jouer  en  harmonie  sur  les  quatre  cordes  du 
violon,  en  détachant  le  talon  de  l'archet  afin 
que  les  crins  touchassent  toutes  les   cordes 
pendant  que  la   baguette  frottait  le   dos  de 
l'instrument.  Cel  effet  a  été  reproduit  depuis 
lors  par  plusieurs  violonistes. 

SCHELWIG  (Samcel),  professeur  de 
théologie,  bibliothécaire  et  recteur  du  gym- 
nase deDanlzick,fut  d'abord  pasteur  à  Thorn. 
Il  naquit  en  1G4G,  à  Lissa,  en  Pologne,  et 
mourut  à  Danlzick,  le  18  juin  1715.  On  a  de 
lui  une  Ihèse  intitulée  Disputalio  de  musica; 
Thorn,  1671,  in -4°. 

SCHEMELL  (Georges-Christophe),  Can- 
tor  à  Zeilz,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  publié  un  livre  choral  qui  renferme 
neuf  cent  cinquante-quatre  mélodies  du  culte 
évangéliqne,  sous  le  titre  de  Musikalisches 
Gesangbuch  ;  Leipsick,  173G,  in-4". 

SCIIEIVCK  (Jean),  musicien  au  service 
de  l'électeur  Palatin,  vers  la  fin  du  dix-sep- 
tième siècle,  et  virtuose  sur  la  basse  de  viole, 
se  fixa  à  Amsterdam,  où  il  parait  avoir  ter- 
miné sa  carrière.  Il  y  fil  graver  les  ouvrages 
suivants  :  1°  Sang- Arien  van  Opéra  van 
C.eres  en  Bacchus,  op.  1  (Airs  et  chansons  de 
l'opéra  de  Cérès  et  Bacchus).  2°  Konst-œffe- 
ningen,  etc.,  quinze  sonates  pour  basse  de 
viole  et  basse  continue,  op.  2;  Amsterdam, 
1688.5°  Il  Giardino  armonico  consistente 
in  diverse  sonate  a  due  violini,  viola  di 
gamba,  e  basso  conlinuo,  op.  3;  ibid.. 
1G92,  in-fol.  4°  Scherzi  musicali  per  la  viola 
di  gamba  con  basso  continuo  ad  libitum, 
op.  G;  ibid.,  in-fol.  oblong.  5°  Dix-huit  so- 
nates d  violon  seul  et  basse  continue,  op.  7; 
ibid.,   1093,   in-fol.  G»  La  Ninfa  del  Rcno, 


contenant  douze  sonates  pour  basse  de  viole, 
composées  de  préludes,  allemandes,  sara- 
bandes,  etc.,  op.  8.  7"  L'Echo  du  Danube, 
sonates  pour  basse  de  viole  et  basse  continue, 
op.  9.  8°  Les  Bizarreries  de  la  goutte,  conte- 
nant douze  sonates  pour  basse  de  viole  et 
basse  continue,  op.  10. 

SCUEftCIi  (Jean-Georges^,  facteur  d'or- 
gues et  d'instruments  à  clavier  à  Weimar, 
naquit  en  1760,  à  Osthein,  en  Bavière.  De- 
venu élève  de  Stein,  à  Augshourg,  il  apprit 
dans  ses  ateliers  les  éléments  de  sa  profession, 
puisse  fixa  à  Weimar.  En  1790,  il  avait  déjà 
acquis  de  la  réputation  par  ses  grands  pianos, 
supérieurs  aux  instruments  anglais  de  la 
même  époque.  En  1800,  il  construisit  un 
pî'a/to-ec/iodont  on  trouve  la  description  dans 
le  journal  des  Modes,  de  Vienne  (mai  1800, 
pages  263-2G7).  La  forme  de  cet  instrument 
était  un  carré  long  :  Schenck  y  employa  une 
longue  table  d'harmonie, dont  le  premier  essai 
avait  été  fait  par  Hildebrand,  en  1782,  et  qui 
fut  employée  peu  d'années  après  à  Paris,  avec 
de  considérables  modifications  du  mécanisme, 
par  Pfeiffer  et  Petzold. 

SCHENCK  (Jean),  compositeur,  naquit  à 
Neusladt  sur  la  Vienne,   dans  la  Basse  Au- 
triche,   le    30    novembre    1753.    Tomasellï, 
chanteur  italien  de  la  cathédrale,  lui  trouvant 
une  belle  voix,  se  plut  à   la  cultiver,  et  lui 
donna  des  leçons  de  chant  et  de  clavecin.  De- 
venu  enfant  de  chœur  à   l'âge  de  dix   ans, 
Schenck  reçut  les  premières  leçons  d'harmonie 
de  Stall,  directeur  de  l'école,  et  apprit  à  jouer 
du  violon  et  de  plusieurs  instruments  à  vent. 
Plus  tard,  il  fut  élève  de  Wagenseil.  Les  coin- 
positions  de  Dittersdorf  et  de  Haydn  étaient 
devenues  ses  modèles  :  il  imita  leur  manière 
dans  ses  premiers  essais.  En  1744,  il  se  rendit 
à  Vienne,  où  il  trouva  des  prolecteurs  puis- 
sants qui  lui  procurèrent  les  moyens  de  com- 
pléter son  éducation  musicale.  A  l'âge  de  seize 
ans,  il  écrivit  sa  première  messe  solennelle, 
qui  fut  exécutée  le  8  janvier  1778.  Elle  fut 
suivie  de  plusieurs  compositions  pour  l'église 
et  autres  qui  le  firent  connaître  avantageuse- 
ment, et  lui  firent  obtenir  la  direction  de  la 
musique  du  prince  d'Auersberg.  Dans  sa  car- 
rière laborieuse,  il  écrivit  la  musique  de  plu- 
sieurs drames  et  opéras,  des    cantates,   des 
symphonies,  cl  d'autres  morceaux  de  musique 
instrumentale.    Dans   sa   vieillesse,   il  tomba 
ilans    l'indigence    et   mourut   à    Vienne,    le 
29  décembre  18ôG,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
deux  ans.  Ce  fut  Schenck  qui  éclaira  Bcclhovu 
sur  la   négligence  qu'avait  apportée  Haydn 


SCHENCK  -  SCHERER 


453 


dans  la  correction  des  fautes  de  ses  exercices 
de  contrepoint,  et  qui  lui  conseilla  d'étudier 
sous  la  direction  d'Albrechtsbcrger.  Les  com- 
positions de  cet  artiste  pour  le  théâtre  sont  : 
1°  L'Opéra  sans  titre,  au  théâtre  Schikancdcr, 
vers  1790.  2°  Jm  Finstem  ist  nie  h  gut 
tappen  (Il  n'est  pas  bon  de  frapper  dans  les 
ténèbres),  au  théâtre  impérial  de  Vienne,  vers 
1791.3°Zes  Vendanges, an  théâtre  Marinelli, 
en  1791.  4°  Noël  à  la  campagne,  au  même 
théâtre,  1792,  joué  avec  succès.  5°  La  Cou- 
ronne de  la  moisson,  au  théâtre  Schikaneder, 
1791.  6°  Achmet  et  Almanzine,  au  théâtre 
national  de  Vienne,  1795.  Un  rondeau  de  cet 
opéra,  pour  soprano,  a  été  publié  à  Stultgard, 
chez  André.  7°  L'Étudiant  mendiant,  à 
Vienne,  1796.  8°  Morceaux  de  chant  ajoutés  à 
la  pièce  d'Lfland  intitulée  Achmet  et'Zénide, 
à  Vienne,  1797. 9°  La  Chasse,  opéra,  Vienne, 
1797.  10°  Le  Barbier  de  village,  joué  avec 
succès  à  Vienne  et  à  Berlin.  La  partition  ré- 
duite pour  piano  et  flûte  a  été  publiée  à 
Leipsick,  chez  Hofmeister.  11°  Le  Tonnelier. 
La  partition  manuscrite  de  cet  ouvrage  se 
trouvait  chez  Traeg,  à  Vienne,  en  1800. 

SCHERBAUM  (Joseph),  né  dans  un  vil- 
lage, près  de  Luditz,  en  Bohême,  vers  1690, 
entra  dans  l'ordre  des  servîtes,  au  couvent  de 
Saint- Michel  de  Prague,  et  y  passa  toute  sa 
vie.  Habile  compositeur,  il  a  laissé  en  manu- 
scrit beaucoup  de  musique  instrumentale  à 
quatre  parties,  et  une  grande  quantité  de  ca- 
nons, genre  dans  lequel  il  excellait.  Tous  ces 
ouvrages  ont  été  dispersés  après  la  suppres- 
sion du  couvent  de  Saint-Michel. 

SCHERER  (Hans  ou  Jean),  facteur  d'or- 
gues qui  a  eu  de  la  célébrité  dans  le  seizième 
siècle,  naquit  dans  le  Brandebourg,  vers  1540. 
Ses  principaux  ouvrages  furent  :  1°  L'orgue  de 
l'église  de  Bernau,  dans  la  Marche  de  Brande- 
bourg, composé  de  trente-cinq  jeux,  deux  cla- 
viers et  pédale,  construit  en  1576.  2°  Celui  de 
l'église  Notre-Dame,  à  Stendal,  composé  de 
dix  neuf  jeux,  construit  en  1580.  On  trouve 
les  dispositions  de  ces  deux  instruments  dans 
le  Syntagma  musicum  de  Prastorius  (tome  II, 
page  176). 

SCHERER  (Sébastien-Antoine),  organiste 
distingué,  vécut  à  Ulm,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  d'abord  sans  emploi,  puis  avec 
le  titre  de  second  organiste  de  la  ville,  ainsi 
que  l'indique  le  titre  d'un  de  ses  ouvrages, 
imprimé  en  1064.  On  ne  sait  rien  de  plus  sur 
cet  artiste  de  mérite,  et  l'on  ignore  également 
le  lieu,  la  date  de  sa  naissance,  celle  de  sa 
mort,  et  le  nom  du  maille  qui  dirigea  ses 


éludes.  Ses  ouvrages,  qui  le  recommandent  à 
l'attention  des  musiciens,  sont  les  suivants  : 
1°  Musica  sacra,  hoc  est  missx,  psalmi  et 
motettx  3,  4  et  5  vocurn  cum  instrumentis , 
op.  1  ;  Ulm,  1655,  in-4°.  2°  Tabulatura  in 
cymbalo  et  organo  intonationum  brevium 
per  octo  tonos,  lib.  1  ;  Ulmx,  apud  auctorem, 
1G64,  in  fol.  Le  deuxième  livre  de  celle  tabla- 
ture d'orgue  a  pour  titre  :  Partitura  8  tocca- 
torum  usui  apta  cum  vel  sine  pcdali ;  ibid., 
1664,  in -fol.  Les  deux  livres  ont  été  réunis 
sous  ce  titre  général  :  Sebast.  Ant.  Schereri 
vicx  organistx  Ulmensis  operum  musicorum 
secundum,  distinctum  in  libros  duos  :  tabu- 
laturam  in  cymbalo  et  organo  intonationum 
brevium  per  octo  tonos,  et  partituram  toc- 
catarum  usui  aptam  cum  vel  sine  pedalt, 
ad  modernam  suavitatem  concinnatum,  et 
ad  petilionem  multorum  luci  datum;  Ulmx, 
typis  Balth.  Kiihnen,  1664.  On  voit  aussi, 
par  le  titre,  que  Scherer  a  gravé  lui-même  son 
ouvrage  sur  des  planches  de  cuivre  (Ejusdem- 
queauctoris  sumptibus  et  manibus  propriis 
œri  incisa  et  insculpta).  Comme  les  tabla- 
tures d'orgue  de  Merulo  et  de  Frescobaldi,  les 
parties  qui  doivent  être  exécutées  par  la  main 
droite  sont  écrites,  dans  l'ouvrage  de  Scherer, 
sur  une  portée  de  six  lignes,  et  celles  de  la 
main  gauche,  sur  une  portée  de  huit.  Les 
formes  des  pièces  qui  se  trouvent  dans  le  re- 
cueil dont  il  s'agit,  et  leur  mérite,  prouvent 
que  Scherer  avait  étudié  avec  fruit  les  œuvres 
des  plus  célèbres  organistes  italiens  et  alle- 
mands. 5°  Sonaten  fur  zwey  Violinen  und 
Violda  gamba  (Sonates  pour  deux  violons  et 
basse  de  viole);  Ulm,  1680,  in-fol.  4°  Suiten 
fur  die  Laute  (Suites  de  pièces  pour  le  luth)  ; 
Augsbourg.  Lotler,  in-fol.  (sans  date). 

SCHERER  (Théophile),  compositeur  alle- 
mand, paraît  avoir  vécu,  vers  1785,  à  Gênes, 
où  il  a  fait  imprimer  ses  ouvrages.  On  connaît 
sous  son  nom  :  1°  Six  trios  pour  clavecin, 
violon  et  basse,  op.  1;  Gênes.  2°  Six  sonates 
pour  violoncelle  et  basse,  op.  5;  ibid.  5°  Six 
symphonies  à  huit  parties,  op.  6;  ibid. 

SCHERER  ( Jean-Guillaume- Auguste), 
pasteur  primaire  à  Jauer,  en  Silésie,  occupait 
déjà  ce  poste  en  1801,  comme  le  prouve  un  de 
ses  sermons  imprimé  dans  cette  année,  et  il 
remplissait  encore  ces  fonctions  en  1817.  Il  a 
fait  imprimer  un  bon  livre  choral  à  l'usage  de 
Jauer,  sous  ce  titre  :  Sammlung  christlicher 
Lieder  fiir  die  Kirchliche  Andacht  evangel. 
Gemeinden,  zunœchst  der  zu  Jauer;  Breslau 
et  Jauer,  chez  Grass  et  Barlh,  in-4°  de  sept 
cent   quatre-vingt-deux   pages   avec  XXXII 


454 


SCHKRER  -  SCHETKY 


pages  de  préface.  On  trouve  dans  ce  recueil 
beaucoup  de  bonnes  mélodies  composées  par 
Scherer;  il  y  a  joint  l'harmonie  avec  le  doigter 
pour  les  organistes. 

SCHERER  (Antoine),  archiviste  des 
cercles  de  l'empire,  à  Sainl-Polten  (Autriche), 
naquit  dans  celle  ville,  en  1791 .  Il  s'est  fait 
connaître  par  l'ouvrage  intitulé  :  Jbhandlung 
iiber  Kirchenmnsik  im  ollgetneinen  und  in 
thren  einzclnen  Thcilen  Enlstehung  und 
verbesserung  bis  anf  unsere  Zeiten  (Disser- 
tation sur  la  musique  d'église  en  général,  et 
sur  l'origine  et  le  perfectionnement  de  ses  di- 
verses parties  jusqu'à  l'époque  actuelle)  ;  Saint- 
Pollen,  chez  Anne  Lorenz,  1837,  in-8°  de  cent 
six  pages  avec  trente-six  pages  in-i'ol. d'exem- 
ples. 

SCHERFFERSTEIN  (Martin  KIN- 
FŒRDE),  né  en  1534,  à  Leobschutz,  en  Si- 
lésie,  fut  professeur  de  poésie  et  d'histoire  à 
"Witlenberg,  puis  chancelier  à  Leobschutz. 
Élève  de  Mélanchlon,  il  se  distinguait  par  son 
savoir,  son  mérite  dans  la  poésie,  et  son  ha- 
bileté dans  la  musique.  Il  mourut  le  24  mars 
1597,  à  Baumgarlen,  près  de  Frankenslein. 
Plusieurs  mélodies  de  sa  composition  se  trou- 
vent dans  I*  ffymnoloffie  de  Breslau.  Après  sa 
mort,  on  a  imprimé  le  recueil  de  ses  cantiques, 
sous  le  titre  de  Sylvulae  musicx,  à  Hildes- 
heim,  1G05,  in-8°,  divisé  en  deux  livres.  Ile- 
nel  a  dit  de  Scherfferstein  (in  Silesiogr. 
cap.  VII,  p.  170)  :  Qucmadmodum  harmonix 
musicxeximius  ipsefuit  arlifex,  ita  enrdis  et 
oris,  mentis  et  lingus,  ralionis  et  orationis 
in  eo  erat  harmnniu  suavissima  omniumque 
ndco  virtutum  consensus  concenlusque  ad- 
mirabilis. 

SCIIERFFERSTEIÏN  (Wbkcesws 
SCHERFFER  DE),  vraisemblablement  pa- 
rent du  précédent,  et  peut-être  son  fils, naquit 
à  Leobschutz,  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle.  La  guerre  de  trente  ans  l'obli- 
gea à  abandonner  le  lieu  de  sa  naissance  et  de 
se  retirer  à  Brieg,  où  il  eut  une  place  d'orga- 
niste. En  1G52,  il  publia  un  recueil  de  poésies 
en  onze  livres,  dont  le  dernier  est  un  poëme 
à  la  louange  de  la  musique  (Der  JHusik  Lob). 

SCUERLITZ  (Jean-Valentin)  ,  né  en 
1732,  à  Gosscl,  dans  le  duché  de  Gotha,  eut 
pour  maître  de  musique  le  savant  organiste 
Kellner,  de  Graefenroda.  A  l'âge  de  dix  neuf 
ans,  il  obtint  une  place  d'instituteur  et  d'or- 
^anisle  dans  la  liesse;  puis  il  entra  au  service 
<iu  prince  de  llohenlohe,  qui  lui  lit  achever 
ses  études  musicales  sous  la  direction  du 
maître   de  chapelle  Georges   Denda,  à   Gotha. 


Admis  ensuite  dans  la  chapelle  du  duc,  il  y 
remplit  les  fonctions  d'organiste  et  de  musi- 
cien de  la  chambre.  Il  mourut  à  Gotha,  en 
1793,  à  l'âge  de  soixante  et  un  ans,  laissant  en 
manuscrit:  1°  Quatuor  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle.  2°  Plusieurs  cantates  reli- 
gieuses. 3°Plusieurs  trios  pour  deux  violons  et 
violoncelle.  4° Quelques  sonates  pour  clavecin. 
5°  Six  chorals  à  trois  claviers  pour  l'orgue. 

SCIIEUMER  (Antoine),  né  en  17G0,  à 
Beilengries,  sur  le  Danube,  fit  ses  études  à 
Ncuhourg,  et  suivit  les  cours  de  théologie  à 
l'université  d'Amberg.  Il  alla  ensuite  à  Eich- 
stadtely  fut  ordonné  prêtre.  Ses  connaissances 
étendues  dans  la  musique  le  firent  ensuite 
nommer  maître  de  chapelle  du  couvent  de  Bé- 
nédictins de  cette  ville  :  il  en  remplissait  en- 
core les  fonctions  en  1814,  et  avait  écrit  plu- 
sieurs opéras  composés  pour  des  collèges,  des 
messes,  oratorios,  cantates,  et  des  concertos 
pour  plusieurs  instruments. 

SGIIERZ  ou  SCIIERZIUS  (Jean- 
Georges),  professeur  de  droit  et  de  philoso- 
phie à  Strasbourg,  naquit  dans  celte  ville  en 
1G78,  et  y  mourut  le  lfr  avril  1754.  Au 
nombre  de  ses  écrits,  dont  la  plupart  sont  re- 
latifs aux  antiquités  allemandes,  on  trouve  : 
Dissertalio  physica  experimentalis:  Argen- 
torali,  typis  Mclch.  Pauschinger,  1731, 
in-4°  de  cinquante  pages.  Il  y  traite  de  plu- 
sieurs expériences  d'acoustique. 

SCHETKY    (Christophe),   violoncelliste 
distingué,  né  à  Darmstadt,  en  1740,  eut  pour 
premier  maître  son  père,  musicien  et  secré- 
taire de  la  chambre  du  grand-duc.  Il  reçut  en- 
suite quelques  leçons  de  violoncelle  d'Antoine 
Filtz,    à   Manhcim,    et  apprit    la    théorie    de 
l'harmoniesous  la  direction  du  maître  de  cha- 
pelle Endeler,  à  Darmstadt.  Lorsqu'il  eut  at- 
teint sa  vingtième  année,  il  reçut  un  engage- 
ment pour  aller  à  Hambourg  avec  son  père  et 
ses  sœurs  :  il  y  passa  toute  l'année  17(3 1 ,  inces- 
samment occupé  d'études  pour  perfectionner 
son    talent;    puis    il   retourna  à  Darmstadt, 
où  il  entra  dans  la  chapelle  du  grand-duc; 
mais  avec  la    liberté    nécessaire  pour   faire 
de  petits    voyages  à  Manhcim,  Francfort  et 
Welzlar.  Après   la  mort  de  son  père  et  de  sa 
mère,  il  lit  un  second  voyage  à  Hambourg,  en 
17G8,  y  séjourna  deux  ans,  puis  se  rendit  à 
Londres  ou    la    protection    de   Jean-Chrétien 
Bach  lui  procura  un  bon  accueil.  Cependant, 
il  parait  qu'il  ne  s'y  arrêta  pas  longtemps,  et 
qu'il  alla  s'établir  à  Edimbourg.  Bien  tôt  après, 
ayant  épousé   une  riche  veuve,  il  ne  s'occupa 
plus  de  la  musique  qu'en  amateur;  mais  il  ne 


SCIIETKY  —  SCIIIASSI 


455 


jouit  pas  longtemps  des  avantages  de  sa  nou- 
velle position,  car  il  mourut  à  trente-trois 
ans,  en  1773.  Schetkya  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Six  trios  pour  deux  violons  et  violon- 
celle, op.  1,  à  Londres.  2°Six  duos  pour  violon 
et  violoncelle,  op.  2,  ibid.  3°  Six  trios  pour 
clavecin,  violon  et  violoncelle,  op.  3,  ibid. 
4°  Six  sonates  pour  violoncelle  et  basse,  op.  4, 
ibid.  5° Six  duos  pour  deux  flûtes,  op.  5,  ibid. 
C°  Sixqualuorspourdeuxviolons,alto  elbasse, 
op.  6,  ibid.  7°  Douze  duos  pour  deux  violon- 
celles avecquelques  règles  et  observations  pour 
,ouer  de  cet  instrument,  op.  7,  ibid.  8°  Six 
duos  faciles  pour  deux  violoncelles;  Paris, 
Sieber.  9°  Six  sonates  pour  violon  et  violon- 
celle, op.  lô  ;  ibid.  Le  même  artiste  a  laissé  en 
manuscrit  beaucoup  de  concertos  pour  violon- 
celle et  orchestre,  des  symphonies,  six  trios 
pour  violoncelle  obligé,  alto  et  basse,  la  Nuit 
de  Zacharie ,  cantate  pour  contralto,  deux 
violes,  deux  finies,  deux  cors  et  violoncelle 
obligé,  composée  pour  sa  sœur,  et  exécutée  à 
Hambourg. 

SCIIEUENSTUHL  (Michel),  bon  orga- 
niste, naquit  le  5  mars  1705,  à  Guttenstetten, 
près  deBayreulh.  A  l'âge  de  dix-sept  ans,  il 
obtint  la  place  d'organiste  à  Wilhelmdorf,  ré- 
sidence du  prince  de  Hohenlohe;  mais,  en 
1729,  il  donna  sa  démission  pour  la  place 
d'organiste  à  Hof,  dansleVoigtland.  Il  occupa 
celle-ci  jusqu'à  sa  mort.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Sonate  pour  le  clavecin,  qu'il 
grava  lui-même  à  l'eau-forte.  2°  Trois  œuvres 
de  petites  pièces  appelées  suites  de  clavecin. 
3°  Deux  œuvres  d'exercices  pour  le  même  in- 
strument, ibid.  4°  Deux  concertos  pour  le  cla- 
vecin, 1738. 

SCHEUERMANN  (le  P.  Flavius),  né  à 
Luhe,  près  de  Ralisbonne,  en  1744,  entra,  en 
1762,  dans  l'ordre  des  Franciscains,  et  passa 
la  plus  grande  partie  de  sa  vie  au  couvent  cen- 
tral de  Kaisersheim,  où  il  était  encore  en 
1812.  Bon  organiste  et  compositeur,  il  a  écrit 
plusieurs  messes,  motels  et  litanies  répandus 
dans  les  couvents  de  la  Bavière. 

SCIIEUFLER  (Martin),  facteur  d'orgues, 
né  en  Silésie,  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle,  a  construit,  en  1600,  l'orgue  de 
l'église  de  la  Madeleine,  à  Breslau,  composé  de 
trente-six  jeux.  Cet  instrument  n'a  élé  refait 
qu'en  1723,  après  avoir  servi  pendant  cent 
vingt-deux  ans. 

SCHEYERMAIW  (Georges),  professeur 
de  piano  à  Nantes,  naquit,  en  17G7,  à  la  Ver- 
rerie de  Monthermé  (Ardennes),  où  son  père, 
Suisse  d'origine,  élail  ouvrier.  Le  voisinage  de 


l'abbayedePrémontrés  de  Lavaldieu  lui  four- 
nit, dès  l'âge  de  huit  ans,  les  moyens  de  rece- 
voir une  bonne  éducation,  particulièrement 
dans  la  musique.  Il  y  eut  pour  condisciple  Mé- 
hul ,  et  tous  deux  reçurent  des  leçons  du 
P.  Danser  (voyez  ce  nom)  pour  l'orgue,  le  cla- 
vecin et  la  composition.  A  quinze  ans,  Scheyer- 
mann  était  déjà  assez  habile  pour  aller  rem- 
plir les  fonctions  d'organiste  à  l'abbaye  de 
Foncarmont,  dans  la  haute  Normandie.  Après 
trois  années  de  séjour  dans  ce  lieu,  il  se  rendit 
à  Paris,  où  il  trouva  son  ancien  ami  Méhul 
qui  lui  fil  continuer  ses  études  d'harmonie,  et 
lui  fit  obtenir  des  leçons  de  Séjan  pour  l'orgue. 
Au  mois  de  septembre  1789,  il  accepta  la  po- 
sition d'organiste  et  de  directeur  des  concerts 
de  la  ville,  à  la  Rochelle ,  où  il  passa  dix 
années.  De  retour  à  Paris,  en  1801,  avec  l'in- 
tention de  s'y  livrer  à  la  culture  de  l'art, 
il  ne  s'y  arrêta  cependant  que  huit  mois , 
parce  que  des  propositions  avantageuses  lui 
furent  faites  pour  aller  s'établir  à  Nantes,  où 
s'écoula  le  reste  de  sa  vie.  Il  y  mourut  le 
29  juin  1827.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  piano  et  violon,  op.  1  ; 
Paris,  Porro.  2°  Deux  sonates  pour  piano  et 
violon  ou  flûte,  op.  2  ;  Paris,  Sieber.  3°  Paslo- 
rale  pour  piano  et  harpe;  ibid.  4°  Deux  re- 
cueils de  romances  avec  accompagnement  de 
piano  ;  Paris,  Leduc.  Il  a  laissé  en  manuscrit: 
1°  Le  Couronnement  de  Numa  Pompilius, 
opéra  en  deux  actes,  composé  pour  le  théâlre 
de  Nantes.  2°  Plusieurs  cantates  avec  orchestre. 
3°  Trois  concertos  pour  le  piano.  4°  Sympho- 
nie concertante  pour  deux  pianos  et  orchestre. 
5"  Trio  concertant  pour  piano,  flûte  et  basson 
obligés.  6°  La  Bataille  d' Austerlitz ,  sym- 
phonie militaire.  7°  Une  ouverture  à  grand 
orchestre.  8°  Beaucoup  de  morceaux  détachés 
pour  le  piano.  9°  Plusieurs  morceaux  pour 
des  loges  de  rrancs-maçons. 

SCUEYRER  ou  SCHREYER  (Ber- 
nard), frère  mineur  de  Saint-François  de 
Paule,  au  couvent  du  faubourg  d'Au,  près  de 
Munich,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Il  estauteur  d'un  traité  du  plain-chant 
intitulé  :  Musica  choralis  theorico-practica, 
ou  méthode  facile  pour  apprendre  en  peu  de 
temps  le  plain-chant;  Munich,  chez  Jean 
Jœklin,  1663,  in-4°. 

SCIIIASSI  (Cajétan-Marie),  violoniste  et 
compositeur,  né  à  Bologne,  dans  les  dernières 
années  du  dix-septième  siècle,  a  fait  repré- 
senter dans  cetle  ville  avec  succès  plusieurs 
opéras  dont  voici  les  litres  :  1°  Amor  trane- 
micif  1752.  2°    La  Fede   ne'   tradimenli, 


4ù(i 


SCHIASSI  —  SCHICHT 


1732.  3°  Alessandro  mil'  Indie, \7Z4.  4"  De- 
tnofoonte,  1735.  5°  Didone  abbandonata , 
1735.  On  a  aussi  imprimé  de  sa  composition  : 
Douze  concert i  a  violino  principale,  violini 
di  ripieno,  allo-viola,  violoncello  e  cembalo, 
op.  1 ,  à  Amsterdam,  chez  le  Cène.  Schiassi 
était  membre  de  l'Académie  des  Philharmoni- 
ques de  Bologne. 

SCHIASSI  (Philippe),  chanoine  de  la  ca- 
thédrale de  Bologne,  et  membre  de  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  l'Institut  de  cette  ville, 
mort  en  1838,  dans  un  âge  avancé,  est  connu 
par  des  travaux  dans  les  sciences  mathémati- 
ques. Au  mois  de  janvier  1832,  il  a  lu  à  l'Aca- 
démie des  sciences  une  dissertation  latine  sur 
le  tempérament  dans  l'accord  des  instruments 
à  clavier,  dent  une  traduction  italienne  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Del  temperamento  per 
Vaccordatura  del  gravicembalo  e  dell'  or- 
qano.  Dissertazione  recilala  in  latino  nell' 
Academia  délie  scienze  dell'  Instituto  di  Bo- 
logna  li  12  gennaro  dell'  anno  1832,  ed  ora 
pubblicata  in  italiano;  Bologna,  tipografia 
dall'  Olmo  e  Ciocchi,  1832,  in-4°  de  vingt- 
six  pages,  avec  six  planches.  Il  faut  joindre  à 
cet  écrit  une  feuille  in-4°,  intitulée  :  Lettera 
nella  quale  si  dà  nolizia  délia  esperienza 
fatta  in  Bologna  di  un  nuovo  metodo  di  ac- 
cordatura  del  gravicembalo  e  dell'  organo 
coll' aggiunla  di  una  tavoletta  per  l'appli- 
cazione  pratica  di  tal  metodo. 

SCHIATTI  (G.),  compositeur  et  violo- 
niste italien,  était,  vers  1740.  maître  de  con- 
certs du  margrave  de  Bade-Dourlach.  En  1 747, 
il  se  rendit  à  Pélersbourg,  où  il  entra  dans  la 
chapelle  impériale.  On  a  gravé  de  sa  compo- 
sition, à  Amsterdam,  six  trios  pour  deux  vio- 
lons et  basse,  op.  1, 

SC1IIAVELLI  (Jules),  compositeur  vé- 
nitien, vécut  vers  le  milieu  du  seizième  siècle. 
Il  a  fait  imprimer  :  JIJotletli  a  cinque  e  sei 
voci;  Venise,  1565,  in-4°. 

SCHICI1T  ( Jean-Godefroid),  naquit  à 
Reichnau,  près  de  Zittau,  le  29  septembre 
1753.  Fils  d'un  pauvre  tisserand,  il  n'aurait 
été  lui-même  qu'un  artisan,  si  son  oncle  ne 
l'eût  adopté  dès  l'âge  de  deux  ans,  et  ne  lui 
eût  fait  l'aire  de  bonnes  études  au  collège  de 
Zittau,  où  il  demeura  pendant  dix  ans,  puisa 
l'université  de  Leipsick.  L'organiste  Trier  fut 
son  premier  maître  de  clavecin;  mais  bientôt 
dégoûté  par  la  négligence  de  cet  homme,  dont 
il  ne  recevait  que  de  rares  leçons,  il  prit  la 
résolution  de  diriger  lui-même  ses  études 
musicales.  Son  penchant  pour  cet  ait  lui  fit 
abandonner  les  cours  de  droit  de  l'université. 


Nanmann  l'avait  recommandé  à  Hiller,  alors 
Cantor  de  l'école  de  Saint-Thomas  de  Leip- 
sick;  celui-ci  l'employa  en  qualité  d'accom- 
pagnateur et  d'organiste  de  l'école.  Il  était  en 
même  temps  premier  violon  du  concert  de  la 
ville.  La  retraite  de  Hiller,  en  1785,  fit  jeter 
les  yeux  sur  Schichlpour  la  direction  du  grand 
concert,  et  dans  le  môme  temps  il  fut  choisi 
pour  remplir  les  fonctions  d'organiste  de  la 
nouvelle  église  du  convent.  Il  occupait  encore 
ces  places  lorsqu'il  reçut  (au  commencement 
de  1 810)  sa  nomination  de  Cantor  et  de  direc- 
teur de  musique  de  l'école  Saint-Thomas  de 
Leipsick.  Il  en  remplit  les  fonctions  avec  hon- 
neur jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  1G  février 
1823.  En  1820,  l'Académie  de  musique  île 
Stockholm  l'avait  choisi  pour  un  de  ses  mem- 
bres, et  peu  de  jours  avant  sa  mort,  le  roi  de 
Saxe  se  préparait  à  le  nommer  son  maître  de 
chapelle.  Schicht  avait  épousé,  en  1786,  la 
cantatrice  italienne  Valdesturla,  qui  lui  donna 
quatre  filles,  dont  une  seule,  douée  de  grandes 
dispositions  pour  la  musique,  a  vécu.  Madame 
Schicht  a  chanté  au  concert  de  Leipsick  pen- 
dant dix-neuf  ans  :  elle  est  morte  dans  cette 
ville,  en  1809. 

Les  compositions  de  Schicht  ont  été  long- 
temps exécutées  avec  succès  à  Leipsick;  mais 
elles  ont  eu  peu  de  retentissement  dans  le 
reste  de  l'Allemagne  et  sont  à  peu  près  incon- 
nues en  France.  On  n'a  publié  que  celles  dont 
voici  les  titres  :  1°  Das  Ende  der  Gereclitcn 
(la  Fin  du  Juste),  oratorio  de  la  Passion,  à 
quatre  voix  et  orchestre  (gravé  en  partition); 
Leipsick,  Hofmeister.  2"  La  Fêle  des  chrétiens 
sur  le  Golgolha,  oratorio  à  quatre  voix,  en 
partition  pour  le  piano;  Leipsick,  Breilkopf 
elllaertel.  Cet  ouvrage  a  été  chaleureusement 
applaudi  à  toutes  les  reprises  qu'on  en  a  faites 
à  Leipsick.  3°  Trois  motels  allemands  à  quatre 
voix  et  orchestre,  en  partition;  Leipsick,  Hof- 
meister. 4°  Le  100e  psaume  {Jauclizet  dem 
fferrn),  à  deux  chœurs,  en  partition;  ibid. 
5°  TeDeum,  à  quatre  voix,  chœur  et  orchestre; 
en  partition,  ibid.  6°  Allgemeine  Choralbuch 
fiir  Kirchen,  Schulen,  etc.  (Livre  choral  gé- 
néral pour  les  églises,  les  écoles,  etc.,  à  quatre 
parties,  pour  l'orgue  ou  le  piano),  en  trois 
parties;  Leipsick,  Broitkopf  et  Ilaertel,  in-4" 
oblong.  7°  Mélodies  chorales  à  trois  et  quatre 
voix;  Leipsick,  Pcters.  8°  Le  Pater  nosler  et 
le  Benedicite,  à  voix  seule  avec  orgue;  ibiil. 
9°  Joie  d'Amintc  au  retour  de  Lalagé,  can- 
tate pour  soprano  et  orchestre;  Leipsick,  1778. 
10°  Le  prix  de  la  poésie,  grande  cantate  <  n 
deux  parties,  avec  orchestre,  en  partition  pour 


SCHICIIT  -  SCIIICK 


457 


tepiaho;  Leipsick, Breitkopf  el  Hsertel.  ll°Six 
chants  de  Claudius  à  quatre  etcinq  voix  ;  Leip- 
sick, Hofmeisler.  Parmi  les  ouvrages  du  miîiiie 
artiste  qui  sont  restés  en  manuscrit,  on  re- 
marque :  12°  Moyse  sur  le  Sinaï .,  oratorio 
à  cinq  voix,  chœur  et  orchestre.  1-3°  Quatre 
Te  Deum.  14"  Deux  messes.  115°  Grand  motel 
choral  (Nach  einer  Priifung  kurzer  Tage), 
en  neuf  parties,  à  trois,  quatre,  cinq,  six, 
sept  et  huit  voix.  lo°  Beaucoup  de  cantates  de 
circonstance  avec  orchestre.  16°  Trois  pro- 
verhes  à  quatre  voix  en  style  fugué.  17"  Six 
grands  chœurs  italiens  et  allemands  avec  or- 
chestre. 18°  Concerto  pour  le  piano.  19"  Ca- 
prices et  sonates  pour  le  même  instrument. 

Schicht  s'était  livré  à  renseignement  de 
l'harmonie  pendant  près  de  trente  ans;  il  pu- 
blia le  système  qui  l'avait  guidé  pour  cet  en- 
seignement dans  un  livre  qui  a  joui  en  Alle- 
magne de  quelque  faveur,  et  qui  a  pour  titre: 
Grundreyeln  der  Harmonie  nach  dem  Fer- 
wechsIungs-System  (Principes  fondamentaux 
d'harmonie,  d'après  le  système  des  modifica- 
tions, etc.);  Leipsick,  Breitkopf  et  Ilsertel  (sans 
date),  in-folio  de  soixante-six  pages.  La  mé- 
thode de  Schicht  est  purement  empirique.  Il  y 
considère  la  dominante  comme  hase  de  l'ac- 
cord parfait  majeur  sol,  si,  ré  ;  de  l'accord  de 
septième  sol,  si,  ré,  fa,  d'où  se  tire  l'accord 
parfait  diminué  si,  ré,  fa;  de  l'accord  de  neu- 
vième sol,  si,  ré,  fa,  la,  d'où  se  déduisent 
l'accord  fie  septième  de  sensible  si,  ré  fa,  la, 
et  l'accord  parfait  mineur,  ré,  fa,  la;  de  l'ac- 
cord de  onzième  sol,  si,  ré,  fa,  la,  ut,  d'où 
se  tire  l'accord  de  septième  mineure  ré,  fa, 
la,  ut;  et  enfin,  de  l'accord  de  treizième  sol, 
si,  ré,  fa,  la,  ut,  mi,  d'où  provient  l'accord 
de  septième  majeure  fa,  la,  ut,  mi.  L'altéra- 
tion accidentelle  des  intervalles  de  ces  accords 
complète  le  système  de  Schicht.  On  lui  doit 
aussi  les  traductions  allemandes  de  la  Gram- 
maire de  Vart  du  chant  de  madame  Celoni- 
Pellegrini  (Leipsick,  Peters),  et  de  la  Méthode 
de  piano  de  Dussek  et  Pleyel,  dont  il  y  a  eu 
cinq  éditions  publiées  à  Leipsick. 

SCSBIClî  (Ernest),  violoniste,  naquit  à 
La  Haye,  au  mois  d'octobre  1756.  Son  père, 
maître  de  danse  à  Amsterdam,  lui  enseigna 
cet  art,  où  il  devint  habile;  mais  son  penchant 
irrésistible  pour  la  musique  le  lui  fil  aban- 
donner. Il  se  livra  à  l'élude  du  violon,  sous  la 
direction  de  Kreutzer,  maître  de  concerts  qui 
se  trouvait  alors  à  Amsterdam;  puis  il  reçut 
des  leçons  d'Esser  (voyez  ce  nom),  et  en  der- 
nier lieu  devint  élève  de  Lolli,  lorsque  celui-ci 
revint  de  Pélershourg.  Il  en  adopta  la  ma- 


nière et  fui  au  nombre  des  violonistes  qui  l'imi- 
tèrent le  mieux.  L'électeur  deMayence  l'admit 
dans  sa  musique,  en  qualité  de  premier  vio- 
lon. Eu  1782,  Schick  voyagea  en  Allemagne 
avec  le  violoncelliste  Triklir,  et  partout  il  ex- 
cita l'admiration  par  l'expression  suave  de  son 
jeu  et  le  brillant  de  son  exécution,  particuliè- 
rement dans  le  staccato.  Arrivé  à  Hambourg, 
en  1794,  après  que  l'invasion  des  troupes  fran- 
çaises eut  dispersé  la  musique  de  l'électeur  de 
Mayence,  il  avait  l'intention  de  s'y  fixer;  mais 
dans  la  même  année  il  se  rendit  à  Berlin,  où 
sa  femme  fut  engagée  au  Théâtre  National  et 
à  celui  de  la  cour.  Il  y  eut  le  titre  de  premier 
violon  ou  de  maître  de  concerts  de  la  chapelle 
du  roi.  Schick  est  mort  à  Berlin,  le  lOdécembre 
1815.  Il  a  publié  de  sa  composition,  à  Berlin, 
en  1783,  six  concertos  pour  violon,  avec  or- 
chestre. 

SCEIICR  (Marguerite-Louise),  femme  du 
précédent,  et  dont  le  nom  de  famille  était  HA- 
MEL,  naquit  à  Mayence,  le  26  avril  1775.  Son 
père,  bassoniste  de  la  chapelle  de  l'électeur, 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique  et 
de  piano.  A  l'âge  de  huit  ans,  elle  passa  sous 
la  direclion  de  madame  Hellmuth,  artiste  de 
talent.  Après  que  la  voix  de  mademoiselle  Ha- 
ine! eut  acquis  du  timbre,  ses  heureuses  dis- 
positions furent  remarquées  par  le  prince  élec- 
teur, qui  lui  accorda  une  pension  pour  aller 
étudier  le  chant  à  Wltrzbourg,  chez  un  bon 
professeur  italien  nommé  Steffani.  De  retour 
à  Mayence,  elle  entra  dans  la  musique  du 
prince,  en  qualité  de  cantatrice.  En  1791,  elle 
épousa  le  violoniste  Schick,  et  fit  avec  lui  quel- 
ques petits  voyages  en  Hollande  et  dans  l'Al- 
lemagne du  Rhin.  Vers  le  môme  temps,  elle 
était  devenue  l'élève  de  Righini,  alors  maître 
de  chapelle  à  Mayence  et  directeur  de  la  mu- 
sique du  Théâtre  National.  Madame  Schick  dé- 
buta sur  la  scène,  en  1791,  par  le  rôle  de  Lilla, 
dans  l'opéra  de  ce  nom;  puis  elle  brilla  dans 
VJrbore  di  Diana,  de  Martini,  dans  le  Ta- 
lisman, de  Salieri,  dans  les  rôles  de  Suzanne, 
des  Noces  de  Figaro  et  de  Zerline  de  Don 
Juan.  Les  grands  événements  qui  dispersèrent 
la  chapelle  de  l'électeur  et  firent  fermer  le 
théâtre,  obligèrent  madame  Schick  à  s'éloi- 
gner de  Mayence.  Arrivée  à  Hambourg  au 
commencement  de  1794,  elle  y  donna  quel- 
ques représentations  avec  un  brillant  succès  ; 
mais  les  offres  avantageuses  qui  lui  furent  faites 
pour  s'y  fixer  ne  l'empêchèrent  pas  de  se 
rendre  à  Berlin,  où  elle  eut  à  la  fois  un  enga- 
gement pour  le  Théâtre  Royal  et  un  autre  pour 
celui  de  Rœnigsladt:  elle  y  débuta  le  11  oc- 


45S 


SCHICK  -  SCHICKIIARD 


tobre  1794,  dans  VAxur  de  Salieri.  Depuis 
celte  époque  jusqu'à  sa  mort,  elle  ne  s'éloi- 
gna de  Berlin  que  pour  faire  un  voyage  àBres- 
lau;  et  dans  sa  carrière  dramatique,  elle  joua 
tous  les  genres  avec  un  égal  succès.  L'Alceste 
etVIphigénie  en  Tauride,  de  Gluck,  n'eu- 
rent jamais  de  meilleur  interprète. La  rupture 
d'une  artère  la  fit  mourir  presque  subitement 
le  29  avril  1809,  à  l'âge  de  trente-six  ans.  Des 
obsèques  magnifiques  lui  furent  faites,  et  les 
artistes  des  deux  théâtres  se  réunirent  pour  y 
exécuter  le  Requiem  de  Mozart.  Plusieurs  dis- 
cours furent  prononcés  sursa  tombe,  et  M.  Con- 
rad Levezow  (voyez  ce  nom),  conservateur  du 
musée  de  Berlin,  publia  une  notice  sur  la  vie 
de  madame  Schick,  ornée  de  son  portrait,  sous 
le  titre  :  Leben  und  Kunst  der  Fr.  Marg. 
Schick;  Berlin,  Duncker  et  Humblot,  in-8\ 

SCHICK  (Frédéric),  fils  des  précédents, 
né  à  Berlin,  le  6  novembre  1794,  se  livra  de 
bonne  heure  à  l'étude  de  la  clarinette,  sur  la- 
quelle il  acquit  un  talent  distingué.  En  1812, 
il  se  fit  entendre  dans  un  concert  avec  un  bril- 
lant succès.  Le  5  février  1817,  il  entra  dans  le 
corps  de  musique  du  54me  régiment  d'infan- 
terie, qui  était  en  garnison  à  Stralsund.  Dans 
Tannée  suivante,  il  se  rendit  à  Berlin  et  obtint 
le  titre  de  musicien  de  la  chambre  du  roi,  et 
fut  nommé  première  clarinette  du  Théâtre 
Boyal.  En  1832,  il  entra  dans  le  corps  de  mu- 
sique du  régiment  de  l'empereur  Alexandre,  en 
garnison  à  Berlin,  dont  il  devint  directeur  de 
musique  en  1842.  En  1848,  il  fut  décoré  de 
Tordre  de  l'Aigle  rouge.  Il  a  obtenu  sa  retraite 
avec  la  pension,  en  1859.  Cet  artiste  a  écrit  un 
grand  nombre  de  morceaux  pour  la  musique 
militaire. 

SCHICK  (Théophile),  pianiste,  né  en  Ba- 
vière, vécut  à  Paris  vers  1808;  mais  après  la 
restauration,  il  retourna  en  Allemagne  et  de- 
meura quelque  temps  à  Angsbourg.  On  a  gravé 
de  sa  composition  :  1°  Trois  grandes  sonates 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  1  ;  Pa- 
ris, Sieber.  2°  Andantino  avec  huit  variations; 
Augsbourg,  Gombart.  3°  Valses  et  contredanses 
pour  piano  ;  Paris,  Sieber. 

SCHICKANEDER  ou  SCHIKANE- 
DER  (Jean-Emmanuel),  acteur,  compositeur 
et  directeur  de  spectacles,  naquit  à  Ratis- 
bonne,  en  1751.  Après  y  avoir  achevé  ses 
éludes  musicales  et  littéraires,  il  se  sentit  en- 
traîné vers  le  théâtre  par  un  goiil  irrésistible, 
et  pour  la  première  l'ois  il  paru^sur  la  scène, 
en  1773.  Le  succès  qu'il  y  obtint  décida  de  sa 
carrière.  En  1777,  il  joua  à  Munich  quelqm :s 
rôles  tragiques,  entre  autres  celui  d'flamlel, 


où  il  fit  admirer  son  intelligence  dramatique. 
Devenu  directeur  d'une  troupe  d'acteurs  am- 
bulants, il  la  conduisit  à  Salzbourg,  Greelz, 
Linz,  puis  se  rendit  dans  la  capitale  de  l'Au- 
triche, où  il  fit  construire  le  théâtre  sur  la 
Vienne  (an  der  Wien).  Le  mélodrame,  avec 
ses  accessoires  de  belles  décoralions,  de  riches 
costumes  et  de  machines,  fut  le  genre  de 
spectacle  qu'il  y  établit.  De  temps  en  temps, 
il  y  faisait  aussi  jouer  des  opéras.  Ce  fut  lui 
qui,  après  avoir  fait  l'informe  canevas  de  la 
Flûte  enchantée,  alla  le  présenter  à  Mozart 
pour  qu'il  en  composât  la  musique.  On  sait 
comment  le  génie  de  ce  grand  homme  sut 
triompher  de  l'absurdité  du  poème.  Schicka- 
neder,  dont  les  affaires  étaient  fort  dérangées, 
n'avait  pu  offrir  au  compositeur  aucun  prix 
pour  son  travail,  et  celui-ci  ne  s'était  réservé 
que  la  propriété  de  sa  partition;  mais  peu 
touché  d'un  sacrifice  si  généreux,  le  directeur 
de  spectacle  trahit  la  confiance  de  celui  qui 
l'avait  sauvé  de  sa  ruine  par  un  chef-d'œuvre, 
et  vendit  en  secret  la  partition  de  la  Flûte  en- 
chantée à  d'autres  entrepreneurs  de  théâtre. 
Schickaneder  est  mort  à  Vienne,  le  21  sep- 
tembre 1812,  à  l'âge  de  soixante  et  un  ans.  Il 
avait  composé  le  texte  etla  musique  de  l'opéra 
allemand  Die  Lyranlen. 

Son  neveu  (Charles  Schickaneder),  régisseur 
du  théâtre  de  Prague,  est  auteur  delà  musique 
de  plusieurs  petits  opéras,  et  de  beaucoup  de 
trios  comiques  pour  soprano,  ténor*et  basse, 
dont  Simrock,  de  Bonn,  a  publié  quelques- 
uns. 

SCHICKIIARD  (Jean-Chrétien),  flûtiste 
et  hautboïste,  vécut  à  Hambourg,  depuis  le 
commencement  du  dix-huitième  siècle  jusque 
vers  1750.  Roger,  éditeur  de  musique  à 
Amsterdam,  a  gravé  les  ouvrages  suivants 
de  la  composition  de  cet  artiste  :  1°  Sonates 
pour  flûte  seule  et  basse  continue,  op.  1. 
2°  Idem,  pour  hautbois  et  basse  continue, 
op.  2.  3°  Idem,  pour  flûte  seule  et  basse  con- 
tinue, op.  ô.  4°  Idem,  pour  deux  flûtes  et 
basse,  op.  4.  5°  Idem,  pour  flûto,  deux  haut- 
bois, basse  de  viole  et  basse  continue,  op.  5. 
G0  Idem,  pour  deux  flûtes  et  basse  continue, 
op.  Ci.  7"  Douze  sonates  pour  deux  hautbois, 
basse  de  violon  et  basse  continue,  op.  7. 
8°  Sonates  pour  hautbois  seul  et  basse  con- 
tinue, on.  8.  9°  Idem,  pour  deux  flûtes  et 
basse,  op.  9.  10°  Idon,  pour  deux  hautbois  et 
basse  continue,  op.  10.  Il  "'Recueil  de  menuets 
pour  deux  hautbois  et  basse,  op.  11.12"  Prin- 
cipes de  la  flûte,  contenant  des  airs  à  deux 
desstts  i>>:ns  basse,  propres  à  pousser  un  cco- 


SCHICKIIARD  —  SCIIIEDERMAYER 


459- 


lier  très-avant  en  la  manière  défaire  dans 
tous  les  tons  les  cadences  sur  cet  instrument, 
op.  12.  15"  Concerts  à  deux  hautbois,  deux 
violons,  basse  et  basse  continue,  op.  13. 
14"  Quatorze  sonates  pour  un  hautbois,  flûte, 
basse  et  basse  continue,  op.  14.  15°  Principes 
de  hautbois  contenant  des  airs  à  dettx  haut- 
bois sans  basse,  très-propres  à  apprendre  à 
jouer  du  hautbois,  et  la  manière  de  faire 
tous  les  tons  sur  cet  instrument.  16°  Douze 
sonates  à  deux  flûtes  et  basse,  op.  16.  17"  Six 
idem,  à  une  flûte  et  basse,  op.  19.  18°  Idem, 
pour  hautbois  et  basse  continue,  op.  20. 
19°  Airs  spirituels  des  Luthériens  à  deux 
flûtes  et  basse,  op.  21.  20°  Sonates  pour  haut- 
bois, deux  flûtes  et  basse,  op.  22. 

SCIÎIEBEL  (Jean-Georges),  poète  et  mu- 
sicien, fut  recteur  et  cantor  à  Ralzbourg,  en 
Danemark,  où  il  mourut  le  2  mai  1684. 
J.-G.  Ahle  indique,  dans  ses  Dialogues  musi- 
caux de  l'automne  {Musikalisches  Herbst- 
gesprxch,  un  livre  de  Schiebel  intitulé  :  Cu- 
riouseste  TFunderwerke  der  Natur,  se  sie 
durch  den  einstimmenden  Klang  an  Mens- 
chen,  Fieh  und  allen  Creaturen  ansiibt,  etc. 
(Merveilles  curieuses  que  la  nature  exerce  par 
des  sons  harmonieux  sur  l'homme,  les  ani- 
maux et  autres  créatures,  etc.);  mais  il  ne  fait 
connaître  ni  le  lieu  ni  la  date  de  l'impression 
de  cet  ouvrage. 

SCïIIEDERMAYEÎl  (Joseph-Bernard), 
organiste  de  la  cathédrale  de  Linz  (Autriche), 
mort  dans  cette  ville,  le  8  janvier  1840,  fut  un 
compositeur  fécond  de  musique  d'église.  On  a 
publié  de  lui  les  ouvrages  dont  voici  les  litres  : 
1°  Missa  a  quattro  voci ,  con  2  violini , 
2  trombe  ed  organo,n«ï,  op.  18  (en  re);Linz, 
Hasl  inger.  2°  Idem, h  quatre  voix,  deux  violons, 
deux  cors  et  orgue,  n°  2,  op.  19  (en  sol)  ;  ibid. 
5°  Messe  à  quatre  voix,  deux  violons,  deux 
trompettes  et  orgue,  n°  5,  op.  20  (en  ut);  ibid. 
4°  Messe  solennelle  à  quatre  voix,  orchestre  et 
orgue,  op.  27;  ibid.  5°  Messe  avec  graduel  et 
offertoire,  à  quatre  voix,  deux  violons  et  orgue 
(en  fa),  op.  31  ;  Vienne,  Haslinger.  6°  Idem, 
à  quatre  voix,  deux  violons,  deux  cors  ad  li- 
bitum et  orgue  (en  ut),  op.  52;  ibid.  7°  Idem, 
idem  (en  sol),  op.  53  ;  iSid.  8°  Messe  avec  gra- 
duel et  offertoire  à  quatre  voix,  deux  violons, 
deux  clarinettes,  deux  trompettes,  timbales  et 
orgue  (en  ré),  op.  54  ;  ibid.  9°  Messe  idem  (en 
ut),  op.  55;  ibid.  10°  Messe  avec  graduel  et 
offertoire,  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto, 
deux  clarinettes,  deux  trompettes,  timbales  et 
orgue  (flûtes  et  bassons  ad  libitum),  op.  56 
(en  mi);  ibid.  11°  Messe  de  Requiem,  à  quatre 


voix,  deux  violons,  deux  cors,  contrebasse  et 
orgue  (en  mi  bémol),  op.  46;  ibid.  12°  Messe 
pour  la  fête  de  Pâques,  à  quatre  voix,  deux 
violons,  deux  clarinettes,  deux  trompettes, 
contrebasse  et  orgue  (en  ut),  op.  66;  ibid. 
15°  Messe  pastorale  pour  la  fête  de  Noël,  à 
quatre  voix,  deux  violons,  flûte,  deux  clari- 
nettes, basson,  deux  trompettes,  timbales, 
contrebasse  et  orgue,  op.  72;  ibid.  14°  Messe 
pour  la  campagne,  à  quatre  voix,  deux  violons, 
deux  clarinettes,  deux  cors,  violoncelle,  con- 
trebasse et  orgue  (en  mi  bémol),  op.  75  ;  ibid. 
15°  Messe  à  quatre  voix,  deux  violons,  deux 
clarinettes,  deux  cors,  deux  trompettes,  tim- 
bales et  orgue;  ibid.  16°  Nouvelle  messe  alle- 
mande, à  quatre  voix  et  orgue  ;  ibid.  17°  Messe 
solennelle  à  quatre  voix  et  orchestre,  op.  1 0 1  ; 
ibid.  18°  Deux  graduels  et  offertoires  poin- 
tons les  temps,  à  quatre  voix,  deux  violons, 
deux  cors  et  orgue,  op.  21  ;  ibid.  19°  Tantum 
ergo  et  litanie  de  la  Vierge  idem,  op. 25;  ibid. 
20°  Litanies  à  quatre  voix,  deux  violons,  deux 
clarinettes, deux  trompettes,  timbales,  contre- 
basse et  orgue,  op.  41  ;  ibid.  21"  Vêpres  idem, 
op.  42;  ibid.  22°  Te  Deum  idem,  op.  45;  ibid. 
25°  Deux  asperges  à  quatre  voix,  basse  et 
orgue;  deux  idem  à  quatre  voix,  deux  violons, 
basse  et  orgue,  op.  45;  ibid.  24°  Graduel 
(Fictimx  paschali)  à  quatre  voix,  deux  vio- 
lons, deux  clarinettes,  deux  cors,  contrebasse 
et  orgue,  op.  67;  ibid.  25*  Offertoire  (IIxc 
dies)  pour  soprano  et  choeur,  deux  violons, 
deux  clarinettes,  deux  cors,  contrebasse  et 
orgue,  op.  68;  ibid.  26°  Pange  lingua  à 
quatre  voix,  deux  clarinettes,  deux  cors  et 
deux  bassons,  op.  70;  ibid.  27°  Quatre  Évan- 
giles à  quatre  voix,  deux  clarinettes,  deux  cors 
et  deux  bassons,  op.  71  ;  ibid.  28°  Graduel 
pastoral  (Tecum  principium)  pour  voix  de 
basse  et  clarinette  solo,  avec  deux  violons, 
deux  trompettes,  timbales  et  orgue,  op.  75; 
ibid.  29°  Offertoire  pastoral  (Lxtentur  cœii), 
pour  soprano  et  violon  concertant,  chœur  à 
trois  voix,  deux  violons,  flûte,  deux  clari- 
nettes, basson,  deux  trompettes,  timbales, 
contrebasse  et  orgue,  op.  74;  ibid.  50"  Gra- 
duel {Voce  mea  ad  Dominum),îx  quatre  voix, 
chœur,  deux  violons,  deux  clarinettes,  deux 
cors,  contrebasse  et  orgue,  op.  76;  ibid. 
51°  Offertoire  (Exaudi  Deus),  idem,  op.  77; 
ibid.  Schiedermayer  a  écrit  aussi  des  sym- 
phonies, œuvres  8  et  9  ;  Vienne,  Haslinger; 
des  pièces  d'harmonie,  des  trios  pour  instru- 
ments à  archet,  des  sonates  de  piano,  des 
pièces  d'orgue  et  des  danses.  Il  est  auteur 
d'une  instruction  sur  le  plain-chanl, intitulée: 


4G0 


SCIIIEDERMAYER  —  SCHILD 


Theoretischc  praktische  Chorallehre ,  zum 
gebrauch  beim  katholische  Kirchen  rilus 
(Doctrine  théorique  et  pratique  de  chant 
choral,  suivant  le  rit  de  l'église  catholique); 
Linz,  Haslinger,  1828,  brochure  in-4°  de 
quinze  pages.  Schiedermayer  a  publié  aussi 
ira  abrégé  de  la  méthode  de  violon  de  Léopold 
Mozart,  sous  le  litre  de  Theorelisch-praktische 
Fiolinschule,  dont  il  a  été  fait  des  éditions  à 
Vienne,  Hambourg,  Mayence  etPosen. 

SCHIEDEUMAYÈr  (Jean-David),  fac- 
teur d'instruments  à  Nuremberg,  naquit  à 
Erlang,  au  mois  d'avril  1753.  Élève  de  Slein, 
d'Augsbourg,  il  se  distingua  par  la  bonne 
qualité  des  pianos  dont  il  perfectionna  le  sys- 
tème de  mécanique  légère  alors  en  usage.  Il 
s'était  d'abord  établi  dans  le  lieu  de  sa  nais- 
sance, mais,  en  1707,  il  se  fixa  à  Nuremberg, 
où  il  mourut  le  20  mars  1805,  à  l'âge  de  cin- 
quante-deux ans. 

Un  fils  de  Schiedermayer  (Jean-Laurent), 
né  à  Erlang,  en  1786,  s'est  fixé  à  Slullgard, 
en  1809,  et  y  a  établi  une  fabrique  de  pianos 
d'où  il  est  sorti  de  bons  instruments.  Il  est 
mort  dans  cette  ville,  au  mois  d'avril  18G0. 
Ses  fils,  facteurs  habiles,  continuent  la  fabri- 
cation des  pianos  et  y  ont  ajouté  celle  des 
harmoniums.  L'ainé  était  membre  du  jury  à 
l'exposition  internationale  de  Londres,  en 
1862. 

SCIIIEFFERDECKER  (Jean-David), 
professeur  de  théologie  à  Weissenfels,  naquit 
en  cette  ville,  le  7  novembre  1672,  et  y  mourut 
le  11  juin  1721.  On  lui  doit  la  publication 
du  livre  choral  de  Weissenfels  avec  les  mé- 
lodies et  la  basse  continue  pour  l'accompague- 
ment;  Weissenfels,  1714,  in-4°. 

SCIIIEFFERDECKER  (Jean-Chré- 
tien), vraisemblablement  de  la  même  famille 
que  le  précédent,  était  accompagnateur  et  cla- 
veciniste du  théâtre  de  Hambourg,  vers  1720. 
Après  la  mort  de  Buxtehude,  célèbre  organiste 
de  l'église  Sainte-Marie,  à  Lubeck,  Schieffer- 
decker  obtint  sa  place,  en  se  soumettant  à  la 
condition  d'épouser  sa  fille.  Il  en  remplit  les 
fonctions  avec  honneur  pendant  vingt-cinq 
ans,  et  mourut  à  Lubeck,  en  1752.  Pendant 
son  séjour  à  Hambourg,  il  avait  écrit  pour  le 
théâtre  :  1°  Alaric,  opéra  en  trois  actes,  re- 
présenté en  1702.  2°  Le  premier  acte  de 
Victor,  dont  les  deux  autres  lurent  composés 
par  Matlheson  et  Bronncr,  1702. 3"  Regnerus, 
en  trois  actes,  1702.  4°  Justin,  en  trois  actes, 
1706.  Pendant  son  séjour  à  Lubeck,  il  publia 
une  collection  de  pièces  de  clavecin  intitulée  : 
XII  tnusikalisches  Concertai,  bcslchend  ans 


ausserlesene  Ouverturen ,  nebst  cinigen 
schœnen  Suiten  und  Sonaten;  Hambourg, 
1713,  in-fol.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  can- 
tates spirituelles  sur  des  textes  des  évangiles 
des  dimanches  et  fêles. 

SCUIEFLHOLZ  (Jean-Paul),  directeur 
de  musique  à  l'église  paroissiale  de  l'univer- 
sité d'Ingolstadt,  mourut  dans  cette  ville,  en 
1757.  Wallherappelle  cet  artiste Schieffelholz, 
et  Gerber,  Schiffelholz;  mais  son  nom  est 
écrit,  sur  l'ouvrage  qu'il  a  publié,  comme  je  le 
donne  ici  :  il  se  peut  que  ce  soit  une  faute  typo- 
graphique. Cet  ouvrage  a  pour  titre  '.Thésaurus 
reconditus  quem,  que  quxrit,  inveniet,  seu 
FUI  concerten  a  violino  principale,  2  vio- 
lini,  viola,  violoncello  et  organo;  Augs- 
bourg,  1727,  in-fol.  Schieflholz  a  laissé  en 
manuscrit  beaucoup  d'autres  compositions. 

SCHIEKE  (Jean),  né  à  Grimma,  en  Saxe, 
était,  en  1693,  élève  à  l'université  deLeipsick, 
où  il  soutint,  le  22  décembre  de  cette  année, 
une  thèse  qui  a  été  imprimée  sous  ce  litre  : 
Organum  musicum,  historiée  extructum  ; 
Leipsick,  1593,  Joh.  Georg,  in-4°  de  six 
feuilles. 

SC1IIFF  (Chrétien),  cantor  et  directeur 
de  musique  à  Lauban,  en  Silésie,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-septième  siècle,  a  publié 
une  ode  funèbre  pour  soprano,  contralto,  deux 
ténors  et  basse  à  Gœrlilz,  en  1679,  in-fol.  Le 
pasteur  Muscov  (voyez  ce  nom)  ayant  attaqué 
sa  musique  dans  son  écrit  intitulé  :  Gestrafler 
JfJi.ssbrauch  der  Kirchen-Musik,  Schiff  réfuta 
son  antagoniste  avec  modération  dans  une  ré- 
ponse qui  a  pour  titre  :  Schrift  und  Ver- 
nunflmxssiges  Lob  der  in  Gottcs  TFort 
wohlgegriindeten  vocal  und  instrumental - 
Kirchenmusik,  aus  rechtschajfener  Theolo- 
gorum  Schriften  entlchnt,  und  ivider  der 
Vers tand  .und  lieblosen  Eifer  der  Mnsik- 
feinde  wohlmeincnd  vorgeslellet  von  Chris- 
tian Schiff,  chori  musici  Director  (Éloge 
écrit  et  raisonné  de  la  musique  d'église  vocale 
et  instrumentale  bien  démontré  dans  la  parole 
de  Dieu,  etc.).  ;  Lauban,  1094,  in-8"  de  trente 
pages. 

SCIIILCIIA  (Antoine),  organiste  à 
Brzczno,  en  Bohêmej  y  était  aussi  maîlrc 
d'école  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Précé- 
demment il  avait  été  organiste  à  Jungbunzlau. 
Il  mourut  à  Brzezno,  en  1795.  On  trouve  dans 
les  archives  de  l'église  de  Raudnilz  des  messes, 
offertoires  et  litanies  de  sa  composition,  en 
manuscrit. 

SCHILD  (Melciiior),  organiste  et  compo- 
siteur à  l'église  Saint-Georges  et  Saint-Jac- 


SCH1LD  —  SCHILLING 


461 


qnes  de  Hanovre,  avait  fait  ses  éludes  musi- 
cales à  Amsterdam,  sous  la  direction  du  célèbre 
organiste  Sweiinck,  et  était  parvenu  à  un 
rare  degré  d'habileté.  Il  mourut  à  Hanovre,  en 
10(38,  laissant  à  ses  enfants  pour  environ  cin- 
quante mille  francs  de  biens,  quoiqu'il  n'eût 
joui  pendant  toute  sa  vie  que  d'un  médiocre 
revenu.  On  ne  connaît  point  d'oeuvres  impri- 
mées de  Schild,  mais  il  a  laissé  en  manuscrit 
des  chorals  variés  pour  l'orgue. 

SCHILLING  (Gustave),  docteur  en  phi- 
losophie et  conseiller  de  cour  à  Stultgard,  est 
né  le  5  novembre  1805,  à  Schwiegershausen, 
dans  le  royaume  de  Hanovre.  Fils  d'un  pasteur 
protestant,  dont  le  père  et  le  grand-père 
avaient  été  organistes,  et  qui  était  lui-même 
musicien  instruit  et  bon  organiste,  il  apprit 
sous  sa  direction  les  éléments  de  l'art  qui,  plus 
tard,  est  devenu  l'objet  principal  de  ses  tra- 
vaux. Dès  l'âge  de  dix  ans,  il  se  fit  entendre 
en  public  sur  le  piano;  dans  le  même  temps, 
il  se  livra  à  l'étude  de  l'orgue,  du  violon,  de 
la  flûle  et  du  violoncelle,  et  s'essaya  dans  la 
composition  de  quelques  morceaux  de  musique 
religieuse.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  entra  au 
collège;  puis  il  alla,  en  1823,  éludierla  théo- 
logie à  l'université  de  Gœttingen.  Il  termina 
ses  éludes  littéraires  et  scientifiques  à  l'uni- 
versité de  Halle.  Fixé  à  Stultgard,  en  1830,  il 
y  prit  la  direction  d'une  école  de  musique  pour 
laquelle  il  écrivit,  dans  la  même  année,  un  pelit 
lexique  de  musique  destiné  spécialement  aux 
pianistes.  Quelques  travaux  littéraires  rem- 
plirent les  années  suivantes;  mais  bientôt  il 
conçut  le  plan  d'un  grand  dictionnaire  de 
musique  qu'il  parvint  à  réaliser,  en  associant 
à  sa  rédaction  quelques  hommes  distingués,  au 
nombre  desquels  on  trouve  les  noms  de  Fink, 
La  Molte-Fouqué,  Grosheim,  Heinroth,  Marx, 
Keferstein,  G.  Nauenburg,  L.  Rellstab,  de 
Seyfried,  du  savant  professeur  de  physique 
"Weber,  etc.  Schilling  s'était  réservé  les  ar- 
ticles d'esthétique,  ce  qui  concerne  la  musique 
des  Hébreux,  une  grande  partie  de  la  bio- 
graphie, et  la  rédaclion  générale.  L'ouvrage, 
dont  le  premier  volume  parut  en  1835,  fut 
achevé  en  six  volumes  dans  l'année  1838,  et 
deux  ans  après  un  septième  volume,  contenant 
le  supplément,  a  été  publié.  Bien  qu'entaché 
de  défauts  inséparables  d'un  travail  de  ce 
genre,  il  est  le  meilleur  et  le  plus  complet  des 
dictionnaires  de  musique  publiés  jusqu'à  ce 
jour  (1864),  et  l'on  y  trouve  des  articles  bien 
étudiés. 

Dans  l'année  1838,  Schilling,  dont  l'acti- 
vité était  remarquable,  fit  paraître  aussi  un 


livre  important  par  son  objet,  mais  auquel  on 
peut  reprocher  d'être  trop  superficiel  dans  le 
fond  et  dans  la  forme.  Ce  livre  a  pour  titre  : 
Essai  d'une  philosophie  du  beau  dans  la 
musique,  ou  Esthétique  de  cet  art.  Des  cri- 
tiques sévères,  dures  même,  de  cet  ouvrage, 
ont  paru  dans  les  journaux.  Il  est  incontes- 
table que  ce  livre  manque  de  profondeur; 
toulefois,  quelles  que  soient  ses  imperfections, 
on  ne  doit  pas  perdre  de  vue  la  difficulté  du 
sujet  ;  difficulté  si  grande,  qu'elle  a  été  recueil 
des  hommes  les  plus  distingués  qui  ont  essayé 
de  le  traiter.  La  même  rigueur  a  accueilli  la 
publication  d'un  autre  livre  du  docteur  Schil- 
ling sur  la  science  de  l'harmonie,  qui  a  paru, 
en  1839,  sous  le  titre  de  :  Polyphonomos,  ou 
l'art  d'acquérir  une  connaissance  complète 
de  l'harmonie,  en  trente-six  leçons.  Je  ne 
crois  pas  devoir  ici  reproduire  les  accusations 
de  plagiat  qu'on  a  dirigées  contre  l'auteur  de 
cet  ouvrage  et  de  VEssai  d'une  philosophie 
du  beau  dans  la  musique;  car  il  fautse  défier 
de  toute  polémique  passionnée. 

Dans  le  temps  même  où  tant  de  travaux  dif- 
férents semblaient  devoir  l'absorber  tout  en- 
tier, Schilling  avait  entrepris  la  formation 
d'une  société  allemande  pour  les  progrès  de 
la  musique  et  de  sa  science,  et  était  parvenu  à 
y  réunir  les  hommes  les  plus  recommandables 
de  l'époque,  entre  autres  Cherubini,  Meyer- 
beer,  Sponlini,  Spohr,  W.  Schneider,  Lachner, 
Fr.  Schneider,  etc.  Il  entreprit  aussi  un  jour- 
nal des  travaux  de  cette  société  qui  a  paru  sous 
le  titre  annales  de  l'Association  nationale 
allemande  pour  la  musique  et  pour  la 
science;  cette  publication  n'a  pas  été  conti- 
nuée. Le  prince  de  Hohenzollern-Hechingen 
nomma  Schilling  conseiller  de  cour,  en  1839, 
et  l'Académie  de  musique  de  Stockholm  l'ad- 
mit au  nombre  de  ses  membres. 

Les  principaux  ouvrages  de  ce  littérateur 
musicien  sont  les  suivants  :  1°  Musikalische 
Handwœrterbuch  nebst  einigen  Vorange- 
schicklen  allgemeinen  philosophisch-histo- 
rischen  Bemerkungen  iiber  die  Tonkunst. 
Insbesondere  fur  Clavierspieler  bearbei- 
tet,  etc.  (Lexique  portatif  de  musique,  etc.); 
Stuttgart,  Paul  Neff,  1830,  in-12.  2°  Ency- 
clopédie dergesammten  musikalischen  Wis~ 
senschaften,  oder  Universal  Lexikon  der 
Tonkunst  (Encyclopédie  de  toutes  les  sciences 
musicales,  ou  dictionnaire  universel  delà  musi- 
que); Stuttgart,  Fr.-Henri  Ramier,  1835-1840, 
sept  volumes  gr.  in-8°,  y  compris  le  supplément 
auquel  Gassner.  [voyez  ce  nom)  a  fourni  beau- 
coup d'articles  biographiques,  et  celui  de  la 


462 


SCHILLING  —  SCH1NDELMEISSER 


lilléralure  musicale.  3°  frersuch  einer  Philo- 
sophie des  Schœnen  in  der  Musik,  oder 
JEslhetik  der  Tonkunst  (Essai  d'une  philoso- 
phie du  beau  dans  la  musique,  ou  Esthétique 
de  cet  arl);Mayence,  Schott,  1838,  un  volume, 
gr.  in  -8°  de  six  cent  quarante-deux  pages. 
4°  Polyphonomos,  oder  die  Kunst  in  3(5  Lec- 
tionen  sich  eine  vollstxndige  Kenntniss  der 
musikaîischen  Harmonie  zu  erwerben  (le 
Polyphone,  ou  l'art  d'acquérir  une  connais- 
sance com|ilèle  de  l'harmonie,  en  trenle-six 
leçons);  Stuttgart,  Weise,  1839,  un  volume, 
gr.  in-8°.  5°  Beleuchtung  des  Hoftheaters  in 
Stuttgart  (Examen  du  théâtre  de  Stuttgart); 
Stuttgart,  N'eff,  1832,  in-8°.  Cet  examen  porte 
particulièrement  sur  ce  qui  concerne  la  mu- 
sique. 6°  Allgemeine  Generalbasslehre ,  mit 
besonderer  Riicksicht  auf  angehetide  Musi- 
ker,  Organisten  und  gebildete  Dilettanten 
(Science  générale  de  la  Basse  continue,  etc.)  ; 
Darmstadt,  L.  Pabst,  1839,  un  volume  grand 
in-8°  de  cinq  cent  quatre-vingt-deux  pages, 
Bans  ce  livre,  comme  dans  le  Polyphonomos, 
Schilling  se  montre  faible  en  tout  ce  qui  con- 
cerne la  pratique  de  l'art:  ses  exemples  man- 
quent de  correction.  Il  mettait  trop  de  hâte 
dans  ses  ouvrages,  et  sa  position,  habituelle- 
ment gênée,  l'obligeait  à  traiter  le  même  su- 
jelde manières  différentes  pour  se  procurer  de 
l'argent.  C'est  ainsi  qu'il  fit  un  troisième 
traité  d'harmonie,  sous  ce  titre  :  Mnsikalis- 
aher  Autodidakt,  oder  Anleitung  zu  voll- 
standiger  Kenntniss  der  musikaîischen  Har- 
monie(\e  Musicien  instruit  par  lui-même,  ou 
introduction  à  la  connaissance  complète  de 
l'harmonie  musicale,  etc.).  7°  Geschichte  der 
heutigenoder  modernen  Musik,  etc.  (Histoire 
de  la  musique  moderne,  etc.);  Carlsruhe, 
1841,  un  volume  très-grand  in-8°  dehuitcent 
seize  pages.  8°  Akuslik  oder  die  Lehre  vom 
Klange  (Acoustique  ou  science  des  sons)  ; 
ibid.,  1842,  in-8°.  9°  Bas  7nusikalische  Eu- 
ropa ,  oder  Sammlung  von  authenlischen 
Lebensnachrichtcn  ùber  jetzt  in  Europa  le- 
bende  Tonkiinstler,  etc.,  etc.  (l'Europe  mu- 
sicale, ou  recueil  de  notices  authentiques  sur 
la  vie  des  musiciens  actuellement  vivants  en 
Europe);  Stuttgart,  1840,  in-8°.  Schilling 
s'est  expatrié  en  1  8;j7,  et  s'est  établi  à  New- 
York,  où  il  a  fondé  une  école  de  musique. 

SCIIIMF  (Christophe),  prêtre  et  maître 
de  chapelle  de  l'église  principale  d'Eichstœdt 
(liavière),  vcrsle  milicududix-septième  siècle, 
s'est  fait  connaître  par  un  ouvrage  de  sa  com- 
position intitulé  -.Augustissimx  Firginis  ÏÏTa- 
rix  Andphotix  et  Lilanix  2,  3,  4  cl  5  voci- 


bus,  2  violinis  et  organ.  decanlandx  ; 
Œniponli,  typis  Mich.  Wagneri ,  1658, 
in-4°. 

SCHIMPERILIV  (Chrétien)  ,  musicien 
bavarois,  était,  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle,  cantor  à  Ochsenh'ausen,  dans  le 
Wurtemberg.  Il  a  publié  de  sa  composition 
six  messes  à  huit  voix,  à  Augsbourg,  1616, 
in-4°. 

SCIIIMPKE  (Christophe),  né  à  Tetschen, 
en  Bohême,  vers  1725,  fut  un  virtuose  sur  le 
basson,  et  joua  avec  talent  de  plusieurs  autres 
instruments. Ses  compositions  instrumentales, 
écrites  avec  goût,  le  firent  choisir  par  le  comte 
de  Thun  pour  directeur  de  sa  musique.  Après 
la  mort  de  ce  seigneur,  Schimpke  fut  employé 
comme  direcleur^de  musique  à  Johannisberg, 
en  Silésie,  où  il  mourut  en  1789.  Cet  artiste  a 
laissé  en  manuscrit,  de  sa  composition  :  1°Onze 
symphonies  à  grand  orchestre.  2°  Cinq  con- 
certos pour  alto.  3°  Trois  concertos  pour  vio- 
loncelle. 4°  Un  concerto  pour  hautbois. 5°  Deux 
concertos  pour  cor.  6°  Quatre  concertos  pour 
basson. 

SCHIINDELUIEISSER (madame  Fanmy\ 
épousa  en  première  noce  un  négociant,  nommé 
Born,  dont  elle  eut  un  fils  qui  s'est  fait  connaî- 
tre par  son  talent  dans  la  composition  (voyez 
Dors).  Après  la  mort  de  Dorn,  elle  devint  la 
femme  de  Schindelmeisser,  rentier  de  la  même 
ville,  qui  mourut  aussi,  en  1817.  Alors  elle  se 
rendit  à  Berlin  et  se  livra  à  l'enseignement  de 
la  musique  et  du  piano  par  une  méthode  par- 
ticulière de  son  invention.  En  1815,  elle  fonda 
à  Dresde  une  seconde  école  basée  sur  la  même 
méthode.  Elle  mourut  à  Berlin,  le  28  février 
1846.  Celte  dame  a  publié  un  écrit  dans  lequel 
elle  expose  les  principes  de  son  enseignement, 
et  qui  a  pour  titre  .•  Ein  U'ort  iiber  incinc 
Musik-Unterrichts-Anstalt  (Un  mot  sur  mou 
système  d'enseignement  de  la  musique);  Ber- 
lin, Voss,  1840,  in-8"  de  trente-trois  pages. 

SCIHI\DEL3ÎEISSEU  (Louis),  compo- 
siteur, fils  de  la  précédente,  est  né  à  Kœnigs- 
berg,  le  8  décembre  1811.  Il  était  âgé  de  treize 
ans,  lorsqu'il  suivit  sa  mère  à  Berlin,  où  il 
fréquenta  les  cours  du  gymnase.  Son  premier 
maître  de  musique  fut  un  Français,  nommé 
Hostie,  artiste  de  Latent  qui,  en  1824,  fut  en- 
gagé comme  violoniste  au  théâtre  Kœnigstadt, 
à  Berlin,  et  qui  mourut  dans  cette  ville  dix  ans 
après.  Le  premier  instrument  sur  lequel  Schin- 
delmeisser se  fit  entendre  fut  la  clarinette, 
dont  il  jouait  avec  habileté.  A  l'âge  de  vingt  et 
un  ans,  il  s'éloigna  de  Berlin,  parcourut  l'Au- 
triche et  fut  chef  d'orchestre  des  théâtres  de 


SCH1NDELMEISSER  -  SCHINDLER 


4fi;i 


Salzbourg,  Inspruck  et  Grsetz.  De  retour  à 
Berlin,  en  1857,  il  occupa  une  position  sem- 
blable au  théâtre  Kœnigstadt.  En  1838,  il  se 
rendit  à  Pesth  et  y  passa  neuf  années  en  qua- 
lité de  directeur  de  musique  du  "théâtre  alle- 
mand. Au  mois  de  février  1847,  il  reçut  un 
engagement  de  Capellmeister  (chef  d'or- 
chestre) de  l'Opéra  de  Hambourg.  Il  quitta 
cette  position  à  l'automne  de  1848,  pour  une 
autre  semblable  au  théâtre  de  Francfort. 
En  1851,  il  alla  diriger  la  musique  du  théâtre 
de  la  cour  à  Wiesbaden,  et  enfin,  il  accepta 
3a  place  de  maître  de  chapelle  du  grand-duc  de 
liesse  -Darmstadt,  en  1853.  Il  est  mort  à  Darm- 
stadt,  le  20  mars  18G4.  Les  ouvrnp.es  princi- 
paux de  Schindelmeisser  sont  :  î°  Boniface, 
apôtre  de  l'Allemagne,  oratorio  exécuté  à 
Peslh,  le  25  décembre  1844.  2°  Mathilde, 
opéra  héroïque  en  trois  actes,  de  Caroline 
Pichler.  5°  Die  Zehn  gliicklicher  Tage  (les 
Dix  jours  heureux),  opéra  romantique  en 
quatre  actes.  4°  Peter  von  Szapary,  opéra 
hongrois  en  trois  actes,  représenté  au  théâtre 
de  Pesth,  le  8  août  1839.  5"  Malvina,  opéra 
tragique  en  quatre  actes,  représenté  dans  la 
même  ville,  en  1841.  6°  Die  Rxcher{]es  Ven- 
geurs), opéra  romantique  en  quatre  actes,  re- 
présenté en  1844.  7°  Diavolina,  grand  ballet 
en  quatre  actes.  8°  Ouvertures  et  marches  pour 
des  drames  représentés  à  Berlin  et  à  Hambourg. 
9°  Concerto  pour  clarinette  et  piano  (en  ut  mi- 
neur) ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haerlel.  10°  Sym- 
phonie concertante  pour  quatre  clarinettes  et 
orchestre,  op.  2;  ibid.  11°  Impromptu,  solo 
pour  piano  (en  ut),  op. 4;  Hambourg,  Boehme. 
12°  Deuxième  Impromptu,  op.  7  ;  ibid.  1 3°  So- 
nate héroïque  pour  piano  (en  fa)  ,  op.  8;  ibid. 
14°  Pièces  caractéristiques  en  forme  de  Lieder, 
op.  14  ;  Hambourg,  Schuberlh.  15°Trois  baga- 
telles pour  piano,  op.  22  ;  Hambourg,  Bœhme. 
16°  Deuxième  grande  sonate  pour  piano  (en 
so/ mineur),  op.  23;  ibid.  17°  Troisième  idem 
(en  ré  majeur),  op.  40;  Mayence,  Schott. 
18°  Loreley,  ouverture  de  concert;  Cologne, 
Schloss.  19°  Beaucoup  de  Lieder,  en  recueils 
et  détachés. 

SCHINDLER  (P. -S.),  compositeur  alle- 
mand, dont  le  nom  n'est  connu  que  par  le 
livret  du  premier  opéra  qui  fut  représenté  à 
Copenhague,  le  15  avril  1689,  pour  l'anniver- 
saire du  jour  de  naissance  du  roi  de  Dane- 
mark Christian  V.  Cet  opéra,  en  langue  alle- 
mande, a  pour  titre  :  Der  Golter  Streit  (le 
Combat  des  dieux).  Il  fut  joué  au  château 
d'Amalienbourg.  Schindler  en  avait  écrit  la 
musique.   Le  compositeur  de  ballets,   et  les 


danseurs  des  intermèdes,  Clément,  Barrayer, 
Colart  et  Versigny,  étaient  Français.  Le  livret 
de  l'opéra,  écrit  par  R.-A.  Burchard,  a  été 
imorimé  à  Copenhague,  chez  J.-P.  Bocken- 
hofTer  (sans  date),  in-4°  de  quatre  feuilles. 

SCHIIMDLEIi  (  Je*n  -  Chrétien  -  Théo  - 
piiile),  violoncelliste  et  luthiste  à  la  chapelle 
de  l'électeur  de  Mayence,  véculdans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Ses  premières 
compositions  parurent  vers  1768.  Les  cata- 
logues de  Breitkopf  et  d'autres  indiquent  de  sa 
composition  des  concertos,  sonates  et  duos  pour 
violoncelle,  ainsi  que  des  concertos  pour  le 
clavecin  :  toutes  ces  productions  sont  restées 
en  manuscrit. 

SCIIIIXDLER  (Antoine),  est  né  en  1796, 
à  Medl,  près  de  Neusladt,  dans  le  cercle  d'Ol- 
mUlz,  où  son  père  était  cantor  et  maître 
d'école.  Dans  sa  jeunesse,  il  se  livra  à  l'étude 
du  violon.  Arrivé  à  Vienne,  il  y  fut  employé 
comme  violoniste,  puis  comme  chef  d'orchestre 
à  l'Opéra  allemand.  Dans  le  même  temps,  il 
travailla  à  la  rédaction  des  notices  musicales 
[Musikalischen  Nachrichten)  publiées  dans 
la  Gazette  des  théâtres  de  Vienne.  Admis 
dans  l'intimité  de  Beethoven,  à  cause  de  l'ad- 
miration et  de  l'attachement  qu'il  témoignait 
pour  cet  homme  illustre,  il  passa  près  de  lui 
près  de  dix  années,  fut  le  confident  de  ses 
travaux,  de  ses  chagrins,  de  ses  affaires,  et 
lui  prodigua  ses  soins  dans  sa  dernière  ma- 
ladie. Il  écrivit  à  Moschelès,  sur  les  derniers 
moments  et  sur  les  obsèques  de  Beethoven, 
plusieurs  lettres  qui  ont  été  publiées  dans  les 
septième  et  huitième  volumes  du  recueil  pé- 
riodique intitulé  Cxcilia,  et  dont  la  traduc- 
tion française  se  trouve  dans  la  Revue  musi- 
cale (t.  I,  p.  499-504).  En  1831,  Schindler  fut 
appelé  à  Munster,  en  qualité  de  directeur  de 
musique  de  la  cathédrale  et  de  l'Académie. 
Après  trois  années  passées  dans  celte  ville,  il 
accepta,  en  1835,  une  place  de  directeur  de 
musique  à  Aix-la-Chapelle,  où  il  fit  exé- 
cuter quelques  morceaux  de  sa  composition; 
mais  des  discussions  survenues  entre  lui  et 
plusieurs  amateurs  auxquels  leur  position 
donnait  de  l'influence,  rompirent  les  arran- 
gements qui  avaient  été  pris  à  cet  égard.  De- 
puis 1837,  Schindler  ne  remplit  plus  d'autres 
fonctions  à  Aix-la-Chapelle  que  celles  de  pro- 
fesseur de  musique  dans  l'enseignement  par- 
ticulier. En  1842,  il  retourna  à  Munster. 
Après  y  avoir  passé  quelques  années,  il  se 
relira  à  Bockenheim,  près  de  Francfort-sur- 
le-Mein,  où  il  est  mort  dans  les  premiers  jours 
de  janvier  1864.  Il  possédait   beaucoup  de 


464 


SCHINDLER  -  SCHINN 


manuscrits  originaux  de  Beelhoven,  et  de 
pcti ts  livres  où  ce  grand  artiste  écrivait  ses 
premières  pensées  musicales.  Cette  précieuse 
collection  a  été  achetée  par  le  roi  de  Prusse, 
Frédéric-Guillaume  IV,  pour  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin.  On  doit  à  Schindler  un 
ouvrage  rempli  de  faits  intéressants  intitulé  : 
biographie  von  Ludwig  Fan  Beethoven 
(Biographie  de  L.  van  Beelhoven);  Munster, 
Aschendorff,  1840,  in-8°  de  deux  cent  quatre- 
vingt-seize  pages,  avec  un  beau  portrait  de 
Beethoven  et  deux  fac-similé  de  son  écriture. 
Après  la  publication  de  cet  écrit.  Schindler 
fit  un  voyage  à  Paris;  de  retour  à  Aix-la- 
Chapelle,  il  s'occupa  de  la  rédaction  d'un 
nouvel  ouvrage  concernant  les  impressions 
que  lui  avait  laissées  l'exécution  des  œuvres  de 
Beethoven  aux  concerts  du  Conservatoire;  ce 
second  livre  a  paru  à  Munster,  en  1842,  sous 
le  titre  :  Beethovenin  Paris,  un  volume  in-8°. 
Les  deux  ouvrages  ont  été  réunis  dans  une 
seconde  édition  publiée  à  Munster,  en  1844, 
un  volume  in-8°.  Il  en  a  été  donné  une  troi- 
sième, dans  la  même  ville,  en  1860,  deux  par- 
lies  in-8°. 

