BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
TOME SEPTIÈME
TVPOGRAPHIK PE II. FIVMIN niDOT. — MESNIL (EURE).
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
ET
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE
DEUXIÈME ÉDITION
ENTIÈREMENT REFONDUE ET AUGMENTÉE DE PLUS DE MOITIÉ
PAR F. J. FÉTIS
mà'itrb de chapelle du boi des belges
dinecteur du conservatoirk royal de musique de bruxelles, rtc.
TOME SEPTIEME
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN DÏDOT FRÈRES, FILS ET C"
IMPRIMEURS DE l'iNSTITUT, RUE JACOB, 56
1864
Tous droiU réservés
ML
f4-2
/gg 3
^
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
PEROTTI (Jeas-Domiîiique), né à Ver-
ccil en 1760, fil ses études musicales à Milan,
sous la direction de Fiorini, maître de cha-
pelle de la cathédrale de cette ville; et après
trois ans de travaux près de ce maître, il se
rendit à Bologne, où il reçut des conseils du
P. Martini pendant une année. De retour à
Vcrceil, il accepta la place de maître de cha-
pelle de la cathédrale. Il en remplissait encore
les fonctions en 1820. Les renseignements
sur sa personne s'arrêtent à cette époque ; on
sait seulement qu'il avait obtenu le titre de
maître de musique de la reine de Sardaigne.
Perotti a fait représenter, en 1788, à Alexan-
drie de la Paille, l'opéra intitulé iZemirae
Condarte, puis il fit jouer, à Rome, y/i/esi/ao,
en 1789. On dit qu'il a aussi donné quelques
autres opéras au théâtre Argentina de Rome,
et à celui de la Fenice, à Venise; mais les
titres n'en sont pas connus. Ce maître a écrit
beaucoup de musique d'église, pour le service
de la cathédrale de Verceil.
PEUOTTI(Jean-Augustis), frère d» pré-
cédent, naquit à Verceil en 1774, et fut dirigé
dans ses études par Jean-Dominique Perotti.
Plus tard, il se rendit à Bologne pour y
prendre des leçons de contrepoint de Matlei.
Pendant son séjour en cette ville, il obtint le
litre de membre de l'Académie des Philhar-
moniques. A l'âge de vingt et un ans, il com-
mença à composer pour l'église, pour la
chambre et pour le théâtre. Son premier
opéra, intilulé la Contadina nobile, fut re-
présenté à Pise, en 1795. L'année suivante, il
fut appelé à Vienne, pour écrire la musique
de quelques ballets, et remplir les fonctions
d'accompagnateur de l'Opéra italien. En
BlOCn. UMV. DES MUSICIENS. T. TH.
1798, il était à Londres en la même qualilé;
il y refit presque en entier VAlessandro e Ti-
moteo de Sarti, qui fut joué dans la saison de
1800. Il y fit aussi graver deux œuvres de so-
nates de piano. De retour en Italie, il s^fixa
à Venise, oit il fut admis dans la Société acadé-
mique des Sofronomi, ainsi qu'à l'Académie
littéraire vénitienne. Ce fut pour son admis-
sion «lans celle dernière Société qu'il composa
VEsopo, poème facétieux in sesta rima. En
1811, la Société italienne des sciences et ans
de Livourne mit au concours cette question :
Dimostrare lo stato attuale délia musica in
Italia; Perolti envoya, pour sa solution, un
mémoire qui fut couronné, et qu'on a imprimé
sous ce litre : Dissertazione di Giannagos-
tino Perotti di Fercelli, Jcademico filarmo-
nico, etc., sullo ttato attuale délia musica
ilaliana, coronata dalla socielà italiana
di scienze, lettere ed arti il di XXIF giugno
MDCCCXI; Venise, Picotti, 1812, in -8° de
cent vingt pages. Cette dissertation, dont il a
été fait une analyse dans le quinzième volume
de la Gazette musicale de Leipsicl: (p. 3, 17,
41), a été traduite en français par Brack
{voyez ce nom); la traduction française est
intitulée : Dissertation sur l'état actuel de
la musique en Italie; Gènes, 1812, in-S" de
cent vingt-huit pages. Il y a quelques bons
renseignements, dans ce morceau historique,
sur la musique italienne vers les dernières
années du dix-huitième siècle et au com-
mencement du dix-neuvième. On a aussi
de Perotti un petit poëme intitulé : Il buon
gusto délia musica ; Venise, Zerletti, 1808,
in-8» de vingt-huit pages. Il a écrit beaucoup
de musique d'église qui est estimée. Après
1
PEROTTI — PERRINO
avoir (lé couronné par la Sociélé ilalicnncdcs
sciences etarls, il devint un de ses membres.
En 1812, il avail obtenu la survivance de la
place de maître de chapelle de Saint-Marc de
Venise; il devint titulaire de cette place le
2 mai 1817, après la mort de Furlanetto.
PERRAL'LT (Claude), architecte devenu
célèbre par la construction de la colonnade du
Louvre, naquit à Paris en 1613. Son père,
avocat au parlement, lui fit étudier la méde-
cine, l'anatomie et les mathématiques. Chargé
par Colbcrt de la traduction des œuvres de
Vilruve, il prit, en lisanl cet auteur, tant de
goût pour l'architecture , qu'il résolut de
se livrer à la culture de cet art. Admis, en
Î6GG, au nombre des membres de l'Acadé-
mie royale des sciences, nouvellement établie,
il se montra digne de cet honneur par ses
travaux et par ses écrits. Il mourut à Paris, le
9 octobre 1G88. Dans sa traduction de Vilruve,
publiée à Paris en 1G75, un volume in-folio,
il a donné une explication à peu près inintelli-
gible de l'orgue hydraulique décrit par cet
écrivain de l'antiquité, avec des figures de
l'instrument , purement imaginaires. Les
Essais de Physique de Claude Perrault
(Paris, 1G80, deux volumes in-4'', ou 1G84,
quatre volumes ia-12) renferment une Dis-
sertation sur la musique des anciens.
PERR.ilJLÏ (Charles), frère du précé-
dent, naquit à Paris, le 12 janvier 1G28.
Après avoir fait ses études au collège de
Beauvais, il obtint la place de premier com-
mis de la surintendance des bâtiments du roi.
Plus tard, H eut le titre de contrôleur général
des bâtiments, et fut admis à l'Académie
française. Il mourut à Pans, le IG mai 1705.
On connaît ses discussions avec Boileau con-
cernant la supériorité des anciens ou des
modernes dans la culture des lettres et des
arts. Il a écrit à ce sujet le livre intitulé :
Parallèle des Anciens et des Modernes en ce
qui regarde les arts et les sciences ; Varis^
1G80-1G96, quatre volumes in-12 ; assez mau-
vais livre, sous le rapport du style et sous ce-
lui de la doctrine littéraire, mais où l'on
trouve de bonnes choses concernant les sciences
et les arts, particulièrement sur la musique
des anciens.
PKRRIN (...), né à Bourg-en -Bresse, dans
la première moitié du dix-septième siècle, fut
un habile joueur de musette et fabriqua de
bons instruments de ce genre (voyez le Traité
de ta musette, de Borjon (p. SU).
I'KIIRII>E ( ), musicien français et
luthiste de la fin du dix-septième siècle, a fiit
graver tine Table pour apprendre à toucher
le luth sur les notes chiffrées de la basse
continue (sans date).
PERRIKO (Marcello), recteur et admi-
nistrateur du collège de musique de Saint-Sé-
bastien, à Naples, dans les premières années
du dix-huitième siècle, naquit dans cette ville
vers 17G5. Il était fils d'un avocat et fut des-
tiné par son père à suivre la carrière du bar-
reau. Après avoir terminé de bonnes études
littéraires et scientifiques, il fit son cours de
droit et fréquenta les tribunaux, mais sans goût
pour la profession qu'on voulait lui faire em-
brasser, et préoccupé de son penchant pour la
musique, qu'il avait apprise dans sa jeunesse.
Sans autre instruction que celle qu'il avait pu
acquérir par la lecture des oeuvres classiques,
il se hasarda sur la scène et fit jouer, au
théâtre Saint-Charles, Ulisse ne//' isola di
Ctrce, suivi, quelques années après, de l'O/im-
piade. Le marquis de Villarosa dit (1) que
ces ouvrages procurèrent à Perrino sa nomi-
nation, au mois de février 180G, à la place de
directeur du collège royal de musique ; mais
il est plus vraisemblable qu'il dut cette posi-
tion à ses relations sociales ; car les partitions
d't'7me et d'une Passion, que j'ai vues à la
bibliothèque du collège royal de musique, à
Naples, sont des oeuvres dépourvues de mé-
rite. On connaît aussi de lui un Christus, un
Miserere, des airs détachés et des cantates. Il
s'est particulièrement fait connaître par les
ouvrages suivants : 1" Osservazioni sul
canto; Naples, Terni, 1810, in-4"'. Cette édi-
tion est la seconde de l'ouvrage; j'ignore la
date de la première. Ce livre a été traduit en
français par Auguste Blondcau, sous ce litre :
Nouvelle méthode de chant de Marcello Per-
rino, précédée : 1" d'une notice sur Pales-
trina, né en 1529 ; 2° d'une notice sur la vie
de Benedetto Marcello, né le ^2i juillet 1G8G,
traduite de l'italien avec des notes du tra-
ducteur, et suivie d'une notice sur les usages
du thédtre en Italie; Paris, Ébcrard, 18ô9,
un volume in-S» de deux cent soixante-huit
pages. Une troisième édition de l'ouvrrge ori-
ginal de Perrino a été publiée à Naples en
1814. Il parut, dans la même ville et dans la
même année, une brochure anonyme, dans la-
quelle il était dit que toute la musique mo-
derne d'église et de théâtre n'avait aucune
valeur, et que la décadence était si avancée,
qu'il n'y avait rien à espérer des jeunes com-
(I) Mtmorie dû compotitor! di muiiea del regno di
Sajioli, p. 199.
PERRINO — PERSUIS
]iosileiirs, dont l'éducation était mal faite. Pei-
lino répondit à celte diatribe par l'écrit inti-
tulé : 2» Leltere ad un suo amico sul propo-
iilo d'una disputa relativa alla musica;
Naples, Terni, 1814, in-8» de soixante-huit
pages.
PERSIAISI (Joseph), compositeur drama-
tique, né vers 1803, à Recanati, dans les Étals
de l'Église, a fait son éducation musicale au
collège royal de musique, à Naples, et y a reçu
des leçons de composition de Tritlo. En 1826,
il a fait son début à la scène par la composi-
tion de l'opéra bouffe intitulé : Piglia ilmondo
corne viene, qui fut suivi de Vlnimico gene-
rosOf et de V Attila, opéra sérieux; les deux
premiers de ces ouvrages furent représentés à
Florence, et le troisième, à Parme. L'année
suivante, il a donné au théâtre de la Pergola
Danao red'^rjro, opéra sérieux dont les jour-
naux italiens ont fait l'éloge. En 1828, Per-
siani a écrit pour le théâtre de la Fenice, à
Venise, Gaston de Foix, opéra sérieux. €os-
tantino in Arles, représenté dans la même
ville, au carnaval de 1829, y fut bien accueilli,
et dans le même temps .£'u/"em»o di Messina,
réussit également à Lucques, puis à Venise et
à Naples; enfin, dans la même année, le com-
positeur donna, à Milan, «7 Solitario, qui
tomba à plat. Entre celte époque et 1832,
aucun ouvrage nouveau de Persiani n'appa-
raît sur les théâtres d'Italie, mais dans celle
môme année 1832, il fil jouer à Padoue,
/ Saraceni in Catania , qui n'eut pas de
succès. Un autre intervalle se fait remarquer
^ans l'activité du compositeur jusqu'à ce qu'il
écrivit, à Naples, en 1 835, son Inès de Castro,
dont le succès fut éclatant sur toutes les
ficènes italiennes, mais qui tomba à Paris, en
1838, lorsque Persiani y alla mettre en scène
celle composition, laquelle n'en est pas moins
son ouvrage le mieux écrit. Ce fut alors que ce
compositeur fut appelé en Espagne, où il passa
plusieurs années. Il fil représenter, au théâtre
de Madrid, en 1846, VOrfana savoiarda, qui
paraît avoir été sa dernière production dra-
matique, car son nom disparaît alors de l'ac-
tivité dumondemusical. Persiani avait épousé
la fille du célèbre chanteur Tacchiaardi, à
Florence, en 1827.
PEUSIA]>iI (madame Fanni), femme du
précédent, est fille du célèbre chanteur lac-
chinardi. Son talent de cantatrice dramatique
fui un des plus beaux de la dernière époque
do l'art du beau chant italien, après laquelle
col ail a disparu pour faire place à la force
«les poumons. Madame Persiani dObuia au
théâtre de Livourne, en 1832, et y fit une
si vive impression qu'elle fut appelée im-
médiatement après à Venise, puis à Milan,
à Florence, à Rome et à Naples, où elle
chanta au théâtre Saint- Charles , pendant
les années 1834, 1835 et 1836. En 1837, elle
fui rappelée à Venise, puis elle reçut un en-
gagement pour Vienne, où elle eut des succès»
non moins brillants qu'en Italie. Arrivée à
Paris, au mois d'octobre 1838, elle y débuta
dans le Barbier de Séville, et fit admirer sa
belle mise de voix et la pureté de sa vocalisa-
lion. Pendant plusieurs années, elle jouit au
théâtre italien de toute la faveur du public et
n'eut pas de moins beaux succès à Londres.
Un enrouement subit qui lui survint en 1843,
dans celle dernière ville, fut le signal d'une
maladie de l'organe vocal de celle excellente
cantatrice : le mal s'accrut rapidement, et
l'artiste fut obligée de quitter la scène pour
toujours.
PERSICCHINI (Pierre), né à Rome, en
1757, a fait ses éludes musicales en celle ville,
puis a voyagé en Pologne et s'est fixé à Var-
sovie vers 1782. Il y a écrit pour le théâtre
Royal VAndromeda, opéra sérieux et Le
Nozse di Figaro. Ces deux ouvrages ont ob-
tenu un brillant succès.
PERSLIS (Louis-Luc LOISE.VU DE),
fils d'un maître de musique de la cathédrale
de Metz, naquit en celte ville, le 21 mai 1769.
Il avait terminé ses éludes musicales, et il
était devenu violoniste assez habile, lorsque
l'amour qu'il avait conçu pour une actrice du
théâtre de Metz l'attacha à ses pas. Il la suivit
dans le midi de la France, et fut attaché pen-
dant quelque temps à Avignon, en qualité de
professeur de violon. En 1787, il se rendit à
Paris et fit entendre avec succès, au Concert
spirituel, l'oratorio intitulé le Passage de la
mer Rouge. Entré comme premier violon au
théâtre Montansier, en 1790, il en sortit trois
ans après pour passer à celui de l'Opéra; mais
il resta alors peu de temps à ce théâtre, ayant
eu d'assez vives discussions avec Rey, qui eu
était premier chef d'orchestre. Rentré à
l'Opéra, en 1804, comme chef du chant, il
commença dès lors à donner des preuves de
capacité qui le firent appeler, en 1805, au
jury de lecture et au comité d'administration.
Après la mort de Rey, en 1810, Persuis fut
choisi pour lui succéder dans la place de chef
d'orchestre : il y fit preuve d'un talent re-
marquable; mais il ne se fit point aimer des
artistes qu'il dirigeait, car non-seulement il
portait jusqu'à l'excès la fermeté nécessaire
PEUSUIS — PERTI
dans un pareil emploi, mais une hiimenr atra-
bilaire, qui s'irritail au moindre obstacle
opposé à sa volonté. Nommé inspecteur
général de la musique de l'Opéra, en 1814,
lorsque Choron fut appelé à la direction de ce
spectacle, il fut presque toujours en lutte avec
cet administrateur. Une circonstance inat-
, tendue vint encore augmenter la haine que
ces^deux artistes éprouvaient l'un pour l'au-
tre : Persuis avait Tait représenter, en 1812,
son o|)éra de la Jérusalem délivréee, qui
n'avait pas eu le succès qu'on en attendait. £n
1815, il obtint de M. de Pradel, ministre de la
maison du roi, un ordre pour la remise de
cet ouvrage; informé de l'avis oITiciel qu'il
devait recevoir à ce sujet, Choron se hâta de
faire détruire les décorations de la Jérusalem
pour les employercomme matériaux dans d'au-
tres pièces. C'est, je crois, le seul trait de mal-
veillancequ'on puisseciler dansia vie de Cho-
ron : il lui coûta la direction de l'Opéra, car
Persuis, résolu de se venger, fit agir ses prolec-
teurs à la cour, et supplanta son adversaire
dans l'administration de ce grand spectacle.
Devenu directeur de l'Opéra le 1" avril 1817,
il se montra digne de la confiance qu'on avait
eue en ses talents, car jamais le premier
théâtre de la France ne fut dans une situation
plus florissante que sous son administration.
Malheureusement, il ne tarda point à ressentir
les atteintes d'une maladie de poitrine, dont
il mourut le 20 décembre 1819, à l'âge de
cinquante ans et quelques mois. A l'époque de
l'organisation du Conservatoire de musi(|ue,
il y était entré comme professeur de première
classe; mais enveloppé dans la disgrâce de
Lesueur, son ami, il fut compris dans la
réforme de 1802, et ne pardonna jamais à
l'administration qui l'avait exclu. Entré dans
la chapelle du premier consul, dans la même
année, il eut le titre de maître de musique de
la chapelle du roi, en 1814, obtint ensuite la
survivance de Lesueur, comme surintendant
de celte chapelle, et fut surintendant hono-
raire depuis 181G jusqu'à sa mort. Le 5 dé-
cembre 1810, le roi Louis XVIII, en le créant
chevalier de l'ordre de Saint-Michel, lui ac-
corda une pension dont la moitié était réver-
sible sur la tête de sa femme ; mais il ne jouit
pas longtemps de ces avantages, car il expira
peu de jours après.
Les compositions de Persuis pour le théâtre
sont celles dont les titres suivent : I. Au
Ibéâire Montansier : I<> Estelle, opéra en trois
acics, 178Ô. II. Au théâlrc Feydcau : ^^ La
iViiif espagnole, en deux actes, 1791 . 3" Plia-
noret j4ngola. en trois actes, 1798. III. Au
théâtre Favart : 4» Fanny Morna, en trois
actes, 1799. 5" Le fruit défendu, en un acte,
1800. 6» Marcel, en un acte, 1801. IV. A
l'Opéra : 7° Léonidas, en trois actes, 1799
(en société avec Gresnick). 8' Chant de
victoire en l'honneur de Napoléon, en ISOG.
9° L'Inauguration de la Fictoire (en sociélO
avec LesueHr)^ 1807. 10" Le Triomphe de
Trajan, en trois actes (avec Lesueur), 1807.
11" Jérusalem délivrée, en trois actes, 1812.
C'est le meilleur ouvrage de Persuis. 12° 67taMt
français, en 1814. 13" L'Heureux retour
(avec Bcrton et Kreutzer), 1815. 14» Les
Dieux rivaux (avec Spontini), en 1816. Si
Persuis manqua d'effet dramatique dans ses
opéras, il fut plus heureux dans ses ballets,
car il a fait de la musique charmante pour
quelques-uns. Ses principaux ouvrages en ce
genre sont : 15" Ulysse, en trois actes, 1807.
16" Nina, en deux actes, 1813. iJ" L'Épreuve
villageoise, iS\4. 18" Le Carnavalde Fenise,
en trois actes (avec Kreutzer), en 1816. Ses
opéras non représentés sont : 19" La Fen-
geance, écrit en 1799. 20" Hommage aux
Dames, 1816.
PERTHALER (CAnotise), pianiste dis-
tinguée, est née p Graetz (Slyrie), en 1805.
Elle ne commença à étudier le piano qu'à
l'âge de douze ans; à quinze, elle était déjà
assez habile pour se faire entendre en public.
Vers 1821, elle se rendit à Vienne, oii elle
prit des leçons de Czerny, et donna des con-
certs. De retour chez elle, elle continua ses
études, et, en 1826, elle entreprit un voyage
en Allemagne. Partout son talent excita l'ad-
miration. Fixée à Munich, en 1831, elle s'y
livra à l'enseignement jusqu'en 1834, puis fit
un nouveau voyage à Vienne, dans le Tyrol et
en Italie. De retour à Munich, elle y passa les
années 1835 et 1836. Dans l'été de cette der-
nière année, elle se rendit à Triestc pai- le
Tyrol, et s'y embarqua pour la Grèce, où elle
s'est mariée. On ne connaît aucune composi-
tion de celte virtuose.
PERTI (Jacques-Antoiwe), compositeur
distingué, naquit à Bologne, le 6 juin 1661.
A l'âge de dix ans, il commença l'étude de
la musique, sous la direction de son oncle,
Lorcnzo Perli, mansionaire de la basilique
de Saint-Pétrone. Dans le même tem|)s, il
s'adonna également à l'étude des lettres au
collège des Jésuites. Après les avoir terminées
et suivi le cours de philosophie de l'université, il
rcçufdcs leçons duP. Pctronio Fanceschini. A
l'igedcdix-neufans, il écrivit une messe solea-
PERTI — PERUGCIllNI
nelle avec orchestre qu'il dirigea lui-même
dans l'église de Saint-Pétrone, en 1680. Déjà,
dans l'année précédente, il avait donné avec
succès, au théâtre de sa ville natale, ^tide,
son premier opéra, suivi deVOrcste, en 1681.
Le 13 mars de la même année, Perti fui
agrégé à l'Académie des Philharmoniques de
sa ville natale, dont il fut une des gloires. En
1683, il fut appelé à Venise pour écrire
l'opéra Marzio Coriolano, qui fut représenté
au théâtre Saint-Jean et Saint-Paul. Attaché
il'abord au service du duc de Toscane Ferdi-
nand I", il écrivit plusieurs opéras pour le
théâtre de Florence; puis, en 1697, l'empereur
Léopold I" le fit son maître de chapelle, et
son successeur, Charles VI, lui donna le titre
déconseiller. Toutefois, l'attachement de Perti
pour sa patrie lui fit décliner les honneurs et
les avantages qui lui étaient offerts par ces
princes, généreux mécènes des musiciens cé-
lèbres. Toute l'ambition de Perti se trouva sa-
tisfaite par sa nomination à la place de
maître de chapelle de la cathédrale de Bologne.
Il en remplit les fondions avec zèle, écrivit
un grand nombre d'ouvrages pour l'église, et
forma des élèves distingués, parmi lesquels on
remarque AIdrovandini, Laurenli, Torelli et
Pistocchi. Perti mourut à Bologne, le lOavril
1756, à l'âge de quatre-vingt-quinze ans. Il
avait été six fois prince de l'Académie des
PhiIharmoni(iues. Homme simple et modeste
autant que savant, il ne fit Jamais servir ni à
sa fortune, ni à sa renommée, ses relations avec
les princes, qui le traitaient avec bienveillance,
ni avec le pape Benoit XIV (Prospcr Lambcr-
lini), dont il avait été l'ami avant son exaltation,
et avec qui il entretint une correspondance.
Jusqu'à ses derniers moments, il s'occupa de
l'art qui avait rempli toute son existence.
Le P. Martini dit (Sagg. diConlrap.,parl. 2,
p. 142) qu'en 1750 Perti, alors âgé de quatre-
vingt-dix ans, avait encore avec lui des
conversations sur la musique. Les opéras com-
posés par J.-A. Perti sont : 1* Atide, repré-
senté en 1679. 2" Marzio Coriolano, 1683.
ô" Flavio, 1686. A" Rosaura, 1689. 5» L'In-
coronazionc di Dario, 1689. 6" L'Inganno
scoperto per vendetta, 1691. 7° Brenno in
Efeso. 1691. 8» Furio Camille, 1692. 9" Ne-
rone fatto Cesare, 1693. 10" // re Infante,
1694. 11» Laodicea c Bérénice, 1695.
12° Apollo yeloso, 1698. 13° Le premier acte
(VJriovisto, 1699. 14» // Fenccslao, 1708.
15»Zwcîo Fera, 1717. 16° Giesù alsepulcro,
oratorio. 17" La Morte di Giesn, oratorio,
1718. Parmi les compositions de Pcrli iiour
l'église, on remarque : 1» Dixit, à quatre
voix avec instruments. 2" Beatus l'ïr, à quatre
voix. Z° Adoramus te^àquatre voix. 4»6'rerlo-
à quatre voix. 5»Deux Credo, à cinq voix. 6»i^»ca
irx, à trois voix. T°Laudamus Deum nostrum,
à cinq voix. Son premier ouvrage imprimé a
pour titre : Cantate morali e spirituali a tina
e due voci, con violini e senza; Bologne, Jac-
ques Monli, 1688, in-4». Le second œuvre pu-
blié a pour titre : Messe e Salmi conccrtati a
quattro voci con stromenti e ripieni, op. 2;
Bologne, Délia Volpe, 1735. L'abbé Santini,
de Rome, possède de ce maître, en manu-
scrit : deux messes, à cinq voix avec or-
chestre; deux messes, à huit voix concertées
avec des instruments; trois psaumes Laudate,
à trois voix avec instruments; trois Confile-
bor, idem; trois Domine ad adjuvundum^
idem; Iro'ts Magnificat, à (|ualre voix avec
instruments; un Magnificat, à cinq voix;
Dies irx pour deux ténors et basse avec des
violes; Te Deum laudamus, h cinq voix;
beaucoup de motets à quatre et cinq sans in-
struments. Le docteur Louis Masini, secrétaire
et membre del'Académiedes Philharmoniques
de Bologne, a publié : Elogio a Jacopo An-
tonio Perti, liolognesc, professore di con-
trappunto; recitato nella grand' anla del
liceo filarmonico, il giornoïî'i agosto 1812;
Bologne, in-8» de trente-neuf pages,
PERTINARO (François), musicien ita-
lien du seizième siècle, naquit à Plaisance, et
fut chantre de la chapelle de l'empereur Maxi-
milien II, qui régna depuis 1364 jusi|u'en.
1576, et à qui il a dédié une de ses productions
Ses ouvrages connus sont : 1" Il primo libro
de' Madrigali a cinque voci; in f'enclia, app.
^«r.Gardane, 1330, in-4» obi. Une deuxième
édition de cet ouvrage a été pubiée en 1365, à
Venise, chez Jérôme Scollo, in-4» obi. 2» Ma-
drigqli a cinque voci, libro secondo ; Fene-
tia, app. Ant. Gardune, 1354, in-4" obi.
3» Madrigali a cinque et sei voci, con tre
dialoghi a sette cd uno a alto. Libro terzo;
ibid., 1557, in-4° obi. 4° Le Fergine, a sei
voci, con alcuni madrigali a sei, et duoi
dialoghi a sette, da lui novamenle composti,
et con ogni diligentia corretti, ail' invit-
tissimo Imperatore Massimiliano secondo
timilmente dedicati ; Fenetia , app. Girol.
Scotto, 1368, in-4°.
PEIIUCCHIIM (le docteur Jean-Bap-
tiste), ancien magistrat et amateur distingué de
musique,es t né à Venise vers 1 790 et y a toujou rs
résidé, sauf quelques voyages. Bon pianiste
dans sa jeunesse, il brilla dans les salons par
PERUCCHINI — PESCETTl
son lalcnt sur son instrument ; mais il s'est
particulièrement fait remarquer par la grâce
et le charme des nombreuses mélodies dont il
a orné les poésies élégantes de Lamhcrti, de
Vittorelli, de Buralli, et de quelques autres.
Quelques-unes de ses charmantes ariettes ont
été insérées dans les recueils publiés à Milan
par Ricordi, sous les titres : // trovatore ila-
liatw, et VOrologio di Flora. Je citerai aussi
la romance touchante qui fut insérée dans
Antonio Foscarini, tragédie de Nicolini, son
recueil de cinq ariettes : La Rimembranza ,
il Pianto, Lo Sguardo, La Notte, LaPri-
niarera (Milan, Ricordi), outre une multitude
de pièces du même genre détachées. On a
aussi de M. Perucchini : Introduction et
variations sur tin thème de Rossiniy pour
piano (ibid.).
PERUCIIO]\A(le P.), de la congrégation
de Saint-François Xavier, maître au collège
de Sainte-Ursule à G;illialc', bourg du Pié-
mont, près de Novarre, vécut dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il a publié de
sa composition : Sacri concerti o Motetti a
una, due, tre e quatfro voci con violini e
senza. Op. 1. Milano, par Francesco Fi-
gone^ 1675, 1/1-4".
PERUE ou PEUVÉ (Nicolas), composi-
teur français du seizième siècle, parait être né
à Lyon, où il publia plusieurs de ses ouvrages.
Comme la plupart des artistes de cette époque,
il visita Pllalie, et succéda, en 1581, à Ho-
race Caccini dans la place de maître de cha-
pelle de l'église Sainte-Marie Majeure , à
Rome. Il est vraisemblable qu'il mourut en
1587, car il eut pour successeur, dans cette
année, François Soriano, et l'on ne connaît
point de lui de publication postérieure à celte
époque. Dans le recueil de madrigaux intitulé :
Tl quarto libro délie Muse a 5 voc» (Venise,
Gardane, 1574), on trouve des morceaux de
Pervé, ainsi que dans la collection intitulée :
Dolci alfetti (Rome, 15C8) et dans /ZZauro
fcrrfe (Anvers, 1591, in-4'' obi.). On a aussi
imprimé de cet artiste : Chansons françaises
àquatre, cinq, six et sept ou huit parties; Lyon,
1578, in-A", et Madrigali a cinque voci;
Venise, 1585, in-4».
PERUZZI (A?i?rE-MARiE), cantatrice ita-
lienne, née à Bologne dans les premières an-
néetdu dix-liuitièmc siècle, épousa, vers 1722,
le chanteur Antoine Peruzzi qui se rendit à
Pragne, en 1725, avec une troupe italienne
d'opéra dont sa femme était prima donna, et
entra avec cette troupe au service du comte de
Sporck, qui entretint k ses frais ce spectacle
jusqu'en 1735. De retour en Italie, madame
Peruzzi chantait encore à Bologne en 1740.
PESADORI (A>toi?iette), dont le nom de
famille était PECI1"\VELT, naquit à Dresde,
le fi mars 1791). Douée d'une riche organisa-
tion musicale, elle apin-it les éléments de l'art
dès l'âge de six ans chez Dotzauer, et prit
pour maître de piano l'excellent artiste Rlcn-
gel. Lorsqu'elle eut atteint l'âge de onze ans,
elle se fit entendre dans un concert public et
fit naître l'étonnement par son habileté pré-
coce. Également remarquable plus tard par sa
virtuosité dans la musique brillante, et par
l'intelligence avec laquelle elle interprétait la
musique classique, elle jouissait à Dresde
d'une grande considération parmi les artistes
elles amateurs d'élite. En 1853, elle épousa le
ténor Pesadori, alors attaché au théâtre de
Dresde. Au mois d'avril 1854, elle se fit en-
tendre pour la dernière fois dans un concert,
car une courte m.iladle la conduisit au tom-
beau, le 20 septembre de la même année. On
a publié de madame Pesadori un œuvre post-
hume, intitulé : Introduction et rondeau
agréable pour le piano; Leipsick, Schubert et
Niemeyer.
PESARO (DoMiMQtE), facteur d'instru-
ments à Venise, vers le milieu du seizième
siècle, construisit, à la demande de Zarlino,
un clavecin oii le ton était divisé en quatre
parties par le nombre <les touches du clavier.
Zarlino donne la description de cet instru-
ment.
PESCETTl (Je\>-B*ptiste), organiste et
compositeur, né à Venise vers 1704, fut élève
de Lolti, et fit honneur à ce savant maître par
son mérile. Il fut nommé organiste du se-
cond orgue de la chapelle ducale de Saint-
Marc, le IG mai 17G2, et mourut vraisembla-
blement dans les premiers mois de 1766, car
il eut pour successeur Dominique Bcttoni, le
23 avril de cette année. Ouo'H"''' »'' '"éussi
au théâtre, il se fit surtout estimer par sa mu-
si(|ue d'église. Son i)remier opéra fut repré-
senté à Venise, en 1726, et il en fit jouer dans
cette ville, prescjue chaque année, jusqu'en
1737. A cette époque, il se rendit à Londres
et y écrivit // f'ello d'oro , opéra dont
l'ouverture a été publiée par Walsh. Après
trois années de séjour dans cette capi-
tale, il retourna à Venise, et y fit encore
représenter quelques opéras. On rapporte
qu'au sortir de l'école de Lotti, il fit exécuter
une messe de sa composition qui fut entendue
par liasse, et que ce musicien célèbre dit m
parlant de l'auteur de cet ouvrage : La na-
PESCETTI — PESTEL
ture lui a abrégé le chemin de l'art. Les
opéras de Pcscelti dont les litres sont connus
sont : 1" IlProtoiipo, Venise, 172G. 2» La
Cantatrice, ihUl., 1727. Z" Dorinda, ibid.,
1729. 4" / Tre Defensori délia palria, ibid.,
1730. 5» Narcisso al fonte, ibid., 17ôl.
Q)" Demetrio , à Londres, 1738. 7» Diana ed
Endimione, cantate, ibid., 1739. Les airs et
l'onvcrturc de cet ouvrage ont été publiés par
Walsh, à Londres, ainsi que ceux du Deine-
trio. 8° Alessandro nelle fndie, à Venise,
1740. 9» Tullio Ostilio, 1740. lOo^zîO, 1747.
Pescetti a fait graver un œuvre de neuf so-
nates pour le clavecin.
PESCII (CuAULES-AtGCSTt), maître de con-
certs du duc de Brunswick, né vers 1750, l'ut
d'abord professeur de musique de ce prince,
qui acquit par ses leçons une certaine habileté
sur le violon. En 1767,Pcsch suivit son maître
à Londres, et y fit graver dix-huit trios pour
deux violons et violoncelle, divisés en trois
œuvres. De retour à Brunswick, il y fut nommé
maître de concerts, et montra du talent dans
sa manière de diriger l'orchestre qu'on lui
avait confié. Il mourut en cette ville dans le
mois d'août 1793. On a publié de sa composi-
tion, outre les trios gravés à Londres : Con-
certos pour violon et orchestre, n"' 1 et 2,
Offenbach, André. Il a laissé en manuscrit
six solos, six duos et six trios pour violon.
PESCI (Santé), do Rome, fut d'abord cho-
riste à l'église Sainte-Marie-Majeure, et suc-
céda à Latilla, maître de chapelle de cette
basilique, le 29 septembre 1744, mais avec le
titre de directeur au lieu de celui de maître.
Après en avoir rempli les fonctions pendant
quarante-deux ans, il mourut à Rome, le
3 septembre 1786. L'abbé Santini i)ossède en
manuscrit, de ce maître, les compositions
suivantes : 1° Messe à quatre voix. 2" Messe à
huit voix réelles. 3» Dixit à huit. 4" Messe à
seize voix. 5" Invitaloire pour la Nativité, à
huit. 6" Offertoire de l'Avent, à huit.
PESE]>iTI (Michel), en latin PESEiX-
ÏUS, compositeur italien, né vraisemblable-
ment dans l'État de Venise, fut prêtre à Vé-
rone, où il vécut vers la fin du quinzième
siècle et au commencement du seizième.
Petrucci de Fossombrone a imprimé des
chansons italiennes de ce musicien, dans les
livres l*^"-, 3% 5% T^ et 9"^ des Frottole {voyez
Petrucci). Il n'y est souvent désigné que par
son prénom, ou même par les initiales de ses
nom et prénoms. On trouve aussi de Pesenli,
dans le troisième livre des ù^otelti de la Co-
rona, imprimé par le même Petrucci, le
motet Tulerunt Domimtm meum, à quatre
voix.
PESEINTI (Martin), compositeur, aveugle
de naissance, né à Venise vers IfiOO, y a publié
divers ouvrages, parmi lesquels on cite :
1» 31isse a tre voci, 1G47. 2» Motetti a tre
voci, ibid. 3" Capricci stravaganti, ibid.
4» Correnti alla francese, balletti, gagliarde,
passamezzi, parte cromatici , e parte enar-
monici, a 1, 2 e 5 slromenti, da Martine
Pesenti, cieco a nativitate, lib. 1-4, ibid.,
1G30-32, in -fol.
PESïALOZZl (Jean-Henri), célèbre phi-
lanthrope, né à Zurich, le 12 janvier 174G, s'est
illustré par ses recherches et ses travaux pour
améliorer l'éducation primaire et populaire,
et surtout par le dévouement de sa vie entière
et le sacrifice de sa fortune polir atteindre ce
noble but. La vie de cet ami de l'humanité est
trop remplie et trop étrangère à l'objet de ce
Dictionnaire pour y trouver place. Je ne le
mentionne que parce qu'il est souvent cité
comme l'auteur d'un système d'enseignemenl
de la musi(|ue applicable aux écoles i)rimaire$;
or, s'il est incontestable qu'à la té(e des
hommes qui se sont proposé de donner à l'en-
seignement de la musique un caractère d'uni-
versalité il faut placer Pestalozzi, on ne peut
le considérer comme ayant inventé un système
spécial pour cet objet, s'étant contenté d'in-
diquer quelques vues générales dans son cé-
lèbre roman populaire intitulé Léonard et
Gertrude, et surtout dans ses Directions
adressées aux mères sur la manière d'in-
struire elles-mêmes leurs enfants. Pour l'ap-
plication de ses principes, il dut avoir recours
à des musiciens de profession, et ce furent
Traugott Pfeiffer et Naeg^i qui se chargèrent
de la réalisation de ses aperçus (voyez ces
noms). Pestalozzi est mort à Briigg, en Suisse,
le 27 février 1827.
PESTEL (Jean-Ernest), excellent orga-
niste à Altenbourg, naquit à Berga en lGo9.
Admis à l'école de ce lieu, il y reçut sa pre-
mière éduc^ation, et étudia pendant ce temps
la musique sous la direction de Jean-Ernest
Witte. Ses progrès dans cet art le décidèrent
à en suivre la carrière. Il se rendit à Leipsick
et y continua ses études sous la direclion du
jeune Weckmann, fils du célèbre organiste de
Hambourg. Devenu habile, il fut appelé à
Weida, dans le Voiglland, en qualité d'orga-
niste, et de là passa à Altenbourg, où il fut
d'abord employé par la ville, puis nommé, en
1G87, organiste de la cour. Plus lard, il reçut
des propositions brillantes de Golha, de Brcs-
PESTEL — PETERSEN
lau et de quelques autres villes, mais il les
icfusa, cl préféra sa situation à Altonhourg,
oii il se trouvait encore en 1740, âgé de qualre-
vingl-un ans. Pestel a beaucoup écrit pour
l'église et pour l'orgue; mais il n'a rien fait
imprimer de ses ouvrages.
PETKGIIEM (VAN). Foyez VAN PE-
TEGIIEM.
PETEUSEN (David), violoniste hollan-
dais, qui vivait vers la fin du dix-septième
siècle, a publié un œuvre de sonates pour
violon et basse, ou téorbe et viola da gamba,
sous ce titre : Speelstukken ; Amsterdam, in-
folio, trente-deux pages. L'épltre dédicatoire
est datée d'Amsterdam, 1G83. Ces pièces sont
d'un très-bon style.
PETERSEN (PiERRE-XicoLAs), flûtiste
distingué, né le 2 septembre 1761, à Bedcr-
kesa, dans le duché de Brème, était fils d'un
pauvre constructeur d'orgues qui n'avait pas
de domicile fixe, et qui s'arrêtait plus ou moins
longtemps dans les lieux où il trouvait à tra-
vailler. Ne possédant aucune notion de la mu-
sique, cet homme ne put aider au développe-
ment des dispositions que son fils avait reçues
de la nature. Heureusement ces dispositions
étaient plus qu'ordinaires : le jeune Petersen
possédait une de ces organisations d'élite qui
ne doivent rien qu'à elles-mêmes. Une flûte
était tombée entre ses mains : il apprit à en
jouer sans le secours d'aucun maître. Son
père se trouvait à Hambourg, en 1773. Celui-
ci, dont les travaux étaient mal payés et dont
l'existence était précaire, imagina d'enrôler
son fils dans une de ces troupes de musiciens
ambulants qui, en Allemagne, parcourent les
rues des villes et jouent dans les guinguettes.
Le séjour d'une grande ville ofl'rail à Petersen
l'occasion d'entendre quelquefois des flûtistes
de profession, dont il étudiait le mécanisme
par l'observation C'est ainsi que par degrés
il devint habile, ajoutant incessamment, à ce
qu'il découvrait chez les autres artistes, ce
que son heureux instinct lui suggérait. A l'âge
de dix-sept ans, il possédait déjà un talent
remarquable. Pour se soustraire aux dégoûts
de la vie vagabonde qu'il menait depuis
plusieurs années, il entra dans le corps des
hautbois de la milice de Hambourg. Cet em-
ploi lui laissait beaucoup de temps pour se
livrer à ses études; mais il ne lui procurait
qu'un revenu insuffisant pour vivre. Quelques
amateurs de musique s'intéressèrent à son sort
cl lui procurèrent des élèves. Dès lors sa
|K>silion devint meilleure, et il put se livrer en
liberté aux éludes par lesquelles il pcrleclion-
nait incessamment son talent. Il s'occupa
aussi de l'amélioration de la flûte. Aidé par
Wolf, bon facteur d'instruments à vent, il mo-
difia l'ouverture des trous et ajouta aux clefs
de ré dièse et de fa, qui existaient avant lui,
les clefs de sol dièse et de si bémol, afin de
perfectionner la justesse de ces notes. Plus
tard, il y joignit la clef de Vut. Sa flûte à cinq
clefs fut ensuite introduite à Londres par un
musicien anglais nommé Taut; vers 1802,
elle pénétra en France. On sait que ce fut
Tromlitz {voyez ce nom) qui porta le nombre
des clefs de l'ancienne flûte jusqu'à sept. Aux
services qu'il avait déjà rendus à l'art par ces
perfectionnements, Petersen ajouta celui de
sa Méthode de flûte, bon ouvrage publié à
Hambourg, chez Gunther, et qui a été long-
temps classé parmi les meilleurs de ce genre.
Petersen était âgé de trente ans, lorsque plu-
sieurs artistes, charmés par sou talent, l'invi-
tèrent à se faire entendre dans les concerts.
Il y parut pour la première fois en 1791, et
surpassa ce qu'on attendait de lui. Les sons
qu'il tirait de la flûte avaient un moelleux,
une justesse dont on n'avait pas eu d'exemple
jusqu'alors. Il était surtout remarquable dans
l'adagio par son style large et pur. Dès ce
moment, il ne se donna plus de concert bril-
lant à Hambourg où la place de Petersen ne
fut marquée. La faveur du public ne se dé-
mentit pas pour lui pendant plus de trente
ans; mais, vers 1825, sa vue s'alTaiblit et son
embouchure s'altéra par la perte de plusieurs
dents : il cessa alors de se faire entendre. Pe-
tersen mourut à Hambourg, le 19 août 1830.
On a publié de sa composition : 1° Études
pour la flûte dans tous les tons, 1" et 2"=livres;
Hambourg, Bœhme. 2" Adagio et variations
pour flûte et piano, op. 3 ; ibid. 3" Recueil de
duos pour deux flûtes tirés des oeuvres de plu-
sieurs compositeurs célèbres; ibid.
PETERSEN (Charles-Auuuste), fils du
précédent, est né à Hambourg, en 1792.
Élève de son père, il joua d'abord de la flûte;
mais plus tard il se livra à l'étude du violon et
du piano. Vers 1825, il a fait un voyage en
Danemark, en Suède eldans quelques parties
de l'Allemagne : il est maintenant fixé à Ham-
bourg, en qualité de professeur de musique.
On connaît de sa composition : 1° Polonaise
avec orchestre ou piano, op. 1; Hambourg,
Bœhme. 2° Duos pour deux violons, o|). 10;
ibid. 5" Rondeau pour violon et piano,
op. 12; ibid. i" Sonate pour piano et violon,
op. .*>; Leipsick, Brcitkopf et Ilœrlcl. 3» Diver-
tissement idenif op. 7; ibid. C" Poloujite
PETERSEN — PETIT
9
brillante pour le piano à quatre mains, op. 41;
Hambourg, Bœhme. 7"- Rondo scherzando
idem, op. lô; Leipsick, Peters. 8" Marches
idem; Hambourg, Bœhme. 9" Introduction et
rondo pour piano seul, op. 8; Hambourg,
Cranz. 10" Divertissements et autres compo-
sitions idem; Hambourg, Bœhme. 11" Deux
rondos en forme de valse; Hambourg et Ha-
novre. 12"» Valses îdem; Hambourg et Copen-
hague.
PEÏIBON (Auguste), nùlisle, né à Paris,
vers 1797, fut admis comme élève au Conser-
vatoire de cette ville et y fit ses éludes sous la
direction de Wunderlich. Vers 1822, il établit
une maison de commerce de musi<iue; mais
plus tard il renonça à ce genre d'affaires, et
se livra de nouveau à l'enseignement de la
musique. Il a lait imprimer de sa composition
des thèmes variés pour flùte et orchestre,
Paris, Pleyel, Aiilagnier; idem pour deux
flûtes ou flûte et piano; Paris, Aulagnier;
plusieurs œuvres de duos pour flùte et guitare,
ibid.; des duos pour piano et flùte; Paris,
Pelibon; et diverses autres petites productions.
PETISCUS (Jean -Conrad -Guillaume),
prédicateur de l'Église réformée à Leipsick,
naquit à Berlin, en 17G3. Amateur de musique
et violoniste, il se délassait de ses travaux de
théologien par quelques essais relatifs à cet
art. On a de lui trois articles fort bien faits
sur le violon, sa construction, ses qua-
lités, elc.,insérésdans les n''»50,51 et52dela
Gazette musicale de Leipsick [dinn. 1808). Il a
donné aussi dans la même Gazette (ann. 1807)
un article sur les manuels de musique, et un
autre sur le mélange des genres. Pctiscus a
traduit en allemand la méthode de violon du
Conservatoire de Paris; Leipsick, Breilkopfet
Haertel. Il a été aussi l'éditeur de la dernière
édition de la méthode de violon par Léopold
Mozart; Leipsick, Kuhnel.
PETIT (Adrien), surnommé COCLICUS,
naquit en Allemagne, en 1300. Venu en
France dans sa jeunesse, il y apprit la musique
sous la direction de JosquinDeprès. Il voyagea
ensuite et se rendit en Italie, où il paraît
avoir séjourné; mais il revint enfin dans sa
patrie, et tout porte à croire qu'il y termina
sa carrière. Il est connu comme compositeur
par des motets répandus dans les divers re-
cueils d'Adrien Leroy et de Ballard, et par un
recueil intitulé Musica reservata : Consola-
tiones expsalmis Davidicis, 4 roc; Norim-
hcrgx^ in Qfjicina Joannis Montant et Ulrici
Neuberi, 1352, in-4'' obi. On a aussi de lui un
traité de musique, sous le titre de Compen-
diummusices descriplum ab Adriano Petit
Coclico, discipulo Josquini Deprès, in qua
prœter cxtera tractantur hxc de modo or-
nate canendi, de régula contrapuncti, de
compositione; Nuremberg, 1532, in-4». II
est vraisemblable que c'est ce même ouvrage
que Lipenius(inJ9/6Zto<ft.,p.977)etPossevin
{Bibl. Select., lib. XV, p. 223^ t. II) indi-
quent sous le nom d'André Pétri ou Petrus et
d'Adrien Pétri; car le litre du livre, le nom
de la ville, el la date de l'impression sont les
mêmes. On trouve le portrait de Coclicus, fait
à l'âge de cinquante-deux ans, en tête de cet
ouvrage, avec ces vers latins :
Jure tuum Coclico nomen Germania jaetat,
Ars merito clarum te facit esse viruni.
Gallia lu vidit, te vidit et Ausonia ora,
nune quoque delectat theatram (erra sencm.
Nam vincis reliques «oeis dulcedine et anc,
Gutiurence suavis sic Philomel.i canit.
Ergo libi ut longum Chrislus producere vilain
Concédai, summum voce rogabo Ucum.
Le livre de Petit a de l'intérêt, i»arce qu'on
y trouve la doctrine de Josquin Deprès concer-
nant le contrepoint.
PETIT (Camille), fils d'un violoniste
attaché à l'Opéra-Comique pendant trente
ans, el qui a publié trois œuvres de duos de
violon (Paris, Naderman), est né à Paris, le
27 avril 1800. Ayant été admis au Conserva-
toire de musique, le 8 février 1809, il devint
élève de Pradher pour le piano, le 20 août
1810. Puis madame de Monlgeroult lui donna
des conseils, et il reçut quelques leçons de
Clementi, dans le dernier voyage que ce grand
artiste fit à Paris. Petit s'est fait entendre
avy succès dans quelques concerts en 1820 et
1827; depuis cette époque, il s'est livré à l'en-
seignement du piano, et a publié quelques
morceaux pour cet instrument, parmi lesquels
on remarque : 1" Variations sur les stances
de Valentine de Milan; Paris, Schlesinger.
2» Rondeau brillant, op. 17; Paris, Pleyel.
3» Rondeaux idem, op. 2, n"' 1, 2, 3; Paris,
Pacini.4''Difrérents thèmes deRossini variés;
Paris, Pacini ; Milan, Ricordi. 5» Éludes ; Paris,
Schlesinger. 6° Vingt-quatre préludes dans
dilTérents tons; Paris, Pacini; et quelques
bagatelles.
PETIT (Charles), frère aîné du précédent,
né à Paris, en 1783, entra au Conservatoire,
en 1799, el y devint élève de Domnich pour
le cor. Ses progrès furent rapides, et il obtint
le premier prix de cet instrument en IS04.
Peu d'artistes ont eu un plus beau son et une
plus belle manière dechanlersur rinstrumciil.
Il joua avec beaucoup de succès des soIo> Jjiis
10
PETIT — PETRI
les concerts de l'Opéra -BoiifTe, pendant les
années 180;», 1806 et 1«07. A celte époque, il
était second cor de ce spectacle, juiis il entra
à l'orchestre de l'Opéra-Comiqne, en 1809, et
n'en sortit qu'en 18-20, ponr entrer dans l'ad-
ministration des forêts, où il a ohtcnu le yrade
d'inspecteur.
PETIT JAW. voyez DELATTRE.
PETITPAS (mademoiselle), cantatrice de
l'Opéra, née en 1700, fut admise |)our chanter
les rôles, en 1725, aux appointements de
douze cents francs , avec une gratification
annuelle do trois cents francs , et eut des
augmentations de traitement qui s'élevaient,
en 1738, à trois mille deux cents francs. En
17Ô2, elle passa furtivement en Angleterre;
mais elle rentra à l'Opéra l'année suivante, et
mourut à Paris, le 24 octohre 1759. Cette
cantatrice brillait particulièrement dans les
airs, tandis (lue la Pélissier (uot/ez ce nom),
autre actrice célèbre de cette époque, montrait
surtout du talent dans le récitatif.
PETR^L'S ou PETER (Christophe),
cantor à Guben, vers 1655, a publié de sa
composition une collection d'airs à quatre et
cinq parties, sous ce titre : AndachtsCym-
beln und lieblich klingende Arien von 4 bis
5 Stimmen; Fribourg, 1050. Wallher cite
aussi de ce compositeur des litanies et des
messes à cinq, sept et huit voix, qui ont paru
à Guben, en 1669.
PETRALI (Louis), compositeur, élève
de Mercadante, né à Manloue, a donné à
Milan, en ]Si4,Sofonisba, «jui tomba et n'eut
(ju'une représentation. Dans l'annéesuivante,
il a écrit pour le théâtre de sa ville natale
Antonio Foscari, qui fut plus heureux' Le
nom de cet artiste a disparu depuis lors du
monde musical.
PETREJUS (Jeam), célèbre imprimeur de
musique, né à Langendorf, en Franconie, lit
de bonnes études dans sa jeunesse et obtint à
l'université de Nuremberg le grade de Ma-
gitter. Vers 1526, il acheta une imprimerie à
Nuremberg et y ajouta uue typographie mu-
sicale dix ans après. Il mourut à iNurcmberg,
le 18 mars 1550. Parmi les nombreux pro-
duits de ses presses, on remarque la précieuse
et rarissime collection de messes intitulée :
Liber quindecim Missarum a pnestantis-
timit muticit compositarum; Noribergse,
1538, ptiii in-4"obl.; et les Harmoniie poe-
ticse de Paul Hofheimer {voyei ce pom).
PETRELLA (IlE:<int), compositeur napo-
litain, élève (tu collège royal de musique
San Pietro a MajcUu, a fait jouer, en 1829,
au petit théâtre de cette institution, l'opéra en
un acte Un Diavolo color di ro$a. Dans
l'année suivante, il donna au théâtre Nuovo
la farce Pulcinella marito e non marilo. Les
autres ouvrages <le ce musicien de peu da
mérite sont / Pirati, représenté à Naples, en
18Ô8; le Minière di Freiberg, dans la même
ville, au carnaval de 1843; Galeotlo Man-
fredi, dans la môme année, à Modène ; Jonc,
à Milan, en 1848.
PETRI (jEAN-GoDEFnoin), né h Sorau, le
9 décembre 1715, fit à l'université de Halle
des études de droit, et fut ensuite chargé d'y
enseigner les Inslilutes. Plus lard, il obtint la
place de cantor à Gœrlitz, où il mourut le
6 juillet 1795, à l'âge de quatre-vingts ans. Il
a puitlié de sa composition : l"» Cantates pour
les dimanches et fêtes; Gœrlitz, 1757, in-4''.
2» Amusements de musique; deux suites pu-
bliées en 1701 et 1702. 3" Les trois jeunes
hommes dans la fournaise, oratorio, 1765,
in-4". On a aussi dc Pétri une dissertation
concernant l'utilité de l'étude de la musique,
intitulée : Oratio sxcularis qua eonfirmatur
conjunctionem studii musici cum reliquis
litlerarum studiis crudito non tantum
utilem esse, sed et necessariam videri. Gor-
licii, ex officiha FicMsclieriana, 1765, in-4'>
de seize pages.
PETRI (Jeas-Samuel), écrivain didactique,
naquit à Sorau, le l" septembre 1738. Bien
que cantor, et conséqueinmcnl musicien, sou
père ne voulait pas lui permettre de se livrer à
l'éUKle de la musique; mais il apprit les prin-
cipes de cet arien fréquenlant l'école du lieu
de sa naissance, et fit des progrès sur le cla-
vecin, sans avoir reçu les leçons d'aucun
maître. A l'âge dc seize ans, on le choisit pour
lemplacer l'organislo nouvellement décédé,
et il en remplit les fonctions, tirant toute son
instruction de la musique des grands maîtres
qu'il jouait sur l'orgue. Après neuf mois,
l'organiste eut un successeur (|ui donna quel-
ques leçons à Pétri, et rectifia les erreurs ou
il était tombé. Ce fut alors <|u'il trouva dans
les pièces d'orgue de Bach et dans ses sonates
des modèles de style, qu'il étudia avec persé-
vérance. Après que ses études universitaires
furent terminées, il fut nommé professeur de
musique à l'école normale de Halle. La con-
naissance qu'il lit en celte ville de Guillaume-
Friedmann Bach lui fui d'un grand secours
pour son insirucliou. En 1767, Pelri reçut sa
nomination de cantor à Lauban. Il y publia
dans la même année la première édition de
son traité élémentaire du musique. CiiK]
PETRI -PETR INI
i\
ans après, il fut appelé à Baulzen pour y
remplir les mêmes fonctrons. Il y est mort, le
12 avril 1808, à IMge de soixante-dix ans. Le
livre par lequel Pétri s'est fait connaître, est
un des meilleurs qu'on ait écrits concernant
les éléments de la musique instrumentale; la
précision du style et la clarté des définitions y
égalent l'exactitude des faits : ces qualités sont
rares chez les écrivains sur la musique. L'ou-
vrage est intitulé : Jnkttung zur praktiscfien
Musik, vor neuangeliende Sxnger und In-
strumentspieler (Introduction à la musique
pratique, à l'usage des chanteurs et des in-
strumentistes commençants) ; Lauban, Chris-
tophe AVirth, 17C7, in-S" de cent soixante-
quatre pages. A peine Pétri eut-il publié son
ouvrage, qu'il conçut un nouveau plan plus
étendu : il employa plusieurs années à la ré-
daction de ses additions, refondit tout le livre,
et le donna sous le titre plus concis . jinlei-
tnnq zur prnktisckcn Musil;: Leipsick, Brcit-
kopf, 1782, in-4" dcqualrecent quatre-vingt-
quatre pages. Le livre est «livisé en trois
parties : la première contient une histoire
abrégée de la musique, depuis son origine
jusqu'au dix-huitième siècle; la seconde, qui
s'étend depuis la page 121 jusqu'à 282, traite
des éléments de la musique, et la dernière
renferme des traités complets, quoique pou
étendus, de l'art déjouer de l'orgue, du cla-
vecin, du violon, de la viole, «lu violoncelle,
de la contrebasse et de la flilte. On a publié
sous le nom de Pétri un petit traité de l'art de
jouer de l'orgue, intitulé : yfntceisung zttm
regelmwssigen und geschmackvollen Orgel-
spielen fiirneue angehende Organistenund
solche Vlavierspieier, etc.; Vienne, 1802,
in-8° de trente-deux pages; mais cet opuscule
n'est qu'un extrait de V Introduction â la
musique. Pelri a écrit de la musicjue pour
l'orgue et pour l'église : mais ces productions
sont restées en manuscrit.
PETUI (Christophe) , cantor et maître
d'école à Sorau, s'est fait connaître par un re-
cueil de chansons avec accompagnement de
piano, et par une cantate intitulée Rinaîdo
ed Armida^ qui fut publiée, en 1782. Quatre
ans après, il annonça six sonates faciles pour
le clavecin, qui ne paraissent pas avoir été im-
primées.
PETUT (Jean-François), curé dans une
paroisse du duché de Ferrare, a écrit, en 1788,
un poëme intitulé la Musica. Cet ouvrage,
(|ui ne paraît pas avoir été imprimé, est com-
posé de 220 (erzinc, et commence par ces
mots : Abbiu il vero (voyez Dizion. di opère
anonime epseudontme di scritlori italiaui.
t. II, p. 218).
PETRI (RODOLPHE-GuiLLAUME-FnKDERIc).
est né le 9 juillet 1811, à Benau, près de Sorau,
dans la basse-Lusace, où son père était pas-
teur. L'instituteur de ce lien lui enseigna les
éléments de la musique, du piano, de l'orgue
et de plusieurs autres instruments. En 1826,
il entra au collège de Sorau et y continua ses
études de musique. Après avoir terminé ses
humanités, il alla suivre les cours de théologie
à l'université de Leipsick, puisa Berlin, où il
fréquenta les cours de théorie musicale du
professeur Marx. Ses études étant achevées, il
remplit d'abord les fonctions de précepteur
dans plusieurs familles nobles, puis il se fixa
à Breslau^en 1845, en qunlitédc professeui- de
musique. Il a publié dans celte ville, chez
Leuckart, des Lieder^ avec accompagnement
de piano, et de petites pièces pour cet instru-
ment.
PETROI (François), fils d'un harpiste
de la musi(|uc du roi de Prusse, naquit à
Berlin, en 17-14, et apprit de son père à jouer
de la harpe. Son habileté surpassa bientôt
celle de son maître. Le duc <ie Mecklembourg-
Schwerin l'engagea à son service, vers 1765;
mais Petrini resta peu de temps à la cour de
ce prince, car il se rendit à Paris avant 1770.
Il y fut bientôt un des professeurs les plus re-
nommés pour cet instrument, et ses composi-
tions eurent de la vogue jusqu'à l'époque où
la musique de Krumpholtz les eut placées en
second ordre. Petrini continua cependant
d'enseigner la harpe et l'harmonie jusqu'en
1812. Il mourut à Paris, en 1819, à Vàge de
soixante-quinze ans. Cet artiste a publié de
sa composition : 1" Concertos pour la harpe :
\", œuvre 4«, Paris, Bailleur; 2«, œuvre 7<^,
Paris, Lachevardière; ô*", œuvre 18«, Paris,
Cousinrau; 4*, Paris, IVaderraan. '2° Sonates
pour la harpe, œuvres l", Z", 5^ 9«, 10«,
Paris, Cousineau; op. 38, Paris, Naderman;
f'ive Henri If, op. 48, ibid.; Recueil de va-
riations et de petits morceaux, op. 49, ibid.
ô" Sonates pour l'exercice des pédales, œuvres
37 et 40; Paris, Cochet. A" Duos pour deux
harpes, n»« 1, 2, 3; Paris, Naderman. o" Pots-
pourris pour la harpe, n"' 1 à 6; Paris,
Cousineau et Naderman. 6» Jirs variés pour
la harpe, en recueils et détachés, op. 2", 8%
15<", 14«, 15«, 16'', 17«, Paris, Cousineau;
op. 44", Al', Paris, Naderman; Air tyrolien
varié avec violon, op. 46, Paris, Richault.
7° Recueils d'airs avec accompagnement de
harpe, op. 0% 20-', 21% 22'-, 25'=; Paris, Cou-
a
PETRINI — PETllUCCI
sinean. 8» Méthode pour la harpe; Paris,
Louis. Pclrini est auteur d'un Si/stème d'har-
monie, qui fut pal)lié, en 1796, cliez Louis.
Plus tard il revit cet ouvrage, y fit des clian-
{{emenls, et le publia sous ce titre : Etude
préliminaire de la composition , selon le nou-
veau sijstème de l'harmonie, en soixante
accords; Paris, chez l'auteur, 1810, in-4''. On
voit par ce titre que Petrini n'avait pas
cherché la simplicité dans son système.
Cet artiste a eu un fils {Heniii), né à Paris,
vers 1775, qui fut harpiste comme lui, et qui
mourut jeune. Il a publié deux livres de so-
nates pour la harpe, Paris, Cousineau; deux
pots-pourris t'cfenj, op. 3« et S', ibid.; trois
recueils d'airs variés »dem, op. 8", 9* et 10',
ibid.; et un recueil de chansons avec accom-
pagnement de harpe, op. 7', ibid.
PETRINO (Jacques), compositeur italien
du seizième siècle, n'est connu que par un re-
cueil de morceaux à plusieurs voix intitulé:
Jubilo diS. Bernardo con alcune canzonette
spiriluali a 5 e 4 voci; Parme, 1589, in-fol.
PETHOBELLI (François), maître de
chapelle de la cathédrale de Padoue, né à Bo-
logne, vers 1655, n'est connu que par ses ou-
vrages, dont on n'a pas la liste complète. Son
premier œuvre parait être un recueil de motels
imprimé à Venise, en 1657. L'œuvre cinquième
est intitulé : Moletti e Litanie délia B. V..,
et a paru à Anvers, chez les héritiers de
P. Phalèse. C'est une réimpression d'une pre-
mière édition dont la date est inconnue. En
1602 a paru un ouvrage de Pelrobelli qui n'a
pas de numéro d'œuvre et dont le titre est :
Salini a qualtro voci con slromenti obligali;
Venise, Fr. Magni, in-4''. L'œuvre huitième a
jiour titre : Musiche sacre concertate con
istromenti; Bologne, Jacques Monti, 1670,
in-4''. Il y a une deuxième édition de cet ou-
vrage; Bologne, 1690, in-4'*. La dédicace est
adressée au cardinal Rospigliosi. "Lci cantate
a una e due voci co'l basso continua; Bo-
logne, 1076, forment l'œuvre 10', et les Jflol-
(e/ti, Antifone e Litanie délia Beata Fcr-
gine a 2 voci; ibid., 1077, sont l'œuvre on-
zième. L'œuvre quinzième a pour titre :
Mutiche da caméra; Venise, J. Sala, 1682,
in-fol., en partition. Les autres ouvrages de
ce compositeur sont : Psalmi brèves octo vo-
cibus, op. 17; Venise, 1684, in-4''; Salmi
Dominicali a 8 voci, op. 19; in Vcnczia,
1086, in-4''; Scherzi musicali per fugyir
/'oxio,op. 24; Venise, 1093, in^". Ce nrcucil
contient des cantates «t des airs à deux et
trois voix, avec deux violonsel basse continue.
PETllUCCI (Ottaviaso dei), célèbre in-
venteur de la tyitographie de la musique en
caractères mobiles, naquit le 14 juin 1406, à
Fossombrone, petite ville du duché d'Urbino,
dans les États-Romains. A l'âge de vingt-cinq
ans, il se rendit à Venise et s'y fit bienlôt con-
naître comme un des hommes les plus habiles
dans l'art de la typographie, qu'il avait appris
vraisemitlablemenl à Rome. On ignore dans
laquelle de ces deux villes il conçut la pre-
mière idée de la possibilité d'imprimer la mu-
sique mesurée par des types métalliques (1).
La réalisation de cette pensée offrait alors
d'immenses difficultés, parce que les signes
de la notation proportionnelle, qui seule était
en usage à cette époque pour la musi(|ue me-
surée, sont en si grand nombre et se combi-
nent de tant de manières différentes, que la
composition des groupes de caractères devait
présenter à l'imprimeur une multitude de cas
embarrassants. Mais telles étaient les res-
sources ingénieuses de Petrucci, telle son
habileté dans l'art de graver les types,
qu'avant de mettre au jour ses premiers pro-
duits, tous les obstacles étaient vaincus, et
que l'inventeur avait atteint une perfection
non encore surpassée par les procéiiés de la
typographie moderne, et rarement égalée. Le
système de Petrucci consiste dans l'impression
à deux tirages, le premier pour les lignes de
la portée, l'autre pour le placement des
caractères de noies sur celte portée (2). Les
(I) Le mérilede Petrucci est d'avoir résolu tous les
problèmes de la coinbinnison des types pour la notation
proportionnelle de la musique mesurée : car il est certain
que l'art d'imprimer le plain-cliant en caractères mo-
biles avait été trouvé précédemment. Dans le Missel de
Wùrzbuurg,datédeli84, dont je possède un exemplaire
imprimé partie sur papier et partie sur vélin, les pré-
faces des messes pour toutes les fêtes de l'année sont
imprimées en ancienne notation allemande non mesurée,
sur des portées de quatre lignes rouges, et on caracicres
mobiles; mais les lignes sont faites à la plume ou A l'aide
d'un instrument particulier. Le livre de Mroias Wul-
lick, Opui aureum JUasice cattigatiisimum, imprime ù
Cologne par Henri Quentel, en itiOl, in-4», a tous les
exemples de plain-cbant imprimés en caraclércs mobi-
les, d'après le système de la vieille notation allemande ;
mais, dans la partie du volume où il est traité du contre-
point, les portées des exemples de musique mesurée sont
seules imprimées, et vides dans mon exemplaire : ils
devaient être remplis i la main.
(i) Il est hors de doute que le système de l'impression
de la musique ù deux tirages, imaginé par Pelrurci, fut
le premier qu'on adopta; on en voit la preuve d^ins les
rarissimes Mtlopoim tive harmoHiœ lelracenlicœ. inipri-
nices par tlrliard Ogiin, & Augsbourg, en l.")07, par
l'Oimtculum tnuticei, de Jtnnn P«ercu(Van dcr l^iken),
sorti des presses de Jean \Veys5enburgcr,de iNuremberj;,
en 1513, enfin dans le< Miiiini/ical ocio loiiorum, de Sixie
Diciricb, imprimes a istrasbuurg, par Pierre i)chu-ircr,
PETRiCCI
i.-
dfux formes de ses presses se repliaiei t rime
surl'aiilre par des charnières si bien ajustées,
que dans toute la musique impiimée par lui,
il n'y a jamais la moindre incertitude sur les
noies placées sur les lignes ou dans les espaces.
Pfitrucci fui l'inventeur de ces presses comme
de tout le reste de son matériel.
Avant de publier les premiers résultats de
ses travaux, il présenta reciuéle au conseil de
la seigneurie de Venise, pour obtenir le pri-
vilège de seul imprimeur de musique mesurée,
ainsi que de tablature d'orgue et de luth,
pendant vingt ans, ce qui fut accordé par ces
mots placés au bas de sa pétition :
mfi. Die XXV. Maij.
Quod suprascriplo tupplieanli conceJilur prout ptlit.
Consilarij.
Ser Hlarimis I.iono.
^er Jeronimm Vendramtno.
Ser Lanrcntiiis Venezio.
Ser Oomeniciit BoUani (I).
M. Carti s'est trompé, lorsqu'il a cru que le
privilège n'avait été accordé à Petrucci que
dans l'année 1502 (2).
le jeune, en 1!S33, ninsi que par toutes les autres aavres
sortirs des mêmes presses. Ce fut en France qu'on ima-
f;inn d'imprimer la musique en un seul tirage. Pierre
ll;iulin parait éire le premier qui grava des types de
noies avec des fragments de lignes qui, dans la compo-
sition de l'ensemble, forment la portée. Cette invention
lui faite en 15i'5, et les caractères de llautin servirent à
Pierre Altaingnant, de Paris, pour l'impression Je loiUes
M's collcelions. Jacques Moderne, de l.jon, a imprimé
tous les ouvrages sortir, de ses presses avec des caracières
de même espèce. Guillaume Le Bé, de Paris, grava deux
sortes de gros caracières de musique pour l'impression
des messes in-folio que publiaient Adrien le Uoy et Ro-
bert Ballard. Le premier de res caractères était fait pour
l'impression en un seul tirage; c'est celui dont les édi-
teurs se sont toujours servis; en 1535, Le Bé grava l'autre
earnctére pour l'Impression à deux tirages; mais il en
fut fiit peu d'usage. Fournier, le jeune, qui a publié un
Traité historique et critique sur l'origine et les progrès
des caractères Je fonte pour l'impression de la tnusique,
se persuade que le second caractère de Le Bé fut le pre-
mier essai qu'on fit pour l'impression à deux tirages;
on abandonna, dit-il, cette sorte de caractère comme
sujette à trop d'inconvénients ; ion contimia à graver
les poinçons de musique portant leurs filets. Cet homme
n'entend rien au sujet qu'il traite ; il ne sait pas
même les noms de Pelrucci, d'Oglin, et des autres pre-
miers imprimeurs de musique. .Antoine Gardane, musi-
cien français qui s'établit à Venise avant 1537, comme
imprimeur de musique, fut le premier qui introduisit
en Italie le systèmo de l'impression en un seul tirage,
avec les caracières de Haulin. A Nuremberg, ce fut Jé-
rôme Andreœ, surnommé /'ornisc/ineirfei-, à cause de son
état de graveur de caractères d'imprimerie, et aussi im-
primeur, qui fil les premiers poinçsns de types dont on
se servit en .\llemagne pour l'impression de la musique
en un seul tirage. Ses premiers produits sont de 1532.
(1) Voyez le livre d'Antoine Scbmid, intitulé : 0.7a-
viano dei Petrucci da FossomOrone, etc., p. 1 1 .
(2) Sioria delta Musica sacra netla già capella ducale
di San .t/arco di Venciia, t. II, p. 203.
Le premier produit des presses de Pelrucci
est un recueil de quebjucs motets et d'un
grand nombre de chansons, la plupart fran-
çaises, à trois et à quatre voix, des maîtres les
plus habiles de la seconde moitié du quinzième
siècle. Ce recueil est divisé en trois livres,
dont le premier, marqué A, a pour litre :
Harmonice musices Odlucaton. L'épltre dé-
dicaloire, adressée à Jérôme Donato, noble
vénitien, la seule que Pelrucci ait faite, est
datée de Venise, le 15 mai 1501. Le deuxième
livre, mar(]ué B, n'a pas le titre du premier,
mais seulement celui-ci : Canti. B. numéro
cinquanla. Ces deux premiers livres avaient
été mentionnés dans les Pandectesde Conrad
Gesner, ainsi que par Zacconi {Prattica di
musica, 1" partie, fol. 84); maison n'en con-
naissait pas d'exemplaire, lorsque M. GaCtan
Gaspari {voyez ce nom) fut assez heureux pour
en découvrir un, dont M. Angelo Calclani
(voyez ce nom) a donné une intéressante des-
cription (l). On vient de voir que la dédicace
du premier livre est datée du 15 mai 1501 ; à
la dernière page du deuxième livre on lit la
souscription suivante : Impressum f'enetiis
per Octavianum Petrutium Forosempro-
niensetn die 5 februarii salutis anno 1501,
cumprivilegioinvictissimiDomini f'enetia-
rum q. nuUus possit cantum figaralum im-
primere subpena inipsoprivilcgio contenta.
Il semble que ce second livre a dû paraître
avant le premier, puisqu'il était achevé d'im-
primer depuis le 5 février 1501, tandis (|iie la
dédicace du livre A porte la date du 15 mai
de la même année. En considérant l'étendue
de ce livre A, et voyant que, seul, il a le titre
de l'ouvrage, M. Catelani tire l'induction <|u'il
a dit être imprimé dès l'année 1500, et que le
livre B n'a été vraisemblablement publié que
plusieurs mois après la date de l'impression,
et après la mise en vente du recueil A. Le sa-
vant auteur de la dissertation n'aurait eu au-
cune peine à concilier les dates, qui paraissent
contradictoires au premier coup d'oeil, s'il se
fût souvenu qu'à l'époque oit furent imprimés
ces premiers monuments de la typographie
musicale, le renouvellement de l'année , à
Venise, comme dans une grande partie de
l'Europe, avait lieu, non le premier janvier,
comme aujourd'hui, mais la veille de Pâques,
immédiatement après la cérémonie de la bé-
nédiction du cierge pascal. En 1501, l'année
a commencé le 11 avril; elle a fini le 26 mars
(1) Di dut stampe ignote di Ottaviano Petrucci da Fos-
sombrone; Milano, Tito di Gio. Kicordi, in-S" de 22 pag.
avec planches cl l'ac-simile.
14
PETRUCCI
snirant :1c 15 mai a donc pn-ccdé le 5 fé-
vrier «l'cnviro» neuf mois; d'où il siiil<niclc
volume B de l'Odliecalon ne fut achève d'im-
primer que le 20 février l;î02. Le formai des
deux livres csluii pelit in-4"obl., comme celui
de Ions les ouvrages imprimés parPclrncci.
Dans la même année 1502, le 9 mai, sortit
«les mêmes presses un recueil intitulé Motetti
XXXIII. Ces motets s(mt à quatre voix ; mais
ie seul exemplaire connu jusqu'à ce jour, et
qui esta la bibliothèque du Lycée musical de
Bologne, est incomplet de la partie du supe-
rius. Cinq de ces motets sont de Josquin De-
près,deHJ"de Compère, tin d'Antoine Brumcl,
neuf de Gaspard (Van Veerbeke), huit de
Ghisclin, deux d'Alexandre Agricola, et six
<le Jean Pinarol. Il est remaniuable (|ue le
nombre considérable d'œuvres musicales
publiés par Pctrucci, à l'exceplionde certains
chants italiens dont il sera parlé tout à
l'heure, a été produit par des compositeurs
belges. Les quelques noms français qu'on
trouve mêlés aux leurs sont ceux de leurs
élèves. Un recueil de cinq messes de Josquin
Deprès, qui a simplement pour titre Misse
Josquin, fui achevé d'imprimer le 27 septem-
bre de la même année. Au superius on trouve
le nom de l'auteur écrit de cette manière :
Josquin-de-Pres. Un exemplaire complet de
ce livre est à la bibliothèque royale de Berlin.
Le 27 décembre de la même année, ce même
livre de messes de Josquin sortit de nouveau
<lus presses de Pelrucci avec le litre : Liber
primus Missarum Josquin. Il n'est pas vrai-
semblable que l'édition publiée trois mois au-
paravant ait été épuisée ; cependant ce n'est
pas un simple changement de frontispice, car
le motet à quatre voix, J^cce tu pulchra es,
arnica meu, de Josquin, qui se trouve après
la messe de Vhonime armé, dans la première
édition, n'est pas dans celle-ci. Le second livre
des messes de Josquin (Missarum Josquin
liber secundus) et le troisième livre, furent
fuibliés par Petrucci, en 1503. L'exemplaire
<le la bibliothèque impériale de Vienne n'a
que \e superius, Valtus et le ténor; celui de
la bibliothèque de Saint-Marc, à Venise, a le
superius, le ténor et la basse ; celui que |)os-
sédail Lansberg {voyez ce nom), à Rome, était
aussi incomplet de \'ullus; l'exemplaire du
Muséum britannique est complet.
En 1505 parut le troisième livre de VOdhe-
caton, sous le lilre de Canti C. n" cenlo cin-
quanta. Va exemplaire complet de ce précieux
recueil de chansons françaises, à quatre et
à cinq vois, est à la bibliolhèque impériale
«le Vienne. Dans la même année, Pctrucci
publia un recueil de cinq messes d'Obrcclil,
sous le titre de Misse Obrecht; un livre de
cinq messes deZ/rw mt'/, qui porte simplement
au frontispice : L'rumel, et les litres des
messes ; un livre de cinq messes de Jean Ghi-
seiin, avec le nom simplement de l'auleur et
les litres des messes; et, enfin, un livre de
cinq messes de Pierre De la Hue, avec ces
mots au frontispice : Misse Pétri De la Hue, et
les titres des messes. Des exemplaires des
messes d'Obrecht sont aux bil)liotliè(|ucs de
Berlin et de Munich; celui de la bibliothèque
de Vienne est incomplet de la basse ; le mien
est complet, ainsi que celui des messes de
Brumel, dont la bibliothèque de Berlin a un
exemplaire complet, ainsi que des messes de
Ghiselin.Les exemplaires des messes de Pierre
De la Rue qui sont à Berlin et au Muséum bri-
tannique sont complets; la basse manque à
celui de la bibliothèque impériale de Vienne.
Les exemplaires des messes de Jean Mouton,
Fevin, Ghiselin, Agricola, Brumcl, Pierre De
la Rue, Obrecht, Isaak, de Orto (Dujardin), et
de Gaspard, imprimées par Petrucci, qui se
trouvent à la bibliothèque de Saint-Marc, à
Venise, sont tous incomplets de la basse.
En 1504, Petrucci mit au jour cinq messes
d'Alexandre Agricola (Misse Alexandri
Agricole), dont il y a des exemplaires dans
les bibliothèques de Berlin, de Vienne, du
Lycée musical de Bologne, de la chapelle pon-
tificale de Rome et dans la mienne. Cette pu-
blication fut suivie du recueil intitulé Mo-
tetti C. C'est le troisième livre de la collection
de motets dont le premier. A, fut publié en
1502. On sait que le deuxième livre, marqué B,
contenait des motets pour le dimanche et pour
l'octave de la Passion, mais on n'en connaît
pas d'exemplaire.
Dans les années 1504 à 1508, Petrucci publia
neuf livres de chants italiens d'un caractère
populaire en usage dans les Étals vénitiens, et
qu'on appelait frottole. Le premier livre porte
la date du 28 décembre 1504; le second livre,
qui est sans doute une réimpression, celle du
29 janvier 1507 ; le troisième, celle du 26 no-
vembre 1507; le quatrième a pour titre :
Strambotti, Ode, frottole, Sonetti, et modo
de cantar versi 'latini e capituli , libro
quarto. Le cinquième livre est <laté du 23 dé-
cembre 1505; le sixième, du 5 février 1505;
le septième, du C juin 1507; le huitième, du
20 mai 1507; le neuvième cl dernier, du
22 janvier 1508. Les bibliothèques de Munich
cl de Vienne contienDcnt les divers livres de
PETRUCCI
V.
celle collection : M. Biilsch, libraire à Aiigs-
hoiirg, a eu les quatre 'premleis livres, en
184G, et Landsberg a possédi; les deux pre-
miers. C'est par ces mêmes recueils qu'on
connaît les noms de quelques compositeurs de
mélodies populaires (dont un certain nombre
en patois <le Venise) lesquels ont vécu dans la
seconde moitié du quinzième siècle, tels que
Antoine Caprioli, de Brescia, André de An-
tiquis, de Venise; Antoine Rosseti, de Vérone;
Antoine Stringari, de Padoue, Bartholomé
Tromboncino, de Vérone, Michel Pesenti, de
la môme ville, Philippede Luprano, François
Anna, organiste de Venise, Jean Brocrhi^ de
Vérone, MarcCara,AG la même ville, Nicolas
Pifaro, de Padoue et Rossini, de Mantoue.
En 1505, Pelrucci publia un livre de cinq
messes de De Orto (Dujardin), dont une avec
<leux Credo, le quatrième livre de motets à
quatre voix (Motetli libro quarto), et un livre
<le motets à cinq voix, fort intéressant, parce
qu'on y trouve trois niolets de Régis (dont le
nom flamand était De Koninch), composileur
<lu quinzième siècle, qui lut au premier rang
et dont les ouvrages sont rares. Dans l'année
150G, on ne trouve que deux livres de Lamen-
tations de Jérémie, dont le premier a pour
titre Lamentalionum Jeremie prophète, liber
primusj l'autre, Lamentationum, liber se-
cunduSj et un livre de cinq messes de Henri
Isaak {Misse Henri Izac). On ne connaît des
années IKO? et 1508 que quatre livres de ta-
blature de lutb et un livre de messes de
divers auteurs {Missarum diversorum aucto-
rum liber primus). Le premier livre de tabla-
ture a pour titre Intabolatura de Lauto
libro primo. Au deuxième feuillet, on trouve
une Régula promis qui canere nesciunt, en
latin et en italien. Il parait que l'auteur de ce
premier livre, ainsi que du second, fut un
luthiste nommé François Spinaccio, car on
trouve au troisième feuillet une pièce de vers
latins avec cette inscription ; Christophorus
PieriusGigasForosemproniensis in Laudem
Francisci Spinaccini. Dans le second livre,
le nom de Spinacciv se trouve en tête d'un
certain nombre de morceaux. Il n'a pas été
retrouvé jusqu'à ce jour d'exemplaire du troi-
sième livre. Le titre du quatrième livre a cette
forme bizarre :
Intabolatara de Lauto
Libro quarto :
Padoane diverse.
Calate a la spngnola.
<^alale a la taliana.
lastar de corde con li soi rccercar dietro.
l'roltole.
Joanamlirosio.
C'est-à-dire : pavanes de différents genres;
Calâtes (danses) à l'espagnol; danses à
l'italienne ; arpèges des cordes en montant
et à reculons; Frottole. A l'égard du dernier
mot (Joanambrosio), on en a l'explication
dans la table des pièces contenues dans
l'œuvre, car on y lit : Table de cet œuvre,
composé par l'excellent musicien et joueur
de luth Jean Ambroise Balza, de Milan.
François Spinaccio et Jean Ambroise Dalza
sont les plus anciens luthistes dont les noms
figurent dans l'hisloire de la musique.
Dans l'année 1509, on ne trouve qu'un seul
ouvrage sorti des presses de Pelrucci; il a
pour litre : Tenori e contrabassi intabulati
col sopran in canto figuralo per cantar e
sonar col lauto libro primo. Francisci Bos-
sinensis Opus; ce qui signifie «pie la parlic
de soprano est écrite en notation ordinaire
pour élre chantée par la voix, tandis que le
ténor et la basse, écrits en caractères de tabla-
ture, sont joués sur le luth; enfin, que l'ou-
vrage a été composé par un certain François,
né dans la Bosnie, et dont le nom de famille
n'est pas indiqué. Diverses œuvres ou collec-
tions ont été imprimées par Pelrucci entre les
années 1502 et 1510, mais sans date. On con-
naît particulièrement celles-ci : l" Misse
Gaspard (Van Verbeeke); ces messes sont au
nombre de cinq. Tous les exemplaires de ce
recueil, connus Jusqu'à ce jour, sont incom-
plets; la basse manque à ceux qui sont dans
les bibliothèques impériales de Vienne et de
Saint-Marc de Venise; celui de M. Gaspari de
Bologne, vendu à Paris, en 1862, n'avait pas
de ténor, â» Fragmenta Missarum. Parmi
ces fragments, on trouve les Credo des messes
de JosquinDeprès qu'on ne possède pas entières
et qui ont pour titres : La belle se sied; De
tous biens; Fillayge (village); Ciaschun
(chacun) me crie; ainsi que d'autres fragments
des messes Ferialis cl de Passione. 3» Deux
autres ouvrages sont cités sans date par Con-
rad Gesner, dans ses Pandectes, ou deuxième
partie de sa Bibliotheca universalis .• l'un est
le deuxième livre d'un recueil de Laudi indi-
qué de cette manière : Laude liber secundus,
ibidem {Fenetiis per Octavianum Petru-
tium); l'autre est intitulé : Frottole de misser
Bartolomeo Tromboncino con tenori et bassi
tabulati, et con soprani in canto figu^ato.
per cantar et sonar col canto ^ Fenetiis im-
pressie.
On ignore le motif qui détermina Pelrucci
à ne pas user pendant le terme de vingt ans
du privilège qui lui avait été accordé par le
16
PETRUCCI — PETZOLD
conseil de la seigneurie de Venise ; mais il est
certain que, dès 1512 au plus tard, il était re-
tourné à Fossombrone, cl qu'il y avait trans-
porté son imprimerie. Ce qu'on peut pré-
sumer, c'est que ses affaires commerciales
n'avaient pas prospéré à Venise, car dans
l'avant-propos d'un opuscule qu'il imprima
en 1513, il dit qu'il a souffert ius(|u'alors de
longues maladies et de revers de fortune (quas
diutina argriludo, et adversa fortuna adeo
oppressèrent). Qi\o\ qu'il en soit, il obtint du
pape Léon X un privilège de quinze ans pour
exercer son art dans les Étals romains. Ce
privilège est daté du 22 octobre 1513.
Le premier ouvrage imprimé à Fossom-
brone par Petrucci, en 1513, fut un livre de
messes in-folio, pour le choeur, dont un exem-
plaire se trouve à la chapelle pontificale de
Rome; puis il donna une nouvelle édition des
trois livres de messes de Josquin Deprès, dont
le premier parut en 15H, le second en 1515,
et le troisième en 1516. En 1514, il com-
mença la publication de la collection de motels
intitulée : Moietti de la corona, parce qu'ilj^
a une couronne royale au frontispice. Le pre-
mier livre fut achevé d'imprimer le 17 août
1514; les trois autres livres ont paru en 1519.
En 1515, le célèbre typographe mil au jour un
livre de cinq messes de Jean Mouton {Missa-
rum Joannis Mouton, liber primus), et un
livre de messes d'Antoine Fevin, qui en contient
une de Robert Fevin et une de Pierre De la Rue,
sous le nom de Pierzon. Cet ouvrage a pour
tilre jVfS5e Antonii de Fevin. Le Muséum bri-
tannique possède des exemplaires complets de
ces collections ; ceux de la bibliothèque impé-
riale de Vienne et de la bibliothèque de Sainl-
filarc, à Venise, n'ont pas les parties de basse.
Conrad Gesner cite aussi, sous la date de cette
année, une collection intilùlée ; Missarum
decem à clarissimit mttsicis compositarum
necdum antea (exceptis tribus) sditarum
libri duo. Itnpressi Forosempronii 1515. Au-
cune publication connue n'a été faite par Pe-
trucci pendant les années 1517 et 1518. Dans
une vente qui fut faite à Rome, en 182{), trois
messes, très-grand in-folio, pour le lutrin du
chœur, imprimées par Petrucci à Fossom-
brone, dans les années 1520-1523, ont été
acquises par une personne inconnue. Ces pro-
duits étaient de la plus grande beauté sous le
rapport des caractères, du tirage ctdu|>.ipier.
Après 1523, on ne trouve plus rien de Pc-
Irucci : il est vraisemblable qu'il cessa de
vivre dans celle même année, ou peu de temps
après.
PETUUCCÏ (Ancelo), compositeur dra-
matique, n'est connu que par l'opéra de Nit-
teti, qu'il fil représenter à Manlouc , en
1766.
PETSCHKE (ADOLPHE-FnÉDKnic), candi-
dat en théologie et directeur de l'Institut des
sourds et muets de la Saxe électorale à Leip-
sick, naquit en 1759, dans cette ville, et y
mourut le 7 avril 1822. II a publié, sous le
voile de l'anonyme, un supplément à la mé-
thode de piano de Merbacb, intitulé : Anhanff
zu Merbaclis Clavierschule; Leipsick, 1784,
in-4°. L'année suivante, il fit aussi paraître:
f'ersuch cines Unterrichts zinn Clavier-
spielen (Essai d'une instruction pour l'art de
jouer du piano); ibid., 1785.
PETZ (Jea«-Chbistophe), né à Munich,
dans la seconde moitié du dix-seplième
siècle, y fut d'abord allaché comme simple
musicien de la cour, puis entra au service du
prince électoral de Cologne, à Bonn, en qua-
lité de maître de chapelle, et fut en dernier
lieu appelé à Stuttgard,où il mourut en 1716,
avec re litre de maître de chapelle du duc de
Wurtemberg. Il a fait imprimer de sacompo-
lion : 1° Sonate a tre cioè 2 violini, violon-
cello e basso continua, op. 1 ; Augsbourg,
1701. 2" Prodrornus optatx pacis, op. 2;
ibid., 1703, in-folio. Cet ouvrage consiste en
psaumes à quatre voix, trois instruments et
basse continue. 3" Sonate da caméra a (lauti
e basso, op. 3, ibid. 4' Jubilum Hlissale;
ibid., 1706 : collection de messes solennelles,
5» Corona stellarum duodecim ; Slullgani,
1710 : collection de douze motets à quatre
voix, deux violons et basse continue pour
l'orgue.
PETZOLD (GniLLACSE- Lebrecht), fils
d'un pasteur protestant, est né le 2 juillet
1784, à Lichtenhayn, village de la Saxe (cercle
de Misnie).Son père, voulant Inifairc embras-
ser une profession à la fois industrielle et ar-
tistique, le conduisit au mois d'avril 1798, à
Dresde, oii il enlradans lesateliers deCharles-
Rodolphe-Auguslc Wenzky, facteur d'orgues
et de pianos de la cour. Après cinq années
passées en apprentissage chez cet habile ar-
tiste, Petzold partit pour Vienne avec une
letlre de recommandation de Wenzky pour
son confrère Walther. Il travailla dans les
ateliers de celui-ci jusqu'au mois de décembre
1805, puis se rendit à Paris, où il forma, au
mois d'avril 1800, une association avec
J. Pfeiffer {voyez ce nom) pour la fabrica-
tion de pianos, d'après un nouveau système.
Les premiers produits de celle association fu-
PETZOLD - PEVERNAGE
17
rent un nouvel instrument dans la forme d'un
piano pyramidal, auquel Pelzold donna le
nom A^ harmonomelo , et un piano triangulaire,
qui forent l'objet d'un rapport favorable d'une
commission composée de Cherubini, Méhul,
Calel, Gossec et Jadin. A l'exposition des pro-
duits de l'industrie nationale qui eut lieu cette
même année (180G), Petzold rendit public
son nouveau système 'de tables prolongées
dans les pianos carrés; système alors peu re-
marqué, parce qu'il n'était encore qu'ébau-
ché, mais qui fut cependant le signal de
la transformation complète que le piano a
éprouvée depuis lors, et le précurseur des im-
menses modifications qui se sont aussi opérées
dans l'art de jouer de cet instrument, et
dans la musique qu'on a écrite pour lui. Le
prolongement de la table des pianos carrés
avait pour objet d'augmenter l'intensité du
son; mais il conduisait à un changement
dans la disposition du mécanisme; car il éloi-
gnait les marteaux des cordes, et conséqucm-
ment obligeait à allonger leur levier pour les
lancer avec plus de force vers les cordes. Pour
atteindre ce but, Petzold dut substituer un
nouvel échappement libre à l'ancien chasse-
marteau, trop faible pour le levier sur le-
(|ucl il devait agir. Mais l'action des marteaux,
devenue beaucoup plus énergique, exigea des
cordesJplus fortes pour résister à la percus-
sion ; or, la puissance de ces cordes exerça une
force de traction qui rendit nécessaire une
construction plus solide des caisses. De tout
cela résulta une puissance de son auparavant
inconnue, unie au moelleux et à des moyens
nouveaux d'expression. Ce progrès considé-
rable du piano carré fil comprendre aux autres
facteurs la nécessité de changer aussi le sys-
lème de construction du piano à queue, pour
lui conserver sa supériorité comme piano de
concert ; et dès lors toutes les recherches se
lournèrentvers l'augmentation de la puissance
sonore. C'est donc en réalité à Petzold qu'il
lauf rapporter l'honneur de l'émulation qui
s'est développée dans ces recherches depuis
les premières années du dix-neuvième siècle,
car celle émulation commença à l'époque du
succès des pianos carrés à longues tables.
Le terme de l'association de Petzold et
Pfeiffer étant arrivé en 1814, chacun d'eux
prit un établissement séparé. C'est de celte
époque que date la brillante réputation de
Pelzold pour 'la fabrication des pianos car-
rés : les meilleurs furent longtemps ceux qui
soutirent de ses ateliers, et M. Pape {voijez ce
nom) fut le premier qui lui enleva la palme,
BlOGn. DSIV. DES MUSICIESS. T. VII.
enjoignant à une excellente qualité et à une
grande puissance de son, des conditions par-
faites de solidité.
Plusieurs témoignages de considération ont
été donnés à Pelzold par des jurys et par
des sociétés savantes.
PELTINGER (Cosrad), philologue et
jurisconsulte, naquit à Augsbourg, le 15 oc-
tobre 1465, et mourut dans la même ville, le
28 décembre 1547. Il cultiva non-seulement
les sciences et les lettres, mais encore les
arts, et particulièrement la musique. On lui
doit la préface d'une intéressante collection
de motets, rassemblée parles médecins Grim-
mius et Wirsung, et qui fut publiée à Augs-
bourg, en 1520, sous le tilre de Liber se-
lectarum canlionum quas vulgà Muletas
appellant.
PEDKUL (Paul), compositeur allemand,
vécut au commencement du dix-septième
siècle, et fut organiste à Steyer, en Autriche.
Draudius indique, de la composition de cet ar-
tiste : 1" ireltspiegel, das ist : Neue teutsch
Gesxnges, etc. (Miroir du monde, consistant
en nouvelles chansons allemandes joyeuses et
tristes à cinq voix) ; Nuremberg, 1G13, in-4».
2° Quelques pavanes, entrées, gaillardes,
courantes et danses à quatre parties, appli-
cables à tous les instruments à cordes; ibid.,
1G18, in-4».
PEVERIVAGE (André), musicien dis-
tingué, naquit à Courlrai, eu 1543, et apprit
la musique dans la maîtrise de la collégiale,
où il était enfant de phœur. Plus tard, il ob-
tint le tilre de directeur de cette maîtrise. Pa-
quol dit que cet artiste épousa, le 15 juin
1574, une veuve nommée Marie Moeges.
Il est à cet égard en contradiction avec l'épi-
laphedu tombeau de Pevernage, rapportée par
Swertius {Athenx Belgicx, p. 125), et copiée
\t3ir Y o\)\\Gns [Bibliolh. BelgiXyi. I, p. 56),
oii celte femme est nommée Marie Haecht.
Mais ici c'est Paquot qui est dans le vrai, car
des actes authentiques, qui existent aux ar-
chives de la ville d'Anvers, donnent les noms
de Marie Maeght à la femme de l'artiste dont
il s'agit (1). Ou ignore les motifs qui firent
abandonner par Pevernage la place de maître
de musique de la collégiale de Courlrai, pour
la position de maître de chant à la cathédrale
d'Anvers. Quoi qu'il en soit, les dix ou douze
années qu'il passa dans celte dernière ville
furent les plus brillantes de sa carrière; il y
(1) Je dois ce renseignement à l'obligeance de M. Vcr-
acliler, arcliivislc de la ville d'Anvers, qui, à ma prière,
a bien voulu faire des rechcrclies ù ce sujet..
O
48
PEVERNAGE — PEZ
iniblia ses propres ouvrages, queli|iics colloc-
lionsdc pièces de divers ailleurs, dont il diri-
gea les éditions, et élalilil dans sa maison des
concerts hebdomadaires où il faisait entendre
les plus beaux morceaux des compositeurs
italiens, français et bcletes. Il mourut à An-
vers, non le 50 juillet 1589, comme on le voit
dans l'épitaphc rapportée par Swertius, et,
d'après lui, par Foppens, mais le ôO juillet
1591, suivant un document authentique des
actes du chapitre de >'otr(;-Dame d'Anvers,
que M. Léon du Berbure a bien voulu me com-
muniquer (1). Il parait certain que l'épitaphc
rapportée par Swerlius est exacte, sauf une
transposition de chiffres par une faute typo-
graphique, et qu'au lieu de M. D. LXXXIX,
il faut lire M. D. LXXXXI; en sorte que celte
épilaphe est conçue comme il suit :
M. Andreœ Pcïernagio,
Uusico excellenli,
tlujus ecclesiie plionosco.
Et Marine (!lix.
Maria Daecht vidua et FK. M. Poss.
Obierunt bic XXX Julii, tctat. XLVIII.
IJIa II Fcbr. étal. XII. .M. D. LXXXXI.
On connaît de Pcvernagc les compositions
dont les titres suivent: 1" Chansons à cinq
parties; Anvers, 1574, iu-i" oM.^" Cantiones
sacra; seti moteltx 6, 7 et 8 vocum; 1578.
3' Chansons. Livre premier, contenant
chansons spirituelles à cinq parties; à en-
vers, de l'imprimerie de Christophe Plan-
tin, in-4'», 1589. — Livre second de chansons
à cinq parties, ibid., 1590. — Livre troi-
sième, etc., à cinq parties, ibid., 1590. —
Livre quatrième de chansons, à six, sept et
huit parties ; à envers, chez la veuve Chris-
tophe Plantin et Jean Mourendorf, 1591,
in-4''. C'est ce livre pour lequel a été faite
une ordonnance de payement de cinquante flo-
rins, adressée par le magistrat d'Anvers au
trésorier de la ville, et datée du I" février
1591 (2). Les héritiers de Pevernage ont
aussi publié les compositions qu'il avait
laissées en manuscrit, sous les litres sui-
vants : 4" Missx quinque, sex et sept, voc;
Anvers, P. Phalèse, 159ô, in-4<'.5o Cantiones
taerx ad prxcipua ecclesite festa tt dies
(1) Ce document est ainsi traduit lilKiraleinent da
flamand par M. de Burburc : « Maitrc André Pevernage,
» maître de cliant de ectle «iplise, est décéd< le 30 juillet
» de l'annt^e iliOl, versqn.iire heure» et demie avant le
» »oir, un peu avant le salut de la sainte Vierge, après
» a»oir et* malade pendant cinq (emaines, à savoir
•• (îepuit le lendemain de la fcte de saint Jean-Bnp-
» li»le, «le. •
(3) Celle ordonnance existe aux arrliivc* de la ville
A'inyti».
dominicas totius anni directe, suavissima
harmonia, sex, septem et octo vocihus com-
positx, et tam vira voce, quam omnis (je-
neris instrumentis cantatu commodissimx,
auctore Andrxa I^evernage Cortracensi,
Mariannx xdis Àntverpiensis musici chori
prxfccto; ibid., 1G02, in-4''. Une contrefaçon
de cette édition fut faite dans la même année
à Francfort-sur-le-Mein , à l'imprimerie de
Wolfgang Rechter, aux dépens de Nicolas
Stein, six parties in^". 6° Laudes vesper-
tinas Marix, hymnos venerabilis Sacra-
menti. hymnos sive cnntiones Natalitias A,
5 ef G foc; ibid., 1604, in-4'' obi. Quelques
morceaux de Pevernage ont été insérés dans
une colleclion recueillie par le compositeur
anglais Pliilipps (voyez ce nom), el publiée
sous ce titre : Melodia Olympien di diversi
eccellentissimi musici a 4, 5, 6 e 8 voct;
Anvers, P. Phalèse, 1594, in-4" obi., ainsi
que dans un autre recueil intitulé : Musica
divina di XIX autori illustri « 4, 5, G e 7
voci, nuovamente raccolta da Pietro Pha-
lesio e data in luce ; ibid., 1595, in-4" obi.
Pevernage a rassemblé lui-même une collec-
tion de madrigaux à quatre, cinq, six, sept el
huit voix, sous le lilre iV//armonie céleste,
chansons de différents auteurs; Anvers, Pha-
lèse, 1583, in^"; il s'y trouve quelques mor-*
ceaux de sa composition. Une deuxième édi-
tion de ce recueil a été publiée sous le litre
italien : Harmonia céleste a 4, 5, 6, 7 e 8
voci, nuovamente raccolta per Andréa Pe-
vernage, e data in luce, nella quale si con-
tengono i più eccellenti madriyali che oggi
sicantino; ibid., 1595, iu-4»obl.
PEXEI^FELDEU (Michel), jésuite, né
en 1G13,à Arnsdorff, en Bavière, fit ses éludes
à Passau, et enseigna la rhéloriqne àLandshut
pendant vingt-deux ans. Il mourut dans celle
ville vers 1G80. On a sous sou nom un livre
intitulé : Apparatus eruditionis tam rerum
quam verborum per omnes artes et scientias;
Nuremberg, lfi70, in-4'', cl Sulzbach, 1G87,
in-S". Il y traite de la musique dans les cha-
pitres 43', 48'' et 59«.
PEZ (jEAS-CiinisTOPiiF.), organiste de la
collégiale d'Augsboiirg, dans les premières
années du dix-huitième siècle, s'est fait con-
naître par quebiues ouvrages de mu$i<|uc
d'église, i»armi lesquels on remarque celui (|ui
a pour titre : Prodromus optatx pacis, sive
Psalmi de Dominicis et fieata f'iryine in
ofjicio Fespertini dccantari solili, et secun-
dum gcnium ac stylum modcrnum concinno
positi. 4 l'oc. concert, et tolidcm rip. iicc-
PEZ — PFEFFINGER
19
non tribus ihstrumentis et duplici basso
gênerait. Juthore etc. ôpus secnndum. Au-
gustœ Findelicorum , typis Jo. -Christ.
IFagneri, 1703, in-4''.
PEZELIUS (jEAw), ou PEZEL, ou même
BEZEL, chanoine régulier de l'ordre de
Sainl-Auguslin, naquit en Autriche dans la
première moitié du dix-septième siècle. En
1C72, il entra dans un monastère de son ordre
à Prague; mais il le quitta furtivement l'année
suivante, et se retira à Bautzen, où il emhrassa
la religion réformée, et où il eut le litre hi-
zarre de fifre de la ville. Adelung assure qu'il
a été directeur de musique de l'école de Saint-
Thomas, à Leipsick. Pezelius était un bon
musicien , fort laborieux, et a publié de sa
composition : loMusica vespertina Lipsiaca ,
oder Leipzigische Abend-Musik von 1-5
Slimmen; Leipsick, 16G9, in-4". 2» ffora
décima, ou composition musicale pour jouer
avec des instruments à vent vers dix heures
avant midi, à cinq parties; ibid. , 1 GG9, i n-4".
ô» Composition musicale pour instruments à
vent, consistant en quarante sonnets à cinq
parties; ibid., 1670, in-fol. 4" Airs sur les
idées abondantes {Arien iiber die iiberflus-
sigen Gedanken); ibid., 1075, in-fol. 5° Jouis-
sances musicales de l'àme; ibid., lC73,in-4°.
O"" Entrées à quatre parties, particulièrement
pour un cornet et trois trombones; ibid.,
1C8Ô, in-4''. 7° Bicinia variorum tit a f'iol.,
cornet., flaur.,clarinis, et fugotto,cum ap-
pendice a 2 Bombardinis vulgo chalumeau,
clar. et fagotto; Leii)sick, 1G74, 1670 et 1682,
in^". Une deuxième édition de cet ouvrage a
été donnée à Leipsick, en 168;'), in-4'». 8" De-
licix musicales, ou musique gaie consistant
en sonates, allemandes, ballets, gavottes,
courantes, sarabandes et gigues, à cinq
parties, savoir, deux violons, deux violes et
basse continue; Francfort, 1678, in-4''.
9" OpuS musicum sonalarum pr^stantissi-
marum senis instrumentis instruclum, ut
2 violinis y 3 violis et fagotto, adjuncto
B C; Francfort, 1G86, in-fol. 10° Musique à
cinq instruments à vent, consistant en
entrées, allemandes, ballets, courantes, sara-
bandes, etc., pour deux cornets et trois trom-
J)ones; Francfort, 1G84, in-4'>. 11" Entrées en
deux parties; Leipsick, 1G7G, in-8°. la» Une
année complète sur les Évangiles, à quatre et
cinq parties instrumentales; ibid., 1678.
lô" Musica curiosu Lipsiaca, consistant en
sonates, allemandes, courantes, ballets, etc.,
pour. jouer sur un, deux, trois, quatre ou cinq
instruments; ibid., 1G8G. On a aussi de cet
artiste trois livres très-rares sur la musique
dont l'objet est inconnu, et qui ont pour titres:
1° Observationes musicx; Leipsick, 1678,
in-4''; idem, ibid., 1683, in-4''. '■2<> Infelix
musicus; Leipsick, 1678, in-4''. 3° Musica
Politico Practica; ibid., 1678, in-4''. Ces
trois ouvrages sont cités par Lipenius(Z?/6/e'of .
Enucl., p. 976).
PEZOLD (Gustave), chanteur de la cour
de Stultgard, est né le 3 juin 1 800, à 3Iœringen.
Après le décès prématuré de son père, il fut
admis à l'hospice des orphelins de Stuttgard,
à l'âge de dix ans. Il y apprit le chant et le
piano, et débuta au théâtre, avant d'avoir
atteint sa quatorzième année, dans la Flûte
enchantée de Mozart ; puis sa voix ayant pris
le timbre d'une bonne basse, il quitta en 1818
l'école où il avait été élevé, et prit un engage-
ment au théâtre de Stuttgard. Des voyages
qu'il a faits depuis 1825 dans plusieurs parties
de l'Allemagne, lui ont fourni les occasions
de chanter avec succès aux théâtres de Berlin,
de Munich, de Hanovre et de la Porte de Ca-
rinlhie, à Vienne. Il a été considéré comme un
des bons acteurs allemands, pour son emploi.
PFAFF (Mautim), directeur de musique du
régiment de Neugebauer, en garnison à Fri-
hourg, en 1793, est auteur de la musique de
deux opéras mentionnés dans VAlmanach
théâtral de Gotha (ann. 1796, p. 151), sous
ces titres : 1" Die Lyranten {?); 2» Les Co-
médiensdeQuirlewilsch. Ces ouvrages furent
représentés à Dessan.
Un clarinettiste de la musique du roi de
Prusse et de l'ojiéra de Berlin, nommé Au-
guste Pfa/f, ou Pfa/fe, fut vraisemblablement
fils de cet artiste. Il naquit à Dessau, en 1796,
fut admis dans la musique du roi à Berlin, en
1817, et mourut dans celte viUè, le 13 fé-
vrier 1834.
J'ignore si Emile Pfaffe, professeur de
piano à Berlin, est de la même famille. Il est
né dans cette ville, a fait son éducation dans
l'école de musique de l'académie des beaux-
arts, et a reçu des leçons de Taubert pour son
instrument. En 1844, il a publié deux pièces
caractéristiques de sa composition pour le
piano (Berlin, Challier). Je n'ai pas d'autres
renseignements sur cet artiste.
PFEFFrNGER (Philippe-Jacques), né à
Strasbourg, en 1766, fit ses études de musique
sous la direction dcPh.-J. Schmidt.En 1790,
les places de maître de musique delà ville et
du Temple neuf lui furent confiées. Ce fut
alors que ses liaisons avec Pleyel, maitre <lc
chapelle de la cathédrale, lui firent faire des
2.
ÎO
PFEIFINGER - PFEIFFER
progrès dans la composition. En 1791, il suivit
cet arlisle célèbre en Anglelerre, et demeura
six mois à Londres, où Haydn se trouvait
alors. Fixé à Paris depuis 1794, Pfefiinger s'y
livra à l'enseignement et à la composition. Il
mourut dans cette ville, en 1821, à l'âge de
cinquante-cinq ans. Parmi ses ouvrages, on
remarque : 1" Grand trio pour piano, cor ou
violon et violoncelle; Paris, Carli. 2» Pive
Henri IF, varié pour piano, violon et violon-
celle; ihid. 5" Sonate concertante pour piano
à quatre mains, op. 16; Paris, Ricliault.
4' Des fantaisies, des caprices et des pots-
poUrris pour piano; Paris, Ricliault el Carli.
PfelTinger a écrit, pour l'Acadcmie royale de
musique, Zaïre, opéra en trois actes, qui a été
répété en 1809, mais qu'on n'a pas représenté.
PFEIFFER (Auguçte), docteur en théo-
logie et surintendant à Lubeck, naquit à
Lauenbourg, en Saxe, le 27 octobre 1640.
A l'âge de cinq ans, il tomba du haut de la
maison habitée parscs parents, et parut avoir
perdu la vie quand on le releva. Sa sœur,
voulant le mettre dans le linceul, le piqua par
hasard avec son aiguille, et cet accident le fit
revenir à la vie. Les études qu'il fit aux uni-
versités de Hambourg el de Witlcnberg dé-
veloppèrent en lui le goût des langues orien-
tales : il y fit de grands progrès et en posséda
bientôt, dit-on, ungrand nombre. En 1671, il
devint doyen de Meelzibor, en Silésie, puis
il occupa diverses positions à Ocls, Stroppen,
.Meissen et Leipsick. Appelé à Lubeck , en
1690, il y exerça les fonctions de surinten-
dant, et y mourut le 11 janvier 1698. Dans
ses Antiquitates Hebraicx selectx (Leipsick,
1689, in-12), il traite De Neginoth aliisque
"• instrumentis mtisicis Hebrasorum. Cet opus-
cule a été réimprimé dans les Opéra philo -
logica de ce savant, Utrecht, 1704, 2 vol.
in-4''. Ugolini l'a inséré dans son Trésor des
antiquités sacrées, t. XXXII, p. 801. PfeifTer
a aussi traité de la musique dans la thèse qu'il
a soutenue à Wittenberg pour obtenir le grade
de maître Cs arts, et qu'il a publiée sous le
titre de Dii.iribe philologica de poesi He-
brxorum veterum ac recentiorum ; "Witten-
berg, 1670, in-4».
PFEIFFER (Jeaji-Philippe), docteur en
théologie, naquit à Koenigsberg, le 19 février
1645, el mourut le 10 décembre 1693. Il a
traité de la musique des anciens dans son
livre intitulé : Antiquitatum grx iorum gcn-
tilium sacrarum, polilicarum, mililarium
et œconomicarum Ubri IV (Rœnigsberg,
1689, el Leipsick, 1707, in-4"}, lih. ^,cap. 04.
PFEIFFER (Jean), né â Nuremberg, le
l" janvier 1697, y apprit la musiciuc et con-
tinua l'élude de cet art pendant qu'il suivait
les cours des universités de Halle et de Leip-
sick. Le comte de Reuss l'employa d'abord
comme directeur de sa musique dans sa terre
de Slaitz; mais après six mois de séjour chez
ce seigneur, il entra, en 1720, au service du
duc de Saxe-Weimar, en qualité de premier
violon. Le mérite de ses compositions lui fit
obtenir le litre de maître de concert, en 172G,
cl le duc Ernest-Auguste s'en fit accompagner
dans ses voyages en Hollande et en France,
pendant les années 1729 et 1730. En 1734,
PfeifTer reçut sa nomination de maître de
chapelle à Bayreuth, avec le titre de conseiller
de la cour. 11 mourut dans celle ville, en
1761, à l'âge de soixante-quatre ans. Cet ar-
tiste a laissé en manuscrit beaucoup de mu-
sique d'église, des pièces de clavecin el des
symphonies pour l'orcheslre, qui étaient
estimées en Allemagne vers le milieu du dix-
huit^ème siècle.
PFEIFFER (Aucuste-Fbédéric), né à
Erlangen, le 13 janvier 1748, y fut professeur
de langues orientales, bibliothécaire de l'uni-
versité, et conseiller de cour. 11 est mon le
15 juillet 1817. On a de lui une dissertation
sur la musique des Hébreiix iutilulée :
Fon der Musik der allen Hebrxer; Erlangen,
1779, in-4" de cinquante-neuf pages et une
planche.
PFEIFFER (Tobie-Fréderic), né dans le
duché de Weimar, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, se fil acteur (l'opéra, en 1778, et
entra dans la troupe de Joseph Seconda; mais
dégoûté de cette profession, après dix-sept
années d'exercice, il se retira à Dusseldorf, el
s'y livra à l'enseignement de la musique, vers
1795. Il vivait encore dans cette ville, en
1805. Cet artiste s'est fail connaître comme
compositeur dramatique, par un prologue en
musii|ue intitulé : Die Freudcn der Iledli-
chen (les Plaisirs des justes), qu'il fil repré-
senter à Leipsick, en 1789. En 1801, il a fail
graver plusieurs airs variés pour le piano, et
une cantate pour la paix, avec accompagne-
ment de piano.
PFEIFFER (FitANçois-AiiToifiE), virtuose
sur le basson, né â Windischbach, dans le
Palatinat, en 1750, fut d'abord contrebassiste
à Mannheim, d'oii il passa dans la chapelle de
l'électeur de Mayence. Ce fut alors <|u'il
abandonna la contrebasse pour le basson. En
1785, il entra au service du duc de Mecklem-
bourg. Il mourut à LudwigsUist, en 179-2, à
PFEIFFER
SI
rigc de qiiaranle-deux ans. On a gravé de sa
composition : Six quïluors pour basson,
violon, allo et basse, op. 1, à Berlin, chez
Ilummel.
PFEIFFER (....), facteur d'orgues à
Slullgard, naquit à lleilhronn vers le milieu
du dix-seplièmc siècle, et fut élève de Frics,
facteur renommé de cette ville. En 1785, il
construisit à Bieligheim un instrument à
deux claviers, pédale et vingt-deux jeux. Plus
tard il a fait à Sluttgard plusieurs autres ou-
vrages estimés. "Vers 1800, il fabriquait aussi
de petits pianos qui étaient recherchés.
PFEIFFER (J.-M.), musicien allemand,
qui parait avoir vécu à Mannheim vers 1780,
et plus tard à Londres, n'est connu que par
ses productions, parmi lesquelles on remar-
que : 1" Sonate à quatre mains pour le piano;
Mannheim, lleckel. 2° Il Maestro e lo sco-
laro, 0 Sonata facile a A maniper ilpiano
forte, ihiû. Celle pièce a obtenu un brillant
succès en Allemagne, car on en a fait des
éditions à Bonn, à Hambourg, à Hanovre, à
Hlayence et à Munich. 5» Trois pièces de con-
cert pour piano, fliUe et violoncelle j Londres,
1789, Bland. 4° Douze petites pièces caracté-
ristiques pour le clavecin; ibid. 5" Six chan-
sons anglaises et six ariettes italiennes, avec
accompagnement de piano, I*""" livre; ibid.
6» Idem, 2""= livre; ibid.
Quelques autres musiciens du nom de
Pfei/fer ont publié des compositions de diffé-
rents genres; mais on ne possède pas de ren-
seignements sur leur personne. L'un d'eux,
F. Pfeiffer, professeur de musique à Vienne,
vers 1830, a publié de sa composition des va-
rialions'^pour violon; Vienne, Hasiinger; idem
pour flûte avec piano; Vienne, Mechetli;
idem pour czakan, avec piano, sur un thème
du Siège de Corinthe, op. 21 ; Vienne, Cappi;
des pièces de guitare; ibid.; des variations
pour piano, op. 8; Vienne, Mechelti ; des
danses et valses; Vienne, Weigl et Artaria;
un trio pour violon, alto et guitare, op. 16;
Vienne, Czerny, etc. Un flûtiste, nommé
A. Pfeiffer, qui paraît aussi demeurer à
Vienne, a, dans les dernières années, publié
quelques morceaux pour son , instrument.
G. Pfeiffer, pianiste à Berlin, vers 1840, est
auteur de plusieurs œuvres pour le piano,
parmi lesquelles on remarque une étude bril-
lante en forme de fugue, Berlin, Paez.
PFEIFFER (Michel-Traucott) , né à
Wllrzbourg dans la seconde moitié du dix-
biiiiième siècle, a mérité que son nom fût
iransniis à la postérité par ses travaux pour
la réalisation des vues de Peslalozzi concer-
nant l'enseignement de la musique, et par
l'organisation de cet enseignemeut dans
l'Institut d'Yverdun, en 1804. On trouvera
dans la notice sur Naegeli (voyez ce nom) la
division imaginée par Pfeiffer pour rendre plus
facile la conception des éléments de la musique.
Dès 1809, Nspgeli fil connaître les procédés de
ce professeur, dans un petit écrit intitulé :
Die PestalozzischeGesàngbildunylehre tiach
Pfeiffers Erfxrtdung (la méthode de chant
pestalozzienne, d'après l'invention de Pfeiffer)^.
En 1810, les éléments du travail de Pfeiffer
furent réunis et mis en ordre par Naegeli, qui
en forma un volume dont on peut voir l'ana-
lyse dans la notice de celui-ci. Plus tard, on
a aussi publié sous les noms de Pfeiffer et
NsDgeli un recueil de tableaux pour les écoles
populaires de musique, sous le titre : iVeij/ca-
lischesTabellentcerk fur ï'olkschulen zurHer-
ausbildung fur den Figuralgesang ; Zurich,
1828. On manque de renseignements sur la
fin de la carrière de Pfeiffer; on sait seule-
ment qu'il vivait encore à Lenzbourg (Suisse)
en 1842, dans un âge avancé : il y avait établi
une école de musique qui avait prospéré.
PFEIFFER (J.), né à Trêves, en 1769,
exerça d'abord la profession de tourneur,
puis entra dans l'atelier d'un facteur de pianos
à Scbelestadt, alla se fixera Paris, vers 1801,
et y établit une manufacture de ces instru-
ments. En 1806*, il forma une association
avec Petzold {voyez ce nom) , el fut spécia-
lement chargé de la partie commerciale de la
maison qu'ils établirent pour ce genre de
fabrication. Séparé de Petzold, en 1814,
Pfeiffer se fit alors une honorable réputa-
tion par ses pianos carrés à deux cordes.
Vers 1830, il a fait connaître un petit instru-
ment de son invention, sous le nom de ffar-
polyre; il le croyait destiné à remplacer
avantageusement la guitare, parce qu'il était
aussi portatif et offrait plus de ressources et
des sons plus puissants : cependant , la har-
polyre n'a point eu de succès. Pfeiffer a
exhibé ses instruments dans les diverses ex-
positions des produits de l'industrie française,
et a fait imprimer un Mémoire adressé à
MM. les membres composant le jury de l'ex-
position de 1823 (Paris, in-4° de seize pages),
où il rendait compte de ses travaux depuis
1806. PfeitTerest mort à Paris, vers 1838.
PFEIFFER (madame Clara-Virci.^ie) ,
pianiste distinguée et professeur de piano,
à Paris, née à Versailles, au mois d'avril
i 1816, est élève de Kalkbrenner et de Chopin.
PFEIFFER — PFEUISIGEK
Ali nombre dos ouvr.igcs pnljliis par celte
ailiste, on remarque : l" Six études pour
piano, sous le litre d'Esquisses vnisicales,
op. I; Paris, Chabal. 2° Qualre nocturnes
idem, œuvres9, 3, 4; Paris, Chabal, Heu, etc.
ô» Duo pour piano et violon, avec Apollinaire
Rontski; Paris, Aulagnicr. i» Duo |)our deux
pianos sur Guillaume Tell; Paris, Brandus.
ô* Sonate iiour piano seul, op. 9 ; Paris, Heu.
PFEIFFER (GEonGFS-jEA>), fils de la
précédente et petit-neveu du facteur de pianos
J. PfeifTer, dont son père (Emile Pfei/fer) fut
•nssocié, est né à Versailles, le 12 décembre
1835. Élève de sa mère pour le piano, il a
reçu d'elle les traditions de l'école pure et
classique de Kalkbrenner ainsi que des déli-
catesses poétiques (|ui firent <le Chopin un
pianiste à part. Maleden et M. Damcke {voijez
ces noms) ont été ses maîtres de composition.
Ses débuts à Paris, comme exécutant et
comme compositeur, ont été brillants : il a de
la fougue, du feu d'artiste et le désir de se
maintenir dans la route des maîtres; ce qui
est d'un bon augure. Laissant à part les exa-
gérations des journaux, qui ne connaissent
que l'enthousiasme ou le dédain et manquent
toujours <le mesure, parce (jue ceux (jui les
écrivent n'ont pas les connaissances néces-
saires pour l'appréciation juste, laissant, dis-
je, de côté leurs éloges hyperboliques, je crois
qu'il y a en Georges PfeifTer l'étoffe d'un
artiste de valeur, et que l'élude sérieuse des
modèles classiques achèvera ce que l'instinct
a commencé. Je connais de lui un Irio (en sol
mineur) pour piano, violon et violoncelle, et
je viens «le lire ses concertos; ces ouvrages
ont suffi pour me faire juger quel'auteur a du
sentiment, de la clarté dans les idées, et que
lorsque la véritable originalité viendra se
joindre à ce qu'il possède déjà, il produira de
bons ouvrages. Dans les productions que je
' viens de citer, il y a Irop de notes, trop de
recherche d'effets qu'on appelle aujourd'hui
5j/mp/ionj7«es; le simple y man(|ue; mais la
simplicité et l'originalité vraie, dont je parle,
sont les qualités qui font les grands maîtres :
on ne les possède pas à vingt-six ans, à moins
d'être Mozart. En 1802, Georges PfeifTer a
donné, dans la salle Plcycl Wolff, un concert
oii il a exécuté son trio, quelques autres com-
positions dans la manière de l'époque actuelle,
et a fait entendre un opéra de salon intitulé
le Capitaine Roch : tout cela a été fort ap-
plaudi. Dans la même année, il s'est rendu à
Londres, au moment de l'exposition interna-
tionale, et a joué son deuxième concerto (en
mi bémol) avec orchestre, dans un concert
donné à Sainl-James-Hall : il y a obtenu un
chaleureux succès. Des études, des Mazurkes
et d'autres Muettes ont été ses premiers ou-
vrages. Son premier concerto pour piano et
orchestre, op. 11, est sa première production
sérieuse (Paris, Gambogi) : il en a extrait un
rondeau pastoral, qui a particulièrement
bien réussi. Puis est venu son trio, œuvre 14,
dont j'ai parlé ci-dessus (Paris, Brandus),
puis son second concerto, op. 21. On cite de
lui de petites choses remarquables par le
charme, entre autres la Ruche, op. 18 (Paris,
Gérard). Au nombre de ses ouvrages inédits
est une ouverture de Phèdre, pour orchestre.
PFEIL (Jean-Auguste), magistcr et pas-
leur à Corbelha, près de Mersebourg, a fait
imprimer un sermon qu'il a prononcé, en
1823, à l'occasion de l'inauguration de l'orgue
dans l'église de ce lieu, sous ce titre : Die
Orgel. Eine JUarrede und Predigt bei dcr
Einweihung der Orgel nm Kirchweihfest
1823in derKirche zu Corbetha; Mersebourg,
1824, in-8" de seize pages.
PFEILSTICKEU (François), clarinet-
tiste allemand, chef de musique du 7'"' ré-
giment d'infanterie, en garnison à Paris pen-
dant les années 1802 et 1803, a fait graver de
sa composition : 1° Concerto pour clarinette,
op. 1 ; Paris, Pleyel. 2° Des valses pour divers
instruments; ibid. 3» Concerto pour flageolet
avec orchestre; ibid.
PFEi>D]\ER (Henri), organiste de la
cathédrale de WUrzbourg, dans la première
moitié du dix-septième siècle, naquit à Holl-
feld (Bavière). Il s'est fait connaître par une
collection de molels, en trois livres, laquelle
a pour titre : /Uotectorum binis, ternis, qua-
ternis, quinis, senis, septeniSy octonisque
vocibus concincudorum liber primus. I/cn-
rici Pfendenri /folvendensis reverendissim i
et illust. principis ac Domini D. Philippi
Âdolphi. episcopi f'irceburgensis, Franci.v
orientalis ducisorganista. f'irceburgi, typis
ac sumptibus Joannis f'olinari, 1023, in-4".
Le second livre, (jui a le même titre, a paru chez
le même, en 1024, et le troisième, en 1025.
PFEÎSNIIVGEU (Jean-Conrad, prédicateur
à l'église de Saint-Pierre de Zurich, naquit
dans cette ville, le 15 novembre 1747, cl y
mourut le 11 septembre 1792. Après sa mort,
on a publié un ouvrage dont il avait laissé le
manuscrit, et qui a pour litre : Briefe an
Nicht-jflusiker, ueber Musik als Sache der
Menschheit (Lettres sur la musii|uc à uu
homme qui n'est pas musicien, comme pro-
PFENNIGER — PHALÈSE
duclion dcriiumanilé); Zurich, 1792, gr. in-8»
de cent quarante pages. Ce livre intéressant
renferme vingt-huit lettres concernant la
puissance et les effets de la musique.
PFISTEIl (Jacques), facteur d'instru-
ments, né à Offerbaum, près de WUrzbourg,
le 1" janvier 1770, exerça d'ahord la profes-
sion de menuisier, et travailla à Mayence, à
Mannheim, «t en dernier lieu à Vienne, où il
s'instruisit dans la fabrication des pianos chez
Wallher et Brodmann. En 1800, il établit une
fabrique d'instruments à WUrzbourg, et il a
été depuis lors considéré comme un des bons
facteurs de i)ianos de la Bavière.
PFISTER (Jules), ténor du théâtre royal
de Berlin, né à Ofen, le 25 juillet 1817, est
fils d'un bijoutier de cette ville. Instruit dans
l'art du chant dès sa jeunesse, il se fit entendre
dans les concerts, et les succès qu'il y obtint
le décidèrent à se vouer à la carrière du
théâtre. Après avoir subi, en 1836, un examen
an théâtre Kœrntnerthor de Vienne, il y fut
admis comme élève. Basadonna, Otto Nicolaï
et Gentiliuomo furent tour à tour ses profes-
seurs de chant. Ses études étant terminées, il
eut un engagement an théâtre Kaerntnerthor.
Dans les années 1843 et 1844, il fit des
voyages à Berlin et y joua avec succès dans
plusieurs ouvrages. Le 10 avril 1844, il con-
tracta un engagement avec le théâtre royal de
cette ville ; il y chantait encore, en 18G0, et y
avait la réputation d'un bon ténor.
PFISTEUEIV (R.-L.), compositeur de
musique d'église né à Munich, devint organiste
à Vevay, oii il vivait en 1832. On n'a pas
d'autre renseignement sur cet artiste, qui
n'est connu que par quelques-uns de ses ou-
vrages, dont voici les titres : 1» Deutsche
Messe fiir den heil. Os(erlag , etc. (Messe
allemande pour le jour de Pâques, à une voix
e( orgue, avec trois voix d'accompagnement
ad libitum, op. 9); Munich., Sidler. 2° Messe
allemande pour nne voix obligée et trois voix
ad libitum., deux violons, deux clarinettes,
deux cors , contrebasse et orgue, op. 10 ;
Munich, Aibl. 3» Six chants allemands pour
la semaine sainte, à quatre voix et orgue j
ibid. »
PFLEGER(AucusTis), musicien allemand,
qui vivait vers le milieu du dix-septième siècle,
fut d'abord maître de chapelle de l'électeur de
Saxe, puis alla, vers 16G3, diriger la musique
de la chapelle du duc de Holstein-Gottorp, et
se fixa ensuite à Schlackenwerth en Bohême.
On a de sa composition : Psalmi. Dialogi et
JfJotcUcV; Dresde, 1601, in-4°. Il a laissé
aussi en manuscrit : Bicinia cl Triciniain
parochias dominicas et [estivales.
PFREL3IDEU(Jean-Christopiie), canfor
à l'église et au gymnase delleilbronn, au com-
mencement du dix-septième siècle, a fait im-
primer un petit traité élémentaire sur le chant,
sous ce litre : Richtige Unterueisung sur
Singkunst (Instruction exacte sur l'art du
chant); Strasbourg, 1029, deux feuilles in-8».
PFLUL (Abraham), né à Nuremberg, le
0 décembre 1681 , y commença ses études
qu'il termina à l'université d'AHdorf. Après
avoir rempli pendant cinq ans les fonctions
de cantor à Furth, près de sa ville natale, il se
fixa à Nuremberg, en (|ualité de professeur de
clavecin et de contre|)oint. Il mourut le lo juil-
let 1723, à l'âge de quarante-deux ans. Plu-
sieurs cantates et des pièces de clavecin ont
été publiées par lui, à Nuremberg.
PHALÈSE (Pierre), en latin P/ialesius,
célèbre imprimeur et éditeur de musique, na-
quit à Louvain, vers 1510, d'une famille hono-
rable dont le nom flamand était FanderPha-
liesen (1). M. Van Even {voyez la note ci-
dessous) pense que le typographe dont il s'agit
était fi\s iV^rnould frauder Phaliescn, qui
succéda, en 1499,àGillesStuerl)oul, en qualité
de peintre de la ville de Louvain. S'il en est
ainsi, Arnould fan der Phaliesen devait
être fort âgé lorsqu'il eut ce fils, car il exécu-
tait déjà des travaux de son art dans l'hôtel
de Charles le Téméraire, à Bruges, en 1468
et sans doute il n'avait pas alors moins de
vingt-cinq ans. Dans la note qu'il a bien voulu
me fournir, M. Van Even ajoute que Pierre
l'an der Phaliesen, ou Phalesius, s'associa
avec Martin Raymakers {voyez ce nom), ou
Hotarius (2), libraire, pour la publication des
œuvres de musique, que leur boutique existait
à Louvain dès 1350, et que Renier Velpen, ou
Renerius Velpius, de Diest, imprimeur à Lou-
vain, travailla pour eux. Il y a quelques difli-
(1) M. Edouard Van Even, archiviste de la ville de
Louvain, qui, ù ma prière, a bien voulu faire des
recherches .sur l'imprimeur et cdileur Phalcse, dans le
dépol dont la garde lui est conCée, a trouvé qu'en 1384,
Jean Van der Phaliesen fut reçu bourgeois ou poorler
de cette ville. En i42C, un autre /mit Van der Phaliesen,
ou Johannes Phalesius, était curé ou paroehiaen de
l'église de Saint-P ierre. P ar acte d u 20j uin de celte même
année, il fut nommé membre de l'administration de
l'Université , nouvellement érigée , et qui bientôt devint
célèbre.
(2) naymakers, en flamand, comme rotarius, ou
roderius, dans la basse latinité, signifiait o/ian-o», ou
faiseur de roues de voiture ou de cjiarretle (vojez Du-
cangc, voe. Roderius et /{otarius). Le vieux mot Radier,
de la langue romane, avait la mcnic signification.
S4
PIIALÉSE
cul lés à l'égard de ces Taits; et d'abord le
plus ancien ouvrage connu maintenant comme
ayant été mis au jour par Phalesius, a pour
titre : Carminum que chely vel testitudine
canuntur, trium, quatuor vel quinqucpar-
tium liber secundus , et qu'au bas du fronti-
spice on lit ces mots : Lovanii, apud Petrum
Phalesium hihUopolam, anno^i.. D. \LVI.
A la dernière page se trouve cette souscription :
Lovanii. Ex officina Servatii Zasscni Dies-
tensis, anno 1546. On voit qu'alors Phale-
sius n'avait pas d'associé, et que Servaes Zas-
sen, de Diest, était son imprimeur. Au troi-
sième livre de cette même collection de pièces
de luth, publié au mois de décembre de la
même année, le nom de Phalesius parait aussi
seul (Lovanii, apud Petrum Phalesium bi-
bliopolam juratum) j mais l'imprimeur n'est
plus le même, car on lit à la dernière page :
Lovanii, excudebat Jacobus Batius, typo-
graphusa Cxs.Maj. admissus, 1546, men.
decemb. Ce même troisième livre a été repro-
duit avec ce titre français : Des chansons et
motetz reduictz en tabvlature de Luc (sic), à
quatre, cinque et six parties, livre troixiesme
(sic), composées par l'excellent maistre Pierre
de Teglii Paduan. A Lovvain, par Pierre
Phaleys , libraire iure , nel an de grâce
-MDXLVII, avec grâce et privilège à trois
ans. On voit que Phalesius a lui-même fran-
cisé son nom d'après le latin ; plus tard, il l'a
orthographié Phalèse. Le privilège de trois
années obtenu par cet éditeur, et mentionné
pour la première fois en 1547, devait finir
vers la fin de 1549; l'association dont parle
M. Van Even n'a donc pu commencer qu'en
1550; mais jusqu'à ce jour (1863) aucun ou-
vrage portant les noms de Pbalèse et de Ray-
makers n'est connu. 11 est vrai qu'il existe une
lacune de quatre années (1548-1551) dans la
série des publications du premier de ces édi-
teurs. Enfin, l'association dont il s'agit n'a pu
se prolonger au delà de 1551, car une collec-
tion de fantaisies pour le luth qui existe dans
la bibliothèque de Dunkerque, et que M. De
Coussemakcr a fait connaître (1) sous le titre :
Hortus jllusarum, in quo tanquam (losculi
quidam selectissimarum carminum collecli
sunt exoplimis quibusque auctoribus, etc.,
porte seulement au bas du frontispice : Collée-
tore Petro Phalesio. Lovanii, apud Phale-
sium bibliopolam juratum, 1552. Il en est
de même de toutes les publications poslé-
(I) Notitt du colltetlom mtuicalu d« la Bibliothèque
et Cmmhni, page* iOG ei 107.
rieurcs à cette date, qui ont été faites à Lou-
vain par le même.
Jusqu'en 1556, les œuvres de musique pu-
bliées par Phalèse sortirent des presses de
divers imprimeurs de Louvain; vers la fin de
celle année lui-même organisa une imprimerie
musicale. Le premier ouvrage dans lequel on
le voit figurer comme libraire et comme typo-
graphe a pour titre -.Missa cum quatuor vo-
cibus. Ad imitalionem eantilenx Miséri-
corde , condita. Auctore D. Clémente non
papa. Lovanii, ex (ypographia Pétri Pha-
Icsii bibliopol. M. D. LVI. Cum gratia et
privilégia Régis, in-fol. Les quatre parties
sont imprimées en regard et en grosses notes
dans ce volume. Les autres messes du célèbre
compositeur belge Clément non papa {voyez
ce nom) ont paru de la même manière, chez
Phalèse, dans les années suivantes, jusques et y
compris 1560. Des exemplaires de cette raris-
sime collection se trouvent dans la biblio-
thèque impériale, à Vienne, et dans celle des
Jésuites, à Cologne. Le superbe recueil des
Magnificat de Guerrero {voyez ce nom) est
sorti des mêmes presses en 1563, gr. in-fol.
On considère généralement les motels et
chansons à trois voix de Gérard de Turnhout
[Sacrarum ac aliarum eantionum trium vo-
cum), publiés en 1569, comme le dernier pro-
duit de l'imprimerie de Phalèse, à Louvain ;
mais c'est une erreur, car en 1570, il publia
une collection intitulée : Prœstanlissimorum
divine musices auctorum Miss decem, qua-
tuor, quinque et sex voeum, in-fol., oii l'on
trouve des messes de Créquillon, d'Oiiand de
Lassus, (le Gérard de Turnhout et de Clément
non papa; en 1571, il imprima \cs Sacrarum
eantionum quinque et octo vocum de Jean de
Castro, et continua ses travaux pendant plus
de quinze ans encore. J'ai vu un recueil inti-
tulé : Canzoni scelti di diversi eccellen-
tissimi musici a 4 t'oci. Lovanii, apud
Petrum Phalesium, 1587, petit in-4"oblong.
L'opinion générale, même à Louvain, est que
Phalèse alla s'établir à Anvers vers 1574, et
forma une association avec Jean Bcllère, pour
la continuation de ses publications musicales.
En cela, il y a confusion; Phalèse et Bellère
s'associèrent en effet en 1572, mais chacun
resta dans la ville où était le centre de ses af-
faires, ainsi que le prouvent les ouvrages dont
voici les litres : Een duytsch Musyckboeck
daerinne begrepen syn vête schoonc liedekens
met vier, met vyf ende zes partyen (Livre
de musique flamande, dans lequel sont conte-
nues plusieurs belles chansons à quatre, cinq
PHALÊSE - PHANTY
et six pallies). Tôt Loven, by Peeler Phale-
sius, ende t' Jnttverpen, by Jan BeUcrus,
i67'2,inA''ob].—LaFleur des chansons à trois
parties, contenant un recueil produit de la
divine musique de Jean Castro, Severin
Cornet, Noé Faignent, et autres excellents
auteurs, mis en ordre convenable suivant
leurs tons. A Louvain, chez Pierre Phalèse,
et à Anvers, chez Jean Bellère, 1574, in-4"
oblong. — Chansons, odes et sonnets com-
posés par Pierre Ronsard et mises en mu-
sique , à quatre, à citique et huit parties, par
Jean de Castro. A Louvain, chez Pierre Pha-
lèse, imprimeur ; à Anvers chez Jean Bel-
lère, 1570, Jn-4°obI. Ainsi que je l'ai dit <lans
la notice de Bellère {voyez ce nom), ce l'ut un
fils de Phalèse, nommé Pierre comme lui, qui
se rendit à Anvers en 1579, et forma une so-
ciété nouvelle avec le libraire dont il s'agit.
La similitude de nom et de prénom a causé
l'erreur des écrivains à ce sujet. La date de la
mort de Pierre Phalèse pure n'est pas connue.
PHALÈSE (PiEnnE),fils du précédent, né
à Louvain,. travailla d'abord dans la maison
paternelle comme imprimeur et comme li-
braire, puis s'établit à Anvers, vers 1579, et y
devint l'associé de Jean Bellère, pour la pu-
blication des œuvres de musique. Les plus an-
ciens produits connus de cette association
sont : 1" Une réimpression du livre de musique
flamande qui avait été publié à Louvain en
1572, et qui reparut à Anvers, Tôt Jan Bel-
îerus ende Peeter Phalesius, 1582, petit in-4"
oblong. 2" Musica divina di XIX aulori
illustri d 4, 5, 6 et 7 voci, nuovamenle da
Pietro Phalesio raccolla, et data in luce,
nella quale si contengono i piu eccellenti
madrigali, che hoggidi si cantïno. In An-
versa appresso Pietro Phalesio et Giovanni
Bellero, 1585, in-4» obi. Ce livre est la pre-
mière publication de madrigaux italiens qui
fut faite en Belgique. Les auteurs des morceaux
réunis dans ce recueil sont en partie Belges
et en partie Italieps; parmi les premiers,
on remarque Faignent, Orland de Lassus ,
Jean de Macque, Philippe de Monte, Cyprien
Rore et Giacches de Wert, et les compositeurs
italiens sont Conversi, Ferabosco, Ferretti,
André Gabriel!, Manenli, Jean-Marie Nanini,
Palestina (sic). Al. Striggio, Vespa et Pietro
Vinci. Plus tard, les presses de Phalèse furent
particulièrement occupées par la musique ita-
lienne dont la mode s'était introduite dans le
pays; c'est ainsi que la Melodia olimpica di
diversi eccellentissimi musici, recueillie par
le musicien anglais Pierre Philips, et publiée
par les mômes imprimeurs et libraires, ren-
ferme des morceaux de vingt-quatre com|>osi-
teurs italiens, et qu'on y trouve seulement les
noms de Jean de Macque, de Pevernage, de
Jean de Turnhout, de Corneille Verdonck et de
Jacques de Wert parmi les Belges, ainsi que
celui du collecteur Philips. La plupart des
grands musiciens de la Belgique avaient cessé
de vivre, et la vogue dont leurs ouvrages avaient
joui pendant près d'un siècle avait cessé. Tel
fut l'engouement des amateurs de la Belgique
pour la musique venue d'Italie, dans les der-
nières années du seizième siècle et au com-
mencement du dix-septième, que Pierre Pha-
lèse fit des arrangements avec Angelo Gardanc
pour lui acheter en nombre des collections de
madrigaux italiens, alors célèbres, sous les
titres de // Luuro t'erde, et » TriomfidiDori,
sous la condition d'en changer le frontispice
et d'y mettre son nom et son adresse. Ces
exemplaires se reconnaissent facilement à
l'impression italienne, alors fort dégénérée de
son ancienne splendeur, et à la mauvaise qua-
lité du papier. Phalèse donna lui-même plus
tarddemeilleurcs éditionsdes mêmes recueils.
En 1598, lenomde Jean Bellère disparaît, par
suite de son décèSgdes éditions publiées par Pha-
lèse, qui reste seul imprimeur de musique à
Anvers, à l'exception de l'ancienne maison
Planlin. Lui-même cessa de vivre vers la fin
de lG17ou au commencement de l'année sui-
vante, car un recueil de Cantict noria due
vocicon basso per Vorgano, publié en 1018,
porte l'adresse de Magdalena Phalesio nella
tipograpa Phalesia. Cette fille de Pierre
Phalèse continua d'imprimer de la musique
jusqu'en 1050 et mourut dans un âge avancé.
Après elle, l'imprimerie de musique de Pha-
lèse se maintint parles soins de ses héritiers
de la troisième génération, car je possède des
Sinfonie boscarecie a violino solo e basso,
di Marco Uccellini , publiées in Anversa,
pressa i Heredi di Pietro Phalesio, al Bè
David, 1009, in-4°.
PHALETUS (Jérôse), de Senones, écri-
vain du seizième siècle, est auteur d'un poème
De Laude Musicx, dont Bordenave rapporte,
dans son livre : De l'estat des églises cathé-
idraleset collégiales{p. ^o7}, ces premiers vers :
Musica turbatas animas, agrumque dolorem
Sola levât, merito divumque liominumquevoluptas.
PHAISTY (....), chef d'orchestre, d'abord
attaché, vers 1785, à la troupe ambulante de
Tilly, puis, en 1794, et dans les années sui-
vantes, au théâtre de Schleswig. Il a écrit la
musique des opéras -.I" Doclor faust's Leib-
26
PHANTY -^ PHILIDOR
gurtel{\i Ceinture du docteur Faust). 2° Don
Sylvio de Rosalca, reprt^senté au Ihdâlrc de
Schleswig, dans le mois <Ic février 1790.
3° ()uc|i|uea ballets.
PUEMIUS, d'Ithaque, musicien céiébrC"
par Homère {Od y ss., lib. 1, v. 134 ; lib. 17,
V. 203; lib. 22, v. 231), qui le représente
comme un chantre inspiré des dieux. C'est lui
qui, par le chant de ses poésies mises en mu-
sique, égayait les festins des amants de Péné-
lope. Eustathe {in Odyss., lib. 3, p. 1506, éd.
Rom.) dit qu'il était frère de Démodoque, qu'il
accompagna Pénélope à Ithaque lorsqu'elle
alla y épouser Ulysse, et qu'il était auprès de
cette princesse en la même qualité que son
frère auprès de Clytemnestre. L'auteur de la
vie d'Homère-, attribuée à Hérodote, assure
(|ue Phéraius s'établit à Smyrne, qu'il y en-
seigna la grammaire et la musique, et qu'il y
épousa Crilhéise, qui d'un commerce illégi-
time avait eu pour fils Homère même, dont
l'éducation fuldirigéeparPhémius,qui l'avait
adopté.
PDILAGIUS (Carolcs) dont le nom ita-
lien élà'il Filago, organiste de la cathédrale
de Parme, au commencement du dix-septième
siècle, naquit à Rovigo. On connaît de lui :
Sacrarum cantionum duarum, triuin, qua-
tuor, quinque et sex vocum liber tertius. Ex
quibus aliquot instrumentis musicis conci-
nuntur. Carolo Philago Rodigino in cathe-
drali Parmensis organisla auctorc. Cum
basso ad organum, Feneliis, apud Barlh.
Magni, 1C1U, in-4''. J'ignore les dates des
«leux |)remi('rs livres de ces motets.
PIIILALETIIES. Foyez IVEBS (CiinÉ-
tikx-Gottlob).
PiilLAlIMOIV, de Delphes, était frère
jumeau d'Autolyquc, aïeul maternel d'Ulysse.
Le scoliasted'Apoilonius de Rhodes dit, d'après
Phérécyde, que ce fut lui et non Orphée qui
accompagna les Argonautes dans leur expédi-
tion. Philammon fut le deuxième qui rem-
porta, aux jeux pythiques, lesprixde poésie et
de musique. Plutarque lui attribue l'institu-
tion des chœurs de musique dans le temple de
Delphes, et la composition de plusieurs airs
on chants appelés Nomes, dont il' ne parait
pas cependant avoir été l'inventeur.
PIIILIBEUT-JADIBE-DE FER. f ot/e:
a.V«IlE-I)E-FER (Phiubert).
PillLIUOn (Michel DAÎMCAN), musi-
cien de la chapelle de Louis XIII, né dans le
Dauphiné vers le commencement du dix-
»cptièmc siècle, se livra dans sa jeunesse à
Tvludc du hautbois, et y ac(iuil une habileté
jus(|u'alors inconnue en France. Arrivé à
Paris, il se fil enlendie devant Louis XIII qui,
charmé de son talent, dit qu'il avait retrouvé
un second Philidor. Ce Philidor, ou plutôt
/"(■/«'(/o/j, de Sienne, était un célèbre hautbuliste
(|ui avjit joué à la cour (jnelques années au-
paravant. Depuis ce temps, le nom de Phi-
lidor resta à Danicau, qui le transmit à sa
famille, et qui, admis dans la chapelle du roi,
se fixa à Paris, où il mourut dans un âge
avancé, laissant deux fils dont les notices se
trouvent dans les articles suivants.
PHILIDOR (Michel DAI^ilCAIS), fils
atné du précédent, né à Paris, vers 1035,
hautboïste comme son père, fut attaché, en
1058, à la chapelle du roi et à sa musique
particulière. Il a composé la musique du
ballet Z>/ane et Endymion, et des opéras la
Princesse de Crète, et le Mariage de la
grosse Cateau, qui se trouvaient dans le
vingt-cinquième volume d'une collection ma-
nuscrite de musique française dédiée à
Louis XIV par son frère {voyez l'article sui-
vant). Il eut deux fils et une fille, nommés
Michel, François et Fanchon Philidor (voyez
ces noms). La Borde, (|ui confond cet artiste
avec son fils aiué, lui donne pour fils le com-
positeur François-André Danican Philidor,
né en 1720; en sorte qu'ayant au moins vingt
ans, en 1058, lor:qu'il entra dans la musique
du roi, il aurait été âgé d'au moins quatre-
vingt-onze ans à la naissance de ce fils. Son
frère n'était pas Pierre Danican, comme le
dit le même écrivain, mais .^hdré.
PHILIDOR (AsDnÉ DAIMCAN), second
fils de l'ancien Michel, fut admis dans la mu-
sique du roi comme violiste, en 1071. Ayant
obtenu sa vétérance, en 1703, il eut le titre de
tioteur et de garde de la nuisi(|ue de la cha-
pelle et de la chambre du roi. André Danican
Philidor avait été marié deux fois et avait eu
de son premier marige deux fils, Pierre et
/acqrue»; dont on trouvera ci-après les notices,
et une fille, qui fut aussi musicienne, .\yant
obtenu la pension pour ses longs services, il
se relira à Dreux (Eure-et-Loir), en 1724; et,
quoique âgé de soixante-treize ans, il épousa, \
dans l'année suivante, Élisabelh LcRoy, jeune
fille de dix-neuf ans, dont il eul huit enfants.
Au moment de la naissance de l'ainé de ceux-
ci, François- André Danican Philidor,
célèbre compositeur, dont on trouvera plus
loin la notice, la fille ainée d'André, issue de
son premier mariage, était âgée de cinquante-
six ans. André mourut à Dreux, vers la fin de
1735. Le nom de cet artiste mérite d'être con-
PIIILIDOn
serve pour un éminent service rendu à l'his-
toire de la musique, par une collection de
monuments de la musiciue française qu'il
copia de sa main, et qu'il dédia à Louis XIV (1).
Celte collection, recueillie après la révolution,
a été transportée à la bibliolhèque du Conser-
vatoire; malheureusement un accident en a
fait perdre plusieurs volumes. Toute la mu-
siqueconlenuedans cette collection est en par-
tition, avec l'indication des instruments alors
en usage. Le premier volume renferme les
airs les plus anciens (depuis 1340) de la Bre-
tagne, du Poitou, de la Champagne et de la
Lorraine; les airs composés pour des circon-
stances remarquables des règnes des rois de
France, depuis Henri III ,ius(iu'à Louis XIV;
quelques morceaux des anciens rois des violons,
tels que Constantin et Dumanoir. Les L'" et ô«
volumes contiennent la musi(|ue des ballets
dansés à la cour depuis 11)82 jusqu'en 1G4'J.
Les volumes depuis le n» 4 jusqu'au seizième
renferment la musique des grands ballets qui
ont été dansés à la cour au commencement du
règne de Louis XIV, et antérieurement à
l'établissement de l'Opéra. Oucl(|ucs volumes
renferment la musique originale des comédies
de Molière. On trouve, dans d'autres, la mu-
sique des ballets qu'on dansait au collège des
jésuites : cette musi(iue est de Beaucbanips,
de Desmalins et de Collasse. Parmi les volumes
égarés, on regrette les dix-septième et vingt-
sixième qui contenaient les aiis composés par
les violons de lagrandebande des vingt-quatre,
sous Louis XIII et Louis XIV, ainsi que le
vingt-cinquième, où se trouvaient les compo-
sitions des membres de la famille Philidor.
Pour jdus de détails, voyez ma notice sur
celte collection, dans le deuxième volume de
la Revue musicale (pages 9-]ô},
(1) Dans un travail sur Les livres rares et leur destinée,
inséré dans la lievue de musique ancienne et moderne,
publiée par M. Nisard (n» 8, p. ili). M. Farrenc a fait
la remarque que j"ai attribue à Michel Philidor cette
collection de musique manuscrite {Revue musicale,
tome II, ann. ISâT-lS'iS), et que je me suis mis cri con-
tradiction avec moi-même à l'article Piiuidor (AsonÉ
Daxicaic") de la première édition de la Biographie univer-
selle des musiciens, où j"ai dit que ce fut lu! qui fit ce
travail. L'explication de ce fait est fort simple, car,
iuisanl des recherches sur les emplois qu'occupaient, à
la cour de Louis XIV, les membres de la famille />/ii-
/'f/oi-, particulièrement dans Tannuaire qui se publiait
alors sous le titre État de la France, j'ai acquis la cer-
titude qu'André était le copisie de la chapelle royale et
.le la musique de la chambre du roi. Toutefois M. Far-
renc est fondé dans le reproche quil me fait de n'avoir
pas averti, dans la Biogrni)liie, des motifs qui me por-
taient ù substituer le nom d'André à celui de Michel.
PMILIDOr. (MicuEL DAIMCATV), fils
aîné de Michel II, naqtiit à Paris, vers IGGo.
Il eut, à l'âge de dix-huit ans, le titre de
basse de hautbois (basson) de la grande
écurie, et fut admis dans la musique de la
chambre du roi, en 1702. Michel Philidor
composa la musiqtie d'une pastorale dont les
airs de ballet ont été publiés, en 1703, à
Amsterdam, chez Etienne Roger, sous ce
titre : L'Amour vainqueur^ pastorale,
chantée devant S. M., le 13 août 1702, com-
posée parle fils aîné de Philidor aîné. Quel-
ques autres morceaux de la composition de
Michel Danican Philidor se trouvaient dans le
vingt-cinquième volume de la collection de
son oncle. On a aussi gravé de lui un livre de
pièces pour le basson, à Paris, in-4"obl.
PHÏLIDOU(Fra>çoisDA-A'1C.\:\), frère
cadet du précédent, était attaché à la chapelle
lie Louis XIV, en qualité de iltitiste. Il a
publié deux livres de pièces pour son instru-
ment, à Paris; quebiues pièces de sa compo-
sition se trouvaient aussi dans le vingl-cin-
(Hiième voltime de la collection de son oncle.
François Danican avait vraisemblablement
cessé de vivre avant 1720, car son nom ne
ligure plus sur les étals de la chapelle du roi
de celte année.
PHILIDOR (Fasciioîï DANICAN), fille
de Michel II, fut attachée comme cantatrice
à la musique de la chambre de Louis XIV.
Son oncle avait conservé quelques airs de
ballet dé sa composition. Elle mourut vrai-
semblablement jeune, car son nom ne ligure
plus dans l'état de la cour en 1707.
PIIILIDOU (PiEiinE DAIMCA]>i), fils
aine d'André, était, en 1722, symphoniste de
la chapelle du roi pour la partie de viole. Il a
composé quelques airs de ballet et des sym-
phonies qtii se trouvaient dans le vingl-cin-
quième volume de la collection de son père.
Pierre Philidor était joueur de musette de la
chambre de la reine; il a publié un livre de
sonates pour deux tkilesqui est indiqué dans
le catalogue de Boivin (Paris, 1729, in-S").
PHILIDOR (Jacques DAIMCA]^), frère
du précédent, était, en 1722, hautbois de la
grande écurie du roi. On ne connaît rien de
sa composition.
PHILIDOR (Anne DANICAN), fils de
Michel III, naquit à Paris, de son premier
mariage, vers 1700. Son génie précoce se ma-
nifesta par des compositions d'airs de ballet
(jue son grand-oncle a insérés dans le vingt-
cinquième volume de sa collection. Admis dans
la chapelle du roi, il y jouait, en 1722, la
28
PIIILIDOR
parlie de viole avec son oncle, Piciie. En
1725, il conçiil le projel du concert spirituel,
ainsi appeltî parce qu'on n'y devait exécuter
que de la musique religieuse et instrumentale.
Ce projel fut goûté à la cour, et Philidor
obtint le privilège du concert, avec la per-
mission de l'établir dans une des salles du
ch.11eau des Tuileries, sous la condition de
payer à l'Opéra une somme annuelle de six
mille livres. Le premier concert fut donné le
dimanche de la Passion, 18 mars 1725. En
1728, Philidor céda son privilège à l'Aca-
démie royale de musique, moyennant une
somme considérable. {Foyez ma notice sur
l'histoire du concert spirituel dans la Revue
musicale, tome I".)
Des deux autres fils du premier mariage de
Michel Danican Philidor III, le premier Tut
timbaliei*de la grande écurie du roi ; La Borde
dit du second que n'étant qu'un basson mé-
diocre, on l'avait employé à jouer de la basse
de Cromorne, pour tenir lieu de contrebasse
dans les chœurs ; celte phrase est vide de sens,
car la basse de Cromorne n'était employée,
comme les autres instruments du même
genre, que dans la musique de cavalerie de la
maison du roi. Ce dernier Fils de Michel
mourut d'une maladie de poitrine.
PIltLIDOR (FnANçois-AsDBÉ DANI-
CAN), fruit du troisième hymen d'André,
naçiuil à Dreux, le 7 septembre 1726 (1), et,
par des circonstances inconnues, ne fut baptisé
que le 10 octobre 1727 (2). Toutes les notices
qui ont été faites sur cet artiste dans le Dic-
tionnaire des musiciens de Choron etFayolle,
(1) La Borde avait indiqué la date de 1738 poar ta
naissanre de cet artiste; Sevelinges la fixe au 7 sep-
tembre delà même année, dans la notice de la Biographie
univfrtetteilei frères Micliaud ; et l'auteur de l'arliclc de la
Hiograpliie dei contemporaint, publiée par I\abbe, in-
dique le 7 septembre i7i7. Ceux-ci citent rautorilé de
lielTara, qui, dans ses notices manuscrites, est d'accord
avec ee dernier. Dans une notice intitulée : Philidor
jitinl par lui-même, laquelle est insérée dans le Pnlamède,
journal des omateurs dn jeu d'échecs (numéro du
mois de jantier i8i7), M. Lardin démontre aussi, par
l'autorité de l'acte de naissance, que la date véritable
est le 7 septembre 1726.
(2) Ces falis sont constatés par on extrait des registres
desaelesde l'état-civil de la ville de Dreux (Eure-et-Loir),
qui m'a été envoyé par M. K. Dnnicnn Philidor, pelil-
fils du célèbre compositeur, et conseiller de préfecture
de» Vo.«ges, à kpinal. Je crois devoir rnpporler ici tex-
lucllemrni cet acte authentique, qui dissipera les doutes
en ee qui concerne la date précise de la naissance d'un
des créateurs de l'opéra comique français.
■ L'an mil sept cent vingt-sept, le jeudi seliiémc
» oclahre, François, né le teph'éme de septembre de
» ('année mil sept cent vingt-six, el (est) baptisé par
a mojr preair* curé de cette Église de Saint-Lticnnc
dans la Biographie universelle des frères Mi-
chaud, <lans les dictionnaires des contempo-
rains, dans le Lexique de Gerber, et dans
toutes les copies im'on en a faites en .\lle-
magne, en Angleterre et en Italie, ont été
calquées sur celles de V£ssai sur la musique
(le La Borde, et renferment de nombreuses
erreurs que je me vois obligé de rectifier.
Suivant cette notice de La Borde, Philidor
serait entré, à l'âge de six ans, dans les pages
de la musique du roi, à Versailles, i)Our y
apprendre la musique sous la direction de
Campra, et il aurait composé, en 1737, c'est-
à-dire, dans sa dixième année, son premier
motet, doot le roi aurait daigné témoigner sa
satisfaction; mais La Borde aurait dii savoir
que les règlements de la chapelle du roi ne
permettaient pas d'admettre dans les pages
des enfants dont la dixième année n'était pas
accomplie. Philidor n'a donc pu entrer dans
l'école de ces enfants avant la fin de cette
même année 1736, el l'on ne peut croire que
dès son arrivée, et avant d'avoir étudié,
Campra lui ait permis d'écrire un motet;
encore moins qu'il l'ait fait exécuter à la
chapelle du roi (l).Quoi qu'il en soit, Philidor,
ayant terminé son éducation musicale, reçut
son congé, et alla se fixer à Paris où il donna
quelques leçons et fut obligé de se faire copiste
de musique pour vivre. Chaque année, il re-
tournait à Versailles pour y faire exécuter un
motet. Ce fut alors qu'il commença à se livrer
à son goi'it pour le jeu d'échecs. La nature
l'avait doué de l'instinct de ce jeu ; il y fit de
rapides progrès, et plus lard il fut le joueur
» dudit Dreux, avec la permission de Monseigneur
» l'Evcsque de Chartres, le premicrscptembre de la dite
M année mille sept cent vingt-six, signé Charles Fran-
>■ çois F.vesque de Chartres avec paraphe, du légitime
» maringt: de sieur André Danican de Philidor, ordi-
n nairede la musique du Roy et garde de sa liililiollièquc,
» et de damoisclle Elisabeth le Itoy sa femme, de cette
» paroisse, a reçu les cérémonies de baptême de moy
» prestre curé de celle Eglise, soussigné, le parain haull
» el puissant seigneur messire l-'rançois Chaillou, sei-
» gneur de Jou\illi-, gentilhomme ordinaire du Roy.
» <|ui a donné les noms, la marraine baulte et pui»-
» santé dame Catherine Guillc Parai, qui a signé le sieur
» parain et père cl mère.
n Signé C. Ouille Parât, Chiillou de Jouville, Élisa-
» betb Philidor, André Danican Philidor et Chevalier »
C<) Toutes le» conjectures de N. Lardin, pour com-
battre le règlement de l'école des pages de la ch.i pelle du
roi, sont sans valeur. Ce règlement était fondé suree
que, avant l'igede dix ans,les voix d'enfants n'ont pas un
timbre asseï «opore pour chanter les parties de dessus
dans la musique d'église. A six ans, la voix proprement
dite n'existe pas. Il est donc certain que Philidor n'est
pas cnlrélcct âge dans l'école des pages.
PHILIDOR
29
le plus habile qu'il y eût en Euro])e. D'après
une Iradilioii de la famille de l'artiste dont il
s'agit, M. Lardin rapporte de cette manière
(Philidor peint par lui-même^ p. 5) les cir-
constances qui l'initièrent à ce jeu de combi-
naisons dans lequel il n'a pas eu d'égal : « Les
» musiciens (de la chapelle), en attendant la
n messe du roi, avaient l'habitude déjouer
n aux échecs sur une longue table où se (rou-
» valent incrustés six échiquiers. Philidor
» s'amusait à les regarder et y mettait toute
» son attention. Il avait à peine dix ans,
n qu'un jour un vieux musicien, arrivant le
n premier, se plaignait devant lui du retard
n de ses camarades et regrettait de ne pouvoir
n faire sa patrie. Philidor, en hésitant, lui
» proposa de la faire; le musicien se mit à
n rire et finit cependant par accepter cette
n partie. Elle commence, et l'élonnement
" succède bientôt au dédain qu'inspirait le
» jeune adversaire; la partie avance et l'hu-
» meur ne larde pas à s'en mêler; elle monte
» à tel point, que l'enfant, craignant quelque
» suite malencontreuse d'un amour-propre
« profondément blessé, regarde la porte, suit
n le cours de ses succès, se glisse doucement
n jusqu'au bout de son banc et s'enfuit en
n avançant la pièce victorieuse, et criant :
n matf à son adversaire indigné de n'avoir
n pas de jambes assez lestes, et obligé de dé-
fi vorer son dépit sans pouvoir se venger. »
J'ai dit, dans la première édition de cette
Biographie, qu'il y a, depuis le moment où
Philidor sortit de l'institution des pages jus-
<|u'à la date de son premier opéra, un espace
d'environ seize années pendant lequel il ne fit
rien pour l'art, ce qui d'abord parait inexpli-
cable dans la vie d'un compositeur dont le
talent est incontestable ; mais de tous les ren-
seignements fournis par lui-même et par son
lils, il devient évident que son goût passionné
pour le jeu dont il avait le génie au plus haut
degré, absorba toute cette période de sa jeu-
nesse, et qu'il y trouva des ressources pour
son existence. On pourrait le regretter, s'il
n'eût été que ce qu'on appelle un bon joueur
d'échecs; mais la force de tête qu'il y porta et
qui le met hors de toute comparaison, a donné
à son nom une si grande célébrité, une popu-
larité si universelle, qu'il a de toute évidence
satisfait, en s'y livrant, à sa destination prin-
cipale. En supposant qu'il eut subordonné ses
])rodigieuses facultés de combinaisons du jeu
d'échecs à la composition musicale, jamais
ses ouvrages, quel qu'en soit le mérite, n'au-
raient pu lui donner une renommée égale à
celle qu'il s'est acquise comme législateur du
noble jeu pour lequel la nature l'avait formé.
Avant d'aborder ce qui concerne sa carrière
de compositeur dramatique, je crois néces-
saire de le faire connaître à mes lecteurs sous
le rapport de sa merveilleuse organisation
pour le jeu d'échecs, par le récit de quelques-
uns des miracles d'imagination, d'intelligence
et de mémoire par lesquels il s'est illustré.
Dès l'âge de dix-huit ans, il n'avait plus de
rival à ce jeu, car personne n'a gagné une partie
contre lui depuis ce temps. En 1745, il partit
de Paris pour se mesurer avec les plus habiles
joueurs de l'Allemagne, de la Hollande et de
l'Angleterre. A Amsterdam, il vainquit
Slamma, auteur du livre célèbre intitulé les
Stratagèmes du jeu d'échecs. A l'âge de
vingt-deux ans, il composa le traité qui a
pour titre : jinalyse du jeu des échecs, dont
la première édition fut publiée à Londres, en
1749 (1), et qui a été réimprimé plusieurs fois
depuis lors. Dans la même année 1748, où ce
livre futécrit, lordSandwicb invita Philidorà
s^rendre au camp de l'armée anglaise, entre
Bois-le -Duc et Maestricht; il y joua avec le
duc de Cumberland, qui l'engagea à aller à
Londres, le prit sous sa protection et lui pro-
cura un grand nombre de souscripteurs pour
son ouvrage. A Paris, Philidor fit, vers la
même époque, le premier essai de sa prodi-
gieuse mémoire unie à sa grande faculté de
combinaison, en jouant avec un certain abbé
Chenard une partie sans voir l'échiquier : il
la gagna. Peu de temps après, il fit de la
même manière deux parties à la fois au Café
de la Régence, et les gagna toutes deux. La
relation de cette séance mémorable se trouve
dans V Encyclopédie de Diderot et d'Alembert,
à l'article Echecs. En 1785, Philidor fit, à
deux reprises, au club des joueurs d'échecs de
Londres, trois parties à la fois sans voir les
échiquiers, contre des joueurs de première
force, et les gagna toutes. Les journaux du
temps furent remplis de témoignages d'admi-
ration pour ces efforts inouïs d'intelligence et
de mémoire.
Un dernier trait, plus extraordinaire en-
core, fera juger de la force de tête qu'il portait
à cet exercice. Faisant un jour contre lui une
(1) J'ai mis en doute l'existence de cette édition dans
la première édition de cette biographie, parce que je
ne l'ai vue citée dans aucun des nombreux catalogues
que j'ai parcourus; depuis lors elle m'a été démontrée
par un exemplaire qui se trouve à la bibiiotlicque
Sainte-Geneviève, de Paris, sous le n<> Ss-18, y, 4207,
dans la section des manuscrits (?}.
so
PHILIDOR
partie dans laquelle il ne voyait pas l'échi-
quier, les joueurs convinrent entre eux
d'essayer jusqu'où pouvait aller son habileté,
en faisant f.iire une fausse manoeuvre à l'une
des pièces. Lorsque la partie fut finie, on la
déclara perdue pour lui : cela ne se peut, dit
Philidor, en ôtant le bandeau qui lui couvrait
les yeux. Alors il regarde l'échiquier, réfléchit
un moment, et recomposant mentalement,
toute la partie, il déclare qu'à certain coup,
telle pièce a été mise sur telle case où elle ne
pouvait pas être. La supercherie fut aussitôt
avouée par l'adversaire, ainsi que par les
assistants émerveillés. Parvenue à ce degré, la
faculté de combinaison est incontestablement
du génie; or, le génie d'une spécialité quel-
conque doit accomplir sa destination. Ne
nous étonnons donc pas qu'un compositeur,
dont le talent était d'ailleurs fort remarquable
pour son temps et pour l'état de l'art dans le
jiays où il écrivait, se soft partage entre cet
art, où il obtint de brillants succès, et le jeu
auquel il est redevable d'une renommée im-
périssable.
Suivant une anecdote rapportée par La
Borde {Essai sur la musique, t. III, p. 462),
Philidor, pendant son premier séjour en
Angleterre, aurait mis en musique la fameuse
ode de Drydcn sur le pouvoir de l'harmonie,
en 17.00, et Ilaendel aurait dit, en écoutant cet
ouvrage, que les chceurs étaient bien fabri-
qués, mais qu'il manquait encore du goiU
dans les airs; or, H?endel, devenu aveugle
en 1751 , se fit remplacer l'année suivante par
Smith, son élève, dans la direction de ses
oratorios, et ne sortit plus de chez lui : il
n'eut donc pas l'occasion d'entendre la com-
position supposée de Philidor, ni d'en dire son
sentiment. De plus, Burney, qui a donné dans
le quatrième volume de son histoire de la
musique un journal minutieux de tout ce qui
concerne les théâtres, les concerts et les ora-
torios de Londres, pendant le dix-huitième
siècle, ne dit pas un mot de la présence de
Philidor dans celle ville, ni de sa composition :
Hawkins, Burgh et Busby, si avides des
moindres détails, gardent le même silence.
Enfin, il n'y avait pas de musicien si hardi
qui eût osé remettre alors en musique, à
Londres, un poemcqui avait fourni à Hœndel
le »Hjet d'une de ses compositions les plus su-
blimes, et qui eût pu en obtenir l'exécution
publique (1).
(I) M. E. Daniean Pbiltdor, petil-flli dn célèbre c om-
potiieur, dans la leure qu'il m'a fait l'honneur de
Ce fut en 1754 que Philidor, de retour à Va-
ris, prit la résolution de se livrer sérieusement
à la culture de la musique. Un Lauda Jéru-
salem, qu'il écrivit pour la chapelle de Ver-
sailles, fui une de ses premières productions
après son retour : mais ce morceau ne plut
pas à la reine, parce qu'il était dans le goiit
italien, et Philidor n'obtint pas la place de
surintendant de la musir|uc du roi, qu'il espé-
rait avoir. La Borde dit que ce compositeur
écrivit, en 1757, un acte pour l'Opéra; mais
i|ue Rebel, directeur de ce spectacle, ne vou-
lut pas le faire représenter, disant qu'on ne
voulait pas introduire d'airs dans les scènes .•
on nesait ce que signifie cette phrase. Il ajoute
quePhilidor composa, en 1758, quelques mor-
ceaux pour les Pèlerins de la Mecque, h l'Opéra-
Comique; or il n'y eut pas de pièce de ce nom
jouée, enl758, à l'Opéra-Comique, ni sur au-
cun autre théâtre de Paris. Toutes ces erreurs
ont été répétées par les copistes de La Borde.
Le premier ouvrage dramatique de Philidor
fut Biaise le savetier, représenté au théâtre
de la foire Saint-Laurent, le 9 mars 1759 (I ).
Les histoires contemporaines de l'Opéra-
Comique nous apprennent que cette pièce eut
un brillant succès : Philidor s'y montra har-
moniste beaucoup plus habile que les comi)0-
siteurs français de son temps, et même, quoi
qu'on ait dit, il n'y manqua pas de mélodie;
mais sa phrase est souvent dépourvue de vérité
dramatique, et sa manière de prosodier est
fort vicieuse. Cependant il y a dans Biaise le
savetier quelques morceaux qui promettaient
un avenir brillant à l'auteur de cet ouvrage,
I)articulièrement le trio : Le ressort est, je
crois, mêlé. Le 18 septembre <ie la même an-
née, Philidor fit représenter au même théâtre
l'ffuitre et les Plaideurs, opéra-comique de
peu d'importance sous le rapport de la musi-
que. Mais dans le Soldat magicien, qui fut
.n>né le 14 août 1700, et dans le Jardinier et
son Seigneur, représenté le 18 février 1761,
son talent prit un vol plus élevé : ce dernier
ouvrage renferme des morceaux excellents,
mVcrire, le 21 janvier I8C3, oppose à mes objections des
lr.idition« de famille qui, pour lui, ne sont pas contes-
tailles, quoique, dit-il, il n'aiti produire aucune preuve,
aucun document 6 l'appui de ces traditions. A cela je
ne puis repondre qu'une seule chose ; c'est que si Fran-
çois-André Philidor a écrit, après llœndel, la musique
de l'cde de Drydcn sur le;)oui'Oir de l'harmonie, elle est
restée inédite et n'a pas été connue en Angleterre.
(i) hes Annalei dramaliquei ou Dictionnaire ginértl
des théâtres, lui attribuent la inuiiquc du Diahlt à
7iin(re,jouëen 1756 ; mais l'erreur est évidente,car la par-
litinn de Blaiie It lavetier porte au titre : OEuvre pre-
mier.
PÏIILIDOR
parliciilièrcmenl le duo : Un maudit lièvre,
dont lafacUire frap|)e d'éionncment lorsqu'on
la compare à tout ce qu'on écrivait alors pour
l'Opéra-Comique. Après cet opéra, la réputa-
tion de Philidor fut si I)ien établie, qu'il régna
en quelque sorte sur la seconde scène lyrique
de la France, et ne partagea les succès de ce
spectacle qu'avec Duni et Monsigny. Quelques
biographes français de nos jours se sont atta-
chés à rabaisser le talent de Philidor, à l'aide
d'anecdotes controuvées. Sevelinges, l'un
d'eux, dit dans l'article sur ce compositeur
inséré dans la Biographie universelle de
MM. Michaud, d'après les mémoires de Favarl,
que ce compositeur copia note pour note, dans
le Sorcier^ la fameuse romance de VOrphée de
Gluciv, Objet de mon amour, joué longtemps
auparavant en Italie. A cette assertion de Se-
velinges, l'auteur <ie l'article Philidor, de la
Biographie universelle et portative des con-
temporains ajoute que ce musicien s'était
procuré la partition de VOrfeo. Or, il n'y a
pas un mot dans tout cela qui ne soit, de toute
évidence, inventé à plaisir. D'abord l'Orphée
de Gluck n'a pas été écrit en Italie, mais à
Vienne, où il fut représenté pour la première
fois au mois de juillet 17G4, et le Sorcier, de
Philidor, fut joué à la Comédie halienne le
2 janvier do la même année, c'est-à-dire, plus
de six mois avant l'Orphée. Eufin la compa-
raison que j'ai faite avec soin des deux parti-
tions <lc Gluck et de Philidor m'a démontré
qu'il n'y a pas une phrase communeentreelles.
C'est cependant de cette anecdote que l'auteur
de la Biographie universelle et portative des
contemporains est parti pour refuser le génie
de la musique à Philidor, et le représenter
comme un homme qui ne vivait que de pla-
giats, tandis que le talent de ce compositeur
a un caractère absolument différent de celui de
tous ses contemporains. La partition du Sor-
cier, et celles du Maréchal et de Tom Jones
sont les chefs-d'œuvre de Philidor. En 1766, il
écrivit une messe qui fut exécutée à l'Oratoire,
pour l'anniversaire de la mort de Rameau, et
qu'on trouva fort belle.
En 1777, Philidor fit un voyage à Londres,
et y fil réimprimer son Traité du jeu d'échecs.
Celte édition est ornée de son portrait. Cet ou-
vrage a été aussi réimprimé en Hollande, à
Paris, en 1803, à Binixelles, en 18ô4, et a été
traduit en plusieurs langues. Le séjour de
Philidor à Londres eut une durée de plus de
deux ans : il y gagna beaucoup d'argent, en
jouant aux échecs. En 177t), il y mit en mu-
.«.iquc l'ode séculaire d'Horace, production qui
a été beaucoup vantée, mais qui est inférieure
à ses bons opéras. De retour à Paris, il y trouva
Grélry en possession de toute la faveur du
public; cependant il donna à la Comédie Ita-
lienne r^mîYte au tJî7/a(7e,dontla musique fut
jugée excellente, et au mois d'octobre 1783,
il fit donner à Fontainebleau, pendant le
voyage de la cour, la première représentation
de son Thémistocle, grand opéra, qui fut Joué
à l'Académie royale de musique au mois de
mai 1786. On a dit beaucoup de mal de cet
ouvrage, dont la musique manque de verve
et de vigueur dramatique, mais qui est remar-
quable et par son style élégant, et par la nou-
veauté des formes de l'instrumentation, com-
parée à ce qu'on avait fait en France jusqu'à
cette époque. Thémistocle fut le dernier opéra
de Philidor; après cet ouvrage, il cessa de
travailler pour la scène, et se livra sans réserve
à son goiU passionné pour le jeu d'échecs,
passant la plus grande partie de chaque jour
au Café de la Régence, où se réunissaient les
joueurs les plus habiles. Son buste s'y voyait
encore en 1820, au-dessus de la place qu'il
occupait habituellement. A la fin de 1792, il
obtint du comité de salut public un passe-port
pour seVendre à Londres, où il était pen-
sionné depuis vingt ans par le Club des échecs,
pour y passer quatre mois de chaque année.
La guerre, qui éclata peu de temps après, fut
un obstacle à son retour pendant plusieurs
années. Après le traité de paix de Campo-
Formio, il crut pouvoir rentrer en France,
mais les lois sur l'émigration ne le lui permirent
pas. Les démarches de sa famille parvinrent
enfin à obtenir sa radiation de Ta liste des émi-
grés, mais au moment où elle venait de rece-
voir le sauf-conduit nécessaire pour qu'il ren-
trât dans sa patrie, Philidor mourut à Lon-
dres, le 51 août 1795, à l'âge de soixante-neuf
ans. Il avait épousé, au mois de février 1760,
la sœur du chanteur et professeur Richer
(voyez ce nom), excellente musicienne, qui
jouait bien du clavecin et faisait entendre à
son mari ses ouvrages lorsqu'il les avait termi-
nés, car il ne jouait d'aucun instrument. Phi-
lidor eut de cette union sept enfants, dont une
fille, qui fut la première femme du pianiste
Pradher, et mourut au mois d'août 1823.
Philidor a écrit, dans l'espace de vingt-six
ans, vingt et un opéras, dont la plupart ont
obtenu de brillants succès et sont restés au
répertoire pendant cinquante ans. On a gravé
les partitions de ces ouvrages dont voici la
liste : I. A l'Opéra : 1» Ernelinde, en trois
actes, joué en 1767. On trouve dans cet opéra
nj
PiULlDOR — PHILIPPE DE VITRY
lie beaux chœurs, cl des cfTels d'insliiimcnla-
tion qui onl été imités depuis lors. 2» Béli-
saire, en trois actes, iiaroles de Bertin, en
1774. ô" Persée, opéra de QuinauH, remis en
trois actes par Marmonlel, où se trouvent de
beaux chœurs, et l'air de Méduse, J'ai perdu
la beauté qui me rendait h" vaine, considéié
comme un cher-d'œuvre. 4" Thémistocle, en
trois actes, représenté le 13 octobre 1783
à Fontainebleau, et le 23 mai 178G à
Paris. II. A l'Opéra-Cojiique (théâtres des
foires Saint - Laurent et Saint - Germain) :
ït" Biaise le savetier, en un acte, 1759.
G" L'Huîlreet les Plaideurs, en unacte, 1739.
7° Le Quiproquo, en deux actes, 6 mars 17C0.
8" Le Soldat magicien, en un acte, 17G0.
9° Le Jardinier et son Seigneur, 17G1.
10» Le Maréchal, en un acte, le 22 août 1701 .
La musique fit le succès de cet ouvrage : elle
est en général excellente; on y remarque
particulièrement l'air du cocher, et celui du
bruit des cloches. Remis souvent en scène,
le Maréchal a eu plus de deux cents repré-
sentations. 11» Sancho Pança, en un acte, le
8 juillet 1762. III. A la Comédie-Itahenne :
12»Ze5iîc/jeron, enunacte,le18févrierl7C3.
Le quatuor des créanciers, le trio des consul-
tations, et le septuor de la fin de cet opéra,
sont des morceaux très-remarquables, pour le
temps où ils furent écrits. 13° Le Sorcier, en
deux actes, le 2 janvier 1704. 14" Tom Jones,
en trois actes, le 27 février 1704. Le mérite
remarquable de cette partition ne fut pas saisi
d'abord par le pu!)lic; mais plus tard l'ou-
vrage se releva et eut un brillant succès.
Ir»" Zelime et Melide, en deux actes, 1766.
10» Le Jardinier de Sidon, en un acte, le
10 juillet 1768. 17» L' Amant déguisé ou h
Jardinier supposé, le 2 septembre 1769.
18° Lm nouvelle Ecole des femmes, en deux
actes, le 22 janvier 1770. 19" Le Bon fils, en
un acte, en 1773. 20» Les Femmes vengées,
en trois actes, le 20 mars 1774. 21» L'Amitié
au village, en un acte, 51 octobre 1783.
Après la représentation de cette pièce, le pu-
blic demanda Philidor, pour lui témoigner sa
satisfaction, honneur alors fort rare. 22° La
belle Esclave ; je n'ai pu trouver la date de la
représentation de cet ouvrage. La partition du
Carmen Sxculare a été gravée à Paris, chez
Sieber.
PUILIPP (B.-E.), professeur de piano et
compositeur, né à Freybourg, en Silésie, vers
1802, fit son éducation musicale à Brcslau,
sous la direction de Berner, puis de Schnabel.
Après avoir été pendant plusieurs années di-
recteur de musique à Freybourg, il s'est fixé à
Breslau en 1838, comme professeur de piano
et directeur de musique d'une église de cette
ville. Parmi ses nombreux ouvrages on re-
marque : 1» Première messe allemande à
(|ualre voix avec orgue, op. 27 ; Breslau,
Leuckart. 2» Deuxième messe allemande à
(|ua(re voix avec accompagnement de deux
clarinettes, deux basso(}$, deux cors, violon-
celle et contrebasse, ou orgue seul; ibid.
3» Fiirstenwall, cantate avec chœur et or-
chestre, exécutée à Breslau en 1840. i^GLie-
der pour voix de basse solo et chœur d'hommes,
op. 15; ibid. 5» 6 Lieder pour soprano, con-
tralto, ténor et basse, op. 14; ibid.; 6" 6 Lie-
der pour des voix d'hommes, op. 23; ibid.
T^G Lieder, op.30;t6id. 8»Z,te(ZeràvoixseuIe
avec piano, op. 18; ibid. 9» Deux sonates fa-
ciles pour le piano, op. 24 ; Breslau, C. Cranz.
10» Trio pour piano, violon et violoncelle,
op. 35; Breslau, Leuckart. 11» Plusieurs œu-
vres de morceaux faciles pour l'enseignement
du piano, à deux et à quatre mains. 12» Quel-
ques pièces brillantes de salon.
PHILIPPE DE VITRY, écrivain sur la
musique, qui vécut dans >.i seconde moitié du
treizième siècle et au commencement du qua-
torrième, est appelé PHILIPPUS DE VI-
ÏRIACO par Morley, dans les annotations
du premier livre de son traité de musique (ad
pag. 9), ainsi que par l'auteur anonyme d'un
traité de musique de la bibliothèque cotto-
nienne, cité par Hawkins(y/ General ffistory
of Music, t. II, p. 187). C'est aussi de la
même manière qu'il est désigné dans un ma-
nuscrit de son traité du contrepoint, qui se
trouve à Rome dans la Bibliothèque Fallicel-
lana, au couvent des PP. de l'Oratoire
(n» B, 83), et qui a pour titre : Ars contra-
puncti Magistri Philippi de Fitriaco. Un
autre ouvrage du même musicien se trouve à
la Bibliothèque Barbcrini de Rome, sous le
n" 841, et a pour titre : Ars nova Magistri
Philippi de felnj (sic). Vraisemblablement
le nom de Philippe de Fitry lui avait été
donné à cause du lieu de sa naissance, car
Fitriacum est le nom latin de la petite ville
de ^'i7ry, dans le déparlement du Pas-de-Ca-
lais. Plusieurs auteurs, au nombre desquels
est M. E. de Coussemaker (Histoire de l'har-
monie au moyen âge, p. 6.5) croient que l'au-
teur dont il s'agit est le même qui fut évéquc
de Mcaux : l'identité me parait au moins dou-
teuse; car, d'une part, le manuscrit de la
Bibliothèque impériale de Paris (sous le
n" 7378 A, ln-4») renferme une copie d'un de
I
PHILIPPE DE VITRY — PHILIPPE DE CASERTE
ses ouvrages intitulé : Ars compositionîs de
motetis, compilato à -Philippo de Fitry,
magistro in musica; et de l'autre, le traité
anonyme de musique, écrit entre les années
1580 et 1400, cité par Hawkins, et qui se
trouve dans la bibliothèque Barberini, le qua-
lifie ainsi : Olim, flos et gemma cantorum.
Si Ton eût parlé d'un évéque, dans ces temps
de domination de l'Église, on ne se fût pas
])orné à le désigner comme un maître en mw-
sique, et comme la fleur et la perle des
chantres. L'auteur de celte dernièje qualifi-
cation explique longuement que Philippe de
Vitry imagina le premier de faire usage de
notes d'une valeur moindre que la semi-brève,
elles employa dans ses compositions. D'après
celle autorité, on peut déterminer l'époque
où Philippe écrivit ses ouvrages ; car le pape
Jean XXII parle de la semi-brève et de la
minime dans la bulle donnée à Avignon, en
1522, par laquelle il proscrit l'usage dans
l'église du contrepoint improvisé (1). Il est
remarquable qu'il appelle ces notes, relative-
ment rapides, novis notis (par les notes nou-
velles). Il résulte de ces rapprochemenls que
le musicien, objet de cette notice, travailla
entre 1270 et 1320. Au surplus, deux dates
qui se trouvent dans le manuscrit 7378 A, de
la Bibliothèque impériale de Paris, lèvent tous
les doutes à cet égard. La première est dans
un traité de musique spéculative ou arithmé-
tique, par un certain Léo» Hébreu, de qui l'on
ne sait rien. Ce traité commence par ces
mots, au verso du feuillet 55 du volume : In-
cipittractatiisarmonicus,elt\mt au recto du
feuillet 57 par ceux-ci : Explicit tractatus
magistri Leonis Hehrei de armonicis nu-
meris. M. E. de Coussemaker (2) en a extrait
un passage dans lequel l'auteur déclare qu'il
a composé ce petit ouvrage à la demande de
Philippe de Vitry, et qu'il l'a achevé en
1Ô0Ô (3). L'autre date se lit à la fin du Traité
de la musique mesurée de Philippe (2'"« co-
lonne, au Terso du feuillet 60 du même vo-
lume); elle est conçue en ces termes : Com-
pletum est hoc opus, anno Domini 1519.
A la suite de cet ouvrage vient l'opuscule qui,
(1) Nonnull! novcllsc schoix discipuli dum temporibus
mensurandis invigilant, novis notis intcndunt fingcre
suas, quam antiquas cantore malunt, in semibreves et
niinimas ccclesiastice cantantur, notuiis percutiuntur.
(2) Histoire de l'Harmonie au moyen âge, p. 214.
(3) Jcsu Christi incarnationis anno 1503, nostro ma-
thcmatico complète, fui requisitus a quodam eximio
magistrorum Philippe de Vilriaco, de rcgno Francorum
ut etc.
BIOGR. U.MV. DES MDSICIEKS. T. VII.
dans le manuscrit de la bibliothèque Barberini
(n° 841), et dans une autre copie, également
du quatorzième siècle, de la Bibliothèque du
Vatican {n° 5321), porte ce titre : Ars nova
Piiilippi de Fiinj. V coni.nonce par ces mot»,
daiis !;; manuscrit ••'(• là Bibliothèque impi-
riale de Paris : In arte nostra hxc inclusa
suntaliqua etc., et au verso du feuillet Cl, il
finit par Explicit ars novx musicx. Cet
opuscule est suivi du petit traité du contre-
point qui, dans les manuscrits de la biblio-
thèque Fallicellana et du Vatican, a pour
titre : Ars contrupuncti Magistri Philippi
de Fitriaco; dans celui de la Bibliothèque
impériale de Paris, il est intitulé : Ars com-
posilionis de Motetis, compilata d Philippo
de Fitry. Trois traités composent donc
l'œuvre de ce musicien, à savoir, le traité de
la musique mesurée, selon les principes de ses
prédécesseurs, VArs nova, et le traité du
contrepoint, fort peu étendu, et qui n'est
qu'un abrégé, une compilation des ouvrages
d'autres écrivains, comme le déclare l'auteur
lui-même. C'est dans VArs nova ([ue Philippe
parle de la minime et de la semi-minime. Il
y explique pourquoi certaines dissonances ne
peuvent être employées que sur ces notes de
peu de durée, qui ne sont que des divisions et
sous-divisions de la semi-brève. Il est à re-
marquer que Philippe de Vitry ne s'attribue
pas l'invention de ces figures de notes :
Morley dit, dans les annotations du premier
livre de son Traité de musique (ad pag. D),
que l'invention de la minime est attribuée à
un certain prêtre de la Navarre (t), mais que
Philippe est le premier qui en fit usage. Pen-
dant son séjour à Rome, M. Danjou a fait une
copie de VArs conlrapuncli et de VArs nova,
d'après les manuscrits de la bibliothèque
Fallicellana et de la Barberine, puis il l'a
collationnée sur le manuscrit du Vatican.
Celle copie est d'autant plus précieuse, que le
manuscrit de Paris est a peu près illisible en
beaucoup de passages.
PHILIPPE DE CASERTE , ainsi
nommé parce qu'il était né à Caserta. chef-
lieu de la Terre de Labour^ dans le royaume
(l) Ce prêtre de la Navarre, ne serait-ce pas Léon Hé-
breu, à qui Philippe de Vitry avait demandé un traité
spcculatifde Va musique? Il était juif converti et ecclé-
siastique,puisqu'il prend la qualilicalion AtMagitter,Ql
il n'élait pas Françals,puisquMl désigne Philippe de Yilry
comme le plus distingué des maitres du royaume des
Francs (Eximias magistrorum Philipput, de Vilriaco de
ngno Francoruiii). Je livre cette conjecture aux investi-
gations des érudits.
TA
PHILIPPE DE CASERTE — PHILIPPE DE R:0NS
de Naplos. M. Bcinaido Quaranlo nous ap-
prend, dans un mémoire inséré au quatrième
volume des Jixnali civili del regno dclle due
Sicilie (ann. 1834, p. 88), ([ue Philippe vécut
à Napics sous la domination de la maison
d'Araj;on, ce qui doit s'entendre d'Alphonse I""
et de Ferdinand I"; car Philippe de Caserlc
est cilàpar Gafori dans sa Praclica musica,
dont la première édition fut imprimée à Milan,
en 1496. Il est donc vraisemblable que l'épo-
que d'activité de ce musicien fut entre les
années 1442 et 14U1, pendant lesquelles ré-
gnèrent les deux princes cités précédemment.
Philippe, qui, suivant Gafori, était bon chan-
teur, fut vraisemblablement attaché à la cha-
pelle royale de Naples. On a de lui un traité
de la notation proportionnelle intitulé : De
diversis figuris nolarum , manuscrit du
<|uinzième siècle, qui se trouve à la Biblio-
thèque de Ferrare.
PHILIPPE ou PIIILIPPOIV DE
BOURGES, musicien et organiste fran-
çais du quinzième siècle, fut contemporain
d'Okeghem. Il est cité par Gafori {Practica
Musica, lib. IV, c. V). Jacques Paix a inséré
un morceau de sa composition dans son second
livre de tablature d'orgue. Le troisième livre
de la rarissime collection imprimée par Pe-
(rucci de Fossombrone, sous le titre de Ifar-
monice musicesOdhecaton {Canti C, n» cenlo
cinquanta), renferme, sous le n° 122, la
chanson à quatre voix de Philippe de Bourges,
Rose playsant. L'abbé Baini indique, dans
ses Mémoires sur la vie et les ouvrages de
Palestrina (notes 220 et 431), des messes qui
portent le nom de Philippon de Bourges, et
qui se trouvent en manuscrit dans les archives
de la chapelle pontificale.
PHILIPPE DE MONS, appelé DE
MOINTE aux litres latins et italiens de ses ou-
vrages, illustre musicien dont le nom de famille
est inconnu, fut ainsi appelé à cause du lieu de sa
naissance. Je crois devoir suivre, en ce qui le
concerne, la tradition des anciens auteurs, dont
les paroles seront rapportées toute à l'heure,
traditions adoptées par les historiens de la
musique Ilawkins (1) e't Kiesewelfer (2), par
Jean-Gottfried Wallher (3), ainsi que par les
autres auteurs de dictionnaires de musiciens
français, allemands, italiens et anglais. Tous,
i la vérité, se sont copiés; mais il n'en ré-
(I) A Gtntrat Itiiiory of thi «cintre and practict of
ifMiV, I. Il.p. VH.
(?) Cmialog dtr Sammlung alttr Mntik, etc., p. 57.
(3) MiuikahMch,, Uxicon, p. 420, article J/o»<« (/>/.»-
''>>""). Frantmi. Philipp, Je A/ont.
suite pas moins que Philippe de Mons est de
notoriété universelle. Toutefois, il s'est pro-
duit dans ces derniers temps des objections
sérieuses contre cette tradition : elles doivent
trouver place ici. Le baron de Reiffenberg
{voyez ce nom) a écrit le passage suivant dans
sa Lettre à M. Fétis, directeur du Conserva'
toire de Bruxelles, sur quelques particula-
rités de l'histoire musicale de la Belgique
{Recueil encycl. belge, octobre 1833, pages CI
et 62), à l'occasion de quelques inexactitudes
ou omissions qu'il avait cru remarquer dans
mon mémoire sur les musiciens néerlan-
dais (0 : « J'ai transcrit... les vers latins de
» Ph. Brasseur, en ses Sydera tllustrium
» I/annonix scriplorum, sur Philippe du
» Mont, qui ne s'est jamais appelé Philippe
» Mons, comme vous dites, etc. » Il est évi-
dent que je n'ai pas écrit Philippe Mons,
mais Philippe de Mons, puisque j'ajoute :
ainsi appelé parce qu'il était né dans la ca-
pitale du //a t nu » t, e/i 1521 (p.-jges 43). Les
fauies d'impression fourmillent à cha(]ue page
dans ce mémoire publié loin de moi ; mais
celle-ci saute aux yeux. Je pense que le baron
de Reiffenberg l'a bien aperçue j mais selon lui
le musicien dont il s'agit s'appelait Philippe
du Mont, et non Philippe de Mons. D'autre
part, Dlabacz nous fournit, dans son Diction-
naire des artistes de la Bohême, un rensei-
gnement qui contredit tous les témoignages
contemporains et autres concernant le lieu où
cet artiste aurait vu le jour; voici ses pa-
roles (?) : De Monte {Philippe), chanoine et
trésorier à Cambrai, célèbre compositeur,
né en 1521 à Matines {et non à Mons dans
le Hainaut), ainsi que le fait voir la liste des
musiciens de la chapelle impériale de l'année
1382, où il est nommé Philippe de Monte,
de Matines. Je croh devoir faire remarquer en
passantque Dlabacz n'indique pas oiise trouve
cette liste des membres de la chapelle impériale.
Frappé, cependant, du fait avancé par ce bio-
graphe, M. Léon de Burbure, si exact dans ses
recherches archéologiques , m'écrivait , le
5 mars 1863 : « Rien n'autorise à croire que
» cet auteur, entièrement désintéressé dans
(1) Mimoirt «ur etttt qutttion : Qutli ont itéltt mi-
rilt$ dt$ yéerlandait dans la miuique, frineipaltment
aux fitatoriiéme, quiniiinie tt itUiime liiclet, etc., Am-
(terdam, J. Mùllcr ri compagnie, <8â9, in-4".
(2) De Monte (Philipp), ein Oomherr und znglirh
Scbatxmcistcr zu Camiirajr; ein berùliratcr Komponi.sl,
der tu Mechcin und nicht zu Oergen in IIcDncg.-iu lb'21
geboren, wieis dat Verzciebniss dcr K. K. Kapelle vom
Jahre 1582, «o cr Philipp de Monte von Mecbcla gcnannt
«ird (lome II, page ôti).
PHILIPPE DE MONS
35
« la question de nationaljl<5 du compositeur,
» se soit trompé. J'ai trouvé, de mon côté, qu'à
n Jlalines avait existé, vers le milieu du sei-
n zième siècle, une famille de Monte; que le
» 17 mars 1549, un maître Pierre de Monte,
» fils de Philippe de Monte et natif de Ma-
» lines, quitta cette ville et se fit inscrire dans
» la bourgeoisie d'Anvers. La coïncidence
« des prénoms du compositeur et du père de
» maSlre Pierre de Monte est significative :
« tous deux s'appellent Philippe. On sait
» combien les prénoms aident à distinguer
n les familles du même nom.... Si Philippe
» eût été natif de Mons, il eût écrit son nom
» latinisé, Philippe de 3Iontibus, et non de
'•> Monte.^^ Il paraîtrait donc, d'après la décou-
verte de M. de Burbure, que de Monte n'était
pas l'indication du lieu de naissance du
maître de chapelle de la cour impériale, mais
le nom de sa famille : cependant je reçus,
quelques jours après la première révélation
de mon honorable ami, une autre lettre où se
trouve ce passage : « J'ai eu occasion de
» m'assurer que maîtres Philippe et Pierre
» de Monte, dont je vous ai entretenu derniè-
» remenl, s'appelaient Fan Bergen. » Or,
Berg (au pluriel Bergen), en flamand comme
en allemand, signifie montagne (en latin
mons, montis), et ce mot est aussi, dans les
deux langues, le nom de la ville de Mons
{van Bergen, se disait de quelqu'un qui était
de Mons). L'équivoque subsiste donc encore.
J'ai maintenant à opposer aux objections
du baron de ReifTenberg, du P. DIabacz et de
>I. de Burbure, les autorités qui font naître à
Mons (en llainaut) le célèbre musicien appelé
Philippe de Monte. A l'opinion du baron de
ReifTenberg, concernantle nom de cet artiste,
et au fait rapporté par DIabacz, il y a une
première et décisive réponse à faire : c'est
celle du titre d'un des ouvrages imprimés du
vivant de Philippe; le voici : Sonnetz de
Pierre de Ronsard, mis en musique à cinq,
six et sept parties par très-excellent maistre
Philippe de Mons, à Louvain, chez Phalèse,
1576, in-4». On ne peut faire un reproche au
baron de Reiffenberg de n'avoir pas connu ce
titre, mais on peut s'étonner qu'un homme si
éruditaitdit que l'artiste ne s'est jamais ap-
pelé Philippe de Mons, tandis que les bio-
graphes de son temps ou postérieurs ont dit
qu'il tenait son nom du lieu de sa naissance ;
il serait trop long de citer toutes les autorités
à cet égard, mais je crois devoir en rapporter
quelques-unes des plus importantes. Sweert,
ou Swertius, contemporain de la vieillesse de
Philippe, le désigne ainsi {Alhenai Belgicae^
page 645) : Philippus de Monte, sic dictas,
quia Montibus Hannonix natus. Foppens
s'exprime exactement dans les mêmes termes
(Bibliotheca Belgica, tome II, page 1039);
et Bullart, né en 1599, c'est-à-dire lorsque
Philippe vivait encore, dit dans son Académie
des sciences et des arts : « La ville de Mons a
» cette gloire au-dessus du reste des Pays-Bas
» d'être le lieu d!où sont sortis les plus excel-
» lents musiciens du siècle passé; car, après
» avoir produit Orlande de Lassus, elle a en-
» core donné naissance à celui-ci, qui, pour
n ce sujet, a été appelé Philippe de Mons. «
Il est vrai que les vers tirés par le baron de
Reiffenberg des Syderaillustrium Hannonix
scriptorum, de Philippe Brasseur (Mons,
16Ô7, p. 88), portent en tête : Philippus du
Mont, excxsareo chori musici prxside ca-
nonicus et thesaurarius cameracensis ; mais
l'ouvrage de cet écrivain ayant pour objet les
hommes célèbres du llainaut et en particulier
de la ville de Mons, en admettant que le nom
de famille ait été du Mont, il ne reste pas
moins certain qu'il était né dans cette ville, et
conséqucmment ceux qui ont accolé à son
prénom l'indication du lieu de sa naissance
n'ont fait que suivre l'exemple de ce qui s'était
fait pour d'au très artistes, comme Jean Guyot,
presque toujours appelé Castiletiy parce qu'il
était né au Châtelet, Jachet de Berchem, qui
était du village de ce nom, près d'Anvers,
Gérard et Jean, dits de Turnhout, à cause
du lieu de leur naissance, etc., etc. Guichardin,
contemporain de l'artiste célèbre, ne fournit
aucun renseignement sur le lieu oîi il a vu le
jour : il l'appelle Filippo de Monti; l'édition
latine de son livre a Philippus de Monte, et
l'édition française, Philippe de Monte, ce qui
s'accorde avec l'opinion de M. de Burbure.
Dans l'espoir que Philippe fournirait lui-
même quelques renseignements pour résoudre
la difficulté, j'ai lu bon nombre d'épîtres dé-
dicatoires qu'il a placées en tête de ses ou-
vrages, mais je n'ai rien trouvé. Dans l'état
actuel des choses, la notoriété de la naissance
de Philippe à Mons n'est pas douteuse, mais il
reste à décider entre elle, DIabacz et M. de
Burbure qui le font naître à Malines. Une
autre incertitude existe à l'égard du nom de
sa famille : s'appelait-il du Mont, ou de
Monte, ou Bergen? Il est douteux que ces
dilTicultés soient jamais dissipées; pour moi,
je crois devoir rester ici fidèle à la tradition.
L'époque de la naissance de Philippe de
Mons est déterminée par l'inscription placée
3.
ZG
PHILIPPE DE MONS
au-dessous de ion porlrait par Sadelcr, et que
voici : Philippus de Monte Belga D. D.
Max. II et Rodolph. II Rom. imp. chori
musici prxfcclus metropol. Ecclesix came-
racencis canonicus et thesaurarius. Ailatis
SUA- LXXniA. D.MDXCIF. Notre ardslc
élait donc né en 1523, ou vers la fin de 153],
c'est-à-dire un peu plus d'un an après Roland
de Lassus. L'objection que j'ai prt^sentée,
dans mon mémoire sur les musiciens néerlan-
dais, contre la supposition qu'il aurait été
l'élève de celui-ci, ne subsiste plus depuis que
Delmotte a rectifié la date de la naissance de
Roland de Lassus. Remarquons toutefois que
de Lassus, parti de Slons vers l'âge de seize
ans, n'y reparut qu'en 1543, c'est-à-dire
lorsque Philippe était âgé de vingt-deux ans,
et que si celui-ci devint son élève, il dut le
suivre à Anvers et y recevoir ses leçons pen-
dant les années 1544 et 1545. Il n'est pas in-
vraisemblable qu'après avoir appris les élé-
ments de la musique sous la direction d'autres
maîtres, il ait achevé son éducation musicale
près de son compatriote. L'occupation de sa
vie, depuis cette époque jusqu'en 1564, où
Maximilien II succéda à Charles -Quint,
comme empereur d'Allemagne, n'est pas
connue. Le premier ouvrage connu de sa
composition est celui qui a pour titre : Mis-
sarum quinque, sex et octo vocum liber
primus, Anvers, 1557, in-fol. m". Celte date
et le lieu de l'impression pourraient faire
croire que Philippe fut attaché jusqu'alors
à quelque église d'Anvers. Il alla ensuite en
Italie, car le premier'livre de ses madrigaux
à quatre voix a été publié à Venise, en 1501.
Il est vraisemblable qu'il vécut pendant quel-
ques années à Ingolstadt, peut-être comme
maître de la chapelle de la belle église des
Jésuites, car les premières éditions de ses cinq
livres de motets à cinq voix furent imprimées
dans cette ville de la Bavière, depuis 15CU
jusqu'en 1574. Bullart nous apprend qu'à la
recommandation de Roland de Lassus, il fut
admis dans la chapelle impériale, sans doute
en qualité de simple musicien; mais ensuite
il en fut le directeur et conserva Ce titre sous
l'empereur Rodolphe.
A l'égard de ses titres de chanoine et de
trésorier du chapitre de Cambrai, j'ai fait une
erreur de chronologie dans mon mémoire sur
les musiciens néerlandais, en les lui donnant
antérieurement à son entrée au service de
l'empereur Haximilien, car c'est par la pro-
tection de ce prince qu'il les obtint. J'ai, à ce
•iijet, l'obligation de précieux renseignements
à M. le Glay, savant bibliothécaire de la ville
de Cambrai, qui a bien voulu faire des re-
cherches dans les actes du chapitre. Je vais
transcrire ici le passage delà lettre où il me
les fournit :
« J'ai peu de choses à vous apprendre con-
» cernant Philippe de Mons qui a un article
« très-court dans les Recherches sur l'église
>' métropolitaine de Cambrai (p. 140). J'ai
» compulsé de nouveau les actes du chapitre-
» pour trouver quelques faits relatifs à ce cé-
» lèbre musicien. Il parait que Philippe ne
n s'astreignait pas au précepte de la rési-
» dence, car on ne le voit jamais figurer
n comme présentaux assembléescapilulaires.
» Le 1" septembre 1572, il est admis en qua-
rt lité de trésorier de l'église, virlute precum
« imperialium. Cette admission a lieu par
n procureur. Le même jour on lui enjoint de
» justifier, dans le délai de quatre mois, qu'il
» est issu de légitime mariage; et le 8 oc-
» tobre suivant, son fondé de pouvoir, Vale-
» rianus Serenus, chanoine de la métropole,
» jure que Philippe est né legitimis nnptiis.
» Le 2 janvier 1573, le chapitre prend une
>< délibération ainsi conçue : Rescribatur ex
« parte capituli D. Philippo de Monte, ma-
» gistro cantorum Cxsarex majestatis,
» agenturque eidem gratix pro favore huic
» ecclesix et capitulo oblato utqtie salvum
» possit esse jus liberx electionis archiepi-
« scopi liujus ecclesix. La réception de Phi-
» lippe en qualité de chanoine eut lieu le
« l'''' mai 1577, et son procureur, Philippe
» Gomin, aussi chanoine, fut obligé de renou-
» vêler, le 27 du même mois, le serment
« qu'avait prêté Valerien Serenus, en 1572.
K Philippe de Mons résigna son canonicat,
« le 4 mars 1G03, en faveur de sou neveu,
n Pierre Baralle, prêtre de Cambrai ; quant
» à la trésorerie, il parait que notre digne
» Monlois l'a aussi résignée à son neveu, qui
n n'en profita pas, atten<iu que cette dignité fut
n supprimée aussitôt après la résignation. »
On voit par ce qui |)récède que Philippe d*
Mons vivaii encore, probablement à Vienne,
au mois de mars 1003; il était alors dans sa
quatre-vingt-deuxième année : il est donc
vraisemblable qu'il ne vécut pas longtemps
après cette époque ; mais la date précise
de sa mort n'est pas connue jusqu'à ce
jour. DIabacz nous apprend qu'en 1593 il
avait fait un voyage à Prague, ety avait com-
posé un morceau de musique pour la consécra-
tion du nouvel archevê(|ue : ce morceau a été
imprimé à Prague, en 151)3, ia-4».
PHILIPPE DE MONS
57
Tout porte à croire qu'on ne connaît pas
toutes les œuvres de Philippe de Mons, et
qu'une partie de ce qu'il a écrit pour la cha-
pelle impériale est restée en manuscrit dans les
archives de cette chapelle. Voici la liste des
éditions des ouvrages publiés sous son nom
qui me sont connues : 1» Missarum quinque,
sex et octo vocum liber primus ; Anvers,
1557, in-fol. m»; il a été fait une deuxième
édition de ces messes dans la même ville, chez
les héritiers de Pierre Phalèse, en 1628, in-
fol. m». 2» Misss cum quatuor et quinque
twcibus concinnatx ; Anvers, Christ. Plan-
tin, 1588, in-fol. Ces messes ont été réimpri-
mées d'après une édition d'Ingolstadt dont
j'ignore la date. ô°Missa ad modulum : Bene-
dicta es, sex vocum; Anvers, liî80, in-fol. m",
4» Sacrœ cantiones seu Motectx 5 vocum,
lib. I; Ingolstadt, 1569, in-4». 5» Sacrarum
cantionxim quinque vocum liber secundus;
ihid., 1571. 6» Idem, lib. lU;ibid., 1573.
7° Idem, sex vocum, lib. IV; ibid., 1573.
8° Idem, quinque vocum, Uh. V, ibid., 1574.
Ces cin(j livres de molets ont été réimprimés
à Venise, sous les titres italiens : //... libro
de'motelti à cinque e set voci dal eccel-
lentissimo musico Filippo di Monte; Ve-
nise, 1572 à 1579, in-4''. Ce sont ces éditions
(|ue Draudius indique sous des titres latins.
Il y a aussi «lis éditions des cinq livres de ces
motels publiées à Venise, chez les fils de Jé-
rôme Scolto, 1572 à 1576. 8» (bis) Philippi
de Monte S. C. M. Capellas magistri sacra-
rum Cantionum cum quinque vocibus, qux
vulgo motecta nuncupantur , nunc primum
inlucemeditus liber sextus; Fenctiis, apud
Ângelum Gardanum, 1584, in-4". Ce recueil
contient vingt^huit molets. 9» Philippi de
Monte, etc. Sacrarum cantionum cum sex
et duodecim vocibus, qux vulgo motecta
nuncupantur, nunc primum in lucem xdi-
tus liber primus ; ibid., 1585, in-4''. Recueil
de vingt-neuf motets à six voix, deux à dix voix,
et un à douze voix. iO" Philippi deMonte,etc.
Cantionum sacrarum qux vulgo Motecta
nuncupantur, nunc primum in lucem edi-
tus cum sex et duodecim voc. Liber secun-
dus; ibid., 1587, in-4» (vingt-neuf motets).
Il" Il primo libro de' madrigali a cinque
tocî"; Venise, 1561, in-4''. Le deuxième livre
de ces madrigaux à cinq voix a été publié
dans la même ville, en 1567, in-4''; le troi-
sième en 1369, et fut réimprimé en 1576; le
quatrième livre parut en 1574, et fut réim-
primé en 1381 ; le cinquième livre, en 1574; le
sixième, en 1577, réimprimé en 1588 j le sep-
tième, en 1583, réimprimé en 1586, tous
in-4". Les neuvième, dixième, onzième, dou-
zième et treizième livres, tous à cinq voix, fu-
rent publiés chez le même, depuis 1381 jus-
qu'en 1587. Il y a aussi des éditions de tous
ces livres de madrigaux à cinq voix, publiées
à Venise, chez les héritiers de Jérôme Scotto,
depuis 1376 jusqu'en 1588. On trouve dans la
bibliolhèqne de Lycée communal de musique
de Bologne \c dix-neuvième livre de madri-
gaux à cinq voix du même auteur; Venise,
Ang. Gardane, 1388. Je ne connais pas
d'exemplaire des livres quatorzième, quin-
zième, seizième, dix-septième et dix-hui-
tième. 12" // primo libro de' madrigali a
SCI uoci; Venise, 1563, in-4''; le second livre
parut dans la même ville, en 1568; le troi-
sième, en 1570, et fut réimprimé en 1576; le
([uatrième, en 1576; il y a eu, je crois, une
édition antérieure; le cinquième, en 1579; le
sixième, en 1582 ; le septième m'est inconnu ;
le huitième, à Venise, 1592; tous in-4''. Dla-
bacz assure que tous ces ouvrages ont été
imprimés aussi à Ingolstadt. Je connais aussi
le cinquième livre de madrigaux à cinq voix,
publié à Nuremberg, en 1577, in-4''. 13° La
Fiametta , canzone di Filippo de Monte
maestro di capella délia S. C. M. dell' imp.
Rodolfo 11°, insieme altre canzoni et madri-
gali vaghissimi a 7 roct, cou uno écho a
Otto, novamente composta et data in luce.
Libro primo; in Fenetia, app. Ang. Gar-
dano, 1598, in-4''. Dans la dédicace au car-
dinal Aldobrandini, Philippe dit qu'il a dédié
au même cardinal le huitième livre de ses
madrigaux à six voix. 14" Di Filippo de
Monte il primo libro de madrigali spiri-
tuali a cinque voci da lui novamente corn-
posli; in Fenetia, app. Angelo Gardano,
1581, in-4'». Ce recueil contient trente can-
tiques. 15" Chansons françaises à cinq, six
et sept parties; A.n\ ers, V\anUn, 1573, in-4o
oblong. Il a paru dans la même année une
édition de ces chansons traduites en italien, à
Venise. \Ç>'' Sonnetz de Pierre de Ronsard, mis
en musique à cinq, six et sept parties par très-
excellent maistre Philippe de Mons; à Lou-
vain, chez Phalèse, 1376, in-4'>. Beaucoup de
morceaux extraits des œuvres de Philippe de
Mons ont été insérés dans les collections de la
fin du seizième siècle; ce qui prouve l'estime
qu'on faisait alors de ses compositions. Parmi
ces collections, je citerai les suivantes : l^Spo-
glie amorose. Madrigali a 5 voci di diversi
eccellentissimi musici nuovamente posti in
iuce; Venise, G. Scotto, 1583. 2" Musica di-
58
PHILIPPE DE MONS — PHILIPS
vina, di XIX autori illustri a 4, 5, C cf 7
voci, nella quale si contengono i più eccel-
lenti madrigali che hçggidi si cantino; An-
Tcrs, P. Plialèsc cl Bellère, 1595, in-4" obi.
ô' Harmonia céleste, di diversi eccellentis-
simi musici a 4, 5, 6, 7 c 8 voci nuovamente
raccolta da Andréa Pevernage e data in
luce; ibid., 1593, in-4" obi. 4° Symphonia
angelica, di diversi eccellentissiini mu-
sici, etc. ; ibid., 1594, in-4" ohl. 5' Jflelodia
Olympica, di diversi eccellentissimi mu-
sici, etc., ibid., l.')94, in-4" obi. 6" Paradiso
musicale di madrigali e canzoni a cinque
voci, etc., ihiti., 1596, in 4° obi. 7» Ghir-
landa di madrigali a set voci da diversi ec-
cellentissimi autori de' nostri tempi, ibid.,
1601, in-4». 9" Madrigali a ottovocida di-
versi eccellenti e famosi autori, con alcuni
dialoghi, e écho per cantare et sonare a due
chori; ibid., 1596, in-8»obl.
Après Roland de Lassus, le musicien belge
dont la réputation eut le plus d'éclat et fut le
plus répandue à la fin du seizième siècle fui
Philippe de Mons. Celui-ci fut le dernier de ces
artistes célèbres que les Pays-Bas avaient vus
naître, et qui tinrent le sceptre de la musique
en Europe, dès le quatorzième siècle. Après
lui, l'art dégénéra en Belgique. On peut juger
par le madrigal Da bei rami scendea, rap-
porté en partition par llawkins dans son /lis-
toire générale de la musique (t. II, p. 492 et
suiv.), de son mérite sous le rapport de la pu-
reté d'harmonie et sous celui du rhythme;
mais c'est surtout dans ses motels que Phi-
lippe de Mons s'est distingué par la noble
simplicité de son style. Plusieurs poètes ont
chanté les louanges de cet artiste distingué :
outre les vers cités par le baron de Reiffen-
berg, il y a un poème latin en son honneur
composé par Elisabeth Weston, femme sa-
vante de la Bohême; ce poème a été inséré
dans le livre de cette dame intitulé : Par-
thenicon, Pragw, typis Paulio Sessii, 1602,
in-S" (p. 16 et suiv.). DIabacz rapporte qua-
rante-six vers de ce poème dans son Diction-
naire des artistes de la Bohême.
Je connais cinq portraits de Philippe de
Mons : le premier, par Raphaël Sadcler, a été
fait à Vienne, d'après nature, en 1594; il a
servi de type à tous les autres. Il fut reproduit
avec un rare talent de burin par Théodore de
Bry, dans la troisième partie des Icônes illus-
trium virorum de Boissard (pi. 49); mais on
n'y trouve pas l'inscription qui fait connaître
l'époque de la naissance de Philippe, comme
» celui de Sadelcr. Vient ensuite celui de Ni-
colas de Larmessin, dans VAcadémie des-
sciences et des arts, de Biillarl, copie exacte
de celui de Théodore de Bry; puis la gravure
médiocre de celui qui se tfouve dans le Thea-
trum virorum ernditione clarorum, de
Freher (pi. 78). Celui de Larmessin a été re-
produit dans la Bibliolhcca Belgica, de Fop-
pens ; mais la planche retouchée par une main
maladroite n'offre (jue de mauvaises épreuves.
Caldwald a fait une bonne copie de celui de
Sadeler, avec l'inscription, pour VHistoire
générale de la musique de Ilav^kins (t. II,
p. 491).
PHILIPPE (Jeas). Un auteur de ce nom
a été cité par Valenlin-Barlholomé Haus-
mann, organiste à Schofstaedl, dans un livre
allemand sur la composition, resté en manu-
scrit, comme auteur de trois traités de mu-
sique, également manuscrits, qu'il possédait,
et qui avaient pour titres : 1» Colkgium mu-
sicum de compositione. 2" Organopxia.
3" Collcgium melopoeticum. Matthcson, qui
possédait l'ouvrage de Hausmann, croit que
dans celle citation il avait oublié d'indiquer
le nom de famille de Philippe (Voyez JHus.
Ehrenpforle, p. 108); cependant Zeidier, cité
par Gerber, dans son ancien Lexique des mu-
siciens, indique les mêmes ouvrages sous le
même nom.
PHILIPPE D'ORLÉANS, régent du
royaume de France, né à Sainl-Cioud, le 4 août
1674, mourut subitement le 25déccmbre 1723,
Le parlement de Paris lui décerna la régence
le 2 septembre 1715. Ce prince, ami des arts et
des artistes, avait reçu de Campra des leçons
de composition, et avait fait des expériences
d'acoustique avec Sauveur. Il composa une
partie de la musique iVBypermneslre, opéra
de Gervais, représenté à Paris en 1716. Il fit
aussi avec ce musicien un Panthée, opéra qui
fut représenté dans les appartements du Pa-
lais-Royal.
PHILIPS (Piehre), prêtre et composi-
teur, né de parents catholiques, en An-
gleterre, vers 1560, s'établit à Bélhune,
dans sa jeunesse, et y fut organiste. Vers
1595, il fit un voyage en Italie et vécut plu-
sieurs mois à Rome. Après ce voyage, il passa
quelque temps à Anvers, puis il entra au ser-
vice des archiducs Albert et Isabelle, en qua-
lité d'organiste de la chapelle : les organistes
de cette chapelle étaient alors au nombre de
trois. Par lettre patente datée de Bruxelles, le
9 mars 1010, Philips obtint une prébende ou
canonicat à Soignies (I). Bulkcns le cite {Tro-
(I) Arcbivei du royaume de Belgique.
PHILIPS — PIIILODÈME
phées deBrabant, l. HT, p. 124), comme
ayant j)ris part à la pompe funèbre de l'archi-
duc Alhert, en 1021. II vivait encore en 162-3,
car il publia dans cette année une collection
dont la piéface est dalCe de Soignies, le
19 avril. Il prenait, au titre de ses ouvrages, le
nom italien de Pietro PhiUppi ou Filippi.
On connaît de cet artiste : 1" Quelques ma-
drigaux daps la collection qu'il a publiée
sous ce titre : Melodia Olympica di diversi
eccdkntissimi musici a 4, 5, 6 e 8 voci;
Anvers, P. Phalèse et J.-J. Bellère, 1904,
in-4» obi. 2" Il primo libro de' Madrigali
aseivoci; ibid., 1590, in-4". ô" Madrigali
a o(/o l'oct; ibid., 1598, in-4"» obi. L'épUre
dédicatoire de ce recueil est datée du 24 sep-
tembre de la même année. 4" 7/ secondo libro
de' Madrigali a seivoci; ibid., 1004.5" C'an-
tiones sacras 5 tocum; Anvers, 1012, in-4'.
G" Cantiones sacrx octo vôcum; ibid., 1013,
in-4". 7" Gemmul^e sacrx 2 e 3 roc; ibid.,
1013, in-4°. 8» Litanix B. M. f'.iiiecclesia
Loretana cani solitx 4, 5-9 vocum; ibid.,
1025, in-4".
PHILLIPS (Jea«), neveu de Milton, né à
Londres vers 1035, s'est fait connaître par di-
vers écrits politiques et autres. Il est aussi
railleur du pamphlet intitulé : Duellum mu-
sicnm, composé à l'occasion de la discussion
de Mathieu Lock et de Salmon {voyez ces
noms), concernant l'unité de clefs dans la
notation de la musique. Ce pamphlet fut im-
primé à la suite de celui de Lock, intitulé :
The présent practiceofmusicvindicatedfClc.;
Londres, 1075, in-4".
PIIILLIS (JEAM-BAPriSTE), professeur de
guitare, né à Bordeaux, se fixa à Paris vers
1784, et y mourut le 30 décembre 1823, à
l'âge de soixante et douze ans. Il a publié de
sa composition : 1» Trios pour la guitare et
divers instruments, oeuvres 4, 10, 15, 15j
Paris, Pleyel. 2" Sonates pour guitare et vio-
lon , op. 14; ibid. 3" Thèn[ies variés pour
guitare seule; Paris, Janet. 4° Méthode courte
et facile pour guitare; Paris, Pleyel. 5" Nou-
velle méthode pour la guitare à six cordes;
ibid.
PIIILLIS (Jeanxette), fille du précédent,
née à Bordeaux vers 1780, entra au Conser-
vatoire de Paris, en 1790, y prit des leçons de
Fasquel pour le solfège, puis devint élève de
Plantade pour le chant, et obtint le second
prix au concours de l'an ix (1801). Entrée à
l'opéra comique du théâtre Favart, l'année
précédente, elle y avait eu des succès par les
grâces de sa personne et l'agrément de sa voix.
En 1802, elle fut engagée pourl'Opéra français
de Pélersbourg; elle fut allachée pendant dix
ans à ce théâtre, et devint la femme de Jous-
serand ^ ancien acteur de l'Opéra Comique ,
qui l'avait suivie en Russie. Retirée du théâtre,
elle vécut à Paris depuis 1812 jusque vers
1830, époque de sa mort. Sa sœur, qui chanta
aussi l'opéra comi<|ue à Pétersbourg, devint
la seconde femme du compositeur Boieldieu,
en 1819, et mourut à Paris, au mois de dé-
cembre 1853. C'était une femme aimable, spi-
rituelle et bonne.
PHILODE.UE, philosophe épicurien, na-
quit à Gadara, dans la Cœlé-Syrie, environ un
siècle avant l'ère chrétienne. Après avoir vi-
sité la Grèce, il alla à Rome et se lia d'une
étroite amitié avec Caipurnius Pison, que Ci-
céron fit dépouiller du gouvernement de la
Macédoine, pour le scandale de sa conduite.
Dans sa réponse aux invectives de Pison,
l'orateur romain représente Philodème comme
un homme aimable et spirituel, (jui unissait
beaucoup d'érudition à une politesse exquise ;
mais, par égard pour ses talents, il ne le
nomme pas une seule fois dans un discours où
il ne pouvait se dispenser de lui reprocher
d'avoir favorisé par ses principes et son
exemple les désordres de Pison, au lieu de
chercher à les réprimer. Philodème cultivait
les lettres, qu'on accusait les épicuriens de
négliger; il avait, au dire de Cicéron, célébré
les orgies et les débauches de Pison dans de
petits poëmes, qui auraient réuni tous les
suffrages si le choix des sujets eût été digne
de l'exécution. Rien ne serait parvenu jusqu'à
nous des écrits de ce philosophe si, parmi les
manuscrits trouvés à Ilerculanum, il ne s'en
fût trouvé un qui contient, non un ouvrage
entier, mais le quatrième livre d'un traité sur
la musique, intitulé simplement IlEsljxoujixr.i;.
Le rouleau de papyrus qui le contenait était
charbonné et rempli de crevasses; il fut dé-
roulé avec beaucoup de peine par Biaggio
et Merli. Les lacunes résultant des crevasses
étaient en grand nombre; beaucoup furent
restituées avec érudition et sagacité par les
savants chargés de ce travail, qui fut publiée
Naples, en 1793, comme premier volume des
manuscrits d'IIerculanum, sous ce titre :
Herculanensium voluminum qua; supersunt,
tom. I, in-fol. Ce volume contient un fac
simile lia manuscrit, en trente-huit planches
gravées, représentant les trente-huit colonnes
du texte; chaque planche est accompagnée du
même texte restitué, d'une traduction latine
par MazocchijRosini, Ignarra et BalTi, et suivie
40
piiilodï:me — philomatiiès
«le noies très-amples et remplies de l'énidi-
tioD la plus solide. Le tout csl leiminé par un
commentaire sur les dix-neuf chapitres dont
se compose ce quatrième livre. L'ouvrage de
Philodème n'est ni technique, ni historique,
mais purement philosophique : il a pour objet
celte question : Si la musiqueest digne d'éloge
on de blâme? L'auteur se prononce pour cette
dernière opinion, et dirige la critique contre
Diogëne le Babylonien, stoïcien dont Diogènc
de LaCrce parle souvent dans la vie de Dio-
gène le Cynique.
Le libraire Schwickert, de Leipsick, entre-
prit, en 1795, une réimpression in-8» du vo-
lume publié à Naples deux ans auparavant;
mais cette entreprise fut interrompue et n'a
jamais été achevée. Le savant de Murr a pu-
blié depuis lors : Commentulio de papyris
seu voluminibus grxcis Herculanensibus ;
Strasbourg, 1805, in-S" de soixante pages et
deux planches. Ce petit volume contient le
texte grec d'un fragment du traité de Philo-
dème. L'année suivante le même philologue
fit paraître une traduction allemande de ce
fragment avec un commentaire, sous ce titre :
Philodem von der Musik ; ein Auszug aus
dessen viertem Buchs; Berlin, 1806, in-4»
de soixante-(iuatre pages et deux planches.
D'autres fragments de Philodème ont été
retrouvés parmi les manuscrits d'IIerculanum;
mais ils sont étrangers à la musique.
PUILOLAUS, disciple de Pylhagore,
naquit à Crotone, et vécut environ quatre
cent cinquante ans avant l'ère chrétienne.
Après la mort de Pythagore , il devint
élève d'Archytas. Les Pythagoriciens ayant
été chassés d'Élis , Philolatts se réfugia
à .Métaponte, puis à Uéraclée, où il écrivit ses
ouvrages, dont il nous reste des fragments que
l'illustre savant M. de Bœckh a rassemblés en
dernier lieu, et qu'il a éclaircis par des re-
marques excellentes, dans le volume intitulé :
Philolaos des Pythagorers Lehren, nebst den
Bruchsliicken seines JFerkes (Doctrine du
pythagoricien Philolatts, d'après les fragments
de ses œuvres; Berlin, 1819, in-8°). Philolatts
est le plus ancien élève de Pythagore qui nous
a transmis sa doctrine de l'harmonie, peut-
être mudinée par Arcliytas et PhiiolaUs lui-
même. Boèce, qui parait avoir possédé l'ou-
vrage de ce dernier, nous cionnc la substance
de sa théorie des proportions harmoniques des
intervalle» {De Jtlusica, lib. III, cap. 5 et
seq.), sur laquelle il fjut consulter le travail
de Bopckb, cité précédemment. Il résulte de la
comparaison de cette théorie avec celle que
nous ont transmise les nouveaux pythagori-
ciens de l'école d^Alexandrie, que ceux-ci ont
changé en beaucoup de choses les principes
de l'école primitive. Cette remarque a été
faite avec Justesse par Rilter, dans son //t's-
toire de la philosophie pythagoricienne
(Geschichle der Pythagorischen philosophie;
Hambourg, 1826, grand in-8").
PIIIL03IATHÉS (Wenceslas). Sous ce
nom, tous les musiciens biographes et biblio-
graphes ont cité un livre sur la musique, rare
et curieux; toutefois, PAt/omat/tès n'estqu'une
qualification qui signifie ami de la science;
le nom véritable de l'auteur de ce livre est
/fences/aus. Il était né dans la seconde partie
du quinzième siècle, à Neuhaus, en Bohême,
ainsi que l'indiquent les mots de Nova domo
qu'il ajoutait à son nom. Un fait rapporté par
DIabacz, dans son Dictionnaire des artistes
delà Bohême {p. 351-352), prouve la solidité
de ma conjecture à l'égard du nom de l'écri-
vain dont il s'agit ; car on y trouve une notice
sur un Wenceslaus , de Neuhaus, qui était
fondeur de cloches, et qui en a fait une, en
1496, sur laquelle on trouve cette inscription :
Anno Dom. Millésime f CCCC. XCVI.
-}• hoc opus •}• fecit. Wencesl. -f Nova ■}• Do.
Un autre TVenceslaus , vraisemblablement
de la même famille, était magisler et fondeur
de clocles à Klattau, en Bohême, dans le même
temps. Le livre de Wenceslaus est un traité
des éléments du plain-chant et de la musique
mesurée, écrit en vers techniques latins, et
divisé en quatre livres; il a pour titre : Fen-
ceslai Philomathis de Nova domo Musico-
rum libri quatuor, compendioso carminé
elucubrati ; yindohonx, 1512, in-S". L'épltre
dédicatoire est datée des calendes d'août de la
même année. Wenceslaus y dit que son ou-
vrage a élé approuvé par l'Académie de
Vienne. Une deuxième édition de ce livre fut
publiée à Leipsick, en 1518, sous ce litre :
Liber Musicorum IF de regimine utriusque
canlus. La troisième a paru à Vienne, sous
ce titre : Finceslaus Philomathis de Nova
Domo Musicorum libri quatuor. Magistri
Iludberti Resch Grœcensis ad lectorem epi-
gramm. extemporale, Musicae complectens
obiter Laudem. A la fin, on lit : Impressum
f'iennx Pannoniae per Johannem Singre-
nium. Jnno MDXXIIJ , petit in-4'» de cinq
feuilles et demie. Un exemplaire de cette édi-
tion est à la Bibliothèque impériale de Vienne.
La quatrième édition a été publiée à Stras-
bourg, en 1533, in-S", et la cinquième a été
imprimée à Wittenhcrg, en 1534, in-8", par
PHILOMATHÉS — PIIRYNIS
H
Qcovfo.s Rhaw, qui y a ajouté une courte pré-
face. Je possède cette édition. Enfin, il yen
a une sixième, qui se trouve à la Bibliothèque
impériale de Vienne. Elle est exactement
semblable à la première. On lit au bas du
frontispice : Excusum Argenlinx in xdibus
Jacobi Jucundi. Anno MDXLIII, petit
in-S" de cinq feuilles et demie. L'édition de
Leipsick indi(|uée par M. Grœsse {Lehrbuch
einer AlUjemeine Literargeschichte, t. III,
p. 964), sous la date de 1578, parait être une
faute d'impression: le titre même semble al-
téré par ce sayant, car il le donne ainsi :
Liber Musicorum quartus de regimine
utriusque cantus et modo cantandi. Or, le
quatrième livre de l'ouvrage de Wenceslaus
no traite pas du chant, mais du contrepoint;
iPailIeurs, ce quatrième livre ne forme que
cinq feuillets : il est peu vraisemblable qu'on
l'ait séparé des autres. Le premier livre de ce
petit ouvrage , qui forme quarante-quatre
feuillets non chiffrés, traite du plain-chant ;
le deuxième, de la musique mesurée et des
proportions de la notation ; le troisième, de
l'art du chant, et le dernier, du cofttrepoint.
Walther a induit en erreur Forkel, Lichlcn-
thal et Becker, en leur indiquant comme
un second ouvrage de Wenceslaus, un traité
De musica plana, qui aurait été imprimé à
Vienne, en 1512, et à Strasbourg, en 1543;
ce traité du plain-chant n'est autre que le
premier livre du traité précédent. Martin
Agricola a fait imprimer un commentaire sur
le premier livre de l'ouvrage de Wenceslaus
{voyez Agricola).
PIIILOTHEE, moine grec du cinquième
siècle, vécut à Damas. On lui attribue le
chant de quelques hymnes qui se trouvent
dans le Triodion, recueil d'offices du commun
des saints. Les auteurs du Dictionnaire his-
torique des musiciens (Paris, 1810-1811) ont
fait sur ce moine une singulière étourderie :
Gerber avait dit, dans son ancien Lexique,
suivant le Triodium {nach dem Triodio),
que, Philolhée avait composé ces mélodies;
M. FayoUe, prenant le Triodium pour quel-
que auteur, dit : Le Triodium assure, etc.
PIIILOTHEE patriarche de Constanti-
nople, futd'abord moine et abbé d'un couvent
du mont Alhos, et ensuite archevêque d'IIé-
raclée, vers 1554, jusqu'à ce qu'il fut élevé,
en 1562, à la dignité patriarcale, qu'il occupa
jusqu'à sa mort (en 1571). Il a composé les
paroles et le chant de quelques hymnes qu'on
chante dans l'office de l'Église grecque.
PUIIVOT (D0.1HMQIJE) ou FII\OT, musi-
cien français du seizième siècle, né vraisem-
blablement à Lyon, n'est connu que par ses
ouvrages, où l'on remarque une facture élé-
gante. Ses œuvres les plus importantes sont :
1" Motettx quinque, sex et octo vocum,
lib. I, Lugduniyper Godefridum et Marcel-
linum Beringos fralreSj\5i7 , in-A°.2°Idem,
lib. LI, li)id., 1548. 5" Chansons françaises
à quatre parties; Lyon, Godefroid Beringen,
1548. Des exemplaires de ces ouvrages rares
sont à la Bibliothèque royale de Munich. Les
chansons ont été réimprimées avec des paroles
italiennes, à Venise, chez Jérôme Scolo, dans
la même année, in-4''obl. 4''/dem,ibid., 1550,
in-4'». 5" Salmi et Magnificat a quattro voci;
Venise, Jérôme Scoto, 1555, in-4". Baccusl
fait l'éloge de cet œuvre dans la préface de ses
psaumes publiés en 1594. 6» Motettia'5 voci,
lib. L, ibid., 1564, in-4''. 7" Motetti a 5 voci,
lib. IL, ibid., 1565, in-4''. Quelques morceaux
de Phinotonl été insérés dans les collections
publiées par Nicolas Du Chemin et Adrien Le
Roy, et dans le Parangon des chansons, édité
par Jacques Moderne, à Lyon. On trouve
aussi deux de ses chansons dans le recueil
intitulé Fenticinque Canzoni francesi a
quattro di Clément Jannequin e di allri
eccellentissimi authori (Venise, Ant. Gar-
dane, 1538). Des motets de Phinot sont placés
dans le Seleclissimarum Motetarum partim
quinque, partim quatuor vocum Tomus
primus, imprimé chezPetrejus,à Nuremberg,
en 1540. Nicolas du Chemin (Duchemin) a
publié du même artiste : D. Dom. Finot
Missa cum quatuor vocibus ad imitationenf
moduli si bona susceptimus condila. Pari-
siis, 1557, in-fol. Tous les ouvrages de ce
compositeur imprimés à Lyon portent son
nom orthographié ainsi : Finot.
PlIRYI^ilS, musicien grec, naquit à Mily-
lène, capitale de l'ile de Lesbos. Il était fils
de Cabon, et fut contemporain de Timolhée
de Milet. Suidas ajoute à ces détails, d'après
l'historien Isler, que Phrynis fut d'abord cui-
sinier chez Hiéron le Tyran, qui, le voyant
s'exercer à jouer de la flûte, le mit chez Aris-
toclide, pour s'y instruire dans la musi(|ue. II
devint un très-habile citharède, et fut, dit-on,
le premier qui remporta le prix de la cithare
aux jeux des Panathénées, célébrés à Athè-
nes, sous l'archontat de Callias, c'est-à-dire
vers la 4'"'' année de la 80»"' olympiade,
457 ans avant Jésus-Christ. Il ne fut pas si
heureux lorsqu'il disputa le prix à Timothéc,
car celui-ci fut proclamé vainqueur, comme
il s'en glorifiait par deux vers que Pliitarque
'43
PHRYNIS - PIA.MAMDA
nous a conservés (De l.aud. sut., p. 957,
Lin. 7, edit. Steph. Grxc), et dont le sens
est : « Que tu étais heureux, Timothée,
» lorsque tu entendais le héraut publier à
» haute voix : Timothée de Milet a vaincti
» le fils de Cabon, ce joueur de cithare dans
» le goût ionien! i> Plirynis passe pour rail-
leur «les premiers changements introiluits
dans l'ancienne musique, par rapport au jeu
de la cithare. Ces changements consistaient
1» dans l'addition de deux cordes aux sept
dont l'instrument était monté avant lui;
2" dans la marche de la modulation, qu'il
rendit moins simple qu'autrefois; ô» dans une
foule d'ornements dont il surchargea le chant.
Ces innovations lui valurent une foule de cri-
tiques, surtout de la part des poètes comi-
ques. Aristophane, dans sa comédie des
Nuées, met ces mots dans la bouche de la
Justice, en parlant de l'éducation des jeunes
gens : « Si quelqu'un d'entre eux s'avisait
» de chanter d'une manière bouffonne, ou de
» mêler dans son chant quelque inflexion
n de voix semblable à celles qui régnent
» aujourd'hui dans ks airs de Phrynis, on
« le châtiait sévèrement. » Le poCte Phéré-
crale, dans sa comédie de Chiron (dont Plu-
larquc nous a conservé un fragment), fait
tenir le langage suivant à la Musique person-
nifiée : « Phrynis, par l'abus de je ne sais
» quels roulements qui lui sont particuliers,
n me faisant fléchir et pirouetter à son gré,
» et, voulant trouver dans le nombre de sept
« cordes douze harmotiies différentes, m'a
1 totalement corrompue. » Ces passages sem-
blent indiquer que Phrynis avait voyagé en
Asie, et qu'il avait introduit dans la Grèce
le goût des ornements du chant qui était gé-
néral chez toutes les nations de l'Orient,
comme il l'est encore aujourd'hui. Phrynis
s'élanl présenté aux jeux publics de Lacédé-
mone avec sa cithare à neuf cordes, l'éphore
Ecprépès se mit en devoir d'en couper deux,
el lui laissa seulement à choisir entre les
graves ou les aiguës. Timothée éiirouva le
même sort quel([ue temps après, aux jeux Car-
nien%{voyei Burette, note 27"" sur le Dialogue
de Plularquc). Tant de préjugés et d'igno-
rance auraient suffi pour s'opposer aux pro-
grès de la musique grecque, lors même que
d'autres causes, qu'il serait trop long de dé-
tailler ici, n'y auraient pas contribué.
PIIYLLIS, musicien grec, né à Délos, a
écrit un Traité des joueurs de flûte, qui est
perdu {voyez Athénée, liv. XIV, c. 9). Il était
aussi auteur d'un traité de la musique en
deux livres ; j'ai lu dans un journal littéraire
qu'on en a découvert le manuscrit à Ilercu-
lanum.
riAINTAiXIDA (Jean), violoniste distin-
gué, na(|uit à Florence, en 1705. En 1734, il se
rendit à Pétersbourg avec une troupe de
chanteurs dramatiques dont sa femme faisait
partie. Après trois années de séjour dans
cette ville, il alla jiasscr l'hiver de 17ô7 à
Hambourg, et y donna des conceits qui curent
de la vogue. De là il alla en Hollande, puis
retourna en Italie et se fixa à Bologne, où
Burney l'entendit, en 1770. O"o"l<'''l f^'
alors âgé de soixante-cinq ans, il était encore
|)lein de feu, et Burney n'hésite pas à le dé-
clarer le premier violon italien de celte
époque, bien qu'il y eut, dans sa position et
dans le maniement de son archet, une appa-
rence de gaucherie et d'embarras. Cet artiste
est mort à Bologne, vers 1782. On a gravé de
sa composition six concertos pour violon et
orchestre, et six trios pour deux violons et
violoncelle, à Amsterdam.
PIANTANIDA (l'abbé Isidore), né à
Milan dans la première moitié du dix-huitième
siècle, a fait ses éludes musicales sous la di-
rection du mailre de chapelle Fioroni. Il
vivait encore à Milan, en 1812. L'abbé Pian-
tanida a beaucoup écrit pour l'église; on cile
avec éloge une messe de sa composition, et
surtout un Miserere considéré comme un mor-
ceau de grand mérite. On a gravé sous son
nom : Salve Begina, pour deux soprani, con-
tralto et basse, avec contrebasse el violoncelle;
Milan, Ricordi.
PIAKTAIMDA (Gaetaji), compositeur et
pianiste, né à Bologne, en 17G8, et non à
Milan, comme il a été dit dans la première
édition de cette Biographie, fut élève de Sta-
nislas Mattei pour l'harmonie et le contre-
point. Dans sa jeunesse, il a voyagé en Alle-
magne, et a passé quelques années en Darfe-
mark, puis il est retourné dans sa patrie.
Nommé professeur de composition au Con-
servatoire de Milan, il a occupé cette position
jusqu'à ses derniers jours. 11 est mort dans
celte ville au mois de novembre 18ôG : Vaccaj
fut son successeur. Piantanida a publié de sa
composition : 1° Sonate pour piano seul,
op. 1; Milan, Ricordi. 2" Sonate avec violon
obligé; ibid. 3» Trente -deux préparations
pour des cadences, en forme d'exercices ;
ibid. 4" Valses pour le piano. 5° Six ariettes
italiennes; Copenhague, Lose.G"Six romances
françaises; ibid. 7° Quel(|Mcs morceaux de
chant détachés, gravés en Allemagne.
PIATTI - PICCIIIANTl
PIATTI (Alfred), ctMèbre violoncelliste,
est né à Bergame, en J823. Fils de Cliailes
PiaUi, chanteur de talent, il commença, dès
ses premières années, l'élude de la musique.
Zanelli, professeur de violoncelle de sa ville
natale, lui donna les premières leçons de son
instrument; puis il entra au Conservatoire de
Milan, et y devint élève de Merif^hi. Sa pre-
mière apparition en public eut lieu dans un
concert de cette institution, en 1838 : il y
excita des transports d'admiration. Piaili
n'était alors âgé que de quinze ans et demi.
Le 7 avril de la même année, il donna au
théâtre de la Scala un concert dont le produit
était de.stiné à lui fournir des ressources suffi-
santes pour voyager. Quelques mois après, il
se fit entendre à Venise, puis à Vienne,
avec un brillant succès. Après avoir séjourné
quelque temps dans la capitale de l'Autriche,
il retourna en Italie et joua, en 1841, à Milan
et à Pavie. En 1844, il donna des concerts à
Francfort-sur-le-Mein, etdans la même année,
il se fit entendre à Berlin, puis à Breslau et à
Dresde. Arrivé à Péfersbourg, en ]84;î, il y
donna plusieurs concerts productifs et trouva
de zélés protecteurs chez les comtes de Wiel-
horsky. En 184G, M. Piatli s'est fixé à Lon-
dres et s'y est marié. Son talent de premier
ordre n'a pas tardé à lui créer «ians cette
ville une position brillante. Un beau son, une
justesse parfaite, un sentiment vrai de l'ex-
pression et une habileté d'exécution qui se
joue dos plus grandes difficultés, l'ont placé à
la têle des violoncellistes de l'Angleterre.
Dans la musique de chambre, on peut assurer
qu'il n'a pas de rival. Les compositions de cet
excellent artiste dont j'ai connaissance sont
celles-ci : 1" Introduction et variations sur
un thème de Liicia di Lammermoor pour
violoncelle, avec accompagnement de piano,
op. 2; Milan, Ricordi. 2" Une Prière. Thème
original varié pour violoncelle avec piano,
op. 3; ihid. 3» Passe-temps musical, idem,
composé de trois numéros intitulés CVtantre-
ligieux; Souvenir d'Ems; Litania, de
Fr. Schubert, op. 4; ibid.° Souvenir de la
Sonnanbula, idem, op. 5; ibid. 5» Mazurka
sentimentale, pour violoncelle et quatuor,
op. 6; ibid. 6" Les Fiancées, petit caprice
pour violoncelle, avec accompagnement de
piano, op. 7; ibid. 7» Jirs baskyrs, Scherzo
pour violoncelle et quatuor ou piano, op. 8;
ibid. 8" Souvenir des Puritani, fantaisie
pour violoncelle et piano, op. 9 ; ibid.
PI4ZZA (Jean-Baptiste), virtuose sur
divers instruments, particulièrement sur la
viole, né à Rome dans les dernières années
du seizième siècle, fut élève de Vincent Ugo-
lini. Il a fait imprimer plusieurs œuvres de
sa composition pour la viole, parmi lesquels
on remarque : 1" Canzoni per una viola.
Libro 1»; Fenezia, Bart. 3Iagni, 1G33. C'est
une seconde édition. 2» Canzoni idem,
Libro 2"; ibid., 1527. 3" Balletti e correnti a
una viola con basso, lib. 3; Venise, Vin-
centi, 1628. A" Ciacone.passacaglie, balletti
e correnti per una viola, lib. 4; ibid.
5" Canzoni per una viola, lib. 5. C° Cor-
renti, ciaconee balletti per una viola, lib. 6.
7° Canzonetle per una viola, lib. 7, ibid.
PlAZZA (Lkasdbe), né à Segni, dans la
première moitié du dix-huitième siècle, fut
agrégé à la chapelle pontificale de Rome, en
1775. Bon compositeur de musique d'église,
il a laissé en manuscrit dans cette chapelle
les psaumes Dixit et Beatus vir, à huit voix,
qui se chantent encore, el qui sont d'un ex-
cellent effet.
PIAZZI (Chables), maître de chapelle de
la cathédrale de Crémone, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, est connu par
un ouvrage qui a pour titre : Misse da ca-
pella a quattro voci, op. 1 j Bologne, Jacques
Monli, 1080.
PICCIII (Erxam.>o), compositeur et écri-
vain sur la musique, naquit le 7 juin 1811 à
VImpronata, près de Florence. Une fièvre
miliaire le conduisit au tombeau, le 18 avril
185G, avant qu'il eut accompli sa quarante-
cinquième année. En 1838, il a fait repré-
senter à Florence Marco / isconti^ opéra en
trois actes, dont quelques morceaux ont été
publiés à Milan, chez Ricordi, avec accom-
pagnement de piano. On connaît de lui deux
fantaisies pour le jtiano, la première sur un
thème de la Fille du régiment, l'autre sur
des motifs de Saffo, de Pacini ; à Milan, chez
le même. Fondateur de la Gazzetta musicale
di Firenze, puis de VArmonia, qui en est la
continuation, il y a publié quelques bons ar-
ticles de critique.
PICCUIAI\TI (Louis), guitariste dis-
tingué, compositeur pour son instrument et
écrivain sur la musique, est né à Florence, le
29 août 1786. Dès sa première enfance, il mon-
tra pour la musique un penchant instinctif qui
lui fit surmonter les obstacles que rencontra
son désir de s'adonner à cet art. Le contre-
point lui fut enseigné par Disma Ugolini,
alors professeur à l'Académie des beaux-arts
de Florence. Après avoir voyagé en Angle-
terre, en France et en Allemagne, pendant les
4V
PICCIIIAOTI — PICCINNI
années 1821 à 1825, il pu''"' de sa composi-
tion : l»Trio pour guitare, clariiielte clliasson;
I.eipsick, Breilkopf et llaerlcl. 2» Fantaisie
pourguitarc et flùleou violon ; Milan, Riconli.
5» Marche pour deux guitares; Florence, Ci-
priani. 4» Une grande sonate, des préludes ou
caprices, des éludes el des Ihèmes variés pour
guitare seule; ibid. 5» Des airs populaires
italiens avec accompagnement de guitare.
Parmi ses autres compositions, on remarque :
le psaume 109 à huit voix en deux chœurs,
avec orchestre ; un quatuor pour instruments
à cordes, et un grand nombre de partimenti
pour rélude de l'harmonie pratique et de
l'accompagnement. Comme écrivain sur l'art,
Picchianli a publié : 1» Principi gênerait e
ragionati délia musica teorico-pratica-, Flo-
rence, 1834. Cet ouvrage a été réimprimé
dans l'année suivante, à Milan, chez Ricordi.
2" Notizie délia vita e délie opère di Luigi
Cherubini; Florence, 1843, 1 volume in-S".
Picchianti a été un des rédacteurs de la Guz-
zetta musicale di Milano.
PICCIIVIIM (Alexandre), virtuose sur le
luth, né à Bologne dans la seconde moitié du
(lix-sepliôme siècle, fut attaché au service du
duc de Ferrare,et s'y trouvait encore en 1030.
Il a fait inii)rimer un ouvrage de sa composi-
tion intitulé : Lihro di liuto e di chitarono
(Livre de musique pour le luth et la grande
guitare), Bologne, 1G2G, in-fol.Cet ouvrage
est précédé d'un traité de la tablature de ces
instruments : on y trouve l'origine du téorbe
cl de la i)andore. Piccinini s'y donne pour
l'inventeur de l'archilulh.
PICCININI (Nicolas), composilcup cé-
lèbre, naquit en 1728, à Bari, dans le royaume
de Naples. Son père, musicien de profession,
ne lui enseigna pas la musique ; il le destinait
à l'état ecclésiastique et lui fit faire les études
nécessaires pour être admis au séminaire.
Cependant Piccinni, dominé par son génie,
ne voyait jamais un instrument, et surtout un
clavecin, sans tressaillir. Il s'exerçait en ca-
chette à jouer sur le clavier les airs d'opéras
qu'il avait entendus et qu'il retenait avec
facilité. Son père l'avait conduit un jour chez
l'évéquc de Bari ; se croyant seul dans l'ap-
partement où on l'avait laissé, il s'assit à un
clavecin qui s'y trouvait et s'amusa à réi)éler
(|uclquc$-unes de ses mélodies favorites : le
prélat, qui l'entendit de la pièce voisine, vint
|irè* de lui en l'applaudissant, cl charmé de
la précision qu'il menait dans les airs, et de la
lK>nnc harmonie dont il les accompagnait par
instinct, il engagea le père à le mettre au
Conservatoire de San-Onofrio, alors placé
sous la direction de Léo. Piccinni y entra au
mois de mai 1742; en sorte qu'il était igé de
quatorze ans quand il commença l'étude ré-
gulière de la musique. Un de ces élèves répé-
titeurs, qu'on décorait du titre de tnaestrino
dans tous les conservatoires d'Italie , fui
chargé de l'instruire des éléments de l'art;
mais il parait que ce maître avait moins de
savoir et de méthode que de morgue préten-
tieuse, car bientôt Piccinni, se dégoûtant de
ses leçons, résolut de ne prendre conseil que
(le son génie, et se mit à écrire des psaumes,
des oratorios et des cantates qui, suivant son
!)iographe, excitaient l'envie ou l'admiration
(le ses condisciples. Le bruit qu'il avait com-
posé une messe entière parvint jusqu'à Léo,
qui voulut en examiner la partition, et qui en
m faire un essai, dirigé par le compositeur
inexpérimenté. Au milieu des éloges qu'on
lui prodigua, Léo seul fît entendre quelques
paroles sévères, et lui dit que c'était se
montrer peu digne des présents de la nature,
(jue de ne vouloir point apprendre à en régler
l'usage. Celui qui n'a point étudié l'art, lui
(lit-il, ne sera jamais (|u'un artiste incomplet.
Après cet avis paternel, il l'embrassa cl lui
ordonna de venir chaque malin recevoir de
lui de meilleures leçons que celles qu'on lui
avait données jusqu'alors. Qi'elques mois
a|)rès, Léo cessa de vivre ; mais il fut remplacé
par Durante, qui prit en affection Piccinni, et
lui donna tous ses soins. Enfin, après douze
années d'études, Piccinni sortit du Conserva-
toire, en 1754, brûlant du désir de mettre à
|)ront les inspirations de son génie el le savoir
qu'il avait acquis. A cette époque, Logroscino
était le compositeur d'opéras bouffes le plus
estimé des Napolitains; il justifiait cette pré-
férence par une verve comique, féconde en
traits originaux. Il avait quitté Naples depuis
1747; mais il régnait encore au théâtre des
Florentins par ses ouvrages, lorsque Piccinni
s'y présenta avec son premier opéra. Le prince
de Vinlimille, protecteur de ce jeune artiste,
dûcida le directeur à le faire rcprésenler, en
lui offrant la garantie d'une somme de huit
mille livres pour le cas d'une chute. Col ou-
vrage, intitulé le Donne dispetlose, fut rci)ré-
senlé quelques mois après (|uc le compositeur
fut sorti du Conservatoire. Une de ces cabales
puissantes, si fréquentes à Naples, s'était
formée contre le nouveau maître; mais ses
calculs furent déjoués, car le public accueillit
avec enthousiasme ce premier essai d'un génie
nouveau. Le succès encouragea Piccinni qui,
PICCINM
A-,
au printemps de l'année suivanlc, fil jouer au
même Ihéâlre le Gelo'sie, et quelques mois
après // Curioso del proprio danno, dont le
soit fut encore plus heureux que celui des
deux autres opéras, et qui fui remis à la
scène quatre années de suite, honneur alors
inconnu en Italie. Dès lors, la renommée du
compositeur commença à se répandre, et
l'administration du théâtre de Saint-Charles
le choisit, en 17150, pour écrire la musique de
Zenobia, opéra sérieux dont le succès eut
beaucoup d'éclat.
Jus<iue-là Piccinni ne s'était ^essayé <iue
devant le public de Naples; mais, en 1758, il
futai)pelé à Rome et chargé d'y composer la
musique de VAlessandro nelle Indie. Quel-
ques airs de cet ouvrap;e, et une ouverture
supérieure à tout ce qu'on avait entendu au-
paravant en Italie, justifièrent la confiance
que le talent du musicien avait inspirée aux
Romains. Deux ans après, Piccinni retourna
à Rome et y écrivit La Cecchina ossia la
JBuona Figliuola, qui excita une admiration
poussée jusqu'au fanatisme. On le déclara le
plus parfait des opéras bouffes : il n'y avait
point eu jusqu'alors de succès |ilus brillant,
plus universel. On voulut entendre la Cec-
china sur tous les théâtres d'Italie, et partout
elle excita les mômes émotions. On ne voulait
plus entendre d'autre musique, et le peuple la
demandait toujours, à l'exclusion d'opéras
plus nouveaux. Les modes, les enseignes de
cafés et de marchands étaient à la Cecchina;
enfin ce fut le premier exemple de cette vogue
dont nous avons été témoins pour quelques
opéras modernes. Gingucné, qui a écrit une
biographie détaillée de Piccinni, assure que
cette pièce ne lui coûta que dix-huit jours de
travail : précédemment Duni l'avait mise en
musique sans succès. Ce fut dans cet opéra
que Piccinni fit entendre pour la première
fois des finali avec des changements de tons
et de mouvements qui renfermaient plusieurs
scènes. Logroscino, à qui l'on doit les pre-
miers essais de ces finali, les écrivait ordi-
nairement sur un seul motif ou thème. Cette
idée originale de la coupe des finali fut une
des causes du succès prodigieux de la pièce.
Jomelli, passant à Rome, à son retour de
Sluttgard, avait été importuné des éloges pro-
digués à la Buona Figliuola; il disait à ses
amis d'un ton de mépris, en parlant du com-
positeur et de son ouvrage : Sara qualche
ragazzo e qualche ragazzata (C'est sans
doute quelque enfant et quelque enfantillage);
mais après avoir entendu l'ouvrage, il déclara,
avec la sincérité digne d'un si grand artiste,
que Piccinni était inventeur. Le succès obtenu
par celui-ci, l'année suivante, à Rome, dans
son Olimpiade, ne fut pas moins flatteur.
Supé|icur pour l'expression dramatique à
tous ceux qui avaient mis en musique cette
pièce avant lu», il fit deux chefs-d'œuvre dans
l'air Se cerca, se dice, et dans le duo iV'e"
giorni tuoi felici ; Paisiello seul l'a surpassé
dans ce dernier morceau.
Après 1761, il n'y eut plus de réputation
de compositeur dramatique (|ue celle de Pic-
cinni n'effaçât; sept années lui avaient sufli
pour la fonder. Il est vrai <(ue dans ce court
espace de temps il avait fait preuve d'autant
d'activité que de génie : dans la seule année
1701, il écrivit six opéras, dont trois bouffes
et trois sérieux qui réussirent tous, et dans
cette même année, il fut applaudi à Turin, à
Reggio de Modène, à Rologne, à Venise, à
Rome et à Naples. C'était toujours dans cette
dernière ville qu'il revenait avec plaisir, après
ses succès les plus heureux. Il s'y était marié,
en 1756; Vincenza Sibilla, son ancienne élève
dans l'art du chant, aussi remarquable par sa
beauté que par sa voix pure et touchante,
était devenue sa compagne et l'avait rendu
père de plusieurs enfants. Depuis quinze ans,
il réussissait à Naples dans le genre sérieux et
dans le bouffe. D'autres maîtres avaient des
succès, mais lui seul avait des admirateurs
fanatiques; jamais l'enthousiasme pour un
compositeurnes'étaitsoutenu aussi longtemps
que pour lui. Les habitants de Rome, d'un ca-
ractère capricieux, s'étonnaient eux-mêmes
de la constance de leur goût pour la musique
de Piccinni. Ils trouvèrent enfin un rival à lui
opposer : ce fut Anfossi. Vlncognita perse-
guitata de celui-ci avail été applaudie avec
fureur, en 1773 ; celte pièce, bien que faible
d'invention, avait un charme mélodique qui
justifiait ce succès. Dès ce moment Anfossi
devint l'idole des Romains et fut opposé à
Piccinni ; mais les amis du premier ne crurent
point avoir fait assez pour lui s'ils n'abat-
taient son rival. Ils firent donc siffler, et
même retirer de la scène, un opéra de l'au-
teur de la Cecchina, el mettre à sa place un
opéra d'Anfossi. La nouveauté de ce malheur
et l'idée de l'ingratitude qui, dans une âme
sensible comme celle de Piccinni, devait s'y
joindre, lui causèrent une si vive douleur que,
parti précipitamment pour Naples, il n'y ar-
riva que pour être atteint d'une maladie grave
qui le retint au lit pendant plusieurs mois.
Dès qu'il eut repris des fortes, il fit serment
46
PICCINNI
de ne plus écrire pour Rome, et de reserver
ses travaux pour les théàlres de Naples. Les
premiers fruits de cette résolution furent la
seconde musique de Vjlcssandro nelle Indie,
où se trouve l'admirable scène Porro dunque
mort, et le charmant opéra boulTe des Fiag-
giatofi felici. Celle dernière pièce causa un
plaisir si vif aux Napolitains, que pendant les
quatre saisons de Tannée 1775, et au prin-
temps suivant, on ne voulut point en entendre
d'autre.
Des propositions avaient été faites à Pic-
cinni par La Borde, valet de chambre de
Louis XV et auteur de VEssai sur la musique,
pour l'attirer en France; la mort du roi sus-
pendit ces négocialions. Elles furent reprises,
en 1773, par le marquis de Caraccioli, am-
bassadeur de Naples à Paris, d'après l'autori-
sation de la reine Marie-Antoinetle. Séduit
par l'espoir d'un sort avantageux pour lui et
pour sa famille, Piccinni s'éloigna de Naples,
et arriva à Paris dans les dernicis jours de
décembre 177G, au milieu d'un hiver qui lui
parut d'autant plus rigoureux, qu'il contras-
tait avec le doux climat de son pays. Les
avantages qu'on lui avait assurés se compo-
saient d'un traitement de six mille livres, le
payement de son voyage aux frais du roi,
enfin le logement et la table chez l'ambassa-
deur de Naples. Cependant, on ne lui tint pas
ce qu'on lui avait promis, car M. de Carac-
cioli, bien qu'il l'accucillU avec amitié, le fit
conduire dans un hôtei garni, où il demeura
jusqu'à ce qu'un petit appartement qu'on ar-
rangeait pour lui fût prêt dans la rue Saint-
Ilonoré, en face de la maison où demeurait
!Ua,-monteI. Ce littérateur s'était chargé
d'arranger pour lui et de réduire en trois
aclts plusieurs opéras de Quinault. Piccinni
en arrivant à Paris ne savait pas un mot de
français : il lui fallut employer près d'une
année à l'éludier sous la direction de son
poète, qui lui indiquait la prosodie de ses vers
avec les signes usilés pour les langues an-
ciennes. Après >in travail long et pénible, la
partition de Roland, le premier ouvrage
choisi par Piccinni, se trouva prête; mais là
seulement commença pour lui une série
d'ennuis et de chagrins, par la rivalité qui
s'établit entre ses partisans et ceux de Gluck.
J'ai dit, dans la notice de celui-ci, quels furent
les cfTcls de celte rivalité {voyez t. IV, p. 33)
et je ne répéterai pas ici ces détails. Dévoué à
son art, étranger à toute intrigue, à toute am-
bition, aux mœurs, aux goùls, aux usages, à
la langue du pays qu'il était venu habiter,
Piccinni vivait dans sa laniiilo et se livrait
paisiblement à ses travaux, dans l'ignorance
des efforts que faisaient les gluckisles pour
nuire à son succès, et même jtour empêcher la
représentation de son ouvrage. Il faut le dire,
Gluck lui-même eut le tort d'êlre l'instigateur
de toutes ces intrigues. Cependant les répéti-
tions de Roland commencèrent; les antago-
nistes de Piccinni les rendirent orageuses, et
les choses en vinrent à ce point, qu'aux ap-
proches de la représentation, le compositeur
cr^it sa chute inévitable. Le jour venu où la
partition de Roland, tant calomniée par les
gluckisles, allaitenfin être entendue du public,
la famille de Piccinni fondit en larmes au
moment où il allait se rendre au théâtre; il
semblait qu'il marchât au supplice. Lui seul,
calme au milieu de celle désolation, rassura
sa femme, cl partit avec quelques amis.
Malgré de sinistres prédictions, Roland eut
une réussite complète, cl Piccinni fut ramené
chez lui en triom|ihe. Cependant, il faut
l'avouer, malgré les beautés réelles qui se
trouvent répandues dans cet ouvrage , la
froideur générale du style justifiait jusqu'à
un certain point les alla(|ues des |)artisans
de Gluck. Aujourd'hui que l'histoire de toute
cette rivalité n'excite plus de passion, l'exa-
men atlenlif de la partition de Roland n'y
fait pas découvrir l'auteur de VAlessandro
nelle Indie, de VOlimpiade, ni d'une mul-
titude de productions empreintes d'une ex-
pression pénétrante; et l'on y voit avec
évidence que la gêne de la langue et des con-
venances du théâtre français, si difTérenles
de celles d'Italie, avait i)aralysé son imagi-
nation. Les mélodies de Roland sont douces
et gracieuses, mais elles manquent de force.
Pendant que Piccinni écrivait Roland, il
travaillait, par ordre de la reine, à Phaon,
pièce dans le genre gracieux, destinée i la
Comédie Italienne. Elle fut représentée dans
un voyage de la cour, à Choisy, et y fu»
goûtée; néanmoins, ce succès ne put faire ob-
tenir (|u'on la jouât à Paris. Piccinni jouissait
alors d'une sorte de faveur à Versailles; il y
allait deux fois chaque semaine donner <ics
leçons de chant à la reine, qui l'accueiliait
avec bonté, mais qui ne songea jamais à rien
faire pour lui, ni à lui faire rembourser les
frais de ses voyages et des partitions de ses
opéras qu'il faisait relier magnifiquemcat
pour le roi et les princes de la famille royale.
Une circonstance favorable se présenta dans
le même temps pour offrir aux habitants de
Paris le talent de Piccinni sous un aspect plus
PICCINNI
47
avantageux, lorsque Devismes, alors directeur
de l'Opéra, réunit, en 1778, une troupe de
chanteurs italiens à celle de l'Opéra français,
pour jouer alternativement avec celle-ci : Pic-
cinni fut nommé directeur de la musique de
l'Opéra italien, et l'on entendit alors quel-
ques-unes de ses meilleures partitions, avec
une admiration qui tourna au profit de ses ou-
vrages français, ^tys, grand opéra supérieur
à Roland, fut représenté en 1780. Accueilli
d'alionl avec froideur, il obtint ensuite un
succès justifié par quelques morceaux de pre-
mier ordre , notamment par le Chœur des
songes, qui a survécu à l'abandon qu'on a fait
depuis longtemps de l'ouvrage à la scène, et
qu'on a entendu avec admiration dans les con-
certs du Conservatoire. Avant la représenta-
tion de cet opéra, l'administration de l'Aca-
démie royale de musique avait maladroitement
ranimé la guerre des partisans de Gluck et de
Piccinni, en chargeant concurrement ces deux
illustres musiciens de la composition de deux
opéras dont Iphigénie en Tauride était le
sujet. L'opéra de Gluck fut représenté en
1779, avec le succès que méritait un si bel
ouvrage. Après l'avoir entendu, Piccinni au-
rait dû cesser de travailler au sien; mais des
amis imprudents le pressèrent au contraire
déterminer sa partition, bien que le livret
qu'on lui avait confié ne pût soutenir le pa-
rallèle avec l'excellent potime de Gifillard,
que Gluck avait mis en musique. VIphigénie
de Piccinni fut représentéeen 1781, et n'eut
qu'un succès assez froid: quoiqu'il s'y trouvât
de beaux morceaux, notamment l'air Cruel!
et tu dis que tu m'aimes! celle pièce ne put
se soutenir à côté de celle de Gluck.
Ce compositeur était retourné à Vienne, en
1780; mais à peine fut-il parti, que Sacchini
arriva à Paris, et qu'une nouvelle rivalité vint
troubler le repos de l'auteur d^^tys. Malheu-
reusement inspiré, celui-ci fit représenter,
dans la mémo année que VIphigénie, son
Adèle de Ponthieu, opéra chevaleresque, la
plus faible de ses productions. Après l'incen-
die de l'Opéra (en 1781), il fit exécuter quel-
ques morceaux de sa composition dans les
concerts, et augmenta le nombre de ses admi-
rateurs par les beautés qui s'y trouvaient. La
lutte avec Sacchini commença en 1783 : ce fut
la cour qui la fit naître en demandant à cha-
cun des compositeurs un grand opéra pour
les spectacles de Fontainebleau. Piccinni écri-
vit Didon, et Sacchini mit Chimène en mu-
sique. Cette pièce fut représentée la première
et n'obtint qu'une représeatalion devant la
cour , mais Didon fit une si vive impression,
que Louis XVI voulut l'entendre trois fois de
suite. A Paris, cette pièce, considérée à juste
titre comme le chef-d'œuvre des opéras fran-
çais de Piccinni, n'obtint pas moins de succès
qu'à Fontainebleau, et pour la première fois,
son auteur fut applaudi de tous et loué sans
restriction. Il y a, en effet, tant d'amour dans
le beau rôle <Ie Didon, tant de suavité dans
ses cantilènes, qu'on ne peut donner trop
d'éloges à l'auteur d'un si bel ouvrage. L'an-
née 1783 était destinée à être la plus heureuse
du séjour de Piccinni en France, car on y re-
prit ^/j/j avec un brillant succès, et dans cette
même année ses opéras-comiques le Dormeur
éveillé et le faux lord réussirent à la cour cl
à la Comédie italienne. Le public troubla un
peu ces triomphes, en 1784, car Zwce^^e tomba
à la Comédie H3\icnne,el Dianeel Endymion
n'eut qu'un accueil froid à l'Opéra. Pénélope
ne fut guère plus heureuse en 1785, et l'année
suivante, Piccinni refit inutilement la musique
iV Adèle de Ponthieu, car Tadminislration de
l'Opéra ne voulut point faire représenter cet
ouvrage, malgré la promesse formelle «lu'elle
lui avait faite à ce sujet. En 1784, Piccinni
avait été nommé maître de chant à l'école
royale de musique et de déclamation, fondée
par le baron de Breleuil, aux Menus-plaisirs
du Roi ; deux ans après, il fil exécuter par ses
élèves son opéra de Roland, et le soin qui fut
porté dans l'exécution fit que la musique fut
mieux comprise qu'elle ne l'avait été dans la
nouveauté. En 1787, il donna sans succès, au
Théâtre-Italien, le Mensonges officieux. Il
avait aussi composé la musique de deux opé-
ras sérieux intitulés l'Enlèvement des Satines
et Clylemnestre; mais de nouvelles intrigues
en empêchèrent la représentation. Ce dernier
ouvrage produisit cependant beaucoup d'effet
lorsqu'il fut répété généralement en 1789; il
aurait prouvé, dit-on, que l'auteur de Z>tdou
n'avait pas seulement le génie des cantilènes
gracieuses et pathétiques, mais qu'il était
aussi capable de s'élever jusqu'au style le plus
tragique. Tant d'injustice, la chute des Four-
beries de Marine, opéra-comique en trois
actes, arrangé par Durosoy sur sa musique,
la perte de onze ou douze mille francs de trai-
tement et de pension, prix de ses travaux et
des leçons qu'il avait données aux filles du
I banquier La Borde, le déterminèrent à quitter
la France, où il avniî écrit quinze opéras. Il
j partit le 13 juillet 1791, avec sa femme et ses
filles, fut couronné au théâtre de Lyon, où
i l'on jouait Didon, reçut le même accueil
48
PICCINNI
dans les principales villes de l'Ilalie, et arriva
à Naples le 5 septembre. Le roi lui accorda
«ne pension et fit remettre en scène son
AUssandro nelle Indie, qui avait Hé joué
avec succès dix-sept ans auparavant, et pour
lequel Piccinni écrivit trois airs et un trio
nouveaux. Pendant le carême de 1792, il com-
posa Jonathas, qu'il considéra depuis lors
comme une de ses meilleures productions
ilans le genre sérieux. Vers le même temps, il
fit aussi représenter La Serva onorala, opéra
bouffe qui eut une réussite complète. Le ma-
riage d'une de ses filles avec un jeune Fran-
çais établi à Naples, où assistèrent plusieurs
personnes de la même nation, notamment le
ministre et leconsul delà république, l'exposa
à des persécutions vers la fin de 1792. La po-
pulation, ameutée contre lui, siffla son opéra
iVHercuh au Thermodon. Deux de ses an-
ciens élèves le dénoncèrent comme jacobin, et
liguèrent contre lui tous les musiciens. A son
retour de Venise, où il avait composé la Gri-
selda et // Servo padrone, il reçut du mi-
nistre Acton l'ordre de rester dans sa maison.
Il y passa quatre années dans l'abandon et
l'indigence. Pour coml)lc de maux, il apprit
dans le même temps que ses partitions cl fout
ce qu'il avait laissé à Paris était perdu ; mais
il supporta tous ces malheurs avec un cou-
rage philosophique. Sa seule ressource con-
sistait en psaumes qu'il écrivait pour des
couvents, et dont il ne pouvait conserver les
partitions, son dénûment ne lui permettant
pas de les faire copier. Le premier traité de
paix avec le gouvernement français, et l'arri-
vée successive des ambassadeurs Canclaux et
Garât, permirent à Piccinni de faire connaître
à ses amis de Paris sa cruelle position. Dans le
même temps, le ténor David lui procura un
nouvel engagement pour Venise, et il oblint
du roi un passeport pour s'y rendre. Accueilli,
fêté à Rome par la commission française des
beaux-arts que le gouvernement y avait en-
voyée, il fut dissuadé d'aller à Venise, cl
I>ientôt ayant été rejoint à Rome par le secré-
taire de légation qui lui avait avancé l'argent
pour son voyage, et que la déclaration de
guerre du roi de Naples avait forcé de quitter
cette ville, il partit pour la France, et arriva
à Paris, le 5 décembre 1798. Dès lelendemain,
il assista à la distribution des prix du Conser-
vatoire qui se faisait à l'Opéra. Amené sur le
tbédlre, il fut présenté au public qui l'applau-
dit avec transport à plusieurs reprises. Le gou-
vernement lui accorda cinq mille francs pour
Kt premiers l>eioias, deux mille quatre cents
francs de traitement annuel sur les fonds des
encouragements littéraires, et un logement à
l'hôtel d'Angivilliers, où une partie de sa fa-
mille vint le rejoindre au bout de quelques
mois. A l'égard de son ancienne pension de
l'Opéra, suspendue depuis plusieurs années,
parce qu'il n'en pouvait jouir qu'en France,
elle fut réduite de trois mille francs à mille,
parce qu'on ne voulut lui tenir complc (]ue de
trois pièces, Roland, AUjs et Didon, comme
restées au répertoire, quoiqu'il eut été juste
de ne point oublier Pénélope. Pour se dis-
traire utilement, il écrivait des romances et des
canzones qui étaient publiées dans le Jour-
nal de chant et de piano de Desormery cl
Bouffet. Le peu d'aisance dont il jouissait de-
puis l'arrivée de sa famille, et l'inquirtiidf
qui l'agitait sur le sort de deux filles restées à
Naples, sans qu'il pût leur faire parvenir des
secours, lui causèrent une attaque de para-
lysie. Dès qu'il fut rétabli, il donna chez lui
de petits concerts d'amaleurs où l'on enten-
dait les plus beaux morceaux de ses opéras
chantés par sa femme et par ses filles. Un
mois après son arrivée à Paris, le gouverne-
ment avait formé le projet de créer pour lui
une sixième place d'inspecteur du Conserva-
toire, mais l'affaire avait été négligée et l'on
n'en parlait plus; touterois, après le retour de
sa santé, il fit une démarche auprès du pre-
mier ciSnsul pour obtenir qu'elle fût terminée.
Le général Bonaparte l'accueillit avec intérêt,
et lui demanda une marche pour la garde
consulaire, afin d'avoir un prétexte pour lui
accorder une gratification. Enfin, au mois
d'avril 1800, sa nomination d'inspecteur du
Conservatoire lui parvint, mais trop tard ; Pic-
cinni venait d'éprouver une nouvelle atteinte
de la maladie bilieuse qui, plus d'une fois,
avait mis sa vie en danger. L'espoir que l'air
de la campagne pourrait hâter sa convales
ccnce l'avait fait conduire à Passy par sa
famille; mais ses forces étaient épuisées.
De nouvelles peines domestiques bâtèrent ses
derniers moments, et le 17 floréal an viii
(7 mai 1800), il cessa de vivre, à l'âge de
soixante et douze ans. Il Tut inhumé dans le
cimetière commun, qui depuis a été vendu.
La pierre qui couvrait le tombeau de Piccinni
a été transportée dans une propriété qui ap-
partenait à la famille Delesserl.
Ginguené , dans sa notice sur Piccinni et
sur ses ouvrages, assure qu'il a vu une liste
chronologique des opéras qu'il avait composés
en Italie avant de se rendre à Paris, et que le
nombre s'en élevait à cent trente-trois, sans
PICCINNI
49
y comprendre les oratorios et la musique
d'église : il semble qu'il doit y avoir quelque
erreur dans ce calcul, car depuis le pre-
mier opéra de ce compositeur jusqu'à l'é-
poque de son départ pour Paris, il ne s'est
écoulé que vingt-deux ans; «n sorte qu'il au-
rait fallu qu'il eût écrit plus de six opéras
chaque année, ce qui est peu vraisemblable.
Quoi (ju'il en soit, voici tous les titres de ceux
•luej'ai pu trouver : X" Le Donne dispeltose,
à Naples, 1754. 2° Le Gelosie, ibid., 1755.
ô" n Curioso del suo proprio danno, ibid.,
1755. 4" Zenobia, opéra sérieux, à Na-
ples, 175G. 5" L'Aslrologa, ibid., 1750.
i)" L'Amante ridicolo, ibid., 1757. 7° La
Schiava, 1757. ^''Cajo Mario, opéra sérieux,
ibid. y 1757. 9» Alessandro nelle Jndie, à
llome, 1758.40" La Morte di Jbele, opéra
sérieux, à Naples, 1758. \\°Gli Uccellatori,
ibid., 1758. 12" ^jroe^ opéra sérieux, à Naples,
1759. 13" Le Bonne vendicate, ibid., 1759.
14" La Cecchina ossia la buona figliuola,
à Rome, 1700. 15» Il Re pastore, 1700.
10" Lu, Contadina bizzarra. M° Amor scnza
malizia. 18" L'Olimpiade, à Rome, 1701.
19"Za buo7ia Figliuola marilata. 20" Le Vi-
cende délia sorte: 21" Jl Démet rio. 22" //
Barone di Torre forte. 23° La f'illegiatura,
à Naples, 1702. 24" // Demofoonte, 1702.
25" Il Mondo délia Luna. 20" Jl nuovo O*-
lando. 27° Ilgran Cid. 28" Bérénice. 29" La
Pescalrice. 30" Il Cavalière per amore.
31" Artaserse, à Turin. 32" La Francese
maligna. 33" Didone. 34" Mazzina, Acétone
e Dindimenio. 53" La Donna di spirito.
30" Gelosia per gelosia. 57" Gli Amanti
mascherati. 38" Gli Stravaganti. 39" Ca-
tone, à Naples, 1770. 40" Lu finta Giardi-
niera. 41" Il Don Chisciotto, Naples, 1770.
AU" L'Olimpiade ^a\ec une nouvelle musique,
à Naples, 1771. 43" L'Antigono, à Rome,
1771. 44» // finto Pazzo. 45» La Molina-
rella. 40» Artaserse, avec une nouvelle mu-
sique, Naples, 1772. 47» L'Ignorante asluto.
48» La Corsara. 49" / Sposi perseguitati.
50" L'Americano ingentilito. 51» // f'aga-
bondo fortunato. 52" / Napoletani in Ame-
rica. 53" Lo Sposo burlato. 54" Il Ritorno di
don Calandrino. 55" Le quattro Nazioni.
50" Le Gemelle. 57» Il Sordo. 58» Alessandro
nelle Indie, avec une nouvelle musique, à
Naples, 1775. 59» / Fiaggiatori felici, ibid.,
1770. 59» {bis) Radamisto, 1770. GO" Roland,
f^rand opéra, à Paris, en 1778. 61° P/iaon, à
Clioisy, 1778. 02» Le Fat méprisera laComé-
«lic italienne, 1779. 03» Atxjs, grand opéra, à
Biocn. UNIV. DES Musicitr^s. T. vn.
Paris, 1780. 64" Iphigénie en Tauride, ibid.,
1781. 05» Adèle de Ponthieu, ibid., 1781.
00» Didon, grand opéra, à Fontainebleau,
puis à Paris, 1783. 07» Le Dormeur éveillé, à
la Comédie italienne, i78ô. 68" Le faux Lord,
ibid., 1783.09"Zwce««, ibid., 1784. 70"Z>ia«e
et Endgmion, grand opéra, 1784. "7 \° Péné-
lope, idem., ibid., 1785. 72" Adèle de Pon-
thieu, avec une nouvelle musique, 1780, non
représenté. 73" Le Mensonge officieux, opéra-
comique, 1787. 74'>L'EnlèvemcntdesSabines,
grand opéra, 1787, non représenté. 75» 67»/-
temnestre, .1787; répété, mais non repré-
senté. 70» Jonathan, oratorio, à Na|)!es
1792. 77» La S'erva onorata, à Naples, 1792.
78» Ercole al Termodonte, ibid., 1792.
79» La Griselda,à Venise, 1793. 80» // Servo
padrone, ibid., 1793. Piccinni a écrit aussi
plusieurs oratorios, parmi lesquels on remar-
que Sara, composé à Rome, en 1709; des
psaumes italiens pour divers couvents de Na-
ples, et les morceaux de musique d'église sui-
vants : \o Laudate à cinq voix, avec orchestre.
2" Un autre Laudate pour deux soprani
basse et chœur. 3» Beatus vir pour soprano et
chœur. 4» Pater noster pour soprano et or-
chestre.
Par un heureux hasard, M. Florimo {voyez
ce nom), conservateur de la Bibliothèque du
collège royal de musique de SanPietro a
Majella de Naples, a trouvé, chez un fripier
de cette ville, environ soixante partitions ori-
ginales des opéras italiens de Piccinni, et les
a sauvées de la destruction, en les faisant en-
trer dans la riche collection de musique dra-
matique dont la garde lui est confiée.
PICCINISI (Louis), deuxième fils du pré-
cédent, né à Naples, en 1700, n'eut pas
d'autre maître de composition que son père.
A l'âge de seize ans, il alla le retrouver à
Paris, et eu 1783, il donna son premier essai
dans un œuvre de sonates avec une toccate
pour le piano. Il n'avait pas encore atteint sa
dix-neuvième année lorsqu'il donna au théâtre
des Beaujolais, en 1784, les Amours de Ché-
rubin, opéra-comique en trois actes, qui eut
peu de succès. La suite des deux Chasseurs
et la Laitière ne fut pas beaucoup plus heu-
reuse, en 1788. Deux ans après, il fit jouer au
théâtre Louvois les Infidélités imaginaires,
où il y avait un joli trio dans lequel quelques
musiciens crurent reconnaître la manière de
Nicolas Piccinni. En 1791, Louis accompagna
son père à Naples, et dans les années suivantes
il donna : Gli Accidentiinaspettati,kN3i[i\es;
l'Amante statua, à Veoise, en 1793; IlMa-
4
PICCINNI
trimonio per raggiro, à Gênes, en 1793; La
IVolteimbrogliata, à Florence, en 1794; Ero
c Leandro, cantate théâtrale composée pour
madame Billington, en 1795. L'année sui-
vante, Piccinni fui engagé comme mailie de
chapelle de la cour de Suède. Pendant cinq
ans, il demeura à Stockholm et y composa
plusieurs prologues en langue suédoise, et un
opéra-comique intitulé le Sonnanbule. De
retour à Paris, en 1801, après la mort de son
père, il donna au théâtre Feydeau, en 1804,
le Sigisbée, ou le Fat corrigé, opéra-comique
en trois actes. Ce faible ouvrage fut suivi de
l'aînée et la Cadette, opéra-comique en un
acte ; d'amour et Mauvaise Tête, ou la Répu-
tation, en trois actes, 1808; d'y/ujs aux ja-
loux, ou la Rencontre imprévue, 1809. En
1810, il fit jouer à POpéra Hippomènc et
étalante, qui ne réussit pas. Dépourvu de
génie et même de ce goûl élégant qui quel-
quefois en tient lieu au théâtre, il n'avait
jamais obtenu de succès véritable, et la plu-
part de ses opéras n'avaient eu qu'un petit
nombre de représentations; il finit par re-
noncer à une carrière sans charme pour lui,
et se livra à l'enseignement du chant; cepen-
dant il fil un dernier cfTort, en écrivant la
musique de la Rancune trompée, ouvrage
posthume de Marnionlel, en un acte, qui ne
fut joué qu'une seule fois, en 1819. Louis Pic-
cinni est mort subitement, le 31 juillet 1827,
à l'âge de soixante et un ans, en se rendant à
sa maison de Passy.
PICCII\j>iI(Louis-AiEXASDBE), né à Paris,
Je 10 septembre 1779, était fils naturel de
Joseph Piccinni, fils aîné de Nicolas. Destiné
dès son enfance à la profession de musicien,
il apprit à jouer du piano sous la direction
d'un mailre de celle époque, appelé llaus-
mann. Dès l'âge de treize ans, il donnait lui-
même des leçons de cet instrument. Élève de
Lesueur pour la composilion, il termina ses
études avec les conseils de son aïeul, à l'épo-
que du retour de celui-ci à Paris. D'après
l'avis de ce grand «rtiste, il s'attacha à la
lecture des partirions, et celle élude fut si
avantageuse pour lui, qu'il devint un des plus
habiles accompagnateurs de piano. D'abord
attaché au théâtre Feydeau, eu celle qualité,
il passa à l'Opéra -pour remplir les mêmes
fonctions en 1803, mais seulement comme
adjoint. Depuis 1803 jusqu'en 1807, il remplit,
au Ibéâlrc de la Porlc-Sainl-Marlin, l'emploi
de chef d'orchestre, et la place de second
accompagnateur de la chapelle de l'empereur
Napoléon lui fui confiée en 1804. Dyc ansidus
lard, il devint accompagnateur en chef de la
chapelle du roi, et en 1818, il recul le brevet
de pianiste de la musique particulière de la
Dauphine. Rentré, en 1810, dans la direction
de l'orchestre du théâtre de la Porte-Sainl-
Marlin, il la conserva jusqu'en 181G, et ne la
quitta que pour celle de troisième, puis de
second et enfin de premier chef du chant à
l'Opéra. En 1824, il fui chargé de la mise eu
scène des ouvrages nouveaux, et il renonça
alors à ses fonctions d'accompagnateur du
théâtre du Gymnase, qu'il remplissait depuis
1820. La décoration de la Légion d'honneur
lui fut accordée, en 1823; mais au mois
d'octobre 1826, il perdit ses deux places à
l'Opéra, sans qu'on lui eùl fait connaître le
motif de sa deslituUon. En vain il réclama
contre celle injustice, par un écrit inlilulé;Va
défense (Paris, 182G, in-4" de vingt pages,
lire à douze exemplaires) ; tout ce qu'il obtint
fut une pension plus élevée que celle qui lui
était due pour la durée de son service : celle
augmentation lui fut enlevée après la révolu-
lion de 1850. Le privilège du spectacle de
Boulogne avait été accordé à Piccinni, en
1827; mais cette entreprise ne réussit pas. De
retour à Paris, il s'y livra "à l'enseignement
jusqu'en 183G. Dans celle même année , il
s'établit à Boulogne, en qualilé de professeur
de piano et de chanl, puis il passa plusieurs
années à Toulouse, où il fut chargé de la di-
rection du Conservatoire. On ignore les motifs
qui lui firent abandonner celle position pour
se rendre à Strasbourg, où il se livrait à ren-
seignement du chanl. Il y fit représenter, en
1847, son dernier ouvrage intitulé la Prise
de Jéricho, opéra mélodramatique. Pendant
son séjour dans celle ville, il allait diriger
les concerts et les fêies musicales à Bade. De
retour à Paris, en 1849, il y est mort à l'âge
de près de soixante et onze ans, le 24 avril
1850. Cet artiste a écrit la musique de plus de
deux cents mélodrames et ballets d'action
pour le Ihéâlre de la PorleSaint-Martin et
pour quelques autres speclacles des boule-
vards. Quelques-uns de ces ouvrages ont
obtenu un succès de vogue; tels sont ; Romu"
lus, Robinson Crusoé, la Pie voleuse, Marie
Stuart , le Fampire, les deux forçats, le
Monstre, Trente ans de la vie d'un Joueur,
le Mariage de raison, k laPorie-Sainl-Marlin;
le Folcan, la fcmmu magnanime, la Belle
Arsène, Geneviève de Drabant, au Cirque-
Olympique; Clara, la Bataille de Pullawa,
lesStrélitz,à l'Ambigu-Comique; la Citerne,
le Chien de Montargis, le Mont-Sauvage, ta
PICCINNI — PICCOLOMINI
il
Fille de l'Exilé, la Fausse Clef, Guillaume
Tell, la Peste de Marseille, au théâtre de la
■Gaieté. Les opéras comiques de Piccinni sont :
1° Arlequin au village. 2» La Pension de
jeunes demoiselles. 0° Le Pavillon. 4" Arle-
quin bon ami. 5" Les deux Issues. G" Les
Billets doux. 7" L'Amant rival de sa maî-
tresse. 8" Les deux Maîtres. 9" La Femme
juslifiée. 10» Za Physionomie; tous repré-
sentés au tiiéâlre de Jeunes-Artistes de la rue
de Bondy. 11" La Forteresse. 12" L''£nlre-
sol. 1ô» Lui-même. 14" Le Terme du voyage.
1;')" Gilles en deuil. 16" Les deux Foisins, au
thédirc des Variétés. 17» L'Amoureux par
surprise, au ihéàlre Feydeau , en 1804.
18" Avis au public ou le Physionomiste en
défaut, en deux actes, ibid., 1806. 19"//s sont
chez eux, en un acte, ibid., 1808. 20" Le
Sceptre et la Charrue, en trois actes, itid.,
1817.21" La Maison en loterie, en un acte,
au Ihéàtre du Gymnase, 1820. 22» Le Bra-
mine, en un acte, ibid., 1822. 23" La petite
Lampe merveilleuse, en un acte, ibid., 1822.
^Ao La Fête française, en un acte, 1823, ibid.
25" Alcibiade solitaire, en deux actes, à
l'Opéra, 1824. Piccinni a écrit une cantate
pour le hapléme du duc de Bordeaux, exé-
cutée au Gymnase, en 1821 ; une Ode inaçon-
nique, en 1818; beaucoup de romances, de
cantates et d'airs de vaudevilles; enfin, des
sonates, des pots-pourris et des thèmes variés
pour le piano.
PICCIOLI (Jacques-Antoise), prêtre et
compositeur, qui vivait vers la fin du seizième
siècle, naquit à Corbario, dans l'Étal de Ve-
nise, et fut élève du P. Constant Porta. On
connaît de lui les ouvrages suivants : 1" Li-
tanix de B. V. 5 voc. {voyez le calai, de Pas-
lovfC). ^^ Canzonette a 3 voci; Venise, 1593,
in -4". Dans la collection de messes de divers
auteurs, publiée à Milan, en 1588, par Jules
Bonagionta, on en trouve une de Piccioli, à
cinq voix, intitulée Foce mea, elc, dans la-
quelle le Benedictus est un canon à quatre
voix, où deux parties marchent par mouve-
ment direct, et deux par mouvement con-
traire.
PICCIOI\I(jEAN),organislede la cathédrale
d'Orvieto, à la fin du seizième siècle et au com-
mencemcRldu dix-sei)lième, a publié six livres
de madrigaux à cinq voix, dont je ne connais que
ceux-ci : 1» Madrigali a cinque voci. Libro
quarto; Fenezia, apprcsso Gardano, 1596,
in-4». 2» Il Pastor fido musicale, sesto libro
di madrigali a cinque voci; Fenetia, per
Giacomo Fincenti, 1002, iu-4°. Piccioni est
aussi auteur de plusieurs livres de motels,
desquels on trouve à la bibliothèque du Lycée
musical de Bologne : 3" Concerti ecclesiastici
et Mottetti al, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8 toci,
op. 16; Fenetia, Gia. Fincenti, 1610, in-4".
4" Concerti ecclesiastici 0 Mottetti sacri a
due, tre et qualtro voci, op. 21; Roma ,
J.-B. Robletti, 1619.
PICCOLI (CosTASTiso), littérateur pié-
monlais, né à Novare au commencement du
dix-neuvième siècle, est auteur d'un Elogio
del maestro di Capella Pietro Generali; No-
vare, imprimerie de Rosarlo, 1835, in-8" de
quarante-sept pages, suivies de sept pages de
uoles.
PICCOLO (FiLiPPO LO), nom qui n'est
vraisemblablement que l'indication de la taille
de la personne (Philippe le petit), mais le seul
sous lequel soit connu un prêtre sicilien qui
fut bénéficié de la cathédrale de Palerme, vers
le milieu du dix-huitième siècle. On a sous ce
même nom un traité du plain-chant, inti-
tulé : IlCanto fermo esposto nella maggior
brevità, e col modo pià facile; in Palermo,
1739, nella stampcria di Angelo Felicella,
in-4" de xvi et cent vingt -quatre pages.
L'ouvrage est divisé en sept chapitres.
PICCOLO.MirSI (Alexandhe), né à Sienne,
le 13 juin 1508, lut professeur de philosophie
morale à Padoue, et fut fait archevêque de
Palras, en 1574, et coadjuteur de Sienne. Il
mourut en cette ville le 12 mars 1578. Dans
son livre intitulé Délia institutione morale
libri XlHycnhe, 1569, in-4"), il traite de la
musique en général, de la musique vocale et
de la musique instrumentale, aux chapitres
12' et 13» du quatrième livre.
PICCOLOMirSI (François), né à Sienne,
en 1520, enseigna la philosophie pendant
cinquante-trois ans aux universités de Pé-
rouse et de Padoue, et mourut dans sa ville
natale, en 1604, à l'âge de quatre-vingt-
quatre ans. Il traite de l'effet moral de la mu-
sique dans son livre inlitulé : Universa Phi-
losophia de moribus, nunc primum indecem
gradus redacta et explicata ; Venise, 1383,
iu-fol. C'est une seconde édition.
PICCOLOMirVI (Marie), cantatrice, née
à Sienne, en 1836, et de la même famille que
les précédents, reçut des leçons de vocalisation
et de chant d'un abbé attaché à la cathédrale
de cette ville. La beauté de sa voix détermina
ses parents à la mettre au théâtre. En 1855,
elle débuta à Turin dans la Traviata de
Verdi, et y produisit une vive impression. Eu-
oaaée dans l'anuOe suivante au théâtre de la
PICCOLOMINI — PICHEL
Reine, à Londres, elle y cxcila des transporls
d'admiration qui s'accrurent pendant les sai-
sons de 1837 cl 1858. Dans l'été de cette der-
nière année, elle fut appelée à New-York, oii
ses succès eurent aussi beaucoup d'éclat. De
retour à Londres, en Î860, elle y a retrouvé
toute la faveur des diletlanti.
PICERLI (le P. SiLYERio), docteur en
théologie de l'ordre des mineurs observants
réformés, au couvent de Naples, dont il était
gardien, naquit à Rieti, dans les dernières
années du seizième siècle. On a de lui trois
traités sur la musique, sous les titres sui-
vants : 1" Specchio primo di musica, nel
quale si vede chiaro non soV il vero, facile
e brève modo d'imparar di cantare il canto
figurato e fermo; ma vi se vedon' anco
dichiarate con brevissim' ordine tutte le
principali mater ie, che ivi si tratlano, sciolte
le maggiorc difficoltà, etc. j Naples, Ollavio
Beltrano, IGôO, in-4° de quaire-vingl-une
pages. 2" Specchio secondo di musica, nel
quale si vede chiaro il vero e facil modo di
comporre di canto figurato e fermo, di fare
con nuove regole ogni sorte di contrappunti
ccanont^etc; Naples, MatleoNucci, lCôl,cenl
quatre-vingt-seize pages in -4°. Le troisième
traité, sous le titre de Specchio terzo di mu-
sica, est relatif à la musique théorique et aux
proportions. J'ignore la date de l'impression
de ce traité. Forkel, qui n'a connu Picerli et
ses ouvrages que par la citation, fautive et
laconique de La Borde, le nomme Piverli, et
range le Specchio primo et le Specchio se-
condo parmi les traités généraux de musique,
au lieu de les placer chacun à la division qui
leur convient (Allgem. Litler. der Musick,
p. 28G). L'erreur de La Borde a pour origine
une faute d'impression de la table des auteurs
du !«' volume de V Histoire de la musique,
|)ar le P. Martini. M. Lichtenthal a copié
Forkel; quant à M. Becker, il a commis une
singulière inadvertance, en citant les livres
de Picerli sous le véritable nom de leur au-
teur (p. 475 du Sgstematisch-Chronol. Dar-
steUung der musicalischen Literatur), et
dans un autre endroit (p. 28C, tbid.), sous
celui de Piverli.
PICHEL ou PICllL (Wf.NCESLAs),compo-
«iteur, naquit en 1741, à Bcchin, en Bohème,
et commença l'étude de la musique dès sa
septième année, sous la direction de Jean
Pockorny, recteur de l'école de ce lieu. En
1755, il fut admis au séminaire des jésuites de
Brzeznicz, en qualité d'enfant de chœur : il y
fit ses humanités. Lorsqu'elles furent termi-
nées, il alla à l'université de Prague pour y
suivre les cours de philosophie, de théologie
et de droit. Dans le même temps, il fut i)lacé
comme violoniste au séminaire de Saint- Wcn-
ceslas. Après avoir pris pendant deux années
des leçons de contrepoint dans l'école d»
célèbre organiste Segert, il entra dans la
chapelle de l'évoque de Grosswardein, en
qualité de sous-directeur. Son goût. pour la
poésie latine le porta dans le même temps à
faire quelques petits opéras en cette langue,
tels que Olympia Jovi sacra; Ptjthia, seu
ludi Apollinis; Certamen Deorum, etc., qui
furent mis en musique par lui-même, ou par
le maitre de chapelle Ditlers. C'est à la même
époque qu'il composa des messes, des sym-
phonies et des concertos de violon. En 1709,
la cour de Saint-Pétersbourg lui fit faire des
l)roposilions pour la place de directeur de
musique; mais il préféra resterdanssa patrie,
et il accepta le même titre chez le comte de
Uartig, à Prague. Après deux années passées
chez ce seigneur, il fut appelé à Vienne, en
qualité de premier violon du théâtre national,
et l'impératrice Marie-Thérèse le fit entrer,
en 1775, chez l'archiduc Ferdinand, à Milan,
en qualité de directeur de musique. Pendant
les vingt et un ans de la durée de son séjour
en Italie, il fit des voyages à Rome, Naples,
Florence, Parme, Venise, et autres villes im-
portantes, et y lia des relations d'amitié avec
les principaux artistes de cette époque. Lors-
que la Lombardie fut envahie par l'armée
française, en 179G, PichI retourna à Vienne
avec l'archiduc, et bientôt il apprit que sa
bibliothèque musicale, laissée à Milan, ainsi
qu'une histoire des musiciens de la Bohême,
qu'il avait écrite et qui lui avait coulé de lon-
gues recherches, lui avaient été enlevées par
les Français. Après avoir visité Prague, au
mois de décembre 1802, avec sa fille, excel-
lente cantatrice, il retourna à Vienne, où il
mourut au mois de juin 1804, d'une apoplexie
foudroyante, pendant qu'il exécutait un con-
certo de violon chez le prince de Lohkowilz.
D'après la liste de ses compositions, écrite par
lui-même, il a publié : I. Vingt-huit sym-
phonies à grand orchestre, divisées dans les
oeuvres 1,8, 15, 17, 19, 38,39, 115; Vienne,
OfTenbachct Paris. II. Trois sérénades à grand
orchestre, op. 9; ibid. III. Douze <|uintettes
pour deux violons, deux violes et basse, op. 5,
28 et 42; tbiJ. Cinq de ces quintettes ont été
publiés à Paris, chez Sieber, et à OfTcnbacli
chez André, comme oeuvres 3 cl 30. IV. Douze
quatuors pour deux violons, alto et violon-
PICHEL — PICTOR
6"
celle, op. 13, 40, 41 et 113; Vienne, Amster-
dam, Berlin et Paris; -six de ces quatuors
sont graves chez Sieber, comme l'œuvre 2™«.
V. Trois quatuors pour flûte, op. 12; Vienne
et Amsterdam. VI. Trois (jualuors pour cla-
rinette, op. 16; ibid. VII. Six otlettl pour
baryton, violons, violes, fliUe et violoncelle,
op. 37. VIII. Sept septuors pour les mêmes
instruments, op. 3G. IX. Six sextuors pour
baryton, deux violons, deux violes et violon-
celle, op. 35. X. Six quintettes pour baryton,
deux violons, viole et violoncelle, op. 34.
XI. Trois quatuors pour baryton, violon,
viole et violoncelle, op. 33. XII. Symphonie
concertante pour deux violons et orchestre,
op. G. XIII. Trois concertos pour violon, op. 3
et 104. XIV. Trois concerlini, idem, op. 45.
XV. Six trios pour violon, alto et violoncelle,
op. 7. XVI. Trente-deux duos pour deux vio-
lons, ou violon et alto, ou violon et violon-
celle, divisés dans les œuvres 2, 4, 10, 14, 18,
23 et 24. XVII. Sonates et solos pour violon,
op. 20, 21, 22, 25, 27, 29, 43, 44.
XVIII. Deux concertos pour la clarinette,
op. 101 ; Vienne. XIX. Sonates pour piano
avec ou sans accompagnement, op. 26, 31,
102; ibid. XX. Trois messes solennelles à
quatre voix et orchestre, op. 106, ibid.
XXI. Messe en plain-chant, op. 107; ibid.
XXII. Miserere en plain-chant, op. 108.
XXIII. Six motels, op. 109. XXIV. Deux gra-
duels, op. 110. XXV. Dix psaumes, op. 114.
Ce laborieux artiste a laissé en manuscrit
dans la chapelle de Grosswardcin : 1» Trois
messes solennelles à quatre voix et orchestre.
2''Une messe pastorale. 3» Trois opéras latins.
4» Six offertoires. 5» Neuf symphonies, inti-
tulées les Neuf Muses. 0» Trois autres inti-
tulées les Trois Grâces. 7" Quatre sérénades
pour divers instruments. 8» Sept concertos
pour violon. 9''Six trios pour violon. 19» Douze
sonates pour violon seul. Pendant la durée de
son séjour à Milan, il a écrit pour le service
de l'archiduc Ferdinand, depuis 1776 Jusqu'en
1796 : 11» Dix-sept petites messes. 12» Douze
psaumes pour les vêpres. 13" Quinze offer-
toires. 14»Une messede Requiem. 15» Un Dies
iras solennel. 16° Un Miserere avec instru-
ments. 17» Miserere in Pa)-asceve, sans in-
struments. 18° Quatre messes solennelles.
19o Messe en plain-chant. 20° Te Deiim so-
lennel. 21» Trois opéras sérieux italiens.
22» Quatre opéras bouffes italiens. 23» Quatre
Tantum ergo. 24" Trente-six symphonies à
grand orchestre. 25°Qiiatre grandes sérénades.
20" Vingt-quatre trios pour deux violons et
violoncelle. 27» Six concertos pour violon.
28° Grand concerto pour orchestre. 29» Six
quatuors pour violons, viole et basse. 30» Trois
quintettes, idem. 31» Cent quarante-huit qua-
tuors pour baryton, violon, alto et basse,
composés pour le prince Esterhazy. 32» Vingt-
quatre caprices pour violon. 53» Un concerto
pour hautbois. 54» Deux concertos pour flûte.
35» Un concerto pour basson. 56» Un concerto
pour harpe. 37» Un concerto pour contrebasse.
38° Une symphonie concertante pour deux
violons. 39» Un idem pour deux cors. 40» Huit
concertos pour cor.
PICIIELMAVER ou PICHELMAIER
(Georges), valet de chambre de l'empereur
d'Autriche et musicien de la cour impériale,
dans la première moitié du dix-septième
siècle, a séjourné quelque temps en Bohème.
Il s'est fait connaître par un ouvrage intitulé
Psalmodia sacra ; Ralisbonne, 1637.
PÏCIIIS (Érasme DE), auteur inconnu, a
écrit à Rome un traité De musica cité par
Mandosi (Biblioth. roman, cent. 7).
PICIILEU (le P. Placide-Mahie), né à
Pfaffenfoven sur l'IIm, en 1721, se livra dans
sa jeunesse à l'étude des sciences et de la mu-
sique, et entra dans l'ordre de Saint-Benoit,
en 1741, à Thierhauplen. Après avoir été or-
donné prêtre, en 1744, il fut envoyé au cou-
vent de Scheuern, où il se fil connaître comme
un des meilleurs organistes de son temps;
puis il passa quelques années à Vienne, fit un
voyage en Italie et se retira à Venise, au cou-
vent de Saint-Georges, où il mourut, en 1796.
Vers 1760, il se répandit en Allemagne des
copies manuscrites de plusieurs morceaux de
sa composition; entre autres six trios pour
violon, viole et basse; six idem pour luth,
violon et violoncelle, et enfin six autres trios
pour flûte, violon etbasse.
PICHSELLIUS (Sébastien), littérateur
et musicien allemand du seizième siècle, a
publié, à Spire, un petit poCme latin sur la
musique, sous le titre de M. Sebasliani
PichselU viri eruditissimi ac musici celé-
berrimi p. m. Carmen de musica, 1588,
in-8» d'une feuille non paginée.
PICTE (Noël), luthier de Paris, né vers
1760, fut élève de Saunier. Les violons et les
basses qu'il a fabriqués jusqu'en 1 810 sont d'un
beau fini et sont estimés.
PICTOR (D. Jean-Frédéric), prêtre et
organiste de la cathédrale de Salzbourg, dans
les dernières années de seizième siècle, n'est
connu que par un recueil de psaumes des
vêpres à quatre et à cinq voix intitulé : Psal-
84
PICTOR — PIERSON
modia vespertina D. Joannis Friderici
Pictorii reverendissimi ac illust. Princi-
pis Domini, Andrex Cardinalis de Austria
Sacellani , junclis aliquot Beatissimar Fir-
ginis Marix canticis quatuor et quinque
voci'bits compositis et ad Dei Opt. Max.
laudem et eccleiiae catholicx decus nu-
perrimè in lucem edilis. Monachii , in
officina musica Adami Berg, 1594, in -4»
obi.
PIELTAIN (DiEUDOSsÉ- Pascal), violo-
niste et compositeur, né à Liège, en 1754, fut
un des meilleurs élèves de Jarnowich. En
1778, il se rendit à Paris, et s'y fit entendre
six années de suite au Concert spirituel. Il
ne s'éloigna de cette ville qu'en 1784, pour
aller à Londres en qualité de premier violon
des concerts de lord Abington. Après avoir
occupé cette place pendant neuf années, Piel-
tain fit un voyage à Pétersbourg, où il donna
des concerts avec succès, s'arréla quelque
temps à Varsovie, à Berlin et à Hambourg, ou
il se trouvait en 1800. De retour à Liège, il y
vécut dans une honnête aisance, fruit de ses
travaux, aimé et respecté de ses concitoyens.
Il est mort dans cette ville, le 12 décembre
1833, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Piel-
tain a publié à Paris et à Londres treize con-
certos pour le violon, six sonates pour le
même instrument, deux œuvres de six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, douze
duos pour deux violons; Paris, Pleyel, et
douze airs variés eu deux livres iM)ur les
mêmes instruments; Paris, Sicber.
PIELTAIN (le jeune), frère du précédent,
fut élève de Punto pour le cor, et exécuta, en
1781, des concertos sur cet instrument au
Concert spirituel. En 1784, il était avec son
frère attaché aux concerts de lord Abington, à
Londres.
PIERLOT (Dexis), violoniste français,
qui était attaché au Concert spirituel, en 178G,
a publié à Paris, chez Imbault : 1° Trois sym-
phonies pour deux violons, alto, basse, deux
hautbois et deux cors, op. 1. 2" Première et
deuxième symphonies concertantes pour deux
violons et orchestre.
PIERLIJIGI (A!(GELo), fils aîné de l'il-
lustre Pierluigi dePalestrina, naquit à Rome,
vers le milieu du seizième siècle. Élève de son
père, il se livra à la composition. Dans le se-
cond livre des motets de celui-ci, on trouve
deux motets à cinq voix d'Angclo sur les pa-
roles : Circuire possum, Domine, coelum, et
In hac cruce te invenit. Il mourut jeune, an-
Urieurcmenl à 1594.
PIEULUIGI (Rodolphe), second fils de
Jean Pierluigi de Palcstrina, né à Rome, y
mourut avant 1574. Un motet à cinq voix dfr
sa composition a été inséré dans le deuxième
livre de ceux de Palcstrina.
PIEULUIGI (Silla), troisième fils de
Jean Pierluigi de Palcstrina, né aussi à Rome,
y mourut comme ses frères avant 1594. Deux
motets à cinq et à six voix de sa composition
{Domine pater, etc., et Nunc dimittis) ont
été insérés dans le second livre de motets de
son père.
PIERMARINI (François), ténor, né à
Bologne, débuta au théâtre de la Pergola, à
Florence, en 1822. Dans l'année suivante, il
chanta à Turin, puis à Milan, où on le re-
trouve en 1824, 1820 et 1827. Appelé à Ma-
drid, en 1828, il y obtint du succès, et fut
attaché au Conservatoire de cette ville, en
qualité de professeur de chant. En 1834, il en
fut nommé directeur et censeur. La reine
(l'Espagne le décora de l'ordre de Charles III.
Par des motifs inconnus, Piermarini aban-
donna celte position, en 1840, et se rendit à
Paris, où il publia un Cours de chant divisé
en deux parties. Une édition française cl al-
lemande de cet ouvrage a été publiée, en 1845,
à Mayence, chez Schott.
PIERIlE,surnomméDECORBIE,dulieu
de sa naissance, fut pol'te et musicien dans le
treizième siècle. Il nous reste six chansons
notées de sa composition, qu'on trouve <lans le
manuscrit de la bibliothèque impériale de
Paris coté 7222 (ancien fonds).
PIERRE (l'abbé), vicaire de la cathédrale
de Metz, né dans cette ville, s'est fait con-
naître par un ouvrage qui a pour titre : De
l'harmonie dans ses rapports avec le culte
religieux. Etudes abrégées; Metz, Verounais,
1838, et Paris, Gaume, 1 vol. in-8'», avec
trente-six pages de musique.
PIERRET (....), luthier français, vécut
sous les règnes de Uenri IV et de Louis XIII.
Ses violons sont estimés ; il les terminait avec
plus de soin que son compatriote Bocquay, et
en a l'ait en moins grand nombre.
PIERSOI^ (Martis), bachelier en musi(iuo
et directeur du chœur de l'église Saint-Paul,
de Londres, mourut en cette ville, vers 1050.
On a sous son nom une collection de motels
et de chansons à cini] voix avec accompagne-
ment de violes et orgue; cet ouvrage a pour
litre : Mottets, or grave chamber music, con-
laining songs of 5 parts of several sorts
forvoices andviuls,wilhanorgan part, clc.
Londres, 1030.
PIERSON
PIERSON (IIeski-Huch), composileiir,
est né le 12 avril 1813, 'à Oxford. Il descend
d'une ancienne famille anglaise, d'origine
normande. Son nom vérilable est tel qu'il est
écrit ici et non Pearson, comme on l'écrit
généralement et même comme on le trouve
aux titres de plusieurs de ses ouvrages. Son
père était prédicateur en titre du roi
Georges IV, ce qui procura au jeune Pierson
l'occasion d'entendre souvent l'excellente
musique de la chapelle royale, ainsi que les
concerts de la cour, et celte circonstance fil
découvrir ses heureuses dispositions pour l'art.
Son éducation musicale fut confiée au mailre
de la chapelle et à l'organiste Thomas Att-
woodj artiste distingué. Les progrès de son
élève furent rapides. A l'âge de treize ans,
Henri Pierson fut envoyé au collège de llairow
(près de Londres), pour y faire ses éludes lit-'
léraires. 11 y était depuis trois ans et y avail
obtenu le prix de poésie latine, lorsque l'allé-
ralion sensible de sa santé décida son père à
le rappeler près de lui, à la campagne, et à
lui interdire toute occupation relative à la
musique, parce que son tempérament ner-
veux en éprouvait de trop vives émotions.
Cependant son goiU passionné pour cet art
l'emportant sur toute autre considération, il
continua de composer en secret. Lorsque sa
santé fut rétablie, Pierson fut envoyé à
Londres, pour suivre des cours de médecine, à
l'exercice de laquelle il était destiné. Il y
passa deux ans, etdans cet intervalle il écrivit
de la musique sur quelques poésies fugitives
de Byron et de Slielley : ces morceaux fuient
publiés chez l'édileur Novello. Eu 1833,
Pierson se rendit à Paris avec la résolution de
se livrer exclusivement à la culture de la mu-
sique, vers laquelle il se sentait entraîné. Ac-
cueilli par le vieux maestro Paer, il en reçut
quelques conseils, mais il ne put alors con-
tinuer des études régulières, parce que son
père le rappela près de lui et le fit entrer à
l'universilé de Cambridge, où il suivit les
cours de sciences physiques. Ce fut dans celte
inslitulion qu'il apprit le contrepoint sous la
direction du professeur Walmisley. Ses études
scientifiques étant terminées en 18ô9, il
partit pour l'Allemagne et vécut d'abord quel-
que lemps à Prague, ou Tomaschek lui en-
seigna l'art de l'instrumentation. A Dresde,
il reçut aussi des conseils de Reissiger. Quel-
ques compositions vocales publiées à Leipsick
chez Breiikoffetllaerlel et chez Kistner, com-
mencèrent à le faire connaîlre. En 1844, la
chaire de professeur de musique de l'univer-
sité d'EdimI)0urg étant devenue vacante par
la retraite de Henri Bishop, Pierson fut appelé
en Ecosse |)Our la remi)lir. Celle position parut
d'abord lui plaire; mais après l'avoir occupée
pendant dix huit mois, il donna sa démission
et retourna en Allemagne. A Vienne, où il se
rendit d'abord, il publia plusieurs ouvrages
sous le pseudonyme A'' Edgar Mans feldt ; puis
il alla à Berlin et y écrivit son opéra loman-
tique intitulé Leila, qu'il destinait au théâtre
de Hambourg; mais avant défaire connaître
celte production au public, il fit jouer, le 7 mai
1843, au théâtre de Brtlun, l'opéra féerique
Der Elfensieg (le Triomphe des Sylphes), dont
le livret était de sa femme (Caroline Leon-
hard Lyseh), et (jui obtint quelque succès. Ce
ne fut que deux ans plus tard que Leila fut
représenté à Hambourg. La musique de cet
ouvrage fut l'objet d'éloges exagérés et de cri-
tiques acerbes. Après quchpies représentations
orageuses, Pierson prit le parti de retirer sa
partition, se plaignant de la mauvaise vo-
lonté du chef d'orchestre, qu'il accusait de
nuire à l'exécution de son ouvrage. Pierson
écrivit ensuite l'opéra héroïque intitulé Con-
tarini, leiiucl n'a pas été représenté. Après
avoir habité Hambourg depuis 1847 jusqu'en
1833, il retourna en Angleterre, où précédem-
ment son oratorio de Jérusalem avait été en-
tendu avec intérêt et avail été publié en par-
tition chez Novello. Depuis lors il a écrit le
Paradis, oratorio qui, je crois, n'a pas encore
été exécuté, ainsi que la seconde partie du
Faust de Goethe.
Parmi les compositions publiées par cet
arliste-amaleur, on remarque : X" Marche
funèbre pour Hamlet, tragédie de Shakes-
peare, partition et arrangement pour le piano;
Leipsick, Pelers. 2» Ouverture romanlique,
parties d'orchestre et partition pour le piano;
Vienne, Muller. 3» Six chants à voix seule
avec piano; ibid. 4" Huit chants idem. Ham-
bourg, Scliuberth. 5° Élégie pour ténor ou so-
))rano , avec piano; Hambourg, Boehmc.
6" Romances, idem; Dresde, Arnold. 7» Chant
de mai, à quatre voix, poésie de Milton;
Londres, Novello. 8» Salve sternum., canlale
avec orchestre, exécutée aux concerts phil-
harmoniques de Norwich ; Londres , Ewer
et C''. 9" Ave Maria, idem ; Vienne, Muller.
10° Beaucoup de mélodies et de romances dé-
tachées, dont r Apparition, un Regard, etc.
Pierson a donné à Hambourg une deuxième
édition des Éludes d'harmonie et de contre-
point de Beethoven, et en a publié une tra-
duction anglaise, à Londres.
Z6
PIETERZ - PIETRAGRUA
PIETERZ (ADniE>), le plus ancien lacteur
d'oigucs connu de la Belgique, naquit à Bruges
dans les premières années du quinzième
siècle. En 1451, il construisit à Delft un orgue
appelé ^ei7«(^ÀruisOr(7ei(rOrgucde la sainte
Croix), parce qu'il était placé au-dessus de
l'autel de Saint-Georges, à la croix de l'église.
Il a construit à Delft, en 14o5, dans l'église
Neuve, un instrument qui s'y trouve encore,
mais qui avait été déjà restauré quatre fois en
1548. Il ne reste presque plus rien aujour-
d'hui de l'ouvrage de Fieterz. Lootens, et
d'après lui Hess (Korle Schets van de aller-
eersle uitvinding der Orgelen, p. 14), ont
donné quelques renseignements sur ces in-
struments.
PIETItlN (Lambert), chanoine de Sainl-
Materne et maître de chapelle à Saint-Lam-
bert, de Liège, né dans cette ville, en 1G12,
y mourut en 1096. La cathédrale de Liège
possède de sa composition douze messes à six
et à huit voix. Il a publié de sa composition
un recueil de motels intitulé : Sacri concen-
tus 2, 3, 4 e( 8 vocum; Liège, 1668, in-4", et
quelques autres ouvrages dont les titres nesont
pas connus. Enfin, il a laissé en manuscrit
plusieurs antiennes qui se chantaient encore
à Liège, en 1794.
PIÉTOIV (LoysET ou Louis), musicien
français, naquit vers la fin du quinzième
siècle, ou plutôt dans les premières années du
seizième, à Bernay, en Normandie, et fut, à
cause de cela, surnommé le Normand. L'abbé
Baini a confondu ce musicien avec Louis
Compère {voyez ce nom). Le lieu de la nais-
sance de Piéton est indiqué dans la table des
auteurs du quatrième livre des motets de la
collection publiée par Pierre Altaignaut, en
1531, in-4'' obi.; on y lit : Benedicite Deum
ca?h'...LoYSET DE Behnais. Forkel s'est trompé
lorsqu'il a cru que Loyset était le nom de
famille du musicien dont il s'agit, et Piéton
un sobri(|uet (Allgem. Geschichle der Musik,
lome II, p. 048) : Loyset était, à l'époque ou
vécut cet artiste, un diminutif de Louis assez
fréquemment employé; c'est ainsi qu'on ap-
pelait aussi Louis Compère, et c'est la confor-
mité de ce prénom qui a causé l'erreur de
Baini, copié par Riescwclter dans son Mé-
moire sur les musiciens néerlandais, dans
son Histoire abrégée de la musique moderne,
et dans le catalogue de la musique de sa bi-
bliothèque. Dans son obstination à me contre-
dire sur la distinction que j'ai faite des deux
musiciens Compère cl Piéton, Riescwclter a
fi-it un long article rempli d'erreurs dans la
39'"» année de la Gazelle générale de musique
de Leipsick (p. 565-508), sous les initiales
D. F., pour démontrer leur identité. La dé-
couverte de l'épitaphe de Compère (voyez ce
nom) est venue me donner gain de cause, et
démontrer que j'étais dans le vrai, lorsque j'ai
dit que Loyset Piéton est postérieur d'un
demi-siècle à Loyset Compère. Tous les rai-
sonnements de Riesewetier, pour prouver
leur identité, sont tombés dans le néant.
Outre le morceau cité ci-dessus, on a de
Piéton un Beati omnes à quatre voix, im-
primé dans une collection de psaumes publiée
à Nuremberg, en 1542; Forkel en a rapporté
un extrait en partition (/oc. cit.). Les Con-
centus 4-8 vocum de Salblinger (Augsbourg,
1545) conlienncnl aussi quelques morceaux
de Piéton. Le troisième livre des Motets de la
Couronne, publié par Octave Petrucci, ren-
ferme un O boue Jesu illumina à quatre
voix, du même musicien. On trouve deux
autres psaumes à quatre voix de Piéton dans
le Tomus terlius Psalmorum selectoruni
quatuor et quinque vocum, etc.; Norimbcrgx,
apud Jo. Petreium, etc., 1542. Le troisième
livre des Motetti del Fior^, qui porte le titre
latin Liber terlius cum quatuor vocibus
(Lyon, Jacques Moderne, 1559), contient deux
motets du même musicien. On en trouve deux
à cinij voix, du même, dans le Liber terlius
viginti musicales quinque, sex , vel octo
vocum motetos habet, publié à Paris, par At-
laignant, en 1534. Enfin trois chansons fran-
çaises à quatre voix, de Piéton, sont contenues
dans le premier livre de pièces de cegenie, im-
primé à Anvers, en 1543, parTylman Susalo.
PIETRAGRUA (Gaspard), prêtre, né à
Milan, vers la (in du seizième siècle, fut
d'abord organiste de l'église Saint-Jean de
Monza, puis de la collégiale de Canobio, oii il
se trouvait en 1629. Il avait alors le titre de
prieur. On connaît sous son nom : 1° Concerti
e canzoni francesi ad 1, 2, 3, 4, cou Messe,
Magnificat, falsi bordoni, Litanie délia
Madona e degli santi ; Milan, 1029. 2" Can-
zonette a tre; ibid. 3» Motetti a vocesola;
ibid. A° Messa e salmi alla Homana per can-
tarsi alli vespri di tutto l'anno con due
Magnificat, le quuttro antifone, ed otto
falsi boordoni a 4 tocï, lib. 5; ibid.
PIETR.\GRIIA (Chables-Louis), com-
positeur dramatique, nacjuit à Florence, en
1092. Il a écrij pour le théâtre de Venise : //
Paslor fido, en 1721 , cl Romolo e Tazio, en
1722. On ignore (fucllc fui la suilc de la car-
rière de ccl artiste.
PIFARO — PILLAGO .
57
PIFARO (NtcoLo). P'oyez NICOLAS
DE PADOLE.
PIFFET (Etienne), stirnomnié le grand
nez, était violoniste à l'orchestre de l'Opéra,
à Paris, vers 1750. Il se lit entendre, à eette
•jpoque, avec succès au Concert s|>irituel. On
a gravé de sa.composition des sonates à deux
violons et basse continue, et des cantates à
voix seule.
PIGTVATI (l'abbé Pierre-Romulis), ou
PIGNAÏA, compositeur dramatique, né à
Uome vers 1660, fut considéré comme un ar-
tiste distingué vers la fin du dix-septième
siècle. On a retenu les titres suivants des
opéras qu'il a fait représenter sur les divers
théâtres de Venise et dans quelques autres
villes d'Italie : 1° Costanza vince il destino,
au théâtre San Giovanni et San Paolo de
A'cnise, 1695. 2» Almiro, re di Corinto, au
même théâtre. 3" Sigismondo primo, 1696.
4" L'Inganno senza danno , à Trévise, en
1697. 5' Paolo Emilio, à Venise, en 1699.
fi" /; Fanto d'Amore, au théâtre San-Mosé,
•i Venise, 1700. 7° Oronte in Egitto, au théâ-
tre d'Udine, en 1705. L'abbé Pignala fut aussi
le poète de la plupart de ses opéras.
PIGNORIA (LAunENT), en latin PIGNO-
RIIJS, antiquaire, né â Padoue, en 1571, fit
SCS éludes chez les jésuites de cette ville,
entra alors dans l'état ecclésiastique et obtint
lin canonicat dans la cathédrale de Trévise.
Il mourut à Padoiie, d'une maladie épidémi-
que, lelSjuin 1631. Au nombre des ouvrages
<le ce savant, on en trouve un qui a pour
litre : De Servis et eorum apud veteres mi-
7iis(eriis commentarius ; Augsbourg, 1613,
•11 4". L'édition la plus estimée est celle qui a
(lé publiée à Amsterdam, en 1674, un vol.
in-12. Pignoria y traite de la musique des an-
ciens, particulièrement de leurs instruments,
depuis la page 145 jusqu'à 180. On y trouve
quelques renseignements utiles sur cette
matière.
PIGOI^ATI (André), médecin napolitain,
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
est aulem d\me Lettera sopra il Taranlismo ,
ossia morso délia Tarantola che si guarisce
nellu Puglia colla musica, elc. Ce petit écrit,
accompagné de notes et de planches, est im-
primé à la fin d'un livre qui a pour titre :
Memoria di Brindisi solto il regno di Fer-
dinando; Naples, Morelli, 1781, in-4°.
PIL ATE (Auguste), dit PILATI, compo-
siteur, né le 29 septembre 1810, à Bouchain,
ville forte du département du Nord. Il com-
mença l'étude de la musique à l'école commu-
nale de Douai; puis il fut conduit à Paris el
admis au Conservatoire, le 18 novembre 1822,
comme élève de solfège. Le premier i)rix
de celle partie élémentaire de la musique lui
fut décerné au concours de l'année suivante,
et an mois de juin 1824, il fut rayé de la
liste des élèves de cette institiilion. Après cette
époque, on manque de renseignements sur la
suite des études musicales de cet artiste, et
l'on ignore le nom de son maître d'harmonie
et de composition. Ses premières productions
furent des romances, dont quebiucs-unes ont
eu de la vogue. En 1836, il fit représenter, sur
le théâtre du Palais-Royal de Paris, plusieurs
petits opéras dont les titres n'ont pas élé con-
servés. En 1857, M. Pilali fil jouer au théâtre
d'Adelphi,à Londres, un ouvrage dans le goi\l
romantique de cette époque, el (jui était inti-
tulé le Roi du Danube. De retour à Paris, il
donna au théâtre de la Renaissance, en colla-
boration avec M. de Floltow, le Naufrage de
la Méduse, opéra en quatre tableaux. Nommé
chef d'orchestre du théâtre de la porte Saint-
Martin, en 1840, il a écrit, pour cette scène, la
musique de beaucoup de drames, mélodrames,
pantomimes el ballets. En 1848, il donna,
avec M. Gauthier, l'opéra de circonstance in-
titulé les Barricades, au théâtre National.
Les trois Dragons, opérette de M. Pilali,
jouée au théâtre des Folies, en 1 854, fut reprise
au théâtre des Variétés, en 1839. La cantate
du même compositeur, intitulée /eiVj'dd'aiflf/e,
fut chantée au même théâtre, le 16 aoiU 1838,
à l'occasion de la fête de l'empereur Napo-
léon III.
PILEUR D'APLIGTVY (LE), chimiste
el litlérateur français, n'est connu que i)ar
ses ouvrages, parmi lesquels on remarque un
bon traité de l'art de la teinture. Il est aussi
auteur d'un livre intitulé : Traité sur la mu-
sique et sur les moijens d'en perfectionner
l'expression; Paris, 1779, in-S". Cet ouvrage
ne renferme que des vues superficielles.
PILRIIVGTOî\ (François), musicien an-
glais du seizième siècle, était luthiste dis-
tingué, attaché à la cathédrale de Chester.
Après avoir fait ses éludes à l'université
d'Oxford, il y fut élevé au grade de bachelier
en musique, dans l'année 1595. Cet artiste
est un des compositeurs d'un recueil d'airs
pour le luth el la basse de viole publié à
Londres, en 1603, in-fol.
PILLAGO (Charles), ou peut-être mieux
FILLAGO, né à Rovigo, dans les dernières
années du seizième siècle, fut nommé orga-
niste de Saint-Marc, à Venise, le !<''■ mai 1623,
68
PILLAGO - PILOTTf
et mourut en 1G44. Il ^t consiilcrC- comme
un des meilleurs organistes de l'Italie. On a
de sa composition : Sacri concerti a voce
tola con basso per l'organo ;\emse, 1C42,
in-4».
PILLET-WILL (le comte Michel-Fbé-
DÉnic), banquier et économiste, amateur de
musique, né le 26 août 1781, à Montmcillan
(Savoie), tenait par sa mère à la famille du
chancelier d'Aguesseau. Établi à Paris sous
l'empire de Napoléon I"", il y fonda une
maison de banque importante, fut un des
créateurs de la caisse d'épargne, en 1818, et
fut appelé, en 1828, à siéger parmi les régcnls
de la Banque de France. Membre de l'Aca-
démie royale de Turin, il y fonda quatre
grands prix de chimie, de physique, de mathé-
matique et d'astronomie. Grand amateur de
musique, il était lié d'amitié avec les artistes
les plus célèbres, particulièrement avec Ros-
sini. Baillot lui avait donné des leçons de
violon : il joua de cet instrument avec délices
jusque dans ses dernières années, et composa
environ cent solos de violon avec accompagne-
ment de piano, écrit par d'habiles artistes,
particulièrement par Henri Herz. M. Piliet-
Will a fait graver toute cède musique, qui n'a
pas été mise dans le commerce, mais qu'il
donnait à ses amis. Il a publié plusieurs écrits
sur des sujets d'économie politique et de
finances, dont on trouve la liste dans la
France littéraire de Quérard (t. VII, p. 173),
et dans la Littérature française contempo-
raine de M. Bourquclot (t. VI, p. 21). Le
comte Pillet-Will est mort à Paris, le 11 fé-
vrier 18G0.
PILLWITZ (Ferdi!«aîsd), chanteur et di-
recteur de musique à Brème, est né dans les
premières années du dix-neuvième siècle. En
1829, il fit représenter au théâtre de cette
ville un opéra intitulé Lehmann, et deux ans
après il y donna celui qui a pour titre : Die
Hochzeit imGaslhofc(\A Noccdans l'auberge).
Son opérette fiataplan, ou le petit tambour,
obtint du succès, en 18ôl, non-seulement à
Brème, où elle fut reprise plusieurs (ois, mais
dans toute l'Allemagne et fut jouée à plusieurs
reprises à Dcssau, Munich, Stullgard, Weimar
cl Vienne.