SCHIINDLOEKER  (Philippe),  violoncel- 
liste de  la  cour  impériale  de  Vienne,  né  à  Mons 
(Hainaut),  le  25  octobre  1755,  suivit  son  pèreà 
Vienne,  où  Himmelhauer  lui  donna  des  leçons 
de  violoncelle.  En  1795,  il  fut  nommé  violon- 
celliste solo  du  théâtre  de  la  cour,  et  trois  ans 
après,  il  obtint  un  poste  semblable  à  la  cathé- 
drale de  Sainl-Étienne;  enfin,  en  1806,  l'em- 
pereur le  nomma  violoncelliste  de  sa  chambre. 
Beliré  en  1811,  Schindlœker  est  mort  à 
Vienne,  le  16  avril  1827.  Il  a  laissé  en  manu- 
scrit, de  sa  composition  :  1°  Concerto  pour 
violoncelle  et  orchestre.  2°  Sonates  pour  vio- 
loncelle et  basse.  5°  Bondo  pour  violoncelle 
et  basse.  On  n'a  imprimé  de  lui  qu'une  Séré- 
nade pour  violoncelle  et  guitare;  Vienne, 
Diabelli. 

SCïimDLOERER  (M.  Wolfcanc),  neveu 
du  précédent,  naquit  à  Vienne,  en  1789.  Élève 
de  son  oncle  pour  le  violoncelle  et  la  compo- 
sition, il  devint  habile  sur  cet  instrument,  et 
apprit  aussi  à  jouer  de  plusieurs  instruments 
à  vent,  entre  autres  du  hautbois  et  de  la  flûte. 
A  l'âge  de  quinze  ans,  il  se  fit  entendre  en 
public  à  Vienne,  dans  un  concerto  de  violon- 
celle. Il  entra,  en  1807,  au  service  du  grand- 
duc  de  Wllrzbourg,  en  qualité  de  musicien  de 
la  chambre.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Douze  pièces  pour  cinq  trompettes  et  tim- 
bales; Vienne,  llaslinger.  2°  Sérénade  pour 
cor  de   bassctlc,    flûte,   alto  et   violoncelle; 


Mayence,  Scholt.ô'  Trio  pour  hautbois,  violon 
et  basse;  ibid.  4°  Douze  duos  pour  deux  cors, 
Munich,  Falter.  5°  Grand  duo  pour  deux  vio- 
loncelles, op.  5;  Offcnhach,  André.  6°  Trois 
duos  instructifs  pour  deux  violoncelles;  ibid. 
7°Fanlaisie  et  polonaise  pour  flûte  avec  violon, 
deux  altos  et  violoncelle;  ibid. 

SCHINKE  (JosEPn),  facteur  d'orgues  et 
d'instruments  à  clavier,  à  Hirschberg,  a  appris 
les  éléments  de  son  art  chez  Pierre  Zei^ins, 
de  Frankenstein.  Ses  principauxouvrages  sont 
l'orgue  du  séminaire  de  Bunzlau,  construit  en 
1825,  et  composé  de  onze  jeux,  deux  claviers 
et  pédale;  celui  de  Tillendorf,  de  seize  jeux, 
deux  claviers  et  pédale;  celui  de  Schwerte,  de 
vingt-cinq  jeux;  enfin  celles  de  Falkenhain, 
de  Domanze,  de  Meffersdorf,  et  plusieurs 
autres  lieux  de  la  Silésie.  Schinke  est  mort  en 
1829. 

SCHINMEYER  (Jean-Adolphe),  docteur 
en  théologie,  naquit  à  Stettin,  en  1735.  Après 
y  avoir  rempli  les  fonctions  de  conseiller  du 
consistoire  et  de  professeur  de  langues  orien- 
tales, il  fut  nommé  prédicateur  de  l'église 
allemande  à  Stockholm,  puis,  en  1778,  surin- 
tendant de  la  Poméranie  suédoise  et  prédica- 
teur de  l'université  de  Greifswald.  L'année 
suivante,  il  fut  appelée  Lubeck  en  qualité  de 
surintendant.  Il  mourut  dans  cette  ville,  le 
5  mai  1796.  Parmi  ses  écrits,  on  trouve  un  re- 
cueil de  trois  sermons  (Predigten  iiber  dus 
Gœttliche ,  Schœne  und  Beruhigende  d, 
Christenheil):  Flensbourg,  1775,  in-8°,  dont 
le  premier  a  pour  sujet  l'inauguration  d'un 
nouvel  orgue. 

SCHOIIV  (Jean -Georges),  flûtiste  et  com- 
positeur, naquit  le  14  septembre  1768,  à  Sin- 
zig,  près  de  Batisbonne,  et  reçut  de  son  père, 
instituteur  dans  ce  lieu,  les  premières  instruc- 
tions sur  la  musique.  Après  avoir  commencé 
ses  études  littéraires  an  couvent  de  Prtlfing,  il 
alla  les  continuer  au  séminaire  de  Neubouig, 
sur  le  Danube.  De  là  il  se  rendit  à  l'université 
de  Dillingcn,  pour  y  suivre  les  cours  de  philo- 
sophie et  de  droit.  Ses  éludes  ne  l'empêchaient 
pas  de  cultiver  la  musique,  ni  de  s'exercer  sur 
le  violon,  le  basson  et  la  flûle.  Une  circon- 
stance imprévue  décida  de  sa  vocation  pour  cet 
art;  car  ayant  fait  un  voyage  à  Eichstœdi, 
pour  y  visiter  quelques  camarades  d'éludés 
(lui  étaient  entrés  dans  la  musique  du  prince* 
évéque,  ceux-ci  le  déterminèrent  à  les  imiter, 
et  il  accepta  en  effet  une  place  de  flûtiste  de 
la  chapelle,  qui  était  vacante.  Ce  fut  alors  qu'il 
étudia  l'harmonie  et  le  contrepoint  sous  la 
direction  de  Bachsmidl;  mais  la  cécité  dont 


SGHINN  -  SCHIZZÎ 


4g; 


ce  maître  fui  frappé  pende  temps  après  obligea 
Scliinn  à  solliciter  de  l'évêque  d'Eichslœdt  la 
permission  d'aller  continuer  ses  éludes  de 
composition  à  Salzbourg,  auprès  de  Michel 
Haydn.  La  sécularisation  de  l'évéché  d'Eich- 
staedl  lui  ayant  fait  perdre  sa  place,  il  entra, 
au  mois  de  décembre  1 808,  à  l'orchestre  de  la 
cour  à  Munich.  Il  mourut  dans  cette  ville,  le 
18  février  1833,  après  une  courte  maladie.  On 
a  publié  de  la  composition  de  cet  artiste  : 
1°  Gebet  um  Frieden  (Prière  pour  la  paix),  à 
plusieurs  voix;  Munich,  Falter.  2°  Cantique 
pour  la  fête  de  la  sainte  Croix,  pour  deux 
ténors  et  deux  basses  ;  ibid.  3°  Chant  funèbre 
sur  le  tombeau  de  mon  père;  ibid.  4°  Six 
chansons  de  Gleim  pour  trois  voix  d'hommes, 
op.  7;  Munich,  Sidler.  5°  Six  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes,  op.  8;  ibid.  6°  Le 
1er  mai,  chant  pour  quatre  voix  d'hommes, 
op.  0;  ibid.  7°  Chansons  allemandes  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano,  op.  10, 
11,  12;  ibid.  Schinn  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  messes  et  offertoires  à  quatre  voix  et 
orchestre. 

SCIIIOERRING  (Niels),  musicien  da- 
nois, attaché  à  la  musique  de  la  cour  de 
Copenhague,  naquit  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  et  fit  ses  études  musicales  à 
Hambourg,  sous  la  direction  de  Charles- 
Philippe-Émmanuel  Bach.  En  1783,  il  publia 
un  recueil  de  cantiques  avec  la  basse  continue, 
en  langue  danoise.  Il  avait  entrepris  aussi  la 
formation  d'un  livre  choral  général  en  langue 
allemande,  et  avait  rassemblé  pour  ce  travail 
un  nombre  immense  de  livres  du  même  genre, 
particulièrement  choisis  parmi  les  plus  an- 
ciennes éditions.  Bach  revit  tout  l'ouvrage,  et 
y  ajouta  la  basse  chiffrée  pour  l'accompagne- 
ment; mais  Schiœrring  mourut  vers  1800, 
avant  d'avoir  fait  sa  publication.  Il  avait 
réuni  une  belle  bibliothèque  musicale  formée 
de  compositions  de  tout  genre,  de  livres  de 
théorie  et  de  littérature  de  la  musique,  de  sa 
belle  collection  de  livres  de  chant  choral,  et 
l'avait  cédée  au  roi  de  Danemark,  en  s'en 
réservant  la  jouissance;  mais  un  incendie 
anéantit  tout  cela  avec  la  bibliothèque  parti- 
culière du  roi,  le  20  février  1794.  Une  collec- 
tion de  douze  cents  portraits  de  musiciens  fut 
tout  ce  que  Schiœrring  put  sauver  de  ce  dé- 
sastre. 

SCIIIR  A  (François-Vincent),  compositeur 
dramatique,  né  à  Milan,  en  1812,  fil  ses  éludes 
musicales  au  Conservatoire  de  cette  ville,  et  y 
reçut  les  leçons  de  Federici  et  de  Basilj  {voyez 
ces  noms).  Lorsqu'il  sortit  du  Conservatoire, 

BIOCR.    UNIV.    DES    MUSICIENS.     —    T.    VII. 


il  fit  représenter  au  théâtre  de  la  Scala,  en 
1833,  son  premier  opéra,  intitulé  Elena  et 
Malvina.  Pendant  l'année  de  1834,  il  dirigea 
la  musique  au  théâtre  Carcano.  Appelé  à  Lis- 
bonne, en  1835,  en  qualité  de  chef  d'orchestre 
et  de  directeur  du  chant  du  théâtre  Santo 
Carias,  il  y  fit  représenter  dans  l'année  sui- 
vante Il  Trionfo  délia  Musica,  opéra  bouffe, 
et  écrivit  la  musique  d'un  grand  nombre  de 
ballets,  qui  eurent  de  brillants  succès,  et  dont 
plusieurs  ont  été  représentés  à  Vienne  et  a 
Milan.  En  1837,  il  donna  au  IhéâtredeLisbonne 
1  Cavalieri  di  Valenza,  opéra  sérieux  dont 
le  roi  de  Portugal  rut  si  satisfait,  qu'il  décora 
le  compositeur  de  l'ordre  l ' Abilo  del  Christo. 
Après  cinq  ans  de  séjour  à  Lisbonne,  Schira  se 
rendit  à  Londres,  où  il  fut,  pendant  deux  ans, 
directeur  de  musique  de  Princess  's  Théâtre. 
En  1 844,  il  succéda  à  Benediçt,  pour  les  mêmes 
fonctions,  au  théâtre  de  Drury-Lane.  Il  se 
trouvait  encore  dans  celte  ville, en  1848;  après 
celle  époque,  on  ne  trouve  plus  de  renseigne- 
ments sur  sa  personne,  si  ce  n'est  que  les  jour- 
naux de  musique  ont  annoncé  que  cet  artiste 
élait  retourné  à  Lisbonne,  et  y  était  mort  du 
choléra. 

SCHIRER  (Joseph),  compositeur  alle- 
mand, né  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  vécu*  quelque  temps  à  Rome,  où  il 
étudia  le  contrepoint  sous  la  direction  de  Ja- 
naconi,  puis  se  rendit  à  Naples,  où  il  écrivit, 
et  fit  représenter,  en  177C,  fiidone,  en  deux 
actes.  Trois  ans  après,  il  donna  Creso  in  Me- 
dia, au  théâtre  Saint-Charles,  et  en  1781, 
Amoree  Psiche,  en  trois  actes.  Ces  trois  ou- 
vrages se  trouvent  en  manuscrit  dans  la  biblio- 
thèque du  conservatoire  de  Naples,  ainsi  qu'un 
Gloria  Patri  à  six  voix,  alla  Palestrina, 
composé  par  Schirer. 

SCIIIIUIER  (Jean-Georges),  fadeur  de 
pianos,  naquit  à  Haurceden,  dans  la  princi- 
panlé  de  Schwarzhourg,  et  mourut  à  Sonders- 
hausen,Ie21  mars  1790.  11  avait  appris  son 
art  dans  les  ateliers  de  Friederici,  à  Géra.  Ses 
pianos  étaient  estimés  dans  la  Saxe. 

SCHIZZI  (le  comte  Folciiino),  directeur 
delà  maison  des  orphelins,  à  Crémone,  naquit 
à  Milan,  en  1785.  On  lui  doit  une  intéressante 
nolice  biographique  du  célèbre  compositeur 
Mozart,  qui  renferme  particulièrement  des 
anecdotes  sur  sa  jeunesse,  et  sur  son  séjour  à 
Milan.  Ce  petit  ouvrage  a  pour  titre  :  Elogio 
storico  di  W.  A '.  Mozart  ;  Cremona,  stam- 
peria  de'  fratelli  Manini,  1817,  in-8°.  Le 
comte  Schizzi  est  aussi  auteur  d'une  nolice  sur 
la  vie  et  les  travaux  de  Paisiello,  intitulée  : 

30 


400 


SCIIIZZI  —  SCHLECHTER 


Délia  vila  e  degli  sludj  di  Giovanni  Pai- 
siello;  Milan,  Truffie  cornp'.,  1 835,  in-8"de 
cent  douze  pages,  avec  le  portrait  du  compo- 
siteur. 

SCHLADi:DACH(ledocteurJutEs),  com- 
positeur et  écrivain  sur  la  musique,  sur  qui 
les  biographes  allemands  ne  fournissent  que 
«le  vagues  renseignements,  parait  élre  né  à 
Dresde,  vers  1810.  M.  Bernsdorf  ne  fournit 
même  que  quatre  lignes,  dans  le  IVeues  Uni- 
versal-Lcrikon  der  Tonkunst,  sur  M.  Schla- 
debach, qui  en  fut  le  fondateur  et  qui  a  publié 
les  premières  livraisons  de  cet  ouvrage.  Il  se 
borne  à  dire  qu'il  vécut  d'abord  à  Dresde  et 
qu'il  s'y  livrait  à  des  travaux  de  littérature.  La 
Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick  nous 
apprend,  dans  le  troisième  volume  de  la  laide 
des  matières,  qu'il  publiait  alors  des  critiques 
sur  l'art,  sous  le  pseudonyme  de  TFise.  J'ai 
appris  à  Leipsick  qu'il  y  avait  fréquenté  l'uni- 
versité dans  sa  jeunesse,  et  y  avait  obtenu  le 
doctorat  en  médecine.  En  1831,  il  adressa,  de 
Charlotlenbourg,  près  de  Berlin,  une  lettre  à 
la  rédaction  de  la  Gazette  générale  de  musique 
Leipsick;  M.  de  Ledebur  dit,  en  effet  (Ton- 
kiinstler  Lexikon  Berlin' s,  p.  504),  que  le 
docteur  Schladebach  résidait  alors  dans  celle 
ville.  Plusieurs  ouvrages  de  ce  docteur-com- 
positeur et  littérateur,  ayant  été  publiés  à 
Leipsick,  Schleusingen,  Rudolstadl,  Freiberg 
et  Vienne,  il  est  vraisemblable  qu'il  a  visité 
ces  différentes  villes  et  que,  peut-être,  il  y  a 
résidé  plus  ou  moins  longtemps.  En  1855,  il 
s'est  établi  à  Posen,  pour  y  coopérer  à  la  ré- 
daction d'un  journal,  mais  on  voit  parun  de 
ses  derniers  ouvrages  qu'il  vivait  à  Sonders- 
hausen,  en  1800.  Les  compositions  connues  de 
M.  Schladebach  sont  :  \°  Der  Dorfpfarrer  (le 
Pasteur  de  village),  suivi  d'un  choral  ad  libi- 
tum, à  voix  seule,  avec  piano,  op.  1;  Berlin, 
Trautwein,  1831.2°  Chœur  liturgique  à  quatre 
voix,  pour  les  églises  évangéliques  du  royaume 
de  Prusse,  op.  2;  Berlin,  Frœhlich,  1832. 
3"  Dix-huit  chants  spirituels  à  quatre  voix; 
Leipsick,  Pœnicke.  4°  Six  recueils  de  l.icder  à 
voix  seule  avec  piano,  op.  7;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Haerlcl;  op.  8,  en  deux  livraisons; 
Berlin,  Challier;op.  12,  Leipsick,  Breilkopf 
et  Hœrlel  ;  op.  15,  ibid.;  op.  10;  Vienne,  Me- 
chclli;  op.  17,  Brunswick,  Meycr;  op.  19, 
ibid.  4°  Chants  a  quatre  voix,  op.  9j  Berlin, 
Challier.  -5°  Le  100nie  psaume  (Lobe  den 
llerrn)  à  quatre  voix,  exécuté  à  la  fêle  musi- 
cale de  Meisscn,  en  1844.  0°  Canlale  pour  la 
fête  de  Noël  à  quatre  voix  d'hommes,  op.  15; 
Schleusingen,  Glaser.  7°  Grande  messe  (en  ré) 


pour  voix  solo,  chœur  et  orchestre,  exécutée  à 
Dresde,  en  184G.  8°  Deux  nocturnes  pour  cor 
chromatique  ou  violoncelle  et  piano,  op.  20; 
Rudolstadl,  Muller.  M.  Schladebach  entreprit, 
en  1854,  la  publication  du  Nouveau  Lexique 
universel  de  musique,  annoncé  avec  la  colla- 
boration de  Liszt,  Marschner,  Reissiger  et 
Spohr.  qui  n'y  ont  rien  fait;  il  en  publia  les 
premières  livraisons;  puis  il  cessa  d'y  travail- 
ler, et  ce  fut  M.  Edouard  Bernsdorf (voyez  ce 
nom),  qui  le  continua  et  l'acheva.  La  dernière 
production  de  M.  Schladebach  est  un  traité 
de  l'organisation  de  la  voix  humaine  pour  le 
chant  intitulé  :  Die  Bildung  der  menschli- 
chen  Stimme  zum  Gesang ;  Sondershausen, 
1 860,  in-8°  de  quarante-deux  pages,  avec  des 
figures  ;  bon  ouvrage,  où  l'on  trouve  des  aper- 
çus nouveaux. 

SCHL  EGER  (C.-D),  pianiste  et  com- 
positeur allemand,  qui  parait  avoir  vécu  à 
Brunswick,  mais  sur  qui  je  n'ai  pas  de  rensei- 
gnements, n'est  connu  que  par  les  litres  de 
quelques-uns  de  ses  ouvrages.  On  a  sous  son 
nom  :  1°  Sonate  pour  piano  à  quatre  mains 
(en  ut);  Brunswick,  Spehr.  2°  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  15,  16;  ibid.  3°Sonale  pour  la 
harpe;  ibid.  4°  Six  romances  ou  ariettes  à 
voix  seule  avec  accompagnement  de  piano  ; 
ibid. 

SCIILvEGER  (Haks),  né  le  5  décembre 
1820,  à  Filskirchen,  dans  la  Haute-Autriche, 
eut  pour  premier  maître  de  chant,  de  piano  et 
de  violon  son  père,  musicien  de  profession  ; 
ensuite  il  alla  continuer  ses  études  de  musique, 
comme  enfant  de  chœur,  au  monastère  de 
Saint-FIorian.  Lorsqu'il  en  sortit,  il  se  rendit 
à  Vienne,  où  Preyer  lui  enseigna  la  composi- 
tion. En  1855,  M.  Schlaeger  a  été  nommé  direc- 
teur de  musique  de  la  société  chorale  connue 
sous  le  nom  de  Wiener  Gesangverein.  On 
connaît,  sous  le  nom  de  cet  artiste,  une  messe 
solennelle,  des  chœurs  d'hommes,  une  sympho- 
nie, des  quatuors  pour  instruments  à  archet  et 
des  Liedcr;  ces  ouvrages  lui  ont  fait  une  ho- 
norable réputation. 

SCIILECIITA  (Louis),  moine  du  couvent 
de  Wilhering,  dans  la  Haute- Autriche,  près  de 
Linz,  était  né  en  Bohême.  Il  mourut  en  1785, 
avec  la  réputation  d'un  excellent  organiste.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  des  fugues,  des  préludes, 
et  quelques  concertos  pour  l'orgue,  ainsi  que 
plusieurs  morceaux  de  musique  «l'église. 

SCHLECIITEK(Matiiias),  bon  professeur 
de  piano,  à  Vienne,  est  né  dans  celle  ville,  le 
17  septembre  1803.  Dans  sa  jeunesse  il  lit  ses 
éludes  élémentaires  au  collège  des  Piaristes, 


SCHLECHTEtt  -  SCHLES1NGER 


Au 


et  apprit  le  chant,  le  violon  et  le  piano.  Plus 
lard,  il  se  livra  exclusivement  à  l'étutle  de  ce 
dernier  instrument,  et  reçut  du  chevalier  de 
Seyfried  des  leçons  de  contrepoint.  Parmi  ses 
compositions  imprimées  ou  manuscrites,  on 
remarque  des  préludes  et  cadences  pour  le 
piano, des  variations  pourle  même  instrument, 
des  ouvertures  pour  l'orchestre,  des  concertos 
de  cor,  violoncelle,  conlrehasse  et  autres  in- 
struments, une  messe,  des  graduels,  le  Pater 
iwster,  le  Libéra,  et  beaucoup  de  pièces  ori- 
ginales et  d'arrangements  pour  la  musique  mi- 
litaire. On  a  aussi  sous  son  nom  un  ouvrage 
périodique  intitulé  :  Der  praktische  Lehrer 
an  Clavier  (le  Professeur  au  clavier).  Cette 
méthode  pratique  est  composée  de  pièces  fa- 
ciles avec  le  doigté. 

SCHLEGEL  (Frédéric-Antoine),  flûtiste 
à  Grœtz,  en  Sty rie,  vécut  dans  la  seconde  moi- 
tié du  dix  huitième  siècle.  Il  est  auteur  d'un 
livre  élémentaire  intitulé  :  Griïndliche  An- 
weisung  die  Flœte  zu  spielen,  nach  Quant- 
zens  Antveisung  (Instruction  élémentaire  sur 
l'art  de  jouer  de  la  flûte,  d'après  les  principes 
de  Qnanlz)  ;  Grœtz,  1788,  in-8°. 

SCHLEGEL  (Élie),  facteur  d'instruments, 
vécut  à  Altenbourg,  dans  les  dernières  années 
du  dix-huitième  siècle.  Il  inventa,  en  1794,  un 
piano  clavecin  qui,  par  la  pression  du  genou 
substituait  à  volonté  un  registre  de  clavecin  à 
celui  du  piano,  et  auquel  étaient  ajoutés  des 
registres  de  harpe  et  de  luth. 

SCHLEGEU  (François),  violoniste  de  la 
chapelle  impériale  de  Vienne,  fit  un  voyage  à 
Paris,  vers  1770,  et  y  fit  graver  un  œuvre  de 
six  trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  1  ;  Pa- 
ris, Bailleux. 

SCHLESENGER  (Martin),  violoniste  dis- 
tingué, naquit  en  1751,  à  Wildenschwerl,  en 
Bohême.  Il  vécut  d'abord  à  Kœniggrœtz,  puis 
se  rendit  à  Près  bourg,  où  il  fut  placé,  en  1788, 
chez  le  cardinal  archevêque,  en  qualité  de 
violon  solo  et  de  directeur  des  concerts.  Plus 
tard,  il  alla  à  Vienne  et  y  entra  au  service  du 
comle  Erdœdy,  comme  virtuosede  lachambre. 
Cet  artiste  estimable  est  mort  à  Vienne,  le 
12  août  1818,  à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  Il 
a  publié  quelques  solos  pour  le  violon,  entre 
autres  un  thème  avecsix  variations  pour  violon 
et  orchestre  (Leipsick,  Fleischer),  et  un  rondo 
hongrois  pour  violon  et  piano  (Vienne,  Me- 
rhetii);  il  a  laissé  en  manuscrit  des  concertos 
pour  son  instrument. 

SCHLESENGER  (David),  professeur  de 
piano,  est  né  à  Hambourg,  en  1802,  d'une  fa- 
mille Israélite.  Après  avoir  publié  quelques 


morceaux  pour  son  instrument  dans  cette 
ville,  il  fit  un  voyage  à  Vienne,  puis  se  fixa 
à  Londres,  en  1827.  Je  crois  qu'il  n'a  pas 
quille  l'Angleterre  depuis  lors.  Il  s'y  est  fait 
entendre  avec  succès  au  concert  de  la  Société 
philharmonique.  On  connait  sous  le  nom  de 
cet  artiste  :  1°  Allegro  di  bravùra,  pour 
piano  seul,  op.  1  ;  Hambourg, Cranz.  2°  Intro- 
duction elrondobrillant,  op.  2  ;  ibid.  3°  Valses 
pour  le  même  instrument,  op.  3;  ibid. 
4°  Thème  de  Mozart  varié,  op.  4  ;  ibid.  5°  La 
Gaieté,  rondino,  op.  5;  ibid.  G0  Introduction 
et  variations  sur  un  thème  varié  de  J.-B.  Cra- 
mer, op,  6  ;  ibid.  7°  Thème  varié,  op.  8; 
ibid. 

SCHLESENGER,  famille  d'éditeurs  de 
musique.  MARTIN-ADOLPHE  SCHLE- 
SENGER, père,  fonda  à  Berlin,  vers  1795, 
sa  maison  de  commerce  pour  la  librairie  et  la 
musique.  Son  fils  aîné,  Maurice- Adolphe,  né 
à  Berlin,  le  30  octobre  1798,  fit  son  apprentis- 
sage dans  la  maison  paternelle  pour  la  librairie 
et  le  commerce  de  musique.  Lorsque  la  Prusse 
se  leva  en  masse  pour  secouer  le  joug  de  la 
France,  il  s'engagea  dans  le  régiment  de  hus- 
sards de  Brandebourg  et  fit  les  campagnes  de 
1814  et  1815.  Rentrée  Berlin,  à  la  fin  de  celle 
année,  il  reprit  ses  occupations  premières.  En 
1819,  il  visita  Dresde  et  Vienne,  et  après  un 
séjour  de  quelques  mois  dans  cette  ville,  il  se 
rendit  à  Paris,  où  il  entra  dans  la  maison  de 
librairie  de  Bossange  père.  Il  y  resta  jusqu'en 
1823,  el  n'en  sortit  que  pour  fonder  lui-même 
une  librairie;  mais  le  préfet  de  police  Fran- 
chet  lui  refusa  le  brevet  nécessaire,  parce 
qu'il  passait  pour  libéral  el  avait  des  relations 
avec  quelques-uns  des  chefs  du  parti  opposé  à 
la  royauté  de  la  restauration.  Les  difficultés 
qui  s'opposaient  à  la  réalisation  de  son  des- 
sein le  décidèrent  à  se  livrer  au  commerce  de 
musique,  et  par  sa  prodigieuse  activité,  sa 
maison  devint  bientôt  une  des  plus  impor- 
tantes de  Paris  dans  ce  genre  d'industrie.  Sa 
première  opération  fut  la  publication  des 
opéras  de  Mozart  en  partitions  de  piano,  pour 
lesquelles  le  célèbre  peintre  Horace  Vernet 
dessina  les  frontispices;  puis  il  publia  les  œu- 
vres complètes  de  musique  instrumentale  de 
Beethoven,  de  Mozart,  de  Weber,  de  Hummel, 
de  Moschelès,  la  collection  des  chel's-d'œu- 
vres  lyriques  en  vingt-quatre  volumes  in-fol., 
Robert  le  Diable,  les  Huguenots,  les  opéras 
d'Halévy,  la  Favorite,  de  Donizelli,  ainsi 
qu'une  multitude  d'autres  ouvrages.  En  1834, 
il  fonda  la  Gazette  musicale  de  Paris,  par- 
venue aujourd'hui  (1864)  à  sa  trente  cl  unième 


30. 


4G8 


SCHLlSINGER  —  SCHLEUPNET. 


année,  et  y  réunit,  dans  l'année  suivante,  la 
Revue  musicale  de  railleur  de  celte  biogra- 
phie, dont  il  acquit  en  même  temps  la  collabo- 
ration. En  1846,  il  céda  sa  maison  à  M.  Louis 
Brandus,  el  se  relira,  en  1852,  à  Bade-Baden, 
où  il  est  encore  (1864). 

Henri  Schlesinger,  second  fils  de  Martin- 
Adolphe,  et  son  successeur  dans  la  grande 
maison  de  Berlin,  en  a  pris  la  direction  en 
1844.  En  1851,  il  a  fondé  VÉcho,  nouvelle 
gazette  musicale  de  Berlin,  dont  Rossack  (E.) 
fui  d'abord  rédacteur;  mais  depuis  1853, 
M.  Schlesinger  en  a  pris  lui-même  la  direc- 
tion. Son  catalogue  de  musique  renferme  un 
grand  nombre  d'ouvrages  importants. 

SCHLESIINGER  (S.);  on  a  sous  ce  nom, 
qui  appartient  peut-être  à  un  (ils  de  Martin 
Schlesinger,  une  brochure  intitulée  :  Joseph 
Gusikoxo  und'dessen  ffolz  und Stroh-Instru- 
ment.  Ein  Biographisch  artisticher  Beitrxg 
sur  richtigen  TrUrdigung  ditscr  ausseror- 
dentl.  Erschienung  (Joseph  Gusikow  et  son 
instrument  de  bois  et  de  paille.  Essai  biogra- 
phico-artislique,  elc);  Vienne,  Tender,  1838, 
in-8°. 

SCHLESE\GER  (Charles),  né  à  Vienne, 
le  19  août  1813,  commença  l'élude  du  violon 
dans  sa  neuvième  année;  trois  ans  après,  il 
abandonna  cet  instrument  pour  le  violoncelle, 
qui  lui  fut  enseigné  par  un  maître  peu  connu. 
En  1838,  il  obtint  la  place  de  violoncelle  solo 
à  l'orchestre  du  Théâtre  National  de  Pesth  ;  il 
l'occupa  jusqu'en  1845.  En  1846,  il  entra 
comme  violoncelliste  solo  à  la  chapelle  impé- 
riale de*  Vienne  et  à  l'orchestre  de  l'Opéra.  La 
place  de  professeur  de  violoncelle  du  Conser- 
vatoire de  Vienne  étant  devenue  vacante  en 
1862,  elle  fut  donnée  à  cel  artiste,  qui  en 
remplit  encore  les  fonctions  (1864).  J'ignore 
si  l'on  a  publié  quelqu'une  de  ses  composi- 
tions. 

SCIILETT  (Joseph),  né  à  Wasserbourg, 
sur  l'Inn,  vers  1765,  perdit  ses  parents  dans 
ses  plus  jeunes  années,  et  fut  obligé  de  pour- 
voir à  son  existence  en  chantant  ou  jouant  de 
l'orgue  dans  les  églises  et  les  couvents.  Après 
avoir  achevé  ses  humanités  au  collège  de  sa 
ville  natale,  il  se  rendit  à  l'université d'Ingol- 
sladt  pour  y  suivre  les  cours  de  philosophie  et 
de  droit.  Vers  1792,  il  se  fixa  à  Munich,  où  il 
fut  nommé  professeur  de  musique  à  l'école 
des  cadets.  Ses  éludes  sérieuses  l'ayant  rendu 
un  «les  musiciens  les  plus  instruits  de  l'Alle- 
magne dans  l'art  d'écrire,  «Lins  la  théorie  el 
l'histoire  de  la  musique,  il  a  joui  d'une  estime 
générale.  Schlell  est  mort  à  Munich,  le  26  dé- 


cembre 1836  :  Il  avait  publié,  en  1852,  nn 
livre  sur  la  domination  romaine  dans  l'an- 
cienne Bavière.  Son  érudition  s'est  exercée  sur 
plusieurs  autres  sujels  historiques,  et  les  Al- 
lemands lui  doivent  une  bonne  grammaire 
française  à  leur  usage.  Parmi  ses  productions 
musicales,  on  remarque  deux  messes  solen- 
nelles, des  vêpres  complètes,  un  Miserere,  et 
quelques  autres  morceaux  de  musique  d'église, 
composés  pour  le  service  de  l'église  de  la 
cour,  Saint-Michel,  à  Munich,  et  restés  en 
manuscrit.  II  a  publié  en  1805,  deux  sonates 
pour  l'harmonica,  à  Leipsick,  chez  Breilkopf 
et  Hœrlel,  et  des  canzoni,  avec  accompagne- 
ment de  piano  (ibid.).  Schlelt  a  donné  aussi 
une  traduction  allemande  des  lettres  de 
J.-J.  Bousseau,  relatives  à  la  musique,  avec 
des  notes,  sous  ce  titre  :  Briefe  iiber  die 
Musik,  ein  TFort  nocli  giiltig  fur  unsere 
Zeit;  Snlzbach,  Seidel,  1822,  in-8\ 

SCHLETTEUER  (Hans-Miciiel),  né  le 
29  mai  1824,  à  Anspach,  reçut  les  premières 
leçons  de  violon  d'un  maître  nommé  Joseph 
Durrner,  et  apprit  à  jouer  du  piano,  ainsi  que 
les  principes  de  l'harmonie,  sous  la  direction 
de  Th.  Maier,  organiste  de  la  ville.  Pendant 
les  années  1840-1842,  il  étudia  ail  séminaire 
de  Kaiserlaiitern.  En  1843,  il  se  rendit  à 
Cassel ,  où  il  devint  élève  de  Spohr  pour  le 
violon,  et  de  Rrausbaar,  pour  la  théorie  de  la 
musique.  Il  passa  ensuite  une  année  à  Leip- 
sick, et  y  continua  ses  éludes  de  violon,  sous 
la  direction  de  Ferdinand  David,  tandis  qu'il 
recevait  les  leçons  de  Richter  pour  la  composi- 
tion. De  1845  à  1847,  il  fut  professeur  à  l'école 
de  musique  de  Fenestrange  (département  de 
la  Meurlhe),  puis  il  fut  appelé  à  Deux-Ponts, 
en  qualité  de  directeur  de  musique,  et  resta 
dans  cette  position  depuis  1847  jusqu'en  1854. 
Dans  le  cours  de  celte  dernière  année,  les 
places  de  direcleurde  musique  et  de  professeur 
de  chant  au  séminaire  théologique  el  au  lycée 
de  Heidelherg  lui  furent  confiées.  Il  en  remplit 
les  fonctions  jusqu'en  1859,  oii  il  alla  prendre 
possession  de  la  place  de  directeur  de  musique 
à  l'église  évangélique  d'Augsbourg,  qu'il  oc- 
cupe encore  (1864).  On  a  de  cel  artiste  quel- 
ques compositions  pour  le  violon,  pour  le 
piano  et  pour  léchant.  Sa  femme,  connue  en 
Allemagne  comme  virluose  violoniste,  sous  le 
nom  A* Hortensia  Zirges,  est  née  à  Leipsick, 
le  19  mars  1830. 

SCIILEUPNER  (CuniSToriit),  docteur  en 
théologie,  naquit  à  Brandebourg,  en  1566. 
Après  avoir  occupé  quelques  charges  considé- 
rables à  Grœtz,   llildesheim,  Mansfcld,  etc., 


SCHLEUPNER  -  SCIIL1CK 


40y 


il  alla  s'établir  à  Wilrzbourg,  avec  le  titre  de 
surintendant  général;  mais  quelques  singula- 
rités de  ses  opinions  religieuses  l'en  firent 
chasser.  Il  se  retira  à  Erfurt,  où  il  mourut  en 
1035.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on  en  remarque 
«n  qui  a  pour  titre  :  Frcehliche  C 'reuz-musica 
der  Christen (Joyeuse  musique  de  la  croix  du 
Christ);  Nuremberg,  1620,  in-8°.  Grnber,  qui 
indique  cet  ouvrage  dans  son  Essai  sur  la  lit- 
térature de  la  musique  (Reytrxge  z.  Lilter. 
der  ïïlusik,  p.  71),  n'en  fait  pas  connaître  la 
nature  :  je  crois  que  ce  n'est  qu'un  titre  bi- 
zarre donné  à  un  livre  qui  n'a  point  de  rapport 
avec  la  musique. 

SCHLICHTEGROLL  (Adolpiie-Henri- 
Fbédbbic  DE),  littérateur  et  philologue  alle- 
mand, né  le  8  décembre  17G4,  à  Gotha,  fit  ses 
études  dans  cette  ville,  et  les  acheva  à  Jéna  et 
à  Goellingue,  puis  fut  professeur  au  gymnase 
de  sa  ville  natale,  sous-hihiiolliécaire  du  duc 
de  Gotha,  président  et  secrétaire  de  l'Acadé- 
mie de  Bavière.  Il  mourut  à  Munich,  le  4  dé- 
cembre 1822,  d'une  attaque  d'apoplexie.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages  se  trouve  le  Nécro- 
loge des  allemands  (Nekrolog  der  Deulschen, 
Gotha,  1790-1806,  en  trente-quatre  volumes 
avec  les  suppléments),  qui  renferment  de 
bonnes  notices  sur  plusieurs  musiciens  cé- 
lèbres de  l'Allemagne. 

SCHLICK  (Arnold),  organiste  de  la  cour 
de  l'électeur  palatin,  né  en  Bohême  vers  1400, 
est  auteur  d'un  recueil  de  cantiques  à  plu- 
sieurs parties  en  tablature  pour  l'orgue  et  le 
luth,  vraisemblablement  le  plus  ancien  ou- 
vrage de  ce  genre,  car  il  est  imprimé  par 
Pierre  Schœffer,  un  des  inventeurs  de  l'impri- 
merie. Un  exemplaire  de  cet  ouvrage,  à  peu 
près  introuvable,  est  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Berlin;  il  n'a  pas  de  frontispice;  mais 
M.Ch.Ferd.  Becker  en  a  donné  le  litre  d'après 
l'Histoire  de  l'imprimerie  de  C.  Falkenslein 
(Geschichte  der  Buchdruckerkunst).  Le  livre 
est  intitulé  :  Tabulaturen  etlicher  lob  ||  ge- 
sang-vnd  liedlein  offdieorgeln  vnd  lau  ||  len, 
ein  theil  mit  zweien  stimen  zu  zivicken  ||  vnd 
die  drit  dartzu  singen,  etlich  on  gesangk  || 
mit  dreien,  von  Arnolt  Schlicken  Pfaltz  = 
||  grauischem  Churfurstlichen  organisten  \\ 
tabulirt,  vnd  in  den  Truck  d'ursprugk  = 
||  lichen  stat  der  truckerei  zu  Meinti voie 
hie\\nach  folgt  veordnet  (Quelques  cantiques 
et  petits  chants  en  tablature  pour  l'orgue  et  le 
luth,  dont  plusieurs  à  deux  parties  en  chantant 
la  troisième,  et  les  autres  a  trois  parties  sans 
chant,  par  Arnold  Schlick,  organiste  de  la  cour 
princière  palatine,  et  imprimés  dans  l'impri- 


merie primitive  à  Mayence,  etc.)  (1).  Au  der- 
nier feuillet,  on  lit  :  Gelruckt  zu  Mentz  durch 
Peter  Schôffer.  Uff  sont  Matheis  abent. 
Anna  M .  D.  xij.  (Imprimé  à  Mayence,  chez 
Pierre  Schœffer,  le  soir  de  Saint-Mathieu,  dans 
l'année  1512),  petit  in-4"  oblong  de  quatre- 
vingts  feuillets,  non  compris  trois  feuillets  con- 
tenant des  lettres  et  l'index.  Le  volume  com- 
mence par  une  lettre  d'Arnold  Schlick  fils, 
datée  du  jour  de  Saint-Catherine  1511,  par 
laquelle  il  prie  son  père  de  faire  pour  lui  une 
collection  de  pièces  pour  l'orgue  et  pour  le 
luth.  Par  sa  réponse,  datée  du  jour  de  Saint- 
André  de  la  même  année,  Arnold  Schlick  père 
promet  de  satisfaire  au  désir  de  son  fils,  bien 
qu'il  soit  devenu  aveugle.  Dans  cette  même 
lettre,  il  blâme  Sébastien  Virdung  {voyez  ce 
nom),  pour  les  fautes  multipliées  qu'il  a 
trouvées  dans  un  de  ses  ouvrages.  Après  celle 
lettre,  on  trouve  un  premier  index  des  pièces 
d'orgue  contenues  dans  le  recueil,  suivi  d'un 
second  index  des  pièces  de  luth  ;  puis  viennent 
quelques  vers  satiriques  en  vieux  allemand, 
lesquels  sont  dirigés  contre  le  même  Virdung. 
La  première  pièce  en  tablature  esl  un  Salve 
Regina.  Arnold  Schlick  vivait  encore  en  1517, 
car  c'est  à  lui  qu'André  Ornithoparcus  (voyez 
ce  nom)  a  dédié  le  quatrième  livre  de  son 
traité  intitulé  :  Musicx  activa;  fllicro- 
logus,  etc.,  dont  la  première  édition  a  été 
publiée  dans  cette  année. 

Arnold  Schlick  fils  a  laissé  en  manuscrit 
un  traité  De  Musica  poetica,  dont  le  manu- 
scrit, autrefois  possédé  par  Georges  Pœlchau, 
a  passé  dans  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin, 
et  dont  une  copie  est  dans  la  collection  de  la 
Société  des  Amis  de  la  musique  de  l'empire 
d'Autriche  à  Vienne.  Il  y  donne  des  exemples 
de  la  formation  des  partitions  dans  le  moyen 
âge,  par  un  système  de  tablature  composé 
d'une  portée  de  dix  lignes  sur  lesquelles  sont 
posées  cinq  clefs  de  sol  grave,  de  fa,  d'u£;  de 
sol  moyen  et  de  ré.  Les  quatre  parties  de  chant 
sont  distinguées  par  des  couleurs  différentes, 
afin  qu'elles  ne  soient  pas  confondues  dans 
leurs  croisements.  La  basse  et  le  dessus  sont 
écrites  en  notes  rouges,  Vallus  est  noté 
en  couleur  bleue  et  le  ténor  en  noir.  Le  con- 
seiller de  Kieseweller  a  donné  une  description 
de  cette  partie  du  manuscrit  dans  la  trente- 
troisième  année  de  ]aGazette  générale  de  mu- 
sique de  Leipsick  (n°  23),  avec  une  planche 
de  fac-similé.  L'ouvrage  dont  il  s'agit  a  été- 
commencé  en  1533  et  terminé  en  1540. 

(I)  L'oi  ihogrnphc  du  tilrc  csl  ici  conservée. 


470 


SCHLICK  —  SCHLIMBACH 


SCIILICK  (Rodolpiie),  docteur  en  méde- 
cine, né  à  Meissen,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  est  auteur  d'un  opuscule  fort  rare,  inti- 
tulé :  £xercilatio,qua  musices  origo  prima, 
cultus  aiitiqiiissimus,  dignitas  maxima,  et 
emolumenta,  quir  lam  animé,  quant  corpori 
humano  confert  summa,  breviter  ac  dilucide 
exponuntur;  Spirz,  typis  Bernh.  Albini, 
1588,  in  8° de  quarante  huit  pages. 

SCIILICK  (Jeaji-Cohiud),  violoncelliste 
distingué,  né  vraisemblablement  à  Munster, 
en  1759,  était  déjà  attaché  à  la  musique  de 
Pévéque  de  celle  ville  en  177G,  quoiqu'il  ne 
fût  âgé  que  de  dix-sept  ans.  On  ignore  le  nom 
du  maître  qui  dirigea  ses  études.  En  1777,  il 
fil  un  voyage  en  Allemagne,  et  s'arrêta  à 
Gotha,  où  il  entra  dans  la  chapelle  du  prince 
Auguste,  avec  le  titre  de  son  secrétaire.  Il 
fit,  à  différentes  époques,  des  voyages  en  Alle- 
magne, particulièrement  à  Leipsick,  pour  y 
donner  des  concerts,  et  visita  l'Italie  en  1785. 
Cet  artiste  est  mort  à  Gotha,  en  1825,  à  l'âge 
de  soixante-six  ans.  On  a  imprimé  de  sa  com- 
position :  1"  Trois  quintettes  pour  violon, 
violoncelle,  flûte,  alto  et  basse;. Paris,  Bouin, 
1787.  2°  Symphonie  concertante  pour  violon 
et  violoncelle;  Gotha.  3°  Trois  sonates  pour 
piano,  violon  et  violoncelle, op.  5;  ibid.,  1797. 
4°  Six  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  vio- 
loncelle, liv.  I  et  II;  ibid.  5°  Concerlo  pour 
violoncelle  (en  mi  mineur),  op.  5;  Leipsick, 
Peters.  6°  Trois  sonates  pour  violoncelle  et 
basse;  Paris,  Sieber.  Schlick  a  laissé  en  ma- 
nuscrit :  7°  Concertos  pour  le  violon.  8°  Cinq 
quatuors  pour  violoncelle,  violon,  alto  et  basse. 
9°  Deux  symphonies  concertantes  pour  violon 
et  violoncelle.  10°  Vingt-six  solos  pour  vio- 
loncelle. 11°  Sonates  pour  la  mandoline.  Dans 
le  Lexique  musical  de  Schilling,  le  nombre  des 
œuvres  de  Schlick  est  porté  à  cent,  et  celui 
des  ouvrages  publiés  à  vingt. 

SCIILICK (ReginaSTHINA  SACCIIÏ), 
femme  du  précédent,  naquit  à  Mantoue,  en 
1764,  et  apprit  la  musique  au  conservatoire  de 
la  Pietà,  â  Venise.  Le  violon  fut  l'instrument 
qu'elle  cultiva,  et  elle  y  acquit  une  si  grande 
habileté,  qu'elle  put  se  faire  entendre  avec 
succès  au  concert  spirituel  de  Paris,  à  une 
époque  où  plusieurs  violonistes  célèbres  s'y 
trouvaient.  Elle  profila  de  leurs  conseils  et 
perfectionna  son  talent  par  leur  exemple.  De 
retour  en  Italie,  elle  excita  l'admiration  à 
Rome  et  à  Naples.  En  1784,  clic  fit  un  voyage 
en  Allemagne  OÙ  elle  n'eut  pas  moins  de 
succès,  puis  elle  retourna  une  seconde  fois 
dans  sa  patrie,  ou  Schlick  la  suivit.  En  1785,  il 


l'épousa  et  la  ramena  à  Gotha.  Depuis  lors  ils 
se  firent  souvent  entendre  ensemble  dans  des 
duos  et  dans  des  symphonies  concertantes 
pour  violon  et  violoncelle,  particulièrement 
,dans  les  concerts  de  Leipsick,  pendant  l'hiver 
de  1799  à  1800.  Madame  Schlick  a  cessé  «le 
vivre  environ  deux  ans  avant  son  mari. 

SCHLIEBi>EU  (Gotthold-Augdste),  pia- 
niste et  compositeur,  né  en  1820,  à  Linden- 
berg,  près  deBreslau, a  fait  à  Berlin  ses  éludes 
de  théorie  de  la  musique,  sous  la  direction  du 
professeur  Marx,  et  a  reçu  des  leçons  de  piano 
de  Killilschgy.  En  1849,  il  alla  s'établir  à 
Slralsund,en  qualité  de  professeur  de  musique 
et  s'y  livra  à  l'enseignement  et  à  la  composi- 
tion d'oeuvres  vocales  et  instrumentales. 
Depuis  1856,  il  s'esl  fixé  à  Berlin.  Ses  com- 
positions connues  jusqu'à  ce  jour  sont  :  1°  Le 
91mc  psaume  pour  quatre  voix  d'hommes; 
Berlin,  Bock.  2°  Stitdent  und  Bauer  (Étudiant 
et  Paysan),  opéra  comique  représenté  à  Stral- 
sund,  en  1855.  5°  Rîzzio,  opéra  non  repré- 
senté. 4°  Der  Lasttrxger  (le  Portefaix),  opéra 
destiné  au  théâtre  de  Breslau.  5°  Lieder  à  voix 
seule  avec  piano;  Leipsick,  WhisHing.  6°  So- 
nate pour  piano  (en  ré),  op.  1  ;  Berlin,  Chaî- 
ner, 1844.  7°  Caprice  idem,  op.  2;  Berlin, 
Paez.  8°  Trois  rondos  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  5:  ibid.  9°  Variations  sur  une Ma- 
zurke  originale,  op.  4;  Leipsick,  G.  Brunns. 
10°  Deux  nocturnes  pour  piano,  op.  5,  ibid., 
1845.  1 1°  Trois  mazourkes  pour  piano,  op.  6; 
ibid.,  1845.  12"  Sonate  pour  piano  et  violon, 
op.  13;  Berlin,  Paez.  13°  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  14;  ibid.,  1852. 

SCIILILR  (Jean),  directeur  de  musique  à 
Salzbourg,  est  né  dans  cette  ville,  le  22  octobre 
17(12.  A  l'âge  de  huit  ans,  il  entra  comme  en- 
l'anlde  chœur  dans  la  maîtrise  delà  cathédrale 
et  y  fil  ses  éludes  musicales  sons  la  direction 
de  Michel  Haydn.  Après  avoir  fait  ses  huma- 
nités et  suivi  les  cours  de  l'université  de  Salz- 
bourg, il  s'engagea,  en  1813,  dans  un  bataillon 
de  chasseurs  formé  au  moment  du  soulèvement 
de  l'Allemagne  contre  la  France,  et  parvint 
en  Autriche  au  grade  d'officier.  En  1825,  il 
donna  sa  démission  et  se  retira  dans  sa  ville 
natale,  où  il  se  remit  à  la  culture  de  la  mu- 
sique. Schlier  a  écrit  des  Lieder  à  voix  seule 
et  à  plusieurs  voix,  ainsi  que  de  la  musique 
d'église. 

SCIILIMBACII  (GEonuEs-CimÉTiEvFnÉ- 
DÉmc),  né  à  Ohrdruff,  dans  le  duché  de  Saxe- 
Golha,  en  1760,  reçut  des  leçons  de  musique 
de  l'organiste  Bach, et  obtint, en  1782,1a  place 
de  Cantor  et  d'organiste  à  Prenzlow,  dans  le 


SCHLIMBACH  —  SCHLOLZWl 


471 


Brandebourg.  Il  s'est  fait  connaître  avanta- 
geusement par  tin  livre  intitulé  :  Ueber  die 
Structur,  Erhaltung,  Stimmung  und  Priif 
ung  der  Orgel,  ncbst  einer  Dispositioti  der- 
selben  (Sur  la  Structure,  la  conservation, 
l'accord  et  l'examen  de  l'orgue,  avec  une  in- 
struction sur  sa  disposition);  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrlel,  1801,  in  8°  de  trois  cents  pages 
avec  quatre  planclies.  L'ordre  et  la  clarté  des 
descriptions  sont  les  qualités  principales  de 
cet  ouvrage,  où  l'on  ne  trouve  d'ailleurs  lien 
de  nouveau,  soit  sous  le  rapportdu  mécanisme, 
soit  sous  celui  de  l'harmonie  des  jeux.  Le  livre 
dont  il  s'agit  n'esl  que  la  deuxième  partie  d'un 
autre  ouvrage  que  Schlimbach  avait  annoncé- 
dans  les  journaux,  en  1798,  ef  <|iii  devait  avoir 
pour  litre  :  Manuel  pour  les  cantors  et  les 
organistes.  Ce  manuel  devait  être  divisé  en 
trois  parties;  la  première  aurait  traité  des 
fonctions  et  des  devoirs  du  cantor;  la  deuxième, 
relative  à  l'orgue  et  aux  fonctions  de  l'orga- 
niste, est  celle  qui  a  paru;  la  troisième  aurait 
renfermé  un  dictionnairede  musique,  à  l'usage 
des  cantors  et  organistes.  Cette  partie,  ni  la 
première,  n'ont  été  publiées.  Une  deuxième 
édition  du  Traité  de  la  structure  de  l'orgue 
a  paru  à  Leipsick,  en  1825,  chez  Breitkopf, 
in-8°  de  deux  cent  quatre-vingt-quatre  pages, 
avec  une  préface  de  trente-quatre  pages  et  six 
planches.  Schlimbach  a  aussi  publié  dans  la 
Gazette  musicale  de  Berlin,  rédigée  par  Rei- 
chardt,  un  examen  critique  des  modifications 
introduites  par  l'abbé  Vogler  dans  l'orgue  de 
Sainte-Marie,  de  Berlin,  sous  ce  litre  :  Ueber 
des  Abl  Voglers  Umschaffung  der  Marien- 
orgel  in  Berlin  (Berlin.  Musik.  Zeitung, 
1805,  p.  374-580).  On  lui  doit  un  bon  travail 
publié  dans  une  suite  d'articles  du  même  jour- 
nal ;  il  est  intitulé:  Ideen  und  Forschlxge 
zur  Ferbesserung  der  Kirchenmusik  wesens 
(Idées  et  propositions  pour  l'amélioration  du 
chant  d'église,  Gazette  musicale  de  Berlin, 
n°s  59,  60,  66,  69,  71,  72,  90,  93,  98  et  103). 
Les  biographes  allemands  n'indiquent  pas  la 
date  de  la  mort  de  Schlimbach. 

SCHLOER  (François),  professeur  de 
piano,  né  en  Alsace,  vers  1785,  vécut  quelque 
temps  en  Hollande,  puis  alla  s'établira  Paris, 
en  1818,  et  s'y  livra  à  l'enseignement.  Il  a 
publié  beaucoup  de  sonates,  de  fantaisies,  de 
variations  et  de  bagatelles  pour  le  piano.  Parmi 
ces  productions,  on  remarque  :  1°  Fantaisie 
pour  piano  et  orchestre  sur  l'air  :  L'infidélité 
d'Annette;  Paris,  A  Petit.  2»  Sonates  pour 
piano  et  violon,  op.  7,  8,  35,  40,  47;  ibid. 
3°  Fantaisie  pour  piano  seul,  op.  56;  ibid.; 


PréIndes  pour  les  commençants,  liv.  I  et  II  ; 
ibid.  On  a  aussi  de  Schlœr  des  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  11,  12,  14  et 
15;«OJ'd. 

SCI1LOESSER  (Louis),  violoniste  et  com- 
positeur, né  à  Darmstadt,  dans  les  premières 
années  du  dix-neuvième  siècle,  s'est  fait  con- 
naître par  un  grand  nombre  de  morceaux  pour 
son  instrument  et  pour  le  piano.  Il  a  vécu  à 
Vienne,  puis  à  Paris,  dans  les  années  1826  et 
J827;  enfin,  il  est  retourné  à  Darmstadt,  où  il 
fut  attaché  à  la  chapelle  du  grand-duc.  Parmi 
ses  principaux  ouvrages  ,  on  remarque  : 
1°  Qualuors  brillants  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  op.  1,  4,  6,  15;  Paris,  Richanlt; 
Vienne,  Leidesdorf.  2"  Polonaise  pour  violon 
et  orchestre,  op.  19;  Mayence  ,  Scholt. 
5"  Thèmes  variés  pour  violon  et  orchestre  ou 
quatuor,  op.  2,  5,  9,  11;  Paris,  Richault  ; 
Vienne,  Meehetli.  4°  Duos  pour  deux  violons, 
liv.  I  et  II;  Mayence,  Scholt.  5°  Concerlino 
pour  cor  et  orchestre,  op.  16;  Offenbach,  An- 
dré. 6°  Polonaise  pour  piano  et  violon,  op.  7  ; 
Paris,  Schlesinger.  7°  Sonales  pour  piano  seul, 
op.  17,  20;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtcl. 
8°  Divertissement,  idem,  op.  13;  Francfort, 
Fischer.  9°  Variations  pour  piano  et  violon, 
op.  3;  Paris,  Richault.  Ses  principaux  ou- 
vrages pour  le  théâtre  sont  :  Granada,  opéra 
en  trois  actes;  Das  Leben  ist  ein  Traum  (la 
Vie  est  un  rêve),  autre  opéra,  représenté  en 
1839;  Kapitaen  Hector  (le  Capitaine  Hector); 
Die  Jugend  Karls  II  von  Spanien  (la  Jeu- 
nesse de  Charles  II,  roi  d'Espagne),  elc. 

Adolphe  Schlœsser,  fils  de  cet  artiste  et 
pianiste  distingué,  vivait  à  Francfort-sur-le- 
Mein  en  1854,  puis  il  se  rendit  à  Londres,  où 
il  se  fit  remarquer  par  son  talent.  Il  a  publié 
quelques  compositions  pour  son  instrument. 

SCHLOEZER  (Charles  DE),  consul  de 
Russie  à  Lubeck,  fils  d'un  historien  estimé  en 
Allemagne,  est  né  à  Gœltingue,  dans  les  der- 
niers mois  de  1780.  Élève  de  Forkel,  il  cultiva 
la  musique  comme  amateur,  mais  avec  succès, 
et  s'est  fait  connaître  avantageusement  par 
son  talent  sur  le  piano,  et  par  ses  composi- 
tions. Parmi  ses  œuvres  publiés,  on  remar- 
que :  1°  Rondoletlo  et  marche  pour  le  piano  à 
quatre  mains,  op.  1  ;  Hambourg,  Cranz.  2°  Le 
Misanthrope  corrigé,  sonate  pour  piano  seul, 
op.  13;  ibid.  3°  Trois  divertissements,  idem, 
op.  3;  ibid.  4e-  Deux  rondeaux  alla  polacca, 
op.  4;  ibid.  5°  Fantaisie,  idem,  op.  5;  ibid. 
6°  Rondoletto  à  l'espagnole,  op.  11;  ibid. 
7u  Thème  avec  variations,  op.  2  ;  ibid.  8°  Des 
valses  et  danses  al  lemandes;  t'Wd.  9°  Des  chants 


472 


SCHLOEZER  —  SCHMELZER 


à  plusieurs  voix,  avec    accompagnement   de 
piano  ;  ibid. 

SCHLOSS  (Sophie),  canlatricedislinguée, 
née  à  Cologne,  le  12  décembre  182:>,  eut  pour 
premier  maître  «lans  l'art  du  clianl  Leihl  , 
maitrede  chapelle  de  la  cathédrale  ;  puis  elle 
se  rendit  à  Paris,  où  elle  reçut  pendant  deux 
ans  des  leçons  de  Bordogni  (voyez  ce  nom). 
De  retour  en  Allemagne,  en  1839,  elle  se  fit 
entendre  avec  succès,  dans  Télé  de  la  même 
année,  à  la  fête  musicale  de  Dusseldorl",  diri- 
gée par  Mendelssohn.  Dans  l'hiver  de  1840- 
1841,  elle  tint  l'emploi  de  première  canta- 
trice aux  concerts  du  Gewandhaus,  à  Leip- 
sick.  Elle  passa  ensuite  plusieurs  années  en 
Angleterre.  En  1846,  elle  retourna  à  Leipsiek,y 
chanta  pendant  plusieurs  saisons,  et  se  fil  éga- 
lement applaudir  à  Berlin,  à  Bonn,  à  Dresde 
et  à  Cologne.  Mayence  fut  la  dernière  ville  où 
elle  chanta,  en  1848;  puis  elle  épousa  un  né- 
gociant de  Hambourg  et  cessa  de  se  l'aire  en- 
tendre en  public. 

SCHLOSSER  (Jean-Aloys),  né  dans  la  pe- 
tite ville  de  Lann,  en  Bohême,  vers  1790,  est 
auteurdedeux  notices  biographiquessurMozart 
et  sur  Beethoven.  La  première  a  pour  titre  : 
Wolfgang  Amadeus  Mozart.  Ein  begriindete 
ttnd  ausfiihrliche  Biographie  desselben  ; 
Prague,  1828,  in-8°  de  cent  quatre-vingt- 
douze  pages,  avec  des  planches  et  fac-similé. 
L'autre  est  intitulée  :  Ludwig  van  Beethoven. 
Eine  Biographie  desselben,  verbunden  mit 
Urlheilen  iiber  seine  Jï'erke;  Prague,  1828, 
in  8°  de  quatre-vingt-treize  pages. 

SCIILUMBACH  (Jeah-Jules),  organiste 
de  l'église  principale  de  Windsheim, en  Souabe, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Sponsel  le  cite  dans  son  Histoire  de 
V orgue  comme  un  des  meilleurs  organistes  de 
son  temps.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  le  clavecin,  op.  1  ;  Nu- 
remberg, 175G.  2°  Six  Murlii  pour  le  clavecin, 
ibid.  Schlumbach  remplissit  encore  ses  fonc- 
tions d'organiste  en  1771. 

SCIIÎHAHL  (Gkoiices-Fivédéiiic),  père  et 
fils,  facteurs  d'orgues  à  Halisbonne,  ont  con- 
struit, en  1730,  le  grand  orgue  de  la  cathé- 
drale d'Ulm,  bel  instrument  composé  de  qua- 
rante-cinq jeux,  trois  claviers  et  pédales.  Ces 
artistes  étaient  renommés  pour  Icursclavucius 
cl  clavicoides. 

SCIIMALFl.'SS  (François),  auteur  in- 
connu d'un  ouvrage  intitulé  :  Vas  Tonleiter- 
Spiel  (le  Jeu  de  l'échelle  musicale)  ;  Guben, 
Meyer,  183f>,  in  8°. 

SCUMÀLTZ    (Jeah-Étiesse),    focMir 


d'orgue  privilégié  de  la  principauté  de 
Schwarzbourg-Sondershausen,  naquit  à  Wan- 
dersleben,  près  d'Erfurt,  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  et  se  fixa  <» 
Arnsladt,  où  il  mourut  en  17S5.  11  a  construit 
de  bons  instruments  à  Ohrdruf,  Uolzibatleben, 
Ilolzfussra  et  Hoheneben,  dans  le  duché  de 
Saxe-Golha. 

SCIHIALZ  (Amélie)  (1),  fille  d'un  profes- 
seur de  piano  de  Berlin,  naquit,  en  1771  ,dans 
celte  ville.  Douée  d'une  belle  voix,  dont  l'éten- 
due extraordinaire  était  de  irois  octaves,  de- 
puis le  sol  grave  du  contralto  jusqu'au  conlre- 
sof  aigu,  elle  commença  l'élude  <\u  chanl  sous 
la  direction  de  Kannengiesser,  musicien  de  la 
chambre  du  roi  de  Prusse.  Ce  monarque  la 
confia  ensuite  aux  soins  et  aux  leçons  de  Nau- 
mann,  qui  lui  enseigna  la  belle  vocalisation 
italienne.  De  retour  de  Dresde,  en  1790,  elle 
entra  à  l'Opéra  et  dans  la  musique  du  roi,  en 
qualité  île  prima  donna,  et  se  fit  particuliè- 
rement admirer  dans  la  Semiramis  de  Ilim- 
mel  ;  puis  elle  chanta  les  premiers  rôles  de  Ions 
les  grands  opéras.  Lorsque  Napoléon  Ier  fit  la 
conquête  de  la  Prusse,  en  1800,  mademoiselle 
Schmalz  s'éloigna  de  Berlin  et  se  rendit  en 
Italie.  En  1808,  elle  chanta  à  Rome  avec  suc- 
cès. De  retour  à  Berlin,  en  1810,  elle  reprit 
son  emploi  au  Théâtre  Royal.  En  1817,  elle 
quitta  la  scène  et  se  livra  à  l'enseignement  du 
chant.  Elle  mourut  à  Potsdam,  le  28  novembre 
1848. 

SCIHIELZ  (le  P.  Sympiiorien),  moine  bé- 
nédictin de  l'abbaye  d'Yrrsée,  près  du  lac  de 
Constance,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  est  auteur  d'un  traité  élémentaire  de 
musique  et  de  plain-chant,  qui  a  pour  titre  : 
Fundarnenta  musico-cantus  artificialis,  das 
ist:Musicalisch  regular-grsteltes  zweytheilig 
pgural-und  choral-hunslliches  Sing-I'unda- 
ment  fiir  aile  4  Slimmen,  Discant,  Alt, 
Ténor  und  Bass.  L'ouvrage  est  imprimé  au 
monastère  d'Yrrsée,  1752,  en  cinquante-six 
pages  in-4°  obi. 

SCHMELZER  (Jeah-Heniu),  né  en  Au- 
triche, vers  1630,  entra  au  service  de  l'empe- 
reur, en  qualité  de  musicien  de  la  chambre,  et 
suivil  son  maître  à  Prague,  en  1655.  En  1078, 
il  succéda  à  Jean-Félix  Sauces  (voyez  ce  nom) 
dans  la  place  de  maitrede  chapelle  de  l'empe- 
reur Ferdinand  III.  Schinclzer  fut  le  premier 
Allemand  qui  remplit  cet  emploi.  Dlabacz  dit 
(Kunstler-Lexikou    fiir    Bœhmen ,   t.    III, 

(Il  M.  Ile  Lcdcbur  lui  donne  !«•  prénom  d'Augmtt 
(TutiktinsdcT  Ltxicon  Un  lias,  |i  BU9). 


SCHMELZER  -  SCHMETZER 


473 


p.  50)  (|iie  l'empereur  lui  donna  le  titre  de 
baron.  Schmclzer  vivait  encore  à  Vienne  en 
1095.  On  connaît  sons  le  nom  de  cet  artiste  les 
ouvrages  suivants:  1"  Sacro-profanus  con- 
centus  musicus  ftdium,  aliorumque  instru- 
mentorum;  Nuremberg,  1G62,  in-folio.  Cet 
ouvrage  contient  treize  sonates  de  violon,  avec 
accompagnement  de  violes  et  trombones. 
2n  Douze  sonates  pour  violon  solo,  ibid. ,  1  665, 
in-folio,  ô"  Arie  per  il  balletto  a  cavallo 
nella  festa  rappresentata  per  le  gloriosis- 
sime  nozze  délie  SS.  CC.  MMlà  di  Leo- 
poldo  1°  Imperatore  augustissimo  e  di 
Margherita  Tnfanta  di  Spagna.  Composta 
dall'  Joanne  Enrico  Schmelzer,  musico  di 
caméra  di  S.  M.  C.  in  Vienna  d'Austria. 
Appresso  Matteo  Cosmerovio.  1GG7,  in-folio. 

SCHMERBAUCII  (Gottlob-Henri),  né 
à  Gommera,  près  de  Magdebourg,  le  12  fé- 
vrier 1715,  fut  nommé  recteur  du  collège  de 
Luckau,  dans  la  Basse-Lusace,  en  1753,  et 
mourut  dans  cette  position,  le  22  juin  1782. 
Meusel  le  cite  dans  son  Allemagne  savante 
(Gelehrt.  Deulschland),  comme  auteur  de  deux 
dissertations  intitulées  :  Prolusio  1  deovga- 
nis  pneumalicis,  et  Prolusio  IT  de  or  gants 
hydraulicis,  qui  auraient  été  imprimées  vers 
1770;  cependant  elles  ne  sont  mentionnées 
ni  dans  le  grand  Lexique  bibliographique 
de  Ileinsius,  ni  dans  celui  de  Kayser. 

SCHMETZER  (Georges),  compositeur  et 
écrivain  sur  la  musique,  naquit  à  Augsbourg, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  et  y  ap- 
prit la  musique,  sous  la  direction  du  cantor 
Krjegsdorfer.  En  1G77,  il  succéda  à  ce  musi- 
cien dans  la  place  de  cantor  et  de  directeur 
de  musique  à  l'église  évangélique  de  Sainte- 
Anne,  de  sa  ville  natale.  Il  mourut,  en  1694, 
des  suites  de  la  pierre,  et  non  en  1701  ou  1702, 
comme  le  prétend  Gerher  (Nettes  Lexik.  der 
Tonkunstler).  On  a  de  lui  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Cantiones  sacrx  von  2  bis  9  Stim- 
men  (Motets  à  deux  et  à  neuf  voix); Augsbourg, 
1071 ,  in-folio.  2°  Sacri  concentus  lalini,et 
partim  germanici,5,  6,  7, 15, 16eM7rocum 
et  variorum  instrumenlorum  simul  concer- 
tantium,  cum  duplici  basso  per  organo  ; 
August.  Vindel,  1689,  in-folio.  An  titre  de  cet 
ouvrage,  le  nom  de  raulcur  est  écrit  Scftme- 
zer.  5°  Miserere;  Augsbourg,  1G90,  in-folio. 
A"  Methodus  musicalis,  oder  musikalisch 
A.  B.  C.  Txfelein  fur  die  Jugend ;  Augs- 
bourg, 1678,  in-4°.  5"Compendium  musicx  ; 
Augsbourg,  1G88. 

SCHMID  (Bernard),  ou  SCHIUIDT, 
comme  écrivent  WaUlicr,  Gerbcr  et  leurs  co- 


pistes, fut  un  très-bon  organiste  au  seizième 
siècle.  Il  y  eut  dans  le  même  temps  à  Stras- 
bourg deux  organistes  appelés  Schmid  ou 
Schmidt,  qui  eurent  le  prénom  de  Bernard; 
on  les  distinguait  par  les  noms  de  Senior 
(Painé),  et  de  Junior  (le  jeune).  M.  l'avocat 
Lobstein  nous  apprend,  dans  son  intéressant 
ouvrage  sur  l'histoire  de  la  musique  à  Stras- 
bourg (1),  que  Bernard  Schmidt  l'ainé  fut 
nommé  organiste  de  l'église  protestante  de 
Saint-Thomas,  en  1560,  et  qu'il  eut  pour  suc- 
cesseur Bernard  Schmidt  le  jeune,  en  1564. 
Il  devint  ensuite  organiste  de  la  cathédrale 
[Munster)  de  Strasbourg,  et  eut  le  titre  de 
citoyen  (Burger)  de  celte  ville.  Il  est  vrai- 
semblable qu'il  reçut  des  leçons  de  quelque 
élève  de  Paul  Hofbaimer,  tel  que  Jean  Rolter 
(de  Berne) ou  Conrad  (de  Spire),  ou  peut-être 
de  Hol'haimcr  lui-même,  après  que  celui-ci  eut 
ouvert  une  école  d'orgue  à  Salzbourg;  car  le 
portrait  de  Schmid,  gravé  sur  bois, qui  se  trouve 
au  revers  du  frontispice  d'un  de  ses  ouvrages 
publiés  en  1577  et  1607,  le  représente  comme 
un  homme  âgé  d'environ  cinquante-cinq  ans  : 
or,  Hofbaimer  n'a  cessé  de  vivre  qu'en  1539. 
Deux  recueils  de  pièces  d'orgue  ont  été  donnés 
parSchmiden  tablature  allemande;  le  premier 
a  pour  titre  :  Einer  neuen  Kunsllichen  t 
auff  Orgel  und  Instrumentera  Tabulalnr- 
Buch,  etc.;  Strasbourg,  1577,  in-fol.  Ce  recueil 
est  divisé  en  deux  livres,  dont  le  premier  con- 
tient vingt  morceaux  tirés  des  œuvres  d'Or- 
landus  Lassus,  de  Créqnillon  et  de  Ricbafort, 
arrangés  par  Schmid,  et  ornés  de  variations 
(colorati)  par  lui.  Le  second  livre  renferme 
vingt  huit  motets  à  quatre  ou  cinq  parties, 
tirés  des  ouvrages  d'Orlandus  Lassus,  de  Roger, 
de  Clément  non  papa,  d'Archadelt,  de  Ber- 
chem,  de  Ferabosco  et  de  Cyprien  Rore.  Ces 
deux  livres  sont  suivis  de  passamèses,de  sal- 
larelles  et  de  gaillardes  corn  posées  par  Schmid. 
Un  exemplaire  de  ce  recueil  est  à  la  biblio- 
thèque impériale  de  Paris,  et  un  autre  dans 
celle  de  Munich.  Le  deuxième  recueil,  que 
Schmid  ne  publia  que  dans  sa  vieillesse,  a  pour 
titre  :  Tabulalur-Buch  vott  allerltund  aus- 
serlesenen  sckœnen  Prxlttdiis,  Toccaten, 
Motetten,  Canzonelten,  Madrigalien  und 
Fugen  von  4,  5,  und  6  Slimmen,  etc.;  Stras- 
bourg, 1607,  in-fol.  Cet  ouvrage  contient 
trente  préludes  dans  les  tons  du  plain-chanl, 
six  (occales  ou  sonates  d'orgue,  douze  motets 
à  quatre,  cinq  et  six  parties,  vingt  canzonelles 

(I)  Ileilnrge  :ur  Geschichte  der  S/usilc  in  Elsass  unit 
besonders  in  Strasbourg,  van  der  œlteslen  bis  uni  die 
neutste  Zci',  Sirnsbourg,  Pannliath,  1840,  in-8° 'p.  îj9). 


474 


SCHMLTZER  -  -  SCHMID 


ou  madrigaux  à  quatre,  cinq  et  six  parties, 
douze  fugues,  deux  caprices  avec  des  variations 
et  douze  gaillardes.  Parmi  les  auteurs  dont 
les  productions  se  trouvent  dans  ce  recueil,  on 
remarque  les  deux  Gabrieli,  Merulo  et  Jérôme 
Diruta.  Toute  la  musique  de  Sclimid  est  sur- 
chargée d'ornements  comme  celle  de  Merulo 
et  des  autres  anciens  organistes  italiens  du  sei- 
zième siècle. 

SCHMID  (Jérôme-Guillaume),  né  à  Oden- 
sons,  près  de  Nuremberg,  le  2  juillet  1685,  fit 
ses  études  à  Altdorf  et  à  Witlenberg,  puis  fut 
vendu  à  des  recruteurs  par  un  de  ses  condis- 
ciples, et  retenu  sous  les  armes  à  la  frontière 
de  Russie  pendant  deux  ans.  Il  n'obtint  son 
congé  qu'après  avoir  été  malade  de  la  peste  à 
Varsovie.  De  retour  à  Nuremberg,  il  entra 
dans  l'état  ecclésiastique,  en  1714,  et  fut 
nommé  pasteur  de  l'église  de  Sainte  Hélène. 
En  1717,  il  obtint  la  place  de  prédicateur  du 
nouvel  hôpital  de  Nuremberg,  où  il  mourut  le 
28  février  1755.  Il  est  auteur  de  l'intéressante 
préface  historique  du  livre  de  chant  choral  de 
Drelzel,  imprimé  à  Nuremberg,  en  1731 ,  in-4° 
oblong. 

SCHMID  (Chrétien-Ernest),  dont  le  nom 
est  improprement  écrit  SCHMIDT  par 
Gerber,  dans  son  nouvean  Lexique  des  mtisi- 
ciens,  naquit  à  Rubenau  près  de  Dresde,  le 
14  mai  1715.  En  1739,  on  le  nomma  prédica- 
teur de  l'église  Sainte-Pauline  de  celte  ville; 
deux  ans  après,  il  fut  appelé  à  Leipsick,  en 
qualité  de  magister  et  de  catéchiste  de  l'église 
paroissiale.  Après  seize  années  d'exercice  de 
ces  fonctions  et  de  celles  d'archidiacre  de 
Saint-Wenceslas,  il  obtint,  en  1757,  le  titre  de 
surintendant  à  Eilenbourg,  d'où  il  passa  à 
Mersebourg  en  la  môme  qualité.  Il  mourut 
dans  cette  dernière  ville,  le  27  novembre  1780. 
Pendant  qu'il  faisait  ses  études  à  l'université  de 
Leipsick,  il  y  soutint  une  thèse  académique  qui 
a  été  publiée  sous  ce  titre:  Programma  de  ritu 
cantandi  per  noctes  dierum  fvstorum  apud 
Ilebrxos;  Leipsick,  1738,  in-4°  de  seize  pages. 

SCHMID  (Joseph),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Niemes,  en  Bohême,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  était  établi  à 
Vienne  antérieurement  à  1797,  et  paraît  y 
avoir  achevé  sa  carrière.  Il  y  vivait  encore  en 
1822.  Parmi  ses  compositions,  qui  ne  sont  pas 
sans  mérite, on  remarque  :  1°Tiio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  ôfl;  Vienne,  Cappi. 
2°  Petites  sonates  faciles  pour  piano  et  violon, 
op.  29,  30,  51  ;  Vienne,  Weigl.  3"  Sonates 
pour  piano  seul,  op. 6,  9, 13;  Vienne,  Artaria; 
IMayencc,    Scholt.    4°   Douze   divertissements 


pour  piano  seul,  op.  20;  liv.  1-4,  Vienne, 
Weigl.  5"  Rondeaux  et  pièces  faciles  pour  le 
piano,  op.  32,  55,  55;  ibid.  6"  Beaucoup 
d'exercices  et  de  pièces  doigtées  pour  l'in- 
struction des  pianistes  commençants;  ibid. 
7"  Beaucoup  de  thèmes  variés  ;  ibid. 

SCHMID  (Antoine),  second  directeur  du 
chœur  de  l'église  Notre-Dame,  à  Munich,  était 
né  en  Bavière,  et  obtint  cet  emploi,  en  1772 
Il  possédait  une  belle  voix  de  basse  et  avait 
une  bonne  méthode  de  chant.  Il  a  beaucoup 
écrit  pour  l'église  et  a  publié  :  1°  Messe  alle- 
mande pour  VJvent.  à  quatre  voix  et  orgue; 
Augsbourg,  Bo?hm.2°  Messe  allemande  à  une  ou 
deux  voix  et  orgue  ;  ibid.  5°  Dlissa  pastnritia 
4  voc,  orchestra  et  organo;  ibid.  4°  Offer- 
torium  4  vocibus  et  organo.  ibid.  5°  Dies  irœ 
a  quattro  voci,  2  corni,  2  clarini  con  sor- 
dini,  e  trombone  di  basso;  ibid.  0°  Missa  de 
Requiem  et  Libéra  a  4  voci,  2  corni,  2  cla- 
rini  con  sordini,  organo  et  contra-basso  ; 
ibid.  7°  Chant  funèbre  à  une  ou  deux  voix  et 
orgue; ibid. 

SCHMID  (Tobie),  facteur  de  pianos,  né  à 
Usingen,  dans  le  duché  de  Nassau,  en  17C8, 
s'établit  à  Paris,  en  1795,  et  se  fit  connaître 
peu  de  temps  après  par  diverses  inventions  et 
modifications  du  piano,  pour  lesquelles  il  prit 
des  brevets  d'invention.  La  première  de  ces 
inventions  consistait  en  un  cWevalel  mobile 
qui,  par  la  pression  d'une  pédale,  coupait  les 
cordes  dans  la  moitié  de  leur  longueur,  et 
élevait  tout  à  coup  l'instrument  d'une  octave. 
La  curiosité  des  musiciens  fut  particulière- 
ment excitée  parmi  autre  instrument  qui  fui 
mis  par  Schmid  à  l'exposition  des  produits  de 
l'industrie  française,  en  1800.  Cet  instrument 
avait  la  forme  d'un  carré  long.  A  l'une  des 
extrémités  se  trouvait  un  clavier  avec  un  mé- 
canismede  piano  ordinaire  qui  agissait  surdes 
cordes  métalliques;  de  l'autre  côté,  il  y  avait 
un  autre  clavier  destiné  à  mettre  en  contact 
avec  les  cordes  de  petits  archets  cylindriques, 
mis  en  mouvement  par  la  manivelle  d'une  pé- 
dale, avec  des  cordes  de  boyau  placées  au- 
dessus  des  cordes  métalliques.  Les  sons  obtenus 
par  ce  mécanisme  avaient  l'inconvénient  de 
ressembler  à  ceux  de  la  vielle,  et  ne  répon- 
daient pas  à  l'intention  de  l'inventeur,  qui 
avait  voulu  imiter  les  instruments  à  archet. 
Schmid  était  un  mécanicien  distingué  ;  mais 
le  son  de  ses  pianos  manquait  de  timbre  et  de 
moelleux.  Il  est  moi  t  à  Paris,  en  1821. 

SCHMID  (Antoine),  conservateur  de  la 
Bibliothèque  impériale  de  Vienne,  pour  la 
partie  musicale,  né  à  Salzbourg,  en  1780.  y  (il 


SCHMID  —  SCHMIDT 


47ô 


ses  éludes,  puis  se  rendit  à  Vienne  pour  y  suivre 
un  cours  de  droit.  Ses  éludes  terminées,  il  ob- 
tint, en  1819,  une  place  d'employé  à  la  Biblio- 
thèque impériale,  dont  il  devint  un  des  con- 
servateurs, en  1854.  Il  est  mort  à  Vienne,  au 
mois  de  juillet  1857.  Schmid  fixa  sur  lui  l'at- 
tention  des    littérateurs   musiciens    par  des 
Essais  concernant  la  littérature  et  V Histoire 
de  la  musique  (Deitrxge  zur  Lileratur  und 
Geschichte  der  Tonkunst),  qui  parurent  dans 
les  volumes  21  à  25  de  l'écrit  périodique  et  mu- 
sical intitulé  Cxcilia  (1842-1840).  Ces  essais 
consistent  en  description  des  livres  rares  de 
plain-chant  et  de  choralbucher ,  ainsi  que  de 
trailéset  d'oeuvres  musicales  qui  se  trouvent  à 
la  bibliothèque  impériale  de  Vienne;   travail 
d'un  haut  intérêt  historique  et  aussi  remar- 
quable par   l'exactitude   que  par  l'érudition. 
A  cette  intéressante  publication  succéda  l'ou- 
vrage auquel  Schmid  fut  redevable  surtout  de 
sa  réputation  de  savant  et  de  critique  ;  ce  livre 
a  pour  titre  :  Ottaviano  dei  Petrucci  da  Fos- 
sombrone,    der   Erfinder    der  Musiknolen 
druks   mit    beu^glichen   Jtletolltypen,   und 
seine  Nachfolger  im  sechsehnten  Jahrhun- 
dcrte   (Oclavien    Petrucci    de   Fossombrone, 
premier  inventeur  de  la  typographie  musicale 
au  moyen  de  caractères  mobiles  en  métal,  et 
ses   imitateurs   au   seizième  siècle);   Vienne, 
P.   Rohrmann,   1845,  un  volume  in  8°.   Une 
multitude  de  renseignements  relatifs  à  la  bi- 
bliographie musicale,  qu'on  ne  trouve  pas  ail- 
leurs, sont  réunis  dans  ce  volume.  Les  autres 
ouvrages  du  savant  bibliothécaire  de  Vienne 
sont  .-  Joseph  Haydn  und  Niccolo Zingarelli . 
Betveisfuhrung  dass  Joseph  Haydn  derTon- 
selzer  der  allgemeine  beliebten  œsterreichi- 
schen   Folks -und  Festgesanges  sei  (Joseph 
Haydn  et  Nicolas  Zingarelli,  ou  Démonstration 
que  Joseph  Haydn  est  l'auteur  de  la  mélodie 
favorite   et   populaire    connue   généralement 
sous  le  nom  d'air  national  autrichien) ;  \bid., 
1847,  gr.  in-8°  de  cent  dix-huit  pages,  avec 
les  airs  nationaux  des  divers   peuples  euro- 
péens.   Un   journal    italien    avait   attribué  à 
Zingarelli   la   composition  de  cette  mélodie  ; 
l'écrit  de  Schmid  a  pour  objet  de  rectifier  cette 
erreur,  et  par  occasion  l'auteur  s'y  est  livré  à 
des  recherches  sur  l'origine  des  airs  nationaux 
de  différents  peuples.  —  Christoph  Willibald 
Hitler  von  Gluck.  Dessen  Leben  und  ton- 
kiinstlerisches   Wirken.  Ein  biographisch- 
a'Sthelischer  Fersuch  (le  Cheval  ier  Christophe- 
Williba'.d  de  Gluck;  sa  vie  et  ses  productions 
musicales;  essai  biographique  et  esthétique); 
Leipsick,  Fr.  FIcisclier,  1854,  un  volume  gr. 


in-8"  de  cinq  cent  huit  pages.  Les  qualités  de 
parfaite  exactitude  et  d'esprit  de  recherches 
qui  distinguent  tous  les  travaux  de  Schmid  se 
retrouvent  ici;  mais  on  peut  reprochera  la  forme 
la  sécheresse  et  l'excès  des  détails  :  la  partie 
esthétique,  qui  aurait  dû  avoir  de  l'importance 
dans  ce  livre,  est  faible  et  négligée.  Schmid  a 
fourni  à  Ch.  Ferd.  Becker  des  corrections  et 
des  additions  pour  son  Expose  systématique 
et  chronologique  de  la  littérature  musicale 
(voyez  Bicckeii). 

SCUMIDIUS  (Jean-André),  on  plutôt 
SCHMID,  docteur  en  théologie,  et  professeur 
d'antiquités  ecclésiastiques  à  l'université  de 
Helmstadt,  fut  aussi  abbé  de  Marient  liai ,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  Il  na- 
quit à  Worms,  le  18  août  1652,  et  mourut  à 
Helmstadt,  le  1 2  juin  1726.  Au  nombre  de  ses 
écrits  on  trouve  deux  dissertations  relatives  à 
la  musique;  la  première  a  pour  titre  :  De  can- 
toribus  veteris  ecclesiw;  Helmstadt,  1708.  La 
deuxième  est  intitulée  :  De  Elisxo  ad  musices 
sonum  propheta;  Helmstadt,  1715,  in-4°. 
Dans  son  Lexicon  ecclesiasticum  minus 
(Helmstadt,  1712,  in-8°),  on  trouve  beaucoup 
d'articles  qui  concernent  la  musique. 

SCSIMIDLm  (Jean),  pasteur  à  Wezikon, 
près  de  Zurich,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  comme  compositeur 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Singender  und 
Spielender  vergnugen  reiner  Andachl  (Les 
chanteurs  et  instrumentistes  animés  d'une 
dévotion  pure);  Zurich,  1752-1758,  in-8°. 
2°  Musicalische  wœchentliche  Ausgaben (Dis- 
tributions musicales  hebdomadaires);  Zurich, 
1758,  1759,  1760,  in-4°.  Collection  de  mor- 
ceaux de  chant  publiée  par  numéros  chaque 
semaine,  pendant  trois  ans. 3"  Cantate  funèbre 
sur  la  mort  du  bourgmestre  Fries;  ibid.,\75'J. 
4°  Cantate  de  réjouissance  à  l'occasion  de 
l'élection  du  bourgmestre  Leu;  ibid.,  1759. 
5°  Les  chansons  suisses  de  Lavater  avec  les 
mélodies,  1770. 

SCHMIDT  (Jacques)  ,  musicien  allemand, 
né  dans  la  seconde  moitié  d'i  seizième  siècle,  fut 
attaché  au  service  de  Georges-Guillaume,  élec- 
teur de  Brandebourg,  d'abord  en  qualité  de 
sopraniste,  vers  1612,  puis  comme  vice- 
maitre  de  chapelle,  nomination  qu'il  obtint 
en  1619.  Il  publia  à  Berlin  ,  en  1620,  un 
recueil  in-folio  de  quolibets  allemands  à  cinq 
et  six  voix,  du  maitre  de  chapelle  Zangius, 
avec  une  savante  préface;  cet  ouvrage  a  pour 
titre  :  Lustige  newe  deutsche  weltliche  Lie- 
der  und  Quodlibeten  durch  Nie.  Zan- 
gius, etc.  ;  Berlin,  Rungcn. 


476 


SCHMIDÏ 


SCHMIDT  (Christophe),  magislcr  et  rec- 
teur à  Sondershiusen,  naquit  à  Géra,  et  mou- 
rut à  Sondershausen,  en  1698.  Il  a  fait 
imprimer  une  dissertation  intitulée  :  Pro- 
gramma de  musica;  Sondershausen,  1G87, 
in-4°. 

SCHMIDT  (Bernard),  facteur  d'orgues 
allemand,  né  vers  1650,  alla  s'établir  à  Lon- 
dres, en  1660,  avec  ses  neveux  Gérard  et  Ber- 
nard, et  y  construisit  l'orgue  de  la  chapelle 
royale  à  Wliitehall.  En  1680,  il  se  présenta  en 
concurrence  avecHarris,  lion  facteur  d'orgues 
anglais,  pour  la  construction  de  celui  de 
l'église  du  Temple.;  l'habileté  connue  des 
deux  artistes  fit  décider  par  l'autorité  compé- 
tente qu'ils  feraient  chacun  un  instrument 
qu'on  placerait  à  chacun  des  côtés  du  chœur, 
et  que  le  meilleur  serait  adopté.  Mais  l'embar- 
ras ne  fut  pas  moindre  après  qu'ils  eurent 
achevé  leur  travail,  où  brillaient  des  qualités 
à  peu  près  identiques.  Jefferies,  chef  de  la 
justice  du  banc  du  roi,  fit  cesser  l'incertitude 
des  juges  du  concours,  en  décidant  en  faveur 
du  plus  âgé  des  compétiteurs,  et  l'ouvrage  de 
Schmidt  fut  adopté.  Ses  autres  instruments 
principaux  sont  les  orgues  de  Sainte-Marie  et 
de  Saint-Pierre,  à  Oxford,  de  Sainte-Mary- 
llill,  et  de  l'église  danoise  de  Saint-Clément, 
à  Londres.  Schmidt  fut  nommé  facteur  d'or- 
gues de  la  reine  Anne,  en  1703.  Il  mourut  à 
Londres,  en  1709.  Son  portrait  est  conservé 
dans  l'école  de  musique  de  l'université  d'Ox- 
ford. 