PILOTTI (Joseph), compositeur et profes-
seur de contrepoint, naquit à Bologne, dans
les premiers mois de 1784. Son père, Gioac-
chino Pilotti , était organiste et facteur
d'orgues. Dès son enfance, il se livra à l'étude
des éléments de la musique et montra du pen-
chant i»our la |irofcssion de son père. Il était
parvenu à l'âge de seize ans et déjà il avait ac-
quis des connaissances dans la fabrication des
orgues, lorsque Gioacchino Pilotti mourut,
laissant sa femme et plusieurs enfants dans
une situation peu fortunée. Jose|ih prit alors
la résolution de venir en aide à sa famille par
son travail, et d'en devenir le chef. Partageant
le temps entre l'étude et les travaux manuels
de l'atelier, sans égard pour sa faible com-
pIcxion,il ne prenait i)resqne jamais de repos.
Devenu bon organiste, il était appelé souvent
dans les maisons religieuses des environs de
Bologne pour des fôles ou des cérémonies, et
toujours il faisait à pied le trajK pour ne pas
diminuer le salaire qu'il recevait et qu'il rap-
portait intact à sa mère. Quelques amis, ayant
remarqué sa belle organisation pour la mu-
sique, lui donnèrent le conseil de se livrer
h l'étude du contrepoint sous la direction
du P.Stanislas Mattei. Ce maître l'accueillit
parmi ses disciples, au nombre desquels était
alors Rossini. Bientôt Mattei eut distingué les
raîes dispositiona de Pilotti pour la science
de l'harmonie; il en fit son élève de prédilec-
tion. Ses progrès furent, en elTet, si rapides,
qu'avant d'avoir accompli sa vingt et unième
année, il fut reçu membre de l'Académie phil-
harmonique, et fut compté parmi les maîtres
les plus habiles de Bologne. Dès ce moment,
il écrivit une grande quantité de musique
d'église dont le mérite lui fit obtenir la place
de maître de chapelle de la cathédrale de Pis-
toie. Vers le même temps, il composa l'opéra
bouffe V^jo neW imbarazzo, qui fut joué
avec quelque succès sur le théâtre du Corso,
à Bologne; toutefois, Pilotti reconnut dans
cet essai qu'il n'avait pas reçu de la nature le
génie dramatique, et ce fut le seul ouvrage
qu'il écrivit pour la scène. En 1820, il succéda
à son professeur Mattei dans la place de maître
de chapelle de la basilique de San-Petronio ,
et trois ans ajirès il reçut sa nomination de
professeur d'harmonie et de contrepoint au
Lycée communal de musique de Bologne. Là
était sa véritable destination, car il se fit re-
marquer dans son enseignement par la mé-
thode pratique qui avait fait la grande répu-
tation de Mattei. Pilotti, que de fortes ma-
ladies avaient mis plusieurs fois aux portes du
tombeau, mourut à l'âge de cinquante-quatre
ans, le 12juin 1858. Parmi ses compositions
pour l'église, qui sont toutes restées en ma-
nuscrit, on cite comme des œuvres distinguées
ses psaumes à huit voix, et son Dies irx, avec
orchestre. On a aussi de lui un traité d'instrii-
mcnt.itiun qui a été publié sous ce tilic; £rcvc
PILOTTI — PIONNIER
insegnamento teorico sulla natura, esten-
sione, proporzione armonica, etc., per tutti
gli strometiti ; Milan, Ricordi.
PIMEIV'TKL (Pierre) , célèbre organiste
portugais, mourut à Lisbonne, en 1599. IJ a
laissé un recueil de compositions pour l'orgue,
intitulé -.Livrode cifra de varias obras para
se tangerem na orgaô. Machado (Bibl. Lu-
sit.f t. III, p. 010) croit que ce livre a été im-
primé.
PINA E MEIXDOÇA (LÉON DE), che-
valier de l'ordre du Christ, né en Portugal,
vécut vers 1C30. Machado lui attribue plu-
sieurs opuscules concernant la théorie de la
musique, restés en manuscrit {Bibl. Lusit.,
t. III. p. 11).
PIIVAROL (Jean), musicien belge, né
dans la seconde moitié du quinzième siècle,
n'est connu que par six motets à quatre voix,
imprimés dans les Motetti XXXIII, sortis
des presses d'Oltaviano Pctrucci de Fossom-
brone, en 1S02, petit in-4" obiong, et par la
chanson italienne, à quatre voix, Fortuna
desperata, qui se trouve dans les Canti C
cento cinquanta, publiés par ce célèbre im-
primeur, en 1503.
POELLI DE GEUARDIS (Jean-Bap-
tiste), né à Gènes, en 154ô, d'une famille
noble, voyagea en Allemagne, cl s'établit à
Prague, antérieurement à l'année 1580. En-
viron neuf mois après la mort du maître de
chapelle Scandelli, il fut appelé à Dresde, en
1581, pour lui succéder; mais sa mauvaise
conduite l'obligea à retourner à Prague bien-
tôt après. Il mourut en cette ville; l'époque
de son décès est ignorée. Walther cite de sa
composition les ouvrages suivants : 1° FI
Misse a 4 voci; Dresde, 1582, in-fol. 2° jWa-
gnificat allemands dans les huit tons de
l'église; ibid., 1583, in-fol. 3" Madrigali;
ibid., 1584, in fol. 4" Cantiones sacrx 8, 10 e
15 voc. ; ibid., 1584, in-fol. On a aussi de Pi-
nelli : 5" Mutetii quinque vocum a Joanne
Baptista Pinello italo nobilique Genuensi,
S. C. M. mitsico composita ; impressaVraga;
per Georgium Negrinum , 1588, in-4°.
6" Nouvelles chansons allemandes à cinq
voix, traduites de l'italien pour être chantées
et accompagnées dans la manière italienne;
Dresde, 1584, in-4". 1° Napoletane a 5 voci;
ibid., 1585, in-4''. 8" Dix-huit musettes à cinq
voix; Prague, 1588, in-4».
PINHEIUO (le P. Jean), religieux portu-
gais, né à Thomar, dans l'Estramadure, fut
un des meilleurs musiciens de sa nation, et
forma plusieurs bons élèves. Il mourut dans
la première moitié du dix-septième siècle. On
trouvait encore de lui vers 1720, dans la Biblio-
thèque royale de Lisbonne, les ouvrages sui-
vants, en manuscrit ; 1» Jve Regina cœlorum
à douze voix (n» 809). 2» Afjliclio mea à six
voix (nos 10).
PIjMVA (E.ÏJIANUEL DE), musicien de la
chapelle du roi de Portugal, né en Espagne,
vivait à Lisbonne au commencement du dix-
septième siècle. Il a laissé en manuscrit des-
cantiques pour le jour de Nofil et les princi-
pales fêtes de saints, sous ce titre : Fillan-
cicos y romances de la Natividad de Jesu-
Christo y otros santos.
PIINTADO (Joseph), violoniste romain sur
qui l'on n'a point de renseignements, a publié
un livre qui a pour titre : fera idea délia
musica e del contrappunto ; Rome, de l'im-
primerie de Gioacchino Puccinelli, 1794,
in-8''decent cinquante-six pages. Cet ouvrage
est de très-peu de valeur.
PIÏNTI (Salvator-Ignace), moine italien,
vécut dans un couvent de la Bohème vers la
dernière partie du dix-huitième siècle. Il com-
posa la musique d'un oratorio, intitulé : I[
Santo Àbele di Boemia, ossia il glorioso
martirio di S. ÎFenceslao, signor di detto
regno, qui fut exécuté, en 1781, dans l'église
Saint-Pierre de Prague.
PIO (Antoine), compositeur, né àRavenne,^
vers le milieu du dix-huitième siècle , fut
maître de chapelle dans cette ville. En 1783,
il écrivit, à Vienne, Nettuno ed Egle, opéra
sérieux, et, en 1790, il donna, au théâtre de
la Scala, à Milan, Il Medonte, opéra sé-
rieux.
PIOCCIII (Christophe), né à Folign»
(Étals Romains), dans les dernières années du
seizième siècle, fut d'abord maître de cha-
pelle à Orvieto, puis fut appelé à Sienne,
l)our remplir les mômes fonctions à la cathé-
drale. Il occupait encore cette position en
1669, dans un âge avancé. On connaît de lui :
1» Cantiones sacrx seù Motetti 2, 3 ef 4 vo-
cttm, liber primits; Orvieto, 1623. J'ignore
les dates et le lieu de l'impression du deuxième
et du troisième livres de ces motets. 2" 3Io-
telti a due, tre et quattro voci. Lib. IF;
Bologne, Jacques Monti, 1668, in-4''. ô° Res-
ponsoria hebdomadx sanctx quatuor voci-
bus; ibid., 1669, in-4''.
PIOIMXIEIl (Jean), musicien français du
seizième siècle, fut maître de chapelle à Lo-
relle. Il a fait imprimer de sa composition :
1" Motetti a cinqiie voci, lib. I; Venise,
1561, in-4''. 2" Idem, lib. II; ibid., 1564.
60
PIONNIER — PIRKHERT
ln-4". On Ironvc trois motets à six voix de
ce maître dans le premier livre des Motelli
del frutto a sei voci; Fenelia, nella stampa
d'Antonio Gardane, 1539.
PIOYKSAINA (François), né à Salice
(royaume de Naples), est auteur d'un opus-
cule, intitulé : Misure harmoniche ; Fenetia,
app. Gardano, 1627, m-A" de soixante-six
jtages. Ce savant et son ouvrage sont cités par
Tevo {voyez ce nom) , dans son Musico
Testore.
PIOZZI (...), compositeur italien, attaché
au service du prince Palatin, a fait graver, à
Manheim, en 1780, deux œuvres, chacun de
trois quatuors pour clavecin, deux violons et
basse.
PIPELARE (MATH!En), musicien belge,
né à Louvain, vécut à la fin du quinzième
siècle et au commencement du seizième. On
ne sait rien de ses études, ni des places qu'il
a occupées. Ornithoparcus, qui le cite comme
une autorité en ce qui touchait les propor-
tions de l'ancienne notation (Microl. Musicx
activx, lib. II, cap. 8), nous a appris son
prénom, qu'on ne trouve point ailleurs. Pipe-
lare signait ordinairement son nom par un
réhus composé du mot Pipe et des notes de
musique la, ré. C'est ainsi qu'on le trouve
dans des manuscrits delà Bibliothèque royale
de Bruxelles. Une messe à quatre voix de Pipe-
lare est imprimée dans la collection publiée
par André Antiquo de Montona {voyez Mow-
tona). Octave Petrucci a aussi inséré un j4ve
Maria Ae ce maître, dans son premier livre de
moletsà cinq voix : Venise, 1505. Georges Rhau
a inséré quelques compositions de ce maître
dans sa Bicinia gaUica,latina et germanica
(Vitebergse, 1545). Le manuscrit de la Biblio-
thèque royale de Munich, n" 34, provenant de
la chapelle des ducs de Bavière, contient de
Pipelare l'antienne à quatre voix Fila dul-
cedo. Des compositions de Pipelare se trou-
vent, avec des messes et autres morceaux de
Pierre de Larue, dans deux beaux manuscrits,
in-Tolio atlantique, qui appartiennent à la
Bibliothèque royale de Bruxelles; enfin, les
manuscrits des archives de la chapelle ponti-
ficale, à Rome, renTerment des messes du
même musicien, entre autres une messe de
VHomme armé, à quatre voix.
PIPELET (madame Cokstancp). Foyez
8ALM (madame DE).
PIPERISI (Alphonse), professeur de mu-
sique napolitain, vécut vers le milieu du dix-
hnilième siècle. Il s'est fait connaître par un
traité de la transposition intitulé : Reyole per
j hen trasportare ogni composizionc pcr tutti
i tuoni e mezzi tuoni; Naples, 17o'J, in-S".
PlPPI3iG (UEMii),né à Leipsick, le 2 jan-
vier 1G70, y fit ses études et y obtint le litre
de prédicateur à l'église Saint-Nicolas, en
1093. Quatre ans après, il passa en la même
qualité à celle de Saint-Thomas. En 1709, il
fut promu au grade de docteur en théologie à
l'université de Witlenberg, puis fut appelé à
Dresde en qualité de prédicateur de la cour et
de conseiller du consistoire. Il mourut dans
cette ville, le 22 avril 1722. Pipping n'était
âgé que de seize ans lorsqu'il soutint, pour le
grade de bachelier, une thèse : De Saule per
musicatn curato, sous la présidence du pro-
fesseur Lœscher {voyez ce nom). Cette disser-
tation a été imprimée à Leipsick, en 1686,
in-4''. Il en fut fait une seconde édition dans
la même ville, en 1699, et il en parut une
troisième à Wittenberg, en 1705, in-4" de
soixante-quatre pages. Enfin ce morceau fut
reproduit une quatrième fois dans les Exer-
citationes academicx Juvéniles, de Pipping ;
Leipsick, 1723, in-4<>.
PIRKER (Marianke), femme d'un violo-
niste de la chapelle du duc de Wurtemberg,
fut une des meilleures cantatrices allemandes
«le son temps, et brilla à Londres, à Vienne et
à Stullgard. Admise, à cause des qualités de
son esprit, dans l'intimité de la duchesse de
Wurtemberg , elle se trouva compromise
quand cette princesse se sépara de son époux
(en 1755), fut arrêtée et enfermée dans la
forteresse de Stohen-Asperg, où elle resta
jusqu'en 1765. Ce changement subit de sa for-
tune la priva de l'usage de sa raison pendant
plusieurs anlnées , sans porter cependant
atteinte à son talent. De la paille de seigle qui
composait sa couche, elle fabriquait des fleurs
d'une merveilleuse délicatesse : elle parvint
bientôt à tant d'habileté dans cet exercice,
que l'impératrice Marie-Thérèse ne dédaigna
pas d'accepter un bouquet de ces fleurs artifi-
cielles que madame Pirker lui avait envoyé,
et qu'elle la récompensa par le don d'une mé-
daille d'or. Un autre bouquet, ofTerl à l'impé-
ratrice (Catherine) de Russie, lui valut une
récompense magnifi<|ue. Lorsque madame Pir-
ker eut recouvré sa liberté, elle se retira à
Heilbronn, et y vécut en donnant des leçons
de chant. A l'âge de soixante ans, elle chan-
tait encore avec une rare expression. Elle
mourut le 10 novembre 1783, à l'âge de
soixante-dix ans.
PinKHERT (ÉnoL'AnD), lùaniste et com-
positeur, né le 24 octobre 1817, à AuITlc, vil-
PIRKHERT — PISA
Cl
lage (Ig la Styrie, fit ses études littéraires an
gymnase et à riiniversitéife Gr8etz,oii il reçut
les premières leçonsde musique; puis il se ren-
dit à Vienne, où Antoine llalm fut son maître
de piano; pins tard il devint élève de Charles
Czerny. M. Pirkhert s'est fixé dans cette ville
et a commencé à s'y faire connaître en jouant
dans les concerts, en 1837. Parmi les ou-
vrages qu'il a publiés, on remarque : Étude
héroïque pour le piano, œuvre 4; Vienne,
Mecherti; six mélodies idem, op. 9; ibid.;
douze études de salon idem, op. 10; ibid.;
études en octaves idem, op. 11 ; ibid. : Fan-
taisie de concert sur les Noces de Figaro,
op. 12; Leipsick, Hofmeister. En 1855,
M. Pirkhert a été nommé professeur de piano
au Conservatoire de Vienne.
PIRLIISGEU (Joseph), violoniste de la
musique de la cour impériale, à Vienne, fit,
vers 1786, un voyage à Paris^ et y publia de
sa composition : 1» Six quatuors pour deux
violons, alto et basse. 2° Six symphonies à
huit parties. De retour à Vienne, où il vivait
encore en 1802, il a fait paraître : 3» Trois
trios faciles pour deux violons et basse;
Vienne, Steiner. 4» Plusieurs œuvres de duos
et de divertissements pour deux violons. Pir-
linger a été l'éditeur d'une nouvelle publica-
tion de la méthode de violon de Léopold Mo-
zart; Vienne, Wallishauser. Il a laissé en
manuscrit dix-huit trios pour deux violons et
basse.
PISA (Don AuGUSTi»), docteur en droit
canon et civil, vivait au commencement du
(tix-scptième siècle, et a publié un livre qui a
pour litre : Batltita délia musica dichiarata
dadon Agostino Pisu,dottoredileggecano-
nica e civile, e musico speculativo e pratlico.
Opéra nova, utile e necessaria alli professori
délia vmsica. Ristampata di novo, ed am-
pliata;in lioma, 1611, in-4''.Forkel {Allgem.
Litlcratur der Musik. p. 275) dit que l'auteur
de ce livre est cité quelquefois sous le nom
tVAgostino di Pisa, comme si ce nom
iVÀgostino était celui de sa famille, et Pise
le lieu de sa naissance. D'après ce renseigne-
ment inexact, M. Ferdinand Becker n'a pas
hésité à placer Pisa sous le nom A'Àgostino,
et à le faire naître à Pise, dans son Tableau
systématique et chronologique de la littéra-
ture musicale (1). Ainsi qu'on le voit par le
titre, l'édition de 1611 est la deuxième <lu
livre de Pisa; mais j'ignore où la première a
(I) Si/sttin. Chronol. Ourslellufig der muticat Lillera-
tur, col. 274
été publiée. Le seul renseignement que l'on
trouve dans la deuxième, concernant la |)re-
mière, est que Pisa avait dédié celle-ci à Bo-
nil'ace Cannobio, noble bolonais, au lieu (jue
l'autre est dédiée au P. Thomas Pallavicino.
La seconde édition du livie de Pisa n'est pas
commune, mais la première est beaucoup plus
rare. Il est le premier où ce qui concerne la
mesure en musique a été traité avec dévelop-
pement. Après les madrigaux et les sonnets
adressés à l'auteur, suivant l'usage du temps
où il écrivait, et l'épllre dédicatoire, on
trouve un avertissement au lecteur p. 13;
l'éloge de la musicjue, p. 15; un aperçu des
inventeurs de la musique, p. 17, et un raison-
nement intitulé ; Del musico e cantore. Vient
iMisuite la préface de l'ouvrage, p. 23-44, où
l'auteur examine ce qu'on a <lit jusqu'à lui,
dans les divers traités de musique, concer-
nant la mesure. Les chapitres qui composent
le corps du livre sont les suivants : 1» Cfie
cosa sia balluta, p. 44-50. 2» Che cosa signi-
fichi questa parola, positione nella battuta.
p. 50-63. 3" Per cite causa sia stata ritro-
vata la battuta, p. 63-67. 4» Di qiiante parti
sia composta la battuta, p. 67-71. 5° Dove
comiuci e termini questa battuta, p. 71-88.
6 " Del primo moto, o primo spatio che fà la
mano per andare a ponersi in alto per bat-
tere, p. 88-96. 7» Di alcuni disordini che oc-
corono per non dare il suo vero printipio
alla battuta, p. 97-102. 8" Corne ci doviamo
servire di questamisura , per dare principio,
e seguitare ilcanto, p. 103-119. 9" Che lutte
le cantilene devono finire ail' insu, cioè in
aria, p. 119-127. 10" Délie proportioni,
)). 127-131. 11» Catalogo degli errori repro-
batiin questa dichiaratione, p. 132-130. Le
livre est terminé par la table des matières.
J'ai cru devoir donner ici l'indication du con-
tenu de cet ouvrage, à cause de sa rareté. Le
style de Pisa est diffus, mais son livre ren-
ferme de fort bonnes choses sur une matière,
négligée à l'époque où il fut écrit, et qui a de
l'inlérêt. Les recherches historiques qu'on y
trouve sont curieuses. Pisa est, je crois, le pre-
mier qui contesta à Guida d'Arezzo les in-
ventions qu'on lui attribue à tort. Georges
Schielen cite de cet auteur {Biblioth. Enu-
cleata, p. 328) un traité De Percussions
musica; mais ce titre n'est qu'une mauvaise
ir.iduction latine du titre italien de l'ouvrage
pniédent Matthoson en parle aussi dans son
(>' rhfsire scrutateur {das forschende Orches-
U'\ (>i,c 408), sous le litre de Tractatus de
taclu.
«s
PlSADOIl — PISAROiM
PISADOU (Didier), musicien espagnol
-du seizième siècle, naquit à Salamanciue. Il a
l)ubliè un traité sur l'art de jouer de la viole,
«ous le titre de Musica de viguela, cilharis-
ticA' arlis documenta; Salamanque, 13152,
in-fol.
PISANELLI (Pampilio) , maître de cha-
pelle de la cathédrale de Pise, naquit à Bo-
logne vers le milieu du seizième siècle. Il s'est
fait connaître par un recueil de seize madri-
gaux à cinq voix, intitulé : Madrigali a cin-
que voci. Libro primo. Jn Ferrara, per
f'itlorio Baldini, 1386, in-4».
PISAISI (Antoine), membre de la Société
Vhilharmonique de Palerme, naquit en 1793,
■Kl mourut en 18-27. Il a fait imprimer un
•opuscule intitulé : Pensicri sul diritlo ttso
■délia musica istrumentale-, Naples, 1817.
Dans la même année, il en a paru une autre
édition à Palerme, in-4°.
PISAIll (Pascal), né à Rome vers 1723,
était fils d'un pauvre maçon. Dans sa jeu-
nesse, il possédait une très-belle voix qui,
ayant été remarquée par un musicien nommé
Gasparino, détermina celui-ci à lui enseigner
la musique. Après la mue, il acquit une
bonne voix de basse ; mais sa timidité était si
grande que, ne trouvant point de ressource
<lans son talent comme chanteur, il résolut de
se livrer à l'étude de la composition. Il y fit
4le rapides progrès sous la direction de Jean
Biordi, chapelain-chantre de la chapelle pon-
tificale, et maître de chapelle de Saint-Jacques
■«les Espagnols. La lecture des ouvrages de
Palestrina fut surtout profitable à Pisari : il
saisit si bien l'esprit du style de ce grand
homme, que, de tous ceux qui tentèrent de
l'imiter, il est peut-être le musicien qui en
approche le plus : sa supériorité en ce genre
l'a fait appeler par le P. Martini lePalestrina
du dix-huitième siècle. En 1752, il fut agrégé
à la chapelle pontificale; mais bien qu'il y ait
fait un long service, il n'y eut, pendant la
plus grande partie du temps, que la position de
surnuméraire. Sa misère était extrême : à peine
couvert de vieux habits que lui donnaient ses
amis, il n'avait d'habitation qu'une mansarde
qu'on lui cédait par charité. Son mobilier se
composait d'une couverture placée sur deux
tables pour son coucher, d'un clou où il atta-
chait une chandelle, et d'un morceau d'argile
qu'il avait façonné en écritoire. L'encre dont
il se servait n'était composée que d'eau et de
charbon; sa plume était un bâton fendu. Il
n'availd'aulre papier que celui qu'il ramassait
«tant les rues de Rome; lui-même le lignait
pour écrire sa musique, et il l'appuyait' contre
la fenêtre pour y tracer ses belles composi-
tions, dignes de procurer à leur auteur un sort
moins pénible. Enfin, l'occasion favorable pour
tirer Pisari de celte horrible situation parut
se présenter. Le bruit de son mérite étant par-
venu à la cour de Portugal, l'ambassadeur de
cette puissance à Rome fut chargé de lui de-
mander unZ>txt{ à seize voix réelles en quatre
chœurs, et un service complet pour les <ii-
manches et fêtes de toute l'année, à quatre
voix avec orgue. Cet immense travail terminé,
le Dixit fut exécuté, en 1770, d'après l'ordre
de l'ambassadeur, dans l'église des XII Apô-
tres, par cent cinquante des meilleurs chan-
teurs de Rome. Burney, qui entendit celle
exécution solennelle, parle avec admiration
du mérite de la facture de ce morceau. Toute
la musique fut expédiée à la cour de Lisbonne;
elle remplissait deux caisses. Malheureuse-
ment la récompense due à de si beaux et si
considérables travaux mit tant de tenips à
parvenir à Rome, que lorsqu-'elle y arriva,
Pisari n'était plus. Il avait cessé de souffrir,
en 1778. Ce fut son neveu, simple ouvrier
maçon, qui recueillit le prix de son travail.
Les compositions écrites par Pisari pour la
chapelle pontificale sont en grand nombre et
d'un travail parfait; elles consistent en messes,
psaumes el motets à huit voix, deux TeDeum,
dont un à huit voix et un à quatre. L'abbé
Baini accorde beaucoup d'éloges à ces produc-
tions. Pisari fut moins heureux dans le Mise-
rere à neuf voix qu'il écrivit, en 1777, à la
la demande de ses collègues, pour le service
de la même chapelle : la misère et l'immense
travail qu'il avait fait pour la cour de Por-
tugal avaient épuisé ses forces : l'effet du
morceau ne répondit pas à ce qu'on attendait
du talent de l'auteur. L'abbé Santini possède
on manuscrit de cet excellent artiste : 1° Dixit
à quatre voix. 2° Miserere à 4. 3" Laudate
Dominum à 4, en canon. 4° Une messe à 8.
3" Les psaumes Dixit, f.audatef Lxtatus
sum et Bealus vir à huit voix. G" Les molets
Firtute magna, Coronas aureas, S'iconsur-
rexistit et Tu es pastor oviuvi à 8. 7° Le
fameux Dixit à IC, composé pour le roi de
Portugal.
PIS.VROÏNI ( Besedetta-Rosamu.ida ) ,
excellente cantatrice, n'est pas née à Palerme,
en 180G, comme le dit l'auteur de la notice
insérée dans le Lexique universel de musique
publié par le docteur Schilling, mais à Plai-
sance, le G février 1793. Un maître obscur,
nommé Pino, lui donna les premières leçons
PISARONI — PISCHEK
63
de musique. A l'âge de douze ans, elle passa
sous la direction du sopraniste Moschini, alors
au service du vice-roi d'Italie, à Milan. Après
avoir appris de lui l'art du chant, suivant les
principes de l'ancienne école, elle reçut des
conseils de Marchesi, qui se chargea du soin
de perfectionner son goût. Tels furent les
avantages qu'elle recueillit des leçons de ces
deux maîtres que, malgré l'extérieur le plus
repoussant, malgré les défauts d'une partie de
son organe vocal, elle excita partout l'admi-
ration. La plupart des biographes qui ont écrit
sur cette cantatrice ont dit que sa voix était
originairement un contralto qui s'était élevé
progressivement; c'est le contraire (jui est
exact. Lorsque madame Pisaroni débuta à
Bergame, dans l'été de 1811, à l'âge de dix-
linit ans, elle chantait en soprano aigu les
rôles de Grisehla, CamiUa, et autres du ré-
pertoire de cette époque. Applaudie à Ber-
game, elle fut appelée à Vérone dans la saison
suivante, et le succès qu'elle y obtint la fit
connaître de toute l'Italie. De refour à Plai-
sance vers la fin de 1812, clic y chanta avec
succès. Appelée à Parme au commencement
de 1813, elle y eut une maladie longue et sé-
rieuse après laquelle elle perdit quelques notes
aiguës de sa voix, tandis que la partie grave
de l'organe acquit de l'étendue et de la force.
Obligée de renoncer à son premier emploi,
elle prit celui de contralto, et l'exercice dé-
veloppa si bien en elle les avantages de ce
genre de voix, qu'en peu de temps elle fut
•considérée ajuste titre comme le premier con-
tralto de l'Italie, quoiqu'elle ne pût donner
quelques notes qu'avec un accent guttural de
l'effet le plus désagréable. Applaudie sur les
théâtres de Venise, de Florence, de Padoue,,
<le Palerme, de Naples, de Milan et de Turin,
elle fut appelée, sur sa réputation, à Paris, en
1827, et y débuta au mois de mai, par le rôle
iVArsace de Semiramide. Je n'oublierai
jamais l'effet qu'elle produisit sur l'auditoire
lorsque arrivant sur la scène en tournant le dos
au public, et considérant l'intérieur du temple,
elle fit entendre d'une voix formidable, admi-
rablement posée, cette phrase : Eccomi alfin
in Babilonia! Des transports unanimes ac-
cueillirent ces vigoureux accents et cette large
manière, si rare de nos jours; mais lorsque
la cantatrice se retourna et fit voir des traits
horriblement bouleversés par la petite vérole,
tine sorle de cri d'effroi succéda à l'enthou-
siasme, et l'on vit des spectateurs fermer les
yeux pour jouir du talent sans élre obligés de
regarder la personne. Avant la fin de ïa re-
présentation, le talent avait remporté une
victoire complète dans la cavatine, dans le
duo avec Assur, dans le finale du premier
acte, dans le grand duo du second, et dans le
rondo In si barbara sctagura. Après quelques
mois, le public ne songea plus à la figure de
madame Pisaroni, dominé (|u'il était par la
puissance de son talent. La Donna del lago
lui fournit une autre occasion de montrer sa
supériorité dans le rôle de Malcolm, et Vlla-
liana in AUjeri prouva qu'elle n'avait pa.s
moins d'habileté dans le genre bouffe.
Moins heureuse à Londres qu'à Paris, elle y
chanta sans succès, en 1829, et n'y trouva
personne qui sût apprécier l'élévation de son
style. En 1830, madame Pisaroni se rendit à
Cadix, où elle chanta pendant deux ans. De
retour en Italie, elle n'y a pas retrouvé la fa-
veur qui l'accueillait autrefois. D'ailleurs, le
répertoire de Rossini était usé, et l'on n'écri-
vait plus pour la voix de contralto : ces cir-
constances la déterminèrent à se retirer dans
sa ville natale, où elle vit encore, je crois
(1863), dans une honnête aisance.
PISCHEK (Jeas-Baptiste), baryton dis-
tingué du théâtre allemand, est né à Melnik
(Bohême), le 14 octobre J814. Destiné à la
profession d'avocat. Il fit ses études à Prague
et y suivit les cours de droit ; mais son amour
pour la musique, son goût pour le théâtre et
la beauté de sa voix, lui firent prendre la ré-
solution de se vouer à la scène. Après avoir
fait pendant deux ans des études de chant, il
débuta au théâtre de Prague, en 1835, dans la
Norma de Bellini. Appelé ensuite à Brunn et
à Presbourg, il y obtint des succès qui le firent
engager pour le théâtre de Vienne, en 1837.
Ce fut dans cette ville que son talent prit tout
son développement. Guhr {voyez ce nom), qui
l'entendit dans (|uelques-uns de ses bons
rôles, en 1840, l'engagea immédiatement pour
le théâtre de Francfort-sur-le-Mein, et lui ac-
corda des appointements considérables. Sa ré-
putation s'étendit bientôt dans toute l'Alle-
magne, et ses succès à Berlin, en 1843, à
Prague, dans l'année suivante, et à Stuttgard,
eurent beaucoup d'éclat et !e firent appeler à
Londres, en 1845. De retour en Allemagne, il
rentra au théâtre royal de Stuttgard. En 1848,
il chantait à Hambourg. Quatre fois, il fut
rappelé à Londres et toujours y fut considéré
comme un chanteur d'élite. Je l'entendis dans
cette ville, en 1851 : il n'avait rien perdu de
la beauté de sa voix et chantait avec un très-
bon sentiment. Depuis cette époque, je n'ai
plus eu de renseignements sur la suite de sa
61
PISCHEK — PISTOCCHI
carrière. Bon musicien et pianiste liahile,
Pischek a composé des Lieder qui ont été re-
cherchés en Allemagne.
PISK^DEL (Jeas-Georges) , maître de
concerts de l'électeur de Saxe, roi de Pologne,
naquit à Carlsbourg, petite ville de la Fran-
conie, le 26 décembre 1687. A l'âge de neuf
ans, il entra comme enfant de chœur dans la
chapelle du margrave d'Anspach, placée alors
sous la direction de Pislocchi, et dont Corelli
était premier violon. Devenu élève de ce der-
nier, il fit de si rapides j»rogrès sur le violon,
qu'il put être nommé violoniste de la chapelle
à l'âge de quinze ans. En 1709, il se rendit à
Leipsick, pour y suivre les cours de l'univer-
sité; trois ans après, il entra dans la chapelle
du roi de Pologne, puis fut attaché à la per-
sonne du prince héréditaire de Saxe, qu'il ac-
compagna à Paris, en 1714, à Berlin, l'année
suivante, en Italie pendant les années 1716 et
1717, et enfin à Vienne, en 1718. De retour à
Dresde, il y reprit son service à la cour, et
succéda, en 1728, à Volumier, en qualité de
maître de concerts. Il se distingua dans cette
place par les qualités d'un excellent chef
d'orchestre. En 1734, il suivit le roi de Po-
logne à Varsovie, avec quelques artistes de la
chapelle de Dresde. Il mourut le 25 novembre
1755, à l'âge de soixante-huit ans. Pisendel
avait étudié l'harmonie et la composition sous
la direction de Heinichen : il laissa en manu-
scrit quelques concertos de violon, dont un
avait été composé pour la dédicace de la nou-
velle église catholique de la cour de Dresde,
des solos pour le même instrument, et des
fugues à (|uatre parties instrumentales.
PISTICCI (Athanase), grand cordelier,
maître de chapelle de son ordre au couvent de
Pise, dans la première moitié du dix-septième
siècle, a fait imprimer de sa composition :
1" Motetti a tre voci con il basso per l'or-
ijnno; Venise, 1629, in-4». '2" Motetti a 2e3
foci, lib. 2; t6id., 1633. 5" Idem, lib. 3j
ibid. A° Saltni a quattro voci.
PISTILLI (Achille), compositeur napoli-
tain, fit ses études musicales au collège royal
de musique de San-Pietro a Majella. Sorti
de cette institution, il fil représenter, en 1840,
au théâtre Nuovo de Naples, Ilfinto Feuda-
tario^ qui ne réussit pas. En 1846, il a donné
dans la même ville Rodoifo di Brienza,
opéra romantique, qui fut plus heureux. Quel-
ques morceaux de cet o|)éra ont été publiés
avec accompagnement de piano, à Milan, chez
Ricordi. Depuis ce second essai, le nom de cet
arliflc a disparu du mo/ide musical..
PISTOCCHI (François-Antoine), compo-
sitfur et célèbre professeur de chant, naquit
en 1659, à Palerme, suivant le témoignage de
Fantuzzi (Notizie degli Scritl. BoUxj., t. 6),
et non à Bologne, comme l'ont atTirmé tous
les biographes. Ce qui a causé leur erreur,
c'est qu'il fut transporté dans sa première en-
fance, avec toute sa famille, dans celte der-
nière ville. Il y fut dirigé par son père dans
l'étude de la musique et de la composition, cl
ses progrès furent si rapides, qu'à l'âge de
huit ans il fut en état de publier son premier
ouvrage sous ce titre : Caprici pueriii varia-
mente composti in 40 modi, sopra un basso,
da un balbelto in età d'anni 8, op. 1, Bo-
logne, 1667, in-folio. Pislocchi recul ensuite
des leçons de chant du P. Vastamigli, carme
de San-Martino-Maggiore, luiis il devint
élève de Barlolomeo Monari. Ses éludes ter-
minées, il fut élu mailre de chapelle de ,5'an-
Giovanni-in-Monte. En 1692, il fut admis
membre de l'Académie des Philharmoniques
de Bologne, dans l'ordre des compositeurs; il
en fut prince en 1708, et, pour la seconde fois,
en 1710. Vers l'âge de vingt ans, il se con-
sacra au théâtre; mais quel que fût son talent,
les <iéfauts de son extérieur et la faiblesse de
son organe l'empêchèrent d'obtenir les succès
qu'il espérait. Bientôt il quitta cette carrière,
embrassa l'élat ecclésiastique et entra dans la
congrégation de l'Oratoire. Son mérite comme
compositeur le fit appeler à la cour du mar-
grave de Brandebourg-.\nspach, Frédéric III,
en qualité de matlre de chapelle. Il y composa
plusieurs opéras, entre autres celui de Nar-
ciso, sur le poëme d'Apostolo Zeno, reitré-
senté en 1097. Deux ans après, il se rendit à
Venise, où il écrivit //iVarfinodt .y. -^dria«o,
'oratorio, et l'année suivante, il alla à Vienne
pour y composer le Hise di Democrite, 1700.
On connaît aussi de lui Leandro, 1079, // Gi-
»'e//o,1681,etl'oralorioinlituIé;Varia Firgine
addolorata, 1698. Ses autres œuvres pratiques
sont : 1" Scherzi musicali, collection d'airs
italiens, français et allemands, publiée à
Amsterdam, chez Boger (sans date). 2° Duelti
e Terzetti, Bologne, 1707, op. 3. Enfin ou
trouvait; il y a quelques années, chez Brcit-
kopf, à Leipsick, le psaume 147, Lauda Jé-
rusalem, à cinq voix et basse continue, en
manuscrit, sous le nom de Pislocchi.
Mais ce qui assure surtout à Pislocchi une
gloire impérissable, c'est d'avoir établi à Bo-
logne, vers 1700, une école de chant d'où sont
sortis les plus grands chanteurs de la première
moitié du dix-huitième siècle, tels que Antoine
PISTOCCHI — PITONI
65
Bernacchi, Anl. Pasi, J.-B. Minelli, A. Pio
Fabii, Borlolino de Faenza, elc, elc. Là, pour
la première fois, la pose du son, la vocalisation
bien articulée, l'expression dramatique furent
enseignées méthodiquement. Enfin l'émulation
que cette école produisit dans le reste de
ritalie donna naissance à une multitude
d'autres établissements du môme genre, et
particulièrement à l'admirable école napoli-
taine, établie par Dominique Gizzi, en 1720.
On ignore l'époque de la mort de Pistocchi;
on a cependant la preuve qu'il existait encore
et même (ju'il com[)osait en 1717, car il existe
un livret d'oratorio intitulé : La Fiiga di
santa Teresia per musica (10-4°, sans nom
de lieu), où l'on voit que la poésie a été écrite
par le docteur Ettstachio Manfredi, de Bo-
logne, pour l'usage de la congrégation de
Saint-Philippe de Neri, de la maison de Forli,
et que la musi(iue a été composée par le
P. Francesco Pistocchi, prêtre de l'Oratoire,
dans celte même année 1717.
PISTORIUS (Jean-Frédébic), docteur en
droit, fut chantre de la chapelle de l'électeur
de Bavière et élève de Boland de Lassus. Il a
publié de sa composition : Psalmodia vesper-
tîna cum aliquot B. M. V . canticis 4 et 5
vocibus; Munich, 1593, in-4''.
PISTOniUS (IlEnMANN-ALKXAJiDnE) est
né le 23 avril 1813, à Potsdam, où son père
était organiste de la communauté des frères
moraveset professeur de l'école de la garnison.
En 1834, Pistorius fut nommé professeur de
musique du séminaire des instituteurs, et deux
ans après, il obtinllemémelitre à l'écoled'in-
dustrie de Berlin. Il était membre de l'Aca-
démie de chant de cette ville et de la Lieder-
tafel instituée par Zetter. Pistorius est mort à
Berlin, le 21 juillet 1845. On a publié des
Lieder de sa composition, à Berlin, chez Chal-
iier et chez Trautwein.
PITICCHIO (François), maître de cha-
pelle à Palerme, dirigea, vers 1780, l'Opéra
italien à Brunswick, et y fit représenter la
Didone abbandonata, de sa composition. En
1784, il donna à Dresde l'opéra bouffe Gli
Amanti alla prova; puis il se rendit à
Vienne, où il écrivit II Bertoldo, représenté
t-n 1787. Il paraît qu'il séjourna plusieurs
années en cette ville; il y publia : 1» Douze
canzonciles italiennes avec accompagnement
<le piano; Vienne, Artaria. 2» Douze «dem,
«p. 3; Vienne, Kozeluch. On a aussi sous son
nom : 5* Six quintettes pour deux violons,
deux altos et basse; Offenbacb, André.
PITICCHIO (Pierrf.-Paul), compositeur
BlOCn. U.MV. DES MUSICIENS. T. Vil.
italien, vécut à Rome dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. On connaît de lui, en
manuscrit, une cantate à deux voix de soprano
et orchestre, intitulée : Le Allegrezze pasto-
rali; des duos pour deux soprani ; quinze
quintettes pour deux hautbois, deux cors et
basson, et six pièces d'harmonie pour quatre
hautbois, deux cors et deux bassons.
PITOî\I (Joseph-Octave), savant compo-
siteur de l'école romaine, naquit à Rieti, le
18 mars 1657. Il n'était âgé que de onze mois
quand ses parents allèrent s'établir à Rome
avec lui. A cinq ans, il entra dans l'école de
musique de Pompeo Natale, où il apprit les
éléments du chant et du contrepoint : trois ans
après il entra comme soprano dans l'église
Saint-Jean-des-Florentins, puis à celle des
XII Apôtres, où, encore enfant, il fit entendre
quelques-unes de ses compositions qui excitè-
rent l'admiralion de Fr. Foggia. Ce maître,
l'ayant demandé àses parents, le dirigea dans
ses études de contrepoint pendant plusieurs
années. Parvenu à l'âge de seize ans, en 1673,
Piloni fut élu maître de chapelle de la Terra di
Rotondo,ct dans l'année suivante, il entra dans
la chapelle de la cathédrale d'Assise, où il
s'occupa à mettre en partition les oeuvres de
Paleslrina. Cette étude fut toujours considérée
par lui comme la meilleure : il en recomman-
dait l'usagcà ses élèves. En 167G,on lui confia
la direction de la chapelle de la cathédrale
de Rieti ; mais il n'y resta qu'une année, ayant
été choisi, en 1677, comme maître de chapelle
de la collégiale de Saint-Marc, à Rome. Ce fut
dans cette église qu'il fit entendre pour la
première fois ses compositions à deux et trois
chœurs. II y conserva son titre de maître de
chapelle pendant soixante-six ans, et y joignit,
en 1686, la direction de la chapelle du collège
allemand de Sainte-Apollinaire, puis, en 1686,
celle de maître de Saint-Laurent in Damaso,
par la protection du cardinal Ottoboni. En
1708, le chapitre de Saint-Jean de Lateran
l'élut à l'unanimité pour en diriger la mu-
sique, mais, en 1719, il renonça à cette place
pour celle de maître de Saint-Pierre du Vati-
can. A ces ditTérents emplois, il réunit aussi
ceux de maître de Saint-Augustin, de Saint-
André délia Falle, de Sainte-Marie in Cam-
pitellij de Sainte-Marie délia Pace, deSaint-
Étienne del Cacco^el de Saint-Charles a' Ca-
tinari. Il mourut à Rome, le 1" février 1743,
à l'âge de près de quatre-vingt-six ans, et fut
inhumé dans l'église de Saint-Marc.
Pitoni fut un des plus savants maîtres de
l'école romaine dans les temps modernes.
5
PITONI — PITSCH
L'abbé BainI dit avec raison que ses comi)osi-
lions ont conservé jusqu'à ce jourloule leur
fraîcheur; il cite en particulier la fugue du
Dixit à IG voix, en quatre chœurs réels, qui
se chante chaque année aux secondes vêpres
de Saint-Pierre, dans la basilique du Vatican,
et qui parait toujours i)lus belle, ainsi que
ses messes intitulées ZiPas^or» a Maremme,
Li Pastori a montagna, et Mosca. Je pos-
sède de ce maître une messe à huit, et des
canons qui m'ont donné aussi une haute idée
de son mérite. Les compositions de Pitoni,
écrites pour le service des différentes églises
où il était maître de chapelle, sont en nombre
immense : jamais il ne faisait entendre dans
une église ce qu'il avait écrit pour une autre.
Ses messes et ses psaumes à trois chœurs, avec
et sans instruments, s'élèvent à plus de qua-
rante; il a écrit plus de vingt messes et
psaumes à seize voix en quatre chœurs, avec
et sans instruments ; enfin, pour la seule ba-
silique du Vatican, il a composé le service
entier de toute Tannée, tant en messes que
vêpres des fêtes de première et seconde classe,
dimanches, communs et propres des saints.
Pitoni a laissé également quelques psaumes et
motets à six et à 9 chœurs, chacun composé
«le quatre parties; il avait commencé à écrire
une messe à quarante-huit voix en douze
chœurs, mais son grand âge ne lui permit pas
de l'achever. On conserve aussi de lui dans
quelques bibliothèques d'excellentes études de
contrepoint écrites pour l'instruction de ses
élèves. L*abbé Santini possède en manu-
scrit, de Pitoni : trois messes à huit; deux
Dixit à huit; Tu es Petrus et O vos omnes
à huit; dix motets à trois et à quatre; Dies
irx à six, un des plus beaux ouvrages de ce
maître; Dixit à quatre avec^chestre; autre
Dixit à huit idem; quatre hymnes sur le
plain-chant. Le chanoine Proske (voyez ce
nom) a publié de Piloni, dans sa belle col-
lection intitulée Musica divinu (tome I",
p. 209), la messe en partition In Nativitate
Domini, à quatre voix, et (p. 289) la messe
Pro de/'MHC/»5, également à quatre voix. Dans
le second volume {Liber Motetlorum), il a
donné en partition six motets à quatre voix
du même compositeur. On a aussi de Pitoni :
jllotetti a due voci ; Rome, Mascardi, 1697.
Enfin, Pitoni a rendu un service important
aux historiens de la musique par la compo-
sition d'un livre inl\U\\é : Notizie dei maestri
di cappella si di Fioma che oltramontani,
ossin Notizia di contrappnntisli e composi-
lori di mutica degli anni deW cra crisliana |
1500 sino al 1700, dont le manuscrit original
existe dans la bibliothèque du Vatican. C'est
de cet ouvrage que l'abbé Baini a tiré la plu-
|)artdcs notices sur les musiciens italiens, et
l>articulièrement sur ceux de l'école romaine,
<lont il a remi)Ii ses Mémoires sur la vie et les
ouvrages de Palestrina. Je suis redevable au
savant M. Gaspari de Bologne, de l'indication
d'un ouvrage important de Pitoni, dont l'abbé
Baini, ni aucun autre musicien érudit, n'ont
eu connaissance. De ce livre, dont cent huit
pages seulement, sans frontispice, ont été im-
primées, l'on a perdu le manuscrit qui, du
moins, ne s'est pas retrouvé jusqu'à ce jour.
Ces cent huit pages contiennent le premier
livre, divisé en XVI chapitres, qui traitent
des intervalles des sons et de leur succession.
M. Gaspari en donne ainsi le titre, copié sur la
première page :
Guida
Armonica
Di Giuseppe Otlavio Piloni
Maestro rii cappella di San Lortnzo in Damaso
et di S. ApoUinare in Roma. Libro primo ;
Cap. I.
Dove si traita délie cnnsonanze e dissonante
e eome si pratticano.
M. Gaspari conjecture que l'impression de
ce fragment a été faite après 1689, époque où
Pitoni fut nommé maître de chapelle de Saint-
Laurent in Damaso. Durante, L. Lco et
Fr. Feo furent élèves de Pitoni. Jérôme CliitI,
de Sienne, ami de ce célèbre musicien, a écrit
sur sa vie une longue notice qui se trouve dans
la bibliothèque de la maison Corsini alla
Zungara, de Rome.
PITSCH (Charles-Frasçois), organiste
de l'église Saint-Nicolas, à Prague, naquit en
1789, à Patzdorf, en Bohême, où son père
était instituteur. A l'âge de quatre ans, il
commença l'étude du violon, du clavecin et
de l'orgue; ses progrès furent si rapides, qu'il
remjilit quelquefois les fonctions d'organiste
à Reichenbach (Silésie), dès l'âge de huit ans.
Ce fut dans ce lieu qu'il apprit l'harmonie,
sous la direction de Constantin Bach. Plus
tard, il fréquenta l'Université de Prague et y
fil un cours de philosophie; puis, il fut, pen-
dant quelques années, instituteur dans la
maison d'un noble en Autriche. De retour à
Prague, il s'adonna uni(|uement à la musi(iuc
et obtint, en 1832, la place d'organiste de
Saint-Nicolas. En 1840, il reçut sa nomina-
tion de professeur au Conservatoire de Prague
et, dans l'année suivante, on le chargea de la
direction de l'école d'orgue de celte ville.
Pilsch est mort dans celte position, le 13 juin
1858. Il était membre correspondant de la
I
PITSCH - PIXIS
C7
Société hollandaise de Rollerdam pour les
progrès delà musi(|iie. Parmi ses ouvrages, on
remarque l'hymne O Erster! dessen Hauch
ich bin, pour deux chœurs à quatre voix cha-
cun, avec orgue, violoncelle et contrehasse;
Prague, Hoffmann, yilhhiya , fugue pour
l'orgue; ibid. Six préludes pastoraux idem;
ibid. Vingt préludes courts et faciles pour
l'orgue; ibid. Répertoire des organistes pour
les fêtes solennelles de l'église ; Leitmeritz.
Pitsch a donné, à Prague, une deuxième édi-
tion du livre de l'abbé Vogler, Handb-uch fur
die Harmonielehre und fiir den Generalbass.
PITTERLIIV (Fuédéric-Adolphe), né à
Bautzen, vers 1760, alla à Leipsick, en 1785,
étudier la théologie; mais un penchant irré-
sistible lui fit abandonner celte science pour
la musique. Devenu directeur de musique de
la troupe d'opéra dirigée par Seconda, il écri-
vit la musique de plusieurs ballets, des panto-
mimes et l'opéra intitulé les Bohémiens^ qui
fut représente avec succès dans plusieurs
villes d'Allemagne. Plus tard, il entra comme
chef d'orchestre dans la Société dramatique
de Dœbbler, avec laquelle il voyagea et arriva
à Magdebourg, en 1796. L'année suivante,
l'ouverture et les chœurs qu'il avait compo-
sés pour la tragédie intitulée ^//"rerf obtinrent
un brillant succès dans cette ville. Il s'y dis-
tingua aussi dans la direction des concerts
d'hiver donnés par la loge maçonnique et par
la Société philharmonique; mais une maladie
de poitrine le conduisit au tombeau, le 1" oc-
tobre 1804. On connaît des symphonies à
grand orchestre de la composition de Pil-
terlin.
PIXÉRÉCOURT (Rexé-Charles GUIL-
BERT DE), célèbre auteur de mélodrames et
de livrets d'opéras comiques, est né le 22 jan-
vier 1773, au village de Pixérécourt, près de
Nancy, dont il a pris le nom. Fils d'un an-
cien major au régiment de Royal-Roussillon,
il fut traité dans sa jeunesse avec beaucoup de
sévérité par son père, qui le destinait au bar-
I lau ; mais après les premiers événements de
la révolution, il émigra et fil la campagne de
1792 comme olTicier, dans l'armée du duc de
Bourbon. Rentré en France, l'année sui-
vante, il se cacha à Paris pendant le régime
de la terreur, sous ie nom de Pixérécourt,
(ui'il a gardé depuis lors. Entré plus tard
dans l'administration des domaines, il y par-
vint au rang d'inspecteur. Après trente ans de
service, il a obtenu sa retraite de cet emploi
avec la pension qui lui était due. Devenu di-
recteur de rOpéra-Comique, en 1824, il a
conservé cette position jusqu'à la fin de 1827,
où des discussions avec les sociétaires de ce
théâtre l'obligèrent à se retirer. En 1838, il a
quitté Paris pour aller achever ses jours à
Nancy, où il est mort le 27juillet 1844. Guilberl
de Pixérécourt a obtenu de brillants suc-
cès aux théâtres des boulevards de Paris, par
une multitude de mélodrames remarquables
sous les rapports de l'oiiginalité des idées et
de rcffet scénique. Il a aussi donné quelques
pièces à l'Opéra-Comique. Ami de Dalayrac,
il a écrit une notice détaillée sur la vie et les
ouvrages de ce compositeur, intitulée: Fie de
Dalayrac^ contenant la liste complète des
productions de ce célèbre compositeur, par
R. C. G. P.; Paris, Barba, un volume in-12.
A l'occasion de ses discussions avec les socié-
taires du théâtre Feydeau, il a aussi publié
un recueil de pièces intitulé simplement :
Théâtre royal de V Opéra-Comique^ volume
in-4'» de quatre-vingt-onze pages, sans nom
d'auteur, d'imprimeur, sans nom de lieu, et
sans date (1827).
PIXIS (Frkdéric-Guilladxe), organiste
de l'église réformée à lUanheim, depuis 1770,
et ancien élève de la première école de ra!)bé
Vogler, a publié de sa composiiion : 1° Huit
préludes courts et faciles pour l'orgue, pre-
mière suite; Manheim, 1791. 2» Huit ttfew,
deuxième suite ; ibid., 1792. ô'Deux sonatines
pour piano; ibid., 1792. 4° Trios pour piano,
violon et violoncelle; ibid., 1794. Les bio-
graphes allemands ne fournissent aucun ren-
seignement sur les dernières années et la
mort de cet artiste; on sait seulement qu'il
vivait encore à Manheim en 1805.
PIXIS (Frédéric-Guillaume), fils aîné du
précédent, est né à Manheim, en 1786.
A l'âge de cinq ans, il commença l'étude du
violon : son premier maître fut un musicien
obscur nommé /îiWer. Luigi, violoniste à 01-
fenbach, lui donna ensuite des leçons; puis il
devint élève de Fraenzel. Il avait à peine
atteint sa dixième année, lorsqu'il joua avec
son frère dans un concert public, à Manheim;
puis tous deux, sous la direction de leur père,
voyagèrent en Allemagne, pour y donner des
concerts, et visitèrent Carlsruhe, Stutlgard,
Gœllingue, Cassel, Brunswick, Zell, Brème et
Hambourg. Arrivé en cette ville, en 1797,
lorsque Viotli s'y trouvait, le jeune violoniste
profita des conseils de ce célèbre artiste. En
1799, Pixis fit un nouveau voyage à Hanovre
avec son frère et son père; puis visita Leip-
sick, Berlin, Dresde et Varsovie, où de grands
éloges furent donnés à son talent. De retour à
68
PIXIS — PIZZATI
M.mheim, en 1804, il entra dans la chapelle
ilu prince palalin. Deux ans après, il se remit
en voyage, s'arrêta quelque temps à Vienne,
puis se fixa à Prague, oîi il fut nommé profes-
seur du Conservatoire et chef <i'orclieslre du
Ihéàtre. Il est mort dans celle ville, le 20 oc-
tobre 1842. Quelques-unes des compositions
attribuées par le Manuel de la littérature mu-
sicale de Whislling à Jean-Pierre Pixis, frère
de Frédéric-Guillaume, appartiennent à ce
«lernier, notamment les variations pour violon
et orchestre sur l'air allemand : JFar 's viel-
leicht um eins; Vienne, Leidersdorf, et un
concerlino four violon et orchestre, op. 1 ;
ibid.
PIXIS (jEA>-PiEBnE), frère du précédent,
né à Manhcim en 1788, a eu de la réputation
comme pianiste et comme compositeur. Élève
de son père, il voyagea avec lui et avec son
frère pour donner d«;s concerts, dès l'âge de
neuf ans. Depuis 1803 jusqu'en 1808, il re-
prit à Manheim le cours de ses études musi-
cales, et s'y livra à l'enseignement du piano.
En 1809, il s'établit à Munich, et y publia
quelques-unes de ses compositions, puis se
rendit à Vienpe, où il vécut plusieurs années.
Fixé à Paris, en 1825, il y fit paraître quel-
ques-uns de ses meilleurs ouvrages, et y fut
considéré comme un des bons professeurs de
piano de cette époque. Il avait adopté pour
sa fille une orpheline allemande, connue sous
le nom de Francilla Pixis, mais dont le nom
de famille était Giiringer; depuis lors il se
livra presque exclusivement à l'éducation mu-
sicale de celte jeune personne, et en fit une
canlatricedistinguée.Dèsce moment, il a cessé
de se faire entendre dans les concerts, el ses
travaux dans la composition ont eu moins
d'activité. En 1828, il était allé revoir sa ville
natale, après avoir fait un voyage à Londres.
En 1833, il voyagea en Allemagne avec sa
fille adoptive, el la fit entendre avec succès à
Prague, Lcipsick elDresde. De retour à Paris,
où son élève ne réussit pas aussi bien qu'il
Pavait espéré, il partit avec elle pour l'Italie,
cl lui procura des engagements pour quelques
théâtres où son talent se développa. Après
avoir brillé sur le théâtre de Palc.-me, Fran-
cilla Pixis obtint un beau succès au théàlrc de
Saint-Charles, à Naples, dans Sapho, opéra
écrit pour elle par Pacini (1840). Après que
cette cantatrice se fut mariée, Pixis alla se
fixer à Baden-Baden, où il avait acheté une
maison. Je l'ai retrouvé dans cet agréable
lieu, en 1850; il s'y livrait à l'enseignement
avec beaucoup d'ardeur, et paraissait avoir
cessé de composer. Je crois qu'il y vit encore
(1805).
Plus de cent cinquante oeuvres de tout
genre sont connus sous le nom de cet ar-
tiste estimable : dans le nombre , on re-
marque une symphonie à grand orchestre,
op. 5, Breslau , Fœrslcr; des quintettes
pour deux violons, deux altos cl basse; des
quatuors pour deux violons, alto et violon-
celle, op. 7, Vienne, Mechetli, et op. 09,
Leipsick, Probst; des concertos pour piano;
un concerlino idem, op. G8; des rondeaux
brillants pour piano el orchestre; de grandes
variations, idem, op. 36, 59, 66, 87, etc. ; un
quatuor pour piano, violon, allô et basse,
op. 4; Leipsick, Breilkopf et H8ertel;des
trios pour piano, violon et violoncelle, op. 75
cl 87, compositions d'un mérite remarquable ;
des sonates pour piano, violon ou fli\te, el
violoncelle, op. 14, 17, 24, 30, 55, 38,
62, etc. ; des sonates pour piano seul, op. 3,
10 et 85; enfin, une multitude de fantaisies,
de variations cl de pièces de différents genres
pour piano à quatre el à deux mains. En
1851, Pixis a fait représenler, au théâtre
allemand de Paris, Bibiana, opéra écrit pour
madame Schrœder-Devrient : cet ouvrage n'a
point obtenu de succès. En 1836, il a donné
aussi, au théâtre Rœnigstadl, de Berlin, l'opéra
intitulé Die Sprache des fferzens (le Langage
du cœur).
PIXIS (Théodore), fils de Frédéric-Guil-
laume, naquit à Prague, le 13 avril 1831.
Élève de son père pour le violon, il débuta
dans sa ville natale à l'âge de dix ans, ci s'y
fit remarquer par sa précocehabileté. En 1846,
il se rendit à Paris près de son oncle qui lui
fit donner des leçons par Baillot; puis il
voyagea pour donner des concerts et obtint
partout des succès. Arrivé à Cologne, en 1850,
il y fut atlaché comme maître de concert et
|)rofcsscur dn Conservatoire. A l'âge de vingt-
cinq ans, cet artiste, frappé d'un coupdesang,
mourut subitement le l" août 1856. On con-
naît de sa composition deux recueils de
Lieder, el plusieurs solos de violon avec ac-
compagnement de piano.
PIZZATI (l'abbé Joseph), savant italien,
vécul à Venise vers la fin du dix-liuilièmc
siècle. On lui doit un livre concernant la
théorie de l'harmonie, intitulé : La scienza
de' suoni e deW armonia; diretla spécial-
mente a render ragionc de' fenomeni cd a
cotioscer la nalura e le leggi délia medesima,
corne a giovarc alla pratica dcl conlrap-
punlo ; opéra divisa in cinque purli ;
PIZZATI — PLANITZER
69
Venise, 1782, petit in-fol. <Ie trois cent cin-
quante-huit pages, avec-quaranle-neiif pages
d'exemples. Une analyse étendue de cet ou-
vrage a été publiée dans les Ejfemeridi let-
terarie di Roma (t. XIII, p. 29). Il en
a été fait aussi une critique dans le Giornale
<Ze'Ze«era<» (année 1782, t. XLVIII, p. 3-39);
elle a pour titre : Lettera del sig. Jb. Fran-
cesco Gori Pannilini di Siena , cavalière
Gierosolimitano,sopra la Scienza de' suoni,
deW Jb. Giuseppe Pizzali.
PIZZONI (te P. Éléazar), moine du tiers
ordre de saint François, né à Parme vers
1G20, lut maitrede cliapelle de l'église de son
ordre, appelée Santa Maria délia carilà, à
Bologne. Membre de l'Académie des Philhar-
moniques de cette ville, dès sa fondation, il en
fut prince en 1670. On a imprimé de sa com-
position : 1» Ballettti , Correnli , etc., a
3 slromenti, op. 1 ; Bologne, 16G9, in-4".
2" Motetli sacri a voce sola, op. 2 ; ibid.,
1G70, in-4».
PLACII (François), luthier à Schœnbach,
en Bohême, vers 1788, s'est fait connaître
avantageusement par de ])ons violons.
PLACHY (Wenceslas), né à Klopotowitz,
en Moravie, le 4 sei)tembre 1785, reçut des
leçons de musique de son oncle, Antoine
Plachy, et se fixa à Vienne, dans sa jeunesse.
Il s'y lia d'amitié avec Ilummel et Fœrster,
donna des leçons de piano, et fut nommé or-
ganiste de l'église des Piarisles, en 1811.11 a
f;iit imprimer, chez <iivers éditeurs de celle
ville, environ soixanle-dix œuvres de so-
nates et de pièces de piano et de chant, d'un
style agréable et facile. Parmi ses compo-
sitions , on remarque : 1" Messe à quatre
voix et orchestre, op. 24; Vienne, Cappi.
2" Graduel à quatre voix, deux violons, con-
trebasse et orgue , op. 34 ; ibid. 3" Deux
Tantum ergo à quatre voix et orchestre,
op. 35 et 3G ; ibid. Plachy est mort à Prague,
le 7 juillet 1858.
PLAINE (Jean-Marie), harpiste et profes-
seur d'harmonie, né à Paris, en 1774, s'est
fait connaître depuis 1798 jusqu'en 1827 par
la publication d'environ trente œuvres de so-
nates pour la harpe (n"* 1 à 8), d'études (trois
cahiers), de fantaisies (n<>'l à 10), de nocturnes
et de variations. Ces ouvrages, qui d'abord
ont paru chez l'auteur, sont ensuite devenus
la propriété de Frey, et en dernier lieu de
M. Richauit. On a aussi de cet artiste un
Cours d'harmonie divisé en douze leçons
claires et faciles; Paris, Richauit, in-fol. de
cimiuanle-lrois pages.
PLA]>iELLI (AtHTOiSE), littérateur italien,
chevalier de l'ordre de Ssint-Jean de Jéru-
salem, naquit à Bitonto, dans le royaume de
Naples, le 17 juin 1747. Après avoir terminé
ses études à l'université d'Altamura, il se
rendit à Naples et s'y livra d'abord à des ex-
périences de chimie, qu'il abandonna ensuite
pour la culture des lettres. Au nombre de ses
ouvrages, on remarque : Dell' opéra in
musica; Naples, Campo, 1772, in 8" de deux
cent soixante-douze pages. Cet ouvrage, di-
visé en sept parties, dont la première renferme
un abrégé de l'histoire de l'Opéra en Italie,
et dont les autres traitent de la poésie de ce
genre de spectacle, de la musique, des déco-
rations et des machines, de la danse et de la
direction générale de l'ensemble, renferme
quelques bonnes idées; mais le'sujet n'y est
pas conçu d'une manière assez vaste. Planelli
est mort à Naples, d'une maladie nerveuse, au
mois de mars 1803.
PLAINES (François-Joseph), né le 12 août
1755, à Ilirschau, petite ville i)rès d'Amberg,
en Bavière, fit ses premières études sous la
direction du cantor Wuhii, puis entra à l'âge
de quinze ans au séminaire d'Amberg, où il
apprit à jouer du piano, du violon et les prin-
cipes de l'harmonie. Après que les jésuites
eurent été expulsés de la Bavière, il alla con-
tinuer ses études à Sulzbach. Pendant qu'il y
faisaitsa rhétorique, Wtihrl mourut; Planes fut
rappelé dans sa ville natale pour le remplacer,
et reçut, au mois de mars 1775, les litres de
recteur etde directeur du chœur de Hirschau.
Il y améliora l'enseignement du chant et com-
posa beaucoup de musique pour le service de
son église. Elle est restée en manuscrit.
Planes vivait encore à Hirschau en 18IG.
PLA]>ICIZRY (Josepii-Antoise), né en
Bohème, dans les dernières années du dix-
septième siècle, était, en 1723, ténor à la
chapelle du prince évêque de Freysing. I! a
publié une collection de douze motels de sa
composition, sous ce titre : Opella ecclesias-
tica sen arix duodecim nova idea exornala,
nec non benevolo philomuso in lucem
editx, etc., Augsbourg, Lolter, 1723, in-fol.
PLAI^ilTZER (J.-C), musicien aveugle,
vivait à Halle (Saxe), en 1834. Aucun bio-
graphe ou bibliographe allemand ne four-
nit de renseignements sur lui. Planilzer a
publié un opuscule intitulé : Die gehicrige
Unterordnung der Tonarlen unter Tongat-
tungen und dièse unter das Tongeschlecht
(La classification des tons en espèces et en
genres), Quedlinbourg et Leipsick, Basse,
70
PLANITZER — PLANTADK
18Ô3, in-8" de vinp;t-(|nalre i)aj,'os, avec une
préface «le huit papes el une planche. On a
aussi «lu même auteur : Die Lehre von Ueber-
gaengen. Ein Tfieil der theoretischen Musik
maglichst srjstematisclte bearbeilet ( La
science «les Iransitions; paille «le la musique
théorique, coordonnée systémaliquemenl, au-
tant que cela se i)eul); Halle, CF. -G. Scharre,
1834, in-8'^ «le soixanle-qualorze pages, avec
deux planches et une préface de M. de ï.a-
raolhe-Fonqué. C'est dans celte préface qu'on
trouve rindicalion de l'infirmité de Planitzer
et du lieu où il habitait.
PLAIXS03I (Jeiia>), né vers 1340, fut or-
ganiste de r«'glise Saint-Germain l'Auxerrois,
de Paris. Il occupait cette place lors(|u'i!
ohlint au concours du Puy de musique
d'Evreux, en f 578, le prix de la harpe d'argent,
pour la composition du motet à (|uatre parties,
ytspice, Domine. An même concours, il eut
un autre prix, pour la chanson française à
plusieurs voix, commençant par ces mots :
Ah Dieu! que de filetz.
PLANTADE (CnARLES-IlENni), né à Pon-
toise, le 19 octobre 17G4, fut admis, à l'âge de
huit ans, «lans l'école des pages de la musique
du roi. Il y commença l'étude du violoncelle,
qu'il continua plus tard sous la direction de
Duport. Après sa sortie de l'école des pages,
il se rendit à Paris, où il reçut des leçons de
Langlé pour le chant et la composition, et de
Hullmandcl pour le piano. Petrini lui enseigna
aussi à jouer de la har|)e, dont il donna des
leçons pendant plusieurs années. Une sonate
'lu'il publia pour cet instrument, el quelques
recueils de romances commencèrent à le faire
connaître : Une de ces petites pièces (Te bien
aimer, ô ma chère Zélie) obtint, en 1791, un
succès «le vogue dont il n'y avait point eu
«l'exemple jusqu'alors en France, car on en
ven«lit plus «le vingt mille exemiilaires. Ce
succès exerça beaucoup «î'inlluence sur la
carrière de Plantadc; il le (it choisir pour
maître de chant «le ma«iemoiselle llortense de
Beauharnais qui, «levenue reine de Iloriande,
lui acconia une constante protection. Ses ro-
mances lui procurèr--nt aussi des poCmes
d'opéras-comiqucs qu'il mil en musique et
«lonl quelques-uns furent bien accueillis du
public, à cause de leurs mélodies faciles.
Parmi ses productions en ce genre, on rcmar-
«|ua surtout Zoé, ou la Pauvre Petite, cl
Palma, ou le Foyage en Grèce, qui scm-
Maient promettre à l'auteur une brillante
carrière, bien «ju'on y cilt dt-siré plus «le
fermeté dans le 4lylc, et plus d'origin.ililii
dans les idées. Mais ces heureux débuis ne
furent point justifiés dans la suite, et les
autres ouvrages «le Planta«lc furent joués sans
succès. En 1797, il était entré, en qualité de
maître de chant à l'institulion de Saint-
Denis, dirigée par madame Campan; ce fut
alors qu'il donna les premières leçons à ma-
moisellc de Beauharnais. En 1802, il fut
chargé «lu même enseignement au Conserva-
toire, en partage avec Garât; el dès lors
commença entre eux une haine qui ne s'est
jamais apaisée. Plantatle ne quitta sa place au
Conservatoire que pour celle «le maître de
chapelle de Louis Napoléon, roi de Hollande,
que sa protectrice lui fit obtenir. .\près ral)di-
cation «lu roi, Plantadc retourna à Paris, et
pour se rappeler au souvenir des artistes, il
fit exécuter à Saint-Eustache, en 1810, une
messe avec orchestre ou l'on remarquait quel-
ques bons morceaux. Il avait conservé à Paiis
ses fonctions de directeur de la musique de la
reine Hortense : en 1812, il y joignit la place
de matire de chant et de directeur de la scène
à rO|)éra, et la conserva jusqu'en 1813, où
une réaction se fit sentir contre fous les pro-
tégés delà maison impérinle. Il avait été aussi
pendant «leiix ans membre du jury de lecture
du même lhé.^tre. Aiirès la réorganisation du
Conservatoire, sous le titre (V£cole royale de
chant et de déclamation, il y rentra comme
professeur, et conserva son emploi jusqu'à la
réforme opérée dans celle école, au mois de
janvier 1828. Une scène lyrii|ue, imitée
d'Ossian, mise en musique par Plantadc, pour
la fêle du roi de Louis XVIII, lui fit obtenir,
en 1814, la décoration de la L«;gion d'honneur,
En 1810, Plantadc succ«';da à Persuis, comme
maître de musicjue ou chef d'orchestre «le la
chapelle royale. Il conserva cet emploi jus-
qu'à la fin du règne «le Charles X. La révolu-
tion de 1850 lui fil perdre toutes ses places :
le chagrin qu'il en ressentit altéra sa sanlé.
Retiré aux Balignolles, il y fut atteint d'une
maladie grave et se fit transporter à Paris, où
il mourut entre les bras de ses deux fils, le
18 décembre 1839, à l'âge de soixante-quinze
ans.
Plantade a composé pour divers théâtres «le
Paris les opéras dont voici les titres : l" Les
deux Sœurs, en un acte, au théâtre Fcydeau,
1791. 2" Les Souliers mordorés, en «Icux
actes, au même théâtre, 1793. Cet ancien
opéra avait été mis en miisi(|ue par Fridzcri;
la nouvelle composition «le Plantadc ne réussit
pas. 3" //w plus brave la plus belle, en un
acic, au théâtre ^oinois, 179î. 4" Palma, ou
PLANTADE — PLATEL
71
fe P'oyageen Grèce, en deux actes, au lliéâtre
Feydeau, 1797. l)" Romagiiesi, en un acte, au
même tliéâde, 1799. G» Le Roman, en un
acte, au même [héâtre, 1799. 7" Zoé, ou la
Pauvre Petite, en un acte, au théâtre Favarl,
1800. 7" {bis) Lisez Plutarque, oi)éra-comi-
que, en un acte, au théâtre Montansier, 1800.
S" Bayard à la Fertc, en trois actes, puis en
tieux, au théâtre Feydeau, 1811. 9" Le Mari
de circonstance, en deux actes, au même
lliéâtre, 181Ô. Cet ouvrage a présenté le rare
exemple, en France, d'une musique médiocre
<|ui a nui au succès d'une Jolie comédie.
10" Scène lyrique, à l'Opéra, 1814.
11" Blanche de Castille (avec Habeneck),
composé pour l'Opéra, et non représenté,
rianlade a écrit quelques morceaux pour le
Jaloux malgré lui, comédie, et les chœurs
iVEsther, tragédie de Racine, pour le service
du roi de Hollande, en 1808. Pour le service
de la chapelle du i-oi, il a composé des messes,
des motets, une messe de Requiem, et un Te
Deum, qui sont restés en manuscrit. Les par-
titions de Palma et du Mari de circonstance
ont été gravées à Paris. Les autres productions
dePlantade qui ont été publiées sont : 1» So-
nate pour la harpe, op. 1 ; Paris, Imbaiilt.
2» Vingt recueils de romances; Paris, Janet,
Leduc, Plcycl, Momigny,etc. 5" Trois recueils
de nocturnes à deux voix, ibid.
PLAUU (AucusTE-ïiiÉoDonF.), iliUiste, né
à Dresde, le 2 août 17-50, fut le premier qui
ajouta à son instrument la ciel' de si bémol, en
1793. Il est mort dans sa ville natale, le
14 avril 1803.
I*LAI\Il (Théophile -Ehuam'el), frère du
précédent, et chancelier de la cour d'appel <Ic
la Saxe électorale, né à Dresde, en 1748,
entra comme enfant do chœur dans la chapelle
<Iu château de cette ville, en 1739, et y apprit
pendant six ans la musique et la composition
sous la direction de Reither. Vers 1790, il
construisit un harmonica d'un nouveau sys-
tème, supérieur, dit-on, à l'ancien. Dans les
années 1791 à 1793, il a publié chezHilscher,
à Dresde, divers recueils de danses, de polo-
naises et de petites pièces pour le piano.
PLATEL (Nicolas-Joseph), excellent vio-
loncelliste, naquit à Versailles, en 1777. Son
père, musicien de la chapelle du roi, se (il ac-
teur après la révolution de 1789, et joua dans
l'opéra-comique, au théâtre des Troubadours
(le la rue de Louvois, puis au théâtre Fey-
<Ieau, où il fut chef des chœurs jusqu'en 1806.
Le jeune Platel fut d'abord placé dans les
pages de la musique de Louis XVI, et reçut ,
des leçons de chant de Richcr ; mais, dès l'âge
de dix ans, il montra le goût le plus vif pour le
violoncelle, et Louis Duport, ami de son père,
charmé de sa rare intelligence musicale, diri-
gea ses premières études sur cet instrument, et
lui donna les excellents principes de la pose
et du maniement de l'archet, ainsi que d'une
belle qualité de son, que Platel transmit plus
tard à ses élèves. Vers la fin de 1789, le dé-
l)art de Duport pour Berlin laissa Platel sans
guide: mais en 1793, son ancien condisciple
Lamare, plus âgé que lui de quelques années,
et déjà artiste distingué, ranima son zèle, lui
donna des conseils, et surtout excita son ému-
lalion par ses progrès et par sa renommée, qui
allait grandissant chaque jour. En 1790, Pla-
tel entra à l'orchestre du théâtre Feydeau,
connu alors sous le nom de Théâtre-Lyrique ;
mais une actrice de ce spectacle, dont il s'était
épris, ayant quitté le théâtre à la fin de 1797
pour aller à Lyon, il l'y suivit et ne revint à
Paris qu'en 1801. Il brilla alors aux concerts
de la rue de Cléry et du théâtre des Victoires
nationales, rue Chantereine, et fut considéré
à juste titre comme le plus habile violoncel-
liste de Paris; car Duport était à Berlin, et
Lamare, en Russie. Malgré les avantages que
son talent pouvait lui procurer dans cette ca-
pitale, son humeur insouciante ne put se fa-
çonner aux convenances sociales; il ne voulut
faire aucune démarche pour obtenir les places
auxquelles il pouvait prétendre, et préféra
voyager pour donner des concerts. Il quitta de
nouveau Paris, en 1803, et se dirigea vers la
Bretagne; mais son insouciance et le peu
d'ordre qu'il mettait dans ses affaires ne le
rendaient pas propre à réaliser ses projets de
voyage : arrivé à Quimper, il y trouva un
amateur de violoncelle qui devint bientôt son
ami, et il passa deux années dans cette petite
ville, qui ne devait l'arrêter que quelques
jours. Enfin, il se remit en route. Joua avec
succès à Brest, à Nantes, puis se dirigea vers
la Belgique avec l'intention de visiter la Hol-
lande et l'Allemagne; mais arrivé à Gand, où
il donna des concerts, il y resta plusieurs an-
nées, donnant des leçons de chant et de vio-
loncelle, puis il alla s'établir à Anvers, en 1815.
L'état florissant de la marine dans ce port y
avait attiré une bonne troupe d'opéra : Platel
y tint l'emploi de premier violoncelle. Il y passa
environ six ans, puis alla se fixer à Bruxelles,
où il fut aussi premier violoncelle du théâtre.
En 1824, le prince de Chimay l'attacha à
l'école royale de musique de cette ville; et
lorsque celle école l'ut réorganisée, en 1831,
72
PLATEL - PLATON
sous le litre de Conservatoire de imtsiqtie,
Platel y conserva ses fonctions de |)roresseur
de violoncelle. Dans les onze années de son_
enseignement, il y fonda l'excellente école de
bassed'où sont sortis Servais, Batta, Dcmunck,
et que ce dernier continua comme successeur
de son maître. Platel est mort à Bruxelles, le
25 août 1835, à l'âge de cinquante-huit ans.
Véritable artiste d'autrefois, il était étranger à
tout esprit d'intrigue, d'égoïsme et de charla-
tanisme. Son désintéressement allait jusqu'à
la prodigalité; son ignorance des affaires et
des usages était celle d'un enfant, et jamais i!
ne se mit en peine du lendemain. Lorsqu'il
était à Anvers, des huissiers vinrent u» jour
chez lui pour saisir ses meubles ; dans ce mo-
ment il jouait du violoncelle. Dès qu'il sut ce
que ces hommes venaient faire, il les reçut
poliment, les fit entrer dans sa chambre à
coucher, et pendant qu'ils verbalisaient, il
sortit emportant seulement son instrument,
fermant la porte à double tour, et jamais il
ne s'informa de ce qu'était devenu son mobi-
lier. Une autre fois, il lui échut un héritage
qu'il fit réaliser et qu'on lui envoya en or. Ja-
mais il n'avait vu de somme aussi considé-
rable : ne sachant comment la serrer, il prit un
vieux bas de soie, s'en fit une bourse, et porta
sa fortune sur lui. Des amis lui conseillèrent
de placer cet argent; mais il leur répondit
qu'il craignait les banqueroutes. Bientôt ce-
pendant, prêtant à tout venant, il vit dispa-
raître cette ressource; mais il ne s'en mit pas
en peine, et reprit son train de vie accoutumé
et son insouciance, quoiqu'il touchât à la vieil-
lesse.
Plate! a publié de sa composition : 1" Pre-
mier concerto pour violoncelle et orchestre ;
Paris, Gaveaux. Deuxième, troisième et qua-
trième idem, Paris, Pleyel. 2» Cinquième
idem, intitulé le Quart d'heure; Bruxelles,
Weissenbruch. 3" Sonates pour violoncelle,
avec accompagnement de basse, œuvres 3, 3
et 4 ; Paris, Gaveaux. 4° Huit airs variés pour
violoncelle; Paris, Naderman. S** Caprices ou
préludes pour violoncelle; Bruxelles, Weis-
senbruch. 6° Trois trios pour violon, alto et
basse; ibid. 7" Six duos pour violon et violon-
celle; Paris, Naderman. S» Six romances avec
accompagnement de piano ; ibid.
PLATI>iER (AocusTin), compositeur alle-
mand, vivait au commencement du dix-sep-
tième siècle. On connaît sous son nom : Missx
octonit vocibui concinertdx ; Nuremberg
1023.
PLATON, illustre philosophe grec, né
dans rile d'Égine, l'an iôO avant Jésus-
Christ, reçut d'abord le nom iWiristoclès,
qui était celui de son aïeul, et prit ensuite
celui sous lequel il est connu. Doué des dons
du génie et du sentiment du beau, il se livra
d'abord à la poésie et composa des tragédies;
mais il brûla lui-même ses ouvrages, après
([u'il eut pris la résolution de cultiver unitjue-
ment la philosophie. Dans sa Jeunesse, il avait
étudié la gymnastique, la peinture et la mu-
si<iue. Son premier maître de philosophie fut
Cralyle; mais il quitta l'école de ce maître
pour devenir élève de Socrate, et pendant huit
années il reçut des leçons de ce sage. Après
la mort de son maître, l'indignation et la dou-
leur le firent s'éloigner d'Athènes, avec les
autres disciples de Socrate : il se iclira à Mé-
gare et y suivit les leçons <rEuciide; puis il
entreprit de longs voyages en Italie, où il fré-
quenta les plus anciens disciples de Pytha-
gore. Arrivé à Cyrène, il y perfectionna ses
connaissances en géométrie sous Théodore,
puis il alla en Egypte et en Sicile, qu'il visita
deux fois. De retour à Athènes, il y fonda
l'Académie, école célèbre de philosophie, où
Arislole s'instruisit dans les sciences qui lui
firent plus tard un si grand nom. Platon mou-
rut 547 ans avant Jésus-Christ, et laissa la
direction de l'Académie à son disciple Speu-
sippe.
Ce n'est pas ici le lieu d'examiner la na-
ture et la portée de celte célèbre philosophie
de Platon qui a traversé tant de siècles et ex-
cité l'admiration de tous les peuples et de
toutes les générations : cette tâche a été rem-
plie par de savants critiques beaucoup plus
habiles à traiter un tel sujet; mais on a parlé
si diversement des opinions et de la doctrine
de ce grand homme concernant la musiiiuc,
qu'il est nécessaire de rétablir ici les faits à
leur véritable point de vue. Et d'abord se pré-
sente cette question : Platon a-t-il eu une
doctrine scientifique de la musique; et s'il en
eut une, quelle est-elle ? Si l'on en croit Aris-
toxène, antérieurement à Pythagorc les musi-
ciens divisaient cha(|nc intervalle d'un ton
en (|uatre parties égales; mais le philoso|>he
de Samos avait substitué à cette division ar!)i-
traire un système de proportions des inter-
valles qui, jusqu'à ce jour, a retenu son nom.
D'après le dire d'Aristoxène, deux systèmes
auraient donc été en présence, au temps de
Platon; plusieurs endroits de ses éciits prou-
vent qu'il adopta celui des phythagoriciens.
En effet, dans le septième livre de la Répu-
blique, ilfait dire à l'un des interlocuteurs:
PLATON.
« Il seml)le que, comme les yeux ont été faiCs
n ponr'rasd'onomie, les oreilles l'ont été pour
» les mouvements harmoniques, et que ces
» deux sciences, l'astronomie et la musique,
» sont sœurs, comme disent les pythagori-
» ciens, et comme nous, cher Glaucon, nous
0 l'admettons, n'est-ce pas? — Oui (1). »
Bien que l'abhé Roussier dise (Mémoire sur
la musique des anciens, note mm, p. 38) que
les quaternaires employés par Platon, dans
son ^me du monde (il confond le Timée de
Platon avec l'écrit apocryphe attribué à Ti-
mée de Locres) sont plutôt une déviation
qu'une extension des principes de Pylhagore,
les éloges accordés par Platon lui-même à
l'exposé des idées de Timée, disciple immé-
diat de Pythagore, prouvent que son dia-
gramme était conforme à la philosophie pytha-
goricienne de son temps. Enfin, un autre pas-
sage de la République (loc. cit.) démontre
qu'il ne s'écartait pas des simples proportions
de Pythagore; car après s'être moqué des fai-
seurs d'expériences qui, de son temps, dit-il,
fatiguaient les cordes et les chevilles à varier
les tensions et les intonations, pour chercher
des intervalles et des rai)ports inappréciables
à l'oreille, il ajoute : « Ceux-ci du moins (les
>' pythagoriciens) font la même chose que les
« astronomes ; ils cherchent des nombres dans
» les harmonies qui frappent l'oreille; mais
» ils ne vont pas jus(iu'à y voir de simples
» données pour découvrir quels sont les nom-
» bres harmoniques et ceux (jui ne le sont
« pas; ni d'où vient entre eux cette diffé-
» rence. »
C'est dans le Timée que Platon expose
sa doctrine harmoni(iue de la musique ; expo-
sition bien obscure, qui a donné la torture
aux commentateurs dans l'antiiiuilé comme
dans les temps modernes, mais dont M. Th.-
llenri Martin a pénétré le mystère dans ses
belles et savantes Eludes sur ce dialogue (2).
On sait que Platon a donné à l'entretien de
Socrate, Critias, Timée et Hermocrate le
titre : Timée ou de la nature. La nature,
telle quela concevait l'illustre philosophe, est,
en effet, le sujet du dialogue. La formation de
l'âme du monde, expliquée par Timée, est
l'objet principal, et l'harmonie de l'univers,
ainsi que l'harmonie musicale en sont les con-
séquences et sont analogues aux mouvements
de l'âme, parce que les mêmes nombres les
(1) Phit., rfe nrpiibl., lib. vu. Ed. Bokkcri, part. 111,
vol. I, p. 3oG.
(2) Klui'es sur le Timce de Platon. Paris, Lailrango,
1841,2 vol. in-8«.
régissent. C'est ce qu'indique Platon lorsiju'il
fait dire par Timée que « l'haimonie musicale
» a des mouvements semblables aux révolu-
» lions de l'âme (1). » De l'analyse de ces
nombres, M. Th. -Henri Martin a tiré les pro-
portions des intervalles de l'octave de Platon,
lesquelles sont exactement celles de la doc-
trine pythagoricienne, comme on peut le voir
ici. N'ayant pas, comme M. Martin, à com-
parer ces proportions avec celles des acousti-
ciens modernes pour notre échelle musi-
cale (2), j'applique, dans le tableau suivant,
les proportions de Platon aux tétracordes dis-
joints du genre diatonique des Grecs.
RAPPORTS
NUMÉRIQUES.
NOMS
des
NOTES.
Ton, 9 : 8
mi
Ton, 9 : 8
ré
ut
Ton, 9 : 8
Limma, 256 : HZ
si
Ton, 9 : 8
la
Ton, 9 : 8
sol
Ton, 9 : 8
fa
Limma, 256 : 243
mi
Dans ce que dit Platon concernant la mu-
sique, il a droit surtout de nous intéresser
par la plus belle conception esthétique de l'art
que l'antiquité nous ait léguée, lorqu'il fait
voir, dans le second livre des Lois, que le
beau ne réside ni dans le plaisir des sens que
provoque la musique, ni dans l'imitation.
M. Cousin, qui a fait une excellente analyse
du principe esthétique de Platon, dit avec une
rare élégance de style que selon ce philosophe la
beauté de la musique consiste dans un charme
particulier et indéfinissable qui enlève l'ame
(1) Timce, 47.
(2) Kludes sur te Timée de Platon, noie .\.MlI,g4,
tome h', p. 402.
74
PLATON — PLAWENN
h la vie vulpaire, cl l'cmporlc dans un monde
à |»art, où loiil csl noble, serein, pur, mélo-
dieux : la belle musiiiue (dit-il) est essentiel-
lement morale, par la moralité de ses clTets.
Remarquons que ces idées ont beaucoup d'ana-
logie avec l'opinion exprimée par Aristote
dans ce passage du huitième livre de sa Poli-
tique : « L'opinion commune ne voit d'uli-
<< lilé à la musique que comme un simide
« délassement; mais est-elle véritablement
» si secondaire, et ne peut-on lui assigner un
» plus noble objet <|ue ce vulgaire emploi? Ne
» doit-on lui demander que ce plaisir banal
» qu'elle excite naturellement chez tous les
» hommes, charmant sans distinction tous les
« âges, tous les caractères? ou bien ne doil-
»• on pas rechercher aussi si elle n'exerce au-
« cune influence sur les cœurs, sur les âmes?
» Il snlTirnit, pour en démontrer la puissance
n morale, de prouver qu'elle peut modifier
» nos afTcclions; et certainement elle les mo-
" difie (1). « Ces grands hommes avaient
aperçu la f -usse voie où des musiciens maté-
rialistes essayent aujourd'hui de jeter l'art,
s'imaginant qu'ils le perrectionnent, et ont
montré en peu de paroles quel est le but réel
de cet art.
Un passage du septième livre des Lois de
Platon a paru à quel(|ues érudils indi(|uer
l'usage de l'harmonie dans l'ancienne mu-
sique «les Grecs (2). Le célèbre crititjuc Gode-
froid Stallbaum a démontré que le texte, cause
de ce malentendu, est altéré, et l'a restitué
dans une dissertation académique intitulée :
MusicaexPlatonesecundtimlociimlegg.f^//,
p. 7\'i(Lipsise, 1840, in-4" de trente-(|uatre
pages). Tous les passages relatifs aux impres-
sions causées par la musique ainsi qu'à ses
efTels moraux ont été extraits des écrits de
Platon, discutés et analysés, par M. Cornélius
Den Tex, membre de l'ancien Institut de Hol-
lande, dans une dissertation qui a pour titre :
Disputatio inauguralis de f^i musices ad
excolendum hominetn e senlenlia Platonis
{Trajecti ad lihenitm, 1816, gr. in-S" de cent
soixante et dix pages).
PLATOI^E (Lotis), compositeur napoli-
tain, né vers 1760, fut instruit dans la musique
au Conservatoire de la Pietà de' Turchini.
On connaît sous son nom les opéras dont les
titres suivent : 1° Amor non ha riguardi, à
(i) Ariilot. Polillc. VIII, Tol. II, fol. 1340, ex cd.
Drkkcri, I^crol. 1831 ; «l t. II, p. 147 de la Iraducliori de
M. Barllx^lrm^ Saiiii-llilairc.
(i) \oytt mon Mémoire sur t'Iitmtonie Mtmultanct dtt
*on$ dit: Itt Ortci tt Ut Uomains.
Naples,en 1787. '2° LeConvulzioni, ib.,1787.
5" llMalrimonio pcr5orpresa, àRome, 1788.
•î" // Conte Lentichia , à Naples, 1788.
PLATS (les frères), dont l'alné s'appelait
Joseph, nés en Espagne dans la première
moitié du dix-huitième siècle, furent tous
deux virtuoses sur le hautbois. En 17o2,ilsse
rendirent à Paris, où leurs talents furent ap-
plaudis au Concert spirituel. Eu 1701, ils en-
trèrent au service du duc de Wurtemberg;
mais le plus jeune mourut dans la même
année. Joseph resta à Stutlgard jusqu'en
1703; la diminution qu'on voulut faire alors
dans le traitement des musiciens «le la cha-
pelle le décida à se rendre à Amsterdam, où il
était encore en 1770. Il y a publié six duos
pour deux flûtes, op. 1. Le catalogue deWest-
phal indique de sa composition , en manu-
scrit : 1° Six concertos pour le hautbois.
2" Trois solos pour le même instrument.
ù" Vingt trios i)oiir deux hautbois et basse.
PLATTI (jEi>), hautboïste et violoniste,
né à Venise, dans les premières années du
di\-huitièmesiècle, entra vers 1740 au service
du prince-évéque de "\VUi/bourg. On a im-
primé de sa composition : 1» Six sonates pour
le clavecin, op. 1 ; Nuremberg, 1740. 2" Six
concertos pour le clavecin, op. 2; ibid. o-Six
solos pour la flûte, op. 3; ibid. A" Six sonates
pour clavecin, op. 4; ibid. Il a laissé en ma-
nuscrit plusieurs concertos et sonates pour le
clavecin. La femme de cet artiste était atta-
chée à la chapelle de 'VVUrzbourg.
PLATZ (Gabuiel), ou PL.\1;TZ, religieux
cordelier, né en Bavière vers la fin du seizième
siècle, vécut au- couvent d'Aschaffenbourg, où
il a fait imprimer, en 1021, un recueil de mo-
tets et de messes intitulé : Floscuhts vernalis
sucras cantiones, missas aliasque laudes
B. Marix 3-8 roc, rum B. G., in-4".
PLAWEJ^irS ou PLAUErV (Lkopold),
bénédictin bavarois, vécut dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, au couvent de
Zwifallen, dans le diocèse d'Llm. Précédem-
ment il avait fait ses vœux dans un monastère
du Tyrol. On a publié île sa composition :
Sacrx Nymphx duplicium aquarum in Dei
cl divorum laudes a 3, 4, 5 et 0 vocibus et
instrnmentis animalx; Inspruck, 1059. La
troisième partie de cette colleclion parut à
Kemplen, en 1672; elle contient: M i s sx qua-
tuor feslivXy et quatuor cxequialx cxterx
una cum choro vocali ad placitum. La qua-
trième partie, composée de cantiques à trois,
quatre, cin(| et six voix, avec instruments, a
clé publiée à Ulm, en 1079.
PLAYFORD — PLEYEL
PLAYFORD (Jeas), marchand de mii-
siqiie à Londtes, nu dansxctte ville, en IGlô,
substitua aux anciens caractères de musique
dont on se servait pour l'impression en Anf;le-
terre, des types plus beaux dans lesquels on
aperçoit moins les solutions de continuité, et
<Iont les crochets des croches et doubles cro-
ches sont d'une seule pièce avec les queues
<les notes, ce qui n'existait pas dans les an-
ciens caractères. Playford écrivit et fit impri-
mer, en 1053, un traité élémentaire de mu-
sique qu'il avait extrait des livres de Morley,
de Butler, et de quelques autres anciens au-
teurs; cet ouvrage parut sous ce litre : An
introduction to the skill ofmusick, in two
boohs (Introduction à la connaissance de la
musi(iue); Londres, 1635, in-8». Le premier
livre contient les principes et les règles de la
musique et de la solmisation; le second, des
instructions et des leçons pour la basse de
viole et le violon, avec les figures de ces in-
struments. On trouve dans ce volume le por-
trait de Playford. La préface qu'il a mise à son
livre prouve qu'il avait une instruction solide
et variée. La deuxième édition de l'ouvrage
parut chez l'auteur, en 1058; celle-ci fut aussi
proniptemcnt enlevée, et il en fallut faire une
iroisième, en 1003. D'autres parurent en
1670, 1072, 1074, 1077 cl 1079. Celle-ci
est la huitième. Playford y ajouta le traité de
composition de Cam|)ion, intitulé : The art of
discant, or coniposing of mustck in parts^,
avec les annotations de Simpson. La dixième
édition parut non en 1683, comme le disent
Burney et ses copistes, mais en 1084. La dou-
zième édition publiée en 1004, après la mort
de Playford, fui corrigée par Henri Pnrcell,
qui remplaça le traité de Campion par de nou-
veaux principes de composition, réimprimés
dans les éditions de 1007, 1700 et 1703. La
dix-septième édition, que je crois la dernière,
a paru à Londres, en 1718, in-12. Playford
mourut en 1093, à l'âge de quatre-vingts ans.
Il fut l'éditeur de la collection des psaumes
anglais avec le chant de l'église anglicane ar-
rangé à trois parties, et la publia sous ce
titre : IFhole Book op psalms , tcitli the
risual hymns and spiritual songs, composed
in three parts ; Londres, 1073, in-S". Il a été
fait plusieurs éditions de ce recueil. Il donna
aussi quelques psaumes et hymnes à quatre
parties, sous ce titre : Psalms and Hymns in
solemn niusick, in 4 paris oti the common
tunes, etc. ; Londres, 1071, in-fol.; 6 Hymns
for one voice to the organ; ibid., in-fol., et
■enfin, un recueil de morceaux pour le chant
intitulé : The musical companion, in two
books; Londres, 1673.
PLAYFORD (IlE>Ri), fils du précédent,
né vers 1658, succéda à son père, fut l'éditeur
de plusieurs collections de musique et mit
une préface au recueil intitulé : Fade Me-
cum, or the necessary companion ; Londies,
1679, réimprimé en 1602, in-8". En 1701, i!
donna le Pleusant musical companion, heing
a choice collection of catches for three and
four voices. Henri Playford ne parait pas
avoir vécu après 1710, car on ne counaSt
aucune publication faite par lui après celte
époque.
PLEYEL (Ic:<acb), compositeur célèbre,
né en 1737, à Rupperslhal, petit village à
quelques lieues de Vienne, fut le vingt-qua-
trième enfant du maître d'école de ce lieu, et
d'une jeune dame de haute naissance, que
celte union disjjroportionnée avait fait déshé-
riter par ses parents. La mère d'Ignace
Pleyel perdit la vie en la lui donnant; Martin
Pleyel se remaria, eut quatorze autres enfants
de sa seconde femme, et mourut à l'âge de
quatre-vingt-dix-neuf ans. Élevé comme on
l'est en l'.Vllemagne, Pleyel apprit les élé-
ments de la musique en même temps que ceux
<le sa langue. Ses dispositions pour cet art se
manifestèrent de bonne heuie et parurent
assez remaïquablcs pour (ju'on l'envoyai à
Vienne, où il étudia le piano sous la direction
de W^anhall. Jus(|u'à l'âge de quinze ans, il
n'eut (loint d'autre maître ; mais à cette
époque (vers 1772), le comte Erdœdy, grand
seigneur hongrois, le prit en afTcclion, et le
fit entrer chez Joseph Haydn, dont il devint à
la fois l'élève et le pensionnaire. Le Mécène
généreux s'était cliargé d'acquitter le prix de
sa pension, qui était de cent louis par an,
somme considérable pour ce temps. Cinq an-
nées se passèrent, pendant lesquelles Pleyel se
livra avec assiduité aux études que lui faisait
faire le grand artiste. Une circonstance singu-
lière faillit rompre la bonne intelligence qui
régnait entre le maître et l'élève. Lorsque
Haydn avait terminé un ouvrage nouveau, il
avait l'habitude de le laisser pendant un temps
plus ou moins long avant de le revoir, pour y
faire les corrections qu'il jugeait nécessaires.
Or, il arriva qu'ayant eu quelques chagrins de
cœur, ce grand musicien se sentit entraîné à
composer un œuvre de six quatuors qui étaient
tous dans le mode mineur. Suivant sa cou-
tume, il en laissa le manuscrit sur son piano,
et oublia complètement les idées renfermées
dans cet ouvrage, comme cela lui arrivait
73
PLEYEL
«inaml il avail écrit quelque cliose. C'oelqiic
temps après, il voulut revoir cet œuvre, <iont
il avait honne opinion; mais ce fui en vain
qu'il le chercha : le manuscrit avait disparu,
et jamais Haydn ne le revit. Pleyel seul vivait
<lans l'inlimité de son maître ; Haydn ne douta
pas qu'il ne fut l'auteur de ce larcin, et long-
temps il conserva celle opinion, malgré les
proleslalions de son élève. Enfin, le dévoue-
ment sincère de celui-ci convainquit Haydn de
son injustice; il rendit son amitié à Pleyel, et
le regret seul d'avoir perdu un de ses plus
beaux ouvrages resta dans son souvenir. Ce
qui ajoute à la singularité de celle anecdote,
c'est que le voleur ne lira aucun parti du trésor
qu'il avait dérobé : jamais ces quatuors n'ont
vil le jour.
Pleyel était près d'atteindre sa vingtième
année; il avait à peu près achevé ses études,
lors<|ue Gluck fit un voyage à Vienne, en 177G,
après avoir fait représenter son Alcesle à
Paris. Peu de jours après son arrivée, il alla
voir Haydn, qui lui fit entendre son quatuor en
fa mineur, récemment achevé. Une si belle
composition ne pouvait être entendue avec in-
difTérence par le reslauraleur de la tragédie
lyrique : il lui donna des éloges. Alors Haydn
lui demanda la permission de lui faire entendre
nn morceau de celui qu'il appelait son élève
favori. Cet essai du talent de Pleyel fut loué
par Gluck, (|ui lui dit:» Mon jeune ami, main-
» tenant ipie vous avez appris à metlre des
» notes sur le papier, il ne vous reste plus
» ([u'à apprendre à en effacer. »
Eu 1777, Pleyel sortit de chez Haydn pour
se rendre auprès de son protecteur, le comte
£rdœ(ly,qui le nomma son maître de chapelle.
Mais, bien que cette position offrît quelque
ctgrément au jeune musicien, il était préoc-
cupé d'un vif désir de visiter l'Italie. Le
comte s'opposa d'abord à ce voyage; mais cé-
dant enfin à ses sollicitations, il lui fournit les
moyens de l'entreprendre, et Pleyel partit
pour Naples. Déjà son talent pour la musique
instrumentale s'était révélé |)arla composition
de son |)remier œuvre de quatuors, oii l'on
remarque une facilité naturelle, des chants
heureux, et une manière tout individuelle.
Par une singularité assez remanpjable, Haydn,
dans les leçons qu'il lui avait données pen-
dant cinq ans, ne lui avait jamais parlé du
rhytlime musical, et ne lui avait pas fait re-
mar<|uer qu'il y eut des règles concernant la
symétrie des phrases. Ce fut <lan$ cette igno-
rance que Pleyel écrivit son premier œuvre.
Son instmcl musical lui avail lait trouver ce
rhyihme nécessaire ; mais une faute lui élant
échappée à cet égard dans un menuet, il ai»-
prit, par les observations critiques d'un ami,
l'existence des principes qu'il avait ignorés
jus(iu'alors.
Arrivé en Italie, Pleyel se lia avec tous les
artistes célèbres qui brillaient à celle époque,
ou qui se sont illustrés qucl(|iics années
après. Cimarosa, Guglielmi, Paisiello devin-
rent ses amis. Son goût se forma par ks occa-
sions qu'il eut d'entendre des chanlcurs tels
que Marchesi, à Milan, Guadagni, à Padoue,
la Gabrielli, Pacchierotti, et beaucoup d'au-
tres. Nardini vivait encore et avait conservé
son talent: Pleyel eul le plaisirdel'enlcndre et
l'admira. Il connut aussi Pugnani et beaucoup
d'autres grands artistes qui faisaient alors la
gloire de l'Italie. A Naples, il lut présenté au
roi, qui l'accueillit avec bonté, et lui demanda
(les morceaux pour une sorte de lyre dont il
jouait quelquefois. Pleyel satisfit à son désir
et en écrivit plusieurs. Bien que la nature de
son talent le portât vers la musiiiue instru-
mentale, il eut aussi la fantaisie d'essayer ses
forces sur la scène, et il composa, pour le
grand théâtre de Naples, «ne /^(jfe/ua qui eut
du succès, et (jui fut traduite i)lus tard en alle-
mand. La partition manuscrite allemande se
trouve à Ofrenbach, chez André, (|ui en a pu-
blié un joli rondeau avec récitatif dans sa col-
lection d'airs arrangés pour le piano. De re-
tour en Allemagne, en 1781, Pleyel y resta
peu de temps. Tout occupé du souvenir de
l'Italie, il voulait l'evoir celle terre classi(|ue
des douces mélodies; l'année suivante, il sa-
tisOl ce désir et se rendit à Rome. Ce second
voyage fut moins long<iue le pi-emier. Richter
(François-Xavier), maître de chapelle de la
cathédrale de Strasbourg, était alors âgé de
soixante-quatorze ans; il sentait le besoin
d'être aidé dans ses fondions : on offrit à
Pleyel la place de maître de chapelle adjoint,
avec la survivance : il l'accepta, et vint
prendre possession de son emploi en 178ô. Sa
nouvelle position l'obligeait à écrire de la mu-
sique d'église : il composa |)lusieurs messes
et des motets qui furent goûtés; malheureuse-
ment toutes ces compositions furent consumées
dans un incendie. Les dix aiyiées <|ui s'écou-
lèrent depuis 1783 jusiju'en 171)3 furent
répoi|ue de la vie de Pleyel où il produisit la
plus grande partie de ses ouvrages. Ses (|iia-
luors de violon et ses sonates de piano acqui-
rent une vogue dont il y a peu d'exemples.
Les éditions de ces ouvrages se miiltiplièieiit
à l'infini, el les exemiilaires eu fiircnl r('[ian-
PLEYEL
77
(lus avec une profusion inouïe à Vienne, à
Beiiln, à Leipsick, à Paris., à Londres et en
Hollande. Vers 1795, la réputation de Pleyel
écllpsail celle de tous les autres musiciens, et
Ton ne voulait pas entendre d'autre musique
(|ue la sienne. Il avait aussi comjjosé des
symphonies; bien que sa musique n'eût pas
de proiiortions assez grandes pour ce genre,
elles avaient eu du succès, à cause des mélo-
dies agiéables qui y étaient répandues, et de
leur facile exécution.
II existait à Londres, depuis plusieurs an-
nées, un concert hebdomadaire connu sous le
nom de Pro/esstouaZ Concert .• plusieurs ar-
tistes et amateurs distingués s'étaient asso-
ciés pour soutenir cet élablissemenl. En
1791, Salomon, violoniste qui jouissait d'une
assez grande réputation, imagina de donner
))ar souscription douze grands concerts à la
salle de Ilanover-square, et pour lutter avec
avantage contre le Professional Concert, il
engagea Haydn à lui donner une grande sym-
phonie nouvelle pour chaque soirée. Haydn
se rendit en effet à Londres : on sait quel effet
produisirent ces beaux ouvrages (voyez
Haidk). Le succès qu'avait obtenu l'entreprise
(le Salomon engagea ce musicien à la conti-
nuer l'année suivante. Les administrateurs du
Professional Concert comprirentalors la né-
cessité d'opposer à leur compétiteur un at-
trait de curiosité qui piU ramener les ama-
teurs à leurs séances musicales, et Pleyel fut
engagé à se rendre à Londres, vers la fin de
1791, pour y écrire quebiues symphonies. Le
premier concert fut donné le 13 février 179i.
Le succès de la musique dg Pleyel fut prodi-
gieux. Il s'était surpassé et s'était montré
digne de lutter avec son illustre maître. Les
symphonies étaient au nombre de trois; il
s'en trouvait une en mi bémol qui a été sur-
tout signalée comme un ouvrage excellent.
Jlalheureusement le Professional Concert fut
dissous quelques années après, la bibliothèque
dispersée, et les symphonies, dont Pleyel
n'avait pas gardé de copies, furent perdues
pour toujours. Son engagement de Londres
avait été fait moyennant deux cents livres
sterling; cette somme, réunie à quelques éco-
nomies, permit à Pleyel d'acheter une pro-
l>riélé à quehiues lieues djp Strasbourg. Richter
avait cessé de vivre, le 12 septembre 1789, et
Pleyel lui avait succédé, avec le litre et les
avantages de premier maître de la cathédrale
de Strasbourg; mais la révolution, qui venait
d'éclater, amena bientôt l'anéantissement du
culte catholique. Pleyel perdit son emploi et
se relira dans la propriété qu'il avait acquise.
On ne l'y laissa pas tranquille. La place qu'il
avait occupée pendant longtemps le rangeait
dans la classe de ceux qu'on appelait alors
aristocrates. Sept fois il fut dénoncé dans
l'année 1793; il ne put se soustraire à la mort
que par la fuite. Le besoin de revoir sa famille
l'ayant ramené chez lui, il y fut arrêté au
milieu de la nuit, et conduit à Strasbourg de-
vant les officiers municipaux. Interrogé sur
ses opinions, il protesta de son civisme; mais
on exigea, pour preuve de sa sincérité, qu'il
écrivît la musique d'une sorte de drame pour
l'anniversaire du 10 août, dont un septembri-
seur avait composé les paroles: il fallut obéir.
Pleyel ayant demandé la permission de re-
tourner chez lui, pour y travailler plus à
l'aise, elle lui fut accordée; mais il resta sous
la garde de deux gendarmes et du poète,
qui lui donnait ses instructions. Après un tra-
vail non interrompu pendant sept jours et
sept nuits, l'ouvrage fut achevé, et l'auteur
retourna à Strasbourg pour en diriger l'exé-
cution. Il y avait employé sept cloches sur les
tons de la gamme; ces cloches, qui avaient été
tirées de plusieurs églises, furent suspendues
dans la coupole de la cathédrale. Le premier
son qu'elles rendirent fut un accord parfait
qui produisit un effet si extraordinaire, que
Pleyel s'évanouit. Les habitants de Strasbourg
ont gardé le souvenir de ce bel ouvrage, dont
la partition se conserva dans la famille du
compositeur. Dégoûté par cet événement du
séjour de la province, Pleyel vendit sa pro-
priété et se rendit à Paris avec sa femme et ses
enfants, au commencement de 1795. Le succès
toujours croissant de sa musique lui fit conce-
voir le projet d'en tirer lui-même les bénéfices
qu'elle procurait aux marchands, et de s'en
faire lui-même l'éditeur. Il établit donc une
maison de commerce de musique, à laquelle il
ajouta plus tard une fabrique de pianos. Ces
établissements prosjtérèrent ; mais les soins
qu'ils exigeaient détournèrent insensiblement
Pleyel de la composition, et, longtemps avant
sa mort, il cessa d'écrire. Toutefois, il avait
composé douze quatuors qui n'ont point été
publiés, mais qui, suivant l'opinion de Dus-
sek, d'Onslow et de plusieurs autres artistes
distingués, sont supérieurs aux premiers, sous
le rapport de la facture.
Après une carrière si laborieuse, Pleyel
s'était retiré loin de Paris, dans une propriété
où il se livrait à ses goûts pour l'agriculture.
Il y vivait heureux, quand la révolution de
juillet, eu lui donnant des inquiétudes pour
78
PLEYEL
sa fortune, vint troubler sa vieillesse. Déjà sa
santé était Tort affaiblie; ses maux auj^meii-
tèrcnt, et après trois mois «le souffrances con-
tinuelles, il cessa de vivre, le 14 novembre
1831, à l'.ige de soixante-quatorze ans. Il
s'était marié en 1788, et avait eu plusieurs
enfants, dont quelques-uns sont morts jeunes.
Si la soif de renommée était le premier
besoin de Tartiste; s'il n'y avait pour lui,
dans la culture de son art, une aspiration
plus élevée, plus pure que cette satisfaction
d'amour-propre qui résulte de la faveur pu-
blique; enfin, si, suivant l'expression d'un
ancien, il ne chantait pour les Muses et pour
lui, il y aurait quelque chose de pénible dans
le spectacle du naufrage de tant de réputations
créées par un caprice de la mode, et qu'un
autre caprice anéantit. Heureusement la plus
vive jouissance du poète, du grand peintre et
du musicien réside dans la production con-
sciencieuse des œuvres de son talent, et celle
jouissance l'indemnise avec usure des chagrins
qui peuvent l'assaillir. La renommée ne s'at-
tache guère qu'au mérite réel ; mais l'engoue-
ment dévore ceux qu'il semble caresser. Eh .'
qui excita jamais plus d'engouement que
Pleyel? Que\ autre a. joui d'une réputation
plus universelle, d'une domination plus ab-
solue dans la domaine de la mu$i(|ue instru-
mentale? Pendant plus de vingt ans, il n'est
pas d'amateur ni de musicien qui ne se soit
délecté des inspirations de son génie; point de
lieu si écarté où ses compositions n'aient été
connues; point de marchand de musique dont
il n'ait fait la fortune. Reproduite sous toutes
les formes par les spéculations du commerce,
sa musique occupait les loisirs de l'élève le
pliis inexpérimenté comme de l'artiste le plus
habile. Mais il n'y a rien dont l'usage immo-
déré n'enfante le dégoût : Pleyel en fit la triste
expérience. Les ingrats qui lui étaient rede-
vables de tant de plaisirs se fatij^uèrcnt d'en-
censer toujours la même idole, et l'hommage
exclusif qu'ils lui avaient rendu finit par faire
place au délaissement le plus absolu. La mo-
destie de l'artiste se plia peut-être trop facile-
ment à ce changement de fortune; fatigué de
succès, il ne fil point usage de ce qui lui res-
tait de forces pour en obtenir de nouveaux;
d'autres travaux occupèrent sa vie, des talents
plus jeunes se produisirent, et bientôt une gé-
nération nouvelle s'éleva, qui ne s'informa
|M)int d'un homme à qui une autre génération
avait di) ses délices.
Il faudrait faire aujourd'hui beaucoup de
recbercbcs pour découvrir les compositions ori-
ginales de Pleyel parmi les nombreux arran-
gemenlsciu'on en a faits : on se contentera d'in-
di<|uer les principaux ouvrages. 1. Sy.'kpiiokiks
A cnAN0 onciiESTRE, ad nombre de vingt-neuf
savoir: n" 1 (en ut); Vienne, Arlaria; n° 2,
en forme de sérénade, op. C; Offenbach,
André; n»» 3, 4 et 5, op. 12; ibid.;n<'*6, 7, 8,
op. 14; ibid.; n» 9, en forme de sérénade,
op. 20; ibid.; n<" 10, 11, 12, op. 27; ï6id.;
n»' 13, 14, 10, op. 29; ibid.; n"' 17, 18, 19,
op. 50; ibid.; n'" 20, 21, op. 33; ibid.; n» 22,
op. 38; ibid.; n° 23, op. 62; ibid.; n» 24
op. 08; ibid.; n" 25, op. 73; ibid.; n" 20;
Paris, Pleyel; n<" 27, 28, 29; Paris, Imbault.
De nouvelles éditions de ces symphonies ont
été faites à Paris chez Imbault, Pleyel et
Sieber. II. Septuors, sextuors et quintettes.
1» Septuor pour deux violons, alto, violon-
celle, contrebasse et deux cors; Paris, Sieber.
2° Sextuor pour deux violons, deux altos, vio-
loncelle et contrebasse, op. 37; ibid., et
Offenbach, André. 3° Quintettes pour deux
violons, deux allps et violoncelle, livres 1, 2,
3, 4 et 5 ; Paris, Sieber. Toutes les autres com-
positions du même genre, publiées sous le nom
de Pleyel, ne sont ijuc des arrangements de
ses autres ouvrages. III. Quatuors. 4» Qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle,
au nombre de quarante-cinq, divisés dans les
œuvres 1, 2, 3, 4, '6, 0 (renfermant douze
quatuors en quatre livraisons, dédiées au roi
de Prusse), et 7. Tous ces quatuors ont été
imi)rimés dans les principales villes de l'Eu-
rope. Les autres œuvres de quatuors sont
arrangés d'après d'autres compositions. On a
arrangé les premi<:rs en quatuors pour cla-
vecin, pour flûte, clarinette, etc. 5" Six qua-
tuors pour fliUe, violon, alto et basse; op. 50,
livres 1 et 2; Offenbach, André. IV. Trios.
0° Trios pour violon, alto et basse, op. 11;
Offenbach, André. 7° Trios pour deux violons
et violoncelle, livres 1, 2 et 3; Paris, Pleyel,
Vienne, Offenbach, etc. V. Co.^certos. 8° Con-
certos pour violon, n»» 1 et 2; Paris, Sieber,
Vienne, Mollo, etc. 9» Concertos pour violon-
celle, n" 1, 2, 3, 4; Paris Sieber, Janel,
Pleyel. 10" Symplionieconcertantcpourvioloii
et alto, op. 33; Offenbach, André. 11" Idem
pour deux violons, op. 57; ibid. 12» Idem
pour violon, alto et basse, op. 59; Paris, Na-
derman. 15» Quatrième idem pour deux vin-
Ions, alto, violoncelle, (lùte, hautbois et bas-
son; Pari.<, Pleyel. 14° Cinquième idem pour
firtte, hautbois, cor et basson, ibid. 15» Idem
pour piano et violon, n"" 1 et 2; ibid.
VI. Duos. 16° Duos pour deux violons, livres
PLEYEL
79-
1, 2, 3, 4, 5 et C ; Paris, chez tous les éditeurs.
17" Duos pour violon et violoncelle, op. 12;
îbid. 18° Duos pour violon et alto, op. 30;
Paris, Pleyel. Une multitude d'autres œuvres
de duos ont été publiés sous le nom de Pleyel,
mais ils sont arrangés d'après d'autres com-
positions, ou sont reproduits sous d'autres
numéros. VU. Musique de pia>o. 19» Con-
certos pour piano, n«» 1 et 2; Paris, Vienne,
Offenbach, etc. 20» Sonates pour piano, violon
et basse, op. 14, livres 1 et 2, op. 15, 16,
livres 1 et 2, op. 23, 24, 29; grandes sonates
idem,op.ù\, 32, 33, 34, chez tous les éditeurs
de musique. Tous les œuvres de sonates pour
ces instruments qui portent d'autres numéros,
sont des répétitions ou des arrangements.
21" Six sonates progressives pour piano et
violon, op. 27; Paris, Pleyel. 22» Six idem,
op. 28 ; ibid. Dans le grand nombre d'autres
morceaux qui ont paru sous le nom de Pleyel,
il est presque impossible de distinguer ceux
qui sont originaux de ceux qui ne sont que des
extraits ou des arrangements : aucun com-
positeur n'a fourni la matière d'autant de
fraudes commerciales de tout genre.
PLEVEL (Camille), fils aine du précédent,
né à Strasbourg, en 1792, fit ses études musi-
cales sous la direction de son père, reçut des
conseils de Dussek pour le piano, vécut quel-
(•ue temps à Londres, ^)uis revint à Paris, où
il dirigea la maison de commerce de musique
fondée par Ignace Pleyel. Devenu l'associé de
Kalkbrenncv (voyez ce nom), en 1824, pour le
développement de la fabrique de pianos de la
même maison, il y donna tous ses soins, et par
sa rare intelligence et ses travaux constants,
éleva cet établissement au rang de ceux qui
produisent les meilleurs instruments. Malgré
les éloges que mérite Pleyel par les résultats
qu'il a obtenus en ce genre, on ne peut s'em-
pêcher de regretter que ses heureuses facultés
se soient tournées sans réserve vers la profes-
sion de facteur de pianos, car la nature l'avait
<lesliné à briller parmi les musiciens les plus
distingués de son temps. Pianiste élégant et
gracieux, doué d'un sentiment délicat et ex-
pressif, il écrivit aussi, au commencement de
sa carrière, de très-bonne musique instrumen-
tale, Irop peu connue, parce qu'il n'a pas pris
assez de soin pour la répandre. Parmi ses
compositions, on remarque : 1» Quatuor pour
piano, violon, alto et basse, op. 3; Paris,
Pleyel. 2» Trois trios pour piano, violon et
violoncelle, op. 1 ; ibid. 3» Sonate pour piano
cl violon, op. 2; ibid. 4» Idem pour piano et
violoncelle, op. C; ibid. i5" Beaucoup de
rondos, nocturnes, fantaisies, mélanges,
thèmes variés, etc., pour piano seul ou accom-
pagné; ibid. 6" Duo pour piano à 4 mains,
op. 4; ibid. Camille Pleyel est mort à Paris,
le 4 mai 1855, à l'âge de soixante-trois ans,
laissant sa fabrique de pianos dans une grande
prospérité, continuée, développée et agrandie
par son successeur M. Auguste Wolff (voyez
ce nom). Pleyel était chevalier de la Légion
d'honneur.
PLEYEL (madame Marie-Félicité-De-
nise), femme du précédent, connue d'abord
sous le nom de mademoiselle Moke, est née à
Paris, d'un père belge, professeur de linguis-
tique, et d'une mère allemande. Elle est sœur
de feu M. Moke, professeur de l'université de
Gand, membre de l'Académie royale de Bel-
gique et littérateur distingué. Dès ses pre-
mières années, mademoiselle Moke Ht voir des
dispositions exceptionnelles pour la musiciue.
Son premier professeur de piano fut M. Jac-
ques Ilerz {voyez ce nom). A peine âgée de
neuf ans, elle fixait déjà sur elle l'attention
des artistes et des amateurs. A cette époque,
Moschelôs, alors à Paris, lui donna des leçons.
Lorsqu'elle eut atteint sa douzième année, elle
vint en Belgique avec ses parents et se fît en-
tendre dans quelques concerts, où elle excita
l'étonnement général par sa précoce habileté.
De retour à Paris, elle devint élève de Kalk-
brenner, à qui elle fut redevable des parfaites
traditions de l'école de Clementi, de l'égalité
d'aptitude des deux mains et de la clarté qui,
depuis lors, sont au nombre des qualités de
son merveilleux talent. A quinze ans, made-
moiselle Moke était déjà comptée parmi les
pianistes de premier ordre de cette époque.
Après son mariage avec Camille Pleyel, elle
reçut de son mari de très-utiles conseils sur le
style d'expression, car, ainsi qu'on Ta vu dans
la notice précédente, il avait pu apprécier les
rares (|ualités de Dussek sous ce rapport, et
lui-même était doué d'un goût fin et délicat.
Aux (lualités classiques qu'elle avait puisées à
l'école de Kalkbrenner, madame Pleyel avait
ajouté la délicatesse et le charme, lorsqu'elle
partit pour l'Allemagne et la Russie. A Péters-
bourg, son talent subit une nouvelle transfor-
mation, après qu'elle eut entendu Thalberg.Le
son splendide que tirait du piano cet artiste cé-
lèbre la saisit et lui fit comprendre quelles de-
vaient être désormais ses études pour donner à
son jeu cette ampleur de sonorité. A son retour
en Allemagne, les succès qu'elle obtint dans
ses concerts eurent un grand retentissement
constaté par les journaux, notamment [lar
80
PLtYEL - PLINE
la Gazelle générale de musique de Leipsick.
Dans celle ville, Mcndelsolin voulul dirijçer
personnellement l'orcheslre de ses concerls
et donna le signal des applaudiÀScmenls.
A Dresde, à Prague, môme cnlliousiasme.
A l'arrivée de madame Pieyel à Vienne, les
arlistes cl les amateurs semblaient élrc fana-
tisés parle talent de Liszt -. ce grand artiste y
donnait alors des concerls où la foule se pré-
cipitait et faisait au héros du piano des ova-
tions dont il n'y avait pas eu d'exemple jus-
(lu'alors dans la capitale de l'Autriche. Entrer
en lutte contre de lels succès eût été dangereux
pour tout autre talent que celui de madame
Pieyel : maisdès son premier concert, l'impres-
sion profonde qu'elle produisit lui prouva
qu'elle n'avait pas été téméraire. Liszt, qui d'ail-
leurs a toujours monlré beaucoup de sympathie
à madame Pieyel, avait eu le bon goût de se faire
son champion dans celte circonstance : il la
conduisit lui-même au piano et lui tourna les
feuilles. La haute aristocratie viennoise avait
pris madame Pieyel sous sa protection, et fous
les salons se disputaient l'avantage de la faire
entendre à des auditoires d'élite.
En quittant Vienne, madame Pieyel se
rendit directement à Bruxelles, où sa mère
s'était fixée. Ce fut dans cette ville qu'elle
réalisa le projet, formé à Pétersbourg, de
réunir, aux précieuses qualités qu'elle possé-
dait, la puissance sonore qui ne semble pas
appartenir à la délicate constitution des
femmes. Évitant pendant cinq ans les occa-
sions de se faire enlendre, elle fit, dans la so-
litude, un travail incessant pour atteindre à
son but, et pour se jouer des difficultés de
mécanisme les plus inouïes. Siire d'elle-même
après cinq années d'efforts et d'abnégation,
madame Pieyel voulut rentrer avec éclat dans
le monde musical, et se rendit àParis,en 1843,
pour y donner des concerls. La première fois
qu'on rcntendit, peu de jours après son ar-
rivée, ce fut dans une soirée musicale donnée
<lans les salons de Pape, facteur de pianos.
L'elTel qu'elle y produisit fut magique : les
meilleurs artistes, à la tête desquels était
Auber, et les organes principaux de la presse,
l'cntonrèrent et la pressèrent de produire au
grand jour son talent, dont le caractère était
nouveau et différent de celui de tous les autres
grands pianistes. Elle donna en effet au Théâ-
tre Italien, deux concerls qui firent nailreunc
émotion extraordinaire, et dont le souvenir ne
8'c»t pas effacé à Paris. Le troisième concert
était près d'être donné, lorsque la nouvelle
d'une grave maladie <lc la mère de madame
Pieyel lui parvint : elle partit immédiatement,
abandonnant la continuation de succès dont il
y a eu peu d'exemples. En 1840, madame
Pieyel se rendit à Londres, où l'effet qu'elle
produisit ne fut pas inférieur à celui qu'elle
avait fait à Paris.
En 1848, cette grande artiste a été nommée
professeur de piano au Conservatoire royal de
Bruxelles : c'est à elle que cette institution est
redevable d'une véritable école de piano; car
avant qu'elle eût fait connaître à la Belgique
les avantages de l'enseignement normal et
fondamental pour jouer de cet instrument,
cette partie de l'art était dans un étal évident
d'infériorité à l'égard des autres. Liszt a dit et
répété souvent : Il'existe des pianistes très-
habiles qui se sont ouvert des routes parti-
culières,et qui obtiennent de brillants succès
par les choses qui leur sont familières ; viais
il n'y a qu'une seule école appropriée d
l'art, dans toute son extension .-c'est celle de
madame Pieyel. Les élèves formés par elle
ont répandu ses traditions dans le monde; de la
vient que l'art de jouer du piano est aujour-
d'hui cultivé avec tant de succès en Belgique.
A différentes époques, depuis 1848, madame
Pieyel a voyagé dans diverses parties de la
France et y a excité l'enthousiasme dans ses
concerls, ainsi qu'à Paris; toutefois, il est juste
de dire que la portée de son talent dans tous
les genres de musique n'est connue que du petit
nombre de personnes qu'elle admet à l'en-
tendre chez elle. Les artistes et amateurs
étrangers qui jouissedt de ces avantages sont
émerveillés de ce talent, de ces mains aux-
quelles aucune difficulté ne résiste, de cette
(luissance foudroyante, de cet art de mo-
difier le son en raison du caractère de la mu-
sique, art que personne n'a poussé aussi loin ;
de sa grâce inimitable, enfin, de sa haute
poésie dans la musique classique des grands
maîtres. Les artistes qui l'accompagnent dans
celte musique sont toujours ébahis, confondus,
accablés par cette réunion iiK)uïe du tant de
qualités supérieures. J'ai entendu tous les
pianistes célèbres, depuis Hullmandel et Clc-
menli jusqu'à ceux qui jouissent aujourd'hui
d'une renommée méritée ; mais je déclare
qu'aucun <reux ne m'a donné, comme madame
Pieyel, le sentiment de la perfection.
rLlIME(CAius PLÉfiiiis SEcu.sDus), l'Ancien,
naquit à Vérone, l'an 23 de l'ère chrétienne.
Aprèsavoirservidansicsarméesdesempereurs
Vcspasien et Titus, il obtint plusieurs emplois
à Rome et en Espagne. Il péril, en 79, dans
l'éruption du Vésuve qui engloutit llercula-
PLINE — PLUTARQUE
;i
niim, Pompeïa et plusieurs autres villes. Il nous
reste de lui une histoire naturelle en trente-
scpl livres, considérée ajuste titre comme un
des ouvrages les plus importants que nous a
légués l'aptiquité. On a plusieurs bonnes
éditions de ce livre : une des meilleures est
celle qui a été publiée dans la collection de
Panckouke, avec la traduction de M. Ajasson
lie Grandsagne et les notes de Beudant, Bron-
gniart,G.CuvieretDaunou(Paris, 1829-1836).
Pline traite d'objets relatifs à la musique et
aux instruments des anciens, livre II, chap. 22;
livre VII, chap. 22 et 56; livre IX, chap. 9;
livre XI, chap. 51 ; livre XVI, chap. 36.
PLISCUKOWSRY (A.-F.), professeur
de musique, né à Çrinzlau (Bohème), fil ses
études littéraires et musicales à Prague, puis
se fixa dans sa ville natale, où il se livra à
l'enseignement du chant. On a de lui un livre
intitulé : Leitfaden im Gesange, etc., fur
Gymnasien und Burgerschule (Guide pour
l'élude du chant, etc., à l'usage des collèges et
des écoles communales); Prinzlau, 1857, in-4''.
PLOUVIEU (PiEUBE- Joseph), né àGand,
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
s'établit à Paris, en qualité de professeur de
guitare, vers 1804, puis se fixa à Bruxelles et
s'y fit marchand et éditeur de musique. Il est
mort dans cette ville vers 1826. Plouvier était
aussi tlùlisle. Il a publié de sa composition :
1° Sérénades pour deux flûtes et basson,
liv. 1, 2, 3, 4; Bruxelles, Plouvier. 2" Quatuor
pour guitare, deux violons et violoncelle, op. 4;
ibid. 3" Pot-pourri pour guitare, violon et
alto, op. 1 ; ibid. 4" Symphonie concertante
pour deux guitares; ibid. 5» Duos pour deux
guitares et guitare et violon, op. 1, 14, 15 et
17; ibid. 6» Thèmes variés pour guitare et
violon, op. 7; ibid. 7° Thèmes variés pour
guitare seule; t6ed. 8" Méthode complète pour
guitare; ibid.
PLUTARQUE, poîygraphe grec, naquit
à Chéronée, dans la Béolie, vers l'an 49 de
l'ère chrétienne. Disciplç d'Ammonius, il
suivit en beaucoup de choses la 'doctrine de
Plutarque et celle de Platon. Il fleurit depuis
le règne de Néron jusqu'à celui d'Adrien.
Après avoir vécu à Rome et en Illyrie, dont il
fut préfet, il fut revêtu de la dignité consulaire
par son élève Trajan, puis retourna dans la
Grèce, où il mourut l'an 139. L'édition grec-
que-latine des oeuvres complètes de Plutarque
donnée par Reiske (Leipsick, 1774-1782,
12 vol. in-S") était une des plus estimées,
avant que MM. Didot en eussent publié une
«xcellente dans leur belle colieclion d'auleurs
ElOGll. l'MV. DES M^)SICIE.^S. T. VU.
grecs. On a de ce laborieux écrivain de l'anti-
quité deux ouvrages où il trailede ia musique :
le premier est le commentaire sur ia création
de l'àme décrite dans le Timée de Platon.
L'obscur passage dont il s'agit, en ce qui con-
cerne la théorie des nombres musicaux des
pythagoriciens, est expliqué dans le commen-
taire de Plutarque avec plus de clarté et de
profondeur que par aucun autre. Il est regret-
table que M. Cousin, dans ses notes sur le
passage du limée de Platon (œuvres traduites
en français, l. XII, p. 330-339) ne paraisse pas
avoir attaché au travail de Plutarque toute l'at-
tention qu'il mérite; mais les Etudes sur le
Timée de Platon de M. Th. -Henri Martin
ont fourni sur ce sujet des éclaircissements
plus satisfaisants et plus complets que ceux de
Plutarque. Le second ouvrage de Plutarque
est un dialogue qui traite spécialement de la
musique. La plus grande partie de ce dialogue
est relative à l'histoire de la musique; Plu-
tarque n'y traite de la théorie que vers la fin.
Bien que Requeno montre peu d'estime pour
la partie historique du dialogue de Plutarque
(Saggio sul ristabilmento dell' arte armo-
nica de' Greci e Romani cantori, 1. 1, p. 285),
il n'en «st pas moins vrai que ce dialogue, et
le livre d'Athénée, sont les sources les plus
certaines où nous pouvons puiser pour l'his-
toire de la musique pratique des Grecs. Le
texte grec du dialogue de Plutarque, corrigé
par Burette d'après plusieurs manuscrits de la
Bibliothèque impériale de Paris, a servi pour
l'édition de Reiske. Guillaume Xylander, Uer-
mann Cruserius et Charles Valgulio en ont
donné des versions latines. II a été aussi tra-
duit en italien par Marc-Antoine Gandino ;
mais le meilleur travail sur ce morceau est la
traduction française de Burette avec le texte
grec et un très-grand nombre de notes instruc-
tives (uoj/es Burette). Clavier, dans son édition
complète des œuvres de Plutarque traduites par
Amyot, a inséré la traduction du _Dialogue
sur la musique, par Burette, mais sans les
notes. M. Ricardus Volkmann a donné une
nouvelle édition du texte du dialogue de Plu-
tarque sur la musique, avec une nouvelle ver-
sion latine, une préface critique et un com-
mentaire plein d'érudition sous ce simple
titre : Plutarchi de Musica; Lipsix, 1830,
gr. in-8°. L'ouvrage est suivi d'une disserta-
tion intitulée : De organis sive instrumentis
veterum musicis epimetrum. Il existe une
édition dn texte de Plutarque avec une tra-
duction anglaise, sans nom du traducteur,
sous le titre : The irspi [JL0ucrtxr,î of Plutarcli
C
82
PLUTARQUE - POELITZ
translated, Chiswick, C. WhiUingham, 1822,
petit in-8". J'ai appris fine M. J.-H. Bromby,
deHiitl, est rautcur de la traduction.
PODniELSKI (Jacques), organiste prus-
sien, vers la fin du dix-septième siècle, est
cité avec éloge par Niedt, dans son Manuel de
musique (p. 184 et 185, édition de Mallhcson)
et par Motz, dans sa Défense de la musique
religieuse. Wallhcr possédait des pièces de
clavecin de cet artiste.
PODBIELSHl (CnnÉTiEM-GciLLAiME) ,
organiste de la cathédrale, à Kœnigsberg,
naquit dans cette-ville, en 1740. Son père lui
enseigna le musique, et il fit ses études à
l'université de sa ville natale. Devenu organiste
habile, il obtint l'emploi ci-dessus désigné,
et bientôt il justifia la confiance qu'on avait
eue en ses talents, par la publication de so-
nates de clavecin, remarquables sous le rapport
de la nouveauté des idées et de l'élégance de
la facture. Il mourut subitement à Kœnigs-
berg, le 3 janvier 1792. On a de cet artiste :
i" Six sonates pour le clavecin; Riga, 1780.
La première édition ayant été épuisée en
quatre ans, ces sonates furent réimprimées à
Leipsick, en 1784. 2" Six sonates pour le cla-
vecin, op. 2; Riga, 1785. Une deuxième édi-
tion a paru à Leipsick. 3" Petites pièces pour
le clavecin et pour le chant; Kœnigsberg, 1785.
PODIO (GcillacseDE), prêtre espagnol,
vivait vers la fin du quinzième siècle, vrai-
semblablement à Valence. On a de lui un
traité de musique qui parait être le plus ancien
livre imprimé sur cet art en Espagne, et dont
la rareté est excessiTe. Cet ouvrage a pour
titre : GuiUelmo de Podio presbytero com-
mentariorum musices ad reverendissimum
et ilhistrissimum Alphonsum, de Aragonia
episcopum incipit prologus. Au dernier
feuillet, on dit : Impressum in inclila urbe
Valentina , impensis magnifici Domini
Jacobi de Filla per ingeniosos et arlis im-
pressorix expertos Petrum Hagenbach et
Leonardum //utum, Akmanos. Anno 1495,
die undecima mensis Aprilis, in-4".
PŒCK (Ignace, chevalier DE), amateur
de musique à Vienne, né dans les dernières
années du dix-huitième siècle, est auteur d'une
brochure intitulée : Darstellung des Ztt-
standes der Oper und des L'alkts , in
K. K. Iloflheater nachst dem Kwrnth-
nerthnr, wœhrend der Pachtung des Ilerrn
/>.j?ar6aja (Tableau de la situation del'opéra
et des ballets au théâtre impérial de la Porlc
de Carinthie, sous la direction de M. Bar-
baja); Vienne, Wallishauser, 1825, in-b".
POEL (le P.), bénédictin du couvent de
Neusladt-sur-le-Mein, est auteur de sonates
pour le clavecin qui ont été publiées sous ce
litre : Objectum pinnarum tactilium; sive
sonate sex pro cluv.; Nuremberg, 1740,
in-foi.
PtœLCUAU (Georges), né à Cremon,
pelite ville de la Livonie, le 5 juillet 1773,
parcourut la Russie sous le règne de Paul I",
puis s'établit à Hambourg, où il se fit entendre
comme chanteur dans les concerts. Ce fui dans
celte ville qu'il commença la formation d'une
dus plus belles bibliolhèques musicales qu'ait
possédées un particulier, par l'acquisition de
toute la colleclion délaissée par Charles-
Philippe-Emmauucl Bach, dans laquelle se
trouvaient beaucoup de manuscrits originaux
de Jean-Sébaslien Bach et des autres artistes
de cette famille illustre. Pœlchau fit ensuite
un voyage en Italie, et y réunit une multi-
tude de livres rares et d'œuvres de musique
imprimées dans les seizième et dix-septième
siècles. Fixé à Berlin, en 1813, il devint
membre de l'Académie de chant et en fut un
des soutiens les plus zélés. Il mourut dans
cette ville, le 12 août 183G. Chargé par sa
famille de faire le catalogue de sa magnifique
bibliothèque , le professeur Dehn employa
plusieurs années à l'accomplissement de cette
tâche. Sur sa proposition, le roi Frédéric-
Guillaume IV acheta cette immense colleclion
et la réunit à la partie musicale de la Biblio-
thèque royale de Berlin, déjà fort riche avant
celle addition.
P(M:LCUAU (le l)r. P. A.), de la même
famille que le précédent, est né vers 1790, à
Cremon (Livonic). Fixé à Riga, vers 1830, il
fut diacre dans la cathédrale de celle ville. Il
est auteur d'un livre qui a pour titre : Ueber
die Angriffe auf das in Riga und Livland
sicli in Kircfdichen Gebrauche befindende
deutsche Gesangbuche (Sur les causes irré-
sistibles qui ont fait admettre les livres de
chant allemandsdans l'usage des églises à Riga
et dans la Livonie) ; Riga, 1833, in-S». Cette
édition est la deuxième.
PCKiLITZ (Charles-Heshi-Louis), Saxon
de naissance, mort à Dresde, en 1831, fut
professeur de philosophie et de droit dans plu-
sieurs universités d'Allemagne et membre de
diverses académies. Parmi ses nombreux
écrits, on remarque celui qui a pour titre :
Grundlegung ïu ci/i«r JFissenschaftUchen
Aesthetik, etc. (Bases d'une esthétique scien-
lifiiiue etc.); Pirna, 1800, in-8» de cent
soixaulc-huit payes. Ou y trouve quebiues
POELITZ — POHL
bonnes clioses concernanl la philosophie de la
ninsi()iie.
POESSirNGER ( Fhasçois - Alexandre ) ,
donl le nom est aussi écrit PESSlI^iGER,
violoniste de l'orchestre du théâtre oational à
Vienne, depuis la fin du dix-huitième siècle,
vivait encore dans celte ville vers 1825. Il a
composé et publié : \o Trois quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 1 ; Vienne,
Artaria, 1799. 2" Deux quintettes pour deux
violons, deux altos et violoncelle, op. 3; ibid.
ô" Trois duos pour violon et alto, op. 4 ; ibid.
4" Pièces pour trois flùles, op. 5; ibid. 5° Va-
riations pour flûte et basse, op. 0; ibid.
6" Trio pour flûte, violon et alto, op. 7 ; ibid.
7" Trois quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. 18; ibid. 8" Plusieurs suites de
quatuors sur des thèmes de Rossini et de
Weber; ibid.
POGGI (Astoiîve), ténor distingué, né à
Bologne, en 1808, fit ses éludes musicales sous
la direction des maîtres Celli et Corticelli;
puis il alla terminer son éducation vocale à
Naples, oii il reçut des leçons de Nozzari
(ijoj/es ce nom). En 1828, il débuta à Paris
dans la Donna del Lago, de Rossini : il y
produisit peu d'effet cl n'acheva pas la saison.
De retour en Italie, il chanta au théâtre Saint-
Charles, de Naples, pendant les années 182U
et 1850, et son talent s'y perfectionna d'une
manière remarquable. Dans celle dernière
année, il se rendit à Palerme, où il oI)tint de
brillants succès. On le retrouve à Pise, puis à
Rome, en 1833; à Gènes, dans l'année sui-
vante; à Milan, en 1835, et dans la même
année à Vienne, où il retourna en 1837, 1858
et 1859. Jlilan l'avait rappelé, en 1836, et il y
chanta encore en 1838 et en 1843. Dans les
années 1837 et 1844, il brilla à Venise. Il avait
étéappeléàPelersbourg,en 1840; mais le climat
de la Russie n'étant pas favorable à sa santé,
il revint promptement en Italie, et chanta à
Trieste et à Turin. Dès 1842, l'affaiblissement
de son organe vocal avait commencé à se faire
sentir, quoiqu'il ne fûl âgé que de trente-quatre
ans; la progression du mal fut rapide, et Poggi
fut obligé de renoncera la carrière du théâtre,
en 1845. Il était membre de la Société de
Sainte-Cécile de Rome et des académie sde
Turin, de Venise et de Florence. Il avait épousé
la célèbre cantatrice Frezzolini, à Turin, en
1841 ; mais ils vécurent peu ensemble, et la
Frezzolini conserva toujours le nom sous lequel
elle avait fait sa réputation.
POHL (Guillaume), docteur en médecine
et amateur de musique, né en Silésie, vécut à
Vienne vers la fia du dix-huitième siècle, et
mourut vers 1807. Ou connaît de sa composi-
tion : 1" Deux sonates pour clavecin ; Vienne,
1790. 2» Trois duos pour deux violons ; ibid.
o" Trois duos pour violon et allô, op. 4; ibid.
4" Trois quatuors pour deux violons, alto et
basse,op.3;i6id., 1792. 5«>Trpis quatuors pour
flûte, violon, alto et basse, op. 6; ibid., 1793.
G» Nocturne pour flûte, violon, <leux altos et
basse, op. 2; ibid., 1791. 7» Cavaline de ?o
Molinara variée pour flûte, violon, alto et
violoncelle; ibid. On a aussi de cet amateur
des chansons allemandes publiées à Breslau,
vers 1785, et plus lard à Vienne.
PpilL (Joseph), compositeur de musique
d'église, né en Silésie, vécut à Breslau, vers
1800. On a gravé quebiues morceaux de chant
et de piano de sa composition, à Breslau, chez
Leuckart.
POllL (Frasçois-BehoIt), docteur en mé-
decine, est né à Lœwenberg, en 1792. Après
avoir reçu les premières leçons de musique du
cantor Scheer, il fréquenta le gymnase de
Grussau, et en 1812, il se rendit à l'université
de Breslau, où il suivit les cours de médecine
pendant qu'il continuait ses études musicales.
Après un séjour de quatre ans dans cette ville,
il alla à Vienne où il se lia avec Mayseder,
Bœhme, Weiss, Merk, et autres hommes dis-
tingués. Habile violoniste. Il faisait quelque-
fois sa partie dans les quatuors de Schuppan-
zlgh. En 1817, il lit un voyage à Berlin, puis
il se Jixa à Lœwenberg, pour y exercer la mé-
decine. Il y vivait encore en 1841. Pendant
son séjour à Berlin, il a publié une dissertation
académique intitulée ■: De artis musicw in
sanos et wgrotantes effeclu; Berlin, 1818,
in-8'' de trente et une pages.
POIIL (le docteur Ricuard), savant, litté-
rateur et musicien de l'époque actuelle (1853-
18G3j, ne m'est connu que par quelques-uns
de ses travaux. D'après le peu de renseigne-
ments qui me sont parvenus, le docteur Pohl
est né à Dresde; après avoir fait ses études à
l'université de Leipsick, ainsi qu'au conserva-
toire de cette ville, il est retourné dans la ca-
pitale de la Saxe et y a vécu quelques années.
Il y était en 1853 ; mais deux ans après, on le
trouve fixé à Weimar, où je crois qu'il est en-
core (1864). M. Pohl s'est fait connaître
d'abord par une suite de lettres, au nombre de
huit, réunies sous ce litre : Akustiche Briefe
fiir Musiker und Blusikfreunde. Eine ^o-
pulxre Darstellung der Akustik als Natur-
wissenchaft in Beaiehung zur Tonkunst,
(Lettres concernant l'acouslique pour les mu-
6.
8i
POHL — POISOT
siciens et les amateurs. Exposé populaire de
Tacouslique, comme science naturelle en rap-
port avec la musique) ; Leipsick, Bruno llinze,
1855, petit in-8» de cent vingt-liuil pages.
L'avertissement est daté de Dresde, au mois de
février 1853. La méthode de M. Pohl est claire,
facile, et son style a toute la simplicité néces-
saire pour un travail de ce genre. Les écrits de
Kraushaar, de Wœllje, de Stehlin, de Dro-
bisch et d'Opelt, lui ont fourni la matière de
ses lettres. Il est regrettable que cette première
partie du travail de son auteur soit la seule
qui ait vu le jour. Zélé partisan de la musique
de Richard Wagner et de son système drama-
tique, M. Pohl s'est associé à M. Brendel,pour
la rédaction et la publication de l'écrit pério-
diqueintilulé : Anregungen fiir Kunst , Leben
und JVissenschuft (Incilal'ons à l'art, la vie
(intellectuelle) et la science), depuis la
deuxième année (1857) jusqu'à la sixième
(1861), qui a été la dernière. Ainsi qu'il arrive
partout aux apôtres de doctrines déplorables,
qui prétendent donner à la musique une di-
rection qui lui est antipathique et aussi con-
traire à son essence qu'au sentiment universel,
cet écrit n'a pas trouvé de lecteurs en nombre
suflisant pour le faire vivre. En dépit, je ne
dirai pas des convictions, mais du parti pris
des sectateurs de l'art faux qu'on veut substi-
tuer au vrai, tous leurs efforts seront vains en
définitive; mais ils produisent, par des écrits
semblables, un mal réel sur les âmes faibles,
dans lesquelles ils ébranlent la foi en la réalité
du beau ainsi que dans ses conditions éter-
nelles. En exallant les dernières œuvres de
Beethoven, aberrations d'un génie qui s'éteint,
et les monstrueuses combinaisons de Tann-
hxuser et de Lohengrin, monuments d'im-
puissance à créer dans le domaine de la noble
et belle musique, les rédacteurs des Anre-
gungen ont contribué à faire naître le doute
et l'anarchie actuelle d'opinions, qui font des-
cendre aujourd'hui la nation allemande de la
position élevée où l'avaient placée les Bach,
llacndel, Gluck, Haydn, ledivin Mozart et Bee-
thoven, dans sa belle époque.
POULE (M.-A.), médecin à Wittenberg, au
commencement du dix-huitième siècle, est au-
icurd'unedissertationintitulée: DeCuratione
morborum percantti; Wittenberg, 170G, in-4''.
POULEI (Rodolphe), pianiste, né à
Nordhausen, vers 1810, s'est fixé à Leipsick,
on 1830, et y a fait représenter, dans la
même année, un petit opéra intitulé Florette.
On a aussi de lui des Lieder à voix seule avec
accompagnement de piano.
POIILEIVZ (CnntTiEî(-.\rctsTE), organiste
à l'église Saint-Thomas et directeur de mu-
sique du grand concert de Leipsick, est né en
1790, à Sallgast, dans la Basse-Lusace. Il a
publié deux recueils de polonaise^ pour le
piano, à Leipsick, chez Hoffmcister et Pelers,
deux recueils de chants allemands à quatre
voix; ibid.f et des chants à voix seule; ibid.
On connaît de lui de la musique d'église et
des chants pour un choeur d'hommes. Pohlenz
fut directeur de musique de la Société des
amateurs et de l'Académie de chant. Il est
mort à Leipsick, d'une attaque d'apoplexie,^le
y mars 1843.
POISJÎ (Ferdinand), compositeur, né à
Nîmes, le 4 juin 1829, y apprit les éléments
de la musique. S'étant rendu fort jeune à
Paris, il entra au collège Louis-le-Grand, y fit
ses études classiques et fut reçu bachelier es
lettres. En 1850, il fut admis au Conservatoire
et y devint élève d'Adolphe Adam pour la
composition. Ses progrès furent si rapides,
qu'il obtint le grand prix de composition de
l'Institut de France, en 1852. Dans l'année
suivante, il a fait représenter au Théâtre-
Lyrique son premier opéra intitulé Bonsoir,
voisin, qui a obtenu plus de cent représenta-
tions. Parti ensuite pour l'ItaVie et l'Alle-
magne , conformément au règlement des
grands concours de l'Institut, M. Poise revint
à Paris, en 1855, el donna dans la môme
année, au Théâtre-Lyrique, les Charmants,
opéra en un acte, qui obtint aussi plus de cent
représentations, et a été repris à l'Opéra-
Comique. En 185C, il fit représenter, au
théâtre des Bouffes-Parisiens, Polichinelle,
en un acte; en 1858, Don Pedro, en deux
actes et trois tableaux, à l'Opéra-Comique, et
en 1861, au même théâtre, le Jardinier ga-
lant, en deux actes et trois tableaux. Le slylo
de M. Poise rappelle celui de son maître ; mais
à un degré plus faible : la distinction y
manque.
POISOT (Charles-Émile), né à Dijon, le
8 juillet 1822, étudia d'abord le piano dans
cette ville, sous la direction de M. JulesSenart,
élève de Liszt et artiste distingué. Arrivé à
Paris en 1834, M. Poisot acheva ses éludes
classiques au Lycée national : dans le même
temps, il reçut des leçons de piano d'un élève
de Zimmerman, nommé N.-G. Bach. Plus
tard, il eut tour à tour pour maîtres de cet
instrument Louis Adam (père), M.Stamaty et
Thalberg. Après avoir étudié le contrepoint
dans les leçons privées de M. Leborne,
M. Poisot entra au Conservatoire, en 1844, cl
POISOT — POISSON
85
y devint élève d'Halévy, dont il suivit le cours
pondant quatre ans. Dès 1833, M. Poisot avait
commencé à publier des romances et des
chansonnettes chez la plupart des éditeurs de
Paris. Le 16 octobre 1830, il fil représenter
au Ibéâtre de l'Opéra Comique le Paysan, en
lin acte, dont le livret est de M. Alboise. La
partiCion de cet ouvrage, réduite pour piano et
clianf,a été publiée chez Richault. On connaît
aussi du même artiste deux opéras de salon,
le Coin du feu, en un acte; Paris, Challiol, et
les Terreurs de M. Péters; Paris, Ledentu.
En 1852, M. Poisot retourna à Dijon et y resta
deux ou trois années, s'occupant de rensei-
gnement et de travaux littéraires relatifs à la
musique. Ce fut alors qu'il écrivit et publia
l'ouvrage qui a pour titre : Essai sur les mu-
siciens bourguignons, comprenant une es-
quisse historique sur les différentes trans-
formations de l'art musical en France, du
neuvième au dix-neuvième siècle; Dijon,
Lnmarche et Drouelle, 1834, gr. in-8°. Les
Mémoires de l'Académie de Dijon (1837) con-
tiennent une Notice biographique de Rode
que M. Poisot écrivit à la même é|ioquc. De
retour à Paris, il a publié son livre intitulé :
Histoire de la musique en France, depuis les
temps les plus reculés jusqu'à nos jours;
Paris, E. Dentu, 1860, un volume in- 12 de
trois cent quatre-vingt-quatre pages. On a
aussi de cet artiste-littérateur : Notice snr
Brifaut, lue à l'Académie de Dijon, en 1859,
et Notice sur Jflongin (voyez ce nom), extrait
du Journalde la Côte-d'Or(\SQ\). Les com-
positions instrumentales publiées de M. Poisot
sont les suivantes : l'Duo pour piano et violon
sur des motifs de Fidelio ; Paris, Richault.
2» Trio pour piano, violon et violoncelle dédié
à Onslow; Paris, Dumonchel, ô" Fantaisie à
quatre mains sur les Mousquetaires de la
reine; Paris, Brandus. 4" La Marguerite,
polka difficile. 5" Exercices de mécanisme
pour le piano; Paris, Benoît. 6" Grande valse
de bravoure; Paris, Nowinski. 7° Scherzo
pour piano à quatre mains; Paris, Benoît.
8» Fantaisie à quatre mains sur la Straniera;
ibid., etc.
POISSL (Jean-Népoihucèse, baron DE),
chambellan du roi de Bavière, intendant de la
musique delà cour, est né le 15 février 1783,
à Hauskenzell, dans la forêt de Bavière. Dès
son enfance, il montra un goût passionné
pour la musique : Danzi dirigea ses études
dans cet art. En 1806, M. de Poissl fit le pre-
mier essai de son talent par un opéra-comique
intitulé Opcrn Probe (La répétition d'un
opéra); et deux ans après, il donna l'opéra
sérieux Antigone. Ces faibles productions
n'eurent qu'un médiocre succès. Quelques
progresse firent ensuite remarquer dans une
messe de M. de Poissl et dans quelques mor-
ceaux de concert. Son Ottaviano in Sicilia,
qu'il fit représenter en 1812, et qui fut ac-
cueilli avec beaucoup de faveur, indiqua aussi
que le sentiment de la scène s'était perfec-
tionné en lui. Deux ans après, il donna son
Athalie, tragédie lyrique qui obtint le plus
brillant succès, non-seulement à Munich, mais
sur les principaux théâtres de l'Allemagne.
Un style plus élevé que dans ses précédentes
compositions et l'originalité des idées justi-
fiaient ce succès. Outre cet ouvrage, on a aussi
représenté, à Munich, les opéras suivants
du même compositeur : Der IVitthampf in
Olympia (Le concours à Olympie), Nitteti, la
Représaille, Mérope , la Princesse de Pro-
vence et Der Untersberg . Ce dernier opéra,
du genre romantique, a été mis en scène en
1829, et a reçu beaucoup d'applaudissements.
C'est le dernier ouvrage que M. le baron de
Poissl a fait représenter. La perte de sa femme
et la mort de plusieurs enfants l'ont détourné
depuis lors du goût du théâtre; ces malheurs
ne lui ont laissé de penchant que pour la mu-
sique d'église. Ayant été nommé, en 1823,
intendant de la musique de la cour, il a réuni
à ses fonctions, l'année suivante, celles d'in-
tendant du théâtre royal. Des intrigues l'ont
éloigné de ce dernier emploi : il a été rem-
placé par le conseiller de cour Kaestner. On a
publié de M. de Poissl les ouvertures à grand
orchestre de ses opéras : Athalie, Mérope^
Olympie et Ottaviano in Sicilia, ainsi qu'un
concerto pour violoncelle; Leipsick, Breilkopf
et Hœrlel. Il a écrit le 96""^ psaume pour
quatre voixsoloset un chœur; un Stabat àhuiL
voix et un Miserere aussi à huit voix, sans
instruments, ainsi qu'un autre Miserere à six
voix, avec des chorals intercalés.
POISSON (le P. NicotAS-JosEpn), prêtre
de l'Oratoire, naquit, en 1637, à Paris, sui-
vant quelques biographes, ou à Vendôme, se-
lon d'autres. Son attachement à la philosphie
de Descartes lui attira des tracasseries et des
chagrins. Exilé à Nevers, il y devint le grand
vicaire de l'évêque ; mais après la mort de ce
prélat, il se retira à la maison de l'Oratoire de
Lyon, et y mourut, le ô mai 1710. On a du
P. Poisson : Le Traité de la mécanique de
Descartes, suivi de l'abrégé de la musique du
même auteur, traduit du latin en français,
avec des éclaircissements et des noies; Paris,
86
POISSON — POKORNY
1068, in-'î". Les éclaircissements fuienl en-
suite Iradiiits en latin, pour les éditions pos-
térieures des œuvres de Descartes, et pul)Iiés
sous ce titre : Elucidationes physicse in Car-
tesii mechanicam et musicam, ex gallico lat.
versa; ; À mstelodami , 1701, in-4".
POISSON (l'abbé Léonard), né en 1695,
fut curé à Marchangis, au diocèse de Sens, et
mourut le 10 mars 1753. On lui doit un très-
bon livre qu'il publia sans nom d'auteur, sous
ce titre : Traité théorique et pratique du
plaiii-chant, appelé grégorien, dans lequel
on explique les vrais principes de cette
science, suivant les auteurs anciens et mo-
dernes, etc.; Paris, Lottin, 1750, un volume
in-S» de quatre cent dix-neuf pages. Ce livre,
le traité du P. Jumiihac, et le traité historique
de l'abbé Lebeuf, sont ce qu'on a pul)lié de
meilleur en France sur le plain-chant, dans le
dix-huitième siècle.
POISSON (...), prêtre du diocèse de
Rouen, fut curé à Bardouville, puis à Bocher-
ville, dans ce diocèse, et vécut dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Il est auteur
d'un livre intitulé : Nouvelle méthode pour
apprendre le plain-chant ; Rouen, 1789, un
volume in-S» de deux cent vingt-trois pages.
On a quelquefois confondu ce livre et son au-
teur avec le livre et l'écrivain cités dans l'ar-
ticle précédent.
POISSON (Siméon-Denis), mathématicien
distingué, né à Pithiviers, le 21 juin 1781,
entra comme élève à l'École polytechnique
lorsqu'elle fut organisée, et s'y fit bientôt re-
marquer par son aptitude et par son applica-
tion. Lagrange, frappé de la promptitude de
sa conception, dit un jour en présence de plu-
sieurs professeurs et élèves de l'école : Petit
poisson deviendra grand. Celui dont l'homme
illustre jugeait ainsi l'avenir a justifié cet ho-
roscope. Lorsque la nouvelle école normale
fut instituée, en 1811, Poisson y fut appelé en
qualité de professeur de mécanique. Depuis
lors, il a été successivement appelé aux fonc-
tions d'examinateur des élèves de l'École poly-
technique et du corps royal d'artillerie, d'in-
specteur des études des écoles militaires, de
membre du conseil d'instruction ])ubliquc, et
d'astronome du bureau des longitudes. Il
était aussi membre de l'Académie des sciences
de l'Institut de France. Ce savant a cessé de
vivre le 25 avril 1840. On a de lui un Traité
de mécanique (Paris^ 1833, deux volumes
ln-8«), où il traite de plusieurs objets relatifs
à la philosophie de la musique. Il a fait insé-
rer un Mémoire sur la théorie du son, dans
le ((ualorzième cahier du Journal de l'Ecole
polytechnique, cl \c ilcii\\(imc volume des nou-
veaux mémoires de l'Académie des sciences
renferme un autre mémoire de lui sur le mou-
vemetit des fluides élastiques dans les
tuyaux cylindriques, et sur la théorie des
instruments à vent. On a aussi de Poisson :
Stir la vitesse du son, dans la Connaissance
des temps, 1826. — Mémoire sur les oscilla-
tions du son dans un vase d'une profondeur
quelconque (dans le t. XIX du Journal de
Mathématique, de Gergonne).
POT'fEYIN (Guillaume), maître des en-
fants de chœur de la cathédrale d'Aix, en
Provence, au commencement du dix-huitième
siècle, a laissé en manuscrit beaucoup de mu-
sique d'église, qui a été longtemps en usage
dans le midi de la France.
POKORNY (Fkançois-Xavieii), compo-
siteur, naquit en 1729, 'dans la Bohême, et fit
ses études musicales sous la direction de Rie-
pel, à Ratisbonne. Il entra ensuite au service
du prince d'Oettingen-Wallerstein, en qualité
de musicien de la cour; mais il resta peu de
temps dans celte position, ayant accepté la
place de second violon chez le prince de la
Tour et Taxis, à Ratisbonne. Il mourut dans
cette ville, en 1794. Pokorny a laissé en ma-
nuscrit beaucoup de messes, de symphonies
et de concertos |)our le violon.
POKORNY (Gotthakd), violoniste et or-
ganiste distingué, na(iuit à Bœmiscii-Brod, le
10 novembre 1735. Son premier maître de
musique fut Wenceslas Wrabecz, instituteur
dont il fut |)lus tard le collègue, en (|ualilé de
sous- maître. Le désir d'augmenter ses con-
naissances dans la musique lui fit entre-
prendre un voyage en Allemagne j mais il
s'arrêta à BrUnn, et y fut nommé, en 1700,
maître de chapelle de l'église de Saint-Pierre.
11 se maria dans cette ville, et eut une fille
dont le talent sur le piano fut assez remar-
quable pour mériter les applaudissements de
Mozart. En 1795, Pokorny fit un voyage en
Bohême pour revoir le lieu de sa naissance. Il
mourut à Brtlnn, le 4 août 1802, à Page de
soixante-neuf ans. Il a laissé en manuscrit
plusieurs messes, des litanies, des vêpres,
quelques concertos de violon, et des pièces
pour le clavecin.
POKORNY (;JosephFrançois), fils de
François-Xavier, naquit à Ratisbonne, vers
1760. Ainsi (juc son père, il fut attaché à la
musique du prince de la Tour cl Taxis, oii il
était encore en 1812. On a de lui en manuscrit
des concertos pour le piano, et des symi'ho-
POKORNY — POLITIEN
87
nies. Il a publi(5 une cantate dédiée à l'ar-
«liiduc Charles; à Aiigsbonrg, «-'"z Gombart.
POliORIMY (ÉTiEMjiE), moiiic augiistin,
compositeur et organiste distingué, naquit à
Chradim, en Boliéme, et fit ses éludes au col-
lège des Auguslins de Teutschbrod. Il y fut
employé comme chanteur dans la musique du
chœur. Plus tard, il se rendit à Prague et y
acheva de s'instruire dans la musique, sous la
direction de Cajetan Mara, maître de chapelle
de Saint- Wenceslas. Il écrivit à cette époque
de la musique d'église, particulièrement un
bon Salve Regina, et des offertoires qui se
conservent dans les couvents de Strahow et de
Raudnitz. En 1788, il fut envoyé en qualité
d'organiste au couvent des Augustins de
Vienne : il vivait encore en cette ville dans les
premières années du dix-neuvième siècle. Po-
korny a mis en musique et fait graver /e Pè-
lerinage de Schiller; Vienne, Diabelli.
POLACK. / oyez POLLACK.
POLAWI (JÉnôME), compositeur de l'école
vénitienne, vécut dans les dernières années du
dix-septième siècle et au commencement du
dix-huitième. Il fut sini|)le chantre de la cha-
pelle de Saint-Marc. Il avait été, dans sa jeu-
nesse, soumis à la castration, car il chantait
dans cette chaiiclle les parties de soprano. Il
T fait. jouer, aux théâtres de Venise, les opéras
iiivanls : \'>, PrassUele in Gnido, 1700.
J» La Fendetia disarmata daW A more ,
1704. ô'^^^reso toUo aile fîamme, 1705.
I" Rosilda. 1707. lî" Findice la pazzia délia
endetta, 1707. 6" La Firtù trionfante di
-Minore vendicativo, 1708. 7» Il Cieco ye-
hsoj 1708. 8" Berengario Ile d'Italia, 1710.
'J'> Chi la fà l' aspetta, 1717.
POLAI>iTUS (Jeaîh); sous ce nom d'un
écrivain inconnu, on a imprimé une disserta-
lion intitulée : Fom ckristlichen Gebrauche
di'r Orgeln (De l'usage chrétien des orgues) ;
f^cipsicli, lCi55.
POLAROLO. Foyes POLLAROLO.
POLEIM (Jean), célèbre physicien et an-
iiquaire, naquit à Venise, en 1G85, fut pro-
(csseur d'astronomie, puis de physique à l'Uni-
versité de Padoue. En 1719, il succéda à
Nicolas Bernouilli en qualité de professeur de
mathématiques. I! mourut en 17G1, à l'âge de
soixante-huit ans. Au nombre des ouvrages de
ce savant, on remarque : De Physices in ré-
bus mathematicis utilitate oralio; Padoue,
1716, in-4»; il y traite de la musique dans la
seconde partie.
POLÏCRETO (Joseph), compositeur, né
.1 Fcrrarc, vers le milieu du seizième siècle, a
composé des chansons napolitaines à (rois voix
dont il a été publié six livres sous ce titre :
// ... libro délie napoktane a tre voci di
Gioseffo Policrelo e d' uUri eccellentissinii
niusici, con alcune canzoni alla Ferrarese
dcl inedesimo, a qnattro voci ; Venise, 1571,
in-8''. Les autres compositeurs de ce recueil
sont Jérôme Tast, allemand, et Anselme de
Pérouse.
POLIDORI (HoBTENSio), compositeur, né
à Camerino, dans les États de l'Église, vers la
(in du seizième siècle, était, en 1G21, maître
de chapelle à la cathédrale de Fermo, et déjà,
sans doute, depuis plusieurs années, car il pu-
l)liail alors son cinquième livre de motets,
qui était .son neuvième œuvre. Cet ouvrage a
pour titre : Quinto libro de motetti a due.
Ire, quattro e cinqite voci di Ilortensio Po-
lidori du Camerino, maestro di capella délia
metropoli di Fermo , dcdicati alli molto
illustri e molto reverendissimi canonici
deW istcssa metropoli. Opéra nona; in Fe-
uetia, app. Part. Magni, 1G2I, m-A". Plus
lard, Politlori occupa pendant plusieurs années
la place de maître de chapelle à la cathédrale
de Chieti, dans le royaume de Xaples, puis il
eut une position semblable à Pesaro. On con-
naît de sa composition : 1" Messe a 3 e 8 voci,
con ripienie 2 violini; Venise, IGôl . i'Salini
a cinque voci concertati, op. 12; Venise,
Aless. Vincenti, 1GÔ4, in-4''. 3» Motetti a
voce sala e a duoi, oik 13; ibid., 1G37, in-4'».
4" 3Iesse a cinque e otto voci concertati con
'2 violini ad libit., 01). 14; ibid., 1039, in-4».
o» Salmi concertati a 3 e 5 i-oct, lib. 2, con
stromenti, op. 13; ibid. G" Salmi concertati
a 8 toc», lib. 1; ibid., 1G4J, in-4". 7" Salmi
concertati a 8 voci in 2 chori, parle concer-
tati et parte ripieni, lib. 2; ibid., 1G46,
in-4o.
POLIDORI (Paul), violoniste italien, se
trouvait à Paris, vers 1783 et y a fait graver
six trios pour deux violons et basse, op. 1 ;
Paris, Louis. Viotti le fit entrer à l'orchestre
de l'Opéra italien de cette ville, en 1789;
mais il y resta vraisemblablement peu de
temps, car on ne le trouve plus au nombre des
artistes de ce théâtre dans l'Annuaire desspec-
taclcs de 1791 .
POLITIEIV (Ange) ou POLITIAINO,
né le 14 juillet 1434, à Monte-Pulciano ou
Poliziano, dans la Toscane, prit le nom du
lieu de sa naissance, au lieu de celui d'^ni-
brogini, que portait son père. Également
distingué comme poëte, historien, philosophe
et critique, il cultiva aussi les arts avec suc-
88
POLITIEN — POLLAROLO
ces, jouissant à la cour de Laurent de Mt5dicis
d'une faveur sans bornes, digne de ses talents
et de son Mtcènc. li mourut à Florence, le
24 septembre 1494, à l'âge de quarante ans.
Les manuscrits rassemblés »lans la Biblio-
thèque laurenlienne lui ont fourni des ren-
seignements intéressants relatifs à des o!)jets
de l'antiquité; il en forma ses Miscellanea,
imprimés à Florence, en 1489, in-fol. Le qua-
torzième chapitre de ce recueil est consacré à
des recherches sur l'instrument polycorde ap-
pelé en grec vaûXa, ou plus exactement và6Xa,
è l'occasion des vers d'Ovide :
Disce etiain duplici genialia naulia palma
Verrcre : conveniunt dulcibus iila jocis*
Politien a aussi traité de Mtisica natitrali,
mundona et arlificiali dans celui de ses ou-
vrages qui a pour titre : Pampislemoti, seu
omnium scientiarum Uheralium et mecha-
nicarum descriplio ; dont il y a une édition
de Florence, 1532, in-8".
POLL (GEoncEs), né en 1747, dans un
village près d'Amberg, commença son éduca-
tion musicale au séminaire de cette ville, puis
alla prendre des leçons de composition chez
Riepel, à Ratisbonne. Plus tard, il remplit
les fondions de cantor à la cathédrale, et en
dernier lieu, il entra chez le prince de Palm,
en qualité de musicien de la chambre. Après
que ce seigneur eut diminué son orchestre,
Poil vécut en donnant des leçons et en jouant
pendant trente-quatre ans la partie de pre-
mière fliUe au théâtre de Ratisbonne. Il a
écrit pour ce théâtre l'opéra comique intitulé
le Grand Harem. On connaît aussi de sa com-
position deux messes, six vêpres complètes,
quatre sérénades et des solfèges, le tout en
manuscrit.
POLLACK ( François - Charles- Joseph-
Ersest), directeur de musique du théâtre na-
tional d'Inspruck, est né à Przychod, près
d'OppeIn, en Silésie, dans les dernières années
du dix-huitième siècle. Admis au gymnase de
Neisse, il y apprit la musique et remplit les
fonctions d'organiste pendant sept ans. Le
violon, la fliUe et la guitare l'occupèrent aussi
tour à tour. Dans la huitième année de ses
études, il fréquenta le collège de Saint-Ma-
Ihias, à Breslau; puis, en 1818, il suivit les
cours de droit de l'université de cette ville.
Ce fut alors qu'il reçut de Schnabel des leçons
d'harmonie et de composition. Après plusieurs
voyage entrepris pour donner des concerts, il
accepta la place de chef d'orchestre au théâtre
de Bricg, et l'occupa pendant deux ans; puis
il voyagea dans la Moravie, en Bohême, cl
s'arrêta à Dresde, où Charles-Marie de Weber
l'engagea comme ténor de l'Opéra allemand.
Ses débuts au théâtre de la cour furent heu-
reux; mais il sentit la nécessité de se livrer à
l'étude du chant, qui lui fut enseigné par
Mieksch, chanteur de la chambre et directeur
des chœurs. Pollack fut, peu de temps après,
chaigé des rôles de premier ténor dans les
opéras comiques joués au théâtre d'été de
Pilnitz. Après la mort de Weber, il s'éloigna
de Dresde, voyagea et se fit entendre sur les
théâtres de Linz, Augsbourg, Fribourg, Leip-
sick, etc.; mais, en 1834, il s'est fixé à
Inspruck, où il remplit les (onctions de directei:r
de musique du théâtre. Il y a écrit des ou-
vertures et d'autres compositions. Je ne con-
nais de lui que deux recueils de chants à
voix seule, publiés à Breslau, cbe/ Leuckart.
Les biographes allemands ne fournissent pas
de renseignements sur Pollack après celle
époque.
POLLAROLO (Charles-François), com-
positeur, né à Brescia, dans la i)remière moi-
tié ■du dix-septième siècle, fut élève de Lc-
grenzi (voyez ce nom), qui le fit entrer fort
jeune comme chanteur à la chapelle ducale de
Saint-Marc, le 21 février 1065. Il resta long-
temps dans cette position, car il n'obtint la
place d'organiste du second orgue de celte
chapelle que le 13 août 1690, avec un traite-
ment de deux cents ducats. Il n'occupa cette
place que peu de temps, ayant été nommé
vice-maître de chapelle, le 22 mai 1092. Pol-
larolo trouva toujours peu de faveur près des
procurateurs de Saint-Marc, parce que son
penchant pour la composition dramatique lui
faisait montrer peu de zèle dans ses fonctions
à l'église : c'est ainsi du moins que M. CatTi
explique (1) l'injure qui lui fut faite, en 1702,
par la nomination d'Antoine Bilfi à la posi-
tion de premier mailre de chapelle, quoiqu'il
n'eût occupé jusqu'alors aucun emploi dans la
musiquede Saint-Marc. Pollarolo remplit, pen-
dant trente ans, les fonctions de second
maître, et mourut à la fin de 1722. Il fut le
compositeur vénitien le plus fécond pour la
scène, car le nombre des opéras qu'il a fait
représenter, soit à Venise, soit dans d'autres
villes, s'élève à soixante-dix; de plus, il a
écrit plusieurs oratorios, des cantates et des
pièces d'orgue. A Venise seule, il a donné
soixante-quatre opéras, dont voici la liste :
1» Demone amante, o Giugurta^ 1686.
(!) Sloria délia muiiea iueranella già cappella ducale
di San Marco in Venttia, t. I, p. 3fi.
POLLAROLO — POLLEDRO
89
2" Licurgo, 1G86. 3» Jntonino Pompeiano,
à Brcscia, puis à Venise, 1689. A" Alboino in
Italia, 1691. 5» La Pace fra Tolomeo e Se-
letico, 1691. 6» Ibraim SuUano, 1692. 7" lole
Begina di Napoli , 1692. 8» Jefte , 1692.
9° Onorio in Homa, 1692. 10» Circeabban-
donata, à Plaisance, 1692, puis à Parme,
dans la même année, et à Venise, 1697. 11" La
Forza délia virtù, 1693. 12» Avvenimenli di
Erminia e Clorinda , 1693. 13° Ottone ,
1694. 14» La Schiavita fortunata, 1694.
15" Alfonso primo, 1694. 16» Jmage, Re-
gina de' Sarmati, 1694. 17» Gli inganni
felici, 1695. 18» L'Irène, 1695. 19» // Pas-
tore d'Anfriso, 1695. 20» Ercole in cielo,
1696. 21» Rosamunda, 1696. 22» / Régi equi-
voci, 1697.23» Tito 7)/a»ih"o,1697. 24» Amore
e Dovere , 1697. 25» La Forza d'amore ,
1697, et à Bologne, 1733. 26» Ulisse scono-
sciuto in Jtaco, 1698. 27» Marzio Corio-
lano, 1698. 28" Il Giudizio di Paridc ,
1099. 29» Faramondo, 1699. 30» Il color fà
la Regina, 1700. 31» Z?<cjo Fero, 1700. 32»//
Ripttdio d'Ottavia, 1700. 33» Delirio co-
mune per V incostanza de' Genii , 1701.
34» Catone Uticense, 1701. 35» ^scanio,
1701. 36» Odio in Amore^ 1703. 37» Fen-
ceslao, 1703. oS" A Imanzor, 1703. 39» y^r-
minio, à Pratolino, 1703, puis à Venise,
1722. 40" La Fortuna per dote, 1704.
AX" Giorno dinotte, 1704. 42» La Fede ne'
tradimenti, 1705. AZ" L' Enigma disciolta,
1705. 44» Dafni, 1705. 45" Flavio Perta-
rido, Re de Longohardi, 1706. 46» Filippo,
Re di Greciu , 1706. 47» La Fendetta
d'Amore, 1707. Aè" Egisto, 1708. 49» L' Al-
cibiade, a violenza d'Amore, 1709. 50" Il
falso Tiberino, 1709. 51» Costantino Pio,
1710. 52» Le troisième acte A'Eraclio, 1712.
V>ô° L' Infedellà punila, 1712. 54° Spurio
Postumio, 1712. 55» Scipione, 1712. 56» Il
Trionfo delta costanza , 1714. 57» Semi-
ramide, 1714.58» Ariodante, 1716. 59» Ger-
manico, 1716. 60» Farnace, 1718. 61" Le
Pazzie degli amanti, 1719. 62» Zucio Pa-
pirio, 1721. 63» Plautella , 1721. 64» //
Pescatore disingannato^ 1721 . Parmi ses ou-
vrages composés pour diverses villes d'Italie,
on remarque : Ascanio , à Milan, 1702;
l'Equivoco, à Rome, 1711 ; Amore in gare
co' l fasto, à Rovigo, 1711 ; et Astinome, à
Rome, 1719. Ses oratorios, au noml>re des-
quels est Jefte, composé pour Vienne, en
1710, ne sont pas tous connus; Pollarolo
avait composé trois ou quatre oratorios pour le
Conservatoire degli incurabili, dont il l'ut
maître pendant plusieurs années. Sa cantate
Fede, valore, gloria et fama, fut exécutée, en
1716, dans le palais de l'ambassadeur d'Au-
triche. Ce maStrc ne peut pas être compté au
nombre des artistes de génie qui exercent une
influence plus ou moins active sur l'art de
leur époque ; toutefois il ne mérite pas le dé-
dain avec lequel M. Caffî en parle (/oc. cit.).
Il a donné à l'instrumentation de ses ouvrages
plus d'intérêt que les maîtres vénitiens à qui
il succéda, et il écrivait bien. J'ai de lui deux
pièces d'orgue en manuscrits originaux qui
méritent d'être mises en parallèle avec ce
qu'on a fait de mieux en Italie à son époque.
POLLAROLO (Antoise), fils du précé-
dent, naquit vraisemblablemenlà Venise, vers
1680. Le 26 février 1723, il obtint la place de
vice-maltre de chapelle qu'avait occupée son
père pendant trente ans, et le 22 mai 1740, il
succéda àLotli dans la place de premicrmatlre
de chapelle : il la conserva jusqu'au mois de
septembre 1749. On ignore s'il mourut à cette
époque. Il a donné aux théâtres de Venise ;
1" Arisleo, 1700. 2" Griselda, 1701. 3» Len-
cippo e Teone, 1702. 4» Cosroe, 1723. 5» Fu-
ria Lucrezia, 1726. 6» Nerina, 1728. 7» La
Sulpizia fedele, 1729. On conserve, dans les
archives de la cathédrale de Saint-Marc, de la
musique d'église composée par Antoine Polla-
rolo.
POLLEDRO (Jean-Baptiste), maître de
chapelle à Turin, esi né en 1776, à la Piora,
village près de cette ville. Destiné au com-
merce, il n'apprit d'abord la musique que
pour se délasser de ses autres études. Un ami
de sa famille lui avait donné un petit violon,
sur lequel il s'exerça dans ses heures de ré-
création. Lorsqu'il eut atteint l'âge de huit
ans, son père, remarquant ses heureuses dis-
positions pour cet instrument, lui donna pour
maître Mauro Coldarero, violoniste à Asti, qui
lui fit faire de rapides progrès par l'étude des
œuvres de Corelli et des autres grands violo-
nistes de l'ancienne école. Plus tard, il jiassa
sous la direction de Gaétan Vai, premier violon
de la chapelle de Asti, puis il alla achever ses
études à Turin, avec un artiste nommé Paris.
Parvenu à l'âge de quatorze ans, PoUedro fit
un premier voyage dans la Lombardie, pour
y donner des concerts. De retour à Turin, il
s'y fit aussi entendre en public, et Pugnani
ayant remarqué dans son jeu de belles qua-
lités, offrit de lui donner des leçons; mais
l'élève ne put profiter des excellents conseils
d'un tel maître que pendant six mois, car la >•
santé de Pugnani ne lui permit bientôt plus
90
POLLEDRO - POLLIER
de se livrer à renseignement. Peu <le lemi»s
après, Pollcdro entra dans la chapelle de
Milan, puis il fut nommé premier violon de
Sainte-Marie Majeure, à Bcrgame. Les troubles
de la guerre l'ayant obligé de s'éloigner de
cette ville, il se rendit à Moscou, en 1799, et y
demeura pendant cinq ans, puis àPétcrsl)ourg.
En 1809, il fil un voyage en Allemagne, et
jusqu'en 1812, il parcourut ce pays, donnant
des concerts dans la plupart des grandes
villes. Après avoir aussi visité la Hollande et
l'Angleterre, il retourna en Italie, en 1814,
se lit entendre à Milan, Florence, Beigame,
Padoue, Rome, Naples, Palerme. De retour
enfin à Turin, il y a obtenu, en 1815, la place
de maître de cliapclle. Les journaux allemands
ont accordé de grands éloges au talent de cet
artiste, dont on a publié : 1° Concertos pour
violon, op. G, 7, 10; Leipsick, Breilkopf et
llaerlel. 2" Airs variés pour violon et orchestre,
op. 3, 5, 8; ibid. 3" Trios pour deux violons
et basse, op. 2, 4, 9 ; ibid. 4° Exercices pour
violon seul ; ibid. 5° Duos pour deux violons,
op. Il; Vienne, Mechetti.
POLLET (CiunLES-FRANçois- Alexandre),
connu SOUS le nom de POLLET AI3iE , na-
quit à Bélhune, en Artois, dans l'année 1748.
Après avoir étudié quelques temps la guitare,
il quitta cet instrument pour le cistre, sur
lequel il aciiuit une habileté remarquable.
Arrivé à Paris, en 1771, il s'y fit bientôt une
brillante réputation, mil le cistre à la mode
cl en donna des leçons. Dans l'espace d'environ
vingt ans, il publia dix-huit œuvres de sonates
cl d'airs variés pour le cistre, ainsi qu'une
méthode pour cet instrument qui parut chez
Leduc, à Paris, en 1786. Il faisait aussi pa-
raître un journal d'airs d'opéras pour le cistre,
qui fut interrompu par les événements de 1793.
Pollet se retira alors à Évreux, où il vivait
encore en 1811 ; j'igt^ore l'époque de sa mort.
POLLET ( jEA>-JosEPn-BEXotT), frère
puîné du précédent, naquit à Béthunc, vers
1753, se livra d'abord, comme son frère, à
l'élude du cistre, et en donna des leçons à
Paris: mais par les conseils de Krumpholz, il
abandonna cet instrument pour la hari>e. Ma-
dame de Genlis cl Pollet se sont disputé l'hon-
neur d'avoir été les premiers à faire usage des
sons harmoniques des deux mains. Pollet est
mon à Paris, en 1818. Il a publié de sa com-
posilion : \° Plusieurs œuvres de sonates cl
d'airs variés pour le cistre. 2» Concertos pour
la harpe, n»« 1, 2, 3; Paris, Hanry. 3» Noc-
lurnes pour harpe, guitare et lliUe, n"'- I cl 5;
ibid. 4" Trio pour harpe, cor et basson ; ibid.
5" Airs variés pour harpe et cor; ibid. 6° So-
nates pour harpe seule [an nombre de qua-
torze); Paris, Naderman, Hanry. 7" Beaucoup
d'airs variés, de caprices et de pots-pourris
pour le même instrument; ibid. 8" Méthode
de harpe, op. 14 ; Paris, Hanry. Elle a été tra-
duite en allemand; Olfcnbach, André.
POLLET (L.-M.), fils du précédent, né à
Paris, vers 1783, se livra à l'étude de la gui-
lare, pour laquelle il a publiéquelques œuvres,
et se fit marchand de musique. Il est mort;
vers 1830. Cet artiste a publié : 1° Airs variés
pour guitare. 2» Méthode pour guitare.
3» Valses et rondeaux pour piano à quatre
mains; Paris, Hanry.
POLLET (Marie- Nicole SIMOMIX),
femme du précédent, née à Paris, le 4 mai
1787, était fille de Jean-Baplisle Simonin,
luthier, auteur d'une mécanique pour la
harpe. Elle reçut pendant trois ans des leçons
de Blaltmann pour cet instrument, puis per-
fectionna son talent sous la direction de Dal-
vimare. Vers 1808 et dans les années suivantes,
elle s'est fait entendre avec succès dans les
concerts. Elle a publié quelques airs variés
pour la harpe. Madame Simonin Pollet était
connue avantageusement comme professeur
de cet instrument. Elle a voyagé en Allemagne,
eu Pologne et en Russie, et a eu partout des
succès.
POLLET (Joseph), fils du guitariste de ce
nom cl de madame Simonin-Pollet, est né à
Paris, le 50 avril 1803, et lut admis comme
élève au Conservatoire, le 7 octobre 1824.
Après avoir étudié l'harmonie sous la direction
de Dourlen, et reçu des leçons d'orgue de
M. Benoist, il devint élève de l'auteur de cette
notice pour le contrepoint et la fugue. En
1829, le second prix de fugue lui fut décerné
au concours; il obtint le premier, en 1830.
Sorti de cette école en 1831, M. Pollet fut
nommé organiste de l'église Notre-Dame, et
plus tard il eut la place de maître de chapelle
de cette cathédrale. Il occupe encore cette po-
sition (18G3). On a de col artiste distingué des
molets et autres morceaux de musique d'église
publiés à Paris.
POLLET (Charles), fils du précédent, si
je suis bien informé,estorganislcàParis, et a
publié des préludes pour orgue ; Paris, Repos;
des cantiques. Te Deum, O SahUaris, et
Domine Salvum, à voix seule avec orgue,
chez le même éditeur.
POLLIER (Matthias), chapelain-chanire
de la cathédrale d'Anvers, vécut dans les der-
nières années du seizième siècle et au com-
POLLIER - POLLUX
91
mencomenl du (lix-scpli«';me. Il a i)ubli(5 une
collection de messes desmaitres les plus célè-
bres de son temps, sous ce litre : Selecttssi-
mantm Missarum flores, ex prxslantissimis
noslrx xtalis nuthoribus quatuor, quinqiie,
sex et plurium vocum, collecti, et ad ecclesix
catholicx usum ordine decentidispositi; Ant-
verpix ex typogrnphia musica Pétri Pha-
/esù',1599,in-4"obl.Les messes contenues dans
ce recueil sont : 1» Missa Cantabo Domino, à
quatre voix, de Viadana. 2" Idem Ad placitum,
à quatre voix, d'Orlande Lassus. 3" JdemSa-
cei'dos pontifcx, à cinq voix, par Pierluigi de
Paleslrina. 4" Idem Sine nomine, à cinq voix,
pai'M.Pollier. 5" Idem Sexti toni, à cin(| voix,
par Oïl. Lassus. 6" Idem Sagitta Jonalhse, à
six voix, paiTiburco Massaini.7''/(Zem Primi
toni, à six voix, par J.-M. Asola. 8" IdemDe-
cantabat, à huit voix, par Jean Croce.
POLLIÎM (François), naquit en 1703, à
Laybach, en Illyrie, appelé Lubiana par les
Italiens. Après avoir appris les éléments de la
musique et du clavecin dans le lieu de sa
naissance, il se rendit à Vienne et y devint
élève de 3Iozart, qui lui a dédié un rondo pour
piano et violon, ainsi qu'on le voit par le ca-
talogue imprimé des compositions de ce
maître. Fixé à Milan, vers 170ô, il y trouva
Zingarelli (|ui dirigea ses études de com|)osi-
lion. En 1798, il écrivit i)our le théâtre <le la
Canobbiana l'opéra boulTe intitulé la Casetta
net boscin, et le 30 avril 1801, il fit chanter,
au théâtre de la Scala, la cantate // Trionfo
délia pace, à l'occasion de la paix d'Amiens.
Peu de temps après, Pollini fit un voyage à
Paris, et y publia, chez Érarti, trois sonates
pour le piano. De retour à Milan, il fut
bientôt après nommé prolesseur de piano au
Conservatoire de cette ville, qui venait d'être
institué. C'est pour cet établissement qu'il
écrivit une bonne méthode de piano dont la
première édition a paru en 1812 chez Ricordi.
Ses caprices, ses sonates, ses exercices pour le
piano étaient recherchés par les artistes et les
amateurs. C'est dans un de ces morceaux, in-
titulé Unode' trentadue esercizi in forma di
toccata^ que Pollini donna le premier exemple
des combinaisons d'un chant suivi avec des
traits brillants exécutés par lesdeux mains. Ce
morceau, écrit sur trois portées, iwrut en 1820.
Dans sa lettre de dédicace àMcyerbeer, Pollini
s'exprime ainsi : « Je me suis proposé d'offrir
» un chant simple plus ou moins large et de
n différents caractères combiné avec des ac-
» compagnements de rhythmes variés, afin de
« faire distinguer avec une expression parti-
■n culière la partie du chant de celle qui l'ac-
» compagne (1). « Déjà des exemples de com-
binaisons de ce genre se trouvaient dans une
pièce de Clementi et d'autres plus remarqua-
bles encoredans unesonatede Beethoven; mais
non d'une manière suivie, et comme mani-
festation d'un système. L'ouvrage de Pollini,
au contraire, est basé sur le développement de
cette idée. Il parait que c'est le même ouvrage
qui a fourni à Thalberg l'indication d'après
laquelle il a donné à son talent le caractère
tout spécial qu'on lui connatt, et qui a fait
une révolution dans l'art de jouer du piano
(voyez TiiàLBcnc). Pollini est mort à Milan, au
mois d'avril 1847, à l'âge de quatre-vingt-
quatre ans. On connaît de sa composition :
1° Trois sonates pour piano seul ; Paris, Érard.
2" Sonate, caprice et variations pour deux
pianos; Milan, Ricordi. 3" Sonate facile pour
piano et violon, op. 33; ibid. 4" Introduction
et rondeau pastoral pour le piano à quatre
mains; ibid. 3" Beaucoup de caprices, de
toccates, de rondeaux et de fantaisies publiées
chez le même éditeur. G" Des variations idem,
ibid. 7" La méthode de piano dont il a donné
une seconde édition considérablement aug-
mentée ; ibid. Pollini a écrit aussi de bonne
musique d'église; mais on n'en a publié qu'un
Stubat mater en langue italienne, pour
soprano et contralto, avec accompagnement
de deux violons, deux violoncelles et orgue.
Dans la musiciue de chambre, son chant de
Selma pour soprano, tiré des poésies d'Ossian,
a été publié et a obtenu un brillant succès.
POLLUX (Jules), grammairien et rhéteur
grec, naquit à Naucratis, en Egypte, vers la fin
du règne d'Adrien (deuxième siècle de l'ère
chrétienne). Il vécut quelque temps à Rome, y
eut des succès dans l'art oratoire, et fut choisi
par Marc-Aurèle pour être un des instituteurs
de son fils Commode. Pollux se retira ensuite
à Athènes, où il mourut à l'âge de cinquante-
huit ansj dans les premières années du troi-
sième siècle de l'ère chrétienne. On lui doit
une sorte de Lexique grec, intitulé Onoma-
sticon, où les mots sont rangés par ordre
d'analogie. Cet ouvrage est divisé en six livres :
il traite de la musique et des instruments dans
le 4"= chapitre du second livre, et dans les 7",
8'', 9"', 10<= et 11"= du quatrième. La meilleure
édition ancienne de ce livre est celle que Le-
I (1) lo mi proposi di offrire un canto lemplice, più
o mena spianaio e di différente caraltere combiaato ton
accoinpagnamenti di ritmi variati, e di condurre a (lis-
ting itère cou una particolare espressione e tocco la parle
det canto da quelle cite lo accomparinano.
02
POLLUX — PONCHARD
<lcrlin et lïenislerliuys ont publiée à Anislcr-
dam, chez Wcllslcin, en 1706, 2 vol. in-fol.
Il en a été donné une (lès-correclc par Emma-
nuel Bckker, à Berlin, en 1846, 2 vol. in-8».
POLTZ (Jeaîi), né à Luheck, le 4 décembre
1660, fit SCS éludes à runiversilé de Willcn-
berg, fut co-recteiip dans sa ville natale, en
1089, puis recteur en 1694, et enfin pasteur à
Preelzen, où il mourut le 18 octobre 1705. Il
a fait imprimer une dissertation intitulée : De
Harmonica musica, Wittcnberg, 1679, in-4°
de vingt-huit pages.
POLYMÎVESTES DE COLOPOON,
musicien grec, était fils de Mélès, citoyen de
Colophon, ville d'Ionie , célèbre par ses
oracles. Il parait avoir vécu après Terpandre
et Clonas. Phitarque dit qu'il travaillait dans
le même genre de poésie musical" que ces
deux musiciens, c'est-à-dire, qu'il composait
des airs de fli'iie, des prosodies, des chants
élégiaques, et des épiques. Ses airs de flûte
s'appelaient de son nom polymnestiens ou po-
lymnasliens. Le même auteur compte Polym-
nestes parmi ceux qui firent à Lacédémone le
second établissement de la musique, et qui in-
troduisirent dans celte ville, en Arcadie et
dans Argos, plusieurs danses nouvelles; enfin,
il lui attribue des airs de fliite appelés orf/jte«s,
auxquels il joignit la mélopée ou la musique
vocale.
PONCE (Nicolas), graveur et littérateur,
né à Paris, le 12 mars 1746, mort en cette
ville, le 21 mars 1831, a fait insérer dans le
recueil intitulé Ze« quatre Saisons du Par-
nasse (troisième partie, p. 264 et suivantes),
im fragment Sur les causes des progrès et
de la décadence de la musique chez les
Grecs.
PO:\ClIAIlD (Amoine), né en 1758, à
Bussu, près de Péronne (Picardie), perdit son
père un an après sa naissance. Sa mère,
femme intelligente, ayant remarqué ses heu-
reuses dispositions pour la musique, lorsqu'il
eut atteint l'âge de sept ans, le fii entrer
comme enfant de chœur à l'église principale
de Péronne, où il fit ses études littéraires et
musicales ; puis il alla les achever à la cathé-
drale de Liège, particulièrement pour la com-
position. Rentré en France, il obtint la place
de maître de chapelle de l'église de Saint-Malo,
qu'il abandonna ensuite pour la même posi-
tion à la cathédrale de Bourges. Plus tard, il
fut appelé à Auxerre pour y remplir les
mêmes fonctions. Arrivé à Paris, il s'y maria
en 1786, et dans l'année suivantc,JI alla
s'clablir à Ponl-lc-Voy, où il eut l'crploi de
professeur de musique du collège royal. Cinq
ans après, les événements de la révolution
ayant dispersé les ecclésiastiques qui diri-
geaient ce collège, Ponchard se trouva sans
emploi et se retira d'abord à Blois, puis au
village de Marcuil, dont il avait été nommé
maître (l'école. Plus tard, il reçut sa nomina-
•tion de receveur des contributions de l'arron-
dissement d'Auxerre cl retourna dans cette
ville avec sa femme et ses enfants; mais étran-
ger aux connaissances administratives et tou-
jours artiste de cœur, il donna sa démission
pour se faire chef d'orchestre d'une troupe
dramatique venue à Auxerre et qu'il suivit à
Chalon-sur-Saône, puis à Tournon. En 1805,
il s'établit à Lyon, y dirigea Porchestre du
Grand-Théâtre et s'y fit connaître comme ar-
tiste de talent. Ses fils ayant achevé leur édu-
cation, furent admis au Conservatoire de
Paris, en 1808. Après les heureux débuts de
celui qui est l'objet de la notice suivante, son
père voulut jouir de ses succès et alla se fixer
à Paris, en 1813; deux ans après, ihy obtint la
place de maître de chapelle de Saint-Euslache.
Ce fut dans celte position qu'il acheva pai-
siblement sa carrière. Il mourut au mois de
septembre 1827, à l'âge de soixante-neuf ans.
Ponchard a laissé en manuscrit les ouvrages
dont voici la liste: 1» Messe solennelle à quatre
voix, orchestre et orgue (en si bémol). 2" Messe
de Requiem idem, considirée comme sa meil-
leure production. 3° Messe solennelle à quatre
voix et orchestre (en ré). 4° Messe à quatre
voix cl orgue (en si mineur). 5" Messe brève
pour la commémoration des morts. 6" Credo
(en la), pour six voix concertantes. 7» Offer-
toire pour le jour de Pâques, ù quatre voix et
orchestre. 8° Domine salvum fac regem pour
chœur et orchestre. 9" Idem, pour quatre
voix et orgue. 10»7rfem, pour un chœur à cinq
voix sans accompagnement. 11° Credo à trois
voix. 12° O Salutaris à quatre voix seules.
1 5° Idem, à quatre voix et orchestre. 1 4» Idem
avec quatuor d'instruments à cordes. 15" Idem
à deux "oix et orgue suivi d'un Fival in
wternum. 1C<» Cantate pour la naissance du
roi de Rome.
PONCHARD (jEAN-FnÉDKnic-AucisTE),
fils du précédent, est né à Paris, le 8 juillet
1789. Il commença l'étude de la musi(|uc à
Auxerre et la continua à Lyon, où il entra à
l'orchestre du Grand-Théâtre, en qualité de
violoniste; mais ses heureuses dispositions
pour le chant lui firent quitter cette position
pour entrer au pensionnat du Conservatoire
de musique de Paris, oii il fut ^idmis comme
PONCHÂRD — PONIATOWSKI
93
^lève, le 15 juillet 1808. Après y avoir fait des
études préparatoires de vocalisation, il reçut
<les leçons de Garât, et brilla dans les con-
certs du Conservatoire, pendant les anndes
1810 et 1811. Le 17 juillet 18J2, il débuta à
rOpéra- Comique, dans l'Ami de la maison et
dans le Tableau parlant^ opéras de Grétry.
Bien que sa taille et son extérieur n'eussent
rien d'avantageux pour la scène, et que le
timbre de sa voix fût d'une qualité médiocre,
il fut applaudi par les connaisseurs, à cause
de l'expression de son chant, de son profond
sentiment de la musique, de sa bonne vocali-
sation et du goût des ornements de son chant.
Avant lui, il y avait eu de belles voix et d'ex-
cellents acteurs à l'Opéra-Comique; mais il
fut le premier qui y introduisit l'art véritable
du chant. Son habileté le fit souvent lutter
avec avantage contre la belle voix, la verve et
la réputation de Martin {voyez ce nom), par-
ticulièrement dans Picaros et Diego. Quel-
ques pièces de l'ancien répertoire, telles que
Zcmire et Azor, les Evénements imprévus;
et parmi les nouveaux ouvrages : le Chaperon
rouge, la Dame blanche et MazanielloXe pla-
cèrent, vers la fin de sa carrière dramatique,
à la tête des meilleurs chanteurs de l'Opéra-
Comique. Retiré du théâtre en 1834, avec la
pension acquise par ses services pendant
vingt-deux ans, il s'est livré depuis lors à l'en-
seignement du chant. Déjà il avait été nommé
professeur au Conservatoire pour cette partie
de l'art, en 1819; il y forma de bons élèves,
au nombre desquels on remarque son fils. Per-
sonne n'a chanté d'une manière plus tou-
chante le cantabile et la romance : on se sou-
vient encore de l'impression profonde que
produisait cet artiste dans l'air de Zémire et
\Azor : Du moment qu'on aime, et surtout
dans l'air des Jbencérages de Cherubini, qu'il
chanta plusieurs fois aux concerts du Conser-
vatoire, et dans lequel il émut toujours l'au-
ditoire jusqu'à l'enthousiasme.
POIVCHARD (Marie -Sophie CAL-
LAULT), femme du précédent, née à Paris,
le ôO mai 1792, entra d'abord au Conserva-
toire de musique, comme élève externe, au
mois de mars 1806, puis fut reçue au pen-
sionnat de chant de celle école, et y reçut des
leçons de Garai. Après avoir brillé, en 1817,
au théâtre de Rouen, elle entra à l'Opéra-Co-
mique l'année suivante. D'abord assez froide-
ment accueillie, à cause de l'excessive timidité
(|ni par.ilysail son incontestable habileté dans
l'art du chant, elle obtint plus tard des succès
dans quelques opéras où celle habileté pouvait
se développer avec avantage, particulière-
ment dans le Cheval de bronze, d'Auber, où
elle fut applaudie avec enthousiasme. Retirée
de l'Opéra-Comique, en 1836, elle a encore
chanté avec succès, pendant cette année, au
théâtre de Rouen, mais l'année suivante elle
est rentrée dans la vie privée.
POIXIATOWSKI (JosEPH-MiCHEt-XA-
vie.t-Frasçois-Jeas, prince), petit-neveu de
Stanislas II, dernier roi de Pologne, est né à
Rome, non le 20 mars, comme il est dit dans
plusieurs notices, mais le 20 février 181G. Dès
ses premières années, il montra d'heureuses
dispositions pour la musique, dont les premiers
éléments lui furent enseignés par un prêtre,
nommé Candido Zanetti. A l'âge de huit ans,
ses progrès avaient élé assez rapides pour
qu'il pût jouer avec succès des variations de
piano dans un concert. Peu de temps après,
sa famille alla s'établir à Florence, et lejeune
prince fut placé dans un collège pour y faire
ses études. A dix-sept ans, il y obtint le pre-
mier prix de mathématiques. Sorti de cette in-
stitution, il se livra sans réserve à la culture
de l'art pour lequel il sentait qu'il était né,
étudia le chant, et reçut des leçons de compo-
sitionde Ferdinand Cevecchini, ma!tre*de cha-
pelle d'une des églises de Florence. Doué d'une
belle voix de ténor et devenu chanteur habile,
il ne dédaigna pas de se fair^î entendre sur le
théâtre del Giglio, à Lucques, puis à celui de
la Pergola, à Florence. Parvenu à l'âge de
vingt-deux ans, il voulut essayer ses forces
dans la composition d'un opéra et arrangea
pour la scène lyrique la tragédie de Niccolini,
Jean Procida, dont il écrivit rapidement la
partition. L'ouvrage fut joué, en 1838, au
théâtre Standish, à Florence, et le prince y
chanta le rôle du ténor. Le bon accueil fait à
cette première production eut assez d'éclat
pour que Jean Procida fût demandé à l'au-
teur pour le théâtre de Lucques, où le succès
ne fut pas contesté. L'opéra bouffe Don De-
siderio, composé par le prince Ponialowski,
dans l'année suivante, fut joué d'abord à
Pise, où il fut applaudi avec enthousiasme et
n'eut pas moins de succès à Venise, à Bologne,
à Livourne, à Milan, à Rome, à Naples et à
Palerme. Dix-huit ans après, cet ouvrage eut
un sort non moins heureux au Théâtre italien
de Paris. Ruy Blas, donné par le prince, au
théâtre de Lucques, en 1842, eut une chute à
peu près complète, quoiqu'il eût été très-bien
chanté par la Frezzolini, Poggi et le barylon
Collini. Le compositeur-amateur se releva par
le succès complet de Bonifazio dei Ceremet,
94
PONIATOWSKl — PONTÉCOULANT
reprtJscntt' à llonic, en 1844, puis à Ancôuc,
à Livourne, à Gôncs cl à Venise. I Lamber-
tazzi, opéra joué à Florence, en 1843, n'eut
que deux représenlations ; mais Maleh-Adel,
opéra sérieux en trois acles, fut plus heureux
à Gènes, dans l'année suivante. Les alterna-
tives de succès et de chutes semblaient être
dans la destinée dramati(|ue du prince Ponia-
towski, car laSposa d'Ahido tomba à plat à
Venise, et fut suivie d'£'smeraWa, représentée
à Livourne, en 1847, et qui réussit. Après les
événements politiques de 1848, le grand-duc
de Toscane a nommé le prince Poniatowski
son ministre plénipotentiaire à Paris. Fixé de-
puis lors dans cette ville, le prince a été na-
turalisé français et l'empereur Napoléon III
l'a fait sénateur. Toutefois, les affaires ne lui
ont pas fait oublier l'art; en 18G0, il a donné,
à l'Opéra, Pierre deMédicis, en quatre actes,
dans lequel il y a de belles choses, parti-
culièrement au quatrième actes, et à l'Opéra
comique, Au travers du mur, en un acte.
PO]>'S(D. Josk), musicien espagnol, naquit
à Gerono, en 17C8. Il fit ses études musicales
sous la direction de U. Jaime Balins, maître
de chapelle de la cathédrale de Cordoue. Pons
était maître de chapelle de la cathédrale de
Gerono lorsque, en 1703, il obtint, au concours,
la place de maître de chapelle de l'église mé-
tropolitaine de Valence. Il mourut dans cette
position, en 1818. Le genre de composition
dans lequel ce maître s'est particulièrement
distingué, est celui des Filhuncicos , ou
chants de Noël, avec orchestre, et des Mi-
serere pour la semaine sainte. Il en a fait de
véritables drames bibliques, qui ont obtenu un
grand succès dans toute l'Espagne. Pons a
composé aussi des f'ilhancicos avec orgue,
qui sont encore chantés dans la plupart des
églises de sa patrie. Cet artiste, dit M. Eslava
{voyez ce nom) est le véritable représentant
de l'école catalane, dont les traditions sont en-
tièrement différentes de celles de l'école valen-
çaise, dans la(|uelle le style classique a tou-
jours été cultivé.
PONTAC (D. Diego), prêtre espagnol, vé-
cut au milieu du dix-septièmesiècle. Il occupa
d'abord la place de maître de chapelle de la
cathédrale de Grenade. En 1044, il fut appelé
à exercer les mêmes fonctions à l'église mé-
tropolitaine de Santiago de Galice. Le 7 sep-
tembre 1049, il abandonna cette position jtour
celle de maître de chapelle de la Seu de Sara-
gosse ; enfin, en 1000, il obtint la direction de
la cbapclle de l'église métropolitaine de Va-
lence, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Le petit
nombre de productions que ce maître a écrites
pour l'église se trouve en manuscrit à la
chapelle royale de Madrid et au monastère de
VEscorial. M. Eslava a publié une messe à
quatre voix de Pontac, dans le premier volume
de la deuxième série (dix-septième siècle) de
sa collection intitulée : Lira sacro-hispana.
PONTE (Jacques DE), compositeur du
seizième siècle, est connu par un recueil inti-
tulé : Cinquanta stanze dal Bemho con mw-
sica a qualtro voci; Venise, 1558. Dans le
rarissime recueil intitulé : Evangelia Domi-
nicorum et feslorum dierum, musicis uu-
meris pulcherrime comprehcnsa et ornata
quatuor, quinque, sex et plurium vocum,
tomi sex, etc. (Nuremberg, Jean Montanus
et Ulrich Neuher, 1550), on trouve, t. III,
n" 20, de Jacques de Ponte, l'évangile Cœ-
nantibus illis accepit Jésus panem, à quatre
voix. Le rédacteur du catalogue de la musique
de la Bibliolhèi|ue royale de Munich traduit
de Ponte par Dupont, d'après un recueil de
motels publié à Anvers, sous ce litre : Qua-
tuor vocum musicx modulationes numéro
XXFI, ex optimis auctoribus diligenter
sehctée prorsus novx, etc. ; Antverpix, apud
Guilielmun J'issenacum , 1542. On y trouve
deux motels qui portent en tête : Jacobus Bu
Pont. Si tel était son nom, les Italiens l'on
changé en de Ponte pendant le séjour que
l'artiste paraît avoir fait dans la péninsule
itali(iue.
POINTE (Adam DE), chanteur de la cha-
pelle impériale sous le règne de Ferdinand I",
vécut dans la première moitié du seizième
siècle. On n'a pas de renseignements sur sa
patrie : si, ce qui estasse/ vraisemblable, son
nom était Du Pont, ou Dupont, il aurait été
Belge ou Français. C'est à cet artiste qu'ap-
partiennent quatre motets à quatre et cinq
voix qui se trouvent dans \eNovus Thésaurus
musicus, de Pierre Joannelli, et que j'ai at-
tribués par erreur à Jacques de Ponte, dans
la première édition de cette Biographie.
POI\TÉCOULAî\T (Louis Adolphe LE
DOULCET, comte DE), né à Paris, en 171)4,
est fils du comte de Pontécoulanl, ({ui fut le
premier préfet du département lie la Dyle,
puis sénatei^r et pair de France. Entré à l'école
militaire de Saint-Cyr, il en sortit, en 1812,
pour faire la campagne de Russie. Dans la re-
traite désastreuse de l'armée française, il fut
fait prisonnier au combat de Paroulina et
passa deux ans dans le gouvernement d'Orcn-
bourg, visitant les bords de l'Oural. Rentré en
France, à la fin de 1814, il fil la campagne de
POxNTÉCOULANT — PONZIO
95
1815, et fui chargé., après la bataille de Wa-
terloo, derorganisalioii et du commandement
de la levée en masse du département de la
Ilaute-Saône. Parti pour l'Amérique après la
seconde restauration, il prit part à la révolu-
tion de Fernambouc (Brésil), et fut condamné
la peine capitale, mais parvint à s'évader. De
retour- à Paris, après sept années d'absence, il
se fit recevoir bachelières sciences et suivit
les cours de droit. En 1823, il fut nommé exa-
minateur des livres au ministère de l'inté-
rieur. Après la révolution de Belgique, en
1830, Pontécoulant se souvint des années de
son enfance passées dans ce pays, et vint, avec
un corps de volontaires organisé par lui, sous
le nom de tirailleurs bel ffes partisans , of-
frir ses services au gouvernement provisoire
établi à Bruxelles. Dès son arrivée, il fut
nommé aide de camp du général Van Ilalen,
reçut l'ordre de se rendre àGand et d'y prendre
le commandement de toutes les forces actives
disséminées dans les deux Flandres. Il rendit
d'importants services dans les émeutes popu-
laires de ces provinces, se trouva comme vo-
lontaire à labalailledeLouvainety fut blessé.
Après 1851, il rentra en France, reprit ses
études, et, depuis lors, il ne s'est plus occupé
que de sciences et de littérature. Il prit part à
la rédaction de V Encyclopédie des gens du
monde, de V Encyclopédie nouvelle, de VEn-
cyclopédie catholique et de V Encyclopédie du
XI X" siècle; le nombre de grands articles
qu'il y a fait insérer est très-considérable :
ceux qui concernent l'astronomie forme-
raient seuls un cours complet de cette
science.
En 1837, M. de pontécoulant commença à
s'occuper spécialement de l'histoire de la mu-
sique dans l'antiquité, de l'acoustique et de la
théorie de la construction des instruments. Il
fournit un certain nombre d'articles sur ces
divers sujets à la Gazette musicale de Paris,
puis à la France musicale: il est maintenant
(1804) attaché à la rédaction du journal hel)-
domadaire VArt musical. Il a été spéciale-
ment chargé de l'examen des instruments de
musique aux expositions industrielles, pour
ces écrits périodiques. Il a publié un livre in-
titulé ; Essai sur la facture instrumentale
considérée dans ses rapports avec Vart, Vin-
dustrie et le commerce; Paris, 1857, un vo-
lume grand in-S». Le même ouvrage, aug-
menté d'un deuxième volume de six cent
quaire-vingt-six pages, a été reproduit sous
ce litre : Organographie. Essai sur la fac-
ture instrumentale. Art, industrie et com-
merce; Varis, Castel,1861, deux volumes gr.
in-S". Ce livre renferme une multitude de
renseignements aussi curieux qu'utiles sur
tous les genres de fabrications d'instruments,
les inventions et perfectionnements, les bre-
vets obtenus dans tous les pays, et le com-
merce de ces objets. On a aussi de M. de Pon-
técoulant : Douze jours à Londres. Foyage
d'un mélomane à travers l'exposition uni-
verselle; Paris, Frédéric-Henri, 1862, un vo-
lume in-12de trois cent vingt-huit pages. Ce
volume contient une appréciation du mérite
des instruments placés à l'exposition interna-
tionale de Londres, en 1802.
PO^iTELlREUO (Febdi.^and), surnommé
AJUTAISTIIVI, compositeur et violoniste,
élève de Rolla, vécut à Milan depuis les der-
nières années du dix-huitième siècle jusque
vers 1820. En 180G, il fit un voyage à Paris,
et y fit graver quelques œuvres de musique
instrumentale. Il a écrit, pour le théâtre de la
Scala, la musique des ballets dont les titres
suivent : 1» Zulima, en 1800. 2» Sadak e
Kalasrod, 1801. 3° // Sacrifizio di C'urzio,
1805. A" Alcina e Ruggiero, 1805. 5" Cam-
bise in Egitto, 1807. G" Le premier acte de
la Morte di JP'haytsong , 1809, 7° Divertisse-
ment exécuté le 15 mai 1815. Pontelibero a
mis en musique, pour voix seule avec accom-
pagnement de piano, soixante-six octaves de
la Jérusalem délivrée, divisées en quatre li-
vraisons; Milan, Ricordi. Enfin, il a publiée
Paris, chez Carli : 1» Trois quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 4. 2" Trois
trios pour deux violons et violoncelle, op. 3.
S" Trois duos pour deux violons, op. 2.
PO:^TUUS (....), bon facteur d'instru-
ments à vent, travaillait à Màcon, dans la
première moitié dudix-seplième siècle. Il était
particulièrement renommé pour le fini et la
perfection de ses musettes (voyez le Traité de
la musette, de Borjon, p. 39).
POISTHUS DE THYARD. Foyez
ÏIIYARD.
POINTIUS (François). On a sous ce nom
d'un écrivain inconnu : Problemata de mu-
sica XFII; Venise, 1559, in-4".
POIVZIO (Piehre), compositeur et théori-
cien, naquit à Parme, le 25 mars 1532, et fut
nommé maître de chapelle de la cathédrale de
Bergame, vers 1570. Il s'attacha ensuite à
Girolamo Cornazzano, chevalier din roi de
Portugal, puis il passa au service de l'église
Saint-Ambroise de Milan, où il se trouvait
en 1581 . Enfin de retour dans sa ville natale, il
y obtint la direction de la chapelle de la Stec-
96
PONZIO — PORPHYRE
cata, qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée
le 27 décembre 159G. Ses compositions, consis-
tant en messes cl motels, sont : 1» Missarum
4 voc. liber priinus; Venise, 1578. 2» Lib. I.
Missarum quinque vocibiis; Venise, 1580.
ô" Lib. 2. Missarum quinque vocibus, Ve-
nise, 1581, in-4".4'' Psaltnivesperliui tolius
annf"; Venise, 1578, in-A". 5° Motettorumcum
quinque vocibtis lib. I; Venise, 1582, in-4''.
C» Lib. 2. Missarum 4 toc; il)id., 1584, in-4''.
7» Magnificat, lib. I; ibid., 1584, in-4».
8° Missarum quinque vocibus, lib. 3; ibid.,
1585, in-4''. 9» Psalmi vesperurum totius
anni 4 voc; ibid., 1589, in-4°. 10» MisssG,
8 roc; ibid., 1590. 11» Lfymni solemniores
ad vespertinas horas canendi; ibid., 159G,
Mn-4». Ce musicien est aujourd'hui moins
connu par ses compositions que par ses écrits
didactiques, dont les titres sont : I» Ragiona-
menti di musica, ove si traita de' passagi
délie consonanzie e dissonanzie buoni e non
buoni, e del modo di far motetti, messe,
salmi, et altre compositioni, e d'alcuni
avverlimenti per il contrapuntista e compo-
sitore, et altre case pertinenti alla musica;
Parme, 1588, in-4''. 2» Dialogo ovesitratta
délia teorica eprattica di musica, etanco si
mostra la diversité di conlrapunti e canoni;
Parme, 1595, in-4''. Il a paru une deuxième
édition de ce livre, à Parme, 1603, in-4». Ce
n'est guère qu'un extrait des ouvrages de
Zarlina, mais assez bien fait. Forkel cite aussi
une édition de ce dialogue datée de Parme,
1591, in-A» (Jllgem. Litt. derMusik,\\. 420)j
mais le père Affù, qui a donné une notice sur
Ponzio, dans ses recherches sur les écrivains
de Parme (tome IV, page 199), et à qui l'on
doit une liste bien faite de ses œuvres, indique
l'édition de 1595 comme la première.
POI>iZIO (....), compositeur dramatique,
né à Naples, dans la première moitié du dix-
builiëme siècle, a fait représenter à Venise,
en 1706, son opéra sérieux intitulé : Arta-
serse.
POOL ou POOLE (Mathieu), savant non
conformiste, né à York, en 1624, mourut en
Hollande dans l'année 1679. On a de lui un
sermon dirigé contre l'usage de l'orgue et des
instruments dans l'église, qui a jtaru sous ce
titre : Evangelical worship^ as it was dis-
cussed in a sermon on John IV, 23, 24;
Londres, 1660, in-4°. Une deuxième édition a
clé publiée dans la même année, également
ln-4». Il en a paru une troisième sous ce
titre : A Reverse to M. Oliver's sermon of
spiritual icorship; Londres, 1698, ia-4".
POPPE (Jea.>-Weîiceslas), religieux bo-
hémien de l'ordre des frères de la Croix, était
compositeur, et a écrit un Te Detim pour le
jubilé de la canonisation de saint Jean Népo-
mucène, en 1728. Il est mort deux ans après.
On a publié à Berlin quelques antiennes de ce
compositeur, sous ce titre : Kirchenmusik fur
4 Singstimmen und Orgel.
POPPE (....), bon l'acteur d'orgues à Roda,
dans la Saxe, vers la fin du dix-huitième siècle,
a construit en 1797, dans l'église de la ville,
un bon instrument à deux claviers, pédale et
vingt-sept jeux, dont on trouve la description
dans le Traité de musique théorique de
Klein, p. 187.
POllCEL (François), ténor et compositeur
espagnol, né à liilbao, en 1816, a chanté de-
puis 1840 jusqu'en 1847 à Pampelune, San-
tander, Tarragone, Valladolid, Victoria et
Saragosse. Son premier opéra, intitulé El
Trovador, fut représenté à Pampelune, en
1842. Deux ans après, il donna à la Corognc
Hosamunda en Ravenna, qui fut joué ensuite
à Tarragone avec succès.
L.» femme de cet artiste, madame Mas-
PoRCEL, cantatrice de quelque talent, a chanté
sur les mêmes scènes que son mari.
POllDEINOI^IE (Marc-Astoine), neveu du
célèbre peintre de ce nom, qui fut son parrain,
naquit à Venise et se distingua comme luthiste
vers le milieu du seizième siècle. Il a publié
de sa composition deux livres de madrigaux à
cinq voix, à Venise, chez Gardane, en 1567,
in-4». Le troisième livre de ces madrigaux à
cinq voix a paru chez le même éditeur, en
1571, et le quatrième livre en 1573. On con-
naît aussi de Pordenone : Madrigali a quallro
voci, ibid., 1580, in-4».
POllFIKI (Pierre), compositeur et maître
de chapelle de l'église collégiale de Saint-
Nicolas in Fabriano, à Bologne, naquit à
Venise, vers 1650. En 1687, il donna dans cette
ville l'opéra de Zenocrate ambascialore ai
Macedoni. On connaît aussi de lui : Cantate
da caméra a voce sola, op. 1 ; Bologne, 1699,
en partition, in-4'' oblong.
POKLETTI (Modeste), membre de l'Aca-
démie des sciences de Turin, a fait insérer
dans les mémoires de celte société savante
(1805-1808, part. 1, p. 141-159) des Recher- ,
ches sur l'influence que la lumière exerce
sur la propagation du son.
POUPllYUE, écrivain grec et philosoi)lie
de l'école uéoplatunique, naquit en 233, à Bé-
tanée, dans la Syrie. Son nom véritable était
AlALCII I JS; il le traduisit lui-même en grec.
J
PORPHYRE — PORPORA
97
Ses maJlrcs dans la grammaire, la rhétorique
et la j)hiIosophie fuient Longin et Plotin. Il
était âgé de trente ans lorsqu'il alla rejoindre
ce dernier à Rome, en 255, et pendant six ans
il suivit ses leçons. Un accès de mélancolie
l'avait décidé à se donner la mort; mais un
voyage en Sicile le guérit de ce mal. Après le
décès de Plotin, il retourna à Rome, où il brilla
par son éloquence. Il y resta jusqu'à sa mort,
qui eut lieu vers 305. Au nombre des livres de
cet écrivain se trouve un commentaire sur les
deux premiers livres des Harmoniques de
Plolémée, que "VValIis a publié avec une tra-
duction latine, d'après quelques manuscrits de
la bibliothèque d'Oxford, dans le troisième
volume de la collection de ses œuvres (p. 183
et 355) (1). Ce commentaire, où Porphyre cri-
tique amèrement la doctrine de Ptolémée, est
entièrement spéculatif et n'apprend rien con-
cernant la praliquede l'art au troisièmesiècle.
Il ne s'étend que jusqu'au septième chapitre
du second livre.
PORPORA (Nicolas), compositeur et cé-
lèbre professeur de chant, naquit à Naples, en
1687, suivant certains biographes, ou en
1685, selon d'autres, ou, d'après le marquis
de Villarosa(2), le 19 août 1686. Cependant,
d'après une lettre écrite de Naples, le 16 avril
1760, au P. Martini, par Joseph Tibaldi, Por-
l)ora aurait eu alors quatre-vingt-six ans ; ce
qui porte l'année de sa naissance à 1674. Il
est à remarquer toutefois que le marquis de
Villarosa donne la date de 1686 d'après un
registre de l'église San Gennaro ail' Olmo,
où Porpora fut baptisé. Son père, libraire,
chargé d'une nombreuse famille, prit la réso-
lution de faire étudier la musique à cet enfant
et obtint son admission au Conservatoire de
Santa Maria di Loreto. Les maîtres de Por-
l)ora dans celte école furent Gaetano Greco,
le P. Gaétan de Pérouse et François Manna.
lîurney met aussi Alexandre Scarlatti au
nombre de ses maîtres. Sorti du Conservatoire
après plusieurs années d'études, Porpora com-
mença sa carrière de compositeur par l'opéra
intitulé : Basilio, re di Oriente, représenté
(1) Oxford, 1G9S-1G99, 4 vol. in-fol.
(2) Suivant une Notice écrite par Gazianiga (voyez ce
nom), élève de Porpora, laquelle se trouve dans le
manuscrit D., p. 120, de la bibliotliéque du lycée com-
munal de musique de Boulogne et qui a clé communi-
quée à M. Farrenc par M. Gaspari (voyez ce nom), ce
serait en 1718 que Porpora aurait été écrire cet ouvrage
à Rome; mais Gazzaniga a certainement été mal informé,
car M. Farrenc, dans une bonne notice sur Porpora,
insérée dans la première livraison de son Trésor des
pianistes, a prouve que l'ouvrage fut représenté en 1721.
BlOCn. UNIV. DES JBGSICIEHS. T. Vil.
au théâtre des Fiorenlini, nouvellement
élevé. Sur la partition de cet ouvrage, il pre-
nait le titre de maître de chapelle de l'ambas-
sadeur de Portugal. En 1710, il fut api)clé à
Rome pour écrire la Bérénice, opéra en trois
actes, qui fut favorablement accueilli par le
public. Hœndel, qui était à Rome au moment
où cet ouvrage fut représenté, rendit justice
au mérite de la musique de Porpora, et, ce qui
lui arrivait rarement, il complimenta l'artiste
^napolitain sur son succès. Ces deux hommes,
remarquables chacun en son genre, ne pré-
voyaient pas alors qu'ils deviendraient plus
tard ennemis irréconciliables.
De retour de Naples, Porpora composa, pour
l'ancien théâtre San Bartolomeo, l'opéra en
trois actes, intitulé Flavio Anicio Olibrio,
qui fut représenté au mois de décembre 1711.
Après cet ouvrage, le compositeur écrivit
beaucoup de messes, de psaumes et de motets
pour la plupart des églises de Naples. Au
nombre de ses talents, il possédait au plus haut
degré celui de l'enseignement du chant. Il ou-
vrit à la même époque une école de cet art,
devenue célèbre, et dans laquelle se formèrent
Carlo Broschi, surnommé Farinelli, Gaétan
Majorano, connu sous le nom de Caffarelli,
Hubert, dit il Porporino , du nom de son
maître, Salimbeni, la Molteni et plusieurs au-
tres, qui fuient les plus grands chanteurs du
dix-huitième siècle. FarineIJi surtout était in -
comparable pour le chant de bravoure et le
brillant de la vocalisation. En 1719, Porpora
donna, au théâtre San Bartolomeo, l'opéra de
Faramonde, qui eut un brillant succès. Dans
la même année, il fut nommé maître du Con-
servatoire degli poveri di Gesù Cristo. Ap-
pelé à Rome, il y composa l'opéra Eumene,
en 1721, qui fut représenté au théâtre .,^/ï-
berti{i), et obtint du succès. De retour à Na-
ples, en 1722, Porpora écrivit l'oralorio
// Martirio di santa Eugenia, qui fut
considéré comme une de ses plus belles pro-
ductions. Sa réputation, comme professeur de
composition, égalait celle qu'il avait acquise à
juste titre dans l'enseignement du chant.
Arrivé à Naples, en 1724, ce fut lui que Basse
choisit pour le diriger dans ses études j mais
ayant été présenté plus tard à Alexandre Scar-
latti, le plus grand musicien de l'Italie, il en
^l) C'est ici le lieu de faire remarquer que j'ai été
induiten erreur lorsque j'ai dit, dans la première édition
de cotte Biographie tiniiierselle des musiciens, qu^£umtne
fut écrit pour Carlo Broschi surnommé Farinelli, car,
ainsi que le remarque M. Farrenc, le nom de cet artiste
ne figure pas dans le livret parmi ceux des chanteurs
qui exécutèrent l'ouvrage.
98
PORPORA
icrnl (les conseils et quilla Técole de Porpora.
Il en résulta entre eux une haine qui ne fit
que s'accroître avec le temps.
L'année 1723 fut marquée dans la carrière
de Porpora par une grande activité dans ses
travaux, car il écrivit, pour les noces du
prince de Montemilelto, une cantate intitulée
Vlmeneo, dans laquelle chanta son élève Fa-
rinelli; puis Atnare per regnare, opéra re-
présenté au théâtre San Bartvlomeo, et, sui-
vant un recueil manuscrit qui se trouve à la
Bibliothèque du Conservatoire de Paris,
cité dans la notice de M. Farrenc, Adélaïde,
opéra représenté à Rome. Peut être est-ce dans
cet opéra que Farinelli fit son début dans cette
\»'le. Il faut ajouter à ces compositions une
messe à cinq voix, qui est dans la collection de
l'abbé Santini, et qui porte la date de 1725.
Quant à l'opéra de Semiramide, ajouté par
Villarosa à la liste des ouvrages de Porpora,
écrits à Naples dans cette même anné^, je
crois que ce biographe s'est trompé, car la
Dramalurgia d'AlIaci indique, d'après le
livret, la Semiramide riconosciuta comme
ayant été écrite à Venise et représentée en
1729, à moins que le maître n'ait composé
deux ouvrages sous le même titre.
En 1725, Porpora fit un voyage à Vienne,
où il fit entendre à la cour quelques morceaux
de ses opéras qui ne furent pas goûtés. L'em-
pereur Charles VI, qui n'aimait pas les orne-
ments du chant italien, et qui avait particu-
lièrement en aversion les trilles et les
mordents, que Porpora prodiguait dans sa
musique, ne le chargea d'écrire aucune com-
position. Au retour de ce voyage, le maître
s'arrêta à Venise, où il fut engagé à composer
l'opéra de 5t7ace,qui fut représenté, en 1726,
au théâtre Saint- Jean -Chrysostome. Le succès
de cet ouvrage lui fit obtenir la place de
maître du Conservatoire degli incurabili. On
voit dans la Dramalurgia d'Allaci qu'il
donna, dans la même année, /meneo in Alêne,
au théâtre Saint-Samuel, et Meride e Seli-
nunle, à celui de Saint-Jean-Chrysostome. Je
possède la partition de cet ouvrage, au titre
duquel Porpora prend le titre de maestro délie
figlie del coro degli incurabili (1). En 1727,
il donna, au même théâtre, Arianna e Teseo,
(|ui fut alors considéré comme un de ses meil-
leurs ouvrages (2). Ce fui à Venise et à la
(i) I/éditcur de la Dramalurgia d'Allacci (Vrnr-
t\a, ITTSH) %'rsl trompé en plnrnnt la reprtïicntntinn de
Mtridê en 17%, car mon manuscrit de lu partilioii de rcl
ouiTSge, lequel a été fait pour Péleetrice de Saxe, porte
la date de 1727,
(3) Burney dit que cet optfra fut <fcrit à Vienne
niéinc épof|ue qu'il écrivit, pour les élèves de
VOspedale degli incurabili, ses douze belles
cantates dont il a été fait plusieurs éditions,
et dont la première parut à Londres, en
1700.
En 1728, Porpora fut invité à se rendre à
Dresde pour enseigner le chant à la princesse
électorale de Saxe, Marie- Antoinette. Passant
à Vienne, dans ce but, il s'y arrêta quelque
temps, dans l'espoir de faire revenir l'empe-
reur de ses préventions coulre lui, et d'en re-
cevoir quelque récompense dont il avait be-
soin, car il était parti de Venise avec une
bourse fort légère ; mais ce fut longtemps en
vain qu'il chercha l'occasion de faire exécuter
quelque ouvrage de lui dans la chapelle im-
périale; il se serait même trouvé dans le plus
grand embarras, si l'ambassadeur de Venise
ne l'avait retiré chez lui, et ne lui avait fait
enfin obtenir la faveur d'écrire un oratorio
pour le service de Charles VI. Les auleurs de
la Biographia degli uomini illustri del ré-
gna di Napoli font honneur au célèbre com-
positeur liasse de la protection accordée en
cette circonstance à son maître; mais à cette
époque liasse était en Italie, et ce ne fut que
deux ans après qu'il s'éloigna de Venise pour
aller à Dresde. D'ailleurs, liasse, loin d'avoir
conservé de la reconnaissance pour les soins
que lut avait donnés son maître, ne lui
montra que de l'ingratitude lorsqu'il le re-
trouva plus tard à Dresde et ailleurs. Quoi
qu'il en soit, Porpora écrivit l'oratorio, pour
lequel on lui avait fait dire d'être plus mé-
nager de ses trilles et de ses mordents. L'em-
pereur, assistant à la répétition de l'ouvrage,
fut charmé d'y trouver un style simple où ne
paraissait pas un seul de ces ornements qu'il
n'aimait pas. Cependant, le compositeur avait
préparé pour la fin une plaisanterie à laquelle
le monarque ne s'attendait pas, et qui eut le
succès que le compositeur s'était promis. Le
thème de la fugue finale commençait par quatre
notes ascendantes sur lesquelles il avait mis un
trille; cette série de trilles, répétée à toutes les
entrées des différentes voix, devint une bouf-
fonnerie des plus plaisantes au strelto, quand
toutes les parties firent entendre une longue
suite de trilles qu'elles reprenaient tour à
tour. Quoique d'un caractère fort sérieux,
en 1717, puis reprëtenK à Venise en \TO, et à
Londres, en 1734 (a Central hitlory of Muiir, I. IV,
p. 545) : J'ai suivi celle indication dans la première édi-
tion de la Uiograpliie dtt Muticieni; mais Antoine
Sclimid m'a communique, en IHM), une lettre autogrnplie
de Porpora, de laquelle il résulte qu'il alla à Vienne
pour la première fois en \1-Xi.
J
PORPORÂ
99
l'empereur fut piis d'un rire convulsif à l'au-
dition de ce morceau grotesque, pardonna à
l'auteur sa plaisanterie, et lui fit remettre une
récompense pour son travail.
Arrivé à Dresde, Porpora y fut bien ac-
cueilli, et bientôt il y jouit d'une faveur sans
bornes près de la princesse électorale, qui ap-
prit de lui non-seulement l'art du chant,
mais la composition. Lorsque liasse se rendit
à la cour de Saxe, en 1730, il trouva Porpora
en possession de la direction de la musique de
la cour, et ce fut alors qu'il lui donna des té-
moignages d'une ingratitude qui s'était déjà
manifestée à Naples. En 1729, le maître napo-
litain avait obtenu un congé pour aller à Lon-
dres diriger rOpéra italien établi en opposi-
tion au théâtre dirigé par Hœndel ; mais avant
de s'y rendre, il alla à Venise écrire la Semi-
ramide riconosciuta, qui eut du succès. Arrivé
à Londres, au mois d'avril, il fut mis en pos-
session de la direction de la musique de l'Opéra
italien dont la noblesse faisait les frais dans
le dessein de faire tomber celui que Hsendel
soutenait à ses dépens. Des pertes considé-
rables résultèrent, pour ces deux entreprises,
de leur rivalité. Porpora comprit alors qu'il
ne pourrait lutter avec avantage qu'en appe-
lant près de lui Farinelli pour l'année sui-
vante. De retour à Dresde, il négocia cette
affaire, et, dans l'année suivante, il se rendit
de nouveau à Londres, où la réunion de Fari-
nelli et de Senesino au théâtre de Hay-Market
assura le succès du rival de Hsendel. Alors
Porpora demanda et obtint la résiliation de
son engagement avec la cour de Saxe et de-
meura dans la capitale de l'Angleterre pen-
<lant plusieurs années. Il y publia un livre de
ses excellentes cantates, et des trios de violon
et basse, sous le titre de Symphonies, ouvrage
d'une conception aussi faible que l'autre était
remarquable. Accoulumée à la musique ner-
veuse et pleine d'invention de Hsendel, la na-
tion anglaise ne goûtait pas les œuvres dra-
matiques de Porpora, dont le syle, bien que
rempli de mélodie, manquait de chaleur et de
nouveauté. Mais la grande réputation dont il
jouissait à Londres comme maître de chant,
après qu'on eut entendu Farinelli, aurait pu
faire sa fortune, si son ambition d'artiste se
fût alors bornée à donner des leçons d'un art
qu'il possédait si bien. Il fit certainement des
voyages à Venise pendant la durée de son sé-
jour en Angleterre, car on voit dans la Dra-
maturgia d'Allaci qu'il donna, en 175 1 , Anni-
bale, en trois actes, au théâtre Sant'Angiolo,
de cette ville, cl je possède la grande partition
de Milridate, en trois actes, qu'il y écrivit en
1753. Il parait qu'il s'éloigna de l'Angleterre
en 1736, car il fit représenter, au théâtre
Saint-Jean-Chrysostome, un opéra intitulé
Rosdale, dans la m^me année. Il semble aussi
qu'il y reprit les fonctions de direçtei/t d'une
des écoles de njusique de celte ville; mais
toute cette partie de sa vie est incertaine : on
sait seulement qu'il était à Venise en 1744,
car, suivant la Dramaturgia , il y donpa
alors le Nozze d'Ercole e d'Ebe. En 1745, il
s'y trouvait encore et y écrivit un Stabat,
pour deux voix de soprano et deux contraltos,
qui appartenait à Sigismondi, bibliothécaire
du collège royal de musique de Naples, en
1819; cet ouvrage était daté de Venise, dans
cette même année 1745.
Un gentilhomme vénitien, nommé Corner,
fut envoyé vers ce temps comme anU)assadeur
de sa république, à Vienne. Il avait une mat-
tresse qui était folle de musique et qui pre-
nait des leçons de chant de Porpora. Celle
femme obtint de Corner qu'il emmenât à
Vienne le vieux maître, dont elle ne pouvait
se séparer et, pour la troisième fois, Porpora
revit la capitale de l'Autriche. Il y passa plu-
sieurs années, et ce fut dans le séjour qu'il y
fit que Haydn {voyez ce nom) le connut et en
reçut des conseils. Ce fut sans doute à la
générosité de l'ambassadeur de Venise que
Porpora fut redevable des moyens de publier
ses sonates pour violon cl basse qui parurent
sous ce titre : Sonate AU di violino e basso
dedicate a S. A. R. la principessa elettorale
di Sassonia Maria Antonia TFalburga di
Baviera, da Niccolo Porpora, maestro di
cappella di S. M. il re di Pologna. In
Fienna d'Austria , 1754. Si vendono dal
Signor Frederico Bernardi libraro délia
corle imp., in-fol. oblong de soixante-deux
pages, gravé sur cuivre. Dans l'épître dédica-
toire de cet ouvrage, le compositeur dit qu'il
y a fait usage des trois genres diatonique, en-
harmonique et chromatique. On ignore en
quelle année il quitta Vienne pour retourner
à Naples, mais tout porte à crgire que ce
fut entre 1755 et 1760. Suivant la notice
écrite par Gazzaniga et citée précédemment,
ce fut en 1759. Il ajoute que Girolamo Abcs,
maître de chapelle de la cathédrale de Naples
et maître de chapelle du Conservatoire de
San Onofrio, étant mort, en 1760 (1), Por-
pora lui succéda dans ces deux emplois. Dans
(I) J"ai placé trop tard la date de h mort de cet .".rliste
dans l'ariiclc qui le concerne.
100
PORPORA
celle même année, il avait fait représenter
son dernier opéra, inlilulé II Trionfo di Ca-
millo. Porpora ne s'était jamais distingué par
l'abondance ni par la nouveauté des idées;
mais dans ce dernier ouvrage, la débilité de
rimagfcalion était complèlc. Le grand âge de
l'arlislc, et le besoin qui l'avait porté à écrire,
étaient son excuse. Les leçons des ténèbres à
soprano et ténor, pour le mercredi et lejeudi
saints, qu'il écrivit dans le même temps pour
l'église des Pellegrini, furent chantées par
les célèbres artistes CafTarelli et RafT. Leur
talent prêta à celle musique un charme que le
compositeur n'y avait pas mis. La dernière
production de Porpora fut une musique pour
la fêle du sang de saint Janvier; elle fut exé-
cutée dans la cathédrale, en 1765. L'historien
de la musique Burney, qui visita Naples peu
de temps après la mort de l'artiste, dit que sa
misère fut exlrômedans ses dernières années ;
ses infirmités l'empêchaient souvent de don-
ner ses leçons, qui étaient sa meilleure res-
source. On a peine à comprendre qu'il en fut
ainsi, s'il est exact qu'il réunit, à celle der-
nière époque de sa vie, les deux places de
maître du Conservatoire de San Onofrio et
de chapelle de la cathédrale de Naples. Toute-
fois, l'assertion de Burney se trouve confirmée
par le marquis de Yillarosa, qui nous apprend
que les musiciens de celle ville durent se co-
tiser pour payer les frais de ses funérailles, qui
furent faites dans l'église de l'^cce homo, où
il fut enterré. C'est un grave reproche à la
mémoire de Farinelli et de Caffarelli, gorgés
de richesses, d'avoir laissé languir la vieil-
lesse de leur maître dans les horreurs du be-
soin. Suivant la notice de Gazzaniga, Porpora
mourut au mois de février 17G6, d'un mal
qui lui était survenu à la jambe. D'après les
renseignements recueillis par Villarosa, son
décès n'aurait eu lieu qu'en 1767, par suile
<i'une pleurésie. Il y a plus de probabilité pour
la date donnée par l'élève de Porpora, qui a
dil être bien informé de la mort de son maître.
Porpora ne vécut donc pas jusqu'à l'âge de
quatre-vingt-dix ans, comme le prétend Bur-
ney, ni jusqu'à sa quatre -vingt -deuxième
année, suivant Gerbert, mais jusqu'à l'âge de
quatre-vingts ans moins quelques mois.
Burney dit, d'après les renseignements
qu'il recueillit à Naples, que Porpora a com-
posé plus de cinquante opéras; on ne connaît
aujourd'hui que ceux dont les litres suivent :
\* Batilio, re di Oriente, à Naples. 2» Béré-
nice, à Rome, 1710. 5» Flavio Ànicio Oli-
brtO; à Naples, 1711. 4" Faramonda, idem,
1719. Entre ces deux derniers ouvrages, il y a
une lacune de huit années, pendaht lesquelles
on ne peut douter que Porpora n'ait écrit
plusieurs opéras maintenant inconnus. ^"Eu-
mene, à Rome, 17:21. 6° L'Imeneo, cantate, à
Naples, 1723. 7" /ssipile, à Rome, 1723. Je
doute de l'existence d'un opéra de ce nom
écrit par Porpora, parce que le catalogue de
la collection de l'abbé Sanlini indique Issi-
pile, cantata di caméra. 8° yidelaide , à
Rome, 1723. 9» Siface, à Venise, 1726.
10» Imeneo in Atene, ibid., 1726. W^Meride
e Selinunte, à Venise, 1727. 12» Ezio, ibid.,
1728. 13" Semiramide riconosciuta, ibid.,
1729. 14» Ërmenegilda, à Naples, 1729.
15» Tatnerlano, à Dresde, 1730. Je crois
qu'il y a eu d'autres opéras composés par Por-
pora pour la cour de Saxe, au nombre desquels
doit être 16» Akssandro nelle Indie. 17»^n-
nibale, à Venise, 1731. 18» Germanico in
Germania, à Rome, 1732. La parlilion de cet
opéra est dans la collection de l'abbé Sanlini,
à Rome. 19» Mitridate, à Venise, en 1733.
La parlilion est dans ma bibliothèque. 20°/er-
dinando, à Londres, en 1734. Cet ouvrage,
dil Burney, n'eut que quatre représentations.
21» Z^wcio Pupirio, à Venise, 1737. 22» Ros-
dale, ibid., 1737. 23» Temistocle, à Londres,
1742. Cet ouvrage n'obtint que huit représen-
scntalions. 24" Le Nozze d'Ercole e d'Ebe,
à Venise, 1744. 25" // Trionfo di Camillo, à
Naples, en 1760. Les autres ouvrages drama-
tiques de Porpora dont on ne connaît pas les
lieux de représentation, sont : 20» Statira,
en 1742. 27» Polifemo. 28» Ifigenia in Au-
lide. 29» Rosmene. 30» Partenope. 31» Di'
donc. 32» Agrippina. Deux cantates ou Azioni
teatrali, à savoir : Angelica e Medore, de Mé-
tastase, et Gli Orli Esperidi, du même, ont
été mises en musique par ce maître.
Porpora élait dépourvu de génie drama-
tique; il y a absence complète de variété dans
le style de ses opéras. Comme la plupart des
maîtres de son temps, il n'écrivit que des airs
pour ces ouvrages, et tous ces airs sont jetés
<lans le même moule. Dans la partition de
jVeride e Selinunte, que j'ai sous les yeux, il
y a vingt-neuf airs et un seul chœur final de
vingt et une mesures. De ces airs, huit sont en
fa majeur, dont sept à quatre temps et al-
legro, et un à Irois temps, avec basse de
viole obligée. Porpora a écrit plusieurs ora-
lorios; voici ceux dont les titres sont connus :
1» Gcdeone. 2» Il Martirio di santa Eu-
genia. 3» / Marliri di S. Giovanni Nepo-
mucene. 4° // f'erbo incarnato. 5» Davide,
PORPORA — PORRO
101
à Londres, 1735. 6"/^ Trionfo délia divina
giustizia. On ignore le titre de celui qu'il
écrivit à Vienne, pour l'empereur Charles VI.
Parmi ses œuvres pour l'église, on remarque
en manuscrit, dans plusieurs bibliothèques :
1° Messe à cinq voix, sans orchestre. 2" Messe
à cinq voix, deux violons, viole et basse.
ô" Messe à deux chœurs, quatre voix di ri-
pieno, et orchestre. 4° Messe à quatre voix et
orchestre; Paris, Launer. 5° In exilu Israël,
à deux chœurs. G» Confitehor, à deux chœurs,
deux violons, viole et orgue. 7» Domine pro-
basti me, pour deux voix de soprano, deux
contraltos, deux violons, viole et orgue. 8» In
te Domine speravi , à cinq voix, deux violons,
viole et orgue. O" Qui habitat, pour deux so-
prani, deux contralti, violons, viole et orgue,
î 0 «Magnificat, à deux chœurs. W" Dixit pour
quatre voix, deux violons et orgue. 12" Dixit
court, à quatre voix. 13» Stabat pour deux
soprani, deux contralti, deux violons, viole et
orgue. 14" Six duos pbur deux soprani sur le
texte de la Passion, pour la semaine sainte.
13» Leçons pour l'ofTice des morts. 1G° Latt-
date, pueri, Dominum, à quatre voix, vio-
lons, viole et hautbois. 17» Te Deum, à quatre
voix et instruments. 18» In te, Domine,
speravi, à quatre voix. 19» Beatus vir, à
<|U3lre voix. 20» Credidi, à quatre voix.
21» Lauda, Jérusalem, à quatre voix. 22» Lx-
tatus sum, à deux chœurs avec violons. 23" /n
cntivertendo, à quatre voix. 24» Cum invo-
carem, à (|uatre voix. 25° Nunc dimittis, à
cinq voix. 26» De profundis, à quatre voix.
27» Confitebor, à quatre voix. 28" Nisi Do-
minus, à quatre voix. 29» Introduzione al
salmo Miserere pour deux soprani, deux
alti et instruments. 30» Litanies à quatre voix
et instruments. 31» Salve Regina, à quatre
voix. 32» Salve Regina, à voix seule avec in-
struments, dont le manuscrit orignal était
dans 'la collection d'Aloys Fuchs, à Vienne.
3-"o Deux Regina Cœli, à voix seule et instru-
ments.
Porpora a écrit un nombre immense de
cantates à voix seule avec accompagnement de
clavecin. Il en a fait graver douze à Lon-
dres, en 1735. Ces cantates, du plus beau
slyle, me semblent être l'œuvre .capitale de
Porpora. Choron en a donné une édition nou-
velle, à Paris. Porpora a publié aussi à Londres,
en 1736, six symphonies da caméra pour
deux violons, violoncelle et basse continue.
Les autres ouvrages de musique instrumen-
tale de cet artiste sont : 1» Les douze belles
sonates de violon cl basse, gravées à Vienne,
en 1754, et dont il a été fait deux éditions
en partition à Paris, la première chez Des-
combes, l'autre chez Janet. 2» Six fugues
pour clavecin, publiées pour la première fois
par Clementi, dans son Practical Harmony
(Londres, quatre volumes in -4» obi., t. I",
pp. 38-5C), puis par M. Farrenc, dans le pre-
mier volume de son Trésor des pianistes.
Dans sa jeunesse, Porpora avait beaucoup
de gaieté, d'esprit, et la repartie vive; mais
devenu vieux, il éprouvait souvent des impa-
tiences et des accès de mauvaise humeur que
sa misère faisait excuser. Il était instruit dans
les littératures latine et italienne, cultivait la
poésie avec succès, et parlait avec facilité les
langues française, allemande et anglaise. On
trouve son portrait gravé dans le volume de
la Biografxa degli uomini illustri del régna
di Napoli qm concerne les musiciens ;Naples,
1819, in-4\
PORRO (Piebre), né à Béziers, en 1759,
apprit dans sa jeunesse la musique et la gui-
tare, et fit de bonnes études au collège de
cette ville. En 1783, il se rendit à Paris, s'y
livra à l'enseignement de la guitare, et publia
quelques sonates pour cet instrument qui le
firent connaître d'une manière avantageuse.
Quatre ans après, il commença un journal de
pièces de guitare dont il publia la suite pen-
dant seize ans : il y intercala beaucoup de
morceaux de sa composition pour une et
deux guitares. Le succès de ce journal le jeta
dans le commerce de la musique, qu'il conti-
nua pendant toute sa vie, quoique, dans ses
dernières années, il eût acheté une petite pro-
priété dans la belle vallée de Montmorency, oii
il habitait pendant l'été. Doué d'un esprit vif,
original, plein de saillies, et d'une âme noble,
il était obligeant, et ne se laissait pas décou-
rager par l'ingratitude. Son amour pour l'art
et pour les productions classiques des grands
maîtres allait jusqu'à l'enthousiasme. Il en
publia beaucoup dans un temps où ce genre
de musique était peu recherché en France,
bien moins stimulé par l'espoir du gain que
par le désir de faire connaître à ses compa-
triotes des chefs-d'œuvre ignorés. Il est mort
à Montmorency, dans l'été de 1831. Les prin-
cipaux ouvrages de Porro sont : 1» Concertos
pour guitare et orchestre, n»' 1 et 2; Paris,
Beaucé. 2" Six divertissements pour guitare,
flûte et violon ; ibid. 3° Quatre livres de duos
pour deux guitares; Paris, Porro. 4» Sonates
pour guitare et violon ou fliUe, op. 11, 17,
19, 20, 35, 36; ibid. 5» Sérénades, idem,
n»' 1-6; ibid. 6» Duos pour guitare et piano.
40S
PORIIO — PORTA
op. 33 j ibid. 7» Un grand nomI)re d'airs va-
lit's, pois-pourris, recueils d'éludés el d'exer-
cices pour guitare seule ; ibid. 8" Environ
vingl-cinq sonates, idem, et détachées; ibid.
9o Instruction pour la bjre-guilare ; ibid.
10» Tableaux élémentaires pour apprendre à
s'accompagner et se perfectionner sur la gui-
tare; ibid. 11° Quelques recueils de pièces
pour un et deux flageolets; ibid. 12° Méthode
de flageolet; ibid. 13" Hymne à sainte Cécile,
i'i deux voix , orchestre et orgue ; ibid.
i4" Panis angelicus, à deux voix et orgue;
ibid. 15° Douze romances avec accompagne-
ment de guitare, op. 27; ibid. 10° Beau-
coup de romances et de chansons détachées;
idem, ibid.
PORSILE (Joseph), compositeur napoli-
tain, né en 1672, fit ses études musicales dans
un des conservatoires de Naples. Ayant été
appelé en Espagne au service de Charles II, il
/ut d'abord second maître de la chapelle
royale ; en 1697, il devint titulaire de la place
de premier maître. Après la mort de ce prince
(1700) et l'avènement de Philippe V au trône
d'Espagne, Porsile retourna à Naples. La
longue guerre de la succession le retint dans
celte ville, où son occupation principale fut
l'enseignement du chant et la composition de
musique d'église pour les nombreux couvents
et les églisqs de Naples. La paix d'Utrecht, qui
mit fin aux agitations de l'Europe, permit à
l'empereur Charles VI de se livrer à son goût
passionné pour la musique : il fit venir d'Italie
des virtuoses et des compositeurs. Forsile, à
qui l'on fit peut-être un mérite de s'être
éloigné de l'Espagne au moment où la domi-
nation française venait s'y établir, fut du
nombre des artistes appelés à la cour impé-
riale : il arriva à Vienne, en 1713. Il y eut le
titre de maître de musique de l'archiduchesse
Joséphine et de l'archiduc, qui fut empereur
sous le nom deJosephP''. Plus tard, Porsile eut
le litre de compositeur aulique . Il est appelé
Compositore giubilato au titre de son opéra
Spartaco. Il conserva sa position jusqu'à sa
mort, arrivée le 29 mai 1750. Il avait atteint
l'âge de soixante-dix-huil ans. Son premier
ouvrage composé pour la cour impériale fut
Sitara , drame d'ApostoIo Zeno, représenté
en 1719. Sesaulrcs opéras écrits pour la même
cour sont : Meridc c Selinunte, en 1721 ; Spar-
taco, en 1720; I due re, Roboamo e Geroboa-
rno, en 1751 ; Giuseppericonosciuto , en 1733.
Davide, oratorio, fut composé en 1724, sur le
pMmc d^y^postolo Zeno. Les partitions de
Portilc soni conservées à Vienne dans la riche
collection d'ancienne musique dramnlif;ue de
la cour. liasse avait beaucoup <reslime pour
les compositions de cet artiste, dont le style
était simple et expressif.
PORTA (Cojcstaîst), religieux de l'ordre
de Saint-François ou mineur conventuel, na-
quit à Crémone, dans la première moitié du
seizième siècle, el fit ses éludes musicales à
Venise, sous la direction d'Adrien Willaert (î).
Après avoir été maître de chapelle du couvent
de son ordre, à Padoue, il alla occuper un poste
semblable à la cathédrale d'Osimo, puis à l'é-
glise métropolitaincdeRavenne,et en dernier
lieu à la Santa Casa de Lorette, où il mourut
en ICOl . On peut le considérer comme un des
plus savants musiciens italiens de son temps.
Son style est grave, et nul n'a été plus sévère
observateur du caractère de la tonalité du
plain-chant, sur lequel il aécritla plusgrandc
partie de ses ouvrages. Il a formé beaucoup
d'élèves qui ont élé des artistes de mérite. Il a
publié de sa composition : Liber primus Motec-
torum 4, 5, 6,7 et S vocum ; Venise, 1555. Ce
premier livre a été réimprimé à Venise, chez
Ang. Gardane, en 1559, in-4» obi. 2" Liber II,
ibid., 1559. 3" Liber III, ibid., 1572. 4" Li-
ber IV, ibid. 5»Liber V, ibid., 1585.6» Liber I
MissarumA, 5 et 6 vocum; ibid., 1578. Les
cinq livres de motets ont élé réimprimés chez
le même, en 1580 etl585.7°Zi6er I Introitus
Missarum quinque vocum; ibid., 1566. 8° Li-
ber II Introitus jMissarum dominicus pro
quinque vocibus ; ibid., 1588. 9° ;Vadre(/«/t a
4 e 5 voci, lib. I; ibid., 1555. 10» Libro H,
jftid. , 1573. ll°LibrolII,j6H/., 1586. 12"/Hnt
sacri per tulto l'anno a quattro voci; in
f'enetia , app. Gardano , 1002 , in-4".
13» Psalmodia Fesperlina omn. solem. octo
vocum, adj. quatuor canticis B. M. V.
octonis vocibus; ibid., 1605. Ces deux ou-
vrages sont posthumes. 14° /l quarto libro di
madrigali a cinquevoci nuovamcnte raccolti
di Marsiglio Crisloforo; in f'enetia app.
Ang. Gardano, 1580, in-4». Le P. Martini
possédait aussi en manuscrit de ce musicien :
Lamentationes quinque vocum, el Madrigali
a quattro voci ; ainsi qu'un traité de compo-
sition intitulé : Jnstruzioni di contrapunto.
Le P. Constant Porta fut un des auteurs qui
dédièrent à Pierluigi de Palestrina un recueil
de psaumes à cinq voix. On trouve quelques
morceaux de sa composition dans les anciens
(I] M. de Winlcrfcld, qui a donné quelques détails
sur les élevés de ce maiire, dans son livre sur Jean (it-
brieli, a oublié Porta, qui fui pourtant un des plus dis-
tingués.
PORTA
403
recueils i)iil)liés à Venise ef à Anvers, au
seizième siècle. Le P. Martini a donné plti-
sieiiis extraits de ses œuvres dans le Saggio
fondamentale prattco di contrappiinto, re-
produits par Choron dans ses Principes de
composition des écoles d'Italie, et Paolucci
en a inséré deux morceaux dans les deux
premiers volumes de son ^rle pratica di
contrappunto ; enfin, un morceau ingénieux
de Porta, publié par Artusi dans son livre
Belle imperfetioni (sic) délia moderna mu-
sica,a. été reproduit par llawkins, dans le pre-
mier volume de son Histoire générale de la
musique (pages 1121 15).
PORTA (Hekcule), compositeur, né à
Bologne dans les dornières années du seizième
siècle, fut maître de chapelle de San Giovanni
in Persicetti, à Venise. Il occupait cette po-
sition en 1620. II n'est connu que par quelques
ouvrages dont les titres suivent : l" Le Laudi
délie musica, a tre voci, libro primo; Rome
(sans date). 2» Hore di recreazione auna et
duc^voci; in Fenetia, app. Fincenti. 1612.
3' Lusinghe d'amore e canzonette a 3 toci,
Venise. 4" Sacri concerii musicali a 1, 2, 3,
4, 5, 6 voc.i,'con violini, tre troinboni et
basso per Vorgano, op. 7, Venise, Aless.
Vincenli, 1620, in-4". 5'> Completorium
quinque vocum, op. 8, ibid., in-4'.
POllTA (Jean-Baptiste), physicien cé-
lèbre, naquit à Naples vers 1530, et mourut
dans la même ville, le 4 février 1G13. C'était
un homme d'érudition, mais dont l'esprit
était rempli de préjugés et de crédulité pour
les choses les plus absurdes. Dans sa Magia
naturalis libri XX, dont la première édition
parut à Naples, en 1381), in-fol., il traite
{Jtib. XX, cap. 7) de l'efficacité de la musique
pour le traitement de quelques affections mo-
rales. Sous le nom de Giovan Battista Porta,
sans autre indication, a été publié un recueil
intitulé : Mudrigali a cinque voci, in Fe-
netia, app. Bartol. Magni, 1616, in-4\
POIVTA (JEA^), compositeur dramatique,
né à Venise, vers la lin du dix-septième
siècle, fut d'abord directeur de la musique du
cardinal Ottoboni, puis retourna à Venise, en
1716, et y obtint la place de maître du chœur
des jeunes filles du conservatoire de la Pietà.
Il occupait encore cette place en 1736, lors-
qu'il se présenta au concours, après la mort
de Biffi, pour la place de premier maître de la
chapelle ducale de Saint-Marc, avec Antoine
Pollarolo et Lotli : ce dernier obtint la préfé-
rence. Après cet échec. Porta retourna à Lon-
dres oii il avait déjà fait un voyage, en 1729.
Il fut nommé maître de chapelle de l'électeur
de Bavière, en 1757, et mourut à Munich, en
1740. On connaît de cet artiste les opéras
suivants : 1" La Costanza combattuta in
amore, Venise, 1716. 2" Agrippa, ibid.,
1717. 3" L'Amor di figlia, ibid., 1718.
4" Teodorica, ibid., 1720. 5" L'Amor ti-
ranno, ibid., 1722. 6» Li Sforzi d'ambi-
zione e d'amore. ibid., 1724. 7" Antigono
tutori di filippo (avec Albinoni), ibid..,
1724. S" Marianna, ibid., 1724, Çf.Agide,
re di Sparta, ibid., 1723. 10" t7îsse. ibid..
1723. 11»// Trionfo di Flavio OUbrio. ibid.j
1626. 12" Aldeso, il>id., 1727. 15" Amor e
fortuna, ibid., 1728. 14" Nel perdono la
vendetta, ibid., 1728. 15° Z>or<c/ea ripudiata
di Creso, ibid., 1729. IG' Numidor, à Lon-
dres, 17Ô8. 17° Artaserse, à .Munich, 1739.
On trouvait autrefois chez Breitkopf, à Leip-
sick, un Magnificat a quatre voix et orchestre
et un motet pour soprano, deux violons, alto
et basse, de Porta.
POIITA (BEn:»ARDo), né à Rome, en 1758,
reçut des leçons de composition de Magrini,
élève de Léo. Après avoir été maître de cha-
pelle à Tivoli, il retourna à Rome, et fut at-
taché au prince de Salm, alors prélat dans
celte ville. Dans ce môme temps, îl écrivit
pour le théâtre Argenlina la Princtpesse
d^Amalfi, qui n'eut point de succès, des
messes, des motets et deux oratorios. Arrivé à
Paris, en 1788, il donna dans la même année,
au Théâtre Italien, le Diable à quatre, opéra-
comique, avec une nouvelle musique qui fut
mal accueillie par le public. Cet ouvrage fut
suivi, au même théâtre et au théâtre Montan-
sier de la Blanche haquenée, Pagamin, au
théâtre Louvois, 1792, Laurette au village,
au théâtre Mol^re, 1793. Porta donna à
l'Opéra, en 1794, Agricole Fiola ou la Réu-
nion du 10 août, en un acte; les Horaces, en
deux actes, 1800, son meilleur ouvrage; le
Connétable de Clisson, en trois actes, 1804.
Il est difficile d'imaginer rien de plus plat, de
l»Ius misérable, que ce dernier opéra, qui fut
l'objet d'une chanson satirique, sur un vieil
air franrais, avec ce refrain :
l'orle ailleurs ta musique, Porla.
Porte ailleurs la musique.
Porta avait terminé douze opéras fiançais
dont il n'a pu obtenir la représentation. Ce
musicien a écrit aussi de la musique instru-
mentale, etl'on connaît sous son nom: l°Trios
pour deux violons et basse, livres 1 et2; Paris,
Naderman. 2° Trios pour trois flûtes, op. 1,
6 et 11 ; Paris, Siebcr et Janct. 3" Trois
104
PORTA — PORTMANN
quatuors pour fliKe, violon, allô el basse;
Paris, Imbaull. 4» Ouinlelles pour deux Hùtes,
violon, alloel basse, livres 1, 2, 3, 4, Paris,
Naderman.SoSixduos pour deux violoncelles,
Paris, Frey. Porta était, dit-on, bon maître de
chant. Il est mort à Paris, du choléra, au mois
d'avril 1832 (1).
PORTA (Frakçois DELLA), organiste et
compositeur, né à Milan, au commencement
du dix-septième siècle, eut pour maître de
composition Je^n-Dominique Ripalta. Après
avoir été pendant quelques années organiste
de l'église Saint-Ambroise, dans sa ville
natale, il succéda à Antoine-Marie Turato, en
qualité de maître de chapelle de Saint-Celse,
et en dernier lieu, il fut maître de chapelle de
l'église Saint-Antoine, jusqu'au mois de jan-
vier 1G66, épo(|ue de sa mort. On a imprimé
de sa composition : 1° Salmi da Capella a
qualtro voci, con altri o 3, 4, 5 voci con-
certati, op. 5; in Fenezid, per Aless. Fin-
centi, 1637, in-4«. 2» Motetti a 2, 3, 4, 5
foct con litania délia B. F. à A voci,
Libre 1», op. 2; ihid., 1645, in-4». 3« Ricer-
caria A voci; Milan. A" Motetti, lib. 1 et 2;
Venise. 5» Motecta 2, 3, 4 ef 5 vocum cum
una Missa et psalmi quatuor vel quinque
vocibus ad libitum decantandis, cum basso
ad orgunum libri tertii, opus quartum;
Antwerpix, ap. Hxred. Pétri Phalesii,
1654, in-4°.
PORTAFERRARI tCHARLES-AiiTOiNE),
ecclésiastique de Bologne, dans le dix-huitième
siècle, fut moine dans un couvent de Modène.
Il a publié un traité de chant ecclésiastique
intitulé : Regole pelcanto ferma ecclesiastico;
Modène, 1732, in-4°.
PORTE (Joseph-Frahçois), littérateur,
membre correspondant de la Société philhar-
monique du Calvados, membre de l'Académie
des sciences, agriculture, arts et belles-lettres
d'Aix, est né dans cette ville (Bouches-du-
Rbône), en 1792. Connu pardivers ouvrages de
littérature, étrangers à l'objet de cette biogra-
phie, il n'est cité ici que pour un mémoire cou-
ronné par la Société philharmonique du Cal-
vados, et qui a pour titre : Des moyens de
propager le goût de la musique en France, et
particulièrement dans les départements de
(1) AodilTret tVsl trompa, dans le supplément de l.i
iJioyraphie univerteltt de tlichaud, lorsqu'il a dit que
Porta <!taii mon vers 1815, car il donnoit encore des
leçons d'hjnnonie dans l'institution dirig<;e parClioruii,
en Isa. Je lui succédai alors dans cet enseignement.
En I8i9 je l'ai revu ckei itoger, membre de l'Acadeuiic
française.
l'ancienne Normandie; Caen, 1835, in-S" de
quatre-vingt-seize pages.
PORTE (GÉBAiiD DE LA), musicien au
service du prince évéque d'Osnabruck, vers
1G80, a fait imprimer un ouvrage de sa com-
position, sous le titre de : Suites de pièces
nouvelles choisies et disposées pour le concert,
pour deux dessus de violon avec la basse con-
tinue pour le clavecin, auxquels on peut
joindre la basse de viole et le téorbe; Amster-
dam, 1689, in-4''obl.
PORTE (Nicolas DE LA), organiste et
maître de clavecin à Paris, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, est auteur d'un
ouvrage qui a pour titre : Traité théorique et
pratique de l'accompagnement du clavecin,
avec l'art de transposer dans tous les tons
et sur tous les instruments, dédié à made-
moiselle Le Duc, in-A" gravé ; Paris, La Che-
vardière (sans date).
PORTE (l'abbé DE LA). Foyez LA-
PORTE.
PORTER CWalter), musicien de la cha-
pelle du roi d'Angleterre Charles I", et inspec-
teur des enfanls de chœur de "Westminster, a
publié de sa composition : 1" Airs et madri-
gaux pour une, deux, trois, quatre et cinq
voix, avec basse continue pour l'orgue ou le
téorbe, dans la manière italienne- Londres,
1639. 2» Cantiques et motets à deux voix;
Londres, 1657. 3" Paraphrase des psaumes de
George Sandy, à deux voix, avec basse con-
tinue pour l'orgue; Londres, 1670.
PORTirVARIO (François), musicien né
dans les Étals de Venise, vivait à Padoue vers
le milieu du seizième siècle. On connaît de
lui trois livres de madrigaux à cinq el six
voix, dont le premier est inlitulé : Jl primo
libro de Madrigali a cinque voci; Fenetia,
app. Ant. Gardane, 1530, petit in-4"ol)long.
Le dernier livre a pour titre : // terzo libro de'
madrigali a 5 e 6 voci, con tre dialoghi a 6
eunoa o«o; Venise, 1557, 10-4".
PORTI»IAI>'N (Jean-Théophile), né à
Oberlicbtenau, près de Drestle, le 4 décembre
1739, fit ses éludes musicales à l'école de la
Croix, dans celle ville. On ignore les circon-
stances qui l'amenèrent de la capitale de la
Saxe près des bords du Rhin, mais on sait
qu'après avoir été chanteur à la cour du duc
de Darmstadt, il a rempli, à Darmstadt même,
les fonctions de professeur adjoint et de can-
tor à l'école de la ville. Il mourut le 16 sep-
tembre 1798, à l'âge de cinquante-neuf ans.
Pendant plusieurs années, il fut attaché à la
rédactiou de la Bibliothèque allemande uni-
PORTMANN — PORTOGALLO
105
werîeKe,poiirla musique, et il s'y montra cri-
tique sévère. Son premier-ouvrage imprimé a
pour litre : Musicalischer UnterriclU zum
Gebratiche fiir Anfanger und Liebhaber der
Musik iiberhaupt, etc. (Instruction musi-
cale pour les commençants et les amateurs de
musique, etc.); Darmstadt et Spire, 1775,
in-4° de trente-deux pages. Une seconde édi-
tion de ce petit ouvrage fut annoncée en
1799, mais elle n'a pas paru. Quatre ans
après la publication de sa méthode élémen-
taire de musique, Portmann fil paraître un
traité d'harmonie intitulé : Leichtes Lehr-
buck der Harmonie , Composition und das
Generalbasses, zum Gebrauch fiir Liebhaber
der Musik, etc. (Méthode facile d'harmonie,
décomposition et de basse continue, à l'usage
des amateurs de musique, etc.); Darmstadt,
1789, in-4° de soixante et dix pages, avec
soixante-quatre planches de .musique. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
en 1799. à Darmstadt, chez Heyer. Je crois
que ce n'est que la première, avec un nouveau
litre. Le livre le plus important de Portmann
est celui qui a pour titre : Die neueslen und
wiclitigsten Enldeckungen in der Harmonie,
Mélodie und dem doppetten Contrupuncte
(Les découvertes les plus nouvelles elles plus
importantes dans l'harmonie et le conlrepoinl
double. Supplément à toute théorie musicale) ;
Darmstadt, 1798, deux cent soixante et dix
pages in-8» et dix-neuf planches de musique.
Une analyse détaillée de cet ouvrage se trouve
dans la première année de la Gazette musi-
cale de Leipsick, p. 444. On a aussi de Port-
mann : 1° Nouveaulivre choral pour le duché
de ff esse-Darmstadt ;T)Mmsladl, 1786, in-4''.
Son nom ne se trouve pas au titre, mais après
la préface. 2» Musique pour la fête de Pente-
côte; Darmstadt, 1793. Il a laissé en manu-
scrit six fugues pour le clavecin qui se trou-
vaient, en 1812, à Leipsick, chez Rllhnel.
PORTO (Antoine-Ignace), pianiste et
compositeur, naquit à Vicence, en 1786.
A l'âge de treize ans, il entra au collège des
Nobles de Parme, y reçut une bonne éducation,
et prit des leçons de piano de Chiavarini, et
<le contrepoint d'Alfonse Savi. De retour à
Yicence, il y composa beaucoup de musique
instrumentale, particulièrement des sympho-
nies à grand orchestre, qui étaient estimées en
Italie vers 1820.
PORTO (Mathieu), chanteur bouffe ita-
lien, possédait une voix de basse puissante,
mais lourde et lente dans l'articulation. Il
commença à se faire connaître, en 1802, au
théâtre de Pavie, chanta au théâtre Carcano,
de Milan, en 1805, puis à Gênes, à Venise et
à Rome. En 1810, il vint à Paris, et fut atta-
ché comme permière basse à l'opéra italien
du théâtre de l'Impératrice. Il y resta jus-
qu'en 1814, retourna en Italie vers la fin de
cette année, et revint à Paris en 1819. Sa
voix avait alors perdu une partie de son tim-
bre; il eut peu de succès, et après avoir
chanté jusqu'au printemps de 1821, il alla à
Londres, où il chantait en 1824. De retour
dans sa patrie, il a paru encore sur quelques
théâtres, jusqu'en 1826. Depuis lors son nom
ne se trouve plus dans la composition des
troupes dramatiques.
PORTOGALLO (Mauc- Antoine), dont le
nom de famille était SI.IIAO , a reçu en
Italie celui sous lequel il est connu , parce
qu'il était Portugais. Il naquit à Lisbonne,
en 1763, et montra dès son enfance d'heu-
reuses dispositions pour la musique. Après
avoir appris les éléments de cet art dans
un couvent de Lisbonne, il reçut des leçons
de chant de Borselli , chanteur italien de
l'Opéra de celte ville, et le second maître
de chapelle de la cathédrale, nommé Orao,
lui enseigna le contrepoint. Des canzonetles
italiennes et quelques airs avec orchestre qu'il
écrivit pour le théâtre de Lisbonne furent ses
premiers essais. Borselli ayant quitté le Por-
tugal pour se rendre à Madrid, Porlogallo l'y
suivit et obtint, par son entremise, la place
d'accompagnateur au clavecin de l'Opéra ita-
lien. Il était alors dans sa vingtième année.
Pendant son séjour à Madrid, l'ambassadeur
de Portugal, charmé par le génie (|u'il remar-
quait en lui pour la musique dramali([ue, lui
fournit les secours nécessaires pour qu'il se
rendît en Italie. Il y arriva en 1787. L'année
suivante, il écrivit, à Turin, VEroe cinese,
son premier opéra, dont le succès ne répondit
pas à l'altente de ses amis; mais quelques
mois après, il prit une complète revanche
dans l'opéra bouffe la Bachetta portentosa,
qui excita l'admiration des Génois par la
multitude de traits nouveaux qui abondaient
dans la plupart des morceaux. VJslutlo,
qu'il fit jouer au printemps de 1789, à Flo-
rence, n'eut pas moins de succès, et IlMoli-
naro, qu'il donna à Venise, au carnaval de
1790, acheva de fonder sa réputation. Après
la représentation de cet ouvrage, Porlogallo
fit un voyage à Lisbonne, et fui présenté au
roi, qui le nomma son maître de chapelle. De
retour en Italie, dans l'année suivante, il
écrivit, à Parme, la Donna di genio vola-
10G
rORTOCALLO — POSSEVIN
bile, à Rome, la fedova ragtjiralrice, el à
Venise, i7 Principe di Spazzacamino, dont
l'éclalant succès excilarinlérét de toulerila-
lie. Dans le genre sérieux , le Dcmofoonte
qu'il composa à Milan, en 1794, et suHoul
Fernando in Messico, peut-être son chef-
d'œuvre, écrit pour madame Billington, à
Rome, en 1797, le mirent au rang des meil-
leurs compositeurs de cette époque. Les fonc-
tions de maître de chapelle du roi de Portugal
obligeaient Portogallo à retourner à Lisbonne
de temps en temps, et à y faire d'assez longs
séjours; mais son penchant le ramenait tou-
joursen Italie, où ses travaux étaient accueillis
par d'unanimesapplaudissements.Son dernier
voyage en ce pays eut lieu en 1815; il donna
pendant le carnaval VJdriano in Siria, à
Milan. Â l'époquedudépartde la famille royale
de Portugal pour le Brésil (novembre 1807),
Portogallo l'avait accompagnée en sa qualité de
mailre de chapelle de la cour, et était resté à
Rio-Janeiro jusqu'en 1815, époque où il ob-
tint un congé pour essayer encore une fois son
génie auprès des Italiens. C'est alors qu'il
écrivit, à Milan, pour le théâtre /{e, l'ouvrage
dont il vient d'être parlé. Après le retour du
roi à Lisbonne, il y reprit son service. Porto-
gallo est mort dans cette ville à la fin de 1829,
ou au commencement de 18ô0.
Il serait dilTicile de donner la liste com-
plète des compositions de ce musicien distin-
gué, car on manque de renseignements sur ce
qu'il a écrit à Lisbonne; on sait seulement
qu'il a produit une grande quantité de mu-
sique d'église pour le service de la cha|)elle
royale, et un grand nombre d'airs portugais ap-
pelés modeinhas. A l'égard de ses opéras ita-
liens, je n'ai pu recueillir que les titres de ceux
qui suivent : 1» DEroecinese, à Turin, 1788.
1° La Bachelta portentosa, à Gènes, 1788.
ôoL'Jstutta, à Florence, 1789. 4» Jf liloli-
naro, à Venise, 1790. 5" La Donna di gcnio
volnbile, à Parme, 1791. G" La Fedova rag-
giralrice, à Rome. 7» Il Principe di Spazza-
camino, à Venise. 8" // Filosofo scdicente.
9° yélceste. 10» Demofoonte, à Milan, 1794.
11» Oro non compra amorc. 12" / due
Gohbi, ossia le confusiani note dalla somi-
glianza, à Venise, 1795. 13° // Ritorno di
Ser^e, à Bologne. 14» JlDiavolo a guattro,
ossia le Donne cambiale. 15° fernando in
Messico, à Rome, 1797. 16» La Maschera
forlunata. 17» Non irrilar le donne, à Plai-
sance, 1799. 18» /don(e, à Milan, 1800. 19"//
Muto peratluzzia. 20" Omar, re di Temu-
gene. 21" Argenide. Cet opéra, dont on ne
trouve pas rindicalion «laiis les almanachs de
tlu'âlrL's italiens, a été chanté à Londres, au
mois de janvier 1800, par madame Billington
et Br;iham. 22" Setniratnide, à Lisbonne, en
1802, par madame Calalani. 23» // Cia bot-
tino. 24" Zulema e Selinio. 25» Adriano in
Siria, à Milan, 1815. 20° La Morte di Milri-
date. Portogallo avait un frère, de qui l'on
connaît quelques compositions pour l'église.
pose II (IsAAc), musicien el organiste des
États de la Carinthie, au commencement du
dix-septième siècle, s'est fait connaître par les
ouvrages suivants : 1° Cantiones sacrx 1, 2,
3, 4 focwm; Nuremberg, 1023. 2° Musika-
lische Ehren und Tafds Freue, en deux par-
ties ; ibid., 1026.
POSS (GEoncEs), corneltîste au service de
l'archiduc Ferdinand d'Autriche, vers le com-
mencement du dix-septième «iècle, a publié
les ouvrages suivants : 1° Liber primus mis-
sarum 8 et 6 vocibus ; Augsbour;
1008.
2° Orphwus mixtus vel concentus musicitam
sacris qiiam profanis usibns, tam instru-
mentis qnam voc. humanis concinnali ,
lib. I; ibid.,i60S.
POSSELT (François), organiste et compo-
siteur distingué, na<|uit en Bohême, dans
l'année 1729. Après avoir été directeur du
chœur à l'église de Gralzau,dans sa jeunesse,
il fut choisi par le comte Gallus pour diriger
le chœur et l'école de Reichenberg. Plus lard,
un membre de celle noble famille l'élablildans
son palais, à Prague, en qualité de secrétaire.
Possell mourut dans celte ville, le 27 janvier
1801, à l'âge de soixante et onze ans. Il a
laissé en manuscrit beaucoup de compositions
pour l'église, entre autres deux messes solen-
nelles, dont une a été exécutée dans l'église
dos Dominicains, le jour de saint Egide, en
1783, el l'autre, dans la mémeannée, à l'église
de Saint-Sauveur. On a aussi chanté à l'église
du couvent de Slrahow, en 1798, six messes
brèves de sa composition.
POSSEIN (Lauxmi.n), luthier à Schœngau,
en Bavière, vers le milieu du seizième siècle^
fut engagé pour la fabrication et l'entretien
des instruments de la chapelle de Munich, en
1504, aux appointements de quatre cent cinq
florins. On conserve, dans quelques cabinets
de curieux, des lulbs cl des violes sortis de son
atelier.
POSSEVIIV (Antoijie), jésuite, né à Man-
toue, en 1534, avait terminé ses éludes avec
succès avant l'âge de ((uinze ans, cl se rendit
à Rome, où il fut chargé, par le cardinal de
Gonzague, de l'cducalion de ses ncveu.\. Plus
POSSEVIN — POTT
"10'
lard, il entra dans li tonipagnie de Jésus, fut
employé par ses directeurs dans plusieurs né-
gociations où il montra de riiabileté, et devint,
en 1573, secrétaire du général des jésuites,
te pape remi)loya aussi dans des négociations
en Suède et en Russie. Il mourut à Ferrare,
le 26 février 1011, à l'âge de soixante-dix-
huit ans. Dans son livre intitulé Bibliolhcca
selecta de rations studiorum (Rome, 1593,
deux volumes in-fol., et Cologne, 1007, deux
volumes in-fol.), il traite (lib. XV, cap. 5 et 6)
de la musique et des compositeursdeson temps,
dont il donne une liste étendue.
POSTEL (Guillaume) , célèbre vision-
naire, naquit, le 23 mars lolO (1), à Dolerie,
près de Barenton, en Normandie. Après avoir
fait d'excellentes éludes, il voyagea longtemps
en Europe et en Asie, puis il retourna à Paris.
Il fut professeur de mathématiques au collège
de France, puis il se retira au monastère de
Saint-Marlin-des-Champs, où il enseigna la
philosophie jusqu'en 1;)78. Il mourut à Paris,
le 6 septembre 1381. Poslel fut un des plus
savants hommes de son temps, mais il eut
un esprit faible, préoccui)é de visions dont on
trouve les détails dans les biograi)hies géné-
rales. Il a écrit cinquante-sept ouvrages, au
nombre desquels il s'en trouve un qui a pour
titre : Tabula iii musicam f/ieoncam; Paris,
1552, in-8». Ce livre est devenu fort rare.
POTEIMZA (Pascal), sopraniste distingué,
naquit à Naples vers 1735, et chanta à
Londres, en 1761. Après son retour en Italie,
il brilla sur plusieurs théâtres, notamment à
Padoue, en 1770. Quelques années après, il
fut attaché à la chapelle de Saint-Marc, à Ve-
nise, comme un des vingt-quatre chanteurs de
cette chapelle, jusqu'aux derniers jours de la
république vénitienne (1797). On ignore la
date de sa mort.
POTIER (IIenri-Hippolite), fils cadet du
célèbre comédien de ce nom, est né à Paris, le
10 février 1816. Admis au Conservatoire, le
19 octobre 1827, il étudia le solfège dans la
classe du professeur Amédée, puis devint
élève de Zimmerman pour le piano. Le second
prix pour cet instrument lui fut décerné au
concours de 1830, et il obtint le premier prix
en 1851. Dourlen et M. Lecoupey furent ses
professeurs d'harmonie el d'accompagnement
pratique, dont le premier prix lui fut décerné
(1) ForKel et Gerlicr ont adopté une fausse date, en
plaçant la naissnncc de Poslel en 1477; ils ont élc copiés
dans celte faute par FayoUe, Lichlenthal, Decker, lier-
tini, etc., etc. Voyez les ÊclaircissemenU sur la vie de
Guillaumi: Poslel, par le P. Dcsbillons.
en 1832. M. Polier se livra ensuite à l'élude
sérieuse du contrepoint et de la fugue pendant
cinq années et ne sortit du Conservatoire
qu'au mois de juin 1837, après dix années
d'un travail assidu. Il se livra alors à l'ensei-
gnement et à la composition. Il se fit parti-
culièrement remarquer pas son talent d'ac-
compagnateur dans les concerts. Au mois
d'aoïit 1846, il fit jouer, au théâtre de l'Opéra-"
Comique, le Caquet du couvent, en un acte,
dont la musique avait de la distinction, bien
qu'on eût pu y désirer plus d'originalité. Cet
ouvrage fut suivi d'// Signer Pascariello,
opéra en trois actes, qui fut joué au même
théâtre, en 1848, et qui obtint ajuste titre du
succès. Depuis celte époque, M. Potier n'a
écrit pour la scène que la musique d'un ballet
en deux actes, représenté à l'Opéra de Paris,
le 22 septembre 1853, et qui a pour litre :
^lia et Mtjsis on VAtellane. Cet ouvrage
n'a pas eu une longue existence. M. Potier a
été nommé chef du chant à rOi)éra, en 1830;
il occupe encore cette position (1863).
Madame Potier, femme de cet artiste, fut
une agréable et jolie caulalrice qui se fit ap-
platidir pendant quelques années (1847-1833),
au théâtre de l'Opéra -Comique et dans les
concerts. Son éducation musicale avait été
faite au Conservatoire de Paris.
POTIN (Antoise), facteur d'instruments à
clavier, vers la fin du seizième siècle, travail-
lait à Paris, où vraisemblablement il est né.
Le P. Mersenne dit de lui dans son Harmonie
universelle (Traité des instruments à cordes,
liv. III, p. 159) : « Les meilleures espinettes
« étaient fabriquées par Antoine Potin, qui
« faisait une excellente harrure. « On voit,
dans quelques vieux instruments, que le sys-
tème de barrage des épinettes et des clavi-
cordes de cette époque était perpendiculaire
au chevalet.
POTT (Auguste), violoniste allemand de
l'époque actuelle, est né le 7 novembre 1806,
à Nordheim, dans le Hanovre. Son père, musi-
cien de ville, lui enseigna les éléments de la
musique, et lui apprit à jouer de plusieurs in-
struments; mais le violon était celui pour
lequel il se sentait une vocatiou décidée, et
ses instances finirent par faire consentir son
père à ce qu'il le cullivâl de préférence à tout
autre. Dans les années 1818 à 1820, Spohr
ayant donné des concerts à Gœltingue, Pott lit
plusieurs voyages de Nordheim à celle ville
pour l'entendre. Sa persévérance obtint enfin
de son père les moyens de se rendre à Cassel
pour étudier sous la direction du maître qu'il
^(a
POTT — POÏTII'R
avait choisi pour modèle. En 1824, il se fit en-
tendre |)ubli(|uemenl à Cassel pour la pre-
mière fois, et le succès couronna ses efTorls.
Depuis lors, il a voyagé en Danemark, à
Vienne ctdansplusieursvillesde l'Allemagne :
partout il a été considéré comme un artiste de
mérite. Il a aussi visité Paris, mais j'ignore
s'il s'y est fait entendre. En 1832, le duc d'Ol-
denbourg l'a nommé son maître de chapelle,
et depuis ce temps il en remplit les fonclion.s.
On a gravé de sa composition : 1» Les adieux
de Copenhague, grand concerto pour le vio-
lon, op. 10; Leipsick, Hofmeister. 2» Varia-
tions pour violon, avec accompagnement de
second violon, alto et violoncelle; Hanovre,
Kruchwitz. 3» Duo pour deux violons; ibùi.
4» Les Souvenirs de Paris, variations bril-
lantes sur un thème original pour violon et
orchestre, op. 12; Leipsick, Hofmeister.
5<* Deuxième concerto pour violon et orches-
tre, op. 15; Leipsick, Ristner. 6° Variations
de concert (Das Minnelied), idem (en sol),
op. 16; Leipsick,. Breilkopf et Haertel. 7» Va-
riations de concert (sur un thème hollandais),
idem (en ré), op. 20; Leipsick, Kistner. Une
ouverture à grand orchestre, de Pott, a été
exécutée à Leipsick et à Prague, en 1838. Cet
artiste a fait un voyage en Belgique et s'est
fait entendre à Bruxelles, en 1830.
POTT (madame Alotse), dont le nom de
famille était WORLAKDE FOWAZET,
est née à Vienne, le 23 avril 1815. Élève de
Charles Czerny pour le piano et de Gyrowetz
pour la composition, cette dame se distingue
par un rare talent d'exécution, mais seule-
ment comme amateur. Elle joue aussi fort bien
du violoncelle. Elle a composé des Lieder, des
quatuors pour instruments à cordes, et une
messe à quatre voix et orchestre.
POTTER (Jean), littérateur anglais, vivait
à Londres dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle. On a de lui quelques poésies, et
un écrit intitulé : Observations on the prê-
tent State of music and musicians; Londres,
1763, in-8».
POTTER (CiPBuni), planiste et composi-
teur, est né à Londres, en 1792. Lorsqu'il eut
atteint Tàgedeseptans, son père, professcurde
musique, lui donna les premières leçons de cet
art. Atlwoodlui enseigna les règles du contre-
point, et il acheva ses études de théorie sous
la direction de Calcott et du docteur Crolch.
Après l'arrivée de Woelfl en Angleterre, il
reçut se» conseils pendant cinq ans. Il se fit
cniendrc, pour la première fois, au concert
philharmonique, dans un sextuor de sa com-
position ; mais l'accueil froid qui fut fait à cet
ouvrage l'ayant jeté dans le découragement,
il prit la résolution de voyager, visita l'Alle-
magne, et se rendit à Vienne, où il fut présenté
à Beethoven par un de ses amis. De là il se
renditen Italie, puis retourna à Londres, où il
se livra à l'enseignement du piano. Ayant été
nommé professeur de cet instrument à l'Aca-
démie royale de musique, en 1825, il en con-
tinua les fonctions jusqu'en 1832, où il succéda
au docteur Crotch dans la direction de cette
institution. Après vingt-neuf ans passés dans
cette position, M. Potter, ayant pris la résolu-
tion de passer ses dernières années dans le
repos, a pris sa retraite, en 1861. Il a publié
de sa composition : 1» Sextuor pour piano,
flûte, violon, alto, violoncelle et contrebasse,
op. 11 ; Bonn, Simrock. 2" Grands trios pour
piano, violon et violoncelle, ou clarinette et
basson, op. 12, n"» 1, 2 et 3; ibid. 3» Sonate
concertante pour piano et cor, op. 13; ibid.
4» Grand duo pour deux pianos, o|). 7; Vienne,
Mechetli. 5» Introduction et rondo pour piano
à quatre mains, op. 8; Bonn, Simrock. 0" So-
nates pour piano seul, n" 1 et 2; Londres,
Clementi; n»» 3 et 4, Leipsick, Breitkopf et
Haertel. 7" Beaucoup de toccates, rondeaux,
fantaisies, études, pots-pourris, varialions,elc.
pour piano seul; Londres, Bonn, Leii)sick,
Vienne, etc. M. Potter a en manuscrit des
quatuors de violon et des symphonies, dont
une a été exécutée au concert philharmonique
de Londres, en 1835.
POTTIIOFF (....), bon organiste et cé-
lèbre carillonneur, naquit à Amsterdam, en
1726. Il n'était âgé que de sept ans, lorsque,
à la suite de la petite vérole, il devint aveugle.
La place de carillonneur de l'hôtel de ville lui
fut confiée à l'âge de treize ans. Peu decam-
panistes ont eu un talent comparable au sien :
il jouait presque constamment à trois parties,
faisant la basse avec les pieds ; mais l'exercice
violent auquel il était obligé de se livrer,
lorsqu'il exécutait de cette manière des fugues
et des variations, lui causait une si grande
fatigue, qu'il était hors d'élat de prononcer
un mot après avoir fini. En 1738, PolthofT
concourut avec vingt-deux rivaux pour la
place d'organiste de Jf-'estcrn-Kerk et fit
preuve d'un talent distingué. Il obtint la place
d'organiste de la vieille église, en 1760.
J'ignore la date de la mort de cet artiste.
POTTIER (Matthieu), musicien attaché à
la cathédrale d'Anvers, vers le milieu du dix-
septième siècle, est connu par les ouvrages
suivants : 1" l'iorcs selectissimarutn mis-
POTTIER — POWER
109
saritm 4, 5 et G voc, Anvers, 1630, in-4''.
C'est une collection, focmée par PoKier, de
messes d'Asola, Jean Croce, Orland de Lassus,
Massaini, Palestrina et Louis Viadana; le re-
cueil ne contient qu'une seule messe de Pot-
tier, à quatre voix. 2» Missw 7, 8 voc; ibid.,
1640.
POTTIER (JEAiï-MAniE), ancien musicien
de la chapelle du roi, est né à Belleville, en
1772. Après qu'il eut appris les éléments de
la musiquesous la direction d'un vieux maître,
nommé Avrils sa belle voix le fit recevoii' en-
fant de chœur à la cathédrale de Paris, dont
Pabbé Dugué était alors maître de chapelle.
En 1790, il sortit de la maîtrise de Notre-
Dame, continua ses éludes littéraires, et suivit
des cours de droit. Mais son penchant pour la
musique le fit ensuite entrer au Conservatoire,
où il devint élève de Berton pour l'harmonie.
Il cultiva aussi l'art du chant sous la direction
de Mengozzi, et plus tard il en donna des
leçons à Paris. Admis dans la chapelle de Na-
poléon, en 1807, il devint, en 1813, musicien
de celle du roi. En 1818, il institua une école
de musique dans sa maison. Depuis lors, des
chagrins de famille, des pertes de fortune, et
la dissolution de la chapelle royale l'ont dé-
cidé à vivre dans la retraite. Il a publié un re-
cueil de quatre romances chez Naderman, à
Paris. A l'époque des succès de l'enseignement
de la musique par la méthode de Massimino,
M. Pottier a fait une critique du système
de ce professeur, dans une Lettre à ma-
dame ♦ ♦» sur la musique, M. M o et
l'enseignement mutuel; Paris, F. Didot,
1818, in-S" de vingt-quatre pages,
POUILLAN (mademoiselle), virtuose sur
le clavecin, vécut à Paris, dans la seconde
moitié dudix-huilièmesiècle.Elle a faitgraver
à Paris, en 1783, trois sonates pour le clave-
cin, op. 1.
POUSAM (Manuel), moine augustin por-
tugais, naquit à Landroal, et fut maître de
chapelle du couvent de son ordre, où il est
mort, en 1683. Il a fait imprimer : Liber pas-
sionum et eorum qux a dominica Palmarum
usque ad sabbatum sanctum canlari soient-^
Lugduni, 1676, in-fol. Il a laissé aussi en
manuscrit : 1» Missa defunctorum 8 vocum.
2" Filhancicos e motetes. Ces compositions
étaient autrefois dans la bibliothèque du roi
de Portugal .
POUTEAU (....), né à Chaulme, en Brie,
vers 1740, fut conduit à Paris à l'âge de quatre
ans, et y commença, fort jeune, l'élude de la
musique. Forqueray, son grand-oncle, un des
meilleurs organistes de ce temps, lui enseigna
à jouer de l'orgue, et il reçut de Bordier des
leçons de composition. A l'âge de quinze ans,
il obtint la place d'organiste à l'église Saint-
Jacques de la Boucherie; plus tard il succéda
à Forqueray, comme organiste du prieuré de
Saint-Marlin-des Champs et de Saint-Severin.
En 1810, il était organiste de la paroisse
Sainl-Méry, quoiqu'il fût âgé de plus de
soixante-dix ans. En 1777, il avait fait repré-
senter à l'Académie royale de musique Alain
et Rozette, opéra en un acte, qui fut bien ac-
cueilli. Il a laissé des pièces de clavecin et des
motets. On lui doit aussi les accompagnements
de piano de quarante-huit recueils d'airs
d'opéras français.
POWEL (Thomas), né à Londres, en
1776, se livra à l'étude de la musique dès ses
premières années, et apprit à jouer du violon-
celle, du piano et de la harpe. En 1803, il joua
avec succès un concerto de violoncelle, com-
posé par lui, au concert donné à Hay-Market
pour le bénéfice du fonds choral. L'année sui-
vante, il alla se fixer à Dublin en qualité de
professeur de musique, et y composa plusieurs
ouvrages pour l'église et les concerts. Son ta-
lent de violoncelliste se développa de jour en
jour, et les biographes anglais assurent qu'il
pouvait être mis en comparaison avec Rom-
herg. Après plusieurs années passées à Dublin,
il s'est fixé à Edimbourg, où il vitencore (1863).
Cet artiste a publié à Londres età Edimbourg :
1" Trois duos pour violon et violoncelle, op. 1.
2" Trois duos pour deux violoncelles, op. 2.
3» Trois idem, livre 2«. 4» Grand duo pour
violon et violoncelle, op. 4. 5» Quatuor varié
pour deux violons, alto et basse sur le thème
anglais : Hope told. 6» Sonates pour piano,
violon et violoncelle, n"' 1 et 2. 7" Grandes
sonates pour piano et violoncelle obligé.
8» Grande marche et rondo, exécutés par l'or-
chestre d'harmonie aux jardins du Vauxhall.
Ci" La Campanella, rondo pour piano. 10" Des
thèmes variés, idem. 11» Duos pour harpe et
piano. M. Powel a beaucoup de compositions
en manuscrit.
POWER (Lyonel), auteur inconnu d'un
petit traité du déchant, ou de la composition,
en ancienne langue anglaise. A l'époque où
Hawkins et Burney ont écrit leurs Histoires
de la musique, le manuscrit qui contient cet
ouvrage était dans la possession du comte de
Shelburne. D'après le style, l'orthographe des
mots et la forme des caractères, qui se rap-
prochent plus des lettres saxonnes que des
lettres romaines, ces auteurs pensent que
110
POWER - PRADIIER
railleur a dû vivre vers le temps de Chaucer,
c'esl-à-dire vers le milieu du qualoizièmc
siècle, et que c'est le plus ancien ouvrage an-
{{lais sur celte matière. Morlcy l'a connu, car
il le cite à la fin de son Introduction to prac-
tical music. nawkins a donné le commence-
ment du livre de Power (a General historyof
the science and practice of music, tome II,
page22C),et Burney (a General Bistory, etc.,
tome II, page 422) l'a aussi rapporté. Cet ou-
vrage a pour litre • Ofthe Cordis ofmusike.
POYDA (Jean-Fbédébic), surintendant et
pasteur à Bitterreld, a publié un sermon qu'il
avait prononcé à l'occasion de l'érection d'un
orgue à Priorau(?). Cet opuscule a pour titre :
Predigt bei der Einwcihung der Orgel zu
Priorau, etc.; Leipsick, Cnohloch, 1821,
in-S" de trente pages.
POZZI (Ak>e), cantatrice distinguée, na-
quit à Rome, en 17p8. L'étendue, la pureté,
la légèreté de sa voix et l'expression de son
chant lui procurèrent de brillants succès. En
1784, elle chantait à Naples les rôles de prima
donna; plus tard on la trouve à Venise, et en
1787, elle était à Milan. Elle est morte quel-
ques années avant 1812.
POZZI (Gaétan), bon ténor italien, chanta
avec succès depuis 1798 jusqu'en 1819. Il est
mortàNovi, pendant l'hiver de 1853.
PRACHT (AuGtsTE-GDiLLAU.vE), musicien
à Kœnigsberg, dans la nouvelle Marche de
Brandebourg, vécut dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. Il a publié de sa com-
position : 1» Chansons allemandes avec accom-
pagnement de piano; Zerbst, 1796. 2» Six
petites sonates pour le piano, l'' partie; ibid.,
1797. 3" Sonates pour le clavecin, avec accom-
pagnement de violon et violoncelle, Berlin,
Rcllstabt, 1798.
PR VDIIER, ou plus exactement PRA-
DERE (Lodis-Bartdéleki), pianiste et com-
positeur, fils d'un professeur de violon, est né
à Paris, le 18 décembre 1781. A l'âge de huit
ans, il commença l'étude de la musique, sous
la direction de son oncle, Lefèvre, qui, plus
tard, fut chef d'orchestre du théâtre de
rOpéra-Comique ; puis il entra comme élève
h l'école royale de musique, où il reçut des
leçons de Gobert pour le piano. Après que la
révolution eut fait supprimer cette institution,
madame de Monlgeroult accueillit Pradher
comme élève, el lui donna des leçons pendant
plus de deux ans. Le Conservatoire ayant élé
institué, il y fut appelé, et rentra sous la di-
lection de Gobert, son ancien maître. Au con-
cour» de 1707, il obtint le second prix de
piano, cl Tannée suivante, le premier lui fut
décerné. Admis alors dans le cours d'har-
monie de Bcrton, il se livra à l'élude de celte
science; mais peu de temps après, il sortit du
Conservatoire pour se marier avec la fille du
célèbre compositeur Philidor, «juoiqu'il n'eut
pas encore atteint sa vingtième année. En
1802, après la mort d'IIyacinlhe Jadin, sa
place de professeur de piano au Conservatoire
fut mise au concours, et Pradher l'obtint
par l'exécution brillante d'un concerto de
Dussek et de fugues très-dilïlciles composées
pour ce concours par Chcrubini, el qu'il joua
sans hésitation à première vue. Les principaux
élèves qu'il a formés dans celte école sont les
frères Henri el Jacques Ilerz, Dubois, Mey-
semberg, Lambert et Rosellen. Pradher a
eu aussi l'honneur de donner des leçons de
piano aux princesses de la famille du roi
des Français Louis-Philippe. Excellent ac-
compagnateur, il fut successivement attaché
en cette qualité à la chapelle du roi, et à la
musique particulière des rois Louis XVIII et
Charles X. Devenu l'époux, en secondes noces,
de la charmante actrice de l'Opéra-Comique,
mademoiselle More, il a beaucoup voyagé avec
elle, et a pris sa retraite de professeur du
Conservatoire en 1827, après vingt-cinq ans
de service. II s'était retiré avec sa femme à
Toulouse, où ils vivaient honorablement du
fruitde leurs travaux, et jouissaient de l'estime
générale. Pradher fut nommé directeur du
Conservatoire de musique de cette ville. Il est
mort à Gray (Haute-Saône), dans le mois d'oc<
tobre 1843.
Pradher était déjà, depuis plusieurs années,
professeur au Conservatoire lorsque le désir
de se livrer à la composition dramali(|ue lui
fit suivre le cours de MéhuI, qui lui enseigna
le contrepoint, la fugue, el surtout l'art
d'écrire pour la scène. En 1804, il fil un pre-
mier essai de ses forces dans le Chevalier
d'industrie, opéra-comique en un acte, dont
il écrivit la musique en société avec Gustave
Dugazon. Le 24 septembre 1807, il donna au
théâtre Fcydeau la Folie musicale, ou le
Chanteur prisonnier, opéra-comique, suivi
de Jeune et Fieille, opéra-comique en un
acte, 1811, de l'Emprunt secret, en un acte,
25 juillet 1812, du Philosophe en voyage, en
trois actes, le 16 juillet 1821 (en société avec
Frédéric Kreubé), cl de Jenny la bouquetière,
en deux actes, le 10 mars 182ô(avec le même).
Parmi les compositions de Pradher, pour le
piano, on remarque : 1" Concerto pour piano
(eu sol): Paris, Siebcr. 2" Grande soualc pour
PRADHER - TR.'EÏORIUS
<'î
piano, violon et violoncelle, op. 17; Paris,
Janet. 3" Adagio et rondo, idem, ibid. 4» Ron-
do pour deux |)ianos; Paris, Leduc. 5" Sonates
pour piano seul, op. 1, 2, ô, 15, 16; Paris,
Janel, Naderman, Leduc, Pleyel. 6" Rondeaux
et fantaisies, idem, op. 8, 10, 12, 15; ibid.
7° Pots-pourris, idem, n»* 1 et 2; Paris, Mo-
migny. 8° Variations, idem, op. 11, 14, 18;
Paris, Leduc. 9» Vingt-deux recueils de ro-
mances ; Paris, Érard, Leduc, Momigny.
PRADHER (madame), autrefois made-
moiselle More, née à Carcassone (Aude), le
C janvier 1800, était fille d'une ancien direc-
teur de théâtres, dans le midi de la France.
A l'âge de cinc] ans, elle parut pour la première
fois sur la scène dans le rôle de Jeannette, du
Déserteur. A dix ans, elle chantait dans
l'opéra el dans les concerts, à Montpellier.
Elle y resta jusqu'à l'âge de seize ans, puis elle
alla à Rouen, el déhuta à l'Opéra-Comique, le
21 juin 1816. Une voix agréable et facile, un
extérieur plein de charme, et son jeu, à la fois
naturel et gracieux, lui procurèrent des succès
qui devinrent chaque jour plus remaniuahles.
Le premier rôle écrit pour elle fut celui d'un
adolescent dans le Frère Philippe, opéra-
comi(iue de Dourlen : elle y fut charmante.
Bientôt des rôles plus importants lui furent
confiés, et plus tard, elle joua ceux de première
femme dans Lcocadie, le Maçon, la fiancée,
Fiorella , et beaucoup d'autres ouvrages
d'Auber, d'Hérold et d'autres compositeurs.
On se rappellera longtemps le charme qu'elle
mettait dans celui de la Vieille, opéra-comique
de l'auteur de cette biographie. Retirée en
1835, avec la pension acquise par vingt et un
ans de service, madame Pradher a donné,
dans les années suivantes, des représentations
sur les principaux théâtres de France.
PRAEGER (Henri -Aloïs), violoniste,
guitariste et compositeur, est né à Amsterdam,
le 23 décembre 1783. Après avoir accompagné
pendant plusieurs années une troupe de comé-
diens ambulants, en qualité dechef d'orchestre,
il a é-tédirecteurde musique du théâtre de Leip-
sick, depuis 1827 jusqu'en 1829, puis il a été
chargé des mêmes fonctions au théâtre deJIag-
debourg. En 1829, il avait obtenu la place de
maître de chapelle à Hanovre; mais il ne fut pas
considéré comme assez habile pour occu percette
l)Osilion,etMarschnerle remplaça en 1830. En
1 838, il était à Cologne, en qualité de violoniste.
Après cette époque, on ne trouve plus de ren-
seignements sur sa personne. Praegera mis en
musiqueetfaitreprésenterl'opéra de Kolzebue
intitulé Der Kiffxuser Berg. Les principales
compositions de cet artiste sont : 1" Un grand
quintette pour deux violons, deux alios et
basse, op. 28; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.
2" Des quatuors pour deux violons, alto et
violoncelle, op. 13, 17, 18, 19, 34, 43, 47;
ibid., et Leipsick, Hofmeisler et Probsl.
3" Trios pour violon, alto et violoncelle,
op. 14 et 42; ibid. 4" Duos pour deux violons,
op. 16, 25, 29; ibid. 5» Des caprices, exercices
et études pour violon seul, op. 10, 22, 44;
ibid. 6" Quintette pour alto, deux clarinettes,
flûte et basson, op. 12. 7» Des thèmes variés
pour divers instruments. 8» Des pièces de
guitare. Rassmann cite aussi de Praegep
{Panthéon der Tonkiinsller, page 192), des
messes, des concertos de violon, en manu-
scrit, et un Gradus ad Parnassum musical.
J'ignore quelle est la nature de ce dernier
ouvrage.
PRAELISAUER (le P. Célestis), moine
de l'abbaye de Tegernsee, en Bavière, naquit
à Koetzling,en 1694, et fut élevé au séminaire
de son couvent. 1.1 y acquit de profondes con-
naissances dans la musique, particulièrement
liar l'étude des oeuvres de Roland de Lassus.
Pendant plusieurs années, il dirigea le chœur
de son monastère. Il mourut à Tegernsee, le
5 février 1745. Dans le graod nombre de com-
positions pour l'église qu'il a laissées en ma-
nuscrit, on distinguait des répons pour les
vigiles des morts qui étaient, dit-on, remplies
de beautés.
PR^TORIUS (GoDESCALc), dont le nom
allemand était SCUULZ, professeur de phi-
losophie à Wittenberg, fut un des hommes les
plus savants de son temps, et posséda parfai-
tement quatorze langues : il naquit à Salz-
wedel, le 28 mars 1528. Après avoir fréquenté
plusieurs universités et terminé ses éludes, il
fut quelque temps recteur de l'école de Mag-
debourg, puis il se rendit à la cour de Bran-
debourg, où il fut employé dans l'administra-
tion. Il mourut le 8 juillet 1573. Lié d'amitié
avec Martin Agricola, il réunit ses connais-
sances musicales à celles de ce savant pour la
rédaction d'une sorte de solfège à l'usage des
élèves de l'école de Magdebourg ; mais Agri-
cola mourut avant l'entière exécution de cet
ouvrage, el Prselorius ne le publia qu'après le
décès de ce musicien, sous ce titre : MelodiX
scholasticm sub horarum intervallis decan-
tandx, in quibus musica Martino Jgricolx,
Ilymni suis auctoribus, Distributio cum
aliis nonnullis Godescalco Prxtorio deben-
tur, in usum scholae Magdeburgensis , cum
4 voc; Magdebourg, 1556, in-4". Il y a une
m
vnjEiomm
aeuxième édition qui a paru aussi à Magde-
bourp, en 1584, in-4».
PII.ETOIIIUS ou SCHULZ (Jérôme),
savant organiste, naquit à Hambourg, en 15C0.
Son père, organiste de Téglise Saint-Jacques
de cette ville, lui donna les premières leçons
de musique, puis le jeune Schulz alla terminer
ses fitudcs musicales à Cologne. Ses progrès
avaient été si rapides, qu'en 1580, il fut con-
sidéré comme assez habile pour remplir les
fonctions de canlor à Erfurt, et qu'il oblintcetle
place. Son père étant mort deux ans après, on
le choisit pour lui succéder dans la place d'or-
ganiste de Saint-Jacques à Hambourg. Il oc-
cupa cette place pendant quarante-sept ans,
et mourut en 1629, dans sa soixante-dixième
année. Prœtorius a publié de sa composition :
1° Cantioues sacrx de prxcipuis festistottus
anni 5, 6, 7 et 8 vocum; Hamburgi excude-
bat Philippus de Ohr, 1599, huit parties
in-40. J'ignore pourquoi Gerber a cité cet ou-
vrage sous un titre allemand : mon exemplaire
a celui qui vient d'être rapporté. 2" Magni-
ficat octo vocum iiber die acht Kirchen-Tœne ,
nebst einigen 8-12 stimmigen Motetten
(Magnificat à huit voix dans les huit tons de
l'église, suivis de quelques motets depuis huit
Jusqu'à douze voix); Hambourg, Philippe de
Ohr, 1602,in-4''. 3» EinAindeleinsolœbelich,
cantique à huit voix, dédié comme cadeau de
noces, à la duchesse de Saxe; ibid., 1613,
in-4». 4» Six messes à 5-8 voix ; ibid., 1616,
in-4». 5» Cantionum sacrarufn 5-20 stim-
men, op. 5; ibid., 1618, in-4». Tous ces ou-
vrages ont été réunis sous ce titre : Opus mu-
sicum novum et perfectum, V tomis con-
cinna^wm; Francfort, Emmelius, 1622, in-4».
Celte magnifique collection est ainsi divisée:
I. Cantiones tacrae de prxcipuis festis.
Operum musicorum etc. tomus primus, huit
parties in-4» et un volume in-folio pour la
basse continue à l'usage des organistes.
II. Cantiones Maris. Operum musicorum
tomus secundus, huit parties in-4'' et un vo-
lume in-folio pour la basseconlinue. ]U. Liber
Missarum. Operum etc. tomus tertius, huit
parties in-4» et un volume in-fol.IV.C'an/tonci
varias. Operum etc. tomus quartus, huit
parties in-4» et un volume in fol. V. Magni-
ficat octo tonorum. Operum etc. tomus
quintuSfhml parties in-4" et un volume in-fol.
6» Cantiones novx oljiciosx, motets depuis
cinq jusqu'à quinze voix; Hambourg, 1629,
iD-4».
PR/ETORIUS (Frasçois), sous-recteur à
Danneberg, dans les premières années du
dix-septième siècle, a fait imprimer un dis-
cours intitulé : Oralio de prxslunlia, aucto-
ritate et dignitate artis musicw; Rostock,
1004, in-4».
l»R/ETORIUS (Bartholoïé), composi-
teur allemand, vécut au commencement du
dix-septième siècle. Il s'est fait connaître par
des pièces instrumentales à cinq parties inti-
tulées : Newe liebliche Paduanen und Ga-
gliardenmit^SlimmeH(Pavanesel<^a\\\ardes
nouvelles et agréables à cinq parties), Berlin,
1617, in-4».
PRiETORIUS (Jacques), fils de Jérôme
(voyez J. MoLLEn, Cimbria litterata, tome I,
fol. 505), organiste distingué, né dans la se-
conde moitié du seizième siècle, eut pour
maître son père et un organiste d'Amsterdam,
nommé Jean Petersen. Il fut organiste d«
l'église Saint-Pierre et Saint-Paul, à Ham-
bourg, et eut, le 28 octobre 1648, le titre de
doyen des vicaires de la cathédrale de cette
ville. Il mourut, dans un âge avancé, le 21 oc-
tobre 1651. Il a contribué, avec Jérôme Prae-
torius, Joachim Decker et David Scheidemann,
à la composition du Livre choral à quatre
parties, publié à Hambourg, en 1604. Il est
aussi auteur d'un recueil de motels à quatre
et cinq voix, intitulé Melodix sacras, dont
j'ignore la date de la publication. Kuhnau a
publié un cantique de Prœtorius dans le
deuxième volume de ses Fierstimmige alte
und neue Choralgesxnge (Berlin, 1780).
PRiETORIUS ou SCULLZ (Michel),
célèbre écrivain sur la musique et composi-
teur, naquit à Creuzberg, dans la Thuringe,
le 15 février 1571. On n'a point de renseigne-
ments sur sa jeunesse, sur ses études, ni sur
lis maîtres qui lui enseignèrent la musique.
On sait seulement qu'il fut d'abord maître de
chapelle à Lunebourg, puis organiste du duc de
Brunswick, enfin, maître de chapelle et secré-
taire du même prince à Wolfenbullel, et prieur
de l'abbaye de Ringclhcim, près de Guzlar,
bénéfice qui ne parait pas l'avoir obligé à
résidence. Il mourut à Wolfenbullel , le
15 février 1621. Quelques-unes des composi-
tions de Prœtorius, que j'ai vues en partition,
prouvent qu'il fut un savant cl laborieux mu-
sicien, sous le rapport de la pratique de l'art;
mais c'est surtout comme écrivain qu'il est
connu maintenant par un livre remarquable,
qui joint malheureusement à son mérite
propre celui d'une grande rareté, et qu'il est
dilTicilc de trouver complet. Ce livre a pour
titre : Syntagma musicum ex velerum et rc-
centiorum ecclesiasticorum autorum lec-
PRyËTORIUS
n:
tione, Polyhistorum consignatione, varia-
rum linguarum notatione, hodierni seculî
{sic) usurpalione, ipsius denique musicx
arlis observations : in cantorum, organis-
tarum, organopceorum, cxterumque musi-
cum scientiam amantium et tractantium
gratiam collectum. L'ouvrage entier devait
avoir quatre volumes \n-A° : les trois premiers
seulement ont paru. Le premier volume est
divisé en deux parties : la première fut im-
primée à Wolfenhutlel ; la seconde, à Witten-
berg. L'épître décicatoire de celle-ci est datée
(te Dresde, le 5 mars 1614. Les deux parties
ont été ensuite réunies avec un titre général
qui porte la date de 1615, mais sans nom de
lieu. Les frontispices ont été plusieurs fois
changés. Ce premier volume est en langue
latine : les deux autres sont en allemand;
ceux-ci ont été imprimés à Wolfenbuttel, chez
Élie Halwein, en 1619; mais les planches
gravées sur bois , qui appartiennent au
deuxième volume, n'ont été publiées qu'en
1620, dans la même ville, en un cahier de
quarante-deux planches avec une table des
instruments, sous ce titre : Theatrum instru-
mentorum seu Sciagraphia. Le premier
volume, entièrement historique, traite de la
musique religieuse, ou plus exactement du
chant choral et de la psalmodie dans le culte
judaïque, et dans les églises des divers rites
grec, asiatique, égyptien et catholique romain;
des instruments de l'antiquité, de la musique
vocale et de la musique instrumentale. Le
deuxième volume, qui traite de tous les in-
struments, de leur nature, de leur étendue, et
particulièrement des orgues, avec tous les dé-
tails de leur facture, et l'examen de plusieurs
de ces instruments très-anciens et très-
curieux, a pour titre particulier : Syntag-
matis musici Michaelis Prxtorii tomus se-
cundus de organographia. Le troisième vo-
lume est relatif aux principes de la musique,
de la solmisation, de la notation, de la mesure,
à l'art du chant, à la manière d'écrire pour les
instruments, à la forme et aux différents
genres de compositions. Le quatrième devait
traiter du contrepoint : Prsetorius n'eut pas le
temps de le terminer, et l'on n'en a pas re-
trouvé le manuscrit. Tous les bibliographes
musiciens affirment que ce quatrième volume
n'a pas été publié; cependant le catalogue de
la bibliothèque de Forkel indique, sous le
n» 326 (p. 25), le Syntagma musicum, 1. 1
à IV; mais il est vraisemblable que les planches
du second volumeformaientle quatrième toine
*lc cet exemplaire.
BlOCn. UWIV. DES MUSICIENS. T. VII.
Une érudition solide se fait remarquer dans
le livre de Praelorius, et l'on y admire
l'étendue et la variété des connaissances de
l'auteur. A ces qualités se mêlent à la vérité
les défauts du temps où vécut ce savant musi-
cien, c'est-à-dire beaucoup de pédantisme, et
l'absence de l'esprit de critique ; mais ces dé-
fauts n'empêchent pas que l'ouvrage ne soit
une mine précieuse de renseignements con-
cernant toutes les parties de la musique, sous
les rapports historiques et techniques : le pre-
mier livre renferme même des aperçus philo-
sophiques qui ne manquent pas de profon-
deur.
Les compositions connues de Praelorius sont
les suivantes : 1" Sacrarum motetarum pri-
mitise 4, 5, usque ad 16 roc. unà cum
1 Missa et Magnificat; Magdebourg et Leip-
sick, 1600, in-4". 2» Polyhymnia I/I pane-
gyrica, c'est-à-dire. Chants de paix et de joie
pour les concerts, aune, deux, trois, jusqu'à
vingt-quatre voix, pour deux, trois, quatre,
cinq et six chœurs, avec trompettes et basse
continue pour orgue; Francfort et Leipsick,
1602, in-fol. Praelorius a indiqué le contenu
de cette collection dans le troisième volume de
son Syntagma. 3» Magnificat à huit voix
dans les huit tons de l'église avec quelques
motets à huit et douze voix (titre allemand);
Hambourg, Froben, 1602. 4» Musx Sionix
Oder geistliche Concert-Gcsxnge (les Muses de
Sion, ou chants spirituels concertants), pre-
mière> deuxième, troisième, quatrième, cin-
quième, sixième, septième, huitième et neu-
vième parties; Ratisbonne,7ena, Ilelmstadtet
Wolfenbuttel, 1605-1610. Neuf parties di-
visées en quinze volumes in-4°. Collection
excessivement rare; la neuvième partie est
presque introuvable et a même été inconnue à
tous les bibliographes. Voici les titres parti-
culiers de chaque partie : a. Musx Sionix
oder geistliche Concert-Gesxnge iiber die
fiirhnemhste Herrn Lutlieri tind anderer
teutsche Psalmen mit 8 Stimmen gesetzt, etc.
(Muses de Sion, ou chants spirituels concer-
tants sur les psaumes traduits par Luther et
d'autres, composés à huit voix, etc.); Erster
Theil, Ralisbonne, 1605, in-4''. 6. Musx Sio-
nix geistliche Concert-Gesxnge iiber die
fiirhnemhste deutsche Psalmen und Lieder,
wie sie in derChristlichen Kirchen gesungen
werden mit 8 und 12 Slimmen gesetzet
(Muses de Sion, chants spirituels concertants
sur les psaumes et cantiques, tels qu'ils sont
chantés dans les églises chrétiennes, composés
à huit et douze voix); Ander Thcil. Jehna
8
m
PR^EÏORIUS — PRANDI
(Jena), 1007, in-4-.c. Troisième iiailic, môme
lilie et mi^mc nombre <le voix; Helmstadl,
1C07, in-4". d. Quatrième partie, à huit voix;
même titre; Helmstadl, 1G07, in-4''. e. Jtltisx
Sionix jVichaclis Prxtorii C geixtlicher
deutscherin derchrisUichen Kirchen ublkher
Lieder und Psalmen mit 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
S'iimmen. Funfter Theil(\es Muses sioniennes
de Michel Prœtorius; cent cantiques spirituels
allemands et psaumes à deux, trois, quatre,
cinq, six, sept et huit voix. Cinquième partie);
Woirenbuttel,lC08,in-4<'./".^/usa;.SïoniiP;e(c.y
mit vier Stimmen (les Muses sioniennes
de etc., même titre, à quatre voix. Sixième
partie); Wolfenbuttel, 1609, in-4». g. Musse
Sionix etc. Siebenter Theil (même titre et
même nombre de voix. Septième partie); tftid.,
1609, in-4''. h. Musx Sionix Michaelis Prx-
torii, C deutscher geistlicher in Kirchen und
Hxusern gebrauchlicher Lieder und Psal-
men, etc. mit vier Stimmen, in Contrapuncto
simplici nota contra notam. Achter Theil
(les Muses sioniennes de Michel Praetorins;
cent cantiques spirituels et psaumes allemands
à l'usage des églises et des maisons; mis à
quatre voix, en contrepoint simple de noie
contre note. Huitième partie); ibid., 1610,
in 4». ». Musx sionix etc., même lilre,
même nombre de voix. Neuvième partie);
ibid., 1610, in-4<'. 5» Cent trente-quatre
chants religieux et psaumes pour les jours de
fête de toute l'année, à quatre voix, en con-
trepoint simple; -Wolfenbuttel, 1609; Ham-
bourg, 1611, in-4». 6° Eulogodia Sionia,
consistant en motels à deux, Iroisel jusqu'à huit
voix, pourTolTice divin ;Hambourg, 1611, in-4».
7° Bicinia et tricinia, dans lesquels se trou-
vent la plupart des psaumes et des cantiques en
usage dans les temples et les maisons, à deux et
trois voix, dans le style des motets, des madri-
gaux et dans un autre genre inventé par l'au-
teur; Hambourg, 1611, in-4». 8» Ilymnodia
j'ionia, consistant en vingt-ciualre hymnes sa-
crées à deux, trois et jusqu'à huit voix; Ham-
bourg, Hering, 1611. 9° Megahjnodia, Magni-
ficat à cinq, six et huit voix, ainsi que quelques
madrigaux et motets; Wolfenbuttel, 1611, el
Francfort, 1619, in-4». 10» Terpsichore,
musarum Aoniarum quinla, recueil de plu-
sieurs danses et chansons françaises à quatre,
cinq et six parties; Hambourg, 1611, in-fol.
11" Idem, seconde partie, danses anglaises
pour dames, à quatre et cinci parlies; Leip-
sick, RIoscmann, in fol., 1612. 12» Musarum
Aoniarum sexta Terpsichore, danses fran-
çaises à quatre et cinq parties; Hambourg,
1611, in 4". \ô'' Musarum Aoniarum tcrUa
Erato, renfermant (iuarante-(|ualrc chansons
profanes allemandes , ainsi (juc queliiue»
mélodies anglaises à quatre voix ; Hambourg,
1611. 14» Petite et grande litanie en^deux
chœurs, à cinq, six el sept voix, avec une no-
tice sur l'origine de celle litanie; Hambourg,
Hering, 1612, in-4'. 15» Te Z>eMm à seize voix,
avec le chanl de Noei : Fin Kindlein so
lœblich, à huit voix; Hambourg, 1613. Jecrois
qu'il y a, dans la citation de cet œuvre, une
erreur de Gerbcr, et que c'est le même qui est
attribué à Jérôme Praetorius {voyez ce nom).
16°Épilhalamesur le mariage du duc Frédéric
Ulric de BrunsV'ick et île la margrave Anne-
Sophie de Brandebourg; Hambourg, 1614,
in-fol. 17» Pohjhymnia panegerica et cadu-
ceatrix, concerts solennels de paix et de joie,
consistant en trente-deux chants d'église à
plusieurs voix; Wolfenbuttel, 1619, in-fol.
\9>« Musa Aonia Thalia, ou toccates et can-
zonettesà cinq parlies, pour violes et violons, el
particulièrement pour instruments à ven(,
avecbasseconlinue; Nuremberg, 1619, in-4''.
19° Concerti sacri ecclesiastici et politiciex
Italis auloribus, iisque optimis et prxstan-
tissiinis, collecti et aucti adjecto ripiena seu
choropleno. Accesserunt sub finem ejusdem
generis cantiones , quarum auctor ipse
M. P. C; Francfort, 1620, in-4". ^0" Pohj-
hymnia exercitclio, ou chansons religieuses
allemandes en contrepoint simple et figuré à
deux, trois, ([uatre, cinq, six et huit voix avec
basse continue; Francfort, 1620, in-4».
21» Calliope, ou quelques chansons joyeuses
allemandes à une, deux, trois et quatre voix
principales, et cinq, six, sept et huit voix
chorales, symphonies et ritournelles ajoutées;
Francfort, 1620, in-4». 22» Puericinium, seu
concentustriumvelquatitorpueroruin,trium
pluriumve aduHorum, et quatuor inslru-
mentornm, renfermant quinze chants d'église
allemands, et d'autres chants de concert;
Francfort 1621, in-4".
PRyETORIUS (mailre Jeaîi), néàQueil-
linbourg, le 19janvier 1634, étudia à Willen-
berg el à Jena, où il devint magisler el pro-
fesseur adjoint du cours de |)hilo$ophie. En-
suite il fut nommé précepteur des ducs de
Gotha, puis recteur à Zoesl, et enfin recteur à
Halle, où il mourut le 21 février 1705. En
1j)8l, il donna à Halle un oratorio de sa com-
position intitulé David.
PUANDI (Jérôse), professeur de philoso-
phie et de droit naturel à Bologne, au com-
mencement du dix-ncuviùmc siècle, a fait iui-
PRANDI — PRAUN
11»
I
I)iim(;r un discours iiUilulé : Orazione sulla
nuisica; Bologne, 1803.
PI\ASPE1\G (BaltuazÂr), en latin PRA-
SPEllGIUS, cantor à Bâle, au commencer
ment du seizième siècle, naquit à Mersebourg,
clans la seconde moitié du quinzième siècle.
On a de lui un traité du plain-chant intitulé :
Clarissima plané atqiie choralis musice in-
terpretatio , cum ce7-tissimis regulis atque
exemplontm adnolalionibus et figuris mul-
tiim splendidis ; Bile, 1501, in -4", gothique.
Ouvrage rare, mais de peu de valeur, malgré
Son titre fastueux.
PRAT (Dasiei), ecclésiastique anglican,
fui d'abord recteur à Harrixbam , dans le
duché de Kent, puis chapelain du roi
Georges III, à Kensington; il vécut dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle. Il s'est
fait connaître par quelques ouvrages de théo-
logie, et par un petit poëme intitulé : ^n ode
on the late celebrated Hundel on his playing
on the organ (Ode sur le célèbre Handtl et
sur son talent d'organiste); Cambridge, 1791,
in-4».
PRATI (Alessio), maître de chapelle de
l'électeur palatin, naquit à Fcrrare, le 16 juil-
let 17!)0, d'après une notice dont le titre est
indi<iué plus bas. Après avoir fait ses études
musicales sous la direction d'un musicien de
la cathédrale de Ferrare, nommé Bighelti,
Prati fut maître de chapelle à Udine, puis se
rendit, en 1767, à Paris, où il eut le titre de
directeur de la musique du duc dePenthièvre,
et fut employé comme maître de chant des
personnes les plus distinguées de la cour. Il
y donna aussi V Ecole de la jeunesse, opéra-
comique, qui eut du succès, et dont on a
gravé la partition. De Paris, Prati se rendit à
Saint-Pétersbourg, visita ensuite l'Allemagne,
et retourna en Italie vers 1781. Il eut alors le
titre de maître de chapelle du roi de Sar-
daigne, écrivit quelques opéras à Turin, à
Florence, à Venise, à Naples, et mourut à
Ferrare, le 17 janvier 1788, à l'âge de cin-
quante et un ans. Les opéras italiens de Prati
dont on connaît les titres sont : 1" Ifigenia
in Àulide, 1784, à Florence. 2° Semiramide,
17815, dans la même ville, ô" Armida abban-
donata, à Munich, 1785. 4» Olimpia, à Na-
ples, en 1786. 5» Demofoonte, 1787, à Ve-
nise. On connaît aussi du même artiste :
1" Six sonates pour clavecin et violon, op. 1 ;
l.yon, Carnaud. 2° Trois idem, op. 2; Berlin.
5" Trois idem, op. 3; ibid. 1» Concerto pour
flûte, à Paris. 5" Concerto pour basson, ibid.
6" Trois sonates pour harpe cl violon, op. Cj
Paris. 7" Duo pour deux harpes ; ibid. 8" Plu-
sieurs recueils de romances et d'airs italiens"
gravés à Paris et à Londres. On a sur cet ar-
tiste une notice de M. Camille Laderchio, inti-
tulée : Notizie biografiche inlorno alla vita
di A. Prati, Ferrare, 1825, in-8».
PRATO (ViîiCEST DEL), sopranisle, né à
Imola, le 5 mai 1736, fit ses études de chant
sous la direction du maître de chapelle Lorenz»
Gibelli. Il n'était âgé que de seize ans lorsqu'it
débuta au théâtre de Fano, en 1772. Depuis-
lors, il chanta avec succès sur les principaux,
théâtres d'Italie. En 1779, il produisit la plus
viTe impression à Stuttgard, pendant le séjour
de Paul I"^*" dans cette ville. L'année suivante,
il fut appelé à Munich. C'est pour lui que Mo-
zart écrivit le rôle iV Idamante , dans son Jdo-
meneo, joué en 1780. Depuis lors, del Prato
est resté attaché à la cour de Bavière qui lui a
accordé une pension en 1803. Il est mort à
Munich vers 1828.
PRATONERI (Spirito), musicien italien
du seizième siècle, n'est connu jusqu'à ce
jour que par ses ouvrages, qui ont pour litre :
X" Harmonia super aliquot Davidis psalmos
ad vesperas scx vocibus; Venise, Jérôme
Scollo, 1569, in-4'' ohl. 20 Motelti a olta
voci ; Fenetia. Giac. Fincenti et Rie. Ama-
dino, 1584, in-4'>. 3» Madrigali ariosi del
sig. Spirito Pratoneri a quattro voci, con
un dialogo a otto , nuovamente composti et
dati in litce; in P'enetia, pressa Giacomo
Fincenti, 1387, in-4».
PRATT (Jean), fils d'un professeur et
marchand de musique, est né à Cambridge,
vers 1779. A l'âge de huit ans, il fut admis aii
collège du Roi pour y faire ses études comme
enfant de choeur, puis il devint élève de Ban-
dai, organiste du collège, dont il fut le suc-
cesseur en 1799. Au mois de septembre de la
même année, il eut aussi le titre d'organiste
de l'université. En 1813, il a succédé à
C. Paris, comme organiste du collège de
Saint-Pierre. Cet artiste a publié un recueil
de psaumes et d'hymnes intitulé : Psalmodia
cantabrigiensis; 1817, in-4''. II a écrit aussi
beaucoup d'antiennes et de services du matin
et du soir, qu'on entend souvent dans la cha-
pelle royale de Cambridge.
PRAUIX (Sir.iSMOjiD-OxTO, baron DE),
violoniste qui, dès son enfance, eut beaucoup
de célébrité, naquit le l'^'juin 1811,à Tyrnau.
en Hongrie. Avant d'avoiratteint sa quatrième
année, il avait obtenu au collège les premiers
prix dans les études de langues, de calcul,
d'histoire et de dessin. Au mois de mai 1813,
S.
1J6
PRAUN - PREDIERI
il se fil entendre au Burg-Théâtre, à Vienne,
dans un trio de Pleyel pour le violon; mais
cet essai ne fui point heureux, car le pauvre
enTant eut peur de l'assemblée, pleura beau-
coup, et joua faux; mais un an après, il prit
sa revanche dans un quatuor de Rode, où il
étonna le public par la vigueur relative de
son coup d'archet. En 1817, il fut confié aux
soins de Mayseder, et après trois années
d'études sous ce maître , il commença des
voyages d'exploitation, devenus trop fréquents
pour ces prodiges que des parents avides épui-
sent dès le berceau. En 1820, le jeune de
Praun donna deux concerts à Milan, et y causa
beaucoup d'élonnement. Il n'eut pas moins de
succès à Rome l'année suivante. En 1824, il
visita l'Ile de Malte; puis il se rendit à Paris,
où il excita peu d'intérêt. Après une absence
de dix ans, il retourna en Allemagne, et se fit
entendre, en 1828, à Stuttgard, à Munich, à
Leipsick, et enfin à Berlin, où l'on eut l'idée
grotesque de le mettre en parallèle avec Pa-
ganini ; mais cette bouffonnerie n'eut point de
succès. Au mois de novembre 1829, de Praun
se mit en route pour Pétersbourg; mais arrivé
à Cracovie, il y fut attaqué par une inflamma-
tion des poumons, une hydropisie de poiti'ine
se déclara, et le pauvre jeune homme, épuisé
par un travail précoce, mourut le 5 janvier
1850, à l'âge de dix-neuf ans. Les qualités de
son jeu n'étaient pas assez remarquables pour
justifier la réputation qu'on avait voulu lui
faire.
PRAUPNER (Wenceslas), compositeur,
organiste et violoniste, naquit à Leilmeritz,
en Bohême, le 18 août 1744. Il suivit les cours
du collège des Jésuites, et se livra en même
temps à l'étude de la musique, où il fil de si
rapides progrès, qu'à l'âge de quatorze ans il
put se faire entendre plusieurs fois à l'église
dans des concertos de violon. Il cultiva aussi
l'orgue, et apprit la théorie de l'harmonie et
du contrepoint par la lecture de quelques bons
ouvrages. Le désir de se distinguer lui fil
quitter Leilmeritz pour se rendre à Prague :
il y continua ses études littéraires et musicales
au séminaire de Saint-Wenceslas, et suivit un
cours de théologie, parce qu'il se destinait à
l'étatecclésiaslique ; mais au bout de deux ans,
il changea de dessein et prit la résolution de se
livrer exclusivement à la musique. Le comte
de Rinck le choisit d'abord pour chef d'or-
chestre de son théâtre particulier; le talent
qu'il déploya dans ses fonctions le fit nommer
ensuite directeur du chœur de l'église Saint-
Martin, puis de Sainte-Maric-au -Berceau, de
Notre-Dame-aux-Neiges, et enfin, le l'f juil-
let 1794, de la Thein-Kirche. Après la mort
de Joseph Slrobach, directeur de l'orchestre
de rOpéra, il lui succéda dans cette place, et
eut aussi celle de maître de chapelle de l'église
des Frères-de-la-Croix. C'est à cette époque
de sa vie qu'il écrivit plusieurs grands ou-
vrages pour le théâtre. La mort de sa femme
lui causa un vif chagrin qui le conduisit au
tombeau, le 2 avril 1807. Cet artiste, estimé
pour ses qualilés sociales autant que pour son
(aient, a laissé en manuscrit des messes solen-
nelles, des graduels, des offertoires, un R€-
quiem, des vêpres à trois chœurs, des concer-
tos de violon, des symphonies et des pièces
d'orgue. De ses opéras, on ne cite que Circé,
qui fut représenté avec succès au théâtre du
comte de Thun.
PRAUN SPERGER (Marianus) , béné-
dictin bavarois, vécut dans la première moitié
du dix-huitième siècle, au monastère de Te-
gernsée et y fut professeur de théologie. Il a
fait imprimer des pièces instrumentales de sa
composition, sous le titre bizarre : Pegasus
sonorus, hinniem, saltu 12 partitas belle-
ticas exhibens ; Angsbourg, 17-36, in-fol.
PREDIERI (Ange), religieux du tiers
ordre de Saint-François, naquit à Bologne, au
mois de janvier 1655, et apprit la musique
sous la direction de Camille Cevennini, maître
de chapelle de la cathédrale, et d'.\uguslin Fi-
lipuzzi, maître de chapelle des chanoines de
Lalran , à Saint-Jean in monte. Il entra
dans l'ordre des Franciscains, en 1672. Habile
organiste et musicien instruit dans l'art du
contrepoint, il se distingua parliculièrement
dans l'enseignement, et fut le premier maître
du P. Jean-Baptiste Martini. Predieri mourut
à Bologne, le 17 février 1731, à l'âge de
soixante-seize ans. Le P. Martini, à qui j'em-
prunte ces détails, a rapporté dans son Sag-
gio fondam. prattico diconlrappunto (t. II,
p. 135 et suiv.), un extrait d'un Dixit à
quatre voix et instruments composé par ce
maître, dont l'abbé Santini, de Rome, possède
des motets à quatre voix, et un Kyrie cuin
Gloria, également à quatre voix.
PREDIERI (Jacques-César), né à Bo-
logne, dans la dernière moitié du dix-septième
siècle, fit ses éludes musicales sous la direc-
tion de Jean-Paul Colonna. Il fut nommé
maître de chapelle de la cathédrale de cette
ville, en 1698. Il occupait encore celle place
vers 1720. Predieri avait été reçu membre de;
l'Académie des Philharmoniques de Bologne,
en 1090; il en fut prince trois fois, en 1698,
PllEDîERÏ — PREISSLER
m
1707 et 1711. On connaît «le lui un ouvrage
dont le titre est : Jesabella, oratorio a sette
voci, divisa in 4 parti recitate in due série
nella chiesa de MM. RR. PP. deW Oratorio
di S. Filippo Neri, detti délia Madona di
Galieri, le due feste seguenti delli 25 et 26 di
Marzo i710 (en manuscrit). Predieri eut pour
collaborateur de cet œuvre Floriano Aresti
(voyez ce nom), organiste de l'église de l'Ora-
toire. Il a Tait imprimer de sa composition des
cantates morales et spirituelles à trois voix,
avec basse continue. pour le clavecin, à Bo-
logne, 1696, in-4».
PIIEDIERI (Jean-Baptiste), né à Bologne,
en 1678, fut licencié en droit civil et canon, le
23 juin 1700, et obtint ensuite un canonicat
dans l'église de Sainte-Marie-Majeure. Il a fait
imprimer un livre intitulé : Le Ricreazioni
spiritunli nella musica délie sagre canzoni;
Bologne, Benacci, 1730, in-4o. J'ignore quelle
est la nature de cet ouvrage.
PllEDlKUI (Luc- Antoine), né à Bologne,
le 13 septembre 1688, apprit d'abord à jouer
du violon, sous la direction de Vitall, puis fut
élève de son oncle Jacques-César Predieri
pour le contrepoint. Il fut«élu membre de
l'Académie des Philharmoniques de sa ville
natale, en 1706, et en fut prince, en 1723. Il
fut appelé à Vienne, au service de l'empereur
Charles VI, en qualité de compositeur drama-
tique, vécut environ quinze ans à Vienne, et
mourut dans sa patrje, en 1743. On assure
qu'il y avait beaucoup d'imagination dans sa
musique, et que ses mélodies étaient expres-
sives. On a retenu les titres suivants de ses
opéras : 1» Griselda, à Bologne, 1711. 2» As-
tarto, 1715. ô° LucioPapirio, 1715, à Venise.
4" Il Trionfo di SoUtnano, à Florence, 1719.
5" Merope, 1719. 6<* Partenope, à Bologne,
au théâtre Marsigli, 1719. 7» Scipione il gio-
vane, 1731. 8» Zoe, à Venise, 1736. 9» Il
Sacrifizio d'Jbramo , oratorio, à Vienne,
1758. 10" Isacco figura del Redentore, 1740.
Ces deux derniers titres semblent appartenir
au même ouvrage.
PREDIGER (.,..), facleup d'orgues à la
fin du dix-septième siècle, a construit de 1694
à 1696 un instrument de vingt-six jeux, deux
t claviers et pédale, à Anspach. «
PREODL (Joseph), maître de chapelle de
l'église Saint-Étienne, à Vienne, naquit à
Marbach, sur le Danube, en 1738. Son père,
organiste dans ce lieu, lui enseigna les pre-
miers principes de la musique, puis il alla
achever ses études sous la direction d'Al-
l)rcchlsbcrger. Organiste distingué et musicien
instruit, il succéda à celui-ci, comme maître
<le chapelle de l'église Saint-Étienne, en-1809,
et mourut à Vienne, non en 1826, comme il
est dit dans le Lexique universel de musique
publié par Schilling (à l'article Breindl), mais
le 23 octobre 1823. On a gravé sous le nom de
cet artiste : 1° Premier concerto pour le
piano, op. 1; Vienne, Artaria. 2" Deuxième
idem, op. 2; Vienne, Kozeluch. ô" Thèmes
variés pour piano seul, op. 3, 4, 6; Vienne,
B?ermann, Hasiinger. A" Fantaisies pour le
pi;jno, op. 5, 13; t6id. 5° Sonates pour piano
seul; Vienne, Tracy. 6° Six messes à quatre
voix, orchestre et orgue, nî. 1 , op. 7 ; Vienne,
Mechetti; n» 2 (petite), op. 8, i6td.; n" 4,
op. 10, ibid.; n" 5, op. 11, t6id.; n" 6, op. 12,
ibid. 7° Graduels et offertoires, op. 14, 15,
16, 17, 18, ibid. 8» Offertoires, n" 1, De
Beata; n" 2. De SS. Trinitate; n" 3, Lauda,
anima mea, Dominum; ibid. 9* Requiem à
quatre voix, orchestre et orgue, op. 30; ibid.
10" Te Deum, idem, op. 51; i6jd. 1 1 ° Lamen-
tationsqui se chantent dans la semaine sainte,
avec orgue; ibid. 12° Mélodies pour tous les
chants de l'église allemande, avec des cadences
et des préludes pour l'orgue, op. 15; t6id.
IS" Chants pour la fête anniversaire de la ré-
formation, en 1817, avec orgue; Vienne, Has-
iinger. 14° Méthode de chant, op. 33; Vienne,
Hasiinger. Après la mort de PreindI, le
chevali«:r de Seyfried a publié un traité d'har-
monie, de contrepoint et de fugue qu'il avait
laissé en manuscrit; ce livre a paru sous le
litre suivant : Wiener Tonschule; oder An^
weisung zum Generalbass , zur Harmonie,
zum Contrapunkt und zur Fugenlehre
(École de musique viennoise, ou Introduction
à la science de la basse continue, de l'har-
monie, du contrepoint et de la fugue); Vienne,
Hasiinger, 1827, deux parties in-8''. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
chez le même, en 1832. La théorie exposée
par PreindI dans ce livre est peu rigoureuse,
et les exemples en sont écrits d'une manière
assez lâche; défaut qu'on peut en général re-
procher à l'école de Vienne.
PREISSLER (Jean), ecclésiastique, né en
Bohème, vers 1750, fit ses éludes au collège
de Prague et y suivit des cours de théologie et
de philosophie. Le maître de chapelle Schling
fut son maître de musique, et en fit un pianiste
habile et un musicien instruit. Après avoir été
précepteur des enfants du comte de Kaunitz,
il fut nommé doyen à Bœhmischleipa, vers
1788. Plusieurs concertos et sonates de piano
de sa composition sont connus en manuscrit
1»6
PREISSLER — PREU
■dans la Bolu^me; on n'en a imprimé qu'une
«onalc-poiir piano seul, op. 1 ; Pinj^ue, Beria ;
•el une sonate pour piano et violon, op. 2,
ibid. Prcissier est mort à Bœhmischleipa ,
^lans le mois dp novembre 1796.
PIIELLEUR (PiEnRE), musicien français,
■se fixa à Londres dans les premières années
<lu ^ix-huilième siècle. Dans sa jeunesse, il
fut maître d'écriture à Spitalficlds, mais dans
la suite il se consacra tout entier à la musique
el en donna des leçons. En 1728, il obtint la
place d'organiste à l'église Saint-Alban, de
Londres. A la même époque, il fut nommé
claveciniste du théâtre de Goodman's fields, et
i|>eDdant plusieurs années, il composa la mu-
sique des ballets et des pantomimes qu'on y
représentait. Il a publié un traité du chant et
de l'art de jouer des instruments alors en
iisage, sous ce titre, : The modem music
master, containing an instruction to sing-
ing , and instructions for most of the
instruments in use; Londres, 1751, in-8".
A la suite de cet écrit, on trouve un abrégé de
l'histoire de la musique, extrait du livre de
Bontempi. Cinq ans après la publication de
■cet ouvrage, Prelleur obtint la place d'orga-
niste de l'église du Christ, à Middiesex. Ce
renseignement est le dernier que l'on ait con-
cernant la vie de cet artiste. •
PREIMTZou PREA'Z (Gaspard), maître
■de chapelle de l'évéque d'Eichsladt, naquit à
Verlacli, près de Munich, vers 1040. Il fut le
maître du célèbre organiste Pachelbel, lors-
<ju'il habitait Ratisbonne, où il a publié :
Alauda sacra, sac. psalmi per annum con-
sueti a 4 voc. concert.^ 2 violin. concert, ad
libitum, 3 violis concert, ad libit. , ac 4 ripien.
■ad libit.; Ratisbonne, 1093. Cet artiste est le
môme qui est appelé Prentz par Matlheson
(Ehrenpforte, p. 249), et Lipowsky, trompé
|)ar celle orthographe inexacte, a fait deux
articles AitPrenitz et de Prentz {Bayerisches
Jtlusik Lexikon, p. 205).
PUEI^I>iEU (Georges), chanteur de la
«hapcUe impériale, sous le règne de Ferdi-
nand I"", na(iuit à Salzbourg', en 1517, suivant
un renseignement puisé dans les archives de
«elle chapelle, par Antoine Schmid [voyez ce
nom), el qu'il m'a communi(|ué. Prenncr était
un musicien instruit el écrivait bien dans le
style de son temps. Le Novus thésaurus mu-
iicut, publié par Pierre Joannelli (Venise,
1568), contient treize motets à quatre, cinq et
«ix voix, de la composition de cet artiste.
PilESCIIEU (Nicolas), facteurd'orgues à
^'ordiingcn, dans les premières années du
(iix-huitlùmc siècle, a construit, en 1700, un
inslriinient à un seul clavier cl vingt registres
à Frachlwangcn, près d'Anspach.
PUESCIMOrSI (Nicolas-Josepii), doc-
teur en droit et avocat à Palerme, naquit à
Francavilla, en Sicile, le 23 juillet 1009.
François Calalano, frère de sa grand'mère,
lui enseigna la musique, et dans le même
temps il fit ses humanités au collège de Mes-
sine. Devenu docteur en droit, à l'âge de dix-
huit ans, il se fixa à Palerme, et quoiqu'il fût
avocat de profession, il composa beaucoup de
sérénades, d'oratorios, et d'autres pièces dont
raici les litres : 1» La Gara de' fiumi , sévé-
nade à cinq voix; Palerme, 1093, in-4"'.
2" La Nascita di Sansone annunziata dall'
Angelo, figura délia sacratissima annuti-
ziata del Ferbo., dialogo a 5 voci; Messine,
1094. 3" L'Onnipotenza glorificata da' tre
fanciulli nella fornace di Babilonia; dia-
logo a 5 voci; Na|)les, 1095. 4" Jl Trionfo
degli Dei, sérénade à cinq voix, deux choeurs,
et six instruments; Messine, 1695. 5° Gli
Jngeli salmisti per la concezione di Maria;
dialogo a 5 voci; Rome, 1090. 0° Il Fuoco
panegirista del Creatore nella fornace di
liabilonia, dialogo a 5 voci ; Palerme. 7"Zo
IVotte felice, sérénade à six voix; ibid. ,^700,
8» La Crisi vitale del mondo languentc nel
sudor di sangue del Redentore, oratorio ^
trois voix ; Messine, 1701. 9" I Miracoli délia
Providenza, etc., oratorio à cinq voix ; Pa-
lerme, 1703. 10» Il Tripudio délie Ninfe
nella piaggia di Mare dolce, sérénade à trois
voix et instruments; ibid., 1704. 11° IlGiu-
dizio di Salomone, nella contesa délie due
madri ; sacro trattenimcnto armonico ; ibid.,
1705. 12" La Figlia unigenita di Gefle sa-
crificata a Dio dal padre, dialogue à cinq
voix; ibid., 1705. 13" Le Virtù in gara,
trattenimcnto armonico a 4 voci; ibid.,
1707. 14° // latte di Jaele, figura dell'Eu-
charistia sacrosanta, oratorio à cinq voix et
instruments; ibid., 1700.
PUEU (Frédéric), compositeur, néàLeip-
sick, vécut dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle. La nature lui avait accordé du
talent pour la musi<|uc, mais sa vie agitée ne
lui permit pas d'en développer les avantages.
En 1781 el 1783, ses amis publièrent, à son
profit, deux recueils de ses chansons aucc ac-
compagnement de clavecin. En 1785, il était
directeur de musique à Riga; il parait qu'il
se trouvait à Bayreulh, en 1790. Il a écrit
pour le théâtre allemand : 1° Àdraste, grand
opéra. 2» Le Feu follet, opéra-comique, en
TREU — PRÉVOST
il9
1786. 3' Bella et Fernando, ou la Satire,
opéra en un acte, gravé à Leipsick, en parti-
tion pour le piano, en 1791, 4° La Modiste,
petit opéra, non imprimé.
PREUS (GEoncEs), organiste à Greifs-
walde, dans la Poméranie antérieure, vécut
dans les premières années du dix-huitième
siècle. On a de lui un petit traité intitulé :
Observationes musica^f oder musikalische
jinmerhungen, tvelche bestehen in Einthei-
limg der Thonen, deren Eiyenschaft und
Jrirkung, der Musik-Liebenden zum besten
herausgegeben (Observations musicales con-
cernant la division des tons, leur propriété et
leur effet); Greifswalde, chez Daniel-Benja-
min Starken, 170G, deux feuilles in-4'', avec
■une planche.
PREUS (Georges), organiste à l'église du
Saint-Esprit, à Hambourg, occupait cette place
en 1729. On ne sait rien de plus sur sa per-
sonne, et son existence n'est connue que par
un opuscule qui a pour titre : Grundregclnvon
der Sructur und den Requisitis einer unta-
delhaften Orgel, worinnen hauptsxchlich
gezeigt loird, tcas bei Erbauung einer neuen
und Renowirung einer alten Orgel zu beo-
bachten sei, aucli tcie eine Orgel bei Ueber-
lieferung miisse probiret und examinirt
werden, etc. (Règles fondamentales de la
structure et des qualités requises d'un orgue
irréprochable, où l'on montre ce qu'il faut
ooserverdans la construction d'un nouvel in-
strument et dans la réparation d'un an-
cien, etc.); Hambourg, 1729, cent quatre
|>ages in-8", non compris la préface et la dé-
<licace. Mattbeson a reproché avec raison à
cet ouvrage (Grosse General- Bass-schule,
deuxième édition, p. 13-29) de n'être qu'un
plagiat de VOrgelprobe de Werckmeister
(voyez ce nom).
PREUSS (Charles), musicien attaché à la
cour de Hanovre, dans la seconde moitié du
+lix-huilième siècle, a fait imprimer à Gassel,
en 1778, trois quatuors pour clavecin, deux
violons et violoncelle; et, en 1783, un volume
d'odes et de chansons, avec accompagnement
(le clavecin. On a aussi de lui des pièces pour
deux flûtes; Hanovre, Rruchwilz,des varia-
tions pour piano sur un air allemand; Ha-
novre, Bachmann, et d'autres petites pièces.
On ne sait rien de plus sur cet artiste.
PRÉVOST (Pierre), professeur de philo-
sophie à Genève, naquit dans cette ville, le
3 mars 1751, vécut quelque temps à Paris,
liuis à Berlin, et retourna à Genève, en 1782.
11 y remplissait encore ses fondions de pro-
fesseur en 1828. Parmi ses nombreux ou-
vrages, on remarque un morceau qu'il a fait
insérer dans le volume de l'Académie de
Berlin pour l'année 1785, sous ce titre : Mé-
moire sur le principe des beaux-arts et des
belles-lettres, dans lequel on examine les rap-
ports de la poésie et de la musique avec les
sens et les facultés intellectuelles. Prévost est
mort à Genève, le 8 avril 1839.
PREVOST (Hippolyte), sténographe ha-
bile, membre de l'Athénée des arts et rédac-
teur dii Moniteur universel, i)uis secrétaire-
rédacteur en chef des procès-verbaux du Sénat,
né à Toulouse, en 1808, apprit la musique dès
ses premières années. Huny, chef d'orchestre
du théâtre de sa ville natale, lui enseigna le
violon, dont il Jouait déjà à l'âge de onze ans
dans les concerts d'amateurs. Ses progrès sur
cet instrument le mirent en état de jouer à
Rodez, en 1826, le neuvième concerto de
Kreutzer, dans un concert donné au bénéfice
des Grecs. Ses études de collège terminées, il
commença celle du droit, mais il l'interrom-
pit bientôt pour se rendre, en 1827, à Paris,
et s'y appliquer à la pratique de la sté-
nographie. Avant de quitter Toulouse , il
avait publié une nouvelle théorie de la sté-
nographie, dont la sixième édition a paru
récemment (1862). En 1830, il fut admis
à la rédaction du Moniteur et chargé de di-
riger la publication ofTicielle des Chambres. Il
conserva celle position jusqu'en 1852 ; ce fut
alors qu'il entra dans l'administration du Sé-
nat, en qualité de secrétaire-rédacteur en chef
des procès-verbaux des séances. M. Prévost a
publié une brochure dont l'objet a de l'inté-
rêt, sous ce titre : Sténographie musicale, ou
art de suivre l'exécution musicale en écri-
vant ; Paris, 1833, i"n-8». J'ai analysé ce petit
écrit dans le treizième volume de la Revue
musciale (p. 241-244). On en a fait une tra-
duction allemande intitutée : Musikalische
Sténographie oder die Kunst die Musik sa
schnell zu schreiben , als sie ausgefUhrt
wird] Leipsick, 1853, in-S^de quarante-quatre
pages et deux planches, ou quarante-huit
pages in-12. Une traduction italienne a aussi
paru sous ce titre : Stenografia musicale,
0 arte di seguire l'esecuzione musicale scri-
vendo; Paris, Duverger, 1833, in-12 de
quarante-huit pages. Le succès de cet ouvrage
avait fixé l'attention des musiciens et des
amateurs sur son auteur; on lui proposa de se
charger de la critique musicale dans le jour-
nal intitulé Revue des théâtres; il accepta,
mais il comprit alors la nécessité de compléter
ISO
PREVOST — PRIMAVERA
ses connaissances en musique et se remit à
l'élude decet ail, qu'il avait négligé depuis son
arrivée à Paris; c'est ainsi qu'il fit un cours
d'harmonie et de composition avec M. Reber.
Depuis 1837 jusqu'en 1853, M. Prévost a fait
la critique musicale dans le Journal du Com-
merce et dans le Moniteur. Appelé à la posi-
tion qu'il occupe au Sénat, il Tut obligé de
suspendre ce genre de travail, mais il l'a re-
pris plus tard, sous les pseudonymes de
P. Crocius, et de Paul f/oUens, dans plu-
sieurs journaux quotidiens et hebdomadaires.
PRÉVOST (Eugèxe-Pbospeb), né à Paris,
le 23 août 1809, fut admis au Conservatoire de
cette ville, le 27 mars 1827, et y reçut des
leçons de contrepoint de Jelensijerger et de
Seuriot. En même temps, il devint élève de
Lesueur pour la composition. En 1829, il ob-
tint, au concours de l'Institut de France, le
second grand prix de composition : le sujet de
ce concours était la cantate de Cléopâtre. Le
premier prix lui fut décerné, en 1831, pour la
composition de 5tanca6'ape//o. Dans la même
année, il avait fait jouer à l'Ambigu-Comique
un petit opéra en un acte, intitulé l'Hôtel des
princes, qui eut du succès, et le 14 mai de
cette année 1831, il donna au même théâtre le
Grenadier de JFagram, opéra-comique en
un acte. Au mois de juillet 1831, il partit
pour l'Italie. De retour à Paris, il a donné, le
13 septembre 1834, à l'Opéra-Comique,
Cosimo, en un acte, qui a été bien accueilli
par le public. Quelque temps auparavant, il
avait épousé mademoiselle Colon, cantatrice,
qui fut engagée au théâtre du Havre, et fut
nommé, en 1835, chef d'orchestre de ce
théâtre. Au mois de septembre 1837, M. Pré-
vost fit représenter au ll;iéâtre de l'Opéra-
Comique, le Bon Garçon, en un acte, dont la
musique manquait de distinction, et qui n'eut
pas de succès. Il a fourni quelques articles
à la Gazelle musicale de Paris. En 1840,
il s'est fixé à la Nouvelle-Orléans comme
chef d'orchestre du théâtre et professeur de
musique.
PREYER (Gottfried), compositeur .et
professeur, né le 15 mai 1809, à Hausbrunn
(Autriche), reçut les premières leçons de mu-
sique de son père, instituteur et cantorde ce
village, et apprit en même temps le chant, le
violon et le clavecin. A l'âge de quinze ans, il
se rendit à Vienne et y fit un cours de com-
position, sous la direction de Sechter {voyez
ce nom). En 1835, il obtint la place d'orga-
niste de l'église évangélique; et trois ans
après, il fut nommé professeur d'harmonie du
conservatoire de Vienne. La direction de cette
école lui fut confiée en 1844, après qu'il eut été
pendant plusieurs années second maître de
chapelle de la cour impériale. En 1853, Preyer
a été appelé à la position de maître de cha-
pelle de l'église Saint-Etienne, qu'il occupe
encore (1863). On a publié de cet artiste :
1" Symphonie pour l'orchestre, op. 16 (en ré
mineur); Vienne, Diahelli. 2" Quatuors pour
<leux violons, alto et basse; ibid. 3" Double
fugue pour l'orgue ou le piano, op. 1 1 ; ibid.
4° Scherzo pour le piano (en si mineur),
op. 42; ibid. 5» Un grand nombre de Lieder
à voix seule avec piano ; ibid. 0° Beaucoup de
chants pour quatre voix d'hommes; ibid.
Preyer a en manuscrit un grand nomi)re de
grands et de petits morceaux pour l'église, et
l'oratorio de Noé.
PREYSIN(i (Hesri-Balthaiar), violon-
celliste, né en 1756, fut attaché à la musique
de la cour de Gotha, et mourut à Golha, le
6 octobre 1820, à l'âge de quatre-vingt-quatre
ans. Il a laissé en manuscrit plusieurs com-
positions pour son instrument.
PRIETO (D. Julien), musicien espagnol,
naquitenl765, àSanto-DomingodelaCalzada,
et y apprit la musique comme enfant dechœur
de la cathédrale. Après avoir perdu la voix
d'enfant, il fut envoyé àSaragosse,oùilapprit
la composition pendant plusieurs années,
sous la direction de Xavier Garcia. Doué d'une
très-belle voix de ténor, il obtint au concours
une place de chanteur b. la cathédrale de
Pampelune. Après la mort de François
Huerta, maître de chapelle de cet église, le
chapitre chargea Prieto d'en remplir les
fonctions, mais sans abandonner celles de
ténor. Il conserva cette position jusqu'à ses
derniers jours, et mourut le 24 février 1844,
à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Sa belle
voix et son goût dans l'exécution de la mu-
sique lui avaient fait une grande réputation
de chanteur dans son pays. M. Eslava {voyez
ce nom) dit qu'il montre dans ses compositions
un génie véritable. Il n'écrivit pas de grands
ouvrages et ne traita jamais le style fugué;
mais ses motets, ses antiennes, litanies et
chants joyeux sont, dit le même auteur, des
modèles de simplicité, de mélodie, de boa
goût et de grâce.
PRI>I AVER A(jEAN-LÉoî(AnD), surnommé
DELL' ARPA, à cause de son habileté sur
la harpe, na<iuit dans la Lombardie, vers
1540, et fut maître de chaprlJc du comman-
('."ur de Castille, gouverneur de l'État de
MiUn pour le roi d'Espagne. Il a fait im-
PRIMAVERA — PRlPsTZ
121
I
primer de sa composiliou : 1» Madrigali a
cinque e seivoci, libro primo; in Fenetia,
app. Geronimo Scotto, '\M5, in-4" obi.
2" Jl seconda libro di Madrigali a cinque
voci, nuovamente da lui composti et date
in luce; ibid., 1566, in-4'' obi. o" Jl terzo
libro di Madrigali a cinque et sei voci ; in
Fenetia, app. Francesco Rampazetto, 1366,
in-4" obi. 4° Il primo libro di Canzone na-
poletane a tre voci; Venise, ScoUo, 1570,
in-4°. 5° // seconda libro, idem, ibid. 6" Jl
terzo libro délie Villotte alla Napoletana,
a tre voci; ibid., 1570, in-8°. 7" Frutti et
Madrigali a cinque voci, con un dialogo
a dieci. Libro quarto; in Fenetia appresso
Vherede di Girolamo Scotto, 1573, in-4".
L'épllre dédicaloire est datée de Venise, le
G septembre 1573.
PRIJXCE (Locis-NicoLAS LE), curé de
l'église paroissiale de Perrière, de 1668 à
1677, fut d'abord maître de musique de la
cathédrale de Lisieux. On a de lui : 1" Missa
sex vocum ad imitationem moduli , Macula
NON EST IN te; Paris, Ballard, 1663, in-4''.
2° Missa quatuor vocinn ad imitationem
moduli, Tv es cloria mea; ibid., 1609, in-fol.
3" y^irs spirituels sur la paraphrase de
Laudate Dominu!» de coelis, à trois voix
pareilles, et basse continue, ibid., 1671,
in-4"' obi. '
PUINCE (Nicolas-Thomas LE), biblio-
graphe, ancien employé de la bibliothèque
royale, né àParis, en 1750, est mort à Lagny,
le 31 décembre 1818. Au nombre de ses ou-
vrages on remarque les suivants, relatifs à la
musique : 1° Anecdotes des beaux-arts, conte-
nant tout ce ([ue la peinture, la sculpture, la
gravure, l'architeclure, la littérature, la mu-
sique, etc., offrent de plus curieux et de plus
piquant chez tous les peuples du monde, depuis
l'origine de ces différents arts jusqu'à nos
jours; Paris, Baslien, 1776-1781, trois volumes
in-8''. 2° Essais historiques sur l'origine et les
progrès de l'art dramatique en France ; Paris,
Belin, 1785 et années suivantes, trois volumes
in-12.
PRINCE (René LE), frère du précédent,
naquit à Paris, en 1753. On a de lui un bon
ouvrage intitulé : Lettres sur les arts du
moyenâge; Paris, 1785, in-12. Le Prince est
aussi l'auteurd'une bonne dissertation insérée
dans le Journal encyclopédique (novembre
782, pages 489 et suivantes), sous ce litre :
Observations sur l'origine du violon.
PRIINI>iER (le P. Augustin), bénédictin
bavarois, naquit le 24 mars 1750, à Rœtz,
près de Ratisbonne. Il fil ses études musicales
et littéraires dans ia même ville. Le 13 no-
vembre 1771, il entra au couvent des béné-
dictins de Michelfeld, où il fut ordonné préire,
le 11 mars 1773. Il mourut le 22 juin 1807, à
l'âge de soixante-sept ans. Parmi ses compo-
sitions pour l'église, qui sont restées en ma-
nuscrit, on remarque des vêpres, des répons
et des lamentations en contrepoint d'ancien
style.
PRIÎN"TE]>IPS(H.), né à Lille (Nord), vers
1802, fit ses premières études de musiciue dans
celte ville, et se rendit à Paris, en 1820. Admis
au Conservatoire, il devint élève de l'auteur
de celle Biographie, pour la composition, et
npprit sous sa direction le contrepoint et la
fugue. De retour à Lille en 1825, il s'y livra à
l'enseignement du piano; mais une maladie
de langueur le conduisit au tombeau, vers
1830. Il a publié quel<|ues œuvres de musique
pour le piano, entre autres un thème varié, à
Lille, chez Bœhm, et une fantaisie sur un
thème de madame Gail, op. 5; Paris,
Ph. Petit.
PRI!>iTZ (Woifcawc-Gaspard), est sur-
nommé DE WALDTHURN, parce qu'il
était né le 10 octobre 1641, dans cette ville du
hautPalatinat, sur les fruntièresde la Bohême.
Son père, maître des forêts et receveur des
contributions, l'envoya fort jeune à l'éccle de
Vohenslrause, dont l'instituteur lui enseigna
la solmisalion d'après l'ancienne méthode des
niuances; mais bientôt après, ce maître eut un
successeur qui adopta la nouvelle méthode des
sept noms de notes, et la fit apprendre à ses
élèves. Printz reçut ensuite des leçons d'orgue
de Guillaume Stœckel, bon organiste de Nu-
remberg. A l'âge lie treize ans, il fut mis au
collège de Weyden, ville située à une lieue de
Waldthurn : là il continua ses études de mu-
sique sous la direction de Jean-Conrad Merz,
organiste de la chapelle du prince de Saxe-
Lauenbourg. Il apprit aussi à jouer du violon,
du trombone et de plusieurs autres instru-
ments. En 1638, il se rendit à l'université
d'Altorfi", où il suivit les cours de théologie;
pendant le temps qu'il y consacra, il ne put
s'occuper de la musique que comme d'un dé-
lassement. Né dans la religion luthérienne, il
voulut en propager les dogmes dans le Pala-
linat par des sermons; mais poursuivi par les
ordres religieux pour sa propagande, il fui ar-
rêté, mis en prison, et n'obtint sa mise en
liberté que sur la promesse de renoncer à la
prédication. Il entra alors en qualité de ténor
dans la chapelle du prince-électeur Palatin, à
vu
PRINTZ
llcidelberg. Après y avoir passé une année, il
avait l'espoir il'élre bientôt nommé cantor,
lorsqu'une controverse religieuse l'obligea à
s'éloigner furtivement, à pied ; mais il s'égara
dans ce voyage, et dénué de ressources, il fut
obligé d'accepter l'offre d'un voyageur hollan-
dais qui l'engagea comme valet de chambre,
ou plutôt (dit-il lui-même, dans son autobio-
graphie) comme laquais, pour tout faire.
Printz visita avec ce voyageur une partie de
l'Allemagne, et les villes principales de l'Ita-
lie, telles que Venise, Rome et Naples. Au re-
tour, il tomba malade dans un village près de
3Iantoue, et fut abandonné par son maître.
Dès qu'il fut rétabli,, il se mil en route à pied,
et retourna chez lui par la Bavière. Arrivé à
Promnitz, il y donna des preuves de talent, et
fut engagé pour remplir les fonctions de
maître de chapelle de celle petite cour; mais
la guerre qui causa à celte époque tant de ra-
vages dans la Moravie, fit réformer cette cha-
pelle, au mois de janvier 1664, après la mort
du comle. Printz accepta alors une place de
caufor à Triebel. Le temps qu'il y passa fut,
dit-il, le plus heureux de sa vie. Cependant, la
place plus importante de cantor à Sorau lui
ayant élé offerte le 15 mai 1665, il se rendit
dans cette ville, s'y maria, et y resta pendant
dix-sept années. Il i)arait qu'il y fut accusé
d'ivrognerie, car pour se défendre de cette im-
putation, il fait, dahs sa notice biographique,
rénumération de ses travaux, et démontre
qu'il n'aurait pu écrire tant d'ouvrages s'il
eût eu le défaut qu'on lui attribuait. En 1682,
il obtint le litre de directeur de la chapelle du
comte de Promnitz, et en cumula les fonctions
avec celles de cantor. Après cinquante-deux ans
de séjour à Sorau, il mourut le 13 octobre 1717,
à l'âge de soixante-seize ans. Printz a laissé
sur sa personne et sur ses travaux une longue
notice, dont Mattheson a extrait celle qu'il a
publiée dans son Ehrenpforte (p. 257-276).
Cet écrit est rempli d'inutilités et de niai-
series. Printz en a donné un abrégé à la fin
de son Histoire de la musique; c'est de cet
abrégé que Walther s'est servi ponr la notice
de son Lexique de musique. On y voit que,
dans l'espace de douze ans, Printz a composé
plus de cent cinquante morceaux de différents
genres avec orchestre, et l'on y trouve la liste
de tous ses ouvrages historiques, théoriques et
didactiques, tant imprimés que manuscrits.
C'est à ces derniers travaux qu'il doit au-
jourd'hui sa réputation. J'en vais donner la
liste par ordre chronologique.
1" jinvccisung zurSii\ijckunst,{\n%\.\v\c\.\on
concernant l'art du chant). Printz cile trois
éditions de cet ouvrage, dans son Histoire de
la musique (p. 221), sous les dates de 1666,
1671 et 1685, mais sans indication du lieu de
l'impression. Il y a lieu de croire que ces édi-
tions ont paru à Dresde, où les premiers ou-
vrages de ce musicien ont élé imprimés ; mais
on n'en a pas la preuve, car AValther, Mat-
theson, Forkel et les autres biographes n'ont
eu connaissance de cet ouvrage que par ce que
Prinlz en dit lui-même. Dans le catalogue de
la bibliothèque de Forkel, si riche en livres
anciens concernant la musique, et qui renfer-
mait tous les autres ouvrages de Printz, on ne
trouve pas celui-là. Il n'est pas indiqué par
les catalogues des bibliothèques de Berlin, de
Munich, ni de Vienne. Moi, qui possède aussi
tous les livres du même auteur, j'ai fait cher-
cher en vain V Instruction sur l'art du chant
en Allemagne. Je doute de son existence.
2° Compendium musicx signatorix et mo-
dulatorix vocalis, das ist : Kurzer Begriff
aller derjenigen Sachen, so einem, der die
p'ocal-music Icrnen will , zu wissen von
nœthen seyn (Abrégé de la musiciue vocale
écrite et chantée, ou résumé succinct de
toutes les choses nécessaires à ceux qui veu-
lent apprendre le chant); Dresde, 1668, in-S»
de cent neuf pages. Une deuxième édition de
*cel ouvrage a paru à Leipsick, en 1714. La
première édition porte la date de 1689; mais
les deux derniers chiffres ont été évidemment
retournés dans l'impression , et devaient
former 68, car celle date est celle que Prinlz
donne lui-même {loc. cit., page 222); il
ajoute que ce livre est un de ceux qu'il publia
dans les premières années de son séjour à
Sorau {In den erstcn Jahren meines neuen
Amtes Hess ich ztcey Tractxtyen druc-
ken, etc); ce qui ne convient qu'à la date de
1668, et non à celle de 1689. L'ouvrage dont
il s'agit est un traité des éléments de la mu-
sique, de la solmisalion par les deux systèmes
des hexacordcs et de la gamme complète, et de
l'art du chant. C'est surtout par ces dernières
partie;» qu'il se dislingue des ouvrages du
même genre i)ubliés en Allemagne à la même
époque. 3° Phnjnis Mytilcnrus , oder Saly-
riscUcr Componist , wclclier, vermittdst einer
Satyrischen Geschichte, die Fehler der unge-
Ichrten , sclbgcuachsenen , unyeschickten ,
und unverslxndigen Componisten hœflich
darstellet, und suglcich lehret^ wie einmu-
sikalisches Sluch rein, ohne Fehler, und
nach dem rechien Grundc zu componiren
vnd zu sctzcn scy, etc. (l'Iii yuis de Mylilùnc,
PRINTZ
V.
ou le compositeur satirique qui, au moyen
d'une histoire (fiction) crixique, expose d'une
manière honnête les fautes des compositeurs
igngrants, maladroits et peu raisonnables, et
qui enseigne en môme temps comment doit
être composé un morceau de musique pur,
sans défaut, et d'après les meilleurs prin-
cipes, etc.), première partie; Ouedlinbourg,
167G, in-4"; deuxième idem, ibid., 1G77.
in-4°. Ces deux parties furent réimprimées à
Dresde et à Leipsick, en 1694, in-4'', avec une
troisième intitulée : Phrynidis Mytiknxi
Oder des Satyrischen Componisten drilter
Theil, so in sich h,vU unterschiedl. Miisika-
lische Discurse, sonderlich aber von denen
Gencribus modulandi , etc. (Troisième partie
de Phrynis de Mylilène, ou le compositeur
satirique, etc.). Une critique raisonnable,
et peut-être trop douce du livre de Printz, fut
publiée sans nom d'auteur, sous ce titre : Ré-
futation des Satyrischen Componisten, oder
so genannten Phrynis (Réfutation du Com-
positeur satirique désigné sous le nom de
Phrynis), sans nom de lieu (imprimée dans le
monde), 1G78,deux feuilles in-4°; réimprimée
«n 1695. Printz, irrité par cette réfutation, y
fit une réponse intitulée : Déclaration oder
weitere Erklscrung der Réfutation des Saty-
rischen Componisten , oder so genannten
Phrynis (Déclaration ou explication concer-
nant la Réfutation du Compositeur satirique);
Cosmopolis, 1679, quarante-huit pages in-4''.
Celte faible réponse est réimprimée en tète
de la première partie du Compositeur satiri-
que, dans l'édition de 1696. La conception du
livre qui avait donné lieu à cette polémique
est aussi ridicule que l'exécution est défec-
tueuse. L'auteur suppose que Phrynis de My-
tilène, musicien grec dont il est parlé par
plusieurs écrivains de l'antiquité, est envoyé
chez un maître de musique pour apprendre les
éléments de cet art. On lui enseigne d'abord
la formation des modes grecs, ou plutôt des
tons du plain-chant sous des noms grecs. Puis
on lui parle des consonnances et des disso-
nances; là il n'est plus question de la théorie
des Grecs, à l'égard de la classification des
intervalles, mais de celle des modernes, et
Printz fait du maître de Phrynis un harmoniste
du dix-septième siècle, qui parle de mouve-
ment des consonnances parfaites et imparfaites,
à peu près dans les mêmes termes que Bonon-
cini et autres écrivains didactiques conlem-
porains de Printz, et avec de fastidieux dé-
tails qui prouvent que l'auteur n'avait pas la
j)lus légère notion de la généralisation des
princiiies. La deuxième partie du Compositeur
satirique esl relative aux proportions dans la
mesure du temps musical, aux figures que
forment les notes entre elles, à la basse con-
trainte, à l'harmonie et à la basse continue.
Dans la troisième partie de son livre, Printz
traite des proportions numériciues des inter-
valles, du tempérament, d» rhythme poétique
appliqué à la musi(|ue, et des contrepoints con-
ditionnels en vogue dans les écoles dégénérées
du dix-septième siècle. Tout cela est rempli
de futilités, de pensées de mauvais goût et de
bavardages vides de sens. Par exemple, au
lieu di; dire eu quel<|ues mots et de démontrer
par de courts exemples les motifs de la règle
qui défend les successions de (|uintes directes,
Printz emploie six pages à conter comme quoi
Phrynis, ayant fait une mélodie, fut invité par
son maître à la mettre en harmonie d'abord à
deux parties, puis à trois, écrivit les deux
premières en tierces, puis la troisième à la
tierce de la seconde, et de là résulta une suite
de quintes avec la première partie, déchirante
pour l'oreille. Alors Phrynis se désola, et
voulut prendre la résolution <ie ne plus faire
d'harmonie en musi(|ue. Dans un autre en-
droit, Phrynis ayant fait une faute, reçoit un
soulTIet de son mailre; la violence du coup lui
fait b^urter la tétc de son voisin, qui heurte à
son tour une troisième personne, dont la tête
va frapper le mur : le fou rire prend à tout le
monde sur le quadruple effet du soulHet, et le
maître fait une longue dissertation sur l'ana-
logie des dissonances qui heurtent désagréa-
blement plusieurs sons, avec le soufflet qui se
fait sentir à plusieurs personnes. Un style
plat et misérable répond à la nature des idées.
Et pourtant on trouve à chaque jtas, dans ce
mauvais livre, les preuves d'un savoir étendu,
non seulement en musique, mais en beaucoup
de choses dont la connaissance n'est pas or-
dinaire aux musiciens. 4" Musica modula-
toria vocalis, oder manierlich und zierliche
Sing-Kunst, in welcher ailes, was von einetn
guten Sxnger erfordert wird , griindlich
und aufdas deutlich gelehret und vor^ugen
gestellet wird, etc. (Musique vocale figurée,
ou art du chant agréable et élégant, etc.);
Schweidnilz, Okel, 1678, in-4'' de soixante-
dix-neuf pages. Cet ouvrage n'est, sous quel-
ques rajiports, que le développement du
deuxième du même auteur, et peut-être aussi
du premier. 3" Exercitationes musicx theo-
retico-practicx de concordantiis singulis,
das ist musikalische JFissenschafft und
Aunst-Uebungen von jedwéden Concordan-
iH
PRINTZ
lien, etc. (Exercice de musique Ihéorico-pra-
tique sur toutes les consonnances, c'est-à-
dire, science musicale et exemples concernant
chaque intervalle consonnant, etc.); Dresde,
1089, in-4". Cet ouvrage a paru par parties
séparées en nombre égal à celui des conson-
nances , et à différentes époques. La pre-
mière, concernant Punisson, a été publiée à
Francfort et à Leipsick, 1687, en trente-deux
pages; la seconde, sur l'octave (en cinquante-
cinq pages) a vu le Jour dans la même année,
ainsi que la troisième, relative à la quinte (en
cinquante-deux pages). Le cahier qui concerne
la quarte a été publié en 1688 (quarante-six
pages), ainsi que celui qui est relatif à la tierce
majeure (en trente-deux pages). En 1689,
Printz a publié les parties qui concernent la
tierce mineure (en trente-deux pages), la sixte
majeure (en vingt-huit pages), et la sixte mi-
neure (en trente pages). Le cahier d'introduc-
tion à la connaissance^énérale des intervalles
a paru dans la même année, avec le titre de
tout l'ouvrage rapporté précédemment. Le plan
du livre de Printz était neuf à l'époque où il
l'écrivit. Il examine d'abord chaque intervalle
sous le rapport de ses proportions numériques,
puis il fait le dénombrement de toutes les ma-
nières dont il peut être formé, et, enfin, il
analyse toutes les circonstances de son emploi
dans la pratique. Malheureusement, au milieu
de quelques bonnes choses, Printz a placé
beaucoup d'inutilités, comme dans tous ses
ouvrages. G' Historische Beschreibung der
edelen Sing und Kling-Kunst, in welcher
derselben Ursprting und Erfindung, Fort-
gang, Ferbesserung , unterschiedlicher Ge-
brauch, wunderbare TViirckungen, man-
cherley Feinde, und zugleich beriihmteste
Ausiiber von Anfang der JVelt bis auff
unzere Zeit in mceglichster Kiirtze erzehelt
und vorgestellet werden (Description histo-
rique du noble art du chant et de la musique,
dans laquelle il est traité de son origine et in-
vention, etc.); Dresde, 1690,in-4''de deux cent
vingt-trois pages. Toute la première partie de
cet ouvrage est de peu de valeur, car Printz
n'y est que le compilateur de documents et de
traditions vulgaires qu'il accepte sans examen;
mais dès le douzième chapitre, le livre devient
plus intéressant, à cause des renseignements
qu'il renferme concernant les musiciens alle-
mands du dix-septième siècle.
Priniz avait écrit plusieurs autres traités de
musique dont il perdit les manuscrits, avec
tous ses livres, par un incendie <|ui éclata à
Sorau, le 3 mai 1684, ou qui ^ont restés entre
les mains de ses amis. Les titres de ces ou-
vrages étaient ceux-ci : 1" Idea boni compo-
siloris, en neuf livres. 2° Musici defensi.
ô" La quatrième partie du Compositeur sati-
rique. 4" De circula quinlarum et quarta-
rum, en deux parties. 5» Histoire de la mu-
sique, en latin. 6" Musica arvana , en
plusieurs parties. 7" Promenade du composi-
teur satirique, à Holiarden, en allemand.
8» Erotemata musica: Schelianx. 9" Erote-
mata musicx Pezoldianx. 10° Musica
theorelica signaloria, 11° Musica theoretica
didactica. 12° Analecta musica historica
curiosa. 13° De stylo recilalivo. 14° Melo-
pœia, sive musica poetica intégra. 15° De
instrumentis in toto orbe musicis. Printz as-
sure (ffist. Beschr. der Sing-und Kling-
Kunst, page 223, § 33) que son Histoire de
la musique, en latin, était, en 1690, entre les
mains de son éditeur Jean-Christophe Mielhe,
à Dresde, qui allait la livrer à l'impression;
cependant elle n'a point paru, et l'on ignore
ce qu'est devenu le manuscrit. A l'égard des
autres ouvrages cités précédemment, ils
étaient sans doute contenus dans deux grands
volumes in-4°, écrits de la mains de Printz,
qui ont péri dans l'incendie du château, à Co-
penhague, le 26 février 1794. On attribue
aussi à Printz trois romans musicaux, dont le
premier a paru sous le pseudonyme de C'otala.
Ces ouvrages ont été imprimés sous les titres
suivants : 1° Musicus vexatus oder der
vohlgeplagte, doch nicht verzagte, sondern
jederzeit lustige Musicus instrumentalis.
In einer anmuthigen Geschichtevor Augen
gestellt von Cotala dem Kunst-Pfeife-ge-
sellen (le Musicien vexé, ou le joueur d'instru-
ments fort tourmenté, mais non découragé, ou
plutôt toujours joyeux, etc.); Freyberg, Jean-
Christophe Miethen, 1690, in-8° de deux cent
quatre pages. Ce volume a pour objet de pré-
senter le tableau de la triste situation des
apprentis musiciens de l'Allemagne au dix-
septième siècle. Une deuxième édition, sans
date et sans nom de lieu, a été publiée (en
1772), en un volume gr. in-8° de cent soixante-
six pages. 2° Musicus magnanimus oder
Pancalus, der yrossmuthige Musicant, in
einer iiberaus lustigen, anmuthigen und mit
schœnen Moralien gezierten Geschichte vor-
gestellet von Minnermo, des Pancali guten
Freunde{\e Musicien magnanime, ou Pancalus,
le généreux ménétrier etc.) ibid., 1691, in-8°
de deux cent soixante-deux pages. Ce volume,
(|uicst en quelquesorte une suite du précédent,
est une peinture de la vie accidentée des mu-
PRINTZ — PROCH
nz
siciens ambulants de l'Allemagne, à l'époque où
Prinlz vivait. 5» Musicus curiosus, oder Bat-
talus, der verwitzige Musicant. In einer
sehr lusligen anmuthigen , unerdichteten
tend mit schœnen Moralien durchspiekten
Geschichte vorgestellet von Minnermo, der
Battait guten Freunde (le Musicien curieux,
ou Battalus, l'indiscret ménétrier, etc.);
ibid., 1691, in-S" de trois cent trente-trois
l»ages. Tout cela est lourd d'idées et de style.
PRIOLI (Jean), maître de chapelle de
l'empereur Ferdinand II, au commencement
du dix-septième siècle, est connu par les ou-
vrages suivants : 1°. Sacrorum concentuum
quinque vocum in duas partes distribu-
torttm pars prima; Fenetiis, apud Barth.
Magni, ICI 8, in-4". 2» Sacrorum concen-
tuum etc., pars altéra; ibid., 1619, in-4°.
3" Misse a 8 e9 voci ; \b\d., 1624. 4" Delicie
musicali; Vienne, 1625. On trouve aussi
quelques morceaux de la composition de Prioli
dans la collection intitulée : Bergam. Par-
nassus music. Ferdinandxus ; Y eniscy 1615,
10-4».
PRIORIS, musicien belge, élève d'Oke-
ghem, vécut à la fin du quinzième siècle et au
commencement du seizième. Son nom est cité
dans la Déploration de Crespel, sur la mort
d'Okeghem :
n Agricola, Verbonnet, Prioris,
« Etc. »
On ne sait rien concernant la position qu'il
occupa, ni sur les événements de sa vie d'ar-
tiste. Prioris fut, sans aucun doute, un savant
et ingénieux musicien , car on trouve deux
canons très-bien faits de sa composition dans
la collection qui a pour titre : Bicinia gal-
lica , latina et germanica , et quidam
fugx. Tomi duo; Vitébergx, apud Geor-
gium Rhav, 1545, petit in-4° obi. Les deux
morceaux de Prioris sont dans le second vo-
lume. Le premier, intitulé fuga sex vocum,
est un triple canon, chacun à deux parties,
sur les paroles : Da pacem Domine. L'autre
{fuga octo vocum) est un quadruple canon,
chacun à deux parties, sur le texleJve Maria.
Ces pièces sont Irès-remarquables pour le
temps où vécut leur auteur. Un manuscrit in-
folio du seizième siècle, qui se trouve à la bi-
bliothèque royale de Berlin, contient un
Magnificat du huitième ton, à quatre voix, de
Prioris. Des messes de ce musicien sont dans
les manuscrits de la chapelle pontificale
(voyez Baini, Memor. stor. crit. délia vila
e délie opère di G. Pierluigi daPalestrina,
n. 226)
PRIXI\ER (le P. Sébastien), né, non à
Ratisbonne, comme je l'ai dit dans la pre-
mière édition de celte Biographie^ mais à
Reichenbach (Bavière), en 1744, fit ses pre-
mières études littéraires dans cette ville, et
apprit la musique à Saint-Éméran. En 1763,
il prononça ses vœux dans ce monastère : il y
fut ordonné |)rétre cinq ans après, et mourutle
25 décembre 1799, après avoir rempli pendant
vingt-cinq ans les fonctions d'inspecteur du
séminaire etdedirecleurdu chœurdu chapitre.
Il a laissé en manuscrit neuf messes à quatre
voix, des motets et des pièces d'orgue. Le
P. Prixner a fait imprimer un petit écrit inti*
tulé : Kann man nicht in zwei oder drei
Monaten die Orgel gut und regelmxssig
scA/agren/ernen.' (Ne peut-on pas apprendre
en deux ou trois mois à bien jouer de l'orgue ?) ;
Landshut, Hagen, 1795, in-fol. La deuxième
édition de cet écrit a été publiée dans la
même ville, en 1804, un volume in-folio de
cent vingt pages.
PROBUS (...), pasteur protestant, à Rot-
terdam, vers le milieu du dix-huitième siècle,
a écrit un livre intitulé : Fertoog over den
nuttig Gebruiken ontstichtend misbruikvan
het Psalmgezang in den openbaaren Godt-
dienst der Protestanten (Exposé de l'utile
usage et de l'abus scandaleux du chant des
psaumes dans les églises protestantes); Rot-
terdam, Kornelisde Veer, 1766, in-4».
PROCH (HEsni), né le 22 juillet 1809, à
Laybach et non à Vienne, comme le disent les
biographes allemands qui m'ont induit en er-
reur dans la première édition de cette Bio-
graphie, a montré dès ses premières années
d'heureuses dispositions pour la musique.
A Page de treize ans, il a reçu des leçons de
Joseph Benesch pour le violon, sur lequel il a
acquis une habileté remarquable. En 1834, il
entra dans la chapelle impériale à Vienne, et
en 1848 il fut choisi comme chef d'orcbestre
du théâtre Josephstadl : quelques années après
il obtint une position semblable au théâtre
de la cour. Il s'est fait connaître avantageuse-
ment par beaucoup de chants avec accompa-
gnement de divers instruments, particulière-
ment de piano, violoncelle et cor, op. 1, 3, 4,
5, 6, 11, 14, 17, 18, 19, 21, 22, 28, 29, 31, 34,
38, 46, etc.; Vienne, Diabelli; deux messes
avec orchestre; des graduels et ofTerloires ;
des ouvertures, des quatuors de violon, dont
il n'a été publié qu'un seul, op. 12, un grand
trio pour piano, violon et violoncelle, op. 27;
Vienne, LeidesdorfT, et des morceaux concer-
tants pour le violon. Son opéra intitulé : Ring
136
PROCH — PROCLLS
uinl Maske (Aneau el masque) fut reprdsenlé
à Vienne, en 1844. Trois ans après, il a Tait
jouer celui qui a pour titre : Die Blutrache
(la Vengeance sanglante), et, en 1848, il a
donné, dans la même ville, Der Gef.rhrUcli
Sprung (le Saut périlleux). Ces ouvrages ont
eu peu de succès.
PROCH ASKA (Jeaw), professeur de
contrebasse à Prague {1800-1845), né en Bo-
hême, est un fécond compositeur de quadrilles
et de polkas. Il a fait exécuter dans cette ville,
en 1841, une ouverture à grand orchestre, de
sa composition.
Un trompettiste de Vienne, d'un talent re-
marquable, nommé Prochaska, est, je crois,
frère du contrebassiste.
PROCHE (François), professeur de mu-
sique à Breslau, est né, en 1796, à Dobcrney,
près de Kœniggraetz, en Bohême, oii son père
était inspecteur des forêts. Dès son enfance, il
montra d'heureuses dispositions pour la mu-
sique ; il apprit les éléments de cet art en fai-
sant son éducation littéraire dans les institu-
tions de Retzeldorf et de Bernsdorf. A l'âge de
quinze ans, ses études étaient terminées et une
place secondaire lui fut donnée, en 1809, dans
une institution du village de Merkelsdorf. Le
traitement attaché à celte position était si mi-
nimequ'il était obligé déjouer d'un instrument
les jours de fêtes, pour la danse, dans les guin-
guettes. Après avoir végété pendant cinq ans
dans cette infime situation, il accepta une
place de professeur chez «n baron, espèce de
maniaque qui l'occupait sans relâche pendant
douze ou quinze heures chaque jour h faire de
la musique. Quatre années se passèrent dans
cette pénible situation, <lont Proche ne sortit
qu'en acceptant une aulre place de professeur
de musique chez une dame noble, à Rampels-
dorf, en Silésie. Il y passa dix-huit mois, se
maria, et j)rit la résolution de sortir de l'exis-
tence dépendante qu'il avait eue jusqu'alors,
en allant s'établir dans une ville où il cher-
cherait l'utile et honorable emploi de ses ta-
lents. Oels fut le lieu (|u'il choisit, peut-être
imprudemment; car cett ville contient une
population d'environ six mille habitants, uni-
quement occupés d'industrie et de commerce.
Ce ne fut que par d'énergiques elTorts que l'ar-
tiste parvint à y faire naître le goût de la mu-
sique et à y fonder <les sociétés de chant et de
musique instrumentale, Kosmaly, biographe
de Proche, assure que telle était l'ignorance
des habitants d'Oels, en ce qui concerne la mu-
sique, ipie les œuvres de Haydn et de Mozart
leur étaient coroplélerocut inconnues en 18i'0,
et que ce fut lui qui les leur fit entendre pour
la première fois. Dix- neuf années de la vie de
ce pauvre artiste s'écoulèrent dans ce triste
niiliiMi, où il eut à pourvoir à l'existence d'iine
nombreuse famille. Convaincu enfin, mais
malheureusement trop tard, qu'il usait inuti-
lement ses forces à lutter contre l'indifTérence
de la population de celte ville, il s'en éloigna
et alla se fixer à Breslau, en 1839. Il n'y
trouva pas un sort beaucoup plus favorable,
quoique l'art soit cultivé avec succès dans
celle grande ville. Sa jeunesse était passée;
quelques artistes seulement connaissaient son
mérite, et de rares leçons étaient sa seule res-
source en 1846; il avait alors cinquante ans.
Après celte époque, on n'a plus de renseigne-
ments sur sa personne. Cependant, cet homme,
si peu favorisé dans sa carrière, était né avec
une organisalion d'élite. Quelques-uns de ses
Lieder ([m me sont tombés sous la main sont
d'un sentiment exquis, particulièrement ceux
qui ont pour litres: Der Thrœne (la Larme),
Der Doppelkuss (le Double Baiser), et Die
lilzte Loge (la dernière Demeure), pour ténor,
chœur d'hommes et piano. Dans ses variations
pour piano, Proche ne traite que des thèmes
d'invention, dont la distinction est remar-
quable, et dans les formes de ces variations,
il réunit les qualités de la musique sérieuse à
celles d'une rare élégance. Toutes ses compo-
sitions pour l'orchestre sont restées en ma-
nuscrit. C'est une noble nature que celle qui,
dans une adversité jirolongée, conserve les
facultés de l'imagination et le pur amour de
l'art.
PROCKSCH (Gaspard), clarincltisle alle-
mand, né en Bohême, fut attaché au service du
prince de Conti vers 1779. Il a fait graver à
Paris : 1» Six trios pour clarinette, violon et
basse. 2» Six solos pour clarinette. 5» Six duos
pour deux clarinettes.
PROCLUS, philosophe grec, né le 8 fé-
vrier 412 de l'ère chrétienne, vraisemblable-
ment à Constanlinople, suivit d'abord les
leçons du grammairien Orion et du rhéteur
Lconas, puis étudia la philosophie sous Olym-
piodore et sous Héron, à Alexandrie. Il mou-
rut le 17 avril 485, après avoir enseigné long-
temps la philosophie avec distinction. Parmi
ses nombreux ouvrages, dont nous n'avons
qu'une partie, on remarque le commentaire
sur le J'imée de Platon, où il traite de la doc-
trine des nombres ap|)li<|ucc à la musique. Ce
morceau se trouve dans les éditions des
œuvres de Platon publiées en 1534 et 1560,
in-fol. A l'éganl du Commentaire tur les
PROCLUS — PRONOMUS
127
Harmoniques de Ploléméo qui lui est allriliuc
l)nr le Diclionnaire historique des rtmsiciens
(Paris, 1810), il ne lui appartient pas.
TROIiSCIl (Joseph), né le 4 août 1794, à
rveiclicnberg, en BolKÎme, est chef d'une insli-
lution pour l'éducation musicale. A l'âge de
huit anSj il perdit l'usage de l'œil droit, et
dans sa dix-septième année, il fut complète-
ment privé de la vue. En 1811, il entra dans
l'institution des aveugles, à Prague. Ses pro-
grès dans la musique furentbeaucoup plus ra-
pides que ceux des autres élèves frappés de
cécité, parce qu'il avait appris le système de
la notation avant d'être privé de l'usage des
yeux. Wenceslas Rozeluch lui donna des
leçons de piano, et Farnik fut son maître de
clarinette. II acquit sur ce dernier instrument
un talent assez distingué pour pouvoir faire
un voyage d'artiste en Bohème, en Moravie,
en Hongrie et en Autriche, avec le harpiste
Ricger. A l'égard de son éducation littéraire
et pédagogique, il la dut au professeur Jarosch.
Lorsque le système d'enseignement de Logier
{voyez ce nom) commença à se répandre en
Allemagne, Prokscli l'adopta avec enthou-
siasme et fonda une école dans la(|uclle il le
mit en pratique ; cette institution eut un grand
succès dans la capitale de la Bohême. Il a
écrit, pour ses cours simultanés de piano, des
morceaux pour plusieurs instruments de cette
espèce à quatre mains, lesquels ont été publiés
à Prague, chez Berra.On a de ce professeur un
écrit intitulé : Aphorismen iiber katholisclie
Kirchenmusik (Aphorismes sur la musiiiue
d'église du culte catholique) ; Prague, Bell-
mann, 1858, in- 8".
PROFE (Ambroise), né à Breslau, dans les
dernières années du seizième siècle, fut nommé,
le 8 mars 1G17, organiste à l'église Sainte-
Éiisabelh, elle 18 octobre de la même année,
cantor à Jauer, i)rès de la capitale de la
Silésie. Il remplissait encore ces fonclfftns
en 1649. On ne sait rien de plus sur ce mu-
sicien de mérite. On a de lui un traité des
éléments de la musique et de la solmisalion
sans muances, d'apiès les sept noms de notes,
sous ce titre : Compendium miisicttm^ darin
gewiesen wird wie ein junger Mensch, in
weniger Zeit , leichlicht und mit gcringer
Miihe, ohne einige Mutation, mœge singen
?ernen ;Lcipsick, 1C41, in-4" de huit feuilles.
Un extrait de cet ouvrage a été imprimé en
1G49, avec le corollaire de la collection pu-
bliée par Profe, sous ce titre : Geistliche Con-
certe und Harmonien verschiedener Kom-
ponistcn fur 1, 2, 3, 4, 3, G, 7 und inelirere
Slimwen, mit und ohne fiolincn (Concerts
cl harmonies spirituelles de diirérenls compo-
siteurs pour une, deux, trois, quatre, cinq, six,
sept et un plus grand nombre de voix, avec et
sans violons), première partie; Leipsick, 1G41,
in-4»; deuxième idem, ibid. ; troisième idem,
ibid., 1642; quatrième idem, ibid., 1G4G.
Cette dernière ivartie l'ut suivie du Corolla-
rium geistlicher Collectaneorum beriihmter
authorum so zu denen bishero unterschieden
publicirlen vier Theilcn gehôrig und ver-
sprochen, etc. ; Leipsick, 1G49, dédié au duc
de Saxe-.'Vltenbourg, Guillaume II. Profe est
aussi auteur de chansons morales intitulées
Musihalischen Moralien; Leipsick, 16Ô9,
in-4''.
PROMBERGER (Jean), facteur de
pianos, à Vienne, naquit à KulTulek, dans le
Tyrol, le 25 juin 1779. A l'âge de seize ans,
il entra en apprentissage chez un menuisier à
Yiennc; mais la vue d'un piano lui révéla sa
vocation, et lui fit quitter la menuiserie pour
entrer chez Muller, renommé pour la fSbrica-
lion de cet instrument, dans la capitale de
l'Autriche. Après s'être livré au travail avec
ardeur, il épousa la veuve du facteur d'instru-
ments Schweighofer, et donna à sa fabrique
une extension considérable. L'invention d'un
instrument, auquel il donna le nom Ae Sire-
nion, le fit connaître avantageusement. En
1828, il fit, avec son fils, un voyage pour faire
entendre cet instrument à Prague, Dresde,
Leipsick et Berlin: partout il reçut des félici-
tations sur son invention. Ses pianos ont été
estimés en Allemagne. Une longue et doulou-
reuse maladie l'a conduit au tombeau, le
23 juin 1834.
PROMBERGER (Joseph), fils du précé-
dent, est né à Vienne, le 13 septembre 1810.
Devenu habile pianiste après avoir pris des
leçons de Ries, frère du compositeur, et de
Charles Czerny, il a fait aussi plus tard un
cours de composition sous la direction du che-
valier de SeylVied. En 1828, il a accompagné
son père dans ses voyages pour faire entendre
le Sirenion, et a fait admirer la délicatesse
de son jeu sur cet instrument. Il s'est ensuite
fixé à Vienne, en (jualilé de professeur de
piano, et a publié chaque année quelque mor-
ceaux de sa composition pour cet instrument,
dans le style brillant et léger. En 1831, il a
fait exécuter, à Vienne, une ouverture de
Jubilé et d'autres compositions pour l'or-
chestre.
PilOI\0?IIUS, joueur de fli'itc grec, naquit
à Thùbcs, en Bcotie. Athénée dit (IV, 184, d)
128
PKONOMUS - PROPIAC
qu'il fut le maître de flùlc irAlcihiade : il vécut
consé(|uenimcnl environ 440 ans avant l'èie
chrOlienne. Pausanias , décrivant Thèbes
(lib. IX, c. 12, 754) dit de ce musicien : « On
» voit aussi dans le même endroit la statue du
» Pronomus, le joueur de flûte le plus af;réablc
n qu'on ait entendu. Jusqu'à lui, les joueurs
« de flûte faisaient usage de trois flûtes dilTé-
r> rentes, l'une pour le mode dorien, l'autre
n pour le mode phrygien et la troisième pour
1 le mode lydien. Pronomus fut le premier
» qui imagina une flûte propre à toutes sortes
» de modes ; il est le premier encore qui exé-
» cuta sur le même instrument des chants
« également difTérenls les uns des autres; on
» ajoute qu'il divertissait singulièrement les
» spectateurs par ses grimaces et par les mou-
n vements de tout son corps. On a conservé
» de lui un chant qu'il avait composé pour
» servir d'hymne aux Chalcidiens des bords
» de l'Euripe, lorsqu'ils entraient au tempk;
» de Délos. Les Thébains ont placé sa statue
» en «cet endroit, ainsi que celle d'Épami-
» nondas, fils de Polymnis. »
PROi>i Y (GASPAnD-CLAinE-FBARÇOis Marie
RICHE, baron DE), savant ingénieur et
géomètre, naquit à Chamelet (Rhône), le
12 juillet 1735. Son père, conseiller au parle-
ment de Dombes, lui fit donner une brillante
éducation. Admis à l'école des ponts et
chaussées en 1776, il obtint le titre de sous-
ingénieur en 1780. Après avoir rempli ses
fonctions dans plusieurs provinces de France,
il fut rappelé à Paris, et chargé, parle ministre,
de travaux importants qui lui valurent l'estime
des savants. Au nombre des immenses résul-
tats de ces travaux, on doit placer les grandes
tables logarithmiques et trigonomélriques, en
dix-sept volumes in-folio, qu'il calcula et
dressa par ordre du gouvernement : ouvrage
colossal qui n'a point vu le jour, bien que
l'Angleterre ait offert au gouvernement fran-
çais de payer la moitié des frais de l'im-
pression. Le 24 août 1798, Prony fut nommé
inspecteur général des ponts et chaussées, et
directeur de l'école, le 4 octobre suivant. Em-
ployé successivement dans diverses parties de
la France, en Italie et en Espagne, par Napo-
léon, pour de grands travaux, il s'acquitta de
toutes ses missions en homme supérieur.
Nommé professeur à l'école polytechnique, ii
ne cessa ses leçons qu'après la restauration,
mais il resta attaché à Celte école, en qualité
d'examinateur. Louis XVIII l'avait nommé
officier de la Légion d'honneur, en 1814; en
ItflO, il le fil chevalier de l'ordre de Sainl- ,
Michel, et le 15 juin 1828, Prony reçut le titre
de baron. Devenu membre de l'inslitul, à la
création de cette société savante, il fut associé
à la Société royale de Londres, en 1820, et fit
partie de presque toutes les académies de
sciences de l'Europe. Il est mort à Paris, le
29juilletl839. Les ouvrages de mathématiques
publiés par ce savant géomètre ne soht pas du
ressort de cette biographie; il n'y est cité que
pour quelques écrits relatifs à la musique. Il
aimait passionnément cet art et le cultivait
avec succès. La harpe était l'instrument qu'il
préférait et dont il jouait habituellement. C'est
ce goût particulier, et les connaissances qu'il
avait dans les principes de sa construction, qui
l'ont dirigé dans son Rapport sur la nouvelle
harpe à double mouvementf lu à Tlnstitut,
en 1815, et imprimé dans la même année
(Paris, Didot, deux feuilles in-S"). C'est le
même penchant qui a fait écrire par Prony sa
Note sur les avantages du nouvel établis-
sement d'un professorat de harpe à l'École
royale de musique et de déclamation; Paris,
Didot, 1823, in-4"de douze pages. L'ouvrage
le plus important de Prony, en ce qui concerne
la musique, est celui qui a pour litre : Ins-
truction élémentaire sur les moyens de cal-
culer les intervalles musicaux, en prenant
pour unités ou termes de comparaison, soit
l'octave, soit le douzième d'octave, et en se
servant de tables qui rendent ce calcul extrê-
mement prompt et facile. Formules analy-
tiques pour calculer le logarithme acoustique
d'un nombre donné, et réciproquement;
progressions harmoniques ; autres formules
relatives à l'acoustique musicale, avec des
applications aux instruments de musique;
détermination du son fixe, etc. ; Paris,
F. Didot, 1822, in 4" de cent douze pages avec
deux tableaux.Prony fait usage, dans cet écrit,
de logarithmes binaires, déjà indiqués par
Euler.
l'ROPIAC (Catherine- Joseph-Ferdinam)
GIllAUD DE), littérateur et musicien, na-
quit vers 1760, en Bourgogne, d'une famille
noble.' En 1791, il émigra, servit dans l'armée
du prince de Condé, et obtint la croix de Saint-
Louis. Après avoir demeuré longtemps à
Hambourg, il profita des événements du
18 brumaire pour rentrer en France, et obliot
la place d'archiviste du département de la
Seine. Il mourut à Paris, le 1" novembre
1823, d'une attaque d'apoplexie foudroyante,
à l'âge de soixante-trois ans. Propiac a publié
beaucoup de livres élémentaires, d'abrégés,
de Iraductioos et de romans. Comme musicien.
PROPIÂC - PROSKE
129
il s'est fait connaître par les opéras-comiques
«uivanls : 1» Isabelle et Rosalva, à la Comédie
italienne, 1787. 2" Les trois Déesses rivales,
1788. 3» La Continence de Bayard, 1790.
Ce dernier ouvrage a eu du succès. 4° La
fausse Paysanne, en un acte, 1790. Propiac
a publié,aussi de jolies romances, dont la poésie
était de madame Perrier, femme d'un esprit
ilistingué : on en a publié plusieurs dans le
Chansonnier des Grâces.
PROSKE (Charles), chanoine de la
«athédrale de Ratisbonne et savant musicien,
naquit en 1794, à Graebing, village de la Si-
Jésie. Son père, riche ly-opriélaire, n'avait que
■ce fils et cinq filles. Ses enfants reçurent une
•éducation distinguée. A l'âge de treize ans,
Charles Proske perdit sa mère, qui mourut du
•typhus. Quelques années après, son père se re-
maria et épousa une veuve qui avait six enfants.
Celte augmentation considérable de la famille
'fit cesser les soins que Charles prenait de l'ad-
minislralion des biens de son père, et il put se
livrer à l'étude. Son penchant le portait vers
la théologie, mais son père ne voulut pas con-
sentir à ce qu'il se fit prêtre. Contrarié dans
son dessein, Proske se décida pour la médecine
■et alla suivre ses cours à Vienne : à l'âge de
dix-huit ans, il termina ses études. En 1813,
lorsque toute l'Allemagne se souleva contre la
domination de la France, il s'engagea comme
«lédecin, et fit les campagnes de 1813, 1814
et 1813. Après la paix de 1814, il avait reçu la
croix militaire de Prusse. Après avoir quitté
l'armée, il fut nommé médecin de district à
Blœft, sur les frontières de la Pologne, et y
fut accablé d'occupations de son état. L'aspect
incessantdes misères de l'humanité qu'il avait
sous les yeux réveilla dans son cœur compa-
•tissant le désir d'élre prêtre. Ce désir, devenu
chaque jour plus vif, lui fit prendre, en 1822,
la résolution d'entrer dans les ordres. Il se
rendit à Ratisbonne et suivit pendant quatre
ans les cours de théologie. Après des examens
brillants, il fut ordonné prêtre par l'évêque
Sailer, dont il devint dès ce moment le com-
pagnon habituel dans les tournées que faisait
ce prélat dans son diocèse. Plus lard, il devint
vicaire de l'ancienne chapelle, et en 1830, il
fut pourvu d'un canonical. Dès ce moment, il
employa toutes ses heures de loisir à son élude
favorite de la musique, particulièrement des
œuvres des anciens maîtres, qu'il préférait
aux formes plus modernes de l'art. Au mois
^l'aoùl 18Ô4, il se refidit à Rome, s'y lia d'une
étroite amitié avec Baini, maître de la cha-
pelle Sixline, ainsi qu'avec Mgr Ressach, alors
DIOGK. V.MV, DES UUSICICISS. T. VII.
I recteur de la propagande, et qui, plus lard,
devint cardinal. Ce fut pendant son séjour à
Romequ'il rassembla, avec un zèle infatigable,
les œuvres des mailres les plus célèbres de
l'ancienne école italienne, particulièrement
dans le style religieux. Il visita Naples, Flo-
rence, Bologne et Venise pour y trouver de
semblables trésors d'éditions rares et de ma-
nuscrits précieux. C'est enfin dans ces voyages
qu'il posa les bases de sa belle bibliothèque,
l'une des plus considérables en son genre qui
aient jamais existé.
De retour à Ratisbonne, le chanoine Proske
donna tous ses soins à la restauration des
formes classiques de la musique dans les
églises,etsur la demande d&révêqueValentin,
il entreprit le travail immense de la traduction
en notation moderne et en partition d'une col-
lection d'œuvres de musique religieuse, des
compositeurs du seizième siècle. Son plan,
trop vaste pour un seul homme à l'âge où il
était parvenu, n'a pu être réalisé qu'en partie
dans les volumes qu'il a publiés, sous le litre de
Musica divina. Avant d'entreprendre celle
publication importante, et qui donne une
haute opinion de son mérite personnel et de
son savoir, il fit, en 1841, un second voyage
en Italie et en rapporta de nouvelles richesses
bibliographiques. Des témoignages d'estime
et de considération lui ont été donnés de
toutes parts pour son noble caractère et pour
ses beaux travaux : le roi de Bavière l'a dé-
coré de la croix de chevalier de l'ordre de
Saint-Michel, et l'évêque Ignace de Ratisbonne
l'a nommé membre du conseil épiscopal, et
membre extraordinaire de l'ordinariat. Mal-
heureusement atteint d'une affection phthi-
sique, dont les progrès furent rapides, le
chanoine Proske mourut le 20 décembre 1861,
léguant, par son testament, sa précieuse bi-
bliothèque à la ville de Ratisbonne.
D'après le plan conçu par ce savant musicien,
la Musica divina devait formerqualre parties
complètes de musique d'église des plus grands
maîtres du seizième et du dix-septième siècle :
la première à quatre voix en partition et parties
séparées, la seconde à cinq voix, la troisième
à six et la quatrième à huit. La première seu-
lement a pu être achevée : elle se compose des
volumes de partitions et des parties séparées
dont voici les titres : 1" Tomus primus. Liber
Missarum, in-4°. Ce volume renferme douze
messes à quatre parties, dont trois de Pales-
trina, deux d'Orlando de Lassus, une de
Th.-L. de Victoria, une tdem d'André Gabrieli,
une idem de Léon Hasler, deux d'Oclave Pi-
9
«0
PROSKE - PROVEDI
loni, dont wnc de Hcqtiiem, une d'Anloine
l.oUi et une de M;Uliieii Asola. Le volume est
l>réc(?dé d'une longue préface et de bonnes
notices sur les auteurs et sur chaque messe,
en LXX pages. Les i>arlitions des messes for-
ment trois cent cin(|uanle pages. 2° Tomus
secundus. Liber Moteltorum auctorum va-
rior«»i; quatre cahiers in-4'' formant un vo-
lume deLVIet cinq cent quatre-vingts pages.
Il contient des motets à <iuatre voix, des
maîtres les plus célèbres, pour tous les diman-
ches et fêles de l'année. 5° Tomus terliiis.
Psnimodiam fllagnificat , Ihjmnodiam et
j4ntiphonias B. jV. F. etc.: Juctorumra-
rionim, in-4° de XX et cinq cent douze pages.
4" Tomus quartus. Liber Fespertinum. Ce
volume, divisé en deux cahiers in-4", était sous
presse au moment de la mort du chanoine
Proske ; j'ignore s'il a paru. Le titre général
de la collection est celui-ci : Musïca divina,
sive Thésaurus concenluum seleclissimorum
omni cuHui divino tôt tus anni juxta ritum
S. Ecclesix catholicx inservientium. Ab ex-
ceUentissimis superioris a'vi mttsicis nu-
meris harmonicis compositorum . quos e
codicibus originuUbus tum edilis quam
ineditis accuralissime in partititmem re ■
dactus ad instaurandam polyphoniamvere
ecclesiasticam publiée offert Carolus Proske;
Ratisbonx. Sumtibus, chartis et typis Fri-
derici Pustet ; 1853, in-4". L'exécution typo-
graphique des partitions et des parties sépa-
rées est magnifique.
Proske avait compris, plusieurs années
avant sa mort, qu'il ne jtourrait accomplir
entièrement le travail qu'il avait projeté, ce
qui le détermina à publier un choix de seize
messes à quatre, cinq, six et huit voix, qui a
paru en quatre cahiers, lesquels ont pour titre
{général : Selectus novus Missarum pr.vstan-
tissimorum superioris asvi auctorum. juxta
codices originales tum manuscriptos tum
itnpressos editarum a Carolo Proske; ibid.,
1830, in-4". Le premier cahier contient deux
messes de Palestrina, la première à quatre
voix, l'autre à .six ; une messe à quatre de Félix
Ancrio, et une a cinr] voix de Lassus. Dans
le second cahier, on trouve deux messes de
Victoria, dont une à quatre et l'autre à six
voix, une à six voix de François Soriano, et
une à huit de Léon Hasler. Je n'ai pas vu les
Iroisième et quatrième cahiers.
PROT v'Félix-Jea:*), né à Senlis, en 1747,
vint jeune à Paris, reçut des leçons de violon de
Desmarais, et apprit l'harmonie sous la direc-
tion de Gianotti. £q 1775, il entra comme alto
à la Comédie-Française, et pendant ((uarante-
sept ans, il occupa cette place. Retiré, en
18i22,avocla pension acquise par ses services,
il n'en jouit pas longtemps, car il mourut au
commencement de l'année 1825, à l'Age de
soixante-seize ans. Prot a donné, à l'Opéra-
Comique de la foire Saint-Laurent, leBalbpur-
geois, en un acte, et 5 la Comédie Italienne,
les Rêveries, en 1779, et le Printemps, en
1787. Il a aussi publié en musi(|ue instru-
mentale : 1" Symphonie concertante pour
deux nllos; Paris, Lachevardière. 2" Six duos
concertants pour deux altos; Paris, Leduc.
3° Duos jiour de»ix violons, liv. ï, II, III,
IV, chacun de six ; Paris, ïmbault. 4* Idem,
liv. V, VI, VII, Vni, chacun de six; Paris,
Sieber. 5" Duos très-faciles pour deux violons,
op. 15 et 17 ; idem. 9° Six duos dans le genre
dos symphonies concertantes, op. 18; ibid.
PliOTA (.losEPii), né à Naples, en 1699,
étudia la composition au Conservatoire deî
poveri di Gesu Cristo, puis à celui de la
PjWd, sousia direction d'.\lexandre Scarlatti.
Il succéda ensuite à son maître en qualité de
professeur au Conservatoire de /«Pj'etù.Prota
eut la gloire d'être le premier maître de Jo-
melli. Il a écrit plusieurs opéras, dont on n'a
pas retenu les titres.
PROTA (GABniEi), compositeur napoli-
tain, vécut dans la dernière moitié du dix-
huitième siècle, et fut attaché, en qualité de
maître de chapelle, au monastère de Santa-
Chiara. H a écrit pour le service de ce couvent
une assez grande quantité de musique d'église
pour des voix de femme. On cite particulière-
ment de lui en ce genre : 1"Messe pour quatre
soprani et orgue. 2"Litanies de la Vierge pour
quatre soprani. 3" Miserere pour quatre so-
prani et orgue. £n 1790, il a remis en mu-
sique et fait jouer, au théâtre A'^uovo, un an-
cien opéra intitulé Gli Studenti.
PUOTA (Jean), com|)osileurnapolitaln, vé-
cut au commencemcntdu dix-neuvième siècle,
et fut maître de chant dans la maison d'édu-
cation appelée, à Naples, dei -flIiracoU. Il a
écrit, pour les théâtres de cette ville, les opé-
ras intitulés: Il Servo astutto et il Cimenta
felice. On connaît aussi de lui beaucoup de
musique d'église.
PUOVEDI (FnAUÇois), littérateur italien,
qui vécut vers le milieu du dix-huitième siècle,
naquit â Sienne, vers 1710. Il passe pour avoir
été d'abord rémouleur et coutelier {arrotino
e coUcllinajo). Lichtcnllral pense (1) que ce
(i) Duiion. e Bibliog. delta Mu$ica, t. Ml, p. 124.
PROVEDI — PRUDENT
moi coUelUnajo a pu être im second prénom
de Provedi ; mais M. Casamorata fait remar-
quer avec justesse (1) que Rjomagnoli, né éga-
lement à Sienne, et qui vécut peu de temps
après Provedi, se sert, en parlant de cet écri-
vain, dans la continuation des Pompe sanesi
d'Ugurgieri, des expressions arros(moeco/<e/-
Wna/o dans le sens de l'exercice des professions
de rémouleur et de coiUelier. Provedi a fait
imprimer, dans le premier volume de la Rac-
coUa d' opnscoli scienlifici e filologici (Ve-
nise, 1754, in-8", p. ô4o-4!51), une comparai-
son de la musique ancienne et de la moderne
(Paragone délia musica antica e délia mo-
derna) en quatre dissertations, dont la pre-
mière contient un abrégé de l'iiisloire de cet
art. Ce petit ouvrage, dit M. Casamorata, fut
publié d'abord en un volume in-12, sans date
et sans nom de lieu; mais la dédicace, aW
Eminentissimo Tanara, fait connaître qu'il
a été imprimé à Sienne, en 1752. L'objet de
cet oiiuscule est de démontrer que le plain-
cbant est identique avec l'ancienne musique
grecque, et qu'il est supérieure! préférable à
la musique mesurée. Cette tlièsc s'est produite
plusieurs fois et a été reprise en dernier lieu
{voijez Clément (Félix), d'ÛRTiGUE et Rail-
lard). On peut voir aux articles A.!>SELME
DE FLANDRES et FRITELLI, de cette
Biographie universelle des musiciens, ce qiii
y est dit d'une lettre écrite par Provedi, en
1748, concernant les systèmes de solmisalion
parla méthode des muances et par la gamme
de sept notes.
PROVENZALE (François), un des plus
anciens maîtres des conservatoires de Naples,
i)rilla,vers le milieudu dix-septième siècle, par
son savoir et par le mérite de sa musique
d'église. Il occupa les positions honorables de
premier maître du Conservatoire de la Pietà
deiTitrchini et de maître de la chapelle pala-
tine. On conserve de lui des partimenti et des
fugues qu'il écrivit pour l'instruction des
élèves du Conservatoire. Ses compositions con-
nues sont : 1" Pange lingua à neuf voix avec
orchestre, et avec des ritournelles entre les
versets. 2" Tantiim ergo et Genitori pour so-
prano solo et orgue avec chœur pieno, ou-
vrage d'une grande beauté, qu'on a toujours
exécuté dans l'église de Saint-Dominique-Ma-
jeur, pendant les quarante heures du carnaval,
depuis le temps où il a été écrit jusqu'à
l'époque actuelle, mais qui ne produit plus
aujourd'hui l'effet qu'il faisait autrefois, à
(1} Ca:ttta musicale di Slilano (1847, no 31, p. 2S3).
cause de l'absence des voix de castrats, ô" La
Colomba ferila, drame sacré, composé, en
1669, pour le monastère de Santa-Rosalia.
4" La Geneviefa, oratorio. 5» LWnfedellà
abhatlula, oratorio composé pour la petite
ville d'Assise, dans les Etats romains.
PRl]DEI\T (EMILE BEU]>'IE), pianiste
et compositeur pour son instrument, naquit à
Angouléme, le 4 avril 1817. Il était âgé de
neuf ans lorsqu'il fut arimis comme élève au
Conservatoire de Paris, le 12 juillet 1826. Ses
maîtres de solfège furent Larivière et M. Le-
couppey. Ses progrès furent assez lents dans
cette étude élémentaire, car après trois années
de fréquentation des classes, il n'obtint qu'un
second prix de lecture musicale au concours de
1829, et jamais il n'eut le premier. Le méca-
nisme du piano avait, sans doute, plus d'at-
trait pour lui, si l'on en juge par le peu de
temps qu'il passa aux études préparatoires
dans la classe de Laurent, avant d'entrer dans
celle de Zimmerman. Le second prix de piano
lui fut décerné au concours de 1851 ; il obtint
le premier en 18ô5. Après ce succès, il resta
dans l'école pour l'étude de l'harmonie et du
contrepoint; mais dans cette science, comme
dans le solfège, Prudent ne montra pas d'ap-
titude, et l'on voit en lui un des exemples de
cette anomalie d'un riche instinct dépourvu de
la faculté d'apprendre ; car un des registres du
Conservatoire porte, à la date du 1" décembre
1835, ce mot, qui ne s'employait que pour
l'incapacité : rayé. Il était, en effet, resté dans
les classes d'harmonie pendant près de quatre
années sans s'élever jusqu'à l'accessit dans
les concours. Prudent était pianiste-né, mais
non musicien. Il venait de sortir du Conserva-
toire et restait inaperçu dans la foule des
premiers prix de piano de cette institution,
lorsque Thalberg arriva à Paris, en 1836, et y
produisit une profonde impression parle beau
son qu'il tirait de l'instrument et par son nou-
veau genre de musique, où la mélodie est ac-
centuée au centre d'arpèges compliqués en ap-
parence et néanmoins assez faciles. Thalberg
fut pour Prudent ce qu'avait été Moschelès
pour Henri Herz, c'est-à-dire la révélation
d'une école nouvelle, dont l'apparition était
saluée par des succès d'éclat. Il se dit aussitôt
que là était tout son avenir et se condamna au
silence jusqu'à ce qu'il se fut assimilé le style
qui avait alors toutes les sympathies du public.
Le nom de Prudent retentit pour la première
fois dans les journaux en 1840, par le compte
rendu d'un concert qu'il avait donné à Rennes,
et dans lequel il avait produit une profonde
9.
PRUDENT — PRUME
scnsalion par la magie du nouveau genre de
musique de piano, encore inconnu dans la
Bretagne. Depuis lors, sa carrière de virtuose
voyageur ne lui offrit plus que des occasions
de succès. Son début à Paris se fit en 1842,
dans un concert donné à la salle Plcycl. Ren-
dant compte de ce concert, le critique Blan-
chard disait dans la Gazette musicale de Pa-
ris (n" 11) : « M. Emile Prudent est un élève
» de notre Conservatoire; il a cru devoir aller
n s'approvisionner de célébrité en province
» et à l'étranger, célébrité qu'on est toujours
n forcé de venir faire sanctionner à Paris.
n M. Emile Prudent est un jeune pianiste à
n manière nette, clialeureuse en même temps
» que délicate; il s'est fait tout d'abord une
» place entre Thalberg et Dœhler. Peut-être
» ses compositionsetson exécution manquent-
» elles de largeur, de grandiose, de poésie;
1) peut-être laissent-elles à désirer un peu
» plus d'inattendu, d'originalité; mais cela
n est bien phrasé, riche de détails charmants
n et pleins d'animation. »
Quelquefois Prudent faisait trêve à ses lon-
gues pérégrinations de donneur de concerts et
restait plus ou moins longtemps à Paris, où il
se livrait à l'enseignement et à la composition
de nouveaux morceaux, qui devenaientses pro-
visions de soliste pour d'autres voyages. C'est
dans cette alternative que s'est écoulée son
existence, hélas! trop courte. Sa renommée
avait grandi d'année en année et presque tous
ses voyages étaient productifs. Sa musique de
concert et de salon se vendait et procurait des
bénéfices à ses éditeurs qui, par reconnais-
sance autant que par spéculation, lui prodi-
guaient des éloges dans leurs journaux. Au
nombre des arrangements de thèmes d'opéra
dont il faisait des fantaisies et des variations,
ainsi que dans ses morceaux d'invention, il
y a des choses d'un goût élégant et gracieux
qui ont obtenu un succès mérité. Parmi ces
œuvres légères avec lesquelles il s'est fait ap-
plaudir partout et qui ont été jouées par la
plupart des pianistes amateurs, on remarque
V/firondeUe, étude, œuvre 11; Souvenir de
Beethoven, op. 9; Souvenir de Schubert,
op. 14; Ronde de nuit, op. 12; Grande fan-
taisie sur Guillaume Tell, op. 37 ; la Danse
des Fées, op. 41, etc., etc. Ses compositions
sérietises sont : Un grand trio pour piano,
violon et violoncelle ; un concerto-symphonie
pour piano et orchestre, op. 35. Dans ses der-
nières années, Prudent s'était aperçu d'une
diminution d'élasticité dans ses doigts et de
son ancicnnesrtrelé dans l'Okéculion des traits
rapides; par suite de cette observation, qu'il
cachait avec soin, il évitait dans ses morceaux
nouveaux les difllcultés qui auraient pu le
compromettre dans ses concerts. Il venait d'en
donner un à Paris avec un brillant succès,
lorsque, le 5 juin 1863, il fut saisi à l'impro-
viste d'une angine couenneuse, dont les progrès
furent si rapides, qu'il expira dans la nuit
même, et que les journaux, qui préparaient le
compte rendu de son dernier triomphe,
reçurent en même temps la nouvelle de sa
mort.
PRUME (FnANçois-lIiJBEnT), virtuose vio-
loniste, né le 3 juin 181G, à Slavelot, ]ielite
ville de la province de Liège (Belgique), où
son père était organiste, montra dès l'âge de
trois ans le désir de jouer du violon, et fit tant
de supplications pour obtenir un instrument
de celle espèce, que ses parents lui en ache-
tèrent un proportionné à sa taille, à la foire
d'une localité voisine. Quinze jours après, il
étonna sa famille en exécutant avec justesse
les airs qu'il avait entendu chanter par ses
sœurs. Parvenu à l'âge de cinq ans, celen-
fanl fut envoyé à Malmédy, pour y développer
ses dispositions par les leçons d'un violoniste
de quelque talent qui s'y trouvait. Deux ans
après, il revint dans sa ville natale et y donna
son premier concert, dans lequel il exécuta le
septième concerto de Rode. En 1827, la fon-
dation du Conservatoire de Liège fournit aux
parents du jeune Prume le moyen de faire in-
struire leur fils par un maître habile; il passa
trois ans dans celte école, puis il partit pour
Paris, où il fut admis au Conservatoire comme
élève d'Habeneck. Pendant deux ans, il reçut
les leçons de ce professeur et devint un de ses
meilleurs élèves. Ne pouvant prendre pari
aux concours du Conservatoire, à cause de sa
qualité d'étranger, Prume reçut du comité
d'enseignement la déclaration que ses éludes
étaient terminées. De retour à Liège, à l*âgc
de dix-sept ans, il fut nommé professeur de
violon au Conservatoire de cette ville. En
1839, profilant d'un congé de deux mois,
pendant les vacances de cette institution, il
entreprit un voyage en Allemagne, joua dans
un concert à Francfort avec un brillant
succès, puis visita Leipsick, Berlin, Prague,
Wcimar, la Russie, la Suède, la Norvège, le
Danemark, donnant partout des concerts et
partout applaudi. Après (rois années de
voyages, Prume revint dans le lieu de sa nais-
sance, qu'il n'avait pas revu depuis longtemps.
Il fit ensuite quelques voyages en Belgique,
joua à Bruxelles, à Gand et à Anvers. Vers la
PRUME — PSELLUS
ioô
même époque, une maladie grave le mit aux
portes du tombeau; sa mort fut même an-
noncée dans quelques journaux ; mais quelque
temps après, il reparut à Francfort, où il
donna quatre concerts au théâtre, puis revit
Berlin, et joua à Dresde, à Hambourg, à Cas-
sel et dans plusieurs autres villes. A Gotha, il
donna avec Liszt un concert au profit des pau-
vres. En récompense de cet acte de générosité,
le duc de Saxe-Gotha le nomma son maître de
concert honoraire, et le décora de l'ordre d'Er-
nesline de Saxe. Au retour de ce second
voyage, Prume alla passer l'hiver à Paris et
s'y fit entendre avec succès, puis il consentit
à rentrer au Conservatoire de Liège en qualité
de professeur supérieur de violon. Une fièvre
nerveuse, du caractère le plus grave, l'ayant
atteint, les médecins lui conseillèrent d'es-
sayer de l'air natal ; il suivit leur avis, mais les
progrè^du mal ne cessèrent pas, et le 14 juil-
let 1849, Prume mourut à Slavelot, à l'âge de
trente-trois ans. On connaît, sous le nom de
cet artiste : une pastorale intitulée la Mélan-
colie,\)our violon et orchestre ou piano, op. 1 ;
Paris, Brandiis; un Concertino idem, dédié
au duc de Saxe-Cobourg ; un Morceau de
concert, idem, dédié au roi de Suède; une
Grande Polonaise, idem, et six grandes
étu<les, op. 2.
PRUMIER (Ahtoihe), né à Paris, le
2 juillet 1794, reçut de sa mère, amateur do
harpe, des leçons de cet , instrument dès l'âge
de neuf ans. Il fit ses études littéraires au Ly-
cée Bonaparte elles termina en 1810, après y
avoir obtenu le premier prix de mathémati-
ques. Voulant perfectionner ses connaissances
musicales, il entra au Conservatoire, en 1811,
pour y suivre le cours d'harmonie de Catel,
obtint le second prix de cette science après un
an d'étude, et fut nommé répétiteur du cours,
l'année suivante. Appelé au service militaire
en 1815, il se présenta aux examens de l'École
polytechnique, et par suite de ses premières
études, il y fut admis trente-sixième sur deux
cent cinquante élèves reçus. Dans la même
année, il passa à l'École normale pour la partie
des sciences, et n'en sortit, à la fin de l'année
1814, qu'après avoir obtenu le diplôme de
licencié es sciences. A son entrée à l'École
normale, il avait été obligé de contracter un
engagement de dix ans avec l'université; le
changement de gouvernement, à la seconde
restauration, rendit cet engagement nul;
M.Prumieren profita pourreprendre ses études
musicales et rentra au Conservatoire, où il
reçut d'Elerdcs leçons de contrepoint pendant
qu'il se livrait à l'enseignement particulier
des mathématiques, et plus tard à celui de la
harpe. Appelé à remplir les fonctions de har-
piste au Théâtre-Italien, il quitta cette posi-
tion pour entrer, en 1835, à l'orchestre de
rOpéra-Comique, en la même qualité. Dans la
même année, il succéda à Naderman, au Con-
servatoire, comme professeur de harpe à
double mouvement. Depuis cette époque, ses
élèves ont obtenu, dans les divers concours,
plus de quarante distinctions. En 1840, il a
renoncé à sa place de harpiste de l'Opéra-
Comiqueen faveur de son fils, l'un de ses meil-
leurs élèves. En 1845, M. Prumier a été fait
chevalier de la Légion d'honneur. En 1848, il
fut élu membre du comité <le l'Association des
artistes musiciens, et depuis 1850, il en est
vice-président. M. Prumier a publié soixante-
quatorze œuvres de fantaisies, de rondeaux
et de thèmes variés pour la harpe, chez les
différents éditeurs de musique de Paris.
PRYISrSE (Guillaume), jurisconsulte an-
glais, né à Swanswick, dans le comté de So-
merset, en 1600, fit ses études à l'Université
d'Oxford, et au collège de jurisprudence de
Lincoln-Inn, à Londres. Entré dans la secte
des puritains, il en fut un des plus vigoureux
champions, et en même temps le martyr, car
le parti de la cour le fit condamner à d'énormes
amendes, à des peines infamantes et à la
prison perpétuelle. Il subit ces mauvais trai-
tements avec un rare courage, recouvra sa
liberté après la révolution de 1G40, fut
membre du parlement à deux reprises, mais
continua d'être en butte à d'autres persécu-
tions qui n'eurent de terme que sa mort, ar-
rivée le 24 octobre 1669. Il a écrit un nombre
immense de livres, ouvrages oubliés, parmi
lesquels on remarque celui qui a pour titre :
Histrio maslix (le Fouet des comédiens);
Londres, 1633, in-4» de mille pages, où il at-
taque avec violence la musique, et surtout le
chant des pièces de théâtre.
PRZIBIL (. . . .), compositeur de la Bohême,
vécut probablement dans la seconde moitié
du dix-septième siècle, et fut directeur <lu
chœur de l'église de Raudnitz, où l'on trouve
de sa composition six messes, quatre litanies,
un Salve Regina, un ^ve Regina, et quatre
Aima Redemptoris en manuscrit.
Un autre musicien du même nom, actuelle-
ment vivant àPrague(1863),y afaitimprimer,
chez Berra, quelques œuvres pour la fliite.
PSELLUS (Michel), écrivain grec du
moyen âge, naquit à Constantinople, de pa-
rents consulaires, et vécut sous le règne de
434
PSELLUS — PÏOLÉMÉU:
Conslanlin Diicas, qui gouverna l'empire de-
puis l'an 1059 jusqu'en 10G7. Cet empereur
le choisit pour précepteur de son fils Michel
Ducas, qui régna de 1071 à 1078. Parmi le
grand nombre d'ouvrages qu'il écrivit cl qui
sont indiqués par Gesner {Bibl., p. G08) et par
Allacci (de Psellis, XXXIU, p. 23 ad GO),
on en trouve un intitulé Quadrivitim, qui
traite des quatre sciences mathématiques,
l'arithmétique, la musique, la géométrie et
l'astronomie. Le traité de musique contient
une exposition des principes théoriques selon
le système de Pythagore : il est remarquable
surtout par la clarté. Le texte grec de Psellus
fut publié pour la première fois par Arsenius,
archevêque de Monimbasa, en 31orée, sous ce
litre : Opus in quatuor malhemalicas disci-
plinas, arithmeticam, mtisicam, geome-
triamet astronomiam, grxce; Venise, 1532,
in-S», et réimprimé à Paris, en 1545. La pre-
mière traduction latine, faite par Guillaume
.\ylander, parut sous ce titre : Perspicuus
liber de quatuor mathematicis scientiis,
aritlimetica, musica, geometria et astrono-
mia, grxce et latine nunc primum editus;
Bàle, 1556, in-8°, et fut réimprimée à Leydc,
en 1647. Il y a trois autres versions latines j
la première, par Élie Vinet, contenant l'arilh-
métique, la musique, la géométrie de Psellus,
cl le Traité de la sphère de Proclus, a été
publiée à Paris, en 1557, in-S»; la seconde,
sans nom d'auteur, et à laquelle on a joint le
texte grec, a paru à Wittenberg, en 1560; et
la troisième, par Lambert Alard, prédicateur
à Brunsbuttel, se trouve à la fin de son traité
Deveterummusica, Schleusing, 1656, in-12.
Mizler a aussi donné une traduction alle-
mande de la musique de Psellus, avec les notes
■de Xylander dans le tome III de sa Biblio-
thèque musicale ,\)3r\ .'2^ p. 171. Le savant Mo-
relli, bibliothécaire de Saint-Marc, à Venise, a
publié un opuscule inédit de Psellus, intitulé :
npoXajxêavôjxeva Elçtr,v piOuixriv tT:irf,\x-t\w avec
les éléments rhythmiques d'Arisloxène; Ve-
nise, 1785, in-S» {voxjez Mahjc, Diatribe de
Aristoxeno, page 15). C'est à tort <|ue quel-
ques manuscrits attribuent à Pachymëre
{voyez ce nom) le traité des (|uatre sciences
mathématiques qui appartient à Psellus.
PTOLÉMÉE (Cladde), célèbre astronome
grec, n'est pas né àPéluse, commeonlcpense
communément; mais la critique, qui a dé-
montré l'erreur à cet égard, n'a pu fixer
exactement le lieu où ce savant a vu le jour.
l.a même incertitude règne sur les événements
«le «a vie, car on ignore même oii il a fait ses
observations astronomiques , si toutefois
celles dont il parle lui apparlienhent. Tout ce
qu'on sait positivement, c'est qu'il vécut
après la dernière observation astronomique
consignée dans son Jlmagesle, et qui répond
au 22 mars 141 de notre ère. C'est donc par
ses ouvrages que Plolémée est particulière-
ment connu, et bien que des doutes se soient
élevés à l'égard de ses droits sur quelques-
uns, on est maintenant persuadé que la plu-
part lui appartiennent. Ils lui ont fait une si
grande renommée, que ses successeurs immé-
diats lui ont donné le nom de Divin. Les
titres de celte renommée ont été savamment
discutés par des critiques modernes, et ce n'est
j>as dans un livre du genre de celui-ci qu'ils
peuvent être examinés de nouveau : il n'y
peut être question que du traité de musique
connu sous le nom de Plolémée. Ce traité,
dont la plupart de grandes l)ibliolhè<iues ren-
ferment des manuscrits, a pour titre : KXauSlou
riTOÎ.étiaTo'j Ap.aovtxôJv Bi6Xia F (Les trois
livres des harmoniques de Claude Plolémée).
Gogavin ou Gogava (voyez ce nom) est le pre-
mier qui publia cet ouvrage, non dans la
langue originale, maisdans une version latine
assez médiocre, qui parut en 1562, à Venise.
Meibom a fort maltraité celte traduction dans
la préface de son ^ristoxène, disant que celui
qui l'a faite ignorait la musique, n'avait
qu'une connaissance imparfaite du grec, et
manquait de jugement. Wallis a été plus in-
dulgent, et a rejeté une partie des fautes du
traducteur sur les manuscrits défectueux dont
il s'est servi. Kepler nous apprend, dans l'ap-
pcndix de ses ffarmonices Mundi, libri V,
que vers 1609 il availcommencé unelraduclion'
des Harmoniques de Ptolémée, d'après un ma-
nuscrit (pi'il possédait, et (|u'il l'avait poussée
jusqu'au septième chapitre du deuxième livre,
mais (|ue ses autres travaux ne lui avaient pas
laissé le temps nécessaire pour achever celle
version. Il existe une traduction latine des
Harmoniques de Ptolémée plus ancienne que
celle de Gogava : elle a été faite par Nicolas
de Lorgues, ainsi nommé de la petite ville de
la Provence oii il était né (Leonica;)^ pour
l'usage de Gafori. Le manuscrit original de
celle traduction, daté de 1499, se trouve au
Muséum 6ritanni(|ue , dans les fonds de
Ilarley, n" 3306. Le volume, petit in-fol. sur
vélin, avec les armoiries de Gafori peintes au
commencement, a pour litre : Claudii Plo-
lemei Harmonicorum libri très, interprète
Nicolao Leonices. Près d'un siècle après Go-
gava, Marc Mcihom {voyez ce nom) promit,
PTOLÉMÉE
i:
ilans la préface de sa collection d'auteurs
grecs sur la musique, de publier aussi le traité
des JJarmoniques de Plolémée, mais il ne
tint pas cet enf^agement envers lepul)lic.Le sa-
vant géomètre anglais Wallis fit enfin paraître
le texte grec de ce traité, avec une bonne tra-
duction latine, d'après onze manuscrits tirés
des bibliothèques d'Angleterre, ou qu'Isaac
Vossius lui avait envoyés de Leyde. L'ouvrage
accompagné <Ie noies cl d'un Appendix de
f^eterum Harmonica ad hodternam compa-
rata, parut d'abord en un volume in-4°, sous
ce litre : Claudii Ptohmxi Ifarmonicorum
libri très. Ex cod. Mss. undecim, nunc
primum grxce editus, Oxonii, 1G80; puis fut
réimprimé dans le troisième volume des
oeuvres mathématiques de Wallis, avec le
commentaire de Porphyre sur le môme ou-
vrage, et le traité de musiiiue de Manuel
Hrycnne, publiés pour la première fois en
grec et en latin (Oxford, 1C99, in-fol.).
Malgré le méi-ite incontestable de ces éditions,
il est à regretter que Wallis n'ait pu consulter
d'aulres manuscrits que ceux dont il s'est
servi, car tous ceux-ci sont du seizième siècle
et sortent de la même source. Les manuscritsde
la bibliothèque impériale de Paris, particuliè-
rement le n" 2430, du (lualorzième siècle, avec
des notes marginales et des scolies interli-
néaires, le n" 2431, <lu ((uinzième siècle, et le
n<'24o3, bon manuscrit du commencement du
seizième avec des scolies, lui auraient fourni
en plusieurs endroits un texte plus correct, et
des éclaircissements sur des passages qu'il n'a
|)as bien entendus.
Plusieurs auleurs, i)armi lesquels on re-
niar(iuc Hède {in Musicu theorica, tome I, op.,
page 340), ei Meursius, dans ses notes sur Ni-
coma<iue (page 183), ont considéré Ptoiémée
comme i>ythagoricien, à l'égard de sa doctrine
harmoniiiue; mais Fabricius a fort bien re-
mar(iué {Bibliolh. Grxc, t. III, page 440)
qu'il sulTUde lire ses attaques contre Archytas
et les autres pythagoriciens, pour avoir la
preuve qu'il n'est point de leur école. Il me
semble que les premières phrases du Traité
des harmoniques démontrent que Ptoiémée
s'est proposé de fonder une doctrine éclectique,
dans laquelle il faisait entrer les principes
opposés de Pythagorc el d'Aristoxène, s'elTor-
eanl de démontrer (|ue chacun avait un objet
et un mode d'action différents. Voici ses pa-
roles : « Les deux critériums de l'harmonie
» sont l'ouïe el la raison, agissant l'une et
» l'autre de manières différentes; car l'ouïe
n juge selon la malière el la sensation, et la
« raison, selon la forme et la cause (I). »
Cette doctrine, absolument différente de celle
de tous les autres écrivains grecs sur la mu-
sique, donne au livre de Plolémée une impor-
tance considérable , indépendamment des
autres considéralTttns qui en relèvent le mérite
à nos yeux. Pori)hyre a fait une sévère et sa-
vante critique de cette doctrine dans son long
Commentaire sur le premier chapitre du pre-
mier livre du Traité des harmoniques : c'est
un morceau qui mérité d'être lu avec atten-
tion.
L'analyse de la critique que fait Plolémée
de la théorie des pythagoriciens pour la for-
mation el la classification des consonnances
(/farmon. lib. I, cap. 3 el G) ainsi que des
erreurs où il se laisse enlralner(cap.7 et seq.)
serait trop étendue pour trouver place ici': on
la trouvera dans les notes de la première
partie de ma Philosophie de la musique.
Euler a fait à ce sujet de bonnes remarques,
dans les paragraphes 16, 17, 18 et 19 du qua-
trième chapitre de son Tenlamen navx
Ihcoricx musicx; mais lui-même s'est égaré
par uu autre faux principe. Ce qu'on ne peut
refuser à Ptoiémée, cl ce qui seul assurerait
une grande importance à ses travaux sur la
musique, c'est d'avoir introduit le premier les
nombres 5 et 6 dans le calcul des intervalles,
et, par là, d'avoir donné la mesure des tierces
(lib. I, cap. 10); car on sait que les calculs de
Pythagore n'embrassaient que les proportions
de l'octave, 2 : 1, de la quinte, 3 : 2, et de la
«liiarte, 3 : 4. Mais Ptoiémée ne considéra les
intervalles de tierces majeure et mineure que
comme des dissonances, tandis qu'il fait une
classe intermédiaire entre les consonnances et
les dissonances pour le ton majeur, dont la
proportion, est comme on sait, 8 : 9 (cap. 7),
et par le ton mineur, représciite par la pro-
portion 9 : 10. Il est remarquable que depuis
Ptoiémée jusqu'à £uier , aucun nouveau
nombre premier n'a été introduit dans la mu- i
sique, comme l'expression d'un intervalle na-
turellement admissible dans l'harmonie : en-
core est-il certain que les mémoires de ce
grand géomètre sur la nécessité de l'intro-
duction du nombre 7 dans la ihéorie de l'har-
monie moderne (2), n'onl pas été compris Jus-
(i) Kal xpiTr.pta jisv àcixovîaç, àxo/) xalXôyoç.
O'j xaxi tèv a'Jtàv cï Tpôrov. XWKir, {xèv àxo-/),
rapà zry uX-/iv xotl ro -âOo;. '0 SI Aoyo;, -apà tô
£100; xal ~0 aiTlOV. Cl Plolcm. llarm. Lib. I, cap. I,
(2) Conjecture sur la raison de quelques dissonances
qciiéraleinenl rerues dans la musique. .Mémoires dcfAca-
(tcmic lie Berlin, 17G4. Du véritalile caraclère de la mu-
sique moderne. Ibid.
1Ô6
PTOLÉMÉE — PUCCINI
qu'à cette heure. Les proportions de Plolémée,
adoptées au seizième siècle par Zariino, sont
devenues les bases de la fausse théorie mathé-
matique de la musique, et n'ont trouvé d'ad-
versaires que dans les partisans de la progres-
sion arithmétique (voyez Lévems, Ballière,
Jàmard, Sorge), et dans les abbés Roussieret
Requeno {voyez ces noms). De ceux-ci, le pre-
mier n'admettait de réel pour les proportions
des intervalles que le produit de la progression
triple, et l'autre, que la division égale des
douze demi-tons de l'octave, c'est-à-dire le
tempérament.
Le deuxième livre du traité de musique de
Ptolémée a pour objet principal la constitution
de la tonalité de la musique grecque. Il y pro-
pose (chap. 9 et suiv.) la réforme de celte
tonalité, en réduisant à sept les quinze modes
de l'ancienne musique. Ces modes, placés
dans leur ordre, en commençant par le plus
grave, sont l'hypolydien, l'hypophrygien,
rhypodorien,le dorien,le phrygien, le lydien,
le mixolydien, et suivant l'ordre de tons mo-
dernes, le dorien (la), l'hypolydien (si), l'hy-
pophrygien (ut), l'hypodorien (re), le mixoly-
dien (mi), le lydien (fa), et le phrygien (soi).
NouS' ignorons l'opinion qu'on s'est faite de
cette réforme au temps de Plolémée, car le
Commentaire de Porphyre (voyez ce nom) sur
son Traité des harmoniques s'arrête au sep-
tième chapitre, et le reste est perdu pour nous.
Boèce (De musica, lib. IV, cap. 17) émet
l'opinion que Ptolémée adopta plus tard .un
huitième mode qui aurait été l'hypermixoly-
dien ; mais en cela il s'est trompé, car si Pto-
lémée parle de huit modes ou tons, au com-
mencement du dixième chapitre du second
livre de ses //armonjgues, c'est pour constater
que de son temps ces tons ou modes étaient
déjà réduits à huit, et non pour adopter ce
nombre, car il propose de le fixer à sept, pré-
cisément parce que le mode hypermixolydien
n'est que l'hypolydien transporté à une octave
supérieure. François-IIaskins-Eyles Stiles, à
qui l'on doit un bon travail sur les modes de
l'ancienne musique grecque (Philosoph.
Transact., ann. 1760, lom. Ll), a assez bien
compris la disposition tonale de ceux de Pto-
lémée; mais il en donne une fausse idée, en
attribuant à tous la même corde grave, au lieu
d'indiquer la note moderne correspondante à
cette corde pour chaque mode. On trouve aussi
un bon morceau sur les modes de Ptolémée
dans le livre de Charles Davy, intitulé Letters
upon suhjcctt oflilerature(i. II, pages 415
et tuiv.); inais parmi les modernes, Pernc
(voyez ce nom) est celui qui a le mieux entendu
ce sujet, et (lui l'a le mieux exposé.
La plus grande partie du troisième livre
des Harmoniques a été employée parPlolémée
à l'exposition du système pythagoricien de
Vllarmonie universelle; il y traite (depuis le
chapitre neuvième jusqu'au seizième) des
concerts que forment entre eux les astres.
L'illustre mathématicien et astronome Kepler,
séduit par la lecture de ce livre, a traité 1^
même sujet dans ses Harmonices mundi.
Dans l'appendice de cet ouvrage, il se félicite
d'avoir surpassé son modèle; et malgré le.s
erreurs où il s'est laissé entraîner, on ne peut
nier que sa prétention ne soit fondée, car c'est
dans ce livre qu'il a donné sa règle célèbre des
carrés des révolutions et des cubes des dis-
tances des planètes. Macrobe avoue, dans le
dix-neuvième chapitre du Commentaire sur le
Songe de Scipion, que ce qu'il dit de l'har-
monie universelle est emprunté à Plolémée.
Plusieurs savants ont démontré que les trois
derniers chapitres du troisième livre de ses
Harmoniques sont de Nicéphore Grégoire,
grec du quatorzième siècle. Ces trois chapitres
sont l'objet du Commentaire de Barlaam (uoi/ez
ce nom), publié pour la première fois dans
l'écrit de Frantz (voyez ce nom) sur les musi-
ciens grecs, q li a paru à Berlin, en 1840.
Meibom a reproché de l'obscurité au style
de Ptolémée (Epist. de Scriptor. variis mu-
sicis, apud Epist. Marg. Gudii, page 57)>
qui manque en effet de clarté en plusieurs en-
droits. Wallis n'a pas toujours triomphé des
difficultés que lui offrait le texte des Harmo-
niques, particulièrement à l'égard des modes,
où il est tombé dans quebiues erreurs considé-
rables. Bouillaud a rapporté quelques passages
de ce traité dans des notes sur Tbéon de
Smyrne, et les a éclaircis. Son travail n'a pas
été inutile à Wallis.
l'UCCIiXI (Jacques), né à Lucques, ci>
1713, étudia la musique à Bologne, sous la di-
rection de Carelli, maître de la basilique de
Saint- Pétrone. De retour dans sa ville natale,
en 1739, il y obtint le titre de maître de cha-
pelle de la république de Lucques. Il mourut^
en 1781, dans cette ville. Son talent sur
l'orgue et ses compositions pour l'église lui
firent une honorable réputation. On cite par-
ticulièrement avec éloge le service solennel
qu'il a écrit pour la fêle de l'Exaltation de la
sainte Croix.
PUCCIWI (AsTOiBE), fils du précédent,
n3(|uit à Lucques, en 1747, cl fit, comme son
père, ses études musicales dans l'école de Ca-
PUCCINI - PUGET
137
relli, à Bologne. En 1781 , il succéda à son
père dans la )>1ace de maUre de chapelle de la
république deLucques. Parmi ses compositions
<le musique religieuse, on remarque la messe
de Requiem qui fui exécutée, en 1789, pour
le service funèbre de l'empereur Joseph II. Il
a écrit aussi quelques opéras dont on n'a pas
conservé les titres.
PUCCIIMI (Ange), violoniste, est né àLi-
vourne, en 1781. Son compatriote Vanacci fut
son premier maître; puis il alla continuer
l'élude du violon à Florence, sous la direction
de Tinli, et reçut dans la mémo ville quelques
leçons de contrepoint de Zingarelli. De retour
à Livourne, il acheva de s'instruire dans la
composition chez Cecchi. On connaît , en
Italie, des concertos, des sonates et des duos
pour violon sous le nom de cet artiste.
PUCCIïA (Vincent), compositeur drama-
tique, né à Rome, en 1778, entra au Conser-
vatoire de la Pietà, de Naples, à l'âge de
douze ans, et reçut des leçons de Fenaroli
pour l'accompafjnement, et de Sala pour le
contrepoint. Ses éludes terminées, il écrivit
son premier opéra à Sinigaglia, en 1799 : on
n'a pas conservé le titre de cet ouvrage. L'an-
née suivante, il donna, à Lucques, l'Amor
platonico qui eut du succès, et à l'automne
suivant, le Nozze senza sposa, à Parme. Ap-
pelé à Milan, en 1801, il y fit représenter//
Fuoruscilo, qui n'eut qu'un succès médiocre ;
mais / due Prigionieri, joués à Rome peu de
temps après, commencèrent sa réputation, et
Il Puntiglio , écv\i k Milan dans l'été de 1802,
achevadele faire connaître avantageusement.
Teresa Wilk, la finta Pazza, et quelques
autres ouvrages joués à Venise, à Padoue, à
Gènes, furent aussi bien accueillis par le pu-
blic. En 1806, Puccita fut engagé pour écrire
un opéra sérieux à Lisbonne ; il y donna
VAndromacca, puis il se rendit à Londres,
en qualilé de directeur de musique del'Opéra.
Il y fit jouer la Festoie, opéra sérieux, consi-
déré comme son meilleur ouvrage, et écrivit,
en 1811, le Tre Sultane, pour madame Cata-
lani, et Laodicea, pour la même cantatrice,
en 1813. Devenu l'accompagnateur de cette
virtuose, qui chantait sa musique, il la suivit
dans ses voyages en Ecosse, en Irlande, dans
toute l'Angleterre, en Hollande, en Belgique
et dans l'Allemagne dû Rhin. Lorsque ma-
dame Calalani prit la direction de l'Opéra
italien de Paris, en 1815, Puccita fut attaché
à ce théâtre, en qualilé d'accompagnateur, et
y (il représenter rOrgfOfifho auvt7i(o, en 1813,
la Ccccia di EnricolF, en 1816, et la Prin-
cipessa in campagna, en 1817. Vers la fin
de celte année , des altercations survenues
entre le compositeur et Valabrègue, mari de
madame Calalani, décidèrent Puccita à re-
tourner en Italie. En 1821, il a écrità Rome,
où il s'était retiré, la Festa del Fillagio. Dix
ans après, il donna, à Venise, / Prigioneri,
et, en 18ôô, il fit jouer, à Milan, Adolfo e
Chiara. Depuis lors on n'a plus eu de rensei-
gnements sur sa personne. La musique de ce
compositeur est dépourvue d'invention, mais
elle est écrite avec facilité. Les litres de ses
ouvrages connus sont les suivants: \° L'Amor
platonico, à Lucques, 1800. 2° Le Nozze
senza sposa, Parme, 1800. 3» Il Fuoruscito,
dans l'été de 1801, à Milan. 4" I due Prigio-
nieri, 1802, à Rome. 5» Il Punliglio, 1802,
à Milan. 6° Zelinda e Lindoro. 7" Lo Sposo
di Lucca. 8» Teresa JFilk.^d' La finta Pazza.
10» La Lauretta. 11° JFerter e Carlotta.
12° L' Imbroglio délia Lettera. 15» Andro-
macca, opéra sérieux, à Lisbonne, 180G,
14" // Duello per complim'ento. 15» La Fes-
toie, Londres, 1809. 16» Le Tre Sultane,
ibid., 1811. 17» Laodicea, ibid. , 1813.
18» L'Orgoglio avvilito, à Paris, 1815.
19» La Caccia di Enrico IF, ibid., 1816.
20» La Principessa in campagna, ibid.,
1817. 21» La Festa del Fillogio, à Rome.
22» I Prigioneri, à Venise, 1831. "HZ" Adolfo
e Chiara, à Milan, 1833.
PUERTO (Didier DEL), chapelain-
chantre de la chapelle de Saint-Barlholomé,
et bénéficier de l'école de Salamanque, a écrit
un traité du plain-chant, intitulé : Arte de
canto llano ; Salamanque, 1504, in-4".
PUESDEIXA (Fra5((jois), compositeur es-
pagnol, maître de la chapelle royale de Na-
ples, vers la fin du dix-septième siècle, a fait
représenter à Venise, en 1692, un opéra de sa
composition intitulé : Gelidaura.
PUGET (madame Loïsa LEMOINE ,
née), compositeur de romances, née à Paris,
d'une famille honorable, a eu de la célébrité
vers 1830 par ses mélodies, qu'elle chantait
dans ses concerts et dans les salons. Ces lé-
gères productions ont eu des succès de vogue
pendant environ quinze ans, puis elles ont fait
place à des noms plus nouveaux. Les romances
de mademoiselle Puget ont de la tendresse, un
peu bourgeoise à la vérité, mais d'un lour
agréable; ses chansonnettes ont de l'entrain
et de la gaieté. Chaque année, elle publiait
des albums de ces petites choses qui se répan-
daient partout. On citait particulièrement la
\ Confession du brigand^ le Mousquetaire, la
158
PUGET — PUGNI
Somnambule , A la grâce de Dieu, Jve
.Varia, la Bénédiction dUtn père cl le So-
leil de ma Jiretaijne. En 18ôG, mademoiselle
Piigel osa ahoriicr un champ plus vasle, cl fit
représenter, au théâtre de rOpéraComique, un
ouvrage intitulé le Mauvais œil : il s'y trou-
vait un joli air, chanté d'une manière parfaite
par madame Damoreau, et un duo dont cette
cantatrice admirable et Ponchard faisaient
valoir lesdélailsgracieux. Le reste était faible.
Mademoiselle Puget a épousé, en 1842,
M. Gustave Lemoine, spirituel auteur drama-
tique, auteur des paroles de la plupart ses
romances; depuis celle époque, elle a disparu
du monde musical.
PUGISATM (Gaétan), chef d'une école de
violon, naquit à Turin, en 1727. Élève de So-
mis, son compatriote, il recul de lui les tra-
ditions de Corelli. Devenu habile sur son
instrument, il fil le voyage de Padoue pour
consulter Tartini sur son jeu, et ne dédaigna
pas de se mettre sçus sa direction, dans l'es-
l)oir de perfectionner son talent. Le roi de
Sardaigne le choisit, à l'âge de vingt-cinq ans,
pour occuper les places de premier violon de
sa chapelle et de directeur de ses concerts. En
1754, il obtint un congé pour se rendre à Pa-
ris; il y joua au Concert spirituel et obtint un
succès éclatant. Après un séjour de près d'une
année dans cette ville, il visita plusieurs con-
trées de l'Europe , s'arrêta longtemps à
Londres, et ne retourna à Turin qu'en 1770.
Ce fut alors que les fondions de chef d'or-
chestre du thé.ltre royal lui furent confiées, et
<iu'il ouvrit une école de violon, devenue cé-
rèbre par la production de plusieurs grands
artistes, à la léte desquels on doit placer
Viotli. Pugnani montra aussi un rare talent
<lans la direction de l'orchestre, et transmit ce
genre d'habileté à plusieurs de ses élèves, no-
tamment à Bruni, qui a dirigé l'Opéra italien
<le Paris, en 1801 et 1802. Compositeur dis-
tingué dans la musique instrumentale, il a
laissé des concertos, des trios, des duos et des
sonates de violon, considérés comme des
oeuvres classiques : une partie de ces ouvrages
a été gravée pendant sa vie, et le reste est en-
core en manuscrit. Pugnani a écrit aussi pour
l'église et pour le théâtre; dans ce dernier
genre, il a eu d'honorables succès. Ses dernières
années ont été troublées, à l'éiwque «le l'inva-
sion «le la Sardaigne par les armées françaises,
car l'éloigncmeni de la cour lui fit perdre ses
trailemenls cl pensions. Il est mort à Turin,
en 1803, à l'iigc de soixante-seize ans. Pugnani
avait un maintien noble et aurait passé pour
bel homme, si la prodigieuse dimension de
son nez n'avait gâté la ré}<ularité des autres
traits de son visage. Son talent d'exécution se
faisait remarquer par un beau son, une ma-
nière à la fois«Jarge et chaleureuse, et beau-
coup «le variété dans l'articulation de l'archet.
Son organisation le portait plus au grand style
qu'aux choses gracieuses. Il a écrit pour le
théâtre: 1» Issea, cantate dramatique pour
les noces de la comtesse de Provence, en 1771 .
2" Tamas Koulikan, opéra sérieux, à Turin,
1772. ô" L'Aurora, cantate pour le mariage
du prince de Piémont, 1775. 4" Adone c f e~
nere, opéra sérieux, à Naples, 1784. 5" Na-
nettae Lubino, opéra bouffe, à Turin, 1784.
0" Achille in Sciro, opéra sérieux, ibid.,
1785. 7" Demofoonte, ibid., 1788. 8" Deme-
trio a Rodi, pour le mariage du duc d'Aoste,
1789.9» Coreso e Calliroe, ballet héroï(|ue,
1792. On connaît neuf concertos de violon de
Pugnani, mais le premier seulement a été
gravé, chez Sieber, à Paris. Parmi ses autres
compositions instrumentales qui ont été pu-
bliées, on remarque : 1» Sonates pour violon
seul, op. 1 et ô, Paris, Troupenas ; op. 0, Paris,
Frcy ; op. 11, Paris, Sieber. Chacun de ces
œuvres est composé de six sonates. 2" Uuos
pour deux violons, op. 2 et 13; Paris, Sieber.
3° Trios pour deux violons et basse, liv. I, II
et III; Londres, Preslon ; Paris, Bailleux.
4" Six quatuors pour deux violons, viole et
basse, op. 7 ; Londres, Preslon. 5° Six
symphonies pour deux violons, viole, basse,
deux hautbois et deux cors, op. 4; ibid.
G" Six idem, op. 8; i6id. 7° Deux œuvres de
six quintettes pour deux violons, deux flûtes
et b.tsse ; ibid.
PUGIMI (César), compositeur dramatique,
élève du conservatoire de Milan, né vers 1810,
a fait son début dans le monde musical par la
composition de quelques airs introduits dans
«les opéras d'autres compositeurs, tels <|ue
Fausla, de Donizetti, Il Falegname di Li-
t'onta, de Pacini. Barbaja lui fit aussi écrire
la musique de plusieurs ballets, à Vienne. Au
printemps de 1832, il donna à Milan son pre-
mier opéra (/a Fendetla), qui ne réussit pas,
parce qu'il fut très-mal chanté. Dans la même
année, Pugni écrivit l'opéra intitulé Ricciardo
di Edimburg, «pii fui représenté à Triesle, au
mois de décembre, el n'eut pas une plus longue
existence. Le jeune compositeur fut plus heu-
reux avec le Contrabandiere, c|u'il fit jouer
à Milan, au printemps de 1833, et avec le
Disertore Suizzero, re|)résenté dans la même
ville el dans la même année. Ce sont ses mcil-
PUGNI — PUPPO
1-9
leurs ouvrages et ceux dont le succès a élé le
plus honorable. A la même époque, il fit aussi
une musique nouvelle pour P/mboscata; joué
sans succès au théâtre Canobbiana de Milan.
Weigl avait écrit, en ISl.*!, une partition sur
ce livret pour le théâtre de la Scala : il y avait
entre son ouvrage et celui de Pugni la dis-
tance d'un maître à un écolier. En 1834,
Piigni écrivit aussi pour le théâtre Canobbiana
l'opéra bouffe Un' Episodio di San Michèle,
pitoyable pot-pourri de contredanses et de
valses. Comme beaucoup de musiciens de sa
pairie, Pugni écrivait avec hâte et négligence,
ne pouvant se persuader que la musique est
un art qu'il faut prendre au sérieux. Cet
artiste a composé un grand nombre de ballets
dont les titres ne me sont pas tous connus;
je citerai seulement : 1° L'Assediodi Calais.
^"Pelia Milelo. 3" Jgamennone. 4" Adélaïde
di Francia. 5» Guglielino Tell. 6» Esmeralda.
7° Catarina, ossia la figlia del Bandilo, avec
un autre compositeur de musique de ballets,
nommé Bajetti.
PUJOLAS(J.), d'abord maître de musique
d'un régiment d'infanterie, puis violoniste et
professeur de muslcjuc à Orléans, mort en
1806, a fait graver de sa composition : l»Six
duos pour violon et flûte, op. 1 ; Paris, Im-
bault. 2» Sept marches pour musique mili-
taire, op. 2; ibid. 3" Six trios pour violon ou
flûte, alto et basse, op. 3, livres I et II ; ibid.
A" Six ù/em, op. 4; t6/d. o" Concerto pour
violon et orchestre; Paris, Pleyel. G" Six duos
pour deux flûtes, op. G; Orlé.ms, Domar.
7" Six quatuors pour flûte, violon, alto et
basse, op. 8, livres I et II, ibid. Six duos pour
deux «lûtes, op. 9 ; Paris, Bonjour. 9" Six duos
pour deux violons, op. 10, livres I et II;
Orléans, Demar.
PULIASCm (Jean -Dominique), né à
Rome dans la seconde moilié du seizième
siècle, fut chanoine dé Sainte -Marie in Cos-
medin, et entra dans la chapelle pontificale,
en qualité de chapelain chantre, le 3 mai
1612. Il a publié de sa composition : 1° Mu-
siche a voce sola; Rome, Zannelli, 1618.
2» Gemma musicale, dove si contengono ma-
drigali, arie, canzoni e sonetti a una voce
con il basso continuo per sonare; Rome,
1618.
PUHTE (François Gabriel), de la famille
<les PL'LITI, de Monte Pulciano, fut corde-
lier et maître de chapelle au couvent de Saint-
François de Pontremoli, dans les premières
.innées du dix-septième siècle. On connaît de
sa composition : 1" Sacr^ jnodiilationes qua-
tuor et quinque vocibu's ; Parme , Érasme
Vjoti, 1600. 2» Integra omn. solemn. f'es-
pertina Psalmodiai vocum] Milan, Simon
Tini, 1602.
PULLI (Pierre). Un compositeur de ce
nom, né à Naples, et qui vécut vers le milieu
du dix-huitième siècle, eut une certaine répu-
tation par le succès d'un opéra intitulé Cajo
Mario Coriolano , qu'il fit représenter au
théâtre Saint-Charles, en 1745. Deux ans
après, le même ouvrage fut joué au théâtre
S. Cassiano, de Venise. Je n'ai pas d'autres
renseignements sur cet artiste.
PL'I>TO (Jean), f'oyez STICII.
PLPPO (Joseph), violoniste, né à Luctiues,
le 12 juin 1749, fit ses premières études au
Conservatoire de S. Onofrio, à Naples, et
s'adonna ensuite spécialement au violon, sur
lequel il acquit de l'habileté. Son jeu se faisait
particulièrement remaniuer par une expres-
sion douce et mélancoli(|ue. Il se disait élève
deTarlini; mais Lahoussaye, (|ui avait pris
longtemps des leçons <ie ce maître, a toujours
aflirmé que Puppo n'avait même pas été à
Padoue. En 1773, il fit un premier séjour à
Paris, maistie courte durée, parce qu'il reçut
une Invitation de se rendre en Espagne,
pour y faire de la musi(|ue avec un frère du
roi. De là il passa à Lisbonne, où il trouva
un protecteur zélé dans l'ambassadeur de
Venise, grand amateur de musique, (jui le
présenta dans les maisons les plus opulentes.
Charmés par le talent de l'artiste, les maîtres
de ces maisons firent une sousci'i|)lion magni-
fique pour le concert (lu'il donna «(uelque
temps après. Le produit de ce concert fut si
considérable, que Puppo crut être devenu un
riche capitaliste, et donnant en cette circons-
tance une preuve manifeste de la bizarrerie de
son caractère, il se rendit au port de Lisbonne,
sans avoir revu une seule personne de sa con-
naissance, et se jeta sur le premier vaisseau
qui partait, sans s'informer de sa destination.
Or, le navire sur lequel il se trouvait allait en
Angleterre. Arrivé à Londres, Puppo y vécut
en gentleman avec l'argent qu'il avait gagné
en Portugal, ne s'occupant pas plus de mu-
sique que s'il n'en eût jamais fait sa profession.
Cependant son trésor s'épuisa, et le violon
dut alors venir en aide à celui qui l'avait dé-
daigné. Heureusement il ne se trouvait alors
aucun violoniste de renom à Londres : n'ayant
pas à craindre de rivalité, Puppo devint bien-
tôt l'artiste à la mode et gagna beaucoup
d'argent. Il passa quelques années dans cette
agréable situation; mais l'inconstance de son
140
PUPPO
caractère lui fil f|iiiUer brusquement la capi-
tale de l'Angleterre, en 1784, pour retourner
à Paris, où il fit un séjour de vingt-sept années.
En 171)0, ce fut lui que Viotli choisit pour
premier violon et chef d'orchestre de l'Opéra
italien, au théâtre de Monsieur. Lorsque cet
opéra Tut supprimé par les événements de la
révolution , Puppo resta attaché au théâtre
Feydeau pendant quelques années, puis il
entra au Théitre français de la République
et en dirigea l'orchestre jusqu'en 1799; il
ne perdit cette place qu'après la réunion
des comédiens français de l'Odéon et de
la rue de Richelieu. Il s'était marié, pour la
troisième fois, avec la maîtresse de l'hàtel où il
était logé, afin de n'avoir plus de loyer à
payer. Il avait épousé autrefois une jeune Es-
pagnole, qui mourut dans un accouchement
laborieux; puis il avait contracté un second
mariage à Londres, avec une belle Anglaise,
qui ne put s'accoutumer aux bizarreries de
son mari, et qui divorça.
Puppo, qui possédait au plus haut degré le
talent d'accompagnateur, fut recherché par
les amateurs les plus distingués de celte épo-
que, au nombre desquels étaient madame Zoé
de La Rue, Eugénie de Beaumarchais, et ma-
dame Sophie. Gay. Ces relations lui procurè-
rent beaucoup d'élèves; sa position paraissait
assurée, lorsque tout à coup, par un de ces
traits de folie qu'on remarqua dans toute sa
vie, il s'éloigna secrètement de Paris, en 1811,
abandonnant sa femme et ses enfants, dont il
ne s'informa plus jamais. S'élant embarqué à
Marseille, il arriva à Naples, où il eut la bonne
fortune d'être employé comme premier violon
et second chef d'orcheslre du théâlre Saint-
Charles. Quelques années se passèrent ainsi.
En 1817 était arrivé le moment où il devait
renouveler son engagement; Barbaja lui en
envoya le modèle, dans lequel il avait ajouté
l'obligation pour l'artiste de diriger la mu-
sique des ballets. A la lecture de ce papier,
Puppo saisit une plume, écrit et signe cette
phrase : Famé e morte, si; ma ballo, no!
(la faim et la mort, oui ; mais la danse, non !)
Dans ce premier mouvement, il ne s'était pas
souvenu qu'il n'était plus jeune et qu'il avait
peu d'espoir de trouver ailleurs une bonne
position. Bientôt il se trouva sans ressource;
il se décida alors à retourner dans sa ville
natale; mais il n'y trouva plus une seule per-
sonne de sa famille, cl la petite ville de Luc-
ques lui offrit encore moins de ressources que
Naples. Il crut qu'il serait plus heureux à
Florence et s'y readil. La fortune, en cfTct,
lui tendit encore la main, en lui faisant
trouver dans le chevalier Bernard Damiani,
amateur violoniste distingué, un protecteur
qui le recueillit dans sa maison et pourvut à
ses besoins pendant deux ans, puis lui procura
un revenu sulTisant dans la petite ville de Pon-
tremoli, sous la condition d'y donner des
leçons de violon à un certain nombre d'élèves.
Puppo arriva dans cette ville, en 1820, et
d'abord tout alla au mieux; mais, toujours
incorrigible et ne pouvant s'accoutumer à sa
nouvelle position, il l'abandonna à la fin de la
seconde année et retourna à Florence. Alors il
eut une vie misérable et fut souvent obligé d'im-
plorer l'assistance de ses amis. Enfin, grâce à
la générosité de M. Edouard Taylor, professeur
de musique au collège de Gresham, à Londres,
qui se trouvait alors à Florence, et qui paya
sa pension dans un hospice, Pu|ipo y trouva
un asile dans l'hiver de 1826. Pour se sous-
traire aux atteintes du froid qui, cette année,
était rigoureux, il ne sortit plus de son lit. Ses
forces déclinèrent rapidement, et le 19 avril
1827, il expira à l'âge de soixanle-dix-huit
ans.
Puppo était doué d'un esprit original qui se
manifestait dans ses paroles comme dans sa
conduite. Arrêté comme suspect en 1793, il
fut conduit au comité de salut public, où on
lui fit subir l'interrogatoire suivant : « Votre
» nom ? — Puppo. — Votre profession ? — Je
» joue du violon. — 0"^ faisiez-vous sous le
» règne du tyran? — Je jouais du violon. —
» Que faites-vous maintenant? — Je joue du
» violon. — Mais si la République a besoin de
» vos services, que pouvez-vous pour elle? —
« Je jouerai du violon. « Le sérieux signifi-
catif des membres du comité ne tint jtas contre
la singularité de ces réponses, faites d'un ton
ferme et bref : Puppo fut acquitté. Son com-
patriote Blangini, voulant lui faire visite, à
son arrivée à Paris, et ayant découvert sa de-
meure, non sans peine, frappe à sa porte.
« Qui est là? — Ami. — Je n'ai point
n d'amis. » Et sa porte demeura close. 0")
connaît te mot si juste et si fin par lequel il a
caractérisé, (le la manière la plus heureuse, le
talent de deux grands compositeurs : Bocche-
rini, disait-il, est la femme de Haydn. Mal-
heureusement il aimait trop le vin, et ses fré-
quentes libations mettaient souvent sa bourse
à sec. Le confortable de son logement et de
son mobilier se ressentait de sa gène habi-
tuelle. Deux chaises, une table, un lit, com-
posaient tout son luxe. Il avait la manie de
changer souvent de gltc j mais ses déménage-
PUPPO — PURCELL
141
menls ne lui causaient aucun souci. Jamais il
ne retenait de chambre ; ses préparatifs con-
sistaient à faire mettre les meul)le$ dont il
vient d'être parlé sur une charrette à bras.
Lui-même portait son violon, marchant devant
la charette et s'arrélant devant chaque écri-
leau, jusqu'à ce qu'il eût trouvé une chambre
qui lui plût. Il s'y installait immédiatement,
et peu de temps après recommençait le même
manège.
On a gravé de la composition de cet artiste :
1» Trois duos pour deux violons; Paris,
Beaucé. 2" Deux concertos pour violon et or-
chestre; Paris, Baiileux. Z" Huit fantaisies ou
études pour le violon; Paris, Sieber. 4° Six
fantaisies pour le piano; Paris, Gouefroy.
PURCELL (Uenbi), né à Londres, en
1658, était fils d'un musicien de la chapelle
de Charles II. Il y a peu de renseignements
sur son éducation musicale ; cependant, son
père étant mort en 1664, lorsqu'il n'était âgé
que de six ans, on croit qu'il entra comme
enfant de chœur à la chapelle royale, où il
reçut des leçons de Cookc, puis de Pelbam
Humphrey. Le docteur Blow fut ensuite son
maître de composition. Ses progrès furent si
rapides, qu'il composa plusieurs antiennes
pendant qu'il était encore enfant de chœur.
A l'âge de dix-huit ans, il fut choisi comme
organiste de l'abbaye de Westminster, et la
place d'organiste de la chapelle royale lui fut
accordée en 1684. C'est de cette époque que
datent ses meilleures compositions pour
l'église, et que sa réputation s'étendit dans
toute la Grande-Bretagne. La supériorité in-
contestable de sa musique sur tout ce qu'on
avait écrit depuis longtemps en Angleterre;
le caractère d'originalité qu'on y remarquait
et la variété des formes firent rechercher ses
ouvrages partons les maîtres de chapelle. Dès
1677, il s'était aussi fait connaître au théâtre
I)ar l'ouverture et les airs qu'il écrivit pour le
drame intitulé Abelasor. Purcell fut le pre-
mier compositeur anglais qui introduisit les
instruments dans la musique d'église, car
avant lui on n'employait que l'orgue pour l'ac-
compagnement des voix; il montra dans son
instrumentation autant de conceptions nou-
velles que dans le caractère de sa musique vo-
cale. Parmi ses œuvres religieuses , son
Te Deum et son Jubilate sont particulière-
ment remarquables par la majesté du style ;
mais pour apprécier le mérite de ces compo-
sitions, il est nécessaire de se reporter au
lemps où l'auteur écrivit, et de leur comparer
la situation de l'art à cette époque en An-
gleterre. De nos jours, elles laissent désirer à
l'audition plus de suavité dans la mélodie, un
retour moins fréquent des mêmes cadences
harmoniques, et plus de variété dans les
rhythmes. En cela, elles participent du style
de Carissimi, que Purcell parait avoir étudié
avec soin. Il y a aussi de l'embarras dans le
mouvement des parties de son harmonie, et
celle-ci est souvent incorrecte. Quoi qu'il en
soit, il est certainement le plus grand musi-
cien qu'ait produit l'Angleterre. Il s'est
exercé dans tous les genres, et dans tous il
s'est montré artiste de génie : toutefois, il ne
faut pas adopter le jugement des écrivains an-
glais lorsqu'ils le comparent à Scarlatti, à
Keiser, et lui donner la préférence sous le rap-
port de l'invention : ceux-là furent des maîtres
sans reproche. Sa fécondité inspire de l'éton-
nement, lorsqu'on songe que son existence n'a
pas été au delà de la trente-septième année,
car il mourut le 21 novembre 1695.
Une partie des productions dramatiques de
Purcell a été publiée dans une collection qui
a pour titre : y^ Collection of ayres compo-
sed for the théâtre and on other occasions,
by the late M. Henry Purcell (Collection de
morceaux composés pour le théâtre et dans
d'autres occasions, par feu maître Henri Pur-
cell); Londres, 1697. Les drames et opéras
dont on trouve des morceaux dans ce recueil
sont ceux dont les titres suivent : 1° Abelazor,
représenté en 1677. 2» The virtuous fVife (la
Femme vertueuse), 1C80. 3" Indian Queen
(la Reine indienne), dont la première partie de
l'ouverture égale, suivant Burney, les meil-
leures productions de Haendel. 4" Dioclétien
ou le Prophète, 1690. 5° King Arthur (le roi
Arthur), 1691. On ne connaissait cet ouvrage
que par les extraits de la collection citée plus
haut; mais M. Edouard Taylor en a retrouvé
la partition complète, et en a fait le sujet de
deux lectures publiques, à Londres, les 11 et
12 mai 1840. Suivant l'opinion de ce savant
professeur, le Roi Arthur est une composition
de l'ordre le plus élevé, eu égard au temps où
l'auteur vivait. Cet ouvrage a été publié dans
la collection anglaise des Antiquaires musi-
ciens. 6» Amphitryon, 1691. 7° Gordian
knot «n/j'ed (le Nœud gordien délié), 1691.
8° Distressed Innocence, or the Princess of
Persia (l'Innocence malheureuse, ou la Prin-
cesse de Perse), 1691. 9» The Fairy Queen
(la Reine des fées), 1692. 10» The old Bachelor
(le vieux Bachelier), 1693. 11" The Married
beautifull (le beau Marié), 1694. 12» The
double Dealer {le Fourbe), 1694. \ô'' Bonduca ,
143
PL'RCELL — PL'STKUCHEN
1G93, une des mcillciiros prodiiclions de Piii-
cell, publiée dans la colleclion des Antiquaires
musiciens, 13° (bis) Dido and ^neas; ibid.
Parmi les composilions dramaliqiies de cel
arlislc dont on ne trouve pas d'extrait dans
la collection citée plus haut, on remarque :
14" Timon d' Athènes, 1678. l^" Theodosiits,
or Ihe Force of Love (TMoiiose, ou la Force de
l'Amour), 1C80. 16» La Tempête, Ae Dryden,
1600. \7«Don Quichotte, Wdi. Piircell a publié
en partition, chez Piayford,à Londres, les mor-
ceaux de mnsi(iue qu'il avait composés pour
un divertissement théâtral, représenté en 1683,
et pour la tragédie d^Œdipe, en 1692. Il a
aussi publié lui-môme, en 1684, sa musique
pour la fête de Sainte-Cécile, exécuté le 22 no-
vembre de l'année précédente, et, en 1691, la
partition de son opéra sérieux Dioctétien. Il
avait fait paraître, en 1683, douze sonates
pour deux violons et basse continue.
Quoique Purcell eut écrit beaucoup de mor-
ceaux détachés pour le chant, on n'en avait
publié qu'un petit nombre pendant sa vie; ils
avaient paru dans la collection de Playford,
intitulée : The Théâtre of music (Londres,
1687). Après la mort de Purcell, sa veuve
réunit tout ce qu'il avait laissé en ce genre,
et en donna la collection sous le titre d'Or-
pheus britanuicus (Londres, 1696). Cette
édition était remplie de fautes grossières ; il
en fut donné une meilleure en 1702 ; mais
elle ne contient pas toutes les pièces de la pre-
mière. Playford publia, dans la même année,
le deuxième volume de VOrpheus britanni-
cus. La veuve du compositeur fit aussi paraître
successivement : 1" Une suite de dix sonates
I>our le clavecin, dont la neuvième est connue
sous le titre de Golden sonata (Sonate d'or),
à cause de son mérite. 2" Leçons pour le cla-
vecin. 3" Les fameux Te Deum et Jubilate,
et quelques antiennes dans VHarmonia
sacra de Playford.
Une grande quantité de musique de Purcell
était restée en manuscrit; Vincent Novello
(voyez ce nom) l'a recueillie avec soin et
en a publié une belle édition complète, en
soixante-douze livraisons grand in-folio, pré-
cédées d'une notice sur- la vie et les ouvrages
du compositeur (en quarante-quatre pages
in-rolio), et de son portrait. Cette collection a
pour titre : Purcell's sacred Music edited by
Vincent Novello ; Londres, 1826-1836.
PURCELL (Daniel), frère du précédent,
fut pendant quel(|ue$ années organiste du
collège de la Madeleine, à Oxford, puis rem-
plit le* mêmes fonctions à l'église Saint-An-
dré de lIol!)orn. En 1697, il écrivit la musique
de Brntus ùAlbe,ou le TriompluuV AuQustey
qui fut représenté à Dorset-Garden. Ou cite
de lui un autre opéra intitulé : Love's Pa-
radise (le Paradis de l'Amour), et la Prin'
cesse d'Islande, qu'il composa en société avec
Leveridge. Purcell écrivit aussi quelques mor-
ceaux détachés pour des comédies. C'était un
musicien de peu de mérite.
PURIFICAM (Jea!i DE), chanoine régu-
lier et maître de chapelle du monastère de
Saint-Éloi, à Lisbonne, naquit en celte ville et
mourut le 19 janvier 1651. Il a laissé ennianu>
scrit beaucoup de compositions pour l'église.
PURMAISIN (Jean-Georges), recteur du
collège de' Francfort-sur-le-Mein, mort le
11 décembre 1813, est auteur d'une disserta-
tion intitulée : Antiquilates ni us ica?; Franc-
fort, 1776, in-4°de vingt-quatre pages.
PUSCIIMAISIX (Adam), né en Silésie dans
la première moitié du seizième siècle, était
cordonnier de profession, mais avait appris la
musique. Vers 1570, il fut appelé à Gœrlitz,
en qualité de cantor. Dix ans après, il était
établi à BreslaUjOii il parait avoir terminé ses
jours. On a de lui un livre sur un sujet inté-
ressant, intitulé : Grundlicher Bericht des
deutschen Meister-Gesxnrje (Renseignements
précis sur l'art des maîtres chanteurs alle-
mands) ; Gœrlitz, 1571, in-4''. For^kel indique
une autre édition du même ouvrage (Allgem.
Litter. der Musik, p. 122), sous ce titre :
Tractatus von der edlen Kunst der Meistcr-
Sienger; Gœrlitz, 1572; enfin, M. de Stetten
eii cite une troisième qui aurait été publiée en
1574, in-4'' (//istoire de l'art, p. 531). Si
toutes ces éditions sont réelles, il y a eu peu
d'exemples d'un pareil succès à cette épocjne
reculée. M. Hoffmann indique (dans son Livre
sur les musiciens de la Silésie) l'oratorio de
Jacob et Joseph, composé par Puscbmann, et
dont il existe deux manuscrits dans les biblio-
thèques de Breslau.
PUSCHMAIMV (Joseph), musicien au ser-
vice du prince de Schafgotsch, à Johannisberg,
en Silésie, vécut dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle. Il a laissé en manuscrit :
1° Concerto pour violon. 2" Deux symphonies
à grand orchestre. 3° Trois quatuors pour deux
clarinettes et deux cors. 4" Trois pièces en
harmonie pour deux clarinettes, deux cors et
deux bassons. 5» Quatre trios pour fli'itc
d'amour, viole et basse.
PUSTRLCIIEN (Antoine-Henri), né le
19 février 1761, à Bîombcrg, dans le comté de
la Lippe, obtint, en 1790, les phces de cantor,
PUSTKllCHEN — PU\7.L01S
14-
d'organisle et proresseiir de musique au sémi-
naire deDetmold. II est mort dans cette ville,
en 1830, après avoir rempH ses fonctions pen-
dant quarante ans. On a de ce musicien un
ouvrage élémentaire intitulé : Jnleitung wie
Singechœre auf dem Lande zii bilden sind
(Instruction pour former des chœurs de chants
à la campagne); Hanovre, 1810, in-8". Une
deuxième édition de ce livre a été publiée en
1813. Pustkuchen est aussi auteur d'un livre
choral pour le comté de la Lippe, publié à Ha-
novre, in-4''. Enfin, il a fait paraître des mor-
ceaux de chant et des chœurs, à l'usage des
écoles; Delmold, 1812, in-4».
PUTOI (Bartholomé), chanteur distin-
gué, né en Italie vers 1730, fut attaché au
théâtre de la cour de Dresde pendant quelques
années, puis entra au service de l'empereur
de Russie, à l'époque de la guerre de sept
ans. Il se trouvait encore à Pétersbourg, en
1700.
PCTTE (Henri VAN DE), dont le nom
latinisé est PUTEANUS, et que les biogra-
phes français appellent DUPL'Y, naquit à
Venloo, le 4 novembre 1574. Il fit ses huma-
nités à Dordrecht, étudia la philosophie à Co-
logne et le droit à Louvain, sous Juste Lipse,
avec qui il se lia d'une étroite amitié. Ce fut
aussi dans celte dernière ville qu'il se livra à
l'étude de la musique, contre l'avis de Juste
Lipse, qui n'aimait point cet art. Van de
Putle se rendit ensuite en Italie, pour y visiter
les principales académies; il s'arrêta d'abord
à Jlilan, puis à Padoue, où il accepta une
chaire d'éloquence, en 1001. Presque dans le
même temps, il fut nommé hisloriogia|>he du
roi d'Espagne, et deux ans après il reçut le
diplôme de citoyen romain, et fut agrégé doc-
leur à la faculté de droit. Ces distinctions flat-
Iciises l'avaient déterminé à se fixer en Italie,
lit il s'y était même marié (en 1004), lorsque
la chaire de belles-lettres à l'université de
Louvain lui ayant été otîerte, après la mortde
Jusie Lipse (1000), il saisit celte occasion pour
se rapprocher de sa famille et de son pays.
L'archiduc Albert le nomma un de ses conseil-
lers, et lui confia le gouvernement du château
de Louvain, où il mourut le 17 septembre
1040.
L'imperfection de la méthode des hexa-
cordes attribuée à Guido d'Arezzo, elles dé-
fauts de la solmisation par les muances qui
en étaient le résultat, avaient été remar-
qués depuis longtemps; plusieurs musiciens
avaient même tenté de remédier à ces défauts,
proposant l'addition d'un septième nom de note
aux six premiers. Van de Putte, revenant sur
ce sujet, écrivit un livre pour démontrer la
nécessité d'une septième syllabe, qu'il appelle
hi. L'ouvrage où il traite cette question est
intitulé : Modulata Pallus,sive seplem dis-
crimina vocum, ad harmonica lectionis
itsum aptata philologo quodam filo; Milan,
1599, in-8». Il est divisé en vingt chapitres,
qui furent réduits à dix-sept dans la seconde
édition, publiée sous ce titre : JfJusathena,
sennotarum heptas,ad harmonicx lectionis
novum et faciletn usum; Francfort, 1002,
in-12. C'est dans cette forme et sous ce titre
qu'il fut inséré dans le second volume des
œuvres de Van de Putte (p. 109-197), inti-
tulé : Amanitatum humanarum diu-
triha XII , operttm omnium, tomus se-
cundus; Francfort, 1015, in-12. Van de
Pulle avait donné précédemment un abrégé
de son livre, sous le titre de Pleias musicu;
Venise, 1000, in-12, dont il y a une seconde
édition intitulée : lier Nonianum, seu dia-
logiis, qui Musathena (1) epitomen compre-
hendit, ad clarissimum V. Ludov. Senta-
lium , palricitim et medicum mediol. ;
Francfort, 1001, in-12, et une troisième, pu-
bliée à Hanovre, 1002, iu-S" de cinq feuilles
et demie. On le trouve aussi dans les Amœ-
nitat. huvianar., p. 188-409. Cet abrégé est
un entretien de l'auteur avec Arnold Cathius,
l'un de ses amis; Nonianum est le nom d'une
maison de campagne qu'ils allaient voir, et
qui avaient appartenu à Bembo.
PUYLLOIS(Jean),ou plutôt PULLOYS,
musicien belge du quinzième siècle, est cité par
Tinctoris, dans le douzième chapitre du troi-
sième livre de son Proportionnaire de mu-
sique, pour une faute de notation proportion-
nelle que Le Rouge (communément appelé
Rubeis) et lui ont faite, le premier dans une
messe intitulée : Mon Cuer (cœur) pleure, et
Puyilois dans Vin terra pax de sa messe du
plagal du Iroisième ton irrégulier (2). Aucune
comi)osition de ce musicie# n'a été trouvée
jusqu'à ce jour; mais il se peul qu'on en dé-
couvre dans l'avenir : ce motif m'a fait prier
mon confrère et ami, M. le chevalier Léon de
Burbure, de vouloir bien faire des recherches
dans les archives de la cathédrale d'Anvers,
source précieuse de renseignements concer-
nant les artistes belges des quinzième et sei-
(I) Il semblerait, d'oprès ce titre, que la Mutathtna
avait eu une éilition anicricure à celle de 1G02.
[i) Quod licel faciant Le Rouge et Ptiylloit in missis
Mon cuer pleure, et in quodam £t in terra pax plagalis
authenli irili irrcgularis, tamen est intolcrabilc [Tinc-
toris provoriionale, lib. 111, cap. i).
144
PIJYLLOIS — PYTHAGORE
zièmc siècles. Avec la sagacité et la patience
qui le distinguent, M. de Burbure a dépassé
mon attente dans ses découvertes, desquelles il
résulte : l'que le nom de Tartiste dont il s'agit
est écrit de ces différentes manières dans les
registres : Pylois , Puyllois , P illois , Pul-
loyt, et que celte dernière est préférable,
parce qu'elle coïncide avec la plupart des do-
cuments contemporains; 2" que cette forme
est aussi celle qui explique le mieux le sobriquet
flamand de Jean Kie (traduction de Jean
Poulet, ou PuUoys, pullus en latin), qu'on
parait lui avoir donné lorsqu'il n'était encore
qu'enfant de chœur. Ce nom Joannes Kie ou
Kye figure dans les comptes des chapelains,
les premières années où Jean Pulloys prend
part aux services en déchant, c'est-à-dire en
1442 et 1443; mais dès 1444, il est remplacé
par le nom véritable de l'artiste; 3» que Pul-
loys n'était à cette époque ni chapelain, ni
prêtre, mais qu'il était simplement, comme
Okeghem, son condisciple, vicaire musicien
laïque ; il ne reçut la prêtrise que plusieurs an-
nées après ; 4" qu'il prit part aux offices en
musique de -la collégiale jusqu'à la fin de
1447, mais qu'après la Noël de cette année, son
nom disparait des listes de présence du corps
«les chapelains ; o» que plus tard, maître Jean
Pulloys fait partie de la chapelle du duc de
Bourgogne, où, en 14C3, il occupait la place de
premier chapelain (primus capellanus Do-
mini Ducis)y et qu'alors il est prêtre et quali-
fié de maître es arts; G" qu'il revint la même
année à Anvers, où le chapitre lui donna un
canonicat dans l'église où il avait commencé
sa carrière musicale, et qu'il y retrouva Bar-
bireau, Wyngaert, Jacolïn (voyez ces noms)
et d'autres excellents musiciens, ses anciens
amis; enfin, que depuis celte époque, Pulloys
ne quitta plus cette position; 7» et finalement,
que dans son testament, passé le 18 juin 1478,
il est qualifié de Fenerabilis vir Dominus
Johannes Pulloys, et qu'il mourut deux mois
après (23 aortt 1478).
PYRAI^DRE, musicien grec, cité par
Athénée (liv. XIV, c. 9), a écrit un Traité des
jovUurt de flûte qui n'est pas venu jusqu'à
nous.
PYTHAGORE, philosophe illustre, na-
quit à Samos, dans la 49"" olympiade, c'est-à-
dire environ 580 ans avant l'ère chrétienne.
La vie de ce sage est environnée de ténèbres
et de fables : ce qui parait avoir quelque certi-
tude dans les faits qui le concernent se réduit
à ce qui suit: Son précepteur fut Hcrmodamus,
disciple de Créophile, qui avait accordé Ihos-
pilalilé à Homère; plus tard il devint l'élève
de Phérécide. A l'âge de dix-huit ans, il quitta
sa patrie pour voyager en Phénicie et en
Egypte. Après un long séjour près des prêtres
d'Héliopolis et de Memphis, il retourna en
Grèce, visita Sparte pour s'instruire de ses
lois, arriva à Samos, alors gouvernée par le
tyran Polycrale, et enfin passa en Italie et se
fixa à Crotone, où il eut de nombreux disciples
qui se faisaient initier à une sorte de culte se-
cret, établi par le maître. Ce qu'on rapporte
de l'institut fondé par Pylhagore est si rempli
de merveilleux, qu'il serait aujourd'hui à peu
près impossible d'y démêler la vérité ; on sait
seulement avec certitude qu'à la suite d'une
émeute, les Crotoniates attaquèrent les pytha-
goriciens réunis dans la maison de Milon, l'un
d'eux; que la plupart périrent, et que Pytha-
gore lui>même n'échappa au danger que par
la fuite. Mais la persécution contre les pytha-
goriciens s'étant étendue dans les autres villes
d'Italie, il trouva la mort à Métaponte.
Il y a peu de certitude sur ce qu'on rapporte
de la doctrine de Pythagore, car il ne parait
pas avoir écrit, et la tradition qui l'a trans-
mise jusqu'aux écrivains les plus respectables
de l'antiquité, l'a sans doute modifiée et al-
térée. Ce qu'on en sait n'a de caractère '
d'authenticité que par quelques fragments
de Philolaus, par le Timée de Platon, et par
cequ'Aristoteen rapporte; car cette doctrine
a subi de si importantes altérations dans
l'école d'Alexandrie et dans la philosophie
néoplatonicienne, qu'on ne peut accorder une
confiance entière aux assertions de Jamblique,
de Porphyre et de quelques autres. Ce qui pa-
rait certain et hors de toute discussion, c'est
que Pythagore et ses disciples immédiats con-
sidéraient le monde comme un tout harmo-
nieusement ordonné, en ce que des propor-
tions numériques établissaient des rapports
exacts entre le tout et ses parties. Les nombres
étaient donc considérés dans la doctrine py-
thagoricienne comme l'âme du monde; et la
perfection des rapports qu'ils établissaient
entre toutes choses constituait l'harmonie uni-
verselle, qui régissait les mouvements des
astres comme les moindres atomes de la créa-
tion. Suivant cette théorie, les astres, dans
leurs révolutions , formaient un concert
de consonnances analogue à celui que les sons
de la musique font entendre entre eux {voyez
sur ce sujet les articles de PbilolaUs, TistE
oeLocres, Platon, Ptolémée, MAcnoBE, Cen-
soRiN et Kepler). La découverte des propor-
tions numériques de quelques-uns des inlcr-
PYTIIAGORE — PYTHOCLIDE-
143
valles de la musique est attribuée à Pythagore.
Nicomaque rapporte à ce sujet une anecdote
dans son Traité de musique (p. 11, éd. Mei-
bom), qui a été répétée par beaucoup d'écri-
vains, sans faire remarquer que le fait en lui-
même porte la preuve de sa fausseté. Suivant
ce théoricien, Pythagore, passant devant
l'atelier d'un maréchal, fut étonné d'entendre
les marteaux des forgerons produire les con-
sonnances de l'octave, de la quinte, de la
quarte, et la dissonance du ton ou seconde
majeure. Cette singularité remarquable le fit
entrer dans la boutiiiuedu marOcbal ; il pesa
les marteaux et vit que la différence des
sons^)rovenait de celle de leurs jwids. Alors il
prit quatre cordes de même matière, d'égale
longueur et grosseur, les tendit et y suspendit
des poids égaux à ceux desmarteauxj il trouva
que la corde tendue par un poids de douze
livres sonnait l'octave de celle qui n'était
tendue que par un poids de six livres, d'où il
tira la proportion 2 : 1 pour celle de l'octave.
La corde tendue par un poids de huit livres
sonnait la quinte, d'oii la proportion de 3 : 2.
La corde tendue par un poids de neuf livres
faisait entendre la quarte, d'oii la proportion
4:3; enfin les cordes tendues par huit et par
neuf livres donnaient la proportion du ton
majeur. Ainsi se trouva expliqué le phénomène
qui avait frappé l'oreille de Pythagore à l'au-
dition des coups de marteaux des forgerons.
Il est pourtant évident que ce n'étaient point
les marteaux qui vibraient lorsqu'ils frappaient
le fer, mais l'enclume, et conséquemment que
leurs poids ne pouvaient exercer d'influence
que sur l'intensité et non sur l'intonation des
sons. Quoi qu'il en soit, les proportions numé-
riques des intervalles d'octave, de quinte et
de quarte sont attribuées à Pythagore depuis
la plus haute antiquité, ainsi que le principe
qui lui faisait rejeter le témoignage de
l'oreille dans l'appréciation de la justesse de
ces intervalles, et n'admettait que le calcul
comme critérium de cette justesse. Longtemps
après, Aristoxène {voyez ce nom) soutint une
doctrine contraire.
Aristide Quinlilien attribue à Pythagore
l'invention de la notation grecque de la mu-
sique en usage de son temps {De jVusica,
lib. 1, p. 28^ apud Meibom.) ; mais celle qui
est connue sous son nom n'est qu'une modi-
fication d'une autre plus ancienne {voyez
à ce sujet un Mémoire de Perne, dans la
Revue musicale, t. III, pp. 433-441, et les
planches).
PYTHOCLIDE, joueur de fli\te, fut l'in-
venteur du mode mixolydicn. Arislotc, cilé
parPlular(|ue(jM Perid.,p. 280,//n.ri<^, edit.
Steph. Gr^'c), assure qu'il fut le maître de
musique de Périclès.
eioon. Daiv. des jiusiciexs. t. ?u.
10
Q
QUADRI (Dominique), professeur de musi-
que, né à Viceiice, dans les derniers mois de
1801, fit, dans sa jeunesse, de bonnes éludes lit-
téraires et scientifiques. La musique ne fut d'a-
bord pour lui qu'un objet d'agrément; mais plus
tard il résolut de se livrer sans réserve à la cul-
ture de cet art. La position de son |)ère , con-
seiller-secrétaire du gouvernement à Venise, lui
fournit l'occasion de recevoir, dans cette ville, des
leçons du P. Marsand l^voy. ce nom) ; puis Qua-
dri se rendit à Bologne, et y compléta son ins-
truction musicale sous la direction de Marcliesi,
de Donelli et de Pilotti, tous élèves de Maltei
{voy. ce nom). L'esprit d'analyse, par où se
distinguait le jeune Quadri, lui fit bientôt aper-
cevoir les défauts de la méthode routinière de ses
maîtres : il leur demandait incessamment la rai-
son des règles ; mais l'autorité de l'école était la
seule qu'on lui donnât. La lecturede plusieurs ou-
vrages de théorie, publiés depuis peu en France,
lui fit concevoir le dessein d'écrire des éléments
d'harmonie appuyés sur une base plus solide que
l'enseignement traditionnel , lesquels pourraient
servir d'introduction à la science du contre-
point. Après plusieurs années passées h Bologne,
il partit pour Naples, où la méthode d'enseigne-
ment ne lui parut pas plus avancée qu'à Bologne.
En 1830, il entreprit de faire connaître ses
idées didactiques dans un ouvrage intitulé : Za
Ragione armonica. Quadri s'était proposé d'y
donner des basses chiffrées ou partimenlf de
Mattei , d'après son système de <lassification
des accords, assez semblable à celui de Langlé
(voy. ce nom), en ce qu'il procédait à la généra-
tion des groupes fondamentaux de sons par des
superpositions de tierces. Une vive opposition
se maDifesta aussitôt contre cette théorie, parmi
la plupart des professeurs napolitains; et la pu-
blication de la Rafjione armonica se trouva
arrêtée par le petit nombre des souscripteurs dès
la deuxième livraison.
Persuadé de la bonté de son système, Quadri
ne se découragea pas après ce premier échec.
En 1831, il ouvrit une école publique pour
l'enseignement de l'harmonie, et entreprit de ré-
futer dans ses leçons orales les objections qui lui
avaient été faites. La lutte recommença plus ar-
dente; toutefois l'avantage parut être du côté du
jeune professeur, homme d'esprit, plein de zèle
et de feu, qui s'exprimait avec élégance et clarté.
Parmi ses élèves se trouvaient quelques jeunes
compositeurs qui, depuis lors, se sont fait con-
naître par leurs ouvrages. En 1832, Quadri pu-
blia l'ensemble de son système dans un livre
intitulé Lezioni d'armonia (Naples, Tramenter,
1 volume in-4°). Une deuxième édition de cet
ouvrage fut donnée à Rome, en 1835, par l'abbé
Alfieri, à la typographie des beaux-arts , et
l'auteur alla en publier une troisième, dans la
même ville en 1841, en un volume in-4'> de 95
pagps, avec 44 pages d'exemples pratique*;. Dans
l'automne de la même année, l'auteur de cette
notice trouva Quadri à Naples, et reconnut en
lui un musicien aussi instruit qu'intelligent. Sa
position n'était pas heureuse. Ne trouvant pas
dans ses leçons des moyens d'existence suffi-
sants , il était obligé d'accepter l'hospitalité
qu'on lui offrait dans les maisons de campagne
des environs de Naples, comme profes.seur de
.solfège «t de chant. Bientôt cotte re8sourr«vint
à lui manquer, et la nécessité l'obligea à retour-*
ner en Lombardie. Arrivé à Milan au printemps
de 184), il essaya d'y mettre en vogue son sys-
tème d'harmonie ; mais là comme à Naples il
QUADRI — QUAINDT
147
eut des luttes à soutenir contre la critique. La
mauvaise fortane, qui l'avait maltraité depuis
sa jeunesse, avait porté atteinte à sa constitution.
Malade et découragé, il ne se sentit pas la force
(le résister à ses adversaires ; son mal s'aggrava,
et le 29 avril 1843, il mourut à l'âge de quarante
et un ans.
QUADRIO (François-Xavier), littérateur
italien, né à Ponte, dans la Valteline, le le"" dé-
cembre 1695 , entra dans la société des Jésuites
après avoir terminé ses études à l'université de
Pavie, enseignaà Padoue et à Bologne, séjourna
à Modène, à Rome, à Milan, et sortit en 1744
de cliez les Jésuites. Ayant obtenu du pape la
permission de porter l'habii de prêtre séculier,
il vécut à Milan, occupé de travaux littéraires
et scientifiques. Dans ses dernières années il se
retira au couvent des Barnabites de cette ville,
et y mourut le 21 novembre 1756. Au nombre
des ouvrages de ce savant se trouve cului qui a
pour titre : Délia storia e délia ragione d'o-
gni poesia; Bologne et Milan, 1739-1759, 7 vol.
in-4°. Il y traite de divers objets relatifs à la
musique, à la cantate, à l'opéra et à l'oratorio,
dans les tomes 2^ et 3e.
QUAGLIA (Jkan Baptiste), premier orga-
niste de l'église Sainte-Marie-Majeure, à Ber-
game, vécut dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. On a imprimé de sa composition :
Moletti a voce sola, libro primo ^ Bologne,
Jacques Monti, 1668, in-8°.
QUAGLIA (Augustin), né à Milan en 1744,
fit ses études musicales sous la direction de
Fioroni et de Carlo Monza. Il succéda à ce der-
nier dans la place d'organiste de la cathédrale,
et en 1802 il obtint celle de maître de cliapelle
de cette église. Il vivait encore à Milan en 1812.
Des copies manuscrites de ses compositions pour
l'église sont répandues en Italie. L'abbé San-
tini, de Borne, possède un Magnificat à 4 voix
sous son nom.
QUAGLIATl (Paul), compositeur de l'é-
cole romaine, fut considéré comme un des cla-
vecinistes les pins distingués, au commencement
du dix-septième siècle. Le catalogue de la mu-
sique de l'abbé Santini lui donne le titre de
maître de chapelle de l'église Sainte-Marie Ma-
jeure, en 1612 ; cependant il ne figure pas parmi
les maîtres de cette chapelle, dont l'abbé Baini
a (ionni' la liste dans ses Mémoires sur la vie et
les ouvrages de J. Pierluigi de 'Palestrina (note
440). Délia Valle préfend {Délia musica deW
etùnosfra, dans lesœuvit-s de J. B. Doni, t. II,
p. '^ôl) que Quaglinti fui le premier qui intro-
duisit à Rome le chant dramatique, on qui du
moins le traita avec grâce ; mais il est évident
qu'Emilio del Cavalière eut ce mérite avant lui,
ou du moins eji même temps. Le môme Délia
Valle cite une sorte de drame à 5 voix et 5 ins-
truments composé par Quagliati en 1606, et qui
fut exécuté dans un char, au carnaval de cette
année; c'est sans doute ce même drame qui a
été publié sous ce titre : Carro di fedeltà
d'Amore rappresentato in Roma da cinque
voci per cantar soli et insieme, con aggiunio
d'arie a una, due e tre voci; Rome, 1611,
in-fol. On ne comprend pas ce que veulent dire
les auteurs du Dictionnaire historique des
musiciens (Paris, 1810-1811), lorsqu'ils écrivent
cette phrase : Il (Quagliati) est le premier qui
introduisit dans les églises le chant à plu-
sieurs parties. Cette absurde proposition est
démentie par les faits rapportés en cent endroits
de leur propre livre. L'abbé Santini, de Rome,
possède dix-neuf motets à huit voix, de Qua-
gliati, ainsi qu'un Dixit à douze voix. Ou trouve
des morceaux de Quagliati dans la collection
qui a pour titre : Canzonette alla romana di
diversi eccellentissimi musici romani a tre
voci ; Anvers, P. Phalèse, 1607, in-4'' obi. On
connaît aussi de ce maître un ouvrage intitulé :
Motteti e dialogki a 2, 3, 4, 5 e 8 voci; Roma,
apprcsso Robletti, 1620.
QU.VISAIIK (Adrien), né à Paris, en 1766,
fut enfant de chœur à l'église Saint- Jacques
du Haut-Pa.s, et y apprit à chanter. Après la clô-
ture des églises, qui suivit les événements de la
révolution, il reçut de lierton des leçons d'har-
monie. En 1797 il se fit acteur d'opéra, et débuta
au Théâtre des Amis des arts, autrement
théâtre Molière, rue Saint-Martin , dans un
opéra de sa composition intitulé Hylvain et Lu-
cette ou La Vendange, qui eut un succès
agréable. Au mois d'avril 1799 Quaisain fut
nommé chef d'orchestre du théâtre de l'Ambigu-
Comique. Il prit sa retraite de cet emploi en
1819, après vingt ans de service, et mourut le
15 mai 1828, à l'âge de soixante-deux ans. Il
composa la musique d'un grand nombre de
mélodrames, entre autres : Tekely, le Juge-
ment de Salomon, la Prise de Jérusalem, le
Fils banni, Jean de Calais, et le Belvédère
ou la Vallée de VEtna.
QUALEIXBERG (Jean-Michel), clarinet-
tisle (le Vienne, entra au service' de l'électeur
piilatin en 1772, et mourut à Manheim en 1793.
Il a fait insérer dans la Corrcsiiondance musicale
(le Spire (année 1791, p. 169) un morceau inti-
tulé: Histoire véritable d'un violon deSteiner
Qualenberg avait le titre de conseiller de cour de
l'élecleur pahitin.
QUAIVUT ( Chrétien- Frédéric ) , écrivain
10.
148
QUANDT — QUANTZ
sur la musique et acousticien, naquit à Herrnhut,
en Saxe, le l7 septembre 1766, Après avoir Tait
ses humanités au collège de Miesky , près de
Gœrlitz, il commença un cours de théologie;
mais il abandonna celte science pour la méde-
cine, qu'il étudia à Jéna depuis 1788 jusqu'en
1791, où il reçut le grade de docteur. Il tit alors
un voyage à Londres pour y étudier la médecine
expérimentale dans les hôpitaux. De retour à
Niesky, en 1793, il s'y livra à l'exercice de son
art. Son mérite le fit choisir en 1797, par la
société des arts de la Lusace supérieure, pour
un de ses membres. Il lui fournit plusieurs
morceaux intéressants pour ses mémoires; mais
une maladie de poitrine vint l'arrêter dans ses
travaux, et le conduisit au tombeau le 30 janvier
1806, et non le 6 octobre, comme !e dit M. Bec-
ker. Quandt s'est particulièrement fait connaître
par ses travaux sur la musique et sur l'acous-
tique. Depuis son enfance, il avait montré d'heu-
reuses dispositions pour cet art. Il jouait bien du
piano ; mais l'acoustique appela particulièrement
son attention. Les écrits de Chiadni lui avaient
fourni l'idée d'un instrument à frottement auquel
il donna, comme ce savant acousticien, le nom
à'Euphone, mais qui était absolument différent
de celui de Chiadni, sous le rapport de la cons-
truction. On lui doit aussi des essais de per-
fectionnement pour la harpe éolienne et pour
l'harmonica. Enfin il construisit deux pianos qui
obtinrent les éloges des connaisseurs. Il était
peintre distingué, eUavait une rare habileté dans
l'équitation. Comme écrivain sur la musique,
Quandt s'est fait connaître par les morceaux
suivants : 1" Essais et observations sur la harpe
éolienne, dans le recueil mensuel de la Lusace
(Lausitzische Monatschrifl, 1795, nov., n" 11),
et dans le Journal des niodes (mars 1799). —
2^ Sur l'Harmonica et les instruments du même
genre, avec des observations sur le son d'hai-
monica en général ( Lausitz. Monatschrift ,
1797, mars, n" 2). — 3" Sur les sons qu'on tire
du verre et d'autres corps ( Gazette musicale de
Leipsick, 2* année page 32 1). — 4° Supplément
à la Dis.serlation de Kneclit sur l'harmonie ( Ga-
lette musicale de Leipsick, tome I, pages 346
etsuiv.).
QUANTZ ( JEAN-JoiLCHiB) OU QUANZ, flû-
tiste célèbre, naquit à Oberschaden, dans le Ha-
novre, le 30 janvier 1697. Devenu orpitelin à
l'âge de dix ans, il alla pendre des leçons de
musique chet son oncle, qu'il perdit au bout de
quelques mois, puis chez le musicien de ville qui
lai avait ««uccédé. Il demeura sept ans et demi
chez celui-ci , et apprit à jouer du violon, on
haull)ois et de la trompette. Kiescwetter, orga-
niste de quelque mérite, lui donna aussi des le-
çons de clavecin. Les compositions de Hoffman,
de Heinichen et de Telemann avaient été d'abord
les objets de ses études ; les chanteurs et les
virtuoses étrangers qu'il entendit ensuite dans la
chapelle du duc de Mersebourg commencèrent
à perfectionner son goût, et lui inspirèrent le
désir de voyager pour augmenter son savoir.
Dresde, où se trouvaient alors plusieurs artistes
distingués, lui parut le lieu le plus convenable
pour la réalisation de ses projets : il s'y rendit en
1714. Cependant les dillicultés qu'il y rencontra
pour assurer sa subsistance l'obligèrent à s'en
éloigner, et la seule ressource qui s'offrit à lui
fut de se retirer à Radeberg, chez le musicien de
la ville, qu'il aida dans s-s fonctions, en don-
nant des leçons et jouant des danses dans les
fêtes de village. L'incendie qui réduisit en cen-
dres celle petite ville l'obligea à chercher asile
à Pirna, chez un autre musicien, qui lui com-
muniqua les concertos de Vivaldi, considérés
alors comme les meilleures compositions dans
leur genre , et qui devinrent les modèles de ses
premiers essais. La proximité de Pirna et de
Dresde lui permit de faire de fréquents voyages
dans cette dernière ville et d'y connaître Heine,
bon musicien de ville, qui consentit à le rece-
voir chez lui, en qualité de prévôt. Fixé dans
la capitale de la Saxe en 1716, il y puisa dans
la société de Pisendel , Yeracini , Hebcnsireit ,
Weiss, Rit'hter et Buffardin , le goût du beau,
et le sentiment d'une perfection relative qu'il
s'efforça d'atteindre. Dans l'année suivante,
le maître de chapelle Schmidt, après avoir en-
tendu Quantz jouer un concerto de trompette,
voulut l'attacher à la chapelle électorale pour
cet instrument; mais le jeune artiste préféra
la position de hautboïste qui lui était offerte
dans la ciiapelle royale de Varsovie : il se rendit
dans cette ville en 1718, et ce fut alors que,
désespérant de parvenir à l'habileté qu'il désirait
sur le violon et sur le hautbois , il s'attacha spé-
ciiilement à la flûte, sous la direction de Buf-
fardin et de Pisendel. Ses premiers essais de
composition consistèrent en quelques morceaux
pour cet instrument. Guidé par .son instinct, il
les écrivit sans avoir étudié les règles de l'har-
monie; mais bientôt il sentit la néce.ssité de
connaître ces règles, et le compositeur bohème
Zelenka lui donna les premières leçons de con-
trepoint. La formation de l'excellent opéra de
Dresde amena au service du roi de Pologne, en
1719, des chanteurs de premier ordre, tels que
Senesino, Borselli, Dtirantasti et les cantatrices
Tesi et Faustina. En écoutant ces grands artistes,
Quantz comprit qu'il devait apprendre d'eux l'i^it
QUANTZ
149
de clianter sur son instrument, et ils devinrent
ses modèles. Accompagné de Weiss et de Graun,
i! se rendit à Prague en 1753, pour assister à
l'exécution de l'opéra de Fux , Coslanza e For-
tezza, composé à l'occasion du couronnement de
l'empereur Charles VI, comme roi de Bohême.
On avait réuni, pour cette exécution solennelle,
cent chanteurs et deux cents instrumentistes. Ce
fut là que Quantz entendit pour la première
fois Tartini, dont il admira le beau son et le mé-
canisme, quoiqu'il trouvât son style sec et dé-
pourvu de charme.
En 1724, Quantz obtint du roi la permission
d'accompagner à Rome le comte de Lagnasco,
ambassadeur de Pologne près du saint-siége. A
peine arrivé dans cette ville, il alla chez Gaspa-
rini, qui lui donna quelques leçons de contre-
point. L'année suivante il se rendit à Naples, où
il trouva Hasse, qui étudiait alors sous la direc-
tion d'Alexandre Scarlatti , et qui présenta son
oompatriote à ce grand maître. Scarlatti n'ai-
mait pas les instruments à vent, parce qu'ils
étaient fort imparfaits de son temps ; mais lors-
qu'il entendit Quantz, il avoua qu'il ne croyait
pas qu'on put tirer de la flûte des intonations
si justes et de si beaux sons. Une aventure d'a-
mour, qui faillit coûter la vie au virtuose, l'o-
bligea de quitter Naples à l'improviste. De retour
à Rome, il y entendit le fameux Miserere d'Al-
legri pendant la semaine sainte, puis il visita les
principales villes d'Italie. A Venise, il se lia d'a-
mitié avec Vinci, Porpora et Vivaldi. Le 15
août 1726, il arriva à Paris. Le style de la mu-
sique française ne le satisfit point, et l'orchestre
de l'Opéra lui parut fort mauvais, quoiqu'il ac-
cordât des éloges à quelques artistes, particu-
lièrement à Forqueray, à Marais, pour la basse
de viole ; à Batiste, pour le violon ; à Blavet,
|)our la flûte. Ce fut à Paris que Quantz fit un
premier essai de perfectionnement pour ce der-
nier instrument, en y ajoutant une deuxième
clef. Après huit mois de séjour dans cette ville,
il fut rappelé à Dresde, mais il voulut visiter
l'Angleterre avant d'y retourner, et arriva à Lon-
dres le 20 mars 1727. L'Opéra, dirigé par Haendel,
y était alors dans sa plus grande splendeur. Oa
y remarquait parmi les chanteurs Senesino, la
Cuzzoni et la Faustina ; l'orchestre, en grande
partie composé de musiciens allemands, était
excellent. Des offres avantageuses furent faites
à Quantz pour le retenir à Londres ; mais sa pa-
role était engagée avec la cour de Sa\e, et il partit
pour Dresde, où il arriva le 23 juillet, après avoir
traversé la Hollande, le Hanovre et Brunswick.
La longue absence de Quantz, ses voyages,
ses relations avec les artistes célèbres en tout
genre, avaient mûri son talent. Il reparut à
Dresde avec éclat, et son traitement y fut dou-
blé par la cour. Dans la même année, il suivit
le roi à Berlin. La reine de Prusse, charmée de
son talent , lui fit offrir une place dans sa mu-
sique, avec des appointements de 800 écus;
mais le roi son maître ne permit pas qu'il quittât
son service. La seule chose qu'il lui accorda,
fut de faire un voyage chaque année pour don-
ner des leçons de flûte au prince royal, qui plus
tard fut roi de Prusse, sous le nom de Frédéric 11
Après la mort du roi de Pologne (1733), son
successeur (Frédéric -Auguste), voulant garder
Quantz à son service, lui accorda un Irai'
tement de huit cents thalers, et la permission
de faire deux voyages chaque année pour visiter
son royal élève. En 1734 Quantz publia ses pre-
mières sonates pour la flûte, lise maria en 1737
avec la veuve d'un musicien de la cour de
Dresde, nommé Schindler, et deux ans après il
établit une manufacture de flûtes, suivant son
nouveau système. Cette entreprise fut heureuse,
et l'artiste y gagna beaucoup d'argent. Frédé-
ric n, étant monté sur le trône en 1741, lui fit
offrir des appointements de 2,000 thalers (7,500
francs) avec promesse de lui payer chacune de
ses compositions, s'il consentait à se fixer à Ber-
lin. Ces propositions furent acceptées, et Quantz
s'éloijina de la cour de Dresde. Sa faveur auprès
de Frédéric fut sans bornes. Ses fonctions con-
sistaient à se rendre chaque jour chez le roi pour
jouer avec lui des duos de flûte, ou essayer de
nouveaux concertos, à écrire toute la musique
que Frédéric exécutait, enfin, à battre la mesure
des concertos aux concerts qui avaient lieu cha-
que soir dans les appartements du roi.
Indépendamment de la clef qu'il avait ajoutée
à la flûte, Quantz contribua à l'amélioration de
cet instrument par l'invention de la pompe d'al-
longe pour la pièce supérieure, qui permet de
maintenir l'accord de l'instrument avec l'or-
chestre, lorsqu'il s'échauffe et tend à monter.
Cette invention n'a été introduite en France que
longtemps après. Cet artiste célèbre fit plus
encore pour l'art, en publiant son Essai d'une
méthode pour apprendre à jouer de la flûte
traversière, dont les éditions et les traductions
se sont multipliées, et qui peut être encore lu
avec fruit, monobstant les progrès que l'art a
faits dans l'espace de plus d'un siècle écoulé
depuis la publication de ce livre. Après trente-
deux ans d'une existence heureuse et hono-
rable à la cour de Prusse, Quantz monrut
à Potsdam, le 13 juillet 1773, à l'âge de
soixante-seize ans. C'est à lui que l'art de jouer
de la flûte est redevable de ses progrès les plus
l&O
QUANTZ — QUEISSER
considérables. Son activité fut prodigieuse, car il
a écrit pour le service du roi de Prusse près de
trois cents concertos pour flûte avec orchestre,
plus de deux cents morceaux à H ù te seule, beau-
coup de duos, de quatuors et de trios, malgré
les soins qu'exigeaient sa manufacture de ilùtes,
et son service quotidien à la cour. La plus grande
partie de celte musique est restée en manuscrit
chez le roi de Prusse, et le public n'en a presque
rien conriu. Quantz était encore à Dresde quand
il publia son premier œuvre intitulé : Sei sonate
a flauto traversa con basso per violonccllo o
cembalo, op. l. Dresde, 1739, in-fol. oblong.
Son œuvre deuxième consiste en six duos pour
deux flûtes; Berlin, 1759. A l'égard de deux
œuvres de solos publiés à Amsterdam et à Paris,
sous son nom, ils ne sont pas de lui. Quelques
concertos manuscrits de Quantz sont indiques
dans le catalogue de Westpha! à Hambourg
(1782). On a aussi de cet artiste des mélo-
dies pour les hymnes de Gellert, Berlin, 1760,
in-S».
Quautz s'est fait connaître avantageusement
comme écrivain par les ouvrages suivants : .
1° Versuch einer Anweisung die Flœte traver-
siere zu spielen mit verschiedenen zur Bef^r-
derung des guten Gesmacks in der praktischen
Musik dienlichen Anmerkungen hegleitet, und
mit Exempeln erlautert, Berlin, 1752, in-4''de
45 feuilles, avec 24 planches. La deuxième édition
de cet ouvrage a paru à Breslau, en 1780, in-4°. 11
yen a une troisième de 1789, à Breslau, chez Korn,
in-4°.Il en a été fait une traduction française qui
a été publiée sous ce litre : Essai d'une méthode
pour apprendre à jouer de la flûte traver-
stère, avec plusieurs remarques pour servir
au bon goût de la musique , le tout éclairci
par des exemples; Berlin, I752, in-4° avec 24
planches. Lustig a publié aussi une bonne tra-
duction hollandaise de ce livre, avec des notes,
intitulée : Grondig onderwys van den Aardt en
de regte behandeling der Dwarsjluit , etc. ;
Anasterdam, Olofsen, 1755, in-4°. — 2" Appli-
cation pour la flûte traversière avec deux '
clefs ; Berlin (sans date), in-fol. — 3° Bern J.'J.
Quantzen Lebenslauf, von ihm selbst entwor-
fen ( Notice sur la vie de M. J. J. Quantz, écrite
par lui-même); dans les Essais historiques et
sur la musique de Marpurg, t. I, p. 197-250.
Moldenit ( voyez ce nom ) avait fait une critique ;
de^l'Essai sur l'art de jouer de la Flûte, dans
nne lettre intitulée : Schreibenan Hrn. Quantz, :
nebst einigcn Anmerkungen iiber dessen Ver-
such einer Anweisung die Flœte traversière
zu spielen ( sans nom de lieu et sans date ) ;
Quantz répondit à cette critique dans les Essais
historiques et critiques de Marpurg, t. I"V ,
p. 153-191.
QUATREMÈRE DE QUINCY ( An-
ToiNE-CuRYsosTOMF.) cst ué à Paris, le 28 oc-
tobre 1755. Successivement représentant de la
commune de Paris, après la révolution de 1789,
membre de l'assemblée législative et du conseil
des Cinq-Cents, secrétaire général du départe-
ment de la Seine (en 1800), membre de llnsti-
tut (Académie des inscriptions), et secrétaire
perpétuel de l'Académie des beaux-arts, il a
donné sa démission de ce dernier emploi en 1 839,
pour vivre dans la retraite. Il est mort le 28
décembre 1849. On a de ce savant des écrits
estimés sur les arts et les ahliquités. Amateur
passionné de musique italienne, il fut un des
soutiens du fameux théâtre des Bouffons qu'on
établit à Paris en 1789. A l'occasion de l'ins-
titution de ce spectacle, il fit alors insérer dans
le Mercure de France (année 1789, mars,
pages 124 et suiv. ) , un morceau intitulé : De
la nature des opéras bouffons, et de Vunion
de la comédie et de la musique dans ces
pièces. II a été tiré des exemplaires séparés de
cette dissertation; Paris, 1789, 2 feuilles in-S".
On l'a aussi réimprimée dans les Archives litté-
raires (tome XVI, page 3). Le docteur Frédé-
ric-Auguste Wcbera traduit en allemand cet écrit,
et l'a fait insérer par extraits dans la Correspon-
dance musicale de Spire (année 1792, pages 122,
149, 167, 197, 203, 209 ). En sa qualité de se-
crétaire perpétuel de l'Académie royale des beaux-
arts , Quatremère de Quincy a prononcé dans les
séances publiques de cette académie et fait im-
primer : 1° Notice historique sur la vie et les
ouvrages de Paisiello ; Paris, Didot, 1827, in-4°.
— 2° Notice historique sur la vie et lis ou- ■
vrages de M. de Monsignij; Paris, Didot, 1818,
in-4°. — 3° Notice historique sur la vie et les
ouvrages de Méhul; Paris, Didot, 1819, in-4°.
QUEDEIVFELD ( W. ), professeur de piano
à Dresde, a publié dans cette ville, chez Hils-
clier, en 1790, Trois sonates pour le clavecin.
QUEIIL (Jacques), pasteur à Eisenach et en
dernier lieu à Georgenthal, dans le duché de
Saxe-Cobcurg, a fait imprimer, à l'occasion de
la dédicace d'un orgue nouvellement érigé dans
ce village, un sermon intitulé : Von der cdlen
Vocal-undlnstrumental-Musih Vortrcflichkeit
und Nutzbarkeit (De l'excellence et de l'utilité
de la noble musique vocale et instrumentale),
Gotha, lC82,in-4''-
QUEISSER (CnARi.ES-TRAiGOTT), excellent
tromboniste allemand, est né le H janvier 1800,
à Dœben, près de Grimma, en Saxe, où son
père était aubergiste. Sans maître, il apprit les
QUEISSER — QUERCU
151
éléments de la musique, et montra de si heu-
reuses dispositions, que ses parents se décidèrent
à l'envoyer cl)ez le musicien de ville Barth, à
Grimma. Il y apprit à jouer de tous les instru-
ments, suivant l'usage de l'éducation chez les
musiciens de ville, en Allemagne; et, chose re-
marquable, le trombone fut celui dont on lui
donna les plus faibles notions. Mais la nature
l'avait destiné à devenir tromboniste , et, par ses
études personnelles, il parvint au plus haut degré
d'habileté, tirant le plus beau son de l'instru-
ment, et se jouant des plus grandes dinicultés.
En 1817, Queisser se rendit à Leipsick; il y fut '
placé à l'orchestre du théâtre en 1821. Depuis
1824, il y joue de l'alto, et ne se fait entendre
comme tromboniste que dans de rares occasions.
Il s'est fait admirer par son talent à Francfort,
à Dresde et dans quelques autres villes. Son
frère Jean-Théophile, né à Dœben en 1808, est
aussi habile artiste sur le trombone. Il occupe
la place de tromboniste solo dans la chapelle
royale de Dresde. On ne connaît de la compo-
sition de Queisser que des danses allemandes
pour orchestre; Leipsick, Breitkopf et Ilœrtel.
QIJEIVSTËDT (Jean-Anuué), docteur et
professeur en théologie, assesseur du consis-
toire, à Wittenbcrg, naquit à Quedlinbourg, le
13 août 1GI7, et mourut à Wittenberg, le 22
mai 1C88. On a de lui un écrit intitulé : De prx-
cibxis publias, psaltnorum, neciion sacrorum
ordiiie, Wittenberg, 1686. Selon l'ancien lexique
de Gerber, cette dissertation se trouve aussi
dans un autre ouvrage du même auteur, intitulé
Antiquilatcs bibliae et ecclesiasticx.
QUE!\TIi\ (Louis), violoniste de l'Opéra
de Paris, entra à l'orchestre de ce théâtre en
1706, et se retira en 1746 avec la pension, après
quarante ans de service. Il a publié, depuis 1713
jusqu'en 1737, quatre œuvres de sonates pour
le violon, et trois livres de trios pour deux vio-
lons et basse continue.
QUERCU (Simon DE), premier chantre ou
maître de chapelle de Louis Sforce, duc de Mi-
lan, naquit dans le Brabant, vers la seconde
• moitié du quinzième siècle. G ruber pense que le
nom latin sous lequel il est connu est la traduc-
tion de Du Quesne, et Valère André, suivi par
Foppens, l'appelle VanderEijken. Pacquot lui
conserve le nom de Qucrcu. Pour moi, je crois
que le nom véritable de cet artiste était Eiken-
hout, nom flamand de /)wc/ies/ie ou /)uc/i«'ne, si-
gnification exacte de de quercu. On ne sait sur
quelle autorité Gerber dit (1) que ce musicien
(i) Jcues histor. Biograpli. l.exihondcr TonliUnstler,
tnm l'-r, p. 783.
naquit à Bruxelles; de Quercu se qualifie sim-
plement de Brabançon au titre de l'ouvrage •
dont il sera parlé tout à l'heure : per Simonem
Brabaniinum de Quercu, canlorem ducum
Mediolanen. confecium. Je crois avoir lu
quelque part que l'artiste dont il s'agit était
de Bois-le-Duc; mais ce souvenir est vague. Les
deux jeunes ducs Maximiliin et François-Marie
Sforce ayant été envoyés par leur père à Vienne,
auprès de l'empereur Maximilien, De Quercu
les y accompagna, et y publia un petit traité de
musique intitulé : Opuscuium musices per
quam brevissimum de Gregoriana et figura'
tiva aique contrapuncto simplici percom-
viode Iraclans : omnibus cantu observantibus
utile ac necessarium, Vienne,Winterburgcr(l),
1509, in-4°. L'épître dédicatoire de cet opuscule
est datée de Milan, 1508. Les circonstances du
voyage de Quercu à Vienne sont rapportées par
lui-même dans sa préface. J'ai indiqué dans la
ireéd\l\on(\e\iBiographiedesMusiciens,comme
la deuxième édition du même ouvrage, celle
qui fut publiée à Landshut en 1518; c'était une
erreur où m'avaient entraîné Forkel et Gerber;
la deuxième édition véritable, dont l'existence
me fut d'abord révélée par Georges Pray (2), et
dont j'ai acquis ensuite un exemplaire, porte
exactement le même titre : le frontispice est orné
d'une charmante gravure sur bois d'Albert Du-
rer, et porte au bas ces mots : Dns Joan.
Weyssenburger I\'\irembergx imprcssit. Au
dernier feuillet, après le mot telos (fin), on lit:
Jfci/ssenburgerus tenui me grammate prenit
JS'oinine Joannes cui labor iste placet,
1513, in-4° gothique de 34 feuillets non chiffrés.
Valère André, Foppens et Paquot n'ont pas connu
ces éditions. Walther (3) a cité, sous la date
de 1516, l'édition de Landshut, qui est la troi-
sième ; toutefois la date véritable est celle qui
est donnée par Conrad Gesner, sous ce titre
abrégé : Libcllus de musica gregoriana etfi-
guralivaaccontrapuncto simplici, cuni exem-
plis; Landshut, 1518, in- 8". Valère André,
Foppens et Paquot ont altéré ce titre. Des exem-
plaires de la première édition et de la troisième
(1) Forkel, Allfjemcine l.itteratur (1er Musik, p. î95,
écrit le nom de l'imprimeur innterburg ; il a été copié
par Gerber, Becker, Lichtenthal et tous les autres bio-
graphes et bibliographes; mais ce nom est if' interburger,
c'est-à-dire de ff'ititerburg, parce que le typographe dont
il s'agit était né dans un petit village ainsi nommé et situé
près de Kreut?.nach (Bas-Rhinl. Il fut imprimeur à Vienne
dans les dernières années du quinzième siècle et au
commencement du seizième.
(2) Index rarior. libror. Biblioth. Universit. régis»
Dudcnsis; nndx, 1781. part. Il, p. 347.
(3) Mtisilial. t.exikon, p. 508.
QUERCU - QUIGNARD
152
de cet opuscule sont à la Bibliothèque impériale
de Paris. Simon de Quercu se trouvait encore à
Vienne en 1513, car il y fut l'éditeur d'un vo-
lume contenant tout l'office des morts suivant
l'usage de Padoue, lequel est intitulé: Vigiliicum
Vesperis et eiequiis mortuorum annexis can-
iicis eorundem et ceteris in eisdem pro more
subnotatis. A la fin du -volume, on lit : Bunc
emendatissimum Vigiliarum niajorum et mi-
norum codicem : annexis canticis : Vesperis :
et exequiis defunctorum secundiun ritum
ecclesix Patavien. impressit Joli. Winterb.
civis Viemicnsis. Emendatore D. Simone de
Quercu Brahantino ; Vienne, 1513, petit in-fol.
QUËRIIAMËR (Gaspard), bourgmestre à
Halle, en, Saxe, mort le 19 mars 1557, a composé
quelques-unes des mélodies du livre des canti-
ques publié par Michel Vœh, à Halle, en 1537.
QUERIXl (le P. Jules-César), moine ser-
vite du couvent de Foligno, dans la seconde moi-
tié du dix-septième siècle, a composé la mu-
sique d'un ouvrage intitulé : S. Filippo Beniz-
zio, oratorio per musica recitato in occasione
di celebrarsi in città di Castello il Capitolo
de' Padri delta provincia di Ronia delV or-
dine dé" Servi di Maria Virgine . L'exécution
de cet oratorio a eu lieu à Castello, en 1092,
ainsi que le prouve le livret imprimé à Foligno
dans cette année, in-8°.
QUERLO\(Anne-Gabriel MEUSNIER DE),
littérateur, né à Nantes, en 1702, acheva ses
études à Paris, et fut attaché pendant huit ans à
la Bibliothèque royale pour la conservation des
manuscrits. Plus tard il devint rédacteur de la
Gazette de France et des Petites Affiches de
province. Vers la fin de sa vieil fut bibliothécaire
du fermier général Beaujon. Il mourut à Paris
le 22 avril 1780, à l'âge de soixante-dix-huit
ans. Parmi les nombreux écrits de Querlon, on
remarque une plaisanterie intitulée : Code ly-
rique, ou Règlement pour l'Opéra de Paris,
Utopie (Paris), 1743, in-l2 de 68 pages. Il est
aussi l'auteur d'un pamphlet publié sous ce titre :
Réponse au factum de la demoiselle Petit,
ci-devant actrice à l'Opéra, pour Mademoi-
selle Jacquet, accusée d'imposture et de ca-
lomnie (sans date et sans nom de lieu), 1 feuille
in-4°. Enfin on attribue à De Querlon le Mé-
moire historique sur la chanson en général,
et en particulier sur la chanson française,
qu'on trouve en tète du premier volume de
V Anthologie française, publiée par Monnet
(voyezc^ nom).
QUESDENA (François), compositeur sici-
lien, vécut dans les dernières années du dix-sep-
tième siècle. Il a écrit la musique d'un opéra in-
titulé Gelidaura, lequel fut représenté, en 1692,
au théâtre SS. Giovanni e Paolo de Venise.
Q U I CIIE R AT ( Loc is) , ancien professeur de
rhétorique, agrégé de l'université de France, est
né à Paris, en 1799. En 1847, il a été nommé
conservateur des manuscrits de la bibliothèque
Sainte Geneviève de cette ville. Auteur d'un bon
traité delà versification latine, dont la quinzième
édition a paru en 1858 ; il a donné aussi un Traité
de la versification française , ousra^e intéres-
sant pour les compositeurs de musi(|ue, parce
que M. Quichcrat y a développé les principes de
Scoppa (voyez ce nom) concernant les fonctions
de l'accent dans la poésie française. On doit au
même littérateur un Traité élémentaire de
musique ; Paris, Hacliette, 1833, 1 vol. in- 12 de
114 pages, dont la dernière édition a paru chez
le même, sous le t\Ue, Principes raisonnes de
la musique, 1846, 1 vol.in-s". Enfin, M. Qui-
cherat a publié plusieurs écrits relatifs à la mu-
sique dans la Revue de l'Instruction publique.
Pour ses autres travaux étrangers à cet art, on
peut consulter les ouvrages généraux de bio-
graphie et de bibliographie.
QUIDANT (Joseph), connu sous les noms
à! Alfred Quidant, bien qu'Alfred ne soit pas
son prénom, est fils d'un marchand d'instruments
de Lyon. Il est né dans cette ville , le 7 décem-
bre 1815, et y a fait ses premières études de
musique et de piano. Arrivé à Paris à l'âge de
seize ans, il entra au Conservatoire le ic"^ avril
1832; mais il y resta peu de temps, parce qu'il
fut attaché à la maison du célèbre facteur de
pianos Erard, pour faire entendre les instruments
aux amateurs qui visitaient les magasins. Son
talent de pianiste s'étant perfectionné par de
persévérantes études, c'est le même artiste qui
a fait briller les produits de cette grande maison,
pendant trente ans environ, dans toutes les ex-
positions de l'industrie, soit nationales, soit
universelles. M. Quidant s'est fait connaître
comme compositeur par un certain nombre de
légères productions pour le piano, parmi les-
quelles on remarque : 1° La Fête au village,
grande valse; Paris, Lcmoine. — 2° Fantaisie,
en forme de valse chromatique; Paris, Colom»
hier, — 3° Cantique, ou Fantaisie de Salon, op.
\2,\ \\3\A. — k" Mazeppa, grande étude-galop,
op. 21; ibid. — 5° Les Mystères du cœur,
pièces de genre, en cinq numéros, op. 24, 27,
30, 32, 33; ibid. — 6° Grande étude-valse, op.
29, ibid. — 7° La Marche -de l'Univers, fantai-
sie, op. 34, ibid. — 8* L'Horloge à musique,
caprice, op. 35, ibid., etc.
QUIGKARD (....), maître de musique de
la cathédrale de Soissons, en 1752, a publié de-
QUIGNARD — QUINZANI
153
puis 1746 jusqu'en 1754 la canlate d'Andro-
mède, lescantatilles Le Flambeau de l'Amour,
Le Retour du Roi, -Ulsler des Plaisirs, La
Paix, et Daphnis et Chloé. On a aussi de lui
trois livres d'airs à chanter, trois livres de so-
nates pour deux flûtes et un livre de sonates en
trios pour deux violons et basse. Les au(«urs du
Dictionnaire des musiciens (Paris, 1810-1811),
disent que le premier livre des sonates pour deux
flûtes de Quignard a paru en 1766; c'est une"
erreur, car, dom Caffiaux cite les trois livres
dans son Histoire delà musique, qu'il acheva en
1754. Quignard a écrit aussi des messes et des
motets pour le service de la cathédrale de Sois-
sons; mais ces compositions sont restées en ma-
nuscrit.
QUILIGl (Maximimes), directeur de la mu-
sique particulière du duc de Lucques, est né dans
la ville de ce nom, au commencement du dix-
neuvième siècle. Le premier ouvrage qui a fait
connaître cet artiste est l'opéra Francesca di
Himini, qui fut représenté au théâtre ducal de
Lucques en 1829. Ce même opéra, joué au théâ-
tre de la Pergola à Florence, le 15 septembre 1831,
n'eut pas de succès et n'obtint que trois représenta-
tions. Une messe, composée par le maître Quilici,
fui exécutée à l'église Saint-Ferdinand de Luc-
ques, en 1843, et fut considérée alors comme un
bon ouvrage. Le même artiste a écrit des cliœurs
et des cantates pour le service de la cour. Quel-
ques morceaux de la partition de Francesca di
Riinini ont été gravés avec accompagnement de
piano, à Milan, chez Ricordi, ainsi que six ariet-
tes à voix seule avec piano de M. Quilici. Lorsque
le Lycée musical de Lucques a été organisé,
en 1841, le maître Quilici y a été chargé de l'en-
seignement du chant, de l'accompagnement, de la
théorie de la musique et de l'esthétique.
QUILLET (Charles), amateur de musique,
né à Passy, près de Paris, en 1797, est fils d'un
chef de bureau du ministère de la guerre. Il s'est
fait connaître par un petit ouvrage qui a pour
titre : Méthode pour connaûre dans quel ton
Von est, et pour savoir ce qii'il faut à la clé
( sic) dans tous les tons, Paris, Henri Lemoine,
1829, in-4°. Cette méthode, purement empirique,
n'est pas propre à faire distinguer le ton par les
élèves, lorsque la pièce de musique module.
QUIN AULT (Jean - Baptiste - Maurice ) ,
<:onnu sous le nom de Quinault aîné, fils d'un
acteur delà Comédie française, qui obtint du duc
d'Orléans, régent du royaume, des lettres de
noblesse, débuta le 6 mai 1712 au Théâtre-Fran-
çais, dans le rôle d'Hippolyte de Phèdre, fut
reçu le 27 juin suivant, et partagea avec son
Irère (Quinault-Dufresne) les premiers rôles dans
la comédie, depuis 1718 jusqu'en 1733. Retiré
dans celte dernière année à Gien, il y mourut
en 1744. Quinault était bon musicien, chantait
avec goût dans les divertissements de la Comé-
die française, et composait la musique de la plu-
part des intermèdes qu'on exécutait à ce théâ-
tre. En 1729, il fit représenter à l'Opéra Les
Amours des Déesses, ballet-opéra en quatre
actes, dont la musique eut du succès. Quinault
était homme d'esprit et brillait par ses bons
mots dans la Société des gens de lettres.
QUINAULT (Marie-Anne), sœur du pré-
cédent, débuta à l'Opéra en 1709, dans le Belle'
rophon de Lulli, et n'y eut qu'un succès mé-
diocre. En 1713 elle quitta ce théâtre, et deux
ans après elle fut reçue à la Comédie française,
d'où elle se retira en 1722. Douée d'une rare
beauté et de beaucoup d'esprit, elle fut la maî-
tresse du duc d'Orléans, régent du royaume,
puis du vieux duc de Nevers, père du duc de
Nivernais, qui passa même plus tard pour l'avoir
épousée en secret. La protection de ces hauts
personnages lui avait fait obtenir une pension
sur la cassette du roi, et un logement au Lou-
vre, dans le pavillon de l'Infante, qu'elle con-
serva pendant plus de soixante ans, et dans le-
quel elle était visitée par la plus Iraute noblesse.
Elle y mourut en 1793, à l'âge de plus de cent
ans. Élève de son père pour la musique, elle
composait des motets qu'elle faisait exécuter à
Versailles, dans la chapelle du roi. Un de ces
motets fut trouvé fort beau et lui fit obtenir,
grâce à la bienveillance du duc d'Orléans, le
grand cordon de l'ordre de Saint-Michel ; dis-
tinction qui n'avait jamais été accordée â une
femme, et qu'aucune autre n'a eue après made-
moiselle Quinault.
QUINTAIVELLA (Htacinthe), mansion-
naire de la collégiale de Saint- Pétrone, à Bolo-
gne, et maître de chapelle de l'église Sai'nt-
Étienne de la même ville, vécut dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il fut académicien
philharmonique. On a imprimé de sa composi-
tion un ouvrage intitulé : Il primo libro de
Motetti a voce sola, op. 1, Bologne, Giac.
Monti, 1672, in-4°.
QUIIXZAIM (LucREzio), moine de Citeaux
au monastère de la Cava, naquit à Crémone,
vers le milieu du seizième siècle. Il fut consi-
déré comme un des meilleurs musiciens de son
temps. On connaît de lui un ouvrage qui a pour
titre : Jntroitus Missarum quatuor vocuni,
Francfort-sur-le-Mein, 1585, in-4°. Cette édi-
tion est faite d'après une autre qui avait été
publiée en Italie (roy. Arisi, Cremona litterata,
t. II, p. 455).
154
QUINTILLTKIN — QUITSCHREIBER
QUIIVTILLIEiV (Ahistide). Voyec ARIS-
TI[)E QUINTILLIEN.
QUIRSFELD (Jean), né à Dresde, le 22
juillet t642, lit ses études à Wittenberg, et y
obtint le grade de maître en pliilosophie. Après
qu'il eut quitté celte université, il fut nommé
cffn/or à Pirna, puis diacre, et enfin archidiacre
dans cette ville, où il mourut le 18 juin 1686.
On lui doit un traité élémentaire de musique,
à l'usage des écoles, sous ce litre : Breviarium
musicum oder kxu-zer Begriff, uie cin Knabe
leicht vnd bald zur Singe-Kunst, etc., erler-
nen kan (Abrégé de musique, ou court pré( is
dans lequel un garçon peut apprendre facilement
et en peu de temps l'art du chant); Pirna, 1675,
in-S" quatre feuilles et demie. Une 2* édition,
augmentée d'exercices et de canons à deux voix,
dans les douze modes, a été pubKée à Dresde,
chez Martin Gabriel Hubner, en 1683, 112 pages
in-S", avec une préface de cet éditeur. La troi-
sième édition a été publiée chez le même en
1688, la quatrième en 1702, et la dernière en
1717, toutes in-8° de huit feuilles et demie.
Quirsfeld a aussi publié un livre ihoral inti-
tulé : Geistlicher Harfenklang auf zehn Sai-
ten, etc , in einem vollsiscndigen Gezangbu-
che, darinnenûber \000 Liedcr su finden, etc.
(Son de la harpe spirituelle de dix cordes, con-
sistant en un livre choral complot, où se trou-
vent plus de mille chants, etc.) ; Leipsick, 1679,
in-8". Corneille de Beughem cite aussi du
même auteur ( Biblioth. Mathcm., p. 108) un
livre intitulé : Aurifadina mathematica de
sono; Leipsick, 1675, in-8'\
QUITSCHREIBER ( Georges), né à Cra-
nirlifeld, en Saxe, le 30 décembre iri69, fut
nommé, en 1594, par le comte de Schwarzbourg,
cantoret maître d'école à Rudolstadt. En 1598,
il obtint la place dn canlor à Jéna; en 1614, il
eut la place de ministre à Heinicheii, et en 1629,'
il réunit en la même qualité les paroisses de
Magdala, Ottstedt et Mœina. Il mourut en ce
dernier endroit en 1638. On a de lui un livre
élémentaire concernant l'art du chant, intitulé
De canendl elegontia prxcepta ; Jéna, 1598,
in-4°. 11 a aussi publié un traité qui parait être
destiné au même objet, et qui a pour titre :
Kurz Musikbûchlein , in teuischen und la-
teinischen Schulen fier die Jugend sw ge-
brauchen, mit Bericht wie inan Gesxnge
anstimmen salle (Petit livre de musique à
l'usage de la jeunesse dans les écoles allemandes
et latines, etc.), Leipsick, 1605, in-S"; Leipsick,
1605, et Jéna, 1607, in-8° de six feuilles. Comme
compositeur, Quitschreiber s'est, fait connaître
par le recueil des psaumes à quatre voix imprimé
à Jéna, 1C08, in-4°, par des chants religieux à
quatre voix, ibid., 1611, 10-4", et par le 4'n<î
psaume à six voix, ibid., 1622, in-4°.
R
RAAB (Léopold-Frédéric), né en 1721, à
Glogau,en Silésie, fit pendant plusieurs années
ses études au collège des jésuites de Breslau, et
y apprit aussi les éléments de la musique. Rau,
violoniste de cette ville, lui donna des leçons de
violon, puis Raab se rendit à Berlin où il devint
élève de François Benda. Le style de cet artiste
lui devint si familier, qu'on avait peine à distin-
guerses compositions de celles de son maître. Il
fut successivement attaché à lamu.sique du mar-
grave Charles et du prince Ferdinand, de la fa-
mille royale de Prusse. Il vivait encore à Berlin
en 1784. Ses concertos pour le violon sont restés
en manuscrit.
RAAB (Ernest-Henri-Otto), fils du précé-
dent, naquit à Berlin en 1750. Il fit ses études
musicales sous la direction de son père, et devint
un des violonistes allemands les plus distingués
de son temps. Admis en 1770 dans la masique
particulière du prince Ferdinand de Prusse, il
obtint, en 1784, un congé pour voyager en Al-
lemagne; puis il se rendit à Pétersbourg, où il
obtint une place de musicien de la cour. Il vivait
encore à Pétersbourg en 1801.
RABASSA (D. Pedro), compositeur espa-
gnol et licencié es arts, fut nommé maître de
chapelle de l'église métropolitaine de Valence en
1713, qu'il ne quitta que pour une position sem-
blable, à la cathédrale de Séville, en 1724. Il
mourut en 1760, à un âge très-avancé. Les œu-
vres musicales de cet artiste, particulièrement
pour la musique d'église, à 4, à 8 et à 12 voix,
sont en très-grand nombre. Il en existe une
partie à Valence, et une plus grande quantité à
Séville. M. Eslava {voyez ce nom) a inséré une
des compositions de Rabassa dans la seconde
série de sa collection intitulée Lira sacro-his-
pana. Ce maître a lai&sé en manuscrit un grand
traité de contrepoint et de composition, en un
volume in folio de 516 pages, intitulé Guia
para los que quieran aprender composicion
( Guide pour ceux qui veulent apprendre la.
composition).
RAGANI (Jean-Baptiste), maître de chapelle
de l'église Sainte-Marie Majeurç, à Bergame,
dans la seconde moitié du seizième siècle, est
connu par les ouvrages suivants : 1° Il primo li-
bro de' Madrigali a cinque voci; Venise, 1581,
in-4''. — 2° Misse aquattro e cinque voci;\e-
nise, 1588, in-4''.
RACIIELLE (Pierre), premier violoncelle
de la cour ducale de Parme, s'est fait connaître
par un traité abrégé du violoncelle intitulé :
Brève metodo di violoncello compilato da, etc.;
Milan, Ricordi, in-fol de 37 pages gravées.
RACKIVITZ (Joseph-Frédéric, baron DE),
maréchal de la maison du prince électeur de
Saxe, et chevalier de Malte, naquit à Dresde, le
3 novembre 1744. D'heureuses dispo.sitions pour
la musique lui firent cultiver cet art avec succès
dès ses premières années. A l'âge de dix-sept
ans, il entra âu service militaire ; mais il prit sa
retraite en 1769, futnommé chambellan en 1774,
et maréchal du palais en 1790. En 1802 l'opéra
de la cour et la chapelle du prince furent placés
sous sa direction. Cet amateur a publié de sa
composition : 1® Trois sonates pour le clavecin;
Dresde, Hilscher, 1790 — 2° Douze chansons alle-
mandes et françaises , avec accompagnement de
piano; ibid., 1791. — 3° Douze entr'actes arrangés
pour le piano, ibid., 1795. Le baron de Racknilz
a laissé en manuscrit beaucoup d'autres compo-
sitions. Il est mort à Dresde, le 10 avril 1818.
RACKVVITZ. (....), facteur d'orgues sué.
156
RACKWITZ — RADINO
dois, vivait à Slockliolin en 1798. Ce fut lui qui
construisit pour l'abbii Vogler, et sur ses plans,
rorcliestrion et le piano que cet abbé appelait
organochordon.
RADECKE (Robert), né le 31 octobre 1830,
à Dittniannsdorf, près de Waldenburg (Siiésie),
apprit sous la direction de son père, organiste
et cantor dans ce lieu, les éléments du violon,
du piano et de l'orgue. Il était encore enfant
lorsqu'il joua du piano avec succès dans quelques
concerts donnés dans les petites villes des envi-
rons. Pendant les années 1845 à 1848, il fréquenta
les classes du gymnase (collège) de Breslau. Dans
le même temps il reçut des leçons de piano et
d'orgue d'Ernest Koliler, et continua l'étude du
violon chez Liistner, ainsi que celle de la com-
position sous la direction de Brosig. Entré au
conservatoire de Leipsick en 1848, il y passa
deux années et y perfectionna son talent sur les
trois instruments qu'il avait étudiés depuis son
enfance. Lorsqu'il en sorlit, il se livra à l'ensei-
gnement et fut directeur de l'académie de chaut
jusqu'en 18â3 : il obtint alors la place de chef
des chœurs du théAtro; mais il ne la conserva
pas longtemps, car dans la même année il fut
appelé pour le service militaire dans l'armée
prussienne. Arrivé à Berlin, il y fonda des soirées
de musique de chambre, après qu'il eut obtenu
son congé, et dans l'hiver de 1858-1859, il y
établit de grands concerts de musique d'orchestre
et de chœur, à l'imitalion de ceux du Gewand-
haus de Leipsick. Comme compositeur, Radecke
a publié environ dix recueils de Lieder à voix
seule avec piano, plusieurs suites de chants pour
deux et trois voix de femmes, des pièces pour
le piano à deux et à quatre mains, des duos pour
piano et violon et pour piano et violoncelle;
enfm, on connaît de lui une ouverture à grand
orchestre pour le drame de Shakespeare, Le Roi
Jean. Il a fait chanter à la Peter-Kirche de
Berlin, en 1856, le premier psaume pour un
chœur de voix de femmes; la cantate religieuse
intitulée Der liebe Huldigung, pour voix seule
et chœur de femmes, exécutée le 6 mai 1858;
le 13^ psaume, pour voix .seule, chœur de
voix de femmes et orgue, exécuté le 4 juin
1859.
RADECKE (Rodolphe), frère du précé-
dent, né à Dittmannsdorf, vit à Berlin, où il se
livre à l'enseignement. Il a publié des Lieder à
▼oix seule avec piano, des chants à 4 voix, et
quelques pièces pour le piano.
R.ADEKER (Henri), organiste et carillon-
neiir de la grande église de Harlem, vers le
milieu du dix-huitième siècle, a fait graver de sa
composition : 1° Caprice pour le clajecin, Ams-
terdam, 1740. — 2" Concerto pour le clavecin,
ihid. — 3" Deux sonates idem, ibid.
RADEKER (Jea\), fils du précédent, naquit
à Harlem vers 1730. Élève de son père, il fut
(l'abord organiste au village de Beverwyck, près
de Harlem, puis il succéda à Henri Radeker dans
ses places d'organiste et de carilloniieur. Il a
publié en 1762, à Amsterdam, trois sonates pour
clavecin et violon ; mais il est connu principale-
ment par sa description historique du grand
orgue de Harlem, intitulée : Korie Beschryving
van het beroemde en prachlige Orgel, in de
groote of Saint-Bavoos- Kerck te Jlaerlem;
Harlem, Enschede, 1775,32 pages in-8°.
RADICATI (Félix-Alexandre), professeur
de violon au lycée musical de Bologne, et di-
recteur de l'orchestre du théâtre de celte ville,
naquit à Turin, en 1778. Son père, Maurice de*
Radicati , appartenait à une famille noble, mais
peu favorisée de la fortune. Félix était encore
fort jeune lorsqu'il reçut des leçons de violon
de Pugnani (voyez ce nom). En 1816, Radicati
fit un voyage dans la Lombardie; deux ans
après, il était à Vienne. Il a fait représenter à
Bologne un opéra intitulé : Ricciardo Cuor di
leone. Radicati avait épousé la cantatrice Thé-
rèse Bertinotti. Il est mort le 14 avril 1823,
par suite des blessures qu'il reçut dans la
chute d'une voiture où il se trouvait, et dont les
chevaux s'emportèrent. On a gravé de la com-
po.sitionde cet artiste : 1° Quintettes pour 2 vio-
lons, 2 altos et violoncelle, op. 17 ; Mayence,
Scliotl. — 2" Idem, op. 21 ; Vienne, Cappi. —
3° Quatuors pour 2 violons, alto et basse, op. 8,
11, 14; Vienne, Artaria; op. 15, Vienne, Weigl;
op. 16, Vienne, Artaria. — 4° Trios pour vio-
lon, alto et violoncelle, op. 7, 13; Vienne,
Weigl ; op. 20; Milan, Ricordi. — 5° Duos pour
2 violons, op. 1,2, 3; Vienne, Cappi; op. 9, 10,
12, 19; Vienne, Artaria. —6° Thèmes variés
pour violon et orchestre ou quatuor, op. 18, 22;
Milan, Ricordi. — 7° Ariettes italiennes, avec
ace. de piano, op. 3; Vienne, Weigl.
RAOICCHI (Joseph), compositeur drama-
tique, né à Rome vers le milieu du dix-huitièmo
siècle, a écrit àVenise, en 1778, l'opéra intitulé
Il Medonte.
RADINO (Jean-Marie), organiste de l'église
San^Giovanni in Vcrdara, à Padoue, dans la
seconde moitié du seizième siècle, est connu par
un livre de pièces pour le luth ou le clavecin,
lequel a pour titre : Il primo libro d'iniavola-
iura di balli d'arpicordo. In Venetia, oppressa
Giacomo Vincend, 1592, petit in-4° obi. Bie«
que le titre indique que les pièces contenue*
dans le recueil sont en tablature, la notation enî
RADINO — RAFF
157
ordinaire sur une portée de 5 lignes pour la
main droite, et la partie de la main gauche, qui
fait l'harmonie, est notée s'ur une portée de 8
lignes.
RADOWITZ (Joseph-Marie), lieutenant
g(^néral au service de Prusse, et membre de l'A-
cadémie royale des sciences de Berlin, naquit
à Blanckenbourg, le 6 février 1797, et mourut à
Berlin le 25 décembre 1853. Le cinquième vo-
lume de ses oeuvres complètes, imprimées à
Berlin chezReimer, renferme plusieurs morceaux
qui concernent la musique, particulièrement la
musique d'église, Jean-Jacques Rousseau comme
musicien, J.-S. Bach, les impressions produites
par la musique, la critique musicale, et l'opéra.
RADZIVVILL (le prince Antoine-Henri ),
d'une illustre famille polonaise, est né dans le
duché de Posen, le 13 juillet 1775. En 1815, le
roi de Prusse l'a nommé gouverneur du grand
duché de Posen. Amateur passionné de musique
et violoncelliste distingué, ce prince a publié des
romances françaises, avec accompagnement de
piano, des polonaises et plusieurs chants alle-
mands. En 1796, il épousa la princesse Louise-
Frétitiiqiie de Prusse, et le majorât de Nieswicz
et d'Olyka lui échut en partage, Ce prince mou-
rut à Berlin dans la nuit du 8 au 9 avril IS.'iS.
Son œuvre la plus considérable est la musique
qu'il a composée sur le Faust de Gœtlie, dont la
partition a été publiée en 1835, à Berlin, chez
Traulwein, par les soins de Rungenhagen, di-
recteur de l'Académie royale de chant de cette
ville, sous ce litre : Partilur Aufgabe von
Furslcn Antony Radziwill composidonen, zii
den dramatischen Gedichten Faust, von Gœ-
the. La même partition, arrangée pour piano
seul, par J. P. Schraidt, a paru chez le même
éditeur, et il en fut lait une traduction en polonai.s,
qui a été publiée en 1844, à Wilna, chez Zu-
wadzki. Cet ouvrage remarquable a été repré-
senté avec succès à Dantzick, Cobourg, Hanovre,
Kœnigsberg, Leipsick, Potsdam , Prague et
Weiinar. L'Académie royale de chant de Berlin
l'a exécuté souvent le jour anniversaire de la
raort du prince Radziwill.
RAEDT (PiERKiN DE), musicien flamand
qui vécut au commencement du seizième siècle,
n'est connu que par une messe à 4 voix, intitulée
Quain dicunt homines, qui se trouve dans un
manuscrit de la bibliothèque de Cambrai,
n° 124), dont M. de Coussemakera donné une
description complète dans sa Notice sur les
collections musicales de la bibliothèque de
Cambrai (pages 65-91). Le même savant a pu-
blié, à la fin de ce volume, le Sanctus en par-
titio'b de la messe de Pierkin de Raedt (n° 9) ;
mais au lieu de la clef d'«^ sur la deuxième ligne
qui se trouve à la partie de ténor, il faut
substituer la même clef sur la quatrième ligne,
sans laquelle le morceau n'aurait pas de sens
harmonique. La clef d'ui sur la deuxième ligne
n'est bien placée qu'à la partie du contratenor.
R^^USCH (Charles), organiste distingué
à l'église principale de Rostock, est né à Wismar,
vers 1810. 11 s'est fait connaître d'une manière
avantageuse par les ouvrages suivants : 3 Pré-
ludes pour l'orgue, op. 1 ; Hambourg,Cranz; 2 pré-
ludes pour un clavier et pédale d'orgue, op. 2 ,
ibid.; Pièces faciles pour l'orgue, op. 4; Leipsick,
Hofuieister.
RAFAËL (Chahles-Frédéric), né en Bo-
hême, fut conduit dans son enfance en Silésie,
et reçut son éducation musicale à Breslau. En
1816, il entra dans une troupe de comédiens am-
bulants, puis fut attaché au théâtre de Breslau.
En 1828, il quitta la scène pour se livrer à l'en-
seignement du chant, et depuis lors il a vécu
dans la capitale de la Silésie, en qualité de pro-
fesseur de cet art. Il y vivait encore en 1840. Cet
artiste s'est fait connaître comme compositeur par
les ouvrages suivants: 1° Pa^er nos?fr( en alle-
mand), à 4 voix, sans accompagnement; Bres-
lau, Leuckart. — 2° Wenn's weiter nichts ist,
chant allemand à quatre voix; Breslau, Frerster.
— 3" Quolibet de Kudras à voix seule, avec ac
compagnement de piano; Breslau, Leuckart. —
4° Les quatre saisons, chants à 4 vohi d'hom-
mes; Breslau, Fœrster.
RAFF (Antoine), né en 1714 à Geisdorf,
dans le duché de Juliers, est considéré comme le
chanteur le plus habile qu'ait produit l'Allemagne
au dix-huitième siècle. Destiné à l'état ecclé-
siastique, il fit ses études chez les jésuites, à
Cologne. Déjà il était parvenu à l'âge de vingt
ans et il ne savait pas une note de musique.
Des motifs inconnus ne lui ayant pas permis
d'entrer dans les ordres, il fut obligé d'accepter
une place de précepteur dans le lieu de sa nais-
sance. C'est alors que la beauté de sa voix de
ténor lui suggéra le désir d'apprendre à lire la
musique ; mais privé du secours d'un maître, ce
ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'il apprit seul
à déchiffrer des airs faciles. L'électeur de Cologne,
ayant entendu parler de la belle voix de l'insti-
tuteur de Geisdorf, le fit venir à sa cour, et lui
fit chanter dans un oratorio des soles qu'un mu.
sicien de la cour lui avait appris. L'électeur de
Bavière l'ayant entendu, dans une visite qu'il
fit à Cologne en 1736, éprouva tant de plaisir à
l'audition de celte belle voix, qu'il engagea Raff
à son service et l'emmena à Munich. Le compo-
siteur Ferandini {voyez c& nom), alors maître
1 58
RAFF
<ie clia|)elle de la cour de Bavière, fut chargé de
<lirlger l'éducation musicale du chanteur impro-
visé, «^t lui fit faire de rapides progrès; mais
bientôt lui-même comprit la nécessité de confier
son oleve aux soins d'un grand professeur de
chant, et, d'après s«s conseils, Ralf futeuvoyé à
Bologne, dans rcxcellente école de Bcrnacclii,
dont il devint un des élèves les plus distingués.
Après avoir re^u, pendant environ troiri ans , les
leçons de ce maître célèbre, il débuta à Florence
avec succès; parut ensuite sur plusieurs théâ-
tres, et retourna à Munich en 1742. Il y chanta
dans les tètes qui eurent lieu pour le mariage de
l'électeur Charles-Théodore, puis il se lit entendre
nu couronnement de l'empereur à Francfort, et
enfin il chanta en 1749' à Vienne, dans la Didone
«le Jomeili. Acteur médiocre, il rachetait par la
perfection du chant les défauts de son jeu. Dans
la même année, il retourna en Italie où son la-
lent fut accueilli avec enthousiasme, particuliè-
rement ùNaples. On rapporte comme une preuve
des émotions que Raff pouvait faire naître par
son chaut l'anecdote suivante : La princesse
Helmonte-Piguatelli, après la mort de son mari,
était en proie à une douleur sombre et muelle
c|iii faisait craindre pour sa vie: un mois s'était
écoulé sans (lu'elle proférât un mot ou versât une
larme. Chaque soir on la portait dans ses jar-
dins, les plus beaux de toutes les villas qui en-
vironnent Naplcs ; mais ni le plus beau site, ni
le charme des soirées <le cet heureux climat ne
pro<luisaient en elle les émoi ions d'attendrisse-
ment qui seules pouvaient lui sauver la vie. Le
hasard conduisit Raff dans ces jardins au mo-
ment où la princesse y était coucliée sur un lit
de repos ; on le pria d'es.<-ayer l'effet de sa belle
voix et de son talent sur les organes de la ma-
lade ; il y consentit, s'approcha du bosquet où
repr)sait M"'c de Belmonte, et chanta la canzo-
tictle deRolii :
Snlitario tosco ombroso;
ter.
La voix touchante de l'artiste, l'expression de
^ou chani, la mélodie simple et douce de la mu-
sique et le sens des paroles adapté aux circons-
tances, aux lieux, à la personne, produisirent
ime impression si puissante, ou effet si salutaire,
ijue la princesse versa des larmes qui ne s'ar-
rèlèrent point pendant |)iusieurs jours et qui la
.sauvèrent d'une mort inevilabic.
Kn 1752 Raff se rendit à Lisbonne et y chanta
pendant trois ans. Ap|>elé ensuite à Madrid, il y
débuta en I7àà avec un sucré» qui alla jusiju'à
l'enthousiasme. La mort du roi, arrivée quatre
ans après, ayant obligé Farioelli à s'éloigner de
l'Kspagne et à retourner en Italie, Raff, devenu
son ami et son protégé, le suivit, et se lit en-
tendre [sur les principaux théâtres. A Rome, il
produisit une impression si vive, que le pape le
décora de l'ordre de l'Éperon d'or. Eu 1770, il
s'aperçut des atteintes portées par le temps à la
souplesse et au timbre de son organe vocal, et
prit la résolution de quitter la scène. De retour
à Manheim dans la même année, il y chanta, à
la demande de l'électeur palatin, dans l'opéra
intitulé Gûnther von Schwarzbourg. En 1770
il lit un voyage à Paris, puis retourna à Man-
heim, et suivit la cour palatine à Munich,
en 1779. Alors il ouvrit, dans sa maison, une
école de chant; mais la sévérité des études où
il voulait. astreindre ses élèves les lui fit perdre
bienlùt.dans un pays où l'art du chant véritable
n'était pas estimé à sa juste valeur. Alors le cé-
lèbre chanteur cessa de s'occuper de musique,
vendit le piano qui servait à l'accompagner,
donna la collection de ses airs à un ami, et se
livra aux exercices de dévotion. La lecture de
livres pieux et de médecine, interrompue seu-
lement par celle des poésies de Métastase et des
ouvrages de Cervantes , occupait ses loisirs. Il
mourut à Munich le 28 mai 1797, à l'âge de
quatre-vingt-trois ans.
RAFF (JoACHiM ) , pianiste, violoniste, et
compositeur, e.st né le 27 mai 1822 à Lachen, sur
le lac de Zurich (.Suisse). La littérature et les
sciences occupèrent d'abord sa jeunesse, quoi-
qu'il eût étudié d'une manière sérieuse la musique
et le piano ; mais en 1843, il s'éprit d'une passion
véritable pour cet art et publia en peu de temps
un certain nombre d'ouvrages pour le piano
dans les formes habituelles de cette époque, telles
que pièces caractéristiques, fantaisies brillantes,
caprices, rondos, romances sans paroles et autres
du môme genre. Depuis 1850 il a résidé plus ou
moins longtemps dans quelques localités des
provinces rhénanes, s'y livrant en partie à l'en-
seignement du piano , à la composition et à la
critique musicale dans les journaux ; puis il se
rendit à Weimar près de Liszt et écrivit, pour le
théâtre de cette ville, l'opéra intitulé Le Roi Al-
fred, qui y hit rcjirésenté sans succès. Devenu
ardent admirateur des œuvres de Richard Wa-
gner, il a écrit pour la glorification de ce nova-
teur un livre intitulé Die Wagncrfrage (la
question de Wagner). On connaît aussi, de la
composition de Raff, une fantaisie pour violon
avec orchestre, des duos |)our piano et violon-
celle et pour piano et violon , de.s Lieder et des
clianLs pour des voix d'hommes. Au moment où
celte notice est écrite ( 1802), cet artiste littéra-
teur est établi à Wiesbadcn.
RAFFAEL — RA.GUENET
159
RAFFAEL (Icnace-Wenceslas). Voyez
RAPHAËL.
RAFFAIXELLI (Louis-), excellent bouffe
ilalien, né en 1752. dans un village de la pro-
vince de Lecce, au royaume de Napies, apprit
la musique cliea un musicien attaclié à la cathé-
drale de Lecce , et entra au théâtre à l'âge de
vingt-deux ans. Une voix de basse médiocre,
mais un talent naturel pour l'expression comi-
que le rendaient propre à l'emploi des rôles
l)ou(fes , dans lesquels l'étude lui fil faire de
si srandii progrès, qu'il put être plus tard con-
sidéré comme un modèle parfait en son; genre.
Après avoir fait les délices des Napolitains au
petit théâtre des Fiorentini, pendant plusieurs
années, il se décida à paraitre sur de plus grandes
scènes et fut engagé à Rome en 1779. Il joua en-
suite à Parme, à Padoue, à "Venise, et enfin à
Milan, dans l'été et dans l'automne de 1784. Au
printemps de cette même année, il avait épousé
la cantatrice Julie Moroni, qui joua avec lui sur
plusieurs grands théâtres. En 1789 Raffanclii fut
enga;;é par Viotli pour la fameuse troupe italienne
du théâtre de Monsieur, à Paris. On lui donna
dans cette ville le nom de Préville italien, à
cause de l'excellence de son jeu. Les événe-
ments du 10 aortt 1792 dispersèrent les acteurs
de cette troupe, et Raffanelli se rendit à
Vienne en 1793. L'année suivante il alla en Italie,
chanta à Trieste, à Padoue, à Turin, puis s'em-
barqua à Gènes pour l'Angleterre. Le premier
«onsul Bonaparte ayant fait organiser de nouveau
un Opéra italien à Paris, en 1802, Raffanelli fut
rappelé et s'y fit encore admirer. Dans l'aulomue
de 1804, il joua à Milan, et dix ans après on le
revit dans la même ville au petit théâtre Re :
mais, parvenu alors à l'àsie de soixante-deux ans,
il n'était plus que l'ombre de lui-même. Peu de
temps après il a quitté la scène. On ignore où il
s'est retiré.
RAFFY,ou RAFY, facteur d'instruments
à vent, né à Lyon, vécut dans la première moitié
du X Vie siècle, sous le règne de François l"'. Cet
artiste est connu par quelques vers de Clément
Marol et de Baïf : on y voit que ses instruments,
excellents pour son temps, étaient fort recher-
chés des amateurs.
Voici ce qu'en dit Marot , dans sa quatrième
complainte ;
De mol auras un double chalumeau,
Fait de la main de Ruffy l.yonnois;
Lequel à peine al en pour un clievreau,
Du bon pasteur Michau, que tu eognois.
Jamais encor n'en sonnay qu'une fois,
It si le garde aassi cher que la vie.
Baïf en parle ainsi dans Les Jeux, églogue du
Devis :
Après tous ces propos, j'apporte une musette
Que nafy, l.yonnois, à Marot avoit faite.
On ne connaît plus aujourd'hui d'instruments
fabriqués par Raffy .
RAGUÉ ( Louis-CnvRLEs) , amateur distin-
gué, vécut à Paris depuis 1775 jusqu'aux événe-
ments de la révolution française, en 1792, puis
se retira à la campagne, dans les environs de
Moulins. En 1784 il fit représenter à , la Comédie
italienne Memnon, opéra en trois actes, dont il
avait composé la musique et qui n'eut point de
succès. Deux ans après il donna au même théâtre
l'Amour filial, en deux actes, qui fut mieux
accueilli. Ragué avait du talent sur la harpe et
a publié de sa composition : 1" Sonates pour la
harpe, œuvres 2e, 4e, 5e , lôe et 16^; ces deux
derniers extraits des œuvres de Pleyel ; Paris ,
Cousinean. — 2"Sonates pour harpe et violon,
op. 12 et 13, ibid. — 3" Duos pour deux harpes,
op. 1, 7, 8, 18, ibid. —4° Trios pour harpe,
violon et violoncelle, op. 9, ibid. — 5" Quatuors
pour harpe, violon , alto et basse, op. 19, ibid.
_ C Airs variés pour harpe seule, op. 3, ibid. —
7» Concerto pour harpe et orchestre, op. 6, Pa-
ris, Leduc. — S^Trois symphonies pour orchestre,
op. 10, ibid. On n'a aucun renseignement sur
l'époque de la mort de Ragué.
R AGUEAE AU-DE- L A - CH AL\ A\ E
{Armani»-Henki), né à Paris, le 16 janvier 1777,
I a publié divers ouvrages de facéties, des pièces
i de théâtre , et un recueil intitulé : Annuaire
\ dramatique, contenant l'indication du person-
I nel des théâtres, les noms des directeurs, acteurs,
i chanteurs, musiciens d'orchestre, etc., le réper-
: loire des tragédies, comédies, opéras et ballets,
! et des notices nécrologiques sur les auteurs,
! chanteurs etc ; Paris, 1804-1822, 17 vol. in 32.
i Audiffret a pris part à la rédaction de cet an-
' nuaire, qui a paru sous le voile de l'anonyme. Le
I dernier volume contient les années 1821 et 1822.
! Ragueneaii-de-la-Chainaye a été coopéraleur de
i V Histoire critique des théâtres de Paris pen-
I dant l'année \8li, avec Châlons-d'Argé.
RAGUENET (L'abbé François), littéra-
teur, naquit à Rouen vers 1660. Après avoir fait
ses études avec distinction, il embrassa l'étal ec-
clésiastique et devint précepteur des neveux du
cardinal de Bouillon. En 1698, il accompagna ce
cardinal à Rome, et s'y livra à l'élude des mo-
numents d'art qui s'y trouvent. La musique ita-
lienne y devint aussi pour lui l'obj^'t d'une ad-
miration enthousiaste. De retour en France, il
160
RAGUENET — RAICK
eiitieprit la comparaison de cette musique avec
celle lie Lulli et des musiciens de son école, et
exalta le inéiitc de la premWre dans un livre inti-
tuliS : Parallèle des Italiem et des Français,
en ce qui regarde la musique el les opéras (1),
Paris, 1702, in-12 ; Amsterdam , 1704, in-12 de
124 pages. Cet ouvrage a été traduit en anglais,
sous ce titre : A comparison between Ihe
French and Italian music and opéras, Lon-
dres, 1709, in-S". L'écrit de Raguenet souleva
l'indignation des partisans de la musique fran-
çaise, dont Lecerf-de-ia-Vieville-de-Fresneuse
(voy. Lecf.rf-de-la-Vieville) prit la défense
avec chaleur. Raguenet répondit à celui-ci par la
Défense du Parallèle des Italiens et des
Français, en ce qui regarde la musique et
les opéras, Paris, 1705, in-12 de 174 pages. Le
Journal des Savants entra dans la discussion ,
à propos de ce dernier écrit , et se rangea
parmi les adversaires de Raguenet (ann. 1705,
p. 1194 etsuiv.). On trouve la liste des ouvrages
dej'abbé Raguenet, lesquels n'ont pas de rap-
port' avec la musique, dans la France littéraire
de Quérard ( t. VII, p. 438-439) et dans les
recueils généraux de Biographies. On croit que
cet abbé mourut en 1722, dans une retraite
qu'il s'était choisie loin de Paris ; mais on rap-
porte diversement les circonstances de sa mort.
Trublet l'attribue à un suicide : « L'abbé Rague-
« net (dit-il) eut aussi son^coin de folie, puis-
o qu'il (init par se couper la gorge avec un rasoir.»
(Mémoires pour servir à l'histoire de la vie
et des ouvrages de M. de Fonienelle; Paris,
1760, in-Jl2, p. 167).
RAGOSA (Vincent), moine franciscain,
naquit en Sicile le 7 février 1630, fît ses vœux
dans le couvent de Modica, et y passa toute sa
vie. H y mourut le 24 mai 1703, laissant un
grand nombre de compositions pour l'église, qui
ont été conservées longtemps dans la bibliothèque
de son cnpvent.
RAHLÈS (Febo)nand), né à Du ren, petite
ville de la Prusse rhénane, vers 1812. En 1839,
il y était directeur d'une société chorale, pour
laquelle il a écrit un grand nombre de chants à
4 voix. Il a publié aussi plusieurs recueils de
Lieder à voix seule avec accompagnement de
piano. En 184^ M. Rahles a fait à Cologne des
lectures publiques sur la musique, et dans l'année
suivante il ouvrit un nouveau cours de ces lec-
tures à Coblence.
(1) Ce titre est rapporté d'une manière Inexacte dans le
Dictionnaire hiitorique dei muticient , par Choron et
Fayolle, et dans la Biographie univerttlle des (rires Mk-
elMud.
RAI ( Pietro) ; voij. RAJ.
RAICH (Dieudonné) (1), prêtre, organiste
et compositeur, na<]uit à Liège, dans les pre-
mières années du dix-huitième siècle. On voit
par les registres de la cathédrale d'Anvers qu'il
y entra comme enfant de chœur vers l'âge de
huit ans. Ce fut dans cette église qu'il fit son édu-
cation musicale. Ce fut aussi à Anvers qu'il fit
ses humanités et ses premières études de théo-
logie. La place d'organiste de la cathédrale et de
la confrérie du Saint-Sacrement étant devenue
vacante au mois de juillet 1721, parla mort de
La Fosse, qui en était titulaire, Raick l'obtint
au concours dans le mois suivant. Il s'y lit re-
marquer par la distinction de son talent. 11 fut or-
donné |)rêtre par l'évoque d'Anvers, Ie6 avril 1726.
Des diflicultés qui survinrent dans cette année en-
tre lui et la confrérie du Saint-Sacrement, ainsi que
d'autres discussions qu'il paraît avoir eues avec
les chanoines de la cathédrale, le décidèrent à
donner sa démission et à se rendre à Louvain,
oii il fut nommé organiste de la collégiale de
Saint-Pierre en 1727. Pendant qu'il en remplis-
sait les fonctions, il continua à l'université ses
études de théologie et de jurisprudence, et fut
reçu licencié en droit civil et en droit canon.
Après avoir occupé la place d'organiste de Saint-
Pierre jusqu'en 1741 , il accepta celle d'orga-
niste de la cathédrale de Saint-Bavon , à Gand.
Il est vraisemblable que la brillante réputa-
tion que lui avait faite son t.ilent dans cette
ville ainsi qu'à Louvain, avait donné des re-
grets aux chanoines de l'église Notre-Dame
d'Anvers, car après la mort de Chrétien de
Trazegnies, organiste de cette cathédrale, ils
conçurent le projet de le faire revenir, poui" oc-
cuper la place où le souvenir de son talent ne
s'était pas effacé, quoique trente ans se fussent
écoulés depuis son départ. Des négociations eu-
rent lieu à ce, sujet entre l'évéque d'Anvers et
celui de Gand, et Raick rentra dans ses anciennes
fonctions le 25 décembre 1757, avec le titre de
chanoine de la deuxième fondation , ou de vi-
caire du chœur de musique. Il mourut dans celte
position le 29 ou 30 novembre 1764. On connaît
de sa composition : 1" Six suites de clavecin,
dédiées à M'^ la comteise Rose , née comtesse
d'Harrach, composées par Dleudonné Raick,
pre'tre, licencié es droit, organiste de l'é-
(i) J'extrais les hit» de cette notice des annexes de la
notice publiée p.-ir M. Xavier Van Elewyck, sotis ce titre :
Matthias f'anden Cheyn, te plus grand organiste tt ea-
riilonneur litige du dix-huitième tiècU {VarH, Bruxelles
et Louvain, laei). Une partie de ces faits a été rournieà
M. Van Elewyck par le chcrallcr Léon de Burbure, avec
beaucoup de clrconaUnces que ]'at cru devoir supprimer.
RAICK — RAIMONDI
IGl
glise collégiale de Saint- Pierre, à Louvain.
Œuvre premier. Se vendent cliez l'auteur à
Louvain. Bruxelles. J.-C. -Rousselet, graveur.
— 2° Trois sonates pour le clavecin, à Gand,
chez Wauters. Ces ouvrages sont d'un bon style.
D'autres pièces pour le clavecin, composées par
cetecclésiastique, se trouvent en manuscrit dissé-
minées à Gand, à Louvain et à Bruxelles. M. Van
Elewyck dit ( dans sa notice sur Matthias Van
den Gheyn, p. 67 ) : « On a longtemps prétendu
que le fils de Bach était l'inventeur des sonales :
les œuvres de Raick détruisent complètement
cette supposition. » Le sentiment national qui a
dicté cette phrase est ici dans Terreur : on n'a
pas attribué l'invention des sonates àCh. Ph. Em.
Bach, car ce genre de pièces existait avant la fin
du dix-septième siècle ; ce qui appartient à Badi,
c'est la forme et le caractère de la sonate mo-
derne, devenus les modèles de toute la musique
instrumentale telle que symphonies, quatuors, etc.
D'ailleurs, le premier œuvre de sonates de Bach
a été publié à Nuremberg en 1742. Les ouvrages
de ce grand homme ont été répandus dans l'Eu-
rope; RaicK, au contraire, n'a publié ses so-
nates qu'après cette date , pendant son séjour à
Gand, et n'a été connu que d'un petit nombre de
ses compatriotes.
R AIEKTROPH ( Forti'nato ) , compositeur
dramatique, né à Naples, de parents allemands,
fit ses études au collège royal de musique de
cetle ville. Il y fit représenter en 1837, au théâtre
IS'uovo, l'opéra intitulé 20 anni d'Esilio, dont la
musique légère et facile eut quelque succès.
VAstuccio d'Oro, son second ouvrage, fut joué
au même théâtre en 1839 , et obtint quelques re-
présentations. En 1842, le même artiste donna La
Figl.ia del soldato, qui ne réussit pas, et deux
aus après il fit représenter Lo Zio Baiisla, qui
ne fut pas plus heureux. M. Raientroph avait à
Naples de la réputation comme professeur de
chant lorsrjuo je visitai celte ville en 1841.
KAIGEK ( .... ), compositeur à Vienne, vers
les pren)ières années du dix-neuvième siècle, ne
m'est signalé que par ses ouvrages, parmi lesquels
on remarque : 1° Quatuor pour flûte, violon, alto
et basse, op. 10; Vienne. Cappi. — 2° Grand trio
pour llùle, violon et violoncelle, op. 7, ibid, —
3° Trio pour piano, (lùte et basse, op. 12, ibid.
— 4* Sonates pour piano et flûte, op. 11 et 13,
ibiii. — â° Sonates pour piano à quatre mains,
op; 8 et 14; ibid. — • ô'-' Rondo pour piano. Vienne,
llaslinger. — 7" Variations, id., op. 15 ; Arienne,
Cappi.
R AILL.ARD (L'abbé F.), membre du clergé
de Saint-Thomas d'A(iuin, à Paris, est né eu 1804
à Montormentier, petit hameau da diocèse de
BIUGR. VlilV. DES liGSlCie^S. — T. TU,
Langres. I.e goût de la musique était héréditaire
dans sa famille; son bisaïeul élait d'une remar-
quable habileté sur le hautbois; son grand-père
et son père étaient violonistes, mais aucun d'eux
n'exerçait la profession de musicien. M. F.
Raillard fit ses études au séminaire de Langres et
y reçut les ordres eccléNiastiques. Son «iptitudc
pour les sciences le lit distinguer par ses supé-
rieurs, qui le choisirent pour les ensei}:ner dès
I 1827 , d'abord au grand séminaire où il venait
I de terminer ses éludes ihéologiques , puis au
grand et au petit .séminaire de Païuiers, au cul-
j lége de l'Assomption à Nimes, et en dernier Heu
au collège de Juilly. L'Académie des sciences de
l'Institut de France a accueilli avec faveur plu-
sieurs mémoires de M. Tabbé Raillard sur des
sujets de physique et d'astronomie, dont les
résumés ont été publiés dans le Cosmos, revue
scientifique rédigée par M. l'abbé Moigno. A l'oc-
casion des nouvelles éditions du Graduel et de
l'Antiphonaire romains publiées par une com-
mission d'ecclésiastiques de Reims et de Paris
(Paris, Lecoffre, 1852), M. i'abbé Raillard se
livra à des recherches dans les livres de chant
manuscrits du moyen âge, et publia le résultat
de ses études dans un livre, entièrement litho-
graphie, qui a pour titre : Explication des neu-
mes ou anciens signes de notation musicale,
pour servir à la restauration complète du
chant grégorien, avec des tableaux de compa-
raison et un recueil de chants relijgieux, ex-
traits d'un manuscrit du onzième siècle.
Paris, E. Repos (sans date), grand in-8''. L'a-
nalyse de cet important travail serait trop étendue
pour trouver place ici : ce sujet sera traité dans
mon Histoire généralede la musique. Les autres
ouvrages publiés par M. l'abbé Raillard sont :
Chant grégorien restauré j Paris, Périsse frères,
18C1, 1 voliunc grand in 8°, gravé, de 106 pages,
et précédé d'explications et d'éclaircissements de
16 pages. — aur Vemploi du quart de ton
dans le chant grégorien, article publié dans la
Eevue arcJiéologique. — Sur les quarts de ton
du graduel Tibi Domine, dans la même Revue,
1861. — Mémoire sur la restauration du chant
grégorien; Paris, Périsse frères, 1862, gr. in-8" de
46 pages, avec un tableau des neumes. M. l'abbé
Raillant cultive la musique pratique et joue de
plusieurs instruments, particulièrement du vio-
lon , du violoncelle et de la contre-basse.
RAIMONDI (Ignace), violoniste distin>
gué et compositeur, naquit Traisemblablement
à Naples dans la première moitié du dix-hui>
tième siècle, et reçut des leçons de Barbella, dont
il était le meilleur élève. Vers 1762, il se fixa à
Amsterdam, où il établit des concerts périodiques.
li
162
RAIMONDI
Il y était encore en 1777 ; mais il parait s'en être
éloigné avant 1780, et l'on ignore ce qu'il est
deTenu depuis cette époque. Le 15 janvier 1777,
il avait fait exécuter à Amsterdam une symphonie
imitative, iatiMée les Aventures de Télémaque,
dont il est rendu compte dans l'Esprit des Jour-
naux (ann. 1777, p. 300). On a gravé de la
composition de Raimondi : 1° Trois trios pour
violon, alto et violoncelle, Amsterdam et Berlin,
Hummel 2' Trois concertos pour violon, ibid.
— 3^ Six quatuors pour 2 violons, allô et vio-
loncelle, ibid.
RAIMONDI (PiETFO), célèbre professeur
de contrepoint et composileur, naquit à Rome
le 20 décembre 1786, de parents pauvres qui ne
lui léguèrent que l'indigence dans ses premières
années. A l'âge de onze ans, il perdit son père;
et sa mère qui prit un nouvel époux dans l'année
suivante, alla s'établir à Gênes, et l'abandonna
aux soins d'une sœur de son père dont le cœur
était heureusement meilleur, et qui jouissait
d'une certaine aisance. Cette bonne femme re-
cueillit son neveu et confia son éducation à un
prêtre, pour qu'il lui enseignât les éléments de
la langue latine et le préparât à entrer dans l'état
ecclésiastique. Après deux années employées à
ces études, le jeune Raimondi déclara résolrtment
à sa tante qu'il ne se sentait pas de vocation
pour l'église. Contrariée dans ses projets, elle ne
lui retira pas néanmoins sa protection, et lui
demanda ce qu'il voulait être. «Musicien, lui
« dit-il ; je ne me sens de goût que pour cette
« profession. — Eh bien ! soit; mais songe à être
« persévérant cette fois, et à profiter des sacri-
«' fices que je fais pour toi. » Sans perdre de
temps, elle le conduisit à Naples, et le lit entrer
au Conservatoire de la Pieta dei Turchini, où
H fut placé sous la direction du maître La Bar-
bara , pour le chant et l'accompagnement des
partimenti, ainsi que sous celle de Tritto, pour
le contrepoint. Pendant six années, Raimondi
suivit avec ardeur les leçons de ces professeurs,
et acquit une connaissance complète des procédés
de l'art. A l'expiration de la dernière année, il re-
çut de sa tante une lettre par laquelle elle lui dé-
clarait qu'elle allait fixer son séjour à Florence, et
ne pouvait pins désormais pourvoir à son entre-
tien. Ne pouvant plus dès lors payer le prix de sa
pension au Conservatoire, il en sortit et prit la
résolution de retourner à Rome. Pour s'y rendre,
il dut faire le voyage à pie<). En y arrivant, il
retrouva le frère de son père qui l'accueillit avec
affection, mais qui, trop pauvre lui-même pour
venir en aide au jeune musicien, l'envoya chez
iâ lante à Florence. Ix)rsqu'il y arriva, il était
«iténué de fatigue et malade. Le pauvre Rai-
mondi ne retrouva pins dans son ancienne pro-
tectrice les mêmes sentiments : la seule marque
d'intérêt qu'elle lui donna, fut de le faire entrera
riiôpitalde Santa Maria IS'uo va; triste .situation
pour un jeune homme de vingt ans, qui, jusqu'a-
lors, s'était bercé des illusions de la gloire à venir.
Grâceà sabonneconstitution, il triompha dclamao
ladie, peut-être même de la médecine, et se re-
trouva dans la rue, respirant un air pur, et sans
autre souci que la difficulté de trouver un gitc et
d'apaiser sa laim. Il prit alors la résolution d'aller
près de sa mère à Gênes ; bien qu'elle lui eût
montré peu de tendresse jusqu'alors, et sans
tarder, il prit à grands pas le chemin de la dé-
licieuse contrée connue sous le nom de Rivière
de Gènes. Les enchantements de cette vallée le
raii.enèrenl à ses lêves de bonheur. Pour la
première (ois, il comprit alors quel était l'état
."ivaiiccde son instruction musicale et sentit qu'il
pouvait acquérir l'indépendance par sa propre
force.
Arrivé à Gênes, il s'y livra au travail et se fil
bientôt connaître comme artiste de mérite. Son
premier ouvra;;e, représenté dans cette ville
en 1807, avait pour titre: Le JBizzarrie d'amore.
Dans l'année suivante, il donna au même théâ-
tre La Forza delV ivwjinaziotie ossia il Bat-
tuto contenta, puis le monodrame Ero e Lean-
dré. Appelé à Florence en 1810, Raimondi y
écrivit pour le théâtre de La Pergola, l'opéra
bouffe intitulé Eloisa Werner. Le souvenir des
années heureuses qu'il avait passées au Con-
servatoire de Naples ne s'était pas effacé de son
esprit : il voulut revoir cette ville, et peu de temps
après son arrivée (en 1811), il y composa YOra-
cola di Delfo, pour le théâtre Saint-Charles. Ce
fut le premier ouvrage dans lequel il mit en évi-
dence sa rare habileté dans l'art d'écrire pour
les voix et pour l'orchestre. Dans la même année,
il donna au théâtre du Fondo II Fanaiico deluso.
En 1813, il écrivit à Rome A murât seconda,
qui fut suivi de la Lavandaia, à Naples. L'o-
péra bouffe était celui dans lequel il réussissait
le mieux : les premiers ouvrages où il donna des
preuves de cette spécialité de son talent furent
Il Fanatico deluso, et Lo Sposo agitato. Son
chef-d'œuvre dans le même genre est son opéra
Il Ventaglio, joué à Naples en 1831, puis sur
tous les théâtres d'Italie; ouvrage charmant où se
trouvent plusieurs morceaux d'une grande dis-
tinction, particulièrement un trio de premier
ordre. Dans des circonstances plus favorables,
nul doute que l'attention publique ne se fût fixée
sur les productions de Raimondi ; mais c«t arli.sle
entrait dans la carrière précisément en même
temps que Rossini, dont le puissant génie s'em-
RAIMONDI
1G3
I
para immédiatement de tout Tintéiêt du monde
musical, et plongea dans l'ombre les travaux de
tous les autres compositeurs' de l'Italie. Toutefois,
il faut le reconnaître, lors même que le géant de
Pesaro n'eût pas régné sans rival sur la scène
lyrique, le talent de Raimondi n'était pas de na-
ture à produire de grands effets dramatiques, car
c'est moins par le brillant de l'imagination et par
l'audace de la fantaisie que son nom s'est ajouté
à la liste des compositeurs illustres, que par le
génie de la combinaison des sons ; génie en son
genre non moins rare que tout autre, et que cet
artiste a possédé au degré le plus éminent.
Jusqu'en 1823, la plupart des opéras de Rai-
mondi furent écrits pour les théâtres de Naples,
pour Rome et pour la Sicile. Dans cette môme
année 1823, il fut appelé à Milan pour y composer
Le Finie Amazzoni , ouvrage qui eut peu de
succès. Dans l'année suivante il devint directeur
de la musique des théâtres royaux de Naples. Déjà,
avant sa nomination à cette place il avait composé
pour le théâtre Saint- Charles, outre ses opéras, la
musique de beaucoup de grands ballets : le nombre
s'en élève à plus de vingt et un. Raimondi con-
serva la même position jusqu'en 1832 ; mais après
l'éclatant succès de son opéra II Ventaglio, il re-
çut sa nomination de professeur de composition au
Conservatoire de Palerme. Aucun choix ne pou-
vait être meilleur, car Raimondi était incontes-
tablement le musicien italien dont l'instruction
était la plus solide. 11 a été la gloire de cette ins-
titution pendant plus de dix-huit ans. Par ses
soins et ses leçons, plusieurs jeunes Siciliens ac-
quirent de l'habileté dans l'art d'écrire : parmi
les plus distingués, on cite les noms de Pittari,
Barbieri, Bonanno, Chiaramonte et Cutreva, dont
le So/é<ono,jouéau théâtre de Palerme en 1838,
donnait de grandes espérances, et qui , par des
circonstances inconnues , n'a pas poursuivi sa
carrière d'artiste.
La place de maître de chapelle de la basilique
de Saint-Pierre du Vatican étant devenue va-
cante au mois de mars 1830, par la mort de Ba-
silj, ce fut Raimondi qui l'obtint. Nul n'en était
plus digne, ou pour mieux dire, il n'y avait point
de compositeur en Italie qui pût entrer en com-
paraison avec lui pour l'étendue et la profondeur ■
des connaissances dans l'art sérieux. A cette i
époque, et dans l'espace de quarante et un ans
(1807 à 1848), Raimondi avait donné soixante-
deux opéras sur les tiiéâtres principaux de l'I-
talie, vingt et un grands ballets en deux et trois
actes; de plus, il avait écrit cinq oratorios, non
compris l'oratorio triple dont il sera parlé tout
à l'heure; quatre messes à grand orchestre; deux
lesses à deux chœurs réels, dans le style sévère
a capella,- deux messes de Requiem à grand
orchestre; une autre messe de Requiem à set 16
voix réelles ; quatre vêpres complètes avec or-
chestre et orgue; des compiles; an Credo à 16
voix réelles; un Libéra, écrit pour les obsèques
de la reine Caroline de Naples ; un Te Deum à
4 voix ; trois Stabat Mater à 2, 3 et 4 voix;
trois Miserere h ^ et à 8 voix, dont un avec or-
chestre ; trois Tantum ergo ; deux litanies ;
plusieurs psaumes à 4 et à g voix, avec orches-
tre; les Sept paroles de J.-C. à 3 voix; deux sym-
phonies à grand orchestre, combinées pour être
exécutées ensemble; les cent-cinquante psaumes
de David à 4 , 5, 6 , 7 et 8 voix, dans le style
alla Palestrina, formant une collection de 15
volumes; un recueil de basses remplies d'imi-
tations et fuguées pour l'étude de l'accompagne-
ment et de la composition, pubHé à Milan, chez
Ricordi, à Rome et à Naples ; un nouveau genre
de compositions scientifiques inventé par l'auteur,
et démontré en douze morceaux trè«-remarqua-
bles, ouvrage publié à Naples, chez P. Tramater;
deux fugues en une, bien que différentes de
forme, ouvrage divisé en dix exemples, et qui a
été imprimé à Rome ; une collection de parti-
menti, composée de quatre-vingt-dix basses,
avec trois accompagnements différents sur cha-
cune, ouvrage élémentaire divisé en deux livres,
et publié à Naples, chez Ciauselti ; quatre fu-
gues à 4 voix, écrjtesen des tons différents, mais
qui peuvent être réunies en une seule fugue à 16
voix ; ce chef-d'œuvre de combinaison a été im-
primé à la typographie Tiberina,de Rome; six
fugues à quatre voix, en des tons différents, réu-
nies en une seule fugue à 24 voix, publiées à Rome,
à la même typographie; une fugue à 64 voix
divisées en 16 chœurs; seize fugues à 4 voix;
enfin, vingt quatre fugues à 4, 3, 6, 7 et 8 voix.
Dans cet ouvrage, publié à Milan, chez Ricordi,
on trouve quatre et cinq fugues réunies en une
seule. On se sent l'esprit saisi de stupéfaction à
la seule énurnération de pareils travaux.
L'auteur de toutes c«s choses, où brillent beau-
coup d'inventions nouvelles, et surtout l'esprit
de combinaison le plus extraordinaire qui ait
jamais existé, voulut terminer sa carrière par un
effort plus surprenant encore de force de tête.
Environ deux ans après son retour à Rome, en
qualité de maître de chapelle de Saint-Pierre, il
prépara l'exécution de son dernier ouvrage, à
savoir l'oratorio de Joseph, œuvre colo.ssale,
composée de trois oratorios susceptibles de cinq
combinaisons, que le poète sicilien, Joseph Sapio,
avait disposés pour le tour de force inouï du
compositeur. Cette œuvre immense est le fruit de
plusieurs années d'un travail environné de pro-
11
164
RAIMONDI
digieusesdifficultés. Il semble que de telles choses
ne peuvent être comprises que par le très-petit
nombre de connaisseurs qui ont l'ait une élude
spéciale des diflicultés des compositions scien-
tifiques; toutefois lorsque l'assemblée qui en-
combrait la salle du théâtre Argentina entendit
les trois orchestres, les trois chœurs et les chan-
teurs solistes des trois oratorios Pudphar, Pha-
raon et Jacob se réunir en un seul corps d'en-
viron quatre cents musiciens dans l'exécution si-
multanée de ces trois ouvrages; saisie par la
majesté de cet ensemble, dont les détails con-
servaient toute leur clarté, cette assemblée fut
émue de la suprême force de tête qui avait com-
biné de pareils eifets; tout le inonde se leva
spontanément, jetant des cris d'admiration ; une
agitation imposable ù décrire régna dans toute
la salle; des battements de mains, des trépigne-
gnements , des hourras enthousiastes éclatèrent
de toutes parts, tandis que les femmes, penchées
sur le bord des loges, agitaient leurs mouchoirs.
Kaimondi avait pu contenir au dedans de lui-
même le sentiment de sa force jusqu'à l'âge de
soixante-six ans ; sa phiioso|)hie avait su se ré-
signer à l'obscurité relative dans laquelle il était
resté pour la plus grande partie de l'Europe ;
mais il ne put supporter l'émotion de l'incom-
parable succès qui venait couronner sa vieillesse :
il s'évanouit, et l'on fut obligé de l'empoiter hors.
de la scène et loin du bruit pour lui faire re-
prendre ses sens.
On comprend l'impossibilité de rencontrer
l'effet dramatique dans la combinaison de trois
sujets absolument diflérents qui se développent
simidlanément. Il est facile de compxndrK aussi
que chacune des parties du grand tout ne peut
avo'r la plénitude et l'intérêt d'ime œuvre simple
dans laquelle le sentiment domine la conception.
Enfin, on ne doit pas se persuader (ju'il puisse -y
avoir dans une combinaison csthétitpie, telle que
l'oratorio de Joseph, rori;;inalité d'idées qui se
trouve quelquefois dans un opéra. Dans uneccm
position semblable, le compositeur, incessam-
ment occupé de la réunion totale des parties, est
nécessairement obligé de sacriticr dans chacune
de celles-ci des beautés qui ne pourraient entrer
dans la combinaison. [>e là vient que le premier
drame, intitulé Putiphar, n'a pas offert un grand
attrait de nouveauté a l'auditoire, dans la pre-
mière soirée, bien que plusieurs morceaux aient
été remarqués par les connaisseurs ; particnUè
rement un chœur d'eunuques à voix blanches
d'un effet fort original, une prière de ténor bien
chanléepar Acchi,unbeau trio chaulé par Adda,
femme de Pnliphar, Joseph et Pharaon, ainsi
qu'un ensemble agitato dans la troisième partie
de ce premier drame, dont l'exécution fiit dirigée
|)ar André Salesi,
Dans le second drame, intitulé Joseph, ou
Pharaon, l'introduction est un chœur de fête,
où le peuple <le Memphis chante la gloire de Jo-
seph. Ce chœur est disposé en acrx)rds sta\ cad
et sollo voce, pendant que les cors et trompette»
font entendre une mélodie harmonisée d'un bel
elfet. Cette introduction fut fort applaudie. On
distingue aussi dans ce drame le boan chant,
Vieni, ah ! vieni, o viio dilctto, qui forme le
thème principal du finale de la deuxième partie,
cl le finale de la troisième, Per quai via
d'infini/ i portenti, avec une instrumentation
neuve et |)ittoresque.
Le Jacob est le même sujet sur lequel Méhul
a écrit un de ses plus beaux ouvrages. L'intro-
duction commence par un très-beau chœur de
lénors et de basses, lequel est suivi d'un chant
expressif et suave, sur les paroles : Ah! dipianto
cterno, dans lequel Colini fit preuve d'un grand
talent. Dans le finale de la première partie se
trouve un irio de Rachel et de Judas réunis à
Jacob, sur le beau chant, Deh! ccssate o figli
miel. L'introduction de la deuxième partie
renferme un chœur du plus grand effet, accom-
pagné de harpes, sur ces paroles, Oriasvenlura!
0 duot ! Dans toutes les exécutions du Joseph
qui se succédèrent depuis le 7 août 1852 jus<pi'au
29 septttiubre, ce morceau excita un véritable
enthousiasme. Un beau trio et le finale de la
troisième partie ont aussi fait naître beaucoii|>
d'intérêt. Mai?» c'est surtout lorsque, apics avoir
entendu et applaudi ces trois drames séparés,
sous les directions de Salesi, Battaglia et Ter-
ziani, l'exécution simultanée de ces ouvrages,
dirigée par Itaiinondi en personne s'est fait en-
Iciidre ; c'est alors, dis-je, que l'admiration pour
une si grande conception n'a plus eu de bornes.
IVon-senlemeut aucune a>uvre semblable n'avait
jamais été essa>ée, mais sa pos.sibihté ne s'était
présentée à l'imagination d'aucun compositeur.
Au point de vue esthétique, il n'est pas désirable
que des tours de force de ce genre soient tentés;
mais on ne peut s'empêcher de rendre un éclatant
homm.ige au génie uniqueen son (;cnie qui a pu
concevoir et réali-cr une entreprise si gigantesque.
L'existence de itaimondi ne se prolongea qu'une
année environ après son triomphe : il mourut à
Rome le 30 octobre 1853.
La liste des ouvrages dramatiques de ce labo-
rieux compositeur est classée de cette manière:
Freiuierè période , de 1807 à 1814 : 1» Le liiz-
zarrie d'amore (Géneii) ; — 2" Il Battuto con~
lento (iiieiu); —Z" Eroe Leandro (idem); —
'i" L'ioisa Wcrner (Florence) ; — 5° L'Oracolo
RAIMONDI — RAINPRUHTER
165
di Delfo (Naples) ; — 6" /i Fanatico deluso
(idem);— 7°^» Sposo agilnto(\(lem);—8°Amu-
■rat seconda (Rome); — '9" La Lavandaja
(Naplesj. — Deuxième période, de 1815 à 1819 :
10° Il Trionfo di Tito (Turin) ; — 11° Andro-
macca (Palerme); — \T II Sacrifizio d'Abramo
(Naples); — 13° Radainisto e Zenobia (?) ; —
H° 1 Madianiti (Palerme); — iâ°L'Esaltazione
di Mardocheo (Naples) ; — 16° H Dissoluto
punito (Rome). — Troisième période, de 1820 à
1830 : WCiro in Babilonia (Rome); — 18° Le
Nozze dei Sanniti (?) ; — 19° Le Finie Amaz-
zoni (Milan, Scala); — 20° La Donna Colo-
nella (Naples); — 21" La Caccia d'EnricoIV
<idem) ; —22° llDisertore (idem) ; — 23° Béré-
nice in Rotna (ibid.) ; — 24° Il Morio in appa-
renza (ibid.); — 25° Argia (Milan), — 26° Il
Caslellino deifiori (Naples); — 27° La Fidan-
zata del parruchiere (idem); — 28° Don
Anchise Campanone (ibid.); — 29° Il Principe
feudatario (Reggio) ; — 30° VInfanzia accu-
satrice (Naples); — 31°/ Minatori Scozzesi
(Messine). — Quatrième période, 1830 à 1S40 :
32° Giuditta, oratorio (Naples); — 33° La Gioja
pubblica (idem) ; 34° A mezza natte (ibid) ;
— 35° Il Tenta del latta starnato (ibid.); —
36° Il Ventaglio (Naples et dans toute l'Italie);
— 37° Palmitella mar itat a, f,m[e à'Il Venta-
glio (Naples); — 38° L'Orfana ntwa (idem) ;
— 39° La Vila d'un giocator e {\Wid) ; — 40° /
parenti ridicoU (ibid.) ; — 41° /Z Tramonto del
joZe (ibid); — 42° Vinclinda (ibid.); —
43° Ruth, oratorio (ibid.) ; — 44° Isabella degli
Abenanti (ibid.) ; — 45° Il Présidente disgra-
ziato (ibid); — 46" Il trionfo dcll'Amore;
— 47» Il nemico degli ammogliati ; —
48° Il Vendimento ; — 49° Rafaella d'Ur-
bino (Rome) ; — 50" Peggio il rimedio del
wa/e ( Naples) ; — 51° /Z fausta Arriva; —
52° Siiena prima ^ — 53° Il Caffetiere ;
— 54° Gli artiflzi d'^lmore (Naples). — Cin-
quième période, 1841 à 1848 : 55° Francesc'o
Danato (Palerme); —56° Il Trionfo délie
donne (idem) ; — 57° Le Stanze da letta (ibid.) ;
— 58° Il Giudizio universale, oratoire, poésie
d'Onofrio Abbale, exécuté à Palerme, en 1843;
— 59» Mosc al Sinaï, oratorio (écrite Palerme
«n 1844; —60° Putifar ; - U° Guiseppe
giusfo; — 62° Giacobbe. (Ouvrages dont il est
parlé précédemment. Raimondi commença cette
grande composition au mois d'octobre 1844, et
la lerinina dans les derniers mois de 1848 ).
Grands ballets composés pour le théâtre Saint-
Charles de Naples, depuis 1812 jusqn'en 1828 :
1° VOrfano; — 2° Rosmunda; — 3° Laca-
dxita de' Giganti; — 4° Otrante liberata;
— o° La Pramessa mantenuta ; — 6° J Pazzi
perforza; — 7° Un' ara; — 8° Irène d'Ers-
tal ; — 9° La Morte d'Ippolilto ; — 1 0° L'Orda
Selvaggia; — 11° L'Orfanella di Ginevra;
— \T La Morte d'Achille; — 13° Giafar; —
14° / Due Geni; ■— 15° Ottaviana in Egitto;
— 160 Pamile; — 17<» Giulia Sabino; —
180 L'Oracolo in Cantina; — 19" Delitto et
punizione; — 20» L'Isola délia Fortuna; —
210 Amina.
RAINPRUHTER (Georges- Joseph), fils
d'un inspecteur des mines, naquit en 1728, à
Drafeier, en Styrie. Après avoir reçu dans sa
jeunesse une bonne éducation littéraire et mu-
.sicale, il alla suivre des cours de philosophie et
de droit à Salzbourg. Déjà bon musicien et habile
sur la harpe, la mandore, la basse de viole et le
violon, il commença dans cette ville des études
de composition chez Adelgas.«er, et les acheva
sous la direction d'Ebcrlin, maître de chapelle
du prince évoque. En 1750, il obtint le titre de
musicien de la chambre de l'électeur de Bavière,
et fut envoyé à Allenœtling, en qualité d'admi-
nistrateur des domaines. Le mérite des compo-
sitions qu'il écrivit dans cette résidence le fit
nommer maître de chapelle du même lieu, par
Télecteur Maximilien III; Kainpruhter en remplit
honorablement les fonctions pendant plusieurs
années, et mourut en 1800, à l'âge de soixante-
dou/e ans. Il a laissé en manuscrit ira grand
nombre de messes, de vêpres, de litanies, d'an-
tiennes et de cantates religieuses avec orches-
tre.
RAINPRUHTER ( Jean • Népobucène -
François-Sérapui?)), fils du précédent, naquit à
Altenœlting le 17 mai 1752. Après avoir fréquenté
le collège de Burghausen, il alla étudier la phi-
losophie et le droit à l'université d'Ingolstadt.
Son père lui avait enseigné la musique, et dès
son séjour au collège de Burghausen, il avait
donné, dans de petites compositions, des preuves
de son aptitude pour cet art. Lorsqu'il quitta
Ingolstadt, il se rendit à Salzbourg, pour y pren-
dre des leçons de composition chez Léopold
Mozart. Ses premiers essais furent si remar-
quables, que Michel Haydn en fit publique-
ment l'éloge, et considéra leur auteur comme
un artiste distingué. Appelé à la direction du
chœur du couvent de Saint- Pierre, à Salzbourg,
Rainpruhler en remplit les fonctions avec talent :
il occupait encore cette position en 1812; mais
depuis lors on manque de renseignements sur sa
personne. On porte à plusieurs centaines ses
compositions, qui consistent en symphonies,
concertos pour divers instruments, quatuors,
trios, duos, sérénades, messes solennelles, vê-
166
R AIjNPRUHTER — R\MBURES
près, litanies, antiennes, cantates, etc.; tous ces
ouTra(>es sont restés sn manuscrit.
RAISO\ (ANDn^.). organiste de l'abbaye de
Sainte- Geneviève, à Paris, dans la seconde par-
tie du dix-septième siècle, eut pour inattre Tite-
louse (voyez ce nom). On a gravé de sa compo-
sition : Livre d'orgue coiUenant cinq messes
et une offerte sur le rét ablissement du roi ,
Paris, 1G88. in-fol. obi. Le second livre a paru
peu de temps après. Il y a du talent dans ces
pièces, qui ont une grande supériorité sur ce
que les organistes français du siècle suivant ont
produit.
RAJ (Piekre), compositeur, né à Lodi, en
Lombardie, en 1773, étudia d'abord le piano et
l'orgue sous la direction de maîtres particulieis,
puis entra, en (793, au Conservatoire de la Pietà
de' Turchini, à Naples, et y reçut des leçons
de Sala, puis de Piccinni. Ses études terminées,
il retourna à Lodi et y obtint la chapelle délia
Incoronata. Plus tard il se fixa à Milan, où il
fut nommé professeur de composition du Con-
servatoire et vice-censeur de cette institution.
I! a écrit beaucoup de musique d'église, entre
autres un oi atorio en deux (larlies sur l'agonie
et lamort de Jésus-Clirist, qui fut exécuté pour
la première fois à Monaa, en 1807. Après la
campagne de Prusse, il fit exécuter, en 1808, une
cantate de circonstance au tiiéàtre de la Scala,
intitulée /1/essanrfro in Arménie, pour le retour
du prince Eugène et de l'armée italienne. Le
9 juin 1811, il fit exécuter, au palaisdu sénat ita-
lien, V II alla esultante, cantate composée à
l'occasion de la naissance du roi de Rome. De-
puis lors il a écrit plusieurs opéras, entre autres
Gli Spensierati, représenté au théâtre Be, de
Milan, en 1816. On a gravé de sa composition :
1* Onoreet Fedellà, cantate pour deux basses
et soprano. Milan, Ricordi. — 2' Alessandro
in Armenia, cantate à voix seule, ibid. Comme
professeur de l'art d'écrire en musique, Raj est
auteur d'un ouvrage qui a pour titre : Studio
Teorico-pratico di conlrappunto, compilato
pe' suoi allievi ,• Milan, Ricordi. Cet artiste est
mort à Milan dans les derniers jours d'avril 1857,
à l'âge de quatre-vingt-quatre ans.
R.\MAI (Jf.an-Rai>tistf.), habile construc-
teur d'orgues, né à Sienne en 1763, fut élève du j
fameux constructeur Tronci, de Pistoie. Il ne
s'est |»aR moins fait rem irquer par le nombre de i
ses instruments que par leur qualité. On lui doit |
les orgues de la paroisse de Montefoscoli , en i
1792, de celles de Peccioli, en 1794, et de celles
de Lajatico, en 179r>. Ln 1797, il travailla à !
rorgue de Sainte-Marie in Monte, près de Pisc,
et en 1799, il construisit celui de la collégiale de
Serofiono. L'orgue de Saint-Vigile, fait en 1800,
celui desOlivélains, en 1802, et celui do. Sainte-
1 Marthe, en 1805, sont ceux qu'il a élevés à
Sienne. En 1804, il a fait celui de Saint-Augustin,
d Coitone, et en 1805, celui de la paroisse de
Caldana Tous ces instruments prouvent le talent
du l'acteur.
RA:VL\ZZOTTi (Domitien), compositeur
iValien qui vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle, s'est fait connaître par un
recueil intitulé : Salmi vespertini e Magnificat
a cinquevoci, Venise, 1567, in-4°.
RAHIBACH (Aucuste-Jaoqces), prédicateur
de l'église Saint-Jacques, à Hambourg, et célèbre
hymnologiio, était déjà connu en 1802 par ses
sermons, et vivait encore en 1832. On a de ce
savant un excellent recueil d'hymnes et de can-
tiques de l'Église protestante, depuis les pre-
miers temps de la réformation jusqu'à l'époque
actuelle, avec une introduction historique sur le
chant des églises réformées. Ce recueil est divisé
en deux parties dont la première renferme les
hymnes et cantiques anciens, et l'autre, les mo-
dernes. Ce recueil a pour titre : Anthologie
christ. Gesxnge ans allen Jahrh. der Kir-
che, etc. ( Anthologie des chants chrétiens de
tous les siècles de l'Église, distribués dans l'ordre
chronologique ctavecdes remarques historiques);
Altona, 1816-1832, 5 vol. gr. in-8°. Les notes
qui accompagnent les diverses pièces contenues
dans ce recueil sont fort instructives. M. Ram-
hach a aussi publié un livre rempli d'intérêt,
sous ce titre : Veber Dr. Martin Luthers Ver-
dicnst um den Kirchengesang. oder Darstcl-
lung desjenigen, vas er als Liturg , als Lie-
derdichter und Tonsetzer zur Verbesserung
des œffentlichen Gottesdiensles geleislet hat
(Sur le mérite de Martin Luther à l'égard du
chant de l'Église, ou exposé de ce qu'il a fait
pour ramélioration du service divin, soit comme
auteur liturgique, soit comme poëte et composi-
teur de chants); Hambourg, 1813, in-8'' de 256
pages, avec un supplément de 92 pages. Enfin,
ce ministre évangélique est aussi auteur d'un
ouvrage intitulé : Ueber dass Bediirfniss einer
vcrbesserfen Einrichtnng des Gottesdiensles in
den protcstanlischcn Kirchenmit besonderer
! Hinsicht axif Hambourg (Sur la nécessité d'une
' disposition améliorée du service divin dans les
I églises protestantes, particulièrement en ce qui
1 concerne Hambourg) ; Hambourg, 1815, in-8".
i RAMBUHES (M. DE), propriétaire àVau-
dricourt, près d'.\bbeville (Somme), a inventé,
! en 184G, un système de notation df; la musique,
j auquel il a donne le nom de hténograji'iic
' musicale, et qui a été adopté par le comité
RAMBURES — RAMEAU
lOÎ
supérieur d'enseignement primaire d'Ahbeville.
Son usaije s'est répandu dans les école? et dans
les sociétés deciiant de toute l'ancienne Picar-
die. Les bases du système de M. de Rambures
sont la ligne droite tantôt verticale, tantôt in-
clinée à droite ou à gauche, ou horizontale, et
des courbes de diverses formes. Ces signes présen-
tent des variétés à chaque octave. A vrai dire,
ce système n'est pas une sténographie, (ar il
n'abrégc pas la notation , ayant non-seulement
un signe pour chaque son , mais aussi pour
les durées , les altérations accidentelles', etc.
M. de Rambures a cru prévenir les objec-
tions à cet égard par la possibilité de lier plu-
sieurs signes au moyen d'un seul trait ; mais
ce trait, devant suivre tous les contours des
signes particuliers, n'abrège pas en réalité. Il
résulte de ces observations que la notation dont
il s'agit est purement arbitraire, qu'elle ne pré-
sente aucun avantage de simplification, elqu^elle
a de plus le très-grave inconvénient d'enseigner
une chose qui n'a aucun rapport avec la musique
usuelle. M. de Rambures a publié, en ce qui con-
cerne son système : {"Sténographie musicale
appliquée à l'enseignement de la musique;
Abbeville, imprimerie de Jeunet, 1837, in-8'.
— 2^ Tableaux lithographies pour lesviodéles
d'écriture de la notation sténographique ;
ibid. — 3" Notation musicale, rendue popu-
laire par la sténographie ; ibid., 1845, in- 16
de 56 pages.
RAMEAU (Jean-Philippe), le plus célèbre
musicien français du dix-huitième siècle, naquit
à Dijon le 25 septembre 1083 (t). Fils d'un père
et d'une mère qui aimaient la musique, élevé
dès ses premières années dans la culture de cet
art, il y lit de si rapides progrès, qu'à l'âge de
sept ans il lisait et exécutait sur le clavecin, à
première vue, toute espèce de musique. Cepen-
dant ses parents, qui le destinaient à la ma-
gistrature, interrompirent ses études musicales
(1) Dans la première éditiiin de la Biographie des mu-
siciens , ]'al donné, d'après La Borde [Essai sur la musi-
que, tome 111, p 464), la date du 23 octobre pour celle
de la naissance de Rameau ; roals IMaret, secrétaire per-
pétuel de l'Académie de Dijon, fournit celle du ss sep-
tembre 1683. dans son Éloge historique de Rameau, Di-
jon, l'îTO, ln-8» : sans doute H se conforme en cela i
l'acte de naissance, car il Indique l'heure même (quatre
heures du soir) à laquelle l'Illustre musicien a vu le jour.
Il est à remarquer, au surplus, que cette date du 95 sep-
embre avait été déjà donnée par Cbabanon, en 1764, dans l
son Eloge de M. Rameau (Paris, Imprimerie de Lambert,
in-8"), et M. Farrenc dit avec raison {Notice biographi-
que de Jean- Philippe iJameau, dans la première livraison
du Trésor des pianistes] , que la même date .se trouve
dans l'Almanacb de Duchesne ^Us Spectacles de Paris)
pour l'année 1165, p. 6. 1.
pour le faire entrer au collège des jésuites. Ra-
meau était ne musicien, et rien de plus. Son
indocilité et la violence de son caractère le ren-
daient peu propre à la discipline des classes, et
ses préoccupations de musique ne lui laissaient
pas donner assez d'attention au rudiment, pour
qu'il en tirât beaucoup de profit. Ses livres, ses
cahiers et ceux de ses camarades, étaient char-
gés par lui de traits de solfèges ou de fragments
de sonates. Les choses allèrent si loin, que la
présence d'un tel étudiant dans le collège parut
intolérable, et que ses parents furent priés de le
retirer. Il eu sortit avant d'avoir achevé sa
quatrième, et depuis lors il ne fit plus d'études
et ne lut plus d'autres livres que des traités de
musique. Devenu libre et pouvant se livrer à
SCS goûts sans contrainte, il ne s'occupa plus
que du mécani.sme du clavecin, de l'orgue, du
violon, et de quelques règles de contrepoint que
lui enseignaient, tant bien que mal, son père et
deux ou trois organistes de Dijon. Malheureu-
sement celte ville, qui lui offrait des ressources
sufli.santes pour l'exécution, ne possédait pas le»
mêmes avantages pour l'enseignement de l'art
d'écrire, alors fort négligé dans les provinces.
La faiblesse des études de Rameau dans cet
art exerça sur toute sa carrière une fâcheuse
influence : .son harmonie, bien que forte et riche
de modulations, fut toujours incorrecte, et ja-
mais il ne comprit bien les avantages de la
méthode pratique du contrepoint, ni ce qui sé-
parait celle-ci de la conception d'un système
d'harmonie.
L'amour que lui avait inspiré une jeuneveuve
du voisinage vint tout à coup l'arrêter dans ses
travaux. Être auprès de celle femme, ou lui
écrire lorsqu'il en était éloigné, étaient devenus
le seul empbide son temps, et la musique avait
perdu son charme pour lui. Il y trouva pourtant
cet avantage, que celle qu'il aimait le fit rougir
de son ignorance, et obtint qu'il apprit au moins
sa langue. Cependant le père de Rameau, in-
quiet des suites de cette intrigue, se résolut à
envoyer son fils en Italie, dans l'espoir que la
musique qu'il y entendrait réveillerait son goût
pour l'art, et lui ferait oublier l'objet de son
amour. Jean-Philippe ne rendit en effet à Milan,
et y arriva en 1701, dans un âge où son oreille
semblait devoir être sensible au charme des
mélodies ausoniennes ; mais l'habitude d'enten-
dre la musique française l'avait déjà si bien fa-
çonné an style de celte musique, qu'il ne com-
prit rien à celui des opéras deScarlatti, de Lotti
et de Caldara (I). D'ailleurs, il ne pénétra pas
(1) M. Maurice Bourges, dans une notice sur Rameau,
168
RAMEAU
au delà de la capitale de la Lombard ie, et son
■éjoiir à Milan ne fut pas assez long pour que
son oreille s'accoutum&t aux nouveautés qui la
frappaient. Un directeur de spectacle, qui re-
crutait son orchestre pour donner des représen-
tations dans le midi de la France, l'engagea
dans sa troupe, en qualité de premier violon, et
l'emmena à Marseille, à Lyon, à Mmcs, à Alby
et dans d'autres villes, où il retourna à plusieiTS
reprises, et commença sa réputation par son
talent sur l'orgue. A Montpellier, il rencontra un
musicien nommé Lacroix, qui lui enseigna la
règle de l'octave pour l'accompagnement du
clavecin; lui-même avouait celte cinonslance
qui prouve le peu d'avamenient de son instruc-
tion musicale à celt»' époque, eu même temps
que l'excellence de l'organisation qui lui per-
mettait, avec une éducation si mai faite, de lixer
sur lui l'attention, comme organiste.
De retour à Dijon, après une absence de plu-
sieurs années, Rameau n'y fit qu'un court séjour,
malgré l'oflre qu'il y reçut de la place d'orgji-
niste de la Sainte-Cliapellc, et qu'il retusa. Une
seule pensée l'occupait alors : c'était celle de la
gloire, qu'il croyait ne pouvoir trouver qu'à Pa-
ris. Paris était donc devenu le but unique vers
lequel tendait son imaginalion : il y arriva en
1717, déjà riclie d'expérience, mais encore in-
connu et n'ayant rien produit, quoiqu'il fût âgé
de trente-quatre ans. Marchand (voyez ce nom)
était alors l'organiste le plus renommé de la ca-
pitale : lor.<iqu'il se faisait entendre à l'église des
Grands-Cordeliers, il y avait foule pourl'éiouter.
Rameau, ne voulant perdre aucune occasion de
l'entendre et d'étudier .=;a manière, alla se loger
dans ie voisinage du couvent. Accueilli avec
bienveillance par Marchand, il en reçut des pro-
messes de protection qui furent d'abord sincères,
car le maître donna quelques leçons à son nou-
Tel ami, et le prit |!0ur suppléant aux orgues des
Jésuites et des PP. de la Merci ; mais après que
Rameau lui eut montré quel()ues-unes de ses
pièces d'orgue, le zèle de Marchand pour son
protégé se refroidit, et bientôt celui-ci put se
convaincre de la difficulté qu'il éprouverait à
s'établir à Paris, en présence d'un tel adversaire.
Ses moyens d'existence étaient insuffisants ; une
place d'organiste dans une des paroisses pouvait
lDs*rcc dan» la Catette muticale de P«ri5 (ann. 18S9,
pag. lOi), (lit que le CDustclen [rancal^ arriva en l'aile an
moinrnt ou G:i»parlnl et Me\. Scarlaltl faisaient plaM i
Lco, Porpora, Vinci, Hassc, etc. ; mais I.co et Poipora
ne commencèrent A écrire pour K- théâtre qu<î plus de
qulo/e an< .nprri le xf Jour de Rameau à .Milan ; Hassc et
Vlpci Bc doiiBcrent leurs premiers «uvr.iges que vlngt-
elBq ans aprt» ion retour en Kramc.
seule faire ces.ser ce qu'il y avait de précaire
dans sa situation : l'occasion se présenta pour
en obtenir une; mais cette fois encore Rameau
retrouva dans Marchand l'arbitre de son sort ;
car c'était lui qu'on avait choisi pour juger le
concours ouverts entre Daquin et le musicien de
Dijon pour la place d'organiste de Saint-Paul.
Les œuvres d'orgue et de clavecin que nous
avons des deux compositeins ne laissent aucun
doute sur l'immense supériorité de Rameau, et
j'ai dit ailleurs {voyez Daquin) ce qu'on doit
penser de l'historiette rapport»^ à ce sujet : ce-
|)endant le jugement fut en faveur de Daquin, et
son rival n'eut plus d'autre ressource que d'ac-
cepter l'orgue deSaint-Étienne, k Lille. Il ne resta
pas longtemps dans cette ville, parce qtie son
frère (1) lui offrit la place d'organiste de la ca-
thédrale de Clermont, en Auvergne, qu'il laissait
vacante par sa retraite. Rameau accepta, et
consentit à souscrire un engagement à long
terme avec le chapitre.
Le silence d'une ville placée dans un pays de
montagnes, où les communications étaient difli-
ciles , devait être favorable aux méditations de
Rameau. Depuis longtemps excitées parla lecture
des écrits de Zarlino, de Mersenne et de Descai-
tes, ces méditations allaient conduire l'oriianisle
de Clermont à la création du premier système
d'harmonie qui eiit vu le jour; mais ce qui est
digne de remarque, c'est que ce silence, cette
vie calme et monotone d'une petite ville , tout
en favori.sant les spéculations d'im esprit sérieux,
ne portèrent point atteinte à l'imagination de
l'artiste , et ne l'empêchèrent pas de produire
des motets, des cantates, des pièces de clavecin
qui, considérés au point de vue de leur époque,
attestent l'originalilé de la pensée et la nouveauté
du style. Quatre années employées à ces tra-
vaux avaient permis a Rameau d'y mettre la der-
nière main : il comprit que le temps était venu
de réaliser ses projets et de .se manifester au
monde musical. Paris seul lui en offrait les
moyens : mais un engagement l'enchaînait à
Clermont, et ses démarches pour en obtenir la
résiliation avaient été sans résultat II. dut alors
avoT recours à la ruse, et n'imagina pas de meil-
ieur moyen que de déchirer l'oreille de l'évêque
et des chanoines par une musique si barbare,
qu'on finit par lui accorder la liberté qu'il récla-
mait. Cependant ne voulant pas laisser une fà-
i
I {)) Cijude Rameau, frère de celui qui est l'objet de cet
article, fut un habile organiste attaché à l'abbaye de
S.iInt-B'înlKnrct i la cathédrale de Dijon, et qui y mou-
rut en 1761. Rameau eut aussi une sfcur, nommée Cathe-
I rine, qui enseignait le clavecin à Dijon, et quiy mourut
RAMEAU
1G9
«lieuse impression sur son talent, il déploya ^
toute son habileté le jour désigné pour le der-
nier de son service, et joua' de manière à faire
nall-re les plus vifs regrets dans l'esprit de ceux
qui l'écoutaient. Arrivé à Paris en 1721 , il y
donna des soins à la publication de son traité
d'harmonie, qui parut dans l'année suivante. Cet
ouvrage ne fut pas compris ; mais les critiques
qu'on en fit tournèrent au profit de son auteur,
en fixant sur lui l'attention du public. La publi-
cation de quelques cantates et de ses sonates de
clavecin acheva de le laite connaître, et lui pro-
cura de bons élèves , qui devinrent ses admira-
teurs : «leplus, il eutia place d'organiste de Sainte-
Croix-de-!a-Bretonneric. Le désir qu'il avait de tra-
vailler pour la scène l'engagea à faire des essais
dans des fragments de chants et de danses pour
des pièces de Piton représentées à l'Opéra-Comi-
qiie, telles que la Rose, le faux Prodige, VEn-
rdlemcnt d'Arlequin, elc. En 1720 parut son
Nouveau système de. musique théorique, oit le
système de la basse fondamentale , déjà indiqué
dans le Traité d'harmonie, trouvait une base dans
les phénomènes de résonnance de quelques corps
sonores. Ces deux ouvniges et la Dissertation
sur les différentes méthodes d'accompagne-
ment pour le clavecin et pour Vorgue, qui
(ut publiée en 1732, lui litent la réputation d'un
savant harmoniste, malgré les- critiques des
journalistes et les insinuations malveillantes de
quelques envieux. Ni l'Académie des sciences,
qui approuva les travaux de itameau ( en 1737
«t 1749), ni les littérateurs qui en faisaient la
critique, n'entendaient bien le sujet de la discus-
sion; mais c'est une chose remarquable que cette
science de l'harmonie, qui venait d'être créée
ipàr Hameau , trouva tout le monde prêt à en
(larler, comme s'il se fût agi de la chose la plus
simple. Malgré les ennuis que lui suscitaient ces
débats, le sava'nt musicien y trouvait de l'avan-
tage pour sa célébrité.
Cependant il n'était point satisfait encore;
car il se sentait appelée parcourir la double car-
rière de théoricien et de compositeur dramatique.
En vain était-il cité comme le meilleur orga-
niste de France ; en vain sa musique instrumen-
tale était-elle recherchée par tous les amateurs;
•Rameau se tourmentait de la pensée qu'il tou-
chait à sa cinquantième année sans avoir pu par-
venir jusqu'à la scène de l'Opéra, tandis que beau-
coup de musiciens médiocres y étaient arrivés
sans peine. Devenu maître de clavecin et d'accom-
pagnement deM"" la Popelinière, femme du fermier
général, il trouva heureusement un Mécène dans
ce financier, qui entretenait un orchestre à son
service, et donnait des concerts dans son hôtel,
à Paris , et dans sa belle maison de Passy. La
Popelinière obtint de Voltaire , ponr son protégé,
le livret d'un opéra dont Samson était le sujet.
Rameau écrivit sa musique; l'ouvrage fut essayé
chez le fermier général et plut beaucoup à ceux
qui l'entendirent ; mais Thuret, alors directeur
de l'Académie royale de musique, peu séduit par
un sujet de la Bible, refusa l'œuvre de Voltaire
et de Rameau. Longtemps après, celui-ci em-
ploya la musique de Samson dans son Zo-
roaslre. D'abord découragé, il semblait vouloir
renoncer au projet de se faire une ropntation
de compositeur dramatique ; mais la Popelinière
tint t>on, et finit par lui faire avoir de l'aLbé
Pellegrin le livret d'I/ippolyteet Aricie, moyen-
nant une obligation de 500 livres donnée comme
garantie contre la chute de l'ouvrage. Quelque
temps après, le premier acte fut essaj-é ehez le fi-
nancier, et le bon abbé qui , comme on l'a dit,
dînait de l'autel et soupait du théâtre, char-
mé de ce qu'il entendait, déchira le billet, en
déclarant que de semblable ngusique n'avait
pas besoin de caution . Cependant le succès de
la représentation ne répondit pas d'abord 'aux
espérances du poète et des amis de Rameau.
L'ouvrage fut joué pour la première fois le l*' oc-
tobre 1732, et les admirateurs de Lulli se réu-
nirent pour en condamner le style, qu'ils appe-
laient bizarre, baroque et dépourvu de mélodie.
On ne pouvait nier que le compositeur d'HippO'
lytc et Aricie nç fût inférieur à celui é'Armide
dans le récitatif, et qu'il y eût moins de correc-
tion dans sa manière d'écrire ; mais son iiarmo-
nic avait bien plus de force, ses modulations
étaient moins uniformes, ses chœurs avaient plus
d'effet et d'énergie; enfin, son instrumentation
était plus riche de formes vt de détails. En un
mot, le nouvel opéra annonçait un génie d'une
autre trempe que tout ce qui avait suivi Lulli ;
on pouvait discuter sur l'agrément de cette mu-
sique, mais non lui refuser le caractère de la
création. Depuis près de cinquante ans, il n'a-
vait été rien donné à l'Opéra de Paris qui eût ce
cachet de nouveauté. Tel fut néanmoins le mau-
vais accueil fait à cet ouvrage, qu'il fut à peine
permis de l'achever. L'abbé Desfontaines accusa
Rameau , dans son Nouvelliste du Parnasse,
de substituer les spéculations harmoniques aux
jouissances de l'oreille. Les pamphlets, les cou-
plets satiriques accablèrent le compositeur, et
l'on fit courir contre lui cette épigramme *
Si le dirflcile est le beau.
C'est un grand homme que Rameaa;
Mais si le beau, par aventure,
n'était que la simple nature,
Quel petit homtDc que Ranirau!
170
RAIMEAU
Celle épigramme élait une sotlise de son aiileur,
car le beau n'est pas la simple nature, qui n'a
rien à laire dans la musique. Le beau dans l'art
est la création pure du génie, et la nature y est
étranjière.
Rameau, étourdi de ces critiques, crut un mo-
ment s'ôlre Irompé, et dit à ses amis : « J'ai
• cru que mon goût réussirait , et je vois qu'il
« n'en est rien ; mais je n'en ai point d'autre :
« je ne ferai plus d'opéra. » Heureusement ceux
qui le protégeaient contre ses ennemis ne se lais-
sèrent point ébranler comme lui. Ils prirent sa
défense, ramenèrent insensiblement l'opinion pu-
blique, et finirent par fixer l'attenlion sur une
production qui avait été jugée avec légèreté.
Grimro, qui n'aimait pas Rameau, prétend que le
grand succès obtenu plus lard par la musique de
ce compositeur, ne fut que le résultat des cal-
culs des partisans de la musique française, en
baine de Titalienne (1). Quoi qu'il en soit de
cette assertion, il est certain que Rameau par-
vint à la plus J)rillante renommée en France par
ses compositions dramatiques, et qu'il fit preuve
d'une prodigieuse facilité dans ses travaux en ce
genre; car bien qu'il eût donné son premier
opéra à l'âge de cinquante ans, et qu'il fût pres-
que constamment occupé de la rédaction de
ses traités Ibéoriques d'barmonie et àe la polé-
mique qu'ils soulevaient , il fit représenter à
l'Opéra vingl-denx grands o|)éras ou opéras-
ballets dans l'espace «!e vingt-sept ans. Il était
âgé de soixante-dix-sept ans quand il lit jouer le
dernier. Les biograpbes modernes qui ont essayé
de faire l'appréciation de la musique de Rameau
et de la nature de $>on talent, me paraissent l'a-
voir fait au hasard et sans avoir étudié ses ou-
vrages; car ils le louent pour des qualités qui
ne sont point les siennes , et lui reprochent des
imitations de Lnlli qui ne sont pas fondées. Son
Castor et Pollux a été à jusle titre considéré
comme son clief-d'œuvre. Tel était le mérite de
quelques morceaux de cet opéra, qu'il s'e>t sou-
tenu plusieurs années à cAlé même des opéras de
Gluck. Eu l79l,Candeiile refit la musique de cet
ouvrage ; mais désespérant de faire aussi bien
que Rameau la scène où se trouve l'air Tristes
11) « Tousse» outrages tombèrent d'abord, et s'ils se j
relevèrent ensuite, SCS partisans ne furi'nt pas moins re-
gardés comine héréUques et presque comme mnuvais ci-
toyens. Lorsque ensuite la musique Italienne fit d<>s pro-
grès en France , les ennemis le» plus violenis 'le Rameau
passèrent de leur ncliarnement à l'admlralion la plus
aveugle, et ne pouvant soutenir l.ulll. Ils opp'isèrent le nom
et la célébrité (V* Hameau aux partls.ins de la musique
italienne. » ( Correspnndinre litiéraire, octobre l'64,
toote t. page 80. i^dition de Parix, 18I9.;
apprêts , pales jflavibeaux, il la conserva telle
qu'elle est dans l'ancienne partition.
Si le début de Hameau dans sa carrière avait
été pénible, il en trouva la (Oiiipensalion dans
l'espèce de domination qu'il exerça >ur la musique
en France pendant les trente dernières années
de sa vie. Les discussions même qu'il eut à sou-
tenir contre plusieurs .savants, et qu'il .semblait
moins craindre que rechercher, augmentèrent
son autorité, et rendirent son nom populaire. Le
produit de ses leçx)ns, de ses ouvrages et le re-
venu de ses places lui avaient assuré une aisance
augmentée par une sévère économie, qu'on l'ac-
cusait de pousser jusqu'à l'avarice la plus sordide.
Le roi avait créé pour lui la charge de composi-
teur de son cabinet ; plus tard, il lui accorda des
lettres de noblesse , et le nomma chevalier de
Saint-Miciiel. Grimm prétend qu'il ne voulut pas
faire enre^iistrer les titres de ces distinctions, et
se constituer en une dépense qui lui tenait
plus au cœur que la noblesse (1). Le même
écrivain ajoute que Rameau était d'un naturel
dur, sauvajîe, étranger à tout .sentiment d'huma-
nité. Diderot, dans le livre singulier intitulé le
Neveu de Rameau, a dit aussi de l'oncle, avec
sa manière originale : «C'est im philosophe dans
« son espèce : il ne pense qu'à lui ; le reste de
« l'imivers lui est comme d'un clou à un snuf-
« flet. Sa fille et sa ftmme n'ont qu'à mourir
« quand elles voudront ; pourvu que les cloches
« delà paroisse qui sonneront pour elles conti-
« nuent de résonner la douzième et la dix-sep-
« lième (2), tout sera bien. » Il y a beaucoup
d'exagération dans ces paroles de deux hommes
qui n'aimaient ni Rameau ni la musique fran-
çaise, dont il était le repré.sentanl à cette époque,
et qui d'ailleurs conservaient contre lui de la
rancune, à cause de ses démêlés avec les ency-
clopédistes. Rameau parait avoir aimé l'argent ,
(1) Je ne sais où Casttl-Blaze a pris l'anecdote qu'il
raconte en ces termes : « Raiin'au reçoit des letlres de no-
« blesse, prélude nécessaire pour le rendre digne d'ac-
<t ceptcr le cordon de saint-Michel, que le roi lui desti-
« naît. Ce musicien se garde bien de (aire enregistrer sa
« patente oobilinlre. Louis XV pense que Rame.iu ne veut
« pas débourser les frais de chancellerie, et lui fait pro-
« poser de se charger lui-même rtecelfe dépense. - Que Sa
« Majesté veuille m'en remettre l'argent , Je saurai l'em-
« ployer d'une manière plus avantageu.s<-. A moi des ict-
« très de noblesse? Castor et Dardanu» me les ont de-
• puis longtemps paraphées.» (7"/ie(i<rej/yrigue« del'arisi
* Jcadcmie rotule de musique, t. i, p. 184.) Quelle que
(ùl la brusquerie du caractère de Rameau, il est impossi-
ble qu'il ait répondu par ce langage grossier à l'honneur
qui lui était fait.
(t) Allusion au système dhnriiinnie de Rameau, basé sur
ia résonnance de l'accord parfait majeur dans ceriains
corps sonores.
RAMEAU
171
penchant assez rare de son temps parmi les ar-
tistes, et fort commun aujourd'hui ; mais il se-
rait injuste de prétendre que ce goût avait éteint
en lui tout sentiment d'iiumanité; car il paya
longtemps une pension à sa sœur infirme, et
l'on sait qu'il rendit des services pécuniaires au
compositeur Dauvergne et à l'organiste Balbâtre.
Plusieurs académies avaient ouvert leurs portes
à Rameau, sans qu'il recherchât ces honneurs.
Le magistrat de Dijon l'exempta à perpétuité, lui
et sa famille, de latailleet des autres droits mu-
nicipaux. Sa taille était fort grande et sa mai-
greur excessive; mais quoique son extérieur eût
pu faire croire que sa santé était débile, il n'a-
vait jamais été malade. Le régime qu'il avait
adopté et sa sobriété le firent parvenir à un âge
avance, et lui permirent de se livrer à de grands
travaux jusqu'à ses derniers jours. Sombre et
peu sociable, il fuyait le monde et gardait, même
avec sa famille, un silence presque absolu. Dans
ses promenades solitaires, il n'abordait ni ne
voyait personne. On le croyait absorbé dans de
profondes méditations : cependant Cliabanon,
son ami, obtint de lui l'aveu que, dans ses vagues
rêveries , aucun objet ne l'occupait précisément ;
son esprit y était dans une sorte de somnolence,
et ses jambes seules conservaient de l'activité.
Lorsqu'on l'abordait, il semblait sortir d'une
extase, ne reconnaissait personne, et ses amis
les plus intimes étaient obligés de se nommer.
Ses panégyristes disent qu'il était naturellement
modeste : i! parait en effet qu'il parfait peu de lui,
lorsqu'il n'y était pas entraîné par la discussion ;
mais il supportait impatiemment la contradiction,
et quoiqu'il eût presque toujours tort dans les
polémiques où il s'engagea, comme je le ferai
voir plus loin, il prenait im ton dur et hautain,
même avec les savants les plus recommandables.
Ses théories harmoniques, dont il s'exagérait le
mérite et l'importance, l'occupèrent jusqu'à ses
derniers jours, et il mettait la dernière main à
un livre concernant les avantages que la musique
devait retirer de ce qu'il appelait ses découver-
tes, lorsqu'il mourut, à plus de quatre-vingts ans,
le 12 septembre 1764. Des obsèques magnifiques
lui furent faites à l'église Saint-Eustachc. La
direction de l'Opéra lui fit faire, à l'Oratoire, le
27 septembre, un service solennel, auquel tous les
musiciens de Paris prirent part, et pendant plu-
sieurs années, l'anniversaire de son décès fut
célébré avec pompe dans la même église. Un
second service fut célébré dans l'église des Car-
mes déchaussés, près du Luxembourg. La mu-
.sique qu'on y exécuta était de Philidor. Un grand
concours de monde se pressa dans ces cérémo-
nies.
Rameau avait épousé une demoiselle Marie-
Louise Mangot, qui lui survécut. « M™*^ Rameau,
« dit Maret ( loc. cit.), est une femme honnête,
« douce, aimable, qui a rendu son mari fort heu-
« reux : elle a beaucoup de talent pour la mu-
« sique, une fort jolie voix et un bon goût du
« chant. » Les enfants de Rameau furent :
1° Claude-François Rameau , écuy^r, valet de
chambre du roi. — 2" Marie-Louise, religieuse
au couvent de la Visitation de Sainte-Marie,
àMontargis. —3" Marie-Alexandrine, qui, après
la mort de son père , épousa un mousquetaire ,
nommé de Gauthier. On a fait plusieurs por-
traits de Rameau ; le premier a été gravé par
Delattre, in-i!t*' ; le deuxième et le plus beau a
été fait par Benoist , d'après Restent, in-fol. ;
le troisième a été gravé par Saint- Aubin, d'après
Caffieri. Le petit portrait en pied de Carraonlelle
est plein d'esprit : c'est celui qui représente le
mieux l'aspect du grand musicien , quoique le
dessinateur ait un peu cherché la caricature. On
trouve aussi le portrait de Rameau , gravé par
Masquelier, dans le deuxième volume de VEssai
sur la musique de La Borde, au frontispice de
la I2'"' année de la Gazette musicale de Leip-
sick, dans les Essais physiognomoniques de
Lavater, et dans plusieurs autres ouvrages.
Célèbre comme- organiste, plus célèbre en-
core comme compositeur dramatique , Rameau
semble pourtant n'avoir voulu faire de ces titres
de gloire que l'accessoire de sa renommée , tant
it s'est élevé par la création de son système
d'harmonie, quel» qu'en soient d'ailleurs les dé-
fauts. On a parlé diversement de ce système, et
l'on se fait en générai une faasse idée de sa
portée et de son mérite. 11 n'est pas vrai, comme
l'ont prétendu plusieurs écrivains français, qu'a-
vant Rameau il n'y eût dans la science de l'har-
monie et de la composition qu'un amas indi-
geste de règles arbitraires, sans liaison entre
elles, et souvent contradictoires. 11 n'est pas
vrai non plus qae toutes ces règles se soient éva-
nouies en présence de la basse fondamentale, ni
que celle-ci ait pu en tenir lieu; car tous les
préceptes de l'arti» d'écrire formulés par les an-
ciens écrivains didactiques ont pour base les lois
éternelles de la tonalité, tandis que les règles
du système de la basse fondamentale sont sou-
vent en contradiction avec ces lois. Mais ce n'est
point là qu'est la gloire de Rameau , et ceux qui
l'ont vanté sous ce rapport n'ont pas compris
plus que lui le mérite Je son œuvre. J'ai expli-
qué, dans mon Esquisse de Vhisioire de l'har-
monie (I), quelle était la situation de la science
il) Gazette musicale de farts, année 18W, n«« 3Set4l.
17!;
RAMEAU
avant Rameau, et quels ont été les résultats
réels de ses travaux. L'exposé analytique de
ces clioses est trop étendu pour trouver place ici,
et je suis obligé de renvoyer, pour les détails, à
cette partie de mon travail : je me bornerai à
indiquer les faits principaux.
L'art d'écrire la musique en harmonie avait
reçu dans le moyen âge le nom de contrepoint.
Les règles de cet art, perfectionnées par l'ob-
servation et par un sentiment plus exercé ,
avaient été puisées dans la conformation de la
gamme et dans la tonalité dont elle est la for-
mule. Deux accords consonnants (l'accord par-
fait et l'accord de sixte) et les dissonances intro-
duites dans ces accords par des moyens artificiels,
composaient tout le domaine harmonique de
ces premiers temps. Plus tard, on y introduisit
les accords dissonants, appelés naturels, parce
qu'ils sont les produits immédiats de la constitu-
tion de la tonalité. Les auteurs de traités de
contrepoint n'imaginèrent pas de rechercher l'o •
rigine des harmonies; mais ils constatèrent tout
ce qui, dans leurs successions, satisfaisait aux
exigences de la tonalité ou les blessait. De là les
règles formulées dans leurs écrits. Lor.'>que l'har-
monie des voix en usage jusqu'à la fin du seizièn)e
siècle, eut fait place aux chants à voix seule, ac-
compagnés par l'orgue ou le clavecin, il fallut
indiquer aux accompagnateurs l'harmonie qu'ils
devaient faire entendre sur la basse écrite qu'on
leur donnait pour les guider; cette basse prit
le nom de basse continue , et l'on imagina de
placer au-dessus de ces notes certains chiffres et
signes qui faisaient connaître les principaux inter-
valles des accords qui devaient les accompagner.
Telle est l'origine de la science de l'harmonie.
Les travaux des harmonistes italiens et allemands
ajoutèrent des faits nouveaux aux faits primitifs
de cette science , pendant le dix-septième siècle
et au commencement du dix -huitième ; ils s'atta-
chèrent surtout à perfectionner l'art de l'accom-
pagnement sur le clavier, qui était l'objet es-
sentiel de la basse continue ; mais, ainsi que les
auteursde traités de contrepoint, ils se livrèrent
bien moins à des recherches, sur la constitution
des accords qu'à l'analyse des circonstances har-
moniques et tonales de leur enchaînement. C'est
dans cet esprit que furent rédigés les livres de
Gasparini,|àc Printz, de Werckmeister, de Nicdl,
de Hoinichen et même de Matiheson. Ce n'est pas
à dire pourtant que les règles contenues dans
leurs ouvrages ne soient, comme on l'a dit, dic-
tées que par une aveugle routine, car elles ('taicnt
le produit de l'obsen'ation et les conséquences
nécessaires des lois de la tonalité, comme les
règles du contrepoint : seulement il y manquait le
point de vue scientifique , et la conception d'un
système de théorie.
C'est en cet état que. Rameau trouva l'art.
Livré à la lecture des livres de Mersenne, de
Descartes et de Zarlino, dans sa solitude de Cler-
mont, il y puisa la connaissance des nombres
appliqués aux intervalles des sons. Une proposi-
tion de Descartes, où ce philosophe pose eu fait
que l'oreille ne saisit naturellement que les inter-
valles représentés par les nombres 1 , 3 , 5 et
leurs multiples, le conduisit à considérer l'accord
parfait majeur, produit par la génération de ces
nombres, comme le type de toute harmonie.
1 lui fournissait le son fondamental; 2, l'oc-
tave; 3, l'octave de la quinte; 4, la double oc-
tave du son fondamental , 5, la double octave de
la tierce, etc. Considérant les sons d'octaves
comme identiques avec les sons primitifs, il rap-
prochait les intervalles et y trouvait l'accord par-
fait. Pour la formation de tous les autres ac-
cords , il lui parut qu'il ne s'agissait plus que
d'ajouter d'autres sons à la tierce inférieure ou
supérieure des accords parfaits majeur, mineur,
on d'en supprimer d'un côté pendant qu'on en
ajoutait de l'autre. C'est par ces additions de
tierces qu'il formait tous les accords de sep-
tièmes, de neuvièmes, etc. A l'égard des accords
où la sixte et la quarte étaient caractéristiques de
l'harmonie, il les obtenait parle renversement des
accords primitifs. Cette génération des accords,
qui obligeait Rameau à transposer l'accord par-
fait pour trouver les antres intervalles nécessaires
à la formation des accords dissonants, ne lui per-
mettait pas de faire entrer dans son système les
considérations de tonalité, et tous les accords
étaient autant de faits isolés qui n'avaient plus
entre eux de rapport de succession. Dès lors
toutes les règles des anciens harmonistes s'éva-
nouissaient. Trop bon musicien pour ne pas
comprendre qu'après avoir rejeté ces règles de
succession et de résolution des accord.s, incom-
patibles avec son .système, il devait y suppléer
par des règles nouvelles qui n'y fuissent (las con-
traires, il imagina sa théorie de \& basse fondtt-
vientale. Celte bas.se n'ctait qu'un moyen de
vérification de la régularité ile l'harmonie, et
non une basse réelle : c'est pourquoi Rameau
fait remarquer dans son Traité d'harmonie
(p. 1 35), qu'on ne doit pas s'arrêter aux succes-
sions d'octaves et de quintes consécutives qu'elle
exige. Il prescrivit des règles pour la formation
de cctt'.! bas.se, mais ii ne put les établir (|iie
d'une manière arbitraire : tout s'opposait à ce
qu'il en ex|)Osût une théorie rationnelle, basée
sur la nature même de rharnn)nie. Ces pgic*
avaient le défaut d'être insuffisantes pour une
RAMEAU
173
multitude de cas, et d'être fausses dans quel-
ques-uns. De plus, comme elles n'étaient qu'un
moyen de vérification des fautes qui pouvaient
échapper en écrivant, elles ne remplissaient pas
les mêmes fonctions que celles des anciens i>ar-
monistcs , dont l'objet était de faire éviter ces
fautes. Tel est le système exposé par Rameau
dans son Traité de Vharmonie , publié en
1722. Nonobstant ses vices radicaux, qui ne vont
pas à moins qu'a l'anéantissement de la correc-
tion dans l'art d'écrire, ce système, le premier
où l'on a essayé de donner une base scientifi-
que à riiarmonie, est une création du génie. Il
renferme d'ailleurs une idée vraie, féconde, et
qui seule eût immortalisé son auteur : je veux
parler de la considération du renversement des
accords, qui appartient à Rameau et sans la-
quelle il n'y a pas de système d'harmonie possi-
ble. Si nous nous plaçons au point de vue de la
situation où se trouvait Rameau lorsqu'il con-
çut le sien , nous ne pourrons lui refuser notre
adtniration pour la force de tête qui brille dans
cette conception.
Le phénomène de la production sensible des
harmoniques de l'accord parfait majeur dans cer-
tains corps sonores, avait été observé antérieu-
rement à la publication du Traité d'harmonie :
Rameau, en ayant eu connaissance, y vit une
confirmation manifeste de son système de l'har-
monie primitive, puisée dans la nature. Enthou-
siasmi^ par ce fait, dont la portée n'est pas ce qu'il
supposait, il en développa les conséquences dans
son Nouveau système de musique théorique,
publié en 1726. C'est dans cet ouvrage qu'il
commença à se jeter dans un étalage de démons-
trations de physique et de calculs par lesquels il
espérait relever le mérite de sa théorie, mais qui
n'ont au fond que peu de valeur. Dès qu'il lut
entré dans cette voie, son esprit s'y abandonna
sans réserve ; le premier fruit de ses méditations
géométriques fui la publication de son Traité de
la Généfation harmonique , suivi de la Dé-
monstration du principe de Vharvionie, et
de plusieurs autres écrits où la manie du ralcul
finit par conduire l'auteur du Traité d'harmonie
ju-qu'à vouloir démontrf r que toutes les sciences
ont leur origine dans les proportions fournies
par le corps sonore ; car, dans l'ignorance où l'on
était alors d'une multitude de phénomènes acous-
tique^, RanM«au était persuadé que tous les corps
sonores produisaient les mêmes sons harmoni-
ques, quelles que fussent leurs formes, leurs di-
mensions et le mode d'action vibratoire qu'on
leur imprimât. L'Académie des s'iences, et d'A-
lembeit lui-même eurent le tort d'encourager Ra-
meau à persévérer dans cette fausse direction ,
par des rapports sur ces ouvrages où l'on trouve
des passages tels que celui-ci : <■ Ainsi l'iiar-
n monie, assujettie communément À des lois
« arbitraires ou suggérées par une expérience
« aveugle, est devenue, par le travail de Ra-
« meau , une science plus géométrique, et à
« laquelle les principes mathématiques peuvent
« s'appliquer avec une utilité plus réelle et pins
« sensible qu'ils ne l'ont été jusqu'ici (1). » Plus
tard, et lorsque Hameau eut déclaré la guerre
aux encyclopédistes dans son pamphlet inti-
tulé : Erreurs sur la musique dans l'Encyclo-
pédie (Paris, 1755), d'Alembert essaya de jeter
quelque ridicule sur les prétentions du musicien
à passer pour un géomètre, et voulut lui dé-
montrer, dans une lettre imprimée en 175S, que
le corps sonore ne donne par lui-même aueune
notion des proportions des intervalles dont il fait
résonner les harmoniques ; mais il avait affaire à
un rude jouteur, qui ne s'effrayait point à l'iùlée
d'entrer en discussion avec les plus savants,
n'ayant nul souci de leurs arguments, et se com-
plaisant aux siens. Il avait osé se mesurer avec
Eu 1er, dont il ne comprenait guère t'E-ssai sur
une nouvelle théorie de l'harmonie; il ne recula
pas devant la nécessité de répondre à d'Alembert
sur des matières de physique et de calcul, comme
s'il ne se fût agi que d'une question de basse
fondamentale. Lo savant géomètre français au-
rait dû être averti du danger qu'il y avait à en-
courager Rameau dans ses fantaisies de science,
par ce qui était arrivé au P. Castel. Ce jrsuitti
avait accueilli avec bienveillance l'organiste de
Clermout à son arrivée à Paris, en 1721 , et
bien que peu instruit dans la musiqnc à cette
époque, il avait fort goûté l'idée de sa ba.sse
fondamentale, et l'avait engagé a continuer ses
travaux sur cette matière. Quatorze aas après,
le même P. Castel, dans la seconde partie de ses
Nouvelles expériences d'optique et d'acousti-
que, insérée parmi les Mémoires de Trévoux
(août 1735, p. t635), ayant cité un passag» de
la Musurgia de Kircher,qui semblait indiquer la
première idée de la basse fondamentale, Rameau
lui fit une rude réponse dans le même recueil
(juillet 17S6, p. 1691 ', et n'y montra pas cette
modestie dont parlent ses panégyristes. Mais la
partie était trop forte pour lui : la réplique du
jésuite ne se fil pas attendre (septembre 1736,
p. 1999) (2) : elle fut catégorique. « J'ai toujours
(Ij Rapport ât 1749, imprimé à la fin de la Démonstra-
tion du principe de l'harmonie pag. Xiv. Le texte de
ce rapport est altéré d:^ns la Bioyraphie universelle de
M. Michiiud, t. 37, pap. 3ï.
(î) M Maurici- »oiirgt's s'est trompé sur Tobjet de la
dispute, et sur les torts qu'il a attribues au V. Castel
174
RAMEAU
■ admiré (dit-il) et j'admire encore quatre pen-
« sées sublimes de cet auteur ( Rameau ) sur son
« art : !" sa basse fondamentale; — 2° ses
« accords fondamentaux; — 3" leur structure
« par tirrces , — 4° leur renversement par sixtes,
« quartes, secondes, etc. Je ne m'en dédirai, je
« crois, jamais. Après cette protestation, M. Ra-
« meau doit voir que je suis fort éloigné de le
« cliicaner et de le suivre même dans les chicanes
« qu'il fait à Kirciier (p. 2003). Je lui dis...
« que son grand objet devait être d'éclaircir cl
n d'étendre ses premières vues, et de fixer sur-
« tout la modulation. 11 en jugea autrement. 11
« prit quelques arrangements du côlé de la géo-
« métrie, comme on le voit par son second ou-
« vrage sous le nom, je crois, d'Introduction ou
« de supplément au Traité de l'harmonie, el
« nous donna dans cet ouvrage quelques ta-
« blés de nombres hannoniqvcs qui ne vont
« à rien (p. 2020). » Il est assez remarquable
que le P. Castel, auteur d'une analyse fort louan-
geuse delà basse fondamentale, publiée dans les
Mémoires de Trévoux, et d'Alembcrt, qui s'é-
tait donné la peine d'extraire ses Éléments de
musique des œuvres de Ranaeau , dans le des-
sein de rendre plus populaire celle même basse
fondamentale, finirent tous deux par s'en dé-
goûter, et firent de très-solides objections contre
cet objet de leur ancienne admiration, le premier
dans les mêmes Mémoires de Trévoux (aoAt
1735), l'autre dans une polémique qui parut
en 1760. En somme la gloire de Rameau, comme
théoricien, réside dans îe Traité d'iiannonie :
ce qu'il publia dans la suite n'y ajouta rien ; mais
tous ces livres et ces pam[ililcts occupèrent le
public de la basse fondamentale, et lui procurè-
rent une vogue dont il ny eut jamais d'exemple
à l'occasion d'une scienœ nouvelle, et i\\\\ dura
près de quatre-vingts ans. Le règne de la basse
fondamentale n'était pas encore passé au com-
mencement du dix-neuvième siècle, car on voi''.
dans les procès-verbaux des séances d'j Conser-
vatoire, pour la détermination d'une théorie de
l'harmonie (2 et 5 juin 1801 ), que le système
de Rameau fut tour à tour attaqué et défendu ;
mais l'adoption de la tliéurie de Catcl fi: hicniôt
oublier celle de la basse fondamentale. Grîmm,
dont la mauvaise foi égale l'ignorance des faits,
assure que les écoles d'Italie et d'Allemagne n'ont
jamais entendu parler des livres de Rameau con-
cernant l'harmonie (Corresp. littér., octobre
1764, tome 4, page 81) : or, il e<t précisément
démontré que ces ouvrages ont fait naître les
Il ■ dit qu'après U réponse de RameaD, le P. Cau
Ut m souf/la mot (CattlU muttealt de FarU, pag. lOi .
premières idées de théorie d'harmonie en Alle-
magne et en Italie, comme il» donnèrent naissance
à des multitudes de systèmes chez les Français.
La seule pensée de la possibilité d'une théorie
scientifique de l'harmonie fut un trait de génie
qui remua le monde musical et qui même encore
I aujourd'hui exerce son influence. Le Traité de
r/iormonie a été l'origine du J<?n/07»e/id'Euler,
I el du système de Tartini ; ce fut le système de
la basse fondamentale modifié que Marpurg in-
troduisit en Allemagne daus son Manuel de la
basse continue, et dans la traduction des Élé-
raente de musiqiiede d'Alembert ; Sorge, bien qu'il
eût fait choix d'un autre principe, se rallia à l'i-
dceémiscpar Rameau de la nécessité d'une base
scientifique pour la théorie des accords ; Matthe-
son lui-même, dans ses grossières injures contre
lautcur du TraHé d'harmonie, prouve qu'il
était vivement préoccupé decet ouvrage ; Martini,
dès 1757, discutait, dans le premier volume de
son Histoire générale de la musique, les opinions
de Rameau, et l'appelait célèbre scriltore di
Musica teorica e pratica de' nosiri giomi;
enfin, la formation des accords dissonante par des
additions de tierces , et l'extension du principe
de renversement des accords ont été les sources
du système de Vaiotti et de 8abbatini.Il est donc
certain que, loin de mériter les dédains de Grimm,
les livres de Rameau, malgré leurs énormes dé-
fauts, ont eu plus de succès et ont exercé une
inilucncc plus universelle qu'aucun autre traité
de musique.