SCHMIDT  (Jean-Christophe),  maître  de 
chapelle  du  roi  de  Pologne,  électeur  de  Saxe, 
naquiten  1664,  et  mourut  à  Dresde,  le  13  avril 
1728.  Successeur  de  Strunck,  depuis  l'année 
1700,  il  avait  la  direction  de  la  chapelle  pro- 
testante de  l'électeur,  tandis  que  Heinichen 
dirigeait  la  chapelle  catholique  du  même 
prince.  Suivant  le  témoignage  de  Hiller, 
Schmidt  était  un  musicien  savant,  mais  dé- 
pourvu de  génie  et  de  goût.  Il  composa  cepen- 
dant un  opéra  français  qui  fut  exécuté  à 
Dresde,  en  1718.  On  n'a  rien  publié  de  ses 
ouvrages,  mais  les  catalogues  de  Breitkopf 
font  connaître  les  titres  suivants  de  quelques- 
uns  :  1°  Zion,  spricht  der  Jlerr,  hat  mich 
verlassen  (Sion,  dit  le  Seigneur,  m'a  aban- 
donné), cantate  à  trois  voix,  deux  violons, 
deux  violes  et  orgue.  2"  Messe  pour  deux  so- 
prani,  contralto,  ténor  et  basse,  deux  violons, 
deux  hautbois  et  orgue.  S"  Messe  (Kyrie  cum 
Gloria)  à  six  voix  obligées,  six  idem  de  ri- 
pieno,  deux  violons,  deux  violes  et  orgue. 
4°  Kyrie  et  Gloria  à  cinq  voix  et  orgue.  5°  Mo- 


tet :  Auf  Gott  hoffe  Ich,  etc.  (J'espère  en 
Dieu),  à  quatre  voix  obligées,  quatre  idem  de 
ripieno,  deux  violons,  deux  violes,  basson 
concertant,  deux  flûtes,  quatre  trombes,  tim- 
bales, contrebasse  et  orgue.  On  trouve  dans 
UCrilica  musica  de  Matlheson(t  II,  p. 266), 
une  lettre  de  Schmidt  concernant  la  discus- 
sion de  cet  écrivain  avec  Butlstedt  sur  la  sol- 
misation  :  Schmidt  y  développe  son  opinion  en 
faveur  de  l'ancienne  méthode  de  hexacordes 
par  des  motifs  tirés  de  la  constitution  des  an- 
ciens modes,  qui  prouvent  qu'il  ne  comprenait 
pas  la  question.  La  réponse  de  Mattheson  à 
cette  lettre  est  péremploire. 

SCHMIDT  (Jean-André),  théologien  de 
Nuremberg,  mort  en  1743,  a  été  confondu  par 
Gerber  (Neues  Tonkiinstler  Lexikon,  t.  IV, 
p.  827)  avec  Jean-André  Schmidius  ou  Schmid 
(voyez  ce  nom).  On  a  de  ce  théologien  une  dis- 
sertation polémique  intitulée  :  Surdus  de 
sono  judicans  ;  Jéna,  1690,  in-4°,  que  le  bio- 
graphe des  musiciens  a  placé  parmi  les  écrits 
concernant  la  musique,  mais  qui,  nonobstant 
ce  titre  bizarre,  n'est  relatif  qu'à  une  discus- 
sion théologique. 

SCHMIDT  (Thomas),  théologien  et  prédi- 
cateur à  Altenbourg,  naquit  dans  cette  ville, 
en  1669.  An  nombre  de  ses  ouvrages,  on  re- 
marque celui-ci  :  Historica  et  memorabilia, 
das  ist  :  MerkwiirdigeSachen undGeschichte, 
so  sich  iiber  das  lutherisclie  Gesangbuch,  etc. 
(Choses  et  histoires  dignes  de  remarque,  par- 
ticulièrement sur  le  livre  de  chant  de  Lu- 
ther, etc.);  Altenbourg,  1707,  in-8°. 

SCHMIDT  (André),  né  à  Cœln,  sur  la 
Sprée,  suivant  Gerber,  ou  à  Berlin,  d'après 
M.  de  Ledebur  (voyez  ce  nom),  le  2  octobre 
1672,  fit  ses  éludes  aux  collèges  de  Cœln  et 
de  Berlin,  puis  à  Leipsick,  en  1691,  et  à  Jéna, 
en  1693.  Ilfut  prédicateur  à  l'église  Saint-Nico- 
las de  Berlin,  et  obtint, en  1726,  la  place  d'in- 
specteur et  de  pasteur  primaire  à  Perleberg. 
Au  nombre  de  ses  écrits  on  trouve  celui  qui  a 
pour  litre  :  Die  lobwùrdige  Instrumental- 
iniisi!:,  in  einer  Trauer-und  Stand-Rede 
vorgcslelU ,  aïs  I/err  Johann  -Chrisloph 
Kœrber,  Stadtmusikus  in  Iierlin  den  15/en 
Februar  1715  begraben  lourde  (La  musique 
instrumentale  louée  dans  une  oraison  funèbre 
prononcée  le  15  février  1713,  aux  obsèques 
de  Jean-Christophe  Kœrber,  musicien  de  ville 
à  Berlin);  Berlin,  1713,  in-folio. 

SCHMIDT  (Jean-Jacques),  prédicateur  à 
Peest,  près  de  Palow,  en  Poméranie,  vécut 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
Dans  son  Introduction  aux  Histoires  de  la  Bible 


SCÏIMIDT 


177 


(Einleilung  sur  biblischen  Historié;  Leip- 
sick,  1728,  in-8"),  il  a  traité  (part.  VII, 
p.  1026-103")  îles  chanteurs  et  de  la  musique 
chez  les  Juifs. 

SCHMIDT  (Baltiiazar  )  ,  organiste  de 
l'église  de  l'Hôpital,  à  Nuremberg;,  né  dans  les 
premières  années  du  dix-huitième  siècle,  vi- 
vait encore  en  1773.  Il  a  gravé  lui-même  la 
plupart  de  ses  ouvrages,  dont  voici  la  liste  : 
1°  Douze  menuets  pour  le  clavecin  ;  Nurem- 
berg, 1728.  2°  Divertissement  musical,  ou 
suite  de  pièces  pour  le  clavecin,  consistant  en 
allemandes,  courantes,  sarabandes,  menuets, 
gigues,  etc.  ;  ibid.,  1729.  3°  Prélude  et  fugue 
pour  l'orgue;  ibid.,  1751.  4°  Exercices  pour 
le  clavecin,  renfermant  une  allemande,  une 
sarabande,  des  variations,  un  menuet  et  une 
gigue;  ibid.,  1733.  5°  Douze  murki  pour  le 
clavecin.  6°  Livre  choral  avec  la  basse  chif- 
frée. La  deuxième  édition  de  ce  livre  de 
chant  a  paru  à  Nuremberg,  en  1773,  in-8°. 

SCHMIDT  (Jean-Michel),  recteur  à 
Marktbreit,  en  Fianconie,  naquit  à  Meinun- 
gen,  en  1728,  et  mourut  en  1799.  On  a  de  lui 
un  livre  singulier  qui  a  pour  litre  :  jilusico- 
Thcologia,  oder  erbauliche  Anwendung  mu- 
sikalischer  Wahrheiten  (Théologie  musicale, 
ou  application  édifiante  des  vérités  musi- 
cales); Bayreuth  et  Hof,  1754,  un  volume  in-8° 
de  trois  cent  douze  pages.  Luslig  (voyez  ce 
nom)  a  donné  une  traduction  hollandaise  de 
cet  ouvrage  intitulée  :  Musico-Theologia,  of 
stigtelyke  toepassing  van  musikaale  waar- 
heden;  Amsterdam,  Olofsen,  1756,  in-8°  de 
deux  cent  soixante  et  une  pages.  L'objet  prin- 
cipal de  Schmidt  est  de  démontrer  que  la  con- 
naissance de  Dieu  est  intimement  liée  à  celle 
de  la  théorie  positive  de  la  musique  ;  le  second 
titre  de  son  livre  :  Anleitung  zur  Erkennt- 
niss  Goltes  uhd  seines  JFillensaus  derMusik 
(Introduction  à  la  connaissance  de  Dieu  et  de 
sa  puissance  par  la  musique),  ne  permet  aucun 
doute  à  cet  égard  ;  mais  la  lecture  de  l'ouvrage 
ne  laisse  dans  l'esprit  que  de  vagues  aperçus 
qui  ne  réalisent  pas  la  pensée  de  l'auteur.  Nul 
doute,  pour  quiconque  n'est  pas  matéria- 
liste, que  les  rapports  numériques  des  sons, 
et  les  relations  de  ces  rapports  avec  les  pro- 
portions des  corps  sonores  et  avec  les  nombres 
de  leurs  oscillations  vibratoires  n'aient  été 
réglés  par  Dieu  comme  tous  les  phénomènes 
de  l'univers;  nul  doule  encore  que  le  chant 
du  rossignol,  les  accents  expressifs  de  la  voix 
de  l'homme,  que  tout  ce  qui  émeut  enfin  dans 
la  nature  et  dans  l'art,  n'émane  de  la  puis- 
sance divine,  comme  Schmidt  veut  le  démon- 


trer; mais  dépouiller,  comme  il  le  fait, 
l'homme  de  son  action  dans  la  conception  de 
cet  art  et  de  ses  modifications,  pour  tout  rap- 
porter à  Dieu,  ou  plutôt  pour  tirer  immédiate- 
ment tout  cela  de  la  démonstration  de  son  exis- 
tence, c'est  méconnaître  le  but  de  la  création, 
la  destination  de  la  nature  humaine,  et  substi- 
tuer un  mysticisme  improductif  à  la  véritable 
philosophie  de  la  science  et  de  l'art. 

SCHMIDT  ou  SCHMITT  (Jean-Michel), 
né  à  Prague,  fut  maître  de  chapelle  du  prince 
évéque  d'Augsbourg,  puis  entra  au  service  de 
l'électeur  de  Mayence,  en  1754.  Il  a  écrit  des 
messes,  vêpres,  litanies,  etc.,  qui  sont  restées 
en  manuscrit,  et  qui  étaient  estimées  de  son 
temps  dans  les  abbayes  de  la  Souabe.  Il  mou- 
rut à  Mayence,  en  1780. 

SCHMIDT  (Jean-Baptiste),  harpiste  et 
claveciniste,  né  à  Vienne,  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  se  fixa  en  Hol- 
lande et  demeura  à  La  Haye,  vers  1768.  On  a 
gravé  de  sa  composition,  à  Amsterdam  et  à 
Paris,  six  quatuors  pour  clavecin,  deux  violons 
et  basse. 

SCHMIDT  (Théodore),  violiste,  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Paris  des  parents  alle- 
mands, fut  premier  violon  du  théâtre  de  Beau- 
jolais. Ses  premières  productions  parurent  à 
Paris,  en  1765  ;  il  vivait  encore  en  1785,  mais 
son  nom  ne  se  trouve  plus  dans  les  almanachs 
de  musique  d'une  époque  postérieure.  Bailleux 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Six  symphonies 
à  huit  parties.  2°  Six  duos  pour  violon  et  vio- 
loncelle. 5°  Six  trios  pour  deux  violons  et 
basse,  liv.  I.  4°  Six  idem,  liv.  II.  5°  Six  idem, 
liv.  III. 

SCHMIDT  (Jean),  facteur  d'orgues,  né 
en  1757,  à  Stichlingen,  dans  la  Forêt  Noire, 
fut  d'abord  ouvrier  menuisier,  puis  apprit  l'art 
de  fabriquer  les  orgues  à  Schœnberg,  chez 
Oexle.  Sorti  de  chez  ce  maître,  il  alla  travailler 
dans  les  ateliers  des  meilleurs  facteurs  de 
pianos  à  Vienne,  à  Leipsick,  et  enfin  à  Augs- 
bourg,  chez  Slein.  La  recommandation  de 
Léopold  Mozart  lui  fit  obtenir,  en  1785,  le  titre 
de  facteur  d'orgues  de  la  cour  de  Salzbourg. 
II  mourut  dans  celte  ville,  le  5  mars  1804.  Ses 
pianos,  particulièrement  ceux  qu'il  construi- 
sait dans  la  forme  d'une  pyramide  verticale, 
ont  eu  de  la  réputation.  Schmidt  s'est  aussi 
appliqué  à  la  construction  de  moulins  méca- 
niques pour  divers  usages  de  l'industrie. 

SCHMIDT  (Louis),  né  dans  le  Brande- 
bourg, fut  directeur  des  théâtres  des  cours 
il'Anspach  et  de  Bayreuth,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  était  à  la  fois 


478 


SCHMIDT 


ténor  distingué,  violoniste  habile  et  composi- 
teur. En  1782,  il  élait  à  Prague,  où  il  lit  re- 
présenter un  opéra-comique  de  sa  composition, 
intitulé  :  La  jeune  Comtesse.  Deux  ans  après, 
il  prit  la  direction  du  théâtre  de  Bayreulh, 
qu'il  quitta  pour  voyager,  en  1780.  Il  vivait  à 
Francfort  en  1805,  retiré  du  théâtre.  Schmidt 
a  aussi  traduit  et  arrangé  pour  le  iliéâlre  alle- 
mand plusieurs  opéras  italiens. 

SCHMIDT  (Jean-Piiilipfk-Samuki.),  fils 
d'un  conseiller  de  l'amirauté  et  du  commerce, 
naquit  à  Kœnigsberg,  le  8  septembre  1779. 
A  l'âge  de  sept  ans,  il  commença  l'étude  de  la 
musique,  et  plus  tard  les  organistes  Schulz, 
Haller  et  Richter  lui  donnèrent  des  leçons  de 
piano,  d'orgue  et  d'harmonie.  Schœnebcck, 
bon  organiste  et  compositeur  de  mérite,  lui 
enseigna  le  contrepoint,  et  le  jeune  artiste 
s'essaya  sous  sa»  direction  dans  des  composi- 
tions de  tout  genre.  Destiné  à  la  carrière  îles 
affaires  administratives,  il  étudia  le  droit  à 
l'université,  mais  ne  cessa  pas  de  cultiver  la 
musique.  A  cette  époque,  il  publia  un  concerto 
de  piano  chez  André,  à  Offenbach;  mais  son 
goût  pour  la  musique  dramatique  lui  fit  né- 
gliger le  style  instrumental  pour  se  livrer  à  la 
composition  de  plusieurs  opéras  qui  furent 
représentés  sur  le  théâtre  de  Rœnigsberg. 
Dans  les  années  1798  et  1799,  il  visita  Dresde, 
Berlin  et  Vienne,  et  ce  voyage  lui  procura 
l'avantage  de  connaître  personnellement  Nau- 
mann  et  Haydn.  A  son  retour  de  Vienne, 
Schmidt  passa  par  Munich,  Augsbourg,  Slutt- 
gard,  Francfort,  Cassel,  Hanovre,  Hambourg 
et  Magdebourg,où  il  visita  les  artistes  les  plus 
célèbres  de  cette  époque.  De  retour  à  Kœnigs- 
bei'g,  il  entra  dans  l'administration  des  affaires 
publiques  en  1801.  Les  événements  de  la 
guerre  de  1806  ayant  ruiné  sa  position,  il  fut 
obligé  d'user  de  son  talent  pour  vivre,  et  donna 
des  leçons  de  piano  et  des  concerts.  Il  reprit 
aussi  dans  le  même  temps  ses  travaux  pour  le 
théâtre,  et  lorsque  le  roi  de  Prusse  lui  eut 
confié  de  nouveau  un  emploi  dans  l'adminis- 
tration, et  lui  eut  donné  le  litre  de  conseiller 
de  la  cour,  en  1819,  Schmidt  continua  de  cul- 
tiver l'art  en  amateur.  Dans  l'été  de  1822,  ses 
fonctions  de  conseiller  l'appelèrent  à  Franc- 
forl-sur-le-Mein,  et  au  mois  d'octobre  de  la 
mOme  aimée,  il  accompagna  le  président 
Kotber  au  congrès  de  Vérone,  puis  se  rendit  à 
Berlin.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  le  9  mai 
1855  Ses  productions  pour  le  théâtre  sont  : 
1" Der  Schlaflrank  (le  Narcotique),  représenté 
à  Kœnigsberg,  en  1792.  2"  Pas  Dankopfcr 
(la  Fêle  de  la  reconnaissance),  prologue,  ibid. 


3°  Eulenspiegel  (l'Espiègle),  de  Kotzebuc, 
ibid.,  1806.  4"  Théodore,  joué  avec  un  bril- 
lant succès  au  même  théâtre,  en  1812.  5°  Der 
blinde  Gxrlner  oder  die  bliihende  Aloe  (le 
Jardinier  aveugle  ou  l'Aloès  en  fleurs),  ibid., 
1813.  0"  Die  Alpenhuth  (la  Chaumière  des 
Alpes),  ibid.,  1816.  7°  Der  Kiffhœuser  Berg 
(la  Montagne  de  Kiffhauset),  ibid.,  1817. 
8° Das  Fischerma'dchen(\3  Fille  du  pêcheur), 
de  Théodore  Kœrner,  ibid.,  1818.  Cet  opéra, 
arrangé  en  partition  pour  le  piano,  a  été  gravé 
chez  Chrisliani,  à  Berlin.  9"  Ein  Abend  in 
Madrid  (Une  soirée  à  Madrid),  opéra  en  un 
acte,  à  Berlin,  en  1824.  C'est  une  traduction 
abrégée  de  l'opéra-comique  français  la  Fenêtre 
secrète.  10°  Alfred  der  Grosse  (Alfred  le 
Grand),  opéra  héroïque  en  deux  actes,  de 
Kœrner,  en  1830.  La  partition  pour  piano  de 
cet  ouvrage  a  été  publiée  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Hœrtel.  On  a  gravé  aussi  à  Berlin, 
chez  Schlesinger,  en  1816,  la  cantate  de 
Schmidt  intitulée  :  Der  Engel  auf  dem 
Schlachtfelde  (l'Ange  sur  le  champ  de  bataille), 
considérée  comme  une  de  ses  meilleures  com- 
positions. En  1834,  Schmidt  a  écrit  pour  la 
société  de  chant  de  la  Marche  de  Brandebourg, 
une  autre  cantate  qui  a  pour  titre  :  Das  hci- 
lige  Lied  (le  Chant  sacré),  et  l'année  suivante, 
pour  la  même  société,  un  hymne  et  des  chants 
patriotiques  pour  des  voix  d'hommes,  avec  ac- 
compagnement d'instruments  à  vent.  Les  au- 
tres compositions  de  cet  homme  de  mérite,  où 
l'on  trouve  des  mélodies  heureuses,  consistent 
en  seize  cantates,  neuf  messes  et  oratorios,  des 
symphonies,  des  quatuors  et  quintettes  pour 
instruments  à  cordes,  beaucoup  de  chansons 
qui  ont  obtenu  un  succès  populaire,  et  des 
chants  maçonniques. 

SCHMIDT  (Frédéric),  conseiller  intime 
de  S.  A.  R.  le  grand-duc  de  Saxe-Weimar  et 
amateur  de  musique  distingué,  est  né  en  1780, 
à  Cœlleda,  dans  la  Thuringe.  Son  père,  rece- 
veur des  conlributionsdu  district  «le  cette  ville, 
éveilla  en  lui  le  sentiment  de  l'art,  et  lui  fit 
enseigner,  par  l'organiste  du  même  nom,  le 
piano,  l'orgue  et  l'harmonie.  Pendant  son  sé- 
jour au  gymnase  de  Weimar  et  aux  universités 
de  Jéna  et  de  Leipsick,  M.  Schmidt  continua 
de  se  livrer  à  l'élude  de  la  musique.  Les 
œuvres  de  Beethoven  devinrent  particulière- 
ment l'objet  de  ses  méditations,  et  furent  le 
sujet  d'analyses  intéressantes  qu'il  publia  dans 
les  journaux.  On  lui  doit  aussi  une  bonne  édi- 
tion des  œuvres  de  piano  de  ce  grand  homme, 
qu'il  a  publiée  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  cl 
Ha'rtcl.  M.  Schmidt  est  auteur  du  livret  de 


SCHMIDT 


479 


l'opéra  Der  Graf  von  Gleichen,  mis  en  mu- 
sique par  Eherwein,  et  de  l'oratorio  de  Saint 
Boni  face. 

SCHMIDT  (Matiiias),  claveciniste  alle- 
mand, parait  avoir  vécu  à  Gotha,  dans  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle.  Il  a 
publié,  en  1700,  une  sonate  pour  le  clavecin, 
op.  1  ;  Goilia  et  Pélersbourg. 

SCHMIDT  (Jean-Georges),  virtuose  sur 
la  trompelle,  né  dans  un  village  près  d'Eifiut, 
en  1774,  se  fixa  à  Londres,  en  1800,  et  y  fut 
attaché  au  théâtre  de  l'Opéra  italien.  Quelques 
années  après,  il  eut  le  titre  de  première  trom- 
pette de  la  musique  du  prince  régent  d'Angle- 
terre. Il  vivait  encore  à  Londres  en  1815,  où 
il  fil  l'essai  public  d'un  cor  chromatique  à  clefs 
de  son  invention,  auquel  il  avait  donné  le  nom 
de  Régent' s  bug  le.  Cet  instrument,  qui  n'était 
qu'un  perfectionnement  du  hugle-horn  dellal- 
liday,  fut  adopté  dans  la  musique  de  tous  les 
régiments  anglais,  et  passa  à  la  même  époque 
sur  le  continent. 

SCHMIDT  (Martis)  ;  on  a  sous  ce  nom 
d'un  artiste  inconnu  un  oeuvre  de  six  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  gravé  à 
Paris,  en  1782. 

SCHMIDT  (Joseph),  violoniste,  né  à  Biic- 
kebourg,  le  26  septembre  1795,  est  fils  de 
Jean  Schmidt,  musicien  de  la  cour.  A  peine 
âgé  de  dix-sept  ans,  Joseph  Schmidt  fui  ad- 
mis dans  la  musique  du  prince  en  qualité  de 
violon  solo,  en  1812.  Quatre  ans  après,  il  en- 
tra au  service  du  prince  Ernest  de  Saxe-Co- 
bourg;  mais  il  n'y  resta  qu'une  année  et  re- 
tourna à  Btickebourg,  en  1817.  Dans  l'année 
suivante,  il  obtint  un  congé  pour  visiter 
l'Italie.  Après  avoir  vécu  quelques  mois  à 
Milan,  il  s'arrêta  pendant  deux  ans  à  Turin, 
pour  étudier  la  composition  sous  la  direction 
de  Rtlster,  maître  de  la  chapelle  de  la  cour. 
De  retour  en  Allemagne,  il  s'est  fixé  à  Bticke- 
bourg. En  1840,  il  y  fut  nommé  directeur  de 
musique,  et  le  prince  lui  donna  le  litre  de  son 
maîlre  de  chapelle,  en  1852.  Schmidt  a  com- 
posé des  Lieder,  des  duos,  des  psaumes,  et 
l'oratorio  inlilulé  :  Die  Geburt  Jesu  (la  Nais- 
sance de  Jésus).  Cet  artiste  a  eu  vingt-deux 
enfants,  parmi  lesquels  un  de  ses  fils  (Jules- 
César),  violoncelliste,  né  à  Btickebourg,  le 
28  octobre  1818,  est  attaché  à  la  musique  du 
prince  de  Detmold  depuis  1841.  Un  autre  fils 
de  Joseph  (Victor),  violoniste,  né  le  6  juillet 
1853,  a  été  admis  au  Conservatoire  de 
Bruxelles  comme  élève  du  professeur  Meerts, 
puis  de  Léonard,  en  1854,  et  s'est  fixé  dans 
celte  ville, où  il  se  livre  à  l'enseignement. 


SCHMIDT  (Charles),  mécanicien  et  fac- 
teur d'instruments,  né  à  Cœthen,dans-les  der 
nières  annéesdu  dix-huitième  siècle,  s'est  fixé 
à  Presbonrg,  en  Hongrie,  et  y  a  inventé  un 
instrument  à  clavier,  destiné  à  imiter  les  effets 
des  instruments  à  archet,  qu'il  a  appelé  clavi- 
violin.  Cet  instrument  est  du  même  genre  que 
la  Polyplectron  deDielz,  le  Plectroeuphonde 
M.  Gama,  et  d'autres  plus  anciens. 

SCHMIDT  (Simon-Georges)  ,  violoniste 
distingué,  né  le  21  mars  1801,  à  Detmold,  est 
élève  de  Spohr.  Après  avoir  été  quelque  temps 
au  service  du  duc  de  Saxe  Cobourg,  en  qualité 
de  musicien  de  la  chambre  et  de  premier  vio- 
lon, il  a  été  nommé  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Munster.  En  1829,  il  a  accepté 
la  place  de  maître  de  concert  et  de  violon  solo 
au  concert  de  la  société  de  Félix  Merilis,  à 
Amsterdam,  où  sa  femme  était  aussi  engagée 
comme  première  cantatrice  ;  mais  il  a  rompu 
son  engagement  en  1832,  dans  le  but  de  voya- 
ger en  Allemagne,  pour  y  donner  des  con- 
certs. Deux  ans  après,  il  s'est  fixé  à  Halle  sur 
la  Saale,  avec  le  litre  de  direcleurde  musique  : 
il  s'y  trouvait  encore  en  1 842.  Parmi  sescompo- 
sitions,  on  ci  le  l'oratorio  Dem  Kœnige,  la  can- 
tate Die  Weihe  an  die  heilige  Cxcilia,  quel- 
ques ouvertures,  des  concertos  de  violon,  des 
thèmes  variés,  et  d'autres  choses  de  moindre 
importance.  La  plupart  de  ses  ouvrages  sont 
restés  en  manuscrit. 

SCHMIDT  (Jeanne),  femme  du  précédent 
et  fille  d'un  professeur  de  musique  nommé 
TVolff,  est  née  à  Crefeld,  le  25  octobre  1805. 
Elève  du  ténor  Wild,  elle  reçut  ensuite  à  Cas- 
sel  des  leçons  de  Spohr,  qui  développèrent  son 
talent.  Après  avoir  épousé  le  violoniste  Simon- 
Georges  Schmidt,  elle  le  suivit  à  Amsterdam  et 
brilla  pendant  deux  ans  comme  cantatrice  aux 
concerts  de  la  Société  Félix  Merilis.  Pen- 
dant les  années  1832  et  1833,  elle  fit,  avec  son 
mari,  un  voyage  en  Allemagne.  Depuis  1834, 
elle  est  fixée  à  Halle.  L'opinion  des  journaux 
allemands  a  été  favorable  à  son  talent. 

SCHMIDT  (Frédéric),  né  le  5  février 
1802,  à  Babenhausen,  en  Thuringe,  fut  admis 
à  l'âge  de  huit  ans  à  la  maison  des  orphelins 
de  Stuttgart.  En  1812,  il  y  commença  l'étude 
de  la  musique  sous  la  direction  du  professeur 
Scheibe.  En  1818,  il  fut  placé  comme  chanteur 
et  comme  acteur  au  Théâtre-Royal  de  Stutt- 
gart, et  y  continua  ses  éludes  avec  les  chan- 
teurs Fleiss  et  Eiser.  En  1830,  il  obtint  la 
place  de  co-répétileur  du  théâtre.  Outre  son 
emploi  au  théâtre,  il  se  livrait  à  l'enseigne- 
ment du  piano   et  eut    pour   élève  le  prince 


480 


SCHMIDT 


royal  de  Wurtemberg.  On  a  gravé  île  sa  com- 
position :  1°  Trois  Lieder  à  voix  seule  avec 
piano;  .Stuttgart,  Ehner.  2°  Douze  Lieder  pour 
baryton  on  mezzo  soprano,  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  2;  Leipsick,  Breilkopf 
et  Haertel.  o°  Plusieurs  mélodies  détachées. 

SCHMIDT  (Auguste),  docteur  en  philo- 
sophie, et  écrivain  sur  la  musique,  est  né  à 
Vienne,  le  9  septembre  1808.  Fils  d'Adam 
Schmidt,  archiviste  des  Étals  d'Autriche,  et 
amateur  de  musique <|ui  avait  eu  pour  maîtres 
Haydn  et  Mestrino,  et  qui  était  considéré 
comme  un  habile  violoniste,  il  apprit  dès  son 
enfance  à  jouer  du  violon  et  put  se  faire  en- 
tendre en  public  à  l'âge  de  neuf  ans.  Le  maître 
de  chapelle  Henneberg  lui  donna  des  leçons 
de  chant,  et  son  éducation  vocale  fut  perfec- 
tionnée par  Schwarzbreck  ,  directeur  de 
chœurs  d'un  talent  distingué.  Après  que  les 
éludes  littéraires  de  M.  Schmidt  eurent  été 
terminées,  il  entra  dans  une  société  d'ama- 
teurs de  musique  qui  s'était  formée  à  Vienne 
et  il  en  devint  le  directeur.  Quelques  années 
après,  il  s'est  fait  connaître  comme  écrivain 
sur  la  musique  par  des  critiques  et  des  notices 
historiques  insérées  dans  la  plupart  des  feuilles 
littéraires  de  l'Autriche.  En  1840,  il  a  com- 
mencé la  publication  d'une  sorte  d'almanach 
musical  et  poétique,  intitulé  :  Orpheus.  Au 
commencement  de  1841,  il  prit  part  à  la  ré- 
daction du  journal  de  musique  qui  a  pour 
titre  :  Allgemeine  Wiener  Musikzeitung 
(Gazette  générale  de  musique  de  Vienne).  On 
doit  aussi  à  M.  Auguste  Schmidt  un  recueil  de 
biographies  de  musiciens  faites  avec  soin,  in- 
titulé: Denlcsteine  Biograpliien  von,  etc.; 
Vienne,  1848,  in  8°.  On  y  trouve  les  notices 
de  Seyfried,  Eybler,  Edlcn  de  Mosel,  Volff- 
gang-Amédée  Mozart  fils,  Payer,  Gansbacher, 
Weîgl,  et  du  comte  Amédée  de  Varkony,  avec 
les  portraits  de  chacun  de  ces  artistes  et  ama- 
teurs. 

SCHMIDT  (le  docteur  Wilhelm  ou  Guil- 
laume-Louis),  sur  qui  tous  les  biographes 
allemands  gardent  le  silence,  est  auteur  d'un 
petit  ouvrage  qui  a  pour  litre  :  Die  Aura  oder 
Mundharmonika  als  musikalischer  Instru- 
ment dargeslellt  (l'Aura  (Guimbarde)  ou  har- 
monica de  la  bouche,  considéré  comme  instru- 
ment musical)  ;  Qiicdlinhourg  et  Leipsick, 
Basse,  1840,  in-8°  de  quarante  pages,  seize 
pages  de  musique  et  cinq  planches  lilhogra- 
pWiées. 

SCHMIDT  (Hebmahh),  flûtiste,  composi- 
teur et  directeur  de  ballets  de  la  cour  de 
Berlin,  est  né  dans  cette  ville,  le  S  mars  1810. 


Il  montra  dès  son  enfance  de  grandes  disposi- 
tions pour  la  musique  et  fit  ses  premiers  es- 
sais de  composition  à  l'âge  de  douze  ans.  Son 
professeur  de  flûte  fut  Guillaume  Gabrielski  ; 
ses  progrès  furent  si  rapides  sous  ce  maître, 
qu'il  put  se  faire  entendre  avec  un  brillant 
succès  dans  un  concert,  dès  sa  quatorzième 
année.  Ch.  Bœhmer  lui  enseigna  la  composi- 
tion. A  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  composa  plu- 
sieurs morceaux  de  musique  pour  des  drames 
et  comédies  représentés  au  Théâtre-Royal.  En 
1831,  il  fut  placé  comme  musicien  de  la 
chambre  et  comme  flûtiste  de  la  chapelle  du 
roi  de  Prusse.  La  composition  de  ses  ballets 
eut  un  si  favorable  accueil,  que,  par  la  pro- 
tection du  prince  héréditaire,  il  fut  nommé, 
en  1855,  professeur  de  musique  de  la  prin- 
cesse Wilhelmme  de  Prusse,  et  le  28  no- 
vembre 1857,  par  un  ordre  du  cabinet  du 
roi,  il  reçut  le  brevet  de  compositeur  des 
balletsde  la  cour.  Cetartisle  est  mort  à  Berlin, 
le  10  octobre  1845.  Dans  la  liste  de  ses  ou- 
vrages, on  compte  :  1°  Trois  symphonies  pour 
l'orchestre  (en  ut  mineur,  en  mi  bémol,  et  en 
ré).  2"  Trois  quatuors  pour  des  instruments  à 
cordes,  ô"  Un  quintette,  idem.  4"  Des  concer- 
tos, duos  et  trios  pour  flûte.  5" Soixante-douze 
enlr'actes  pour  grand  et  petit  orchestre.  6°  Ein 
StundchenimBade(i\nePe\.ne  Heure  à  Bade), 
opéra-comique  en  un  acte,  représenté  à  Char- 
lottenbourg,  le  14  septembre  18ÔG.  7°  Die 
Doppelflucht{La  double  Évasion),  opéra-co- 
mique avec  danses,  en  trois  actes,  représenté 
au  théâtre  Frédéric -Guillaume  de  Berlin. 
8"  Deux  vaudevilles.  9°  Vingt-trois  ballets  et 
divertissements  en  un, ileux  ou  trois  actes, repré- 
sentés au  théâtre  de  Berlin,  depuis  18ôô  jus- 
qu'en 1845.  10°  Cinq  Lieder  pour  ténor  avec 
piano;  Berlin,  Bote  et  Bock.  11°  Des  chants 
pour  quatre  voix  d'hommes  j  Berlin,  Carlhs ; 
etc. 

SCHMIDT  (Gustave),  né  à  Weimar,  le 
1™  septembre  181G,  fil  ses  éludes  musicales 
sous  la  direction  de  Tœpfer  (ioyp;  ce  nom),  et 
étudia  le  droit  à  l'Université  de  Jéna.  Dans  les 
années  1840  et  1841,  il  vécut  à  Leipsick,  sans 
autre  guide  que  lui-même  pour  le  développe- 
ment de  ses  facultés.  Il  fut  ensuite  directeur 
de  musique  au  théâtre  de  Brunn  et  conserva 
celle  position  jusqu'en  1845,  où  il  se  rendit  à 
Wllrzbourg.  En  1840,  il  était  à  Francrorl- 
sur-le-Mein,  où  il  donna  son  premier  opéra, 
intitulé  :  le  Prince  Eugène  ;  il  en  avait  écrit 
aussi  le  livret.  Cet  ouvrage  a  obtenu  un  hril- 
lanl  succès  cl  a  été  représenté  sur  la  plupart 
îles  scènes  de  l'Allemagne.  A    l'automne  de 


SCILMIDT  -  SCIIMIEDT 


4SI 


1SW,  il  accepta  la  place  de  chef  d'orchestre 
dit  théâtre  de  Wicsbaden;  puis  il  retourna  à 
Francfort,  où  il  était  encore  en  18G1.  Il  y  a 
donné,  sans  succès,  son  second  opéra,  dont  il  a 
écrit  aussi  les  paroles,  et  qui  a  pour  titre:  Die 
Weiber  von  Weinsberg  (les  Femmes  de 
Weinsberg).  Là  partition  de  son  opéra  le 
Prince  Eugène,  réduite  pour  le  piano,  a  été 
publiée  àLeipsick,  chez  Breitkopf  et  Haertel. 
On  connaît  aussi  des  Lieder  sous  le  nom  de  cet 
artiste. 

SCIIMIRT.Plusieursmusiciensde  ce  nom 
ne  sont  connus  que  par  leurs  ouvrages.  Parmi 
eux  on  remarque: 

I.  C.  Schmidl,  pianiste  qui  parait  avoir 
vécu  à  Leipsick,  et  de  qui  l'on  a  :  1°  Po- 
lonaise pour  piano  et  cor  ou  alto;  Leip- 
sick, Pelers.  2°  Grande  sonate  pour  piano  à 
quatre  mains,  op.  5;  Leipsick,  Hofmeister. 
3"  Grandes  polonaises  pourpianoseul.  nosl  et2; 
ibid.  4°  Variations  pour  piano  et  cor,  op.  6; 
ibid.  5°  Thèmes  variés  pour  piano  seul,  op.  4  ; 
ibid.  6°  Trios  pour  trois  voix  d'hommes  et 
piano  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 

II.  /.  Schmidt,  qui  a  publié  plusieurs  re- 
cueils de  danses  et  de  valses  pour  l'orchestre, 
à  Hambourg,  et  qui  ne  semble  pas  être  le 
même  que  /.  Schmidt,  auteur  de  quelques 
œuvres  de  quatuors  et  de  trios  pour  violon, 
alto  et  basse,  gravé  à  Vienne  et  à  Offen- 
bach. 

III.  /.-//.  Schmidt,  qui  a  publié,  à  Hanovre, 
des  rondos  et  de  petites  pièces  de  piano,  et 
que  je  crois  être  le  même  que  Joseph  Schmidt, 
auteur  de  cahiers  de  danses  pour  le  piano  qui 
ont  paru  dans  la  même  ville. 

IV.  L.  Schmidt,  dont  on  a  quelques  œuvres 
pour  le  piano,  publiés  à  Prague  et  à  Leipsick. 

V.  R.  Schmidt,  clarinettiste  qui  a  donné 
des  concerts  à  Paris,  en  1802,  et  qui  a  fait 
graver  trois  quatuors  pour  cet  instrument,  chez 
Leduc  père. 

VI.  Marie-Henri  Schmidt,  ténor  qui  fut 
d'abord  attaché  au  théâtre  de  Breslau,  puis 
chanta  sur  celui  de  Leipsick,  depuis  1837  jus- 
qu'en 1844,  à  Hambourg,  à  Halle  et  à  Det- 
mold  dans  les  années  suivantes,  et  qui  fut 
nommé  régisseur  de  l'Opéra  de  Dresde,  en 
1847.  Compositeur  de  musique  facile,  cet  ar- 
tiste a  donné,  au  théâtre  de  Detmold,  l'opéra- 
comique  intitulé  :  Henri  et  Fleurette,  repré- 
senté en  1840,  et  à  celui  de  Dresde,  en  1847, 
Der  Versiegcll  Durgermeister (le Bourgmestre 
sous  le  scellé).  On  a  aussi  publié  de  sa  compo- 
sition :  douze  Lieder  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  1  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrlel  ;  douze 

BIOGR.    (JNIV.    DES  MUSICIENS.    r.    yii. 


idem,  op.  2,  ibid;  quatre  idem,  op.  5,  Biéni!:, 
Hampe;  trois  idem,  op.  4;  Brunswick, 
Meyer. 

SCIÏMIBTCllS-.IVCiiRifrroi'iii:  Benjamin). 
Voyez  SCIIMIEDTCIIE'N. 

SCIIMIEDEUftECUT  (Jean-Mathieu)  , 
né  à  Brume,  près  de  Gotha,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  fut  nommé  C'antor  dans 
relie  ville,  en  1686,  et  mourut  en  1727.  Il 
s'est  fait  connaître  par  des  éléments  de  mu- 
sique intitulés  :  Tyrocinium  musices,  das 
ist  ;  Erster  Anfang  zur  Singe-Kun&t  (Novi- 
ciat de  musique,  c'est-à-dire  principes  de 
l'art  du  chant,  etc.);  Gotha,  1700,  in-8°  de 
cinq  feuilles.  Cette  édition  est  la  troisième  :  la 
quatrième  a  été  imprimée  à  Gotha,  chez  Rey- 
her,  1710,  in-8°  de  onze  feuilles.  Le  texte  de 
ce  catéchisme  de  musique,  par  demandes  et 
réponses,  esi  renfermé  en  vingt-trois  pages  ; 
les  six  pages  suivantes  contiennent  un  dic- 
tionnaire abrégé  des  termes  de  l'art,  et  le 
reste  est  composé  de  leçons  de  solfège  à  deux 
voix.  Ces  leçons  sont  beaucoup  plus  étendues 
dans  la  quatrième  édition  que  dans  les  précé- 
dentes. 

SCHMIEDER  (Henri-Théophile),  docteur 
en  droit,  naquit  vers  1760,  et  vécut  d'abord  à 
Erfurt.  En  1786,  il  fut  nommé  premier  lieu- 
tenant et  quartier-maître  dans  le  régiment  de 
cuirassiers  du  comte  de  Belgarde,  en  Saxe; 
mais  deux  ans  après,  il  quitta  le  service  mili- 
taire, et  se  fixa  à  Mayence,  où  il  se  fit  con- 
naître comme  poêle  dramatique.  De  là,  il 
alla  à  Manheim,  d'où  la  guerre  le  chassa 
en  1797.  Il  se  relira  à  Hambourg,  et  Fut 
chargé  'de  la  direction  du  Théâtre-National 
d'AKona  eu  1800.  Pendant  son  séjour  à 
Mayence,  il  avait  entrepris  un  journal 
de  théâtre  (Allgemeine  Theater -Journal  ; 
Mayence,  1792,  in-4°),  dont  une  seule  année  a 
été  publiée.  On  a  aussi  de  lui  un  almanach 
théâtral  (Theater  Kalender)  pour  les  années 
1799  et  1800,  publié  à  Hambourg,  en  un  vo- 
lume in-12.  Enfin,  Schmieder  a  fait  insérer 
dans  la  deuxième  année  de  la  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick  (p.  197)  un  article  intitulé  : 
Quelques  mots  sur  le  chant  d'opéra. 

SCIIMIEDT  (Sicefroid),  compositeur, 
naquit  à  Suhl,  dans  la  Saxe,  vers  1756.  On 
ignore  le  nom  du  maître  qui  dirigea  ses  éludes. 
En  1786,  il  entra  dans  la  maison  de  Breitkopf 
pour  la  correction  des  épreuves  de  musique; 
mais  ses  occupations  en  ce  genre  ne  l'empê- 
chèrent pas  d'écrire  quelques  bons  morceaux 
de  chant  et  d'arranger  beaucoup  d'opéras  en 
partitions  réduites  pour  le  piano.  En  1796,  il 


4S2 


SCHMIEDT  —  SCHM1TT 


établit  lui-même  une  maison  de  commerce  de 
musique,  en  société  avecRau  :  cette  entreprise 
ne  réussit  pas,  et  Schmiedt  retourna  à  Suhl, 
où  il  épousa  la  veuve  d'un  marchand  de  fer. 
Il  mourut  dans  cette  ville,  en  1799.  Ses  ou- 
vrages pour  l'église,  non  publiés,  sont  : 
1°  Les  Bergers  à  la  crèche,  oratorio.  2°  Le 
psaume  67.  3°  Le  psaume  8.  4°  Cantate  :  Nun 
keine  Thrxne  mchr  (Maintenant  plus  de 
larmes).  5°  Ode  :  Wer  kann  dich,  grosser 
Golt,  etc.  (Oui  peut,  grand  Dieu,  etc.).  6°  Can- 
tate :  TFenn Ich bin,oSchœpfer, etc. (Quand je 
suis,  6  Créateur,  etc. ).7°Cantate  de  l'Ascension. 
Les  productions  imprimées  de  Schmiedt  sont  : 
8°  Morceaux  pour  le  piano  et  le  chant,  pre- 
mière suite,  Leipsick,  Breilkopf,  1786.  La 
deuxième  suite  a  paru  en  1788.  9°  Trois  so- 
nates pour  le  piano,  ibid.,  1787.  10°  Antho- 
logie des  poésies  de  Langbain,  mise  en  mu- 
sique, ibid.,  1790. 1 1°  Six  petites  sonates  pour 
le  clavecin,  ibid.,  1788.  12°  Hymne  à  la  mu- 
sique, de  Schubart,  à  voix  seule  et  piano,  ibid., 
1792.  13°  Le  Jubilé  du  dix-huitième  siècle, 
mélodrame  historique  et  allégorique;  en  par- 
tition réduite  pour  le  piano,  ibid.,  1794.  Cet 
ouvrage  est  un  des  meilleurs  de  l'auteur. 
1 4°  Chant  sur  la  tombe  de  la  malheureuse  reine 
de  France  Marie-Antoinette,  ibid.,  1794. 
15°  Chansons  joyeuses  et  sentimentales,  ibid., 
1794. 16°  Chansons  à  boire,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  ibid.,  1796. 

SCHMIEDTCIIEIV  (Chrétien-Benjamin), 
professeur  de  musique  à  Leipsick,  vécut  à  la 
(in  du  dix-huitième  siècle.  Il  s'est  fait  con- 
naître par  une  méthode  élémentaire  pour  le 
clavecin,  intitulée  :  Kurzgefasste  Anfangs- 
grunde  auf  das  Clavier  fur  Jnfxnqer; 
Leipsick,  Schwickert,  1781,  in-4°. 

SCHMITT(LAunENT),  violoniste  distingué, 
naquit  le  27  avril  1731 ,  à  Oberlheres,  près  de 
WUrzbourg.  Après  avoir  fait  ses  premières 
éludes  littéraires  et  musicales  au  couvent  de 
Theres,  il  entra  à  l'âge  de  quinze  ans  dans  la 
chapelle  du  prince  de  Greiffenklau,  qui  lui  lit 
donner  des  leçons  de  violon  par  Enderle.  En 
1755,  le  prince  Adam  Frédéric  de  "WUrzbourg 
le  prit  à  son  service,  eldcux  ans  après,  Schmilt 
entreprit  un  voyage  en  Allemagne  et  en  Italie, 
et  le  continua  pendant  quatre  ans.  Pendant 
son  séjour  à  Padoue,  il  reçut  des  leçons  de 
Tartini.  De  retour  de  WUrzbourg,  il  y  eut,  en 
1774,  le  titre  de  maître  de  concerts  et  do  di- 
recteur de  la  chapelle  du  prince.  Il  mourut 
dans  cette  position,  en  1790,  laissant  en  ma- 
nuscrit plusieurs  concertos  pour  le  violon. 

SCimiTT  (Joseph-Adam),  né  le  29  juillet 


1745,  à  Zell,  en  Franconie,  reçut  des  leçons  de 
Beyer,  habile  organiste,  et  obtint  la  place  de 
cantoretde  maître  d'école  à  Versbach,  où  il 
mourut  dans  les  dernières  années  du  dix-hui- 
tième siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
1°  Concerto  pour  piano  et  orchestre,  op.  1  ; 
Offenbach,  André.  2"  Préludes  pour  les  com- 
mençants et  pour  ceux  qui  sont  plus  avan- 
cés, nos  1  à  6;  WUrzbourg,  Kœl ,  1798, 
in-fol.  3°  Six  duos  pour  deux  flûtes,  op.  2; 
Offenbach,  1788.  Schmilt  a  laissé  en  manu- 
scrit :  4°  Petils  préludes  d'orgue.  5°  Te  Deum. 
6°  Requiem.  7°  Plusieurs  petites  messes. 8U  Un 
traité  d'harmonie.  9°  Une  instruction  sur  l'art 
de  jouer  du  violon.  10°  Une  antre  pour  le 
chant.  11°  Un  traité  delà  manière  de  placer 
la  basse  sous  le  chant,  etc. 

SCH1UITT  (Joseph),  moine  apostat,  né- 
dans  leRheingau,  entra  en  1766,  à  l'abbaye 
d'Eberbach,  et  y  fit  ses  vœux;  mais,  en  1780, 
il  quitta  son  couvent,  renonça  à  l'état  ecclé- 
siastique, et  se  retira  en  Hollande,  où  il  se 
maria  et  établit  un  commerce  de  musique. 
Après  vingt  ans  de  séjour  en  Amsterdam,  il 
retourna  en  Allemagne,  devint  chef  d'orchestre 
du  théâtre  de  Francfort,  et  mourut  dans  cette 
ville,  en  1808.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Six  pièces  de  musique,  savoir  :  deux  sym- 
phonies, deux  quatuors  pour  violon  cl  deux 
quintettes,  op.  1.  2°  Symphonies  à  dix  parties 
pour  l'orchestre,  op.  6,  12,  14.  5°  Quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  3. 
4°  Trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  2,  4, 
5,7,  1 1 .5°Trois  quatuors  pour  clavecin,  flûte, 
violon  et  basse,  op.  9.  6°  Six  quatuors  pour 
flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  11.7°  Six  trios 
pour  flûte,  violon  et  violoncelle,  op.  13. 
8°  Plusieurs  concertos  et  concertinos  pour  di- 
vers instruments.  9°  Plusieurs  symphonies 
concertantes.  10°  Duos  pour  deux  violons, 
op.  8.  1 1°  Principes  de  musique  pour  les  com- 
mençants, Amsterdam.  12°  Principes  de  vio- 
lon, ibid. 

SCIIMITT  (Nicolas),  né  en  Allemagne, 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  se  rendit 
à  Paris,  en  1779,  et  par  la  protection  du  duc 
de  Deux-Ponts,  obtint  la  place  de  chef  de  la 
musique  des  gardes-françaises.  Il  jouait  bien 
de  plusieurs  instruments  à  vent,  particulière- 
nu  ni  de  la  flûle,  de  la  clarinette  et  du  basson. 
Après  la  révolution,  il  fut  attaché  aux  orches- 
tres de  plusieurs  théâtres.  Je  l'ai  connu,  en 
1802,  premier  basson  au  théâtre  Monlansier. 
Je  crois  qu'il  mourut  peu  de  temps  après.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  1"  Airs  italiens 
arrangés  à  huit  parties,  pour  des  instruments 


SCHM1TT 


483 


à  vent,  liv.  I  et  II,  Paris.  Pleyel.  2«  Marches 
et  pas  redoublés  à  douze  parties,  ibid.  5"  Trois 
quintettes  pour  flûte,  hautbois,  clarinette,  cor 
et  basson,  ibid.  4°  Duos  pour  deux  ilûtes, 
op.  7,  8,  liv.  I  et  II,  ibid.  5°  Quatuors  pour 
clarinette,  violon,  alto  et  basse,  op.  3,  4,  Paris, 
Cochet.  6°  Trois  quintettes  d'airs  concertants 
arrangés  pour  clarinette, basson,  deux  altos  et 
violoncelle,  ibid.  7°  Duos  pour  deux  clari- 
nettes, op.  14,  19,  Paris,  Pleyel.  8°  Concertos 
pour  basson  et  orchestre,  nos  1,  2,  5,  Paris, 
Cochet.  9"  Trois  quatuors  pour  basson,  violon, 
alto  et  basse,  op.  2,  ibid.  10°  Airs  variés  pour 
deux  bassons,  Paris,  Pleyel.  11°  Divertisse- 
ments pour  deux  cors  et  basson,  ibid. 

SCI1MITT  (Aloïs),  professeur  de  piano  et 
compositeur  estimé  en  Allemagne,  est  né  en 
1 789,  à  Erlenbach  sur  le  Mein,  dans  la  Bavière. 
Son   père,   qui  fut  appelé  à  Obernbourg,  en 
qualité  de  Cantor,  quelques  années  après  sa 
naissance,  lui  donna  une  éducation  libérale  et 
lui  enseigna  la  musique.  A  l'âge  de  quatorze 
ans,    le   jeune  Schmill  était  déjà  considéré 
comme  un  virtuose  surle  piano.  Dans  sa  ving- 
tième année,  il  devint  élève  d'André,  d'Offen- 
hach,  pour  la  composition.  En  1816,  il  s'éta- 
blit à  Francfort  comme  professeur  de  piano, 
et  dès  lors  il  commença  à  se  faire  connaître 
avantageusement  par  ses  compositions  pour 
cet  instrument.  Peu  d'années  après, il  s'éloigna 
de  Francfort  pour  se  fixer  à  Berlin  ;  mais  bien- 
tôt après  il  fut  appelé  à  Hanovre,  en  qualité 
d'organiste  de  la  cour.  Le  produit  de  ses  ou- 
vrages et  de  ses  leçons  lui  ayant  procuré  une 
situation  aisée,  il  se  démit  de  cet  emploi,  en 
1829,  et  depuis  lors  il  a  vécu  dans  l'indépen- 
dance, àFrancfort-sur-le-Mein.Au  mois  d'avril 
1842,  il  a  passé  par  Bruxelles  et  m'a  fait  une 
visite  amicale  dans  laquelle  il  m'avait  promis 
«le  rester  quelques  mois  dans  cette  ville  à  son 
retour  de  Paris  ;  mais  il  est  retourné  directe- 
ment à  Francfort,  où  il  vivait  encore  en  1860. 
Habile  harmoniste  et  musicien  consciencieux, 
cet  artiste  estimable  a  écrit  ses  ouvrages  dans 
le  style  solide  de  l'ancienne  école,  mais  en  y 
mettant  le  cachet  de  son   individualité.   Ses 
principaux  ouvrages   sont  :   1°  Ouverture   à 
grand  orchestre,   op.   36;  Leipsick,   Pelers. 
2"  Idem,  op.  46  ;  Mayence,  Schott.  3°  Sympho- 
nie à  grand  orchestre  intitulée  Tongemxlde 
(La   peinture  des  sons);    Offenbach,   André. 
A*  Quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
op. 70,80,  81,  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 
5°  Trios   pour  deux  violons  et  violoncelle, 
op.   63,  Leipsick,  Pelers.  6°  Concertos  pour 
piano  et  orchestre,  op.   14,  34,  OfTenbach, 


André.  7°  Grand  concerto,  idem,  op.  60; 
Vienne,  Artaria.  8"Concertino  (en  mi  mineur), 
Augsbourg,  Gombart.  9°  Le  Retour  à  Franc- 
fort-sur-le-}fein,  concerlino,  op.  75,  Offen- 
bach, André.  10°  Concerto  pour  piano,  op.  76, 
Vienne,  Trentsensky.  11°  Variations  et  ron- 
deaux pour  piano  et  orchestre,  op.  13,41,  101, 
Mayence,  Schott  ;  Offenbach,  André  ;  La  Haye, 
Bensler.  12°  Variations  pour  piano  et  quatuor, 
op.  22,  25,  Offenbach,  André.  13°  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  35  ;  Mayence, 
Schott.  14°  Sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  27,  66;  Leipsick, Peters;  Vienne,  Artaria. 
15°  Rondeaux,  idem,  op.  19;  Leipsick,  Hof- 
meisler,  op.  48,  Mayence,  Schott,  op.  49,  50, 
ibid.  16°  Sonates  pour  piano  à  quatre  mains, 
op.  31,59,  40,  Offenbach,  André;  Leipsick, 
Hofmeister.  17°  Beaucoup  de  rondeaux,  varia- 
tions, marches,  polonaises,  idem.  18°  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  fi,  7,  8;  Bonn,  Simroek; 
op.  10, 11, Offenbach,  André;  op.  14,  Mayence, 
Schott;  op.  78,  Offenbach,  André;  op.  83, 
Hambourg,  Bœhme;  op.  84,  ibid.  19°  Beau- 
coup de  rondeaux,  études,  fantaisies,  varia- 
tions, idem.  20°  Des  chants  et  chansons  à  plu- 
sieurs voix,  avec  ou  sans  accompagnement. 
21°  Plusieurs  recueils  de  chansons  à  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano.  Schmitt  avait 
aussi  en  manuscrit  quelques  grandes  composi- 
tions, telles  que  oratorios,  symphonies,  etc. 

SCHMITT  (Jacques),  frère  du  précédent, 
est  né  en  1796,  à  Obernbourg.  Élève  de  son 
frère  pour  le  piano,  il  s'est  fixé  à  Hambourg, 
en  qualité  de  professeur  de  cet  instrument,  et  a 
publié  beaucoup  de  compositions  instrumen- 
tales. Il  a  fait  aussi  représenter  dans  cette  ville 
un  opéra  sérieux  intitulé  Alfred  der  Grosse 
(Alfred  le  Grand).  Parmi  ses  principaux  ou- 
vrages, on  remarque  :  1°  Variations  pour  le 
piano  avec  quatuor  d'accompagnement,  op.  22, 
26,  Offenbach,  André.  2°  Deux  sonates  pour 
piano  et  violon,  op.  32,  ibid.  3°  Des  rondeaux 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  1 ,  3,  Offenbach, 
André  ;  op.  65,  Hambourg,  Cranz.  4°  Marches, 
idem,  op.  2,  17,  ibid.  5°  Variations,  idem, 
op.  27,  28, 50,  45,  48,  58,  60,  65,  ibid.  6°  So- 
nates, idem,  op.  31,  39,  46,  ibid.  7°  Polo- 
naises, idem,  op.  42,  57,  ibid.  8»  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  24,  25,  29,  50,  51,  52, 
53,  54,  55,  56,  Hambourg,  Bœhme.  9°  Exer- 
cices et  études  pour  le  piano,  op.  37,  liv.  I,  II 
et  III,  ibid.,  Bonn,  Simroek  ;  Paris,  Ricbault. 
10°  Rondeaux,  idem,  op.  1,  9,  37,  50,  Offen- 
bach, André.  11°  Variations,  idem,  op.  4,  7, 
8,  12,  13,  14,  36,  41,  47,  90,  Hambourg, 
Mayence  et  Offenbach. 

3t. 


481 


SCHM1TT  —  SCIIXABEL 


SCUWITT  (Georges-Aloïs),  fils  d'Aloïs, 
est  élève  de  son  père  pour  le  piano,  et  de  Foll- 
vceiler  pour  la  théorie  de  la  musique.  Il  passe 
en  Allemagne  pour  un  pianiste  habile.  Après 
avoir  terminé  ses  éludes  musicales,  il  a  obtenu 
la  place  de  maître  de  chapelle  à  Schwerin.  Son 
opéra  intitulé  Trilby  a  été  représenté  à  Franc- 
fort, en  1846.  On  a  publié  de  sa  composition 
un  bon  trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle 
(en  ut  mineur),  op.  1,  et  quatre  poèmes  pour 
voix  seule,  avec  piano,  op.  2,  Leipsick,  Hof- 
meister. 

SCIIUIITT  (Guillaume-Arnold),  pianiste 
de  Berlin,  s'est  fait  connaître  par  la  musique 
d'un  opéra  intitulé  :  Der  doppel  Prozess  (Le 
double  procès),  qui  a  été  joué  au  théâtre  de 
Kœnigstadt. 

SCIIIMITTBAUER  (Jean-Aloïs),  com- 
positeur, né  à  Stuttgart,  en  1718,  fut  dirigé 
dans  ses  études  musicales  par  Jomelli  ;  puis  il 
s'établit  à  Rastadt.  En  1772,  il  fut  appelé  à 
Carlsruhe,  en  qualité  de  maître  de  chapelle 
du  grand-duc  de  Bade,  et  continua  de  résider 
dans  cette  ville  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
24  octobre  1809.  Il  avait  atteint  l'âge  avancé 
de  quatre-vingt-onze  ans.  Bien  qu'âgé  de 
soixante  et  douze  ans,  il  avait  été  chargé  d'en- 
seigner la  musique  aux  étudiants  de  l'Institut 
de  Carlsruhe,  parmi  lesquels  il  avait  formé 
quelques  bons  élèves.  Il  jouait  bien  de  l'har- 
monica, et  en  construisait  de  très-bons  qui 
sont  encore  recherchés  en  Allemagne.  C'est  à 
ses  leçons  que  sa  propre  fille  et  madameKirch- 
gasser  furent  redevables  de  leur  habileté  sur 
cet  instrument.  Schmittbauer  a  joui,  dans  la 
Souabe  et  dans  les  contrées  rhénanes,  de  la  ré- 
putation d'un  compositeur  distingué.  On  cite 
de  lui  :  1°  Messe  solennelle,  exécutée  à  Co- 
logne, en  1770.  2°  Autre  messe  solennelle,  à 
Spire,  1781.  3°  Stabat  Mater  en  1774. 
4°  Cantate  de  Pâques  intitulée  :  Die  Freunde 
am  Grabe  des  Erlaesers  (Les  amis  à  la  tombe 
du  Sauveur).  5°  Neue  Kirchen  Melodien  mit 
untergelegten  deutschen  Texte  (Nouvelles  mé- 
lodies d'église  avec  un  texte  allemand),  conte- 
nant quatre  messes,  deux  vêpres,  quatre  an- 
tiennes de  la  Vierge,  deux  Ave  Maria,  à 
quatre  voix  sans  orchestre;  Carlsruhe,  Millier. 
6°  Nouveaux  chants  pour  les  écoles  primaires, 
avec  orgue  ou  piano;  Carlsruhe,  Braun.  3? Trois 
symphonies  à  huit  parties,  op.  2;  Offenhach, 
André.  8°  Symphonie  à  grand  orchestre,  pour 
le  mariage  de  l'électeur  de  Bavière;  lleil- 
bronn,  1790.  9"  Quatuors  pour  flùie,  violon 
alto  et  basse,  op.  3;  Leipsick,  Schwickerl. 
10*  Trios  pour  llûle,  violon  et  basse.  11  "Trois 


quatuors  pour  clavecin,  flûte,  violon  et  basse; 
Offenhach,  André.  12°  Vingt-quatre  préludes 
et  conclusions  pour  l'orgue;  Ileilhrnnn,  17i)7. 
13°  Lindor  et  fsmène,  opéra,  à  Carlsruhe. 
14°Zes  Bergers  d'Jrcadie,  idem,  lo' 'En- 
dymion,  idem.  10°  Hercule,  idem.  17°  Plu- 
sieurs cantates. 

SCII!MQL-L  (Frédéric),  organiste  à  Gron- 
stadt,  près  de  Worms,  vers  la  fin  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  publié  de  sa  composition  ; 
l°Six  sonatines  pour  clavecin,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  1  ;  Offenhach*,  André.  2°  Trois 
sonates  pour  les  mêmes  instrument,  op.  2; 
Spire.  3°  Trois,  idem,  op.  3;  ibid.  En  1790, 
Schmoll  fut  appelé  comme  organiste  à  Kir- 
cheim-Poland,  petite  ville  de  Bavière,  près  du 
Mont  Tonnerre  :  il  y  mourut  en  1792.  La  Bi- 
bliothèque royale  de  Berlin  possède  en  manu- 
scrit, de  cet  artiste,  six  préludes  pour  l'orgue, 
à  deux  claviers  manuels  et  clavier  de  pé- 
dales. 

SCrniUGEL  (Jean-Christophe),  savant 
musicien,  né  en  1720,  vraisemblablement 
dans  le  Hanovre,  était,  en  1702,  organiste  à 
Lauenbourg.  Peu  de  temps  après,  il  accepta  la 
place  d'organiste  à  Mœlln,  petite  ville  du  Da- 
nemark ,  dans  le  duché  de  Lauenbourg.  Il 
mourut  d'apoplexie,  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions,  le  21  octobre  1798.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  :  1°  Préludes,  fugues  et  au- 
tres pièces  pour  l'orgue,  op.  1  ;  Berlin.  2° Sing- 
xmd  Spieloden  (Odes  à  chanter  et  à  jouer); 
Leipsick,  1702,  in-4°.  3°  Ode  auf  Hamburger 
TFohl  (Ode  sur  la  prospérité  de  Hambourg)  ; 
Hambourg,  17GG. 

SCHINARKL  (Joseph -Ignace),  né  le 
24  mai  1707,  à  Naumbourg,  en  Silésie,  était 
fils  d'un  chantre  de  l'église  catholique  de  celle 
ville.  Son  père  lui  enseigna  les  éléments  de  la 
musique,  du  violon  et  du  piano  dès  sa  sixième 
année;  mais  à  l'âge  de  huit  ans,  Schnahel 
tomba  dans  la  Queiss,  où  il  faillit  se  noyer,  et 
perdit  l'ouïe. Il  fallulalors  renoncer  à  lui  faire 
continuer  l'élude  de  la  musique,  et  ses  pa- 
rents prirent  la  résolution  de  l'envoyer  au  col- 
lège pour  qu'il  suivît  ensuite  les  cours  de  théo- 
logie. Conduit  à  Breslau,  en  1779,  il  y 
fréquenta  le  gymnase  catholique;  mais  après 
avoir  ('misa  sixième,  sa  surdité  l'empêcha  de 
continuer  ses  études, et  par  les  conseils  de  son 
oncle  maternel,  il  retourna  à  Naumbourg. 
Deux  ans  après,  il  recouvra  tout  à  coup  l'ouïe 
et  cultiva  de  nouveau  la  musique;  ses  progrès 
dans  cel  art  lui  firent  obtenir  une  place  d'in- 
stituteur à  Parilz,  village  près  de  Naumbourg, 
C'est  dans  ce  lieu  qu'il  acquit  des  connais- 


SCHNABEL 


4H-. 


sances  étendues  dans  son  art,  par  la  lecture 
des  œuvres  classiques  et  des  meilleurs  traités 
de  théorie.  Assez  habile  dans  le  mécanisme  de 
plusieurs  instruments,  il  entreprit  de  former 
un  orchestre  avec  vingt-cinq  ou  trente  jeunes 
paysans  dont  l'instruction  lui  était  confiée,  et 
ses  efforts  eurent  assez  de  succès  pour  qu'il 
pût  faire  exécuter  par  ces  jeunes  gens  des  sym- 
phonies de  Haydn  et  de  Mozart.  Le  style  de 
ces  grands  ai-listes  devint  dès  lors  son  modèle 
dans  ses  compositions.  C'est  à  cette  époque 
qu'il  écrivit  ses  premières  messes,  des  offer- 
toires, des  graduels  et  des  vêpres  qu'on  exécute 
encore  «i  Naumhourg,  Lœwenberg,  Greiffen- 
herg  et  autres  villrs  de  la  Silésie. 

Schnahel  avait  atteint  l'âge  de  trente  ans 
et  n'était  connu  que  dans  le  canton  de  la  Silé- 
sie qu'il  habitait,  lorsqu'il  prit,  en  1797,  la 
résolution  de  se  fixer  à  Breslau,  et  d'y  chercher 
l'emploi  de  ses  talents.  Le  5  mai  de  la  même 
année,  il  y  obtint  la  place  d'organiste  à 
l'église  de  Sainte-Claire,  et  peu  de  temps 
après,  celle  de  premier  violon  à  Saint-Vincent. 
Alors  une  nouvelle  carrière  s'ouvrit  devant  lui 
par  les  occasions  qu'il  eut  d'y  faire  entendre 
ses  compositions,  par  ses  liaisons  avec  quel- 
ques artistes  distingués,  et  surtout  par  les 
conseils  qu'il  reçut  de  Fœrster,  homme  d'ex- 
périence et  de  mérite.  En  1799,  il  publia  trois 
messes  à  quatre  voix  et  petit  orchestre,  et  fit 
exécuter  un  grand  oratorio  de  sa  composition 
dans  l'église  de  la  Madeleine.  Ces  œuvres  fixè- 
rent sur  lui  l'attention  publique.  Ils  furent 
suivis  de  deux  grandes  cantates  dont  une  fut 
exécutée,  en  1803,  au  jubilé  de  cent  ans  de 
l'université  Léopoldine.  Schnahel  avait  été  ap- 
pelé à  la  place  de  premier  violon  de  l'orchestre 
du  théâtre;  mais  blessé  de  ce  que  Charles- 
Marie  de  Weber  lui  fut  préféré,  en  1804,  pour- 
la  direction  de  cet  orchestre,  il  donna  sa  dé- 
mission, et  pendant  toute  la  durée  du  séjour  de 
l'auteur  de  Freyschiitz  à  Breslau,  il  y  eut 
entre  ces  deux  artistes  un  invincible  éloijjne- 
ment.  Schnahel  Tut  bientôt  après  dédommagé 
du  désagrément  qu'il  avait  éprouvé  au  théâtre, 
par  sa  nomination  de  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale,  qu'il  reçut  le  1er  avril  1805.  Il  cé- 
lébra sa  prise  de  possession  de  cet  emploi  par 
ses  Lamentations  de  Jérémie,  considérées 
comme  un  de  ses  meilleurs  ouvrages.  Après  la 
mort  de  Janitscheck.  en  1800,  il  fut  aussi 
chargé  de  la  direction  des  concerts  d'hiver,  et 
deux  ans  après,  il  fonda  les  concerts  d'été,  à 
Liebich,  lesquels  ont  subsisté  jusqu'en  1823,  et 
dont  Berner  a  eu  la  direction  après  Schna- 
hel. 


Chargé  par  le  gouvernement  prussien  de 
visiter  la  Silésie  pour  y  remplir  plusieurs  mis- 
sions relatives  à  la  musique,  Zelter  arriva  à 
Breslau,  en  1811.  La  fondation  d'une  école 
normale  pour  les  instituteurs  était  un  des  ob- 
jets de  son  voyage  :  Schnahel  et  Berner  lui  pa- 
rurent les  hommes  les  plus  capables  d'y  rem- 
plir les  places  de  professeurs  de  musique.  Sur 
son  rapport,  ils  furent  appelés  tous  deux  à 
Berlin,  en  1812,  et  dans  leur  excursion  ils  se 
lièrent  d'une  étroite  amitié  qui  ne  se  démentit 
jamais.  Pendant  son  séjour  dans  la  capitale  de 
la  Prusse,  Schnahel  fit  exécuter  une  de  ses 
messes  dans  une  église  catholique,  et  cet  ou- 
vrage ayant  obtenu  l'approbation  des  artistes, 
on  lui  offrit  la  place  de  directeur  de  musique 
de  cette  église;  mais  il  préféra  retourner  à 
Breslau,  en  visitant  Witlenberg,  Leipsick  et 
Dresde.  Bientôt  après,  il  reçut  sa  nomination 
de  professeur  de  musique  du  séminaire  des 
instituteurs  catholiques,  puis  celle  de  direc- 
teur de  musique  de  l'université  et  de  l'Institut 
de  musique  d'église  qui  y  était  attaché.  Le 
reste  de  sa  carrière  s'écoula  dans  le  paisible 
exercice  de  ses  fonctions.  Cependant,  soit 
qu'un  pressentiment  de  sa  fin  prochaine  l'eût 
troublé,  soit  qu'il  sentit  ses  forces  diminuer, 
il  se  démit  de  sa  place  de  professeur  du  sémi- 
naire et  de  celle  de  directeur  des  concerts,  au 
commencement  de  1831.  Le  15  juin  de  la 
même  année,  il  tomba  malade,  et  les  progrès 
du  mal  furent  si  rapides,  qu'il  expira  le  len- 
demain, à  l'âge  de  soixante-quatre  ans.  Ainsi 
que  Mozart,  son  modèle  de  prédilection,  il 
travaillait  à  un  Requiem  lorsque  la  mort 
le  surprit,  et  n'eut  pas  le  temps  de  le  ter- 
miner. 

#  Schnahel  a  joui  de  la  réputation  de  grand 
musicien  et  de  compositeur  distingué,  dans 
toute  la  Silésie  ;  mais  il  est  peu  connu  hors  de 
son  pays,  même  en  Allemagne.  Ce  que  j'ai  vu 
de  ses  ouvrages  m'a  prouvé  qu'il  écrivait  avec 
pureté,  et  que  sa  pensée  est  en  général  douce, 
noble  et  gracieuse,  mais  qu'elle  manque  de 
nerf  et  d'originalité.  Son  caractère  était,  dit- 
on,  rempli  de  bienveillance  ;  jamais  on  ne 
l'entendit  émettre  des  opinions  de  blâme  sur 
les  œuvres  des  autres  artistes;  mais  sa  sensi- 
bilité était  excessive  et  la  moindre  critique  de 
ses  ouvrages  lui  causait  un  vif  déplaisir.  Il 
s'était  fait  beaucoup  d'amis  par  l'aménité  de 
ses  manières,  et  sa  fin  imprévue  fut  un  sujet 
de  deuil  pour  toute  la  ville  de  Breslau. 
Hoffmann  a  donné  une  biographie  détaillée 
de  cet  artiste  estimable  dans  son  Lexique  des 
musiciens  de  la  Silésie;  Kahlert  en  a  l'ait  Ln* 


4SI) 


SCHNABEL  -  SCHNEGASS 


sérer  une  aulre  dans  la  Gazette  musicale  de  | 
Leipsick;  enfin,  il  en  a  été  publié  une  troi- 
sième chez  Leuckart,  à  Breslau. 

Les  ouvrages  publiés  par  Schnabel  sont  ceux 
dont  les  titres  suivent  :  1°  Huit  pièces  pour 
trois  cors,  trompette  et  deux  trombones  ;  Bres- 
lau, Fœrster.  2°  Marche  pour  huit  trompettes, 
et  pièces   pour  sept  trompettes  et  timbales; 
ibid.  3°  Concerlo  pour  clarinette;  Leipsick, 
Hreilkopr  et Hserlel.  4°  Quintette  pour  guitare, 
deux  violons,   allô    et    violoncelle;    Breslau, 
Fœrster.  5°  Messe  latine  et  allemande  (en  mi 
bémol)  à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue  ;  ibid. 
6°  Idem  (en  la  bémol)  à  quatre  voix,  deux  vio- 
lons,   alto,   deux   clarinettes,  quatre  cors  et 
orgue;  ibid.  7"  Idem  (en  fa  mineur)  à  quatre 
voix,  deux    violons,    alto,    deux  clarinettes, 
deux  cors  et  orgue;  ibid.  8°  Messe  solennelle 
(en  ré)    à  quatre    voix    et  orchestre;    ibid. 
0°  Missa   quadragesimalis  à   quatre  voix; 
Breslau,  Leuckart.  10°  Graduais  in  nativi- 
tate  Domini  4  vocibus,  2  viol.,   2  violis, 
2  ob.,  2  corn.,  2  clarinis,  tympanis  et  orga- 
nis;  Breslau,  Fœrster.   11°  Tria  gradualia 
4  voc. ^orchestra  et  organo;  Breslau,  Gruss, 
Barth  et  compagnie.  12°  Offertoire  (en  ut)  a 
quatre  voix   et  orchestre;  Breslau,  Leuckart. 
13°  Offertoire  (en   fa)  à  quatre   voix  et   or- 
chestre; ibid.  14°  AlmaRedemptoris  à  quatre 
voix,  deux  violons,  alto,  deux  hautbois,  deux 
cors  et  orgue;  Breslau,  Fœrster.  \5°  Ave  Re- 
gina,  idem  ;  ibid.  10°  Regina  cœ/i,  pour  deux 
soprani,  contralto,  ténor  et  basse,  petit  or- 
chestre et  orgue;  Breslau,  Leuckart.  17°  Psaume 
pour  quatre  voix  d'hommes  ;  ibid.  18°  ffymni 
sex  faciliores,  4  voc,  2  viol.,  2  ob.,  2  corn, 
et   organo;  Breslau,    Fœrster.    19°   ffymni 
Avespertini,  4  roc.  et  orch.;  Breslau,  Leuc- 
kart. 20°  ffymnus  (Feni  creator  Spiritus), 
4  doc.   et  orch.;   ibid.    21°  ffymnus  {feni 
Sancte  Spiritus),  idem  ;  ibid.  22°  Salve  Re- 
gina à  quatre  voix,  deux  violons,  alto,  deux 
hautbois,  deux  cors  et  orgue;  Breslau,  Fœr- 
ster. 22°  Fesperx  de  confessore  à  quatre  voix, 
deux  violons,  alto,  deux  hautbois,  deux  cors, 
deux   trompettes,    timbales  et  orgue;    ibid. 
24°  Marche  pour  des  voix  d'hommes  et  instru- 
ments à  vent;  ibid.  25°  Plusieurs  recueils  de 
chants  à  quatre  voix  d'hommes  ;Breslau,  Fœr- 
ster et  Leuckart.  20°  Chants  à  voix  seule  et 
piano;  ibid.  Schnabel  a  laissé  en  manuscrit  : 
27°  Cantate  pour  l'ouverture  de  la  synagogue, 
sur  un  texte  hébreu. 28"  Cantate  pour  le  trois- 
centième   anniversaire    de   la    fondation    de 
l'université  de  Breslau.  29°  Cantate  pour  l'in- 
stallation   de    l'évéque    Emmanuel  1).    Schi- 


mowsky.  50°  Chant  funèbre  sur  la  mort  de  la 
reine  de  Prusse,  exécuté  le  30  août  1810. 
31°  Quatre  messes  à  quatre  voix  et  orchestre. 
32°  Kyrie  et  Gloria,  idem.  3ô°  Requiem  et 
Dies  irx.  34°  Petit  Requiem.  35°  Six  vêpres 
complètes.  36"  Station  pour  la  fête  du  saint 
Sacrement.  37°  Neuf  lamentations  et  neuf  ré- 
pons de  la  semaine  sainte.  38°  Quatorze  gra- 
duels. 39°  Vingt  hymnes  et  antiennes  parmi 
lesquels  se  trouve  un  Ave  maris  Stella,  con- 
sidéré comme  un  des  plus  beaux  ouvrages  de 
l'auteur.  40°  Douze  offertoires,  dont  un  pour 
ténor  solo,  violon  obligé  et  orchestre.41°  Quatre 
litanies.  42°  Deux  Te  Deum.  43°  Ecce  quo- 
modo  moriturjustus,  exécuté  le  jeudi  saint  à 
la  cathédrale  de  Breslau.  44°  Deux  Pange 
lingua.  45°  Deux  Salve  Regina.  46"  Regina 
cœli.  47° Quelques  morceaux  de  musique  pour 
des  instruments  à  vent. 

SCHNABEL  (Joseph),  fils  aîné  du  pré- 
cédent, né  en  1793,  apprit  fort  jeune  la  mu- 
sique, le  violon,  le  piano  et  l'orgue,  sous  la 
direction  de  son  père.  A  l'âge  de  neuf  ans,  il 
chanta  au  théâtre  de  Breslau,  le  10  février 
1802,  le  rôle  du  premier  enfant  dans  la  Flûte 
enchantée,  de  Mozart,  et  se  fil  remarquer  par 
son  intelligence.  Pianiste  distingué,  violoniste 
de  mérite  et  compositeur  agréable,  il  a  d'abord 
été  placé  en  qualité  de  professeur  de  musique 
à  Borkau,  près  de  Glog.iu,  puis  a  été  nommé 
organiste  «le  la  cathédrale  de  cette  ville.  Sa 
faillie  santé  ne  lui  a  pas  permis  de  donner  à 
ses  travaux  autant  d'activité  que  son  père.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Pot-pourri  sur 
des  motifs  de  Jessourfa,  pour  piano  et  violon  ; 
Glogau,  Gunlher.  2°  Exercices  pour  piano  seul; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel.  3°  Variations 
sur  l'air  allemand  An  Alexis,  pour  piano 
seul  ;  Breslau,  Fœrster.  4°  Variations  sur  V In- 
vitation à  la  valse  de  Beethoven; Glogau, 
Gunlher.  5°  Chants  pour  soprano,  contralto  et 
ténor,  avec  accompagnement  de  piano;  Bres- 
lau, Leuckart.  6°  Six  chants  à  voix  seule  avec 
piano;  Glogau,  Gunlher. 

SCHNEGASS  (Cvnuc\  en  latin  SISE- 
GASSILS,  d'abord  magister  et  adjoint  de  la 
surintendance  de  Gotha,  à  Friedrichsroda,  puis 
pasteur  dans  le  même  lieu,  nous  apprend,  dans 
l'avis  au  lecteur  de  la  deuxième  édition  de  son 
Manuel  de  musique,  publié  en  1!>90,  qu'il 
faisait  alors  le  jubilé  de  la  cinquantième  année 
de  son  âge,  d'où  il  suit  qu'il  était  lié  en  1546. 
Il  mourut  dans  le  même  lieu,  le  25  octobre 
1597.  On  a  de  ce  savant  deux  recueils  de  psau- 
mes, dont  les  dates  sont  inconnues,  et  quarante 
motets  de  Noël  et  du  nouvel  an,  à  quatre  voix, 


SCHNEGASS  —  SCHNEIDER 


487 


publiés  à  Erfurt,  cliez  George  Baumann,  en 
1595,  première  et  deuxième  parties.  Celle  col- 
lection ne  renferme  que  quelques  motels  de 
Schnegass;  les  autres  sont  de  Joachim  de 
Burck,  de  Jean  Steuerlin  et  de  Philippe  Ave- 
narius.  Schnegass  est  surtout  connu  comme 
écrivain  sur  la  musique  par  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Nova  et  exquisita  monochordi 
dimensio ;  Erfurt,  1590,  deux  feuilles  in-8°. 
C'est  le  plus  ancien  ouvrage  imprimé  sur  celle 
matière.  2°  Isagoges  musical  îibri  duo,  tant 
théories:  quam  practiese  studiosis  inservire 
jussi.  Annexe-  ad  finem  tractatulo,  ex  poe- 
tica  désunit  a  ;  paueisque  deeanendi  élégant  ta 
observalionibus  :  nec  non  sohnisandi  exer- 
citio;  Erfurt,  1591,  in-8"  de  six  feuilles  et 
demie.  Une  deuxième  édition  de  ce  traité  élé- 
mentaire a  été  publiée  à  Erfurt,  en  159G,  sans 
nom  de  lieu  au  frontispice,  mais  avec  ces  mots 
à  la  fin  de  V Index  :  Erphordix  Georgius 
Baumann  exendebat  anno  salutis  1G90. 
in-8°  de  douze  feuilles.  La  préface  du  livre  et 
la  manie  de  citations  grecques  de  railleur  in- 
diquent du  pédanlisme  :  cependant  l'ouvrage 
est  écrilavec  simplicité,  et  les  définitions  ont 
aulantde  concision  que  de  clarlé.  Les  exemples 
sont  tous  en  canons  à  deux  voix  et  bien  écrits. 
5°  Deutsche  Musica  fur  die  Kinder  und  an- 
dere,  etc.  (Musique  allemande  pour  les  enfants 
et  autres  qui  n'enlendcnt  pas  le  latin,  et  qui 
pourtant  désirent  apprendre  à  chauler  suivant 
les  règles  de  l'art,  par  demandes  et  réponses 
expliquées  avec  des  exemples  choisis);  Erfurt, 
Georges  Baumann,  1592,  petit  in-8°  de  qua- 
rante-huit pages.  Une  deuxième  édition  de  cet 
opuscule  a  paru  en  1594,  chez  le  même  im- 
primeur. 

SCHNEIDER  (André),  bon  facteur  d'or- 
gues, né  en  Silésie,  vers  le  milieu  dû-seizième 
siècle,  a  réparé  plusieurs  anciens  instruments, 
et  a  construit,  en  1595,  l'orgue  «le  la  cathé- 
drale d'Ulm,  en  société  avec  les  célèbres  fac- 
teurs aveugles  Conrad  Scholt  et  Pierre  Grll- 
newalder,  de  Nuremberg. 

SCHNEIDER  (Conrad-Michel), directeur 
de  musique  et  organiste  à  Ulm,  vers  1750,  a 
publié  de  sa  composition  six  suites  de  pièces 
de  clavecin  ou  exercices  (Clavier-  Uebung),  qui 
ont  paru  successivement  à  Augsbourg  chez 
Jacques-André  Friderich  et  chez  Lotter.  La 
sixième  partie  a  paru  à  Augsbourg,  chez  Léo- 
pold,  en  1741. 

SCIIINEIDEP»  (Jean),  bon  organiste,  né  à 
Lauter,  près  de  Cobourg,  le  17  juillet  1702, 
apprit  les  éléments  de  la  musique  chez  Miiller, 
instituteur  et  organiste  de  ce  lieu,  puis  alla 


continuer  ses  éludes  sous  la  direction  deRcin- 
mann,  maître  de  chapelle  à  Saalfeld,  et  enfin 
reçut  à  Leipsick  des  leçons  de  J.-S.  Bach,  de 
Graun  et  de  Graf.  De  retour  à  Saalfeld,  il  y  fut 
nommé,  en  1721,  organiste  et  premier  violon 
de  la  cour.  Cinq  ans  après,  il  reçut  sa  nomina- 
tion de  premier  violon  de  la  chapelle  de  Wei- 
mar;  et  au  mois  de  décembre  1729,  il  accepta 
la  place  d'organiste  de  l'église  Saint-Nicolas, 
à  Leipsick.  Il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  vers  1775.  Bon  fugniste,  dans 
le  style  de  la  grande  école  allemande,  il  se  fai- 
sait encore  admirer  dans  sa  vieillesse.  Ses 
compositions  pour  l'église  sont  restées  en  ma- 
nuscrit. 

SCHNEIDER  (François),  né  en  17Ô7,  à 
Pulkau  dans  la  Basse-Autriche,  où  son  père 
était  maître  charpentier,  apprit  dès  son  en- 
fance les  principes  de  la  musique  et  du  violon, 
du  clavecin,  de  l'orgue  et  de  plusieurs  instru- 
ments à  vent.  A  l'âge  de  seize  ans,  il  fut  appelé 
à  remplir  la  place  de  sous-maltre  à  l'école  de 
Weilzendorf,  et  quelque  temps  après,  on  lui 
confia  celles  de  Cantor  à  Pulkau,  à  Rselz  et  à 
Paeggstall;  enfin,  on  le  nomma  suppléant  d'Al- 
brechtsbeiger  dans  les  fonctions  d'organiste 
au  couvent  de  Melk.  Les  conseils  de  cet  habile 
maître  achevèrent  de  développer  ses  lalenls 
comme  organiste  et  compositeur.  Plus  tard, 
il  obtint  la  direction  du  chœur  à  Saint-Pollen, 
où  il  eut  une  heureuse  vieillesse  et  mourut  le 
5  février  1812.  Schneider  a  laissé  en  manuscrit 
dans  les  archives  de  l'abbaye  de  Melk  ses  com- 
positions pour  l'église  où  l'on  compte  cinquante 
messes,  dont  plusieurs  solennelles,  quinze  Re- 
quiem, cinquante-trois  molets,  trente-quatre 
graduels,  douze  litanies,  vingt-sept  chants 
funèbres,  des  hymnes,  vêpres,  Te  Denm, 
Salve  Regina,  cantates,  répons,  Ecce  panis, 
Tantum  ergo  ,  lamentations ,  séquences  , 
psaumes,  Asperges,  Vidi  aquam,  Regina 
cœli,  Alléluia,  Veni  Sancte  Spiritus,  dans 
lesquels  on  remarqueun  style  facile  et  naturel. 
On  n'a  imprimé  de  ses  ouvrages  que  six  pièces 
pastorales  pour  l'orgue,  op.  1  ;  Vienne,  Has- 
linger. 

SCHNEIDER  (Georges-Laurent),  né  en 
1765,  à  Burgpreppaeh,  dans  la  Franconie,  fut 
un  des  musiciens  les  plus  précoces  cités  dans 
l'histoire  de  l'art,  car  après  avoir  achevé  ses 
études  au  collège  de  Nuremberg,  il  fui  nommé 
directeur  de  la  musique  de  la  princesse  Hohen- 
lohe-Ingelfingen,  à  Hildburghausen,  à  l'âge  de 
treize  ans.  En  1792,  il  reçut  sa  nomination  de 
directeur  de  musique  à  Cobourg.  Il  occupait 
encore  celle  place  en  1829.  Il  fil  jouer  à  Co- 


488 


SCHNEIDER 


I)Oiirg,  en  1798,  la  Noce  au  bain,  opéra  dont 
la  partition  est  restée  en  manuscrit, eten  1800, 
Alkool,  opéra-comique.  Ses  compositions  im- 
primées sont:  1°  Symphonie  à  grand  orchestre, 
Manheim,  Gœtz.  2"  Concerto  pour  piano  et 
orchestre  (en  ut),  Heilhronn,  1794.  5°  Trois 
sonates  pour  piano,  la  première  avec  violon  et 
violoncelle;  la  deuxième  avec  alto  et  violon- 
celle; la  dernière  avec  violon  et  deux  cors; 
Augsbourg,  1797. 4°  Chansons  pour  les  enfants 
avec  accompagnement  de  piano;  Offenbach, 
1798.  5°  Plusieurs  autres  recueils  de  chansons 
qui  ont  eu  beaucoup  de  succès  en  Allemagne. 
En  1827,  Schneider  a  fait  exécuter  à  la  grande 
fête  musicale  de  Cobourg  plusieurs  morceaux 
de  sa  composition,  et  dans  une  autre  fête 
donnée  en  1829,  il  a  fait  exécuter  une  ouver- 
ture à  deux  orchestres  dans  laquelle  il  avait 
introduit  le  choral  :  Einc  feste  Burg  ist  unser 
Gott.  Il  vivait  encore  à  Cobourg  en  18-37,  et 
était  âgé  de  soixante-douze  ans. 