Voici la liste des ouvrages de Rameau, con-
cernant la théorie de la musique et de l'harmo-
nie : 1° Traité de l'harmonie réduite à ses
principes naturels; divisé en quatre livres.
Livre I : Du rapport des raisons et propor-
tions harmoniques. Livre II : De la nature
et de la propriété des accords, et de tout ce
qui petit servir à rendre une musique par-
faite. Livre III : Principes de composition.
Livre IV : Principes d'accompagnement, Pa-
ris, J.-IJ. -Christ. Rallard, 1722, 1 vol. in-4' de
43:^ pages, avec un supplément de 17 pages.
Une traduction anglaise du Traité de l'Har-
monie a élé faite par Griffilh Jones ; elle a pour
litre : Treatise on Harmony, in u-hich the
Principles of accompaniment are fnltg ex-
plaincd and illuslrated by a variety of
examples, transtaled from the French. Lon-
dres, in-fol. (vans date). Il existe aussi une
version anglaise du troisième livie de cet ou-
vrage, mlilulop : A Treatise of Muslc,conlain-
ing the principles of composition; Londres,
J. Frcnth, sans date ( 1737), gr. in-S" de 180
pages. Une deuxième édition de cette traduction
RAMEA.U
175
a été publiée à Londres, chez Mnrray, en 1752,
in-4° de 176 pages, — 2° Nouveau système de
musique théorique, où l'on découvre le priii-
cipe de toutes les règles nécessaires à la pra-
tique, pour servir d'introduction au Traité
d'harmonie, Paris, J.-B.-Clir. Ballard, 1726,
10-4" de 114 pages. — S» Plan abrégé d'une
méthode nouvelle d'accompagnement pour
le clavecin ( dans le Mercure de France, mars
1730). Cet écrit était destiné à annoncer l'ou-
vrage suivant : — 4° Dissertation sur les dif-
férentes méthodes d'accompagnement pour
le clavecin ou pour l'orgue: avec le plan
d'une nouvelle méthode établie sur une mé-
canique des doigts que fournit la succession
fondamentale de l'harmonie ; et à l'aide
de laquelle on peut devenir savant com-
positeur et habile accovipagnateur, même
sans savoir lirr^ la m.vsique (!), Paris, Boivin,
1732, in-4°de 63 pages. Une deuxième édition
de cet écrit a été publiée en 1742. — 5° Lettre
au P. Castel, au sujet de quelques nouvelles
réflexions sur la musique (dans les Mémoires
de Trévoux, juillet 1736, p. 1691 et suivantes).
— 6° Génération harmonique, ou Traité de
musique théorique et pratique, Paris, Prault,
1737, in-8" de 201 pages, avec des plancbes. —
7° Dém.onstration du principe de l'harmonie,
servant de base à tout l'art musical j Paris,
Durand, 1750, in-S" de 112 pages, avec le rap-
port des membres de l'Académie royale des
sciences en xlvii pages. — 8* Nouvelles ré-
flexions sur la Démonstration du principe
de l'harmonie, servant de base à tout Fart
musical, Paris 1752, in-S" de 80 pages. —9° Ré-
flexions ds M. Rameau sur ta manière de
former la voix, d^ apprendre la musique, et
sur noi facultés pour les arts d'exercice
(dans le Mercure de France, octobre 1752. Il
a été lire quelques exemplaires séparés de cet
écrit. — 10° Extrait d'une réponse de M. Ra-
meau à M. Euler sur l'Identité des octaves,
d'où résultent des vérités d'autant plus cu-
rieuses qu'elles n'ont pas encore été soupçon-
nées; Pans, Durand, 1753, in-S" de 41 pages.
— 11° Observations sxir notre instinct pour
la musique et sur son principe : Paris, Prault,
1754, iu-8'de 125 pages. — 12" Erreurs sur la
musique dans V Encyclopédie : Paris, S. Jorry.
1755, in-S" de 124 pages. — 1-3' Suite des Er-
reurs sur la musique dans l'Encyclopédie;
Paris, S. Jorry, 1756, in-8° de 39 pages. — 14-' Ré-
ponse de M. Rameau à MM. les éditeurs de
l'Encyclopédie sur leur dernier avertissement;
Paris, S. Jorry, 1757, m-»" de 54 pages. —
15" Lettre de M. d'Alembcrt à M. Rameau
concernaiU le corps sonore, avec la réponse
de M. Rameau; Paris, sans date ( 1758), in-S**
de 36 pages. — 16" Prospectus du code de
musique; Paris, Durand, sans date (1759),
une fciiille in-8*. — 17" Code de musique pra-
tique, ou Méthodes pour apprendre la mu-
sique, même à des aveugles, pour former la
voix et l'oreille, pour la position de la main
avec une mécanique des doigts sur le clavecin
et l'orgue, pour l'accompagnement sur tous
les instruments qui en sont susceptibles, et
pour le prélude : avec de nouvelles réflexions
sur le principe sonore; Paris, de l'Imprimerie
royale, 1760, in-4''de 237 pages, avec desplan-
clies. — 18° Origine des sciences, suivie d'une
controverse sur le même sujet, Paris, 1761
in-4°. — 19° Lettre aux philosophes, concer-
nant le corps sonore et la sympathie des tons
(dans les Mémoires de Trévoux, 1762, p. 465-477).
Rameau a laissé en niauuscrit : — 20° Traité
de composition des canons en musique,
avec beaucoup d'exemples. — 21° Vérités in-
téressantes peu connues jusqu^à nos jours. —
22° Des avantages que la musique doit reti-
rer des nouvelles découvertes (inachevé). Une
analyse générale des théories de Rameau a été
publiée ïous ce litre : Réflexions sur divers
ouvrages de M. Rameau, par M. du Char-
ger, de Dijon, Rcnne«, 17ei,in-12.
Les opéras, ballets et divertissement^ de Ra-
meau sont ceux dont les titres suivent : 1° Di-
vertissemcnts àtV Endriague, coiaéàie de Piron,
pour l'Opéra-Coniique de la foire SainlGermaio,
en 1727. — 2° Idem pour la Resc , au même
théâtre, 1728. — 3" Idem pour le Faux pro-
dige , au mdroe théâtre. — 4° Idem pour P£n-
rdlement d'Arlequin, au même théâtre. —
5" Idem pour les Courses de Tempe, au Théâ-
tre français, 1734. — 6° 5«/?iso?i, tragédie lyri-
que de Voltaire, non représentée, 1732. —
7° Hippolyte et Aricie , idem, représentée en
1733. — 8° Les Indes galantes , opéra-ballet,
1735. — 9° Castor et Pollux, tragédie lyrique,
1737. — 10' Les Talents lyriques, opéra-ballet,
1739. — 11° Dardanus, tragédie lyrique 1739.
— 12° Les Fêles de Polymnie, opéra-ballet,
1745. — ii'^ La Princesse de Navarre, comédie
avec intermèdes, 1745. — 14° Le Temple de
la Gloire, opéra-ballet, 1743. — 15° Les Fêtes
de l'Hymen et de l'Amour, idem, 1747. —
16° Zaïs, opéra-ballet, 1748. — iTPygmalion,
idem, 1748. —\W Nais, idem, il it9.~\T Platée,
opéra bouffon, 1749. — 20° Zoroastre, tragédie
lyrique, 1749. — 21° Acante et Céphise, pas-
torale héroïque, 1751. — 22° La Guirlande,
opt'ia-ballcl, 1751. — 23° DaphnéetÉglé, idena.
176
RAMEAU — RAMIS
1753. — 24° Lysis et Délie, idem, 1753. —
— 25" La Naissance d'Osiris, idem, 1754. —
— 26° Anacréon, idem, 1754. — 27° Zéphire,
idem. — 28° Nélée et Mirthis, idem. — 29° /o,
idem. — 30° Le Retour (TAstrée , prologue ,
1757. — 31° Les Surprises de V Amour, opéra-
ballet, 1759. — 32° Les Sybarites, idem, 1759.
— 33° Les Paladins, SAtm, 1760. —M° Abaris
ou les Boréades , tragédie lyrique, non repré-
sentée. — 35° Linus, idem. — 36° Le Procureur
dupé, opéra-comique, non représenté. Les par-
titions des principaux de ces opéras ont été im-
primées, mais seulement avec les parties chan-
tantes, la basse , les ritournelles et la partie de
premier violon (1). Rameau a laissé enmaniiscrit
les motets avec chœurs : Inconvertendo ; Qitaï?i
dilecta; Deus nosler refugium , et quelques
autres. Le motet Laboravi , à 5 voix et orgue,
est imprimé dans le troisième livre du Traité
d'harmonie. On a aussi de ce compositeur des
pièces de clavecin d'un mérite très-remarquable.
Elles ont paru sous les titres suivants : 1° Pièces
de clavecin avec une table pour les agréments,
Paris, 1731, in-fol. obi M. Farrenc cite, dans
sa Notice, une édition de ce premier livre de
pièces sous la date de 1731, Paris, in-fol. obi.
J'en possède un exemplaire dont le titre, im-
priiné en caractères mobiles, a été vraisembla-
blement renouvelé, et porte la date de 1736. —
4* Nouvelles suites de pièces de clavecin, avec
des remarques sur les différents genres de
musique, ibid. (sans date), in-fol. obi. Ces der-
nières pièces sont fort belles. — 5° Pièces de
clavecin en concerts (cinq) , avec un violon
ou une flûte , et une viole ou un deuxième
rjofoji ,• Paris, Leclerc, 1741, in-fol. M. Farrenc
en possède un exemplaire qui porte la date de
1752. Il a été fait une édition de ces pièces à
Londres. On est redevable à M. Farrenc d'une
nouvelle et excellente édition des deux suites de
pièces de clavecin de Rameau , insérée dans la
(1) Les opéras de Rameau ont donné lieu aux pamphlets
suivants : 1" IMlre de M. de'" à U""' ***, mr les opéras
<i« Pliaétun, HIppolyte et Aride; Paris, iiAS, to-S». —
»• Lettre à l'auteur de la lettre de M. de'" à Af""",
tur let opérât, etc. (Dans le Journal llltéralre Intitulé :
Observntiont tur let écrits modernes, S mars 1743. —
8" Réponse de V auteur de la lettre de M. t/e**", etc., d la
lettre qui lui a éié adressée liant les Otiscrvatlonsnur les
écrits raoderncs; Paris, nw. One feuille In-tl. — 4» Lettre,
critique sur l'opéra deCasXor et Pollux (dans le Mercure
de France, avril mî) — B» Réponse à la critique de
Fopcra lie Cailor. et obtervatioiis sur la musique; Parts,
ms, In-H. -6» Lettre de M U baron de la Vieille Croche,
au tujrt de Copéra de Castor et Pollnx, donne à yer-
taities le 10 mai 1777, Pari». 1777, ln-8». — l-' Le For-
geron musicien. Lettre critique tur ta muttque .det
tndet galuntet; Paris (sans date), tn-lt .
première livraison de sa précieuse et splendide
collection intitulée Le Trésor des pianistes.
Enfin Rameau a laissé en manuscrit des pièces
d'orgue.
Maret, de l'académie de Dijon, a publié un
Éloge historique de Rameau ; Paris , 1766 ,
in-8°. Cet éloge se trouve aussi dans le recueil
de l'académie de Dijon. U en a été fait une
deuxième édition, à Dijon, en 1770, in-8°. Cliaba-
non avait déjà' publié un éloge de ce grand artiste,
Paris, 1764, in-12. Palissot en a donné un autre
dans le Nécrologe des hommes célèbres pour
l'année 1765. Le Mercure de France continnt
aussi uu Essai d'éloge historique de feu
M. Rameau (année 1765 , tome l"). Enfin il
s'en trouve un autre dans l'écrit intitulé Ordre
chronologique des deuils de cour, pour Van-
née 1704. Gautier- Dagoty fils (Jean-Baptiste), a
donné, en 1771 , dans la Galerie française ^
in-fol., la vie de Rameau avec son portrait
gravé par Benoi.st, d'après Re.stout. On trouve aussi
une notice sur la vie et les ouvrages de ce rnu-
.vicien, dans VAmi des Arts, par de Croix (Paris,
1776, in-n, p. 95-124); M. Maurice Bourges
on a donné une autre dans la Gazette viusicale
de Paris (année 1839, p. 201-205, 228-230); et
M. Farrenc a donné aussi, dans la iiremière li-
vraison du Trésor des pianistes, une Notice
biographique de Jean-Philippe Rameau.
Enfin, M. Sulié, fils de l'ancien acteur de l'Opéra-
Comiqiip, a publié : Études biographiques sur
les compositeurs qui ont illustré la scène
française .: Rahkau, Ancenis, 1853, in-8°. Jean-
François Rameau, neveu du compositeur, a pu-
blié un poëme en cinq chants, intitulé la Ra-
méide (Paris, 1766, in-8°), dont la vie et les
travaux de son oncle sont le sujet. On en a fait,
dans la même année, une parodie qui a pour
titre la Nouvelle Raméide, in-8° de 30 pages.
BAIUERIN, ou RAMERINO (Jacques),
Florentin, vécut au dix-septième siècle. Il est
cité par Jean-Baptiste Doni , son compalriote et
son contempoiain comme le premier in venlt-ur du
clavecin transpositeur, dans son Traité de la
matière des tons, en français (p. 111 «lu ma-
nuscrit original de la Bihliotlièque impériale de
Paris, n° 1889, fonds de l'ahbaye de Saiiil-Ger-
main-des-Prés). Voici le passage de Doni : « Knfia,
« la diversité des tons que l'on entend au cla-
« vecin fabriqué par Jacques Ramerin, Florentin,
« auquel, par le changement de ressorts, le
« méiné clavier sert à divers tons différents, par
K degrés semi-toniques. »
RAiVllSou RAMOS DE PAREJA ou
PEREJA (Bartholohé), professeur de mu-
sique, naquit à Baeza , dans l'Andalousie, vers
RAMIS
177
Ki'iO. Binney dit, ilans son Histoire générale de
fa musique, que Ramis fut professeur de musique
à Tolède; mais son erreur est manifeste, car
Ramis nous apprend lui-môme, dans un passage
du livre dont il sera parlé tout à l'heure, qu'a-
vant de se rendre à Bologne, il avait enseigné la
musique à Salamanque, qu'il y avait soutenu
une doctrine contraire à celle d'un certain maître
Osmeno, Espagnol, et qu'il y avait fait imprimer
un traité de musique dans sa langue mater- j
nelle(i). Cette .publication a et»' faite antérieure- j
ment à 1480, car suivant l'abbé Xavier Lam- ;
pillas Ci), Ramis avait quitté alors Salamanque
pour se rendre en Italie; et nous voyons en effet
qu'antérieurement au mois de mai 1482, il en-
seignait à Bologne, et y avait déjà formé des !
élèves, parmi lesquels était J. Spataro (cotj. ce
nom). Dans une notice sur liamos de Pareja \
insérée dans la Biographie universelle de Mi- \
chaud (notice qu'on peut appeler un roman ) j
Bocous fait naître ce musicien à Salamanque, vers |
1535, le fait appeler à Bologne en 1582 par le i
pape Nicolas V,pour y occuper une chaire de
musique qui venait d'y être fondée, lui fait pu-
blier son traité de musique (dont il ne sait pas
le titre) en 1596, à Bologne, et le fait mourir \
dans cette ville en 16H. Or le pape Nicolas V
monta sur !e siège apostolique en 1447 et mou-
rut en 1455, c'esl-à-dire cent vingt-sept ans
avant l'époque où Bocous prétend qu'il fit
venir Ramis à Bologne. A l'égard de la date ^■é-
ritable du séjour de celui-ci dans celte ville,
elle se prouve par celle de la publication de son
livre , par la critique que fit Burci de cet ou-
vrage {veij. RuRci), par la défense de Ramis ;
écrite par son élève Spataro, et par d'autre* té- ;
nioifinages contemporains. Ainsi il est démontré '.
que Ramis de Pareja vécut un siècle plus tôt >
qu'il n'est dit dans la Biographie universelle j
(tome 37, p. 54 et 55).
Bartholomé Ramis nous apprend (dans le se-
cond traité de son livre, concernant les propor-
tions de la notation), que son mailre fut un <
musicien nommé Jean de Monte, contemjio-
rain de Busnois et d'Okegliem. Aaron a cité ce :
passage dans le SS^e chapitre du premier livre j
de son Toscanello in niusica. La date de la j
mort de Ramis est inconnue; il parait qu'il vi- |
vait encore en 1521, lorsque Spataro ou Spadaro I
!
(1) Cura In studio legeremus Sainaantino présente et co- I
ram eo redarguimus, et in tractatut quera ibi in liac fa-
cnUate linirua materna compnsuimus, Ipsi in omnibus '
coMtradiximus, etc. (RamI, De Musica. Tract. S, Part. 1. I
Cap. 6 ) j
(îj Sagiiio storico-apologetico délia letteratura fpa- i
onvola, t. Il, part. î, p. 380.
CIOCK. f.MV. DES MISÎCIFNS. — T. V!l.
publia ses Errorî de Franckino Go.fv.rio da
Lodi, dal maestro Joanne Spatario^ musico
bolognese: in sua defensione , et del suo pre-
cetiore maestro Bartolomeo Ramis Hispano,
subtilmente demonstrati; car aucune phrase
de cette polémique n'indique que le maître de
l'écrivain fût décédé.
Ramis fit imprimer les leçons de musique qu'il
avait données publiquement à Bologne dans un
livre intitu'é : De Musica Traclaius, sive mu-
sica practica. Bononia (sic), dxim eam ibid.
publiée legeret, impressa XI Maij 1482, in-4''.
Par des motifs inconnus, à peine cette édition
fut-elle mise au jour, qu'elle fut supprimée par
l'auteur, et remplacée par des exemplaires avec
des cartons qui portent ces mots au frontispice -.
Editio altéra aliquant. mutata. Bononia die
5 junii 1482. Le P. Martini a|K)ssédé un exem-
plaire de chacun des deux tirages de ce livre :
ils sont aujourd'hui dans la Bibliothèque du Lycée
communal de musique , à Bologne. Celui de la
première édition est chargé de notes manus-
crites d'un auteur inconnu et d'Hercule Botlrigari.
Col exemplaire est peut-être le seul que l'on con-
naisse aujourd'hui. Ceux de la seconde édition
sont aussi fort rares ; je n'ai pu m'en procurer ira
qu'après dix ans de recherches dans les villes
principales de l'Ilalie. Gerber, sur une indication
incomplète du traité de musique publié à Sala-
manque par Ramis, puisée par de Murr dans tes
Annales typographiques de Panzer, déclare dans
son nouveau Lexique des musiciens , que les
éditions de Bologne, citées par Forkel d'après le
P. Martini , n'existent pas. Or Panzer {Annal,
typog., t. IV, p. 417), d'api^s Caballero {Délia
typographia espaùola, page 96) cite le traité
de musique en langue espagnole, publié à Sala-
manque, et non le traité latin qui parut à Bologne.
Le traité de Ramis est sans litre dans les dtu\
tirages de l'édition de 1482. La pi-emière page
porte en tête Prologus , et commence par ces
mots : Boelii musices disciplina quinque vo-
luminibus comprehensa,clc. Ce livre est com-
posé de 81 feuillets non chiffrés, mais avec des
signatures aux trois premières feuilles a, b, c.
L'ouvrage est divisé en trois traités. Les deux
tirages sont exactement semblables jusqu'au
commencement du septième clia()itre de la pre-
mière partie, au fetiitiet signé b 3 ; mais la demi-
feuille signée 6 3 a été entièrement réimprimée
pour le second tirage, ainsi que le commence-
ment du huitième chapitre, pour des change-
ments de peu d'importance, et surtout pour faire
disparaître les abréviations trop nombreuses du
premier tirage. Dans le second, l'imprimeur a
oublié de marquer le commencement du huilièmo
12
178
RAMIS
cliapitre. Le feuillet qui vient après cette demi»
feuille est semblable dans les deux tirages, ainsi
que tout le reste de l'ouvrage jusqu'au dernier
feuillet qui aélé réimprime. A la lin derÉpilof;ue,
verso du feuillet 81, on lit dans les exemplaires
du second lirage : Explicit féliciter prima pars
VfiMsice. egregie et famosi musici domini Bar-
iolomei Parea Hispani dxim pul/iice mvsica
Bononie legeret, in qua tota practice cari'
torum pertractat. Impressa vero opéra et in-
dustria ac expensis magistri Baltasaris de
Hiriberis, anno Domini M. CCCC. LXXXII.
die 5 iunii. Puis vient le registre des 3 pre-
mières feuilles. Dans le premier tirage, on lit à
la même place : Explicit musica prnctica liar-
tolomei Rami de Pareia Hispani ex Betica
provincia et civitate Baeza Bien, dioces.
vel sufragaoriundi. Abne urbis Bononie dum
eam ibidem publiée legeret. Impressa anno
Domini millesimo quadringentesimo octo-
gesimo secundo, quarto idus maji.
Le livre de Ramis est divisé en trois traités
qui sont eux-mêmes subdivisés en deux ou en
trois parties. Le premier est relatif à l'échelle
musicale et à la constitution des tons; le second,
à la notation, à ses proportions et au contre-
point; le troisième, à la nature des intervalles et
à leurs proportions. Dans le premier, il critique
assez rudement les liexacordes du système at-
tribué à Guido, non à cause de la difficulté des
muances, mais parce qu'ils ne représentent que
des échelles incomplètes. Cette critique lui attira
de violentes attaques de Burci {votj. c« nom),
son contemporain. Dans la troisième partie du
troisième traité, il al>orde la question de la réalité
sensible du comma 80 : 81, et propose de le faire
disparaître au moyen du tempérament. Il est
remarquable que Marchettode Padoue, Tinctoris,
Gafori, Burci, et après eux Pierre Aarou, Etienne
Yanneo et Glaréan, afiirmaient la réalité sensible
du comma dans la théorie, mais n'en tenaient
pas compte dans la pratique. Satinas a fort bien
remarqué ( De musica, lib. 4, cap. 30, p. 223-
224) les l'untrudictions de Gafori à ce sujet. Cet
écrivain, en eflet, suit la théorie pure de Pytlia-
gore et de Ooèce dans son livre intitulé : An-
gelicum ac divimim opus musicx (tract. I,
cap. 17), à l'égard de la quarte , contre les opi-
nioDsde Ptolémée, et dan6 le même livre, il adopte
la sesquiquarle et la sesquiquinte de ce der-
nier, contrairement à la doctrine de iioèce et des
pythagoriciens; enfin il critique vivement, dans
le trente-qiiittrième chapitre du deuxième livre
de ..son traité De Harmonica musicoram ins-
trnmentonim, la modération des tierces (iroposée
par Ramis, comme une conséquence nécessaire
, des quintes et quartes justes. Mais Ramis faitui»
très-bon raisonnement lorsqu'il propose son tera-
pénimenl pour faire disparaître le comma qui
donne lieu à ces contr.idictions manifestes : car
dit-il, ou le comma est .sensible à l'oreille, ou
il ne l'est pas; dans le premier cas, il faut
taire une division générale des intervalles telle,
que la différence soit répartie sur tous ; dans
l'autre, il ne doit point apparaître dans la théorie.
Toutefois si Ramis est dans le vrai en ce qui
concerne la nécessité du tempérament, non dans
les voix, mais dans les instruments à sons fixes,
il se trompe en croyant le réaliser par les demi-
tons majeurs, dans la proportion de 15 : 16, et
faisant le ton d'?(^ à ré égal à 9 : 10, c'e-st-à-dire
un ton mineur, et le ton de ré k mi égal à 8 : 9,
proportion du ton majeur; car ces proportions ne
constituent pas un tempérament véritable : c'est
simplement le système diatonique synfon de
Didyme (voy. ce nom) ; système dont Fogliani a
fait plus tard la base de sa théorie de la musique
{Musica theor. sect. 2, cap. 15, et sect. 3,
cap. 1,) et qui a été reproduit par Vicentino
( L'antica Musica rid. alla moderna prat.
lib. I, cap. 25, p. 22), par Salinas (De Musica,
lib. II, cap. 1 1), et par Galilei ( Dial. délia
Musica, p. 33). L'erreur de Ramis consiste à
n'avoir pas vu que le diatonique synton de Di-
'' dyme n'est pas plus un tempérament que
celui de Plolémée, qui en est la disposition in-
verse, en ce que, dans celui-ci, ut et ré forment
un ton majeur égal à 8 : 9, et que reet vii sont
entre eux à la distance d'un Ion mineur, égal
à 9 : 10; système adopté par Zarlino (Instit.
harmon.pari.il, cap. 39), et qui est devenu la
base de la théorie numérique de la musique chez
la plupart des géomètres modernes. Le tempé-
rament, que cherchait Ramis, ne peut exister
que dans la division irrationnelle du ton en deux
demi-tons égaux; division de laquelle résulte le
tempérament égal, c'est-à-dire celui de la for-
mation de réchelle chromatique en douze demi-
tons égaux dans l'étendue de l'octave; car c'est le
seul qui puisse être appliqué aux instruments à
sons lixes.
Ainsi qu'on le voit, Ramis abandonne dans son
Traité la doctrine de Boèce, qui avait été celle de
tous les mus'ciens du moyen âge ; de plus, son
nouveau système l'oblige à entrer dans la consi-
dération de l'ortiive, avec laquelle le .système des
hexacordes attribué à Guido d'.\re/zo est incom-
patible. De la ses criti(|ues contre les deux lu-
mières de la théoriede la musique de sou temps;
mais ces critiques ne purent .se produire sans
échauffer la bde des partisans de l'ancien système.
Nicolas Burci, de Parme, prêtre connu sous le
RAMIS — RAMMELSBERG
179
nom latinisé de Burtius , attaqua Ramis avec
violence dans un traité de musique publié à Bo-
logne en 1487 {voy. Bcrci). Spataro, élève du
Ihéoricien espagnol, prit la défense de son maître
dans un écrit qui parut en 1491 {voy. Spataro),
et la polémique sur les questions de proportions
des intervalles des sons et de tempérament se
renouvela avec ardeur quelques années après,
et se continua pendant une grande partie du
seizième siècle.
La Bibliollièque royale de Berlin possède un
précieux manuscrit du fonds de Pœlcliau , qui
contient un traité de musique attribué à Bartbo-
lomé Rarais, écrit vraisembl^ablemenl dans les der-
nières années du quinzième siècle, et qui a tous
les caractères d'un manuscrit autograplic. Cet
ouvrage, entièrement dilïérent de celui qui a été
imprimé à Bologne, en 1482, fut acbeté àCatanc,
en Sicile, le 3 décembre 1817, par Jean-Cbrélien
Niemeyer, qui le céda à Pœlcliau, dont la riclie
bibliothèque musicale a été acquise par le roi de
Prusse. L'ouvrage est divisé en deux livres, et
le deuxième livre est subdivisé en quatre parties.
Les six cbapitres du premier livre traitent de
la connaissance des notes et de leur distinction,
de l'échelle générale des notes dans le genre
diatonique, des modes et des tous, enfin, de la
solmisalion. La doctrine qui y est développée est
basée uniquement sur le sentiment musical, c'e»t-
à-dire sur les sensations qui naissent des rap-
ports perceptibles des sons. Le second livre ren-
ferme la théorie arithmétique des proportions des
intervalles , et de leurs dispositions dans les
g&mmes des tons. L'auteur dit lui-même, au
commencement de son ouvrage : Hune nostrum
librum niusicx in duos partiales libros divi-
dimus; primus de modis musicis sensualiter
deprchensis; secundus raUonis investigatio-
nem docebit.
Primus liber : De parte judiciali mvsicœ
quoad sensum videlicet et adsingula ad hune
moduin requisila. La théorie exposée par liamis
dans le second livre le ramène à son idée favo-
rite de ce qu'il considérait comme le vrai tempé-
rament propre à constituer la justesse approxi-
mative des intervalles.
A l'égard du traité rédigé à Salamanque par
Kamis en langue espagnole, on n'en a pas re-
trouvé de copie jusque ce jour; peut-être le
manuscrit dont il vient d'être parlé en est-il la
traduction latine.
UAMLEU (Charles-Guillakme), professeur
de belles lettres à Berlin, naquit en 1725 à Cul-
berlen, dans la Poméranie, et fut placé dans la
maison des Orphelin» de Stetlin, puis a celle de
Halle. Après avoir fréquenté l'université de celte
dernière ville, il se livra à la poésie, pour la-
quelle if avait reçu du talent de la nature. Fixé
plus tard à Berlin , il y fut nommé pi^fesseur au
corps des cadets. Frédéric 11 lui confia, de
moitié avec Engel , la direction du théâtre na-
tional ; mais sa santé l'obligea d'abandonner
cette position en 1796: toutefois on lui en con-
serva les appointements. Ramier mourut à
Berlin, le 11 avril 179S. Ses poésies jouissent
d'une haute >estirae en Allemagne. On a aussi
de lui quelques traductions d'ouvrages français
relatifs à la musique, entre autres Les Beaux-
arts réduits à un seul principe, de l'abbé
Batteux, Leipsick, 1758, iu-S", la Défense de
l'opéra français, dans les Essais historiques de
Marpurg (tome 2, pages 84-92), et la Disser-
tation sur le, même sujet, par Rémond de Saint-
Mard (Essais historiques de Marpurg, t. 2, pages
181-194).
Rx\MM (Frédéric) , célèbre bautboïste, na-
quit à Manheim , le 18 r.ovcmbre 1744. Stark,
hautboïste du corps de musique militaire du
Palalinat, fut son maître et lui lit faire de si ra-
pides progrès, qu'à l'âge de quatorze ans il fut
admis dans la musique de la cour à Manheim.
En 1760, il entreprit son premier voyage, et se
rendit à Francfort, où il joua avec succès dans
un concert public. Puis il parcourut la Hollande
et fut partout accueilli avec faveur. De retour à
Manheim en 1761, il y resta jusqu'en 1772. A
cette époque, il visita Vienne, et joua à la cour,
devant l'empereur Joseph II et l'impératrice
Marie-Thérèse. En 1778, il se rendit à Paris et
excita l'admiration dans les concerts spirituels ;
puis il visita l'Italie, l'Angleterre et Berlin. Le roi
de Prusse lui offrit une position avantageuse
dans sa chapelle ; mais Ramm, engagé au service
de l'électeur de Bavière, ne voulut pas aban-
donner sa place. En 1807, il fit un troisième
Toyage en Italie, et donna un concert à Milan.
De retour à Munich, il y lit son jubilé de 50 ans,
en 1809, et le roi de Bavière lui accorda son
traitement entier comme pension de retraite
après cinquante ans de service. Cet excellent
artiste, qui n'a jamais été surpassé pour la beauté
du son, la délicatesse et l'élégance du style, n'a
pas fait graver de compositions pour son ins-
trument. Je n'ai pas de renseignements sur l'é-
poque de sa mort : elle n'est pas indiquée dans
les Lexiques de Gassner et de Bernsdorff.
BAMMBLSBEHG (Jcles), musicien de la
chambre du roi de Prusse, et violoniste de l'or-
chestre (le l'opéra à Berlin, estné dans cette ville le
10 juin 1816. Les premières leçons de musique
et de violon lui furent données par Spiess,
membre de la chapelle royale, puis il devint
' 12.
180
RAMMELSDERG — RANDHARTINGPLR
élève de Hubert Ries, et Grell lui enseigna l'har-
inonic. Cel artiste est considéré à Berlin comme
un bon violoniste, particiilièrement pour l'exécution
des quatuors. Ses compo&itions consistent en un
trio pour piano, violon et violoncelle, plusieurs
morceaux pour violon et orchestre, trois sonates
pour piano et violon , environ 50 Lieder et un
psaume; mais il n'a publié jusqu'à ce jour (1862)
qu^une sonate pour piano et violon, à Berlin,
chez Spiedier, ^
RAMOIVEDA ( Ignace )4 moine espagnol,
directeur de la niusique du couvent de Saint-
Laurent, à l'Escurial , près de Madrid, dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle, s'est fait
connaître par la publication d'un traité de plain-
chant, intitulé : Artc de canto llano en com-
pendio brève, y metodo muy facil para que
los particulares, qui deben saperlo, adquiron
con brevidad y poco Irabajo la iiUelligericia,
y desireza conv entente , Madrid, P. Marin,
1778, in 4° de 216 pages.
RAMOUX (L'abbé Gilles-Joseph-Evbard),
né à Liège, le 21 janvier 1750, fit de brillantes
études au collège des jésuites établi dans cette
ville, puis entra dans les ordres. Après la sup-
|)ressiou des jésuites par le pape Clément XIV,
l'évêqne diî IJége établit un collège communal
dont l'abbé Ramoux , bien jeune encore , fut
nommé professeur de rhétorique. En 1784, il
a!)andonna la carrière de l'enseignement pour
la cure dc' Glons, près de Liége^ qui lui avait été
offerte. Il y passa le reste de ses jours, occupé
du soin d'améliorer le sort de ses paroissiens et
leur venant incessamment en aide. Ce digne ec-
clésiastique mourut à Glons le 8 janvier 1826, à
l'âge de 76 ans. 11 avait été l'un des fondateurs
de la Société d'émulation de Liège en 1779. L'abbé
Rarauux est, dil-on , l'auteur des paroles et de
la mélodie d'un chant national devenu populaire
dans le pays de Lif^e, et qui commeuce par ces
mots : Valeureux Liégeois!
Un neveu de cet ecclésiastique, Michel-Jo-
seph Ramoux, qui fut président de la société
d'Orphée, de Liège, a fourni à plusieurs jour-
naux des articles de critique musicale et a tra-
duit de l'allemand les paroles de beaucoup de
c.hanls en chœur. Un fils de celui-ci, Alphonse
liamoux , né à Jemeppe-sur-Meuse , le 5 juil-
let 1817, eut une organisation toute muMcaie
qui se développa rapidement dans ses études au
Conservatoire de Liège. Déjà il se faisait remar-
quer dansles concerts parson habileté précoce sur
le piano, et ses premières rtomposilions indi-
quaient "n avenir d'artiste d'élite, lorsqu'une
lièvre cérébrale le mit au tombeau, le 14 septem-
bre tS3r..
RAM PI NI (Jacqces), maître de chapelle de
la cathédrale de Padoue, naquit <lans cette ville
vers 1680. Il fit représenter au thodlre de Ve-
nise les opéras suivants : 1" Armida, en 1711.
— 2" La Gloria irionfante d'ainore, 1712.
— 3° Ercole sut Termodonte, 1715. — 4° /i
Trionfo délia costanza, 1717. Ce maître a
laissé en manuscrit beaucoup de musique d'église.
R AMPOLIA'1(Mattf.o), musicien lloreotin,
vécut dans la première moitié du seizième siècle
et fut attaché au service de Cosme de Médicis.
Il fut un des compositeurs chargés d'écrire la
musique pour les fêtes qui eurent lieu à Pocca-
sion du mariage de ce prince avec Léonore de
Tolède, en 1539. Ses collaborateurs pour ces tra-
vaux étaient François Corleccia, Coaslant Fcsta,
Masaconi et Moschini. Les chants à quatre et cinq
voix qu'ils écrivirent pour ces fêtes ont été pu-
bliés sous ce titre : Musiche fatle nelle nozze
Uello iUustrissimo Duca di Firenze il iiignor
Cosimo de Medicict dclla illustrissima Con-
sorte sua Mad. Leonorada Tolleto. In Vene-
fio, nella stampa d'Antonio Gardano, neli
anno del Signore 1539, ne/ mese di Agosto ,
petit in-4''oblong. Des exemplaires de cet ou-
vrage rare .sont à la Bibliothèque impériale de
Vienne, et à la Bibliothèque de Saint-Marc, à
Venise.
RAMPOIMT (Mansuès-François), docteur
en médecine de la faculté de Paris, médecin de
la grande armée , à l'époque du premier Empire
français, et membre de plusieurs sociétés médi-
cales, est né à Vadonville (Meuse), l« 3 septem-
bre 1777. Au nombre de ses ouvrages, ou trouve
un écrit intitulé De In voix et de la parole;
Paris 1803, 1 vol. in-S°. de 151 pages. Il y a
de bonnes observations mêlées à quelques erreurs
dans ce petit ouvrage : celles-ci concernent par-
ticulièrement la production simultanée du chant
et de la parole : l'auteur s'est persuadé que
dans cette réunion il y a uue double phonation
par le larynx, tandis qu'il est de toute évidence
qu'il n^y a qu'un son produit, avec une articula-
tion de la langue, des lèvres et des dents, pour le
modifier. Kampont n'est pas seulement instruit
dans son art, car il a des connaissances en l>eau-
coup de choses. Il aime assez à traiter de haut
certaines questions de son livre et à entrer
ddus le domaine de la philosophie , mais au
point de vue purement sensualiste de l'époque
à Inquelle il appartient. Condillac, Cabanis, et
même Helvétius, sont ses oracles.
RA.\DllARTIi\GER (Benedict), compo-
siteur et professeur de piano à Vienne, né le
27 juillet 1802 à Reprechtshofcn (Autriche),
ff : ut d.' sf 11 père, maître d oi oîe dans r.o i^f n, «m
RANDHARTINGER — RAOUL DE BEAUVES
181
instruction dans les éléments de la musique. Sa
belle voix le Ht admettre à l'âge de dix ans dans
l'institution de Vienne appelée Staais-Convict,
et dans les trois dernières années qu'il y passa,
il reçut de Salieri des leçons de chant et de com-
position . En 1832; i! entra comme ténor à laclia-
pclle impériale; en 1844 , il en devint le second
maître de cha[>elle. En 1840, il avait été nommé
chef d'orchestie du théâtre de la perle de Carin-
tliie. On a quelques compositions de cet artiste
pour le piano, et beaucoup de Lieder. Rand-
liartingeraécrit aussi des symphonies,des mor-
ceaux de concert pour divers instruments , et l'o-
péra intitulé Kœnig Enzio. En 1843, ilai'ait exé-
cuter une mes$e solennelle desa composition, avec
orchestre, à l'église Saint-Étienne de Vienne.
RAIVGO (CoNRAD-TiBUHCE ) , profcsseur de
théologie à Greifswalde, surintendant général
de la Poméranie antérieure et de l'Ile de Riigen,
naquit à Colberg, en Poméranie, le 9 août 1639.
Il mit une préface au livre choral de Jean Kriigcr,
publiéàStettin en 1675. Ce morceau a été réim-
primé à la suite d'une lettre du même auteur
sur la musique des cantiques anciens et nou-
veaux, intitulée : Semchreibcn von der Mu-
sica, alten und neuen Liedern, Greifswalde,
1694, in-4°.
RANGONI (JE,vN-BAmsTE), littérateur ita-
lien et amateur de musique, a publié un opus-
cule concernant le style en musique et le carac-
tère du talent des trois violonistes célèbres Nar-
dini , Lolli et Pugnani. Cet écrit a pour titre :
Saggio sut gusto délia musica, col caratlere
de' ire celebri suonatori di violino iVarrfjni,
Loin e PitjnaîU, Livourne, 1790, in 8"*. Il y a
une deuxième édition de cet écrit , avec le titre
français : Essai sur le goût de la musique,
avec le caractère des trois célèbres joueurs
de violon ISardini, Lolli et Pugnani, Livourne,
Tommaso Masi, in-8° de vu et 91 pages. L'ou-
vrage est en français et en italien.
RAIXGOUSE (Jean), conseiller au parle-
ment de Toulouse, naquit dans cette ville eu
1534. Poëte et musicien, il écrivit un grand
nombre de ballades , de chants royaux, de
chansons et de pastourelles, et en composa les
airs, qu'on a chantés longtemps. Rémi Bellean
lui fournissait des paroles. Dans un voyage que
Rangousefit à Paris, il se lia avec Ronsard, qui
l'engagea à mettre en musique ses poésies ga-
lantes, et le musicien gascon s'acquitta de celle
tâche avec succès. L'amour vint rompre l'amihV
qui les unissait. On sait que Ronsard avait choisi
Hélène de Sugères, fille d'honneur de ia rein»',
pour la dame de ses vers; Rangouse, devenu
amoureux de cette dame, lui proposa un ma-
riage secret et fut favorablement écouté; mais
Ronsard , averti du coup qui le menaçait, pro-
posa à son rival nu combat que celui-ci n'accepta
pas. Le magistrat musicien se retira dans sa pro-
vince et y mourut en Iô69, à l'âge de trente-
cinq ans. A l'aurore de la révolution de 1789, on
voyait encore son tombeau dans le cloître de
Suint-Saturnin.
RANISCH ( Christophe ) , né à Dresde en
l59o, fut premier organiste de la cour de Geor-
ges r', électe^ir de Saxe. Après avoir beaucoup
voyagé, il s'arrêta à Stockbeira, où la place d'or-
ganiste lui fut donnée. Il y mourut à l'âge de
quarante deux ans, en 1638. Ranisch était con-
si'.iéré comme un des plus grands organistes et
clavecinistes de son temps.
RAXS (Nicolas De); Voyez NICOLAS
DE RAI\S.
RAî\TZIUS (Melchior ), compositeur, né
eii Silésie vers 1570, a publie les ouvrages sui-
vants : t" Musikalische Bergreyen in Contra-
punto coloralo, da der Ténor intoniert, mit
vier Stimmen ( Mines musicales en contrepoint
ileuri à quatre voix sur le chaut du ténor) ; Nu-
remlwrg, 1602, in-4^ — 2" Farrago oder Ver-
mischung allerley Lieder da eine Stimme der
andem allzeit respondirt mit 6 Slimmien,
ibid., 1602, in-4''.
RAOCJL DE LAOX, frère du célèbre An-
seime, qui enfreignait avec éclat à Lann, vers le
milieu du onz'ème siècle, fut lui-même un sa-
vant professeur dans les sciences et dans les lettres,
bien qu'Abailard le traite assez mal dans une de
ses épitres. Raoul a laissé un traité de semito-
nio, dont le manuscrit existait autrefois dans la
bibliothèque du couvent de Saint-Victor, à Pa-
ris, sous le n° 758, et se trouve aujourd'hui à la
Bibliothèque impériale de celte ville, n° 534 du
supplément latin. Les auteurs de l'Histoire litté-.
raire de la l'rance disent ( t. 7, p. 143) que l'ou-
vrage de Raoul de Laon , ainsi que celui de
Theolger. évêqne de Metz, traitent du demi-ton,
qui est comme l'âme du chant, et en forme
les différences suivant sa situation. Ce pas-
sage donne lieu à deux remarques assez curieu-
ses : la première, que le traité de musique de
Theotger ( V. ce nom ) n'a pas le demi-ton pour
objet; l'autre, que La Borde ayant copié ce pas-
sage, une faute d'impression a fait mettre dans
son livre Vainc du chant au lieu de Vàme du
chant; et sans être arrêtés par le non-sens de
cette plira«e, Gerber, Forkel, Choron et Fayolle,
Lichtenlhal, M. Becker et tous les autres com-
pilateurs l'ont copiée.
RAOUL DE BEAUVES, trouvère, était
ainsi nommé parce qu'il naquit à Beauvais, au
182
RAOUL DE BEAUVES — RAPICCIA
commencement du treizième siècle. Il nous reste
cinq chansons notées de sa composition dans le
manuscrit de la Bibliothèque impériale, n" 65
(fonds de Cangé).
RAOUL, surnommé DE FEURIÈRES, parce
qu'il «tait né au bourg de ce nom, en Normandie,
fut poète et musicien. Il vivait en 1230. On a
de lui neuf chansons notées ; les manuscrits do
la Bibliothèque impériale, cotés 65 (fonds de
Cangt*) et 7222 (ancien fonds) en contiennent
six,
RAOUL, comte de Soissons, de l'ancienne
maison de Nesie, était contemporain de saint
Louis, et ami de Thibault IV, roi de Navarre,
qui lui donne dans ses chansons le titre de Sire
de Vertus. Ce comte cultivait la poésie et la
musique. Les manuscrits de la Bibliothèque im-
périale nous ont transmis quatre chansons notées
de sa composition.
RAOUL (Jean-M\rie), amateur de musi-
que et violoncelliste distingué, né à Paris en
1766, fut d'abord avocat aux conseils du roi,
puis à la cour de cassation : plus tard il fut
longtemps employé dans les administrations
de l'État, et mourut à Paris en 1837, à l'i^ge de
soixante et onze ans. Il a publié de sa com-
position : 1" Trois sonates pour violoncelle et
basse, op. 1 ; Paris, Pleyel. — 2° Airs variés
ou études ; ibid, — 3° Méthode de violoncelle,
contenant une nouvelle exposition des principes
de cet instrument, op. 4 ; ibid. — 3" Trois noc-
turnes à deux voix avec accompagnement de
piano ; ib. — 5° Trois romances avec piano ; Pa-
ris, Momigny. Vers 1810, Raoul conçut le pro-
jet de tirer la basse de viole de l'oubli où elle
était tombée. Devenu possesseur d'un excellent
instrument de ce genre, construit en lâ2t par
Duiffoprugcar, pour le roi de France Françoisler,
Jaqoelle a passé ensuite dans la possession de
M. Vuillaume, il se livra à l'étude de son manciie
et de son doigter ; mais la faible sonorité de cette
basse lui lit comprendre la nécessité d'en changer
les proportions, et de les rapprocher de celles du
violoncelle moderne. Ce fut d'après cette idée
que M. Vuillaume, célèbre luthier de Paris, con-
struisit pour lui, en 1827, une basse de viole d'un
nouveau modèle, montée de sept cordes , et qui
parut à l'exposition des produits de l'mdustrîe
de cette même année, sous le nom d^eptacorde.
Les sept cordes de r«t instrument, dont la plus
grave sonnait une tierce au-dessous de Vut du
violoncelle, étaient accordées de cette manière,
en montant . la, ré, sol, ut, mi, la, ré. Raoul
a donné une notice sur cette variété de la basse
de viole dans la Revue musicale { tome II ,
p«tM 56-61 ).
RAOUL ROCIIETTE; voy. RO-
CIIETTE.
RAOUX (....), facteur d'instruments de
cuivre , descendant d'une famille où la fabrica-
tion de ces instruments avait été pratiquée
pendant près d'un siècle , fut un des premiers
artistes qui perfectionnèrent le système de
construction des cors. Il en fabriqua en argent
pour Punto et pour Turschmidt, en 1778 et 1781.
Ce dernier a souvent déclaré que Raoux était
l'homme le plus habile de sa profession qu'il eût
rencontré. '
Les fils de cet artiste lui ont succédé dans la
fabrication des cors, des trompettes et des autres
instruments de cuivre. L'atné, élève de Dauprat
pour le cor, a été attaché comme second cor à
l'orchestre du Théâtre Halien depuis 1822. Vers
1856, les frères Raoux se sont retirés et ont cédé
leur établissement.
RAPHAËL ( Ignace-Wenceslas ) , né à
Mûnchengraelz le 16 octobre 1762, apprit la mu-
sique en commençant ses études littéraires, et
reçut à Prague des leçons de plusieurs artistes,
pendant qu'il y suivait les cours de l'université.
En 178411 commença, à se faire connaître avan-
tageusement par sa belle voix et par son talent
sur l'orgue. Appelé ensuite à Pesth, il y fut atta-
ché à l'orchestre du théâtre, et demeura plusieurs
années dans cette situation; puis il alla à Vienne,
s'y lia avec quelques artistes célèbres, et y pu-
blia quelques-unes de ses compositions. Les pro-
tections qu'il y trouva le firent entrer dans la
chambre des comptes, où il eut un bon emploi.
La mort l'enleva dans sa trente-septième année,
le 23 avril 1799. Les ouvrages connus de Raphaël
sont : r Pater noster, à 4 quatre voix et or-
chestre. — 2° Te Deum , idem. Ces ouvrages,
exécutés ii Vienne , y ont été considérés comme
excellents. — 3» La Fête des violettes, ballet
représenté à Vienne en 1795, avec un succès
éclatant. — 4° Ptjgmalion, ballet, dont la mu-
sique fut considérée comme un module d'expres-
sion mimique. — 5° Virginie, mélodrame dont
il n'y a qu'une partie composée par Rapliacl. —
6" Trois airs variés pour le piano, op. 1, Offen-
bach, André. — 7" Six variations, idem ; Vienne,
Mollo, 1796. —8° Six idem; Vienne, Artaria.
— 9"^ Marche pour la garde bourgeoise de Vienne,
pour piano; Augsbourg, Gombart. — 10° Marche
des volontaires de la basse Autriche, idem; ibid. —
I 1 r Six canons à 3 et 4 voix avec orgue ; Vienne,
12" Chansons allemandes.
RAPICCLA (HoNAVENTURE), cordclicr à
Castro Allieri , nu diocèse d'Asti, dans le Pié-
mont, vécut dans la seconde moitié tiu seizième
siècle. On a de lui un livre intitulé : Dialogum
RAPICCIA - RASTRELLI
183
de rubricis hreviarii et missalis, adjunclis
aliqnot observalionibus caïUus Gregoriani;
VerceWs, apud Franc. Betiaium. 1592, in-4°.
RAP1*( JicAN-DiETKicii ou linEKiiY), virtiiosc
sur la flûle, né dans le duché de Courlande,
vers 1746 , suivit les cours de l'université de
Leipsick, et y étudia la tiiéoiogie. Vers >770, il
fui choisi tomme musicien de ville à Mittau, et
pendant près de quarante ans il en l'emplit les
fonctions II mourut dans cette ville en I.SI3. On
connaît de sa comjiosilion : 1° Six trios pour
2 dûtes et basse ; Riga, 1789. — 2" Six duos pour
2 llùtes ; ibid.
RASCII (Jean), compositeur de musique
d'église, vivait à Mimicli dans la seconde moitié
du seizième siècle. On a imprimé de sa com-
position : 1° Cantiunculx paschules; Municii ,
Adam Berg, lô72. — 2" CanUones ecclesiasticx
de nativitate Christi, 4 «ofwm; ibid., 1572,
in-4''. — 3" In monte Olivarum quatuor vo-
ciim, ibid., 1572, in-4''. — ii" Salve Regina,
6 voc, MA., 1572, in-4° obi.
RASEL ou RASELIUS (André), né à
Amberg, vers le milieu du seizième siècle, fut
nommé, eu 1583, professeur à lécole normale de
Heidelherg, puis obtint, le 19 mai 1584, les ti-
tres de canlor et de professeur au gymnase jioé-
tique de Ratisbonne. Il y signa, en 1590, la fa-
meuse formula concordùv. L'aménité de son
caractère et ses talents lui avaient fait des amis
parmi les catholiques aussi bien gue parmi les
protestants. Eu lOOO, relcclcur palatin le lap-
pela à Heiiiélberg, et le nomma son maître de
chapelle. Il mourut dans cette ville en 1614.
On a de sa composition : 1° Un recueil de mo-
tets allemands à 5 voix, imprimé à Nuremberg,
15!i4, in-4°. — 2" Canliones sacr.v cum 5, 6,
8 e< 9 vocibus concinendx ; Jiareittherg, 1595,
in-4° — 3" lîegensburgischer Kirchen Coniru-
pnnkt, Ratisbonne, 1599, in-S" Il a aussi fait
imprimer un recueil de six questions avec les
réponses conceruant quelcpies-uns des objets
principaux de la musique pratique, sous ce titre :
Hexachordum, seu quxsliones musicx prac-
ticx , sex capitlbus comprehemx , qux conti-
nent perspicua mcthodo ad prnxim, ut hodie
estnecessaria.elc, Nureud)erg, 1589, in-8". Une
deuxième é<lition a été publiée, sous le même
litre, à Nuremberg, en Isgt.in-S" de 11 feuilles.
Cet ouvrage contient beaucoup de canons à deux
voix donnés pour c\emples. L'auteur, partisan
du système des douze modes, expose à ce sujet
la doctrine de Glaréan. Eutiu Valentin-Barthé-
lemi Hausmann, organiste à Scbafstaedt, possé-
dait vers 1720 trois autres ouvrages manuscrits
de Rasel, sous les titres suivants : 1° Tractatus
primus de subjecto musices. — 2° Tractatus
secundus de systemate musico , etc. — 3" An-
le'dung zum Generalbass.
RASETTI (Amédée); voy. RAZETTI.
RASI ( François) , amateur de musique,
chanteur, poète et compositeur, naquit à Arezzo
(Toscane), d'une noble famille, dans la seconde
moitié du seizième siècle. Il a écrit des chants à
voix seule, avec basse continue, qui ont été publiés
soiH ce titre : Madrigali di diversi auiori posti
in musica da Franc. Rasi, nobile cre^mo,- Flo-
rence, 1610, in-fol. de 21 pages. Les paroles
de ce recueil sont de Pétrarque, J. B. Strozzi,
Gnarini, Chiabrera, Ang. Capponi, et de Rasi
lui-même. On voit dans la préface de la Dafne,
de Marco de Gagliano, que Rasi fut un des chan-
teurs qui exécutèrent cet 'ouvrage à Mantoue,
en 1C08, et qu'il y brilla à l'égal de la cantatrice
Catherine Martinelli.
RASSMAN (CHRÉTiEis-FRifDÉRic), littérateur
fécond et médiocre, né en 1772, dans un village
de la Westphalie, lit ses études à Hallierstadt,
et passa la plus grande partie de sa vie à Muns-
ter, oii il est mort dans sa cinquante-neuvième
année, le 9 avril 1831. Ses nombreux travaux
furent vraisemblablement peu productifs, car il
vécut dans un état voisin de la misère. Au nom*
bre de ses ouvrages, on en remarque un qui a
pour titre : Panthéon dcr Tonhûnstler, oder
Gallerie aller behannten, lerstorbenen und
lebcnden Ton.tctzrr, Virtuosen, Musiklehrer,
musikatischen Schriftsteller, etc. ( Panthéon
des musiciens, ou Galerie de tous les musiciens
connus, morts et vivants, virtuoses, professeurs de
musique, écriva'ns sur cet art, etc.), Quediinbourg
et Leipsick, 1831, 1 volume in-S" de 280 pages.
Ce livre est rempli d'erreurs et de méprises ; ce-
pendant on y trouve quelques renseignements
utiles dont les auteurs du Lexique universel de
musique publié par Schilling n'ont point pro-
fité. On peut aussi consulter, pour la littérature
de la musique, le dictionnaire des écrivains du ter-
ritoire de Munster, intitulé : Munsterlandis-
chen Schriftsteller Lexikon, Munster, 1814-
1824, 2 parties, in-8» avec trois suppléments,
et le dictionnaire des écrivains pseudonymes
de r.Mlemagne, du même auteur, publié sous ce
titre : Kurzfassfes Lexikon deutschcr pseu~
donymer Schriftsteller, von den altern bis
auf die jûngste Zeit aus allen Fxchern d.
Wissenschaften; Leipsick, 1830, grand in-8°.
Rassmann est auteur de poésies, de romans,
et éditeur de recueils d'anciennes chansons et
ballades allemandes.
RASTRELLI (Vincent), né à Fano, en
1760, apprit la musique dans son enfance, et y
184
RASTRELLI — RATHE
fit de si rapides progrès, que dans sa di\-hiii-
tiëine année il était déjà le professeur de chant
le plus rsclierclié dans sa ville natale. Vers
1780, il se rendit à Bologne , et y fit des études
de contrepoint, sous la direction du P. Mattei.
Six ans après, ses études étaut achevées, il fut
nommé membre de l'Académie des Philharmo-
niques, honneur alors moins prodigué que de nos
jours. De retour à Fano, Rastielli y obtint l'em-
ploi de maître de chapelic de la cathédrale. Ce
fut peu de temps après que l'électeur de Saxe le
prit à son service et le nomma compositeur de
sa chapelle : il en remplit les fonctions jusqu'en
1802. Des propositions lui ayant été faites alors
pour se rendre en Russie, il quitta Dresde, se
rendit à Moscou, et y resta quatre ans. Vers la
fin de 1806, il fit un voyage en Italie, mais bien-
tôtaprè> il fut rappelé à Dresde. Ayant demandé,
en 1814, l'autorisation de faire un nouveau voyage
eu Italie, il ne put l'obtenir du gouvernement
provisoire russe, alors établi à Dresde : le dé-
labrement de s& santé, qui rendait ce voyage
nécessaire, le détermina à donner sa démission,
et sa place fut donnée à Fran(;ois Schubert. Plus
tard, lorsque Rastrelli retourna à Dresde, il n'y
trouva plus d'autre emploi que celui de profes-
seur de chant de la cour; mais en 1824, sa
place de compositeur de la chapelle lui fut ren-
due. Son grand âge lui fit obtenir sa retraite
avec une pension en 1831, et son emploi tut
supprimé. Rastrelli a beaucoup écrit pour l'é-
glise : on conserve, dans les archives de la cha-
pelle de Dresde, dix messcsdesa composition, et
trois vêpres complètes, dont une à 8 voix. On
connaît aussi de lui uu oratorio de Tobie, des
canzoncttcs, des airs, des duos, etc. Toutes ce»
œuvres sont médiocres. Rastrelli ne s'est dis-
tingué que comme maître de chant, li est mort
à Dresde , le 20 mars 1839.
RASTRELLI (Joseph), fils du précédent, est
né à Dresde, le 13 avril 1799. Ses dispositions pour
la musique furent si précoces, qu'à l'âge de six ans
il exécuta un concerto de violon au concert des
rtobles à Moscou. De retour à Dresde, il y reçut
des leçons de Poland pour son instrument, et s'y
fit entendre en public à l'âge de dix ans. L'or-
ganiste Feidler lui donna les premières leçons
d'harmonie, mais en 1814, il suivit son père eu
Italie, et alla étudier à Bologne le contrepoint
sous la direction de Mattei. Appelé à Ancône, en
1810, il y écrivit l'opéra intitulé la Distru:iione
di Gerusalemmc, qui obtint quelque succès,
quoiqu'il ne fiH alors âgé que de di^-scpt ans.
En 1817, il retourna près de son père, à Dresde.
Trois ans après, il obtint une place de violoniste
dans la chapelle du roi de Saxe. Vers ce même
temps, il écrivit son deuxième opéra (la Schiava
Circassa), qui obtint un brilbnt succès au théâ-
tre de Dresde. Cet ouvrage fut suivi de l'opéra
bouffe intitulé le Donne curiose, représenté en
1821, et de Vellcda qui fut moins heureux que les
ouvrages précédents, quoique la musique en fût
travaillée avec plus de soin. Le roi, satisfait de
son travail , lui procura les moyens de faire un
second voyage en Itulie : Rastrelli profita de
son séjour à Milan pour faire représenter à la
Scala. le 16 mars 1824, le drame musical inti-
tulé Amina. Rentré k la chapelle de Dresde, il
se livra à la composition de la musique d'église,
et produisit 3 messes, dont une à 8 voix et les
deux autres à 4; trois vêpres, un Miserere, un
Salve Regina, etc. Le pape lui envoya la déco-
ration de l'ordre de chevalier de l'Éperon d'or
pour deux motets à 8 voix qu'il avait écrits pour
la chapelle Sixtine. Devenu pianiste habile et
bon maître dédiant, il fut choisi, en 1829, comme
second maître de musique du théâtre de la cour,
et l'année suivante il eut le titre de chef d'or-
chestre (le la c!ia|>elle royale, et en remplit les fonc-
tions jusqu'à sa mort. En 1832, il fit représenter
à Dresde Salvaior Rosa, son premier opéra al-
lemand, et trois ans après il donna au même
théâtre Berlhe de Bretagne, opéra sérieux. Ces
composition!; sont considérées comme ce qu'il
a écrit de meilleur pour le théâtre. On lui doit
aussi la musique de la tragédie de Macbeth, le
ballet der Raub Zetulbeus (l'enlèvement de
Zétulbé), et des morceaux intercalés dans di-
verses pièces. Rastrelli a fait graver pour le
piano un rondeau intitulé les Charmes de Dresde^
Dresde, Paul. Il est mort à Dresde le 14 novem-
bre 1842.
RASZEK (LoDis), compositeur polonais de
musique d'egli.se et professeur de piano, vécut ù
Pulawj et s'y livra à l'enseignement de la mu-
sique. Il est mort dans cette ville en 1848. Il a
laissé en manuscrit beaucoup de messes et de
motets qui sont répandus dans les églises de la
Pologne. On a aussi de lui un grand nombre de
morceaux détachés pour le piano, parmi lesquels
on remarque des polonaises, qui ont eu du
succès.
RATIIBODE, évoque d'Utrecbt, au dixième
siècle, mort en 917, fut un des plus .savants
homme.'-, de l'Église de son temps. Il a composé
le chant de plusieurs hymnes pour les fêtes des
saints, et l'ollice complet de saint Martin.
RATilE (....), virtuose sur la clarinette, se
fit entendre avec succès au concert spirituel de
Paris, eu 1780, dans un concerto de sa compo-
sition. On admira la beauté des sons qu'il tirait
de toute l'étendue de son instrument.
RATHGEBER — RATTWITZ
185
RATHGEBER (Valf.ntin), bénédictin de
Saint- Pierre et Saint-Denis, à Banllieln, dans la
Fianconie, naquit à Oher Eisbacli, vers 1C90. 11
vivait encore dans son couvent en 1744. Ce
moine (ut un des rousicions les plus féconds de
son temps, particulièrement pour la musique
d'église. Voici la liste de ses ouvrages, telle
qu'on la trouve dans les Lexiques de Walther
et de Gerber : t° Octava tnusica clavium octo
musicarum in missis octo musicalibus, cum
appendice duafum ndssarum de Requiem, a
4 voc. 2 viol, et duplo basso contimio, op. 1-,
Augsbourg, Lotter. — 2" Cornucopix hoc est
0 vesperx integrx de Dominica, etc ,op. 2, ibid.,
1723. — 3° Missx IX principales, a 4 voc,
2 viol.,"! clar.j etc., op. 3, ib. , 1725, in-fol. —
4° XXIV Offertoria de Tempore et Sanctis, a
4 voc, 2 viol., 2 tubis,e[c, op. 4, 1726, in-fol.
— 5° TÂtanlx 6 laurelanx de Beata V. cum
aniipho7iis, etc., op. 5, ibid., 1727, in-fol. —
6" Chclis sonora : conslans 24 concertationi-
Ims, etc., op. 6, ibid., 1728, in-fol. Cet œuvre
contient "des concertos et des symplionies con-
certantes pour divers instruments. — 7° 10 Missx
solmnncs, etc., a 4 voc, 2 viol., op. 7, ibid,
1730, in fol, — 8° 6 Missœ de Requiem et
2 Libéra, a 4 voc. ac instrum., op. 8, ibid.,
1731, in-fol. — 9° 4 Vesperx integrx de Do-
minica, B. V. Mar. et Apostol., a 4 voc,
2 Viol., 2 clar., org. ac violonc, op. 9, ibid.,
1732, in-fol- — 10" 16 Arix, in duas partes
divisx, latine et germanicè, a voce sola cum
instr.,-op. 10, ib., 1732, in-fol. — U" 36 Hymni
a 4 voc. et instrum., op. U, ibid., 1732,
in-folio. — 12° fi Missx civilis, a ^ vel i voc.
cuminstrum., op. 12, part. I, ibid., 1733, in-
fol. — IS^G Missx rurales cum 2 de Requiem,
a 1 vel 2 voc, necessariis cum aliis voc. ad
lib. et instrum., op. 12, part. 2, ibid., 1733, in-
fol. — 14» Miserere cum, adj. 6 Tantiim ergo,
«4 voc. et instrum., op. 13, ib., 1734. —
15* 60 Offortoria festlvalia per annum, a 4
voc. cum instrum., elc, op. 14, ibid., iij-fol.,
3 part. — 16*' 50 Offeitoria pro omnibus et
singulis Dominicis,a ^ voc. acinstr.,of. 15,
ibid. — 17° 24 Antiphonx Marianx, a 4 voc,
instr. ac org., op. 16, ib. — 18° 4 Vesperx
rurales cum àpsalmis, etc., op. 17, ibid., 1736,
in-fol. — 19° Litanix lauretanx 6 de B. V. M.
a 4 voc. cum instr., op. 18, ibid., 1736. —
20° 4 Missx solemnes, a 4 voc cum. instr.,
op, 19, ibid., 1738, in-fol. —21° 30 Offertoria
ruralia, a 4 voc ac instr., op. 20, ibil., 1739,
in-fol. — 22° 2 Missx de Requiem, a 4 voc.
cum instr., op. 21, ibid., — 23° Musikalischer
Reilverveib auf dem Clavier, etc., op. 22,
ibid., 1743, 2c édition, ibid., 1751. Ce recueil
renferme des pièces de clavecin. — 24° Ves-
perx rurales 4, a 2 vocib. et org. obi., etc.,
ibid.
RATHSMAIViV (Jean), cantor et institu-
teur à Lewen, dans le comté de Glalz (Silésie),
est né le 29 juin 1803 à Oberschwedelsdorf, près
de Glalz, où son père était menuisier. Après
avoir étudié la musiqucsous divers maîtres plus
ou moins obscurs, il entra à Técole normale de
Sclilegel, pour se préparer à l'enseignement. 11
était tlgé de 24 ans lorsqu'il l'ut nomme, en 1827,
cantor à Lewen. 11 a écrit un grand nombre de
compositions, particulièrement pour l'église;
mais la plupart sont restées en manuscrit. Ses
ouvrages pour le piano et pour l'orgue ont été
publiés à Bieslau, chez Leuckart, et cbez C.
Cran/.
RAÏTI (Bartholomé), maître de chapelle à
l'église du Saint, à Padoue, dans les premières
années du dix-septième siècle. On a imprimé de
sa compcsition : Brevi salmi a 5 voci; Venise,
1605, in-4°.
RATTI (Laurent), maître de chapelle de
l'église de Lorette, né à Pérouse, dans la seconde
moitié du seizième siècle, fit ses études à Rome,
sous Id direction de son oncle, Vincent Ugolini
(vojjez ce nom). Après avoir été maître de ciia-
pelle du séminaire romain, il remplit les mêmes
fonctions au collège allemand, puis à l'église de
Lorette. U mourut en cette ville, jeune encore,
en 1030. On a de lui : 1" Ji primo libro rfe' via-
drigali a cinque voci; Venise, Vinct-nti, 1615,
in-4". — 2" Il secondo libro; i<iem, ibid.,
>ei6, in-4°. — 3° Motlcctu Laurentii Ratiiin
romano seminario mvsicx prxfectis daobus,
tribus, quatuor et quinquc vocibus ad orga-
num accomodata; Rome, Zanetti, 1617.
4° Moitecta idem, lib. 2, ibid., 1617. — 5° Mo-
tetti délia cantica a 2, 3, 4, 5 voc*; Rome,
Zanetti, IG19. — 6° Motetti a I, 2, 3, 4, 5,
6 voci: Venise, 1620. — 7' Litanie délia Beata
Virgineaô-12 voci: Venise.Vincenti, 1626, in-4°.
— 8° Graduels etolfertoires pour toute l'année,
intitulés : Sacrx modulationes.seu Graduait
et Offertorii 1-12 vocum. Part. 1,2, 3; Ve-
nise, Vincenti, 1628 — 9° Cantica Salomonis
binis, ternis, quaternis ac guinis vocibus con-
cincnda, una cum basso ad orgunum. Pars
prima; VenetUs, apud Vicenttnuiii, 1632, in-
4«>. Pitoni, cité par l'abhé Baiai, affirme, dans
ses notices sur les conlrepointistes, qu'on con-
serve beaucoup de compositions latines et ita-
liennes de Ratti chez les PP. de l'oratoire de
Saint-Pliilippe, à Pérouse.
RATTWITZ (CnARLES-FRÉDÉRic), avocat
18G
RATTWITZ — RAUCHFUSS
à Leipsick , né à Camenz, mort en 1829, a fait
imprimer des recherches liistoriques pleines
d'intérêt concernant l'impression de la musique
en caractères mobiles; son ouvrage a pour titre :
Dissertalio de descriptione typis confeclatum
in génère, (um quoad signa musices in specie,
meditationes quxdam ex naiurali potissi-
mum jure dcductx; htx^&wk, 1828, in-i" de
28 pages.
RAU(Héribert), littérateur allemand, vivant
actuellement (ISCJ) à Berlin, est auteur d'un
loman historique et nuisical intitulé : Mozart.
Ein Kiinstlerleben (Mozart; vie d'artiste).
Francfort (sur le Mein), i858, 6 volume.'!, petit
iu-S". La troisième éilition a paru à Berlin, chez
Otto Jankc, eu 1863, 3 vol. in-S" compactes. Si
je suis bien informé, l'auteur de cet ouvrage est
fils du célèbre économiste Cliarles-Daviii-Henri
Rau, professeur de l'université de Heidelberg.
Le livre a de l'intérêt : les faits, pris dans les
monographies de Nissen, d'OuIibiclieff et d'Otto
Jahn, sont exacts et la forme romancière a de l'é-
légance et du charme.
RAUCH (^VoI.FGA^G), musicien au service
du duc de Wurtemberg, dans la seconde moitié
du seizième siècle, n'est connu que [lar deux
épitaphcs à 2 el à 6 voix qui se trouvent dans un
petit volume intitulé : Martini Crusii, grxco-
latini et oralorii inAcad. Tyhingensi (sic)^ro-
fcssoris, Oratio de Rom. Augusta Irena, vel
Maria grscca, Philippi Suevi, quondam Ro-
mani Cicsaris, charissima uxore^ Tubingx,
apudGeorgium Gruppenbaghium, l593,iu-4''.
La première épitaphe a pour titre : Epitaphium
Imp. Philippi, sex vocibiis, Wolf Rauchi mu-
sici apud illustrissimum principem Wirtcm-
berg. D. Ludovicnm. 26 Aug.1589. L'autre est
intitulée : Epitaphium Augustx Irenx lichen-
slaufx 1208, iclatis circiter 36 anno defitnctx,
quinquevocibus Wolf. Raiichi, 1 Julii 1589.
RAUCH ( A.NDP.É) , né à PotendorI, en Au-
triche, vers la fin du seizième siècle, fut d'abord
organiste du temple réformé à Hernais, près de
Vienne, puis obtint, vers 1030, la place d'orga-
niste à Edenboiirg, dans la basse Hongrie. Il a
publié de sa composition : 1° Thymiateriuvi
musicale, das ist musikalisches Raachfass-
Icin , Oder Gcbellein viil 4,5,6,7 und 8
Stimmen , sammlden B. C. ( Encensoir musi-
cal, ou petites prières à 4, 5, 6, 7 et 8 voix avec
basse continue) ; Nuremberg, 1625, in-4°; —
2" Concentus votivus ; Vienne, chez Grégoire
Gelbhaar, 1034. Cet œuvre contient une musi(pie
triomphale pour l'entrée de l'empereur Ferdi-
nand I! à Kdeubourg. — 3° Motets et messe en
allemand, 5 3 et 4 voix avec violons. — Cur-
rus triumphalis musicus, 1048. Priniz accorde
beaucoup <i'éloges au style de cet artiste, dans
son Histoire delà musique ( page 14'4).
RAUCH ( CniusTOPHE ), né en Bavière, fut
d'abord professeur do philosophie, dans sa patrie,
puis entra en (jualité de chanteur au théâtre de
Hambourg, vers 1680. Les attaques de Reiser
(voyez ce nom) contre l'opéra, dans .'a Thea-
iromania, décidèrent Rauch à les réfuter ; il te
fit dans son çcrit intitulé : Theatrophania^
entgegen gezetget der so genanten Schrifft
Tlieatromania-zur Verthxdigimg der Christ-
lichen, vornemlich aber deren muxikalischen
Operen, etc. (Antipathie; du théâtre pour la dé-
fense de l'opéra en musique, principalement au
point de vue chrétien, contre l'écrit intitulé ;
Thédiromanie, etc.) ; Hanovre, 1682, in-8° en
2 parties, de 150 pages.
RAUCH ( Jean-Geohces ), né à Sulz, en Al-
sace, vers le milieu du dix -septième siècle, fut
oiganiste de la cathédrale de Strasbourg , et oc-
cupait encore ce poste eu 1700. On connaît de
lui : 1° Novx sirènes sacrx harmonix tam
instrumenfis quam vocibus tantum concer-
tantes a 2, 3, 4, 5, 0, 7 et 8, recens in lucem
editx; Augsbourg, 1688. —2" Cithara Orphei
duodecim sonatarum, etc., op. 4; Strasbourg,
1097, in-4''.
RAUCH (Jacques), luthier de la cour de
l'électeur palatin , vécut à Manhcim vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. La plus grande acti-
vité de ses ateliers se trouve entre 1730 et 1740.
Ses violons, dont la qualité de son a du rapport
avcc ceux de Steiner, sont recherchés en Alle-
magne. H a fait aussi de bons altos, violoncelles
et contrebasses.
RAUCH (Séba.stien), autre luthier de beau-
coup de mérite, vécut à Leitmeritz, en Bohème,
depuis 1742 jusqu'en 1763, ainsi que l'indiquent
les dates de ses instruments. On croit qu'il était
fils d'un très-bon facteur de luths qui avait tra-
vaillé à Nui embcrg chez Sclielie, et qui était à
Prague en 172'» (voyez les recherches de Baron
sur le luth, page 97 ).
RAUCHEIVSTEIN (BEimAnn), maître de
chapelle de l'église de Cou.stance , dans les pre-
mières années du dix-huitième siècle, était né
à Fribourg (Suisse), et y avait fait .ses études. Il
a tait imprimer de sa composition un recueil
d'offertoires, de graduels et de messe*, .sous ce
titre : Luscinia sacra ludetis et lugens, seu
offertoria et gradualia omni tempore usur-
panda cum tribus mrssis ( sic) ex xqualibus
k eth vocibus cum iiistrum.; Constantix, 1702,
in-4°.
RAUCHFUSS (PniLii'PE-CHiiÉTiEN), avo-
RAUCHFUSS — RAUPACH
187
cat et organiste à l'église principale de la haute»
ville à Muliiausen, en Tliuringe, y vivait vers
le milieu du dix-huitième siècle. Il a publié six
sonates faciles pour le clavecin, à Nuremberg,
en 1760.
RAUFFIIFC Sébastien), compositeur né à
Frcystadt { Silésie ) , dans la seconde moitié du
seizième siècle, s'est fait connaître par un recueil
de onze messes à quatre, cinq et six voix, lequel
a pour litre : Sebastiani Rauffufii Freidstad.
Sites, mus. Missa' super optima auctorum
bonorum cantica a quatuor, sex atque quin-
que vocibus, ptanx novx, omniumque setcc-
iissinuT, nec ante vxUgatx, recens sed editiv,
ad nominis divini honorem et gloriam cc-
ctesiarum exinde ad usos publicos, etc. Auc-
tore impensis, typis Dorfferii in oppido Be-
thania Culcographi, 1C12, in-4". Les parties
de ténor de ces onze messes sont tirées des œuvres
de Meiland, Lassus, Handl et Scandelli.
RAULT (Félix), flûtiste habile, né à Cor-
deaux, en J736, éliit fils de Charles Rnnlt, bas-
son de la musique du roi el de l'Opora (h- Paris.
Élève de Blavef, il acquit en peu de tem|»s un
talent remarquable. En 1753, il entra à l'or-
chestre de l'Opéra, et quelques années après, il
eut le titre de première flûte solo pour l'accom-
pagnement.. Admis dans la musi(|ue du roi en
1768, il y resta jusqu'à la dissolution de la cha-
pelle, en 1792. Depuis 1776, il avait obtenu sa
pension de retraite à TOp'^ra. La suppression de
toutes ses pensions le mit dans une situation peu
fortunée pendant le rèunc de la terreur, et l'obli-
gea à entrer à l'orchestre du théâtre de la Cité,
où il était encore en 1800. La clôture de ce
théâtre le plongea de nouveau dans la misère, et
Raull mourut peu de temps après. Cet artiste a
publié de sa composition : 1" Trois duos pour
2 flûtes, op. 1 ; Paris, PleyeU — 2o Trois id.,
op*. 2 ;ibid. — 3"Concertos pourflûleel orchestre,
nos 1 et 2 ; Paris, Imbault. — 4" Six duos faciles
pour 2 flûtes, op. 5; Offenbach, André. — 5" Six
idem, op. 6 ; Paris, Pleyel. — 6^ Six idem,
op. 7;ibid. — 7" Six duos concertants, op. 8 ; liv.
1 et 2, ibid. — 8" Recueils d'airs pour 2 flûtes, nos i
à 10; Paris, Frère. — 9" Trios pour 2 flûtes et bas-
son, op. 25 ; Paris, Pleyel. — 10" Six idem pour
flûte, violon et alto, op. 26 ; ibid. — 11" Sonates
pour flûte et basse, liv. 1 et 2 ; Paris, Nadennan.
IIAXIMER (FiiÉnÉiiic), docteur en philoso-
phie, professeur ordinaire de l'université de Ber-
lin et membre de l'Académie des sciences de
cette ville, est né à Wœrtitz le 14 mai 1781.
Dans s:i jeunesse, il reçut des leçons de musique
de Tnrk, à Halle, et de Forkel, à C.œtlingue.
Amateur et connaisseur de cet art, il a été un
des fondateurs de l'AcaHémie dédiant de Berlin,
et en était encoise membre«n 1860. Divers écrits
relatifs à la musique , que ce savant a publiés
dans le Dictionnaire de la Conversation et dans
plusieurs journaux, ont été réunis dans le troi-
sième volume de ses œuvres mêlées (Leipsick,
Brockhaus, 1854), pages 270 à 399. Les
articles principaux concernent les œuvres de
Gluck, Haydn, Beethoven, Spontin-, le Don Juan
de Mozart, BaHhusajr et le Messie de Hœndel,
Ati-Baba de Cherubini, les Huguenots de
Meyerbeer, la messe en si mineur de J. - S.
Bach, etc.
RAUPACH (Christophe) naquit à Tun-
derB, dans le duché de Schleswig, le âjuillet 1686.
Son père, organi^tc de cette ville, lui enseicna
les éléments de la musique, le clavecin, l'orgue
et le violon. A l'âge de treize ans, il avait déjà fait
assez de progrès pour accompagner la basse con-
tinue, et exécuter les pièces declavecia cl les fu-
gues de Froberger, deBuxtehudeetde Pachelbcl.
La lecture de quelques écrits sur la musique dé-
cida sa vocation pour l'étude sérieuse de son
art. Après la mort de son père, arrivée en 1700,
il se rendit a Hambourg, et s'y mit sous la di-
rection de Bronner, organiste de l'église du Saint-
Esprit el artiste de mérite, qui lui fit connaître
les beautés de la musique de Keiser, el perfec-
tionna Sun savoir dans le contrepoint. Après
deux ans de séjour près de ce maître, les res-
sources pécuniaires de l'élève se trouvèrent
épuisées. Dans ce moment critique, son frère,
qui demeurait à Rostock , l'invita à se rendre
près de lui, afin d'aller ensuite concourir ()our la
place dorganiste de l'égli.se Saint-Nicolas de
Stralsund. H accepta cette invitation et partit
de Hambourg au mois d'avril 1703. Au nombre
des amis qu'il rencontra à Roslock se trouvait
Fi.*icher, maître de chapelle du duc de Mecklem-
bourg, qui lui donna des lettres de recomman-
dation pour Straisund. Le concours fut ouvert
peu de jour^ a|>rès son arrivée dans cette ville.
Ranpacli improvisa des variations sur huit chants
chorals qu'on lui présenta, accompagna sur la
basse chiffrée une pièce avec orchestre, et fit
exécuter quelques morceaux de sa composition.
A la suite de ces épreuves, il l'erfiporta sur ses
rivaux, quoiqu'il ne fût âgé que de dix-sept ans.
Sa nomination ne ralentit pas l'ardeur qu'il por-
tait dans ses études. Il se livra au travail, et
composa beaucoup de pièces de circonstance
pour diverses fêtes, des oratorios, des cantiques,
plusieurs morceaux pour l'anniversaire de la ré-
formation en 1717, des concertos pour instru-
ments, et des suites de pièces de clavecin. On
trouve la liste de ces ouvrages, restés en ma-
'H
188
RAUPACH — RAUZZINI
niiscrit, «lans VEhrcnpforle »le Malllieson
( pages 28G 2s7). Raiipacli s'était marié en 1707,
ctavaileii plusieurs enTants. Il vivait encore à
Stralsnnd en 1740. On n'a pas de rensrigne-
ments sur le reste de sa vie. Cet artiste n'est
connu que par un écrit sur la musique, que
Matiheson a tait imprimer à la suite de la troi-
sième partie du livre de Niedt intitulé: Miisi-
kalisches Handleitung , etc. ( Guide musi-
cal, etc, ); il a pour titre : Verilophili deutliche
Iieweh-Gru)ide,woraufdcr rcckte Gebrauch
der Musili,beydes in deu Kirchcn, alsausser
denselben, beruhet (Arguments clairs d'un ami
delà vérité, d'après lesquels le bon usage tie la
musique, tant dans l'église qu'au deliors ,, est
évident); Hambourg, Benjamin Schiller, 1717,
ia-i" oblong de 56 pages, avec une prélace de
deux feuilles par Mattlieson. Il y a du savoir dans
cet écrit, et plus de raison qu'on n'en trouve
dans les livres sur le môme sujet qui ont paru
vers l'époque où Raupadi écrivait. On trouve
des exemplaires de son ouvr.ige séparés de celui
de Niedt.
RAUPACH (HenidANs-FRÉDÉRic), fils du
précédent, naquit à Stralsund en 1728. Élève de
son père, il (il de rapides progrès dans la mu-
.sique et devint un claveciniste distingué. Dans
un voyage qu'il lit en Russie, vers 1756, l'impé-
ratrice le choisit pour chef d'orchestre de l'O-
péra. Il y donna en 1759 Alceste, opéra .sérieux
en langue russe, et Tannée suivante SiroCf en
italien. Plus tard il se rendit à Paris, et y publia
des œuvres de sonates pour clavecin et violon,
en 1780, et un œuvre de trios pour clavecin,
violon et violoncelle. On n'a point de renseigne-
ments sur la fin de la carrière de cet artiste.
RAUPPE (Jean-Georges), né à Stettin , le
7 juillet 1762, se livra dans sa jeunesse à l'étude
du violoncelle, et reçut à Berlin des leçons de
Dnport l'atné. Lorsqu'il .sortit de chez ce maître,
il voyagea dans l'Allemagne septentrionale, en
Suède et en Danemark, et se fit admirer dans
ses concerts par la beauté du sou qu'il tirait, de
l'instrument et par son exécution vigoureuse.
En 1786, il se fixa à Amsterdam et y obtint l'em-
ploi de premier violoncelle du théâtre allemand
et des concerts. Il mourut en cette ville, le 15
juin 1814, dans une situation peu aisée, laissant
deux enfants en bas âge. On ne connaît pas
de composition sous le nom de cet artiste.
RAUSCIIE ( ), professeur de piano, à
Hambourg , dans les premières années du dix-
neuvième siècle, a publié de sa composition :
1" Polonaises pour le piano, liv, 1, 2, 3 et 4;
Hambourg, Bœhmc 2° Piècesficilesà4 maias,
op. 3 ; ibid. — 3» Sonate pour piano .seul, op. 12,
Hambourg, Cranz. — 4" Rondeau mignon, idem,
op. 1 1 ; ibid. — 5° Trois divertissements en
forme de valses, ideu), op. 13; ib. — 6° Valses,
idem, op. 10 et 14; ibid. — l" Étrenne-S pour
mes élèves, op. 15, ibiil.
RAUSCIIELBACII ( Juste-Théodobe),
pianiste et compositeur, vraisemblablement né à
Hambourg, fut élève de Ch.-IMi.-lim. Bach. Ses
éludes terminées, il fut instituteur à Ollenidorf,
puis il obtint, en 1790, la plate 'l'organiste à la
cathédrale de Brème. H vivait enco e dans cette
ville en 1S05. 11 a publié à Leip.sick, en 1789,
deux sonates de clavecin, avec accompagnement
de deux violons et violoncelle, lin 1797, il a fait
paraître dans la môme ville, chez Kii'inel, deux
grandes sonates pour piano et violon. Cet
artiste a laissé aussi en manuscrit des cantates
et des symphonies.
RAUSCIIER (Jacques), excellent ténor du
théâtre de Hanovre, est né en 1800 dans un vil-
lage près de Vienne, et a fait ses éludes musi-
cales dans celte ville. Il débuta sur la .scène à
Vienne en 1821. En 1832,11 donna des représen-
tations à Dresde, et en 1833, à Berlin, avec lia
brillant succès. Le roi de AVurlenibergi'attacba
au tlieûtte du Stuttgard en 1840. Sept ans aprèâ
il donna des représentations à Hambourg. Ce
chanteur distingué a obtv^nu sa retraite vers
1855.
HAUT (Jean ) , luthier français, né en Bre-
tagne, travailla à Rennes jusqu'en 1790. Ses
violons, en petit nombre, .sont faits sur le mo-
dèle lie ceux de Guarnerius, et sont estimés.
RAUTEiXBERG (Jean), can/or et com-
positeur à Landsberg sur la W'aithe ( Prusse),
au commencement du dix-septième siècle, s'est
fait connaître par un recueil de chants spiri-
tuels intitulé : Aovem verbeux sacrx , oder
6 geistliche Kraniier mid Blumen (Neuf ra-
meaux sacrés, ou neuf plantes et fleurs spiri-
tuelles); Berlin, 1629, in-4''.
RAUTENSTEliX ( Jiles-Eknest) , com-
positeur du dix-septiéme siècle, était organiste à
Quedlinbourg, vers 1G37, puis il occupa un poste
semblable au Vieux-Stettin. Il a fait imprimer un
recueil de chants funèbres sous le titre de Leich-
ten Arien, eu 1658.
RAUWE (Jean), pasteur à Wetter, vers
la fin du seizième siècle, a fait imprimer le livre
des cantiques de Martin Luther, mis à 4 voix,
Francfort, 1589, in 12.
R AUZZl.M ( Ve.nan7.io), né à Rome en 1747,
reçut des leçons de chant et de composition d'un
chapelain-chantre de la chapelle pontificale. Il
rlébuta à l'âge de dix-huit ans au théâtre Vallc, à
Rome, dansuu rdle de femme, parce que lescan-
RAUZZINl — R VVAL
189
tatrices ne pouvaient paraître alors sur les tliéàtres ^
de cette ville. Sa beauté était si remarquable, que
plusieurs femmes titrées s'éijrireut d'aniour pour
lui, et qu'ime dame du plus haut raug se com-
promit publiquement à Munich, en lui faisant
connaître sa passion. Cette aventure fut cause
<lu congé donné à Raurzini par l'électeur de
Bavière. Ce fui alors qu'il alla se fixer en An-
gleterre. (Voyez les Réminiscences of Michael ;
Kelli/, t. I, p. 10.) Guadagni, qui l'avait entendu, |
lui procura un engagement à Munich, en 1767.
En passant à Vienne, lîauzzini s'y fil entendre
dans quelques représentations du théâtre de la
cour, et y obtint un brillant succès par l'excel-
lence de sa méthode. Burney le trouva à Munich
en 1772, el fut charmé de son talent. Après un
séjour de sept ans à la cour de l'électeur, et après
y avoir fait représenter quatre opéras de sa
composition, il se rendit à Londres, et y succéda
à Millico dans l'emploi de premier ténor. 11
parut pour la première fois sur le théâtre du
roi, au mois de novembre 1774, dans VAles-
sundro ncW Indie, deCorri. Burney, qui l'en-
tendit alors, dit (o General Hislonj of Music, |
tome IV, page 51) qu'il était non-seulement fort
bel homme, mais excellent acteur, musicien pro- ,
fond, et aussi instruit dans la composition qu'ha- 1
bile dans l'art du chant. Sa voix, dit-il, était
douce, timbrée, llexible, bien posée, et d'une
étendue de plus de deux octaves. L'historien de |
la musique dit qu'il était d'une habileté remar- '
quable sur le clavecin, et qu'il écrivait bien î
pour cet instrument. Après avoir rempli pen-
dant trois ans l'emploi de premier ténor à l'O-
péra italien de Londres, Rau/.zini quitta la scène
pour se livrer à l'enseignement du chnni, qui lui
offrait de grands avantages dans cette ville. Mais
la chute de son opérai» Vestale, en 1787, le
dégoûta du séjour de Londres, et il se retira à
Bath. Il y continua ses cours de chant, et y éta-
blit des concerts publics, qui eurent un brillant
succès. Le reste de sa vie s'écoula paisiblement
dans cette agréable ville, où il mourut le 8 avril
1810, à l'âge de soixante-deux ans et quelques
mois. Au nombre des bons élèves qu'il a forir.és,-
on remarque Braham, Incledon et M""= Storace.
Les opéras de Rauzzini dont les titres sont con-
nus sont : 1° Piramo e Tisbe, à Munich, 1769.
Il y chanta le rôle principal. — 2" L'Ali d'A-
more, 1770, ib. — 3° L'Eroe cinese, ibid.,
1770. — 4° Astarto, 1772, ibid. — 5» La Re-
gina di Golconda, à Londres, 1775. — 6* Ar-
mida, 1778, idem. — 7'' Creusa in Delfo, 1782,
ibid. — 8" La Vestale, 1787, ibid. Parmi ses
œuvres de musique instrumentale, on remarque :
1° Quatuors pour 2 violons, alto et bas.se, op. 2,
5 et 7 ; Londres. — 2" Quatuors pour piano ,
violonp, alto et violoncelle, op. 1, Offenbach ,
.\ndré. — 3° Sonates pour piano el violon,
opp. 3, 6 et 9, Londres, Pearsall. — 4" Sonates
pour piano à 4 mains, op. 4 et 12, ibid. — 5* Des
airs et des duos italiens , Londres, démenti. —
6" Des chansons anglaises, ibid. .
RAUZZI]\I (Matuiec), frère du précédent,
naquit à Rome en 1754. A l'âge de seize ans, il
suivit son frère à Munich, et en 1772, il débuta
comme chanteur dans le Finie Gemelli, opéra
bouffe de sa composition où l'on remarque un
style agréable. En 1774, Rauzzini suivit son frère
en Angleterre, et peu de temps après il entra
au théâtre de Dublin. Il y fit représenter, en
1784, Il Re pastore. Devenu profes.seur de chant
en cette ville, il mourut jeune, en 1791. On con-
naît, sous son nom, un recueil d'exercices pour
le chant.
RAVAG1VAj\ (L'abbé Jérôme), professeur
de rhétorique et d'éloquence de la chaire au sé-
minaire de l'évôché de Chioggia, dans l'État de
Venise, est né en cette ville, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. A la reprise des
études du séminaire, il prononça, le 30 mars
(■818, l'éloge de Zarlino, qui fut publié dans le
Mercurio filosoRco e lefteratio , par Zirlelti, à
Venise. Peu de temps après, cet éloge fut réim-
primé séparément, sous ce tilre : Elogio di Gm»
seppe Zarlino di Chioggia célèbre ristaura-
tore délia viusica nel secolo X\I. Prolusione
pel riaprimento deglistudi del seminario ves-
coviledi Chioggia nel dï 30 marzo 1818 ; Ve-
nise, 1819, 79 (lagcs, petit in 8". Cet éloge et
j les notes qui l'accompagnent renferment des ma-
tériaux utiles pour la biographie du célèbre mu-
I sicieu.
' RAVAL (Sébastien), compositeur espagnol,
I brilla dans les dernières années du seizième
' siècle et au comn»encemcnt du dix -septième. 11
; était chapelain agrégé de l'ordre de Sainl-Jcan-
Baptiste de Jérusalem, et maître de chapelle du
duc d'Urbin, lorsqu'il fut désigné par le duc de
Maquedo, vice-roi de Sicile, comnuî maître de
chapelle de la cathédrale de Palerme. En passant
par Rome pour se rendre à son nouveau poste,
ce musicien, dont le savoir incontestable était
cependant moins grand que l'orgueil, se vanta
d'être le plus habile de tous les contrepointistes,
et de n'avoir jamais rencontré d'égal. Pour sou-
tenir cette jactance, il défia Jean- Marie Nanini
et Soriano de concourir avec lui sur un thème
qu'il choisit lui-même. Ces grands maîtres ayant
accepté le défi, ils improvisèrent tous trois un
morceau à plusieurs parties sur le thème de
Raval ; mais lorsque Nanini et Soriuno eurent
190
RAVAL — RAVETS
présenté leurs compositions ornées de tous les
artilires du contrepoint, et en môme "temps
admiral)les par l'élégance du style et la clarté des
dispositions, Raval, frappé de terreur, fut obligé
de s'avouer vaincu, et, suivant les conventions,
se rendit à l'école de ses adversaires et les ap-
pela liumblement ses maîtres. Cette aventure se
passait en 1593. C'est à la môme époque que
Raval publia un de ses ouvrages intitulé -. Jlprimo
libro di canzonette a quattro voci, composte
per il signor Sebastiano Raval, gentWhuomo
deWordine di ubidicentia di San Gio-Bat-
tisia Gierosolimitano. In Veneda, appresso
Giacomo Vincenti, 1595, in-4''. L'éplIVe dédi-
catoire à Marc-Antoine Colonna, duc de Taglia-
C02Z0, etc., est datée de Rome, le 24 mars 1593.
Raval y dit qu'il a été attaché autrefois au serr
vice de l'aïeul du duc, lequel était vice-roi de
Sicile, puis à celui du cardinal Ascanio Co-
loiina. Arrivé à Palerme, il ne lit pas voir plus
de modestie qu'à Rome dans le dé(i qu'il porta à
Achille Falcone. On peut voir, à l'article qui con-
cerne celui-ci, tous les détails de cette dispute.
On connaît de Raval un recueil de motets inti-
tulé : Libro de Moietti a 3, 4, 5, 6, 8 voci di
Sebastiano Rainai, maestro délia regia cap-
pella di Palermo, Palerme, Franceschi, 1601 ,
et Madrigali a 5 voci, libro primo ; in Venetia
appresso Giac. Vincenti, 1585, in-4''.
R.WALIÈRE ( Pierre-Albxandre LE-
VESQUE DE LA). Voyez LÉVESQUE DE LA
RAVALIÈRE.
RAVAiXNl (Gaétan), chanteur distingué,
naquit à Brescia, le 7 août 1744. Élève de son
compatriote Pinetti, il développa sous sa direction
les qualités de sa belle voix de contralto. Il n'était
Agé que de quinze ans quand il chanta pour la pre-
mière fois, en 1759, un rôle de femme dans un
opéra représenté à Brescia. L'année suivante, il
fut engagé à Parme, et en 1761, il parut sur le
théâtre Sau-Benedetlo, à Venise. Ses succès dans
ces villes, et ceux qu'il obtint ensuite sur les
théâtres de Bologne et de Vérone , lui procu-
rèrent un engagement avantageux à Munich,
en 1764. M y eut le titre et le traitement de
chanteur de la cour. En 1772,Burney l'entendit
plusieurs fois , particulièrement dans un trio
chanté par lui , Guadagni et l\aiizzini ; la réu-
nion de ces trois grands chanteurs dans ce mor-
ceau lui parut un modèle de perfection. Les
électeurs qui se succédèrent, et le roi de Bavière
Maximilien-Josepli, continuèrent à Ravanni les
avantages dont il jouissait, et le dernier de ces
princes lui donna, en 1804, son traiicmeut pour
pension de retraite, après quarante ans de ser-
vice. Ce chanteur vivait encore à Munich eu
1812, mais depuis lors on n'a plus eu de ren-
seignements sur sa personne.
R.WEr^SCROFT (Thomas), bachelier en
musique de l'université d'Oxford, fut dirigé dans
ses études de musique , vers 1590, par Edouard
Pearce, maître des enfants de chœur de l'église
Saint-Paul de Londres. Devenu lui-même pro-
fesseur, puis marchand de musique, il se fit con-
naître par la publication d'une collection de chan-
sons à 4 et 5 voix, intitulée : Melisviata; mu-
sical pliansies, filting the court , citie , and
country humours, to three , four and five
voyces, Londres, 1611. Partisan de l'ancienne
notation et de ses proportions, perfections, im-
perfections, etc., qu'on abandonnait avec raison
depuis plusieurs années , il écrivit sur ce sujet
un opuscule intitulé : A brief discourse ofthe
true but neglected use ofcharacterising the
degreesby their perfection, imperfection and
diminution in mensurable musicke, against
the common practice and custome of thèse
iimes, Londres, 1614, iri-4°. On doit aussi à
Ravenscroft une des plus belles collections de
psaumes à quatre parties qui aient été publiées
en Angleterre; elle est intitulée : The whole
book of psalms with the hymns evangelical
and sangs spiritual composed into four paris
bysundry au t hors, Londres., 1621-1623, in-8°.
On trouve dans cette collection beaucoup de mé-
lodies composées par Ravenscroft. Ce musicien
est mort à Londres, en 1635.
RAVENSCROFT (Jean), musicien an-
glais, vécut à Londres dans la première moitié
du dix-huitième siècle. Engagé comme violoniste
au théâtre de Goodmanstield, il s'y fit entendre
plusieurs fois dans les concertos de Corelli. Le
talent principal de cet artiste consistait à jouer
de la cornemuse (/iornp//)e) avec une habileté
supérieure à tout ce qu'on avait entendu avant
lui. Il a laissé quelques compositions pour cet
instrument. On place l'époque de su mort vers
1745.
RAVETS ou RAVITS ( Antoine-Guil-
LAtME ) , né à Louvain, vers 1758, fit ses études
musicales sous la direction de l'excellent orga-
niste et compositeur Mathias Vanden Gheyn
(voy. ce nom), et fut organiste de l'église Saint-
Jacques, dans sa ville natale. Plus tard, il aban-
donna cette position pour celle d'organiste de
l'église des Augustins à Anvers. Il est mort dans
cette ville en 1827. Ravetsa laissé en manoscrit
des préludes pour l'orgue, et un grand nombre de
motels avec orchestre qui ont eu de la réputation
en Belgique. Parmi ces compositions, on remarque
celles-ci : 1" De profvndis, à 2 voix, orgue et
orchestre. — 2" Jcsu, Corona virginum. —
RAVETS — RAYMOÎSD
191
3" Confileantur. — 4" Verbum supernum. —
5" Tecum principum. — 6° Juravit Dominus ,
pour soprano, ténor et basse. — 7° Quis siciU
Pominus. On connaît aussi de cet artiste une
messe <ie Requiem à 4 voix et petit orchestre.
RAVIIVA (Jean-Hfnri), pianiste et compo-
siteur, né à Bordeaux, le 20 mai 1818, fut admis
comme élève au Conservatoire de Paris, le 10
octobre ISIJI, y reçut d'abord des leçons de
M. Laurent, professeur adjoint, puis devint élève
de Zimmerman. Le second prix lui fut décerné
en 1832; il obtint le premier au concours de
1834, et, deux ans après, le premier prix d'har-
monie et d'accompagnement pratique; enlin il
compléta son instruction musicale par l'étude du
contre|)oint sous la direction de Reicba ; puis
de M. Leborne. Sorti du Conservatoire, Ravina
se fit entendre avec succès dans les concerts,
et se livra à l'enseignement. Il a publié un
grand nombre d'oeuvres pour le piano dans les
formes de son époque ; celles qu'on a remar-
quées sont : 1" 12 Études de concerts, en 2 li-
vres, dédiées .'i Zimmerman ; Paris, Lemoine. —
2° 25 éludes caractéristiques; il)id. — 3° Mor-
ceau de concert pour piano et orchestre, op. 8;
ibid. — 4° Rondo élégant, op. 4 ; ibid. — 5° Fan-
taisie de salon sur deux airs napolitains, op. 5 ;
ibid. — 6" Divertissemifnts brillants, op. 10 et 16;
ibid. — T Nocturne, op. 13; ibid. — 8° Rê-
verie, op. 19; ibid., etc. Cet artiste est mort à
Paris en 1862, à l'âge de 44 ans.
RAWLIIVGS (Thomas), fils de Robert Raw-
iings, organiste de Chcisea, né en 1775, apprit
de son père les premiers éléments de la musique.
A l'âge de treize ans, il fut mis sous la direction
d'un maître allemand nommé Dittenhofer, qui
lui enseigna le piano, le violon, le violoncelle et
les élémenls de l'harmonie. Après sept années d'é-
tudes sous ce maître, il composa quelques mor-
ceaux qui furent exécutés au Professional con-
cert. De|)uis lors il s'est livré à l'enseignement,
et a été employé dans les orchestres de plusieurs
théâtres, comme violonislfe et comme violon-
celliste. J'ai connu cet artiste à Londres, en
1829. Ses principales compositions, gravées chez
Cluppell, sont : 1" Concerto da caméra pour
piano, llùte, deux violons, alto et basse. —
2" Duo pour harpe et piano. — 3° Mélodies na-
tionales pour le piano. — 4" Çérénade pour plu-
sieurs instruments. — 5" Airs anglais.
RAWLIIVS (Jean), ecclésiaslfque anglais,
vécut dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Il fut recteur à Leigh, dans le comté de
Worcester, ministre à Bodsey, puis à Wickam-
ford , et enfin chapelain de lord Archer. A l'oc-
casion du festival de musique des trois chœurs
réunis de Worcester, de Hereford et de Glocester,
il prononça un sermon qui fut publié sous ce
titre : The poiver of musick, and the parli-
cular influence of church mvslc-k ( Le pou-
voir de la musique, et l'influence particulière de
la mu.siqiie d'église); Ravinglon, 1773, in-S".
RAYMAIVIM (JACQtEs), luthier anglais, tra-
vaillait à Londres vers 1650. il se distinguait
surtout par la bonne qualité de ses violes. On
cite aussi un violon fait pw hii qui .se trouvait
dans l'héritage de Dritton (voyez ce nom).
RAYMOA'D (Georres-Makie), né à Cham-
béry, en 1769, fut d'abord employé du cadastre,
et obtint, en 1794, la place de secrétaire général
du département du .Mout-Blane. Ayant ensuite
perdu cet emploi, il accepta celui de professeur
d'histoire à l'école centrale de ce département, et
fut ensuite professeur de maHiémkliqucs à Ge-
nève. En fSfl, il devint principal du collège de
Chambéry. Littérateur laborieux et amateur de
musique, il a publié beaucoup de livres, de
brot^mres et d'articles de journaux littéraires sur
toutes sortes de sujets, particulièrement sur la
musique. La liste de ceux-ci renferme les ou-
vrages suivants : 1" De la musique dans les
églises, considérée dans ses rapports avec
l'objet des cérémonies religieuses ( Mémoire
inséré dans le Magasin Encgclojièdique, août
1809). — 2° Lettre ù M. Millin sur l'utilité du
rétablissement des maîtrises de chapelle dans
les cathédrales de France (dans le même re-
cueil, mai 1810) — 3" Seconde lettre à M. Mil-
Un sur l'usage delà musique dans les églises
(dans le même rceueil, août 1810). Ces deux
morceaux ont été publiés séparément sous ce
titre : Lettres à M. Millin, membre de l'Insti-
tut, etc., sur l'usage de la musique dans les
églises, Chambéry, Cléaz, 1811, in-8°. — 4" Ré-
futation d'un système sur le caractère attri-
bué à chacun des sons de la gamme, et sur
les sources de l'expression musicale (dans la
Décade philosophique, an x (1802) n»» 22
et 23). Ces quatre opuscules ont été réunis avec
le suivant , en un volume intitulé : 5** Lettre
à M. Villoteau, touchant ses vues sur la
possibilité et l'utilité d'une théorie exacte des
principes naturels de la musique; suivie d'un
mémoire et de quelques opuscules sur l'usage
de ta musique dans les églises , etc., Paris,
Courcier, 1811 , in-8° de 261 pages. A l'exceplien
d'une assez bonne réfutation des erreurs de
l'abbé Roussier, concernant les proportion? des
intervalles de la tonalité moderne et la forma-
tion de la gamme , le sujet de la lettre de Ray-
mond à "Villoteau y est traité d'une manière
superficielle : on aurait dû s'attendre à trouver
192
RAYiMOND
un langage plus rigoureux dans l'écrit d'un
l'iusicien géomètre. Le professeur de matliéina-
tiques se retrouve davantage clans l'écrit suivant,
qui n'est qu'un reinanieuiont du même sujet,
mais sans vues nouvelles : — C Essai sur la
délermi nation des bases physico-mathéma-
tiques de l'art musical; Paris', V"^ Courcier,
J813, in-S" de 79 pages. L'Académie des sciences
de l'Institut de France, à qui ce mémoire avait
élé soumis , n'y trouva à louer que le zèle de
l'auteur pour les progrès de la théorie de la mu-
sique- Raymond clierclie à y démontrer que la
constitution organique de l'homme et celle des
corps sonores qui lui sont analogues, Tournissent
immédiatement les éléments physiques de l'art 'et
le principe de l'harmonie. Cette erreur du dix-
huitième siècle a pour résultat inévitable de ma-
térialiser un cirt qui n'a sa source que dans la
combinaison de la sensibilité, du sentiment et de
rinlelligcnce. — 7" Des principaux systèmes
de notation musicale itsitcs ou proposés chez
divers peuples tant anciens que modernes, ou
Examen de cette question : Vécriture mu-
sicale généralement usitée en Europe est-
elle vicieuse au point qu^wie réforme corn»
plèie soit devenue indispensable? Turin, de
l'imprimerie royale, 1824, un volume in-4''de
154 pages avec une planche. Ce mémoire est
inséré en entier dans le trentième volume des
mémoires de l'Académie royale des sciences de
Turin, dont Raymond était membre. Son travail
est divi>é en deux parties : la première est relative
aux notations de l'antiquité, du moyen âge et
de l'Orient; l'aulre renferme l'exposé et I examen
des systèmes de notation deSouhailty, Brossard,
Lancelot, Sauveur, de Motz, Boigelou, J.- J. Rous-
seau, de l'Aulnaye , R. Palterson , de l'abbé Fey-
tou , de la Sallelte , de Riebesthal et de Bertini.
L'auleur de cet ouvrage n'avait pas les connais-
sances nécfsaires pour traiter la première partie
de son livre; la deuxième est plus satisfaisante,
bien qu'elle ne donne pas la solution de la ques-
tion posée au frontispice. — 8° Mémoire sur la
musique religieuse, à l'occasion de l'établis-
sement d'un bas-chœur et d'une maîtrise de
chapelle dans r église métropolitaine de Cham-
béry. Ce mémoire, lu à l'Académie royale de
Savoie, le 7 mars 1828, a été inséré dans le troi-
sième volume des mémoires de cette société. Il
en a été tiré des exemplaires séparés (in-8° de
35 pages), sans date et sans nom de lieu. Ray-
mond a lais-ë eu manuscrit : Principes élémen-
taires d''harmonie, de contrepoint et de com-
position musicale. Il est mort à Chambéry, le
24 avril tK39.
BAYMOXD (ÉDor.vRD), violoniste et com-
positeur à Breslau , est fils d'un faoricant d'ins-
truments de celte ville. Il est né le 27 septembre
181?., et, à peine âgé de sept ans. a commencé
l'étude du violon , sous la direction du profes-
seur Charles Luge (voyez ce noni). Ses progrès
furent rapides : à l'âge de quntorze ans, il joua
avec .son maître, au ihéâlre, la symphonie concer-
tante de Krciilzcr pour deux violons, et y Kl re-
marquer la souplesse <le son archet ainsi que !a
justesse <lr ses intonations. Depuis cette époque,
il a brillé dans les ('oncert<«, soit à Breslau, .soit
dans d'autres villes de l'Allemagne. Entré en 1834
dans l'orchestre du théâtre de sa ville natale, en
qualité de premier violon, il n'y resta que jus-
qu'en 1838, parce que les leçons qu'il donnait a
un nombre considérable d'élèves l'occupaient
incessamment. Devenu chef d'orchestre de la
société musicale Lxtitia, en 1839, il abandonna
cette position, cinq ans après, pour celle de di-
recteur des concerts de la Société du dimanche,
où les symphonies des grands maîtres sont bien
exécutées par un bon orchestre. Raymond oc-
cupait encore cette position en 1853. Le goût de
cet artiste et son expérience se sont formés dans
les voyages qu'il a faits à Berlin, Dresde, Vienne,
Leipsick, Francfort et Cologne. On a publié de
sa composition : 1° Introduction et polonaise
pour violon et piano; Bre^au, Fœrsler. —
2°. Adagio et rondeau brillant avec accompa-
gnement de quatuor ou de piano ; Breslau, Ed.
Pelz. — 3° Le Russe, petit rondeau agréable et
facile pour violon et piano ; ibid. — 4*" Grande
fantaisie pour violon et orchestre ou piano sur
(les motifs deLucia di Lamntennoor; Breslau,
Schumann. — 5" Première symphonie, arrangée
pour piano à 4 mains; Bre.^lau, Weinhold. —
6° Romances .sans paroles pour piano; Breslau,
Schumann. — 7® Grande polonaise pour orches-
tre ou piano; Berlin, Bote et Bock. Beaucoup
d'autres petites compositions pour violon ou
pour piano. Raymond a en manuscrit : Le Maes-
tro, opéra non représenté : la Tempête, idem ;
la Fiancée de Rubeztihl, idem ; Première sym-
phonie { eu la mineur ) , à grand orchestre ,
exécutée dans les concerts de la Société du
dimanche ; Deuxième symphonie ( en sol ) ,
idem ; Première ouverture de concert (en ut),
idem; Deuxième ouverture (en 5< mineur), idem;
Nocturne pour viplon, alto, violoncelle, contre-
ba.'^se, flilte, clarinette, basson et cor, idem;
Grande polonaise pour piano à quatre mains.
RAYMOND (JosEi'H), connu sous le nom de
Raymondi , littérateur et amateur de musique,
vivait à Paris de 1840 à 18à0. Il a proposé un
nouveau système de notation de la musique dans
deux oiivragesdonlvoici les litres : {'Essai de sim-
RAYMOND
REBEL
193
plification musicographique , avec un précis
analytique des principaux systèmes de nota-
tion musicale proposés pendant le XIX^ siè-
cle; Paris, Bernard I.atle, 1^43, in-S" de quatre
feuilles, avec 2 planches. — 2" Nouveau sys-
tème de notation musicale, suivi du Rapport
fait au congrès scientifique de Fronce sur le
premier essai de simplification musicogra-
phique; Paris, imprimerie de Brière, I84G, in-S"
de 100 pages avec 3 planches. Les éléments du
système de notation de M. Kaymond sont pris
dans ralphat)et hébraïque. Ce système a eu le
sort de tous ceux du môme genre. Les artistes
ni le public n'y ont accordé aucune attention.
On a du même littérateur un ouvrage philosophi-
que intitulé : Fantaisies morales, ou senti-
ments, vices et vertus; Paris, Amyot, 1846-47,
in-S».
RAYMOKT (Henri), souflleur et répétiteur
de musique au théâtre de Beaujolais vers 1763,
a fait les paroles tt la musique des pièces sui-
vantes représentées à ce IhéAtre : T' V Amateur
de musique. — 2° V Amant écho. — 3° Ana-
crëon. ^4° L'Armoire. — 5" Le Chevalier de
Lerigny. — 6" Le Braconnier.
RAZETTI ( Amidée ) , fils d'un violoniste
piémontais, naquit à Turin en 17j4. Sa mère,
femme aimable it galante, dont l'aventurier
Casanova parle dans ses mémoires , vint s'éla-
blir à Paris vers 1761 , et confia son fils au
claveciniste Clément, qui, trouvant en lui d'heu-
reuses dispositions, eu (il un arliste distingué.
Ilazetti eut de la réputation à Paris comme maî-
tre de piano et comme compositeur. Dans les
œuvres qu'il a publiées pour le piano, il y a de
l'originalité. Ses trios pour piano, violon et
violoncelle ont eu un succès de vogue vers
1800. Razettiest mort d'une maladie de poitrine
en 1799. On a de lui les productions suivan-
tes : 1° Concerto arabe pour piano et orcliestre,
op. 14 ; Paris, Nadcrman. — 2" Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 12 ; Paris, Pleyel. —
3° Trois idem, op. 13, nos l , 2 et 3, Paris,
Sieber. — 4° Six sonates pour piano et violon,
op. 1 ; Paris, Bailleux. — 5*^ Sonates pour cla-
vecinseul, op. 2, 3 et G ; Paris, Boyer. — 6" Six
sonates pour le clavecin dans les styles d'Eckart
(toyesce nom), Haydn, Clementi, Cramer, Stei-
beltet Mozart, op. 7, part, 1 et 2; Paris, Boyer.
— 7° Trois sonates pour le clavecin -. la 1" pour
clavecin seul; la 2me avec violon et basse; la
dernière avec deux violons, alto et basse, op. 10 ;
Paris, Cousineau. — 8" Premier recueil de ro-
mances avec ace. de piano, op. 8; ibid. — 9° Pre-
mier pot-pourri pour le piano, op. 9 ; ibid. —
10° Deuxième recueil de romances, op. 11.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. Vil.
READIiVG (Jean), organiste, né à Londres,
dans les dernières années du dix septième
siècle, étudia la musique sous la direction de
Blow. Ses études terminées, ri obtint la place
de sous-maître des enfants de chœur de la ca-
thédrale de Lincoln. Il ne la quitta que pour celle
d'organiste de l'église paroissiale de Hackney. Plus
tard il fut organiste de l'église de Saint-Dunstan ,
et en dernier lieu il remplit les mêmes fonctions à
Sainte-Marie de Woolnolli,ù Londres. 11 mourut
dans cette position en 1766. Reading a publié
de sa composition un livre d'antiennes avec basse
continue pour l'orgue au le clavecin, sous ce
titre : A Book of new anthems , containing
a hundred plates fairly engraved, vit h a
thorough-bass figured far the organ or harp-
sichord uith proper ritornels; Londres, i742,
in-fol.
REALI (Jean), musicien vénitien, vécut
dans la première moitié du dix-huitième siècle,
et fut maître de chapelle à Guastella, dans le
duché de ce Moin. Il n'est connu que par le
titre de l'opéra II Regno galante, dont il avait
composé la musique , et i\u\ fut représenté en
1727, au théâtre San-Mosc de Venise.
REBEL ( Jean-Ferkï ), né à Paris dans la
seconde moitié du dix -septième sièi le , fut un
des vingt-quatre violons de la grande bande du
roi de France, et compositeur de la chambre.
Entré à l'Opéra en 1699, en qualité de premier
violon, il en devint chef d'orchestre en 1707.
On le voit encore figurer sur l'état de cet orches-
treen 1737, avec des appointements de 1,200 li-
vres ; mais on ignore l'époque de sa mort, an-
térieure toutefois à l'état des pen.sionnaires dressé
en 1751, car son nom n'y paraît pas. Rebel a eu
un fils qui fut directeur de l'Opéra {voyez l'article
suivant). Diirey de Noinville a induit en erreur
La Borde, Choron et Fayolle, ainsi qne tous les
autres compilateurs, en disant que la femme du
compositeur Lalande {voyez ce nom) fut la fille
de Rebel, car elle était sa sœur aînée. Rcbel a
donné à l'Opéra, en 1703, Ulysse , tra^'édie
lyrique en cinq actes, qui eut peu de succès. Il
a publié un livre de sonates de violon en duos,
et un livre de trios pour deux violons et basse
continue pour le clavecin. Ses airs de danse inti-
tulés Caprice, Boutade et Caractères de la
danse, ont eu beaucoup de réputation.
REBEL (François), fils du précédent, na-
quit à Paris le 19 juin 1701. Élève de son père,
il fut admis à l'orchestre de l'Opéra en 1714,
quoiqu'il ne fût âgé que de treize ans. En 1738,
il occupait encore la môme position, et son trai-
tement n'était que de 600 livres; mais chaque
année, depuis 1735, il recevait une gratification
13
194
REBFX — REBETROL
<le 500 francs. Lié d'amHié avec Francœur {V. ce
nom), violoniste comme lui à l'orcliestre de
rOpéra, il le prit pour collaborateur dans la plu-
part des opéras qu'il composa, et l'eut pour as-
socié dans la direction de l'Académie royale de
iiiu-iique. D'abord inspecteurs de ce spectacle,
ils en prirent la direction en 1751, et la conser-
vèrent jusqu'en 1767. Louis XV avait fait Kebel
clievalier de l'ordre de Saint-Michel, et lui avait
accordé une des places de surintendant de sa
musique. En 1772, il le nomma aussi adminis-
trateur général de l'Opéra ; mais l'artiste, par-
venu à l'âge avancé de soixante-quatorze ans,
se retira le l^ avril 1775. Il ne jouit pas long-
temps du repos acquis au prix de si longs ser-
vices, car il mourut le 7 novembre de la môme
année. Rcbel a composé en société avec Fran-
cœur les opéras suivants : 1° Pyiamecl Thisbë,
représenté en 1726. — 2" Tharsis et Zélie, en
1728. — 3° Scanderberg, en 1735. — 5" Le
Ballet de la Paix, en 1738. — 5" Les Augus-
tales, prologue, en 1744. — 6° Zélindor et Is-
mène, eu 1745. — 7° Les Génies tutélaires, en
1751. — 8" Le Prince de Noisy,en 1760. Re-
bel a écrit aussi un Te Deum et un De profun-
dis qui ont été exécutés avec succès au Concert
spirituel.
REBELLO (jE\N-L.\t)RENT), excellent com-
positeur portugais, naquit en 1009, à Caminlia,
et entra, à l'âge Je quinze ans, au service de la
maison de Bragance, à Lisbonne, où il eut l'oc-
casion d'étudier la composition et de dévelop[)er
le talent qu'il avait reçu de la nature. Il mourut
près de Lisbonne, en 1661, avec la réputation
d'un des musiciens les plus distingnés du Por-
tugal. Les écrivains de sa nation lui accordent
de grands éloges. 11 paraît qu'il (it un voyage en
Italie peu de temps avant sa mort, car il y a
publié des Psaumes, Magnificat, Lamentations
et Miserere à seize voix et basse continue,
sous ce litre : Psalmi tum vcsperarum, tum
complelarii.Item Magnificat, Lamentationes
et Miserere. Romx, tijpis Mauritii et Amadxi
Belmontiarum , 1657, in^i" max. Beaucoup de
compositions de Rebello étaient en manuscrit
dans la bibliothèque royale de Li.sbonne au com-
mencement du dix-liuitième siècle.
REBELLO (Manuel), compositeur portu-
gais, maître de chapelle à Evora, né à Aviz,
dans la province d'Alentajo, vécut vers 1625.
Ses compositions se trouvaient dans la biblio-
thèque royale de Lisbonne, au commencement
du dix-huitième siècle.
REBER (Naih)léon-Henri), compositeur dis-
tingué, professeur d'harmonie au Con.servaloire
de Pariset membre de l'Institut, est né à Mulhous»
(Haut-Rhin), le 21 octobre 1807. Sa première édu-
cation fut dirigée vers l'étude des sciences appli-
quées à l'industrie ; mais son penchant pour la mu-
sique lui inspira tant de dégoOt pour la profession
qu'on lui destinait, qu'il prit la résolution de se
livrer sans réserve à la culture de cet art. Il avait
appris à jouer du la tlùte et du piano, et avait
mis beaucoup de persévérance à lire les traités
de composition qui lui étaient tombés sous la
main; mais chaque jour il acquérait la conviction
de rinsuftisancc de ces ouvrages pour compléter
une éducation pratique. En 1828, il se rendit à
Paris, et le 10 octobre de la môme année, il
fut admis au Conservatoire pour y apprendre le
contrepoint et la fugue, sous la direction de
Jelensperger et Seuriot, professeurs adjoints
de la chaire de Reicha. Au mois d'octobre 1829,
il devint élève <le Lesueur , qui dirigea ses
études de composition dramatique. Depuis 1835,
.M. Reber s'est fait d'abord connaître par des
œuvres de musique instrumentale et vocale
qui indiquent un talent distingué, sous le rap-
port de la forme et d'une certaine naïveté gra-
cieuse. Ha publié en C(! genre : 1° Quintette
pour 2 violons, 2 altos et violoncelle, op. 1 ; Pa-
rus, Kichault. — 2" i' grand quatuor pour 2 vio-
lons, alto et basse, op. 4; ibid. — 3° 2""^ idem,
op. 5; ibid, — 4° S^e idem, op. 7; ibid. —
5" Trio pour piano, violon et violoncelle, op. 8;
ibid. — G" 2'uc idem; ibid. — 7" Pensée musi-
cale pour piano seul, op. 3; ibid. — 8" Varia-
tions sur un air suisse, idem, op. 6 ; ibid. —
9" Quelques mélodies charmantes à voix seule
et piano, parmi lesquelles on remarque le Voile
de la châtelaine, la Captive, liai luli, la
Chanson du pays. — 10" Des valses pour
piano et pour piano et violon, d'un caractère
original, etc. M. Rel>er a composé aussi des sym-
phonies qui ont été exécutées aux concerts delà
société de Sainte-Cécile, et dont une a été en-
tendue dans ceux du Conservatoire. Comme
compositeur dramatique, il a donné : 1° La
Nuit de Noël , en 3 actes , au théâtre de l'O-
péra-Comique, le 11 février 1848. — 2' Le Père
Gaillard, en 3 actes, au même théâtre, le
7 septembre 1852. — 3" Les Papillotes de
M. Benoist, en un acte , au même théâtre , le
28 décembre 1853 — 4° Les Dames capitaines,
en 3 actes, au même théâtre, 3 juin 1857- M. Re-
ber a écrit aussi |)our l'Opéra un grand ouvrage
intitulé ISaïm, qui n'a pas été représenté, mais
dont l'ouverture a été exécutée dans les con-
certs de Paris. On a du même artiste un Traité
d^harmonie ; Paris, Colombier, 1862, l vol. gr.
in-8".
REBEYROL (Pierre), né à Nantes en
REBEYROL ~ REDIN
195
1798, entra comme élève au Conservatoire de
Paris en 1818, et y devint élève de Lefebvre
pour la clarinette. Le premier prix de cet ins-
trument lui fut décerne aa concours de 18*20.
Dans la même année, il entra sous la direction
de Reiclia pour la composition. De retour à
Nantes, il a été nommé, en 1834, par le conseil
municipal, professeur de nnusique de l'école
primaire sujiérieure. Cet artiste a publié plusieurs
œuvres de quatuors et de quintettes pour des
instruments à cordes. Il a fait aussi entendre
daus les concerts des symphonies et d'autres
morceaux de sa composition.
REBS (CuRKTiEiN-GoTTLOB), docteur en phi-
losophie, canior et directeur de musique de
l'église Saint-Michel, à Zeitz, est né le 23
aoiit 1771 à Rossieben. On a gravé de sa com-
position : 1° Deux sonatines avec des ron-
deaux variés pour piano seul, op. 5; Leipsick,
llofmeister. — 9." Variations sur un thème du
Freischûiz; ibid. — 3" Variations sur l'air alle-
mand : Wir u'indcn dir den 7., op. 11, ibid.
— 4" Six chansons allemandes à voix seule,
avec accomp. de piano ; Leipsick, Ureitkopf et
Haertel ; et plusieurs autres petites productions.
Rebs s'est fait connaître comme critique musical
par des articles publiés dans divers journaux, et
il a donné dans la Gazette générale de inufiique
de Leipsick (1841) une série de questions et de
réponses concernant la construction des orgues.
Il a publié une notice sur sa vie sous le titre de
Erinnerimgen ans mc'm Leben; Zeitz, 1839,
in -8° de 132 pages.
RECHEiXDERG (Ehnest). professeur de
musique et compositeur à Berlin, est né le 12 oc-
tobre 1800 à Friedersdorf sur laQueis, dans la
régence de Liegnitz. Après avoir terminé ses
études littéraires et musicales, il se rendit à
Berlin en 1822, et fut admis dans l'Institut pour
la musique d'église, où il reçut des leçons de
Bernard Klein pour la composition. A sa sortie
de cefle institution, Rechenberg s'est livré à
l'enseignement. Au nombre de ses élèves, on
remarque Charles Eckert {voyez ce nom). Ses
composilions consistent en musique d'église dont
il n'apuWié que le psaume Gott ist unser Heil,
à plusieurs voix, orchestre et orgue (Berlin,
Schmidt), beaucoup de Licder à voix seule et à
quatre voix, et des pièces pour piano seul. On
a aussi de cet artiste un livre choral (^Wp-c-
vieines Choralbuch, Berlin, Cballier), avec des
préludes et des conclusions pour l'orgue, tirés
des oeuvres de J.-S, Bach, Hesse, Kùhn, KiJh-
nau, Natorp, etc., ^i l'usage des organistes des
petites villes.
R£DERIV (GoiLLAUME-FRÉDÉRrc, comte DE),
conseiller intime et chambellan du roi de Prusse,
intendant général de la musique de la cour, et
membre de l'Académie royale des beaux -arts de
Berlin, est né dans celle ville le 9 décembre
1802. Après avoir terminé ses études de droit à
l'université, ii enira dans le conseil d'État en
1823, et deux ans après, ii devint chambellan de
la princesse royale Elisabeth, depuis lors reine
de Prusse. Amateur passionné de musique qu'il
cultivait avec succès, M. de Redern fut chargé,
en 1842, de l'intendance générale de la musique
de la cour. Le premier ouvrage qui le fît con-
naître comme compositeur fut une ouverture
pour l'orchestre, écrite à l'âge de dix-huit ans,
et qui fut exécutée à Berlin en 1820. Parmi ses
compositions, on remarque : 1" Liturgie, choîyr
à4 voix; Berlin, Scblesinger. — T Miisica scera
(icr volume) : Agnus Dei; Adoramus; Veni
Sancle Spirilus; Sanctus-Dominns, 1856. —
3^ Musica sacra (2e volume) : Nunc dimitis ;
llymnus angelicus ; Christus fortis est, 1857.
— 4° Cantate (Laut tœne miser Lobgesang ) ,
pour voix solo, chœur et orchestre, pour le jour
de naissance du roi Frédéric-Guillaume IV, exé-
cutée le 12 janvier 1858. —5" Christine, gmad
opéra en trois actes, représenté au théâtre royal
de Berlin, le 17 janvier 18G0, gravé en partition
pour le piano-, Berlin, Bote et Dock. — 6" Mar-
che triomphale à grand orchestre pour la tragé*
die L'Empereur Frédéric III , arrangée pour
piano; Berlin, Scblesinger. — 7" Ouverture de
concert pour orcliestre ; Berlin, Bote et Bock.
— 8'^ Pièces pour musique de cavalerie, ibid. —
9° Pas redoublé pour musique militaire, ibid.
~ 10" Plusieurs recueils de quadrilles et de
valses pour piano.
RED11\ ou REDEIIV (Jean-François) (1),
violoniste et compositeur belge, ne naquit pas à
Liège, comme il est dit dans la première édition
de cette Biographie, car il vit le jour à Anvers,
et fut baptisé à la cathédrale de cette ville le
5 novembre 1748. Il était le troisième lils de Jo-
seph Redin, bourgeois de cette ville, et de
Jeanne-Françoise-IIansewyck (2). Il est vrai-
semblable que Jean-François Redin reçut sa pre-
mière éducation musicale comme enfant de
chœur. Cependant on ne possède aucun rensei-
gnement à cet égard ; on ignore également le nom
du maître de violon de cet artiste, et l'on ne sait
qu'il fut premier violon de la cathédrale d'Anvers
que par le titre d'un de ses ouvrages. J'ai dit, dans
(1) Ce nom est écrit de plusieurs manières dans les ac-
tes de l'état civil, à Anvers.
(2) Je suis redevable de ces renseignements autlienti-
ques aux soins obligeants de M. le chevalier Ix'Oii de Bur-
bure, qui, à ma prière, a bien voulu faire des recherches.
13.
19G
REDIN — REKVE
la notice de la première édition de ce livre que
Hcdin entra an service du prince Ciiarles de
Lorraine, gouverneur des Pays-Bas, et qu'il
mourut à Uruxelles : ces faits sont inexacts, car
son nom ne figure pas dans les «^tats de la cha-
pelle de co prince, et l'on verra tout à l'heure
qu'il cessa de vivre dans le lieu même où il était
né. Son œuvre quiitrième ayant éti* publié à Lon-
dres en 1789, tout porte à croire qu'il y habitait
alors. Il resta célibataire, ainsi que le prouve
l'acte de son décès, et mourut à Anvers à l'ûge
de cinquante-trois ans, le 8 venlôse an X (24
février 1802). On voit dans les registres de l'é-
tal civil que la déclaration de la mort de J. F.
Redein, viusicien, est faite, non par des per-
sonnes de sa famille, mais par deux voisins, dont
un est qualifié {["'hospitalier. Les ouvrages pu-
bliés par Redin sont estimables et ont eu du
succès dans leur nouveauté ; ils ont pour titres :
1* Six duos pour 2 violons, œuvre l"; Bruxelles,
Van Ypen. — 2" Six sonates pour 2 violons,
dédiés au chevalier J. F. Van Ertborn, et com-
posées par J. F. Redin, l^r violon de la cathé-
drale d'Anvers, œ.uvrc2, ibid. —3" Six sym-
phonies pour 2 violons, alto, basse, 2 hautbois
et 2 cors, op. 3; Paris, Bailleux, 1786. — 4° Six
quatuors pour 2 violons, alto et basse, op. 4;
Londres, Preston, 1789.
REDI (D. Thomas), né à Sienne dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle , fut maître
de chapelle à Lorette pendant près de quarante
ans, et mourut vers 1735. On peut voir, dans les
Mémoires de l'abbé Baini sur la vie et les
ouvrages de Palestrina (tome I, note 195), le
récit d'une discussion survenue entre Redi et
le P. Martini, à l'occasion de la résolution d'un
canon d'Animuccia. Redi a laissé beaucoup de
musique d'église en manuscrit : je possèile de
lui quatre psaumes à huit voix, où se trouvent de
belles fugues.
REDI (François) , excellent professeur de
chant et maUrc de chapelle à Florence, dans la
première moitié du dix-huitième siècle, établit,
en 1716, une école de chant où la célèbre can-
tatrice Victoire Tcsi a reçu sa première éduca-
tion vocale. Beaucoup d'autres chanteurs re-
nommés se sont aussi formés dans l'école de
Redi.
REDSLOB (GtSTAVK-MAVRiCE), littérateur
allemand, né à Querfurt, en Saxe, a fuit im-
primer une dissertation académique inliluiée :
Dissertalio de prxcepto musico (Lamenaceach
AL iiaggitith) i/i inscripUoiùbus psalmorum
VllI, LXXXI el LXXXIV, cons]HCUUS; Leip-
sick, 1831, in 8" de 43 pages. Ce titre, mêlé de
latin et d'hébreu, signifie : Dissertation sur le
précepte musical (pour chanter sur le Githith (1),
qui se voit dans les inscriptions des psaumes
8, 81 et 84.
REEVE(Giiii.i.awme), professeur de musique
et compositeur, naquit à Londres en 1757. Des-
tiné au barreau, il fréquenta d'abord le cabinet
d'un procureur; mais bienti^t il abandonna l'é-
tude de la jurisprudence pour celle de la musi-
que, sous la direction de Richardson, organiste
de Saint-Jacques, dans Westminster. En 1781,
Reeve accepta une place d'organiste àTotlness,
dans le Devonshire. Il en remplit les fonctions
pendant deux anr. ; mais vers la fin de 1783 les
frères Ashlcy lui offrirent un engagement pour
écrire la musique des pantomimes et des drames
qu'ils faisaient représenter à leur théâtre, et
leurs propositions le ramenèrent à Londres. Non-
seulement il composa tm très-grand nombre de
pantomimes, de ballets et d'opéras, mais il pa-
rut aussi sur plusieurs théâtres comme acteur et
comme chanteur, particulièrement à Covent-Gar-
denetà Ilaymarket. En 1792, il avait été nomm<"
organiste de Saint-Martin, dans le quartier de
Ludgate; mais il ne garda pas longtemps cet
emploi. Reeve vivait encore à Londres ei»
1829, âgé de soixante-dix ans, et jouissait d'une
honnête aisance acquise par ses travaux. Il a
été un des compositeurs dramatiques anglais les
plus renommés de son teuips. Il réussissait par-
ticulièrement dans le style comique. Quelques-
uns de SCS ouvrages ont été faits en société avec
Mazzinglii (i^oy. ce nom). On ne connaît point
aujourd'hui les titres de toutes les pièces de
théâtre pour lesquelles Reevea écrit de la musique;
elles sont au nombre de plus de cent. Celles qui
ont eu le plus de succès sont les suivantes :
Oscar et Malvina , pantomime en 1791. —
2'' Orphée et Euridice, ballet, 1792. — 3° L^Ap-
parition, drame musical, 1794. — 4" British
Forliiude (laBiavoure anglaise, 1794. — 5" Her-
cule et Omphule, pantomime, 1794. — G<* Thr
Purse (la Bourse), drame musical, 1794. —
7° Meny Sherivood, 1795. — 8" Arlequin et
Oberon, 1796. — 9° lianiry Bay (la Baie de
Bantr>), opéra, 1797. — xd" Raymond et Atjnès,
ballet sérieux, 1797. — 11° Round Toiver {\a
Tour ronde), 1797. — 12° Jeanne d'Arc, bal-
let historique, 1798. ~ W L'Embarcation »
opérette, 1799. — 14° Thomas et Suzanne,
opéra, 1799. — 15° ta Caravane, idem, 1803.
— 16° The Dash (la Rixe), opéra bouffe, 180'».
— 71° fFhile Plume(\e Panache blanc), opéra.
(1) I.p Cllhitfi «Inlt vraisemblablement, d'apré* le mp-
port de nom avec le qytharah des Arabes, un Initru-
mrnt A cordes plnciics.
REEVE — REliVES
197
1806. Rpeve a composé en société avec Mazzin-
glii. — 18° liamah- Droog , grand opéra, 1798.
— 19" The Turnpike gaie (Ja Barrière), opéra-
comique, 1799.— 20° Paul et Virginie, 1800.
— 21° niind Girl (la Fille aveugle). Knfin, il a
pris parla la composition de beaucoup d'autres
pièces, jusqu'en 1811. Kee vc a publié un ouvrage
élémentaire pour le piano, intitulé : The juvénile
preceptor, or enterlaining insfruclor ; a com-
plète introduction to the piano forte, Londres,
démenti, in-folio.
UEEVES (SiMs), le plus célèbre ténor de
l'Angleterre, est né à Woolwicli en 1821. Dès
son enfance, il montra les plus beureuses dis-
positions pour la musique, et son père, musicien
(le (irofession, entreprit de les ciilîiver et de les
développer. Les progrès du jeune Reeves furent
si rapides, qu'ayant à peine atteint l'âge de qua-
torze ans, il possédait déjà une remarquable lia-
bileté sur plusieurs instruments, était excellent
lecteur, et connaissait la théorie de l'harmonie.
Son instruction dans la musique dV-glise était
dès lors si étendue, qu'il fut choisi comme or-
ganiste et directeur du clio'urà Norlh-Croy, dans
le comté de Kent. Ce fut à cette époque qu'il
fit ses premiers essais de compositions dans
quelques antiennes pour le service de son église.
Après avoir quitté cette position, il se rendit à
Londres et reçut quelques leçons de piano de
Jean-Baptiste Cramer. La beauc de sa voix
s'était manifestée pendant quil dirigeait le chœur
de Norlh-Croy, et son père lui avait donné un
professeur de chant, qui, par une erreur qui
n'est pas sans exemple, se trompa sur le carac-
tère de la voix de son élève, la prit pour un
baryton, et ne cultiva que les notes comprises
dans l'étendue de ce genre de voix. Sims Reeves
débuta en effet à l'âge de dix-neuf ans comme
baryton au théâtre de Nev/castle, et y chanta les
rôles de Rodolphe dans la Sonnanhula , et de
Dandini , dans la Cenercntola; il y obtint de
brillants succès qui se soutinrent dans les villes
de l'Irlande et de l'Ecosse où il se fit entendre.
Comi)ienant toutefois qu'il ne possédait pas les
vrais principes de l'art du chant, il prit la réso-
lution de se rendre à Paris et de prendre des
leçons de Bordogni. Ce fut alors que ce profes-
seur lui découvrit l'erreur de son premier maî-
tre, et lui démontra qu'il possédait un ténor de
la plus grande puissance et de la plus rare
étendue dans les sons de l'octave aiguë. De re-
tour en Angleterre , Sims Reeves continua de
chanter dans les provinces et en Irlande, car au-
cune proposition ne lui fut faite alors par les
directeurs des théâtres de Londres. Toujours
désireux de perfectionner son talent, il fil nu
voyage en Italie. Arrivé à Milan , il y prit des
leçons de Mazzucato, et compléta, sous la di-
rection de cet excellent maître, son éducation
vocale. Avant de s'éloigner de cette ville, il
(hanta, au théâtre de la Scala, le rôle à'Edgardo
dans Lucia di Lammermoor, avec ime puis-
sance d'effet qui n'avait été égalée par aucun
chanteur. Il fut ensuite engagé pour d'autres
théâtres de l'Italie, et partout applaudi clialeu-
reusement.
Au moment du retour de Sims Reeves à Lon-
dres, Juilien venait dé se charger de l'entreprise
du théâtre de Drury-Lane : il offrit au jeune
chanteur un engagement qui fut accepté, et le
f) décembre 1847, le début de Reeves se lit par le
rùled' Edgard, qui lui avait fait une brillante ré-
putation en Italie. Par diverses circonstances
dont le détail serait trop long, il n'y |)ro(iuisit
pas l'effet qu'on pouvait attendre de son talent
et de son admirable voix. Engagé par M. Lum-
ley pour le Théâtre de la Reine en 1848, il y dé-
buta le 20 mai par le rôle de Carlo dans Linda
di Chamouny, et son succès égala celui des
meilleurs chanteurs italiens de ce théâtre; néan-
moins il y resta peu de temps, par<«e ipie le rôle
iYEdgard ayant été donné à im autre artiste,
Sims Reeves rompit immédiatement son engage-
ment. Ce fut dans l'automne de la même année
1848 que le talent de ce chanteur fut placé dans
sa sphère propre par l'engagement qu'il reçut
pour chanter la partie de ténor solo dans le I-'cs-
tival ilc Norwich, car depuis lors il n'a pas eu
de rival dans la grande musique classique et
religieuse, particulièrement dans les œavres de
Ilœndel, dont il a saisi admiraLlement le carac-
tère, et dans lesquelles la puissance exception-
uelle de son organe fuit ressortir tous ses avan-
tages. Dans l'année suivante (1849), il fut engagé
au théâtre de Covent-Garden et y chanta dans
la Sonnanbula et dans la Donna del Lago;
puis, dans l'hiver suivant, il chanta au même
théâtre dans l'opéra anglais. Pendant ce temps,
il était devenu l'étoile des concerts de Londres.
En 1850, il retourna au Théâtre de la Reine et y
chanta dans Ernani et dans Lucia di Laminer'
monr, avec M'ic Hayes et M'no Sontag. En 1851,
il accepta un engagement au Théâtre Italien de
Paris et y débuta dans Ernani le même jour
que Sophie Cruvelli. Toute l'attention du pu-
blic s'était portée sur cette cantatrice, qui émut
l'assemblée jusqu'à l'enthousiasme; il en résulta
que le talent de Sims Reeves fut peu remarqué;
mécontent de n'avoir pas produit l'effet (lu'il
avait espéré, il retourna à Londres sans attendre
la fin de la saison. A diverses époques, il accepta
encore des engagements de théâtres; mais ce
198
REEVES
REGINON
n'est pas dans celte roie qu'il a obtenu ses plus
beaux succès : les grands festivals de l'Angle-
terre, les oratorios d'Exelcr-Hall et de Cristal-
Palace, cnlin les concerts où il dit avec un
charme inexprimable les mélodies écossaises et
anglaises, voilà son véritable domaine; c'est là
qu'il excite au plus haut degré l'enthousiasme
de ses compatriotes. Sims Keeves a fini par le
comprendre, car, depuis 185G, il n'a plus, que
je sache, paru sur aucun théâtre.
REGART (D. Salvador-Maria), musicien
espagnol du dix-neuvième siècle (1840-1860),
est auteur d'un livre qui a pour titre : Nuevo sis-
tema vmsical. Tratado elemental de musica,
ô sea Nuevo metodo para aprender la musica
figurada, d canto profana ; Madrid (sans date).
REGGIO (Pierre), luthiste célèbre du dix-
septième siècle, né h Gènes, fut d'abord attaché
à la musique de la reine Clirisline de Suède;
mais, après l'abdication de cette |)rincesse , il se
rendit en Angleterre, et s'établit à Oxford, où il
publia un livre intitulé : A Treafisefosing well
any song whatsoever. (Traité pour apprendre
à bien chanter quelque air que ce soit), Ox-
ford, 1677. Quelque temps après la publication de
ce livre, Rcggio s'étabhtà Londres, oii il mourut
le 23 juillet 1683. On a de la composition de cet
artiste les chansons amoureuses de CoTvIey ,
mises en nuisique à voix seule avec basse con-
tinue.
RÉGIIVOX, abbé de Prum, monastère de
bénédictins dans le diocèse de Trêves, naquit en
Allemagne, vraisemblablement vers l'année SU).
Distingué par ses connaissances en théologie,
en histoire, et dans les sciences, il parvint
aux premières dignités jlans l'abbaye de Prum,
où il avait fait ses vccux. Ce fut lui qui, en 885,
coupa les cheveux au prince Hugues, lits da roi
Lothaire, qu'on y avait relégué, après lui avoir
crevé les yeux . Après le pillage de cette abbaye
parles Normands, en 892, Farubert abdiqua
son titre d'abbé, et Réginon fut choisi pour lui.
succéder; mais les intrigues de trois moines
nommés Richard, Gérard et Marfred, obligèrent
Réginon h se démettre de sa dignité en 899, et
à se retirer près de Rathbod, archevêque de ;
Trêves, qui lui donna un témoignage de son es- 1
time en le nommant abbé de Sainl-Maxiinin, dans |
le faubourg de Trêves (t), où il mourut en 91.5. [
On a de Réginon : 1" Une chronique qui s'étend
depuis la naissance de Jésus Christ jusqu'en 907,
etquiaétcpubliéeàMa>encf'en 1521, à Francfort
(I) I.M BëRrdictln^, auteurs de VHiitotrc lil/rrsirei'e In
France, ft «rapré* eux M. Wths, k sort trompés en
deDBaat à celle abbaye le nom d.- dalni-ilarlin. '
en 1560, et que Pistorius a insérée dans sesiîe-
non gennanicarnm Script ores; Francfort,
1583. —2° Un traité de la discipline de l'Église,
publié par Hildehrand, sous ce titre : De Dis-
ciplina ecclesiastica veterum, prxscrlini
Germanorum, libri duo, Heluistadt, 1659,
in 4", et dont Baluze a donné ime meilleure édi-
tion, intitidée : De Disciplinis ecclesiasticis et
religiotie chrisliano; Paris, 1671, in-S". —
3" Epistola de harmonica institutione ad
Ratkbodum Episcopum Trccirenscm, ac To-
narius sive octo loni, cum suis differciUiis.
L'existence de cet ouvrage était ignorée quand
Uunemann, bibliothécaire à Minden, puis rec-
teur du collège de Hanovre, connu par de bons
livres relatifs à la bibliographie, en acheta un
manuscrit dans une vente publique , à Maes-
triclit. Mattheson annonça cet événement dans
le troisième numéro de sa Crilica musica (t. I,
p. 83), au mois de juin 1722, en faisant remar-
quer que Louis XIV avait offert plusieurs mil-
liers de livres pour le même manuscrit quelques
années auparavant, mais que par des circons-
tances inconnues le volume s'était alors égaré.
D'après une notice publiée par Uunemann lui-
même, Malthcson assure que ce manuscrit, de
la main même de Réginon, «st le seul qui existe
(eut unicuin exemplar in toto terrarum orbe).
Il ajoute que l'auteur n'était que simple moine
lorsqu'il l'écrivit, et qu'il ne devint abbé de
Prum que postérieurement : d'où il suit que
l'ouvrage est antérieur à 892. Postérieurement,
co manuscrit a passé dans la bibliothèque de
l'université de Leip.sick, et l'on eu a découvert
une autre copie dans la bibliothèque d'Ulm. En
1824, j'ai trouvé dans un très-ancien volume
manuscrit de différentes mains, appartenant à
la bibliothèque royale de Belgique (n" 2751,
in-4"), et contenant dix-sept pièces historiques
et autres, une copie apographe de l'ouvrage de
Réginon , datée de l'an 885. Cette copie pré-
cieuse renferme l'épltre à Rathbod, suivie des
formules ou neumes de deux cent quarante-trois
antiennes et de cinquante-deux répons, dans les
huit lonsde l'église, notées en neumes de l'ancienne
espèce germanique que j'ai appelée notation
saxonne ou gothique. J'ai citt; ce manuscrit dans
le Résumé philosophique de l'histoire delà
musique. On connaît donc jusqu'à ce jour trois
copies de l'ouvrage de Réginon.
L'abbé Gerbert a publié l'épltre De Harmo-
nica institutione, dans le premier volume de
ses Scriptorcs ecclcsiast. de Musica sacra
(p. 230-247), d'après le manuscrit de Lcipsick ;
mais il n'a |)oinl donné les formules des neumes ;
en sorte que cette intéressante partie du travail
RÉGINON — REG.NARD
iniv
de Réginon est encore inédile. L'objet (le la
lettre à Rathbod est de signaler la décadence du
chant ecclésiastique dans l'arciievôcliéde Trêves,
vers la fin du neuvième siècle, et les altérations
qui s'étaient j;lissées dans un certain nombre
d'antiennes. Cette lettre est divisée en dix-neuf
sections. Dans la première, Réginon rapporte
qu'ayant pris chez lui l'antiplionaire de la ca-
thédrale, il en a rangé les chants dans un meil-
leur ordre et suivant la constitution des tons.
Puis il indique des anomalies d'un certain nom-
bre d'antiennes où la constitution des modes du
piain-chant n'est pas respectée, et qui, après
avoir commencé dans un ton. Unissent dans un
autre. Les troisième et quatrième sections trai-
tent des tons suivant la doctrine ordinaire ; dans
la quatrième, Réginon appelle musique natu-
relle celle des quatre tons authentiques, et 7nu-
sique artificielle celle des tons plagaux. Les
cinquième et sixième divisions exposent la doc-
trine de l'harmonie universelle d'après Boèce.
Les septième et huitième sont relatives aux
trois genres d'instruments à cordes, à vent et de
percussion. La neuvième division a pour titre :
Quid vox, quid sonus? on y voit qu'à cette
époque vox signiiiail le ton ou la note déter-
minée, et sonus, le son en général. Les sections
dix à dix-sept exposent la doctjine des inter-
valles et des divisions de l'échelle suivant le sys-
tème grec. Dans les dernières, Réginon dit que
la musique est un art si vaste et dont les prin-
cipes sont si obscurs, qu'il n'est donné qu'à peu
de personnes d'y être initié.
RCGIS ou DK ROI (Jean), dont le nom
llamand était vraisemblablement Koninck, qui a
la même signilication, fut un des musiciens re-
nommés de la Belgique vers le milieu et dans la
seconde moitié du quinzième siècle, car il fut
contemporain d'Ockeghem, de Busnois et deCa-
ron, suivant ce que nous apprend Tinctoris, dans
le prologue du Proport ionale (écrit en 1476),
où nous voyons aussi qu'il était compté au nom-
bre dts plus habiles dans son art. « Ses contem-
« poraius (de Dunstaple , voyez ce nom) dans
<< la Gaule (Belgique), dit Tinctoris, ont été Du-
« fay et Binthois, suivis immédiatement par les
« modernes Okeghem, Busnois, Régis et Caron,
« tous excellents compositeurs, d'après ce que j'en
« ai entendu (1). » Il résulte de ce renseignement
que Régis a dû produire ses premiers ouvrages
vers 1450 au plus lard, Dul'ay étant mort en 1432.
On voit, dans les documents qui ont servi pour
(1) De huic contcmporanci fueriint in Gallia Diifay et
Blnchols quibus immédiate successenint moderiil Okc-
ghciB, liiisnois, Hejii.s et Caron, omnium quos audiverim
in compositione prsestantlssiral.
la notice d'Ohrecht(i'oj/p:: ce nom), que ce maî-
tre célèbre entretenait une correspomlanre avec
Régis. Rien n'a fait connaître jusqu'à ce jour
quelle fut la position de cet artiste : il est seule-
ment démontré, par les recherches de M. Pin-
chart et de M. Léon de Burbure, qu'il ne luLatta-
ché ni à la chapelle des ducs de Bourgogne, ni
à la cathédrale d'Anvers, Dans un livre de frag-
ments de messes de divers auteurs, publié par
Petrucci deFossombrone, en 1508, on trouvcle
Credo à 4 voix de la messe Village, de Régis.
Le premier livre de motets à cinq voix publié
par le même imprimeur contient quatre motets
de ce savant musicien, à savoir : Ave M aria ^
C'ianrjat plebs floret ; Salve Sponsa tui (jerù-
trix ; Lux solemmis adesl. Dans \e troisième
livre (signé C) de la pr^'cieuse ccllection du
même typographe, intitulée ffarmonice musices
Odhecaton (Venise, 1503), ou trouve la chanson
française à 4 voix, de Régis, dont les premiers
mots sont S'il vous plaisist. Plusieurs messes
de cet artiste, dont une sur la chanson de l'Homme
ar»i<', se trouvent en manuscrit dans les archi-
ves de la cha|ielle pontificale, à Rome. Tinctoris
(Proport. lib. Ht, cap. 5) cite aussi de lui la
messe Per omnia , lui reprochant certaines
fautes de proportions dans la notation de cet ou-
vrage.
REGXARD on REGN ART (François)^
né à Douai, dans la première moitiô du seizième
siècle, fut d'abord attaché à lu caltiédrale de
Tournay, en qualité de simple musicien. J'ai dit,
dans la première édition de cette biographie, que
Regnard obtint en 1573 le litre de maître de cha-
pelle de cette cathédrale, parce qu'il porte ce litre
au frontispice de son recueil de Cinquante chan-
sons à quatre et cinq parties, publié a Douai,
chez Jean Bogaerd, en 1575; cependant la liste
des maîtres de chapelle de cette église, laite à la
demande deM. VanElewyck, parM. le chanoine
Voisin, vicaire général du même diocèse, semble
démentir ce fait parce que, d'une part, le 19 août
de cette même année 1573, Simon Lenacrd est
nommé maître de chapelle, et de l'autre, une in-
demnité est accordée à François Regnard pour
le temps où il avait occupé la même position.
Toutefois, ces motifs ne me paraissent pas suf-
fisants pour infirmer la date que j'ai donnée , oh
plutôt ils me semblent la confirmer. Remarquons
d'abord que ce n'est que le 19 aoiàt que Simou
Lenaerd reçoit sa nomination; en second lieu,
on accorde une indemnité à Regnard pour le temps
où il a rempli les fonctions de maître de ciiapelle,.
ce qui prouve qu'il n'a occupé cette place que
peu de temps, car s'il y fût resté une année en-
tière, par exemp-e, ce n'est pas une indemnité qui-
200
REGNARD
lui aurait été due, mais le traitement régulier at-
tac'.ié à la position. Il est donc vraisemblable
qu'ayant été nommé en 1573, une position plus
avanta}»euse lui fut offerte , qu'il a donné sa
démission avant le mois d'aoôt, et qu'il n'oc-
cupa, la place de maître de chapelle que pendant
un t«'inps assez court.
Il ne reste plus qu'a découvrir quelle fut la posi-
tion de François Reguard après avoir abandonné
celle de maître de cl.apelle de la cathédrale de
Tourna) : or nous en trouvons une indication pré-
cisedansson recueil de messes intitulé .^fissx ires,
quatuor et quinque vocum, auctore Francisco
IxCf/nardo Sereniss. Principis Mathix Aus-
irij, de, musicorum vice precfecto. Jumpri-
vium in Ivcem ediiœ; Antverpix, ex officina
Chrisfophori Plantini, 1582, iii-lol. max. Ainsi ,
François Kegnard passa immédiatement de la ca-
thédrale deTournayau service de l'archiduc Ma-
thias. Ce l'ut sans doute son frère ( voyez l'ar-
ticle suivant) qui lui procura cet emploi. On con
naît aussi de sa composition : {"Cinquante chan-
sons à quatre et cinq parties, convenant tant
aux instrumenis qu'à la voix ; à Douai, chez
Jean Bogaerd, 1375, in-4". 2° Poésies de P. de
Ronsard et autres poètes, mises en musique,
à quatre et cinq parties; Paris, Adrien Leroy,
1579, in-4"oblong.
REGNAUD ou REGIVART ( Jacques ),
frère puiné du précédent, naquit à Douai vers
1531, et (it ses études au collège des jésuites, li
y a quelque incertitude sur les commencements
de sa carrière d'artiste, et sur les positions qu'il
occupa avant 1570. Remarquons d'abord qu'il
n'étaitàgé que d'environ vingt et un ans iorsque
.ses premières compositions furent publiées, en
1 552, dans un recueil de Magnificat à 4 et 5 voix
de divers compositeurs. Il fut d'abord attaché en
qualité de chantre à la cathédrale de Tournay;
mais il ne dut pas y re«ter longtemps, car Pierre
Joannelli, qui a recueilli une grande collection de
motets composés par les membres de la cliapelle
impériale, sous les règnes de Ferdinand 1" et de
Maximilicn II, et qui la publia en 1568, sous le
titre de JS'ovus Thésaurus musicus, y a placé
vingt morceaux de ce genre, composés par Jac-
ques Rcgnard ; d'où l'on doit conclure qu'il
avait passé de la cathédrale de Tournay dans
cette chapelle avant que Roland de Lassus l'ap-
pelât à Munich en 1570 pour le service de la cha-
pelle du duc de Bavière Albert. Quoi qu'd en soit,
il est certain que, dans celte même année 1570,
il était établi dans cette ville, puisqu'il y é(K)usa
Anne Fischer, lille de Jean Fischer, chanteur de
la chapelle électorale. Vers 1575, Regnard (ut
rappelé au service de rem|)ereur Maximilien 11,
et après la mort de ce prince, l'empereur et roi
de Bohème Rodolphe II l'appela à Prague, et le
nomma second maître de sa chapelle. 11 y resta
jusqu'à ce que l'archiduc Ferdinand priât le roi
de Bohême de le renvoyer à Vienne. Il paraît
qu'il fut peu satisfait de la situation qu'il y trouva,
car il retourna à Prague quelques années après ;
cependant il n'esl pas douteux qu'il ail été maître
de la chapelle de l'archiduc Ferdinand, car il en
prenii le titre au frontispice de son recueil de
25 Chansons anmsantes ( en allemand ), qui fut
publié à Munich en 1591. Peu de temps après
son retour à Prague, sa santé s'altéra, et l'ardeiir
qu'il mit à continuer ses travaux le conduisit en
peu de temps aux portes du tombeau. Dans la
dédicace latine de son dernier livre de messes, à
l'empereur, datée de Prague le 31 décembre 1 599,
il dit que son état est désespéré, qu'il hii reste à
peine assez de force pour achever son ouvrage,
et termine en suppliant le monarque de prendre
sous sa protection sa femmeet ses enfants (1). Re-
guard mourut vraisemblablement en 1600, ou
au plus tard dans l'année suivante, car sa femme
prend le litre de veuve dans un recueil de ses
compositions posthumes qu'elle dédia à l'électeur
de Bavière, après son retour à Munich, en 1602.
Les premières compositions de cet artiste ont
paru dans un recueil intitulé : Magnificat sc-
cundum 8 vulgares musicx modos a diversis
miisicis compositum k et b vocum, Duaci,
1552. Dans la liste de ses autres ouvrages on re>
marque : 1° l'eut sche Lieder mit dreyer stim-
men, nach Art dcrncapolilanen oder welschen
Villanelten ( Chansons allemandes à la manière
des villanelles italiennes, à 3 voix) ; Munich, Ad.
Eerg, 1573, '\n^^''. — T Sacrée aliquot Cuntioncs
quas moteta vulgus appellat, quinque et scx
vocum. Authore Jacobo Regnart flandro Sac.
C.Ts. Majestatis musico divo Maximiliano 11,
Romanorum imperatori semper Augusto,
consecratus; ibid , 1575, in-4". — 3° Ali-
quot cantiones vulgo motecia appellatx, ex
veteri atque nova testamento collecter, qua-
tuor vocum. Antore Jacobo Regnard flandro,
sacrœ Cxsarex Majestatis musico; Aoribergx,
in officina Cath. Gcrlachin et huredes Jo-
hannis Montant, 1577, in-4". —4» ^'l^u■e Kurz-
ueilige teutsche Lieder mit fiinf Stimmen su
singen und ouf alterley Instrunicnlen zn ge-
branche (Nouvelles c hansons allemandes courtes
et agréables à 5 voix, pour chanter ou pour l'u-
sage de toutes sortes d'instruments); Nurenihorg,
Catherine Gerlach et Jean de Berg, 1580, in-4°
|i) en trouve lo texte de cette épitrc tlaos le Dictionnaire
lilslori<|ue des arlUlM de laBoliênie, par Dl.ibncz, Imnc 11^
page 646.
REGKARD — REICH
201
oblong.— 5° Canzoni ilaliane a cinque voci,
lib. 1 efi; Mil., t581,in-4° obi.— 6° Chansons
allemandes à 3 voix, dans Je genre des napoli-
taines, publiées d'abord en trois parties, puis
réunies; Munich, Adam Berg, 1583, in-4'' ; Franc-
fort, 1591, 1597, in-4''. Je crois que ces diverses
éditions ne sont que des reproductions de Tou-
vrage publiée Munich, en 1573. — 7° Cantionum
piarum septem psalmi pœni'tentiales, tribus
Docibus; Munich, Adam Berg, 1586, in-4°. —
8° Mariale, hoc est opusculum sacrarum
cantionum pro omnibus B. M. V. festivitati-
buscunii, 5,6, 8 t'oc. ;Inspruck, 1588, in-4''. —
9° Vingt-cinq chansons amusantes (en allemand),
à 4 vuix et pour divers instruments ; Munich,
1591. C'est au frontispice de cet ouvrage que
Rcgnnrd prend le titre de maître de chapelle de
l'archiduc Ferdinand. Les antres ouvrages de Re-
gnard, dont les titres suivent, n'ont été pubiiés
qu'après sa mort. — 10" /A' Missaisacrœadimi-
tationem selectissimarum cantionum suavis-
siinu harmonia a quinque, sex et octo vo-
vibus plaboratœ. Aulhore Jacobo Begiuirdo,
Cas. Majestatis chori musici pracfecto ; Fran-
cofurli, apud Wolfgangum Richterum, im-
pensis Aicolai Stcinii bibliopolx, 1602, in-4"
oblong.— 11° Deuxième suite deces messes; Franc-
fort, 1603, in-4°obl.Il est vraisemblable que cette
édition est une réimpression, car rien n'indique
un titre que Regnard lut décédé. — 12' Corol-
larium missarum sacrarum ad imitationem
selectissimarum cantionum suavissima har-
monia a 4, 5, 6, 8 et 10 voc; Munich, 1603,
in-4°. On trouve dans cet ouvrage deux dédi-
caces de la veuve de Regnard, la première à l'ar-
chiduc Ferdinand, l'autre à Georges-Bcrthold de
Breitenberg. — 13° Motettx 4, 5, 6, 7, 8 et tl. vo~
c\on,pro certis quibusdam diebus dominicis,
sanciorufnque festivitatibus ; Francfort, 1605,
in-4'' ii° Canticum Marix quinque tocum ;
Dillingen, 1605, in-4''. — 15° Magnificat decies
octonis vocibus ad octo modos miisico compo-
situm, una cum duplici antiphona, Salve
Regina, tôt idem vocibus decanianda ; Franc-
fort, 1614, in-4°.
KEGXARD ou REGNART (Paschxsius,
et Chaules) frères de frojiço/s et de Jacques,
ont été aussi musiciens et compositeurs. Les po-
sitions qu'ils ont occupées ne sont pas connues
jusqu'à ce jour. Leur existence n'est révélée que
par un recueil composé de pièces des quatre
frères, lequel est imprimé sous ce titre : Novx
cantiones sacrx quatuor, quinque et sex vo-
cum, tum instrumentorum cuivis generi , ium
vivx voci aptissimx, authoribus Francisco,
Jacobo, Paschasio, Carolo Regnart fratribus
germanis ( Ecce quam bonum et quam ju-
cundum habitare fratres in unum; Psal. 132) ;
Duaci, ex of/icinaJoannis Bogarli typographi
jurati, 1590, in-4".
REGI\1ER (Joseph), avocat à Nancy,
membre de la société Foi et Lumière de cette
ville, et amateur de musique, est auteur d'un
livre qui a pour titre : L'Orgue, sa connaissance,
son administ ration et son jeu; Nancy, Vagner,
1850, un volume in-8° de 552 pages. Ce titre
énigmatique, qui exprime mal ce qu'il veut dire,
rôpond au contenu de l'ouvrage, écrit d'un style
prétentieux, d('clamatoire et souvent obscur :
l'auteur ne sait pas toujours les choses dont il
parle. Par exemple, dans ce passage ( page 34 ),
où il s'agit de la nature des jeux d'anche de l'or-
gue : n Re|)rés('ntmvs-nous la languette tixée par
« nue de ses extrémités au système de l'anche;
« pluslongue sera celte languette, plusgrandc sera
« la force de l'air pour la faire battre contre
X soji OHc/ie, et dans sesbatteuients cile mettra
" d'autant moins de rapidité qu'ils la tiendront
« plus éloignée de rort/ice de V anche, etc. »
M. Régnier ne sait pas que la languette est ee
qu'on nomme l'anche: H prend pour celle-ci la
rigole contre les parois de laquelle cette anche
bat, comme la languette, ou ranchc de la clari-
nette bat contre les parois de l'ouverture de
son bec.
REGO ( Pedro-Vaz), maître de chapelle à
Elvas, en Portugal, né en 1670, à Evora, mourut
en ce lieu en 1736, à l'âge de soixante-six ans.
il a laissé eu manuscrit beaucoup décompositions
pour l'église, im traité de musiqire, en langue por-
tugaise, inachevé, et une dissertation intitulée :
Defensa sobra a entrada da novena da missa
sobre la scala Aretina, composta pelo Mestre
Francisco Valls, Mestre da cathedral de Bar-
celona (Défense d'une entrée de neuvième dans
la messe sur la gamine d'Arétin, composée par
M. François Valls, maître de chapelle de la ca-
thédrale de Barcelone).
REHM (Hekma.nn-Fkédéric), inspecteur de
l'école supérieure, prédicateur et pasteur à Neu-
kirclien, dans la Hesse électorale, connu par des
écrits théologiques et des sermons, depuis 1794,
a publié un opuscule intitulé : Der Orgel hoher
j Zweck; zur Beherzigung fur Gemeinden, Or-
ganisten, Cantoren, Schullehrer und solche,
die es werden uollen. In einem Vorworte uni
einer Orgelweihe ( le But élevé de l'orgue, etc.),
Marburg, Chr. Garthe, 1826, in-8° de 76 pages.
REICH (Pai'l), écrivain inconnu du dix-sep-
tième siècle, e^ auteur d'un livre qui a pour
titre : Deutsche Musica (la Musique allemande),
Wittenberg, 1634, in-8».
202
REICH
IIEICII.V
REICH (Le P. Honoké), né en 1677, à Wan-
gcn, en Bavière, entra en 1693 au couvent d Ot-
tobeuern, où il fit ses études et ses vœux. Il y
mourut en I7o0. Excelicut organiste et bon com-
positeur pour l'église, il a laissé en manuscrit
beaucoup de messes, Miserere, motets ellitanies.
REICH A (Joseph ), violoncelliste et compo-
siteur, naquit à Prague en 1746. Après avoir été
pendant plusieurs années attaclié au service du
comte de Wallerslein, il entra en 1787 chez l'é-
lecteur de Cologne, à Bonn, en qualité de maître
de concerts et de chef d'orchestre du théâtre.
La goutte dont il était tourmenté ne lui permit
pas de remplir longtemps ce dernier emploi. 11
mourut à Bonn en 1795, et non en 1793, comme
il est dit dans le Lexique universel de musique
publié par le docteur Schilling. Reicha a eu
de son temfis la réputation d'un violoncelliste
habile, d'un bon chef d'orchestre et d'un compo-
siteur de mérite. On a publié de sa composition:
1* Six duos concertants pour violon et violon-
celle, op. 1 , li V. 1 et 2 ; Bonn, Siinrock. — 2" Trois
concertos pour violoncelle et orchestre, op. 2;
Offenbach, André. — 3° Symphonie concertante
pour 2 violons, ou violon et violoncelle, op. 3 ;
Bonn,Simrock. — 4°ïroisduos pour violon et vio-
loncelle, op. 4 ; ibid. — 5" Symphonies à dix par-
ties, op. 5, n°' 1,2,3 ;ibid. — 0° Symphonies con-
certantes pour \iolon et violoncelle, n"' 2 et 3 ;
ibid. — 7° Symphonie concertante pour 2 cors ;
ibid.
REICHA (Antoine), neveu du précédent,
est né à Prague le 27 février 1770. Admis comme
enfant de chœur à l'église de la Croix-du- Sei-
gneur, à l'âge de neuf ans, il apprit en môme
temps que la musique les éléments de la langue
latine, puis suivit les cours de l'université. Par-
venu à sa seizième année, il se rendit à lîonn près
de son oncle, qui lui (it continuer ses études m>i-
sicales. Le traité de la fugue de INIarpurg, et le
livre de Kirnberger sur la compoition pure, fu-
' rent ses .seuls guides dans l'art d'écrire. Ses pro-
grès furent rapides, car à dix-sept ans il dirigea
lui-même l'exécution de sa première symphonie.
Plus lard, il disait que l'étude de l'algèbre lui
avait été fort utile pour pénétrer les mystères de
l'harndonie : si l'on ne savait d'ailleurs que celte
étude ne peut conduire à rien de réel en musi-
que, on aurait la preuve, par. les ouvrages de
Reicha sur la théorie de celte science, qu'elle
n'empêche pas de tomber dans de graves er-
reurs.
£n 1794, Reicha alla s'établir à Ifnmhonrg, où
il donna pendant cin(| ans des leçons de piano et
d'accom|iaguemcnt. Il y écrivit la musique d'un
opéra Irnnçais intitulé : Godefroid de Mon/ fort.
Après une répétition de cet es«ai dramatique di-
rigée par Rode, ijui .se trouvait alors à Hambourg
avec Garât, le directeur du Ihéûtre de cette ville
fit à Reicha des propositions pour qu'il y fit re-
présenter son ouvrage; mais jM. de Tombrune,
émigré français, lui douua le conseil de le faire
entendre à Paris. Séduit par l'espoir du succès
dans la capitale de la France, Reicha ne fut plus
occupé que du désir de faire des économies pour
s'y rendre, et pendant plusieurs années il se livra
à l'enseignement avec ardeur dans ce but. Il put
enfin se mettre en route, et iirriva à Paris au com-
mencement de 1799. Il s'y fit connaître avanta-'
geusement par une symphonie exécutée aux con-
certs <le la rue de Cléry, qui jouissaient alors
d'une célébrité méritée. Cet heureux dcbut lui fit
obtenir le livret d'im opéra destiné au théâtre
Feydeau. Déjà sa partition était prête, lorsque les
deux théâtres d'opéra-comique de la rue Feydeau
et de Favart furent successivement fermés. Le dé-
couragement jeté dans l'âme du compositeur par
ces contretemps le décida à s'éloigner de Paris
pour aller à Vienne, où il .se lia d'jimilié avec
Haydn, Albrechtsberger, Salieri et Beethoven.
Ce fut alors que Reicha se livra avec activité à la
composition, et qu'il écrivit un nombre considé-
rable d'ouvrages en tout genre, où il (it preuve
de plus de facilité que de génie. Ce fut alors aussi
que ses idées commencèrent à se formuler en ce
qui concernait la théorie de l'harmonie, la mo-
dulation et les formes didactiques des composi-
tions. Le premier ouvra;;e où il montra sa ten-
dance pour l'innovation dans ces formes, est le
recueil de Trente-six fugues pour le piano
d'après un nouveau syslime, qu'il dédia à
Haydn. Ce nouveau système, qui consi.stait à
faire des réponses aux sujets de fugues à tous les
degrés de la gamme, au lieu de les traiter en fu-
gues réelles ou tonales, à la tonique et à la domi-
nante, n'était autre chose que ce que les compo-
siteurs italiens du dix-seplièn>e siècle appelaient
ricercare di fantasia, et que Langlé avait es-
sayé de faire revivre dans son Traité de la fu-
gue. C'est dans ce livre que Reicha avait pris
l'idée de ce prétendu nouveau si/stème, pen-
dant son séjour à Paris : il avait cru y trouver
le principe d'une modulation plus riche de va-
riété, et ne s'était pas aperçu qu'il anéantissait le
sentiment de la tonalité, sur leipiel repose tonte
la nnisique possible du sy.stème européen. D'ail-
leurs la réunion des formes scolasliques aux li-
bertés de la fantaisie gâte les unes et les autres,
chacune de ces choses représentant un ordre d'i-
dées dont lobjet est différent. Dans une notice
fournie par Htdcha aux compilateurs du Dic-
tionnaire historique des musiciens, il est dit
REICIIA
20J
que son ouvrage fit une vive impression sur les ,
musiciens, et qu'on nomma l'auteur en Ailemasno
le restaurateur de la fugue ; mais la vérité est
que celle production n'eut aucun succès, et que
les planches, gravées en 1803, chez Steiner, se
retrouvèrent trente-huit ans après à peu près in-
tactes chez son successeur Haslinger.
L'existence de Reicha à Vienne était très-heu-
reuse : la composition et l'enseignement lui four-
nissaient (les ressources suffisantes pour ses be-
soins, qui furent toujours peu considérables;
mais la guerre de 1803, l'invasion de l'Autriche
et l'occupation de Vienne par l'armée française,
vinrent porter atteinte à son hien-étre. Les ap-
proches d'une guerre nouvelle, vers la fin de
1808, le décidèrent à s'éloigner de Vienne et à se
fixer à Paris, où il arriva au mois d'octobre. Il
y retrouva des amis, et l'exécution d'une sym-
phonie <le sa composition dans un des concerts
du Conservatoire, rappela sur lui l'altenlion pu-
blique- Il s'y livra à l'enseignement de la compo-
sition, et sa manière expéditive, qui consistait à
n'entretenir ses élèves que de choses en usage
dans la musique de son époque, particulièrement
dans le style instrumental, lui fit beaucoup de
partisans qui, se persuadant qu'il n'y avait pas
autre chose à apprendre pour posséder une con-
naissance réelle de l'art d'écrire, trouvaient cette
méthode plus commode que toute autre. De là la
réputation de musi<ien savant et de grand profes-
seur dont Reicha commença à Jouir en 1812, et
qui grandit encore après la publication de son
Traité de mélodie, en 1814. Si l'ignorance de
toute littérature musicale n'avait pas été com-
plète alors eu France, ce livre aurait dû cepen-
dant porter atteinte îi la confiance dans le savoir
de l'auteur. Il suffit de lire les premières lignes
de la préface pour acquérir la preuve que Reiclia
n'avait pas môme pris la peine de s'informer de
ce qui avait été fait sur le même sujet : « Depuis
« plusieurs siècles, dit-il, on a publié une quan-
« tité de traités sur l'harmonie, et pas un seul
« sur la mélodie! » Il ajoute plus loin, dans une
note : « Siilzer et Kiruberger, deux auteurs alle-
« mands d'un mérite très-distingué, l'un dans
« son Dictionnaire des beaux-arts, et l'autre
« dans son Traité de composition, ont parlé
« du véritable rhylhme musical ( mélodique ) ;
Il mais ce (pi'iis en ont dit ne regarde que sa dé-
n finilion et son utilité. Quant à ses lois, à ses
« exceptions, à ses secrets, etc., tout exigeait
« des rechercîies suivies et bien liées qu'on n"y
« trouve point. » Or, laissant à part l'excellent
discours de Doni Sur la perfection de la mé-
lodie (1), et le livre de Nichelmann : Die Me-
[i) Tome II de ses OEuvrcs, png. 203 et sniv.
lodie nar.h ihren Wesen sowohl als nach ihren
Eigenschaften ( la Mélodie d'après sa nature et
ses qualités) (I), où le sujet est considéré sim-
plement sous le rapport esthétique, on trouve,
environ quatre-vingts ans avant la publication
du livre de Reicha, celui de Matlheson intitulé :
Kern melodisches Wisscnschaft , etc. ( Base
d'une science mélodique, consistant dans les prin-^
cipes naturels et fondamentaux de la composi-
tion, etc. ) (2), et plus tard la première partie du
grand ouvrage de Riepel (3), qui est nn traité
complet du rhythme musical ; la seconde partie
du même ouvrage (4), qui renferme une bonne
théorie de la modulation ; le traité de la compo-
sition ilu chant, par Marpurg (5), où ie rhythme
mélodique est traité de main de maître; l?s deux
derniers volumesde V Essai d'une introduction à
la composition, de Koch (fi), qui renferment un
bon traité de mélodie sous ses divers aspects;
enlin, le rhythme mélodique avait été traité er pro-
/*(?sso dans le livre du P. Sacchi ( Dclla dirisione
del tempo nella musiea, ncl ballo e nella voe-
sia), dans celui de Bonesi ( Traité de la mesure,
ou de la division du temps dans la musique et
dans la poésie), et en dernier lien dans leCours
complet d'harmonie et de composition, de
M. de Momigny (7). Reicha était d'autant moins
excusable de n'avoir pas pris connaissance de
ces ouvrages, que la plupart sont écrits dans les
langues allemande et française, qui lui étaient
familières. A l'égard de son livre en lui-même,
oi> peut dire qu'il est imparfait, en ce que l'auteur
n'y a considéré son sujet que sous un seul aspect,
celui du rhythme de la phraséologie mélodique,
et n'a pas même entrevu les lois de la mélodie
sous les rapports de tonalité, de modulation,
d'harmonie et d'esthétique. Rien inférieur aux
livres de Matlheson, de Riepel et de Koch à cet
égard, il laisse encore à faire un bon traité de !a
mélodie.
La réputation de savant professeur qu'on avait
faite à Reicha le fit choisir, en 1817, pour suc-
céder à MéhuI, en qualité de professeur de con-
trepoint dans le Conservatoire de Paris, récem-
ment léorganisé sous le Utre d'École royale de
(1) Dantzick, 1755, in-i». 't
(î) Hambourg, 1737, in-i".
(3) An/angsgrùnde zur musikalischen Setzkuntt (Élé-
ments de la composition musicalei ; Ratisbonne, ITSS, In-
fol., réimprimé en 1754.
(4) Crandregeln zvr Tonordnung { Règles Tondamen-
tales du système des tons ) ; Francfort et Leipzick, 1757,
in-folio.
;o) Mnleïlung :nr SingcomposUion i Introduction à 1»
composition du chani) ; Berlin, !7i8, in-4".
(6) f-'ersuch einer Anleilung zur Composition ; Rudol-
st.idt et Ulpsick, 3 vol. In 8", 176Î-1793.
(7) Tari», 1S06, a vol. in-S".
204
iu:ictiA
untsique et de déclamai ion. Ce fut pe» de temps
après sa noiiiinatiun à celte place qu'il i nhlia son
système <rhaimonic,dans unlivie intitulé : Cours
fie coniposilion musicale, ou Traité complet
ci raisonné d'harmonie pratique. Écartant la
considération de la succession (les accords, dont les
premiers aperçus appartiennent à Sorge {voyez ce
nom ), et conséquemment des phénomènes de
constitution harmoniques résultant de la prolon-
gation, Reicha rentre dans le système des accords
isolés créé par Rameau, et en forme ime classi-
lication arbitraire, suivant de certaines considé-
rations qui lui sont particulières. Sa base de
théorie se compose de treize accords consonnants
et dissonants, parmi lesquels quelques-uns sont
primitifs, et les autres, des produits de l'altéra-
tion des intervalles naturels. Dès ses premiers
pas dans l'exposition de ses principes, on aperçoit
une certaine confusion dans les idées fondamen-
tales, qui le jette dans le dédale d'une multi-
tude de faits particuliers. Les deux premiers ac-
cords de la classification de Reicha sont le par-
fait majeur et mineur ; le troisième est l'accord
parfait diminué ( tierce et quinte mineures ) ,
dont il fait un accord dissonant . En cela il diffère
des autres auteurs de systèmes d'harmonie par des
classifications d'accords isolés, qui ne reconnais-
sent comme dissonances que les sons qui se heur-
tent en seconde, et leurs renversements et redou-
blements de septième et de neuvième. Ce qui
détermine Reicha à ranger cet accord parmi les
dissonants, c'est que parl'effet mftmede la constitu-
tion de l'intervalle de quinte diminuée (mineure),
il y a une sorte d'attraction entre'Ies deux sons
qui composent cet intervalle; mais il aurait dû
voir que cette attraction n'est pas tellement im-
périeuse, qu'elle ne s'évanouisse dans une modu-
lation, ce qui n'a pas lieu à l'égard de la véri-
table dissonance, à moins qu'elle ne prenne par
l'enharmonie un caractère de note sensible. Le
quatrième accord de la classification de Reicha
est celui de quinte augmentée; mais ici déjà
se manifeste la confusion des idées de; l'auteur
du système, car dans le chapitre oii il traite de
cet accord, il avoue que ce n'est qu'un accord
parfait majeur altéré dans sa quinte. Le cin-
quième accord est celui de septième de domi-
nante, qu'il appelle de première espèce; puis
vient le sixième accord, qui est celui de septième
mineure avec tierce mineure, objet de tant d'er-
reurs pour tous les harmonistes. Reicha lui donne
le nom d'accord de septième de seconde espèce,
et se borne à dire qu'il s'emploie principale-
ment sur le second degré d'une gamme ma-
jeure, sans plus s'informer de sa formation ori-
ginaire que de celle de3 autres accords. L'ac-
cord de septième avec quinte mineure, appelé
de troisième espèce par Reicha, celui de sep-
tième majeure ou de quatrième espèce, celui
de neuvième majeure et de neuvième mineure,
sont aussi considérés par lui comme des accords
primitifs de même rang, et quoique les accords
lime, i2nie et Viam ne soient que des altérations
des accords dérivés de sixte augmentée avec
quinte et quarte, et de l'accord de septième do-
minante avec quinte augmentée, il les place
néanmoins dans sa catégorie fondamentale. Tel
est le système qui a eu de la vogue parmi quelques
artistes de Paris, parce que le professeur qui
l'a inventé faisait oublier ses défauts dans les
analyses et les applications pratiques qu'il don-
nait à ses élèves; mais (|ui n'en est pas moins la
théorie la moins rationnelle qu'il lût possible
d'imaginer, et le retour le plus déplorable vers
l'empirisme grossier des anciennes méthodes du
commencement du dix-huitième siècle.
En 1824, Reicha fit paraître un nouveau livre
élémentaire, auquel il donna le litre de Traité
de haute composition musicale, faisant suite
au Cours d'harmonie pratique et au Traité
de mélodie. Les musiciens instruits éprouvè-
rent quelque étonnement à ce mot de haute
composition, f\yi'\ semble indiquer des catégories
de compositions moins élevées que d'autres, par
des (piailles étrangères à l'inspiration. Composi-
tion était employé par Reicha dans le sens d'art
d'écrire; il évitait avec soin le mot de l'école
( contrepoint ), parce qu'une partie de cette
science seulement (le contrepoint double) était
considérée par lui comme utile dans son applica-
tion à la musique moderne. Il ne comprenait pas,
dans l'état actuel de l'art, l'usage du contrepoint
simple, et ne se doutait pas que l'art d'écrire
ne peut avoir d'autre base. De là le silence qu'U
garde sur ce sujet dans son livre, et qui fait
crouler l'édilice qu'il voulait construire. Son
ignorance absolue de l'histuire de la musique, et
le peu de soin qu'il avait pris d'étudier les mo-
numents de cette histoire, l'ont d'ailleurs entraiiié
dans de graves erreurs, qui l'ont exposé à la sé-
vère critique de l'abbé Baini (1), dont l'acca-
blante érudition et l'inllexiblc logique ont dé-
montré que Reicha avait confondu les époques,
supposé des faits absurdes, ignoré les choses les
plus vulgaires, dans tout ce qu'il dit concernant
les formes des compositions anciennes, et même
à l'égard du principe constitutif d'harmonie qu'il
leur suppose.
Dès son arrivée en France, Reicha avait espéré
(I) Memorie ttorUo-criUche délia vtta et delta opère
(il C. l'ierluigi du l'ateilrina, t. Il, pag. 36J-3:i.
REICHA
200
prendre place parmi les compositeurs dramati-
ques : mais les ouvrages qu'il fit représenter à
l'Opéra et au théâtre Feydeau ne furent point
heureux. En 1810, il donna avec Dourlen à
l'Opéra-Coraique Cagliostro, en trois actes, qui
toiuba à la première représentation. ISaialie,
opéra en 3 actes, joué en 1816 à l'Académie royale
de musique, ne fut pas plus heureux; enfin
Sapho, grand opéra en 3 actes, tomba en 1822.
Ce fut le dernier essai de Rcicha pour la scène,
et depuis lors il ne composa que de la musique
instrumentale. Il fut le premier en France qui
écrivit pour les instruments à vent des compo-
sitions sérieuses, dans lesquelles leurs ressources
particulières sonl employées avec adresse. Ses
quintetles pour lliite, hautbois, clarinette, cor
et basson, ont eu un succès de vogue, vers 1815.
Le nombre de ses ouvrages pour les instruments
s'élève à plus de cent, qui renferment plus de
quatre cents morceaux, la plupart de grande di-
mension. On s'étonne que de tant d'ouvrages
écrits par uu homme habile, il ne .soit rien resté,
et que la plupart de ses productions soient tora-
béesdans un profond oubli, môme avant sa mort.
Reicha s'était présenté plusieurs fois à l'Aca-
démie des beaux-arts de l'Institut de France pour
y remplir les places vacantes; mais l'usage de
n'admettre dans la section de musique de cette
Académie que des compositeurs dont la réputa-
tion s'était faite à la scène, l'avait toujours fait
écarter. Après la mort de Catel, en 1831, il se
présenta de nouveau, et chercha à démontrer la
nécessité de réserver aux théoriciens des places
parmi les membres de l'Académie, dans un petit
écrit intitulé : A messieurs les membres de l'A-
cadeinie des beaux-arts à Vlnstilutde France.
Réflexions sur les titres d'admission dans la
section de musique de cette Académie, Paris,
de l'imprimerie de Pihan-Delaforest, 1831, in^"
de 4 pages ; mais ses efforts ne furent pas plus
heureux cette fois que les précédentes : ce fut
Paër qui obtint la place vacante. Enfin, après la
mort de Boieldieu, au mois d'octobre 1835, Rei-
cha fut admis à le remplacer ; mais il ne jouit
pas longtemps de l'honneur qu'il avait tant dé-
siré, car il mourut le 28 mai 1836, regretté pour
ses vertus sociales par tous ceux qui l'avaient
connu. Les membres de l'Institut, les professeurs
et élèves du Conservatoire, ainsi que les artistes de
l'Académie royale de musique et de l'Opéra-Co-
mique, assistèrent à ses obsèques. Il était cheva-
lier de la Légion d'honneur.
Dans la liste des principales productions de
Reicha , on remarque celles dont les titres sui-
vent : I. Ouvrages Dm.vcTiQijEs. l'' Études ou
Théories pour le piano-forte, dirigées d'une
manière nouvelle; Paris, Imbault, I800, in-4'.
— 2° Traité de mélodie, abstraction faite de
ses rapports avec l'Harmonie, suivi d'un
supplément sur l'art d'accompagner la mélo-
die par l'harmonie, lorsque la première doit
être prédominante, etc.; Paris, 1814, in-4° de
126 pages de texte et de 75 planches gravées.
Une deuxième édition de cet ouvrage a été pu-
bliée en 1832; Paris, Zetter, in-4°. Rasmann in-
dique une traduction allemande du même livre,
par J. Specli, mais sans faire connaître ni le
lieu, ni la date de la publication. — 3° Cours de
composition musicale, ou Traité complet et
raisonné d'harmonie pratique; Paris, Gam-
baro, sans date ( 1818), in-4'' de 269 pages gra-
vées. — 4o Traité d^ haute composition musi-
cale, faisant suite au Cours d'harmonie pra-
tique et au Traité de mélodie ; Paris , Zcitcr
et Compagnie, sans date (1824-1826), deux
parties in-4°de 235 et de 361 pages gravées . Une
traduction allemande, accompagnée du texte
original avec des notes de Czerny, a paru soik
ce litre: Yolstxndige Lehrbuch dcr musikalis-
chen Composition, etc.; Vienne, Diabelli, 1834,
4 vol. in-fol. — 5° Art du compositeur drama-
tique, ou Cours complet de composition vo-
cale, divisé en quatre parties, et accompagné
d'un volume de planches; Paris, A. Farrenc,
1833, in-4'> de 115 pages de texte et de 111
planches de musique gravée. — 6" Petit Traité
d'harmonie pratique à deux parties, suivi
d'exemples en contrepoint double, et de douze
duos pour violon et violoncelle, pouvant se
jouer aussi sur le piano, op. 84 ; Paris, Gam
baro (sans date), in-4°. Reicha a aussi fourni des
articles sur la musique à l'Encyclopédie des
gens du monde. II. Compositions instrdmen-
TALES. — 7'^ Symphonies à grand orchestre,
op. 41 et 42; Leipsick, Breitkopf et Haertel. —
8° Ouverture idem, op. 24, Brunswick, Spelir. —
9° octuor pour 2 violons, alto, basse, hautbois,
clarinette, cor et basson, op. 96 ; Paris, Janet.
— 10° Trois quintettes pour 2 violons , 2 altos
et basse, op. 92; Paris, Pacini. — 11" Quatuors
pour 2 violons, alto et violoncelle, au nombre de
vingt, savoir : op. 48, 49, 52, 58, Leipsick,
Breitkopf et Haertel.; op. 90, livres 1 et 2, Paris,
P. Petit; op. 94, 95, Paris, Pacini. — 12» Trios
pour violon, alto et violoncelle; Vienne, Has- .
linger. — 13° Duos pour 2 violons, op. 45, 53;
Leipsick, Breitkopf et Haertel — 14° Vingt-quatre
quintettes pour flûte, hautbois, clarinette, cor
et basson, op. 88, 91, 99; Paris, Janet; op. 100,
Paris, Zetter. — 15° Quatuor pour 4 flûtes, op. 12;
Paris, Pleyel. — 16° Six quatuors pour flûte,
violon, alto et basse, op. 98 ; Paris, Janet. —
20 G
REICHA — REICHARDT
1 7" Trios pour ntite, op. 26, 5 ! , Brunswick, Spelir ;
Loipsick.Brcilkopf et Hacrtel. — 18*' Duos pour
2 lliilcs, op. 20, 21, 22, ?.j, Brunswick, Spehr.
— 19" Quintette pour clarinette, violon, 2 altos
*l violoncelle, op. 89, Paris, Pleyel. — 20" Six
livres de trios pour trois cors, op. 82, 93 ; ibid.
21° Quatuor pour piano, (liïte, violoncelle et
basson, op. 104 ; Paris, Zetter. — 22" Trios pour
piano, violon et violoncelle , op. 47, 54 et 101 ;
Leipsick , Breilkopf et Ha»rtel ; Paris, Zetler. —
23" Sonates pour piano et violon, op. 44, 54,
S3, 62 ; Leipsick, Breilkopf et Haertel, — 24" So-
nates pour piano seul, op. 40, 43, 46; ibid. —
25*^ Éludes et digues pour le piano, op. .31, 32,
59, ftt, SI, S6, 97; l'aris et Leipsick.— 20" Va-
riation? idem, op. 83, 85, 87; ibid. — 27" L'art
de varier ou 57 variations sur un thème d'inven-
tion; Leipsick, Brei4kopf et Hivrtel. J. A. De-
lairc a f)ublié : Aotice sur Iteicha, musicien
composa eur et thcoriste ; Paris, 1837, iu-8".
REICIIARD (Élie-Gaspvrd), professeur et
recteur du collège de la vieille ville, à Magde-
bourg, naquil à Quedlinbourg, le 4 novembre 1714,
«tmourut à Magdebovirg, le 18 septembre 1791. Il
est. auteur d'une notice intéressante sur Martin
Agricola et sur .son traité intitulé Musica instru-
menialis, laquelle est datée du 18 juin 1758, et
que Marpurg a insérée dans le cinquième volume
■de ses Estais historiques et critiques {Historische
kritische Jicytrxge, etc., p. 121-130, et 229-245),
sous ce titre : Gliick-U'ûnschungs schreiben an
Hcrni Johann Heinrich Rollcn, xiohlverdien-
icn Directorcm Musices in Magdehourg , bel
dessen chelicher Verbindung u. s. te. abge-
lassen. Worin zugleich von Martino Agricola,
€inem ail en geschickten Tonkxinsller und ers-
iem Directore Musices hieselbst, einige Nach-
richt erlheilt u'ird (Épttre de félicilalion, à
monsieur Jean-Henri Rollcn , digne directeur de
musique à Magdebourg, écrite à l'occasion de sou
mariage ; dans laquelle sont renferimis en même
4emps quelques renseignements sur Martin Agri-
cola, ancien artiste musicien habile, et premier
directeur de musique de celte ville).
REICIIARD (Hcnri-Aucuste-Ottokar),
conseiller intime de cour et directeur du bureau
de la guerre de Saxe-Gotha, naquil à Gotha,
le 3 mars 1751. Destiné au barreau, il lit ses
«éludes aux universités de Gœllingue, Leipsick et
Jéna; mais de retour à Gotha, il abandonna le
<lroit pour la littérature. En 1772, il publia .ses
premiers essais qui consistaient en poésies et en
«puscuies en prose ; ils obtinrent du succès.
Lorsque la troupe de Seyicr alla donner des re-
présentations à Gotha, Reicbard se lia avec le
directeur, prit le goûl du théâtre, et commençjk
I la publication d'un almanach des théâtres, qu'il a
fait paraître chaque année depuis 1775 jusqu'en
; 1800. En 1779, il lut lui-même chargé par le duc
Ernest II de la direction du Ihôûlre national de
Golha. Il joignit bientôt à celte place celle de
conservateur de la bibliothèque piiblicpie de Go-
tha, el le titre d'inspecteur de la bibliothèque
particulière du prince. Les fonctions de tous ces
emplois ne l'empêchèrent pas de fonder plusieurs
journaux scienlitiques et littéraires qu'il conti-
nua pendant plusieurs années avec succès. Tout
le monde connaît son livre intitulé le Guide du
I voyageur en Europe, dont il a été fait dix-sept
éditions. L'idée de ce livre lui vint dans les
voyages qu'il lit lui même en Allemagne, en
Suisse, en France et en Italie. Reichardest mort à
Gotha, le 17octobre 18?8. Son Theater-Kalender
( Calendrier théâtral ) a paru pendant vingt-six
ans, à Gotlia, chez C. W. Ellinger, in-12. On y
trouve la liste de tous les opéras représentés en
Allemagne dans cette période avec les noms des
compositeurs, des notices biographiques et des
anecdotes musicales. Le rédacteur de l'article
Reichard, dans la Biographie universelle des
contemporains, de Rahbe , a confondu ce lit-
térateur avec Jean-Frédéric Reichardt ( voyez
l'article suivant) en lui attribuant des Lettres
sur la musiqufi, en 2 volumes, le livre sur l'o-
pcra-comiquc allemand, les lettres conlidentielles
écrites de Paris et de Vienne, et même l'opéra
V Amour seul rend heureux, dont il a fait une
comédie.
REICHARDT (Jean-Frédéric), composi-
teur et littérateur musicien, naquit à Kœnigsberg,
le 25 novembre 1752. Dès ses premières années
il étudia la musique; Richter, organiste de celte
ville, lui enseigna à jouer du clavecin, et Veich-
lener, de l'école de Benda, lui donna des leçons
de violon. Après avoir fait ses premières études
au gymnase de Kœnigsberg, il suivit, à l'univer-
sité de cette ville, le cours de philosophie de l'il-
lustre Kant, pendant les années 1769 et 1770,
et fréquenta l'université de Leipsick en 1771 et
1772. Pendant les deux années suivantes, il
voyagea en Allemagne. Appelé à Berlin, vers
la lin de 1775, par l'ordre de Frédéric II , il
obtint la place de maître de chapelle de la cour,
devenue vacante par la mort d'Agricola. Déjà
courtisan habile, il avait imité le style de Graun
que le roi de Prusse aimait beaucoup, dans un
air italien envoyé à ce prince comme échan-
tillon de son talent : cet air, composé en con<
currcnce avec Nauinann et Schwanenberger,
lui procura la victoire sur ses rivaux, et la place
lui fut donnée. Reichardt continua d'imiler la
manière de Graun et celle de liasse, dans les
RKlCFiARDT
207
opéras italiens qu'il fit represeiiic-r an tliéâtre de
rrédéric. Il établit aussi à Berlin un concert spi-
rituel où il faisait exécuter les compositions de
Jomelli, Majo, Saccliini, Piccinni, et d'autres
compositeurs de l'école moderne de l'Italie, dont
les ouvrages étaient inconnus à Berlin. Dans le
«ours de l'année 1789,, il fit un voyage, ou plu-
tôt une course, en Italie ; car n'ayant pas obtenu
de congé du roi, il dut se liâler et retourner ra-
pidement à Berlin. En 178.5, ii se rendit à Lon-
<lres et y fit exécuter la tkission, oratorio de
Métastase dont il avait composé la musique, des
psaumes et des scènes italiennes. Après quel-
<iues mois de séjour en celte ville, Reicliardt
alla à Pari>, et fit entendre les mêmes composi-
tions avec succès au concert spirituel. La direc-
tion de l'Académie royale de musique lui proposa
de mettre en musique les opéras de Tamcrlan,
fiar Morel, et da Panflièc, par Berquin : il em-
|iorla ces livrets à Berlin, et l'année suivante il
retourna à Paris avec le Tamcrlan terminé, et
une partie de la partition de l'anfhce. Pendant
qu'on était occupé de-? répétitions du premier de
<;es opéras, et que Reicliardt se préparait à se !
rendre à lM)ntainel)leau,où la reine l'avait appelé,
Vrédérk; H mourut, et le compositenr fut obligé
<le partir en toute bute pour Berlin , où l'appe-
lait la nécessité d'écrire une cantate funèbre pour
les funérailles du roi.
L'avéuenient de Frédéric-Guillaume 11 marqua
le commencement de l'époque la plus brillante
de la musique à Berlin. L'ancien orcliestre de
Frédéric fut réuni à celui du prince qui venait
de monter sur le trône : Reicliardt en eut la
direction et y attira les artistes les plus renom-
més de l'Europe. Bientôt on y vit briller les deux
Duport, Vacbon, Rilter, Tiirsclimidt, Palsa ,
Ba?br, et plusieurs autres talents remarquable»
déjà célèbres, ou qui n'étaient qu'à l'aurore de
leur carrière. Reicliardt, en homme babile,
abandonna son ancien style, et consultant le goût
du nouveau monarque, se mit à étudîter et imiter
la manière de Gluck dans le récitatif, et celle de
Piccinni dans les airs. Ses opéras, intitulés A7i-
dromeda , Protesilao, Brenno et VOUmpiade
sont écrits dans ce style mixte. Dans le même
temps il composa pour le théâtre national de
Kœnigstadl des opéras et des mélodrames.
Chargé par le roi d'aller en Italie à la recherche
de bons chanteurs pour le théâtre de Potsdam,
il arriva à Rome, en 1790, quelques jours avant
la semaine sainte, et put entendre la parfaite
exécution des chantres de la chapelle Sixtine.
De là, il alla à Naples, et revint en hâte à Ber-
lin, rappelé par les devoirs de sa place. Les fa-
tigues de ce voyage lui occasionnèrent une ma-
ladie grave qui l'empéclia de finir son Olim-
piade, destiné pour l'ouverture du carnaval. Cet
opéra ne fut joué qu'aux noces de la princesse
de Prusse avec le prince d'Orange, devenu roi des
Pays-Bas, vingt-trois ans après.
Déjà depuis le retour de Reicliardt de son
voyage d'Italie, des mécontentements du roi contre
lui s'étaient fait apercevoir : les motifs de cette
fâcheuse disposition du monarque à l'égard de
son maître de chapelle n'ont pas été connus;
mais par ce qui advint dans la suite , il y a Heu
de croire que d'imprudentes paroles relatives à
la révolution francai.se, alors flagrante, en furent
la cause. Ces mécontentements devinrent si
marqués au commencement de 1701, que Rei-
cliardt offrit .sa démission; mais elle fut re-
fusée. Eu considération de la nécessité de réta-
blir sa santé, alléguée par le compositeur, il lui
fut seulement accordé un congé de trois années,
avec la permission de les passer dans une mai-
son de campagne qu'il possédait à Gicbiclicn-
stein, près de Halle, vers les frontières de la
Saxe, et pendant ce temps la totalité de son
traitement lui fut conservée. Reicliardt ne quitta
celle retraite que pour aller à Berlin mettre en
scène son Olimpiade; mais il y retourna bien-
tôt, et refusa de se charger de la composition
d'un opéra nouveau pour le carnaval suivant.
Profitant du loisir qu'il trouvait dans S'a paisible
habitation, il conçut, avec ses amis Kunsen et
Spazier, le plan d'un journal ou écrit périodique
sur la musique, qui commença à paraître au
mois de janvier 1792, par numéros d'une feuiHe,
sous le titre de Musikalisthcs Wœchenblalt
(Gazette musicale ln'bdomadaire) : mais au mois
de juillet de la même année, ce journal prit la
forme d'un recueil mensuel et parut sous le litre
de Musikalische Monatschrifl . Les tristes ré-
sultats de la campagne des troupes prussiennes
en Champagne décidèrent les éditeurs de ce re-
cueil à cesser leur publication, qui a été réum'e
en un volume, intitulé Studien fur Tonlciinstler
und M usikfreunde (Études pour les musiciens
et les amateurs de musique). Pendant cette
même année 1792, Reicliardt avait fait un troi-
sième voyage à Paris. De retour dans sa retraite
de Giebichenstein, il mit en ordre ses notes et ses
souvenirs sur ce voyage, et laissa percer des sen-
timents favorables à la révolution française dans
des lettres confidentielles qui furent rendues pu-
bliques. Cette imprudence , singulière de la part
d'un homme qui avait ftit en d'autres circons-
tances preuve d'adresse et de circonspection,
acheva de le perdre dans l'esprit de Frédéric-
Guillaume, et lui fit donner sa démission avant
l'expiration du terme de son congé.
ro8
RKICIIAUDT
Reichardt se relira à Hambourg, et y publia
lin écrit périodique intitulé La France, qui ob-
tint un brillant succès. Avant de se fixer dans
cette ville, il avait fait, au mois d'août 1793, un
Toyage à Sfockliolm ; mais il y resta peu de
temps, car au mois de novembre de la même
année, il était déjà de retour à Hambourg. Il
s'y maria en secondes noces, ayant perdu sa pre-
mière femme en 1783; puis il vécut avec sa
famille dans un pavillon attenant au moulin du
village d'Ottenbausen, près d'Altona. C'est là
qu'il rédigea son journal politique jusqu'au mois
d'août 1795. Ayant obtenu à cette époque l'au-
torisation de retourner à sa maison de Giebi-
cbenstoin, il s'y rendit; mais il continua de gar-
der, comme artiste, le silence qu'il semblait
s'être imposé depuis le commencement de 1793;
car môme après que le roi eut paru vouloir lui
rendre ses bonnes grâces, en lui accordant en
1790 le titre d'inspecteur des salines de Halle,
avec un traitement de 1,500 écus, il ne publia
rien de ses ouvrages, et ne voulut point écrire
pour le llicâtre.
La mort de Frédéric-Guillaume II, arrivée le
17 novembre 1797, vint cbanger la situation de
Reichardt : il reparut à Berlin au commence-
ment de 1798, y fit représenter avec un brillant
succès, son Brennus, grand opéra, et fit exé-
cuter sa cantate funèbre pour la commémoration
de Frédéric II. Chargé de nouveau de la direc-
tion de la musique au thôâtre royal, il y donna,
pour la fétc du couronnement du nouveau roi,
VHe sonnante, opéra-comique considéré comme
un de ses meilleurs ouvrages. Au commencement
de l'année 1800, il mit aussi en vogue le vaude-
ville musical allemand qu'il avait inventé, et au-
quel il donna le nom de Liederspiel. L'ouvrage
qu'il écrivit pour modèle des pièces de ce genre
a pour titre Amour et Fidélité ; il fut suivi de
l'Art et l'Amour : tous deux obtinrent du suc-
cès. Son grand opéra intitulé Jiosemonde vint,
au commencement de 1801, mettre le comble à
la faveur dont il jouissait près des habitants de
Berlin. Le roi de Prusse fut si satisfait de cet ou-
vrage, qu'il accorda au compositeur une grati-
fication de 1,500 écus, et porta son traitement
d'inspecteur des salines à 2,300 thalers (environ
9,000 francs).
Au mois d'octobre 1802, Reichardt fit un nou-
veau voyage à Paris; les savants et les artistes
l'y accueillirent avec distinction ; il y fut pré-
senté au premier consi.*, et la quatrième classe
de l'Institut de France l'admit au nombre de ses
correspondants. De retour à Giobichcnsteiu dans
l'été de 1803, il y reçut le brevet de membre de
l'Académie de Stockholm. L'esprit d'observation
dont il fit preuve dans ses Lettres confidentiel,
les écrites pendant un voyage à Paris, dans
les années 1802 e/ 1803, procura à cet ouvrage
un succès de vogue. L'invasion de la Saxe par
l'armée française, en 1800, obligea Reichardt à
se retirer dans le nord de l'Allemagne, et pen-
dant près d'une année il vécut à Dantzick, Kœ-
nigsberget Memel. Les événements qui en furent
la suite le privèrent de ses emplois et de ses re-
venus, et il ne trouva de ressource que dans la
place de directeur au théâtre royal d(; Cassel,
qui lui fut offerte par le roi de Westplialie. Il y
composa un opéra français intitulé l'Heureux
Naufrage, et quelques divertissements drama-
tiques. Dans un voyage qu'il lit à Vienne en
1808 pour y engager des chanteurs italiens, il
composa liradamante, grand opéra de Collin,
et reçut des offres avantageuses pour s'y fixer ;
mais il préféra retourner à Cassel. Cependant la
guerre qui éclata dans l'annéi? suivante entre
l'Autriche et la France lui faisant craindre de
nouvelles dévastations pour sa propriété de Gie-
bichenstein, H s'y retira après avoir donné sa
démission, et s'y livra à la rédaction de «es Let-
tres confidentielles sur Vienne, qui parurent
en 1810. On ignore le motif qui le décidai faire
imprimer cet ouvrage à Amsterdam. Reichardt
mourut dans sa maison près de Halle, le 27 juin
1814, cà l'âge de .soixante-deux ans. Il avait été
marié deux fois : sa première femme (Julie Rei-
chardt), née à Berlin en 1752, était fille du cé-
lèbre violoniste F'rançois Benda. La seconde
femme de Reichardt était fille d'un négociant de
Hambourg; sa dot fut employée par le compo-
siteur à l'acquisition d'une terre dans le Hol-
stein.
Considéré comme compositeur, Reichardt ne
peut être classé parmi les artistes de génie, car
il ne sut qu'imiter avec adresse et arranger avec
goût. Sa musique de théâtre ne manque ni d'a-
grément ilans la mélodie, ni môme de force dra-
matique dans la déclamation; mais on n'y trouve
point de ces nouveautés, de ces hardiesses qui
décèlent l'invention. Son harmonie est assez
pure, quoiqu'il n'eût fait que des études incom-
plètes dans l'art d'écrire ; mais il appartient plus
à l'ancienne école mixte allemande de Graun et
de Hasse (|u'à celle des nouveautés trouvées par
Mozart. Ses modulations sont aussi trop uni-
formes. Dans la musique instrumentale, il n'eut
de succès que jusqu'en 1790. Les transformations
qui s'opérèrent vers cette époque dans celte par-
tie de l'art firent bientôt vieillir ses productions
en ce genre.
Comme écrivain sur la musique, Reichardt ne
s'est distingué que comme critique et comme
REICHARDT
209
historien de l'art de son temps. Homme d'esprit
«?t d'expérience; ayant lu beaucoup de musique,
comparé les productions d'époques et de pays
différents , connu beaucoup d'artistes de mérite
et recueilli une multitude d'anecdotes sur leur
personne et leurs travaux, il réunissait toutes
les qualités nécessaires pour écrire avec succès
des analyses de compositions et des mémoires
contemporains ; mais dans les questions sérieuses
et fondamentales, il manquait également desavoir
et de profondeur. On peut dire de lui qu'il fut
littérateur musicien plutôt que musicien sa-
vant.
Les productions de cet artiste estimable se
divisent en écrits spéciaux sur la musique, ou
dans lesquels il a traité accidentellement de cet
art, en opéras et mélodrames, en musique ins-
trumentale, en musique vocale pour l'église, le
concert ou la chambre. On y compte environ
cent quatre-vingts œuvres imprimées ou manus-
crites En voici la liste : I. Écrits relatifs a la
Musique : 1" Musikallsches Kunslmagazin
(Magasin de l'art musical), Berlin, 1782-1791,
liuit numéros formant 2 volumes in-folio. Les
livraisons de cet écrit, qui devait être périodique,
parurent à des époques indéterminées. Il contient
des notices historiques sur l'art et les artistes,
et des morceaux de musique vocale et instru-
mentale de compositeurs célèbres anciens et
modernes ou de l'auteur du recueil. — 2° Geist
des musilcalischen Kunst magazins von Johann
Friedrich lîeichurdt. UcrausgegebenvonJ. A.
(Esprit du magasin de l'art musical de J. F. Rei-
cliardt, publié par J. A.) ; Berlin, Unglier, 1791,
ia-8° de xii et 195 pages. Ce volume renferme
le texiede l'ouvrage précédent, sans les morceaux,
de musique. Il parait que Reichardt fut mécon-
tent de cette publication, car deux ans après il en
!it paraître une autre édition intitulée : Geist des
musikalischen Kunstmagazins , nach einem
vom Verfasser durchcorrigirten und mit
Zu-sxtzen vermehrten Exemplare des Kunst-
magazins. Herausgegeben von J. A. (Esprit du
magasin de l'art musical, d'après un exemplaire
corrigé par l'auteur et augmenté d'additions, etc.);
Berlin, 1793, in-S". —3° Studien fiir Ton-
hunstler und Musikfreunde. Eine historisch-
lirilische Zeitschrift fur Jahr 1792, in zwei
Theilen herausgegeben von F.-A. Kunzen und
J.-F. Reichardt (Études pour les musiciens et
les amateurs de musique; écrit périodique histo-
ritiue et critique pour l'année 1792, publié en
2 parties par F.-A. Kunzen et J.-F. Reichardt),
Berlin, 1793, 1 vol. m^". Lapremière partie de
ce journal de musique a pour titre : Musika-
liches- Wœchenblaft (Gazette musicale hebdoma-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VII.
daire), et la seconde Musikalisches Monath-
sclirifl (Écrit-musical mensuel). — 4° Berlinische
musikalische Zeitung (Gazette musicale de Ber-
lin) , Berlin et Oranienbourg, chez Frœhlich',
1805-1806, 1 volume in-4°. La publication de ce
journal fut arrêtée par les événements de la
guerre de Prusse en 1806. — 5" Musikalischer
Almanach mit 12 neuen Liedern (Almanach
musical avec 12 chansons nouvelles); Berlin,
Ungher, 1796, petit in-12. Cet opuscule écrit par
Reichardt dans sa retraite de Giebichenstein ,
pendant sa disgrâce, contient un calendrier où
chaque jour indique la naissance d'un composi-
teur, d'im chanteur, d'un instrumenlistecélèbres,
ou d'un écrivain sur la musique , et des articles
biographiques où l'auteur essaie de caractériser
le mérite de quelque.s-uns de ces artistes et sa-
vants. — 6° Veber die deutsche Komische
Opernebst einem Anhange eines freundschaft-
lichen Briefes ûber die musikalisches Poésie
(Sur l'opéra-comique allemand, suivi d'une lettre
confidentielle sur la poésie musicale); Hambourg,
1774, petit in-8° de 124 pages. — 7" Veber die
Pflichten des liipienViolonisten (Sur les de-
voirs (qualités nécessaires) d'un violoniste d'or-
chestre); Berlin et Leipsick, 1776, in-8° de 92
pages. Ce petit écrit renferme des conseils pour
les violonistes sur le son, le maniement de l'ar-
chet, le doigter, les nuances, la mesure, etc. —
8*^ Georg-Friedrich ILrndel's Jugend (Jeunesse
de George-Frédéric Hœndel), Berlin, l785, in-8"
de 30 pages. — 9° An das musikalische Pu-
blicum , seine franzœsische Opern Tamer*
lan und Panthce beireffend (Au public mu-
sical concernant les opéras français Tamerlan
et Panthée), Hambourg, 1 787, in-S" de 55 pages.
Reichardt y rend compte des circonstances qui
ont empêché la représentation de ces ouvrages.
— 10° Briefe eines aufinerksamen Reisenden,
die Musik betreffend (Lettres d'un voyageur
observateur, concernant la musique), Francfort
et Leipsick, 1774, Impartie, in-8'' de 184 pages.
2""' idem, 1776, 'm-%° , de 134 pages. —
11° Schreiben ilber die Berlinische Musik an
den Herrn L.-V. Sch.in M. Eine Beilage si4
dein ersten Theile der Briefe eines aufmerk-
samen Reisenden, etc. (Lettre à M. L. de Sch. à
Mayence ; supplément à la première partie des
Lettres d'un voyageur observateur, qui concerne
particulièrement les musisiens de Berlin); Ham-
bourg, 1775, in-8''de32 pages.— 12° Vertraute
Briefe aus Paris geschreiben in den Jahren 1 802
und 1803 (Lettres confidentielles écrites de Paris
dans les années 1802 et 1803); Hambourg,
1804 ; r" partie, in-8° de 492 pages ; 2'ne idem,
in-S" de 422 pages; S^e idem, 1805, in-8°de 390
14
310
BEICHARDT
pages. Cet ouvrage eut tant de succès, qu'on dut
réimprimer les deux premiers volumes en 1805. Il
renferme Ijcaiicoup tle renseignements sur la musi-
que française et sur les musiciens qui vivaient à
Paris à cotte époque. A l'égard des Leltres confi-
dentielles écrites de Paris en 1792 et publiées en 2
volumes , lesquelles sont citées par Choron et
FayoUe, et par quelques autres biographes fran-
çais, je n'en trouve pas plus d'indication dans les
catalogues allemands et dans le Lexique biogra-
phique de Kayser, que du Voyage musical en
Allemagne, en Angleterre et en France qui, sui-
vant l'ancien Lexique des musiciens de Gerber,
aurait été publié en trois volumes dans l'année
1787. — 13' Vertrauie Briefe geschreiben auf
einer Reisenach Wienundden Oesterreichis-
chen Staaien zu Ende des Jahres 1808 und
zu Anfang 1809 (Lettres confidentielles écrites
pendant un voyage à Vienne et dans les États
autrichiens, vers la fin de l'année 1808 et au
commencement de 1809 ); Amsterdam, 1810,
2 volumes in-S". Ces lettres renferment de très-
bonnes observations sur la situation de la mu-
sique dans le midi de l'Allemagne à cette époque.
— 14° Lehen des beruhmten Tonkxinstlers
He'mrich Wilhelm Gulden nachher genannt
Gu^lielmo Enrlco Fiorino (Vie du célèbre mu-
sicien HenriGuillanme Gulden , ensuite appelé
Guillaume-Henri Fiorino); Berlin, A. Mylius,
1779, in-8' de 258 pages, 1'* partie. Sans
nom d'auteur. Cet ouvrage est un roman d'édu-
cation nuisicale, dont la première partie eut si
peu de succès, que Reichardt ne fit point pa-
raître les autres. — 15° Beaucoup de morceaux
détachés sur diverses parties de la musique dans
des journaux de littérature ou de musique,
entre autres dans les Archives du Temps, de
Berlin, \}xm et octobre 1795; dans la Gazette
musicale de Berlin publiée par Spazier, en 1793
et 1794^ dans le journal intitulé V Allemagne, et
dans le Lgcée des beaux-arts, Berlin , 1797 ;
dans la Gazette littéraire de Berlin, et dans
\a Bibliothèque allemande universelle ; enfin,
dans la Gazette musicale de Leipsick, où l'on
trouve particulièrement un très-bon article bio-
graphique sur le maître de chapelle Schulz
(tome 3). Reichardt a aussi donné sa biographie
détaillée dans la Gazette musicale de Berlin
(année 1805), n"' 55, 50, 65, 06, 71, 78, 79, 82,
84 et 89). Il a été l'éditeur de la troisième édi-
tion de la Méthode de violon de Lœhlein (voij. ce
nom), publiée à Jéna, en 1797, in-4°, avec des
additions. Ses écrits politiques et li Horaires .sont:
— 16° La France, journal public à Hambourg
en 1793 et 1794. — 17° Lettre au comte de Mi-
rabeau sur Lavater; Hambourg, 1786, in-8». —
18° Napoléon et le peuple français (en allemand);
Hambourg, Campe, 1804, in-8". — IL Composi-
tions nu amatiqles: lil" llansclienundGrelchen
(d'après Rose et Colas), opéra-cornique, ip»-
l)rinié à Rii;a, on partition pour le piano, 1772.
— 20° La Lanterne magique de Vamour,
opéra-comique; ibid. 1773. — 21" Le Bâcherons
opéra-comique en un acte, (en allemand), repré-
senté en 1775 , resté en manuscrit. — 22° Il
Sesse galanti , opéra bouffe italien, à Potsdam ,
1775, en manuscrit, en trois actes. — 23" Lu
Gioia dopo il duolo, cantate théâtrale en deux
actes, à Berlin, 1776. — 24° Artemisia, opéra
italien eurlrois actes, ibid., 1778. — 25" An-
dromeda, opéra sérieux en trois actes, ib., 1778.
— 2G°Prolesilao, idem, ibid., 1779 — 27" Ino,
duodrame ; imprimé à Leipsick en partition pour
le piano, 1779. — 28° Procris et Céphale,
duodrame; ibid., 1780. — 39" Ariane a i\axos,
cantate draniatiquedeGerstemberg (en allemand);
gravée en partition, Leipsick, 1780. — 30" VA-
mour seul rend heureux, opéra allemand en
trois actes, à Dessau, 1781. — 31" Tamertan ,
opéra français on quatre actes, 1785, non re|)ré-
senté; puis traduit en allemand et joué au Ihvâ-
tre de Kœnigstadt, à Berlin, en 1799. — 32" Paii-
thee, grand ojiérà français, en quatre actes, 1786.
— 33° Brenno, opéra .sérieux italien, en 1787,
à Berlini — 34° Claudine de Villa bella, opéra
allemand en trois actes, de Gœlhe, 1788. —
33" Ouverture , entr'actes et chants pour Fg-
mont, tragédie de Goethe, 1790. — 36° Lilla,
opéra-comique (allemand) en un acte, de Goethe,
1790. — 37° L'Olimpiade , opéra sérieux, en
italien, 1790. — 38° Ervin et ElmirCj opéra-
comique allemand de Gœthe , en deux actes,
1790 ; imprimé en partition pour le piano, à Ber-
lin, 1793. — 39" Ouverture, chœurs ot bal-
lets pour Macbeth, de Shakspeare, traduit par
Burger. — 40° Vile Sonnante ou des Esprits,
opéra-comique allemand de Gotter, en 1799. —
41° Rosamunda, grand opéra italien, en trois
actes, au théâtre royal de Berlin, 1801. — 42°
Amour et Fidélité, LiederspicI, au théâtre de
Kœnigstadt, à Berlin, 1801. — 43" Jery et Ra-
tely, opéra-comique (allemand) de Gœthe,
écrit en 1790, et repré.senféen 1801 — 44° L'Art
et l'Amour, LiederspicI, au théâtre de Kœ-
nigstadt, 1802. — 4.5° Ouverture, marche et
chœurs pour Les Croises, mélodrame de Kotze-
bue, 1809. — 46° Le Château enchanté, opéra
ou trois actes, de Kot/ebue, 1802. — 47" La
Mort d'Hercule, monodrai»e, d'après Sophocle,
à Berlin, 1804. — 48" L'heureux Naufrage,
opéra-comique français, en un acte, à Cassel ,
1808. — 49° Rradamante, opéra allemand en
lîEICHARDT
>il
quatre acter,, à Vienne, en 1S08. Des morceaux
détachés de ces divers ouvrages ont été gravés
avec accompagnement de piano. — III. Musique
KELiGiEusE : 50° La Passione , oratorio de Mé-
tastase, en 1783; exécuté à Londres et à Paris.
— 51° Cantus lugubris in obitum Frederici
Magni, Paris, 1787; gravé en grande partition,
in-fol. — 52" Te Deum pour le couronnement
de Frédéric-Guillaume II, 17«6. — 53° Te Deum
pour la paix générale, 1809. — 34° Le psaume
l-iô, sur la traduction allemande de Mendeissolm,
avec cliœur et orchestre ; écrit en 1784, imprimé
en partition, 1792. — i>b° Le psaume 65, en
partition, à Leipsick, chez Kiihnel. — 56" La
Résurrection, oratorio à 4 voix, 2 chœurs et
orchestre, écrit en 1783; en manuscrit. —
57" Ode funèbre sur le Christ en croix, en ma-
nuscrit. — TiS" Choral : Wohinmein Ange, etc.,
à 4 voix et orchestre. — 59" Hymne du matin, de
IMilton,à 4 voix et orchestre, Leipsick, Hofmeis-
ter. —GO" Cantate religieuse :/.ws5/ dcn Erhalter,
en partition manuscrite. — IV. Musique vocale
DE CONCEllT ET DE CHAMBRE: Gl° tlogC dC lO
musique, cantate à 4 voix et orchestre, en manu-
scrit. — 02" Le Mois de Mai, cantate de Ramier,
pour ténor et orchestre, idem. — 63° Éloge de
Hxndel, cantate allemande, composée à Londres,
en 1785. — G4'' Il Consiglio, cantate de Métas-
tase, 1788. — Çyo" Amor timido, idem, 1788.
— 60" Cantate sur le rétablissement du prince de
Prusse, 1789. — 67" Deux odes de Frédéric le
Grand, à 4 voix et orchestre, gravées en parti-
tion réduite pour le piano; Berlin, 1800. —
68" Cantates et chansons italiennes et allemandes ;
Berlin, 1775. — 69° Chansons de Go'lhe, Burger,
Voss et Spiekmann , avec accompagnement de
piano, 2™e recueil; idem, 1780. — 70" Odes et
chansons de Herder, Gœthe , etc. ; S^e recueil ,
ib., 1781. — 71" Chansons deKlesl, Uz, Hage-
dorn, etc. ; 4'"^ recueil ; ibid., 1782. — 72" Chan-
sons de Gleim et de Jacobi; 5"ic recueil, ibid.,
1783. — 73° Chansons pour les enfants, 6°>e re-
cueil, Wolfenbuttel, 1786. — 74° CxciUa, recueil
de cantiques , hymnes, airs, duos, trios , qua-
tuors et chœurs, 4 suites; Berlin, 1790-1792.
— 75" Poésies lyriques de Schiller, à voix
seule et piano, l"^ et 2™c parties; Leipsick,
Breitkopf et Hœrtel. — 76° Six canzonettes
italiennes et six romances françaises ; Paris ,
Érard. V. Musique instrumentale. — 77° Six
sonates pour le clavecin; Berlin, 1771. —
78° Onze concertos, idem ; Amsterdam, 1774. —
79" Concerto, idem;. Riga, 1773. — 80° Onze
sonates, idem; Berlin, 1776. — 81° Concerto,
idem; Leipsick, 1777. — 82° Onze sonates pour
clavecin et violon ; Amsterdam, 1777.— 83° Deux
idem pour clavecin; violon, alto et basse; Ams-
terdam, 1/82. — 84° Sonate pour clavecin et
flûte; Berlin, 1787. — 85° Quintette pour piano,
2 flûtes, et 2 cors; Paris. — 86° Grande sonate
pour piano seul ; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
— 87° Six rondeaux pour piano seul ; Zerbst.
— 88" Symphonies pour orchestre , n"' 1, 2, 3,
4, 5 et 6; Berlin, Rellsîab, et Offenbacb, André.
— 89° Concerto pour violon et orchestre ; Riga,
1773. — 90"' Symphonie concertante pour 2 vio-
lons, alto , violoncelle et orchestre ; Leipsick,
Hartknock. — 91° Six trios pour deux violons
et violoncelle; Offenbacb, André.
REICIIARDT ( Julie ) , première femme
du précédent, naquit à Berlin, en 1752. Fille
du célèbre violoniste F. Benda, elle reçut la plus
belle éducation mu.sicale, et devint une des can-
tatrice* les plus distinguées de r.Allemagnc, pia-
niste habile, et compositeur agréable. En 1776,
elle épousa Reichardt , dont les conseils ache-
vèrent de développer son talent. On lui doit
plusieurs mélodies avec accompagnement de cla-
vecin, qui ont été publiées dans les recueils de
son temps. Elle a aussi fait imprimer de sa com-
position : 1* Six .sonates pour le clavecin; Ham-
bourg, Campe, 1782, in-4°. — 2" Chansons alle-
mandes, avec accompagnement de clavecin ; ibid.
M'ï'e Reichardt mourut à la fleur de l'âge, le
9 mai 1783.
REICHARDT (Louise), mie dos précé-
i.'onts, naquit à Berlin, en 1778, et se livra dès
ses premières années à l'étude du piano el de
la composition. Après la mort de son père, elle
se relira à Hambourg, où elle mourut, le 17 no-
vembre 1826, à l'âge de quarante-huit ans. On a
gravé de sa composition : 1° Cantiques spirituels
(en allemand), à plusieurs voix sans accompa-
gnement , eu à voix seule avec ace. de piano j
Hambourg , Cranz. — 2° Chansons spirituelles
des meilleurs poêles allemands, pour deux voix
de soprano et deux contraltos, ibid. — 3" Douze
chants à voix seule , avec accompagnement de
piano, op. 3; Hambourg, Bœhme. — 4" Six chan-
sons de Novalis, op. 4 ; ibid. — 5° Sept chants
romantiques de Tieck, op. 5 ; ibid. — 6° Six
chansons, op. 6; ibid. — 7° Six idem, op. 7;
ibid. — 8" Six idem, op. 8 ; Hambourg, Cranz.
Six recueils de ces mélodies ont été réimprimés
à Breslau, chez Leuckardt.
REICHARDT (Gustave), né le 13 novembre
1797, est fils d'un prédicateur de Stralsund, qui
montra pendant toute sa vie beaucoup de zèle
pour les progrès de la musique dans la Pomé-
ranie. Chacun de ses sept enfants avait ap-
pris à jouer d'un instrument, en sorte que ce
digne pasteur pouvait faire exécuter chez lui
14.
212
REICHARDT — IIEICHERT
les compositions les plus diDiciles par son or-
chestre <ie famille. Destiné à l'éliKie de la théo-
logie, le jeune Reichardt fut envoyé au collège
de Greif^swalde, puis il suivit les cours de l'uni-
versité de cette ville. En 1818 il alla continuer
ses études à l'université de Berlin, et devint
élève de Rernard Klein pour la théorie de la
composition. Déjà il se faisait remarquer par
son habileté dans léchant, sur le violon et sur
le piano. Admis dans les sociétés de chant de
cette ville, il y prit tant de f;oût pour la mu-
sique, qu'il abandonna la théologie pour cet art,
en isto, et bientôt après il eu donnades leçons.
Depuis iors il a continué de se livrer à l'ensei-
gnement de la musique. £n 1S50 il a été nommé
clief du chœur (Musik-Director ) du Théâtre
royal de Berlin. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Pièces instructives en forme de sonates
pour le piano à quatre mains , op. 4 ; Ha-
novre, Bachmann. — 2'' Six chansons de table
pour quatre voix d'homme, op. 5; Berlin, Laue.
— 3" Six idem, op. 7; six id., op. 8; six idem,
op. 12 ; Leipsick, Hofmeisler. — 4" Chansons
populaires pour soprano , contralto , ténor et
basse, op. 9, 11, 13 et 16; ib. — 5" Chansons
alleniandes à voix seule, avec accompagnement
de piano, op. 6 et 10, ibid. Un grand nombre
de Lieder détachés avec ace. de piano. —
7" Quelques morceaux pour le piano.
REICHE (GonEFRom) , premier musicien de
ville, à Leipsick, né à Weissenfels , le 5 fé-
vrier 1667, fut le plus habile virtuose de son
temps sur la trompette. Il a publié de sa com-
position vingt-quatre morceaux pour un cornet
et trois trombones, sous le titre de Quuiricinia,
qui parurent en 1696, in-4''. Reiche vivait encore
en 1717, car Hausmann a gravé son portrait
dans cette même année.
REICHEL ( JosEPu ), chanteur de la cha-
pelle du grand-duc de Hesse-Darmstadt , consi-
déré comme une d^s meilleures basses chantantes
de l'Allemagne, dans la première moitié du
dix-huitième siècle, naquit en Hongrie, en 1804.
Après avoir chanté avec succès sur les théâtres
de Carisruhe, Berlin, Stuttgard, Manheim,
Milan, Dresde ,et Hambourg, il accepta
l'engagement qui lui fut offert à Darmstadt
en 1846. Il est mort en cette ville, d'une maladie
• le langueur, le 30 juin 1856.
REICHEL (Adolphe), compositeur dis-
tingué de Z-ieder etde chants à plusieurs voix,
est né a Berlin vers 1815. Son premier œuvre,
composé de sept Lieder] à voix seule avec ac-
compagnement de piano , a été publié à Berlin
en l»3â. Plus tard, il a fait des études sérieuses
de composition sous la direction de Dehn
{voyez ce nom). En 1859, il a été nommé di-
recteur de l'Académie de chant , à Dresde. De-
puis lors il a fait paraître un grand nombre
de recueils, qui ont eu un succès dréidé. Parmi
ses œuvres instrumentales on remarque :
r Quatre préludes et fugues pour le piano,
op. 3; Leipsick, Breilkopf et Haertel. — 2" So»
nale en (sol mineur) idem, op. 4; ibid.
— 3" Sonate {en fa) idem, op. 9; Leipsick,
Gœlz. — 4° 3 mazurkes, idem, op. 11 ; Leip-
sick, Hofraeister . — 5» Sonate ( en si mineur )
idem, op. 16; Leipsick , Peters. — 6° Trio pour
piano, violon et violoncelle , op. 17 ; ibid.
REICIIELT (F.-G. ). professeur de mu-
sique à Hambo4irg, fut d'abord commis au
magasin de musique de Westphal , dans cette
ville. On a gravé sous son nom des pièces
d'harmonie pour des instruments à vent , des
airs de danse, des divertissements et d'autres
petites pièces pour le piano. Il a aussi publié
une critique <le l'enseignement de la musique
d'après le système de Buchholtz, sons ce titre
Musikalischer Querstrich mitlen durck des
Jierrn J.-G.-B. Unterricht, etc. (Barre musi-
cale oblique mise à travers l'enseignement mu-
sical de M. J.G. B. ), Hambourg, 1784, in-4"'
de 16 pages. Reichelt est mort à Haml)ourg,
en 1798.
REICHENBERG (Le P. Jean-Néiomu-
ciiNE ) , professeur de philosophie générale et de
mathématiques au séminaire de Saint-Paul , à
Ralisbonne, daus la seconde moitié du dix-
huitième siècle, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Dieganze Musikkunst , so , wie sic
Veltweisheit und die Mathematik leichtUche
jedenlehrt, etc. (L'Art musical en général en-
seigné clairement par la philosophie et les ma-
thématiques, etc.), Ratisbonne, 1777; 2 parties,
in 8° de 138 pages. Le contenu de l'ouvrage ne
répond pas à ce titre ambitieux. La méthode
philosophique de l'auteur procède par axiomes
souvent contestables, et les rapports numéri-
ques des intervalles des sons y sont expliqués
d'une manière obscure et embarrassée.
REICIIERT (...), musicien allemand au
service du comte de Bruhl , à Dresde , vers le
milieu du dix-huitième siècle, a composé la mu-
sique d'un intermède représenté dans cette ville,
en 1755, sous ce litre : Il Giuocatore e la Ba-
chettona.
REICIIERT ( Mathieu-André), né à Maës-
tricht, en 1830, l'un des virtuoses flûtistes les plus
habiles et \t^ plus extraordinaires du dix-neuvième
siècle. Fils d'un musicien ambulant , il joua
d'abord <ians les cafés et les guinguettes. Frappé
de ses remarquables dispositions, .M. Demeur,
REICUEKT — REIMAÎNN
213
alors professeur de flûte au conservatoire de
Bruxelles, à qui le l)asard l'avait (ait entendre,
le présenta à l'auteur de cette notice, qui l'admit
comme élève dans cette institution, en 1844. Quel-
ques mois de leçons lui suffirent pour dépasser
en talent tous les autres élèves du professeur ;
toutefois , le directeur du Conservatoire, d'accord
avec M. Demeur, voulant qu'un long travail dé-
veloppât tous les avantages d'une si belle organi-
sation, ne l'admit pas au concours la première
année, et usa de son influence sur le jury pour
qu'un second prix seulement lui fût accordé
en 1846. Il était nécessaire d'ailleurs de le sous-
traire aux habitudes d'intempérance contractées
dès son enfance, dans son existence nomade. Ce
fut pour ce motif qu'on le fit engager dans la
musique excellente du régiment des guides pen-
dant qu'il continuait ses études au Conservatoire,
afin que la sévérité de la discipline militaire l'ha-
bituât à une vie régulière. En 1847, le premier
prix lui fut décerné, et le talent dont il fil preuve
dans le concours porta l'admiration des assistants
jusqu'à l'enthousiasme. A la suite de ce succès ,
il joua dans plusieurs concerts du.Conservatoire,
et chaque fois il y porta l'admiration du public
jusqu'à l'exaltation. Après l'expiration de son
engagement dans la musique des guides, il vécut
honorablement quelque temps , voyagea , donna
des concerts dans les villes principales de la
Belgique et de la Hollande , puis il contracta un
engagement avec Julien ( voyez ce nom ) pour
les concerts que cet entrepreneur donnait en An-
gleterre. Il y excita également des transports
(l'admiration chaque fois qu'il s'y fit entendre :
mais bientôt, reprenant ses premières habitudes,
il s'enivra chaque jour, et finit par tomber aux
dernières extrémités de la misère et de l'abrutis-
sement. On dit cependant que dans ces der-
nières années il s'est relevé et a retrouvé tout
son talent. Au moment où cette notice est
écrite (1863), il est au Brésil, où l'admiration
pour ses prodigieuses facultés est portée à l'excès.
Reichert a composé pour son instrument des
morceaux qui se distinguent par les nouveautés
de la forme et l'audace des difficultés.
RËIGI1MAI\I\ ( Jacques ), né à Kemberg,
dans la première moitié du dix-septième siècle ,
fut adjoint de la faculté de philosophie , à Wit-
tenberg , puis recteur à Torgau , où il mourut,
en 1689. Il a fait imprimer une thèse intitulée :
De Echo, Wittenberg, 1653, in-4''.
REIGIIMEISTER (J.-C. ), organiste à
Moselwitz, dans le duché de Saxe-Altenbourg,
né en 1797, est auteur d'un écrit intitulé :
Unentbchrliches Hilfshuch beim orgelbau
(Manuel indispensable pour la facture d'orgues ) ;
Lcipsick, A. Fist, 1822, in-8'' de 77 pages,
REIGHWEIIV (Jean-Georges), maître de
chapelle à la cathédrale de Ratisbonne, vécut
dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Il
a fait imprimer de sa composition : 1" Delicix
sacrx, sive missx très brèves a quatuor vocibus
concert. 1 violinis ad libit. et 4 ripien. cum
basso continuo nec nonpsalmi II ab 1,1,^ et
4 TOC. cum et sine violinis ac ripicnis ,• Ratis-
bonne, 1685, in-fol. — 2° Sacra Thymiamata, id
est offertoria per festaanni majora a 4 vel
5 vocibus concertantibus et 5 imtrumentis ,'
Ratisbonne, 1688.
REiFFEKBERG ( Fuédéric-Alglstk-Fer-
dinand-Thomas , baron de), conservateur de
la bibliothèque royale de Belgique , né d'une
ancienne famille de Franconie, le 14 novem-
bre 1795, fut un des plus féconds et spiri-
tuels poly graphes de l'époque actuelle. Ancien
élève de l'École normale de Paris, il em-
brassa la carrière militaire en 1814, et obtint lo
grade d'officier d'état-major dans l'armée belge :
mais bientôt, dégoûté d'un état si peu fait pour
la tournure de son esprit et la direction de ses
études, il donna sa démission , et fut successi-
vement conservateur de la Bibliothèque des ducs
de Bourgogne à Bruxelles, professeur de philo-
sophie à l'universilé de Louvain, puis professeur
d'histoire à l'université de Liège, et enfin con-
servateur de la bibliothèque royale à Bruxelles.
M. de Reilïenberg était chevalier de plusieurs
ordres, correspondant de l'Institut, membre de
l'Académie de Bruxelles et d'un grand nombre
d'académies et de sociétés littéraires; enfin,
secrétaire de la commission d'histoire de la Bel-
gique. La liste des nombreux ouvrages de M. de
Reiffenberg n'appartient point à cette biographie
spéciale ; mais j'y dois citer un écrit relatif à la
musique qu'il a publié sous ce titre : Lettre à
M. Fétis , directeur du Conservatoire de
Bruxelles, sur quelques particularités de
l'histoire musicale de la Belgique; Bruxelles,
1834, in-S". Cet écrit a paru d'abord dans le
journal littéraire intitulé : Revue encyclopé-
dique belge (octobre 1833) ; il a été réimprimé,
avec quelques changements , à la fin du
deuxième volume d'un recueil de nouvelles du
même auteur dont le titre est : Le Dimanche,
récits de Marsilius Brunck, docteur en phi-
losophie de l'université de Heidelberg;
Bruxelles, Hauman, 1834, 2 volumes in-l8.
M. 'de Reiffenberg est mort à Bruxelles, le
18 avril 1850.
REIMAIVIV (Matthieu), docteur en droit
et conseiller de l'empereur Rodolphe II, naquit
à Lowemberg, en 1544. Il est vraisemblable, par le
214
REIMANN — REINAGLE
titre de !>os ouvrages, qu'il fut habile sur le lutli.
On connaît sous son nom les compositions sui-
vantes :, 1° Nocles musicXj Leipsick, 1598,
in-fol. — 2° Cithara sacra psalmodiai Davi-
dis ad usum testudinis accomodaia , Colo-
gne, 1613, in-4''. Reiraann mourut le 21 octobre
1507 : les publications de ses ouvrages sont
consoqueminent posthumes.
REIHIAA'N ( Jeas-Baltiuzar), né à Bres-
lau, le 14 juin 1702, fit voir do l>onne lieure d'heu-
reuses dispositions pour la musique. Pendant en-
viron dix années, il reçut des leçons de Gûrtier,
Sturm et Willisch , caniors à Brcsiau. L'orgue
devint l'objet de ses études spéciales , et bientôt
on le compta au nombre des bons organistes de
son temps. Après avoir occupé la place de can-
tor à Neustadt, il obtint, en 1726, celle d'or-
ganiste de Sainte-Marie-Madeleine à Breslau.
Trois ans après, ayant été appelé à Hirscliberg,
pour la réception du nouvel orgue construit par
Rœder, de Berlin, son talent y parut avec tant
d'avantages , qu'il y fut nommé organiste par
acclamation. Quelque tem|)s après, il fit un
voyage à Leipsick , dans le but d'y entendre
Jean-Sébastien Bach , qui depuis lors devint son
modèle. Il mourut à Hirschberg, en 1749, à
l'âge de quarante-sept ans. On a imprimé de sa
composition : 1° Cantate sur la mort de l'em-
pereur Charles VI; Hirschberg, 1740. — 2° Re-
cueil de cantiques anciens et nouveaux ; ibid.,
1747, in-4° oblong. Ce recueil contient 362 mé-
lodies.
REIMË (Henri-Gottlieb ), savant allemand,
n'est connu que par une dissertation sur une
expression hébraïque qu'on croit être relative à
la musique. Ugolini l'a insérée dans son trésor
des antiquités sacrées , sous ce titre : Disser-
iatio de voce sel\ ( Thesaur. antiq. sacr.,
t. 32, page 727 ). A.-J. Bytemeister, professeur
€t docteur de théologie à Helmstadt , a fait une
réfutation de la dissertation de Reime; Ugolini
l'a aussi insérée dans sa collection.
REIMMANIV (Jacques-Frédéric), savant
bibliographe , né le 22 janvier 1668, à Grœnin-
gen, près de Halberstadt, fit ses études à l'uni-
versité de Jéna ; puis fut successivenient institu-
teur à Halberstadt , premier pasteur à £rms-
leben, bibliothécaire du chapitre à Magdebourg
en 1714, et enlin pasteur à Hildesheim, où il
mourut le 1" février 1743. Au nombre de ses
ouvrages , on en remarque un qui a pour titre :
Vetsuck einer Einleitung in die Historiam
LiHerariam der Teutschen (Essai d'une in-
troduction à l'histoire littéraire des Allemands ) ;
Halle, 1708-1713, 6 volumes in-8°. Il y traite,
-au premier et au troisième volunie«des écrivains
et de la littérature de la musique, de l'histoire de
cet ail , vt de la solmisation.
REilV ( Jean-Balthazar), musicien à AKona,
vers le milieu du dix-huitième siècle, mourut
en cotte ville, le 24 août t7y4. Ha fait imprimer
un livre choral à quatre parties, sous ce titre:
ViersUmmigc Choralbuch, worin aile Melo-
dien der Schleswich-JIolstein ; Altona, 1755,
in-4''.
REIXA ( Sixte ) , religieux minorité , maître
de chapelle de l'église Sainte-Marie et Saint-
François de Milan , naquit à Sarano , dans le
Milanais, au commencement du dix-septième
siècle. On a imprimé des psaumes de sa com|)o-
sition , à Milan, en 1653. Il fut en dernier lieu
organiste de l'église Saint-Barlholonié, à Mo-
dène. Ce moine donnait souvent des titres
bizarres à ses ouvrages , tels sont ceux-ci :
1° Fiorita corona di mélodie céleste a t, 2, 3,
e 4 voci con stromcnti, op. 7; Milano, pressa
Comagni, 1660, in-4° — î"* La Davza délie
vociregolata ne'salmi di Terza,edi Compléta,
Te Deum e lUanie a 8 voci, ed ail ri salmi a
voce sola e a i voci con violini , le quattro
antifone di compléta a quattro, e due sonate
a quattro con violini , op. 9; in Venetia, Fran-
cesco Magni , 1664, in-4''.
REIiVA (Dominique) , ténor qui a eu de la
réputation en Italie, naquit à Lugano, vers 1807,
et commença sa carrière dramatique en 1828.
Dans l'année suivante, il chanta au théâtre de
la Scalaà Milan, puis à Panne. En 1830, il élait à
Vérone. Rappelé à Milan en 1831, il y obtint de
brillants succès, et y fut appelé de nouveau
dans les années 1833, 34, 35 et 36. Il ne réussit
pas moins à Naples, où il chanta en 1833, 1838,
1840 et 1841. Enfin, il trouva le même accueil à
Venise , à Beigame , à Bologne , à Florence, à
Livourne, à Rome et à Gênes. En 1845, ce chan-
teur distingué se retira de la scène. 11 était mem-
bre des Académies philharmoniques de Bologne
et de Rome.
REII\AGLE ( Joseph ), fils d'un professeur
de musique allemand , est né à Portsmouth ,
en 1762. Destiné à la marine, il fut d'abord
mis sur un vaisseau , puis envoyé en appren-
tissage chez un joaillier à Edimbourg; enfin, il
reçut de .son père des leçons de musique. Entré
ensuite comme trompette dans la maison du roi,
il devint habile sur son instrument ; mais plus
tard sa santé l'obligea à l'abandonner pour le
violoncelle. Pendant quelques années, il a été di-
recteur du concert à lîldimbourg, mais en 1789 il
s'établit en Irlande, sous la protection de lord
Westmoreland , alors lord liciilennnt déco pays.
Après deux années passées à Dublin , il retourna
REINAGLE — REINECKE
2ii
à Londres. Postérieurement il s'est fixé à Oxford,
où il est naorl, en 1836. On a sous le nom do
Reinngle : 1" Vingt-quatre leçons progressives
pour le clavecin; Londres, 1798. — 2° Douze
duos progressifs pour le violoncelle, op. 2;
Preston. — 3° Six idem. op. 3 ; ibid. — 4° Six
idem, op. 4. -- 5" Six idem, op. 5. — 6° Six
qiiatnors pour deux violons, alto et basse, ibid.
Reinagle a aussi composé des concertos de
\ioion et de Violoncelle, des ouvertures, et des
trios pour 2 violons et violoncelle, qui sont restés
manuscrits. On a de lui une méthode de vio-
loncelle intitulée : Concise introduction to the
art of jylaying the violoncello ; Londres (sans
date). Il y a quatre éditions de cet ouvrage.
REIIVAGLE (Hugues), frère puîné du pré-
cédent, né à Porstmouth, en 1766, fut élève de
Crosdill pour le violoncelle, et devint un artiste
distingué. Il mourut jeune, à Lisbonne, où il
était allé pour rétablir sa santé. On a gravé de
sa composition : 1° Six soios pour le violon-
celle, op. 1 ; Londres, Preston. — 2" Six idem,
op. 2 ; ibid. — 3" Six duos pour deux violon-
celles, op. 3; ibid.
KEII\CKE (Jean-Adam), ou REINKE,
appelé Beinicke par Moller ( Cimhria literata,
tom. I, p. 539). Les Pays-Bas ont vu naître cet
organiste célèbre, qui cependant appartient à
l'école allemande, parce qu'il puisa dans celle-ci
l'instruction qui développa ses talents par la suite :
il vil le jour à Deventer, province d'Overyssel,
le 27 avril 1623. Après avoir appris les premiers
principes de la musique et du clavicorde dans sa
"ville natale, il .se rendit à Leipsick, puis à Ham
bourg, où il étudia la manière de Henri Sclieid-
mann (voyez ce nom), organiste remarquable.
Après la mort de cet artiste , Reincke se mit sur
les rangs pour lui succéder dans la place d'orga-
niste de Sainte-Catherine , et l'emporta sur tous
ses rivaux au concours. Lorsqu'on apprit à
Amsterdam que Scheidmann avait cessé de vivre,
«t que Reincke occupait sa place, un des musi-
ciens les plus habiles de celle ville dit qu'il consi-
dérait Reincke comme bien audacieux, ou comme
fort habile s'il se montrait digne de succéder à
un si grand artiste. Instruit de ces propos,
l'organiste de Hambourg envoya à ce mu-
sicien un cantique allemand varié , en lui écri-
vant que ce morceau lui ferait connaître
celui qu'il appelait audacieux. Plus tard, le
musicien hollandais (it un voyage à Hambourg,
dans l'intention d'entendre Reincke sur l'orgue :
charmé de son habileté, il lui baisa les mains.
Le plus grand de tous les organistes, Jean-
Sébaslien Bacli, fit deux fois le voyage de Ham-
bourg pour entendre Reincke : à l'époque du
dernier voyage, cet artiste distingué était presque
centenaire. Cach joua devant lui pendant près de
deux heures, dans l'église de Sainte-Catherine;
le vieux Reincke lui dit, ajirès l'avoir entendu :
J'ai cru que cet art allait mourir avec moi ;
mais je vois que vous le faites revivre. Le
vénérable organiste mourut le 24 novembre
1722, à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans et
sept mois. Moller a été trompé par ses rensei-
gnements en fixant la date de la mort de Reincke
en 1603 (/oc. ci/.). Reincke n'a rien publié pour l'or-
gue, mais ses préludes et ses cantiques variés se
trouvent en Allemagne, dans les bibliothèques de
plusieurs amateurs. La publication du recueil de
ces pièces avait été annoncée dans les catalogues
de Leipsick (ann. 1688, p. 4a, et 1689, p. 33),
sous le titre de Jlortus musicus ; mais cette
promesse ne paraît pas avoir été réalisée. Le
seul ouvrage connu de Reincke est un recueil de
pièces pour deux violons et basse continue pour
le clavecin, lequel a pour litre : Sonatcn concert
tanten, allemanden , couranten, surabanden
und chiquen {&\c), auf zwei violincn und dem
cembalo, gravé sur des planches de cuivre,iu-fol.;
Hambourg, 1704 {voyezles Historisches Kemar-
ques (sic) desJahrs 1704, de Léhmann, n" 34,
p. 272). Il y a quelque chose de piquant et
d'animé dans le style de cet organiste , qui
marque un progrès sensible de l'iirt : on en re-
trouve des inspirations dans les œuvres de Bach.
REI^ECCIUS (CHnÉTiEN-FKÉDÉiuc) , ma-
gister cl recteur du gymnase d'Eisleben, naquit
dans cette ville, vers la fin du dix-septième siècle,
et y mourut, le 24 mars 1739, On a de lui une
dissertation intitulée : Programma de effectù
bus musices suspectis; Eisleben, 1729, 10-4° de
10 pages.
REIIVEGKE ou REINICKE (Chakles-Léo-
poi.d)j né àDessau,en 1774, fut destiné à la
tlR'oiogie dès son enfance, par son père , musi-
cien de la petite cour d'Anhalt-Dessau; cepen-
dant son goût décidé pour la musique changea
la résolution qu'on avait prise, et il lui fut per-
mis de se livrer à la culture de cet art. Ainsi
que beaucoup de musiciens allemands, Reinecke
apprit à jouer de plusieurs instruments, et pres-
que simultanément il prit des leçons de violon,
de clarinette, de cor anglais, de basson, de trom-
pette et de trombone. A l'âge de douze ans,
il fut mis en apprentissage chez un musicien de
ville, nommé Reichardt : il en sortit quatre ans
après pour entrer dans le corps des hautboïstes
du prince. Dans le même temps, il reçut des le-
çons de violon du directeur de musique Rust.
En 1790, Reinecke fut envoyé à Dresde par le
prince d'Anhalt-Dessau , pour y étudier Tbar-
216
REINECKE — RKIÎNELT
monie et le contrepoint, sous la direction de
Naumann. L'enseignement de celui-ci était pure-
ment pratique : il consistait à faire écrire par son
élève des morceaux de musique vocale et instru-
mentale, dont il corrigeait les fautes. Après deux
ans de séjour à Dresde, Reinecke retourna à
Dessau, et y fut d'abord employé dans l'orclies-
tre de la cour comme bassoniste, puis comme
chef de pupitre pour le violon. Le titre de
directeur de musique lui fut accordé après la
mort de Jacobi -. il fit preuve d'habileté dans cette
position, par les progrès de l'orchestre confié à
ses soins. Trois opéras de sa composition (Adé-
laïde de Scharffeneck , Fedora , Perronte el
Alfred ) furent représentés avec succès à
Dessau, et ajoutèrent à l'estime qu'on avait pour
ses talents. Un événement déplorable vint mettre
tin terme à l'existence heureuse et paisible qu'il
avait eue depuis vingt ans. Il s'était rendu à
Quedlinbourg pour y entendre l'exécution de
l'oratorio de Frédéric Schneider, le Jugement
dernier; au retour de cette excursion , le
13 octobre 1820 , les chevaux de la voiture qui
le ramenait s'emportèrent et le jetèrent dans un
précipice. Grièvement blessé , il fut transporté
dans la ville voisine, où après huit jours de souf-
frances horribles il mourut, à l'âge de quarante-
sept ans, le 22 octobre suivant, laissant une
veuve et huit enfants dans une situation peu
fortunée. Les trois opéras cités précédemment,
quelques symphonies restées en manuscrit, des
chansons allemandes , et quelques petites pièces
instrumentales sont tout ce qu'on connaît de la
composition de cet artiste.
RËIi\ECKE (J.-P.-R.) , professeur de mu-
sique à Alloua, a publié un opuscule élémentaire,
sous ce titre : Vorbereitender Unterricht in
der Musik iiberhaupt und im Piano-forie-
Spiel insbesondere, etc. ( Instruction prépara-
toire pour la musique en général et pour le jeu
du piano en particulier, etc. ); Altona, C. Aue,
1834, in-S" de 61 pages.
REINECKE (Charles), fils du précédent, est
né à Altona, le 23 juin 1824. Il reçut de son père
les premières leçons de chant, de piano et de
violon. Ses premiers essais de composition se
firent dès l'âge de sept ans; à onze ans il se fit
déjà connaître comme pianiste. Il vécut à Altona
jusqu'en 1843, mais au mois de mars de cette
année il se rendit à Leipsick, où il s'arrêta
quelques mois, puis il continua son voyage dans
Ie>'ord, donnant des concerts à Lubeck et à Co-
penhague. Au mois d'octobre 184.1 , il retourna à
Leipsick et y fit un séjour de trois années, f^cn-
dant lesquelles il termina ses études, se lia avec
Hendelsschn et Schumann, et joua plusieurs fois
dans les concerts du Gewandhaus. En 1846, il
donna des concerts à IJrênie et à Hanovre , puis
à Dantzick, à Kœnigsberj;, el enfin il retourna en
Danemark, où il oblint le litre de pianiste d€
la cour. Dans l'hiver dt> la même année, il revit
Leipsick, et au mois d'avril 1847, il alla s'établir
à Brème, où il resta deux ans. Au commencement
de 1851, il fit un voyage à Paris, et y donna un
concert, dans lequel il fit peu de sensation. De
retour en Allemagne, il obtint' la place de
professeur de piano à l'école rhénane de musique
de Cologne. En 1854, il abandonna celte (losilion
pour celle de directeur de musique à Bnrmen ,
qu'il quitta de nouveau en 18j9, pour succéder
àMosewius dans les places de directeur de mu-
sique de l'Université et de l'Académie de chant à
Breslau, qu'il occupe au moment oii cette notice
est écrite (1863). Parmi les compositions pu-
bliées de Reinecke, on remarque la [)arlition pour
le pianodu petit opéra DerVierjxhrige Posfen,
une ouverture pour un drame de Calderon, des
chœurs de voix d'homme avec orchestre, deux
quatuors pour des instruments à cordes, une
pièce de concert pour piano, avec petit orchestre,
un quatuor pour piano { op. 34), un trio pour
piano (op. 38), une sonate pour piano à quatre
mains (op. 35), une idem pour piano et violoncelle
(op. 42), et des pièces de différents genres pour
piano seul. M. Reinecke a en manuscrit des sym-
phonies, des ouvertures et des chœurs.
RE IIVELT (François), né à Muhlseiffen(Silé-
sie), le4 octobre 1778. Son père, insfituleur dans
ce lieu, ayant remarqué ses précoces dispositions
pour la musique , lui fit apprendre à jouer de
plusieurs instruments, particulièrement du piano
et de l'orgue. Ses progrès furent rapides, et
bientôt les leçons qu'il recevait à Muhiseiffen
devinrent insuffisantes. 11 alla alors passer quel-
ques années chez un organiste de la Bohême,
de qui il reçut une instruction plus solide. De
retour en Silésie, il se sentit du goût pour l'en-
seignement , et entra en 1795 h l'école normale
de Glatz. Après y avoir terminé ses études , il
retourna chez son père, pour l'aider dans ses
fonctions. Au mois d'août 1799, il fut nommé
instituteur adjoint à Lewen; mais il n'y resta
que jusqu'au mois de janvier 1800, où il reçut
sanoiniiialion d'instituteur communal à Sarkisch.
Il en remplit les fonctions jusqu'en 1810. Dans
cette année, il fut rappelé à Lewen, en qualité de
régent du chœur, et garda cette position pendant
quatorze ans. Enfin, en 1824, les places de rec-
teur du collège et de canior de la petite ville de
Habeischwerdt, près de Glatz, lui furent con-
fiées, et il y passa le reste de sa vie. Les composi-
tions écrites par Reinelt sont presque foutes pour
RELNELT — REL\ER
217
l'église : on y remarque des vôpres, des psaumes,
une messe de Requiem, et plusieurs Salve
Reglna. Le 21 octobre 184-5 a été un jour remar-
quable dans la vie de cet iiomme respectable :
il y fêta le cinquanlième anniversaire de son
entrée dans la carrière de l'enseignement : il
reçut des tiUnoignages d'affection de toute la
population d'Habelscliwerdt, et le roi de Prusse,
à celle occasion, le décora de l'ordre du Mérite.
BEII\EI\ (Thom.vs), clianoine de l'abbaye
de Steinfeld, en Weslphalie , et curé du village
de Kirclulaun, naquit à Durensur laRoer, vers
le milieu du dix-septième siècle, et mourut le
7 septembre 1690. Au nombre des ouvrages qu'il
laissa en manuscrit à l'abbaye de Steinfeld, se
trouvait celui qui avait pour titre : Philomela
choralis, seu de cantu chorali, en 2 volumes
in-4".
BEII\ER (Jacques), moine bénédictin, maître
de musique de l'abbaye de Weingarten , en
Souabe, dans la seconde moitié du seizième
siècle, a composé un grand nombre de morceaux
de musique sacrée, desquels on a imprimé les
suivants : 1° Caniionesb et 6 vociim; Munich,
1579, in-4". — 2"Cantiones germanica; 4 et 5
vocum, et vivx voci ac musicis instrumentis
accomodatx ; ibid., 1581 , in-4". — 3" Psalmi
pœniienliales 3 vocibus concinnati; ibid., 1586.
— 3° ( bis ) Chrisiliche Gesang , teutsche
Psalmen , mit drey Siimmen zu singen
( Citants chrétiens ou psaumes allemands à
chanter ii 3 voix); Dillingen, Joli. Meyer, 1689,
in-4'' oblong. — 4" Teutsche und lateinische
Liederviit 3 und 4 Stimmen; Lauingen, 1593,
in-4'^. — 5"^ Cantiones seu motetx 4 et b vo-
cum, adjunct. est Magnijicat ; Gostnilz, 1595.
— 6" Motetx sacrx b et G voc; Costnitz, 1595.
— 7" Cantiones 6, 7, 8 adjunctaque una iO vo-
cum; Munich, Adam Berg, 1591, in-4° obi. — 7°
(b\s) Cantica seu motctœ ex sacris script, de-
stimptx a quatuor et quinque voces summo
studio et singulari artificio concinnatx et
compositx. His accesserunt adhuc alixcom-
positiones super canticum B. Marix Virginis
Magnificat, sitnili studio elahoratx ; Constan-
tix; ex of/icina Eberhardi Straub , anno
1595, in-4° obi. — 8" Liber Motettarum sive
cantionum sacrarum sex et octovocum, voci
et instrumentis accomodatarum , Jacobi
Reineri monastevii celebeirimi Weingar-
teiisis musici; Monackii, apud JSicolaum
Henricum, 1600, in^". — 9" Sacrarum -mis-
surum sex vocum, lib, I. Authore Jacobo
Reinero, monasierii Weingartensis Chorimu-
sici magistro ,• Dillingx, excudebat Adamus
Meltzer, 1604, in-4". — 10" Cloriosissimx
Marix Virginis Dei genitrix canticum quod
vacant Magnificat decies octonis vocibus ad
octo modos masices compositum una cum
duplici antiphona , salve Regina totidem
decantanda ; Yrancforl, 1604, in-4". — 1 1° 3/o-
t et tarum sive cantionum sacrarum sex vocum
voci et instrumentis accomodatarum ,• Augs-
bourg, 1604. La seconde édition a paru à Dillin-
gen, en 1606, in-4°. — 12° Canticum gloriosis-
simx Virginis Marix sex vocum; Dillingen,
1605, in-4''.
RE1I\ER (Ahbroise), maître de chapelle de
Tarchiduc d'Autriche Ferdinand-Charles , vers le
milieu du dix-septième siècle , vécut ({uelque
temps à Prague, puis à Inspruck. Il a publié de
sa composition : 1° Motet ti a 2, 3 e 4 voci, con
violini, lib. I; Munich, I6ib,'m-i'. —-2' Motetti
a 4, 5 e 6 voci con2 violini, lib. II; ib., 1648.
— 3° Motetti a 8 voci, lib. 111; ib., 1654. —
4° Salmi a 8 voci con violini, lib. IV ; ibid.,
1654. — 5° Missx quinque vocum et trium ins-
trumentorum necessariorum cum aliis tribus
ad libitum, lib. V; Inspruck, M. Wagner, 1655.
Ces messes sont curieuses sous le rapport de
l'instrumentation : indépendamment de la partie
de viole ou d'alto ordinaire, on y trouve
trois violes da braccio, dont la première est
écrite avec la clef d'«< sur la troisième ligne, la
deuxième avec la clef de ténor, et la dernière
avec la clef de fa sur la quatrième ligne. Dans
la cinquième messe , il y a deux cornets écrits
comme des parties de clarinettes, basson et trois
trombones combinés pour des effets d'une origi-
nalité remarquable.
REIA'ER (FÉLIX), né à Eichstadt, en 1732,
était fils d'un musicien au service du prince-
évêque de celte ville. Après avoir étudié les élé-
ments de la musique et du basson sous la di-
rection de son père, Use rendit à Munich, en 1750,
el y fut placé dans un régiment d'infanterie, en qua-
lité de bassoniste. Le duc Clément de Bavière , co-
lonel de ce régiment, le pritsous sa protection, ellui
fournit les moyens de voyager en Italie. Arrivé à
Turin, Reiner y reçut des leçons du célèbre Jérôme
Besozzi, qui en lit le bassoniste le plus distingue de
l'Allemagne à cette époque. Reiner se rendit ensuite
à Rome, en 1760, et y excita autant d'étonnement
que de plaisir par la perfection et l'expression
de son jeu. De retour à Munich, il y entra dans
la musique de la cour, et continua d'y développer
son lalent par une étude constante. Dans les
vovages qu'il fit ensuite en Allemagne, en France
et en Angleterre, il fut considéré comme l'artisle le
plus habile de son temps sur le basson. Il mourut
à Munich, en 1782, laissant en manuscrit quel-
ques compositions pour son instrument.
218
REINER — REINHA.RD
Reiner a eu deux enfants. Sa fille (lùiplirosine),
née à Munich, le 2 aoftt 1786, commença l'étude
de la musique chez Camerloher, nuiitre de cha-
[\e\\e à Freising, puis étudia le cliant sous la di-
rection de Raff. Ayant fait un voyage à Paris,
elle fut bien accueillie à la cour, et se livra
à l'enseignement du chant. Les événements de
la révolution française l'obligèrent à chercher
lin refuge dans un couvent; mais elle retourna
à Paris sous le Consulat, et fut chargée de l'en-
seignement du chant à l'institution impériale
«i'Écouen , dirigée par M™" Campan. Elle est
morte à Saint-Germain, près de Paris, en 1831.
l'élix Reiner, (ils du célèbre bassoniste, naquit
à Freising, en 1780, lit ses études musicales à la
cathédrale de cette ville, et devint ensuite élève
de Winter et de Danzi pour le chant. \in 1803
. il débuta au théâtre de la cour de Munich, et y
obtint un brillant succès dans le rôle deSarastro
de la Flûte enchaniée. Nommé immédiatement
après chanteur de la cour, il aurait eu vraisem-
blablement une belle carrière, si la mort île
l'avait enlevé à l'art et à ses amis, le 3 janvier
1808, à l'âge de vingt-huit ans.
REINER (Joseph-Ewald) , avocat et secré-
taire de la ville d'Osteritz, dans la Lusace
saxonne , est né le 25 janvier 1784, à Warthau,
près de Bunzlau, en Silésie. Après avoir fait ses
études littéraires et musicales chez les jésuites
de Glogau, il fréquenta les cours du gymnase
catholique de Breslau, puis se rendit, en 1805,
à Leipsick pour étudier le droit. Le résultat de la
bataille de Jéna lui ayant fait perdre l'espoir
d'obtenir un emploi en Prusse, il resta à Leipsick,
et s'y livra à l'enseignement de la musique,
particulièrement de la guitare, dont il jouait avec
habileté. Dans un voyage qu'il fit à Altenbourg,
il obtint la protection de la duchesse de Cour-
lande, qui le recommanda à sa sœur Élise de
Recker, comtesse de l'Empire, fixée à Leipsick.
Dès ce moment sa position dans cette ville de-
vint agréable, et son existence fut assurée. Après
y avoir achevé en 1809 ses études universitaires,
il obtint à Baut/en le titre de référendaire, et
plus tard il fut nommé secrétaire de la ville à
Osteritz, où il vivait encore en 1850. Reiner s'est
surtout distingué comme compositeur de chansons.
On a de lui quelques œuvres de pièces pour la
guitare, gravés à Leipsick, chez Hofmeister.
REINGOT (Gilles), musicien belge de la
fin du quinzième siècle, naquit vraisemblahieinent
dans le Hainaul, et peut-ôtre à Mons, où il y
avait plusieurs familles de ce nom. Dans le troi-
sième livre de VOdhecaton, imprimé en 1503,
|)arOltavianoPetrucci(roye2cenom),sous le titre
particulier Canli C'a" cenlo cinquanla, on trouve '
de ce musicien une chanson française à quatre
voix, sur la mélodie populaire For seulement,
qui a servi de thème à beaucoup de compositeurs
des quinzième et seizième siècles.
REIAIIARD ( André ), organiste et notaire
à Schnceberg, au commencement ilu dix-septième
siècle , est connu par un livre qui a pour titre :
Musica sive Guidonis Aretini de usu et cons-
titutione monochordi, dialogus jam denuo
j'eco(;?«7us; Leipsick, impcnsis Joli. Rosiibibliop.,
1604, in- 12. On se tromperait si l'on croyait,
d'après ce titre, que l'ouvrage dont il s'agit ap-
partient à Gnido d'Arezzo : il a été composé par
Reinhard, d'après les écrits de cet homme cé-
lèbre. Gerher a fait deux ouvrages différents du
même livre, en le citant dans son premier Lexique
sous le titre de Monochordon, d'après une fausse
indication de Draiidius, et dans l'autre sous le
titre véritable. Le dialogue, supposé de Guido,
forme 5 feuillets non chiffrés, précédés d'un feuil-
let qui contient une lettre de Reinhard au li-
braire qui a fait imprimer l'ouvrage. Ce dialogue
renferme des règles pour diviser le monocorde
par la méthode arithmétique des modernes : il
n'y a rien de semblable dans les ouvrages de
Guido. Il est suivi d'un second frontispice qui
porte ce titre : Monochordum Andreœ Rein-
hardi, JSivimontani; Lipsix, Valent inamEnde
imprimabat , typis Uxredum JBeyeri, anno
Christ i 1604 (64 |)ages). A la dernièie page on
lit : Lipsix, sumptibiis Joh. Rossii bibliop.
Le second titre du livre indique le lieu de nais-
sance de Reinhard, car Aiviinontanus est le nom
latin de Schnceberg (montagne de neige) môme,
ville de la Saxe où il était organiste et notaire.
Reinhard a laissé aussi en manuscrit un livre
intitulé': Methodus de arte musica, percoti-
cinne suis numeris et notis elaborata ,• 1610.
Cet ouvrage existait dans la bibliothèque des
carmes déchaussés d'Erlurt en 1758, lorsque Ade-
liing a écrit la première édition de son Intro-
duction à la littérature musicale (Anleit. zu der
musikalischen Gelahrtheit, page 279).
REINHARD ( Michel-Henri ), docteur en
théologie , né à Hildburghausen , le 18 octobre
1078, fut surintendant général et prédicateur
de la cour àWeissenfel.s,et mourut d'une attaque
d'apoplexie, le 1" janvier 1732. En 1009, il
soutint à l'université de Wiltenberg , pour le
grade de docteur, une thèse sur les instruments
de musique des Hébreux, qui fut imprimée sous
ce titre : Organophylahion inusicum codicis
llcbrxi, in disptitalione pro loco in amplis-
simo philosophorum ordine bénévole sibi con-
cessa ad d. 5 ISovcmb. anno 1099 habenaa.
Wiltenberg, 1099, in-4°.
REINHARD
219
REINHARD (LÉoNAno), né à Angsbourf,',
en 1710, fut organiste de l'église lutl.érienne
Snint-Jacqiies de cette ville, où il vivait encore
en 175G. Il a publié un livre qui a pour titre :
Kurzer und deutlicher Unterricht von dem
Generalbuss, etc. (Méthode brève et claire de
la basse continue, dans laquelle on montre, par
des règles certaines et des exemples faciles, d'après
le système musical le plus moderne, comment les
commençants peuvent parvenir de la manière la
plus aisée à un degré d'instruction solide dans
cette science) ; Augsbourg, 1750, in-S".
REII\IIx\RD (Jean-Paul), professeur de
pliilosopliie à Erlangen, mort dans cette ville, le
10 juin 1779,estauteur de plusieurs bons ouvrages,
parmi lesquels on remarque : Einleiiung z\i einer
allgemcinen Geschichte der Gelehrsamkeit
( Introduction à une histoire générale de la
science) ; Erlangen, 1779, in-4". Le premier vo-
lume seulement de cet ouvrage a paru, et la pu-
blication a été arrêtée par la mort de l'auteur.
11 y donne un aperçu de l'histoire de la musique,
pages 194-211.
REINHARD ( B.-François ) , imprimeur à
Strasbourg, naquit à Huningue, en 1765, et fut
envoyé à Colmar pour y (aire ses études. Pen-
dant son séjour en celte ville, il se sentit en-
traîné vers la typographie par un penchant irré-
sistible, et se construisit une petite presse, en
178C. Cultivant aussi la musique, il conçut le
projet de nouveaux caractères mobiles de mu-
sique et de procédés particuliers pour l'impres-
sion. Ses premiers essais ne réussirent pas; mais
arrivé à Mayence, où il s'était rendu pour se .sous-
traire à de fâcheux rapports dans sa patrie, il
commença à y atteindre son but. Rappelé par
ses parents à Strasbourg, en 1790, il s'y associa
avec Sébastien Reithinger, né à Baut/.unheim
(Haut-Rhin), graveur de caractères, qui fit les
poinçons et les matrices des types destinés à la
nouvelle imprimerie musicale de Keinhard ; mais
les premiers essais présentèrent tous les incon-
vénients de l'interruption des filets de la portée
qu'on remarquait précédemment dans les carac-
tères de Breilkopf, d'Enschedé et de Fournier.
Alors Reinhard conçut le projet de faire stéréo-
typer les planches composées en caractères mo-
biles, et de faire retoucher au burin les lignes de
la portée dans le moule destiné à la tonte de la
planche stéréotypée : le résultat de son opération
donna une musique dont l'impression était fort
supérieure à tout ce qu'on avait fait précédem-
ment. Plus tard, la dépense de ce procédé l'en-
gagea à essayer de l'impression de la musique en
deux tirages, déjà employée dans les dernières
années du quinzième siècle par Petrucci, et re-
nouvelée dans le dix-huitième par Gando à Pa-
ris. Dans l'automne de l'année 1791, IVîinhard et
Reithinger s'éloignèrent de Strasbourg et allè-
rent s'établir à Huningue, puis (en 1792) à Ribeau-
villers (Haut-Rhin), où ils continuèrent leurs tra-
vaux jusqu'au printemps de 1793. De retour à
Strasbourg dans la même année, ils commen-
cèrerft à imprimer. Le premier ouvrage sorti de
leurs presses fut im œuvrede quatuors de Pleyel.
Cependant, soit que la dépense fût encore trop
considérable par ce mode d'impression, soit que
l'habitude que les amateurs de musique ont de
la gravure ait nui à la musique imprimée, le suc-
cès ne répondit pas aux espérances de Reinhard.
La mort de Reithinger acheva de déranger ses
calculs, et l'obligea en 1796 à renoncer à la ty-
pographie, et à aller, avec les débris de ce qu'il
possédait autrefois, chercher fortune dans le
commerce à Paris. L'annonce des procédés d'O-
livier et Godefroy pour l'impression de la mu-
sique, en 1801, lui lit envoyer aux journaux une
réclamation dans laquelle il revendiquait la prio-
rité d'invention, quoique le principe de la nou-
velle typographie musicale n'eût point de rapport
avec le sien. En 1801 il s'est de nouveau établi
à Strasbourg, et y a élevé une nouvelle impri-
merie de musique. On lit dans les Notices histo-
riques, stotisiiques et littéraires sur la ville
de Strasbourg, par Jean-Frédéric Hermann,
ancien maire de celle ville (Strasbourg, 1817,
t. II, p. 408), qu'il modifia alors son procédé de
manière à imprimer en un seul tirage les lignes
des portées elles queues des notes en encre pâle,
et tout le reste en encre noire et brillante. Cepen-
dant le succès pour sa fortune ne fut pas meil-
leur que la première entreprise, et bientôt après
il fut obligé de l'abandonner définitivement.
J'ignore l'époque de la mort de ce typographe.
REINHARD (Charles), né dans le duché
de Gotha, en 1763, servit d'abord en qualité de
lieutenant d'infanterie dans les troupes de He.sse-
Cassel, puis se lit acteur d'opéra, et_ débuta en
1787, à Cologne et à Bonn, dans la troupe dirigée
par Kloos. Après la dispersion de cette troupe,
Reinhard se rendit en Hollande, en 1789, et y
chanta dans les deux opéras allemand et hollan-
dais. Engagé l'année suivante au théâtre de
Schwerin, il suivit ensuite le directeur de spec-
tacle Tilly à Lubeck et à Brunswick. En 1793,
il entra au théâtre de Hambourg, et y chanta
pendant dix ans dans les principaux opéras de
cette époque. En 1803 il fut engagé au théâtre
de Berlin; mais il n'y resta que deux ans, et en
1805 il reçut un engagement au théâtre de Mu-
nich. Sans être musicien distingué, il chantait
avec goût et se servait avec adresse d'une voix
220
RF.1^HARD — RKINTHALER
qui réunissait la douceur et la force. Rcinliard
s'est fait ronnallre aussi comme écrivain par
quelques drames et par des écrits |K)litiques.
REliMIARDT (Jean-Georces), troisième
organiste de l'empereur à Vienne, dans les années
1721 à 1727, a laissé en manuscrit : 1° Litanix
D. B. M. V. quatuor vocum. — 2° Pasto-
relia sopra il tema : In duici jnbilo, etc., per
l'organo. — 3° Des pièces pour le clavecin.
REINHARDT (Jean-Christophe), maître
deciiapeile du duc de Saxe-Gotha, et organiste
de la cour, vers la (in du dix-huilième siècle, fut
d'abord attaché au service du prince de Leinin-
gen, et ne le quitta, en 1795, que pour entrer
chez le duc de Gotha. Il mourut dans celle der-
nière position, le 14 décembre 1821. On a de cet
artiste des chansons religieuses et morales, im-
primces à Gotha, en 1788.
REINHARDT (Georges), clarinettiste dis-
tingué, est né à Wùrzbourg , le 28 septembre
17*9. Fils d'un musicien au service de cette pe-
tite cour, il apprit dès son enfance à jouer de
presque tous les instruments, et fut plus tard
élève de Meissner, virtuose sur la clarinette.
Apres quelques voyages, il s'arrêta à Wiesba-
den, et y prit un engagement à l'orchestre ; puis
il s'établit à Darmstadt, et y entra dans la cha-
pelle du grand-duc de Hesse ; mais il y resta
peu de temps, et quitta cette position pour en-
trer à l'orchestre du théâtre de Francfort. En
1831, le roi de Wurtemberg lui accorda un enga-
gement de clarinettiste solo pour toute sa vie.
Depuis lors il n'a plus quille Stuttganl. Rein-
hardi a fait plusieurs voyages en Allemagne, et
js'est fait entendre avec succès à Vienne, Berlin,
et dans quelques autres grandes villes. Schilling
compare le talent deReinhardt à ceux de Herm-
staedt et de Bœrmann, et le considère comme les
ayant égalés. On ne connaît pas jusqu'à ce mo-
ment de compositions pour la clarinette de cet
artiste. Il était encore attaché à la musique du
roi de Vùrlemberg en 183S, lorsque j'ai visité
Stuttgard.
REIl\IIOLD (VVerner), savant éditeur de
Térence, né dans la Poméranie, était fixé à Pase-
walk, dans cette province, en 184:). Au nombre
de ses écrits se trouve une dissertation intitulée :
IJebcr die Amvcndung der Musikin der Co-
mœdien der Allen (Sur l'emploi de la musique
dans les comédies des anciens); Pasewalk, 1839,
pelil in-8'' de 38 pages.
REINIIOLDT (Théodore-Christlieb), di-
recteur de musique à l'église de Sainte Croix, à
Dresde, obtint cette place en 1723, et l'occupa
jusqu'à sa mort, en 1755. Il fut le prédécesseur
d'Homiliu» {voyez ce nom), et le mattre de Mil-
ler, qui lui dédia, en 1753, sa dissertalion sur
l'imitation de la nature dans la musique {voyez
Hiller ). Reinholdl s'est fait connaître par un
opuscule qui a pour litre : Einige zur Musik
gehœrige poetische Gedanken, bei Gelegenkelt
der schœnen neuen m der Frauenkirche in
Dresden verferUgten Orgel (Quelques idées
concernant la musique poétique, à l'occasion du bel
orgue nouvellement érigé dans la Frauenkirche,
à Dresde), Dresde ; 1736, in-4o de 4 feuilles.
REIIVIÎASTEIV (M.- C), musicien à Ham-
bourg, vivait dans celte ville vers la fin du dix-
huitième siècle. Il a laissé en manuscrit, de sa
composition: 1° Trois sonates pour clavecin,
avec violon et violoncelle, op. t. — 2** Trois
idem, op. 2. — 3' Trois solos pour clavecin. —
4° Concerto pour le basson. — 5° Stimme der
Liebe (La Voix del'amour), cantateà voi\ seule,
avec dix instruments.
REINKE (Jean-Adam). FoyesREIlXCKE.
REINMAiMlV (Georges-Frédéric), auteur
inconnu d'un livre élémentaire intitulé : Musik-
Biichlein (Petite Méthode de musique) ; Erfurf ,
1644, in-8".
REINMANIV (Jean-Hartmann), directeur
de la chapelle du duc de Saxe-Saalfeld, naquit à
Saalfeld, le 17 avril 1677. En 1707, il entra comme
musicien de la chambre chez le duc Jean-Krnest,
qui l'envoya chez le maltrede chapelle Erlebach,
pour apprendre la composition. Sept ans après,
le prince le nomma son maître de chapelle.
Rcinmann composa ensuite un oratorio de' la
Passion, dont le prince avait écrit les paroles. Il
mourut à Saalfeld, le 10 novembre 1728.
REIi\THALER (Charles) fut d'abord
canior àErfurt, et y vivait en 1837. Suivant le
Tonkiinstler-Lexikon Berlin'' s, de M. de Le-
debur (p. 444), ce musicien aurait fait son édu-
cation musicale à Beilin, sous la direction de
M. le professeur Marx, dans les années 1844-49;
mais ce fait est certainement inexact, puisque
l'on voit dans la Gazette générale de musique 'le
Leipsick ; année 1839, p. 103 ) que Charies Rein-
thaler avait publié ses premiers ouvrages à Er-
furt et à Leipsick en 1837. En 1854 il fut appelé
à Colofjne comme professeur de l'école de inu.
sique établie en cette ville, et dans l'année sui-
vante il dirigea à Londres l'orchestre de l'opéra
allemand. Après la mort de Riem, en 1857,
Reinthaler lui sucrt^da en qualité de directeur de
musique à Brème. Ses compositions publiées ont
pour titres : 1° Gesxnge nnd Lieder zu ciner
hohen Feier der heiligen Taufe (Chants et
mélodies pour la fêle du saint baptême) ; Erlurt,
1837. — 2" Die heilige Gcburt unsers Herm
(La sainte Nativité de Notre-Seigneur), 25 chants
REINTHALER — RKISIG
221
pour nn cliœiir de voix mêlées, à l'usage de la
fête de Noël); Erfurt et Leipsick, Dœrffling et
Franke, in-S". H a été fait trois éditions de cet
ouvrage. — 3° Tafellieder fur deuische Glau-
hcnsbrûder (Collections de Lieder pour les
Frères apôtres allemands (1); ibid., in-8». —
4" Lieder pour voix de soprano avec piano, en
2 suites, op. 2; Berlin, Bote et Bock. — 5° Trois
poèmes mélodiques, chants du soir, idem, op. 3 ;
Berlin, Schlesinger. — 6" Trois poèmes mé-
lodiques, idem, op. 4; ibid. — 7° Six Lieder
à 4 voix ; Cologne, Schloss. — 8" Six Lieder à
voix seule avec piano ; ibid. Reinthaler a pu-
blié aussi une collection de musique d'église
de plusieurs compositeurs, sous ce titre : Die
hcilige Passion unsers Ilerrn ( La sainte Pas-
sion de Notre-Seigneur ); Erfurt, 1837. Les au-
teurs dont on trouve des pièces dans ce recueil
s',)iiî Hajndel, Christophe Agthe, Henri Lausmann,
>i'anini et Palestrina. On a aussi de lui l'oratorio
Jephté, composition estimée, qui a été exécutée
avec succès dans plusieurs villes de l'Allemagne
et en Hollande. Il écrivit cet ouvrage à Cologne.
Le 90116 Psaume, pour deux chœurs, de sa com-
position, a été exécuté à TAcadémie de chant de
Berlin, le ter décembre 1848.
BEIIWVALD (Locis), musicien au service
du prince de Hildburghausen, vers la fin du dix-
huitième siècle, s'est fait connaître par les ou-
vrages suivants : 1" Deuxsymphoniesà9 parties,
•op. 1 ; Berlin, Hummel. — 2" Des recueils de
<lanses pour le piano; ibid. — 3° Instruction
pour le piano ; ibid. — 4' La célébration de la
paix : Heil uns, chant en chœur avec piano;
Hambourg, 1797.
REISCH (Georges), prieur de la Chartreuse
près de Fribourg en Btisgau , vers la fin du
quinzième siècle, fut d'abord premier confesseur
do l'empereur Maximilien Kr. ii est auteur d'une
encyclopédie par ordre de matières qui a été
publiée sous ce titre : Margarita philosopliica,
iotiusphilosophicp rationalis etmoratis prin-
cipia duodecim libris dialogice complectens ;
Friburgi, Joannes Schotus , 1503, in-S». Une
■deuxième édition fut imprimée à Strasbourg en
1504, une troisième dans la même ville en 1508,
«t une quatrième en 1512. Brunninger en donna
une cinquième, aussi à Strasbourg, en 1515,
in.4'', gothique, avec des additions relatives aux
alphabets grec et hébreu , à la composition des
carrés magiques, à la quadrature du cercle, à la
cubation de la sphère, etc. Oronce Fine en a
donné aussi des éditions augmentées et retou-
(t) Secte religieuse, qui prit naissance en AlIcmaRne
AU commencement du dix-neuvième siècle.
cliées dans ce qui a rapport aux sciences ma-
thématiques, à Paris, en 1523, in-i", et à Bâie,
en 1534, in-4''. Lecinquièmelivrede cet ouvrage
traite delà nr.usique : il est divisé on deux par-
ties, la première, spéculative, en 19 chapitres, l'au-
tre, pratique, en 13 chapitres. Jean-Paul Galluci,
de Salo, a donné une traduction italienne de la
Margarita philosophica, avec des notes sur le
livre de la. musique; Venise, Barezzo Barezzi,
lo90,in-4°.
REISER (Antoine), théologien prolestant,
ni' à Augsbourg, le 7 mars 1628, fréquenta plu-
sieurs universités pour y faire ses éludes, et eut
une vie agitée par les troubles religieux auxquels
il prit part. Nommé d'abord pasteur à Schmaitz,
piiisàPresbourg, il voulut s'opposer à l'intro-
duction du calvinisme dans l'église de cette
ville , en 1672 ; mais il fut emprisonné, dépouillé
de tout ce qu'il possédait, condamné à la peine
capitale, puis gracié de la vie, et chassé du
territoire de la viHe, avec sa famille. De retour
à Augsbourg , il y occupa quelques emplois
obscurs dans l'église, et obtint enfin le pastorat
à l'église de Saint-Jacques, à Hambourg -. il y
mourut le 27 avril 16S6. Reiser était un de ces
théologiens ardents de l'école de Luther qui ne
reculaient jamais devant les conséquences de
leurs opinions religieuses. A peine échappé aux
persécutions de Presbourg, et rétabli dans une
position honorable à Hambourg, il s'y déclara
l'antagoniste de l'Opéra allemand qui s'y était
établi nouvellement, et l'attaqua dans un livre
intitulé : Theatromania, oder die Werkeder
FinsternisSfin denœffentlichen Schauspielen
von den alten Kirchenlehren und cilichen
heydnischen Schribenlen verdammt (Théatro-
manie, ou les (euvres des ténèbres condamnées
dans les spectacles publics, par les anciens
théologiens et par quelques écrivains païens);
Ratzebourg, 1681, in- 12. Christophe Raucli
(voyez ce nom ) ayant publié une réfutation de
cet écrit dans sa Theatrophania, etc., Reiser
lui fit une vigoureuse réponse intitulée -. Der
gewissenlose Advocat mit seiner Theatro-
phanie kûrzlich àbgefertigt (L'avocat sans
conscience lestement expédié avec sa Théatro-
|)hanie) ; Hambourg, 1682, in-12.
REISIG (Michel), né à Stolberg, dans la
Misnie, en 1584, fut d'abord musicien de ville à
Chemnitz, puis organiste à Augusteubourg et
musicien de la chambre de l'électeur de Saxe.
Son habileté sur le grand cornet d'Allemagne lu!
fit une brillante réputation : il était aussi consi-
déré comme un compositeur distingué. Reisig a
laissé beaucoup de compositions vocales et ins-
trumentales en manuscrit ; on n'a imprimé de
222
REISIG — REISSIGER
8C5 ouvrages qu'un motet à huit voix , qui parut à
Leipsicii, en IC19.
REISIG (GoTTLiEB ou Théophile), directeur
de niusi(iue et recteur de l'école latine de Licli-
tenstein, naquit à Meissen, le 30 août 166i. Après
avoir achevé ses études à l'université de Leip-
sick, il fut nommé par le comte de Schœnbourg,
en 1695, cantor à Lichtenstein, et trois ans
après recteur à l'école latine et directeur de
musique, tant à la cour qu'à l'église. Reisig a
laissé en manuscrit un livre auquel il travaillait
en 1734, et qu'il a désigné sous le titre de Tri-
folium historico-critician. Cet ouvrage était
divisé en trois parties : la première conlenait
des notices sur la vie et les ouvrages des meil-
leurs musiciens allemands; dans la deuxième,
on trouvait la description des principales orgues
de l'Allemagne, avec des renseignements sur les
facteurs qui les avaient construites et les meil-
leurs organistes. La troisième partie était un
dictionnaire technologique de la musique. On
ignore où a passé ce manuscrit.
REISIG (Jean-Uesi.\min). On a sous ce
nom, qui était probablement celui d'un étudiant
de l'université de Leipsick , une dissertation
académique intitulée : De vi aeris in sono;
Leipsick, 1767, in-4'' de 32 pages. Feu mon
digne ami Dehn, de regrettable mémoire, consi-
dérait Daniel- Chiistian Burdach, naturaliste
de Leipsick , comme le véritable auteur de cette
dissertation.
REISS (Antoine), célèbre facteur d'orgues,
né en 1741, à Trautenaw, en Bohême, apprit la
théorie et la pratique de son art à Vienne, à
Breslau et à Dresde. Il finit par se fixer à Pra-
gue, et y acquit une grande renommée par la
beauté de ses instruments. Il mourut à Prague,
le 30 avril 1815, à l'âge de soixante ans. Parmi
ses principaux ouvrages, on remarque : 1* Le
bel orgue de l'église Sainte-Pauline, à Prague,
placé plus tard à l'église cathédrale de Leitmeritz;
— 2° Un très-bel orgue dans l'église de Schlau.
-— 3° L'orgue des franciscains dans le même
Heu. — 4° L'orgue de l'église des Servîtes, à
Rabenstein. — 5° La reconstruction du grand
orgue de Strahow. — 6° Le bel orgue de l'église
paroissiale de Neuhaus, achevé en 1802. Reiss*
s'est fait connaître aussi comme facteur de pianos.
REISS (Charles-Henri-Adoli'He), né à
Francfort-sur-le Mein, en 1829, est fils d'un mé-
decin. Il étudia le piano sous la direction de
Rosenhain, et Ferdinand Kessier lui enseigna la
théorie de l'harmonie. En 1847 il alla continuer
ses études mii.^icales chez Hauptmann, à Leip-
sick. L'accueil bienveillant qu'il y trouva près
de Mcndeissohn, de Gadc cl de Mosciieles exerça
une influence salutaire sur ses dispositions pour
l'art. De retour à Francfort, il y dirigea d'abord
une société de chant; puis il alla, en 1849, di-
riger l'orchestre du théâtre de Râle, d'où il passa
à ceux de Wurzl>ourg, de Cologne etdeMayence.
Dans cette dernière ville, il dirigea aussi la so-
ciété de chant d'hommes {fJederta/el) et celle
des dames {Daniengcsangwerein) . En 1856, il
succéda à Bott dans la place de second maître
de chapelle de la cour de Cassel. Les composi-
tions de Reiss pour l'église, la chambre et le
concert ont été publiées chez divers éditeurs,
particulièrement chez Schott, à Mayencc. 11 a
fait représenter dans celte ville l'opéra- comique
intitulé: CaniemfaO;jer (L'Opéra de carnaval),
et l'opéra romantique Otto der Schiiti (Ollion
l'Archer) : tous deux ont eu du succès.
REISSIGER (Chrétien-Théophile), ca7i-
tor à Beizig, près de Witlenberg, né vers 17C0,
fit ses études musicales à Dresde, sous la di-
rection de Tûrk. Il a publié trois symphonies à
grand orchestre, à Dresde, en 1790.
REISSIGER (CiiARLES-TKÉorHiLE), fils du
précédent, maître de chapelle du roi de Saxe,
naquit' le 3i janvier 1798, à Beizig, près de Wit-
lenberg. Élève de son père, il se faisait déjà re-
marquer dès sa dixième année par son habileté
sur le piano. Eu 1811, il eut le bonlieur d'être
admis comme pensionnaire à l'école Saint-Tho-
mas de Leipsick , où il reçut des leçons de
Schicht pour l'harmonie et le piano. Dans les
années 1815 et 1816, il écrivit quelques motets
qui furent ses premiers essais dans la composi-
tion. En 1818, il suivit les cours de l'université
de Leipsick, particulièrement pour la théologie,
mais sans interrompre ses travaux relatifs à lu
musique. Un goût passionné l'entraînait vers
cet art ; mais pour s'y livrer sans réserve et
abandonner la théologie, espoir de son avenir,
il était trop pauvre ; son excellent maître Schicht
le tira d'embarras, en obtenant par les soins de
son gendre, directeur de l'assurance contre l'in-
cendie, et par l'appui de quelques amis de
Berlin et de Leipsick, une pension de trois an-
nées, qui permit à Reissiger de se rendre à
Vienne, en 1821, pour y continuer ses travaux
de composition. 11 y écrivit son premier opéra :
Das Bockenweibchen (La Petite Fileuse), dont la
censure ne permit pas la représentation, mais
dont l'ouverture, exécutée dans quelques con-
certs, fit connaître sous un as|)cct favorable le
talent du jeune compositeur. Plusieurs autres
ouvertures composées pour le Hofburgtheater
lui procurèrent ses entrées aux théâtres impé-
riaux. L'Opéra allemand était alors bien composé;
Reissiger tira quelque fruit de l'audition des
REISSIGER
223
bons ouvrages exécutés par d'habiles artistes.
Avant de quitter Vienne, il se fit entendre avec
beaucoup de succès dans un concert donné au
tlii'àtre de la cour : il y chanta un air de basse
de Hœndel, et exécuta un concerto de piano de
sa composition. ArfariaetSleincr publièrent alors
quelques-uns de ses ouvrages.
Au mois de mai 1822, Reissiger quitta Vienne,
pour se rendre à Munich, dans le but d'y conti-
nuer ses études, sous la direction de Winter : il
y déploya une activité digne des plus grands élo-
ges. Une messe qu'il acheva dans cette ville, et
une ouverture composée sur un thème de cinq
notes que lui avait fourni Winter, lui valurent
l'amitié de ce maître : le succès de ces œuvres
fut si grand, que l'intendant du théâtre royal
chargea Reissiger de la composition de l'ouver-
ture, des entr'actes et des chœurs de la tragédie
de Néron, qui fuient vivement applaudis à la
repré.sentation. L'ouverture a été publiée pende
temps après, chez lîreilkopf et Hsertel, à Leipsick.
Après avoir terminé cet ouvrage, le jeune cona-
positeur partit en toute hâte pour celte dernière
ville, où l'appelait la maladie de Schicht, son
maître et son bienf.iiteur. Au mois de mai 1823,
il arriva à Berlin, où quelques nobles familles,
qui s'étaient cotisées pour as.^urer son existence,
l'accueillirent comme un (ils. Avant son départ
de Munich, Winter avait fait arranger pour lui
le poëine de Didon, opéra de Métastase, dans
la forme moderne , mais au moment où il allait
le faire représenter, le théâtre <le la cour fut ré-
duit en cendres. Reissiger se livra au travail, à
Berlin, pour perfectionner sou ouvrage, puis il
envoya sa partition à Weber, qui fit représenter
l'opéra au lliéâtre royal de Dresde : il y fut
joué trois fois avec succès. Les protecteurs de
Reissiger oblinrent pour lui du roi de Prusse un
subside pour faire un voyage en Italie, et le mi-
nistère le chargea de recueillir des notes en France
et en Italie concernant l'organisation d'un Con-
servatoire, qu'on avait le dessein d'établir à
Berlin. Reissiger partit de cette ville, au mois
de juillet 1824, et prit sa route parla Hollande
pour se rendre à Paris, où il arriva au mois
d'août. Il y resta jusqu'au mois de février 1825;
mais le placement de quelques-uns de ses ou-
vrages chez les éditeurs de musique de cette
ville lui permit do suffire aux dépenses qu'il y
fit. Dans son voyage en Italie, il visita Turin,
Gênes, Milan, Florence, Bologne, Rome et Na-
ples. Après un séjour de quatre semaines dans
cette dernière ville, il retourna à Rome, où il fit
la connaissance de l'abbé Baini ; puis, au mois
d'octobre 1S25, il retourna à Berlin en visitant
Padoue, Venise, le l'y roi et Vienne. Il avait écrit
à Rome un opéra intitulé : I)er Ahnenschxtz
(Le Trésor des aïeux), dont l'ouverture brillante
eut à Dresde un succès d'enthousiasme ; mais
l'opéra lui-môme ne fut jamais représenté, parce
que le livret avait trop de ressemblance avec
celui de Freiscbtitz.
A Berlin, Reissiger fnt chargé de dresser le
plan d'un Conservatoire de musique sur une
grande échelle, pour les États prussiens. Ce pro-
jet obtint l'approbation dune commission nom-
mée par le gouvernement; cependant il n'a pas
reçu son exécution. Son auteur fut désigné, dans
le môme temps, comme professeur de l'Insti-
tution musicale dirigée par Zelter. Au mois
d'octobre 1826 il fut appelé à La Haye pour y
organiser le Conservatoire qui y subsiste encore.
De retour à Berlin, il y reçut sa nomination de
directeur de musique à Dresde en remplacement
de Marschner, qui venait d'être appelé à Hano-
vre. Là il dut déployer une activité extraordi-
naire, car indépendamment de la direction de la
musi<}ue de l'Opéra allemand, on lui donna airssi
celle de l'Opéra italien, pendant une maladie
grave de Morlacchi. Les preuves de talent qu'il
donna dans ces doubles fonctions lui firent ac-
corder par le roi de Saxe, en 1827, le titre de
maître de chapelle, dont la place était devenue
vacante par la mort de Weber. Dans cette même
année, il écrivit une messe solennelle, et Yelvc,
mélodrame en trois actes, qui obtint un beau
succès dans toute l'Allemagne. Libella, opéra ro-
mantique, reçut aussi à Dresde le meilleur accueil,
en 182S. Il fnt suivi de Die Felsenmiihle au
Etttlieres {Le Moulin du rocher), qui jouit de la
faveur publique à Dresde, à Leipsick, à Berlin, à
Breslau, k Copenhague, et dont les journaux
ont fait l'éloge. Le Turandol, autre opéra du
môme auteur, a eu aussi beaucoup de retentisse-
ment en AUemiigne : toutefois les critiques de
ce pays ont considéré le talent du compositeur
comme plus remarquable dans la musique reli-
gieuse que dans le style dramatique. Dans ces
derniers temps il s'est aussi essayé avec succès
dans la symphonie. Son nom jouit en Allemagne
d'une estime méritée, quoiqu'on ne puis.se le
classer parmi les compositeurs de génie dont les
productions font époque dans l'histoire de l'art.
Parmi les principaux ouvrages de cet artiste,
on remarque les suivants. I. Musique dramati-
que : 1° Das Rockenweibchen (La Petite Pileuse),
opéra-comique, à Vienne, 1821. — 2° Didone,
opéra italien, à Dresde, 1823. — 3" Ouvertures,
entr'actes et chœurs de Néron, tragédie , à Mu-
nich, 1822. — 4" Der Ahnenschxtz (Le Trésor
des aïeux), opéra composé à Rome, en 1825. —
5° Yelva, mélodrame en trois actes, à Dresde,
234
RlilSSlGEil
1827. — 6° Libella, grand opéra, à Dresde, 1828,
gravé en partition pour le piano, à Leipsick, chez
Hofmeisler. — 7" Die Felsenmuhlc zu E (aller es
(Le Moulin du rocher), à Dresde, 1829, gravé en
partition pour le piano ; à Bonn, chez Simrock.
— 8" ru/'ondo^, opéra romantique, à Dresde, en
1835. — 8° {bis) . Adèle de Foix, opéra en trois ac-
tes, à Dresde, en 1841.-8° (ter) Der Schiffbruch
der Médusa (Le Naufrage de la Méduse), opéra
en trois actes, à Dresde, en 184C. — ILMusiquere-
LiGiEusE. — 9° Messe solennelle, à Munich, 1822.
— 10° Idem, à Dresde, 1827. — 11° Trois mo-
tets à quatre voix; Leipsick, Rreitkoptet Hîer-
tel. — 12° Le 66e Psaume : Deus viisereatur
nostri, op. 82, en partition ; Dresde, Thieme. —
13" Hymne : £$ ist ein hasllich Bing, etc., à
quatre voix chorales et orchestre, op. 105; en
partition, Meissen, Gœdsche. — 14" Freude am
Dasein, hymne pour un chœur d'hommes,
op. 129 en partition; Berlin, Trautwein. —
15° Hymne tirée du 1"" Psaume, op. 129, en par-
tition ; ihid. — 16° S^e Messe solennelle, en
la, à 4 voix et orchestre ; Augsbourg, Bœhm. —
17° 4""= Messe solennelle (en mi bémol); Vienne,
Diabelli. — 18° ô'^e Messe (facile) pour la cam-
pagne, sous le titre àeLandmesse, à 4 voix, or-
chestre et orgue ; Augsbourg, Bœhm. — 19° cne
Messe solennelle (en ré mineur), à 4 voix et or-
chestre, dont Reissiger m'a donné la partition
manuscrite, à Dresde, en 1849. — 20° Hymne
tirée du 23^ Psaume, pour un chœur de voix
d'hommes, op. 177 ; Berlin , Trautwein. —
21° Vêpres complètes à 4 voix et orchestre, exé-
cutées à Dresde, en 1833. — 22° Salve Regina,
à 4 voix et orchestre, exécuté en 1837 à Leipsick,
dans^ua concert duGewandhaus. — III, Musique
iKSTRUMENTALË. — 23° Symphonie à grand or-
chestre (en mi bémol), op. 120, Berlin, Schle-
singer, — 24° Ouverture, id., op. 128; Leipsick,
Peters. — 25° Premier quintette pour 2 violons,
2 altos et violoncelle, op. 90; ibid, — 26° Trois
quatuors pour 2 violons, alto et violoncelle,
op, 1 1 1 ; jbid.— 27° Quintette pour piano, 2 violons,
alto et basse, op, 20; Paris, Farrenc. — 28° Qua-
tuor pour piano, violon, alto et violoncelle,op . 29;
Bonn, Simrock. — 29" Idem, op. 70 ; Berlin,
Schlesinger. — 30°3n>e idem, op. 108; ibid. —
31° 4'ne idem, op. 135; ibid. — 32° 5"ne idem,
op. 141 ; ibid. — 33" Grand trio pour piano , vio-
lon et violoncelle, op. 25; Paris, Farrenc, op. 33,
ibid.; op. 40; Leip.sick, Hofmeister; op. 56,
Leipsick, Kistner; op. 75, Bonn, Simrork ;
op. 77, Leipsick, Peters; op. 85, ibid.; op. 97,
ibid.; op, 103, ibid.; op. 115, ibid.; op. 125,
ibid. Ces trios sont au nombre de douze —
'Î4° Duos pour piano et violon, op. 45, ib.;op. 94 ;
Berlin, Schlesinger; idem pour piano et cla-
rinette, op. 130, Dresde, Paul. — 35° Sonates
pour piano à quatre mains, op. 05 , 06; Dresde,
Paul. — 36° Sonates pour piano seul, op. 22, 41,
95 ; Leipsick , Probst ; HambouMg, Schuberth. —
37" Rondos pour piano seul, op. 21, 30, 31,36,
37, 39, 47, 51, 55, 57, 58, 59, 64, 78, 83;
Vienne, Berlin, Leipsick, Bonn, Paris. —
38° Quelques œuvres de variations ; ibid. —
39" Quelques pièces séparées ; ibid. — 40° Concer'
tino pour llûte et orchestre, op. 60. — 41" Con-
certiiw pour clarinette et orchestre, op. 63.
42° Quatrième quatuor pour 2 violons, alto et vio-
loncelle, op. 155 ; Dresde, Paul. — 43° 5n>e idem,
op. 179; Berlin, Schlesinger. — 44" Un très-
grand nombre de Lieder et de chants de tous
genres, formant soixante-dix recueils.
Une valse île Reissiger pour le piano a été
publiée eu France sous le titre de Dernière pen-
sée de Weber, et par cette supercherie a ob-
tenu un succès de vogue ; car pour le peuple
moutonnier des amateurs de musique le mérite
d'un ouvrage est en raison de la popularité du
nom de l'auteur. En dépit des réclamations de
l'éditeur qui avait publié depuis longtemps l'œ-U-
vre de Reissiger d'où ce morceau est tiré, on ne
continuait pas moins à la répandre dans le public
sous son faux titre. Reissiger s'en est expli-
qué lui-même dans ime lettre du 7 octobre 1846
à M. Théodore Parmentier {voyez ce nom), où
se trouve ce passage : « La dernière pensée de
« Weber, éditée en Allemagne, et aussi à Paris,
« peu de temps après la mort du célèbre We-
« ber, vers la fin de 1826, n'est autre chose
« (ainsi que je l'ai plusieurs fois fait connaître
« dans les publications musicales du temps) que
« l'une des valses composées par moi, en 1823,
« et éditées en 1824, par Peters, à Leipsick, sous
« le titre de Douze Valses brillantes pour le
« piano, op. 02 L'éditeur Peters a aussi décliné
« ce fait, il y a dix ans, dans les papiers publics,
«■ et il en est résulté qu'on intitule aujourd'hui la
« valse en question : Valse de Reissiger, dite
« Dernière Pensée de Weber. Je ne sais com-
« ment il se fait que l'on a utilisé de cette ma-
re nière l'une de mes valses ; mais il est certain
K que cela a été une spéculation de marchands
« de musique, et une véritable fraude. Mon ami
n Weber m'avait souvent entendu jouer moi-
« même cette valse, en 1813, à Leipsick; je
■ sais aussi qu'elle lui plaisait beaucoup et qu'il
n la jouait souvent. Je ne sais s'il l'a jouée à Paris,
« mais cela est probable. »
Reissiger était membre d'un grand nombre de
sociétés musicales, et avait reçu de plu-sieurs
rois et princes des témoignages de distinction. Il
REISSIGER — RP:ITER
225
avait de l'instruction littéraire et scientifuiue.
On a de lui quelques bons articles de critique
musicale dans la Gazette générale de musique de
Leipsick et dans des journaux de Dresde. Chef
(] orchestre dislingué, il a été appelé à diriger de
grandes fêtes musicales à Aix-la-Cliapelle en
1843, et à Meissen en 1844. Ce digne artiste,
aussi intelligent que laborieux, et dont le carac-
tère bienveillant ne connaissait ni l'envie ni l'in-
trigue, est mort à Dresde, le 7 novembre 1859,
à l'àiic de soixante et un ans.
REISSIGER (FBÉnÉRic-AuGUSTE), frère du
précédent, né à Belzi^;, en 1804, a fait ses études
musicales sous la direction de son père et à
Leipsick. Il s'est établi à Christiania (Norvège),
en qualité de directeur de musique d'une so-
ciété de chant. On a de lui un grand nombre de
recueils de Lieder, et des pièces de dillérents
j;cnres pour le piano. Cet artiste vivait encore a
Christiania en 18GI.
RELFE (Jean), fils d'un organiste de l'hô-
pital de Greenwich , né dans cette ville , en
1763, a eu pour maîtres de musique son père et
Keble, organiste de Saint-Georges, à Londres.
Admis dans la musique particulière du roi
Georges lit, il aété en outre professeur de piano
et d'Iiarmonie à Londres pendant quarante ans. Je
l'ai connu dans celte ville en 1820 ; il vivail alors
dans le repos, jouissant de l'aisance qu'il avait
acquise par ses travaux. Il a publié de sa com-
position : 1" Sonates à quatre mains pour le piano,
op. 3; Londres, démenti. —2° Sonates pour
piano seul, op. 4 et 7; Londres, Broderip. Maii
c'est surtout comme écrivain didactique que
Relfe s'est fait connaître ; on a de lui : 1° Guida
armonica, traité élémcntai;e d'harmonie et
d'accompagnement, qui fut publié à Londres, ea
1798, sous la forme d'un écrit périodique dont
il paraissait une livraison chaque mois. Cet ou-
vrage fut réimprimé sous ce titre : The princi-
pies of liarmony, containing a complète and
compendlous illustration of the theory of
Mnsic; Londres, Hatcbard, 1816, in-fol. —
2° Remarks on the présent state of musical
instruction, with a prospectus of a neworder
of thoroughbass désignation, and a démons-
trative View of the defective nature of the
customary mode, etc. (Observations sur l'état
présent de l'instruction musicale, avec le pros-
pectus d'un nouvenu système de la basse conti-
nue, etc.); Londres, Hatcbard, 1819, in-8° de
89 pages. C'est ce même ouvrage que MM. Lich-
tentbal et Becker ont cité sous le titre italien :
Osservazioni sullo stato présente delV istru-
zione musicale in Inghilterr a, d'après le jour-
nal littéraire Antologia di Firenze. L'ouvrage
GIOCK. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VII.
sur un nouveau plan, annoncé dans l'écrit de
Relfe, parut sous ce titre : — 3" Lucidnsordo,
comprising an analytical course of studies
on the several branches of musical science;
with a new order of thoroughbass désigna-
tion, etc. (Disposition claire, comprenant un
cours analytique d'études sur les diverses parties
de la musique, avec un nouveau système de la
bas.se continue, etc.) ; Londres, Preston, 1821,
in-4" de 83 pages, avec des planches. Cet ou-
vrage est divisé en deux parties ; la première,
relative à la formation de la gamme et à l'har-
monie; la seconde, à l'art de jouer du piano. Le
système d'harmonie de Relfe consiste à placer
sur toutes les notes de la gamme diatonique l'ac-
cord parfait, et ceux de septième et de neuvième,
et à en tirer conséquemment des dérivés et des
renversements qui se posent également sur tous
les degrés. A l'égard du renversement, il émet
une opinion bien singulière, lorsqu'il veut dé-
montrer que les intervalles ne se renversent pas
a l'octave, comme on le croit communément,
mais à la neuvième. Il est évident, dit-il, qu'une
seconde ajoutée a une septième donne le nom-
bre 9, et qu'il en est de même d'une tierce ajou-
tée à une sixte, d'une quarte réunie à une quinte.
Son erreur vient de ce qu'il ne remarque pas
que le son qui sert de pivot dans le renverse-
ment se répète dans les deux intervalles. Four
chiffrer la basse continue , il veut que la note
fondamentale de chaque accord soit marquée de
la lettre r ( radix, ou racine ), que le chiffre du
premier dérivé soit accompagné du signe', et ce-
luidu second de ".La base de cesystènie est pui-
sée dans les livres de l'abbé Vogler et de Schicht.
REITER (Ernest), professeur de violon de
l'Institut musical de Wùrzbourg, né dans cette
ville, en 1804, se fit entendre avec succès dans
les concerts de Manheim en 1835, et à Bûle en
1S37. En 1839 il accepta une place de directeur
de musique à Strasbourg, et la quitta en 1841,
pour une position semblable à Bâle, où il était
encore en 1848. En 1841 il dirigea la grande
fête musicale de Lucerne. On connaît de r^t ar-
tiste plusieurs recueils de Lieder pour voix seule
avec piano, qui ont été publiés à Mayence, chez
Schott,et à Vienne, chez Hasiinger. Deux qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle,
œuvies 7 et 8 ; Vienne, Diabelli, et d'autres
compositions pour soninstrumeut.il a fait exé-
cuter à Bâle en 1845, et à Vienne en 1847,
son oratorio intitulé : Des neice Paradies (Le
nouveau Paradis).
M">e Reiter-Bildstein, femme de cet artiste, a
brillé comme cantatrice à Francfort et à Leipsick
en 1845, et à Bâle en 1848.
15
22G
RELLSTAB
RELLSTAB (Jean -Charles-Frédéric), ne
à Berlin le 27 février 1759, eut pour maître de
musique Agricola, compositeur de la cour, et de-
vint ensuite élève de Fasch. Des circonstances
inattendues ne lui permirent pas de se livrer à
la cuJture de l'art, et l'obligèrent à entrer dans
ia carrière du commerce ; mais il voulut rester
«n relation avec les artistes, et se fit éditeur de
musique. Cependant il ne renonça pas lui-même
à la composition, car tout le temps dont il put
disposer fut employé à écrire de la musique
instrumentale ou vocale, ou h rédiger des opus-
cules ou des morceaux de critique concernant
cet art , pour les journaux de son temps Les
événements de la guerre de Prusse, en 1806,
lui enlevèrent une partie de sa fortune, et l'obli-
gèrent à faire chez lui un cours de musique,
pour réparer ses pertes. Il mourut d'apoplexie,
à Berlin, le 19 août 1813. Les écrits publiés par
Rellstab sont les suivants : 1" Versuch nber
die Vereinigung der musikalischen iind ora-
iorischen Déclamation , hauptsœchlich fur
Musiker und Componisten, etc. (Essai sur l'u-
nion de la déclamation musicale et oratoire,
principalement à l'usage des musiciens et des
compositeurs); Berlin, 1786,in-fol. de 14 feuilles.
— 2» Veber die liemerkungen éines Reisen-
den, die BerUnischen Kirchenmusiken, Con-
certe, Oper undkœnigl. Kamniermusik betref-
fend{S\}T les observations d'un voyageur concer-
nant la musique d'église à Berlin, les concerts,
l'opéra et la musique de la chambre du rai );
Berlin, 1789, in-S" de 51 pages. L'écrit dont
Rellstab fait la critique dans cet opuscule avait
paru l'année précédente , à Halle. — 3" Anlei-
iung fur Clavierspieler, den Gebrauch der
Bach' schen Fingcrsetzung, die Manierung
und den Vortrag betreffend (Instruction pour
les pianistes, concernant l'usage du doigter, du
style et de l'exécution dans le système de Bach);
Berlin, 1790. En 1781, Rellstab composa dans la
manière de son maître Agricola l'oratorio des
Bergers à la crèche. Il a écrit aussi l'opéra-
comique Die Apotheke {\à Pharmacie), et la
cantate de Pygmalion, pour ténor, sur la poé-
sie de Ramier. Ces œuvres n'ont point été pu-
bliées, mais l'auteur a fait i)araître de sa com-
position : i° Deux recueils de chansons alle-
mandes: Berlin, 1791. — 2" Solfèges avec
accompagnement de piano; ibid., 1792. —
3" Sonates pour l'orgue; ibid. — 4" Sonate pour
piano et flrtle; ibid. — 5o Douze marches pour
le piano; ibid. Il a laissé en manuscrit septsym-
phonies et des ouvertures pour l'orclieslre.
RKLLSTAB (Henkj Fkédéric-Louis), fds
du précédent, est né à Berlin, le 13 avril 1799.
Destiné par son père à être musicien, il com-
mença de bonne heure l'étude do l'art ; mais de-
venu orphelin à l'âge de quatorze ans, il entra
au gymnase de Joachimsthal, où son esprit reçut
une autre direction. L'iniluence de quelques
amis et la situation des affaires publiques du
temps excitèrent eu lui un sentiment patriotique
exalté, qui lui fit prendre les armes en 1815, à
l'âge de seize ans, Il entra dans le huitième ré-
giment de hussards de Prusse; mais bientôt la
laiblesse d'une constitution physique non encore
développée et la myopie dont il était atteint le
firent renvoyer du service. Cependant, résolu de
suivre cette carrière, il entra à l'école militaireet
y suivit le cours des études. Bientôt il eut le
grade de porte-étendard, et peu de temps après
celui d'officier. Les devoirs de son état ne lui
avaient pas fait abandonner le goût des arts. La
poésie l'occupait particulièrement : il écrivit des
livrets d'opéras et des chansons pour la société
de chant (Liedertafel) qu'il avait fondée en
1819, avec L. Berger et Bernard Klein. En 1821,
il quitta le service militaire et se rendit à Franc-
fort-sur-l'Oder, où il écrivit sa tragédie de C/m;--
les le Téméraire, imprimée en 1824. Après
trois mois passés dans celte ville, il alla à Dresde
et s'y. lia d'amitié avec Weber; puis il visita Hei-
delberg, les villes du Rhin, la Suisse et lltalie
supérieure. De retour à Berlin, en 1823, il y
arriva au moment où allait élre repré.sentée sa
Didon, opéra mis en musique par Klein, qui eut
une chute complète. Depuis ce moment il s'est
fivré à la littérature et à la critique musicale.
Des poésies, des historiettes et des romans ont
été publiés par Rellstab, depuis 1825. Parmi ces
derniers ouvrages, on remarque le roman sati-
rique intitulé //6'?i/v'e^/e, ou la belle cantatrice,
dont les succès de M'ii^ Sontag avaient fourni le
sujet. La hardiesse des caricatures sociales que
l'auteur y avait présentées fit supprimer l'ou-
vrage, et prépara à Rellstab des haines dont il
a plus tard ressenti les effets. En 1827 il se char-
gea de la rédaction de la Gazette berlinoiî-e de
Voss, et lui donna de la popularité par le pi(iuant
de ses articles. Il fournit au.ssi des articles aux
journaux de musique de l'Allemagne, et fonda
lui-même un petit journal spécial de cet art in-
titulé : Iris im Gebielc der Tonkvnst ( Iris
dans les domaines de la musique), qui com-
mença à paraître en 1829, à Berlin, chez Traut»-
wein, in-S'", et dont il a paru douze années. Une
haine contre Spontini, dont les motifs sont peu
connus, le pous.sa à des attaques directes contre
ce compositeur dans plusieurs articles de jour-
naux, dans une brochure intitulée ; Ueber die
Theatercerwaltung Spontini's ( Sur l'adminis-
RELLSTAB
REMDE
•227
iration tliéâtrale de Sponliiii), dont le gouverne-
ment eiiipêclia la mise en vente, dans une satire
publiée dans l'écrit périodique Cœcilia (t. 4,
p. 1 etsuiv.),sous ce titre : Aus dem Nachlass
eines jungen Kunstler (Extraits des papiers
d'un jeune artiste), enfin, dans Julius, nouvelle
insérée au même recueil (tome 6, p. 1-108), où
tout ce qui pouvait blesser le cœur du maître
de chapelle du roi de Prusse est rassemblé avec
beaucoup d'art, quoique Sponliiii n'y soit pas
nommé une seule fois. L'amère critique de Rellstab
souleva l'indignation du compositeur, qui eut le
tort d'en poursuivre la répression judiciaire, et
qui obtint contre son antagoniste une condam-
nation à une détention de quelques mois dans
une prison d'Ktat. Rellslab a écrit sur le môme
sujet une brochure Irès-piquaule intitulée: L'eber
mein Verhallni.ss als Kritikcr zu Ilerrn
Sponlinl als Componisten und Generalmu-
sik-Direclor in BcHUi (Sur mes rapports ,
comme critique, avec M. Spontini , connue
compositeur el directeur général de nuisique à
Berlin); Leipsick, VVhisthng, 1827 , in-8" de
Tii et 149 pages. D'autres pièces ont été pu-
bliées à l'occasion, de cette dispute ( voyez
Spontini ). Schnydei de Wartensée, dans le
jugement qu'il porto sur Rellstab {Universal-
Lcxikon der Tonkunsi, t. 5, p. 701), exprime !
l'opinion que les connaissances positives de ce !
critique n'ont ni l'étondue ni la profondeur né- j
cessaires pour la mission qu'il s'est donnée, et y j
ajoute le reproche, plus grave, de manquer d'im-
jiarlialité ; mais où est aujourd'hui le journaliste
de musique dont la capacité soit suflisante, et :
qui ait en même temps dans sa critique le res- j
pect de soi-inénie et d'autrui? Rellstab ra-
chète du moins les défauts qu'on lui reproche
par un certain tour original de la pensée et par
un talent incontestable de dialectique. On a de
Rellslab une notice sur les concerts de Liszt à ,
Berlin, avec une esquisse de la vie de cet artiste
célèbre, sous ce simple litre : Franz, Liszt; Ber- '
Jin, Traulwein, 184*-?, in-8" de 76 pages. Rell-
stab est mort d'apoplexie, dans la nuit du 27 au
28 novembre 1860. |
REMBT (Jean-Ernest), excellent organiste, j
naquit en 1749, a Suhl, en Saxe. Tout ce qu'on \
sait (le son éducation musicale, c'est qu'il fut j
redevable de son beau talent sur l'orgue à l'élude '
des oeuvres de Jean-Sébastien Bach. V.i\ 1772, il i
obtint, a lâge de vingt-trois ans, la place d'orga- ;
niste dans l'église de la Croix, à Snhl; l'année |
suivante, celle d'organiste de l'église principale d,e i
ce lieu lui fut confiée. Il l'occupa penlaut trente- j
sept ans, et mourut le 26 février 1810, dans sa !
soixaide et unième année. Toute sa vie s'écoula
dans le calme de la petite ville de deux mille âmes
où il était né ; jamais il n'entendit d'artiste d'un
talent renommé, et ce n'est qu'en lui-même
qu'il puisa la force nécessaire pour s'élever
eomme il le fit : cependant il lut un des orga-
nistes les plus remarquables de son temps en Al-
lemagne. Le seul voyage qu'il entreprit fut celui
de Leipsick, dans sa province, en 1797, il était
alors âgé de quarante-huit ans et avait publié la
plupart do ses bons ouvrages. Ses trios d'oigue,
pour deux claviers et pédale, sont des morceaux
d'un ordre très-élevé. On a imprimé de sa com-
position : 1° Six trios d'orgue pour deux claviers
et pédale, premier recueil ; Leipsick, Rreitkopf,
1787. — 2° Cinquante petites fugues à 4 parties
pour l'orgue, dédiées à Miller; ibid., 1791, 111-4°
obi. — 3" Douze préludes de choral, en forme
de trios; ibid., 1797. — • 4° Six préludes de cho-
rals fugues à 4 parties ; ibid. — 5" Douze trios
faciles pour des préludes de chorals, deiixiémo
suite; ibid. — 6" Dix-huit idem; ibid. — 7" Six
grands trios, deuxième recueil; ibid. Renibt
avait on outre en manuscrit : 8° Seize petites
fugues faciles pour l'orgue , à 4 parties. —
9" Deux grandes fugues. — 10° Un prélude pour
grand orgue. — 11° Collection de préludes fa-
ciles pour les commençants. — 12° Choral varié
pour l'orgue, avec clarinette en si. — 13° Cho-
ral varié pour grand orgue, avec 2 clarinettes,
2 cors et 2 bassons.
REMDE (Jean-Curétien-Henri), composi-
teur et professeur de musique, naquit vers 1790,
à Borka, sur l'Uni (Saxe-Weiraar), et apprit de
son père, cflwYor en ce lieu, les éléments de la
musique; puis il fréquenta le gymnase (collège)
de Weimar, et alla continuer ses études à Halte,
où il reçut des leçons de Tùrk pour le chant, le
piano et l'harmonie. Il fréquentait les cours de
l'université, lorsqu'une grave altération de sa
santé l'obligea de retourner dans la maison
paternelle. Après son entière guérison, il alla
s'établir à Berlin, où il se livra pendant sept ans
à l'enseignement de la musique. Lorsqu'il s'éloi-
gna de cette ville, il se rendit à Leipsick ; mais
n'ayant pu y trouver une position convenable,
il alla vivre quelque temps à Memmingen, en
Souabe, puis voyagea dans Je grand-duché de
Saxe-Weiinar, et y donna des concerts. Fixé
enfin à Weimar, où il eut la bonne fortune d'ê-
tre protégé par Goethe, il y obtint la place de
chef d'or» he§tredu théâtre de la cour, à laquelle
il réunit bientôt après ci-lle de professeur de
musique de rinstitut des pages et d'ime école
primaire de garçons et de filles. Rcmde était en-
core dans cette ville en 1840. Ses compositions
consistent en Lieder et ballaJes à voix seule
228
RtMDE — REMPT
avec piano, cliants à 4 voix, pièces de diffé-
rents genres pour le piano, danses, Pijgmalion,
mélodrame, DerWa7idi'l des IrrthumslLe Clian-
gemenl d'erreur), cantate, et les opéras : Die
luxtifjen Studcnten {\e9, ]oyea\ Étiuliants), Der
Zauhersee (le Lac enchanté), et J)er eutuaff-
nclc Hache (La Vengeance désarmée). Le Lac
enchanté a été représenté à Wcimar, en
1836.
REMEI\TEKIA (D. SALVAOOu-MAniADE),
prêtre espagnol, actuellement vivant (I863J, à
Madrid, est auteur d'un livre qui a pour titre :
Nuovo Melodo de canto-Uano riformado ; Ma-
drid, 1859, 1 vol. iu-8".
REMI D'AUXERRE, ainsi nommé à
cause du lieu de sa naissance, naquit en effet
dans cette ville de la Bourgogne, vers le milieu
du neuvième siècle, selon l'opinion commune :
cependant il est incertain si la désignation qui ac-
compagne son nom indique le lieu de sa naissance
ou celui dans lequel s'écoula une partie de sa
vie. Quoi qu'il en soit, il prononça ses vœux dans
l'abbaye de Saint-Germain d'Anxerre, et y étu-
dia sons la direction d'un savant moine de ce
temps, nommé Heiric. Il eut pour condisciples
à cette école le prince Lotliaire , Charles le
Chauve, et Hucbalde, moine de Saint-Amand.
Foulques, archevêque de Reims, crut ne pou-
voir mieux faire, ponr relever les lettres et les
sciences dans son diocèse, que d'y appeler, pour
enseigner, Rémi et son ami Hucbalde. Ce fut en
893 que Rémi commença son enseignement à
Reims. Après la mort de Foulques, il ferma son
école et se rendit à Paris. II ouvrit des cours pu-
blics de théologie et des beaux-arts, Martianus
Capella était l'auteur qu'il avait choisi, et qu'il
expliquait en le commentant. Son enseignement
à Paris date des premières années du dixième
siècle. Le lieu où il se retira dans les dernières
années de sa vie, et l'époque de sa mort sont
également inconnus. L'abbé le Beuf fut le pre-
mier qui découvrit une copie du commentaire de
Rémi d'Auxerre sur le traité de musique de
Martianus Capella, parmi les manuscrits de la
Bibliothèque royale de Paris, et qui en signala
l'existence (1). Ce manuscrit et un autre qu'on
a retrouvé depuis lors ont servi à faire la copie
d'c^irès laquelle l'abbé Gerbert a corrigé en plu-
sieurs endroits et faitimprimer le textede Remi
d'Auxerre (Script, ecclesiast.demusica sacra,
tome I, pages 63 à 94). Malgré les soins de l'é-
diteur, bien des faites défigurent encore ce texte.
Remi, comme tous les écrivains de son époque,
traite de la musique suivant la doctrine des Grecs
(I) JUeutU de Uttri écrits, etc., t. JI, png. 97-»8.
et prend Boèic pour guide. Son livre est de peu
d'intéiél, parce (pi'ii ne fournit i)as de rensei-
gnements sur la musique de son temps.
RI^MOA'D DE SAL\T-MARD (Tous-
saint), littérateur médiocre, naqu t à Paris, ea
16S2. Possesseur d'une grande fortune, il ne vou-
lut point prendre d'état, ne se maria pas, et
parvint à l'âge de soixante-quinze ans, unique-
ment occupé de la culture des lettres, qui nft
fut pour lui qu'une douce oisiveté. Il mourut à
Paris, le 28 octobre 1757. Au nombre des opus-
1 culesde peu de mérite qu'il publia, on remarque
des Réflexions sur t'Opéra; Paris, 1741, in- 12,.
j qui renferment une apologie de ce spectacle.
Ce morceau a été lecueilli dans les œuvres de
Rémond de Saint-Mard; La Haye (Paris), 1732,
3 vol.in-12, el Paris, 1751, 5 vol. in-12.
REMORliVI (Ranieui), chanteur et acteur
distingué, né à Bologne, en 1783, fit ses pre-
mières études de chant dans celte ville , et re-
çut ensuite des leçons de Moschini, à Luc-
ques. En 1806 il débuta à Parme dans l'emploi
de bouffe, et brilla particulièrement dans quel-
ques rôles des opéras de Mayr et dans ceux
de Fioravanti. Après avoir chanté avec succès
dans les principales villes de l'Italie, il se rendit à
Rome, au carnaval de 1816, où Rossini écrivit
pour lui Torwaldo e Dorlisca. Dans la môme
année, il chanta à Milan pendant l'automne et
pendant le carnaval de 1817, puis se rendit à
Naples pour y chanter au carnaval. Ue retour à
Milan, dans l'automne de 1818, il n'en parlif, au
commencement de 1819, que pour aller à Lis-
bonne, où il eut de, brillant* succès. En 1824 il
reçut un engagement pour l'opéra de Londres;
il y fut bien accueilli dans le rôle de Seliin du
Turco in Italia. Peu de temps après il ressentit
les premières atteintes d'une maladie de poitrine
qu'il espérait guérir sous le climat de l'Italie : il
retourna à Bologne; mais le mal fit des progrès,
et après avoir passé environ deux années dans
un étatdesouffrance.Remorini mourutà Bologne,
dans la nuit du 28 au 29 décembre 1827, à l'Age
de quarante-quatre ans.
REMPT (Je\n-Mathias), musicien allemand,
né vraisemblablement vers 1760, fit ses études
musicales à l'école Saint-Thomas de Leipsick ,
sous la direction de Doles, et suivit un cours de
théologie a l'université de cette ville; puis il ob-
tint la place de cantor à l'église principale de
Suhl.en Saxe. En tTH8 il fut appelé à Weimar
pour y remplir les mêmes fonctions : il y mourut
eu 1802, au moment où il venait de mettre la
dernière main au livre choral à quatre voix, pour
l'usage du duché deSave-Weimar. Ce livre fut
publié daas la même année à Jéna. Rompt avait
REMPT - RENOTTE
229
laissé en manuscrit dix-lniit chorals traités en
forme de cantates pour voix et instruments. Il
possédait une belle collection de musique reli-
gieuse qui fut vendue à l'encan, et dont le cata-
tdgiie formait 42 pages in-S".
RÉMUZAT (Jean), virtuose flûtiste, né à
Bordeaux (Gironde), le It mai 1815, fut admis
au Conservatoire de Paris le 25 octobre 1830,
et y devint élève de Tulou. Le premier prix de
son instrument lui fut décerné à Tûge de dix-
sept ans, au concours de 1832. Des qualités
précieuses caractérisent le talent de cet artiste :
beau son, articulaiion brillante dans les traits et
belle manière de pliraser, sont les avantages qui
lui ont procuré du succès partout où il s'est fait
entendre. Comme .son maître, M . Rcmuzat n'a pas
adopté la nûtedenœlim,ct s'estfait le zélédéfen-
seur de l'ancien instrument. Cet artiste a passé
la plus grande partie de sa carrière à Londres,
où il était première llûte du théâtre de la Reine.
Après la clôture de ce théâtre, occasionnée en
1853 par la banqueroute de l'entrepreneur,
M. Rémuzat fut obligé de retourner à Paris, où
il entra, comme première llùte.soloau Théâtre-
Lyrique. Ona de cetartiste, pour son instrument,
des concertinos, des fantaisies sur des airs d'o-
péras italiens et français, des thèmes originaux
et autres variés, et des morceaux de salon de
diKérenls caractères. Ces ouvrages ont été pu-
bliés à Paris, chez Brandus, Meissonnier, Co-
lombier, et à Londres , chez divers éditeurs.
Cette musicpie est agréable et brillante.
IIEMUZAT (Bebnaud-Martin), frère du
précédent, né à Bordeaux, le 4 février 1822, entra
au Conservatoire de Paris le 18 novembre 1836,
y fut élève de Tulou, et obtint le premier prix
de llûte au concours de 1840. Ses études furent
tcinunées au premier octobre de l'année sui-
vante. On ne trouve aucun renseignement sur
<^et artiste après sa sortie du Conservatoire.
REIXiVLDl (Jules), compositeur, né à Pa-
doue, dans la première moitié du seizième siècle,
est connu par les ouvrages suivants : 1° Ma-
drigali a 4, 5 e 6 voci, con dialoglii a 1 vocij
Venise, Ant. Gardane, 1567, iib. 1, in-4''. —
T Madrigali a ivoci,lib. 2;ibid., 1567, in-4°.
RENAUD (....), musicien français, fut atta-
ché au service de l'impératrice de Russie, en
<iualité de chef d'orchestre et de compositeur de
ballets du théâtre de Saint-Pétersbourg, vers
1740. De retour à Paris, il a écrit, pour l'Opéra-
Comique de la foire Saint-Laurent, la musique
des pièces intitulées le Cuvier et le Mauvais
Ménage.
RENAUD (Rose), connue sous le nom de
Mlle Renaud l'aînée, cantatrice de la Comédie
italienne (Opéra-Comique), née îi Paris, en I7c7,
fui élève de Richer, et débuta avec succès au
concert spirituel, en 1781, dans- des airs italiens
de Majo, de Sacchini et de Bertoni. Le 9 mai
1785, elle parut pour la première fois sur la scène,
dans le rôle de Lucelte oe la Fausse Magie.
et y obtint le plus brillant succès. D Origny, son
conteuiporain, s'exprime en ces termes (Annales
du Théâtre-Italien, t. 3, p. 20^) sur le début
de cette actrice : •< Une ligure intéressante, un
« air ingénu, un maintien décent, un organe.
« pur, une voix douce et llexihle, une exécution
« précise, facile et sûre, un chant simple, sans
« contrainte, sans mamère, et imjeu qui se sent
« bien moins de l'inexpérience qu'il n'annonce
« de finesse, ont excité l'enthousiasme du pu-
« blic. » Reçue sociétaire de la Comédie ita-
lienne, Mlle Renaud fut en pos.session de l'emploi
de première chanteuse à roulades, comme
on disait alors, jusqu'en 1792, époque oii elle
épousa le poète d'Avrigny. Retirée du théâtre
l'année suivante, elle vivait encore à Paris en
1811:
" Mlle Renaud (Sophie), sœur de la précédente,
a eu aussi des succès au même tliéàtre, et s'est
rétine en même temps.
RE\AUD-D'ALLEN (>!■»« DE GRAM-
MONT, née MUe), fille d'un ancien oflicier, de
famille noble, née en 1789, entra au Conserva-
toire de Paris vers 1802, et y fit des études
complètes de chant, de piano et d'harmonie.
Devenue professeur de ces diverses branches de
l'art, elle ouvrit, en 1817, des cours publics de
musi(|ue élémentaire, pour lesquels elle écrivit
des Principes de inusiquc; Paris, de l'imprime-
rie d'ilerhan , in- 4° de 24 pages. Elle a aussi
publié quelques romances, et de petites pièces
pour le piano. .Mariée à M. de Grammont, en
1821, elleacesséde s'adonner à l'enseignement,
et n'a plus cultivé la musique que comme ama-
teur.
REIVAUDIIX (....). Deux frères de ce nom
vivaient à Paris dans la dernière partie du dix-
huitième siècle. L'un d'eux, harpiste, imagina
un chronomètre en forme de pendule, (.'es-
liné à marquer la mesure en musique, lequel
fut exécuté par son frère, horloger. Davaux a
donné la description de cet instrument dans le
Journal encyclopédique (juin 178i, p. 539).
Son écrit a pour titre : Lettre sur un instrument
ou pendule nouveau, qui a pour but de dé-
terminer avec la plus grande exactitude les
différents degrés de vitesse, depuis le pres-
tissimo jusqu'au largo, avec les nuances im-
perceptibles d'un degré à Vautre.
REiXOTTE (llLBEiiT), bon organiste de la
330
RENOTTE — REQUENO-Y-VIVÊS
catliédrale de Liège, dans la première moitié du
dixhuilième siècle, mort en 1747, a écrit de la
musique d'église qui était estimée de son temps,
et qui est restée en manuscrit. Il a pnt)lié trois
Honalcs pour deux violons et violoncelle ;
Liège, M"cs Libert (note de M, Van Elcwyck).
REIXTE-LIi\SEi\ (J.-C), professeur de
musique à Amsterdam, est auteur d'un n)anuel
élémentaire des principes de la musique et de
solfège , à l'usage des écoles primaires de la Hol-
lande, intitulé : Handlciding by het Ondcrrigt
in de Toonen Zangkunst op de Schoolen van
het lagere onderwijs, etc.; Harlem, de l'impri-
merie de J. Lnscliedé, 1823, in-4° obi. de 24
pages. M. Rente-Linsen vivait encore à Amster-
dam en 1846.
REIVTSCH ( Jean -WoLF GANG). Voyez
SAUliR.
REXVOISY (RiCHAnD DE), chanoine et
maître des enfants de chœur de la Sainte-Cha-
pelle de Dijon, était un des plus habiles luthistes
de son temps. On voit dans V Histoire des com-
mentateurs de la coutume de Bourgogne,
par le président Bouhier (p. xlii), que la trop
libre fréquentation de Renvoisy avec ses élèves
le fit tomber dans im crime pour lequel il fut
condamné à être brûlé vif. La sentence fut exé-
cutée le 6 mars 1586. M. Poisot {Les Musiciens
bourguignons, p. 18) rapporte l'extrait du Jour-
nal manuscrit d'un chanoine 7nusical de la
Sainte-Chapelle de Dijon, nommé Pépin, dans
lequel on lit ce passage, à la date de 1586 :
« Le 13 février a été contraint M. de Renvoisy, par
« Messieurs de la cour, et emporté en sa chaire,
« assisté de plusieurs huissiers d'icelle cour, et
« conduit en la conciergerie du palais, tous ses
a biens séquestrés, etc. Ilétoit maître de musique
« habile, et des plus habiles qu'il y eût sur le
« luth. » Le chanoine musical Pépin était as-
sjirémentun singulier écrivain. 11 existe des vers
latins à la louange de Renvoisy, par un certain
Philibert Colin, dont on trouve un extrait dans
les oeuvres de jurisprudence du président Bou-
hier (Dijon, 1787, 1. 1, p. xxix). On a de Richard
de Renvoisy les ouvrages dont voici les titres :
1° Psalmi Davidici quatuor vocum; Paris,
Richard Breton, 1573, in-4'' oblong. — 2" Les
odesd'Anacréon mises en musique à quatre
parties; Paris, Richard Breton, 1581, in-4'' obi.
REI^IZSCIl (Chakles-Ernest), facteur d'or-
gues et «le pianos à Dresde, a eu de la répu-
tation en Allemagne. En 17'J7, il sortit de chez
le fadeur Ilorn pour établir lui-même des
ateliers de construction d'instrument.*;. Au nom-
bre de ceux (pi'il a faits, on remar(|uc l'orgue
d'Arnsfeld, prés d'Annaberg.
REPARAZ ( I). Antonio ) , compositeur
espagnol de l'époque actuelle, a fait jouer à
San Juan de Opotto, en 1857, les opéras de sa
composition intitulés : 1" Don Gonzub de Cor-
doba; 2° Don Pedro el Cruel; et dans la
même année il a donné au théâtre de .Sara-
gosse l'opéra-comique (zarzuela) el Castillo
feudal. On n'a pas d'autre renseignement sur
cet artiste.
REQUEi\0-Y-VIVÈS (L'abbé Vincent),
littérateur et numismate, naquit en 1743, à Cala-
trao, dans l'Aragon. A l'àgw de quatorze ans, il
entra dans la Société des Jésuites; et à l'époque
où ils furent expulsés de l'Espagne, il s'embarqua
pour l'Italie, avec beaucoup de ses confrères, et
alla s'établir à Rome, où son érudition et son
goût pour l'archéologie le firent connaître des
savants. Plus tard, il profita de la permission ac-
cordée aux jésuites espagnols de rentrer dans
leur patrie, et bientôt après il fut nommé mem-
bre de l'Académie d'Aragon et conservateur des
médailles de cette société. Informé du rétablis-
sement des jésuites en Sicile, il se hâta de re-
tourner en Italie, pour se réunir à eux ; mais il
ne put arriver au terme de son voyage, étant
mort à Tivoli, le 17 février 1811, à l'âge de
soixante-huit ans. Ses ouvrages relatifs à la mu-
sique sont : 1" Saggio sul ristabilmento delV
arte armonica de' Greci e Romani cantori;
Parme, 17i)8, 2 vol. in-S". L'objet principal de
ce livre est de démontrer, d'après la doctrine d'A-
ristoxène, que les Grecs r.'ont fait usage dans
leur musique que <le l'oclave divisée en douze
demi-tons égaux. Requeno y considère Pytha-
gore, et surtout Ptolémée, comme les destruc-
teurs de la musique antique, par Yinvention de
leurs proportions des intervalles. Il soutient aussi
l'existence de Iharmonie dans la musique grec-
que, et attribue rinventi(m du contrepoint à
Lysandre, contemporain de Tyrtéc (part. I,
chap. 11). Tout ce que renferme le livre de ce
jésuite est dénué de fondement, car les Grecs
n'ont eu aucune notion de ce que les acousticiens
modernes appellent le tempérament : ce n'est
pas de cela qu'il s'agit dans le système d'Aris-
toxène. Requeno a recours au monocorde pour
la démonstration de sa fausse théorie des douze
demi-tons de la gamme naturellement égaux,
tandis qu'Ari.toxène n'admet (jue l'oreille pour
juge de la justesse des six tons égaux par les-
quels il divise l'octave, on opposition aux pytha-
goriciens, qui, par le calcul, n'y trouvaient que
cinq tons et deux demi-tons mineurs. Quant à
la connaissance que les Grecs auraient eue de
l'harmonie, dans le sens donné à ce motpnrli's
penpies modernes, etàl'usaue qu'ils en auraient
REQUENO-Y-VIVÈS — REUCHLLN
231
fait, on peut consullcr mon Mémoire surVhar-
monie simultanée des sonsche^ les Grecs et les
Romains, etc. (Bruxcllesfimpiimcrie de Uayez,
1858, in-4°, ti Mémoires de V Académie royale
des sciences, des lettres et des arts de Belgi-
que,U>meXXXl). — 2° Il Tamburo, stromento
di prima, nécessita pel regolamento délie
iruppe, perfezionalo da D. Vincenzo Requcno;
Rome, J797, in-S" de 'J3 pages. L'auteur de cet
opuscule se propose de faire voir qu'on pourrait
perfectionner le tambour sans altérer sa puis-
sance rliytiimique, en lui donnant la possibilité
de produire des intonations musicales, et même
des barmonies telles, par exemple, que l'accord
parfait ut, mi, sot, ut.
RESAREIÇAM (Antoine DE), moine por-
tugais, naquit à Lisbonne, en 1621, fit ses \aMix
au couvent de Viana, dans la province d'Alen-
tejo, et y fut nommé sous-cbantre. Plus tard il
eut la dignité de déliniteur provincial de son
ordre. 11 mourut à Santarem, le 17 janvier 1686,
dans la soixante-cinquième année de son âge. Il
a laissé en manuscrit des messes et d'autres com-
positions pour l'église.
RESIIVARIUS (Balthazak), dont le nom
allemand était Harzcr (résineux), naquit à Jes-
sen, village de la Saxe, en Misnie, dans lus pre-
mières années du seizième siècle. Dans sa jeu-
nesse, il se livra à l'étude de la musique, et
devint élève de Henri Lsaac. Plus lard, ayant
terminé sesétudesde tbéoiogie, il entra dans l'état
ecclésiastique, et parvint à la dignité d'évéque
de Leipa, eu Bohème. On a sous son nom un
recueil de répons des principales fêtes, intitulé :
Hesponsorium libri duo, primus de Christo
et regno ejus, doctrina, vita, passione, resur-
rectione et ascensione : alter de sanctis et
illorum in Christum jide et cruce ; Witten-
berg, 1.Ô44. Ce recueil contient 80 répons à plu-
sieurs voix.
RESTA (Noël), compositeur dramatique, né
à Milan, y vivait vers le milieu du dix-huitième
siècle, et y a donné un opéra intitulé : / ire
Sigisbei ridicoli, en 1748.
RESTORI (André), violoniste et composi-
teur, est né en 1778, à Pontremoli, en Toscane.
A l'âge de dou/t' ans , il commença l'étude de la
musique, sous la direction de Vincent Fanini di
Toscana, et montra d'heureuses dispositions
pour le violon. Entré trois ans après au collège
Saint-Martin de Lncques, il y reçut des leçons de
Ramaggi pour cet instrument, et plus tard il de-
vint élève de Rolla., qui demeurait alors à Panne,
De retour à t'ontremoli, Restori y a été chargé
de la direction de l'orchestre du théâtre. On
connaît en Italie sous son nom quatre concertos
pour le violon, six œuvres de duos pour le même
instrument, et <lix symphonies à grand oicheslre.
RETEMEYER (Maximilien ), pianiste et
compositeur allemand, était fixé à Amsterdam
dans les premières années du dix-neuvième
siècle. Il a lait graver de sa composition -.
1" Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle;
Paris, Ployel. — 2" Nocturne pour piano, violon
ou flûte ; Amsterdam, Steup. — 3" Valses pour
le piano ; Leipsick et Amsterdam.
RETZEL (Olaus), littérateur suédois,né dans
la seconde moitié du dix-septième siècle, fit ses
études à l'université d'Upsal, où il a fait impri-
mer une thèse De Tactu musico; Upsal, 1698,
in-4''.
RETZEIi (Antoine), maître de chapelle du
duc de Holstein, naquit à Brunswick, en 1724.
Fils d'un cantor de celte ville, il a|)prit de lui
les éléments de la musique. En 1746, il entra
comme chanteur h l'opéra de sa ville natale ;
mais bientôt après il quitta le théâtre pour se li-
vrer à l'étude du basson, qui devint son instru-
ment favori, et .s'adonna à la composition dans
le style de Graun. Plus tard il seremlit à Slrélil/,
et y épousa une cantatrice, élève de la célèbre
Astrua. De là il passa au service du duc de Hol-
stein. En 1760, il écrivit pour la chapelle de Son-
der.shau<en une grande cantate qui fut exécutée
pour l'anniversaire de la nai.ssancc du prince de
Schwarzbourg. On a gravé df sa composition un
œuvre de six trios pour violon ou flûte et basse,
intitulé : Sonate a tre; Amsterdam. Reizel a
laissé en manuscrit des ciinlates pour l'église,
des concertos de violon et de hautbois, des
symphonies, etc.
REUCHLI\ (Jean), savant célèbre du
quinzième siècle, né à Pforzheim (duché deB.ade),
le 28 décembre 1453, apprit les éléments du chant
à l'écolederette ville, et montra toujours beaucoup
de gortl pour la musique. Il fut placé comme en-
fant (le chœur dans la chapelle du margrave, quf,
charmé de ses progrès dans la grammaire, la
musique et les sciences, l'attacha à son (ils. En
1473, il accompagna ce prince à Paris et profita
de son séjour en cette ville pour suivre les cours
des plus célèbres professeurs. Possédant à fond
les langues latine, grecque et hébraïque, il fut un
des plus érudits philologues de son temps, obtint
les degrés de docteur en philosophie, en droit, et
fut employé avec succès par plusieurs princes
dans des négociations diplomatiques. 11 mourut
àStuttgard, le 30 juin 1532. Dans un séjour que
Reuchlin fit à Heidelberg en 1497, il composa,
(Ktur les écoliers du gymnase de celte ville, la
première comédie latine qui eût été jouée dans
les collèges de l'Allemagne et la première pièce
232
REUCHLIJS — REUSS
de théâtre où la musique ait été employée dans
ce pays. Elle a pour titre : Scenica progym-
nastata : C'est une imitation de la Farce de
Maistrc Pathelin, que Reuclilin avait vu jouer
à Paris. L'ouvrage fut imprimé à Strasbourg,
chez Jean Gruninger , en 1497, petit in-4° goUii-
que. On trouve dans cette pièce deux cliœurs à
<inatre voix et à note contre note égale, gravés
tur bois. Une autre édition fut faite à Bile, par
Jean Bergmann, en 1498, avec les chœurs égale-
ment gravés sur bois, in-4° de 23 feuillets non
chiffrés. Les éditions de cet ouvrage de Reuclilin
se sont mnltipliées; il y en a une de Leipsick,
<latéede 1503, et d'autres de Pforzheim, 1508, de
Tubingen, 1511, 1512 et 151G,avecun commen-
taire de Jacques Spiegel, de Leipsick, 1514 et
1516, enlin, devienne, imprimée par Singre-
nins, en 1523.
REUFFIUS (Jacques), musicien du dix-
septième siècle, est cité par Lipenius (Bibliot.
philosoph.) comme auteur d'un ouvrage intitulé :
Opellx mnsicac; Nuremberg, 1643, in -8°.
REULING (WiLUELM ou Guillaume), com-
positeur et maître de chapelle à Vienne, a vécu
dans celle ville depuis 1825 environ jusqu'en
1845. Après y avoir fait représenter quelques pe-
tits opéras, il a donné en 1840 Alfred le Grand,
opéra en trois actes, qui eut un brillmil succès.
et fut repris en 1845. Le critique de la Gazette
générale de musique^ de Leipsick, qui a rendu
compte de cet ouvrage (ann. 42k, p. 930), dit
qu'on y trouve la clarté de Mozart, du naturel
dans les idées, la vérité psychologique, les
caractères, les paroles et les situations bien ex-
primées. Ou a publié de cet artiste environ
cent œuvres de musique de tous genres, particu-
lièrement des quintettes pour des instruments à
vent, un trio pour piano, violon et violoncelle,
op. 82 (en si mineur), Mayence, Scliott ; des
chants pour quatre voix d'homme , et des Lie-
der à voix seule avec piano; Magdebourg et
Vienne.
REIjXX (Anselme DE), DE REUX, ou plutdt
DE RŒULX, musicien belge du seizième siècle,
ainsi nommé, sans doute, parce qu'il était de la
petite ville de Rœulx, dans le Hainaut; car on
sait que beaucoup d'artistes et de savants de
cette époque étaient désignés par leur prénom
joint au nom du lieu de leur naissance : la par-
ticule de ne laisse pas de doute, à cet égard. Le '
musicien pasèa probablement une partie de sa :
vie en Italie, puisque ses œuvres connues .sont
des madrigaux : on sait en effet que ce genre de "
pièces a pris naissance en Italie, dans la première
moitié du seizième siè('le. L'ouvrage qui a Ttit
conoaitrc Anselme de Reulx a pour titre : Madri-
gali a qualtro voci di Anselmo de Reulx,
nuovamente ristampati et corretti : Veneliis,
apud Ant. Gardane, 1543, ()elit in^*" obi. On
trouve dans ce recueil 29 madrigaux. Ainsi qu'on
le voit par ce titre, celle éilition est au moins la
seconde. François Doni cite deux livres de ces
madrigaux d'Anselme de Renlx ( Librarin, di-
visioiv des Motetti et Madrigali). M. E. de
Coussemaker cile (Notice sur les collections mu-
sicales de la bibliothèque de Cambrai, p. 82),
le motet Domine quis habitabit, à quatre voix,
de Jacques de Reux, lequel se trouve dans le
manuscrit 124 de cette bibliothèque, et le donne
en partition, sous le n° 10 de son livre. Y eut-il
dans la première moitié du quinzième siècle
deux nuisiciens nés à Rœulx, le premier nommé
Anselme, Vatulxt, Jacques? Cela paraît vraisem-
blable.
REUSCIKJean), né à Rostock, au duché de
Cobourg, dans la première moitié du seizième
siècle, fut secrétaire de l'évêquede Meissen, et
compositeur de sa chapelle. Il a fait imprimer :
i"£pilaphia Ravorum(de la famille des Rliaw),
kvocum, Wittenherg, l53o, chez les héritiers
de Georges Rliaw, in-4° obi. — 2" Melodix
odarum Georg. Faftnc/; Leipsick, 1554. Il y a
une deuxième édition de ce recueil, imprimée à
Zurich (r«9wn),en 1574, in fol. — 30 Elcmenta
musicx practicœ pro incipientibus; Lipsix,
1553, in-80 de sept feuilles.
REUSCHEL (Jean-Georges), cantorh Mar-
kersbach, sur les frontières de la Bohême et de
la Saxe, vers le milieu du dix-septième siècle, a
fait imprimer un recueil de dix mes.ses de sa
composition, intitulé : Decas Missarum sa-
crarum, 4,5, 618 vocum; Freyberg, 16G7, in-
fol.
REUSIVER (Jacques), compositeur allemand
des premières années du dix-septième siècle, est
connu par les ouvrages suivants : 1° Missx 6
vocum; Dillingen, 1G04, in-4o.— 2» Missx 4 et
5 vocum cum ofjicio B. M. V.; ibid., 1C04,
in-4o.
REUSS (Geoiices-Jacqces-Louis), pasteur à
Crosdorf, près de Giessen, né eu 1700, est
auteur de beaucoup de livres concernant le
culte protestant , parmi lesquels on remarque :
1° Aeue evangelische Kirchenagende oder
was su grixndlicher Verbesserung der pro-
testant ischen Cuit us in der Kircheund fiir die
hirche billig zu dieser Zeit geschehen sollte
(Nouvel agenda évangélique, ou ce qu'il convien-
drait de faire pour l'amélioralion fondamentale
dii culte protestant dans l'église et pour l'é-
glise); Gotha, 1825, in-8" de 106 payes. On
trouve une analyse de cet ouvrage dans l'écrit
REUSS — REVEROiM SAIM-CYR
233
périodique inlilulé Eutonia (l. 5, p. 7-4). Il y
est traité de la musique dans le culte protestant.
2° Drei Abhandlung in Prcdigfform nebst
Liturgieen und Liedern , etc. ( Trois traités en
forme de .sermon , suivis de remarques sur la
liturgie et les chants); Coblence, 1828, in-8°.
REUSSIVER (Éi-ie), luthiste dùslingué, na-
quit en Silésie , dans la première moitié du
dix-septième siècle. Il s'est (ait connaître par
un recueil de pièces pour le luth, intitulé : Lau-
tenlust ( Délices du luth ) , consistant en pré-
ludes, pavanes, courantes, sarahandes, gi-
gues, gavottes et autres pièces ; Bresiau, 1668.
REUSS1\ER (Isaie), fils du précédent, fut
aussi luthiste habile. Il entra d'abord au service
du prince de Liegnitz-Brieg et de Wolhau, puis
dans la chapelle de l'électeur de Brandebourg. Il
a publié pour son instrument : 1° Musikaiische
geselschufts Ergaizung, consistant en sonates,
allemandes, courantes, gavottes et gigues; Leip-
sick, 1673. — 2° Neue Laulcn frucht ( Nou-
veaux fruits du luth); ibid., 1676. — 3" Cent
mélodies pour des cantiques spirituels, etc., ibid.,
1676.
REUTER ( Georges ) ou KEUTTER, orga-
niste de la chambre impériale et maître de cha-
pelle de Saint-Etienne, à Vienne, naquit dans
cette ville, en t660. Il y vivait encore en 1731,
à l'âge de soixante et onze ans. Le catalogue de
Traeg, de Vienne, indique de la composition de
Reuter un Miserere à deux chœurs , air uso
romano, et des toccates et fugues pour l'orgue,
en manuscrit. La Bibliothèque royale de Berlin
possède en manuscrit de cet artiste : 1° Re-
quiem à quatre voix avec instruments (en sol
mineur); — 2" Messe à quatre voix et instru-
ments (en r<?%
REUTER (Cii\RLEs) ou REUTTER, dit le
jeune, fils du précédent , né à Vienne, en 1697,
était en 1731 organiste de l'église de Saint-
Étienne dans cette ville. Il mourut, dans celte
situation, en 1770. Burncy entendit à Vienne un
2> Deum de cet artiste, qui lui parut une com-
position sèche et fioide. Chargé de composer
en collaboration avec Cald.<ra, pour le théâtre
impérial de Vienne, l'opéra intitulé Forza delV
Amicizia, il en écrivit le premier acte : Caldara
composa les deux autres. Cet ouvrage fut re-
présenté en 1728. En 1731, Reuter écrivit l'o-
ratorio Lu divina Proi^idenza in Ismael, qui
fut exécuté à la chapelle impériale en 1732. Il
avait composé en 1731 le deuxième et le troi-
sième acte du divertissement dramatique La
Pazienza di Socrale cou due mogli, dont Cal-
dara avait écrit l'ouverture et le premier acte.
Cet ouvrage fut représenté pendant le carnaval '
de la même année. H Ritorno di Tobin, oratorio
considéré comme le meilleur ouvraue de Reuter,
fut exécuté en 1733 En 1734 il écrivit l'oratorio
Befulin liberata (poésie de Métastase), qui fut
exécuté dans la chapelle de l'empereur Char*
' les VI, et dont il (ut (ail une nouvelle exécution
dans la même chapelle en 1740.
REUTTER (Romain), bénédictin bavarois,
naquit en 1755, à Kallmiinz, près de Ratisbonne.
Admis comme enfant de chœur à l'abbaye de
Prùfening, il y fil ses premières études musicales,
puis entra au séminaire de Neubourg sur le Da-
nube, où il développa ses heureuses dispositions
sous la direction du compositeur Schulibauer. Ce
fui dans cette école que Reutter fit ses premiers
essais dans de petites compositions pour l'église.
Il alla ensuite étudier la philosophie à Amberg,
et composa des litanies d'une expression tou-
chante : elles furent accueillies avec enthousiasme
par les artistes de cette ville. On le c.hargoa en-
suite de la composition du mélodrame qu'on
exécute, à la fin de chaque année scolaire, dans
les collèges de la Bavière, et le succès <le cet ou-
vrage eut encore plus d'éclat que le premier.
En 17 75, Rentier entra à l'abbaye des bénédic-
tins de Plankstt'tten, où la mu.sique était lort né-
gligée : il y fut chargé de la direction du chœur,
et le remit dans un état llorissant. Ce fut dans
ce lieu qu'il écrivit des messes, des motets et
des sonates de clavecin d'un mérite remarquable,
qui se répandirent dans les monastères de la Ba-
vière et du haut Falatinat. En 1781, il composa
pour le gymnase d'Amberg un second mélœlrame,
intitulé la Vigne de ISabotk , dont la musique
parut si belle , qu'on en con.servait encore le
souvenir trente ans après à Ambrrg. Reutter est
mort dans son couvent, en 1S06, à l'âge de cin-
quante et un ans.
REVEROXI SAL\T-CYR (Jacques-An-
toine, baron de), né à Lyon, le 7 mai 1767, est
issu d'une famille italienne qui suivit en France
Catherine de Médicis, et y importa l'industrie
des étoffes de soie qu'on appclla depuis lors flo-
renées. Après avoir achevé ses éludes, Reve-
roni Saint-Cyr embrassa la carrière militaire à
l'âge de quinze ans et entra dans l'arme du
génie, eu 1782. Successivement capitaine Sans
cette arme, adjoint à l'état- major du ministère
de la guerre, membre du comité des fortifications
de Paris , lieutenant-colonel du génie, colonel
d'étal-major, professeur de fortification à l'École
polvtecliuique, chef de division au ministère de
la guerre et sous-directeur du génie, il eut
une carrière laborieuse. Malheureusement il fut
atteint d'aliénation mentale en 1828, et mou-
rut dans une maison de santé, près de Paris, le
234
BKVEROINI SAIINÏ-CYR — REl'
19 mars 1829, à l'âsc de soixante rt tin ans et
quelques mois. Reveroni Saint-C>r a écrit les li-
vrets (le plusieurs opéras et drames qui ont été
mis en musique par Berton , Clierubini et Mé-
hui, ou qui n'ont pas été représentés. Parmi les
livres qu'il à publiés, on en remarque un qui a
pour titre": b'ssai sur le perfectionnement des
beaux-arts par les sciences exactes, ou cal-
culs et hypothèses sur la poésie, la peinture
et la musique; Paris, Henrichs, 1804, 2 vol.
in-8°, avec des planches. Le principe qui sert
de ba.>;e à ce qui concerne le perfectionnement de
la musique, dans cet ouvrage , est ainsi formulé
par l'auteur : La musique est une série de
sons propres à frapper l'oreille et à peindre
à Vesprit des images et des sensations. Son
système est donc celui de la perfection de l'art
dans le genre descriptif et pittoresque; mais ce
n'est pas seulement l'imitation esthétique qu'il
veut qu'on y introduise; c'est aussi riuiitalion
matérielle , et c'est ce qu'il appelle le perfection-
nement de l'art par les sciences exactes; voulant
prouver que les courbes formées par les noies
de la mélodie affectent agréablement l'imagina-
tion lorsqu'elles sont d'un aspect doux à l'œil,
et l'ébranlent d'une manière plus ou moins vio-
lente lorsqu'elles se transforment en angles plus
ou moins aigus, il essaye de démontrer cette
théorie par l'analyse de quelques phrases d'opéra
dont il calcule mathématiquement les courbes.
Cette théorie prétendue est uni; des absurdités
les plus originales qu'on ait imaginées.
RÉVIAL ( Marie-Paili.ve-Fiunçoise-Louis-
Benoît-Ali'HONsf.), professeur de chant au Cpn-
servatoirc impérial de Paris, né à Toulouse
(Haute Garonne), le 29 mai 1810, entra dans la
même école, comme élève, le 23 octobre 1829.
Il y reçut des leçons de solfège de Kuhn, de vo-
calisation de Henry, et après deux années d'é-
tudes dans le pensionnat de celte institution, il
obtint le second prix de chant au concours de
1831. Le premier prix lui fut décerné en 1832.
Le 15 avril 1833 il débuta au théâtre de l'Opéra-
Comique dans Fra Diavolo , d'Auber. Le pre-
mier rôle qu'il créa fut dans la Prison d'Edim-
bourg, deCarafa, ouvrage représenté le 24 juil-
let de la même année. La voix de cet artiste
n'était pas belle : elle manquait de timbre dans
le registre de poitrine, mais il .se servait avec
habileté de la voix mixte. Il avait de l'âme, du
feu , chantait avec goût et avec expression.
Pendant quelques années il fut premier ténor du
théâtre de l'Opéra-Comique ; mais après les dé-
buts de Roger, que la nature avait doué d'une
belle voix et d'avantages extérieurs qui lui pro-
curèrent les plus brillants succès, Révial ne put
rester en possession de son emploi; il se retira
au mois d'avril 1838, et partit peu de temps
après pour l'Italie, oii il travailla au perfection-
nement de son organe et de son mécanisme de
la vocalisation. En 1840 il chanta au théâtre de
Varèse, en qualité de premier ténor. De retour
à Paris. lu commencement de l'année 1841, il se
lit entendre dans les concerts de quelques villes
de Fiance et à Londres, puis il fut engagé roinme
premier ténor du théâtre de La Haye en 1S42.
Retourné à Paris dans l'année suivante, il prit
la résolution de renoncer à la scène, et se livra
avec succès à l'enseigurment. Au mois de juillet
1846, il fut nommé piofes.seur de chant au Con-
servatoire de Paris; il occupe encore cette posi-
tion (18C3).
REY ( Jean-Daptiste ), né à Lauzerte (Tarn-
et-Garoiine), le 18 décembre 1734, entra dans
son enfance à l'abbaye de Saint-Sernin, en qua-
lité d'enfant de chœur, et y apprit la musique.
A l'âge de dix-sept ans , il obtint au concours la
place de maître de chapelle de la cathédrale
d'Aucli. Des discussions qu'il eut avec le chapi-
tre de cette église le tirent renoncer à la maî-
trise après trois ans , et il accepta la place de
chef d'orchestre à l'Opéra de Toulouse. Jusqu'à
l'âge de quarante ans, il remplit des fonctions
semblables à Montpellier, Marseille, Bordeaux
et Nantes. Il était dans cette dernière ville lors-
que la renommée de son habileté dans la direc-
tion des orchestres le lit appeler à Paris, en
1776, pour régénérer celui de l'Opéra dans l'exé-
cution des ouvrages de Gluck et de Piccinni. D'a-
bord adjoint à Francœur, il lui succéda en 1781
dans la place <ie premier chef d'orchestre. Ces
grands artistes trouvèrent en lui autant de fer-
meté que d'intelligence et de .sentiment musical.
Quelques motets exécutés dans la chapelle du
roi avaient prouvé qir'il possédart au.ssi du .savoir
dans l'art d'écrire. En 1779, Loiris XVI le nomma
maître de la musiqrre de sa chambre , lui ac-
corda une pension de 2,000 francs, et lui ht pro-
mettre une des places de surintendant de sa cha-
pelle avec la décoration de l'ordre de Saint-
Michel. Les événements de la révoirrtion fran-
çaise enlevèrent à la fois ix Rey .ses avantages et
ses espérances. Après le mois d'août 1792, on le
choisit pour être un des membres du comité
d'administration de l'Opéra, et le décret qui or-
ganisa délinitivement le Conservatoire de mu-
sique de Paris, le désigna comme un des profes-
seurs d'harmonie de cette école. Quelques années
après, j'y devins son élève, et j'appris de lui
cette science d'après les principes de Rameau ,
les serrls qu'il connût et qu'il voulût admettre.
Dans la discussion relative au système de Catel
REY
23&
(voyez ce nom), en 1800, il s'en montra un des
plus ardents adversaires, et cette circonstance,
réunie à ratlaciieinent qu'il témoigna à Lesueur
dans ses querelles avec le Conservatoire, le lit
exclure de cet établissement en 1802. Sa nomi-
nation de maître de la ciiapelle de Napoléon,
en 1804, le consola de cette disgiûce. Le sort
iienreiix dont il jouissait fut troublé, en 1809, par
la mort de sa lille, jeune personne qui possédait
un beau talent siu' le piano. La douleur dont il
(ut saisi par cet événement le conduisit au tom-
beau, le 15 juillet 1810, à Page de soixante-seize
ans. H avait dirigé l'orcliestre de l'Opéra pendant
plus de trente ans avec une liabileté dont il n'y
avait point eu d'exemple en France avant lui.
Depuis 1781 jusqu'à 1785 il avait aussi dirigé
celui (lu Concert spirituel. Les compositions de
ce digne artiste sont : 1" Apollon et Coronis,
opéra en m» acte, représenté à l'Académie royale
de musique, en 1781. — 2° Tous les airs de
danse de 7'arar<? , opéra de Salieri, ibid., 1787.
— 3° Ouverture iVApoUoii et Daphné, 1787. —
4° Le troisième acie iVArcire et Ecclina, opéra
que Saccbini avait laissé inacbevé. Ce célèbre
compositeur avait désigné Hey, sou ami , pour
terminer son ouvrage, qui fut rep^é^cnté en 1788.
— 5" Les airs de danse A^Œdiye à Colone,
opéra de Saccbini, en 1787. — 6" Diane cl En-
dijinion, eu deux actes, à l'Opéra, 1791. Rey a
laissé en manuscrit deux messes solennelles avec
orcbestte , et plusieurs motets exécutés dans la
cbapelle du roi. On trouve quelques solfèges de sa
composition dans la troisième partie des solfèges
du Conservatoire de Paris.
REY (Lotis-CuAULES-JoSEpu), frère du pré-
cédenl , naquit 3 Lauzerte, le 26 octobre 173s.
Comme son frère, il lit ses études mu^icales à
l'abbaye de Saint Sernin, et entra comme violon-
celliste au tliéàtre de Montpellier, à l'âge i)e
seize ans. En 17âJ il se rendit à Paris, pour y
prendre des leçons de Hertaul. Après deux an-
nées de séjour en celle ville, il accepta une place
de violoncelliste au tliéàtre de Bordeaux, et en
remplit les fonctions pendant neuf ans. De retour
à Paris vers la lin de 17GG, il entra a l'orchestre
de l'Opéra l'année suivante, et fut admis dans la
cbapelle du roi en 1772. Hetiré de l'Opéra à la fin
^e 180G avec la pension, après un .service de qua-
rante ans, il se coupa la gorge avec nn rasoir dans
un accès de lièvre nerveuse, et mourut à Paris, le
12 mai 1811. Rey eut (jnelipie part dans Topera
de son frère, Apollon et Coronis. lia fait graver
de sa composition : 1" Trios pour 2 violons et vio-
loncelle ; Paris, Consineau.— 2".\irs variés pour
violon et violoncelle; Paris, Sieber. _ 3". Duos
pour 2 violoncelles, liv. 1 et 2; Paris, Rad-
ieux. Papillon de Lafcrié, intendant des menus-
plaisirs du roi, ayant exprimé dans une brochure
son mécontentement des dilficultés que les ar-
tistes du théâtre et de l'orchestre lui faisaient
éprouver dans l'adnunistration de l'Opéra, Rey
y lit une réponse intitulée : Mémoire justifica-
tif des artistes de l'Académie royale de mu-
sique, ou réponse à la lettre qui leur a été
adressée lei septembre 17S9; Pari.s 1789,in-8°.
REY ( Jkan-Baptiste) , né à Tarascon , vers
1760. fut élevé à la maîtrise de la collégiale de
cette ville, et apprit seul à jouer du clavecin, du
violon et du violoncelle. Après avoir été organiste
et maître de musique des cathédrales de Viviers
et d'Uzès, il vint à Paris en 1795, et s'y fixa
comme professeur de musique. Admis à l'orcbes-
tre de l'Opéra eu qualité de violoncellisle l'année
suivante, il y est resté jusqu'à sa mort, arrivée
dans l'été de 1822. 11 a publié de sa composi-
tion : 1" Pot-pourri pourlepiano, op. 1; Paris,
Leduc. — 2" Cours élémentxiire de musique
et de piano-forte , ou méthode pratique de
l'art de toucher le piano-forté; Paris, Nader-
man. Partisan du système de la basse fondamen-
lalt- , qu'il prétendait appliquer à l'échelle chro-
matique, quoique Rameau n'eiUeu pour principe
que la gamme diatonique dans la création de
ce système, il écrivit, pour la propagation de sa
méthode, un livre intitulé : Exposition élémen-
taire de l'harmonie ; théorie fjénéralcdes ac-
cords d'après la basse fondamentale, vue^
selon les différents genres de musqué ; Pari.s^
(sans date, mais publié en 1807 ), veuve Nader-
maii, grand in-8"de 198 pages gravées .
REY ( V.-F.-S. ), ancien vérificateur des do-
maines, employé à la comptabilité de l'enregis-
trement, naquit à Lyon, vers 17G2. I^a protectiou
de son compatriote Sonnerai lui lit obtenir en
178?. un emploi dans l'administration financière,
où il a passé toute sa vie. Il vivait encore à Paris
en 1816. Comme ses homonymes, il était admi-
rateur de la théorie de l'harmonie imaginée par
Rameau, qu'il essaya de résumer dans de grands
tableaux publiés sous ce titre : Tablature gé-
nérale de la musique, pour servir à l'intelli-
gence du système dans tout l'ensemble de la
musique. Le second titre de ces tableaux est
celui-ci : Système harmonique développé et
traité d'après les principes du célèbre Ra-
meau, ou grammaire de musique sous le
titre de tablature, se rapportant au Diction-
naire de J.-J. RousseaK ^ Parh , Sieber fils,
grand in-fol. de 15 pages gravées, sans date
(1795). Plus tard, Rey développa et modifia ses
idées concernant la Ibéorie de la musique et de
l'harmonie, dans un livre intitulé : L'Art de la
2S6
RF.Y — REYER
musique thcori-physico-pratique générale et
élémentaire , ou exposition des bases et des
développements du système de la musique,
Paris, Godefroy, )80fi, in-4° de à4 pages, et de
43 planches , en partie gravées et en partie im-
primées avec le? caractères de musique d'Olivier
et Godefroy. A l'égard des planches gravées sous
ce titre : La Couronne d'Apollon, ou le guide
de la musique, citées par M. Quérard dans la
France littéraire (tome 7, page 557), elles ap-
partiennent à l'ouvrage précédent.
RE Y-DUSSEUIL ( .\ntoine-Fr ançois-Ma-
lucs), littérateur, né à Marseille, le 12 juillet
1800, fit ses études dans celte ville, puis suivit
des cours de droit à Aix et à Paris. Il abandonna
la culture de cette science pour se livrer à celle
des lettres, contribua à la rédaction de plusieurs
journaux politiques et littéraires, publia des ro-
mans qui eurent quelque succès, et mourut
aliéné à Paris, en 1837. Attaché à la rédaction du
nouveau Mercure de France pendant quatre
ans, il y a inséré des Lettres sur les théâtres
lyriques, où il analysait le mérite des compo-
siteurs, des opéras et des acteurs. Ces lettres
se font remarquer par une tournure d'esprit ori-
ginale, et par une critique pleine de causticité;
mais Rey-Dusseuil n'avait pas les connaissances
nécessaires en musique pour donner de la soli-
dité à ses junemenls.
REYER (Louis -l'^TiEXNE- Ernest), né à
Marseille, le 1*"^ décembre 1823, entra à l'âge de
six ans à l'école communale de musique dirigée
par M. Barsotti (voyez ce nom ), qui , trouvant
en lui d'heureuses dispositions réunies à une
jolie voix de soprano , en fit un bon lecteur : le
prenuer prix de solfège fut décerné deux fois
au jeune Reyer dans les concours de son école.
Ses parents ne le destinant pas à la profession
de musicien, il fut envoyé à Alger, à l'âge de
seize ans, et entra dans les bureaux de son
oncle (M. Louis Farrenc), aujourd'hui trésorier
payeur de la province de Conslantine. Les af-
faires administratives, pour lesquelles M. Reyer
avait peu de penchant , ne le détournaient pas
de son goût pour la musique. Il jouait du piano,
étudiait avec ardeur l'harmonie, organisait des
concerts el devenait l'ûme des salons où l'on
faisait de la musique. Bientôt il fit ses pre-
miers essais de composition dans des roraanc«8
qui oblinrent de la vogue et se chantent encore ;
enfin, lorsque le duc d'Aumale arriva à Alger,
M. Reyer composa une messe qu'il dédia à la
duchesse, et qui fut exécutée solennellement
devant les [)rinces. De bonnes choses furent re-
marquées dans cet œuvre, resté inédit jusqu'au
moment où cette notice est écrite.
Après la révolution de 1848, M. Reyer se
rendit à Paris, avec le dessein de se livrer sans
réserve à la culture de l'art vers lequel il se sen-
tait entraîné. Son premier soin fut de perfec-
tionner, par des études nouvelles , ses connais-
sances dans la panie technique de la couiposi-
tion : ce fut sa tante, M"'* Louise Farrenc, qui
le dirigea dans ce travail, rendu facile par la
vive intelligence du jeune artiste. Après avoir
produit quelques ouivres légères qui ne lui four-
nissaient que d'insuffisantes ressources pour son
existence, M. Reyer se lia d'amitié avec Théo-
phile Gautier, qui écrivit pour lui le poème d'une
ode symphonique, avec des airs et des chœurs,
sur un sujet oriental dont le titre était le Selam.
Cet ouvrage fut exécuté avec succès au Théâtre-
Italien, le 5 avril 1850; la critique toutefois op-
posa au Sélam le Désert de Félicien David , et
crut voir dans l'un de ces ouvrages une imita-
tion de l'autre, quoique M. Reyer n'eût puisé
ses mélodies que dans son propre fonds, au lieu
de les emprunter, comme son prédécesseur, aux
chants des Arabes. Au Selam succéda Maître
Wolfram, opéra en un acte, dont le poème était de
Méry, et qui fut représenté au Théâtre- Ly ri
que, le 20 mai 1854, quelques jours avant sa clô-
ture. Repris plus tard à l'Opéra-Comique, il est
resté au répertoire. Les conditions désavanta-
geuses de la carrière de compositeur dramatique
en France se montrent avec évidence dans celle
de M. Reyer, car ce n'est qu'à de longs inter-
valles qu'il lui est donné d'aborder la scène. Le
20 juillet 1858 il fit représentera l'Académie im-
périale de musique Sacounlala, ballet en deux
actes sur un sujet indien, àon\. \e scénario
était de Théophile Gautier. Malheureusement,
la [rremière représentation ne précéda que de peu
de jouis le départ pt ur Pétersbouig de M"* Fer-
raris, qui y jouait le rôle principal, et, plus mal-
heureusement encore, les décors de Sacoun-
tala furent brûlés dans l'incendie du magasin de
l'Opéra, rue Richer. La Statue, opéra en trois
actes de M. Reyer, fut joué au Théâtre-Lyrique ,
le 11 août 18GI, et y obtint un succès mérité.
On y a remarqué, au premier acte, le chœur des
fumeurs d'opium, la romance Toi que n'at-
teint pas l'ardeur du soleil, le finale du
deuxième acte, le chœur lionjour, lionjou»,
dont le caractère a de l'origiualilé, au troisième
acte le duo de MargyanectSélim, et le (rio qui
le suit. En général, la partition de la Statue fait
apercevoir dans le talent de M. Reyer un ca-
chet individuel auquel il ne manque qu'une
plume plus exercée dans l'art d'écrire : la
charte, la simplicité s'y font parfois désirer. Le
21 août l8C2,cet artiste a fait représenter à
REYER — REYJSWAAN
237
CaiJe Érostrate, opéra en deux actes, dont
le livret était écrit par Méry et M. Pacini.
Le jour même de la répétition générale, l'au-
teur de la musique reçut la décoration de la
Légion d'honneur. La reine de Prusse, qui as-
sistait à la première représentation de cet ou-
vrage , lit demander le compositeur, le com-
plimenta et lui envoya peu de temps après la dé-
coration (le l'Aigle rouge. Les autres productions
de cet artiste consistent en mélodies détachées,
parmi lesquelles on remarque un Salve Rcgina ,
un Ave Maria et un 0 saluiaris hostia,
une cantate exécutée à l'Opéra, un iiymme
intitulé l'Union des Arts, paroles de M. Méry,
pour l'inauguration d'une nouvelle société d'ar-
tisîes à Marseille, en 18G2, et un recueil de
quarante chansons anciennes dont il a écrit les ac-
compagnements. Au moment où celte notice est
écrite (1863), M. Reyer favaille à un opéra
en cinq actes destiné à l'Académie impériale de
musique (l'Opéra). Ses fendancessont celles que
les succès des ouvrages de Weber ont données
à l'Allemagne : puis.se-t-il ne pas .se laisser trop
entraîner sur cette pente, qui a conduit fatale-
ment aux excès de l'époque actuelle et à l'anéan-
tissement du goût ! M. Reyer a donné des arti-
cles de critique nmsicalc dans les journaux la
Presse, la Revue de Paris, le Courrier de
Paris, et d'autres.
REYIIER (André), mattre en philosophie
et recteur du gymnase de Gotha, naquit le 4 mai
ICOl, à lieinrichs, près de Henneberg. Ses études
ayant été terminées avec distinction, il fut nommé
recteur à Schleusingen ; puis il fut appelé à Gotha,
en la même qualité. 11 y mourut le 2 avril 1G7;<.
Pendant qu'il était à Schleusingen, il publia une
collection de dissertations sur les diverses par-
ties des arts et des sciences, intitulée : Marga-
rita philosophica in annulo synojjsis totius
philosophix ; Nuremberg, 103C, in-8". Une
deuxième édition a été publiée à Gotha, en 1669,
in-8". La douzième dissertation de ce recueil
traite de la musique : elle avait été déjà publiée
séparément, sous ce litre : Epitome Musicx pro
Tyronibus; Schleusingen, 1035, in-S". On a aussi
un autre ouvrage de Reyber, relatif à la mu-
sique , intitulé : Spécimen musicum pro exer-
citio hebraice conjugandi; Gotha, 1671, in-4'^.
REYMAI\]\ (Matthieu), en latin Revman-
Ncs, luthiste au service de l'électeur de Cologne,
dans les premières années du dix- septième siècle,
est auteur d'une collection de psaumes à quatre
parties, arrangée pour le luth et publiée sous ce
titre : Cythara (sic) sacra, sive Psalmodix
Davidis ad usum testudhiis accommodatx ;
Colonix, 1613, in-4".
REYMAKiX ( F.-G.), maître des ballets du
théâtre d« la cour de Strélilz, vers 1783, y a
composé un petit opéra intitulé le Derviche. On
ignore si cet artiste est le même dont le Catalo-
gue de Traeg (Vienne, 1799) indique les ouvra-
ges suivants, en manuscrit : 1" Deux ouvertures
à 13 in.struments. — 2" Neuf symphonies à grand
orchestre , dont trois concertantes. — 3" Con-
ceito pour flûte principale. — 4" Idem pour haut-
bois. — 5° Treize concertini pour flûte, llùle d'a-
mour, 2 violes, 2 cors et violoncelle. — o" Trois
sérénades pour huit instruments , et plusieurs
quatuors pour des instruments à vent ou à ar-
chet.
REYMANN (P.-C), harpiste qui a eu quel-
que réputation, vivait à iiambourg en 1810. Il a
publié de sa composition : 1° Trois .sonates pour
harpe, violon et violoncelle, op. 18; Leipsick,
llreitkopf et lla'rtel. — 2" Trois sonates jwur
harpe à crochets et violon, op. 8 ; ibid. -
3" Idem, op. I4, 15 et 17; Handiourg, Bœhme.
— 4° Sonates pour harpe et llûte, op. 10, II,
12; ibid.— • 5' Thèmes variés pour harpe et vio-
lon, op. 7, 13, 16; ibi(L
RE YKITZSCII (Jean - Chkistophe - Guil-
laume), .sous-bibliothécaire à Gotha, mort jeune,
en 1810, est auteur d'un livre intitulé : Ueber
Dniyden und Druydensieine , Burden.und
liardcnlieder, Fcsle, Schmœu^e, etc. (Sur les
druides et les pierres druidiques, les bardes et
leurs chants, etc.); Gotha, tttinger, 1802, in-8°,
avec planches. Reynitzsch y traite de la musique
des bardes et des scaldes, depuis la page 81
jusqu'à la page 123.
REY3JWAAIV ( Jean-Verscpuere), com-
positeur et écrivain sur la musique, prend au litre
d'un de ses ouvrages, imprimé en 1787, les qua-
lités d'organiste, carillonneur et docteur en droit
à Flcssingue ( Zéiande), et se donne le titre d'a-
vocat praticien, au frontispice de son diction-
naire de musique (practiseerend advocaat).
11 vécut dans la dernière moitié du dix-lmitième
siècle, et mourut en 1806. Il a publié de sa com-
position, à Amsterdam, vers 1780, trois sonates
pour le piano, op. 1. Il n'existait pas de diction-
naire de musique en hollandais lorsque Ver-
schnere Reynwaan fil imprimer res.sai d'un livre
de ce genre intitulé : Musykaal konst-uorden-
bocck, etc. ( Vocabulaire de l'art musical ) ; Mid-
deibourg, 1789, in 8*. Il n'en parut d'abord que
la première partie, contenant les lettres A-E j
puis (au commencement de 1790) parut un ca-
hier de la seconde partie ; mais l'auteur, frappé
des défauts de son ouvrage, en arrêta la publi-
cation. Ainsi qu'il le dit lui-même dans sa pré-
face, il avait pris pour base de son dictionnaire
238
REYJNWAAN — RHAW
ceux de Brossard et de Jean-Jacques Rousseau ;
mais il avait abrégé l'étendue des principaux ar-
ticles de ce dernier. Aucun des auteurs de bi-
bliograpliies ou de biograpiiies musicales n'a eu
connaissance de ce premier dictionnaire de mu-
sique publié par Reynwaan. Son premier travail
ayant élé abandonné, il s'occupa d'une nouvelle
rédaction d'un livre du même genrc> dont la
|)reiiiière partie parut sous ce titre: Muzijkaal
lioiist woordenboek, beheizende de Yerhlaa-
ringen als mede het Gebruickcn de Krachtder
KunMwoorden die in de Musijk voorkomen
(Lexique d'art musical, contenant l'explica-
tion de l'usage et de la signification précise des
termes techniques employés dans la musique);
Amsterdam, Wouter Brave, 1795, première par-
tie, contenant les lettres A-M, i volume grand
in-s" de (-18 pages, avec beaucoup de planches.
Par une sorte de fatalité, qui ne permettait pas
à Verscliuere Reynwaan de voir la fin de son
travail, l'invasion de la Hollande par l'armée
française, la conquête de la Zclande, au mois de
février 1795, et la stagnation des affaires, qui en
fut la suite, empochèrent la pul)lication de la
seconde partie, qui n'a point paru plus tard. Ce
<]ui était imprimé du livre fut mis au pilon en
1801; de là l'excessive rareté des exemplaires. Ce
n'est qu'après des recherches infructueuses d'un
grand nombre d'années que je suis parvenu à
me procurer celui que je possède, au prix de 46
florins de Hollande. S'il n'est pas unique, il ne
s'en faut de guère, car il n'en a jamais passé un
exemplaire dans les nombreuses ventes de livres
faites en Hollande. Telle qu'elle est exécutée,
cette seconde rédaction de l'ouvrage peut être
considérée comme un des meilleurs dictionnaires
de musique. Une érudition solide règne dans la
plupart des articles, et les définitions sont aussi
précises que le permettait le génie de la langue
liollandaisc. Ce livre n'est pas, comme on pour-
rait le croire, un vocabulaire liollandais des ter-
mes de musique, mais une explication en langue
liollandaise des mots grecs, latins et italiens rela-
tifs à cet art. Il me semble que ce vocalmlaire
polyglotte, adopté par Verscliuere Reynwaan, est
un défaut à l'égard des lecteurs à qui son ouvrage
était destiné. On a aussi du même auteur un
traité élémentaire de musique intitulé : Catc-
chismus der Musijk, etc., Amsterdam, 1788,
1 volume in-S". Le nom de l'auteur est écrit
Keynuaen au titre de cet ouvrage, au lieu de
Reynuaan qui se trouve au frontispice du dic-
tionnaire.
REYS (Gaspard), était mattre de chapelle
d'une église de Lisbonne vers 1630, puis il alla
remplir les mêmes fonctions à Braga, oii il mou-
rut. Élève de Duarte Lobo , excellent maître
portugais, il montra de l'habileté dans l'art
d'écrire par la composition de plusieurs messes,
psaumes, motets et vilhancicos, qui se conser-
vent dans l'église des Franciscains de Valladolid.
RHAW (Gf.orges), ou RHAU, composi-
teur, écrivain didactique et célèbre imprimeur
de musique, naquit en 1488, à Eisfeld, dans la
Franconie. Le nom du maître qui lui enseigna la
musique ainsi que le lieu où il lit ses études sont
inconnus ; on sait seulement qu'il était cantor et
directeur de musique à Leipsick antérieurement à
1518, car il y publia au commencement de cellean-
née la première édition de son traité de musique.
En 1519 il fit exécuter une messe à 12 voix desa
composition, avant la discussion publique entre
Luther et Eck, et un Te Deum après qu'elle eut
été terminée. Rhaw s'établit ensuite à Witteil-
berg, et y fonda une imprimerie de musique, d'où
sont sortis quelques recueils de compositions de
célèbres musiciens allemands de la fin du quin-
zième siècle et de la première moitié du seizième.
Il mourut à Witlenberg, le 6 août 1548, dans sa
soixante-douzième année. Rhaw s'est fait con-
naître comme écrivain didactiijue par un traité
élémentaire de musique , intitulé : Enchiri-
dion Musiccs, ex imriis musiconim libris de-
proviptum, rudibus hujus arlis Tijronibus
sane /'ntj'j/'eruwi, Leipsick, Valentin Schumann,
1518, in-S" de 10 feuilles. Ainsi que l'indique le
titre de cet ouvrage, ce n'est qu'ime compilation
des principaux traités de musique publiés jus-
qu'à l'époque où il parut; mais cette com|)ilation
est bien faite. Le livre est divisé en deux par-
ties : la première traite de la musique sous le
rapport des intervalles, de la gamme par hexa-
cordes, et des tons; la deuxième, de la mu-
sique mesurée. Les exemples sont écrits à trois
et à quatre parties. Une édition retouchée et
modifiée, qui paraît être la seconde, fut ensuite
publiée par Rhaw, sous ce titre : Enchiridion nl-
riusque musicx praclicx, a Georgio Rhaw, ex
variiS mttsicprum libiis, pro pueris in schola
Vitebergensi congestum; NVitteuherg, 1 530, in-S"
de i 1 feuilles. Ou voit par l'épitre dédicatoire de
cette édition que Georges Rhnw n'était pas seule-
ment imprimeur de musique à Wiltenberg, mais
()u'il y remplissait aussi les fonctions de cantor,
et qu'il avait écrit son livre pour ses élèves. Les
bibliographes citent une troisième édition du
même ouvrage, publiée à Wiltenberg, en 1532,
in-S"; une quatrième, de la môme ville, 153fi,in-8''
de 11 feuilles; une cinquième, ibid., 1538, in-S" ;
une sixième, ibid., 1540, in-8°, et une septième,
,ihid., 1553, in 8"; ils en ont oublié une qui a
paru dans la même ville en 1551, in-S" de 11
RHAW — RHEIN
23»
feuilles et demie. Je possède les éditions de 1536,
1551 et 1553; elles n'offrent pas de diffférences
entre elles. Les deux dernièies éditions ont été
publiées par les héritiers de Rliaw. Il existe une
édition sans nom de lieu et sans date -. il est vrai-
semblable qu'elle est la plus ancienne. On trouve
aussi des exemplaires de l'édition de Leipsick
qui portent la date de 1520 .-j'ignore si celteédi-
tion est réelle, ou si ce n'est qu'un changement
de frontispice. A cette édition est réunie le Libel-
las de compositione cantu.s, de Galliculus. ( Voy.
ce nom. )
Comme éditeur et imprimeur de musique, Rliaw
a public quelques bons ouvrages didactiques et
pratiques, parmi lesquels on remarque les livres
de Martin Agricola {voij. ce nom) et le petit
traité De Compositione cantus de Galliculus
{voy. ce nom). Ou lui doit aussi de précieuses
collections de compositions d'anciens maîtres
allemands, entre autres : 1" Selectx harmonix
quoliior vocum, qui contient une Passion de
Galliculus, une autre de Obrecht, et d'autres
compositions de Jean Walther, de Louis Senfel,
de Ccllarius, de Ducis, de Eckel, de Stoelzer et
de Henri Isaac. — 2" Newe dcutsche geistliehe
Gcsxivje ( Nouveaux cantiques religieux alle-
mands, etc. ), Witlenberg, 1544, qui contiennent
123 morceaux à quatre et cinq voix, à l'usage
<les écoles et qui renferment des compositions de
lialthazar Rcsinarius, de Lupus Hellink, de Mar-
tin Agricola, de Louis Senfel, de Thomas Slœizer,
d'Arnold de Bruck, d'Etienne Mahu, de Virgile
Hauck, de Benoît Ducis, de Sixte Dietricht, de
Jean Weinmann, de Wollf Heintz , de Georges
Vogelhiiber, de Georges Forster et de Jean Stahl.
Commeéditeur, Georges Rhawaaussi pul)lié une
ccllection de messes intitulée : Opus dcccm mis-
sarum quatuor vocum coUectum a Georgio
Rhau'o ; Wittenberg, 1541, in-4». Une des plus
intéressantes publications de Rliaw, comme édi-
teur, est une collection de chansons françaises,
latines et allemandes à deux voix, intitulée :fi/ci-
nia gallica, latina et gefmanica ; Wittebergo",
1545, petit in-4'' obi. On y trouve en partition,
pour deux voix, la plus ancienne tradition con-
nue du chant suisse appelé le Ranz des va-
ches.
RHEIN (Frédéuic), fils d'un maître de cha-
pelle à Strasbourg, naquit dans cette ville, en
1771, et se livra dès sa jeunesse à l'élude de la
flûte, sur laquelle il acquit un habileté remar-
quable. Après avoir voyagé dans la partie de
l'Allemagne qui avoisine le Rhin, il se fixa à
Vienne, et y mourut, à l'âge de vingt-huit ans,
en 1798. On agravé de sa composition : 1° Trois
duos.pour 2 flûtes, op. 1; Paris, Imbault. —
2° Six idem. op. 2; Paris. Bonjour. —3" Premier
concerto pour flûte et orchestre, op. 3; Spire,
Bossler. — 4" Deuxième idem, op. 4; ibid. —
5" Six trios pour 2 flûtes et basson, op. à; ibid.
On trouve deux duos de flûte de cet artiste dans
l'œuvre SCme de Hofmeister, publié à Vienne,
chez Artaria.
Le frère aîné de Frédéric Rhein, qui était pia-
niste et hautboïste distingué, s'établit à Toulouse.
Plus lard il retourna à Strasbourg, et s'y fit
marchand de musique. Il était aussi attaché au
théâtre de cette ville, en qualité de hautboïste.
Un autre frère, flûtiste au théâtre des Variétés,
à Paris, a publié deux œuvres de duos pour
2 flûtes, et un œuvre de sonates pour flûte et
bas>e ; à Paris, chez Gaveaux. Enfin, le plus jeune
des quatre frères , musicien dans un régiment,
périt dans la campagne de Russie, en 1812.
RUEL\ (Cmari.ks-Laikent), fils et neveu
des piécédents, naquit à Toulouse , le 24 février
1798. Élève de son père pour le piano , il joua en
public, à Marseille, dès l'âge de cinq ans, des
.sonates de Clemenli et de Mozart. Lorsque son
père alla se fixer à Strasbourg, il l'y suivit et se
livra à l'enseignement jusqu'à l'âge de dix-neuf
ans. Arrivé à Paris en 1817, il fut admis comme
élève au Conservatoire, et reçut des leçons de
Pradher pour le piano, de Dourlen pour l'har-
monie, puis de Reicba pour la composition.
Quelques mois après son entrée dans cette école,
il obtint le second prix de piano au concours, et
le premier prix lui fut décerné en 1818. Depuis
cette époque jusqu'en 1832, M. Rhein fut con-
sidéré comme un des bons professeurs de piano
qui se trouvaient à Paris. A la suite d'un voyage
qu'il fit dans le midi de la France, il s'établit à
Bordeaux, en 1836 ; puis il habita quelque temps
à Lyon. Plus tard, il est retourné à Paris, où il
paraît s'être fixé. On connaît sous le nom de cet
artiste : 1" Sonates pour pi;mo et violon, op. 20
et 21 ; Paris, Janet, MmeLemoine. — 2°Rondolelto
idem, op. 22 ; Lyon, Arnaud. — 4° Sonates pour
piano et flûte, op. 18; Paris, Pacini. — 4° Duos
pour piano et violon sur des thèmes de divers
opéras, op. 20 ; Paris, Troupenas ; op. 31, Paris
Pleyel; op. 32, Paris, Frère; op. 33, Paris, Zet-
ter; op. 43, sur un Ibème^riginal, Paris, Pacini.
— b° Duos pour piano, op. 25, à quatre mains,
sur des thèmes de Wallace, Paris, Colombier ;
op. 36, pour harpe et piano, sur des thèmes des
Deux Nuifs, Paris, Janet. — 6" Études, op. 42,
44 ; Paris, Lemoine, Catelin. — 7° Fantaisies
sur des thèmes d'opéras pour piano seul, op. 12,
45, 46, 47 ; Paris, Troupenas, B. LhIIc. Catelin.
— 8° Variations idem, op. 7, 10, 13, 14, 15, 16,
24, 34, 38, 41 ,• ibid. — 9" Rondeaux idem.
240
RHEIN — RIARIO SFORZA
op. U, 22, 28, 31, 35; ibid. — 10" Polonaise
brillanle,idem, op. 40 ; Paris, Pacini.
RilElI\ECH (Christophe), né à Memmingen,
le 1" novembre 1748, apprit dans sa jeunesse
les éléments de la musique, et se livra ensuite à
l'étude du clavecin. Dans un voyage qu'il fit en
France, il habita quelque lemps à Lyon , et y
fit représenter son premier opéra, dont le sujet
était le nouveau Pygmalion. Des amis le re-
commandèrent à Turgot, alors contrôleur géiié-
ral des finances, qui lui promit une place dan>)
les fermes; mais avant de se fixer en France, il
désirait revoir son père, qui mourut peu de jours
après son retour à Memmingen. Par suite de cet
événement, un mois s'écoula avant qu'il fût de
retour à Paris; lorsqu'il y arriva, Turgot, tombé
en disgrâce, ne put remplir sa promesse, et
Ilbeineck, trompé dans ses espérances, prit le
parti de retourner dans sa pairie. Il acheta l'au-
berge de iMemmingen, se maria et ne cultiva plus
la musique qu'en amateur. Il mourut en 1796, à
l'âge de quarante-huit ans. On vante l'élégance
et le bon goût de ses compositions, |)armi les-
quelles on trouve : \° Le nouveau Pygmalion,
opéra-comique français. — 2o Le Fils recon-
7iaissant, opéra-comique, composé à Lyon pour
un théâtre de société. — 3° Renaud et Armide,
grand-opéra allemand, représentée Memmingen,
en 1779. — 4° Der Todesgang Jesu, oratorio
allemand, en 1778. — 5° Messe solennelle (en
manuscrit). 6" Mélodies pour le lecueil de
cantiques de Schelliorn. — 7o Quatre recueils
de chansons allemandes, dont le premier fut pu-
blié en 1770. — 8° Quelques pièces de clavecin
dans la collection publiée à Spire, par Bossler. —
— 9" Si\ concertos pour le clavecin, restés en
manuscrit.
RHESA (Louis-Fedemir), professeur à l'uni-
Tersité de Kœnigsberg, est né en Lithuanie, vers
1785. Savant philologue, il a publié divers écrits
relatifs aux antiquités de son pays, particulière-
ment sur la bible en langue lithuanienne, sur les
poèmes Jiistoriques, et sur les chansons popu-
laires de la Lithuanie. Ce dernier ouvrage a pour
litre : Dainos oder Lithauische Volksliedern
gesatnmelt , ubersetz und mit gegenuber-
studene Urtext herausgegeben. Aebst einer
Abhandlung ûber die Lithauischen Volksge-
dichte (Chansons populaires de la Lithuanie réu-
nies en collection, etc. Avec une dissertation sur
la poésie lithuanienne et des exemples de musi-
que) ; Kœnigsberg, 1825, in-S». Une deuxième
édition a été publiée à Berlin, en 1843, 1 vol.in-S".
RIIIEMANN ou RIEMAN!V( JACQtTs) ,
musicien au service de l'électeur de Hesse-Cas-
sel, oans la premièie moitié du dix-huitième
siècle, est connu par les ouvrages suivants, pu-
bliés à Amsterdam, chez Roger : 1° Suites de
pièces pour la basse de viole et basse continue,
op. 1. — 2° Six sonates pour violon seul et basse
continue, op. 2. — 3° Sonates en trios pour vio-
lon, basse de viole et basse coiilrtiue, op. 3. jg
RIIODE (JEAK-pRÉnÉRic), faclt'ur d'orgues à
Dantzick, y a construit en 1760 l'orgue de l'é-
glise Saint-Pierre, de quarante jeux, et celui de
Saint- Jean, de trente jeux.
RHODE (JEAN-G.), savant littérateur et
historien, né en Silésie, mort à Breslau, le 23
août 1827. Au nombre de ses écr ts, on en re-
marque un qui a |)our titre : Théorie der Ver-
breitung des Schalls, fiir Baukunstler (Théo-
rie de la propagation du son, pour les archi-
tectes) ; Berlin, Dunker, in-8'', avec une planche.
Le Ikre, tel qu'il est cité par Liclitenlhal et
Becker, est inexact.
RIIODIGINUS, dont le nom véritable était
RICCHIERI (Louis), prit son nom latin de Ro-
vigo, où il reçut le jour en 1447. Après avoir ter-
miné ses études de philosophie à Ferrare, et de
droit civil etcanouique à Padoue, il fil un voyage
en France, puis s'établit à Rovigo, où il obtint
une chaire de professeur, en 1497. Banni de .sa
patrie un an après, il alla ensei>.'ner à Vicence,
puis à Padoue, eut une vie agitée par les évé-
nements politiques, et mourut à Rovigo, en 1525.
Dans son livre intitulé Lediomun an/iquanim
libriXXX, dont la première édition fut publiée
à Venise, par Aide, en 1516, in-fol., il traite de
la musique des anciens aux chapitres 3'"<" ctO'ne
du livre cinquième, dans tout le livre neuvième,
dans leschapitres lime et 15n>e du dix-neuvième
livre, dans le26"'e du livre vingt-septième, et
dans le chapitre 16""-' du livre vingt-neuvième.
RUYZELILTS (ANnRÉ-OLAUs), né dans un
village de la Suède, en 1677, fui professeur de
théologie à l'université d'Abo, puis aumônier de
Charles XII, et enfin évêque de Lindkœping. Il
mourut dans cette ville, en 1756. Il a écrit une
dissertation en langue suédoise intitulée : Chris-
telig Orgelwerks Inwigning (Introduction de
l'orgue dans les églises chrétiennes) ; Upsal, 1733,
in-4''
RIARIO SFORZA (Leduc Jean), amateur
distingué de musique, naquit à Naples, le 21 mai
1769. Destiné par sa famille au .service militaire
de la marine, il fui envoyé au lycée de Portici
pour y étudier les sciences dont la connaissance
est indispensable dans cette carrière. Sou orga-
nisation le portait précisément vers l'étude des
mathématiques, dans lesquelles il fit de rapides
progrès. Déjà il était parvenu au grade de ca-
pitaine de vaisseau, lorsque la mort de son frère
RIARIO SFORZA — RICCA.TI
241
aîné, ayant cliangé sa position, le détermina à
donner sa démission. Dès sa jeunesse il avait
cultivé la musique avec passion et succès : il se
livra à la composition dans les loisirs de sa re-
traite à la campagne. Le mérite de ses ouvrages,
dont il envoya quelques-uns à l'Académie des
philharmoniques de Bologne, le lit admettre au
nomhre des membres de celle société. Le duc
Riario mourut du choléra, le 4 décembre 1830,
à rage de soixante-sept ans. On connaît de lui
les productions dont voici la liste : 1" Messe à
quatre voix, ch(Eur et orchestre; — 2" Dixil
pour voix de basse, chœur et orgue ; — 3° Salve
Jiegina à trois voix et orchestre; — 4" Tanlum
ergo pour voix de basse et orchestre ; — 5" Sta-
hat M (lier à trois voix, chœur et orgue; —
C Magnificat pourun chœur àqualre voix, sans
iiisti umcnls ; — 7o Piramo e Tisbe, opéra se-
lieux;— 8° Saffo, idem ; —ii"Armidc, action
théâtrale. Le duc Kiario a composé aussi plu-
sieurs cantates et des pièces de chant avec ac-
comi a|.;nemcnt de piano.
KIHBE (Jf.an-Chkétien), médecin, littérateur
et auialtur de mu.sique, vécut à Berlin, vers la
fin du dix-huitième siècle, et y existait encore
en 1822. Il a publié les compositions suivantes :
1° Six sonates pour clavecin et llilte; Berlin,
1789. — 2° Trois grands duos concertants pour
2 Ihites , Berlin, Hummel, 1798.
RIUKRA (Bernakdin), musicien espagnol,
vécut dans la première moitié du seizième siècle.
On croit qu'il fut maître de chapelle de" la ca-
thédrale de Tolède, parce que cette église est la
seule où se trouvent ses œuvres, et l'on y voit,
par les livres capitulaires, que Cristoval Mo-
rales {voyez ce nom) est postérieur à Ribera.
Ce maître n'est connu que par ses ouvrages;
mais le rare mérite du Magnificat et des deux
motets publiés par M. Ksiava {voyez ce nom)
dans sa Lira sacio-hispana, d'après les ma-
•nuscrits de l'église de Tolède , font regretter
qu'on ne possède pas de renseignements plus
précis sur leur auteur. Ce qui le distingue de ses
prédécesseurs , c'est l'expression du caractère
des paroles, et des tendances d'innovations dans
ta tonalité et dans la modulation. Il existe dans
ta cathédrale de Tolède un volume manuscrit de
la plus grande beauté qui contient les messes
composées par Ribera.
RIBOCK (J.-J.-H), docteur en médecine à
Lucliow, petite ville près de Lunebourg, y est
mort, en 1784, ou, suivant d'autres renseigne-
ments, a cessé de vivre à Hanovre, en 1785. Ama-
teur de llûte, il s'occupa du pcrfertionnement de
cet instrument et publia snr ce sujet : !• Be-
merkimgen liber die Flœte und Vcrsuch einer
BiouB. UNiv. nES M^)SICIE^s. — T. vn.
kurzen Anleitvng zur bessern Einrichtung
und Behœndlung derselben (Observations sur
la flûte et essai d'une instruction sur une cons-
truction améliorée de cet instrument) ; Stendhal,
1782, in-4° de 62 pages avec 7 planches. Les
idées de Ribock pour le perfectionnement de
l'instrument consistent, d'une part , dans le ré-
trécissement du tube vers l'embouchure ; idée
reprise plus tard par Bœhm {voyez ce nom), et
de l'autre par l'addition de deux clefs, qui en
portèrent le nombre jusqu'à cinq, au moyen de.s-
quelleson put jouer dans tous les tons, et exécuter
plusieurs trilles qui ne pouvaient se faire aupa-
ravant. — 2° Ueber Mvsik, an Flœtenliebha-
ber inso)iderheit (Sur la musique, particuliè-
rement |)our les amateurs de ilùie), «laus le Ma-
gasin de musique, publié par Cramer (t. I,
p. 686-736).
RIBOVIUS(LAi'itF.\T), né à Greifswalde
dans les premières années du dix-septième siècle,
fut cantor et maître d'école à Lœbcnicbl, près
de Kœnigsberg. On a de lui un traité élénwntaire
de musique, par demandes et réponses, intitulé :
Enchiridion viusicum, oder kurzer Begriff
der Singkunst; Kœnigsberg, 1638, iii-S" de onze
feuilleset demie. Dans la même année, Ribovius
a publié une deuxième édition augmentée de
cet ouvrage, aussi à Kœnigsberg, en 16 feuilles
et demie in-s**.
RICCARDI (Françoise), connue sons le
nom de Mme PAER, cantatrice distinguée, est
née à Parme, en 1778. Douée d'une belle voix et
d'heureuses dispositions pour la musique, elle
se livra à l'élude du chant sous la direction de
Forlunati. A l'âge 0e seize ans, elle débuta avec
huccc» au théâtre de Brescia, oiielle chanta avec
le célèbu- ténor David (père). Kn l795, elle parut
connne prima donna sur le théâtre de Milan,
puis chanta à Parme, à Florence, revint à Milan
à l'autonmedc 1796, puis alla à Bologne, et enfin
chanta à Milan au carême de 1798. Devenue lu
femme du célèbre compositeur Paèr, elle le sui-
vit à Vienne, à Dresde et à Paris, où elle chanta
en 1807 et 1808 au théâtre de la cour. Séparée
ensuite de son mari, elle retourna en Italie, et se
fixa à Bologne.
RICCATI (Le comte Giordano), habile géo-
mètre, architecte et amateur de musique, naquit
à Castel-Franco, près de Tiévise, le 28 février
1709. Fils d'un mathématicien habile, il apprit
de lui les mathématiques, et se livra de bonne
heure à la culture des arts. Il mourut à Trévise,
le 20 juillet 1790. On a de lui les productions
suivantes : 1° Saggio sopra le leggi del con-
trappunto; Castel-Franco. 1762, in-S" de lo5
pages. —2" Délie corde ovvero fibre elasli-
16
242
R ICC ATI — RICCI
che, Bologne, 1777, in-'i" de 246 pages, arec
planches. — 3" Soluzione délia diflîcoKà pro-
posta daldottisshno P D. Girolamo Saladini
intonio ad uiia proposizione contenuta nelV
opéra : Délie corde, ovvero libre elasliclie, etc.
(dans la Raccolla d'Opuscoli scienti/ici e filo-
logici de Cologcra, t. 19, p. 287). — k" Lel-
tera al chiarisshno Sig. conte Girolamo Fe-
naroli , niella quale s'indaga V artejicio di
cui si serve la natura per far sï, che incitata
una corda alsuono, s' adatti in breoissimo
tempo ad una ciirva bilanciata cd isocrona
(NuovoGiorji. de Jelterali d'ltalia,Modcne, 1778,
t. 13, p. 6.2-79). — 5<* Lettera al Sig. Arci-
prete Nicolai, in cui nuovamcnte si difcnde
dalla nota di peiizione }li principio la for-
viola colla quale il cav. Newton détermina
la velocità délia propagazione del suono per
Paria (ibid., ann. 1777, t. 12, p. 320-331). —
60 Lettera H, in cui si détermina V equazione
generalissima délie curve bilanciate ed iso-
crone ( ibid., tome 4, page 269 ). — 7° Délie
vibrazioni sonore dei cilindri, dans le premier
voJumc des Memorie dimatemat. e fisica délia
société italiana; Vérone, 1782, in-4'*. —
8" Dissertatione fisico-matemat. délie vibra-
zioni del iamburro {Saygi scienti/ici e letterati
delV Acadeiniu di Padova^ tome 1, 1786,
grand in^", p. 419-446). — 9o Lettere due alV
ornât issimo Padre D. Gio vénale Sacchi, tic.
(dans le ISuovo Giornale de' Letterati d'fta-
lia, 1789, t. 45, p. 170 ). Ces lettres contiennent
un aperçu de l'histoire de la musique théo-
rique et piatique en Italie. — 10" Del suono
falso. Dissertaz. acustico-'qiatematica {Pro-
dromo delf Knciclopedia italiana; Sienne,
1779, in-4'', page 96). — 11° Riflessioni sopra
il libro primo délia scienza teorica e pra-
tica délia viusica del P. Valotti (Niioto
Giorn. de' Letterati d' Italia, tome 23, pages
45-115). — \T Esame del sistema musicale
di M. Hameau (ibid., tome 21, pages 47-97).
— 13" Esame del sistema musico del Sig. Tar-
tini iliid., tome 22, pages 169-272)
RICCHEZZA (Dominique), compositeur
napolitain , fut élève du Conservatoire de San
Onofrio, et vécut dans la première moitié du
dix-huitième siècle. Appel*- au poste de maître
de chapelle de l'église des PP. <Ie l'Oratoire, ou
Filippinf, de Naples, il écrivit pour les fun-
ziotU de celle maison les oratorios dont les li-
tres suivent : 1° La Fcdetrionfante ; — 2" San
Giusio; — S^Aft gare degli démenti: — V Na-
bucco; — 5" H Irionfo délia grazin; — 6° Il
gacrifizio di Abcle ; — 7° San MeiUno ves-
cofo; — «"7/ Sospetlo di San Gixiscppe; —
9" La Roiina degli Angeli ; — 10° La Verità
de' sogni di Giuseppc ; — 1 1" San Eustachio;
— 12" San Francesco Sarerio; — 13" San
Giovanni Batlista. Toutes les partitions de
ces ouvrages existent dans la bibliothèque des
PP. de l'Oratoire, à Naples.
RICCI (David), ou RIZZIO, excellent lu-
thiste, né à Turin, en 1540, était fils d'un musi-
cien de cette ville. En 1564, il accompagna l'am-
bassadeur de Sardaigne à la cour de la reine Ma-
rie d'Ecosse ; mais arrivé à Edimbourg, ce sei-
gneur lui donna son congé, et Ricci n'eut pas
d'autre ressource que d'entrer dans la musique
de la chambre de la reine. Il n'y fut pas long-
temps inaperçu; Marie l'attacha à sa personne,
en qualité de chanteur et de luthiste ; puis elle en fit
son secrétaire et son favori. Les faveurs dont l'ar-
tiste était comblé par la reine excitèient la jalousie
des courtisans, qui, éveillant les soupçons de l'é-
poux de Marie Stuart, lui firent prendre la réso-
lution d'assassiner Ricci. F^e 9 mars 1566, les
coniurés s'introduisirent dans l'appartement de
la reine, et poignardèrent son favori à ses côtés.
Quelques écrivains ont attribué à Ricci la com-
position de plusieurs anciens airs écossais, encore
célèbres aujourd'hui; mais. leur erreur est mani-
feste, car ces airs sont d'un temps plus reculé
que celui où vécut ce musicien, et remontent au
moins au règne du roi Jacques.
lllCCi (Micuel-Ange), musicien, né à Uer-
game, dans la seconde moitié du seizième siècle,,
a composé <les madrigaux à 1, 2, 3, 4 et 5 voix
avec basse continue, qui ont été insérés dans le
Parnassus musicv^ Ferdinandxus Bergamen.;
Venise, 1615, in- 4°.
RICCI (Augustin), maître de chapelle à Pa-
doue, dans la première moitié du <li\-septièine
siècle, s'est fait connaître par quelques cou)()osi-
tions pour l'église, parmi lesquelles on remarque :
1° Ecce sacerdos magnus, à 2 chœurs. —
2" Kyrie, à 4 voix . — S^Jieatus vir, à 4. — 'i' Ave
xMaris Stella, k i. — 5" Si quxris miracula,
à 8. — 6" Vcni Creator spiritus, à 4. Ces ouvra-
ges sont dans la bibliothèque de l'abbé Sanlini, à
Rome.
RICCI (Pasc.\l), naquit à Como, en 1733, et
étudia la musique sous la direction de Vignali,
maître de cUapelle à Milan. Entré dans les or-
dres, il prit le litre d'abbé, sans cesser de cul-
tiver la musiqne arec succès. Après avoir
fait plusieurs voyages en Allemagne, çu Hol-
lande et en Angleterre, il se rendit à Paris, où il
publia plusieurs ouvrages de .sa composition;
puis il retourna à Como, où il obtint le titre de
maître de chapelle. Il y vivait encore dans les
dernières années du dix-huitième siècle. Parmi
RICCI
243
ses compositions , on remarque des quatuors
et des trios de violon d'une bonne facture. Il a
aussi publié à Paris un traité, de l'art de jouer du
piano , intitulé : Méthode ou Recueil des con-
naissances élémentaires pour le piano-forté
ou clavecin; Paris, Lacbevardière, 1788, in-4"*.
On cite de la composition de Ricci un Dies irse
dont l'effet était saisissant.
RICCI (Louis), compositeur dramatique,
né à Naples, en 1808, montra dès son enfance
d'heureuses dispositions pour la musique. Ayant
été admis avec son frère Frédéric (foye; la no-
tice suivante) au Conservatoire de Sun-Pietro a
Majella , de sa ville natale, il y étudia l'art du
cbant et l'accompagnement (\vs parlimcnli, ()uis
il devint élève de Zingarelli pour la composition.
Louis Ricci fit exécuter en 1828, au petit théâtre
de cette école, son premier opéra intitulé :
L'Imprésario in angustie. Dans la même an-
née, il écrivit à Rome, pour le théâtre Valle,
L'Orfanello di Ginevra, drame musical qui ob-
tiutun brillant succès. Après cet ouvrage, les deux
frères se réunirent pour composer en commun
les opéras suivants : i" Il Sonnanbulo , joué
sans succès à Rome, au théâtre Valle, en 1829.
— 2" L'Eroina del Messico, ossia il Fernando
Cortcz, représenté au théâtre Tordinone, dans
la môme ville, le 9 février 18o0, et qui ne réussit
pas. — 3"^ Il Colombo , à Parme, à la même
époque, qui ne lut pas plus heureux. Cette der-
nière chute décida les frères iVicci à séparer leurs
travaux. En 1831, Louis donna aTurin.4Hn<6a/e
in Torino, et dans la même année il fit repré-
senter à Milan Chiara di Rosenberg, qui eut
un grand succès et fut joué dans toute l'Italie,
à Berlin, à Vienne, a Weimar, et même à Cons-
tantinople, à New-York et au Brésil. En 1832, il
écrivit à Milan La ISeva, opéra en trois actes qui
ne réussit pas. Il fut plus heureux dans II Dia-
volo condannato a prender moglie , joué à
Naples dans la même année, et qui réussit égale-
ment à Rome, à Milan et à Venise. Un des plus
grands succès de Louis Ricci fut celui qu'il ob-
tint à Parme au carnaval de 1833, avec II nuovo
Figaro, puis dans toute l'Italie, à Berlin et à
Vienne. Cet ouvrage a été joue aussi sous le titre
de Le ISuzze di Figaro. La Gabbia de' matti,
écrit à Rome, puis à Milan, dans la même année,
n'eut pas une longue existence. Au carnaval de
1834, I due Scrgenti du même compositeur eut
{leu de succès; mais cet opéra fut suivi de celui
qui a pourtitre : Uji' Avventura di Scaramuc-
cia, représenté à Milan, charmant ouvrage, dont
le succès fut universel, et qui , par la verve co-
mique ainsi que par le charme des mélodies,
peut prendre place parmi !es meilleures produc-
tions théâtrales du dix-neuvième siècle. Erano
due, or son ire, joué à Turin à la fin de 1834,
fut aussi un des beaux succès de Louis Ricci :
cet ouvrage fut représenté partout. Dans l'année
suivante ildonna à Naples Aladino, qui ne réussit
pas. Il se releva un peu dans la Dama colonello,
joué dans la même ville, à l'automne delà même
année. Maria di Montalban , écrit ensuite à
Milan, eut une chute complète. La Serva et
VVssaro, joué en 1836, ne fut pas plus heureux.
A la suite de cette chute, les deux frères se réu-
nirent de nouveau et donnèrent à Naples II Di-
sertore siiizzero, qui eut quelque succès, ainsi
que Crispino e la Comare. Le dernier ouvrage
heureux donné par Louis Ricci fut l'opéra bouffe
Chi dura vince, écrit à Milan en 1837, et qui
fut joué partout en Italie. Dans la même année,
il fut appelé à Trieste comme maître de chapelle
de la cathédrale et directeur de musique au
théâtre. H se livra dès lors à la composition de
la musique d'église, ainsi qu'à .«es fonctions au
théâtre et c«ssa d'écrire pour la scène. Cet artiste
distingué occupait ces positions depuis vingt ans,
lorsque sa raison se dérangea, dans l'été de 1857.
Sa famille venait de le faire placer dans l'hô-
pital des aliénés à Prague, lorsque je me trouvai
dans cette ville en 1838 . il y languit environ
dix-huit mois, et mourut le 1*'' janvier 18G0.
RICCI (Frédéric), frère du précédent, et
comme lui compositeur dramatique , né à Na-
|)les, en 1809, fit, comme son frère, ses études mu-
.sicales au Conservatoire de San-Pietro a Ma-
jella. Sorti de cette école, il se Hvra d'abord à
l'enseignement du chant , puis le premier suc-
cès de son frère à Rome le détermina à s'es-
sayer aussi dans la composition pour la scène.
Outre les ouvrages qu'il a écrits en collaboration
de son frère, il a donné à Venise, en 18.35,
Monsieur Deschalumeaux , (\\i\ réussit et fut
joué avec succès à Florence , Trieste, Gênes et
Turin. Après cet ouvrage , Ricci laissa passer
quelques années sans aborder le théâtre, parais-
sant borner sa cariière aux fonctions de profes-
seur de chant. Il reparut à la scène par l'opéra
intitulé : La Prigione d'Edimbourg , joué à
Trieste au printemps de 1838, et qui fut son
plus grand succès, car l'ouvrage fut représenté
sur tous les théâtres de l'Italie. Il fut suivi d'un
Ducllo soito Richelieu, qui ne réussit pas à
Milan, en 1839. Un silence de deux années suivit
la représentation de cet opéra. En 1841, Frédé*
rie Ricci écrivit à Florence Michelangelo e
Rolla , qui ne réussit pas et qui fut suivi, à
Milan, en 1842, de Corrado d'AUamura, un
des meilleurs ouvrages de cet artiste. Dans l'an-
née suivante il donna, dans la même ville, Yallom-
IG.
244
RICCI — RICCIUS
Ira, qui n'eut qu'une courle existence. Les deux
dernières productions dramatiques de ce composi-
teur sont Uahella de' Medici, jouée à Trieste,
sans succès, en 1845. et Estella di Murcia, qui
eut une chute complète, à Milan, dans l'année sui-
vante. Au résumé, deux ouvrages, La Prison
d'Edimbourg et Corrado d'Altamura sont
tout ce qui est resté des travaux de Frédéric
Ricci. Cet artiste a passé quelque temps en Es-
pagne et en Portugal comme directeur de mu-
sique des théâtres de Madrid et de Lisbonne,
puis il a été appelé à Pétersbourg. En 1858, je
l'ai trouvé à Prague, où il était venu avec quel-
ques artistes distingués de sa patrie, à l'occasion
du 50* anniversaire de la fondation du Conser-
vatoire de celte ville. Ce fut alors qu'ayant vi-
sité l'hôpital des aliénés de Prague, il remarqua
la bonne tenue de l'élahlissement ainsi que les
soins .touchants prodigués à ces infortunés, et
conçut le dessein d'y placer son frère, récem-
ment privé de la raison par un ramollissement
du cerveau. Des recueils d'ariettes italiennes et
des albums pour le chant, de la composition
de Frédéric Ricci, ont été publiés à Milan, chez
Ricordi.
RICCÏO (Antoine-Théodore), savant musi-
cien, né à Brescia, vers 1540, fut d'abord maître
de chapelle à Ferrare , et y acquit de la réputa-
tion comme compositeur; puis il entra au service
de l'empereur, à Vienne. Son humeur incons-
tante lui fit bientôt quitter celte nouvelle position
pour aller à Dresde, où il se lit protestant et se
maria. En 1579, il s'éloigna de cette ville pour
aller à Kocnigsberg, où le margrave de Brande-
bourg le fit -son maître de chapelle. Suivant les
biographes italiens , Riccio aurait bientôt après
quitté cette position pour se rendre à Witten-
berg, où il serait mort, en 1580; mais Pisanski
assure, dans son Histoire littéraire de la Prusse
(part. I), qu'il vivait encore à Kœnigsherg en
1583. Les productions connues de cet artiste
sont : 1* Libro 1° de" Madrigali a 5 voci ; Ve-
nise, 1567, Gardane, in-4°. — T Libro 1" de'
Mndrigali a 6, 7, 8 e 12 voci; MA., 1507, in-4".
— 3' Il primo libro délie canzoni alla napo-
titana a cinque voci, con alcune mascherate
nelfine a cinque cl asei, novamciUe dati in
luce da Teodoro Riccio Bresciano, italiano,
maestro di capella deV illustriss. et eccellen-
tiss. signor principe, il signor Georgio Frede-
rlco, marchese di Brandenburgo, duca di
Prussia, et Burggravio di Norimbergo. In No-
rimberga, appresso Catharina Gerlachin et
Heredi di Giovanni Moalano, 1577 , in-4''.—
V Cantiones sacrx 5, 6 e 8 vocum, tum viva
voce, tum etiam omnis generis instrumentis
cantalii commodissime; Nuremberg, 1 570, in-4''.
— 5° Un livre de messes, publié à Kœnigsherg,
chez Osterberger, en 1579. — 0° Molcttiv quin-
que et plurim. vocuvi. Regiomonti Boriissin
(Kœnigsherg), m officina Georgii Osterbergeri ,
1580. Ce recueil, où l'on trouve des motels à
cinq, six, huit et douze voix, est le second livre
du précé<lent. — 7° Introitus qui in solemnitn-
tibus tnajoribus et prxcipuorum sanctorum
festis in Ecclesia decantari soient ; Venise,
1589, in-4°.
RICCIO (Jean-Baptiste), compositeur ita-
lien, vécut dans la première moitié du dix-
septième siècle. On connaît sous son nom :
1° Divine laudi musicali ai, 2, 3 e< 4 voci.
— 2" Canzoni da sonare a 1, 2, 3 <?< 4 stro-
menti.
lUCCIO (Ange-Marie), docteur eu théologie
et professeur de littérature grecque, à Florence,
vers le milieu du dix-huitième siècle, a publié
un recueil de dissertations philologiques inti-
tulé : Dissertai iones Homericx ; Florence, 1741,
3 volumes in-4''. On y trouve les dissertations
suivantes relatives à la musique : 1" De Achille
cithara canente , veterique Grxcorum mu-
sica {tome II, page 31). — 2° An musica cu-
rantur morbi (toine.ll, page 51). — 3° />e
musica virili et effeminata Grxcorum non-
nullisque aliis ad cognitionem musicx j)erli-
nenlibus (t. III, p. 41).
RICCIUS (Alguste-Ferdinand), né le 26 fé-
vrier 1819, à Bernstadt, près de Herrnheit, dans la
Lusace, montra dès ses premières années d'heu-
reuses dispositions pour la musique, et y fit de si
rapides progrè.«, qu'à l'âge de neuf ans il jouait déjà
sa partie de violon ou de llùte dans les concerts de
la société d'harmonie de sa ville natale, dont son
père, simple maitreouvrier, était membre. Jusqu'à
l'âge de quatorze ans, il apprit à jouer de plu-
sieurs instruments, particulièrement du piano et
de l'orgue, sous ladireclion deSchœnleld, cantor
de la ville. En 1833, il fui envoyé au gyumase
de Zittau pour y faire ses éludes littéraires : ii
y devint membre de la Société de chœurs, dont
il eut plus tard la direction, et le musicien de la
ville, nommé Zimmermann , lui donna des le-
çons de plusieurs instruments. Ce fut aussi à
Ziltauqu'il fit ses premiers essais de composition.
En 18'<0 il se rendit à l'université de Leipsick, où
il se livra à l'étude de la théologie pour satis-
faire au désir de ses parents. Cependant son
penchanl pour la musique s'accroissait de Jour
en jour, après trois ans de lutte entre sa passion
pour cet art et le vœu de sa famille, il finit par
rompre avec la théologie et embrassa la profes-
sion d'artiste musicien. Trop pauvre pour payer
RICCIUS — RICHAFORT
24J
les leçons d'un maître de composition , il s'ins-
truisit par la lecture des traités de théorie, ainsi
que par l'étude des œuvres classiques des plus
célèbres compositeurs. Quelques leçons de chant
et d'harmonie qu'il donnait à bas prix étaient alors
ses seuls moyens d'existence. La publication de ses
premiers ouvrages le fit connaître d'une manière
avantageuse, et dès lors sa position s'améliora,
lui 1849, la société musicale connue sous le nom
A'Euierpe le choisit pour diriger l'orchesire
de ses concerts. Il conserva cette position jus-
qu'en 1835, 011 il fut le successeur de Rietz dans
la direction de l'orchestre du théâtre de Leipsick.
Il exerce encore aujourd'hui (1863) les mêmes
(onctions. Au nombre des principales productions
de Riccius^ on remarque plusieurs morceaux
intercalés dans les opéras représentés au théâ-
tre de Leipsick, une ouverture de concert, une
autre ouverture pour La Fiancée de Messine,
composée à l'occasion de l'anniversaire sécu-
laire de la naissance de Schiller, et la grande
cantate la Consécration de la force, sur le
poëme de Zacharie Werner. Riccius s'est aussi
distingué par le mérite de ses Lieder et de ses
chants à plu.'îieurs voix, de plusieurs airs de con-
cert pour soprano ou ténor, quelques morceaux
de musique religieuse, un bcn trio pour violon,
alto et violoncelle, un duo pour piano et cor, une
sonate pour piano, et une suite de petits mor-
ceaux à deux ou quatre mains pour le même ins-
truments.
DtMix neveux de Riccius se sont aussi fait
connaître comme des artistes de talent. L'aîné
(Charles), né le 26 juillet 1830, est violoniste et
directeur de musique au théâtre de Dresde; son
frère (Henri), né en 1831, fut aussi attachée la
chapelle royale de Dresde, puis il vécut quelque
tenifis à Cologne, eV enlin il s'est fixé en Angle-
terre. Il y est professeur de musique dans une
grande maison d'éducation à Uppingham, près
de Londres. Tous deux ont publié des ouvrages
de leur composition , particulièrement pour le
chant.
RICCOBOiVI (Louis), acteur italien, désigné
au thtàtre sous le nom de Lelio , naquit à Mo-
dène, en 1677. La troupe italienne qu'il avait
formée, d'après l'ordre du duc d'Orléans, régent
du royaume de I^rance, fut amenée par lui à
Paris, et y débuta au mois de mai 1716. Ricco-
boni en fut un des principaux acteurs. Il se re-
tira de la scène en 1729, et alla vivre quelque
temps à Parme ; mais il revint plus tard à Paris,
et y mourut, le 6 décembre 1753. On a de lui les
ouvrages intitulés : l*" Dell' arte rappresenta-
tiva, capUolisei, in terzarime; Londres, 1728,
in-S''. — 2° De la réformation du théâtre;
Paris, 1743, in- 12 de 337 pages. — 3° HistoirP.
du théâtre italien, etc ; P.iris, 1728-1731, 2 vo-
lumes in-8°. — 4" Réflexions historiques et
critiques sur différents théâtres de V Europe;
Paris, 1738, in -8°. On trouve dans ces livres
quelques renseignements concernant l'Opéra.
RICCOBOi\I (Antoine-François), fils du
précédent, né à Mantoue, en 1707 , mourut à
Paris, le 15 mai 1772. Il fut acteur de la coméiUe
italienne de cette ville, sous le nom de Lelio,
depuis 1726 jusqu'en 1750. M a donné quelques
pièces de sa composition au théâtre où il était
attaché, et a fait imprimer un ouvrage estimé
intitulé : L'Art diu théâtre, à Madame*** ,
suivi d'une lettre au sujet de cet ouvrage;
Paris, 1750, in-S" de 102 pages. Une deuxième
édition a paru en 1752, in-8°.
RICII AFORT (Jean) ou RICHEFORT, dont
le nom e.st écrit par les Italiens RICCIAFORTE,
compositeur belge, né dans la .seconde moitié du
(|uinzième siècle, eut pour maître Josquin des
Prés, suivant ce que nous a|t[)ieiient Du Ver-
dier (Biblioth. française, tome 111, page 83,
édit. de Rigolet de Juvigny), et le poète Ron-
sard ( Mélange de chansons, tant des vieux
auteurs que des modernes à 5, 6,1 et ^ par-
ties ; Paris, Ad. Leroy et Robert Ballard, 1572,
in-4''obl., dans la préface). Il devint maître de
.musique(mattre dechapelle) del'église Saint-Gilles
de Bruges, en 1543, comme successeur de J(>an
Claus, et conserva cette position jusqu'à la lin <1*;
1547. Son successeur, en 1548, fut Jean Bart,
prêtre. Il est vraisemblable que cette année 1547
est celle du décès de Ricbafort, car Guicliardin
le place, dans sa Descrizione di tutti i Paesi
Bassi , au nombre des musiciens belges qui
avaient cessé de vivre avant 1556. Ricbafort fut
considéré comme un habile maître de son temps;
Glarcan lui accorde {Dodecach., p. 288) des
éloges qui sont justifiés par le mérite des mor-
ceaux de sa compo.>ition que j'ai mis en parti-
lion. La collection la plus considérable de ses
œuvres se trouve «lans un manuscrit du seizième
siècle «pii est à la bibliotlièqiie royale de Bel-
gique, à Bruxelles. Le manuscrit in-folio des ar-
chives de la chapelle pontificale, à Rome, coté
n" 38, contient plusieurs motets de ce musicien.
La plupart des recueils publiés dans la première
moitié du seizième siècle à Venise, Louvain, An-
vers et Paris, renferment aussi des motets de sa
composition. Dans le deuxième livre des motets
dits de la corona, publié par Petrucci, à Fos-
sombrone, en 1519, on trouve un Misercmini
mei, à 4 voix, dont il est auteur. Le huitième
livre de motets à quatre, cinq et six parties,
imprimé chez Pierre Attaingnant, à Paris, en
246
RICHAFORT — RICHOMME
ilr3i, in-4'', gothique, contient un Veni clecta
<hi iHÔHW» arlisle. Knfin, on trouve des composi-
Uons (le ce musicien dans la Fior de Moitetti
trait/ dnili MoUelti del Flore (Venise, Ant,
Cardane, 1539); à la suite des Magnificat de
Morales (Venise, Jérôme Scoto, 1343); dans les Se-
leclissim.v nec non familiarissimx cantiones
-ultra cenium (Augsbourg, Kriestein, 1540); dans
les Cantiones septcm, sex et quinque vocum,
publiées par Sigismond Saiblinger, c liez le même,
eu 1545 ; dans les Modulai iones aliquot qua-
tuor vocum selectissinuv ^ Nuremberg, J. Pe-
treius, 1538 ) ; dans le Toinus sacondus J'sal-
onorum selectorura quatuor et quinque vocum
{ibid., 1539); dans lu Select issimarum mote-
iarum , pnrtim quinque partim quatuor vo-
cum, Tomus primus (ibid., 1540); dans les
livres premier, deuxième, quatrième, sixième
et douzième de la grande collection de motets,
en vingt livres, publiée par Attaingnant, à
Paris, 1534-1541; dans les recueils de motets
et de chansons imprimés à Lyon, chez Jacques
Bloderne , et dans plusieurs ;iutres collections.
Georges Schielen (in Bihliot. Enncl. page 327),
etGesncr {inPundect. 1. 7, t. VI, fol. 03 attri-
buent à Richafort un Compcndium musicale,
qui ne parait pas avoir été imprimé.
niCHARU (Baltuazar), musicien au ser-
vice de l'infante Isabelle, naquit à Mous, en Ilai-
naut, vers la fm du seizième siècle, ou dans les
premières années du dix-septième siècle. H a
lait imprimer un ouvrage de sa composition, inti-
tulé : Litanixbeatissimx Marix Virginis Lau-
retanx, 5.6, 7, S,Oel 12, iam vocibusquam
instrumentis modulatx, quibus missa octonis
vocibus adjuncta est. Componebat Baltazar
(sic) Richard, Ilannonius Montensis, Smx. Isa-
iell.r, Ilispaniarum infantix, in aulx ejussa-
cello in DeUjio cornicen, cum basso continua
ad orga7ium ; An\'er& , chez les héritiers de
Pierre Phalèse, imprimeur de musique , 1631,
in-4".
RICHARD (Louis), bachelier en musique,
professeur et organiste de la Madeleine à Ox-
ford, dans la première moitié du dix-septième
siècle. Il mourut en 1039, et e»t pour successeur
Arthur Philips. Ku 1030, il fit exécuter à Whi-
lehall une mascarade de sa composition intitulée
Salmacida spolia.
RiCIIARD ( Maktin ); Voyez RINCK-
HAHD.
RICHARD (Pali.in), employé à la biblio-
thèque impériale de Paris, estnéà Kodez(Avey-
ron), le 17 juin 1798. Il était âgé d'environ
trente ans lorsqu'il se livra à l'étude du chant
sous la direction de Garcia, ce qui le jeta dans
des recherches historiques et théoriques sur
cet art, lesquelles loulefois n'ont rien produit.
M. Hichard a fourni quelques articles à la Revue
musicale, ù la Gazette musicale de Paris, et
à/« France musicale.
RICHF:R (Anork), né à Paris, en 1714, fut
admis dans les pages de la musique du roi, et lit
.ses études musicales .sous la direction de Lalande
et de Bernier. Plus tard, il fut attaché à la cha-
pelle de Louis XV, et y fit exécuter |>lusieurs
motets. Ses cantates ont été gravées à Paris,
vers 1750. Richer eut trois fds, qui firent leur
profession delà musique : le premier était habile
violoncelliste, le second, attaché à la cour de
Parme, avait du talent sur le violon; le dernier,
chanteur, est le sujet de l'article suivant.
RICHER ( Louis- AdgiiSTin) , fils d'André,
naquit à Versailles, le 26 juillet 1740. A l'âge de
huit ans, il entra chez les pages de la chapelle du
roi, et il en sortit en 1756. Dès sa neuvième an-
née, il s'était fait entendre dans quelques motets,
et la beauté de sa voix lui avait fait accorder
une pension par Louis XV. Son début au Con-
certspiriluel fut brillant : on admira sa belle voix
de ténor et son goût naturel. Après la mort de
son père, il eut le titre de maître de musique du
ducde Chartres et du ducde Bourbon. En 1779,
le roi lui accorda la survivance de la charge de
maître de musique des enfants de France, dont
il remplit les fonctions après la mort de Lagarde.
La révolution l'ayant privé de ses emplois et de
ses pensions, il trouva, pour compensation, une
place de professeur de chani au Conservatoire.
Il mourut à Paris, le 6 juillet 1819. On a gravé
de sa composition deux livres de cantatilles, un
livre de romances, et un livre de chansonnettes.
RICHOMME (Antoine-Jacqdes), graveur
de musique, né à l»aris, le 18 septembre 1754,
s'est fait remarquer par la perfection de .son
travail, et a fait faire de grands progrès à l'art
de la gravure de la musique en France. Élève
deM'ic Vendôme, il semoidra bientôt plus habile
que son modèle. Ses premiers soins eurent pour
objet de rendre les poinçons plus élégants dans
leurs formes que ceux qui exi.staienl avant lui.
C'est Ricluunme qui a gravé les planches de mu-
si()ue de l'Encyclopédie méthodique ; mais ses
plus h(>aux ouvrages sont les éditions complètes
des quatuors de Haydn et de Mozart, ainsi que le
Répertoire des clavecinistes publié par Nae-
geli, à Zurich. C'est aussi Hichomme qui a gravé
.sur cuivre le beau recueil de romancesde J.-J.
Rousseau intitulé les Consolations des misères
de ma rie. Il a formé la plupart des bons gra-
veurs qui lui ont succédé. J'ignore l'époque de
sa mort.
RICIIOMME — RICHTER
247
RICIIOMME (Jkan-Tmomas), (ils du précè-
dent, est né à Paris, en 1780. Élève de son père,
il est aussi bon graveur de musique. Il a publié
un petit écrit intitulé ; Leçons sur la manicre
de graver la musique j Paris, Maliler et com-
pagnie, (829, in-S^de 40 pages, avec 3 planches.
RICIISTHA.L (Chr.-G.), auteur inconnu
d'un petit écrit intitulé : JSouvelle méthode
pour noter la musique, et pour l'imprimer
avec des caractères mobiles; Paris, Lenor-
niand, 1810.
RICHTER (Jea.n-Sioismond) naquit à Nu-
remberg, le 31 octobre 1057. En 1674 il fréquenta
l'université d'Altorf. Après trois années de sé-
jour dans cetteville, il accepta une place de pré-
cepteur qu'il fut obligé de remplir pendant dix
ans. En 1087, il obtint un emploi civil à Nurem-
berg; peu de temps après, on lui conlia les fonc-
tions d'organiste de la Frauenkiicbe. En 1091, il
fut noumié organiste de l'église Saint-Égide, et à
la mort de Paclielbel, en 1706, il lui succéda en
la môme qualité à Saint-Sebald. Il occupa cette
place jusqu'à sa mort, arrivée le 4 mai 1719. Je
possède un cahier de i)i6ces d'orgue d'anciens
maîtres, en manuscrit, où se trouvent quatre
chorals varit's de Richter, qui donnent une opi-
nion favoral)le de son talent.
RICHTER (Jean-Chkistophe), organiste de
la cour de Dresde, né dans les dernières années
du dix-septième siècle, fut mis en possession de
son emploi chez l'électeur de Saxe en il'XG. il
fut un des élèves de Hcbenstreit pour l'art de
jouer du pantalon (voyez Hebenstreit). Hich-
ter mourut à Dresde, vers 1749. Le catalogue
de l'ancien fonds de musique de Breitkopf, à
Leipsick, indique de la composition de cet ar-
tiste une cantate d'église à 4 voix et à 8 instru-
ments, et une sonate d'orgue pour 2 claviers et
pédale.
RICHTER (Geobges-Godefroi), magisteret
pasteur à Neustîpdiein, près de Schneeberg, au
commencement du dix-iiuitième siècle, est au-
teur d'un sermon qui a été publié sous ce titre :
Vivum Dei Organum, oder das lebendigeOr-
gel-Werck Gottes, zeiyete unter unstœndlicher
Erzehung, nie die Orgeln erfunden und in
die Kirchen gebauet werden, etc. (L'orgue vi-
vant de Dieu, exposé en paroles simple.% à la
commune chrétienne de Neustœdlein près de
Schneeberg, dans un récit circonstancié concer-
nant l'invention des orgues et leur introduc'
tien dans les églises, le 16* dimanche après la
Trinité, le 24 septembre 1719, à l'occasion de
l'érection du nouvel orgue); Schneeberg, 1720,
in^" de 47 pages, avec une longue épître dédi-
catoire. ,
RICHTER (François-Xavieu), compositeur
et écrivain didactique, naquit à IIoli>chau, en
Moravie, le l^" décembre 1709. Après avoir
achevé son éducation musicale, il entra au ser-
vice de l'électeur Palatin et vécut quelques années
à Manheim. Eu 1747, la place de maître de cha-
pelle de la cathédrale de Strasbourg étant de-
venue vacante, il se mit au nombre des aspirants,
et l'obtint au concours. Il en remplit les fonc-
tions seul et avec honneur |)endant trente-six
ans, et ce ne fut qu'en 1783, à l'âge de soixante-
quatorze ans, qu'il sentit le besoin d'être aidé
par un maître de chapelle adjoint : ce titre fut
donné à Pleyel. Richter mourut à Strasbourg, le
12 septembre 1789, dans sa quatre-vingtième
année, estimé à juste titre comme compo>iteur
et conune professeur. Le catalogue thématique
de Breitkopf indique vingt-six symphonies île
cet artiste, en manuscrit, un concerto de piano,
et six quatuors de violon. On a gravé de sa com-
position, a Amsterdam et à Pariss, trois oeuvres
de trios pour clavecin, violon et violoncelle , et
deux œuvres de six symphonies pour l'orchestre.
Des nombreux ouvrages de musi()ue d'église
qu'il a écrits à Strasbourg, on n'a imprimé qu'un
Dixit à 4 voix, en partition, Paris, chrz Porto.
Les ouvra::es de cet artiste restés en manuscrit,
et qui se trouvent à la cathédrale de Saiut-Dié
(Vosges), sont ceux dont voici les titres : 1" M issu
hymnalis (en la majeur), à 4 voix, avec ac-
compagnement de 8 instruments. — 2° Alissa
Cêeciliana (en mi bémol), à 4 voix et orches-
tre. - 4" Missa concert, (en ut majeur), à 4
voix et 6 insirnments. — 4" Missa pastoralis
(en soi majeur) à 4 voix et orchestre. — 5" Messe
en ré majeur, à 4 voix et orchestre. — 6° Messe
en ré mineur, à 4 voix et 0 instruments. —
7° Messeen fa majeur, à 4 voix et 6 instruments.
— 8° Grand Te Deum en ré majeur, à 4 voix
et orche.>«tre, dédie à l'ahbé Larminach, prêtre
et chapelain de la cathédrale de Saint-Dié ( avec
la date de i789). — 9° Dixit et Magnificat (en
ut majeur ), a 4 voix et grand orchestre. —
10° Domine salvumfac regem (enut majeur),
à 4 voix et grand orchestre. — 11" Lauda Sion
Salvatorem (en sol majeur), duo avec chœur
à 4 voix et orchestre. — 12" Ècce sacerdos,
motet (en ré majeur) pour voix de basse avec 8
instruments. — 13° Deus, Deus ad te (en fa
majeur ), pour soprano solo avec 4 instruments.
— Iko Autorbeatisaculi ten soi majeur), idem.
— 15° Quemadmodum desiderat (en 5o2 ma-
jeur), pour ténor solo, avec 6 instruments. —
IG° JesuCorona Virginum(Gnfa majeur), pour
soprano solo, avec 6 instruments. — 17^ Quo-
modo cantabimus canficum (en si bémol),
248
KICHTER
idem. — 18" O.doctor opihne eccleshr (en mi
bémol ), pour lënor solo avec 6 instruments. —
19" Est ut superba criminitm ( en mi bémol ),
duo pour soprano et ténor avec 3 instruments.
— 20" Cœli cives convolate (en» e majeur), pour
soprano solo avec 7 instruments. — 21" Adhx-
reat lingua mea (en fa majeur), duo pour so-
prano et basse, avec G instruments. — 22" Quam
dilecia tabernacula (en 7ni bémol), pour so-
prano solo avec 5 instruments. — 23° Lectio se-
cundo Sabbati sancti. Alepb! Quomodo obscu-
ratuvi est (en sol mineur), pour soprano solo,
avec 4 instruments. Pendant que Ricblcr était
au service de la cour de Manbeim, il écrivit un
grand traité de composition intitulé : llanno-
nische Belehrungen oder grundliche Anwei-
sung zu dcn musikalischen Tonkunst (sic).
Cet ouvrage fut dédié par l'auteur à l'électeur
Palatin du Riiin. Je possède le manuscrit origi-
nal de cet ouvrage avec la signature de l'auteur
à la dédicace, en 304 pages in-fol., non compris
le registre. Une copie de ce manuscrit existe aussi
à la Bibliollièque impériale de Paris. C. Kalk-
brcnner a traduit en français ce livre, mais eu le
mutilant en cent endroits, et l'a publié sous ce
tilre mensonger: Traité d'harmonie et de com-
position, revu, corrigé, augmenté (!) et publié
avec 93 planches par, etc.; Paris, 1804, in-4o.
RICUTER (jEAN-CnRÉTlEN-CnillSTOPHE) ,
père du célèbre littérateur Jean- Paul, naquit à
Neustfcdt, le 16 décembre 1727. Son extrême
pauvreté rendit sa jeunesse pénible. Après avoir
fréquenté le collège de Wunsiedel, il acheva .ses
études au gijmnasium j)oeticu7nàeKalhbonne.
La musique était l'objet principal de sestravaux.
Aprè-s avoir été pendant quelques années simple
musicien dans la cbapelle du prince de la Tour et
Taxis, il alla suivre des cours de théologie à Jéna
et à Erlangen, puis il obtint, en 1760, la position
d'organiste et de troisième professeur à Wun-
siedel. Plus tard, il fut appelé comme pasteur à
Jœditz, dans la principauté de Bayreutli, et enlin
il alla remplir les mêmes fonctions à Scliwar-
zenbacb, sur la Saaie. Cet ecclésiastique a laissé
en manuscrit beaucoupde compositions agréables
pour l'église. Son fils, musicien d'organisation et
pianiste habile, n'a cependant pas |)arlé de la
musique dans son grand traité d'E<thétique : il
semble avoir été effrayé par les difficultés du
sujet. •
RICUTER (Charles-Gottlieb ou Théo-
phile), né à Berlin, en 1728, étudia d'abord la
chirurgie, par obéissance pour ses parents ; mai;; il
M livra ensuite à son |)cncliant pour la musique,
et en a|<i>ril les éléments sous la direction de
Scbaffralli, musicien au service de la princesse
Amélie de Prusse. En 1754, Richter entra aii
service du général comte de Trucbne.ss, à Cus-
trin : quelques années après, il se rondil à Kœ-
nigsberfi, où il vécut d'abord sans autre emploi
que celui de professeur de musique ; puis il ob-
lint la place d'organiste de l'église de la vieille
ville. Son habileté sur lorgne ne put le mettre
à l'abri de la misère pendant la plus grande partie
de sa vie. Déjà avancé en ûge, il obtint la place
d'organiste de la cathédrale de Kœnigsberg. Il
mourut en cette ville, dans l'été de IS09, à l'âge
de quatre vingt-un ans. On a imprimé desacom-
positiun : 1° Six Irios pour deux (lûtes et basse;
Kœnigsberg, 1771. — 2° Deux concertos pour
l« clavecin ; Riga, 1772. — S» Neuf concertos
idem; Kœnigsberg, en 1774, 1773 et 1783. Rich-
ter fut le maître de composition de Roichardt
(voyez ce nom). On trouve aussi trois concertos
de cet artiste imprimés à Leipsick, chez Hart-
knocli.
RICHTER (Amédée-Frédéric), fils d'un
cantorôe Wurzen, naquit en cette ville et fit ses
étu<les musicales sous la direction de llilleretde
Mùller, à l'école de Saint-Thomas de Leipsick.
En 1812, il fut nommé organiste de la cour et de
la ville, à Géra. On a imprimé de sa composi-
tion : 1" Trois recueils de chants avecaccompa-
gnementde piano, sous le titre de Thalia, Leip-
sick, Hofmeister. — 2° Cxcilia, douze poèmes
de Thiersch , avec accompagnement de piano ^
op. 4, ibid.
RICHTER (Gl'illaume), musicien de la
cbapelle <lu grand-duc de Mecklemboiirg-Schwe-
rin,à Ludwigslust, au commencement du dix-
neuviènve siècle, se distingua particulièrement
p;ir son talent sur la flùle. Il a publié de sa corn-
position : 1° Souate facile pour piano et flùle,
op. 1; Leipsick, Breitkopf etHaertel. — 2° Grande
sonate idem, cp. 5; Hambourg, Bœhme. —
30 Duo concertant idem, up. 10; Leipsick, Breit-
koi)f et Haerlel. — 4o Duo concertant pour piano
et cor, op. 6 ; ibid. — 5o Ouverture (en Mt mi-
neur), op. 9; ibid. — 6° Introduction et londo
pour piano, op. 11; ibid. — T Quelques (puvres
de duos et de solos de flùle. — 8" Deux re-
cueils de danses pour piano ; Halle, Anton.
Quehpies autres musiciens du nom de Rich-
ter se sont aussi fait coimaître par des composi-
tions imprimées ou manuscrites; mais on manque
de rensciguementssur leur personne. Le premier,
dont les prénoms sont indiqués par les initiales
G. F., parait avoir vécu à Vienne. Le catalogue
de Traeg, imprimé dans cette ville, en 1799,
donne les litres des ouvrages suivants dout il est
auteur : f» Concerto pour 2 clavecins avec or-
chestre. — 2" Douze concertos pour clavecin
RICIITER
249
avec orclieslre. — 3o Six sonates pour clavecin
et violon. — 4o Sonate et fantaisie pour clavecin
seul. — 5" Allegro avec variations |)Our le piano.
Sous ces mêmes initiales on a gravé, à Paris,
3 sonates pour clavecin et violon, op. 7; Paris,
1792.
J. Ricliter a publié : l» Quatuors pour 2 vio-
lons, alto et basse, op. l et 2; Offenbach, André.
— 20 Duos pour 2 violons, op. 4 et 3 ; ibid. —
3° Danses allemandes pour piano ; Hambourg,
B(Elime,
RICIITER (Ernest-Henri-Léopold), pro-
fesseur de musique à l'école normale de Breslau,
est né le 15 novembre 1805, à Thiergarten, près
de Glogau. Ernsl, organiste de celte ville, lui
enseigna les éléments de la musique. Admis plus
tard à l'école normale de Breslau, il y reçut des
leçons de Hientzsch, du premier organiste Berner,
et de Siegert {voyez ces noms). Ses rapides pro-
grès dans ses éludes lui tirent obtenir une bourse
du gouvernement, pour aller à Berlin perfec-
tionner ses connaissances musicales et pédago-
giques à l'Institut royal de musique. Bicliter pro-
fita de son séjour dans la capitale de la Prusse
pour fréquenter les leçons de Bernard Klein, de
Zclter, de Guillaume Bach et de Helvig. Il suivit
aussi plusieurs cours de l'Université. Les conseils
de Klein lui lurent particulièrement utiles pour la
théorie et la pratique de l'harmonie et de la com-
position. Rappelé à Breslau en 1826, il y fut
nommé professeur adjoint à l'école normale. Dans
l'année suivante, il remplaça Beiner dans la place
de ()rofesseur de musique, devenue vacante par
le décès de cet artiste. Hichter élablit son ensei-
gnement sur un plan plus vaste que celui de son
prédécesseur, car il donnait aux séminaristes des
leçons de chant, de piano, de violon, d'orgue et
d'harmonie. Les succès de son enseignement et le
mérite de ses compositions fixèrent sur lui l'atten-
tion de l'autorité supérieure des écoles, qui, en
maintes circonstances, lui donna des témoignages
de considération. Mosevius lui donna la direc-
tion du chant en choeur dans l'Académie royale
de chant de Breslau, et peu de temps après il fut
aussi chargé de diriger une des principales sociétés
chorales de cette ville. En 1845 il accepta les places
de cantor et de directeur de musique àGœrlit/ ; et
deux ans après il fut appelé à Halberstadt, en qua-
lité de prolesseur de musique du séminaire des
instiluteurs.Les compositions les plus importantes
de ce professeur distingué sont : 1° La Contre-
bande, opéra- comique joué avec succès au théâ-
tre de Breslau. — 2° Une Symphonie à grand
orchestre, exécutée à Breslau en 1844. — 3o Six
chants de Hoffmann de Fallersleben k voix seule
avec piano, op. 1; Breslau, Cranz. — 4oHuit piè-
ces d'orgue faciles, op. 2; ibid. — 5oSix chansons
de table à quatre et cinq voix d'homme, op. 4 ;
ibid. — 6° Cantique religieux pour 4 voix
d'homme, op. 5; Breslau , Fœrster. — 7" Huit
préludes d'orgue pourdes chorals, op. 6 ; ibid. —
80 Cantique religieux pour des voix d'homme,
op. 8 ; Breslau, Cranz. — 9" Lieder pour 4 voix
d'homme, op. 9, 13, 15 et 41 ; ibid. — 10" Plu-
sieurs recueils de Lieder à voix seule avec piano;
ibid. — lloLe psaume «0 à4 voix de <lifférents
genres, avec accompagnement d'orgue obligé,
op. 18; ibid. — 12" Domine salvuvi fac regem,
pour un chœur d'hommes avec orchestre, op. 19.
— 13o Xe Rhin allemand, pour un chœur
d'hommes, op. 20. Il a été fait deux éditions de
ce chant. — 14° Chansons populaires de la Si-
lésie avec des mélodies, op. 27 ;Leipsick, Bieit-
kopf et Haertel. — 15° Des psaumes, des motets
et des cantates avec orchestre, en manuscrit. —
16" Messe en mi mineur à 4 voix et orchestre,
idem.
RICIITER (ErnestFrédéric-Édouaru), né
le 24 octobre 1808, à Gross-Schœnau, près de
Zittau, reçut les premières instructions pour la
musique dans la maison paternelle, où dès l'Age
de dix ans il commençait déjà ses premiers es-
sais de composition. Quelque temps après, il fut
envoyé au gymnase de Zittau pour y faire ses étu-
des littéraires.et continuer de s'instruire dans la
musique. En 1831, il se rendit à Leipsickpour y
fréquenter les cours de l'Université. Weinlig,
cantor de l'école Saint-Thomas, lui enseigna la
théorie de l'harmonie et de la composition, et
dans le même temps il lit la connaissance de
Meodeissohnet de Schumann, dont les conseils ne
furent pas sans influence sur le développement
de ses facultés. En 1843, la place de professeur
d'harmonie et de composition du Conservatoire
de Leipsick lui fut donnée, et peu de temps après
il fut nommé directeur de musique de l'Univer-
sité : en 1851, il obtint sa nomination d'organiste
de l'église Saint-Pierre. Les compositions les
plus importantes de Richter sont celles-ci : l"Le
136^ psaume pour quatre voix, chœur el orches-
tre, publié à Leipsick, chez Breiikopf et Haertel.
— 1° Le 11C<= psaume, idem, exécuté à la fête
musicale d'Eilenbourg, puis à Leipsick, et pu-
blié commeœuvre 16, en partition pourle piano;
ibid., 1846. — 3° Le 126e psaume, idem, op. 10 ;
ibid., 1846; — 4° Hymne pour le jubilé de l'inven-
tion de l'imprimerie, exécuté à Leipsick. —
50 Ouverture à grand orchestre, exécutée dans la
même ville, en 1836. — 6" Quelques motets.
— 7° Trios, préludes, fugues et fantaisies pour
l'orgue. — 80 Des quatuors pour des instru-
ments à cordes. — 9° Des Lieder à voix seule
250
Ricirrim — riixk
avec piano, op. 9 el 14. — 10° Lieiler à 2 voix,
o[>. 13. — 11° Chants à 4 voix avec piano.
■Comme littérateur musicien, M. Hiciiter est au-
teur <i'un traité de l'Iiarmonie, dont la troisième
.édition a été publiée sous ce litre : X" Lrhrbuch
der Harmonie. Praktische Anleilung zu den
Sludtcn in derselben ; Leiimck, Dieiliiopf et
Uacrfel, 18G0, 1 vol. in-S". — 2" Lehrbuch der j
Fuge (Traité de la fui-ue) ; ibid. Ces deux ou-
vra{;cs sont destinés à l'instruction des élèves du
■Conservatoire de Leipsick.
UlCllTER (jEAN-TuÉonoBE), musicien de la
cliauibrc du roi de Prusse et alto de l'orchestre
de l'opéra, de Berlin, est né dans cette ville le
15 janvier 1824. Filsd'im musicien de la chapelle
du roi, il apprit de son père les éléments de la
musique, et C. Bœhmer lui enseigna la compo-
sition. En 1846, il fut admis dans la chapelle
royale. On connaît, de la composition de cet ar-
(i.stc, deux quatuors pour 2 violons, alto et vio-
loncelle (en rê mineur et en sol) ; un quatuor
pour piano, violon, alto et violoncelle (en ut);
et un q«iiitette pour piano, violon, alto, vio-
loncelle et contrebasse (en ut mineur). Dans ses
moments de loisir, Richler s'occupe des .sciences
naturelles, particulièrement de l'astronomie : ce
fut lui qui, le G juin 1845, découvrit la nouvelle
comète, qui fut ensuite observée par tous les
astronomes. Étonné de trouver de .semblables
connaissances réunies à la faculté d'observation
chez un musicien de vingt et un ans, Alexandre
de HumboUlt s'intéressa à lui, et le présenta au roi
Frédéric-Guillauuie IV, à Potsdam.
RICIERI (.Iean-Antoi.ne), ou RICCIERI, né à
Viccnce, dans la seconde moitié du dix-se|>tième
siècle, apprit les éléments de la musique sous la
direction de Dominique Frescbi {voyez ce nom),
puis se rendit à Ferrare, où M reçut des leçons
de Bassani. D'abord, il s'était destiné au chant;
mais plus tard il s'appliqua de préférence à la
composition. Engagé au service du prince Sta-
nislas Rzewuski , ii fit en Pologne un séjour de
six ans, et y écrivit beaucoup d'ouvrages pour le
théâtre et pour l'église. De retour en Italie, il .se
fixa d'abord à Bologne et y ouvrit une école de
composition, on se sont formés plusieurs arti.stcs
distingués. Ricieri fut un des maîtres du I'. .Mar-
tini, et membre de l'Académie des philharmoni-
ques de Bologne. En 1744, il fut nommé maître
de chapelle à Ccnto. Il monrut dans celte ville,
en 1746. On trouve dans plusieurs bibliothèques
en Italie le3com|)osilionsde Ricieri pour l'église,
particuliè'-ement à la chapelle de Saint-Pierre du
Vatican.
UKMMtl (NicooÈMF.), pseudonyme sous le-
■quel a été publié un opuscule intitulé : ISorma,
opéra nuova dcl maestro Vincenzo Bellini
})iessa in iscena il 2G décembre nelV I. R. tea-
tro alla Scala ; Alcuni cenni criticodramma-
tico-lilterari ; Milan, 1832, in-8° de 14 pages.
— Sous le même nom a parn un autre écrit du
même genre, qui a pour litre : Vgo conte di Pa-
rigi, tragedia lirica in qnattre parti. Opéra
miovo del maestro Gaetano honizetti, messa
in iscena il 13 marzo 1S32 ; Alcvni cenni criti-
codrammatico littcrari, ihid. 1832, in-S" de 7
pages. Un troisième écrit sous le môme nom a été
publié sur la Vendetta de César Pugni, rci)ré-
senté au théâtre de la Scala, le U février 1832 ;
ibid in-8"de 10 pages.
RID (CiiKisTopiiE) , magister et canfor à
Schorndorff, dans le Wurtemberg, vers la (in du
seizième siècle, est traducteur du livre élémen-
taire de Henri Faber ; sa traduction est intitulée :
-' usica, Kurtzcr Inhalt der Singkunst, auss
M. Henr. Fabri lateinischen Compendio mw
sices, etc. (La musique, instruction brève de
l'art du chant, traduit mot à mol du Compen-
diiim mnsices de M. Faber, à l'u.sage des com-
mençants) ; Nuremberg, 1572, in-4'', et 1591, in-M"
de 3 feuilles.
RIECK (Jean-Ernest), organiste de l'église
Saint-Thomas, à Strasbourg, vers le milieu du
dix-septième siècle, a fait imprimer dans cette
ville, en 1058, un recueil d'allemandes, gigues,
ballets, courantes , sarabandes et gavottes avec
quelques variations , à trois ou quatre parties,
pour deux violons, viole et t)asse continue.
RIECK (CiiAiti.ES-FRÉDÉnic), premier maitre
de cliaiielle du roi de Prusse Frédéric I^r. entra
le 20 janvier 1083 au service de la cour électo-
rale de Brandebourg, avec un traitement de 300
écus. Le 14 septembre 1698, il eut le titre de di-
recteur de la musique de la diambre, qui devint
!a chapelle royale en 1700. Rieck mourut en
1704. Les titres connus de ses compositions sont :
1" Tm Festa del Imeneo, ballet-opéra dont il
écrivit les airset l'ouverture : le reste hit composé
par Ariosti (voyez ce nom). — 2'" Der Streit
des ait en undneuen saculi ( rOp()osition du
siècle qui linitet de celui qui commencé), cantate
exécutée le 12 juillet 1701 pour l'anniversaire de
la naissance du roi. Au titre du livret de cet ou-
vrage, imprimé dans la même année, chez Ulrich
Lieber, à Cologne sur la Sprée (Cœln an
der Spree, premier nom de Berlin ), Rieck est
désigné Ober-h'apellmeister, IHrcclor der
liœnigl. Cammcr-Musiquc. — 3° Pcleus und
Thetis , oder das Gluck der JJebe ( Pelée et
Thétis, ou le bonheur de Painour ), cantate exé-
cutée à Oranienhnurg, en 1700.11 est vraiscm-
l)lablo que cet ouvrage est le môme qui a été
RIECK — RIEDT
251
cité sous le titre : Der Triumph (1er Liebe.
RIEIJI^L (Frkdéric-Juste), (ils d'un pas-
teur proleslarit, naquit le 10 "juillet 1742, à Vis-
sellbacîi, village près d'Erfurt. Après avoir fait
ses étndes à Weimar, Jéna, Leipsick et Halle, il
alla s'établir ii Jéna, on il commença sa carrière
littéraire par la publication de quelques satires
qui ont été réimprimées |)lusieurs fois. Sa ThéO'
rie des beaux-arts et des sciences { Tbeorie
der schœnen Kiinste und Wissenschaften, Jéna,
1767, et 1773, grand in-8° ) reçut un accueil fa-
"vorabie du public. En 1768, la place de profes-
seur de pliilosopliie à l'université d'Erfurt lui fut
offerte ; il l'accepta et l'occupa pendant quatre
ans. Mais la vie calme et monotone du profes-
sorat ne convenait point à son activité : il donna
sa démission, étudia le droit pendant un an, et se
rendit à Vienne, en 1773. Il y obtint la place de
professeur de l'histoire des beaux-arts à l'Aca-
démie iuipériale ; mais |)eu de temps après on
le représenta au confesseur de l'impératrice
Marie-Thérèse comme un homme de mauvaise
conduite et un athée; il n'en fallut pas davantas;e
pour lui faire ôter son emploi sans enquête, et
bientôt il ne resta plus au malheureux Itiedel
que le faible produit de sa plume pour sub-
sister. Parmi les écrits qu'il a |)ubiiés se trouve
une traduction allemande de la lettre de l'abbé
Arnaud .sur VIphigénie en Aulidc de Gluck,
réunie à une autre lettre sur le même sujet, et
au Dialogue enire Lxilli , Hameau et Orphée
aux Champs-Elysées, qui parut sous ce titre :
Ueber die Musik der Rlfter Chrïstoph von
€luck; Vienne, Trattner, 1775, in-S". Sensible
à la (laiterie, Gluck vint au secours du traducteur
et l'admit à sa table; mais la misère et l'intem-
pérance avaient altéré la santé de Riedel : il
tomba dans une mélancolie profonde, eut des
accès de folie, >et l'on fut obligé de le trans[iorter
à l'hôpital Sainte-Marie, où il mourut, le 2 mars
1785, à l'ûge de quarante-trois ans.
RIEDEL (G.-L.), pasteur et prédicateur à
"Weida, dans les dernières années du dix-huitième
siècle, .s'est fait connaître conmie compositeur
par les ouvrages suivants : 1° Six sonates pour
le clavecin; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. —
Freudenschaft und Liebe, etc. ( Amitié et
Amour, recueil de divers morceaux de piano et
de' chant ; ; ibid., 1798.
RIEDER ( Ambroise ), compositeur et orga-
niste allemand, est né le 10 octobre 1771, à
Dœbling, près de Vienne , où sou père était
maître d'école. Dès son enfance, il apprit dans la
maison paternelle les éléments de la musique :
à treize ans, il jouait du violon, du clavecin et
de l'orgue. Plus tard il continua l'étude <ie cet art
sous la dir.ection de Hoffmann, maître de cha-
pelle de la cathédrale de Vienne, lut les traités
d'harmonie et de composition de Tiirk, de Kirn-
herger et de Marpurg, et enfin reçut des leçons de
contrepoint d'Albrechtsbcrger. En 1802,Rieder
fut nommé directeur du cbn^nr à l'église de Pe-
tersdorf, dans un faubourg devienne, et écrivit
pour cette église un grand nombre de composi-
tions religieuses, dont une partie seulement a été
publiée 11 a occupé cette position jusqu'à sa mort,
arrivée le 19 novembre 1855. Les principaux
ouvrages de cet artiste sont : 1° Quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 2 et 8 ; Vienne,
Kozeluch . — 2" Sonates pour piano , violon el
violoncelle, op. 10, 12 et 13 ; ibid. — 3° Variations
pour piano setd, op I, 3, 7, 9 et 14 ; Vienne,
Kozeluch ; Heilhronn, Eder. — 4" Fugues pour
orgue ou piano, op. 79, 83, 92 et 93 ; Vienne,
Haslinger. — 5° î>réludes pour l'orgue, op. 31,
80, 82 et 90; Vienne, Haslinger, Diabelli, Cappi.
— 6° Douze petites fugues idem. Vienne, Cappi.
7° liequiem à 4 voix, violons, cors, trombone,
contrehas.se et orgue, op. 39 ; Vienne, Haslinger.
— 8" Graduels idem ; op. 40, 41 et 42; ibid. —
9° Offertoires pour différentes voix et orchestre,
op. 43,44, 45, 4f), 47, 48, 55, 63, 75, 78,-89;
Vienne, Haslinger, Cappi. — 10* Tontum ergo,
à 4 voix et orchestre; Vienne Diabelli. — 11° Vcni
Sancte Spiritus , et £cce sacerdos magnus,
id.; ibid. — 12° Messe à quatre voix et orchestre,
op. 76; ibid. — 13° beaucoup dédiants allemands
pour voix seule et piano ; Vienne, Haslinger.
RIEUERER ( JEAN-BAKxnoi.oMi; ) , né à
Nuremberg, le 3 mars 1720, fut nommé profes-
.seur h Altdorf, et mourut en cette ville, le 5 fé-
vrier 1771. On connaît sous son nom un écrit
intitulé : Abhandlung von Einfiihrung der
deutschen Gesanges, etc. ( Traité de l'introduc-
tion du chant allemand dans l'église évangélique
luthérienne en général, et dans celle de Nurem-
berg en parliculier ); Nuremberg, 1759, in-8°de
326 pages. Cet ouvrage renferme des renseigne-
ments intéressants pour l'histoire du chaut des
églises réformées.
RIEDT { FKÉDÉuic-GuiLLAtME), né à Berlin,
le 5 janvier 1710, était fils d'un garde de l'ar-
genterie du roi, et succéda à son père dans cette
place. Il avait reçu des leçons de (lùte, jouait de
cet instrument avec talent , et avait a|)pris de
Graun el de Schaffralh les règles de la composi-
tion. Au mois de février 1741, le roi de Prusse
le nomma llùliste de sa musique, et neuf ans
après, on le choisit pour diriger la musique de
la Société des amateurs de l'université. Riedt
mourut à Berlin, le 5 janvier 1783, jour anniver-
saire de sa naissance. Il possédait des connais-
262
TvlEOT — llIEGEil
sanoes assez étendues en mathématiques. On ne
connsit des compositions de cet artiste que ;
J° Sonate pour deux flûtes ; Leipsick, Brcitkopt
et Haprlcl. — 2° Sonate pour flftie et violoncelle;
ibid — 3° Six trios pour 2 flûtes et basse ; Paris,
1754. Il a laissé en manusciit des concertos, des
symphonies concertantes et des sympiionies pour
l'orciiestre. C'est suitout par ses écrits sur la
musique qu'il mérite d'être mentionné ici; ceux
au'il a publiés ont pour titres : !• Versuch ûber
die miisikalischen IniervaUen , in Ansehung
ihrcs eigentlichen Sitzes und naturlichen Vor-
zxigs in der Komposition ( Essais sur les inter-
Talles musicaux, sous le rapport de leur nombre,
de leur position, et de leurs qualités dans la com-
position); Berlin, 1753, in-4°. — 2" Défense de
eet ouvrage contre la critique qui en avait été
faite par Scheibe, dans la préface de sa Disser-
tation sur la musique ancienne; cette réponse
est insérée dans les Essais historiques et criti-
ques de Marpurg, tome I, pag. 414-430. —
3" Betrachtungen ûber die willkuhrlichen
Vcrxnderungen der musikalischen Gedanken
bci Ausfûhrung einer Mélodie (Considérations
sur les changements arbitraires des idées mu-
sicales dans l'exécution d'une mélodie. Dans les
Essais historiques et critiques de Marpurg, t. IF,
p. 05 ). — 4° Tableau de tous les accords pri-
mitifs à trois et quatre parties contenus dans l'é-
chelle complète des sons, tant diatoniques et
chromatiques qu'enharmoniques, etc. (ibid.,
p. 387). — 5" Deux questions musicales réso-
lues dans l'intérêt des amis de la vérité, savoir :
Si l'unisson parfait est t/ji intervalle réel,
et si l'on peut admettre ou non dans la viu-
siquc les unissons augmentés ou diminués
(ibiii., t. 111, p. 17 1). — G" Documents pour un
dictionnaire de musique (ibid., p. 402). —
7" Répliqtie à la Réponse de M. Sorge contre
lui (Uicdt), dans les notices hebdomadaires de
Hiller, t. 111, pag. 33I-33G.
IlIEFF (GKOiiCES-JosF.PH DE), amateur de
musique, né vers 17C0, était secrétaire de la
ville, à Maycnce, en 1795. En 1821, il obtint des
leltresde noblesse. On a imprimé de sa composi-
tion : 1' Sonate pour piano à quatre mains, op. 3;
Offcnbacli , André. — 2° Sonate pour piano et
violon, op. G; ibid, — 3° Trois sonates idem,
op. 4 ; ibid. — 4" Sonate pour piano, violon et
basse, op. 12; Mayencc, Schott. — â» Sonate
pour piano .seul, op. 5 ; OITcnbacli, André. —
60 Tlicmos variés pour piano seul, op. 2, 9, 11,
14 ; Mavence, Schott, et Augsbourg, Gombart. —
7' Romances et chansons allemandes à voix
seule et piano, environ dix recueils* Maycnce,
Scliott, et Augsbourg, Gombart.
RIEPFELSEIV (Pierre), professeur de
mécanique à l'in.stitut <le Christianif.à Copen-
hague, naquit dans le Holstein, vers 1766. Ayant
,^été mis en appreiitis-sage à Schleswig, chez un
serrurier, il y construisit, sans aucun secours, un
positif de cinq jeux. A cette occasion, le facteur
d'instruments Lange lui fit connaître le diapason
qui devait lui servir à accorder sou orgue. La
vue de ce diapason lui lit concevoir le |)rojet
d'un instrument composé uniquement de corps
sonores semblables : la difiiculté consistait à
trouver un archet convenable pour opérer la
vibration par la frottement; il ne réussit à le
trouver qu'en 1800, à Copenhague. Ce fut alors
qu'il acheva le Mélodicon, composé de diapa-
sons, d'un clavier qui approche l'archet des corps
sonores par les touches, et d'un mouvement de
rotation qui dirige cet archet. En 1803, Rieffelsen
perfectionna ses idées, dans un nouxeau Mélo-
dicon. La bea\ité des sons de cet instrument sur-
passe celle de tous les autres en douceur et en
puissance; malheureusement la vibration est
quelquefois lente à se déterminer ; circonstance
qui s'est opposée au succès du Mélodicon. Plu-
sieurs autres facteurs ont essayé de construire des
instruments du même genre et d'obvier à cet
inconvénient ; mais aucun d'eux n'a complète-
ment atteint le but.
RIEFSTAHL (Charles), violoniste dis-
tingué, né à Stralsund, vers 1808, a brillé comme
virtuose à Munich en 1833, à Francloit-sur-le-
.Mein en 1838, puis à Péterslmurg, où il fut
nommé maître de concert. En 1843, il était à
Stockholm. De retour en Allemagne dans la même
année, il joua avec succès à Hambourg, à Ber-
l'in et à Leipsick. En 1844, il s'arrêta à Greifs-
wald et y épousa la fille d'un professeur de l'U-
niversité. Le 31 juillet 1845, il mourut dans
cette ville, après une maladie de trois jours. On
a publié de cet arti.ste des quatuors pour deux
violons, alto et basse; introduction et varia-
tions pour le violon , avec accom|)annement de
piano, op. 5; Berlin, Traulwein; deux romances
pour le violon ou violoncelle, avec accompagne-
ment de piano, op. G; ibid.
RIEGEL. Voyez mCKL.
KIEGER (Godefrod), naquit à Troplowitz,
village de la Silésie autrichienne, en I7G4. Scn
père, simple ménétrier, gagnait la rubsi.stance de
sa famille en jouant des danses dans les cabarets,
et le destinait à la même profession ; mais le
maître d'école du village, ayant reconnu d'heu-
reuses dispositions dans le jeune Rieger, voulut
lui faire parcourir une plus noble carrière, el lui
«lonna des leçons de chant et rie violon. Déplus,
il le recommanda au comte Scdienski, qui l'admit
RIEGER — RIEL
253
(!n qualité de page dans sa chapelle. Il y reçut
(ies leçons d'orgue et de toute espèce d'instni-
tnents, et fit en peu de temps des progrès re-
innnpiables. Dix années s'écoulèrent dans cette
position, où Rieger goûta les douceurs d'une vie
calme et studieuse. Ses premiers essais de com-
position consistèrent en pièces d'harmonie pour
des instruments à vent, et des concertos ponr
plusieurs intruments ; mais convaincu de la
nécessité de se livrer à l'étude de l'harmonie et
du contrepoint, il obtint du comte Sedienski la
permission d'aller apprendre ces sciences sous
la direction d'un moine du couvent des pia-
ristes à Weisswasser. Après deux ans passés
près de ce maître, il revint au château du comte
ot en fut nommé l'organiste. Le désir de voyager
lui fit solliciter un congé de trois ans, qui lui fut
ai cordé. Arrivé à Brunn, capitale de la Moravie,
il y trouva des protecteurs et des amis, quf l'en-
gagèrent à s'y fixer. Ayant obtenu du comte son
congt* définitif, il s'établit en effet dans celte |
ville, et y fut chargé de la direction de l'orchestre 1
du théâtre. Treize ans après, le comte de Haug- :
wit/., amateur passionné de musique, l'ertgagea à
le !-uivre dans sa terre et lui olîrit un engage-
nienl pour le reste de sa vie ; mais l'insalubrité
du lieu décida Rieger à se démettre de son em-
ploi et à retourner à Rrunn, où il vivait encore
en 1837, chargé de la direction du chœur de
de l'église et des concerts.
Rieger a écrit pour le théûtre : 1° Das wû-
ihende Heer (l'Armée furieuse). — 2° Die Tod-
iciiglocke ( la Cloche de mort ). — 3° Schusler
Flink ( le Cordonnier l'iink ). — 4" Les quatre
Savoyards. Ses œuvres pour l'église sont : —
5° Trois messes solennelles. — 6° Treize messes
brèves pour un chœur d'hommes, avec accom-
pagnement d'orgue. — 7° Messe allemande avec
orgue, op. 40; Rrunn, Trassler. — 8° Plusieurs
hyumes, offertoires, motets, Pange Lingua,
cantates de circonstance, oratorios , etc. I*armi
ses compositions instrumentales, on remarque :
1" Concertos pour piano et orchestre, op, 13 et
lâ.Vienne, Cappi. — 2" Quatuors pour piano,
violon, alto et basse, op. 8, n" i, 2, 3; Vienne,
Haslinger. — 3° Trios pour piano, violon et
violoncelle, op. 14; "Vienne, Cappi. — 4° Trois
idem concertants; Vienne, Haslinger. — 5° Trois
sonates pour piano et violoncelle, no» 1,2, 3;
Vienne, Haslinger. — 6° Trois sonates |)our piano
*t flùle, op. 18; Vienne, Cappi. — 7° Sonates
pour piano à quatre mains, op. 19;ihid. — S'^ldem
(grande); Vienne, Arlaria. — 9° Rondos pour
piano seul, op. 24, 25, 26, 29; Vienne, Cappi,
— 10" Plusieurs œuvres de variations pour ie
piano; Vienne, Artaria, VVeigl, Cappi, Haslinger.
IIIEGKR (Jean-Népomuckne), pianiste et
compositeur, né à Berlin, en 1787, viiitse fixera
Paris en 1811, et s'y livra à l'enseignement. H
y est mort, au mois de février 1828, à l'âge de
quarante et un ans. On a publie de cet artiste :
1° Symphonie concertante pour piano et violon,
avec orchestre, op. S; Paris, Frey. — 1° Grand
concerto en ut mineur pour piano; Paris, Sieber.
— .3' Rondo pastoral avec orchestre, op. 4;
Paris, Frey. — 4° Deuxième concerto, op. 9;
ibid. — 6° Trio [loiir piano, violon et violon-
celle , op. 3; ibid. — 6" Sonate pour piano à
quatre mains, op. 1; Berlin, Lischke. — 7° Grande
sonate idem, op. 2 ; Paris, Sieber. —S" Nocturne
et mélanges idem, op. 5, Il ; Paris, Frey. —
9° Sonates avec préludes pour piano seul, op. lO;
ibid. — 10° Rondos idem , op. 7 , 13, 17 ; ibid,
— 11° Fantaisies idem, op. 12, 16, 25 ; ibid.
— 12 "Études, op. 22 et 23; i'oid. — 13» Varia-
lions, op 14, 26, ibid. — 14° Valses, op. 11,24,
ibid.
KIEGLER (François-Xavieb), profosseur
l'ç musique à l'école royale et nationale de
Presbourg, vivait en cette ville vers la fin du
dix-huitième siècle. On lui doit une méthode
pour le piano intitulée : Anleitung z,um Clavier
fur musikalische Lehniiinden ( Instruction
pour le clavecin à l'usage des écoles de musique) ;
Vienne, 1779, in-4''. Deuxième édition ; Vienne,
1791.
RiEHL (WiLHELM-HtNRi), historieu et écrt-
vain sur la musique, est né dans le duché de
Nassau, vers 1820. En 1848, il fut membre de
l'assemblée nationale de Francfort, puis il fut at-
taché à la rédaction de la Ga:iette d'Augsboiirg.
Son mérite et ses opinions conservatrices l'ont
fuit nommer, en 1854, professeur d'éconouiie po-
litique à l'université de Munich. La Gazette
d'Augsbourg a publié un grand nombre d'articles
de critique relatifs à la musique fournis par
M RiehI. On a de cet écrivain un livre intitulé:
Musikalische Charakterkopfe ( Caractéristique
des tètes musicales); Stuttgard , 1853, 1 vol.
in-3'\ La troisième édition de cet ouvrage a paru
dans la méuio ville, en 1860, chez Cotta, 2 volu-
mes in-S". Ce livie est fort estimé en Allemagne.
Un recueil de 50 Lieder de la composition de
M. Riehl a été publié sous le titre de Haus-
mmick (Musique de la maison).
RIEHLE (Ji'LEs), amateur de musique à
Leipsick, ne vers 1805, s'est fait connaître depuis
1830 jusqu'en 1840 par la publication d'en-
viron vingt œuvres de Lieder à voix seide avec
piano, et par des pièces de différents genres pour
cet instrument.
RiEL (Jean-Fukdéric-Henri), né à Polsdara,
254
RIEL — RIEMER
en 1774, étudia la composition sous la direction
de Fascb, à Berllh, et fréquenta pendant plu-
sieurs années l'école de chant fondée par ce maî-
tre. Devenu pianiste distingué, il fut admis par
le roi Frédéric-Guillaume II comme accompa-
gnateur de la musique de la cour, sur la recom-
mandation de Fasch. L'attachement de Riel
pour le roi était si vif, qu'il ne voulut plus rester
à Potsdam ni à Berlin après sa mort, et qu'il se
rendit à Kœnigsberg (en 1798) pour y chercher
une existence comme virtuose et comme profes-
seur. Il y établit une école de chant sur le mo-
dèle de celle de Fasch : dès 1803 elle était en
pleine activité. L'année suivante il eut le titre
de cantor,et enlin, en 1805, on lui donna celui
de directeur de la musique du roi, à Kœnigs-
berg, où il vivait encore en 1844. (Voyez la Ga-
zette générale de musique de Leipsick, année 46,
p. 186. ) On a gravé de la composition de cet
artiste : 1° Grande sonate pour piano et violon ;
Berlin, Sclilesinger. — 2" Variations sur un
thème original ; ibid. — 3° Idem sur une écos-
saise favorite ; ibid. — 4° Recueil de chansons al-
lemandes ; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.
RIEM (Guillaume-Frédéric), organiste de
la cathédrale de Brème et directeur de l'acadé-
mie de chant de cette ville, est né à Cœlleda,
dans la Thuringe, le 17 février i779. Ayant
perdu son père dans sa jeunesse, il alla demeu-
rer chez son aïeul, à Sehloss-Keichlingen, et y
commença l'étude de la musique à l'âge de sept
ans. Le déplacement de sa famille, qui alla s'é-
tablir à Zwanjten, près de Jéna, le priva ensuite
d'instruction pendant une année entière. Il n'é-
tait âgé que de neuf ans lorsque l'audition de
l'organiste Domaratius, à Jéna, réveilla son goût
pour la musique et, sans maître, il se mit à
s'exercer avec tant d'ardeur sur le piano, qu'il fit
en peu de temps des progrès remarquables. Jus-
qu'à sa quinzième année, il demeura sans secours
pour son instruction ; mais alors il entra à l'école
de Saint- Thomas, à Leipsick, et reçut des leçons
de Hiller. Après quatre années passées dans
cette école, il suivit des cours de droit à l'uni-
versité; puis il abandonna cette science pour se
livrer exclusivement à la musique, et en 1S07 il
obtint le titre d'organiste de l'église réformée de
Leipsick. il se fit bientôt dans cette place la
réputation d'un artiste distingué, et commença
à se faire connaître par ses compositions. Appelé
au poste d'organiste de Saint-Thomas en 1814,
il conserva cet emploi jusqu'en 1822, époque
où il fut nommé organiste de la cathédrale et di-
recteur de l'académie de chant de Brème. C'est
depuis cette dernière nomination qu'il a écrit ses
primipaax ouvrages, parmi lesquels on remar-
que : 1" Quintetio pour 2 violons, 2 altos et
violoncelle, op. 6; Leipsick, Breitkopf et Hacrtel.
— 2° Trois quatuors pour 2 violons, alto et vio-
loncelle, op. 19; ibid. — 3' Sonates pour piano
et violon, op. 5 et 13, ibid. — 4° Des rondeaux,
sonates et polonaises pour piano à quatre mains,
op. 12, 22, 23, 24, 36 ; Leipsick, Breitkopf et H.Tr-
tel, Pelers. — 5° Sonates pour piano seul, op. 1, 2,
3,4, 7, 11, 21,25, 40 ; ibid. — 6° Des caprices,
rondeaux idem, op. lo, 18, 34, etc.; ib. —
7" Des variations idem ; ib 8° Des choeurs à
4 voix , op. 30 ; Leipsick, Hoffmeister. Un des
principaux ouvrages de cet artiste distingué est
la cantate qu'il a composée pour la fôte <le la con-
fession d'Augsbourg en 1830, et qui fut exécu-
tée le 27 juin de la même année. On a aussi de
Riem un recueil de compositions pour l'or-
gue, sous ce titre : Sammtliche OrrjclCompo-
sitionen zum Concertvortrag und zutn Ge-
brauch Gottesdiensie , publié par livraisons,
Erfurt, Kœrner. Riem est inort à Brème, le 20
avril 1857, à l'âge de soixante-dix-huit ans.
RIEMAKN (Auguste), né le 12 août 1772,
à Blankenhayn, près de Weimar, se livra de
bonne heure à l'étude de la musique, .sous la
direction de son père, organiste de ce lieu. En
1788, il alla continuer son instruction chez le
musicien de ville à Weimar, et y apprit particu-
lièrement à jouer de la flûte, du hautbois et du
violon. En 1790, le maître de chapelle Kranz le
fit nommer premier violon de la musique de la
cour. Appelé au po-;te de répétiteur de l'Opéra
en 1806, il succéda au chef d'orchestre et maître
de chapelle E. Mutler en 1818, et conserva cette
position jusqu'à sa mort, arrivée au mois d'août
1826. 11 se distingua par un talent remarquable
pour la direction des orchestres. Cet artiste a
laissé en manuscrit quelques compositions pour
le violon.
RIEMER (Christophe), professeur de mu-
sique à l'école primaire de Jéna, naquit à Dant-
zick, vers le milieu du seizième siècle. On con-
naît de lui une pièce à cinq voix intilulée : Can-
tio quinque tocum in konorem virtute,
doctrina et morum intcgritate ornalissimi
jiLvenis Bartholomxi Lothii nevimontani ,
cum ipsi magistcrii philosophici gradus in
inclijta Jenemium Academia decerneretur,
die 29 juin anni 1589. Jen.r, typis Donaii
lieihtzenhan, in-4''.
RIEMER (Jean), né à Halle, en Saxe, le
11 février «648, fut d'abord magister à Jéna.
En 1C78, il quitta celte ville pour aller à Weis-
scnfels occuper la place «le professeur d'élo-
quence au gymnase; de là il passa à Ostcrwick,
en qualité de pasteur primaire , et en 1690 il
RIEMER — RIES
obtint la place de surintendant à Hildpslieim.
Endi), ayant été élevé an grade de docteur, il
passa à Haniboiirf; en 1704, en qualité de pas-
teur de l'église Saint-Jacques, et mourut dans
cette ville, le 10 septembre 1714. On a de cet
ecclésiastique une dissertation académique inti-
tulée : Dispiitatio de proportionc inusica ve-
termn ci nostra ; iéndi, 1673, in-4'' de 4 feuilles.
RIEPEL (Joseph), directeur de la musique
du prince de la Tour et Taxis, naquit en Saxe,
dans la première moitié du dix -huitième siècle ,
et fit ses études musicales à Dresde, pendant un
séjour de cinq années. Il mourut à Hatisbonne,
le 23 octobre 1782. Aussi estimable par ses qua-
lités sociales que remarquable par son savoir
dans la théorie de l'art, et par son habileté comme
compositeur et comme violoni>te, ce musicien
distingué n'a pas joui de la renommée qu'il mé-
ritait. Il avait conçu le plan d'un vaste corps
de doctrine musicale, qu'il fit paraître en parties
détachées, publiées successivement, mais dont la
niort l'empêcha de voir la (in. Cet ouvrage dont
la vente fut lente et difficile, était digne d'un
meilleur sort. On y trouve quelques parties ex-
cellentes, parliculièremeul en ce qui loncerne le
rbytbme. Voici les titres des diverses parties de
ce livre : 1" Anfangsgiûnde zur musifialis-
chen Setzkunst, nicht zwar nach ail via-
themallscher Einbildungsarl der Zirkelhar-
monisten, sondern durchyehends mit sichl-
baren Ezempeln abgefasitct . De Bhylftmopœia
Oder von der Tactordnuug (Éléments de la
composition musicale, non absolument d'après
l'ancienne invention mathématique du cercle des
harmonistes , mais au n>oyeu d'exemples prati-
ques, etc.) ; Augsbourg, Lottcr, 17 J2, infol. de
79 pages. Il y a aussi des exemplaires de la
même date, avec l'indication de Hatisbonne et
de Vienne. La même édition lut reproduite,
avec un nouveau frontispice, àlUtisbonne, chez
L. Montag, en 1734. Riejiel traite, dans cette
r^ ^tartie de son livre, du ihythme et de ses com-
binaisons; il y fait preuve de beaucoup de saga-
cité dans une matière difficile. — 2° Grundre-
gcln zur Tonordmtng (Règles fondamentales de
l'arrangement des sons , sous le rapport mélodi-
que ) ; Francfort et Leipsick, 1753, in-fol. de 130
pages. — 3" Grundliche Erklarung der Ton-
ordnung insbcsondere, zugleich abcr far die
mehresten Organistcn insgemcin, elc. (Expli-
cation fondamentale de l'ordre tonal eu particu-
lier et en général à l'usage des organistes); Franc-
fort et Leipsick, 1737, in-folio de 84 pages. Dans
ce troisième chapitre de son livre, Riepel a con-
sidéré principalement la tonalité sous le rapport
de l'harmonie. — 4" Lrlwuterungder belriigli-
chen Tonordnung, nxmlich das versprochene
vierte Capitel ( Ex^position de l'ordre tonal
trompeur, etc. ) ; Augsbourg, Lottcr, 1765, in-
folio de 103 pages. Sous ce titre peu satisfaisant,
Riepel a réuni dans le quatrième chapitre de son
livre ce qui concerne les cadences, en particulier
celles <iue les Italiens appellent A'inganno , la
modulation et la relation ries tons dans les suc-
cessions harmoniques. — b° Hinftes Capitel.
Unenlbehrliche Anmerkungen zum Contra-
punct, ûber die durchgehend gewechselt und
ausschiveifenden Noten, etc. ( Cinquième cha-
pitre. Observations indispensables sur le con-
trepoint, sur les notes changées et transgres-
santes dans tous les sens, etc.); Hatisbonne,
Jacques-Chrétien Krippner, 1768, in-fol. de 7»
pages. — 6* Bassckliissel, das ist, Anleiiung
fur Anfwnger und Liebhabcr der Setzkunst^
die schœne Gedanhen liuben tind zu Papier
bringcn, aber nnr Kliigcn, da&ssiekcinen Bass
rechldazu zu setzen uissen (Clef de la Imsse,
c'est-à-dire instruction pour le;; counncnçants
et amateurs de composition qui ont de belles
idées et les mettent sur le papier, mait> qui
n'ont pas l'instruction nécessaire pour y ajouter
une bonne basse ) ; Hatisbonne, 1786, in-foliodtt
83 pages. Cette |iartic a été publiée après la
mort de Riepel, par son élève Scbubarth, cantor
à Hatisbonne. Le même arti.ste possédait aussi
en manuscrit d'autres parties du corps de doc-
trine musicale de Riepel , qui n'ont pas été pu-
bliées. Ou peut considérer comme appartenant
au même système général de tout ce qui con-
cerne la composition, un autre ouvrage du même
auteur, intitulé : Harmonisches Sylbcnmass.
Diclilern mclodischer ^Vcrke gcuidmct und
angehendcn Singconiponislcn zur Einiicht
mit platten Beispielen gesprachsueise abge-
fasst, etc. (Les 'hythmes harmoniques etc.);
Hatisbonne, 1776, in-fol. de 93 [lages. Cet ou-
vrage est divisé en deux parties : la première
traite du rhythme poétique dans le récitatif, et
l'autre, du môme rhythme dans les airs. Les
compositions publiées de Hie(»el consistent en
trois concertos pour violon et orchestre, impri-
més à Hatisbonne en 1756. Il a laissé en ma-
nuscrit deux symphonies, deux concertos pour
le clavecin,^ et des morceaux pour l'église, parmi
lesquels on remarque un Miserere.
RIES (Ferdinand) , pianiste et compositeur,
fils d'un directeur de musique au service de l'é-
lecteur de Cologne, naquit à Bonn, en 1784. Ses
heiireiiser. dispositions pour la musique se mani-
festèrent dès ses premières années : son père
lui fit commencer l'étude de cet art à l'âge de
cinq ans , et dans sa huitième anaée il devint
25G
RIES
élève de Bernard Romberg pour le viuloncelle;
inai<« l'invasion ilu pays par l'armée française
ayant dispersé la chapelle du prince en 1793,
le père de Ries, ruiné par («l événenienl, et
sans espoir de procurer à son fils une position
solide , lui fit apprendre à jouer du piano. Déjà,
dans sa neuvième année, il avait écrit quelques
petites compositions pour cet instrument. Le
jeune Ries n'eut d'abord d'autres secours pour son
instruction dans Diarmonie que quelques livres
rassemblés par sou père. Parvenu à sa treizième
année, on l'envoya à Arnberg, en Wesiplialie,
chez un ami de sa famille, qui s'était chargé .du
soin de lui enseigner à jouer de l'orgue, et les
éléments delà composition; mais il se trouva que
le maître était moins habile que l'élève, et que
celui-ci ne put employer utilement son temps,
pendant les neuf mois de son séjour à Arnberg,
<I<ren se .livrant à l'étude du violon. De retour
dans la maison paternelle, il y resta environ
deux ans, occupé à mettre en partition les qua-
tuors de Haydn et de Mozart, qu'il avait pris
pour modèles, et à arranger pour le piano les
oratorios de la Création, des Saisons, et le Re-
quiem (le Mozart, dont Simrock publiait des
éditions. En 1301, Ries se rendit à Munich avec
son ami d'Arnberj;, qui bientôt l'y laissa, fort
léger d'argent, mais plein d'espoir dans l'avenir,
et d'énergie pour surmonter les obstacles. Ce-
pendant Munich lui offrait peu de ressources pour
le but qu'il se proposait d'atttindre : quelques
leçons de Wintcr furent ce qu'il y trouva de
mieux; mais le départ de ce maître pour la
France le laissa bientôt privé de ce secours, et le
délerniina à se rendre à Vienne. Lorsqu'il se mit
en route pour cette ville, toute sa fortune se com-
posait de sept ducats, et d'une lettre de recom-
mandalion de son père pour Beethoven, qui
avait été son ami. Le grand homme justifia par
la cordialité de son accueil l'espoir du jeune
artiste et celui de sa famille. Devenu élève de
Beethoven, Ries se livra avec ardeur au travail.
Le maître ne s'était chargé que de son éducation
de pianiste; à l'égard du contrepoint, il l'avait
envoyé chez Albrechtsberger qui, devenu vieux,
n'aurait point accepté de nouvel l'Iève si la re-
commandation de Beethoven n'eût été pressante,
et si l'attrait d'un ducat par leçon ne l'eût séduit.
Malheureusement les ducats n'étaient pas en
grand nombre dans la bourse de Ries; après
vingt-huit leçons, ses ressources pécuniaires
furent épuisées , et il ne lui resta plus d'autre
moyen d'intruction que les livres, et le .souvenir
de ce petit nombre de leçons, les seules qu'il ait
reçues concernant l'art d'écrire.
Quatre années de cohabitation avec Beetlio*
Tcn, son exemple et ses conseils, avaient formé
le goût de Ries, et imprimé à son talent une ten-
dance vers la grandeur et la force, lin 1805,
l'inllexible loi delà conscription vint l'arracher à
son heureuse existence, et l'obligea à retourner
en hâte à Bonn, alors au pouvoir des Français.
L'armée de Napoléon qui s'avançait vers Vienne
obligta le jeune artiste à faire un long détour
pour se rendre à Leipsick, et à passer par Pra-
gue et Dresde. Arrivé à Coblence, il s'y présenta
devant le conseil de recrutement qui devait
l'enrôler comme soldat ; mais l'effroi que lui ins*
pirait celte perspective fut bientôt dissi|)é, car
ayant perdu l'usage d'un œil dans son enfance,
par la petite vérole, il fut déclaré incapable de
service. Alors il réalisa le projet formé depuis
longtemps de visiter Paris. Il y lit un séjour
d'environ deux ans, et y publia quelques-unes
de ses meilleures compositions. En 1809 il partit
jioui la Russie, s'arrêtant à Cassel , Hambourg,
Copenhague et Stockholm, pour y donner des
concerts. Ce voyage, commencé sous d heureux
auspices, fut cependant traversé par des acci-
dents a.ssez graves : par exemple, le vaisseau
sur lequel Ries s'était embarqué en quittant la
Suède fut pris par les Anglais , qui gardèrent
leurs prisonniers pendant huit jours sur un ro-
cher avant de les rendre à la liberté. Arrivé
enfin à Pétersbourg, Ries y trouva son ancien
maître, Bernard Romberg, qui fit avec lui un
voyage dans l'intérieur de la Russie, lis donnè-
rent (les concerts à Kiew, dans la pelilc Russie,
à Riga, à Revel, et furent partout accueillis avec
enthousiasme. Le projet des deux artistes était de
se rendre ensuite à Moscou ; mais l'arrivée des
armées françaises en Russie , et le désastre de
cette capitale, qui en fut la suite, ne leur permit
pas de réaliser leur dessein. Ries prit alors la
résolution d'aller en Angleterre; mais avant de
s'y rendre, il s'arrêta une seconde fois à Stock-
holm. Arrivé à Londres au mois de mars 1813,
il y débuta ^ao concert philharmonique, et y ex-
cita une vive sensation. Peu de temps après, il
épousa une dame anglaise, aussi remarquable
par les qualités de l'esprit que par la b<,>auté.
Dès ce moment il devint un des maîtres les plus
renommés dans la capitale de l'Angleterre. Son
activité prodigieuse comme virtuose, comme
professeur et comme compositeur, lui fit gagner
en dix années des sommes considérables. Le 3
mai 1824 il donna à Londres son concert d'adieu,
oii les amateurs se portèrent en foule; puis il
partit avec sa famille pour se rendre dans une
[tropriété qu'il avait acquise à Godcsberg, prés
de Bonn, et y vivre dans le repos. Li>, il se livra
à son goût pour la composition, et écrivit quel-
RIES
257
ques grands ouvrages. Les embarras d'une maison
de banque de Londres, où il avait placé une
partie de son avoir, lui'donnèrent ensuite des
inquiétudes sur sa fortune; mais il paraît que
ces affaires s'arrangèrent, et que ses perles furent
peu importantes. En 1830 il fit représenter son
opéra de la Fiancée du brigand, en trois actes,
qui fut accueilli avec faveur dans plusieurs villes
de l'Allemagne, notamment à Berlin. L'année
précédente il avait fixé son séjour à Francfort.
En 1831 il fit un voyage en Angleterre pour faire
représenter à Londres son nouvel opéra féerie,
intitulé Liska , ou la Sorcière de Gellenstein,
et pour diriger les festivals de Dublin. De re-
tour en Allemagne à l'automne de la môme an-
née, il y resta un an, puis entreprit avec .sa fa-
mille un voyage en Italie, visita Milan, Venise, i
Florence, Rome, Naples, et enfin retourna à i
Francfort, où 11 reprit ses travaux. Chargé de la ;
direction de la fête musicale d'Aix-la-Chapelle,
en 1834, il s'établit dans cette ville, au mois de ^
février. Je l'y vis pour la première fois au mois
de mai, quoique nous fussions en correspon-
dance depuis près de dix ans, et je trouvai en i
lui un homme aimable, modeste et d'un esprit I
solide. A l'occasion de cette fête, la ville d'Aix-la-
Chapelle lui offrit la place de directeur de l'or- I
chestre et de l'académie de chant : bien qu'indé-
pendant par sa fortune, il l'accepta, dans le but
unique de travailler au développement du goût |
et de la culture de l'art dans une ville éloignée !
du centre d'activité de l'Allemagne, Cependant
la gêne attachée ii de semblables fonctions le dé- i
cida à s'en démettre en 1836, et il se rendit h i
Paris, puis à Londres, où il écrivit son oratorio j
de l'Adoration des Rois, destiné à la fête musi-
cale d'Aix-la-Chapelle, en 1837.^ Se rendant en
celte ville pour y préparer l'exécution de son ou-
vrage, il passa par Bruxelles, vint rne voir et me
lit entendre son oratorio avec l'amour qu'un ar-
tiste accorde toujours à ses dernières produc-
tions. Il avait de la gaieté, se portait bien, et rien
ne semblait annoncer sa fin prochaine. Après le
festival d'Aix-la-Chapelle, il retourna à Franc-
fort, et se chargea de la direction de la Société de
Sainte-Cécile , fondée par Schelb ; mais à peine
avait-il pris possession de cet emploi , qu'il
mourut, le 13 janvier 1838, à l'âge de cinquante
et un ans.
Ries doit être rangé dans la classe des artistes
les plus distingués de son temps. S'il n'eut pas
comme pianiste un mécanisme irréprochable, il
fut un des premiers qui donnèrent à cet instru-
ment une grande puissance d'effet par des traits
harmoniques de formes nouvelles, et par un fré-
quent usage alternatif de la pédale qui lève les '
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VU.
étouffoirs. Dans ses compositions, son style est
évidemment, sinon une imitation, au moins
une émanation de celui de Beethoven , parti-
culièrement dans ses premiers ouvrages. Vers
la fin de sa vie, Ries fit des efforts pour donner
à ses œuvres un caractère d'individualité, sans
doute à cause des critiques qui avaient attaqué
l'analogie de son style avec celui de son maître.
Ses premières symphonies ont un peu de séche-
resse; mais dans les autres il y a de l'éclat et de
la chaleur. Il y a de fort belles choses d'un grand
style dans son oratorio de V Adoration des Rois.
Sa musique de théâtre a le défaut de manquer
de facilité et de charme dans la mélodie, défaut
assez ordinaire chez les com|)Ositeurs qui ont
écrit beaucoup d'œuvres instrumentales. Dans la
liste des ouvrages les plus importants de Ries,
on remarque ceux-ci : 1" Symphonies à jirand
orchestre, n" 1, op. 23; n" 2, op. 80; n" 3, op.
90, Bonn, Simrock ; n" 4. op. 1 10 ; n" 5, op. 11?,
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel ; n" 6, op. 148,
Leipsick, Peters. — 2° Ouverture à grand or-
chestre pour Don Carlos, de Schiller, op. 94 ;
Bonn, Simrock. — 3" Idem de la Fiancée du
Brigand, op. 156 ; Leipsick, Peters. — 4" Idem
de la Fiancée de Messine, par Schiller, op. 102;
Bonn, Simrock. — à" h\em de Liskn, op. Wi;ibu\.
— 0" Grande ouverture et marche triomphale,
op. 172 ; Mayence, Schott. — 7" Quintettes [tour
2 violons, 2 altos et violoncelle, n" 1, op. 37,
Hambourg, Bœhme ; n° 2, op. 68, Leipsick, Pe-
ters ; n" 3 pour llùte, violon, 2 altos et violon-
celle, op. 107, ibid.; n" 4, ôp. 167 , Mayence,
Schott; 0° 5, op. 171, Leipsick, Breitkopf et
IIa^rtel;n'' 6 (Souvenir d'Italie), pour 2 vio-
lons, alto et 2 violoncelles, op. 183, Bonn, Mon-
pour. — 8° Quatuors pour 2 violons, alto et
basse, op. 70 ; Leipsick, Peters. — 9° Trois idem,
op. (26 ; ibid. — 10° Trois idem, op. 145 ; Bonn,
Simrock. — 11° Trois idem, op. 150 ; ibid. —
12° Deux idem, op. 166 ; Francfort, Dunst. —
13° Concertos de piano, n° 1, op. 24, Hambourg,
Bœhme; n° 2, op. 42, Leipsick, Peters; n° 3,
op. 55, Bonn, Simrock; u°4, op. 115, Leipsick,
Peters; n° 5 (pastoral), op. 120, Vienne, Lei-
desdorf;6ni'-' idem, op. 123, ibid.; 7n)e idem (les
Adieux de Londres), op. 132, Leipsick, Peters;
8">e idem (Salut au Rhin), op. 151, Bonn, Sim-
rock ; S^e idem, op. 177, Leipsick, Kistner. —
14° Grand septuor pour piano, violon, violoncelle,
clarinette, 2 cors et contrebasse, op. 25, Bonn,
Simrock. — 15° Quintette pour piano, violon,
alto, violoncelle et contrebasse, op. 74;. Leip-
sick, Peters. — 16° Grand sextuor pour piano,
2 violons, alto, violoncelle et contrebasse, op. loo ;
Bonn, Simrock. — 17° Sextuor pour piano,
17
158
RIES
Iiarpe, clarinelte, cor, basson et contrebasse,
Mayence, Scliolt. — IS» Ottelto pour piano,
violon, alto, clarinette, cor, basson, violoncelle
et contrebasse op. 128, Leipsick, Kistner. —
19° Quatuors pour piano, violon, allô et basse,
op. 13, 17, 129, Leipsick, Pelcrs ; Bonn, Sim-
rock. — 20" Trios pour piano , violon et vio-
loncelle, op. 2, 28, 35, 63, 143, Leipsick, Bonn,
Vienne. — 21" Trio pour 2 pianos et barpe,
op. 95, Bonn, Siinrock. — 22" Duos pour piano et
violon, op. 3, 8, 10, IG, 18, 19, 20, 21, 29, 30,
38, 45, 69, 71, 76, 81, 83, 86, 87, 169, cbez la
plupart des éditeurs. — 23° Grande sonate pour
piano et cor, op. 5, Hambourg, Bœbme. —
24° Grande sonate pour piano et violoncelle,
op. 125, Leipsick, Probst — 25° Grande sonate
|)our piano à 4 mains, op. 160, Leipsick, Kist-
ner. — 26° Sonates pour piano seul, op. 1, 5,
9, 11, 26,45, 49, 114,141, 175, ibid. — 2"° Un
très-grand nombre de rondos, fantaisies, tbèmes
variés, marcbes, etc., ibid. — 28° Cbants à plu-
sieurs voix et à voix seule, ibid. ..
Ries a publié, avec M, Wegeler de Bon;i,
une notice biograpbiquc sur Beetboven, intitu-
lée : Biographisclie ISoHzen iiher Ludicig van
Beethoven; Coblence, Baedeker, 1838, in-8».
M. A. -F. Legentil a donné une traduction fran-
çaise de ce volume, sous le titre : Notices bio-
graphiques sur L. Van Beethoven par le
Dr. F. -G. Wegeler et Ferdinand Ries; Paris,
Dentu, 1862, 1 vol. in-8". Les renseignements que
fournit cet ouvrage, particulièrement sur la jeu-
nesse de l'illustre eompositeur, ont sans doute
de l'intérêt; mais son caractère y est présenté
sous un jour défavorable en plusieurs circons-
tances. Quelle que puisse être la vérité des faits
rapportés à cet égard par Ries, peut-être ne
devait-il pas s'en faire l'historien, et s'exposer
au grave reprocbe d'ingratitude envers un ei
grand bomme, qui avait eu pour lui les senti-
ments d'un père. Peut-être certains procédés
désagréables de Beetboven envers lui, dans la
dernière année de son séjour à Vienne, lui
avaient-ils laissé de l'irritation : je fus porté à le
croire lorsqu'il m'écrivit en 1829 unelettr« rem-
plie de félicitations à l'occasion des 'critiques
que je publiai à cette époque sur les défauts
considérables de goût qui, dans mon opinion,
déparent les derniers ouvrages de cet bomme de
génie. Quoique je fusse persuadé alors, comn(ie
je Je suis encore et le serai toujours, que j'étais
dans le vrai à cet égard, j'avoue que j'éprouvai
beaucoup d'étonnement de rencontrer cet éclio
dans l'âme du seul élève que Beethoven ait voulu
former.
RlCS (IIlbert), frère du précédent, né à
Bonn le l" avril 1802, et non en 1792, comme
il est dit dans la première édition de cette bio-
graphie, ni en 1799, d'après le Lexique univer-
sel de musique publié par Schilling, est violoniste
de la musique du roi de Prusse, à Berlin. Élève
de son père pour le violon, il possédait un talent
distingué sur cet instrument. Jusqu'à l'âge de
dix-huit ans^ il ne sortit pas de sa ville natale;
mais en 1820, il entreprit un voyage en Alle-
magne, et s'arrêta pendant un an à Cassel, pour
y prendre des leçons do Spohr pour le violon,
et de Hauptman pour la composition. Arrivé à
Berlin en 1824, il entra à l'orchestre <lu théâtre
Krcnigstadt, et le 1" avril de l'année suivante, il
fut admis dans la chapelle royale. En 1830, il
fit un voyage à Vienne, où il se lit entendre avec
succès. De retour à Berlin, il y fonda en 1833 des
soirées de quatuors avec C. Bti'hiner, Maurer
et Jusl. Quelques années plus tard, il succéda
au maître de concert Ilenning dans la direction
de l'orchestre de la société Philharmonique : il
occupait encore cette position en 1800. Il a pu-
blié de sa composition : 1° Quatuor brillant
pour 2 violons, alto et basse, op. 1, Bonn.Sim-
rock. — 2° Douze études pour violon seul,
op. 2, Vienne, Haslinger. — 3° Variations pour
violon, avec accompagnement d'un second vio-
lon, alto et basse, op, 4, Leipsick, Breitkopf et
Hœrtel. — 4° Premier concerto pour violon et
orchestre, op. 13, Berlin, Westphal. — 5° Duos
pour 2 violons, op. 5; 8, 10, 17, 21, Leipsick,
Breitkopf et Hacrtel; Berlin, Trautwcin. —
6° Douze solos pour violon, op. 9, Berlin, Trant-
wein. — 7° Deuxième concerto pour violon et
orchestre, op. 16; Berlin, Bote et Bock. —
8° Deux quatuors faciles pour 2 violons, alto et
violoncelle, op. 20 ; Offenbacb, André. — 9° Trois
morceaux de salon pour violon et piano, op. 23 ;
Berlin, Bote et Bock. — 10° Six chants à voix
seule avec accomfiagnement de piano, op. 11;
Berlin, Trautwein, 1830. — il" Méthode de
violon pour la première instruction , avec 100
petits duos pour servir d'exercices ; Leipsick ,
Hofmeister, 1842.
RIES (Louis), fds aîné du précédent, né à
Berlin le 30 janvier IS.'JO, a fait son éducation de
violoniste sous la direction de son père, et plus
tard, a reçu des leçons de Vieuxtemps. En 1852,
il se rendit à Bruxelles, puis à Paris, où il ne
s'arrêta pas longtemps, et enfin à Londres, où il
s'est fixé. Artiste d'un talent fin, délicat et de plus
Irès-bon musicien. Ries est très-estimé en .An-
gleterre : il complète l'excellent quatuor de Joa-
chim, Piatti et Blagrove, à la société de la Mu-
sical Union.
RIES (Adolphk), le plus jeune fils d'Hu-
RIES — RIETZ
259
bert, esl né à Berlin le 20 décembre 1837. Son
premier maître de piano a été Steiffensand, puis
il esl devenu élève de Tlu Kullack, et C. Bœhmer
lui a enseigné l'hannouie. Ses premières œuvres,
qui consistent en un trio pour piano, violon et
violoncelle, et une sonate pour piano et violon,
ont été écrites à l'âge de dix-huit ans. Onconnait
aussi de lui 4 Liederh voix seule et piano, op. 2 ;
Berlin, ïrautwein ( Balm ), ISôO. Le jeune ar-
tiste a fait, en 1858, un voyage a Londres, pour
s'y faire connaître comme virtuose ; mais dans
cette ville où abondent les pianistes les plus lia-
biles, il a été peu remarqué.
RIESCHiVCK ( Jean-Jacques ), facteur
d'orgues à Neisse , dans la première moitié du
dix-huitième siècle, a construit dans l'église de
la Sainte-Croix , à Breslau , un instrument de
vingt-six jeux, et à Frankenstein, en 1730, un
orgue de vingt-cinq registres.
RIESE (Jèan-Heniu ), valet de chambre du
roi de Danemark, vers le milieu du dix-huitième
siècle, mourut à Copenhague le 2G mars 1808,
dans un Age avancé. On a de lui un traité du
teu)pérament musical, .sous ce titra : Arilhme-
tische und cjeometriache Vcrgleicliung , oder
eine Linic, uelchc, weiin sie in ar/llimelische
Theile (jetheilt ivird, oiebt auf einer andcrn
Linie geometrisclie Proportion (Comparaison
arithmétique et géométrique, ou ligne qui, dis-
tribuée en parties arithmétiques, donne sur une
autre ligne les proportions géométriques), Co-
penhague, 1759, in-4°.
RIESE (Hélène), née d'une famille hono-
rable à Berlin, vers 1796, reçut de la nature
l'organisation la plus heureuse pour la musique.
Lauska ( iioj/ezce nom ) fut son maître de piano.
Elle était âgée d'environ Irei/e ans lorsqu'elle
joua pour la première fois en public dans un
concert donné à Berlin le 27 avril I8U9 : elle y
excita beaucoup d'intérêt par le sentiment dis-
tingué de son exécution. Deux ans après, elle se
fit entendre de nouveau dans la même ville, et
y obtint un brillant succès. Déjà son talent avait
pris un caractère sérieux et grandiose dont les
connaisseurs furent frappés. A la même époque
elle publia ses premières compositions, oii se
révélait, plus encore que dans son exécution, la
puissance de son sentiment musical. La sonate
pour piano seul, op. 1 (Berlin, Schlesinger) ,
n'était qu'un essai dont le style était évidemment
inspiré par les sonates de Mozart; mais dans la
seconde, dont le premier morceau est un alle-
gro maesioso, un génie original et le caractère
de la grandeur se manifestent d'une manière
remarquable. Rochlilz a donné une analyse poé-
tique et pleine d'enthousiasme de cet ouvrage
dans la 13^ année de la Gazette générale de
Musique de Leipsick ( 1811, p. 573-576). L'au-
teur était alors dans sa quinzième année. Son ta-
lent grandit encore dans la grande sonate, op. 3,
qui parut chez le même éditeur en 1812. Dans
l'année suivante, Ml'e Riese épousa un certain
M. Liebmann, qui l'emmena à Vienne, où elle
publia ses grandes .sonates, œuvres 4 et 5, ainsi
que des variations sur différents thèmes. En 1810,
elle fit paraître chez Schlesinger, à Berlin, sa
sonate pour piano avec violon, op. 9, et à la fin
de la même année parurent chez Peters, à Leip-
sick , les grands trios de M""= Liebmann, pour
piano, violon et violoncelle, œuvres il et 12.
Dans le compte rendu de ces deux ouvrages, on
voit que la position de leur auteur était celle
d'amateur dont le talent d'exécution était aussi
brillant que celui du compositeur était remar-
quable. Rien n'indique où celte dame habitait
alors : peut-être était-ce à Magdebourg, où il y
avait en 1825 un amateur violoniste appelé Lieh-
mann. Quoi qu'il en soit, un quatuor pour
piano, violon, alto et basse, op. 13, une sonate
pour piano et violon, op. 14, une sonate pour
piano seul, op. 15, et une fantaisie pour le même
instrument, op. IG, sont les dernières produc-
tions de M"»* Liebmann. Elles furent publiées
dans les années 1818 et 1819, après quoi le nom
de cette feumie extraordinaire disparut du monde
musical. Il y a lieu de croire que celle qui le
portait cessa de vivre vers la même époque! De
tous ses ouvrages, je ne connais que la grande
sonate œuvre 5, et le quatuor œuvre 13 ; mais
quand je les entendis, ils me frappèrent comme
des œuvres de maître.
RlETZ (Jules), compositeur et maître de
chapelle du roi de Saxe, est né à Berlin le 28
décembre 1812. Fils et frère de deux membres
de la chapelle royale, il commença l'étude de la
musique dès ses premières années. A l'âge de
huit ans, il jouait déjà du violoncelle ; à douze, il
était d'ime habileté remarquable sur cet instru-
ment. Zelter ( loijez ce nom) le prit alors sous
sa protection et lui lit faire de bonnes études
d'harmonie et de composition. La mort du père,
puis celle du frère de Rietz, l'obligèrent à se créer
par lui-même des moyens d'existence. A l'âge
de seize ans, il entra dans l'orchestre du théâtre
royal, et Spontini le fit admettre dans la musique
particulière de la cour. Il le destinait à de plus
grands avantages lorsque Mendelssohn appela
Rietz àDusseldorf, pour lui confier la direction
de la musique du théâtre que venait de fonder le
poète Immermann; mais cette entreprise ne
réussit pas, et Rietz fut obligé de se retirer. Peu
de lemps après il reçut sa nomination de directeur
17
260
RIEÏZ
de la musiqoe de la ville, précédemment occupée
par Mendelssolm. Il la conserva pendant don/e
années et y lit preuve d'un talent remarquable
comme chef d'orchestre, ainsi que d'un goût
très-pur dans le choix des ouvraf^es qu'il lit
exécuter. Ses fonctions ne se bornaient pas à la
direction des concerts, car il dirigeait aussi la
musique dans les églises catholiques ainsi que
dans les grandes fêtes musicales , et la société
remarquable de chant Malerliedoiafel l'avait
pris pour son chef. A la même époque il brilla
comme violoncelliste dans les concerts de la plu-
part des villes du Rhin. En'1847, il fut appelé à
Leipsick en qualité de directeur de l'Académie
du chant et de chef d'orchestre du tliéâtre. Après
la mort de Mendeissohn, il fut chargé de la di-
rection des concerts du Gewandhaus, et l'en-
seignement de l'harmonie et de la composition au
Conservatoire lui fut confié en 1848. Dans l'an-
née suivante, je connus cet artiste distingué, et
je troHvrai en lui un homme aimable, bienveil-
lant et modeste. Rielz, le bon et sympathique
Hauptmann, directeur de l'école Saint-Thomas,
le maître de concert Ferdinand David et sa
charmante famille, enfin M. Haerlel, esprit d'une
grande distinction, et chef de la maison si connue
Breiikopf et Jlxriel, m'ont laissé un agréable
souvenir de mon .court séjour à Leipsick. Ils for-
maient entre eux une société d'amis intimes.
En 1854, Riet/. abandonna la direction de
l'orchestre du théâtre, afin de se livrer avec plus
de liberté à ses autres fonctions. A Poccasion
de la fête du centième anniversaire de la nais-
sance de Schiller, le 10 novembre 1859, l'Uni-
versité de Leipsick lui conféra la dignité de doc-
teur. Au commencement de l'année suivante, le
roi de Saxe le nomma son maître de chapelle,
comme successeur de Reissiger (voyez ce nom),
récemment décédé. »Rietz alla immédiatement
après prendre possession de celte place à Dresde,
où il se trouve aujourd'hui (1863).
Parmi les productions de cet artiste, on remar-
que :L Mi'siQUE DRAMATiQue : 1° Lorbecrbaum
und Beltclstab, oder drei Winter eines deutS'
chen Dichters (L&urier et bâton de mendiant,
eu trois hivers d'un poète allemand, comédie
en 3 actes mêlée de chants), de C. de Holtey ,
représentée le 13 février 1833, au théâtre Kœ-
nigstadtde Berlin. L'ouverture et deux chansons
de cet ouvrage arrangées pour le piano ont été
publiés chez Trautwein. — 2" Das Mœdchcn
aus der Fremde ( La fille du pays étranger),
opéra de circonstance en un acte, représenté à
Dusseldorf en 1839, à l'occasion du couronne-
ment du roi Frédéric-Guillaume IV. — 3° Fêtes
théâtrales pour l'anniversaire de la naissance du
prince et de la princesse de Prusse, au théâtre de
Dusseldorf. — 4" La musique pour les drames
Macbeth; Faust de Goethe, Dcr Richter von
Zulamea (Le juge de Zulamée) et Blaubart
(Barbe-Bleue), pour le théâtre d'Immermann, à
Dusseldorf. — 5". Jcry et B.rtelij, op.-comique
en un acte, de Gœthe, gravé en partition pour
le piano, à Leipsick, chez Hofmeister. — 6o Le
Corsaire, grand opéra en 4 actes, représenté au
théâtre de Leipsick, le 28 décembre 1850. —
7" Georg Neumark und die Gambe, opéra-
comique en un acte représenté au théâtre de
Weimar, le 25 mai 1859. — 8° Ouverture et
entr'aetes pour Judith, tragédie de Hebbel, re-
présentée à Leipsick, en 1851. — 9" Beaucoup
de chœurs, de Lieder, de marches, et autres
pièces pour des drames et des comédies. II Mu-
sique RELIGIEUSE. — iO" Six duos religieux pour
soprano et contralto contenant: (0 Saluiarishos ■
tia; Bcnedicam Domino, Ave Maria, etc.),
avec accompagnement de piano, op. 9 ; Leipsick,
Hofmeister. — ir Neuf cantiques allemands à
voix seule avec piano, op. 13; Leipsick, Kist-
ner. — 12" Six psaumes pour contralto ou basse
avec piano, op. 25, ibid. — 12° (bis). Six Liedcr
spirituels pour les sociétés de chœur, op. 37;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. III. Musique vo-
cale UE CONCERT ET nE SALON : — 13° Treize
chants à voix seule avec piano, en 2 suites, op. 6;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. — 14° Douze
chants idem, en 2 suites, op. 8 ; Bonn, Sim-
rock; — 15° Ancien chant de guerre allemand
pour un chœur d'hommes à l'unisson , avec or-
chestre, op. 12; Leipsick, Breitkopf et Haerlel.
— 1C° Neuf Lieder à voix seule avec piano,
op. 15; Leipsick, Kistner. — 7° Scène et cava
tine pour soprano, op. 19; ibid. — 18° Dithy-
rambe de Schiller pour voix d'hommes et or-
chestre ou piano, op. 20; Leipsick, Klemm.
— 19° Douze chants à voix seule et piano,
op. 26; Berlin, Bote et Bock; — 20° Sept Lieder
idem, op. 27 ; Leipsick, Breitkopf et Haîitel. —
21° Douze idem en deux suites, op 28 ; Leipsick,
Peters. — 22° Le lied du vin, pour voix d'hom-
mes et orchestre; op. 36. IV. Musique ixstrc-
MENTALE. — 23° Quatuor pour deux violons,
alto et violoncelle, op. 1; Berlin, Kluge. —
24° Fantaisie pour violoncelle et orchestre, op. 2;
Leipsick, Kistner. — 25° Ouverture pour mu-
sique militaire, op. 3; ibid. — 20° Scherzo ca-
pricioso pour piano, op. 5; Leipsick, Breitkopf
et Haertel. — 27° Ouverture de concert pour
grand orchestre (en la ), op. 7, Leipsick, Kist-
ner.— 28° Ouverture (//ero et Lcandre), pour
piano à quatre mains; Leipsick, Breitkopf et Ha;r-
tel. 29° fc symphonie pour orchestre ( en
RIETZ — RIGia.
261
sol mineur), op. 13; Leipsick, Kistner. — SO^Oii-
verture (L'Orage), op. 14; Leipsick, Hof-
mcister. — 31" Concerto pour violoncelle et
orchestre ou piano, op. 16; Leipsick, Kistner.
— 32" Sonate pour piano (en la mineur) op. 17 ;
Leipsick, Wliislling. — 33° Lustspiel ouverture
Ouverture (pour une comédie), pour orciiestre,
op. 18. Leipsick , Kistner. — 34" î^e sonate pour
piano, op. 21 ; Leipsick, Senff. — 35" 2">e sym-
phonie pour orchestre, op. 23. — 36" Con-
certo pour clarinette et orchestre, op. 29, Leip-
sick, Kistner. — 37° Concerto pour violon et
orchestre, op. 30; ibid. — 38" S^e symphonie
pour orchestre; op. 31; Leipsick, Breilkopf et
Ha>rlei. — 39" 2'"e concerto pour violoncelle et
orchestre, op. 32. — 40" Pièce de concert pour
hautbois et orchestre ou piano, op. 33 ; Leipsick,
IJreitkopf et Hœrtel. — 41" Douze pièces enfan-
tines pour piano, en deux suites, op. 34 ; Leip-
sick, Senff. — 420 Capriccio pour violon et or-
chestre, op. 35.
IVIFAUT (Louis-YicTou-ÉTitNNK), fils d'un
contrebassiste de l'Opéra, naquit à Paris le 11
janvier 1798, et fut admis au Conservatoire de
cette ville, le IG août 1811, comme élève d'Adam
père, pour le piano. Devenu plus tard élève de
IJerton pour l'harmonie et la composition. Il
obtint en 1821 le premier prix de composition
au grand concours de l'Institut de France. Le
sujet de ce concours était ime cantate intitulée
Diane et Endijmion. Devenu pensionnaire du
gouvernement français, Rifaut séjourna à Rome,
a Naples, à Vienne, à Munich, à Dresde, et revint
à Paris en 1825. Avant son départ pour l'Italie,
il était accompagnaleur du théâtre do l'Opéra-
Comique; après son retour à Paris, il en reprit
les fonctions. En 1828. il fut nommé chef du
chant du môme théâtre, et l'année suivante, il
obtint la place de professeur d'accompagnement
au Conservatoire. Une longue et douloureuse
maladie l'a conduit au tombeau dans' le mois de
mars 1838. Au mois de novembre 1827, il avait
fait représenter à l'Opéra-Comique le Roi et le
Batelier, opéra eu un acte, composé en société
avec Halévy. Le 23 février 1828, il donna au
môme théâtre le Camp du drap d'or, opéra en
trois actes, fait en collaboration avec Balton et
M. Leborne, et le 6 novembre de la même année,
il lit jouer Un Jour de réception, opéra-comi-
que en un acte. En 1834, André ou la Senti-
nelle perdue, à é\.é représenté au même théâtre.
Son dernier ouvrage, joué sans succès en 1836,
tut Gasparo, opéra-comique en un acte. On a
grave à Vienne un air italien ( Aon so dir se
peun sia) de sa composition.
RKjADE ( Andhé-Jean) , né en Provence
, vers 1730, alla en Italie dans sa jeunesse , et
[ étudia la composition sous la direction de Pic-
: cinni. De retour à Paris, il donna a la Comédie
italienne Zélie et Lindor, opéra-comique, re-
présenté-au mois de novembre 1763, et qui ne
réussit pas. Rigade est mort à Paris en 1803.
RIGATI (Jean-Antoine), ou RIGATTI,
prêtre vénitien , attaché à l'église Santa-Maria
Formosa , et cbantenr de Saint-Marc vers le
milieu du dix-septième siècle, eut aussi le titre et
les fonctions de maître de chant des jeunes filles
du Conservatoire degl' incurabili. Il mourut
jeune, vers la fin de 1649, et fut inhumé dans
l'église de cette instittition de charité. Ses élè-
ves reconnaissantes firent graver cette touchante
inscription sur son tombeau :
D.Joh. Mnt. Higattut
.Vusicus eximius docmt catitare puellat
Çitx lapide H laerymit ac prece meinbra regunt.
Les productions de cet artiste de mérite ont été
publiées sous les titres suivants : 1" Misse e
salmi, parte concertait « 3, 4, 5 , 7 e 8 voci
con 1 violini, e parte a 5 voci a capella; in Ve-
netia, app. liartolcmei Magni, 1640, in-4°. —
2° Prima parte de' Motetti a 2, 3 e 4 voci
con alcuni cantilene; ibid., 1640, in-4". —
3" Motetti a voce sola con partitura; ibid.,
1643, in-4". — k" Messe e salmi ariosi a 3 voci
concertât i ; ibid., 1643, in-4". — 5" Salmi
diversi di compiQtà a una, due,tre e quat-
tro voci con stromenti e senza,e con le Anti-
fonc che si cantano nel fine délia compléta;
in Venetia, app. Alessandro Vinèenti, 1646,
in-4*. — 6" Messa e Salmi a 3 voci con2 vio-
lini e Quattro parti di ripieno se place; ibid.,
Ifi'ifi, in-4"
RIGAtrr (M«e Astoinette-Ekgénie), can-
tatrice de l'Opéra- Comique, connue d'abord sous
le nom de* M"* l'allar, quoique le nom de sa fa-
mille fût Paillard, est née à Paris le 4 septem-
bre 1797. Admise au pensionnai dechant du Con-
servatoire, dans le mois de juin 1808, elle reçut
des leçons de Gérard pour la vocalisation, puis
devint élève de Garât. En 1813, elle débuta à
l'Opéra-Comique et y fut d'abord peu remar-
quée; mais par degrés le public comprit mieux le
mérite de la rare élégance et du finide son chant,
et dans les dernières années de sa carrière dra-
matique elle obtint de grands succès en chantant
avec Ponchard et Martin. Retirée du théâtre
en 1830, elle habita depuis ce temps une maison
de campagne près de Fontainebleau, avec son
mari, ancien professeur de vocalisation au Con-
servatoire de Paris.
RIGEL (Henri-Josepb), dont le nom vérita-
262
RIGEL — RIGGIERI
b!e est originairement Riegel, naquit à Wertheim
m Franconio, le 9 février 1741. Dans un voyage
qu'il fit à Stutlgard, il fut assez heureux pour
recevoir quelques leçons de Jomelli : Ricliter
avait été son premier maître d'harmonie et de
contrepoint. Arrivé à Paris en 1768, il s'y fit re-
marquer par son habileté sur le clavecin et se
livra à l'enseignement avec succès. Ilfit exécuter,
plusieurs symphonies de sa composition au concert
des amateurs de l'hôtel de Soubise, alors dirigé
par Gossec, et publia quelques œuvres de sonates
pour le piano, ainsi que des duos et des quatuors
pour 2 violons, alto et basse. Il écrivit aussi
beaucoup de musique d'église, et fit exécuter au
Concert spirituel les oratorios suivants : {" La
Sortie dCÉgypie, qui fut considéré comme un
des bons ouvrages de ce genre. — 2° Jephté. —
3° La Prise de Jéricho. Beaucoup de petits
opéras furent composés par lui, et représentés
sur divers théâtres de Pans; les titres de ces
ouvrages sont : i" Le Savetier et le Financier,
à l'Opéra -Comique. — "i" Blanche et Vermeille,
idem. — 3" V Automate, ibid. — 4° Rosanie,
qui fut repris en 1790 au théâtre de Monsieur,
sous le titre à'Azélie. — 5° Aline et Zamorin,
au théâtre des Beaujolais. — 6° Lucas, idem. —
7° Le bon Fermier, ibid. — 8" Les Amours du
Gros-Caillou, ibid — 9° Alix de Beaucaire,
au théâtre Montansier. — Rigel avait écrit, à la
demande de l'administration de l'Opéra, Cora et
Alonzo, grand opéra, dont il ne put jamais ob-
tenir la représentation. Successivement directeur
de musique du Concert de la Loge olympique
et du Concert spirituel, puis professeur au Con-
servatoire, il mourut à Paris, dans le mois de mai
1799, avec la réputation d'un artiste de talent.
RIGEL (Louis), fils aîné du précédent, né
à Paris en 1769, fut élève de son père pour le
clavecin, et devint un bon professeur de cet
instrument. Après avoir enseigné longtemps à
Paris, il se fixa au Havre, où il mourut le 25
février 18U. Cet artiste n'e.st connu que par les
arrangements de quelques symphonies de Haydn
pour le piano, et de plusieurs trios de Pleyei. Il
a laissé en manuscrit des sonates-de piano.
R1GEL{HenriJean), deuxième fils de Henri-
Joseph, est né à Paris le II mai 1772. Élève de
son père potir le piano et la composition, il fut,
à l'âge de treize ans, nommé répétiteur à l'École
royale de chant et de déclamation. Bientôt après
il débuta au Concert spirituel et y fit exécuter
les cantates religieuses de sa composition intitu-
lées Gcdcon, Judith, le Retour de Tobie, et
une symphonie à grand orchestre. Devenu un
des meilleurs profcsseursde piano alors existants
k Paris, il se livrait à l'enseignement avec suc-
cès, lorsque le général Bonaparte le détermina
à le suivie en Egypte. Rigel partit en 1798. Ar-
rivé au Caire, il fut un des membres de l'Insti-
tut des sciences et arts de cette ville, et fut
chargé de la direction de la musique du théâtre
français qu'on y avait organisé. Il y fit repré-
senter le petit opéra intitulé Lesdeux Meuniers,
en 1799. De retour à Parisen 1800, Rigcl reprit
ses fonctions de professeur, et reçut de l'empe-
reur Napoléon le titre de pianiste de tn musique
particulière. 11 se distinguait particulièrement
par son talent d'accompagnateur au piano. Après
une laborieuse carrière, ce digne artiste jouît
tranquillement de l'aisance acquise par ses tra-
vaux ; il habitait à Paris pendant l'hiver, et se
relirait pendant l'été dans une maison de cam-
pagne qu'il possédait près de Beau vais. En 1808,
il fit représenter au théâtre Feydeau le Duet
nocturne, opéra-comique en un acte. Dans la
listedeses compositions on remarque : fGrande
ouverture (en ré); Paris, ILrard. — 2" Ouver-
ture pastorale; ibid. — 3" Premier Concerto
pour piano ; Paris, Gaveaux. — 4° Deuxième
idem; Paris, Ricliault. - 5° Troi.sième id.; S.
Gaveaux. — 6" Quatrième idem; Paris, Érard.
— 7° Trios pour piano, iiarpe et violon; ibid. —
8° Sonates pour piano et violon, op. 1,7, et 19;
Paris et Offenbach. — 9° Duo pour piano à
4 marns; Paris, Naderman. — 10" Duos pour
2 pianos ; Paris , Naderman , Érard , Porro. —
11" Sonates pour pianoseul, op. 2; Paris, Schle-
singer. — 11" Idem, op. 3; Paris, Gaveaux. —
13° Trois grandes idem, op. 17 ; Paris, Érard. —
14° Plusieurs fantaisies, rondos, pots-pour-
ris, etc.; ib. — là" Plusieurs «livres de varia-
tions, idem; ibid. — l'6° Rondo brillant pour
piano, op. 45. Rigel est mort à Abbeville, le
16 décembre 1852.
RIGEL ou RIEGEL (Antoine) , pianiste
et compositeur, vécut à Heilbronn, vers la fin du
dix-huitième siècle, et s'établit à Manheim, en
1807. On a gravé de sa composition à Spire,
Manheim et Heilbronn, six œuvres de .sonates
avec accompagnement de violon, un œuvre de
caprices pour piano seul, et un œuvre de qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse; à Paris, chez
Naderman.
RIGGIERI (Colombe), connue à Paris sous
le nom de COLOMBE AÎNÉE, naquit à Venise
en 175't. Amenée a Paris par ses parents dans
son enfance, on lui fit apprendre la musique et
le chant. Elle débuta à l'âge de dix- huit ans
dans les premières amoureuses de l'opéra
comique, à la Comédie italienne, le 6 septem-
bre 1772, |)ar le rôle i\'Ifortense, dans le Hu-
ron. Les rôles de Sophie d-ins Tom Joncs, de
RI.GGIERI — RIGIIINI
263
Suzeite dans le Bûcheron, (le Lucilc et sur-
tout celui (le Belindc dans la Colonie, lui ont
fait une brillante réptifation. Un critique de son
temps a fait de cette cantatrice l'éloge suivant :
« Une figure intéressante et noble, une taille
« avantageuse, une voix brillante et flexible, une
« grande sensibilité, tous ces dons réunis à
« beaucoup d'intelligence, à un excellent goût
« du cbant, à des gestes expressifs, à un débit
« gracieux et à un jeu naturel, aisé, décent et
« animé, ont assuré à cette jeune actrice des
« succès auprès du public. » Mademoiselle Co-
lombe s'est retirée de la scène en I78S. Elle est
morte à Versailles en 1833.
RIGGIERl (MAlUE-MADEI.^:l^E), sœurdela
précédente, connue au tliéàtre sous le nom d'A-
DELIXE, et née à Paris en 1760, fut reçue à la
Comédie italienne au mois de mars 1779. Dès
son enfance elle avait été attachée à ce théâtre
pour la danse, et son a(hiiission aux appointe-
ments avait eu lieu le 17 avril 1776. Douéed'une
voix charmante et d'un talent dramatique re-
maïquable, elle clianla et joua avec de grands
succès les rôles de Denise, dans V Épreuve vil-
lageoise, de la soubrette dans Renaud d'Ast,
et de Lisette dans lu Mélomanic. Elle joua
pour la dernière fois en 1799 dans le vieil opéra
intitulé Fanfan et Colas. Je l'entendis à cette
représentation, et ses accents me firent une pro-
fonde impression dont j'ai toujours consLMvé le
souvenir. Je n'avais alors quequinze ans : peut-
élre ma jeimessc lut-elle pour beaucoup dans
l'effet que j'éprouvai; mais je me .souviens que
c'était quelque chose de parfait comme M'i<ï. Mars,
avec la seut^ibililé de plus. Retirée immédiate-
ment après celte représentation, Adelinc vécut
encore quarante-deux ans ; elle mourut à Ver-
sailles au mois de février 1841.
RIGIIl (Joseph), né à Carpi, dans la seconde
moitié du seizième siècle, fut chanoine et maître
de chapelle de la collégiale de Mirandola. On a
publié de sa composition plusieurs ouvrages
dont je ne connais que celui qui a pour titre :
Compieta romane a otto voci con'' Litanie,
Mottetti et Antifone délia beuta Maria Vir-
gine, op. 7; in Venetia, oppressa Giac. Vin-
centi, 1610, in^".
RIGHI (François), niaitre de chapelle à l'é-
glise des Jésuites à Gènes, vers le milieu du dix-
septième siècle, est connu par un opéra intitulé
l'Innocenza riconosciuta, représenté à Gènes,
en 1653. Il a aussi beaucoup écrit pour l'église-
RIGIIl (Joseph-Marie), compositeur de l'é-
cole de Bologne, a fait représenter dans cette
ville, en 1694, l'opéra la Bernarda, Honi il
avait composé les paroles et la musique.
RIGIIliVI (Vincent), compositeur, né à Bo-
logne, le 22 janvier 1756 (1), fit ses premières
études musicales dans la maîtrise du chœur de
Saint-Pétrone, puis reçut du P. Martini des le-
çons de contrepoint, et apprit l'art du chant
dans l'école de Bernacchi. A l'âge de dix-neuf
ans, il débuta sur le tlic^âtre de Parme, et se
fit applaudir par sa bonne méthode plutôt que
par la beauté de sa voix. L'année suivante, il
'fut engagé au théâtre de Prague, et commença à
s'y faire connaître comme compositeur par de»
morceaux qu'on intercalait dans les opéras bouf-
fes de cette époque, puis par ses premiers opé-
ras. Après un séjour de trois années à Prague,
il se rendit à Vienne et fut choisi par l'empereur
Joseph II pour enseigner le chant ii l'archidu-
chesse Elisabeth, qui plus tard devint duchesse
de Wurtemberg. L'empereur le chargea égale-
ment de la direction de l'Opéra Bouffé italien de
sa cour. Le s('-jour de Righini à Vienne fut de
huit années. En 1788, il accepta la place de
maître de chapelle de l'électeur de Mayence, et
cette nouvelle position lui fournit l'occasion d'é-
crire quelques-uns de ses meilleurs ouvrages,
particulièrement une messe solennelle composée
pour l'élcclion de l'empereur, et exécutée à
Francfort en 1790. Deux ans après, le roi de
Prusse, Frédéric-Guillaume II, l'appela à Berlin
pour écrire l'opéra sérieux Enea nel Lazio.
Le succès de cet ouvrage fit choisir le composi-
teur pour directeur de la musique du théâtre
royal, au mois d'avril 1793, en remplacement
d'Alessandri, avec des appointements de quatre
mille écus de Prusse ( environ 13,000 fr. ).
Cette heureuse position détermina Righini à se
marier avec M"^ Knefel, cantatrice distinguée,
qu'il avait connue aux théâtres de Mayence et de
Francfort. Depuis lors il conserva sa place â
Berlin jusqu'à sa mort, et ne s'éloigna de cette
ville que pour faire un voyage à Hambourg avec
sa femme. Vers la fin de sa vie, il fut attaqué
d'une maladie calculaire : on lui conseilla d'es-
sayer de l'air natal pour rétablir sa santé. Arrivé
à Bologne, il y subit deux fois l'opération; à la
suite de la seconde, il mourut le 19 août 1812,.
à l'âge de cinquante-six ans.
Righini a écrit pour la scène : 1° La Vedova
scaltra, opéra bouffe, son premier ouvrage dra-
matique, représenté à Prague en 1778. — 2° La
BottegadclCafè, opéra bouffe, ibid. — 2° Don
Giovanni ossia il Convitato di Pielra. C'est
le même sujet que Mozart remit en musique
(t) L'auteur de la notice sur Righini, insérée dans le
Lexique universel de musique publié par Sctiillinj:, a été
mal informé en le faisant naître en 1760 : J'ai puisé nies-
renseignements à Bologne même.
26-1
RIGlllM — llIMBAULT
quelques années après, dans la inômc ville de
Prague, sur le nouveau livret écrit par d'Apiinte,
el combiné pour les nouvelles formes musicales
conçues par l'illustre compositeur. — 4" La Sor-
presa amorosa, cantate avec orchestre, écrite à
Vienne, en 1780. — 5° Il Satale iVApollo, idem.
— 6° Grande Sérénade, idem. — 7" L'incontro
tHflsj!;e//a/o, opéra bouffe, à Vienne, en 1785. —
8° // Demogorgone, ossia il Filosofo confuso,
ibiJ. — 9° Plusieurs scènes et morceaux inter-
calés dans divers opéras, ibid. — XO' Aniigono,
opéra sérieux, à Mayence, en 1788. Une belle
scène de cet opéra (Bérénice, che fai?) a été
gravée avec accompugnement de piano. —
1 1" Quelques scènes introduites dans divers opé-
ras. — 12° Arinide, à Ascliaffenbourg. — 13"^!/-
cideal Bivio, àCoblence, en 1789.-14° Enea
nel Lazio, à Berlin, au mois de janvier 1793. —
lô" Il Trionfo d'Ariane, à Berlin, 1795. —
16" Atalanle e Meleagro, fôte théâtrale, ibid.,
1797. — 17° Armida, presque entièrement re-
faite, ib., 1799, gravée en partition pour le piano,
à Leipsick, chez Breitkopf. — 18° Tigrane,
opéra sérieux, ibid., 1799. — 19° Gerusalcmme
liberata, ibid., 1802. ^- 20° La Selva incan-
(ata, opéra bouffe, ibid. Les partitions de ces
trois derniers ouvrages ont été publiées pour le
piano, à Leipsick. La partition de la messe so-
lennelle du couronnement, de Rigliini, a été gra-
vée à Berlin, chez Schlesinger. Les autres ouvra-
ges de cet artiste sont : 1° Sérénade pour 2 cla-
rinettes, 2 cors et 2 bassons; Augsbourg, Gom-
bart. — 2° Sonates en trios pour piano, violon
et violoncelle, liv. 1 et 2; Leipsick, Heinrichs. —
3° Concerto pour flûte el orchestre; Augshoiirg,
Gombart. — 4° Plusieurs recueils de duos pour
le chant ; à Berlin. — 5° Beaucoup d'ariettes ita-
liennes, en recueils et détachées, de roman-
ces, etc.; Hambourg, Bœhme; Berlin, Schlesin-
ger; Leipsick, etc. — 6" Quelques cantates; ibid.
Les exercices de chant publiés par Rigliini, en
1804, sont un des meilleurs ouvrages de ce
genre.
RIGLER (Fr\nçois-Padl), professeur de mu-
sique à l'École nationale supérieurede Presbourg,
vers la Hn du dix-huitième siècle, s^est fait con-
naître par un bon ouvrage intitulé : Anleiiung
zum Gesange und dem Klavicr oder die Or-
gel zu spielen, nebst dcn crslen Grunden zur
Composition, etc. ( Introduction au chant et à
Part de jouer du clavecin oii de l'orgue,' suivie
des premiers principes de la composition); Ofen
(Hongrie), 1798, gr. in-4° obi. de 110 pages, avec
4 (tlanches gravées.
KILEY (GuiLLAiMc), musicien .anglais, vivait
à Londres vers le milieu du dix-huitième siècle.
Il s'est fait connaître par une collection de
psaumes à quatre parties, précédée d'une instruc-
tion sur la psalmodie, et d'une critique du chant
des méthodistes. Cet ouvrage est intitulé -.l'aro-
citiol inusijck corrected, containing retnar/cs
on thc performance ofpsalmodij in country-
churches^ and on (he ridiculons and profane
\ manner ofsinging praciised bg (he methodisls;
! togelher uith parochial harmony, consisling
\ of a collection of Psalm-tunes, in ihree and
' fourparis; Londres, 1762, in-4°.
! RIMBAULT(ÉDOUARD-FnANçois), musicien
érudit et littérateur d'un mérite très-remarquable,
dont les connaissances, en ce qui concerne les
antiquités et l'histoire de la musique en Angle-
terre, sont plus étendues et plus solides que cel-
les des autres écrivains de ce pays. Il est né le
1 3 juin 1 S 1 6, dans le q uartier de Soho, à Londres,
et descend d'une ancienne famille de Normandie
qui s'est fixée en Angleterre, après la révocation
de l'édit de Nantes. Son père, professeur de mu-
sique et organiste de So/«/-G«7/<'s-ni-//j(?-^eW5
I (Soho), fut son premier maître pour les prin-
I cipes de l'art; puis M. Rimbault termina son
I éducation musicale sous la direction du célèbre
organiste Samuel Wesley. A l'âge de .seize ans,
il fut nommé organiste de ta chapelle suisse,
dans Soho, où il eut fréquemment l'occasion
(l'accompagner les psaumes harmonisés par
Claudin le Jeune et d'autres maîtres anciens. Ce
fut cette circonstance qui inspira au jeune artiste
le goût de la musique ancienne et dirigea ses
travaux spécialement vers l'étude des antiquités
de cet art. M. Rimbault était parvenu à l'Age de
vingt-deux ans, lorsque les connaissances qu'il
avait acquises dans l'exploration des traités de
musique réunis à la bibIiothè(|ue de la paroisse
de Saint-Martin, formée par l'archevêque Jen-
' nison, le décidèrent à ouvrir, en 1838, un cours
de lectures sur l'histoire de la.musicpie en An-
gleterre. Ces lectures, continuées en plusieurs
périodes, eurent du retentissement, lixèrent l'at-
tention puhli(pie sur le mérite du jeune profes-
seur, et inspirèrent à plusieurs hommes d'élite
de l'intérêt pour l'histoire de l'art dans leur pa-
trie. L'association de MM. Rimbault, Edouard
' Tayior el William Chappell, pour la fondation
j de la Musical antiquarian Society el de la
' J'ercy Society, en fui un des résultats principaux
dans l'origine. Les travaux du comité de la pre-
mière de ces sociétés commencèrent le li^r no-
vembre 1840: M. Rimbault en fui le membre
le plus actif. Ou ronnatt les belles publieations
; d'œuvres des anciens compositeurs apglais failfts
par celte association d'hommes aussi reconiman-
' dablcs par leur zèle que distingués par leur mé-
RII\IBAULT
265
rite personnel. Dix-neuf volumes d'œiivres de
Byrd, Morley, Wilbye, Weelkes, Dowland, Gib-
bons, Hilton, Bateson, Purcell, etc., qui n'exis-
taient qu'en parties séparées dont la rareté est
excessive, ont été publiés avec luxe en partition
par les membres de la société; la moitié de
cette intéressante collection est due aux soins et
aux travaux de M. Rimbault, qui a enricbi cha-
que volume de notices excellentes, dans les-
queUes brille au plus haut degré l'esprit de cri-
tique et de recherches.
La Société Percrj , ainsi nommée de l'évêque
Thomas Percy, éditeur des Relies of the an-
cient english Poetry, fiit fondée dans la môme
année que celle des antiquaires musiciens; son
but était la publication des nouvelles éditions
des monuments de Tancienne poésie anglaise.
-M. Rimbault en fut nommé secrétaire, comme il
l'était de celle de l'ancienne musique, et comme
tel, il fut l'éditeur de la plupart des ouvrages re-
produits. La Motett Society, qui avait pour
objet la publication des œuvres de Palestrina,
Victoria, Orlandodi Lasso, etc., avec des paroles
anglaises pour l'usage de l'Église réformée, fut
constituée en 1841 , et M. Rimbault, dont les
connaissances spéciales étaient justement appré-
ciées dans sa patrie, fut chargé de la direction
du travail et des .soins nécessaires pour les
nouvelles éditions. En 1842, il fut nommé mem-
bre de la Société des Antiquaires de Londres, et
dans la môme année il reçut le diplôme de doc-
teur en philosophie de l'université de Gœtlingue,
et de membre de l'académie de musique de Stock-
liohn. Les succès qu'il avait obtenus dans ses
cours de lectures sur la musique avaient fixé l'at-
tention des corps savants de l'Angleterre : il fut
invité à en faire de semblables à la Collégiale
Institution de Liverpool, ainsi qu'à l'Institut
philosophique d'Edimbourg. Lés révélations du
docteur Rimbault sur les antiquités de l'art,
dans ces séances, excitèrent un vif intérêt chez
ses compatriotes, et, dès ce moment, les monu-
ments de cette histoire furent recherchés avec
avidité. Peu après la formation de la Société des
Antiquaires de musique, M. Rimbault reçut l'in-
>ilation d'accepter la place de professeur de
musique à l'université d'Harvard, aux États-Unis
(l'Amérique ; mais les avantages dont il jouissait
dans sa patrie lui firent décliner ces propositions
jnorables. En 1844, il obtintle doctorat endroit,
dans le même temps il fut nommé examina-
dans le collège royal des précepteurs de
indres : il occupe encore cette position (1863).
1848, le docteur Rimbault eut le rare honneur
ilre invité à faire un nouveau cours de lec-
Ires sur la musique à l'Institution royale de la
Grande-Bretagne. Il le divisa en deux parties,
la première théorique, l'autre historique, et les
traita toutes les deux avec de larges développe-
ments dans les sept séances qu'il y consacra.
Livré à ses grands travaux d'antiquaire et
d'éditeur, M. Rimbault n'a pu s'occuper avec ac-
tivité de la composition; néanmoins il a écrit la
musique du petit opéra The Fair Maid of Is-
lington (La Belle Fille d'Islington), et le drame
musical The Caslle Spectre (Le Spectre du châ-
teau), lesquels ont été représentés à Londres en
1838 et 1839. On connaît aussi sous son nom
un certain nombre de chansons anglaises à voix
seule avec piano. Dans la pratique de l'art, les.
arrangements de grandes partitions pour le
piano ont pris une large place dans ses occu-
pations ; c'est ainsi qu'il a réduit les partitions
des opéras ZaC/iu/e de Babylone et Les Croi-
sés, de Spohr ; Robin Hood, Ilelvellyn et Jessy
Lea, de Macfarren; La Bohémienne, L'Enchan-
teresse, et La Fille de la place Saint-Marc, de
Balfe; ISiccolode Lappi, àeSch'ina; Maritana,
Amber Witch et Désert Flowers, de Wallace.
Une partie de la carrière de M. Rimbault fut
employée à l'amélioration delà musiqued'église
de la religion anglicane ; ce fut pour ce but qu'il
visita, en 1843 et 1344, les bibliothèques des uni-
versités d'Oxford et de Cambridge, ainsi que le
Fitz-William muséum. Il en tira des services
complets de maîtres oubliés, dont il a introduit
une partie dans le premier volume de la nou-
velle édition qu'il a publiée de la Cathedral
Music de Samuel Arnold. Ce fut à la suite de
cette publication que M. Rimbault fut invité, en
1853, à faire un cours de lectures sur la psal-
modie à Edimbourg et à Glascow. C'est aussi
pour le but de la restauration du chant religieux,
que ce savant musicien s'est livré à l'étude de
Vharmonium , instrument sur lequel il a ac-
quis un talent aujourd'hui célèbre en Angle-
terre.
Devenu l'homme nécessaire pour tout ce qui
se rattache à l'histoire de la musique en Angle-
terre, M. Rimbault a été appelé par le comité
qui s'était formé pour donner une nouvelle édi-
tion correcte des œuvres de Haendel , d'après
les manuscrits originaux dont j'avais fait con-
naître l'existence dans la Revue musicale en
1829 (tome V, p. 577-583), et prié de seconder le
zèle des membres de cette association, en se
chargeant de la publication de plusieurs oratorios,
particulièrement du Messie. L'édition qu'il a
donnée de cet ouvrage sublime est un modèle en
son genre : au-dessus de la partition originale
de Haendel, il a placé l'instrumentation ajoutée
par Mozart, et au bas des pages se trouve l'ar-
2GG
RIMBAULÏ
rangemenl pour le piano (ait par Iiii-niôinc, le-
quel est (lifférfiit en beaucoup de points de ce
qui avait été publie piécédeninient, mais rigou-
reusement conforme à la partition. Celte édition
est magnifique. M. Rimbault a aussi prêté son
secours k Mendeissobn, qui s'élait cbargéde pré-
parer la partition de l'oralorio Israël en Egypte,
pour la même collection, mais qui était souvent
arrêté dans son travail par desdilficultés dont il
n'avait pas la clef. Il y a environ vingt-cinq ans
qiMj M. Rimbault recueille des matériaux pour
un ouvrage concernant la musique originale des
drames de Sbakespeare {On the original Mu-
sicof Shakespeare' s Plays) : ce livre intéres-
sant est maintenant terminé et paraîtra dant^ un
court délai.
Liste PES ouvrages publiés par M. Rimbault,
COMME ÉDITEUR. — I. MUSIQUE RELIGIEUSE : t° Dr.
Arnold' S collection of Cathedral music, a new
édition carefiilly collated with numerous an-
cient Mss., in ichich is added an accompani-
vient for the organ (in place of the signed
Bass) and biographical accounis of the va-
rious composers (Collection de musique d'église
du Dr Arnold ; nouvelle édition soigneusement
revue et collalionnée avec de nombreux manus-
crits anciens, à laquelle est ajouté un accompa-
gnement d'orgue, au lieu de la basse chiffrée, et
des notices biographiques sur les compositeurs) ;
Londres, Dalmaine and C°. (s. d), 3 vol. in-fol. —
T' A collection of cathedral Music ^ by the great
English maslers, consistlng in services and A n-
Ihernssclrclcd from tke Dooksofthe différent
catiicdrals, from the Aldrich, the Tudicay,
and the Fitzniiliam Mss. Collections ; and
from the lihrary of the Music School of Ox-
ford. Printed in score, with an accompani-
inent for the organ and biographical notices
ofthe composers (Collection de musique d'é-
glise, par les meilleurs maîtres anglais, consis-
tant en services et antiennes tirés des livres de
diverses cathédrales, di'S collections d'Aldiich, de
Tudway, de Fitzvvilliam, et de la bibliothèque
de l'école de musique d'Oxford ; publiée en par-
tition avec accompagnement d'orgue, et des no-
tices biographiques des compositeurs); Londres,
Cliappell andC., in-fol. — 3" Cathedral chants
of the sixtcnth , serenteenth and eighteenth
centuries, sclcctedfrom the lioolisoflhecathe-
drals and collégiale establishments ; in score,
with an accompaniment for 'the organ, and
biographical notices of the composers (ChunU
d'église des seizième, dix-septième et di\-bni-
iifiiie siècles, tirés des livres des cathédrales et
<lc» iiniversilrs, en partition, avec acroinpagne-
nienl d'orgue, et des notices biogr.iplii(|u*es des
compositeurs) ; Londres, Dalmaine and C, iiilol.
— 4" The full cathedral service composrd
by Thomas Tallis. A new édition vit h an
historical Préface, and a Biography of the
composer. In full score with an organ ac-
companiment ( Le service complet de l'église
composé par Thomas Tallis. ^'ouvelle édition,
avec une préface historique, et la hiograpiiie du
compositeur. Partition comiilète avec accompa-
gnement d'orgue ); ibid. — à" The ordcr of
daily service with the musical notation as
adapted and composed by Th. Tallis. Care-
fully revised and corrected, icith an histo-
rical and crilical préface (L'ordre de service
journalier avec la notation musicale telle (prclle
y est adaptée et composée par Thomas Tallis.
Revu avec soin et corrigé, avec u;)e préface his-
torique et critique) ; ibid. — f>°A collection of
services and anthems, chiefly adapted from
the u'orlis of Palestrina, Orlando de Lasso,
Vittoria, Colonna, etc., etc. ( Collection de
services et d'antiennes, tirés particulièrement
des œuvres de Paléstrina , Orlando de Lasso ,
Victoria, Colonna, etc., etc.); Published under
the direction of the Motett Society ; 3 vol.
in-fol. — 7"^ A collection of Anthems by com-
posers ofthe Madrigalian era (Bateson, Este,
Weellies,etc.). New firsl printed from Mss.
in the possession of the Editor. Published by
the Musical antiquarian Society (Collection
d'antiennes par les compositeurs de l'époipie
madrigalesque, Bateson, Este, Weelkes, etc. Pu-
bliée pour la première fois d'après des manus-
crits appartenant à l'éditeur, dans la Collection
des musiciens antiquaires); in-fol. — 8" The
Order of Morning and Evcning Prayer, with
the Harmony in i parts; the Plain-song of
the chnrch being placed in the Ténor, ac-
cording to ancienl usage; Londres, A. No-
veilo ( Le livre de prières du matin et du soii
harmonisé à 4 parties, le plain-chanl étant
placé dans la partie du ténor, suivant l'ancien
usage). — 9° The Order of daily service,
with the musical notation as used in the
Abbey-Church of Saint-Peter, Westminster
i\ew first published from the iradiliona,
practice of the choir (L'Ordre du service jour
nalier, avec la notation musicale en usage dam
l'église .Saint-Pierre de l'Ahhaye de Weslmins
ter. Publié pour la première fois d'après l'usagi
traditionnel du chœur); Londres, Georges IJell.
— 10" Edward Lowe's Order of chant ing
the Cathedral service. Rrprinted from the
îJ édition printed at Oxford, 1664, and
adapted for modem use. (La Manière de chan-
ter rollicc de l'église ;pul)liéd'après la deuxièmi
!
Lixiem^j
à
RIMBAULT
267
édition imprimé* à Oxford en 166i, et adaptée ,
à l'usage moderne) ; Londres, Cliappeil and C.
— ir The Hand Book fur ihe Parish Choir,
a collection of Psalm Tunes , services, an-
thems, chants, Sanctus, etc. The P sa Im Tunes
newly harmonized in four paris (Manuel du
clwuur de paroisse, collection de psaumes, offices,
antiennes, chants et Sanctus, etc. Les psaumes
sont harmonisés à quatre parties); ibid. —
12° The Organist Hand-Booli, a collection of
voluntaries for the organ chiefltj selecied
and arranged from Composers of the German
School ( Manuel de l'organiste , collection de
préludes pour l'orgue, choisis et arrangés d'a-
près les compositeurs de l'école allemande);
Londres, Cramer, Beale and C. — 13" Vocal
part Music-sacred and secular, a collection of
Anthems, Motetti, Madrigal, Part-songs, etc.
In score ivith a separate accomp. for organ
or piano forte (Partie vocale de musique sa-
crée et mondaine, collection de motets, an-
ticnnes,madrigaux,chanson3 à plusieurs voix,etc.,
en partition avec un accompagnement séparé
pour l'orgue ou le piano); Londres, Dalmaine
and C°. —14° The Whole Book ofpsalms, with
the Tunes in 4 parts as printed by Thomas
Este, 1592. NeiD first printed in score with
an historical préface and biographical No-
tice. ( Le psautier complet harmonisé à quatre
parties, conforme à l'édition de Thomas Este,
lj<)2. Première édition en partition, avec une
préface historique et la notice biographique); Mus.
Antiq. Society. — 15° The Booke of common
prayer wilh musical notes, as used in the
chapel royal of Edward VI; 1530. Compilcd
by John Marbeck. Rcprinted in fac-similé (Le
livre des prières publiques noté suivant l'usage
de la chapelle royale d'Edouard VI, en 1550;
compilé par Jean Marbeck ; réimprimé en fac-
similé); Londres, Richering. — 16° Marbcck''s
Booke ofcommonPrayer ; autre édition en ca-
ractères ordinaires, avec une préface historique et
la biographie de Marbeck ; Londres, A. Novello.
— 17° Messe à 5 voix, composée sous le règne
de la reine Marie pour la cathédrale de Saint-
Pjiul, par William Byrd. Gravée en partition,
avec une introduction historique. — H. Musique
DE CHAMBRE ET DRAMATIQUE : 18° T/fOHiOS Mor-
ley's First Book of Ballets for 5 voices. New
first printed in score from ihe original édi-
tion of 1595 (Premier livre de ballets à 5 voix
de Thomas Morley ; imprimé pour la première
fois en partition d'après l'édition originale de 1595).
(Mus. Antiq. Society), in-fol. — 19" Thomas Ba-
teson's First set of Madrigals for 3, 4, 5 et iS
voices. New first printed in score from the
original édition (Première suite de madrigaux
à 3, 4, 5 et 6 voix par Bate.son ; publiée pour la
première fois en partition d'après l'édition ori-
ginale) ; (idem), in-fol.— 20° Orlando Gibbons
Fantasies of 3 parts for viols. Scored from
ihe original édition and collated with various
ancient Mss (Fantaisies à 3 parties pour des vio-
les, d'Orlando Gibbons, mises en partition d'a-
près l'édition originale collationnée avec plusieurs
anciens manuscrits) ; (idem); in-fol. — 21° Bon-
duca, an opéra composed by Ifarry Purcell
New first printed. Inuhich is addeda Mis-
tory of ihe rise and progress of dramatic
Music in England {Bonduca, opéra composé
par Henri Purcell , publié pour la première
fois, avec une hi.stoire de l'origine et «les pro-
grès de la musique dramatique en Angleterre);
(idem), in-fol. — 22» Parthenia, or the first
Musik ever printed for the Virginals (Par-
thenia, ou la première musique qui fut imi)ri-
mée pour la Virginale); traduite en notation
moderne, avec une esquisse de la première épo-
que de l'art de jouer du piano) (idem). —
23" Nursory Rhymcs, u'ith the Tunes to wliich
ihcy aresung in the iSursery of England, ob-
tained principally from oral tradition
(Chansons de nourrices, avec les airs sur les-
quels elles sont chantées dans les établissements
de nourrices en diverses parties de l'Angleterre,
et recueillies particulièrement par la tradition) ;
Londres, Cramer, Beale and C°. — 24° Christ-
mass Carols xcith the ancient mélodies to
which they are sung in various parts of the
counfry (Chants de Noël avec les mélodies, tels
qu'ils sont chantés en diverses parties de l'An-
gleterre (ibid.). — 25° The ancient vocal Mu-
sic of England, elc. (L'ancienne Musique vocale
de r.\ngleterre; collection de spécimens rappor-
tés dans un cours de lectures musicales fait à
l'institution philosophique d'Edimbourg , et à
la Collegiate Institution de Liverpool, dans les
années 18i6 et 1847 ) ; Londres, A. Novello, 2 vol.
in-fol. —260 The Rounds, Catches and Canons
of England, a Collection of spécimens of
the sixteenth, sevenieenth and eighteenth
centuries, etc. (Rondes, chansons à refrains et
canons de l'Angleterre, collection de spécimens
des seizième, dix-septième et dix-huitième siècles,
adaptés à l'usage moderne, avec une introduc-
tion historique sur l'origine et les progrès du
chant des rondes, chansons à refrains et canons,
et des not ices biographiques sur les compositeurs);
Londres, J.-B. Crames and C°, in-4o. — III. Ora-
torios. — 27° Samson, oratorio de Haendel en
grande partition, édité avec une préface et ac-
compagnement de piano (dans la Collection pu-
1GS
RIMBAIJLT — RINALDLM
bliée par la Société <Jc Hapiidel). — 28o Saiil;
kl., ibid. — 29° Messiuh (Le Messie), oratorio
dell.xMulel en grande partition, édité avec les
accompagnements ajoutés par Mozart, une intro-
iluctiun liistorique et accompagnement de piano
(dans la môme Collection). IV. Ouvrages éléjien-
TAIHES ET MCSIQtE PRATIQUE : 30" TllC ChHd'S
First Instruction Book for the piano-forte,
witk varicty of p7-ogressive Lessons (Le Livre
des enfants pour la première instruction du
piano, avec des leçons progressives d'espèces
différentes); Londres, Dalmaine. — 3i° A Guide
to the use ofthe new Alexandre Church Har-
monium, with two Bowsof Keys. Towhich is
added a sélection of pièces by classical mas-
ters, etc. (Guide pour l'usage du nouvel har-
monium d'église d'Alexandre, à deux claviers;
auquel est ajouté un choix de morceauv par les
maîtres classiques, etc.); Londres, Chappeil. —
32° Riinbault's Harmonium Tutor. A concise
and easy book of instruction for this popular
instrument {^chiefly adapied to sacred pur-
pose), etc. (Guide pour l'harmonium de Rim-
bault, ou traité concis et facile d'instruction pour
l'usage de cet instrument populaire appliqué au
culte, suivi d'un choix de pièces arrangées'
d'après les œuvres de Hiendel, Bach. Haydn,
Marcello , Huoimel , Rink , Naumann , etc. ),
sras édition; ibid. — 33° Plusieurs recueils de
musique arrangée pour l'harmonium et pour
l'orgue, de services et d'antiennes à l'usage des
cathédrales et des paroisses, comme pour les pe-
tits chœurs de chapelles. — V. Littérature mu-
sicale ET POÉTIQUE : 34° J/cmoirs of Musikby
the honorable Roger North, attorneg gênerai
/oyfl?Hes//( Mémoires sur la musique, par l'ho-
norable Roger Norlh , procureur général sous le
règne de Jacques IL.. Publiés pour la première
fois d'après le manuscrit original avec beaucoup
de notes par li;d. Rimbault) ; Londres, Georges
Bell, 184G, petit in-i" de XXIV et 139 pages,
imitant les impressions du dix-septième siècle,
sur papier de Hollande, avec le portrait de Roger
North. — 35" The Organ, its history and
construction : a comprchensivc treatiseupon
fhestructure andcapabilities ofthe organ,clc.,
infended as a Handbook for the organist and
the amateur, by Edward Hopkins, organist
ofthe Temple church, preceded by an enti-
rely iicw History of the organ, Mcmoirs ofthe
mnst eminent builders of the sevcnteenth
and eighteenth centuries, etc., by Edward
F. Rimbault ( L'Orgue, son histoire et sa cons-
truction ; traité complet de la structure et des
ressources de l'orgue, formant un manuel de
l'organiste et de l'amateur, précédé d'une his-
toire entièrement nouvelle de l'orgue, de notices
sur les facteurs d'orgues les plus éminent^ des
dix-septième et dix-huitièmes siècles, etc., par
Ed.r. Rimbault);Londres, Robert Cocks,1855, un
vol. gr. in-8" de 59C pages. — 36" The Piano
forte, its origin , progress and construc'
tion; with some account of instruments of
the same class which preceded it, vi; the
Clavichord , the Virginals, the Spitiet, the
Harpsichord (Le Piano, son origine, ses progrès,
sa construction, avec des notices sur les instru-
ments de même espèce qui l'ont précédé, tels que
le clavicorde, les virginales, le clavecin, par Kd.
F. Rimbault; Londres, Rob. Cocks, 1800, 1 vol.
gr. in-4'' de 420 pages, avec des spécimens d'an-
ciennes pièce^ de clavecin des meilleurs maître»,
et un appendice. — 37° Bibliotheca Madriga-
liana; a Bibliographical account of musical
andpoetical works publishedin Englanddu-
ring the reigns of Elisabeth and James the
first (Bibliothèque madrigalesque, ou Notice bi-
bliographique des œuvres musicales et poétiques
publiées en Angleterre pendant les règnes d'Elisa-
beth et de Jacques If); Londres, J.-R. Smilh. —
38° Who wasJack Wilson, the singer of Shakes-
peare stage ? An atlcmpt to proie the identily
ofthis persontoithJohn Wilson doclor of Mu-
sick in the University of Oxford A. D. 1644
( Qui était Jacques Wilson , chanteur du théâ-
tre de Shakespeare? Tentative pour démontrer
l'identité de ce personnage avec Jacques Wilson,
docteur en musique de l'université d'Oxford en
1644)*; Londres, J.-R. Smith. — 39° ^1 LUlleBook
of Hongs and Ballads,gathered from ancient
Musick Books, Mss. and prinled {Petit Livre
de chansons et ballades recueillies dans d'anciens
livres de musique, manuscrits et imprimés); Lon-
dres, J;-Russcll Smith, 1851, 1 vol. in-12.
Les autres travaux de M. Rimbault, purement
littéraires, forment l'objet de sept |)ul)lication5
de la Percy Society : Qjles sont étrangères à ce
dictionnaire par leurs sujets. Indépendamment,
des ouvrages cités précédemment, ce savant ar-
chéologue musicien a un si grand nombre de
notes et de recherches conci-rnant la inusi(jue,
que leur ensemble représente l'étendue de 24 vo-
lumes in-i".
llIiVALDIIXI (D. SoccoBSo), prêtre, maître
de chapelle delta M adonna de Monti , naquit
à Fabriano, dans les États de l'Église, au com-
mencement du dix-huitième siècle, et fut agrégé,
en 1740, au collège des chapelains chantres de
la chapelle pontificale, il a formé beaucoup de
bons élèves pour le chant et pour la composi-
tion, et a laissé en manuscrit des compositions
religieuses.
RIINALDO — RmK
269
RINALDO, compositeur italien, naquitdans
la première moitié du seizième siècle, à Monta-
gnana, dans le duciié de Modène. Il a publié de
sa composition : Il primo libro de' mottctli a
4 voci; Venise, 1573, in-4''.
RIIVALOO DA CAPUA, compositeur
dramatique, fils naturel d'un grand seigneur, na-
quit à Capoue, dans le royaume <ie Naples, en
1715. N'ayant point de nom de lamille, il fut dé-
signé par celui du lieu de sa naissance. Ses pro-
grès dans la musique furent si rapides, qu'a l'Age
de quinze ans il donna à Venise son premier
opéra. Artiste d'instinct plutôt que d'étude, il
écrivait avec peu de correction; mais ses ouvrages
brillaient par des traits de génie. On ignore l'é-
poque de sa mort. C'est à tort qu'on lui a attri-
bué l'invention du récitatif accompagné parl'or-
cliestrc, connu longtemps avant lui. LMnvention
qui appartient réellement à Rinaldo est celle des
ritournelles développées du récitatif obligé, dans
le but d'exprimer les passions dont sont affectés
les personnages des drames. De tous ses ouvrages,
on ne connaît aujourd'hui que ceux dont les litres
suivent; \.° La Zingara, opéra bouffeen un acte.
— 2° La Donna vcndicativa (dont la partition
manuscrite était dans la bibliothèque de liurney).
— 3" Farnaco, 1739. — 4° La Libéria nucivo,
à Venise, 1744. — 5° L'Ambizione delusa. —
C La Commedia in commedia, à Venise, 1749.
RIIVCK (Jean), organiste distingué, né à
Frankenheim, enTliuringe, Tcrs 1730, apprit les
éléments de la musique à Grœfenrode, sous la
direction du cantor Kcllner , puis étudia le
contrepoint chez le maître de chapelle Stœlzel.
Kn 1754, il obtint la place d'organiste à l'église
Sainte-Marie, de Berlin. Le talent de cet artiste
pour l'improvisation des fugues était remarqua-
ble. Il vivait encore en 1772,
RIMCKHARD (Martin), nom altéré par
Forkel, Gerber, Lichtenthal, et d'autres en celui
<Ui lUchard. Riuckhard demeurait à Eilenbourg
au commencement du dix-septième siècle. Il na-
quit en 1585, et mourut en 1649 [voyez Winter-
feld, Der Evangelische Kirchengesang, t. II,
p. 5). On a de lui un ouvrage de musique pra-
tique à 6 voix sur le cantique Aun danketalle
Gvtt, intitulé : Geisiliches musihalisches
Triumph-Cranzlein, von der hoch edcln
imd rccht englischen Dorothea, und grossen
Gottcs-Gab, der Frau 3/«5/ca (Petite Couronne
tiiompbale, musicale et religieuse de la très-
noble et angélique Dorothea , dame musique,
don précieux de Dieu) ; Leipsick, 1619. Gruber,
qui le premier a cité ce't ouvrage dans son essai
sur la littérature musicale. Ta pris pour un traité
de musique , et a été copié par tous les auteurs
qui viennent d'être cités. (Foye;C. F. Decker, Die
Tomverkc des 16 und 17 Jahrhunderts, etc.,
dans l'Introduction, p. VIII, note **).
RIAK (Jean-Chkistian-Henri), organiste cé-
lèbre, naquit le 18 février 1770, à Elgersburg,
dans le duché de Gotha, où son père était orga-
niste et instituteur. Dès son enfance, il montra
les plus heureuses dispositions pour la musique:
son goût pour l'orgue était en lui une véritable
passion. Il avait quatorze ans lorsque son père
l'envoya, en 1784, auprès d'Abicht, maître d'é-
cole à Angelroda, qui lui donna chaque jour des
leçons de chant, de clavecin et d'orgue. Il ne
resta que neuf mois près de ce raattre, ayant été
placé ensuite chez Junghanz, à Arnstadt , pour
apprendre le violon et la composition ; mais ne
trouvant pas chez cet artiste l'instruction qu'il
avait espérée, il ne resta que trois mois près de
lui. Son père l'envoya alors à Biichelohe, près de
Rudolstadt, pour continuer ses études sous la
direction du cantor Kirschner. Après avoir
reçu ses leçons pendant un an, il se rendit à Er-
furt, dans le but de perfectionner son talent par
les leçons de Kittel {voyez ce nom), l'un des
meilleurs élèves du grand Sébastien Bach. Ce
fut sous la direction de cet habile et savant
artiste qu'il fit toutes ses études d'harmonie et de
contrepoint pendant trois ans. Bien qu'il n'eût
atleint que sa vingtième année, Rink avait déjà
la réputation d'habile organiste. Il se disposait
à aller à Gœttingue étudier la théorie de la
composition chez Forkel, lorsqu'il reçut, à la
fin de 1789 , sa nomination d'organiste de la
ville de Giessen (Hesse Supérieure). Son bio-
graphe allemand (J. Fœlsing) remarque que la
plupart des auteurs qui ont parlé de cette nomi-
nation en ont placé la date en 1790, parce que
le décret qui conférait ce titre à Rink ne fut
signé que le 2 août de cette année. Le faible trai-
tement de cette place obligea l'artiste à se livrer
à l'enseignement: bientôt le nombre de ses élèves
fut si grand, qu'il ne lui resta plus d'autre temps
qu'une partie des nuits pour se livrer à ses pro-
pres études. En 1805, Rink fut nommé professeur
de musique au gymnase de Giessen. Peu après on
vint lui offrir les places de directeur de musique
et d'organiste de l'Université à Dorpat, en Li-
vonie ; mais, ne voulant pas s'éloigner du grand-
duché de Hesse, il n'accepta pas cette position. A
la fin de la môme année , il fut appelé à Darm-
sladt pour y remplir les fonctions d'organiste de
la ville, de cantor et de professeur de musique
du collège. Depuis lors, il ne s'éloigna de cette
-villeque pour quelques voyages de peu de durée.
Le talent remarquable de cet artiste et les ser-
vices qu'il avait rendus à l'art furent récompen-
■270
RIINR
ses, en 1813, par sa nomination d'organiste de
la cour. Le grand-duc Louis I*"" y ajouta, en
1817, le titre et les avantages de meml)re effectif
delacliapelieducale. Vers le milieu de juillet 1820,
Rink se rendit à lllmenau, dans la Tliuringe: s'ar-
rétant dans toutes les villes qui se trouvaient
sur son passage, il s'y lit entendre comme orga-
niste, et partout excita des transports d'admira-
tion. Dix ans après, son ancien élève Mainzer
(voyez ce nom) l'invita à l'aller visiter à Trêves :
bien qu'âgé alors de soixante ans, le maître se
résolut à ce voyage et partit accompagné de son
fds. Son arrivée dans l'ancienne vilie romaine
lut pour lui un véritable triomphe. Tout ce qui
s'y trouvait d'arlistes et d'amaleurs lui fit un ac-
cueil chaleureux : on exécuta ses œuvres dans
iesconcerls, elles l'êtes qu'on lui donna se suc-
cédèrent sans interruption. Ce fut sa dernière
excursion. Sa renommée s'était étendue dans
toute l'Europe ; en France même, où les orga-
nistes de l'Allemagne étaient à peine connus de
nom à cette époque, celui de Rink n'était pro-
noncé qu'avec respect. Ce n'est pas sans émotion
que j'ai visité, en 1838, ce digne vieillard, de
qui je reçus l'accueil le plus cordial. En 1841, la
santé de Rink commença à s'altérer : elle con-
tinua de décliner jusqu'en 1846, et il mourut le
7 août de celte aimée. Le grand mérite de cet
homme respectable fut honoré par une mullitiidede
distinctions : en 1831, la Société hollandaise pour
l'encouragement delà mu.'iique le nomma l'un de
ses membres ; le grand-duc Louis de Darmstadt
lui accorda en 1838 la croix de puemière classe
de son ordre ; dans l'année 1840, l'Université de
Ciessen lui envoya le diplôme de docteur en
philosophie et arts; enfin, la plupart des sociétés
musicales de l'Allemagne se l'associèrent.
Dans la composition de la musique d'orgue,
le talent de Rink a un caractère tout individuel.
Bien qu'élève de Kitlel et nourri des traditions
de Jean-Sebastien Bach, il n'y a rien de la ma-
nière de ce grand maître dans ses œuvres. Son
style, élégant et simple à la fois, a en général de
la noblesse et de la gravité. Son harmonie a du
piquant et de l'inattendu ; sa mélodie est suave
et touchante. Une recherche pas les grandes dif-
licultés, et l'on voit qu'il s'est proposé pour but
de travailler particulièrement pour les organistes
des petites localités, dont il a voulu former le
goût et perfectionner les éludes. Il cultiva le style
d'imitation, mais d'une manière simple et natu-
relle. Enfin, il a peu écrit dans le grand style de
la fugue. Je lui en demandai la cause dans la
conversation que j'eus avec lui : sa réponse fut
de grand sens. « Bach, me <lit-il, est un colosse
-« qui domine le monde musical » on ne peut es-
« pérer de le .suivre que de loin dans son domaine
« car il a tout épuisé, et dans ce (|u'il a fait
« il est inimitable. J'ai toujours pensé que si
« l'on peut réussir à composer quelque chose
« qui soit digne d'être écouté et approuvé, c'est
" dans une autre voie qu'il faut s'engager. » Ses
œuvres élémentaires pour l'orgue sont celles dont
voici les titres : 1" Vingt morceaux de différents
genres pour orgue, op. 33. — 2" Pièces d'orgue
dédiées au vétéran de la littérature musicale, Er-
nest-Louis Gerber, op. 38. — 3° Six chorals '
avec variations, op. 40. — 4° École d'orgue pra-
tique,divisée euG parties, op. 55. — 5''2i prélu-
des faciles pour orgue, à l'usage des commen-
çants, lesquels peuvent se jouer avec ou sans pc;-
dale, et destinés à être exécutés pendant l'oflice
divin, op. G3. — fi" Exercices pratiques pour les
commençants, avec des exemples à deux, trois et
quatre parties, op. 99. — 7' Préceptes théori-
ques et pratiqués, pour.l'art de jouer de l'orgue,
op. 124. Dans ses autres productions on remar-
que : 8° Trois sonates pour piano, violon et violon-
celle, op. 1; Mayence, Scholt. — 9° Sonates idem,
op. 32 et 34 ; Offenbach, André. — 10" Une idem,
avec violon et violoncelle obligés; Cassel, Wœh-
1er. — 11" Trois idem (faciles), avec violon et vio-
loncelle ad libitum; ibid. — 12" Sonates pour
piano à 4 mains, op. 26 et 50; OITenbacb, An-
dré. — 13" Une idem, op. 86 ; Bonn, Simrock. —
14" Pièces d'orgue de différents genres, op. 8,
9, 29, 37, 66, 72, 92, 94, 100, 106 ; Lcipsick,
Breitkopf et Haertel ; Mayence , Schott; Bonn,
Simrock; Manheim , Heckel. — 15" Préludes
pour des chorals, op. 2, 25, 37,47, 49, 52, 53,
58, 05, 74, 93, 95, 105, 116; ibid. — 16" Con-
clusions {Naddspielé), op. 48, 78, 107, 114,
ibid. — 17° Chorals variés, op. 64,77, 78, 109,
ibid. — 18" L'Ami du choral, ou éludes pour
l'exécution des chorals, ouvrage divisé en suites
ou années, op. 104, contenant les deux premières
années en six suites; 3n'e année, op. 110;
4'>'c année, op. 115 ;5"'e année, op. 117;6'ne an-
née, op. 119; 7""= année, op. 122. .Mayence,
Schott. — 19" Thèmes variés avec finales, ada-
gios, lugues, etc., op. :>6, 57, 70, 84, 89, 108;
Mayence, Scholt; Bonn, Simrock. — 20" Introduc-
tion pratique à l'art de jouer de l'orgue, en six sui-
tes, Darmsladl, Diehl. — 21" Livre choral avec
des versets, h l'usagi-de laWestphalie prussienne.
— 22" Nouveau livre choral, pour le grand -du-
ché de llesse-Darmstadl ; Darmstadt, Liske ,
in-4'. Parmi les œuvres de musique vocale pour
l'église com|)osées par Rink , on remaripie :
23" Vafer uiiscr (Pater noster), à 4 voix, av«'c
orgue, op. 59; Bonn, Simrock. — 24" Ilvinne
funèbre à 4 voix et orgue obligé, op. 08; ibid. —
RINK — RIPA
271
25" Prière pour les trépassés, idem, op. 7); ibid.
— 2G" Cantate de noces, idem, op. 73; ibid. —
m" Hymne (Dnnket dem Hcn-ii), idem, op. 75 ;
Mayence , Sciiolt. — 28" Cantate pour le ven-
<lredi saint, idem, op. 76; ibid. — 29° Motet
( llefiehl dem Herrn deincWege), idem, op. 85;
ihiil. — 30" Douze ciiorals pour 4 voix d'hom-
mes; Darmstadt, Heyer. — 31» Motet {Lobe dem
/frrrn, meine Seele), à 4 voix et orgue, op. 88;
I5onn, Simrock. — 32" Messe à 4 voix avec or-
gue obligé, op. 91; Mayence, Scbott. — 33' Mo-
tet (Go^^sei iinsgnxdig), idem, op. 109; ibid.
— 34° Chants religieux pour 2 ténors et 2 liasses,
op. 112; Darmstadt, Heyer. — 35° Cantique de
Klopstock à 4 voix et orgue, op. 1 13; Bonn, Sim-
rock.
Une autobiographie de Rink a été publiée par
M. J.-B.Laurens, dans la Revue de la musique
religieuse de M. Danjou, t. II, p. 275 et suiv.
M. J. Fœlsing eu a publié une complète, sous le
titre : Ziige ans don Lcben und Werken des
Dr. Christ. lïeinr. hink, gewesen Canlors,
Hoforganisfen und Kammermusicus zu
Pannsiadl; Erfurt, 1848, in-8°.
RliVOLUI (Antoine), né à Milan dans les
<lernières années du seizième siècle, fut organiste
de la collégiale de San-Martino in lîio, dans
cette ville. On tonnait sous .son nom un œuvre
qui a pour litre : Il primo libro dé* Mottetti
concertati o 2, 3, 4 ef 5 l'oci, op. 2 ; Venise,
Alexandre Vincenli, 1627, in-4°.
RIIVTEL (WiuiELM ou GtiLi.ALME), doctcur
on médecine et médecin praticien à Berlin, est
ne dans celte ville le 9 novembre 1818. Dès son
'iifance,Zftter, son aïeul, lui fit apprendre la mu-
-iqne et le fit entrer dans la Sing-Academie
Académie de chant). Ses éludes de rUiriversité,
[larticulièrementdc la médecine, lui firent ensuite
négliger cet art pendant quelques années; mais
plus tard il y revint et prit des leçons d'harmo-
nie chez le professeur Delm. Bieu que cultivant
la musique comme amateur, le docteur Rintel
s'est livré à la composition. En 1854, il a fait
représenter au théâtre Frédéric- Wilhemsstiedt,
(le Berlin, un " opérette en un acte intitulé Die
Fîilterwochen in Gcbirge { Les semaines de
plaisir dans la montagne), qui a obtenu du suc-
cîs. On connaît aussi de lui Golgotha , cantate
pour la Passion avec orcheslre, écrite en 1856,
<t des Lieder. On doit au docteur Rintel une
monographie de son grand-père Zeller.
RIOÏTE ( Phiuppe-Jacqies ), maître de
<iiapelle à Prague, naquit à Trêves le 16 août
1776, et passa laplus grande partie de sa vie à
Menne, dans la position de chef d'orchestre du
théâtre Andcr Wien (sur la Vienne^ Il est mort
dans cette ville, le 20 aoilt 18*5. Riottea fait re-
présenter au théâtre de Prague deux opéras dont
le premier a pour litre : Mozart's ZauberJIœtc
( la Flûte enchantée de Mozart ) ; l'autre : Nou-
reddin, prince de Perse. Il est aussi auteur de
quelques opérettes, parmi lesquels on remarque
celui qui a pour titre : Die LieVin der Stadl
( Les Amours de la ville ), représenté à Vienne
en 1834. Kniin, il a écrit, pour les théâtres delà
capitale de l'Autriche , la musique de plusieurs
ballets el pantomimes. On a beaucoup de musique
instrumentale .sous le nom de cet artiste. Ses
|)rincipaux ouvrages en ce genre sont : 1" .Sym-
phonie à grand orchestre, op. 25 ; Leipsick,
Breilkopf et Haertel. — 2° Quatuors pour 2 vio-
lons, alto et basse, op. 21, ibid.; op. kù ; Vienne,
Mechetti. — 3" Concertos pour flùle, op. 4,
Ofienbach, André; op. 22, Leipsick, Peters;
op. 31, Leipsick, Breilkopf et Haertel. —
4" Concertos pour clarinette, op. 2i, 26, 36,
Bonn, Simrock. — 5" Concertos pour piano, op. s,
Offenbach, André; op. 15, Leipsick, Breilkopf et
Haertel. — 6° Trios pour piano, violon et violon-
celle, op. 9, André, Offenbach; op. 26, 49,
Vienne, Haslinger. — 7° Sonates pour piano et
violon, op. 13, 35, 44, 45, 50, 55, Leipsick,
Vienne. — 8° Sonates pour piano seul, op. 2, 3,
11,20, 32, 37, 38, 41, 52, ibid.
RIPA (Alberto de) (1), seigneur de Carois,
ou plutôt Carrois, célèbre joueur de luth, naquit
à Mantoue, dans la seconde moitié du quinzième
siècle, et se lit une grande réputation dans sa
patrie par son habileté sur son instrument. Il fut
le contemporain et le rival de Francesco de
Milan et de Marco del Aquila, qui se sont pla-
cés à la tête des luthistes italiens du seizième
siècle. Gerber , dans son ancien Lexique des
musiciens (Lex. der Tonkïinstlcr, t. 1, col. 20),
copié par Choron et Fayolle ( Dict. histor. des
mmiciens, t. I, p. 10), fait d'Albert un violo-
niste de la chapelle de François P% roi de France,
et dit que cepiince l'avait amené avec lui de
l'Italie à Paris da^is l'année 1530 : ce lait est
absolument controuvé, car François V fut fait
prisonnier à la bataille de Pavie, le 24 février
1525, conduit en Espagne, et, après sa rentrée
en France, ne retourna jamais en Italie. L'épo-
que où Albert de Ripa entra au service du roi
reste donc incertaine. Quoi qu'il en soit, Albert
(i| Je suis redevable à M. Farrenc de la communication
(l'un travail étendu qui m'a été fort utile pour cette notice.
Je dois faire remarquer ici que la courte notice ALBERT
ou ALBERTO de Mantoue, qui se trouve au !*■■ volume de
celte (-dition delà Biographie dei musiciens, fait double
emploi avec ccUc-ci, car cet Alberto Mantovano des
Italiens n'est autre qu'.n/ /t'ert de Ripa.
RIPA
fiait sans aucun cloute dans cette position anté-
rieurement à 1637, car il écrivait de Paris a
Pierre l'Arétin le 16 mars de celte année, et sans
doute il était à la cour du roi de Frana; depuis
plusieurs années, car sa lettre fait voir qu'il y
jouissait de crédit et de considération (1). La
faveur accordée à l'artiste par le monarque se
voit d'ailleurs dans une lettre écrite le 6 juin
1538 par l'Arétin à Ripa, et dans laquelle il le
félicite sur ses rares talents dans la musique,
dont vous êtes la lumière, dit-il, et qui vous
a rendu si cher à Sa Majesté et au monde
( delta musica, di che siete lume, et vi ha
fatto si caro a Sua Macsià , et al mondo) (2).
Au reste, François I«i" a donné des preuves non
équivoques .de l'estime qu'il avait pour le talent
du célèbre luthiste, puisqu'il le fit seigneur du
village de Carrois et de son château, dans l'an-
cienne province de l'Ile-de-France , diocèse de
Sens, aujourd'hui département de Seine-et-Marne,
arrondissement de Melun, à 14 lieues de Paris.
Le privilège accordé par Henri II à Guillaume
Morlaye {voyez ce nom), le 12 février 1551,
pour la publication des pièces de luth d'Albert,
prouve qu'à cette époque l'artiste était décédé.
On y lit : « Henry, par la grâce de Dieu roy de
« France, etc.. Receu avons l'humble supplica-
« tion de nostre bien amé maistre Guillaume
•• Morlaye, ioeur de leulh, demeurant en nostre
« ville de Paris, contenant que à grands frais et
« mises, soing et diligence il aurait depuis vingt
■< ans en ça, et des sa ieiinesse recouvert (re-
« cueilli) les œuvres de feu maistre Albert de
« Rippa de Mantoue, nostre ioeur de leulh ordi-
« naire, etc. » D'autre part, on trouve dans les
satires de Gabriel Symeoni (3) un sonnet sopra
al suonar del liuto del signor Alberto Man-
tovano, qui ne permet pas de douter que ce cé-
lèbre musicien ne vécftt encore en 1549, date de
la publication du recueil de Symeoni ; car s'il
eût été mort, il n'y aurait pas simplement dans
l'intitulé du ionn^i del signor Alberto Manto-
rano, mais del fu signor. Il résulte donc des
deux pièces qui viennent d'être citées qu'Albert j
de Ripa mourut à Paris entre les années 1549 et I
1551. Il était avancé en âge quand il cessa de I
vivre, suivant une pièce qui se trouve dans le i
Bocage royal de Ronsard, sous le titre : Epi-
taphe d'Albert, joueur de lue; enire-par-
(1) Cette lettre se trouva dans les Leltere tcrite al si-
gnor Pietro ^retino da molti signori... Veneth (Marco-
Uni), 1552, ln-8°, t. I, pag. Ht.
(l| Il teeondo libro de le leUere di M' Pietro Aretino;
Paria, 160», lo s».
(ï) U lalire alla Bernesca di M' CabrUllo Sy-
meoni... in Torino, pcr Martine Cravotto, it\k, In-V»
I leurs , le Passatit et le Prcstre. Ce morceau,
; où se retrouve le mauvais goût habituel du poète,
: nous apprend que le célèbre luthiste mousut de
la pierre. On y trouve ces deux vers :
i
j Mais qii.nn(l u devint vicl, et que sa main pesante
S'engourdit sur le lue à demi lanuiiit-^anlr.
Etc....
M. Farrenc possède un recueil des œuvres d'Al-
bert de Ripa devenues fort rares; en voici les
* titres : 1" Premier livre de tabulature de
leut, contenant plusieurs chansons et fan
taisies, composées par feu messire Albert de
Rippa (sic) de Mantoue, seigneur de Carois,
I ioueur de leut, et varlet de chambre du roy
nostre sire; à Paris, de V imprimerie de Mi-
j chel Fezandat au mont Sainct-Jlilaire , à
l'hostel d'Albret, Et en la rue de Bievre, en
la maison de maistre Guillaume Morlaye,
ibb3; avec privilège du roi pour dix ans.
— 2" Troisième livre de tabulature, etc., môme
adresse, 1554. — 3° Quatriesme livre, etc., mêmi'
adresse, 1554.— 4''C/ngu/e5H<e//»re,etc., même
adresse, 1555.— 5° Sixiesme livre, etc., même
adresse, 1558. —6" Quart livre de tabulature
de luth contenant plusieurs fantaisies, chan-
sons et pavanes : composées par feu maistre
Albert de Rippa de Mantoue, seiyneur du
Carois, ioueur de luth et varlet de chambre
du roy nostre sire ; à Paris, de V imprimerie
d'Adriun le Roy et Robert Balard (sic), rue
Saint-Jean de Beauvais, à l'enseigne Sainte-
Geneviève, 4 novembre 1553, avec privilège
du roy , pour neuf ans. 1 1 est assez singulier
qu'après avoir donné un privilège de dix années
à Guillaume Morlaye pour la publication des
œuvres d'Albert de Ripa, Henri II eu concède
un autre pour neuf ans et pour les mêmes ou-
vrages à Adrian le Roy et à son associé Robert
Ballard. A l'expiration de leur privilège pour
neuf ans, Adrian le Roy et Robert Ballard ob-
tinrent leur grand privilège, renouvelé dans leur
famille sous chaque roi, et publièrent une nou-
velle édition des livres de tablature d'Albert de
Ripa, commencée en 1562 ef finie dans l'année
suivante. Les livres 2'»'', 3™c et ôtne de cette
édition sont à la Bibliothèque royale de Munich;
le sixième livre est à la Bibliothèque royale de
Bruxelles. On trouve des pièces de luth, compo-
sées par Albert, dans le recueil intitulé : Inta-
bolalura di liuto da diversi con^ la Battaglia
et altre cosebellissime, di M. Francesco da
Milano; in Vinegia, per Francesco Marcolini
da Forli, 1536, petit in-4'' obi. Pierre Phalèse
a aussi inséré des pièces de cet artiste dans ses
Carminum que chely vel testudine canuntur.
RIPA — RITMULLER
273
iriuin, quatuor vel quinque partium liber
primiis, et liber secundus. Lovanii, apud Pe-
trum Phalesium etc., 15^6, ainsi que dans le
Thésaurus musicus seu Cantiones testudini
(ipiates, etc.; Lovanii, apud Petrum Phale-
sium, 1574, in-4°.
RIPA (D.-Antoine), prêtre et com|tositeur es-
pagnol, né vers 1720 à Tarazona (dans l'Aragon),
lit son éducation musicale comme enfant de
c^iœur dans la cathédrale. Après avoir ri-çu la
prêtrise, il obtint la place de maître de cliapelîe
des Carmes déchaussés de cette vilh*, en rempla-
cement de Don Joseph Picanol. Il était ;\gé d'en-
viron 48 ans lorsqu'il tut nommé, le 23 juin
17G8, maitre de chapelle et mansionnaire de
*'éf;lise métropolitaine de Séville. Il conserva
<;ette position jusqu'à sa mort, qui eut lieu le
3 novembre 17'J5. Les nombreuses compositions
«le Ripa se sont répandues dans toute l'Espagne;
l('s plus importantes sont à la cathédrale de Sé-
ville •• elles consistent en messes, vêpres, cem-
plics, motets, un office des morts et les mati-
nes dcKoël. M. Eslava {voyez ce nom) a inséré
dans le premier volume de la seconde série de
la Lira Sacro-Jfispana, une Messe de ce com-
positeur A 8 voix en deux chœurs avec 2 violons,
2 cors, orgue et contrebasse, et un Stabat Ma-
ter à 8 voix en deux chœurs avec orgue, sur le
plain-chant. Le Stabat est un ouvrage de très-
bon style et bien écrit.
RIPALTA (Jean-Dominique), néàMonza,
dans le Milanais, fut organiste et maitre de
chapelle à l'église Saint-Jean de cette ville, vers
1575. Le roi de France Henri III l'ayant entendu
en passant par Monza, à son retour de Pologne,
voulut l'engager à le suivre en France; mais
Ripalla, attaché à son église, ne voulut pas la
quitter pour les avantages qu'on lui offrait. A
Sel mort, il légua à cette môme église tout ce
qu'il possédait. On a imprimé de sa composition :
Messa a 5 in partitura ; Milan, 1 629.
RISCll (Georges-Mathias), musicien à lllme-
nau, dans le duché de Weimar, naquit en celle
ville ver» 1710. Il inventa un instrument à cla-
vier destiné à imiter la basse de viole ou viole
de gambe. Cet instrument était monté de cor-
des de boyau mises en vibration par de petites
^roues emluites de colophane , qu'une roue plus
grande, placée sous la caisse , mettait en mou-
irenient. En 1752, Risch se (it entendre sur cet
ïnsliument dans la Société des amateurs de
kriin, et quatre ans après il (it imprimer à Nu-
p-emberg une sonate composée pour ce même
Instrument. Bçaucoup d'autres essais du même
genre ont été faits en Allemagne , en France
Bt en Italie , avant et après l'invention de Risch.
niocn. Lxiv. des jasir.iF.>s. — t. vu.
RISPOLI (Salvator), né à Naples, vers
i7'<5, fit ses études au Conservatoire de San
Onofrio de cette ville, puis se livra avec succès
à la composition dramatique. Les opéras con-
nus sous son nom sont : 1" Jpermestra, à
Milan, en 1786. — 2" fdalide, opéra sérieux ,
à Turin, 1786. — 3" Il Trionfo di Davide, à
Naples, 1788. La mauvaise santé du composi-
teur Insanguine, surnommé Monopoli, ayant
rendu nécessaire son remplacement comme
maître du Conservatoire de San Onofrio, en
1792, Piccinni fut consulté sur le choix de son
successeur, et indiqua Rispoli (omum un des
meilleurs professeurs de cette époque. Ce compo-
siteur a écrit une suite de petits duos, intitulée
La Gclosia, et des loccates pour le clavecin. Ses
compositions pour l'église sont en très-grand
nombre. Savt-rio Mafléi a fait un bel éloge du
talent de Rispoli dans ce genre de musique {Tra-
duzione de Salmi, t. 8), et vanté l'expression
touchante de ses mélodies.
RÏST(Jean), conseiller du duc de Meckleni-
faourg, et prédicateur à Wedel sur l'Elbe, na-
quit le 8 mars 1607 à Pinneberg, près de Ham-
bourg, où son père était prédicateur. Il fit ses
études au gymnase de Hambourg, et les ter-
mina à Brème. Il mourut le 31 août 1667. Danr-
son livre intitulé Aprilens- Unterredung (Les
entretiens d'avril), il traite delà musique- de-
puis la page 157 jusqu'à la page 215. On a de
sa composition up. recueil de cantiques pour voix
de soprano et de basse, imprimé à Hambourg,
en 1650, et dont il y a eu plusieurs éditions
imprimées également à Hambourg en 1654 et
1658.
RISTORI (Jean-Albert), caUnpositeur , né
à Bologne vers 1690 , a écrit pour les théâtres
de plusieurs villes d'Italie. Au nombre de ses
ouvrages dramatiques, on cite : 1° La Pace
trionfante in Arcadia, représenté en 1713. —
2" Euristeo , en 1714. Ayant été appelé en-
Russie , il demeura longtemps à Péfersbourg,
puis il entra au service de l'électeur de Sa.xe, en
1741, en qualité de compositeur de sa chapelle.
11 était encore à Dresde en 1750. On trouvait
autrefois sous son nom dans le magasin de Breil-
kopf, à Leipsick, des messes et d'autres ou-
vrages de musique d'église. L'abbé Santini pos-
sède de Ristori un Credo à 5 voix concertées
avec instruments.
RITiVIÛLLER (iRÉoPHiLE-GuitLAUME), fac-
teur d'instruments à Gœttingue, naquit dans
cette ville, le 2 avril 1772, et y mourut le 3 juil-
let 1829. Ses guitares ont été considérées
comme excellentes dans toute l'Europe. Ses
pianos, construits suivant le principe de la mé-
18
274
RlTiNIULLER — lllTŒR
caniqiie allemande , n'ont pas joui d'autant de
réputation. Ritmiiller a laisse deux rds, facteurs
d'instruments comme lui ; l'un d'eux a établi une
fabrique de pianos à New-York.
RITSCHEL( Georges), violoniste attaclié
à la cliapellede l'électeur de Bavière, vers 1780,
a fait graver à Paris six quintettes de sa com-
position pour flûte, violon, 2 altos et violon-
celle.
RITSOIV (Joseph), savant critique anglais,
naquit en 1752, à Stocktou-upon-Tees, dans le
comté de Durham, et mourut aliéné, dans une
maison de santé à Hoxton, le 3 septembre 1808.
Son caractère atrabilaire lui lit porter dans la
critique un esprit de dénigrement et d'amertume
qui lui fit beaucoup d'ennemis. Au nombre des
ouvrages qu'il a publiés, on trouve : 1° Select
collection of English songs xvith their origi-
nal airs ; and an historical Essay on thc
origin and progress of national song (Collec-
tion cboisie de cbansons anglaises avec leurs
airs originaux, et un Essai bistorique sur l'ori-
gine et les progrès de la chanson nationale ) ;
Londres, 1783, 3 volumes in-S". Thomas Parke
a donné une deuxième édition de cette collection,
avec des notes; Londres, 1813, 3 volumes in-8°.
— 2° Anciennes cbansons depuis le temps de
Henri III jusqu'à la révolution de 1688 ; Lon-
dres, 1792, in-8°. — 3° Chansons écossaises
avec la musique originale , et des remarques
historiqoes, Londres, 179'», 2 volumes in-8''.
RITTER (Charles), chanoine régulier de
Samt-Augustin an monastère de Sagan, dans
la basse Silésie, fut directeur de musique de
son couvent. Il fit imprimer à Atigsbourg , en
1727, six messeï à quatre voix, avec accompa-
gnement de deux violons, viole et orgue.
RITTER ( Jeaih-Chuistophe), organiste à
Clausthal, vers le milieu du dix-huitième siècle,
a fait imprimer à Nuremberg, en 1750, un
oçuvro de sonates de clavecin.
RITTER ( Georges- Wenzel), virtuose sur
le basson, né à Manheim , le 7 avril 1748,
entra d'abord au service de l'électeur Palatin,
puis fut attaché à la chapelle électorale, à Mu-
nich, et enfin fut appelé à Berlin, en 1788, pour
entrer dans la musique du roi de Prusse, Frédé-
ric-Guillaume II , qui fixa son traitement à la
somme considérable de 1,600 tbalers (6,000
francs) (1). Il est nrart dan.^ cette ville le 16 juin
1808, à l'âge de soixante et un ans. En 1777, il
avait fait un voyage à Paris, et y avait fait ad-
mirer son talent. On a gravé de sa composition :
(i) Salrant la notice du TonkttHiller-Lexikon BeriiH's
4e M. de Lcdebar, p 4*0
1" Concertos pour le basson, n"* 1 et 2; P;ni>,
Baillcux. — 2" Six quatuors pour basson, violon,
alto et basse, op. 1 ; ibid.
RITTER (Jean-Nicol\s) , facteur d'orgues
à Ilof, dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, fut élève de Godefroid-llenii
Irost, d'Altenbourg. Les cours de Bayreuth et de
BrandebourgCuImbach le patentèrent. Associé
avec Jean-Jacques Graichen, il construisit des
orgues -à Cuimbach, Neustadt, Berg, Henk,
Trebgast et Bischol'sgrim. En 1764, il fit, seul,
l'orgue de l'église française d'Erlangen. On
ignore l'époque de la mort de cet artiste.
RITTER (GnARi.ES-RoDOLPHE-HENRi), or-
ganiste à Brème, dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle, s'est fait connaître par quelques
petites pièces et des variations pour le piano,
imprimées à Brème, en 1786.
RITTER (Pierre), né à Manheim, vers
17C0, fut engagé dans la chapelle du prince Pa-
latin, en qualité de violoncelliste. On croit qu'il
reçut des leçons de composition de l'abbé Yo-
gi er. Ses études étant achevées, il voyagea en
Allemagne, et se fit entendre à la cour de Berlin,
en ]7SJ ; mais il y brilla peu, à cause delà com-
paraison qu'on fit de son talent avec celui de
Duport aîné. De retour à Manheim, il écrivit
l'opéra intitulé VHermitede Formentara, qui
fut joué hvec succès sur le théâtre de la cour,
en 1788. Cet ouvrage fut suivi du Marchand
d'esclaves, en 1790; de la Dédicace, prologue
musical, en 1792, et des Joyeuses Commères, ea
1794. La cour de Manheim le choisit en 1810
pour remplir les fonctions de maftre de concerts
et de chef d'orchestre de ropéra-comi(|ue (Sings-
piel). Les occupations multipliées que lui don-
naient ces deux places lui laissaient peu de
temps pour composer; cependant H acheva dans
la même année Marie de Montalban, drame
lyrique qui fut joué avec succès au fhéâtre de
Francfort. Son dernier ouvrage dramatique lut
Zitterschlxger (le Joueur de cisfre) , repré-
senté en 1813. Le grand-duc de Bade le nomma
maître de chapelle en 1811; neuf ans après, il
obtint sa pension de retraite à Maidieim. On a
gravé de sa composition les partitions pour le
piano du Jl/aurfon/i, opéra-comique, Manheim,
Ileckel, et du Joueur de cistrc; Bonn, Simrock,
ainsi que des chansons allemandes, avec accom-
pagnement de piano , dont les mélodies sont
agréables.
RITTER (Je4x-Lolis), pasteur supérieur
à Rœtha, petite ville de Saxe, est auteur d'un
écrit intitulé : Etwas zur Feycr des ersien Jn-
bil.ruins der beiden Silbcrmannischen Or-
gelnin Rœtha {Que\<\»e chuse conccri ant I»
RITTER — RIVANDER
275
fête du premier jubilé des deux orgues de Sil-
berinann à Uœtha); Leipsick, Weigand , 1821,
in -8" de 32 pages. Cet opuscule contient une
courte notice sur le l'acteur d'orgues Godefroid
Sill)ermann, de Freyberg, un catalogue des or-
gues qu'il a construites, des renseignements con-
cernant celles de Rœtlia, la description de la fête
du jubilé, et le sermon prononcé à cette occasion.
RITTER ( AlIGUSTE-GOTTFRIED OU GODE-
froid), né le 23 août 1811 à Erfurt, a fait ses
études musicales sous la direction de .Millier dans
sa ville natale, et lésa continuées à Berlin cliez
le professeur de piano Berger. De retour à Er-
furt, il a été nommé organiste de l'église des
Négociants.Il occupait encore cette place en 184 J.
En I8'i3, il succéda à'Villielm Schneider, décédé
diins la place d'organiste et de directeur demusi-
qiii; de la calliédrale de Mersebourg. Il a quitté
cette position en 1S47, pour prendre celle de direc-
teur de musique et d'oiganiste de la cathédrale à
Magdebonrg. Bon organiste et pianiste distingué ,
Ritter a fait plusieurs voyages en Allemagne, et
s'est fait entendre avec succès à Berlin, à Leip-
sick, à Gollia .et dans plusieurs autres villes.
Ses ouvrages principaux sont : i" Concerlo pour
le piano avec orchestre oliligé. — 2" Quatuor
|)our piano et instruments à cordes. — 3" So-
nate instructive pour piano seul, comme échan-
tillon d'œuvres plus considérables, op. 12; Mag-
debonrg , Heinrichshofen. — 4" Le Sérieux et
le Ploisant {Enut und Schez), compositions
de différents caractères, pour piano, op. IG ; ibid.
— 5" Caprice idem, op. 17; Leipsick, Hreilkopt
et Haertel. — fi" Sonate (en rc) idem. op. 20 ;
ibid. — 7" 12 Préludes d'orgue pour des chorals
dans l'ancienne tonalité de l'église, op. 4 ; Ru-
dolstadl, Millier. — 8" 12 Préludes idem, dans
les tons mineurs, op. 5 ; ibid. — 9" 12 Préludes
de chorals, op. G ; ibid. — 10" Variations pour
l'orgue sur le chant populaire : Heil dir im Sic-
gerkranz; Leipsick, l-'riese. — i\° Die Kunst
es Orgehpicls ( L'ait de jouer de l'orgue), ins-
uction théorique et pratique pour préluder,
uer la pédale et faire les combinaisons des
jeux; Erfurt, Korner, in^^obl. L'éditeur Kœrner,
suivant son habitude, a accolé son nom à celui
de Ritter sur le frontispice de cet ouvrage ,
quoiqu'il n'y ait rien fait. On trouve une ana-
lyse et l'éloge de cet ouvrage dans VUrania,
journal de musique destiné anx organistes
. (ann. I85G, n" 3). — 12° Six Préludes pour des
Ihorals à 3 claviers, op. 7 ; Mayence, Schott. —
3" Sonate pour orgue (en rc mineur), op. 11 ;
;rfnrt, Ka-riier. — 14° 32 Préludes et finales
*)ur dos chorals, op. 13, in-4"; Magdebourg,
lcinr'(:!)>iioftn. — 13" Sonate pour orgue (en
de.
m
vii mineur), op. 19 ; Leipsick, Breilkopf et Ilœr-
tel. — 16" Fugue pour l'orgue (en ut mineur);
ibid. — 17° Quelques Chants pour quatre voix
d'hommes. — 18° Trois chants à voix seule
avec accompagnement de piano , Magdebonrg,
Heinrichshofen. Ritter a écrit 3 ouvertures pour
l'orchestre, une symphonie en ut mineur qui fui
exécutée dans un concert à Jéna, au mois d'a-
vril 1840, et dont VAllgemeine musilioUsclie
Zeitung (42^ année, n" 17, p. 349-353) a donné
une analyse détaillée; une deuxième symphonie,
qui fut exécutée aux concerts d'Erfurt en 1843,
et une messe pour des voix seules, également
exécutée à Erfurt. Cet artiste a été le rédacteur
principal du journal des organistes intitulé Ura-
nia, pendant les quatre premières années. Il a
pris part également à \'Ami de l'orgue (Orgel-
Ireund), collection de pièces de différents maîtres
en 6 volumes, publiée par Kœrner, à Erfurt,
ainsi qu'aux Archives de l'orgue (Orgelarchiv),
conjointement avec Charles-Ferdinand Becker.
RHJS(P. José de la Madre de Uios), recteur
des écoles pies de Mataro (Espagne), a publié, au
nombre de ses écrits, un volume qui a pour titre :
Opéra espanola (Barcelone, 1841, in-S"). Cet
ouvrage est divisé en trois parties : la première
contient une traduction en vers espagnols de
Belisario, niis en musique par Doni/.etti ; la
seconde , un jugement sur cet opéra, et la troi-
sième, un discours sur la nécessité d'un opéra
national espagnol.
RIVA (Jean -Baptiste), musicien italien
qui vivait à Paris vers 1620, fut l'inventeur d'un
instrument en usage en France pendant le dix-
septième siècle, appelé sourdeline, ou musette
italienne.
RIVA (JiLEs), médecin et compositeur vé-
nitien , vécut dans la seconde moitié du dix-
.seplième siècle. En 1670, il fit représenter ait
tbéàtic Alli Saloni, de Venise, son opéra intitulé
V Adélaïde regia principessa di Susa, qui eut
beaucoup de succès. L'opéra de Riva fut le pre-
mier ouvrage représenté à ce théâtre.
RIVA (Joseph), amateur de musique, né
à Modène en 1696, fut attaché à la légation
vénitienne à Londres. Il a publié, sous le voile
de l'anonyme, un petit ouvrage intitulé : Av-
viso ai compositori ed ai cantanti / Londres,
1728, in-8".
RIVANDER (Paul), compositeur de mu-
sique instrumentale, né à Lœsnitz, près de Meis-
sen, vers 1570, fut attaché au service du prince
électoral de Brandebourg, en qualité de musicien
do sa chapelle. Il vivait à Nuremberg au com-
mencement du dix-septième siècle. Il a publié :
1° Newe lustige Couranten, auf Jnstrumenten
18.
276
lUVANDER — ROBBERTS
und Geigen lieblich su gebrauchen mil 4 Stim-
tncn (Nouvelles Courantes gaies pour violons et au»
très instruments, d'un usage agréaiiie, à quatre
parlies);Onoltzbacli, 1614, in-4". — ")." Einneives
Quodlibcl, etc. ( Un nouveau quolibet de diver-
ses facéties à quatre voix); Nuremberg, 1615,
in-4°. —3" StudnUen Freud, dorinnen ud-
tliche Gesxnge von 3-8 Stimmen (Joie des étu-
diants, ou Cliants profanes à 3-8 voix , avec
textes joyeux, etc. ); Nuremberg, 1621, in-4''.
IIIVARÈS (Frédéric), littérateur et ama-
teur de musique, né à Pau ( Basses-Pyrénées),
dans les premières années du dix-neuvième siècle,
a publié un recueil rempli d'intérêt sous le titre
de Chansotis et Airs populaires du Bcarn;
Pau, A. Bassy ; Paris, Cbaillot, 1844, 1 volume
gr. in-8° de 152 pages, avec la musique de
soixanle-cinq cbants ou danses, et une planclie
représentant trois jeunes cbanteurs du Béarn.
Les cliants sont précédés d'une introduction
historique, et d'observationssurriilioniel)éarnais.
RIVE (L'abbé Jean-Joseph), savant biblio-
graphe, fut d'abord curé de Molléges , diocèse
d'Arles, prêtre de la ville d'Apt, plus lard biblio-
thécaire du duc de la Vallière, puis de la ville
d'Aix. 11 naquit à Apt, le 19 mai 1730, et mou-
rut à Marseille, le 20 octobre 1791. Au nombre
de ses écrits, on en remarque un intitulé : /Vo-
ticc d'un manuscrit de la bibliothèque de
M. le duc de la Vallière, contenant les poé-
sies de Guillaume Machault { Guillaume de
Macbau ), accompagné de recherches histori-
ques et critiques, pour servir à la vie de ce
poule (musicien ). Co morceau est imprimé dans
le troisième volimie de l'Essai sur la musique de Lu
Borde :ouen a tiré quelques exemplaires à part.
RIZZIERI ( Jeam-Antoiise), compositeur
bolonais, au commencement du dix-buiticnie
siècle , s'est fait connaître par une espèce d'ora-
torio intitulé : Il corc humano (sic) combat-
luio da' due amori, divino et profano, poe-
sia del Sig dott. Gio. Battista ISeri , musica
del Sig. Gio. Ânt. lUzzieri, da cantarsi nella
chiesa délia Congrcgazione di San Gàbriele,
nella quaresima delV anno 1716, inBologna;
Bologne, 1716, in-4".
ROA (Martin DE), jésuite espagnol, naquit
à Cordoue, en 1563, et mourut à Montillo, le
5 avril 1637. On a de lui un livre intitulé : Singu-
larium locorum et rerum S. Scripturx li-
bri VI, in duos partes distincti ; Lyon, 1667,
in-S". Koa y traite, dans la seconde partie
(p. 600 et soiv.), des cymbales des anciens.
ROBKERECHTS ( André ), né à Bruxelles
le 16 <lécernbre 1797, se livra de bonne heure
à l'étude de la musique, et fit de rapides pro-
grès sur le violon , sous la direction de Van-
der Plancken, bon professeur de celte ville. Ad-
mis au Consenaloire de Paris au commencement
de 1814, il y obtint, le 29 décembre de cette
année, l'accessit de violon ; mais rentrée des ar-
mées alliées à l^aris, peu de mois après, fit fer-
mer le Conservatoire, et Hobberechts alla deman-
der à Baillot des leçons particulières , puis re-
tourna à Bruxelles. Viotti ayant visité cette ville,
le jeune Robberecbts sollicita la faveur de jouer
devant lui ; et le grand artiste fut si satisfait des
qualités de son jeu, qu'il consentit à le prendre
pour élève. Fixé près de Viotti pendant plusieurs
années, Kobberechts acquit, par les leçons d'un
tel maître, le beau son et la justesse parfaite qui
étaient les fondements solides de sou talent. De
retour à Bruxelles vers 1820, il y obtint du roi
Guillaume V le titre de premier violon solo de
sa musique, avec un tiaitement d'environ trois
mille francs. Ce fui alors qu'il donna quelques
leçons à M. de Bériot, qui a conservé un senti-
ment de reconnaissance pour les utiles conseils
qu'il en a reçus. Les événements politiques de
1830 ayant laissé Robberecbts sans emploi, il se
rendit à Paris où il a constamment habité de-
puis lors, sauf quelques voyages dans les pro-
vinces de France. Il fui longtemps considéré dans
cette ville comme un des artistes les plus distin-
gués et les plus modestes. Robberechts est mort à
l^aris le 23 mai 1860, et a élé inhumé au cime-
metière de Montmartre. Des compositions de
cet artiste qui ont été gravées, je ne connais
que les suivantes : 1° Air varié jMiur violon et
piano, avec introduction et finale, op. 1 ; Paris,
B. Latte. — 2° Romance variée idem, op. 7 ; ibid.
— 3" idem, op. 9 ; ibid. — 4° Variations bril-
lantes sur un thème original, op. 10; Paris, Ri-
chault. — 5" Introduction et polonaise brillante
pour violon et piano, op. 15; ibid. — 0" Fan-
taisie romantique pour violon et orchestre, avec
de nouveaux effets des sons harnioniques, op. 17;
ibid. — 7" Duo pour deux violons et piano;
op. 18; ibid. —8° Deux mélodies, r£"s;>o<;«o//; et
la Pastorale, pour violon avec accompagnement
de piano, op. 19; ibid. — 9" Les Adieux, duo
dramatique idem, op. 20; ibid. — 10" Gr.md
duo concertant pour violon et piano, avec Albert
SovvinsKi. op. 21 ; ibid. Rubl)ereclit« a laissé en
manuscrit une grande Fantaisie pour orchestre
et chœur, une grande Polonaise en In pour violon,
des romances avec accompagnement de piano,
quelques mclodies pour piano seul.
ROHBERTS (Jean), facteur d'orgues à
Rotterdam, vers le milieu du dix-huitième siècle,
a construit à l'église réformée de Delfshaven un
bon instrument de dix-neuf registres, deux cla-
À
ROBBKRTS — ROBER
277
viers à la main et pédale. En 1773, il a restauré
le grand orgue de seize pieds de l'église de Maas-
shiys, composé de quarante-deux jeux , trois
claviers à la main et pédales.
ROBBIAIXO (François), chanoine de Saint-
Victor, au bourg d'Arcesati (Lombardie), naquit
à Lugnano en 1581. lia fait imprimer de sa
composition : Il primo libro di Mottetti a duc
et ire voci ; Milano, Filippo Lomazzo, 1616.
ROBERD A Y ( François), valet de cbambre
de la reine, mère de Louis XIV, et organiste de
l'église des Petits-Pères, vécut vers le milieu du
dix-septième siècle. Il fut un des maîtres de
composition de Lulli. On a gravé de sa compo-
sition : Fugues et caprices à quatre parties,
mises en partition pour Vorgue; Paris, 16G0,
in-4° oblong. Il y a du talent dans cet ouvrage.
ROBERGER (.\.), auteur inconnu d'un pe-
tit dictionnaire de musique, suivi d'une histoire
abrégée de cet art, lequel a pour titre : Kleine
musikalisches Wœrterbuch, oder Erklxrung
der in der Musik gebrauchlichen Kunstaus-
driicke. Quoique fort médiocre, cet ouvrage
a eu trois éditions : la troisième a paru à Qued-
Unbourg, chez Basse, en 1 833, in-8" de 85 pages,
avec des planches de musique. On n'y trouve ni
préface, ni aucune indication quelconque sur la
poi^itiou de l'auteur, qui n'a été cité par aucun
biographe allemand.
ROBERGER DE VAUSEXVILLE
(....), correspondant de l'Académie royale des
sciences de l>aris, a publié un petit écrit en forme
<ie prospectus intitulé : Invention nouvelle.
L'art de rayer les papiers de musique, plein-
chant (sic), papiers à clavecin et à composi-
tion, etc., par une méthode variable plus
prompte et plus expéditive que l'impression ;
Paris, Gueflier, 1707, in-4''.
ROBERT, roi de France , naquit à Orléans
vers l'an 970, monta sur le trône au mois d'oc-
tobre 996, et mourut à Melun, le 20 juillet 1031.
Il était poète et musicien, autant qu'on le pou-
vait être de son temps. On lui attribue les pa-
roles et le chant des hymnes Sancte Spiritus
adsit nobis gratia, et Rex omnipotens die
hodierna, ainsi que le répons Judœa et Jéru-
salem noliie timere, et 0 constantia marty-
rum. Le chant de ce dernier se trouve dans la
I Méthode pour apprendre le plain-chant, de
Drouaux (p. 42).
ROBEKT, surnommé de Blois, parce qu'il
était né dans cette ville, fut un troubadour con-
temporain de saint Louis. Les manuscrits de la
liibliolhèque impériale de Paris, cotés 7222 et
Cj ( fonds de Cangé ) contiennent cinq chansons
uotées de sa composition.
¥
ROBERT DE FLANDRE, compositeur
de musique d'église, fut ainsi nommé par les
Italiens {Roherto di Fiandra) parce qu'il était
né en Belgique dans l^ seconde moitié du seizième
siècle. ]l était, en 1610, maître de chapelle delà
cathédrale de Rieti, lorsqu'il fut désigné pour
prendre la direction de la chapelle de Sainte-
Marie-Majeure : il accepta cette nomination ; ce-
pendant il ne se rendit point à Rome, et la place
fut confiée à Donati. On ne connaît pas les ou-
vrages de Robert.
ROBERT (Pierre), abbé de Saint-Pierre
de Melim, naquit à Louvres, près de Paris, en
1611. Après avoir fait ses éludes musicales et
littéraires à la maîtrise de la cathédrale de
Noyon, il entra au séminaire, et fut ordonné
prêtre en 1637. Il se rendit alors à Paris, et ob-
tint au concours la place de sous-chantre à
Saint-Germain-l'Auxerrois, lorsque Pechon y
était maître de musique. Devenu ensuite maître
de musique de la chapelle du roi, il eut, par la
protection de M. de Harlay, le bénéfice de
l'abbaye de Saint-Pierre de Melun. Il avait
pris pour modèle du style de ses motets celui
de Hautcousteaux , et ne changea point sa
manière lorsque Lulli commença d'introduire
dans la chapelle de Louis XIV les motets
avec ritournelles et accompagnement d'or-
chestre. La musique de Robert parut alors d'un
goût suranné ; mais lui-même était trop âgé pour
réformer son style, et ce fut son excuse, lorsque
le roi lui fit la proposition de rajeunir ses mo-
tets ; cependant il consentit à la proposition qui
lui fut faite de confier à Lulli l'instrumentation
de quelques-uns , tels que les psaumes Quart
fremucrvnt gentes, et Exaudiat te Domine.
En 1684 (I) il demanda et obtint sa retraite
avec la pension : il mourut à Melun en 1686.
On a imprimé de sa composition : 1° MoteM
et élévations; Paris, Ballard, 1679, in-i" obi.
— 1° Motets composés pour la chapelle du
roi; ibid., 1684, in-4° oblong (en parties sépa-
rées ).
ROBERT (François), écrivain inconnu, a
fait imprimer dans le dix-septième volume des
Transactions philosophiques ( n° 195, p. 559),
une dissertation intitulée : A discourse con-
cerning the musical notes of the trumpets
and irumpet-marine, and of the defects of
the same ( Discours sur ,les notes ( les sons ) des
trompettes et de la trompette marine, et sur
leurs défauts).
(1) I.a date de 1682 donnée par I,a Borde et par Choron
et F.iyolle, n'est pas exacte; je tire celle que je donne de
VËtat de la France, par N. Besongne.
278
IIOHKRTSON — HOBLKDO
ROIÎEUTSOÎV ( Tnojus ), savant écossais,
membre de l'Académie des sciences d'Édiin-
boiirg dans la seconde moitié du dix-hnitiènie
siècle, est auteur d'un livre intitulé : An En-
quin/ inlo the fine arts ( Reciierclie concernant
les beaux-arts); Londres, Cadell, 1785, in-4".
Il \ traite, en six cliapilres et dans un appendice,
de l'eslliétique et de l'histoire de la niusii|iie an-
cienne et moderne.
IlOBERTSOiX (Thomas), professeur de lan-
gue anglaise, né en Ecosse, se fixa à Paris, en 1810,
et lut d'abord employé (jarMillin {voyez w nom)
à faire des traductions pour ses travaux sur les
antiquités grecques et romaines. Après la mort
de ce savant, Uobertson donna des leçons de
langue anglaise et [lublia un grand nombre
d'ouvrages pour l'étude de cette langue. On a
aussi de lui : Lettre à M. M illin sur une ma-
nière de rendre les sons perceptibles aux
sourds; Paris, 1814, in-S"- Cette lettre a paru
ààiis le Magasin encyclopédique (ann. 1814).
Quelques exemplaires seulement ont été tirés à
part.
ROBERTSOIV (John), professeur de mu-
iique dans les écoles populaires de Glascow, est
né en, Ecosse en 1808. On a de lui un livre de
chants pour les psaumes et les hymnes, à
4 voix, suivant l'usage des églises de l'Ecosse. Cet
ouvrage , dont il a été fait plusieurs éditions, a
pour titre : Tlie Scraph (Le Séraphin). A sélec-
tion of Psalm and Ilymn tunes, many of
ihem originals for four voyccs, adnptcd io
ihe varions mètres ,used in the establislied
Churches, Chapels and Congrégations in this
Couniry; Glascow (sans date), in-S" ohl. L'ou-
vrage est précédé d'un catéchisme des principes
<]e musique.
ROBIi\EAU (L'abbé Alexandre), violo-
niste amateur à Paris, fut un des meilleurs élè-
ves de Gaviniès. Il a publié, vers 1770, six solos
pour le violon , et un concerto avec orchestre.
A l'époque de la lévolution de 1789, l'abbé Ro-
bineau émigra et mourut en Allemagne.
ROBI3ÎOT (M.), notaire à Paris dans la
première moitié du dix-huitième siècle , fut
nn des champions de la lutte en faveur de la
musique française contre les attaques de la let-
tre de J.-J. Rousseau , et publia à cette occa-
sion : Lettre d'un Parisien contenant quelques
réflexions sur celle de J.-J. Itousseau ; Paris,
1754, in-12. Cet opuscule est une des pièces les
plus rares de la polémique sur le sujet dont il
s'agit.
RORIIVSON (Thomas), musicien à Londres,
dans les premières années du dix-septième siècle,
«t anlenr d'un livre intitulé -. The School of
.^fusihe, or the perfecl method of fingering
the Lute, Pandora, Orpharion and Viole de
gamba (l'Kcole de nuisi(iiic, ou la Méthode par-
faite du doigté sur le luth, la pandore, l'or-
pharion et la basse de viole); Londres, 1G03,
in-fol.
ROBIA'SOK (Jean ), organiste de l'abbaye
de Westuiinslcr et de l'fglise Saint-Laurent, à
Londres, naquit en 1«'.82 et eut pour maître le
docteur Biow. Cet artiste eut la réputation ilu
meilleur organiste anglais de son temps. 11 est
auteur d'un livre intitule : T.ssay upon vocot
M\isick (lassai sur la musique vocale) ; Londres,
1715, in-12. Robinson est mort à Londres en
1762, à l'âge de quatre vingts ans. Son portrait
a été Tort bien gravé par G. Virtiie : il y est
représenté jouant de l'épinette.
ROBIXSON (Anastasie), comtesse de PE-
TERBOROUGII, naquit à Londres vers la fin
du dix-septième siècle. Fille d'un peintre de
portraits, elle reçut une bonne éducation, et
apprit les éléments de l'art du chant sous la di-
rection du docteur Croit, puis reçut des leçons
de Sandoni, excellent maître de chaut italien,
alors résidant à Londres. Elle se lit entendre,
d'abord dans des concerts, oii elle s'accomjia-
gnait sur le clavecin. En 171'i, elle parut pour
la première fois sur la scène dans ro|)éra de
Creso, et le succès qu'elle y obtint la rendit
bientôt célèbre. Ses appointements furent i-orté^s
à mille livres sterling, et les présents qu'elle
recevait, ainsi que les représentations à sou bé-
néfice, égalaient cette somnw. Elle brilla d.ins
les premiers opéras de Hanidel, particulièrement
dans Riiuildo , I{ada7nisto et Muzio Scevola;
cependant ce compositeur ne l'aimait pas, et
n'écrivit pour elle que des airs inférieurs à ceiix
qu'il composait pour la Duranlasti. Devenu
amoureux d'elle, lord Peterborough l'épousa eu
secret et lui fit quitter le IhéAtre en 1724; ce-
pendant il ne déclara son mariage qu'en 1735,
et ce ne fut qu'alors que la cantatrice prit le
rang de pairesse d'Angleterre. Je no sais où
Gcrber a pris qu'elle mourut en 1755, à l'âge
de quatre-vingt-huit ans! S'il en était ainsi,
elle aurait eu quarante-sept ans quand elle
débuta dans l'opéra, et c'est dans sa cinquante-
quatrième année qu'elle aurait charmé lord Pe-
terborough.
ROBIASOX rOLLIXGROVE (...),
poète Cinglais qui vivait dans la seconde moitié
du dix- huitième siècle, a fait imprimer, à l'oc-
casion du festival en commémoration de llasndel,
une ode intitulée : llandeVs Ghost ( Esprit
de ll^ndel); Londres, 178'4,in-4°.
ROBLEDO (Melchior), compositeur espa-
ROBLEDO — ROCCfll
279
gnol, vécut à Rome vers le milieu du seizième
«iècie. Dans le volume manuscrit de la Biblio-
thèque de la chapelle pontificale, n" 22, on
trouve des messes de la composition de ce
maître; quelques-uns de ses motets sont aussi
dans le volume 38 de la môme bibliothèque. De
retour dans sa patrie, Robledo fut nommé maître
de chapelle et racionaire de la Seu de Saragosse.
M, Saldoni place la date de cette nomination
au 2 juillet 1560 ( Effemerides de musicoses-
panoles , p. 208). M. Eslava se borne à dire
(Apuntes biographicos, etc.. Lira sacro-his-
pana, 2" série, XVP siècle, t. I ) que ses re-
cherches l'ont conduit à la certitude que Hobledo
était en 1509 maître de chapelle et prében<lc
^e la Seu de Saragosse. A sa mort , le chapitre
lui rendit l'honneur sans exemple d'accompa-
gner en corps son convoi funéraire. Par les
constitutions du chœur de l'église Notre- Dame
del Pilar, on voit que les compositions de Ro-
bledo, de IMorales, de Victoria et de Paleslrina,
furent les seules qu'on y e\écuta jusqu'à la fin
du seizième siècle. Les ouvrages de celui de ces
maîtres qui est l'objet de cette notice sont en
très-grand nombre répandues dans les églises de
l'Espagne. M. Eslava a publié en partition {loc.
cit.) un Magnificat et un psaume dont Robledo
est auteur.
ROHSOAJ (Ji:an-Jac(mjp.8), d'origine anglaise,
vécut en Belgique et occupa la place d'organiste
de la collégiale de Saint-Germain, à Tirleniont,
[lendant une longue suite d'années, car le fron-
tispice de son œuvre 1*'', publié en 1749, lui
donne ce titre, et l'on voit, par les procès-verbaux
du magistrat de Malines , que cet artiste était
membre du jury d'im concours ouvert dans
cette ville en 1772, pour les places d'organiste
de la métropole et de carillonnein- communal ,
qu'il occupait encore la même position , et qu'il
était alors considéré comme un des musiciens
belges les plus distingués. On connaît sous sou
nom les ouvrages dont les titres suivent ;
1° Pièces pour clavecin , dédiées au magistrat
deTirlemont, œuvre T"" ; Liège, Andrez, 1749. —
2° Sonates à concerts pour clavecin, 2 vio-
lons , taille (alto) et basse, dédiées au comte
de FranKenberg, œuvre IV; ibid (sans date).
— 3" Préludes d'orgue dans les différents tons
de l'église (en manuscrit). Ces morceaux font
partie d'une collection qui a appartenu à l'abbé
Liban, chanoine du chapitre de Sainte-Gudule de
Bruxelles, en 1764 (1). Les autres productions
de Kohson ne sont pas connues jusqu'à ce jour.
(l)Je suis redevable de ces renseignements à l'obligeance
de M. Xavier Van Elewyck. {voyez ce nom.)
ROBUSCHI (Ferdinand), compositeur dra-
matique, né le 15 août 1765, à Colorno, dans
le Parn)esan, fut envoyé à l'université de l'arme
pour y faire ses études : il y prit des leçons de
musique de Fortunati , et plus tard il se rendit
à Bologne, dans le dessein d'étudier le contre-
point .sous la direction du P. Martini. Après
quatre années passées dans cette ville, où il
acheva son cours de philosophie, il alla con-
tinuer ses études musicales auprès de Sarti, à
Milan, puis il se rendit à Naples et y reçut des
conseils de Cimarosa pour le .style dramatique.
De retour à Parme, il y obtint le titre de composi-
teur des spectacles de la cour. Son premier
opéra fut écrit en 1780, et dans l'espace de vingt-
deux ans, il en compo.sa trente-quatre à Parme,
Rome, Naples, Venise, Livourne , Florence et
Padoue. Parmi ces ouvrages, ceux qui ont été
le mieux accueillis sont :\'l Castrini, à Parme,
en 1780. — 2° Attalo, RediBidnia, à Padoue,
1788. —3" Il Geloso disperato.k Rome, 1788.
— 4° Chi sla bcne non si muova, à Florence,
1789. — 5" La Morte di Cesare, à Livourne,
1790. — 6" La Briseide, à Naples. — 7° Itre
Rivait in amore, à Venise.
ROCA Y BISBAL (D. Jean-Baptiste),
professeur de musique à Barcelone, né dans cette
vilie vers 1800, est auteur d'un traité élémen-
taire de musique intitulé: G ramatica musical,
dividida in catorce lecciones; Barcelone,
1837.
ROCCA ( Ange ) , savant philologue et an-
tiquaire, naquit en 1545, à Rocca-Contrada,-dans
la Marche d'Aiicône. Après avoir fait ses études
en plusieurs >illes, particulièrement à Padoue,
il fit ses vœux dans l'ordre de Saint- Augustin, et
fut appelé par ses supérieurs à Rome, en 1579 ,
et attaché comme secrétaire au vicaire général.
Le pape Sixte V lui confia ensuite la surveillance
de l'imprimerie du Vatican, et l'admit dans la
congrégation établie pour la révision de la Bible.
En 1595, le P, Ange Roca fut revêtu de la dignité
de .«;acristain de la chapelle apostolique , et en
1G05 il fut fait évêque de Tagaste. Ce prélat
mourut à Rome, le 8 avril 1620. Au nombre de
ses savants ouvrages, on remarque celui qui a
pour titre : Cominentarius de campants; ■
Rome, 1612, in-4''. Ce traité de cloches a été
réimprimé par Sallengre dans le Thésaurus
antiquitatum romanarum , et dans la collec-
tion des œuvres de Rocca, publiée à Rome, en
1719, 2 vol. in-folio.
ROCCHI (Don-Antoixe), prêtre, né à Pa-
doue dans la première moitié du dix-huitième
siècle, est auteur d'un ouvrage qui a pour titre :
' Isiituzioni di musica leorico-pratica . Délia
380
ROCCHI — ROCHEFORT
ieoria maiematica , libro primo. Del génère
diatonico. In Venezia, nella stamperia Al-
brizzianu. Mil , in-4" de 60 pages. Il patalt
que cette première partie seule de l'ouvrage a été
pul)liée.
ROCCHIGIAiXO (Jean-Baptiste), on ROC-
CIIIGIAA'I, maître de cliapelleà l'église Sainte-
Marie de Rieti, dans les États de TÉglise, na-
quit à Orvieto dans la seconde moitié du sei-
zième siècle, il fit ses études musicales à la
inaitrise de la cathédrale de cette ville. Il a
public des messes et des motets de sa compo-
sition, à Venise, cliez Viucenti. On connaît aussi
de lui : Arie , Sonctti et madrigaU, libro
primo ad una, due et 3 voci ; Orvieto, presso
Fei, 1623,10-4°.
ROCCO (Bknoit), né vers 1740 à Afragola ,
dans le royaume de Naples, lit ses études litté-
raires au collège des Jésuites de cette ville, puis
étudia les sciences philosophiques sous la di-
rection d'Antoine Genovesi, qui l'aimait beau-
coup. Il embrassa l'état ecclésiastique, ce qui l'o-
bligea à suivre les cours de théologie du sémi-
naire de l'archevêché. Dès sa jeunesse il avait
montré d'heureuses dispositions pour la musique
et s'était instruit dans toutes les parties de cet
art par les leçons de Pascal Ërrichelli et de Char-
les Cotumacci (V. Cotumacci) . Sous la direction
de ces maîtres, il devint très-bon musicien et
accompagnateur habile. Il se distingua aussi
dans la composition, et l'on cite parn)i ses ou-
vrages une cantate à la louange de la princesse de
Belmonte, Clara Spinelli, un nombre infini de
canzoneite, de duos, des motets et d'autres
pièces de musique d'église. Dans sa vieillesse, il
vécut dans la maison du prélat Angelantonio
Scotti, entre les mains de qui il a laissé un
Traite de la musique italienne en manuscrit.
Rocco s'est lait connaître aussi par des ouvrages
de littérature estimés. Il est mort à Naples, le
5 juillet 1824.
ROCCO-RODIO F. RODIO (Rocco).
ROCHou ROCIIUS (GoDEPROiD),cantoret
directeur de musique à Pilnitz (Saxe), naquit dans
cette petite ville vers 1670. Il occupait les places
indiquées ci-dessus depuis quatorze an$, lorsqu'il
publia un poème sur la musique, procédé d'une
dissertation dans laquelle il rapporte les opi-
nions des auteurs anciens qui ont fait l'éloge
ou \x critique de cet art, et qui est accompagnée
de quelques notes. Cet opuscule a pour litre •*
Musica noster amor, hoc est monumcnfum
musicx divinx, etc.; Pirna, 1717, in-4" de 30
pages. Quoique le titre soit en latin, la disserta-
lion seule est dans cette langue -. le poème est
en allemand.
ROCIl (Frédéric-Wii.helm), organiste et
professeur de musique au Gymnase de Gu-
ben, eiit né le 7 octobre 1806. Kœrner d'Erfurt
a |)ublié des préludes d'orgue de la compo.sition
de cet artiste dans son A'eues Orgcl Jour-
nal ( Erfurl, sans datf, in-4" obi. ). ai"''' <!"«
dans son J'ostludic n-Buch, ou Recueil de
pièces finales pour l'orgue (Erfurt, sans date,
in-4'' obi.).
ROCHA (François DA), religieux portugais,
né à Lisbonne en 1040, fil ses vœux dans un
monastère de celte ville, où il mourut en 1720,
à l'âge de quatre-vingts ans; La nature l'avait
organisé d'une manière si heureuse pour la mu-
sique, qu'à l'âge de onze ans il composa une
messe à sept voix sur la gamme descendante
la, sol, fa, mi, ré, ut. Son coni[;atriote, Jean-
Laurent Rohello, était le maître qu'il s'flait
proposé pour modèle. Il a laissé en manuscrit
beaucoup de messes , de psaumes et de vilh.in-
cicos, dont on trouve le catalogue détaillé dans
ht Bibliothèque lusitanienne de JMachado, t. II,
p. 239.
ROCHEFORT (Giillaumk DE), littérateur
français, né à Lyon en 1731, fit ses études à
Paris , puis obtint, par le crédit d'un ami de sa
famille, la place de receveur général des fermes
à Cette, dans le Languedoc. L'isolement où il
se trouvait dans celte pelile ville lui fit chercher
dans ses livres des ressources contre l'ennui :
il étudia le grec, et devint habile helléniste. Sa
passion pour Homère lui fit entreprendre une
traduction eu vers de l'Iliade et do. l'Odyssée, et
l'amour des lettres l'engagea à faire le sacrifice
de sa fortune, en donnant sa démission de la
place de receveur général des fermes, pour re-
tourner à Paris, où il se fixa. L'Académie des
inscriptions et belles-lettres l'admit au nom1)re
(le ses membres. Il mourut à Paris le 25 juillet
1788, à l'âge de cinquante-sept ans. On doit à
ce littérateur des Itechcrches sur la Sijinphu-
nie des ancieiis, insérée» dans les Mémoires
de l'Académie des inscriptions (tome 41, pages
365-381).
ROCHEFORT (Jeas-Baptiste), né à Paris
le 24 juin 1746, apprit la musique comme en-
fant de chœur à la maîtrise de Notre-Dame, puis^
entra à l'Opéra en qualité de contrebassiste, en
1775. Cinq ans après, il fut engagé comme chef
d'orchestre d'un théâtre d'opéra français au ser-
vice du landgrave de Hesse, et demeurai Casse!
en celte qualité juscju'en 1785. La mort du
landgrave lit congédier, cette année, l'opéra
français, et Rochefort retourna à Paris, où il
rentra dans l'orchestre de l'Opéra comme con-
trebassiste et chef d'orchestre adjoint. Il y con-
I
ROCHEFORT — ROCIILIÏZ
281
serva celte position jusqu'en 1815, et obtint
alors sa retraite avec, la pension acquise par qua-
rante ans de service. lî mourut à Paris en
1S19. Rochefort a composé la musique des opéras
et ballets suivants : A l'Opéra : 1° Daphnis et
flore, pastorale en un acte* — 2" Ariane, scène
lyrique. —3° L'Enlèvement d'Europe, ballet,
— 40 Jérusalem délivrée, idem. — 5° La
Prise de Grenade, idem. — 6» Bacchus et
Ariane, idem. — 7" Toulon soumis, pièce ré-
publicaine. A LA. Comédie italienne : 8o i'/n-
connue persécutée, parodiée sur la musique
d'Anfossi, avec des morceaux ajoutés. — 9° L'Es-
prit de contradiction, opéra-comique en un
acte. — 10° La Cassette, idem. Au Théâtre
MoNTANSiER : \\o La Pantoufle, opéra-comique
en un acte.— 12° Dorothée, idem. Au Théâtre
DE LA Cité : \z° La Force du sang, drame ly-
rique. A Cassel : \\o La Pompe funèbre
de Crispin, opéra-comique. — 15° Pyrame et
Thisbé, mélodrame. — t6o Zc Temple de la
Postérité, cantate pour la fête du landgrave
17° Les Noces de Zer6/ne, opcra-comique. On
a aussi gravé du même artiste : 18° Six qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse, op. 1 ;
Paris, Laclievardière. — 19° Six idem, op. 2 ;
ihid. — 200 Six duos pour 2 violons; ibid.
KOCHEMOIXT (DE), négociant et amateur
de musique, né à Genève vers 1715, vivait à
Lausanne au milieu du dix-huitième siècle. II
prit .part à la polémique relative à la lettre de
J.-J. Rousseau sur la musique française, et
publia, sous le voile de l'anonyme, une bro-
chure intitulée : Réflexions d'un patriote sur
l'opéra français et sur l'opéra italien, qui
présentent le parallèle du goût des deux na-
tions dans les beaux-arts; Lausanne, 1754,
in- 8" de 137 pages.
ROCIIETTE (DÉSIRÉ Raoul), littérateur,
membre de l'Acadcmie des inscriptions et belles-
lettres de l'Institut de France, secrétaire perpé-
tuel de l'Académie des beaux-arts, professeur
d'archéologie et conservateur du cabinet des
Antiques de la Bibliothèque impériale, né à Saint -
Amand le 8 mars 1789, mort à Paris au mois
de juillet 1854, a publié un très-grand nombre de
mémoires concernant la numismatique, les anti-
quités et l'histoire ancienne, dont il ne peut être
question ici ; Raoul Rochelle n'est cité dans ce
diclionnaire biographique que pour les éloges de
quelques artistes célèbres qui ont été membres de
l'Académie des beaux-arts de l'Institut; parmi
ces éloges, on remarque : lo Notice historique sur
la vie et les ouvrages de Lesueur, lue à la
séance publique de l'Académie royale des
beaux-arts, le 5 octobre 1839; Paris, Firmin
! Didol frères, 1839,"in-4o de 22 pages. — 2° No-
\ tice historique sur la vie et les ouvrages de
Cherubini, lue dans la séance publique, le
7 octobre i9,i3 ; ibid., 1843, :n-4ode 32 pages. —
3° Notice historique sur la vie et les ouvrages
de Derton , lue dans la séance publique du
lOoctobre 1846 ; ibid., 1846, in-4'' de 27 pages.
; — 4" Notice historique sur la vie et les ou-
I vrages de Spontini, lue dans la séance publi-
que du 1 octobre 1852; ibid., 1852, in-4o de
' 24 pages.
ROCIILITZ (Frédéric), conseiller de la
i cour du duc de Saxe-Weimar, poëte et critique
; musicien estimé, est né à Leipsitk le 18 février
I
1770. Doué d'heureuses dispositions pour la mu-
sique et entraîné par un penchant irrésistible
, vers la culture de cet art, il e.ssayait de jouer les
' mélodies des cantiques religieux sur un vieux cla-
vecin, et parvint à connaître le clavier de cet
instrument à l'âge de neuf ans, avant qu'on lui
eût appris les noms des notes. Enfin il eut un
maître de musique qui n'eut pas de peine à lui
enseigner les principes de cet art et du clavecin.
Doles {voyez ce nom) , directeur de l'école de
Saint-Thomas, lui ayant trouvé une belle voix,
le fit entrer dans ce collège, et lui enseigna l'art
du chant et les éléments de l'harmonie, d'après
son système particulier. Cependant la famille de
Rochlitz, le destinant à l'étude de la théologie,
s'opposait à ce qu'il accordât trop de temps à
l'objet de sa prédilection ; l'élève de Doles ne
put se livrer qu'en secret à son goût passionné
pour l'art. Il écrivait, la nuit, des compositions re-
ligieuses qu'il faisait exécuter dans les églises
de Leipsick, sous le nom de Léopold Kozeluch,
et qui obtenaient l'approbation générale. L'arri-
vée de Mozart à Leipsick, et les liaisons deRoch-
litz avec ce grand artiste .achevèrent d'entraî-
ner celui-ci vers la culture d'un art qui ne devait
être que l'objet accessoire de sa destination :
niais par une force de caractère dont il y a peu
d'exemples, il se décida à ne pas s'occuper de
musique pendant les deux années qu'il consacra a
l'étude de la philosophie transcendante, évitant
môme d'en entendre. Un des objets importants
de cette philosophie même, l'esthétique, l'y ra-
mena, et son retour vers cet art fut marqué par
ce qu'il en dit dans son premier écrit intitulé :
Blicke in das Gebiet der Kunste und der
praktischen Philosophie (Coup d'œil dans le
domaine des arts et de la philoso|iliie pratique).
Gotha, Perthes, 1796, in-8''. Herder, à qui cet
ouvrage était dédié , lit l'éloge des principes qui
avaient présidé à sa rédaction, mais bJàma la
forme du livre, et Rochlitz reconnut plus tard
que la critique était fondée.
'282
UOCIILITZ — ROCHOIS
Di'S circonstances plus favorables permirent
à cet écrivain de se livrer sans contrainte à son
penchant pour la musique ; le premier fruit de
son loisir fut l'écrit qu'il fit insérer dans le Mer-
cure allemand du mois d'octobre 1798, sous ce
litre : Gedanken iiber die Zweckmœssige
Benutzung der Materie der Musik (Pensées
sur le bon emploi des matériaux de ia musique).
Le succès de cet opuscule parmi les musiciens
fixa leur attention sur Rocliiitz, Breitkopf, qui
venait d'entreprendre la publication de sa Ga-
zette musicale, l'engagea à prendre part à sa ré-
daction et à en diriger l'esprit. Les littérateurs
musiciens qui connaissent l'intéressante collection
de cet écrit périodique, avouent que le temps le
plus brillant de sa durée fut celui où Rocliiitz y
prit une part active. Il y a fourni un grand
nombre d'articles, parmi lesquels on remarque
ceux-ci : lo Anecdotes garanties de la vie de
W.-A. Mozart, t. I, p. 17, 49, 81, 113, 125,
177. — T Sur l'effet nuisible supposé résulter
du jeu de l'harmonica, ibid., p. 97. — 3° Quel-
ques mots concernant la réunion de la poésie à
la musique," etc., ibid., p. 433. — 4o Essais sur
l'histoire de la musique actuelle, ib., p. 625. —
50 Diversité des jugements sur des productions
musicales, ibid., p. 497. — 6" Lettres à un jeune
compositeur (sur divers sujets de critique musi-
cale), t. II, p. I, 17,20, J7, 161, 177. — 70 Pa-
rallèle (Ve Raphaël et de Mozart, ibid., p. 6il.
— 8° Motif du mùr examen d'un article de foi
musicale, t. III, p. 677. — 9» Sur les diverses
manières des compositeurs qui écrivent pour les
voix, ibid. — 10° Souvenirs de Faustine Hasse,
ibid., page 805. — 11" Souvenirs d'Elisabeth
Mara, t. IV, p. 465. — 12° Fragments d'un ou-
vrage inédit, intitulé: Ferdinand, oiiVÉduca-
tion d'un musicien, t. V, p. 1. — I30 Sur le
goût des compositions, particulièrement de celles
de J.-S. Bach, pour le piano, ibid., p. 310. —
14° Sur sainte Cécile et sa fête, t. YI, p. 97 et
113. — 150 Visite à la maison des fous : ce mor-
ceau intéressant remplit en partie les nos 37^ 40,
41 et 42 de la mCmc année. — 16" Sur le bon
emploi des moyens de l'art musical, tome VIII,
p. 3, 49, 193, 241. — 17<» Sur les musiciens
aveugles, t. X, p. 209. — I80 Dialogues sur
l'opéra, ibid., p. 337 et 339. Après la dixième
année (1809), Rocliiitz cessa de coopérer à la ré-
daction de la Gazette musicale de Leipsick. A
«elle époque, il parut avoir renoncé aux travaux
reîalifs à ia musique, et son silence se prolongea
jusqu'en 1824: alors parut de lui un livre (;ui,
par le citarme du style et l'ardent amour de l'art
qui y est empreint, excita un vif intérêt en Al-
meagne. Ce livre a pour titre : lûr Frcunde
der Tonkunst (Pour les amis de la musique) ,
Leipsick, Cnobloclr, 18:î4-1825, 1830-1832, 4
vol. in-80. Les deux premiers volumes ayant été
épuisés avant l'impression du troisième, ont été
réimprimés en 1830. Recueil de moiceanx dé-
tachés, cet ouvrage renferme des notices biogra-
phiques et caractéristiques sur quelques artistes
et écrivains célèbres sur la musique, tels que
Hiller, Mme Mara, Romberg, Hoffmann, Nau-
mann, Fesca, Faustine Hasse, Charles-Pliilip|)e-
Emmanuel Bach, etc.; des analyses esthéti<|ues
de plusieurs grandes compositions ; quelques
morceaux historiques ou de fantaisie sur diverses
parties de l'art, et un choix des articles précé-
demment insérés dans la Gazette musicale de
Leipsick. La dernière publication de Rochlilz est
un recueil de compositions historiques et classi-
ques, intitulé : Collection de morceaux de
chant tires des maures qui ont le plus con-
tribué awiP progrès de la musique, et qui oc-
cupent xm rang distingue dans rhisioire de
cet art; choisis et arrangés chronologique-
ment avec des notes historiques et autres;
Mayence, Scliott, gi'and in-4''. Deux volumes de
cette collection en Irois parties ont paru. Rochlilz
est mort à Leipsick le 16 octobre 1842, à l'âge
de soixante-douze ans.
ROCHOIS ou LE ROCHOIS (M"" suii-
the), célèbre actrice de l'Opéra, au temps de Lulli,
naquit à Caen en 1650. Devenue orpheline dès ses
premières années, il ne lui resta qu'un onclt>, qui
prit soin de son éducation ; mais ayant perdu ce
protecteur, le seul qui lui fût resté, elle se vit
contrainte de chercher dans la belle voix dont la
nature l'avait douée une ressource contre la mi-
sère et d'accepter les propositions qui lui étaient
faites pour entrer à l'Opéra. Lulli lui fit donner
des leçons de chant , et la lit débuter en )<)78.
Le premier rôle oii elle se fit rcmaïquer fut celui
à'AréIhuse, dans Proserj)ine,en 1&80; mai.s ce
fut surtout dans Armide qu'elle parut actrice ex-
cellente. Bien que sa taille fût |)eti avanlageuse
et que sa (iiiure eût les traits communs, elle pa-
raissait belle à la scène par l'expression de ses ac-
cents et l'animation de son jeu. Retirée en 1098,
après avoir joué pour la dernière fuis dans l'iiu-
rope galante, \e 24 octobre 16y7,e!leeut une pen-
sion de mille francs sur l'Opéra qui, réunie à une
autre quelle tenait du duc de Sully, son ancien
amant , et à quelques économies, la uut en état de
vivre alternativement dans une maison de campa-
gne qu'elle possédait à Sartrouville-sur-Seine, à'
quatre lieues de Paris, et dans celte ville, où elle
mourut le '.) octobre 172S, à l'âge de soixante-
dix-huit ans. Ses conseils formel enl les talents de
M"*' Journet et Anticr, actrices de l'Opéra
I
ROCOTJR — RODE
283
ROCOUR on ROCOURT ( Pierre DE), prê-
tre, ainsi nommé parce qu'il était né au villagede
Jloconii , près <le Liège, fut diantre prébende à
la catliédrale de cette ville, dans la première
moitié du seizième siècle. On a de lui un recueil
de motets à 4 voix intitulé : Moteciorum (jua-
luor vocum liber prunus, auciorc Peiro Ro-
curtino presbitèro cantoreque catlicdr. Lcod.
Lovanii, excudebat Jacobus Batius tijpogra-
phus a Cxs.Ma. admis.sus, 1040, petit in 4 "obi.
On trouve aussi des compositions de Pieire de
lîocour dans le& recueils intitulés : 1° Chan-
sons à h parties , anrqnelles sont contenues
XXXI nouvelles chansons, convenables tant
à la voix comme aux instruments. Livre I. Im-
piiuiée,s en Anvers, par Tyluian Susato,etc., 1543,
in -4" — 1" Le XI" livre contenant A'A'iA' c/ian-
sons amoureuses à k parties, etc., ibid., 1549,
ia-4". Il est assez remarquable que tous les com-
positeurs de ces cliausons amoureuses. Clément
(non papa), Tli. Créquillon, J. Castileli (alias
(iuiiot), Josquin Baston, Crespel, Christianus de
Hollande (<ic), de Uocour, et Josquin Deprès,
<;taieut ecclésiastiques. — 3° Cantiones sacrx;
quasvul/jo Moteta vacant ex opiimis quibus-
que hujus'H'tatis Musicis selectx. Libriquatuor;
ibid., 154G-1547, in-4". Le nom de Pierre de Ro-
cour est écrit dans ce recueil Roucourt.
RODE (Pierre) (1), violoniste célèbre, naquit à
Bordeaux, le 26 février 1774. l'auvel aîné (voyez
ce nom) fut son premier maître de violon en 1782,
et lui donna des leçons pendant six ans. Arrivé
à Paris eu 1788, et alors ;\gé de quatorze ans. Rode
joua un concerto de violon devant le célèbre cor-
niste Punlo qui, charmé de ses heureuses dispo-
sitions, le présenta à son ami Viotti. Ce maître
l'accueillil avec le plus grand intérêt, et en-
treprit de perfectionner son talent par ses leçons.
En 1790, ce grand artiste le fitdébuler au théâtre
de Monsieur, dans i'entr'acte d'un opéra italien :
Rode y joua le treizième concerto de son maitre.
Dans la même année, il fut attaché à l'excellent
orchestre du théâtre Feydeau, en qualité de chef
des seconds violons, quoiqu'il ne fût âgé que de
«eize ans. Ce fut à cette époque qu'il exécuta à
ce théâtre pendant les concerts de la semaine
sainte, les3'"e, ISme^ i4rae, 17111e et 18"ie concer-
tos de Viotti. La beauté de cette dernière compo-
sition fut vivement sentie; l'exécutant et l'auteur
eurent une part égale au triomphe que le public
(1) Cette notice, publiée dans la Reoue musicale (t, X,
p. 17S-178) en 18SO, a été traduite et reproduite depuis
lors dans plusieurs ouvrages allemands et anglais. Je crois
devoir faire cette déclaration, afin qu'on ne m'accuse pas
(l'avoir emprunté à ces livres la forme de ce morceau aliisl
que les faits.
décerna, en manifestant le désir de l'entendre dar.s
trois concerts consécutifs. Rode conserva sa place
au théâtre Feydeau jusqu'en 1794, et ne la quilta
(pie pour entreprendre un voyage en Hollande et
à Hambourg, avec le célèbre chanteur Garât. De
Hamt)ourg il .se rendit à Berlin, où il joua devant
le roi Frédéric-Guillaume H. ,De retour à Ham-
Ixiurg, il s'y embarqua pour aller à Bordeaux;
mais une tempête le jeta sur les côtes d'Angle-
terre. Si près de Viotti, il voulut le revoir et se
mit en roule pour Londres. Le désir de s'y faire
entendre en public l'occupait beaucoup; mais sa
qualité de Français était un obstacle au suc-
cès qu'il voulait obtenir. H crut l'écarter en don-
nant un concert au bénétice des veuves et des
orphelins; mais il ne put y réunir qu'un audi-
toire peu nombreux. Bientôt, dégoilté d'un peuple
qui n'avait pas su mieux apprécier son talent que
celui de son illustre maitre, il retourna de nou-
veau à Hambourg, d'otj il revint en France par
ia Hollande et les Pays-Bas, donnant partout des
concerts qui augmentaient sa renommée. Loisqu'il
arriva à Paris, le Conservatoire venait d'être ins-
titué pai un décret de la Convention ; il y fut atta-
ché en qualité de professeur de violon, mais il ne
.s'arrêta pas longtemps en cette ville, car bientôt
il partit pour l'Espagne, après s'être (ait enten-
dre avec im succès éclatant aux fameux concerts
de Feydeau. Arrivé à Madrid , Rode s'y lia d'ami-
tié avec Boccherini, qui écrivit pour lui l'instru-
mentation de plusieurs concertos, particulièrement
du sixième, en si bémol. De retour à Paris eu
1800, il fut attaché à la musique particulière du
premier consul , en qualité de violon solo. Cette
époque fut la plus brillante de son talent et de
ses succès. Parmi les artistes et les amateurs qui
assistèrent alors aux concerts donnés à l'Opéra par
la célèbre cantatrice Grassini, il n'en est point
qui ne se rappelle l'effet prodigieux qu'il pro-
duisit dans son septième concerto, alors dans sa
nouveauté.