SCHNEIDER  (Georges-Abraham),  ou, 
suivant  d'autres  renseignements,  GOTT- 
LIEB -ABRAHAM,  naquit  à  Darmstadt,  le 
19  avril  1770,  de  parents  pauvres,  et  reçut  son 
éducation  chez  le  musicien  de  la  ville.  Devenu 
son  beau-père,  le  Cantor  Portmann  lui  donna 
ensuite  des  leçons  d'harmonie  ;  pujs  Schneider 
fut  admis  comme  hautboïste  dans  un  régiment 
hessois.  Son  mérite  l'ayant  fait  entrer  ensuite 
dans  la  musique  de  la  cour,  il  put  se  livrer  à  la 
composition  et  fut  bientôt  avantageusement 
connu.  Vers  1790,  il  passa  au  service  du  duc 
de  Mecklenbourg,  puis  il  fut  pendant  quelques 
années  membre  de  la  musique  du  prince  Henri 
de  Prusse,  à  Rheinsberg.  Après  la  mort  de  ce 
prince,  il  entra  dans  la  chapelle  du  roi,  à  Berlin. 
En  18-25,  il  reçut  sa  nomination  de  chef  d'or- 
chestre de  l'opéra  et,  en  même  temps,  celle  de 
directeur  du  chœur  de  musique  de  la  garde 
royale.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  le  19janvier 
1859. On  a  de  cet  artiste  beaucoup  décomposi- 
tions instrumentales  et  vocales,  imprimées  et 
manuscrites,  parmi  lesquelles  on  cite  :  1°  Les 
Pèlerins  de  Golyot  h  a ,  ora  lo  ri  o.2°  Jucassin  et 
Nicolelle,  opéra  représenté  à  Berlin.  3°  Car- 
dillac,  mélodrame.  4"  Quelques  messes  avec 
orchestre.  5"  Un  Stabal  Mater.  0°  Un  Magni- 
ficat. 7°  Quelques  cantates,  entre  autres  sur  la 
mort  de  la  reine  de  la  Prusse,  en  1810.  8°Sym- 
phonieà  grand  orchestre,  op.  9;  Augsbourg. 
Gombarl.  9"Six  enlr'aclrs,  idem,  op.  77;  Leip- 
sick,  Uofmeister.  10°  Ouverture  à  grand  or- 
chestre, op.  G0  ;  Lcipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel. 
11"  Symphonie  concertante  pour  deux  flûtes, 
op.  00;  Augsbourg,  Gombarl.    12"  Idem  pour 


violon  et  alto,  op.  19;  ibid.  15°  Idem  pour 
deux  flûtes,  op.  21  ;  ibid.,  op.  25,  Bonn,  Sim- 
rock.  14°  Idem  pour  flûte  et  hautbois,  op.  88; 
Leipsick,  Uofmeister;  op.  107,  Bonn,  Simrock, 
15°  Idem  pour  clarinette  et  basson,  op.  10fi, 
107;  ibid.  10"  Six  pièces  en  harmonie  à  six 
parties,  op.  8;  Augsbourg,  Gombarl.  17°  Trois 
quintettes  pour  deux  violons,  deux  altos  et 
violoncelle, op.  3;  ibid.  18"Quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  violoncelle,  op.  10, 14,  20,  05, 
08;  Bonn,  Simrock;  Berlin,  Schlesinger. 
19°  Duos  pour  deux  violons,  op.  4,  10,  23,  25, 
44,  40,  54;  Augsbourg,  Gombarl;  Offenbach, 
André;  Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel.  20°  Con- 
certo pour  alto,  op.  20;  Augsbourg,  Gombart. 
21  °  Duos  pour  violon  et  alto,  et  alto  et  violon- 
celle, op.  15,  50;  ibid.  22°  Concertos  pour 
flûte,  op.  12;  ibid.;  op.  53,  Leipsick,  Breil- 
kopf et  Hœrtel  ;  op.  03,  Berlin,  Schlesinger; 
op.  82,  83,  Leipsick,  Uofmeister;  op.  100, 
Bonn,  Simrock.  23°  Quintettes  pour  flûte,  vio- 
lons, allô  et  basse,  op.  17;  Augsbourg,  Gom- 
barl; op.  37,  Berlin,  Schlesinger;  op.  49, 
Leipsick,  Peters;  op.  54,  55,  Offenbach, 
André.  24°  Quatuors  pour  flûte,  op.  5,  11, 
Augsbourg,  Gombart;  op.  40,  Offenbach, 
André;  op.  47,  50,  Lcipsick,  Peters;  op.  51, 
52,  Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel;  op.  G2,  69, 
Berlin,  Schlesinger;  op.  71,  Leipsick,  Peters  ; 
op.  76,  Leipsick,  Hofmeisler.  25°  Quatuors 
pour  quatre  flûtes  ;  Hambourg,  Bœhme. 
20"  Trios  pour  trois  flûtes,  op.  20  ;  Augsbourg, 
Gombart.  27°  Trios  pour  flûte,  violon  cl  vio- 
loncelle ,  op.  81;  Leipsick,  Hofmeisler. 
28°  Duos  pour  deux  fliïlos,  op.  0,  18,  21,  22, 
24,  27,  32,  50,  41,  42,  40,  5",  01,  78,  79,  91  ; 
Augsbourg,  Gombarl;  Bonn,  Simrock;  Leip- 
sich,  Breilkopf,  Peters;  Berlin,  Schlesinger. 
29"  Concertos  pour  clarinette,  op.  00;  Berlin, 
Schlesinger;  op.  84,  Leipsick,  Hofmeisler; 
op.  103,  Bonn,  Simrock.  30°  Quatuors  pour 
clarinette,  op.  04;  Berlin,  Schlesinger. 
31°  Concertos  pour  cor  anglais,  op.  90  ;  Leip- 
sick, Hofmeisler;  op.  105,  Bonn,  Simrock. 
32°  Concertos  pour  hautbois,  op.  87;  Leipsick. 
Uofmeister;  op.  102,  Bonn,  Simrock. 35" Con- 
certos pour  basson,  op.  07:  Berlin,  Schle- 
singer; op.  85,  Leipsick,  Hofmeisler;  op.  10  î; 
Bonn,  Simrock.  34°  Quatuors  pour  basson, 
op.  43;  Offenbach,  André.  55"  Concertos  pour 
cor,  op.  80;  Lcipsick,  Hofmeisler;  op.  101, 
Bonn.  Simrock. 

SCHNEIDER  (Michel),   né  en  1780,  à 

Gœresried,  près  de  Fllssen,  en  Bavière,  apprit 

la  musique  comme  enfant  de  choeur  àlacalhé- 

iPAugsbourgj  et  commença  ses  éludes 


SCHNEIDER 


IS'J 


littéraires  au  collège  de  cette  ville;  puis  il  les 
continua  dans  un  couvent  de  Memmingen,  el, 
enfin,  et  les  acheva  à  l'université  deLandsliut. 
En  1805,  le  magistrat  d'Ingolstadl  le  nomma 
directeur  du  chœur  de  l'église  paroissiale  de 
la  ville;  mais  peu  de  temps  après,  un  décret 
du  roi  de  Bavière  l'appela  aux  fonctions  de 
professeur  dans  une  école  primaire.  On  cite  de 
sa  composition  les  ouvrages  suivants  :  1°  Can- 
tate exécutée  à  l'occasion  de  la  bénédiction  des 
drapeaux  de  la  garde  civique,  le  27  janvier 
1808.  2°  Le  Jour  de  naissance,  ou  le  Fan- 
tôme, opéra  de  Kotzehue.  5°  Chœur  pour  la 
tragédie  de  l. finassa.  4°  Wotets  en  canons. 

SCHNEIDER  (Jean-Georges-Guillaume), 
connu  en  Allemagne  sous  le  nom  de  WIL- 
HELM  SCHNEIDER  DE  BERLIN,  na- 
quit le  5  octobre  1781,  à  Rathenau  dans  le 
Brandebourg,  et  reçut  de  son  père,  organiste 
en  ce  lieu,  son  instruction  musicale.  Destiné  à 
faire  des  éludes  de  théologie,  il  fréquenta  le 
gymnase  de  Berlin,  puis  l'université  de  Halle. 
Dans  cette  dernière  ville,  il  eut  l'avantage  de 
recevoir  des  leçons  de  Tllrk  pour  la  composi- 
tion. Ses  études  terminées,  il  se  fixa  à  Berlin 
où  il  se  livra  à  l'enseignement  de  la  musique, 
brilla  dans  les  concerts  par  son  rjabileté  sur  le 
piano,  et  publia  ses  compositions.  Artiste  de 
talent,  il  aurait  sans  doute  étendu  sa  réputa- 
tion dans  les  pays  étrangers,  s'il  n'était  mort 
à  la  flenrde  l'âge,  le  17  octobre  1811.  L'An- 
nuaire musical,  dont  il  a  paru  deux  années 
àPenig  (1803  et  1805),  sous  le  titre  de  :  Mu- 
sikalisches  Tasclienbuch,  et  avec  les  pseudo- 
nymes de  Jules  et  Adolphe  Werden,  est  l'ou- 
vrage de  Schneider,  qui  y  a  inséré  des  chan- 
sons allemandes  et  de  petits  morceaux  «le 
piano  d'un  style  élégant.  Pour  la  seconde 
année,  il  eut  pour  collaborateur  Frédéric- 
Théodore  Mann.  Schneider  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Grande  fantaisie  pour  piano 
et  orchestre,  op.  2;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hsertel.  2°  Fantaisies  pour  piano  seul,  op.  1. 
5,  6,  7,  18,  12;  ibid.  3°  Variations  idem, 
op.  3,  13,  14,  15;  Leipsick,  Peters  ;  Berlin, 
Schlesinger.  4°  Valses  pour  le  piano;  Leipsick, 
Peters;  Berlin,  Liscbke.  5°  Grandes  marches 
idem,  op.  8,  9;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel. 
G0  Mélodies  des  meilleures  chansons  de  com- 
merce (Sociétés  d'étudiants);  Halle,  1802. 
7°  Use,  mélodrame  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  4;  ibid.  8°  Chansons  allemandes  à  voix 
seule  et  piano,  op.  11;  ibid.  9°  Recueil  de 
chants  rassemblés  après  la  mort  de  l'auteur; 
Berlin,  Schlesinger.  Le  dernier  ouvrage  de 
Schno'uler  est  un  trio  pour  trois  pianos  dont 


on  a  fait  beaucoup  de  cas,  mais  qui  ne  parait 
pas  avoir  été  publié. 

SCHINEIDEÏ\  (Guillaume),  organiste  et 
directeur  de  musique  à  la  cathédrale  de  Mer- 
sebourg,  et  aussi  professeur  de  chant  au 
gymnase  de  cette  ville,  est  né  le  21  juillet 
1783,  à  Neudorf,  près  d'Annaberg.  Musicien 
instruit,  bon  organiste  et  compositeur  distin- 
gué, il  jouissait  en  Allemagned'une  réputation 
méritée.  Il  est  mort  à  Mersebourg,  le  9  oc- 
tobre 1843.  Au  nombre  de  ses  œuvres  de  mu- 
sique pratique,  on  remarque  :  1°  Ouverture 
facile  pour  piano,  flûte,  violon  et  violoncelle; 
Leipsick,  Hofmeister.  2°  Douze  variations  sur 
un  thème  favori  pour  piano,  flûte,  violon  et 
violoncelle;  ibid.  3°  Variations  pour  piano  à 
quatre  mains;  ibid.  4°  Choix  de  préludes 
d'orgue  dans  les  tons  majeurs  et  mineurs, 
première  et  deuxième  parties;  ibid.  5°  Cin- 
quante préludes  pour  l'orgue;  Halle,  Kummel. 
6°  Le  Pater  noster  et  les  actions  de  grâces  du 
soir,  avec  accompagnement  d'orgue  ou  de 
piano;  Leipsick,  Hofmeister.  7°  Cent  vingt- 
sept  préludes  courts  et  faciles  pour  l'orgue,  à 
l'usage  des  organistes  commençants  ;  Meissen, 
1829,  in  4°  obi. 8°  Anweisung  zu  Choralvor- 
spielen  mit  eingeivebter  Mélodie  fiir  verschie- 
denen  Formcn,  in  50  Forspielen  iiber  90  der 
gangbarsten  Kirchenmelodien,  etc.  (Instruc- 
tion pour  les  préludes  de  choral  avec  une  mé- 
lodie traitée  sous  différentes  formes,  consis- 
tant en  cinquante  préludes  sur  quatre-vingt- 
dix  des  mélodies  chorales  les  plus  usitées; 
suivie  de  l'analyse  et  d'une  indication  instruc- 
tive de  leur  arrangement,  ainsi  que  d'une 
instruction  pour  tirer  et  pousser  les  registres 
de  l'orgue);  Halle,  Kummel,  1829,  in-4°. 
M.  Schneider  a  montré  beaucoup  d'activité 
dans  ses  travaux  relatifs  à  la  littéraire  de  la 
musique  :  on  en  peut  juger  par  la  liste  sui- 
vante des  ouvrages  qu'il  a  publiés  jusqu'à  ce 
jour  :  1°  Was  hat  der  Orgelspieler  beim 
Gottesdienst  zubeobachten(Ce que  l'organiste 
doit  observer  dans  l'office  divin)  ;  Mersebourg, 
Ropilsch,  1823,  in-8°  de  cent  et  une  pages. 
2"  Lehrbuch,  dus  Orgelwerk  kennen,  er- 
halten,  beurlheilen  undverbessern  zu  lemeii 
(Instruction  pour  apprendre  à  connaître  l'or- 
gue, l'entretenir,  l'apprécier  el  l'améliorer); 
Mersebourg,  Kopitsch,  1823,  in-4n  de  quatre- 
vingt-dix-pages.  3"  Gesanglehre  fiir  Land- 
und  Biirgerscfiulen,  etc.  (Méthode  de  chant 
pour  les  écoles  des  villes  el  de  la  campagne); 
Halle,  Ruff,  1825,  grand  in-4°  de  soixante- 
douze  pages.  4°  Musikalisches  Hulfsbuch 
beim  Kirchendienst ,  Zunachst  fiir  Land- 


490 


SCHNEIDER 


schullehrer  ,  Organisten  und  Cantoren 
(Guide  musical  de  l'office  de  l'église,  à  l'usage 
des  maîtres  d'école  organistes  et  Cantors)  ; 
Halle,  Ruff,  1820,  in-4"  de  quatre-vingt-quatre 
pages.  5°  Ausfiihrliche  Beschreibung  der 
grossen  Dom-Orgel  zu  Merseburg,  etc.  (Des- 
cription détaillée  du  grand  orgue  de  la  cathé- 
drale de  Mersebourg,  suivie  de  son  plan,  etc.); 
Halle,  Rummel,  1829,  in-8°  de  trente-deux 
pages.  6°  Choral-Kenntniss,  nebst  Regeln 
und  Beispielen  zu  richtigen  Vorlraq  des 
Altargesanges  (Connaissance  du  choral,  avec 
des  règles  et  des  exemples  pour  la  bonne  exé- 
cution du  chant  à  l'autel)  ;  Leipsick,  Th.  Hen- 
nings,  1833,  in  4°  de  cinquante-six  pages. 
7° Instructive  TFegweiser  zur Prxludirkunst 
fiir  angehende  Orgelspieler  (Introduction  à 
l'art  de  préluder  pour  l'organiste  commen- 
çant); Halle,  Kummel,  1833,  in-4°  ohlong  de 
cinquante  neuf  pages.  8°  Musikalische  Gram- 
matik  oder  Handbuch  zur  Selbslstudium  der 
musikalischen  Théorie,  in  welchem  das  Lo- 
gier'sche  System  theilweise  mit  den  friihern 
Zweckgemxss  verbunden  ist  (Grammaire 
musicale  ou  manuel  pour  étudier  soi-même  la 
théorie  de  la  musique,  etc.);  Dresde  et  Pirna, 
R.  Friese,  1834,  in-4°  de  quatre-vingt-douze 
pages.  9°  Historischtechnische  Beschreibung 
der  musikalischen  I nstrumente ,ihres  AUers , 
Tonumfanges  und  Baues,  ihrer  Erfinder, 
Verbesserer ,  Firluosen  und  Schulen,  etc. 
(Description  historique  et  technique  des  ins- 
truments de  musique,  de  leur  ancienneté,  de 
leur  sonorité  et  construction,  de  leurs  inven- 
teurs, etc.);  Neiss  et  Leipsick,  Th.  Hennings, 
1834,  in-8°  de  cent  trente  et  une  pages  avec 
onze  planches.  10°  Das  moduliren,odcr  leicht 
fassliche  Anweisung  durcit  einen  einzigen 
Accord  schncll  und  natilrlich  in  die  nahen 
und  enlfernlislen  Tonarten  ans  Zutveischen 
(La  modulation,  ou  instruction  facile  à  com- 
prendre, pour  passer  promptement  et  natu- 
rellement dans  les  tons  voisins  et  éloignés  au 
moyen  d'un  seul  accord);  Leipsick,  Frise, 
1834,  in-8"  de  trenteetune  pages.  L'accord 
employé  par  Schneider  pour  les  transitions  est 
toujours  celui  de  septième  diminuée  ou  l'un  de 
ses  dérivés;  il  en  résulte  trop  d'uniformité 
dans  ses  formules.  11°  Die  Orgclregister, 
deren  Enlsiehung ,  Name,  Bau,  Behand- 
lunq,  Bcnutzung,  und  Mischung  (Les  re- 
gistres de  l'orgue,  leur  origine,  leurs  noms, 
leur  construction,  la  manière  de  les  traiter, 
leur  usage  et  leurs  combinaisons);  Leipsick, 
R.  Friese,  1835,  in-8"  de  soixanle-dix-huit 
pages.  12"  Musikalischcr  fiihrcr  fur  dieje- 


nigen  welche  den  Weg  zum  Schulfach  bc- 
treten  und  skh  auf  dasselbe  vorbereiten 
wollen (Le  conducteur  musical  pour  quiconque 
vent  pénétrer  dans  le  domaine  de  l'art  et  s'y 
préparer  lui-même);  Neiss,  Hennings,  1835, 
in  8°.  M.  Schneider  a  donné  aussi  dans  la 
trente  quatrième  année  de  la  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick  (pages  89  et  suivantes),  un 
article  sur  la  construction  de  l'orgue,  intitulé  : 
Bemerkenswerlhe  Erfindung  im  Orgelbau. 

SCIIJNEIDEH  (Jean-Curétien-Frédéiuc), 
écrivain  sur  la  musique  et  compositeur  cé- 
lèbre, est  né  le  3  janvier  1780,  à  Wallersdorf, 
près  de  Zittau.  Son  père  (Jean-Golllob Schnei- 
der), simple  tisserand  de  coutil,  était  devenu 
assez  habile  sur  l'orgue,  par  un  penchant  irré- 
sistible pour  la  musique,  et  avait  obtenu  la 
place  d'organiste  de  Wallersdorf.  En  1788,  il 
échangea  cette  position  contre  celle  d'institu- 
teur et  d'organiste  à  Gersdorf,  qui  dépendait 
aussi  du  conseil  de  Zittau.  Il  y  est  mort  le  3  mai 
1840.  Ce  fut  en  ce  lieu  que  Frédéric  Schneider 
commença  l'étude  de  la  musique,  à  l'âge  de 
quatre  ans,  sous  la  direction  de  son  père.  Ses 
progrès  furent  si  rapides,  qu'on  l'employait 
aux  fonctionsd'organiste  de  la  commune  avant 
que  ses  pieds  pussent  atteindre  aux  pédales. 
Dès  l'âge  de  huit  ans,  il  écrivait  déjà  ses  idées 
de  composition,  etjouail  les  sonates  de  Mozart 
sur  le  piano.  Une  troupe  de  comédiens  ambu- 
lants lui  ayant  fourni  l'occasion  d'entendre  la 
Flûte  enchantée  de  ce  grand  homme,  et  son 
père  l'ayant  mené  à  Dresde  pour  y  entendre 
une  grande  musique  d'église,  il  sentit  ses  fa- 
cultés se  développer,  et  son  amour  pourrait 
devint  une  véritable  passion.  Il  avait  atteint 
sa  douzième  année,  lorsque  son  père  l'envoya 
au  gymnase  de  Zittau  pour  y  faire  des  éludes 
littéraires.  Les  concerts  de  celle  ville  excitè- 
rent son  émulation,  et  l'engagèrent  à  se  li- 
vrer avec  ardeur  à  l'élude  du  piano,  dans  l'es- 
poir de  s'y  faire  entendre;  mais  ce  plaisir  lui 
fut  refusé,  nonobstant  les  témoignages  hono- 
rables que  le  Cantor  Schœnfeld  et  l'organiste 
Unger  donnaient  à  son  talent.  Ce  dernier  était 
devenu  son  maître  pour  l'orgue  et  lui  ensei- 
gnait à  traiter  sur  cet  instrument  la  fugue  à 
quatre  parties.  Découragé  par  l'échec  qu'il  ve- 
nait d'éprouver,  Schneider  eût  peut-être  aban- 
donné la  musique,  quoiqu'il  eûtdéjà  écrit  plu- 
sieurs morceaux  pour  des  instruments  à  vent 
et  quelques  messes  dans  le  style  de  Haydn,  si 
une  circonstance  heureuse  n'était  venue  rani- 
mer son  zèle.  En  1803,  la  Créationdu  monde, 
de  Haydn,  fut  exécutée  avec  pompe  à  Zittau  ; 
M.  Lingke,  avocat  et  propriétaire,  près  de  Gœi- 


SCHNEIDER 


191 


litz,  s'était  rendu  à  celle  solennité;  il  y  fit  la 
connaissance  de  Schneider,  et  sur  l'invitation 
de  Seliœnfeld,  il  le  prit  sous  sa  protection. 
Amateur  passionné  de  musique,  ce  M.  Lingke 
élait  lié  d'amilié  avec  la  pluparldes  personnes 
de  distinction  qui  cultivaient  cet  art  à  Gœrlitz  : 
il  leur  présenta  son  jeune  protégé,  sut  les  in- 
téresser à  lui,  et  parvint  à  lui  procurer  les 
moyens  de  se  faire  entendre  dans  les  concerts 
publics.  Les  encouragements  donnés  à  cette 
époque  au  .jeune  artiste  dans  les  journaux, 
particulièrement  dans  le  recueil  mensuel  delà 
Lusace  supérieure,  rédigé  par  Knebel ,  de 
Gœrlitz,  imprimèrent  une  impulsion  nouvelle 
au  développement  de  son  talent. 

En  1804,  Schneider  fut  nommé  direcleur  de 
la  Société  de  chant  de  Zittau  ;  mais  il  n'en 
remplit  pas  longtemps  les  fonctions,  car  il 
partit  l'année  suivante  pour  aller  achever  ses 
études  à  l'université  de  Leipsick.  Ses  liaisons 
dans  celte  ville  avec  Rochlitz,  Millier  et 
Schicht,  lui  fournirent  des  secours  pour  aug- 
menter son  savoir  dans  la  musique;  mais  ses 
travaux  dans  la  composition  et  l'exécution  ne 
l'empêchèrent  pas  de  fréquenter  à  l'université 
les  leçons  des  professeurs  Plattner,  Carus, 
Wenk  et  Rœdiger.  En  1806,  le  directeur  Platt- 
ner le  chargea  de  l'enseignement  du  chant 
dans  l'école  libre  du  Conseil.  L'année  sui- 
vante, il  eut  le  titre  d'organistede  l'université, 
et  1'exéculion  de  ses  compositions  vocales  et 
instrumentales  dans  les  concerts  de  Leipsick 
acheva  de  le  faire  connaître  avantageuse- 
ment. Lui-même  y  fit  entendre,  en  1808,  un 
concerto  de  piano  avec  succès.  Dès  1803,  il 
avait  publié,  chez  Bieilkopf  et  Hfertel,  son 
premier  œuvre  de  sonales  pour  le  piano  ;  mais 
après  son  arrivée  à  Leipsick,  il  multiplia  ses 
productions.  En  1810,  il  accepta  la  place  de 
chef  d'orcheslre  de  la  troupe  de  Seconda,  qui 
donnait  alternativement  des  représentations 
d'opéras  à  Dresde  et  à  Leipsick  ;  mais  il  re- 
nonça à  cet  emploi  trois  ans  après,  parce  que 
la  place  d'organiste  de  l'église  Sainl-Thomas 
lui  fut  offerte,  en  1813,  par  le  magistrat  de 
celle  dernière  ville.  C'est  à  dater  de  celte 
époque  que  Schneider  commença  à  faire  pa- 
raître ses  grandes  compositions.  Son  activité 
de  production  frappe  d'étonnement,  lorsqu'on 
considère  le  calalogue  chronologique  qu'il  a 
dressé  lui-même  de  ses  ouvrages.  Ainsi, depuis 
1804,  époque  de  la  publication  de  son  premier 
œuvre  de  trois  sonates  pour  le  piano,  jusqu'à 
la  fin  de  1830,  c'est-à-dire  dans  l'espace  de. 
vingt-six  ans,  il  mit  au  jour  cent  dix  œuvres, 
lesquelles  renferment  vingt-cinq  sonates  pour 


piano  seul  ou  accompagné,  deux  quatuors 
pour  piano,  violon,  alto  et  basse;  deux  trios 
pour  les  mêmes  instruments  ;  un  concerto 
pour  piano  et  orchestre;  une  multitude  de 
marches,  polonaises,  valses  et  rondeaux  pour 
piano  seul  ;  deux  quatuors  pour  des  instru- 
ments à  cordes;  vingt-qualre  Lieder  à  voix 
seuleavec  piano;  six  duos  pour  deux  sopranos; 
douze  chanls  pour  trois  voix  d'hommes  ;  quatre 
suites  de  chants  à  quatre  voix  d'hommes  pour 
la  Liedertafel  de  Leipsick;  quaranle  chanls 
pour  des  enfants  ;  un  recueil  de  douze  Lieder, 
intitulé:  Euphrosine;  neuf  ouvertures  à  grand 
orchestre;  dix  messes;  un  oratorio;  quinze 
cantates;  six  opéras;  dix  symphonies  pour 
l'orchestre,  et  son  Traité  d'harmonie  et  de 
composition;  de  plus,  l'arrangement  de  la 
messe  de  Requiem  de  Cherubini  et  de  la  Fes- 
toie de  Spontini  pour  le  piano.  Une  telle  fé- 
condité est  d'autant  plus  remarquable  que,  pen- 
dant ces  vingl-six  ans,  Frédéric  Schneider  rem- 
plit des  places  d'organiste, qu'il  fui  pendant  trois 
ansdirecteurdemusiquedu  Ihéàtrede  Leipsick, 
puis  de  la  Liedertafel,  qu'il  se  livra  à  l'ensei- 
gnement, se  distingua  lui-même  comme  pia- 
niste et  joua  au  concert  du  Gewandhaus,  dans 
l'espace  de  quelques  années,  lecinquième  con- 
certo de  Beethoven  (en  mi  bémol),  celui  de 
Ries  (en  ut  dièse  mineur),  le  sien  (en  ut  mi- 
neur), et  le  quintette  de  Mozart  pour  piano  et 
instrumenls  à  vent.  Enfin,  pendant  son  séjour 
à  Leipsick,  Schneider  avait  élé  appelé  à  Co- 
logne, à  Prague,  à  Quedlinbourg.  Devenu  di- 
recteur de  musique  du  nouveau  théâtre  de 
Leipsick,  en  1817,  il  y  fit  exécuter  plusieurs 
ouvertures  de  sa  composition  qui  obtinrent  un 
brillant  succès.  Sa  réputalion,  qui  s'étendait 
de  jour  en  jour  en  Allemagne,  lui  procura, 
peu  d'années  après,  le  poste  aussi  honorable 
qu'avantageuxde  maître  de  chapelle  du  prince 
d'Anhalt-Dessau  :  il  en  prit  possession  le 
2  avril  1821 .  Ce  fut  là  surtout  que  les  travaux 
de  Schneider  prirent  une  grande  importance, 
car  dans  les  trente-deux  années  qui  s'écoulè- 
rent depuis  son  entrée  en  fonctions  à  Dessau 
jusqu'à  son  décès,  il  écrivit  quinze  grands  ora- 
torios, deux  messes  avec  orchestre  et  orgue, 
un  gloria  idem,  un  Te  Deum  idem,  dix  can- 
tates, quatre  hymnes,  douze  psaumes,  douze 
chants  religieux  à  quatre  voix,  un  Salve  Re- 
gina  pour  un  chœur  d'hommes,  un  opéra  en 
trois  actes,  sept  grandes  symphonies,  cinq  ou- 
vertures de  fête  et  de  concert,  six  ouvertures 
d'opéras,  trente-cinq  sonates  de  piano,  sixeon- 
cerlos  idem  avec  orchestre,  un  quatuor  idem 
1  avec  violon,  alto  et  violoncelle,  plusieurs  trios 


'49! 


SCHNEIDER 


idem,  onze  rondeaux  idem,  plusieurs  concertos 
pour  clarinette  et  basson  et  symphonies  con- 
certantes pour  ces  instruments,  variations 
pour  clarinette,  cor,  basson  et  piano,  dix  qua- 
tuors pour  des  instruments  à  archet,  environ 
deux  cents  Lieder  pour  voix  seule  et  piano, 
quatre  cents  chants  à  quatre  voix  d'hommes, 
ries  danses  pour  l'orchestre  et  pour  piano  seul 
Le  total  de  ces  œuvres  est  de  deux  cent  qua- 
rante-quatre, non  compris  six  cents  Lieder  et 
chants  à  quatre  voix. 

En  182!),  Schneider  fonda  à  Dessau  une 
école  de  musique  ou  institut  dans  lequel  on 
admettait  des  élèves  pour  l'harmonie,  le  con- 
trepoint et  toutes  les  parties  de  la  composition 
vocale  et  instrumentale,  le  piano,  l'orgue,  le 
violon,  le  violoncelle,  la  clarinette,  le  basson, 
la  flûte  et  le  cor.  De  bons  professeurs  fuient 
attachés  à  celle  institution ,  et  Schneider  se 
chargea  de  l'enseignement  de  l'harmonie,  de 
la  composition  de  la  mélodie,  de  l'instrumen- 
tation et  de  l'application  de  ces  éléments  dans 
les  pièces  de  tout  genre.  Cette  école  subsista 
jusqu'en  1840.  Les  artistes  les  plus  remarqua- 
bles qui  y  furent  formés  sont  A.  Baake, 
G.  FlUgel,  Dttsner,  Thiele,  Gathy,  Markull, 
Stade,  Fr.  Spindler,  Robert  Franz  Willmers, 
Th.  Uhlig,  Saloman,  Lur  et  Anschtitz.  Con- 
sidéré comme  un  des  chefs  de  l'école  alle- 
mande de  l'époque  actuelle,  il  doit  particuliè- 
rement sa  célébrité  à  ses  oratorios,  qui  ont  été 
exécutés  dans  les  grandes  fêtes  musicales  des 
associations  du  Rhin  cl  de  l'Elbe.  Lui-même  a 
été  invité  à  les  diriger  à  Magdebourg,  en  182!), 
à  Nuremberg,  en  1828,  à  Strasbourg,  en  1830, 
et  a  également  dirigé  les  fêles  musicales  de 
Halleen  1830el1835,de  Halbersladt,  en  1833, 
de  Polsdam,  en  1834,  de  Dessau,  en  1835,  de 
Witlcnherg,  en  1838  et  en  1846,  de  Cœthen, 
en  1840,  de  Coblence,  dans  la  même  année, 
de  Hambourg,  en  1841  ,  de  Meissen,  en  1844, 
deZerbst,  en  1847,  et  de  Lubcck,  dans  la  même 
année. 

Les  productions  de  Schneider  sont  aussi  re- 
marquables par  leur  mérite  et  leur  nombre 
que  par  la  variété  de  leur  objet.  Parmi  les 
œuvres  publiées,  on  remarque  :  1°  Messe  à 
quatre  voix  et  orchestre,  op.  55;  Leipsick, 
Wbistling.  2°  Messe  pour  voix  concertantes, 
chœur  et  orgue  ;  Leipsick,  Peters.  3°  Le  vingt- 
quatrième  psaume,  traduit  par  Herder,  à 
quatre  voix  et  orchestre,  op.  72;  Leipsick, 
Ilofmeister.  3°  (bis)  Le  psaume  G7"lc  pour  un 
chœur  d'hommes  avec  accompagnement  d'in- 
struments à  vent,  orgue,  violoncelle  et  contre- 
basse. 3°  (ter)    f'aler  unser  (Pater   nosler) 


pour  un  double  chœur  d'hommes, orchestre  ou 
orgue,  op.  103;  Leipsick,  Rlemm.  4°  Chant 
funèbre  de  Niemeyer,  à  quatre  voix.  5°  Six 
chants  religieux  à  quatre  voix,  sans  accompa- 
gnement ;  Leipsick  ,  Breitkopf  et  Hffirtel. 
6*  Vingt  mélodies  chorales  pour  deux  sopra- 
nos; Leipsick,  Tauchnilz.  7°  Die  Sun&fluth 
(leDéluge),  oratorio,  à  quatre  voix  elorcheslre; 
Bonn,  Simrock.  8°  Dus  Weltgerieht  (le  Juge- 
ment dernier),  oratorio  à  quatre  voix  et  or- 
chestre; Leipsick,  Hofmeister.  9° Dasverlorne 
Parodies  (le  Paradis  perdu),  idem,  op.  75; 
Halberstadt,  Bruggemann.  10°  Pharaon, 
idem,  op.  74;  ibid.  (1).  11°  Cliristus  der 
Meister  (le  Seignenr  Jésus-Christ),  idem. 
12°  Absalon,  idem;  Dessau,  chez  l'auteur. 
1ô°  Christ  us  dasKind(\eChrislenfant),  idem, 
op.  83;  ibid.  14°  Gédéon,  idem,  op.  88; 
ibid.  15°  Gelhsemane  et  Golgolha,  idem, 
op.  96;Zerbst,  Ruminer.  Quatre  oratorios,  à 
savoir  :  Das  befreiete  Jérusalem  (la  Jérusa- 
lem délivrée),  Sulomonis  Tempelbau  (la  Con- 
struction du  temple  de  Salomon),  Bonifacius 
(Saint  Ronil'ace),  et  Christus  der  Erlœser  (le 
Christ  sauveur),  n'ont  pas  été  publiés.  10°  Je- 
hova,  dir  Frohlockt  der  Kœnig,  hymne  à 
huit  voix  pour  un  chœur  d'hommes,  avec  des 
instruments  à  vent,  contrebasse  et  timbales, 
op.  94;  Berlin,  Traulwcin.  17"  Ouverture  à 
grand  orchestre,  op.  11;  Bonn,  Simrock. 
18u  Idem  pour  le  drame  Die  Braut  von  Mes- 
sina  (la  Fiancée  de  Messine),  op.  42;  Leip- 
sick, Pelers.  19°  Ouverture  sur  le  thème:  God 
save  the  King,  op.  45;  ibid.  20°  Ouverture 
tragique  (en  ut  mineur),  op.  45;  Vienne, 
II  islinger.  21°  La  marche  de  Dessau  arrangée 
en  ouverture,  op.  50;  Leipsick,  Pelers.  22°  La 
Chasse,  ouvertures,  op.  6G,  C7;  ibid.  23°  Ou- 
verture de  fête  sur  le  chant  :  Gaudeatnus  igi- 
tur,  op.  84;  Leipsick,  Hofmeister.  24°  Grandes 
polonaises  pour  l'orchestre,  op.  48  ;  Leipsick, 
Pelers.  25"  Concerto  pour  piano, op.  18;Leip- 
sick,  BreilkopTet  Haerlel.  26°  Idem,  op.  22; 
Leipsick,  Peters.  27°  Quatuors  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  24,  54  et  50;  Leip- 
sick, Peters;  Bonn,  Simrock.  28°  Trio  pour 
piano,  clarinette  et  basson,  op.  10;  Leipsick, 
Peters.  29"  Trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  38;  Leipsick,  Hofmeister.  50°  Duos 
pour  piano  et  violon  ou  flûte,  op.  19,  31,  55, 
55,  Cl;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hterlel,  Hof- 
meister,  Pelers;  Bonn,  Simrock.  51°  Sonates 

(I)  T.ion  que  l'oratoire  île  Pharaon  soil  indiqué 
comme  l'œuvre  74,  et  le  Paradis  j'erdn ,  comme 
l'<ru\re  73,  celui-ci  a  été  exécute  à  Magdebourg  en 
1823,  et  l'autre  seulement  en  1828,  a  Nuremberg. 


SCHNEIDER 


49:î 


pour  piano  à  quatre  mains,  op.  2,8,  13,  29; 
ibid.  32°  Polonaises,  marches  et  valses  idem, 
op.  7,  9,  12,  51,  etc.  :  ibid.  33°  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  1,5,  !',.  fi,  14,20,21,26,27, 
30,  37,  40;  ibid.  34"  Rondo  idem,  op.  4; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel.  Une  édition 
complète  des  œuvres  de  Schneider  pour  piano 
a  été  publiée  à  Halhcrsladt,  chez  Brugge- 
mann.  55°  Chants  à  plusieurs  voix,  avec  ou 
sans  accompagnement,  op.  44,  53,  GO,  04,  69, 
el  chants  de  la  Liedertafd  allemande,  pre- 
mier, deuxième  et  troisième  recueils;  Bonn, 
Simrock;  Magdebourg,  Creutz  ;  Berlin,  Traut- 
wein;  Leipsick,  Breilkopf  et  Haertel,  Peters. 
36°  Chants  et  chansons  à  voix  seule,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  op.  16,  24,  28,  etc.; 
ibid.  37°  Solfèges  avec  piano,  op.  57;  Leip- 
sick, Probst.  58°  Exercices  pour  le  chant  (huit 
recueils);  Leipsick,  Tauchnitz.  Schneider  a 
laissé  en  manuscrit  plusieurs  messes ,  des 
symphonies ,  un  opéra  intitulé  :  Jlwins 
Enlzauberung (le Désenchantement  d'AIwin), 
représenté  à  Leipsick,  en  1809,  et  diverses 
autres  compositions  instrumentales  el  vo- 
cales. 

Schneider  s'est  fait  connaître  aussi  comme 
écrivain  didactique  et  comme  théoricien 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Elemenlar- 
buch  der  Harmonie  und  Tonselzkunst 
(Traité  élémentaire  d'harmonie  et  de  compo- 
sition); Leipsick,  Peters,  1820,  in-4°  oblong 
décent  douze  pages;  deuxième  édition  aug- 
mentée; ibid.,  1827,  in-4°  oblong  de  cent 
soixante  el  douze  pages.  Il  y  a  une  traduction 
anglaise  de  cet  ouvrage;  elle  a  pour  titre  : 
Eléments  of  musical  Harmomj  and  compo- 
sition; Londres,  1828,  in-4°.  La  théorie  déve- 
loppée dans  cel  ouvrage  est  basée  sur  le  prin- 
cipe que  l'abbé  Voiler  et  Godefroid  Weber 
avaient  pris  déjà  pour  base  de  leurs  systèmes; 
car  Schneider  admet  comme  naturels  ,  sur 
toutes  les  notes  de  la  gamme,  l'accord  parfait 
et  celui  de  septième.  Selon  lui,  ils  s'y  présen- 
tent, à  l'égard  de  la  nature  de  leurs  inter- 
valles, conformément  à  la  constitution  du  ton 
et  du  mode,  ayant,  en  raison  de  la  note  où  ils 
sont  placés,  la  tierce  on  majeure,  ou  mineure; 
la  quinte,  ou  juste  ou  diminuée  (mineure);  la 
septième,  ou  majeure  ou  mineure.  Suivant 
cette  théorie  encore,  il  en  est  de  même  de  l'ac- 
cord de  neuvième,  et  il  ne  s'agit  plus,  pour 
compléter  la  nomenclature  des  accords,  que 
d'en  altérer  les  divers  intervalles.  On  peut 
voir,  pour  l'analyse  de  celte  théorie,  mon  Es- 
quisse de  l'histoire  de  l' harmonie  (\).  133-130 
el  p.  166).  2"  F'orschule  der  Mttsik  (Principes 


de  musique);  Leipsick,  Tauchnitz,  1827,  in-4° 
oblong  de  quarante  pages.  5°  Handbuch  des 
Organisten  (Manuel  des  organistes);  Halber- 
stadt,  Brtiggemann,  1829-1830,  quatre  parties 
in-4°  oblong.  La  première  partie  contient  un 
traité  élémentaire  de  composition;  la  seconde, 
l'école  d'orgue;  la  troisième,  le  livre  choral  ; 
la  dernière,  l'école  d'orgue  supérieure,  con- 
tenant quarante-huit  trios  à  trois  claviers.  Cet 
ouvrage  est  un  des  plus  importants  en  son 
genre.  On  a  du  même  artiste  un  article  sur  le 
cor  à  pistons  perfectionné  par  Slœlzel,  dans  la 
Gazette  musicale  de  Leipsick  (tome  XIX, 
page  814).  Schneider  était  docteur  en  musique, 
membre  de  l'Académie  royale  des  arts  de 
Berlin,  de  l'Académie  de  musique  de  Stock- 
holm, de  la  Société  scientifique  de  la  Lusace 
supérieure,  de  la  Société  des  Amis  de  la  mu- 
sique desEtals  de  l'Autriche,  et  des  associations 
musicales  de  la  Suisse  et  de  l'Alsace,  de  la  so- 
ciété de  Rotterdam  pour  l'encouragement  de 
la  musique,  etc.  Ce  digne  artiste  est  mort  à 
Dessau,  le  23  novembre  1853,  à  l'âge  de 
soixante-onze  ans  et  quelques  mois.  Il  était 
décoré  de  plusieurs  ordres.  M.  Frédéric  Rcmpe, 
élève  et  ami  de  ce  maître,  a  publié  un  volume 
intitulé  :  Fridrich  Schneider  als  Mensch  und 
Kiinstkr.  Ein  Lebensbild  nach  Original- 
Mitlheilungen  ,  original.  Briefen  und 
Urtheilen  namhalfler  Kunstrichter  bear- 
beilet  (Frédéric  Schnieder  comme  homme  et 
comme  artiste;  tableau  de  sa  vie  d'après  des 
documents  originaux,  la  correspondance  auto- 
graphe, etc.);  Dessau,  H.  Neubttrger,  1859, 
un  volume  gr.  in-8°  de  xvi  et  quatre  cent 
quatre-vingt-trois  pages,  avec  un  beau  portrait 
de  Schneider,  deux  lithographies,  fac-similé, 
el  un  grand  nombre  de  fragments  de  mu- 
sique. 

SCHNEIDER  (Jean-Gottlob),  frère  du 
précédent,  fut  un  des  meilleurs  organistes  al- 
lemands du  dix-neuvième  siècle.  Il  est  né  au 
Vieux  Gersdorf,  le  28  octobre  1789.  A  l'âge  de 
cinq  ans  il  commença  l'étude  de  la  musique 
sous  la  direction  de  son  père,  el  apprit  à  jouer 
du  clavecin,  de  l'orgue,  du  violon  et  de  plu- 
sieurs instruments  à  vent.  Plus  lard  il  perfec 
tionna  son  talent,  sous  la  direction  de  l'orga- 
niste Unger,  de  Zitlau.  Il  eut  quelque  temps 
l'intention  de  se  livrer  à  l'élude  du  droit,  mais 
il  changea  de  résolution,  et  se  décida  à  cultiver 
exclusivement  la  musique.  En  1811,  il  obtint 
la  place  d'organiste  à  l'église  de  l'université 
de  Leipsick  :  dans  la  même  année  on  le  nomma 
professeur  de  chant  à  l'école  libre  du  Sénat. 
C'est  depuis  celle  époque  que  l'orgue  est  de- 


49-1 


SCHNEIDER 


venu  son  instrument  de  prédilection,  et  qu'il 
y  a  acquis  un  (aient  de  premier  ordre.  En 
181G  et  1817,  il  donna  des  concerts  d'orgue 
à  Gœrlilz,  à  Dresde  et  à  Zitlau.  Trois  ans 
après,  il  organisa,  avec  son  collègue  Bltther, 
la  première  grande  fêle  musicale  dans  l'église 
de  Saint-Nicolas  :  on  y  exécuta  la  Création, 
de  Haydn;  Schneider  la  dirigea  et  chanta 
la  partie  d'Uriel.  Dans  la  même  année  il 
donna  aussi  des  concerls  d'orgue  à  Zittau, 
Freyherg,  Chemnitz,  Géra,  Allenbourg,  Leip- 
sick,  Weimar,  Gotha  et  Dresde.  En  1825,  il 
donna  aussi  un  concert  d'orgue  à  Dessau,  et 
accompagna  son  frère  à  la  fête  musicale  de 
l'Elhe  qui  se  donnait  à  TVIagdebourg;  il  y  joua 
de  l'orgue  avec  sa  supériorité  accoutumée.  Dans 
cette  même  année  il  reçut  sa  nomination 
d'organiste  de  la  cour  de  Dresde.  A  son  départ 
de  Gœrlitz,  les  membres  de  la  société  de  chant 
lui  présentèrent  en  souvenir  une  bague  en 
brillanls  et  un  va«e  d'argent.  Depuis  cette 
époque,  Schneider  n'a  plus  quitté  Dresde,  où 
son  talent  sur  l'orgue  excitait  l'admiration 
générale.  Il  n'a  publié  qu'un  petit  nombre  de 
ses  ouvrages;  je  ne  connais  que  ceux-ci  : 
1°  Fantaisie  et  fugue  pour  l'orgue,  op.  1  ;  Leip- 
sick,  Breilkopf  et  Haerlel.  2°  Chants  religieux 
pour  trois  soprani,  ou  deux  ténors  et  basse 
avec  orgue  obligé,  op.  2;  ibid.  3°  Fantaisie  et 
fugue  pour  l'orgue,  op.  3  (en  ré  mineur) ibid. 
4°  Douze  pièces  d'orgue  faciles  à  l'usage  du 
service  divin,  op.  4;  Meissen,  Kleinknecht. 
5°  Trois  chœurs  religieux  à  quatre  voix  avec 
orgue  obligé,  op.  5,  première  suite;  Leipsick, 
Kislner.  fi"  Trois  idem, op.  G,  deuxième  suite; 
ibid.  J.  G.  Schneider  est  mort  à  Dresde,  le 
13  avril  18(Î4. 

SCHNEIDER  (Jean-Gottlieb  ou  Théo- 
phile, le  plus  jeune  des  frères  de  celle  famille 
d'artistes  distingués,  est  hé  au  Vieux  Gers- 
dorf,  le  12  juillet  (ou,  suivant  d'autres  rensei- 
gnements, le  19  du  même  mois)  1797.  Après 
avoir  appris  la  musique  dans  la  maison  pater- 
nelle, il  entra  au  gymnase  de  Zitlau,  à  l'âge 
de  dix  ans.  Par  les  leçons  de  chant  qu'il 
y  reçut  de  Schœnfeldcr,  et  par  celles  que 
Unger  lui  donna  sur  l'orgue  ,  il  devint 
musicien  instruit  el  organiste  habile.  Sorti 
de  ce  collège,  il  se  rendit  à  l'université 
de  Leipsick,  dont  il  ne  suivit  les  cours  que 
pendant  un  an  Pendant  les  deux  années  sui- 
vantes, il  vécut  à  Baulzen,  en  donnant  des 
leçons  de  musique  et  de  piano;  mais  bientôt 
connu  par  son  talent,  il  reçut  sa  nomination 
d'organiste  à  Sorau,dans  la  Lusace  inférieure, 
au  mois  de  novembre  1817.   Après  un  séjour 


de  huit  anuéas  dans  ce  lieu,  la  place  d'orga- 
ganisle  à  l'église  de  la  Croix  de  Hirschberg  lui 
fut  offerte  au  mois  d'octobre,  et  depuis  lors 
il  vécut  dans  cette  position.  Dans  un  concert 
qu'il  donna  à  Leipsick,  le  1G  juin  1835,  en 
présence  de  son  vieux  père,  il  fit  admirer 
son  talent  dans  l'art  de  traiter  la  fugue,  et 
particulièrement  son  habileté  sur  la  pédale. 
Schneider  a  publié  à  Breslau  des  variations 
pour  le  piano  ;  il  avait  en  manuscrit  plusieurs 
suites  de  pièces  du  même  genre,  des  sonates 
de  piano,  des  préludes  d'orgue,  un  Kyrie  et 
un  Gloria.  Gottlieb  Schneider  est  mort  à 
Hirschberg,  le  4  août  1856. 

SCHNEIDER  (le  docteur  Pierre  Joseph), 
médecin  à  Poppelsdorf,  près  de  Bonn,  né  vers 
1795,  a  vécu  quelque  temps  à  Bruxelles,  puis 
est  retourné  en  Allemagne,  en  1835.  Au  nom- 
bre de  ses  ouvrages,  on  remarque  ceux  qui  ont 
pour  titre  :  1°  Biblischyeschichtliche  Darstel- 
lung  der  hebraïschen  Musik  (Exposition  his- 
torique et  biblique  de  la  musique  hébraïque); 
Bonn,  Dunst,  1837,  in-8°.  2°  System  einer 
medic>nischenMusik(Sysième  d'une  musique 
médicale);  ibid.,  deux  volumes  in-8°.  Le  doc- 
leur  Schneider  est  mort  à  Bonn,  au  mois  de 
septembre  1837. 

SCHNEIDER  (Charles-Adam  DE),  gui- 
tariste à  Munich,  a  publié  une  méthode  pour 
son  instrument,  intitulée  Guilarschule,  Mu- 
nich, Falter.  On  a  aussi  de  sa  composition 
neuf  recueils  de  chants  et  chansons  avec  ac- 
compagnement de  piano  ou  de  guitare  (ibid). 

SCHNEIDER  (Jean-Jules),  fils  de  Jean 
Schneider,  fabricant  de  pianos  à  Berlin  (1),  est 
né  dans  cette  ville,  le  6  juillet  1805.  A  l'âge  de 
sept  ans,  il  commença  l'étude  de  la  musique, 
sons  la  direction  de  A.  -W.  Guillaume  Bach  :  plus 
tard  il  devint  élève  de  Tllrschmidt.  Après  avoir 
fini  ses  études  de  collège,  il  reçut  des  leçons  de 
piano  de  L.  Berger  :  Bernard  Klein  lui  en- 
seigna la  composition,  et  llansinann  fut  son 
professeurd'oigue.En  1829, il  fut  choisi  pourdi- 
riger  la  société  de  chant  de  Berlin  Liederverein 
et  composa  pour  celte  société  plus  de  cent 
soixante  chœurs  pour  six  voix  d'hommes.  De 
1844  jusqu'en  1847,  il  dirigea  la  société  de 
musique  classique  de  Potsdam.  En  1845,  il 
reçut  la  décoration  de  l'Aigle  rouge  de  Prusse 
(quatrième  classe),  cl  l'Académie  royale  des 
beaux-arts  de  Berlin  l'admit  au  nombre  de  ses 
membres  en   1849.  En  1854,  il  reçut  sa  no- 

(I)  M.  Ilfmsilorf  fait  de  Jules  Schneider  un  fils  du 
moitreda  chapelle  Schneider.  (Xtues  l'nivertal-Lexikon 
</ei-  Toulutnsl,  I  III,  p.  48(j)  ;  M.  De  l.edebur,  (|uej« 
suis  Ici,  est  mieux  informé. 


SCHNEIDER  —  SCHNELL 


49« 


mination  de  professeur  de  chanl  à  l'Institut 
royal  pour  la  musique  d'église,  et  trois  ans 
après  il  eut  le  titre  de  directeur  général  des 
sociétés  provinciales  de  chant  de  Berlin, 
Crethen,  Dcssau,  Halle,  Magdcbourg  et  Zerbst. 
Il  est  aussi  directeur  de  musique,  organiste 
et  Canlor  de  l'église  Friedrichs-Werderschen. 
Cet  artiste  a  composé  la  musique  de  plu- 
sieurs grandes  cantates  avec  orchestre,  de 
quelques  psaumes  et  motets,  et  de  l'oratorio 
Luther,  en  trois  parties, qui  fut  exécuté  à 
Berlin,  le  18  octobre  1854.  On  a  aussi 
de  lui  un  grand  nombre  de  Lieder  à  voix 
seule  avec  piano  et  de  chants  pour  des  voix 
d'hommes,  publiés  à  Berlin.  Ses  compositions 
instrumentales  consistent  en  trois  nocturnes 
pour  piano,  op.  1  ;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Ilaertel;  six  sonatines  idem,  à  l'usage  des 
élèves  avancés,  op. 7;  Ilalberstadt,  Brugge- 
mann,  et  quarante-quatre  études  pour  la  pé- 
dale de  l'orgue,  op.  48  ;  Erfurt,  Roerner. 

SCHNEIDER  (Louis),  conseiller  de  cour 
et  lecteur  du  roi  de  Prusse  Frédéric-Guil- 
laume IV,  né  à  Berlin,  le  20  avril  1805,  est  le 
dernier  fils  de  Georges-Abraham  Schneider 
(voyez  ce  nom).  Après  avoir  commencé  à  Reval, 
en  1814,  sa  carrière  d'acteur  comme  enfant, 
il  parut  sur  plusieurs  théâtres  de  la  province. 
En  1827,  il  fut  admis  au  théâtre  royal  de 
Berlin  comme  chanteur  dans  les  opéras-comi- 
ques et  dans  les  vaudevilles.  Dans  les  derniers 
temps,  il  fut  régisseur  du  théâtre  royal  pour 
l'opéra.  Il  s'est  retiré  de  la  scène  en  1848  : 
c'est  alors  qu'il  a  obtenu  du  roi  les  titres  et  la 
position  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  Il  est  dé- 
coré de  plusieurs  ordres.  Cet  artiste  est  auteur 
d'une  histoire  de  l'Opéra  de  Berlin  qui  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Geschichte  der  Operund 
des  Kœniglichen  Opcrhauses  in  Berlin  ; 
Berlin,  Duncker  et  Humblot,  1852,  gr.  in  8°. 
On  a  aussi  de  sa  composition  des  Lieder  avec 
accompagnement  de  piano  et  des  danses  pour 
cet  instrument. 

SCHNEIDER  (le  docteur  Charles-Er- 
nest), professeur  d'esthétique  et  de  littérature 
allemande  à  l'Institut  de  Dresde,  est  né  en 
Saxe  et  a  fait  ses  études  supérieures  à  l'uni- 
versité de  Leipsick,  où  le  doctorat  lui  a  été  dé- 
cerné. Il  est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Vas  mnsikalische  Lied  in  geschichtlicher 
Entwickeluny  (Le  chant  musical  dans  son  dé- 
veloppement historique)  ;  Leipsick,  Breilkopf 
et  Haertel,  1863,  deux  parties,  gr.  in-8°. 

SCHNEITZIIOEFFER  (  Jean  -  Made- 
leine), fils  d'un  haulboïslede  l'Opéra  de  Paris, 
est  né  dans  cette  ville,  en  1785.  Admis  au 


Conservatoire  comme  élève,   il   y  a   fait  ses 
études  et  a   reçu  des  leçons  de   Catel  pour 
l'harmonie  et  la   composition.   Doué   d'heu- 
reuses dispositions,  il  montra  du  talent  dans 
quelques  compositions  instrumentales,  parti- 
culièrement dans  des  ouvertures  qu'il  fit  exé- 
cuter dans  les  concerts,  et  fit  croire  à  ses  amis 
qu'il  était  destiné  à  prendre  un  rang  hono- 
rable parmi  les  compositeurs.  Une  symphonie 
de  sa  composition  fut  aussi  exécutée  au  Concert 
de  la  rue  de  Grenelle,  et  y  fut  bien  accueillie 
par  les  amateurs.  Malheureusement,  ami  du 
plaisir,  il  ne  sut  pas   donner  une  direction 
assez  sérieuse  à   ses  facultés,  et  ses  ouvrages 
se  succédèrent  à  de  si  longs  intervalles,  qu'il 
ne  sut  pas  se  faire  connaître  du  public  pour 
ce  qu'il  valait.  Les  artistes  seuls  savaient  la 
portée    de     son     talent.     Devenu     timbalier 
de  l'Opéra  et  de  la  chapelle  du  roi,  en  1815, 
il  quitta  cet  emploi,  en  1823,  pour  succédera 
Adrien  (voyez  ce  nom)  comme  chef  du  chant 
au  même  théâtre.  En  1833,  il  a  été  nommé  pro- 
fesseur à  l'école  de  chœurs  au  Conservatoire. 
Son   premier  ouvrage  pour  le  théâtre  est  la 
musique  de  Proserpine,  ballet  en  trois  actes, 
joué  à  l'Opéra  avec  succès  en  1818.  Il  fut  suivi 
de  Claire  et  Melctal,  ballet  en  deux  actes,  re- 
marquable par  l'élégance  et  la  fraîcheur  des 
idées.  Après  un  repos  de  six  années,  Schneitz- 
hœffer  a  écrit  une  musique  charmante  pour 
Zémire  et  Azor,  ballet  en  trois  actes,  joué  à 
l'Opéra,  le  20  octobre  1824.  Son  ballet  en  trois 
actes  des  Filets  de  Vulcain,  joué  en  1826,  a 
été  considéré  aussi  comme  une  belle  composi- 
tion en  son  genre.  Il  a  fait,  en  1827,  une  ou- 
verture et  des  airs  de  danse  pour  un  ballet  en 
un    acte    intitulé   le  Sicilien,  ou    l'Amour 
peintre.   Le    dernier   ouvrage  de   cet  artiste 
est  la  musique  de  la  Sylphide,  ballet  composé 
pour  mademoiselle  Taglioni,  son  meilleur  ou- 
vrage, joué  avec  un  brillant  succès,  au  mois 
de  mars  1832.  Il  a  écrit  aussi  une  partie  de  la 
musique  de  Sardanapule,  grand  opéra  dont 
il  n'a  point  achevé  la  partition,  et  qui  n'a 
point   été   représenté.    Dans   la  jeunesse  de 
Schneitzhœfler,  les  mystifications  étaient  à  la 
mode;  il  en  imagina  de  très -bouffon  nés.  Plus 
lard,  il  regretta  le  temps  qu'il  y  avait  perdu, 
et  ce  retour  sur  lui-même   lui  inspira    une 
tristesse  habituelle.  En  1850,  des  infirmités 
devenues  chaque  jour  plus  pénibles  l'obligè- 
rent à  se  retirer  de  l'enseignement  du  Conser- 
vatoire. Il  mourut  au  mois  de  septembre  1852. 
SCHIMELL  (Jeanj,  compositeur  allemand, 
né  vraisemblablement  dans  le  Wurtemberg, 
au  commencement  du  dix-huilième  siècle,  a 


490 


SCHNELL  -  SCHNYDER  DE  WARTEXSÉE 


fait  imprimer  à  Augsbourg  les  ouvrages  sui- 
vants de  sa  composition:  1°  Concerta  com- 
mode tractabilia,  symphonies  à  cinq  parties, 
1731,  in  fol.  2°  GParthias  trisonas,  trios  pour 
violon,  flûte  et  basse,  1731,  in-fol.  5°  G  So- 
tiatas  trisonas  a  diversis  inslrumentis  con- 
certantibus,  op.  4.  4°  Six  trios  pour  viole 
d'amour,  flûte  et  basse,  op.  5;  ibid.  5°  Six 
trios  pour  violon,  flûte  et  basse,  op.  7;  ibid. 

SCHNELL  (Jean-Jacques),  facteur  d'in- 
struments, né  en  1740  à  Vaihingen,  dans  le 
"Wurtemberg,  était  destiné  à  la  profession  de 
menuisier;  mais  après  avoir  achevé  son  ap- 
prentissage, il  entra,  en  1760,  chez  Geissinger, 
facteur  à  Rothenbourg,  puis  travailla  dans  les 
ateliers  de  plusieurs  fadeurs  d'instruments, 
et  en  dernier  lieu  chez  Van  Dilken,  en  Hol- 
lande, où  il  resta  six  années.  En  1777,  il 
s'établit  à  Paris  et  s'y  livra  à  la  facture  des 
clavecins.  Il  y  obtint  le  titre  de  fadeur  de  la 
comtesse  d'Artois,  et  inventa  VAnémocorde, 
instrument  alors  d'un  genre  absolument  nou- 
veau, dans  lequel  les  touches  du  clavier  ou- 
vraient des  soupapes  qui  donnaient  passage  au 
vent  d'une  soufflerie  pour  faire  résonner  les 
cordes.  La  cour  lui  accorda  de  grandes  récom- 
penses pour  cette  invention  qui  excita  l'admi- 
ration générale.  Les  troubles  de  la  révolution 
l'empêchèrent  de  recueillir  les  fruits  de  ses 
travaux,  et  l'obligèrent  à  se  retirer  à  Louis- 
bourg,  où  il  établit  une  fabrique  de  pianos.  En 
1799,  il  fil  entendre  avec  succès  son  Anémo- 
corde  à  Vienne  :  il  le  vendit,  en  1803,  au 
physicien  Robertson,  qui  le  transporta  à 
Londres. 

SCIIMTRER  (Arp),  facteur  d'orgues,  à 
Hambourg,  né  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  est  mort  dans  cette  ville  en  1720.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  1°  L'orgue  de 
Saint  Nicolas,  à  Hambourg,  construit  en  1686. 
2°  Celui  de  la  cathédrale  de  Brème,  composé 
de  quarante-deux  jeux,  trois  claviers  à  la  main 
et  pédales.  3°  Celui  de  Saint-Élienne,  à  Brème. 
4°  Celui  de  Saint-Jacques,  à  Hambourg,  com- 
posé de  trente  jeux.  5°  Celui  de  Sainte-Ger- 
trude,  dans. la  même  ville,  en  1700,  de  vingt 
jeux.  6°  Celui  de  Saint-Jean,  à  Magdebourg, 
de  soixante-deux  jeux,  trois  claviers  et  pé- 
dales. 7°  Celui  de  Saint-Nicolas,  à  Berlin,  en 
1708.  8°  Celui  de  Sainte-Marie,  à  Francfort- 
sur  l'Oder,  de  quarante-cinq  jeux,  trois  cla- 
viers et  pédales,  en  17115. 

SCHIMTIiEU  (François-Gaspard),  se- 
cond fils  du  précédent,  né  à  Hambourg,  eut 
une  grande  pari  dans  les  travaux  de  son  père. 
Après  la  mort  de  celui-ci,  il  se  relira  à  Zwoll, 


en  Hollande,  et  s'y  associa  avec  son  frère  aîné 
pour  la  construction  des  orgues.  Il  mourut  en 
1729,  dans  cette  ville.  Ses  meilleurs  instru- 
ments sont  :  1°  Le  grand  orgue  de  Saint-Mi- 
chel, à  Zwoll,  exécuté  en  1721,  et  composé  de 
soixante-trois  jeux,  quatre  claviers  cl  pédales. 
2°  Le  grand  orgue  d'Alkmaar,  composé  de 
cinquante-six  jeux,el  terminé  en  1723. 

SCILMTZER  (Sigismond),  célèbre  fac- 
teur d'instruments  à  vent,  brillait  à  Nurem- 
berg, vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  mou 
rul  dans  celte  ville,  le  5  décembre  1578.  Il 
était  particulièrement  renommé  pour  la  fac- 
ture des  bassons,  cromornes  et  hautbois. 

SCHIMTZER  (François),  bénédictin  ba- 
varois, naquit  à  Wurzach,  en  1740,  et  fit  ses 
vœux  au  couvent  d'Oltobeuern,  en  1759.  Il  y 
mourut  en  1785.  Grand  organiste  et  composi- 
letirdistingué,  il  a  laissé  en  manuscrit  dix-huit 
opéras  composés  pour  des  collèges,  six  can- 
tates pour  des  jours  de  fêtes,  quatre  messes  en 
contrepoint  sur  le  plain  chant,  \\n  Aima  re- 
demptoris  avec  cor  obligé,  et  quelques  autres 
morceaux. 

SCÏINITZRI  (Grégoire),  compositeur  de 
musique  d'église,  né  à  Dantzick,  vers  1570,  a 
publié  les  ouvrages  suivants  de  sa  composi- 
tion :  1°  Cantiones  sacrx  5,  5,  6-12  voc .  : 
Dantzick,  1607,  in -4".  2°  Missa  super  Deus 
noster  refugium  5  vocitin  et  Magnificat  6  vo- 
cum  ;  ibid.,  1607,  in-4°. 

SClINOttR  (Henri-Théodore-Louis).,  lit- 
térateur et  amateur  de  musique,  fut  d'abord 
secrétaire  du  prince  de  Saxe  Cobourg;  puis  il 
s'élablit  à  Hambourg,  en  1796,  et  en  dernier 
lieu  à  Alloua.  Il  a  publié,  à  Hambourg,  neuf 
cahiers  de  chansons  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano. 

SCHNYDER  DE  WARTENSÉE  (Xa- 
vier), professeur  de  composition  et  écrivain 
sur  la  musique,  est  né,  en  1786,  à  Lucerne, 
d'une  famille  noble.  Destiné  à  devenir  un  des 
membres  de  l'administration  de  son  pays,  ses 
éludes  furent  dirigées  dans  ce  but;  mais  la  ré- 
volution de  1789  ayant  changé  sa  condition,  il 
put  se  livrer  à  son  goût  par  la  musique.  Il 
l'apprit  presque  sans  maître,  et  se  livra  seul  à 
l'étude  du  piano,  du  violon,  du  violoncelle  et 
de  la  contrebasse.  Guidé  par  son  instinct  et 
sans  aucune  instruction  dans  l'harmonie,  il 
fit  ses  premiers  essais  dans  la  composition 
de  quelques  morceaux  de  musique  vocale. 
Le  désir  de  se  former  dans  l'art  d'écrire  le 
conduisit  à  Zurich,  en  1810,  et  l'année  sui- 
vante, à  Vienne,  dans  l'espoir  d'obtenir  des 
leçons  de  Beethoven.  Mais   l'illustre  maître 


SCHNYDER  DE  WARTENSÉE  -  SCHOBERLECHNER 


497 


était  riiommc  le  moins  propre  à  former  des 
élèves  à  celte  époque  de  sa  vie  où  sa  surdité 
était  déjà  complète  et  sa  vie  toute  solitaire. 
M.  Schnyder  fut  obligé  de  se  confier  aux  soins 
de  Kienlen,  artiste  de  talent  et  bon  maître, 
qui  lui  (it  faire  de  rapides  progrès.  En  1814, 
l'élève  suivit  le  maître  à  Bade,  près  de  Vienne; 
mais  un  incendie,  qui  réduisit  en  cendres  la 
plus  grande  partie  de  celte  petite  ville,  et  son 
propre  logement,  l'obligea  à  s'éloigner.  Tl  re- 
tourna en  Suisse,  servit  comme  volontaire 
dans  la  campagne  de  1815  contre  la  France, 
puis  fut  nommé  professeur  à  l'Institut  de  Pes- 
lalozzi,  à  Yverdun.  En  1817,  il  quitta  cette 
école  pour  se  fixer  à  Francfort,  où  il  a  demeuré 
depuis  ce  temps,  se  livrant  à  renseignement 
de  la  théorie  de  la  musique,  à  la  composition 
et  à  la  littérature.  J'ai  connu  cet  homme  ex- 
cellent en  1838,  et  .j'ai  trouvé  en  lui  autant  de 
bienveillance  et  d'aménité  que  de  savoir  et 
d'enthousiasme  pour  l'art. 

Les  ouvrages  de  M.  Schnyder  de  Wartensée 
se  distinguent  par  l'originalité  des  idées  et  par 
une  grande  pureté  de  style.  Voici  la  liste  de 
ceux  qui  me  sont  connus  :  1°  For/unat  mit 
den  Sœcfiel  und  IFunschïttsein  (Le  tabouret 
et  le  chapeau  magique  de  Forlunatus),  opéra 
féerique,  jouée  en  1829.  2°  Zeit  und  Eivig- 
heit  (Le  temps  et  l'éternité),  oratorio  pour  voix 
d'hommes,  exécuté  à  Francfort,  en  1838.  3°  Le 
Tombeau ,  chant  à  quatre  voix  avec  piano  ad 
libitum;  lunch,  Hug.  4°  La  Paix,  chanta 
quatre  voix,  avec  accompagnement  de  piano  et 
clarinette;  Bonn,  Si  m  rock.  5°  Les  quatre 
Tempéraments,  chant  comique  pour  quatre 
voix  et  piano;  ibid.  6°  Les  Charmes  de  la  dou- 
leur, quatuor  sentimental  à  quatre  voix. 
7°  Cantate  à  l'occasion  du  soixante-treizième 
anniversaire  de  la  naissance  de  Pestalozzi, 
1818.  8°  Six  chants  à  quatre  voix  sur  des 
poèmes  de  Gœlhe,  pour  la  Liederkranz  de 
Francfort;  Leipsick,  Hofmeister.  9°  Douze 
chansons  suisses  pour  des  chœurs  d'hommes  ; 
Zurich,  Orell,  Fuessli  et  Cc.  10J  Geistliche 
Lieder  (Chant  religieux,  par  Novalis),  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano;  Offen- 
bach,  André.  11°  Plusieurs  chansons  alle- 
mandes détachées.  12°  Grande  sonate  (en  ut) 
pour  piano;  Bonn,  Simrock.  15°  Symphonie 
pour  l'orchestre,  exécutée  à  Francfort,  en 
1839.  13"  {pis)  Souvenir  à  Haydn,  deuxième 
symphonie  exécutée  au  festival  de  Lucerne,  en 
1841,  sous  la  direction  de  l'auteur.  14°  Douze 
chants  suisses  à  quatre  voix  d'hommes.  15°  Huit 
chœurs  pour  des  voix  d'hommes;  Friedberg, 
Bindernagel.  Comme  écrivain  sur  la  musique, 

BI0GR.   UNIT.    DES  MUSICIENS.    —  T.    VII. 


Schnyder  deWarlensée  s'est  fait  connaître  par 
de  bons  articles  insérés  dans  la  Cxcilia  et 
dans  la  Gazelle  universelle  de  musique  pu- 
bliée à  Leipsick. 

SCIIOBERLECIUNEU  (François),  com- 
positeur, né  à  Vienne,  le  21  juillet  1797,  ext 
fils  d'un  marchand  de  cette  ville,  qui  était 
amateur  de  musique  et  bon  violoniste.  A  l'âge 
de  six  ans,  il  commença  l'étude  du  piano,  sous 
la  direction  d'un  maître  obscur,  nommé  Grli- 
ner,  puis  il  devint  élève  de  Hummel  qui  lui 
donna  des  leçons  pendant  deux  ans.  Ses  pro- 
grès furent  si  rapides,  que  dans  sa  dixième 
année  il  put  se  faire  entendre  avec  succès  en 
public,  dans  le  deuxième  concerto  (en  ut)  que 
Hummel  écrivit  pour  lui.  Ce  compositeur  cé- 
lèbre, alors  maître  de  chapelle  du  prince  Ester- 
hazy,  emmena  le  jeune  Schoberlechner  à 
Eisensladt  (en  Hongrie),  pour  le  faire  entendre 
au  prince,  comme  un  prodige.  Charmé  de  son 
habileté  précoce,  le  prince  le  prit  sous  sa  pro- 
tection, et  l'envoya  chez  Fœrster,  bon  maître 
de  Vienne,  qui  lui  enseigna  l'harmonie  et  la 
composition.  En  1814,  Schoberlechner  partit 
pour  Greetz,  d'où  il  se  rendit  à  Triesle,  puis  à 
Florence,  donnant  partout  des  concerts  et  des 
leçons.  Arrivé  dans  cette  dernière  ville,  il  y 
écrivit  un  Requiem,  qu'il  dédia  augrand-duede 
Toscane;  puis  il  composa  l'opéra  bouffe  L Tir- 
tuosi  teatrali,  qui  fut  représenté  pour  la  pre- 
mière fois  au  bénéfice  du  bouffe  Pacini.  L'an- 
née suivante,  la  duchesse  de  Lurques  l'appela 
à  sa  cour,  en  qualité  de  maître  de  chapelle,  et 
lui  fit  composer  Gli  Arabi  nelle  Gallie,  opéra 
semi-seria  qui  fut  accueilli  avec  faveur.  De  re- 
tour à  Vienne,  en  1820,  Schoberlechner  s'y 
livra  à  l'enseignement  du  piano,  y  publia  ses 
premières  compositions  instrumentales,  et 
écrivit  le  petit  opéra  allemand  le  Jeune  Oncle, 
qui  reçut  un  bon  accueil  du  public. 

En  1823,  Schoberlechner  entreprit  son  pre- 
mier voyage  en  Bussie,  donnant  des  concerts 
dans  les  principales  villes  qui  se  trouvaient 
sur  sa  route.  Arrivé  à  Pétersbourg,  il  y  donna 
pendant  la  semaine  de  Pâques  un  concert  qui 
le  fit  connaître  avantageusement  et  lui  pro- 
cura une  somme  considérable.  Il  y  fil  la  con- 
naissance de  la  fille  du  chanteur  Dall'Occa,  et 
l'épousa  le  8  mai  1824.  Peu  de  temps  après,  il 
retourna  en  Allemagne  avec  sa  femme,  puis 
ils  se  rendirent  en  Italie,  et  s'y  firent  entendre 
dans  les  concerts.  En  1827,  madame  Schober- 
lechner retourna  avec  son  mari  à  Pétershourg 
pour  revoir  sa  famille,  et  débuta  avec  tant  de 
succès  au  Théâlre-Ilalien,  qu'elle  fut  engagée 
pour  trois  ans,  avec  des  appointements  de 

32 


49S 


SCHOBERLECHNER  —  SCHUBERT 


vingt  mille  roubles.  Pendant  ce  temps,  Scho- 
berlechner continua  d'éeric  de  la  musique  et 
de  donner  des  leçons  de  piano.  Il  fit  aussi  re- 
présenter, au  Théâtre-Impérial,  Il  Barone  di 
Dolzheim,  qu'il  avait  écrit  pour  sa  femme. 
Après  trois  années  de  séjour  dans  la  capitale 
de  la  Russie,  les  doux  époux  retournèrent  à 
Vienne;  mais  ils  n'y  firent  qu'un  séjour  fort 
court,  parce  qu'ils  avaient  résolu  de  se  rendre 
en  Italie.  Arrivée  à  Bologne,  madame  Scho- 
berlechner y  clianta  pendant  l'automne  de 
1831,  et  le  succès  qu'elle  y  obtint  fixa  les  deux 
époux  en  Italie  jusqu'au  printemps  de  1833. 
Ils  retournèrent  ensuite  à  Vienne,  puis  entre- 
prirent un  nouveau  voyage  à  Pétersbourg,  où 
ils  donnèrent  un  concert  dont  le  produit 
s'éleva  à  dix  mille  roubles.  De  retour  en  Italie 
dans  l'année  1834,  madame  Scboberleclmer  y 
brilla  Sur  les  principaux  théâtres  jusqu'en 
1841.  Détourné  de  sa  carrière  par  l'agitation 
ou  le  plaçait  l'existence  théâtrale  de  sa  l'emme, 
Schoberlechner  parait  n'avoir  produit  qu'un 
petit  nombre  d'ouvrages  pendant  ce  temps.  Il 
se  retira  ensuite  dans  une  maison  de  cam- 
pagne qu'il  avait  achetée  près  de  Florence,  en 
1831.  En  1839,  il  donna,  à  Milan,  Rossant, 
opéra  semi-seria.  Ayant  l'ait  plus  tard  un 
voyage  en  Allemagne,  il  mourut  à  Berlin,  le 
7  janvier  1843. 

Les  principales  productions  gravées  de 
Schoherlechner  sont  :  1°  Thèmes  variés  pour 
piano  et  orchestre,  op.  46;  Vienne,  Leides- 
dorf  ;  op.  47,  Vienne,  Artaria.  2°  Variations 
pour  piano  et  quatuor  sur  un  thème  de  La 
Sonnnnbula  de  Bellini;  Milan,  Ricordi. 
3°  Grand  trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle; 
Florence,  Cipriani.  4°  Grande  sonate  pour 
piano  et  flûte  ou  violon;  ibid.  5°  Rondeau 
brillant  pour  piano  à  quatre  mains  (en  mi  mi- 
neur); Vienne,  Pennauer.  G0  Ouverture  idem, 
op.  37;  Leipsick,  Ilofmeister.  7°  Sonate  pour 
piano  seul,  op.  25  ;  Leipsick,  Probst.  8"  Sonate 
mélancolique,  op.  45;  Vienne,  Leidesdorf. 
!)"  Rondeaux  pour  piano  seul,  op.  2,  31,  30, 
39,  etc.;  Vienne,  Mechetli,  Artaria;  Leip- 
sick, Probst;  Florence,  Cipriani.  10°  Fantai- 
sies idem  sur  un  thème  de  Meyerbecr;  Flo- 
rence, Cipriani;  idem  sur  un  thème  original  : 
ibid.  1 1°  Variations  pour  piano  seul,  op.  3, 
4,8,  30,  32,  38,  40,  42,  45,  48,  50,  51,  52, 
55;  Milan,  Vienne,  Florence,  Naplcs. 
12°  Valses  idem,  op.  35;  Vienne,  Diabclli. 

SCnOBERLECHINEIt  (Sophie),  femme 
•lu  précédent,  est  née  à  Pétersbourg,  en  1807. 
Son  père,  professeur  de  chant  italien,  fil 
son  éducation  vocale  et  développa  les  avan- 


tages de  la  belle  voix  qu'elle  avait  reçue  de  la 
nature.  Mariée  au  pianiste  Schoberlechner  en 
1824,  elle  le  suivit  en  Allemagne  et  en  Italie 
où  elle  se  fit  enlendw;  avec  succès  dans  les 
concerts.  De  retour  à  Pétersbourg,  en  1827, 
elle  y  débuta  dans  la  carrière  dramatique,  et 
fut  engagée  au  Théâtre-Italien,  comme  prima 
donna,  pour  trois  ans,  avec  des  appointe- 
ments de  vingt  mille  roubles.  Dans  l'automne 
de  1831,  elle  chanta  avec  succès  au  théâtre 
Comunale  de  Bologne,  et  sut  se  faire  applaudir 
à  côté  de  madame  Malibran.  Au  carnaval  de 
1832,  elle  chanta  à  Rome  au  théâtre  Apollo, 
puis  à  Modène,  Parme,  Turin,  Crémone  et 
Padoue.  Au  primlemps  de  1833,  elle  accom- 
pagna la  troupe  italienne  au  théâtre  de  Vienne, 
puis  fit  un  voyage  à  Pétersbourg,  où  elle  ne 
chanta  que  dans  les  concerts.  Dans  le  cours  de 
la  même  année,  elle  retourna  en  Italie.  Sa  ré- 
putation s'étendit  surtout  après  qu'elle  eut 
paru,  en  1834,  au  théâtre  de  la  Scala,  de 
Milan.  En  1835,  elle  se  fil  entendre  de  nou- 
veau avec  succès  à  Turin  et  à  Florence;  mais 
Milan  fut  toujours  la  ville  où  son  talent  se  pro- 
duisit avec  le  plus  d'avantage.  Malheureuse- 
ment le  système  actuel  de  chant  dramatique 
eut  bientôt  usé  son  bel  organe  par  l'excès  de 
lafatigue.  En  1840,  la  détérioration  de  la  voix 
et  de  sa  santé  de  madame  Schoberlechner 
commença  à  se  faire  apercevoir,  et  vers  la  fin 
de  la  même  année,  le  mal  avait  fait  de  si 
rapides  progrès,  qu'elle  fut  obligée  de  se 
retirer  dans  sa  maison  de  campagne,  où  elle 
vivait  éloignée  de  la  scène,  lorsque  je  visitai 
l'Italie,  dans  l'été  de  1841.  Madame  Schober- 
lechner est  morte  à  Florence,  en  I8G3. 

SCHOBEHT  (...),  claveciniste  et  compo- 
sileur  de  grand  mérite,  est  si  peu  connu, 
qu'on  ne  trouve  nulle  part  l'indication  de  ses 
prénoms.  Il  ne  s'appelait  pas  Schubart  et 
n'était  pas  parent  du  directeur  de  musique  de 
Stuttgart  connu  sous  ce  nom,  comme  l'ont 
prétendu  plusieurs  biographes,  car  je  possède 
un  exemplaire  de  ses  quatuors  de  clavecin, 
œuvre  7«,  avec  sa  signature,  où  le  nom  de 
Schobert  est  très-lisiblement  écrit.  Il  était  né 
à  Strasbourg,  ou  y  avait  demeuré  dans  sa  jeu- 
nesse. Burney  dit  qu'il  y  publia  ses  premiers 
ouvrages  en  I7G4;  c'est  une  erreur,  car  ses 
premières  éditions  françaises  ont  été  pu- 
bliées à  Paris  par  Beraud,  qui  se  noya  en 
1761,  et  eut  pour  successeur  Venier,  pre- 
mier éditeur  des  oeuvres  de  Boccherini.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Schobert  entra  vers  1700  au 
service  du  prince  de  Conli,  qui  l'aimait  beau- 
coup,   le    traitait    avec   bonté,   cl   lui    av. ut 


SCHOBERT  -  SCHOEFFER 


499 


assuré  une  situation  heureuse.  Son  habileté 
sur  le  clavecin,  et  le  charme  de  sa  musique, 
où  brillaient  des  idées  alors  pleines  de  nou- 
veautés et  de  modulations  hardies,  le  faisaient 
rechercher  dans  le  monde.  Il  périt  malheu- 
reusement en  1708,  empoisonné  par  des  cham- 
pignons vénéneux  qu'il  avait  cueillis  lui-même 
dans  une  promenade  avec  ses  amis,  dont  plu- 
sieurs furent,  comme  lui,  victimes  de  cette  im- 
prudence. Le  style  de  Schoberl,  absolument 
différent  de  celui  des  compositeurs  de  son 
temps,  est  original;  le  premier,  il  sut  donner 
de  l'intérêt  aux  accompagnements  des, concer- 
tos de  clavecin,  sans  nuire  à  la  partie  princi- 
pale. Il  y  avait  linéique  rapport  entre  le  génie 
de  ce  musicien  et  celui  de  Mozart,  dont  il  fut 
le  prédécesseur  immédiat.  Son  mérite  a  été 
peu  connu  en  Allemagne,  mais  fort  estimé  en 
Fiance,  en  Hollande  et  en  Angleterre.  Des 
éditions  de  ses  œuvres  ont  été  publiées  à  Pa- 
lis, à  Amsterdam  et  à  Londres.  En  voici  la 
liste  :  1°  Sonates  pour  clavecin  et  violon, 
op.  1,  2,  5.  2°  Sonates  pour  clavecin  seul, 
op.  4,  5,  1G  et  17.  5°  Trios  pour  clavecin, 
violon  et  basse,  op.  G,  8.  4"  Quatuors  pour 
clavecin,  deux  violons  et  basse.  5°  Concertos 
pour  clavecin,  op.  9,  10,  11,  12,  18.  G0  Con- 
certo pastoral  pour  clavecin,  op.  15.  7°  Trois 
symphonies  pour  clavecin,  violon  et  deux  cors, 
op.  14.  8°  Trois  idem,  op.  15. 

SCHOCHEI»  (Chrétien-Gotthold),  ma- 
gïsleret  maître  de  langues,  d'abord  à  Leip- 
sick,  puis  à  Naumhourg,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  et  mourut  le 
9  mars  1810.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on  en 
trouve  un  qui  a  pour  litre  :  Soll  die  Rede  auf 
immer  ein  dunkler  Gesang  bleiben ,  etc. 
(Le  discours  reslcra-t-il  éternellement  un 
chant  obscur,  ou  ses  formules,  passages  et  dé- 
sinences ne  peuvent-ils  pas  être  rendus  pal- 
pables de  la  même  manière  que  la  musique  ?)  ; 
Leipsick,  1791,  in-4°. 

SCIIQEBER  (David-Godefroit).  pasteur  à 
Lobenslein,  puis  bourgmestre  à  Géra,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur 
d'intéressants  ouvrages  intitulés  :  1°  Beitrxg 
sur  Lieder-historie,  betreffend  die  Evange- 
lischen  Gesangbucher,  welche  bei  Lebzeiten 
Lulheri  zum  Druck  befœrderl  werden  (Essai 
sur  l'histoire  des  cantiques,  concernant  les 
livres  de  chants  évangéliques  qui  ont  été 
imprimés  du  vivant  de  Luther)  ;  Leipsick, 
Jacobi,  1759,  in-8"  décent  vingt-huit  pages. 
2"  Zweitcr  Beilrxg  zur  Lieder-hislorie, 
betreffend ,  etc.  (Deuxième  essai  sur  l'his- 
toire des  cantiques  concernant  les  livres  de 


chants,  etc.);  Leipsick,   1760,    in-8°  de  cent 
soixante  pages. 

SCHOEFFEU  (Pierre),  surnommé  LE 
JEUNE,  deuxième  fils  de  Pierre  Schœffer, 
l'ancien,  collaborateur  de  Guttemberg  et  de 
Fust,  et  inventeur  des  poinçons  pour  frapper  les 
matrices  des  caractères  d'imprimerie,  naquit  à 
Mayence  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle.  Son  frère  aine,  Jean  Schœffer,  ayant 
succédé  à  son  père,  en  1502,  Pierre,  le  jeune, 
fonda  une  autre  imprimerie  à  Mayence,  ainsi 
que  cela  est  prouvé  par  l'ouvrage  d'Arnold 
Schlick  (voyez  ce  nom),  qui  a  pour  souscrip- 
tion :  Gclruckl  zii  Jtlentz  (Mayence)  durch 
Peter  Schœffern.  Uff  sant  Malheis  abent, 
1512.  Ce  rarissime  volume,  dont  le  seul  exem- 
plaire connu  aujourd'hui  est  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin,  est  le  plus  ancien  ouvrage 
de  musique  imprimé  à  Mayence.  Pierre  parait 
s'être  éloigné  de  Mayence  peu  de  temps  après 
1512  pour  aller  s'établir  à  Worms,  où  il  im- 
prima, en  1525,  le  livre  de  chant  de  Luther, 
mis  à  quatre  voix  par  Jean  Wallher,  pour 
l'usage  de  Wittenberg.  Un  exemplaire  com- 
plet de  cet  ouvrage  est  à  la  Bibliothèque  im- 
périale de  Vienne.  On  n'y  trouve  pas  de  nom 
du  lieu  de  l'impression,  mais  bien  celui  de 
l'imprimeur.  Les  caractères  de  musique  sont 
d'une  grande  beauté,  comme  tous  ceux  des 
ouvrages  sortis  des  presses  de  Schœffer.  Il  est 
vraisemblable  que  ce  typographe  distingué 
fut  inquiété  pour  avoir  imprimé  ce  livre  de 
chant  du  réformateur,  car  on  le  trouve  établi 
en  1530  à  Strasbourg,  où  il  imprima  le  recueil 
intitulé  :  I  iginli  Cantiunculx  gallicx  qua- 
tuor vocum,  excusas  Argentorati  apud  Pe- 
trum  Schœffer,  1530,  gr.  in-12  obi.  Après 
cette  date, on  neconnalt  jusqu'à  ce  jour  aucun 
ouvrage  sorti  de  ses  presses  avant  1555;  mais 
ceux  qui  furent  publiés  depuis  celle  année  jus- 
qu'en 1557  prouvent  qu'il  s'était  alors  associé 
avec  un  certain  Mathias  Apiarius.  Ces  ou- 
vrages sont  le  Rerum  musicarum  opusculum 
de  Jean  Frosch,  1535,  les  Magnificat  octo 
tonorum  de  Sixte  Dietricht,  dont  il  y  a  un 
exemplaire  à  la  Bibliothèque  centrale  de  Mu- 
nich, 1555,  et  dont  je  ne  possède  que  le  Dis- 
canlus  et  le  Bassus,  les  Moletarum  quatuor 
vocum  a  diversis  musicis  liber  primus,  Ar- 
genlorati, 1535,  contenant  cinquante-trois 
pièces;  recueil  inconnu  à  tous  les  biblio- 
graphes, et  dont  je  possède  le  Discantus,  le 
Ténor  et  le  Bassus;  les  Magnificat  de  Die- 
tricht,  réimprimés  ert  1557,  et  le  Gesangbuch 
de  Jean  Wallher,  réimprimé  également-  en 
1557.  Le  dernier  ouvrage  imprimé  par  Pierre 

32. 


•500 


SCHOEFFER  -  SCHOENEBECK 


Schœfferà  Strasbourg,  en  1539,  n  pour  litre  : 
Cantiones  quinque  vocum  sélect issi m,v ,  a 
primariis  Germanix  inferioris,  Gallix  et 
Jlalix  musices  magistris  editr.  Jntehac 
lypis  nondum divulgats .  Motetarum  lib.  T. 
Argenlorati,  apud  Petrum  Schœffer,  1539. 
Ainsi  qu'on  le  voit,  à  cette  époque,  l'associa- 
tion de  Schnpffer  etd'Apiarius  avait  cessé. 