Cédant à des propositions avantageuses qui lui
étaient faites par la cour de Russie, Rode partit
en 1803 pour Saint-Pétersbourg avec son ami Boiel-
dieu. Arrivé dans cette capitale, il fut présenté à
l'empereur Alexandre, qui le nomma premier vio-
lon de sa musique, sans lui imposer d'autre obliga-
tion que celle de se faire entendre dans les concerts
de ia cour et à ceux du théâtre impérial. Son
début dans cette cour produisit une sensation dif-
ficile à décrire. Ses succès s'accrurent de jour en
jour pendant les cinq années de son séjour en Rus-
sie. Il reparut à Paris, vers ia fin de 1808, dans
un concert qu'il donna à l'Odéon. Malgré ses
longs voyages, le souvenir de son beau talent
était encore trop récent pour qu'on laissât échap-
284
RODE
|ior l'occasion de ronloiulre : il y eut à ce concerl
une affliionce extraordinaire de curieux et d'ama-
teurs vérilablcs. Il faut le dire , l'attente de cet
auditoire ne se trouva pas complètement réalisée.
C'était toujours la même pureté de son, la même
élégance d'archet, le même goût; mais Téclat et
la verve du style avaient diminué depuis les con-
certs de M™' Grassini. Rode.sans doute, fut blessé
de n'être plus applaudi avec le môme enthousiasme
qu'autrefois, car ce fut la dernière fois qu'il joua
dans un concert public à Paris. Ses amis seuls
eurent encore le plaisir de l'entendre, et ce plai-
sir élait bien vif, car rien n'était plus séduisant
que ses quatuors exécutés par lui , etaccompagnés
par Baillot et de Lamarre.
Fatigué du silence auquel il s'était (Condamné ,
et avide de succès , il partit de nouveau pour
l'Allemagne en 1811, et parcourut l'Aulriclie, la
Hongrie, la Styrie, la Bohême, la Bavière et la
Suisse. Ce fut pendant ce voyage et lorsque Rode
élait à Vienne, que Beethoven écrivit pour lui la
délicieuse romance de violon et orchestre que Bail-
lot a fait entendre longtemps après avec tant de
succès dans les concerts du Conservatoire. En
1814, Rode se fixa à Berlin et s'y maria. A son
arrivée dans cette ville , il donna un concert au
bénéfice des indigents : depuis lors il vécut dans
la retraite, au sein de sa famille. Quelques af-
faires, des arrangements de fortune le retenaient
loin de sa patrie; dès qu'il les eut terminées, il
alla s'établir à Bordeaux, qu'il ne quitta plus, si
ce n'est pour un voyage à Paris, en 1828. I-'atal
voyage, qui hâta la mort d'un artiste si juste-
ment célèbre! Depuis plus de douze ans, la publi-
cation de quelques ouvrages était le seul point
de contact qui fût resté entre lui el le public : ses
amis seuls avaient le privilège de l'entendre , et
par une illusion de l'amitié , se persuadaient qu'il
n'avait rien perdu de son talent : lui-même le
croyait. L'habitude de n'enlendre que lui, et consé-
quemment l'absence de moyens de comparaison,
avaient fini par éteindre cette vive émulation qui
conserve et grandit le talent. Rode avait conçu
tout à coup le projet de reparaître sur la scène
du monde musical : il alla chercher avidement à
Paris les occasions de se faire entendre, comme
aurait pu le faire un jeune homme de réputation
naissante. Ce fut d'abord une fête pour ses an-
ciens admirateurs; mais bientôt ce fut avec ef-
froi qu'ils virent compromettre un si beau nom,
lin talent si réel. L'intonation, jadis .si pure et
81 belle, était devenue douteuse ; l'archet élait ti-
mide comme les doigis; l'élan, la fougue, la sû-
reté même de l'expérience, qui remplace l'audace
de la jeunesse, tout avait disparu. Il élait évi-
dent que, malgré ses iilusionR, Rode n'avait plus
en lui-même la confiance d'autrefois; et l'on sait
ce que vaut celle confiance que les hommes de
talent tirent du sentiment de leur valeur ; lors
qu'elle est ébranlée, tout dis|)ar.iîtavec elle. Pleins
de respect pour une grande renommée, les artis-
tes applaudirent encore aux derniers efforts d'im
beau talent, mais par devoir seulement, et sans
conviction comme sans entraînement. Rode aper-
çu! la différence de ces applaudissements el de
ceux qu'il recevait autrefois : alors une affreuse
hmiière vint éclairer son esprit, el pour la pre-
mière fois il comprit qu'il n'était plus lui-même.
Le coup fut d'autant plus sensible qu'il était inat-
tendu. L'artiste s'éloigna de Paris le cœur navré
de douleur. L'échec que son nom venait de re •
cevoir devint la pensée de tous ses jours, le
songe de toutes ses nuits. Bientôt sa santé s'al-
téra. Une révolution subite s'opéra dans sa cons-
titution vers la fin de 1829; frappé d'une at-
teinte de paralysie qui mit dans l'inertie une par-
tie de son corps, et même attaqua le cerveau,
il ne sortit plus de l'état de langueur qui con-
sumait sa vie, et le 25 novembre 1830, il cessa
d'exister.
Malgré la susceptibilité d'artiste dont il a donné
de si tristes preuves vers la fin de sa vie. Rode
n'avait pas d'orgueil au temps de ses succès,
au temps ou son talent était le modèle du fini le
plus précieux uni à la chaleur la plus entraînante.
Ne parlant jamais de lui; admirant sincèrement
tous les artistes de mérite ; aimant passionnément
le beau, de quelque genre qu'il fût, jamais il ne
connut l'esprit d'intrigue ni la jalousie, mallieu-
reusement trop ordinaires dans la carrière des
arts. Une vive amitié l'unissait à Baillot, son ri-
val en talent : l'attachement que ces deux grands
artistes s'étaient voué ne .se démentit jamais. C'é-
tait vraiment un spectacle louchant que celui de
leur empressement à augmenter les succès de l'un
par l'autre. Rode devait-il se faire entendre quel-
que part, Baillot se réduisait au rôle de simple
accompagnateur; et quand venait le tour de Bail-
lot, Rode lui rendait le même service. Je me
rappelle encore ime cérémonie du Conservatoire
où Baillot fit entendre un de .ses tiios, accompa-
gné par Rode et Lamarre; la perfection ne fut
jamais pous.sée plus loin ; mais le dévouement
que ces grands artistes témoignaient l'un pour
l'autre était peut-être plus admirable encore.
Comme compo.sileur pour son instrument. Rode
mérite d'occuper une place parmi les plus dis-
tingués. Son instruction dans l'art d'écrire avait
été négligée, et d'abord il dut avoir recours à ses
amis pour instrumenter ses concertos; mais ses
mélodies ont une suavité remarquable, le plan de
ses compositions est bien conçu, et se.« traits ont du
4
RODE
285
brillant et de l'originalité. Ses quatuors, qui se com-
posent d'une partie brillante de premier violon,
accompagnée d'un second v1olon,d'un alto et d'une
fiasse, n'ont pas eu moins de succès que ses concer-
tos, lorsqu'ils étaient joués par lui. Voici la liste de
ses ouvrages : 1" Concertos : 1er (en ré mi-
neur ) , Paris, Janet et Cotelle. 2n'e (en mi),
ibid. 3"'e (en soi mineur), Paris, Leduc. 4">e(en
la), Paris, Jauet et Cotelle. b^*^ (en ré), ibid.
Onie(en si bémol), ibid. 7"'e(en la mineur),
Paris, Frey (Ricbault). s^e (en mi mineur),
ibid. gmc (en ut), MA. lO^^ {Souvenir aux
am,is de Stalgen, en si mineur ), ibid. —
2 Quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 14, 15, 16, Paris, Ricbault. — 3" Quatuors
lirillants idem, n»» 1, 2, 3, 4, op. 24 et 25, ibid.
4" Thèmes variés avec orcbestre . n» t (en
mi majeur), op. 10, ibid. n» 2 (en la majeur),
op. 21, ibid. n*' 3 (air allemand), op. 25, ibid.
n» 4, op. 26, ibid. — 5" Thèmes variés avec
quatuor : n» 1, op. 9, ibid. n» 2, op. -12, ibid.
no 3, ibid. no 4, op. 28, ib. — 6" Fantaisie,
pour violon et orchestre, op. 24, ibid. — 7o Ca-
vatine et rondeau, avec quatuor, op. 2S, ibid.
— 80 Duos pour deux violons : 1er livre, Paris,
Leduc. 2me livre, op. 18, Paris, Ricbault. S»»* li-
vre, Berlin, Lisclike. On a aussi du même artiste
quelques morceaux détachés, tels qu^andante ,
rondeaux, etc.
RODE (Je<\n-Godefroid) , chef de musique
des chasseurs de la garde du roi de Prusse, à
Potsdam, naquit le 25 février 1797 à Kirchschei-
dungen, près de Laucha (Saxe prussienne). Les
«Méments de la musique théorique et pratique lui
furent enseignés jusqu'à l'âge de quatorze ans
par le cantor et organiste Lœwe; puis il alla à
Eisenberg,.chez Schnorr, directeur de musique
de la ville, et y apprit pendant cinq ans à jouer
du cor, sur lequel il acquit une habileté remar-
quable, du violon, de la flûte, de la clarinette et
de la trompette. Au mois de février 1817, il entra
dans les chasseurs de la garde royale, en qualité
de premier cor solo. Ce fut alors qu'il devint
élève de Zelter pour l'harmonie et qu'il com-
mença à écrire, pour le cor et pour la trompette,
des concertos, duos, quatuors et polonaises qu'il
exécuta dans les concerts à Berlin jusqu'en 1827.
Appelé alors à la direction de la musique des
chasseurs de la garde à Potsdam, il cessa de se
faire entendre, ne s'occupant plus que du per-
fectionnement du corps de musique confié à ses
soins, et de l'arrangement d'une immense quan-
tité de musique pour les instruments à vent. Le
nombre de ces ouvrages s'élève à 100 opéras en-
tiers, 100 ouvertures tirées d'autres opéras, 300
valses de Lanner, Strauss, Labitzki, plus de 800
marches, outre une quantité considérable de
pièces de chasse; enfin, on porte à 3,000 mor-
ceaux le nombre d'ouvrages composés ou arran-
gés par cet artiste aussi distingué que laborieux.
Le 19 mai 1853, le roi Frédéric-Guillaume IV le
nomma directeur de sa musique de chasse. A
diverses époques. Rode reçutdes distinctions, des
cadeaux et des médailles en récompense de ses
travaux : c'est ainsi que l'empereur Nicolas I" lui
envoya une riche tabatière d'or, en 1833, pour
300 pièces de chasse écrites par l'artiste pour son
service. Rode a formé plusieurs cornistes de ta-
lent, parmi lesquels on remarque son troisième
fils, E. Jacobi, Reinicke, Strohmann, Wagner et
Schœfer. Il est mort à Potsdam le 8 janvier 1857.
RODE ( Théodore), fils atné du précédent,
professeur de musique, compositeur et écrivain
sur son art, est né à Potsdam, le 30 mai 1821.
Son père ne le destinait pas h la musique et dé-
sirait qu'il s'adonnât aux sciences ; mais les dis-
positions naturelles de celui qui est l'objet de
cette notice en décidèrent autrement. Dès son
enfance il apprit à jouer du piano, du violon, de
la flûte et du cor, sous la direction de son père ;
plus tard, il reçut des leçons de Wiedemann,
directeur de musique, pour le piano et la com-
position. Ayant été admis en 1838 au séminaire
des instituteurs de Potsdam, il continua ses études
de contrepoint et d'orgue avec le professeur
Schicrtiich. Sorti de cette institution en 1841,
il obtint une place de professeur dans une
école de garçons à Berlin, et la conserva jusqu'en
184i. Pendant ces trois années, il suivit les cours
de philosophie et de philologie à l'université, et
compléta son instruction dans la théorie de la
musique chez le professeur Dehn. Depuis 1844,
M. Rode s'est livré à Berlin à l'enseignement de
cet art ainsi qu'à la composition, et a fourni des
articles de critique et autres à divers journaux,
notamment au Aeue Zeitschrift fur Mxisik, de
Leipsick, et à la Nouvelle Gazette musicale de
Berlin (Bole et Bock). Parmi ses compositions,
on remarque des sonates de piano, des morceaux
de musique militaire et de chasse, des cantates,
des motets. Dans les années 1848 à 1852 il a
rempli les fonctions de directeur de musique à
l'église Saint-Matthieu. Ses écrits sur la musique
sont ceux dont les titres suivent : lo Zur Ge-
schichte der K. Preuss. Infanterie und Jxger-
Musik (Pour l'histoire de la musique d'infan-
terie et de chasseurs dans le royaume de Prusse) ;
lettre à M. \V. Wieprecht, musicien de la
chambre et directeur de la musique des gardes
du corps, extraite des numéros 15, 16 et 17 du
dixième volume du ISeue Zeitschrift fiir Mu-
s%Leipsick,C. F. Kahnf. ISSS.in-S'deSO pages.
286
RODE — RODIO
— 20 Eine neue Regiments-Homisten-Infan-
terie 3/twifc (Nouvelle musique décors pour l'in-
fanterie, etc.), il>itl- in-So de 30 pages, — 3" Die
russische Jagdmusik (La Musique <ie chasse
• russe ), dans le bOc volume de Neue Zeitschrift
fur Alitsik (no 22). —4° Ueber Anbahnung ei-
geseinheitUchen Cjioralspiels und Choralge'
songes in dcn evangelischen Kirche (Sur la né-
cessité d'introduire l'unité du chant choral et de
son accompagnement dans les églises évangéli-
ques), ibid. t. 51, no 13. — 50 Esquisse de l'as-
semblée des musiciens allemands iiLeipsick ( Nou-
velle Gazette musicalede Berlin, 1 3*^ an née, no 23).
6° — Essai sur le diapason normal ( ibid. no 23 ).
— 70 Sur l'introduction d'un diapason normal
dans la musique (ibid. nos 43 et 44 ). — 80 La
musique de chasse russe, esquisse ( ibid. n» 36 ).
— 90 Pour l'histoire de la musique de chasseurs
et de cavalerie dans le royaume de Prusse ( ibid.
14e année, no»6 et 7). — 10" Sur la signification
du titre : Directeur de musique (Md n» 15). —
1 10 Sur l'histoire du cor ( ibid nos 31 et 32 ). —
12° Henri-Auguste Neitliardt (voyez ce nom)
ibid. no 33.
RODEWALD (Joseph-Charles), né le 11
mars 1735, à Seitscli,en Silésie, étudia à Berlin
le violon chez François Benda,et reçut des leçons
de Kirnberger pour la composition. En 1762, il
entra au service du landgrave de Hesse, à Cassel,
et se fil estimer par son double talent de violo-
niste distingué et de compositeur. Lorsque le
landgrave changea son orchestre pour le com-
poser presque entièrement de musiciens français,
Rodewald futdu petit nombre d'artistes allemands
qui demeurèrent à Cassel. le prince rendit jus-
tice à son mérite en le nommant maître de musique
du prince héréditaire, qu'il suivit à l'université de
.Marl)ourg, en 1789. Quelques années après, Ro-
dewald obtint la pension de retraite, avec le titre
de maître de concerts du landgrave de Hesse-
Cassel, et alla se fixer à Hanau. Il mourut dans
celle ville le II juillet 1809, à l'àgc de soixante-
seize ans. On a gravé de sa composition en 1788
un Slahat Mnter, qui obtint dans la nouveauté
tm succès d'enthousiasme. Rodewald a composé
aussi pour le théâtre de Cassel un opéra-comique
français, et ()our le service de la cour, beaucoup
«le musique instrumentale qui est restée en ma-
nuçcrit.
HODIO (Rocco), savant contrapuntiste et
écriTain didactique, naquit en Calabre, vers 1530
ou 1532 (1). En 1589, il publia la deuxième édi-
(1) J'ai fixé trop tard l'époque de la naissance de Rodio,
dan* U première édition de cette Biographie, en la met-
tant en 1550. J'en ai acquis la prcuTC par une lettre de
(jimllle Malfel ( loye j ce nom), qui se trouve dans son
tiond'un recueil de ses compositions réiinios à cel-
les de Jean-François délie CasIeUe, de l'rançois-
AntoiiieVillani, et dequeiqires maîtres napolitains.
Il vivait à Naples en IGOI {voyez, la l'rallica
viusica de Cerreto, p. 156), et était alors âgé de
soixante-neuf ou soixante-Jix ans. Hodio est »n
des premiers maîtres qui ont donné des règles et
des exemples pour faire le contrepoint improvise
sur le plain-cliant appelé par les Italiens contrap-
punto da mente, dans un traité de musique
dont la date de la première édition n'est pas
connue jusqu'à ce jour, mais qui doit être 1600
ou 1601, car Cerreto, dont la Prattica musica
fut imprimée dans cette dernière année, dit( lib. 4,
cap. I , pag. 243) : Benche Rocco Rodio
trattando di questo fatto nrl suo lihro inti-
tolato Regole di musica... novamente staju-
poto, etc. La seconde édition a pour titre : Re-
gole di musica di Rocco Rodio sotfo brevissime
risposte ad alcuni dubbj propostigli da un
cavalière, intorno aile varie opinioni de' con-
trapwntisti. Con la dimosfraiione di tutti i
canoni sopra il canfo fenno, con U contra-
punti doppj e rivollati, e loro regole. Aggion-
tovi un' altra brève dimostralione de' dodici
tuoni regolari. Edi nuovo Don Batt. Olifante
agginntovi un Tratfato di pr-oportioni nc-
cessarie a dette libro. Ristampato in Napoli,
1609, in-4o. Une tioisième édition a été publiée
sous ce titre plus simple : Regole per far con-
trappunto solo e accompagnato nel canto
fenno, Naples, 1626, in-40.
Les éditions des compositions de Rodio sont
d'une rareté excessive. L'abl)é Santini a mis en
partition, d'après un recueil de ses messes, im-
primé à Naples en i580, celles qui ont pour ti-
tres : 1" In dominicalibus, à 4 voix ; — 2" Fac
tibi, idem; — 3o Jn minoribus duplicibus,
idem ; — 4° Sancie Alphonse, idem ; — 5° Ma-
ter patris, à 4 voix semblables; — 6» Sancta
Maria, à 5 voix;— "0 Ultimi miei sospiri, idem ;
— 80 Descendit Angélus, idem ; — 9° Missa
de Reata Virgine, à 5 voix : celle-ci est fort
remarquable en ce qu'elle peut être chantée à
4 voix, si l'on supprime la partie du quinto, ou à
3 voix égales en supprimant aussi le superius,
ou enfin, à 3 voix supérieures si l'on supprime
le quinto et la basse. Cette combinaison est un
livre raritsime sur la voix et l'art du chant {publié
en 156S ), page 181. Cette lettre, adressée il Rodio lui-même,
est remplie de tcroolgnages d'admiration pour se» ouvra-
ges. Or, suivant la date approximative que J'avais cru de-
voir adopter, Rorcp Hodlo n'aurait été qu'un enfant de
douze ans quand le livre de Maffei fut Imprimé, ce qui
est inadmissible, puisqu'il était dtjà, des lors, compositeur
renomme et qu'il charmait ( suivant los expressions de l.i
Icllrej la ville de Maples par la douceur de son liarroonie.
RODIO
RODOLPHE
287
véritable tour de force; — 10° Messe Adieu
mes amours, à 6 voix.
RODOLPHE, ou plutôt RUDOLPHE
(JEAN-Jo8Ei'H),né à Strasbourg, le 14 octobre 1730,
reçut de son père les premières leçons de musi-
que, et apprit à jouer du violon et du cor dès l'âge
de sept ans. Déjà fort habile sur ce dernier ins-
trument avant d'avoir atteint sa seizième année,
il se rendit alors à Paris, et continua l'étude du
yiolon sous la direction de Leclair. Plus tard,
il fut altacbé aux orchestres de Bordeaux, de
Montpeliier et de plusieurs antres villes du Midi
delà France, en qualité de premier violon. Vers
175'», il entra au service du duc de Parme.
Traetta, qui était alors directeur de la musique
de ce prince, écrivit pour Rodolphe le premier
accompagnement de cor obligé dans un air
chanté par la cantatrice Pctraglia. Le même com-
positeiM' lui enseigna les principes de l'harmonie
et du contrepoint. Kn 1760, Rodolplie quitta la
musique du duc de Parme, pour entrer dans
celle du duc de Wurtemberg, à Sluttgard. Jo-
melTl .se trouvait alors en cette ville : il consentit
à compléter par ses leçons l'instruction du vir-
tuose. Ce fut à Stutfgard que Rodolphe fit ses
premiers essais de composition, en écrivant la
musique de plusieurs ballets de Noverre, parti-
culièrement de ceux-ci : 1" M<'dce et Jason,
ballet héroïque. — 2° Psyché, idem. — 3» fM
Mort d'Hercule, idem. — 4° Armide, idem. En
1763, il retourna à Paris, et entra dans la mu-
sique du prince de Conti : deux ans après, il fut
attaché à l'orchestre de l'Opéra, et ce fut encore
lui qui, dans un air de Boyer {Amour, sous ce
rimU ombrage ) chanté par Legros, fit entendre
pour la première fois à ce théâtre un accompa-
gnement de cor concertant. Admis en 1770 dans
la musique des petits appartements du roi, il
entra qtiatre ans après dans la chapelle royale.
Vers cette époque il proposa au ministre Amelot
le plan d'une école de musique que M. de Bre-
teuil réalisa par les conseils de Gossec, en 1784 :
Rodolphe y fut attaché, en qualité de professeur
d'harmonie. C'est pour cette école qu'il écrivit le
solfège et le traité d'accompagnement dont il
sera parlé tout à l'heure.
La révolution de 1789 fit perdre à cet artiste
la plupart de ses places el de ses pensions ; en
dédommagement, il obtint sa nomination de pro-
fesseur de solfège au Conservatoire, dans le mois
d'octobre 1799. Trois ans après, il dut demander
lui-même sa retraite à cause du mauvais étal de
sa snnté; mais Sarrette, directeur du Conserva-
toire, obtint pour lui du premier consul une pen-
sion de douze cents francs. Rodolphe mourut à
Paris, le 18 août 1812, à l'âge de près de quatre-
vingt-deux ans. Pendant plusieurs années il avait
été attaciié comme violoniste à l'orchestre <lu
Théâtre -Français,
Rodolphe s'est fait connaître à Paris comme
compositeur, par les ouvrages suivants : 1» Le
Mariage par capitulation, opéra-comique en
un acte, à la Comédie italienne, en 17fi4. —
20 L'Aveugle de Palmyre, au même théâtre^
en 1767. — 3o Ismenor, pour le mariage du
comte d'Artois, à Versailles et à l'Opéra, en
1773. — 40 Premier et deuxième concertos pour
le cor, Paris, Sieber, Bailleux. — 5" Fanfare*
faciles pour deux cors, Paris, Sieber. — 0" Vingt-
quatre fanfares pour 3 cors, Paris, Bailleux. —
7" Duos pour deux violon.-», l<"r, jtne et 3"ie li-
vres, ibid. — 8° Études pour le même instra-
raent, ibid. — 9^ Étude, composée de trente
morceaux de différents genres pour le violon, à
l'iLsage des commençants, Paris, Pleyel. Mais
c'C't surtout à son solfège que Rodolphe doit la
célébrité dont il jouit encore en France. La pre-
mière édition de cet ouvrage fut publiée en
178C, à Paris, chez Boyer, sous ce titre : Solfè-
ges divisés eji deux parties : la première con-
tenant la théorie de la musique; la seconde,
avec la basse et les gradations nécessaires
pour parvenir aux difficultés. En 1790, l'au-
teur de cet ouvrage en publia tme deuxième édi-
tion, et la dédia .i la nation : elle parut chez Na-
derman. Plus de trente autres ont suivi celle-là,
et le calcul qui porte à près de deux cent mille
le nombre d'exemplaires qu'on en a vendu n'i-st
point exagéré. Un tel succès, dont il n'y a point
d'autre exemple parmi les livres éli>mentaires de
musique, semblerait indiquer un mérite remar-
quable dans la conception de l'ouvrage ; cepen-
dant il serait difficile d'imaginer rien de plu»
médiocre ; car on n'y trouve ni logique, ni mé-
thode dans l'exposé des principes; le style en
est pitoyable, et les leçons y sont aussi mal gra-
duées que mal écrites pour les voix. Mais ce sont
précisément les défauts de ce livre qui firent son
succès à l'époque où il parut ; car l'ignorance des-
musiciens français, et surtout des maîtres de
province, s'accommodait fort bien de la manière
empirique de Rodolphe, qui les dispensait de rai-
sonner avec leurs élèves, ainsi que delà vulgarité
de son langage, analogue à la poiléede leur esprit,
et de la facilité des leçons pratiques, mieux
adaptée à leur capacité que celles d'ouvrages plus
savants. Plus instruits, plus habiles aujourd'hui,
ils rejettent ce solfège, dont la vogue a diminué
progressivement. Toutefois il lui reste encore
quelques sectateurs parmi les maîtres de pro-
vince. La Théorie d'accompagnement et de
composition , à l'usage des élèves de l'école na~
288
RODOLPHE — nORDER
iionale de viusique, publiée par Ro(lol|)he, à
Paris, en 1799, chez Naderman, iii-folio, est
encore plus au-dessous de la critique que son
soirëge.
RODOLPHE (Antoine). Voyez RUDOL-
PHE.
RODRlGUEZ(RoDERicus Sancils, ou San-
CHEZ DE Arevalo), évêquc de Zamora, naquit,
en 1404, à Santa-Maria de Nieva, au diocèse de
Ségovie, d'une ancienne famille de la Vieille Cas-
tille. Après avoir fait de brillantes études à Sala-
manque, il y enseigna le droit civil et canonique ;
mais il quitta la carrière de l'enseignement pour
entrer dans l'état ecclésiastique. Ses talents et sa
naissance relevèrent bientôt aux premièr.s di-
gnités ecclésiastiques. D'abord archidiacre de Tre-
vino, puis doyen du chapitre de Léon et de celui
deSéville, il devint successivement évoque d'O-
viedo, ambassadeur du roi d'Espagne près du pape
Calixle II, gouverneur du château Saint-Ange
à Rome, évéque de Zamora, de Calahorra et de
Palencia. Il mourut à Rome, le 4 octobre 1470,
à l'âge de soixante-six ans. Ce prélat est auteur
d'un livre inlitnié Spéculum vitse humanx, qui
a eu tant de célébrité, que dans le quinzième
siècle il s'en fit plus dé onze éditions. Ce livre est
lin traité de morale, où l'auteur examine les
avantages et les inconvénients de chaque profes-
sion. 11 y traite de la musique au chapitre trente-
neuvième du premier livre, et des chantres, au
quinzième chapitre du livre deuxième.
RODRIGUEZ (Jean), chantre de la ca-
thédrale de Salamanque, né dans cette ville vers
1460, est auteur d'un traité du plain-chant inti-
tulé : Tratado de canto llano, Salamanque,
1503, in-40.
RODRIGUEZ (Jean), moine portugais, né
dans les dernières années du quinzième siècle,
termina à Lisbonne, en 1560, un traité du plain-
chant intitulé : Arte do canto chad, dont le
manuscrit existait à Lisbonne dans une bibliothè-
que particulière, à l'époque où Machado écrivait
sa Bibliothèque lusitanienne.
RODRIGUEZ (Manuel), excellent orga-
niste et harpiste à Elvas, en Portugal, était atta-
ché à la chapelle du roi, à Lisbonne, au commen-
cement du dix-septième siècle, et s'y fit admirer
pendant plus de vingt ans. Il a publié de sa
composition un recueil de morceaux de musique
d'église arrangés pour les instruments, sous ce
titre : Flores de musica para instrumento de
iecla, e harpa, Lisbonne, Craesbeke, in-folio,
1000.
RODRIGUEZ DÉ HITA (D. Antoine),
prêtre espagnol qui vécut dans la seconde moi-
tic du dix-huitième siècle, fut d'abord maître de
chapelle de la c<ithédrale de Palencia, puis il alla
remplir les mêmes fonctions à l'église de VEn-
cnrnacion, de Madrid. Ce maître a écrit un
traité de contrepoint , dont plusieurs copies ma-
nuscrites sesont répandues en Espagne, mais qui
ne parait pas avoir été imprimé.
ROE (RicuAitti), littérateur anglais, a publié
dans WMonlhlij rei'/ewj (année 1824, juin, p. 96
et suiv.) une dissertation qui a pour titre: The
principîes of rhythm , both in Speech and
Music, especially in the mechanism of en-
glish verse (Les Principes du rhythme dans la
parole et dans la musique, particulièrement dans
le mécanisme ilu vers anglais).
- RCNECKEL (Edouard), pianiste, neveu de
Hummel, né à Vienne en 1814, a vécu près de
son oncle à Weimar pendant quelques années,
puis à Erfurt. Il a publié pour son instrument
des caprices, des Rêveries, des Romances sans
paroles, des Sérénades et des Mazourkes.
Auguste Roeckel, frère de cet artiste, a reçu
aussi son éducation de piani»te chez Hummel, à
Weimar, puis s'est fixé à Dresde, comme di-
recteur de musique d'une société de chant.
ROEDER (Jean-Michel), très-bon facteur
d'orgues à Berlin, né dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, vécut et travailla dans celte
ville jusqu'en 1740. Ses principaux ouvrages sont :
1° L'orgue de l'église Saint-Mcolas à Potsdam.en
1713. — 2° L'orgue de l'ancienne église de la gar-
nison à Berlin, dans la même année. — 3° Le
grand orgue de 32 pieds, dans l'église Sainle-Murie-
Madeleine à Breslau, composé de 56 registres,
3 claviers à la main, pédales, carillon, trom|)etle
et timbales, en 1725. Cet instrument est son
plus bel ouvrage. — 4" Le grand orgue de Hirsch-
berg, composé de 53 jeux, 3 claviers, pédales,
carillon, trompettes et timbales, en 1727. —
5" L'orgue de Grosburg, dans le comté de Briog,
en 1730. — «° Celui de l'église Notre-Dame à
Liegnitz. — 7° Celui de l'église rélbrmée, à Star-
gard. C'est aussi Rœder qui a construit le caril-
lon du clocher de l'église paroissfalcà Berlin,
sous la direction do l'organiste Weiss.
ROTIDER (Georges- Vincent), né en 1780 à
Ranunungen, dans la basse Franconie, reçut de
son père, instituteur dans ce lieu, les premièrts
leçons de musique, et fit de si rapides progrès,
qu'à l'âge de onze ans il jouait déjà de plusieurs
instruments et lisait toute espèce de musique à
première vue. Le clavecin était l'instrument qu'il
cultivait de préférence. Ayant été admis an
gymnasede Mannerstadt danssatreizièuie année,
il fut chargé des fonctions d'organiste dans l'é-
glise des Augustins. Ces moines dirigeaient le
collège : ils remarquèrent bientôt ses progrès
ROEDER — ROELLIG
289
dans les études littéraires, ainsi que le dévelop-
pement rapide de son talent musical dans l'exé-
cution des œuvres classiques , et voulurent le
faire entrer dans leur ordre; mais Rœder,
n'ayant pas de vocation pour la vie monastique,
résista à leurs sollicitations. Ses humanités étant
terminées, il se rendit à Wùrzbourg pour y sui-
vre les cours de l'université. Son habileté sur l'or-
gue l'eut bientôt fait remarquer et le fit admettre
gratuitement dans l'institut de Saint-Julien, où
les jeunes gens les plus distingués dans leurs études
étaient seuls reçus. Ce fut dans cette maison qu'il
apprit la composition, sous la direction de Kur-
zmj'.er. Pendant qu'il suivait les cours de droit
à l'université, il vécut en donnant des leçons de
musique lians les familles les plus opulentes.
Prenant part aux concerts qui se donnaient à
Wiirzhourg pendant la saison d'hiver, il y forma
son goût par l'audition des œuvres de Haydn et
de Mozart. En 1805, le grand-duc de Toscane
Ferdinand , frère de l'empereur François l",
étant devenu électeur de Wùrzbourg, forma une
nouvelle chapelle, à laquelle fut attaché Rœder,
qui venait de leVminer ses études. Plus tard, on
lui confia la direction de l'orchestre de l'Opéra :
cette position lui procura les moyens d'étudier
les plus belles productions de l'école italienne,
dont la bibliothèque du grand-duc était abon-
damment fournie. Rœder vécut dans cette posi-
tion jusqu'en 1814, où, par la cession du grand-
duché de Wùrzbourg, Ferdinand fut appelé au
trône de la Bavière : alors la chapelle fut dis-
soute, et Rœder fut mis à la pensipn. Il vécut
quelque temps dans la retraite, et ce fut à cette
époque de sa vie qu'il écrivit les messes solen-
nelles qui lui ont fait une belle réputation en
Allemagne. Le retentissement qu'eut le nom de
l'auteur de ces ouvrages en Bavière fit appeler
Rœder en 1830 à Augsbourg, en qualité de di-
recteur de musique. Au mois d'août 1839,1e roi
Louis de Bavière lui confia la direction de sa
chapelle. Cet artiste estimable vivait encore à
Munich en 1861 et était alors âgé de quatre-vingt-
un ans. Ses ouvrages principaux sont : 1° Messe
solennelle (en ut), pour 4 voix et orchestre, n" 1;
Munich, Falter. — 2° Messe solennelle (en ré)
idem, n" 2 ; ibid. — 3° Messe idem (en ut),
n° 3; ibid. — 4" Messe solennelle à 4 voix, chœur,
orgue et orchestre, n° 4, op. 35; ibid. — 5" Trois
messes semi-solennelles pour solos, chœur, or-
gue, 2 violons, alto et 2 contrebasses, avec les
instruments à vent et timbales ad libiiximj
Mayence, Scliotl. — 6° Te Deum à 4 voix solos,
chœur et orchestre; ibid. — 7° Psaumes des vê-
pres pour toutes les fêles de l'année, avec les
antiennes des quatre temps de l't^glise, à 4 voix
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VII.
chœur, orgue obligé, et orchestre ad libitum;
ibid. — 8" .Motet (Fracto dcmum) idem; ibid.
— 9° Psaumes des vêpres du dimanche pour
4 voix et chœur, 2 violons, alto, violoncelle, con-
trebasse et orgue obligés, cors, trompettes et
timbales ad libitum; op. 44 ; Munich, Falter.
— 10" Psaumes des vêpres des fêtes de la Vierge
idem., op. 45; ibid. — 1 1° ia Messiade, ora-
torio pour voix seules, chœur et orchestre, exé-
cuté à Augsbourg en 1831, puis à Stuttgard et à
Munich.— 12° Cxcilie (Sainte-Cécile), can-
tate idem, exécutée à Munich en 1839. —
13° Symphonie à grand orchestre; ibid. —
14° Z>5 .Suédois, grand opéra représenté à Pra-
gue, en 1842.
ROEDIGER (Jean-Christophe), né le 4 mai
1704, à Bischlcben, village du duché de Saxe-
Gotha, entra à l'âge de onze ans dans la chapelle
du duc de Gotha, comme enfant de chœur. La
beauté de sa voix' lui procura la protection du
prince, qui le lit instruire par un des meilleurs
musiciens de sa chapelle. A l'âge de vingt-trois
ans, il entra au service du prince de Schwarz-
bourg-Sondershausen ; il y resta jusqu'à sa mort,
arrivée le 5 mars 1765. Habile violoniste et
chanteur agréable, il était aussi compositeur
distingué, comme on peut le voir par quelques-
uns de ses morceaux insérés dans la collection
de musique d'église publiée [lar le maître de
chapelle Stœizel.
ROCIIM (JEAN-HuLDRiai), directeur de
musique et acteur à Francfort-sur-le-Mein, na-
quit à Eschborn, dans le district de Hanau, eu
1755, et débuta sur la scène en 1777. Il a com-
posé, pour les théâtres auxquels il fut attaché, ia
musique des opéras comiques suivants : 1° Dos
Testament (le Testament). — 2* Der Fassbin-
rfer (le Tonnelier). — 3° Der verliebte Maler
(le Peintre amoureux). — 4» Der Ziveite Hock-
zei7^a(7(le Second jour de noces). Retiré du théâ-
tre, Rœhm vivait à Francfort en 1790.
RCffiLLIG (Jean-George), né à Burghausen,
dans la Saxe, en 1710, eut pour premier maître
de musique Balthazar Grollmann, recteur de l'é-
cole de cette ville; puis il continua ses études à
l'école de la Sainte-Croix, de Dresde, sous la di-
rection de Reinhold, depuis 1727 jusqu'en 1735.
Bans le même temps, il prit des leçons de clave-
cin et de composition chez Hartwich. Ses liai-
sons avec quelques artistes de mérite, particu-
lièrement avec Zelenka, achevèrent de former
son talent. Après avoir passé quelques années à
l'université de Leipsick, il entra dans la cha-
pelle du prince d'Anhalt, à Zerbst. II a laissé en
manuscrit quatorze symphonies, vingt-six mor-
ceaux concertants pour divers instruments, six
19
290
ROELLIG — ROESER
trios pour llùle, violon et basse, et neuf trios
pour cor, hautbois et Iwisson.
Un autre artiste , désigné sous le nom de .
RœlUg le jeune, est connu par trois concertos
pour le clavecin, et douze trios pour clavecin,
violon et flûte.
R(£LLIG (CHARLfes-LÉ0P0LD),né à Vienne,
en 1761, s'adonna dès sa jeunesse à l'étude de
l'harmonica, et acquit sur cet instrument une
iiabileté remarquable. Le désir d'augmenter les
ressources de cet instrument lui ht entre-
prendre d'y appliquer un clavier, mais il le cons-
truisit de manière qu'on pût aussi le jouer par le
(rollement des doigts. Ce fut lui aussi qui ima-
i;ina de dorer les bords des cloclies, pour rendre
plus facile leur mise en vibration. Le désir de
se procurer ces cloches d'une bonne (jualité,
lui fit visiter les verreries de la Hongrie et de
la Bohème. Il y faisait faire des essais jusqu'à
<:e qu'il se fût procuré des cloches du son le
plus pur et le plus juste , dans un diapason
donné, pour tous les degrés chromatiques de l'é-
«helle. Arrivé à Hambourg, vers 1782, il y de-
meura quelque temps et y écrivit ia musique
d'un opéra-comique intitulé : Clarissa, oder
das unbekannte Dinstmœdchen ( Clarisse, ou
la Servante inconnue). Arrivé à Berlin, il y pu-
blia, en 1787, la description de l'harmonica à
clavier qu'il avait inventé; puis il se rendit, en
1789, à Leipsick, où il fit paraître un recueil de
petites pièces pour cet instrument, chez Breit-
kopf. De retour à Vienne, il y fut nommé, en
1797, officiai de la bibliothèque impériale. Il
mourut en cette ville, le 4 mars 1804, à l'âge de
quarante-trois ans. Ladescription qu'il a publiée
de son harmonica perfectionné a pour tilre :
Veber die Harmonica. Ein Fragment j Berlin
1787, in -4° de 32 pages, avec la figure de l'ins-
trument. Roellig inventa plus tard un autre ins-
trument à clavier de trois octaves et demie,
monté de cordes métalliques et de boyau, des-
tiné à être joué par une seule main, qu'il appela
Orphica, et dont il donna la description dans
un écrit intitulé : Orphica, ein mvsikalisches
Instrument, crfunden von C.-L. Rœllig (Or-
phica, instrument de musique inventé par CL.
Rœllig); Vienne, Blumauer, 1795, in-8° de 21
pages, avec 5 planches. Cet opuscule fut inséré
dans le Journal du Luxe et des Modes, au mois
de février 1796, et dans celui des Fabriques, des
Manufactures et du Commerce (janvier 1790)
En 1801, Roollig inventa un antre instrument a
clavier avec des archets mis en mouvement par
une pédale. Il lui donna le nom àa Xenorphiai,
et en publia la description dans le Journal des
Mi>des (février 1801), avec une histoire des ins-
, truments du môme genre, depuis celui que Jean
Heydn (voyez ce nom) avait inventé en 1610,
jusqu'à sa propre invention. On a aussi de Uœl-
lig : 1° Yersuch ciner mvsikalixchen Intrr'
vallentabelle , zur zusammensetzung aller
ùblichen Tonleitern Accorde, und ihren Ver-
wechslungen, fur jun ge Musiker und Dilct-
tanten (Essai d'une table des intervalles de
musique pour la formation des gammes usi-
tées, etc.); Leipsick, Breitkopf et HaBrtel, 1789,
in-folio. — 1° Une dissertation sur Raoul do
Couci, dans la Gazette musicale de Leipsick,
tome IV, pages 625-632. — 3° Un article sur
l'harmonica à clavier, ibid., tome V, page 42;j.
— 4° Quelques morceaux faciles pour l'orphica;
Vienne, Mollo, 1797. — 5° Six Ciiansons alle-
mandes, avec accompagnement d'orphiea ou de
clavecin; ibid., 1797. Il avait aussi promis, dans
le Journal des modes (juin 1798), de publier 12
chansons du comte de Wolkenslein, trouvère
du quatorzième siècle, d'après un manuscrit de
la bibliothèque impériale, traduites eu notation
moderne ; mais ces curieux morceaux n'ont
point paru.
RCffi^MHlLD (Jean-Théodobe) , bon com-
positeur de musique d'église, naquit le 23 sep-
tembre 1084, à Saisungen, près de Henueberg.
Jacques Bachen, cantor à Ruhl, fut son premier
maître de musique. Admis ensuite h l'école Saint-
Thomas de Leipsick, il y reçut des leçons de
Schcllen et de Kuhnau. Ses études terminées
dans cette école, il suivit les cours de l'université
depuis. 1705 jusqu'en 1708, puis fut nonnné
cantor à Spremberg. Son mérite ayant été bien-
tôt reconnu, il obtint, en 1714 , la ))lacH de
recteur à l'école de cette ville; cependant il n'y
resta pas plus d'une année, parce que la place,
plus avantageuse, de directeur de musique à l'é-
glise luthérienne de Freyberg, dans la basse Si-
lésie, lui lut donnée en 1715. Neuf ans après , il
1 etourna à Spremberg, avec le titre de mcillrc de
chapelle. Le duc de Mersebourg l'appela à sa
cour en la même qualité, dans l'année 1731, ut
lui accorda en outre, après la mort de Kautf-
mann, en 1735, les places d'organiste de la cour
et de la cathédrale. Ra'uihild mourut à Merse-
bourg en 1757. Il a beaucoup écrit pour l'église.
Parmi ses compositions on remarque la musique
de deux années complètes pour le service divin,
et des cantates sur les différents âges de la vie
humaine.
Il(M<:SER (Valentin), clarinettiste allemand,
attaché au prince de Monaco vers 1770, vint à
Paris à cette époque, et y publia des symphonies
concertantes, des quatuors et des trios pour instru-
ments à vent. On connaît aussi sous son nom :
I
ROESER
1" Gamme pour le haiilliois avec 12 duos; Paris,
lioyer, 1785. — Gamme ^«our la clarinette avec
(■) duos; iliid. — 3° Gamme pour le hasson avec
12 duos; ibid. L'ouvrage par lequel Rœser est
encore counu a pour litre : Essai d'insirudion
a l'usage de ceux qui composent pour la cla-
rinette et les cors; Paris, 1781, 111-4". Rœser a
donno une traduction française de la Méthode
raisonnce de violon, parLéopold Mozart; Paris,
lioyer, 1770, in-1'olio. Il est aussi i'auleur d'une
méthode de llùte publiée à Paris, chez Leduc.
RIHËS'LER (Valentin), philologue et orien-
taliste, né à Nurendierg, dans la seconde moitié
du dix-septième siècle, est auteur d'un écrit inti-
tulé : Dissertatio philologico-theologica de
ckorœis veterum Hebrscorum ; AltorI, 1726,
in-4'' de 32 pages.
RŒ^SLËR (le P. François-Grégoire),
moine augustiu, à Ratisbonne, mourut dans cette
ville, en 1760.11 s'est fait conuaitrc avantageu-
sement par de bonnes compositions pour l'église,
intitulées: Melodramma ecclesiasticum,id est
offertoria XV festis aliqmbus Doininicis, et
coDimuni Hanctorum accomodata a 4 voc. et
<) instrumentis, op. 1; Augsbourg, Lotter, 1747,
in-fol. — 2" Oves octo harmonicx in ovilé
fraternum receptœ, seu VlIIsijmpltonix a 4,
op. 2; ibid. — 3° VI Missx solemniores, qua-
rumultima de Requiem a 4 voc. ac G instrum.
«p. 3; ibid. — 4" VI Litanix lauretunx a 4
voc. velut operariis acconsuetis instrumentis
scx: ibid.
Ui%^SLEl\ (Ernest-Frédéric), né à Ras-
tenberg, dans le duché de Weimar, le 20 mars
1748, lit ses études au collège de Weimar, cl y
reçut des leçons de musique du maître de cha-
pelle Wollî. Ayant acquis une grande habileté
sur l'orgue, il fut nommé organiste à Plauen,
dans le Voigtiand. 11 occupa cette place jusqu'en
17 98; alors il donna sa démission et se mit à
voyager en Allemagne avec l'intention d'aller à
Londres. En 1799, il se lit entendre à Sonders-
hauscn ; Gerber lui accorde des éloges pour son
talent, mais non sans restriction. Depuis cette
époque, on n'a plus eu de renseignements sur
cet artiste. Rœsler a publié en 1785 nn livre
choral complet à l'usage des organistes, sous ce
titre : Vollstandigen leicKtbezifferten Choral-
buchfZuvi besten angchender Orgelspieler. 11
a laisse en manuscrit des pièces d'orgue de dif-
férents genres.
RtffiSLER (Joseph), né en 1773, à Schem-
nilz, en Hongrie , était tils d'un conseiller des
mines qui se fixa ensuite à Prague. Son père,
simple amateur de musique, lui enseigna les
principes de cet art, La lecture de livres de théo-
- ROESSIG 291
rie et de partitions des grands maîtres compléta
son éducation musicale. Après qu'il eut achevé
ses cours de philosophie, il ciccepla la place de
directeur d'orchestre dans la troupe d'opéra di-
rigée par Guardason, en 1795. Il parcourut en
cette qualité une partie de l'Allemagne méridio-
nale, pendant dix ans ; puis le prince de Lobko-
witz l'appela à Vienne, l'attacha au théâtre de
la cour, le prit dans sa maison et le chargea de
la direction île sa musique. Malheureusement la
santé de Rœsler était chancelante. Dans un
voyage en Bohème, oti il accompagnait le prince,
en 1810, une maladie sérieuse l'arrêta au châ-
teau de Raudnilz. .\ peine convalescent, il reprit
à Vienne ses occupations ; mais l'excès du travail
lui causa une rechute, au mois de juillet 1811,
pendant qu'il se trouvait à Prague. Les eaux de
Liebvverder, que les médecins lui avaient or-
données, semblèrent d'abord lui procurer une
amélioration sensible , mais elle fui de peu de
durée, car il succomba le 25 juillet 1812, à l'âge
de trente-neuf ans. Parmi les productions de cet
artiste, on compte dix oj)éras, savoir : i" La Sor-
presa, opéra bouffe italien, représenté à Prague.
— 1° La Pacedi Klcntsch. — ^° La Pastorella
degli Alpi. — 4° Il Custode di se stesso. —
.')" La Forza dcll' amore, écrit pour Venise en
1798. — G° Le dueliurle, à Prague. — 7" Clé-
mentine ou les Rockers d'Arona, ibid. —
8" Tristes A ventures d'Élisa, princesse de^Bul-
garie, opéra allemand, à Venise, en 1807. —
9* Le Mariage de Jason, opéra allemand. —
10° La Vengeance ou le Château de brigands,
oit trois actes, représenté au théâtre de Prague,
le 26 décembre 1808. Deux pantomimes. —
IV^ Le petit Cor enchante. — 12" La Naissance
du tailleur Wetz-Wetz-Wcfz. Quatre cantates
parmi lesquelles -. l?.'' // Cijclope. — 14" Marte
al tempio délia Gloria. — 15° Cantate sur la
mort de Mozart, Prague 1798. Beaucoup de
morceaux ajoutés à des opéras italiens ou dans
des oratorios. Les compositions gravées de
Rœsler sont les suivantes : 1" Concerto pour
piano, op. 15; Offenbach, André. — 2" Sonates
pour piano et violon, liv. 1 et 2 ; Leipsick, Hen-
riclis, — 3" Quatuor pour 2 violons, alto et
basse, op. 6 ; Offenbach, André. — 4° Sonates
pour piano seul, op. 1 ; Leipsick, Breitkopf et
Hœrtel. — 5° Trois sonatines , idem ; ibid. —
6" Sonate composée quinze jours avant sa mort ;
Prague, Enders. — 7» Rondeaux et fantaisies ;
Leipsick, Breitkopf; Vienne, Mechetli; Prague,
Berra. — S» Variations, idem ; Prague, Berra. —
90 Chansons allemandes ; Vienne, Haas; Leipsick,
Breitkopf et Ha;rtel.
RŒISSIG (Chahles-Gottlob), savant éco-
19.
292
RŒSSIG — ROGKR
nomisic et jmisconsuae, né à Mersebourg , en
1752, vécut à Leipskk, et y wit le litre do pro-
fesseur ordinaire de droit naturel et de droit des
gens. Il mourut en cette ville, le 20 novembre
1806. Parmi ses nombreux ouvrages, on en re-
marque un qui a pour titre : Vcrsuck in nnisi-
halische Dramen nebst cinigc Anmerkun-
gen, etc. (Essai de drames en musique, avec des
notes concernant l'bisloire et les règles de ce genre
de poésie, et la moralité du tliéàtre); Bayreuth,
1779, in-80.
ROETER (jEAN-GtiLL4UME), prcdicaleuT à
Heidelberg, était dans cette villeen 1817, et y vi-
vait encore en 1834. Il a publié dans le recueil
intitulé : Gcneral-Synode des Grossherzogthums
Baden (Synode général du grand-ducbc de Bade),
Carlsrulie, 1834 , n» 7, p. 1-19, nn Avis sur la
partie musicale du nouveau livre de chant
du grand-duché de Bade.
RCMETH (Philippe), compositeur, né à Mu-
nich, le 6 mars 1779, se livra d'abord à l'étude des
sciences, mais il l'abandonna bientôt pour celle
de la musique. Schwarz, musicien de la cour de
Bavière , lui enseigna le violoncelle ; il apprit
aussi à jouer de la flûte, du violon, du piano, et
Winter lui donna quelques leçons de composi-
tion. Cependant l'étude des partitions de Haydn,
de Mozart, de Clierubini, et de quelques autres
grands maîtres fut la source où Rœth puisa ses
connaissances les plus solides dans l'art d'écrire.
Après avoir vécu quelque temps à Vienne et
visité une partie de l'Allemagne, il retourna dans
sa patrie, et fit représenter au théâtre de la cour,
à Munich, en 1809, un opéra en trois actes, inti-
tulé : Uolmara. Le succès de cet ouvrage le
décida à écrire le Fermier Robert, opéra-
comique en un acte, joué en 1811, et qui ne fut
pas moins bien accueilli. Rœth a écjit ensuite
la musique de plusieurs ballets et d'opérettes
parmi lesquels on cite : Huldigungsfeste (La
Fêle du serment de fidélité); Der Kaiupf mit
dem Drachen (Le Combat avec les dragons).
PrinzessinEselshaut (LaPrincesse Peau-d'Ane) ;
Zaubcrin Sidonia ( La Fée Sidonie ) ; Zëmire
et Azor; Zwœlf schlafenden Jungfrauen
(Douze jeunes Filles endormies). Tous ces ou-
vrages ont été représentés à Munich jusqu'en
1823. En 1825, Rœth fit un nouveau voyage à
Vienne et donna, au théâtre An der Wien (Sur
la Vienne), l'opéra-comique Dos Abentheuer
in Guadarama Gebirge (L'Aventure dans les
montagnes de Guadarama). Dans l'année sni-
Tante, il écrivit dans la même ville, avec Riolte
( voyez ce nom), l'opéra féerique Slabrrl von
der Freichùlz ( L'Arbalète du franc archer).
De retour à Munich en 1628, Rœth y vivait en-
core en 1858 et était alors âgé do soixante-dix-
neiif ans. Il a publié : 1" Concerto pour la HiUe;
Leipsick, Breitkopf et HaTtel. — 2oTrois thèmes
variés pour llûte, violon, alto et busse, ibid. —
3' Des airs de danse pour divers instruments. —
4° Des chansons allemandes avec accompagne-
ment de piano.
ROE VER ( Heniu ) , né à Vienne le 27 mai
1827, apprit d'abord a jouer du violon ; mais à
l'âge de dix-huit ans il abandonna cet instrument
pour se livrer à l'étude du violoncelle, sur lequel
il est parvenu à la possession d'un beau talent.
Cet artiste est aujourd'hui (1863) le plus habile
violoncelliste de Vienne. 11 a publié dans cette
ville quelques-unes de ses compositions pour son
instrument.
ROFOD (....), docteur en théologie et prédi-
cateur à Copenhague, est auteur d'une disserta-
tion en langue danoise, qui a pour titre : Mu-
sikens Indslydelse paa menneshet (L'Influence
de la musique sur l'organisation humaine) ; Co-
penhague, 1804, in-80 de 140 pages.
ROGAA'TIIVI ( François ) , organiste de
l'église Sainte-Marie Majeure, à Bergame, vers
le milieu du dix-septième siècle, a publié un re-
■cueil d'ouvrages de sa composition pour l'église,
sous ce titre : Libro primo di concerfi ecclc-
siasUci a una, due, tre e quattro voci con due
Messe, Deus in adjutorium, falsi bordoni. Ma-
gnificat e litanie, op. /,• VeHetia, Aless. Vin-
centi, 1644, in-4o.
ROGER (Michel), conapositeur fran^is,
vécut vers la fin du seizième siècle et au com-
mencement du dix -septième. Il y avait un mu-
sicien de ce nom dans la chapelle de Henri IV. On
a imprimé de sa composition : lo Missx 4 vo-
cibus concinnendx, ad imitationem moduli .
1° Dum tolleret Dominus; — 2" Traderunt enim
Gentibus ; — 3" Ecce veniet ; Paris , Bailard ,
in-fol. mo. 2° Introilus Dom. dierum et
prœcipuum Fest. 5 vocum; Leipsick, in-4''.
ROGER (Benjamin), fils d'un musicien de
la chapelle royale de Windsor, naquit dans cette
ville en 1614. Après avoir fait ses études musi-
cales comme enfant de chœur, sous la direction
du Dr. Nathaniel Gilles, il fut nommé clerc de la
chapelle, puis organiste de l'église du Christ, à
Dublin. Eu 1C41 , époque de la rébellion, il re-
tourna à Windsor et y eut le titre «le clerc du
chapitre ; mais bientôt encore troublé dans cette
position par les événements politiques, il n'eut
plus d'autres ressources qu'une petite pension et
quelques leçons pour vivre. En 1656, il ohlinl le
titre de bachelier eu musique à l'université de
Cambridge. Rentré dans la chapelle de Windsor
en 1662, il eut aussi le titre d'organiste du col-
I
ROGER
293
lége d'Eton dans la même année. En 1669, il prit
ses degrés de docteur en musique. En 1685, il
perdit sa place d'organiste par ordre formel du
roi, parce qu'il avait eu recours à la protection
de Cromweil. Depuis lors il vécut à la campa-
}^ne, d'une petite pension que lui faisait le collège,
et paryint à un âge avancé, entièrement oublié.
L'hymne à quatre voix de sa composition :
Teach me, o Lord, inséré par le docteur Crotcli
dans ses Spécimens, prouve que Roger écrivait
bien, et que ses mélodies étaient douces et gra-
cieuses. Quelques-uns de ses morceaux ont t-té
publiés par Playford dans sa. collection des airs
de cour (Cour< ayres), en 1665. Plusieurs hym-
nes et antiennes de sa composition ont été aussi
publiés dans les Cantica sacra, et dans la col-
lection de psaumes et hymnes à quatre parties
dont Playford est l'éditeur. La collection com-
plète de ses services et antiennes se trouve en
manuscrit dans lesarchives deSaint-Paul, à Lon-
dres.
ROGER (Etienne), célèbre éditeur de mu-
sique et libraire h Amsterdam, exerça son in-
dustrie depuis les dernières années du dix-sep-
tième siècle jusqu'en 1725, époque oii Le Cène
devint son successeur. Il a publié un catalogue
de ses ouvrages de fonds ou d'assortiment, «pii
rournit des renseignements utiles |)0ur la biblio-
graphie de la musique, sous ce titre : Catalogue
des livres de musique nouvellement imprimez
à Amsterdam chez Estienne Roger, marchand
libraire, ou dont il a nombre, avec les prix ,•
Amsterdam, Roger {sansdate),in-8'' de 16 pages.
Ce catalogue a été réimprimé avec les nombreu-
ses additions des ouvrages imprimés chez Le
Cène, sous ce titre : Catalogue des livres de
musique imprimés à Amsterdam, chez Etienne
nager, et continués par Michel- Charles Le
Cène; Amsterdam, Le Cène (sans date), petit
in-8° de 72 pages. Ce petit volume a de l'intérêt
pour l'histoire bibliographique de la musique
vers la fin du 17* siècle et dans la première moi-
tié du dix-huitième.
ROGER (JosEi'H-Louis), docteur en méde-
cine, naquit à Strasbourg au commencement du
dix-huitième siècle, et se fixa à Moutpellijer, où
îl l'ut admis comme membre de l'Académie royale
<le médecine. Il mourut à Avignon en 1761. On
a de lui iiiie bonne monographie intitulée : Ten-
tamen de vi soni et musices /n cor pore hu-
mano ; Avignon, Jacques Gurrignan, 1758, un
volume in-S^dc 117 pages (trè,s-rare). E. Sainte-
Marie, médecin de Montpellier, a donné une tra- j
duction française de cet ouvrage avec des notes,
sous le titre : Traité des effets de la musi- 1
que sur le corps humain; Paris, Brunot, et '
Lyon, Reimann, 1803, 1 vol. in-8°de 350 pages.
ROGER (Alexis-André), né le il juin 1814
à Château-Gontier (Mayenne), fut admis au Con-
.servatoire de Paris le 22 août 1828, et y reçut
des leçons d'harmonie et d'accompagnement de
MM. Lecoupey et Dourlcn. Le second prix de
cette partie de l'art lui fut décerné en 1832.
Plus tard, il devint élève de Paër pour la com-
position. Le premier grand prix lui fut donné an
concours de llnstitut, en 1842. Aucun ouvrage
de cet artiste ne m'est connu.
ROGER (Gustave-Hii'poi.yte), ténor dra--
matique français, né le 17 décembre 1815 à la
Chapelle-Saiut-Denià, près de Paris, est fds d'un
notaire de ce lieu. Ayant perdu se.s parents dan.s
.sa première jeunesse, il fut élevé par un oncle q«ii
lui fit faire de bonnes études, le destinant à sui-
vre la carrière de son père. A sa sortie du col-
lège, cet oncle l'obligea de fréquenter les cours
de droit et le plaça chez un notaire; mais, do-
miné par un goût passionné pour le théâtre,
Roger négligea les leçons des professeurs du Code
et du Digeste. Son travail, dans l'étnde du notaire
chez qui on l'avait obligé d'entrer, se bornait à
apprendre des rôles d'opéra-comique, pour un
théâtre de société dans lequel il avait enrôle ses
amis et quelques griscites. Il était entré dans sa
vingt et unième année et touchait k sa majorité,
lorsque enfin son oncle, vaincu par sa persévé-
rance, le laissa libre de suivre son penchant
pour la sc^ne. Ce fut alors que Roger commença
des études régulières de chant. Le 17 juin 183G
il fut admis au Conservatoire de Paris comme
é.'ève externe dé chant, et le 19 Janvier 1837 il
obtint son admission au pensionnat de cette ins-
titution (1). Martin (voyez ce nom) y fut son
professeur de chant, et M. Morin lui enseigna la
déclamation lyrique. Doué d'une voix char-
mante et d'une rare intelligence dramatique, il
fit de rapides progrès dans ses études, et obtint
les premiers prix de chant et d'opéra-comique
aux concours de 1837. Le 16 février 1838 il dé-
buta au théâtre de la Bourse par le rôle de
Georges, dans l'Éclair d'Halévy. Son extérieur
élégant et gracieux, le charme de sa voix et son
instinct dramatique lui procurèrent un véritable
succès, qui sp consolida dans les représentations
suivantes. Son premier rôle de création fut celui
du marquis de Forlanges dans le Perruquier
de la Régence, opéra d'Ambroise Thomas. Non
moins distingué par son jeu que par le chant, il
devint bientôt l'acteur indispensable des ouvrages
(1) Les dates données dans des notices biographiques
de Roger publiées en Allemagne .sont toutes fausses : celles
qu'on trouve Ici sont authentiques et proviennent des re-
gistres du Conspiv;itoirc tic Paris.
294
ROGER — ROGIER
de quelque importance représentes à l'Opora-Co
inique. Pendant dix années consécutives il ne
connut que le succès dans tons ses rôles. Quel
motif lui lit quitter la scène pour laquelle il sem-
blait avoir été formé? Personne ne lésait; mais
ce fut assurément une déterniinaiion malheu-
reuse pour lui, car sa voix, pleine d'agrément
dans la musique légère dece tliéâtre, fit voir son
insuffisance à l'Opéra, où il .s'engagea en 1848, et
surtout dans le rôle principal du Prophète de
Mejferbeer, dont la première représentation eut
lieu le 16 avril 1849. Dès la première soirée, les
connaisseurs jugèrent que Roger ne résisterait
pas à la fatigue; car il forçait son organe pour
lui donner l'intensité nécessaire; ressource déplo-
rable qui ruine rapidement les meilleures voix.
Leur prédiction ne tarda pas à se vérifier. En
1850 il fit un premier voyage en Allemagne, et
cbanta aux théâtres de Francfort sur-le-Mein et
de H iiiibourg aux applaudissements unanimes du
public, charme par son excellente prononciation
de la langue allemande et pour sa belle manière de
pliraser la musique des plus grands maîtres. En
1851, il fit un second voyage au delà du Rhin,
et n'eut pas moins de succès à Berlin qu'à Ham-
bourg et à Francfort. Dans les années suivantes,
il y fit plusieurs autres excursions : mais on ne
tarda pas à constater l'altération progressive de
sa voix. Un cruel accident vint le frapper après
son dernier séjour à Berlin : dans une partie de
chasse il reçut la charge de son fusil dans un
bras ; la blessure était des plus graves et l'ampu-
tation devint nécessaire. Après sa guérison, il es-
saya de reprendre son service à l'Opéra avec un
bras mécanique , mais ses efforts pour se main-
tenir sur cette grande scène furent impuissants :
après quelques mois de fatigue, il dut y renoncer.
Il donna alors des représentations dans quelques
grandes villes des départements de la France.
De retour à Paris, il rentra à l'Opéra Comique;
mais il n'était plus que l'ombre de lui-même ; cet
essai ne fut pas plus heureux que celui de l'O-
péra, et bientôt après il disparut pour toujours
du théâtre de son ancienne gloire. Aujourd'hui
(1864) il joue encore les rôles de grand opéra d^ans
ses voyages, mais, en dépit de sou adresse et de
son intelligence, sa voix est insuffisante.
IlOGGE (Heniu), organiste à l'église Sainte-
Marie, à Rostock, né dans celte ville en t642, fut
considéré comme un des artistes les plus habiles
de son temps dans la fantaisie libre sur l'orgue.
Un accident l'ayant privé pendant quelque temps
de l'usage de la main gauche, il se servit avec tant
(le talent des prdales pour les basses, pendant
qa'il jouait les parties supérieures avec la main
«Iroile, que personne ne put se douter qu'il ne se
fût servi que d'une main. Il monnitcn 1702, après
avoir occupé sa place pendant près de quarante
ans. Ses compositions pour l'église et pour
l'orgue sont restées en manuscrit. Il avait
écrit une dissertation sur la quarte, qui n'a pas
été imprimée.
ROGGIUS (NICOLAS), né à Gœttingue d;ms
la première moitié du seizième siècle, talcnnlor
du collège de Saint-Martin, à Brunswick. On lui
doit un traité des éléments de la musique, qu'il
écrivit pour l'usage dis élèves de cette école. Ce
livre a pour titre : 3Iiisica pracdca, sive niiia
canendi elementa, modorumque vivsicaruDi
doctrina, qiwestiontbus hreviter et perspicur.
exposita ; hmn^v/'ick , 1566, in-S". La deuxième
édition a été publiée à Wittenberg, en 158G(six
feuilles in-8°), et la troisième à Hambourg , en
15S6.
ROGIER-PATIIÏE ou ROGER (Mai^-
tre), organiste de la chapelle de Marie, reine de
Hongrie, gouvernante des Pays Bas. Il succéda en
cette qualité à Sigismond Wyer, qui l'occupait
encore au mois d'avril 1533, ainsi qu'on le voit
par ce passage d'un registre de comptes, sous
cette date (1) : « A Siegmont Vyer, pour un grant
« instrument Virginal par liiy prins et acheté en
« la ville d'Anvers, et ce comprins l'ainmcnaige
« du dict Anvers, xxxvi livres et quinze sous
« (avril 1533). » Rogier-Pathie est cité dans les
mêmes registres comme organiste de la cour en
1538 et 1539 (2). C'est ce même artiste dont les
compositions se trouvent dans plusieurs recueils
sous le nom seul de Rogier ou de maistre Ue-
gier, ou même Rogei\ Le treizième livre de la
rarissime collection de motets publié par Attain-
gnant.sousce titre : Liber deciynus tertiusXXllJ
musicales habet viodulos quatuor, quinque vel
sez t'OCiÔMs <?ri//o5 (Parrhisiis, etc., 1535, petit
in-4'' obi.) en renferme deux à 4 voix de Rogier.
Uiiechansonà4 parties de sa composition e.«tdans
le premier livre, publié à Anvers par Tylman
Susato, en 1543, sous ce titre : Chansons à 4
parties, auxquelles sont contenues XXXI nou-
velles chansons convenables tant à la voix
comme aux instruments. Le neuvième livre
imprimé par Altaingnant sous ce titre : Trente
et une chansons musicales à quatre parties
(Paris, 1534, petit in-S" obi. ), tenferme deux
chansons de Roger Palhic (fol. 9 et 13) : c'est
le seul recueil où l'on trouve le nom de famille
de Rogier on Roger. La grande collection inli-
\\\\é&:Tre»tc-cinq livres de chansonsnouvelles
à 4 parties de divers auteurs en deux voln-
(1^ Registre n* M îl6 rie 4a clianibre des comiilcs, aux
archtre* de Lille.
0) Registre M r.O. ibid.
ROGIER — ROGNOISE
29ê
■mes (Paris, Pierre Attaingnant,tâ39-lâ'i9, in-4''
obi.) contient plusieurs chansons de Rogier
dans les livres V et VI. La deuxième partie du
recueil intitulé : Hortus Musarum. In quo tan-
quam floscuU quidem seledissimarum carmh
numcollecd sunt ex oplimisquibusque aiiclori-
bus (Lovanii, apud Phalesium bibliopolam
1552- 1553), renferme les chants Cessezmonocil;Si
pur, ti guardo, de Rpgier, avec un accompa-
gnement de hitli. On trouve aussi le motet Tanto
temporc robiscum à 4 parties, du même musi-
cien, dans un manuscrit précieux de la bihliotliè-
que de Cambrai (sous le n" 124), dont M. E.
de Coussemaker a donné la description dans sa
Notice sur les Colleclions musicales de la
Bibliothèque de Cambrai (p. 05-91).
ROGII'^R (Philippe-Marie). On voit dans
les regi.stres de la chapelle royale de Madrid
qu'im maître flamand de ce nom occupait la
place de vice-maître de celte chapelle en 1589,
après la retraite de Flécha {voyez ce nom), et
que Thomas- l!ouis de Victoria en fut nommé
maître dans la môme année (voyez M. Mariano-
SorianodeFuertcz, Hist. de lamusica cspaiiola,
t. Jl, p. 135). Il se peut que ce Rogier ait été de
la môme famille que le précédent, cl peut-être
son fds. Les compositions de Philippe-Marie Ro-
gier ont été inconnues jusqu'à ce jour : une cir-
constance imprévue vient d'en faire découvrir
(1862) quelques-unes qui ont beaucoup d'in-
térêt. Il existe à la bibliothèque de Tournai un
volume grand in-folio de 257 pages chiffrées dont
le titre manque. La première page est remplie
par la dédicace adressée à Philippe III, roi des
Espagne (Philippo tertio Hispaniarum Régi),
signé Caugericusde G/iC;-5e?H. Celui-ci nous y ap-
prend qu'il est chargé, par le testament de Phi-
lippe Rogier, son maître, de mettre au jour cinq
messes de sa composition, et qu'il y enaajoutéune
sisième, dont lui-même est auteur. Les cinq mes-
ses de Philippe Rogier sont : 1° Philippus se-
cuudus Rex Hispanias; 2° Inclita stirpo Jesse;
toutes deux à quatre voix. 3° Dirige gressusmcos,
à cinq voix; 4° Ego sum qui sum; 5" Inclina
Domine; ces deux dernières à 6 voix. La messe
de Gaugericus de Ghersem est à sept voix : elle a
pour litre : Ave Virgo Sanctissima. A la (in du
volume, on lit la souscription suivante : Matriti,
apud Joannem Flandrum MDXCVIII (i).
Il est hors de doute (lue Gaugericus de Gher-
sem fut aussi un des musiciens belges qui illus-
trèrent leur patrie dans toute l'Europe pendant
(0 ,re suis redevable de ces renseignements sur !e ra-
rissime recueil des messes de Philippe Rogier à l'obligeance
de M. A. VVilbaux, conservateur de la Bibliothèque de
Tournai.
les quinzième et seizième siècles. IN'o.us trou-
vons dans une pièce intéressante publiée par
M. Alexandre Pinchart, au 2'^ volume de ses
Archives des arts, sciences et lettres (Gand,-
18G3, p. 236), la preuve que cet artiste ,
après avoir été au service du roi d'Espagne , re-
vint dans son pays et qu'il y eut l'emploi de maî-
tre de chapelle <les archiducs Albert et Isabelle,^
gouverneurs des Pays-Bas. Cette preuve se trouve
dans une lettre de ces princes, écrite, en 1607,
! au magistrat de Tournai, et dont voi<;i le texte :
« Les archiducqz, etc. Cherset bien amez,Géry
j i Gaugericus) de Ghersem, maistre de la cha-
i pille de noslre oratoire, supplie qu'en considé-
I ration des longs services qu'il a rendu en la cha-
I pelle royale de feue Sa Majesté, et lesquels il
continue en la susdicte qualité, il nous pleust
faire affranchir de tous logemens de gens de guerre
une sienne maison audic t Tournay; nous avons bien
voulu advertir par ceste qu'aurions pour service
agréable que teniez icellc maison exempte des-
dicts logemens, si aulcunement faire se^peult.
A tant,elc.deBruxelles,leX* de décembre 1007(1).»
Il résulte de cette lettre que Géry de Ghersem,
après avoir été longtemps chanteur de la cha-
pelle flamande de Philippell, avait quitté l'Espa-
gne pour rentrer en Belgique. La dédicace des
messes de Rogier à .son .sucesseiir, Philippe III,
avait été faite pour le rendre favorable à l'élève
de ce maître : elle indique que le volume ne pa-
rut que dans les derniers mois de i59S, car Phi-
lippe II ne mourut que le 13 septembie de cette
année. En dépit de sa dédicace, Géry ne trouva
pas sous le nouveau règne la faveur dont les mu-
siciens belges avaient joui sous celuide Philippe II.
On voit dans l'Histoire de la musique esp.ignole
de M. Mariano Soriano de Fuertez que , depuis
le règne de Philippe III, la chapelle royale ne
fut plus composée que de musiciens espagnols.
ROGA'Oi\E (Richard), violoniste distingue
et compositeur à Milan, vers la lin du seizième
siècle et au commencement du dix-septième, est
connu par les ouvrages suivants : i° Canzonette
alla napolitana , a tre e quattro voci; Venise,
1586. — 2° Libro di passaggi per voci ed istro-
vienti,Md, 1592. — 3" Pavane et balli con due
canzoni , e diverse sorte di brandi per suo-
nare a quattro e cinque, Milan, 1603.
ROGIVOA'E (Jean-Domumqle) «Is du précé-
dent, entra dans les ordres, et se fit remarquer par
son talent sur l'orgue. Il eut les titres de maître
de chapelle du duc de Milan et de l'église du
Saint-Sépulcre, vers 1020. On a imprimé de sa
0) Collection des papiersd'litat et de raudience, aux ar-
' chives dn royaume de Belgique.
29G
ROGNONK — ROHLEDER
composition : 1" Canzonette « 3 c 4 insicme
conalcune aUrediRuygcr Trofeo, Milan, IGlâ.
2° Libro primo dimadrigali notto roci indue
cori cou parti(iira,\W\à., 1619. — 3''.yessaper
défont i alV Ambrosianacon Vagglnntn perser-
virsene alla romana,\b'u\., 102^1. On trouve des
motets de ce compositeur dans les collections
imprimées de Michel- Ange Granciiiietde Lucino.
ROGIVONE (FnANÇois), second (ils de Ri-
chard, fut maître des concerts du duc de Milan,
et maître de «hapelle de Saint-Ambroise , vers
1620. Il a beaucoup écrit pour l'église et a pu-
blié : r Messe e salmi, falsi bordoni e mo-
tetti a 5, col basso pcr V organo; Milan, 1610.
— T Messe e motelti a 4 e 5; Venise, 1624. —
Z° Madrigali a 5 col basso; Venise, 1613. —
4" Correnti e gagliarde a 4 con la quinta
parte ad arbitrio per suonare su varii stro-
menti; Milan, 1624. — 5° Aggiunta dello sco-
laro di violino ed altri stromenti col basso
continuo per l' organo; Milan, 1614. L'ouvrage
le plus intéressant de Rognone pour l'histoire
de la musique est celui qui a pour titre : Selva
di varii passaggi seconda V usomoderno , per
cantare e suonare con ogni sorte di stro-
menti, divisa in due paiii. Nella prima di
quale si dimostra il modo di cantar polito, e
con gratia, e la maniera di portar la voce
accentata, con iremoli, gruppi, trilli, escla-
mationi ed a passeggiare di grado in grado,
salti di tcrza, quinla, sesta ed ottava, etc.
Nella seconda poi si traita de' passaggi dif-
ficili per gV instromenti, del dar Varcola o
leggiadre, etc.; Milan, 1620, avec une dédicace
latine au roi de Pologne Sigismond III.
ROHLEDER (Je\n), prédicateur à Fried-
land , dans la petite Poméranie, vers la fin du
dix-huitième siècle, a publié chez Rellstab, à
Berlin, en 1790, un Te Deum allemand, pour
orgue, 2 violons et basse, ou pour orgue seul,
à l'usage des petites villes. L'année suivante, il
présenta à l'académie des sciences de Berlin
un manuscrit sur une nouvelle disposition du
clavier des pianos, dans laquelle les touches
blanches et noires devaient être rangées alterna-
tivement sur toute son étendue. 11 y projwsail
aussi une nouvelle notation appropriée à ce cla-
vier. L'académie ayant approuvé cette inven-
tion, dont les inconvénients sont cependant de
toute évidence, Robleder publia son ouvrage sous
ce titre -. Erlcichterung des Klavierspielcns
Termcrge einer neven Einrichtung der Kla-
viatvr vndeinesneuen Notensystems {y\oy en
plus facile de jouer du clavecin, par le procédé
d'un nouveau clavier et d'un nouveau système
do notation); Koenigsberg, 1792, in-4° de 46
pages, avec une planche. C'est ce mCme sys-
tème dont Charles Lemme {voyez ce nom) s'est
attribué l'invention trente-sept ans après la pu-
blication de l'opuscule de Rohleder, et qui lui a
fait perdre sa fortune et sa raison.
ROHLEDER (Jean-Gottueb ou Théo-
phile), c«n^or à l'église de la Trinité, à Hirsch-
berg, dans la Silésie, naquit en 1745, à Lohe,
près de Breslau. Ses éludes musicales furent di-
rigées dans cette ville par l'organiste Jean-Georges
Hofmann. Rohleder mourut à Hirschberg, le 26
août 1804, à l'âge de cinquante-neuf ans. On
a imprimé de sa composition : i" Der Sommer
(l'Été), cantate avec accompagnement de piano,
dont la première partie fut publiée en 1785, et
la seconde en 1789. — 2' Der Friihling (le
Printemps, ou Chants de bons poètes allemands
mis en musique pour les commençants) ; Schwoid-
nitz, l792,in-fol. de 8 feuilles. En 1802, il avait
annoncé un essai d'une méthode simplifiée d'har-
monie qui n'a pas paru.
ROHLEDER (Frédéric-Traugott) , pas-
teur à Lohn, en Silésie, fut un des hommes les
plus zélés de son époque pour le perfection-
nement et la propagation du chant choral dans
les écoles. On a de lui sur ce sujet : 1° Die 7nusi-
kalische Liturgie in der evangelisch protes-
tantischen Kirche. Fur Litvrgen und Kir-
chen musifser, insbesondere aile Predigter,
Cantoren und Organisten, etc. (la Liturgie mu-
sicale dans l'église évangélique protestante, etc.);
Glogau et Lissa, 1828, in-8^ de 222 pages. —
2» Analytische Erklxriing des in einer Noten-
bcilage befindlichen Chorals : Herr Gott dich
loben wir (Éclaircissement analytique concernant
le choral : Herr Gott dich loben wir, etc.), dans
l'écrit périodique intitulé : Eutonia, 1829, t. 2,
p. 41-48. — 3° Einige Gedanken uber Kir-
chenfigural Vocalmusik, in dem evanget.
protestantischen Gottesdienste, etc. (Quelques
idées sur la musique d'église vocale et figurée,
dans le service divin du culte évangélique pro-
testant, etc.), dans le même recueil, t. 3, p. 201
et suivantes. — 4° Vermischte Avfsxtze zur
Befœrderung uahrcr Kirchenmusik (Mélanges
pour la propagation de la véritable musique d'é-
glise); Lowenherg, 1833, in-8odeôl pages. Cette
publication est la dernière du pasteur Rohleder.
Ll's biographes allemands de l'époque actuelle
(1848-1860) ne fournissent aucun renseignement
.sur les trente dernières années de sa vie.
ROHRMANiV (Henri-Léopold), organi.<te
à Clausthal, dans le Harz , au commencement de
ce siècle, étudia les éléments de la musique chez
Wallis, organiste à llerzberg, et continua ses
études à Hanovre et à Zelle. On a publié de .sa
ROHRMANN — ROLDAN
297
composition : l» Versuch in Moduliren be-
stehend in einer Reihe von Accorden (Essai
de modulation consistant en'une série d'accords);
Brunswick. Spehr. — 2» Variations pour le piano
sur lair allemand : Omein lieben Augustin;
ibid. — 30 Variations sur God save the King;
Hanovre. — 4° Méthode courte de l'exécution
des chants chorals, avec une instruction sur la
conservation des orgues; Hanovre, Hahn, 1801,
43 pages in-4o. — 5" Cinquante préludes pour
l'orgue, la plupart faciles, 6 conclusions et nu
exercice; llmenau, Voigt. — fi» Collection de
préludes pour des chorals à l'usage des organistes
exercés; Halle, Hendel. La publication de cet
ouvrage porta atteinte à la réputation de Rohr-
mann , car Rembt en réclama la propriété dans
nn journal allemand publié en 1803, et déclara
que ces préludes étaient son ouvragé. Rohrmann
dit pour son excuse que l'éditeur avait placé, sans
son aveu, son nom sur le recueil dont il s'agis-
sait. — 70 Pater noster avec accompagnement
d'orgue varié; llmenau, Voigt. Rohrmann est
mort à Clausthal en 1821.
ROIG ( Nicolas-Pascal), organiste dii cou-
vent royal de Saint-Augustin, à Valence, dans ta
seconde moitié du dix-huitième siècle, est au-
teur d'un traité de plain-chant ei de la musique
mesurée intitidé : ExpUcacion de la teorica y
practica del canto llano y figurado; Madrid,
1778, in-4" de 154 pages.
ROLAND (Alfred), né vers 1820 à Ba-
gnères de Bigorre (Hautes-Pyrénées), fut élève
de l'école de musique religieuse instituée dans
cette ville. Plus tard, il fut un des montagnards
des Pyrénées qui se réunirent au nombre de
quarante, et parcoururent une grande partie de
l'Europe depuis 1840 jusqu'en 1851, donnant
partout des concerts de chants populaires sans
accon^pagncment. Roland a publié une partie
de ces mélodies sous ce titre : Premier recueil
religieux , pastoral et national, des chants
montagnards favoris, exécutés à la cour de
tous les souverains de V Europe, par les qua-
rante montagnards français; Paris, imprimerie
de Guiraudet, 1847, in-80. Onze éditions ont été
faites de ce recueil.
ROLANDEAU ( Lodise-Phiuppine-José-
. phine), née à Paris en 1771 , fut admise en 1789
[à l'école de chant de l'Opéra, et y reçut des le-
|çons de Lasuze. LelOavril 1791, elle débuta dans
le rôle à'Antigone à'Œdipe à Colone. Après
«ne année passée à ce théâtre sans succès dé-
cidé, elle entra an théâtre Feydeau en 1792, et y
jébuta dans Lodoïsku de Cherubini. Son talent,
[)lus analogue à ce genre de spectacle qu'à celui
Su grand opéra, la classa bientôt au rang des
meilleures cantatrices de l'Opéra-Comiqui-. Après
dix années passées avec succès sur la scène de
la rue Feydeau, elle ne fut pas comprise dans
l'association des principaux acteurs des deux
théâtres d'opéra-comique qui se forma vers la
fin de 1801. Quelques mois après, elle débuta à
l'Opéra bouffe italien, qui venait d'être trans-
porté dans la salle Favart, et se montra digne
d'être entendue à côté des artistes habiles de
cette époque. Plus tard elle rentra avec succès
au théâtre Feydeau dans Alexis, ou l'Erreur
dhm bon père, dont le rôle principal avait été
écrit pour elle en 1799; mais blessée de ce qu'elle
n'obtenait point de rôles nouveaux, elle s'éloigna
une seconde fois de l'Opéra-Comique , et se
chargea de la direction du théâtre de Gand, en
1806. Cette entreprisen'ayant pas réussi, M'ie Ro-
landeau rentra au théâtre Feydeau pour la troi-
sième fois au commencement de 1807, et s'y (it
applaudir dsins l' Auberge de Bagnères, dont le
rôle principal avait été composé pour elle par
Catel. Un événement fimesle mit fin à sa vie dans
les premiers jours du mois de mai : le feu prit à
sa robe au moment où elle s'approchait d'une
cheminée, et la consuma avant qu'on piH lui
porter du secours.
ROLDAN (D. Juan-PekezI, musicien espa-
gnol, était, au commencement du dix-huitième
siècle, maître de chapelle du monastère royal
des dames Augustines de l'Incarnation à Madrid.
La date de sa mort doit être placée vers la fin de
1722, car il eut pour successeur, en 1723,1e
compositeur Diego Muclas. Thomas Yriarte a
placé Roidan au nombre des plus illustres com-
positeurs de l'Espagne, dans ces vers du troi-
sième chant de son poème sur la musique :
Nu es ya ml canto, d6, quien te célébra,
Slmu las mismas obras immnrtales
De Patiho, Roidan, Uarcia, VUna,
De Giierrero, Victoria, Rulz, Morales,
De Litercs, San-Juan, Duron y Nebra (1).
Les ouvrages de Roidan ont été chantés dans
toutes les cathédrales de l'Espagne; on les trouve
dans les archives des monastères de l'Incarnation
et de YEscorial; la chapelle royale de Madrid
possède un volume grand in-fol. de 157 pages
qui contient ses messes solennelles, et l'on trouve
à la cathédrale de Ségovie un recueil de ses
messes de Requiem. M. Eslava a publié une de
ses messes en partition dans la Li7'a sacro-his-
pana iX série, xvin* siècle, 1. 1).
(1) Ce ne sont pas mes vers, mais bien leurs ouvrages
immortels qui ont rendu célèbres Patine, Roidan, Garcia.
Viana, Guerrcro, Victoria, Rui/., Morales, Litérès, Sau-
Juan, Duron et Nebra.
298
ROLFINCK — ROLLA
KOLFIIMCK (Werneh), médecin, mi à Ham-
bourg le 15 novembre 1599, fit ses études à
Wittenberg, Leyde, Oxford, Paris et Padoue; il
obtint en 1625, dans cette dernière ville, ledocto-
rat «n médecine. Arrivé à Jéna, il y fut nommé,
en 1029, professeur d'anatoniie, de cliirurgie, de
botanique et de cbimie. Il y mourut le 6 mai
1673. Dans son livre intitulé Ordo et mcthodus
medendi (Jéna, 1055), il traite, au dix-neuvième
chapitre : De musica morborum medela.
ROLL ( Pierke-Gaspard), né à Poitiers en
1788, fut admis au Conservatoire de musique
de Paris en 1810 : ses premières études termi-
nées, il reçut des leçons de Reicha et de Berton
pour la composition. En 1814, le grand prix
de composition lui fut décerné au concours de
rinslitiit de France •- le sujet du concours était
Atala, cantate à grand orchestre. Parti pour
l'Italie, en qualité de pensionnaire du gouverne-
ment, Roll vécut à Rome pendant deux ans, puis
à Napics, et envoya à l'Académie des beaux arts
de l'Institut de grandes compositions pour l'é-
glise, qui se trouvent aujourd'hui dans les ar-
chives de cette Académie. De retour à Paris,
Roll y chercha les occasions de se faire con-
naître par des succès à la scène; mais ce fut en
vain qu'après avoir écrit la partition (COgier le
Danois, grand opéra destiné à l'Académie royale
de musique, il sollicita sa mise en scène : ainsi
que beaucoup d'autres ouvrages, Ogier le Da-
nois a été oublié par l'adminislration de ce théâ-
tre. Deveiju l'époux de la veuve du romancier
Ducray-Duminil, Roll se retira dans une mai-
son qu'il possédait à Ville-d'Avray, près de Pa-
ris, et disparut du monde musical.
ROLLA (Alexandre), célèbre violoniste et
compositeur, naquit à Pavie le 22 avril 1757, et
iMontra. dès son enfance, les plus heureuses dis-
positions pour la musique. Il se livra d'abord à
l'étude du piano, sous la direction d'un prêtre
de la cathédrale de Pavie , nommé Sanpieiro.
rlus tard, il entra dans l'école de Fioroni, à Mi-
lan ; mais l'ardeur qu'il porta dans ses études
altéra sa santé de manière à faire naître de vives
inquiétudes sur sa vie." Pendant une année, ses pa-
rents lui interdirent tout travail ; cependant iJ prit
en secret des leçons de violon de Renzi,qui depuis
lors est devenu premier violon de la cour du Bré-
sil. Ayant repris loute son activité première, il
devint ensuite élève du violoniste Conti, plus tard
premier violon de l'opéra italien de Vienne. Les
progrès de RoUa sur le violon furent rapides,
et bientôt il fut considéré comme un des plus
habiles violonistes de l'Italie. Un penchant invin-
cible le portait vers Valto, dont il fit une étude
particulière, et sur lequel il acquit un talent in-
comparable. Il en joua des concertos dans les
églises, les concerts et même au théâtre. Après
avoir brillé à Milan pendant quelques année», il
fut appelé à Parme en 1782, en qualité de vir-
tuose de la chamhre et de premier alto solo. La
mort «le Giacomo' Georgi ayant laissé vacantes Ic'^
places de premier violon et de maître des concerta
de la cour, Rolla fut désigné pour les remplir.
Après la mort du duc de Parm^, en 1802, il se
rendit à Milan, et y fut chargé de la direction il(i
l'orchestre du théâtre de la Scala. Trois aiis
après, le prince Eugène de Beauharnais, vice-roi
du royaume d'Italie, le choisit pour premic;; vio-
lon de sa musique particulière, et le nomma pro-
fesseur au Conservatoire de Milan. Le reste do
sa vie active et dévouée à l'art s'écoula dans ks
travaux de ces places. Jusqu'à ses derniers jours,
il conserva la jeunesse de sentiment qu'on avait
remarquée de tout temps dans son exécution et
dans ses ouvrages. Il' montra, dans la direction
des orchestres, une habileté bien rare de son
temps en Italie : la plupart des compositeurs
s'estimaient heureux de lui confier l'exécutinn
de leurs ouvrages. Il est mort à Milan le 15 sep-
tembre 1841, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans,
aussi estimé pour la noblesse de son caractère que
pour ses talents. Comme compositeur de musique
instrumentale , Rolla tient une place honorable
dans l'art; ses trios pour violon, alto et basse
ont eu particulièrement im succès de vogue. Ou
a gravé de sa composition : to Sérénade à siv
parties, op. 2; OIfénbach, André. — 2» Concertos
pour violon et orchestre, n»» 1, 2, 3; Paiis.Ja-
net, Sieber; Aienne, Artaria. — 3» Adagio et
thème varié idem; Milan, Ricordi. — 4" Con-
certos pour alto et orchestre, n"* 1, 2, 3, 4; Pa-
ris, Sieber; Offenbach, André. — 5o Divertisse-
ment id.; Milan, Ricordi.— 6o Trois quatuors
pour 2 violons, alto et basse, op, 1; Vienne, Ar-
taria; Paris, Janel. — 70 Trois idem, 2n'e livre;
ibid. — 80 Quintette concertant pour 2 violons,
2 altos et basse; Vienne, Artaria. — 9" Trios
pour violon, alto et basse, liv. 1 et 2; Paris,
Janet. — 10" Trios pour 2 violons et basse,
op. 1 1 ; Paris, Sieber. — 1 1° Duos pour violon et
alto, op. 1, 6, 7, 8, 17; Paris, Janet; Vienne,
Artaria; Milan, Ricordi. — 12" Duos pour 2 vio-
lons, op. 3, 4, 5,9, 10, 13; ibid. Rolla a laissé
en manuscrit plusieurs concertos et beaucoup de
symphonies.
ROLLA (Antoine), fils du précédent, né à
Parme, en 1797 (1), a reçu des leçons de violon
(1) l'autcnr de r.irticlf concernant liolla, dans le
Lexique universel de musique du t)' SchlIllnK, a été In-
duit en erreur en le faisant nailrc a Milan, en »8lû.
ROLLA — ROMAGNESI
29^
de son père. En 1823, il fut appelé à Dresde par
Morlacclii, en qualité de premier violon de l'opéra
italien : il s'y fit remarquer par son habileté et
remplit ses fonctions jusqu'en 1836. Une dou-
loureuse et longue maladie enleva cet artiste le
19 mai 1837. On a gravé de sa composition :
1" Concerto pour le violon, op. 7 ; Leipsick, Rreit-
kopf et Haertel. — 2" Rondos alla Polacca,
avec orchestre, nos |, 2, 3,; Milan, Ricordi. —
3" Variations brillantes idem, op. 8; ibid, —
4" Idem avec quatuor, op. 13; ibid.; et divers
autres ouvrages pour son instrument.
UOLLE (Chrétien-Charles), cantor de la
nouvelle église de Berlin , né à Quediinbourg
vers 1714, est mort à Berlin le 4 juin 1793. On a
de lui un écrit intitulé : Neue W ahrnehmungen
zur Aufnahme und Ausbreitung dcr Musih
(Nouveaux aperçus concernant l'usage et la pro-
pagation de la musique) ; Berlin, 1784, in-8".
Parmi les divers sujets qu'il examine dans cet ou-
vrage, écrit d'un style obscur, hérissé de termes
nouveaux, il traite de l'usage et du perfectionne-
ment de l'art, page 27 à 91. On a du même au-
teur un Te Dcum avec orgue, trompettes et
timbales, qui parut en 1765, et quelques autres
compositions religieuses en manuscrit.
UOLLE (Jean-Henri), compositeur distin-
fiiié, nacjuit à Quediinbourg le 23 décembre 1718.
Son père, directeur de musique en cette ville,
ayant été appelé à Magdebourg en 1721, pour y
remplir des fonctions semblables, s'y établit avec
sa famille, et ce fut dans cette ville que le jeune
Rolle commença l'étude des sciences et de la
musique. Sa prédilection pour cet art lui fit faire
d*s progrès si rapides, qu'à l'âge de treize ans il
écrivit une cantate religieuse, que son père fit
exécuter dans l'église du Saint-Esprit. A peine
ûgé de quatorze-ans, le jeune Rolle était déjà or-
ganiste de l'église Saint-Pierre, à ]Magdel)ourg.
Il occupa cette place jusqu'à sa dix-huitième an-
née; en 1751, il fut envoyée Leipsick, pour
y suivre les cours de droit et de philosophie. 11
y passa quatre années, puis se rendit à Berlin,
en 1740, au moment oii Frédéric 11, qu'on a de-
puis lors surnommé le Grand, venait de monter
snrletrùne. Le talent dont Rolle fit preuve dans
quelques compositions publiées à Berlin eut
bienlùt (ixé sur lui l'attention du nouveau mo-
narque : ce prince lui fit offrir une place dans
sa musique : elle fut acceptée. Six ans après,
il reçut sa nomination d'organiste à l'église
Saint-Jean de Magdebourg : mais il n'obtint pas
sans peine sa démission de Frédéric II, qui ne
l'accorda qu'après six mois de sollicitations. La
mort de son père en 1752. le fitchoisir|)our rem-
plir les fonctions de directeur de musique à l'iini-
I versité de cette ville. Une attaque d'apoplexie
le conduisit au tombeau le 29 décembre 1785,
à l'âge de soixante-sept ans. Sans être homme
de génie, Rolle fut un compositeur de talent. Ses
mélodies ont de la grâce et du naturel ; son har-
monie est purement écrite, et l'on voit dans ses
chœurs qu'il possédait l'art de faire chanter
les voix sans contrainte. Il a écrit plusieurs an-
nées complètes de motels et de cantates religieu-
ses ; Imit oratorios de la Passion , dont quatre
d'après les évangélistes, et quatre sur les textes
des meilleurs poètes allemands. Ses ouvrages les
plus coimus sont des drames composés pour Mag-
debourg, et imprimés en partition pour le cla-
vecin. Ces drames ont pour titre : i" La Mort
d'Abel; Leipsick, 1771. — 2" Zrt Victoire de
JXivid davsla vallée des Chênes j ibid., 1776.
— 3° Saiil, ou In Force de la ?nusique, ibid.,
1770. — 4° Orcste et Pijlade; ibid. — 5° Abra-
ham; ibid , 1777; 21"' édition; ibid., 1785. —
6" Lazare, ou la Fêle de la Résurrection;
ibid., 1777. — 7° Maniante, ou le Vœu; ibid.,
1782. — 8" L'Arrivée de Jacob en Egypte ; ibid.,
1783. — 9" Thirza et ses fils; ibid., 1784. —
10" LaMortd'Arminius; ibid., 1784. — ll^Afr-
lida, ibid., 1785. — 12° Mehula, ibid., 1784.
— vy^ La Tempe'teou Vile enchantée, exi'cwlé
à Berlin en 1802. — 14° Gedor, ou le RévciC
pour une vie meilleure, sa dernière composi-
tion en ce genre, terminée trois mois avant sa
mort, et imprimée par les .«oins de Zacharie, à
Leipsick, en 1786. On a aussi publié de lui les
cantates intitulées : 15" David et Jonathan,
élégie avec accompagnement de piano, Leipsick,
1773. — 16* L'Apothéose de Romulus, idem ;
ibid. — 17° Les Dieux et les Muscs. — 18" Les
Pasteurs. — 19° Les Travaux d'Hercule. —
20° Les expressions de la fidélité, de la joie,
de la reconnaissance et de l'amour, cantate
pour l'anniversaire de naissance du prince de
Schwarzbourg-Rudolstadt, en 1768. — 21° Sam-
son; Leipsick, Schwickert. <— 22° Les Odei-
d'Anacréon, à voix seule avec accompagnement
de clavecin , Berlin, 1775. — 23° Plusieurs re-
cueils de chansons, à Halle et à Leipsick. Rolle a
laissé en manuscrit des symphonies, des concer-
tos pour le clavecin , des trios et des solos pour
cet instrument.
ROLLET (....), professeur de musique à
Paris, dans la seconde moitié du dix-huitièmfr
siècle, a fait imprimer un livre intitulé ; Méthode ^
pour apprendre In musique sans transposi-
tion, sur toutes les clefs et dans tous les tons
usités. Paris, 1780.
ROMAGIVESI (Henri), compositeur de ro-
mances et éditeur de musique, naquit à Paris le
300
ROMAGNESI — ROMANCISTO
t^" septembre 1781, d'iuie famille qui descen-
dait d'un acteur italien fixé en France, sous le
règne de Louis XIV. A l'âge de huit ans, Ro-
niagnesi était enfant de ciiœur à l'église Saint-Sé-
verin. Plus tard, il se livra à l'étude des mathé-
matiques sous la direction de Choron {voye:, ce
nom), qui le présenta comme candidat à l'école
polytechnique ; mais il n'y fut pas admis. Cet
échec l'obligea de revenir à l'étude de la musi-
que, qui fut de nouveau interrompue par son dé-
part forcé, en 1799, pour l'armée de la Vendée,
quoiqu'il ne fût ûgé que de dix-huit ans. De
retour à Paris, après la pacification des dé-
partements de l'Ouest, il essaya de la carrière
des emplois, et entra dans les bureaux de l'a-
gence des receveurs généraux. Au commencement
de 1803, il obtint le grade de lieutenant dans les
équipages de l'armée des côtes de l'Océan , qu'il
abandonna pour la place de secrétaire du comte
Daru , alors surintendant de la maison de l'em
pereur Napoléon. Ce fut en cette qualité qu'il fit
la campagne d'Austerlitz et visita Vienne. On
ignore les ciroenstances qui lui firent perdre
celte position et le ramenèrent à Paris au com-
mencement de 1806. Sa seule ressource fut alors
d'accei)ter une place de commis chez l'éditeur
de musique Leduc , dont Choron était devenu
l'associé. Dans l'année suivante, Romagnesi ob-
tint du duc de Feltre un emploi dans les bu-
reaux du ministère de la guerre. Guidé par un
heureux instinct, il avait composé quelques jolies
romances qui avaient obtenu du succès dans les
salons ; mais son instruction musicale était si
peu avancée, qu'il ne les écrivait qu'avec peine,
et qu'il était sans cesse obligé de recourir à l'a-
mitié de Clioron pour corriger les fautes d'har-
monie de ses accompagnements de piano. Jouis-
sant enfin de quelque aisance par sa nouvelle
position, il prit la résolution de recommencer ses
éludes de musique, prit un maître de solfège et
reçut des leçons de chant de Gérard , professeur
au Conservatoire. Cambini lui enseigna quelque
peu d'harmonie et lui fit analyser les partitions
d'opéras italiens des maîtres de cette époque.
Devenu plus habile, Romagnesi se livra avec ar-
deur à la composition de romances, en publia
un grand nombre, et devint à la mode pour ce
genre de musique. Enhardi par le succès, W ne
borna pas son ambition à briller dans la spécialité
pour laquelle la nature l'avait formé ; il voulut
lâter du théâtre et fit représenter, le 27 juillet
t822, au théâtre Feydeau, un opéra en trois actes
intitulé ^'adiret Sëlim, faible production qui dis-
parut <lo la scène après quatre ou cinq repré-
f^enlations. Trois jours en une heure, opéra-
comique en un acte, qu'il fit jouer en 1830, ne
fut pas plus heureux. Kn 1832, Romagnesi éta-
blit une maison de touunerce de musique par-
ticulièrement destinée au chant : il y publia
une édition coniplète de ses romances, en 3 vo-
lumes gr. in-4". Le succès de vogue obtenu par
quelques-unes de ces petites pièces est justifié
liar leurs mélodies gracieuses et naïves. On a
aussi de cet artiste les ouvrages intitulés :
1" VArt de chanter les romances , les chan-
sonnettes, les nocturnes, et généralement toute
la musique de salon, accompagne de quelques
exercices de vocalisation , et suivi de dix ro-
mances pour servir d'application à la mé'
thode; Paris, Duverger, 1846, in 8° de 32 pages,
avec 24 pages de musique. — 2" Psychologie
du chant. Méthode abrégée de l'art de chan'
ter contenant des exercices de vocalisation
et de Mélodie de genres différents ; ibid,. 1846 ;
in-S" de 40 pages, avec 22 pages de musique.
Romagnesi a dirigé l'Abeille musicale, journal
mensuel de chant avec piano ou guitare, qui a
commencé à paraître au mois d'octobre 1828, et
a continué jusqu'en 1839. Cet artiste est mort à
Paris le 9 janvier 1850. Il s'était endormi pai-
siblement le soir, et, sans avoir été malade, il ne
se réveilla plus.
ROMAGXOLI (Deifobo), compositem- et
organiste de la cathédrale de Sienne, naquit
dans celte ville vers 1765, et eut pour mallre
son compatriote Lorenzo Borzini. Il obtint m
nomination d'organiste en 1795. On connaît en
Italie beaucoup de compositions religieuses de
cet artiste , en manuscrit.
ROMAGIVOLI (llECTOit), frèredu précédent,
naquit à Sienne en 1768, et après avoir terminé
ses études musicales sous la direction de Borzini,
obtint la place de maître de chapelle de la .Ma-
done di Provenzano, dans sa ville natale. 11 a
composé plusieurs messes, des i)s.innies, ilcs li-
tanies et des cantates, qui sont restés en .ma-
nuscrit.
ROMAN A (Le P. Fr. Jlan), né à Piera ,
près de Barcelone , fit ses études musicales au
monastère de Montserrat, sous la direction du
P. Marquez, et y fit profession en 1632. Il fut
maître de chapelle et organiste de son ordre.
Savant théologien , il fut prieur de Castellfotlit,
puis maître des novices et prieur de Rindevillus.
Les historiens espagnols disent qu'il ctait savant
musicien , grand organiste, et qu'il écrivit de
belles toccates pour l'épinette , et <le remarqua-
bles Caillardas para Chirimia (Gaillardes pour
le baulboi.s).
ROMANCISTO (Le P. Domituxo), né
d'une famille noble de Bologne, vcr^j le milieu
du seizième siècle, fut moine du Monl-Olivet et
ROMAJNCISTO — ROMBERG
301
niaîlre de chapelle de son couvent : On a pu-
blié (Je sa composition : Psalmi qui cunctis
diebus anni festis pro tempore recUatur, sex
vocum; Ferrare, V. Balfiini, 1587. in-4"'.
ROMAIVI (D.), surnommé Senensis, parce
qu'il était né à Sienne (Toscane), fut moine de
la congrégation du Mont-Olivet, et vécut à Rome
dans la seconde moitié du seizième siècle, au
couvent de cette compagnie religieuse. Il fut
(iu petit nombre des élèves de Pierluigi de Pa-
iestrina. On a de la composition du P. Romani
l'œuvre qui a pour titre : Missarwn quinque et
sex vocum Liber primus; Roma, Nicolo
Muzio, 1596, in-fol.
ROMANI (Etienne), né à Pise le 2 février
1778, a fait ses études musicales au Conserva
toire de la Pietà de' Turchini, àNaples, sous
la direction de Sala et de Tritto. Il a beaucoup
écrit pour l'église , et a donné au théâtre de Li-
vonrnc L'Isola incantata, et à Pise, / ire
Gobbi.
ROMAIVIIVI (Antoine), organiste vénitien,
né vers le milieu du seizième siècle, fut élève
d'André Gabrieli, et se présenta au concours pour
lui succéder dans la place d'organiste du second
oigue de l'église Saint-Marc, au mois de décem-
bre 1586. Il subit cette épreuve avec Vincent
Rellavere, ou JicW Harer, et Paul Giusto, dit
da Casfello (vo<j. ces noms) -. ce fut Bell' Haver
qui l'emporta , par décret des procurateurs de
Saint-Marc, en date du 30 du même mois. On
n'a pas jusqu'à ce jour d'autre renseignement
sur la personne de Romanini; et sur les posi-
tions qu'il occupa, avant et après cette épo-
que (voyez la Storia délia musica sacranella
giù cappella ducale di S. Marco in Venezia,
de M. Caffi,, t. I,p. 189). Je n'ai pas trouvé d'œu-
vres de la composition de cet artiste dans les
grandes bibliothèques que j'ai visitées , ni dans
les catalogues que j'ai parcourus , mais Diruta
(voy. ce nom ) a inséré dans la première partie
de son Transilvano une loccate du huitième
ton en tablature {intavolata), sous le nom à' An-
tonio Homanini.
ROM ANO (Alexandre), surnommé yl?e55ff?i-
dro délia Viola, à cause de son habileté sur
cet inslrunicnt, naquit à Rome vers 1530. Il entra
dans la chapelle pontificale en qualité de chape-
lain-chantre dans l'année 1560. Plus tard, il
abandonna cette position , pour se faire moine
de la congrégation de Monte OU veto, sous le
nom de don Giulio Cesare. D'un caractère peu
sociable, il eut des démêlés avec plusieurs mem-
bres de son ordre, car Bancltieri (voy. ce nom)
à\l (Diretlorio monastico, lib. 2, part. 3,
f" 287) que son existence ne fut pas heureuse dans
son monastère. Les ouvrages connus de ce reli-
gieux sont ceux-ci : l" Il primo libro délie JSa-
politane a 5 vocicon unacanzonelta ; Venelia,
app. Girolamo Scotio, 1572, in-4". — IL"' Il se-
condo libro délie canzoni alla napolitana a
5 voci ; in Venelia, app. l'Eredi di Girolamo
Scolto, 1575, in-4''. —3° Il priyno librodi Mo-
tetti a cinque voci; ibid., 1579, in-i". Adami de
Bolsena (voy. ce nom) cite aussi de Romano
des Concerna più voci, e stromenti.
ROMAKO (Charles-Josfpu) , né dans la
Lomt)ardie, fut organiste et maître de chapelle à
l'église de la Passion de Milan dans la seconde
moitié <lu dix-huitième siècle. On connaît de sa
composition les ouvrages dont voici les titres :
fArmonia sacra e Motlelli apiù voci, libro 1",
op. 4 ; Milan , Comagni frères. — 2° Armonia
sacra, etc., libro 2°, op. 4 ; ibid., 1680, in-4".
— 3" Cigno sacru a Motletti a più voci ; Milan,
Franc. Vigoni, 1668. — 4° sirenea sacra. Mot-
tetti, Messa e Salmiper tutti i Vespri, Magnifi-
cat, Ecce nunc, Pater uoster, Veni Creator, e Li-
tanie delta Beata Virgine a 5 voci, op. 3 ; Mi-
lan, Comagni frères, 1674, — 5° Il primo libro
de' Motetti a voce sola, op. 2; Milano, Fr. Vi-
goni, 1670.
ROMANO (J.-H.), dont le nom véritable
était ROHMANN, maître de chapelle du roi de
Suède, vécut dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Il fit exécuter en 1724, à Stock-
holm, une musique solennelle, le troisième jour
de Pentecôte, dans l'église allemande. En 1738,
il était encore dans cette ville, et y donnait des
concerts publics. On a gravé de sa composition :
1" Douze sonates pour 2 flûtes et basse con-
tinue. — 2" Dix idem, livre 1 ; Amsterdam, Ro-
ger.
ROMANO (Louis), compositeur italien in*
connu, a écrit la musique de l'opéra sérieux in-
titulé Calipso abbandonata, qui fut joué avec
succès à IJrùnn, en 1793.
ROMBERG (André), fils de Gérard-Henri,
virtuose clarinettiste et directeur de musique à
Munster, naquit à Veclile, entre cette ville et
Osnabruck, le 27 avril 1767. Ses heureuses dis-
positions pour le violon et pour la composition
se manifestèrent dès ses premières années. Ses
progrès furent si rapides, qu'à l'âge de sept ans
il put se faire entendre dans un concert public,
avec son cousin Bernard Romberg, devenu de-
puis lors le plus célèbre des violoncellistes alle-
mands. L'amitié qui unissait déjà ces deux ar-
tistes ne se démentit pas dans le cours d'une
longue carrière. Le talent d'André se dévelop»
pant de jour en jour, il fut bientôt en état de
voyager en Hollande , en France , en Allemagne
502
ROMBERG
♦■t en ilalie : partout il se fit applaudir avec eii-
lliousiasme. Df'jà son liabildé dans la composi-
tion se faisait apert^voir dans de premiers essais
de musique instrumentale. A l'âge de dix-sept
ans, il visita Paris pour la première fois, et se
fit entendre cliez le baron de Bagge {vo>/ez ce
nom; avec tant de succès, que le directeur du
Concert spirituel l'engagea pour la saison de
1784. Après plusieurs années de voyages, An
dré Romberg entra au service de l'électeur de
Cologne, et se livra à ses travaux dans la com-
position avec beaucoup d'activité. Cinq ans après,
il recommença ses voyages avec Bernard Rom-
berg, et visita toute l'Italie. Arrivés à Rome, ils
y trouvèrent un protecteur dans le cardinal Rez-
zonico, qui leur procura l'honneur, jusqu'alors
inconnu, de donner un concert au Capitole,
le 17 février 1796. De retour en Allemagne par
le Tyrol, André Romberg s'arrêta à Vienne, et
s'y fit admirer par son double talent de violo-
niste et de compositeur. Haydn lui-même accorda
beaucoup d'éloges au premier quatuor de sa com-
position qu'il y fit entendre. En 1797 il retourna
à Hambourg, qu'il avait visité quelques années
auparavant, et s'y fixa. Il s'y lia d'amitié avec
le poète KIopstock, et pour la première fois s'y
sépara de Bernard, qui partit en 1799 pour l'An-
gleterre, ptiis se fixa à Paris, où André, cédant à
ses instances, alla le rejoindre vers la fin de
1800. Quelques-unes de ses compositions furent
essayées dans les concerts de la rue de Cléry ,
alors le rendez-vous de tous les amateurs de
musique : elles furent peu goûtées. La chute
de l'opéra comique DonMendoce, ou le Tuteur
portugais, qu'il avait écrit pour le théâtre Fey-
deau, acheva de le dégoûter du séjour de cette
grande ville. Il retourna à Hambourg, et s'y
maria. ]| y passa quinze années, incessam-
ment occupé de grands travaux de composition,
et y reçut un témoignage flatteur de distinction
dans le diplôme de docteuren musique, qui lui fut
envoyé par l'université de Kiel. Appelé à Gotha
en 1815, avec le titre de maître de chapelle
delà cour, il s'y rendit avec sa famille, et y écrivit
plusieurs grands ouvrages. C'est dans cette ville,
qu'à la .«-uite de plusieurs attaques d'apoplexie,
il mourut le 10 novembre 1821, à l'âge de cin-
quante-huit ans. Toute l'Allemagne exprima des
regrets pour la perte de cet artiste estimable,
qui n'a pas trouvé pour ses productions autant
d'estime chez les nations étrangères. Admirateur
passionné des œuvres de Haydn et de Mozart ,
André Romberg eut peut-être le tort de suivre avec
trop de fidélité la roule tracée par ces grands ar-
tistes. Abondant en mélodies heureuses, écri-
vant avec pureté , toujours gracieux , élégant ou
brillant, il n'a manque que d'audace, pour .'(
frayer de nouvelles voies dans l'art. Tel il trouv.i
cet art, tel il le laissa dans ses ouvrages, qui sont
tous dignes de l'estime des connaisseurs, mais
où l'on ne trouve pas les qualilcs de l'inspi-
ration qui, seules, font les grandes renommées.
André Romberg fut un des compositeurs les
plus féconds de son époque, si ce n'est le plus
fécond de tous. Il s'est essayé dans tous les genres,
et dans tous, à l'exception de la scène, il a mon-
tré du talent. Parmi ses nombreuses productions,
on cite : T Six symphonies à grand orchestre ;
quatre seulement.(œuvres, 6, 22, 33 et ,)1) ont
été gravées à Leipsick, chez Peters , et à Paris,
ciiez Janet. 2° Huit ouvertures; on n'a publie
que celles de Mendoce, des Ruines de Pn-
luzzi, de la Magnanimité de Scipion et unt;
ouverture détachée (en ré), op. 34, ib. — 3° Sym-
phonie concertante pour violon et violoncelle (avec
B. Romberg), Bonn, Simrock; Paris, Pleyel. —
4" Quatre concertos pour le violon, op. 3, 8, M),
50; Paris, Bonnet Leipsick. — 5° Rondos pour
violon et orches'.re, op. 10, 29; Leipsick et Ham-
bourg. — G" Airs variés idem, op. 17, 66. ibid. —
7° Quintettes pour 2 violons,2 altos et violoncelle,
op. 23. 58, Hambourg, Bœhme; Leipsick, Peters;
Paris, Pleyel. — 8" Quatuors pour2 violon.s,alto et
basse, op. 1, 2, 5, 7, 11, le, 30, 58, 59 (en tout
25 gravés et 5 inédits); Paris, Pleyel et Janet;
Leipsick, Bonn, Vienne et Offenbach. — 9" Duos
pour 2 violons, op. 4, 18, 56, ibid. — 10" Études
ou sonates pour violon seul, op. 32, Leipsick,
Peters. — 11° Huit quintettes pour flûte, violon,
2 altos et violoncelle, dont quatre publiés,
op. 21; 41, Bonn, Simrock; Leipsick, I*eters. —
12" Quintette pour clarinette, violon, 2 altoset vio-
loncelle, op. 57; ib. — 13" Quatuor pour piano,
violon, alto et basse, op. 22; ib. - 14" Sonates pour
piano et violon, op. 9, Bonn, Simrock. — 15° Can-
tate spirituelle à 4 voix et orchestre, en partition ;
Leipsick, Breitkopf et Hairtel. — 16" Psaume /)m('
Dominus, à 4 voix , chœur et orchestre, en par-
tition; Leipsick, Peters. Ce morceau avait éti'
mis au concours; Romberg obtint le prix, à Ham-
bourg.— il" Pater noster, à 3 voix et orchestre,
en partition; Hambourg, Bœhme; Paris, Bcaucé.
— 18°/^so/morf/e consistant en cinq psaume.s,3f«-
gnificat et Alléluia, à 4, 5, 8 et 10 voix sans ac-
compagnement, d'après la traduction ailemandedc
Mendeissohn; Offenbach, André. — 19" Te Deum
à 4 voix et orchestre, en partition, Bonn, Sim-
rock. — 20" Selmar et Sclma , élégie à 2 voix,
2 violons, altoet basse; Leip.sick, Pelers.— 21» Zo
C/oc/ir, de Schiller, à 4 voix et orchestre, op. 25;
ibid. — 22" Die Kindesmarderin (l'Infan-
ticide), de Schiller, chant avec orchestre, en par-
ROMBERG
30 3
îition, op, 27; Md.— 23° La puissance duchant,
<le ScluUer, chant avec orchestre, en partition,
op. 28; ihid. — 24° ie Pucetle d^Orlëam, mono-
logue de Schiller, avec orchestre, en partition,
op. 38; ibid. — 25" Ode de Kosegarten, à 4 voix
et orchestre ; eu partition , op. 42, Bonn, Siinrock.
— 26" Le Comte de Ilapsbourg, ballade de Schil-
ler, à voix seule et orchestre, en partition, op. 43;
ibid. — 27" Le Désir, de Schiller, à voix seule
elorcliestre, op. 44; ih. —28" L'Harmonie des
sphères , de Kosegarten , à 4 voix et orchestre ,
< n |)artition, op. 45; ibid. — 29" Plusieurs suites de
«liants à 3 voix et piano; Hambourg, Bœhme.
— 30" Sept opéras ; on n'a gravé que les parti-
tions pour piano de la Magnanimité de Scipion
<;l tics Rnincs de Paluzzi. Tant de traveaux fu-
rent peu productifs, car André Romberg laissa
en mourant sa veuve et six enfants dans une si-
tuation voisine du besoin : plusieurs villes de l'Al-
lemagne vinrent à leur secours avec le produit
<Ie concerts donnés à leur bénéfice.
UOMBËRG (nERNAUD), chef de l'école du
violoncelle en Allemagne, naquit à Dinklage, près
<l(^ Munsler. Son père, Antoine Romberg, habile
bassoniste, né en 1745, avait été d'abord atta-
ché à la cathédrale de celte ville, puis s'était établi
•ilîonn; plus tard il lut premier basson àl'orches-
lie de Hambourg, et enlin il se retira à Munster,
()!:il mourut en 1812. Les biographes placent l'épo-
ijue de la naissance de Bernard Romberg en 1770 ;
cependant je crois qu'elle doit être reculée de quel-
ques années, car lorsqu'il joua en public du violon-
telle avec son cousin André Romberg, qui n'était
Igé que de sept ans, il n'aurait été que dans sa
^juatrième année; cequiest peu vraisemblable. On
ne connaît pas le nom do son maître, il y a lieu
<le croire que ce lut quelque musicien obscur de
la chapelle de Munster, et que Romberg ne dût
qu'à lui-même le beau talent admiré de l'Europe
entière. A[)rès avoir fait applaudir la précocité de
ce {aient, dans les voyages qu'il fit avec son
oncle Gérard Henri, et avec son cousin André,
il vécut pendant plusieurs années à Bonn, où
l'étude et la méditation mûrirent ce talent donné
par la nature. En 1793, Bernard Romberg par-
tit de Bonn à l'approche de l'armée française,
et alla s'établir avec sa famille à Hambourg, où
il entra en qualité de premier violoncelliste à
l'orchestre du théâtre dirigé par Schrœder. Trois
ans après il partit pour l'Halie, et y e\cita une
vive sensation partout où il donna des concerts.
De retour à Hambourg, il n'y resta que peu de
temps, car il en partit en 1799 pour se rendre
en Angleterre. Après avoir donné quelques con-
certs à Londres, il visita le Portugal, l'Espagne,
«t arriva à Paris, en 1800. Les succès qu'il ob-
I tint aux concerts de la rue de Cléry et du théâ-
tre des Victoires le firent appeler à remplir une
place de professeur de violoncelle au Conserva-
toire de cette ville, en 1801. Son beau talent
était alors dans tout son éclat. Si le son de Du-
port avait plus de rondeur et de moelleux; si le
style de Lamare était plus délicat et plus élégant,
1 Romberg ne se montrait pas moins le premier des
violoncellistes sous les rapports de l'énergie et de
la puissance de l'exécution. Duport était alors à
Berlin , et Lamare se disposait à partir pour la
Russie : l'acquisition d'tin professeur tel que Rom-
berg était donc précieuse pour le Conservatoire :
malheureusement il ne prolongea pas son séjour à
Paris au dclàde i 803. H retourna alors à Hambourg,
et y demeura jusqu'en 1805, où le roi de Prusse
l'appela à Berlin, en qualité de violoncelliste .solo
de sa chapelle. Les événements de la guerre de
Prusse en 180C vinrent troubler l'heureuse situa-
tion de Romberg, et l'obligèrent à faire un voyage
.i Prague, en Hongrie et à Vienne. De retour à
Berlin, après la paix de Tilsit, il y resta jus-
qu'en 1810, puis visita la Silésie, la Pologne et
la Russie. .\rrivé à Pétersbourg, il y rencontra Ries
(voyez ce nom), et voyagea avec lui dans l'U-
j kraine, à Kiew et dans quelques autres chefs-
lieux de provinces de l'empire russe. Les deux ar-
tistes .se disposaient à visiter Moscou, quand la
nouvelle de l'incendie de cette ville leur parvint
et les fit changer de direction. Romberg se rendit
à Stockholm, donna des concerts à Copen-
hague , Hambourg, Brème, dans les priucipa-
les villes delà Hollande et de la Belgique, puis
fit un court séjour à Paris. Dans un second
voyage en Russie, il demeura près de deux ans
à Moscou, et enlin retourna, en 1S27, à Berlin,
qui devint son séjour habituel. Au mois de fé-
vrier 1840, il a fait un voyage à' Paris, et y
a joué quelques-unes de ses dernières composi-
tions dans les salons de plusieurs artistes. Je
l'ai entendu à cette époque, et je puis assu-
rer qu'il n'existait plus rien du beau talent que
j'avais admiré à Paris trente-huit ans auparavant.
Un son faible, un jeu timide, des intonations
douteuses, un archet débile, avaient pris la place
des grandes qualités de l'artiste d'autrefois.
C'était un triste spectacle que celui de ce vieilianl
qui ne voulait pas finir avec ce qui le quittait,
et qui semblait se plaire à porter de mortelles
atteintes à sa belle renommée.
Le mérite de Romberg, dans se5 composiiions
pour le violoncelle, ne fut pas inférieur à son
talent d'exécution. Ses concertos sont encore
considérés comme des modèles d'un style noble
et brillant à la fois. 11 s'est aussi essayé dans
d'autres productions instrumentales , et même
304
ROMBERG — ROM I EU
dans des opéras; mais ces œuvres sont de beau-
coup inférieures à celles qu'il a produites pour
son instrument. Parmi celles-ci, on remar-
que : 1*' Concertos pour violoncelle et orches-
tre, n" 1 (en si bémol), op. 2, Paris, Érard;
n" 2, (en ré), op. 3, ibid.; n° 4 (en mi mineur),
op. 7, ibid.; n° 5 (en fa dièse mineur), op. 30,
Bonn, Simrock; n" 6 (militaire), op. 31, ibid.;
n" 7 (en ut), op. 44, Leipsick, Peters; n" 8 (en
la), op. 48, Vienne, Haslinger; n" 9 (en si
mineur), op. 56, ibid. — 2° Concertinos idem : n" 1
(en sol), Mayence, 5011011;^" 2 (en mi mineur).
Vienne, Pennauer; n° 3(en ré), op. 51 , Vienne, Has-
linger.— 3° Fantaisie pour violoncelleetorcbestre,
op. 10, Paris, Erard. — "i" Polonaises idem, op.
29 et 36, Leipsick, Peters. — 5° Airs russes variés
idem, op. 14, Bonn, Simrock. — 6" Caprice sur des
airs suédois, id. op : 28; Bonn Simrock; —
7"Idem, surdes airspolonais, op. 47; Vienne, Has-
linger. — 8° Rondo brillant idem, op. 49; ibid. —
9" Deuxième et troisième collections d'airs russes
pour violoncelle et quatuor, op. 20 et 37; Paris»
Pleyel; Bonn, Simrock. — 10" Quatrième recueil
d'airs russes pour violoncelle et orchestre, op 52;
Vienne, Haslinger. — 11" Caprice sur des airs mol-
daves et valaquespour violoncelle, 2 violons, alto,
violoncelle et contrebasse, op. 45; Leipsick, Pe-
ters. — 12° Caprice et rondo sur des airs espa-
gnols id., op. 13, ibid. — 13" Fantaisie sur des airs
norvégiens avec quatuor, op. 58; Mayence, Schott.
— 14" Quatuors pour 2 violons, alto et violoncelle,
op. 1. Leipsick, Breitkopf et Hajrtel; op. 12, Paris,
Pleyel; Leipsick, Peters; op. 25, Leipsick, Peters ;
n" 8, Paris, Pleyel; Leipsick, Peters ; n° 9, op. 39,
ibid. — IS^Trios pour violon, alto et basse, op. 8,
Paris, Érard; idem, op. 38, pour violoncelle, alto
et basse, Leipsick, Peters. — 16" Duos pour deux
violoncelles, op. 9, Paris, Érard; idem op. 33,
Leipsick, Peters; Paris^ Pleyel, Richault. —
17° Trois sonates avec bass^, op. 43; Leipsick, Pe-
ters.— 1 8" Diverses pièces détacbées,tels que diver-
tissements, andante, pots-pourris, etc., avec qua-
tuorou piano. Lesautrcs compositions de Rombcrg
consistent en trois opéras, savoir : La Statue re-
trouvée, à Bonn, en 1790; le Naufrage, ibid.,
1791; Ulysse et Circé, grand opéra; ce dernier
a été gravé en partition réduite pour le piano,
â Leipsick, chez Peters; symphonie tunèbre pour
la mort de la reine de Prusse, op. 23, ibid.
symphonie à grand orchestre, op. 28, ibid.; ou-
vertures id., op. 11 et 14, Leipsick, Breitkopf
et Hairtel, Peters; symphonie concertante pour
deux cors, op. 41, Leipsick, Peters.
ROMBERG (CïHKiEN), (ils d'André, est né
à Hambourg, en 1810. Élève de son parent pour
le violoncelle, il a voyagé en Allemagne, en Hon-
grie, en Bohème, puis s'est fixé à Pétersbourg'
oii il est attaché à la musique de l'empereur. Il
a publié pour sou instrument : l"Concertino (en
sol), op. 1, Leipsick, Peters. — 2° Fantaisie avec
orchestre, op. 2, ibid.
ROMER (P.). Un compositeur anglais de ce
nom a fait représenter à Princess-Theatre, de
Londres, au mois de novembre 1840, un opéra
romantique intitulé Fridolin, qui a eu quel-
ques succès. J'ignore si ce musicien est l'auteur
d'une brocliure publiée sous le même nom et qui
a pour titre : The Physiologij of ihe human
î;o«'ce (Physiologie delà voix humaine); Londres,
Leader et Cock, 1845, in-S" de 68 pages.
Une cantalatrice de talent, nommé Miss Ra-
mer, a chanté à l'opéra anglais de Londres, de-
puis 1838 jusqu'en 1846. C'est à elle que Bene-
dict avait confié le rôle le plus important de son
opéra l'he Crusaders (Les Croisés), qui fut re-
présenté au théâtre de Drunj-Lane, le 26 février
1846. Elle appartient vraisemblablement à la
môme famille que le précédent.
ROMERO DE AVILA (D. Jéuome), ec-
clésiastique, racionaire et maitrc du chœur de
la cathédrale de Tolède, dans la .seconde moitié
du dix-huitième siècle, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Arledecanto llanoy organOfOpron-
(uario vmsico dividido en cualro partes (Art
du plain-chant et de la musique meMirée, ou
armoire musicale divisée en quatre cases). .Ma-
drid, 1785, in-4°. Une deuxième édition de cet
ouvrage a paru à Madrid, en 1830, sous le sim-
ple titre : Arte de canto llano y organo. Ro-
mero a fait une exposition des rèi^les du chant
mozarabe, appelé chant eugénien ou mélodi-
que, dans une dissertation insérée au Brevia-
rimn gothicum secundum regulam Beatis-
simi hidori, etc, ad usuni sacelli mozarabum
(Matriti , 1775, in-fol.). On trouve dans cette
dissertation un fragment de rancien chant go-
thique-mozarabe noté par une des variétés des
notations neumatiques du moyen Age, accom-
pagné d'une traduction en notation moderne,
laquelle démontre que la tradttix]in de l'église de
Tolède .s'est altérée et ne repose plus sur des
principes certains; car Romcro attribue des si-
gnifications différentes aux mêmes signes, et
un sens identique à des signes dont les diffé-
rences sont évidentes. Toutefois la dissertation
du savant chantre de Tolède a beaucoup d'intérêt
pour l'histoire de la formation du cliant mozarabe
par le mélange de l'ancien chant gothique d'Es-
pagne avec le goût des mélodies moresques.
ROMIEU (....), membre de la Société
royale des sciences de Montpellier, vécut dans
cette ville vers le milieu du dix-huitième siècle.
ROMIEU — RONCONl
305
Il découvrit, en 1743, un pliiinomène liaimoni-
qiie dans lequel deux sons aigus étant produits
simultanément, à un intervalle liarmonique quel-
conque, il se forme de la réunion de leurs vi-
brations un troisième son grave qui est aussi
dans un rapport harmonique avec les deux au-
tres; c'est ce qu'on appelle le phénomène du
troisième son. Romieu fit insérer un mémoire
sur ce sujet dans le compte rendu de l'assemblée
publique de la société royale tles sciences, tenue
dans la grande salle de l'hôtel de ville de Mont-
pellier, le 16 décembre 1751. Ce mémoire a pour
litre : Nouvelle découverte des sons harmo-
niqties graves, dont la résonnance est très-
sensible dans les accords des instruments à
vent. Serre a rendu compte de cette expérience
dans ses Essais sur les principes de l'harmonie
(voyez Skrre), et en a donné une explication
satisfaisante. C'est celte même expérience qui est
devenue la base du système de Tartini (voyez
ce nom).
IIOMOWACEK (ALois), bon organiste et
in^titutour à Radonicz, près de Lauu, en Bo-
hôme, naquit en ce lieu vers 1740. Élève de
Segert Kopriwa, il fit honneur à ce grand artiste
par son habileté sur l'orgue et dans la compo-
sition. Il mourut à l'âge de soixante-quatorze
ans, le 12 janvier 1814. Il a écrit de la musique
d'église, des concertos et des sonates pour l'or-
gue, ainsi que des quatuors, quintettes et sex-
tuors pour des instruments à cordes, qui sont
restés en n»anuscrit.
ROiX (Mautin DE), fils d'uu banquier de
Stockholm , naquit dans cette ville, en 1790.
Bien que simple amateur de musique , il fit une
étude sédeuse de la littérature musicale, apprit
à jouer de plusieurs instrumeuls , et composa
avec goût. Ses fréquents voyages pour les alTaires
et les travaux de sou intelligence usèrent avant
le temps son tempérament; il mourut d'étisie
à Lisbonne, le 20 février 1817, à l'âge de vingt-
,sept ans. Les quatuors d'instruments à cordes
étaient le genre de musique qu'il aflectionnait
particulièrement :dans loules les villes où il ar-
livail, il rassemblait des artistes pour en exécu-
tir. On a gravé de sa composition un bon quin-
tette pour piano, lltlte, clarinette, cor et basson,
op. 1, Lei|)sick, Breitkopf et Ha^rtel. un thème
finlandais avec variations pour clarinette et or-
chestre, et un andante et polonaise poiir basson
et orchestre, ibid. Cet amateur distingué a fourni
plusieurs articles à la Gazette musicale de Leip-
sick, entre autres un Aperçu de Vètat de la
musique en Portugal, principalement à Lis-
bonne et à Porto, avec une notice sur la mu-
sique nationale.
BlOCn. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VII.
ROKCiVGLIA (François), très-bon sopra-
niste, né à Faenza, vers 1750, était attaché, en
1772, au théâtre de Manheim, puis il retourna en
Italie et chanta à Rome eu 1781, à Naples, en
1784, à Bologne, au printemps de 1787, à Milan
au carnaval de 1788, à Pérouse, en 1790, et à
Rimini, en 1791. On ignore où cet artiste a ter-
miné ses jours.
ROA'COKI (DoMiM.jiE), célèbre ténor el
très-bon professeur de chant, naquit à Lendinara
di l'ollesine , en Lombardie, le 11 juillet 1772.
L'abbé Cervellini, maître de cha|>elle a Trieste,
lui enseigna le piano, le chant et le contre|)oint.
Doué parla nature d'une bonne voix de ténor,
il fit de rapides progrès dans un art où l'accliie-
rotliet Hahinifurentsesmodeles.il n'était àgéque
de dix-huit ans lorsqu'il se maria et alla s'établir
à Conegliano, en qualité de maître de chant. L'in-
vasion de l'Italie par les armées françaises le dé-
cidai se retirera Venise, en 1795 :il y trouva des
ressources dans l'enseignement et dans les égli-
ses ou dans les concerts. En 179C, il débuta au
tliéûlre San-Benedetlo dans la Meropr<]e Naso-
lini. Le succès qu'il y obtint lui procura bien-
tôt des engagements dans les princi|)ales villes
de l'Italie. Appelé à l'étersbourg pour l'O-
péra italien, il y chanta depuis isoi jusqu'en
1805. .Après son retour en Italie, il excita le
plus vil' enthousiasme à Venise, à Padoue, à
Trieste, à Vicence, à Bologne, à Milan, àPlo-
renceet à Rome. En 1809, la cour impériale de
Vienne lui confia la direction de rO|)éra italien;
l'année suivante. Napoléon le fit venir à Paris
pour prendre part aux concerts des fêtes de son
mariage avec Marie-Louise. De retour en Italie,
il reparut avec éclat sur les théâtres les plus
importants. En 1819, le roi de Bavière lui fit
Jaire des propositions pour chanter à l'Opéra, et
enseigner le ch«nt aux princesses de la famillr-
royale : les avantages qui lui étaient assurés dé-
cidèrent Ronconi à passer dix années à Munich.
Il y termina sa carrière dramatique par le rôle
d'Otello. En 1820, Ronconi est retourné à Milan,
et y a ouvert une école de chant qui a produil
de bons élèves, parmi lesquels on remarque ses
trois fils et M"» Unghcr. On a impiiuié de sa
composition : 1» Six ariettes italiennes, dédiées
à l'impéralrice de Russie. — 2o Douze ariettes
avec accompagnement de piano. Milan, Ricordi.
Ronconi est mort à .Milan, le 13 avril 1839.
ROIVCOJVI (Georges), fils aîné du précédent,
et célèbre chanteur baryton, est né à Milan, en
1810. Élève de son père, il prit de lui la tradi-
tion d'une belle mise de voix et d'une manière
large de phraser. Son début sur la scène se fil
à Pavie en 1831, et eut tant d'éclat, qu'il fut im-
20
306
ROINCONI — RONTANI
inc<liatenient après engage au théAtic Vallc de
Rome, où il chanta , en 1832, l'opéra de Lauro
Hossi II Disertore suizzcro, avec un brillant
succès. On le retrouve dans la même ville en
1833 et 1834 : la population romaine ne se las-
sait pas de l'entendre. De Rome il alla à Naples
en 1835 et y trouva la même faveur. Il y chanta
pendant tonte cette année jusqu'à l'automne de
1836; puis il fut appelé à Florence, où il chanta
pendant deux ans ; ensuite il eut un engagement
pour le printemps de 1830 à Parme, d'où il re-
tourna ù Milan. Après y avoir lirillé au carnaval
de 18i0, il y fut rappelé en 1842. Toutes les
grandps villes de l'Italie voulurent l'entendre, et
s&s succès à Venise, à Turin, à Trieste, ne furent
pas moins brillants qu'à Milan, Florence, Rome
etNaples. Les villes de second ordre eurent leur
tour, et Livourne, Lucques, Modène, Véronne
et Padoue applaudirent son talent avec non
moins d'enthousiasme que les grandes cités.
A Vienne, à Francfort, à Londres, à Paris et
à Madrid, ses succès n'eurent pas moins d'é-
clat. Malheureusement la ptjriode de sa vie
qui commence en I846futagilée par des chagrins
<lomestiques et par le désordre de ses affaires :
car la prévoyance et l'économie lui étaient in-
connues. Nonobstant les sommes considérables
(|u'il avait gagnées, il avait des dettes, et ses
créanciers ne se montraient pas, indulgents
pour l'artiste. Son talent se ressentit de ces
tracasseries; sa voix perdit par degrés le tim-
bre et l'égalité, et sa situation financière ne lui
permit pas de se retirer quand il aurait fallu le
faire. Dans les derniers temps, on n'a pas eu
de renseignements précis sur la situation de
Ronconi. Au moment où cette notice est écrite
(1863), il vient de fonder im conservatoire de
chant à Cordoue (Espagne). Il a publié à Milan,
chez. Ricordi, 8 vocalises pour baryton ou con-
tralto, avec accompagnement de piano.
ROi\COI\I (FEUX), second fils de Domi-
nique, est professeur de chant distingué. Il a
vécu quelques années à W ùrzbourg, où il se li-
vrait à l'euseignemcnl. On dit qu'il est mainte-
nant en Espagne. On connaît de tel artiste, :
1" 6 Ariette italiane per inezzo soprano o
lioritoiio con piano forte; Milan, Kicordi. —
■>' // Desidcrio, arielta, iilem; ibid.
RON'COiXI ( SÉBASTIEN ), troi>ième (ils de Do
iiiinique, eut une Ixmne voix de basse et fut
chanteur estimable. Il début» a Milan en 1837 et
chanta à Rome, à Venise , à Florence et .i (Jè-
nei; toutefois il fut plus souvent enga;;)' par les
«*nlreprises de théâtres de second onlre. En
IS47, il était à ikriin; j<- n'ai plus en de rcn-
seigiMinents sur lui depuis celte époque.
ROI\(i (Giii.LviMK-FiRDiNANo), musicicH dc
la chambre du prince Henri de Prusse, avait di'jà
ce titre en 1786, et vivait encore ii Uerlin en
1821. Il donnait des leçons de solfège, de chant,
de piano, de violon et de guitare. On lui attri-
bue l'invention d'une sorte de guitare en forme
de lyre, à hiquelfe il donna le nom tVAjioUina
pour les (lames. Suivant M. de Ledebur (Ton-
kûnsfler-Lexiknn Ilerlin's p. 479), Rong était
tiéjà en 1800 un vieillard de quatre-vingts ans, et
aurait eu conséquemment plus d'un siècle s'il vi-
vait encore en 1821). Ils'estfaitconnaîlre comme
compositeur par des chansons allemandes à voix
seule, avec accompagnement i!e piano, publiées à
Berlin, et par des recueils de marches et d'airs
de danse. Il a écrit aussi en 1793 un duodrame
intitulé Aima vnd Se.hnar, pour le théâtre de
Potsdam. Mais c'est surtout pour ses écrits rela-
tifs à la musique qu'il mérite d'être mentionné.
Ils ont pour titre : 1" Elcmentarlehre am Cla-
vier ( Méthode élémentaire pour le clavecin^
Berlin, 1786, in-4''. Une deuxième édition lie
cet ouvrage est intitulée : Versiich eincr elc-
mentarlehre fur die Jugend am Clavier (Es-
sai dune méthode élémentaire de clavecin pour
les enfants), Potsdam et Berlin, 1793, in-4" de
43 pages et 17 planches de musique. Le frontis-
pice de cette édition a été renouvelé, avec l'in-
dication deStendal, chez Franzen et Gross. —
2" Theorelisch-pracktisches Jfandbuch der
Tonarten-Kenntniss (Manuel théorique et pra-
tique de la connaissance des tons ), Berlin .
Lange, 1805, in-4''. Le titre de ce livre a été
renouvelé en 1S14, de la manière suivanlc : AU'
leitvng zur grundliche Tonartenkenntniss in
dialog. Lehrort (Introiluction à la connaissance
fondamentale de la tonalité) ; Berlin, chez l'au-
teur. — 3" 48 Tableaux pour passer d'un ton dans
un autre, offrant, dans 552 exemples, une sorte
de dictionnaire de modulations à l'usage des
amateurs de composition et de libre fantaisie. —
4° Ein musikalisches Spiet, etc (Jeu musiral
pour s'instruire dans la connaissance des notes
et «les tons, etc.) ; Berlin, Lange, 1800.
ROI\TA.\l (Raphaei.), musicien llonnlin,
vécut à la lin «lu seizième siècle et au coin-
mencemf'nt du ilix-septiè:iie. Par la dédicace
d'un ouvrage de sa composition parvenu jus-
iiu'à nous, ou voit qu'il fut attaché au service
de don Antoine de Médicis, fils naturel du duc
François-Marie de Médicis et de Bianca Ca-
pello,ttqui (ut marquisdeCapistrano. L'ouvrage
dont il s'auit a pour titre : Le varie muiichc
di Huffavlle Pontnni, a unn, due etreroci,
per cuntare. nel clavi-cembalo, o vhituroni',
libro primo novamentc posto in luce; dcdi-
RONTANI — ROQUEFORT
307
cate a l'illustriss. et ccccllenliss . Signor D.
Antonio Medici ; Firenze , Marescolti (sic},
1614, petit in-fol.
ROi\ZI, famille de musiciens distingués, s'est
fait remarquer par des talents divers dans la
première moitié du dix-neuvième siècle. Le père
avait eu de la réputation comme maître de bal-
lets dans plusieurs grandes villes de l'Italie. Son
lils aîné, Stanislas Ronû,hon violoniste et mu-
sicien intelligent, se rendit à Paris en 1822 avec
sa sœur, Mme Ronzi Debegnis, et fut attacbé à
l'orcbestre de l'Opéra-llalien jusqu'en 1824. De
retour en Italie, il se fixa à Rome, y donna des
concerts avec succès, et fut attacbé au tbiàlre
Vnlle en qualité de premier violon. L eut un
fils, nommé Stanislas comme lui, qui fut té-
nor dramatique et cbanta h Turin, en 1845 et
à Bologne dans l'année suivante.
M"' Joséphine Ronzi, cantatrice célèbre en
Italie, épousa le bouffe Debegnis {voyez ce nom
et Ronzi Debegnis).On croit devoir ajouter ici
à ce qui a été dit dans cet article qu'elle était
née à iNIilan. Sa grande réputation commença en
Italie après son retour d'Angleterre en 1830.
Son débuta Naples en 1831 fut des plus lieu-
reux. Elle fut attacbée au théâtre Saint Charles
jusqu'en 1834, où elle alla chanter à Rome.
Bientôt rappelée à Naples, elle y fut reçue avec
acclamation, et y jouitde toute la faveur publique
pendant plusieurs années. Les autres villes où elle
s'est faitenlendrc avec succès sont Milan, Venise,
Vicence et îirescia.
Antoine Wo?i;/, ténor et compositeur, frère
de Stanislas père, cbanta à Livourn*', à Triesie
et à Rome en 1835, à Naples, dans l'année sui-
vante et en 1837, à Barcelone depuis 1838 jus-
(in'en 1840, et à l'aris en 1841. Ricordi, de Mi-
lan, a publié de la composition de cet artiste
une suite deneuf mélodies pour différentes voix,
avec piano, sous le titre VEco délia veneta
Laguna.
Louis limizi, le plus jeune des frères de cette
famille, était pianiste et compositeur. Il donna à
Milan, en 1838, une farce (opéra comique) inti-
tulée : 1 Rossiniani à Parigi (Les Rossjnistes à
Paris), et en 1844 à Venise, Louisa Strozzi.
Dans un concert que donna Stanislas Ronzi au
llicàtre Valle de Rome, en 1837, Louis exécuta
avec lui une symphcmie concertante de sa com-
position. Ces deux frères ont publié à Milan,
chez Ricordi : 1» Bouquet pour piano et violon
sur des motifs de l'oiu'ra / Puritani, op. I ; —
•?." n-.H) conrertanl.idem, op. 2.
IlOOTSEY (S.), auteur inconnu d'un sys-
tème particulier de notation de la mu>ique, dont
il a fait l'exposition dans un écrit intitulé : An
attcmpt io simplify ihe notation of Mnsic.
(Tentative pour simplifier la notation de la mu-
sique) ; Londres, Baldwyn, 1811, gr. in-4".
ROQUEFORT - FLAMERICOURT
(Jean-Baptiste-Bonavemture), fils d'un proprié-
tairedeSaint Domingue, naquit à Mons (Belgique)
le 15 octobre 1777 (1). Après avoir fait ses études
aucollégede Lyon, il se rendit à Paris, en 17it2. Il
est dit dans la Biographie universelle et porta-
/à'(?,deRabbe, que Roquefort entra dansuneécole
militaire, qu'il obtint le grade de sous-lieutenant
d'artillerie à l'âge de quinze ans, et (|u'il parvint
au grade de ca|)itaine , puis se retira pour de»
motifs de santé; mais tout cela est inexact. Ro-
quefort partit comme simple soldat, ainsi que
beaucoup déjeunes gens de cette époque, ne re-
joignit l'armée de Dumouriez qu'après la bataille
de Jemmapes, et profita de la retraite de ce gé-
néral pour retourner à Paris, où il se cacha pen-
dant un an sous un nom supposé. £n 1796, il
commençaà se livrer à l'enseignement du solfège,
du piano , et publia deux pots-pourris et des
contredanses et valses pour cet instrument, Paris,
Cochet et Momigoy. Ses liaisons avec Ginguené
et de l'Aulnaye lui inspirèrent le goût de l'histoire
et de la littérature de la musique : il se livra à
des recherches sur ce sujet, et rassembla beaucoup
de matériaux et de dessins d'instruments anti-
ques et du moyen âge. En 1804, nous commen-
çâmes ensemble la publication d'un Journal sur
la musique, dont il ne parut que quelques nu-
méros. Peu de temps après, il prit un goût pas-
sionné pour les monuments de ta littérature de
l'ancienne langue française appelée langue ro-
mane, et entreprit la rédaction du glossaire de
cette langue, qu'il publia eu 1808, et qui lui fit
honneur parmi les gens de lettres. Dès ce moment
il abandonna l'enseignement de la musique, et ne
s'occupa plus qu'accidentellement de la littérature
de cet art. Ses travaux, mal payé^, ne lui procu-
raient qu'une existence précaire. Il finit par être
obligé de se mettre à la solde de quelques libraires
pour donner des soins à de nouvelles éditions
d'anciens livres, passa ses dernières années dan»
un état voisin de la misère, el mourut en 1833,
épuisé parle travail et l'intelupérance. Au nombre
(M Cette date étant différente et de celle que j'ai donnée
dans 1,1 première cilitlon, ainsi que de celle qu'un Iroure
dans la Biogrnphie portative des Conlemporaiu.i, d«
Raab, et de celle du Dictionnaire historique des Miisi-
riens. Ae Choron et FayoUe, je crois devoir la justifier par
l'extrait de l'aete authentique d'où je l'ai Urée, et que
voici : « Entrait du registre des baptêmes de la paresse
« de St -Geruiainià Mons. Le 18 octobre 1777 a été bipli^é
« Jean-Bapllste-Bon . venture, né le 15 j quatre heure»
« après midi. Ois de Jean-François Roquefort, cl de Marie-
u Claire-Finance, parrain, etc. »
20.
308
ROQUEFORT — RORE
des ouvrages qu'il a publiés, on remarque celui
qui a pour titre : De l'état de la poésie fran-
çaise dam les XIP et XIIl^ siècles. Mémoire
qui a remporté le prix dans le concours pro-
posé, en 1810, par la classe d'histoire et [de
littérature ancienne de ffnstitut de France,
Paris, Foiirnier, 1814, un volume in-S". Cet ou-
vrage a été reproduit en 18?.l,avt'C l'adjonction
(l'une Dissertation sur la chanson chez tous
les peuples, Paris, Audin. Dans ce livre. Roque-
fort traite avec quelque développement de la mu-
sique et des instruments du moyen âge. Son tra-
vail a de l'importance à cause des textes nom-
breux des écrivains comtemporains qu'il cite. Il
a aussi expliqué beaucoup de termes de musique
de l'ancienne langue française dans son Glossaire
de la langue romane ; Paris, 1808 et 1820, trois
volumes in-8", y compris le supplément. Roque-
fort a rédigé pendant plus de quinze ans les ar-
ticles de littérature musicale dans le Moniteur
universel, et a fourni quelques notices sur des
musiciens à la Biographie universelle de
MM Michaud. Il avait possédé une collection de
livres sur la musique, riche en manuscrits pré-
cieux et en éditions anciennes ; mais longtemps
avant sa mort, elle avait été dispersée, parce qu'il
vendait ses livres lorsqu'il était pressé par le
besoin.
RORBERUS (GE0Rrrf.s), musicien allemand,
vécut vers la lin du seizième siècle. On connaît
sous ce nom : Disticha moralia, item Bene-
dictioneset gratiorum actiones, alixque sacra;
cantilense 4 vocum fugis continuatse, Nurem-
berg, 1599, in-4°.
RORE (CvpRiEN DE), ou plutôt VAN RORE,
musicien célèbre du seizième siècle, naquit à Ma-
tines en 1516. On n'a point de renseignements
sur sa première éducation musicale ; mais un sait
qu'il se rendit en Italie dans sa jeunesse, et qu'il
alla étudier à Venise, dans l'école de son compa-
triote Adrien Willaert, maître de clia|\elle de la
cathédrale de Saint-Marc. Pendant qu'il suivait
les leçons de ce maître, il était chanteur à celte
chapelle. Son épitaphe nous apprend qu'il fut
ensuite attaché au service du duc de Ferrare
Hercule II. Après la mort de ce prince, arrivée
le 3 octobre 1559, de Rore retourna à Venise, où
il remplit les fonctions de second mailre de cha-
jiellede Saint-Marc, pendant les dernières années
de la vie de Willaert, dont les infirmités ne per-
mettaient pas qu'il vaquât aux devoirs de sa place.
I.e 18 octobre 1563, de Rore succéda à cet il-
lustre professeur en qualité de premier maître
delà cathédrale ; mais il n'occupa cet emploi que
liendant environ dix-huit mois, ayant été engagé
roiDue directeur de la chapelle d'Octave Far-
nèse, duc de Parme et de Plaisance. Il ne jouit
pas longtemps des avantages de sa nouvelle po-
sition, car il mourut en 1565, à l'âge de quarante-
neuf ans, ainsi que le prouve son épit;iplie qui
existe encore dans la cathédrale de Parme. Cette
inscription est ainsi conçue :
Cyprlano Roro Flandro
Arti.s muslcae
Viro omiiluin perlU.ssinio
Cujus nomen fannaquc
Nec vctustate obrul
Nec obhvione deleri potcrit.
Hercules Fcrrarleii s. Duci^ Il
Deindc Venctorura
Postreino
Octavil Farnesll Parniseet Placenti.T
Ducis II Chorl pnrfccto
ludovlcus frater, lil. et hseredcs
MœsUsiiirni posueruilt
Obtit anno MDLXV œlatis xtn.
Les contemporains de Cyprien de Rore, parti-
culièrement Zarlino, P. Ponzio et Vincent Ga-
lilée lui ont accordé de grands éloges, justKiés
par quelques-unes de ses productions, et surtout
par ses motets à 4, 5, 6 et 8 voix. Arlusi ,
bien qu'assez avare de louanges, lui attribue
le mérite d'avoir été le premier qui atratigea
conTenabIcment la musique sur les paroles
(L'Artusi, oicero délie imperfettione délia
niusica, (>age 19). L'abbé Baiui a réfuté solide-
ment l'opinion d'Artusi dans les notes 176 et 177
de ses Mémoires sur la vie et les œuvres de
J. Pierluigi de Palestrina (tome I, p. 108), et a
démontré qu'avant Cyprien de Rore les compo-
siteurs avaient bien placé les paroles sous les notes
dans les madrigaux et dans les motels; l'usage
contraire n'existait que dans les messes ; or dans
celles qu'on possède de Rore, il est tombé dans
les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Les
ouvrages connus aujourd'hui de ce célèbre musi-
cien sont les suivants : 1° Il primo libre de
viadri'jali a quattro voci; Venise, Gardane,
1542, in-4°. La deuxième édition de ce recueil a
pour titre : Di Cipriano di Rore il primo libro
de' madrigali a quattro voci, di nuovo con
ogni diligenza riveduti e ristumpati, con l'ag-
giunla di quattro altri madrigali del mede-
simo autore novellamente messi in luce a
4 voci. In Vcnetia per Plinio Pietra-Santa,
15.57, in-4"obl. Les 21' et 22* madrigaux sont sur
des paroles françaises. Une autre édition de ce
preuiier livre a été imprimée à Ferrare, chez
liulghat, en 1550, in-4''. Une quatrième a paru
chez Antoine Gardane, en 1552, et une cinquième
chez Ange Gardane, à Venise, en 1575, in-4";
enfin, j'en possède une autre, imprimée chez c«
dernier en 1582, in-4" obi. — 2" Il secondo li-
RORE
309
bro de' madrigali a quallro e cinque voci; in
Venelia, appresso Garitane, 1543, 111-4" oblong.
— ;{" Madrigali a cinque voci ,■ Venise, J 344,
in-4". La deuxième édition de ce recueil est in-
titulée ; Di Cipriano dl Rore il terzo libro de'
madrigali dovesi conlengono le Vergmi (1), et
altri madrigali, di nuovo con ogni diligenza
riveduii c ristampali con Vaggiunta d'alcuni
altri madrigali del mcdesimo auiore, novel-
lamentc mcssi inluce; in Venelia, per Plinio
Pietra-Santa, ibbl, in-4° obi. D'autres éditions
ont paru en 1562, 1563 et 1582, id-4" obi. 11 y
a une édition des trois livres de madrigaux à
4 voix de Cyprien de Rore, donnée par Ant . Gar-
daneà Venise, en 1560. in-4° obi. — 4" Molelli
a quallro y cinque , sei et otto vod ; Venise ,
Gardane, 1544. Il existe des exemplaires de cette
édition du premier livre de motels à 5 voix, mais
sans les motets à 6 et à 8 voix, avec un litre la-
tin au frontispice : Cipriani musici excellen-
iissimi cum quibusdani aliis doctis aulhoribus
Moicctorum nvnc primum maxime diligenlia
in nnum exeuntium liber prinms quinque
vocuni. Venetiis, ap. Ant. Gardanum, 1544,
JH-', '. — 5" Il seconda libro de' motetti a
quallro e cinque voci ,• Venise, 1547, in-4". —
5" ( bis ) // terzo libro di Mottetti a cinque
voci di Cipriano de Bore, et da altri excel-
lent issimi musici, novamentc ristampato, con
una Iniona giunta de Mottetti novi; in Ve-
nelia, app. di Ant. Gardano, 1569, in-4" obi. On
\oil que cette édition est une rcimpression. Le
nombre de motets contenus dans ce recueil est
de vingt-deux : six sont de Cyprien de Rore ; les
autres appartiennent à Perizone, Clément Jion
papa, Josqiiin Gaston, Henri Senfel, Francesco
Viola, Jacqut't, Jos. Zarlino, Jean Nasco, Cre-
quillon, Claudin (de Sermisy), et Adrien Wil-
laert. — 6" Fantasie e ricercari a 3 voci, ac-
comodaie da cantare e sonarc per ogni
instrumento , composte da Mess. Tiburtino
musico eccellentissimo, con la giunta di alcuni
altri ricercari, e madrigali a tre roci, corn-
posli da lo eccellentissimo Adriano Willaerl,
e Cipriano Koresuo discepolo : Venelia, 1349,
in-4". — 6" (bis) Madrigali Cromatici, à 5 voci,
libri' 1, 2, 3, 4, 5; in Venelia, app. Ant.
Gardane, 1360-1568, in-4o obi. Il y a une
deuxième édition de ces cinq livres de madrigaux
chromatiques, imprimée chez Ange Gardane, en
1576. — 6» ( ter) Cipriani de Bore et aliorum
authorum Motctta quatuor vocibus deca-
nenda ; cum tribus lectionibus per mortuis
Josepho Zarlino authore; Venetiis apud Hie-
(1) Les f-'eryini sont les chansons ilc Pétrarque.
ronymum Scottum, 1563, in-4o obi. — 6° (a) Ma-
drigali delta fama a 4 voci. Venelia, app.
Gardane (sans date),in-4o obi.— 6» (b) Il
primo libro dette fiamme vaghi e dilelte-
volia ^et S voci di Cipriani de liore; Venetia,
app. Girolamo Scotto , 1569, in-4^ — G" (c)
Madrigali a 5 voci libro quarto; Venelia, app.
Ant. Gardano, 1568, in-4o ohl. — 6» (d) Il
quinto libro de' Madrigali a 5 voci:, ibiil., 1568,
in-4'J obi. 11 y a une seconde édition de ce cin-
quième livre, op7>. li Figliuolidi Ant. Gardane,
Venise, 1371, in-4o, et une autre du quatrième
livre, app. Angelo Gardano, 1580, in-4o. —
60 (e) Passio D. S. J. Christi, in qua solus
Johannes canens introducilur cum quatuor
vocibus. Auclore Cipriano Rore. Parisii§,
apud Adrianum le Roy et Robcrlum Ballard,
1557, in-folio. — 6» Passio I). N. J. Christi,
in qua inlroducuntur Jésus etJudcci canenles,
cum duabus et sex vocibus. .iuclore Cipriano
Rore; ibid. 1557, in-folio. — 7o Liber mis-
sarum 4, 5 e< 6 vocum ; Venise, 1666. Cet ou-
vrage est cité par Draudius dans sa Bibliotheca
classica. — S» Cantiones sacra: seu molettx
quinque vocum, Lovanii, P. Phalesii , 1573,
in-40 obi. — 9" tialmi di vespere con Magnificat
a quallro i-oc*,- Venise, 1593. Les madrigaux de
Rore à quatre voix ont été réunis sous ce titre :
Tutti i madrigali di Cipriano di Rore a 4 voci,
spartiti et accomodati per sonar d' ogni sorte
d'instrumenti perfetlo et qualunque studioso
di contrappunti novamente posli allestampe:
in Venetia, 1577, in-fol. La collection d'Eler,
qui se trouve en manuscrit à la Bibliolbèque du
Conservatoire à Paris, coulient dix-sept motels
en partition, uu madrigal et un dialogue à 8 voix
de Cyprien de Rore. Hawkins a rapporté son
madrigal à quatre voix : Ancorche colpartire,
en partition, dans le deuxième volume de son
Histoire générale de la musique (pages 486-490);
et Burney a donné un fragment d'un de ses mo-
tels (a General history of music, tome III,
pages 319-320); morceau curieux pour quatre
voix de basse, établi sur l'échelle chromatique.
Dans le recueil intitulé : Spoglia amorosa. Ma-
drigali a 5 voci di diversi eccellentissimi wiu-
sici, Venise, 1585, in-4o, on trouve des pièces
de Rore, ainsi que dans le Liber musarurti cum
quatuor vocibus, seu sacne cantiones, quas
vulgo motetta appellant, publié à Milan, en
1388, par Antoine Barré. Un des plus beaux monu-
ments qui aient été élevés à lagloire de Cyprien de
Rore est sans contredit la collection de ses motets
à 4, 5, 6 et 8 voix, suivie de l'oded'Horace, Donec
gralus eram tibi, etc., dont le duc Albert V de
Bavière a fait faire une superbe copie sur vélin.
310
RORE — ROSEINGRAVE
«n deux volumes in-fol., avec le portrait de l'il-
lustre innsicien peint par ,1ean Mielirh. Ce ma-
nuscrit se trouve (!ans la bibliotlii-que royale de
Munii-li. Un autre manuscrit de la même t)i-
bliatliè<iue ( coté XLV ) contient une me^^seà cinq
voix , a noie nègre , de Cypiien de Rore. Elle
est écrite dans l'ancien système de la notation
noire en usage dans le quatorzième siècle et dans
Jes premières années du quinzième.
On trouve des motets et des madrigaux de
<;et artiste célèbre dans une multitude de recueils
de divers auteurs qu'il serait Irop long de citer
ici : je uie bornerai à indiquer les recueils de
cliansons et de motets imprimés par ïylman
Susatu, d'Anvers et par Pierre Phalèse, de Lou-
vjin.
ROSA (Salvator), peintre célèbre, musicien
et poêle, né le 20 juin 1615, à l'Aranelia, joli
village des environs de Naples, eut une vie agi-
tée, cl mourut en 1673 à Rome, où il s'était re-
tiré, après s'être compromis dans la révolution
napolitaine de Masaniello. Ce n'est point ici le
lieu d'examiner son mérite dans la peinture et dans
la poésie : il ne trouve sa place dans cette biogra-
phie que pour les madrigaux elles cantates quil
a mis en musicjue, et dont Burney a possédé une
collection complète en manuscrit. Le Dr. Crotcb
a publié une des cantates de cet artiste dans ses
Spécimens de différents genres de musique.
Parmi les satires de Salvator Rosa, dont il y a
une bonne édilicm publiée à Florence par l'abbé
Saivini, en 1770, on en trouve une sur la musique
et les musiciens, aussi remarquable par l'énergie
du style que par le cynisme et l'ûcreté de la bile
du poète. C'est cette satire, publiée d'abord à
Amsterdam, qui a fourni à Mattbeson le sujet de
son écnl'm'Àlnlé Mithridaie (voyez Mattheson).
L'édition d'Amsterdam , sans date ni nom d'im-
primeur, a pour litre : Satire di Salvutore Rosa
dedicate a Seltano (dédiées aux conspirateurs).
In Amsterdam, pressa Sevo j^f'ofhomaslix ,
in-12 de 153 pages. L'objet de la preihière sa-
tire est la musique; la poésie est le sujet de la
seconde; la peinture, de la troisième; /e^/wer/r,
•delà quatrième; /a Jiabilonia (ie monde mo-
<lemej, de la cinquième; V Envie, de la sixième.
Les trois dernières n'étonnent pas, étant l'cruvre
d'un esprit en révolte contre la société de son
temps ; mais qu'un liomme doué du triple talent
<le peintre, de poète et de musicien, ait répandu
sa bile sur les arts auxquels il doit sa renommée
et qui ont fait oublier les égarements de sa vie
privée! cela ne se comprend pas.
ROS.\ ( Chrétien), sous ce nom d'un au-
teur inconnu, on a un discours à la louange de
.U musique voc»!e intitulé: Oratio de viusicx
artis [non omnigensc sed rocalis) laudibus
et vsu priicipuo. NeoEuppini, dicta Fran-
co furti, l(;:>o, in-4o.
ROSARIO(Antoine DK),biéron>mite portu-
gais, né à Lisbonne, le 20 juin 1682, (itsesva'iix
dans le <»uvent de Beiem, et se livra ensuite à
l'étude de la musique. Devenu liabile dans cet art,
il a laisséen manuscrit les compositions suivantes
pour l'église : 1» Wmi .Magnificat sur le plain-
cliantdes huit tons. — 2» Lamentations ot motels
du carême et de la semaine sainte à 4, 6 et 8 voix.
— 31 Répons des matines de la conception de la
Vierge, ji 4 voix. — 4o Répons des matines de
saint J('r(ime, à 8 voix. — j» Vilbancicos à 4 et
à 8 voix. — 6" Oraison de saint Josepli en plain-
cbant.
ROSE ( Jea\ IlENKi-YicTon), organiste à l'é-
glise principale de Quedlinboiirg, naquit en ceWe
ville, le 7 décembre i743. Jusqu'à l'âge de treize
ans, il n'eut point d'autre maître de musique que
son père, musicien de la ville; mais en I7j(;, la
princesse Amélie de Prusse, alors abbesse de
Quedlinbourg, le mena à Berlin, et lui donna
pour maîtres de violoncelle Mara et Gruel. Ses
progrès sur cet instriimenl furent rapides. Il ne
quitta Berlin qu'en I7fi3 pour entrer au service
du princi! d'Anhall-Bernhourg, en qualité de vio-
loncelliste de la chambre. En 1767, il donna sa
démission de celte place pour voyager, et vers la
fin de la même année il entra dans la cliapelle
du prince d'Anball-Dessau, où il resta jusqu'en
1772. Alors il obtint la place d'organiste à Qued-
linbourg qu'il occupait encore dajjs les premières
aimées de ce siècle. On a gravé de sa composi-
tion : Trois solos pour violoncelle avec ac-
compagnement de basse, op 1 ; Berlin, Hiim-
mcl. En 1692 il a fait imprimer à Quedlinbourg
les mélodies du livre choral de cette ville à quatre
parties.
ROSEIXGRAVE (Thomas), ou ROSIN-
GR AVE, fils d'un vicaire de l'église Sainl-Patrick à
Dublin, naquit dans cette ville vers la lin du dix-
septième siècle. Élève de son père pour la musique,
il obtint du chapitre de Saint-Patrick une pension
pour voyager, et se rendit à Rome, oii il (-ludia le
contrepoint suivant la doctrine de l'ancienne école
italienne. De retour en Angleterre vers 1720, il
fut attaché à la musique du IbéÂfre de Ilaymar-
ket, et y fit représenter le jSarcisso de son ami
Dominique Scarlatti, auquel il ajouta quelques
morceaux. En 1725, un orgue ayant été établi dans
la nouvelle église Saint Georges, de Hannovcr-
Square, Roseingrave obtint la place d'organiste
au concours dont na;ndel et Geminiani étaient
juges. Quelques années après, des chagrins d'a-
mour dérangèrent ses facultés : on fut obligé de
ROSEIÎSGRAVE - ROSENHAIN
311
lui (ionner, en 1737 , Keeblc pour successeur. Il
mourutà Londres en 1750.^ Admirateur passionné «j
des œuvres de Paleslrina, il avait couvert les
murs de sa chambre d'extraits de messes et de
motets de ce grand musicien, et les avait pris
pour modèles dans tout ce qu'il écrivait. Outre
les morceaux qu'il ajouta au Narcisso de Scar-
latli, ou a de lui dos pièces de clavecin insérées
dans l'édition qu'il a donnée de celles de ce
maître ; de belles antiennes à quatre parties ; des
|)réludes et des fugues pour l'orgue ; enfin douze
sonates pour flûte avec basse continue. Un des
ouvrages les plus intéressants de cet artiste dis-
tingué a pour titre : Volmitarys and Fugues
Iliade onpurpose foi-thcorgan or harpsichord,
Londres J. Walsh , gr. in-4o. Toutes les pièces
cotitenucs dans ce recueil sont bien écrites dans
le véritiible style de l'orgue.
llOSELLEI\ (Heniu), (ils d'un facteur de
piano, est né à t'aris le 13 octobre 1811. Admis
couune élève au Conservatoire le 24 octobre
1823, il y reçut des hçons de solfège de Go-
bllii et de piano de l'radlier, puis de Zimnier-
man , et apprit l'harmonie sous la direction
de Dourlen. En 1830, je devins son maître de
contrepoint , et lorsque je m'éloignai de Paris,
pour devenir maître de chapelle du roi des
Belges etdirecleurdu Conservatoire de Bruxelles,
il continua ses éludes sous la direction d'Halévy.
Ses études ont été terminées au mois d'octobre 1 835,
après avoir reçu des leçons de composition idéale
de Berton. Pendant plusieurs années, il avait élé
élève de Henri Herz pour le piano, en deliors
du Conservatoire. Depuis cette époque, Rosellen
est devenu un des professeurs de pi.moles plus
actifs de Paris. Il a publié pour cet instrument
des rondos, des fantaisies et des variations sur
des thèmes d'opéras. Le nombre do ses produc-
tions est très-considérable ; sou travail a dû
être rapide 'à l'excès, car, ayant publié son œuvre
G':»' en 1835, il faisait paraître au mois de fé-
vrier 184C son premier trio concertant ponr
piano, violon et violoncelle, qui est son œu-
vre 82 ". La vogue de la musique de M. Rosel-
len fut prodigieuse pendant environ quinze ans :
les éditeurs de Paris l'appelaient leur providence,
les œuvres de cet artiste ont élé aussi repro-
duites dans toute rAllemagne.
ROSELLI (Jéuôme;, né à Pérouse, vers le
milieu du seizième siècle , lut d'abord moine de
iMonlcassin , et ensuite abbé de Saint-Martin, en
Sicile. Zarlino, dont il était l'ami, cite de lui
[..sopplim. iili. 4, cap. 12, p. 158) un livre in-
lulé : Tratlalo délia musica spherica, qui
est resté on manuscrit.
ROSEMBACH ( Je\n-Conrad), né le l*^-^
août 1673, à Seebergen, dans la principauté de
Scliwarzbourg , fut envoyé à Erfurt à l'âge d«
onze ans' pour étudier l'orgue et le clavecin sous
la direclioii de Pachelbel. Après un séjour de
cinq années dans celte ville, il suivit son maître à
Stuttgard, et reçut encore ses conseils pendant
deux ans; puis il visita les principales villes de
l'Allemagne , s'arrêta deux ar.s à Gotha, où il
remplaça souvent l'organiste de la cour Chrétien-
Frédéric Witl dans ses fonctions, et, après avoir
vécu quelque temps à Hambourg, accepta la
place d'organiste à Ischoe, dans le Hulstein, le
2 novembre 1693. Pendant vingt ans il en rem-
plit les fonctions ; mais des motifs inconnus lui
firent quitter celte place, le 1 1 janvier 1713, pour
celles d'organiste et de cantor de la ville de
Gliickstadt, auxquelles il ajouta, en 1730, les
fonctions d'organiste du château. Il vivait en-
core en 1740 ; mais depuis cette époque on n'a
plus eu de renseignements sur sa personne. Uo-
sembach n'a rien publié de ses compositions,
mais il a laissé en manuscrit plusieurs morceaux
d'église et decirconstance pour un et deux chœurs,
et beaucoup de pièces d'orgue et de clavecin. Mat-
theson cite de lui avec éloge (Griindlarje ciner
Ehren-P forte , etc., page 295) deux livres de
chorals variés pour l'orgue.
ROSENFELD (Fuédéric-Guillaive) , lit-
térateur et poète, né en 1760, à Hohenwarschle-
ben, près de Magdebourg, séjourna quelque temps
à Dessau, et y reçut de Rust des leçons décom-
position. H péril en 1782, Aa suites d'une chute
sur la glace. Dix-sept ans après sa mort, ses amis
publièrent les premiers fruits de ses travaux, sous
ce titre : Chansons avec accompagnement de
piano ^ Magdebourg, Kiel, 1799.
ROSEiXHAIIX (Jacques), pianiste distingué
et compositeur de beaucoup de mérite, né à
Manheim le 2 décembre 1813, est fils d'un ban-
quier de cette ville qui, après avoir perdu la
plus grande partie de sa fortune par les événe-
ments politiques, renonça aux affaires pour s'oc-
cuper de l'éducation de ses enfants. L'aîné de ses
fils, objet de cette notice, reçut d'abord de quel-
ques maîtres obscurs des leçons de piano , puis
devint élève de Jacques Sclmiitl, qui lui fit faire
de si rapides progrès, qu'à l'âge de neuf ans le
petit virtuose fut en état de se faire entendre
dans un concert public. En 1824, Rosenhain joua
dans plusieurs concerts à Manheim, et frappa
d'étonnement les artistes et les amateurs par sa
précoce habileté et par son intelligence musicale.
Étonné des heureuses dispositions de cet enfant,
le prince de Furstemberg l'emmena à Donau-
eschingen, où il lui donna pour maître Kalliwoda.
Après deux années passées sous la direction de
313
ROSENHAÏN — ROSENKRANZ
cet artiste, il voyagea, donna des concerts à Stiitt-
gard et à Francfort avec le plus brillant succès.
Fixé dans cette dernière ville, il y devint l'élève
de M. Schnyder de Wartensée pour la composi-
tion, et fit avec lui un cours complet de l'art
d'écrire. C'est à Francfort que M. Rosenhaia fit
son premier essai de composition dramatique dans
l'opéra en un acte, Une visite à Jiedlam, qui
eut un vrai succès sur le théâtre de cette ville, et
qui lut joué dans plusieurs autres villes de l'Al-
lemagne, notamment à Weimar, sous la direc-
tion de Hummel, alors maître de chapelle de celte
cour. Dans un concert que Paganini donna à Ba-
den en 1830, Rosenhain sut se faire remarquer à
côté de ce célèbre artiste, et en reçut des témoi-
gnages de satisfaction. En 1837, M. Rosenhain
fit un voyage à Londres, avec l'intention de s'y
fixer. Il y trouva un bon accueil parmi les ar-
tistes et les amateurs, joua au concert philhar-
monique, et lui-même en donna qui curent du re-
tentissement. Dans l'automne de la môme année,
il fit un voyage à Paris, où il s'établit définiti-
vement, se bornant à faire chaque année un sé-
jour de quelques moi^à Londres. Il fut un des
premiers qui donnèrent à Paris des séances de
musique des grands maîtres , secondé tour à
tour par Alard, Ernest , Joachim, Maurin, et
d'autres artistes distingués. Elles eiuent un grand
succès, par sa manière large et pure d'interjiréter
ces belles œuvres. La grande activité de M. Ro-
senhain comme compositeur a commencé en 1837,
après qu'il se fut fixé à Paris. Des circonstances
heureuses lui ayant permis de ne plus employer
la plus grande partie du temps à l'enseignement,
il put se livrer en liberté à la production d'œuvres
sérieuses, dans lesquelles il a fait preuve de sen-
timent, d'élévation dans les idées et de connais-
sance de l'art d'écrire. Il a écrit trois sympho-
nies, dont la première a été exécutée au concert
du Geuon«//iflws, àLeipsick, sous la direction de
Mendeissohn, et la seconde, au conservatoire de
Bruxelles, dont l'orchestre est dirigé par l'auteur
de cette notice; à Francfort, sous la direction
de Guhr, et à la Société philharmonique de Lon-
dres, où son succès fut assez grand pour que la
reine voulût l'entendre exécuter par l'orchestre
<le la cour, en présence de l'auteur.
Dans la liste des principaux ouvrages de M. Ro-
senhain , on remarque : Trois Trios pour piano,
violon et violoncelle (Paris, Richault; Mayence,
Schott). — Quatuor pour piano et instruments
à cordes. — Deux sonates pour piano et violon-
celle (Paris, Lemoine, Richault ; Mayence, .Schott ;
Leipsick, Peters^ — Sonate pour piano seul, dédiée
à M. Félis. — Trois quatuors pour instru-
ments à cordes. — Environ àO morceaux pour
I piano seul , dont : l'oëme, op. 24 (Schott). —
Caiiiers de morceaux caractéristiques (Brandus ,
Schott. — Etudes caractéristiques (Paris, Le-
moine; Leipsick, Hofmeisler).— Lo Tempete^Pa-
ris, Meissonnier). — Scène dramatique ( Paris,
Girod). On a aussi de Rosenhain beaucoup de
musique vocale, en allemand et en français, dont ■•
Adieu à la mer, à voix seule, de Lamartine
(Paris, Brandus ), beaucoup de recueils de l.teder.
des mélodies détachées, et un recueil de Mélodies
à deux voix. Le 17 mars 1851 , il fit représenter
à l'Opéra Le Démon de la nuit, en 9, acte>,
livret de Bavard et Etienne Arago. Les journaux
ont constaté le succès de cet ouvrage, qui fut
joué à Bruxelles par M"'e Cabel et dans plusieurs
villes de l'Allemagne. M. Rosenhain a en manus-
crit une ouverture de concert (en ré), et Lis-
ueuna, opéra allemand , en trois actes. Cet ar-
tiste distingué a été décoré de l'ordre de la cou-
ronne de chêne par le roi des Pay.s-Bas : il est
membre de la société de Sainte-Cécile de Rome.
ROSE]\IIAI^(ÉnoL'ARn), frèredu précédent,
né le 18 novembre iSlS^à Manheim, est mort
le 6 septembre 1861 à Francfort-sur-le-Mein, où
il était un des meilleurs professeurs de piano et
de composition. Schnyder de Wartensée le con-
sidérait comme un de ses meilleurs élèves. Ex-
cellent musicien et pianiste de la bonne école, il
exécutait la musique des maîtres classiques dans
le style qui leur est propre. Il a formé beaucoup
de bons élèves qui sont devenus eux-mêmes des
professeurs habiles , et a exercé une acIiN'e in-
fluence sur le développement du goût de la mu-
sique à Francfort, aujourd'hui l'une des villes de
l'Allemagne les plus avancées dans la culture de
cet art. Edouard Rosenhain avait aussi acquis de
l'habileté sur le violon. Dans un concert que
donna son frère le 30 mars 1835, il exécuta sur
cet instrument un concerto de Rode; plus tard il
négligea ce talent. Les compositions de cet artiste
ont obtenu du succès en Allemagne par la distinc-
tion de la forme. Parmi ses ouvrages publiés on
cite particulièrement : r Sonate pour piano seul,
op. 12 ; — 2" Sérénade pour piano et violoncelle,
op. 20 ; — .3" Caprice pour piano seul , op. 17 ;
— 4° Élégie, op. 18; — 5" Rondeau, op. 13 ; —
6" La Coquette, op. 16; — 7° Nocturnes, op. fi
et 9, et des romances sans paroles.
ROSEIVKRAKZ (François), hautboïste
distingué, naquit en 1761, à Podleschin, village
près de Schiau, en Bohême. Après avoir fait ses
études musicales à Prague, il fut attaché vers
17»8 en qualité de premier hautbois h la cha-
pelle de Hanovre, puis fut maître de musi(iue du
régiment de Kinsky , et premier hautbois solo
du théâtre de Prague. En 1802, il se fixa à Vienne
ROSENKRAISZ — ROSETTI
313
I
et y put la place de premier hautbois du lliéàtre
An-der-WienA\ mourut djins celle vilie le 8 dé-
cembre 1807, à l'âge de <piarante-six ans. Cet
artiste a laissé en manuscrit (luelques concertos
et des quatuors pour le hautbois.
ROSEi\MULLER ( Jean), né dans la Saxe
électorule vers 1615, fit ses éludes musicales à
l'école de Saint-'Jiiomas , de Leipsick, et y fut
plus tard professeur adjoint. Son profond savoir
l'aurait vraisemblablement conduit à être le suc-
seur de Micliaelis comme canlor, s'il n'eût été
accusé, en 1655, de tentatives criminelles sur ses
élèves, et mis en prison. Ayant trouvé le moyen
de s'enfuir à Hambourg, il y écrivit une requête
en grâce, qu'il adressa à l'électeur de Saxe, en
l'accompagnant d'un cantique de sa composition;
mais ses supplications furent infructueuses. Ne
se croyant pas en sûreté à Hambourg, il se re-
lira en Italie. Jean-Philippe Krieger le trouva à
\enise en 1673, et y prit de lui des leçons décom-
position. Il y jouissait de l'estime des plus grands
artistes de cette époque. En 1 667, Rosenmiiller ob-
tint la pern)ission de retourner en Allemagne, et
fut nommé maître de chapelle du duc de Bruns-
wick. Il mourut à Wolfenbiittel en 1686, avec
la ré;)!itation d'un des plus savants compositeurs
<le sou temps. Printz et Matlheson lui ont ac-
corde beaucoup d'éloges. Ses principaux ouvrages
publiés sont : 1" Maximes de l'Ancien et du Nou-
veau Testament à 3, 4, 5, 6 et 7 voix ; Hambourg,
l648-iGà2, in-folio. — ")." SludetUea Musik ;
etc. (Musique d'étudiants, consistant en pavanes,
ailen)andes , courantes , ballets et sarabandes ,
pour 3, 4 et 5 instruments); Leipsick, 1754, in-4°.
— 'A' Xfl Sonate da caméra a 5 stromenti^
Venise, 1667, in-fol. Une deuxième édition de
cet ouvrage a été publiée en 1671.
ROSEiNMULLER (Jean-Georges), pia-
niste et compositeur, né dans un village de la
Bavière, vers 1774, lut professeur de musique à
Leijisick, dans les premières années du dix-neu-
vième siècle. On a imprimé de sa composition :
1" Deux sonates pour le clavecin, op. 1 ; Offenbach,
André. — 9," Trois grandes sonates, idem, op. 2;
Aiigshourg, Gombarf.
ROSEIXTHAL (GoDCFRomÉRic), commis-
saire des mines à Gotha et membre de l'académie
d'IJlurt, naquit à Nordhausen le 13 février 1745,
cl mourut à Golha en 1814. Au nombre de ses ou-
vrages, il en est un qui a pour titre : Litteraiur
der Technologie, dass ist Veizeichniss der
Biicher und Schriften , welche vonden Kûns-
ten, Mamifactnren, etc., handeln, nach al-
phabetischer Ordnung (Littérature de la tech-
nologie, ou Catalogue des livres et écrits concer-
nant les arts, manufactures, etc.); Berlin, 1795,
in-4'*. On y trouve l'indication d'un certain nom-
bre de livres concernant la musique.
ROSETI ou ROSETTI ( Stephas ou
Etienne), compositeur, né à Nizza (Sardaigne),
dans la première moitié du seizième siècle. 11
fut maître de chapelle à Novare. On connaît de
lui : I" Madrigali a Quattro vocl, insieme al-
quanti madrigali ariosi , et con alcuni versi
di Virgilio, novaraente composti. Libro prinio,
in Venetia, appresso d'Antonio Gardane, 1560,
in-4' obi. — 1" Madrigali a sci voci con due
dialoghi a otlo; ibid., 1566, in-4°, obi. Cet ou-
vrage a été reproduit à Nuremberg, en 1 j73 ,
par Théodoric Gerlacb. — 3" Madrigali a tre
voci; Venetia, app. Claudio di Correggio,
1567, in-4°. — 4° Hov.t quxdam sacra; caniio-
nes, quis vulgo motcta vacant, quinque et ser
vocum ita composilx, ui ad omnis generis
instrumenta attemperari possunt; IS'orimberga-
in officina Théodoric Gêrlazeni, 1573, m-4"
obi. H doit y avoir une édition antérieure de
cet ouvrage publiée à Venise.
ROSETTI (François-Antoine), dont le nom
vérilahli; . suivant DIabacz (Allgcm. histor.
Kûnstler -Lexikon fur Bœhmen, t. IF, p. 5S7),
était Rœssler, naquit en 1750, à Leitmeritz, en
Bohême. Destiné à l'état ecclésiastique, il entra
au séminaire de Prague, à l'Age de dix-sept ans,
et recul la tonsure dans sa dix-neuvième année,
avec le titre de chanoine de la cathédrale; mais
son goût décidé pour la musique, qu'il avait ap-
prise dès son enfance, et dans laquelle il avait
acquis des connaissances étendues, lui fit aban-
donner celle position pour celle de maître de
chapelle du comte de Wallerstein. Vers 1782 , il
obtint un congé pour se rendre à Paris. Ce voyage
exerça une heureuse influence sur son goût, par
l'audition des symphonies de Haydn, que l'excel-
lent orchestre du concert de la loge Olympique
exécutait avec une rare perfection , et par les
opéras de Gluck et de Piccinni. De retour en .\l-
lemagne, il accepta, en 1789, la place de maître
de chapelle de la cour de Mecklembourg-Schwe-
rin, en remplacement de Westenhoitz; mais il
ne jouit pas longtemps de cette honorable position,
car il mourut d'une maladie de poitrine ;i Liid-
wigslust, le 30 juin 1792, à l'âge de quarante-
deux ans. Peu de temps avant son décès, le roi
de Prusse Frédéric-Guillaume II l'avait fait venir
à Berlin, et lui avait demandé quelques grandes
compositions, entre autres son oratorio de Jésus
mourant , qui fut exécuté par rex(.ellente mu-
sique de la chapelle royale. Ces travaux ache-
vèrent d'épuiser les forces de Rosetti.
Plusieurs musiciens de ce nom paraissent avoir
vécu vers la même époque, en sorte qu'il ostdif-
I
314
ROSETTI — IIOSLNI
ficile de dislingiipr les compositions qui appar-
tiennent à celui dont il est question dans cet
article ; cependant Dtabacz croit (|ue celles liont
les titres suivent sont de lui. Quelques-uns de
ces ouvrages ont été publiés après la inuit de
Rosetti, par les soins de Joseph Strobacli, di-
recteur du chœur de Saint-Nicolas, à Prague,
ami de cet artiste -. i'' Six symphonies pour 2 vio-
lons, alto, basse , ilûie, 2 hautbois et 2 cors ;
Paris, Sieber. — 2" Trois idem, op. 5 ; Vienne,
Artaria. — 3^ Deux idem, op. 13; Offenbacli,
André. — 4'' La Chasse, symphonie pour 2 vio-
lons, alto , basse , flûte , 2 hautbois , 2 cors ,
'). trompettes et basson ; Paris, Sieber. — û" Six
symphonies à grand orchestre , composées pour
l'électeur de Trêves, en manuscrit. — G" Ca-
lijpso et Télémaque, grande symphonie imita-
tive, exécutée à Paris en 1791, en manuscrit.
Josegh Strobach avait aussi en manuscrit douze
autres symphonies de Rosetti qui n'ont pas été
publiées. — 7" 1" symphonie concertante pour
'). cors ; Paris, Leduc. — 8" 2""= idem ; Paris,
Sieber. —9° Harmonie pour 2 clarinettes, 2 haut-
bois, 2 cors et 2 bassons ; Paris, Pleyel. —
lO°Scxtuorpourviolon,llùle,2tors, alto et basse,
Prague, 1784. — II" Trois quatuors pour 2 vio-
lons, alto et basse, op. 4; Offenbath, André. —
12° Six idem, op. G ; Vieime, Artaria. — 13» Con-
certos pour flûte et orchestre, n»' 1, 2, 3, 4;
Paris, Siet)er. — 14" Concertos pour clarinette
et orchestre, n°' 1, 2, 3, 4 ; ibid. — 15° Concer-
tos pour cor et orchestre, n" i, 2, 3; ibid. —
16° Concerto pour clavecin ; Ofrcnbach, .\ndré.
— 17' Six sonates pour piano, violon et basse ,
op. 1 ; Offenbach, André. — 18° Trois idem,
op. 2; ibid. — 19° Trois divertissements idem;
Prague. — 9.0" Jésus mourant , oratorio alle-
mand, en manuscrit. — 21° Messe de Requiem,
à 4 voix et orchestre.
ROSIERS (Chakles), vice-maitre de cha-
pelle de l'électeur de Cologne, vers la fin du dix-
septième siècle et au commencement du dix-
huitième, a fait imprimer les ouvrages suivants
de sa composition : 1° Pièces choisies à la
manière italienne, propres à jouer sur la
flûte, Iciviolon et autres instruments ; Ams-
terdam, 1691, in-4'' obi. — 2* Cantiones sacrae;
Cologne, 1698. — 3° Quatorze sonates pour
les violons et les hautbois, à G parties; Ams-
terdam, Roger, in-4° obi. — 4' Franzœsischen
l'nrtien fur 3 Stimmen ; Augsboiirg, 1710, in-
fôlio.
ROSINGRAVE (Thomas). Voyei ROSKIN-
GRAVE.
ROSIM (Jérôme), né à Pérouse dans la
seconde moitié du seizième siècle, Tut le premier
sopraniste italien : tous les castrats précédem-
ment attachés à la chapelle pontilicale , ainsi
qu'aux autres grandes chapclltis deritiilie, étaient
Espagnols de naissance. l!n concours ayant été
ouvert à la chaprlle pontificale pour une place
vacante de sopranisle. Rosi ni se (il «ntendre et
fut applaudi par le pape Clément VIII, <pii assis-
tait à ce concours ; néanmoins les chanteurs
espagnols parvinrent h le faire exclure, pane
qu'il n'était pas de leiu- nation. Le chagrin qiif
Rosini en conçut le décida à se faire ca^iucin ;
mais le pape ayant été informé de cette circons-
tance le fit appeler et le releva de ses vœux a(/
inserviendum Capcllx pontificx. Rosini fut
admis dans la chapellie pontificale le 2? avril
1601. La beauté de sa voix, son excellente mé-
thode de chant et la pureté de son goût le firent
longtemps admirer. Le i;{ décembre IGOG, il entra
dans l'institut de l'Oratoire, fondé par saint Plu-
lippe Néri : il mourut le 23 septembre ICii.
Les compositions de Rosini ne sont pas connues
jusqu'à ce jour. Son portrait se trouve dans le>
Osseri'az'ioni pcr ben rerjolarc il coro delta
capelia /'o/t/Z/im/,- d'.4damideJJolsena(p. J89).
ROSII\I (CnARLF.s-.M\Rii.), né à Naples en
1748, fit ses premières études chez les jésuites ,
et les acheva au séminaire de cette capitale; puis
il entra dans les ordres, et quoique à peine Agé de
vingt ans, il eut une chaire de littérature grecque
et latine. Son rare mérite le lit ensuite nommer
un des membres de l'académie archéologique
d'Herculanum , et ce hil lui qu'on chargea de
l'ex()lication et de la publication des papyrus et
autres manuscrits recueillis dans les ruines de
celle villeantique. Le premier volume tout entier
fut consacré à la restitution du traité sur la mu-
sique de Philodème, à sa traduction latine, et a
des conmientaires sur le texte. Le plus profond
savoir, l'érudition la plus solide régnent dans ce
travail. Les t.ilents et les vertus de l'abbé lin-
sini lui firent obtenir en 179'.> un canonicat d.ins
l'église cathédrale de Na|)les, et cinq ans app's
il fut fait évéque de Pii/.zuuli. Ce respectalilc
prélat vivait encore en 1832, entouré de la véne-
r.ition de tous ses compatriotes, et de l'estime des
.>.ivants de toute rKurop<;. Son beau travail sur
Philodème a été publié dans le premier volume
de la collection intitulée : lierculonensium ro-
luminuni, qux supersunt; Naples, 1793-1820,
3 vol. in -fol.
ROSIiXI (Jean), lillératenr italien, né à PIm'
en 1777, fit voir dès sa jeunesse d'heureusiN
dispositions pour la culture des lettres en géiu tal,
et particulièrement pour la poésie. H établit à l>i>e
une imprimeried'oii sou t. sorties des éditions Irè -
estimées des meilleurs classiques italiens, dont il
ROSmi — ROSSETTO
a revu lui-même les textes avec soin. Un de ses
premiers essais est un poëme intitulé : La Poe-
3ia, la Muslca e la Dama ; Parma, co'i dpi
Bodoniani, 1796, in-S» de 30 pages. Cet opus-
cule a été réimprimé dans les Poésie diverse de
l'auteur; Pise, 1817, 2 volumes in-12.
ROSIIXUS (Jean), prédicateur à Nuremberg,
naquit à Eisenach en 1551, et mourut à Nurem-
berg en 1619. Il a publié un livre sur les anti-
quités romaines {Antiquiiates llomanx ; ^kh,
1585, in-fol.) qui n'est pas sans intérêt, bien que
des ouvrages du même genre et plus ricbes de
faits aient vu le jour postérieurement. Le mérite
de ce livre est attesté par les éditions multipliées
qui en ont été faites. On en connaît de Leyde,
1009, in-4''; de Paris, 1017, in-fol., de Cologne,
1619 et 1CG2, de Gand, 1020, et d'Utreclif, 1701,
in-4", Rosinus traite dans cet ouvrage de l'art
dramatique, et dans le 1 1""" chapitre du 5'"c li-
vre, des flûtes et de leurs variétés dans la récita-
tion de la tragédie et de la comédie des Romains.
UOSIXEU (jEAN-GEOKGES-EliNEST), profCS-
seur à l'université d'Erlangen, dans la première
moitié du dix-huitième siècle , est auteur d'un
livre intitulé : Toni 77teo//a; Erlangeu, 1739 ,
in-4". Cet écrit, inconnu à tous les auteurs qui
se sont occupés de l'histoire littéraire de la mu-
sique, n'est pas même mentionné dans VAlUje-
ineincs Bûchcr-LexUion de Heinsius, ni dans
les suppléments. La théorie des rapi)Orts des
sons, exposée dans cet ouvrage, est toute mathé-
matique et n'offre pas de principe nouveau.
ROSiVER (FiUNÇois), ténor distingué, na-
quit le •). décembre 1800 à Waitzen en Hongrie.
Son nom véritable était Rosnill ; il prit celui
sous lequel il est connu lorsqu'il entra dans la
carrière de chanteur dramatique. Doué dans son
enfance d'ime jolie voix de soprano, il reçut sa
pieuiière éducation musicale comme enfant de
chœur à la cathédrale de Pesth. Son père, an-
cien militaire, le destinait au commerce et l'en-
voya à Vienne à l'âge de quinze ans, pour y faire
son apprentissage dans la maison d'un riche né-
gociant; ce fut alors que Rosner sentit s'éveiller
en lui le goût passionné de la musique, après
avoir entendu l'exécution de quelques messes
solennelles à l'église Saint-Étienne ; sa voix s'é-
t.int transformée en un beau ténor, il obtint
facilement du maître de chapelle Preindll'autori-
sationde chanter dans les chœurs. Frappés de la
beauté de sou organe vocal, les musiciens de
cette église lui donnaient fréquemment le con-
seil d'entrer au théâtre ; son penchant l'y portait
nonobstant la défense de son père. Cédant enfin
à son entraînement vers la scène, il débuta en
1820 au théâtre Léopold, et y obtint de si bril-
lants succès, que Weigl {voyez ce nom) l'engagea
pour le théâtre de la cour et lui donna des leçons
de chant. Pendant trois ans il chanta à l'opéra
de la cour impériale ; mais lorsque l'entrepreneur
Barbaja eut pris ii bail le Ihéàlre de la Porte de
Carinlhie, pour l'opéra italien, Rosner accepta un
engagement à l'opéra allemand d'Amsterdam.
Deux ans après il chanta au théâtre de Brunswick,
et en 1829 il se rendit à Londres, oii il produisit
une vive sensation. De retour à Amsterdam,
il y reçut l'invitation d'aller à Bruxelles pour
chanter à la ( our, mais la révolution du mois de
septembre 1830 le fit s'éloigner précipitamment
de cette ville. I! entra à cette époque au théâtre
électoral de Cassel, jusqu'à c(?que les événements
politiques eussent interrompu les représentations,
il accepta alors un engagement à Darmstadt. En-
fin, en 1833, le roi de Wurtemberg le prit à son
service, en qualité de premier ténor de sa cha-
pelle. Rosner mourut à Stuttgard le 3 décembre
1841.
ROSS (Jean), organiste de l'église de Saint-
Paul, à Aberdeen, est né en 1764, à Newcastle
sur laTyne. A l'âge de onze ans , il fut placé sous
la direction de Howdon, organiste de Saint-Ni-
colas, à Newcastle, et élève de Charles Avison.
Ross étudia près de lui le clavecin, l'orgue et
l'harmonie pendant sept années; puis il se livra
à la lecture de quelques anciens traités de com-
position, et devint un organiste distingué. En
1783, il obtint l'orgue de Saint-Paid, à Aberdeen,
et pendant plus de cinquante ans il a éié l'orga-
niste de cette église. Col artiste a publié à Edim-
bourg et à Londres : 1" Concertos pour piano et
orchestre, nos 1,2, 3, 4, 5, 0. — 2" Sept o'uvres
de trois sonates pour le piano, dont trois com-
posés sur des airs écossais. — 4° Duos pour
piano à 4 mains, op. 26. — 4'' Airs anglais et
écossais variés. — 5° Six hymnes à 3 voix avec
orgue. — G" Six recueils de chansons avec ac-
comi)agnement de piano. — 7° Des valses et
autres bagatelles,
ROSSELLI (Fkançois), V. ROUSSEL
(François).
ROSSETI (Antoine), en latiji Rossetls Ve-
KONENSis, parce qu'il naquit à Vérone, dans la
seconde moitié du quinzième siècle, fut un
compositeur de chants italiens et particulière-
ment vénitiens, connus à cette époque .sous le
nom de frot'ole. On trouve des frottole d'An-
toine Rosseti dans le deuxième livre de ces
chants publiés par Octavien Petrucci, à Venise,
en 1507.
ROSSETTO (Blaise), prêtre et organiste
de l'église collégiale de Vérone, naquit dans
cette ville à la fin du quinzième siècle. Il est
316
ROSSETTO - ROSSI
auteur d'un i etit ouvrage intitulé : Libellus de
rttdimeiitis vmsices. DctripUci musices specic;
de modo dcbile solvendi divinum pensum; et
de auferendisnonnuUis abusibus in Dei tem-
pfo; Vérone, 1529, in-4°. Au dernier feuillet du
volume on lit : Vérone per Stephaniim et fra-
fres de Aicolhiis de Sabio, nimptu et requi-
aitione l). Jilasii Rosetti {sic) presbyteri, in
pcclesia majori organistx ; MDWIX, mense
sepiembris. Cet ouvrage, dont les exemplaires
sont rares, est un traité du chant de l'église. La
«econde partie, intitulée De Choro et organo
compendium, traite de l'exécution du cliant et
de l'ordre de l'office divin pour le cliœur et
pour l'organiste.
ROSSI (Ému-e), maître de chapelle à Notre-
Dame de Lorette, dans la première moitié du
seizième siècle,, et connu par un canon à quatre
parties bien fait, rapporté par Kircher {Mu-
stirgia univers., tome I, fol. 489), et dont on
trouve la résolution en partition dans l'Histoire
générale de la musique de Hawkins, t. II,
p. .365. Une messe à six voix de ce compositeur est
en manuscrit à la bibliothèque royale de Mu-
nich, C(»d. 45; elle a pour titre : Ultimimiei
sospiri.
ROSSI (Jean-Marie), compositeur distingué,
né à Brescia vers 1530, ne sut pas faire estimer
son mérite à .sa juste valeur, parce qu'il était
d'une raïe modestie. On ne connaît de lui que
l'ouvrage qui a pour titre : Llbro primo de'
Molefli acinqve voci dati inluce et corretti
da Claudio di Correggio; in Veneda, 1567,
in- 4° obi.
ROSSI (Jean- Baptiste), clerc régulier de
l'ordre des PP. Somasques, naquit à Gênes dans
la seconde moitié du seizième siècle, vraisem-
blablement au plus tard en 1550, car il dit,
dans l'iVlIre dédicatoire du livre dont il sera
parlé tout à l'heure, qu'il était vieux quand il le
composa. Il vécut dans le couvent de son ordre
à Gênes, <roii l'i'pître. dédicatoirede son livre est
datée, le 2 janvier 1618. Il nous apprend aussi,
dans le second chapitre de cet ouvrage, qu'il
avait publié précédemment à Gênes, chez Jean
Guariglio, un livre de philosophie dans lequel il
:ivait traité de certaines questions spéculatives de
la musique, et qu'on peut les consulter avec
fruit. Son traité de musique a pour titre -.Organo
de cantori per intendere du .se stesso Offni
passo difficile che si trova nella musica, et
anco per impnrar conirappunto, con alcune
cnntilcne adue,tre, quallro cl cinqiie voci;
slampa del Cardano in Venelia, appresso Bar
thotfimrn Mngni, 1018, in-.fol. de 115 pages. Cet
ouvrage a de l'intérêt par les résolutions qu'on y
trouve de quelques cas embarrassants de la nota-
tion proportionnelle des quinzième et seizième siè-
cles, particulièrement des modes, des prolalions
et des proportions. Les chapitres 12 à 37 de la
première partie du livre sont employés à ces
sortes de résolutions. La deuxième partie est un
traité de contrepoint où l'on trouve quelqiie.s
bons morceaux de Jean-Baptiste Rossi dans lUi
style relativement moderne.
ROSSI (Salomon), compositeur, vivait à
Manloue vers la fin du seizième siècle et au
commencement du dix-seplième. Il était jnil
de naissance, et suivant Wolff, qui lui donne le
nom de Bubcis dans sa Bibliollieca hcbrau,
il était rabbin. On le trouve quelquefois désigne
sous le nom de Bossi de Mantouc. Ou a. sous le
nom de Rossi : 1" H primo libro délie canzo-
nette aireroci^Xenhe, 1589. —2" Il seconda
libro idem; Venise, 1.592, in-4". — 3" Il primo
libro de'' Madrigali a cinque voci; Venise ,
1596, in-4°. Il a été fait une édition de ce recui il
à Anvers, par Pierre Phalèse, en 1598, in-4" obi.,
et Richard Amadino, de Venise, en adonné \>:\
troisième en 1607. Le second livre de ces madri-
gaux à 5 voix aété publié à Venise, chez Richard
Amadino, en 1599; le troisième ibid., en 160'J,
elle quatrième ibid., en 1013. — 4° Sonate,
gagliwde, brandi c corrrnti a due viole col
ba.sso per il cembalo; Venise, 1623, in-4".
ROSSI (Louis), compositeur, né à Naples
dans les dernières années du seizième siècle,
vécut à Rome vers 1620, et y fit admirer ses
ouvrages, il se distingua particulièrement dans le
genre de la cantate, dont il fut un des premiers
auteurs. Pierre Délia Valle fait l'éloge du talent
de cet artiste, dans sa lettre à Guidiccioni sur la
situation de la mu.sique en Italie vers le milieu
du dix-septième siècle, insérée dans le 2"'^ vo-
lume de^ œuvres de J.-B. Doni (p. 249 à 264).
Beaucoup de cantates de Rossi se trouvent en
manuscrit au Musée britannique de Londres,
no» 1265 et 1273, et dans la collection d'Aidricli,
au collège du Christ, à Oxford , qui contient
aussi plusieurs motets de sa composition, rem.ir-
quables par la facture. On trouve dans la biblio-
thèque Magliabecchi, à Florence, une scène ex-
traite de l'oratorio intitulé : Giuseppe fig/io di
Giacobbe, opéra spirituale, fatta in mitsicn
da Aloigi de Bossi, ISapolilano, in Borna.
ROSSI (Michel-Ance), né à Rome, excellent
violoniste, organiste et compositeur, fut le meil-
leur élève de Frescobaldi. 11 vécut à Rome de-
puis 1620 jusque vers 1660. En 1625, il donna à
Rome, dans une société d'amateurs, un opéra
intitulé : Erminia sul Giordano. Il joua ini-
roème dans le prologue le rôle d'Apollon. On
ROSSI
:Ji:
voit dans la préface de la partition, qu'il fit en-
tendre des sons si doux et si moelleux sur son
violon, qu'il justifia par là son triomphe lorsque
les Muses l'amenèrent dans im cliar. L'opéra
<le Rossi fnt publié à Rome en 1627. Rossi s'est
lait aussi connaître avantageusement comme or-
;;anlsle, par un livre de pièces d'orgue et de cla-
vecin intitulé : Inlabolatura d' organo e cem-
balo, Rome, 1657. infol.
ROSSI ( Lemmk ) , professeur émérite de phi-
losoptiie et de mathématiques à l'université de
Pérouse, naquit dans celte ville en 1601. Il nous
apprend, dans son Sistema musico ( p. 95 ), que
son maitre de mathématiques fut le savant Jo-
seph Neri. En 1628, Rossi fut professeur de
philosophie à l'université de sa ville natale.
Il mourut le 2 mai 1673, à i'àge de 72 ans, et
l'ut inhumé dans l'église de S. Maria lyuova(i).
On a de ce savant un traité sur les proportions
des intervalles musicaux, sous le titre de Sis-
iema inuaico, oveio inusica speculadva, dove
si spicgano i piùcelebri sisiemi di tutti i tre
generi; Pérouse, 1666, in-4''.
ROSSI ( CHRisToi'iii, ), chanteur et composi-
teur, né à Milan dans la première moitié du dix-
septième siècle, était, en 1C55, ténor dans la cha-
pelle de l'empereur Ferdinand III, à Vienne. 11
a laissé en manuscrit des messes, motets et in-
troïls indiqués dans le catalogue de Parstorffer.
ROSSl( L'abbé Fbançois ), chanoine de l'é-
glise métropolitaine de Bari vers 1680, naquit
dans celte ville vers 1645 ; il est connu par la nni-
si(|ue de quatre opéras, dont les titres sont: lo II
Srjrntoinodenio délia Tracia, à Venise, 1686.
— ^>:' La l'ena degli occlii, représenté au Ihéâ-
tre San-Mosè, i\ Venise, en 1 688 . — 3" La Corilda,
0 l'Amor trionfante delta vendetta, au même
théâtre, dans la même année. — 4" Mitrane,
opéra sérieux, représenté au même théâtre,
tm 1689. J'ai tiré de la partition de cet opéra
un air de contralto de la plus grande beauté, qui
a été chanté avec un brillant succès dans mon
concert historique de la musique du dix- sep-
tième siècle, au mois de mars 1833. Je ne sais
quel barbare a imaginé depuis lors d'instru-
menter o«t air avec des flûtes, des hautbois, des
clarinettes, des bassons, des cors, des trompettes
et des trombones. J'ai vu la partition ainsi
ajustée en la posspssion d'ime cantatrice. On a
pssi de Rossi : Salmi e inessa (pro defundis) a
tnque voci, opéra prima; Venise, 1088, in-i".
partition de son oratorio La Caduta degli
|.(1) Puy. les Recherches de Biographie Pérousienne de
le comte Rossl-Scotli, placées en tête de son excel-
ttte iiionograpliie Inlituléc : Délia vita e délie opère di
rancesco Morlacchi. ( Peruzia, 1861, p. Xl.l-XLII. )
'Artgeli se conservechez les PP. de 1 Oratoire ou
Filippini de Naples.
ROSSI ( LitKENT), compositeur dramatique,
né à Florence en 1760, lit ses premières études
de musique sons la direction de Bartholomé
Felici, son compatriote, puis alla demander des
conseils à Paisiello, en 1775. Ce musicien cé-
lèbre qui s'éloignait alors de Naples pour se ren-
dre en Russie, conseilla au jeune Rossi d'entrer
au Conservatoire de San Onofrio; ce qu'il lit,
et pendajit cinq ans il reçut les leçons d'Insan-
guiue et de Cotumacci. De retour à Florence, il
y écrivit d'abord beaucoup de musique d'église,
et une cantate à trois voix pour le grand-duc
Léopold, intitulée l'Umanità. Plus tard il com-
posa les opéras dont les litres suivent : 1" Vlfi-.
geniain Aulide, à Gênes. — 2" / due Fralelli
rklicoli, à Turin. — 3" L\infigono, à Alexan-
drie. — 4° Il Geloso in cimento, à Moiiza. —
5° Le due Cognate in contesa, à Venise. —
6" Lo Sposo burlofo, à Rome. Rossi a publié
à Florence, en 1784, symphonies pour 2 violons,
alto, basse, (lûte; 2 hautbois et 2 cors. On con-
naît aussi sous son nom six rondos pour le
piano.
ROSSI (Joseph), maitre de chapelle de la
cathédrale de Terni (États-Romains), dans les
premières années du dix-neuvième siècle, a fait
représenter au IhéAtre Tordinone de Rome,
pendant le carnaval de 1807, l'opéra intitulé
La Sposa in Livonw. On a de ce maître un
oiiuscule qui a pour titre : AUi intendent i di
coulrojipunio: Terni, 1809, in-8o. Le livre
posthume d'Adrien de la Fage (^ssct* de Di-
phthèrographie ; Paris, Legouix, 1864), fournit
des renseignements sur cet opuscule et sur les
circonstances qui le firent naître (p. 408) ; il en
résulte que Rossi avait imaginé un système
d'harmonie d'après lequel les accords employés
pour l'accompagnement delà gamme ascendante
l'étaient aussi pour la gamme descendante ; ce
qui est impossible si le quatrième et le septième
degré de la gamme ont les accords dissonants
qui caractérisent la tonalité moderne. Un certain
abbé De Angelis, ténor de la cathédrale deRieti,
avait attaqué le système de Rossi; diverses let-
res furent écrites à ce sujet par les deux ad-
versaires, et la question fut soumise indirecte-
ment à l'abbé Baini (voyez ce nom), qui répon-
dit par un écrit où il avait tâché de concilier
les opinions opposées. C'est à la suite de cette
espèce de jugement arbitral que Rossi publia
son opuscule, dans lequel Baini est attaqué sans
ménagement. Après l'avoir lu, celui-ci y lit une
réponse qui n'a pas élé publiée, mais qui existe
en manuscrit à Rome, dans la bibliothèque f'c-
318
ROSSl
sanatense ( Fonds Baini, o. II. 220), et qui a .
pour tilre : Jiispositadi Giuseppe Baini, cap-
pellano canloro. pontificio, alV opusculo del
Sig. Maestro Giuseppe liossi, impresso in Terni
il.... 1809, coi titolo : « Alli intcndenii del con-
troppvnlo. » Opusculo dove, ollre la principal
qucslione circa gli accordida darsi aUascula
si diliicidano alcuni punti quanta inlercssanli
altretwito oscuri delta scienza iMusica.
BOSSI ( Luuis ), compositeur napulitain,
mort jeune, vers 1830, était fils d'un avocat et
suivit la même carrière, mais avec peu de suc-
cès, parce qu'il n'avait aucun goût pour celte
profession, qu'il n'avait embrassée que par défé-
rence pour son père. Après la mort de celui-ci,
son penchant pour la musique, comprimé jus-
qu'alors , se réveilla. Il prit des leçons de Sigis-
fnondo, ancien maître devenu bibliothécaire du
collège royal de musique de Napies, et se dé-
voua à la culture de l'art. On connaît dt; lui une
messe à 4 voix avec orchestre, des vêpres, une can-
tate dramatique, beaucoup d'airs détachés, et
des symphonies.
ROSSl ( Lauro ) , compositeur dramatique,
est né à Napies vers 1810, et a fait des études
musicales au collège royal de musique de cette
ville. Zingarelli fut son maître de composition.
I,e début de Laiiro Rossi fut l'opéra intitulé Cos-
lanza ed Oringaldo, représenté à Napies en
1830. Dans l'année suivante, il donna au théâtre
A'uovo de la même ville Scoinessa e Matri-
vionio , qui ne réussit pas et (|ui fut suivi en
1832 de La Sposa al lelto. Il Disertore
swizzero, joué à Rome dans la même année, fut
le premier succès réel et mérité du compositeur.
Le même ouvrage fut ensuite représenté à Tu-
rin, à Paleime, et reprisa Rome en 1837. L'o-
péra JLe Fitcc/we di Bergen, écrit dans la même
ville en 183i, fut moins heureux. Après son
retour à Napies, Rossi écrivit Amelia pour le
théâtre Saint-Charles; mais cet ouvrage ne
réussit pas. Le jeune artiste prit une éclatante
revanche à Milan, dans la même année, par son
opéra intitulé La Casa disabitata, dont le suc-
cès fut des plus brillants, el qui fut joué avec
la m<^uic faveur dans la plupart des villes de
l'Italie, ainsi qu'à Paris, .soiis le tilre/ falsi Mo-
nelari. Avant île coiuposer cet ouvnige, Lauro
Rossi avait écrit pour le théâtre de Como La
Villana confessa, à la({uelle il att.tchait peut-
être peu d'importance, et qui néanmoins réus-
sit très-hien; cet opéra lut joué ensuite av»c suc-
cès à Turin, à Veni.se etàNaples. Il termina Cfite
saison p;ir Leocadia, opéra romanlicpie qui lut
représenté à Milan ver> la (in de la nièuie an-
née. Inimétlialemenl ; p es, Rossi partit pour
Mexico, oii il était appelé pour diriger la musi-
que d'un théâtre italien qu'on venait d'y former.
Il y passa les années 183Gà 1839; puis il se ren-
dit à la Havane, oii il fut chorgé des mômes fonc-
tions. Il y épousa, en 1841, M '•*' ObcrMaver, can-
tatrice allemande dont l'éducation vocale avait
été faite à Milan par les soins de Vaccaj et de
Lamperti. En 1842, Lauro Rossi fut appelé avec
sa femme à la Nouvelle-Orléans, et après deux
ans de séjour dans cet Liât de l'Amériipie, tous
deux revinrent en Europe. De retour à Milan en
1844 , Rossi écrivit immédiatement pour le
théâtre de La Scala l'opéra bouffe II Borgomas-
Iro di Schiedam, dont le succès fut brillant ( t
qui fut joué à Turin, à Gênes, à Venise, à Napies,
ainsi que dans beaucoup d'autres villes de second
ordre. Cet ouvrage fut suivi, eu 1845, de l'opéra
bouffe II Doftor Bobolo, joué sans succès ii
Napies et à Turin, et de Benvenuio Cellini, a
Turin. Azema di Granata, joué à Milan en
1846, fut aussi représenté à Vienne peu de temps
après. En 1847, Lauro Rossi écrivit à Turin I.-»
Figlia di Figaro, et à Milan, Bianca Conla-
rini. Les agitations de l'Italie, en 1848, elles gra-
ves événements qui s'y passèrent, imposèrent si-
lence au compositeur; mais après que le calme
eut été rétabli , il donna à Milan, en 1849, // Do-
mino nero. En 1830, j'ai connu M. Lauro Rossi
à Milan : il venait d'être nommé censeur ( Di-
recteur des études ) du conservatoire <le cette
ville. J'ai trouvé en lui un artiste de mérite et
un homme aimable, simple et modeste. Je n'ai
connaissance que d'un seul ouvrage composé
par lui depuis cette époque; il a pour titre l'Al-
chimistu, écrit pour le théâtre du Fonda, à
Napies, en 18.^3.
ROSSI ( Llici-Feuce ), professeur de musi-
que et compositeur de mérite, naquit le 27 juil-
let 1805, à Brandizzo, près de Chivasso, dans
le Piémont. Doué <Pheureuses dispositions pour
la musique, il apprit seul les principes de la nui-
sique et du solfège à l'aide d'un ouvrage élémen-
taire qui était tuud)é sous sa main, et il n'eut pas
d'autre liiiide que son intellijjenre pour iippremlre
à jouer de la llùle. Destiné par sa mèie a l'étal
cci-.lésiasiique, il lit ses études au collège de
C'hivas-o, et n'en sortit que pour entrer au sé-
minaire de Turin Cep- ndanl, n'ayant pas de
vocation pour 1 1 carrière iproii avait voidu lui
faire, il sollicita el ohlint la permiNsion de quitter
l'étuile de la tlu^logie pour se livrer à celle de
la coinfMisilion. Il >c rendit alors à Napies, oii il
eut la bonne fortunn de lecevfiir les leçons de
Raiuiondi (rwyr ce nom ), exiellent professeur
dont le proFoiMl savoii lut di;;ne des plus beaux
temps de l'ancienne école romaine. Le départ de
ROSSl
Slî^
ce maître pour la Sicile ayant eu lieu avant
que les études de Rossi lussent terminées, celui-
ci devint élève de ZingareUi, compositeur mé-
diocre et profeseur d'un esprit étroit , tout rem-
|)li de préjugés, qui fut très au-dessous de la
ré|iulation dont il jouissait. Sorti de son école,
Rossi retourna à Turin. En 1835, il fif jouer au
théâtre d'Angennes, de cette ville, l'opéra bouffe
Gli Avvenlurieri , dont le livret avait été mis
en musique dix ans auparavant par Cordella
(voyez ce nom), pour le théâtre Canobbiana,
de Milan. Imité du style deCimarosa, l'ouvrage
de Rossi, où l'imagination faisait défaut, n'ob-
tint qu'un succès d'estime à Turin, et tomba à
Milan. Le compositeur eut le bon sens de recon-
naître qu'il n'avait pas le sentiment de la scène
et se livra dans la suite à des travaux de mu-
sique d'église, plus analogues à son genre de ta-
lent. On connaît de lui plusieurs messes dans le
Piémont, où elles jouissent de beaucoup d'estime :
on cite particulièrement les messes solennelles en
ré mineur et en fa mineur, qui ont été publiées
à Turin ; une messe de Requiem, pour des voix
d'hommes avec orchestre, àMilan, chez Ricordi;
d'autres messes auxquelles on a donné lesnomsdes
villes pour lesfpielles elles ont été écrites, à savoir,
les messes deCo/vo, d'Alessandria etde Crescen-
tinn , trois vêpres complètes ; un Te Deum,éc\'\{ en
1847 ; un Magnificat (tnmi bémol ) ; une messe
aUd Valestrina; les psaumes Beati omnes,
Livtnlus svin, Confitebor et Laudair pucri,
plusieurs njotets, enfin, les Setic parole di
Giesù Crisfo sulla croie , composition dé-
diée à l'Académie de Sainte-Cécile de Rome,
dont Rossi était membre. Littérateur distingué,
il a été le rédacteur de tous les articles qui
concernent la musique dans V Enciclopcdia po-
pularc de l'éditeur Pomba , de Turin, et du
Crvan Dizzionario delta lingua italiana de
Tomaseo. Il a traduit en italien le Cours de con-
trepoint et de fugue de Chérubini, le Traité
de composition de Reicha, et les Etudes de
contrepoint de Beethoven, d'après la version
françai-e et les notes de l'auteur de cette no
lice Collaborateur de la Gazzelta musicale
de Milan, publiée par Ricordi, il y a fourni de
bons articles. Instiuit dans la théorie et la di-
dactique de son art, il a formé plusieurs bons
élèves. Rossi, dont la santé avait toujours été
chanceianle, est mi>rl à Turin le 20 juin 1863. Il
avaii été pendant plusieurs années directeur de
musique des écoles comnmnaies de cette ville.
ROSSI ( Mm" la comtesse de ) Vorjez
SON.NTAG (Hknriette),
ROSSI. Une niullilude de chanteurs et de
catilaliice-i de ce nom ont occupé la scène en
Italie, av*" plus ou moins de taliut et «le succès,
depuis 1835 jusqu'en 1855 environ. Parmi les
ténors, on compte Felice Rossi, qui chanta à
Bologne, à Vérone, et a la foire de Viterbe en
1834,àRavenne en 1835, et qui disparait après
avoir été à la Pergola de Florence en 1837, et
à Ferrare dans l'année suivante. — François
Rossi, qui ne paraît sur les théâtres de Gônes,
de Modène et de Rome, que pendant les an-
nées 1842, 1843 et 1844. — Gaétan Rossi, qui
chante à Milan en 1842, et qu'on retrouve à
Alger trois ans après. — Pierre Rossi, attaché
au théâtre Valle de Rome, en 1838, au Fondo
de Naplesdeuxans après, puis à Berlin en 1841, ii
Copenhague en 1844, et à Bucharest en 1846. —
Rossi-Cicerchia , à Novarecn 1839, à Palerme
dans l'année suivante et en 1845, à Naples en
1841. — Paul Rossi, au théâtre Yalle, de Rome,
en 1853 Enfin Rossi-Guerra, à Parme en
1843, à Trévise, à Crémone en 1844, et à Sa-
luzzo dans l'année suivante.
Dans la catégorie des basses on trouve Fré-
déric Rossi, qui clianta à Ferrare en 1838, ii
Crémone en 1840, et à Lucques en 1843. —
Gaétan Rossi, à Milan en 1843, à la foire de
Bergame dans l'année suivante, et à Messine
en 1845. ^-Napoléon Rossi, qui paraît avoir été
artiste de talent et dont la carrière commença
en 1836 à Lucques et à Venise. Il chanta en-
suite jusqu'en 1850 à Milan, Turin, Gênes,
Trieste, Rome, Florence, Modène, Vérone, Vi-
cence, Padoue , Berlin et Pétersbourg Char-
les Rossi, chanteur bouffe, a Naples en 1840, à
Parme en 1845, à Berlin dans la même année,
et à Pétersbourg en 1848. — Rossi-Corsi, qui
chanta à Turin en 1845, et à Monza dans l'an-
née suivante.
Les cantatrices du même nom ne sont pas^
moins nombreuses ; les plus connues sont ; Jo-
séphine Rossi, qui chanta à Milan en 1836. —
Julie Rossi, qui, après avoir paru sur plusieurs
théâtres de lltalie, chanta à Barcelone en
1835, et à la Havane en 1836, 1837 et 1838;—
Giovanna Rossi, qui, après avoir chanté à Mi-
lan eu 1841, fut engagée à TOpira-Comiquc de
Paris eu 1842; — Thérèse Rossi qui brilla à
Venise en 1834, puis à la Havane en 1836, à
Lima depuis 1842 jusqu'en 1H45, puis à Val-
paraiso jns«|u'en 1850. — Virginie Rossi-Corry,
née en Angleterre, soeur <te la CHulalrice Corry-
Paltoni, ft femme de Napoléon Rossi, clianta
àLivourneen 1835, à Florence eu ls36et 1838, à
Rovi^oetà Milan en 184t,et àN;q»lfs('n 1834. —
Rossi-Gulieno eut quelque succès à Gênes en
1834, à Paris en ISj'i, à Nice en 1836, et à Cé-
phalouic en I84l.
320
ROSSl — ROSSIM
ROSSI-SCOTTI ( Jevn-Baptiste, comte
DE ) , né à Pérouse vers 1830, UHératenr d'un
esprit distingué, et amateur des arts dans ce
qu'ils ont de plus sérieux et de plus élevé, est
auteur d'une très-bonne monograpliic de son
compatriote et concitoyen le compositeur de mu-
sique François Morlacclii. Elle a pour titre : Délia
vita e délie opère del cavalière Francesco
Morlacchi dl Perugia , primo maesf7-o deila
real cappella di Dresda, dirctiorc delta opéra
iialianae délie musiche di Corte di S. M. il re
di Sassonia.Memorie istoriche precedute dalla
biografia e bibliografia musicale Perugina :
Perugia, tipograjia di Vicenzo Burtelli,
1861, gr. in4*'de LI et de 140 pages, avec le
portrait de Morlacchi.
ROSSINI (JOAcntM), le plus illustre, le plus
populaire des compositeurs dramatiques de l'I-
talie au dix-neuvième siècle , est né le 29 fé-
vrier 1792 à Pesaro, petite ville de l'État de l'É-
glise. Son père, Joseph Rossini, jouait du cor, et
allait de foire en foire faire sa partie dans les or-
chestres improvisés des opéras de circonstance
qu'on y organise chaque année; sa mère, Anne
Guidarini, chantait des rôles de secondes femmes
dans ces opéras forains. De retour à Pesaro,
après la récolte de la saison , la famille Rossini y
vivait le reste de l'année du mince produit de ses
excursions dramatiques. Ce fut au sein de cette
existence obscure et pauvre que se passèrent les
premières années de celui qui, plus tard, a donné
tant de lustre à son nom. Deux versions .se sont
répandues sur ce qui concerne son enfance : d'a-
près la première, il n'aurait commencé l'élude de
la musique qu'à l'âge de douze ans, sous un
maitrede Bologne. Suivant l'autre, il suivait déjà
la profession de son père dès sa dixième année,
jouant la deuxième partie de cor dans les opéras
forains. Celle-ci est exacte. Ses parents ne son-
gèrent à lui donner une éducation régulière de
musicien qu'après avoir remarqué la beauté de
sa voix : alors, c'esl-à-dire en 1804, on lui donna
pour maître Angelo Tesei , de Bologne , qui lui
enseigna le chant, le piano, et lui fit chanter des
solos de soprano dans les églises. Deux ans après,
Rossini élait déjà grand lecteur à première vue
et accompagnateur habile. Ses parents conçurent
le projet de tirer quelque avantage de son talent
précoce, et de l'attacher, non plus comme simple
corniste aux spectacles des foires de la Romagne,
mais en qualité de maestro al cembalo. Le
27 août 1806 il s'éloigna de Bologne pour aller
à Lugo, puis à Fcrrare, Forli, Sinigaglia, et dans
quelques autres petites villes. Pendant celte tour-
née , la mue de sa voix se déclara , et il cessa
de chanter. Devenu, par cet accident, hors d'élat
de remplir ses fonctions de maître des choristes
«le théâtre, il rentra à Bologne , et le 20 mars
1807, il fut admis au <ycée de cette ville, et y
reçut de l'abbé Mattei des leçons de contre-
point.
Peu d'organisations musicales ont été moins
bien disposées que celle de Rossini pour ime sou-
mission passive aux préceptes de l'école. Impa-
tient d'écrire, et guidé par son instinct vers la
carrière de compositeur dramatique, il ne com-
prenait pas l'utilité des exercices qu'on lui faisait
faire dans l'art d'écrire d'un style pur et correct ,
à quatre, cinq ou six parties réelles, sur la gamme
ou sur un plain-chant donné. Encore moins pou-
vait-il se décider à ne faire usage dans ce qu'il
écrivait que d'harmonies simples et consonnahtcs
sans modulations; lui dont le penchant naturel
tendait vers ces associations d'accords où toutes
les tonalités sont mises en un contact sans cesse
variable. Toute la science de Mattei, assurément
incontestable, était de peu de ressource pour di -
riger le génie d'un tel élève. Ce maître n'avait
qu'une méthode, et les res.sources de .son esprit
n'étaient pas assez riches pour la modifier en
faveur d'une audacieuse intelligence (1). Après
avoir conduit ses élèves pas à pas dans les
variétés de l'art élémentaire désigné sous le nom
de contrepoint simple, et lorsqu'il se disposait
à les introduire dans les combinaisons plus diffi-
ciles des canons, des contrepoints doubles et de
la fugue, il lui arriva de leur dire que la connais-
sance de ce contrepoint simple, objet de leurs
études précédentes, n'était suffisante que pour
écrire de la musique libre ; mais que poor le style
|t| U ne faut pas croire toutefois ce qu'ont écrit certains
Journalistes du mépris qu'aurait eu Rossini pour les
formes scientlflqucs de l'ancienne musique. Voici ce que
lui- uiëme m'en a dit dans une conversation sérieuse en
18U, à sa villa, prés de Bologne. Je lui avais donné quel-
ques jours auparavant mon Esquiae de l'histoire de l'har-
monie, cl lui avais dit eu lui remettant ce volume : f'oui
ne lirez pat cela; mais je ne crois pus pouvoir mettre
ce livre en des tnains plus diynct (]ue dans celles de
l'homme qui a ete créateur dans l'harmonie 11 sourit
et ne répondit rien. Quelques jours après. J'allai le re-
voir ; Il vint au-devant de moi dans son jardin et en-
tama imuiédtatcinent la conversation de cette manière:
'< J'ai lu vctre ouvrage avec un grand intérêt : c'est une
• chose curieuse que l'invention et les progrès de celte
<< harmonie, partie si essentielle /le la musique. .SI Je
« vous avais eu pour maître, mon cher Ketis, J'aurais été
■ ce qu'on appelle un suvanl musicien, car j'avais le goût
1 ('.es combinaisons de la musique des anciens maîtres.
• le plus vit plaisir que la musique m'ait fait éprouver
• est l'exécution en 1811, de quelques morceaux de l'ates-
<• Irlna ii la chapelle poiilitic:iio de Rome. Mats J'avais à
a llologne un qui, lorsque Je lui demandais U
« raison de ce qu'il me faisait faire, me répondait tou-
" jours par l'autorité de l'rcole. Je l'ai envoyé promener
u et n'ai plus consulté que mon goiit. »
ROSSINF
321
I
ecclésiastique, il était nécessaire de posséder un
savoir plus étendu. A ces mots, Rossini s'écria :
" Maître! que diles-vous? quoi; avec ce que
« j'ai appris jusqu'à oejour^ on peut écrire des
« opéras? — Sans doute. — C'est assez; je n'en
« veux pas savoir davantage ; car ce sont des
« opéras que je veux faire. » Là, en effet, se bor-
nèrent ses études scolasliques qui lui furent de peu
de secours, parce que la négligence et le dégoût
y avaient présidé ; mais il y suppléa par une
élude pratique, plus profitable pour nn esprit de
sa trempe : elle consistait à mettre en p;tftilion
des quatuors et des sympbonies de Haydn et «le
Mozart : de celui-ci surtout; car le génie do
Mozart, incompris jusqu'alors en Italie, était en
merveilleux rapport avec les juvéniles pensées du
kxlar grand artiste. Maintes fois il m'a dit qu'il
avait mieux compris les procédés de l'art, dans
ce travail facile, qu'il n'aurait pu le faire penda^nt
plusieurs années d'après l'enseignementdeMaltei.
Les premières productions du talent de Rossini
avaient été une symphonie à grand orchestre, des
quatuors de violon, qu'on a eu ie tort de publier
contre le vœu de leur auteur, et une cantate in-
titulée Il Pianlo d'Armonia, qui fui exéculée
à BologncNlc 11 août 1808. ]i était alors âgé de
seize -ans et quelques mois. De retour à Pesaro
dans les premiers mois de 1810, il y trouva chez
quelques amateurs, particulièrement dans la fa-
mille Periicari, des protecteurs qui aidèrent ses
premiers pas dans une carrière où il devait ac-
quérir une gloire enviée de tous les musiciens
de «on époque. Ce fut par leurs soins que Rossini
obtint un engagement pour écrire son premier
opéra. Cet ouvrage fut joué pendant l'automne
de 1810 au théâtre SaH-3/o5è de Venise, sous le
titre de La Cambialedi viatrimonio. Le succès
de«cette production fut ce que pouvait être celui
d'un petit' opéra en un acte écrit par un compo-
siteur de dix-neuf ans encore inexpérimenté. De
retour à Bologne, Rossini y attendit l'occasion
d'un second essai, qu'il fitdans l'automne de 1811,
au théâtre del Corso de celle ville , dans un
opéra bouffe intitulé VEquivoco stratagante.
Malgré le talent de la Marcolini, chargée du rôle
principal de cet ouvrage , il ne réussit pas ;
mais Rossini se releva bientôt à Rome par le De-
metrio e Polibio, écrit pour le théâtre Valle,
de Rome, et qui fui joué par Mombelli et ses
filles. Là se trouvait un délicieux quatuor où le
génie du compositeur se révélait tout entier, et
qu'on a depuis lors intercalé dans d'autres ou-
vrages du môme artiste. Dès l'année 1812, l'ad-
mirable fécondité du génie de Rossini se mani-
festa d'une manière non équivoque; car il écrivit
pour le carnaval Vlnganno felice, au théâtre
BIOCR. UNIV. nES MUSICIENS. — T. VII.
L
San-Mosè, de Venise; au carême, C/ro in Ba-
bilonia; pour le théâtre, Co»i?nMna/e de Fer-
rare; au printemps, ?a Scala di seta, pour le
théâtre San-Mosè, de Venise; à raulomne , la
Pietradel paragone, pour le llioâlre de la
Scalti, à Milan; et dans la même saison, VOc-
casione fà il ladro, pour Venise. Tout n'était
pas bon dans ces cinq opéras écrits en si peu de
temps, et dont la fortune ne fut pas égaie ; à peine
a-t-ou retenu les titres de la Scala di seta et de
l'Oecazione fù il ladro j mais un très-beau trio
de Vlnganno felice , mais deux airs et surtout
un chœur de Ciro in Bahilonia, dont la déli-
cieuse cantilène est devenue plus tard le thème
de la cavatine du Barbier de Séville {Ecco ri-
dente); mais la cavatine (Ecco pietosa tu sei
la sola) et le linalc du premier acte de la Pietra
del paragone, ne laissaient plus de doute sur la
richesse d'imagination du nouveau maître. Dans
l'année suivante, Tancredi, écrit pour la Fe-
nice, de Veni.se, et Vllaliana in Algeri, com-
po.sé pour le théàlre San-Benedetto de la même
ville, firent saluer leur auteur par l'opinion pu-
blique comme le premier des compositeurs drama-
tiques vivants de l'Italie. Le ton chevaleresque
du premier de ces ouvrages ; la noble mélancolie
du rôle de Tancrède; rintt'rôt soutenu pour la
première fois d'un bout à l'autre d'un opéra sé-
rieux italien , par une verve continue d'inspira-
tion ; une harmonie dont les successions piquantes
étaient auparavant ignorées chez les compatriotes
de Rossini ; enfin une instrumentation dont les
formes n^étaient pas moins nouvelles pour eux;
tout cela, dis-je, procura à la création de l'artiste
im de ces succès d'émotion qui sont les signes
certains d'une époque de réelle transformation de
l'art. L'abus de cerlains moyens d'effet, tels que
les crescendo , les cabalette, et de singulières
négligences de style et de facture semées, çà et
là, faisaient mêler, il est vrai, les sévères improba-
lions des critiques de profession aux élans de
l'admiration des dilettanti , mais déjà l'auteur
de Tan r/vdeavait compris que les défauts de cette
nature n'ont pour censeurs que les gens du mé-
tier, toujours en petit nombre, et que le publie
n'analyse pas ce qui l'cmeut. Ce qu'il voulait ,
c'était le succès populaire; or, on doit avouer
que jamais compositeur ne l'obtint d'une manière
aussi complète, dans les beaux temps de sa car-
rière. En dépit des critiques dont ces innovations
étaient l'objet; en dépit des efforts des partisans
de l'ancienne école, Rossini n'eut plus de rivaux
en Italie après le succès de Tancrède. Venise et
Milan, Rome et Naples furent désormais les seules
villes qui purent aspirer à l'honneur de l'engager :
dès ce moment, il n'écrivit plus que pour leurs
31
322
ROSSIJNI
lliéi\trcs. Milan eut la bonne foitune de le garder
pendant toute l'année 1814 : il y composa l'Au-
reiktno in Palmira cl II Turco in llalia, char-
mante bouffonnerie qui n'a de pendant chez Ros-
siniquc fltaliana in Algcri, et qui futson der-
nier ouvrage de ce genre. Kn 1815, il ne produisit
nue V Elisabeth; mais il l'écrivit pour le théâtre
Saint-Charles de Naples, et celte prise de posses-
sion de la première scène lyrique de l'Italie lui
parut assez importante pour qu'il y donnât tous
ses soins. Après cet ouvrage, les années les plus
actives de la carrière de Rossini , les plus élon-
nanles par l'importance des compositions, furent
1816 et 1817 : une grande cantate pour le ma-
riage de la duchesse de Berry, et sept opéras,
parmi lesquels on remarque le Barbier de Sé-
ville, Ole/lo, Ccnerentola cl la Gazza Ladra,
lurent produits dans ce court espace de temps.
Chacune de ces onivres du génie aurait sufli
pour faire la rép>itation d'un compositeur. Le
Barbier de Séville fut écrit pour Rome : les
phases de sa fortune y présentèrent une des cir-
constances les plus singulières de l'histoire de la
musique dramatique. Le sujet du Barbier de
Séville avait été traité en Russie par Paisiello
{voyez ce nom), et cet ouvrage, transporté en
Italie, y avait trouvé plus de censeurs que d'a-
pologistes. Les Romains , particulièrement, l'a-
vaient mal accueilli. Plus tard, ils se passionnè-
rent pour cette musique qu'ils avaient dédaignée,
et la pensée de lui en opposer une autre sur le
même sujet leur parut un sacrilège. Torwaldo e
Doriiska, faible composition de Kossini qui avait
précédé le Barbier kl^omc, dans la même saison,
ne lui donnait d'ailleurs point assez de crédit dans
l'esprit des Romains, pour qu'ils ne considéras-
sent pas son entreprise comme une condamnable
témérité. Ce fut sous l'influence fâcheuse de ces
préventions que fut donnée la première représen-
tation du Barbier de Séville. Rossini a toujours
pensé que le vieux maître napolitain n'était pas
étranger aux dispositions hostiles de la fouie
compacte de ses ennemis dans cette soirée. Quoi
qu'il en soit, l'orage quhavait grondé sourdement
pendant tout le premier acte éclata au second ,
et l'exérution de ce chef-d'œuvre éternel de grâce
et d'élégance cociuette ne s'acheva qu'au milieu
des témoignages les plus outrageants des impro-
bations. Peu accoutumé aux événements de cette
nature, Rossini ne voulut pas reparaître au
piano dans la seconde représentation et pré-
texta une indisposition pour s'en dispenser.
Jl était profundémenl endormi lorsque , tout
à coup, un grand bruit ^e fait entendre sous
ses fenêtres; quelques personnes franchissent
avec fracas l'escalier qui conduit à sa chambre ;
saisi de frayeur, Rossini se persuade que les par-
tisans de Paisiello le poiirsuivent jusque dans
sa demeure; mais ce sont les interprètes de sa
musique, Garcia, Zamboni, Rotticclli, qui vien-
nent lui annoncer que l'ouvrage a été aux nues
(aile Sicile ), et que les spectateurs inondent la
rue à la lueur des flambeaux , pour lui donner
un témoignage non équivoque de leur admimtion.
Cette prompte péripétie lit naître It; plus vif élon-
iiement dans toute l'Italie, et donna plus d'éclat
au succès qu'une si belle composition «levait ob-
tenir. C'est dans le Barbier de Séville que Ros-
sini employa à différentes rejirises l'effet du
rhythme à temps ternaires d'un mouvement ra-
pide, qu'il avait essayé dans II Turco in Jlalia,
et dont il a fait depuis lors un fréquent usage.
De retour à Naples, et après' y avoir donné
aux Fiorentini le petit acte de la Guzzelta, il
écrivit pour l'automne son admirable partition
d'Otello, et trouva pour ce sujet autant d'accents
pathétiques et passionnés, qu'il avait eu d'es-
prit et de finesse pour liosine et pour Figaro.
Quel est le musicien, le simple dileltanle, qui
ne se sente encore ému au souvenir de cette
musique pénétrante des deux premiers actes si
remplis d'énergie, et du troisième, où le génie du
compositeur égale celui de Shaksfieare, mais
non dans le même sentiment. Les enthousiastes
de Shakspeare se sont niontrés sévères, disons
le mot, injustes pour la musique de Rossini,
parce qu'ils auraient voulu qu'il se fit traduc-
teur des inspirations du créateur de la tragédie
anglaise ; mais c'est précisément parce qu'il est
tout autre chose, parce qu'il e.stlui, génie in-
dépendant, qu'il mérite toute notre admiration.
Le sujet étant donné, il l'a senti et rendu avec
l'originalité du musicien, de même que Shaks-
peare l'avait traité avec l'imagination du poète.
Une innovation signale aussi cette belle compo-
sition : c'est la complète disparition de l'ancien
récitatif libre, remplacé par un récitatif accom-
pagné, où l'instrumentation pittoresque donne un
caractère plus décidé à cha(|ue situation, une ex-
pression plus vive à toutes les passions. Par là,
Rossini acheva de faire disparaître la langueur
de l'opéra sérieux, que les plus grands com|)o-
siteurs n'avaient pu éviter avant lui, dans le&
intervalles qui séparaient leurs (ilus beaux mor-
ceaux.Incessammentpréoccupéde l'effet, Rossini
y a peut-être trop sacrilié certames parties de
sonarl; mais on doit avouer que cette préoc-
cupation lui a fait trouver des beautés inconnues
avant lui.
Deux mois d'intervalle seulement séparent la
première représentation A'Olello à Naples et la
mise en scène de Cencrenlola à Rome. Ce
ROSSINI
323
U
charmant ouvrage n'eut pour interprètes que
des chanteurs de second ^ et môme de troisième
ordre, et un orchestre détestable : il ne fit point
alors i'effel que nous lui avons vu produire
plus tard avec les artistes excellents attachés au
Théâtre-Italien de Paris. Au printemps de 1817,
la Gazza ladra fut donnée à Milan, et fit une
profonde impression. Composition où les plus
grandes beautés sont mêlées aux défauts les plus
choquants, où l'inspiralion libre et pure vient
s'allier aux formules de convention basées sur
les crescendos, les cabalettes, le retour fréquent
des rhythmes animés, et le développement pro-
gressif de l'effet bruyant, te Gazza ladra reçut
à la fois l'éloge et le blûme des gens de goût.
Si l'on considère attentivement celte partition,
on y voit avec évidence que le compositeur y
a pousse jusqu'à ses dernières conséquences le
système d'effet établi sur la sensation nerveuse,
vers lequel il tendait depuis ses premiers essais.
11 prouva du reste qu'il ne s'était pas trompé
dans le plan qu'il s'était fait pour cet ouvrage
sous le rapport du succès, car celui qu'il obtint
fut une sorte de délire ; mais il dut comprendre
qu'il ne lui restait plus qu'à se répéter dans d'au-
tres ouvrages, s'il ne changeait de manière, ou
du moins s'il ne modifiait celle de sa dernière
partition. On voit en effet que cette nécessité le
préoccupa, car Armide, Mosè, Ennione, la
Donna dcl lago et MaomcUo II, qui se suc-
cédèrent pendant les années suivantes, présen-
tent des variétés où, malgré le retour de cer-
taines formes habituelles, on découvre une
tendance vers la couleur locale et l'expression
caractérisée. Ainsi dans Armide, c'est la suavité
et le ton chevaleresque qui dominent ; dans Mosè,
le sentiment religieux; dans Ennione, Rossini
cherche la simplicité de la détiamalion lyrique;
dans la Donna del lago, il trouve avec un rare
bonheur le caractère romantique et montagnard;
dans Mahomet, d'heureuses oppositions de vi-
gueur sauvage et l'accent du dévouement pa-
triotique. A l'égard de ses partitions à' Adélaïde
di Borgogna (Rome, 1818), ôe Ricciardo e Zo-
raide ( Naples, même année ) , iVEduardo e
Crtstina (Venise, 1819, ) et de Matilde di Sa-
bran, bien qu'on y trouve de beaux morceaux, le
ton y est en général plus vague, et le style y
lient [ilus de la forme que de la pensée. Bianca
e Faliero n'offre guère qu'un quatuor, mor-
ceau délicieux qu'on intercale aujourd'hui dans
la Donna del lago.
Armide, Mosè, Ricciardo e Z or ai de , Er-
mione, la Donna del lago et Maometto furent
écrits pour Naples. Depuis 1815, Rossini avait
ihd sa résidence principale dans cette ville,
[ parce que le directeur des théâtres ( Barbaja )
I lui avait accordé un engagement annuel de
12,000 francs, sous la condition qu'il écrirait,
deux opéras chaque année, et dirigerait la mise
: en scène de quelques anciens ouvrages. Pen-
dant plusieurs années, ce directeur de spectacles
eut l'entreprise non-seulement des théâtres de
Naples, mais de celui de la Scala, à .Milan, et
de l'Opéra italien de Vienne. Il y faisait en-
tendre, ses nieilleurs acteurs, et la présence de
I Rossini était parfois une des conditions de ses
marchés. C'est ainsi qu'en 1822, après être de-
j venu l'époux <le M"e Colbran, première canta-
1 trice des théâtres royaux de Naples, le maître
I alla diriger la musique de l'Opéra de Vienne,
j où sa Ze/HJ /'/•«, chantée par sa femme, M"c Eker-
lin, Nozzari et David, obtint un brillant succès.
1 II est remarquable que l'Allemagne méridionale,
et surtout Vienne, a montré pour sa musique
: un enthousiasme véritable, tandis qu'à Berlin
elle était l'objet de critiques amères. On peut
j affirmer que le nord de l'Allemagne s'est mon-
j tré complètement inintelligent à l'égard du
i génie le plus remarquable de son époque en
! musique. Mendels.sohn même, si grand musicien
i qu'il fût, a montré un esprit étroit dans sa rc-
I pugnance pour les œuvres de ce génie.
i Après avoir reçu de la famille impériale et de la
I haute société de la capitale de l'Autriche l'accueil
le plus flatteur, Rossini retourna à Naples , puis
se rendit à Venise pour y écrire la Scmiramide^
le dernier ouvrage qu'il composa en Italie, et
I qui porte le cachet d'une nouvelle tiansforma-
I lion de son talent. La richesse d'idées neuves, la
I vaiiété des formes et leur tendance vers l'éléva-
I tion du style, enfin la nouveauté des combinai-
sons instrumentales, donnent à cet ouvrage un
; prix considérable, quoiqu'on puisse y reprendre
I des longueurs et l'abus du bruit qui, devenu un
1 modèle pour d'autres compositeurs, a été dépassé
et nous a conduits aux excès de l'époque ac-
j tnelle. Trop large pour les oreilles italiennes,
! au moment où elle fut écrite, Semiramidè n'eut
qu un succès médiocre à Venise, dans le carnaval
de 1823. Blessé d'une indifférence qu'il consi-
dérait avec raison comme une injustice, Ros-
sini quitta sans regret la terre qui l'avait vu naî-
tre, pour se rendre à Paris et à Londres, où
l'attendait l'enthousiasme le plus exalté. 11 était
à Paris, au mois de mai de la même année, et
ne s'y arrêta que quelques jours parce qu'il
avait un engagement dans la capitale de l'Angle-
terre, où il resta cinq mois, occupé de concerts
et de leçons dont les produits s'élevèrent à la
somme énorme de deux cent cinquante mille
francs, y compris deux mille livres sterling
21
334
ROSSLM
qui lui furent offcrlcs par une réunion de mem-
bres du parlement. Au mois d'octobre, il rctonma
à Paris, où l'appelaient des arrangements faits
avec le nunistre de la maison du roi^ pour la
direction de la musique du Théâtre-Italien.
En Italie, les jouissances d'un contposileur
dramatique sont peut-être plus vives qu'à Pa-
ris, parce que l'admiration s'y exprime d'une
manière plus expansive : mais les disgrâces y
sont plus, poignantes, parce que l'improbation
n'y a pas de retenue. L'habitude qui s'y est con-
servée de livrer au public la personne même
de l'artiste, en le faisant asseoir dans l'orchestre
pendant les premières représentations de l'o-
péra nouveau, porte atteinte à sa dignité si
son ouvrage est défavorablement accueilli ; car
c'est à lui- môme que s'adressent les sifflets
et les brocards. Eu France, quelle que soit la mau-
vaise fortune d'une œuvre dramatique, elle seule
est compromise, et son auteur est toujours res-
pecté. Bien que le succès y soit moins enivrant,
au fond il satisfait davantage, parce qu'il est dé-
cerné d'une manière plus noble et plus intelli-
gente. 11 est donc permis d'affirmer que le temps
où Rossini a joui de sa gloire la plus pure, la
plus complète, est celui du long séjour qu'il a
fait à Paris, Il avait fallu beaucoup de temps
pour que sa renommée s'y établit, parce que
les diverses administrations qui s'étaient suc-
cédé au tliéâtre-italieu depuis 1813, époque du
succès de Tancredi à Venise, semblaient avoir
pris à tâche de laisser ses beaux ouvrages dans
l'oubli. Médiocrement exécutés, ses opéras de
Vinganno foHunato et de l'Ilaliuna in Algcri
étaient les seuls qu'on y eût entendus, et ils n'y
avaient pas réussi. Ce fut Garcia qui, à la fin
de 1819, fitenfin connaître Rossini pour ce qu'il
était, en faisant mettre en scène le Barbier de
Séville. Peu s'en fallut pourtant que le sort de
ce charmant ouvrage ne frtt au théâtre de la rue
de Louvois ce qu'il avait été au théâtre Argen-
Una A^ Rome; car il ne manquait pas à Paris
d'admirateurs de Paisiello qui trouvaient fort
irrévérentqu" un jeune musicien osât refaire l'ou-
VTage d'un tel maître. D'ailleurs, assez médio-
crement chanté par M »^ Ronzi-Debegnis, le rôle
de Rosine n'avait pas répondu à la réputation de
l'opéra : il y eut donc, sinon une chute décidée,
au moins un succès incertain. Ce ne lut qu'après
un infructueux essai de la reprise du liarbier
de Paisiello, et lorsque M^^ Mainvielle-Fodor
se fut chargée du rôle principal de femme, que
la musique du maître de Pcsaro fut goûtée, et
qu'on en comprit tout le charme. Alors, chaque
représentation augmenta l'enthousiasme du pu-
blic et sembla transformer les spectateurs ,
connue le maître avait transformé la musique.
Le Turc en Italie, la Gazza ladra, Tancredi,
Otello, Cencrentola, vinrent tour à tour aug-
menter l'admiration et la rendre générale. Des
éditions multipliées des partitions et de mor-
ceaux détachés de ces opéras ; des arrangements
de ces morceaux pour tous les instruments, pour
les corps de musique militaire et pour les or-
chestres de danse, complétèrent la métamor-
phose du goût français. Au milieu de ces cir-
constances , Rossini alla se fixer à Paris et
recueillir les plus doux fruits de ses travaux.
Accueilli, fêté, exalté, entouré d'égards et de
distinctions, il dut grandir alors à ses propres
yeux. Doué de l'esprit le plus fin, le plus bril-
lant, et de plus imbu de la fausse opinion que
rien ne saurait être sérieux chez les Français ,
il s'était persuadé malheureusement que le rôle
par excellence y devait être celui de mystifica-
teur, et ce fut celui qu'il adopta. Nul ne pouvait
le remplir avec plus d'avantages; mais il no
convenait à personne moins qu'à l'auteur de Se-
miramis ctd'Otello. D'ailleurs, U s'était trompé.
Sous une apparence de frivolité, les Français
.sont peut-être le peuple le plus sérieux du conti-
nent, et certainement c'est celui qui a le sen-
timent le plus délicat des convenances et de la
dignité sociale. Plus tard, Rossini s'est convaincu
de son erreur par l'expérience, et, modifié par
l'âge, il a pris dans la .société française la posi-
tion qui convient a la grandeur de son talent.
Les engagements de Rossini envers le ministère
de la maison du roi lui imposaient l'obligation d'é-
crire pour l'opéra italien et pour l'opéra français,
mais la faveur dont il jouissait près de M . le vicomte
de LaRochefoucault, chargé de l'administration
des beaux-arts, fil faire beaucoup de concessions à
sa paresse. Le premier ouvrage qu'il composa à
Paris fut un opéra de circonstance pour le sacn?^
de Charles X, intitulé: Il Viaggio a Reims.
L'exécution de ce petit opéra tut confiée à une
réunion bien rare de chanteurs, car on y reniar-
(]uait Mme pasta, Momlielli, Cinti ( depuis lors
Mn'c Damoreau), Zucchelli, Donzelli, Rordogni,
Pcllegrini et Levasseur. L'année suivante ( ls;f. )
Ros.sini arrangea son Maometlo pour le grand
Opéra, cl le fit jouer sous le titre du Siège de
Corinlhe. Une partie de l'ancienne partition dis-
parut dans ce travail, et fut reniplacée |)ar des
morceaux nouveaux , au nombre desquels est le
bel air composé pour ,M'"<: Damoreau, et la scène
admirable delà bénédiction des drapeaux, au troi-
sième acte. Le succès de cet arrangement iVttn
ancien ouvrage décida Ro>sini à (aire un travail
.semblable pour son Mosc : mais ici la part d.'
la musique nouvelle qu'il fallait écrire devint
ROSSIM
S25
plus considérable : un premier acte presque en-
lièreiTienl nouveau , les -airs de danse et le su-
perbe linale du troisième acte : enfin un air avec
cbdcnr de la plus f;rande beauté au quatrième,
telle fut la part de travail nouveau de Rossini
(l;ins cet arrangement, qui obtint à juste titre le
plus beau succès, en 1827. Un an après, il donna
le Comte Ory, élégante et gracieuse parlition
dans laquelle lîossini fit entrer un grand mor-
ceau de son opéra italien 11 Viaggio a Reims,
et quelques autres fragments, mais dont la plus
grande partie était composée de musique nou-
velle.
Cependant les artistes attendaient depuis long-
temps un grand opéra de l'auteur iVOtello , et
désiraient pour sa gloire qu'il ne tardât pas plus
longtemps à remplir sa promesse : il y satisfit
enfin par Guillaume Tell, qui fut représenté à
l'Opéra dans le mois d'août 1829. Le génie du
grand artiste y avait sid)i tme dernière et com-
plète transformation. Devenu compositeur français
par l'intelligence (inc et profonde de l'action dra-
matique, par le sentiment des convenances et
par une excellente déclamation dans le récitatif,
il avait conservé tout son feu, toute son élégance,
toute fion abondance italienne de motifs heureux,
et avait acquis plus de fini dans les détails, plus
d'habileté dans la facture, plus de ces qualités
enfin dont l'ensemble compose ce qu'on appelle
le style. Le succès ne fut pas douteux pour les
coniKiisseurs : ils proclamèrent unanimement la
nouvelle partition de Kossini comme son |>hu
bel ouvrage et comme un de ses plus beaux
titres de gloire. Malheureusement le livret est
mal fait, dénué d'intérêt, et abonde en contre-
sens. Le public français , bien que sensible à la
musique, n'a pas le don de faire abstraction de
.son intelligence pour se livrer au seul plaisir d'en-
tendre de belles mélodies : l'absence de bon sens
dans une pièce le décourage et nuit au plaisir que
le compositeur lui fait éprouver. De là la courte
<lurée des succès de Guillaume Tell à la scène,
dans la nouveauté, tandis que les morceaux de
cette œuvre sublime se trouvaient sur tous les
pianos et se faisaient entendre dans tous les con-
certs. Toutefois, lorsque cet opéra fut repris
à Paris pour le chanteur Diiprez, il excita l'ad-
miration générale, et obtint un succès plus po-
pulaire que dans sa nouveauté ; succès tardif
néanmoins, et qui n'a point fait oubliera Ros-
sini .sa résolution de ne plus écrire pour la
scène française. Le lendemain de la première
représentation de Guillaume Tell, l'auteur
de cette belle partition jeta .sa plume pour ne
r)lus la reprendre. A trente-sept ans , il se con-
sidéra comme parvenu au terme de .sa carrière ,
disant à ses amis, qui le pressaient d'y rentrer :
« Un succès de plus n'ajouterait rien à ma re-
« nommée; une chute pourrait y porter atteinte;
« je n'ai pas besoin de l'un, et je ne veux pas
« m'exposera l'autre. « Ce langage, qui a trouvé
ses apologistes, nous apprend qu'en recevant un
si beau génie de !a nature , Rossini n'y sut pas
allier au même degré l'amour de la musique ;
.sentiment pur et noble qui fait cultiver l'art pour
lui-même, et console l'artiste de ses di.sgràces.
En colorant son mécontentement contre la France
d'une excuse plus spécieuse que solide, Rossini
oubliait d'ailleurs que ce dépit était une injus-
tice : car il déclamait contre le mauvais goiU
des Français au moment même où, délaissé dans
son pays pour de nouveaux venus peu dignes de
se mesurer avec lui, et méconnu dans la plus
grande partie de l'Allemagne, il ne trouvait que
cette nation demeurée fidèle à sa gloire. S'il y
eût pensé plus mûrement , il aurait compris
(|ue lorque les chants auront ce.s.sé pour lui dans
le monde entier, un seul écho résonnera des sons
de sa lyre : ce sera celui de la France, d'où s'exha-
leront encore les sublimes accents de Guillaume
Tell.
La place de directeur du Théâtre-Italien qu'on
avait <tonnéc à Rossini lorsqu'il arriva à Paris ,
ne convenait point à sa paresse. Jamais adminis-
tration dramatique ne se montra moins active,
moins habile que la sienne. La situation de ce
théâtre était prospère lorsqu'il y entra : deux an-
nées lui suffirent pour le conduire à deux doigts
de sa perte; car la plupart des bons acteurs s'é-
taient éloignés et le répertoire était usé, sans qiu;
le directeur se fût occupé de remplacer les uns
et de renouveler l'autre. Malgré ses préventions
aveugles pour Rossini, M. de La Rochefoucautt
finit par comprendre qu'un homme de ce carac-
tère était le moins capable de conduire une ad-
ministration, et, de concert avec lui, il le nomma
intendant général de la musique du roi et iiis-
pecteur général du chant en France ; sinécures
qui ne lui imposaient d'autre obligation que celle
de recevoir un traitement annuel de vingt mille
francs , et d'être pensionné si, par des circons-
tances imprévues, ses fonctions venaient à ces-
ser. Ces arrangements, si favorables au composi-
teur, avaient pour but de l'obliger à écrire pour
l'Opéra, mais ils lui laissaient la propriété de .«es
ouvrages, et ne diminuaient nullement le produit
qu'il devait en tirer. Si les choses fussent de-
meurées en cet état, Rossini aurait fait succéder
à Guillaume Tell cinq ou six opéras; mais la
révolution, qui précipita du trône Charles X et sa
dynastie, au mois de juillet IS30, rompit les liens
qui attachaient l'artiste au monarque, et le ten lit
32(}
ROSSINI
à sa paresse, en le privant de son trailemenl. Dès
lors une discussion s'éleva pour la pension de six
mille Trancs réclamée par Rossini. La révolulioii
de Juillet, disait-il, était certainement le moins
prévu des événements qui devaient faire cesser
ses fonctions : il den)andait donc le dédomma^^e-
ment sti|tiilé pour ce cas. De leur côté, les com-
missaires de la liquidation de la liste civile pré-
tendaient assimiler son sort à celui des autres
serviteurs de l'ancien roi qui , privés de leurs
emplois, avaient aussi perdu tous leurs droits ;
mais le malin artiste avait obtenu , comme un
litre d'honneur, que l'acte de ses engagements
avec la cour t'ùl signé par le roi lui-même, et
par là avait rendu personnelles les obligations
(le Charles X envers lui ; cette liabile manceuvre
lui valut le gain de son procès.
Pendant les cinq ou six années que durèrent
les contestations à ce sujet, Rossini avait con-
tinué de résider à Paris. En 1836 il retourna
en Italie, dans le dessein d'y faire un voyage
seulement, et de visiter ses propriétés, mais son
séjour s'y prolongea, et l'incendie du Théâtre-Ita-
lien, où périt tm de ses amis, le décida à s'y fixer.
Il vécut d'abord quelque temps à Milan, puis alla
s'établir h Bologne, oii s'attachaient les souve-
nirs de sa jeunesse. Sa santé s'était altérée d'une
manière assez grave : lorsque je le revis en 1841,
je fus effrayé de son amaigrissement. Au mal
physique qu'il éprouvait s'était ajoutée une ma-
ladie morale non moins sérieuse : l'ennui. Favo-
risé des biens <ie la fortune et comblé de gloire,
il n'y trouvait pas la satisfaction qu'il s'était
promise en les recherchant. L'organisation la plus
merveilleuse, la succession de circonstances heu-
reuses qui avaient aplani sa route, enfin, l'une
des plus belles et des plus universelles renommées
dont un artiste ait jamais joui, ne suffisaient pas
pour combler le vide indéfini de son âme. C'est
que, pour jouir de tout cela, il lui manquait une
chose essentielle, sans la(|uelle le monde n'a rien
de vrai : la foi ! la foi dans l'art, dans les senti-
ments du aeur, dans la réalité du but de la vie
en dehors des jouissances matérielles, dans l'ave-
nir ! la foi, sans laquelle notre existence n'est
qn'une déplorable déception ! Sans qu'd s'en dou-
tât, Rossini était parvenu au résultat final du scep-
ticisme, qui avait été sa philosophie pratique
jusiju'à l'âge de cinquante ans. « Vous voyez ce
" piano ( me disait-il) ; il n'est ici qu'à la condi-
" lion (pi'on n'en jouera pas. « Pauvre grand
liominc ! il croyait qu'il avait pu renoncer à la
musique pour faire je ne sais quoi, comme on ôtc
un habit |)ouren prendre un autre! C'était elle qui
lui manquait alors iMJur être heureux! elle, dont
il senddait s'être fait un jouet dans sa jeunesse;
mais en qui était toute la réalité de sa vie.
Un ami vint heureu.sement à .son secours dans
le moment môujc où j'étais près de lui : ce fut
l'éditeur Troupenas. Rossini, dans un voyagç fait
en Espagne vers la fin de 1832 , avait écrit à la
hâte un Stabat Mater pour un amateur riche de
ce pays. Troupenas proposa au maître, en 1841 ,
de revoir cet ouvrage, de le retoucher et de le
compléter par de nouveaux morceaux , ayanl
conçu le dessein d'en faire l'objet d'un certain
nombre de concerts spirituels à Paris. Sans pa-
raître attacher d'importance à cette proposition,
Rossini se mit au travail, écrivit avec soin sa par-
tition, et l'envoya à son éditeur. On parla bien
tôt à Paris d'un ouvrage nouveau de l'auteur
de Guillaume Tell, qui, après douze ans de
sommeil, avait enfin repris sa plume. Ce fut un
événement. En spéculateur habile , Troupenas sut
exploiter l'attrait de curiosité qui s'attachait à
cette production nouvelle : toutes les ressouices
de la presse furent mises en œuvre pour que U'.
retentissement fût universel; les concerts du
Stabat Mater se succédèrent avec rapidité, la
foule compacte s'y porta, et la faveur d'y être
admis se paya au po^ds de l'or. Pendant ce temps
des éditions de l'ouvrage se publièrent en dilié-
rents formats et en partitions d'orchestre et île
piano, avec les paroles latines, italiennes, ou
françaises. A peine rim|)rimeur put-il suffire à la
rapidité de la vente des exemplaires. Ue toutes
parts, dans les salons comme dans les concerts et
les théâtres, on n'entendait plus que le Stabat de
Rossini; enfin, pour que rien ne manquât au
succès, la critique malveillante s'en mêla.
L'éditeur Troupenas s'était proposé .simplement
de faire une bonne aflaire, et de profiter de l'ad-
miration pour le maître que le chanteur Duprez
venait de ranimer par le talent dont il avait tait
preuve dans le rôle A'Arnold de Guillaume
Tell; mais il fut, sans le savoir, le médecin
le plus habile de tous ceux qui s'occupaient de la
santé de Rossini. Au lieu de l'indifférence mon-
trée souvent par ce grand artiste pour ses suc-
cès, dans sa jeunesse, il fit voir dans celte cir-
constance le vif intérêt (pie celui du Stabat fai-
sait naître en lui. Incessamment préoccu|>é du
soin d'étendre ce succès dans toute l'Italie, il fai-
sait des traites avec les principaux directeurs d'o-
péra pour l'exécution de son ouvrage, choisissait
lui-même les chanteurs, leur enseignait leur par-
tie, cl parfois présidait aux répétitions. Le senti-
ment de l'artiste s'était réveillé : par lui dis^iarut
l'ennui; avec lui revint la santé.
Qiiehpies années heureuses pour Rossini avaient
suivi le moment où je l'avais revu, quand éclatè-
rent les événements de I8'i8. Une antipathie ins-
ROSSIM
327
tinctive pour les tendances révo'iudonnaires de
son époque est chez le maître un des traits ca-
ractéristiques de son organisation. Les agitations
tuinulliieuses dont Bologne fut alors le théâtre
ne loi inspiraient qne du dégoût : il ne sut pas
assez le dissimuler, et quand vint le moment où
l'on tit appel à son patriotisme pour des sacrilices
d'argent en faveur de la révolution, ses dons fu-
rent, dit-on , une sorte de mystification qui sou-
leva la populace contre lui ; il dut fuir à la hâte
vers Florence, et les démagogues durent se con-
tent»;r de le hrftier en efligie. L'émotion cau-
sée à Rossini par ces événements avait été trop
\ioIente;sa santé fut de nouveau compromise
d'une manière grave , et son séjour à Florence
fut une longue souffrance. Paris lui revint alors
à la pensée : il prit la résolution d'y retourner. Le
voyage fut lent et pénible, et les forces du maitre
semblaient épuisées quand il arriva dans la
grande ville, en 1853. Le caractère de sa maladie
était une affection nerveuse très-intense qui
tenait de l'hypocondrie. Incessamment affectée
de la crainte de la mort, son imagination avait
besoin surtout d'être calmée. L'empressement
de ses amis, l'affection qu'on lui témoignait
de toutes parts , les soins des meilleurs mé-
decms et l'exercice gradué de la promenade, fi-
rent disparaître par degrés les symptômes de
son mal et finirent par amener .sa guérison com-
plète. Se retrouvant dans le milieu le plu> sa-
tisfaisant |)0ur son intelligence, entouré d'hom-
mages rendus à son génie, et goûtant la
satisfaction de la vie facile qu'on ne trouve nulle
part aussi séduisante qu'à Paris, il y a repris sa
verve et ses brillantes saillies, tempérées aujour-
d'hui par une bonhomie bienveillante qu'il ne lais-
sait pas apercevoir autrefois.
Comme tous les hommes de génie, Rossini a
exercé une active influence sur l'art de son
temps. Celte induence ne se fait pas seule-
ment apercevoir dans le nombre de ses imita-
teurs, mais dans la transformation complète de
l'organisation musicale de sa nation. La mélodie,
divinisée parles Italiens, avait pour eux tant
d'importance à la scène, qu'ils n'admettaient
l'harmonie qu'à la condition qu'elle n'en ftlt que
le simple accompagnement. Il fallait que cette
harmonie fût naturelle, que les dissonances y
fussent rares ainsi que les transitions; enfin, le
goût passionné des Italiens pour lo chant im-
posait aux instruments l'obligation de le soutenir
sans le couvrir, et ne permettait qu'ils attiras-
sent vers eux l'attention de l'oreille que dans
les morceaux syllabiqnes de l'espèce désignée
sous le nom de note et parole. La musique
douce ou pathétique avait seule le privilège de
plaire aux oreilles ultramontalncs; le bruit, les
cris de notre opéra français leur étaient antipa-
thiques. C'était dans ces conditions que tous le»
maîtres avaient écrit pour les théâtres d'Italie
jusqu'au temps de Simon Mayr et de Paër. Quel-
que dures qu'elles puissent paraître aux com-
positeurs de nos jours, qui sans doute y ver-
raient la dégradation de leur génie, elles n'a-
vaient point empêché Scarlatli, Léo, Pergolèse,
Jomelli, Majo, Piccinni, Sacchini, Cimarosa,
Guglielmi, Paisiello, de s'élever jusqu'aux beau-
tés les plus émouvantes de l'expression drama-
tique, chacun d'eux ajoutant quelque forme,
trouvant quelque combinaison nouvelle, et sur-
tout inventant des mélodies dont notre siècle est
plus avare. Telle était la situation de la musique
de théâtre et du goût de la population en Italie
à l'aurore de la carrière dramatitjue de Rossini.
On ne fieut nier qu'un jeune compositeur .se trou-
vait alors dans l'allernalive ou de recommencer
ce qui avait été fait, ou de transformer l'art
et les penchants de la nation. C'est pour cette
œuvre dernière que Rossini avait été mis au
monde ; mais le miracle de la transformation
fut si complet, qu'il surpassa tout ce qu'on pou-
vait attendre d'un seul homme. Qui aurait p»
croire en effet que moins de quinze ans lui :suf-
firaient pour amener ses compatriotes à aimer
une harmonie hérissée de dissonances et sans
cesse modulant ? à partager leur attention entre
léchant et les combinaisons des instruments?
enlin, à se passionner pour le bruit jusqu'à ne
plus se contenter de l'orchestre le plus considé-
rable, et vouloir sur la scène la bande militaire,
les tambours et la grosse caisse? Voilà pourtant
où en vint toute l'Italie dans l'espace écoulé de-
puis Demetrio e Poi/ô/o jusqu'à la Donna del
liigo et aemiramide, c'est-à-dire, depuis 1812
jusqu'en 1823. Une seule chose restait à faire :
c'était d'abandonner le chant pour les cris; mais
cette gloire ne devait pas être celle de Rossini :
elle était réservée à ses successeurs. Homme de
goût et chanteur habile, il s'indigne aujourd'hui
de leur ouvrage ; cependant ses innovations de-
vaient conduire à ce résultat, car les révolutions
ne s'arrêtent pas où le veulent ceux qui les font.
A des effets bruyants devait succéder un bruit
intense, et l'excès devait arriver à ce point que
l'artdu chant ne résidât plus que dans l'énergie des
poumons. Sans le remarquer, Rossini se trouve
aujourd'hui dans la .situation où étaient dans sa
jeunesse les anciens maîtres qui se rencontrèrent
sur sa route : il riait de leur blâme; ei lui-môme
blâme à son four. Mais entre lui et ceux qui lui
ont succédé, il y a tonte la distance qui sépare
l'homme de génie de la foule des imitateurs et
328
ROSSINI
des exagéralcurs. Un seul en Ire ceux-ci (Bellini)
avait trouvé quelque nouveauté dans la combi-
naison «les deux systèmes dramatiques de la
France et de l'Italie ; mais il avait peu d'idées,
peu de variété dans les formes, et non-seulement
il ne connaissait pas le mécanisme de l'art d'écrire,
mais il n'en avait que médiocrement l'instinct. Il
y avait loin de là à l'organisation si riche du
maître de Pesaro.
Rossini avait dit à plusieurs de ses amis,
lorsqu'il écrivait pour la scène, que la musi-
que d'église serait plus tard l'ohjet de ses
travaux; cependant il semblait avoir renoncé
à la réalisation de cette promesse, lorsque Trou-
penas la lui, rappela par la demande du Stabat
Mater. On a vu quel fut le succès de cet ou-
vrage ; son effet ne s'est pas affaibli après plus
de vingt ans ; car lorsqu'il est convenablement
exécuté, il fait toujours éprouver de vives im-
pressions à l'auditoire. Quelques critiques en ont
blâmé le style, trop dramatique pour l'église ;
toutefois il ne faut pas considérer l'ouvrage à
ce point de vue; car le maître ne s'est pas "^ra-
posé d'en faire la séquence des vêpres de la
sainte Vierge , mais d'en prendre le texte pour
nn oratorio, ou plutôt pour une cantate reli-
gieuse destinée à des concerts spirituels. Tous
tes morceaux n'en sont pas également bien réus-
sis; mais l'introduction {Stabat Mater), l'air de
ténor (Cujus animam gementem), le quatuor
(Sancta Mater ), et l'air de soprano avec chœur
{inflammatus) , sont d'une beauté achevée. De
plus, tout cet ouvrage est erhpreint d'un carac-
tère d'originalité incontestable. Rossini vient de
terminer une messe dont on parle au moment
où cette notice est retouchée, mais qui n'est pas
encore connue.
Dans ce qui précède, j'ai cité le plus grand nom-
bre des ouvrages du grand artiste ; mais je crois de-
voir en doimer ici la liste complète , en les rangeant
dans l'ordre chronologique, pour l'explication du
développement du talent et du système de cet
homme extraordinaire. Celte liste est composée
des productions suivantes : l" Il Pianto d' Ar-
inonia, granrle cantate exécutée en 1808 dans
le lycée de Bologne. — 2° Symphonie à gi and or-
chestre, 1809. — 3" Quatuors pour 2 violons,
alto et basse, ibid. — 4" La Cambiale di ma-
trimonio, au théâtre San-Mosè, de Venise,
1810. — b""' L'Equivoco stravagante, en un acte,
ail théâtre del Corso, h Cologne, automne de
1811. — 6" Didone abbandonata, cantate com-
posée pour Ksiher Mombelli,en 18tl. — 7" J)e-
metrio et Polibio, au théâtre VaUc de Ron:e,
1811. — 8" L'/nganno felice, en nn acte, au
théâtre San Mosè de Venise, carnaval de 1812.
— 9' Ciro in Babilonia , opéra sérieux en
deux actes, au théâtre Communal de Ferrare,
carême de 1812. — 10° la Scala di seta, en un
acte, au théâtre San-Mosè de Venise, printemps
de 1812. — ir La Pietra del Paragone , en
deux actes, au théâtre de la Scala de Milan,
automne de 1812. — 12" Voccasione fà il la-
dro, en un acte, à Venise, idem. — 13" H Figlio
/jer assc/do, au même théâtre, carnaval de 1813.
— 14° Tancredi, opéra sérieux, à la Fcnice
de Venise, idem. — \bi"VUaliana in Algeri,
au théâtre San-Benedetto de Venise, été de
'[ 1813. — 16° Aurcliano in Palmira , à la
Scala de Milan, carnaval de 1814. — 17° Egle
! e Irène, cantate inédite , composée pour une
dame de Milan. — 18° Il Turco in Italia, opéra
' bouffe, en deux actes, à la Scala de Milan, au-
I tomne de 1814- — 19° Elisabetta, opéra se-
I rieux, au théâtre Saint-Charles de Naples, au-
I tomne de 1815. — 20° Torvaldo e Dorliska,
' en deux actes, au théâtre l'allé de Rome, car-
I naval de 1816. — 21° Il Barbierc di Siviglia,
au théâtre Argentina de Rome, idem. — 22° La
Gazzetta, en un acte, au théâtre des l'ioren-
tini à Naples, dans l'été de 1816. — 23° Otello ,
j au théâtre del Fondo, à Naples, dans l'automne
I de 1810. — 24° Teti e Pcleo, grande cantate,
au théâtre del Fondo, en 1810. — 25" Ceneren-
tola, au théâtre Valle, à Rome, dans le carnaval
'. de 1817. — 26° La Gazza ladra , h la Scala
j de Milan, printemps de 1817. — 27° Armida,
1 opéra semi-seria, à Saint-Charles de Naples, au-
I tomne de 1817. — 28" Adélaïde di Borgogna ,
I au théâtre /47'<7eH<ma de Rome, carnaval de 1818.
j — 29" iJfosè, opéra sérieux , à Saint-Charles de
! Naples, carême de 1818. — 30° Bicciardoe Zo-
I raide, idem, automne de 1818. — 31° Ermione,
\ opéra sérieux, idem, carême de 1819. — 32"
Eduardo e Cristina, au théâtre San-Bene-
j detto, à Venise, printemps de i8l9. — 33° La
Donna del lago , à Saint-Charles de Naples,
I automne de 1819. — 34° Cantate pour la fête
du roi de Naples, au théâtre Saint-Charles en
! 1819. — 35° Bianca e Faliero, à la Scala de
Milan, carnaval de 1820. — 26° Maometto II,
, à Saint-Charles de Naples, idem. — 37" Cantate
pour l'empereur d'Autriche, au même théâtre
eu 1820. — 38° Matilde di Sabran, au théâtre
Apollo (\e Rorne, carnaval de 1821. — 39° La
Biconoscenza, cantate pour une représentation
au bénéfice de Rossini, au théâtre Saint-Charles,
en 1821. — 40° Zc/«/iJO, au théâtre Saint-Char-
I les, carnaval de 1822. — 41° // vero Omagyio,
\ cantate chantée pendant le congrès de Vérone ,
au théâtre des Filarmonici. — 42° Semiramide,
i à la Fcnice de Venise, carnaval de 1823. —
ROSSLM — ROST
329
43" Sigismundo. J'ignore où a été représenté
cet ouvrage, qui est, je crois, !a plus faible par-
tition «le Rossini. — 44° // Viaggio a Bcims, au
Tliéûlre-Italien de Paris, clans l'été de 1825. —
45° Le Siège de Corinthe, à l'Opéra, dans le
mois d'octobre 1826. — 46" Moïse, au même
tl)éâtre,en 1827. — .47° Le Comte Ory,au même
théâtre, en 1828. — 48o Guillaume Tell, au
même théâtre, en 1829. — 49» Stubat Mater,
«n 1841.
Rossini a composé une messe qui a été exé-
cutée dans une campagne, près de Paris , en
1832. Enfin, on lui doit un recueil de douze
mélodies charmantes à une et deux voix, sous
Je titre de : Soirées musicales, œuvre par-
faite en son genre, et trois chœurs religieux,
dont on a fait un grand nombre d'éditions. Il a
écrit de la musique pour piano , connue de ses
amis, mais qui est encore inédite (I8C3).
Associé de l'Académie des beaux-arts de l'Ins-
titut de France et membre d'honneur d'un grand
nombre d'académies et de .sociétés musicales,
Rossini est un des trente membres étrangers de
l'ordre du Mérite de Prusse, commandeur et che-
Viiller de beaucoup d'ordres. Une multitude de
notices biographiques plus ou moins inexactes
et des écrits de toute espèce ont paru sur ce
grand artiste : la liste en est trop longue pour
trouver place ici ; je crois devoir ne citer que
ceux-ci -. 1° Giuseppe Carpani, Le Rossiniane
ossia lettere mvsico-teatrali; Padoue, de l'im-
primerie de la Minerve, 1824, 1 vol. in-8''. —
2° Reyle (sous le pseudonyme de Stendhal), Vie
de Rossini, fc édition, Paris, 1822, 1 vol. in-8°;
'i'"e édition, Paris, 1824, 1 vol. in-8°, avec le
portrait de Rossini. — 3° A. Wendt , Rossini's
Lebcnund Treiben; Leipsick, 1 vol. in-8°. Ce
livre est en partie traduit de celui de Beyle. —
4° Vie de Rossini , célèbre compositeur, mem-
bre de l'Institut (sans nom d'auteur) ; Anvers,
1839, in- 12. — 5° Loménie (M. Louis de),
M. Rossini, par un homme de rien ; Paris, 1 842,
in-8°. — 6° Œtlinger (Edouard-Marie), Ros-
sini, Leipsic k, 1843, in-8° (en allemand) ; 2'^^ édi-
tion, 2 vol. in-8° (roman satirique qui ne
mérite que le mépris). Traduit en danois par
M. Marlow; Copenhague, 1849, 2 vol. in-8°; en
suédois^ parM. Landberg; Stockholm, 1850,2 vol.
in-8°, et en français par M. Blaes, inséré par
extrait dàmla Revue des Deux Mondes, l""mai,
15 id. et !*'■ juin 1854. Il y en a une autre tra-
duction française publiée à Bruxelles, 2 vol. in-12.
— 7° Escudier frères , Rossini, sa vie et ses
œuvres, précédé d'une introduction par Méry ;
Pari.>, 1854, in-18. — 8° Bettoni (Nicolo) , jRos-
sini e la suamusica; Milan, 1824, in-8°; tra-
^ duit en français par Tautenr sous le titre : Ros-
sini et sa musique; Paris, 1836, in 8°. — 9° Mu-
sumacci (le comte Liborio), Parallelo tra i
maestri Rossini e Bellini ; Palerme, 1834, in-S°.
— 10" San Jacinto (M. de), Osscrvazioni sul
mcrilo musicale dci maestri Bellini c Rossini,
in riposta ad un parallelo trai medesimi, etc.;
Palerme, 18;î4, iu-8°; Bologne, 1836, in-8°; tra-
duit en français par .M. de Ferrer, sous le titre:
Rossini et Bellini etc.; Paris, 1836, in-8". —
11° Observations d'un amateur non dilettante
au sujet du Stabat de M. Rossini; Paris, Du-
verger, 1842, in-8°.
I ROSSIXO (Je\n-1"rançojs), religieux corde-
lier du couventde Rome, vécut dans les dernières
années du dix-huitième siècle. On a de lui un
traité des éléments de la musique intitulé -. Gram-
matica melodiale ieorico-prafica, esposla
per dialoghi, nella quale con metodo chiaro,
brève, facile a ragionato insrgnasi il modo
d'imparare anche di per se il canto ecclesias-
i^ico; Rome, Lazzarini, 1793, in-4o. Lichtentlial
et Charles-Ferdinand Becker se sont trompés en
plaçant cet écrit panni les traités de mélodie.
ROSSUS (Pierre- Jérôme) , organiste à
Wor ms , au commencement du dix-septième
siècle, a fait imprimer de sa composition : [V
3fiss,v octo vocum ; Francfort-sur le-Mein, ICI i,
in-4°.
ROSVVICK (Michel), maître d'école dans
un village de la Saxe, vécut dans les premières
années du seizième sièle. Il a publié un abrogé
de plusieurs traités de musique , à l'usage des
écoles primaires , sous ce titre : Compendiaria
musicx editio, cuncta qux ad practicam at-
tineat mira quadam brevitate complectens;
Lipsise, 1516, m-k". La deuxième éditiion a été
imprimée à Lei|)sick par Wolffgang de Municb
[Wolffgangus Monacensis) , en 1518, Jn-4°,
gothique de 15 feuillets non chiffrés. La troisième
édition, publiée par le même, en 1520, est aussi
in-4°, gothique. La date de 1619 indiquée par
Forkel,dans sa Littérature générale de la musique
(p. 277), est une erreur.
ROST (Nicolas), ROSTHIUS en latin, né
à Weimar vers le milieu du seizième siècle, fut
j d'abord musicien de ville dans le lieu de sa nais-
1 sance, puis à Altenbourg. et entra en 1580 au
service de l'électeur Palatin , à Heidelherg. Vers
la fin de sa vie, il était pasteur à Cosmenz, près
! d'Altenbourg. On a imprimé de sa composition :
l'Trentechansons allemandes religieuses et mon-
S daines, à 4, 5 et 6 voix , Francfort, 1583. —
I 2" Trente nouvelles gaillardes agréables, avec des
I textes amusants, à 4 voix ; Jéna , 1594 , in-4°. La
deuxième partie de ce recueil a été publiée à Al-
330
ROST — ROTH
lenbourg, en 1305. — 3" Candoncs selectisslm.v,
vnlgo motcctx appellatx, fondbus ex Sionis
derirala, sex ocloquc vocum, recueil composé
de dix-sept motels latins, à 6 et à 7 voix; Géra,
1614, in-4°.
ROST ( FiîÉDÉRic - Gi'iLLhCME - Ehiienfried ),
magister et professeur de piiilosopiiie, nd à Baut-
zen, le 11 avril 17C8, fut d'abord recteur à
Planen, puis recteur de l'école Saint-Thomas de
Ltipsick. Il est mort dans celte position, le 12 fé-
, vrier 1835, à l'âue de soixanle-sept ans. Au
nombre des dissertations qu'il a publiées, on en
trouve une qui a pour titre : De insigni utili-
tate ex ai lis musica: studio in puerorum edu-
cationem redundante, Leipsick, 1800, in-4'' de
20 pages Le sujet de ce morceau philosophique
est plein d'intérêt; mais j'ignore comment l'au-
teur l'a Irailé. On a aussi de ce savant d'autres
bonnes dissertations intitulées. 1° Solemnia anni
verienlis in ludo Thomano pridie calcnd. Ja-
nuar, A. C. MDCCCV. Oratione lalinacele-
hranda. Inest : Oratio ad 7'enovandum Set ht
Calvisii memoriam ; Leipsick, 1805, in-4" de 24
pages. Ce discours est à consulter pour riiistoirc
des Iravauximportants de Calwifz dans la musique.
— ')f De necessitudine qux litterarum sfudiis
cum arle musica interccdit. Oratio ad inau-
gurandum scholx cantorem, die XXX April.
A Chr. 1817 rec//«/o,- Leipsick, Klaubarlh, in-8"
de 35 pages. Cediscours a été prononcé pour l'ins-
tallation du c«n/or Jean-Godefroid Scliichl. Rost
a aussi publié une très-bonne hio;;raphie de Georges
Rhaw, dans son écrit intitulé : VVas hat die
Leipsigcr Thomasschxile fiir die Reformalion
gethan? (Qu'a fait l'école Saint-Thomas de Leip-
sick pour la reformalion?), Leipsick, 1817, in-4°
de CG pages. La vie de Rhaw est contenue dans
les pages 10 à 24, et l'on trouve, pages 44 à fiO,
la notice des écrits qu'il a publiés comme auteur
ou comme éditeur.
ROSZAWtHîlLGYI (Map.c), compositeur
hongrois, d'une famille israélife, mort à Pesth,
le 23 janvier 1848, s'est rendu célèbre par sa
Marche de Ragoczij et par un grand nombre
de compositions instrumentales et vocales, dont
le! caractère appartient à la nation hongroise.
Toute la musique de cet artiste a une verve
entraînante par le rhythme. Le nombre de ses
œuvres est d'environ cfut ; la plupart de ces ou-
vrages ont été publiés à Pesth, chez Wagner,
et sont écrits ou arrangés |)our le piano : leurs
titres sont en langue magyare.
ROTA ou ROTTA (Antoine), luthiste et
virluo«p sur le cornet, né à Padoue, dans les
dernières années du (juin/icme siècle, acquit une
fortune considérable par ses talents. Il mourut à
Padoiio, en 1548. On ronniiît sous son nom un
recueil de^iièccs de luth intitulé : Ini'nbulaturec
dcl Lauio, ossia ricercari, motelli, balli, r,ia-
drigali e canzoni francesi; libro primo. Ve-
nise. Antoine Gardanc, 1540, in-4'' olil. Il y a
une antre édition de ce premier livre publiée à
Venise dans la mémeannéo, mais sans nom d'im-
primeur. On trouve des pièces de lui h de Roi;»
dans la première partie du recueil intitulé : Ilor-
ins Musaj'um in quo tanquaui flosculi qui-
dam selectissimarum carminum cotlecti auii'
ex optimis quibusque aiictoribus; Lovanii,
apud Pkalesium bibliopolam iuratum, 1552,
in-4°.
ROTA (A.NDP.É), né à Bologne, vers 1540, fut
un lies meilleurs com|)osilcurs de son temps, et
directeur du chœur de l'église de San Peirnnio
de cette ville. Les ouvrages connu.n sons son nom
sont: l" Madrigali a cinque voci, Ub. I; Venise,
1579, in.4"'. —2"'iilem, second livre; ibi<l., 157'.).
in-4". — 3° Motetti a 3, G, 7 roci Ub. 1 ; V^enisc,
1 584, Gardane, in-4". — 4" Il primo libro di mn-
drigali a 4 voci, ibid ,1592, in-4".— 5° Moictit.
a5, 6,7,8 e^ IQvoci, Ub. 2; ibid., 1595, iu-4".
— 0" Liber prim us Missarum quatuor, quin-
que et sex vocum ; iWu]., 1595, in-4''.
ROTEKBACIlliiR (I-'basme), co-rectcnr du
collège de Saint-Égide h Nuremberg, vers le milieu
du seizième siècle, a |ïtiblié de sa composition
des chansons à deux voix intitulées ; 1" Diphona
amana et florida; Nuremberg, 1543, in-4''. —
2" Bergkreyen aufzico Stim mcn componirt, etc.
(Chansons à deux voix, suivies de quelques pe-
tits airs français choisis avec soin, pour être
agréable à ceux qui aiment la noble musique);
Nuremberg, 1551, in-4° oblong.
ROTEWBURGER ( Comiad) , célèbre fac-
teur d'orgues du quinzième siècle, était (ils
d'un boulanger, et naquit à Nuremberg eu 1443.
Il mourut dans celte ville en 1508, à l'âge de
soixante-cinq ans. I^n 1477, il construisit le
grand orgue des Récollets de Nuremberg, et vers
la même année il lit le graml orgue de Uamberg,
qu'il augmenta en 1493 de quelques touches au
clavier, el de plusieurs soufllels. On trouve quel-
ques renseignements sur ces in.Unuuents <lau$ le
Si/iitagma musicum de Praelorius (tome II,
page III).
ROTH (Chrétien), organiste à Leilmerilz,
en Saxe , au commencement du dix-.'^eptlèmu
siècle, a publié un recueil de soixanle-quatorzo
courantes à quatre et cinq parties ; Dresde, 1G24,
10-4".
ROTH (GUILLAtME-ALCCSTE-TnAUCOTT), né
près d'Krfurt en 1720, apprit les éléments de la
musique dans celte ville, sous la direction d'Aii
ROT H — ROUCOURT
33/
liitiR, et reçut de Waltiier des leçons de clavecin,
h Wcimar. En 1754, il se rendit à Berlin et s'y
(ixa en qualité de professeur de musique. 11 a
|)u<)li('; un recueil de chansons de sa composition,
à Berlin, en 1757.
ROTII (Joseph), facteur d'orgues estimé,
vivait à Prague dans la seconde moitié du dix-
liuilièine siècle. En 1784, il a construit un posi-
tif dans l'église paroissiale de Slraliow. Ses pianos
avaient de la réputation en Bohême en 17%,
époque où il vivait encore.
ROTII (Georges Michel), professeur et pro-
recleur du collège de Fraucfort-sur-le-Mein, na-
(|«it dans cette ville le 1 2 février 1 709, et y mourut
le 3 janvier 1817. Au nomhre de ses ouvrages on
en remarque un qui a pour titre : Ueber die bis-
hcrige Unmœglichkeit ciner Philosophie des
liildes, der Musik und der Sprache (Sur l'im-
((ossihilité jusqu'à ce moment d'une philosophie de
la peinture, de la musique et du langage) ;Gœttin-
gue, Dietrich, 1796, 95 pages in-a.
IIOTIIE (Jean-Christophe), né en 1653,
à Rosswein, en Misnie, apprit les éléments de la
musique sous la direction de son père, qui était
cantor dans ce lieu. Admis d'abord comme vio-
loniste dans la musique du duc de Saxe-Cohourg,
il quitta bientôt cette position pour entrer, en
1693, au service du prince de Schwarzbourg. Il
mourut en 1732, laissant en manuscrit de grandes
compositions pour l'église, telles que des Pas-
sions, musique de Pâques, etc.
ROTIIFISCHER (Paul), violoniste au
service du prince de Nassau-Weilbonrg, naquit
eu 1746 à Altmannstem, en Bavière. Après avoir
fait ses études au monastère de Wettenboiirg,
et au collège de Saiiit-Émeran, à Ratisbonne, il
voyagea et entra, en 1789, au service du prince
de Nassau. Il a laissé en manuscrit plusieurs con-
certos pour le violon.
ROTï (Joseph), facteur d'orgues et de pianos
à Prague, vers 1810, était élève de Reis. Ses ins-
truments ont de la réputation en Bohème.
ROTTMAiXNER (Édouaro), organiste de
l'église Saint-Miciiel à Munich et bon violoniste,
est né dans cette ville en 1790. Ett (voy. ce
nom), excellent organiste de h même église, fut
son professeur, et sous la direction de ce maître,
Rottmanner a acquis une grande habileté sur
l'instrument, et en même temps est devenu com-
positeur distingué dans la musique d'église et
dans le style instrumental. Il a publié de sa
composition : Messe à 4 t'oix et orgue ; Munich,
l'aller .
ROIJBIIV (AMÉnÉE DE), amateur de musi-
(juc, pianiste , organiste et compositeur, né à
l'iiiis, le 22 avril 1822, a fuit ses premières éludes
de musique sous la direction de M. Nicou-Choron
et de Robberechts. Plus tard , Napoléon Alkan
(voy. ce nom) lui fit faire un cours d'harmonie.
Pendant plusieurs années, M. Roubin se livra a
la composition de la musique militaire et d'ins-
truments à vent, que Carafa, alors directeur du
Gymnase de musique militaire , fit exécuter
par les élèves de cette école. M. Roubin a, de-
puis lors, organisé lui-môme une société d'har-
monie de 65 exécutants dans une commune du
département de l'Eure, où se trouvent ses pro-
priétés. Toutefois le goût de cet amateur se
portait surtout vers la musique dramatique. En
1851 il a écrit une scène dramatique à 7 voix
et cluKurs, sous le titre : La Chasse du Bur-
grave. En 1853, il a fait entendre à Paris Le Re-
négat de Tanger , cantate à trois voix, et il a
fait représenter avec succès an théâtre de l'Opéra
de Rouen, le 9 février 1859, La Perle de Fras
cati, opéra-comique en un acte, dont le livret
était de M. Émilien Pacini.
ROUCOURT ( Jean-Baptiste ) , né à
Bruxelles, le 28 octobre 1780, reçut les pre-
mières leçons de mu.sique de Van Helmont ,
maître de chapelle de l'église SS. Michel et On-
dule, puis se rendit à Paris, où il fut admis
comme élève de l'école de chant du Conserva-
toire, au mois de février 1802. Sorti l'année sui-
vante de cette école, il devint élève de Fiocchi,
et se livra à l'enseignement. De retour à Bruxelles
en 1812, il y a été longtemps le seul maître de
chant en réputation. Ayant conçu le plan d'une
école publique de musique , il ouvrit d'abord à
ses risques et périls cette institution, qui fut ré-
gularisée en 1823, reçut un subside du gouver-
nement et prit le nom d'École royale de musique.
Roucourt en fut nommé le directeur. La ré-
volution de 1830 ayant fait fermer cette école,
et un Conservatoire ayant été institué à Bruxelles
en 1832 dans des proportions plus va.stes, Rou-
court y a été nommé professeur lionoraire. Il
est mort dans celte ville le V mai 1849. Cet
artiste a publié : 1" Six romances avec accom-
pagnement de piano; Paris, Pleyel. — 2° Plu-
sieurs autres romances détachées. — 3° Essai
sur la théorie du chant; Bruxelles, Weis-
senbruch, 1820, in-S" de 110 pages. Il a écrit
aussi une cantate avec orchestre , à l'occasion
du mariage du prince Frédéric des Pays-Bas
avec la princesse Louise de Prusse, et les ou-
vragessuivants de musique religieuse: 1° DeuxBe-
nedictus, clveuvs à 4 voix; — 2° Verbum caro,
solo de basse et chœur; ~ 3° Ecce panis , solo
de ténor ; — 4" Ave verum, chœur à 4 voix ; -
5° 0 saliitaris , idem; — 6° Salve Jiegiaa
idem ; — 7° Ave Maria, solo de soprano.
332
ROUGEON-BEAUCLAIR — ROUGET DE L'ISLE
ROlKiEOX - BEAUCLAIR ( Antoine-
Loiiis), giiitaiisto amaleiir et compositeur, fut
employé de l'adininistration des postes, à Paris,
depuis 1802 jusqu'en 1829, époque de sa mort.
Ses principaux ouvrages sont : 1" Trois trios
pour deux guitares et violon, op. 3; Paris, Na-
derman. — 2" Trois trios pour deux guitares,
op. 2 ; Paris , Momigny. — 3° Trois grands duos
pour guitare et violon, op. 7; Paris, Beaucé. —
''i"^ Sonates pour guitare seule, op. 4 et 8, Pa-
ris, Leduc, Lenioine. — 5° Beaucoup de tiiènies
variés.
ROUGET DE LISLE (Claude-Joseih),
poète et amateur de musique, né le 10 mai 1700
à Lons-le-Saulnier, entra en 17S2 à l'iïcole du
Génie. Il était capitaine du génie, eu garnison à
Strasbourg , lorsqu'on proclama dans cette ville
la déclaration de guerre au roi de Boliéme et de
Hongrie, le 24 avril 1792. Dans l'émotion causée
par cet événement , Rouget de Lisie composa,
la nuit môme, nn Chant de (juerre aux av-
inées, paroles et musique, connu plus tard sous
le nom de Marche des Marseillais , à' Hymne
des Marseillais , et enfin de lu Marseillaise.
Suspendu de ses fonctions, le 25 août suivant,
ponr avoir refusé d'adhérer à la déchéance du roi,
il fut réintégré à la lin d'octobre, après l'immense
succès qu'avait obteiuj son Offrande à la Li-
berté [la Marseillaise) , mise en action, orches-
trée par Gossec et représentée pour la première
fois à l'Opéra le 30 septembre 1792. — Son chant,
qui enllainmait le courage des armées de la Ré-
publique, n'a pas peti contribué à leurs victoires.
— La célébrité de l'auteur ne put le sauver des
persécutions de la Terreur. — Emprisonné au
mois de septembre 1793, et prêt de porter sa
tête sur l'échafaud, il ne dut son salut qu'aux
événements du 9 thermidor. Sorti de prison, il
(irésenta à la Convention, le 5 août, un hymne
dithyrambique sur la conjuration de Robes-
pierre,et la révolution du 9 thermidor, qu'il
avait composée pendant sa détention. — Au mois
de juin 1793 il se rendit à l'armée des Côtes de
l'Ouest, et s'y trouva au moment du débarque-
ment des émigrés français à Quiberon. — Revenu
à Paris après ces événements, oii il (ut blessé
d'un éclat de mitraille, il fut proclamé à la Con-
vention nationale comme auteur et compositeur
de ïllymne des Marseillais ( séance du 14 juil-
let ), et Jean Uebry demanda et lit adopter
que .son nom et son chant fussent inscrits au
procès-verbal de la séance. La Convention dé-
créta ensuite que VAir de la Marseillaise .se-
rait joué chaque jour à la garde montante et
que son Hymne du 9 thermidor serait chanté
dans la fête publique du 27 juillet. — Un autre
décret de 14 thermidor ordonna , à titre de ré-
compense nationale, qu'il aurait un emploi dan-;
l'armée. — Quelques mois aprè.s, nommé chef
de bataillon du génie , il refusa cet avancement
tardif.
11 publia, en 179G, ses Essais en verset en
prose et 24 morceaux avec accompagnements de
piano et violon, puis il s'occupa de négociations
pour le gouvernement hollandais. — Il fit repré-
sentera l'Opéra, le 18 floréal ait vi (7 mai 1798y,
le Chant des vengeances, intermMa mêlé de
chant et de pantomime, orchestré i^ar K 1er, qui
y avait ajouté une ouverture de sa composition.
— Le 9 prairial (2» mai 1798), Jacquot ou l'É-
cole des Mères , opéra-comique , paroles de
Rouget de LisIe, musique de Dclla-Mnrin, fut
représenté au théâtre l'avart, et les journaux de
l'époque ont rendu un compte élogieux du (toéin»-.
— Après le 18 brumaire. Rouget de LisIe com-
posa, sur la demande de Bonaparte, un Chant
du Combat, chanté à l'Opéra le 13 niv6.se (;{ jan-
vier 1800), et par l'armée d'Egypte qui l'adopta
pour remplacer la Marseillaise.
Il ne se rallia pas à r£mpire et fut nr'glig(;
par Louis XYJII et Charles X, n'obtenant aucune
récompense , aucun emploi et vivant dans une
position peu fortunée. En 1827 il lit représenter
l'opéra de Macbeth , mu.si(|ue de Chelard. —
Après les journées de 1830, Louis Philippe
lui accorda une pension de 1,500 fr. sur sa ca.s-
sette particulière; eten 1832, sur les instances
de notre illustre chansonnier yjcyrtn(/er, il obtint
deux autres pensions de 1,000 fr. sur la cai.sse
des ministères de l'intérieur et du commerce. Il
était alors retiré à Choi.sy-le Roi, chez un ami
dévoué ; il y mourut le 27 juin 1830.
Le 20 octobre 1804, M. Kaslner, membre de
l'Institut de France (voyez sa notice), in'acom-
nmniqué im exemplaire de l'édition originale
du chant de Rouget de LisIe ayant ponr titre :
Chant de guerre pour l'armée du lihin, dé-
dié au tnaréc/ial Luckner. A Slrast)ourij , de
l'imprimerie de Th.de Dannebach, imprimeur
de la municipalité, uncdemif6uillein-4" ol)l<)ng,
sans date et sans nom d'autour; mais le maré-
chal Luckner ayant été privé <lc son conmian-
dement après le 20 aoiU 1702, la publication
est nécessairement antérieure. J'ai donc cru île-
voir (aire cette rectification à cette notice et mo-
difier en même temps celle de Navoigille.
On trouve diverses anciennes éditions de la
Marseillaise avec les six cou|)lets primitifs et
d'autres avec sept couplets. A l'égard des va-
riantes de la mélodie, elles sont assez nombreu-
ses : la version authentique est celle de l'édition
dédiée au maréclie.1 Luckner. L'effet prodigieux.
ROUGET DE L'ISLE — ROUSSEAU
333
du chant des Marseillais l'avait fait surnommer
le Tyriée de la France, Plusieurs éditions de
ce chant ont été faites à Paris, en 1795et 1797. Il
a été réimprimé et tiré à beaucoup d'exemplaires
après les événements de 1830. Les autres pro-
ductions dé Rouget de l'isle sont : 1" le Chant
des vengeances; Paris , V. Delormel , 1798. —
2° Le Chant du combat, Paris, 1800. —
3" Tom et Lucy, romance historique, avec
accompagnement de piano et violon obligé ;
Paris, Pleyel, 1799. — 4" Romances avec ac-
compagnement de piano et violon obligé, 4 re-
cueils renfermant 24 romances, ibid. — 5" Cin-
quante chants français, paroles de différents au-
teurs , mis en musique par Rouget de Lisle ;
Paris, chez l'auteur, un volume grand m-k".
ROUJOUX (....), vicaire à Fismes, en
Champagne, vers le milieu du dix-huitième
siècle, est auteur d'un bon ouvrage intitulé :
Traité théorique et pratique des proportions
harmoniques et de la fonte des cloches; ou-
vrage curieux pour les savants et utile aux
chapitres, aux fabriques et aux commu-
nautés; Paris, Nyon, 17C5, in-S" de 152 pages.
ROUQUET (.... ) , peintre en émail , né à
Genève au commencement du dix-huitième siècle,
mourut à Londres en 1758- On a de lui un livre
intitulé : The présent state of the arts in En-
gland, Londres, 1755. Une traduction française
de ce livre parut dans la même année, sous ce
titre : État des arts en Angleterre ; Paris ,
Jombert, 1755, in- 12. Rouquet y traite de la
musique et des concerts à Londres.
ROUSI^E, chantre de la chapelle de Henri II,
roi de France, depuis 15i7 jusqu'en 1559, d'a-
près un compte original et manuscrit qui existe
à la Bibliothèque impériale de Paris , et dont
j'ai donné la notice dans la Revue musicale
(t. XII, 15 septembre 1S32, n" 33). On trouve
plusieurs motels de ce musicien dans les sep-
tième et douzième livres de la collection publiée
par Attaingnant (voyez ce 'nom). On voit par
le compte dont il s'agit qu'Antoine Scbmid s'est
trom.pé dans son excellent ouvrage sur Petrucci
•de Fossombrone, lorsqu'il a confondu Rousée
avec Cyprien de ftore ( voyez le 3"* index de ce
livre.
ROUSSEAU (Jean), violiste distingué,
élève de Sainte-Colombe, vécut à Paris, en qua-
lité de maître de musique et de viole , dans la
seconde moitié du dix-septième siècle. Il a pu-
blié : I" Premier et deuxième livres de pièces'
de viole, avec des exercices sur plusieurs
nouvelles manières de l'accorder, Paris,
cliez l'auteur (sans date), in-4° oblong. —
2° Méthode claire, certaine et facile pour ap-
prendre à chanter la musique sur les tons
naturels et transposez ; à toutes sortes de
mouvemens ; avec les règles du port de
voix et de lu cadence, lorsmesme qu'elle n'est
pas marquée; et un éclaircissemenl sur plu-
sieurs difficultez nécessaires à savoir pour la
perfection de fart; Paris, Chr. Ballard, 1678,
in-S". Trois autres éditions ont été publiéesà Paris
jusqu'en 1707 ; la cinquième a paru à Amster-
dam, chez Pierre Mortier (sans date), in-S" de
87 pages. Il y en a une sixième imprimée à
Amsterdam, chez Roger. — 3" Traité de la
viole, qui contient : une dissertation curieuse
sur son origine; une démonstration générale
de son vianche en quatre figures , avec leurs
explications; l'explication de ses jeux dif-
férents, et particulièrement des pièces par
accords, etc.; Paris, Chr. Ballard, 1687, in-8°
de 152 pages.
ROUSSEAU (l'abbé Jean-Marie), né à
Dijon , au commencement du dix-huitième
siècle, fil ses études littéraires et musicales dans
la maîtrise de la cathédrale, en qualité d'en-
fant de chœur. Après avoir été maître de mu-
sique des cathédrales d'Arras et de Dijon , il ob-
tint le même titre au chapitre de Tournai , et y
eut un bénéfice avec le litre de chapelain. Il
mourut dans cette ville en 1774, avec la répu-
tation de savant musicien et d'homme de génie,
qu'il ne méritait pas. Ses messes, particulière-
ment celle i\e Requiem, passaient pour des
chefs-d'œuvre à Tournai; mais elles sont ma!
écrites et d'un style plat, comme toute la musique
d'église qu'on entendait autrefois dans les ca-
thédrales de France. En 1814, je fus chargé
d'instrumenter la messe de Requiem de Rous-
seau qu'on voulait exécuter à Douai pour le ser-
vice expiatoire de la mort de Louis XVI ; mais
je fus obligé préalablement de corriger une mul-
titude de fautes d'harmonie, de mauvaises suc-
cessions, et de mouvements gauches et mala-
droits dans les voix. On a imprimé, de la com-
position de Rousseau, un recueil de messes in-
titulé : Très misses quatuor vocibus nobili
capitulo antiquissimx et ccleberrimx eccle-
siec cathedralis Tornacensis dicatic; Bruxelles,
Van Ypen (sans date), in-folio max". Il y a de
lui d'autres recueils de messes imprimés ; mais je
n'en ai pas les titres.
ROUSSEAU ( Jean-Jacques) , illustre écri-
vain, naquit'à Genève le 28 Juin 1712, et mourut
le 3 juillet 1778, à Ermenonville, près de Paris,
dans une petite maison dépendante du château
du marquis de Girardin. La vie de cet homme
célèbre a été trop souvent écrite et placée dans
des recueils biographiques, pour qu'il soit né-
334
ROUSSEAU
cessaire de la donner ici. Je croisdevoir tn'abstcnir
aussi de parler de ceux de ses écrits qui n'ont pas
de rapport avec l'objet de ce dictionnaire. Rous-
seau ne doit être considéré dans la Biographie
universelle des Musiciens que comme com-
positeur, e(. comme écrivain sur la musique.
>"ayant pas eu d'éducation musicale propre-
ment dite, n'ayant môme jamais appris régulière-
ment la musique, il fut toujours mauvais lec-
teur et médiocre harmoniste, bien qu'il eût à
«m émiiient degré l'instinct et l'amour de l'art.
Ce qu'il dit lui-môme, dans ses Confessions,
de son premier essai de composition à Lausanne,
lorsqu'il était âgé de dix-neuf ans , prouve qu'à
cet âge son ignorance était complète non-seule-
mentdans l'art d'écrire en musique, mais môme
dans les principes du solfège. Depuis lors, il ap-
prit ces principes en les enseignant , ou dans
des études cent fois reprises et cent fois aban-
données ; mais tous les musiciens savent que
lorsque de pareilles études ne sont pas faites
dans l'enfance, et lorsqu'un long exercice n'a
pas rendu familières les diflicullés, on ne par-
vient pas, dans l'ûge mûr, à surmonter celles-ci.
Ce fut pourtant dans la musique que Jean-
Jacques Rousseau chercha ses premiers moyens
d'existence , lorsqu'à l'âge de vingt-neuf ans il
se rendit à Paris, avec quinze louis et le ma-
nuscrit d'un nouveau syslèuie de notation mu-
sicale. L'Académie des sciences fut appelée à
prononcer sur le mérite de ce système. Le ma-
nuscrit que Rousseau y avait lu, le 22 aoftt 1742,
était intitulé : Projet concernant de nouveaux
signes pour la musique : il a été imprimé dans
les diverses éditions des œuvres complètes de
cet écrivain , mais alors l'auteur ne crut pas de-
voir le publier sous sa forme primitive. Il revit
son ouvrage, l'èlendit, développa ses principes,
et fit paraître son nouveau système dans une
brochure qui avait pour litie : Dissertation sur
la musique moderne; Pan?,, G.-F. Quillau, 1743,
in-S". Ce morceau a été aussi inséré dans foutes
les éditions complètes des œuvres de Rousseau.
Ainsi que tous ceux qui apprennent avec diffi-
culté la musique et la savent mal , il s'était per-
suadé qu'il y a, dans les signes qui servent à
l'écrire, mauvaise conception en ce qui concerne
leurs éléments, et complication inutile dans
leurs combinaisons. Il s'élève avec force, dans
l'écrit dont il s'agit , contre « la quantité
« de signes, de clefs, de lransposition>, de
«dièses, de bémols, de bécarres, de mesures
« simples et composées, de rondes, de blan-
« chcs, de noires, de croche.^, de doubles, de
« triples croches , de pauses , de demi-pauses,
« de soupirs, de demi-soupirs, de quarts de
« soupir, etc., dont se compose la notation, »
et propose d'y substituer des signes qui , au
premier aspect, paraissent beaucoup plus sim-
ples, puisqu'ils ne se composent que des chif-
fres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, poiu- la désignation des
sept degrés de la gamme; mais qui, par la né-
cessité de les modifier pour distinguer les octaves,
les toniques , les dièses et bémols accidentels, les
durées, etc., et d'en changer la signification à
chaque modulation, se multiplient en réalité au
point de présenter un plus grand nombre de si-
gnes que la notation ordinaire. On peut voir dans
le livre de Raymond intitulé : Des princi-
paux systèmes de notation musicale , etc., une
très-bonne analyse du système de J. -J.Rousseau
( pages 94 à 1 1 8 ), et de ses vices radicaux. Toute-
fois Raymond n'in.siste pas assez sur une objec-
tion essentielle qui peut s'opposer ;i toutes les cri-
tiques de la notation moderne et à tous les sys-
tèmes de simplification nés ou à naître; savoir,
que ces simplifications , fussent-elles réelles
dans leur conception, auront toujours le défaut ,
par leur simplicité môme et leur uniformité ( en
les supposant complets et suffisants), de ne pas
peindre immédiatement aux yeux les formes
musicales et d'en frapper en môme temps l'in-
telligence ; avantage dont jouit la notation ordi-
naire, précisément par la diversité sensible d'é-
léments que lui reprochent ses détracteurs. La
musique, dans son exécution, n'est point un
art de lente analyse, où les signes se présen-
tent un à un à la vue et à l'esprit , comme le
supposent les médiocres musiciens auteurs de
ces systèmes, mais une aperception simultanée
de phrases complètes avec toutes les combinai-
sons de signes qui les ex|rriment : or, plus il y
a (le diversité dans la physionomie de ces signes,
moins il y a de danger de les confondre et
d'en laisser échapper le sens. Natorp ( voyez ce
: nom ), qui reprit plus tard le système de nota-
tion par les chiffres, en le moilifiant d'une ma-
nière heureuse, n'a prétendu rjqiplicpier qu'aux
mélodies simples des cantiques à l'usage des
enfants des écoles primaires, et n'a pas voulu en
faire un système général de notation , à quoi
ces signes ne pourraient servir. A l'égard «le
l'accusation portée contre J.-J. Rousseau par
Laborde, par les compilateurs de l'I^ncyclo-
pé'Jie méthodicpie, et par Roquefort, dans l'ar-
ticle Demolz, de la Biographie uniirrselle
<les frères Michaud , d'avoir emprunte son sys-
tème au P. .Souhaitty (voyez ce nom), accu-
sation repousséc par les auleiirs du Diitionnnire
historique des musiciens, Raynion<l a fort
bien démontré qu'il y a identité entre les deux
systèmes , en ce qui concerne la désii^nation des
ROUSSEAU
335
notes, mais que celui de Rousseau a un avan-
tage incontestable pour la représentation des
durées.
Ainsi que toutes les conceptions de nouveaux
systèmes pour noter la musique, celui de
J,-J. Rousseau n'avait eu aucun succès, et n'a-
vait pas tiré son auteur de l'obscurité. Il essaya
il'ôlre plus heureux dans la composition d'un
opéra intitulé les Muses galantes. On en fit
une répétition chez le fermier général la Popeli-
nière. Rameau , qui y assistait, déclara qu'une
partie de cet ouvrage devait être d'un artiste
habile, et que le reste appartenait à un ignorant
qui ne savait pas mêuie la musique. II n'en
fallut pas davantage pour faire intenter contre
Rousseau nne nouvelle accusation de plagiat,
qui ne fut pas la flernière. Toutefois le duc de
Richelieu, qui le protégeait, ne lui retira pas
sa bienveillance ; il le chargea de retoucher les
paroles et la musique de la Reine de Navarre,
intermède de Voltaire et de Rameau , composé
pour l'arrivée de la Dauphine , en 1745, et qui
n'avait été joué qu'à la cour. Ce nouvel essai
ne fut point heureux; la Reine de Aavarre
tomba à l'aris, au mois de décembre de la même
année. Découragé et dégortté de la musique et
du théâtre, Rousseau parut pendant quelque
temps vouloir se livrer à d'autres occupations,
mais ses liaisons avec Diderot et d'Alembert
l'ayant fait choisir pour rédiger les articles de
musique dans l'Encyclopédie , il se livra pour
ce travail à des lectures sérieuses qui étendi-
rent ses connaissances dans l'art; mais le temps
qu'on lui avait fixé était trop court , et comme
il le dit lui-même dans |a préface de son Diction-
naùe de musique, il fit vite et mal. Rameau,
dont il avait critiqué le système dans quelques-
uns de ses articles, fit paraître à cette occasion
son pamphlet intitulé : Erreurs sur In musique
dans V Encyclopédie. Rousseau jcla sur le pa-
pier, en 1755, une réponse à cet écrit, sous le
titre : Examen de deux principes avancés par
M. Rameau, dans sa brochure intitulée .'Er-
reurs sur la musique dans l'Encyclopédie;
mais il ne la publia pas : elle ne parut qu'après
sa mort , dans les collections de ses œuvres
complètes.
Après les agitations où la publication de VÉ-
mile jeta Rousseau, il s'était retiré à Motiers-
Travers, en Suisse ; ce fut là que, revoyant ses
articles de l'Encyclopédie , et blessé de leurs im-
perfections , il conçut le projet de les retoucher,
d'en augmenter la nomenclature, et d'en faire
un dictionnaire de l'art et de la science. Cet
ouvrage fut achevé en 1764, mais ne parut que
quelques années après sous ce titre simple :
Dictionnaire de musique, Genève, 1767, un
volume in-i", dont il fut fait les éditions sui-
vantes : Paris , V. Duchesne , 1768, in-4'' ; Ams-
terdam , 1768, 2vol. in-12; Paris, V. Duchesne,
1774, un volume grand in-S"; Genève, 1781,
2 vol. in-S"; Deux-Ponts, 1783, in-8° ; Paris, Le-
quien, 1821-1822, 2 vol. in-8°. On le trouve
aussi dans toutes les éditions des œuvres com-
plètes de Rousseau. Une traduction hollandaise
du Dictionnaire de musique de J.-J. Rousseau,
par E. Van Heyiigert, a été publiée à Amster-
dam, en 1769, in-8", et une traduction anglaise
a paru à Londres, en 1771, in-S", sans nom
d'auteur; mais on sait qu'elle a été faite par
W. Waring ; celle cl n'est point achevée.
Turbri a donné un Abrégé du Dictionnaire
de musique de J.-J. Rousseau; Toulouse,
Rellegarrigue, 1821, in-12 de 140 pages. L'ou-
vrage original obtint, à l'époque de sa publica-
tion, le succès qui s'attachait à toutes les produc-
tions de son célèbre auteur; plus tard, il fut
l'objet de critiques sévères et même injustes.
Les moins raisonnables de ces critiques furent
certainement celles de Ginguené, Framery,
l'ahbe Feytou, et des autres rédacteurs du Dic-
tionnaire de musique de l'Encyclopédie métho-
dique (Paris, 1791-1818, 2 volumes in-4")qui,
prenant pour base de leur travail les articles du
Dictionnaire de Rousseau , emploient dans des
suppléments toute leur logique à en déraonirer
la fausseté ou l'insuffisance. Après eux est
venu CastilBIaze qui, dans la préface de son
Dictionnaire de musique moderne, s'exprime
ainsi : « Si le Dictionnaire de Rousseau est
« venu jusqu'à nous, on ne doit l'attribuer
n qu'aux déclamations éloquentes qu'il contîfent.
« La partie didactique en est vicieuse presque
« sur tous les points, et ses développements
« obscurs et étranjjlés. L'auteur prouve à chaque
n pas qu'il ignorait lui-même ce qu'il prétend
« nous expliquer. Enfin, son ouvrage est in-
« complet, en ce qu'il ne contient pas la moitié
« des mots du vocabulaire musicaL » Malgré
cette critique, fondée sous quelques rapports,
Castil-Blaze a emprunté plusieurs articles à
l'ouvrage objet de sa critique ; d'Outrepont en
porte le nombre à trois cent quarante-deux.
Nonobstant la réalilé des imperfections du livre
de Rousseau , il ne faut pas oublier que la ra-
reté des livres spéciaux et des autres matériaux
en France, à l'époque où il fut écrit, rendait un
semblable travail fort difficile; qu'il fut terminé
dans une solitude où l'auteur était dépourvu
de tout secours, et qu'enfin une partie des er-
reurs de Rousseau sont celles de son temps.
Dans toute la partie esthétique, il montre d'ail-
336
ROUSSEAU
leurs lin rare instinct de l'art et des vues fort
élevées.
Peu de temps après avoir fourni à l'Encyclo-
pédie le travail qui est devenu la base de son
dictionnaire, il composa son petit opéra inti-
tulé : le Devin du village, qu'un succès d'en-
thousiasme accueillit en 1752. Pour apprécier
cette composition à sa valeur réelle , il ne faut
pas oublier quel était l'état de l'art à cette époque
chez les Français; il faut comparer la mono-
tonie des rhytlimes et des formes de la plu-
part des airs des anciens opéras avec les gra-
cieuses mélodies de l'ouvrage de Rousseau.
Sans doute, la phrase y est souvent mal
laite, l'harmonie laisse beaucoup à désirer,
et la basse porte à faux dans plusieurs passages;
mais un heureux instinct se manifeste dans les
chants naïfs, élégants, de presque tout l'ou-
vrage, et ce genre de mérite est plus rare
qu'on ne pense. Pendant plus de soixante«ans,
le Devin du village a été joué avec succès à
l'Opéra et sur presque tous les théâtres de
France. Les ennemis de Rousseau lui ont con-
testé la propriété de cet ouvrage et ont avancé
qu'un musicien obscur de Lyon (Granet) en
était l'auteur; mais outre que cette assertion
n'a jamais été prouvée, il suffit de jeter les yeux
sur un recueil de plus de cent romances et au-
tres morceaux de sa composition intitulé : Les
consolations des misères de ma vie , qui ne
fut publié qu'après sa mort (Paris, 1781, in-
fol., gravé sur cuivre par Richomme ), pour ac-
quérir la preuve que les touchantes mélodies de
cette collection sont évidemment de la même
main que les airs du Devin du village. Castil-
Blaze a été le plus ardent des détracteurs de
J.-J. Rousseau au sujet de cet ouvrage, dans
son livre intitulé Molière musicien (t. IL
pages 409-422 ) , et dans celui qui a pour titre :
Théâtres lyriques de Paris. Académie royale
de musique (t. l, page 193). Ce qu'il appelle
les preuves du plagiat de J.-J Rousseau est
pris des Mémoires secrets de Bachaumont et Pi-
danzat de Mairobert, ainsi que d'une anecdute
insérée dans le Journal encyclopédique par un
certain Pierre Bousseau, de Toulouse. Au reste
l'anecdote a été rapportée de plusieurs manières
différentes et l'on a cité, comme auteurs de la
musique du Devin du village, plusieurs musi-
ciens aussi inconnus les uns que les autres. D) ux
éditions de la partition de cet opéra ont été publiées
à Paris (sans date, in-4''). Elle a été gravée de
nouveau en format in-S" pour la belle édition
des œufres de J.-J. Rousseau publiée par
Dalibon (Paris, 182i-28, 27 vol. in-8'). Les
autres comr>08itions dramatiques de cet homme
cé'èbro sont : 1" Pygmalion, scène lyrique, ou
mélodrame, Paris, 1773 (en partition) Rousseau
est l'inventeur de ce {.'cnre d'ouvrage, où l'orches-
tre dialogue avec les paroles <lu personnage qui
est en scène, et exprime les sentiments dont il e^t
ému. On sait ce qu'est devenu ce genre aux
spectacles des boulevards de Paris. Dans un
livre intitulé : Lyon, vu de Fourvières (Lyon,
1833, in-S" ) on trouve ( pages 539-532 ) un mor-
ceau intitulé /.-J. Bousseau «Zyo)»,dans lequel
un musicien nommé Horace Coigaet revendique
la musique de Pygmalion, qu'il avait compos»e »
dit-il, à la demande de Rousseau, pendant le sé-
jour que (it à Lyon ce grand écrivain, en 177o.
— 2" Fragments de Daphnis et Chloé , com-
posés du premier acte, de l'esquisse du pro-
logue, et de différents morceaux préparés pour
le second acte; Paris, 1780, in-(ol. (en parti-
lion ). — 3° Les six nouveaux airs du Devin
dit village; Paris, 1780, in-fol. (en 'partition).
— 4" Les Muses galantes, opéra ballet en trois
entrées ( paroles et musique), exécuté en }74:>
chez le fermier général la Popelinière, représenté
sans succès à l'Opéra en 1747, et en 1761 chez
le prince de Conti (non publié).
Une troupe de chanteurs bouffes italiens vint
à Paris en 1752, et obtint l'autorisation de don-
ner à l'Académie royale de musique des repré-
sentations de quelques opéras de Pergolèse, de
Léo, de Rinaldo de Capua, et de iJusicurs antres
compositeurs, alternativement avec l'Opéra fran-
çais. J-J. Rousseau, Grimm et les autres cory-
phées du parti encyclopédique, se déclarèrent
en faveur de la musique italienne contre la mu-
sique française; Grinun engagea le combat par
sa Lettre sur Omphalc ( voyez Grimm, Frédé-
ric-Melchior) . Un partisan de la musique fran-
çaise prit la défense de celle-ci dans des Bemar-
ques au sujet de la Lettre de M. Grimm sur
Omphalc ( Paris, 1752, in 8°), et Rousseau,
sous le voile de l'anonyme, répliqua par une
Lettre à M. Grimm, au sujet des remar-
ques ajoutées à sa Lettre sur Omphale, sans
j nom de ville ni d'imprimeur (Paris), 1752, in-8".
Les bibliographes de la musique ont ignoré
l'txistence de cet opuscule, ou du moins n'ont
I pas su que Rousseau en est le véritable auteur.
I On a cependant la preuve qu'il lui appartient
j par les collections de ses œuvres fiiitcs avec son
consentement à Neiifchâtel ( Paris), Ducîiesne,.
1764-1779, et Amsterdam, Marc-Michel Rey ,
17C9, Il vol. in-S", où l'on en a mis un extrait
sous le litre iV Extrait d'une Lettre à M***
concernant Bameau. La lettre à Grimm a été
insérée entière dan» l'édition complète des œu-
vres de J.-J. Rousseau, Paris, Leièvrc, 1819-
ROUSSKAU
337
1820, 22 vol. in-S" (Voyez Bardieu, Diclion-
nuire des ouvrages anonymes et pseudony-
mes, i.l\, p. 223). Celle lettre n'était qu'un
agréable persiflage; mais après l'expulsion des
liouffons, Rousseau ne garda plus autant <le
mesure. Avec ce ton dognialii|ue et paradoxal
qu'il étayait toujours de l'attrait de son style
admirable, il déclara que les Français n'avaient
pas de musique et ne pouvaient en avoir, dans
sa Lettre sur la musique française, sans nom
^e ville ni d'imprimeur ( Paris), 1733, in-8°.
L'effet que produisit ce pamphlet ne saurait se
décrire; les acteurs et les musiciens de l'Opéra
brûlèrent Rousseau en effigie dans la cour de
l'Académie royale de musique, et malgré le
succès du Devin du village, alors dans tout
son éclat, les directeurs de ce spectacle lui ôtèrent
ses entrées, qui ne lui furent rendues que plus
de vingt ans après, sur les réclamations de
Gluck. Une multitude de réponses, bonnes ou
mauvaises, furent imprimées et lancèrent beau-
coup d'injures contre l'auteur de la Lettre sur
la musique française. La cour même ()rit part
à celle querelle, qu'on présentait comme interes-
■ jant l'honneur national, et M'"e de Pompadour
ne négligea rien pour assurer le triomphe de la |
musique du grand Opéra contre ses antagonis- i
tes. Rousseau ne se vengea des traits lancés
contre lui à cette occasion que par une plaisan»
terie fort spirituelle intitulée : Lettre d'un sym-
phoniste de V Académie royale de musique à
ses camarades de l'orchestre, une feuille in-8°,
sans nom d'auteur, de lieu, d'imprimeur, et
.sans date ( Paris , 1753). Celle pièce se trouve i
dans toutes les éditions complètes des œuvres
<le Rousseau, ainsi que la Lettre sur la mu-
sique française. Il a été fait deux autres édi- ,
tiens séparées de cette dernière» l'une à Ams- I
terdam, 1753, in-12, l'autre sans nom de lieu
(Paris), 1754, in-12. On en trouve une ana-
lyse dans les Essais historiques et critiques de
Marpurg, t. 1 (1754), p. 57-68. M. J. Schlett |
en a |)ublié une traduction allemande avec des j
notes, Sulzbach , chez Seidel, 1822, in-8°. Après j
avoir entendu les opéras de Gluck, Rousseau .
revint sur ses opinions concernant la possibilité
d'un bon style de musique française, et en lit
publiquement l'aveu. Il a témoigné sa haute es-
lime pour lus opéras de ce célèbre composi-
teur dans des Observations sur VAlceste, et dans
VExtrait d'une réponse du petit faiseur à
son préte-nom, sur un morceau de l'Orphée
de M. Gluck, qui n'ont paru qu'après sa mort,
dans les collections de ses œuvres. Ses autres
opuscules concernant la musique sont : 1° Lettre
-à M. le docteur Burney, auteur de VHis-
BIOGR. tNIV. DES MUSICIENS. - T. VII.
toire générale de la musique. — 2" Lettre à
M. l'abbé Baynal, au sujet d'un nouveau
mode de musique. — 3" Essai sur V origine
des langues , où il est parlé de la mélodie et
de l'imitation musicale. Ces trois écrits ne se
trouvent que dans les collections des œuvres
complètes de l'auteur.
Sans être savant dans la théorie et dans l'his-
toire de la musique; sans avoir possédé une
connaissance pratique de l'harmonie et du con-
trepoint ; sans avoir même été assez habile lec-
tf'ur pour déchiffrer une simple leçon de sol-
fège, Jean-Jacques Rousseau exerça une grande
influence sur la musique de son temps en France.
La hardiesse de ses idées, le charme de son
style , les singularités de sa vie , ses malheurs,
attachaient à toutes ses productions un intérêt
qui devait rejaillir sur ses œuvres musicales et
sur ses opinions. Dans l'esthétique de la mu-
sique, il eut d'ailleurs des vues justes, élevées,
et ce qu'il en a écrit n'a pas été sans fruit pour
la réforme du goût des Français dans cet art.
ROUSSEAU (J. ), acteur de l'Opéra de
Paris, naquit à Soissons,en 1761 et fut admis
dans la maîtrise de la cathédrale de celle ville
dès l'âge de neuf ans. Après y avoir fait ses
éludes littéraires et musicales, il en sortit à dix-
sept ans, bon musicien et possédant une belle
voix de ténor aigu, appelée alors en France
haute-contre. En )77y, il débuta au théûlre de
Reims et y produisit une si vive sensation par
la beaulé de son organe, qu'il fut bientôt si-
gnalé à l'attention des directeurs de l'Opéra. Un
ordre de la cour le fit venir à Paris, el il débuta
à l'Académie royale de musique en 1780. Le
succès qu'il y obtint le fit admettre comme dou-
ble de Legros. Après la retraite de celui-ci,
Rousseau partagea avec Lainez les rôles du pre-
mier emploi de ténor, se réservant ceux qui
exigeaient une certaine souplesse d'organe, tels
qu'Orphée etAtys. Quoiqu'il ne connût que mé-
diocrement l'art du chant , il y avait tant de
charme dans sa voix , qu'il excitait toujours
les plus vifs transports d'enthousiasme dans Or-
phée, et dans Renaud, de VArmide de Gluck.
Une maladie de langueur le conduisit au tom-
beau en 1800, à l'âge de trente-neuf ans.
ROUSSEAU (Frédéric), violoncelliste,
né à Versailles, le 11 janvier 1753, reçut des
leçons de plusieurs maîtres , et perfectionna son
talent sous la direction de Louis Duport. Admis
à l'orchestre de l'Opéra au mois de mai 17S7,
il ne s'est retiré qu'en 1812, après vingt-cin({
ans de service. Fixé depuis lors à Versailles, il
y a ouvert une école de musique qui était fré-
quentée par un grand nombre d'élèves. Rous-
11
338
ROUSSEAU — ROUSSI ER
seau avait été l'un des fondateurs des beaux con-
certs de la rue de Cléry. Il a fait graver de sa
composilion : 1" Trois duos concertants pour
2 violoncelles, op. 3; Paris, Naderman. —
2" Trois idem, op. 4; ibid. — 3" Pot-pourri:pour
deux violoncelles; ibid.
Rousseau eut un li ère aîné , né à Versailles,
en 1748, qui entra à l'orcbestre de l'Opéra
comme violoniste, on 1776, et qui ne se retira
qu'en 1812, après trente-six ans de service. Il
mourut en 1821. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Huit trios d'airs connus , dialogues et
variés pour 2 violons et basse, liv. 1 cl 2, Pari.-!,
Boyer. — 2" Duos pour 2 violons, op. 3 et 5,
Paris, Naderman.
ROUSSEAU (....), arcliilecte à Paris, est
auteur d'une brochure intitulée : Considérations
sur le ihédlre de l'Opéra , Paris , de l'impri-
nierie de lîignoux, 1823, in-S" de 16 pages.
ROUSSEL (François), compositeur fran-
çais du seizième siècle , appelé par les Italiens
Bossela , passa en Italie, jeune encore, et se
fixa à Rome, où il succéda à Dominique Ferra-
bosco dans la charge de maître des enfants de
chœur de la chapelle pontificale, au mois de fé-
vrier 1548. Il ne conserva cette place que jusqu'à
la fin de février 1550, parce qu'il fut alors obligé
de quitter Rome, comme on le voit par un re-
gistre de cette chapelle où il est dit en parlant
de lui : Decessit ab urbe die 26 Februarii 1550.
On ignore quelle position il prit à cette époque ,
mais on sait qu'il retourna ensuite à Rome, où
il fut nomn)é maître de chapelle de Saint-Jean-de-
Latran , en 1572. L'époque de sa mort est
ignorée. Vincent Galilei fait l'éloge du talent de
ce compositeur, dans son Fronimo (p. 61),
et rapporte de lui deux chansons en tablature
de luth. On connaît sous son nom : Il primo
libro de' Madrigali a 5 voci, Florence , Junte.
— 2° Chansons nouvelles mises en musique
à i, b et a parties; Paris, Adrian Leroy et Ro-
bert Bal lard , 1577, in-4''. On trouve des ma-
drigaux de sa composition dans le recueil de
divers auteurs publié par Gardane, à Venise,
en liiS?, et dans un autre recueil du même
genre que Scotto fit paraître en 1561. Pitoni a
trouvé en manuscrit une messe de Roussel dans
lestarchives de Saint-Laurent /'n Damaso.
ROUSSEL (Fekdinand), violoniste à Paris
vers la fin du dix-huitième siècle, était prenu'er
violon du théâtre lyrique de cette ville en 1799.
On a de lui un livre intitulé : Guide musical,
ou Théorie pratique abrégée de la musique
vocale et instrumentale , Paris, 1775, petit
in-i" obi., gravé.
ROUSSELIÈRE (Jeas-Baptistk- Char-
les DE LA), auteur inconnu d'un petit ouvrage
intitulé : Traité des languettes impériales
pour la perfection du clavessin, nouvelle in-
vention française présentée au Jioi, à
MM. de V Académie royale, et ù MM. de la
musique de la chapelle de sa Majesté, etc.,
avec un advis très-xitilè pour l'entretien de
l'accord en .tout temps, Paris, 1679, in-8",
ROUSSIER (l'abbé Pierre-Joseph), né
à Marseille,en 1716, fit ses études au séminaire
de cette ville, et y obtint la cure du quartier des
Comtes. Dans un voyage qu'il fila Paris en I7r)i ,
il obtint un canonicat à Ëcouis, en Normandie,
et mourut dans ce lieu,vers 1790. L'abbé Rous-
sier était parvenu à l'ûge de vingt-cin(| ans sans
connaître une note de musique ; la réputation
dont jouissait alors le système de la basse fon-
damentale lui inspira le désir d'éludier une
chose dont tout le monde parlait ; il se livra
avec ardeur à la lecture des livres de Rameau,
et quand il crut en avoir bien saisi les prin-
cipes, il voulut essayer de les expliquer et d'en
étendre l'application. Mais, ainsi qu'il arrive à
tous ceux qui n'apprennent pas la musique dans
leur enfance, il n'en posséda jamais la pratique que
d'une manière fort imparfaite, et s'égara dans
ses recherches de théorie , lorsqu'il essaya d'a-
bandonner le guide qu'il avait pris d'abord ,
pour se frayer une route nouvelle, considérée
par lui comme la seule qui pouvait conduire
à la vérité. Son premier ouvrage a pour titre :
Traité des accords et de leur succession, selon
le système de la basse fondamentale , pour
servir de principes d'harmonie à ceux qui
étudient l'accompagnement du clavecin avec
une méthode d'accompagnement , Paris, Du-
chesne, 1764, in-8" de 192 pages, avec une pré-
face de 28 pages. Ckî livre est divisé en trois par-
ties ; les deux premières ne contiennent qu'une
classification et ime analyse des accords suivant
les principes de Rameau , mais dans laquelle
Roussier a eu le mérite d'être le premier en
France qui y ait fait entrer la considération de
la succession des harmonies. La troisième est
surtout digne d'attention par la proposition que
l'auteur y fait d'admettre dans la musique un
certain nombre d'accords alors inconnus , et
qui sont le |)roduit des , conibinaisons de la
prolongation , de la substitution et de l'altération
des intervalles naturels des accords primitifs. H
y a lieu de .s'étonner qu'avec un faible senti-
ment musical , et guide seuleuu-nt par l'analogie,
Roussier ait entrevu Ift possibilité tlu bon em-
ploi de certaines harmonies (}.ue le génie de
Mozart et de quelques-uns de ses successeurs a
su mettre en œuvre. Malheureusement il était
ROUSSIER
339
hors d'état de distinguer ce qui est réellement
bon dans ces liarinonies , de ce qui est inadmis-
sible. On trouve dans cetje troisième partie de
son ouvrage d'aflreux accords (pi'il considère
comme excellents ( F. mon Esquisse de rhis-
ioirede V harmonie , p. Hl et 112). Onze ans
après la publication de son Traité des accords ,
il en fit paraître le complément dans un livre
intitulé : V Harmonie pratique , ou exemples
pour le Traité des accords, Paris, 1775,
in-S" gravé.
Jusque-là, Roussier s'était borne à expliquer,
pour la pratique de l'harmonie , le système de
Rameau ; mais bientôt il abandonna cette route
pour se livrer à des spéculations de théorie,
basées sur un passage obscur de Timée de Le-
cres, rapporté par Platon, qui lui fournit l'idée
d'une progression triple de douze termes, dont
Rameau avait déjà présenté les résultats dans
sa Génération harmonique (p. 43 et suiv).
Un bronze antique dont Montfaucon a donné la
figure dans l'Antiquité expliqiiée , el qm te-
présente la suite des sept planètes principales,
commençant par Saturne et Unissant par Vénus,
lui fournit par analogie la gamme qu'il consi-
dère connue fonilamentaie.: si, ut, ré, mi , fa,
sol , la. Il part de ce principe pour former la
suite de dou/.e quintes descendantes , si, 7ni,
la, ré sol, ut, etc., et y applique le calcul
de la progression triple, qui lui donne au dou*
zième terme le chiffre 551,441, expression , se-
lon lui, du comma à'ut bémol à si; d'où il
tire la conséquence que les proportions des in-
tervalles de Ptolémée, adoptées par Zarlino, et
postérieurement par tous les géomètres, sont
fausses. Ses autres conclusions sont que la se-
maine planétaire des anciens , dont le bronze de
Montfaucon offre la représentation , est l'origine
de la musique moderne. De plus, il soutient que
les intervalles de l'échelle musicale des Grecs se
prenaient en descendant; opinion déjà émise par
Pepusch , et que Drieberg a reproduite de nos
jours. C'est de ces rêveries que l'abbé Roussier
a rempli les ouvrages dont les titres suivent :
1° Observations sur différents jwints de
rharmonic, Genève et Paris, d'Houry 1765,
i?>-8°. — 2° Mémoire sur la musique des an-
ciens, où Von expose les jyrincipes des pro-
portions authentiques, dites de Pijthagore,
et les divers systèmes de musique chez, les
Grecs, les Chinois et les Égyptiens, avec un
parallèle entre le système des Egyptiens et
celui des modernes; Parh, Lacombe, 1770, m^".
— 3° Deux lettres à l'auteur du Journal des
Jieaux-Arts, touchant la division du zodiaque
et l'institution de la semaine planétaire ;
Paris, 1771, in-12 (exemplaires tirés à part sur
la composition du journal). — 4" Notes et ob-
servations sur le Mémoire du P. Amyot con-
cernant la musique des Chi7iois (l'aris, îSyon,
1779, in-4°). On a aussi de l'abbé Roussier :
5° Mémoire sur la harpe nouvelle de M. Cou-
sineau, luthier de la reine, mis au jour par
M. F. Delaulnaye, du Musée littéraire de
Paris; L^aris, Lamy, 1782, in-12 de 40 pages.
— 6° Mémoire sur le clavecin chromatique
de M. de La Borde; Paris, 1782, in -4". —
7" Nouvelle manière de chiffrer la basse con-
tinue (dans la seconde partie de l'ouvrage inti-
tulé : Sentiment d'un harmoniphile sur diffé-
rents ouvrages de musique); Paris, 175G. —
8° Lettre à M. de la Blancherie, sur le cla-
vecin de M. de La Borde (dans les Nouvelles
de la république des lettres et des arts, 1781,
n° 16). — 9" Lettre sur l'acception des mots
basse fondamentale, dans le sens des Italiens
et dans le sens de Rameau {voyez le l^r vo-
lume du Journal encyclopédique, 1783). Qué-
rard lui attribue (dans la France littéraire,
t. 8, [>. 245) la Méthode de musique sur un
nouveau plan, ile JsLCob (Paris, 1769, in-12),
qu'il considère comme un pseudonyme ; c'est
une erreur qui se démontre par le privilège da
roi placé à la lin de cet ouvrage; on y lit:
« Notre amé le sieur Jacob, de notre Académie
'( de musique, nous a fait exposer, etc. « La
Borde n'a pas mis de bornes aux éloges qu'il ac-
corde à l'abbé Roussier, auteur d'une partie du
troisième volume de son Essai sur la musique;
selon lui (Esiai sur la musique, tome 111, page
G79), « M. l'abbé Roussier a prouvé jusqu'à l'é-
« vidence que tous ceux qui ont écrit sur la mu-
« sique avant lui n'ont établi que de faux prin
« cipes, parce qu'ils n'ont pas connu le seul
« véritable, sublime par sa simplicité, et sa-
« tisfaisant à tous les égards (sic). Dans Athè-
« nés, on lui eût élevé des statues; on l'eût en-
« tretenu aux frais de l'État, pour l'engager à
« professer publiquement un art qu'il possède
« à lin degré si éminent, etc. » De leur côté,
les auteurs du Dictionnaire historique des mu-
siciens le représentent (t. II, p. 243 et 244)
comme un cuistre aussi ignorant en physique et
en géométrie qu'en musique; qui, sachant tout
au plus les premières règles de l'arithmétique,
entassa des calculs puérils pour soutenir des
systèmes contraires à l'observation et à l'expé-
rience. « Ce qui révolte le plus (disent-ils) dans
« les écrits de ce pédant, c'est la hardiesse et la
« présomption avec laquelle il décide sur tous
K les objets, et l'impertinence avec laquelle il
u traite les auteurs les plus célèbres , lorsqu iis
22.
340
ROUSSIEH — ROVETTA
■ n'opèrent point selon ses avia. .. Les ouvrages
« del'abbbé Boursier sont aussi révoltants par
« l'esprit de système , par les erreurs qu'ils
« contiennent, par le ton de morgue et de pé*
« danterie qui y règne, par la platitude du
« style, etc. » Le pauvre abbé ne méritait, en
Térité,
Ni cet excès d'honneur, ni celle indignité !
ROUVRON (Le baron DE), maréchal de
camp, sortit de France, au commencement de
la Révolution, et se retira en Angleterre, où il a
publié Les lie valut ions du théâtre musical en
Italie, dejniis son origine jusqu'à nos jours,
traduites et abrégées de l'italien de Don Ar-
teaga, in-8° de 102 pages; Londres, 1802.
ROVELLI (Joseph), violoncelliste, né à
Bergame,en 1753, fit ses études musicales à Mi-
lan, et y demeura pendant plusieurs années. En
1782, il entra au service de la cour de Parme, en
qualité de virtuose de la chambre. Il eut pour
élève de violoncelle l'infant don Louis. Rovclli
est mort àParme,lel2 novembre 1806. Plusieurs
concertos et des solos de violoncelle de sa
composition sont connus en Italie.
ROVELLI (Pierre), (ils du précédent, na-
quit à Parme le 6 février 1793. Après la mort
de son père, il fut recueilli par son aïeul, ancien
violoniste de l'église Sainte-Marie-Majeure de
Bergamc, qui lui enseigna les premiers princi-
pes du violon. Les dispositions heureuses qu'il
montra dans ses études musicales inspirèrent de
nntérêt au sénateur Aiessandri, qui l'envoya à
Paris, pour y recevoir des leçons de Rodolphe
Kreutzer (voyez cp. nom), dont il fut un des
bons élèves. Après quelques années passées près
de ce mattre, il retourna à Bergame, où il fut
nommé premier violon, puis chef d'orchestre de
Sainte-Marie-Majeure et du théâtre. Il est mort
dans celte ville, le 8 septembre 1838. Dans un
voyage qu'il avait fait à Vienne, il y épousa
Micheline Fœrster, pianiste distinguée (fille du pro-
fesseur de composition de ce nom), dont il eut
un fils. Pierre Rovelli a laissé en manuscrit quel-
ques concertos de violon et des quatuors pour
instruments à cordes.
ROVETTA (Jean), né à Venise, dans les
dernières années du seizième siècle, entra à l'é-
glise Saint-Marc comme enfant de chœur. Le 17
décembre 1623, il y fut admis comme chanteur
parmi les choristes basses, aux appointements
de 70 ducat«. Ce fut alors qu'il devint un des
meilleurs élèves de .Monteverde. Il embrassa l'é-
tat ecclésiastique et fut attaché comme prêtre
an service de l'église San-Fantino, puis il entra
dans la congrégation de Saint-SilTesIre. Le 22
décembre 1627 il succéda à Alexandre Grandi
{voyez ce nom) dans la position de viccmaltrc
de chapelle de l'église ducale de Saint-Marc,
avec un traitement de 120 ducats. Il était fort
pauvre, car dans les années 1635, 1040 et 1642,
les procurateurs de Saint-Marc lui accordèrent,
une première fois40 ducats, et chacune des deux
autres 20 ducats j9<?r mera carità (par simple
charité), comme il est dit dans les registres de
la cathédrale. Il écrivit la musique de l'opéra
Ercole in Lidia, qui fut représenté au théâtre
délia Cavallerezza à Venise, en 1645. Il avait
aussi commencé la composition d'/lr^^/o/je, autre
opéra, mais il n'acheva pas cet ouvrage, qui fut
terminé par Alexandre Leardini d'Urbino, et re-
présenté au théâtre Saint-Jean et Saint-Paul, en
1649. Rovetta succéda à son illustre maître
Moiiieverde, dans la place de maître de chapelle
de Saint-Marc, le 21 juillet 1643 (1). Il mourut
au mois d'août 1668, et eut François Cavalli
pour successeur. C'était, nonobstant son grand
mérite, un homme simple et de mœurs douces.
Ils vécut toujours avec sa sœur, nommée Hélène,
dont le (ils fut son élève et prit, par reconnais-
sance pour son instituteur, le nom de Rovctlino.
Par son testament, en date du 16 juillet 1667,
il veut que son corps soit transporté la nuit
dans une gondole à l'église Saint-Silvestre, et
inhumé sans aucune cérémonie; mais il dispose
d'un capital pour que chaque année, à perpé-
tuité, dit-il, Za messe de mort, à deux chœurs,
composée par moi, et écrite à Bologne, soit
chantée, avec intervention des chanoines,
ainsi que le motet Ad Domiiuun cum tribnlarer,
une fois à Saint'Marc, et une autre à l'église
Saint-Silvestre (2). Ses productions connues sont:
1" Salmi concertati per Vespri a à et 6 voci
ed altri con duc violini, e MoteCli a, 2 e 3
voci con alcuni canzoni-per sonare a 3,c4
voci; op. l,in Venetia,app. Bartol. Magni,
1626, in-4°. — 2° Madrigali concertait a 2,
3, 4 e uno a seivoci, c due violini, con un
dialogo nel fine et una cantala a vocesola,
libro primo, operaseconda; Venise, 1027, in-4".
Il y en a une réimpression faite à Rotterdam,
en 1660, in-4°. — 3° Motetti concertati a, 3, 4
et 6 voci, con la Litania délia li. V. ed una
Mcssa concertât a a voci pari , op. 3 ; in Ve-
netia, app. Bartol. Magni, 1635, in-4°. —
(1} La date du 8 octobre 16i9, que j'ai donnée dans H
1'« édilion de cette biographie d'après le livre de M. de
Wtnterfeld sur Jean Ciabrlcli, n'est pas exacte: celle du
tl juillet 1643 est prise dans les registre de la chapelle
ducale de Saint-Mjrc.
(a) Voyez le livre de Vl.CAiastoriaileHa musica ntlla
t/*c cappella di S.-Narco,i, I, f. t6<.
ROVETTA — ROZOI
341
4'^ Madrigali concertad a 2, 3, ed altri a 5,
6 e 8 voci, con due versi ed una cantata a
4 voci; libro 2", op. 6; ibid. 1640. — 5" Salmi
fl 1 , 2, 3 e 4 voci con una Messa a 3 voci con-
certati con due violini ed altri stromenli,
op. 7; ibid. 1642. — 6" Salmi a b e&voci, coiil
violini, op. 8; ibid. — 7° Salmi a otlo voci e
basso per l' organo. — 8" Moieiti concertali
« 2 e 3 voci, con violini se piace, lib. 2, op. 9
— 9° Moietti concertati a 2 e 3 voci, con
litanie e 4 voci^ lib. 3, op. 10; ibid. 1C47.
— 10° Salmi aotto voci. In Venetia, Aless.
Vincenli. 1644. — 1 1° Madrigali concertati a
2, 3 e 4 voci, libro 3°, racoUali da Giov. delta
Volpe ; ibid., 1645. — 12° Salmi per i vespri e
tcompietà a otto voci da cantarsi alla brève
secondo l'uso dis.- Marco; ibid., 1662.
ROVETTINO (Jean-Baptiste VOLPE,
surnommé), neveu du précédent et son élève, a
recueilli et publié quelques-uns des ouvrages de
son oncle. Il n'est connu aujourd'liui (]ue |>ar la
composition des quatre opéras, tous représentés
à Venise, et qui ont pour titres : 1° Antiope, au
tliéâlre Saint- Paul, en 16'i!). — 2" Costanza di
Bosmonda, au môme tbéâtre, en 1059. — 3^ (Ui
Amori di Apollo c Leucotoe, au môme théâtre,
en 166.Î. — 4^ La Hoselina, au même tliéâtre,
en 1064.
ROY(Adbian LE); Voijez LEROY (Adbian
ou Adrien).
ROYER (Charles), Facteur (l'orgues à
Bruxelles, vers le milieu du dix-septième siècle,
a dû avoir de la réputation dans .sou temps,
quoiqu'il soit tombé plus tard dans l'oubli; car
il fui appelé à Marseille, pour y construire l'or-
gue delà fcathédrale. Cette église a été récem-
ment démolie pour cause de vétusté; lorsqu'on
en démonta l'ancien orgue, qui y existait depuis
deux siècles, on trouva ces mots sur le som-
mier du positif : Carolus Royer Bruxellensis
fecit anno 1637.
ROYER (Joseph-Nicolas-Pancrace), né en
Bourgogne d'une famille noble, vers 1700, apprit
la musique dans son enfance, et s'en (it un moyen
d'existence après la mort de ses parents, qui le
laissèrent sans fortune. Arrivé à Paris en 1725,
il se fit connaître parla composition de plusieurs
livresde cantates et de canlatilles, et par les opé-
ras dont les titres suivent : lo Pyrrhus, à l'A-
cadémie royale de musique, en 1730.
2" Zaïde, en 1739. — 3" Le Pouvoir de l'a-
mour, en 1743. — 4° Almasis, en 1750. Ap-
pelé à la direction de l'orcbestre de l'Opéra en
1741, il fut nommé inspecteur de ce spectacle
en 1753. La place de maître de musique des en-
fants de France lui fut accordée en 1746, puis il
obtint la charge de compositeur de la chambre
du roi. En 1747, il eut la direction du concert
spirituel. On trouva dans ses papiers, après sa
mort, beaucoup de musique de chambre, et la
partition de l'opéra de Panrfoj-e, composé sur le
poème de Voltaire.
ROZE ( L'abbé Nicolas), né le 17 janvier
1745, à Bourg-Neuf, diocèse de Châlon, fut
admis comme enfant de chœur de la collégiale
de Bcaune, à l'âge de sept ans. A peine âgé de
dix ans, il fit exécuter dans cette église un motet
avec orchestre. L'année suivante, il fut admis
dans la musique du roi ; mais ses parents se dé-
cidèrent à renoncer aux avantages qu'il pouvait
en tirer, et lui firent achever ses études au col-
lège de Beaune et au séminaire d'Autun. Au
sortir de cette dernière école, il fit exécuter à
Beaune, en 1769, une messe de sa composition
qu'il porta ensuite à Paris, et qu'il présenta à
Dauvergne, alors surintendant de la musique du
roi. Ce maître lui fit faire, pour le Concert spiri-
tuel, un motet qui commença sa réputation. Les
divers ouvrages qu'il écrivit pour les principales
églises de Paris le firent choisir, en 1775, pour
maître do chapelle de l'église des Innocents z
mais des discussions avec l'autorité ecclésiastique
lui firent donner sa démission quatre ans après,
et le décidèrent à embrasser la carrière de ren-
seignement de la musique, particulièrement de
l'harmonie et de l'accompagnement. La Borde
publia en 1780 un aperçu du système d'harmonie
de l'abbé Roze, dans le troisième volume de son
Essai sur la musique (p. 475-483). D'une appli-
cation facile dans la pratique, cette méthode pro-
cura beaucoup d'élèves à son auteur. Après la
mort de Langlé, en 1807, Roze fut choisi pour
lui succéder dans la place de bibliothécaire du
Conservatoire. 11 la conserva jusqu'à sa mort,
arrivée à Saint-Mandé, près de Paris, le 30 sep-
tembre 1819. Il avait fait don, avant sa mort, à la
bibliothèque confiée à sa garde des manuscrits de
ses messes et motets, entre autres de la messe
qu'il avait écrite en 1802, pour être exécutée à
l'église Saint-Gervais, et d'un motet, composé
pour le sacre de Napoléon, dont le finale (Vivat
in .vfernum) Aélé chanté dans toutes les cir-
constances solennelles au temps de l'Empire. Ce
morceau a été gravé à Paris, chez Janet. On a
aussi publié de sa composition : 1" Lavdato
pueri, à 2 voix et orgue ; Paris, Beaucé. —
2° Messe à 3 voix et orgue, Paris, Sieber. —
3° Vivat Bex, motet à 4 voix et orchestre; Paris,
Janet. L'abbé Roze a écrit pour l'instruction des
élèves du Conservatoire une Méthode de plain-
chant; Paris, Troupenas, in-4°.
ROZOI (Barnabé-Firmin DU) , né à Paris
342
ROZOI — RUBIISI
en 1745 , s'est fait connaître comme poète et litté-
rateur, mais sans pouvoir s'élever au-dessus de
la médiocrité. On ne le cite ici (|iie comme au-
teur d'iuie Dissertation sur le draine lyrique;
Paris, 1776, in-S". On y trouve des vues assez
justes sur les qualités nécessaires du pocmc d'o-
péra. Arrêté le 17 août 1792, à cause de son
dévouement à la famille royale, du Ro/.oi fut
traduit devant le tribunal révolutionnaire, con-
damné à mort le 2ô du même mois, et exécuté
le môme jour.
RUBEI (Flavio), né à Lodi, fut clianoine de
la caliiédralc de cette ville, et vécut dans la se-
conde moitié du seizième siècle. On a sous son
nom un ouvrage qui a pour tilre : Psalmorum
respcranim totius anni diebus festorum qua-
tuor vocinn liber jmmus; Venise, Ange Gar-
dane, 1578, in-4''.
RUBEI ( Emiuo ), sacristain et directeur du
chœur de l'église de Lorette ( Santa-Casa), dans
les États Romains , vécut vers le milieu du dix-
septième siècle. Il s'est fait connaître par quelques
ouvrages de sa composition, au nombre desquels
sont ceux-ci : 1° Moteltorum 2, 3 e< 4 vocum
liber primus. Laureti, apud J. B. Schopi-
num , 1642, in-4°. — 2° idem. Liber secun-
dus,op. 3; ibid., 1645.
RUBERT (Jean-Mautin), né à Nurem-
berg en ICI 5, apprit le citant, l'orgue et la
composition dans cette ville, à Hambourg et à
«Leipsick. Ayant été nommé organiste de Saint-
Nicolas, à Stralsund , en 1640, il occupa celte
place pendant quarante ans , et mourut en 1680,
à l'âge «Je soixante-cinq ans. Il a fait imprimer
de sa composition : 1° Wellliche-miisikalische
Arien mit 1 bis 3 Stimmcn, eben so viel Ins-
■iriiinent - Stimmcn und dem Generalbass
( Airs de musique mondaine pour 2 et 3 voix, et
autant d'instruments , avec basse continue ) ;
Stralsund, 1647. —2° Sinfonien,Scherzi, Bal-
letfi, Allcmanden , Couranten und Saraban-
den von 2 Violinen und Goieralbass ( Sym-
phonies, divertissements, ballets, allemandes,
courantes et sarabandes pour 2 violons et basse
continue ); Greifswalde, 1650, in-4''. — .3° Mu-
sikalische Seelen Erquickung, etc. ( Récréa-
tions musicales tirées des sermons d'hommes
savants, pour une, deux et trois voix, avec
instruments); Stralsund, 1664.
RCJBI\ËLLI (Jean-Marie), célèbre con-
traltisle, naquit à Brescia, en 1753, et débuta
sur la .scène à l'âge de dix-huit ans. Sa voix
pure, flexible, et l'expression pénétrante de
800 chant, lui firent obtenir un brillant succès
dès le commencement de sa carrière. En 1772, il
entra au service du duc de Wurtemberg, à
Slutis.ird, et y demeura cinq ans ; puis il retourna
en Italie et chanta à Milan, eu 177S;à Florence,
en 1782; à Livourne , l'année suivante ; à Na-
ples, en 1784, et enfin à Milan, en 1785. Il
reçut ilans celle dernière ville des propo.^ilions
de Lomlres, où il se rendit en 1786. Vers la lin
de la même année, il était à Rome. En 1701, il
obtint un succès prodigieux à Vicence, dans /fi
Morte di Cleopatra, de Nasolini. Il se fit
également applau<lir à Vérone, au carnaval
de 1792, dans VAgesilao, d'Andreozzi. Retiré
du théitre, en 1800, il se fixa à Bre.scia, oii il
passa sa vieillesse avec un neveu (ju'il aimait
beaucoup. Il y mourut en 1829, à l'Age de
soixante-seize ans.
RUBliXI (Le rr. Donaventlrf, ), cordclier
au couvent de Montichio, en Sicile, fut maître
de chapelle de l'église de son ordre , à Palerme,
vers le milieu du dix-septième siècle. On con-
naît de sa compo.iition : 1" Messe concertate a
3, 4, 5, 6,7, 8 et 9 voci , op. 1, Palerme,
l\ Scaglioni, 1645, in-*" — 2" // primo libro
dé" Moletti conecrtati a 2, 3, 4 e 5 voci,
op. 3, Palerme, Fr. Terranova, IC81, in-4''. Il
est vraisemblable que celui-ci est une deuxième
édition.
RUBIA'I (Jean-Bapti.ste), le ténor le plus
célèbre de l'époque actuelle, est né le 7 avril 1795,
à Romano , petite ville de la province de Ber-
game. Fils d'un professeur de musique, il apprit
les éléments de cet art dès ses preu.ières années :
à l'âge de huit ans, il chantait déjà dans les
églises , ou faisait sa partie de violon dans l'or-
chestre. Plus tard il fut confié aux soins de
Don Sanlo, prêtre , organiste à Adro , près «le
Brescia, qui avait des connaissances en har-
monie et dans l'art du chant: Après avoir exercé
la voix du jeune Rubini , il décida que cet en-
fant n'avait aucune disposition pour le chant et
le renvoya à son père, qui , convaincu de l'er-
reur de l'organiste d'Adro, ne continua pas
moins à donner des leçons à .son fils, et le fit
débuter, à l'âge de douze ans, dans un r<Me de
I femme. Après cet e.ssai, Rubiui se rendit à
Bergame, avec un engagement \wur jouer des
solos de violon dans les entr'acles et chanter
dans les chœurs. Son premier es.sai oouune chan-
teur, sur le théâtre de cette ville, fut dans un
air de Lamberti , qu'on avait introduit dans une
comédie : il y eut un succès d'enthousiasme,
et obtint de l'entrepreneur cinq francs de ré-
compense. Le souvenir de cette anecdote égayait
encore l'artiste célèbre dans ses dernières an-
nées. Cependant il eut le chagrin de voir son
triomphe effacé par le refus que fil rentrepre«
neur de Milan de le recevoir parmi les cbo-
RUBmi
343
ristesde son lliéâtie, parce qu'il n'avait pas assez
de voix. L'engagement qu'on lui offrit pour en-
trer dans une troupe ambulante <pii se rendait
en Piémont, fut la seule ressource qui lui restât.
Arrivé à Fossano, Rubini y clianta les rôles de
premier ténor, ainsi qu'à Saluz/.o et à Verceil.
Dans cette dernière ville, il trouva un violoniste
nommé Madi, avec qui il s'associa pour donner
des concerts ; mais leur tournée à Alexandrie,
Novi et Valenza, ne fut pas heureuse; ils furent
obligi's de retourner à Verceil. La misère qui
accompagnait Rubini dans toutes ses excursions
l'engagea à quitter la troupe ambulante pour se
rendre à Milan. Il n'y put trouver qu'un engage-
ment de quarante-cimi francs par mois, pour
l'automne, à Pavie. Les succès qu'il y obtint le
firent appeler pour le carnaval de 1815 à Rres-
cia : il y eut mille francs pour trois mois. Ce
prix fut doublé au printemps suivant pour le
Ibéâtrc SanMosé de Venise, et enfin Barbaja
l'engagea pour le tlu-àtre des Fiorentini, à Napics,
moyennant quatre-vingt-quatre ducats par mois.
Après une année, Barbaja voulut renvoyer Ru-
bini, quoiqu'il eût obtenu la faveur du public,
et ne consentit à le garder qu'à la condition de
réduire ses appointements à soixante-dix ducats.
Le chanteur aurait pu trouver ailleurs des con-
ditions plus avantageuses; mais il voulait rester
à Naples où il recevait d'utiles leçons de Noz-
zari. Toutefois, en souscrivant aux dures con-
ditions de l'entrepreneur, il lui dit avec l'assu-
rance <le l'artiste qui sent ce qu'il vaut et ce
qu'il peux devenir : Vous profilez des avan-
tages que vous donne ma position; mais je
vous rattraperai cela plus tard. Il ne s'était
j)as trompé : quelques opéras écrits pour lui
en 1816 et 1817, l'impression profonde qu'il
produisit à Rome dans la Gazza ladra, et
d'autres brillants succès qu'il obtint à Palermê
et après son retour à Naples, firent enfin élever
son traitement à une somme convenable. Ce fut
en 1825 qu'il parut à Paris pour la première fois :
il y débuta le 6 octobre par le rôle de Ramiro ,
de Ccncrentola. Le charme de sa voix ; un style
qui lui était propre et qu'il n'a emprunté à au-
cune école, ime rare élégance de vocalisation et
des ornements de bon goût y assurèrent son
triomphe. La Donna del lajo, la Gazza la-
dra et Otello consolidèrent sa réputation et lui
(ireat donner par les journalistes la qualification
de roi des ténors. Barbaja , qui avait cédé Ru-
bini à l'administration du Théâtre-Italien de Paris,
le réclama au bout de six mois. Rentré à Naples
en 1820, l'excellent chanteur fut envoyé en-
suite à Milan, puis à Vienne, où il avait déjà
été en l82i. Dans cet intervalle, \e Pirate et
la Sonnanbulu, de Bellini, ainsi que l'.lnna
Bolena, de Donizelti , avaient enfin fourni à Ru-
bini le genre de musique qui convenait le mieux
à son talent et à son organisation : il s'y montra
très-supérieur à ce qu'il avait été dans les
opéras de Rossini. Bellini et Rubini semblaient
être nés l'un pour l'autre et ne pouvoir se sé-
parer pour leur gloire mutuelle. C'est surtout
de ce moment ( 1820 ) que date la supériorité
incontestable de Rubini dans son genre. Il fit
usage , dans les ouvrages cités précédemment ,
de l'opposition fréquente du piano et du forte,
qui était le caractère distinctif de son talent, et
dont il abusait peut-être par un trop fréquent usage,
mais avec lequel il excitait de vives émotions.
C'est en cela que consistait son cachet indivi-
duel ; c'est par là qu'il a créé une manière dont
les imitateurs sont malheureusement bien infé-
rieurs au modèle qui l'a fondée.
Jusqu'en 1831, Rubini avait été à la solde
de Barbaja, qui avait dû élever son traitement
jusqu'à 6J,000 francs. Devenu libre de tout en-
gagement, Rubini retourna alors à Paris, où il
excita le plus vif enthousiasme dans le Pirate,
Anna Bolena, la Sonnanbula et les autres
ouvrages du nouveau répertoire. Depuisce temps
jusqu'en 1843 11 a chanté alternativement chaque
année six mois à Paris, et le reste du temps à
Londres ou dans les festivals d'Angleterre, à
l'exception de 1838, où il a fait un voyage en
Italie et à Bergame sa patrie, pendant l'été. Sa
réputation grandit chaque jour, et ses succès
l'ont fait considérer comme le premier ténor de
son époque. En 1843 il fit avec Liszt im voyage
en Hollande et en Allemagne ; mais arrivés à
Berlin, ils se séparèrent et Rubini continua seul
sa route jusqu'à Pétersbourg. L'engouement
pour son talent surpassa, dans cette ville, celui
qu'il avait fait naître dans les autres pays. Son
premier concert lui donna un produit net de
54,000 francs. Il y donna au Théâtre-Italien des
représentations dont la vogue tint du délire.
Non moins impressionné que ses sujets , l'em-
pereur Nicolas nomma Rubini directeur du
chant dans ses États et y joignit le grade de co-
lonel. De Pétet^bourg , le célèbre chanteur fit
un voyage on Italie, dans Véié de la même
année, en passant par Vienne, où il donna
quelques représentations. Dans l'hiver de 1844,
il retourna en Russie et chanta à Pétersbourg
pendant toute cette saison; mais ayant remarqué
que le rude climat de ce pays avait porté at-
teinte à sa voix, il prit la résolution de se re-
tirer. De retour en Italie, il acheta une très-
grande propriété ( près de Romano ) , à laquelle
était attaché le litre de duché , et ce fut là qu'il
344
RUBINI — RUBIISSTKIN
passa ses dernières annt^es dans le calme et le
repos. Il y mourut, le 2 mars 1854. Une notice
biograpliique sur ce célèbre clianteur a été pu-
bliée par M. Augustin Locatclli , sous ce titre :
Cenni biografici sulla slraordinaria carriera
teatrale percossa da G. B. Rnbini, canlante
di caméra, etc.; Milan, 1844, in-S". Ses ri-
che^^ses surpassaient celles de tous les chanteurs
que la fortune a le plus favorisés. La première
année qui suivit la fin de son engagement avec
Barbaja, il gagna 125,000 francs : depuis lors,
son rerenu annuel a dépassé 200,000 francs ,
et le total de sa fortune s'est élevé à trois mil-
lions et demi.
Rubini avait épousé, en 1819, Mi'e Chomel ,
cantatrice française qui obtenait alors des succès à
Naples, sous le nom de la Comelli. Née à Paris, le
31 mai 1794, M"'= Chomel avait été adnuse au
pensionnai de chant du Conservatoire de Paris,
au mois de mars 1810, y avait reçu des leçons
de vocalisation de Gérard, et était <levenue
ensuite élève de Garât. Partie pour l'Italie
en 1818, elle arriva à Naples l'année suivante;
elle s'y fit connaître par le rôle du page dans
VElisabetta de Rossini, et eut un brillant
succès dans le Gianni di Parigi , de Morlacchi.
Le Maometlo de Rossini lui offrit l'occasion de
consolider .sa réputation. £n 1831, elle chanta
avec son mari dans le Pirate à Londres. Ce fut
la dernière saison où elle se fit entendre en
public.
RUBIXO ou ROBI]\0 {....), compositeur
français, dont le nom était vrai.semblablement
Robin, succéda à Arcadelt, en qualité de
maître des enfants de chœur de la chapelle pon-
tilicaie à Rome, en 1539. Son engagement, qui
était de cinq années , à raison de cinq écus ro-
mains par mois, se termina au mois de jan-
vier 1545, et Rubino se retira pour entrer à
Saint-Jeande Latran, où il remplissait encore
le même emploi en 1549. Au mois de jan-
vier 1550, il fut nommé maître des enfants de
chœur de la basilique du Vatican , aux ap-
pointements de six écus par mois ; mais il
ne conserva cet emploi que jusqu'au mois
d'août 1551. De là il entra, en 1553, à Sainte-
Marie Majeure , oti il obtint un canonicat. Pi-
toni dit (JS'oiizic de' contrappuntisli, etc.)
qu'il a vu dans les archives de Saint-Laurent
in Daniaso des motets de Rubino dont il fait
l'éioge. On voit dans le livre de l'abbé Paul de
Angelis intitulé : Basilicx S. Marix Majorls
de urbe descriptio et delineotio ( lib. 8, cap. 2,
page 149), que Rubino était .Français, chanteur
excellent, et qu'il laissa par testament .ses livres
et ses iDtnuscritii à l'église Sainte -Marie Ma-
jeure , dont il était chanoine ( voyez Haini,
Mem. storico-critiche delta vita e délie opère
di Giov. Picrl. da Paleslrina , t. I, p. 30;
57, 08, et notes 41, 45, 105, 109, 440 et G23 ).
RUBhXSTElIV (Antoine), pianiste el com-
positeur, est né le 12 novembre ls2i» (suivant
le calendrier russe , ou le 30 du même mois ,
suivant le calendrier romain) , à VN'echwotynez,
village de la Moldavie , sur les frontières <le la
Russie et de la Bessarabie. Bientôt après sa
naissance , sa famille alla s'établir à Moscou.
Son père y fonda une fabrique de crayons. Sa
mère, bonne musicienne, jouait du piano :
elle remarqua les dispositions de son fils pour
la musique par sa persévérance à resler près de
l'instrument lorsqu'elle s'y exerçait. En 1835,
elle lui enseigna les éléments de la musique et
du piano. Les progrès de cet enfant précoce fu-
rent si rapides, que sa mère fut obligée de le
confier, deux ans après, aux soins de Villoingy
premier professeur de piano de Moscou , qui
fut le seul maître de Rubinstein pour cet ins-
trument. Parvenu à l'âge de neuf ans, il
donna son pren)ier concert à Moscou en 1838.
Un an après, M. Vilioing, ayant été obligé de
faire un voyage à Paris, ne voulut pas confier
Rubinstein à un autre maître, et s'en fit accom-
pagner dans cette ville. En 1840, Rubinstein y
donna un concert, où les artistes les plus re-
nommés assistèrent : il y jona de la musique
de Bach, Beethoven , Hiiinmel, Chopin et Liszt.
Ce dernier félicita lenfant piodige, l'engagea
à travailler sérieusement et conseilla à son maître
de lui faire visiter l' Allemagne. Ils parcoururent
la Hollande, l'Angleterre, l'Allemagne, la Suèile,
le Danemark, el partout Rubinstein inspira le
plus vif intérêt. Rentré en Russie dans l'an-
née 1843, le jeune artiste y resta près d'un an,^
donnant presque sans relâche des concerts. Sou
jeune frère, Nicolas, alors âgé de six ans seu-
lement, faisait apercevoir de rares dispositions
pour la composition : leur mère prit alors la
résolution de les conduire en Allemagne pour
leur faire étudier l'art d'écrire la musique. Arrivée
à Berlin avec ses enfants. M»"* Rubin.slein con-
sulta Meyerbeer sur le choix d'un maître de
composition : il lui conseilla de les confiera
Dehn ( voyez ce nom). Ils devinrent en effet le.s^
élèves de ce professeur qui, pendant deux ans
leur enseigna la théorie de l'harmonie et du
contrepoint. • Aucun indice ne montrait en moi
« du talent (me disait un jour Rubinstein),
« j'avais la volonté d'écrire de grandes choses,
« et j'entreprenais en effet de* concertos pour
« le piano, des opéras, dos cantates el des
p symphonies; mais tout cela n'était que du
RUBINSTEIN
345
« papier barbouillé. Mon frère, au contraire,
« montrait dans ses études une aptitude des
« plus remarquables. »
En 1846, M'"c Rnbihstein dut retourner en
Russie avec son second fils , parce que son
mari était atteint d'une maladie grave qui le
conduisit bientôt après au tombeau. Obligé de
se vouer à la carrière du commerce, Nicolas
Rubinstein négligea la musique , et son lieureux
instinct pour cet art n'eut plus d'occasion favo-
rable pour se développer. Antoine s'était rendu à
Vienne : il y vécut en donnant des leçons de
piano. Après un séjour d'un an dans cette capi-
tale , il entreprit un voyage en Hongrie avec le
flûtiste Helndl, pour donner des concerts. Ils
avaient formé le projet de se rendre en Amé-
rique; mais lorsqu'ils furent arrivés à Berlin
avec le dessein d'aller à Hambourg pour s'y
embarquer, les amis que Rubinstein y avait
laissés le firent renoncer à son voyage. 11 resta
donc dans la capitale de la Prusse, y donnant des
leçons de piano et se livrant à la composition.
Ce fut alors qu'il eut la révélation intime de
son genre de talent pour cette partie supérieure
(le l'art musical. Dès ce moment il résolut de
s'y livrer sans réserve et cessa ses études d'exé-
cution sur le piano, quoiqu'il ait conservé sur
cet instrument une baliileté très-remarquable.
Kn 1848, la révolution de la Prusse éclata , et
Rubinstein retourna en Russie. Ce fut à Péters-
boorg qu'il fixa son séjour. 11 s'y livra à l'en-
seignement du piano et donna cliaque année un
concert dans lequel il faisait entendre ses compo-
sitions. Eu 1849 il écrivit son premier opéra,
Demitri du Don , en 3 actes , qui ne fut repré-
senté qu'en 1852. Cet ouvrage eut un brillant
succès et fixa sur son auteur l'atlenlion de
M™" la grande-ducliesse Hélène , qui daigna l'in-
[viter à passer les étés à son palais de Kamenoios-
trow, pour y travailler en liberté, ce qui fut ac-
cepté avec reconnaissance. Cette princesse com-
muniqua au jeune compositeur l'idée de composer
une suite d'opéras en un acte dont cbacun devait
^étre le tableau de mœurs d'une des parties de la
{ussie. Rubinstein en écrivit trois dont le premier
[a pour titre Tcherkesse ( La Vengeance ) , le se-
jCond , £es Chasseurs de Sibérie, et le dernier,
Thoms, Vidiot de village. Celui-ci a été re-
iprésenté en 18J3, mais l'exécution en fut si
I mauvaise, que le compositeur retira les parti-
Itions des deux premiers , résolu qu'il était d'at-
Itendre que le personnel de l'opéra russe fût
[amélioré.
Au commencement de 1854, les comtes Wiel-
Ijorski, généreux patrons des jeunes artistes, don-
ftèrent à Rubinstein le conseil d'aller dans les
pays étrangers pour s'y faire connaître, déve-
lopper son talent et perfectionner son goût ; de
concert avec la grande-duchesse Hélène , ils lui
en fournirent les moyens. Au mois de juillet de
celle année, il était à Mayence, où les éditeurs
Scliott l'accueillirent el publièrent plusieurs ou-
vrages de sa composition. Il resta en Allemagne
jusque vers le milieu de 1835, où il arriva à
Paris. Il y donna des concerts avec orchestre
dans la salle Herz et y produisit une vive im-
pression par son talent de pianiste : mais les
opinions furent partagées sur le mérite de ses
compositions. De Paris, l'artiste se rendit à
Londres , où ses succès eurent encore plus d'é-
clat : le retentissement de sa renommée lui
fit obtenir alors le titre de pianiste de la cour
de Russie. Dans les années 1856 et 1857
Rubinstein revit plusieurs fois la France et
l'Angleterre, où son talent de virtuose et ses
compositions acquirent une grande popularité.
Ses productions se succédaient avec une rapi<lit(^
prodigieuse, car dans l'espace de 1848 à 1857 il
avait écrit 50 ouvrages, dont la plupart étaient
de grande dimension : on y comptait 4 opéras ;
un oratorio (Le Paradis perdu) ; 4 sympho-
nies à grand orchestre, dont une a pour litre l'O-
céan; G quatuors pour des instruments à cordes;
2 ouvertures, dont une sur le motif de l'hymne
national allemand; un 0//e/^o,- 2 concertos (en
fa et en soi) pour le piano; 5 fantaisies pour
piano avec orchestre; 3 trios pour piano, violon
et violoncelle; 2 sonates pour piano et violon;
2 autres pour piano el violoncelle; 3 sonates
pour piano seul , beaucoup de morceaux pour le
même instrument dans les formes de l'époque ac-
tuelle; des quatuors pour voix d'hommes, et des
morceaux de chant pour une ou deux voix, etc.
Depuis 1857 jusqu'au moment où cette notice
est écrite ( 18G3 ) , Rubinstein a beaucoup aug-
menté le nombre de ses ouvrages.
Au commencement de 1858, il donna des con-
certs à Vienne, puis à Pesth, et y excita des
transports d'admiration. Au mois d'avril de la
même année , il retourna à Paris, y donna dans
la salle Herz un concert avec orchestre dans le-
quel il fit entendre plusieurs de ses composi-
tions, au nombre desquelles étaient ses deux
concertos pour piano en fa et en sol. Après la
saison de Paris, il se rendit à Londres et y eut
de grands succès comme virtuose; puis il re-
tourna en Russie et revit Moscou , où se trou-
vaient les souvenirs de son. enfance et les mem-
bres de sa famille. En 1859, il fit de nouveaux
voyages à Vienne et à Londres, puis il retourna
à Pétersbourg. Le 23 février 1861, Rubinstein a
fait représenter au théâtre de la Porte de Cariu-
34C
RUBINSTEIN — RUCRERS
tliie de Vienne un opéra en 3 actes intitulé les
Enfants des Landes, qui n'a eu qu'un succès
médiocre, et dont la musique a paru monotone.
Rubinstein a une organisation musicale d'é-
lite : on trouve dans ses ouvrages un senti-
ment de mélodie qui n'est pas vulgaire, et son
harmonie, souvent intéressante, a des succes-
sions inattendues; mais il écrit trop vite, et
pèche par le plan dans la plupart de ses pro-
ductions. Il y a de belles choses dans sa musique
de piano, dans ses quatuors et même dans ses
symphonies; mais il tombe souvent dans la di-
vagation et n'a pas écrit une seule composition
qu'on puisse considérer comme complètement
belle. Comme tous les compositeurs de l'époque
actuelle , il est dépourvu du sentiment du beau
<lans le simple et cherche toujours ses elfels
dans ce qui est tourmenté, dans les modula-
tions multipliées et dans l'exagération des
moyens. Sa musique est fiévreuse , nerveuse , et
l'on y sent le caractère de l'improvisation au
lieu de la conception méditée. Son existence
nomade jusqu'à ce jour a dû être une des causes
principales des défauts que je viens de si-
gnaler : .s'il se fixe enfin , et s'il acquiert la con-
viction qu'aucun bel ouvrage ne peut être pro-
duit sanD une idée claire et développée avec
ordre, il est assez jeune et assez richement
doué, pour qu'on puisse espérer de lui des œu-
vres supérieures à ce qu'il a fait jusqu'au mo-
ment où cette notice est écrite.
HlJBRl (ANDr.ii), né à Venise, en 1739, entra
fort jeune chez les jésuites , et enseigna les
belles-lettres au collège des nobles, à Brescia.
Après la dispersion de son ordre, il se retira à
Venise, et s'y livra à des travaux littéraires. Il y
mourut, en 1810. Au nombre de ses ouvrages,
on en remarque un qui a pour titre : Opuscolo
alV apertura del nuovo lealro in Vcnezia nel
1792, Venise, 1792, in-S" de 115 pages, publié
sans nom d'auteur. 11 y traite avec beaucoup de
développements de l'opéra italien.
RUCHER (Ch.-S.) : une dissertation sur les
défauts de la voix et de la parole a été publiée
sous ce nom , qui est vraisemblablement celui
d'un médecin allemand. £lle a pour titre : De
vocis et loquelx vitus, Halœ, 1793.
RCCKERS (Hans ou Jea.n}, dit le vieux,
le plus célèbre facteur de clavecins des tem(»s
anciens , vécut à Anvers vers la lin du seizième
siècle et au commencement du dix-septième. Il
fut in.scrit dans la corporation de Saint-Luc , de
cette ville, en 1579. Je possède de lui une épi-
nette double dont les deux claviers jouent en-
pénible ou séparément, à volonté. L'épinetlc
supérieure est accordée à l'octave au-dessus de
l'épinelle inférieure. Celle réimion des octave
produit le plus bel effet. L'instrument a pour
inscription : Hans Ituchcis vie fccit Antverpiœ,
IGlO. M. Léon de Burbure, à qui l'on doit la
découverte d'une multitude de documents au-
thentiques concernant les musiciens d'Anvers,
ou qui ont vécu dans celte ville, a acquis la
preuve que Ruckers ne fut pas moins bon fac-
teur d'orgues que facteur de clavecins et a recueilli
suri lui les faits suivants: 1° En 1591, Ruckers
devint accordeur à gages de l'orgue de la cha-
pelle de la Vierge à la cathédrale. — 9," En 1503,
il ajouta quatorze ou quinze registres au çrand
orgue de la môme église. — 3° De 1C15 à 1623
il fut cliargé de l'entretien et de l'accord de l'orgue
de l'église Saint-Jacques et de plusieurs autres.
Bien que membre de la corporation de Saint-
Luc dès 1579, Ruckers ne fut reçu dans la
bourgeoisie d'Anvers qu'en 1594. \j\\ Hans Ruc-
kers y fut en effet inscrit le dernier jour de
février de cette année, comme natif de Malines ,
et fils de François Ruckers, lequel exerçait la
profession de facteur de clavecins. M. de Bur-
bure n'a pu constater la date précise du décès
de Hans Ruckers, le vieux; mais, d'après le^
comptes de la cathédrale et de la Gilde de Saint-
Luc, il présume que ce dut être en iG'iO ou
1641 . Cet artiste eut quatre lils, à .savoir, François,
baptisé le 28 mars 1576; Hans le jeune, baptisé à
la cathédrale d'Anvers le 15 juillet 1578; André,
dit le vieux, et Antoine, le dernier né, baptisé le
9 avril 1581. {Voyez Recherches sur les faC'
teursde clavecins et les liLlhiers d' Anvers, etc.,
par M. le chevalier Léon de Burbure, dans les
Bulletins de l'Académie royale de Belgique;
t. XV, 2° série, n° 2, et tiré à part, Bruxelles,
Hayez, 1803, p. 22-25).
RUCKERS (André), troisième fi'ls du pré-
cédent, naquit à Anvers et fut baptisé le 30 août
1579. Il fut appelé le vieux pour le (fi.stinguer
de son fils, dit le jeune, qui eut le même
prénom. André Ruckers perfectionna le inéca-
nisme du clavecin et eut de la réputation pour ce
genre d'instruments. La date de sa mort n'est
pas connue.
RUCKERS (André), dit le jeune, est, s
aucun dout'.', celui qui, d'après les comptes
la confrérie de Saint-Luc, obtint la maîtrise d^
cette compagnie en 1036, comme facteur de
clavecins, qualifié fils de maître. Je connais un
beau clavecin de lui (pii |iorle la date de 1667.
Élève de son père, il le surpasse pour la puis-
sance du son et le fini de ses instruments. Ses
compatriotes les peintres les plus célèbres d'An-
vers, particulièrement lexccllent peintre de fleurs
et d'animaux Franck, les ornaient de belles pein-
À
RUCRERS — RUEDER
34Z
tiires. Ces ornements ont été cause plus tard de
)n destruction d'un grand nombre de clavec ins de
Ruckcrs, car lorsque le piano eut (ait oublier le
cla\ecin, on brisa beaucoup de ceux-ci pour
avoir les panneaux dont on faisait des tableaux.
Jusque vers 1770, un beau et bon clavecin de
Jluckers coûtait jusqu'à 3,000 francs; plus tard
ils tombèrent au bas prix de, 40 à 50 francs. Il
serait maintenant difficile d'en trouver dans le
commerce.
RUDERSDORFF (J, ), violoniste, né à
Amsterdam, dans Tannée 1799, fit à l'Age de 8 ans
son début dans un concert où il joua un concerto
de Pleyel sur le violon. En 1822, il entra cliez le
prince Bari.itinsky, à Ivano\vskoi,en Russie. Trois
aii'i après il devint maître de concert à Hambourg,
puis il se rendit à Dublin, dii il résida pendant
plus de vingt ans. Arrivé à IJerlin en 1851, il
<lirigea d'abord l'orcbestrc du local de Sommer,
puis celui de Kemper-Ifof, et enfin, pendant les
années ISôi et 1856, il fut cliargé de diriger la
musique. du local de h'roU{l). En 1857 Ruders-
dorff a fêlé à Berlin le cinquantième anniversaire
dt; sa carrière d'artiste. Pendant les six années
qu'il avait passées dans cette ville, il avait dirigé
1100 concerts et joué 000 solos de violon. Cet
artiste a écrit beaucoup de compositions de dif-
férents genres dont il n'a' publié qu'une partie
dans quelques-unes des grandes villes qu'il a
visitées, ayant parcouru presque toute l'Europe.
Ses productions les plus connues sont : !• six
Polonaises pour piano, op. 5; Copenbagne,
Loie. — 2° 9 valses et 3 écossaises pour guitare ;
Augsbourg, Gonibart. — 3" 7 variations pour
giiilare sur un air allemand, op. 7; ibid. — 4°
8 variations pour guitare sur un tlième italien
op.' 8; ibid. — . 5° Variations pour violon avec
quatuor d'accompagnement, op. 9; Hanovre,
Daciimann. — 6° Variations pour violon principal
et orchestre sur Di tanti palpiti, op 10; Augs-
bourg, Gombart. — 7" 5 pièces pour guitare, op. il;
ibid. — 8° Variations pour violon, op. 12;
Hanovre,' Bacliman. — 9° Polonaise pour violon
principal et orchestre, op. 14; Vienne, Mollo.
— 10° 3 airs russes variés pour violon avec
qiyituor; op. 15; Hambourg, Bœlime. — 11°
22 duos faciles pour deux violons, op. 17, en
2 livres; ibid. — 12° L'Ohja^/^/o, fantaisie pour
violon et piano, op. 18; Milan, Ricordi. —
13" Fantaisie biillante idem sur I duc Foscari,
op. 19; ibid. — 14° Marche de fête pour
t'ouverliire du local de Kroll. — 15° Beaucoup
de lif'der à voix seule avec piano.
RÏJUEIVIUS ou RUDE (Jean), luthiste,
(i: Tons CCS loc.nux sont des cafés concerts.
né à Leipsick, où il avait étudié le droit, vécut
au commencement du dix-septième siècle. Il
a publié une collection de pièces pour le luth
intitulée : Flores musicx, seu suavissima; can-
tiones nofis viusicis expressx ad iesjudinis
vsiim, Leipsick et Heidelberg, 1(100, in-fol.
RUDOLF (Jean-Antoine), fils d'Anloine
Rudolf, corniste bohème au service du prince
do La Tour et Taxis, naquit à Vienne, eu 1770.
H suivit son père à Ralisbonne, y reçut des
leçons de violon de Guillaume Kafka, et fit de
rapides progrès sur cet instrinncnl. Le prince
de La Tour et Taxis le nomma son maître de
concerts; quelque temps après, il eut la direction
de l'orchestre au théâtre de Ralisbonne. Il a
laissé en manuscrit plusieurs concertos et des
trios pour le violon. On a gravé de sa compo-
sition : 1° Thème avec 12 variations pour
violon principal, 2 violons, 2 cors, 2 clarinettes ,
alto et basse, Ralisbonne, 1802. — 2° Thème
avec 6 variations pour violon principal, 2 vio-
lons, (iùle, hautbois, 2 cors et basse, ib., 1802.
Gerbcr a confondu ce Rudolf avec Itodolphe,
auteur du solfège et corniste renommé {voyez
Rodolphe).
RUDOLPH (Chbistias- Frédéric), orga-
niste de l'église Saint- Wenceslas, à Naumbourg,
naquit le 13 novemt>rc 180i,à Giespersieben ,
près d'Erfurt, et mourut à l'ùgc de 25 ans , le
12 octobre 1829. On a imprimé de sa composition
12 pièces d'orgue de divers styles (Ztiœlf Or-
gelstû<-'ke versckiedener Art etc. ), à Naum-
bourg, chez Weber.
RUE (Pierre DE LA); voyez LARUE
(Pierre DE).
RUE (FÉLIX DE LA); sous ce nom , le
P. Martini possédait un ouvrage manuscrit inti-
tulé : Varié modi di cantare le letanie in falso
bordone. Ce manuscrit était daté de 1573.
RUEDER ( Jean-Bai'tiste), fils d'un tonne-
lier, naquit le 13 septembre 1723, à Oberbiberach,
dans le haut Paiatinat. Il commença ses études
au monastère de Speinhart, et y reçut des leçons
de Joseph Wild , organiste distingué. Plus tard ,
il alla achever ses études au séminaire d'Amberg,
et y commença ses premiers essais de composi-
tion. En 1752, il entra dans l'ordre de Saint-
Augustiu, et fut ordonné prêtre. Il se livra, dans
son couvent, à l'étude de l'orgne, et devint un
des meilleurs organistes de la Bavière. Il mourut
au monastère de Speinhart, le 7 avril 1807, à
l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Compositeur
laborieux, il a laissé en manuscrit 25 opéras ou
oratorios, 19 messes à plusieurs voix avec or-
chestre, 30 litanies, 40 Vcni Sancte Spiritus,
18 Salve negina, 32 symphonies à grand
348
KUEDER — RUFFO
orcliCKlre, etc. Ses meilleurs élèves pour l'orgue
ontrté P. Knfner et DanbermerkI.
IIUEFF (Joseph-Léonard), t\h d'un mé-
decin-littérateur, naquit à Fribourg, vers 1770,
et fut docteur en tliéologie et pasteur à Ulm.
L'n traité élémentaire de théologie a été publié
sous son nom à Sulzbacb en 1827, ce qui pour-
rait faire croire qu'il y résidait à cette époque.
On a publié de sa composition : l" Quatre
messes faciles pour une on deux voix avec
orgue, 2 violons et 2 cors ad libilum, Augshourg,
Lotter. — 2" Kurzer, FassUckei; doch Woll-
btandigcr Unierricht zum Gcneralbass (Ins-
truction courte, intelligible et complète pour la
basse continue) ; Ulm, SIettin, 1817, in-fol. La
partie théorique a été publiée à Ralisbonne, in-S°
de 52 pages (sans date). Rueff avait abandonné
ses fondions de la ville d'Ulm avant 1817, pour
accepter la place de chapelain du prince de la
Tour et Taxis, à Ratisbonne. Il quitta celle-ci
pour la direction du chœur de Bucliau , sur le
lac Feder, dans Iç royaume de Wurtemberg.
RUETZ (Gaspard) , fils d'un organiste, qui
avait été élève de Buxtehude, naquit à Wismar,
le 21 mars 1708. Après avoir appris les éléments
de la musique et du clavecin dans la maison pater-
nelle, et avoir reçu des leçons de Wiikin pour le
violon, la flûte et le hautbois, il se livra à l'étude
de l'orgue, sous la direction de Hœlken. Admis ,
en 1723, dans les cours du collège de sa ville
natale, il y reçut des leçons du recteur Reimavus,
qui lui inspira un goût si vif pour les sciences,
qu'il abandonna presque entièrement l'étude de
la musique ; mais son penchant pour cet art se
ranima lorsqu'il eut fait la connaissance de l'or-
ganiste Bach, à l'université de Jéua, oii il s'était
rendu en 1728, pour étudier la théologie. Deux
ans après, il quitta l'université pour se rendre
à Hambourg. Après la mort de Sievers, directeur
de musique et canlor à Lubeck, Ruetz obtint la
place qu'il laissait vacante, et l'occupa pendant
dix-huit ans. 11 mourut le 21 décembre 1765,
d'une attaque d'apoplexie. Ruetz s'est fait en
Allemagne la réputation d'un savant écrivain sur
la musique par les ouvrages suivants : 1" Wi-
derlegte Voruriheile vom Ursprunge der
Kirchenmusik , und Idarer Beweis, dass die
Gùilesdienste Musi/c sich axif Colles Wort
grûnde, etc. (Préjugés réfutés concernant l'ori-
gine de la musique d'église, etc.) ; Lubec k, Junas
Schmidt, 1750, in-8 " de 114 pages II s'agit dans
cet ouvrage de la question maiules fois agitée
de la convenance de la musique dans le service
divin ; question qui avait fait naître une vive
poléniiqiie entre Chrétien Gerbcr et Georges Metz
i^voyez ces noms), et que Matlheson avait aussi
trailt'"*, avec sa rudes.sft ordinaire, dans son Pa-
U'wWm\\&'\c\(in{l)er Musihaliachr. l'ut riol . Voyez
Mattheson ). Ruetz a écrit son livre à l'occasion
d'un recueil de sermons que le théologien Jcan-
Gottlob Carpzow avait publié, et dans lequel il
examinait cette que.^tion : .Si la musique d'é-
glise doit être abandonnée. Carpzow s'était
prononcé pour l'affirmative. On doit avouer que
la réfutation de cette opinion par Ruetz est beau-
coup moins pédante et plus solide que ce qui
avait été publié précédemment sur le même sujet.
— 2" Widerlegte Voruriheile von der lîe-
schaffenheit derhentigcn Kirchenmusik, etc.
( Préjugés réfutés concernant l'état actuel de la
musique d'église), Lubeck, Pierre Bœrkmann,
1752, in-8° de 175 pages. — 3° Widerlegte Vor-
uriheile von der Wirkiing der Kirchenmusik
und den dazu erfordcrlen Vnkosten, etc.
(Préjugés réfutés concernant la puissance de
la musique d'église, et les dépenses qu'elle occa-
sionne); Rostock et Wismar, J.-A. Berger et
J. Bœdner, 1753, in-S" de 152 pages. ^On doit
considérer ces trois écrits comme ne formant
qu'im seul ouvrage sur le même sujet. Ruelz a
aussi donné, dans le premier volume des Ks.sais
historiques et critiques de Marpurg (pages 27o-
311), une lettre sur quelques expressions de Bat-
teux concernant la musique. Une réponse fut laite
à celte lettre par .lean-Danicl Overbeck (foy. ce
nom)dansle même recueil (pages 312-317); et
Ruelz répliqua immédiatement (p.3l8-325).
RUFFO (Vi.ncent), compositeur italien du
seizième siècle, naquit à Vérone, et fut contem-
porain de Jean-Pierluigi rfe Palestrina. Il fut
d'abord maître de cliaiielle de la cathédrale de
Milan et quitta plus tard cette position pour
celle de maître de chapelle de la cathédrale de
sa ville natale. Galilée accorde des éloges à son
talent, et dit qu'il fut compositeur fécond. Ses
recueils de motets et de madrigaux ont été plu-
sieurs fois réimprimés, témoignage certain du
succès qu'ils ont obtenu. Ses ouvrages connus
sont : 1° Il primo libro di viotetti n 5 vocij
Venise, 1551, in-4". Il a été réimprimé à Venise^
en 1558 et à Milan. — 2° Messe a 5 voci; Venise,
1557. Cet ouvrage a été réimprimé à Venise chez
Antoine Gardane, en 1565, puis à Brescia, ct'iez
Vincent Sabbio, en 1 580. — 3° // primo libro de
motelti a 0 voci per tutlo Vanno, Venise,
1583, in-4°. Il y a une édition antérieure de ce
recueil, sous ce titre : Motet li a sei voci, no-
va mente posti in luce cl corretli da Agos-
lino de' iSegro Grappulo. In Venelia,uppresso
Geronimo Scolto, 1555, in-4"'obl. — 4° Il libro
i primo dimadrigalia 5 voci; ibid., 1550 et
1552, in-4"- Les deuxième, troisième et qua-
RUFFO — RUGGI
349
trième livres de ces- madrigaux parurent dans la
même ville, en 1553-1500, chez Antoine Gar-
dane; la troisième édition des quatre livres a été
publiée chez le même en 1562 ; !e second livre a
■été réimprimé chez les héritiers de Scotto,en
!684,in-4° obi. ; le quatrième livre a été réim-
primé sous ce titre : Opéra nuova di musica
intitolaia Armonia céleste, nella quaîe $i
contengono 25 madrigali pieni d' ogni dol-
cezza e soavità musicale. Quarto libro di
madrigali a 5 voci, ibid., 1563, in-4'' obi. —
5" Madrigali cromatici a 6, 7 e 8 voci, con la
gionta di cinque canzoni a divcrsi voci ;
novamente di Ici sxioi proprii esemplari cor-
retti. In Venetia app. Geronimo Scoifo, 1554,
in-4° obi., ibid., 1554, in-4". — 6° Madrigali cro-
matici a 5 voci, ibid., 1555, in-4°. Trois antres
tivres de ces madrigaux, d'un genre nouveau
alors, ont paru en 1557, 1558 et 1560, in-4'*. —
7° Salmi soavissimi et devotissimi a 5 voci. A
Venise, chez Théritier de Jérôme Scotto, 1574. Il y
en a une 2™^ édition, «6/(/., 1579, et une troisième,
idem, ibid., en 1588. — 8° Magnificat hrevi
a 5 voci con U otto falsi bordoni ; Ma., 1578.
Antoine Barré a imprimé quelques-uns des madri-
{;aux de Rnffo dans le recueil intitulé : Primo li-
bro délie Muse a 4 voci. Madrigali ariosi di
Antonio Barré, et altri diversi autori; Rome,
Ant. Barré, 1555, in-4°.
Un autre Rufro (Alexandre), compositeur italien,
vécut dans le même temps : je crois qu'il était
de Milan. Il serait possible que le premier livre
de madrigaux à 5 voix, publié dans cette ville
etciléparGesner (5/6^ univ. \ lib. VII, tit. 7),
fût d'Alexandre Ruiïo, et nom de Vincent.
UUGARLI (G\sp\RD ), Irès-bon organiste
«t compositeur de musique d'église et de théâtre,
na<iuit à Colorno, en 1767. Fils d'un maître de
chapelle, il apprit sous sa direction les principes
de la musique, puis étudia deux années chez
François Fortunati, et enfm acheva de s'instruire
<lans l'école du P, Mattei, à Bologne. Admis au
«ervice de la cour de Parme, il mourut dans cette
ville.le 27 octobre 1799. On connaît de sa com-
position un opéra intitulé : l'Isola disabitata, des
messes et des motets.
RUGEKIonRUGERIO(PiERRE-jACQCEs),
de Crémone, n'était pas de la même famille que
«eux qui ajoutent à leur nom la syllabe per. Il
<)ratiqua la lutherie el fut élève de Nicolas
Amati, ain.si qu'il le déclare par le billet placé dans
un bon violoncelle sorti de ses mains, qui a
appartenu au violoncelliste Levasseur aine (voyez
ce nom), et qui porte la date de 1714.
RUGERI (Jean- Baptiste), surnommé il
Buono en Italie, fut un autre très bon luthier.
Il naquit à Bologne, et se fixa à Brestia. Pendant
un certain nombre d'années, il travailla en a,s-
.sociation avec Jérôme Amati, fils de Nicolas,
comme on le voit par leurs noms unis dans leurs
instruments. Jeconnaisde Rngeri( Jean-B;iptisfe)
un alto daté de 1647, un violon de 1658, et un
violoncelle de 1663.
RUGERI ( PitRRE-jACQUES ), fils de .lean-
Baptiste de Bologne, ne doit pas être confondu
avec celui de Crémone, qui a les mômes prénoms.
Il naquit à Brescia vers 1675. Il travailla dans
cette ville, depuis 1700 jusqu'en 1720.
RUGERIO (François) on RUGERI, appelé
RtT.ER, dans le patois de Crémone, bon luthier de
cette ville, vécut dans le dix-septième siècle et
devint élève de Nicolas Amati, dont il fut le
plus exact imitateur. Ainsi que la plupart des
membres de sa famille, il ajoutait à son nom la
particule per. On connaît des violons sortis de
ses ateliers depuis 1670 jusqu'en 1692.
RUGERIO (Jean-Baptiste), né également
à Crémone, était parent de François, et ajou-
tait aussi à son nom la syllabe per, ce qui le
faisait distinguer de Jean-Baptiste Rugeri de Bo-
logne, autre luthier don t est il parlé précédemment.
J'ai vu de Jean-Baptiste Rugeri de Crémone
un bon violoncelle qui portait la date de 1692.
RUGERIO (ViNCENZo), de îa même fa-
mille, et peut-être frère des deux précédents,
fut aussi luthier à Crémone et fabriqua parti-
culièrement des altos et des violoncelles. Il tra-
vailla depuis 1700 jusqu'en 1730. Ses instru-
ments sont estimés.
RUGGERI ou RUGGIERI (JeanMah-
tin), compositeur vénitien qui florissait vers la
fin du dix-septième siècle et au commencement
du dix-huitième, a donné au théâtre : 1° Ma-
rianne, 1696. — 2° Clotilde, 1696. — 3° La
Saggia Pazzia, 1698. — 4° Milziade, 1699
5° Amar per vendetta, 1702. — 6" Arato in
Sparta, 1709. — 1° Armida abbandonata,
1710. — 8° L'ingannaiore ingannato, 1710. —
9° La Gare di polit ica e d'amore, 1711,
iO" Arsinoe vindicata, 1712. Ses œuvres impri-
mées sont les suivantes : l° Scherzi geniali
ridotti a regola armonica in dieci sonate da
caméra a tre, cioè due violini e violone o
cemftoZo ; Venise, 1690, in-4°, op. 2. — 2° Swo-
nate da chiesa a due violini e violone o
iiorbo con il suo basso continua per l'organo;
Veni.se, 1693, in-4°, op. 3.— 3° Suonate da
chiesa a due violini e violonccllo , col suo
basso continua per l'organo, op. 4; Venise,
1697, 10-4". — 4° 12 Cantate, con e senza
violini, op. 5; Venise, 1706.
RUGGI ( François), compositeur dramatique
350
RUGGI — RUMLING
et hon profcs.seur de chant et de contiepoint,
naquit vers le milieu du dix-hûilième siècle,
à Naples , où, il vivait encore vers 1820. Sa-
vant dans l'art d'écrire en musique, Ruggi fut
professeur de contrepoint au collège royal de
S. Pietro a MajelUi, et membre de TÂcadémie
Borbonica des beaux-arts. ]i a écrit plusieurs
opéras, parmi lesquels on remarque -. 1° La Fe-
licità coinpita; — 2" L'Ombra di ISino. —
3° La Guerra aperta, opéra de demi-caractère.
— 4" Il Sofi frippone, opéra bouffe joué au
Ibéâtrede la Scala, à Milan, en 180». On connaît
aussi de la composition de ce maître des can-
tates, l'oratorio Giosuc al Giordano,des Messes
avec orchestre ou avec orgue, plusieurs in-
troïts, graduels, offertoires, hymnes, vêpres de
la Vierge et des saints, avec orchestre ou a cap-
pella, plusieurs Credo avec orchestre ou orgue,
des litanies , un Salve Regina, une Passion
d'après saint Jean, et les Heures d'agonie. Ruggi
a été le maitre de Miciiel Carafa.
RUHLIIXG (Jean), musicien allemand du
seizième siècle, naquit à Borna ( Saxe ) et fut
organiste à Dœbeln. Il s'est fait connaître par un
livre de tablature d'orgue devenu d'une rareté
excessive, et dont le titre naïf est : Tabiilatur-
hiJLch auffOrgeln und instruments, etc. { Livre
de tablature pour les orgues el les instruments,
qui contient, pour tous les dimanches et fôtes
de l'année, des motets choisis, charmants
( bezauberenden ) et travaillés avec art, ainsi
que les évangiles, épttres, introïts, répons et
antiennes . composés par les auteurs les plus
célèbres, et arrangés sans fredons, tels que les
compositeurs les ont écrits, afin que chaque or-
ganiste puisse arranger la dite tablature à sa ma-
nière et s'en servir avec fruit) ; Leipsick, Jean
Beyer, 1583, petit in-fol. de 140 pages. L'ou-
vrage est dédié aux ducs de Saxe Frédéric Guil-
laume, Jean, Jean Casimir, et Jean-Ernest, frères
et cousins : l'épîlre dédicatoire est datée de
Dœbeln, le 10 décembre 1582. La notation est
en ancienne tablature allemande.
RUIMOI\TE (PiEiiKE DE), compositeur
espagnol, néà Saragosse, était, au commencement
du dix-septième siècle, maître de chapelle des
archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des
Pays-Bas, A la date du 23 février 1605, il figure
dans l'état du personnel de la musique de ces
princes, sous le titre de maestro de inusica de
camara. C'est la seule mention de cet artiste
trouvée par M. Pinchart dans les comptes
de la chapelle royale des archiducs, à l'excep-
tion d'une note par laquelle on voit que Pedro
de Rvimonte, reçut au mois de mars 1614,
une gratification de 1,^00 livres de Flandre, pour
' relourner dans son pays. 11 a publié de sa com-
position : El Parnasso Espahol de madri-
gales y vilancicosa qvattro, cinco yseiz voces;
Anvers, P. Plialèse, 1614. Antonio cite aussi sous
le nom de Ruimonte deux livres de messes, de
motets et de lamentations. On a confondu ce
musicien avec Pierre de Larnc^ (voyez ce nom).
RULOIFS ou ROELOFFS ( Bartho-
I.OMK), organiste de la grande église et diff
d'orchestre du théâtre hollandais d'Amsterdam,
naquit en cette ville, vers 1737. Il fut violoniste
habile et compositeur de mérite. Plusieurs opéras
hollandais de sa composition et des opéras
français qu'il avait traduits et arrangés ont été
représentés au théâtre d'Amsterdam pendant
environ quarante-cinq ans. On a gravé de lui
trois symphonies pour l'orchestre, op. 1, Ams-
terdam, 1780, et des pièces d'harmonie pour
2 clarinettes, 2 cors et 2 bassons, ibid., Huni-
mel. Ruioffs mourut à Amsterdam, le 13 mai
1 801 . Sa femme fut une des meilleures cantatrices
du théâtre hollandais.
RUMLER (Jean), compositeurà Holovaus,
en Bohême, est né dans cette partie de l'Alle-
magne,vers 17S0. En 180'», il a fait repré.senter à
Prague son opéra Aliman, ou l'Armée de Bo-
naparte en Egypte, en deux actes, et en 1827 il a
donné dans la môme ville : la iSuit de Walpur-
gis, opéra romantique en trois actes. Ou a gravé
de la composition de cet artiste : 1° Quintelti;
pour 2 clarinettes, 2 corset basson, op. 6,Augs-
bourg, Gombart. — 2° Duos pour 2 flûtes, op. 15,
Prague, Berra. — 3° Trios pour 2 clarinettes et
basson, op. 7, Augsbourg, Gombart 4° Trio
pour piano, clarinette et violoncelle, op. 8, ibid.
— 5" Sonates pour piano à quatre mains, op. 23,
24, 25. Leipsick, Ilofmeister. — 6° Sonatine pour
piano seul, op. 36, ibid. — 7" Fantaisies, polonai-
ses, exercices pour piano , op. 16, 19, 21, 43, 50,
ibid. — 8° Thèmes variés, idem, op. 29, 31, 37,
41. 43, ibid., et Prague, Berra.
RUMLIIVG (le baron Sicismond DE), des-
cendant d'une ancienne famille de la Hesse, né
en Alsacp,vers 1739, entra au service de l'élec-
teur de Bavière en qualité de page, ver.-; l/TiO,
el lit à Munich ses études musicales. En \1H\ le
prince de Deux-Ponts lui offrit un emploi dans
sa maison, et le baron de Ruuiling l'accepta. Il
acheva de s'instruire dans la musique et dan* la
composition par la fréquentation des artistes dis-
tingués qui sclrouvaient dans cettecour. En 1 785,
il fit représenter sur le théâtre de la résidence
de Knrisherg son opéra intitulé Polydore, et
quelques années après il donna Roméo et Ju-
liette. Vers 1785, il fit un voyage à Paris, et y
publia trois œuvres de quatuors pour 2 violons,
RUMLING — RUNGEJNEAGEN
35t
alto et basse, ainsi que des symplionies à grand
orchestre. Rentré au service de l'électeur de Ba-
vière, il succéda en 1799 au comte Sceau comnne
directeur et intendant de la musique de la cour ;
mais il ne garda pas longtemps cet emploi. Quel-
ques années après, il entra dans l'ordre de Malte :
la suppression de cet ordre le ramena à Munich,
avec la pension qui fut accordée aux chevaliers. En
1818, le roi lui confia la direction de sa chapelle,
mais l'âge avait épuisé ses forces : il mourut le
7 mai 1825. Peu d'années avant sa mort, il avait
anéauli la i)lupart de ses compositions restées en
manuscrit.
RUMMEL (Chrétien), clarinettiste, pianiste,
compositeur et maître de chapelle du duc de Nas-
sau, à Wiesbaden et Biberich, est né vers les der-
nières années d u dix-huitième siècle, dans le duché
de Nassau. Il est mort à Wiesbaden le 12 février
1849. Chargé de la direction du théâtre de la
cour, il y montra du talent. Ses principales com-
positions gravées sont : 1° Quintetle pour cor
de basselte, clarinette, hautbois, cor et bas-
son, op. 41; Mayence, Scliott. — 2" Quintette
pou*' corde b3ssette,cor anglais, clarinette, flûte
et basson, op. 42; ibid. — 3" Plusieurs suites
de pièces en harmonie militaire; ibid. — 4''Con-
certino pour clarinette et orchestre, op. 58; ibid.
— 5" Des variations pour piano, avec orchestre
ou quatuor; ibid. — 6" Sonates pour piano à
4 mains, op. 20, 59; bid. — 7° Fantaisies et diver-
tissements idem; ibid. — 8° Fantaisies, exerci-
ces, etc., pour piano seul; ibid. — 9° Variation.s,
idem; ibid. Rummela fait un grand nombre d'ar-
rangements d'opéras pour divers instruments.
RUMMEL (Franciska), fille du précédent,
et cantatrice distinguée, a chanté avec succès à
Francfort (sur-le-Mein) de 1843 à 1846, à Ham-
bourg et à Berlin en 1847, et à Cassel dans l'an-
née suivante.
RUJVG ( E. ), compositeur danois, était en
1848 professeur de chant à Copenhague. Il avait
vécu quelque temps à Milan , où il avait reçu
des leçons de Lamperti pour le chant. En 1847,
il fit représenter au théâtre de Copenhague l'o-
péra intitulé der Sturm (L'Orage), qui eut quel-
que succès. Dans l'année suivante il donna au
même i\\éèXre Federigo, opéra danois en 3 actes.
Cet artiste a publié pour le chant : l"* Douze
chansons danoises pour les enfants, à 3 voix
avec ou sans accompagnement; Copenhague,
Heitzel. — 2° Chanson à boire pour 2 ténors et
deux basses; Copenhague, Olsen. — 3" 6 ro-
mances de Hertz, à voix seule avec piano; Co-
penhague, Lose. —A°Havfruen, ballade pour
2 sopranos ; ibid. — 5° Deux romances danoises à
voix seule avec piano; ibid. — g° Ulla .sluil-
paa Bal, ballade dramatique danoise à quatre
voix avec chœur; ibid. — On connaît aussi de
M. Rung une barcarolle vénitienne pour voix de
basse avec piano, publiée à Milan, chez Ricordi.
RUI\GE(Je.\n-Georges), docteur en médecine
et professeur au gymnase de Brème, né le 13 no-
vembre 1736, fit ses études à l'université de
Leyde, et y fit imprimer sa thèse de doctorat,
sous ce titre : Dissertatio de voce ejusque
organis; Leyâe, 1753, in-4°.
RUi\GE]\HAGEIV ( Charles-Frédéric)',.
né à Berlin, le 27 septembre 1778, fut destiné
dès sa jeunesse aux affaires du commerce par
son père, négociant de cette ville. Un goût par-
ticulier sembla le porter d'abord vers l'art du
dessin ; mais n'y ayant pas réussi, il se livra avec
plus de succès à l'étude du piano , sous la di-
rection de Uittauer et de Bènda. Obligé de se
dévouer aux intérêts de sa famille, après la mort
de son père, en 1796, il ne s'occupa plus de
musique et de composition que dans quelques
moments de loisir. Il avait appris seul les prin-
cipes de l'harmonie dans quelques livres spéciaux
sur cette science. En 1801, il entra dans l'Aca-
démie dechant de Berlin. Stimulé par les beaux
ouvrages qu'il y entendait, il fit quelques es.sais
de compositions religieuses. Vers ce même temps
il reçut des leçons de théorie de Zelter, et se
livra à l'enseignement du piano. Depuis 1807
jusqu'en 1813 il fut souvent chargé de la direction
des chœurs dans les solennités musicales de
Berlin, et plus tard il fut nommé directeur de
la plus ancienne société de chant de cette ville.
En 1825,1e ministre des cultes lui accorda le
brevet de directeur de musique d'une des églises
principales de Berlin, et, au mois de janvier 1833,
il succéda à Zelter dans la direction de l'Acadé-
mie de chant. Membre de PAcadémie des beaux-
arts de Berlin, il lit partie du corps professoral
de l'Institut musical adjoint à cette société. Run-
genhagen est mort à Berlin, le 21 décembre 1851.
Ses principales compositions consistent en ora-
torios, cantates, symphonies, quatuors, morceaux
demusique d'église, parmi lesquels on remarque :
1° La cantate de Gœthe, qu'il écrivit pour le
soixante dixième anniversaire de Zelter. —
2" L'Entrée du Christ à Jérusalem, oratorio
exécuté à Berlin, en 1834. — 3° Te Deum à
8 voix. — 4" La Morte d'Abelc, oratorio de Mé-
tastase. — 5° Stabat Mater pour 2 sopranos et
contralto, gravé en partition, chez Trauiwein, à
Berlin. — 6° Beaucoup de motets et d'hymnes
à 4 voix avec orchestre ou orgue. — 7" Cxcilia,
oratorio. — 8° Quelques variations pour le piano;
Berlin Schlesinger, Grœbenchutz. — 9" Plu-
sieurs recueils de chants pour des voix d hommes;
352
r.lNGKNHAGEN — RUSCH
ibiii. — 10" Plusieurs recueils de chant à voix
seule, avec accompagnement de piano. On a
aussi de Rungenhagen une dissertation sur l'en-
seignement des premiers éléments du piano,
dans le 7'"*= volume du recueil périodique inti-
tulé : Eutonia (pages 16-23).
RUOLZ (Henri, vicomte DE), amateur de
musique et compositeur, né en Allemagne, vers
1810, reçut des leçons d'harmonie et décomposi-
tion de Reicha , à Paris. Il vécut quelque temps
en Italie, particulièrement à Naples, où il écrivit
l'opéra romantique intitulé Z.ara, qui fut repré-
senté en 1835 au théâtre du Fondo. Quelques
morceaux de cet ouvrage ont été publiés à Mi-
lan , chez Ricordi , avec accompagnement de
piano. De retour à Paris, M. de Ruolz donna à
l'Opéra La Vendetta, ouvrage en 3 actes, qui
n'eut qu'un petit nombre de représentations en
1839. En 18iO, cet opéra fut réduit en deux actes,
mais ne réussit pas mieux sous cette forme. La
facture de l'ouvrage était inhabile, les idées
médiocres, et l'instrumentation décolorée.
RUPERT, moine de l'abbaye de Saint-Al-
bin, à Mayence, mourut en 911. Il a laissé un
traité De viitsicx pi-oportionc, qui est resté
en manuscrit, et qui est daté de 892 (voyeï
Trilh. Chron. Hirsaug. sub ann. 892, p. 22).
RUPHY (jACQLES-FiiANf,ois),Grec d'origine,
né à Smyrne, vint jeune en France,et (it partie
lie l'expédition d'Egypte commandée par le gé-
néral Bonaparte.il fut attaché en qualité de se-
crétaire adjoint au conseil des aris et du com-
merce du département de la Seine, depuis 1801
jusqu'en 18l4. On a de lui un écrit intitulé :
De la Melomanie et de son influence sur la
littérature, par J.-F.-R. Métrophile; Paris,
1802, in 8°. Il y attribue la décadence de la lit-
térature française aux progrès de la musique.
RUPPK (Chrétien-Fbédéric), fils d'un
charpentier qui était en même temps facteur d'or-
gues et de pianos, naquit vers 1765, à Salzungen,
dans le duché de Saxe-Meiningen, fit ses pre-
mières études dans cette ville, et alla ensuite
suivre les cours de droit de l'université de Leyde.
Habile pianiste, il se fixa dans cette ville,
en qualité de professeur de piano et de directeur
de musique de l'université. H vivait encore à
Leyde en 1812. On a gravé de sa composition :
1° Trios pour piano, violon et violoncelle, op. 1,
3, 6, 7; La Haye, Hummel. — 2 Idem, op. 14;
Rotterdam, Plattner. — 3° Idem, op. 25, 26, 27;
Amsterdam, Steup. — 4* Sonates pour piano et
violon, op. 2; La Haye, Hummel. — 5° Sonates
pour piano à 4 mains, op. 4, 5; ibid. — 6° So-
nates piogressives pour piano à 4 mains; Rot-
terdam, Plattner. — 7" La Chasse, pour piano
senl, op. 15; ibid. — 8" Pot-pourri pour piano;
ibid. — 9°Thèmcs variés idem ; ibid. Ruppe est
auteur d'un traité général de musique, d'harmo-
nie et de composition, intitulé : Théorie der ile-
dendaagsche Musijk (Théorie de la musique mo-
derne); Amsterdam, Jean Allart, 1 809- 1 8 1 0, 2 vol.
in-8' de texte, et 1 vol. de planches de musique.
RUPPE ( Fiiédkric-Chrétien), frère puîné
du précédent, naquit à Salzungen le 18 février
177 1 . Livré à l'élude du piano dès son enfance, il
y ntde rapides progrès. Un incendie ayant ruiné
sa famille et cau.sé la mort de son père.en 1786,
il alla étudier à Eisenach, et s'y soutint en don-
nant des leçons de piano. Heureusement pour
son sort , il fut entendu dans la même année par
le duc de Saxe-Meiningen qui, charmé par ses
heureuses dispositions , l'emmena dans sa rési-
dence, et lui fit donner une bonne éducation lit-
téraire et musicale, puis l'admit dans sa chapelle
en qualité de violoniste, et dans la musique de
sa chambre comme pianiste. Une exaltation ex-
traordinaire pour la musique, qui ressemblait à
la folie, empêcha malheureusement Ruppe de
mettre de l'ordre dans ses idées. INëanmoins il
a produit de belles choses, particulièrement les
oratorios de la Passion, de l'Enfant prodigue,
une cantate pour la paix, et un concerto de
piano avec chœur qu'on dit fort beau. On a gravé
de sa composition : 1° Grand trio pour piano,
clarinette et basson ; Offenbach , André. —
2° Grande sonate pour piano, violon et violon-
celle ad libitum ; Cassel , Wœhler. Huppe est
mort à Memingen le 14 août 1834. Parmi .ses
manuscrits, on a trouvé des quintettes, quatuors
et trios pour divers instruments, où il y a du
mérite, ainsi qu'un opéra inachevé intitulé : Der
Sieg der Tugend (le Triomjihe de la vertu).
RUPRECllT (Etienne), artiste du théâtre
national à Vienne, vers la fin du dix-huilicme
siècle, a composé la musique dequelipies opéras
qui y ont été représentés. Ces ouvrages ont pour
titres : 10 Was erhœll die Manncr Treu
(Qu'est-re qui peut rendre les maris fiilèles?) —
2° Le Feu follet. — 3» Die natUrlichen Wun-
der (les Miracles naturels), en 3 acte*. — 4" El'
vitre. ^
Un artiste de ce nom était en 1847 direc-
teur du chœur de l'église Saint-Charles, à
Vienne, et occupait cette position avant 1840.
Il parait peu vraisemblable que ce suit l'ancien
acteur du théâtre national de cette ville.
RUSCII (Georges), professeur de musique,
et de piano à La Haye, dans la seconde moitié
dudix-huitièmesiècle,a publié de sa composition -.
1° Deux concertos pour le clavecin , La Haye,
1776. — 20 Un idem ; ibid., 1780. — 3» Six 80-
RUSCH — RUSSWURM
353
I
I
Dates faciles pour le piano; ibid. — 40 Six trios
pour clavecin, violon et, violoncelle; ibid.
RUSCO (Rafaël). Ce nom m'a été indiqué à
Florence, en 1841, comme celui de l'auteur d'un
poëme pseudonyme et didactique intitulé : VArte
del contrappunto, passaient po armonico-poe-
tico in ottava rima che contiene le regole prin-
cipali delV armonia, ed un compendio delV ori-
gine, dei progressif de la decadenza, del risor-
gimento e propagazione délia musica fino al
corrente secolo,diviso in quatlro parti conun
appendice intitolato C sol fa ut agli EUsi,
composta e dedicato alla nobil donna la Si-
gnora confessa Fanny Pieri nata Spannocchi,
da Sotavio Ganleno. Siena, 1828, da i torchi
di Pandolfo Bossi, alV insegna délia Lupa ,
1 vol. in-12.
RCSCHAHDUS (Louis), musicien bavarois,
au commencement du dix-seplième &iècle, a
publié : 1° Mutetorum 4 vocum liber primus;
Nuremberg, 1601, in-40. — 2" Idem, lib. 2; ib.,
1603, in-40. — 30 Motectorum 6 vocum ; ibid.
— 40 Magnificat octo tonorumù vocum; ihid.
— 50 Missarum lib. 1 ; lib. 2 ; lib. 3; ibid. Le
troisième Ijvre de ces messes a paru à Venise,
en 1603, et à Nuremberg, en 1605.
RUSH (James), docteur en médecine à Phi-
ladelphie, né dans le district de Pensylvanie en
1790, est auteur d'un livre intitulé : The Phi-
losophy of the human voice embracing ils
physiologicalhistory,together with a System
of principlQS bywhich criticisvi in the Artof
elocution may be rendered intelligible, etc.
(Philosophie de la voix humaine, contenant son
histoire physiologique, ainsi qu'un ensemble de
principes par lesquels l'analyse de l'art de l'é-
locution peut être rendu intelligible, etc.); Phila-
delphie, Maxwell, 1827, 1 vol. gr. in-S" de 586 p.
L'objet que s'est proposé M. Rush est le même
que. celui du livre de Josué Sleele (voyez ce nom),
c'est-à-dire la notation de la voix qui parle et
déclame par des signes différents de ceux de la
voix qui chante, mais avec plus de développe-
ments, et d'après un système plus scientifique.
Bush examine avec beaucoup de soin les rap-
ports et les différences d'intonation dans lé
chant et dans la déclamation. Ses signes sont
plus simples que ceux de Steele.
RUSâËLL (Guillaume), fils d'un facteur
d'orgues, naquit à Londres en 1777. Après
avoir reçu des leçons de quelques organistes ob-
scurs, il devint élève du docteur Arnold, et resta
trois ans sous sa direction. Successivement or-
ganiste de plusieurs églises de Londres, il joignit
à ces fonctions celle d'accompagnateur du théâ-
tre de Govent-Garden, en 1801. Il mourut à
BIOGR. CNIT. DES MUSICIENS. — T. TU.
Londresen 1813, à l'âge de trente-six ans. Rus-
sell a écrit la musique de beaucoup de mélo-
drames et àe pantomimes pour le théâtre de
Covent-Garden. Il a aussi composé les oratorios
intitulés : La Délivrance d'Israël et Job, ainsi
que des caprices pour le piano et des chansons
anglaises.
RUSSIIV (Charles ), inventeur d'un système
d'enseignement de la musique, né à Limoges
vers 18IO, a donné l'explication et l'application
de ses procédés dans un ouvrage intitulé : Prin-
cipes élémentmres de musique d'après la
méthode Bussin. Limoges, V Blondél, 1844,
in 8°, avec 13 planches de musique.
RUSSO (Michel-Ange), pianiste et compo-
siteur pour son instrument, fut un de ces en-
fants prodiges qui promettent beaucoup et tiennent
peu. Il naquit à Naples en 1830, d'une famille
juive où la musique était cultivée avec amour.
A l'âge de cinq ans, il lisait toute espèce de mu-
sique à première vue : à six ans, il commença
l'étude du piano, et moins de deux ans après il
étonnait les professeurs par le brillant de son
jeu et .sa manière de chanter sur le clavier, non-
obstant la petitesse de ses mains. Le 14 octo-
bre 1849, il jouu dans un concert au théâtre des
Fiorentini et y fit naître un véritable enthou-
siasme. Peu de temps après, il perdit son père.
En 1840, il entreprit son premier voyage avec une
partie de sa famille, et donna des concerts à Flo-
rence, à Gênes et à Marseille. Arrivé à Paris au
commencement de 1841, il joue plusieurs fois
à la cour, et donna son premier concert au mois
de mars de la même année. Liszt et Chopin, qui
s'y trouvaient, donnèrent à l'enfant de grands
encouragements, et lui prédirent une belle carrière.
A Londres, il excita la plus vive admiration. Il
y reçut quelques leçons de Moscheles, puis il
retourna à Paris, s'arrêlant à Bologne où il donna
deux concerts» puis à Bruxelles où il ne put se
faire entendre parce qu'il s'était blessé à la main
droite; mais il y publia chez Schott son premier
ouvrage, qui consiste en une fantaisie sur les mo-
tifs des Puritani. De retour à Paris, il eut le
malheur d'y perdre sa mère et sa sœur. Dans
l'année suivante, il s'éloigna de cette ville pour
voyager en Allemagne, et donna des concerts à
Leipsick, Dresde, Berlin et Hambourg, puis il se
rendit en Russie, en Danemark et en Suède.
£n 1846, il était de retour à Naples : depuis cette
époque, son nom n'a plus retenti dans le monde
musical.
RUSSWURM ( Jban-Guillaume-Bartho-
lomé ), pasteur à Herrnbourg, est auteur d'un
livre intitulé Musikalische Altar-Âgende. Ein
Beitrag zur Erhebung und Belebung des
23
354
RUSSWURM — RUSÏ
Cultus (Agenda musical de l'autel. Essai pour
rélévation et la vivification du culte ), Hambourg,
1826, in-4'» de 129 pages, avec 36 pages de dis-
cours préliminaire. Ouvrage curieux et utile.
Devenu pasteur à Hambourg en 1830, Russwurm
a donné un supplément de son ouvrage, sous ce
titre : Nachtrag zur musikalischcn Altar-
Agende. Hambourg, Frédéric Perthes, 1831, in-4"'.
RUST(Jacques), compositeur dramatique, na-
quit à Rome en 1741. Après avoir étudié pendant
plusieurs années au Conservatoire de la Pietà,
àNaples, il donna à Venise, en 1764, son premier
opéra, intitulé : La Contadina in corte.
En 1767, il obtint la place de maître de chapelle
à la cathédrale de Barcelone; mais il fit plusieurs
voyages en Italie pour y composer; 1° L'I-
dolo cinese^ en 1774, — 2° L'Amor bizzarro,
en 1775. — 3° Alessandro nelle Indie, en 1775.
— 4° Il Barone di terra asciutta, en 1776. —
5° Il Socrate immaginario, en 1776. — &° Il
Giove, en 1776. —VIdue Protetti, en 1777. —
8° Artaserse, en 1 784, à Modène. — Q" UT lis-
mano, en 1799, à Milan. — 10" Gli Antiquari
in Palmira, à. Milan, 1780. 11° Bérénice, à
Parme, en 1786.
RUST (Fkédéric-Willalu ou Guillaume),
né le 6 juillet 1739, à Warliz, village de la princi-
pauté d'Anhalt, jouait, dès l'âge de six ans, du
violon et du clavecin, sans avoir jamais eu de
maîtres, et parvint, par ses seuls efforts, à jouer
à treize ans la plus grande partie des fugues et
des préludes de Jean -Sébastien Bach. Après
qu'il eut achevé l'étude du droit, il alla, en 1762,
prendre des leçons de Haech, maitre de concert
à Zerbst, puis demeura neuf mois à Berlin,
comme élève de François Benda. Pendant les
années 1765 et 1766, il accompagna le prince
d'Anhalt-Dessau en Italie, et y étudia le contre-
point. De retour à Dessau, il eut le titre de di-
recteur de la musique du prince. Il mourut à
Dessau le 28 février 1796, à l'âge de cinquante-
sept ans. Cet artiste distingué jouait bien du
clavecin, du violon; de la viole d'amour, du
violoncelle, de la harpe et de la guitare. Il écri-
vait avec goût, et ses ouvrages sont remplis
d'idées originales. On a imprimé de sa compo-
sition : 1° Six sonates pour le piano, Leipsick,
Breitkopf. 2° Grande sonate idem, Leipsick, Hin-
richs. — 3° Allegretto avec vingt>quatre variations,
Leipsick, G. Fleischer. —4° Des odes et des chan-
sons allemandes, à Dessau, en 1784. Mais le plus
grand nombre de ses compositions est int-dit :
il a laissé en manuscrit : l» Plus de quarante so-
nates pour le piano, avec ou sans accompa-
gnement. — T Autantde sonates pour le violon, la
viole d'amour, etc. — 3° Plusieurs concertos pour
I piano, violon , cor, etc. — 4° Beaucoup de thèmes
I variés pour divers instruments. — 5° Des fugues
I pour le piano et le violon, avec des fantaisies, etc.
I — 6° Beaucoup de morceaux de musique d'église.
—7° Des chœurs, airs, duos, etc. —8" Yncle et
Yariko, duodrame.
RUST (Guillaume-Charles), fils du précé-
dent, naquit à Dessau le 29 avril 1787. Après
avoir fait, sous la direction de son père, ses pre-
mières études musicales et suivi les cours du col-
lège de sa ville natale, il alla faire en 1805 et 1806
sa philosophie à l'université de Halle et prit des
leçons de Turk (voyez ce nom) pour le piano et
l'harmonie. Devenu fort habile sur l'orgue par
une élude constante des compositions de Jean-
Sébastien Bach, il obtint, en 1819, la place d'or-
ganiste du temple protestant à Vienne et ^occupa
jusqu'en 1827. Alors il retourna à Dessau, où il
se livra à l'enseignement du piano et de l'orgue.
Il est mort dans cette ville le 18 avril 1855. Ses
compositions, qui n'ont pas été publiées, consis-
tent en variations pour le piano sur un thème
original, trois fantaisies à 4 mains, des préludes
d'orgue, des Lieder et des chants à plusieurs voix.
RUST (Guillaume), neveu de Guillaume-
Charles, né à Dessau le 15 août 1822, s'est livré
fort jeune à l'étude du piano et de l'orgue. Élève
de Frédéric Schneider pour la composition, il
possède une instruction solide dans cet art.
Après avoir été attaché pendant quelques an-
nées en qualité de professeur de musique à un
seigneur de la Hongrie, amateur de, musique,
Rust s'est fixé en 1849 à Berlin, où il se livre
(1862) à l'enseignement. Son talent de pianiste
et d'organiate est estimé, et ses compositions
publiées pour le pianoet pour le chant ont obtenu
des succès. Admirateur passionné de Bach, il a
montré une grande activité comme éditeur des
œuvres de ce grand homme et comme membre
de la société pour la publication de ses œuvres
complètes. Parmi les compositions de Rust, on
remarque: 1° Cxcilia, collection deq|iants reli-
gieux avec accompagnement d'orgue, op. 1, Leip-
sick, Breitkopf et Haertel. —2° Deux caprices
pour piano, op. 2; Breslau, Leuckart. — 3* Le
S't" psaume, trio pour voix de soprano et con-
tralto, avec orgue obligé; op 4; Leipsick, Breit-
kopf et Haerlel. — 4° Grande fantaisie pour piano
(en si majeur), op. 5; ibid. —5° Six chants à
4 voix en 2 suites, op. 6; Breslau, Leuckart. —
6° Prélude et choral (en ré), à 4 mains, op. 7 ;
ibid. .. 7** 6 chants pour 4 voix d'hommes,
op. 8; ibid. — 8° Sonate pour piano (en ut),
op. 9; Berlin, Schlesinger. — ^'' Ave Maria
pour .soprano et contralto solo, avec chœur de
femmes et orchestre, op. 10; ibid.
f
f
RUSTICI - RYBA
355
RUSTICI (Joseph), professeur de piano au
Conservatoire de Lucques en 184t, né dans cette
ville, s'est fait connaître comme compositeur de
musique dramatique par l'opéra intitulé Maria
di Provenza, représenté à Milan en 1837.
RUTGERS (Jands), né à Dordrecht le
26 août 1589, fit ses études àLeyde, et exerça
la profession d'avocat à La Haye. Une mission
diplomatique en Suède lui ayant été confiée, il
obtint le titre de conseiller après son retour en
Hollande, et mourut à La Haye le 26 octobre 1625.
Dans ses Variarum Lectionum (Leyde, 1618,
in 4°), il traite au deuxième livre (p. 132) de la
notation de la musique de l'Église grecque.
ROTHARDT (Frédéric), fils d'un hautboïste
de la chapelle du roi de Wurtemberg, est né à
Stuttgardt vers 1810. Devenu cantor de l'église
principale de cette ville, il a publié : i° Douze
mélodies chorales du livre de chant du royaume
de Wurtemberg, avec accompagnement de gui-
tare, 1" suite ; Stuttgard , Zumsteg, 1841. —
2° Treize Mélodies chorales etc; 2'"e suite; ibid.
Ruthardt est aussi un des plus habiles joueurs
de zither de l'Allemagne ; il a publié pour cet
instrument : Griindliche Anleitung die Zither
spielen zu lernem (1), Nebst 50 Uebungstucken
in fortschreitender Ordnung und mit ange-
merkten Fingersatze) instruction régulière pour
apprendre h jouer de la Zither, suivie de 50
exercices rangés dans un ordre progressif et
avec l'indication des doigtés ) ; Stuttgardt, Wa-
gner, 1844.
RUTINI ( Je/in-Marc), pianiste et composi-
teur distingué, naquit à Florence, vers 1730, et
fit ses études musicales au Conservatoire de
Sant' Onofrio, à Naples. En 1754, il voyageai en
Allemagne, et trois ans après il s'établit à Prague.
De retour en Italie en 1766, il y écrivit pour le
théâtre : 1" Gli Sposi in maschera, à Modène,
170G. — 2°Amor industrioso, 1767. — 3° Volo-
geso. Pendant son séjour en Allemagne, il avait
fait imprimer de sa composition : 1° 6 Sonate
,pcr il cembalo, op 1. — 2" 6 idem, op. 3. —
3° 6 idem, op. 3. — 4° Cantate a voce di soprano
con 4 stromenti, op. 4. — 5° 7 Sonate per il
cembalo, op. 5. — 6" Arie III a voce di so-
prano con stromenti. — 7° Lavinia e Tumo,
cantate, Leipsick, 1756.-8° Cantate a voce
di soprano con i stromenti, ih'\à., 1758. Après
avoir rempli pendant plusieurs années les fonc-
tions de maître de chapelle du.duc de Modène,
F{1) La zither est un joli instrument à cordes pincées
•qui se pose sur une table, ou qu'on tient sur les genoux,
et qui est fort en vogue, particulièrement dans l'Allemagne
méridionale.
L
Rutini entra au service de Léopold, grand-duc
de Toscane, et mourut à Florence en 1797. Il a
laissé en manuscrit de la musique d'église es-
timée.
RUTINI (Ferdinand), fils et élève du précé-
dent, naquit à Modène,en 1767. En 1789, il fit
jouer à Rome son premier opéra, intitulé L'A-
varo, puis composa divers ouvrages à Florence,
à Parme et à ; Plaisance. Il est connu aussi par
quelques cantates avec orchestre. Cet artiste
était maître de chapelle à Macerata, en 1812.
Il alla ensuite remplir des fonctions semblables
à Terracine, où il est mort,ao iiMi$,de novem-
bre 1827.
RUTTINGER ( Jean-Chahles-Frédéric ) ,
organiste de l'église nouvelle de Hildburgbausen,
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié de sa
composition : 1" Six sonates pour le piano, Hild-
burgbausen, 1803. — 2° Six sonatines à 4 mains,
Berlin, Lischke — 3° Deux sonates faciles pour
piano seul, op. 6, Leipsick, Hofmeister. —
4° Six idem, op. 13, Bonn, Simrock. — 5° Dix-huit
pièces faciles pour le piano, Leipsick, Hofmeis-
ter. — 6° Thème varié. Vienne, Hasiinger. —
7°' Préludes pour des chorals en trios pour l'or-
gue, 5 suites, Hildburgbausen, chez l'auteur. —
8° Six conclusions faciles pour l'orgue, ibid. —
9" Douze pièces d'orgue faciles de différents styles,
Hildburghausen, Kesselring. — IC Douze idem,
2mc et3'ne recueils, op. U et 12, ibid.
RUZICZKA(Wenceslas), premier organiste
de la cour, à Vienne, naquit le 8 septembre 1758,
à Jarmeritz, en Moravie, dans les possessions de
la maison de Kaunitz. Envoyé à Vienne par soa
père, à l'âge de quatorze ans, pour y chercher
son existence en donnant des leçons, il trouva
le moyen de s'y instruire dans la composition, et
devint un organiste distingué. Pendant près de
quarante ans il remplit les fonctions d'organiste
de la cour, et d'alto dans l'orchestre du théâtre
national. U mourut à Vienne le 21 juin 1S23, à
l'âge de soixante-cinq ans. On a gravé de sa
composition ; Sonate pour piano et violon,
Vienne, Mechetti.
RYRA (Jacqdes-Jean), compositeur et vir-
tuose sur le violon, le violoncelle et l'orgue, naquit
à Przesstiez, en Bohême, le 26 octobre 1765. Son
père, qui était organiste, lui donna les premières
leçons de musique à l'âge de quatre ans : à huit,
le jeune Ryba jouait déjà sans fautes les sonates
et les concertos de Wagenseil sur le clavecin, et
déjà il se livrait à l'étude des éléments de la
basse continue. En 1780, un de ses parents le fit
entrer au séminaire de Saiut-Wenceslas, à Pra-
gue, et paya sa pension pour qu'il y pût faire
ses études. Celle qu'il fit ensuite de l'orgue en
23.
356
RYBA
écoutant Segert, et comparant son style avec
celui des autres bons organistes de la Bohême,
lui fit faire de rapides progrès, et le conduisit à
une habileté remarquable. £n 1788, il fut nommé
recteur au gymnase de Roczmittal. 11 y passa
environ vingt-sept ans, incessamment occupé
des soins de son école et des travaux de la com-
position, aimé et estimé de tous ceux qui le con-
naissaient, et mourut en 1815, à l'âge de cin-
quante ans. Ryba a laissé en manuscrit : 1° Seize
messes solennelles avec orchestre, dont une dans
le dialecte de la Bohême. ~ 2° Vingt-quatre
messes brèvcsr.- •— 3° Six messes moyennes.
— 4° Sept messes pastorales sur le texte bohé-
mien. — 5° Dix petites messes pastorales pour
la campagne — 6° Trois messes de requiem.
— 7° Trente offertoires. — 8° Vingt motets. —
9° Deux Veni Sancte Spiritus. — 10° Cinq Te
Deum. —Il*" Sept Salve Hegina. —12» Deux
Aima Redemptoris. — 13° Six Regina cœli.
— 14° TrohStabat Mater.— 15° Vêpres sur un
texte bohémien. — 16° Quatre cent huit alle-
mandes et contredanses pour l'orchestre. —
17°Cinquante-6ix duos pour divers instruments.
— l8°Qoarante-huit trios idem. — 19«> Soixante-
douze quatuors id. — 20° Sept quintettes. —
21° Trente-cinq symphonies pour l'orchestre. —
32° Trente-huit concertos pour divers instniments.
— 23° Quatre-vingt-sept sonates idem. — 24° Cent
trente œuvres de. variations. — 25° Six opé-
ras-comiques et mélodrames. — 26° Trente-cinq
sérénades et nocturnes — 27° Quatre-vingts
chansons allemandes et bohémiennes, dont une
partie a été imprimée à Prague. Il a laissé aus&i
un Manuel complet de la musique, en quatre
parties, écrit en 1799 et 1800, mais qui n'a pas
vu le jour. Une si grande activité ne put tirer
Ryba de la position la plus médiocre.
s
SAAL ( Antoine-Guillaume-Chrétien), har-
piste (lu duc (le Mecklerabourg-Scliwerin, vi-
vait à Ludwigsluts , dans les dernières années
(lu dix-huilièmc siècle. Il a publié de sa com-
position : Vingt-cinq morceaux pour harpe
sans pédales; Hambourg, Bœbm, 1800, En
1808, il était à Rostock, où il a fait imprimer
un petit écrit intitulé : Ueber den IVerth und
Ntitzen des Gesanges so wie iiber die Fer-
nachlxssigung desselben in Mecklenburg-
Schwerin (Sur la valeur et l'utilité du chant
ainsi que sur sa situation négligée dans le du-
ché de Mecklembourg-Schwerin)j Rostock,
1808, in-8» de trente-huit pages.
SAALCmJTZ (Joseph -LÉvi), docteur es
sciences, né à Berlin d'une famille Israélite, a
fait ses études à l'université de Kœnigsberg,
dans les dernières années du dix-huitième
siècle. On a de lui deux ouvrages intéressants
qui ont pour litre : 1» Fon der Form der
hebr. Poésie, nebst einer Abhandlung iiber
die Musik der Hebrxer (De la forme de la
poésie hébraïque, suivi d'un traité sur la mu-
sique des Hébreux; avec une préface de
A.Hahn); Kœnigsberg, Unger, 1825, grand
in-S» avec une planche lithographiée. 2" Ge-
schichte und Wiirdigung der Musik bei
d. ffebrxerUj in P'erhxltniss zu sonstigen
Ausbildung dieser Kutist in aller und neiter
Zeit, nebst ein Anhang iiber die hebr. Orgel
(Histoire et appréciation de la musique chez
les Hébreux, comparée avec la culture de cet
art chez d'autres peuples des temps anciens
et modernes; suivi d'un appendice sur l'orgue
hébraïque); Berlin, Fincke, 1829, in-8'', avec
une planche lithographiée.
SABADII^I (Bernard), compositeur, né
^ à Venise, dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle, fut maître de chapelle de la cour
de Parme. Ses opéras connus aujourd'hui sont
les suivants : 1» Furio Camillo, en trois
actes , représenté au théâtre de Parme, en
1686. 2» Didio Giuliano, en trois actes, à
K Plaisance, en 1687. 3» Zenone tiranno, en
^m trois actes, à Parme, en 1687. 4" La Favore
H degli Dci, à Venise, en 1689. ï)" La Gloria
I
d'amore, en 1690. di'Eradea, en trois actes,
à Parme, en 1696. 7» I Disegni délia divina
5apienja, oratorio, 1698.
SABATEM (Jeaji-Asdré) , compositeur,
né à Naples vers 1740, et mort dans cette
ville en 1808, fut d'abord violoniste distingué
et publia des sonates pour son instrument. En
1774, il fit exécuter à Naples une musique fu-
nèbre à deux chœurs qu'il avait composée pour
les obsèques de Jomelli.
SABATIWO (Nicolas), compositeur de
musique d'église, né à Naples, vers 1740, fit ses
études musicales au Conservatoire de Sanlo-
Onofrio, puis il fut maître de chapelle de l'église
des Hiéronimites de sa ville natale. Au nombre
de ses ouvrages on remarque un beau Mise-
rere, qui se chante encore dans celte église, un
De Profundis, et un Tantumergo.
SABBATU (Édouard-Gcstave) , profes-
seur de chant à Berlin, né le 10 septembre
1826, à Zessel, près d'Oels, en Silésie. Son
père, organiste en ce lieu, fut son premier
maître pour le chant, le piano, le violon et
l'orgue. En 1845, il se rendit à Breslau, pour
compléter son instruction dans les lettres et
dans les sciences: il y reçut des leçons de
chant de Mosewiuselacbeva,soussa direction,
son éducation de chanteur. Arrivé à Berlin,
en 1853, il fut nommé professeur de chant au
Conservatoire de Stem, et dans l'année sui-
vante, il entra comme chanteur dans le chœur
du Dom. Depuis lors, il a chanté avec succès
dans les fêtes musicales à Leipsick, Magde-
bourg, Aix-la-Chapelle, Cologne, Brème et
Arnheim (Hollande). Sabbath a publié de sa
composition des Lieder en recueils et déta-
chés, à Breslau, Cassel et Berlin.
SABIÎATIIXI (Galeazzo), maître de cha-
pelle du duc de la Mirandole, né à Pesaro,
dans les dernières années du seizième siècle,
est connu comme théoricien et comme com-
positeur. En 1628, il publia, à Venise, un
traité élémentaire sous ce litre :/?e(7o/e facili
et brevi per suonure sopra il basso conti-
nuo, nell,' organo, monochordo o altro si-
mile stromento; Fenetia, per il Salvador.
357
858
SABBATINI
La seconde édition a paru dans la mémo ville,
en 1644, et la troisième, à Rome, en IGC'J,
in-4''. Walllier {Musical. Lexicon)\m\'u\ue une
traductionallemandedecet ouvrage, par Jean-
Gaspard Trosl le vieux, laquelle est restée en
manuscrit. Les compositions connues de Sab-
balini sont : l" Il primo libro de' iladrigali
a 2, 3, 4 e 5 rocj, op. 1 ; in Fenetia, app.
Jless. Fincenti, 1627, in-4». 2» Il seconda
libro de'' Madrigali a 2, 3, 4 e 5 voci op. 2;
ibid., 1636 5 c'est une seconde édition. 3" Sa-
cras laudes musicis concentibus contextcV bi-
nis, ternis, quaternis, quinisque vocibus ad
orqanum concinendx , lib. I,op. 3; Anvers,
1642, in-4'*. 4" Madrigali concertati a
5 voci , con alcune canzoni concertute con
sinfonie e rilornelli, op. 4 ; ibid., 1630.
S" Madrigali concertati a 2, 3, 4 e 5 voci,
op. 55 ibid., 1630. 6" Madrigali concertati
a 2, 3 c 4 i;ocî, con alcune canzonetti con-
certate con stromenti, op. 6; ibid.^ 1636.
in-4'. 7" Sacrarum Laudum 2, 3, 4, 5 voci-
bus. Lib. I et II, Op. 7; ibid., 1637-1641.
8» Litanie délie Beata Firgine Maria, a 3, 4,
5 e 6 t'oc», op. 8 ; ibid., 1638. 9" Sacri Laudi
e Mottetti a voce sola, op. 9; Rome, 1639. La
deuxième édition de cet œuvre a été pul)liée à
Venise, chez Vincenli, en 1640, in-4". Le
père Kircher exaile le talent de Sabbalini
{Musurg., t. I, p. 460) comme admirable en
tout genre; il lui attribue aussi l'invention
d'un clavecin au moyen duquel toute la
science de l'harmonie se démontrait aux
yeux.
SABBATINI (Piebre-Pacl), auteur in-
connu d'un livre qui a pour titre : Toni ec-
clesiastici aW uso romano ; Rome, 1650,
in-4°.
SABBATINI (le P. Locis-Ahtoine), reli-
gieux franciscain, naquit à Albano, près de
Rome, en 1739. Après avoir appris les élé-
ments de la musique sous la direction du
maître de chapelle de sa ville natale, il entra
comme novice dans le couvent des mineurs
conventuels ou franciscains à Rome, et y
commença l'étude du contrepoint; puis il fut
envoyé au couvent de Saint-François, à Bo-
logne, où il devint élève du P. Martini. En
170)3, il passa au couvent de Padoue, où se
trouvait Valotti {voyez ce nom), qui devint
aussi son maitre de composition, et dont il
adopta le système d'harmonie. Devenu maître
de chapelle de l'église des Douze-Apôtres, à
Rome, il occupa ce poste jusqu'en 1780,
époque de la mort de Valotti. Il succéda à ce
savant musicien dans la place de maître de
chapelle de Saint-Antoine, à Padoue, et mou-
rut en celte ville, le 29 janvier 1809. Deux
ans auparavant, il avait été nommé membre
de la section de musique dans la classe
des beaux -arts de l'Institut du royaume
d'Italie.
Sabbalini a beaucoup écrit pour l'église,
suivant le système d'harmonie de son maître
Valotti ; la plupart de ses œuvres sont en ma-
nuscrit dans les archives de l'église Saint-An-
toine de Padoue. On trouve dans plusieurs bi-
bliothèques une messe de Requiem de sa com-
position, pour trois ténors et basse.
Sabbalini est connu principalement comme
écrivain didactique par les ouvrages suivants:
Gli elemenli teorici délia musica, colla pra-
tica de' medesimi in duelti e terzetti a ca-
7ione; Rome, 1789, in-4° oblong. Il y a une
deuxième édition de cet ouvrage ; Rome, 179o,
in-4». Ce livre est un recueil de solfèges, dont
les préce|)tes el les leçons pratiques sont en
canons. Une seconde édition de la première
partie des leçons a été publiée à Paris, par les
frères Ga veaux-, en 1805. Choron a aussi donné
Tine édition de cet ouvrage, sous ce lilre : Sol-
fèges ou leçons élémentaires de musique, qui
peuvent s'exécuter soit à voix seule, soit à
deux oti trois voix égales, en canon, arec
basse continue ad libitum; Paris, Choron
(sans date), grand in-8».2<' La vera Idea délie
musicali numeriche segnature direltn al
giovane studioso de//' armonia ; Venise,
1799, in-4». Ce livre renferme une complète
exposition du système d'harmonie de Valotti
el de Calegari, ([ui fut l'objet de justes criti-
ques dans sa nouveauté (voyez Valotti) (1).
3" Trattato sopra le fughe musicali di fra
Luigi Jnt. Sabbalini M. C. corredato da
copiosi Saggi del suo antecessore Padre
Francesco Antonio Falotti; Venise, 1802,
deux parties in-4». La partie théorique de ce
livre, renfermée en vingt-trois pages, se ré-
duit à quelques principes généraux assez vagues
et insignifiants ; le reste est composé de fugues
ou d'expositions de fugues réelles et tonales à
deux, trois et quatre voix, composées par le
P. Valotti, avec des notes et commentaires de
Sabbalini. Le P. Martini accorde beaucoup
d'éloges, dans sa corfespondance, à ces essais
de Valotti, dont il avait eu les manuscrits
(I) J'ai donné l'analyse de cesyslcme dans la Cn-
îtUt mutirale de Paris (1840), et dans mon Esquiaede
l'hitloire de iliarmonie, coniidérée comme art et coiiimn
science lytlématique, Paris, 18il, un vol. in-S" de 178
pagrs, tiré à SO cxcni|)laircs qai n'ont pas M mis dans
le commerce.
SABBATINI - SACCHI
359
entre les mains, ai)it-s la mort de raiiteiir.
4» Nolizie sopra la vita c le opère del
R. P. Francesco Jiîtonio Falotti; Padoue,
1780, in-S". SaI)I)alini a été l'éditeur des
Psaumes de Marcello, édition publiée à Ve-
nise, en 1801, par Sébastien Valle, et non
par le P. Valle, comme le disent quelques bio-
graphes.
SABIIXO (IIippolite), compositeur véni-
tien, né vers 1543, n'est connu que par les ou-
vrages suivants : 1" Madrigali a cinque voci,
lil). I ; Venise, 1570. 2» Jl seconda libre de'
madrigali a cinque voci ; ihUL, 1570, in-4",
réimprimé dans la même ville en 1380, in-4''.
5° Madrigali a sei voci, lib. I; ibid., 1579.
A" Jl terzn libro de' madrigali a 5 e G voci;
Venise, 1582, 111-4". 5" Il seconda libro de'
madrigali a G l'oct; 1581, in-4'', réimprimé
en 1584, in-4'', Venise. 6° Magnificat a
Quattro voci ; ibid., 1584, in-4^ 7" Cantiones
dicx Maria; 4 vocum; ibid., 1G83, in-4".
8" Il quarto libro de' madrigali a 4, 5, 6, 7
e Otto voci; Venise, 1385, in-4''. U" Il quinto
libro de' madrigali a cinque e sei voci;
ibid., 158G, in-4''. 10" // setlimo libro de'
madrigali a cinque e sei voci; f'enctia^ app.
Giac. Fincenti, 1589, in-4". On a imprimé
des pièces de ce musicien dans i)lusiours re-
cueils de la fin du seizième et du commence-
ment du dix-septième siècle, particulièrement
dans ceux-ci : 1 1» Harmonia céleste di diversi
eccellentissimi musici a 4, 5, G, 7 e 8 l'oci;
Anvers, Pierre Phalèse et J. Bellère, 1592,
in-4'' obi. 12" Symphonia angelicn di diversi
eccellentissimi musici a 4, 5, G voci, nttava-
mente raccolta per Huberto Jf'aelrunt:
ibid., 1394, in-4" obi. iô« Il Trionfo di Dori
descritto da diversi e posta in musica da
altrettanti autori, a sei voci; Venise, 1396,
in-4'', Anvers, 1596; ibid., IGOl; ibid.,
1614. 14" Ghirlanda de' madrigali a sei
voci, di diversi eccellentissimi autori de'
nostri tempi ; Anvers, Phalèse, IGOl, in-4"
obi. 14" Madrigali a otto voci di diversi
eccellenti e famosi autori; ibid., 1596, in-4"
obi. Les ouvrages de Sabino ont eu beaucoup
de réputation vers la fin du seizième siècle et
au commencement du dix-septième; cepen-
dantonnesait rienconccrnant les événements
de sa vie; M.Caffin'en parle pas dans son His-
toire de la chapelle de Saint-Marc de Venise,
et les titres des ouvrages de Sabino n'indiquent
pas la position qu'il occupait.
SABLIÈRES (C), intendant de la mu-
sique de Monsieur, frère de Louis XIV, n'est
connu que par ce qu'en dit Guichard, dans sa
Requête servant de factum contre Baptiste
Lulli et Sébastien Atibry {voyez Guichard).
On y voit que Sablières avait composé la mu-
sique de l'opéra intitulé les amours de Diane
et d'Endymion, en cinq actes, qui fut repré-
senté à Versailles, en 1671, et qu'il avait écrit
la musique d'un autre ouvrage, également en
cinq actes, en 1672, dont Guichard, auteur
du livret, n'indique pas le titre.
SABOLY (Nicolas), maître de musique à
l'église Saint-Pierre d'Avignon, né dans cette
ville, s'est fait connaître par la musique d'un
Recueil de noëls provençaux; Avignon,
OlTray, 1802, petit in-8».
SABON (Joseph-Pierre), hautboïste, né
le 9 octobre 1817, à Reuil (Seine-et-Oise), fut
admis au Conservatoire de Paris, le 21 avril
18-34, comme élève de M. Vogt. Ses études ter-
minées en 1840, il sortit de cette institution
et se fixa à Genève. Il a écrit plusieurs mor-
ceaux pour son instrument.
SACAD.iS, célèbre joueur de flûte, né à
Argos, fut le premier qui composa et qui joua
des airs de flûte a[>pe\és pythiques. Pausanias
dit qu'on voyait sa statue sur le mont Hélicon,
et que le sculpteur l'avait représenté si petit,
que sa flûte était aussi grande que lui. Le
même auteur dit aussi que dans la 48'»« Olym-
piade, aux jeux pythiens établis par les am-
phictyons, Sacadas joua de la flûte seule, sans
qu'elle servit d'accompagnement aux voix, ce
qu'on ne connaissait point encore, et qu'il fut
couronné aux deux pylbiadcs suivantes. U
ajoute que lorsqu'on rebâtit la ville de Mes-
sène, tous les travaux se firent au son des
flûtes, et que l'on se servit principalement
(les airs de Sacadas. Le tombeau de ce musi-
cien se voyait encore à Argos au temps de
Pausanias.
SACCill (Salvator), né à Ronciglione,
dans les États de l'Église, vers 1570, fut maître
de chapelle à Toscanello, dans les premières
années du dix-septième siècle. Il a fait im-
primer à Rome, en 1607, des messes à quatre
et cinq voix, de sa composition.
SACCHI (le P. Jcles), religieux francis-
cain, né à Ferrare, dans la première moitié
du dix-septième siècle, a laissé en manuscrit
un livre qui a pour titre : Régale del canto
ferma. Cet ouvrage se trouve dans la biblio-
thèque du lycée musical de Bologne. •
SACCHI (D. Juvésal), chanoine de Saint-
Paul, membre de l'Académie de Mantoue, et
professeur d'éloquence au collège des Nobles,
à 3Iilan, naquit dans cette ville, en 1726.
Placé par ses parents chez les barnabites, il y
3G0
SACCHI-SACCHINI
fit son édiicalion et embrassa leur règle. La
musique, qu'il avait apprise «lans sa jeunesse,
devint pour lui l'objet d'une étude sérieuse
dans un âge plus avancé, et lui fournit le sujet
de plusieurs ouvrages remplis d'érudition et
de science, mais qui laissent désirer, en plu-
sieurs endroits, des vues plus nettes et une
connaissance plus étendue de la pratique de
l'art. Lié avec le P. Martini, il en reçut des
encouragements et des éloges. Après une vie
laborieuse et honorable, il mourut à Milan, le
27 septembre 1789. Ses écrits relatifs à la
musi(|ue sont ceux dont les titres suivent :
1° Del numéro e délie misure délie corde mu-
siche, e loro corrispondenza ; Milan, 1761,
in-S». Cet ouvrage a pour objet de déterminer
les bases physico-mathématiques de la gamme
et des proportions des intervalles. Plus tard
Sacchi traita de nouveau ce sujet dans une
dissertation latine intitulée : Spécimen
theorix mnsica;, qui fut insérée après sa mort
dans les mémoires de l'Académie des sciences
et arts de Bologne (Bononiensi scientiarum
et artium instituto alque Academia commen-
tarii; Bononix, 1791, t. VII, p. 139-197).
Le P. Sacchi est revenu sur le même sujet,
dans une lettre à Sébastien Canterzani, pro-
fesseur de mathématiques à Bologne et secré-
taire de l'Institut de cette ville, laquelle est
placée à la suite de l'ouvrage suivant. "H" Délia
divisione del tempo nella musica, nel ballo e
nella puesia, dissertazioni tre; Milan, 1770,
in-S". On trouve l'analyse de cet ouvrage dans
le premier volume de la Bibliothèque musicale
de Forkel (p. 267-279). Le sujet important de
ce livre est traité d'une manière vague par le
P, Sacchi : il n'a pas aperçu les vrais prin-
cipes de la division du temps musical et du
rhythme. 3" Risposta al P. Andréa Dra-
ghetti délia compagnia di Gesù, professore
di melafisica in Brera; Milan, Mazzuchclli,
1771, in-S" de cinquante-cinq pages. Cet écrit
est une critique de la théorie de la gamme
donnée par Draghetti dans son Essai de
psychologie (Psychologix spécimen, etc.).
Celui-ci Ht une réplique victorieuse au
P. Sacchi (voyez Draghetti). 4° Délia nalura
e perfezione deW antica musica de' Greci, e
deir utililà che ci polremmo promettere délia
nostra, applicandola aW educazione de'
giovani, Dissertazioni III; Milan, 1778,
in-8» de deux cent sept pages. On trouve une
analyse <le ce livre dans le Giornale de' Let-
terali d'Ilalia (année 1779, tome XXIV,
pages 117-135). Bien que Sacchi y soutienne
Popiuion que l'harmonie dis accords de sous
collectifs a été inconnue aux Grecs, il ne s'y
monlie pas moins admirateur de leur système
musical, (ju'il s'efforce de recomposer à l'aide
du peu de débris qui nous en restent; mais il
tombe dans plusieurs erreurs graves sur le
sens des paroles de ([uelques auteurs anciens.
5° Délie quinte successive nel contrnppunlo
e délie regole deyli accompagnamenli . Let-
tera al Sig. Finceslao Pichl, Academico
Filarmonico, etc.; Milan, Orena, 1780, in-S»
de cent quatre-vingt-trois pages ; écrit rempli
d'erreurs à l'égard de la pratique de l'art, et
d'obscurité dans la théorie. 6» Fila del cav.
don Carlo Broschi detto Farinelli; Venise,
1784, in-8". 7» Don Placido, Dialogo dove
cercasi se lo studio délia musica al religioso
convenga o disconvenga; Pise, Luigi Raf-
faelli, 1786, in-S» de cent cinquante-deux
pages. Cet écrit fut publié par Sacchi pour sa
propre défense, ses ennemis lui ayant reproché
son goût pour la musique, qu'ils considéraient
comme peu com|)atible avec les devoirs d'un
religieux. 8" Fila di Benedelto Marcello,
patrizio veneziano ; Venise, 1789, in-8».
Celte notice n'est que la traduction de la vie
du célèbre musicien, écrite en latin par le
P. Fontana, et imprimée dans le neuvième
volume des Fitx Italorum doclrinq excellen-
tium de Fabroni. La traduction de Sacchi a
été réibnprimée en tête de l'édition des
Psaumes de Marcello, publiée à Venise, en
1801 et années suivantes (pages 17-30). 9° Al
nobil signore signor conte Giordano Riccati.
Risposta del P. Giovenale Sacchi délia con-
gregazione di S. Paolo. Cette réponse à une
lettre de Riccati concernantl'histoire de la mu-
sique théorique et pratique en Italie, est datée
du 21 octobre 1788. Elle a été publiée dans
le quarante -deuxième volume du Nuovo
giornale de' Letterati d'Italia (année 1790,
pages 158-291). On a aussi du P. Sacchi une
défense de quelques-uns de ses ouvrages dans
un recueil polémique intitulé : Lettere delSig.
Francesco- Maria Zanotti, dol P. Giamb.
Martini e del P. Giovenale Sacchi, Accade-
mici del Istituto di Bologna, nelle quali si
propongono di risolvere alcuni dubbj ap-
parlenenti al Tratlato délia divisione del
tempo nella musica, nel ballo e nella poesia,
pubblicato a Milano l'anno 1770, e aW
allro : Délie quinte successive nel contrap-
punto, etc.; Milan, 1782, in-4''.
SACCIllNI ( ANTUINE-MARIE-GASPAnO ) ,
compositeur distingué, naquit non à Napics
en 1735, comme le prétendent tous les liio-
grai)hes, d'après une notice de Framcry, mais
SACCHINI
361
à Pouzzolcs (Pozziioli), le 23 juillet 1734, sui-
vant un acte authentique recueilli par Sel-
vaggi {voyez ce nom), et'qu'il a bien voulu me
communiquer. Fils de pauvres pêcheurs, il
était destiné à la profession de ses parents,
mais le hasard ayant conduit Durante à Pouz-
zoles, ce mailrc entendit chanter des airs po-
pulaires par le Jeune Sacchini, et fut si satis-
fait de la justesse de ses intonations et de son
intelligence animée, qu'il le demanda à sa fa-
mille, et le fil entrer au Conservatoire de
Santo-Onofrio (1). Après y avoir étudié les
principes de la musique, Sacchini apprit à
jouer du violon, sous la direclion d'un maître
nommé Nicolas Forenza, et acquit sur cet
instrument un certain degré d'habileté. A la
même époque, Gennaro Manna (voyez ce
nom) lui donna des leçons de chant. Devenu
élève de Durante, il étudia sous sa direction
l'harmonie et le contrepoint. Ses condisciples
étaient Piccinni et Guglielmi, tous deux plus
âgés que lui. Le mailre disait quelquefois à
ses antres élèves : « Vous avez un rival diffî-
« cile à vaincre : si vous ne faites beaucoup
« d'efforts, au moins pour l'égaler, il restera
» seul, et ce sera l'homme du siècle. » Ce ri-
vîl,cet homme du siècle, suivant l'opinion de
Durante, c'était Sacchini. Au moment de la
mort de son maître (1755), celui-ci était âgé
de vingt et un ans. Dans l'année suivante, il
«omposa un intermède en deux parties inti-
tulé : Fra DonatOf qui fut exécuté avec beau-
coup de succès par les élèves de l'école. Sorti
du Conservatoire, il se livra à l'enseignement
du chant, écrivant de temps en temps quel-
ques petits opéras en dialecte napolitain pour
les théâtres de second et de troisième ordre.
Ces ouvrages le firent connaître avantageuse-
ment, et lui procurèrent un engagement en
1702, pour composer un opéra sérieux qui fut
joué avec succès au théâtre Argentina de
Home. Le bon accueil qu'il reçut alors dans
cette ville le décida à y fixer son séjour. Il y
resta sept années, pendant lesquelles il fit des
excursions en plusieurs villes d'Italie pour y
écrire des ^opéras sérieux et bouffes. Le grand
succès de son Alessandro neW Indie, joué à
Venise, en 1768, lui fit obtenir la place de di-
recteur du Conservatoire de l'Ospedaletto,
dans la même ville. Il en prit immédiatement
possession, et pendant le peu d'années qu'il
(1) Suivant une lettre de Piccinni, ce serait au Con-
servatoire de Sanla Maria c/tiLorfto que Sacchini aurait
fait SCS cluilps, sous la direclion de Durante; mais ce
niaitrc no fut Jamais aiiaclic au Conservatoire de ce
nom.
l'occupa, il forma d'excellents élèves pour I«
chant, particulièrement la Ferrarese, qui
passe pour avoir été sa maîtresse. Il écrivit,
pour beaucoup de couvents et d'églises, des
messes, des vêpres et des motets, oit se faisait
remarquer un style élégant, gracieux, et des
mélodies pleines d'une expression douce et
tendre. Burney le connut à Venise en 1770:
il jouissait alors d'une grande réputation et
venait décomposer, pour le théâtre dePadoue,
Scipione in Cartagine, dont le succès avait
été complet. Ses œuvres dramatiques se com-
posaient déjà alors de quarante opéras sérieux
et de dix bouffes, quoiqu'il ne fût âgé que de
trente-six ans.
Vers la fin de 1771, Sacchini fit, en Alle-
magne, un voyage de quelques mois, et com-
posa pour les théâtres de Munich et de Stutt-
gard deux opéras peu connus. Arrivé à Lon- '
dres, au mois d'avril 1772, il y fit jouer
d'abord quelques-uns de ses anciens opéras;
puis, il donna, au théâtre du Roi, i7 Cid (jan-
vier 1773), Tamerlano, un mois après, Zucio
Fero (décembre 1773), et dans l'année 1774,
Nitetli et Perseo. Rauzzini (voyez ce nom),
alors premier ténor au Théâtre-Italien de Lon-
dres, avait été lié d'amitié avec Sacchini et lui
fut d'abord utile en se chargeant des rôles que
le compositeur lui confia ; mais plus tard ils se
brouillèrent, et l'inimitié du chanteur causa
des chagrins au maître napolitain; car Rauz-
zini se prétendit auteur de (|uelques-uns des
plus beaux airs des opéras de Sacchini, etcette
calomnie, dont l'évidence était palpable, trouva
des échos dans la société. Le goiit passionné
de Sacchini pour les femmes, son luxe, ses
dépenses trop considérables pour ses revenus,
lui avaient fait beaucoup d'ennemis, et avaient
diminué le zèle de ses protecteurs. Sa santé
s'était altérée; ses travaux n'avaient plus la
même activité, à cause de ses préoccupations
par suite du mauvais état de ses affaires. En-
fin, les choses en vinrent au point qu'il fut
obligé de s'éloigner de l'Angleterre pour se
sousli*aire aux poursuites de ses créanciers, et
de se rendre à Paris, en 1782, sur l'invitation
de Framery, qui avait fait connaître sa mu-
sique dans cette ville, en traduisant de l'ita-
lien son Isola d'Amore, sous le titre de la
Colonie.
L'arrivée de Sacchini fit peu de sensation à
Paris, parce qu'on y était encore préoccupé
desquerellesdesGluckisles et desPiccinnistes.
Le séjour de Joseph II à Paris fut une heu-
reuse circonstance pour le coniposilcui-, car
ce prince, qui n'aimait que la musique ila-
3G2
SACCHINI
tienne, parliciiliùrcmcnt celle de Saccliini, le
recommanda à sa sœur (Marie-Anloinelle,
reine de France), donl la prolcclion écarla les
obstacles <|tii s^opposaicnt à la représenlalion
de ses ouvrages à l'Opéra. Framery l'avait
aidé dans l'arrangement de son Rinaldo pour
la scène française. De nouvelles scènes y
avaient été ajoutées, et plusieurs airs avaient
élé refaits : l'ouvrage parut le 23 février 1783,
et n'ol)lint <in'un"médiocrc succès. Un autre
essai du même genre fut tenté dans la traduc-
tion et l'ariaugement de l'opéra sérieux II
gran Cid, sous le titre de Chimène, et ne fut
pas plus heureux, quoique ces deux ouvrages
renfermassent de grandes beautés. Dardanns,
écrit par Saccbini sur le poème de l'ancien
opéra français, réduit en trois actes, ne reçut
non plus qu'un froid accueil, en 1784. Saccbini
avait acbevé sa belle partition (VŒdipe à Co-
lorie, au commencement de 1785 : cet ouvrage
était destiné à l'Opéra; mais le compositeur
n'eut pas la satisfaction (l'en voir la représen-
tation. Son élève Berton, auteur de la belle
musique de Montanoet Sléphanie et de beau-
coup d'autres opéras, nous a fait connaître
les circonstances qui retardèrent l'apparition
tVŒdipe sur la scène française. Il s'exprime
en ces termes (1) : « La reine Marie-Antoi-
» nette, qui aimait et cultivait les arts, avait
» promis à Saccbini qu'Œdtpe serai tic premier
» ouvrage qu'on représenterait sur le théâtre
» de la cour, au voyage de Fontainebleau.
» Saccbini nous avait fait part de cette bonne
» nouvelle et continuait à se trouver, selon son
j> usage, sur le passage de Sa Majesté, qui, en
» sortant de l'office divin, l'invitait à passer
» dans son salon de musique. Là, elle prenait
» plaisir à entendre quelques-uns des plus
» beaux morceaux d'./^n;ireef^re/ma (opéra
» deGiiillard auquel Saccbini Iravaillaitalors).
» Ayant remarqué que, plusieurs dimanches
1» de suite, la reinesemblait éviter ses regards,
» Saccbini tourmenté, inquiet, se plaça un
» jour si ostensiblement devant Sa Majesté,
n qu'elle ne put se dispenser de lui adresser
» la parole. Elle le reçut dans le salon de mu-
» sique et lui dit d'une voix émue : Mon cher
» Saccbini, on dit (|uc j'accorde trop de fa-
» veur aux étrangers. On m'a si vivement
» sollicitéedefairereprésenter,au lieudevotre
» Œdipe, la Phèdre de M. Lemoine, que je n'ai
> pu m'y refuser. Vous voyez ma position;
> pardonnez-moi.
» Saccbini, s'cflPorçant de contenir sa dou-
(I) Caztut musicttUde Paris, anmie I83j, n» 12.
» leur, fit un salut respectueux et reprit aussi-
» tôt la route de Paris. Il se fit descendre chez
» ma mère. Il entra loutéploréet se jeta dans
» un fauteuil. Nous ne pûmes obtenir de lui
» que des ,mots entrecoupés : 3/a bonne
» amie, mes enfants, je souis oun homme
» perdou; la reine il ne m'aime piou! I.u
n reine il ne m'aime piow.' Tous nos effort*
» pour calmer sa douleur furent vains. Il no
» voulut point se mcltre à table. Il était très-
» goutteux; uneop|)ression excessive nous in-
» quiétait déjà. MM. Gaillard, Loraux et moi,
» nous le reconduisîmes chez lui ; il se mit au
» lit, et trois mois après il avait cessé do
« vivre. » Saccbini mourut le 7 octobre 178G,
à l'âge de cinquante-deux ans. Il laissait ina-
chevée sa partition iV^rvire et Evelina : Rey,
chef d'orchestre de l'Opéra, la termina d'une
manière satisfaisante. A peine Saccbini eut-il
fermé les yeux, que ceux mômes qui l'avaient
persécuté pendant sa vie se réunirent pour lui
rendre des honneurs : tous les artistes assis-
tèrent à ses obsèques; son éloge fut prononcé
à l'Académie des Enfants d'Apollon, on l'im-
prima dans les journaux, son portrait fntgravu
par plusieurs artistes, et François Caradori,
statuaire delà cour du grand-duc de Toscane,
fit son buste pour la chapelle du Panthéon de
Rome. Œdipe à Colone fut représenté le
l'"" février 1787 et produisit une profonde
imjiression. Son succès eut chaque jour plus
d'éclat ; Dardanus, si dédaigné dans sa nou-
veauté, fut remis en scène à plusieurs reprises;
enfin, yirvire et Evelina, œuvre posthume de
son auteur, fut accueilli avec faveur.
Comme la |)iui)art des compositeurs italiens,
Saccbini avait écrit dans sa jeunesse un grand
nombre d'opéras avec la négligence insépa-
rable d'une trop grande rapidité dans le tra-
vail; mais au milieu de ces négligences, on
trouve de nobles et pures cantilènes, dont la
suavité fut toujours le caractère dislinclif de
son talent. En avançant en âge, il donna plus
de soins à ses productions, mais il perdit peut-
être quelque chose de la verve de sa jeunesse :
on ne retrouve ni dans Dardanns, ni mémo
dans la belle partition iVŒdipe, la chaleu-
reuse inspiration de quelques morceaux de
VAlessandro neW Jndie et de VAndro-
macca. Nul compositeur de l'ancienne école
d'Italie n'a mis plus de charme dans les airs ;
on en connaît une multitude, même dans ses
opéras les moins heureux, remarquables par
la grâce et le naturel des mélodies. Saccbini
écrivait avec pureté, élégance, et trouvait
dans son instrumentation de beaux effets par
SACCHINI — SACELLUS
303
des moyens fort simples, quoiqu'il ait eu sous
ce rapport moins d'originalité que Gluck. Sa
partition d'Œdipe à Volone est le plus com-
plet de ses ouvrages; il s'y élève quelquefois
au sublime de la simplicité antique. Les rôles
d'OEdipe et d'Anligone, ainsi que les cliœurs,
sont surtout d'une beauté achevée; n'eùt-i!
laissé que ce témoignage de son talent, son
nom brillerait avec éclat dans l'histoire de
rart.
On ne connaît point aujourd'hui les titres
<le toutes les productions de ce musicien dis-
tingué, et ce n'est pas sans peine que J'ai pu
recueillir ceux dont je vais donner la liste. Il
a écrit pour l'église : 1" Miserere a T) voci e
stromenti. 2" Kyrie cum Gloria a4vvci, con
strojnenti ecl orf/ano. ô° Credo à quatre voix
et orchestre. 4" Messe à cinq voix et oixliestre.
5" Messe à deux chopurs et deux orchestres
(Venise, 1770). 6° Dixit à deux chœurs, vio-
lons, violes, basse et orgue. 7" Dixit à quatre
voix, deux violons, alto et basse. 8° Autre
Dixit à quatre voix,deux violons, alto, basse et
orgue. 9° Tanliim ergo à quatre voix et in-
struments. 10" Tantum ergo à trois voix
et instruments. Il» Les cinq psaumes de
complies à cinq voix. 12" Lxtatus sum ,
psaume pour voix de soprano et chœur.
1ô" Idem pour soprano, contralto et chœur.
14" Salve Regina pour contralto, deux vio-
lons, viole et basse. 15" Autre Salve Regina
pour soprano, deux violons, viole et basse.
10" Cantate à trois voix pour la fêle de Noël.
OnATonios. 17»jE'st/(er,à(iuatre voix, chœur et
orchestre. 18° Saint Philippe, à trois voix,
deux violons, viole et basse. 19° I Maccabei,
à cin<| voix, chœur et orchestre. 20" Jefle,
idem. 21» Le Nozze di Ruth, à quatre voix,
deux violons, alto et basse. 21" (bis) L'Umiltà
esaltata, oratorio à trois voix pour la fête de
sainte Anne , à Naples (décembre 1764).
Opéras. 1" Fra Donato, intermède en deux
parties, au Conservatoire de Santô-Onofrio, en
1756. 2" L'Olimpia tradita, au théâtre des
Fiorentini, en 1758. 3" Il Copista burlato^au
théâtre7VMOro,dansrautomnedel759.4"/due
Fratelli beffati, au même théâtre, en 1760.
5" / due Baroni, aux Fiorentini, en 1762.
6" Semiramide, au théâtre Argenlina, de
Rome, 1762. 7" Eumene, à Rome, 1763; An-
dromacca, à Florence, 1763. 8°// gran Cid,
à Rome, 1764. Cet opéra fut chanté par Guar-
ducci, Bracci, et le ténor Arcangelo Cortoni.
9" L'Amor in Campo, il)id., 1704. 10»/.wc2O
Fera, au théâtre Saint-Charles, le4 novembre
1764. Cet o'péra fut chanté p.nr la Gabricli et
parle célèbre ténor RaflT. 11° Za Contadina
in Cor te, à Kome, 1765. 11° L' Isola d' Amore ^
dans la même ville, 17G6. Cet opéra a été tra-
duit en français, sous le titre de la Colonie.
13° L'OlimpiadCj à Milan, 1767. 14" Arta-
serse, au théâtre Argenlina, de Rome, en
1768. Les célèbres sopranistes Guadagni cL
Louis Bracci chantèrent les premiers rôles de
cet ouvrage. 15" Alessandro neW Indie, à
Venise, en 1768. \G° Scipione in Cartagine,
à Padoiie, en 1770. 17" Calliroe, à Stuttgard,
en 1770 18° Ezio, en trois actes, à Naples.
19" Alessandro nell' Indie, avecune musique
nouvelle, à Turin. '10° L'Olimpiade, avec une
musique nouvelle, à Venise. 21° IMcoslrate.
22" Alessandro Severo. 23" Adriano in Si-
ria.M" L'Eroe cinese, à Munich, en 1771.
'i'6° Armida, à Milan, 1772. 26" Fologese,i\
Parme. 1772. 27° Il gran Cid, à Londres, jan-
vier, 1773, ancien opéra de Rome ictouclié.
28" Tamerlano , à Londres, février 1773.
29" Niletti, à Londres, 1774. 30" Perseo^
ibid.,1774. 31" Montesuma,\\w\. 1775.32" Il
Creso, ibid., 1775. 33" Erifile, ibid., 1776.
34" L'Amor soldato, ibid., 1777. 55" JlCa-
landrino, ibid., 1778. 56" Enea e Lavinia,
1779. 37" Renaud, traduction française et ar-
rangement de l'opéra italien Rinaldo ed Ar-
mida, à Paris, février 1783. 58" C/i/wè/je,
traduction française et arrangement de ro|)éra
italien II gran Cid, ibid. 39" Dardanus,
grand opéra, ibid., 1784. 40° Œdipe à Co-
lone, en trois actes, ibid., 1787. 4!" Ar-
vire et Evelina, en trois actes, non achevé,
terminé par Rey, et joué à Paris, en 1787.
Mi'siQCE INSTBUMEKTALE. 1» Six trios pour deux
violons et basse, op. 1; Londres. 2° Six qua-
tuors, pour deux violons, alto et basse; ibid,
3" Six sonates pour clavecin avec accompa-
gnement de violon, op. 3; Paris et Londres.
4° Six idem, op. 4; ibid.
Hesmart, membre de la Société d'Apollon,
a fait imprimer un éloge de Sacchini; Paris,
1787, in-8" de vingt pages, avec portrait,
et Framery en a publié un autre dans le
/oMrnaZencj/c?ope'd[îgMe,dn 15décembre 1786.
SACELLUS (Ltoy), maître de chapelle
de la cathédrale de Vjcence, vers 1600, est
connu parun ouvrage intitulé: Flores musicx y
2, 3 e 4 vocum; Anvers, 1619.
On trouve dans le catalogue de Mayence, de
1607, l'indication d'un autre Sacellus, sur-
nommé Asprilius, auteur d'un recueil inti-
tulé : Sacras cantiones qtix vulgo motect^
appellantur octonis vocibus concinendsey
Francfort, 1606.
364
SACHE — SACRATI
SACIIK (le P. E.), piétrc de la congréga-
lion du séminaire de Jésus et Marie, né en
Normandie, vers le milieu du dix-seplième
siècle, est auteur d'un traité du plain-chant
intitulé : Traité des tons de l'église selon
l'usage romain; Lisieux, R. le Boullanger.
1G76, in -8'.
SACHS (Hans ou Je4Ii), célèbre maître
chanteur allemand, naquit à Nuremberg, en
1486, selon quelques biographes, ou en 1494,
suivant d'autres. Il exerça longtemps la pro-
fession de cordonnier, avant de pressentir lui-
même et de faire connaître son talent pour la
poésie; mais ayant reçu des leçons de Léonard
Nunnenbeck, maître chanteur (yVeJiiersarnflfer)
alors fameux, il abandonna son métier pour
cultiver les lettres et la musique, et se fit
maître d'école à Nuremberg, puis vécut à
Strasbourg, à Meiningen, et en dernier lieu à
Augsbourg. Ami de Luther, et partisan déclaré
de la réformalion,il composa pour la nouvelle
Église un grand nombre de cantiques, dont il
fit aussi les mélodies. On lui attribue celles
des chants Mlein auf Gott setz dein Fer-
traum, den Fater dort oben, etc., et Es
tcird schier der letzte Tag verkommen, etc.
Ilans Sachs eut une rare fécondité dans ses
travaux, car, dans l'espace de quarante-deux
anS; il traduisit et mit en chants la plusgrnndc
partie des psaumes (I), les proverbes <le Sa-
lomon, la plupart des épitres et évangiles,
PEcciésiaste, une grande partie du Livre de la
sagesse, composa vingt-six comédies et vingt-
sept tragédies spirituelles, cinquante-deux
comédies et vingt-huit tragédies profanes,
soixante-quatre farces de carnaval, cinquante-
neuf fables, cent seize contes allégoriques,
trois cent sept poèmes tant sacrés que pro-
fanes, et cent quatre-vingt-dix-sept saillies
ou contes comiques, en tout six mille qua-
rante-huit pièces. Les opinions sont partagées
sur l'époque de la mort de ce maître chanteur :
les uns veulent qu'il ait cessé de vivre le
25 septembre 15G7; d'autres prolongent son
existence jusqu'au 25 janvier 1576 (2).
SACHS (Jules), pianiste et compositeur,
né à Meiningen, en 1830, a fait ses études
musicales à Francfort, et y a reçu des leçons
de F. Kessieret de J. Rosenhain. Fort jeune
encore, il visita Wcimar, Gotha, Paris et
(1) Cyriae Spangcnberg (voyez ce nom], auteur d'un
éloge de la musique, dont le manuscrit est a la Biblio-
thèque de Strasbourg, réduit & treize le nombre de
mélodies composées par Sacbs.
(i) Cyriac Spangenberg, qui écrivit en 1598 l'ouvrage
tile ci-dessus, fixe Udate de la mort de Uans Sachs au
SO janvier IU73.
Londi*es, mais il fut peu reiiiar(|ué dans ces
deux dernières villes. Dans ses premières com-
positions, il affectait des formes bizarres et
visait à l'originalité; dans la suite, il modifia
sa manière et revint aux traditions classiques.
Parmi .ses premières productions, on cite
Chanson d'amour, pour piano seul, trois
mélodies sans paroles, étude et caprice carac-
téristique, des Lieder, et une ouverture de
concert à grand orchestre qui a été exécutée
en Allemagne.
SACHSE (Rodolphe), professeur de
violon au Conservatoire de Leipsick, membre
de l'orchestre du théâtre et des conceris du
Gewandhaus, mort jeune, le 17 avril 1848,
s'est fait connaître par quelques compositions
pour son instrument, parmi lesquelles on re-
marque : l'Trois Élégies pour violon, avec ac-
compagnement de piano, op. 4; Leipsick,
Kistner. 2" Introduction et variations sur un
thème de la Fille du régiment, pour violon et
orchestre, op. 5 ; ibid.
SACR (Jean-Philippe) , organiste dis-
tingué, naquit en 1722, à Ilarzgerode. dans la
principauté d'Anhalt-Rernbourg. Après y
avoir fait ses premières études de musifiue, il
alla à Magdebourg remplir les fonctions de
l)récepleur des orphelins. Il y continua l'étude
de l'orgue et de l'harmonie sous la direction
de Gi-af, alors organiste à l'église de Saint-
Ulric. En 1747, il passa à Berlin, où il fut or-
ganiste de la cour et du Domkirche. En 1749,
il fut un des fondateurs de la Société des
amateurs de musique. Sack est mort à Berlin,
en 1763. Marpurg cite de la composition de
cet artiste des concertos et des sonates de cla-
vecin dont il fait l'éloge. On a imprimé, à
Berlin, des Lieder^ des Odes morales et un
psaume avec accompagnement de clavecin
composés i)ar Sack.
SACIIATI (François-Paul), compositeur
dramatique, né à Parme, au commencement
du dix-septième siècle, fut considéré comme
un (les musiciens habiles de son temps. Le
3 juin 1649, il obtint la place de maître de la
chapelle ducale de Modène, sous le duc Fran-
çois ler; mais il ne jouit pas longtemps des
avantages de cette position, car il mourut le
20 mai 1650. On connaît sous son nom les
titres des opéras suivants : 1" Délia, a siala
Sera, sposu del Sole , représenté au théâtre de
Saint-Juan et Saint-Paul, à Venise, en 1639.
2° La finla Pazza, au théâtre Novissimo de
Venise, en 1641. o" Bélier o fonte, au même
théâtre, en 1642, et à Bologne, en 1649.
4° Fenere ijclosa, au même théOilrc, en 1643^
SACRATI — SAINNE
3G5
S" Ulisse errante, an Ihéâtrc Saint-Jean et
Saint-Paul, en 1644. G«'Proserpina rapilu, à
Venise, en 1644, et à Bologne, en 1696. 7» Se-
miramide in India, au théâtre San-Cassiano,
de Venise, en 1648. LafintaPazza fut le pre-
mier opéra représenté sur le théâtre iVouisijmo
de Venise, appelé aussi il teatre délia Cavalle-
rezza. Son succès fut un des plus beaux (|u'on
eût obtenus jusqu'à cette époque. L'éclat de
ce succès décida le cardinal Mazarin à faire
venir de Venise une troupe de chanteurs ita-
liens qui exécutèrent l'ouvrage de Sacrali au
palais du Petit-Bourbon, à Paris, le 23 février
16415. La Borde dit {Essai sur la musique,
t. I, p. 12Ô) que le premier opéra italien que
Mazarin fit entendre à la cour de France fut
Ercole amante, et que cet ouvrage fut joué
au Louvre, en 1644; enfin, queLully en fit les
airs de ballets : tout cela est plein d'erreurs.
En 1644, Lully n'était âgé que de onze ans et
n'était pas en France : Ercole amante ne fut
représenté que pour le mariage de LouisXIV,
qui n'eutlicu que quinze ans après la représen-
tation de la finta Pazza, c'est-à-dire le 9 juin
1660. La finta Pazza eut aussi un brillant
succès à Bologne, en 1647 (voyes la Drama-
turgia d'Allaci, éd. de 1755, p. 356).
SACRÉ (Louis-JosEPn), chef d'orchestre
de bals et compositeur de musique de danse,
est né à Bruxelles, en 1812. Il a fait ses
études musicales à l'école royale de musique
de cette ville et a obtenu un prix d'harmonie,
en 1829. Ayant été nommé chef d'orchestre
des bals de la cour, en 1834, il occupe encore
cette position (1864). M. Sacré a aussi fondé,
avec M. Singelée {voyez ce nom), les concerts
d'été du Jardin zoologique et en dirige l'or-
chestre. Ses premières productions consistent
en différents ouvrages de musique de chambre;
plus tard il s'est livré exclusivement à la com-
position d'airs de danse : ses ouvrages en ce
genre se distinguent par l'originalité des
rhythmeset par une instrumentation brillante.
M. Sacré est décoré de l'ordre royal du Christ
de Portugal.
SAEMANîV (Charles-Hesri), directeur de
musique, professeur de l'université, et orga-
niste de l'église paroissiale de la vieille ville,
à Kœnigsberg, naquit dans cette ville, en
1790. Il obtint sa place d'organiste en 1814,
et celle de directeur de musique à l'université,
en 1824. Il est mort à Kœnigsberg, au mois de
février 1860. Saemann s'est fait connaître
comme compositeur par plusieurs suites de
pièces d'orgue, et par un oratorio intitulé :
Die Auferslehung {la Résurrection). Comme
écrivain sur la musique, il a publié d'abord
un livre qui a pour titre : Gedanken iiber den
Choral (Idées sur le chant choral);- Kœnigs-
berg, 1819, in-S"; enfin, il est auteur d'un
excellent livre intitulé : Der Kirchengesang
unserer Zeit (le Chant d'église de noire
temps); Kœnigsberg, 1854, in-8» de deux cent
soixante et une pages. Cet ouvrage est divisé en
trois parties qui traitent 1° du choral; 2» delà
liturgie; 5° de la musique d'église.
SAGER (Henri), né dans le pays de Dith-
marschen, au duché de Holstein, vers 1595, fit
ses éludes au Lycée de Rostock, et y prononça,
le 16 mai 1607, un éloge de la musique qui a
été publié sous ce litre : Oratio de musicx
laudibus et prxstantia, in florentissimo
Academix Rostochianx Lgcxo, viris reve-
rendis, clarissimis, consuUissimis et doctis-
simis prxsentibus, publiée in auditorio
magno die 16 mai», anno 1607, recitata ah
Henrico Sagero , Dithmarso; Rostochii ,
anno 1607, 10-4" de trois feuilles.
SAGEIIET (H. -P.), ancien acteur, puis
directeur du théâtre de la République et de
l'Opéra national de la rue Feydeau, ne réussit
pas dans cette dernière entreprise, et fut mis
en faillite. Il rendit compte de sa gestion dans
une brochure intitulée : Mémoire et comptes
relatifs à la réunion des artistes, à l'admi-
nistration des trois théâtres de la Répu-
blique, de l'Odéon et de Feydeau ; Paris, Le-
lellier, brumaire an VIII (1800), !n-4°.
SAGITTARIUS. Foyez SCHIJTZ
(Henri).
SAILER (Léonard), né à Ulm, au com-
mencement du dix-septième siècle, fut musi-
cien aulique et organiste du prince de Bade, à
Baden et Hochberg. Il a fait imprimer de sa
composition : Cantiones sacrx unius, dua-
rum, trium et quatuor vocum, cum instru-
mentis et basso continuo; Basilex, typis
Johann. Conradi à Jf/ochel, 1646, in-4''.
SAIINTVE (Lambert DE), ou DE SAYNE,
fils de Rodolphe de Sainne, qui fut organiste
de la cathédrale de Rouen depuis 1499 jus-
qu'en 1514, naquit dans cette ville et fut en-
fant de chœur de la même église, ainsi qu'on
le voit dans les comptes de la maîtrise. Il entra
au service de la chapelle impériale de Vienne,
en qualité de chantre, et il s'y trouvait encore
lorsque l'empereur Ferdinand I"" mourut, le
25 juillet 1564. Pierre Joannelli {voyez ce
nom) a recueilli dans son Thésaurus musicus
trois motels de ce musicien : le premier, à
quatre voix {Flerodes rex iratus), est dans le
troisième livre de cette collection; les dtux
ÎG6
SAINNE — SAINT-AUBIN
Qiilres, à cinq voix {Hic est Martinus electus
Deipontifex et Ecce sacerdos magnus), sont
<laDs le quatrième livre.
SAII^T-AMANS (Lodis-Joseph), né à
Marseille, le 26 juin 1749, fut destiné au bar-
reau dès sa jeunesse, et mis au collège pour y
faire ses études ; mais son penchant pour la
musique lui fit quitter le rudiment pour s'at-
tacher, en qualité d'accompagnateur, à une
troupe de chanteurs italiens qui donnait des
représentations dans le Midi de la France;
puis il alla en Italie, où il voyagea pendant
trois années à la suite d'un baron suisse qui
lui faisait donner des leçons de musique à ses
enfants. Au commencement de 1769, il se
rendit à Paris et débuta par le motet à voix
seule Cantate Domino, qui fut exécuté au
Concert spirituel avec quelque succès. L'année
suivante, il fit représenter au théâtre de la
Comédie HaUenne, Jlvar et Mincia, opéra en
trois actes, qui fut suivi de la Coquette de
village, en deux actes (1771 ) ; du Poirier, en
un acte (1772), etdu Médecin d'amour, en un
acte (1773).Plusieursopéras et ballets de sa cora-
posilion furent ensuite répétés à l'Opéra, mais
ils n'obtinrent pas les honneurs delà représen-
tation. En 1776, Saint-Amans écrivit la mu-
sique de la Mort de Didon, ballet de Gardel
aîné, qui fut joué avec succès sur le théâtre de
la cour. En 1777, il fit exécuter au Concert
spirituel l'oratorio David et Goliath. Appelé
à Bruxelles l'année suivante, en qualité de
chef d'orchestre du théâtre, il y fit jouer
Daphniset Thémire, pastorale, l'Occasion,
et la Fausse Veuve, opéras-comiques. Psyché
et l'amour, pastorale de Voisenon, et la Ro-
sière de Salency, avec une nouvelle musique.
De retour à Paris, en 1784, il obtint une no-
mination de professeur à l'école royale de
musique qui venait d'être établie parle baron
de Breteuil, et dans le même temps, il écrivit
pour l'Opéra la Fête de Flore, en un acte. En
1785, il composa pour le théâtre de la cour le
Prix de l'arc, opéra-comique en un acte. Cet
ouvrage fut suivi de ZoureHCB; en un acte, joué
en 1790, à Parisetà Strasbourg; deNinctleà la
cour, avec une isouvelle musique, en 1791 ; de
l'J/eureux démenti, en deux actes (1794), d'.<^s-
pasie, en deux actes, (1793), le Pavire homme,
cl la Fête de la paix, en 1797. Deux ans après,
il donna, au Théâtre des Jeunes Artistes, la
Tireuse de caries, en un acte, et en 1802,
Chacun a son plan, au théâtre de la Porte-
Saini-Martiii. Sainl-Amans avait été nommé
profcs'cur <Ui Conservatoire à l'époiiue do la
roDdatioo de cette Ccolc ; fiapi)c par la icfoinic
de 1802, il alla s'établir à Brest, et y composa
des cantates, des oratorios, des sonates de
piano et de la musique d'église. Il publia, vers
le même temps, une Table élémentaire des
accords, contenant leur nomenclature, les
notes sur lesquelles ils sont employés, leurs
sons fondamentaux , l'énuméralion des in-
tervalles qui les composent, le chiffre qui les
désigne, etc.; Paris, Porro, 1802, in-4» gravé.
Sainl-Amans est mort à Paris, vers 1820.
SAINT AMBllOISE. Foyez A3I-
BROISE (S).
SAINT ATIIANASE, patriarche d'A-
lexandrie, naquit dans celle ville, vers l'an
296. Après avoir terminé ses études, dirigées
par saintAlexandre, archevêque d'Alexandrie,
il assista au concile de Nicée, puis succéda à
son maître, accueilli par les vœux unanimes
du clergé et du peuple. L'histoire de ses luîtes
avec l'arianisme etdes persécutions auxquelles
il fut en butte, n'appartient pas à celte Bio-
graphie. Saint Alhanase mourut à Alexandrie,
en 573, après quarante-six ans d'épiscopat.
Saint Augustin nous apprend dans ses Con-
fessions (lib. 10, ch. 33) que saint Alhanase
avait élabli dans l'église d'Alexandrie une
psalmodie beaucoup plus simple et moins
ornée (|ue celle dont on faisait usage dans les
autres églises d'Orient. « Je pèche (dit-il) par
» excèsde sévérité, lorsque je désire voir pour
» jamais éloigner de mes oreilles et de celles
» de l'Église les chants harmonieux dont on a
» coutume d'orner les psaumes de David; et
» j'estime plus utile ce que je me souviens
» d'avoirsi souventouïdirede saint Alhanase,
» patriarche d'Alexandrie, qu'il les faisait
» chanter avec si peu d'inflexion de voix, que
n celui qui les récitait semblait plutôt parler
» que chanter. «
SAINT - AUBIN ( Jeanne - Ciuiilotte
SCIIUOEDER), actrice célèbre de la Co-
médie italienne et de rOpéra-Comique,na(|uil
à Paris, le 9 décembre 1764. Fille d'un direc-
teur de spectacles de province, elle débuta à
l'âge de neuf ans, au petit théâtre de la cour,
par le rôle de la fée Ninette, dans l'opéra
iV Acajou, de Favart. Le roi Louis XV, charmé
(le sa finesse et de ses grâces enfantines, lui
donna des applaudissements. Attachée à la
troupe de madcmoisel'e Monlansicr, qui ex-
ploi tait les théâtres de Versailles et de plusieurs
villes de province, elle joua à Bordeaux, en
1778, et à Lyon, en 1781. Au moisde novembre
1782, elle épousa Saint-Aubin, acteur du
même théâtre. Madame Saint-IIuberly, (jui
Tcnteudil à Lyon, fui charmée de son talent,
SAINT-AUBIN — SAINT BASILE
367
et lui obtint un ordre de <ltl)ul à l'Académie
royale de musique de Paris. Madame Saint-
Aubin y parut pour la première fois dans Co-
linetle à la cour, le 26 janvier 1786. Malgré
le succès qu'elle y obtint, elle comprit que le
faible volume de sa voix ni sa petite taille
n'étaient convenables pour une scène si vaste,
et qu'elle serait mieux placée à l'Opc'ra-Co-
iniquc. Sur sa demande, un ordre du ministre
rompit son engagement à l'Opéra, et le 29 juin
1786, elle débuta à la Comédie italienne dans
les rôles de Marine, de /a6'o/om'e,et deDenise,
«le l'Epreuve villageoise. Un biograplie a dit
de sa personne et de son talent, avec beaucoup
<Ic justesse : « Une figure aimable, fine, ex-
» prcssive, une v&ix fraîche et flexible, peu
» étendue à la vérité, mais qui ne manquait
» ni de timbre, ni de mordant, un maintien
» plein de grâce et de décence, une pronon-
>> dation nette, un débit vrai, des gestes
« simples et naturels, l'intelligence et l'habi-
« tudede la scène, un jeu spirituel, lui assu-
« rèrent un triomphe complet. » Tous les au-
teurs voulurent travailler pour une actrice si
remarquable : dans tous les rôles qu'ils lui
confièrent, elle mil le cachet de la perfection.
Il faudrait citer tous les ouvrages qu'elle joua
pour dire ceux où elle se distingua. Également
supérieure dans l'expression des sentiments
pathétiques, dans les ingénuités, dans les rôles
qui exigeaient de la noblesse, et dans les sail-
lies fines et spirituelles, elle portait dans tout
un naturel si parfait, que son jeu semblait
absolument dénué d'art. Reçue sociétaire à
quart de part, en 1788, elle n'eut la part en-
tière que dix ans après, lorsque le prodigieux
succès qu'elle avait obtenu dans le Prisonnier
ne permit plus de lui refuser cet acte de justice.
La faillite du théâtre Favart lui enleva ses éco-
nomies. A la réunion de ce théâtre avec
rOpéra-Comique de la rue Feydeau, elle con-
serva son rang de sociétaire. Dégoûtée des
tracasseries de coulisses, elle quitta la scène
jeune encore, et donna sa représentation de
retraite, le 2 avril 1808. Dix ans après, elle
parut pour la dernière fois sur la scène dans
la représentation au bénéfice de son mari.
Depuis lors elle a vécu dans la retraite avec le
fruit de ses épargnes et la modique pension
acquise par ses travaux. Madame Saint-Aubin
est morte à Paris, le 11 septembre 18j0, à
l'âge de quatre-vingt-six ans.
SAir^iï-AUBlIV (Jean-Dems), fils de la
célèbre actrice dont la notice précède, naquit
à Lyon, le 8 décembre 1783. Admis au Con-
servatoire de musique de Paris, comme élève
pour le violon, au mois de messidor an V
(1797), il en sortit quelques années après, puis
y rentra pour étudier l'harmonie et le contre-
point, le 18 vendémiaire an XIV (1805), et
plus tard y fut employé comme répétiteur des
rôles de la classe de chant. Vers 1809, il publia
de sa composition : \° Six quatuors pour deux
violons, alto et basse, op. 1 ; Paris, chez l'au-
teur. 2° Trois sonates pour piano et violon,
op. 2; ibid. Ces productions semblaient an-
noncer du talent; mais Saint-Aubin mourut
peu de temps après les avoir fait paraître.
S.U>'T-AUBI]>i (Cécile), roijez DURET
(madame).
SAI]>IT-AUBri\ (Alexa^drine), seconde
fille de l'cxcellenle actrice de l'Opéra-Comi-
(|uc, née à Paris, en 1795, débuta au théâtre
Feydeau, en 1809, et y fut applaudie dans
r Opéra-comique, Amhroise, et Paul et Fir-
ginie. En 1810, elle obtint un succès d'en-
thousiasme dans le rôle de Cendrillon, écrit
pour elle par Nicolo-Isouard ; mais dans la
suite elle ne réalisa pas les espérances qu'elle
avait données. Après avoir passé q'uclques
années au théâtre Feydeau dans une sorte
d'oubli, elle se retira et ne reparut plus sur la
scène. En 1812, elle avait épousé Joly, acteur
du Vaudeville, qui jouissait alors de la faveur
publique.
SAII>T AUGUSTIN. Foyez AUGUS-
TIN (AcnÉLiEs).
SAISÎT BASILE, archevêque de Césarée
en Cappadocc, naquit dans cette ville, en 529,
reçut le baptême, en 357, fut ordonné prêtre,
en 364, et succéda à l'évêque Eusèbe, en 370,
sur le siège de Césarée. Il mourut en 379,
universellement regretté pour ses lumières et
ses vertus. Les auteurs du Dictionnaire des
musiciens (Patis, 1810-1811) disent que saint
Basile fut le premier qui introduisit la psal-
modie dans les églises de l'Orient, telle que
saint Augustin l'a établie dans celles de
l'Occident. On ne sait ce que cela veut dire;
car l'usage de chanter les psaumes dans les
églises d'Orient date des premiers temps de la
chrétienté; saint Athanase l'avait trouvé établi
et l'avait modifié longtemps avant que saint
Basile parvînt à l'épiscopat; celui-ci n'a pu
emprunter à saint Augustin cet usage de la
psalmodie, puisqu'il mourut lorsque saint Au-
gustin n'était encore âgé que de quinze ans;
enfin, ce dernier n'a pas établi la psalmodie
dans les églises d'Occident, mais dans les
églises d'Afri(iue, à l'imitation de l'usage de
Rome, qui participait un peu des ornements
du chants des églises d'Orient, tempéré par
3G8
SAINT BASILE — SAINT-GEORGES
une partie de la simplicité de l'église
d'Alexandrie.
SAIINT BERNARD. Foyez BER-
NARD (S.).
SAINT-CYR (Jacques-Antoine REVE-
RONI). roi/. REVERONI-SAINT-CYR.
SAirST-ÉVREMOND (Charles Mar-
GUETEL DE Saint-Denis, seigncuf DE), naquit
à Saint-Denis-le-Guast, à trois lieues de Cou-
tances, le 1" avril 1613. Après avoir fait ses
éludes au collège des Jésuites, à Paris, il
entra au service militaire comme enseigne, à
l'âge de seize ans, et se distingua par sa
bravoure. Le duc d'Enghien, charmé de son
esprit caustique, lui donna la lieutenance de
ses gardes; mais les plaisanteries de Saint-
Évremond n'ayant pas épargné le prince lui-
même, celle faveur lui fut retirée. Courtisan
assidu, bien qu'esprit frondeur, il plut à Ma-
zarin, qui le fit maréchal de cam(). Renfermé
ensuite à la Bastille pour des bons mots contre
le ministre, il rentra en faveur trois mois
après, et conserva sa position à la cour jus-
qu'à l'époque du procès de Fouquet, dont il
avait été l'ami. Une lettre qui contenait des
plaisanteries contre les derniers actes du mi-
nistère deMazarin, fut le prétexte delà sévé-
rité que Louis XIV montra en cette circon-
stance contre Saint-Évremond, qui fut obligé
de se retirer d'abord en Hollande, puis à
Londres, où il passa les quarante dernières
années de sa vie, faisant à la courdeCharles II
le rôle de courtisan qu'il avait eu en France.
Il mourut à Londres, à l'âge de quatre-vingt-
dix ans, le 20 septembre 1703. Cultivant les let-
tres avec esprit et avec goût, il a écrit quelques
bons morceaux, au nombre desquels on ne
peut pas mettre sa Dissertation sur l'opéra,
ou plutôt contre l'opéra. Il appelle ce genre
de s|)ectacle un travail bizarre de poésie et
de musique, où le poète et le musicien, gênés
l'un par l'autre, se donnent beaucoup de
peine pour faire un mauvais ouvrage. Vol-
taire dit qu'en écrivant contre l'opéra, Saint-
Évremond a prouvé seulement qu'ïi avait
l'oreille dure. Cette dissertation se trouve
dans le troisième volume de la première édi-
tion des œuvres de Saint-Évremond, publiée à
Londres, en 1705, trois volumes in-^»; dans
celle des œuvres mêlées (Londres, 1725, quatre
volumes in-12), enfin dans les éditions
d'Amsterdam (1726, sept volumes in-12) et de
Paris, (douze volumes in-12). Il existe une
traduction allemande de cette dissertation
dans un recueil de morceaux de lilléralurc
publié à Lcipsick.
SAINT-GEORGES (le chevalier do), né à
la Guadeloupe, le 25 décembre 1745, était fils
de M. de Boulogne, fermier général, qui l'avait
eu d'une négresse. Amené fort jeune en
France, il y reçut l'éducation d'un homme dir
monde, et montra une aptitude extraordinaire
pour les arts et pour les exercices du corps.
Ayant été mis en pension à l'âge de treize ans,
chez la BoSssière, célèbre maître d'armes, il
acquit en six années une si grande habileté
dans l'art de l'escrime, qu'on l'appela i'ini-
mitable. Doué d'une force de corps et d'une
agilité prodigieuses, il eut dans cet art une
supériorité devenue proverbiale, et brilla
également dans tous les autres exercices. Per-
sonne ne pouvait l'atteindre à la course;
dans la danse, il était le modèle de la perfec-
tion ; excellent écuyer, il montait à cru les
chevaux les plus dilTicilesetles rendait dociles;
il patinait avec une grâce parfaite, et se dis-
tinguait parmi les meilleurs nageurs de son
temps. Élève de Leclair pour le violon, il ac-
quit sur cet instrument un talent égal à celui
des meilleurs violonistes français de son
temps, et brilla dans les concerts par l'exécu-
tion de ses concertos. Tant d'avantages, un
esprit vif et orné, des manières distinguées,
enfin une bonté véritable, procurèrent au
chevalier de Saint-Georges de brillants succès
et une jeunesse heureuse. Admis d'abord dans
les mousquetaires, il devint ensuite écuyer de
madame de Montesson, épouse secrète du duc
d'Orléans, puis capitaine des gardes du duc
de Chartres, dont il fut le confident et l'ami,
Gossec, qui lui avait donné quelques leçons de
composition, s'associa à lui pour la fondation
du Concert des amateurs, dont Saint-Georges
fut un des directeurs et le premier violon.
Avide de tous les genres de succès, il voulut
écrire pour le théâtre : son premier opéra,
intitulé Ernestine, fut joué à la Comédie ita-
lienne, au mois de juin 1777. Laclos en avait
fait le livret, dont la faiblesse entraîna la
chute de la musique : l'ouvrage n'eut qu'une
représentation. Il en fut de même de /a Partie
de chasse, jouée quebiues années après. En
1787, Saint-Georges voulut faire un dernier
essai de son talent pour la composition dra-
matique, et fit jouer, au mois d'août, la Fille
garçon : cette fois il fut |)his heureux, et son
ouvrage obtint quelques représentations. Un
œuvre de sonates pour le violon, cinq con-
certos pour le même instrument avec orchestre,
et des symphonies concertantes, sont les
meilleures productions de cet amateur : elles
ont été publiées par Baiileux et Sicber. En
J
SAINT-GEORGES - SALM-HUDERTY
369
I
voici rindicalion : 1° Sonates pour violon seul
et basse, op. ]"; Paris, Bailleux, 1773.
2» Deux concertos pour violon principal, deux
violons, allô, basse, deux hautbois et deux
cors, op. 2; ibid., 1774. 3» Concerto idem,
op. 3; ibid. 4° Concerto idem, op. 4; ibid.
5" Sonates en trios pour deux violons et basse,
op. 5; ibid. 0» Deux symphonies concertantes
pour deux violons et orchestre, op. 6; ibid.,
1776. 7" Concerto (3") pour violon et orchestre,
op. 7; iftttZ. 8° Deux symphonies concertantes
I)oupdeux violons (2""^ livre); Paris, Sieber.
9" Sonates en trios pour deux violons et basse
(2™' livre); Paris, Bailleux. 10» Deux sym-
phonies concertantes pour deux violons et or-
chestre, o|). 9; Paris, Leduc.
Engagé dans quelques intrigues politiques
au commencement de la révolution, par ses
relations avec le Palais-Royal, Saint-Georges
fut envoyé à Tournai, au mois de juin i791,
par le duc d'Orléans, sous prétexte d'y donner
un concert, mais en réalité pour essayer de
rattacher quekjues émigrés aux intérêts du
prince. Il ne réussit pas dans cette mission, et
reçut même l'ordre de quitter la ville. De re-
tour à Paris, il organisa un corps de chasseurs
à cheval, dont il fut le colonel, et qu'il con-
duisit à l'armée du Nord. Il s'y distingua par
sa bravoure. Victime des excès de la révolu-
tion, il fut arrêté comme suspect, et vraisem-
blablement il aurait péri sur l'échafaud, si la
réaction du 9 thermidor (27 juillet 1794)
ne l'eût rendu à la liberté. Privé de tous ses
revenus par les événements politiques, il
passa ses dernières années dans un état voisin
<le la misère. Un ulcère à la vessie le conduisit
au tombeau, le 12 juin 1799, à l'âge de cin-
quante-quatre ans.
SAI]\T-GERMAII\ (M. DE), inspecteur
de la Société d'assurance française pour le dé-
partement de l'Eure, correspondant du minis-
tère de l'instruction publique pour les travaux
historiques, a publié un écrit qui a pour titre :
archéologie musicale; Caen, 1846, 10-8» de
vingt pages. Cette brochure est superficielle et
sans valeur.
SAINT GRÉGOIRE. Foyez GRÉ-
GOIRE (S.).
SAIINT HILAIRE, évêque de Poitiers,
docteur de l'Église, naquit dans cette ville,
vers le commencement du quatrième siècle.
Élevé dans lo paganisme, il ne l'abandonna
qu'après avoir ac^-evé de brillantes études, et
lorsque la lecture de l'Écriture sainte l'eut
éclairé. Il était marié. Sa conversion fut suivie
de celle de sa femme et de sa fille. Sa piété,
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — I. y/i.
son érudition, son éloquence, le firent élever
à l'épiscopat vers l'an 350. Ardent défenseur
de la foi, il se montra digne de cette haute
dignité par son zèle et son dévouement. Ce
temps était celui du triomphe de l'arianisme :
il le combattit avec force par ses écrits et dans
plusieurs conciles : l'exil auquel il fut con-
damné ne put abattre son courage. De retour
à Poitiers, après quatre ans d'absence, il y fut
reçu comme un triomphateur et y mourut,
en 308. Dans un mémoire rem|)li d'érudition,
M. l'abbé Cousseau, directeur du séminaire de
Poitiers, puis évêque de Luçon, a entrepris de
démontrer que l'opinion qui attribue la com-
position du Te Deum à saint Hilaire, préféra-
blement à saint Ambroise et à saint Augustin,
est la mieux fondée (1). Il y émet aussi la
conjecture très-vraisemblable que les huit
derniers versets du Te Deum n'appartiennent
pas à sa composition primitive, et qu'ils y ont
été ajoutés postérieurement. (Voyez la notice
sur 5at»(^mbrotie.) La composition du (?{ort'a
Patri est attribuée à saint Hilaire.
SAI3iT-UILAIRE (mademoiselle de),
pseudonyme sous lequel a paru un écrit contre
la musique de Rameau, sous ce titre : Lettre
de mademoiselle de Saint- J/ilaire à M. D....
(Daquin); Paris, 1752, in-8». Gossec m'a dit
que, dans sa jeunesse, on croyait que Daquin
fils était l'auteur de cette brochure.
SAI3iT-HUBERTV (Astoikette-Cécile
CLAVEL, connue sous le nom de), actrice
célèbre de l'Opéra de Paris, née à Toul, vers
1756, était fille d'un ancien militaire qui était
musicien, et qui se fit répétiteur d'une troupe
d'opéra français, au service de l'électeur Pa-
latin. Il était encore à Manbeim en 1770,
mais peu de temps après il fut engagé avec sa
troupe pour le théâtre de Varsovie. Le com-
■ positeur français Lemoyne, chef d'orchestre de
cette troupe d'opéra, donna des leçons à ma-
demoiselle Clavel, pendant quatre ans, dans
cette ville, et la fit débuter dans un opéra de
sa composition intitulé le Bouquet de Colette.
De là elle alla à Berlin et y épousa, dit-on, un
certain chevalier de Croisy. Après son ma-
riage, elle fut engagée au théâtre de Stras-
bourg, et y chanta l'opéra pendant trois ans,
sous le nom de mademoiselle Clavel. Appelée à
Paris, elle débuta à l'Académie royale de mu-
sique, le 23 septembre 1777, par le petit rôle
de Mélisse, dans VArmide de Gluck. D'abord
(I) Le mémoire de M. Tabbé Cousseau Sur l'auleur
(la Te Deum est insère dans le S"; volume des Mcmoircs
de la Société des antiquaires de l'Oaesl, l'oilicrs, S.iu-
riii frères, 1837, in-S» (pages 251-2CC}.
24
iTO
SAINT-HUBERTY
l>cu icmaniiiéo, c\lc n'oliliiu (iiu; dos rôles se-
condaiics, et ses défaiiCs seml)laient s'opposer
à ce qu'elle en jouât de plus importants avec
succès- D'une taille au-dessus de la moyenne,
Monde, maigre, et n'ayant aucun trait remar-
quable dans la figure, quoi(|ue sa physionomie
fiU expressive, elle ne rachetait les imperfec-
tions de son extérieur par aucune des grandes
qualités qui s'emparent de l'attention publi-
que. Habituée à pousser tes sons de sa voix
avec effort, elle avait conservé dans son chant
un accent allemand et la prononciation la
plus vicieuse : enfin, ses gestes multipliés et
ses mouvements convulsifs ne semblaient pas
promettre qu'elle acqueri-ait un jour de l'ai-
sance et du naturel à la scène. Cependant,
Gluck sut la deviner, parce qu'il lui trouva de
la chaleur, de l'âme et la ferme volonté de dé-
velopper son talent. Bien qu'elle eût été reçue
la seconde année à l'Opéra, ses appointements
étaient si peu de chose, qu'elle languissait
dans une profonde misère. Elle occupait, dans
la rue du Mail, une mansarde dont un mauvais
lit et une malle, qui servait de chaise, for-
maient tout le mobilier; et, cequi est pis pour
une femme, elle possédait à peine le néces-
saire pour se vêtir. Arrivant un jour à une
répétition, habillée d'une robe noire en mau-
vais état, elle entendit ses rivales dire d'un
Ion railleur : ^h! voici madame la Res-
source (1). — Le mot est juste, dit l'auteur
(VJphigénie en Tauride , car cette femme
sera un jour la ressource de l'Opéra. Les
efforts constants de madame Saint-IIuberty,
l)our corriger ses défauts et développer ses
qualités, justifièrent bientôt ce jugement d'un
grand artiste. La retraite de Sophie Arnould
et de mademoiselleBeaumesnil lui avait permis
<Ie se faire entendre dans des rôles plus im-
portants. En 1780, elle joua celui d'Angé-
lique, dans Roland : ce fut son premier
succès; mais un mois après elle en obtint un
plus beau dans le personnage de Lise, du Sei-
gneur bienfaisant. Elle y eut des accents si
pathétiques, dans une scène de désespoir, que
l'actrice disparut aux yeux du public el que
l'illusion fut complète. Le Thésée, de Gosscc,
lui fournit l'occasion d'un nouveau triomphe;
jnais ce fut surtout dans l'Ariane d'Édelmann,
que son talent dramatique parut dans tout son
éclat, et qu'elle resta sans rivale. Jamais l'ex-
pression des sentiments tendres et passionnés
n'avait été portée si loin sur la scène française.
Peu de temps a|)rès elle prouva, par le rôle
(I) Tertonnagede la comédie du Joueur, de Regnard.
de Rosette, de VEmharras des richesses,
qu'il n'y avait pas moins d'esprit et de finesse
dans son talent, que d'énergie et de sensi-
bilité. Celui d'Armide, dans le Renaud de
Sacchini, qui ne lui fut confié qu'après la qua-
trième représentation, acheva pour elle la
conquête de la faveur publique : elle y excita
des transports d'enthousiasme. La mort de
mademoiselle Laguerre, au commencement de
178Ô, et peu de temps après, la retraite de
mademoiselle Levasscur, la laissèrent en pos-
session du titre du chef d'emploi : elle re-
doubla d'efforts pour s'en montrer digne.
Pendant un voyage qu'elle fit dans cette même
année 1783, on répétait Didon, nouvel opéra
de Piccinni, destiné à être joué pour la pre-
mière fois devant la cour, pendant le voyage
de Fontainebleau. L'ouvrage produisit peu
d'effet pendant les premières répétitions, el
déjà l'on s'empressait de le juger défavora-
blement : Messieurs, dit Piccinni, avant de
juger Didon, attendez que Didon soit ar-
rivée. Tout changea en effet après le retour de
madame Saint-ÏIuberty, et l'on comprit seu-
lement alors les beautés remarquables de cet
opéra : elle y fut sublime. <• Le talent de cette
i> actrice (dit Ginguené dans sa notice sur
>) Piccinni) prenait sa source dans .son ex-
n tréme sensibilité. On peut mieux chanter
» un air ; mais on ne peut donner ni aux airs,
» ni aux récitatifs, un accent plus vrai, plus
» passionné; on ne peut avoir une action plus
» dramatique, un silence plus éloquent. On
» n'a point oublié son terrible jeu mucl, son
« immobilité tragique, et l'effrayante expres-
» sion de son visage, pendant la longue ri-
» tournelle du chœur des prêtres, à la fin du
>^ troisième acte de Didon, et pendant la
« durée de ce chœur. Quelqu'un lui parlant
« de l'impression qu'elle avait paru éprouver
« et qu'elle avait communiquée à tous les
n spectateurs : Je l'ai réellement éprouvée,
« répondit-elle; dès la dixième mesure, je
» me suis sentie morte. » Chimène, de Sac-
chini, les Danaïdes, Alceste, Phèdre, ache-
vèrent de placer cette grande actrice au
premier rang des chanteurs de la tragédie
lyrique, et la rendirent l'objet de l'engouement
général. Assistant un jour à la représentation
du Faux Lord, à la Comédie italienne, elle
fut saluée par les applaudissements de toute
l'assemblée. A la fin d'une représentation de
Didon, on la couronna sur la scène, honneur
jusqu'alors inouï, et dont on a souvent abusé
depuis lors. Dans un second voyage qu'elle lit
à Marseille, en 1785, les fêtes et les honneurs
SAINT-HUBERTY — SAINT-LA3IBEBT
371
lui furent prodigués dans nn accès d'enthou-
siasme qui alla jusqu'au délire. On peut voir
dans la correspondance de Grimin des détails,
qu'on serait tenté de croire fabuleux, sur la
réception qui lui fut faite alors dans le Midi
de la France. En quittant la Provence, elle
emporta sur l'impériale de sa voiture plus de
cent couronnes, dont plusieurs étaient d'un
très-grand prix.
De retour à Paris, elle passa encore quatre
années à l'Opéra, mais sans y augmenter sa
réputation par de nouveaux rôles. Elle y eut
même <|uelqucs sujets d'ennui; car elle ne
réussit pas dans le rôle de Clytemnestre, peu
fiiit pour son extérieur; on lui opposa made-
moiselle Dozon (depuis lors madame Clieron),
débutante peu digne d'entrer en parallèle avec
elle; ma<iemoiselle Maillard, dont elle avait
protégé les débuts, la paya d'ingratitude. Ces
tracasseries la dégoûtèrent du théâtre. Depuis
longtemps elle était la maiiresse du comte
<i'Entraigues, qui devint membre de l'as-
semblée constituante, et qui s'y montra dévoué
à la noblesse et à la cour. Madame Saint-
Iluberty embrissa avec chaleur ses opinions
politiques, et lorsque le comte prit le parti de
sortir de France, elle donna sa démission à
rOpéra, et le suivit dans l'émigration à Lau-
sanne. Elle le rejoignit dans cette ville, au
mois d'avril IT'JO, et le 29 décembre suivant,
ie comte l'épousa; mais il ne déclara son ma-
riage qu'en 1797, après que sa femme lui eut
donné les moyens de fuir la prison de Milan,
où le général Bonaparte le retenait. Depuis
cette époque, ils vécurent quehjue temps à
Vienne, puis à Graelz, où ils se trouvaient, en
• 1799. Le comte d'Entraigues était au service
de la courde Russie, pour remplir des missions
secrètes richement récompensées; mais il
trouva la source d'une fortune plus considérable
dans la communication qui lui fut faite à Pé-
tersbourg des articles secrets de la paix de
Tilsit. Muni de ces pièces importantes, il se
rendit à Londres elles communiqua au minis-
tère anglais, dont M Canning était le chef :
en échange de ce service, on lui assura une
pension considérable. Le comte et la comtesse
avaient loué près de Londres une maison de
campagne: le 22 juillet 1812, ils furent assas-
sinés tous deux par un de leurs domestiques,
nommé Lorenzo, au moment où ils se dispo-
saient à monter dans leur voiture. Les motifs
politiques de cet assassinat n'ont jamais été
bien connus. Madame d'Entraigues portait
habituellement la décoration de l'ordre de
Sainl-Michel qui, dit-on, lui avait été donnée
par Louis XVIII, en récompense de ses talents,
et des services qu'elle avait rendus à la cause
royale, en faisant évader son mari des prisons
de Milan, et sauvant son portefeuille qui con-
tenait des papiers d'une haule importance.
SAOT- JULIEN (He^bi-Fréuéric DE),
né à Manheim, le 6 janvier 1801, conseiller
du ministère de la guerre «lu grand-duc de
Rade, à Carisruhe, ne s'est pas seulement
livré à l'étude de la Jurisprudence, mais a cul-
tivé la musique sous la direction de son ami
Fesca, dont il est Tunique élève. Les ouvrages
des compositeurs célèbres du seizième siècle
ont été pour lui l'objet d'études sérieuses, et
lui ont fait établir à Carisrudc une société
d'amateurs pour Pexécution de ces vénérables
monuments de l'art : il en est le directeur.
M. de Saint-Julien s'est livré à la composition,
et a publié: l» Six chants allemands, op. I ;
Carisruhe, J. Vellen. 2° Six chansons alle-
mandes, op. 2; Augsbourg, Gombart. ô» Trois
quatuors pour violons, alto et basse, op. 3;
Paris, Simon Richault. 4" Douze chants pour
<|ualre voix d'hommes; Carisruhe, J. Velten.
5" La sérénade, suite de chansons ; ibid.
6° Six chants allemands, op. 6; Carisruhe,
W. Hasper. 7° Lyrical poems ofTh. Moore;
Mayence, Schotl.
SAI3iT-LAMBERT (Michel DE), pro-
fesseur de clavecin à Paris, dans la seconde
partie du dix-septième siècle, a été confondu
par Gerber et ses copistes avec Michel Lam-
bert, maître de musique de la chambre du roi.
On ne sait rien de la vie de Saint-Lambert : il
paraît <|u'il ne jouissait pas d'une grande ré-
putation comme claveciniste, en 1G80, lors-
qu'il fit paraître son traité d'accompagnement,
car le Gallois, (|ui fil imprimer dans la même
année sa Lettre à mademoiselle RegnauH de
Solier touchant la musique, s'exprime ainsi :
« Le clavecin a eu pourillustresChambonière,
» les Couperin, Hardelle, Richard, la Barre;
>< et il a présentement messieurs d'Englebert,
n Gautier, Buret, le Bègue, Couperin, et (|uel-
» ques autres qui ne sont pas présents à ma
n mémoire. « On voit que le nom de Saint-
Lambert n'est pas cité parmi ces artistes. On
a lie ce musicien : 1" Traité de l'accompa-
gnement du clavecin, de l'orgue et de quel-
ques autres instruments-^ Paris, Ballard,
1680, in-4"' obi. Une deuxième édition a paru
à Paris, chez Ballard, en 1707, ia-i" oblong.
2» Principes du clavecin; Paris, Ballard,
1G97, in-4° obi.; une deuxième édition a été
publiée par le même inprimeur, en 1702,
in-4o obi. Celle-ci a pour titre : Les prin-
94.
372
SAINT-LAMBERT — SAINT-PERN
cipes du clavecin.conienant une application
exacte de tout ce qui concerne la tablature et
le clavier, «icc des remarques nécessaires
pour l'intelligence de plusieurs di/pcultés de
la musique. Une réimpression de celle édilion
a été l'aile à Amsterdam, chez Roger (sans
date), un volume grand in-4" de cent qua-
rante-deux pages, avec deux planches de mu-
sique.
SAINT- LA]>rBEIlT ( Jea>- François,
marquis DE), littérateur français, né le 1 G dé-
cembre 1717, à Vézeliso, en Lorraine, servit
longtemps da\is l'infanterie, puis fut capitaine
des gardes-lorrains, et grand-maître de la
garde-robe du roi de Pologne Stanislas; enfin,
mestre de camp et gouverneur de Joinville. 11
mourut à Paris, le 9 février 1803. Il avait été
membre de l'Académie de Nancy, puis de
l'Académie française, et en dernier lieu de la
deuxième classe de l'Institut de France. Saint-
Lambert est particulièrement connu par un
poème des Saisons, souvent réimprimé. On a
de lui une lettre sur l'Opéra, insérée par
Suard dans le quatrième volume des Fariétés
littéraires (voyez Suard).
SAI]>iï-LUBl]\ (LÉos DE), violoniste et
compositeur, né à Turin, en 1801, est fils d'un
maître de langue française qui, après avoir
habité quelque temps dans cette ville, se fixa à
Hambourg. Saint-Lubin reçut d'abord des le-
çons de harpe, puis se livra à l'étude du vio-
lon avec tant de zèle, qu'il put jouer en public
un concerto sur cet instrument, à l'âge de
neuf ans. En 1817, il se fit entendre à Berlin,
jiuis à Dresde, où il reçut quelques leçons de
Polledro. L'année suivante, îl alla à Francfort-
sur-le-Mein, et devint l'élève de Spohr pen-
dant un an. A près avoir parcouru l'Allemagne,
pendant l'année 1819, il s'établit à Vienne et
y fit <les études de composition. En 1827, il
entra comme violoniste au théâtre de Joseph-
sladt, et la place de sous-chef d'orchestre du
même théâtre lui fut accordée l'année sui-
vante. Ce fut alors qu'il essaya pour la pre-
mière fois ses forces dans la musique drama-
tique par le mélodrame intitulé Bélisaire: il
écrivit aussi, à la même époque, plusieurs con-
certos pour le violon, et une grande sympho-
nie. Après avoir entendu Paganini, il le prit
pour modèle, cl se retira dans une solitude de
la Hongrie, afin de pouvoir se livrer en liberté
à de nouvelles études. Uc retour à Vienne, il
y fut bien accueilli, et obtint de brillants
succès dans ses concerts. La musique de plu-
sieurs ballets et d'un opéra-féerie, ainsi que
lies irios pour le piano cl des quatuors pour
instruments à cordes furent, à cette époque, le
fruit de ses travaux. Appelé à Berlin, en 1830,
poury remplir les fonctions de chef d'orchestre
au théâtre de Kœnigstadt,il a occupé la même
position jusqu'à sa mort. A Berlin comme à
Vienne, il a écrit des ballets et des panto-
mimes. Son opéra Kanig Branor's Schwert
(le Glaive du roi Branor) n'a pas eu de succès;
il a été plus heureux avec le Cousin du doc-
teur Faust. Au nombre de ses compositions
on compte cinq concertos de violon, dix-neuf
quatuors, et un ottelto, la plupart publiés à
Vienne et à Berlin. Saint-Lubin est mort dans
cette ville, au mois de février 1830.
SAINT-LUC, luthiste de la chambre du
roi de France, vers la fin du dix-septième
siècle, fit vers l'an 1700 un voyage en Alle-
magne, et visita Vienne et Berlin, où il eut des
succès. Il a fait imprimer deux livres de pièces
de luth, avec flûte ou hautbois et basse conti-
nue; Amsterdam, chez Roger.
SAINT-MARC (Jean -Paul- André DES
RASINS, marquis DE), né au château de
Rasins, en Guyenne, le 29 novembre 1728, fut
admis comme officier dans les gardes fran-
çaises en 1744, et prit sa retraite dix-huit ans
après, pour se livrer à la culture des lettres.
L'Académie des belles-lettres, sciences et arts
de Bordeaux l'admit au nombre de ses membres
en 1772; il mourut dans celte ville, le II oc-
tobre 1818. Au nombre des écrits de ce littéra-
teur médiocre, on trouve des Réflexions sur
l'opéra; Paris, 1777, in-8». Cet opuscule se
trouve dans le premier volume des Œuvres de
Saint-Marc; Paris, Didot jeune, 1781, trois
volumes in-8°, et Paris, de l'imprimerie de
Monsieur, 1785, deux volumes in-8".
SAINT-MARD ( Toussai>t RÉMOND
DE) royes RÉMOND DE SAINT-
MARD.
SAlNT-mCET. Foyes NICET (S.).
SAINT-PAUL ( ), luthier français,
vécut à Paris, vers 1640. Ses violons, d'un
petit patron, sont estimés à cause de leur qua-
lité de son argentine. Il y a aussi de lui de
bons quintons ou par-dessus de viole à cinq
cordes.
SAINT-PERN (M. DE), d'une famille
noble de Bretagne, mais sur qui je n'ai pu
me procurer de renseignements biographiques,
est inventeur d'un instrument qu'il a appelé
organo-lyricon. Cet instrument, dont 1.1
forme était celle d'un secrétaire à cylindre
d'environ deux mètres cl demi de hauteur,
d'une largeur de deux mètres, et d'un mètre
cl demi de profondeur, avait pour objet du
SAINT-PERN — SAIiNTE-MÂUlE
373
rétinir un piano à un orgue imitant le liml)re
de plusieurs instiumeDls à vent; Vorgano-
hjricon fui l'objet d'un rapport de la première
classe de l'Institut de France, dans la séance
du 10 septeml)re 1810, et d'un autre rapport
du Conservatoire de musique de Paris, en date
<lu 12 août de la même année. On trouve ces
deux rapports dans la Bibliofjraphîe musicale
de la France et de l'étranger, par Gardeton
(p. 5ôl-ôr37). Par une singulière destinée,
l'instrument de M. de Saint-Pern, fort vanté
<lans les rapports de l'Institut et du Conserva-
toire, se trouvait en mauvais état dans une
salle de vente à Bruxelles, où je l'ai vu en
18.34: on l'ofTrait à vil prix, sans trouver
d'amateurs.
SAIINT-SAENS (CHAni.ES- Camille), né à
Paris, le 9 octobre 183o, a commencé l'étude
du piano dès l'âge de deux ans et demi, sons
la direction de sa grand'tante. Frappée de
ses dispositions précoces, sa famille prit la
résolution de les faire cultiver, sans le desti-
ner toutefois à la ^)rofession de musicien.
A l'âgé de sept ans, il devint élève de M. Sta-
mati (voyez ce nom) pour le piano, et il recul
les leçons de cet artiste jusqu'à la fin de sa
douzième année. M. Maleden {voyez ce nom)
fut son matlre de composition; mais il fré-
quenta la classe d'IIalévy, au Conservatoire,
pendant une année. Admis dans cette institu-
tion comme élève du cours d'orgue de M. Be-
noist, M. Saint-Saéns obtint le second prix de
cet instrument au concours de 1849, et le
premier lui fui décerné en 1851. Dans l'année
:'uivante, il se présenta au concours annuel de
l'Institut de France, i)Our la composition mu-
sicale, ([uoiciu'il n'eût alors que dix-sept ans;
n'ayant pas réussi dans celle épreuve, il ne
prit i)lus part aux concours des années sui-
vantes. En 1853, il fut nommé organiste de
l'église Saint-Méry, à Paris; en 1858, il obtint
le titre et les fonctions d'organiste de l'église
de la Madeleine, où se trouve un excellent
orgue de M. Cavaillé. M. Sainl-Saens est aussi
professeur de piano à l'instilulion de musique
religieuse fondée par Niedermayer (voyez ce
nom). Le début de cet artiste se fil avec éclat
Et par sa" première syniplionie (en mi bémol),
\ qui fut exécutée par l'orchestre de la Société de
Sainte-Cécile, avant (|u'il eûl accompli sa sei-
zième année. Cet ouvrage a été publié en par-
tition cl parties séparées, à Paris, chez Ri-
chaull; elle a été aussi arrangée pour piano à
(|uatre mains, et publiée sous.celle forme. Un
fragment de cette symphonie (marche -
scherzo) a clé exécuté aux conccris populaires
de PaMs (1864) avec un grand succès. Une
deuxième symphonie du même compositeur
(en fa) a été exécutée par l'orchestre de la So-
ciété de Sainte-Cécile de Bordeaux, en 185G.
M. Sainl-Saens a une troisième symphonie
(en la mineur) et une quatrième (en ré), toutes
deux inédiles. Les autres ouvrages de cet ar-
tiste consistent en une messeà quatre voix, or-
chestre etdeuxorgues ; Paris, Richault; une ta-
rentelle pour flûte el clarinetteavecorchestre,
ibid.; six bagatelles pour piano, ibid.; envi-
ron quinze romances ou mélodies, avec ac-
compagnement de piano, ibid.; deux mor-
ceaux pour harmonium, Paris, Girod; six
duos pour harmonium et |)iano, t&t<f. ; orato-
rio de Noél, pour voix seules et chœur, com-
|)osé pour l'ofTice de la messe de minuit et
exécuté dans l'église de la Madeleine; publié
en partition réduite pour le piano, Paris, Flax-
land; scène tirée des Horaces Ac Corneille,
en partition de piano et chant, ibid.; trans-
criptions d'après J.-S. Bach, première el
deuxième séries; Winterthur (Suisse), Bidcr-
mann. Parmi les compositions inédiles de
M. Sainl-Saens se trouvent : concerto pour
piano et orchestre (en ré) ; concerto pour vio-
lon el orchestre (en «f); ode en l'honneur de
Sainte-Cécile pour voix seule, chœur et or-
chestre, exécutée par la Société de Sainte-Cé-
cile de Paris, en 1852; un certain nombre de
motets et de mélodies; quelques petites pièces
pour le piano.
SAIi^T-SÉVIiH (Joseph-Barsabk) , pre-
mier violon du théâtre de Bordeaux, dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle, étail
né dans un village des environs de Béziers. On
a de lui des Principes de violon; Bordeaux,
1772, in-4o.
SAIISTE CÉCILE, vierge el martyre,
patronne de» musiciens. L'authenticité des
actes du martyre de cette sainte esl révoquée
en doute par les meilleurs critiques. Suivant
ces actes, elle aurait souffert le martyre à
Rome, vers l'an 250, sous le règne d'Alexan-
dre Sévère, qui n'exerça pourtant aucune per-
sécution contre les chrétiens. Quoi (ju'il en
soit, elle fut canonisée antérieurement à la
fin du cinquième siècle.- On croit que celle
sainte unissait les sons des instruments à sa
voix, lorsqu'elle chantait les louanges de
Dieu; c'est sur celle incertaine tradition que
les musiciens l'ont choisie pour leur patronne.
Sa fête esl le 22 novembre.
SAINTE-MARIE (Étiemse), médecin,
membre de la Société médicale de Monlpcllicr
cl de r.\cadémie de Lyon, né à Sainîc-Foix-
374
SAINTE-MARIE - SALA
lez-Lyon, le 4 aoiU 1777, mort à Lyon, le
3 mars 1829, Iradnclcnr du Tentamen de vi
sont et niusices incorpore humano, de Roger,
publié par lui en français sous le litre de
Traité des effets de la musique sur le corps
humain; Paris, 1803, un volume in-S" {voyez
Roger (Josepli-l-aurent).
SAI?iTOI>i(PnosPER-PnitiPPE-CATHEni«E),
violoniste distinfjué, né à Toulouse (Haute-
Garonne), le 5 juin 1813, fut admis au Con-
servatoire de Paris, le 20 décembre 1831,
comme élève d'Haheneck. Il obtint le second
prix de violon au concours de 1833, et le pre-
mier lui fut décerné dans l'année suivante.
Après que ses études furent terminées, il en-
tra à l'orchestre de l'Opéra, mais il y resta
peu de temps, ayant pris la résolution de
voyager. Il visita d'abord la Haute-Italie, puis
se fit entendre à Vienne, à Pélersbourg, à Co-
penhague et à Stockholm, et fut partout accueilli
avec faveur. De retour à Paris, il rentra i)Our
quel(|ue temps à l'orchestre de l'Opéra, puis
il se rendit à Londres, où depuis lors il s'est
fixé. Il y jouit de la réputation d'un artiste
très-distingué, particulièrement dans la mu-
sique de chambre. Devenu premier violon du
théâtre italien de Covenl-Garden, il a gardé
longtemps cette position, dans laquelle il était
remarqual)le par son a|)lombdans l'impulsion
qu'il donnait à l'orchestre, aussi bien (juc par
la pureté de son exécution. En 1858, il a donné
avec succès des concerts à Boulogne-sur-Mer,
et dans l'année suivante, il a fait admirer son
talent dans les concerts de Paris. Ce ((ui dis-
tingue ce talent, c'est une parfaite justesse,
qualité fort rare, le goilt et la souplesse de
l'archet ; mais le son laisse désirer plus d'am-
pleur. On connaît de M. Sainlon plusieurs fan-
taisies pour violon et orchestre, ou violon et
piano, exécutées par lui dans les concerts.
Il a épousé à Londres mademoiselle Dalby,
cantatrice de mérite.
SAJO]>i (Charles) , compositeur drama-
tique, né à Venise, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, y fit représenter, en 1G79, Erne-
linda, opéra sérieux en trois actes, et l'année
suivante, Z>onC'/it5cto{<e délia Manda.
SALA (Nicolas), maître qui a joui d'une
grande célébrité-à Naplcs, naquit dans un
petit village près deBénévent, en 1732. Ayant
été admis parmi les élèves du Conservatoire
de la Pietà de' Turchini, il y reçut les leçons
de Page et d'Altos. Tels sont les renseigne-
ments fournis |)ar le marquis de Villarosa,
dans sa fliemorie dei compositori di musica
utl regno di Napoli{\u 191). D'autre part, les
compilateurs de la Hingrafia deijli uomini
iUustri dd regno di JVapoli fixent la date de
la naissance de cet artiste à 1701, et le font
élève d'Alexandre Scarlatti. Cette tradition
parait être plus exacte, si l'on en juge par les
dates des représentations de quelques opéras
qui portent le nom de cet artiste. Ces dates
peuvent faire voir vers quelle époque se irom c
l'activité de Sala, comme composilenr d'opc-
ras, quoiqu'elles soient à de si grandes dis-
tances, (lu'on serait tenté de croire qu'elles se
rapportent à plusieurs hommes différents.
Ainsi, j'ai trouvé sous son nom une parlilion
de Fologese, avec la date de 1737, et l'indica-
tion de Rome, au théâtre Argentina. A la bi-
bliothè(|ue du Conservatoire de Naples se
trouve sa partition devVeropc, écrite à Naplcs,
en 170)9 (et non en 1796, comme le dit le mar-
quis de Villarosa); enfin, son oratorio Giu-
dilta ossia Betulia libernta porte la date de
1780, en sorte qu'il était âgé de soixanlc-
dix-neuf ans lorsqu'il l'écrivit. Sala mourut
en 1800, à l'âge de près, de cent ans, après en
avoir passé plus de soixante dans l'ensei-
gnement delà composition et dans la direction
du Conservatoire de la Pietà de'' Turchini.
Il avait succédé à Fago dans la place <lc se-
cond maître du Conservatoire de la Pietà, et
devint premiei; maître de celle même institu-
tion, après la mort de Cafaro, à la fin île 1787.
Il parait avoir eu peu de succès comme com-
positeur dramatique, car les écrivains con-
temporains ne le mentionnent pas parmi ceux
qui se sont distingués à la scène. Dans le
style «l'église, je n'ai trouvé de lui que l'ora-
torio de Giuditta, une messe à quatre voix et
orchestre, un Dixit à cinq voix et orchestre,
des Répons pour la semaine sainte, à (pialre
voix, et des litanies à plusieurs parties. Ces
ouvrages se trouvent à la Bibliothèque du Con-
servatoire de Naples.
Sala doit particulièrement sa renommée de
savant musicien à un recueil de modèles de
contrepoints et de fugues qui fut gravé, aux
frais du roi de Naples, surde grandes planches
de cuivre, et qui parut, en 1794, sous ce
titre : Regole del contrappunto prattico di
Nicolo Sala Napolitano, primo maestro nel
real conservatorio délia Pietà de' Turchini,
dedicuto alla Maestà di Ferdinando I F , Re
délie Due-Sicilie, trois volumes grand in-fol.
Peu de temps après (|ue cet ouvrage eut été
publié, le royaume de Naplcs fut envahi par
l'armée française; puis une réaction s'opéra,
et dans les désordres de ces vicissitudes,
les planches du livre de Sala s'égarèrent, cl
SALA — SALBLINGER
37.i
l'on crut <|irellcs claienl perdues pour tou-
jours; niaispjus tard elles ont été retrouvées.
Dan» l'/ntervalle, Choron, qui avait acquis un
exemplaire de cet ouvrage, crut qu'il rendrait
un service important aux jeunes artistes en le
publiant de nouveau : il en (it la hase de la
compilation qu'il a donnée sous le litre de
Principes de composition des écoles d'Italie
Malgré les éloges accordés aux modèles de
Sala , rien n'y justifie l'enlliousiasme (jue
Clioron avait montré pour cette i»roductiou.
Les contrepoints sont mal écrits, d'un mauvais
style, et, chose singulière dans l'œuvre d'un
compositeur italien, ils ne sont i)as dans les
limites naturelles des voix. Les fugues man-
quent d'intérêt, sont souvent monotones, et
quel((uefois d'une tonalité é(iuivo<|ue. De plus,
il semble ([ue Sala n'ait eu que des notions
confuses de ce (}ui constitue la dilîéience entre
les fugues tonales et les fugues réelles : par
exemple, il appelle tonale la fugue de la se-
conde série de son livre (Tu es sacerdos in
.rternum), quoique cette fugue soit établie sur
la gamme diatonique prise comme sujet, et(|ue
la réponse soit sans mutation : ce qui présente
toutes les conditions de la fugue réelle (1).
Choron, peu habile dans la pratique de l'art
«l'écrire, n'a point aperçu ces défauts. En
>^omme, le travail de Sala est de peu de valeur
et ne mérite pas les éloges qui lui ont été ac-
cordés par des musiciens peu instiuits.
Les seuls opéras connus de ce maître sont :
X" Volofjese, à Rome, en ]7ô7. 2" Prologue
poui' le jour de naissance du roi de Naples, en
1761 . ô^Zenobia, au théâtre Saint-Charles de
Naples, dans la même année. 4" Prologue
pour le jour de naissance du roi, en 1763.
5" Autre idem, en 1769. 6" Mérope, au
théâtre Sainl-Charles, dans la même année.
(t) On trouve un remarquable exemple d'erreur sem-
blable de la part de l'abbé Baini et des examinateurs de
la congrégation de Sainle-Cocile de Rome, dans le livre
posthume d'Adrien de I^a Fage intitulé Essai de diplité-
rographie musicale (Paris 186t, pp. 9b-104). Dans la
confusion de leurs idées sur les nécessités tonales du
plain-chant, tous se sont égarés à l'égard de ce sujet de
fuj-ue
ËHg
©-©-
-f-f'-^is-.
cl n'ont pas vu que c'est une fugue réelle, dont la ré-
ponse est :
Les réponses proposées par les examinateurs sont
absurdes, et les objections de Baini ne le sont pas
moins.
SALAJXTIN (Astoi.^e). royezSAi.LAlS-
TliV.
SALAllI (Fraîsçois), né à Bergame, en
1751, et non à Vérone, comme le prétend
Gerber, se livra fort jeune à l'étude «le la mu-
sique dans lin des Conservatoires de Naples,
puis reçut pendant cinq ans des leçons dePic-
cinni, et acheva ensuite son .éducation musi-
cale à Milan, sous la direction de Fioroni.
L'opéra sérieux (Tftgenin in Âiilide) qu'il
écrivit à Casal-Monfei rato, en 1776, le fit con-
naître avantageusement. Il alla s'établir dans
l'année suivante à Venise, où il composa
V Amor ramiugo, opéra boufTe. Après avoir
enseigné le chant dans cette ville pendant
vingt-huit ans, il retourna, en 180o, à Ber-
game, sa patrie, où il fut nommé professeur
de chant à l'Institut musical, et second maître
de chapelle à Sainle-Marie-Majeure. On con-
naît sous son nom plusieurs morceaux de mu-
sique d'église.
SALAZAH (D. jDAif-GAitcrA), prêtre es-
pagnol et maître de chapelle de la cathédrale
de Zamora,dans la Vieille-Castille, vécut dans
la seconde moitié du <lix -septième siècle.
M. Eslava (voyez ce nom) n'a pu découvrir la
date de sa nomination à cette place, mais il a
acquislapreuveque Salazar l'occupaiten 1691,
et <|u'il mourut en 17IO.Ouoi(iue ce maître ait
été un des compositeurs de musi<|ue d'église
les plus distingués de l'Espagne, il y est peu
connu, et ses productions ne se trouvent que
dans la province où il vécut. M. Eslava a pu-
blié (Lira sacro-Hispana, deuxième série,
t. I, p. 76-125) les motets de Salazar : 1» Hic
mihi, à quatre voix. 2° O Rex Glorix^ à six
voix et orgue, ô" Qua^ est ista, idem. 4" f'idi
speciosam, idem. 5° Sancta J\laria^ à cinq
voix et orgue. 6" Nativitas tua, à six voix et
orgue. 7» Mater Dei, à cinq voix et orgue.
SALBLIÎVGEU (Sicismo^d), musicien-'du
seizième siècle, né à Aiigsbourg, vers lolO,
s'est fait connaître comme comi)ositeur par un
recueil intitulé : Cantiones 5-7 vocum; Augs-
bourg, 1545, in-4°. On lui doit aussi des collec-
tions fort intéressantes de compositions d'an-
ciens maîtres intitulées -A^Concentus fjunluor,
quinque , sex et octo vocum; Au^sbourg,
1545, Philippe Ulhard, in-4»obl. Saiblinger a
dédié son recueil aux magistrats de la ville
d'Augsbourg.Les compositeurs dont on tiouve
des morceaux dans cette collection sont : Ja-
colin, Ghiselin Dankerls, Jean Heugel, Be-
noît Ducis, Valentin Schnellinger, Ulric Bro-
lellius, Georges Blankenmilller, Jos((uin de
Prés, Sixte Dielricbt, Louis Senfl, Tilaun Su-
376
SALBLINGER — SALE
saio, Ilerman de Turnliout, Morales, Corneille
Canis, Adrien Willaerl, Henri Finck, Nicolas
Payen, Léonard Zinssmeister, Josquin Baslon,
Jean Courtois, Jean Mouton, Gascogne, Pié-
ton, Jean et Philippe de Wildrc. 2» Can-
tiones septem, sexet quinque vociim, longe
gravissimx, juxta ac amanissimx, in Ger-
munia maxime hactenus non excusae; Au-
gustx Findelicorum, per Melchiorem Kries-
stein, 1543, in-4" obi: Il y a des exemplaires
de cette édition qui portent la date de 1546.
Les auteurs dont on trouve des morceaux dans
ce précieux recueil sont : Benediclus, Claudin
(de Sermisy), Conciliuni {sic), Crequillon, I)a-
mien a Goes, Nie. Gombert, Hesdin, Ileugel,
Jachet, Maislre-Jean, Pierre Jordan, Lupi,
Morales, Noé, Josquin de Prés, Richafort,
Tilman Susalo, Sixte Dietricht, JoseWinders
et Adrien AVillaert. 3" Cantiones seleclissimx
quatuor vocum, ab eximiis et prxstantihxis
cœsarex majestatis capellx musicis M. Cor-
nelio Canis, Thomx Criquillone , etc. com-
posite. Lib. J et II ; Augustx Findelico-
rum, per Philippum Ulhardum, 1348-1349,
in 4° obi. Au litre de ce recueil, le nom de
réditeur est écrit SaUninger.
SALDAINHA (Gonzales-Mesdes) , com-
positeur portugais, né à Lisbonne, vers' la
fin du seizième siècle, fut élève de Duarle
Lobo. Il vivait à Lisbonne en 1623. On trou-
vait encore longtemps après, dans la Biblio-
thèque royale de cette ville, des messes,
psaumes. Miserere et vilhancicos de sa com-
position.
SALDONI (D. BAiTiiAS.vn), professeur <le
chant au Conservatoire de Madrid, composi-
teur et écrivain sui* la musi([ue, est né à Bar-
celone, le 4 janvier 1807. Il reçut sa pre-
mière instruction dans une école de sa ville
natale connue sous le nom de la Procura, la-
quelle est annexée à une chapelle de Notre-
Dame de Monserrat. Après y avoir passé cinq
années, pendant lesquelles ses dispositions
pour la musique se manifestèrent, il entra à
In maîtrise Ac Santa-Maria del Mar , et y
étudia cet art sous la direction du maître de
chapelle Andrevi {voyez ce nom). A l'âge de
onze ans, le 15 mars 1818, Saldoni entra
comme élève à l'école de musique du monas-
tère de Monserrat. Il y reçut pendant quatre
ans des leçons de violon, de violoncelle, de
basson et de flûte, du P. Boeda ; mais l'objet
principal de ses études fut la composition.
Après avoir achevé ses humanités dans ce
même monastère, il retourna dans sa famille,
en 1822. Il reçut alors des leçons d'orgue de
D. Maleo Ferrer, organiste de la cathédrale de
Barcelone, et fit des études de contrepoint sous
la direction de François Queralt, maître de
chapelle de la môme église. Quebiues mor-
ceaux de musique d'église qu'il écrivit à cette
époque commencèrent à le faire connaître, et
il obtint, au concours, la place d'organiste
lie Santa-Maria del Mar. En 1829^ Saldoni
se rendit à Madrid, où il fut accueilli avec bien-
veillance par Carnicer {voyez ce ndm). Dans
l'année suivante, le Conservatoire de cette
ville fut fondé, et Saldoni y obtint la place de
maître de solfège elde vocalisation. Le 20 mars
1838, il fit jouer au théâtre de la Croix {teatro
de la Cruz) son grand opéra Ipermestra, qui
fut accueilli avec faveur et joué ensuite avec
succès à Saragosse, à Séville, à Cadix et à Ma-
laga. Peu de temps après, il se rendit à Paris,
pour y prendre connaissance des méthodes <le
chant employées au Conservatoire; il fut
bien accueilli par Cherubini, Carafa, Rubini,
Bordogni et par son compatriote Sor {voyez
ce nom). De retour à Madrid, il fit représenter
son opéra Cleonice, regina di Siria, au théâtre
delà Croix, le 21 janvier 1840. Sori troisième
opéra, intitulé : Boahdil, ultimo reymoro de
Granada.hii représenté au théâtre de Barce-
lone, le 23 avril 1846. Saldoni fut nommé pro-
fesseur de chant au Conservatoire de Madrid
au retour de son voyage à Paris. Comm<;
écrivain sur des sujets relatifs à la musique,
il a iiublié : 1° Hesena historica de la Esco-
lania o Colegio de inusica de la Firgen de.
Monserrat in Cataluna, desde 1436 hasta
tmestros dias (Notice hislori(|ue de l'école ou
collège de musique de Notre-Dame de Monser-
rat, en Catalogne, depuis 1456 jusqu'à
l'époque actuelle); Madrid, 1836, in-8" de
c|ualre-vingt-cinq pages. 2" Effemerides de
musicos espanoles , asi profcssores corne
aficionados (Éphémérides des musiciens es-
pagnols, tant professeurs qu'amateurs); Ma-
drid, 1860, un volume in-S» de deux cent
soixante-deux pages.
SALE (François), musicien belge, est né
vers le milieu du seizième siècle, ainsi qu'on
le voit dans l'épllre dédicatoire d'un de ses
ouvrages, imprimé à Prague, en 1593. Un
autre œuvre de sa composition nous apprend
qu'il était, en 1589, au service d'une princesse
de la famille im|iériale, à Halle, dans le Tyrol,
non en qualité <le maître de cha|ielle, comme
le disent J.-G. Waltherd) elGerber{2), mais
(I) Mutic. Lcxir. p. S3g.
(3) Ntu*$ Lexikon dtr Tonkiinuhr, I. IV, p. G.
SALE - SÂLFI
simple ténor du chœur de la chapelle de celte
princesse. Dès 1593, il- prend la qualité de
musicus cxsareus au frantispice de ses Sa-
crarum cantionum liber primus, etDIabacz
fournit les preuves qu'il était, en 1594, ténor
(le la chapelle de l'empereur Rodolphe II (1),
sous la direction de Philippe de Mons. Il occu-
pait encore cette position le 15 juin 1598,
suivant le titre d'une de ses compositions :
après cette date, on ne trouve plus de rensei-
{çnements sur sa personne. Sale était un mu-
sicien de grand mérite : il y a de l'intérêt
dans les mouvements des diverses parties de
son haimonie, et il les faisait bien chanter.
Ses ouvrages connus sont ceux dont voici les
titres : 1° Patrocinium Musices. Missarum
solcmniarum, tam Sanclorurn quam festo-
rvmOfftcia totins anni, in catholicx ecclesiw
usum, harmonica contrapunctum ac sua-
vissimè concinnata , sicque antea in luceni
non édita. Serenissimx Reginx Magda-
(enx chori ffalx ad Actium Magislro Fran-
cisco Sale antore. Primus tomus. Monachii,
Adamus Berg, anno 1589, in-fol. max.
Ces messes sont dédiées à l'archevêque de
Salzbourg. M. Brunet a fait, dans son Manuel
drt libraire, deux ouvrages différents du Pa-
trocinium musices et du livre de messes :
j'ai fait la même faute dans la première édi-
tion de cette biographie. Patrocinium mu-
sices est un titre commun de quelques grands
ouvrages de musi(|ue imprimés avec luxe aux
frais des souverains de la Bavière, et même, à
ce qu'il |iaralt, pour le compte des empereurs.
2" Francisci Sale musici cxsarei Sacrarum
cantionum omnis generis instrumentis mu-
siciSf et vivx voci accomodatarum, hacte-
nusque non editarum liber primus ; Pragx,
typis Georgii Nigrini, anno 1593, petit
in^" obi. C'est dans l'épître dédicatoire de cet
ouvrage que Sale dit qu'il est né Belge. On y
trouve neuf motets à cinq voix et sept à six.
3° Tripartiti operis Offîciorum Missalium,
quibus introitus, alleluija et communiones
de omnibu^ Sanctorum , per totum anni
circulum, diebus festis et solemnibus quin-
que et scx vocum continentur , liber primus;
Pragx, excudebat Georgius Nigrinus im-
pensis atdhoris, 1594, in-4» obi. Ce premier
livre a été reproduit en 1596 avec un nouveau
frontispice. A° Offîciorum Missalium quibus
introitus, alleluya, etc., liber secundus,
ihid., 1594, in-4" obi. 5° Offîciorum Missa-
lium quibus introittis, etc., liber tertius et
(I) Allçicm. hisi, k'unsler-LcxIkon fiiy TSielimen, I. III,
p. 11.
ultimus; ibid., 1596. Ce dernier volume con-
tient douze motels à trois, cinq ef six voix.
60 Patrocinium Musices. In Natalem Do-
mini Jesu Christi Servaloris (Salvatoris)
nostri, mutetum quinque vocum, et Missa,
ad ejus imitationem composita. Authore
Francisco Sale, musico cxsùreo. Monachii,
excudebat Adamus Berg, anno 1598, in-fol.
m». 7» Oratio ad SanctamB. V. Mariait},
TFinceslaum, Adalbertum, ntum, Sigis-
mundum, Procopium, Stephanum, regno-
rum Hungarix et Bohemix patronos , à
Franc. Sale sex voc. composita ; Pragx, ex-
cudebat Georgius Nigrinus, ISjuny 1598,
in -4" obi.
S.4.LES (PiEnRE-P«JiPÉE), compositeur, né
à Brescia, en 1729, y fit ses études musicales,
et paraissait destiné à'y passer sa vie, lors-
qu'un tremblement de terre l'obligea de s'en
éloigner, pour aller chercher fortune ailleurs.
Après quelques années de voyages, il arriva en
Allemagne, où il fut employé par plusieurs
princes, particulièrement par l'évoque d'Augs-
bourg. En 1765, il fut appelé à Padoue pour y
écrire un opéra sérieux qui eut du succès. De
là il alla à Londres, où ses talents furent em-
ployés utilement. De retour en Allemagne, en
1768, il entra au service de l'électeur de
Trêves, en qualité de maître de chapelle et de
conseiller des finances. Quatre ans après, il
fut appelé à Munich, et chargé de la composi-
tion d'un opéra pour le théâtre de l'électeur
de Bavière. En 1777, il fit un second voyage
en Angleterre avec sa femme, cantatrice
agréable, et l'année suivante, il retourna à
Coblence où il fit exécuter avec beaucoup de
succès, en 1781, ses oratorios Betulia libe-
rata, et Gioas re di Giuda. Lorsque Coblence
fut pris par les Français, Sales se retira à lla-
nau, où il mourut en 1797. Plusieurs airs de
sa composition ainsi que ses concertos de cla-
vecin se trouvent en manuscrit dans diverses
bibliothèques de l'Allemagne.
SALETTI (Antoine), sopranistedislingué,
i^ en Italie, fut appelé par Farinelli au service
de la cour d'Espagne, où il chanta pendant
plusieurs années. En 1742, il se rendit à Pé-
tersbourg, et y excita l'admiration géné-
rale. Après treize ans de service, il demanda
son congé pour retourner dans sa patrie, et
l'impératrice, en le lui accordant, lui fil pré-
sent d'une riche tabatière d'or enrichie de
brillants, et de mille ducats. On ignore l'épo-
que de la mort de ce chanteur.
S.-VLFI (François), littérateur italien, né
le 1" janvier 1759,à Cosenza,dans la Calabrc,
378
SALri — SAT.li-.ni
embrassa les opinions libérales à rtpoqnc <lo
l'invasioii de l'Ilalie par les armées lïan-
oaises, el .illa s'établir à Milan, où il travailla
à la rédaction de plusieurs journaux. Après
avoir été secrétaire du comité de législa-
tion à Brescia, puis secrétaire du comité de
rinstruction publique, et enfin membre el
secrétaire du nouveau gouvernement de
Xaples, il fut obligé de se retirer de nouveau à
Milan, après la réaction. II y fut nommé
inspcclcui- des tbé.^lies, et professeur à l'Aca-
démie de Brera. Il crut pouvoir retourner à
Naples après la dissolution du royaume
• l'Italie; mais il ne put s'y maintenir. Il vint
alors s'établir à Paris, cl mourut le o sep--
(cmbre 1832, à Passy, près de cette ville.
Continuateur de Vllisloire littéraire d^îta-
He, par GIngucné {voyez ce nom), il donne
'|uel(|ues renseignements sur les musiciens
italiens ainsi que sur les auteurs de traités
«le musique du seizième siècle (tome X,
pages 409-423), et fait une histoire abrégée
du drame en musique dans le dix-septième
(tome XII, pages 427-479) : il,y a des cho.ses
intéressantes dans ce deinier chapitre.
SALGL'ES (Jacques Barthélémy), littéra-
teur, né à Sens, vers 17C0., entra dans la car-
rière ecclésiastique, et fut professeur d'élo-
«l'iience au collège de Sens, puis embrassa les
principes de la révolution, el fut procureur de
la commune de Sens. Fixé à Paris depuis 1797,
il s'y livra à la littérature et à la rédaction des
.journaux. Il y mourut le 2G juillet 1830. Au
nombre de ses écrits, on remar(|ue un pamphlet
intitulé : Réflexions sur les causes de la dé-
gradation du chant à l'Opéra, comparée
avec les sttccès brillants de la danse au même
théâtre; Paris, un iv (1796), in-8'.
SALIERI (A:iiToiNE), compositeur célèbre,
naquit le 19 août 1730, à Lcgnano, forteresse
de l'État de Venise. Son père, qui était négo-
ciant, le mit de bonne heure dans un collège
où il apprit les premiers éléments de la mu-
si(|ue, du violon el <lu clavecin. Son frère aîné
(François Salieri), bon élève de Tartini, lut
son instituteur pour le premier de ces instru-
ments, et Joseph Simoni, organiste de la ca-
thédrale de Legnano, lui donna les premières
leçons de piano. Des spéculations malheu-
reuses ayant ruiné les parents de Salieri, son
père mourut de chagrin, et ses nombreux en-
fants furent obligés de pourvoir eux-mêmes à
leur existence. Antoine Salieri n'était alors
âgé que de quinze ans : il jouait déjà bien du
clavecin el possédait une belle voix de so-
prano : ces avantages le décidèrent à se rendre
à V< iiisc, où il trouva un prolccleur dans un
membre de l'illustre lauiille de Moceuigo. Ci;
linliicien lui fil obtenir la laMe, le logeiucut
el rinstruction d.ins la maîtrise de Saint i^larc,
sous la coudiliou de chanter dans le chœur
aux fêtes et dimanches. Jean Pescetti, second
maître de chapelle de celle cathédrale, lui en-
seigna les principes de l'harmonie, et Ferdi-
nand Pacini, ténor de la chapelle, lui donna
des leçons de chanl.Acette épo(|ue,Gassm.nin,
maître de la chapelle impériale, vint à Venise,
pour y faire jouer son opéra Jchille in S'ciro:
sur la recommandation de Jean Mocenigo il
accepta Salieri pour élève, et celui-ci obiinl
de son protecteur rauloiisation de suivre son
nouveau maître à Vienne, où il arriva le
13 juin 1766. Les leçons de Gassmann, el sur-
tout la lecture du Gradus ad Parnassum ,^i\t'.
Fux, lui firent faire de rapides progiès dans
l'art d'écrire. Dans le même lem|is, il apprit
d'un prêtre italien, nommé Pierre Tomasi, les
principes des langues allemande et française,
ainsi que de la poésie latine et italienne.
Gassmann, animé d'un noble désintéresse-
ment pour son élève, fournissait aux dépenses
de Salieri comme si celui-ci eiU été son fils :
mais ses bienfaits ne firent point un ingrat,
car, à ses derniers jours, la reconnaissance de
l'élève pour le maître était aussi vive que dans
la jeunesse.
Quatre ans après son arrivée à Vienne, Sa-
lieri écrivit la musique de l'opéra boufTc le
Bonne letterate , sa première production
dramali(|uc,. représentée pendant le cainaval
de 1770. Le succès de cet ouvrage l'enhardit, et
bientôt il déploya la plus rareactivilé dans ses
travaux. L'Amore innocente, opéra-cou>i<|u('
eu deux actes, joué dans la même année; iJoii
Chisciotte, opéra-ballet en un acte, repré-
senté en 1771, cl surtout Armida. opér.»
sérieux, en trois actes, joué dans la uiêinc
année, firent connaître avanlageusemeut le
talent de Salieri, et fixèrent sur lui l'attention
(le la cour de Vienne. La suavité des méloilies
est lrès-remar<|uable dans l'Armida. // Hn-
rone di rocca antica (1772), la fiera di f e-
nezia (1772), la Secchia rapita (1772) cl la
Locandiera (1773), mirent le sceau à la ré-
putation iU\ jeune compositeur. A» mois de
janvier 1774, la mort de Gassmann laissa va-
cante la place de maître de chapelle de la cour
impériale : Salieri l'obtint, en 1773, et fit
preuve d'une grande facilité en écrivant dans
la même année, pour son service, deux gran<les
cantates avec orchestre, des concertos pour
divers instruments, cl /a Ca/ami/à rfc' cori,
SALIERI
37'J
opéia l)oiifre en trois actes. Cependant l'entliou-
siasnie (\m avait accueilli la nouvelle manière
de Gluck commençait à ébranler la foi que
Salieri avait eue jusqu'alors dans la direction
de ses idées. Il se rapprocha de l'auteur
d'Orphée, après le décès de son premier
maître, lui demanda des conseils, et se mit à
étudier ses ouvrages avec tant de persévé-
rance, iju'il parvint à s'approprier son style,
en le modifiant par le caractère plus mélo-
di(|ue de ses propres inspirations. Quelques
nouveaux opéras, deux oratorios, et diverses
compositions nouvelles ayant augmenté sa
réputation, il fut appelé à Milan, en 1778, i)Our
y éciire Europa riconosciuta, opéra séiieux
en trois actes, (|ui fut joué le 3 août, à l'ou-
verture du nouveau théâtre de la Scala.
Une réunion d'excellents chanteurs, parmi
lesquels on remarquait mesdames Balducci,
Danzi, le fameux Pacchierotti, et Ruhinelli,
chanta dans cet ouvrage. Au carnaval de
la même année, Salieri donna, à Venise,
la Scuola de' Gelosi , puis il alla à Rome
écrire la Partenza inaspetlnta, au printemps
de 1779, et dans la même année, il fit jouer,
au théâtre Canobbiana de Milan, Il Talis-
manno, opéra houlTe en deux actes. Rome le
rappela au printemps de 1780, pour écrire la
partition de /« Dama pastôrella: après quoi
il retourna à Vienne, où le rappelait son ser-
vice de maître de chapelle et de directeur du
théâtre de la cour. Marie-Thérèse venait de
mourir, et l'empereur Joseph II, amateur pas-
sionné de musique italienne, lui avait succédé.
En 1781, Salieri fit son premier essai de
composition dramatique sur un livret en langue
allemande ; mais déjà une affaire plus impor-
tante l'occupait tout entier. Gluck avait em-
porté de Paris le poème des Dunaïdes, dont
l'administration de l'Opéra attendait la mu-
sique avec impatience ; épuisé par de longs
travaux, et affaibli par l'âge et les infirmités,
l'auteur iVArmide ne se sentait plus la force
nécessaire pour écrire un si grand ouvrage.
Sans s'expliquer avec les administrateurs de
l'Opéra, il chargea Salieri de l'entreprise dif-
ficile de le remplacer dans cette tâche. Le tra-
vail fut long et pénible pour un compositeur
qui ne connaissait pas la scène française, c
qui en savait à peine la langue. Cei)endantj
l'opéra terminé à la satisfaction de Gluck,
celui-ci écrivit au directeur de l'Académie
royale de musi(iue qu'un de ses élèves l'avait
aidé ilans son travail et se rendrait à Paris,
pour diriger la mise en scène des Danàides.
Salieri arriva en efTelàParisavecsa partition,
en 1784. L'ouvrage fut joué d'abord à la cour
j)lusieurs fois avec succès, puis à Paris, oii il
excita le plus vif enthousiasme. Les auteurs ilu
Dictionnaire historique des musiciens (Paris,
1811) disent que le graveur paya deux mille
francs au compositeur pour sa partUion : le
fait est inexact; car j'ai vu l'acte de vente où
l'éditeur ne s'engageait à payer que douze
cents livres, à la condition que le nom de
Gluck resterait sur l'afTicIie jusqu'à la trei-
zième représentation (1) : ce ne fut que le
matin même de cette représentation que païut
dans les journaux de Paris une lettre où Gluck
déclarait que Salieri était l'unique auteur de
la musique des Danaïdes. La direction de
l'Opéra lui paya dix mille francs pour la pro-
priété de l'ouvrage, outre trois mille francs
pour les frais du voyage, et la reine lui fil un
riche présent. Comblé de faveurs et de gloire,
Salieri retourna à Vienne, emportant le livret
des Horaces, tragédie lyriqiie en trois actes.
Dans la môme année, il donna, à Vienne, 5'e-
miramide , opéra sérieux en trois actes, el
l'opéra-comique II Ricco d'un giorno. L'em-
pereur Joseph II lui demanda encore la mu-
sique d'£"rac/io e Democrito, en deux actes,
et de la Gratta di Trofonio, opéras joués sur
le théâtre de la cour, en 1785. L'engagement
qu'il avait contracté à Paris l'obligea d'y aller
l'année suivante pour y faire jouer les Ho-
races, dont le succès fut à peu près négatif.
Mais en 1787, le compositeur se releva bril-
lamment ilans Tarare, opéra tragi-comique
en cinq actes, malgré l'absurdité du sujet et
la platitude du style de Beaumarchais. C?est à
l'occasion du succès de cette pièce qu'on <le-
manda pour la première fois l'auteur à
l'Opéra. Salieri, amené malgré lui sur la
scène, fut couronné. De retour à Vienne, il
traita de nouveau le même sujet, et le fit jouer
avec un succès éclatant, sous le titre A''Axur
Re d'Ormus. L'année 1788, ou cet opéra fut
représenté, est une des plus actives de la car-
rière du compositeur, car il mit en scène
Cublai gran Cun de' Tartari, opéra héroï-
comique, et termina plusieurs autres pro-
ductions. // Pastor fido, opéra en quatre
actes, et la Cif'ra, en deux actes, représenté»
en 1789, marquèrent la fin de cette activité.
L'empereur Joseph II mourut peu de temps
après, et les événements imporlants <iui sui-
virent son décès rendirent plus rares les re-
(1) ijel acie, passe entre Salieri et l'éditeur Deslau-
ricrs, devint ensuite I.i propriété d'Imb.iull, mnrclinnd
de musii|ue, qui cul pour successeurs Jaiiet et Colelle,
chez (|ui je l"ai vu.
880
SALIERI
présentations du théâtre de la cour : Catilina,
joué en 1792, // Mondo alla rovescia (1794),
Palmira (1795), Il Moro (179C), Fahtajf
(1798), Cesare in Farmacusa (1800), Jngio-
Una (1800), ÀnnibaU in Capua (1801), la
Bella Selraggiu (1802), Die Neger (le Nègre,
1804), fuient les dernières productions dra-
matiques de Salieri.
Cccompositeurs'eslaussi exercé danslamu-
sique d'église, et Ton connaît de lui cinq messes
avec ou sans orchestre, un Requiem composé
pour ses obsèques, plusieurs Te /?eum, vêpres
complètes, graduels, offertoires, motets, psau-
mes, quelques oratorios parmi lesquels on re-
marque la Passion, des chœurs, ouvertures,
symphonies, beaucoup de canons pour deux,
trois ou quatre voix, et des exercices de chant.
Sans avoir possédé un de ces génies créateurs
qui impriment une direction quelconque à Part
de leur époque, il eut certainement un talent
d'autant plus remarquable qu'il sut en modi-
fier le caractère et le présenter sous des as-
pects variés. Les Danaïdes, ouvrage traduit
en allemand sous le titre de Danaus, et Ta-
rare, qu'on retrouve presque en entierdans la
partition iVAxur, sont les compositions dra-
matiques où ce talent s'est le plus élevé ; mais
il y a aussi de fort belles choses dans Semi-
ramide et dans Cesare in Farmacusa. On
peut voir l'éloge que Caritani a fait de celte
dernière production dans ses Haydine. Dans
le pathétique, il s'élevait quelquefois jusqu'au
sublime, ainsi que le prouve l'air d'Hyper-
mneslre : Par les larmes dont votre fille, etc.
Comme tous les compositeurs italiens dont
l'éducation a commencé par l'élude du chant,
Salieri écrivait bien pour les voix : à l'époque
même oii il se livrait à tout son enthousiasme
pour la déclamation de Gluck, il trouvait l'art
de la rendre facile dans ses propres ouvrages.
Personne n'a mieux connu que lui le méca-
nisme de la coupe dramatique et l'effet du re-
tour des idées : on peut même affirmer qu'il
est entré i>lus qu'aucun des compositeurs mo-
dernes dans celte partie de la philosophie de
l'art. De là vient qu'il a été l'oracle de tous les
musiciens allemands qui ont écrit i)our la
scène pendant les vingt-cinq premières années
du dix-neuvième siècle. Beethoven, Weigl,
Meyerbecr se sont fait honneur d'avoir reçu
ses conseils.
Parvenu à l'âge de soixante-dix ans , cl
accablé d'infirmités, Salieri avait demandé sa
retraite en 1821 ; cependant, elle ne lui fut
accordée qu'en 1824. En témoignage de satis-
faction pour SCS longs services, l'empereur lui
fit accorder la totalité de son traitement pour
sa pension de retraite. Il avait rempli ses
fonctions de maltrcde chapelle sous les règnes
de Marie-Thérèse, de Joseph II, de Léopold et
de François. Il ne jouit pas longtemps des
avantages qui lui avaient été faits par la cour
impériale pour une cairière si bien remplie,
car il mourut le 12 mai 1823, avant «l'avoir
achevé sa soixante-quinzième année. Tous
les artistes qui se trouvaient alors à Vienne
assistèrent à ses obsèques, où l'on exécuta le
Requiem qu'il avait composé pour cette solen-
nité, et qu'il n'avait fait entendre à personne.
Il avait été marié, et avait plusieurs filles qui
lui prodiguèrent des soins jusqu'à ses derniers
jours. Décoré de la Légion d'honneur par le
roi Louis XVIII, il avait élé nommé associé
étranger de l'Institut de France, en 1806, i>iiis
membre de l'Académie royale des bcaux-arls,
en 1816, et corres|)ondant étranger <lu Conser-
vatoire de Paris. Enfin, l'Académie royale de
musique de Stockholm l'avait choisi pour un
de ses membres.
Homme aimable, bienveillant, gai, spiri-
tuel, original, Salieri eut beaucoup d'amis
parmi les artistes et dans le monde. De petite
taille, mais bien fait, et toujours habillé avec
une certaine recherche, il avait le leinl brun,
les yeux noirs et pleins de feu, le regard ex-
pressif et le geste animé. Personne ne savait
autant que lui d'anecdotes et ne les contait
d'une manière plus plaisante. Son langage
était une sorte de jargon où les langues ita-
lienne, allemande et française étaient inces-
•samment mêlées. Grand amateur de frian-
dises, il ne pouvait passer près de la boutique
d'un confiseur sans y entrer et remplir ses po-
ches. Prompt à s'irriter, il se calmait aussi fa-
cilement, et la bonté de son cœur ne se dé-
mentait jamais. Le temps n'avait point affaibli
sa reconnaissance pour les bienfaits qu'il avait
reçus (le Gassmann dans sa jeunesse. Les filles
«le ce compositeur (mesdames Fuchs et Roseii-
baum) étaient encore dans l'enfance à la mort
de leur mère : Salieri prit soin de leur éduca-
tion, fournil à tous leurs besoins, et fil de
l'une d'elles (madcme Rosenbaum) une canta-
trice distinguée. On trouve beaucoup de dé-
tails intéressants sur la vie privée et arlis-
lique de l'auteur des Dauatdes, dans une
bonne monographie de M. Edien de Mosel, in-
titulée : Ueber das Leben tnid die IVerke des
Anton Salieri (Sur la vie et les ouvrages
d'Antoine Salieri; Vienne, 1827, un volume
in-S") : j'en ai lire la plupart des fails de celte
notice.
SALIERI
381
I
■
Le catalogue des compositions de ce maître
renferme les ouvrages suivants: I.Muskjie
d'église : 1» Messe avec graduel et offertoire,
à quatre voix de chœur, sans accompagne-
ment. 2" Messe idem avec orchestre. 3» Deux
messes à quatre voix de solos, chœur et or-
chestre. 4" Messe avec graduel et offertoire, à
deux chœurs et orchestre. 5° Requiem à quatre
voix de chœur et orchestre. 6" TeDeitm, idem.
7° Idem, à deux chœurs. 8» Te Deum pour
quatre voix de solos, chœur et orchestre.
9» Vêpres pour la dédicace de l'église, consis-
tant en neuf morceaux. 10°Quatorzegraduels,
offertoires, motets, psaumes, etc., pour voix
de solo et chœur. II. Oratorios et cantates :
11" /a Passionc di Gesii Crislo, oratorio en
deux parties (1776). IS» Gesù al limbo, idem
(1803). 1 3» i'aM/e, fragments d'oratorio. ÏAoLa
Sconfilta di Borea, cantate (1774). 15» //
Trionfo délia gloria e délia virlù, idem
(1774). 16» Le Jugement dernier, idem
(1787). 17" La Riconoscenza, cantate allégo-
rique (1796). 18° Der Tyroler Landsturm (la
Tempête dans leTyrol), cantate (1799). 19» Za
Riconoscenza de' Tirolesi, idem (1800).
20» L'Oracolo, idem (1803). 21° Habsbourg,
idem (1805). III. Opéras : 22» Ze Donne let-
terate. opéra bouffe en trois actes (1770).
25° L'Àmor innocente, en deux actes (1770).
24» Jrmida, opéra héroïque en trois actes
(1771). 25° Jl Don Chisciotte, en un acte
(1771). 2C» Il Barone di rocca antica, en
deux actes (1772). 27» La Fiera di Fenezia,
en trois actes (1772). 28° La Secchia rapita,
en trois actes (1772). 29° La Locandiera, en
trois actes (1773). 30» Zo Calamitàde'' cori,
en trois actes (1774). 31» La finta Scema, en
trois actes (1775). 52» Delmita e Daliso, en
deux actes (177C). 33» Europa riconosciuta,
opéra sérieux en trois actes (1776). 34» La
Scuola de' gelosi, opéra bouffe en deux actes
(1779). 35» Il Talismanno, en deux actes
(1779). 36» La Partenza inaspettata, en
deux actes (1779). 37° La Dama pastorella,
en deux actes (1780). 38» Der Rauchfang-
kehrer (le Ramoneur), en trois actes (1781).
39° Les Danaïdes, tragédie lyrique en cinq
actes (1784). Cet ouvrage a été repris avec
grand succès à Paris, en 1817, avec des chan-
gements et des additions faits par Persuis et
parSpontini. Ce dernier y avait ajouté une
bacchanale de grand effet, dont la pensée
était imitée d'un morceau du même genre
placé par Cherubini dans le ballet lï'Jchille à
Scyros. AO''Semiramide,en trois actes (1784).
41» Il Ricco d'un giorno^ opéra bouffe en
trois actes (1784). 42» Eiaclilo e Democrito,
en deux actes (1785). 43" LaGroUa di Tro-
fonio, en deux actes (1785). La grande parti-
tion de cet ouvrage a été gravée à Vienne,
chez Artaria. 44° Les Horuces, tragédie lyri-
que en trois actes (1786). 45» Tarare, opéra
en cinq actes avec un prologue (1787).
46" j4xur re d'Ormus, opéra semi-seria en
quatre actes (1788). Cet ouvrage fut joué
avec succès au Théâtre-Italien de Paris ,
en 1813, par Marianne Sessi, Tacliinardi et
Bassi. 47" Cublai, Gran Can de' Tartari, en
deux actes (1788). 48» Il Pastor fido, en
(|uatre actes (1789). 49° La Cifra, en deux
actes (1789). 50» Catilina, en deux actes
(1792). 51° Il Mondo alla rovescia, en deux
actes (1794). 52" Palmira, en deux actes
(^795). 55» llMoro, en deux actes (1796).
^A" Falstaff, en deux actes (1798). 55« Z?a-
naus, en quatre actes (1800). 56» Cesare in
Farmacusa, en deux actes (1800). 57» An-
giolina, en deux actes (1800). 58° ^nnibate
in Capua, en trois actes (1801). 59" La Bella
Selvaggia, en deux actes (1802). 00° Ouver-
tures, entr'actes et chœurs des Hussites de
Naumbourg [\%(iô). 61° Die Neger, en deux
actes (1804). 62° Chimène et Rodrigue, tra-
gédie lyrique en cintj actes, pour l'Opéra de
Paris (1788), non représentée. 03» La Prin-
cesse de Babylone, opéra en trois actes (1789),
idem. 64» Sapho, en trois actes (1790), idem.
Les partitions originales de ces trois ouvrages
se trouvent dans les cartons de PAcadémic
royale de musique de Paris. 65" Fragments
d'un opéra intitulé I Tre Filosofi, non repré-
senté. 66" Z>as Posthaits (la Maison de Poste),
opéra non terminé. 67° Die Gène ralp robe {la
Répétition générale), opéra non terminé.
IV. Musique vocale détachée : 68" Environ
cinquante morceaux de chant tels que airs,
duos, trios, chœurs, avec accompagnement
d'orchestre. 69" Vingt-huit divertissements
vocaux avec accompagnement de piano, divisés
en trois parties ; Vienne, Weigl. 70» Scherzi
armonici, consistant en vingt-cinq canons à
trois voix, sans accompagnement; ibid.
71» Continuation du même recueil, consistant
en quinze canons à trois voix, et douze autres
pièces à deux, trois et quatre voix, sans ac-
compagnement; ibid. 72" Cent cinquante au-
tres compositions du même genre, en manu-
scrit. 73" Méthode de chant en vers italiens, et
les vers en musique à quatre voix, avec ac
compagnement de basse, etc», en manuscrit.
V. Musique instru-westale : 74» Concerto pour
orgue (1775). 75» Deux concertos pour le piano
382
SALIKUI — SALINAS
(1778). 76° Concerto pour fliUe et hautbois
(1774). 77° Symphonie concerlanle pour vio-
lon, hautbois el violoncelle (1774). 78» Sym-
phonie pour l'orchestre (177C). 79» Sérénades
et n)usi(|uede ballets. 80° Vingl-(iuatre varia-
tions pour l'orchestre, sur le thème des /"oZie*
d'Espagne.
SALIMBEÎM (Félix), célèbre sopraniste,
né à Milan, vers 1712, fut conduit à Naples
dans sa jeunesse, et y devint élève de Porpora,
•|ui en fit un des chanteurs les plus parfaits
de cette épo(|ue si riche en talents de premier
ordre. Salimbeni débuta à Rome, en 1731,
<Ians le Cajo Fabrizio de liasse ; l'année sui-
vante, il se fil entendre à Milan, dans V^les-
sandro neW Indie, du même compositeur.
Dès lors, on jugea qu'il se placerait au rang
<les chanteurs les plus remarquables de son
temps, et des offres lui furent faites pour qu'il
entrât au service de l'empereur Charles VI,
amateur passionné de musique, dont la chapelle
offrait une réunion d'artistes excellents : il ac-
cepta ces offres el partit pour Vienne, en 1733.
Pendant qualie années, il chanta, auThéâlre-
Impérial, dans les opéras de Caldara et autres
maîtres célèbres, ainsi que dans la chapelle
de la cour. Métastase écrivit pour lui les râles
de quelques-uns de ses opéras, et l'on croit
qu'il a fait son portrait dans ces vers de l'O/tm-
piade .•
\o riio présente. Avea
Dionde le cliiome, oscuro il ciglio; i Ubbri
Yermigli si, ma (umiilctli, e forse
Ollre il dovcr; gli sguardi
Lenti e pietosi, un arrossir fréquente,
Un soave parlar...
Fatigué par le service de la chapelle impé-
riale, et aussi par suite de dégoûts que lui fai-
sait éprouver le maître de chapelle Caldara,
Salimbeni s'éloigna de Vienne, en 1737, et
retourna en Italie. Les Biographes qui disent
«lu'il joua le rôle A^Alcesle, dans l'opéra de
Gluck, en 1742, sont tombés dans une singu-
lière inadvertance, car Gluck n'écrivit cet ou-
vrage qu'en 1767. En 1743, Salimbeni entra
an service du roi de Prusse (Frédéric II), et
débuta au théâtre de Berlin, au mois de dé-
cembre, par le rôle de César, dans ('atone in
Utica. Il y obtint un succès d'enthousiasme,
cl pendant un séjour de sept ans dans la même
ville, l'admiration excitée par son talent ne
diminua pas. Toutefois la perfection de sou
chant était le seul avantage qu'il eùlà la scène,
car son action dramatique était froide, ou plu-
tôt nulle. Vers la lin de 1750, il quitta Berlin
pour se rendre à Dresde, où il n'eut pas moins
d'admirateurs. Le premier rôle où il s'y (il en-
tendre fut dans Leucippo, de liasse. Ce com-
positeur avait écrit pourluiciiiq airs nouveaux
dans cet ouvrage, où Salimbeni produisit une
impression profonde. Cependant, l'amour ef-
fréné du plaisir aui|uel il s'élail souvent aban-
donné avait altéré sa santé el diminué la
beauté de son organe. On apeiçul à Dresde ces
fâcheux résultats dans l'oratorio de liasse
y Pellegrini, qu'on exécuta le vendredi saint
(1751), el lui-même ne put se dissimuler la
détérioration de sa voix. Dans l'espoir que
Pair natal pourrait le rendre à la santé, il
s'éloigna de Dresde après Pâques pour retour-
ner en Italie; mais arrivé à Laybach, il y fut
arrêté par une maladie sérieuse qui le condui-
sit au tombeau dans le mois de mai 1751 . .\in$i
mourut, à la fleur de l'âge, un des plus grands
chanteurs qu'ail produits l'Italie.
SALIIVAS (François), savant écrivain es-
pagnol sur la musique, naquit à Burgos, vers
1512. Sa nourrice, dont le lait n'était pas sain,
lui donna le germe d'une maladie d'yeux (|ui,
malgré les efforts des médecins, se termina
par la perte à peu près totale de la vue, lors-
que Salinas eut atleinl sa dixième année. Son
père, qui jouissait d'une certaine aisance, lui
fil enseigner la musique el lui fit donner des
leçons de clavecin el d'orgue pour le désen-
nuyer. Le hasard lui fil apprendre plus tard
la langue latine, et, chose singulière, ce fui
une femme qui la lui enseigna. Une jeune fille
qui avait appris celte langue, et qui se desti-
nait à prendre le voile, voulut prendre des
leçons d'orgue, el Salinas fut choisi pouj- lui
enseigner cet instrument, en échange de l'in-
struclion qu'elle avail consenti à lui donner
dans le latin. Les rapides progrès qu'il y fit
décidèrent ses |)arents à le placer à l'univer-
sité à Salainanque. II y apprit la langue grec
que et suivit un cours de philosophie. Son
heureux destin voulut qu'en sortant dr
l'université, il entrai au service de Piern;
Sarmenlo, archevêque de Composielle, (|ui,
charmé de ses talents cl de l'étendue de ses
connaissances, l'emmena à Rome, lorsqu'il y
fui appelé pour recevoir le chapeau de car-
dinal. Les immenses richesses lilléraires ras-
semblées dans cette ville, el la conversation de
savants hommes, fournirent à Salinas les
moyens d'acquérir des connaissances étendues,
particulièrement dans la musique des anciens,
dont il pénétra les mystères mieux qu'aucun
musicien de son temps. Résolu de se fixer
dans cette ville, el dans l'espoir d'obtenir un
bénéfice, il entra dans les ordres et prit le
titre d'abbé, s'atlachant tour à lour à divers
SAUNAS — SALLENELVE
383
cardinaux qui lui promirent plus de protection
<|u'ils ne lui en accordèrent. D'après la qualité
qu'il prend au frontispice de son traité de mu-
sique, il paraîtrait cependant qu'il finit par
oI)tenir du pape Paul IV le litre d'abbé de
Saint-Pancrace de Rocca Scalegna, dans le
royaume de Naples. Quoi qu'il en soit, après
un séjour de vingt-trois an s à Rome, Sali nas fut
rappelé à Salamanque avec le titre de profes-
seur à l'université. Il y ouvrit des cours de
musique et de rliythmique. Pour aider à l'in-
telligence des matières qu'il enseignait, il
écrivit un livre intitulé : Francisci Saline
Burgensis abbatis sancti Pancratii de
Rocca Scalegna in regno Neapolitano, et in
Academia Salmanticensi Musiez profes-
soris, De Musica libri seplem, in quibus
('jus doctrine veritas tam qux ad harmo-
nium, quam, qux ad rhythmum, perlinet,
juxla sensusac ralionis judicium ostendilur
et demonstratur. Ctim duplici Indice ca-
. pitum et rerum; Salmanticas, excudebat
Mathias Gastius, 1577, in-fol. (1). Ce livre,
remarquable par son élégante latinité, prouve
que son auteur avait beaucoup d'érudition,
une connaissance profonde de la musique, et
qu'il était philosophe et mathématicien. Il y
traite particulièrement de l'union du rbythme
poétique avec le rhytlime musical ; mais, ainsi
que le remar(iue fort bien Requeno (voyez ce
nom), il ne parait pas avoir entrevu l'existence
de celui-ci, indépendant du rhythme poétique,
quoi(iue le rhythme dans la musique inslru-
mentale des anciens ne paraisse pas pouvoir
être révoqué en doute, d'après le traité ano-
nyme grec de la mesure et du rhythme, dont
on connaît plusieurs manuscrits et qui a été
publié par M. Bellermann {voyez ce nom).
Dans la science des proportions musicales,
Salinas a particulièrement suivi la doctrine de
Boèce. Ce célèbre professeur paraît avoir été
aussi habile dans la pratique de la musique,
que savant dans la théorie. Il mourut à Sala-
manque, dans le mois de février 1590, à l'âge
d'environ soixante-dix-huit ans.
SALLATVTIIV (Antoine), hautboïste dis-
tingué, descendait d'une famille qui, pendant
une partie du dix-huitième siècle, avait été at-
tachée à la musique de la maison du roi. Il était
(1) J'ai toujours douté de l'existence d'une cdilion
<lu même livre donnée à Salamanque en 1592, suivant
l'indication de la table des auteurs placée à la fin du
11-1 volume de Vllisloire de la musique du P. Martini :
j'ai acquis en effet la preuve que celte édition est celle
»le 1577, dont le frontispice a été renouvelé, en voyant
l'exemplaire de .Martini dans la bibliothèque du Lycée
musical de Bologne,
\
fils (le Nicolas Sallantin, hautboïste de l'Opéra,
surrîommé le Cadet, et neveu d'Antoine Sal-
lantin, premier accompagnateur sur la tliile,
au même spectacle, ainsi que de François-
Alexandre Sallantin, appelé Sallantin l'aine,
basse de violon et dessus de cornet de la grande-
écurie du roi; et enfin de Charles Sallantin,
violon de l'orchestre de l'Opéra. Lui-même
fut longtemps connu sous le nom de Sallantin
le neveu, puis sous celui de Sallantin aîné,
pour le distinguer de son frère, attaché comme
lui à l'orchestre de l'Opéra. Il naquit à Paris,
en 1754. Son père, (jui lui donna les premières
leçons de son instrument, fut bientôt surpassé
par Jui. Avant Antoine Sallantin, tous les
• hautboïstes français avaient un son dur et sau-
vage : on les employait en nombre presque
égal à celui des violons dans l'orchestre de
l'Opéra, ils jouaient les mômes parties, et
soufflaient de toutes leurs forces, sans aucunes
nuances. Le jeune artiste était âgé d'environ
vingt ans lorsque Fischer arriva à Paris; en-
thousiasmé par le talent de ce virtuose, il
s'attacha à lui, en reçut des leçons, et changea
complètement sa manière. Entré à l'orchestre
de l'Opéra, en 1773, il y. resta jusqu'en 1790,
et obtint alors un congé pour aller à Londres
entendre encore Fischer, et perfectionner son
talent. Les événements de la révolution le
retinrent éloigné de la France jusqu'en 1792,
mais depuis cette époque jusqu'en 1813, il
continua de remplir ses fonctions au mémi-
théâtre. Dans les fameux concerts de Feydeau,
en 1794 et 1795, il fit souvent applaudir son
talent, remarquable surtout par la beatité du
son et la netteté dans les traits. A l'tpo(|ue di-
la fondation du Conservatoire, il y fut appeir
comme professeur de son instrument, et >
forma de bons élèves, parmi lesquels on re
mar(|ua Vogt et Gilles. Retiré à la fin de 181ô,
Sallantin a vécu encore plusieurs années. On
n'a gravé de sa composition qu'un concerto
pour flûte et orchestre ; Paris, Pleyel, 1797.
SALLEINEU VE (Edouard), professeur de
musique et compositeur à Berlin, est né le 19 dé-
cembre 1800, à Kœnigsberg, où son père,
Français de naissance, exerçait l'art de la
sculpture. Destiné à la pratique du même art,
Salieneuveen commença l'étude; mais son pen-
chant pour la musique était si vif, qu'il obtint
la permission de se rendre à Breslau, où il se
mit sous la direction de L. Kœhlert; ensuite
il se rendit à Berlin, où Pax, Birnbach, Run-
genhagen et Bernard Klein devinrent ses
maîtres de chant et de composition. L'instru-
ment qu'il adopta fut la guitare; plus tard il
ns4
SALLENEUVE — SÂLMON
fulconsidéré comme un des giiUarisles les plus
habiles île l'Allemagne. Possédant une bonne
voix de ténor, il fut aussi membre de plusieurs
sociétés de cliant de Berlin. 11 a publié de sa
composition un grand nombre de Lieder en
recueils et détachées, dont plusieurs ont
obtenu un succès populaire. On connaît aussi
(le lui plusieurs recueils de chants pour quatre
voix d'hommes. Parmi ses productions instru-
mentales on remarque des contredanses et
valses pour piano, des marches, des variations
faciles et des rondeaux pour cet instrument,
sur des thèmes d'opéras.
SALM-DYCK (CoNSXARCE-aiARiE DE
THEIS, princesse de), est née à Nantes, le
7 novembre 1767. Après avoir reçu une
éducation brillante, elle épousa, en 1789,
Pipelet, médecin qui jouissait de quelque
réputation, et alla s'établir à Paris, oii elle put
se livrer à son goût pour la littérature et par-
ticulièrement pour la poésie. Un de ses pre-
miers ouvrages fut le poCme de Sapho, opéra
en quatre actes, qui fut mis en musique par
Martini et eut plus de cent représentations au
théâtre Louvois. Des épîtres en vers, des
drames, et différentes autres luèces lues par
madame Pipelet à l'Athénée de Paris et dans
d'autres sociétés littéraires, puis imprimées,
lui firent une honorable réputation dans les
lettres. Elle avait aussi composé plusieurs
romances, dont elle fit la musique avec accom-
pagnement de piano, et qui furent publiées
sous les titres suivants : Conseil aux femmes,
le Méchant, la Fièvre, l'Inconstant, etc. On
lui doit aussi VÉloge de Pierre Gaviniès,
Paris, 1802, in-8». En* 1803, elle épousa le
comte de Salm-Dyck, qui prit le titre de prince,
en 1816. Depuis lors madame de Salm a vécu
«llernativement dans les propriétés de son
mari, en Allemagne et à Paris, où sa conver-
sation douce et spirituelle réunissait))rès d'elle
l'élite des gens de lettres et des artistes. Elle
est morte à Paris, le 13 avril 1845.
SALMOK (Jacques), violoniste, composi-
teur et valet de chambre de Henri III, roi de
France, naquit en Picardie et vécut à Paris,
<lans la seconde moitié du seizième siècle. Il a
coopéré avec beaulieu, autre musicien fran-
çais, à la composition de la musique du Ballet
comique de lu Royne, de Baltazarini (voyez ce
nom). En 1575, il obtint, au concours de mu-
sique à Evreux (Normandie), le prix du luth
«l'argent, pour la chanson à quatre voix de sa
composition, sur les paroles : Je meurs pen-
sant en la douceur {i).
(I) Vojci Put/ de tnutiqHt ériyé à Evrctu «» iUoitntur
SALMOW (Thomas), maAre es arts an
collège de la Trinité, à Oxford, puis recteur à
Mepsall, dans le duché de Bedford, vécut dans
la seconde moitié du dix-septième siècle.
Préoccupé des difficultés de la lecture de la
musique dans la notation ordinaire, et voulant
réduire les tablatures de luth, de viole et de
clavecin, alors en usage, à une notation uni-
verselle, d'où la diversité des clefs serait
bannie, il imagina de poser, sur la portée,
les lettres romaines, indicatives des notes;
ce <iui n'était pas nouveau,' car on en trouve
des exemples pour le plain-chant dans quel-
ques manuscrits des douzième et treizième
siècles. Salmon publia ce qu'il considérait
comme une importante découverte dans un
livre intitulé : Jn Essayto the advancement
of Mustek, by casting away the perplexily
of différent cliffs, and uniting ail sorts of
Musick, lute, viol, violins, organ, harpsi-
chord, voice, etc., in one universal character
(Essai sur le perfectionnement de la musique,
où l'on propose d'écarter les difficultés qui ré-
sultent des différentes clefs, etc.); Londres,
1072, in-8". Lipenius (Bibl. philol. p. 976), et
Walther, d'après lui, citent du môme auteur
un livre intitulé J0eau(/enday7/wsica (Londres,
1667, in-8°), qui semble être le même oui^rage
écrit en latin ; mais aucun autre auteur n'en
fait mention. Le projet de réduire les clefs à
une seule a été reproduit un siècle plus tard
par l'abbé de la Cassagne, et fort souvent de-
jtuis, mais toujours sans succès. L'innovation
de Salmon à ce sujet fut vivement attaquée
par Mathieu Lock {voyez ce nom), dans des
observations imprimées en 1673, in-8°. Salmon
répondit avec humeur, dans un petit écrit in-
titulé : y^ Findicalion of an Essay lo the
advancement of Music from Mr. Matlhew
Lock's observations, enquiring into the real
nature and most convenient practice of thaï
Science (Défense de l'Essai sur le perfection-
nement de la musique contre les observation>
<le M. Mathieu Lock, etc.), Londres, 1073,
in-8». Cette réponse est sous la forme d'une
lettre adressée au docteur Wallis. On a aussi
de Salmon un mémoire sur la possibilité d'ap
l)liquer dans l'exécution de la musique les in-
tervalles d'après leurs proportions mathéma-
tiques, sous ce titre : J proposai to perform
Music in perfect and malheniatical propor-
tions, avec des remarques étendues du docteur
Wallis; Londres, 1088, in-4°. Salmon a re-
produit les idées <le cet écrit dans un autre
de Madame Sainte-Cécile, public daprés un manuscrii
du seizième siècle, p«r MM. Boussin cl Cliassaiii, \>. M.
SALMON - SALOMAN
S85
■
mémoire inséré dans, les Transactions phi-
losophiques de' 1705, sous ce litre : The
Theonj ofMusic reduce'd to arithmetical and
fjeometrical proportions.
SALOMAIV (Siegfried), violonisle et com-
positeur danois, est né à Tondern, en 1818.
Son père, qui était négociant, jouait du violon ;
il lui enseigna les principes de cet instrument»
Lorsqu'il eut atteint sa douzièmeannée, on lui
ilonna pour premier professeur un violoniste
nommé Christian Seliner. En 1831, il fut en-
voyé à Copenhague, où il reçut tour à tour des
leçons de Sahigreen, Frœhlich, Paulli, Rros-
sing, Wechschall et Hartmann. L'excellent
compositeur Weyse et Sibon'i lui enseignè-
rent l'harmonie et le contrepoint. Parvenu à
l'âge de vingt ans, Saloman obtint un subside
du gouvernement pour voyager; il se rendit
d'abord à Berlin, puis à Dessau, où il entra à
l'orchestre du théâtre en qualité de premier
violon : il y acheva de s'instruire dans la com-
position par les leçons de Frédéric Schneider.
En 1841, il alla à Dresde et y prit encore quel-
ques leçons de violon de Lipinski. Deux ans
après, il retourna en Danemark et s'établit à
Copenhague, où il fit^des lectures publiques
sur la théorie de la musique. Au mois de mai
■1844, cet artiste donna, au théâtre royal de
celte ville, l'opéra en trois actes, intitulé :
Tordenskiold in Dynekilen (Orage en Dalé-
carlio), dont le livret était de Lyser; cet ou-
vrage fut bien accueilli par le public. L'ouver-
ture avait élé exécutée dans un concert à
Dresde, deux ans auparavant. Bas Diamant-
kreuz (la Croix de diamants), en trois actes,
fut le second opéra de Saloman, représenté à
Copenhague.il fut joué, pour la première fois,
le 20 mars 1847, obtint un brillant succès et
fut joué au théâtre de Berlin dans l'année sui-
vante. Un opéra en un acte, du même artiste,
intitulé : Die Herzenprohe (les Épreuves du
cœur), fut joué à Copenhague, au mois de no-
vembre 1847. M. Saloman a fait jouer aussi à
Darmstadtet à Francfort-sur-le-Mein un petit
opéra intitulé Das Corps der Radie. Il vécut
«nsuite pendant plusieurs années en Russie,
puis en Hollande, où il épousa la cantatrice
Henriette Nissen, en 1850. Après cette époque
il lit avec elle un grand voyage en Suède, en
Finlande et en Russie. Au commencement de
1857, il était de retour en Allemagne et vécut
<iuclque temps dans les villes du Rhin, puis il
fit avec sa femme un voyage en Suisse, et dans
rhiver de 1858-1859, il habita à Bruxelles.
Une ouverture de sa composition fut alors
exécutée dans un concert du Conservatoire de
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS, — T. VU.
celle ville. A celte époque, madame Saloman
ayant élé rappelée à Pétersbourg,son mari l'y
accompagna. Depuis lors, on n'a plus eu de
renseignements sur la suite de la carrière de
Saloman. On a publié de cet artiste : 1» Ro-
mance (en si mineur) pour violon avec piano,
01). 9; Hambourg, Schuberlh. 2" Six Lieder
pour contralto ou baryton, avec piano, op. 2;
ibid. Z" Six idem pour mczzo soprano, con-
tralto ou baryton, op. G; ibid. 4" Plusieurs
œuvres instrumentales.
SALOMAN (madame Hemiiette), canta-
trice connue d'abord sous son nom de famille
NISSEN, est née vers 1820, à Golhembouig
(Suède). En 18ôG, elle se rendit à Paris où elle
reçut des leçons de chant de Manuel Garcia
pendant trois ans. Ses éludes terminées, elle
fut engagée au Théâtre-Italien de Paris, où
elle débuta par le rôle d''Jdalgise, dans la
Norma, dont le rôle principal était chanté
par mademoiselle Grisi. Obligée de chanter
un soir à l'improvisle le rôle de Rosine, dans
le Barbier de Séville, à cause <i'une indispo-
sition de madame Persiani, mademoiselle Nis-
sen y fit preuve de talent et dès ce moment
commença sa réputation. De retour, dans sa
patrie, en 1842, elle fut engagée au théâtre de
Stockholm. Au printemps de 1844, elle chanta
à Dresde et dans l'automne de la même an-
née, elle partit pour l'Italie; mais à peine ar-
rivée à Milan, elle y reçut un engagement
avantageux pour le Théâtre-Italien de Péters-
bourg. Ce ne fut que dans l'année suivante
qu'elle put retourner en Italie. Mantoue fut la
première ville où elle fut engagée : elle y
chanta la Sonnambula dans trente-cinq re-
présentations; (Hiis elle alla à Bologne pour y
jouer V Attila de Verdi, la Norma et la Son-
nambula, A Livourne, où elle se trouvait en
1846, elle obtint de si brillants succès qu'elle
y reçut des engagements pour Florence et
pour Rome. Elle chanta dans celte dernière
ville en .1847, dans V Attila, I due Foscari et
1 Lombardi. De Rome, elle alla à Ferrare, où
elle ne donna que deux représentations, parce
que la révolution l'obligea de s'en éloigner.
Elle se rendit alors àLondres, où six semaines
d'études de la langue anglaise la mirent en
état de chanter dans l'opéra national à Co-
vent Garden. Rappelée à Stockholm après la
saison, elle s'y rendit et y chanta dans l'hiver
de 1849. En Allemagne, où elle se rendit en-
suite, elle se fit entendre avec de grands suc-
cès à Leipsick, à Brème, Oldenbourg, Ha-
novre, Francfort, Dresde et Berlin; puis elle
parcourut la Hollande, où elle épousa Salo-
25
38';
SALOMAN — SALOMON
nj.m. Dnns le voyage qu'elle cnliepiit ensuite
avec lui en Siu^de, en Finlande et en Russie,
elle alla jnsiiu'cn Sihéiie d'un côté, cl à
Odessa de l'autre. Le reste de sa carrière est
indiqué dans la notice précédente,
SALOmOIX (Élie), prêtre français du trei-
zième siècle, fut clerc du couvent de Saint-
Aster, dans le Périgord. Il écrivit, en 127-i,
nn traité de musique intitulé : De Scientid
nrtis musicx, qu'il dédia au pape Grégoire X.
L'ahhé Gerbert, qui en a trouvé une copie
dans la Bibliothèque amhrosienne de Milan,
Ta inséré dans sa Collection des écrivains
ecclésiastiques sur ta musique (t. III ,
1». 16-04). C'est un traité du plain-cbant, où
l'on trouve quelques passages qui ne sont pas
s.nns intérêt pour l'histoire de l'art.
SAL0.1I0N(B.), luthier de Paris, élève de
Bocquay, vécut vers la fin du règne de
Louis XIII. Ses violons, conslriiils sur le
même patron que ceux de son compatriote
Guersan, sont fort estimés, et ne sont pas
communs. On a aussi de lui de bonnes basses
<Ie viole.
SALOMON (...), né dans la Provence, en
10G1, se rendit à Paris dans sa jeunesse, et
devint élève de Sainte-Colombe, j)our la basse
de viole, sur laquelle il ac(|uit un talent dis-
tingué. Il était déjà âgé de cinquante et un
ans lorsqu'il entra dans la musique du roi, en
remplacement de Lemoyne. Le premier ou-
vrage (jui le fit connaître avantageusement
fui un recueil de motets, publié par Chris-
tophe Ballard, en 1705. Le 24 avril 1713, il
fil représenter, à l'Opéra, Médée et Jason,
tragédie lyrique en cinq actes, qui eut un
brillant succès, et qui fut reprise en 1727,
1".3f>el 1741). On doit aussi à Salomon la mu-
"iiiiuc de Théoné, opéra en trois actes, joué
en 1713. Salomon mourut à Versailles, dans
les derniers mois de 1731, à l'âge de soixante
et dix ans.
SALOλIO]\ (Jean-Pierre), violoniste dis-
tingué, naquit à Bonn sur le Rhin, en 1745,
suivant un acte de naissance trouvé dans ses
papiers après sa mort. A l'âge de trente ans,
il entra au service du prince Henri de Prusse
< l composa pour le théâtre de ce prince plu-
sieurs opéras français et d'autres morceaux.
En 1781, il fit un voyage à Paris, puis se ren-
dit à Londres, où de brillants succès l'engagè-
rent à se fixer. Homme aimable et bien élevé,
il fut recherché par la haute société anglaise,
<nii le combla de témoignages d'intérêt. Une
rliulc de cheval lui causa de graves lésions
•loiit il mourut. Les biographes anglais ne forit
pas connaître l'année de son décès. On a
gravé, à Paris, six solos pour le violon, de la
composition de Salomon. La Bibliothèque
royale de Berlin possèile en manuscrit la par-
tition de l'oratorio J/iskias, composé par cet
artiste. C'est lui (jui, ayant institué de grands
conccrls à la salle de Hnnnover-Square, fit
un arrangement avec Haydn pour écrire les
douze grandes symphonies considérées comme
lesœuvres les plus parfaites dece musicien cé-
lèbre {voyez Haydn).
SALOMON (Mauiuce), directeur de mu-
sique à Wernigerode, en Saxe, est auteur d'un
roman musical intitulé : Eduards letzte
Jahre (les Dernières années d'Edouard) ; Qued-
linbourg et Leipsick, Basse, 1820, deux vo-
lumes in-ij". Cet ouvrage contient des aperçus
philosophiques sur la musique. On a aussi de
M. Salomon un petit écrit intitulé : Ueber Na-
torp's Anleitung ziir Unterweisung iiu
Singen (Sur l'introduction à renseignement
(lu chant, de Nalorp) ; Quedlinbourg, Basse,
1820, in-8'.de six feuilles. Cet opuscule est
une critique de l'usage de la notation en cliil-
fres dans l'enseignement élémentaire de li
musique, et l'auteur y démontre d'un manière
irrésistible «lue l'habitude de celle notation
contractée dans l'oiifance est un obstacle à-
peu près insurmontable pour apprendre plus
tard la notation usuelle.
SALOMOIN (M.), professeur de guitare,
né à Besançon, en 1780, mort dans la même
ville, le 19 février 1831, s'est fait connailrc,
en 1828, par l'invention d'une guitare à trois
manches appelée Harpohjre. Cet instrumenl
était monté de vingt et une cordes ; six de ces
cordes étaient placées sur le manche du milieu,
appelé manche ordinaire, et accordées comme
sur la guitare commune. Le manche gauche,
destiné aux basses, était monté de sept cordes
accordées par demi-tons , depuis le «it bas
jusqu'au la grave de la contrebasse; enfin, le
manche de droite, appelé manche diatonique,
était monté de huit cordes sonnant nt, ré, tni,
fa, sol, la, si, ut. Des opi)Osilions de sonorité
d'un bon effet se faisaient remaniuer entre le
manche du milieu et le manche de droite, et
les cordes du manche de gauche fournissaient
des notes de basse vigoureuses. La conception
de la harpolyre semblait devoir sauver la gui-
lare de l'entier abandon dont elle est menacée,
par les ressources variées qu'elle offrait aux
exécutants; cependant, cette invention n'a
pas eu de succès, aucun artiste n'ayant voulu
se livrer à l'étude des difficultés de l'emploi
des trois manches, quoique Salomon eût l'ait^
SALOMON — SALVATOUI
3S7
graver une niélliodc pour la harpolyre, cl que
Sor eut composé des études et des exercices
]toiir cet instrument.
On doit aussi à Salomon l'invention d'une
mnchine ingénieuse à laquelle il a donné le
nom iVaccordeitr. Elle consiste en un méca-
nisme composé de lames métalli(iues sonores,
acccordées sur les degrés de l'échelle chroma-
tique, etd'un cylindre denté, mû par un mou-
vement d'horlogerie, qui fait résonner à vo-
lonté chaque lame donnant une intonation
déterminée. Celle intonation se répète aussi
longtemps qu'il est nécessaii-e pour accorder
à l'unisson une note de piano, de harpe, ou de
tout autre instrument à sons fixes dont on
veut faire la partition. Malgré les avan-
tages ([ue l'accordeur présentait pour la pra-
ti(iue de l'accord des instruments, il ne réussit
pas mieux que la hurpohjre. Après avoir fait
inulilement un long séjour à Paris pour y
faire adopter ses inventions, Salomon retourna
à Besançon, où la fatigue de ses efforts, et le
chagrin d'avoir dissipé en essais le fruit de ses
travaux et de ses économies, le conduisirent
au tombeau, à l'âge de quarante-cinq ans. On
a gravé de sa composition : 1" Douze diverlis-
seinenls pour la guitare, op. 1 ; Paris, Launer.
2" Viilses |)0ur la guitare, op. 2; ibid. 3° Con-
tiedanses et valses idem; Paris, Aulagnicr.
•i" Air varié (Charmant ruisseau) pour la
harpe ; Paris, Janct.
SALPIUS (Jeam), auteur allemand, sur
qui l'on n'a aucun renseignement, n'est connu
que par un écrit intitulé : Dissertatio de mu-
sica imprimis antiqua; Neu-Ruppin, 1714,
in-4'' de trente-deux pages.
SALULII\I (Paul), maître de chapelle de
la cathédrale de Sienne, naquit dans celle
ville, en 1709. Les premières leçons de mu-
sicjuî lui furent données par un de ses compa-
triotes, nommé le chevalier de la Ciaja ; puis
il alla terminer ses études sous la direction
du P. Martini, dans la célèbre école de Bo-
logne. De retour à Sienne, il y fut pendant
quelques années premier violon de l'Opéra, et
le 5 mai 1765, il obtint la place de maître de
chapelle de la cathédrale. Il en remplit les
fonctions pendant quinze ans, et écrivit dans
cet espace de temps un service complet pour
tous les dimanches et fêtes de l'année, en style
moderne, avec orchestre. La messe de Requiem
qu'il a écrite à l'occasion de la mort de l'em-
pereur François le"" donne une haute idée du
mérite de l'auteur. Salulini mourut à Sienne,
le 29 janvier 1780, à l'âge de soixante et onze
ans.
SALVADOR (Joseph), docteur en méde-
cine de la faculté de Montpellier, est né dans
celle ville, en 1796, d'une famille israélile.
On lui doit un bon livre intitulé : Histoire des
institutions de Moïse et du peuple hébreu;
Paris, Ponlhieu, 1828, trois volumes in-8°.
Il y traite (t. III, p. 127 et suiv.) des instru-
ments des Hébreux, et en donne une descrip-
tion qui diffère en plusieurs points importants
de celles qu'on trouve dans les auteurs qui ont
écrit antérieurement.
SALVADOR (Daîciel), professeur de mu-
sique à Bourges, né d'une famille israélile, est
auteur d'un ouvrage intitulé : Grammaire
philharmonique, ou cours complet de mu-
sique, contenant la pratique et la théorie de
la mélodie et de l'harmonie; Bourges, de
l'imprimerie de Manceron, 1837-1838, deux
volumes, in-4°.
SALVATOR (Jeas), ecclésiastique, savant
dans la musique, fut maltrg de la Pietà di
Turchini, et maître de la chapelle royale. On
connaît de sa composition des Répons dès
morts, et des Répons pour la semaine sainte.
Le marquis de Viliarosa n'indique pas l'époiiuc
où il a vécu; maison sait (|ue Dominique Sarri
étudia sous sa direction dans le Conservatoire
de la Pielà, et qu'il en sortit en 1697, d'où il
résulte (|ue Salvator mourut dans la seconde
moitié du dix-septième siècle.
SALVATOR ROSA. royez ROSA
(Salvator).
SALVATORI (Domimque), compositeur
de musique d'église, naquit à Modène, le 3 avril
1748. Après avoir fait ses études au collège
des Jésuites de cette ville, il reçut des leçons
deGigli, maître de chapelle de la cour, pour le
clavecin, l'orgue et le contrepoint. Le duc de
Modène, François III, ayant eu connaissance
de ses rapides progrès dans l'art musical, lui
fil une pension et l'envoya au Conservatoire de
San-Onofrio, à Naples, pour y perfectionner
ses connaissances. Salvatori s'y fil si bien re-
marquer par son talent, qu'il fut chargé de
composer plusieurs messes solennelles pour
les églises de Naples. Rappelé à Modène pour
y occuper la place de second maître de chapelle
de la cour, il y arriva dans un état de dépé-
rissement causé par une affection de poitrine.
Toutefois, il ne ralentissait pas ses travaux. Il
donna une preuve remarquable de son génie
pour l'art dans une messe solennelle qui fut
chaulée dans l'église ducale de Sainte-Marie
délia Pomposa, le 24 avril 1774, à l'occasion
de l'érection de la statue équestre du duc
François III, et qui produisit une vive sensa-
23.
3SS
SALVATORI — SA^IMAUTIN'I
tlon. Ce fut 1c chant «lu cygne, "car ce jeune
ar-lisle mourut le 25 octobre de la même année,
à l'âge «le vingt-six ans.
SALVI^Mattec), compositeur «Irama tique,
né à Bergame, vers 1815, a fait ses éludes mu-
sicales «lans cette ville, sous la direction de
Mayr. En 1843, il a écrit à Vienne l'opéra
bouffe intitulé la Prima Donna, qui ne
réussit pas. Deux ans après, il donna à la
Scula de Milan, Lara, qui eut du succès et
«lonl les airs et duos ont été publiés «lans cette
ville, chez Ricordi. En 1845, Salvi fit repré-
senter au mémo théâtre, / Burijravi, qui
tomba à plat. On a, sous le nom de ce compo-
siteur, des recueils de mélodies, dont un a pour
titre Premières pensées musicales.
SALYI (LoBKNZo), ténor distingué, que je
crois parent du précédent, est né à Bergame,
vers 1812. Il débuta à Rome, à l'automne de
18Ô2. Sa voix manquait un peu de puissance,
mais sa méthodetétait bonne et il chantait avec
grâce. Dans les années 1834 et 1835, il chanta
à Naples ; mais sa voix parut un pen faible au
grand théâtre Saint-Charles de celte ville.
Toutefois il y fut Happclé, en 1836, et y resta
Jusqu'au printemps de 1839. De cette ville, il
alla à Vienne, puis à Padouc et à Venise. Je
l'entendis à Bergame avec la Slrepponi et Co-
lelti, en 1841, et je fus satisfait de son style
élégant et pur. Pendant les années 1844, 1845
et 1846, il chanta à Moscou et à Pétersbourg
avec succès; mais le climat de la Russie étant
trop défavorable à sa santé, il résilia son en-
gagement et se rendit à Londres, où il chanta
avec un grand succès, en 1848. Dans l'année
suivante, il fut engagé au Théâtre Italien de
Paris. En 1851, Salvi est retourné en Italie et
parait avoir quitté la scène.
SALZITTI (Scipiopi), compositeur de can-
zonettes et de madrigaux, naquit à Capoue
dans la seconde moitié du seizième siècle. On
connaît de lui : 1» Madrigali a 5 voci. Libro
primo; Napoli, Fitali, 1607, in-4''. 2» Ma-
drigali u^ voci. Libro secondo; ibid, 1610,
in-4''. ô« Canzonette a tre voci. Libri 1, 2,
3, 4; ibid., 1605-1617, in-4».
SALZMAN (CiuiiLES-GoDEFnoiD), né à
Vienne, le 8 novembre 1797, apprit, dès l'âge
de sept ans, les principes de la musique et du
piano sous la direction d'un maître nommé
1lcrliezka,puis rei^-ut des conseils de Salicri. En
1821, il a été nommé maître de piano du Con-
servatoire de Vienne, puis il fut chargé de
renseignement de l'harmonie et de l'accom-
pagnement. Parmi ses compositions publiées,
on remarque des variations pour le piano,
deux sonates pour le même instrument, et des
quatuors pour des inslrumtMits à archet. Il a en
manuscrit plusieurs autres ouvrages. En 1839,
Salzmann a fait représenter à Vienne l'opéra
intitulé Richard Mackvcell , dont l'ouverture
et quelques airs ont été gravés pour le piano.
SAMBER (Jean-Baptiste), organiste de la
cathédrale de Salzbourg et valet de chambre
«le l'archevêque, dans les premières années du
dix-huitième siècle, s'est fait connaître avan-
tageusement par un ouvrage intitulé : Iflanit-
ductio ad organum, ou instruction sur l'art
déjouer «le l'orgue (en allemand); Salz!)ourg,
1704, in-4''. La continuation de cet ouvrage
consistant en (piatre instructions sur ledoigter,
la connaissance et l'emploi des registres, les
caractères des divers genres de morceaux, et
la composition, parut en 1707, à Salzbourg,
un volume in-4'' de trente et une feuilles avec
des planches. On a aussi de Sambcr un traité
du chant choral, sous ce lilvc : Elucidatio mu-
sicm choralis, dus ist grundlich und ware
Erldtiterung oder Unterweisting ,wie diecdlc
und veralte Choral-Musik fundamentaliler
denen wohlgegrundeten Regcln mit leichter
MUhemœge erlernet werden (Éclaircissement
de la musique chorale, c'est-à-dire, exjjlication
ou enseignement normal et véritable de la
noble et ancienne musique chorale, etc) ;
Salzbourg, 1700, petit in-4*' obi. de quatre-
vingt-quinze pages avec irente-cinq pages de
musique gravée.
SAMIN (WuLFHANo), compositeur espagnol
du seizième siècle, n'est connu que par une
messe à quatre voix, ad imitationem moduli
Sancli Spiritus; Paris, Adrian Le Roy et Robert
Ballard, 1558, in-fol. max.
SAMMAUTINI ou SAN MARTEM
(Pierre), musicien au service du grand -duc de
Toscane, vécut vers le milieu du dix-septième
siècle. Il est connu par les ouvrages suivants :
1" Mottetti a voce sala, op. 1; Florence, 1035,
in-4''. Il y a une seconde édition de cetouvragc
publiée à Venise par Bartholomé Magni, en
1638. 2° Salmi brevi a 4 voci concertait;
Venise, Gardane, 1644, in-4''. 3» Molletti a
2, 3, 4 c 5 voci con le litanie délia Beala
M. F. a G voci, op. 4 ; Venise, Bart. Magni,
1642. 4» Mottetti a 1, 2, 3, 4 e5 voci; ibid.,
1643. 5" Salmi a otto voci concertati, con
sacri ripieni; ibid.^ 1643.
SAM.HAUTINI , ou SAN MARTINI
(Jean-Baptiste), compositeur distingué, naquit
à Milan vers la lin du dix-se|)tième siècle, ou
dans les premières années du dix-huitième.
Homme de génie, il était né pour l'arl; mais
SAMMARTINI — SÂMSON
389
son éducation fut négligée, et il il n'eut point
d'autre mailre que lui-même pour l'harmonie
et le contrepoint. La nature lui avait donné
j)arliculièrement le genre d'imagination con-
venable à la musique instrumentale; sans
modèle, il composa im nombre immense de
trios, de quatuors et de symphonies, où, parmi
beaucoup de choses communes et négligées,
se trouvent à chaijue instant «les traits pleins
d'invention et de charme. Organiste de deux
011 trois églises, et maUre de chapelle du cou-
vent de femmes appelé Sainte- Man'e-Made-
/eme, àMilan, il vivait encore dans cette ville en
1770, lorsque Burney la visita. Il écrivait des
messes pour les religieuses de ce couvent, et
leurdonnait des leçons ; mettant à tout ce qu'il
faisait la même insouciance, le même laisser
aller qu'il avait eu dans toute sa vie, et qui le
laissait, à ses derniers jours, dans la position
peu fortunée où il avait toujours vécu. Le gé-
néral Pallavicini, gouverneur de Milan, lui
commanda sa première symphonie à grand or-
chestre, qui fut exécutée en 1734, et qui ex-
cita l'enthousiasme de l'auditoire. Plusieurs
musiciens de mérite ont remarqué une singu-
lière analogie qui se trouve entre les formes
des symphonies de Sammarlini et les premiers
ouvrages de ILfydn en ce genre, et l'on rap-
porte que Mysliweczeck étant à Milan dans un
concert, et entendant pour la première fois les
vieilles symphonies de Sammartini, s'écria :
J'ai trouvé le père du style de Haydn. Le
comte de Harrach, gouverneur de la Lom-
bardie autrichienne, fut le premier qui porta
la musique de Sammartini à Vienne, où elle
obtint un succès de vogue. Les comtes de
Palfy, de Schœnborn et de Morlzin, ainsi que
le prince Eslerhazy, ne négligèrent rien pour
se procurer tout ce qu'il écrivait, et ce der-
nier donna mission à un banquier de Milan,
nommé Bastelli, de payer à Sammartini huit
sequins d'or pour chaque nouvelle symphonie
dont il fournirait le manuscrit. Ce composi-
teur s'essaya aussi dans la musique de théâtre,
mais n'y réussit pas. Le Catalogue théma-
tique de Breitkopf (Leipsick, 1762, p. 21) in-
dique les thèmes de dix-huit symphonies de
Sammartini, et le Supplément (ibid., 1774,
p. 14) en fait connaître trois autres. Dans les
mêmes catalogues, on trouve les thèmes de
trente-six trios pour deux violons et basse;
enfin, on y voit les thèmes de six concertos
pour le violon, avec deux violons, alto et basse
d'accompagnement ; mais le nombre des com-
positions decetartisleest beaucoup plus consi-
rable : une noie que j'ai trouvée sur une de
ses messes manuscrites, à Venise, le porte à
deux mille huit cents. On a gravé à Londres,
en 17f)7, six de ses trios, et à Paris, chez Le-
clerc, vingt-quatre symphonies, en quatre
œuvres, ainsi que six petits trios ou nocturnes
pour flûte ou violon. Il a paru aussi à Amster-
dam, sous le nom de cet artiste, isix sonatescn
trios pour deux violons et basse, op. 1.
SAMMARÏIINI , ou SAIV MAIITI]\I
(Joseph), frère aîné du précédent, né à Milan,
dans les premières années du dix-huitième
siècle, a été un des meilleurs hautboïstes de son
temi>s. En 1726, Quanz l'entendit à Milan, et
fut charmé de son talent. Dans l'année sui-
vante, Sammartini se rendit à Londres, où il
passa le reste de sa vie, et mourut au service
du prince <le Galles, en 1740. Il avait été
d'abord premier hautbois de l'Opéra italien.
Son premier ouvrage, gravé à Londres, con-
siste en six sonates pour deux llùtes; mais il
dut principalement sa réputation à un œuvre
de six concertos pour le hautbois, publié en
1738, et à douze sonates pour deux hautbois et
basse, qui parurent quelque temps après. Huit
ouvertures et six grands concertos furent aussi
publiés après sa mort, par Johnson. Plusieurs
autres compositions de Sammartini ont été
gravées à Amsterdam.
SAMPIEUI (le marquis François),
membre honoraire de l'Académie philharmo-
niquedeBologne, nédans celte ville, vers 1790,
fut amateurzélé etcomposileur.il résidait al-
ternativement à Florence et à Bologne. Géné-
reux et bienveillant, le marquis Sampieri
accueillait avec empressement les artistes qui
visitaient Bologne. Les événements révolution-
naires qui agitèrent l'Italie, en 1848, le
décidèrent à se rendre à Paris, où il passa ses
<lernières années. Il y est mort dans les pre-
miers jours de novembre 1863. Il a fait re-
présenter, en 1816, au théâtre Re de Milan,
Oscar e Malvina , opéra en deux actes.
A Naples, il a donné, le 26 septembre 1821,
Falmiro e Zeida, et le 23 février 1822, au
théâtre du Fondo, la Foresla d'Ostropol.
Plusieurs autres opéras de la composition du
marquis Sampieri ont été joués à Bologne, à
Florence et à Ferrare.
SAMSON ou SAMPSON (...), musicien
du seizième siècle, vraisemblablement fran-
çais d'origine, vécut en Allemagne antérieu-
rement à 1550. On trouve des morceaux de
sa composition dans les recueils intitulés :
Novum et insigne opus musicum sex, quin-
queet quatuor vocum, etc. ; Noribergx, arte
//ieronymi Graphei, 1537, in-4» obi. ^•'Fr-
390
SAMSON — SANADON
ster Theil. Ein Juizug gtiter aller tind
newer Teuschen Liedlein, etc. ; Nuremberg,
J. Petrejus, 1539, in-4'' obi. 3° Selectissima-
ntm Motetarum partim quinque, partim
quatuor vocum, tomus primus; ibid., 1540.
4° Bicinia gallica, latina et germanica et
quxdam fugœ. Tomi duo ; Fitebergs, apud
Georg. Rkav, 1545, petil in-4'>obl.
SAML'EL (Adolphe), compositeur, pro-
fesseur d'harmonie pratique et d'accompagne-
ment au Conservatoire royal de musique de
Bruxelles, est né à Liège, le 11 juillet 1824.
Destiné, par ses parents, à la peinture, il prit
une autre direction par ses dispositions re-
marquables pour la musique. Entré au Con-
servatoire de Liège, en 1832, il y reçut des le-
çons de piano de M. E. Soubre {voyez ce nom).
Ses progrès Turent assez rapides pour qu'il se
lit entendre avec succès, en 1835, à la Société
d'émulation de sa ville natale. En 1838, ses
parents s'établirent à Bruxelles. Dans l'année
suivante, Samuel joua dans un grand concert
donné par Bériot et mademoiselle Garcia
(plus tard madame Viardol) : il fut remarqué
par l'auteur de celte biographie, quidonna.à
ses parents le conseil de le faire entrer au Con-
servatoire pour y suivre les cours d'harmonie
et de composition. Entré dans celte institu-
tion, en 1840, il y obtint les premiers prix
d'harmonie, de contrepoint et d'orgue, en
1841, 1842, 1845 et 1844. Parvenu à l'âge de
vingt et un ans, en 1845, il prit part au grand
concours de composition et obtint le premier
prix. Devenu pensionnaire de l'État à ce titre,
il voyagea en Italie et en Allemagne pendant
les années 1846 à 1848. De retour à Bruxelles,
il fit représenter, en 1849, au Théâtre-Royal,
Madelaine, opéra-comique en un acte, dont le
livret était de Scribe et de Gustave Vaes, La
mort de la sœur de Samuel, peu de temps
après, l'obligea à la remplacer comme sou-
tien de la famille, et il dut se livrer à l'ensei-
gnement; néanmoins, il écrivit deux grands
opéras, un opéra-comique, deux symphonies,
et s'occupa de littérature musicale dans la
Revue trimestrielle, VEcho de Bruxelles, le
National, le Télégraphe et V Observateur.
Au mois de décembre 1858, je fis exécuter, au
concert du Conservatoire, une de ses sympho-
nies, qui fut fort applaudie. Dans la même an-
née, le gouvernement belge le chargea de
composer une grande cantate pour l'inaugu-
ration de la colonne du Congrès : elle fut exé-
cutée deux fois pendant les fêtes nationales du
mois de septembre 1859, par deux mille ilcux
cents chaoïcurs, et un orchestre de trois cculs
instrumentistes, sous la direction de l'auteur.
Décoré de l'ordre de Léopold, au mois d'oc-
tobre suivant, M. Samuel a été nommé pro-
fesseur d'harmonie pratique au Conservatoire
en 1860. On a gravé de sa comi>osilion :
1° Hymne funéraire à trois voix; Bruxelles,
Katto. 2" Quatre motets pour des voix égales;
ibid. 5"^ Trois chœurs pourdes voix d'hommes,
sans accompagnement ; ibid. A" Qualrc
chœurs pour des voix de femmes; Bruxelles,
Meynne. 5''Plusieurs mélodies pour voix seule
avec accompagnement de piano; t6id. 6" Plu-
sieurs morceaux de piano; ibid. 7" Deux mélo-
dies et divers fragments d'opéras; Bruxelles,
Gouweloos. 8» Recueil de mélodies allemandes
avec piano; Cologne, Schloss. 9'" Air tle
l'opéra inédit les deux Prétendants ; Bruxel-
les, Schott. 10» Cours d'harmonie pratique et
d'accompagnement de la basse chiffrée ; ibid.
SAMUEL (Caroline), sœur du précédent,
née à Liège, le 1" novembre 1822, a fait son
éducation musicale au Conservatoire de Liège,
où M. Daussoigne-MèhuI, directeur de cette
institution, a été son professeur de piano,
d'harmonie et de composition. A l'âge de onze
ans, elle obtint au concours le second prix de
piano; le premier prix lui fut décerné en
1855, et l'année suivante, elle obtint le pre-
mier prix d'harmonie. Pianiste douée d'un
talent gracieux, fin, élégant, elle se fit en-
tendre avec succès dans plusieurs concerts, et
se livra fort jeune à l'enseignement pour
fournir des moyens d'existence à sa mère et à
ses sœurs. Une maladie de poitrine l'enleva
prématurément à l'âge de vingt-neuf ans, le
15 «aars 1851. On a publiéde sa composition :
deux fantaisies pour le piano, et des mélodies à
voix seule avec accompagnement de cet instru-
ment; Bruxelles, Lahou.
SANADON (Noel-Étienne), jésuite, né à
Rouen, le 16 février 1676, enseigna la rhéto-
rique à Caen et à Paris, puis fut chargé de
l'éducation du prince de Conti. Devenu biblio-
thécaire du collégede Louis-le-Grand, en 1728,
il occupa cette place jusqu'à sa mort, arrivée
le 22 octobre 1755. On a du P. Sanadon : les
Poésies d'Horace, disposées suivant l'ordre
chronologique , et traduites en français,
avec des remarques et des dissertations criti-
ques; Varis, 1728, deux volumes in-40. Une
de ces dissertations, fournies par le P. Du
Cerceau au P. Sanadon, concerne les deux vers
de la neuvième ods du cinquième livre d'Ho-
race :
Sonnnic mistum libliscarmoii \yrù,
Hac Doriuin, iilis barbsruin.
SANADON — SANDONl
391
La question de la connaissance que les an-
ciens auraient eue de l'harmonie est l'objet de
cette dissertation {voyez Du Ceucead et mon
Mémoire sur l'harmonie simultanée des
sons chez les Grecs et les Romains ; Bruxelles,
1858, p. 17 et suiv.).
SATSCES (Jean-Félix), né à Rome, dans
les premières années du dix-septième siècle,
se fixa à Vienne antérieurement à 1638, et
entra dans la chapelle de l'empereur Ferdi-
nand III, qui le nomma second maître de
chapelle en 1655. Il devint premier maître,
sous le règne de Léopold I". On a imprimé
de sa composition : !• Motetti a quattro
voci; "Venise, 1638. 2» Capricci poetici;
ihid., 1649. 3" Salmi brevi a quattro voci
concertati. 4» Motetti a voce sola con busso
continuo. 5» Motetti a 2 , 3 , 4 e 5 voci
con basso continuo. 6° Trattenimenti mu-
sîcali per caméra a 2, 3, 4 e 5 voci. Libro
primo, opéra sesta ; in Venetia, app. Franc.
Magni, 1657, in-4". 7» Motetti a 2, 3, 4, 5,
G, 7 e 8 voci. 8° Antiphonx sacras B. M. F.,
pertotum anntim. Sances a fait représenter
à Vienne, en 1670, l'opéra intitulé : Aristo-
<nnene Messenio, dont la poésie était (|u comte
Nicolas Minalo, de Bergame. Sances vivait en-
core en 1678.
SAISCEY (L.-S.), auteur inconnu d'un pe-
tit écrit intitulé : Tachygraphie musicale, ou
l'art cfécrire la musique aussi promptement
que l'exécution; Strasbourg, imprimerie de
Mainl)erger, 1846, in-8'' de vingt pages.
SANCHEZ (D. Ventura), compositeur es-
pagnol, né à Madrid, au commencement du
dix-neuvième siècle, a fait représenter à Cadix
cl à Séville, en 1842, Jginia d'Asti, opéra
semi-seria. Deux ans auparavant, il avait
<lonné à Madrid l'opéra espagnol la Conspira-
tion à Venise. En 1850, il a fait jouer à
HaiVw, Malek-Adel, opéra sérieux, et en 1854,
la Maga, opéva espagnol. On n'a pas d'autres
renseignements sur cet artiste.
SAl^iDEN (Bernard DE), docteur en théo-
logie et prédicateur de la cour à Kœnigsberg,
naquit à Insterhurg en Prusse, le 4 octobre
1656. Après avoir fait ses éludes aux univer-
sités de Kœnigsberg, de Leipsick, deTubinge
et de Strasbourg, il voyagea en France, en
Angleterre et en Hollande, puis retourna à
Kœnigsberg, où il vivait encore en 1722. On a
de lui beaucoup d'écrits relatifs à la théologie,
et un sermon sur l'utilité de la musi(|ue dans
le service divin, qu'il a fail imprimer sous ce
litre : Dass die Kirchenmusik, wenn solche
ii-olil und chvisllich eingcrichlet ist, eine
Gabe Gottes sey, etc.; Kœnigsberg, 1720,
in -4" de quatre feuilles. Ce sermon a été pro-
noncé à l'occasion de la première musique que
Jean-Georges Neidhardt fit exécuter, en sa
qualité de maître de chapelle de l'église de la
citadelle, à Kœnigsberg.
SAîSDER (F. -S.), né à Dlabacz en Bohême,
vers 1760, se fixa fort jeune à Breslau, et s'y
livra avec succès à l'enseignement delà mu-
sique. Il mourut en 1796, à la (leur de l'âge,
dans la capitale de la Silésie. Il a publié de sa
composition : 1» Trois concertos pour piano
avec orchestre; Breslau, 1783. 2° Six sonates
pour le piano, première suite; ibid., 1785.
3»Six sonatines faciles, idem, première partie;
i7>jd.,1786.4''La prière de KIopstock et autres
chants religieux; ibid., 1786. 5° Six sonates
faciles pour piano, deuxième partie, ibid.,
1787. 6" Sonate pour clavecin et violon, ibid.,
1789. 7» Méthode courte et facile pour le
doigter, avec des exemples, sous ce titre :
Griiudliche Anweisung ziir Fingersetziing
fiir Clavierspieler ; Breslau, 1791, in-4''obl.
de vingt-quatre pages. 8» Six sonates pour
clavecin, avec accompagnement de violon;
ibid., 1790. 9» Le Triomphe, prologue avec
chant, pour l'anniversaire de la mort du roi,
exécuté sur le théâtre de Breslau, le 25 sep-
tembre 1795. 10« Six sonates pour piano et
violon; Breslau, 1793. Il» Don Silvio de
Rosalva, drame musical, en manuscrit.
SA!>'DERSOIV (Jacques), compositeur
anglais, naquit en 1769, à Workington, dans
le comté dcDurham. Dès l'âge de dix-huit ans,
il fut attaché au théâtre de Newcastle, en
qualité de chefd'orchestre; mais un an après,
Astley l'engagea pour l'orchestre de son Cir-
que, à Londres, avec des appointements con-
sidérables, sous la condition d'écrire la mu-
sique des pantomimes et des mélodrames qu'on
y représentait. On porte à cent soixante le
nombre d'ouvrages de ce genre qu'il a com-
posés. Beaucoup de chansons anglaises ,
gravées à Londres, chez Clementi, et des solos
de violon, sont les productions de ce musicien
qui ont été publiées. Il est mort à Londres, à
la fin de l'année 1841, à l'âge de soixante-
douze ans.
SAI^DONI (Pierre- Joseph), compositeur,
né à Bologne, dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, eut un latent remarquable sur
le clavecin. Il fut reçu membre de l'Académie
l)hilharmonique, en 1702, et en fut prince, en
1713 elen 1725. Il brilla comme compositeur
à Vienne, à Munich, à Modène et à Parme.
Fixé à Londres, vers 1726, il y fut compaié à
302
SANDONI — SANES
Ilaendel poiirson habileté dansTimprovisalion.
On croit qu'il est mort clans cette ville, vers
1730. En 1709, il avait fait jouera Vérone
^rtaserse, opéra sérieux de sa composition.
Plusieurs autres opéras de ce compositeur ont
été joués à Gènes, à Pesaro, à Plaisance et à
l^lilan, mais on n'en connaît plus les titres. On
a i,Mavé delui, à Londres : Cantate da caméra,
tl Sonate per il cembalo, dédiées à la com-
tesse de Pembroke, sa protectrice.
SAi^DO]>iI ( Fkançoise CliZZOlXI ) ,
femme du précédent, naquit à Parme, en 1700.
Douée d'une voix pure et pénétrante, elle dé-
veloppa cet avantage naturel par les excel-
lentes leçons de Lanzi, et devint une des can-
tatrices les plus remarquables et les plus
admirées de son temps. Après avoir brillé sur
jtiusieurs théâtres de l'Italie, elle accepta, en
1722, l'engagement que Hœndel lui offrit au
théâtre qu'il dirigeait : elle y excita une admi-
ration qui allait jusqu'au fanatisme, dans
VOthon de ce compositeur. Pendant quatre
années, la Cuzzoni fut en possession des plus
beaux rôles des opéras de Hœndel ; mais, aca-
riâtre et capricieuse, elle finil par se brouiller
avec lui, et paya ses soins d'ingratitude. Pour
se venger, l'illustre compositeur fit venir à
Londres Faustina, la seule cantatrice de ce
temps qu'on pût opposer à la Cuzzoni, et com-
posa pour elle des airs brillants et favorables
à sa voix; mais le succès ne répondit pas à
son attente. La rivalité de ces deux femmes
dégénéra en haine furieuse, et leurs partisans
finirent par porter tant de trouble dans les
représentations, que les intérêts deHœndel en
furent compromis. Devenue la femme de San-
doni, vers 1/27, la Cuzzoni céda aux instances
du comte de Rinsky, ambassadeur d'Autriche
à Londres, et se rendit à Vienne, où elle eut
d'abord un brillant succès à la cour; mais ses
prétentions exagérées l'empêchèrent de con-
tracter un engagement pour le théâlre\' Elle
partit pour l'Italie, n'y trouva pas les avan-
tages qu'elle s'était promis, et finit par voyager
en Hollande, où elle fut mise en prison pour
dettes. Elle n'en sortit qu'après avoir payé ses
créanciers par les produits de ses représenta-
tions. En 1748, elle reparut au théâtre de
Londres; mais elle n'était plus que l'ombre
d'elle-même; elle n'y réussit point, et vers la
fin de l'hiver, elle fut obligée de retourner
dans sa patrie , où elle tomba dans une
profonde misère. Vers la fin de sa vie, elle
était obligée de fabriquer des boulons de
soie pour fournir à sa subsistance. Elle mou-
rut en 1770, après avoir donné un des
exemples les plus fra|)pants des vicissitudes
de la fortune.
SAI^DRIIN (....), compositeur français de
chansons à plusieurs voix, vécut dans la pre-
mière moitié «lu seizième siècle, sous le règne
de François I". On trouve des chansohs à
quatre parties de sa composition dans les re-
cueils intitulés : 1" Le XII' livre, contenant
trente chansons nouvelles à quatre parties;
Paris, parPierre Attaingnant et IluberlJullet,
IMô, petit in^» obi. 2» Le XVI" livre, con-
tenant XXIX chansons nouvelles à quatre
parties; ibid., 1343. 3» Le 11^ livre des
chansons à quatre parties, auquel sont con-
tenues XXX chansons, etc., imprimées (sic)
en Anvers, par Tylman Susato, 1544, in-4".
Le nom du musicien est écrit Sandnjn dans
ce recueil.
SANDRINI (Paul), hautboïste et guita-
riste, né à Gœrz, en 1782, parcourut l'Alle-
magne, en 1803, s'établit ensuite à Prague,
puis à Dresde, en 1808, où il fut attaché à la
musique du roi de Saxe, et au théâtre en ([ua-
lité de hautboïste. Il mourut dans celte ville,
le 13 novembre 1813, à l'âge de trente et un
ans. On porte à quarante le nombre de ses
oeuvres publiées, parmi lesquelles on remar-
que : 1" Duo pour guitare et flùle, op. 12;
Leipsick, llofmeister. 2» Sonate concertante,
idem, op. 16; ibid. 3» Thèmes variés, idem,
op. 13; ibid. 4" Six cavalines avec guitare,
op. 13; Leipsick, Pelers. 5» Six ariettes ita-
liennes, ù/em, op. 14; ibid.
SAISDYS (William), musicien anglais, né
vers 1794, dans l'ouest de l'Angleterre, et fixé
à Londres, a pu!)lié un livre intitulé : Christ-
mas Carols, ancient and modem, including
the most popular in the West of England,
and the airs to which are song. Also spéci-
mens of french provincial Carols ; with an
introduction and notes; Londres, 1835,
in-S". Cette collection de nocis de l'ouest de
l'Angleterre est curieuse.
SAINELLI (Gualtero), compositeur dra-
matique, né à Parme, a fait représenter plu-
sieurs opéras en Italie, puis s'est établi à
Mexico, en qualité de directeur de musique du
théâtre italien de cette ville. Il s'y trouvait en
1842; mais il y resta peu de temps et retourna
dans sa patrie pour rétablir sa santé. Se*
ouvrages connus sont : \° La Cantante, joué
à Milan, en 1841 . 2" / due Sergenti, à Turin,
en 1842. 3» Ermenegarda, à Milan, en 1845.
4" Luisa Strozzi, à Livourne, en 1847.
SAPiKS (Fklix), compositeur vénilieii,
vécut vers la fin du dix-septième siècle. Ou
J
SANES — SAN ROMANO
393
I
connaît de lui les ouvrages suivants : 1" j}[issn
a quatlro voci con organo; Venise, 1094.
2" Missa a 2 soprani,- 1 alto, A tenori,
2 bassi con 5 stromenti obligati. 3° Magni-
ficat a 3 concertati, choro a G voci, 2 violini
ed organo. A" Miserere mei Deus a 4 voci,
uno violino e 3 viole.
SANGIORGI ( Antoise - Jean - Baptiste
HABITE) , compositeur, né à Parme, est
mort dans cette ville, en 1845. Il s'est fait
connaître par les opéras intitulés : X" JlCon-
teslabilc diChester,re\)résenlé à Reggio, en
1840. 2» Jl Colombo, k Parme, en 1840.
Un ténor nommé César Sangiorgi a chanté
sur les théâtres de Tllalie, depuis 183G jus-
qu'en 1845.
SATV - JACIWTO (le marquis DE), né
à Palerme, en 180'J, a fondé en cette ville
rAcadémie philharmonique, à limitation de
celle de Bologne. Un amateur de mu$i(|ue,
nommé Libori Musumeci, par un patrio-
tisme sicilien exagéré, ayant publié un Pa-
rallelo tra i maestri Rossini e Bellini, dans
lequel il mettait sans façon le jeune auteur du
Pirate au-dessus du maître qui venait de pro-
duire (?ui7iaMme Te//, M. deSan-Jacinto ré-
pondit victorieusement à cet écrit, dans des
Osservazioni sulmerito musicale dei maestri
Bellini e Rossini, in risposta ad un paral-
lelo tra i medesimi pubblicato in Palermo ;
Palerme, 1834, in-S». Cet écrit fut réimprimé
à Bologne (Tipografia délia Volpe, 1834, in-S»
de vingt-deux pages), par les soins du chevalier
de Ferrer, avec une préface. Ce môme M. de
Ferrer en a donné plus lard une traduction
française, sons ce titre : Rossini et Bellini.
Réponse de M. le marquis de San-Jacintoà
un écrit publié d Palerme, revue et réim-
primée à Bologne et traduite en français
par, etc.; Paris, de l'imprimerie d'Éverat,
1836; in-8'' de vingt-quatre pages.
SANLECQUE (Jacques DE), graveur et
fondeur de caractères, naquit, en 1573, à
Chaulne, dans la province du Bourbonnais.
Arrivé à Paris dans sa jeunesse, il y fit élève
de Guillaume Le Bé (f oyez ce nom) pour la
gravure des caractères. Devenu lui-même un
des hommes les plus distingués dans cet art, il
s'associa avec son troisième fils, pour la gra-
vure et la fonte de caractères pour l'impres-
sion de la musique. Fournier dit, dans son
Traité historique sur les caractères de fonte
pour ce genre d'impression, (|uc ceux desSan-
lecque atteignirent le plus haut degré de per-
fection possible alors. « Vers 1C35 (dit-il), ils
» commencèrent, pour leur propre usage, la
« gravure de trois caractères de musique dis-
i> tingués par petite, moyenne et grosse mu-
» sique. Ces trois caractères sont un chef-
« d'oeuvre pour la précision des filets (de la
» portée), la justesse des traits obliques qui
» lient les notes, et la parfaite exécution. »
Sanlecque mourut le 20 novembre 1648, à
l'âge de soixante-quinze ans.
SAJXLECQUE (Jacques), troisième fils du
précédent, fut un des plus savants hommes d(t
son temps dans les langues grecque, latine et
orientales. Habile dans la musique, il jouait
de presque tous les instruments alors en usage.
Il partagea les travaux de son père dans la
gravure et dans la fonte des caractères de mu-
sique, et soutint avec lui un procès contre Ro-
bert Ballard, qui, ayant le titre iVimprimeur
du roi pour la musique, prétendait au privi-
lège exclusif de ce genre d'impression. A l'oc-
casion de ce procès, qui ne fut point jugé, mais
<|ui donna lieu à beaucoup de mémoires et de
plaidoiries, Sanlecque composa une allégorie,
dont les interlocuteurs sont le cheval Pégase,
(marque typographique des Ballard), et la
Tortue (marque des Sanlecque). Celte allé-
gorie est imprimée à la suite d'un Traité de
l'eau-de-vie; Paris, 1646, qui n'est pas de
Balesdens, comme le dit Beuchol, dans sa
Notice sur les Sanlecque, mais de Brouault.
SAN ROMANO (Charles-Joseph), orga-
niste et compositeur, naquit à Milan, vers
1630. Après avoir fait ses études musicales
sous la direction des maîtres de chapelle Tn-
raloet Grancini, il obtint la place d'organiste
de l'église des Célestins, à l'âge de dix-huit
ans. Deux ans après, il fut appelé au bourg de
Casorate, dans l'État de Venise, pour y rem-
plir les fonctions d'organiste, aux appointe-
ments de mille livres. L'invasion de l'Itaiic
par l'armée française, en 1653, obligea San
Romano à se retirer à Milan, où il obtint la
place d'o^aniste de San Giovanni-a-Conca,
puis celle d'organiste de Sainte-Marie-de-la-
Passion. L'emploi de maître de chapelle de
l'église de Sainl-Celse étant devenu vacant, il
entra en concurrence avec son maître Gran-
cini, et l'emporta sur lui. En 1670, il occupait
encore cette place, mais on n'a pas de rensei-
gnements sur répo(iiie postérieure de sa vie.
Ses compositions connues sont : 1» Il Cygno
sacro, motetli o piii voci; Milan, 1668.
2° Il primo libro de' moletti a voce sala;
ibid., 1669. San Romano avait en manu-
scrit, en 1670, un œuvre de motels, messes,
psaumes, etc., à cinq voix, et des psauuics
à deux ciineurs.
394
SAN ROMANO — SANÏIM
SA]>'TA-MARIA (Tiiomas-A.), moine
espagnol, vécut vers le niilien du seizième
siècle, (inns nn couvent de Valladolid. Il est
aiileiir d'un livre intitulé : ^rte de Tanner
fantasie para Tecla, Fiijuela, y todos in-
slrumentos de très fi quatro ordenez (Art de
jouei' des fantaisies sur le rebec (1), la viole,
et tous les instruments à trois ou quatre cordes);
Valladolid, 1505, in-4».
SAIV'TAllELLI (D. Joseph), chevalier de
l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, né à Forli,
en I7I0, fut admis, en 1749, dans la chapelle
pontificale, en qualité de chapelain chantre,
l)Our la partie de soprano. Il ^tait excellent
chanteur, et possédait des connaissances éten-
<lues dans la composition. Santarelli est cité
surtout avantageusement pour un livre inti-
tulé : Délia musica del Santuario c délia
disciplina de' suoi cantori. Raccolli di nio-
numenti ordinati e distributi per i secoli
délia chiesa; Rome. Komareck, 1704, in-4°.
Le premier volume seulement de cet inléres-
sant ouvrage a été imprimé, et n'a pas été mis
dans le commerce. Burney dit {The présent
State of Music in France and Italy, p. 278)
que le manuscrit du deuxième volume était
prêt à être livré à l'impression, en 1770, mais
que l'auteur espérait si peu de succès pour un
livre si sérieux, qu'il hésitait sur la continua-
tion de l'entreprise. Santarelli mourut, en
effet, en 1790, sans avoir fait imprimer ce
volume.'
SAI^iTELLI (Ange), né à Bologne, vers
1720, fut un des organistes italiens les plus
«listingués, vers le milieu du dix-huitième
siècle. Élève d'Angelo Laurenti, il obtint, en
1749, la place de premier organiste de l'église
San-Petronio de sa ville natale. On a de lui
en manuscrit des pièces d'orgue estimées.
Agrégé à l'Académie des philharmoniques
de Bologne, en 1740, il en fut prince en
1750.
SANTER (Antoine), second maître de cha-
pelle de l'église Saint-Michel, à Munich, na-
quit à Inspruck, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle. Il a fait imprimer de sa
composition : Psalmen und yintiphonen mit
1 und'2violinennebst General-Bass {Vsaumes
et antiennes avec un et deux violons et basse
continue); Augsbourg, 1099, in-4''.
SABiTERIlE (Pierue), musicien du sei-
zième siècle, né à Poitiers, de parents protes-
tants, au commencement du seizième siècle, a
mis en musique, à quatre parties : Les c:nt
(i) Violon rustique à trois cordes.
cinquante psalmes de David; Poitiers, Nico-
las Lagerois, 1507, in-4'' obi.
SAIMTI (Alphonse), compositeur drama-
tique, né à Ferrare, vers 1750, a donné à Flo-
rence, en 1781 , la Capricciosa in cnnipagna,
opéra bouffe en deux actes, et à Parme, à
l'automne de la même 3inn6c,l'Amorsoldato.
Sanli fut nommé maître de chapelle dans sa
ville natale, en 1782.
SAINTIAGO (François), carme du cou-
vent de Séville, naquit à Lisbonne, veis 1590,
et fut maître de chapelle de la cathédrale de
Séville. Il mourut en 1040, avec la réputation
d'un savant musicien, et laissa en manuscrit
des messes, des motets et des psaumes que le
roi Jean IV de Portugal fit réunir dans sa
belli! bibliothèque de musique.
SA]>iTIi>JELLI (Andhé), né à Bologne,
dans la première moitié du dix-septième
siècle, y fit ses études musicales, puis se ren-
dit à Vienne, où l'empereur Léopold I" le
choisit pour son maître de chapelle. Il écrivit
pour le mariage de ce monarque, en 1000,
l'opéra intitulé : Gli Amori di Orfeo ed Eu-
n'ûfece, qui fut considéré alors comme une mer-
veille de l'art.
SAIVTII\I ( Prosper ) , compositeur de
l'école romaine, vécut vers la fin du seizième
siècle et au commencement du suivant. Il est
un des auteurs dont Fabio Coslantini a placé
des morceaux dans le recueil intitulé : Selectx
cantiones excellentissimorum auctorum oc-
tonis vocibus concinendœ (Rome, 1014). On
y trouve de Santini un Angélus Domini à
huit voix, qui est une fort bonne composi-
tion.
SAINTIIVI (Gemimani), né à Pesaro, fut
admis, en 1754, à la chapelle pontificale, mais
seulement enqualilé dechantre surnuméraire.
Il écrivit un traité de musique intitulé : //
Compositore armonico, et le dédia, en 1704,
au pape Clément XIII; mais sa pauvreté ne
lui permit pas de le faire imprimer, et ce pon-
tife fit déposer le manuscrit dans les archives
de la chapelle pontificale, où il se trouve en-
core. Santini composa aussi, pour le servicede
celle chapelle, une messe à six voix, sous le
titre de Pelrus et Joannes, et la dédia, en
1707, au prélat Jean-Baptiste Rezzonico, ne-
veu du pape, euUii exposant sa triste situation
dechantre surnuméraire ; mais il n'en obtint
pas de secours, et fut obligé de laisser inédit
son Compositore armo7iico.
SAI^iTIINI (Fortuné), abbé, compositeur
et musicien érudit, est né à Rome, le 5 juillet'
1778, et a été baptisé à l'église Saint-Ange in
SANTINI — SANTIS
395
Pescaria. Ayant perdn son père peu de jours
après sa naissance, il fut admis, à l'à^e de sept
ans, dans la maison des orphelins, où il Tit ses
éludes latines, montrant Les plus heureuses
dispositions pour la musique : il devint élève
<le Jannaconi (voyez ce nom). Ce dernier prit
tant d'affection pour lui, que lorsque Santini
lut entré au collège Salviati, cet excellent
maître continua de l'instruire gratuitement.
Dès ce moment, Santini comprit qu'un des
meilleurs moyens d'augmenter ses connais-
sances dans l'art d'écrire, consistait à copier
les œuvres des grands maîtres, et ses travaux
en ce genre, qui n'ont pas cessé pendant plus
de cinquante ans, lui ont fait recueillir une des
plus belles collections d'ancienne musique
classique qui soient au monde. Sorti du collège,
le ôl juillet 1798, il fit ses éludes de philo-
sophie et de théologie, et fut ordonné prêtre h
la finde mai 1801. Ayant prisrhabiluded'aller
chanter dans quelques églises de Rome les
oflTiccs en musique, il ac(|uil la connaissance
des anciennes notations dans lesquelles sont
écrites les compositions des maîtres du seizième
siècle. A cette époque de sa vie, il étudia le
contrepoint jusqu'à huit voix réelles sous la
direction de Jannaconi ; et Jean Guidi, orga-
niste de Sainte-Marie-in-Translevere, lui en-
seigna l'accompagnement de l'orgue.
Plus de cinquante années se sont écoulées
pendant lesquelles l'ahhé Santini s'est occupé
sans relâche à rassembler une collection des
plus beaux ouvrages des maîtres de toutes les
écoles anciennes et modernes, particulière-
ment dans les styles ecclésiastique et madri-
galesque; à mettre en partition des compo-
sitions anciennes dont on ne possédait que les
parties séparées, et à copier, dans les biblio-
thèques publiques ou particulières, ce qu'il ne
pouvait se procurer à prix d'argent. Déjà, en
1820, M. Santini publia la notice de sa collec-
tion, sous le titre de Catalogo délia Musica
esistente pressa Fortunato Santini inRoma;
Rome, 1820, in-12 de quarante-six pages,
renfermant l'indication abrégée de plusieurs
milliers d'arlicles; mais depuis lors, cette
collections'est triplée. J'en possède le catalogue
manuscrit in extenso. Entretenant une cor-
respondance avec les musiciens érudils des
principales villes de l'Europe, Santini leur
lournissait des copies de ses trésors sans autre
rélribulion que celle du copiste. Aussi modeste
<|u'obligeant, ce digne homme prenait peu de
soin pour faire connaître ses propres compo-
sitions, parmi lcs<|ucllcs j'ai vu dts motets à
cin(i, six et huit voix réelles fort bien écrits,
et d'un bon style. L'Académie royale de chant
de Berlin l'a nommé l'un de ses membres
honoraires : le même honneur lui a été rendu
par l'Académie philharmonique de Rome, cl
par la congrégation de Sainte-Cécile de la
même ville. Après la mort d'une sœur qui avait
passé sa vie près de lui, l'abbé Santini a vendu
sa belle collection à un amateur, sous la con-
dition -d'en conserver l'usage pendant ses
dernières années, et s'est retiré dans un cou-
vent de Rome. M. Wladimir Stassotr, amateur
russe de musique, après un séjour à Rome,
dont une partie fut employée à l'examen de sa
bibliothèque, a publié un écrit intéressant sur
ce qui la concerne, sous le titre de : l'jébbé
Santini et sa collection musicale à Rome;
Florence, 1854, gr. in -8» de soixante et dix
pages.