SCHOEIV  (....),  chef  de  musique  du  régi- 
ment d'infanterie  de  Neugebauer,  en  Autriche, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
est  auteur  de  la  musique  de  deux  opéras-co- 
miques intitulés  :  1"  Der  Irrwiscli  (Le  Feu 
follet).  2» Das  Mmdchen  im  Eichthal  (La  Fille 
de  la  Vallée  du  chêne). 

SCUOEN  (Maurice),  violoniste  et  compo- 
siteur, né  en  1808,  à  Krcenner,  bourg  de 
la  Moravie,  fréquenta  dans  son  enfance  les 
écoles  de  Ftlrnau  et  d'Olmutz,  puis  commença 
l'élude  du  violon  sous  la  direction  de  l'orga- 
niste Schmidl.  Dans  sa  quatorzième  année,  il 
entra  au  service  de  la  princesse  Lynar  (à 
Drehnau,  près  de  Luckau),  comme  musicien 
de  chambre.  Après  être  resté  dans  cette  posi- 
tion pendant  un  an  et  demi  environ,  il  se  rendit 
à  Muskau,  où  il  perfectionna  son  talent  sur  le 
violon  et  apprit  à  jouer  de  plusieurs  antres 
instruments,  chez  le  directeur  de  musique 
Lrebmann.  En  1827,  il  arriva  à  Berlin,  et  par 
la  protection  du  comte  de  Brllhl,  il  fut  admis 
comme  violoniste  dans  la  chapelle  royale.  Il 
y  reçut  des  leçons  pour  son  instrument  de 
Mœser  et  d'Hubert  Ries  (voyez  ces  'noms). 
Enfin,  il  acheva  ses  études  à  Cassel  sous  la 
direction  deSpohr.  Pendant  les  années  1834  et 
1835,  il  voyagea  en  Allemagne,  puis  il  accepta, 
en  1835,  la  place  de  directeur  de  musique  et 
de  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Breslau.En 
1841,  il  fonda  dans  celle  ville  une  école  de 
violon  d'où  sont  sortis  plusieurs  bons  élèves. 
Les  ouvrages  les  plus  importants  de  cet  artiste 
sont  :  1°  Six  préludes  et  fugues  pour  piano, 
op.  1  ;  Mayence,  Schott.  2"  Douze  éludes  pour 
violon,  dédiées  n  Ole-Bull,  op.  3;  Breslau, 
Lenckart.  3°  Deux  duos  pour  deux  violons, 
comme  éludes,  op.  6;  ibid.  4"  Andanle  et 
polonaise  pour  violon  avec  quatuor,  op.  8; 
Leipsick,  Hofmeister.  5°  École  pratique  du 
violon,  en  douze  livraisons;  Breslau,  Leuckart, 
0"  Six  duos  faciles  pour  deux  violons,  op.  17; 
ibid.  7°  Deux  duos  pour  deux  violons,  comme 
éludes;  ibid.  8°  /.' I mpal irtire ,  caprice  de 
concert  pour  violon,  op.  12;  ibid.  9°  Fantaisie 
pour  violon  cl  piano,  sur  des  motifs  de  Rigo- 
fe«0,  op    40;  ibid. 

SCIIOE>E  (Jrvn  Gottlif.b  ou  Tiilopiiile), 


professeur  à  l'école  de  la  Croix,  de  Dresde,  a 
publié  plusieurs  écrits  concernant  l'enseigne- 
ment primaire,  particulièrement  pour  la  mu- 
sique :  Sammlung  von  Gesamgen  fiir  die 
Scfiule  (Recueil  de  chants  pour  les  écoles,  à 
une,  deux,  trois  et  quatre  voix),  première  et 
deuxième  suites;  Dresde,  Paul,  1835. 

SCIIOEINEBECK  (Charles -Sigisbond), 
violoncelliste  et  compositeur,  naquit  à  Ltlbben, 
dans  la  Lusace  inférieure,  le  20  octobre  1758. 
Ses  parents  le  destinaient  à  la  chirurgie,  mais 
son  penchant  pour  la  musique  fit  donner  une 
autre  direction  à  sa  jeunesse.  A  l'âge  de  qua- 
torze ans,  il  fut  envoyé  chez  le  musicien  de  la 
ville  pour  apprendre  les  éléments  de  cet  art; 
mais  il  n'en  recul  que  peu  d'instruction,  et  ce 
fut  à  ses  propres  efforts  qu'il  fut  redevable  de 
ses  progrès.  En  1777,  il  s'éloigna  île  sa  ville 
natale  et  se  rendit  à  Griineberg,  en  Silésie, 
chez  le  musicien  de  la  ville,  nommé  Millier. 
Homme  habile  et  possédant  une  belle  collec- 
tion d'instruments,  celui-ci  enseigna  à  son 
élève  a  jouer  du  violon  et  de  plusieurs  instru- 
ments à  vent.  Le  hasard  ayant  conduit  à  Grii- 
neberg un  virtuose  violoncelliste,  Sclupnebeck 
se  sentit  entraîné  par  un  goût  irrésistible  pour 
le  v  ioloncelle  ;  mais  à  défaut  de  maître  qui  put 
le  lui  enseigner,  il  dut  se  livrer  seul  à  cette 
élude.  Ses  efforts  curent  assez  de  succès  pour 
qu'il  pût  entrer  après  deux  ans  dans  la  cha- 
pelle du  comte  deDohn;  puis  il  accepta  la  place 
de  musicien  de  ville  à  Sorau.  Dans  un  voyage 
qu'il  fit  à  Potsdam,  il  entendit  Duport,  qui  de- 
vint son  modèle  ;  puis  il  se  rendit  à  Dresde,  où 
les  leçons  de  Tricklir  perfectionnèrent  son 
talent.  Après  sept  ans  de  séjour  dans  celle 
ville,  il  entra,  en  1787,  dans  la  chapelle  du 
duc  de  Courlande,  et  y  passa  quatre  années, 
incessamment  occupé  d'éludés.  Aptes  avoir 
ensuite  été  deux  ans  au  service  du  duc  de 
Waldbourg,  en  Prusse,  il  accepta  la  place  de 
violoncelliste  à  l'orchestre  de  Kœnigsberg,  à 
laquelle  il  réunit  colle  d'organiste  de  l'église 
de  Lœbenichl  :  mais  les  atteintes  que  sa  santé 
y  reçut  par  le  climat,  l'obligèrent  à  retourner 
à  Ltlbben.  Il  acheta  une  ferme  près  de  celte 
ville  et  s'y  retira  avec  l'intention  de  s'y  livrer 
à  l'agriculture;  mais  des  difficultés  qu'il 
n'avait  pas  prévues  l'obligèrent  à  vendre  sa 
ferme.  Il  se  fixa  dès  lors  à  Ltlbben,  oit  il  est 
mort.  En  1800,  il  fit  un  voyage  en  Allemagne, 
et  se  lit  entendre  avec  succès  à  Leipsick.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  1°  Concerto  pour 
le  violoncelle,  op.  1  ;  Offenbach,  André,  1797. 
2*  Idem,  op.  3;  Berlin,  llummel. 5° Troisième 
idem,  op.  0;  ibid.,  1802.  4°  Concerto  pour  le 


SCHOENEBECK  -  SCHOLL 


501 


basson,  op.  4;  ibid.,  1800.  5°  Trois  duos  pour 
allô  et  violoncelle,  op.  2;  ibid.  6°  Duos  pour 
deux  violoncelles,  opéra  5;  ibid.  7°  Duos  pour 
violon  et  violoncelle,  op.  8;  Leipsick,  Kltlinel. 
8°  Trois  duos  faciles  pour  deux  violoncelles, 
op.  12,  liv.  I  et  II;  ibid.  9°  Duos  concertants 
pour  deux  altos,  op.  lô;  ibid.  10°  Trois  qua- 
tuors pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  14; 
ibid.  Schœnebeck  a  l'ait  représenter  au  théâtre 
de  Kœnigsberg:  Der  Wxmderigel  (Le  Hérisson 
merveilleux),  opéra  -comique,  en  1778;  et  Der 
husler  im  Stroh  (Le  Sacristain  empaillé); 
idem.  Uavailen  manuscrit  plusieurs  concertos 
pour  le  violoncelle,  deux  pour  la  flûte,  deux 
pour  la  clarinette,  et  un  pour  le  cor. 

SCIIOENFELD  (Jean-Philippe),  né  à 
Strasbourg,  en  1742,  était  fils  d'un  cordonnier. 
Après  avoir  étudié  la  théologie,  il  entra  chez 
le  conseiller  de  Munchhausen,  à  Brunswick,  en 
qualité-de  gpuverneur  de  sesenfanls.  Il  ne 
cultivait  alors  la  musique  que  comme  ama- 
teur; mais  plus  tard  il  en  fit  sa  profession,  et 
de  retour  dans  sa  ville  natale,  il  obtint,  en 
1779,  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  nou- 
velle église.  Il  y  réunit  ensuite  les  fonctions 
de  directeur  des  concerts  de  la  ville,  et  mourut 
le  5  janvier  1790.  On  a  imprimé  de  sa  com- 
position :  1°  Chansons  à  voix  seule  avec  ac- 
compagnemenlde  clavecin;  Nuremberg,  1769. 
2°  Chansons  de  francs-maçons,  avec  clavecin; 
Brunswick.  5°  Chansons  et  ariettes  avec  violon 
et  clavecin,  première  et  deuxième  suites; 
Berlin,  1778.  Schœnfeld  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  opéras  et  de  la  musique  d'église.  Son 
meilleur  ouvrage  est  une  cantate  funèbre  sur 
la  mort  du  maréchal  île  Saxe. 

SCIIOETNFELD  (Jean-Ferdinand  DE), 
littérateur  de  la  Bohème,  vécut  à  Vienne  vers 
la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et  établit  une 
imprimerie  à  Prague,  en  1794.  Il  y  publia  un 
.ilmanach  musical  intitulé  :  Jahrbuch  der 
Tonkunst  von  Wien  und  Pray;  Prague, 
1796,  in-8". 

SCHOEISFELD  (Charles),  flûtiste  et  mu- 
sicien de  la  chambre  du  duc  de  Mecklenbourg- 
Strelitz,  fut  appelé  à  Copenhague,  dans  l'année 
1842,  en  qualité  de  directeur  de  musique  et  de 
chef  d'orchestre  de  l'opéra  allemand  :  il  s'y 
Irouvait  encore  en  1848.  Il  a  publié  beaucoup 
de  compositions  pour  son  instrument,  parmi 
lesquelles  on  remarque  :  l°Duos  et  solos  pour 
flûte  et  piano,  op.  4,  14,  17;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hserlel.  2°  Variations  pour  la  flûte, 
op. 2, 3, 5,  12,  13;  Berlin,  Lischke.  Cet  artiste 
a  écrit  aussi  la  musique  de  plusieurs  opéras, 
entre  autres:  //ennannet  Dorothée,  Fridolin, 


d'après  la  ballade  de  Schiller,  représenté  à 
Neu-Strelitz,  en  1832,  et  quelques  opérettes. 

SCIIOEINFELDER  (Emmanuel),  profes- 
seur de  musique  à  Breslau,  est  né  le  17  février 
1810,  à  Bischopswalde,  près  de  Neisse.  Ou  a 
imprimé  de  la  composition  de  cet  artiste  : 
1"  Deux  fantaisies  avec  fugues  pour  l'orgue* 
Erfurl,  Kœrner.  2°  La  Cracovienne,  avec  va- 
riations et  finales  pour  le  piano;  Breslau 
Leuckart. 

SCIIOEMIERR  (Gottlob- Frédéric), 
cantor,  directeur  de  musique,  organiste  et 
professeur  de  troisième  à  Jouer,  naquit  en 
1760,  a  FreybiTg,  en  Saxe,  et  mourut  à  Jauer, 
le  5  février  1807.  Le  revenu  de  ses  quatre  em- 
plois était  si  minime,  qu'il  ne  laissa  pas  de 
quoi  faire  les  frais  de  son  enterrement,  et  qu'il 
fallut  que  ses  amis  y  pourvussent  par  une 
souscription.  Il  a  fait  imprimer  à  ses  frais  une 
collection  de  morceaux  de  chant  avec  accom- 
pagnement de  piano;  Jauer,  1799.  On  y  trouve 
un  Feni  sancte  Spirilus  à  quatre  voix  de  sa 
composition. 

SCHOEPPERLIN  (J.-M.),  étudiant  à 
l'universiléde  Strasbourg,  y  a  publié,  en  1675, 
une  thèse  intitulée  :  Disputatio  tlieologica  de 
musica,  préside  Sebast.  Schmidio. 

SCÏIOETTGEIV  (Chrétien),  philologue, 
naquit  en  1687,  à  Wurzen,  en  Saxe,  fil  ses 
études  au  gymnase  de  Pforle,  près  de  Naum- 
bourg,  puis  à  l'université  deLeipsick,et  devint 
un  des  hommes  les  plus  savants  de  son  temps 
dans  les  langues  orientales  el  dans  les  anti- 
quités. Tour  à  tour  recteur  du  gymnase  de 
Francfort-sur-l'Oder,  professeur  de  belles- 
lettres  à  celui  de  Slargard,  el  enfin  recteur 
d'un  des  gymnases  de  Dresde,  il  mourut  dans 
cette  dernière  ville,  le  15  octobre  1751.  Écri- 
vain laborieux,  il  a  produit,  outre  quelques 
ouvrages  de  grande  importance,  environ 
quatre-vingts  opuscules,  programmes  et  dis- 
sertations parmi  lesquelles  on  remarque  :  An 
Tnstrumentum  Davidis  musicum  fuerit 
Ulriculus?  Francfort-sur-l'Oder,  1716,  in-4". 
Schœltgen  est,  je  crois,  le  seul  archéologue 
qui  ail  imaginé  de  faire  jouer  de  la  cornemuse 
par  le  roi  David,  au  lieu  de  la  harpe. 

SCHOLL  (Dirk),  organiste  et  carillonnent- 
hollandais,  vécut  à  Arnheim  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  puis  à  Delft.  Il  a  publié 
de  sa  composition  une  suite  d'environ  deux 
cents  morceaux  pour  (rois  instruments.,  sous 
ce  litre  :  Den  spilende  Rus-Hemel,  besteende 
in  een  gelai  bau  ober  de  200  SpeelstucUen, 
zynde  met  drie  instrumentent,  etc.:  Dell'!,. 
1669,  in-4". 


i02 


SCIIOLL  —  SCHOLZE 


SC1IOLL  (Cuari.es),  né  le  8. janvier  1778, 
à  Çtiolkiew,  en  Pologne,  a  fait  loules  ses  élu- 
des musicales  à  Vienne.  An  mois  de  mai  1797, 
il  a  été  admis  comme  flûtiste  du  théâtre  de  la 
cour,  et  depuis  lors  il  a  gardé  cette  situation 
pendant  près  de  quarante  ans.  On  a  de  sa  com- 
position beaucoup  de  musique  brillante  pour 
la  flûte.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  1°  In- 
troduction et  variations  brillantes  pour  la 
flûte,  avec  accompagnement  de  deux  violons, 
allô,  basse  obligés,  cors  et  hautbois  ad  libi- 
tum, op.  19,  20,  26,  28;  Vienne,  Diabelli, 
Haslinger.  2°  Polonaise  pour  flûte  etorcheslre, 
op.  25;  Vienne,  Diabelli.  3°  Duos  el  solos  pour 
la  flûte  ;  ibid.  A"  Plusieurs  recueils  de  danses 
allemandes  el  de  valses  pour  l'orchestre  et 
pour  le  piano.  5"  Introduction  et  variations 
pour  piano  el  flûte,  op.  26;  Vienne,  Haslinger. 
Scholl  a  aussi  publié  des  gammes  et  exercices 
pour  la  flûte  en  sol,  de  Koch,  facteur  de 
Vienne,  sous  ces  litres  :  1°  Neueste  Tabelle 
fur  de  h  ganzen  Umfang  der  Flccts,  etc.; 
Vienne,  Diabelli.  2°  Neueste  Tabell»  fur  die 
F!œte  nach  der  neuesten  Art ,  mit  G  Fuss 
(la  patte  en  sol)  und  allen  Klappen  xum  Selb- 
stunlerricht]  Vienne,  Cappi.  Celte  flûte  en  50/ 
aurait  été  fort  utile,  comme  flûte  alto,  si  les 
sons  du  bas  de  l'instrument  n'avaient  été 
ra  iques  el  durs. 

SCHOLLENBERGER  (Gaspard),  cha- 
noine régulier  à  Ulm,  au  commencement  du 
dix  huitième  siècle,  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  de  musique  d'église,  particulière- 
ment par  un  œuvre  intitulé  :  O/fertoria 
festiva  pro  loto  anno ,  a  quatuor  toc, 
2  violinis  ,  viola  ,  violone  tt  organo,  op. 
3;  Augsbourg,  Lotter,  1718,  in-fol.  Ger- 
ber  dit  que  Schollenberg  fut  le  premier 
qui  introduisit  en  Allemagne  les  instruments 
dans  la  musique  d'église;  tous  les  copistes 
de  ce  biographe  ont  répété  cette  singulière 
cireur. 

SCHOLTZ  (Gaspard-Théophile),  mar- 
chand de  papier' cl  de  musique  à  Nuremberg, 
naquit  en  cette  ville,  le  25  décembre  1761. 
Après  avoir  appris  dans  son  enfance  les  prin- 
cipes de  la  musique  et  du  violon,  il  se  livra 
seul  el  sans  guide  à  l'étude  du  violoncelle,  qui 
devint  par  la  suite  son  instrument  unique. 
Son  instinct  le  dirigea  également  dans  la  com- 
position. Il  a  fait  imprimer,  en  1795,  un  con- 
certo pour  violoncelle  et  orchestre,  à  Augs- 
bourg. En  1812,  il  avait  en  manuscrit  six 
concertos  pour  le  violoncelle,  des  variations 
pour  cet  instrument,  el  un  quatuor  pour  cor, 
\iolon,  allô  et  liasse. 


SCIIOLZ  (E.-W.),  compositeur  et  maître 
de  chapelle  du  prince  de  Hohenlohe-Oeringen, 
àSchlowa  ou  Schlawentschutz  (Silésie),  naquit 
près  de  Breslau,  dans  les  premières  années  du 
dix -neuvième  siècle.  Une  ouverture  de  sa 
composition  a  été  exécutée  à  Breslau,  en  1838, 
et  à  Vienne,  dans  la  même  année.  Og  a  en- 
tendu aussi  dans  la  capitale  de  la  Silésie,  en 
1841,  sa  première  symphonie.  Sept  ou  huit 
recueils  de  mélodies  à  voix  seule  avec  piano, 
composées  par  cet  artiste,  ont  été  publiés  à 
Breslau,  chez  Leuckart. 

SCIIOLZ  (Bernard),  maître  de  chapelle 
du  roi  de  Hanovre,  est  né  à  Mayence,  le  30  mars 
1835.  Élève  de  Paner  (voyez  ce  nom)  pour  le 
piano,  il  commença  sa  carrière  musicale  en 

1855,  comme  virtuose  et  comme  professeur  de 
son  instrument;  mais  dans  la  même  année,  il 
se  rendit  à  Berlin  pour  étudier  !a  composition 
sous  la  direction  de  Delin.  Dans  l'année  sui- 
vante, il  alla  à  Milan  étudier  l'art  du  chant. 
A  son  retour  en  Allemagne,  à  l'automne  de 

1856,  il  reçut  sa  nomination  de  professeur  de 
contrepoint  au  Conservatoire  de  Munich;  il  en 
remplit  les  fonctions  jusqu'en  1858;  mais  il 
ne  garda  pas  cette  position,  ayant  préféré 
celle  de  chef  d'orchestre  à  Zurich,  en  1857. 
Un  an  après,  on  le  trouve  à  Nuremberg,  et 
au  commencement  de  1859,  il  accepta  la  ;dace 
de  maître  de  chapelle  du  roi  de  Hanovre,  à  la- 
quelle il  réunit  celle  de  chef  d'orchestre  01 
théâtre.  Après  la  mort  de  Dehn,  son  profes- 
seur, il  a  été  l'éditeur  de  son  traité  de  compo- 
sition, publié  sous  ce  litre  :  Die  Lehre  VOtn 
Contrapunktf  dem  Canon  und  der  Fuge; 
Berlin,  Schneider,  1858,  un  volume  gr.  in-8°. 
Scholaafail  représenter,  à  Nuremberg,  l'opéra 
de  sa  composition  intitulé  :  Carlo  Ilosa.  On 
Connaît  sous  son  nom  un  grand  nombre  de 
/. ieder  pour  voix  seule  avec  piano;  de  chan- 
sons de  chasseurs,  op.  2  ;  Mayence,  Schott  ;  des 
chansons  à  boire,  et  des  chants  pour  quatre 
voix  d'hommes.  Ses  compositions  instrumen- 
tales consistent  en  préludes  et  fugues  pour  le 
piano,  op.  1;  Mayence,  Schott;  Sonate  pour 
piano  et  violoncelle,  op.  5;  ibid.,  1856;  quel- 
ques petites  pièces  pour  piano  seul. 

SCHOLZE  (Jean-Godeeroid),  né  à  Giers- 
dorf,  en  Silésie,  le  29  août  1760,  alla  étudier 
à  Hirschhcrg,  en  1777,  et  y  suivit  les  cours  de 
l'Université  jusqu'en  1786.  Il  fut  alors  nommé 
troisième  professeur  au  gymnase  de  Fried- 
Ixig,  .où  il  se  trouvait  encore  en  1830.  En 
1791,  il  y  composa  une  cantate  qui  fut  exé- 
cutée pour  le  cinquantième  anniversaire  de 
l'église  du  lieu. 


SCHOMLER  -  SCHOPP 


■»M3 


SCHOMLER  (Bartiiolomé),  compositeur 
allemand,  vécut  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
recueil  qui  a  pour  titre:  Etliche Psalmenund 
geistlische  Lieder,  auss  dem  gemeinen  Psal- 
menbuch  in  ihrer  gewœhnlichen  Melodey 
auff  vier  Stimmen  componirt.  (Quelques 
psaumes  et  cantiques  tirés  du  livre  choral  avec 
leurs  mélodies  ordinaires,  mises  àqualre  voix); 
Herborn,  1608,  in-12. 

SCHOIVAT  (Jean-Wolff),  facteur  d'or- 
gues, né  à  Kilzingen,  près  de  Frankenthal, 
construisit,  en  1652,  le  grand  orgue  de  seize 
pieds,  à  l'église  neuve  d'Amsterdam,  composé 
de  vingt-six  jeux,  deux  claviers  à  la  main  et 
pédale.  Quatorze  ans  après,  cet  instrument 
fut  augmenté  de  dix-sept  jeux,  par  Duyt- 
schot. 

SCHONSLEDEU  (Wolfcang),  jésuite, 
né  à  Munich,  en  1570,  entra  dans  son  ordre 
en  1590.  Après  avoir  enseigné  la  rhétorique 
pendant  plusieurs  années,  il  fut  envoyé  en 
mission  dans  l'Orient,  y  passa  dix  ans,  puis 
revint  en  Europe  et  se  relira  dans  la  maison  des 
jésuites,  à  Halle,  en  Souahe,  où  il  mourut  le 
17  décemhre  1651.  Sous  le  pseudonyme  Volu- 
pius(?)decorus  Musagetis  (Plaisir  purd'Apol- 
lon),  il  a  publié  un  traité  de  musique  intitulé  : 
Architeclonice  Musices  universalis,  ex  qua 
Melopœiam  per  universa  et  solida  funda- 
menta  musicurum,  proprio  marte  condiscere 
pnssis;  Ingolstadii ,  Wilh.  Ederus,  1631, 
in-8°  de  vingt  et  une  feuilles  et  demie,  divisé 
en  deux  parties.  ïl  y  a  peu  d'ordre  dans  cel 
ouvrage,  cl  les  matières  y  sont  mêlées  sans 
discernement  :  dans  la  première  partie,  l'au- 
teur traite  de  la  composition,  des  intervalles, 
des  notes  changées,  des  ligatures  ou  syncopes, 
des  pauses,  des  terminaisons,  des  tons,  du 
contrepoint,  des  fugues,  de  la  disposition  des 
voix,  depuis  deux  jusqu'à  huit,  etc.;  dans  la 
seconde  partie,  il  revient  sur  les  mêmes  sujets. 
J'ai  lu  quelque  part  que  Schonsleder  est  au- 
teur d'un  livre  intitulé  :  De  modo  musice 
componendi;  mais  il  est  vraisemblable  que  ce 
livre  est  supposé,  d'après  le  litre  d'un  cha- 
pitre de  la  première  partie  de  l'ouvrage  cité 
précédemment. 

SCIIOOCKIL'S  (Martin),  né  à  Ulrccht, 
en  1614,  fut  professeur  à  Devenler,  à  Gro- 
ningue  cl,  en  dernier  lieu  à  Francforl-sur- 
l'Odcr,  où  il  mourut  en  1609.  Ce  savant  eut  le 
ridicule  d'employer  son  érudition  à  des  livres 
bizarres  sur  le  beurre,  sur  les  harengs,  sur 
i élernument ,  sur  l'aversion  des  œufs,  du 
fromage,  elc.  Vossius,  qu'il  avait  attaqué,  l'ap- 


pelle, avec  la  grossièreté  de  son  temps,  impu- 
dentissima  bestia.  Au  nombre  de  ses  livres  se 
trouvent  des  Exercitationes  varix  ;  Utrechl, 
1665,  in-4°.  La  troisième  dissertation  de  ce 
volume  a  pour  tilre  :  Exercilatio  de  musica 
organica  in  templis.  Une  dissertation  de 
Schoockius,  sur  la  nature  du  son  et  de  l'écho, 
a  été  insérée  dans  un  recueil  d'épigrammes 
de  Jean  Douza  et  d'autres  poètes,  intitulé  : 
Lusus  imaginis  jocosx ,  sive  échus,  à  variis 
poetis,  et  numeris  exculti;  ex  Bibliolheca 
Theod.  Douzx,  J.  F.  accessit  M.  Schoockii 
dissertatio  de  nalura  sont  et  échus;  Ullra- 
jecti,  1658,  in-89.  Celle  dissertation  a  été  ré- 
imprimée dans  les  Exercitationes  varix. 

SCHOPP  (Jean),  ou  SCHOOPE,  suivant 
l'orlhographede  Moller  (1),  violoniste  et  com- 
positeur, né  à  Hambourg,  au  commencement 
du  dix-  septième  siècle,  vécut  dans  celle  ville 
jusque  vers  1642;  mais  il  parait  s'être  établi 
ensuite  à  Lunebourg.  Ses  talents  ont  été  loués 
par  J.-B.  Schnppius  (in  Oper.,  p.  45  et  247), 
et  par  Rist,  dans  la  préface  de  ses  hymnes.  On 
a  imprimé  de  sa  composition  :  1°  Neues  Pa~ 
duanen,  Galliarden,  Ailemanden,  Ballet- 
ten,  Couranten  und  Canzonen,  mit  Z,  4,  5 
und  6  Stemmen,  etc.  (Nouvelles  pavanes, 
gaillardes,  allemandes,  etc.  à  Irois,  quatre^ 
cinq  et  six  voix  avec  basse  continue),  première 
partie;  Hambourg,  1633  et  1644;  deuxième 
partie,  ibid.,  1635  et  1640,  in-4\  2°  Geistli- 
cher  Concerlen,  mit  1,  2,  o,  4  und  8  Stim- 
men, elc. (Concerts  spirituels  à  une,  deux,  trois, 
quatre  et  huit  voix,  avec  basse  continue); 
Hambourg,  1644.  3°  Joh.  Rislii  Himliche 
Lieder  mil  Mélodie»  (Cantiques  de  Rist  avec 
mélodies);  Lunebourg,  1644,  1652  et  1658, 
in  8°.  A"  J.  Ristii  Frommer  Christen  alltx- 
gliche  Haus-Musik  (Dévotions  musicales  de 
Rist  avec  mélodies);  Lunebourg,  1654,  in-8". 
Une  deuxième  édition  avec  la  traduction  latine 
a  élé  publiée  dans  la  même  ville,  en  1657. 
5°  Phil.  à  Zesen  Dichterische  Jugend  und 
Liebes  Flammen,  mit  Mélodie»  (Les  flammes 
poétiques  de  la  jeunesse  et  de  l'amour,  de 
J.de  Zesen,  avec  mélodies);  Hambourg,  1651, 
in-12.  6°  Cantique  de  Salomon  avec  mélodies; 
Amsterdam,  1657,  in-12.  7°  Les  poésies  de 
Jacq.  Schweiger,  avec  mélodies);  Hambourg, 
1655,  in-12. 

SCHOPP  (Albert),  ou  SCHOOPE,  or- 
ganiste de  la  cour  du  duc  de  Mecklenbonrg, 
né  à  Hambourg,  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  de   sa< 

(I)  Cimbria  LiUer,  1. 1,  p.  G03- 


504 


SCHOPP  -  SCHOTT 


composition  :  18  Musik.  Jndachten  a  voce 
*ola  «  basso  continuo  ;  Rostock,  1CG6. 
2°  Exercitia  vocis;  das  isl  theils  deutsche, 
theils  lateinische  Concerten ,  mit  einer 
Stimme,  etc.  (Exercices  de  la  voix,  ou  concerls 
allemands  et  latins  à  une  voix,  avec  basse 
continue);  Hambourg,  1GG7,  in-fol. 

SCHORN  (Jean-Paul),  musicien  au  service 
de  l'archevêque  de  Salzbourg,  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  a  publié  des  duos 
|K)iir  divers  instrument  sous  ce  titre  :  Duo- 
denarium  harmonix  selectx  delicium,  vario 
instrumentorum  génère  ordinatum;  Augs- 
bourg,  1724. 

SCIIORISRURG  (Henri),  écrivain  alle- 
mand inconnu,  est  auteur  d'un  traité  élémen- 
taire de  musique  intitulé  :  Elementa  musica, 
qualia  nunquam  unie  hoc  ordine,  brevilate, 
perspicuitate  et  firmitate  visa;  cum  vera 
monocordi  descriptione,  hactenus  deside- 
rata, instrumenta  musica  fabricare  volen- 
tibus  ante  omnia  cognita  necessaria;  Co- 
lonie, 1582,  in-4°.  Cet  écrivain  n'est  pas 
mentionné  dans  la  Bibliotheca  Coloniensis 
de  Hartzeim. 

SCHORNSTEIN  (J.-E.-A.),  directeur  de 
musique  à  Elberfeld,  a  été  nommé  membr.e  de 
la  société  hollandaise  pour  l'encouragement 
de  la  musique  en  183G.  On  a  gravé  de  sa  com- 
posilion :  Premier  concerto  (en  fa  mineur) 
pour  piano  avec  orchestre,  op.  1  ;  Elberfeld, 
F.-W.  Betzhold. 

SCIIOTT  (Conrad),  facteur  d'orgues,  na- 
quit dans  la  Souabe,  en  15G2,  suivant  les  in- 
dications de  son  portrait,  gravé  en  1G25,  où  il 
est  représenté  à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  Il 
était  aveugle,  ainsi  que  nous  l'apprend  celle 
inscription  placée  sur  un  orgue  qu'il  a  con- 
Iruit  à  Frcudensladt,  dans  la  forêt  Noire  : 
Hrcr  ego  Conradu.i  Seliottus  fee i  organa  cœcus, 
His  mentemque  sonis,  ofîero  cuncla  Deo. 

Il  restaura,  en  1591,  l'ancien  orgue  d'Ulm, 
et  construisit  l'orgue  de  Stuttgart.  Il  demeu- 
rait dans  cette  ville,  et  y  mourut  en  1G30. 

SCHOTT  (Jean-Georges), compositeur  al- 
lemand, n'est  connu  que  par  un  ouvrage  qui 
a  pour  titre  :  Artig  Gesangbuch  quatuor 
vocum  (Gentil  livre  de  chants  à  quatre  voix); 
Francfort,  1605,  in-12. 

SCIIOTT  (Martin),  luthier  de  la  Bohème, 
vécut  à  Prague,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Il  fabriquait  alors  des  Luths  à  la  ro- 
maine, et  des  téorbes  qui  étaient  recherchés. 

SCIIOTT  (Gaspard),  jésuite,  né  en  1G08, 
à  Kœnigshofen,  près  de  Wtlrzbourg,  embrassa 
la  règle  de  Saint-Ignace  à  l'âge  de  dix-neuf 


ans.  Obligé  d'interrompre  ses  études,  par  la 
guerre  qui  désolait  alors  l'Allemagne,  il  alla 
en  Sicile,  y  termina  ses  cours,  et  fut  chargé 
d'enseigner,  à  Palerme,  pendant  plusieurs  an- 
nées,^ théologie  morale  elles  mathématiques. 
Envoyé  ensuite  à  Rome,  il  s'y  lia  d'amitié  avec 
Kircher,  dont  l'esprit  avait  beaucoup  de  rap- 
ports avec  le  sien.  Il  en  reçut  des  leçons,  et, 
comme  son  maître,  s'abandonna  dans  ses 
études  à  l'amour  du  merveilleux,  ainsi  qu'au 
désir  de  posséder  des  connaissances  univer- 
selles. De  retour  à  Wtlrzbourg  après  une 
absence  de  trente  ans,  il  y  rédigea  ses  ou- 
vrages, où  les  réalités  de  toutes  les  connais- 
sances humaines  sont  mêlées  aux  erreurs  les 
plus  singulières.  Le  P.  Schott  mourut  à  Wtlrz- 
bourg, le  22  mai  1G66.  Au  nombre  de  ses  vo- 
lumineux ouvrages,  on  trouve  celui  qui  a  été 
publié  après  sa  mort,  et  qui  a  pour  litre  :  Or- 
ganum  malhematicum  libris  JXexplicatum; 
Herbipoli,  1668,  in-4°  de  huit  cent  cinquante- 
huit  pages.  Le  neuvième  livre  renferme  nu 
traité  de  musique  divisé  en  onze  chapitres,  et 
contenu  dans  les  pages  752  à  858.  Il  y  prétend 
enseigner  la  composilion  mélodique,  harmo- 
nique  et  rbylbmique  par  l'usage  de  certaines 
tables  arithmétiques.  Schott  a  donné  la  descrip- 
tion de  plusieurs  instruments  de  musique, 
dans  la  deuxième  partie  de  son  livre  intitulé  : 
Dleclianica  hydrauMco-pneumatica  ;  Wtlrz- 
bourg, 1657,  iu-4°.  On  y  trouve  (pp.  383-440) 
un  traité  De  Organis  hydraulicis,  aliisque 
inslrumcnlis  liarmonicis  hydro-pneumu- 
ticis,  avec  figures  et  musique.  Sa  Magia  uni- 
versalis  nalurx  et  arlis,siie  recondila  na- 
turalium  et  artificialium  rcrum  scientia 
(Wtlrzhourg,  1657-1659, quatre  volumes  in-4°, 
ou  1677, quatre  volumes  in  4°), renferme, dans 
le  second  volume,  tout  ce  qu'on  savait  île  son 
temps  sur  l'acoustique,  la  construction  des 
instruments,  la  voix  humaine,  etc.  Il  y  traite 
aussi  des  effets  de  la  musique  et  de  l'orgue 
hydraulique  des  anciens. 

SCIIOTT  (les  frères),  éditeurs  de  musique, 
et  facteurs  d'instruments  à  Mayence,  possèdent 
un  des  établissements  les  plus  considérables 
de  l'Allemagne  et  même  de  l'Europe.  Bernard 
Schott,  chef  de  cette  famille,  établit  cette 
maison  vers  1780-:  dix  ans  après,  elle  jouissait 
déjà  de  beaucoup  de  considération  par  l'im- 
portance de  ses  affaires  et  l'étendue  de  ses  re- 
lations. La  guerre,  dont  l'Allemagnevlu  Rhin, 
et  particulièrement  Mayence,  fut  le  théâtre, 
par  suite  de  la  révolution  française,  vint  en- 
suite paralyser  les  efforts  de  Bernard  Schott 
pendant  plusieurs  années;  mais  le  retour  de 


SCIIOTT  -  SCIIRAMM 


la  tranquillité  ramena  l'activité  dans  cette 
maison,  dont  les  progrès  et  le  développement 
ont  été  constants  depuis  quarante  ans. 

Après  la  mort  de  Bernard  Scholt,  ses  fils 
(J.  et  A.  Srliolt),  héritiers  de  son  énergie  et  de 
sa  persévérance,  imprimèrent  aux  affaires  de 
leur  maison  une  activité  renia njiiable;  publiant 
une  énorme  quantité  de  musique,  et  fondant 
successivement  des  succursales  à  Anvers,  à 
Paris  et  à  Bruxelles.  Ils  furent  les  premiers 
qui  appliquèrent  avec  succès  la  lithographie  à 
l'impression  de  la  musique,  et  tels  furent  les 
progrès  de  ce  genre  d'impression,  concurrem- 
ment avec  la  gravure,  que  vingt  presses  sont 
maintenant  en  activité  dans  la  maison  des  fils 
de  B.  Schott,  et  qu'elles  impriment  chaque 
jour  six  mille  feuilles,  ou  environ  vingt-cinq 
mille  planches.  Les  frères  Scholt  furent  aussi 
les  premiers  éditeurs  de  l'Allemagne  qui  payè- 
rent aux  compositeurs  un  prix  honorable  pour 
acquérir  la  propriété  de  leurs  ouvrages.  On 
sait  que  ce  furent  eux  qui  achetèrent  les  der- 
nières grandes  productions  de  Beethoven, 
telles  que  sa  symphonie  avec  chœurs,  sa 
deuxième  messe  solennelle  et  ses  derniers 
quatuors  de  violon.  Ce  changement  favo- 
rable dans  la  situation  des  compositeurs 
allemands  ne  put  se  faire  que  lorsque  des 
mesures  eurent  été  prises  pour  garantir  la 
propriété  des  éditeurs;  garantie  difficile  à 
établir  dans  un  pays  divisé  en  une  infinité  de 
petits  Étals.  Une  association  entre  les  princi- 
paux éditeurs  de  l'Allemagne,  sollicitée  par  les 
frères  Scholt,  vint  enfin  donner  à  tous  une  sé- 
curité nécessaire  par  une  garantie  réciproque. 

En  1818,  les  frères  Scholt  avaient  ajouté  la 
fabrication  des  instruments  à  leurs  opérations 
du  commerce  de  musique.  Parmi  les  produits 
de  leur  fabriqueon  a  cité  parliculièrementavec 
éloges  les  bassons  d'Almenrœder,  elles  haut- 
bois de  Foreit.  En  1826,  la  fabrication  des 
pianos  vint  encore  augmenter  l'importance  de 
leur  établissement  :  les  instruments  de  ce 
genre,  sortis  de  leur  maison,  ont  obtenu  de- 
puis lors  une  réputation  méritée  en  Allemagne. 

Les  frères  Scholt  se  sont  aussi  rendus  recom- 
mandâmes par  la  publication  de.quelques  bons 
ouvrages  de  théorie  musicale,  à  la  tête  desquels 
se  placent  les  œuvres  de  G.  Weber, et  l'excellent 
recueil  de  critique  musicale  intitulé  Cxcilia. 

Deerandes  maisons  succursales  de  celles  de 

», 
Mayence  ont  été  établies  par  les  frères  Scholt  a 

Bruxelles,  à  Paris  et  à  Londres;  les  affaires  du 
commerce  de  musique  y  sont  considérables. 

SCIIOTTKY  (Ju£es-Maximilies),  profes- 
seur de  littérature  à  l'université  dePrague,  est 


auteur  d'un  livre  intitulé  :  Paganini's  Leben 
und  Treiben  als  Kiinstler  und  als  Mensck; 
mit  unpartkeiischer  Beriiclisichtigung  der 
iVeinungeii  seinerJntixngerundGegner(\ic 
et  aventures  de  Paganini,  comme  artiste, 
comme  homme,  etc.);  Prague,  Calve,  1830, 
un  volume  in-8°  de  quatre  cent  dix  pages, 
avec  le  portrait  de  l'artiste  et  le  fac-similé  de 
son  écriture  et  de  sa  notation.  Paganini  a 
fourni  à  Schotlky  des  matériaux  pour  cet 
ouvrage,  et  l'a  chargé  de  sa  défense  contre  les 
calomnies  dont  il  était  l'objet. 

SCIIHADER  (J.-A.).  Sous  ce  nom  d'un 
auteur  inconnu,  on  a  publié  un  petit  diction- 
naire portatif  de  musique  intitulé  :  Kleines 
Taschentvœrterbuch  der  Musik;  Helmsiaedt, 
C.-G.  Fleckeisen,  1827,  petit  in-8°  carré  de 
cent  quatre  -  vingt-six  pages  avec  quinze 
planches  de  musique.  Ce  livre  est  de  peu  de 
valeur.  J'ignore  si  l'auteur  de  ce  petit  ouvrage 
est  le  même  que  Scliradcr,  pianiste  et  pro- 
fesseur de  musique  à  Wolfenhltllel,  qui  a  fait 
graver  dans  cette  ville  quelques  œuvres  pour 
le  piano  et  pour  le  chant,  parmi  lesquels 
on  remarque  le  8e  psaume  a  trois  voix. 
Les  biographes  allemands  ne  le  mentionnent 
pas. 

SCIIRADIDI  (MEtcnion),  musicien  de  la 
Silésie,  né  vers  le  milieu  de  seizième  siècle, 
entra  dans  la  chapelle  du  comte  de  Hohenzol- 
lern,en  1574,  et  ne  s'en  éloigna,  vers  1595, 
que  pour  prendre  la  place  d'organiste  à  Mun- 
sterberg.  On  voit  par  un  de  ses  ouvrages,  im- 
primé en  1606,  qu'il  était  alors  organiste 
dans  la  ville  impériale  d'Offenbourg.  On  con- 
naît sous  le  nom  de  cet  artiste  :  1»  Cantiones 
sacrx  5  et  6  vocum;  Nuremberg,  1572,  in-4». 
2°  Neuc  ausserlesene  teutsche  Gesang  mit 
vier  Stiinmen  zu  singen,  und  auf  ullerley 
/nstrumenten  zu  gebrauchen  (Nouvel  les  clm  ti- 
sons allemandes  pour  quatre  voix  et  pour 
l'usage  de  toute  espèce  d'instruments);  Franc- 
fort, 1579.  5°  Sacrx  cantiones  quinque  et 
sex  vocum,  tum  viva  voce,  tum  omnis  ge- 
neris  instrumentis  cantalu  commodissime; 
Noribergx  in  o/ficina  catharinx  T/teodorici 
Gerlachii  reliclae  vidux  et  fferedum  Joannis 
Montani,  1576,  in-4°.  4°  Cantiones  seleclx 
quas  vulgo  moleclas  appelant,  quints,  senis 
et  octonis  vocibus  ila  cornpositx,  ut  jain 
instrumentis  musicis  quant  humanx  voci 
commodissime  applicuri  possint ,  recenter 
divulgal.v et  in  lucemeditx,auctore/flelchiori 
Schrammio,  Silesio,civitatis  imperialis  Of- 
fenburgi  organico  et  musico.  Francofurli, 
ex  ofpcina  musica  Wolfgangî  Riehteri  im- 


SCIIRAMM  -  SCHREYER 


pensis  Nicolai  Steinii,  1606,  in -4°.  5°  Idem, 
deuxième  livre;  ibid.}  1614. 

SCIIRAMM  (Tobie),  racleur  d'orgues  et 
de  clavecins,  né  à  Spandau,  vivait  à  Dresde, 
en  1750.  Son  ouvrage  principal  est  l'orgue  de 
Muckenherg. 

SGHRAMM  (Jbah-Cdrbtieh)  ,  fils  d'un 
facteur  d'orgues  de  la  cour  de  Dresde,  naquit 
dans  cette  ville  en  171 1,  et  reçut  des  leçons  du 
maître  de  chapelle  Richler,  pour  le  clavecin  et 
pour  la  composition.  Après  que  Charles-Phi- 
lippe-Emmanuel  Bach  eut  quitté  Berlin  pour 
se  fixer  à  Hambourg,  Schramm  lui  succéda 
dans  la  placede  claveciniste  de  la  chambre  de 
Frédéric  II.  Il  mourut  à  Berlin,  le  7  avril 
1796.  On  ne  connaît  de  sa  composition  que 
dix-huit  duos  pour  deux  flûtes. 

SCHREEK  (maître  Vai.entin),  né,  en 
1527,  à  Altenbourg,  en  Misnie,  fit  ses  études  à 
Kœnigsberg,  et  y  fut  nommé  professeur  de 
poésie,  en  1567.  Deux  ans  après,  la  place  de 
recteur  du  collège  de  Dantzick  lui  fit  confiée. 
Il  mourut  dans  cette  ville,  en  1602.  Draudius 
cite  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  1°  Liber 
Ilxjmnorum  ecclesix  ;  Dantisci,  1578.  2°  Pa- 
rochiarum  et  hymnorum  evangelicorum  li- 
bri  HT;  Herbor.,  1586,  in-12.  Il  n'est  pas 
certain  que  ces  recueils  renferment  les  mélo- 
dies des  hymnes  qui  y  sont  contenues. 

SCIIREGER  (Jeaj-Gkoiiges),  recteur  de 
l'école  de  Bischofswerda,  en  Saxe,  yers  la  fin 
du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  un 
discours  intitulé  :  Coneordia  fralerna,  cum 
harmonium  Dei  triennius,  literarum,  mu- 
sices  et  vitx  civilis  a  me  per  triennïum  fers 
imbiberit.,elc.;Pirnx,\G'J4,  in-fol.  de  deux 
feuilles. 

SCIIREIRER  (Chiiétie;»),  poCle  et  musi- 
cien allemand,  fut  d'abord  conseiller  du  con- 
sistoire et  surintendant  à  Lengsfeld,  près  de 
Golha,  et  se  fixa,  vers  1803,  à  Eisenach,  où  il 
vivait  encore  en  1824.  Au  nombre  de  ses 
poëmes,  on  en  trouve  un  qui  a  pour  litre  : 
J/armonia  oder  das  Reich  der  Tœne.  Lin 
muiicalisçhe  Gedicht  (L'harmonie,  ou  le 
royaume  des  sons,  poème  sur  la  musique,  avec 
îles  notes  explicatives  sur  les  termes  d'art  qui 
s'y  trouvent;  Leipsick,  Breilkopf  et  Daniel, 
1K03,  in-8"  de  cent  trente-huit  pages.  On  doit 
aussi  à  Schreiber  quelques  articles  concernant 
la  musique,  insérés  dans  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick,  entre  autres  ceux-ci  :  Idées  sur 
la  musique  ancienne  et  moderne  (t.  VI,  p.  349). 
2°  Essai  pour  l'esthétique  de  la  musique 
(l.  VIII,  p.  537).  5°  La  puissance  de  la  mu- 
st'que(i.  XXVI,  p.  85).  M.  Sclucilicr  s'est  fait 


connalire  comme  musicien  par  les  productions 
suivantes  :  1°  Pièces  pour  la  harpe;  Leipsick, 
Breilkopf  et  Haerlel.  2°  Chansons  allemandes 
à  voix  seule  avec  accompagnement  de  piano. 
Premier  et  deuxième  recueil;  ibid.  3° Ballades 
et  chansons;  idem.  Troisième  recueil;  ibid. 
SCIIREIBER(Aloys),  docteuren  philoso- 
phie et  professeur  d'esthétique  à  l'université 
de  Heidelberg,  en  1805,  occupait  encore  cette 
position  en  1829.  Au  nombre  des  ouvrages  de 
ce  savant,  on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  : 
Lehrbuch  der  ALsthetik  (Traité  d'esthétique); 
Heidelberg,  1809,  un  volume  in-8°.  Il  y  traite 
de  la  musique,  §§  346  à  357. 

SCOREIDER  (Bruno),  né  à  Sorau,  le 
30  août  1823,  est  fils  d'un  organiste  de  l'église 
de  la  Grâce,  à  Hirschberg,  qui  le  dirigea  dans 
ses  premières  études  musicales.  Après  avoir 
employé  huit  années  à  faire  ses  études  litté- 
raires au  gymnase  (collège)  de  Hirschberg,  il 
se  rendit  à  Dessati  et  entra  dans  l'école  de 
Frédéric  Schneider,  qui  en  fit  un  de  ses  meil- 
leurs élèves  pour  l'orgue  et  la  composition. 
En  1844,  Schreider  fut  nommé  organiste  de 
l'église  Notre-Dame  à  Liegnitz.  On  a  publié 
de  sa  composition  quelques  recueils  de  Lieder 
avec  accompagnement  de  piano,  et  des  pièces 
d'orgue. 

SCIIREINZER  (mademoiselle  F. -M.), 
cantatrice  et  pianiste  à  Dantzick,  est  née  dans 
celte  ville  vers  1812.  Elle  s'est  fait  connaître 
par  de  bonnes  compositions  pour  le  chant  et 
le  piano,  parmi  lesquelles  on  remarque:  1° Six 
églogues  pour  piano,  op.  7,  en  deux  suites; 
Leipsick,  Kislner.  2°  Trois  pièces  caractéris- 
tiques idem,  op.  ]\  ;  ibid.  3°  Trois  poèmes  à 
voix  seule  avec  piano,  op.  19;  ibid.  4"  Trois 
idem,  op.  39;  Berlin,  Gutlentag. 

SCHREYER  (le  P.  Behnaiid),  moine  du 
couvent  de  Saint-Paul,  près  de  Munich,  vé- 
cui  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle. 
Il  est  auteur  d'un  traité  du  chant  choral 
intitulé  :  Musica  choralis  theorico-prac- 
tica,  etc.  (en  allemand);  Munich,  1663, 
in-4°.  C'est  un  des  meilleurs  ouvrages,  sur 
celle  matière,  publiés  en  Allemagne. 

SCHREYER  (le  P.  GnscomE),  religieux 
bénédictin  du  couvent  d'Andechs,  en  Bavière, 
vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  et 
fui  maître  de  chapelle  de  son  monastère.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  1°  Missic  VIII 
solemnes  in  tertio  saculo  monasterii  montes 
suncli  Andechs  a  sereniss.  ac  potentiss. 
Bavarica  Dom.  clément iss.  fundati,  etc.; 
Augshourg,  1756,  in  fol.  2°  Sacrificium  ma- 
luliniim,  seu.  JJissx  1 1  brèves,  a  4  voc. 


SCHREYER  -  SCJIROEDER-DEVRIENT 


ordin.  2  viol.  2  clar.  aut  corn,  cum  dupl. 
basso  juxla  modem,  stylum,  op.  II;  ibid., 
1703,  in-fol.  3"  Sacrificium  vespertinum  seu 
Vesperx  f'I  eum  psalmis  résidais,  a  4  voc. 
Si  viol.  Si  clar.  aut  corn,  et  dupl.  basso  de- 
cantand.r.  op.  III  ;  ibid.,  1760,  in-folio. 

SCIIREYEU  (Chrétien -Henri),  né  à 
Dresde,  le  24  décembre  1751,  n'a  eu  d'an  Ire 
maître  (pie  lui  même  pour  la  musique.  Fils 
d'un  pauvre  ouvrier  maçon,  il  n'apprit  dans 
les  écoles  publiques  que  les  plus  simples 
éléments  de  cet  art.  Les  copies  de  partitions 
qu'il  faisait  pour  le  cantor  de  Sainte-Anne 
furent  en  quelque  sorte  le  meilleur  moyen 
d'instruction  qui  lui  fut  offert  dans  sa  jeu- 
nesse. Ses  premiers  essais  de  composition,  qui 
consistaient  en  cantiques  et  motets,  furent 
faits  sans  autre  guide  que  son  instinct.  En 
1770,  il  envoya  deux  morceaux  de  ce  genre 
au  cantor,  sous  un  nom  supposé,  et  il  eut  le 
plaisir  de  les  entendre  exécuter  par  le  chœur 
de  Sainte-Anne.  L'année  suivante  il  se  rendit 
à  l'université  de  Wittenberg,  où  ses  études 
musicales  furent  interrompues  par  celle  de  la 
théologie.  De  retour  à  Dresde,  en  1776,  il  y 
devint  le  précepteur  de  quatre  enfants  qui,  se 
livrant  à  l'étude  du  piano,  lui  fournirent  l'oc- 
casion d'apprendre  à  ^ouer  de  cet  instrument. 
Son  activité  dans  la  composition  commença 
dès  cette  époque  et  ne  cessa  qu'à  sa  mort,  en 
1822.  Sa  musique  religieuse  à  grand  orchestre 
fut  souvent  exécutée  à  l'église  Sainte-Anne  de 
Dresde  et  dans  une  partie  de  la  Saxe.  En  1790, 
on  a  gravé  à  Dresde  trois  sonates  faciles  pour 
le  piano,  de  sa  composition  :  ses  autres  ou- 
vrages sont  restés  en  manuscrit  :  ils  consis- 
tent en  six  petites  sonates  pour  le  piano;  six 
grandes  idem;  six  rondeaux  à  quatre  mains; 
des  symphonies  pour  l'orchestre;  douze  mar- 
ches idem;  beaucoup  de  danses  allemandes; 
environ  trois  cents  chansons;  trente  cantates 
religieuses  avec  orchestre.  Schreyer  n'est 
connu  maintenant  que  par  un  petit  traité 
d'harmonie  et  d'accompagnement  de  la  basse 
chiffrée  intitulée  :  New  GeneralbassScliule 
oder  Geist  vereinfachler  Grundsxtze  des 
Generalbasses,  fiirden  Selbslunlerricht,mit 
100  praktischen  Beispielen  ;  Meissen,  Gœd- 
sche,  1821,  in-4°  de  trente-quatre  pages. 

SCIIHOEDEL  (Frédéric-Louis),  né  à 
Bayreuih,  dans  le  Brandebourg,  le  4  février 
1754,  fréquenta  dans  son  enfance  l'école  de 
Bernbourg,  puis  celle  de  Bellenstedt,  et  apprit 
de  son  père  les  éléments  de  la  musique.  Plus 
tard  il  apprit  à  jouer  du  violoncelle  et  parvint 
à  une  habileté  remarquable  sur  cet  instrument. 


Admis  au  service  du  prince  d'Anhalt-Bern- 
bourg,  d'abord  en  qualité  de  simple  domes- 
tique, puis  de  violoncelliste  de  la  chambre,  il 
refusa  les  offres  avantageuses  qui  lui  furent 
faites  pour  le  fixer  à  Berlin,  puis  à  Dresde, 
par  attachement  pour  son  prince.  Une  maladie 
de  langueur  l'enleva  à  l'âge  de  quarante-six 
ans,  le  16  janvier  1800.  Après  sa  mort,  on  a 
gravé  de  sa  composition  six  duos  pour  deux 
violoncelles,  à  Leipsick ,  chez  Breitkopf  et 
Hœrtel. 

SCHROEDEU  (Laurent),  organiste  de 
l'église  du  Saint-Esprit,  à  Copenhague,  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle,  est 
auteur  d'un  Eloge  de  la  musique,  où  il  est 
traité  de  l'utilité  de  cet  art  dans  le  service 
divin  :  cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Laits  tnu- 
sicx ;  Copenhague,  1639,  in-8°. 

SCimOEDEU  (Daniel),  fils  du  précédent, 
né  à  Copenhague,  dans  les  premières  années 
du  dix-septième  siècle,  fut  un  des  organistes 
les  plus  distingués  de  son  temps.  Il  remplit 
pendant  plusieurs  années  les  fonctions  d'or- 
ganiste à  Stralsund,etmourutdans  cette  ville, 
le  9  janvier  1682,  laissant  en  manuscrit 
beaucoup  de  compositions  pour  l'église. 
'  SCIIUOEDER  (Charles),  né  le  1"  mai 
1824,  à  Endorf,  dans  le  Harz  inférieur,  fit 
ses  premières  études  au  séminaire  d'Eisleben, 
et  y  reçut  les  leçons  de  Siebeck,  directeur  de 
musique.  En  1842,  il  se  rendit  à  Berlin  et  y 
étudia  la  théorie  de  la  musique  et  la  composi- 
tion dans  le  cours  du  professeur  Marx.  Ses 
éludes  terminées,  il  se  fit  connaître  à  Berlin 
comme  compositeur  dramatique  par  les  opéras 
intitulés  Die  TFalpurgisnacht ,  et  Pizarre,  ou 
la  Conquête  du  Pérou,  représenté  en  1847. 
Une  maladie  grave  le  conduisit  au  tombeau, 
le  4  février  1850,  à  Ermsleben.  On  a  publié  de 
sa  composition  des  Lieder  à  voix  seule  avec 
accompagnement  de  piano,  à  Berlin,  chez 
Challier;  Le  Désir,  étude  pour  le  piano, 
op.  3;  ibid.;  trois  petites  pièces  caractéris- 
tiques idem,  op.  4  ;  ibid.  ;  Polonaise  brillante 
idem,  op.  6;  ibid.  Schrœder  s'est  fait  con- 
naître aussi  comme  écrivain  sur  la  musique, 
par  quelques  morceaux  insérés  dans  le  Jour- 
nal de  musique  de  Gaillard,  année  1844, 
nos  18,  45  et  46. 

SCHHOEDEU-DEVRIEJXT  (Guillel- 
mink),  célèbre  cantatrice  dramatique,  est  née 
à  Hambourg  le  0  octobre  1805.  Fille  de  la 
grande  actrice  Sophie  Schrœder,  elle  en  reçut 
dès  son  enfance  d'utiles  conseils  et  de  beaux 
exemples.  A  l'âge  de  cinq  ans  elle  débuta  sur 
le  théâtre  de  Hambourg  dans  lu  corps  de  ballet, 


508 


SCHROEDER-DEVRIENT 


et  dans  sa  dixième  année  elle  fut  reçue  dans  le 
balletd'enfants  du  théâtre  impérial  de  Vienne. 
Cependant  ses  heureuses  dispositions  pour 
la  scène  déterminèrent  sa  mère  à  lui  faire 
jouer  la  tragédie  :  elle  débuta  au  Burg-théâlre 
de  Vienne,  en  1820,  dans  le  rôle  d'Aricie  de 
la  Phèdre  de  Racine,  et  brilla  dans  les  plus 
beaux  ouvrages  de  Schiller.  Depuis  plusieurs 
années,  elle  se  livrait  à  l'étude  du  chant;  ses 
progrès  dans  cet  art  lui  firent  bientôt  changer 
sa  carrière,  car,  le  20  janvier  1820,  elle  parut 
avec  un  succès  éclatant  dans  le  rôle  de  Pamina 
de  la  Flûte  enchantée.  La.  beauté  de  son  or- 
gane, l'expression  de  ses  accents  et  de  sa  phy- 
sionomie, son  débit  plein  d'intelligence  et  ses 
avantages  extérieurs,  firent  dès  lors  com- 
prendre au  public  qu'elle  était  destinéeà  se 
placer  au  premier  rang  des  cantatrices  du 
théâtre  allemand.  Pendant  son  séjour  à 
Vienne,  elle  continua  ses  éludes  vocales,  sous 
la  direction  d'un  maître  italien  nommé  Ma- 
zatti.  Emmeline,  de  la  Famille  suisse,  et 
surtout  Fidelio,  confirmèrent  les  espérances 
que  les  débuts  de  mademoiselle  Schrœder 
avaient  fait  concevoir.  Arrivée  à  Berlin,  en 
1823,  elle  y  excita  le  plus  vif  intérêt.  C'est  à 
cette  époque  qu'elle  devint  la  femme  de  De- 
vrient,  acteur  distingué  qui,  peu  de  temps 
après,  fut  engagé  avec  elle  au  théâtre  de 
Dresde.  En  1828,  madame  Schrœder-Devrient 
fit  une  deuxième  apparition  à  Berlin,  et  donna 
au  théâtre  Kœnigstadl  des  représentations,  qui 
excitèrent  le  plus  vif  enthousiasme.  Toutefois 
elle  ne  put  obtenir  d'engagement  au  théâtre 
royal,  parce  qu'elle  avait  refusé  de  chanter  la 
f'estale  de  Spontini,  ne  voulant  pas  avoir  à 
lutter  dans  celle  pièce  avec  le  souvenir  de  ma- 
demoiselle Schechner,  qui  y  avait  déployé  un 
talent  de  premier  ordre,  quelques  mois  aupa- 
ravant. 

Des  écrivains  de  l'Allemagne  ont  accusé 
Spontini  d'avoir  poussé  la  rancune  jusqu'à 
vouloir  empêcher  que  madame  Schrœder- 
Devrient  put  se  faire  entendie  à  Berlin,  même 
au  théâtre  Kœnigstadt;  quoi  qu'il  en  soit  de 
cette  imputation  des  ennemis  du  célèbre  com- 
positeur, les  admirateurs  de  celle  cantatrice 
remportèrent,  et  elle  joua  VEurianle  de 
Weber  avec  le  plus  brillant  succès.  En  1829  et 
1830,  elle  parut  à  Paris  dans  la  troupe  alle- 
mande qui  y  donna  des  représentations,  et  y 
fit  la  plus  vive  impression  dans  Fidelio,  En- 
riante ,  Oberon  et  Don  Juan.  Son  énergie 
dramatique  excita  surtout  des  transports 
d'admiralion  dans  le  rôle  de  Léonore,  de  Fi- 
delio. Son  succès  détermina  l'administration 


du  théâtre  italien  à  l'engager  pour  une  saison  : 
en  souscrivant  à  cet  engagement,  madame 
Schrœder  porta  atteinte  à  la  haute  réputation 
qu'elle  s'était  faite  au  théâtre  allemand,  car 
son  éducation  vocale  ne  la  rendait  pas  propre 
à  lutter  de  talent  avec  les  grands  chanteurs 
qui  étaient  alors  réunis  au  Théâtre  Italien. 
Elle-même  comprit  la  faute  qu'elle  avait  faite, 
car,  en  18-52,  elle  rompit  avec  l'administration 
de  ce  théâtre  et  retourna  en  Allemagne.  Dans 
l'année  suivante,  elle  chanta  au  théâtre  alle- 
mand de  Londres,  et  n'y  fit  pas  moins  d'effet 
qu'à  Berlin  et  à  Paris.  En  1837,  elle  eut  un 
nouvel  engagement  dans  la  capitale  de  l'An- 
gleterre pour  chanter  au  théâtre  anglais;  ce 
fut  dans  celle  saison  qu'une  altération  sensible 
de  sa  voix  se  manifesta.  Le  repos  étant  devenu 
nécessaire,  madame  Schrœder-Devrient  re- 
tourna à  Dresde,  dont  le  séjour  avait  toujours 
du  charme  pour  elle.  Cette  époque  est  celle  où 
elle  fil  le  plus  long  séjour  dans  celle  ville,  car 
elle  y  acheva  son  engagement  avec  le  théâtre 
royal,  dont  le  terme  arriva  en  1847,  et  qui  ne 
fut  pas  renouvelé.  Dans  cette  même  année, 
elle  épousa,  contre  l'avis  de  ses  amis,  un  offi- 
cierai! servicedu  roi  de  Saxe,  nommé  Dœring, 
qui  ne  la  rendit  pas  heureuse,  et  partit  avec 
lui  pour  P é te rs bourg,  où  elle  ne  trouva  pas 
d'engagement;  puis  elle  se  rendit  à  Copen- 
hague. Dans  les  quelques  représentations 
qu'elle  y  donna,  elle  retrouva  l'enthousiasme 
d'autrefois  pour  son  talent  dramatique.  De 
Copenhague,  elle  alla  à  Riga,  où  elle  se  sépara 
de  son  mari.  De  retour  en  Allemagne,  au  mois 
de  février  1848,  elle  s'arrêta  à  Berlin,  où  fut 
prononcé  le  divorce  qui  lui  rendait  la  liberté. 
Ne  trouvant  plus  d'engagement  dans  sa  patrie, 
elle  fit  un  voyage  à  Paris,  au  mois  de  mars 
1840,  n'y  fut  pas  plus  heureuse  et  fut  obligée  de 
retourner  à  Dresde,  oii  elle  arriva  précisément 
au  moment  où  la  révolution  du  mois  de  mai 
éclatait.  Obligée  de  se  réfugier  à  Goiha,  pui^  à 
Heidelberg,  et  trouvant  partout  l'émeute,  die 
se  rendit  en  Suisse  et  chanta  à  Zurich  dans 
quelques  concerts  ;  puis  elle  fit  un  assez  long 
séjour  au  bord  du  lac  de  Brientz.  L'air  pur  et 
le  repos  qu'elle  y  trouva  rétablirent  sa  santé. 
Ce  fut  là  qu'elle  connut  un  propriétaire  de  la 
Livonie,  nommé  M.  De  Bock,  qui  l'épousa  ,'i 
Gotha,  le  14  mars  ]KM).  Quelques  années  heu- 
reuses furent  la  suite  de  celle  nouvelle  union; 
mais,  en  1857,  des  démêlés  qu'eut  madame  de 
Bock  avec  la  famille  de  son  mari  l'obligèrent 
à  s'éloigner  de  la  Livonie,  sans  se  séparer 
toutefois  de  son  époux.  En  1858,  elle  reparut 
dans  les  concerts  à  Berlin,  à  Dresde  cl  à  Leip- 


SCHROEDER-DEVRIENT  —  SCHROETER 


509 


sick;  mais  elle  n'était  plus  que  l'ombre  d'elle- 
même,  et  son  ancienne  réputation,  seule,  la 
protégeait  près  du  public.  Revenue  de  Leipsick 
à  Dresde,  en  1859,  elle  y  sentit,  presque  subi- 
tement, les  premières  douleurs  occasionnées 
par  un  cancer  :  les  progrès  du  mal  furent  la- 
pides. Semant  sa  fin  approcher,  elle  se  fit 
transporter  a  Cobourg,  chez  sa  soeur,  madame 
Schrœder-Gcrlacb,  actrice  du  théâtre  de  celte 
rour,  et  le  2G  janvier  18G0,  elle  y  expira.  Pen- 
dant les  meilleures  années  de  sa  carrière 
(1832-1830),  madame  Schrœder-Devrienl  fut 
cerlainement  un  des  plus  beaux  talents  dra- 
matiques qu'il  y  ait  eu  sur  les  scènes  alle- 
mandes. 

SCnnOEDER-STEINMETZ  (Nicolas- 
Guillaume),  amateur  de  musique,  naquit  à 
Groningue,  en  1793.  Fils  du  colonel  hollandais 
Sleinmetz.  qui  fut  tué  à  la  bataille  deTalavera, 
il. joignit  à  son  nom,  suivant  l'usage  de  son 
pays,  celui  de  sa  mère,  fille  du  savant  Schrœ- 
iler,  professeur  de  langues  orientales.  Devenu 
lui-même  hahile  dans  ces  langues,  il  y  ajouta 
la  connaissance  du  droit,  et  fut  considéré 
comme  un  des  meilleurs  amateurs  de  la  Hol- 
lande, par -ses  talents  sur  le  piano,  le  violon 
et  dans  la  composition.  Le  désir  d'inspirer  à 
ses  compatriotes  le  goût  de  l'art  qu'il  cultivait 
avec  succès  lui  fit  entreprendre,  en  1818,  la 
publication  d'un  écrit  périodique  sur  la  musi- 
que, intitulé  jimphion,  Een  tijdschrift  voor 
vrienden  en  beoefcnaars  der  Toonhmst  (à 
Groningen,  chez  Oomkens);  mais  cet  ouvrage 
fut  accueilli  avec  froideur  et  ne  répondit  pas 
aux  vues  de  l'auteur.  Sleinmetz  venait 
d'achever  la  publication  du  troisième  volume 
de  son  Journal,  lorsqu'il  mourut  en  1826,  au 
moment  où  le  gouvernement  des  Pays-llas  ve- 
nait de  le  charger  d'une  mission  diplomatique 
en  Perse.  Parmi  ses  compositions,  on  remar- 
que un  quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  un  concertino  pour  la  clarinette,  un 
pot-pourri  pour  le  même  instrument,  et  plu- 
sieurs cantates  de  circonstance. 

SCHROETEU  (Léonard),  musicien  alle- 
mand du  seizième  siècle,  né  à  Torgau,  vivait  à 
Magdehourg,  en  1580.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1°  Canliones  sacrx  suavissimx 
quatuor  vocum ;Erfurt,  1576,  in-4°.  2°  Vingt- 
cinq  hymnes  en  langue  latine  pour  les  princi- 
pales fêles  de  l'année  à  quatre,  cinq,  six  et 
huit  voix;  Erfurt,  1580.  3»  Vingt-huit  idem; 
ibid.,  1587.  4°  Petits  cantiques  de  Noël  à 
quatre  et  huit  voix;  Helmstadl,  1587,  in-4°. 
Le  portrait  deSchrœter  se  trouve  en  tête  de  cet 
ouvrage. 


SCilROETEIl  (CuniSTOPiiE-GoTTUED,  ou 
Théophile),  organiste  à  Nordhausen,  naquit 
à  Hohcnstein,  près  de  Dresde,  le  10  août  1099. 
Son  père  lui  enseigna  les  éléments  de  la  mu- 
sique, où  il  fit  de  si  rapides  progrès,  qu'il  put 
entrer  à  l'âge  de  sept  ans  dans  la  chapelle 
royale  de  Dresde,  en  qualité  de  soprano.  Le 
maille  de  chapelle  Schmidt  le  prit  en  affec- 
tion, et  perfectionna  ses  connaissances  musi- 
cales, en  lui  enseignant  l'harmonie  et  l'accom- 
pagnement; puis  il  lui  apprit  les  règles  du 
contrepoint  et  de  la  fugue.  Cependant  la  mère 
de  Schrœter  voulait  qu'il  se  livrât  à  l'élude  de 
la  théologie  :  pour  se  conformera  ses  désirs,  il 
se  rendit,  en  1717,  à  l'université  de  Leipsick,  et 
en  suivit  les  cours  ;  mais  bientôt  après  sa  mère 
mourut,  et  il  retourna  à  Dresde,  où  son  ancien 
maître  Schmidt  lui  procura  l'emploi  de  secré- 
taire de  Lotti,  qui  venait  d'arriver  en  cette 
ville.  Cette  place,  qui  lui  imposait  l'obligation 
de  transcrire  les  ouvrages  du  célèbre  compo- 
siteur italien,  eut  pour  lui  les  plus  heureux  ré- 
sultats, en  lui  mettant  souvent  sous  les  yeux 
d'excellents  modèles  pour  l'art  d'écrire  avec 
élégance  et  clarté.  Malheureusement  pour  lui, 
Lotli  retourna  en  Italie,  en  1719,  après  avoir 
achevé  les  opéras  pour  lesquels  il  avait  été  ap- 
pelé à  Dresde.  Peu  de  temps  après,  un  baron 
allemand,  grand  amateur  de  flûte  et  de  luth, 
fit  à  Schrœter  la  proposition  de  l'accompagner 
dans  un  voyage  en  Allemagne,  en  Hollande  et 
en  Angleterre  :  celle  proposition  ayant  été  ac- 
ceptée, les  voyageurs  se  mirent  en  route,  et 
ne  rentrèrent  à  Dresde  qu'en  1724.  Schrœler 
conçut  alors  le  projet  de  continuer  ses  éludes 
littéraires,  et  se  rendit  à  l'université  de  Jéna, 
où  il  ouvrit  un  cours  de  musique  théorique  et 
pratique  qui  fut  suivi  et  améliora  sa  position 
financière.  Après  deux  ans  de  séjour  en  celle 
ville,  il  obtint,  sans  l'avoir  demandé,  le  poste 
d'organiste  de  l'église  principale  à  Minden. 
Le  revenu  en  était  peu  considérable;  cepen- 
dant il  l'accepta,  dans  l'espoir  de  pouvoir  s'y 
livrer  en  liberté  à  la  rédaclion  d'un  traité 
complet  d'harmonie  qu'il  méditait.  Toutefois, 
il  s'élait  trompé  dans  ses  prévisions,  car  les 
devoirs  de  sa  place  et  ses  compositions  obli- 
gées pour  les  jours  de  fêtes  lui  laissaient  à 
peine  quelques  heures  chaque  semaine  pour  la 
lecture  et  la  méditation. 

En  1732,  il  échangea  sa  position  à  Minden 
contre  celle  d'organiste  à  Nordhausen,  dont  le 
revenu  était  à  peine  suffisant  pour  ses  besoins, 
bien  que  ceux-ci  fussent  réduits  au  plus  strict 
nécessaire  ;  mais  il  y  trouva  du  moins  le  loisir 
nécessaire  pour   ses  travaux.    Là  vécut  dam 


510 


SCHROETF.R 


l'oubli  et  l'abandon,  pendant  cinquante  ans, 
«et  homme  d'art  et  de  science,  qui  était  digne 
d'être  mieux  connu  du  monde  musical,  par  le 
rare  mérite  de  ses  ouvrages.  Schrœter  mourut 
dans  celte  jolie  ville  de  la  Saxe,  au  mois  de 
novembre  1782,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois 
ans. 

Dans  la  liste  qu'il  a  faite  lui-même  de  ses 
compositions,  on  remarque  :  1°  Quatre  années 
entières  de  musique  d'église  sur  les  poésies  de 
Neumester.  2e  Une  idem  sur  les  poésies  de 
Rambach.  5°  Deux  idem  sur  les  poésies  de 
Scheibel.  4°  Quatre  musiques  complètes  pour- 
la  Passion.  5°  Les  sept  paroles  de  Jésus-Christ, 
sur  ses  propres  poésies.  6°  Beaucoup  de  com- 
positions de  circonstance  pour  des  noces, 
funérailles,  fêtes  de  villages,  prestations  de 
serment,  etc.,  la  plupart  sur  ses  poésies. 
7°  Plusieurs  cantates  et  sérénades,  avec  ou 
sans  accompagnement.  8°  Une  multitude  de 
concertos,  ouvertures,  symphonies  et  sonates 
pour  toutes  sortes  d'instruments,  mais  parti- 
culièrement pour  le  clavecin.  '9°  Plusieurs  fu- 
gues et  préludes  de  chorals  pour  l'orgue.  Tous 
ces  ouvrages,  restés  en  manuscrit,  sont  vrai- 
semblablement perdus  aujourd'hui. 

La  science  de  l'harmonie  est  particulière- 
ment redevable  aux  travaux  de  Schrœter. 
L'élude  des  mathématiques  lui  avait  donné  le 
goût  des  calculs  relatifs  aux  proportions  des 
intervalles  et  au  tempérament.  Ses  premières 
recherches  sur  ce  sujet  furent  faites  au  moyen 
d'un  monocorde  qui  lui  avait  prêté,  vers  1717, 
Bœhmisch,  organiste  de  l'église  de  la  Croix,  à 
Dresde.  Sa  nomination  de  membre  de  la  so- 
ciété mnsicale  fondée  par  Mizler  (voyez  ce 
nom)  le  ramena  vers  ce  sujet,  qu'il  traita  avec 
beaucoup  de  développement  dans  une  discus- 
sion de  système  contre  Scheibe  et  contre 
Sorge  (voyez  ces  noms).  Ses  écrits  sur  la  litté- 
rature de  la  musique,  le  calcul  des  intervalles 
et  l'harmonie  sont  les  suivants  :  1°  Epistala 
gratulatoria  de  Musica  Davidica  et  Salo- 
monica;  Dresde,  1716,  in-4"  de  deux  feuilles. 
Schrœter  était  élève  à  l'école  de  la  Croix,  à 
Dresde,  lorsqu'il  fit  imprimer  cet  écrit,  tiré 
seulement  à  cinquanleexemplaires,  devenus  si 
rares,  qu'il  ofiïit  lui-même  plus  lard  un  ducat 
à  quiconque  pourrait  le  lui  procurer.  L'ou- 
vrage, dédié  au  maître  de  chapelle  Schmidt, 
avait  pour  objet  de  démontrer  la  supériorité 
de  la  musique  moderne  sur  celle  du  temps  de 
David,  et  de  réfuter  l'opinion  contraire  émise 
par  Prinz.  2°  Der  crilisch  Musicus,  heraus- 
gegebenvon  J.-Ad.  Scheibe  (Le  musicien  cri- 
tique, publié  par  J.-Ad.  Scheibe).  C'est  une 


critique  de  ce  recueil  périodique,  particulière* 
ment  du  numéro  5,  dans  lequel  Scheibe  avait 
émis  l'opinion  que  les  calculs  des  intervalles 
ne  sont  d'aucune  utilité  dans  la  pratique  de 
l'art.  Ce  morceau,  inséré  dans  la  quatrième 
livraison  du  tome  Ier  île  la  Bibliothèque  mu- 
sicale de  Mizler  (p.  50  et  suiv.),  a  été  repro- 
duit dans  la  deuxième  édition  du  Musicien 
critique,  avec  la  réponse  de  Scheibe.  3°  Die 
Nothwendigkeit  der  Malhematik  bey  griind- 
licher  Erlernung  der  musikalischen  Compo- 
sition (L'utilité  des  mathématiques  dans 
l'enseignement  normal  de  la  composition  mu- 
sicale). Cette  critique,  beaucoup  plus  détaillée, 
plus  approfondie  que  la  première,  porte  le 
nom  de  Schrœter,  tandis  que  l'autre  est 
anonyme.  On  la  trouve  dans  le  même  écrit  pé- 
riodique (t.  III,  IIe  partie,  p.  201-276, 
ann.  1746  ;  et  p.  409-463).  4° Lettre  à  Laurent 
Mizler  concernant  l'établissement  de  la  So- 
ciété des  sciences  musicales.  Cette  lettre,  da- 
tée de  1738,  est  insérée  dans  le  même  écrit, 
année  1747,  p.  464  et  suiv.  5°  Der  musika- 
lischen Intervallen  Anzahl  und  Sitz  (Le 
nombre  et  l'ordre  des  intervalles  musicaux). 
6°  George  Phil.  Telemanns  neues  musika- 
lisches  System  (Examen  du  nouveau  système 
d'intervalles  de  Telemann.  7°  Beurtheilung 
der  zweyten  Auflage  des  Critischen  Musici 
(Critique  de  la  deuxième  édition  du  Musicien 
critique).  C'est  une  réplique  à  la  réponse  de 
Scheibe  insérée  dans  cette  édition).  Ces  der- 
niers morceaux  se  trouvent  aussi  dans  la  Bi- 
bliothèque musicale  de  Mizler  (t.  III, 
IVe  partie,  p.  687-754).  8°  Épitre  à  l'auteur 
des  lettres  critiques  sur  la  musique  (Kritische 
Briefe  iiber  die  Tonkunst,  t.  III;  Berlin, 
1763).  9°  Bedenken  iiber  Herrn  Sorgen 
sch  mœhend  angefangenen  Streit  vider  Herrn 
Marpnrgsim  Handbuchebeschiedenen  Vor- 
trag  wegen  Herleitung  der  mancherley  har- 
monischen  Sxtze  (Réflexions  sur  la  diatribe 
de  M.Sorgecontreles  principes  deM.  Marpurg, 
concernant  l'origine  des  successions  harmo- 
niques). Ce  petit  écrit  se  trouve  dans  les 
Lettres  critiques  (t.  II,  p.  448-450).  Schrœter 
eut  dans  ce  morceau  le  tort  de  prendre  parti 
pour  Marpurg,  dans  sa  discussion  avec  Sorge 
(voyez  ces  noms)  sur  la  théorie  de  l'harmonie  ; 
mais,  plus  tard,  il  se  sépara  de  lui  sur  les  points 
les  plus  importants  de  la  doctrine  harmonique. 
10"  Plan  général  d'un  tempérament  conforme 
aux  proportions  de  Pythagore,  dans  lequel  la 
quinte  est  2:  3,  et  la  quarte  3:  4  (dans  le  II  Ie  vo- 
lume de  la  Bibliothèque  musicale  de  Mizler, 
p.  580).  Ce  plan,   ouvrage  de  la  jeunesse  de 


SCHROETER 


61 1 


Schrœler,  n'élait  que  le  premier  jet  d'un  tra- 
vail qui,  plus  tard,  a  vu  le  jour  dans  quelques- 
uns  des  écrits  précédemment  indiqués.  Il  a 
donné  lieu  à  un  petit  ouvrage  intitulé  :  Unter- 
suchung  der  Schrœterischen  Claviertempe- 
raturen  (Examen  du  tempérament  du  clavecin 
de  Schrœler),  in-8°,  publié  en  1754,  sans  nom 
de  lieu  ni  d'imprimeur.  On  trouve  une  longue 
analyse    comparative    du     tempérament    de 
Schrœter  et  de  celui  de  Sorge,  dans  les  Lettres 
critiques  sur  la  musique,  publiées  par  Mar- 
purg(t.  II,  p.    279-524).  \\-  Deutliche  Jn- 
weisung  zum  Generulbass   in  best.vndiger 
Verxnderung  des  uns  angebornen  harmo- 
nischen  Drieklangs  mit  zulxnglichen  Exem- 
peln,  etc.  (Instruction  claire  sur  la  basse  con- 
tinue, etc.);  Halherstadt,  J.-H.  Gross,  1772, 
in-4°de  XXIV  et  202  pages.  Cet  ouvrage  est 
la  meilleure  production  de  Schrœter,  et  c'est 
un  des  livres  les  plus  remarquables  que  l'Alle- 
magne ait  produits  sur  la  science  de  l'harmo- 
nie. Schrœler  avait   lu  tout   ce  qui  avait  été 
publié  sur  cette  science,  et  avait  résumé  les 
travaux  de  ses  prédécesseurs  dans  une  His- 
toire de  l'harmonie,  dont  le  manuscrit  périt 
malheureusement  dans   le   pillage    de  Nord- 
hausen  par  l'armée  française,  en  1701.  Trop 
âgé   pour   recommencer  un    pareil   ouvrage, 
Schrœter  se  borna    à  en   donner  un  abrégé 
dans  l'excellente  préface  de  son  Instruction 
sur  l'harmonie.  A  l'égard  de  celle-ci,  elle  est 
divisée  en  vingt-six  chapitres.  Schrœter  éta- 
blit dans  le  huitième  (p.  ôG)  que  l'accord  par- 
fait seul  existe  par  lui-même,  et  que  tous  les 
autres  sont  les  produits  ou  du  renversement 
«le  cet  accord,  ou  de  la  substitution  de  la  sep- 
tième à  l'octave,  pour  la  formation  de  l'accord 
de  septième  de  dominante,  ou  de  la  prolonga- 
tion, pour  la  construction  de   la  septième  du 
second  degré  et  de  l'harmonie  qui  en  dérive, 
ou  de  l'anticipation.  La  prétendue  substitution 
de  la  septième  à  l'octave,   pour  la  formation 
de  l'accord  de  septième  dominante,   est  sans 
doute  une  erreur,  car  cet  accord,  caractéris- 
tique de  la  tonalité  moderne,  existe  par  lui- 
même  aussi  bien  que  l'accord  parfait;  mais  à 
l'égard  de  la  prolongation  pour  la  création  de 
l'accord  de  septième  du  second  degré,  c'était 
une   véritable  découverte,  et  le  premier   pas 
fait  vers  une  théorie  rationnelle  et  complète 
de  l'harmonie.  Schrœler  ne  considère  dans  ce 
phénomène  que  l'effet  du  relard;  c'est  pour- 
quoi il  lui  donne  le  nom  de  Vcrzxgerung  (re- 
tardatio).  Si  on  lui  avait  demandé  quel  est  ce 
retardement,     il    aurait    éprouvé    beaucoup 
d'embarras  pour  trouver  une  réponse  satisfai- 


sante; car  il  est  évident  que  la  prolongation 
venant  à  cesser,  par  exemple,  dans  l'accord 
ré,  fa,  la,  ut,  on  aura  pour  résolution  ré,  fa, 
la,  si,  qui  n'est  pas  une  harmonie  conson- 
nante.  Il  y  a  donc  quelque  autre  circonstance 
qui,  dans  l'accord  ré,  fa,  la,  ut,  se  combine 
avec  la  prolongation  <Vut;  mais  l'analyse  de 
Schrœler  n'a  pas  creusé  si  profondément  :  elle 
s'est  arrêtée  à  la  découverte  du  fait  de  retarde- 
ment, découverte  importante  qui,  depuis  lors, 
a  porté  ses  fruits.  12"  Letzte  Bescharftigung 
mit  musikalischen  Dingen;  nebst  sechs  Tem- 
peralurplanen  und  einer  Notentafel  (Der- 
niers travaux  sur  des  sujets  de  musique,  avec 
six  plans  de  tempérament  et  une  planche  de 
musique);  Nordhausen,  1782,  in-4°  de  cin- 
quante-deux pages.  Ce  petit  ouvrage  est  en 
quelque  sorte  l'examen  et  le  résumé  de  tout 
ce  que  l'auleur  avait  écrit  précédemment. 

Schrœler  mérite  aussi  d'être  mentionné 
comme  inventeur  dans  la  conslruction  des  in- 
struments. Il  était  encore  élève  à  l'école  de  la 
Croix,  à  Dresde,  lorsqu'il  conçut,  en  1717,  le 
plan  d'un  piano,  ou  clavecin  à  marteaux  des- 
tinés à  changer  la  nature  du  son  en  frappant 
les  cordes,  au  lieu  de  les  pincer  par  des  plumes 
de  sautereaux.  Lui-même  nous  apprend  qu'il 
en  fit  un  double  modèle,  qu'il  fit  mettre  sous 
les  yeux  de  la  cour  de  Saxe,  en  1721.  Toute- 
fois cette  découverte  eut  alors  si  peu  de  reten- 
tissement ,  qu'on  ignorerait  absolument  la 
part  que  Schrœler  y  a  eue,  si  lui-même  ne 
nous  en  eût  instruits  dans  un  écrit  qu'il  (il 
insérer,  en  1763,  dans  les  Lettres  critiques  de 
Marpurg  (t.  II,  lettre  159),  sous  ce  titre  : 
Umstxndliche  Beschreibung  eines  neuerfun- 
denen  Clavierinstruments  ,  auf  welchem 
man  in  unterschiedenen  Graden  stark  und 
schwach  tpielen  katin  (Description  détaillée 
d'un  nouvel  instrument  à  clavier,  sur  lequel 
on  peut  jouer  à  différents  degrés  forte  ou 
piano),  avec  deux  planches.  Il  est  juste  de 
dire  que  Marius, facteur  de  clavecins  de  Paris, 
avait  déjà  présenté,  en  1716,  à  l'Académie  des 
sciences,  trois  modèles  de  clavecins  à  mail- 
lets, dans  lesquels  l'idée  des  cordes  frappées 
par  des  marteaux  mécaniques  était  déjà  réa- 
lisée. Il  est  vrai  aussi  que  Godefroi  Silbermann 
avait  toujours  passé  en  Allemagne  pour  l'in- 
venteur du  piano;  peut-être  n'a-l-il  que  per- 
fectionné l'invention  de  Schrœter  :  toutefois  il 
est  singulier  que  celui-ci  n'ait  réclamé  celle 
invention  que  sept  ans  après  la  mort  de  celui  à 
qui  elle  avait  toujours  été  attribuée,  et  quarante- 
six  ans  après  la  date  qu'il  lui  assigne  (1). 
(I)  Voyez,  à  eu  sujet,  une  discussion  élevée  entre  la 


512 


SCIIROETER  -  SCIIUBART 


Schrœler  s'est  aussi  présenté  comme  l'au- 
teur d'une  autre  invention  qui  a  été  disputée 
entre  plusieurs  fadeurs,  savoir  celle  du  moyen 
propre  à  donner  à  l'orgue  les  nuances  du  forte 
et  du  piano.  En  1740,  dit  il,  il  avait  déjà 
achevé  celle  invention,  dont  on  lui  offrit  cinq 
cents  thalersjà  la  condition  d'en  laisser  l'hon- 
neur au  mécanicien  qui  l'avait  aidé  dans  son 
entreprise.  Il  n'explique  pas  clairement  pour- 
quoi son  refus  d'accepter  ces  conditions  lui  a 
fait  abandonner  une  découverte  à  laquelle  il 
attachait  tant  de  prix. 

SCIIROETER  (Jean-Geoiiges),  fadeur 
d'orgues  à  Effort,  dans  la  première  moilié  du 
dix-huitième  siècle,  a  construit  les  ouvrages 
suivants:  1°  L'orgue  de  l'église  des Auguslins, 
à  Erfurl,  commencé  par  Sterzing,  et  terminé 
par  Schrœler.  2°  Orgue  de  quatorze  jeux,  dans 
l'église  de  Tous  les  Saints,  à  Erfurl,  en  1724. 
3°  A  Wandersleben,  près  d'Erfurl,  un  orgue 
de  vingt-deux  jeux,  en  1754.  4"  L'orgue  du 
grand  hôpital  d'Erfurl  ,  composé  de  vingt- 
quatre  jeux,  en  1735.  5°  Un  orgue  de  vingt- 
trois  jeux,  à  Alach,  près  d'Erfurl,  en  1735. 
Un  autre  de  trente-deux  jeux,  à  Herbslehen, 
dans  le  duché  de  Gotha.  7"  Enfin  un  orgue  de 
vingt  jeux,  à  Kleinbrembach,  vers  1746. 

SCIIROETER  (Coron  a-Élisabetii-Guil- 
lelmine),  cantatrice  de  la  cour  de  Weimar, 
naquit  à  Varsovie,  en  1748.  Elle  n'était  âgée 
que  de  seize  ans  quand  elle  commença  à  briller 
dans  les  concerts  de  Leipsick.  En  1778,  elle 
enlra  au  service  du  grand-duc  de  Weimar.  On 
la  citait  surtout  pour  son  talent  d'expression 
dans  l'exécution  des  mouvements  lents.  Elle 
mourut  à  Weimar,  au  mois  de  juin  1802.  On 
a  gravé  de  sa  composition  deux  suites  de 
chansons  allemandes  avec  accompagnement 
de  piano;  Weimar,  Hoffmann. 

SCIIROETER  (Jean-Samuel),  frère  de  la 
précédente,  naquit  à  Varsovie,  en  1750.  Dès 
l'âge  de  dix-sept  ans,  il  avait  déjà  acquis  tant 
d'habileté  sur  le  clavecin:,  qu'il  pouvait  jouer 
à  première  vue  tous  les  concertos  qu'on  lui 
présentait,  Après  avoir  fait  un  voyage  en  Hol- 
lande avec  son  père,  il  se  rendit  à  Londres 
vers  1774,  y  demeura  quelque  lemps  dans 
l'obscurité,  et  fut  obligé  d'accepter  une  place 
d'organiste  dans  une  chapelle  allemande.  Sur 
la  recommandation  de  Bach,  le  marchand  de 
musique Napier  (il  graver  son  premier  œuvre 
de  sonales  de  clavecin,  donl  le  succès  le  fil 
connaître  avantageusement.  Un  mariage  clan- 
destin avec  une  de  ses  élèves,  dont  la  famille 

Gazttle  musicale  de  Paris   (1834,  n"  28),  et  la   Itevue 
musical»  (8""-  artncc,  n»  2'.t). 


appartenait  à  la  haute  société  ,  lui  suscita 
beaucoup  de  chagrin.  La  menace  d'être  traduit 
devant  la  cour  de  la  chancellerie  l'obligea  de 
consentir  à  l'annulation  de  son  hymen, 
moyennant  une  pension  viagère  de  cinq  cents 
livres  sterling:  L'éclat  qu'avait  eu  celte  affaire 
lui  fit  chercher  une  retraite  à  la  campagne.  Il 
y  eut  l'honneur  de  se  faire  entendre  devant  le 
prince  de  Galles,  qui  lui  donna  un  emploi  dans 
sa  maison,  avec  des  appointements  considé- 
rables; mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  de  cet 
avantage,  car  une  maladie  de  poitrine  le  con- 
duisit au  tombeau,  le  2  novembre  1788.  On  a 
publié  de  sa  composition  :  In  Six  sonales  pour 
le  clavecin,  op.  1  ;  Amsterdam.  2"  Trois  quin- 
tettes pour  piano,  deux  violons,  alto  et  basse; 
ibid.  3°  Six  trios  pour  clavecin,  violon  el  vio- 
loncelle, op.  2;  ibid.  4"  Six  concertos  pour  le 
clavecin,  op.  3;  Londres.  5°  Trois  concertos 
pour  le  clavecin,  op.  4;  Berlin.  6°  Trois  idem, 
op.  5  ;  ibid.  7°  Six  idem,  op.  6;  Paris,  Sieber. 
8°  Deux  trios  pour  clavecin,  violon  el  basse, 
op.  9;  Amsterdam,  1787. 

SCIIROETER  (Jear-Hewbi),  second  Hère 
de  Corona,  naquit  à  Varsovie  en  1702.  Dès 
l'âge  de  sept  ans  il  se  fit  entendre  dans  un 
concerto  de  violon  au  concert  de  Leipsick.  De- 
venu violoniste  habile  et  virtuose  sur  l'har- 
monica, il  voyagea  pour  donner  des  concerts, 
et  se  rendit  à  Londres,  en  1782.  Il  y  a  fait 
graver  de  sa  composition  :  1°  Six  duos  pour 
deux  violons.  2"  Six  duos  pour  violon  et  vio- 
loncelle, op.  3.  Plus  tard,  Schrœler  a  vécu  à 
Paris,  et  y  a  publié  plusieurs  œuvres  de  duos 
et  de  trios  pour  violon  et  Mille. 

SCIILIRACK  (Jacques),  syndic  de  la  ville 
«le  Hambourg,  y  naquit  en  1726,  et  mourut  le 
15  mai  1784.  A  des  connaissances  étendues 
dans  la  jurisprudence,  il  unissait  beaucoup 
d'habileté  dans  la  musique,  composait  avec 
goût,  jouait  de  plusieurs  instruments  et  diri- 
geait bien  un  orchestre.  On  a  de  lui  un  petit 
écrit  intitulé  :  Von  der  musilialischen  Décla- 
mation (De  la  déclamation  musicale);  Gœt- 
tingue,  1775,  in-8°  de  quarante-huit  pages. 
Forkcl  a  donné  un  extrait  de  cet  opuscule 
dans  sa  Bibliothèque  musicale  (t.  III,  p.  226). 
Parmi  les  compositions  de  Schuback  on  re- 
marque :  1"  Les  Disciples  du  Seigneur  à 
ï'mmaus,  oratorio  en  deux  parties;  Ham- 
bourg! 1778.  2o  Mélodies  chorales  à  quatre 
voix,  à  l'usage  de  l'école  des  pauvres  de  Ham- 
bourg; Hambourg,  1778  et  1779,  in-4°. 

SCUUHART     (ClIRÉTtEN-FnÉDÉniC-DANIEL) 

naquit  le 26  mars  1739,  àOberslein,  dans  le  du- 
ché d'Oldenbourg,  où  son  père  était  Cantor  et 


SCHUBART  —  SCHUBERT 


•r>(3 


instituteur.  L'année  suivante, celui  cifutappelé 
à  Aalen,  dans  le  Wurtemberg,  en  qualité  de  di- 
recteur de  musique  et  de  Cantor.  Le  jeune 
Schubart  apprit  dans  ce  lieu  les  éléments  de 
la  littérature  et  de  la  musique;  puis,  en  1753, 
il  alla  étudier  au  gymnase  de  Nordlingue,  où 
il  resta  pendant  trois  ans.  En  175G,  il  alla  au 
collège  de  Nuremberg,  et  deux  ans  après,  son 
père  l'envoya  à  l'université  de  Jéna.  Dominé 
par  son  goût  pour  la  musique,  il  y  né- 
gligea la  théologie.  En  1764,  il  accepta  une 
place  de  maître  d'école  et  d'organiste  à  Geis- 
lingen,  et  se  maria.  Quatre  ans  après,  il 
échangea  cette  situation  contre  celle  de  direc- 
teur de  musique  à  Louisbourg,  et  fit  en  cette 
ville  un  cours  d'esthétique  pour  quelques  offi- 
ciers de  la  garnison.  Les  leçons  qu'il  prépara 
pour  ce  cours  devinrent  plus  tard  la  base  du 
livre  qu'il  a  publié  sur  ce  sujet.  Il  parait  (ou- 
lel'ois  que  sa  situation  pécuniaire  était  peu 
avantageuse  à  Louisbourg,  et  qu'il  n'y  trouvait 
point  une  existence  suffisante  pour  sa  famille, 
car,  lorsqu'il  en  partit  pour  se  rendre  à  Heil- 
bronn,  il  ne  possédait  pas  un  écn  ;  il  dut  faire, 
ainsi  que  sa  femme,  la  roule  à  pied.  Des 
chansons  satiriques  qui  avaient  couru  sous 
son  nom,  et  qui  lui  avaient  fait  beaucoup 
d'ennemis,  l'avaient  placé  dans  cette  fâcheuse 
position.  Tour  à  tour  il  vécut  à  Heilbronn, 
Heidelberg  et  Manheim,  se  livrant  à  l'ensei- 
gnement de  la  musique.  Dans  la  dernière  de 
ces  villes,  il  trouva  quelques  protecteurs  puis- 
sants qui  lui  procurèrent  les  moyens  de  vivre 
d'une  manière  plus  digne  de  son  mérite.  Après 
avoir  fait  un  voyage  à  Munich,  Schubart 
s'établit  à  Augsbourg,  et  y  commença  la  pu- 
blication de  sa  Chronique  allemande  (Deut- 
sche Chronik),  écrit  périodique  dont  la  poli- 
tique était  l'objet  principal.  Il  fit  aussi  des 
cours  de  musique,  et  donna  des  concerts  mêlés 
de  lectures  sur  l'art.  Son  existence  paraissait 
assurée  d'une  manière  honorable,  lorsqu'un 
article  de  sa  Chronique,  qui  renfermait  une 
attaque  contre  le  général  Ried,  ministre  de 
l'empereur,  vint  renverser  l'édifice  de  son 
bonheur.  Averti  du  mauvais  effet  qu'avait  fait 
cet  article,  et  des  dangers  qui  le  menaçaient, 
Schubart  s'éloigna  d'Augsbourg;  mais  il  fut 
arrêté,  le  22  janvier  1777,  à  Blaubeuern,  sui- 
tes frontières  du  Wurtemberg,  et  conduit  dans 
la  forteresse  d'Asperg,  où  il  fut  détenu  pen- 
dant dix  ans.  Cette  longue  captivité  changea 
son  caractère,  en  bannit  le  gaieté  qui  lui  était 
naturelle,  et  remplaça  la  hardiesse  de  ses  opi- 
nions par  une  sorle  de  mysticisme.  Rendu  à 
la  liberté  dans  le  mois  de  mars  1787,  il  se  re- 

BIOCU.     UNIV.    DES    MUSICIENS.    —    T.    VJI. 


tira  à  Stuttgart,  où  les  fonctions  de  directeur 
de  musique  du  théâtre  de  la  cour  lui  fuient 
confiées.  Il  y  reprit  aussi  la  publication  de  sa 
Chronique,  sous  le  litre  (le  Falerlandsche 
Chronik,  mais  il  s'abstint  d'y  traiter  de  choses 
politiques,  si  ce  n'est  d'une  manière  générale, 
et  sans  loucher  aux  personnes.  Il  mourut  à 
Stuttgart,  dans  la  cinquante-deuxième  année 
de  son  âge,  le  10  octobre  1791.  Les  renseigne- 
menls  fournis  par  Gerber  sur  ce  musicien- 
poële  manquent  d'exactitude. 

Beaucoup  d'éditions  des  poésies  de  Schubart 
ont  été  publiées  en  Allemagne.  Ses  écrits  re- 
latifs à  la  musique  sont  :  1°  Musikalische 
Rapsodien  (Rapsodies  musicales);  Stuttgart, 
1780;  trois  numéros  formant  ensemble  dix- 
neuf  feuilles,  in-4°.  Il  y  traite  des  progrès  de 
la  musique,  du  talent  de  l'abbé  Vogler  comme 
organiste,  et  de  l'art  de  jouer  du  clavecin. 
A  la  fin  de  chaque  cahier  on  trouve  quelques 
chansons  de  Schubart,  avec  accompagnement 
de  piano.  2°  Jdeen  zu  einer  Msthetik  der 
Tonkunst  (Aperçu  d'une  esthétique  de  la  mu- 
sique); Vienne,  J.-V.  Degen,  1806,  in-8°.  Cet 
ouvrage  a  été  publié  quinze  ans  après  la  mort 
de  l'anteur,  par  son  fils,  conseiller  de  légation 
du  roi  de  Prusse.  Le  contenu  du  livre  ne  ré- 
pond point  à  son  litre,  car  Schubart  y  a  plutôt 
traité  de  quelques  parties  de  l'histoire  de  la 
musique  et  de  la  technie  que  de  la  philosophie 
de  l'art.  Dans  la  seconde  partie  seulement,  il 
a  abordé  les  questions  de  style,  mais  avec  peu 
de  profondeur.  On  a  gravé  quelques  chants  de 
Schubart,  entre  autres  le  Pouvoir  de  la  mu- 
sique, cantate,  à  Spire,  ainsi  que  douze  varia- 
tions pour  le  piano,  Spire,  1787.  On  trouve  des 
choses  curieuses  sur  la  vie  et  les  opinions  de 
cet  homme  distingué  dans  la  monographie 
publiée  sous  ce  titre  :  Schubart' s  Leben  und 
Gesinnungen;  Stuttgart,  1791-1799,  Irois 
volumes,  in-8°.  Le  premier  volume  de  cet  ou- 
vrage, d'où  cette  notice  est  tirée,  a  été  com- 
posé par  Schubart  lui-même;  les  deux  autres 
sont  de  son  fils. 

La  fille  de  Schubart,  élève  du  maître  de 
chapelle  Poli,  a  été  cantatrice  du  théâtre  alle- 
mand et  italien  de  Stuttgart,   vers  1787. 

SCIIUBAUER  (Luc).  Voyez  SCHUH- 
BAUER. 

SCHUBAUEIi  (le  P.  Thomas-Joaciiiiu). 
Voyez  SCHUHBAUER. 

SCHUBERT  (David),  habile  facteur  d'or- 
gues et  de  clavecins,  fut  élève  de  Godefroid 
Silbermann  à  Friedberg,  puis  se  fixa  à  Dresde, 
où  il  mourut  en  1769.  Ses  principaux  ouvrages 
sont:  1° L'orgue  de  l'église  française,  construit 

33 


M  4 


SCÏIUDEuT 


à  Dresde  ,  en  17G5.  2°  Celui  de  l'église 
Sainte- Joséphine  ,  dans  la  même  ville, 
en  17C7.  5°  L'orgue  de  ïïerzogswalda. 
4°  Celui  de  Haynichen.  Ces  derniers  instru- 
ments ont  été  construits  en  société  avec 
Schœnen. 

SCHUBERT  (Josepii),  compositeur,  na- 
quit en  1757,  à  Warnsdorf,  en  Bohême,  et  y 
apprit  les  principes  de  la   musique,   sous  la 
direction  de  son  père,  m;  lue  d'école  en  ce 
lieu.   Plus  tard,   il  alla  à  Prague   faire  ses 
études    littéraires.    Pendant   son    séjour    en 
celte  ville,  il  étudia  le  contrepoint  chez  l'abbé 
Fischer,  et  acquit  un  talent  distingué  sur  le" 
violon.  En  1778,  il  se  rendit  à  Berlin,  et  reçut 
des  leçons  de  Kohn  pour  son  instrument;  mais 
il  ne  resta  pas  longtemps  dans  la  capitale  de 
la  Prusse,  car  il  entra,  en  1779,  dans  la  mu- 
sique du  marquis  de  Schwedt.  Après  y  avoir 
été  attaché  pendant  neuf  ans,  il  fut  appelé,  en 
1 788,  à  Dresde,  et  placé  comme  premier  violon 
dans  la  chapelle  de  la  cour.  Joseph  Schubert 
est  mort  dans  cette  ville,  en  1812.    Il  s'est 
fait   connaître   comme    compositeur    drama- 
tique par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Rosalie, 
opéra-comique    en    un    acte,    représenté    à 
Schwedt,  en  1780.  2°  L'Hôtel  de  Gênes,  idem. 
5°  Les  Fléaux  publics,  ou  le  Monstre  bleu, 
idem.  4°  Le  Désenchantement , opéra  sérieux, 
avec  des  ballets,  à  Dresde.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1°  Trois  duos  pour  deux  violons, 
op.  1  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  2°  Trois 
sonates  pour  piano  seul,  op.  3;  Dresde,  Hil- 
scher.  5°  Deux  sonates,  idem;  ibid.  4°  Ron- 
deaux pour  piano,  nos  1,  2,  5,  4,  5,  6;  ibid. 
5°  Trois  sonates  pour  violon  et  basse,  op.  5; 
Dresde,  Richter.  6°  Douze  menuets  avec  trios 
pour  clavecin,  op.  7;  ibid.  7°  Concerto  pour 
violoncelle,  op.  7;  Brunswick,  Spebr.  8° Douze 
divertissements  pour  le  piano;  Dresde,  Ilil- 
scher.  9°  Huit  variations  pour  le  piano;  ibid. 
10°  Trois  chansons  allemandes  avec  accompa- 
gnement de  piano;  ibid.  Schubert  a  laissé  en 
manuscrit  une  grande  quantité  de  composi- 
tions de  tout  genre,  parmi  lesquelles  on  re- 
marque quinze  concertos  pour  violon,   trois 
idem  pour  alto,  deux  idem  pour  violoncelle, 
neuf  idem  pour  finie,  deux  idem  pour  haut- 
bois, dix  idem  pour  basson,  trois  idem  pour 
clarinette,  trois  idem  pour  cor,  deux  sym- 
phonies concertantes  pour  flûte  et  violon  et 
pour  deux  flûtes,  six  duos  pour  deux  violons, 
six  t'dem  pour  deux  flûtes,  trois  sonates  pour 
piano  et  violon,  six  idem  pour  piano  seul,  six 
idem  pour  violon  seul,  des  suites  d'harmonie, 
et  quelques  symphonies. 


SCHUBERT  (Jeak-Frédémc),  directeur 
de  musique  d'une  troupe  d'opéra  allemand, 
naquit  à  Rudolstadt,  le  17  décembre  1770.  Dès 
ses  premières  années,  il  se  livra  à  l'étude  de  la 
musique.  Vers  sa  dix-huitième  année,  il  se 
rendit   à   Frankenhausen,    comme    élève    de 
liesse,  musicien  de  la  ville;  mais  il  n'y  resta 
qu'un  an,  puis  il  alla  continuer  ses  études  à 
Sondershausen,  chez  Hausmann.Un  an  après, 
il  se  brouilla  avec  celui-ci, et  cette  circonstance 
lui    fit    quitter   Sondershausen    pour   aller  à 
Berlin,   où   son    talent    de    violoniste  lui    fit 
trouver  de  l'emptoi.   En    1798,  il   était  cher 
d'orchestre  et  compositeur  de  la   troupe  de 
Dœbblin,  à  Stetlin.  Hauk,  bon  violoniste  de 
celte  ville,  mit  la  dernière  main  à  son  éduca- 
tion musicale,  et  particulièrement  à  son  habi- 
leté sur  le  violon.  On  le  retrouve,  en  1801,  à 
Glogau,  comme  chef  d'orchestre,  et  trois  ans 
après  il  était  à  Ballensladt,  en  qualité  de  di- 
recteur de  musique  de  la  troupe  théâtrale  de 
Veller.  Cet  artiste  distingué  est  mort  à   Co- 
logne,dans  le  mois  d'octobre  181 1 .  On  connaît 
sous  son  nom  :  1°  Die  Nxchtliche  Erschei- 
nung  (L'apparition  nocturne),  opéra  en  deux 
actes,  représenté  à  Stetlin,  en  1798.  2°  Con- 
certo pour  le  violon;   Leipsick,   Breitkopf  et 
Hœrtel,  1805.  3°  Symphonie  concertante  pour 
hautbois  et  basson,  op.  4;  Leipsick,  Peters. 
4"  Trois  duos  pour  deux  violons,  op.  1  ;  Leip- 
sick, Breilkopf  et  Hserlel.5°Trois  t'dem., op.  2; 
ibid.  6°  Vingt-quatre  petites  pièces  pour  le 
piano,  op.  3;   ibid.  Schubert  s'est  fait  con- 
naître comme  écrivain  sur  la  musique  par  un 
traité  de  l'art  du  chant  intitulé  :  Nette  Sing- 
schule,   oder   griindliche  und  volslxndigc 
Jnweisung  Sur  Singkunst  in  3  Abtheilun- 
gen,   etc.    (Nouvelle   méthode  de  chant,    ou 
instruction  fondemenlale  et  complète  pour  cet 
art,  en  trois  sections  avec  les  exercices  néces- 
saires); Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel,  1804, 
in— 4°.  Il  a  fait  insérer  deux  articles  dans  la 
Gazette  musicale  de  Leipsick,  le  premier  sur 
la  construction  mécanique  du  violon  (tome  V, 
p.  7G9)  ;  l'autre  sur  un  projet  d'amélioration 
de  la  contrebasse  (t.  VI,  p.  187). 

SCHUBERT  (Ferdinand),  professeur  à 
l'école  normale  de  Sainte-Anne,  à  Vienne,  e*l 
né  dans  celle  ville,  le  18  octobre  1794.  Fils 
d'un  maître  d'école  d'un  faubourg  de  la  capi- 
tale de  l'Autriche,  il  reçut  de  son  père  les  pre- 
mières leçons  de  musique,  et  plus  tard  devint 
élève  d'un  maître  obscur  nommé  Holzer,  pour 
léchant,  le  violon,  le  piano,  l'orgue  et  l'har- 
monie. Les  progrès  du  jeune  Schubert  furent 
si  rapides  que,  à  l'âge  de  treize  ans,  il  exécu- 


SCHUBERT 


515 


lait  déjà  des  concertos  sur  l'orgue.  On  l'a 
considéré  depuis  comme  un  des  meilleurs 
organistes  de  Vienne.  En  1810,  il  obtint  la 
place  de  professeur  adjoint  à  la  Maison  des 
orphelins,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  seize 
ans;  six  ans  après  il  eut  le  titre  de  profes- 
seur effectif,  et  celui  de  professeur  de  qua- 
trième classe  à  l'école  normale,  lui  fut  donné 
on  1824.  Il  y  joignit,  peu  de  temps  après,  les 
fonctions  d'inspecteur  de  plusieurs  écoles  des 
faubourgs  de  Vienne.  Ferdinand  Schubert 
est  mort  à  Vienne,  le  26  février  1859.  Les 
ouvrages  principaux  de  sa  composition  sont  : 
1°  Regina  cœli,  à  quatre  voix,  orchestre  et 
orgue;  Vienne,  Diabelli.  2°  Requiem  alle- 
mand à  quatre  voix  et  orgue,  op.  2;  ibid. 
ô"Deux  tandem  ergo,  idem  ;  ibid.  4°  Cadences 
pour  le  piano,  dans  tous  les  tons  majeurs  et 
mineurs,  op.  4  ;  ibid.  5°  Marche  militaire  pour 
la  parade.  6°  Chansons  pour  la  Maison  des  or- 
phelins. 6°  (bis)  Hymne  de  fête  ,  quatuor 
vocal,  op.  4;  Vienne,  Glœggl.  7°  Première 
messe  pour  la  campagne,  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, op.  21;  Vienne,  Haslinger.  8°  Offer- 
toire (Tu  es  Deus)  pour  quatre  voix  d'hommes, 
op.  22;  Vienne,  Glœggl.  9°  Deux  opéras  poul- 
ies enfants,  intitulés  Derkleine  Schadenfroh 
(Le  petit  espiègle),  et  Die  Ahrenleserinn  (La 
glaneuse).  11  a  laissé  en  manuscrit  :  10°  Une 
messe  solennelle.  11°  Requiemà  la  mémoire 
«le  son  illustre  frère  François  Schubert. 
12°  Deux  Salve  Regina.  lo°Sonale  pour  piano 
et  czakan.  * 

SCHUBERT  (François-Pierre),  frère  du 
précédent,  naquit  à  Vienne,  le  51  janvier 
1797.  A  l'âge  de  sept  ans,  il  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  musique  de  Michel  Holzer. 
Quatre  ans  après,  la  beauté  de  sa  voix  et  son 
intelligence  musicale  le  firent  admettre  comme 
enfant  de  chœur  dans  la  chapelle  impériale,  et 
dans  le  même  temps  il  se  livra  à  l'élude  du 
piano  et  de  plusieurs  instruments  à  cordes, 
qu'il  cultiva  avec  tant  de  succès  que,  avant 
l'âge  de  quinze  ans,  il  put  tenir  l'emploi  de 
premier  violon  dans  les  répétitions  d'orchestre. 
L'organiste  de  la  cour  Rueziezka  fut  son 
niaitre  d'harmonie,  et  Salieri  lui  enseigna  le 
chant  et  la  composition.  Après  que  la  mue  de 
sa  voix  l'eut  obligé  à  sortir  de  la  chapelle  im- 
périale, il  se  livra  seul  à  l'étude  des  œuvres  de 
Haydn,  de  Mozart  et  de  Beethoven,  et  chercha 
«les  ressources  pour  son  existence  en  donnant 
des  leçons.  Le  goût  de  la  musique  était  une 
véritable  passion  parmi  les  membres  de  sa  fa- 
mille :  souvent  ils  se  réunissaient  pour  exé- 
cuter des  quatuors;    les  frères  de    François 


Schubert  jouaient  les  parties  de  violon;  lui- 
même  jouait  l'alto,  et  leur  père  se  chargeaitde 
la  partie  du  violoncelle.  Une  mélancolie  habi- 
tuelle était  le  liait  dominant  du  caractère  du 
jeune  artiste  :  la  musique  seule  pouvait  l'en 
distraire  et  le  porter  à  l'enthousiasme  expan- 
sif.  Dès  son  enfance,  il  avait  écrit  beaucoup 
de  compositions  instrumentales,  telles  que 
quatuors  et  symphonies,  sans  autre  direction 
que  ses  propres  idées;  plus  tard  il  s'essaya 
dans  tous  les  genres,  et  montra  dans  ses  pro- 
ductions une  prodigieuse  fécondité.  Dans 
quelques-uns,  et  surtout  dans  les  ballades  et 
les  chansons,  il  fit  preuve  de  génie  et  se  créa 
un  style  dans  lequel  il  a  eu  beaucoup  d'imita- 
teurs, mais  point  de  rivaux,  chacune  de  ces 
petites  pièces  devenant  par  ses  inspirations  un 
drame  entier  où  la  nouveauté  de  la  mélodie, 
la  justesse  de  l'expression  et  jusqu'aux  détails 
de  l'accompagnement  s'unissent  pour  former 
un  ensemble  souvent  complet  et  parlait.  Créa- 
teur de  ce  genre,  il  y  a  attaché  son  nom  de 
manière  à  le  rendre  impérissable.  Ses  autres 
compositions,  particulièrement  ses  quatuors 
pour  violon,  un  quintette,  un  trio  de  piano  et 
une  grande  symphonie  (en  ut),  renferment  de 
belles  choses,  mais  n'ont  pas  le  cachet  de 
création  qu'on  remarque  dans  ses  pièces  de 
chant.  Schubert  s'est  aussi  essayé  au  théâtre, 
mais  sans  y  produire  de  vive  sensation  : 
c'est  qu'autre  chose  est  le  sentiment  dra- 
matique ou  l'instinct  de  la  scène.  De  très- 
grands  musiciens,  Cherubini,  par  exemple, 
ont  eu  à  un  très-haut  degré  le  sentiment  dra- 
matique, mais  n'ont  jamais  bien  compris  les 
exigences  vives  et  pressantes  de  la  scène  qui 
souvent  y  fait  paraître  froid  et  languissant  tel 
morceau  qui  semble  rempli  de  chaleur  et  d'en- 
trainement  au  piano.  Tel  parait  avoir  été 
Schubert. 

Ce  musicien  si  distingué  n'a  eu  qu'une  exis- 
tence obscure  et  retirée;  toute  l'histoire  de  sa 
vie  se  trouve  dans  ses  ouvrages.  Il  vécut  pres- 
que toujours  à  Vienne,  et  n'en  sortit  que  pour 
de  petits  voyages  en  Hongrie,  dans  la  Styrie  et 
dans  la  Haute-Autriche.  Peu  favorisé  de  la 
fortune,  il  s'accommodait  de  sa  médiocrité, 
parce  que  le  but  de  sa  vie  était  la  culture 
de  l'art.  Une  maladie  de  langueur  le  conduisit 
au  lombeau,  le  19  novembre  1828,  avant  qu'il 
eût  atteint  sa  trente-sixième  année.  Méconnu 
dans  la  plus  grande  partie  de  l'Allemagne  et  à 
l'étranger  pendant  sa  vie,  il  a  eu  d'ardents 
admirateurs  après  sa  mort,  et  ses  ballades  ont 
été  redites  d'un  bout  à  l'autre  de  l'Europe  avec 
un  enthousiasme  où  la  mode  n'était  pas  élran- 

33. 


,10 


SCHUBERT  —  SCHUBERTH 


gère,  quelque  mérite  qu'il  y  ait  d'ailleurs  dans 
ces  intéressantes  productions. 

Parmi  les  œuvres  de  François  Schubert  pu- 
bliés pendant  sa  vie  ou  après  sa  mort ,  on  re- 
marque :  1°  Premier  quatuor  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  29  (en  la  mineur)  ; 
Vienne,  Diahelli.  2°  Deux  quatuors,  op.  125 
(en  mi  liémol  et  en  mi);  Vienne,  Trentsensky. 
3°  Grand  quatuor,  œuvre  posthume  (en  fa); 
ibid.  4°  Grand  quintette  pour  piano,  violon, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse, op.  1 14(en/a); 
»6îd.5°Grand  trio  pour  piono,  violon  et  violon- 
celle, op. 99;  Vienne,  Diahelli.  6°Rondeau bril- 
lant pour  piano  et  violon,  op.  70  ;  Vienne,  Ar- 
taria.  7°  Trois  sonatines,  idem,  op.  157; 
Vienne,  Diahelli.  8°  Beaucoup  de  sonates  et 
pièces  diverses  pour  piano  à  quatre  mains. 
9" Grandes  sonates  pour  piano  seul,  op.  42  (en 
la  mineur),  et  op.  55  (en  ré);  Vienne,  Artaria  ; 
trois  grandes  sonates,  œuvre  posthume;  Vienne, 
Diabelli.  10°  Un  très-grand  nombre  de  ron- 
deaux, fantaisies  et  pièces  diverses  pour  piano 
seul.  11»  Messe  à  quatre  voix  et  orchestre, 
op.  48;  Vienne,  Diahelli.  12°  Idem,  op.  141  ; 
Vienne,  Haslinger.  15°  Tantum  ergo,  à 
quatre  voix  et  orchestre,  op.  45  ;  ibid.  14° Deux 
offertoires  pour  soprano  ou  ténor,  orchestre  et 
orgue,  op.  46,  47;  ibid.  15°  Antienne  pour  le 
dimanche  des  Rameaux,  à  quatre  voix  et  orgue  ; 
op.  115;  ibid.  16°  Le  23e  psaume  pour  deux 
sopranos  et  deux  contraltos,  avec  orgue  ou 
piano,  op.  1Ô2;  ibid.  17°  Environ  deux  cents 
ballades  et  chansons  à  voix  seule  avec  accompa- 
gnement de  piano,  dont  quelques-unes  telles 
que  les  Astres,  Ave  Maria,  la  Sérénade,  le 
Roi  des  Aulnes,  la  Religieuse,  le  Départ,  etc., 
sont  devenues  célèbres.  18°  Chants  pour  trois 
ou  quatre  voix  d'hommes,  œuvres  11,  10,  17, 
28,61,74;  Vienne,  Diahelli, Leidesdorf.  Schu- 
bert a  laissé  aussi  en  manuscrit,  six  messes, 
sept  symphonies,  dont  une  grande  (en  ut)  a 
été  publiée  après  sa  mort;  les  autres  sont  : 
première  (en  ré),  deuxième  (en  ré,  1815), 
troisième  (en  si  bémol,  1815),  quatrième  (en 
ut  mineur,  1816),  cinquième  (en  si  bémol, 
1816),  sixième  (en  ut  majeur,  1818),  sep- 
tième (en  ut  mineur,  1818),  et  quinze  opé- 
ras, dont  les  titres  sont  :  Der  Spicgelrilter 
(le  Chevalier  du  Miroir),  Des  Tcufels  Lust- 
sc/ifoss (le  Château  de  plaisance  du  diable),  ter- 
miné en  1814,  Fernando,  en  un  acte  (1815), 
Claudine  de  Pillabella ,  Rosmnunda ,  les 
Conjurés,  Der  Minnesxnger  (le Troubadour), 
les  Amis  de  Salamanque ,  en  deux  actes 
(1815),  un  Emploi  pendant  quatre  ans.  en 
un  acte  (1815),  la   Caution,  en  trois  actes 


(1816),  les  Frères  jumeaux,  en  un  acte,  une 
Harpe, opéra-féerie  en  trois  actes(1820),/ïer- 
à-bras,  en  trois  actes,  le  Mauvais  Ménage, 
en  un  acte  (1833)  ;  enfin,  deux  opéras  non  ter- 
minés (Adruste  et  Sacontala). 

SCHUBERT  (François),  violoniste  dis- 
tingué, né  à  Dresde,  le  22  juillet  1808,  reçut 
les  premières  leçons  pour  le  violon  du  maître 
de  concert  Rolla,  puis  obtint  du  roi  de  Saxe 
une  pension  pour  aller  à  Paris  cultiver  son 
instrument,  sous  la  direction  de  Lafont.  De 
retour  à  Dresde,  il  entra  dans  la  chapelle 
royale  en  qualité  de  premier  violon  ;  plus  lard, 
il  eut  le  titre  de  maître  de  concert.  11  occu- 
pait encore  cette  position  en  1860.  Schubert  a 
obtenu  des  congés  pour  voyager;  il  s'est  fait 
entendre  avec  succès  à  La  Haye,  Leipsick, 
Rudolstadt  et  Vienne.  Parmi  les  compositions 
de  cet  artiste  qui  ont  été  publiées,  on  re- 
marque :  neuf  études  pour  le  violon,  op.  3; 
Leipsick,  Ristner  ;  fantaisie  pour  violon,  avec 
orchestre,  ibid.;  duo  pour  piano  et  violon, 
op.  8,  ibid.;  deux  duos  concertants  pour  violon 
et  violoncelle,  en  collaboration  avec  Ruminer. 

SCHUBERT  (madameMASCHnvKA),  femme 
du  précédent,  et  fille  du  maître  de  chapelle 
Georges-Abraham  Schneider,  est  née  à  Reval, 
le  25  août  1815.  Après  avoir  fait  des  éludes  de 
chant  à  Paris,  chez  Bordogni,  elle  a  débuté  dans 
l'opéra  allemand,  à  Londres,  pendant  la'sai- 
son  de  1832;  puis  elle  s'esl  rendue  à  Milan,  où 
elle  a  fait  de  nouvelles  éludes  sous  la  direction 
de  Bianchi.En  1854,  elle  a  chanté  an  Théâtre- 
Royal  de  Berlin,  puis  elle  a  été  engagée 
comme  cantatrice  de  la  cour  de  Dresde  et  a  été 
attachée  au  Théâtre-Royal  de  cette  capitale. 

SCHUBERT  (Louis),  né  à  Dessau,  en 
1828  ,  fit  son  éducation  musicale  dans  celte 
ville  et  reçut  des  leçons  de  violon  d'un  élève  de 
Spohr.  Il  n'était  âgé  que  de  seize  ans  lorsqu'il 
se  rendit  à  Pétersbourg,  où  il  fut  employé  à 
l'orchestre  du  Théâtre-Impérial  comme  vio- 
loniste, pendant  deux  ans.  N'ayant  pas  trouvé 
dans  la  capitale  de  la  Russie  la  position  avan- 
tageuse qu'il  avait  espérée,  il  s'en  éloigna  en 
1847  et  prit  sa  roule  par  Rœnigsberg,  où  il 
s'est  fixé  depuis  lors,  y  ayant  trouvé  de  l'occu- 
pation comme  professeur  de  musique  et  comme 
chef  d'orchestre.  Il  y  a  fait  représenter  plu- 
sieurs opéras,  au  nombre  desquels  on  remarque 
Aus  Sibérien  (en  Sibérie).  On  connaît  aussi 
sous  son  nom  quelques  compositions  instru- 
mentales et  des  Lieder. 

SCHUBERTH  (Gottlod),  né  le  11  août 
1778,  fut  dans  sa  jeunesse  un  hautboïste  dis- 
tingué.   Il  vécut  longtemps  à    Magdehourg; 


SCWJBEUTII  —  SCHUBLER 


o!7 


mais,  en  1833,  il  se  fixa  à  Hambourg,  où  il  est 
mort  en  1840.  Pianiste  assez  habile,  il  a  écrit 
«les  compositions  faciles  et  agréables  pour  le 
piano,  (loi  t  les  plus  connues  sont:  1°  Trois 
sonates  pour  le  piano,  op.  1  ;Mayence,  Scliolt. 
2"  Idem,  op.  2;  ibid.  3°  Grande  sonate 
agréable,  op.  5;  ibid.  4°  Idem,  op.  9;  Ham- 
bourg, Lllbbers.  5°  Introduction  et  rondo, 
op.  4  ;  Mayence,  Schott.  6°  Plusieurs  re- 
cueils de  danses,  polonaises  et  valses  pour 
piano. 

SCHUBERTH  (Louis),  fils  du  précédent, 
né  à  Magdebourg,  le  18  avril  1800,  a  reçu  de 
son  père  les  premières  leçons  de  musique,  et 
a  choisi  pour  son  instrument  la  contrebasse, 
sur  laquelle  il  est  parvenu  à  une  grande  habi- 
leté. Après  avoir  été  pendant  quelque  temps 
employé  à  l'orchestre  de  Magdebourg,  il  fut 
appelé  à  Oldenbourg,  puis  à  Riga,  en  qualité 
de  directeur  de  musique.  Dans  ces  derniers 
temps,  il  s'est  fixé  à  Kœnigsberg,  où  il  remplit 
des  fonctions  semblables.  Parmi  ses  composi- 
tions, on  cite  particulièrement  comme  des 
œuvres  de  mérite,  un  grand  quatuor  pour 
piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  23; 
Hambourg,  J .  Schuberlh  ;  VEspérance,  sonate 
..Dur  piano  seul,  op.  25;  ibid.,  et  Souvenir  à 
Beethoven,  grande  fantaisie  en  forme  de  so- 
nate, op.  30  ;  ibid.  ;  deuxième  grand  quatuor 
pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  32; 
ibid.;  premier  quatuor  pour  deux  violons, 
alto  et  violoncelle,  op.  27;  ibid.  ;  deuxième 
quatuor  idem,  op.  34 ( ibid.  ;  grande  sonate 
(en  si  bémol)  pour  piano  à  quatre  mains, 
op.  30  ;  ibid.  ;  Griindlicher  Unterricht  in  der 
Théorie  der  Tonselzkunst  (Instruction  fonda- 
mentale pour  la  composition  musicale);  ibid., 
deux  parties  in-8°. 

SCHUBERTH  (Charles),  virtuose  violon- 
celliste, deuxième  fils  de  Gotllob,  né  à  Magde- 
bourg, le  25  février  1811,  commença,  sous  la 
direction  de  son  père,  l'élude  de  la  musique, 
puis  reçut,  pendant  six  ans,  des  leçons  de 
Louis  Hesse  pour  le  violoncelle.  A  l'âge  de 
onze  ans,  il  se  lit  entendre,  pour  la  première 
t'ois  en  public,  dans  un  solo  sur  cet  instrument. 
En  1825,  il  se  rendit  à  Dresde,  pour  y  conti- 
nuer ses  études  près  du  professeur  de  violon- 
celle Doizauer  (voyez  ce  nom).  Après  aVoir 
reçu  ses  leçons  pendant  deux  ans,  il  retourna 
à  Magdebourg,  et  y  joua  avec  succès  dans  un 
concert  de  la  célèbre  cantatrice  Calr.laui.  Au 
mois  de  décembre  1828,  il  entreprit  son  pre- 
mier voyage  d'artiste  et  joua  à  la  coin-  de 
l.udwigslust,  puisa  Hambourg,  et  s'achemina 
vers  Copenhague,  au  moisd'avril  1820,  donnant 


des  concerts  à  Brème,  Lubeck  et  Kiel.  Après 
avoir  passé  quelques  mois  dans  la  capitale  du 
Danemark,  il  retourna  par  Gothenbourg  à 
Magdebourg,  où  il  accepta  la  place  de  premier 
violoncelle  du  théâtre.  Au  mois  d'octobre 
1833,  il  commença  un  second  voyage  par 
Brème,  Oldenbourg,  Dusseldorf,  Cologne,  Aix- 
la-Chapelle,  Liège,  Anvers,  Bruxelles  et  Paris  : 
partout  il  se  fit  entendre  avec  succès.  Arrivé  à 
Hambourg,  en  1834,  il  s'en  éloigna  à  l'au- 
tomne de  la  même  année  pour  parcourir  la 
Hollande,  où  le  roi  des  Pays-Bas  lui  donna  le 
titre  de  violoncelle  solo  de  sa  musique  parti- 
culière. Il  passa  la  saison  de  1835  à  Londres, 
après  quoi  il  se  rendit  en  Russie,  où  il  fit  un 
séjour  de  vingt-huit  ans,  qui  ne  fut  interrompu 
que  par  un  voyage  en  Allemagne.  A  son  re- 
tour à  Pétersbourg,  il  fut  nommé  directeur 
de  musique  de  l'université,  et  inspecteur  de 
l'école  de  musique  attachée  au  Théâtre-Impé- 
rial. Charles  Schuberth  est  mort  à  Zurich,  le 
22  juin  1803,  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans. 
On  a  publié  de  la  composition  de  cet  artiste  : 
1°  Concerto  pour  violoncelle  et  orchestre, 
op.  5;  Hambourg,  J.  Scliuherlh  et  Ce.  2"  Sou- 
venir de  la  Hollande,  fantaisie  et  variations 
sur  l'air  national  hollandais,  pour  violon- 
celle et  orchestre,  op.  3;  ibid.  3°  Fantaisie 
brillante  sur  des  thèmes  italiens,  idem, 
op,  8;  ibid.  5°  Carnaval  suisse,  variations 
burlesques,  idem,  op.  9;  ibid.  0°  Andanle 
religioso  e  capricioso,  idem,  op.  11;  ibid. 
op.  7;  ibid.  4°  Scène  champêtre,  idem, 
7°  Pièce  de  société  pour  violoncelle  et  piano, 
op.  12;  ibid.  8°  Deux  caprices  en  forme 
d'études,  idem,  op.  13;  ibid.  9°  Fantaisie  ou 
caprice  sur  la  marche  des  Puritains  (en  la), 
pour  violoncelle  et  orchestre,  op.  14;  ibid. 
10°  Premier  quintette  (en  ré)  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  deux  violoncelles,  op.  15;  ibid. 
11°  Tarentelle  pour  violoncelle  et  orchestre, 
op.  16;  ibid.  12°  Deuxième  quintetto;  fantai- 
sie concertante  pour  quatre  violoncelles  et 
contrebasse,  op.  19;  ibid.  15°  Quatre  ro- 
mances sans  paroles  pour  violoncelle  et  piano, 
op.  20  ;  ibid. 

SCHUBLER  (CimÉTiEN-Loois),  né  à  Heil- 
bronn,  d'une  famille  honorable,  vers  1755, 
fut  sénateur  de  celle  ville,  et  y  mourut  le  14 
avril  1820.  Il  s'est  rendu  recommandahle  par 
les  ouvrages  qu'il  a  publiés  sur  les  mathéma- 
tiques pures  el  appliquées.  On  ne  le  cite  dans 
cette  biographie  que  pour  deux  morceaux  con- 
cernant la  philosophie  de  la  musique  qu'il  a 
fait  insérer  dans  la  Correspondance  musicale 
de  Spire.  Le  premier  a  pour  titre  :  Abhani- 


518 


SCHUBLER  —  SCIIUGT 


lung  ùbereine Stelle  von Leibn Hz  zur  Théorie 
der  Musik  (Trailé  sur  un  passage  de  Leihnilz 
relatif  à  la  théorie  de  la  musique);  année  1791, 
numéros  23,  24,  50  et  57;  l'autre  :  Ueber  die 
Verschiedenheit  der  Tonleitern,  bey  Blascn- 
den-und  bey  Saiten-Instrumenten  (Sur  la 
diversité  des  gammes  dans  les  instruments  à 
vent  et  à  cordes);  année  1792,  numéros  51 
et  52. 

SCHUCHMANN  (Jean),  auteur  inconnu 
d'un  traité  sur  la  musique,  en  allemand,  inti- 
tulé :  Compendium  r.:\*sices  ;  Halle,  1G16, 
in-8°. 

SCHUDT  (Jean-Jacques),  recteur  du  gym- 
nase de  Francfort,  naquit  dans  cette  ville,  le 
14  janvier  1G64,  et  mourut  le  14  février  1722. 
Au  nombre  de  ses  écrits,  on  trouve  une  disser- 
tation De  cantricibus  Templi,  qui  a  été  in- 
sérée par  Ugolini  dans  son  Trésor  des  anti- 
quités sacrées,  t.  XXXII,  p.  643-658. 

SCHUERER  (Adam).  Voyez  SCHU- 
RER. 

SCHUERMATVIV     (  Georges  -  Gaspard  ). 
Voyez  SCHURMANN. 
SCHUETZ  (ÏÏENRI).  Voyez  SCHtlTZ. 
SCHUETZ  (Gabriel).  Voyez  SCHUTZ. 
SCHUETZE  (Frédéric-Wilhelm  ou  Guil- 
iabbe).  Voyez  SCHLITZE  (1). 

SCHUHBAUER  (Luc),  né  le  25  décembre 
1753,  à  Lichtfeld,  en  Bavière,  apprit  les  élé- 
ments de  la  langue  latine  et  de  la  musique  au 
couvent  de  Zweifalten,  entra  plus  tard  au  sémi- 
naire d'Augsbourg,  et  alla  enfin  achever  ses 
études  au  collège  de  Neuhourg,  sur  le  Danube. 
Ses  progrès  ne  furent  pas  moins  rapides  dans 
la  musique  que  dans  les  sciences.  La  culture 
de  cet  art  devint  en  lui  un  goût  passionné,  et 
bientôt  il  voulut  essayer  ses  forces  dans  la 
composition,  en  écrivant  des  morceaux  de 
musique  d'église,  sans  autre  guide  que  son 
instinct,  et  ce  qu'il  avait  appris  par  la  lecture 
des  partitions  de  grands  maîtres.  A.  l'Univer- 
sité d'Ingolstadt,  où  il  s'était  rendu  pour 
suivre  les  cours  de  médecine,  il  n'interrompit 
pas  ses  travaux  de  compositeur.  Après  avoir 
obtenu  ;le  grade  de  docteur  en  médecine,  il 
s'établit  à  Munich,  et  y  fut  bientôt  considéré 
comme  un  des  médecins  les  plus  distingués. 
En  1791,  l'électeur  de  Bavière  lui  accorda  les 
titres  de  conseiller  et  de  médecin  de  la  cour. 


(1)  Si  la  Biographie  universelle  des  musicien*  éloil 
destinée  particulièrement  à  l'Allemagne,  la  place  de  ces 
cinq  noms  serait  ici;  mais  les  lecteurs  français  cher- 
cheraient ces  mêmes  noms  à  Scliurrr,  Schurmann, 
Srhutz  et  Scltutze;  s'ils  ne  les  trouvaient  pas  à  leur 
place,  ils  pourraient  croire  qu'ils  ont  clé  oubliés. 


et  huit  ans  après  il  fut  élu  membre  du  comité 
royal  de  médecine.  Il  remplissait  encore  ces 
fonctions  en  1812;  mais  les  renseignements 
sur  sa  personne  s'arrêtent  à  cette  époque. 
Schuhbauer,  bien  que  simple  amateur,  a  eu  de 
la  célébrité  comme  musicien,  par  la  composi- 
tion de  deux  opéras  qui  ont  obtenu  un  succès 
populaire.  Le  premier  a  pour  titre  :  Die  Dorf- 
depuliren  (Les  députés  de  village).  Les  mélo- 
dies naturelles  et  remplies  d'originalité  qu'on 
y  remarque  ont  fait  applaudir  cet  ouvrage 
dans  toute  l'Allemagne.  Le  deuxième  opéra  de 
Schuhbauer  est  intitulé  :  Die  treuer  Kcehler 
(Les  charbonniers' fidèles).  Les  partitions  de 
ces  ouvrages,  réduites  pour  le  piano,  ont  été 
publiées  à  Manheim,chezHeckel.  Schuhbauer 
a  écrit  aussi  des  concertos,  des  sonates  pour 
le  piano,  et  le  psaume  107,  avec  orchestre, 
sur  la  traduction  de  Mendelssohn,  qui  fut  exé- 
cuté au  concert  de  la  cour,  à  Munich,  en  1807. 

SCHUHBAUER(TiioiaAS-JoAcniM), moine 
bénédictin  du  couventdeNieder-Altach,en  Ba- 
vière, est  mort  à  Passau,  le  17  décembre  1812. 
En  1781,  il  fit  imprimer,  dans  le  premier  volume 
des  Mémoires  de  l'académie  des  belles-lettres 
et  sciences  de  la  Bavière,  une  dissertation  sur 
les  opéras.  Ce  moine  s'est  rendu  particulière- 
ment recommandahlc  par  l'esquisse  d'un  cours 
sur  l'esthétique  qu'il  avait  fait  à  l'académie  de 
Passau,  et  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Ent- 
wurf  zu  d.  affentl.  Vorlesungen  iiber  die 
JEsthelik,  etc.  ;  Passau,  1786,  in-8°.  Wieland 
a  publié  des  extraits  de  cet  ouvrage  dans  le 
troisième  numéro  du  Mercure  allemand  de 
1801.  Gerher  a  confondu,  dans  son  nouveau 
Lexique,  l'auteur  de  ce  livre  avec  le  médecin 
de  Munich  dont  il  est  question  dans  l'article 
précédent. 

SCHUG  (Conrad),  professeur  de  musique 
à  Bonn,  n'est  connu  que  par  un  petit  traité 
élémentaire  de  musique  à  l'usage  des  enfants 
qui  fréquentent  les  écoles.  Ce  livre  a  pour  litre  : 
Elementar - Musikschule  oder  Darstellitng 
aller  derjenigen  Lehren.  welche  jedene  Mn- 
sikunterrichtc  zur  Griindlage  dienen.  Nebst 
einer  j4nhange,neun  zwei  und  drcistiinniigc 
Kiitderlieder  enthalten  (École  élémentaire  de 
musique  ou  tableau  de  tout  ce  qui  la  con- 
cerne, etc.;  avec  un  supplément  contenant 
neuf  chansons  d'enfants  à  deux  et  trois  voix)  ; 
Bonn,  J.  AVillmann,  1847,  in-8°. 

SCIIUGT  (J.G.),  professeur  de  chant  dans 
les  deux  gymnases  de  Cologne  et  dans  l'école 
primaire  de  celte  ville.  On  a  de  lui  un  petit 
ouvrage  intitulé  :  ffiilfsbuch  bei  dem  Gesauy- 
unlerricht  fur  Schulen  und  zum  Selbstun- 


SCHUGT  —  SCHULTESIUS 


510 


terricht  (Manuel  de  l'étude  du  chanta  l'usage 
des  écoles  et  pour  s'instruire  soi-même)  ;  Co- 
logne, Renard  et  Dllbyen.  1858. 

SCIIUKNECHT  (Jean-Chrétien),  mathé- 
maticien à  C!oster-Rossle!>en,  en  Saxe,  naquit 
dans  la  Thuringe,  en  1745,  et  mourut  le  17  fé- 
vrier 1803.  On  a  de  lui  des  éléments  d'arith- 
métique et  de  géométrie;- il  n'est  cité  dans 
celle  biographie  que  pour  des  pièces  faciles 
pour  le  piano  qu'il  a  publiées  à  Leipsick,  en 
1781,  et  un  recueil  intitulé  :  jflinuetto,  po- 
lacca  e  rondo  per  il  cembalo. 

SCHULHOFF  (Jules),  virtuose  sur  le 
piano,  est  né  à  Prague  le  2  août  1825.  Son 
premier  maître  pour  son  instrument  fut  le 
professeur  Risch  ;  puis  il  fut  dirigé  dans  ses 
études  par  Tedesco,  pendant  plusieurs  années. 
Tomascheck  l'instruisit  ensuite  dans  la  com- 
position. Il  n'élait  âgé  que  de  seize  ans  lors- 
qu'il s'éloigna  de  sa  ville  natale  avec  le  dessein 
de  se  rendre  à  Paris  ;  mais  il  séjourna  quelque 
temps  à  Dresde  et  à  Weimar,  pour  y  donner 
des  concerts.  Arrivé  dans  la  capitale  de  la 
France,  il  y  vécut  pendant  plusieurs  années 
dans  la  retraite  et  à  peu  près  inconnu,  travail- 
lant incessamment  au  développement  de  son 
talent.  Les  circonstances  qui  le  déterminèrent 
à  se  faire  connaître  enfin  du  public  furent 
celles-ci  :  II  se  trouvait  un  jour  dans  les  maga- 
sins de  pianos  de  la  maison  Pleyel,  pour  y 
faire  choix  d'un  instrument,  lorsqu'il  y  vit 
entrer  Chopin,  accompagné  d'un  étranger. 
Schulhoff,  inconnu  de  l'artiste  célèbre,  s'ap- 
procha de  lui  et  lui  demanda  la  faveur  d'être 
entendu  de  lui  sur  le  piano.  Souvent  importuné 
par  des  sollicitations  du  même  genre,  faites 
par  des  exécutants  médiocres,  Chopin  con- 
sentit d'assez  mauvaise  grâce  à  écouler  l'in- 
connu, et  d'abord  il  montra  beaucoup  d'indif- 
férence aux  premiers  accords;  mais  bientôt 
son  attention  fut  éveillée  par  le  charme  d'un 
talent  original  qui  s'ouvrait  des  voies  nou- 
velles :  il  se  rapprocha  de  l'instrument,  el 
quand  le  morceau  fui  fini,  il  félicita  chaleu- 
reusement celui  qu'il  avait  d'abord  mal 
accueilli.  Après  cette  épreuve  ,  Schulhoff 
n'hésita  plus  à  se  faire  connaître.  Son  début 
se  fit  le  2  novembre  1845,  dans  un  concert 
qu'il  donna  chez  Érard  :  il  y  produisit  une 
vive  émotion  parmi  les  artistes.  Henri  Blan- 
chard, qui  faisait  assez  souvent  de  mauvais 
comptes  rendus  des  concerts,  ne  se  trompa  pas 
dans  celle  circonstance,  et  déclara,  dans  la 
Gazette  musicale  de  Paris,  du  7  novembre 
(n°  49),  que  Schulhoff  était  un  pianiste  chan- 
teur, et  qu'il  y  avait  de  la  fantaisie  dans  son 


jeu  comme  dans  sa  musique.  Le  succès  de  l'ar- 
tiste se  consolida  dans  les  années  1848etl847, 
el  ses  œuvres  commencèrent  à  se  répandre  dans 
les  salons.  Après  un  séjour  de  plusieurs  années 
à  Paris,  Schulhoff  parcourut  le  Midi  de  la 
France,  l'Espagne,  l'Angleterre,  l'Allemagne 
et  la  Russie  :  partout  il  eut  de  beaux  succès. 
Au  retour  de  Saint-Pétersbourg,  il  se  trouva 
arrêté  à  Dresde  par  un  dérangement  sérieux  de 
sa  santé  qui  l'y  retint  pendant  plusieurs  an- 
nées. Plusieurs  fois,  depuis  lors,  il  est  retourné 
à  Paris,  notamment  en  1856  et  18C4;  son  talent 
y  a  toujours  reçu  un  chaleureux  accueil.  Parmi 
ses  compositions,  on  remarque  une  bonne  so- 
nate, qui  est  un  de  ses  premiers  ouvrages; 
Prague,  allegro  brillant,  op.  1,  en  la  mineur; 
des  pièces  de  salon,  op.  2;  Andanle  et  étude 
de  concert,  op.  5;  deux  suites  de  Mazourkes, 
op.  5;  Deux  Scherzo,  op.  7;  Morceaux  de 
salon,  op.  8;  Caprice  sur  des  airs  nationaux 
de  la  Bohême,  op.  10;  Nocturne  et  romance, 
op.  11;  Le  Tournoi,  grande  étude,  op.  12; 
douze  éludes  divisées  en  trois  livres,  op.  13; 
Agilato  (en  ut  mineur),  op.  15. 

SCHULTEIV  (B.-W.),  vicaire  à  Saint- 
André  de  Cologne,  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle,  est  auteur  d'un  traité  du  plain- 
chant  intitulé  :  Cantus  Choralis  Grego- 
rianus,  Cologne,  1749,  in-8°  de  trente-deux 
pages. 

SCHULTES  (Jean-Georges). facteur  d'or- 
gues àEllenberg,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  avantageusement 
par  un  orgue  de  seize  pieds  qu'il  a  construit 
dans  l'église  de  l'hospice,  à  DinckelsbUhl.  Cet 
instrument  est  composé  de  trente  jeux,  deux 
claviers  el  pédale. 

SCHULTESIUS  (Jean-Paul),  composi- 
teur et  écrivain  sur  la  musique,  naquit  le 
14  septembre  1748,  à  Fechheim,  village  de  la 
principauté  de  Saxe-Cobourg.  Son  père,  qui 
était  maître  d'école  dans  ce  lieu,  lui  donna  les 
premières  leçons  de  musique  et  de  clavecin. 
Les  éléments  des  langues  latine  et  grecque  lui 
furent  enseignés  par  le  pasteur  Lœhlin,  à 
Mudberg.  En  1764,  Schultesius  commença  ses 
éludes  de  théologie  au  collège  de  Cobourg;  il 
y  fut  attaché  comme  choriste,  et  acquit  pen- 
dant six  ans  une  connaissance  complète  de  la 
musique.  En  1770,  il  se  rendit  à  l'université 
d'Erlangen  pour  achever  ses  cours  d'études 
ecclésiastiques;  pendant  son  séjour  en  celte 
ville,  il  eut  l'avantage  de  recevoir  des  leçons 
de  Rehl,  excellent  organiste,  qui  lui  fit  faire 
de  rapides  progrès  dans  l'art  de  jouer  de 
l'orgue.  Ses  études  terminées,  il  se  disposait, 


£20 


SCHULTESIUS  —  SCHULTZE 


en  1773,  à  retourner  dans  sa  famille,  lors- 
qu'une proposition  lui  fut  faite  de  la  part  des 
protestants  hollandais  et  allemands  établis  à 
Livourne,  pour  y  occuper  la  place  de  leur  mi 
nistre  ecclésiastique  :  il  l'accepta  avec  joie,  et 
partit  pour  l'Italie.  Arrivé  à  Livourne,  il  s'y 
lia  d'amitié  avec  le  maître  de  chapelle  Checchi, 
qui  devint  son  maître  de  contrepoint,  et  lui 
communiqua  une  instruction  solide  dans  l'art 
•l'écrire.  Quelques  années  après,  Schultesius 
eut  l'honneur  d'exécuter  sur  le  piano  quelques- 
unes  de  ses  compositions  devant  le  grand-duc 
et  la  grande-duchesse  de  Toscane  qui,  en  té- 
moignage de  leur  satisfaction,  lui  firent  pré- 
sent d'une  belle  montre  à  répétition.  Dans  sa 
position  indépendante,  il  pouvait  se  livrer  en 
liberté  à  l'étude  de  l'art,  objet  de  son  affec- 
tion :  il  devint,  après  trente  ans  de  travaux, 
un  des  musiciens  les  plus  profonds  et  les  plus 
érudits  de  son  temps. L'Académie  italiennedes 
sciences,  lettres  et  arts  lui  accorda  la  récom- 
pense de  ses  travaux,  en  le  nommant,  en  1807, 
membre  de  la  quatrième  classe.  Il  mourut  à 
Livourne  en  181G,  à  l'âge  de  soixante-huit 
ans.  Cet  amateur  de  mérite  a  fait  imprimer 
les  ouvrages  suivants  de  sa  composition  : 
l°  Trois  sonates  pour  piano  avec  violon 
obligé,  op.  1;  Livourne,  1780'.  2°  Quatre 
idem,  op.  2;  Londres,  Longmann  etBroderip. 
3°  Deux  quatuors  pour  piano,  violon,  alto  et 
violoncelle,  op.  5;  ibid.,  1785.  4°  Variations, 
sur  un  thème  de  Pleyel,  pour  piano  et  violon 
obligé,  op.  4.  5e-  Iluil  variations  sur  un  an- 
danlino  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle 
obligés,  op.  5;  Livourne,  Carboncini.  C°  Alle- 
gretto avec  douze  variations  pour  piano,  vio- 
lon et  violoncalle  obligés,  op.  6;  Augsbourg, 
Gombart.  7°  Variations  sur  un  thème  de 
Pleyel,  idem,  op.  7;  ibid.  8°  Andanlino 
original,  avec  huit  variations  pour  le  piano, 
op.  8;  ibid.  9°  Sept  variations  idem,  op.  9; 
ibid.  10"  Huit  variations  sur  un  air  russe  pour 
piano,  op.  10;  Livourne,  Carboncini.  ll"Douze 
variations  sur  l'air  de  iValbrouk ,  pour 
piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  1 1  ;  Flo- 
rence, Nicolo  Pagni.  12°  Réconciliation  entre 
deux  amis,  thème  original  avec  variations, 
op.  12;  Augsbourg,  Gombart.  Schultesius  a 
laissé  en  manuscrit  plusieurs  autres  ouvrages. 
Une  de  ses  meilleures  productions  est  la  dis- 
sertation sur  la  musique  d'église  qu'il  a  Tait 
imprimer,  sous  ce  titre  :  Memoria  sopra  la 
iiiusicadi  chiesa;  Livourne,  Th.  Masi,  1810, 
in-4"  «le  vingt-cinq  pages 

SCHULTHEISS    (BenoIt),   organiste  à 
l'église  Saint -Égide  du  Nuremberg,  mort  dans 


cette  ville,  le  1er  mars  1G93,  est  auteur  d'un 
recueil  de  pièces  pour  le  clavecin,  dont  la 
première  partie  a  été  publiée  sous  ce  litre  : 
Mulh  und  Geistermutem  der  Clavier- Lust; 
Nuremberg,  1G79,  in-4°  obi.  La  deuxième  par- 
tie a  paru  dans  la  même  ville,  en  1G80. 

SCIUJLTIÏMG  (Corbeille),  savant  ecclé- 
siastique, né  à  Sleenwyck,  petite  ville  île  la 
province  d'Over-Yssel,  vers  1540,  mort  le 
23  avril  1604.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on 
trouve  celui  qui  a  pour  litre  :  Bibliollieca  ec- 
clesiastica  seu  Commentar.  sacr.  de  exposi- 
tione  et  illustratione  missalis  et  breviarii; 
Cologne,  1599,  in-fol.,  quatre  volumes.  Sehul- 
ling  y  traite  (t.  Ier)  :  1  °  De  cantorum  psalta- 
rumque  antiquilate  et  origine.  2°Z>e  anliquo 
cantu  inecclesid,  deque  psalmorum  et  Injm- 
norum  decantatione  ;  et  t.  IV  :  1°  Psalmodia 
Lucas  Lossii.  2°  De  enchiridio  cantionum 
Lutheri. 

SCHULTZ  (Jean-Heniu),  musicien  in- 
connu, auteur  d'un  traité  de  composition 
(Unterrichl  in  der  Composition)  qui  se  trou- 
vait, en  1740,  vraisemblablement  en  manu- 
scrit, dans  la  bibliothèque  de  Valentin-Bar- 
tbolomé  Hausmann  {Voyez  ce  nom),  suivant 
l'indication  fournie  par  Mallheson  (Gruntll. 
einer  Ehrenp forte,  p.  100). 

SCS1LLTZ  (N.),  auteur  de  deux  écrits  qui 
se  trouvaient,  en  1740,  chez  Haussmann,  cité 
dans  l'article  précédent  ;  le  premier  avait  pour 
titré  :  Anxvtisung  zum  Clavier  (Principes  de 
clavecin)  ;  le  second  :  De  inlonatione  soni  cu- 
juslibet  vocis  (voyez  Mattheson,  Griindl. 
einer  Ehrenp  forte,  p.  107). 

SCHLLTZE  (Jean),  né  à  Lunebonrg,  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut  orga- 
niste du  duc  de  Brunswick,  à  Danneberg.  On 
a  imprimé  de  sa  composition  :  1°  40  Neue 
ausserlesene  schœne  ïntraden  und  Galliar- 
den  mit  4  Stinnnen,  etc.  (Quarante  belles  et 
nouvelles  entrées  et  gaillardes,  à  quatre  voix, 
avec  îles  passamèses  à  huit  voix  en  deux 
chœurs);  Hambourg,  1617,  in-4°.  2°  Muiika- 
lisclier  Lustgarten  ans  allerhand  JJotetten 
beslehend  (Jardin  de  plaisance  musical  con- 
sistant en  motets  de  différents  genres);  Lune- 
bourg,  1G22. 

SCHLLTZE  (C  h  n  i  sror  n  e),  Canlor  et  com- 
positeur, né  à  Sorau,  vivait  à  Dœlitzsch,versle 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Plusieurs  recueils 
de  chants  l'ont  l'ail  connaître  ;  ils  ont  pour 
titre:  1"  Collegium  musicum  delicii  charita- 
tivum,  composé  de  dix  maximes  spirituelles 
à  plusieurs  voix  avec  basse  continue,  dans  le 
style  des  madrigaux,  en   l'honneur  du  collège 


SCHULTZE  -  SCHULZ 


521 


musical  «le  Dœlilzsch,  nouvellement  institué; 
Leipsick,  1047,  in-4°.  2°  Denarius musicus, 
consistant  en  concerts  à  une,  deux  et  trois  voix 
avec  symphonies  et  basse  continue;  ibid. 
3°  Mélodies  pour  des  chorals,  imprimées  à 
Leipsick,  en  1G59  et  1GC8,  in-8°. 

SCHLLTZE  (André-Henri),  né  à  Bruns- 
wick, le  4  février  1681,  y  apprit,  sous  la  di- 
rection du  cantor  Bach,  les  éléments  de  la 
musique  et  du  chant.  Plus  lard,  il  se  livra 
particulièrement  à  l'étude  du  clavecin  et  de 
l'orgue.  Après  avoir  voyagé  quelque  temps  en 
Allemagne,  il  arriva  à  Hildesheim,  y  fréquenta 
le  gymnase,  et  fut  ensuite  nommé  organiste 
de  l'église  Saint-Lambert.  Un  mal  de  jambe, 
qui  rendit  l'amputation  nécessaire,  le  condui- 
sit au  tombeau,  le  12 octobre  1742.  Cet  artiste 
estimable  a  laissé  en  manuscrit  six  concertos 
pour  clavecin  seul,  datés  de  Ilildesheim,  en 
1750. 

SCHULTZE  (Jean-Nicolas-Guillaume)  , 
étudiant  en  philosophie  et  en  théologie,  né  à 
Rostock,  d'une  famille  noble,  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-huitième  siècle,  y  sou- 
tint, en  1728,  une  thèse  qui  a  été  publiée  sous 
ce  titre  :  De  usu  musices  in  ecclesia  chris- 
tiana;  Roslochii,  lypis  Nicolai  Schwiege- 
rovii,  in-43  de  cent  trente-trois  pages.  Ce  sa- 
vant écrit,  plus  remarquable  par  l'érudition 
que  par  la  nouveauté  des  aperçus,  est  divisé  en 
trois  sections  :  la  première  traite  de  la  mu- 
sique en  général,  considérée  comme  art  et 
comme  science;  la  seconde,  de  la  musique 
d'après  l'Ancien  Testament;  la  dernière,  de 
la  musique  suivant  le  Nouveau  Testament. 

SCHULTZE  (Chrétien-Auguste),  né  le 
10  avril  1759,  à  Rlingenthal,  en  Saxe,  était 
lils  du  pasteur  de  ce  lieu.  Dès  son  enfance,  il 
apprit  les  principes  de  la  musique,  du  violon 
et  du  clavecin.  A  l'âge  de  douze  ans,  il  entra 
au  collège  Saint-Laurent,  à  Nuremberg,  et  y 
continua  pendant  sept  années  ses  études  litté- 
raires et  musicales.  Quelques  essais  de  compo- 
sition qu'il  soumit  alors  au  maître  de  chapelle 
Gruber  lui  procurèrent  les  conseils  de  cet 
homme  de  mérite.  En  1779,  il  alla  suivre  les 
cours  de  théologie  à  l'université  d'Altdorff,  et 
employa  quatre  années  à  cette  étude.  De  re- 
tour à  Nuremberg,  avec  le  titre  de  candidat 
théologien,  il  accepta,  en  1785,  une  place  de 
percepteur  chez  un  banquier  de  cette  ville.  Les 
loisirs  que  lui  laissaient  ses  fonctions  étaient 
employés  à  la  composition.  En  1798,  il  se  pré- 
senta au  concours  pour  la  place  de  maître  de 
chapelle  à  Nuremberg,  mais  il  ne  put  l'obte- 
nir. Schultze  vivait  encore  à  Nuremberg  en 


1811.  On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Douze 
variations  pour  le  piano  sur  l'air  allemand  : 
Nach  so  viel  Leiden;  Leipsick,  Hofmeister. 
2°  Cinq  polonaises  et  deux  valses  pour  le 
piano;  ibid.  5°  Douze  contredanses  pour  l'or- 
chestre; Spire,  Bossler.  Il  a  écrit  aussi  quel- 
ques articles  sur  l'harmonica  qui  onl  été  in- 
sérés dans  la  Gazette  musicale  de  Spire.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  drames,  can- 
tates, oratorios  et  chœurs,  composés  pour  di- 
verses solennités,  parmi  lesquels  on  remarque 
une  grande  cantate  religieuse  pour  la  dédicace 
séculaire  de  l'église  de  Rlingenthal,  exécutée 
sous  sa  direction,  le  31  octobre  1801. 

SCHULTZE  (O.-K.-F.-W.),  professeur 
de  musique  à  Prenzlow,  dans  le  Brandebourg, 
n'est  connu  que  par  un  traité  élémentaire  de 
musique  vocale  intitulé  :  Theoretische-prak- 
tische  Gesangscltule  mit  50  den  Gesangre- 
geln  entsprechenden  Canons,  besonders  fiir 
Gymnasien  und  Burgerschulen  (Méthode 
théorique  et  pratique  de  chant,  avec  trente  ca- 
nons sur  les  règles  du  solfège,  etc.);  Berlin, 
Bechtold,  1851,  in-4°.  Schultze  a  publié  aussi 
une  méthode  de  piano  intitulée  :  Darstellung 
einerleichlen  Méthode  des  piano- forte;Vvenz- 
low,  1839,  in-8°. 

SCHULZ.  Voyez  PRjETORIUS  (Go- 

DESCALC). 

SCHULZ.  Voxjez  PR^ETORIUS  (Jé- 
rôme). 

SCHULZ.  Voyez  PRyETORIUS  (Jac- 
ques). 

SCHULZ  ou  SCHULTZ.  Voyez  PR.E- 
TORIUS  (Michel). 

SCHULZ  (Jean-Abraham-Pierre)  ,  né  à 
Lu  ne  bourg,  le  30  mars  1747,  était  fils  d'un 
boulanger  qui  le  destinait  à  l'état  ecclésiasti- 
que; mais  son  goût  invincible  pour  la  musique 
le  fit  se  dévouer  tout  entier  à  cet  art.  A  l'âge 
de  dix  ans,  il  entra  au  collège*  Saint-Michel, 
qu'il  quitta  deux  ans  après- pour  entrer  à  celui 
de  Saint-Jean.  Admis  au  chœur  de  cette  école, 
il  fit  de  rapides  progrès  dans  l'étude  de  la  mu- 
sique, puis  reçut  des  leçons  de  clavecin  de 
Schmtigel  ;  organiste  distingué.  Celui-ci  lui 
parlait  souvent  de  l'excellente  musique  qu'on 
entendait  à  Berlin,  et  du  mérite  de  Kirnber- 
ger,  et  le  jeune  Schulz  s'enthousiasmait  à 
l'idée  de  recevoir  des  leçons  de  ce  savant 
homme  et  d'entendre  les  chefs-d'œuvre  des 
grands  maîtres  exécutés  par  les  artistes  célè- 
bres réunis  dans  la  capitale,  de  la  Prusse. 
Conlrelevœu  de  sa  famille,  et  sans  ressources, 
il  se  mit  en  route  à  l'âge  de  quinze  ans,  arriva 
à  Berlin  en  17G2,  et  se  rendit  immédiatement 


SCHULZ 


chez  Kirnberger,  qui,  bien  que  d'un  caractère 
peu  bienveillant,  l'accueillit,  lui  promit  son 
appui,  et  le  fit  entrer  au  gymnase  et  au 
chœur  de  chant.  Naturellement  douétlu  senti- 
ment de  la  mélodie,  Schulz  eut  quelque  peine 
à  se  familiariser  avec  l'enseignement  sec  et 
pédantesque  de  Kirnberger.  Ses  progrès  dans 
ses  éludes,  la  lucidité  de  son  esprit,  et  son  style 
clair  et  facile  devinrent  plus  lard  d'un  grand 
secours  à  son  maitre,  donl  le  profond  savoir  se 
manifestait  avec  clarté  dans  la  pratique  de 
l'art,  mais  qui  manquait  d'ordre  dans  l'expo- 
sition de  sa  doctrine.  En  17G8,  Schulz  trouva 
une  heureuse  occasion  pour  visiter  la  France, 
l'Tlalie  et  l'Allemagne  avec  la  princesse  polo- 
naise Sapieha.  Ce  voyage,  dont  la  durée  fut  de 
cinq  ans,  forma  son  goût  et  son  esprit.  De  re- 
tour à  Berlin,  en  1773,  Schulz  trouva  Kirnber- 
ger et  Sulzer  occupés  à  écrire  le  deuxième  vo- 
lume de  la  Théorie  générale  des  beaux-arts; 
tons  deux  virent  en  lui  un  homme  fort  utile 
pour  ce  travail,  et  lui  abandonnèrent  l'élabo- 
ration de  tous  les  articles  concernant  la  mu- 
sique, depuis  S  jusqu'à  Z.  Cet  ouvrage  terminé, 
Schulz  se  chargea  de  la  rédaction  du  Traité 
de  composition  pure  de  Kirnberger  :  c'est 
celle  rédaction  qui  a  été  publiée  sous  le  nom 
du  maître.  En  1776,  l'organisation  de  l'or- 
chestre du  théâtre  français  de  Berlin  ayant 
été  complétée,  sa  direction  fut  confiée  à 
Schulz;  mais  ce  théâtre  ayant  été  supprimé  en 
1780,  il  entra  chez  le  prince  Henri  de  Prusse, 
au  château  de  Reinsberg,  en  qualité  de  maître 
de  chapelle.  Celte  époque  est  celle  de  la  publi- 
cation de  ses  meilleurs  ouvrages.  En  1787,1a 
place  de  maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Co- 
penhague lui  fut  offerte  ;  il  l'accepta,  et 
exerça  dans  ses  fonctions  une  heureuse  in- 
fluence sur  les  progrès  de  la  musique  en  Dane- 
mark. En  179J,  il  fonda,  avec  l'approbation 
du  roi,  une  caisse  pour  les  veuves  des  musi- 
ciens de  la  chapelle  royale,  et  donna,  au  bé- 
néfice de  celte  caisse,  des  concerts  dont  les 
produits  furent  considérables.  Sa  santé,  qui 
avait  déjà  reçu  de  graves  atteintes,  fut  parti- 
culièrement ébranlée  par  ses  efforts  pour 
sauver  une  partie  de  la  bibliothèque  musicale, 
dans  l'incendie  du  palais  du  roi.  Une  maladie 
nerveuse,  accompagnée  de  vertiges  et  de  cra- 
chements de  sang,  lui  avait  rendu  nécessaires 
le  repos  et  un  climat  plus  doux  ;  il  demanda 
sa  retraite,  mais  le  roi  ne  voulut  accepter  sa 
démission  qu'après  que  les  médecins  eurent 
déclaré  sa  vie  en  danger.  Deux  tiers  de  son 
traitement  lui  furent  laissés  comme  pension 
viagère.  Au  mois  de  mai   179"),  Schulz  partit 


avec  sa  famille  pour  Kiel,  et  fit  le  trajet  par 
mer.  L'amélioration  que  ce  petit  voyage  avait 
produite  dans  sa  santé  lui  fit  conseiller  par  les 
médecins  de  se  rendre  en  Portugal.  Après 
avoir  passé  quelques  mois  à  Eulin,  chez  son 
ami,  le  poêle  Voss,  puis  à  Altona,  Hambourg 
et  Lunebourg,  il  s'embarqua  le  50  septembre 
pour  Lisbonne;  mais  une  tempête  rejeta  le 
bâtiment  sur  les  côtes  du  Nord,  et  fit  prendre 
à  Schulz  la  résolution  de  ne  point  quitter  l'Al- 
lemagne. Au  commencement  de  1796,  il  se 
retrouva  de  nouveau  à  Berlin.  Il  y  vécut  en- 
viron une  année;  puis  il  alla  à  Reinsberg  où 
il  perdit  sa  femme  d'une  maladie  de  poitrine. 
Le  chagrin  que  lui  causa  cet  événement  aug- 
menta ses  propres  maux;  il  s'éteignit  insensi- 
blement, et  mourut  à  Schwedt,  le  10 juin  1800, 
à  l'âge  de  cinquante-trois  ans. 

On  remarque,  parmi  les  principales  compo- 
sitions de  cet  artiste  distingué  :  1°  La  Fée 
Urgèle,  opéra  comique  français,  composé  en 
1782,  pour  le  théâtre  de  Reinsberg,  puis  re- 
présenté au  Théâtre-National  de  Berlin,  en 
1789,  et  à  Copenhague,  en  1792,  avec  une 
traduction  danoise.  2°  Clarisse,  ou  la  Domes- 
tique inconnue,  idem,  1785.  5°  Chœurs  et 
entr'actes  de  VJlhalie  de  Racine,  1785  ;  Leip- 
sick,  Breilkopf  et  Hœrtel,  en  partition.  A0 Mi- 
nora, mélodrame  en  quatre  actes;  Hambourg, 
1786.  5°  Le  Barbier  de  Séville,  opéra-comique 
français,  à  Reinsberg,  1786.6°  Goelz  de  Ber- 
lichingen,  drame.  7°  Aline,  reine  de  Gol- 
conde,  opéra  en  trois  actes,  à  Copenhague,  en 
1789,  publié  en  partition  réduite  pour  le  piano, 
en  français  et  en  allemand,  à  Leipsick,  chez 
Breilkopf  et  Hicrlel.  8°  Jean  et  Marie,  ora- 
torio, à  Copenhague,  1789.  9°  L/œstgildei 
(la  Fêle  de  la  moisson),  opéra  en  un  acte,  à 
Copenhague  ,  1790.  10°  Le  Sacrifice  des 
Nymphes ,  prologue  danois,  à  Copenhague, 
1781.  11°  Cantate  de  la  Passion,  en  partition 
pour  le  piano;  Altona  et  Kiel,  Kaven.  12°  La 
Mort  du  Christ,  Oratorio  en  langue  danoise, 
à  Copenhague,  en  1792.  13°  Hymne  à  Dieu, 
traduit  en  allemand  sur  le  texte  danois,  par 
Voss,  et  publié  en  partition  réduite  pour  le 
piano,  à  Copenhague,  1793.  14°  Chansons  al- 
lemandes, avec  accompagnement  de  clavecin  ; 
Berlin,  1779.  15°  Chansons  populaires  avec 
accompagnement  de  clavecin;  ibid.,  1782. 
Une  deuxième  édition  de  ces  deux  recueils  a 
été  publiée  à  Berlin,  en  1785,  avec  des  aug- 
mentations et  des  collections.  16°Canzonel(es 
italiennes;  Berlin,  1782.  17°  Poésies  lyriques 
sur  des  sujets  religieux,  par  Uz,  mises  en  mu- 
sique à    voix    seule  avec   piano;    Hambourg, 


SCIIULZ 


523 


178-5.  18°  0<les  et  cantiques  spirituels  des 
meilleurs  auteurs  allemands,  ibid.  ;  idem, 
1786.  19»  Chansons  populaires,  troisième  re- 
cueil; Berlin,  1790.  20°  Six  pièces  pour  le 
clavecin;  Berlin,  1779.  21°  Sonate  pour  le  cla- 
vecin seul,  op.  2;  ibid.,  1782.  22°  Amusement 
musical  pour  le  piano;  ibid.,  1792.  23»  Badi- 
nage  musical,  idem;  ibid.  24"  Aérostat  mu- 
sical, idem;  ibid.  25°  Sonate  pour  piano  et 
violon  ;  Berlin,  Bellslab.  Gerber  attribue  à 
Schulzle  livre  intitulé  :  Die  wahren  Grund- 
sztze  znm  Gebrauch  der  tfarmonie(\s.s  vrais 
principes  concernant  l'usage  de  l'harmonie), 
connu  sous  le  nom  de  Kirnberger;  j'ignore  si 
l'élève  de  ce  maître  a  eu  d'autre  part  à  la  ré- 
daction de  cet  ouvrage  que  celle  du  style.  Les 
écrits  dont  les  litres  suivent  lui  appartiennent 
en  propre  :  1°  Enlwurf  einer  neuen  uud 
leicht  verstœndlichen  Musiktabulatur ,  deren 
man  sich  in  Ermangeliing  der  Notentypen, 
i)i  kritischen  und  theoretischen  Schriften  be- 
dienen  kann,  etc.  (Esquisse  d'une  nouvelle  ta- 
blature de  la  musique,  intelligible  et  fa- 
cile, etc.);  Berlin,  1780,  in-8°  de  quatre- 
vingt-seize  pages.  Le  projet  de  Schultz  avait 
pour  objet  de  rendre  facile  l'impression  des 
exemples  de  musique  dans  les  ouvrages  de 
théorie  ou  de  critique  musicale.  Il  est  revenu 
sur  ce  sujet  dans  un  article  du  Magasinrnu- 
sical  de  Cramer  (février,  1788),  intitulé:  Ver- 
besserler  Enlwurf  einer  Musiktabulatur, 
zum  Gebrauch  in  musikalischen  Schrifien, 
und  zur  Befœrdcrung  der  Bekanntma- 
chung  volststxndiycr  Partituren  (Essai 
amélioré  d'une  tablature  de  la  musique,  pour 
l'usage  des  écrits  musicaux,  etc.).  Schulz  a 
aussi  donné  un  exemple  de  l'emploi  de  ses 
signes  de  notation  dans  les  partitions  par  son 
oratorio  de  Jean  et  Marie,  publié  à  Copen- 
hague, en  1791.  2°  Gedanhen  iiber  den  Ein- 
fluss  der  Musik  an f  die  Bildung  eines  folks, 
und  iiber  deren  Einfiihrung  in  den  Schulen 
der  kœnigl.  danischen  Slaaten  (Idées  con- 
cernant l'influence  de  la  musique  dans  l'édu- 
cation d'un  peuple,  etc.);  Copenhagen,  1790, 
in-8"  de  soixante-quatre  pages.  3°  Deux  arti- 
cles en  réponse  à  une  comparaison  faite  par 
Diltersdorf.  dans  le  Dictionnaire  des  beaux- 
arts  de  Sulzer,  entre  un  passage  du  Stabat 
mater  de  Pergolèse  et  un  air  de  Gratin  (Ga- 
zette musicale  de  Leipsiclc,  t.  II,  p.  257  et 
273). 

SCIIULZ  (L.-J.),  professeur  de  clavecin  à 
Amsterdam,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  y  a  fait  graver,  vers  1780,  Six 
quatuors    pour  clavecin,   flûte,    violon  et 


basse,  op.  1.  On  trouve  aussi  quelques  baga- 
telles de  cet  artiste  dans  la  Correspondance 
musicale  de  Spire  (Musikal.  Realzeitung , 
1791,  Notenblatter). 

SCHULZ  (....),  conseiller  du  roi  de 
Prusse,  dans  les  premières  années  du  dix-neu- 
vième siècle,  a  publié,  sous  le  voile  de  l'ano- 
nyme, une  dissertation  sur  le  traité  de  mu- 
sique de  Philodème,  trouvé  dans  les  papyrus 
d'Ilerculanum,  intitulée  :  Auspicia,voci  pro- 
tectorats Acad.  Jenensis,  1795.  Propos,  in 
Philodemi  ire  pi  [j.oua»a)ç,  lib.  IV,  animad- 
vers.  ;  Jéna,  1795,  in-4°  de  huit  feuilles. 

SCIIULZ  (Jean-Piiilippe-Chrétien),  com- 
positeur, naquit  à  Langensalza,  dans  la  Thu- 
ringe,  le  1er  septembre  1773,  et  fut  envoyé  à 
Leipsick  dès  l'âge  de  dix  ans,  pour  y  faire  ses 
études  à  l'école  de  Saint-Thomas.  Sorti  de  ce 
collège,  il  voulut  suivre  les  cours  de  théologie 
de  l'université  ;  mais  ayant  changé  de  résolu- 
tion, il  se  destina  à  la  carrière  de  musicien, 
et  se  livra  à  l'étude  sérieuse  de  l'art,  d'abord 
sous  la  direction  d'Engler,  organiste  du  châ- 
teau, puis  sous  celle  de  Schicht.  En  1800,  il 
commença  à  écrire  pour  la  troupe  dramatique 
de  Seconda  des  ouvertures,  chœurs,  marches, 
airs  de  danse,  etc.,  et  dirigea  chaque  année 
l'orchestre  du  théâtre,  pendant  le  séjour  de 
cette  troupe  à  Leipsick.  En  1810,  il  fut  nommé 
directeur  de  musique  des  concerts  hebdoma- 
daires. Il  est  mort  dans  cette  position,  le 
30  janvier  1827,  à  l'âge  de  cinquante-trois 
ans.  On  a  imprimé  de  sa  composition  :  1°  Ou- 
verture de  Faust,  à  grand  orchestre  ;  Leipsick, 
Hofmeister.  2°  Idem,  de  la  Pucelle  d'Or- 
léans; Leipsick,  Peters.  3°  Huit  pièces  d'har- 
monie  pour  diverses  comédies  favorites  a  six 
et  sept  parties  ;  ibid.  4°  Six  marches  théâtrales 
pour  piano  à  quatre  mains;  Leipsick,  Breil- 
kopf  et  Haertel.50  Airs  de  danse  de  Faust  pour 
piano;  Leipsick,  Hofmeister.  6°  Domine  Sal- 
vttm  fac  regem,  à  quatre  voix  et  instruments 
à  vent,  en  partition;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hsertel.  8°  Douze  chansons  à  quatre  voix, 
op.  14;  Leipsick,  Hofmeister.  9°  Huit  chan- 
sons à  quatre  voix,  avec  accompagnement  de 
piano;  Lei psick,  Breitkopf  et  Heerlel.  1 0°  Chan- 
sons à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  5,  6,  11  et  15;  Leipsick,  Breitkopf, 
Peters,  Hofmeister.  11°  Six  canzoneltes  ita- 
liennes et  allemandes;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrlel.  Les  autres  compositions  de  Schulz 
sont  restées  en  manuscrit. 

SCIIULZ  (Charles),  professeur  au  sémi- 
naire de  Kloster-Neuenzelle,  et  en  dernier 
lieu  co-rcctcur  au  gymnase  de  Filrslcmvalde, 


524 


SCIU'LZ 


dans  le  Brandebourg,  s'est  fait  connaître 
avantageusement  par  un  traité  élémentaire  de 
musique  intitulé  :  Leilfadenbei  den  Gesang- 
lehre  nach  der  Elementar-methode,  etc. 
(Guide  dans  l'art  du  chant,  d'après  la  méthode 
élémentaire,  etc.);  Zullichau,  Darnemann, 
1812,  in-8°  de  trente-six  pages.  La  deuxième 
édition  de  ce  petit  ouvrage  a  été  publiée  dans 
la  même  ville,  en  1815,  cl  la  troisième,  en 
1825.  On  a  aussi  du  même  professeur  un  livre 
de  chant  à  l'usage  des  écoles  (Schuhjesany- 
Imch),  publié  comme  supplément  à  l'ouvrage 
précédent;  Zullichau,  Darnemann,  1816, 
in-8°.  La  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a 
été  publiée  dans  la  même  ville,  en  1819,  gr. 
in-8°. 

SCIIULZ  (Jean-Frédéric),  excellent  fac- 
teur d'orgues,  à  Mtllhausen,dans  la  Thuringe. 
est  né  à  Milbitz,  le  27  janvier  1703.  Fils  de 
Jean-André  Scblllz,  facteur  d'orgues  distin- 
gué, qui,  dans  l'espace  de  vingt  années,  avait 
construit  ceux  de  Bttchenloh,  Blankenhayn, 
Kleinhelsladt,  Altlemda,  Milbitz,  Stadlilm, 
Billersdorf,  Hehgelbach,  Kabla,  Qiiilelsdorf, 
Auleben,  Hassleben,  Geilsdorf  et  Hochdorf,  il 
prit,  dans  l'atelier  de  son  père,  le  goût  de  la 
raclure  des  instruments.  Après  la  mort  de 
celui-ci,  Schulz  alla  travailler  comme  apprenti 
chez  le  facteur  d'orgues  Witzmann,  à  Stadl- 
ilm. En  cette  qualité  ,  il  acheva  le  nouvel 
orgue  de  Trœgsdorf ,  que  la  mort  avait  empêché 
son  maître  de  finir.  Le  premier  instrument 
qu'il  construisit  seul  fut  celui  de  Ilorba,  près 
de  Milbitz.  Déjà  connu  avantageusement,  en 
1819,  par  les  réparations  d'instruments  qu'il 
avait  faites,  il  avait  obtenu  l'approbation  des 
deux  hommes  les  plus  capables  de  bien  appré- 
cier son  mérite,  savoir,  le  professeur  Tœpfer 
deWeimar,  et  l'organiste  Wolfram.  Dès  1820, 
commença  pour  lui  une  époque  plus  brillante, 
car  il  fut  chargé  de  la  réparation  totale  du 
grand  oigne  à  trois  claviers  et  quarante-deux 
jeux  de  Sainte- Marie,  à  Mulhauscn,  et  de  la 
construction  de  celui  de  Saint-Biaise  de  la 
même  ville,  aussi  à  trois  claviers  et  trente-six 
jeux.  Les  éloges  les  plus  honorables  furent 
donnés  à  ces  beaux  ouvrages.  En  1820,  Schulz 
transféra  son  atelier  à  Paulinzelle;  sept  ans 
après  il  s'établit  à  Mttlbausen.  Le  nombre 
d'instruments  construits  par  lui  depuis  1824 
est  considérable  :  tous  se  font  remarquer  par 
la  puissance  de  leurs  sons,  l'excellente  qualité 
des  jeux,  particulièrement  de  gambe  et  de  sali» 
cional,e(  par  la  bonne  exécution  du  mécanisme. 
Schulz  est  un  des  premiers  facteurs  de  l'Alle- 
magne qui  ont  fait  usage  de  l'invention  des 


sommiers  obliques.  La  bonté  de  ses  ouvrages 
et  la  précision  des  principes  qui  dirigent  cet 
artiste  dans  ses  travaux  lui  ont  acquis  l'estime 
de  plusieurs  savants  organistes  de  l'Alle- 
magne, particulièrement  de  Tœpfer,  à  qui  la 
facture  des  orgues  est  si  redevable. 

SCHULZ  (Auguste- Wilhelm),  musicien 
de  la  chambre  du  roi  de  Prusse  et  violoniste  de 
l'Opéra  de  Berlin,  né  dans  cette  ville,  était  fils 
d'un  danseur  du  théâtre  royal.  Il  quitta  sa 
place  de  la  chapelle  en  1822  et  se  rendit  à 
Pélersboui'g,  où  il  entra  au  service  de  l'empe- 
reur de  Bussie.  Il  est  mort  dans  cette  position , 
en  1825.  Il  y  a  publié  un  recueil  de  danses  pour 
les  bals,  à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Hœrlel, 
des  variations  pour  violon  sur  l'air  allemand, 
Tm  Kreise  froher,  kluger  Zeeher,  et  sur  la 
chanson,  Gestern  Abend  ivar,  à  Berlin,  chez 
Coucha. 

SCHULZ  (Charles),  fils  du  précédent,  né 
à  Berlin  vers  1790,  eut  pour  maître  de  flûte 
A.  Schrœck,  et  devint  un  artiste  distingué  sur 
cet  instrument.  Il  n'était  âgé  que  de  treize 
ans  lorsqu'il  fut  admis  à  l'orchestre  du  théâtre 
national  ;  puis  il  obtint  le  titre  de  musicien  de 
laehambreen  1809.  Il  eslmortà  Berlin, danssa 
vinglièmeannée,  le  18juinl8lG.  Schulz  a  publié 
quelques  compositions  pour  son  instrument. 

SCHULZ  (Adolphe),  musicien  de  la 
chambre  du  roi  de  Prusse  et  alto  de  l'orchestre 
de  l'Opéra  de  Berlin,  est  né  dans  cotte  ville, 
le  7  juillet  1817.  C.  Bœhmer,  musicien  de  la 
chambre,  lui  enseigna  le  violon  et  la  compo- 
sition, et  il  reçut  des  leçons  de  piano  de  Neit- 
hardt.  Pendant  quelques  années,  il  fut  aussi 
élève  de  l'Académie  royale  des  beaux-arts  de 
Berlin  et  s'y  lit  remarquer,  le  10  juin  1830,  par 
l'exécution  d'un  concerto  de  piano  de  sa  com- 
position. En  1840,  il  fut  nommé  membre  de 
la  chapelle  royale.  Il  a  composé  Pouverlure 
et  les  chœurs  de  l'ffippolyte  d'Euripide, 
traduit  en  allemand  par  Fritze,  et  qui  fut  re- 
présenté, le  28  avril  185 1,  au  théâtre  de  Ber- 
lin. On  connaît  aussi  de  lui  une  symphonie  à 
grand  orchestre,  laquelle  fut  exécutée  par 
l'orchestre  de  la  chapelle  royale,  en  1839, 
1841  et  1842,  une  ouverture  idem,  exécutée  en 
1840,  et  des  sonates  faciles  pour  le  piano, 
op.  1  et  2;  Berlin,  Schlesinger,  1852. 

SCHULZ  (F. -A.),  professeur  de  musique 
à  AYolIVnbltltel,  y  vivait  en  1830  et  s'y  trou- 
vait encore  en  1840.  Il  s'est  fait  connaître  par 
des  Lieder  à  voix  seule,  avec  accompagnement 
de  piano,  en  recueils  ou  séparas,  el  par  des 
chants  pour  les  écoles,  depuis  une  jusqu'à 
quatre  voix. 


SCHULZ  -  SCHUMANN 


525 


SCHULZ  (Ferdinand),  chanteur  du  Dom 
et  professeur  de  musique  à  Berlin,  est  né  le 
21  octobre  1821,  à  Cossar,  près  de  Crossen,  où 
son  père  était  Canlor  et  organiste.  Ce  fut  sous 
sa  direction  que  Ferdinand  Schulz  commença 
l'étude  de  la  musique.  Plus  tard,  il  fréquenta 
le  gymnase  de  Ztlllichau,  où  il  reçut  des  leçons 
de  cet  art  de  Maurice  Kœhler  et  du  directeur 
de  musique  Gœbler.  En  1841,  il  se  rendit  à 
Berlin,  y  continua  l'élude  de  la  théorie  mu- 
sicale près  du  professeurGrell,  tandis  que  Kil- 
litschgy  lui  enseignait  le  piano  el  qu'il  recevait 
des  leçons  d'orgue  de  W.  Bach.  Schulz  fut 
ensuite  dirigé  par  le  professeur  Dehn  dans  la 
connaissance  des  anciennes  notations  de  la 
musique  et  de  leur  traduction  en  notation 
moderne.  En  1 843,  il  entra  dans  le  chœur  du 
Dom,  el  en  1856,  il  devint  directeur  de  la  so- 
ciété de  chant  connue  sous  le  nom  de  Cxcilia; 
enfin,  en  1858,  il  eut  la  direction  du  chœur  de 
la  paroisse  Saint-Marc.  Parmi  les  compositions 
de  cet  artiste,  on  remarque  :  1°  Quatre  motels 
pour  quatre  voix  de  femmes,  op.  25;  Ham- 
bourg, Bœhme,  1855.  2°  Liturgie  pour  quatre 
voix  d'hommes,  en  partition,  op.  56;  Berlin, 
Trautwein  (Bahn).  5°  Psaume  68  à  deux 
chœurs,  composé  pour  le  Domchor,  op.  59; 
Berlin,  Bock,  1850.  4°  Adoramus  te  Christe, 
à  quatre  voix,  op.  45;  Hambourg,  Schuberth. 
5°  Motet  pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  48; 
ibid.,  1858.  6°  Lieder  et  chants  en  recueils 
et  détachés  pour  différentes  voix  avec  piano. 
7°  Plusieurs  rondeaux  pour  le  piano.  8°  Pois- 
pourris  idem.  9°  Caprices  idem.  10°  Un  grand 
nombre  de  valses,  polkas  et  autres  danses  idem. 

SCHUMANN  (Jean),  né  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  fut  Cantor  à  Halle 
(Saxe).  Il  est  auteur  d'un  petit  traité  de  mu- 
sique en  allemand  qui  est  imprimé  à  la  suite 
de  la  traduction  allemande  du  traité  élémen- 
taire de  Henri  Faber,  par  Melchior  Vulpius, 
laquelle  est  intitulée  :  Musical  compendium 
latino-germanicum  M.  Henrici  Fabri  per 
Melchiorem  f'ulpium,  finarensium  C an- 
totem.  Adjecta  est  in  fine  Compendium 
musices,  getmanice  Jo.  Schumanni ;  Hulx, 
1620,  in-8". 

SCHUMANN  (  Louis-  Antoine  -  Pierre  ) , 
musicien  de  la  chambre  ducale  el  organiste  à 
Hildburgbausen,  naquit  dans  celle  ville,  le 
20  mai  1740.  L'organiste Meisch  fut  son  maître 
de  composition.  Schumann  est  auteur  des  ou- 
vrages suivants,  qui  n'ont  pas  été  publiés  : 
1°  Oratorio  de  la  Passion,  en  deux  parties. 
2°  L'Agneau  de  Dieu,  oratorio  en  sept  mor- 
ceaux, pour  le  carême. 


SCHUMANN  (Robert),  compositeur  et 
critique,  est  né  le  8  juin  1810,  à  Zwickau,  en 
Saxe.  Le  plus  jeune  de  cinq  enfants  d'un  li- 
braire de  celle  ville,  il  n'était  pas  destiné  à  la 
culture  de.la  musique,  et  rien,  dans  ses  pre- 
mières années,  n'indiqua  qu'il  fût  doué  de 
l'instinct  de  cet  art  (1).  Dans  son  enfance,  son 
intelligence  ne  s'élevait  pas  au-dessus  du  vul- 
gaire, et  dans  ses  premières  éludes,  à  l'école 
où  il  avait  été  placé,  il  ne  se  fit  pas  distinguer 
de  ses  condisciples  les  plus  ordinaires.  Jouer 
au  soldat  était  son  plaisir  le  plus  vif.  Les 
choses  reslèrent  en  cet  état  jusqu'à  ce  qu'il  eut 
atteint  sa  dixième  année.  Suivant  l'usage  des 
écoles  de  l'Allemagne  du  Nord,  il  avait  appris 
les  éléments  de  la  musique  à  celle  qu'il  fré- 
quentait :  son  père  lui  avait  donné  aussi  un 
maître  de  piano,  nommé  Kuntzsch;  les  leçons 
de  cet  homme  n'étaient  pas  propres  à  donner 
à  son  élève  le  goût  de  l'instrument  ;  en  les  re- 
cevant, Schumann  se  soumettait  à  la  volonté 
de  son  père,  mais  sans  y  prendre  d'intérêt 
lui-même.  Une  circonstance  fortuite  le  trans- 
forma tout  a  coup  à  cet  égard.  On  l'avait  con- 
duit aux  eaux  de  Carlsbad  dans  l'été  de  1819, 
à  cause  d'un  dérangement  de  sa  santé;  Mos- 
chelès  y  donnait  alors  des  concerts  ;  l'impres- 
sion produite  sur  cet  enfant  par  le  célèbre  ar- 
tiste fut  si  vive  et  si  profonde,  que,  dès  ce  mo- 
ment, Robert  se  livra  avec  ardeur  à  l'élude  du 
piano.  Bientôt  après,  il  organisa  chez  son  père 
des  séances  musicales,  où  l'on  exécutait  des 
chœurs  accompagnés  par  un  petit  orchestre.  Il 
ignorait  alors  les  éléments  de  la  science  de 
l'harmonie;  néanmoins  il  s'essayait  dans  de 
petites  compositions.  C'est  ainsi  qu'à  l'âge  de 
treize  ans  il  arrangea  en  chœur  avec  orchestre 
le  chant  choral  du  150e  psaume.  Vers  la  même 
époque,  il  se  fit  entendre  en  public  à  Zwickau, 
dans  un  morceau  de  piano.  Les  remarquables 
progrès  du  jeune  Schumann  dans  la  musique 
déterminèrent  son  père  à  lui  faire  suivre  la 
carrière  d'artiste  :  il  écrivit  à  Charles-Marie 
de  Weber  pour  le  prier  d'admettre  Robert 
dans  sa  maison  el  de  le  diriger  dans  ses  études 
de  l'art.  Les  obstacles  qui  s'opposèrent  à  la 
réalisation  de  ce  projet  ne  sont  pas  connus. 
Schumann  continua  donc  de  rés4der  à  Zwickau 
et  y  reçut  l'éducation  ordinaire  des  collèges, 
tout  en  se  livrant  avec  ardeur  à  ses  études 
musicales,  pour  lesquelles  il  n'avait  malheu- 

(I)  Des  renseignements  fournis  par  certains  journaux 
allemands  m'ont  fait  dire  le  contraire  dans  la  première 
édition  de  la  Biographie  universelle  :les  musiciens  La 
grande  Biographie  de  Robert  Si  Immarin,  par  Wasie- 
lewski  (Dresde,  1858),  m'a  éclairé  à  cet  égard. 


526 


SCHUMANN 


i-eusement  pas  d'autre  direction  que  celle  de 
son  instinct.  A  cette  époque,  il  prit  aussi  un 
goût  passionné  pour  la  littérature  et  la  poésie  : 
Byron  et  Jean-Paul  (Richter)  étaient  ses  au- 
teurs favoris.  Les  biographes  allemands  re- 
marquent que  ce  dernier  auteur  exerça  surson 
caractère  nue  influence  qui  ne  peut  être  mé- 
connue. Le  cœur  et  l'imagination  de  Schumann 
furent  vivement  impressionnés  par  la  lecture 
des  poëmes  Lfesperus  et  Titan.  Ce  fut  aussi 
Jean-Paul  qui  lui  inspira  l'excès  de  sentimen- 
talité maladive  à  laquelle  il  fut  toujours  en 
proie,  et  certain  mépris  de  la  forme,  dont  il 
ne  put  triompher  plus  tard,  en  dépit  de  ses 
efforts. 

Dépourvue  d'incidents,  la  monotone  exis- 
tence de  Schumann  à  Zwickau  ne  fut  troublée 
que  par  la  mort  de  son  père,  au  mois  d'août 
1826.  Son  biographe  Wasielewski  mentionne 
aussi  un  premier  amour  fugitif  dont  il  fut  épris 
à  l'âge  de  dix-sept  ans.  Sa  mère,  d'accord  avec 
son  tuteur,  avait  exigé  qu'il  abandonnât  l'élude 
de  la  musique  pour  celle  du  droit,  et  qu'il  se 
fit  inscrire  à  l'université  de  Leipsick  comme 
siudiosus  juris.  Il  s'y  rendit  à  Pâques  1828; 
toutefois  il  s'y  occupa  fort  peu  des  pandectes, 
préférant  les  cours  de  philosophie,  plus  ana- 
logues à  la  nature  de  son  esprit  rêveur,  et  se 
livrant  surtout  à  l'élude  du  piano,  sous  la  di- 
rection de  Wieck.  On  ignore  la  cause  qui  dé- 
termina Schumann  à  quitter  l'université  de 
Leipsick,  au  printemps  de  1829,  pour  aller  à 
celle  de  Heidelberg;  mais  on  sait  que  cette 
année  fut  entièrement  p'êrdue  pour  ses  éludes, 
car,  entraîné  par  l'exemple  de  quelques  étu- 
diants paresseux,  qui  se  rencontrent  fréquem- 
ment dans  les  universités  d'Allemagne,  il  y 
mena  leur  joyeuse  vie.  Pendant  les  vacances 
de  l'été,  il  visita  la  Haute-Italie,  particulière- 
ment le  lac  Majeur  et  le  lac  de  Garda,  dont  il 
rapporta  des  impressions  poétiques.  Au  retour 
de  ce  voyage  et  pendant  l'hiver  suivant,  il 
rompit  avec  ses  habitudes  de  dissipation  et  fit 
beaucoup  de  musique  dans  les  sociétés  d'ama- 
teurs. Cependant  le  temps  s'écoulait  et  Schu- 
mann n'avait  pas  encore  fait  connaissance 
avec  le  droit,  pour  lequel  il  fréquentait  les 
universités  dépuis  trois  ans.  Il  était  devenu 
nécessaire  de  prendre  une  décision  définitive  : 
dans  une  lettre  datée  du  30  juillet  1830,  Ro- 
bert s'ouvrit  enfin  entièrement  à  sa  mère,  la 
suppliant  de  ne  plus  mettre  obstacle  à  son  pen- 
chant pour  la  musique,  et  la  priant  de  prendre 
l'avis  de  Frédéric  Wieck,  dont  il  avait  déjà 
reçu  des  leçons.  Cet  avis  fut  favorable,  et  la 
mère  de  Schumann  céda  à  sa  prière.  Au  com- 


mencement d'octobre  de  la  même  année,  il  re- 
tourna à  Leipsick,  décidé  à  se  livrer  à  de  sé- 
rieuses études  techniques  de  l'art;  études  qu'il 
n'avait  qu'ébauchées  jusqu'alors.  Pour  être 
incessamment  sous  les  yeux  de  son  maître,  il 
entra  dans  la  maison  de  Wieck  et  devint  son 
pensionnaire.  Son  but  était  d'acquérir  une 
grande  habileté  sur  le  piano  ;  pour  y  parvenir, 
il  imagina  un  système  d'exercice  dont  il  fit  un 
grand  secret  à  ses  amis  les  plus  intimes,  et  qui 
consistait  à  attacher  le  troisième  doigt  de  la 
main  droite  par  une  corde  fixée  solidement  à  un 
point  quelconque,  et  à  exercer  les  quatre  autres 
doigts  :  le  résultat  fut  que  ce  troisième  doigt, 
atteint  de  paralysie,  devint  hors  de  service,  et 
bientôt  la  paralysie  s'étendit  à  toute  la  main. 
Cet  accident  obligea  Schumann  à  renoncer  à 
la  carrière  de  virtuose  qu'il  s'était  proposé  de 
suivre  et  ne  laissa  que  l'espoir  d'établir  sa  re- 
nommée parla  composition.  Ce  fut  alors  seule- 
!  nient  qu'il  se  livra  à  l'éludede  l'harmonieetdu 
contrepoint,  sous  la  direction  de  Dorn,  à  celle 
époque  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Leip- 
sick. Déjà  il  avait  fait  quelques  essais  de  com- 
position, sans  autre  guide  que  son  instinct; 
c'est  ainsi  qu'il  avait  publié,  au  mois  de  no- 
vembre 1831,  des  variations  pour  piano, 
comme  œuvre  1er,  sous  le  pseudonyme 
A^begg.  En  1832,  il  avait  écrit  une  première 
symphonie  qu'il  fit  exécuter  à  Zwickau,  mais 
qui  n'a  pas  été  livrée  à  l'impression.  Après 
celle  tentative,  qui  ne  paraît  pas  l'avoir  satis- 
fait, il  revint  au  piano.  Dans  les  quatre  années 
suivantes  (1853-1837),  il  fit  paraître  divers 
ouvrages  pour  cet  instrument,  parmi  lesquels 
on  remarque  les  sonates  en  fa  dièse  mineur. 
op.  11,  et  en  sol  mineur,  op.  22,  la  fantaisie 
en  tit  majeur,  op.  17,  et  les  éludes  sympho- 
niques,  op.  13. 

En  1831,  Schumann,  âgé  seulement  de  vingt 
et  un  ans,  s'était  essayé  comme  critique  par 
une  analyse  élogieuse  et  passionnée  des  varia- 
tions de  Chopin  (œuvre  2)  sur  le  thème,  La  ci 
darem  la  mano,  qui  parut  dans  la  Gazette 
générale  de  musique  de  Leipsick.  Tout  rempli 
des  idées  île  Jean-Paul  sur  l'an,  et  persuadé, 
comme  beaucoup  d'autres  rêveurs,  de  la  né- 
cessité de  lui  ouvrir  des  voies  nouvelles,  il 
avait  en  profond  mépris  les  traditions  des 
vieux  mailles.  Encouragé  par  quelques  amis  à 
mettre  au  jour  ses  vagues  aperçus  sur  ce  sujet, 
il  prit  la  résolution  de  fonder,  en  opposition  à 
la  Gazette  générale  de  musique,  un  écrit  pé- 
riodique où  serait  exposée  sa  doctrine  de  la 
réforme.  Les  premiers  artistes  qui  se  réunirent 
à  lui  pour  la  réalisation  de  son  projet  furent 


SCHUMANN 


527 


Jules  Knorr,  Louis  Schunck  et  Frédéric 
Wieck,  auxquels  s'adjoignirent  ensuite  le 
compositeur  de  Lieder  Charles  Banck  et  son 
poète  C.  Alexandre,  Keferstein,  Heinrolli, 
Charles-Ferdinand  Bêcher,  Mainzer,  Naum- 
burg,  l'inrortuné  Alfred  Beckcr,  le  peintre 
Lyser  (1),  et  d'autres,  dont  la  courte  vue 
n'apercevait  pas  les  résultais,  devenus  évidents 
aujourd'hui,  de  ces  aspirations  impuissantes 
d'innovation.  Le  premier  numéro  du  journal 
de  Schumann  parut  le  5  avril  1854,  sous  le 
titre  de  Nene  Zeitschrift  fiir  Musik  (Nouvel 
écrit  périodique  pour  la  musique),  sous  la 
forme  d'une  demi-feuille  in-4°,  publiée  deux 
fois  par  semaine.  Agé  de  vingt-quatre  ans 
lorsqu'il  commença  cette  publication,  Schu- 
mann mettait  alors  la  fantaisie  libre  et 
l'affranchissement  des  traditions  de  la  forme 
au-dessus  de  toutes  les  autres  qualités  dans  la 
musique.  Les  oeuvres  de  la  troisième  époque 
de  Beethoven  et  celles  de  François  Schubert, 
non-seulement  dans  ses  admirables  chants 
poétiques,  mais  même  dans  ses  compositions 
instrumentales,  d'un  ordre  bien  inférieur,  lui 
paraissaient  être  les  types  par  excellence  de  la 
musique  de  son  temps.  Les  mêmes  idées  ont 
été  constamment  reproduites  et  même  exa- 
gérées dans  le  Neue  Zeitschrift  fiir  Musik, 
soit  par  lui,  soit  par  ses  successeurs;  elles  y 
régnent  encore  (1864).  Jusqu'en  1844,  Schu- 
mann resta  à  la  tête  de  la  rédaction  de  ce 
journal,  qui,  pendant  les  premières  années, 
l'absorba  presque  tout  entier.  Devenu  ainsi 
chef  dline  coterie,  il  exerça  sur  elle  une  puis- 
sante influence  par  ses  convictions  autant  que 
par  son  talent  littéraire.  Il  est  curieux  de  lire, 
dans  une  des  biographies  allemandes  de  cet 
artiste,  l'appréciation  de  cette  influence  et  de  la 
valeur  de  ceux  qui  lui  étaient  opposés.  «  Celle 
»  critique  (dit  le  biographe),  qui  n'avait  ni  la 
»  volonté  ni  le  pouvoir  d'élargir  l'horizon  de 
»  l'art,  qui  se  tenait  comme  en  faclion  depuis 
»  le  commencement  du  dix-neuvième  siècle, 
»  qui  excommuniait  Beethoven,  le  traitait 
»  comme  un  fou,  et  l'expulsait  du  monde  artiste 
»  comme  un  révolté;  qui,  enfin,  déclarait 
»  contrebande  musicale  tout  ce  qui  ne  portail 
»  pas  la  marque  de  fabrique  de  l'ancienne 
»  école  de  Vienne,  cette  critique  dut  céder 
»  toutes  ses  positions  l'une  après  l'autre,  et 
»   s'en  allamouranle(l).»Cespauvresgens,qui 

(1)  Voyez  lous  ces  noms. 

(2)  Jenc  maltlierzlge,  lebensmikle  Krilik,  die  nocli 
immer  an  der  Schwelle  des  ncunzehntcn  Jalirhunderls 
Schildwaclie  stand  und  weder  den  willen  nocli  die 
Fschigkcit  lialtc,  ihren  Kunstlerisehen  Ilcrizonl  au^zu- 


s'imaginent  avoir  agrandi  l'horizon  de  l'art,  ne 
voient  pas  qu'ils  y  ont  fait  un  vide  immense  ; 
ils  parlent  de  positions  perdues  et  ne  compren- 
nent pas  que  cela  n'est  vrai  que  de  celles 
qu'ils  ont  voulu  prendre.  Tous  les  morceaux 
de  critique  publiés  par  Schumann  dans  son 
journal  ont  été  recueillis  et  publiés  à  Leip- 
sick  en  1854,  sous  ce  titre  :  Gesammelle 
Schriften  iïber  Musik  und  Musiker  (Écrits 
réunis  sur  la  musique  et  les  musiciens),  quatre 
volumes  in-8°. 

Schumann  passa  à  Vienne  l'hiver  de  1838- 
1839  :  il  y  publia  quelques-uns  de  ses  ou- 
vrages. De  retour  à  Leipsick,  il  y  fut  occupé 
des  soins  de  son  mariage  avec  Clara  Wieck, 
qu'il  avait  connue  et  aimée  dans  la  maison  de 
son  père,  pendant  qu'il  y  était  pensionnaire. 
Frédéric  Wieck  était  opposé  à  cette  union  :  il 
fallut  avoir  recours  aux  voies  judiciaires  pour 
suppléer  à  son  consentement,  et  le  mariage 
n'eut  lieu  que  le  12  septembre  1840.  Plus  lard 
il  y  eut  une  réconciliation  entre  Schumann, 
sa  femme  et  son  beau-père,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  plusieurs  lettres.  Huit  enfants  furent  le 
fruit  de  celte  union;  sept  vivent  encore  au 
moment  où  cette  notice  est  écrite.  Les  luttes 
que  l'artiste  avait  eues  à  soutenir  pour  réaliser 
ses  plus  chères  espérances,  et  la  certitude 
d'être  aimé,  avaient  exercé  sur  ses  travaux  une 
influence  dont  il  parle  lui-même  dans  ce  pas- 
sage d'une  lettre  écrite  à  Dorn  :  «  Il  y  a  cerlai- 
»  nement  dans  ma  musique  quelque  chose  des  ■ 
»  lutles  que  m'a  coûtées  Clara  ;  le  concerto 
»  (op.  14),  les  Danses  de  Z?autâ(DavidshUnd- 
»  lerlsenze),  la  Sonate  (en  sol  mineur),  les 
«  Kreisleriana  (fantaisies)  et  les  Novellelles 
»  (op.  21),  ont  lous  pris  leur  source  en  elles.» 
Au  mois  de  janvier  1840,  Schumann  obtint  le 
doctorat  de  la  faculté  de  philosophie  de  Jéna  : 
il  avait  désiré  ardemment  cet  honneur  qui  de- 
vait aider  à  sa  réconciliation  avec  son  beau- 
père. 

Vers  la  même  époque,  il  y  eut  un  change- 
ment considérabledans  la  direction  de  ses  tra- 
vaux. A  l'exception  de  la  symphonie  composée 
en  1832,  et  qui  ne  fut  plus  exécutée  après 
l'essai  qui  en  avait  été  faitàZwickau,  il  n'avait 
travaillé  que  pour  le  piano.  Parmi  les  formes 
qu'il  affectionnait  et  pour  lesquelles  il  avaitdu 
talent,  étaient  les  variations  et  les  petites  pièces 

delinen  ;  die  Beethoven  als  einen  Verriïckten  oder 
Ablriinnigen  aus  der  Kiinstlerisclicn  (îcnieinscliafl 
exkommunizirtc  und  Ailes,  was  niclit  dem  Fabnk- 
stempel  der  alien  Wiener-Schule  trug,  fur  musikalisclie 
Contrebande  crklrcrte,  sie  musstc  einc  Position  nach 
der  andern  rrcumen  und  verstummle  allmxlig  ganz. 
(National  Zeilung,  1839,  n°  31). 


528 


SCHUMANN 


caractéristiques.  Il  s'était  aussi,  comme  on 
l'a  vu  précédemment,  essayé  dans  les  sonates  ; 
mais  l'art  de  développer  des  idées  principales 
cl  de  les  combiner  dans  un  ordre  logique, 
lui  était  alors  trop  peu  connu  pour  qu'il  put 
réussir  dans  ce  genre.  Après  son  mariage,  il 
cessa  de  composer  uniquement  pour  le  piano 
et  se  mit  à  écrire  pour  les  voix  et  l'orchestre. 
Dans  la  seule  année  1840,  il  composa  trenle- 
li ii ■  t  morceaux  de  chant,  dont  la  plupart 
(laicnl  des  Lieder.  Le  succès  ne  répondit 
pas  d'abord  à  son  attente,  car,  à  l'exception 
d'un  petit  nombre  de  ces  morceaux,  que  des 
chanteurs  en  renom  firent  connaître,  le  reste 
l'ut  bientôt  oublié.  Les  études  de  Schumann 
dans  l'art  d'écrire  n'avaient  eu  ni  la  suite 
ni  la  sévérité  nécessaires  pour  qu'il  put  se  ha- 
sarder avec  succès  dans  de  grandes  composi- 
tions ;  il  le  comprit  alors  et  prit  la  résolution 
d'acquérir  les  connaissances  techniques  qui 
lui  manquaient,  étudia  le  contrepoint  et  se 
livra  à  la  lecture  des  partitions  classiques, 
particulièrement  de  celles  de  Mendelssohn, 
parmi  les  modernes;  travail  rarement  fruc- 
tueux quand  il  n'est  pas  fait  dans  la  première 
jeunesse.  Ces  études  n'interrompirent  pas 
toutefois  ses  travaux  décomposition,  car,  dans 
la  même  année,  il  écrivit  sa  symphonie  en  si 
bémol,  l'ouverture,  le  scherzo,  et  le  finale 
pour  l'orchestre,  op.  52.  La  symphonie  en  ré 
mineur  fut  composée  en  1841  ;  mais  Schumann 
"la  refit  plusieurs  fois,  et  elle  ne  fut  publiée 
qu'en  1851.  De  1842  à  1844,  furent  produits 
les  trois  quatuors  pour  instruments  à  archet, 
op.  41,  le  quintette  en  mi  bémol  pour  piano, 
deux  violons,  alto  et  violoncelle,  op.  44,  le 
quatuor  en  mi  bémol,  idem,  op.  47  ;  les  va- 
riations pour  deux  pianos,  œuvre  40  ;  enfin,  la 
Paradis  et  la  Péri,  poème  pour  voix  solos, 
chœur  et  orchestre,  op.  59.  En  1853,  Schu- 
mann fut  nommé  professeur  de  piano  pour 
l'accompagnement  de  la  partition  au  Conser- 
vatoire de  musique  fondé  à  Leipsick,  par  Men- 
delssohn ;  personne  n'était  moins  apte  que  lui 
à  des  fonctions  de  cette  nature;  il  s'en  dégoûta 
bientôt  et  donna  sa  démission.  Dans  l'année 
suivante,  voulant  satisfaire  au  désir  de  sa 
femme,  il  entreprit  avec  elle  un  voyage  en 
Russie  qui  eut  des  résultats  avantageux  poin- 
tons deux.  De  retour  à  Leipsick,  il  prit  des 
arrangements  pour  quitter  la  rédaction  du 
New  Zeilschrifl  fiir  Musih,  et  alla  s'établir 
à  Dresde. 

En  1833,  Schumann  avait  été  atteint  d'une 
maladie  nerveuse,  premier  indice  du  dérange- 
ment de  ses  facultés;  il  en  guérit,  mais  il  en 


resta  des  traces  dans  son  imagination,  psrr 
exemple,  la  peur  qu'il  éprouvait  dans  les  habi- 
tations élevées.  En  1845,  une  souffrance  per- 
manente du  cerveau,  occasionnée  par  un  travail 
excessif,  produisit  une  nouvelle  crise  nerveuse 
dont  l'artiste  se  rétablit  avec  peine.  Deux 
excursions  qu'il  lit  à  Vienne  et  à  Berlin,  dans 
les  années  184G  et  1847,  firent  une  diversion 
salutaire  aux  dispositions  exaltées  auxquelles 
il  était  en  proie.  En  1848,  il  acheva  son  opéra 
de  Geneviève,  sur  lequel  il  fondait  de  grandes 
espérances  qui  ne  furent  pas  réalisées,  car 
l'ouvrage  n'obtint  que  trois  représentations  à 
Leipsick,  et  ne  fut  joué  qu'une  fois  àWeimar. 
Cet  insuccès  fut  attribué  à  la  faiblesse  du  livret 
par  les  amis  du  compositeur,  mais  le  carac- 
tère delà  musique  n'y  fut  pas  étranger; Schu- 
mann, qui  ne  voulait  pas  du  récitatif,  parce 
qu'il  est  trop  vieux,  l'avait  remplacé  par  une 
sorte  de  chant  mesuré  et  languissant  auquel 
il  donnait  le  nom  tVarioso,  c'est-à-dire  air 
sans  forme.  A  peine  eut-il  achevé  cet  opéra, 
qu'il  commença  la  musique  du  iilanfred  de 
Byion.  A  la  même  époque,  il  était  devenu  di- 
recteur de  la  Liederlafel  de  Dresde  et  de  la 
Société  chorale  de  la  même  ville.  La  plus 
grande  activité  productive  de  Schumann  eut 
lieu  en  1849;  dans  celle  seule  année,  il  écrivit 
trente  morceaux  grands  et  petits,  au  nombre 
desquels  était  la  musique  de  Faust,  commen- 
cée en  1844,  et  qui  fut  exécutée  à  Leipsick,  à 
Dresde  el  à  Weimar,  pour  la  fêle  séculaire  de 
Gœthe.  L'ouverture  de  cet  ouvrage  fut  écrite 
plus  tard,  à  Dusseldorf.  Appelé  dans  celte  ville 
pour  y  occuper  la  place  de  directeur  «le  mu- 
sique, qui  venait  d'être  abandonnée  par  llil- 
ler  pour  une  position  plus  avantageuse  à  Co- 
logne, Schumann  partit  avec  sa  famille  pour 
s'y  rendre,  le  2  septembre  1850.  Sa  réputation 
de  critique  et  de  compositeur  l'avait  fait  choi- 
sirpource  poste  honorable;  mais  il  n'y  montra 
pas  de  talent  dans  ses  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre. D'ailleurs,  les  progrès  de  sa  maladie 
mentale  le  mettaient  souvent  dans  l'impossi- 
bilité de  les  remplir;  après  beaucoup  d'hési- 
tations, on  se  vit  forcé  de  lui  donner  sa  dé- 
mission, dans  l'automne  de  1855.  L'altération 
progressive  de  ses  facultés  se  trahit  dans  ses 
œuvres  de  cette  époque;  l'obscurité,  le  vague 
s'y  montrent  partout,  cl  il  y  a  absence  d'élé- 
gance et  de  charme.  Parmi  les  productions  de 
celle  triste  période  de  la  vie  de  l'artiste,  on  re- 
marquesa  symphonie  en  m  t  bémol,  connue  sous 
le  nom  de  Symphonie  rhénane,  et  qui  lui  fut 
inspirée  par  la  vue  de  la  cathédrale  de  Cologne  : 
les  ouvertures  de  Jules  César,  ffermann  et 


SCHUMANiN 


529 


Dorothée,  la  Fiancée  de  Messine,  ses  grandes 
ballades  pour  voix  seule,  chœur  et  orchestre, 
telles  que  le  Fils  dti  roi,  la  Malédiction  du 
chanteur,  le  Bonheur  de  l'Eden,  et  d'autres, 
dont  la  plupart  ont  été  publiées  comme  œuvres 
posthumes.  Dans  l'intérêt  de  sa  gloire,  il  eut 
été  désirable  que  ces  œuvres  d'un  talent  dégé- 
néré eussent  été  condamnées  à  l'oubli. 

Ce  fut  dans  l'été  de  1851  que  la  maladie 
nerveuse  de  Schumann  revint  plus  intense 
que  dans  les  années  1833  et  1845,  et  que  les 
crises  se  succédèrent  fréquemment.  A  ces 
maux  si  graves  s'était  ajoutée  une  affection  de 
l'ouïe.  Sa  parole  était  devenue  hésitante,  em- 
barrassée, sa  contenance  affaissée.  Son  état, 
habituellement  apathique  après  les  crises  ner- 
veuses, lui  faisait  trouver  tous  les  mouvements 
trop  rapides,  lorsqu'il  entendait  de  la  musique. 
En  1853,  la  folie  des  tables  tournantes  trouva 
en  lui  un  partisan  convaincu;  les  expériences 
qu'il  en  fit  semblèrent  le  ranimer.  Sa  femme 
crut  devoir  saisir  cette  apparente  amé- 
lioration pour  lui  faire  goûter  la  distraction 
d'un  voyage  en  Hollande,  où  tous  deux  furent 
accueillis  avec  un  vif  intérêt.  Au  retour  de 
cette  excursion,  la  situation  mentale  de  Schu- 
mann devint  de  plus  en  plus  inquiétante.  Dans 
les  mois  de  janvier  et  de  févrierl854,  ses  hal- 
lucinations arrivèrent  à  leur  plus  grande  inten- 
sité. Souvent  il  croyait  entendre  sans  relâche 
un  son  fixe  qui,  se  combinant  avec  d'autres 
plus  fugitifs,  formait  des  harmonies  et  des  mo- 
dulations; phénomène  nerveux  qui  n'est  pas 
sans  exemple  dans  les  affections  produites  par 
le  ramollissement  du  cerveau.  Schumann  pré- 
tendait être  aussi  en  relation  avec  des  esprits 
qui  lui  faisaient  des  révélations.  Quelquefois 
il  se  précipitait  hors  du  lit,  au  milieu  de  la 
nuit,  pour  écrire,  disait-il,  des  thèmes  de  mé- 
lodies que  les  ombres  de  Schubert  et  de  Men- 
delssohn  venaient  de  lui  chanter.  Une  cata- 
strophe amena  la  fin  de  cette  existence 
douloureuse.  Le  7  février  1854,  à  minuit,  il 
quitta  son  salon,  où  se  trouvaient  deux  amis, 
et  sansdire  un  mot,  courut  en  robe  de  chambre 
vers  le  Rhin,  dans  lequel  il  se  précipita.  Heu- 
reusement son  vêtement  fit  le  ballon  et  le  sou- 
tint sur  l'eau.  Le  bruit  de  sa  chute  attira  l'at- 
tention de  deux  bateliers  qui  regagnaient  le 
bord  dans  une  nacelle  ;  ils  le  tirèrent  du 
fleuve;  mais  lorsqu'ils  le  transportèrent  à  sa 
demeure,  la  démence  était  complète.  I!  fallut 
le  placer  dans  une  maison  de  santé,  à  Eude- 
nich,  près  de  Bonn.  Il  n'y  recouvra  pas  la 
raison.  Après  y  avoir  langui  pendant  deux  an- 
nées, il  expira  le  29  juillet  1856  et  fut  inhumé 

BlOeR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —   T.    TH. 


à  Bonn,  dans  le  cimetière  de  l'église  située 
près  de  la  porte  des  Étoiles;  cinq  platanes  y 
couvrent  sa  tombe  de  leur  ombrage. 

Le  talent  de  Schumann  a  été  apprécié  de 
manières  très-diverses  ;  à  l'exception  de  quel- 
ques amis  enthousiastes,  il  eut  peu  de  parti- 
sans, jusqu'à  la  mort  de  Mendelssobn.  Dans  un 
voyage  que  je  fis,  en  1838,  visitant  une  partie 
de  l'Allemagne,  je  n'entendis  parler  de  lui  que 
comme  d'un  critique  qui  n'était  pas  approuvé. 
En  1849  et  1850,  je  ne  trouvai  aucune  sym- 
pathie pour  ses  compositions;  à  Vienne,  à 
Prague,  à  Munich  ni  à  Berlin.  Un  des  biogra- 
phes allemands  de  cet  artiste  s'exprime  en 
termes  à  peu  près  équivalents  à  ceux-ci  :  «  II 
»  fut  artiste  dans  l'âme  et  l'art  seul  exista 
»  pour  lui.  Il  composait,  non  par  caprice  ou 
»  par  besoin  de  gagner  sa  vie,  mais  parxe  que 
»  la  musique  était  la  langue  dans  laquelle 
»  seulement  il  pouvait  exprimer  ses  senti- 
»  ments.  C'est  cette  nécessité  de  confier  à  ses 
»  œuvres  toutes  ses  impressions,  de  quelque 
»  genre  qu'elles  fussent,  qui  l'a  privé  de  la 

»  clarté  qu'exige  l'art  sérieux Schumann 

»  était  éminemment  Allemand  par  l'idéa- 
»  lisme;  on  sent  en  lui  l'influence  de  Beel- 
»  hoven  ;  elle  se  montre  dans  toutes  ses 
«  œuvres,  et  même  dans  ses  plus  fugitives  im- 
»  provisations.  S'il  faut  blâmer  l'exaltation  qui 
»  l'emporte  souvent  en  dehors  des  règles,  on 
»  ne  peut  méconnaître  l'énergie  ni  les  traits 
»  pleins  de  géniede  ses  tentatives  (1).  »  Depuis 
la  mort  de  Schumann,  l'opinion  des  artistes  et 
du  public  s'est  transformée  dans  l'Allemagne 
du  nord,  particulièrement  à  Hanovre,  Bruns- 
wick, Leipsick,  Dresde,  Hambourg,  à  l'égard 
de  ses  œuvres;  le  nombre  de  ses  admirateurs 
augmente  chaque  jour,  tandis  que  les  parti- 
sans de  Mendelssohn  diminuent  dans  la  même 
proportion.  Le  contraire  se  fait  remarquera 
Paris,  à  Bruxelles  et  à  Londres;  tous  les  essais 
qui  ont  été  faits  pour  y  populariser  sa  musique 
ont  échoué,  et  les  salles  de  concerts  sont  dé- 
sertées lorsqu'on  y  fait  entendre  ses  grandes 
compositions.  Je  pense  qu'il  y  a  exagération 
dans  l'enthousiasme  comme  dans  le  dédain.  Il 
faut  distinguer  trois  époques  dans  les  produc- 
tions de  Schumann  :  la  première  s'étend  de 
1832à  1840.  Son  instruction  dans  l'art  d'écrire 
la  musique  n'était  alors  qu'ébauchée;  mais  il 
avait  des  idées  et  du  sentiment. Tout  cela  était 
contenu  dans  de  petites  proportions  ;  quand  il 

(I)  Voyez  VUniversal  Ltxikon  der  Tonkunst  de 
M.  E.  P.crnsdorf,  t.  III,  p.  535.  J'ai  abrégé  ce  passage 
dans  la  traduction,  mais  j'ii  conserve  scrupuleusement 
le  sens  de  l'original. 

34 


530 


SCHUMANN 


voulait  entrer  dans  des  développements  plus 
étendus,  comme  dans  ses  premières  sonates, 
il   échouait,  parce  que  la   forme  logique  lui 
manquait;  mais  dans  ses  intermezzi  (œuvre  4), 
dans  ses  Fantasiestiicke  (œuvre  12),  dans  ses 
scènes  d'enfants  (Kinderscenen,  œuvre    15), 
dans  ses  arabesques  (op.  18),  et  dans  ses  pe- 
tites nouvelles  (Novelletten,  op.  21),  il  y  a  des 
choses  charmantes,  naïves,  sentimentales,  où 
l'on  ne  peut  méconnaître  la  personnalité  de 
l'artiste.  La  seconde  époque  s'étend  de  1840  à 
la  fin  de  1850.  Alors  Schumann  vient  de  re- 
faire son  éducation  de  compositeur:  il  a  étudié 
le  contrepoint,  et  a  lu  les  partitions  des  maî- 
tres modernes  pour  s'instruire  dans  l'art  d'in- 
strumenter; il  s'efforce  de  donner  du  dévelop- 
pement à  sa  pensée  et  de  rentrer  dans  les 
conditions  de  la  forme,   sinon  classique,  du 
moins    analogique.  Ces    études    tardives    ne 
peuvent  avoir  les  bons   résultats    qu'on    en 
espère,  car  elles  imposent   des  conditions  à 
l'esprit  habituéj  aux  allures  libres  et  à  la  fan- 
taisie illimitée.  C'est  dans  la  première  jeu- 
nesse qu'il  faut  acquérir  le  savoir  technique 
du  compositeur,  afin  que  ses  procédés  devien- 
nent si  familiers,  que  l'esprit  n'en  soit  pas 
préoccupé  au  moment  de   la  production  des 
idées.  Jusqu'à  trente  ans,  Schumann   n'avait 
écrit  que  pour  le  piano;  à  cet  âge  seulement, 
il  prit  connaissance  de  l'instrumentation,  par 
la  lecture  des  partitions  ;  homme  d'intelligence 
et  de  sentiment,  il  en  comprit  les  combinai- 
sons ;  mais  cela  ne  suffisait  pas.  Il  n'avait  pas 
l'habitude  de  concevoir  ses  compositions  en 
entendant  l'orchestre  mentalement,  comme  s'il 
exécutait  réellement;  condition  indispensable 
pour  la  production  d'une  bonne  sonorité.  De 
la  les  défauts  qui,  sous  ce  rapport,  se  font  re- 
marquer dans  les  symphonies  et  dans  les  ou- 
vertures de  Schumann  ;  son  orchestre  est  par- 
fois bruyant,   maison    n'y    entend  pas  ces 
heureuses  combinaisons  qui  décèlent  le  génie 
de  l'instrumentation.  Peu  habitué-  aux  déve- 
loppements des  idées  par  ses  premiers  travaux, 
il  manque  aussi  de  clarté  dans  le  plan  de  ses 
grands   ouvrages;   toutefois,    il   y   aurait   de 
l'injustice  à  ne  pas  reconnaître  que  dans  ces 
mêmes  œuvres,  il  y  a  un  certain  mérite  d'ori- 
ginalité qui  ne  pèche  que  par  la  forme.  Les 
deux  premières  symphonies  ont  été  exécutées 
à  Leipsick,  en  1841  ;  la  deuxième  (en  ut)  fut 
moins  bien  accueillie  que  la  première  (en  si 
bémol).  Quant  a  la  troisième,  qui  fut  pénible- 
ment élaborée,  elle  appartient  à  une  époque 
où  déjà  les  facultés  de  l'artiste  n'étaient  plus 
intactes. 


A  la  seconde  époque  de  Schumann  appar- 
tiennent quelques  compositions  dignes  d'in- 
térêt,à  la  tête  desquelles  se  place  son  quintette 
pour  piano,  deux  violons,  alto  et  basse  (œu- 
vre 44).  D'heureuses  inspirations,  un  caractère 
éminemment  poétique,  particulièrement  dans 
V adagio,  un  plan  régulier  et  la  clarté  des  dé- 
veloppements, peu  habituelle  à  cet  artiste, 
sont  les  qualités  qui  recommandent  cet  ou- 
vrage. Vandante  avec  variations  pour  deux 
pianos  (œuvre  4C)  est  aussi  une  des  bonnes 
productions  de  celte  époque,  ainsi  que  le  qua- 
tuor pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle 
(œuvre  47).  Les  trois  quatuors  pour  des  instru- 
ments à  archet  (œuvre  4 1  )  ne  sont  pas  des  pro- 
ductions irréprochables  ;  on  y  trouve  du  vague, 
de  l'obscurité  et  beaucoup  de  choses  qui  pèchent 
contre  le  goût;  mais  certaines  parties  de  ces 
compositions,  à  part  l'affectation  à  imiter  les 
défauts  des  derniers  quatuors  de  Beethoven, 
ont  le  cachet  du  sentiment  personnel  de  leur 
auteur,  et  parfois  un  charme  rêveur  auquel  on 
ne  ne  peut  se  soustraire.  Enfin,  c'est  à  la 
même  période  de  la  vie  de  l'artiste  qu'a  été 
produit  le  Paradis  et  la  Péri,  fantaisie  poé- 
tique pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre, 
exécutée  avec  un  brillant  succès  à  Leipsick, 
dans  toute  l'Allemagne,  en  Hollande  et  en 
Russie,  ainsi  que  les  douze  poèmes  pour  voix 
seule  avec  piano  (œuvre  35),  et  les  Lieder  à 
deux  voix  (op.  42).  Rien  de  tout  cela  n'est 
d'une  beauté  achevée  ;  il  y  a  toujours  à  y  re- 
prendre, au  moins  dans  la  forme;  mais  on  y 
sent  que  l'auteur  n'a  pas  une  organisation  vul- 
gaire, et  que  s'il  ne  peut  atteindre  au  but 
élevé  de  ses  aspirations,  il  a  du  moins  le  mé- 
rite d'en  avoir  l'intention. 

La  troisième  époque  est  celle  où  des  attaques 
réitérées  d'affections  nerveuses  portèrent  le 
trouble  dans  les  facultés  de  Schumann  et  ac- 
quirent une  intensité  progressive  jusqu'à 
sa  mort.  L'artiste  eut  encore  des  éclairs  d'in- 
spiration au  commencement  de  celle  période, 
qui  date  de  184G  et  eut  une  durée  d'environ 
huit  années,  avec  des  améliorations  momenta- 
nées ;  ce  n'est  pas  à  celte  époque  qu'il  faut 
s'attacher  quand  on  veut  porter  un  jugement 
esthétique  des  productions  de  Schumann.  Au 
résumé,  il  est  hors  de  doute  qu'en  ce  moment 
(18C4)  Schumann  est  placé  trop  haut  dans 
l'opinion  des  artistes  de  sa  patrie,  et  trop  bas 
dans  d'autres  pays.  Pour  apprécier  le  caractère 
de  cet  artiste  à  part,  il  faut  lire  ses  lettres 
dans  le  livre  de  M.  de  Wasielewski,  intitulé  : 
Robert  Schumann.  Eine Biographie  /Dresde, 
18o8,  un  volume  in-8°. 


SCHUMANN 


>r»m 


SCIIUIHAIVIM  (madame  Clara  Joséphine), 
femme  du  précédent,  et  fille  de  Frédéric 
Y\  ii'ck  (voyez  ce  nom),  fut  connue  d'abord 
comme  virtuose  pianiste  sous  son  nom  de 
demoiselle.  Elle  est  née  à  Leipsick,le  13  sep- 
tembre 1819.  Ses  premières  années,  dit  son 
biographe  (Joseph  de  Wasielewski),  s'écoulè- 
rent paisibles  et  tranquilles,  sans  annoncer  le 
(aient  qui,  plus  tard,  lui  a  fait  une  brillante 
réputation.  Il  parait  même,  dit  le  même  écri- 
vain, qu'elle  n'était  pas  heureusement  douée 
par  la  nature,  car  l'étude  de  sa  langue  lui  fut 
d'une  extrême  difficulté,  ce  qui,  dans  son  en- 
fance, était  attribué  à  une  certaine  dureté 
d'oreille,  qui,  cependant,  ne  l'arrêta  pas  dans 
ses  études  musicales  (1).  A  l'âge  de  cinq  ans, 
elle  commença  l'élude  du  piano  ;  soumise  à  la 
lente  méthode  de  son  père,  elle  ne  fit  pas, 
comme  les  enfants  prodiges,  des  progrès  ra- 
pides et  brillants,  mais  elle  s'avança  avec  sû- 
reté dans  la  voie  qui  conduit  au  talent  solide. 
Son  premier  essai  en  public  fut  fait  dans  un 
concert  donné  le  20  octobre  1828  par  une 
pianiste  de  Grœtz,  nommée madamePerthaler  ; 
elle  y  joua,  avec  la  bénéficiaire,  des  variations 
de  Kalkbrenner  pour  piano  à  quatre  mains. 
Parmi  les  artistes  qui  visitaient  Leipsick,  dans 
son  enfance,  Paganini  fut  celui  qui  fit  sur  elle, 
en  1829,  l'impression  la  plus  vive  et  la  plus 
durable.  A  celte  époque,  ses  études  ne  se  bor- 
naient pas  au  piano,  car  son  père  avait  exigé 
qu'elle  s'occupât  aussi  de  l'harmonie.  Lors- 
qu'elle eutatleint  l'âge  de  onze  ans,  son  père  fit 
avec  elle  un  petit  voyage  à  Weimar,  Cassel  et 
Fiancfort-sur-Ie-Mein.  Rentrée  à  Leipsick,  elle 
reprit  ses  éludes  et  se  prépara  à  de  plus  loin- 
laines  excursions.  M.  de  Wasielewski  parle 
d'un  séjour  de  quelques  semaines  que  Clara 
Wieck  fit  à  Paris  avec  son  père,  en  1852,  d'un 
concert  qu'elle  y  donna,  et  de  l'invasion  du 
choléra,  qui  l'obligea  de  s'en  éloigner;  je  ne 
trouve  aucune  trace  de  ce  concert  parmi  ceux 
qui  sont  mentionnés  dans  ma  Revue  musicale 
de  celle  année,  et  la  Gazette  générale  de  mu- 
sique de  Leipsick  garde  le  même  silence.  Si 
Clara  Wieck  a  visité  Paris,  en  1832,  elle  y  a 
élé  inaperçue.  Cependant  M.  de  Wasielewski 
dit  que  les  compatriotes  de  Clara,  qui  lui 
avaient  montré  de  l'indifférence  jusqu'alors, 
commencèrent  à  remarquer  son  talent  après 
le  succès  qu'elle  avait  obtenu  à   Paris.  Il  est 

(\)  Ja  es  schien  sognr  Anfangs  dass  sie  von  der  Nalur 
niclu  sonderlich  gunstig  hedaclit  sei,  da  ilir  das  lernen 
der  Spraclic  grosse  Schwierigkcilen  mnclite,  was  durcli 
einen  gewissen  Grad  \on  Scliweiliœrigkeit,  etc. 

(Robert  Scliumann.  fine  Biographie,  p.  314). 


évident  que  le  Biographe  confond  ici  le» 
époques.  Les  succès  de  la  jeune  virtuose  ne 
commencèrent  à  avoir  de  l'éclat  qu'à  Berlin, 
en  1837;  mais  ce  fut  surtout  à  Vienne,  dans 
l'année  suivante,  qu'elle  produisit  l'impression 
la  plus  flatleuse  pour  sou  amour-propre.  Elle 
avait  alors  dix-neuf  ans,  et  son  talent  s'était 
puissamment  développé.  La  manière  dont  elle 
exécutait  les  belles  œuvres  de  Beethoven 
charma  les  habitants  de  Vienne,  et  lui  valut 
des  poëmes  de  Grillparzer  et  du  compositeur 
Vesque  de  Pulllin«er. 

Ce  fut  le  16  avril  1839  que  Clara  Wieck  fit 
à  Paris  une  vive  sentalion,  dans  le  coneert 
qu'elle  donna  chez  Erard.  On  lui  avait  donné 
le  conseil  de  s'y  produire  en  virtuose  par  la 
musique  brillante  de  préférence  aux  œuvres 
classiques  qui  avaient  fait  ses  succès  à  Vienne  : 
elle  suivit  cet  avis,  et  après  un  duo  de  piano  et 
violon  exécuté  avec  Bériot,  elle  joua  la  Séré- 
nade de  Schuberlh,  arrangée  par  Liszt,  une 
étude  de  Chopin,  un  Scherzo  de  sa  composi- 
tion, et  la  Caprice  de  Thalberg,  op.  15.  Tout 
cela  convenait  mieux  en  effet  aux  Parisiens  de 
celte  époque  que  les  formes  de  la  grande  mu- 
sique. Le  succès  fut  complet,  et  Clara  Wieck 
acheva  la  saison  parisienne  d'une  manière  fort 
brillante. 

Dans  l'année  1840,  après  avoir  donné  des 
concerts  à  Berlin  et  à  Weimar,  elle  épousa 
Robert  Schumann.  Alors,  sa  carrière  d'ar- 
tiste eut  moins  d'activité,  du  moins  dans  les 
premières  années,  car  elle  ne  joua  que  dans  les 
concerts  de  Leipsick.  En  1844,  madame  Schu- 
mann fit,  avec  son  mari,  un  voyage  en  Russie, 
qui  fut  suivi  d'un  autre  à  Vienne,  en  1840,  et 
à  la  même  époque  elle  s'établit  à  Dresde  avec 
sa  famille.  La  catastrophe  qui  termina  la  vie 
de  son  mari  lui  a  imposé  l'obligation  de  ren- 
trer dans  la  carrière  active  de  virtuose  pour 
fournir  à  l'existence  et  à  l'éducation  de  ses  en- 
fants. En  Allemagne,  en  Hollande  et  en  Bel- 
gique, elle  a  relrouvé  ses  anciens  succès;  il 
n'en  a  pas  élé  tout  à  fait  de  même  à  Paris. 
L'admiration  sans  bornes  qu'elle  a  pour  la  mu- 
sique de  Schumann  n'est  pas  étrangère  à  la 
froideur  qu'elle  a  trouvée  dans  celle  ville,  car 
cette  musique  y  est  antipathique.  Les  connais- 
seurs rendaient  justice  à  son  talent  réel,  puis- 
sant et  consciencieux,  mais  on  lui  reprochait 
de  manquer  de  charme.  Elle  se  penche  habi- 
tuellement sur  le  clavier  et  a,  pendant  son 
exécution,  des  mouvements  qui  ne  sont  pas 
gracieux;  il  n'en  faut  pas  davantage  pour  ne 
pas  trouver  de  sympathie  chez  un  public  tel 
i  que  celui  des  concerts  de  Paris. —  Au  moment 


532 


SCHUMANN  —  SCHUNKi 


où  cette  notice  est  refaite  e*  complétée  (1864), 
madame  Schumann  est  à  Pétersbourg.  On  a 
publié  de  madame  Schumann  environ  vingt 
œuvres  pour  le  piano,  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  1°  Concerto  pour  piano  et  orchestre, 
op.  7;  Leipsick,  Ilofmeister.  2°  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  User  tel.  3°  Quatre  pièces  caractéris- 
tiques pour  piano  seul,  op.  5;  Leipsick,  Ilof- 
meister. 4°  Soirées  musicales  contenant  une 
petite  toccale,  une  ballade,  un  nocturne,  une 
polonaise  et  deux  mazourkes,  op.  G;  ibid. 
5°  Souvenir  de  Vienne,  impromptu,  op.  9; 
Vienne,  Diabelli.  6°  Variations  sur  une  ro- 
mance, op.  3  ;  Leipsick,  Ilofmeister.  7°  Varia- 
tions de  concert  sur  la  cavatine  du  Pirate,  de 
Bellini,  op.  8;  Vienne,  Diabelli.  8°  Caprice  en 
forme  de  valse,  op.  2;  Leipsick,  Ilofmeister. 
9°  Quatre  polonaises,  op.  1;  ibid.  10°  Deux 
Scherzo,  op.  6;  ibid.  11°  Quatre  pièces  fugi- 
tives; ibid.  12°  Trois  préludes  et  fugues, 
op.  16;  ibid.  13°  Six  Lieder  à  voix  seule  avec 
piano,  op.  13;  ibid. 

SCI1UMLER  (Bartholomé),  compositeur 
allemand  qui  vivait  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  a  publié  de  sa  composition  : 
Elliche  Psalmen  und  geistliche  Lieder  cuis 
dem  gemeinenPsalmbiiclie  mit  ihrer  gevohn- 
lichcn  Melodey  auff  4  Stimmen  (Quelques 
psaumes  et  cantiques  tirés  du  recueil  général 
de  psaumes,  avec  leurs  mélodies  à  quatre  voix); 
Herborn, 1603,  in-12. 

SCIIOIMÈL  (Jean-Théophile),  doc- 
leur  en  philosophie  et  prorecteur  du  gym- 
nase d'Elisabeth,  à  Breslau,  naquit  le  8  mai 
1748,  et  mourut  dans  cette  ville,  d'une  fièvre 
nerveuse,  le  23  décembre  1813.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  on  remarque  un  almanach 
de  Breslau  (Breslauer  jflmanach),  dont  la 
première  partie  parut  en  1801,  et  les  autres 
successivement.  On  y  trouve  beaucoup  de  no- 
tices sur  des  musiciens  de  la  Silésie.  Dans 
un  concert  qui  fut  donné  pour  les  pauvres  à 
Breslau,  le  18  août  1809,  Schummel  pro- 
nonça un  discours  sur  le  mérite  des  compo- 
sitions de  Haydn.  Il  était  pianiste  habile,  et 
se  faisait  remarquer  par  l'expression  de  son 
jeu. 

SCIIUND  (JoAcnim),  l'un  des  plus  an- 
ciens facteurs  d'orgues  connus,  construisit, 
en  1356,  l'orgue  de  l'église  Saint-Thomas,  de 
Leipsick.  Cet  instrument ,  qui  avait  été 
d'abord  placé  dans  un  couvent,  fut  plus  lard 
acheté  pour  l'église  Saint-Thomas,  et  subit 
successivement  plusieurs  restaurations,  no- 
tamment en  1721,  1748  et  1756,  sans  qu'on 


ait  pu  en  faire  un  bon  orgue.  Il  est  fâcheux 
qu'au  lieu  de  faire  ces  réparations,  on  n'ait 
pas  conservé  l'ancien  instrument  dans  son 
état  primitif,  comme  un  monument  histo- 
rique. 

SCHUIVDEL  (Valentim),  secrétaire  laïque 
du  couvent  de  Prémontrés,  à  Tepel,  en  Bo- 
hème, vécut  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  de  lui  un  recueil 
d'hymnes  avec  le  chant,  intitulé  :  Hymnodia 
catholica  ;  Munich,  Nicolas  Henri,  1624, 
in-8°. 

SCHUIVKE,  famille  distinguée  par  le  la- 
lent  de  l'exécution  instrumentale,  est  origi- 
naire de  la  Saxe.  Le  chef  de  cette  famille  était 
boulanger  à  Schkortleben,  près  de  Weissen- 
fels.  Amateur  de  musique,  il  exigea  que  ses 
sept  fils  apprissent  les  éléments  de  cet  art.  Par 
un  hasard  singulier,  cinq  d'entre  eux  se  sen- 
tirent une  vocation  irrésistible  pour  le  cor,  el 
tous  parvinrent  à  en  jouer  avec  une  habileté 
remarquable.  L'aîné  (Gottfried),  né  à  Schkort- 
leben, le  3  janvier  1777,  fut  d'abord  obligé 
d'exercer  la  profession  de  son  père;  ce  ne  fut 
que  dans  sa  dix-septième  année  qu'il  put  se 
livrer  en  liberté  à  l'étude  de  son  instrument 
de  prédilection, dans  la  maison  deWansleben, 
musicien  de  ville  à  Halle.  Tltrk  (voyez  ce  nom), 
remarquant  ses  heureuses  dispositions,  ne  né- 
gligea rien  pour  en  provoquer  le  développe- 
ment. En  1798,  Gottfried  Schunke  reçut  un 
engagement  pour  l'orchestre  de  la  ville  de 
Magdebourg.  Deux  ans  après,  il  fut  appelé  à 
Berlin,  où  ses  relations  habituelles  avec  le  fa- 
meux corniste  Lebrun  contribuèrent  beaucoup 
à  perfectionner  son  talent.  En  1806,  après  la 
suppression  de  la  chapelle  royale  de  Prusse, 
occasionnée  par  les  désastres  de  la  guerre,  il 
entra  au  service  du  duc  de  Saxe-Cobourg,  el, 
dans  l'année  suivante,  il  fil  un  voyage  à  Paris, 
où  sa  rare  habileté  fut  admirée  dans  les  con- 
certs de  l'Odéon  et  du  Conservatoire.  Appelé  à 
Cassel  avec  son  frère  Michel,  en  1809,  par  le 
roi  Jérôme  Napoléon,  ils  y  brillèrent  tous  deux 
dans  des  duos  et  fantaisies  concertantes  pour 
deux  cors,  et  dès  lors  leur  réputation  com- 
mença à  s'étendre  dans  tonte  l'Allemagne.  Le 
roi  leur  accorda  des  appointements  doubles  de 
ceux  qu'ils  avaient  demandés.  Les  événements 
politiques  qui  anéantirent  le  royaume  de 
Westpbalie  ayant  privé  les  deux  frères  de 
leurs  emplois,  ils  visitèrent  l'Angleterre,  en 
1814,  et  donnèrent  avec  succès  des  concerts  à 
Londres  et  dans  plusieurs  autres  villes.  De 
retour  à  Cassel,  vers  la  fin  de  la  même  année, 
pour  revoir  leur  famille,  ils  n'y  firent  qu'un 


SCIIUNKE 


523 


court  séjour,  et  entreprirent  bientôt  un  autre 
voyage  en  Suisse  et  en  France.  En  1815,  ils 
entrèrent  au  service  du  roi  <ie  Wurtemberg, 
à  Stuttgart,  où  Gottfried  se  trouvait  encore  en 
1838.  Après  cette  époque,  on  ne  trouve  plus 
de  renseignements  sur  cet  artiste.  Il  a  publié 
«le  sa  composition  :  1°  Variations  pour  deux 
cors  et  orchestre,  sur  une  ancienne  chanson 
allemande;  Leipsick,  Peters.  2°  Variations  sur 
l'air  de  la  Sentinelle;  Paris,  A.  Leduc. 

SCIIUNKE  (Michel),  frère  et  collabora- 
leur  de  Goltfried,  naquit  à  Schkortleben,  en 
1780,  et  mourut  à  Stuttgart  en  1821.  Comme 
son  frère,  il  posséda  un  talent  très- remar- 
quable sur  le  cor. 

SCOUÏVKE  (André),  frère  des  précédents, 
né  en  1778,  seconda  d'abord  son  père  dans  sa 
profession,  puis  commença  son  éducation 
d'artiste  chez  le  musicien  de  ville  Wansleben, 
à  Halle.  Ses  éludes  terminées,  il  se  rendit  à 
Berlin  et  y  entra  dans  la  chapelle  royale  en 
qualité  de  corniste  solo.  En  1833,  il  fut  admis 
à  la  pension,  après  trente  ans  de  service.  Il  est 
mort  à  Berlin,  le  28  août  1849. 

SCHUNKE  (Christophe),  quatrième  frère 
de  cette  famille,  né  en  1796,  fut  aussi  corniste 
distingué  :  il  a  été  attaché  au  service  de  la 
cour  de  Carlsruhe,  en  qualité  de  premier 
cor. 

SCIIUNKE  (Gotthilf),  dernier  fils  du 
boulanger  de  Schkortleben,  est  né  en  1799. 
Virtuose  sur  le  cor  comme  ses  frères,  il  est 
membre  de  la  chapelle  royale  de  Stockholm. 

SCHUNKE  (Charles),  fils  de  Michel ,  na- 
quit à  Magdebourg,  en  1801.  Il  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  musique  de  son  père,  puis  se 
livra  à  l'élude  du  piano,  sous  la  direction  de 
Bies,  qu'il  suivit  en  Angleterre.  Après  quel- 
ques années  de  séjour  dans  ce  pays,  il  arriva  à 
Taris,  en  1828,  et  s'y  fit  entendre  avec  succès 
dans  plusieurs  concerts.  Depuis  lors,  il  ne 
quitta  plus  cette  ville,  s'y  livrant  à  l'enseigne- 
ment et  à  la  composition.  En  1835,  il  obtint 
le  litre  de  pianiste  de  la  reine,  qui  lui  fit 
donner  la  décoration  de  la  Légion  d'honneur. 
Une  attaque  de  paralysie  lui  ayant  ôté  l'usage 
de  la  parole,  il  fut  placé  dans  une  maison  de 
santé;  mais  désespérant  de  sa  guérison,  il  se 
précipita  dans  la  rue  par  la  fenêtre  de  sa 
chambre,  et  se  donna  la  mort,  le  1G  décembre 
18ô9,à  l'âge  de  trente-huit  ans.  Les  premières 
productions  deSchunke  indiquent  qu'il  aurait 
eu  quelque  talent  pour  la  composition  s'il  eut 
travaillé  sérieusement,  et  si  sa  position  finan- 
cière, souvent  embarrassée,  ne  l'eût  mis  aux 
rages  des  éditeurs  de  musique  qui  lui  faisaient 


écrire  une  multitude  de  bagatelles  destinées  à 
tomber  dans  un  profond  oubli.  C'est  ainsi 
qu'ont  été  faits  environ  soixante  œuvres 
de  variations,  fantaisies,  petites  pièces, 
simples  arrangements  de  thèmes  d'opéras  et 
contredanses  ou  valses,  où,  parmi  le  déver- 
gondage de  la  musique  de  fabrique  mainte- 
nant à  la  mode,  on  trouve  des  traits  qui  ne 
sont  dépourvus  ni  de  grâce,  ni  d'un  certain 
sentiment  de  bonne  harmonie.  La  plupart  des 
productions  de  cet  artiste  ont  été  publiées  à 
Paris. 

SCHUNKE  (Louis),  pianiste  distingué  et 
compositeur  pour  son  instrument,  est  le  fils 
aîné  de  Gollfried  ;  il  naquit  à  Cassel,  le  21  dé- 
cembre 1810.  Dès  sa  sixième  année,  son  père 
lui  donna  des  leçons  de  piano  rendues  si  fruc- 
tueuses par  ses  admirables  dispositions,  qu'à 
l'âge  de  dix  ans,  il  jouait  avec  facilité  les 
concertos  de  Mozart,  de  Hummel  et  de  Bies. 
En  1821,  son  père  fit  avec  lui  un  voyage  pour 
donner  des  concerts  à  Darmsladt,  Cassel,  Ha- 
novre et  Leipsick  :  le  jeune  virtuose  y  causa 
autant  de  plaisir  que  d'élonnement.  Ses  succès 
furent  plus  grands  encore,  en  1824,  lorsqu'il 
visita  Munich  et  Vienne.  Quatre  ans  après, 
son  père  le  mena  à  Paris  pour  qu'il  y  achevât 
ses  études  de  piano  et  de  composition,  sous  la 
direction  de  Kalkbrenner  et  de  Beicha.  Pen- 
dant les  deux  années  de  son  séjour  en  celle 
ville,  il  y  vécut  en  donnant  des  leçons  et  des 
concerts.  Au  mois  d'août  1830,  il  retourna  à 
Stuttgart,  y  perfectionna  son  talent  pendant 
dix-huit  mois,  puis  se  rendit  à  Vienne,  dans 
l'automne  de  1832,  avec  le  dessein  d'y  publier 
quelques-unes  de  ses  compositions.  Déjà  il 
avait  fait  paraître,  à  Paris,  un  œuvre  de  va- 
riations et  un  scherzo  pour  le  piano.  Il  justifia, 
dans  les  concerts  qu'il  donna  à  Vienne,  la 
brillante  réputation  qu'il  s'était  déjà  faite 
dans  d'autres  parties  de  l'Allemagne.  En  1833, 
il  visita  Prague,  Dresde,  et  se  rendit  à  Leip- 
sick. Lié  d'amitié  dans  celle  ville  avec  Bobert 
Schumann  (voyez  ce  nom),  il  fut  un  des  fon- 
dateurs de  la  Nouvelle  Gazette  musicale.  Il 
donna  aussi  des  concerts,  et  publia  quelques 
ouvrages  qui  semblaient  lui  promettre  la  plus 
brillante  carrière,  quand  une  maladie  de  poi- 
trine le  conduisit  au  tombeau,  le  7  décembre 
1834,  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans.  Les  meil- 
leures productions  de  ce  jeune  et  intéressant 
artiste  sont  :  1°  Grande  sonate  pour  piano  seul, 
op.  3;  Leipsick,  Wunder.  2°  Caprices,  idem, 
op.  9,  10,  l\,ibid.  3°  Divertissement  brillant, 
idem,  op.  12;  Leipsick,  Kistner.  4°  Varia- 
tions brillantes  sur  la  valse  funèbre  de  Fran- 


534 


SCHUNKE  —  SCHURTZFLEISCH 


fois  Schubert,  op.  14;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haerlel.  5°  Rondo  pour  piano,  op.  15  ;  Stutt- 
gart. 

SCHUNKE  (Ernest),  second  fiN  de  Golt- 
fried,  né  à  Cassel,  le  G  mai  1812,  possède  un 
talent  distingué  pour  le  cor;  il  est  attaché  à 
la  chapelle  royale  de  Stuttgart. 

SCHUINKE  (Charles),  fils  et  élève  d'An- 
dré, né  à  Berlin  en  1811,  est  considéré,  en 
Allemagne,  comme  le  virtuose  le  plus  remar- 
quable de  Pépoque  actuelle  surle  cor.  En  1837, 
il  a  recueilli  partout,  dans  un  voyage  qu'il  a 
fait  en  Allemagne,  des  témoignages  d'admi- 
ration pour  la  beauté  du  son  qu'il  lire  de  l'in- 
strument, l'expression  de  son  jeu,  et  sa  sûreté 
dans  Paltaquedes  difficultés.  On  n'a  rien  pu- 
blié de  ses  ouvrages  jusqu'à  ce  jour. 

SCHUPPANZIGH  (Ignace),  né  en  1776, 
à   Vienne,  où   son  père  était    professeur  de 
l'Académie,  ne  se  destina  d'abord  à  l'élude  de 
la  musique  que  comme  amateur  ;  mais  les  pro- 
grès rapides  qu'il  fit  sur  le  violon  le  décidèrent 
plus  tard  à  embrasser  la  carrière  d'artiste.  Son 
talent  consista  particulièrement  à  bien  jouer 
les  quatuors  de  Haydn,  de  Mozart,  et  surtout 
de  Beethoven.  Il  fonda  à  Vienne,  pour  ce  genre 
de  musique,  des  séances  où  son  élève  Mayseder 
jouait  le  second  violon.  Schuppanzigh  se  dis- 
tingua aussi  par  son  talent  dans  la  direction 
de   Porchestre    aux    concerts   hebdomadaires 
qu'il  établit  dans  la  salle  d'Jngarten.  Atta- 
ché ensuite  à  la  musique  particulière  du  prince 
Razumowsky  ,    ambassadeur     de    Russie    à 
Vienne,    il  s'y  lia  d'une  intime  amitié  avec 
Beethoven,  qui  lui  confia  toujours  l'exécution 
de  ses  quatuors  lors  des  premiers  essais  qui 
en  étaient  faits.   Après  la   dissolution  de  la 
petite  chapelle  du  prince,  Schuppanzigh  voya- 
gea en  Prusse,  en  Pologne  et  en  Russie,  où  il 
donna,  avec  grand  succès,  des  séances  de  qua- 
tuors. De  retour  à  Vienne,  il  y  recommença 
ses  soirées  instrumentales  et  reçut,  en  1824, 
sa  nomination  de  membre  de  la  chapelle  im- 
périale. Quatre  ans  après,  il  accepta  la  place 
de  directeur  de  musique  de  l'Opéra  de  la  cour; 
mais  il  n'en  remplit  pas  longtemps  les  fonc- 
tions, car  il  mourut  des  suites  d'une  attaque 
d'apoplexie,  le  2  mars  1830.  On  a  de  la  com- 
position de  cet  artiste:  1°  Solo  brillant  pour 
le  violon,    avec    quatuor;   Vienne,   Diabelli. 
2°  Variations  sur  un  thème  russe  pour  violon 
principal,  violon,  alto  et  violoncelle  d'accom- 
pagnement; Vienne,  Cappi.  5°  Neuf  variations 
pour  violon,  sur  un  thème  tfAlcine,  avec  se- 
cond violon  ;  Vienne,  Mollo. 

SCHURER  (Adam),  maître  de  chapelle  au 


service  de  l'électeur  de  Saxe,  se  distingua  par- 
ticulièrement dans  la  composition  de  la  mu- 
sique d'église.  Il  fit  représenter  à  Dresde,  en 
174G,  une  pastorale  sur  le  sujet  de  Galalèc, 
dont  le  manuscrit  se  trouvait  chez  Breitkopf 
et  II sériel,  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  ainsi 
que  neuf  symphonies  et  trois  duos  pour  deux 
flûtes,  du  même  auteur.  Schurer  vivait  encore 
à  Dresde,  en  1774,  dans  un  âge  avancé. 

SCHURMANN   (Georges -Gaspard),   né 
dans  le  duché  de  Hanovre,  en  1GG5,  entra  au 
théâtre  de  Hambourg  en  qualité  de  haute- 
contre,  dans  l'année  1693,  ainsi  qu'au  chœur 
de  l'église  Sainte-Catherine.  Quatre  ans  après, 
il  se  rendit  à  Brunswick,  où  les  fonctions  de 
maître  de  chapelle  et  de  chef  d'orchestre  de 
l'Opéra  lui  furent  confiées  par  intérim.  Le  duc 
Antoine    Ulrich  de    Brunswick  l'envoya,  en 
1701,  faire  un  voyage  en  Italie,  pour  y  perfec- 
tionner son  talent,  sous  la  direction  de  quel- 
que maitre  habile.  De  retour  en  Allemagne, 
dans  l'année  suivante,  Schurmann  accepta  la 
place  de  maitre  de  chapelle  chez  le  duc  de 
Meinungen,  en  1702;  puis  il  renlra  en  la  même 
qualité  chez  le  duc  de  Brunswick.  Il  occupait 
encore  cette  place  en  1724;  mais  depuis  celte 
époque,  on  n'a  plus  de  renseignements  sur  sa 
personne.   Schurmann   a   fait    représenter   à 
Hambourg,  en  1719,  un  opéra  intitulé  Alceste, 
et  en  1721,  un  Télémaque,  en  cinq  actes.  Il  a 
laissé  aussi  en  manuscrit  plusieurs  opéras,  di- 
verses années  complètes  de  cantates  d'église, 
ainsi  que  des  suites  de  pièces  instrumentales. 
SCHURTZFLEISCH  (Conrad-Samuel), 
laborieux  philologue,  naquit  à  Corbach,  dans 
le  pays  de  Waldeck,  le  18  décembre  164!,  et 
mourut  à  Witlenberg,  le  7  juillet  1708.  Il  fil 
ses  éludes  aux  universités  de  Giessen  et  de 
Witlenberg,  fui  professeur  de  littérature  grec- 
que dans  cette  dernière  ville,  puis  occupa  la 
chaire  de  poésie  ainsi  que  celle  d'histoire,  et 
eut,  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  les  litres 
de  conseiller  et  de  bibliothécaire  du  duc  de 
Weimar.  Parmi  les  nombreux  écrits  de  ce  sa- 
vant, on  trouve  deux  dissertations  relatives  à 
la  musique  :  la    première  a  pour  titre  :  De 
Ifymnis    ecclesix   veteris;    Leipsick,    1685, 
in-4°  ;  la  seconde  est  intitulée  :  De  musica 
veteris  ecclesix  christianw ;    elle  se  trouve 
dans   le   Compendium  antiquitatum  eccle- 
siasticarum,   du  docteur  Walch,    publié  à 
Jéna,    en    1736.    Blizler  a   inséré,    dans    le 
deuxième  volume  de  sa  Bibliothèque  musicale 
(pag.  199  204),  un  chapitre  extrait  du  livre  de 
Godefïoid  Wagner,  intitulé  :  Introduclio  in 
notiliam  scriptorum  variorum  et  scientia- 


SCHURTZFLEISCH  —  SCHUSTER 


535 


rum  (Wittenberg,  (rois  volumes  in-8°);  ce 
chapitre  a  pour  litre  :  Ce  que  le  célèbre 
Schurtzfleisch  a  annoté  de  la  musique  dans 
les  leçons  sur  l'histoire  de  la  science  n'a 
aucune  valeur  réelle. 

SCHUSTER  (JosEPn),  maître  de  chapelle 
de  l'électeur  de  Saxe,  naquit  à  Dresde,  le 
11  août  1748. Son  père. musicien  delà  chambre 
et  chanteur  de  la  chapelle  du  roi  de  Pologne, 
le  confia  aux  soins  de  Schnrer  (voyez  ce  nom), 
alors  compositeur  au  service  de  l'électeur.  En 
1705,  Schuster  fit  avec  Naumann  un  voyage 
en  Italie,  dans  le  dessein  d'y  perfectionner 
son  talent.  Il  y  fit  un  séjour  de  trois  ans,  pen- 
dant lequel  il  composa  plusieurs  opéras  qui 
furent  bien  accueillis,  à  cause  du  style  facile 
et  mélodique  de  l'auteur.  De  retour  à  Dresde, 
il  y  reçut  de  l'électeur,  en  1772,  sa  nomination 
de  compositeurdelachambre  et  de  la  chapelle. 
Le  désir  de  connaître  le  P.  Martini  et  d'en  rece- 
voir des  conseils  le  ramena  en  Italie  deux  ans 
après  :  il  y  écrivit  plusieurs  opéras  pour  les 
théâtres  de  Naples  et  de  Venise.  Ce  fut  dans 
ce  voyage  que  le  roi  de  Naples  lui  accorda  le 
titre  de  son  maître  de  chapelle  honoraire.  En 
1776,  il  retourna  en  Allemagne;  mais  une 
nouvelle  invitation  le  rappela  une  troisième 
fois  en  Italie,  en  1778;  il  y  resta  jusqu'en 
1781,  écrivant  pour  les  principaux  théâtres. 
Enfin,  il  retourna  de  nouveau  à  Dresde,  dont 
il  ne  s'éloigna  plus  depuis  lors.  En  1787, 
l'électeur  de  Saxe  le  nomma  son  maître  de 
chapelle,  et  lui  confia,  alternativement  avec 
Naumann  et  Seydelmann,  la  direction  de  sa 
musique,  tant  à  l'église  qu'à  l'Opéra.  Schuster 
mourut  à  Dresde,  le  24  juillet  1812,  dans  un 
état  de  caducité.  Gerber  a  donné  la  liste  sui- 
vante des  ouvrages  de  ce  compositeur  :  I.  Mu- 
sique d'église.  1°  Messe  à  quatre  voix,  exécutée 
à  la  chapelle  électorale  de  Dresde,  en  1769. 
2°  La  Passion,  oratorio,  Dresde,  1778. 
3°  Esther,  oratorio,  composé  pour  le  conser- 
vatoire de  VOspedaletto,  à  Venise,  en  1781. 
4"  Mosè  riconosciuto ,  oratorio,  à  Dresde,  en 

1786.  5°  Belulia  liberata,   oratorio,   ibid., 

1787.  6"  Psaume  74  :  Confitebiinur.  7°  Te 
Deum,  1800. 8°  Gioas,  redi  Giuda,  à  Dresde, 
en  1803.  II.  Musique  de  théâtre.  9°  La  Fe- 
deltà  in  amore,  k  Dresde.  10°  L'Idolo  cinese, 
en  trois  actes,  en  1774,  à  Dresde.  11°  Didone 
abbandonala,  à  Naples,  en  1776.  12°  Demo- 
foonte,  pour  le  nouveau  théâtre  de  Forli,  en 
1776.  15°  L' Amore  arligiano,  à  Venise,  en 

1776.  14°  La  Schiava  liberata,  à  Dresde,  en 

1777.  15°  La  Didone,  avec  une  nouvelle  mu- 
sique, à  Venise,  en  1779.  16°  Ruggiero  c  Bra- 


damante,  à  Padoue,  en  1779.  17°  Creso  in 
Media,  à  Naples,  en  1779.  18°  Le  bon  Ton, 
opéra  bouffe,  à  Venise.  19°  Amore  e  Psiche, 
à  Naples,  en  1780.  20»  L'Lsola  disabitata,  a 
Naples,  en  1781.  20°  (bis).  Il  Marito  indo- 
lente, à  Dresde,  en  1782.  21°  Jl  Pazzo  per 
forza,  à  Dresde,  en  1784.  22°  Lo  Spirito  de 
contradizione ,  en  1785,  ibid.  23°  Gli  Avari 
in  trappola,  en  1787,  ibid.  Cet  ouvrage  a  été 
traduit  en  allemand.  24"  Riibenzahl,  ossiail 
vero  amore,  en  1789.  25"  Jl  Servo  padrone, 
en  1793,  ibid.  26°  Osmanno,  Dey  d'Algeri, 
en  1800,  ibid.  27°  Clori  e  Fillide,  pastorale 
pour  soprano  et  alto,  avec  accompagnement  de 
deux  violons  et  basse.  28°  Amor prigioniero. 
29°  La  Fête  des  lanternes.  Les  dates  de  ces 
deux  derniers  opéras  sont  inconnues.  Quelques 
opéras  allemands,  connus  sous  le  nom  de 
Schuster,  tels  que  l'Alchimiste,  joué  en  1777, 
le  Docteur  Murner,  en  deux  actes,  le 
Triomphe  de  l'amour  sur  la  sorcellerie,  et 
quelques  autres,  semblent  être  des  traductions 
de  ses  anciens  opéras  italiens.  III.  Musique 
instrumentale.  50°  Quatre  suites  de  pièces  fu- 
nèbres dédiées  aux  mânes  de  Léopold;  Dresde, 
Hilscher,  in-fol.  obi.  31°  Six  petites  pièces 
pour  le  clavecin,  ibid..  1790.  32°  Six  idem, 
ibid.,  1796.  53°  Six  divertissements  pour  cla- 
vecin et  violon,  ibid.  34°  Recueil  de  pièces  à 
quatre  mains  pour  le  clavecin,  ibid.,  1790. 
55°  Quelques  symphonies,  en  manuscrit. 
56°  Six  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  ù/em.  37°  Concerto  pour  deux  clavecins, 
idem.  38"  Concerto  pour  clavecin  seul,  idem. 

SCHUSTER  (Chrétien-Detler),  profes- 
seur de  musique  à  Hambourg,  dans  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle,  a  fait 
imprimer  une  petite  méthode  de  piano  pour 
les  enfants,  sous  ce  titre  :  Clavierstunden  fur 
Kinder,  etc.;  Hambourg,  Bœhme,  1799  et 
1800,  deux  parties  in-4°.  On  a  aussi  de  ce  mu- 
sicien huit  variations  pour  le  piano  sur  un  air 
allemand;  Leipsick,  Hofmeister. 

SCHUSTER  (Ignace),  chanteur  comique 
et  compositeur,  naquit  à  Vienne,  le  20  juillet 
1770.  Il  fut  d'abord  enfant  de  chœur,  puis 
choriste,  à  l'église  des  bénédictins  écossais  de 
cette  ville.  Après  avoir  été  longtemps  attaché 
au  théâtre  Leopoldstadl,  il  entra  comme  chan- 
teur à  la  chapelle  impériale,  en  1820.11  est 
mort  à  Vienne,  le  6  novembre  1835.  Un  opéra- 
comique  de  sa  composition,  intitulé  Jupiter  à 
Fienne,  a  été  représenté  dans  celte  ville,  et  la 
partition,  réduite  pour  le  piano,  a  été  publiée 
chez  Diabelli.  On  a  gravé  aussi  des  Lieder  de 
cet  artiste  avec  accompagnement  de  piano. 


656 


SCHUSTF.R  -  SCHÙTZ 


SCIIUSTER  (Acgcste),  chanteur  drama- 
tique, en  voix  de  basse,  fut  attaché  pendant 
plusieurs  années  au  théâtre  de  Leipsick.  Il  se 
retira  de  la  scène  et  s'établit  à  Zurich,  en 
1833,  comme  professeur  de  chant.  On  a  publié 
de  sa  composition  sept  recueils  de  Lieder  à 
voix  seule  avec  accompagnement  de  piano, 
plusieurs  chants  détachés,  et  six  chansons  à 
boire  pour  un  chœur  de  voix  d'hommes, 
op.  9. 

SCIIUTTRUP  (Éverard),  prédicateur 
luthérien,  vivait  à  Alkmaer,  en  Hollande,  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  A  l'occasion 
de  l'érection  d'un  nouvel  orgue  dans  son 
église,  il  a  fait  imprimer  un  sermon,  sous  ce 
titre  :  Redenvoering  over  de  nuttigheid  der 
Jllusick  en  haaren  invloed  in  denopenbaaren 
Godsdienst  (Discours  sur  l'utilité  de  la  mu- 
sique, et  sur  son  influence  dans  le  service 
divin);  Alkmaer,  1755. 

SCHLTZ  (Hf.ari),  dont  le  nom  latinisé  est 
SAGITTAUIUS  (archer),  a  été  considéré 
par  ses  contemporains  comme  le  père  de  la 
musique  allemande.  Il  naquit  à  Roesterilz, 
dans  le  Voigtland,  le  8  octobre  1585,  et  suivit, 
en  1591,  son  père  à  Weissenfels,  pour  y  pren- 
dre possession  de  l'héritage  de  son  aïeul.  Sa 
belle  voix  lui  fit  obtenir,  à  lMge  de  quatorze 
ans,  une  place  à  la  cour  de  Cassel,  où  il  reçut, 
avec  plusieurs  jeunes  seigneurs,  les  leçons  des 
meilleurs  maîtres  dans  les  lettres  dt  dans  les 
arts.  En  1G07,  il  se  rendit  à  l'université  de 
Marbourg,  et  s'y  appliqua  avec  tant  de  zèle  à 
la  jurisprudence,  qu'il  fut  en  état  de  soutenir 
avec  honneur  une  thèse  publique  sur  celle  ma- 
tière, après  deux  années  d'étude.  Toutefois  ses 
travaux  dans  la  science  du  droit  ne  lui  avaient 
pas  fait  négliger  la  musique,  car,  dans  un  sé- 
jourque  le  margrave  Maurice  fit  à  Marbourg, 
en  1G09,  il  lui  donna  des  éloges  pour  ses  con- 
naissances dans  cet  art,  et  lui  proposa  de  l'en- 
voyer à  Venise,  à  ses  frais,  pour  qu'il  y  étudiât 
la  composition  sous  la  direction  de  l'illustre 
Jean  Gabrieli.  Suivant  certains  historiens  de 
la  musique,  Schlilz  accepta  ces  propositions 
avec  plaisir;  d'autres  assurent  qu'il  ne  se  dé- 
cida qu'avec  répugnance  à  suivre  la  nouvelle 
carrière  qui  lui  était  proposée  :  quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  certain  qu'il  finit  par  acquiescer 
jux  projets  du  prince,  et  qu'il  arriva  à  Venise 
dans  la  même  année.  Pendant  près  de  quatre 
ans,  Schtilz  reçut  des  conseils  de  Gabrieli,  et 
fit  sous  sa  direction  des  études  dans  l'art 
d'écrire,  qui  donnèrent  à  ses  idées  la  tendance 
des  libertés,  ou,  pour  parler  plus  exactement, 
des  incorrections  dans  lesquelles  l'école  véni- 


tienne s'était  jetée  récemment  tout  entière: 
incorrections  rachetées  par  la  nouveauté  des 
formes  et  la  richesse  de  l'invention.  Cette  di- 
rection imprimée  aux  idées  de  Henri  Schlitz  le 
conduisit  lui-même  plus  tard  à  des  hardiesses, 
à  des  beautés,  à  des  fautes  qu'il  n'eût  vraisem- 
blablement pas  imaginées  si  son  talent  ne 
s'était  développé  sous  l'influence  du  génie  de 
son  mailre.  Ce  fut  pendant  son  séjour  à  Venise 
qu'il  publia  son  premier  ouvrage,  composé  de 
madrigaux  à  cinq  voix,  qui  parurent  à  la  fin 
de  1611, 

La  mort  de  Jean  Gabrieli,  l'année  suivante, 
mit  un  terme  au  séjour  de  Schtttz  à  Venise  :  il 
retourna  à  Cassel,  où  le  prince  lui  accorda  des 
appointements  annuels  de  deux  cents  florins. 
Soit  que  SchUtz  fût  blessé  de  la  modicité  de  ce 
traitement,  soit  par  tout  autre  motif,  il  parut 
renoncer  subitement  à  la  musique,  et  se  livra 
de  nouveau  à  l'étude  du  droit.  Cependant, 
lorsque,  sur  le  bruit  de  son  mérite,  l'électeur 
de  Saxe,  Jean-George  Ier,  l'appela  à  Dresde, 
pour  le  placer  à  la  tête  de  sa  chapelle,  il  rentra 
pour  toujours  dans  la  carrière  de  son  art;  dès 
ce  moment  son  talent  prit  un  essor  qui  le 
plaça  bientôt  à  la  tête  des  musiciens  alle- 
mands de  son  temps.  En  témoignage  de  sa 
satisfaction,  l'électeur  lui  fit  présent  d'une 
chaîne  d'or  et  de  son  poitrail.  Le  1er  juin 
1619,  Scbutz  épousa  la  fille  de  Chrétien  Wil- 
deck,  greffier  des  contributions  et  accises  de 
l'électoral  de  Saxe;  mais  il  perdit  sa  femme, 
en  1625.  Trois  ans  après,  la  guerre  qui  déso- 
lait l'Allemagne  lui  fit  prendre  la  résolution 
de  retourner  à  Venise,  et  il  partit  de  Dresde 
le  11  août  1628,  pour  se  rendre  dans  cette 
ville.  Lui-même  a  rendu  compte  des  motifs 
qui  le  conduisirent  une  seconde  fois  aux  lieux 
où  sa  vocation  pour  la  musique  s'était  décidée 
sous  l'influence  des  leçons  d'un  grand  maître, 
dans  la  préface  d'un  œuvre  qu'il  y  publia  l'an- 
née suivante  :  «  Je  me  rendis  pour  la  deuxième 
»  fois  à  Venise,  dit-il,  pour  m'y  informel- du 
»  nouveau  genre  de  musique  qui  s'y  est  déve- 
»  loppé  depuis  mon  premier  voyage,  et  qui 
»  est  maintenant  en  usage.  »  Ce  nouveau  genre 
de  musique  était  celui  que  les  dernières  com- 
positions de  Monteverde  y  avaient  mis  en 
vogue.  En  1629,  il  fit  paraître  à  Venise  le  se- 
cond livre  de  ses  motels,  sous  Ite  nom  de 
Symphonix  sacrx.  La  mort  de  son  père,  le 
25  août  1631,  le  ramena  à  Dresde  dans  celle 
année;  mais  il  y  rcsla  peu  de  temps,  et  re- 
tourna en  Italie,  dont  il  visita  les  principales 
villes. 

De  retour  en  Allemagne,  en   IG34,  il  y  rc- 


SCI1UTZ 


r,37 


trouva  (ouïes  les  horreurs  de  la  guerre.  Ne 
pouvant  reprendre  encore  sa  position  à  Dresde, 
il  partit  dans  la  même  année  pour  le  Dane- 
mark. Accueilli  à  la  cour  de  Copenhague  avec 
toute  la  distinction  que  méritait  son  talent, 
il  y  passa  quatre  années,  puis  il  se  rendit  à 
Brunswick,  en  1G38,  et  de  là  à  Lunehourg.  En 
1642,  il  retourna  une  seconde  fois  à  Copen- 
hague, où  le  roi  lui  confia  la  direction  de  sa 
musique.  La  paix  lui  permit  enfin  de  retourner 
•  à  Dresde,  où  il  passa  le  reste  de  ses  jours,  oc- 
cupant une  partie  du  temps  à  la  lecture  de  la 
Bible  et  à  la  composition  de  plusieurs  œuvres 
de  musique  religieuse,  entre  autres  de  psaumes 
à  plusieurs  voix,  et  d'oratorios  de  la  Passion, 
d'après  les  qualre  évangélisles.  Deux  ans  avant 
sa  mort,  il  chargea  son  élève  Christophe  Bern- 
hard,  directeur  de  musique  à  Hambourg,  de 
composer  un  chant  à  cinq  voix,  dans  le  style 
de  Palestrina,  pour  ses  funérailles.  Il  cessa  de 
vivre,  le  6  novembre  1672,  dans  sa  quatre- 
vingt  huitième  année,  après  avoir  eu  pendant 
cinquante-sept  ans  le  titre  de  maître  de  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Saxe. 

Comme  la  plupart  des  compositeurs  de  son 
temps,  Henri  Schiilz  aimait  à  écrire  la  mu- 
sique d'église  pour  plusieurs  chœurs,  et,  sui- 
vant l'usage  des  maîtres  de  l'école  de  Venise, 
il  y  ajoutait  l'emploi  de  diverses  espèces  d'in- 
struments ,  notamment  celui  des  violons , 
violes,  cornets  et  trombones.  Son  harmonie 
est,  en  général,  établie  sur  les  accords  con- 
sonnants,  ou  sur  les  dissonances  résultant  des 

è 

retards  de  ceux-ci,  même  dans  les  ouvrages 
publiés  après  son  second  voyage  de  Venise  : 
le  seul  accord  combiné  de  la  nouvelle  har- 
monie, dont  il  avait  pris  une  idée  dans  les 
compositions  de  Monteverde,  est  celui  de  quinte 
et  sixte  ;  mais  on  voit  qu'il  n'en  avait  pas  saisi 
le  principe,  car  il  en  fait  usage  en  considérant 
la  sixte  comme  la  dissonance,  tandis  que  l'in- 
tervalle dissonant  est  la  quinte.  Au  reste,  il  est 
remarquable  que  cette  erreur  a  été  celle  de 
heaucoup  de  compositeurs  du  dix-septième 
siècle.  Les  incorrections,  les  fausses  relations, 
abondent  dans  la  musique  de  cet  artiste  cé- 
lèbre ;  mais  il  les  rachète  par  un  beau  senti- 
ment rhythmique,  par  une  expression  juste  de 
la  parole,  et  par  une  détermination  positive 
de  la  cadence  des  phrases  ;  qualités  qui  avaient 
pris  naissance  presque  de  son  temps  dans 
l'école  vénitienne,  et  que  Jean  Gabrieli  avait 
possédées  à  un  haut  degré. 

Les  exemplaires  des  œuvres  de  SchUtz  sont 
si  rares,  que  ses  biographes  n'ont  pu  les  citer 
avec  exactitude,  et  qu'on  n'a  que  des  indica- 


tions vagues  de  quelques-uns  de  ses  ouvrages  ; 
voici  les  renseignements  que  j'ai  recueillis  à 
cet  égard  :  1°  Madrigaîi  a  cinque  voci  ;  Ve- 
nise, 1511,  in-4°.  2»  Motet  à  huit  voix,  sur  le 
texte:  Isaia  demprophetendas  g es c hab, etc.; 
Dresde,  in-folio.  3°  Psalmen  Bavids  sampt 
etlichen  Molelen  und  Concerter,  mit  acht  und 
mehr  Stimmen  nebenst  andern  zweyen  Ca- 
pétien, dass  dero  etliche  auff  3  und  4  Chor 
nach  Bcliebung  gebraucht  werden  kœnnen: 
wie  auch  mit  beigefugten  basso  continovo 
vor  die  Or gel,  Lauten,Chilaron, etc. (Psaumes 
de  David  réunis  à  quelques  motets  et  concertsà 
huit  et  un  plus  grand  nombre  de  voix,  etc.)  ; 
Dresde,  1619,  treize  parties  in-fol.  Je  possède 
u  n  magnifique  exemplaire  de  cet  œuvre,  qui  con- 
lientvingt-six  morceaux.  Les  parties sontean- 
tus,  allus,  ténor  et  bassus  du  premier  chœur; 
cantus ,  altus ,  ténor  et  bassus  du  deuxième; 
les  parties  des  troisième  et  quatrième  chœurs 
ont  pour  litre  :  Capella  der  Psalmen  Bavids, 
et  sont  intitulées  particulièrement  Prima 
pars,  secunda  pars,  tertia  pars,  quarta  et 
ultima  ;  enfin  la  treizième  partie  est  le  basso 
continovo  (sic).  4°  Geistreiches  Gesangbuch, 
an  D.  Cornel.  Bechers  Psalmen,  und  Lu- 
therischen  Kirchenliedern,  mit  ihren  Melo- 
dien,  unter  Biscant  und  Bass  ;  Dresde,  1619, 
in-4°.  Une  deuxième  édition  de  ce  recueil  a 
été  publiée  dans  la  même  ville,  en  1676,  in-4°. 
5"  Bie  Historié  des  Auserstehung  Jesu- 
Christi  (Histoire  de  la  résurrection  de  Jésus- 
Christ),  à  six  voix,  avec  basse  continue  pour 
l'orgue;  Dresde,  1623,  petit  in-folio.  6°  Sym- 
phonie sacre,  3,  4,  5,  6  voc.  Opus  eccle- 
siasticum  primum;  Dresde,  1625,  in-folio. 
C'est  le  premier  ouvrage  de  sa  composition  sur 
des  textes  latins.  7° Psalmen  Bavids,  hiebe- 
vorn  in  teutsche  Reimen  gebracht ,  etc. 
(Psaumes  de  David,  traduits  en  vers  alle- 
mands, par  Corneille  Becker,  avec  cent 
trois  mélodies,  dont  quatre-vingt-douze  nou- 
velles et  onze  anciennes,  dans  le  genre  du 
contrepoint  ordinaire  à  qualre  voix);  Fribourg 
en  Misnie,  Georges  Hofmann,  1628,  in-8°. 
Wallher  indique  une  deuxième  édition  de  ce 
recueil,  datée  de  1661,  et  Gerber  en  cite  une 
troisième  de  1676,  in-4°,  qu'il  a  confondue 
avec  celle  du  psautier  à  deux  voix,  publié  par 
Schiilz,  en  1619.  8°  Symphonie  sacre,  3,  4, 
5,  6  voc.  Opus  ecclesiaslicum  secundum; 
Venise,  1629,  in-4°.  C'est  le  second  livre  des 
motets  latins.  9°  Bas  ist  so  geioisslich  wahr, 
motet  à  six  voix;  Dresde,  1631  ,  in-folio. 
10°  Kleincn  geistlicher  Concerten  von  1 ,  2,  3, 
4  und  5  Stimmen,  1e  Theile  (Petits  concerts 


538 


SCHUTZ  —  SCHWANBERG 


spirituels^  une, deux,  trots, quatreetcinq  voix, 
première  partie);  Dresde,  1636,  in-foi.  C'est  le 
premier  livrede  ses  motets  allemands,  dont  les 
trois  parties  composent  le  plus  bel  ouvrage  de 
Schutz.  La  seconde  partie  que  je  possède  est 
<latée  de  Dresde,  1639;  elle  contient  trente  et 
un  motets  à  deux,  trois,  quatre  et  cinq  voix, 
avec  basse  continue  pour  l'orgue.  11°  Musi- 
caliaad  chorum  sacrum,  dass  ist  geistliche 
Chor-Musik  mit  5,  6  und  7  Stimmen,  beydes 
vocaliter  und  instrumentaliter,  wohey  der 
bossus  generalis  etc.  1"  Theil,  opus  XI;  ibid, 
1G46,  six  parties  in-fol.  12°  Pars  II  sympho- 
niarum  sacrarum,  aus  teutschen  Concertai 
von  3,  4,  5  Stimmen,  und  Instrumenten 
bestehend  (Deuxième  partie  des  symphonies 
sacrées  ou  concerts  allemands,  à  trois,  quatre 
et  cinq  voix,  avec  instruments);  Dresde,  chez 
Jean  Klemme,  organiste  de  la  cour,  1647, 
in-fol.  C'est  le  second  livre  des  motels  alle- 
mands, et  le  dixième  œuvre  de  l'auteur. 
13°  Pars  1  musicalium  ad  chorum  sacrum, 
oder  geistliche  Chor-Musik,  von  5,  6,  und  7 
Stimmen;  op  11,  1648,  in-fol.  Cet  œuvre 
contient  vingt-neuf  petits  motets.  14°  Pars  III 
Symphoniarum  sacrarum;  Dresde,  1650, 
in-fol.  Ce  troisième  livre  des  motels  allemands 
en  renferme  plusieurs  d'une  grande  beaulé, 
entre  autres  celui  donl  les  paroles  sont  :  Saul! 
was  verfolgst  du  Mich,  pour  un  chœur  à  six 
voix,  deux  autres  chœurs  à  quatre  voix 
chacun,  deux  violons  et  orgue.  Schliiz  a  laissé 
en  manuscrit  La  Passion,  qui  se  conserve 
dans  la  Bibliothèque  de  Dresde,  et  qui  est  con- 
sidérée comme  un  de  ses  plus  beaux  ouvrages. 
Ce  fut  lui  aussi  qui  écrivit  le  premier  opéra 
allemand  sur  la  Daphné  de  Rinuccini,  traduite 
par  le  célèbre  poète  Opilz.  Cet  ouvrage  fut 
représente  pour  les  noces  de  la  sœur  de  l'élec- 
teur de  Saxe  avec  le  landgrave  de  liesse,  en 
1627.  Le  portrait  de  SchUlz  a  été  gravé  par 
Uomsledl,  in-4°. 

SC1ILTZ  (Jean-Étiemse),  docteur  en  phi- 
losophie et  professeur  à  Weimar,  né  le  1er  no- 
vembre 1771,  à  Olverstaedt,  près  de  Magde- 
bourg,  étudia  la  théologie  à  Erlang,  en  1794, 
cl  l'année  suivante  à  Halle.  Ses  premiers  ou- 
vrages remontent  à  l'époque  où  il  était  à  celte 
université.  En  1804,  il  se  rendit  à  Dresde,  et 
plus  tard  à  Weimar,  oit  il  s'est  fixé  définitive- 
ment. On  lui  doit  un  livre  intitulé  :  Fersuch 
einer  Théorie  des  Romischen  (Essai  d'une 
théorie  du  Comique);  Dresde,  1818,  in-8°,  où 
il  natte  de  l'expression  comique  dans  la  mu- 
sique. En  sa  qualité  «le  rédacteur  du  Journal 
de  l'art,  de  la  littérature,  du  luxe  et  de  la 


mode,  il  a  écrit  beaucoup  d'articles  sur  la  mu- 
sique. Depuis  1824,  il  a  pris  part  à  la  rédac- 
tion du  bon  recueil  périodique  musical  intitulé 
Cxcilia.  Ses  principaux  articles  sont  :  l°Sur 
les  rapportsdel3  musique  avec  les  autres  arts, 
t.  III,  p.  15.  2°  Sur  la  précision  dans  la  mu- 
sique, t.  IX,  p.  137.  3°  Sur  le  sentiment  et 
l'expression  en  musique,  t.  XII,  p.  237-256. 
4"  Sur  le  rapport  du  comique  avec  la  musique, 
t.  XVI,  p.  197. 

SCHLTZ  (Frédéric-Charles-Jules),  pro- 
fesseur à  l'université  de  Halle,  actuellement 
vivant  (1862),  a  fait  ses  études  à  l'université  de 
Jéna, pendant  les  années  1798-1801 ,et  a  vécu 
à  Rudolsladt,  à  Mersebourg  et  à  Hambourg. 
Au  nombre  de  ses  écrits,  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre:  Leben,Charakler  und  A'unst 
N.  PaganinVs,  eine  Skisse  (Esquisse  de  la 
vie,  du  caractère  et  du  talent  de  Paganini); 
Ilmenau,  Voigt,  1830,  in-8°. 

SCHLTZE  (F.-W.),  professeur  au  sémi- 
naire de  Dresde,  actuellement  vivant  (1863), 
est  auteur  d'un  traité  élémentaire  d'harmonie, 
intitulé  :  Praktische-Theoretisch  Anweisung 
fùrden  Unterricht  in  der  Harmonielehre  ; 
Dresde,  Arnold,  1835,  in-8°,  avec  un  cahier 
d'exemples,  in  folio. 

SCHLTZE  (Jean-Frédéric),  littérateur  et 
romancier,  né  à  Hambourg,  y  est  mort  à  la 
fleur  de  l'âge,  le  15  octobre  1816.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  on  en  trouve  un  qui  a  pour 
titre  Hamburgische  Theater-Geschichte 
(Histoire  du  théâtre  de  Hambourg);  Ham- 
bourg, 1794,  un  volume  in-8°.  Cet  ouvrage 
contient  une  histoire  de  l'opéra  de  cette 
ville. 

SCIIWAIGER  (Georges),  musicien  du 
seizième  siècle,  né  à  Wasserbourg,  a  publié 
de  sa  composition  :  1°  Moduli  sacri ;  Munich, 
1572,  in-4°.  2°  Fasciculus  uliquot  sacrarum 
cantionum  5  vocum;  ibid.,  1579,  in-4°  obi. 
3»  Hymni  sacri,  quorum  in  ecclesia  per 
Festa  maxima  solemniausus  est  ;  Erfordix, 
li/pis  Georgii  Baumanni,  1587,  in-4°  obi. 
4°  Fil  Psalmi  pœnilentiales  Hegis  Pro- 
phète Davidis  5  vocum;  ibid.,  1588,  in-4° 
oblong. 

SCIIWAIMREUG  (Jean),  maître  de  cha- 
pelle du  duc  de  Brunswick,  né  à  Wolfenbultel, 
le  28  décembre  1740,  montra  de  si  heureuses 
disposition!  pour  la  musique  dans  sa  jeunesse, 
que  son  prince  lui  accorda  une  pension  pour 
qu'il  allât  étudier  l'art  en  Italie.  Schwanbcrg 
se  rendit  à  Venise,  y  prit  des  leçons  de  contre- 
point et  décomposition  de  Latilla,  puis  de  Sa- 
ralelli,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 


SCIIWANBERG  —  SCHWARZ 


539 


Saint-Marc.  Hasse,  qui  9e  trouvait  alors  dans 
celte  ville,  accueillit  le  jeune  musicien  avec 
bienveillance,  et  lui  donna  d'utiles  conseils 
pour  le  diriger  dans  la  composition  drama- 
tique. Dès  ce  moment,  le  célèbre  maître  saxon 
devint  le  modèle  de  Schwanberg.  Après  huit 
années  de  séjour  à  Venise,  celui-ci  retourna 
en  Allemagne,  et  bientôt  après,  le  duc  de 
Brunswick  le  nomma  son  maître  de  chapelle. 
Non-seulement,  il  se  faisait  remarquer  par  la 
grâce  de  la  mélodie  dans  ses  opéras,  mais  il 
écrivait  aussi  de  la  musique  instrumentale  élé- 
gante et  bien  faite;  enfin,  il  était  claveciniste 
habile  et  chef  d'orchestre  distingué.  Dans  les 
derniers  temps  de  sa  vie,  le  roi  de  Prusse  Fré- 
déric II  désira  l'attacher  à  son  service,  mais 
le  duc  de  Brunswick  ne  souscrivit  pas  à  la  de- 
mande du  monarque:  Schwanberg,  comblé  de 
ses  bienfaits,  resta  toujours  attaché  à  son  ser- 
vice. Cet  artiste  composa  jusqu'à  ses  derniers 
jours,  et  mourut  d'épuisement,  le  29  mars 
1804,  à  l'âge  de  soixante-quatre  ans. 

Schwanberg aécrit  pour  le  théâlrede Bruns- 
wick les  opéras  dont  les  litres  suivent  : 
1°  Adriano  in  Siria,  en  1772.  2°  Solimano, 
1762.  ô°  Ezio,  17Cô.  4°  Talestri.  5°  Didone 
abbandonata.  6°  Issifile,  1706.  7°  Zenobia, 
8°  77  Parnasso  accusato  e  difeso.  9°  Anti- 
gono.îO0  Romeo  e  Giulia,  1782.  11°  L'Olim- 
piade.  1782.  12°  Jugement  d'Apollon,  1794. 
13°  Il  Trionfo  délia  costanza.  Parmi  ses 
autres  ouvrages,  on  remarque  :  14°  Cantate 
funèbre  sur  la  mort  de  la  duchesse  de  Bruns- 
wick. 15°  Cantate  en  actions  de  grâces. 
16°  Six  sonates  pour  clavecin  ;  Brunswick, 
1767.  17°  Des  concertos  pour  le  clavecin  et 
le  violon.  18°  Des  trios  pour  le  violon,  qu'il 
désavoua  dans  la  maturité  de  son  talent. 

SCHWANENRERG  (Joseph-François), 
professeur  de  harpe  à  Vienne,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  a  publié  sous  son  nom  un 
petit  ouvrage  intitulé  :  Griindliche  Abluind- 
lung  iiber  die  UnnïUz-oder  Unschicklichkeit 
des  ffim  musikalischen  Alphabet  (Traité  fon- 
damental sur  l'inutilité  et  l'inconvénient  de  l'H 
(Si  bécarre)  dans  l'alphabet  musical);  Vienne, 
Wappler,  1797,  in-1 8  de  cent  quarante  pages, 
avec  une  préface  et  un  appendice  de  seize  pages. 
Bien  que  ce  petit  volume  porte  le  nom  de 
Schwanenberg,  la  préface  et  l'appendice  seuls 
sont  de  lui  :  on  sait  aujourd'hui  que  le  corps 
de  l'ouvrage  est  deWolf  deWolfenau.  L'auteur 
y  veut  prouver  que  la  lettre  h  employée  par  les 
Allemands  pour  la  désignation  de  la  note  si  est 
inutile  et  surabondante.  On  a  de  Schwanen- 
berg une  méthode  pour  la    harpe,  inliluléc  : 


Follstxndiges  theoretisch-praktisches  Lehr- 
buch  zur  Davids-und  Pedalharfe;  Vienne, 
chez  l'auteur,  1797,  in-4°. 

SOIIWA1NTZER  (Hugo),  organiste  et 
compositeur,  est  né  à  Glogau  (Prusse),  le 
21  avril  1829.  Il  y  reçut  les  premières  leçons 
de  piano  du  cantor  Hoseheck,  et  la  théorie  de 
la  musique  lui  fut  enseignée  par  Kœhler,  jus- 
qu'à l'âge  de  onze  ans;  puis  il  fréquenta  les 
gymnases  de  Ratibor  et  de  Neisse,  et  y  conti- 
nua ses  études  musicales  et  littéraires.  S'étant 
ensuite  rendu  à  Berlin  ,  il  suivit  dans  cette 
ville  les  cours  de  l'Institut  royal  de  musique 
d'église  et  de  l'école  de  musique  de  l'Académie 
royale  des  beaux-arts,  où  il  reçut  les  leçons  de 
Rungenhagen,de  A.-W.Bach  et  de  Grell;  il  fut 
aussi  élève  de  Killitschyg  pour  le  piano.  Ses 
études  terminées,  il  fut  nommé  organiste  de  la 
congrégation  réformée  de  Berlin,  en  1852, 
et,  quatre  ans  après,  professeur  de  piano  et 
d'orgue  au  conservatoire  deStern.  Schwantzer 
a  eu  l'honneur  d'être  le  professeur  de  musique 
du  prince  Georges  de  Prusse.  Il  a  écrit  des 
trios,  des  quatuors  d'instruments  à  archet, 
des  sonates  de  piano  et  des  Lieder.  Une  ou- 
verture de  fêle  de  sa  composition  a  été  exécu- 
tée à  Berlin,  en  1856. 

SCHWARTZ  (André),  musicien  du  sei- 
zième siècle,  né  dans  la  Franconie,  vécut  à 
Witrzbourg.il  est  connu  par  un  ouvrage  qui  a 
pour  titre  :  IlpuTl)v£toç  Evxïj,  çuo  chorus  mu- 
siens  bene  precator  optimo  sponso  Christo- 
phoro  Hagis,  et  ejus  sponsa?  Barbara  Gœ 
blin  JVirzburgensi ,  numeris  harmonicis 
reddita;  Noribergas  in  ofpcinaJoannis  Mon- 
tant et  Ulrici  Neuberi ,  in-4°  obi.  (sans 
date). 

SCIIWARTZKOPF  (Théodore),  musi- 
cien qui  vivait  à  Stuttgart  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  était,  en  1680, 
membre  de  la  chapelle  du  duc  de  Wurtem- 
berg, et  en  fut  nommé  directeur,  en  1697.  Il 
vivait  encore  en  1716.  On  a  imprimé  de  sa< 
composition  :  \°Fuga  melancolix  harmonica, 
id  est,  Concentus  sacri,  missas,  psalmos  et 
hymnos  continentes ,  a  quatuor  vocibus  ne- 
cessariis  et  5  instruments  ad  libitum; 
Stuttgart,  1684,  in-4°.  2°  Harmonia  sacra,, 
hoc  est  Psalmi  1 ,  2,  3,  4,  5  et  6  voc.  concert, 
et  instrum  ;  ihicl. ,  1697,  in-4°. 

SCHWARZ  (Thomas),  frère  lai  et  facteur 
d'orgues,  né  dans  la  Bohême,  a  construit  en 
1747  l'orgue  de  l'église  Saint-Nicolas,  à 
Prague,  puis  celuide  l'église  de Marienschein^ 
toutes  deux  appartenant  aux  jésuites.  On  trouve 
la  description  de    ces    instruments  dans   la 


540 


SCHWARZ 


Statistique  de  la  Bohême,  par  Rieger, 
cah.  VII,  p.  112. 

SCHWARZ  (Jacques),  jésuite  de  la  pro- 
vince de  Silésie,  et  bon  facteur  d'orgues,  vécut 
dansla  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 

11  construisit,  en  1734,  l'orgue  de  l'église  des 
Jésuites  à  Glogau,  composé  de  vingt-cinq 
jeux  et  deux  claviers.  Cet  instrument  est 
estimé. 

SCHWARZ  (Georges-Christophe),  doc- 
teur en  philosophie,  professeur  de  morale,  et 
inspecteur  des  classes  à  l'université  d'Altorf, 
naquit  à  Nuremberg,  le  2  août  1732,  et  mou- 
rut à  Altorf,  le  13  septembre  1792.  Au  nombre 
des  dissertations  qu'il  a  fait  imprimer,  on  en 
trouve  une  qui  a  pour  titre  :  De  musica?  mo- 
rumque  cognatione  commentatio  ;  Altorf, 
1765,  in-4°. 

SCHWARZ  (André-Gottlob),  bassoniste 
distingué,  naquit  à  Leipsick,  en  1743.  Il  ap- 
prit d'abord  à  jouer  du  hautbois,  et  eut  pour 
maître  Muller,  musicien  de  la  cour,  à  Carls- 
ruhe.  Pendant  la  guerre  de  sept  ans,  il  servit 
comme  hautboïste  dans  un  régiment.  En  1770, 
il  alla  à  Stuttgart,  et  rentra  dans  la  chapelle 
du  duc  de  Wurtemberg,  où  il  avait  été  dans  sa 
jeunesse,  sous  la  direction  de  Jomelli.  Deux 
ans  après,  il  fut  appelé  à  la  chapelle  d'Ans- 
pach,  et  entreprit,  dans  l'année  1783,  un 
voyage  en  France,  en  Allemagne,  en  Pologne 
et  en  Angleterre.  Arrivé  à  Londres,  en  1784, 
au  moment  où  lord  Abinglon  y  organisait  ses 
concerts,  il  y  fut  engagé  comme  premier  bas- 
soniste. En  1787,  il  retourna  à  Berlin,  où  il  fut 
nommé  membre  de  la  chapelle  royale.  Il  mou- 
rut dans  cette  ville,  le  26  décembre  1804. 
Schwarz  a  laissé  en  manuscrit  un  concerto  et 
un  solo  pour  le  basson. 

Le  fils  de  cet  artiste,  nommé  Christophe- 
Gotllob,  né  à  Louisbourg  (Wurtemberg),  le 

12  septembre  1768,  eut  aussi  un  talent  remar- 
quable sur  le  basson.  Ayant  accompagné  son 
père  dans  ses  voyages,  il  fit  admirer  son  habi- 
leté en  Angleterre,  et  fut  admis  dans  la  cha- 
pelle du  prince  de  Galles;  mais  après  la  sup- 
pression de  celle  musique,  il  retourna  en  Alle- 
magne, et  entra,  en  1788,  dans  la  musique  du 
roi  de  Prusse.  Il  fut  pensionné  en  1826. 

Un  autre  fils  d'André-Golllob  (Ebcrhard- 
Frédéric),  né  à  Anspach,  en  177;'),  éludia  le 
violon  sous  la  direction  de  Janilsch,  cl  devint 
un  violoniste  de  talent.  En  1795,  il  se  fit  en- 
tendre à  Charlollenbourg  devant  le  roi  de 
Prusse,  et  entra  dans  la  chapelle  de  ce  prince. 
Il  fui  mis  à  la  pension  en  1835. 

SCHWARZ  (Antoinc),    né  à   HLinhcim, 


le  10  juin  1753,  commença  l'étude  du  violon- 
celle dans  sa  neuvième  année,  et  reçut  des 
leçons  de  cet  instrument  chez  Innocent  Danzi, 
musicien  de  la  cour,  et  père  du  maître  de  cha- 
pelle de  ce  nom.  A  l'âge  de  treize  ans,  il  joua 
devant  l'électeur  palatin  un  concerto  de  sa 
composition,  et  son  jeu  fut  si  bien  goûté,  qu'il 
fui,  immédiatement  après,  admis  dans  la  cha- 
pelle électorale.  En  1776,  il  fit  un  voyage  à 
Paris, et  y  joua  au  Concertspiriluel  avec  beau- 
coup de  succès.  De  retour  en  Allemagne,  il 
suivit  la  cour  à  Munich,  où  il  a  passé  le  reste 
de  ses  jours.  Parmi  les  nombreux  élèves  qu'il 
a  formés,  on  remarque  Maximilien  Bohrer  et 
Philippe  Mor3lt.  Schwarz  vivait  encore  à  Mu- 
nich en  1817.  On  connaît  de  lui  quelques  con- 
certos de  violoncelle,  en  manuscrit. 

SCHWARZ  (Frédéric-Hesri-Chrétien), 
conseiller  du  consistoire, docteur  et  professeur 
de  théologie  à  l'université  de  Heidelberg,  né  à 
Giessen,  le  30  mai  1766,  a  publié  un  grand 
nombre  d'ouvrages  sur  l'éducation,  particuliè- 
rement un  livre  qui  a  pour  titre  :  Erziehung- 
lehre  (Science  de  la  pédagogie);  Leipsick, 
Gœschen,  1802-1813,  quatre  volumes  in-8". 
Une  deuxième  édition,  en  trois  volumes,  a 
paru  en  1829.  La  troisième  partie  de  ce  bon 
ouvrage  traite  spécialement  de  l'enseignement 
de  la  musique. 

SCHWARZ.  Plusieurs  musiciens  de  ce 
nom  se  sont  fait  connaître  dans  ces  derniers 
temps.  Le  premier  (Matthias)  est  professeur  de 
musique  et  de  piano  à  Breslau.  On  a  gravé 
sous  son  nom  des  variations  pour  le  piano  sur 
l'air  tyrolien  :  Hoch  droben  auf'm  Berge; 
Breslau,  Forster.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est 
le  même  artiste  qui  s'est  fixé  plus  tard  à 
Vienne  et  qui  y  a  publié  beaucoup  de  petites 
pièces  pour  le  piano,  des  danses  et  des  valses 
pour  l'orchestre,  etc. 

Le  second  musicien  du  nom  de  Schwarz 
(Chrétien)  est  né  à  Wolfenbutlel ,  vraisem- 
blablement de  la  même  famille  qu'André- 
Gottlob  :  il  est  fixé  à  Copenhague,  et  a  publié 
de  sa  composition  :  1°  Sonatine  pour  piano, 
op.  5;  Copenhague,  Lose.  2°  Six  divertisse- 
ments pour  piano,  en  forme  de  valses;  Ham- 
bourg, Bœhmc.  3°  Pot-pourri  sur  des  thèmes 
de  Mozart  et  de  CM.  de  Weber  ;  Copenhague, 
Lose.  4°  Variations  sur  l'air  Non  più  an- 
drai,  op.  2;  ibid.  5°  Plusieurs  recueils  de 
danses,  d'écossaises  et  de  valses. 

J.-G.-A.  Schwarz,  membre  de  la  même  fa- 
mille et  pianiste  comme  le  précédent,  a  publié 
plusieurs  suites  de  petites  pièces  et  de  varia- 
lions  à  Wolfenbutlel,  chez  Hartmann. 


SCHWARZ  —  SCHWEITZER 


441 


SCDWARZ  (Gabriel),  cantor  à  Meinun- 
gen,  né  dans  cette  ville  vers  1812,  est  auteur 
d'un  livre  intitulé  :  Ueber  den  vierstimmig 
Choral-Gesang  fiir  den  gottesdienstlichen 
Gebrauch  der  evangelischen  Kirche,  etc. 
(Sur  le  chant  choral  à  quatre  voix  à  l'usage 
des  fêtes  de  l'église  évângélique,  etc);  Mei- 
nungen,  Besemfelder,  in-8°. 

SCOWEGLER  (Jean-David),  hautboïste 
distingué  et  compositeur,  naquit  le  7  janvier 
1759,  à  Endersbach,  dans  le  Wurtemberg. 
Après  avoir  fait  son  éducation  dans  l'académie 
militaire,  il  fut  destiné  à  embrasser  l'état  de 
marbrier;  mais  il  l'abandonna  pour  la  mu- 
sique. Le  hautbois  fut  l'instrument  qu'il 
choisit;  il  y  fit  de  rapides  progrès.  Son  talent 
le  fil  admettre  dans  la  chapelle  du  duc  de 
Wurtemberg.  Il  mourut  à  Stuttgart,  en  1817. 
Ses  compositions  se  font  remarquer  par  de 
gracieuses  mélodies  et  beaucoup  de  correc- 
tion dans  l'harmonie.  On  connaît  de  lui  seize 
concertos  pour  le  hautbois,  quatre  symphonies 
concertantes,  six  quatuors  pour  le  même  in- 
strument, six  trios  idem,  des  duos,  et  douze 
solos,  plusieurs  concertos,  duos  et  solos  pour 
cor,  clarinette  et  flûte,  des  pièces  d'harmonie 
pour  les  instruments  à  vent,  et  des  chansons 
avec  accompagnement  de  piano.  On  a  imprimé 
de  la  composition  de  cet  artiste  :  1°  Quatre 
quatuors  pour  deux  flûtes  et  deux  cors,  op.  5; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrlel.  2°  Duos  pour 
deux  flûtes,  op.  1  et  2;  ibid.  3°  Douze  chan- 
sons à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano;  ibid. 

SCIIWEIGHOFER  (Jean-Michel),  fils 
d'un  facteur  de  pianos,  est  né  à  Vienne,  en  1806. 
Promberger,  autre  facteur  de  cette  ville, 
l'adopta  dans  sa  jeunesse,  et  lui  fit  commencer 
l'élude  de  la  construction  des  instruments  dans 
ses  ateliers.  A  l'âge  de  dix-neuf  ans  il  voyagea 
pour  augmenter  ses  connaissances  et  visita 
Munich,  Stuttgart,  Carlsruhe,  Strasbourg, 
Paris  et  Londres,  travaillant  chez  les  princi- 
paux facteurs,  et  acquérant  chaque  jour  plus 
d'habileté.  A  son  retour,  il  passa  par  la  Hol- 
lande, les  principales  villesdu  Rhin,  parcourut 
la  Suisse,  l'Italie,  le  Tyrol,  l'Allemagne  mé- 
ridionale, la  Silésie,  la  Pologne  et  termina  ses 
voyages  en  visitant  Odessa,  Berlin  et  Prague. 
De  retour  à  Vienne,  il  y  a  établi,  en  1832,  une 
fabrique  de  pianos  dont  les  produits  sont  re- 
nommés. 

SCIIWEIGL  (Ignace),  violoniste  alle- 
mand, vécut  à  Vienne  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître 
par   une   méthode  pour  le  violon  intitulée  : 


Grundlehreder  violine;  Vienne,  1785,  in-4°. 
Plus  tard,  il  donna  une  deuxième  édition  per- 
fectionnée du  même  ouvrage,  divisée  en  deux 
parties,  sous  ce  titre  :  Perbesserte  Grundlehre 
der  Violin,  zur  Erleichterung  der  Lehrer 
und  zum  Vortheil  der  Schiller  grûndlicher 
Unlerricht ,  die  Violin  zu  spielen ,  etc. 
(Méthode  améliorée  de  violon,  pour  faciliter 
l'enseignement  des  maîtres  et  profiter  aux 
élèves,  etc.),  première  partie;  Vienne,  1794. 
Deuxième  partie,  ibid.,  1795,  in-4°  obi.  On 
trouve  des  exemplaires  de  cette  édition  avec 
l'indication  de  Prague,  chez  Widmann. 

SCH\VEIJ>FLEISCH  (...),  fadeur  d'or- 
gues à  Leipsick,  apprit  les  éléments  de  cet  art 
à  Altenbourg,  chez  Trost,son  oncle  maternel, 
depuis  1751  jusqu'en  1759.  En  1768,  il  con- 
struisit le  bel  orgue  de  l'église  réformée  de 
Leipsick,  composé  de  vingt-cinq  jeux,  deux 
claviers  et  pédale. 

SCHWEITZER  (Antoine),  maître  de 
chapelle  du  duc  de  Gotha,  naquit  en  1737,  à 
Cobourg,  où  le  duc  lui  donna  les  meilleurs 
maîtres,  dès  sa  dixième  année.  Lorsque  son 
éducation  musicale  fut  assez  avancée, il  alla  étu- 
dier la  composition  à  Bayreuth,  chez  le  maître 
de  chapelle  Rleinlrtiechl.  Lorsqu'il  quitta  cette 
ville,  il  se  rendit  à  Hildburghausen ,  dont 
le  prince  le  nomma  directeur  de  sa  musique. 
L'Opéra  de  cette  cour  était  alors  dans  toute  sa 
splendeur,  et  celte  circonstance  décida  de  la 
vocation  de  Schweitzer  pour  la  musique  drama- 
tique. Ses  progrès  décidèrent  le  duc  de  Hild- 
burghausen à  l'envoyer  en  Italie  pendant  trois 
années.  En  1772,  il  accepta  la  position  de  di- 
recteur de  la  musique  du  duc  de  Saxe-Weimar. 
L'incendie  du  château  lui  fit  perdre  cette 
place  ;  il  se  rendit  alors  à  Gotha  avec  la  troupe 
de  Seiler,  et  obtint  la  position  de  maître  de 
chapelle  de  la  cour.  Son  dernier  ouvrage  fut 
un  morceau  de  musique  d'église  qui  devait 
être  exécuté  à  l'occasion  de  la  convocation  des 
États;  il  ne  l'avait  point  encore  achevé,  lors- 
qu'il mourut  d'une  fièvre  ardente,  le  23  no- 
vembre 1787,  à  l'âge  de  cinquante  et  un  ans. 
Son  opéra  d'Alcesle  fut  considéré  comme  son 
meilleur  ouvrage;  il  fut  joué  avec  succès  sur 
la  plupart  des  théâtres  de  l'Allemagne,  et  l'on 
fit  deux  éditions  de  la  partition  réduite  poul- 
ie piano.  On  connaît ,  sous  le  nom  de 
Schweitzer,  les  opéras  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Elisium,  drame  musical;  partition  pour  le 
piano;  Rœnigsberg,  1774.  2°  Alceste,  opéra 
sérieux  de  Wieland;  partition  pour  le  piano; 
Leipsick,  1774,  Berlin,  1786.  3°  Die  Dorfgala 
(le  Gala  de  village),  opéra-comique;  partition 


542 


SCHWE1TZER  -  SCIIWENKE 


pour  le  piano;  Leipsick,  1777.  4°  Derlustige 
Schuster  (le  Cordonnier  joyeux),  opéra- 
comique.  5°  Apollo  tinter  den  Hirten 
(Apollon  parmi  les  bergers),  prologue.  6"  Au- 
rora,  opéra  de  Wieland.  7°  Die  JFahl  des 
Hercules  (le  Choix  d'Hercule).  8°  Die  Stufen 
des  menschlichen  Allers  (les  Périodes  de  la 
vie  humaine),  prologue.  9°  Vahnire  et  Ger- 
trude,  opéra.  10°  Ervin  et  Ehnire,  opéra. 
11°  Das  Fest  der  Thalia  (la  Fête  de  Thalie), 
prologue.  12°  Polixène,  drame.  13°  Pygma- 
Hon,  monodrame.  14u  Rosamunde,  grand 
opéra  de  Wieland.  15°  Die  JFaffen  des 
Achilles,  (les  Armes  d'Achille),  grand  ballet. 
16"  Die  Amazonen  (les  Amazones),  idem. 
Schweilzer  a  écrit  aussi  beaucoup  de  musique 
pour  des  comédies  ou  tragédies,  par  exemple  : 
17°  Ouverture  pour  la  tragédie  de  Richard  If I. 
18°  Musique  pour  Philémon  et  Baucis. 
19°  Idem  pour  Offentlichen  Geheimniss  (le 
Secret  connu  de  tout  le  monde),  etc. 

SCHWEMMER  (Henri),  directeur  de 
musique  de  l'école  de  Saint-Sébald,  à  Nurem- 
berg, naquit  le  28  mais  1621,  à  Guberts- 
hausen,  en  Franconie.  La  guerre  et  la  peste 
l'obligèrent,  dans  sa  jeunesse,  à  s'éloigner  du 
lieu  de  sa  naissance,  pour  se  réfugier  d'abord 
à  Weimar,  puis  à  Cobourg.  En  1641,  il  fré- 
quenta l'école  de  Saint-Sébald  de  Nuremberg, 
et  y  prit  des  leçons  de  musique  de  Kinder- 
inann.  Les  progrès  qu'il  fit  dans  cet  art  lui 
firent  obtenir,  en  1656,  la  place  de  co-direc- 
leur  du  chœur,  conjointement  avec  le  maître 
de  chapelle  Heinlein.  Après  la  mort  de  celui- 
ci,  la  place  de  premier  directeur  de  musique 
fut  donnée  à  Schwcmmer,  en  1670.  C'est  dans 
son  école  que  se  sont  formés  les  célèbres  mu- 
siciens allemands  Jean  Krieger,  Jean  Pachel- 
bel,  Jean-Gabriel  Schtttz,  et  Maximilien  Zeid- 
ler.  Schwemmer  mourut  à  Nuremberg,  le 
26  mai  1696,  à  l'âge  de  soixante-seize  ans. 
Ses  compositions  étaient  fort  estimées  de  son 
temps;  on  n'en  a  rien  publié. 

SCHWENKE  ou  SCIIWErSCRE  (Chrk- 
TiEN-FnÉDÉRic-TiiKopiiiLE  ou  Gottlikb),  né  le 
50  août  1767,  à  Wachenhausen,  dans  le  Harz, 
reçut  les  premières  leçons  de  musique  de  son 
père.  Kirnberger  et  Marpurg  lurent  ensuite 
ses  maîtres  pour  la  théorie  de  la  science  et 
pour  la  composition.  Après  avoir  achevé  ses 
cours  sous  la  direction  de  ces  deux  maîtres,  il 
fréquenta  les  universités  de  Halle  et  de  Leip- 
sick et  s'y  livra  à  l'élude  des  mathématiques 
cl  de  la  philosophie.  Le  1"  octobre  1789,  il 
fut  choisi  pour  succéder  à  Charlcs-Philippc- 
E  m  m  a  nu  il  Bach,  en  qualité  de  cantor  et  de 


directeur  de  musique  de  l'église  Sainte-Cathe- 
rine à  Hambourg,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de 
vingt-deux  ans,  et  le  reste  de  sa  vie  s'écoula 
dans  celte  situation.  Il  mourut  à  Hambourg,  le 
27  octobre  1822,  à  l'âge  de  cinquante-cinq 
ans.  Les  premiers  travaux  de  Schwenke  furent 
des  arrangements  d'opéras  pour  le  piano,  par- 
ticulièrement ceux  de  Mozart,  des  pièces  pour 
piano  et  flùle,  et  des  chansons  avec  accompa- 
gnement de  piano,  gravés  à  Hambourg.  Pour 
l'églisede  Hambourg,  il  a  écrit  plusieurs  can- 
tates, à  l'occasion  du  couronnement  des  em- 
pereurs Léopold  et  François  II,  des  cantates 
pour  Noël,  des  chants  pour  la  fêle  de  Pâques, 
et  pour  beaucoup  d'autres  solennités  de  l'église, 
depuis  1789  jusqu'en  1794.  On  a  aussi  gravé 
ou  imprimé  de  sa  composition  :  1°  Trois  so- 
nates pour  piano  et  violon,  op.  3;  Berlin, 
1792.  2°  Pater  noter,  en  partition  réduite 
pour  le  piano;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haerlel, 
1799,  in-4°.  3"  La  Sérénité  d'âme,  ode  de 
Klopslock,  imprimée  comme  supplément  de 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick ,  première 
année.  Schwenke  a  mérité  aussi  les  éloges  de 
ses  compatriotes  par  l'instrumentation  de 
Y  Adélaïde  de  Beethoven,  et  par  de  nouvelles 
combinaisons  d'orchestre  pour  le  Messie  de 
Hœndel  et  pour  la  messe  en  si  mineur  de 
Jean-Sébastien  Bach. 

SCHWEIVKE  (Jean-FrédéricA,  fils  aîné 
du  précédent,  est  né  à  Hambourg,  le  30  avril 
1792.  Dans  sa  jeunesse,  il  se  livra  particuliè- 
rement à  l'étude  du  violoncelle,  et  reçut  des 
leçons  de  Prell  et  de  Bernard  Romhcrg  pour 
cet  instrument.  Les  règles  de  l'harmonie  et  de 
la  composition  lui  furent  enseignées  par  son 
père.  S'étant  ensuite  attaché  particulièrement 
à  l'orgue,  il  fit  de  grands  progrès  dans  l'art 
d'en  jouer,  et  ses  efforts  furent  récompensés, 
le  2  juillet  1829,  par  la  place  d'organiste  de 
l'église  Saint-Nicolas.  Il  a  écrit  plus  de  trois 
cents  préludes  pour  l'orgue.  On  lui  attribue 
environ  cent  chants  à  quatre  voix,  et  l'har- 
monisation de  soixante  -  quinze  chansons 
russes  à  quatre  parties.  Il  est  aussi  anlcur  d'un 
quintette  pour  quatre  violoncelles  et  contre- 
basse, qualifié  d'admirable  dans  le  Lexique 
de  Schilling.  Enfin,  on  a  de  Jean-Frédéric 
Schwenke  un  bon  livre  choral  intitulé  :  Cho- 
ralbuch  zum  Hamburgischen  Gesangbuche; 
Hambourg,  1832,  in-4°.  Ce  livre  conlient  les 
mélodies  de  tout  le  chant  en  usage  à  Ham- 
bourg, suivi  d'un  appendice  où  l'on  trouve: 
1°  Une  nolice  historique  du  docteur  Rambach 
sur  les  poètes  et  composilcurs  des  chants  cho- 
rals. 2°  Un  catalogue  de  livres  de  chant  qui 


SCHWENKE  -  SCIO 


>43 


contiennent  les  mélodies.  5»  Un  catalogue  des 
auteurs  qui  les  ont  harmonisés.  4°  Le  rit  de 
l'office  divin  à  Hambourg.  5°  Des  notices  et 
des  remarques  à  l'usage  des  organistes  con- 
cernant les  orgues  des  cinq  églises  pricipales 
de  Hambourg.  En  1836,  Schwenke  a  fait 
construire,  sur  ses  propres  plans,  par  le  fac- 
teur d'instruments  J.-G.  SchUltz,  un  grand 
piano  double  avec  pédales,  sur  lequel  quatre 
personnes  peuvent  jouer  à  la  fois  et  produire 
beaucoup  d'effet.  Il  est  mort  à  Hambourg ,  en 
1852. 

SCHWENKE  (Charles),  compositeur  et 
pianiste,  né  à  Hambourg,  le  7  mars  1797,  est 
le  second  fils  de  Charles-Frédéric-Théophile. 
Formé  d'abord  par  les  leçons  de  son  père,  son 
talent  s'est  ensuite  développé  dans  les  voyages 
qu'il  entreprit  dès  sa  dix-seplième  année. 
Stockholm,  Pétersbourg,  Moscou,  Vienne  et 
Taris  sont  les  principales  villes  qu'il  a  visi- 
tées, et  qui  l'ont  arrêté  plus  ou  moins  long- 
temps. Dans  les  derniers  temps,  il  a  publié 
beaucoup  de  compositions  nouvelles  à  Paris. 
Parmi  ses  meilleurs  ouvrages,  on  remarque: 
1°  Sonates  à  quatre  mains  pour  le  piano, 
op.  10,  11  et  10;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Haertel.  2°  Sonate  pour  piano  et  violon  ;  ibid. 
3°  Beaucoup  de  fantaisies  idem,  notamment 
les  œuvres  30,  33,  34,  55,  40,  etc.  ;  Paris, 
Schlesinger.  4°  Beaucoup  de  rondos,  divertis- 
sements, fantaisies  et  thèmes  variés  pour  piano 
seul.  Une  symphonie  de  sa  composition,  à 
grand  orchestre,  a  été  exécutée  dans  un  des 
concerts  de  la  Société  du  Conservatoire,  puis 
à  Hambourg,  en  1845.  Elle  a  été  arrangée 
pour  piano  à  quatre  mains,  et  publiée  à  Ham- 
bourg, chez  Boehme.  Le  malheur  de  Schwenke, 
comme  de  beaucoup  d'autres  artistes  de  mé- 
rite de  nos  jours,  est  d'avoir  été  à  la  solde  des 
éditeurs  de  musique,  sous  la  condition  de  sa- 
crifier le  sentiment  pur  de  l'art  à  la  spéculation 
de  la  mode.  Schwenke  est  retourné  à  Ham- 
bourg en  1844;  je  crois  qu'il  y  vit  encore 
(1804). 

SCIIWENTER  (Daniel),  professeur  de 
langues  orientales  et  de  mathématiques,  in- 
specteur du  collège  et  bibliothécaire  à  Altdorf, 
né  à  Nuremberg,  en  1585,  mourut  à  Altdorf, 
le  19  janvier  1036.  Au  nombre  de  ses  ou- 
vrages, on  en  remarque  un  qui  a  pour  titre  : 
Delicix  physico-mathcmaticx ;  Nuremberg, 
1034;  il  y  traite  de  la  musique. 

SCHWINDEL  ou  SCUWINDL  (Fré- 
déric), compositeur  hollandais,  né  à  Amster- 
dam, vers  1740,  jouait  de  plusieurs  instru- 
ments, entre  autres  de  la  flûte,  du   violon 


et  du  clavecin.  Homme  de  talent,  il  au- 
rait pu  se  faire  dans  sa  patrie  une  situation 
honorable;  mais  ses  dettes  l'obligèrent  à  se 
réfugier  à  Genève,  où  il  établit  un  concert  et 
une  école  de  musique  vers  1776.  Après  quel- 
ques années  de  séjour  en  cette  ville,  il  alla 
s'établir  à  Mulhouse.  Le  mauvais  état  de  ses 
affaires  l'obligea  encore  de  s'éloigner  de  celle- 
ci,  et  de  se  réfugier  à  Lausanne,  en  1786.  II 
n'y  resta  que  peu  de  temps,  car  il  mourut  à 
Carlsruhe,  le  1 1  août  de  la  même  année.  On  a 
imprimé  sous  le  nom  de  cet  artiste  les  compo- 
sitions dont  les  titres  suivent  :  1°  Six  sympho- 
nies pour  deux  violons,  alto,  basse,  deux  haut- 
bois et  deux  cors,  op.  1  ;  Amsterdam.  2°  Six 
idem,  op.  2;  ibid.,  1765.  3°  Six  idem,  op.  ô  ; 
Liège,  1768.  4°  Douze  duos  pour  deux  violons, 
à  l'usage  de  commençants,  op.  4  ;  La  Haye, 
1770.  5°  Six  duos  pour  violon  et  violoncelle, 
op.  6;  Amsterdam.  6°  Six  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  7;  ibid.  7°  Quatre 
trios  pour  clavecin,  violon  et  basse,  op.  8; 
ibid.  8°  Six  duos  pour  violon  et  alto,  op.  10; 
Amsterdam,  1779.  9°  Six  duos  pour  deux 
flûtes;  Paris,  1780.  10°  Six  trios  pour  flûte, 
violon  et  basse;  ibid.  Schwindeî  a  composé 
aussi  la  musique  de  deux  petits  opéras  alle- 
mands intitulés  :  1°  Le  Tombeau  de  l'amour, 
2°  Les  trois  Fermiers,  ainsi  que  eelle  de 
quatre  opéras  français  qui  n'ont  point  été  re- 
présentés. 

SCIO  (Etienne),  violoniste  et  compositeur, 
né  à  Bordeaux,  en  1766,  fut  d'abord  attaché  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  Toulouse,  puis,  en» 
1788,  il  devint  premier  violon  du  grand  théâtre 
de  Marseille,  où  il  écrivit  la  musique  de  plu- 
sieurs ballets  et  divertissements.  Ce  fut  dans 
cette  ville  qu'il  épousa  l'actrice  célèbre  (voyez 
la  notice  suivante),  connue  auparavant  sous  le 
nom  de  mademoiselle  Crécy.  Appelé  à  Paris, 
en  1791,  pour  diriger  l'orchestre  du  théâtre 
Molière,  il  y  fit  représenter  quelques  opéras  de 
circonstance,  tels  que  la  France  jrégénérée, 
en  un  acte  (1791),  le  Réveil  de  Camaillaka 
(1791),  et  le  Sopha  (1792).  Des  mécontente- 
ments décidèrent  Scio  à  quitter  la  direction  du 
théâtre  Molière,  en  1792,  pour  entrer  dans 
l'orchestre  du  théâtre  Feydeau.  Dans  la  même 
année,  il  fit  représenter  à  ce  théâtre  Isidore 
et  Montrose,  opéra  en  deux  actes,  qui  fut  suivi 
de  Lisia,  et  du  Tambourin  de  Provence,  au 
théâtre  de  la  Cité,  en  1793.  Cet  artiste  mourut 
à  Paris,  d'une  phlhisie  pulmonaire,  le  21  février 
1790,  avant  d'avoir  accompli  sa  trentième 
année. 

SCIO  (Julie- Angélique),  femme  du    pré- 


544 


SCIO  -  SCOND1TO 


cèdent,  actrice  et  cantatrice  célèbredel'Opéra- 
Comique,  dont  le  nom  de  famille  était  LE- 
GRAND,  naquit  à  Lille,  en  1 768 .  Un  officier 
delà  garnison  de  celle  ville  l'ayant  enlevée, 
puis  abandonnée,  elle  fut  obligée  de  chercher 
des  ressources  au  théâtre,  et  débuta,  à  l'âge  de 
dix-huit  ans,  sous  le  nom  de  mademoiselle 
CHECY,  dans  l'opéra -comique.  En  1787, 
elle  était  à  Montpellier,  et  y  tenait  déjà  l'em- 
ploi des  premiers  rôles  dans  l'opéra,  car  elle 
obtint  l'année  suivante  un  congé  pour  aller, 
avec  Gaveaux  (voyez  re  nom),  donner  des  re- 
présentations à  Avignon.  Elle  y  eut  tant  de 
succès  dans  les  rôles  d'Agathe,  de  l'Ami  de 
la  maison,  et  de  Colette,  du  Devin  duvillage , 
qu'on  lui  jeta  des  couronnes  et  des  vers,  hon- 
neur qui  ne  se  prodiguait  point  alors.  Engagée, 
en  1789,  au  Grand-Théâtre  de  Marseille,  elle 
y  joua  et  chanta  avec  un  rare  talent  les  rôles 
principaux  de  l'opéra  et  de  l'opéra-comique. 
Ce  fut  là  qu'elle  prit  le  nom  sous  lequel  elle 
s'est  rendue  célèbre,  en  devenant  la  femme 
d'Etienne  Scio,  premier  violon  du  théâtre. 
Boursault-Malherbe,  ayant  alors  quitté  la  di- 
rection du  spectacle  de  Marseille  pour  faire  bâ- 
tir à  Paris  le  théâtre  Molière,  appela  M.  et 
madame  Scio  pour  faire  l'ouverture  de  celui- 
ci,  en  1791.  La  scène  sur  laquelle  elle  parut 
pour  la  première  à  Paris  n'était  pas  digne  de 
son  talent  :  elle  ne  tarda  point  à  la  quitter 
pour  débuter  au  nouvel  Opéra-Comique  de  la 
rue  Feydeau,  en  1792,  et  se  fit  une  brillante 
léputalion  par  la  manière  dont  elle  joua  et 
chanta  plusieurs  rôles,  entre  autres  celnid'Eu- 
phémie,dans  les  f'isitandines.  Le  timbre  pur 
et  métallique  de  sa  voix,  son  instinct  musical, 
l'expression  de  son  chant  et  son  intelligence 
de  la  scène  composaient  l'ensemble  d'un  des 
plus  beaux  talents  qu'il  y  ait  eu  à  l'Opéra-Co- 
niique.  Bientôt  les  rôles  principaux  des  ouvrages 
les  plus  importants  lui  furent  confiés,  et  telle 
lut  la  perfection  qu'elle  y  mit,  que  toutes  les 
cantatrices  qui  s'y  sont  essayées  après  elle 
n'ont  pu  soutenir  la  comparaison.  Parmi  les 
opéras  qui  durent  une  partie  de  leur  succès  au 
talent  de  madame  Scio,  on  remarque  :  la  Ca- 
verne, Roméo  et  Juliette,  Télémaque,  Mon- 
tano  et  Stéphanie,  Aledee,  les  deux  Journées, 
Léonorc  ou  l'Amour  conjugal,  etc.  Elle  ne 
brillait  pas  seulement  dans  le  genre  sérieux  et 
dans  le  drame,  car  on  lui  vit  jouer  avec  autant 
de  gaieté  que  d'esprit  les  rôles  de  Fulbert, 
dans  le  Petit  Matelot,  cl  celui  de  la  Jeune 
l'rude.  Malheureusement  quelques  rôles  écrits 
dans  la  région  élevée  de  la  voix  cl  dans  des 
proportions    trop    fortes,  usèrent  de    bonne 


heure  son  organe,  et  préparèrent  la  maladie 
de  poitrine  qui  la  mit  au  tombeau  à  la  fleur  de 
l'âge.  Demeurée  veuve  en  1796,  elle  épousa, 
quelques  années  après,  Messier,  employé  du 
trésor;  mais  cette  union  ne  fut  pas  heureuse, 
et  les  époux  la  rompirent  d'un  commun  ac- 
cord par  le  divorce.  Après  la  réunion  des  deux 
Opéras-Comiques,  madame  Scio  resta  en  pos- 
session des  premiers  rôles  de  son  emploi  ;  peu 
de  temps  après,  les  symptômes  du  dépérisse- 
ment de  sa  santé  se  firent  apercevoir;  elle 
mourut  à  Paris,  des  suites  d'une  pblhisie  pul- 
monaire, le  14  juillet  1807,  à  l'âge  de  trente- 
neuf  ans. 

SCIUOLI  (Grégoire),  compositeur  napo- 
litain, né  vers  1725,  fit  ses  éludes  musicales 
au  conservatoire  de  la  Pietà  de'  Turchini, 
puis  fut  professeur  d'harmonie  et  d'accompa- 
gnement au  conservatoire  de'  Figliuoli  dis- 
persi  de  Palerme.  Il  fit  représenter  dans  cette 
ville,  en  1749,  Ulisse  errante;  deux  ans  après, 
il  donna  au  théâtre  de  Naples  Achille  in 
Sciro,  en  trois  actes,  puis  la  Merope,  en  trois 
actes.  On  a  gravé  de  sa  composition,  à  Paris, 
en  1770,  six  trios  pour  deux  violons  et  basse, 
op.  1,  et  un  concerlo  pour  flûte,  avec  violon  et 
basse.  On  ignore  l'époque  de  la  mort  de  cet 
artiste. 

SCOLARI  (Joseph),  compositeur  drama- 
tique, né  dans  l'État  vénitien,  vers  1720,  se 
distingua  moins  par  le  savoir  dans  l'art 
d'écrire  que  par  la  nouveauté  des  idées,  la 
grâce  et  l'esprit  de  ses  mélodies.  Les  titres 
connus  de  ses  opéras  sont  les  suivants  : 
1°  Pandolfo,  en  1743.  2°  La  Fata  mara- 
vigliosa,  1740.  3°  L'Olimpiade,  1747.  4°  Il 
f'ello  d'oro,  1749.  5°  Chi  tutto  abbraccia 
nulla  slringe,  Venise,  1 753.  G0  La  C'ascina, 
1756.  7°  Slalira,  1756.8°  La  Conversazione, 
1758.  9°  Artaserse,  1758.  10°  Alessamlro 
mil'  Indie,  1758.  11°  Il  Ciarlalano,  1759. 
12°  La  Buona  fiyliuola  mari  ta  ta,  1762. 
13°  Cajo  Mario,  à  Milan.  13"  (6/$)  Tamcr- 
lano,  en  trois  acles.  14"  La  Famiylia  in 
senmpiglio ,  à  Dresde.  15°  La  Donna  strava- 
gante,  à  Venise,  1766.  16°  La  Scltiava  rico- 
nosciula,  ibid.,  1766.  On  connaît  aussi  en 
manuscrit  une  symphonie  et  un  concerto  pour 
le  violon,  qui  se  trouvaient  autrefois  dans  le 
magasin  de  musique  de  Rreilkopf,  à  Leipsick. 

SCORDITO  (le  duc  Capue),  amateur  dis- 
tingué, né  à  Naples,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  vivait  encore  dans  celle 
ville,  en  1849.  Il  eut  pour  mailres  de  compo- 
sition Fcnaroli  et  Tritio.  lia  beaucoup  écrit  ; 
mais  ses  ouvrages  sont  restés  en  manuscrit. 


SG0ND1T0  -  SCOUPIONE 


:,  i  '. 


Parmi  ses  productions  se  trouvent  :  1°  Eulimo 
di  Locri,  cantate  à  quatre  voix  avec  chœurs. 
2°  La  Danza,  cantate  à  deux  voix.  5U  Psiclie 
nella  regia  di  amore,  cantate  à  trois  voix 
avec  chœurs.  4"  La  Corona  di  rose,  canlale  h 
trois  voix.  5°  Hriseide,  drame  en  deux  actes, 
fi"  Angelica  e  Medoro,  cantate  à  quatre  voix 
avec  chœurs.  7°  Jrianna  e  Bacco,  cantate  à 
deux  voix.  Beaucoup  d'autres  cantates  à  deux 
voix  el  à  voix  seule.  8°  Une  Messe,  un  Credo  et 
in  Dixit,  à  quatre  voix  et  orchestre.  9"  1  )  <  *  s 
Canzones  et  des  duos  avec  accompagnement 
de  piano. 

SCOPPA  (Antoink),  abbé  el  grammairien 
italien,  né  à  Messine,  dans  la  Sicile,  en  1702, 
fut  longtemps  professeur  de  langues  à  Rome, 
et  ne  quitta  celte  ville  que  pour  s'établir  à 
Paris,  vers  1805.  Il  y  obtint  un  emploi  à  l'uni- 
versité, et  enseigna  les  langues  latine  et  ita- 
lienne dans  quelques  instituts  d'éducation. 
Après  la  restauration,  l'abbé  Scoppa  retourna 
à  Naples,  où  il  fut  bien  accueilli  par  le  roi, 
qui  le  chargea  de  l'organisation  de  quelques 
écoles  d'enseignement  mutuel.  Le  zèle  qu'il 
déploya  dans  celle  mission  lui  causa  une  ma- 
ladie inflammatoire  qui  le  conduisit  au  tom- 
beau, le  15  octobre  1817.  L'abbé  Scoppa  est 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  concernant  la 
grammaire  de  la  langue  italienne,  et  d'un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Les  vrais  principes  de 
la  versification  développés  par  un  examen 
comparatif  entre  la  langue  italienne  et  la 
langue  française;  Paris,  veuve  Courcier, 
181 1-1814,  trois  volumes  in-8"  aVec cinquante- 
six  planches  de  musique.  L'auteur  établit 
d'abord  qu'il  y  a  trois  systèmes  de  versifica- 
tion, savoir  :  1°  La  versification  métrique,  qui 
fut  celle  des  Grecs  et  îles  Latins.  2°  La  versi- 
(ication  rhylhmique,  qui  n'est  qu'une  versifi- 
cation métrique  irrégulière,  où  des  pieds 
rhylhmiques,  composés  du  même  nombre  de 
syllabes,  sont  substitués  aux  pieds  métriques 
analogues,  sans  égard  aux  valeurs  prosodiques, 
et  même  souvent  à  la  position  de  l'accent. 
3°  La  versification  harmonique,  basée  sur  la 
quantité  des  syllabes  divisée  par  la  césure,  et 
harmonisée  par  la  rime.  Suivant  l'opinion 
émise  par  le  P.  Sacchi,  en  1770,  dans  ses  dis- 
sertations intitulées  :  Délia  divisione  del 
tempo  nella  musica,  nel  ballo,  e  nella  poesia, 
l'abbé  Scoppa  établit  que  la  versification 
rhylhmique  renferme  le  lien  et  le  principe 
commun  de  toute  versification  :  il  croit  que  ce 
principe,  appliqué  à  la  versification  française, 
peut  rendre  la  poésie  de  celle  langue  aussi 
harmonieuse  et  aussi  favorable  à  la  musique 

BIOCR.    UNIV.    I)i:s   MUSICIENS.    —    I.    VU. 


que  la  poésie  italienne.  Lés  analyses  auxquelles 
il  se  livre  à  cel  égard  sonl  pleines  d'intérêt. 
Dans  la  seconde  partie  de  son  livre,  l'abbé 
Scoppa  s'occupe  spécialement  de  l'union  de  la 
poésie  el  de  la  musique,  et  ses  efforts  oui  pour 
butde  démontrer  qu'il  n'y  a  de  propres  au  chant 
que  les  vers  qui  renferment  les  pieds  rhylhmi- 
ques adoptés  par  lui,  et  qui  rentrent  dans  ses 
formules.  Son  erreur  vienl,  comme  celle  de 
l'abbé  Baini  (voyez  ce  nom),  de  ce  qu'il  n'a 
point  vu  que,  dans  la  musique  moderne,  le 
rbylhme  musical  absorbe  le  rhylhme poétique, 
comme  le  mètre  poétique  des  anciens  absor- 
bait le  rhylhme  musical.  Choron  a  fait  un  bon 
rapport  à  la  quatrième  classe  de  l'Institut  de 
France  sur  le  livre  de  Scoppa;  ce  morceau  de 
critique  a  été  publié  sous  ce  litre  :  Rapport 
présenté  au  nom  de  la  section  de  musique, 
et  adopté  par  la  classe  des  beaux-arts  de 
l'Institut  impérial  de  France,  dans  ses 
séances  du  18  avril  et  des  2  et  9  mai  1812, 
sur  un  ouvrage  intitulé  :  Les  vrais  principes 
de  la  versification,  etc.;  Paris,  F.  Didol,  1812, 
in-4°  de  soixante-quatre  pages.  Scoppa  a  fait 
un  extrait  de  son  grand  ouvrage,  et  l'a  publié 
sous  ce  titre  :  Des  beautés  poétiques  de  toutes 
les  langues,  considérées  sous  le  rapport  de 
l'accent  et  du  rhylhme;  Paris,  F.  Didol,  181(5, 
in8°. 

SCOUPIOI\E  (Dominique),  né  vers  1(155, 
à  Rossano,  ville  de  la  Calabre,  entra  dans  sa 
jeunesse  chez  les  grands  cordeliers,  appelés 
mineurs  conventuels,  de  celte  ville.  Après 
avoir  rempli  quelque  temps  les  fonctions  de 
maitie  de  chapelle  iln  couvent  de  son  ordre,  à 
Rome,  il  fui  appelé  en  la  même  qualité  à  la 
cathédrale  de  Messine.  En  1701,  il  quitta  celle 
ville  pour  aller  au  couvent  de  Saint-François, 
à  Bénévent,  où  l'archevêque  Orsini  le  nomma 
maître  de  chapelle  du  séminaire.  Il  parait 
avoir  terminé  ses  jours  en  ce  lieu.  Le  P.  Scor- 
pione  s'est  fait  connaître  par  quelques  com- 
positions, parmi  lesquelles  on  remarque  : 
1°  Sacra  modidamine  una  cum  lilanix 
B.  M.  V.  a  2  e  3  voci,  op.  1  ;  Bologne,  Jac- 
ques Monli,  1G72. 2°Comp*e<àda  Cappella  con 
le  quattro  Antifoneelle  litanie  délia  B.  V.  M . 
a  5  voci,  op.  2;  ibid.,  1073.  3"  Moltelti  a 
2,  3,  4  voci  con  una  Messa  concertata  a 
5  voci,  lib.  2,  op.  5;  Rome,  Jean  Muzio,  1f»75. 
On  a  aussi  du  P.  Scorpione  deux  ouvrages  où 
l'on  trouve  de  bonnes  choses  sur  la  musique; 
le  premier  a  pour  titre  :  Riflessioni  armoni- 
che;  Naples,  1701,  in-4°.  Le  second  est  un 
traité  historique  et  théorique  du  plain-chanl, 
intitulé  :  Lstruzioni  corali  non  meno  utili 

35 


54G 


SCORPIONE  —  SCUDO 


che  uecessarie  a  chimique  desidcra  cssere 
vero  professore  dei  canto  piano;  Bénévent, 
1702,  un  volume  in-4'"  rie  cent  soixante -deux 
pages.  Après  le  titre  de  l'ouvrage,  on  lit 
Opéra  settima;  les  autres  productions  du 
P.  Scorpione  sont  sans  doute  des  compositions 
pour  l'église,  dont  la  nature  n'est  pas  connue 
jusqu'à  ce  jour. 

SCOTTI  (Baiithoi.ohé),  maître  rie  chapelle 
de'  Santi  Crocifici,  à  Como,  naquit  dans  pelle 
ville,  en  1770,  et  fil  ses  éludes  musicales  sous 
la  direction  de  l'abbé  Pasqiiale  Ricci.  En  181 1 , 
il  a  fait  exécuter,  dans  l'église  dont  il  était 
maître  de  chapelle,  de  beaux  motels  et  psau- 
mes de  sa  composition,  tous  les  vendredis  du 
carême. 

SCOTTO  (Ottavuno),  imprimeur  «le  mu- 
sique, naquit  à  Itlonza  (Lomharriie),  dans  les 
premières  années  du  seizième  siècle,  ou  vers 
la  fin  du  quinzième.  Il  s'établit  à  Venise,  et, 
comme  Marcolini  rie  Foili,  imprima  avec  les 
caractères  inventés  par  Ollaviano  dei  Petrucci 
(voyez  ce  nom).  Le  plus  ancien  ouvrage  connu, 
produit  de  ses  presses,  est  celui  qui  a  pour 
lilre  :  ftitavolalnra  de  U  Madrigali  di  Fer- 
delotto  da  cantare  et  sonare  nel  laulo>  inta- 
volati  per  Messer  Adriano  (Willaert),  no- 
vamente  slampala  et  con  orjni  diligentia 
corretla.  On  n'y  trouve  pas  son  nom,  mais  sa 
marque,  c'est-à-dire  une  sphère  avec  celte 
inscription  :  Fumant  e.rtemlere  factis  est  vif- 
tutis  opus.  Dans  la  sphère  même,  se  trouvent 
les  initiales  0.  S  M.  (Oclavianus  Scotits  Mo- 
doè'tiensis).  Deux  pages  plus  loin  est  la  date 
M.  L.  XXXVI,  et  au-dessous  ces  mots  :  Cum 
gralia  et  privilegio.  Ce  rare  volume  est  a  la 
bibliothèque  impériale  île  Vienne,  Dans  la  bi- 
bliothèque du  Lycée  communal  de  Bologne  on 
trouve  :  Ferdelotto.  Madrigali  a  4  voci.  In 
Fenelia,per  Ociaviano  Scolto,  1537.  La  bi- 
bliothèque royale  de  Munich  possède  les  ou  - 
v rages  suivants,  imprimés  par  Oclavien 
Scotlo  :  1"  //  secundo  libro  di  Madrigali  di 
!  erdelotto  insinue  con  alcmti  altri  betlis- 
simt  Madrigali  di  Adriano  e  di  Constanlio 
Festa;  sans  nom  rie  lieu,  1557.  2"  Dei  Ma- 
drigali de  Ferdelotto  c  di  altri  aulori  a  cin- 
quevoci, libro  secondo: sa ns  nom  rie  lieu,  1558. 
5"  //  terzo  libro  di  Madrigali  di  Ferdelotto; 
sans  nom  rie  lieu,  1557.  4°  Adrian  Il  illaerl. 
Mittccta  quatuor  vocuni.  liber  priants.  Ve- 
netiit,  1550,  per  Braudinumel  OclavianUm 
,'cotum. 

SCOTTO,  et  quelquefois  SCOTO  (Ji- 
ROMk),  imprimeur  rie  musique  à  Venise,  rrai- 
vmlil.iliicinnit  (ils  du  précédent,  commença  à 


imprimer  en  1530,  eut  un  établissement  con- 
sidérable, et  milan  jour  un  très-grand  nombre 
d'œuvres  ries  maîtres  rie  son  temps.  Il  était 
aussi  musicien,  et  l'on  a  rie  sa  composition  : 
//  primo  libro  de  Madrigali  a  2  voci.  Fe- 
itetia,  app.  Girolamo  Scotto,  1551,  petit 
in  -4°  obi.  Il  y  a  une  seconde  édition  rie  cet  ou- 
vrage, imprimée  par  l'auteur,  en  1572.  On 
connaît  aussi  un  recueil  rie  Madrigaux  à  quatre 
voix,  sous  le  nom  rie  Scotto,  imprimé  par  lui 
à  Venise,  en  1542,  avec  quelques  madrigaux 
d'Adrien  Willaert.  Jérôme  Scotlo  mourut  à 
Venise,  en  1573  :  ses  fils  lui  succédèrent. 

SCRIBA3\0  (Jean),  chapelain  chantre  rie 
la  chapelle  pontificale  rie  Rome,  naquit  en  Es- 
pagne, rians  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle.  Après  y  avoir  fait  ses  études  littéraires 
et  musicales,  il  entra  dans  les  ordres,  puis  se 
rendit  à  Rome,  où  il  fut  admis  dans  la  chapelle 
pontificale.  Il  y  brillait,  au  commencement  du 
seizième  siècle.  Quelques  messes  et  motets  île 
sa  composition  sont  parmi  les  manuscrits  du 
la  chapelle  Sixline. 

SCUDO  (P.),  critique,  né  à  Venise,  rians 
les  premières  années  riu  riix-neuvième  siècle, 
était  âgé  d'environ  dix-neuf  ans  lorsqu'il  fut 
admis  dans  l'institution  musicale  que  Choron 
dirigeait  à  Paris.  Ce  fut  là  que  je  le  connus 
d'abord.  Les  circonstances  qui  l'amenèrent  en 
France  me  sont  inconnues.  Ses  manières  excen- 
triques amusaient  beaucoup  ses  condisciples, 
dont  quelques-uns,  à  la  lête  desquels  se  place 
Gilbert  Dupiez,  sont  devenus  des  artisles  rie 
mérite.  Lorsque  Choron  me  parlait  rie  son 
pensionnaire  vénitien, il  rappelailso/tpOM/7<m. 
Sa  voix  était  médiocre  et  son  éducation  vocale 
à  peu  près  nulle;  mais  il  avait  rie  l'intelli- 
gence, l'instinct  italien,  et  beaucoup  d'assu- 
rance en  lui-même.  Incessamment  occupé  de 
musique  dans  l'école  où  il  était  entré,  son 
instruction  pratique  se  développa  par  l'étude 
des  œuvres  classiques  que  Choron  faisait  exé- 
cuter par  ses  élèves  à  peu  près  exclusivement. 
L'enseignement  technique  du  chant  et  de  la 
vocalisation  n'était  pratiqué  que  d'une  manière 
fort  imparfaite  dans  l'institution  qu'il  iliri» 
geait;  en  sorte  que  M.  Scuilo  n'apprit  pas  cet 
ail  dans  les  conditions  normales.  Cependant, 
ce  l'ut  lui  qu'on  choisit,  en  1824,  en  sa  qualité 
d'Italien,  pour  chanter  un  des  rôles  secon- 
daires du  Fiaggio  à  Reims,  opéra  de  circon-, 
siance  écrit  par  Rossini  à  l'occasion  du  sacre 
de  Charles  X.  Un  des  résultats  de  la  révolution 
des  journées  de  juillet  1830  ayant  élé  l'anéan- 
lisscmenl  de  l'institution  rie  musique  reli- 
gieuse dirigée  par  Choron,  M.  Scudo  dut  eu 


SC11D0 


sortir,  ainsi  que  les  autres  élèves  adultes,  et 
chercher  comme  eux  une  position  :  je  le  perdis 
de  vue  à  cette  époque.  Suivant  les  renseigne- 
ments que  j'ai  recueillis,  il  entra  dans  la  mu- 
sique d'un  régiment  pour  y  jouer  la  seconde 
clarinette,  et  il  était  en  garnison  à  Nantes,  en 
18Ô2;  circonstance  qui  m'étonne,  car  je 
n'avais  pas  eu  connaissance,  autrefois,  qu'il 
jouât  d'un  instrument.  A  la  même  époque,  il 
s'était,  dit-on,  passionné  pour  les  opinions  des 
lliéosophes, secte  deréve-creuxen  philosophie, 
qui,  au  seizième  siècle,  eut  pour  chef  Para- 
celsc,  et  qui  compta  parmi  ses  partisans  Jac- 
ques Bœhm,  Corneille  Agrippa,  Van  Helmont, 
ce  fou  de  Robert  Flud  (voyez  ce  nom),  auteur 
d'une  ridicule  Architectonie  de  la  musique; 
enfin.  Saint-Martin,  qui  en  préconisait  les  idées 
à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Quelles  que 
soient  les  causes  qui  introduisirent  M.  Scudo 
dans  les  nébuleuses  doctrines  de  cette  secte,  il 
parait  certain  qu'elles  eurent  pour  effet  de 
l'initier  aux  notions  élémentaires  de  la  philo- 
sophie, et  de  faire  naître  en  lui  le  goût  de 
certaines  études  auxquelles  il  n'avait  pas  songé 
auparavant.  De  retour  à  Paris,  il  s'y  livra  à 
l'enseignement  de  la  musique  vocale  et  publia 
des  romances.  J'ignore  quelle  était  la  valeur 
des  hçons  de  chant  qu'il  donnait,  mais  ses 
romances  (!),  je  les  connais.  Cela  s'appelait 
l'Aurore,  les  Bluets,  la  Captive,  Chant 
vénitien.  Fleur  de  l'âme,  Partez,  dme  chré- 
tienne, les  Regrets  du  chévrier,  la  Sérénade 
napolitaine,  Souvenir,  Ton  regard,  le  Vœu, 
la  Baigneuse,  Résignation,  Ecoutez,  la 
cloche  sonne,  le  Dante,  Boutade,  les  deux 
Anges,  l'Aveu,  le  Fil  de  la  Vierge,  l'Hiron- 
delle et  le  Prisonnier,  etc.  Je  ne  m'étonne 
pas  que,  dans  tout  cela,  il  n'y  ait  pas  une  idée, 
pas  une  phrase  qui  mérite  d'être  citée,  ou  qui 
ne  ressemble  à  ce  que  tout  le  monde  connaît  ; 
M.  Scudo  n'est  pas  le  seul  qui  fasse  de  mau- 
vaises romances;  mais  ce  qui  n'est  pas  ordi- 
naire, ce  sont  les  niaiseries  de  l'harmonie 
dans  ses  accompagnements  de  piano,  quand 
ce  ne  sont  pas  des  monstruosités;  ce  sont  les 
phrases  mal  rbylhmées  et  boiteuses;  les 
contresens  de  repos  dans  la  musique  avant  le 
repos  du  vers;  enfin,  cent  fautes  d'écolier  mal 
enseigné.  Je  ne  puis  relever  ici  tout  cela  par 
des  extraits  notés;  mais  je  crois  devoir  indi- 
quer aux  musiciens  instruits  les  romances 
intitulées  :  le  Dante,  la  Baigneuse,  et  sur- 
tout Souvenir,  ou  toutes  les  fautes  d'har- 
monie et  de  phrasé  semblent  avoir  été  ac- 
cumulées à  plaisir.  Ils  connaîtront  ,  par 
l'examen  de  ces  pièces,  quelle  est  la  portée 


de  M.  Scudo  comme  compositeur  et  comme 
harmoniste. 

Il  n'est  pas  rare,  à  l'époque  actuelle,  de  voir 
les  artistes  se  réfugier  dans  la  presse,  à  défaut 
de  succès  dans  leur  art.  M.  Scudo  nous  offre  un 
exemple  fort  heureux  de  ce  changement  de  po- 
sition ;  car,  ayant  eu  la  bonne  fortune  d'être  ad- 
mis au  nombre  des  rédacteurs  de  la  Revue  des 
Deux-Mondes,  recueil  excellent  auquel  les 
hommes  les  plus  considérables  de  France,  dans 
la  science  et  dans  la  littérature,  ont  pris  part, 
ses  revues  de  musique  se  sont  répandues  sous 
leur  patronage.  Il  est  juste  de  dire  qu'entre 
l'élève  du  pensionnat  Choron  et  le  rédacteur 
du  feuilleton  musical  de  la  Revue  des  Deux- 
Mondes,  il  y  a  loin  :  c'est  encore  le  même  ca- 
ractère, la  même  confiance  en  soi-même  et  le 
même  penchant  aux  boutades  excentriques; 
mais  le  collaborateur  de  la  Revue  a  fait  effort 
pour  s'instruire;  il  a  beaucoup  lu  et  possède 
sur  beaucoup  de  choses  une  certaine  somme 
de  connaissances  générales  dont  l'élève  de 
l'école  de  musique  religieuse  n'avait  pas  les 
premières  notions.  Malheureusement,  ce  qui 
lui  manque,  c'est  d'être  suffisamment  musi- 
cien pour  entrer  dans  la  vraie  critique  analy- 
tique. Obligé,  par  ce  défaut  de  connaissances 
techniques,  de  se  réfugier  dans  les  généralités 
et  de  faire,  suivant  son  expression,  ses  ré- 
serves, quand  il  veut  dissimuler  son  igno- 
rance des  choses  dont  il  parle;  empruntant  du 
reste,  çà  et  là,  les  choses  toutes  faites  dont  il  a 
besoin;  il  ne  peut  éviter  que  des  yeux  exercés 
ne  pénètrent  le  mystère  de  ses  embarras. 
M.  Marselli  (voyez  ce  nom),  philosophe  napo- 
litain et  auteur  du  livre  intitulé  :  laRagione 
délia  Musica  moderna,  appelle  M.  Scudo  un 
des  coryphées  de  la  critique  vulgaire  (1), 
parce  que  la  critique  plus  élevée  ne  procède 
pas  par  des  jugements  absolus  comme  celle  de 
M.  Scudo;  que  cette  critique,  sincère  autant 
qu'éclairée,  examine,  analyse,  fait  la  part  îles 
qualités  et  celle  des  défauts;  qu'elle  ne  se 
[tresse  pas  de  conclure  et  n'affecte  pas  les  al- 
lures de  pédant  de  collège  à  l'égard  de  ceux 
dont  elle  apprécie  les  œuvres  et  le  talent.  La 
critique  vulgaire,  au  contraire,  a  tous  les  dé- 
fauts que  l'autre  évite,  outre  celui  de  l'insuffi- 
sance des  lumières.  C'est  de  la  critique  de  tem- 
pérament; en  un  mot,  ce  n'est  rien,  et  son 
existence  n'est  que  d'un  jour.  Les  airs  hau- 
tains et  l'âprelé  du  langage  ne  sont  bienséants 
pour  personne  ;  mais  quand  on  a  été  chanteur 

(I)  A  fine  di  poire  in  rilievo  il  callivo  andazzo  d'una 
I'.iUj  rrilica,  Iiu  preso  a  purbredi  M.  Scudo,  parendomj 
liiiode'  (.orilti  dclla  crilica  vuljjare,  etc. 


i4S 


SCUDO  -  SCULTETfS 


sans  talent,  seconde  clarinette  dans  un  corps 
île  musique  militaire,  quand  on  a  écrit  de  la 
musique  dont  pas  une  phrase  n'a  été  remar- 
quée ni  retenue;  enfin,  quand  on  a  fait  des 
énormités  de  tout  genre  dans  cette  musique,  la 
modestie  est  de  nécessité  absolue.  M.  Scudo  a 
écrit  dans  un  journal  (l'Art  musical),  qu'on 
est  toujours  le  fils  de  quelqu'un  et  qu'en  cri- 
tique il  est  le  mien  :  s'il  en  est  ainsi,  je  re- 
grette que  l'éducation  et  l'instruction  musicale 
de  cet  enfant  aient  été  trop  négligées. 

M.  Scudo  a  réuni  en  volumes  la  plupart  de 
ses  articles  insérés  dans  la  Revue  des  Deux- 
Mondes,  et  les  a  publiés  sous  les  titres  sui- 
vants :  1°  Critique  et  littérature  musicale; 
Paris,  Amyot,  1850,  un  volume  in-8°. 
2°  L'Art  ancien  et  moderne;  nouveaux  mé- 
langes de  critique  et  de  littérature  musicales; 
Paris,  Garnier  frères,  1854,  un  volume  in-1 8. 
5°  Critique  et  littérature  musicales;  deuxième 
série;  Paris,  L.  Hachette,  1859,  un  volume 
in-18.    4n    L'Année    musicale,    ou   revue 


annuelle  des  théâtres  lyriques  et  des  con- 
certs, etc.;  ibid.,  18G0-1865,  quatre  volumes 
in-18.  5°  Le  Chevalier  Sarti;  ibid.,  1857,  un 
volume  in-18.  Ce  dernier  volume  est  une 
sorlede  roman  musical,  dont  les  éléments  sont 
pris  un  peu  partout. 

SCULTETUSouSCULPTETUS 
(Jean),  compositeur  allemand,  vivait  à  Lune- 
bourg  ,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  Son  véritable  nom  allemand  est  ignoré. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  un  recueil  de 
motets  intitulé  :  Thésaurus  musicus  continens 
cantiones  sacras  5-16  vocum;  Lunebourg, 
1621,  in-4°. 

SCULTETUS  (Georges),  né  dans  la 
dernière  moitié  du  dix-septième  siècle,  au 
village  de  Rutsenz  (Silésie),  fit  ses  études  à 
Wittenberg,  et  y  publia  une  dissertation  inti- 
tulée :  Jfymnopœi  Silesiorum;  1711,  in-8° 
de  soixante-quatre  pages.  Cet  écrit  ne  con- 
tient que  de  courtes  indications  biographiques 
sur  les  auteurs  des  chants  du  culte  protestant. 


FIN    DU    TOME   SF.PTIEUB. 


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