SAI^iTIlM (Viscesio-Feuce), chanteur
italien, particulièrement dans le genre boufTe,
naquit à Parme, si j'ai bonne mémoire, co
1798, et parut pour la première fois sur la
scène à Venise, dans l'Inganno fortunato
de Rossini, en 1818. Morlacchi, l'ayant en-
tendu, fut satisfait de sa voix, et l'engagea
pour le théâtre de Dresde. Après y avoir chanté
avec succès pendant plusieurs années, il eut
un engagement pour le Théâtre Italien de
Paris, et y débuta en 1828, dans le rôle de
Figaro^ du Barbier de Séville. Il possédait
une belle voix de basse, dont les sons graves
étaient surtout remarquables : il descendait
jusqu'au contre-ré. Ses gestes trop multipliés,
ses grimaces, le faisaient quelquefois tomber
dans la caricature; mais lorsqu'il voulait se
contenir et donner du soin à son chant, il
produisait de l'effet et se faisait applaudir à
côté des excellents chanteurs qui se trouvaient
alors à Paris. Le bel air de basse de la Zel-
mira de Rossini, par exemple, n'a jamais été
mieux chanté que par lui. En 1834, il retourna
en Allemagne et chanta avec succès au théâtre
de Munich; mais il mourut dans cette ville,
au mois d'octobre 1836, à l'âge de trente-huit
ans.
SAISTIS (Jean DE), violoniste et compo-
siteur napolitain, vécut dans sa patrie, vers le
milieu du dix-huitième siècle. Il avaitcomposé
des concertos et des sonates pour le violon,
dont Witvogel, d'Amsterdam, se procura des
copies, et donna des éditions à l'insu de l'au-
teur. De Santis, en ayant vu par hasard des
exeni|ilaires, se mit en roule pour la Hollande,
dans le dessein de se venger de ce vol; mais
il mourut avant d'arriver au terme de sou
voyage. Les compositions gravées iwir Wii-
396
SANTIS — SANTUCCI
vogel consistent en trois œuvres de sonates
pour le violon, avec accompagnement de basse
el six concertos avec orchestre. On connaît de
ce compositeur deux opéras intitulés Z'.<^nft-
yono^ et // Licurgo.
SAI>lTO (Samuel-Besjamin), né à Dresde,
en 1776, est fils d'un musicien italien de la
cour. Meissner lui enseigna le violoncelle, qui
devint son instrument de prédilectio^i, et le
canlor "Wcinlig lui donna des leçons de basse
continue. Admis à l'âge de douze ans au
lliéâlre royal pour l'accompagnement du ré-
citatif, il acquit dans cette position une rare
habileté sur son instrument. En 1793, il se
rendit en Silésie, et y entra d'abord au service
du comte Platen, à Adeisbach, puis chez le
comte de Schweidnitz. Dans celte dernière
position, il écrivit vingt quatre morceaux pour
<|uatre et cinq instruments à vent, six con-
certos pour le cor, et quelques petits morceaux
pour le violoncelle. Après avoir passé quinze
années dans la maison du comte de Schweid-
nitz, Santo alla se fixer à Breslau, où il était
encore en 1824, jouissant de la réputation de
musicien distingué el d'excellent violoncel-
liste. On n*a gravé de sa composition que trois
duos faciles pour deux violoncelles (Breslau,
Fœrsler) ; mais il avait en manuscrit plusieurs
concertos pour le violoncelle, quelques mor-
ceaux détachés pour le même instrument, avec
orchestre, des duos pour deux violoncelles,
deux sonates de piano el violon, un beau trio
pour piano, violon et basse, el des sonates de
piano el violoncelle.
SANTO LAPIS. Foyes LAPIS (Sasto).
SAINTOUIO (Antoine). Foyes SAR-
ÏOUIO.
,SAJ>iTOIlO (Fabio-Sebastiano), prêtre, né
à Giuliano, prèsde Naples,en 1071, fut maître
de chant, directeur du chœur de l'église
Sainte-Sophie, el économe de la paroisse
Saint-Nicolas, dans le même lieu. Il est auteur
d'un traité du plain-chant qui a été publié
sous ce litre ; Scola di canlo ferma in ctn
s'insegnano facilissime e chiare regoleper
ben cantare e comporre, non meno utile che
necessarie ad ogni ecclesiastico. Divisa in
tre libri. In Napoli, nella stamperia di Na-
vella di Banis^ 1715, petit in -4" de i\e\\x cenl
<|uatre-vingl-douze pages et un index, avec le
portrait de Santoro à l'âge de quarante-quatre
ans.
SANTOS(MaîhjeiDOS), moine portugais,
au couvent de Saint-Paul, à Lisbonne, na(|uil
en cette ville, dans la seconde moitié du dix-
septième sièlcc, cl y mourut en 1737, avec le
titre de maître de chapelle de la cour. Il a
laissé en manuscrit des messes et motets qui
se trouvaient à la bibliothèque royale de Lis-
bonne en 1755.
SANTUCCI (D. Mahc), maître de chapelle
et chanoine de la cathédrale de Lucques, est
né à Camajore, petite ville de la Toscane, le
4 juillet 1762. Bien qu'il eût montré, dès .son
enfance, d'heureuses (fispositions pour la mu-
sique, il ne se livra cnlièremenl à l'étude de
cet art qu'à l'âge de dix-sept ans. Au mois île
février 1779, il se rendit à Naples, entra au
conservatoire de Zorero, et s'y livra pendant
onze ans à l'étude de l'harmonie, de l'accom-
pagnement eldu contrepoint, sous la direction
de Fenaroli. En 1790, il retourna à Lucques,
oii son mérile le fit nommer maître de cha-
pelle. Admis alors dans les ordres, il reçut la
prêtrise au mois d'avril 1794. Trois ans après
(juillet 1797) il succéda à Anibssi dans la place
de maître de chapelle deSainl-Jean de Latran,
à Rome, et en 1808, il obtint un canonicat à
la métropole de Lucques. Déjà il avait été
choisi comme un des huit membres de la sec-
tion de musique appartenant à la Société ita-
lienne des sciences, lettres el arts, fondée par
Napoléon. J'ignore la date de la mort de Sau-
lucci; il vivait encore en 1828.
Santucci avait déjà composé beaucoup de
musique d'église lorsqu'il écrivit un motel à
seize voix, en quatre chœurs, qui fut couronné,
en 1806, par l'Académie Napoléonienne de
Lucques, comme un travail d'un genre nou-
veau. Le savant abbé Baini démontra, d'une
manière accablante, l'ignorance des juges,
auteurs de cette singulière méprise dans un
écrit intitulé : Lettera sopra il motetto a
Quattro cari del Sig. M. Marco Santucci
premialo dall' accademia Napokone in
Lucca Vanno 1806, coma lavoro di génère
nuovo. Il y démontrait que non-seulement ce
genre de composition n'était pas nouveau,
puisqu'il existe un très-grand nombre de motets
el de messes à quatre chœurs composés par les
maîtres du seizième eldu dix-septième siède,
mais que les célèbres compositeurs Agostini,
Pacclli, Savetta, Abbatini, Mazzocchi, BciiC'-
voli et d'autres, ont écrit des psaumes, des
messes et des motets à cinq, six el huit chœurs,
sans com|)ter les messes à quarantc-huil voix
de Benevoli, de Giansetli et de Ballabcne.
Les autres compositions pour l'église de
Santucci, dont il existe des copies à la bibliu-
tliè(|ue du Conservatoire de Naples, sont :
1" Wcssc (en ut mineur) à <|ualre voix «l or-
chestre. 2» Idem (eu si bémol). 3" Idem (ai
SANTUCCI — SÂRATELLI
397
I
fa). 4° Credo à huit voix cl orcheslic. 5" Idem
à quatre voix et orchestre, 6» Paraphrase du
Stabat Mater à (luaire voix et orchestre.
7" Paraphrase du Dies irx à quatre voix et
orchestre. 8» Bealus vir à quatre voix et or-
chestre. 9" Nocturnes des morts à quatre voix
et orgue. 10" Beaucoup de motels. H" Les
sept psaumes de la pénilence à quatre voix.
12» Quatre symphonies à grand orchestre.
L'abbé Sanlini possède aussi du même auteur :
IS" Miserere à quatre voix. 14° Tota pulchra
es à sept en canon. 15» Des canons à deux voix.
On a publié à Miian, chez Ricordi : 16" Douze
sonates fuguécs pour l'orgue ou le piano, par
Sanlucci. 17° Cent douze petits versets pour
l'orgue divisés en trois suites, par le même.
Sanlucci s'est fait connaître aussi comme
écrivain sur la musique par un opuscule in-
titulé : Sulla Melodia, suW Armonia e sul
Métro dissertazioni lette in una società let-
teraria; Lucques, typographie Bertini, 1828,
in-8» de cent vingt-quatre pages, avec une
planche de musique. Ces trois dissertations ne
renferment que des lieux communs, sans
utilité pour la pratique ou pour l'esthétique de
la musique.
SAI^UTI (Jeas-Baptiste), célèbre juris-
consulte, docteur cl professeur en droit canon,
né à Bologne, en 1615, mourut dans la même
ville, en 1697. Il était membre de l'académie
des Gelati, et a publié, dans les mémoires de
cette académie, une dissertation intitulée :
Perché neîle cantikne si adopri la quinta
diminuita, e la quarta superflua, corne
altresi per quai cagione si rigetli ogni sorta
d'intervallo, o sia superfluo, o sia diminuito
daW attavo. (Voyez Prose dei Gelati, p. 133.)
SAPHO, ou plutôt SAPPIIO, la plus
illustre des femmes qui cultivèrent la poésie et
la musique dans l'antiquité, naquit à Mitylène,
dans l'île de Lesbos, environ 612 avant Jésus-
Christ. L'ayant confondue avec une autre
femme du même nom, née longtemps après
elle, à Érésos (autre ville de l'île de Lesbos),
ainsi que le prouve une médaille grecque dé-
couverte en 1822 (1), on a supposé que Sapho
de Mitylène s'était éprise d'une passion mal-
heureuse pour un jeune homme nommé
Phaon, et que, pour s'en guérir, elle se jeta
du haut du rocher de Leucade dans la mer, où
elle trouva la mort; mais toute celte histoire
appartient à le seconde Sapho. Celle de Mity-
lène avait été mariée et était devenue veuve.
(1) Voyez une bonne notice sur Sapho d'Éritot par
SI. Allier d'Haulcroclic, dans la Biographie universelle
des frères Slicliaud.
Son mérite avait attiré près d'elle plusieurs
jeunes femmes qui devinrent ses élèves dans
la poésie et dans la musique. Quelques pas-
sages des auteurs anciens ont fait croire qu'elle
conçut pour plusieurs d'entre elles une ten-
dresse criminelle ; mais, ainsi que l'a remar-
qué l'abbé Barthélémy, ces écrivains lui sont
de beaucoup postérieurs. On sait plus positi-
vement que, compromise par Alcée, dans une
conspiration contre Pittacus, qui régnait à
Mitylène, elle fut bannie de cette ville, et se
relira en Sicile. Arisloxène et Plutarque lui
attribuent l'invention du mode mixohjdien
ancien, qu'il ne faut pas confondre avec le
mode du même nom dont Bacchfus et Boôcc
ont donné la constitution. Sapho a inventé
aussi le mètre qui porte son nom (vers
saphique), et qu'Horace a introduit d'une ma-
nière si heureuse dans la poésie latine.
SAPIEINZA (Astoise), compositeur, est
né le 18 juin 1794, à Pétersbourg, oii son père,
Antoine Sapienza, était maître de chapelle de
l'empereur. Après avoir appris la musique cl
le contrepoint en Russie, M. Sapienza s'est
rendue Naplcs, à l'âge de vingt-huit ans, et
y a étudié sous Trilto, Zingarelli et Generali.
Ses premières compositions ont été pour
l'église : elles consistent on deux messes,
quelques motels et un Salve Hegina. En 182",
il a écrit, pour le théâtre Saint-Charles, l'opéra
de Rodrigo, «jui fut suivi d'une cantate inti-
tulée li Fondazione di Partenope. En 1824,
il a donné, au théâtre del Fondo, l'Audacia
fortunata, ojtéra bouffe, et, au théâtre Saint-
Charles, il Tamerlano, opéra séria. Son der-
nier ouvrage, représenté à Milan, est intitulé
Jl Gonzalvo. En 1831, Sapienza retourna à
Pétersbourg, en qualité de chef d'orchestre,
et s'y livra à l'enseignement du chant. Aprèj
celle époque, on n'a plus eu de renseigne-
ments sur sa personne.
SAPORITI (Thérèse) , cantatrice ita-
lienne, vécut dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Elle était attachée ay théâtre
de Prague lorsque Mozart y donna son immor-
tel Don Juan; c'est pour elle qu'il écrivit le
rôle de donna Anna: à ce litre, elle mérite que
son nom soit inscritdans l'histoire de la musi-
que. Il paraît d'ailleurs qu'elle se montra digne
de l'honneur que lui faisait l'illustre composi-
teur. Son admiration pour son génie allait
jusqu'à l'enthousiasme; on dit même qu'elle
éprouva pour l'illustre compositeur un senti -
mentpluslendre,auquel il se montra insensible.
SARATELLI (Jacques-Joseph), composi-
teur de l'école véniliennc, né à Padoue, en
398
SAllATELLI — SAllU
1714, fut nommé second mallrcde la clm pelle
de Saint-Marc, à Venise, le 51 juillet 1740,
succéda à Antoine Pollaiolo, dans la ])lace de
luemicr maitre de cette chapelle, le 24 sep-
tembre 1747, et occupa cette place jusqu'au
mois d'avril 1762, époque de sa mort. Il était
en même temps maitre au Conservatoire des
Mendicanti. Il avait reçu son instruction mu-
sicale de Lotti. J'ai trouvé de lui, dans la Bi-
bliothèque Saint-Marc : 1» Fictimx paschali,
à cinq voix et instruments. 2" Confitebor, à
quatre voix et instruments, o" In te Domine
speravi, à deux chœurs et deux orgues. 4» À'y-
rie con gloria. Quoique Saratelli fût un sa-
vant musicien et un digne élève de Lotti, il
écrivait lentement et avec difficnlté, ce qui est
cause qu'il a peu produit. Sa misère était si
grande, que les procurateurs de Saint-Marcdu-
rent secourir ses deux filles après sa mort et
leur accordèrent un don de cent ducats.
SARDI (ALEXA>DnE), né à Ferrare, vers
1320, y mourut le 28 mars 1588. On a de lui
un livre intitulé : De Rerum inventoribus li-
bri duo... iis maxi'mè , quorum nulla mentio
est apud Polydorum Firgilium; Mayence,
1377, in-4''. Cet ouvrage a été réimprimé plu-
sieurs rois. Sardi y traite delà musique aux
chapitres XIX-XXIV du premier livre.
SARMIEI\ÏO (Salvatoh), compositeur
dramatique, est né en Sicile, d'une famille
originaire d'Espagne, en 181G. Admis au
Conservatoire de Naples , il y a fait ses
études sous la direction de Cordella, Ruggi
et Zingarelli. Il a fait représenter, au
théâtre Saint-Charles . de Naples, f alerta
ossia la Cieca, en un acte, le 31 mars 1838.
Le 30 mai suivant, il a donné, au même théâtre,
Jlfonso d'Jragona, en un acte, et le 12 août
1841 , le troisième ouvrage de sa composition,
inlilulé Rolla, a été représenté au théâtre del
Fonda. En 1842, il a donné, au même théâtre,
Il Tramonto del sole, et en 1845, Costanza
d'Aragona. Après cette époque, je n'ai plus
de renseignements sur les travaux de cet ar-
tiste en Italie. En 1832, il se rendit à Paris et
y donna, au Théâtre- Lyrique , un opéra comi-
que intitulé Guilhery le trompette, auquel on
a reproché de nombreuses réminiscences. Ce
fut le seul essai de M. Sarmiento sur la scène
française; il retourna en Italie dans l'année
suivante.
SAUINGA DE'VA, musicien indou, est
un des écrivains sur la musique les plus an-
ciens de l'Inde. Son livre sur la théorie de cet
art a pour titre : Ratnacura. Barrow s'est
procuré une copie de cet ouvrage dans le voyage
qu'il a fait à llurdwar. W.Jones, président de
la Société de Calcutta, en parle dans ses Mé-
moires sur les modes musicaux des Indous(^>«
t lie musical modes of the Hindus, t. III des
Asiastic Researches , p, 527 de l'édition de
Londres)
SAUO (J.-H.), musicien du régiment de
grenadiers de l'empereur François, en gaiiii-
son à Berlin, est né le 4 janvier 1827, à Jes-
scn (Saxe). Sa première instruction dans la
musique instrumentale lui fui donnée par le
directeur de musique C.Seidal à Doramit/scli,
puis il acheva ses études à Berlin, sous la di-
rection de C. Bœhmer, musicien de la chambre
du roi. Depuis le mois de novembre 1840 jus-
qu'au l" mai 1856, il fit partie du corps de
musique des bataillons de chasseurs de la
garde royale; puis il entra dans le régiment
de grenadiers, où il est encore (1863). Ses com-
positions consistent en plusieurs marches qui
ont obtenu les prix dans les concours de 1836
et 1860, une symphonie, trois ouvertures de
concert, un quatuor pour des instruments à
archet, une fugue vocale, sept fugues instru-
mentales, et des Lieder à plusieurs voix.
SARIIETTE (Bernard), né à Bordeaux,
le 27 novembre 1763, vint se fixer à Paris,
après avoir terminé ses études, et fut nommé
capitaine à Tétat-major de la garde nationale
de cette ville, à l'aurore de la révolution.
Après le 14 juillet 1789, il réunit quarante-
cin(| musiciens provenant du dépôt des gardes
françaises, et en forma le noyau de la musique
de la garde nationale parisienne. Au mois de
mai 1700, la municipalité de Paris prit à sa
solde la musique de la garde nationale, (|ui fut
portée à soixante et dix musiciens, et dans la-
quelle entrèrent des artistes distingués, par
les sollicitations de Sarrette; mais les em-
barras financiers de la commune ayant fait
supprimer la garde nationale soldée, au mois
de janvier 1792, Sarrette retint près de lui
les artistes et obtint, au mois de juin suivant,
de la municipalité, l'établissement d'une école
gratuite de musique, oii chacun d'eux fut em-
ployé. Ce fut de cette école que sortirent tou.s
les corps de musi(|ue militaire employés dans
les quatorze armées de la répuldique. Cesser-
vices rendus à la chose pxiblique, comme on
disait alors, fixèrent l'attention du gouverne-
ment sur l'école qui avait produit ces prompts
résultats, et par les démarches actives et les
soins multipliés du fondateur de cette école,
elle fut convertie d'aboni en Institut national
de musique, puis définitivement organisée en
Conservatoire, par une loi du 16 thermidor
SAPiRETTE
SARRI
nof)
an IIÏ (scplemhrn 1795). Ayiint aKeint son
but, i|iii ('Mit <lc conserver à la France plii-
siciiis arlisles rcmar(|iial)les que les troubles
révoliilioriiUTires en auraient éloifjnés, Sar-
relle s'apprOlait à rejoindre le lOô'"*' régi-
ment (le lii^ne, oii il avait élé nommé capitaine.
Une adminisliation composée «le cinq inspec-
teurs et (le (|uatre professeurs avait été insti-
tuée poni- la (lirecliou du Conservaloire ; mais
<iénu(ie d'impulsion, e( divisée sur les hases de
renseij;ncmenl, elle éprouva <l'assez grands
embarras dès son entrée en fonctions. Un
ordre du Direcloirc rappela Sarrelte en
l'an IV, et lui donna le titre de commissaire
du gouvernement chargé de l'organisation de
la nouvelle école, (|ui fut changé en celui de
directeur, dans l'année suivante.
Une activité prodigieuse, une grande intel-
ligence, des moyens propres à assurer les suc-
cès du Conservaloire, le sentiment de l'ait et
du mérite des artistes, enfin, ratlachemenl
qu'il'avait pour son œuvre, (irent triompher
Sarrelte des obstacles de tout genre qui en-
vironnaient les commencements de la nouvelle
école, et lui fournirent les moyens d'assurer
sa pi-ospérité bien au delà de ce qu'il avait été
permis d'espérer. Ce fut par ses soins que les
noirvelles méthodes du Conservatoire mar-
quèi-ent un progrès réel dans l'enseignement
de toutes les parties de la musique; ce frrt lui
aussi <|ui obtint de Napoléon l'établissement
de l'école de déclamation et le |)ensionnatdes
Jeunes chanteurs des derrx sexes attachés au
Conservatoire, une riche bibliothèque, une
salle de concerts, etc., et (|ui fit instituer les
beaux concerts qui ont porté dans toute l'Eu-
rope la gloire de la pi-emière école de musique
de France. Il s'occupait aussi de l'organisa-
tion de succursales de cette école dans les
principales villes des départements, et suivait
les détails de celte affaire au conseil d'État,
(|uand les revers de la France, ayant amené la
restauration, en 1814, des intrigues de la
nouvelle cour le fir-ent destituer. L'estime
<iu'il avait conquise par dix-neuf années d'une
administration pi-obe autant qu'éclairée, l'a
suivi dans sa retraite. Après la révolution de
1830, le gouvernement voulut lui rendre la
direction du Conservatoire; mais son amitié
pour Cherubini, qui en était alors chargé, la
lui fit refuser. Sarrette est mort à Paris,
le lô avril 1858.
SARRI (Dominiqde), compositeur, naquit
de parents pauvres, en 1678, à Terni,dans le
royaume de Naples. Fort Jeune encore, il se
rendit à Naples pour étudier la musique, et
enlr-a nu Conservatoire de la Pietà de' Tur-
chini. dans le temps où Salvador et Proven-
zale y enseignaient. Ses études terminées, il
sortit de cette école, en 1697. On voit par le
titre d'un oratoriode sa composition qu'il était
dt'Jà maître de la chapelle royale en 1713;. un
aulr-e de ses ouvrages indique ((u'il en était le
premier maître en 1741. En 1702, il composa
un mélodr-ame religieux, intitulé: l'Opéra di
amore , pour la confrérie des Pèlerins de
Naples. En 1706, il donna, sur un des théâtres
de cette ville, le Gare generose fra Cesare e
Pompeo. Déjà, à cette époque, il prenait le
litre de vice-maître de la chapelle royale. Dans
la même année, il écrivit l'oratorio // Fonte
délie Grazie, exécuté chez les PP. de l'Oi-a-
toire, le jour de la Visitation de la Viei-ge. Il
donna aussi, en 1706, au théâtre des Fioren-
a'Hi, l'opéra Candaule re di Lidia.En 1708,
Sarri écrivit l'oratorio VAndata di Gesù al
Calvario, qui fut exécuté à l'église Saint-Paul,
de Naples. Un autre oratorio de sa composi-
tion, pour la fêle de saint Gaétan, fut chanté
dans la môme église, en 1712. L'année sui-
vante fut marquée par ses opéras intitulés :
Il Comando non inteso ed ubidito, et / Ge-
melli rivali. Joués tous deux au théâtre des
Fiorentini. Sarri écrivit, en 1716, Ilgran
giorno di A rcadia, cantate à (juatre voix, pour
le Joirr de naissance de Léopold, archiduc
d'.\ulriche. En 1718, il donna, au théâtre
San-Barlolomeo, Arsace, avec des intermèdes
bouffes, suivant la mode de cette époque; La
Fcde ne' tradimenti, représenté au méincî
théâtre ; une sérénade à (juatre voix, exécutée
au palais royal, pour la fête de la vice-reine,
comtesse Daun; une autre sérénade à trois
voix, pour le mariage du prince de Montaguto
et de Christine Malaspina; enfin, une troi-
sième sérénade, intitulée: Gare délia virlù e
délia dolcezsa, àti-oisvoix, pour le mariage de
Scipion Spinelli et de la comtesse Emmanuela
d'Evil. En 1719, Sarri fil représenter, au
théâtre San-Barlolomeo, Alessandro Severo,
avec des intermèdes bouffes. Il donna, dans
l'année suivante, au même théâtre, Ginevra
di Scozzia;en 1724, la Didone de Métastase,
au même théâtre; en 1725, Tito Sempronio
Gracco, et, dans la même année, une cantate
pour le mariage du duc de Canzano et de
Laure Carraciolo. Un intervalle de six années
se passe entre cespr-oductions et l'année 1731,
où il donna, au théâtre San-Barlolomeo, VAr-
temisia. En 1734, Sarri écrivit quelques airs
pour la Finta pellegrina, opéra d'Antoine
Olivo. Dans la même année, il composa l'ora-
400
SARRI — SARTI
lorio Ester réparatrice, à qualre voix, qui fut
exécuté pour la congrégation de Sanla Ma-
ria del rimedio, dans l'égiise de la Trinité
des Espagnols. En 1736, il donna, au théâtre
des Fiorentini, la Rosaura, qui fut reprise
en 1738. Sarri composa aussi les cliœurs de
plusieurs tragédies du duc Annibal IVIarchese.
On ignore en quelle année il mourut.
SARTI (Joseph), savant et agréable com-
positeur, naquit à Faenza, dans TÉtat de
l'Église, non en 1750, comme le disent Gerber,
les auteurs du Dictionnaire historique des
musiciens et leurs copistes, ni en 1728, comme
le prétendent Gervasoni, MM. Lichtenthal et
Becker, mais le 28 décembre 1729, d'après les
renseignements authentiques qui m'ont été
fournis par Cherubini, son élève. Après avoir
fait ses premières études de musique à la
cathédrale de sa ville natale, Sarti fut envoyé
H Bologne, pour y apprendre le contrepoint,
sous la direction du père Martini. C'est dans
celle école célèbre qu'il puisa les excellentes
traditions transmises ensuite par lui à son
élt^ve Cherubini. Sarti n'était âgé que de vingt-
«Icux ans, lorsque la direction du théâtre de
Faenza lui demanda, pour le carnaval de 1752,
lin opéra sérieux : il écrivit la partition de
Potnpeo in Armenia, qui obtint un brillant
succès, et fit connaître avantageusement le
.jeune compositeur dans toute l'Italie. Il Re
pastore et quelques autres ouvrages qu'il
donna peu de temps après confirmèrent son
premier succès, et le firent considérer comme
un des meilleurs maîtres de son temps. Appelé
.■i Copenhague, en 1756, en qualité de maître
«le la chapelle royale et de professeur de chant
du i)rince héréditaire, il y composa l'opéra
Ciro riconosciuto et d'autres qui, bien que
chantés par une réunion d'artistes distingués
de l'Italie, furent accueillis avec froideur. Dé-
goûté de sa position en Danemark par ces
échecs, Sarti retourna en Italie et rentra dans
la carrière de la composition dramatique,
après une absence de neuf années, qui l'avait
fait oublier. Mitridate, il Fologeso, la Ni-
tetti, Jpermestra, et Semiramide riconos-
ciuta, joués à Rome, à Venise et dans d'autres
villes, depuis 1765 jusqu'en 1768, ne réussi-
rent qu'à demi. Cette époque est la moins
heureuse de la vie du compositeur. Il n'eut
pas de meilleures chances lorsqu'il se rendit
à Londres, en 1769, car il n'y put faire jouer
aucun de ses ouvrages, et n'y eut d'autre res-
source que de donner des leçons de chant |et
de clavecin. C'est alors qu'il publia un recueil
de six sonates pour cet instrument (Londres,
1702), considéré ajuste titre comme une dos
meilleures productions de ce genre. De retour
à Venise, vers la fin de 1770, il y accepta peu
de temps après la place de maître, non, comme
on l'a dit, du conservatoire des Mendicanti,
ni de la Pietà, occupées par Bertoni et par
Furnaletlo, mais celle de l'Ospedalelto ,
lorsque Sacchini laissa celle-ci vacante par
son départ pour l'Angleterre. Ici commence
l'époque la plus brillante de la carrière de
Sarti; elle s'éfen<l depuis 1771 jusqu'en 1784.
C'est dans cette période de sa vie qu'il composa
ses meilleurs ouvrages, tels que le Gelosie
villane, Giulio Sabino et leNozze diDorina.
La mort de Fioroni ayant laissé vacante, en
1779, la place de maître de chapelle du dôme
de Milan, elle fut mise au concours, et beau-
coup de musiciens distingués se présentèrent
pour la disputer; mais Sarti l'emporta sur eux
par la supériorité de son travail. Les mor-
ceaux intéressants qu'il écrivit pour ce con-
cours, et qui consistent en antienne, psaume
et messe à six et huit voix réelles, se trouvent
dans la bibliothèque du Conservatoire de
Paris : ils fournissent la preuve incontestable
du profond savoir de Sarti. Dans les années
suivantes, il composa aussi beaucoup de mu-
sique d'église, malgré les travaux dont il était
occupé pour le théâtre, et fit, entre autres ou-
vrages, trois messes fort belles, en 1781, par
ordre du duc Serbelloni. Elles furent exécutées
dans l'église des Capucins, pour la béatifi-
cation de trois religieux de leur ordre. Il
remplit ainsi ses fonctions de maître de cha-
pelle jusqu'au mois de juillet 1784, époque où
il reçut sa nomination de directeur de la mu-
sique de la cour de Russie, et se rendit à Pé-
tersbourg. Arrivé dans celte ville, il y fut reçu
avec une faveur marquée par l'impératrice
Catherine II. Un de ses premiers ouvrages fut
un psaume en langue russe dans lequel il
réunit au chœur et à l'orchestre ordinaire un
second orchestre de cors russes, tel qu'il avait
été organisé trente ans auparavant par Ma-
resch {voyez ce nom). Chargé de la composi-
tion d'un Te Deum (aussi en langue russe), à
l'occasion de la prise d'Ocsakow, Sarli ima-
gina d'y employer des canons qui tiraient à
de certains intervalles, et donnaient à l'exé-
cution un caractère plus solennel. En 1786, il
fit représenter à la cour son Armida c Ri'
naldo, dont rimi)ératrice fut si satisfaite,
qu'elle écrivit au compositeur une lettre auto-
graphe pour lui témoigner sa satisfaction, et
qu'elle accompagna celle faveur d'une riche
tabatière et d'une bague en diamants. La ce-
SARTI
401
l(':brccanlatriceTo(li, arrivée ;iPc'lersboiirg<Ic-
piiis peu (le temps, avait ioiié le rôlecl'y/rwjit/e,
et y avait oi)tenii le j)liis brillant succès. Une
intimité singulière s'établit bientôt enlrel'im-
péralrice et celte femme, dont les dispositions
ne tardèrent pas à se montrer défavorables
pour Sarti. Celui-ci, voyant diminuer son
crédit, se ven^'ca en appelant à Pétersbonrfï
Marchcsi, l'un des plus étonnants chanteurs
de cette époque, si fertile en grands talents,
et dont la concurrence était redoutable pour
ma<lnmc Todi. Celle-ci, irritée par l'enthou-
siasme que le talent de Marchcsi excitait, et
ne pouvant plus dissimuler sa haine, obtint de
Catherine II le renvoi de son maître de cha-
pelle. Dans cette fâcheuse position, Sarti con-
serva heureusement l'amitié du prince Po-
temkim qui, tout-puissant alors, lui fit présent
<l'un village de l'Ukraine oii se trouvaient en
abondance de belles voix, et y établit une école
de chant, dont le maître de chapelle disgracié
fut nommé directeur, avec le titre de lieute-
nant-major de l'armée imi)ériale. La mort de
Polemkin (15 octobre 1791) ayant laissé Sarti
sans protecteur, celui-ci prit la résolution de
retourner, en 1793, à Pétersbourg où il sut si
bien se justifier auprès de l'impératrice,
qu'elle lui fit donner une gratification de
quinze mille roubles, lui rendit son titre de
maître de cbai>elle de la cour, avec un traite-
ment de trente cinq mille roubles, et lui donna
un logement au palais impérial. Elle lui donna
aussi la mission d'établir un Conservatoire de
mnsi(|ue, sur le plan de ceux d'Italie, à Kato-
rinoslaw, et l'en nomma directeur. Lorsque
les élèves de cette école exécutèrent, en 1795,
leur premier concert devant Catherine II, elle
fut si satisfaite de leurs progrès, qu'elle éleva
Sarti au rang de la première noblesse, et lui
fit don de terres considérables, pour le fixer
en Russie. Mais l'âge, le travail et la rigueur
du climat eurent bientôt achevé d'user ses
forces. L'espoir de rétablir sa santé sous le
ciel de l'Italie lui fit entreprendre le voyage
au mois d'avril 1802; mais arrivé à Berlin, il
fut obligé de s'y arrêter et y mourut le
28 juillet de la même année, à l'âge de
soixante-treize ans. Les travaux de ce savant
musicien dans l'acoustique et l'invention d'un
instrument propre à déterminer le nombre <ie
vibrations qu'un son donné fait par seconde,
l'avaient fait admettre dans l'Académie des
sciences de Pétersbourg, en 1794.
Sans posséder un de ces puissants génies
<Iont les créations transforment l'art d'une
époque, Sarti n'était pas seulement un des
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. Vil.
musiciens <lc son temps les plus habiles dans
l'art d'écrire; la nature l'avait aussi doué de
la faculté de produire des mélodies pleines de
suavité, et d'un certain instinct de l'effet scé-
nique. Dans la plupart de ses œuvres drama-
tiques, on trouve des morceaux remarquables
ou par la grâce, ou par la justesse de l'expres-
sion. Ce maître est peu connu en France; on
n'a joué à Paris que son opéra des Nozzc' di
Dorina,(\m obtint un brillant succès en 1803,
fut repris en 1810, puis plusieurs autres fois,
et reçut toujours un bon accueil. On peut
s'étonner que <le tant d'ouvrages de Sarti,
celui-là seul ait eu les honneurs de la repré-
sentation à l'Opéra italien, tandis qu'on y
jouait beaucoup d'opéras inférieurs aux pro-
ductions de son talent. La liste de ses ouvrages
dramatiques se compose des titres suivants :
1" Pompeo in Armenia, à Faenza, en 1752.
2" // Re pastore (1752). 3» Medonte, en trois
actes, à Florence. 4» Demofoonte, en trois
actes, 5° L'Olympiade , en trois actes.
0° Cj'ro riconosciuto,^ Copenhague, en 1750.
7" /.a Figlia ricuperata, en deux actes. 8" La
Giardiniera brillanle^en \75S.9° Milridate,
â Parme, 1705. 10° // Fologeso, 1705. 11° La
Nitetti, 1705. 12° Ipermeslra, à Rome, 1700.
13° / Contratempi. à Venise, 1707. 14° Di-
done, 1707. 15° Semiramide riconosciuta,
1708. 10° / Prelendenti delttsi, 1708. 17" //
Calzolajo di Strasburgo, Modène, 1709.
18° Cléomène, opéra sérieux, 1770. 19° La
Clemenza di Tito, à Padoue, 1771. 20» La
Contadina fedele, 1771. 21» I Finti Eredi,
1775. 22° y/mor timido, cantate, 1775.
2-3° / Dei del mare, cantate à trois voix, 1770.
24» La Partenza d'Ulisse da Calipso, can-
tate, 1770. 25» Le Gelosie villane, opéra
bouffe, en deux actes, 1770. 20' Farnace,
1776. 27» L'Aiaro, 1777. 1^" Ifigenia in Au-
lide, 1777. 29° Epponina, opéra sérieux en
trois actes, à Turin, 1777. 30° Il Mililare biz-
zarro, 1778. ô\''GliAmanti consolati, 1779.
32» Fra i due liliganti il terzo gode, 1780.
35» Scipione, en trois actes, 1780. ôi" Achille
in Sciro, à Florence, 1781. 55" L'Incognilo,
à Bologne, nSl.oG'Giulio Sabino, à Venise,
1781. 37» Alessandro e Timotco, en 1782.
38» Le Nozze di Dorina, opéra bouffe, 1782.
39» i'iroe.à Turin, 1783. 40» Idalide,h Milan,
1783. 41" Armida e Rinaldo, à Pétersbourg,
1785.42» La Gloire du Nord, oytéva en langue
russe, représent^en 1794. Sarti a beaucoup
écrit pour l'église. Le Conservatoire de Paris
possède plusieurs volumes de ses compositions
en ce genre, renfermant des hymnes, an-
2G
402
SARTI — SARÏORIUS
tiennes, psaumes, motels àqnali-e, six, linil cl
«lonze voix. On trouve dans la hibliollièciue du
conservatoire de Naples un Credo à quatre
voix et instruments, et un lUiserere à quatre
voix, trois violes et un violoncelle, de sa com-
]iosition. Sarti a laissé à Milan quatre messes
à quatre voix el orclieslre; enfin on a gravé à
Pétersbourg son grand Te Deiim en langue
russe. On trouve aussi chez Breilkopf, à Leip-
sick, une fugue à huit voix réelles sur le
Kyrie, et un hymne pour deux voix de so-
prano, contralto, deux ténors et basse, en
partition.
La machine imaginée par Sarti, pour
compter le nombre de vibrations qu'un sou
quelconque fait dans une seconde, n'était pas
nouvelle dans son (trincipe, car elle était basée
sur une expérience de Sauveur (uoye; ce nom).
Elle consistait en deux tuyaux d'orgue de cinq
pieds bouchés, dont un avait un tampon mo-
bile, un monocorde et un pendule à secondes.
Lorsqu'on enfonçait, suivant une échelle gra-
duée, le tampon mobile de l'un des tuyaux,
de manière à élever l'intonation, il s'établis-
sait entre les deux tuyaux un battement résul-
tant de la dissonance, qui permettait de
compter les vibrations. Le monocorde servait
à trouver l'intonation voulue sur le tuyau à
tampon mobile, et par le pendule à secondes
on connaissait le temps dans lequel se fai-
saient les vibrations. C'est par ce procédé que
Sarti est parvenu à trouver le nombre de
quatre cent trente-six vibrations pour le la du
diapason de l'orchestre de Pétersbourg. On a
aussi de ce savant musicien, en manuscrit,
une criti<iue sévère de deux passages des qua-
tuors de Mozart, sous ce titre : Esame acus-
tico falto sopra due frammenti di Mozart.
SAUTO ou SARTI (Jean-Vincent), com-
positeur italien, vécut dans la première moi-
tié du dix-septième siècle. On a imprimé de
sa composition à Venise : 1° Messe e salmi
concertait a treequattrovoci (1630). 2" 5aZmt
concertait a 2, 5, 4 e 6 voct ; ibid. 3" Litanix
Marianx octo vocum; ibid., IGOO, in 4». La
Bibliothèque impériale de Paris possède des
psaumes et des vêpres de cet auteur, en ma-
nuscrit.
SARTOIIELLI (Alexandhe), amateur de
musique, né à Vérone, dans les premières
annécsdu dix-neuvième siècle, estauteur d'un
traité sommaire de la musique intitulé :i$'un(o
teorico musicale; in Fenezia, dalla tipo-
grafia di G.-B. Merli, 1830, in -8» de iv et
23 pages, avec six feuillets d'exemples.
SARTOUIO (Antoine), né à Venise, vers
lf)20, fut d'abord compositeur au service de
la cour de Brunswick, et devint ensuite vice-
mailre de chapelle à l'église Saint-Marc, dans
sa ville natale, le 7 mai 1070. Il a beaucoup
écrit pour les divers théâtres d'Italie. Ses prin-
cipaux opéras sont les suivants : Erginda,
à Venise, en 1052; Âmori infrulluosi di
Ptrro, ibid., 1001; Il Seleuco, ibid., 1000;
la Prosperità di Elio Sejano, ibid., 1007;
la Cadula di Elio Sejatw, ibid., 1007; Er-
tninda liegina di Longohardi, ibid., 1070;
Adélaïde, ibid., 1072; Orfeo, ibid., 1072;
Mesenzio, ibid., 1073; Jntonino e Poinpe-
yano, ibid., 1077; tiiulio Cesare in Eijillo,
ibid., 1 077 ; jFrco/e sul 7'ermodonte, ibid.,
i67S j^nacreontc liranno, ibid., 1078; J due
Tiranni al soylio , iiiid., 1079; Flora,
ibid., 1081. On a aussi de cet auteur i'a/Hu' a
otlovoci indue cori all'uso délia Serenis-
sima Cappella ducale di S. Marco; Venise,
G. Sala, 1080, in-4'', op. 1» . Sarlorio mourut
en 1081, pendant qu'il terminait son opéra de
Flora.
SAllTORIUS (Paul), né à Nuremberg,
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut
d'abord employé comme musicien par la cour
de Munich, vers 1590, et publia trois messes à
huit voix; Munich, 1000, in-fol. Puis il entra
au service de l'archiduc Maximilien, en qua-
lité d'organiste. Il était déjà dans cette nou-
velle position lorsqu'il publia, à Nuremberg,
en 1001, des sonnets spirituels à six voix
(in-4°). On a aussi de lui : Neue deutsche
Liedlein mil 4 Stimmen,elc. (Nouvelles petites
chansons allemandes à quatre parties, dans le
genre des canzonettes italiennes, à l'usage de
toute sorte d'instruments); Nuremberg, KaufT-
mann, 1001, in-4».
SARTORIUS (ÉRASïttE), dont le nom alle-
mand était SCHÎNEIDER (qui, <ie même
que Sartorius, signifie tailleur), pot'te cou-
ronné et professeur de musique, naquit, en
1577, à Sleswig ou Schleswig, dans le Dane-
mark(1), etfutadmis àl'àge de dix ans comme
enfant de chœur dans la chapelle du duc de
Gottorp. Le successeur de ce prince (Jean-
Adolphe) l'envoya, en 1390, au gymnase de
Bordesboim,poury faire ses humanités, puis à
l'université ilpRostock,oii ilsedistinguacomme
poëte et comme musicien. Ses talents et sa bonne
conduite lui firent conférer par le magistrat
de cette ville la place de cantor à l'église
(I) Mallhcson dit {Grundlageeiner Ehrtnpforle, p. cOCi)
que Snrlorius naquit vers l!i7S; mais Moller donne la
dsic plus précise de 1577 dans sa Cimbria Liurata
(l. I, p. liSO).
SARTORIUS
403
Sainte -Marie, et la direction de la musique des
fêles publiques. En 1G04, il fut appelé à Ham-
bourg, en qualité de cantor et de directeur <le
musique. 11 s'y fit remarquer par son habileté
dans l'enseignement, et par la bonne exécution
du chœur qu'il dirigeait. Gerber dit qu'il
mourut en 1G39; mais Jean-Albert Fabri-
cius (1) et Moller (2) nous donnent la date plus
certaine du 17 octobre 1657. On verra tout à
l'heure que l'cxaclilude de cette date n'est pas
indifférente.
Sartorius a publié une plaisanterie sur les
disputes auxquelles la musi(|uc a donné lieu
de tout temps, sous ce litre : Belligerasmus,
id est Historia belli exorti in regno musico,
in qua liberalis, et non tetrici ingenii lector
invetiiet quod tam prodesse, quant delectare
possit ; Hambourg, 1G22, in-S" de cent et une
pages. Dans cet écrit, Orphée est représenté
comme le chef du chant figuré, et ses guer-
riers sont les chanteurs, les joueurs de flûte,
les organistes, les violonistes, etc. ; Bisthon est
le défenseur du plain-chant, et sous ses ordres
se rangent les trompettes, les joueurs de fifre,
de cornemuse, les oiseaux, etc. Une plaisan-
terie du même genre avait été publiée long-
temps auparavant par Claude Sébastien, or-
ganiste de Melz {voyez ce nom), et plus tard,
Baehr ou Béer en écrivit une autre, qui fut pu-
bliée après sa mort, et dont on trouve un ex-
trait à la suite de ses iVusikalische Diacurse.
Malllieson assure (Grundlage einer Ehren-
pforte, p. 307) qu'il y a une deuxième édition
de l'écrit de Sartorius, publiée à Hambourg,
en 1G2C. Après sa mort, Lauremberg, docteur
en médecine et professeur de poésie à Ros-
tock, en donna une troisième sous son nom, en
1639, et il en parut une «jualrième sous ce
litre : Musomachia , id est : Bellum musicale
ante quinque lustra Belligeralum in gra-
tium Er.Sar. (Erasmi Sartorit) nunc denuo
inslilutem a primo ejus auctore; Rostock,
1642, in-8» de soixante et dix-huit pages.
Ainsi qu'on le voit, il y a une question de
propriété littéraire en ce qui concerne cet ou-
vrage. Deux ans après la mort de Sartorius,
Lauremberg {voyez ce nom) se déclare le
véritable auteur du jPe//ig^era5mws, et dit qu'il
a gardé le silence pendant vingt-cinq ans en
faveur d'.È'r. .yar. (Érasme Sartorius). Moller
se borne à mentionner l'édition deLauremberg,
après celle de Sartorius, sans discuter la ques-
-lion. Matlheson se déclare en faveur de Lau-
(1) Memor. Ilambwg. Part. 11, p. C22
(2) Lot. cit.
remberg, et j'aicrudevoiradopler son opinion
dans la notice sur ce dernier; mais une note
d'Antoine Schmid {voyez ce nom), qui m'a été
envoyée de Vienne récemment, a fait renaître
mes doutes. Schmid remarque que la réclama-
lion de Lauremberg ne s'est produite que
deux ans après la monde Sartorius; et que,
s'il y avait eu générosité pendant sa vie i
garder le silence sur son prétendu larcin litté-
raire, cette générosité nese serait pas démentie
après sa mort, alors qu'il ne pouvait plus se
défendre.
Sartorius s'est aussi rendu recommandable
par des éléments de musique composés pour
l'usage des élèves de l'école de Hambourg,
<|u'il a publiés sous ce titre : Instilutionum
muticarum tractatio nova et brecis duobus
libris comprehensa, quibus non tanlum ar-
tis prascepta breviter et dilucidè proponun-
tur, verum etiam pulcherrima modorum
musicorum doclrina exhibetur, et exemplis
illuttratur.Prxmittituroratiodehujusartis
inventoribuSy prxstanlia , utilitate. Item
aliquot fugx pro discipulis secundx et ter-
tiae classis scholx Hamburgensis . Auctore
Erasmo Sartorio canlore; Hamburgi, im-
primebat Jacobus Rebenlinus, 1G35, in-8° de
treize feuilles non paginées. Matlheson a
donné les titres des chapitres de ce livre, de-
venu déjà fort rare de son temps {Ehren-
pforte, etc., p. 309), et dont il n'a fait con-
naître qu'un litre inexact ; il a été suivi en
cela par Forkel , Gerber, MM. Lichtenlhal,
Becker et les auteurs du Dictionnaire histo-
rique des musiciens. Il eût été plus utile pour
l'histoire de l'art et de la science de dire que
dans le deuxième chapitre du premier livre,
après avoir rapporté les nouveaux principes
de solmisalion de Henri de Putle, de Calvi-
sius, de Lippius et de Hilzler, ainsi que les
discussions de Calvisius et de Hubmeyer (voyez
tous ces noms) sur ce sujet, Sarlorius se mon-
tra ardent défenseur de l'ancienne solmisalion
par les muances. Matlheson a donné de justes
éloges au discours sur l'excellence de la mu-
sique {Encomium musicx) qui précède l'ou-
vrage. Ce morceau est remarquable par l'éru-
dilion et l'élégance de la latinité. Les
exercices de solfège qui terminent l'ouvrage,
sous le nom de fugues, sont des canons fort
bien faits à deux, trois, quatre, cinq, six, sept
et huit voix.
SAIVTORIUS (Chrétien), musicien de la
chambre du prince de Brandebourg, né à
Querfurt au commencement du dix-huitième
siècle, s'est fait connaître par un œuvre de
3G.
401
SARTORILS — SAUER
mnlets pour une, deux, troi", quatre et cinq
voix, avec accompagnement de deux ou d'un
plus grand nombre d'instruments, tels que
violons, cornets, trombones, et basse continue,
publié sous ce titre : Unterschiedlicher teiit-
sclier tiach der Himmelskron zielendcr
lioher Fest-und Bank-Jndachten Zusam-
menstimmung , etc.; Nuremberg, 1658,
in- fol.
SARTORIUS (jEAN-FBÉDÉnic), musicien
allemand, a composé le texte et la musique
d'un opéra joué au tbéàtre de Prague, avec
succès, en 1704, et dont le livret a été imprimé
sous ce litre : La Rete di Fulcano, burletla
dramatica, dedicata e rappresentata alla
Ser. Altezza Elett. Co. Palatino del Reno,
net teatro di Praga, poesia e musica del
sign. D. D.D. da Giov. Fredertco Sartorio,
1704, in-4''.
SARTORIUS (Chrétien- Charles). Des
letlres écrites de Mexico, en 1827 et 1828, sur
la musique et la danse dans celte partie de
l'Amérique du Sud, ont été publiées sous ce
nom dans l'écrit périodique instilulé Cscilia
(t. VII, p. 199-217, et t. VIII, p. 1-24).
SASSADIAS (Jean -Sigismobd), organiste
cl facteur d'instruments à Brieg, vivait en
1740. Ses clavecins étaient alors estimés (voyez
Mattiieson , Grundl. einer Ehrenp forte ,
p. 139).
SASSANI (Matteo), surnommé MAT-
TEUCCI {voyez ce nom), fut un célèbre
sopranisle. M. Farrenc, qui a fait un très-bon
travail sur ce chanteur, et qui a bien voulu me
le communiquer, y remarque avec justesse que
j'ai eu tort de donner à Matteucci le prénom
de JfJatteo, parce que Matleucci n'est précisé-
ment qu'un diminutif de MaUeo. M. Farrenc
fait, dans ce travail, des rapprochements ingé-
nieux et des conjectures qui tendent à déter-
miner avec précision les époques de ses
séjours en Espagne et à Naples; mais il est
douteux qu'on parvienne jamais à la certitude
à cet égard.
II ne faut pas confondre Matteucci (ou
Sassani) a\ecU\TTVca {Pielro), autre sopra-
nisle remarquable, né à Rome, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, et r|ui, doué
d'une voix d'une étendue extraordinaire et
d'une égalité parfaite, joua, dans sa jeunesse,
les rôles de femme au théâtre Argenlina
et y obtint des succès d'enthousiasme. Plus
lard, il brilla sur les scènes principales de
l'Italie, cl se fil le plus grand honneur au
ihi-àtre de /a i'ca/a, à Milan, datmlaConquisla
del Meitico, d'ErcoIe Paganini, en 1808.
SATTLER (Jeas-Amoine), musicien de
chambre de l'électeur de Bavière, à fait gra-
ver de sa composition six symphonies à six
parties, op. 1 ; Nuremberg, 1750.
SATTLER (Heniu), organiste et directeur
de musique à Blaiikenbourg, dans le Ilarz, esl
né à Quediinbourg, le ô avril 1811. Sa musique
d'église et ses pièces d'orgue indiquent du la-
lent. Ses œuvres connues jusqu'à ce jour(18Gô)
sont: l»Six chants pour deux soprani, ténor
et basse; Brunswick, Ed. Leibrock. '2<» Sept
Lieder à plus^urs voix 5 ihid. 3" Sept Lieder
idem; ibid. Une analyse de ce dernier recueil
se trouve dans la quarante-quatrième année de
VAUgem. mnsikal. Zeitung. n" 36. 4" Har-
zenskldnge (les Sons du cœur), huit Lieder
pour soprano ou ténor, avec piano; ibid.
5» Fugue pour l'orgue ; Erfurt, Kœrner.
G» Theoretisch-Praklisclie Anleitun'^ zum Ge-
sang-Unterricfite in Schtilen (Introduction
théorique et pratique à l'élude du chant dans
les écoles); Quediinbourg, Ernst.
SATZL (Christophe), directeur de mu-
sique du couvent de religieuses, à Hall-sur-
rinn, dans le Tyrol, vécut dans la première
moitié du dix-septième siècle. On a imprimé
(le sa composition : 1» Ecclesiastici concen-
lus 1, 2, 3, 4c5 vocibus concinendi ; Augs-
bourg, 1621. 2» Coticerti a 2 voci eZstro-
menti. 3» Cantiones genethliacx ad Christi
cunas, quinque vocum. A" Hortus pensilis,
seu motelti a 2, 3, 4, 5 e 6 voci, con violini.
5» Cantate per Pasqua a 5 e 6 voci.
G» JA messe a 1, 2, 3, 4 e 5 voci; Inspruck,
1G4G. 7» /ube/us Bavidicus seu psalmi'i — 5
vocibus. mixto Chelium binario modulandi;
ibid., 1653, in-4". 8» Missae quatuor novx
4,5 et pluribus vocibus concinendœ; ibid.,
1661.
SAUBERT (Jean), pasteur de Sainl-Sé-
bald, à Nuremberg, naquit à Altorf, le 26fé-
vrierl592, et mourut de la pierre, le 2 no-
vembre 1646. A l'occasion d'une cantate qui
fut exécutée dans celte église en 1623, il pro-
nonça un sermon imprimé sous ce litre : See-
len HJusik, wie dieselbe am Sonntage cantate
1623 in der Kirckzu Unser Lieben Frauge-
fiœren u}orden,neben einer nenen-Jahrs Pre-
f//V/<,Nuiciiibeig, 1624, in-4". Sauhert y traite
(le la musique, de sou origine, de sa nature et
de son usage.
SAUEK (Jean-Georges), né à Allerheim
euB.ivière, vers 1640, fit ses éludes à l'uni-
versité de Willenberg, et y soutint, le 17 juil-
let 1661, une thèse sur la division mathéma-
tique des intervalles des sons, qui a été im-
SAUER — SAUVEUR
405
primée sous ce litre : Ex malhematicis de
vivsica sub prxsidio viri clarissimi jV. Jo-
hannis JVolfg. lîentschi publiée disputuvit
Johannes Georgius Sauer Allerheini. Sue-
vos ; ■Willenberg, IGGl , in-4» de deux
feuilles.
SAUEll (Ciiarles-Gottlob), mécanicien et
fadeur d'insliumcnis à clavioi-, naquit dans le
Brandebourg, vers 1750, se livra d'abord à la
profession de menuisier, étudia ensuite la
inécani(|ue et s'établit à Dresde, en 1780,
comme facteur d'instruments. Ses pianos oui
joui d'une certaine réputation en Allemagne,
à celle époque.
SACER (Léopold), facteur d'instruments,
travailla d'abord à Prague, vers la fin du dix-
liuitième siècle, puis s'établit à Vienne, y in-
venta un nouveau piano vertical, et, en 1804,
VOrcliestrion, instrument composé du piano
cl de plusieurs jeux d'orgue.
SAUERBUEY ( jEAN-WlLIIELM-CliniS-
TIAN-CllAHLES), né le 22 août 1804, à KiiMiig-
sée, dans la Tburinge, fui d'abord orj-anisle
à l'église Saint-Nicolas de Stade (Hanovre),
puis de l'église Saiut-AYilha<li, dans la même
ville. Artiste de mérite, il commença à se faire
connaître, en 18ô0, par la publication d'un
recueil de cent trente -six mélodies cho-
rales arrangées à quatre voix pour l'usage
du duclié de Brème ; cet ouvrage a pour
titre : 150 choral- tnelodieen tierstimmig
artsgesetzt , und zuuachs$ zum Gebrau-
che in den Jferzoglldimem Bremen und
verden bestimml; Stade , cliez l'auieur. Il a
<lonné aussi un livre choral avec basse chif-
frée pour raccompagncmcnt {C'horalbuch fur
den Herzoglhiimer Bremen, etc.), op. 21 ;
ibid. Comme organiste, Sauerbrey appartient
à la nouvelle école i eprésentée par Kuhm-
sledt, Brfisig, Meister et autres. Ses princi-
paux ouvrages de musique d'orgue sont:
1» Douze pièces d'orgue, op. 4; Hanovre, Na-
gel. 2» Vingt préludes idem, pour les com-
mençants, op. 7; Leipsick, lireilkopf cl Heer-
lel, 5" Douze pièces idem, op. 8; ibid.
4° Huit pièces idem, faciles, op. IG; Ham-
bourg, Cranz. 5"" Quatre conclusions fuguées
et faciles, op. 28; Erfurl, Rœrner. 6» Pré-
lude et fugue (en ré) ; i6jrf. Rœrner a aussi
inséré deux préludes et fugues de Sauerbrey
dans son Postludicnbucli fur Orgehpieler.
SAL'INDEUS (G EoncEs), architecte anglais,
est auteur d'un bon livre intitulé : A Treatise
on théâtres, including some cxperiments on
Sound (Traité sur les théâtres renfermant
<;uoliiites expériences sur le son); Londres,
1790, in-4'' avec planches. Une deuxième édi-
tion de cet ouvrage a paru à Londres, chez
Taylor, en 1818, un volume in-4'».
SAUINIEIV (....), luthier français, né dans
la Lorraine, vers 1740, fut élève de Lambert,
surnommé le Charpentier de la lutherie. Il
s'établit à Paris, vers 1770, el se fit estimer
par la bonté de ses violons. Il fut le maître de
Picle.
SAL'PPE ou SAUPE (CanÉTiES-THÉo-
pbile), organiste à Glaucha, dans le comté de
Sch(enbourg, occupait déjà cet emploi en
1780, el le remplissail encore dans les pre-
mières années du dix-neuvième siècle. Il na-
quit en 1754, à Wechselbourg, en Saxe. On a
publié de sa composition : 1° Trois sonates
pour clavecin (1785). 2" Six sonatines de cla-
vecin pour les amateurs. 5" Chants avec ac-
cumpagnemenlde piano, suivis de sonatines à
deux el i|uatre mains; Leipsick, Breitkupf,
17'J2. 4" Le Soir, de ]Uatthi<<nn,avecaccompa-
gnement de piano; i6i(i., 1802. Saupe s'est fait
connaître avantageusement, dès 1780, par un
oratorio intitulé : La Résurrection glorieuse
de Jésus -Christ, et par une cantate pour le
jour de Pâques : ces ouvragg» sont restés en
manuscrit el se irouvenl à la bibliothèque
royale de Berlin.
SAL'R ou SAL'RIL'S (Abdbé), cantor à
Kiel, vivait vers le milieu du dix-seplième
siècle. On a imprimé de sa composition une
grande cantate, (|ui fui exécutée pour la so-
lennité de la prestation du serment an duc de
Holslein; cet ouvrage a pour litre : Gliick-
tcunschung in einer musikalischen Har-
monie von 7, 9 bis 15 Stimmen; Hambourg,
1GG1, in fol.
SALIUN (DiDiEu), fils aîné de Joseph
Saurin, géomètre, na<|uil à Paris, vers 1092,
el cultiva la musi(|ue. Il est auteur d'un livre
intitulé : La JfJusique théorique et pratique
dans son ordre naturel; Paris, Ballard,
1722, in-4»,
SAUVAGE. Deux trouvères de ce nom
ont vécu dans le treizième siècle : le premier,
né à Arras, a laissé quatre chansons notées,
qu'on trouve dans les manuscrits; l'autre, de
qui nous n'en avons (|u'une (Mss. de la Biblio-
thèque impériale, n"7222), était né à Béthune.
SAUVEUR (Joseph), géomètre, naquil à
la Flèche, le 24 mars 1053. Jusqu'à l'âge de
sept ans, il resta muet, el jamais il n'eut l'or-
gane de la parole bien libre. Il fil ses éludes
dans un collège de jésuites; mais son goût pas-
sionné pour le calcul l'emi)écha de faire des
proLjrès dans la liltéralure, taudis qu'il apprit
406
SAUVEUR
sans maWrc, et dans l'espace «l'un mois, les
six premiers livres des éléments d'Euclide.
Arrivé à Paris, en 1670, il y suivit les leçons
du physicien Rohaiilt, et donna, pour subsister,
des leçons de mathématiques. Parmi ses
élèves, on compte le prince Euj^ène. En 1680,
il obtint le titre de maître de mathémaliques
des pages de la Dauphine, et peu de temps
après, le grand Condé l'engagea à éciire un
traité sur la fortification des places. Le désir
de joindre la pratique à la théorie conduisit
Sauveur au siège de Mons, en 1691, où il prit
part aux opérations les plus périlleuses. De
retour à Paris, il s'y occupa de divers travaux
relaliTs aux mathématiques appliquées; mais
l'objet qui finit par attirer toute son attention
fut l'acoustique musicale; science nouvelle qui
lui doit sa création^ et dont il posa les bases.
Ce choix de l'objet principal de ses recherches
a cela de bizarre que Sauveur était sourd ,
avait la voix fausse, et n'entendait rien à la
musique. Pour vérifier ses expériences, il élait
obligé de se faire aider par des musiciens
exercés à l'appréciation des intervalles et des
accords. Ainsi qu'on l'a très-!)ien remarqué,
cette position de Sauveur rappelle celle du pro-
fesseur Saunderson, aveugle de naissance qui,
dans ses leçons sur la philosophie naturelle,
expliquait les phénomènes de la lumière. Sau-
veur avait été nommé membre de l'Académie
des sciences, en 1696; c'est dans les mémoires
de cette compagnie savante qu'il donna les ré-
sultats de ses intéressants travaux. Il mourut
le 9 juillet 1716, à l'âge de soixante-trois
ans.
Depuis l'antiquité jusqu'à Sauveur, la théo-
rie des rapports de sons était restée à peu près
stationnaire : elle n'était basée que sur des
nombres abstraits. Une seule expérience, at-
tribuée à Pythagore dans une anecdote évi-
demment fausse, était tout ce qu'on pouvait
citer pour la démonstration de cette théorie.
Sauveur, le premier, imagina de chercher,
dans l'examen des phénomènes de vibrations
des corps sonores, les éléments de la science
de l'acoustique. Ses premiers travaux en ce
genre datent de 1696. L'année suivante, il
dicta un traité de mu$i(|ue spéculative, dans
ses leçons au Collège royal; mais il se refusa
à la publication de ce troiié, {lar des moiifs
qu'il a exposés dans son m<'nioirc sur le Sys-
tème général des intervalles des sons. Son
point de départ fut un Irait de génie. Il axaii
remarqué que les anciens ni les écrivains «lu
moyen âge ne fournissent aucun moyen <lc
retrouver l'unisson tï'unc des cordes de Icuis
systèmes musicaux, et que c'est à celle cause
qu'il faut attribuer en partie l'obscurité qui
enveloppe leur tonalité, non relative, mais ab-
solue. Sauveur comprit donc (|ue, pour donner
une base à une tonalité quelconque, il est né-
cessaire de déterminer un son (ixe pour point
de comiiaraison, et (|ue ce son ne peut être
fixé que par le nombre de vibrations qu'il fait
dans un temps donné ; par exemple, dans une
seconde. Mais la difficulté consistait à compter
ces vibrations, même dans les sons graves où
elles sont plus lentes que dans les sons aigus.
Le moyen dont il se servit, en l'absence de;
tout instrument de précision, est ingénieux.
Le son dont il voulait déterminer Tintonation
en nombre de vibrations élait ViU grave,
fourni par un tuyau d'orgue de huit pieds. Les
facteurs avaient remarqué depuis longtemps
que lorsque deux Uiyaux d'orgue sonnent en-
semble, il s'établit entre eux des batlement&
lorsqu'il résulte une dissonance de leurs deux
sons ; et (jue ces baltemenls ont lieu à des in-
tervalles de temps égaux d'autant plus longs,
que les intervalles musicaux sont plus pelils^
entre les sons simultanés: «Sauveur (dit M. de
Prony)vit l'explication de ce phénomène dans
les coïncidences périodi(|ues des oscillations
des colonnes d'air respectives en mouvement
danschaque tuyau : lorsquecescoïncidenccsont
lieu, les deux oscillations contemporaines font
sur l'organe de l'ouïe une impression plus forte
que lorsqu'elles sont successives. Supposons que
le r'a|)portdes noftibres respectifs d'oscillations
soit celui de huit à neuf; chaque huitième os-
cillation du tuyau le plus grave, et chaque
neuvième du plus aigu, auront lieu ensemble,
et frapperont l'oreille par. un battement qui ne
se reproduira qu'à la fin de la période sui-
vante, de huit pour l'un, et de neuf pour
l'autre. » Il résulte de là que comptant les bal-
temenls qui se font dans une seconde, puis
multipliant ces batlemenis par les nombres des
rapporls de proportions des deux tuyaux, on
trouve le nombre absolu d'oscillations fait par
chacun (Veux dans le même espace de temps.
C'est ainsi i|uc Sauveur trouva que Vut grave
(lu tuyau de huit pieds fait cent vingt-deux
vibrations dans une seconde. Cet ut est celui
ilu ton d'orgue de son temps; à Paris l'Hf grave
du violoncelle, qui corres|iond à cette note,
f si élevé jusqu'à cent Ircnie et une vibrations ;
à Rrnxcllrs, celle même noie est élevée jus-
<\n'h cent lrenle-(|ualre. Il est à remarquer
• HIC l'application (|u'il fil ensuite du problème
aux cordes vibrantes lui donna pour celles-ci
des nombres de vibrations doubles de ceux de»j
SAUVEUR — SÂUZAV
407
oscillalions trouvées pour les tuyaux; mais il
explique fort bien comment celte dissidence
apparente confirme ses résultats au lieu de les
infirmer. Sauveur fut aussi^e premier qui ana-
lysa les phénomènes des sons harmoniques, et
qui en donna une théorie, devenue la hase du
système d'harmonie de Rameau. A rép;ard
des applications qu'il voulut faire ensuite à In
musique de ses découvertes en acoustique, il
se trompa comme se sont trompés tous les f;éo-
mètres qui ont essayé d'entrerdansle domaine
de l'art, et ce qu'il a laissé sur ce sujet ne
peut être d'aucune utilité. Les mémoires <le
l'Académie royale des sciences, où Sauveur a
exposé ses découvertes et ses idées, sont :
1» Principes d'acoustique et de musique, ou
système général des intervalles des sons, et
soti application à tous les systèmes et instru-
ments de musique (1700 et 1701) 2» applica-
tion des sons harmoniques à la composition
des jeux d'orrjue (1702). ô» Méthode géné-
rale pour former des systèmes tempérés de
musique, et du choix de cehti qu'on doit
suivre (1707). 4" Table générale des systèmes
tempérés de musique (171 1). 5° Rapports des
sons des cordes d'instruments de musique
atix flèches des cordes, et nouvelles détermi-
nations des sons fixes (1715).
SAl'ZAY (Eugkkk), professeur de violon
au Conservaloire impérial de Paris, est né
dans cette ville, le 14 juillet 1809. Fils d'un
amateur éclairé des arts, qui était préfet <ie
l'Empire et membre du Corps législatif, il
puisa dans sa famille le goût de ces mêmes
aris et s'attacha parliculièrcmcnt à la mu-
sique. Les premières leçons de son instrument
lui furent données par Vidal, artiste de mé-
rite, qui était second violon des quatuors de
Laillot. En 1824, M. Sauzay entra au Conser-
vatoire où il reçut d'abord les leçons de
Gnérin, répétiteur de Vaillol, et l'année sui-
vante, il devint élève de cet artiste célèbre. Le
second prix de violon lui fut décerné dans cette
mémo année, 1823. Devenu élève de Reicha,
à la même époque, il étudia le contrepoint
sous sa direction. En 1827, il obtint, au con-
cours, le premier prix de violon et le second
prix de fugue. Au concert d'inauguration de
la Société des artistes du Conservatoire, (|ui
eut lieu le 9 mars 1828, M. Sauzay exécuta
avec succès un concerto inédit de Rode, que ce
célèbre violoniste avait envoyé à Raillot, son
ami, en le lui recommandant. Peu d'années
après avoir obtenu son premier prix deviolon,
M. Sauzay fil partie du céièlue quatuor de
Bailloi, rcmplar.inl d'abord Vidal, qui vtnail
d'être nommé chef d'orchestre du Théâtre-
Italien, et plus tard succédant à Urhan {voyez
ce nom), jusriu'à la dernière séance, qui eut
lieu en 1840. L'amitié qui unissait Baillot à
son élève fut plus intime encore lorsque M. Sau-
zay devint son gendre. Déjà ce jeune artiste
fixait sur lui l'attention publique par son
double talent d'exécution et de la composition,
à laquelle il se livrait autant que le lui per-
mettaient ses nombreux élèves, appartenant
aux premières familles de France. Il avait
établi, dans une société d'amis et de connais-
seurs, des séances de musique classique aux-
quelles prenaient part le violoncelliste Norblin
et le pianiste Boely {voyez ce nom), remjilacés
plus lard par Franchomme, le fils aine de
M. Sauzay et madame Sauzay, digne fille de
Baillot, (|ui y fil entendre la série des concer-
tos de Mozart. En 1849, ces séances devinrent
publiques et furent données, soit chez M. Sau-
zay, soit dans la salle Pleyel. quelquefois avec
un orchestre. En 1840, M. Sauzay avait été
nommé premier violon de la musique du roi
(Louis-Philippe); il est aujourd'hui chef des
seconds violons de la musique de l'empereur
Napoléon III. En 18C0, après la mort de Gi-
rard, il a été nommé professeur de violon au
Conservatoire de Paris. Il est chevalier de la
Légion d'honneur. Les ouvrages publiés de cet
artiste distingué sont : 1° Fantaisie sur
Zampa, pour piano et violon, op. 1 ; Paris,
Meissonnier. 2" Allegro et rondo idem, op. 2 ;
Paris, Prilipp. ô" Sweel^ Aorne (air irlandais),
op. ô; ï6»(/.4°Trois romances sur des parole»
de Ronsard, op. 4; Paris, Richaull. 5" Frag-
ments des chœurs iVAthalie et d'Esther, de
Racine, op. 5; ibid. G» Cinq pièces pour
piano et violon, dédiées à madame Kiéné,op.6;
ibid. 7° Pièce en trio pour piano, violon et
allô, op. 7; Paris, Richaull. 8» Trio pour vio-
lon, alto et basse, op. 8; ibid. Cet ouvrage a
été reproduit en Allemagne. 9" Pièces à quatre
mains pour piano, op. 9; ibid. 10» Trots an-
ciennes chansons, op. 9 {bis); ibid. W^ Jn-
dante de sérénade pour piano, op. 10; ibid.
12" Trois anciennes chansons pour j)i3no,
op. 11 ; ibid. lô» Symphonie rustique, ré-
<lMite pour piano à quatre mains, op. 12;
ibid. 14" Etudes harmoniques pour violon.
oj». 13; ibid. 16^ Haydn, Mozart, Beethoven.
Étude sur le quatuor; Paris, l'auteur, 18G1,
gr. in-8"de cenlsoixanle-lrcize pages. Ouvrage
d'analyse où l'on remaniue de la justesse dans
les observations et qui renferme un bon cata-
logue thématique et raisonné des qiiatuois,
quinlclles et trios de ces grands musiciens.
408
SAVARD — SAVART
SAVARD (MAniE Gabbiel-Aucustin), né
à Paris, le 21 août 1814, fiil admis au Con-
servatoire de celle ville, le 23 janvier
1837, comme élève d'harmonie, el y recul
les leçons de M. Bazin (voyez ce nom), puis
étudia le contrepoinl et la composition sous
la direction de M. Le Borne. Il ohtinl Pac-
cessil de celte science en 1841 5 le second
prix lui Tut décerné au concours dans Tan-
née suivante. Ses éludes étant terminées
en 1843, il fut nommé, peu de temps après,
proresscur de solfège dans la même institu-
tion. M. Savard s'est fait connaître avantageu-
sement par les livres dont voici les litres :
1» Cours complet d'harmonie théorique el
pratique. Ouvrage adopté pour l'enseigne-
ment du Conservatoire impérial de musique;
Paris, Malio, 1853, deux volumes grand in-8"
Bien que ce livre soil annoncé comme théo-
rique et pratique, c'est une simple méthode
d'enseignement pratique de l'harmonieécrile;
méthode un peu lente et trop chargée de dé-
tails. L'auteur partage l'erreur générale des
écoles française el allemande, d'après laquelle
on considère l'étude de l'harmonie commecelle
de l'art d'écrire, qui ne réside que dans la
science du contrepoinl. Les Italiens anciens
avaient mieux compris la pratique <le l'har-
monie, en la hornanlà Vilude des parti menti,
qui formait l'oreille harmoni(|nement. L'har-
monie, comme science, est purement théo-
rique; je l'ai enseignée en huit leçons au grand
organisie Lemmens et au compositeur Benoit,
2" Manuel d'harmonie; ihid., un volume
gr. in -8». 5" Principes de la musique ; Paris,
A. Durand, lihraire, et Girod, éditeur de mu-
sique, 1861, un volume grand ii)-8°. Bon ou-
vrage hase sur une méthode analytique. 4° Re-
cueil de plain-chant d'église, transcrit en
notation moderne et harmonisé à trois et à
quatre voix ; Paris, Régnier Canaux. 5» Plu-
sieurs motets; ibid.
SAVART (Félix), physicien distingué, né
à Mézières, le 50 juin 1791 , était fils d'un in-
génieur en instruments de mathématiques,
d'ahord attaché à l'école de celle ville, puis à
l'école d'artillerie et du génie de Metz. C'est
dans celle dernière ville que Savart fil ses
études. Élevé au milieu des arts mécani<|ues,
et accoutumé de honne heure à la précision
dans les travaux manuels de ces arts, il acquit
la dextérité de main, si nécessaire dans les ex-
périences de physique aux(|uclles il se livra
plus lard. Après avoir terminé ses études lit-
téraires, Savart résolut d'emhrasser la profes-
sion de médecin else fit recevoir comme élève
interne dans l'hôpital militaire de Mclz, y
reni|ilil les fonctions de sous-aide pendant
plusieurs années, puis, au moment d'être at-
teint par la conscription, s'engagea dans un
bataillon du génie, où il fut nommé chirur-
gien élève. Libéré du service en 1814, il se
rendit à Strasbourg pour y obtenir le doctorat
en médecine; mais le retour de Napoléon de
l'ilc d'Elbe, en 1815, el les événements qui en
furent la suite, relardèrent sa réception jus-
qu'en 1816. Le désir d'augmenter ses connais-
sances en médecine le fit rester encore un au
à Strasbourg; après quoi il retourna à Metz,
où il se proposait d'exercer sa profession;
mais se retrouvant de nouveau dans les ate-
liers de l'école d'artillerie el du génie, il y re-
prit le goût des arts mécaniques, et y joignit
l'étude de la physiciue et de la chimie qui,
d'abord simple délassement, devint bientôt
une vocation passionnée, el l'objet de toutes
ses méditations. Les découvertes de Chiadni
dans l'acouslique attirèrent particulièrement
son attention; mais, en rendant justice à la
sagacité de ce savant, il aperçut ce qui man-
quait à l'examen des faits présentés par lui, et
à la démonstration de ses principes. Livré dès
lors à une mullilude d'expériences délicates
sur les vibrations des corps sonores, où il por-
tait autant de dextérité que d'attention, il
imagina, vers la fin de 1817, un violon trapé-
zolde qu'il présenta deux ans après à l'examen
de l'Académie des sciences, avec un Mémoire
sur la construction des instruments d
cordes el à archet. Arrivé à Paris, pour y
faire imprimer une traduction du traité
de Celse, De re medicâ, à laquelle il avait
travaillé pendant plusieurs années. Il se
présenta chez Biot, professeur au Collège de
France, qui faisait alors un cours public
d'acouslique, et il lui communiqua le résultat
de ses recherches. Frappé de l'imporlance <le
ces découvertes et de la nouveauté des faits,
le célèbre professeur en fil l'objet d'une de
ses leçons, et, parla, fixa l'attention publique-
sur Savart. Résolu de se livrer exclusivement
aux éludes de la physique et de racou$ti(|ue,
celui-ci, d'a|)rès les conseils de ce savant, re-
nonça à la carrière <Ie la médecine, el conti-
nua ses expériences sur les vibrations de toute
espèce. A la recommandation de Biot, il avait
oliteiiu une place de professeur de physique
dans un institution particulière, à la(|uelle il
resta attaché jusqu'à sa nomination de con-
servateur du cabinet de physique, et de pro-
fesseur d'acoustit|ue au Collège de France.
Cette nouvelle position lui procurâtes moyens
SAVÂRT
409
de conlimicr ses expériences sur une plus
gran<Ie éclielle,etloules les parties de l'acous-
lique lui durent successivemenl des décou-
verles inléressanles. L'Académie royale des
sciences lui accorda la récompense la plus
flalleuse de ses travaux, en l'admettant dans
son sein, le 5 novembre 1827. Devenu libre de
lous soins, et n'ayant plus à s'occuper que de
la science, il s'y livra sans réserve, employant
presque toutes les journées à faire des obser-
vations, et rédigeant le soir les idées qu'elles
lui avaient suggéiées. La tliéorie de la con-
struction des instruments de tout genre; les
phénomènes de vibration et de résonnances
des corps de toute forme, de toute dimension
et de toute nature ; les limites de la sensibilité
de l'ouïe ; les moyens de transmission et de
renforcement du son; l'analyse de l'appareil
vocal chez l'homme et chez les oiseaux ; enfin,
d'autres recherches sur la structure de diffé-
rents corps solides, l'occupèrent tour à tour,
et furent pour lui la source d'une infinité de
découvertes ou de vues ingénieuses. Observa-
teur dévoué, il n'accordait sa confiance aux faits
les moins contestés qu'après qu'il les avait
soumis à l'examen le plus scrupuleux. Telles
étaient même ses préventions k cet égard,
qu'il contestait les rigoureuses déductions du
calcul, lorsqu'elles lui paraissaient contredire
les faits de l'expérience; disant qu'il y avait
souvent, dans les opérations du malhémati-
cien le plus habile, un point de départ vi-
cieux, en ce (pie quelque circonstance inob-
servée n'était point entrée dans les éléments
du calcul. C'est ainsi qu'il a toujours nié la
possibilité d'une bonne Ihéoiie mathématique
des surfaces vibrantes avant (|ue l'observation
en ait constaté lous les phénomènes. Cet
homme si patient, si ingénieux, si dévoué à la
science, a cessé de vivre, parvenu à peine
à l'âge de cinquante ans, au mois de mars
1841.
Les principes généraux déduits des obser-
vations de Savart, et sur lesquels il a basé la
théorie de la construction des instruments,
sont ceux-ci : 1» Quand deux ou un plus grand
nombre de corps, quel que soit d'ailleurs leur
état, sont en contact immédiat, et qu'on en
ébranle un directement, ils produisent tous le
même nombre de vibrations dans le même
temps; 2" toutes leurs vibrations suivent des
directions parallèles entre elles; 5" le renfor-
cement du son d'un corps quelconque, par
exemple d'une corde, dépend de la simulta-
néité des vibrations des corps avec lesiiuels
cette corde est en contact; et ce renforcement
est porté à son plus haut point lorsque les
corps ébranlés par communication se trouvent
dans des conditions telles, que s'ils étaient
ébranlés directement, ils produiraient le
même nombre de vibrations que le corps mis
primitivement en jeu. Savart a développé ces
principes dans les ouvrages suivants : 1» Mé-
tvoire sur la constniclion des instruments à
cordes et à archet^ lu à l'académie des
scieiiceSy le 51 mai IS}^, suivi du rapport
qui en a été fait aux deux jlcadéniies des
sciences et des beaux-arts, par Mlfl. Haiiy,
Charles, de Prony, Cherubini, Catel, Ber-
ton, Lesueur, Biot, rapporteur ; Paris, De-
terville, 1819, in-8" de cent «lix- huit pages,
avec trois planches. Ce mémoiie est aussi im-
primé dans les Annales de physique et de
chimie (t. XII, pages 229 et suivantes). 2" v7/e-
moire sur la communication des mouve-
ments vibratoires entre les corps solides
(Annales de chimie et de physique, t. XIV,
juin 1820). 3" Recherches sur les vibrations
de l'air (ibid., t. XXIV, septembre 1825).
4" Mémoire sur les vibrations des corps
solides considérés en général (ibid., t. XXV,
janvier, février et mars 1823). Parmi les au-
tres travaux de Savart, relatifs aux vibrations
sonores et à leurs communications, il faut en-
core ranger : 5" De l'influence exercée par
divers milieux sur le nombre des vibrations
des corps solides (ibid.). G" Note sur la com-
munication des mouvements vibratoires par
les liquides (ibid., t. XXXI, mars l82G).7»7?e-
cherches sur les usages de la membrane du
tympan et de l'oreille externe (ibid., t. XXVI,
mai 1824;. 8» Des sons produits dans l'ex-
périence de M. Clément (\hUl.). Le mémoire
donné en 1762, par Daniel Bernouilli, sur les
vibrations de l'air, avait fourni toute la
théorie des instruments à vent jusqu'à Savart ;
celui-ci, reprenant le travail du savant f^éo-
mètre, soumit à un grand nombre d'expé-
riences les colonnes d'air, sous des formes
très -variées; examina les influences des pa-
lois detliverses natures, et compléta son tra-
vail par des observations délicates sur les
membranes. De ces travaux sortirent des lois
aussi remaniuables par leur simplicité que
par leur généralité, par exemide, celle-ci :
« Les nombres des vibialions <Ie masses d'air
)» de formes semblables sont proportionnels
» aux dimensions linéaires de ces mêmes
n masses d'air; loi qui se vérifie pour les
» masses d'air cubi(|ues, prismati(|ues, car-
« rées, cylindri<iues, de méme(|ue pour celles
» qui sont sphériqucs, prismatiques, Iriangu-
410
SAVART — SAVERIEN
» laires, etc. » Toulcfois celte loi et i)lusiciirs
autres, (|iii ne peuvent être rapportées ici, ne
se vérifient que dans le cas où les parois des
tuyaux peuvent être considérées comme abso-
lument inilexil)les; car, lors(|u'elles peuvent
céder à la réaction élastique de l'air, il se
produit une autre classe de i)liénomènes sou-
mis à d'autres lois, cl dont l'élude a conduit
Savart à des considérations nouvelles sur le
mécanisme de la voix humaine et du chant
des oiseaux. On sait que dans les tuyaux d'or-
gue, et généralement dans un tube à bouche,
la gravité du son est proportionnelle à la lon-
gueur de la colonne d'air contenue dans le
tuhe : d'où l'on déduit, à priori, l'intonation
d'un tuyau d'orgue à bouche, en raison de ses
dimensions longitudinales; tandis que la gra-
vité relative des tuyaux à anche dépend des
dimensions de celle-ci, mise en vibration par
l'aclion de l'air. Mais Savart, faisant des ob-
servations sur des tuyaux à parois molles, tels
que les tuyaux de parchemin, reconnut que
ces parois, cédant à la réaction de l'air, fai-
saient produire aux tuyaux des sons beaucoup
plus graves que ceux de même dimension en
matière rigide, et que cette gravité augmen-
tait encore lorsque la membrane était humec-
tée. Ces faits furent pour Savart un trait de lu-
mière : il en déduisit la théorie du mécanisme
de la voix, contrairement aux Ihéoiies de
MM. Cuvier, Dulrochet, Magendie et lliot, qui
assimilent les fonctions de l'appareil vocal à
celles d'un instrument à anche, et revint au
système de Galien, qui en faisait un instru-
ment du genre des flûtes, mais en démontrant,
par ses expériences sur les tuyaux à parois
molles et humides, les causes qui font pro-
duire des sons graves au larynx, malgré les
courtes dimensions de son tuyau; ce que Ga-
lien n'avait pu faire, vu l'état borné des con-
naissances de son temps. Les résultats des
travaux de Savart sur ces sujets intéressants
ont été consignés dans les écrits suivants :
8° Nouvelles recherches sur les vibrations de
l'air {Annales de physique et de chimie,
t. XXIX, août 1825). 0" D/émoire sur la voix
humaine (ibid., t. XXX, septembre 1825).
10° mémoire sur la voix des o/seaux (ibid.,
t. XXXII, mai et juin 1820). Enfin, un des
plus curieux objets des recherches de Savait
est la détermination des limites de la sensibi-
lité de l'oreille <ians la perception et l'appré-
ciation dessons excessivement gravesou aiijus.
Par des appareils ingénieux de son invention,
il démontra que ces limites sont plus éten-
dues qu'on ne l'avait cru, d'après les observa-
tions précédentes ; par exemple, <|u'il est pos-
sible de faire apprécier à l'oreille des sons
plus graves <|ue celui qui est produit par un
tuyau ouvert de trente-deux pieds. Il a traité
ce sujet dans un mémoire inséré parmi les
Annales de physique et de chimie, l. XL. Il
n'entre pas dans l'objet de celle notice d'exa-
miner les résultats des travaux de Savart dans
l'application des phénomènes de vibration à
l'égard de la structure de certains corps so-
lifles. Ce savant, qui a tant fait pour la théo-
rie de la construction des instruments, en a
construit lui-mémede toutes les formes. M. Mar-
loye , fabricant d'appareils d'acoustique, à
Paris, a exécuté la plupart de ceux que Sa-
vart a inventés, tels (|ue des tuyaux d'oigue le
diverses formes et matière, à bouche fixe ou
mobile et à anches île dilTérents systèmes;
série? de plaiiues avec leurs supports et mon-
tures pour la loi des vibrations; lames en mé-
tal et en bois pour la théorie des vibrations
transversales ; verges en cuivre et eu bois pour
les vibrations longitudinales; timbres avec
tuyaux renforçants; sonomètres; appareils
pour la transmission des vibrations, et autres
pour déterminer les limites de la sensibilité.
Parmi les travaux les plus importants <le
Savart, et qui ont donné les résultats les plus
utiles dans l'application, se i)résentent ses re-
cherches sur les principes de la construction
des instruments à archet. Plus de vingt années
furent employée par lui eu observations sans
cesse renouvelées pour la détermination de
bases certaines. Ainsi qu'il l'a déclaré dans
son cours de physique expérimentale, professé
au Collège de France pendant l'année scolaire
1838-1839, il n'atteignit son but qu'après
des expériences réitérées et variées de mille
manières sur un grand nombre de violons de
Stadivarius et de Guarnerius, ainsi que sur des
débris d'inslrumenlsjleccsgrands artistes. On
peut voir l'analyse de ces résultats dans mon
Rapporlsur les instruments de musique inis
à l'£xposition universelle de Paris, en 185,')
(tome II do la grande édition olTicielle, in-4",
27"" classe, i)p. 084-090) et dans mon \\\n:
intitulé: Antoine Stradivari, luthier célè-
bre, connu sous le nom de Stradivarius, etc.,
(pp. 80-UG). Savart avait préparé une rédac-
tion définitive des principes exposés dans son
cours sur ce sujet; mais la mort l'a empêché
d'achever ce travail.
SAYERILN (ALF.XANDnE), mathématicien
cl littérateur, na(|uit à Arles, en 1720. Après
avoir fait ses études à IMarseille, il recul, à
vingt ans, le brevet d'ingénieur de la marine.
SAVERIEN - SAX
41t
Plus tard, il abandonna celte carrière pour se
livrer à la culture des sciences et des lettres.
II mourut pauvre, à P;iris, à l'âge de quatre-
vingt-cinq ans, le 28 mai 1803. Saverien est
auteur de plusieurs ouvrages relatifs à la
science de la marine, et de travaux de littéra-
ture, parmi lesquels on remarque une His-
toire des progrès de l'esprit humain dans les
sciences exactes, et dans les arts qui en dé-
pendent. Deuxième édition; Paris, 1775-
1778, quatre volumes in-8«. On y trouve une
histoire abrégée de l'acoustique et de la mu-
sique (t. II, p. 344-584). La première édition
a paru à Paris, en 1766, un volume in-8».
SAVETTA (Antoine), compositeur, né à
Lodi, vers la fin du seizième siècle, fut maître
de chapelle de l'église de Vlncoronata, dans
celte ville. On a imprimé de sa composition :
1" Madrigali a 5-8 voci, fatti nelle nozze
delli molto illustri Signori Lancillotto Cor-
redi e Claudia Carminali , libro l™»,
opéra 5; Venise, 1610, in-4''. 2» II. Messe a
(S voci; Venise, 1616. 3» Salmi, ibid., 1620.
4° Messe e salmi ; ibid., 1638. 5° Messe a
4-8 voci. 6° Messe e salmi a 9 voci; Venise,
1639. 7» Messe concertate a 8 voci, ibid.,
1659. 8» Salmi a 5 voci. 9» Litanie ed anti-
fonie a 8 voci, Venise, 1641. L'abbé Baini
cite, dans la noie 636 de ses Mémoires sur la
vie et les ouvrages de J. Pieruigi de Palcs-
trina , des motets à seize et à vingt-qualre
voix, deSavetta.
SAVJ (Alphonse), compositeur et violon-
celliste, naquit à Parme, le 21 décembre 1773.
Après avoir étudié les belles-lettres à l'uni-
versité de Parme, il reçut des leçons de vio-
loncelle de Gaspard Ghiretti, de Naples, et
étudia le contrepoint sous le même maître,
pendant neuf années. Il a écrit plusieurs
messes, psaumes et autres morceaux de mu-
sique d'église, parmi lesquels on a rcmar<|ué
la messe et les vêpres à quatre voix et or-
chestre qu'il composa pour la duchesse Marie-
Amélie de Parme, et qui furent exécutées le
15 aoCit 1802. Snvj a écrit aussi plusieurs
opéras boulTcs pour le lhé.ilre de Parme, des
symphonies, (Inos, Irios et quatuors pour vio-
lon et basse. On a gravé dclui ilciix œuvres de
trios pour deux violons cl violoncelle, le pre-
mier, dédié à Parr, le second, l\ Holla. Cet ar-
tiste était, en 1812, violoncelliste accompa-
gnateur au thcàlre de Parme. On n'a pas de
renseignements sur la suite de si carrière.
SAVJ (Louis), comiiosiicnr dramatique,
né à Florence, csl mort dans colle ville, .i la
fleur de l'âge, le A j.invicr 1842. Son pre-
mier ouvrage, le Cid, fut joué à Parme en
1854, et ne réussit pas. Plus heureux à Flo-
rence, en 1838, il y vit applaudir son opéra
sérieux Caterina di Cleves, qui eut aussi de
brillants succès à Rome, à Milan, et dans plu-
sieurs autres, villes d'Italie. Son Adelson c
Salvina fut également bien accueilli à Flo-
rence, en 1839, et à Rome, deux ans après. En
1840, il donna, dans sa ville natale, l'Avaro^
joué plus tard à Naples et à Brescia. En 1841,
il écrivit, pour le théâtre de Gênes, Un Epi-
sodio di San Michèle, (\\\\ futsa dernière pro-
duction.
SAVEXELLI (...), professeur de chant à
Milan, vers 1820, a publié un recueil d'études
de chant, sous le titre de Focalizzi pertenore;
Milan, Ricordi.
SAVIOISI (Mario), né à Rome, vraisem-
blablement vers 1615, fut agrégé au collège
des chapelains chantres de la chapelle ponti-
ficale, pour y chanter le contralto, le 16 mars
1642. Il a fait imprimer de sa composition :
l°Deux livres de motels à voix seule; Rome,
Mascardi, 1630, et 1676, ibid. 2''0uatre livres
de madrigaux à trois voix; ibid,, 1660-1672.
3» Madrigali morali e spirituali a 5 voci
concertati ; Rome, Belmonti, 1668, in-4».
4° Cantate morali e spirituali a 3 voci;
Rome, Phei, 1660, in-4°. On trouve des mo-
tels de ce musicien dans la Scelta di motetti
a2eô voci, publié par Caifabri, à Rome, en
1667, et dans la Collezione di motetti, a 1-4
voci, mise au jour par le chanoine Silvestri
da Barbarano; Rome, Lazzari, 1668. Le
portrait de Savioni, à l'eau-forle, se trouve
dans les Osservazioni per ben regolare il
coro délia cappella pontificia (p. 202), d'Ada-
mi de Bolsena.
SAX (ClURLES-JosEPn), facteur d'instru-
ments à Bruxelles, offre un des exemples les
l)lus remanjuables de ce que peuvent produire
l'intelligence et la volonté abandonnées à
elles-mêmes. Il est né àDinant(sur la Meuse)^
en 1793. Dès son enfance, il se livra à l'étude
de l'architecture : à treize ans, il avait achevé
son cours de cette science, et savait dessiner
un plan comme aurait pu le faire un artiste
beaucoup plus âgé. Son penchant pour tout ce
qui se rattachait à cet art le fit entrer dans un
atelier de menuiserie, où la promptitude de son
csprii, son adresse et sa force physique lui
lircnt faire de si rapides progrès, qu'il fut en
peu de temps un très-habile ouvrier. Ayant
appris aussi la musique, il entra dans une de
ces sociétés d'harmonie qui se trouvent en
grand nombre dans la Belgique; mais destiné
412
SAX
à y jouer <ln serpent, il nVlail pas assez riche
jiour aclieler CCI inslrnmcnt. Un amateur le
(ira d'embanas en lui prêtant un serpent de
la fal)ri<iue (le Bauduin, de Paris; Sax le prit
pour modèle et s'en fit un dont la justesse cl
la sonorité é<;alaient celles de l'instrument du
facteur. Ce coup d'essai décida plus tard de sa
vocation. A quinze ans, il se rendit à
Bruxelles, et y étudia réhénislcrie dans les
meilleurs ateliers. Rappelé liieniôt chez ses
parents, il ne retourna à Dinant (|u'après avoir
fait une table incrustée d'ornements en cuivre
et de bois de diverses couleurs <iui fut consi-
dérée comme un chef-d'œuvre. Ayant été ap-
pelé à Gand en qualité de mécanicien dans la
fabrique de machines à filer de M. Bauwens,
la plus considérable qu'il y eût alors non-seu
lement en Belgique, mais en France, Sax y fit
preuve de tant d'intelligence et d'habileté,
qu'en peu de temps il parvint au grade de
chef d'atelier. La chute de l'empire français
entraîna celle de ce bel établissement, et l'in-
téressant artiste se trouva sans emploi. Des
offres avantageuses lui furent faites pour le
fixer à Dinant; mais préoccupé du désir de se
livrer à la fabrication des instruments, il refusa
ces offres cl alla se fixer à Bruxelles.
Il y avait une sorte de téméiilé à vouloir
établir alors en Belgique une manufacture
«l'instruments à vent par un homme étranger
à cette fabrication, et qui n'avait pour lui que
son inslinct et l'habileté de main ac(|uisedans
d'autres travaux mécaniques. D'ailleurs, dé-
pourvu des outils nécessaires et n'ayant pour
le seconder aucun ouvrier capable, il lui fal-
lait tout créer sans argent et sans autres res-
sources que lui-même. Le génie, qui triomphe
de tous les obstacles, sut remplir ici sa mis-
sion.Grâce à la connaissance qu'il avait du tra-
vail des métaux et des bois, Sax se mil à fabri-
quer les outils, machines et appareils pro|)res
à creuser les instruments en bois, multiplia
les essais pour la perce de ces instruments, et
parvint ainsi à faire des serpents et des flûtes
de bonne qualité, avec des peines infinies et
des dépenses malheureusement trop considé-
rables pour ses ressources. Encouragé par ses
succès, il agrandit bientôt sa fabrication, en y
joignant les clarinettes et les bassons. En
1818, sa réputation était déjà assez bien éta-
blie pour que le roi des Pays Bas le nommât
facteur des instruments de sa cour. La forma-
lion des musiques de régiments belges lui
procura de nouveaux moyens de succès, en
1815), en lui faisant obtenir la fourniture de
presque tous les inslrumcnls. Lui-même il
faisait l'éducation de tous ses ouvriers, en
s'initiant à tous les détails par son expé-
rience propre. A la première exposition de
l'industrie belge, en 1820, la première mé-
daille lui fut décernée pour des produits mis
en parallèle avec ce que la France et l'Alle-
magne pouvaient fournir de meilleur; et le
gouvernement prit la résolution de seconder
les efforts de cet homme ingénieux, en lui ac-
cordant diverses sommes en prêt sans inté-
rêt. Des travaux si multipliés lui occasionnè-
rent, par l'excès de la fatigue, une maladie
«lont la durée futde quinze mois, et qui le con-
duisit aux portes du tombeau. A peine conva-
lescent, il se décida, en 1822, à faire entrer
dans sa fabrique la conslruction des instru-
ments de cuivre, où il n'obtint pas moins de
succès que dans les autres. En ISSi, il mit en
vente plusieurs instruments de ce genre, à la
tête desquels il faut placer le coromnitonique,
dont j'ai analysé les avantages dans la Revue
musicale (t. XIV). Cet instrument, à l'aide
d'un piston qu'on fait avancer ou reculer d'en-
viron six lignes, sur une échelle graduée,
donne tous les changements de tons, en met-
tant en communication le coi ps de l'instiu-
menl avec des tubes plus ou moins longs.
A l'exposition de l'industrie faite à Harlem,
en 1825, Sax présenta non-seulement toutes
les espèces d'instruments à vent, en cuivre et
en bois, mais des violons et altos de grand et de
petit patron. La bonne qualité île son des pro-
duits de sa fabri(iue lui fit décerner la première
médaille. Dès lors, il avait déjà rendu la Bel-
gique indépendante de l'étranger pour tous les
instruments d'harmonie et de symphonie ;
mais bientôt il donna une plus grande exten-
sion à sa fabrique, en exportant des instru-
ments dans les diverses contrées de l'Europe,
dans le Levant et en Amérique. Le gouverne-
ment l'encouragea encore dans ses efforts, en
lui accordant une avance de dix mille florins.
Pendant les années 182G et 1827, Sax créa un
nouveau système d'instruments de cuivre par
lequel il fait parcourir toute l'échelle des Ions
sans corps de rechange, sans pistons ni cylin-
dres. Un nouveau piano, une harpe à clavier
et une guitare nouvelle dont la disposition des
cordes est telle, que ses sons égalent l'inten-
sité de ceux de la harpe, furent aussi combinés
et dessinés par lui dans ce même temps, et
furent l'objet de quatre brevets d'invention
que le gouvernement accorda gratuitement à
l'inventeur, à titre d'encouragement.
Dans ce qui vient d'être énuméré, il y au-
rait de (juoi remplir la carrière de idusicuis
SAX
113
hommes ingénieux ; cependant, depuis long-
temps, Sax était itréoccupé de la nécessité de
ramener la construclioir des instruments à
vent à une théorie générale et positive, de la-
quelle découleraient toutes les améliorations
partielles pour chacun d'eux. La difficulté
était grande, car jusqu'ici les physiciens ont
laissé cette partie de la science dans un état
imparfait. La révolution de septembre 1830, en
faisant fermer pour quelque temps les ateliers
deM.Sax, lui laissa le loisir nécessaire pour mé-
diter ce sujet important. Enfin, une illumina-
tion soudaine lui fit trouver la loi infaillible à
l'aide de laquelle il divise les corps sonores,
et mesure la colonne d'air contenue dans les
lul)es. Dès lors, il put <lonnerà ces tubes des
proportions relatives à la quantité d'air qu'ils
doivent contenir, et combinées de manière à
rendre les sons les plus purs et les plus justes,
en établissant l'éiiuilibre entre les éléments
qui les composent. Écoutons le savant acousti-
cien Savart, dans son appréciation de ces dé-
couvertes qui lui avaient été communiquées
par M. Sax :
« M. Sax a découvert les lois qu'aucun traité
« d'acoustique n'a pu lui enseigner; car, il
« faut l'avouer, les. savants travaux des Ber-
» nouilli, des d'Alembert, des Euler, et même
» desLagrange n'ont été que de peu d'utilité
» à la facture. Leurs théories des sons et leurs
n calculs n'ont jamais pu la guider dans le
« percement des tubes exlracylindriques
» (Rapport sur l'exposition de l'industrie
» française, en 1839). « Plus loin Savart
ajoute : « M. Sax a renversé de fond en comble
» le système actuel des instruments de cuivre.
" De ses débris refondus il a procréé deux nou-
« velles familles d'instruments à clefs, en
» cuivre et en bois, don', la partie la plus
« faible est supérieure aux meilleures parties
« des autres. Les sons plus pleins, plus forts
« et d'une parfaite égalité, s'allient à une éco-
« nomie de clefs et à une plus grande étendue
« de l'échelle chromatique. Ce système ren-
» ferme toute une série, à partir du plus petit
n bugle ou trompette à clefs jusqu'à l'ophi-
« cléide. L'alto, la basse, la contrebasse et le
n ftourt/on offrent des sons inconnus et chargés
« de couleurs nouvelles (îfcj'd.).» Enfin, Savart
s'exprime ainsi dans un autre endroit :
« M. Sax père nous a donné une preuve évi-
» dente et matérielle de la division des instru-
« ments à vent sur une flûte percée d'une
« vingtaine de grands trous qui donnaient la
>> gamme chromatiiiue la plus exacte et la i)lifi
» pleine que nous ayons jamais entendue. Ces
« trous avaient été percés du premier coui),
» sans tâtonnement et à l'aide de son compas.
>> Il en est résulté pour nous la cqnviction
» que M. Sax possède la loi des vibrations
» d'une manière infaillible, et que les trous
» les plus grands donnent les sons les plus
» pleins. En forçant le souffle, sa flûte octavie
» deux ou trois fois avec la plus grande jus-
» tesse (ibid.). »
La beauté des produits de la fabrique de
M. Sax, mis à l'exposition de l'industrie de
Bruxelles, en 1835, a fait accorder à cet artiste
distingué, par Sa Majesté le roi des Belges, la
décoration de chevalier de l'ordre de Léopold,
le 23 octobre 1836. M. Sax s'est fixé à Paris,
près de son fils Adolphe, en 1853.
SAX (Antoine-Joseph), connu sous le nom
d'ADOLPHE SAX, s'est rendu célèbre par
son génie d'invention et par l'énergie de carac-
tère qu'il a déployée dans une lutte de plus de
quinze années contre une formidable associa-
tion de spoliateurs qui, lui disputant la réalité
des perfectionnements qu'il apportait dans le
domaine des instruments à vent, s'en empa-
raient et le plongeaient dans la misère, tandis
qu'ils s'enrichissaient de ses dépouilles.
Aîné des onze enfants du facteur d'instru-
ments qui est l'objet de l'article précédent,
Adolphe Sax est né à Dinant, sur la Meuse, le
6 novembre 1814. Dès ses premières années,
il commença à se servir d'outils pour fabriquer
des jouets dans l'atelier de son père, et il ap-
prit les éléments de la musique et du chant.
Devenu plus tard élève du Conservatoire de
Bruxelles, il y reçut les leçons du professeur
Lahou pour la flûte. Déjà habile ouvrier à
l'âge où d'autres commencent l'apprentissage,
il savait, à douze ans, tourner les pièces d'une
clarinette, mouler les clefs, les fondre, les
polir et les ajuster. Bientôt il comprit la né-
cessité de jouer de cet instrument, pour en
perfectionner la construction : il choisit pour
son maître M. Bender, chef de la musique du
régiment des guides belges et clarinettiste dis-
tingué. Ses progrès furent rapides, et peu d'an-
nées lui suffirent pour acquérir un talent re-
marquablcLe compositeur allemand RufTner,
l'ayant entendu dans un voyage qu'il fit à
Bruxelles, en 1834, fut charmé de sa rare
habileté et lui dédia un œuvre de duos pour
deux clarinettes. Adolphe Sax mit à l'exposi-
tion de l'industrie belge, en 1835, une clari-
nette à vin![t-(iuatre clefs, de son invention,
qui lui valut une mention honorable. Défec-
tueuse au point de vue de la sonorité, celte in-
vention avait pour objet la justesse absolue
I
414
SAX
des inlonalions, laquelle ne peul «îlre ohlcnue,
sans nuire à la bcault' du son, que par une
modincalion de la perce. Quelques années de
médilalions conduisirenl Adolplie Sax à la
conviclion que le problème à résoudre élait
là : les éludes auxi|uellcs il se livra eurent
pour but de lui en faire trouver la solution.
La clarinette avait deux défauts essentiels, que
n'avaient pu faire disparaître les travaux de
plusieurs facteurs, à savoir l'inégalité de
timbre de quel(|ues-unes de ses notes, et Tim-
perfeetion de la justesse. Par le mode de vi-
l)ration qu'imprime à la colonne d'air la
conformation de son bec et de son anche, la
clarinette n'octavie pas, comme les antres
instruments à vent, mais quinloie à la double
octave. De là vient que la qualité bonne ou
mauvaise des sons graves se reproduit exacte-
ment à la «louble quinte. Par une nouvelle
construction du tul)e, Adolpbe Sax rendit la
sonorité plus homogène dans toute l'étendue
de l'instrument. La clarinette ordinaire des-
cend au mi bécarre; il en résulte que le si
bémol du médium, n'ayant pas de son fonda-
mental à la double quinte grave, est une des
plus mauvaises notes de l'instrument ; l'artiste
fit disparaître ce défaut, en faisant descendre
la clarinette au nu" bémol grave: la nouvelle
clef, qu'il a placée vers le pavillon, restant
ouverte, le doigté n'est pas changé. Le si
bécarre et le fa dièze à sa double quinte
n'obligent plus, dans la nouvelle clarinette de
Sax, comme dans l'ancienne, à ouvrir des
clefs, et des passages rapides sur ces notes,
autrefois impossibles parce qu'on était obligé
de se servir du même doigt pour plusieurs
notes, étaient devenus faciles sur le nouvel
instrument. Beaucoup d'autres améliorations,
trop longues à détailler, étaient les résultats
de la réforme de la clarinette qu'Adolphe Sax,
termina dans l'année 1840. Postérieurement,
elle a servi de modèle aux autres facteurs de
ce genre d'instrument.
En dépit de ces améliorations, la clarinette
est restée juscpi'à ce jour un instrument im-
parfait, nonobstant la beauté spéciale de ses
sons. J'ai expliqué, dans mon rapport sur
l'exposition universelle des instruments de
musique, à Paris, en 1855, en quoi consis-
tent ces imperfections. Elles ne pourraient
disparaître que par la transformation de la
perce du tube qui, de cylindri({ue qu'il est,
devrait passer à l'étal conique; maison ne
peut se dissimuler qu'on ne possède point
encore la théorie complète des proportions
«lu cône, pour déterminer ses conditions à
l'égard de l'iiomogénilé du timbre dans toute
l'étendue de l'échelle chromatique.
Dans l'intervalle de 1835 à 18ô7, Sax avait
obtenu un brevet de dix années pour la con-
struction d'une clarinette basse,qui ne conserva
que le nom de celles qu'on avait faites précé-
demment. Les essais de Slreitwolf de Ga'l-
tingue, de Buffet de Paris, de Bachmann, à
Bruxelles, et d'autres, n'avaient donné (|uc
des résultats fort imparfaits, tani pour la
sonorité que pour la justesse. L'emploi de
clefs, pour boucheries trous dans leur grand
écartemenl, permit à Sax de mettre ceux-ci à
leur place par une exacte division du tube.
Par l'heureuse idée d'un très-petit trou percé
près de l'embouchure, il parvint, ce qu'on
n'avait pu faire avant lui, à la |)roduclion facile
de beaux sons dans le haut <le l'instrument,
auquel on n'a pu, depuis cette époque, ajouter
aucun autre perfectionnement. La clarinette
basse du système de Sax est depuis longtemps
restée sans rivale. Lui-même en jouait avec
une remarquable habileté, et l'on n'admirait
pas moins, en l'écoutant, le talent du virtuose
que celui du facteur, llabeneck, (|ui l'entendit
dans un voyage qu'il fit à Bruxelles, en 183D,
fut émerveillé de la beauté de ce nouvel or-
gane musical, et félicita le jeune artiste sur
l'heureuse association de son double mérite.
De retour à Paris, Habcneck exigea que la
clarinette basse de Sax prit dans l'orchestre
de l'Opéra, confié à sa direction, la place de
l'instrument défectueux qui y était en usage
depuis la première représentation des Ilugue-
nots de Meyerbeer. Sax est également l'auteur
d'une clarinette contrebasse en mi bémol (une
quinte au-dessous de la clarinette basse), d'une
sonorité puissante et d'un grand effet.
A peine Sax eul-il achevé sa réforme acous-
tique de la clarinette, qu'un trait de lumière
de son génie lui fit entrevoir la possibilité
d'appliquer le système d'ébranlement vibra-
toire de ce genre d'instrument à une forme
nouvelle d'instrument de cuivre, pour la perce
duquel il adopta le cône parabolique. C'est ce
même instrument, l'une de ses plus belles in-
ventions et sans doute la plus originale, auquel
il a donné le nom de saxophone. Tous les
problèmes relatifs à la construction parfaite
de cet instrument étaient résolus, lorsque
Adolphe Sax prit la détermination, en 1842,
de se rendre à Paris, pour y fonder un grand
établissement d'instruments à vent. Mais déjà
sa pensée s'était arrêtée sur une considération
générale du plus haut intérêt, la(iucllc, poussée
dans toutes ses conséquences, par la suite de
SAX
415
ses méditations, l'a conduit à la connaissance
^es principes de proporlioiîs, qui lui assurent
une immense supériorité sur-tous les autres
facteurs d'instruments. L'idée première, dont
il a tiré par degrés tous les corollaires, est la
conception d'instiumenls de chaque f^enre de
sonorité par familles complètes composées de
premier et second sopranos, cou Irallo, baryton,
basse et contrebasse. J'avais appelé l'altention
des artistes, en 1827 (Revue musicale, avril,
n° 11), sur les ressources variées que leur
offriraient des 0|)posilionj de familles d'in-
struments de timbres différents, et j'avais rap-
l)nlé (|ue le moyen âp;e et la renaissance en
«irraient les modèles dans les violes de toutes
les tailles, dans la famille complète des flùles
à bec, dans celle des hautbois haut et bas,
<lans celle des cornets, etc. En traitant ce sujet,
je n'avais en vue que les instruments en usage
au temps où j'écrivais et ne prévoyais pas la
création de tous les organes nouveaux qui se
sont produits depuis lors. Adolphe Sax alla
plus loin lie prime abord, parce qu'il conçut
la possibilité de cette création et la réalisa jiar
familles complètes, ainsi qu'on le verra dans
la suite de cette notice. Il arriva à Paris vers la
(in de 1842, riche d'idées, mais léger d'argent,
car, au moment où il descendit de voiture,
trente francs composaient toutes ses res-
sources financières. Il n'avait pas de temps à
l)erdre pour s'en procurer de plus solides : tout
l'espoir de son avenir était renfermé dans son
talent; il comprit qu'il devait d'abord le faire
connaître aux hommes dont l'opinion a de
l'autorité. Les premiers qu'il entretint de ses
découvertes et de ses idées de perfeclionne-
menls furent Berlioz, llalévy et Kasiner : tous
(rois entrèrent dans ses vues, lui prodiguèrent
<!es encouragements, et deux jours après sa
visite à ces artistes, Berlioz fixa l'attention
publique sur les travaux du jeune arlisle belge,
liar un de ces articles chaleureux tels qu'il sait
les faire, quand il parle de choses qui l'inté-
ressent. Cet article, publié dans le Journal
des Débats, fit une vive sensation parmi
les artistes et les facteurs d'instruments.
Sax acheva de captiver l'opinion publique,
dans une séance donnée au Conservatoire ,
eu présence d'Auber, d'IIalévy et de plu-
sieurs professeurs distingués de cette école. Il
joua lui-même de la plupart de ses instruments
avec une habileté <|ui ne fut pas moins ap-
plaudie que ses heureuses transformations dans
la facture. Le retentissement de celte séance
acheva ce <|ue les éloges de Berlioz avaient
commencé. Bientôt Adolphe Sax eut des amis
que lui |)rocura l'admiration inspirée par son
talent. Un matin, après trois jours d'abstinence
forcée, il vit entrer dans son modeste réduit
un de ces hommes rares qui ont foi dans les
œuvres du génie : il venait lui apporter quatre
mille francs pour le commencement d'un éta-
blissement de facture de tous les genres
d'instriimenls à vent. D'autres suivirent son
exemple, et en quelques jours un ca|iital d'en-
viron douze mille francs fut réuni. Sax loua,
rue Saint-Georges, une sorte de hangar, sur
l'emplacement où se trouvent encore aujour-
d'hui (1863) ses ateliers, et il s'y établit. L'ar-
gent fut employé en achat de matériaux et
d'outils, et le créateur du nouveau système
d'organes sonores se mit immédiatement à
l'ouvrage, avec quelques ouvriers dont il dut
faiie^l'éducation, pour les initier à des tra-
vaux qui leur étaient inconnus.
Tout alla bien d'abord; mais l'éclat même
des premiers essais d'Adolphe Sax avait donné
l'éveil aux intérêts «pi'il allait froisser, et
bientôt commença, entre eux et lui, une lutte
dont il :;'y a jamais eu d'exemple. La facture
des instruments était divisée en dilTcreutes
catégories de fabrication : certains facteurs
ne faisaient que des instruments de cuivre;
d'aulres, les instruments en bois.' Ceux-ci
mômes avaient des spécialités ; les uns ne fai-
saient que des flûtes, d'autres des clarinettes,
ou des hautbois et des bassons. Différentes
parties de ces instruments étaient confec-
tionnées dans des fabriques qui les fournis-
saient aux facteurs; tels étaient les pistons
des cors et des cornets, les cylindres des trom-
pettes, la fonte et le polissage des clefs. Tout
cela formait autant d'industries distinctes ;
mais l'objet même des réformes opérées ou
méditées par Sax l'obligeait à réunir toutes ces
industries dans un seul établissement. Seul il
faisait les modèles, déterminait les calibres,
et forgeait même des outils de précision né-
cessaires à la réalisation de ses vues. La réus-
site deson entrepriseauraitdonc portéalleinte
à la prospérité des industries dont il vient
d'être parlé : il n'en fallut pas davantage pour
que tous les intérêts se coalisassent contre lui.
Mille embarras lui furent suscités ; par l'appât
de salaires plus élevés, on lui enleva ses meil-
leurs ouvriers, et des manœuvres de tout genre
furent mises en œuvre pour anéantir son
crédit naissant. L'insulTisance évidente du
trop minime capital avec lequel il avait débuté
secondait d'ailleurs les bruits malveillants ré-
pandus par ses adversaires, car ses fournis-
seurs cl ses ouvriers ne pouvaient être payés
4i(>
SAX
avec régularilc. D'autres anla^onisles, non
moins dangereux, vinrent bientôt ajouter de
nouvelles dilTicullés à celles aux(|uclles Adolphe
Sax opposait un courage héroïque : ces difli-
cullés lui vinrent des artistes. Parmi eux se
trouvaient quelques hommes délaient, plus ou
moins intéressés dans les bénéFices réalisés par
les facteurs auxquels ils rendaient des services.
Ceux-là agirent sur l'esprit des autres, et une
ligue générale se forma pour repousser les
instruments de Sax et refuser de les jouer en
toutes circonstances.
Tel était l'état des choses, quand vint l'expo-
sition française, en 1844 : en dépit de la si-
tuation pénihie où il se trouvait, Sax redoubla
d'efforts pour y mettre en évidence la supé-
riorité de ses instruments, qu'il fut obligé de
jouer lui-même, n'ayant pu trouver'd'artiste
«|ui voulût s'en charger. Frappé de la beauté
de ces produits du génie inventif de l'artiste
belge, le jury déclara qu'ils étaient en pre-
viière ligne parmi ceux de l'exposition; néan-
moins, Sax n'obtint que la récompense d'une
médaille d'argent! L'opposition rencontrée
par Sax chez les artistes exécutants lui fit
comprendre qu'il ne pourrait trouver de res-
sources pour ses innovations que dans les
corps de musique militaire, où la discipline le
mettrait à l'abri des intérêts particuliers et
des résistances systématiques. Au milieu des
agitations résultant des passions qu'il avait
soulevées et des embarras de ses affaires, il
avait conservé toute sa force de tête et l'activité
de son imagination. Ses essais, ses études, ses
méditations lui avaient fait connaître précisé-
ment à cette époque cette loi fondamentale d'a-
coustique : que le timbre du son est déterminé
par les proportions données à la colonne
d'air par celles du corps de l'instrument
qui la contient. Cette loi, dont les célèbres
luthiers italiens semblent avoir eu l'intuition,
sans en posséder la théorie, se manifeste dans
l'examen attentif de leurs beaux instruments
(voyez Stradivari). Le premier, Sax détermina
en chiffres, dans le brevet qu'il prit, en 1843,
pour le saxolrumba, les proportions des dia-
mètres du cône des instruments pour chaque
individu d'une famille. Ses adversaires ne
manquèrent pas de nier la réalité de l'influence
de ces proportions; mais, dans une note
pour les conseillers de la Cour de Rouen, aj)-
pelés à rendfe un arrêt dans un de ses innom-
brables procès, Sax soutint avec raison l'in-
faillibilité de sa Ioi,s'exprimanten ces termes;
« Les pro|)ortions sont les lois qui régissent
» cl constituent la nature des instruments ; ce
n n'est pas, en effet, leur forme qui leur
» donne leur voix, leur qualité de timbre : ce
» sont les seules proportions. Ces proportions
» sont donc différentes pour cba(|ue espèce
» d'instrument; ce sont elles qui font (|u'uu
« cor n'est pas une trompette, qu'un bugic
» n'est pas un saxotromba. Et mes advcr-
'^ saires osent répéter à la Cour ce qu'ils di-
» saicntaux experts, à savoir que, loin d'être
<> une loi fondamentale, les proportions sont
« sans importance, et qu'ils sont appelés â les
>> modifier, suivant les exigences des artistes !
» Mais, en niant la nécessité des proportions,
« les malheureux sont obligés de s'y sou-
» mettre, car, sans cela, ils ne pourraient pas
» fabriquer d'instruments; seulement, en
y> suivant par routine un patron, produit de
» l'arbitraire ou de tâtonnements, ils font de
» la proportion sans le savoir, comme M. Jour-
» dain (I) fait de la prose. »
Pour comprendre l'importance de la loi de
l»roportion découverte par Adolphe Sax, au
point de vue de la science de l'acoustique, il
faut se rappeler l'incertitude où l'on a été
jusqu'à lui sur la cause déterminante du
timbre. Quelques physiciens avouaient que
cette cause était un mystère ; d'autres n'hési-
taient pas à affirmer que la matière du SQn
réside dans la nature du corps sonore, métal,
bois, verre, etc., et que l'air, ébranlé par les
vibrations de ce corps sonore, n'est qu'un
agent de transmission. Savart lui-même, à
qui la science de racuusti<iue est redevable de
tant de belles découvertes, partageait cette »
opinion à l'égard des instruments à vent, car
il fit décerner, en 1844, la récompense de la
médaille d'or à un facteur d'instruments de
cuivre, parce que (disait-il dans son rapport),
façonnant ce métal au marteau, il donnait
à ses instruments un meilleur timbre que les
autres facteurs.
En possession de la loi des proportions, et
conséquemment des moyens de varier le timbre
de ses familles d'instruments, Sax s'était occupé
de l'unité de forme et de doigté, car il est <lans
la nature de son esprit de s'attacher de préfé-
rence aux conceptions générales. La f.)millc
des bugles, appelés Saxhorns depuis qu'il les
a perfectionnés, avait été divisée par lui en
soprano aigu (en mi bémol), mezzo soprano
(en si bémol), alto-ténor (en mi bémol), 6a-
ryton (en si bémol), contrebasse (en mi
bémol), et contrebasse {en si bémol). Dif-
férents par la taille et par la voix, mais
0} Dans le Bourgeoii gentUhommt, de Molière.
J
SAX
417
îdcnliqiics parla forme, par la position des cy-
lindres, par le mécanisme du doiglé et par la
manière d'en jouer en ce »|ui concerne l'action
■de la bouche, ces instruments ont été ramenés
l)ar Sax à ce système d'unité, afin que le même
■exécutant pût jouer à volonté de l'un ou de
l'autre, selon sa fantaisie, ou d'après les néces-
sités d'un orcliestre d'harmonie. Sax fut bre-
veté, en 1845, pour toute cette famille et pour
le terme de quinze années. Ce fut alors qu'il
écrivit au ministre de la guerre et fit remettre
«les mémoires au roi et au général deRumigny,
proposant l'adoption de ces instruments pour
la miisi(|ue militaire en France, et la suppres-
sion des cors et bassons dans ce genre de mu-
sique. Une commission composée de Spontini,
Auber, Ilalévy, Adam, Onslow, Carafa et
"Georges Kastner, secrétaire-rapporteur, aux-
quels on avait adjoint quelques chefs de corps
iie musique militaire, et qui était présidée par
legénéral de Rumigny, fut chargée d'examiner
cette proposition. Avant de donner son avis,
cetlecommission exigea unconcours entre l'an-
cien système de combinaison d'instruments et
•celui que pro|»osait Adolphe Sax; elle indiqua
le Champ de Mars, comme l'emplacement oii
se ferait l'essai, et le jour fixé fut le 22 avril
1845. Les professeurs et élèves du gymnasedc
musique militaire, dirigés par Carafa, étaient
-chargés de faire valoir l'ancien système; le
nombre de ces artistes était du quaranle-cin(| ;
celui des musiciens réunis par Sax ne s'élevait
qu'à trente-huit ; néanmoins, l'avantage du
nouveau système sur l'ancien ne pouvait élrc
•douteux, dans un vaste emplacement en plein
Jir, puisqu'il ne s'agissait que de puissance
sonore. Plus de vingt mille personnes assis-
taient à celte séance. Le triomphe de Sax fut
complet dans l'opinion de cet auditoire, car
des applaudissements enthousiastes éclatèrent
de tout parts. D'après l'avis de la commis-
sion éclairée par cette épreuve, le ministre
<Ie la guerre prit, le 9 août 1845, une déci-
sion insérée au Moniteur du lendemain, par
laquelle l'organisation des corps de musique
militaire, proposée par Saxe, était adoptée.
Cette victoire de l'artiste, si ardemment dési-
rée, lui coûta quinze années de persécutions
inouïes et de procès qui le ruinèrent et le pri-
vèrent de son repos, car, dès ce moment, ses
ennemis jurèrent sa perte.
On s'est lromi)é lorsqu'on a cru que Sax
avait voulu proposer l'abandon du cor et du
basson d'une manière absolue, car lui-même
s'est occupé du perfectionnement de ce dcv-
Jiicr instrument, et c'est d'après son basson,
nior.u. LMv. nts musicif.ns. — t. vu.
mis à l'exposition universelle de Londres, en
1851, que Bœhm a conçu le sien, exécuté plus
tard par M. Triebert, de Paris. On a oublié
que la musique militaire était seule en ques-
tion, c'est-à-dire la musique en plein air,
destinée à marquer le pas des masses de sol-
dats |)ar une sonorité puissante dans laquelle
le timbre du basson est absorbé. Les saxhorns
et les saxotrombas ont, sous le rapport du
volume du son, un avantage incontestable sur
les cors, instruments d'un effet excellent dans
les orchestres de symphonie et d'opéra, de
même que le basson et le hautbois : jamais
Sax n'a songé à les en faire exclure.
Il avait pris, le 17 août 1843, un premier
brevet de perfectionnement, ayant pour objet
d'agrandir et d'adoucir les courbes, ainsi ([uc
de supprimer les angles dans le parcours de
l'air à travers les cylindres et les pistous, en
un mot, de faire disparaître les obstacles qui
s'opposent à la lil)re circulation de l'air et
nuisent conséquemment à la beauté du son.
En 1845, il prit un autre brevet d'invention,
déjà mentionné ci-dessus, pour une famille
nouvelle d'instruments à cylindres, à laquelle
il a donné le nom de saxotromba. Intermé-
diaire entre le saxhorn et la trompette à cy-
lindres, ce genre d'instrument est une des plus
heureuses applications de la loi des propor-
tions découverte par cet inventeur. Moins
rond, moins plein que le son du saxhorn, celui
du saxotromba est moins strident que celui
de la trompette; son timbre est différent de
tous deux, parce que le côue du tube, moins
prononcé que celui du saxhorn, est plus dé-
veloppé que celui de la trompette. Sax en a
fait une famille complète semblable à celle
des saxhorns. Les contours du saxotromba
sont largement dessinés; la colonne d'air y
vibre dans toute sa plénitude. Dans la nouvelle
organisation imaginée par Sax, les familles
de saxhorn et de saxotromba jouent à peu près
le rôle du quatuor d'instruments à cordes
dans l'orchestre. Pour apprécier l'avantage
<ie cette sonorité homogène dans toute
l'étendue de l'échelle, de l'aigu au grave, il
suffit de se rappeler que, dans l'ancien sys-
tème, il y avait un vide complet entre les cla-
rinettes, chargées des parties chantantes, et
les ophicléides et trombones, jouant la partie
de basse. Trop faihies de sonorité, les cors
étaient insutTisanls pour faire entendre les
parties d'alto et de ténor, et le baryton n'exis-
tait pas.
Le troisième brevet pris par Sax, le 22 juin
1840, a pour objet la famille des saxophones,
27
4IS
SAX
Ja i)lns belle, la plus étonnanle création de
son génie. Le saxophone est un cône paralio-
liqite en cuivre, dansleqnel les inlonalions se
déterminent par un système de clefs. Ces clel's
sont an nombre dedix-neuTou de vingt-dcnx,
suivant les nécessités des individus de la
famille. Essentiellement dilTérenl de la clari-
nette, par les nœuds de vibration de sa
colonne d'air, le saxophone est accordé par
octaves, en sorte qu'elles sont toutes justes, ce
qui n'a pas lieu dans les clarinettes; toutefois,
dans une grande partie de son étendue, le
saxophone jouit de la faculté de donner l'har-
monique de la douzième ou octave de la quinte.
L'instrument se joue avec facilité, car le
doigté, semblable à celui de tous les instru-
ments qui octavient, est peu différent de celui
de la fiiUe ou du hautbois. Les clarinettistes
parviennent en peu de temps à le bien jouer,
à cause de l'analogie d'embouchure avec leur
instrument habituel. Le son du saxophone est
le plus beau, le plus sympathique qu'on puisse
entendre. Son timbre n'est celui d'aucun autre
instrument. Mélancolique, il est mieux adapté
au chant et à l'harmonie qu'aux traits rapides,
quoique son articulation soit très-prompte.^ et
que le remarquable virtuose Jf^uille ait exé-
cuté sur cet instrument des solos remplis de
grandes ditTicultés, avec un brillant succès.
Susceptible de toutes les nuances d'intensité,
le saxophone peut passer du piano le plus
absolu au son le plus énergique et le plus puis-
sant. Ce bel instrument, dont on commence
seulement à comprendre les ressources, de-
puis qu'Adolphe Sax, nommé professeur au
Conservatoire de Paris, a été chargé de l'en-
seigner et a formé de bons élèves, ce bel
instrument, dis-je, compose une famille com-
plète, divisée en huitgenres de voix, lesquelles
sont toutes à la quinte ou à l'octave les unes
des autres. L'examen attentif de la famille des
saxophones révèle des faits de haute impor-
tance; car cet instrument est nouveau par les
jiroportions de son tube, par son embouchure,
cl particulièrement par son timbre. Il est
complet, car il embrasse, dans les huit variétés
de sa famille, tout le diagramme des sons per-
ceptibles, de l'aigu au giitve; eulin, il est
parfait, soit qu'on les considère au point de
vue de la justesse et de la sonorité, soit qu'on
l'examine <Ians son mécanisme. Tous les
autres instruments ont leur origine dans la
nuit des temps; tous ont subi de notables nio-
difications à travers les âges cl dans leurs
migrations ; tous, enfin, se sont perfectionnés
l)ar de lents proijrc» : celui-ci, au contraire,
est né d'hier, il est le fruit d'une seule con-
ception, et, dès le premier jour, il a été ce qu'il
scia dans l'avenir. Déjà indispensable dans
les orcl)t!slres régimentaires, qui, en France,
en possèdent un double quatuor, il ne tardera
pas à s'introduire dans la musique de sym-
phonie, où la beauté de son timbre a marqué
sa place.
J'ai dit que le triomphe de Sax, dans
l'épreuve du Champ de Mars, rendit plus active
la guerre que lui faisaient ses antagonistes :
dès ce moment, en effet, ils s'organisèrent en
coalition régulière : ils choisirent un prési-
dent, un secrétaire, un trésorier, se réunirent
à de certains jours, et prirent la résolution de
s'emparer de toutes les inventions, ainsi que
des perfectionnements imaginés par l'auteur
du saxophone : lui ronlcstant la propriété
de l'invention, ils l'atta<|uèrent en d<^chéance
de ses brcvels. Par cette manœuvre, ils se
plaçaient sur un terrain favorable; car, avant
(|ue la question de propriété fi\( définitivement
jugée, et que tous les incidents fussent épuisés,
plusieurs années devaient s'écouler, et, pen-
dant ce temps, les spoliateurs s'enrichiraient
aux dépens de l'inventeur. D'ailleurs, se coali-
sant tous contre lui, faisant cause commune,
comptant parmi eux des maisons riches et
puissantes, ils possédaient les moyens néces-
saires pour soutenir les débats en justice assez
longtemps pour que leur adversaire, dont la
gène était connue, succombât (du moins ils le
croyaient) avant qu'il eût obtenu contre eux
un arrél définitif. Leur tactique eul aussi pour
eux cet avantage, que Sax, dépouillé de sa
propriété, ruiné par des vols audacieux, loin
d'être investi du droit naturel de demander à
la justice la punition des coupables, fut, au
contraire, obligé de se défendre contre l'accu-
sation de plagiat. Les tribunaux, incapables
de découvrir la vérité dans des (juestions piire-
menl techniques, compli(|uécs par l'astuce et
la mauvaise foi des antagonistes de l'inven-
teur, renvoyèrent l'examen de ces questions à
l'appréciation d'arbitres. Rien ne fut négligé
pour égarer l'opinion de ceux-ci : on supposa
l'existence antérieure, dans les pays étrangers,
des choses pour lesquelles Sax avait été bre-
veté; on fit faire, par les prétendus inventeurs
de ces choses, des réclamations c|ui lurent pu-
bliées dans les journaux allemands et italiens,
cl iiii'on se hâta <le faire traduire, pour les
mettre sous les yeux des arbitres. On alla
même jusqu'à faire acheter chez Sax des in-
strumentsdonl on lildisparattre le nom et dont
on modifia queî'|ucs détails insignifiants, puis
I
SAX
419
ces inslriimenls, envoyés en secret à l'tUranger,
en revenaient oslensibleni^nt et directement
sous les yeux de» arbitres. Néanmoins, en
dépit de ces machinations frauduleuses, tous
les arbitrages constatèrent les droits de Sax à
l'invention de toutes les choses pour lesquelles
il avait obtenu ses brevets, et ces droits, après
avoir été discutés à tous les degrés de juridic-
tion et avoir coûté des sommes énormes en
frais judicaires, furent enfin consacrés par un
arrêt souverain.
Cette longue et difficile affaire n'était toute-
fois que le prélude d'une niullilude de procès
dans les(|uels Sax, devenu à son tour ileman-
deur, réclamaitde la Justice dcscondamnalions
contre ses spoliateurs, pour <|u'ils fussent
obligés <ie lui i)ayer des indemnités en pro-
portion des dommages qu'ils lui avaient causés.
La plui)art des facteurs fiançais avaient ap-
partenu directement à la coalition des s|iolia-
teurs, ou suivi son exemple dans la contre-
façon des instruments de Sax ; mais la loi
n'admet pas d'action judiciaire collective, à
moins qu'il ne s'agisse d'une société légale-
ment constituée, auquel cas elle ne représente
qu'une individualité. Il fallut donc que tour à
tour l'inventeur prit à partie, tantôt un contre-
facteur, tantôt un autre. Ils se prêtaient de
mutuels secours contre l'ennemi commun ,
épuisaient tous les artifices |)Our faire naître
des incidents nouveaux, et le même procès,
après avoir été jugé en première instance,
d'abord par défaut, puis contradicloiremenl
sur opposition, allait en appel à la Cour impé-
riale de Paris, puis à la Cour de cassation, de
celle-ci à la Cour de Rouen, d'où la cause re-
venait à la Cour de cassation, qui la renvoyait
à la Cour d'Amiens, et, enfin, l'arrêt de cette
dernière était sanctionné par la Cour souve-
raine. Tous ces arrêts donnaient gain de cause
à Sax et flétrissaient ses adversaires du nom
de contrefacteurs : ce <|ui n'empêchait pas
que l'inventeur ne fût obligé, après avoir fini
avec l'un, de recommencer avec un autre, et
qu'il ne vit reproduire les mêmes fausses allé-
galions, les mêmes artifices pour tout remettre
en question, comme s'il n'y eût eu rien de
fait précédemment. Les personnes impartiales
admirent le génie d'Adolphe Sax : la fermeté
de caractère qu'il a déployée dans cette inter-
minable série de tribulations est peut-être plus
étonnante encore.
Il ne snlTisait pas pour lui d'avoir obtenu
de la justice le triomphe de sa juste cause;
car, pendant les débals sans cesse renouvelés
de ses procès, le temps s'était écoulé et l'expi-
ration du terme de ses brevets approchait, sans
qu'il en eût recueilli les bénéfices. Il crut
pouvoir, par ce motif, en demander la prolon-
gation. Accueillie avec faveur par le conseil
d'Élat, sa requête fut soumise au Corps légis-
latif; après une discussion solennelle, une
prolongation de jouissance de ses brevets pen-
dant cinq années fut accordée à Sax, comme
un juste dédommagement des spoliations dont
il avait été victime, et le Sénat adopta à l'unani-
mité cette décision, qui fut sanctionnée par
décret impérial, en 18G0.
Pendant le long intervalle où Sax n'eut à
opposer que les ressources de son intelligence
et de sa prodigieuse énergie aux embarras nés
de ses procès et de la triste position financière
qu'ils lui avaient faile, il fut soutenu <lans sa
lutte déses|térée par les encouragements qu'il
reçut des artistes les plus célèbres, et par les
récompenses qu'il sut conquérir dans les ex-
positions nationales et universelles. En 1845,
le roi des Pays-Bas lui avait accordé la déco-
ration de la Couronne de chêne; dans l'année
suivante, la grande médaille d'or du Mérite de
Prusse lui fut décernée; à l'exposition fran-
çaise de 1849, il obtint la première médaille
d'or et la décoration de la Légion d'honneur;
le jury de l'exposition universelle de Londres
lui décerna la seule grande médaille en 1851;
enfin, la seulegrande médaille pour la fabrica-
tion des inslrumenlsde musique lui fut donnée
par le jury de l'exposition universelle de
Paris, en 1855. Ces importantes distinctions
eurent un double effet dans cette période de
sa carrière; d'une part, elles soutinrent son
courage contre ra<lversité, de. l'autre, elles
augmentèrent la haine de ses ennemis.
Tout devait être extraordinaire dans la vie
de cet artiste. Douze années d'agitations, d'in-
quiétudes, d'émotions pénibles, ébranlent la
constitution la plus robuste et peuvent même
la détruire à jamais, quelle que soit la force
morale qu'on y oppose : Sax en fit la dure
épreuve. S'il ne mourut pas du mal terrible
qui vint le surprendre, si même il recouvra
foutes ses forces et sa santé première ajnès sa
guérison, ce fut par un miracle dont il n'y
aura peut-être plus d'exemple. Ce mal dont il
fui atteint était un cancer mélanique à la
lèvre supérieure. Le germe de la maladie se fil
apercevoir en 1853, par une légère tache noire
vers le coin de la bouche. Le mal augmenta
d'année en année, et dans le courant de 1858,
la tumeur noire et cancéreuse acquit un dé-
veloppement énorme; les douleurs de fêle
dont Sax souffrait depuis deux ans étaient de-
•27.
420
SAX
venues insupportables, et ses amis redoutaient
|)Our lui une issue funeste et prochaine. Les
plus C('lè!)res médecins de Paris ne lui
cachaient pas Timminent danper de sa posi-
tion; ils lui conseillèrent l'essai d'une opéra-
tion chanceuse, et rengapjeaient à faire préala-
hlement ses dernières dispositions. Alors un
de ses amis lui proposa de se confier aux soins
du docteur Vriès, surnommé le docteur noir,
et devenu célèbre par la cure miraculeuse de
la maladie de Sax, à l'aide d'une plante de
l'Inde dont il connaissait les propriétés, ainsi
que parla condamnation que lui firent infliger
les médecins, pour avoir eu le tort de réussir
dans son entreprise de guérison. Dans le trai-
tement auquel il soumit le célèbre inventeur,
il détermina la chute de la tumeur cancéreuse,
fit disparaître tous les accidents qui avaient
accompagné son développement, et parvint à
un succès si complet, que, depuis lors, Sax a
recouvré toutes ses forces et qu'aucune trace
n'est restée du mal affreux qui le défigurait el
menaçait sa vie.
L'activité du génie d'invention et de per-
fectionnement, loin de s'affaiblir chez Sax,
semble avoir augmenté, en dépit de l'existence
agitée, tourmentée, qui lui a été faite par ses
adversaires. Les idées sont devenues plus
nettes, plus sûres d'elles-mêmes, parce qu'à sa
théorie si féconde des proportions est venue
s'adjoindre une expérience consommée de
tous les faits qui se produisent dans les divers
systèmes de construction des instruments à
vent, soit sous le rapport de la qualité du son
et du timbre, soit sous celui de la justesse des
intonations, soit, enfin, en ce qui concerne le
doigté et la facilité d'émission des sons dans
toute l'étendue de l'échelle chromatique. C'est
ainsi que, dans ces derniers temps, comparant
les avantages des anciens instruments, rem-
placés aujourd'hui par les instruments à
pistons, il a conçu diverses variétés d'instru-
ments dans lesquels il a combiné de la manière
la plus heureuse, les avantages des deux sys-
tèmes; avantages dont l'oreille est saisie im-
médiatement par le velouté du son, par la
possibilité du portamento, à l'imitation de la
voix humaine, par la facilité d'exécuter le
trille doux, par la pureté et la clarté d'émis-
sion des airs aigus, et, ce qui est de grande
importance, par la rectification de la justesse,
toujours altérée par l'action combinée de plu-
sieurs pistons qui procèdent par allongement
de la colonne d'air et par substitution d'un
tube à un autre, tandis qu'avec le système des
clefs, les demi-tons et tons chromatiques se
produisent par raccourcissement de la co-
lonne d'air dans le même tube, et toujours
avec justesse. De celte manière, les avantages
des deux systèmes sont réunis, particulière-
ment dans les instruments chantants; car les
pistons ajoutent aux instruments de cuivre les
notes qui n'existent pas dans les tubes ouverts
par les deux bouts, et consé(|ueminent don-
nent les sons graves de l'échelle qui ne peu-
vent être produits naturellement par un seul
tube; enfin, ils donnent immédiatement les
demi-tons, tons, tierces, etc., de l'échelle chro-
matique descendante; les clefs, au contraire,
produisent avec justesse les demi-tons, tons,
tierces,quartes, de l'échelle ascendante et favo-
risent l'émission douce des sons aigus, ainsi que
l'exécution de certains traits et.ornements dé-
licats qui sont, ou inexécutables par les pis-
tons, ou du moins fort imparfaits, à cause des
solutions de continuité que font entendre Ica
passages de la colonne d'air d'un tube à un
autre. Des cornets, des saxhorns et des saxo-
trombas à trois pistons combinés avec deux,
trois, quatre ou cinq clefs, ont été mis par
Adolphe Sax à l'exposition internationale de
Londres, en 1862, et ont inspiré le plus vif inté-
rêt au jury ainsi qu'aux artistes, par le charme
de leur sonorité douce el pure à l'aigu, ainsi
(|ue par la perfection de l'effet dans l'exécution
des groupes, des trilles et du portamento.
Uneautre invention deSax, dont le principe,
établi par un brevet du l" octobre 185:2, a reçu
tous ses développements dans celui duojanvicr
1859, et dont il a déjà lait les plus heureuses ap-
plications, est destinée à faire une révolution
complète dans les instruments à pistons: elle
consiste dans la subslilulion d'un seul piston
ascendant aux combinaisons de plusieurs pis-
Ions descendants, pour la production de cer-
'aines notes des échelles diatonique et chromati-
que; substitution dont l'elfet est de donner aux
intonations une justesse complètement satis-
faisante, qui ne peut être obtenue par des
combinaisons de plusieurs pistons, ((ui ajoutent
les uns aux autres des tubes dont les rapports
ne sont pas exacts. Le trombone est le premier
instrument auquel il a fait l'applicalion «ic
cette idée lumineuse. Partant de ce principe,
que toute la colonne d'air contenue dans un
tube cylindrique ou conique ne peutt poduiie,
en raison de sa longueur, qu'un son grave
déterminé et ses harmoniques renfermés dans
l'intervalle de trois octaves et une tierce, et
considérant que ce son grave et ses harmoni-
ques ne donnent ni l'ordre diatonique,
ni l'ordre chromatique des intonations de
SAX
421
l'c'clu'lle musicale, Adolplie Sax a pensé que,
pour obtenir le ir-sultat d'un instrument
cliroinaliqiie complet et parfaitement juste,
an point <le vue <hi système tempéré, il faut
réunir sept tubes indépendants les uns des
antres, qui, par leurs baimoniqucs, produi-
raient les douze sons de l'éclielle chromatique
de chaque octave, et seraient accordés dans le
système tempéré par une coulisse d'accord
placée sur chacun. Le trombone à coulisses
lui offrait le modèle de cet instrument; car
chacune des sept positions d'allongement et
de raccourcissement du tube, dans ce genre
de trombone, donnait une longueur déter-
minée de la colonne d'air, et conséquemment
une note fondamentale et ses harmoniques.
Toutes les longueurs sont réunies sous la
même embouchure; mais, par une disposition
plus commode, Sax a ajouté sur le tube prin-
cipal six tubes additionnels, auxquels répon-
dent autant de pistons. Par là, sept inslru-
mcnls, identiques aux sept positions des
trombones à coulisses, sont réunis en un seul,
et les sons harmoniques de chaque tube pro-
duisent les notes qui manquent aux autres.
Chacun des six pistons est à double cfTet,
c'est-à-dire ascendant ou <Iescendanl, relati-
vement aux notes qui précèdent. Ainsi se
trouvent réunis dans un seul instrument la
justesse et le limbre du trombone à coulisses,
et le moelleux à volonté, la faculté do chanter,
de lier les sons et de les articuler avec une
prodigieuse rapidité, que ne possède pas ce
trombone. Dans la vitesse la plus excessive,
le trombone d'Adolphe Sax fait entendre par-
tout une sonorité claire, nette, homogène. En
cet état, le trombone est un instrument
complet et parfait. Le système de pistons
ascendants de l'inventeur est applicable aux
instruments coniques comme aux cylindri-
<|ues : lui-même il a coni-truit d'admirables
basses dans ce système, sans préjudice de l'ap-
plication qu'il en a faite également aux aulres
individus de la famille des saxhorn et de celle
des saxolrombas, ainsi qu'aux cornets, aux
trompettes, et même aux cors, lesquels, con-
struits dans ce système, offrent les résultats
de justesse les plus satisfaisants. L'avantage
inappréciable de celte invention est qu'en
l'appliquant à un instrument, quel qu'il soit,
on n'en altère ni le caractère, ni le timbre.
Son genre de voix reste intact, comme si l'in-
strument était dans sa forme la plus simple.
SI l'on parcourt l'histoire des instruments
de musique de tout genre, depuis les temps
les plus anciens, on n'y trouvera rien qui
puisse élrc comparé à la richesse d'imagina-
tion ni à la facilité d'invention d'Adolphe Sax.
Ce qui le distingue encore de tous ceux qui se
sont occupés de ce genre de production, c'est
qu'il se place, dans toutes ses créations, au
|)oinl de vue des nécessités de l'art, et qu'il
en a le sentiment le plus fin. Pour apprécier
à leur juste valeur tous les instruments in-
ventés ou perfectionnés par lui, il faut(|u'un
homme «le génie les f.isse entrer dans le
<lomaine sérieux de la symphonie et de la mu-
sique dramatique, non pour en augmenter le
bruit, mais pour en tirer des nuances nou-
velles par les oppositions de timbres, et en
faire ressortir les accents poétiques. Pour que
justice soit rendue à la prodigieuse faculté
d'invention et de perfectionnement qui dis-
tingue Adolphe Sax, et qu'il obtienne le juste
tribut d'admiration qui lui est dit, il y a en-
core trop d'émotions occasionnées en divers
sens par les terribles luttes qu'il eut à soute-
nir; mais quand les intérêts hostiles auront
disparu; quand il ne restera plus que le sou-
venir de l'artiste et de ses immenses travaux,
son nom sera inscrit parmi ceux des plus
grandes célébrités du dix-neuvième siècle.
Il est une autre série d'inventions ducs à
l'esprit éminemment ingénieux ile cet artiste,
lesquelles mériteraient d'être l'objet d'un exa-
men approfondi ; mais la nature de ce diction-
naire m'oblige à les mentionner avec rapidité.
Au nombre de ces inventions, on remarque :
!• Trombone, saxhornsbasse et contrebasse à
sept pistons : le septième piston sert à la pro-
duction des notes qui manquent dans l'octave
la i)lus grave de ces instruments, en sorte que
l'échelle chromatique des sons n'ofîreplus une
seule lacune dans son étendue. 2° Trombone à
coulisse avec un seul piston destiné à produire
un effet identique et combler les vides du mi
au 51. 3° Trombone à coulisse et à trois pis-
tons, pour être joué à volonté ou par le moyen
de la coulisse, ou par celui des pistons. 4" Nou-
veau système de pistons ou cylindres d'une
plus grande solidité. 5° Application, à tous
les instruments en cuivre à bocal, d'une forme
et d'un doigter identiques à ceux du saxo-
tromba. 6° Nouveaux clairons Sax, ordon-
nancés pour les fanfares de chasseurs ; au
moyen d'une pièce de rapport adoptée à l'in-
strument simple, celui-ci est transformé à vo-
lonté en soprano, alto, baryton, ou basse, avec
une étendue chromatique de chacune de ces
voix; d'où résulte la possibilité d'exécuter des
pièces instrumentales en harmonie sur un in-
strument borné en lui-même aux harmoniques
422
SAX
du son rondnmcntal (1). 7» Saxluba, famille
d'insliiimeiUs de cuivre à bocal , d'une im-
mense sonorité, laquelle a été employée dans
le Juif errant, opéra d'IIalévy. 8" Nouveau
système de clefs, pour supprimer les cavités
dans l'intérieur des luhes. 9° Nouveaux sys-
tèmes de pistons à écliappement d'air : dans les
anciens pistons, il y avait communication in-
cessante entre l'air contenu dans les tubes de
rinstrnmenl et l'air extérieur, par l'espace
laissé libre dans les frottements; dans le sys-
tème de Sax, l'air, au lieu de s'échapper par
les trous anciennement i)lacés à chaque bout
du cylindic, se réfugie dans un petit conduit
adhérent à la paroi extérieure, y circule, et
produit une compensation constante entre la
partie supérieure et la partie inférieure, sui-
vant que se font le vide ou le -refoulement.
D'autres précautions empruntées à des ron-
delles de liège, lesquelles sont placées à la
partie supérieure de la lige et viennent s'ap-
puyer sur un filet saillant, complètent une
fermeture hermétique. 10» Doublure métalli-
que des tubes en bois. 11° Nouvelles disposi-
tions de ressorts pour cylindres doubles.
12» Compensateur pour les instruments de
cuivre, lequel consiste en une coulisse à res-
sorts mue par le pouce, et qui, par l'allonge-
ment ou le laccourcissement de la colonne
d'air, permet d'arriver à la justesse parfaite et
d'exécuter le coulé ou portameuto. 15" In-
strument double, <iont un est à l'octave de
l'autre, et qui se jouent simultanément dans
toute leur étendue par un même mécanisme
dépistons. 14" Instrument à deux pavillons,
dans des tons différents. 15" Instrument à sept
pavillons et à six i)istons indépendants; va-
riété du principe précédemment appliqué.
16° Instruments à pavillons tournants, pour
diriger le son à volonté. 17" Petit instrument
monophone pour signaux, d'une puissance
beaucoup plus grande que le clairon et la
trompette. 18° Moyen de porter et diriger le
son des sifflets ou autres agents sonores des
chemins de fer sur un point donné. 19"^ Nou-
velle flûte de Pan ou Syringe. 20" Nouvelles
timbales : (a) Timbales s'accordanl au moyen
<l'un plan incliné; (b) idem sans chaudron.
Ayant reconnu (jne le chaudron, loin d'être
favorable à la sonorité des timbales, lui fait, au
contraire, obstacle, Sax l'a supprimé, réduisant
l'inslrumcnt à un sim|)le ccrcleen fcrsurlequel
(I) On peut voir il ce sujet mon r.Tpporl sur les in-
slruinenls de mu<>i(|iic misa l'cxposiliun universelle de
IN-iris, m I85b,d.itis In collection oITicielle des rapports
publiée par le gou\ernemcnt, t. II, p. 071.
est tendue la p< ati, dont le son est plus beau et
dont les intonations sont mieux appréciables.
Simple et commode, la titnbale, sous cette
forme, est d'un prix beaucoup moins élevé que
les timbales ordinaires. Cette ingénietise dis-
position peimet de faire des groupes de deux,
trois ou quatre timbales, ou même d'en for-
mer une échelle chromali(iue d'une octave ou
plus. Dans le premier cas, le cercle est muni
de deux demi-cercles croisés qui se replient et
s'ajustent sur un trépied dont les \)artiessonl
également mobiles. Dans le second, les cercles
sont montés et fixés sur un su|)port continu
en fer à cheval, où ils se super|)osent partielle-
ment , afin d'occui)er le moins d'espace
possible. Deux exécutants suffisent pour mettre
en vibration ce clavier d'espèce nouvelle,
(c) Timbales non hygrométriques : par le
moyen d'une composition dont il enduit les
peaux, Sax est 'parvenu à rendre les timbales
insensibles aux variations atmosphéri(iues, à
l'humidité et même à l'action immédiate de
l'eau. Le même |)rocédé s'appli(|iie aux grosses
caisses et tambours, (d) T imbalcs -trompettes ,
instrument formé d'un gros cône dont l'ouver-
ture supérieure est recouverte d'une peau qui
se frappe comme la timbale ordinaire; les
notes se produisent au moyen d'une armature
soit de clef, soit de coulisses, soit enfin de pis-
tons, adoptée au cône et mise en mouvement
par un système de pédales. 21° Rellecleur
acousti(iue pour orchestre. 22" Caisse sonore à
l'usage des violoncellistes, expérimentée par
Demunck (voyez ce nom). 23" Plancher har-
monique pour orchestre. 24" Projet d'orgue-
orchestre d'une dimention gigantesque, mu
par la vapeur et destiné à être entendu à une
dislance immense. 25° Procédé pour mettre,
au moyen d'une vis sans fin, un piano au dia-
pason demandé. 26" Piano à puissante sonorité
pour l'orchestre. 27" Modifications de formes et
de i)roportions des instruments à archet.
28» Moyen de prévenir les éboulements dans
le forage des puits. 29" Dispositions d'appa-
reils pour appli(|uer le goudron, la créosote et
autres matières anlisepli(|ues, convenables à
des buts industriels, d'hygiène et autres. Sax a
obtenu un brevet d'invention pour ces appa-
reils, le 16 févrici' 180.3. ôO" Découverte de
l'effet salutaire produit par l'habitude déjouer
des instruments de cuivre.
L'unité de formes et de doigter introduite
par Sax dans les diverses familles d'instru-
ments de cuivre, l'ont obligé à s'occuper de
leur enseignement ; c'est ainsi que, comme
professeur, il a formé, au Conservatoire, un
SAX — SAYVE
423
grand nombre <rclèvcs dislin.i,'iiés pour les
saxoplioncs de (outcs tes dimensions. C'est
aussi pour alleindre le même but qu'il a écrit
et pnl)lié une Méthode complète pour Sax-
horn et Saxotromba soprano, alto, ténor,
baryton, basse et contrebasse à trois, quatre
et cinq cylindres; suiric d'' Exercices pour
l'emploi 4» compensateur: Paris, Brandus el
Diilour. Le doi^ler étant le même pour tous
ces instruments, les principes sont aussi les
mêmes |)our tous, et la gradation des exercices
pour l'un des individus de la Tamille convient
également aux autres. C'est sur cette base
d'unilé (|ue repose renseignement de l'inven-
teur; enseignement mclhodiquc et lumineux
qui recommande son ouvrage à l'attention des
professeurs comme à celle des élèves. L'esprit
logique qui a présidé à sa rédaction, n'a pu
séparer la noiation de la musique destinée à
ces ramilles d'inslruments de l'idée d'unité qui
a présidé à la construction de leur doigter;
ici (|uel(|ucs mots d'cxiilication me semblent
nécessaires. Il est des instruments qui, par
leur système d'organisation , représentent
exactement da\is leur étendue les diversités
^l'intonation d'un diapason commun ; tels sont
la flùlc actuellement en usage, le hautbois, le
basson, la trombone, le violon, l'alto el le
violoncelle. Leur notation représente exacte-
ment les intonations qu'ils produisent. Lors-
qu'on sort des dimens ons habituelles de ces
instruments, dans la petite tinte, dans la
contrebasse et tians le cor anglais (alto du
hautbois), par exemple, la notation ne repré-
sente plus en réalité les notes produites par
ces instruments; car la petite flûte fait en-
tendre les noies écrites une octave plus haut,
la contrebasse joue sa partie une octave plus
bas, et le cor anglais, par sa dimciibion plus
grande que le hautbois, joue une (piinteplus
bas que le diapason de la note écrite. Il en est
ainsi de tous les instruments ([ui, par les dh
menaions |)lus ou moins déveIopi)ées de leurs
tubes, transposent les notes écrites d'un demi-
ton, d'un ton, d'un ton et demi, d'une (|uaite,
d'une quinte, d'une octave, etc., comme les
clarinettes de diverses espèces, les trompettes
et les cors. Sauf la clarinette et la trompette
•en ut, aucun de ces instruments ne fait en-
tendre les intonations représentées par les
notes. S'appuyant sur ces faits, Sax en a con-
clu qu'une seule clef (de sol posée sur la se-
<onde ligne de la portée) doit servir à noter
toute la musique de ses familles d'instruments,
puisque ce système est le seul qui puisse réa-
liser l'unité de doigter qui sert de base à leur
construction. Les inslrumcnls (ransposenl par
leurs dimersions, mais les artistes jouent les
notes comme si ces mêmes instruments
étaient tous au diapason des violons, flûtes et
hautbois. Par là, Sax a complété, avec la sim-
l)iicité la plus absolue, la grande idée d'unilé
qu'il a portée dans tous ses tiavaux.
Telle est l'œuvre prodigieuse d'un homme
qui, au moment où celte notice est écrite, n'a
pas accompli sa cinquantième année; œuvre
conçue, méditée el achevée au sein de l'exis-
tence douloureuse, agitée, sans repos, que lui
avaient faite ses ennemis. Un phénomène sem-
blable ne s'est pas rencontré, non-seulement
dans l'histoire de l'invention des instruments,
mais en quel art <|ue ce soil.
SAYNE fL*«BERT DE). Foyez SAIWNE
(Lambert DE).
SAYVE (Matthivs DE), et non DE
SAYINE, comme je l'ai écrit dans la pre-
mière édition de celte Biographie, d'après
Walther et Gerber, naquit à Liège, comme on
le voit par le titre de l'ouvrage cité plus loin,
el fut vice-mallre de chapelle à Prague, à la
fin du seizième siècle. Il fui d'abord attaché à
la chapelle de l'qmpereur Rodolphe II, en qua-
lité de haute-contre. On a de lui un ouvrage
intitulé : Liber primus Motectorum quinque
vocum Matthix de Sayve Leodiensis S. C. M.
chori niusici viceger. O. F. reteri Pragx,
typis mandabat Johannis Otlhmar, Anno
Domini, 1585, in-4» obi. Cet œuvre contient
seize motets à cinq voix.
S.WVE (le comte Auguste DE LA
CROIX CIIEVUIÈUE DE), né en 1791,
<Ians un château de sa famille, aux environs de
Bruxelles, a cultivé la musique dès sa jeu-
nesse, comme amateur, et a reçu de Reicha
des leçons de composition. Après avoir servi
comme ofTîcier de cavalerie dans les armées
françaises, pendant les campagnes de 1812,
1813 et 1814, il donna sa démission, et rentra
dans la vie civile, pour se livrer à la litté-
rature et à la composition musicale. Dans les
années 1820ell821, il fil, en Italie et en Sicile,
\\n voyage dont il a fait imprimer la relation
(Paris, 1822, trois volumes in-S" avec plan-
ches et caries). Depuis lors, il visita les
principales villes de l'Allemagne. Le comte
de Sayve a vécu alternalivement, avec sa fa-
mille, à Paris, en Belgique, el dans les Pyré-
nées. Doué d'une rare inlelligence et d'une
mémoire prodigieuse, il était fort instruit
dans les sciences, l'histoire, la liuguistique,
et cultivait la peinture avec quelque suc-
cès. Il était habile pianiste, jouait du violon
42 4
SAYVE — SCACCIII
el <le plusieurs autres inslrumcnls. Ce gen-
tilhomme distingué est mort à Paris , le
8 avril 1854, à l'âge de soixanle-lrois ans. Il
«Hait décoré des ordres de Malle el de la Légion
<i'lionncur. Il a publié de sa composition :
1" Symphonie (en «( mineur) à grand
orchestre, op. 16; Munich, Faller.
1" {bis) Deuxième grande symphonie (en
ré mineur), op. 22; Berlin, Schlesinger.
2» Premier quintette pour deux violons, deux
altos et violoncelle, op. 14; Dusseldorf, Beyer
et compagnie. 5" Deuxième idem, op. 17;
ibid. A" Troisième idem, pour deux violons,
alto el deux violoncelles, op. 18; Vienne,
Diabelli. 5" Quatrième idem, op. 21; ibid.
G° Trois quatuors pour deux violons, alto
et basse, op. 13; Dusseldorf, Beyer et com-
pagnie. 7° Grand quintette pour piano, vio-
lon, alto, violoncelle et contrebasse, op. 15;
Munich, Falter. 8" Trio pour piano, violon et
violoncelle, op. 9; Dusseldorf, Beyer et com-
l)3gnie. 9° Deuxième idem, op. 12; ibid.
10° Variations en trio, idem, op. 11; ibid.
11" Duo pour piano el violon, op. 6; ibid.
12" Duo pour piano et violoncelle, op. 10;
ibid. 13" Quelques œuvres de variations pour
le piano et des romances.
SBOIIGI (Gaspaiid), né à Florence, en
1737, eut pour maître de contrepoint son
compatriote BarlolomeoFelici. Ses études ter-
minées, il fut nommé maître de chapelle du
grand -duc de Toscane Léopold, puis de Fer-
dinand. Ce maître s'est particulièrement dis-
tingué dans la musique d'église. Ses messes et
ses vêpres étaient estimées en Italie. Shorgi
eut letitre de maîtrede l'Académie de musique
de Rome, sous l'invocation de sainte Cécile. Il
est mort à Florence, en 1819.
SBORGI (Gaétan), fils du précédent, na-
quit à Florence, en 1769. Ses heureuses dis-
positions pour la musique furent d'abord
cultivées par son père; puis il entra au Con-
servatoire do Sainl-Onuphre, à Naples, oii il
demeura sept années. De retour à Florence,
il y débuta par quelques morceaux intercalés
ilans les opéras nouveaux, qui furent suivis de
trois œuvres de sonates pour le piano, gravés
à Florence. Excellent professeur de chant cl
de piano, il s'est livré à l'enseignement de ces
deux parties de l'art. Il vivait encore à Flo-
rence, en 1821. J'ignore si cet artiste est le
même qui a fait représenter à Arezzo, en
184G, un opéra intitulé Ippolita degli Jszi;
il aurait été âgé, à cette époque, d'environ
soixante-dix-sept ans.
SCACCIII (Mahc), né à Rome, vers la fin
du seizième siècle, de parents originaires de
Galèse, dans l'Étal de l'Église, fut élève de
Félix Anerio, célèbre maître de l'école ro-
maine. Vers 1618, Scacchi fut appelé au service
du roi de Pologne Sigismond III, en qualité
do maître de chapelle. Après la mort de ce
monar()ue, il fut confirmé dans son emploi
par Vladislas VII, et en remplit les fonc-
tions jus(iu'à la mort de ce prince. De retour
en Italie , en 1648 , après un séjour de
trente ans à Varsovie, il se fixa à Ga-
lèse, et y mourut dans un âge avancé. Il
avait cessé de vivre depuis plusieurs années
lorsque Berardi {voyez ce nom), son élève,
publia, en 1687, ses Document i armonici.
Les œuvres imprimées de Scacchi sont :
1» Trois livres de Madrigaux à cinq voix; Ve-
nise, B. Magni, 1634 à 1657, in-4». 2" Un
livre de messes à quatre, cinq el six voix;
ibid., 1638. 3" Deux livres de motets remplis
de recherches, à quatre et cinq voix; ibid.,
1640. 4" Cantilena quinquc vocibus et la-
crima; sepulchrales ad tumulum Johannis
Slobaci ;Yen\se, 1647, in-4". On trouve eu
manuscrit, à la Bibliothèque royale de Berlin,
la partition d'une messe à douze voix, en trois
chœurs avec instruments, composée par Marc
Scacchi, sous ce titre : Missa omnium tono-
rumpro electione Régis Polonix Casimiri.
Cette messe est datée de 1664. La même Bi-
bliothèque possède aussi, du même, les mo-
tets à quatre voix, O Domine Jesu Cliriste,
et Si Deus pro nobis. Pendant que Scacchi
était au service de Vladislas VII, il eut une
discussion avec Paul Syfert ou Seyfert, orga-
niste de Dantzick [voyez Syfert), à l'occasion
<le psaumes que ce même Syfert avait publiés,
cl (lue Scacchi critiqua avec amertume dans
l'écrit intitulé : Cribrum inusinim ad triti-
cum syfertinum, sert examimttio succincta
Psalmorum, quos non ita pridem Paulus
Syfertits Dantiscanus, in ivde parochiali
ibidem organxdus, in hicem edidit, in qno
clnre et perspicuc mxiUa explicanlur, qiia^
summe necessaria ad artem melo-poeticam
esse soient. Fenetiis apitd Alexundrnm J in-
centimtm, 1643, in-fol. de soixante-(|ualrfr
feuilles. Une partie de cet ouvrage renferme
des messes, des motets, des madrigaux, suivis
d'une collection de canons artificiels composé»
par les cinquante musiciens de la chapellodii
roi de Pologne, dont la plupart étaient Italiens
ou Polonais. Ces canons portent le titre de
y\enia JpoUinea. Blessé des attaques de Scac-
chi, Syfert y répondit par un écrit intitulé :
Anticribratio muiica, etc., où il disait que
SCÂCCHI — SCALETÏA
42.-
Its musiciens italiens i.V taieiil capables (lue
(le composer (les opéras el'des canzonelles, et
(|iie, pour l'art d'écrire, ils pourraient tous
l'apprendre de lui et de Fœrster, à l'école de
Dantzick. D. Romain Micheli (voyez ce nom)
prit la défense de l'école italienne en général,
et de Scacchi en particulier, dans une lettre à
Syfert, qu'il accompagna de l'envoi de quel-
ques-uns de ses propres ouvrages. Une réponse
polie de Syfert à Micheli termina cette discus-
sion, où Scacchi avait été l'agresseur, mais ou
Syfert fit voir qu'il ne connaissait pas l'im-
mense mérite des maîtres de l'ancienne école
ilalienne, et surtout de ceux de l'école ro-
maine. Au reste, il parait que Scacchi était
d'un caractère jaloux et tracassier; car, au
lien de témoigner de la reconnaissance à
Micheli, qui avait pris généreusement sa dé-
fense, il contesta à celui-ci l'invention de
certains canons énigmatiqiies, dans un petit
écrit intitulé : Brève discorso sopra la mii-
sica fnoderna; Varsovie, Elert, 1647. L'ahhé
Baini s'est trompé en considérant ce pam-
phlet comme une dernière réponse à Sy-
fert.
SCACCIA (Ange-Marie), violoniste dis-
tingué, vécut à Milan, vers le milieu du dix-
huitième siècle. On a gravé de sa composition
six concertos pour le violon, à Milan, en
1740.
SCALETTA (Horace), né à Crema (1),
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut
d'abord maître de chapelle de l'église métro-
politaine de Salo, sur le lac de Garde, dans la
province de Brescia; puis, en 1G07, il fut rap-
l)elé dans sa ville natale, pour y remi)lir les
mêmes fonctions. Ayant fait un voyage à
Paris, il fut, à son retour, nommé maître de
chapelle de Sainte-Marie-Majeure, à Bergame,
En dernier lieu, il occupa un poste semblable
à Saint- Antoine de Padoue, où il mourut de la
peste, en 1630. Il laissa à ses héritiers plu-
sieurs médailles d'honneur, pierres précieuses
et chaînes d'or qui lui avaient été données en
cadeaux par des souverains. On a imprimé de
la composition de cet artiste: 1" FillaneUe
alla romana a 3 voci. Libro l"; Fenetia,
1390, in-4''. 2" Madrigali a sei voci; ibid.,
in-4''. Z" Messa brève di morti a 4 voci;
ibid. Scaletta est particulièrement connu par
(1) Donato Caivi, dans son livre intitulé : ia Scena
litleraria de gli Scrillori Bergamaschi (part. I, page 330)
dil(|ue Scaletia naquit à Bergame; il a trompé sur ce
point Gotifr. Waltlier, copié ensuite par Forkel, puis par
E.-I.. (îcrbcr, I.iclilentlial, C. Ferd. Becker et moi-
mcme; mais toutes les éditions de la Scttla di musica
portent au frontispice ; ScaUtla di Crema,
un petit ouvrage élémentaire intitulé : Scala
di iniisica. D'après la pltipart des biblio-
graphes, j'avais considéré une édition pu-
bliée à Milan, en 1599, comme la première;
mais M. Gaspari , de Bologne, m'en a fait
connaître une antérieure d'une année; car
elle a été imprimée à Vérone, en 1398, par
Francesco délie Bonne et Scipion Vargnano,
son gendre. Or, on voit dans l'épître dédica-
toirede celle-ci : al Sig. Bernardino Cinier-
lino, datée par Scaletta de Vérone, le 5 juin
1598, que celle-ci n'était pas la première, et
qu'elle avait été précédée par une autre, dont
la date et le lieu d'impression sont inconnus
jusqu'à ce jour. Voici ce qu'en dit l'auleur
lui-même : ((J'ai fait imprimer autrefois un
» petit ouvrage de ma façon, intitidé: Scala
» di musica, plutôt dans le dessein de dimi-
» nuer les fatigues de l'enseignement et <le
» l'étude des premiers éléments de l'art, (juc
» pour en acquérir ([uelque gloire. Et vérila-
M blemenl (si je ne me suis pas trompé), il
» semble que l'ouvrage, bien que fort petit, et
>^ renfermé dans une seule feuille, a été assez
» heureux pour être universellement bien
n reçu à cause des avantages t|u'on y trouve;
» ce qui m'a engagé par la suite à l'augmen-
» ter et à l'améliorer autant (pi'il m'était pos-
» sible, afin que ceux qui étudient ce bel art
» arrivent pour ainsi dire par degrés à la ré-
» putation de chanteur excellent, etc. (1). »
Ce passage fait voir qu'une édition de la Scala
di musica a paru longtemps (altre voile)
avant celle de 1598, et qu'elle n'avait qu'une
feuille d'impression. L'épître dédicatoire de
l'édition de 1598 n'ayant pas été reproduite
dans les autres, ce fait a été ignoré de tous les
bibliographes. Les éditions de Milan, 1399,
Venise, 1G00, 1608, 1636, et Rome, 1666,
sont connues par les citations qu'en a faites le
P.Martini (Storia délia musica, f. I, p. 465) ;
mais il en existe d'autres. J'en connais une
imprimée à Milan, en 1610, in-4'', et une
autre, de la même ville, datée de 1626. J'en
possède une qui a pour titre : Scala di mu-
(I) Diedi altre voile alla stampa un" operetta mia,
intitolata Scala di musiea, più tosto per allegiarir le
moite fatiche le quali si fanno cosi nelP insegnarc,
corne nell'apprendere i primi et neccssari fondamenti
dell' arte, che per acquistar a me Iode alcune. Et di vero
(se non sono ingannalo) pare che Topera, bcnclie plc-
ciola et d"un foglio solo, habbla havuto cosi buona
fortuna, ch' ella sia slata ricevula universalmente per
lo bénéficie che apporta. Il che m^ha poi dato grand'
occasione di andar pensando di ampliarla et di ridurla
a quella minor imperfeltione, che per me si potesse, a fin
che gli studiosi dicosi bella professione, nppunio quasi
per Scala salir polessero al nome di perfctto caniantc.
420
SCALEITA — SCANDELLI
sica tnollo necessaria per principianti di
Oralio Scalella da Creina. Jmpliala di
novo in quesla sesla impressionef con bellis-
siino ordine, et maf/gior facililà, alli desi-
derosi di questa virtù; in f'enctia, appressn
j4lcssandroT incenli, 1G2G, iii-4". La Bihlio-
(hèque royale <lc Berlin possède <Ies exem-
plaires de deux édilions imprimées à Home, la
jiremière, en 1Gi7, cl Paiilre, en 1G85. Il y a
aussi (les exemplaires d'édillons imprimées à
Rome qui porlcnl les dates de 16G0, IGGo,
1GGG el 1GG7, tous in-4''; mais il est vraiseni-
))lal)le <iue tous sont de la même édition dont
on a changé seulement le IVonlispice. L'édi-
tion de 1G85 a pour litre : Scala di musica
moUo necessaria per principianti di I/ora-
tio Scaletta da Crema ; daW istesso nella
settima impressione, revisia, correlta, et
ampliala con bellissimo ordine et maggior
facililà; in Roma, per il Mascardi, IG80,
in-4''de trente pages. On voit, d'après ce litre,
<|He toutes les éditions postérieures à la sep-
tième en ont été <le simples reproductions.
Mais quelle est cette septième édition? Évi-
itemment , c'est la plus rapprochée de la
sixième, puhliéeà Venise, en 1G26; et elle n'a
pu être mise au jour après IGôO, puisqu'elle
a été revue el corrri^^ée par l'auteur, mort
<lans celte année. Il y a donc une édition au-
thentique, vraisemblablement publiée à Ve-
nise, entre 1G2G et IGoO. Elle n'est pas con-
nue jusqu'à ce jour. On voit, par les éditions
faites sur son modèle, qu'elle offre quelques
ilifférences avec la sixième.
On a aussi de Scaletta des principes élémen-
taires de contrepoint intitulés : Primo sca-
lino délia scala di contrappunto ; Milan,
1G22, in-4». La date de 1GG2, donnée par
Forkel {Àllgein. liter. der Jflusik, p. 433), est
une faute d'impression copiée par Lichten-
thal {Bibliografia délia musica, t. IV,
p. 361). E.-L. Gerber s'est trompé en indi-
quant Naples comme le lieu de l'édition de
1G22; le Dictionnaire historique des musi-
ciens de Choron elFayolle (Paris, 1810-1811)
a répété cette faute.
SCALICU lus (Paul), aventurier, né en
1534, à Af^ram, en Croatie, prend dans ses
4icrils les litres de prince de la Scala, mar-
^piis de Vérone el seigneur de Creuzbourg, en
Prusse, docteur en théologie cl chanoine de
Munster. Après avoir joué, à Rome, le rôle de
«avant cl d'artiste, il alla à la cour de l'élec-
teur Albert de Brandebourg, s'y mêla dans
«les intrigues polili(|ucs, el fut obligé de
«'éloigner clandeslincmcnl. Il mourut à Uanl-
zick, en 11)78. On a de lui tics jfJiscellaneade
Rerum causis (Cologne, 1570-1378, deux
tomes in-4"), où se trouve un dialogue sur la
lyre des anciens.
SCALZI (Charles), chanteur distingué,
naquit à Voghera, dans le Milanais, et brilla
vers 1723. Appelé au Théâtre-Italien <le Lon-
dres, il y eut de grands succès el amassa des
richesses considérables. Vers la fin de sa vie,
il se relira à Gènes, et y entra dans la congré-
gation de l'Oratoire.
SCAi>DELLI (Antoisk), né à Naples,
vers 1520, fut engagé au service de l'électeur
de Saxe, en (|ualité de maître de clia|)elle, «l
se rendit à Dresde en 133G. Il y remplit ses
fonctions jus(iu'à sa mort, arrivée le 18 jan-
vier 1580. On a imprimé de sa composition :
l»L'épilaphe du duc Maurice de Saxe avec une
messe de Requiem à six voix; Nuremberg,
1558. 2" Cantioues germanicx A et 6 vocum;
Nuremberg, 15G7 el 1579. 3" Chansons reli-
gieuses allemandes à cinq el six voix avec in-
slruments, ainsi (|u'un dialogue à huit voix;
Dresde, 1575. 4" Il primo libro délie catizoïii
napoletane a quattro voci; Nuremberg,
Ulrich Neuber el Théodore Gerlach, 15GG,
1572 el 1583. 5» Nouvelles chansons alle-
mandes à cinq el six voix ; ibid., 13G5, in-4*'.
G" Newe teutsche Liedlein mit vier und fïmf
Slimmen , welche ganz lieblich zu singcn
und auf allerley Inslrumenten zu gebrmi-
clien (Nouvelles petites chansons allemandes,
lesquelles sont toutes agréables à chanter el
pour l'usage de toutes sortes d'instruments);
ibid., 1568, in-4» obi. 7» Il y a aussi un
épiihalame à plusieurs voix, «le ce compositeur,
dans l'ouvrage qui a pour titre : Epilhala-
mia in honorem ornatissimi viri, eruditione,
virtute ac pietate prxstantiss. D. Nicolai
Leopardi, symphoniacorum puerorum illus-
triss. ac Sereniss. Principis Georgii-Fride-
rici Marchionis Brandenburgensis , etc.,
prxceptoris , composita per ^nthonium
Scundellum, jVatlha'um Le Maistre, Eras-
mum de Glein et Joannem Tf'eselium:No-
ribergx, apud Theod. Gerlatzcnum, 15G8.
in-4". 8» Neue schœne ausserlesene gcist-
liche deutscfie Lieder mit 5 und G Slim-
men zu singen und auf allerley Inslru-
menten zu gebrauchen , sammt einvm
Dialogo mit 8 Slimmen (Nouveaux beaux
cantiques spirituels allemands pour ch.in»
1er à cinq el six voix et pour jouer sur
toute espèce d'inslrtiments, avec nu dialogue
à huit voix); Dresde, Gimcl-Bcrgcn , 1373,
in-4'' obi.
SCAPITTA — SCARLATTI
427
I
SCAPITTA (Vincent), musicien espaftnol,
naquit à Valence, dans les dernières années
<ln seizième siècle. Il fui allaclié au service de
raichidiic Léopold d'Autiicbe. On a imprimé
de sa composilion : Musica di caméra; Ve-
nise, ICôO, in-î".
SCARABELLI (Damiano), vice-mailre de
chapelle de l'église mélropolitaine de Milan,
vécut dans la seconde moilié du seizième
siècle. On connaît de sa composilion : jfla-
guificat quatuor itsque 12 vocibus; Venise,
Richard Ama<lino, loDT, in-4°.
SCAUAMELLI (JosKPii), violoniste, né
à Venise, en 1701, étail, en 1811, premier
violon diiecleur d'orchestre ilu lluàtre de
Triesle. Plus tard, il a vécu <|ueli|ue temps à
Vienne, puis s'est fixé à Florence. On a de lui
un écrit inlilulé : Saggio sopra i doveri di
un primo violino direttore d'orchestra;
Trieste, Weis, 1811, in -8" de cin<iuanle et
une paf^es. Il a |)ul)lié aussi de sa composi-
lion : \" Rondo variato per vinlino e corno
principale con orchestra; Florence, Cipriani.
H" Quatuors pour deux violons, allô et basse,
n" 1 et 2; ibid. 5" Variations pour ileux vio-
lons, op. 8; Vienne, Cappi. 4° Trois sonates
pour violon avec accompagnement de basse,
op. 1 ; Vienne, Mollo. Le nombre des œuvres
qu'il a publiés s'élève à environ trente; mais
je ne connais que ceux dont j'ai rapporté les
titres.
se AÏVAIV'I (Joseph), organiste du duc de
Mantoue, vers le milieu du dix-septième
siècle, a Tait im[)rimer de sa composition :
1» Molelli a due, tre, quattro et cinque voci,
Libro 1", op. 2; l'enezia, app. Bart. Magni,
1641, in-4. 'Ht" Concerti ecclesiaslici a 2, 5,
4 e 5 voci ; ibid. 5" Sonate concertalc a due e
tre slromenti ; ibid.
SCAULATTI (le chevalier Alexandre),
«n des plus grands compositeurs do l'Italie,
ne naquit pas à Naples, comme l'ont dit la
plupart des biographes, mais à Trapani, en
Sicile, en 1G40 (1), suivant la partition de son
(!) M. Gennaro Grossi s'esl Irompé {liiograpa d'uli
«iomini iltustri del regno di IVapoli, volume des mnitres
<le cliapcllr, ftc, arl. Cavalier Alessandro Searlatli), en
plaçant en tObO l'année de la naissance de ce niaitre ; il
aurait dû éviier . ïtic erreur, puisqu'il rapporte son
«■pitaplir, où l'on voit qu'il mourut à l'ùgo de 70 .ans, au
mois d'oclolire 172S. Gerlier el le Diclioniiaire des mii-
siciens de Choron el Fayolle, donnent aussi cette date de
1050, d'après Quanz. Une copie rautivede l'épilaplie (|ui
m'avait élc envoyée de Naplespour la prem.ùre édition
•de la liioyrttpliic rfes musiciens, portait le cniffre LXVI,
|)Our son ùgc lorsqu'il mourut en 172S, au lieu de
LXXVI, et j'en avait conclu que Scirintli était né en
IC59. Le marquis de Villarosa adopta cette date de
opéra Pompeo, que possédait Selvaggi {vngcz
ce nom), et qui porte au titre : dal Sig. Alcss.
Scarlalti di Trapani. A l'égard de la date de
1649, elle résulte de l'inscriiilion placée sur
le tombeau de l'illustre maître. Scarlalli i)a-
rait avoir fait ses éludes à Parme. Le manjuis
lie Villarosa remai-<juc (i) que Clioron et
Fayolle disent, dans leur Dictionnaire des
musiciens, que Searlatli apprit les règles du
contrepoint de Carissimi à Rome, sans iirdi-
qiier la source de ce renseignement; M. de
Villarosa ignorait que les auteurs de ce dic-
tionnaire ont traduit simplement le premier
Lexique d'E.-I-. Gerbe'-, que ce biographe
avait pris pour guide l'aulurilé de Quanz, qui
avait connu Scarlalli à Naples, dans les pre-
miers mois de 1725, et qu'il avait appris de
ce maitre lui-même le fait donl il s'agit li).
M. de Villarosa ajoute , contre celle Ira-
dilion, qu'à l'épotine où Scarlalli fit ses
éludes musicales, il existait à Naples des
mailles de premier ordre, tels <iue Gae-
tano Greco, au Conservatoire des Poveri
di Giesù Cristo, Jean Salvalor et Provenzale,
à celui de la Pielà dei Turchini; il fait eu
cela une singulière confusion, car Greco na-
quit à Naples, vers 1680, el, au lieu d'élre le
maître de Scarlalli, il fut son élève. A l'égaid
de Provenzale, il était à la vérité maitre du
Conservatoire île la Pietà, en 160'.); mais
Scarlalli avait alors vingt ans, et ses éliules
étaient terminées. Au surplus, M. de Villa-
rosa dit plus loin qu'on sait d'une manière po-
sitive que lors(|ue Scarlalti arriva à Naples
avec sa famille, il étail chanteur remarquable,
virtuose sur la harpe, et claveciniste excellent.
Quoiqu'il en soil, il est hors de doute que ce
compositeur illustre reçut une bonne éduca-
tion musicale, perfectionnée par l'étude des
œuvres des grands maîtres de l'école romaine.
1759, parce qu'il y a aussi, dans l'cpilaphe qu'il rapporte,
le chiffre LXVI. Les renseignements donnés par Quanz
sur l'âge de Scarlalti, en 1725, prouvent que le chiffre
LXXVI, donné par M. Grossi et par la GaieUe ijééié-
rate de musique , de Leipsick (39">« année, n" 3, p. 39),
dans la reproduction de l'épitaphe, est exact. C'est
aussi ce chiffre qu'on trouve dans la Gazella musicale
diNapoli (1838, n» 1).
{\ ) Memorie dei ComposClort di musica del regno di
Nai>oli, p. t99.
(2) J'ai dit, dans la première édition de ce livre, les
motifs qui me faisaient douter que Carissimi eût pu être
le maitre d'Alexandre Scarlalti; mais depuis que des
documents authentiques ont permis de rectifier l'épo-
que de la naissance de Carissimi et qu'au lieu de I5j2
on sait qu<> IGOi- en est la date, les motifs de mes doutes
n'exislcnt plus; car, si l'on suppose que Scarlalli é'ait
âgé dequinzeansentCGi, il a pu cire élève de Carissimi,
qui n'en avait alors que soixante.
428
SCARLATTI
Scarlalli élail âgé de Irente el un ans lors-
qu'il Hit chargé <Ie la composilion de l'opéra
inlilnlé VOnestà nell' amure, qui fut rcpré-
seniéau commencement de l'année lC80,dans
le palais de Christine, reine de Suède ; mais il
est peu probable que cet ouvrage soit le premier
qu'il ait écrit pour le théâtre, et tout porte a
croire qu'il avait déjà de la renommée lorsque
Christine le choisit pour composer VOnestà
«e?/'amore. L'auteur d'une notice sur l'Opéra,
insérée dans le Magasin musical de Cramer
(deuxième année , p. CG8), dit que Scarlatli
donna, dans la même année, un autre opéra,
à la cour de Munich; mais le catalogue au-
thentique des opéras représentés sur ce
IhéAtre, depuis 1C57 jusqu'en 1788, publié
parlJpowsky, à la suite ûe son Dictionnaire
de musiciens bavarois (p. 425 et suivantes),
prouve que celle assertion est erronée, et
qu'aucun opéra de ce maître ne fut joué à
Munich avant 1721. Son voyage à Vienne est
aussi peu vraisemblable. Toute celte période
de la vie de ce grand artiste est obscure;
toutefois, on peut conjecturer qu'il ne s'éloi-
gna pas de Rome après la rei)résentalion de
VOnestà nell' amore, car au livret du Pom-
/jeo, joué au palais royal de Naples, le 30 jan-
vier 1G84, et dédié au marquis de Carpio,
vice-roi, Scarlalti prend le titre Aevxaîlre de
chapelle de Sa Majesté la reine de Suède.
Depuis cette date jusqu'en 1693, on ne trouve
aucun renseignement sur sa vie; mais dans
celte année, il écrivit l'oratorio / Dolori di
Maria sempre vergine, pour la congrégation
des Sept Douleurs, à San Liiigi di Palazzo,
et l'opéra Teodora, joué à Rome. On ne peut
mettre en doute que plusieurs opéras de Scar-
lalti n'aient été produits dans l'intervalle des
neuf années écoulées depuis 1684 jusqu'en
16!)3; mais on n'en connaît pas les titres.
C'est dans Teodora que Scarlatli donna le pre-
mier exemple du retour au motif principal des
airs après la seconde partie : c'est ce qu'on
appelle le da capo. Cette forme fut adoptée
dès lors par tous les compositeurs et con-
servée pendant plus de soixante ans. Une
autre nouveauté, plus importanle encore,
i)arut dans la Teodora. Jusqu'alors le récita-
tif n'avait eu d'autre accompagnement que la
basse, qui le soutenait sans interruption ;
Scarlatli y introduisit l'orchestre, coupa les
transitions par des ritournelles, et donna nais-
sance à ce qu'on appelle improprement le ré-
citatif obligé. A l'égard de l'accompagne-
ment des airs, au lieu de leur faire suivre le
chant eu harmonie plaquée, il lui donna un
(U'ssein particulier, lorsqu'il le jugea conve-
nable, et par sa vivacité, évita la langueur
el la monotonie.
Christine étant morle en 1G88, Scarlatli
était resté sans autre emploi que celui de com-
posileur pour le théâtre el pour l'église; il
parait qu'il accepta, quelque temps après, la
j)Iace de maître de la chapelle royale de Na-
ples, car c'est ce litre (pi'il porte dans le
livret de VOdoacre, opéra de Legrenzi dont il
avait refait c|uelques airs par ordre du vice-
roi, el qui fut représenté au théâlre^an Bar-
tolomeo, de Naples, le 5 janvier 1G94. Ou
trouve une preuve de la modestie de cet
homme illustre dans un avertissement au lec-
teur de ce livret : Les airs refaits par lui
(dit-il) sont marqués d'un astérisque, afin
que ses fautes ne soient pas préjudiciables à
la réputation de Legrenzi, dont la gloire im-
mortelleest pour lui l'objet d'un respect sans
bornes. Pirro e Demetrio, représenté en
1G97, à Naples; // Prigioniero fortunalo,
en 1G98; et surtout Laodicea e Bérénice,
joué en 1701, mirent le sceau à sa réputation.
C'est dans ce dernier opéra (|u'il écrivit un
air admirable, pour ténor et violon obligé,
dont l'accompagnement était destiné à Co-
relli, qui en manqua les traits à la répétition
générale. Celle aventure, et la dilTicuIlé de
trouver de bons violons pour l'exéculion de
ces traits, décidèrent Scarlatli à refaire cet
air, ainsi que plusieurs autres morceaux,
lorsqu'il fit jouer cet opéra à Rome, en 1705.
Je possède les deux airs sur les mêmes pa-
roles : le second est fort inférieur au pre-
mier.
Antoine Foggia, maître de chapelle de
Sainte-Marie Majeure, devenu vieux eut be-
soin d'être secondé par un maître adjoint :
Alexandre Scarlalli fut appelé à rem|)lir cet
emploi, le 31 décembre 1703, et devint pre-
mier maîlrc au mois de mai 1707. Le cardi-
nal Otloboui lui avait déjà donné le titre de
directeur de sa musique, ainsi qu'on le voit
par le livret de son opéra // Trionfo délia li-
bertà, qu'il fil représentera Venise, en 1/07.
Il est vraisemblable que ce fut ce cardinal qui
lui fil obtenir la décoration de chevalier de
l'Éperon d'or. La conquête du royaume de
Naples, qui avait été faile dans la même an-
née, par l'empereur, sur les Espagnols, el Ur
changement favorable dans le sort des Napoli-
tains qui en fut la suile, parait avoir décidé
Scailalti à re|)rendrc ses fonctions de maître
de la chapelle royale. Au mois de mars 1709,
il donna sa démission de maître de chapelle
SCARLATTI
420
«le Sainte-Marie Majeure, et retourna à Na-
zies. Parmi les opéras qu'il y fit représenter,
on remarque particulièrement Tigrane, re-
présenté, en 1715, au théâtre San-Bartolo-
meo. Une note bien intéressante, placée après
l'argument du drame, se trouve dans le li-
vret; on y lit : Sei pregato a compatire con
discreta nwderazione qiiei difclti, che forse
polrai conoscere nella musica, in conside-
rando che ormai dovrebbe essere affato
stanco l'autore di più sudare in simili sce-
niche composizioni , délie qtiali col présente
dramma viene a compire il numéro dicenlo
sei opère teatrali che haposto in mxisica pel
teatro di Napoli, ed altri teatridelV Italia.
Ainsi, en 1715, Scarlatti avait écrit cent six
opéras, auxquels ilenfautajouterdix ou douze
autres qu'il écrivit dans les années suivantes,
plusieurs oratorios, et beaucoup de musique
d'église. Il faut bien se garder de prendre à
la lettre ce qu'il dit de la faiblesse de son Ti-
grane, où tout, au contraire, est d'invention.
C'est dans cet ouvrage qu'il a composé son
orchestre de violons, violes, violoncelle, con-
trebasse, deux hautbois et deux cors ; instru-
mentation sans exemple jusque-là. On y
trouve un morceau avec accompagnement de
deux violes et violoncelle solo, une autre avec
deux flûtes, <leux cors et deux bassons joints
aux instruments à cordes; enfin, un air de la
l)lus suave mélodie avec deux violons, viole
et violoncelle concertants, basse et clavecin
d'accompagnement. J'ai dit, dans la première
édition de la Biographie des musiciens, que
le dernier opéra de Scarlatti est la Caduta de'
Decemviri, joué au tluiàtre San-Bartolomeo
<le Naples; j'étais mal informé, car la parti-
lion de l'ouvruiji;, que je possède aujourd'hui,
porte la date de 1706. Les traits de génie
abondent dans cette partition. Tous les airs
ont un caractère analogue aux sentiments ex-
primés par les paroles, et leurs formes ont
une originalité saisissante. Plusieurs ont une
partie de violon solo avec deux violons d'ac-
compagnement. Au second acte se trouve un
air d'expression touchante accompagné i)ar
une violetta (alto) seul, avec violoncelle obligé
et basse seule sans clavecin ; ce morceau,
rempli d'harmonies et de modulations har-
dies, est d'une beauté achevée. Les composi-
teurs de l'époque actuelle se sont persuadé
qu'ils sont les inventeurs des parties de pre-
mier et de second violons divisées en deux
chacune ; mais Scarlatti avait usé de cet effet
plus de cent vingt ans avant eux, car l'air <!u
premier acledecette partition, Ma,ilbenvno,
che fà? est accompagné par quatre parties <Ie>
violons, d'un effet admirable.
Quanz vit Scarlatti en 1725: suivant ce qu'il
en dit, ce maître aurait été alors âgé de
soixante-quinze ans; ce qui a fait remonter,
par les biographes, la date de la naissance à
1C50; mais 0"a"z s'est trompé, car Scarlatti
mourut le 24 octobre de la môme année, à
l'âge de soixante-seize ans, ainsi que le
|)rouve l'inscription suivante, placée sur son
tombeau, dans la chapelle de Sainte-Cécile, à
l'église des Carmes de Monle-Santo :
Hic situs est
Equrs Alexanclcr Scarlactus
Vir nioderalione beneficciitia
Pictate insignis
Musices inslaurator. maxinius
Qui solidis velerum nunicris
Nova et mira suavitate
Holliiis
Anliquitali gloriam
Poslerilati imilandi spcm adcrnil
Optimatibus regibusquc
Apprime carus
Tandem anaos naium I.XWI rxtinxil
Sumnio cum Italiie dulorc
IX Kal. Novembris CID PCCXXV
Mors modis flccti nescia
Tour à tour chargé de l'enseignement dans
les Conservatoires de Sant' Onofrio , dci
Poveri di Gesù Cristo, et de Zoreto, Scarlatti
eut pour élèves quel<|ues -uns des artistes qui
fondèrent la gloire de l'école de Naples, parti-
culièrement Logroscino, Durante, et en der-
nier lieu liasse. Les biographes qui lui donnent
aussi pour élèves Léo et Pergolese se sont
trompés; car le premier eut pour maître Pi-
toni, de Rome, et l'autre, Gaetano Greco. Nul
ne pouvait être plus digne que Scarlatti de
diriger l'éducation musicale des hommes de
génie produits alors parle royaume des Deux-
Siciles. Audacieux génie lui-même, il unissait
à la richesse, à la hardiesse de l'imagination,
un savoir étendu, la pureté de style de l'école
romaine, et l'expérience acquise par d'im-
menses travaux. Sa modulation , souvent
inattendue, n'offre jamais de succession dont
l'oreille soit blessée, et jamais, dans ce que
cette modulation a de plus hardi, les intona-
tions des voix ne sont dilTiciies : art que les
Italiens seuls ont connu, parce que leur édu-
cation commençait par l'élude du chant. Le
marquis de Villarosa dit de Scarlatti {Me-
morie, etc., p. 201) : «Mais quelle musique
» a-t-il laissée qu'on pourrait entendre au-
« jourd'hui? Son style est grand et correct,
» mais son goût fut toujours secj énervé et
430
SCARLATTI
» scol(isli(jue(\).^^ Ah ! monsieur le marquis,
si vous aviez connu celle musique, dont vous
parlez si mal, si vous aviez entendu seule-
ment l'air de Laodicea e Bérénice^ et celui de
Tigrane, que j'ai fait exécuter à mes concerts
historiques, donnés à Paris, en 1852 et 18Ô5,
vous auriez dû avouer que rien n'est plus
snave, plus oxpressiT, moins sec et moins sco-
lastifiue. Pergolcse, dont vous parlez avec
enthousiasme, est bien loin de celte force
dramatique, et de ces nouveautés d'harmonie
et de modulation.
Le mérite de Scarlatti , comme profes-
seur, se montre d'une manière évidente
dans un écrit qui n'a malheureusement pas
été imprimé, mais dont on trouve des co-
pies à Naples, et dans lequel brille un pro-
fond savoir. Cet écrit a pour titre : Dis-
corso di nufsica sopra un caso particolare
in arte, del Cav. Si(j. Alessandro Scarlatti,
maestro délia reale cappella di Napoli, \7]7;
manuscrit de vingt-huit ])ages in-folio de
texte, et de douze pages d'exemples de mu-
sique. Il fut composé à l'occasion d'une dis-
pute entre deux compositeurs espagnols, sur
l'emploi que l'un d'eux avait fait d'une double
dissonance de seconde et de neuvième dans
une de ses messes. Scarlatti avait été pris
pour juge de la conteslatiou. Sa dissertation
fut écrite pour résoudre la diffîcullé : il y
montra une rare dextérité dans l'analyse;
mais, en adroit Italien, il trouva le moyen de
donner des éloges à chacun des adversaires
sans prononcer entre eux.
Un des caractères du talent de Scarlatti fut
une fécondité inépuisable; car, indépendam-
ment des cent douze ou quinze opéras qu'il
avait écrits, on connaît de lui une immense
quantité de morceaux de chambre et de mu-
sique d'église, genres dans lesquels il excella.
On sait que Jomelli considérait ses messes et
ses motets comme les meilleurs ((u'on eût faits
dans le style concerté. Ces messes étaient,
dit-on, au nombre de deux cents; un critique
a révoqué ce fait en doute, et considérant le
petit nombre de celles (|u'on connaît, il a de-
mandé ce qu'étaient devenues les autres. Mais
cette manière d'argumenter ne saurait être
admise, car Scarlatti nous apprend lui-même
qu'il a fait plus de cent opéras, et l'on n'en
connaît qu'environ trente, c'est-à-dire, à peu
près le quart! Il faut remarquer que la plu-
part des compositeurs napolilains écrivaient
(I) Hfa quai muiiea ha lasdata, ehe oggt poirebbe
$eniirti ? Il tuo nilo fu grande, e btn inleio ; rao il tuo
giulo fu itmpre iiceo, inervalo e tcotattico.
leurs messes, leurs motets et leurs vêpres
pour des couvents où l'on £:ardait tes manu-
scrits originaux. Les auteurs eux-mêmes ne
possédaient pas leurs ouvrages. Je crois d'au-
tant plus facilement au nombre indiqué de
messes de Scarlatti, que j'en ai retrouvé plu-
sieurs qui étaient restées inconnues jusqu'à ce
jour. Il a écrit aussi plusieurs oratorios, et un
nombre prodigieux de cantates qui ont servi
de modèles à tous les comi)ositeurs italiens
l)endant le dix-huitième siècle. Son élève Du-
rante en a arrangé plusieurs en duos, avec
une sagacité merveilleuse. Scarlatti écrivait
ces petits drames musicaux avec une singulière
facilité. Burney en a trouvé la preuve dans le
manuscrit original de trente-cinq cantates,
composées par ce grand homme à Tivoli, au
mois d'octobre 1704, dans une visite qu'il fit
à son ami André Adami, chapelain chantre
de la chapelle pontificale {votjez Adahi).
Toutes ces cantates sont datées, et chacune a
été faite dans un seul jour. Un amateur napo-
litain disait à Quanz, en 1725, qu'il possédait
environ quatre cents morceaux de tout genre
composés par A. Scailatti.
On ne connaît aujourd'hui des compositions
de Scarlatti que celles dont les titres suivent :
I. Oratorios. 1" / Dolori di Maria sempre
vergine , Rome, 1693. 2» Jl Sacripzio
d'Jbramo, à Rome, en 1703. Une admirable
cavatine tirée de cet oratorio a été publiée par
Rurney, dans le quatrième volume de son
Histoire générale de la musique (i)age 121).
3" // Martirio di santa Teodosia, Rome,
1705. La partition de cet ouvrage se trouve à
la Bibliothèque impériale de Paris. 4" /iaCon-
cezzione délia beata Vergine, ibid. 5" La
Sposa de' sagri cantici, à quatre voix, avec
instruments, à Naples, 1710 ; dans les archive*
de la chapelle royale, à Naples. 6" San Fi-
lippo Neri, à Rome, 1718. Je possède une
partition de cet ouvrage, divisé en deux itar-
lics, et écrit pour quatre \o\x{Saint Philippe,
la Foi, l'Espérance et la Charité), violons,
viole, violoncelle obligé, contrebasse et luth.
7" La Fcrgine addolorata, à quatre voix>
Naples, 1722.8" Stabat Mater, k quatre voix,
Rome, 1723. 9» Stabat Mater pour so])rano et
alto, avec orchestre. 10" Passio Domini
nostri Jesti Christi secundum Johannem,
cantate spirituelle pour contralto, chœur,
violons, viole et orgue. II. Musique d'église.
11° Missa 4 vocum ad canones {col basso pcr
organo). 12» Missa qtiatuor vocum {en mi
majeur). 13° Messe à cinq voix et orchestre
en SI mineur (dans les archives de la chapelle
SCARLATTI
431
royale, à Xaplcs). 14» Messe pastorale à dix
voix en deux chœurs, , violons et orgue.
15" Messe à six voix et orgue (en mi bémol).
10" Messe de Requiem à quatre voix et orgue.
17» Tu es Petrus à huit voix en deux chœurs
avec basse continue pour orgue. 18» Concerti
sacri, motetti o 1, 2, 5 e 4 roct avec deux
violons, viole et basse continue pour l'orgue,
op. 1 et 5; Amsterdam, Roger. La deuxième
partie de ces motets est à quatre voix, deux
violoncelles obligés et basse continue pour
l'orgue. 19» Motets à quatre, cinq et six voix
avec orgue, en manuscrit, chez l'abbé Santini,
à Rome. 20» Psaume Memenlo Domine à
quatre voix, à la Palcstrina. 21» Psaume
ZaMfiafe pour soprano, contralto et basse, avec
violons, viole et basse pour l'orgue. 22» ^ve
Reginn cop/ontm, pour deux soprani et orgue,
com()osé pour l'église Sainte-Marie de Lorette.
23» miserere à plusieurs voix, sans accom-
pagnement. Ce morceau fut composé vers
1680 pour la chapillc pontificale, où il existe
encore. III. Opkiias. 21» L'Onestà neW
amore, Rome, 1G80. 2;)» Pompeo, à Naples,
en 1084. 26" Teodora, en trois actes, Rome.
1G93. 27» Ofloacre, en trois actes, musi(iue
de Legrenzi, avec de nouveaux airs de Scar-
latli, Naples, 109i. 28" Pirro e Demetrio, en
trois actes, à Naples, 1097. Je possède la par-
tition <Ie cet ouvrage. 29" H Prigioniero for-
titnato, 1098. 30" Il Prigioniero sttperbo,
en trois actes, Naples, 1699. 31» Gli Fqui-
vochi nel sembiante, Rome, 1700. Eraclea,
en trois actes, à cinq voix, violons, alto, flûtes,
hautbois, trompettes, violoncelle obligé et
contrebasse, 1700. Je possède la partition de
cet opéra. 52» Le Nozze co'l nemico. 33» 7/
jVitridate Eupatore. 34» Laodicea e Béré-
nice, à Naples, 1701 . 35° Il Figlio délie selve
(ouvrage excellent), 1702. La Caduta de'
decemviri , en trois actes, 1700. 36" Jl
Trionfo delta libcrtà, Venise, 1707. 37° Il
Medo ^ en trois actes, 1708 (une des plus
belles compositions de Scarlatli). 38» Il iVar-
tirio di satita Cecila, tragé<iie lyrique en
trois actes, à Rome, 1709. 39» 71 Teodosio, en
trois actes, Naples, 1709. 40" Ciro riconos-
ciuto, en trois actes, Rome, 1712. 41» Por-
senna, musique de Lolli, avec des airs et
d'autres morceaux ajoutés par Scarlatti, au
théâtre San-Bartolomeo de Naples, 1713.
jVitridateEttpatore, en trois actes, au théâtre
Sainl-Jean-Chrysoslome de Venise, 1713.
42" Scipione nelle Spngne, au théâtre San-
Bartolomeo de Naples, pendant le carnaval
de 1714. Je possède la partition de cet opéra.
43» L'yîmor generoso , au théâtre du i)a-
lais royal, à Naples, le 1" octobre 1714.
44" Arminio, en trois actes, au théâtre San-
Bartolomeo, le 19 novembre 1714. 45» Il
Tigrane, en trois actes, même théâtre, 1713.
40" Carlo Re d'Allemagna, Naples, 1716.
47» La Firtù trionfante deW Odio e delV
Jmore, au palais royal de Naples, en 1716.
48" Il Trionfo delV Onore, au théâtre de»
Fiurenlini, à Naples, en 1718. 49" // Tele-
macco, à Rome, 1718. 50» Atlilio Regolo,
en trois actes, au théâtre Capranica . île
Rome, 1719. 51» Il Cambisio, avec des inter-
mèiles bouffes, au théâtre San-Bartolomeo,
de Naples, en 1719. 52° Tito Sempronio
Gracco, en trois actes, avec des ballets, au
même théâtre, 1720. 53" Turno Jricinio, à
Rome, 1720. 54» La Principessa fedele,
Rome, 1721. 55° Griselda, Rome, 1721.
56" Didone abbandonata. Les oi)éras dont
les dates et les lieux de représentation ne
sont pas connus sont : 57» Il Olitorio.
58» Massimo Papirio. 59» Non tutto il maie
vien per nuocere. 60" Diana ed Endimione.
IV.Mi'siQiiF. DE CHAMBBE.GI» Vingt madrigaux
à plusieurs voix. Le P. Martini en a inséré un
{('or mio) cher-d'œiivre de facture élégante,
d'expression et de modulation neuve, dans le
fleuxième volume de son Esemplare di con-
trappunto fugato (page 207). Ce morceau est
écrit pour quatre voix de soprano et contralto.
62° Serenula a quattro voci per gli sponzàli
del Principe di Stigliano, 1723. 63° Due se-
renate a cinque voci. 64» Madrigale a due
canli (Questo siUnzio ombroso), diviso in
quallro duetti, senza stromenti. 65» Qua-
torze duos de chambre pour l'élude, sans in-
struments. 66» Un nombre infini de cantates à
voix seule, la plupart avec la basse continue,
et quelques-unes avec des violons. On les
trouve dans beaucoup de bibliothèques; celle
du Conservatoire, à Paris, en possède huit
volumes. 67» Deux livres de toccates pour
clavecin ou orgue, dans la collection de l'abbé
Santini. 68» Une suite de pièces de clavecin;
ibid. On trouve un portrait de Scarlatti, gravé
d'après une peinture de Solimène, dans la
Biografia degli Uomini illustri del Regno di
Napoli; Naples, 1819, in-4°.
SCARLATTI (Dominique), fils du précé-
dent, né à Naples, en 1683, eut pour premier
maître son père, et termina ses études â Rome,
sous la direction de Gasparini. Il reçut vrai-
semblablement aussi des leçons de clavecin de
Bernard Pas<|uini, car il devint le plus grand
claveciniste de l'Italie, et l'un des plus habiles
I
43-2
SCARLATTI
«If l'Europe, dans la première moilié «lu ilix-
liiiiliènic siècle. On niaiK|iie de renseignements
sur les pi'omiers temps de sa carrière d'artiste.
On trouve dans la hibliolhèquedn Lycée com-
munal, à Bologne, le livret de l'opéra intitulé
Irène, où l'on voit que cet ouvrage a été .joué
;i Naples, en 1704, avec la musique de Domi-
nique Scarlatli et de Charles François Polia-
rolo, de IJrescia. Scarlalti n'avait écrit sans
doute ([u'un petit nombre de morceaux pour
cet opéra, car /rêne, de Pollarolo, avait été
joné neuf ans auparavant (1695), au théâtre
Saint-Jean-Chrysoslome de Venise. Je vois
par la notice sur Dominique Scarlalti écrite
par M. Farrenc pour le Trésor des pianistes
(deuxième livraison), que cet artiste écrivit à
Rome, en 1710, pour le théâtre particulier de
la veuve du roi de Pologne, Marie-Casimire,
un drame pastoral intitulé la Silcia, dont le
livret existe à la bibliothèque du Conservatoire
impérial de Paris. En 1711, il donna sur le
même théâtre, l'Orlando, omero la gelosa
pazzia, et Tolomeo ed Alessandro ovvero la
Corona disprezzata ; en 1712, Tetide in
Sciro; au même théâtre, en 1713, Ifîgenia in
^ulide, idem, et Tfigetiia in Tauri, idem; en
1714, Amor d'un' ombra e-Gehsia d'un'
aura, et II Narciso, idem; en 1715, l'Jmlelo,
à Rome, au théâtre Capraniea. A l'égard du
Telcmacco, dont parle M. Farrenc, et qui fut
joué à Rome, en 1718, il fut écrit par
Alexandre Scarlatli, et non par son fils. Domi-
nique Scarlatli n'a écrit que quelques airs
dans la .ffe?e«îce de Porpora,et n'a pas étéson
collaborateur. A l'âge de vingt-six ans, il était
à Venise. Ilœndel le rencontra dans cette ville,
en 1709, et Scarlatli fut si charmé de son talent
et du goût i)iquant d'harmonie de ses impro-
visations, qu'il le suivit à Rome, pour jouir
plus longtemps du plaisir de l'entendre. Il
écrivit alors des cantates dont le mérite était
assez grand pour qu'on les comparât à celles
de son père. Il composa aussi pour l'église,
car j'ai une messe à quatre voix et basse con-
tinue pour l'orgue, qui porte son nom et qui
est datée de Rome (1712). On connaît aussi de
sa composition un Salve lîegiua à voix seule
avec deux violons, viole et basse; morceau
d'une belle expression. Le 1" janvier 1715, il
succéda à Thomas Baj, en qualité <le mailic
de chapelle de Saint-Pierre du Vatican; mais
il ne garda cette position que jusqu'au mois
d'août 1719, ayant accepté la pro|)osition de
se rendre à Londres pour y composer un
opéra, cl pour tenir le clavecin à l'Opéra ita-
lien. Il donna en effet à ce théâtre Narciso,
représenté le ôO mai 1720, mais qui avait été
: déjà joué à Rome, en 1715, ainsi qu'on vient
I de le voir. L'année suivante, il partit pour
I Lisbonne. Charmé de son talent, le roi de
, Portugal rattacha à son service et lui accorda
! de grands avantages (1). Le désir de revoir
j son père le ramena vraisemblablement à
I Nai)lcs, en 1725, car liasse l'enlendit alors et
eut tant d'admiration pour son habileté sur le
clavecin, (|n'il en parlait encore avec enthou-
siasme cinquante ans après. Quanz le vit aussi
à Rome dans la même année, cl ne fut pas
moins charmé de sa musique de clavecin et de
son exécution. Toutefois, l'Ilalie ne pouvait
offrir alors une existence convenable à un
instrumentiste de son mérite; il accepta donc
des propositions ([ui lui furent faites, en 1729,
au nom de la cour d'Espagne, pour donner des
leçons de clavecin à la princesse des Asluries,
qui avaitété <léjà son élève à Lisbonne, comme
princesse de Porlugal.Scarlalti, ayant accepté
les avantages qui lui étaient offerts, partit
pour Madrid, où il jouit du sort le plus heu-
reux. Devenu roi en 1740, Ferdinand VI con-
tinua de le garder à son service, pour jouer
tous les soirs du clavecin dans la chambre de
la reine. J'ai dit, dans la première édition de
la Biographie des musiciens, qu'après la
mort de la reine d'Espagne, en 1754, Scarlatli
reçut une pension de la cour et continua de
résider à Madrid, où il mourut, en 1757 : il y
a là une erreur grave, car la reine Madeleine-
Thérèse ne mourut que le 27 août 1758, et
Scarlatli avait cessé de vivre un an aupara-
vant. Suivant un article de la Gazetta musi-
cale di Napoli (15 septembre 1838), Scarlatli
serait retourné à Naples, en 1754, et ce serait
dans cette ville qu'il serait mort, en 1757. Le
P. Sacchi nous apprend (2) que cet artiste cé-
lèbre avait la passion du jeu, et qu'après avoir
dissipé tout ce qui avait été le produit de son
talent et de la munificence des rois de Por-
tugal et d'Espagne, il laissa dans le dénù-
ment sa famille, qui fut secourue plusieurs
fois par le grand chanteur Farinelli, son an-
cien ami.
(J) M. Farrenc dit que lorsque la fille du roi de Por-
tugal (Mudelcinc-Tlicrésc) épousa Ferdinand, prince
dos Asluries, Jean V voulut que Scarlatti suivit son
élève i Madrid ; et plus loin, il ajoute que ce grand
cl.i\cciniste <e rendit de nouveau dans celte ville en
17:2'.l. M. Farrenc ne s'est pas souvenu que le mariage du
prince des Asturies rt de la princesse de fortugnl n'eut
Heu que le I'.! janvier 1739; d'où il suit évidemment
(|ue Scarlatli alla alors en Espagne pour ta première
fois.
Ci) Viia del caiatiere Don Carlo Droschi; Venise,
178V, pp. 21), 30.
SCARLATTI
433
ScarlaUi fut le clavecii>isle de son temps
qui fille plus d'usage du croisement des mains
dans les passages rapides, et c|ueI(|uefois il
en tira de beaux effets dans des combinai-
sons qui ne sont pas sans difficulté : mais son
excessif embonpoint ne lui permit plus d'em-
ployer cet artifice dans sa vieillesse, et l'on
remarque que ses dernières pièces sont pins
faciles que les deux premières suites qu'il
dédia à la princesse des Asluries, et qui furent
publiées à Venise, à Paris, à Amsterdam et à
Nuremberg, avant 17C0, Une prodigieuse
variété dans la nature des idées, une grâce
charmante dans les mélodies, et un grand
mérite lie facture, sont les qualités distinctives
des compositions de cet artiste. Le mouvement
rapide dans lequel la plupart de ses pièces
doivent être jouées les rend didlciles, et nos
pianistes les plus habiles y pourraient encore
trouver des sujets d'étude. La fécondité de
Scarlalli fut prodigieuse dans ce genre de
composition, car l'abbé Santini, de Rome,
ivossède trois cent quarante-neuf sonates ou
pièces de clavecin etd'orgue dont il est auteur,
et il n'a pas tout ce (|ue ce maître a écrit.
L'édition originale du premier livre de pièces
de clavecin publié par Dominique Scarlatti est
rare : il contient trente pièces renfermées
<lans cent dix pages grand in-folio oblong.
M. Farrenc, qui en possède un exemplaire,
en donne ainsi le titre : Essercizi (sic) per
(jravicembalo di Don Domenico Scarlatti,
cavalière di San Giacotno e JHaestro de (sic)
serenissimi principe e principessa délie
Asturie, etc. M. Farrenc ajoute aux rensei-
gnements qu'il donne sur celle édition :
« Burney dit que ce premier livre de Scarlatti
» a été publié à Venise,» d'où il faut conclure
que le cahier ne porte ni indication de ville, ni
date. Ce qui est certain, c'est qu'il parut avant
le 10 août 1746, car Scarlalli prend encore le
litre de maître du prince et de la princesse des
Asluries. Je possède une édition de pièces de
cet artiste que je crois antérieure à celle dont
parlent Burney et M. Farrenc; elle est divisée
en cahiers ou volumes, dont le premier con-
tient seize pièces, et le second dix-sept. Le
premier volume a pour titre : Pièces pour le
clavecin , composées par Domenico Scar-
latti, maître de clavecin du prince des
Asluries. Premier volume. Les pièces con-
tenues dans ce livre n'ont jamais été
gravées; à Paris, chez madame Boivin, rtte
Saint- Honoré, à la Règle d'or, et chez
M. Le Clerc, rue du Roule, à la Croix d'or.
Or, suivant VElat de la France pour 1753,
BIOGR. USIV, DES ML'SICIEMS. — T. TH.
la veuve Boivin était morte au mots de sep-
tembre de l'année préccdente. Le second vo-
lume a simplement pour titre : Pièces pour le
clavecin, composées par Domenico Scarlalli.
Deuxième volume (mêmes adresses). Les édi-
teurs de ce second volume se sont trompés en
plaçant, comme numéro 10 des pièces qui y
sont contenues, une fugue en fa mineur écrite
par Alexandre Scarlatti pour l'oigue. Toutes
les pièces de ces deux volumes sont dans la
notation originale, avec les clefs iVut sur les
première, troisième et quatrième lignes pour
les deux mains, suivant les circonstances.
M. Farrenc dit, dans sa notice : « Pour ce
i> qui est des pièces autres que les trente con-
» tenuesdansce volume (citéci-dessus), jen'en
» connais pas les éditions originales. Je pos-
» sède deux livres publiés à Londres, chez
'1 B. Cooke, par Thomas Roseingrave; ils ont
<< dû paraître vers 1730, ou, au plus tard, en
» 1735; car, en 1737, Roseingrave perdit la
» raison, et l'on fut obligé de le remplacer
» comme organiste à l'église Saint-Georges
» de Hanover-Square. Ce qui méfait pencher
» pour une date rapprochée de 1737 et m'em-
» pêche de regarder celte édition comme ori-
» ginale, c'est qu'on y trouve dix-sept pièces
■ contenues dans le volume <|u'on croil im-
» primé à Venise, et que Roseingrave dil lui-
0 même, dans une note placée au-dessous du
0 titre, (|nc son recueil contient quatorze
> pièces qui ne sont dans aucune des autres
» éditions. Je possède, enfin, deux livres pu-
» bliés à Paris(probablemenlceux que je viens
» de citer) dans la seconde moitié du dernier
» siècle. » Pour moi, je crois (jue Scarlatti n'a
pas publié d'autre recueil que celui des trente
pièces. En 1859, Charles Czerny a donné à
à Vienne, chez Haslinger, une collection qui
renferme deux cents pièces de Dominique
Scarlalli pour le piano : c'est la plus complète
des éditions de ce mallre. Elle a été reproduite
à Paris, chez l'éditeur Launer(Girod). Madame
Farrenc, qui a donné des soins à cette édition,
a corrigé, à l'aide de l'édition de trente pièces,
de celle de Roseingrave, ami de Scarlalli, et
d'une copie manuscrite appartenant au docteur
Rimbault, de Londres, quelques fautes de l'édi-
tion devienne. M. Farrenc publie, au moment
où celle notice est écrite (1864), un choix d'en-
viron cent trente pièces de Scarlatti, dans Svi
magnifique collection intitulée : Le Trésor
des pianistes.
SCARLATTI (Joseph), petiU-fils d'A-
lexandre, mais non fils de Dominique, naquit
à Naples, en 1718. On ignore le nom du
28
fr
434
SCARLATTI — SCHACIIT
matlre qni dirigea ses éludes de musique, el
les commencements de sa carrière dans la
composition dramallTiue ne sonl pas mieux
connus. 0"elques-uns de ses opéras, représen-
tés à Venise et à Naples, anlérieuremcnl à
1756, nous apprennent qu'il ne se fixa à
Vienne qu'après celle époque. I! mourut dans
cette dernière ville, en 1776. On connaît sous
son nom les opéras dont les titres suivent:
1" Pompeo in j^rmenia , Rome, 1747.
S" Jdriano in Siria, Naples, 17!î2. 3" Fzio,
ibid., 1754. 4° Cli Effelli délia gran maârc
Natnra, Venise, 1754. 5" Merope, Naples,
1755. 6° De Ctistibus non est dispulandum,
Venise, 1756. 7° Che tutlo abbrnccia nulla
atringe, ibid. 8" Il Mercato di Mahnanlile,
Vienne, 1757. 9° L'Isola disabilala, ibid.,
1757. 10" Isifile. W" La Serva scultra, ibid.,
1759. WLaClcmenza di Tito, ibid., 1760,
15'' La Moqlie pudrona, ibid., 1768,
SCAUPA (Antoine), analomiste distingué
et directeur de la faculté de médecine dePavie,
naquit le 17 juin 1847, dans une petite ville de
la Lombardic. Il était professeur d'anafomie
à l'université de Pavie lorsque la réi>ublique
cisalpine fut élablie. Sincèrement atlaclié à
l'ancien gouvernement, il refusa le serment
qu'on exigeaitde lui, et fut expulséde sa chaire
parle directoire; mais Napoléon, devenu roi
d'Italie, la lui rendit. Scarpa mourut à Pavie,
le 30 d'octol)re 1832. Au nombre de ses
écrits, on remarque celui qui a pour titre :
AnatomiccV disquisiliones de anditu et ol-
/V/cfu; Pavie, 1789, in-fol. On a publié une
traduction allemande de cet ouvrage, à Nu-
remberg, en 1800, in-4''.
SCARSELLI (Rkgsier), compositeur, né
à Bologne, vers 1610, fut membre de l'Acadé-
mie des Filomiisif établie dans cette ville, en
1622. Il a fait imprimer de sa composition :
1" /? primo libro de' madrigali a due, tre e
quattro voci, op. 2; Venise, Alexandre Vin-
cent!, 1640, in-4°. 2° Il primo libro de' ma-
drigali a cinque «oci; Venise, Gardane, 1642,
in-4'».
SCIIAARSCiniIDT (Jean-Fbédéric) ,
recleur à Schneeberg, mort en cette ville, le
17avriI1815, a publié une brochure intitulée:
fersuch einer kurzen Geschichte der mit den
gelehrlen Schulen des evangelischen Deutsch-
landt gexDcehnlich verbundenen Singscharen
(Essai d'une histoire succincte de la réunion
des chœurs de chant aux écoles normales du
culte évangélique en Allemagne); Schneeberg,
1807, in-H" de trente-cinq pages.
SCHACUIMCR (J .-Rodolphe), pianiste
et compositeur, né à Munich, le 31 décembre
1821, reçut les premières leçons de piano de
madame De Flad, femme <Iu conseiller de ce
nom, qui avait aussi dirigé les premières
éludes do Heusell. Pendant les années 1837 et
1838, il reçut lesconsoilsdc Jean-Ba[)tisto(;ra-
mer, qui résidait alors à Munich. Gaspard F.ll
fut le maître de composition du jeune Schach-
ncr dès Î8.33, et le dirigea pendant plusieurs
années. En 1842, Scbachner se rendit à
Tienne et s'y fit connailie avantageusement
comme virtuose dans les concerts. Il partit
l)Our Paris à l'automne de 1843. Arrivé dans
cette ville, il se lia d'amitié avec Habeneck et
Chopin. Son talent distingué le fit admettre à
jouer dans un concert du Conservatoire le
Concertslilck de sa composition, dans lequel
il obtint du succès. De retojiren Allemagne, il
s'arrêta à Leipsick, où Mcndeissohn l'accueil-
lit avec bienveillance et lui fit jouer son Con-
certsiiick dans un des concerts du Gewand-
haus. Scbachner visita ensuite Berlin, où il
publia quelques-uns de ses ouvrages; puis il
retourna à Vienne, où il s'est fixé. On a gravé
de la composition de cet artiste : \' La Tem-
pête, étude pour piano, op. 1 ; Berlin, Schle-
singer. 2° Grand Concertsluck (grande pièce
de concert), pour piano et orchestre, op. 6 ;
Vienne, Haslinger. 3" Poésies musicales pour
piano, op. 8; ibid. 4° Idem, op. 9; ibid.
5° Romance variée pour piano, op. 1 1 ; Berlin,
Schlesinger. 6" Ombres et rayons, pièces pour
piano, six cahiers, op. 13 et 17; Vienne; Me-
chetti. 7° La Chasse, caprice, pour piano,
op. 12; Berlin, Schlesinger. 8" Fantasie-
Stuck\)o\xT piano, op. 15; Vienne, Haslinger.
9" Chanson à boire pourquatre voix d'hommes,
op. 16; Vienne, Mechelti. 10" Le Regret et
Nocturne, deux pièces de salon, pour piano et
cor; Vienne, Haslinger.
SCHACIIT (Mathieo-Hesri), savant da-
nois, naquit à Wiborg ou Viborg, dans le
Jutland, le 29 avril 1660. Après avoir fait ses
études littéraires à Copenhague, il fréquenta
les universités de Kiel, Rostock, Leipsick,
Jéna et Francfort ; il habita ensuite à Upsal, et
fut nommé professeur à Viborg, en 1682. Peu
de temps après, il quitta ce poste et séjourna
à Dantzick, puis à Kœnigsberg, à Copenhague,
en Hollande, et enfin se rendit en Finlande,
où il accepta, en 1685, une place de cantor et
de professeur. Après en avoir rempli les fonc-
tions pendant trois ans, il fut nommé recleur
à Kierteminde, en Danemark, où il mourut le
8 aortt 1700. Il a laissé en manuscrit plusieurs^
compositions musicales, et un Lexique de mi
SCHACHT — SCHAD
435
an
i
sique suivi d'un traité de cet art, en langue
latine, intiluié : Bibliotbeca musicx, sive
nuthorum miisicorum catalogns, qui vel in
theoria vel praxi mustces scripto inclarue-
runt. Ce manuscrit, daté de Kierleminde,
1687, contient une dédicace de quatre pages,
une préface de douze, le Lexique musical,
renfernaé en cent treize, et le traité en trois
cent trente-deux pages in-folio. Ce manu-
scrit appartenait à Schiœrring, musicien de la
chambre du roi de Danemark, qui en fit con-
naître le contenu à Gerber, auteur du Lexi-
que des musiciens.
SCHACHT (Théodore, baron DE), na-
quit à Strasbourg, en 1748. Amateur passionné
de musique, il se livra, dès sa jeunesse, à la
culture de cet art et reçut, à la cour de Slutt-
gard des leçons de Jomelli, qui y était alors
maître de chapelle. Le prince de La Tour et
Taxis le fit ensuite intendant de sa musique;
il en remplit les fonctions jusqu'en 1805, puis
se rendit à Vienne, oii il passa le reste de sa
vie. Il s'est essayé dans tous les genres de
composition, et a écrit des opéras, ballets,
concertos pour divers instruments, sympho-
nies, messes, etc. ; tout cela est resté en ma-
nuscrit, àl'exceplion d'une symphonie publiée
à Ralisbonne, en 1784.
SCHACHT (M.), compositeur de danses
de l'époque actuelle (1840-1855), vit à Ha-
novre. Il a publié, dans cette ville et à Bruns-
wick, un grand nombre de galops et de polkas
pour le piano.
SCHACK, en langue bohème CZIAK (Be-
noît), naquit en 1758, à Mirowitz, en Bohème,
où son père était instituteur. Il reçut sa pre-
mière éducation musicale et littéraire dans la
maison paternelle, puis entra, à l'âge de onze
ans, chez les jésuites, comme enfant de chœur-.
près avoir passé quatre années dans le col-
lège, il fut admis comme chanteur à la cathé-
rale de Prague, et continua ses études à la
aîtrisede celte église, parliculièrementdans
la composition, qui lui fut enseignée par le
maître de chapelle Laube. Vers la fin de 1775,
il retourna chez son père, puis se rendit à
Vienne, où il eut la bonne fortune d'être ad-
mis au séminaire. Sa voix s'était changée en
un bon ténor, que les leçons de Frieberth dé-
eloppèrent. C'est dans cette école que Schack
Ises premiers essais de composition, dans de
etjts opéras chantés par ses condisciples,
près un séjour de cinq ans à Vienne, pen-
arit lequel il avait terminé son cours de phi-
losophie et fait des études en médecine, il ac-
epta une place de maître de chapelle chez un
grand seigneur de la basse Silésie, et en alla
prendre possession le 24 juin 1784. Pendant
quatre années, il composa pour le service de
cette chapelle des concertos pour divers in-
struments à vent. Un débordement de l'Oder
ayant fait de grands ravages dans la basse Si-
lésie, la chapelle dont Schack avait la direc-
tion fut supprimée, en 1788; dans le même
moment des propositions lui furent faites pour
entrer comme chanteur au théâtre de Prague.
La banqueroute du directeur de ce théâtre
l'ayant laissé sans ressource quelques mois
après, Schack se trouva sans emploi jusqu'à ce
qu'il entrât dans la troupe ambulante de Schi-
kaneder,qui allait donner des représentations
à Salzbourg. Ce fut pour cette troupe et à
Salzbourg même qu'il écrivit ses opéras inti-
tulés : le Ballon aérostatique ; Laurent et
Suzette; le Cuisinier; le Faucheur. Plus tard,
il les fit jouer avec succès sur le théâtre de
Vienne. A Ratisbonne, où la troupe de Schi-
kaneder se rendit, Schack composa une messe
et des litanies pour la chapelle du prince de
La Tour et Taxis. Engagé, en 1790, au théâtre
Jn der JFien, dans la capitale de l'Autriche,
comme premier ténor, il y brilla et se forma
dans l'art du chant en écoutant les excellents
chanteurs italiens Mandini, Babiui, Mom-
belli et Maffoli, qui s'y trouvaient réunis.
C'est aussi à Vienne que Schack écrivit ses
opéras : La Suite de la Cosa rara ; la Pierre
philosophale, la Gazette de Vienne; les deux
Antoine; le Tambour enchanté; le Pays des
Utopies^ etc. Il dut à ces ouvrages l'avantage
de connaître Mozart qui, allant le visiter quel-
quefois, prenait plaisir à s'asseoir à son pu-
pitre, et à jeter dans ses partitions quelques-
unes de ses abondantes idées. Schack quitta
le théâtre de Vienne, en 1793, pour aller à
Grsetz, en Styrie, où il demeura trois ans ; puis
il reçut un engagement pour le théâtre de Mu-
nich, et pour la chapelle royale. Il composa
dans cette ville six messes, deux Requiem, des
graduels, offertoires, deux cantates funèbres,
et beaucoup de morceaux de chant détachés,
dont quelques-uns ont été publiés. Schack a
cessé de paraître sur la scène en 1814. On a
gravé de sa composition l'ouverture de l'opéra
les deux Antoine, pour piano; une messe
pour quatre voix d'hommes avec orgue (Mu-
nich, Falter), la partition des deux Antoine,
réduite pour le piano, et quelques chansons
allemandes.
SCHAD (Joseph), pianiste et compositeur,
est né à Wurzbourg, en 1812. Ses parents
l'avaient destiné à l'état ecclésiastique; mais
28.
436
SCIIAD — SCIIADE
SCS heureuses (lisposilions pour la musi<|uc, el
les rapides progrès qu'il fit <ians Télude du
piano, les firent changer de rt-soliilion : il lui
fut permis de se livrer à son penchant. Après
avoir fait, à l'Institut musical de Wurzbourg,
des éludes de théorie musicale, de piano et
d'orgue, sous la direction de Frœhlich, il se
rendit à Francfort-sur-le-Mein et y devint
élève d'Aloys Schmitt; puis il voyaga dans
l'Allemagne du Rhin et en Suisse, où il se fit
entendre avec succès. Arrivé à lUorges, dans
le canton de Vaud, il y fut nommé, en 1834,
organiste et directeur d'orchestre; mais son
mérite l'a fait appeler à Genève, où il fut pen-
dant quelques années professeur de piano au
Conservatoire. On a publié récemment quel-
ques œuvres de pièces de piano de sa compo-
sition. Je connais de lui : 1» Souvenirs de la
vallée, valses expressives pour piano, op.14;
Leipsick, HoTmeister. 2" Morceau de salon sur
la Sérénade de Schubert ; pour piano, op. 23 ;
Mayence, Scholt. 3» Morceau de concert sur le
sextuor de l'opéra Lucia di Lammermoor,
op. 28; ibid. 4° Grande fantaisie sur le cé-
lèbre Te Deum de Haydn, pour piano; ibid.
5" Fantaisie brillante sur Belisario, pour
piano ; tfeid. 6° Vingt-quatre éludes faciles et
progressives pour le piano,op.31, liv. I etll;
Leipsick, Hofmeistcr. 7° Souvenirs de Mu-
nich, valse pour piano, op. 53 ; ibid. 8" Diver-
tissement sur Gemma diFergi, pour piano,
op. 34 ; Mayence, Schott. 9» La Rose des Alpes,
romance sans paroles pour piano, op. 58 ;Co-
bourg, Sinner. 10" Les Cloches de Quasi-
modo, nocturne caractéristique pour piano;
Vienne, Ilaslinger. Il» La Fierge de Dom-
remi , ballade nationale pour chant et piano;
Mayence, Schott.
SCUADE ou SCHAD (Abrahah), recteur
à Spire, naquit à SenfTtenberg, dans la der-
nière moitié du seizième siècle. Il n'est connu
que comme compilateur d'une collection de
motels d'auteurs célèbres de son temps; celle
collection est inlilulée : Promptuarii musici
sacros harmonicos sire motetos 5, 6, 7 e( 8
vocum e diversis iisque clarissimis hujus et
superioris wtatis atitehac nuuquam in Ger-
manid editis , collectas exhibentis Pars
prima, qux concenlus selectissimos qui tem-
pore hyemalis ecclesix usui esse possunt
comprehendil ; Strasbourg, 101 l,huit parties
10-4" et la partie d'orgue in-fol. Pars altéra,
qux sstivi temporis, elc, etc., concentus
eontinet; Strasbourg, 1012. Pars terlia,
1013. Pars quartu, 1010. La partie d'orgue
a Ole arrangée par Gaspard Fincenlius, or-
ganiste à Spire. Celle collection, précieuse
pour rhistoirede l'art, surtout en ce qui con-
cerne l'école allemande, renferme trois cent
quatre-vingt-quatre motets,composés par cent
vingt-trois auteurs, dont la plupart sont Alle-
mands; on peut la considérer comme faisant
suit«à la collection <te Bodenschatz, et comme
précédant celle de Donl'rid.
SCHADK (Jean), bon fadeur d'orgues, né
en Wesiphalie, dans les dernières années du
seizième siècle, s'établit à Aix-la-Chapelle, ^
vers 1028, el construisit plusieurs bons instrii-
menls, parmi lesquels on remarquait ceux des
Carmélites et des S<Burs grises de Rurc-
monde, el celui de la cathédrale d'Aix-la-
Chapelle.
SCHADE (Charles), professeur à l'école
communale de Halberstadt , né dans celte
ville en 1791, a publié, pour l'instruction
vocale dans les écoles, les ouvrages sui-
vants : 1» Darslellung einer Reihenfolge
inelodischer, rhythmischer und dynami-
scher Uebungen als Beitrxge zur Fasrde-
rung des Gesanges in Folksschulen (Projet
d'une suite d'exercices de chants mélodiques,
rhylhmiqiies et dynamiques (avec des nuances
de forte et de piano), comme essai d'une
amélioration du chant dans les écoles popu-
laires); Halberstadt, Helm, 1828, in-8» <li'
trente-cinq pages. 2" Sangebuch fUr deutsche
Folksschulen , enlhaltend die nothwendigsten
Treff-und Takt-Uebungen; nebst eine Aus-
wahl von 90 ein-, zwei- und dreislimmigeu
Liedern und 10 Kanons, etc. (Livre de chant
pour les écoles allemandes, elc); ibid.,
1828, in -4». 3» Kurze und grUndliche Ele-
mentargesang- Bildungslehre, elc. (Méthode
courte el fondamentale du chant élémen-
taire); Halberstadt, 1831, in-4''. A" Singebuch
fur Schulen, eine Sammlung zwei -drei- und
vierslimm. Lieder von verschied. Compo-
nislen (Livre de chant pour les écoles; re-
cueil de chansons de différents compositeurs
à deux, trois et quatre \o\x)ibid., 1829, iu-4».
Ce recueil a été publié par Schade, en société
avec E. H.uier. 5° fFie der Lehrer N. seine
Schule, die erste Classe einer Porfschule,
fiir den Gesang ausbildete. Oder Kurzer und
griindlicher, nicht allein gangbarer , son-
dern auch gegengener Unterrichlsweg einet
practischen Elementarlehrers in Gesangs
(Comment l'insliliiteur N. a perfectionné avec
sa méthode renseignement du chaut dans
les premières classes d'une école de vil-
lage, etc.); Halberstadl , C. BrU;:gemann,
1831 , in-^o de qualre-vingl-qualrc pages.
SCHADE — SCH^EFFER
437
6" Ueher denZtveck des Gesangunterrichts in
Sclnilen. Einladungssclirifl zur œffent-
Uchen Priifung der liœhern Burgersschule
zii ffalberstadt (Sur le but de l'enseignement
<hi chant dans les écoles communales à Halber-
stadi); ibid. , 1831, in -8».
SCHADECR (Jean), compositeur, né en
Bohême, vers 1775, s'établit à Vienne, dans
les iiremières années du dix-neuvième siècle,
et y vécut en qualité de maître de piano. Il est
raori jeune, vers 1807. Ses premières produc-
tions annonçaient un artiste distingué. On a
gravé de sa composition : 1" Trois grandes
sonates pour le piano; Vienne, Eder, 1801.
2" Trois quatuors, pour deux violons, alto et
violoncelle, op. 2, ibid., 1802. 3» Sonate
pour piano, op. 3 ; Vienne, Artaria. 4» Trois
sonates pour piano, op. 5 ; Leipsick, BreitkopC
et Haerlel. 5» Quelques thèmes variés pour le
piano.
SCHtEDEL ou SCHilîDL (Bernard),
pianiste et compositeur, vécut d'abord à Ham-
bourg, puis s'établit à Francfort-sur-le-Mein,
en (lualilé de piofesseur de piano ; il s'y trou-
vait en 1843. Une symphonie à grand orchestre
«le sa composition fut exécutée dans celle
ville, en 1842. On a gravé <le cet artiste envi-
ron cin(|iiante œuvres, <lont je ne connais (jue
celles-ci : 1" Feuilles d'Jlbum; pièces carac-
(érisli(|ucs pour le piano, dans tous les tons
majeurs et mineurs, op. 2o; Mayence, Schotl.
2» Quatre Lieder pour baryton et piano,
op. 26 ; Hambourg, Schubert. 5° Six Lieder à
voix seule avec piano; ibid. 4" Ancien chant
allemand, à voix seule et piano; Mayence,
Scbott. 5" Chant de guerre pour un chœur
d'hommes; Olfenbach, André.
SCHiEFER (Jean-Henri), chanteur dra-
matique, né à Cassel, le 2 janvier 1782, a ap-
pris les éléments de la musique sous la
direction de Slegmann qui, plus lard, est
devenu son beau-père. Élève de Righini dans
l'art du chant, il débuta, comme baryton, au
(héàlre de la cour. Bien «|u'il y jouit d'un sort
agréable, il quitta ce théâtre pour entrer à
celui de Schwerin, où il fut accueilli avec fa-
veur. En 1810, il se rendit à llam!)0urg, et y
<léhuta avec succès dans VAxur de Salieri.
Depuis lors il n'a plus (|uitté cette ville, où il a
<)rillé pendant vingt ans. Devenu régisseur du
Uiéàlre en 1828, il y a fait preuve d'autant
<i'activité que de talent, et ([uelquefois il a
<iirigé l'orchestre avec habileté.
SCH/EFFER (maître Zaciiarie), compo-
siteur allemand, vécut vers le commencement
du dix-sciilième siècle. On a imprimé deux
psaumes à quatre voix de sa composition, à
Hambourg, en 1612.
SCII^^FFEU (Charles-Frédéric- Lotis),
né à Oppeln, le 12 septembre 1746, montra
dès son enfance d'heureuses dispositions pour
la musique. A l'âge de douze ans, il se faisait
déjà entendre dans les concerts. En 1768, il
alla étudier la jurisprudence à l'université de
Halle; et deux ans après, il alla continuer ses
études à Leipsick. Il s'y lia d'amitié avec
quelques hommes distingués, tels que Weisse,
Wieland et. Gleim. Après un court séjour à
Francfort, il se rendit à Breslau, et y fut
nommé avocat, puis notaire et commissaire
de justice pour, la haute Silésie. Il mourut h
Breslau, le 6 avril 1817. Cet amateur possédait
une belle bibliothèque de musique. Il a com-
posé : 1» Plusieurs sérénades pour trois instru-
ments. 2° Six concçrtos de piano avec or-
chestre, 1790 à 1800. 3» iralmir et Gertrude,
opéra représenté sur le théâtre du prince
d'Anhalt-Cœlhen, à Pleiss, en 1798 et en
1800. 4" OrAan, grand opéra, 1803. ^"Re-
quiem pour deux chœurs et orchestre, 1810.
SCH/EFFER (Henri), ténor du théâtre de
Hambourg, est né à Cassel, le 20 février 1808.
Ses heureuses dispositions pour la musique se
sont manifestées dès son enfance : à l'âge de
huit ans, il chanlailà vue, dans les églises, des
solos, des motets et des fugues. Vers la fin de
.sa neuvième année, il entra dans les chœurs
du théâtre. Gerstœcker el Wild, qui brillèrent
à Cassel depuis 1820 jusqu'en 1827, devinrent
ses maîtres el ses modèles. Il reçut aussi des
leçons de composition de quelques bons pro-
fesseurs. Engagé comme ténor à Magdebourg,
en 1830, il y resta dix-huit mois, puis chanta
pendant une saison à Brunswick, et enfin ac-
cepta un engagement au théâtre de Hambourg,
où il débuta, en 1852. La belle <iualiléde sa
voix, son sentiment musical et l'expression de
son chant le rendirent bientôt l'acteur favori
du public, particulièrement dans les rôles de
Cléomène, du Siège de Corinlhe, de Pylade,
dans Iphigénie en Tauride, et de don Oltavio,
dans Don Juan. Un mariage avantageux lui
a fait quitter le théâtre, en 1840, et depuis lors
il s'est livré aux travaux de la composition,
lia |)ublié trois recueils de-chants pour cinq
et six voix d'hommes, à Hambourg, chez
Bœhme. Ses compositions manuscrites consis-
tent en une symphonie, plusieurs ouvertures,
des quatuors pour deux violons, allô et basse,
el la cantate intitulée Eloge de la Concorde,
exécutée à Hambourg, le l" mars 1838.
SClIyEFFER (Auguste), com|iositeur à
438
SCH/EFFER — SCH^RTLICII
BeHin, est né le 23 août 1814, à Reinsberg,
où son père était receveur d'impàts. Dès
ses premières années, il reçut des leçons de
piano de Breyer, musicien de la chambre.
A rage de dix ans, il fut envoyé à Polsdam,
el jusqu'à l'âge de dix-huit ans, il reçut
des leçons de violon de Koch, professeur du
séminaire, et continua l'élude du piano et de
la théorie delà musique sous la direction de
l'organiste Bœltcher et du directeur de mu-
sique Schaerllich. Admis dans la maison de
Kendelssohn, en 1833, il reçut des instruc-
tions de ce compositeur, pendant qu'il fré-
quentait d'autre part l'institut de musique
religieuse et y recevait des leçons d'orgue de
l'organiste distingué Henri Birnbach. Dans
l'année 1839, il donna avec succès, au ihéâlre
Kœnigssladt, son premier opéra intitulé
Emma de Falkenstein. Vers le même temps,
il produisit aussi quelques autres ouvrages,
parmi lesquels on remarque des chants comi-
ques pour des voix d'hommes, où se manifeste
un talent original qui a fait sa réputation en
Allemagne. Les ouvrages principaux de cet
artiste sont : 1" Une immense quantité de
Lieder à voix seule avec piano, en recueils et
détachés ; 2° des chants pour des voix
d'hommes ; 3° les opéras : Emma de Falken-
stein, en trois actes, dont le livret est de
Kolzebue ; la Bergère du Piémont (Die Ilirlin
von Piémont), opéra comique , en un acte,
représenté, le 23 septembre 1841, au théâtre
royal de Berlin; Eben Recht (Le bon chemin)
opéra-comique en un acte, paroles de Charles
Blum, représenté le 28 février 1847, au même
théâtre; la belle Gasconne (Die schœne Gas-
cognerin), opéra-comique en deux actes, le
19 novembre 1852, au théâtre Frédéric-Guil-
laume, de Berlin, publié en grande partition
chez Bote et Bock, et en partition de piano,
chez Trautwein; Za nouvelle Fanchon, co-
médie en cinq actes , avec des morceaux de
musique, en 1854; José Riccardo, ou l'Es-
pagnol en Portugal, opéra-comique en trois
actes, représenté à Hanovre, le 3 mars 1857.
M. Schaeffer a publié quelques compositions
pour le piano et des danses, à Lcipsick, chez
Kistner, et à Berlin, chez Trautwein et chez
Schlesinger.
SCHyEFFER (Jui.es), compositeur, élève
de Dehn de Berlin, fut d'abord directeur de
musique de la Société académique et de l'Aca-
démie de chant à Breslau; puis, en 1855, il fut
appelé à Slrelilz, en qualité de directeur de la
musique du grand-duc, de Mecklenbourg. En
1800, il devint successeur de Rcineckv, comme
professeur de musique à l'Université de
Breslau et à l'Institut de musique religieuse
de cette ville. On a publié de sa composition
des Lieder et des chants sans paroles pour
piano, à Berlin, chez Challier.
SCIItERER (matlre MEtciiion), composi-
teur allemand, vécut au commencement «lu
dix-septième siècle. Il a publié un recueil de
pièces pour trois voix ou trois instruments,
sous le titre de Tricinia, à Nuremberg, en
1603, in-4'>.
SCHvERTLICII (Jean-Chrétie»), profes-
seur à l'école normale de Potsdam, est né à
Dresde, le 25 mars 1785. Après avoir reçu une
instruction élémentaire dans l'i'cole primaire
du séminaire de cette ville, il fut admis dans
le chœur à l'âge de sept ans pour y chanter le
soprano. Il y parvint jusqu'au grade de préfet.
.\ l'âge de treize ans, il enlra au séminaire de
Neustadt, y fit ses études, et après avoir été
fait bachelier, obtint une place de quatrième
professeur. Ses connaissances, plus littéraires
que musicales, le rendaient peu propre à oc-
cuper la place de cantor qu'il désirait; mais
par un travail assidu, il parvint à posséder
assez d'instruction sur l'orgue et le violon
pour obtenir le cantorat à Annabourg, au mois
d'octobre 1811. Dans cette position, il reprit
ses études musicales avec ardeur, et acquit une
connaissance sulTisanle <le la composition par
la lecture du Manuel de Koch. Bien que sa si-
tuation fût voisine de la misère à Annabouri,,
où il ne touchait qu'un traitement de cent
soixante-huit thalers (six cent cinquante
francs), pour nourrir sa femme et |ilusieurs
enfants, il fut presque effrayé quand on lui
offrit la place de professeur de musiciue à
l'école de Potsdam, quoiqu'il y dût trouver
de grands avantages. D'après les explica-
tions qui lui furent données, il accepta sa
place au mois d'aoïU 1817 : il l'occupait en-
core en 1840. Le 23 août 1842, Schœrtiich fut
nommé membre honoraire de la Liedertafel
(Société de chant), fondée par Zelter, et
en 1844^ il en devint directeur de musique.
Enfin, en 1852, il fut nommé directeur de
musique de la Liedertafel de Potsdam. I!
fêta, en 1850, lecinquantième anniversaire de
sa carrière dans l'enseignement et reçut à
celle occasion la décoration de l'ordre de
l'Aigle rouge de quatrième classe. Cet artiste J
respectable est mort à Potsdam, le 29 se|M
tembre 1859. On a de lui : 1" Chants poii
trois voix d'hommes; Hambourg, Chrislianf|
2" Neues Chorulbuch fiir Biirger uni
Landschulcn { Nouveau livre choral poul
SCH.ERTLICH - SCHAFHOEUTL
439
I
les écoles des villes el <le la campagne),
Potsdam, Riegel, 1827^ in-8». La rleuxième
édilion a paru en 1829, el plusieurs autres ont
été publiées postérieurement. 3» Trois suites
de chansons de tahle, ibid. 4" Leitfaden bei
dem ersten Unterrichten im Gesxnge (Guide
pour l'instruction primaire du chant); ibid.,
1830. 3» Umfassende Gesxngschule fur den
Schul- und Privatunterricht (Nouvelle mé-
thode de chant pour l'enseignement public
et particulier), première partie; Potsdam,
Riegel, 1832, deuxième idem; ibid., 1833.
G° Sammhmg van 500 Uebungsstiicken
beim Gesany-Unterricht (Recueil de cinq
cents exercices pour l'étude du chant); ibid.,
1852, grand in-S». 7" Harmonielehre, etc.
(Méthode d'harmonie) ; ibid., 1839, première
et deuxième parties, in-8". 8» Der liturgische
Chor nach seiner aussern und innen Ein-
richtung, etc. (Le chœur liturgique suivant
son organisation intérieure et extérieure);
ï6id., 1839. 0" Quatre chants pour quatre voix
d'hommes; Berlin, Bote et Bock. 10° Méthode
de chant pour l'instruction dans les écoles et
dans l'éducation privée (en allemand); Pots-
dam, Riegel. Trois éditions de cet ouvrage ont
été publiées. 11" Livre choral évangélique,
avec des préludes et des conclusions pour
l'orgue (en collaboration avec Lange); Pots-
dam, Riegel.
SCH^TZEL (Pauline DE), devenue en-
suite madame DECKEK, est née à Berlin,
en 1812, et débuta au théâtre de cette ville, en
1828, dans le rôle d'Agathe du Fréyschiitz,
avec un brillant succès. Les journaux de cette
ville retentirent bientôt d'éloges remplis d'en-
Ihousiasme pour ses qualités personnelles; ils
vantaient sa beauté, sa jeunesse, le timbre de
sa voix, le brillant de sa vocalisation, l'ex-
pression el la noblesse de son jeu. Elle parut
avec le plus grand succès dans Fidelio ,
dans le rôle dilïlcile de donna Anna (de
Don Juan), et enfin dans celui de Rosine, du
Barbier de Séville. C'est dans cet ouvrage
qu'elle a pris congé du public en 1832, s'étant
retirée alors de la scène pour épouser M. Dec-
ker, imprimeur de la cour. Depuis lors elle
ne s'est fait entendre que comme amateur dans
quelques concerts.
SCIIAFFEIN (HEsni) , compositeur qui
vivait vers le milieu du seizième siècle, naquit
en France, de parents nobles, comme on le
voit par le titre d'un de ses ouvrages. On con-
naît de lui : 1» MadriguU a qualtro voci a
note nègre; Venise, 1549, in-4'' obi. 2° Mo-
/e«« a 5 uocî; /«6. /et ij6. //; ibid.,1363, 10-4».
Des motets de H. Schaffen se trouvent dans le
cinquième volume de la rarissime collection
intitulée : Evangelica Dominicorum et fes-
torum dierum musicis numeris pulcherrimi
comprehensa et ornata; Noribergx , in
officina Jean. Montani et Ulr. Neuberi,
1534-1556, 6 vol. 10-4», obi.
SCHAFFIXEU (Nicolas-Albert), né en
Silésie, vers 1790, apprit, dès sa jeunesse, à
jouer de plusieurs instruments, particulière-
ment du violon et de la clarinette, sur lesquels
il acquit un certain degré d'habileté. Il vécut
quelque temps à Breslau, puis voyagea en Al-
lemagne, et arriva à Paris, en 1813, où il fut
nommé chefde musique d'un des régiments de
la garde royale; mais il renonça à cet emploi,
au commencement de 1817, pour succéder à
Alexandre Piccinni dans la place de chef
d'orchestre du théâtre de la Porte-Saint-Martin.
Il écrivit pour ce théâtre la musique des mélo-
drames et pantomimes le Prince et le Soldat;
Daniel, ou la Fosse aux lions; Jzendaï; la
Cabane de Montainard; le Maréchal de
Fillars; le Proscrit et la Fiancée; le Petit
Chaperon rouge; le Banc de sable; les Frères
invisibles, etc. Quelques désagréments lui
firent abandonner sa place, en 1821, pour
celle de chef d'orchestre du théâtre de Rouen :
il en remplit les fonctions jusqu'en 1834.
L'année suivante il avait quitté ce poste, mais
on ignore ce qu'il est devenu depuis ce temps.
Artiste laborieux, SchafTner a publié beau-
coup de musique d'harmonie pour instruments
à vent, composée ou arrangée par lui, et des
morceaux pour divers instruments. Ses prin-
cipales productions sont : 1" Divertissement
militaire à douze parties; premier et deuxième
livres, Paris, Schonenberger. 2" Suites d'har-
monie à quatorze parties; 1, 2, 3, Paris, Petit.
3" Quatuors concertants pour flûte, clarinette,
cor et basson, op. 5, 7, 9; Paris, Ph. Petit.
4° Air varié pour violon et orchestre; Paris,
Ganibaro. 5° Duos pour deux violons, ibid.
G" Quelques solos et airs variés pour flûte.
7' Idem pour clarinette. 8» Six trios pour
clarinette, cor et basson; liv. 1 et 2, Paris,
Gambaro. 9» Duos pour deux clarinettes,
op. 16 et 17; Lyon, Arnaud. 10» Trios pour
violon, alto et violoncelle, op. 10; Paris,
A. Petit.
SCHAFHOEUTL (le docteur Charles),
conservateur de la Bibliothèiiue royale et pro-
fesseur de physique à l'université de Munich,
a publié, sous le pseudonyme de Pellisow,
quelques bons ouvrages sur des sujets relatifs
à l'acoustique et à la musique. Ces opuicules
441
SCIIAFHOEUTL — SCIIALL
onl pour lilres 1» Théorie gedechtcr cylindri-
scher und konischer Pfeifer und der Quer-
flœten. Der Beitrsege zur Théorie einiger
inusikalischen Instrumente (Théorie des
tuyaux ((l'orgue) houchés cylindriques et co-
niques, et de la flûte traversière); dans les
Nouvelles annales de Chimie, t. VIII, el
lire à part; Ilalle, Anton, 1833, in-8" de
trente pages, avec une planclie. 2" Ueber
Schall, Ton, Knoll und einige andere Gegen-
stxnde der Akustik (Sur le son, Pinlonation,
le retentissement, et quelques autres ol)jets de
l'acoustique); dans les Nouvelles Jnnales de
chimie, t. IX, et tiré à part; Halle, Anlon,
1834, in-8» de vingt et une pages. 3» Ueber
den Kirchen-Musik des kalolischen Cullus
(Sur la musique d'église du culte catholique),
dans la Gazette générale de musique de Leip-
sick, trente-sixième année, p. 721 et suiv.
M. Schafhoputl fil partie du jury pour les in-
struments de musique à l'exposition univer-
selle de Londres, en 1851, et à l'exposition
universelle de l'industrie allemande, à Mu-
nich, en 1854. Il a fait sur les instruments de
musique de celle-ci, un savant rapport (qua-
trième classe) renfermé dans les pages 53 à
224 du rapport général, et qui a pour litre :
Bericht der Beurtheilungs Commission bei
der allgemeinen teutschen Industrie- Jus-
stellung zujyiinchen,]Sï)4. IV. Ueber musi-
kalische Instrumente von Dr.K. Schafhœutl,
gr. in-S"; Munich, Geoiges Franz.
SCHAFRATH (Christophe), musicien de
lachamhrede la princessse Amélie de Prusse,
sœur de Frédéric II, naquit en 1709 à Hohen-
stein, près de Dresde, et mourut à Berlin,
le 17 février 1763. Savant musicien, il a formé
plusieurs des meilleurs chanteurs, claveci-
nistes et compositeurs allemands de son
temps. Il a publié : 1" Six duos pour clavecin
et violon ou flùle, op. 1 ; Berlin, 1752. 2» Six
sonates pour clavecin seul, op. 2; ibid.,
1754. Le catalogue de Breitkopf indique aussi
en manuscrit, de sa composition, trois sym-
phonies pour l'orchestre ; six trios pour flûte,
violon et basse, el six sonates pour piano. La
Bibliothèque royale de Berlin possède le ma-
j nuscrit original de douze soles pour clavecin,
de cet artiste.
SCUALE ('CHRÉTiEW-FnÉDÉRic), musicien
de la chambre du roi de Prusse, el organiste
de l'église principale de Berlin, naquit à
Brandebourg, en 1713. Rolle, organiste de
celle ville, fut son premier maiire de musique.
A l'âge de seize ans, il entra à l'école de Mag-
debourg, d'où il passa à l'université de Halle,
en 1732, pour y suivre un cours de droit.
Trois ans après, le margrave Henri de Bran-
debourg le prit à son service, en ([ualilé de
violoncelliste de sa chambre. En 1742, Fré-
déric II le fit entrer dans sa musique, oii
Schale fut attaché pendant quarante ans. Il
obtint la place d'organiste de l'église princi-
pale de Berlin, vers 17C0 ; il était alors consi-
déré comme un des meilleurs organistes el
clavecinistes de l'Allemagne, el comme un
compositeur distingué. Il a fait imprimer, à
Nuremberg, trois œuvres de sonates de clave-
cin, depuis 1750 jusqu'en 1759. Ses préludes
pour l'org*ie, publiés en quatre recueils, à
Berlin, depuis 1791 jusqu'en 1796, in-fol.
oblong, sont considérés comme son meilleur
ouvrage. Les catalogues de l'Allemagne indi-
quent aussi en manuscrit, de la composition
de cet artiste, des symphonies à grand or-
chestre, des concertos pour le clavecin, des
trios et des solos pour divers instruments. Il
mourut à Berlin, le 2 mars 1800, à l'âge de
quatre-vingt-sept ans.
SCHALEIMRErSTER (Paul), composi-
teur allemand du seizième siècle, a écrit, en
société avec Agricola, les mélodies des canti-
ques de Georges Thymius, publiées à Zwickau,
en 1553.
SCIIALL (Olacs), né à Copenhague, vers
1756, a été considéré, en Danemark et en
Allemagne, comme un violoniste distingué et
comme un compositeur de mérite. i^près avoir
fait plusieurs voyages et s'être fait entendre
avec succès à Hambourg, à Berlin, à Dresde,
à Francfort, à Paris et en Italie, il retourna
dans sa patrie, où le roi le nomma maître de
concert, et le créa chevalier de l'ordre de Da-
nebrog. Schall a formé une bonne école de
violonistes, dont la plupart sont entrés dans la
chapelle royale. Il est mort à Copenhague, en
1836] dans un âge avancé. Dans sa jeunesse,
il s'était distingué par la composition de quel-
ques ballets. Ses principaux ouvrages en ce
genre sont : 1" L'Idole de Ceylan, repré-
senté en 1789, et gravé en partition pour le
piano; Copenhague, 1780. 2" Grand ballet
pour Tannivcisaire de la naissance du roi, en
1800. 3" Seyfried , grand ballet, en 1802,
A" Le Chanoine de Milan^ opéra en deux
actes. Parmi ses compositions instrumentales,
on remar<|ue : 5" Concertos pour le violon,
n" 1, 2,3,4, 5; Coi)cnhague et Paris. 0°Duo8
pour deux violons, o|i. 1, 2; Paris, PIcyel,
Sieber. 7° Études de l'archet et du doigter pour
le violon; Ham!)0iirg, Bœhme. 8" Quelques
danses pour l'orchestre.
SCIIAMBACH — SCHÂUENSËE
441
SCIIAMBACH (Jean -Christophe), sa-
vant allemand du dix-seplième siècle, a pu-
blié une dissertation intitulée : Deveteris re-
centisque eccles. hymno Te Deum laudamus;
■Wittenberg, 1686, in 4".
SC1IA1IELIUS (Jean-Martin), né àMeu-
selwitz, dans le duclié d'Altcnhourg, le 5 juin
1668, remplit, pendant (|uelques années, les
fonctions de magister dans ce lieu, après avoir
achevé ses études; puis il demeura à Hambourg,
en 1702, et fut appelé, l'année suivante, à
Naumbourg, où il fut nommé pasieur en 1708.
Il mourut en celle ville, le troisième jour de
Pâques de l'année 1742. On a de lui deux ou-
vrages intéressants sur le chant de l'Église ré-
formée, particulièrement en ce qui concerne
son histoire. Le premier a pour titre : Fin-
dicix cantionum S. Ecclesix evangelicx ,
(las ist , Iheologische Rettung und Beant-
wortung einiger schvoerscheinenden Stellen
der evungel. ceffentl. Kirchengesxnge, etc.
(Défense et explication évangélique de (|uel-
<|ues passages difllciles de chants de l'Église
réformée, etc.) ; Leipsick, 1719, in-8" décent
cinquante-deux pages; deuxième partie, pre-
mière édition, 1715, in-8''de deux cent trente-
neuf pages. L'autre ouvrage de Schamelius est
iutitulé : Evangeliicher Lieder Commenta-
rius, darinnen vornehmlich die alten Kir
chenund Kernlieder des Sel. Luther i und
nnderer Thtologen, etc. (Commentaire des
chants évangéliques, renfermant principale-
ment les anciens chants d'église de feu Luther
et d'autres théologiens, avec des remarques) ;
Leipsick, 1737, in-S» de sept cent seize pages.
On y trouve une hisloire abrégée des hymnes
de l'Église évangélique (p. 61-148). La
deuxième partie de ce livre a paru à Leipsick,
dans la même année, in-8» de quatre cent
quatorze pages.
SCUAPLER (Jdles), maître de concert à
Wiesbaden, en 1840. La Société musicale de
IWanheim ayant ouvert un concours dans cette
mémo année pour la composition d'un qua-
tuor pour des instruments à archet, ce fut
Schapler qui obtint le prix. Son ouvrage a été
publié sous ce titre : Preis-Quartell fiir zwei
violinen, viola ttnd violoncellOy von, etc.;
Manheim, llcckel. On connaît du même ar-
tiste : Anden Fruhling, Lied pour soprano,
I ténor ou basse, avec accompagnement de
piano et violoncelle ; ibid.
SCHAUBEAU (Henri), né à Lubeck, le
25 mai 1689, fut nommé prédicateurde l'église
Sainte-Marie de cette ville, en 1717. Parmi
ses ouvrages, il en est un qui a pour titre :
Observaliones sacrx; Lubeck, 1751-1703,
deux volumes in-4". On y trouve une disserta-
lion inliiulée : De ministerio musices sacra:
solis viris vindicalo (t, II, p. 219-244). Elle
est dirigée contre Calmel qui, dans son Trésor
des antiquités sacrées et profanes, avait dit
que les femmes prenaient part à la musique
dans le temple de Jérusalem.
SCHATTEI^BEBG (Tiioxas), de Flens-
bourg, fut organiste au temple de Sainl-Ni-
• colas, à Copenhague, dans la première moitié
du dix-septième siècle. On a de sa composi-
tion : ^'' Jubilus S. Rernhardi de nomine
Jésus quatuor vocibus decantatus: Copen-
hague, 1620, in-4". 2" Cantiones sacrx qua-
tuor vocibus decantandx; Slellin , 1623,
in-4".
SCHAUENSÉE (Fbahçois- Joseph-
Leonti-Meyer DE), organiste du monastère
deSaint-Léodgar, à Lucerne, naquit en cette
ville, le 10 août 1720. A l'âge de cinq ans, il
apprit les éléments de la musique et hicnlAl
après il commença l'étude de l'orgue, sous la
direction de Mtlller, organiste du couvent de
Saint-Léodgar, à <|ui il succéda plus tard.
Après six années d'études sous la direction de
ce maître, son éducation musicale se trouva
assez avancée pour qu'on lui confiât l'orgue
du monastère, dans les plus grandes solenni-
tés. En 1731, sesparenis l'envoyèrent chez les
bénédictins de l'abbaye de Saint-Jean, près
de Saint-Gall, pour qu'il y continuât ses hu-
manités. N'y ayaoi pas trouvé <roi'gue, il s'y
livra à l'étude du clavecin, du violon, du vio-
loncelle, et, quelques années après, se mil à la
lecture des meilleurs traités de théorie et de
composition. Il avait atteint l'âge de dix-neuf
ans lorsqu'il crut se sentir de la vocation pour
la vie monastique, et il entra au couvent de
Saint-Urbain, de l'ordre de CIleaux, pour y
faire son noviciat ; mais le peu de prix qu'on y
attachait à la musique le dégoûta bientôt de
son nouvel état. Il retourna chez ses parents,
et peu de temps après, il partit pour l'Ilalie.
Après avoir passé dix -sept mois à Milan, dans la
société des meilleurs artistes, et y avoir com-
jmsé ses premières sonates de clavecin, il en-
tra comme enseigne dans le régiment suissede
Keller, qu'on venait de former pour le service
du roi de Sardaigne, et fil en celle qualité les
campagnes de 1742 et 1745. Pendant que ce
régiment était en garnison à Turin, il com-
posa, pour la fête de son colonel, un petit
opéra qui fut représenté avec succès à Ca-
gliari. Il se chargea aussi de la composition
d'un Te Deum pour célébrer une victoire rem-
442
porlée sur les Espagnols; enfin, il tciùvitpour
la cour un nuire opéra, \ny\l»\c Applmisi feslo-
51, qui ne fut pas moins bien accueilli, en 1742.
Ayant élé fait prisonnier près de Nice, peu de
temps après, il obtint la liberté sur sa parole
et retourna dans ses foyers. Sa famille lui fit
obtenir une charge de magistrature dont il
remplit les fonctions pendant quelque temps;
mais son ancienne vocation pour la viemonas-
lique s'élant réveillée, il fit ses vœux an cou-
vent de Saint-Léodgar, ou il succéda à son-
ancien mailre Millier, dans la place d'orga-
niste. Il vivait encore dans ce monastère en
1790, mais on n'a plus de renseignements sur
sa personne depuis cette époque. On a im-
primé ou gravé de sa composition : I. Pour
l'église 'A' De semine bono, quarante motets
pour soprano et contralto, avec accompagne-
ment, 1748. 2» Obeliscïts musicus, contenant
des offertoires à quatre voix, 1752. ô" EccUsia
triumphans in campo, œuvre composé de
Te Deum, Tanîum ergo, Fidi aqtiam, as-
perges, et Stella cœli, op. 3, 1753. 4" Ponti-
ficale Romano-Constantiense musicum, seu
Missx Vn breviorcs, etc., op. 4 ; Augsbourg,
1750, in-fol. 5» Canticn doctoris, seu anti-
phonx Marianw XXXII nempe XI f Salve
Regina, FI Aima Redemptoris , FI Ave
Regina, et FUI Regina cœli, etc. ; Augs-
bourg, 1756, op. 5, in-fol. G" Phoebus musi-
cus seti vesperx IF, op. 7; ibid., 1757.
II. PocR LE TiiKATRE : 7» // Trionfo délia
Gloria^ 1743. 8" // Palladio conservato,
1743. 9" Applausi festosi délia Sardegna,
1744. Tous trois en Sardaigne. 10" Horttis
conclusus , cantate à voix seule, 1745.
11° L'Ambassade du Parnasse, opéra alle-
mand, à Lucerne, 1746. 12° La Fêle de la
Paix, ibid., 1751. ^Z" Brutus, opéra sérieux
avec intermèdes, ibid., 1753. 14" La Bourse
de l'avare perdue, opéra-comique, ibid.,
1754. m. MCSIQUE DE CHAMBRE: \ii" Pon-
theon musicum, recueil de bult concertos
pour l'orgue on le clavecin, avec accompagne-
ment; Augsbourg, 1757, op. G. 10» Tabellarius
musicus, renfermant six symphonies à quatre
parties, op. 8; ibid., 1757. 17» Concerli ar-
monici d'organo e di cembalo conccrtati colli
accompagnamenli, op. 4; Nuremberg, 1754.
18" Omne trinumper/'eclum,can[aicà quatre
voix avec instruments; Sainl-Gall, 1703.
19° Par nobile fralrum, etc.; idem, op. 7,
ibid; 1763. Schauensée a laissé en manuscrit
des messes, offertoires. Te Deum, vêpres,
hymnes, Magnificat, litanies, Miserere, an-
tiennes, Requiem, un œuvre de concertos
SCHAUENSÉE — SCHAU.AI
pour l'orgue et le clavecin, dix-huit sonate»
pour, ce dernier instrument, el un œuvre de
symphonies.
SCHAUER (Charles), cantor à l'église de
Jérusalem, à Berlin, né à Furstenwalde, le
3 décembre 1806, se rendit à Berlin, en 1821,
et y reçut les leçons de Zelter, puis deviJit
élève deGrell,enl823,et continua sous sa di-
rection ses études d'orgue, d'harmonie et de con-
trepoint jusqu'en 1830. Vers la même époque,
il fréquenta l'école de musi(|ue religieuse, où il
perfectionna ses connaissances sous les pro-
fesseurs Grcll, A. -Guillaume Bach etL. Heli-
wig. En 1825, il était entré comme choriste au
théâtre Rœnigstadt. Deux ans après, il
obtint la place de préchanlre à J'église Saint-
Nicolas, de Berlin, et en 1829, il abandonna
sa place du théâtre Kœnigsladt pour celle de
cantor à l'église de Jérusalem. En 1830, il
remplaça Grell et Zelter comme directeur de
l'école judaïque et succéda à B. Auerbach, en
qualité de professeur de chant de la même in-
stitution. On lui doit : 1»La publication d'un
recueil de chants de divers auteurs, divisé
en deux suites, et intitulé : Markische Lieder
Sammlung fiir Schulen; Berlin. 2" Chants à
deuxet trois voix, à l'usage des écoles de la cam-
pagne, des gymnases et des séminaires; ibid.
SCHAUL (Jean-Baptiste), musicien de
la cour du roi de 'Wurlemberg, mort à Slutl-
gard, le 23 août 1822, était en même tem|is
professeur de langue italienne, et a publié di-
vers ouvrages concernant la grammaire de
cette langue. On a de lut un écrit intitulé :
Briefe iiber den Geschmack in der Musik
(Lettres sur le gortt dans la musique); Carls-
rube, 1809, in 8° de cent i)ages. On y trouve
quelques notices sur des musiciens, négligés
dans le premier Lexique de Gerber.
SCHAUM (J. O.-II.), né en Silésie, fut
d'abord auditeur à Ilirschbcrg, puis à Berlin.
Il vécut quelque temps à Breslau, el s'y fitre-
mai-quer comme amateur dislingué en diri-
geant, le 5 avril 1804, l'exécution du Pater
noster de Naumann, au profit des pauvres,
par un orchestre de quatre-vingts personnes.
Il a fait représenter, en 1795, au théâtre du-
cal d'Oels, Jcry et Balely, opéra de sa com-
position. Il avait écrit un autre opéra intitulé
/-e//a, qu'il se proposait de faire représentera
Breslau, mais qui ne parait pas avoir été joué.
On a gravé de sa composition : 1° Kriegslie-
der, zum besten verwandeter Kricger lier-
awsflreg'efce» (Chansons de guerre avec accom-
pagnement de piano, clc.) ; Ilirschbcrg,
Thomas. 2» Chants et chansons à voix seule
SCHALM - SCHECIINER-WAAGEN
HZ
avec piano; Breslau, Grass, elc. S" Canons à
trois voix; Berlin, Schlesinger. Schaiim a tra-
duit en allemand le traité de la construction
des instruments à archet, i)ar Bagatella
[voyez ce nom), sous ce titre : Ueber den Ban
der Fiolinen, Bratschen, FiolonccUs itnd
Violons; Leipsick, Rlthnel (sans date), in-4"
de vingt pages, avec deux planches.
SCIIAUTZ (Mathieu), fadeur de pianos à
Augsbourg, naquit à Sonlheim sur la Brcnz,
en Bavière, vers le milieu du dix-huitième
siècle. Élève de Georges-André Stein, il a fa-
briijué des instruments qui soutenaient In
comparaison avec ceux de son maître. Il s'est
fixé à Augshourg, en 1783.
SCIIEBSÏ ou SCIIEBEST (Acnés),
cantatrice allemande d'un talent distingua,
est née à Vienne, le 15 février 1813. A l'âgede
deux ans, elle fut transportée par ses parents à
Alexandrie (Piémont), d'où ses parents étaient
originaires. Son père, officier dans l'armée au-
trichienne, avait été Messe par l'explosion
d'une mine dans la démolition d'un ouvrage
de fortification; un événement semMable lui
donna la mort, en 1815; et sa femme partit
pour la Bohême. A r.^ge de quinze ans,
Agnès Schebsl, dont la belle voix de mezzo-so-
prano commençait à se développer, se rendit
à Dresde, s'y livra à l'étude <lu chant, et ma-
dame Werdy , bonne actrice allemande, fut
chargéede lui enseigner la déclamation. .Après
quelques années de travail, Agnès débuta à
Dresde, dans le rôle de Benjamin, de l'opéra
de MéhuI intitulé Joseph. Le succès qu'elle
y obtint la fit engager, en 1832, à l'Opéra de
celte ville, puis elle chanta à Pesth. Rappelée
à Dresde, elle y fit remarquer les progrès de
son talent, et reçut ensuite un engagement
pour Vienne. En 1837, elle était à Carlsruhe,
où elle produisit une profonde impression par
la perfection de son talent dramatique. En
1841, mademoiselle Schebstcommença à voya-
ger, parcourut l'Allemagne, une partie de la
France, l'Italie et la Suisse: partout elle eut
de grands succès et souvent excita l'enthou-
siasme du public par l'expression de son jeu et
le charme de sa voix. Ce fut dans cette même
année 1841 qu'elle épousa David-Frédéric
Strauss, auteur de la Fie de Jésus. Fixée plus
lard àStnllgard, elle a quitté le théâtre et de-
puis lors a vécu dans la retraite. En 1857; elle
a publié sa biographie, éci'ite par elle-même,
sous ce titre : Leben einer Kunsllerin (Vie
d'une artiste) ; Stuttgard, un volume in-S».
Cet ouvrage, écrit d'un style charmant, est
plein d'intérêt.
SCHECUINGER (Jean), organiste de la
cour de Munich, vivait en cette ville, vers le
milieu du seizième siècle. On voit par les
comptes de la cour qu'il recevait trente florins
annuellement pour les leçons de clavicorde
(|u'il donnait aux enfants du duc Albert V. II
a publié un recueil de chansons |)rofanes
à quatre voix, à Nuremberg, en 1549, in-4°
oblong.
SCIIECHNER - WAAGEN (Nahette),
célèbre actrice de l'Opéra allemand, est née à
Munich, en 180(5. Les premières leçons de
chant lui furent données par un acteur nommé
Weber, et ses premiers pas sur la scène se
firent dans le chœur de l'Opéra italien. Une
circonstance heureuse la tira de cette position,
et fit connaître de quoi elle était capable, lors-
que madameGrassini, arrivant à Munich, vou-
lut se faire entendre dans des scènes détachées
<h;s Horaces, de Cimarosa. N'ayant trouvé
personne au théâtre qui put remplir le rôle de
Curiace, elle se rendit à l'école de chant, et y
fit choix de mademoiselle Schechner. Effrayée
d'une entreprise si hasardeuse, celle-ci ne parut
sur la scène(|u'en tremblant; mais dès les pre-
miers sons de sa belle voix, un murmure d'ap-
probation l'encouragea, et son succès fut com-
plet. Devenue sa protectrice, la reine de Ba-
vière lui donna un maître de langue italienne,
et la fit instruire dans le chant par le maître
de chapelle Orlandi, et par l'excellent chan-
teur Ronconi. Le premier rôle qu'elle chanta
fut celui de la comtesse dans les Nozze di
Figaro. Après deux années passées à rO|iéra
italien de Munich, elle se rendit à Vienne, où
elle fut peu remarquée, n'y ayant chanté que
des seconds rôles dans des ouvrages peu ana-
logues à la nature de son talent. Enfin, en
1827, à l'âge de vingt et un ans, elle prit la
résolution de quitter la scène italienne pour
chanter l'opéra allemand, et elle accepta un
engagement au Théâtre-Royal de Berlin. Elle
y parut la première fois dans le rôle d'Emme-
line de la Famille stiisse. Son nom, à peine
connu dans l'Allemagne du Nord, n'avait pu
triompher du désavantage d'une représenta-
tion donnée le dimanche, par un beau jour
d'été : il y avait peu de monde dans la salle
pendant le premier acte de l'opéra; mai»
l'élonnement qu'avaient fait éprouver à l'au-
ditoire la beauté de son organe, son intelli-
gence et sa véhémence dramatique, furent
causes que les spectateurs se répandirent pen-
dant l'entr'acte dans les cafés et sur la place,
et y parlant avec enthousiasme de ce qu'ils ve-
naient d'entendre, amenèrent la foule dans la
444
SCIIECHNER-WAAGEN — SCIŒIDE
salle pendant le second acle. Des acclamalions
unanimes firent connailre à la canlaliief
qu'elle n'aurait bientôt plusde rivale à l'Opéra
allemand. Ficlelio, fphigénie en Taun'de et
la F'estalehù fournirent des occasions de faire
apprécier la flexibilité de son talent et l'éner-
gie de son âme. Un séjour de <|iiel(iues mois à
Berlin avait siilTi pour Tonder la réputation de
mademoiselle Schcchner et, pour la faire con-
sidérer comme une des meilleures cantatrices
([u'ait eues la scène allemande. De retour à
Munich, elle y fut malheureusement bientôt
atteinte d'une maladie nerveuse qui la tint
longtemps éloignée du théâtre. Sa voix en re
fut une atteinte sensible, et lorsqu'elle se fit
entendre à Berlin, <lans quelques représenta
lions, la diminution de ses moyens d'exécu-
tion frappa ses plus ardents admirateurs. Les
progrès de sa maladie de nerfs l'ont obligée à
se retirer en 1835, et depuis lors elle n'a plus
paru sur la scène.
SOUED ou SCHEDIUS (Paul-Mkmsse),
conseiller, professeur et bibliothécaire à llei-
delberg, naquit le 20 décembre 1559. Après
avoir fini ses éludes, il reçut de l'empereur
Ferdinand I""", en 1564, le titre de poète cou-
ronné. Il mourut subitement à Ileidelberg, le
ô février 1G02, laissant en manuscrit beaucoup
(le compositions pour l'église, dont on faisait
encore usage en 1656, suivant la chronique de
Zwickau.Gerber cite sous son nom, d'après la
Bibliolheca classica de Draudius (p. IGIô),
un recueil de motets, sous le UiveAeCantiones
musicae miscellanex quatuor et quinquevo-
cum (Wittenberg, 1566, in-4o).
SCHEDLICII (Jacques), compositeur al-
lemand, vécut dans les premières années du
dix-septième siècle. Il a publié un recueil de
musique intitulé : Magnificat et intonationes
precum vespertinurnm, sur les huit tons de
l'église, à quatre voix ; Leipsick, 1613.
SCIIEDLICH (David), compositeur et or-
ganiste de Saint Laurent, à Nuremberg, vers
le milieu du dix-septième siècle, a publié un
œuvre de musique instrumentale intitulé :
Musikalisches Kleeblalt, bestehend in Bal-
letten, Couranten und Sarabanten (Feuille
de trèfle musicale, consistant en ballets, cou-
rantes et sarabandes pour deux violons et
violette); Nuremberg, 1665, in-4''obl.
SCIIEFEIV (JcAN-GuiLLAUnE), musicien
de ville à Ueberlingen, dans le grand-duché
de Bade, a fait imprimer de sa composition des
messes à deux et trois voix avec orgue (Ueber-
lingen, 1076, in 4").
SCUEFFEU (Maiitin), et selon Lipcnius
{Dibl. philos., XI. 976), SCIIEFER, cantor à
l'école de Minden, au commencement du dix-
septième siècle, est auteur d'un traité de mu-
sique intitulé : Sylvulx musicx libri duo;
Ilildesheim, 1605, in^S». La nature de cet ou-
vrage, devenu fort rare, n'a été connue ni de
Forkel, ni de Gerber <iui l'ont cité.
SCUEFFEU (Paul), musicien allemand,
né vraisemblablement en Silésie, vécut au
commencement du dix-septième siècle. Il a
fait imprimer de sa composition : 1" Lib. I et
11 melodiarum biblicarum, quinque et sex
vocum, Breslau, 1619, in-4». 'H" Xfl Entrées
et courantes, avec un canon à six parties;
ibid.,1619, in-4°.
SCIIEFFER (llENRi-TnÉoPHiLE), né à
Stockholm, en 1710, se distingua dans les ma-
thématiques et dans la physique, particulière-
ment dans leur application aux arts. Admis
dans l'Académie «les sciences de Suède, il
fournit à cette société savante beaucoup de
mémoires, parmi lesquels on remar(|ue une
Comparaison mathématique des rapports
naturels des sons entre eux, insérée dans les
mémoires «le l'Académie royale de Stockholm
(tome X, page 59). Scheffer mourut dans la
capitale «le la Suède, en 1759.
SCUEFFER ( Jean - Théophile - Guil-
laume), facteur d'orgues à Brieg, dans la Si-
lésie, vécut au milieu du dix-huitième siècle.
En 1752, il a construit l'orgue de l'église ré-
formée de Breslau, comi)Osée d« trente jeux,
puis celui de Rlein Oels, près de Brieg.
SCUEIBE (Jean), facteur d'orgues à Leip-
sick, dans la première moitié du dix-huitième
siècle, a construit, en 1715, le bel orgue de
cinquante-quatre jeux, dans l'église des Fau-
linsde cette ville. Plus tard, il fit aussi celui
de Saint Jean qui, bien que composé seulement
de vingt deux jeux, a été «léclaré parfait par
Jean-Sébastien Bach et le facteur Hildebrand,
qui en avaient été nommés les examinateurs.
SCUEIBE (Jean-Adolphe), fils du précé-
dent, na«|uit à Leipsick, en 170.S. Doué d'heu-
reuses dispositions pour la musi(iue, Il coin-
mença réltide de cet art dès l'âge «le six ans.
A la même épo(|tie, il eut le malheur de perdre
l'œil droit par l'inadvertance d'un ouvrier,
dans l'atelier «le son père. A neuf ans, il se
livra à l'étude du clavecin, mais il ne put le
l'aire d'une manière suivie «(u'après avoir
atteint sa quatorzième année. En 1725, il
suivit les cours de droit de l'université, après
avoir achevé ses humanités au collège de
Saint Nicolas; mais bientôt la ruine de son
lièrc l'obligea à les abandonner pour la mu-
SGHEIBE
si(|iio, qui lui offrait des ressources pins im-
médiales. Il reprit donc avec ardeur ses exer-
cices sur le clavecin et sur l'orgue, dans l'es-
poir d'obtenir une place d'organiste. Plusieurs
devinrent vacantes à Leipsick, mais malgré
ses efTorls il ne put parvenir à en obtenir une
seule. Uésespéranl de réussir <Ians cette car-
rière, il crut qu'il serait plus heureux dans la
composition, qui partagea ses travaux avec la
Hiéorie de la musique. Après avoir donné pen-
dant quelques années des leçons de clavecin à
Leipsick, il fit, en 1735, un voyage à Prague
et à Gotha. Après un court séjour à Sonders-
hausen,il se rendit à Hambourg, dans l'espoir
«l'y èlreemidoyé comme compositeur à l'Opéra;
mais ce spectacle ayant été fermé peu de temps
après, Scheibe entreprit la publication d'un
écrit périodique intitulé le Musicien critique,
dansres|)oirquela littérature de l'art lui serait
plus utile que l'art lui-même. Malgré quelques
tracasseries, la fortune sembla lui devenir plus
favorable, en 1740, qu'elle ne l'avait été jus-
que-là, car le margrave de Bran<lebourg-
Culmbach le nomma son maître de chapelle.
Scheibe, <lans cette nouvelle position, n'inter-
rompit pas la publication de son Musicien
critique, qui souleva contre lui d'assez vives
attaques de la part de Mizier et de Schrœler,
parce (ju'il avait dit, dans un des numéros de
cet écrit, que les mathématiques sont absolu-
ment inutiles à la théorie de l'harmonie. La
réputation de savant musicien, que lui avait
procurée cette publication, lui fit obtenir, en
1744, la place de maître de chapelle du roi de
Danemark. L'année suivante, il donna une
deuxième édition du Musicien critique ,
augmentée des discussions que cet écrit avait
fait naître. Pendant lesdouzeou quinze années
qui suivirent, son sort fut heureux, et il se
livra à la composition avec beaucoup d'activité;
mais l'arrivée de Sarti à Copenhague lui fit
perdre sa position; car ses lourdes productions
ne pouvaient lutter avec la musique élégante
et facile du compositeur italien. Scheibe fut
mis à la retraite, en 1758, avec une pension
de quatre cents écus. Il vécut encore dix-huit
ans, occupé de travaux scienlifi<|ucs relatifs à
la musi((ue, et mourut à Copenhague, au mois
d'avril 1776, à l'âge de soixante-huit ans.
La plupart des compositions de Scheibe sont
restées en manuscrit : elles consistaient en
plus de deux cents morceaux de musique
d'église, cent cin(|uanle concertos pour la
flûte, composés pour le margrave de Brande-
bourg-CuImbach, trente concertos pour le
violon, soixante-dix symphonies à qualtc
parties, une multitude de trios cl de sonates
pour le clavecin, un opéra en langue danoise,
des cantates italiennes et allemandes, et beau-
coup de chansons. Tout cela parait avoir été-
dépourvu d'imagination. On n'a imprimé de
celte immense quantité d'ouvrages ([ue ceux-
ci : 1" Tre sonate per il cembalo obligato e
(Inuto traversa, op. 1 ; Nuremberg, in-fol.
2" Musikalische ErquickStunden, consistant
en six sonates pour flûte et basse continue;
Leipsick, 1729, in-fol. 3° Thusnelda, opéra
(janois en (|uatre actes, avec une préface sur
la possibilité et les qualités d'un bon opéra ;
Leipsick et Copenhague, 1749. 4" Chansons de
francs-maçons; Copenhague, 1749. 5" Can-
tates tragiques à deux voix, avec accompagne-
ment de clavecin, précédées d'une préface sur
le récitatif en général, et sur les cantates en
particulier; Copenhague et Leipsick, 1765.
6° Chansons morales pour des enfants, avec
une préface sur ce genre de compositions;
Flensbourg, 1766. Parmi ses compositions
manuscrites, son oratorio de la Résurrection
et de l'Ascension de Jésus Christ a été dis-
tingué de son temps comme un ouvrage bien
écrit.
Scheibe n'a conservé de réjiutalion que par
ses écrits sur la musique II y fait preuve non-
seulement de savoir, mais, ce qui était plus
rare de son temps parmi les musiciens, d'es-
prit d'analyse et de vues ingénieuses. Par
exemple, il est le premier qui ait dit que
l'origine de l'harmonie se trouve chez les
peuples du Nord. Cette assertion , alors si
neuve, prouvait que son auteur avait attenti-
vement examiné la question : elle ne fut cepen-
dant pas remarquée; mais peu de temps après,
Jean Jacques Rousseau la reproduisit, et les
écrivains français la traitèrent d'insoutenable
paradoxe, quoique le fait ne puisse plus être
aujourd'hui contesté. Les ouvrages de littéra-
ture musicale et de théorie publiés par Scheibe
sont les suivants : 1° Der Crilischen Musitus
(le Musicien critique), journal hebdomadaire
dont il parut soixante-dix-huit numéros;
Hambourg, 1737-1738, in -S». En 1745, il
donna à Leipsick une deuxième édition de ce
recueil, augmentée de plusieurs dissertations
et de pièces relatives aux <liscussions de l'au-
teur avec Birnbaum , Mizier et Schrœter,
quatre parties, grand in-8"de mille cinquante-
neuf pages. 2" Abhandlunfi von den musika-
lischen /ntervallen und Geschlechten (Traité
des intervalles et des genres musicaux), Ham-
bourg, 1739, in-S» de cent <|uatorze p.iges.
Dans cet ouvrage, Scheibe consiJère les inler-
UG
SCHEIBE — SCHEIBLE
valles absolument musicalement et sans aucun
rapport avec les proportions mathématiques.
5° Jbhandlung von Ursprunge und Jlter
der Musik, insonderheit der Fokalmusik
(Dissertation sur l'origine et l'antiquité delà
musique); Alloua, 17i54, in-8» de cent sept
pages, avec une préface critique de LXX p.
qui peut être considérée comme une des meil-
leures productions de Scheibe. 4" Beanttvor-
tung der utiparteïschen Jnmerkungen iiber
eine bedenkliche Stelle in dem sechsten Stiicke
des Kritischen Musicus (Réponse aux remar-
ques sur un passage important du sixième nu-'
méro du Musicien critique)] Hambourg, 1738,
in-S" de quarante pages. Les remarques aux-
quelles Scheibe répond dans cet écrit sont
celles que Birnbaum avait publiées sur la cri-
tique faite par Scheibe des compositions de
J.-S. Bach, qu'il appelle pourtant un grand
homme. C'est celte réponse qu'il inséra dans
la deuxième édition de son Musicien critique
(uoyea BinNBAUM). 5" i'c/treîfren an die Herren
Ferfass. der neuen verschiedener Schriften
zur Aufnahme und Ferbesserung der
schœnen TFissenschaften und danischen
Sprache, die in Sorœ heraus kam (Lettre aux
auteurs de l'écrit périodique publié à Sorau
sous le litre : Recueil de pièces ayant pour
objet les progrès des sciences et de la langue
danoise); Copenhague, 1765, in-8" de cin-
quante-six pages. Une cantate que Scheibe
avait composée pour la confirmation du prince
royal de Danemark, et qui avait été critiquée
dans le recueil de Sorau, donna lieu à cet écrit.
6» Abhandlung iiber das Recitativ (Disserta-
tion sur le récilalif), dans la bibliothèque
(allemande) des sciences et des beaux-arts
(tome II, pages 209-268, et tome XII, pages
217-266). 7» Ueber die musikalische Compo-
sition {Sur la composition musicale), première
partie, contenant la théorie de la mélodie et
de l'harmonie; Leipsick, Schwickert, 1773,
un volume in^" de six cents pages, avec une
bonne préface historique et critique de LX
pages. Cet ouvrage devait avoir quatre vo-
lumes; mais la mort de l'auteur ne lui permit
pas de l'achever. Dans le volume publié,
Scheibe traite des intervalles, de l'harmonie à
trois et à quatre parties, de la tonalité, de la
modulation, de la mesure et du rhylhme. On
y trouve une longue analyse du système de
Rameau, un bon morceau sur la comparaison
de la tonalité moderne avec les modes des an-
ciens et les tons du plainchant, un autre sur
le» difTérents systèmes de solmisation, et un
Iroij'.ème sur les genres chromatique et en-
harmonique. Bien (ju'on puisse reprocher au
livre de Scheibe des longueurs et des redites,
on ne peut refuser à l'auteur l'esprit métho-
dique et un savoir fort étendu. 8" Compendium
musices theorico-praticum, ou abrégé des
règles les plus nécessaires pour la composition.
I Le manuscrit de cet ouvrage, qui n'a point été
j publié, appartient à M. Charks-Ferdinand
Becker, de Leipsick ; il est composé de ttentc
feuilles in-4''. M. Becker le considère comme
un travail destiné à l'instruction des élèves de
Scheibe.
SCUEIIÎEL (Gooefroid-Épiiraïm), né à
Breslau, en 1696, y fit ses humanités, puis
alla suivre les cours de théologie à l'université
de Leipsick. En 1736, il obtint sa nomination
de professeur au gymnase de Breslau ; il mou-
rut dans cette ville, en 1759. Scheibel fut un
des plus savants musiciens de son temps.
A l'âge de vingt-cinq ans, il publia son pre-
mier ouvrage, sous le titre suivant : Zufxl-
lige Gedanken von der Kirchen-Musik, etc.
(Pensées fortuites sur la musique d'église,
dans l'état où elle se trouve aujourd'hui, etc.);
Francfort et Leipsick, 1721,in-8° de quatre-
vingt-quatre pages. Quoiqu'il y ait du mérite
dans cet opuscule, c'est surtout par son his-
toire de la musique d'église ancienne et mo-
derne {Die Geschichte der Kirchen-Musik
aller und neuer Zeiten; Breslau, 1738, in-8''
de quaranle-huit pages), que Scheibel s'est
rendu recommandable. Bien que ce ne soit
qu'une simple brochure, elle est si substan-
tielle, qu'on peut la considérer comme une
des meilleures choses qu'on ait écrites con-
cernant la musique des églises réformées.
On a aussi de ce savant : Musikalisch-poe-
tisch-andxchtige Betrachtungen iiber die
Sonn- und Feiertags-Evangelia (Considéra-
tions musicales et poétiques sur les évangiles
des fêtes et dimanches); Breslau, Korn, 1726,
in-8»; deuxième édition, ibid., 1758, in-S".
Scheibel s'est fait connaître aussi commecom-
positeur par une année entière de musique
d'église, à l'usage du culte protestant, publiée
à Oels (sans date). Cet ouvrage est composé de
morceaux à deux voix, deux violons et basse
continue pour l'orgue.
SCIIEIBLE (Jean-Néposccène), direc-
teur de la Société musicale de Francforl-sur-
le-Mein, connue sous le nom de Cxcilia (vers
1818), naquit à Buffingen, le 16 mai 1789,
et mourut à Francfort, le 7 août 1837. Doué
d'une bonne voix de ténor et bon musicien,
Scheible montra de l'habileté dans la direc-
teur de la société dont il avait été le fondateur.
SCIIEIBLE - SCHEIDLER
n;
Tomme professcurde chant, il élait fort estimé.
On connaît, sons son nom, des chœurs, des
cantates et des romances. Weismann a publié
sur lui un petit écrit qui a pour litre : Joh.
Nepomuch Scheible, Directov der Cxcilien-
TFcreins in Franc furt-am-JUain iVramctoH^
1838, in-8».
SCHEIBLEU (Jean-Henri), fabricant
«l'éloffes de soie à Crefeld ou Crevelt, près de
Dusseldorf, naquit le 11 novembre 1777, à
niontjoie, dans la régence <rAix-la-Chapelle,
«■t y passa ses premières années. Des études
«(■rieuses et des voyages faits avec finit, par-
ticulièrement en Italie, ornèrent son esprit de
connaissances solides et variées. Ayant fondé
une manufacture d'étoffes de soie ;i Crefeld, il
y passa doucement les trente dernières années
<ie sa vie, remplie par d'utiles travaux. L'ex-
cès du travail lui occasionna une maladie
inflammatoire, dont il mourut le 20 novembre
18Ô7. Son penchant pour la physique, et par-
ticulièrement pour la science des sons, le con-
duisit à faire des recherches pour une meil-
leure division du manche de la guitare parle
tempérament égal. Plus tard, il inventa un
instrument appelé Aura, composé de vingt
guimbardes régulièrement accordées et réu-
nies sur deux barres par un mécanisme parti-
culier qui en facilite de maniement, et rend
possible la succession de tous les tons. Ce
n'était là que le prélude de ce qui devait plus
tard attacher son nom à l'histoire de la mu-
si(|ue par des expériences qui tendent à dé-
montrer que les instruments h clavier doivent
être accordés par le tempérament égal. Depuis
longtemps il employait le loisir que lui lais-
sait sa manufacture à chercher les moyens de
déterminer l'accord des instruments d'une
manière à la fois sensible et mathématique, et
à poser le son fixe qui devait servir à cet ac-
cord. Les embarras que lui avait causés l'ac-
cord des guimbardes de son Aura lui avaient
démontré que les tempéraments pratiques des
accordeurs manquent de justesse, et que les
travaux des calculateurs sur ce sujet ne four-
nissent pas de rectification satisfaisante.^ Il
eut recours à l'expérimentation, et prit,
comme Sauveur et Sarti {voyez ces noms), les
battements de deux sons, dont les vibrations
se heurtent, comme la mesure du nombre de
ces vibrations; mais avec des moyens de véri-
fication des battements, préférables à ceux
dont ceux-ci s'étaient servis. Au lieu du pen-
dule fixe, Scheibler construisit un métronome
semblable à celui de Maelzel, quant au méca-
nisme de l'accélération ou du ralentissement
du balancier, et dont l'échelle graduée élait
entre les limites de cinquante et quatre-vingl-
dix oscillations par minute. Par une multitude
d'expériences délicates, il trouva : !• <|ue le
métronome subit les influences de la tempé-
rature d'une manière sensible, et (|u'il doit
être réglé à toute variation d'un demi-degré
du thermomètre de Réaumur, de manière à
fournir exactement le même nombre d'oscil-
lations dans un lempsdonné; Soque le nombre
de battements par chaque coup de balancier,
en raison du degré de l'échelle où celui-ci
esi placé, suffit pour avoir le nombre de
ballements par seconde, et que celui-ci se
trouve en multipliant le numéro du balancier
par le nombre de battements, et divisant le
produit par soixante ; 3° que tout battement
est com|)osé de deux vibrations simples. Cela
posé, Scheibler trouva le diapason moyen du
la à vide du violon égal à quatre cent trente-
neuf et un tiers vibrations parseconde, et fixa,
par de nombreuses expériences sur le tempé-
rament égal, la valeur numérique de toutes
les intonations de l'octave rei»résentées par
une suite de diapasons en acier. Il donna à
l'appareil de celte collection île diapasons le
nom de Tomnesser (phonomèlre), et publia
le résultat de ses observations et de ses décou-
vertes dans un écrit intitulé : Der physika-
lische und musikalische Tonmesser, ucelcher
durch den Pendel, dem Auge sichtbar, die
absoluten Vibrationen der Tœne , to vie
die schcprfste Genanigkeit gleichswebender
und malhematischer Accorde beweist, etc.
(Le phonomèlre physi((ue et musical, qui dé-
montre par le balancier d'une manière visible
à l'œil les vibrations absolues des tons (sons
di'terminés), des espèces principales de sons
tempérés, ainsi que la justesse précise des ac-
cords parle tempérament égal) ; Essen, Bœde
kcr, 1834, in-S» de quatre-vingts pages. Quel-
ques mois après, Scheibler fit paraître une
instruction sur l'application de son système à
l'accord de l'orgue, dans une demi-feuille
d'impression intitulée : Anieitung die Orgel
vermittelst der Stsesse {vulgo Schwebungen)
und des JHetronoms , correct yleischwebend
zu stimmen; Crefeld, C.-M. Schuller, 1834,
in-S». Deux autres brochures relatives au
même sujet ont été publiées par lui, sous les
titres suivants : Ueber mathematische Stim-
mung, Temperaturen und Orgelbaustim-
mung nach Vibrations - differenzen oder
Stxssen (Sur l'accord mathématique, les tem-
péraments et l'accord de l'orgue d'après les
différences devibrationsou battements); tfc/rf..
4IS
SCHEIBLER — SCIIEID
18Ô0 in f>", e( llillheilung iiber des Trescnt-
licUe des mnsikalischen und physikalisclien
Tonmesser (Noie sur la nature <iii phonomètre
musical et physi<ine); ibid., ISôlî, in-8". Les
divers écrits de Scheibler ont été réunis en
lin volume sous le titre : Schriflen iiber mii-
sikalische und physikalische Tonmessung
und deren Anwendung auf Pinnoforte und
Orgelstimmung ; Crefeld, 1838, in-S».
Les expériences de Scbeihler ont eu un
grand retentissement en Allemagne, et ses
succès ont fait adopter généralement son pho-
nomètre pour l'accord des orgues par le tem-
pérament égal. Mon savant ami Nenkomm m'a
écrit de Francfort, en 1837, une lettre remplie
d'expressions d'enthousiasme sur l'excellent
résultat d'une expérience de cet accorda la-
quelle il avait assisté. Le système du tempéra-
ment égal n'était pas nouveau; plusieurs au-
teurs en ont soutenu l'excellence, et dans les
<lernièresannées du dix-huitième siècle, l'abhé
Requeno a prétendu le démontrer par des ex-
périences rapportées dans son Essai sur le
rétablissement de l'art harmonique des Grecs
et des Romains {voyez Requeno) ; mais le mo-
nocorde, seul instrument dont il s'était servi,
ne pouvait lui fournirde démonstration réelle.
Scheibler ne possédait pas l'art d'expo-
ser ses idées avec clarté: sa méthode d'ail-
leurs présentait un grand obstacle pour
l'usage qu'en auraient pu faire les accordeurs,
à savoir, le prix élevé de ses appareils, les-
quels étaient construits par un mécanicien de
Crefeld, à qui il en avait cédé la propriété et
l'exploitation. En 1836, il fit un voyage à Paris
pour y faire connaître les résultats de ses tra-
vaux; il s'y mit en relation avec Savartetavec
Cagniard de La Tour, qui d'abord furent in-
téressés par certains aperçus qu'ils démê-
laient au milieu de ses obscures paroles ; mais,
incapable de formuler en théorie <|uelcon(|ue
ce que l'expérience lui ayait révélé, Scheibler
ne parlait qu'en empirique de sa méthode à
ces savants, sans parvenir à la leur faire com-
prendre : ils se dégoûtèrent et l'abandonnè-
rent. Il prit alors la résolution d'ouvrir un
cours dans lequel il voulait procéder par la
démonstration des faits; mais à peine eut-il
trois ou quatre témoins de ses expériences.
Découragé, il quitta Paris et retourna en Alle-
magne, où il eut d'abord des succès qui furent
oubliés après sa mort, parce qu'il avait né-
gligé la fabrication de ses appareils, et (pie ne
pouvant les ac(|uérir avec facilité, on finit par
oublier l'inventeur et la méthode. Tœpfer
(voyez ce nom) essaya de rendre le système
! de Scheibler plus clair et plus pratique dans
un petit écrit inlilnlé : Die Sclieibler'schc
Stimm-Metliode, leicht fassiich erklarrl und
auf eine neue Jrt angeivendet (La méthode
d'accord de Scheibler, rendue facile, inlelli-
gible, et éclaircie, etc.) ; Erfurl, Kœrner, 1842,
in-8'' de quarante-huit pages. Après Tœpfer,
M. Vincent (royeî ce nom) a exposé, dans un
Mémoire de soixante-trois pages, avec onze
tables de nombres acoustiques et une planche
(Annales de chimie et de phyiique ,Uoh\i:n\c
série, t. XXVI, 1849), le système de Scheibler,
au point de vue de l'analyse malhéuiali<|ue(l).
Maisc'està M.Lecomte(i;oi/e: ce nom) (|ue sont
dus l'exposé parfaitement intelligible de la
méthode de Scheibler, et l'analyse de ses œu-
vres dans un Mémoire inséré parmi ceux de la
Société impériale des sciences, de l'agriculture
et des arts, de Lille (volume de 1856), et dont
il a été fait des tirés à part. Cet ouvrage a
pour lUre : Mémoire explicatif de l'invention
de Scheibler, pour introduire une exactitude
inconnue avant lui, dans l'accord des in-
struments de musique; Lille, imprimerie de
Danel, 185G, in-S» de soixante-dix-huit pages,
avec une planche et quatre tableaux.
SCUEIBIXER (GEoncEsGoTTLiEBOu Théo-
phile), compos"ileur, né dans la Thuringe, en
1785, est mort le 25 juin 1836. On ne sait rien
concernant sa personne, si ce n'est qu'il fut
professeur au gymnase d'Erfurt, et qu'il oc-
cupait cette position au moment de son décès.
Admirateur passionné de Mozart, il imitait
dans ses ouvrages le style de ce grand maître.
On n'a publié qu'un petit nombre de ses pro-
ductions; les plus connues sont : 1° Quatre
suites de chants à voix seule avec piano; Er-
furt, Muller. 2» Grande sonate (en la) pour le
piano, œuvre 5; Erfurt, Kœrner. 3" Deux fu-
gues pour l'orgue ou le piano, publiées par
Kœrner, dans la troisième partie de sou Post-
ludienbuch.
SCIIEID (Jeas-Fbédérîc), né à Francforl-
sur-le-Mein, était, en 1719, étudiant en droit
à l'université de Strasbourg, où il soutint une
thèse qui a été imprimée sous ce titre : Dis-
sertalio inauguralis de Jure in musicos sin-
gulari, Germ. Dienste und Obrigkeil der
Spielleuth , Rappolsteinensi comitatui an-
nexo, quant solo Deo prxside, auclorilale
amplissimx facultatis juridick Argentora-
tensis, pro licentia summos in ulroquejure
honores et privilégia doctoralia rite conse-
quendi solemniler défendit Jo. Fredericus
(1) Ce ncmoire a iic tiré à part dans la mcmc anncc-
SCHEID — SCHEIDT
449
Scheid, Francofurt. ad Mxn. D.XIX Maji,
Jnno MDCCXIX. hor.'et loc. consuet. Ar-
ijentorati, litteris Johannis Pastorii, xn-i"
(ie cinquante-deux pages. Il y a eu une
deuxième édilion donnée à Jéna, en 1738, de
celte curieuse dissertation sur la constitution
et les droits de la corporation des ménétriers
en Allemagne; elle a pour titre plus simple :
Jo. Frederici Scheid Dissertatio de Jure in
musicos singulari, German. Dienste ttnd
Obligkeit der Spielleiit, Bappolsleinensi co-
mitatui annexa (1), in-4"' de soixante-douze
pages. M. Bernhard (voyez ce nom) dit que la
fiissertation de Scheid n'a aucune espèce de
valeur (Notice sur la Confrérie des joueurs
d'i7istriiments d'Alsace, p. 175, note 1) : ce
jugement est beaucoup Irop^ sévère.
SCHEIDLER (Jean-David), violoncelliste
et musicien de chambre du duc de Gotha, né
en 1748, mourut à Gotha, d'une inflammation
de poitrine, le 20 octobre 1802, à l'âge de
cinquante-quatre ans. Il a publié à Leipsick,
en 1779, une suite de petites pièces pour le
clavecin, suivie d'un autre œuvre du même
genre, en 1787.
Il y a eu un guitariste du même nom, qui
vivait à Vienne, en 1820, et qui y a publié
beaucoup de pièces pour son instrument.
SCHEIDEMAIXIV (Henri), fils de Jean
Scheidemann, bon organiste de Sainte-Cathe-
rine, à Hambourg, naquit dans cette ville vers
1600. Élève de son père jusqu'à l'âge de seize
ans, il fut ensuite envoyé à Amsterdam pour
y continuer ses études sous la direction du cé-
lèbre organiste Swelinck. Dans l'espoir d'at-
tacher à leur église un grand organiste, les
administrateurs de Sainte-Catherine payèrent
tous les frais du séjour du jeune Scheidmann
à Amsterdam. Leur attente ne fut pas trom-
pée, car il devint un des plus habiles virtuoses
de son temps sur l'orgue, et se distingua au-
tant par le mérite de ses compositions que par
son talent d'exécution. Il succéda à son père
dans la place d'organiste deSainte-Catherine en
1G25, et mourut à Hambourg, en 1694. Il a
laissé en manuscrit de beaux préludes pour
l'orgue qui, après avoir appartenu à West-
phal, organiste à Schwerin, ont passé dans
ma collection. On lui doit aussi des mélodies
chorales pour le livre de chant de Hambourg,
et les chansons de Rist, publiées en cinq par-
lies, à Hambourg, en 1652.
Ilyaeu, à la fin du seizième siècle, un autre
(1) Rappolsieinenti comitatui signifie le comté de Ri-
bcaupierrc, en Alsace.
UIOUK. UNIV. DES MUSICIENS. — ï. yy.
musicien nommé David Scheidemann , qui
était organiste del'église Saint-Michel, à Ham-
bourg, en 1585, et qui a mis à quatre parlies
plusieurs mélodiesdu livre de chant deLullier;
ces mélodies ont été imprimées dans le livre
rarissime intitulé : Melodeyen Gesangbuch
darinn D. Luthers und ander Christen ge-
breuchlichsten Gesenge (sic), ihren gewœhnli-
chen Melodeyen nach durch ffieronymum
Prœtorium,JoachimumDeckerum,Jacobum
Prxtorium, Davidem Scheidemannum , HIu-
sicisund verordnete Orgnnislen in denvier
Caspelkirchen (sic) in Hamburg , in vier
Stimmen ubergesetzt, begriffensindt(Mé\o<\\es
du livre de chant du docteur Luther et autres
chants chrétiens en usage, lesquelles mélo-
dies sont mises à quatre voix par J/rômcPrae-
torius, Joachim Decker, Jacques Prœiorius et
David Scheidemann, conformément aux règle-
ments pour les musiciens et organistes des
quatre chapelles des églises de Hambourg);
Hambourg, Samuel Rudinger, 1604, pet. in-8»
de quatre cent onze pages.
SCIIEIDHAUER (Christophe), facteur
d'orgues à Breslau, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, a construit un orgue de vingt-
trois jeux pour le temple évangélique de
Wuslwallhersdorf, et un autre de quatorze
jeux à Breslau, en 1743.
SCHEIDLER ( Sophie - Elisabeth - Sc-
zanbe), dont le nom de famille était PREY-
Sn^G, naquit à Gotha et débuta au théâtre
de cette ville, en 1776. Ce théâtre ayant été
supprimé l'année suivante, le duc la nomma
cantatrice de la chambre, et la maria à
Scheidler. La beauté de sa voix passait pour
incomparable.
SCHEIDT (Samuel), organiste distingué,
naquit à Halle, en 1587. L'étude des ouvrages
de Merulo, de HofThaimer, des deux Gabrieli
et de quelques autres organistes célèbres du
seizième siècle, parait avoir formé son talent.
Après avoir été organiste de l'église Saint-
Maurice, à Halle, il s'établit à Hambourg pen-
dant quelques années, puis retourna dans sa
ville natale pour y reprendre son ancienne
position, avec le titre de maître de chapelle
du magistrat. Il mourut à Halle, le 14 mars
1654, à l'âge de soixante-sept ans, laissant
par son testament une somme considérable
pour l'érection du grand orgue de l'église do
Saint-Maurice. Cet artiste n'a pas joui de la
célébrité qui lui était due, car il est à peine
cité dans l'histoire des organistes; cependant
le mérite de ses ouvrages le rend digne d'y
figurer au premier rang. Les mélodies de Sa-
29
4Û0
SCHEIDT — SCIll'lN
muel Schcidt n'ont pas la grâce de celles de
son contemporain Fi-escobaUti, mais son har-
monie est piquante, et il y a plus de ressources
dans son génie pour les variations d'un sujet.
On peut considérer ses ouvrages comme les
types des excellents préludes publiés plus
tard par ]es meilleures organistes allemands.
Les productions imprimées de ce grand mu-
sicien sont : 1» Cantiones sacrxocto vocum;
Hambourg, 1620, in-4o. 2° Cantiones sacrs
7 vocibus decantands; ibid., 1622, 10-4".
3° Concentuum sacrorum 2, 3, 4, 5, 8 eM2
voc. adjectis symphoniis et choris instru-
mentalibus; ibid., 1622, in-fol. A' Ludorum
musicorum prima et secunda pars, com-
posées de pavanes, gaillardes, allemandes,
chansons et entrées pour l'orgue ou le cla-
vecin; ibid., 1623. 5» Tabulatura nova;
ibid., 1624, trois parties in-fol. La première
partie de cet important ouvrage contient des
psaumes et des cantiques variés, des fan-
taisies, des passamèses et des canons pour
l'orgue. La seconde renferme des psaumes et
des toccates; dans la troisième, on trouve une
messe des dimanches, les hymnes des princi-
pales fêles de l'année, et des Magnificat de
tous les tons. 6" Liebliche Kraft-Bliimlein ,
Conzertweise mit 2 Stimmen und General-
bass (Agréable petite fleur vigoureuse, con-
certs à deux voix et basse continue) ; Halle,
1625. 7» Geistliche Conzerten, mit 2 und
3 Stimmen, etc. (Concerts spirituels à deux et
trois voix avec basse continue); Leipsick, 1631,
quatre parties in-4''. 8° Tabitlatur'Buch,
enthaslt 100 vierstimmige Psaîm^n, und
Geistliche Lieder (Livre de tablature, conte-
nant cent psaumes à quatre voix et quatorze
cantiques spirituels); Goerlitr, 1650 et 1653.
Mattheson cite dans son Ehrenpforte (p. 106),
un traité de composition, en deux parties, que
Scheidt a laissé en manuscrit. Le portrait de
cet artiste se trouve en tête de la Tabulatura
nova.
SCHEIFFELHUT (Jacqdes), musicien
allemand, né en Bavière, fut attaché à l'église
Sainte-Anne d'Augsbourg, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il a publié de
sa composition : X' Lieblicher FrUhlings,6lc.,
collection d'allemandes, courantes, etc., pour
deux violons, viole et basse; Augsbourg, 1685,
ln-4». 2° Musikalisches Kleeblatt, collection
«3e marches, airs, rondos, bourrées, etc., pour
deux violons et basse; Augsbourg, 1711, in-4''.
SCUEIN (Jear-Hermans), né à Griinhnin,
en Saxe, le 29 janvier 1586, était fort jeune
lorsqu'il perdit son père, pasteur en ce lieu.
Sa mère l'envoya h Dresde, où le prédicateur
de la cour le fit entrer dans la chapelle de
l'électeur, pour y chanter le soprano. En 1003,
il fut admis comme interne au gymnase de
Dresde, connu sous le nom de Schulpforte;
puis il alla continuer ses études h l'université
de Leipsick. En 1613, le duc de Saxe-Woimar
le nomma son maître de chapelle. Deux ans
après, il succéda à Calvisius, dans la place de
Cantor à Leipsick, où il mourut en 1630, à
l'âge de quarante-trois ans. On a imprimé de
sa composition : l" Fenus Krxnzlein, oder
weltliche Lieder mit 5 Stimmen, etc. (Cou-
ronne de Vénus, ou chansons profanes à cinq
voix, avec quelques entrées, gaillardes, eto.);
Leipsick, 1609, in-4''. 2» Concerts à quatre
voix, ibid., 1612, in-A". ô" CymbalumSio-
nium, contenant trente cantiques allemands
et latins à cinq, six, huit, dix et douze voix;
ibid., 1615, in-4". 4" Banchetto musicale,
nouvelle collection de pavanes, gaillardes,
courantes et allemandes à cinq parties ; ibid.,
1617, in-4". 5" Opellas novx, première partie
contenant des concerts spirituels à trois, quatre
et cinq voix; i6îd., 1618; deuxième édition,
ibid., 1627. S" {bis) Musica divina, collec-
tion de motels à huit, seize et vingt-quatre
voix, avec basse continue pour l'orgue el tim-
bales; ibid., 1620, pelit in-fol. 6» Musica
boscareccia, chansons de chasseurs, villa-
nelles d'invention italienne, à trois voix; ibid.,
1621, in-4''. Il y a aussi une édition de ce re-
cueil publiée à Francfort (sans date). 7°Israels
Briinlein, auserlesene Spruckleinvon 5 und
6 Stimmen (Fontaine d'Israël, recueil de
maximes de l'Écriture à cinq et six voix avec
basse continue, composées dans le style des
madrigaux) ; Francfort, 1623. 8" Opellx nova;,
deuxième partie, ou concerts spirituels à trois,
quatre, cinq et six voix ; Fribourg et Leipsick,
1626, in-4''. Ce recueil contient vingt-sept
chants allemands et cinq latins. 9° Cantional
ou livre de chant choral de la Confession
d'Augsbourg, à quatre voix, etc.; Leipsick,
1627, in-8». On voit dans VEhren-Pforte de
Maltheson (page 106) que Hausmann possédait
un traité de composition, de Schein, sous le
titre de Manuductio ad musicam poeticam.
On ne sait pourquoi Forkel et d'autres ont mis
en doute si cet ouvrage est de Schein, ou s'il
n'est qu'une seule et même chose avec le traité
d'Otto {voyez ce nom) en langue allemande
sur le même sujet : il est évident, par le titre
même de ce dernier, qu'il était extrait de plu-
sieurs ouvrages, notamment de celui de
Schein.
I
SCHEINLEIN — SCHliLLER
4r,i
<
I
SCIIEIWLEÏIV (Jean-Michel), HIs d'un
musicien de la Franconié qui était en même
temps fabricant d'instnimenls, naquit à Lan-
genfeld, en 1751 . Instruit dans les ateliers de
son père, il devint un habile luthier, et fabri-
qua des violons qui furent estimés en Alle-
magne.
SCHEIWPFLUG (Chrétiek-Gothilf), né
dans un village de la Saxe, en 1722, entra
d'abord en qualité de ténor dans la chapelle
du prince de Rudolstadt, et succéda à Gebel,
en -1755, comme maître de celte chapelle. Il
mourut en 1770, à l'âge de quarante-huit ans,
considéré comme un compositeur habile, par-
ticulièrement pour la musique d'église. Il a
laissé en manuscrit : 1" Deux années de mu-
sique d'église; la deuxième finit au quatrième
dimanche après la Trinité. 2" Mithridate,
opéra représenté à Rudolstadt, le 5 mai 1754.
SCIIELHAMMER (le docteur Gunther-
CiiniSTOPiiE), fils d'un professeur de médecine
à l'université de Jéna, naquit en 1649, dans
celle ville. Devenu orphelin à l'âge de deux
ans, il fut destiné à l'exercice de la mémo
profession que son père, et fit ses études à
l'université de Leipsick. En 1G72, il visita
l'Allemagne et les Pays-Bas, séjourna à Leydc
pendant deux ans, puis parcourut l'Angleterre,
la France et l'Italie. De retour dans sa patrie,
il obtint une chaire de botanique à lielmsladl,
fut nommé, en 1690, professeur d'anatomie
et de chirurgie à l'université de Jéna, et cinq
ans après eut la chaire de médecine pratique
à Riel, où il mourut, le 11 janvier 1716. Sa
thèse de doctorat est intitulée : Dissertatio
inauguralis medica de voce, ejusque affèc-
tibus ; Helmstadt, 1677, in-4"'. Il s'y montre
partisan du système de Fabrice d'Aquapen-
dente concernant les fonctions et le méca-
nisme de l'organe vocal. Schelhammer a fait
aussi imprimer une dissertation De auditu,
Lugduni-Batavorum, 1684, in-S».
SCIIELIUS (Jacques), Cantor à Eisfeld,
dans le duché de Saxe-Meiningen, naquit dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. Il a
fait imprimer de sa composition : Christlicher
TFunsch und Segen aus dem 121 Psalm ge-
nommen und mit 6 Stimmen komponirt
(Souhait et bénédiction chrétiennes , tirés
du 12λ psaume, à six voix)j Eisfeld, 1618,
iii-i».
SCHELLE (Jeaw), Cantor à l'école Saint-
Thomas de Leipsick, naquit à Geisingen, dans
le cercle de Misnie, où son père était Cantor.
Après avoir été quelque temps sopranisle
dans la chapelle de l'électeur de Saxe, il alla
I faire ses études à WolfenbUllcl, et les acliovn
à l'université de Leipsick. Son premier emploi
fut celui de Cantor à Eilenbourg;«puis il alla
remplir les même fonctions à Leipsick, où il
mourut en 1701. Kuhnau fut son successeur.
Il a composé plusieurs années complètes de
cantates et de morceaux pour le culte ré-
formé, qui se trouvent en manuscrit à l'école
de Leipsick, et n'a fait imprimer de sa com-
position que le recueil intitulé : Melodien zu
Joach. Fellers andxchtigen Studenten (Les
mélodies de l'étudiant pieux par Joach. Feller,
à quatre voix).
SCHELLEWBERG ( Antoise - Othoîi ) ,
professeur à l'université de Gœltingue, au
commencement du dix-neuvième siècle, a
publié un livre singulier, qui a pour titre :Z>îe
Pasimusik oder Hermannusspiel Bekannt-
machung der vor einigen Jahren angekun-
digten Freuden Erfindung (la Musique uni-
verselle, ou invention amusante connue depuis
quelques années sous le nom de jeu d'Her-
mann); Gœltingue, 1811, gr. in-S".
SCHELLENBERG (Hermasn), organiste
de l'église Saint-Jean, à Leipsick, est né dans
cette ville, le 10 novembre 1816. Artiste dis-
tingué, il a donné avec succès des concerts
d'orgue, en 1846, à Leipsick et dans plusieurs
autres villes de la Saxe. Il a publié de sa com-
position : 1» Toccate- élude pour l'orgue;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. 2» Le lôO"
psaume pour voix solo, chœur et orgue ; ibid.
3° Fantaisie et fugue (en sol mineur), pour
l'orgue, à trois claviers, op. 1 ; Erfurt, Kœr-
ner. 4" Cinq Lieder pour voix de contralto,
avec accompagnement de piano, op. 6; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrlel. M. Schellenberg a
publié une analyse critique de l'édition des
œuvres d'orgue de J.-S. Bach, publiée par
Griepenkerl {voyez ce nom), chez Peters, à
Leipsick (dans la Gazette générale de mu-
sique, AS"'" année, p. 291-296).
SCFIELLER (Jacques), bon violoniste,
naquit le 12 mai 1759, à Schetlal, près de
Rakonitz, en Bohême. Destiné à l'état ecclésias-
tique, il fut envoyé à Prague pour faire ses
études chez les jésuites; mais un penchant in-
vincible pour la musique lui fit abandonner
cette carrière pour se livrer à l'étude du violon.
Fort jeune encore, il se rendit à Vienne et y
fut employé dans les orchestres; puis il fut
attaché pendant deux ans à l'orchestre de la
cour de Manheim, où il reçut des leçons de
composition de l'abbé Vogler. Le désir de
voyager pour perfectionner son talent lui lit
quitter la cour de l'électeur Palatin; il par-
29.
452
SCHELLER — SCHENCK
courut la Suisse, rilalie, puis se rendit à
Paris, où il séjourna trois ans, sans cesse oc-
cupé de l'élude du style de Viotti, le plus beau
modèle qu'il pût choisir. De retour en Alle-
magne, il s'arrêta à Stullgard, et entra dans
la musique du duc de "Wurtemberg, en qualité
de maître de concerts. Il y était depuis sept
ans et jouissait d'une existence heureuse,
lorsque l'entrée des troupes françaises dans le
duché de Wurtemberg, en 1792, lui enleva sa
position. Il voyagea alors en Allemagne, et y
donna des concerts; mais bientôt l'intempé-
rance le fit tomber dans une misère si pro-
fonde que, ne possédant plus même de violon,
il allait à pied de ville en ville, empruntant
l'instrument dont il devait se servir. Il vivait
encore ainsi en 1799 ; mais on n'a plus eu de
renseignements sur sa viedepuis celte époque.
Cet artiste est le premier qui imagina de
jouer en harmonie sur les quatre cordes du
violon, en détachant le lalon de l'archet afin
que les crins touchassent toutes les cordes
pendant que la baguette frottait le dos de
l'instrument. Cet effet a été reproduit depuis
lors par plusieurs violonistes.
SCHELV^'^IG (Samuel), professeur de
théologie, bibliothécaire et recteur du gym-
nase deDanlzick,fut d'abord pasteur à Thorn.
II naquit en 1646, à Lissa, en Pologne, et
mourut à Dantzick, le 18 juin 1715. On a de
lui une thèse intitulée Disputatio de musica;
Thorn, 1671, in-4».
SCHEMELL (Georges-Christophe), Can-
tor à Zeitz, vécut vers le milieu du dix-huitième
siècle. Il a publié un livre choral qui renferme
neuf cent cinquante-quatre mélodies du culte
évangéliqne, sous le titre de Musikalisches
Gesangbuch ; Leipsick, 1736, in-4''.
SCHENCK (Jean), musicien au service
de l'électeur Palatin, vers la fin du dix-sep-
tième siècle, et virtuose sur la basse de viole,
se fixa à Amsterdam, où il parait avoir ter-
miné sa carrière. Il y fit graver les ouvrages
suivants : 1« Sang-Arien van Opéra van
Ceres en Bacchus, op. 1 (Airs etchailsons de
l'opéra de Cérès et Bacchus). 2» Konst-œ/fe-
ningen, etc., quinze sonates pour basse de
viole et basse continue^ op. 2; Amsterdam,
1688. 3" Il Giardino armonico consistente
in diverse sonate a due violini, viola di
gamba, e basso continua, op. 3; ibid.,
1692, in-fol. 4» Scherzi musicali per la viola
di gamba con basso continua ad libitum,
op. 6; ibid., In-fol. oblong. 5» Dix -huit so-
nates à violon seul et basse continue, op. 7;
ibid., 1693, in-fol. 6» La Ninfa del Reno,
contenant douze sonates pour ba^fe de viole,
composées de préludes, allemandes, sara-
bandes, etc., op. 8. 7» L'Écho du Danube,
sonates pour basse de viole et basse continue,
op. 9. 80 Les Bizarreries de la goutte, conte-
nant douze sonates pour basse de viole et
basse continue, o[t. ]0.
SCHENCK (Jean-Georces), facteur d'or-
gues et d'instruments à clavier à Weimar,
naquit en 1760, à Osthein, en Bavière. De-
venu élève de Stein, à Augsbourg, il apprit
dans ses ateliers les éléments de sa profession,
puisse fixa à Weimar. En 1790, il avait déjà
acquis de la réputation par ses grands pianos,
supérieurs aux instruments anglais de la
même époque. En 1800, il construisit un
ptano-e'c/to dont on trouve la description dans
le journal des Modes, de Vienne (mai 1800,
pages 263-267). La forme de cet instrument
était un carré long : Schenck y employa une
longue table d'harmonie, dont le premier essai
avait été fait par Hildebrand, en 1782, et qui
fut employée peu d'années après à Paris, avec
de considérables modifications du mécanisme,
par.Pfeiffer et Petzold.
SCHENCK (Jeas), compositeur, naquit à
Neusiadt sur la Vienne, dans la Basse-Au-
triche, le 30 novembre 1755. Tomaselli,
chanteur italien de la cathédrale, lui trouvant
une belle voix, se plut à la cultiver, et lui
donna des leçons de chant et de clavecin. De-
venu enfant de chœur à l'âge de dix ans,
Schenck reçut les premières leçons d'harmonie
de Stall, directeur de l'école, et apprit à jouer
du violon et de plusieurs instruments à vent.
Plus tard, il fut élève de Wagenseil. Les com-
positions de Diltersdorf et de Haydn étaient
devenues ses modèles : il imita leur manière
dans ses premiers essais. En 1744, il se rendit
à Vienne, où il trouva des protecteurs puis-
sants qui lui procurèrent les moyens de com-
pléter son éducation musicale. A l'âge de seize
ans, il écrivit sa première messe solennelle,
qui fut exécutée le 8 janvier 1778. Elle fut
suivie de plusieurs compositions pour l'église
et autres qui le firent connaître avantageuse-
ment, et lui firent obtenir la direction de la
musique du prince d'Auersberg. Dans sa car-
rière laborieuse, il écrivit la musique de plu-
sieurs drames et opéras, des cantates, des
symphonies, et d'autres morceaux de musique
instrumentale. Dans sa vieillesse, il tomba
dans l'indigence et mourut à Vienne, le
29 décembre 1836, à l'âge de quatre-vingt-
deux ans. Ce fût Schenck qui éclaira Beethoven
sur la négligence qu'avait apportée Uaydo
SCHENXK — SCHERER
453
«lans la correction des fautes de ses exercices
de contrepoint, et qui Uii conseilla d'éludier
soiis la direction d'Albrechtsberger. Les com-
positions de cet artiste pour le théâtre sont :
1 ° L'Opéra sans titre ^ au théâtre Schikaneder,
vers 1790. 2" Im Finstern ist nich gut
tappen (Il n'est pas bon de frapper dans les
ténèbres), au théâtre impérial de Vienne, vers
1791 . 3» Les Vendanges, au théâtre Marinelli,
en 1791. 4» Noël d la campagne, au même
théâtre, 1792, joué avec succès. 5° La Cou-
ronne de la moisson, au théâtre Schikaneder,
1791. 6» Achmet et Almanzine, au théâtre
national de Vienne, 1795. Un rondeau de cet
opéra, pour soprano, a été publié à Stutlgard,
chez André. 7» L'Étudiant mendiant, à
Vienne, 1796. 8» Morceaux de chant ajoutés à
la pièce iTIfland intitulée Achmet et Zénide,
à Vienne, 1797. 9° La Chasse, opéra. Vienne,
1797. 10» Le Barbier de village, joué avec
succès à Vienne et à Berlin. La partition ré-
duite pour piano et flûte a été publiée à
Leipsick, chez Hofmeister. 11» Ze Tonnelier.
La partition manuscrite de cet ouvrage se
trouvait chez Traeg, à Vienne, en 1800.
SCIIERBAUAI (Joseph), né dans un vil-
lage, près de Luditz, en Bohême, vers 1690,
entra dans l'ordre des servîtes, au couvent de
Saint- Michel de Prague, et y passa toute sa
vie. Habile compositeur, il a laissé en manu-
scrit beaucoup de musique instrumentale à
quatre parties, et une grande quantité de ca-
nons, genre dans lequel il excellait. Tous ces
ouvrages ont été dispersés après la suppres-
sion du couvent de Saint-Michel.
vSCHEREU (H ANS ou Jean), facteur d'or-
gues qui a eu de la célébrité dans le seizième
siècle, naquit dans le Brandebourg, vers 1540.
Ses principaux ouvrages furent : 1» L'orgue de
l'église de Bernau, dans la Marche de Brande-
bourg, composé de trente-cinq jeux, deux cla-
viers et pédale, construit en 1576. 2» Celui de
l'église Notre-Dame, à Stendal, composé de
dix-neuf jeux, construit en 1580. On trouve
les dispositions de ces deux instruments dans
le Syntagma musicum de Praetorius (tome II,
page 176).
SCHERER (Sébastiek-Abtoine), organiste
distingué, vécut à Ulm, vers le milieu du dix-
septième siècle, d'abord sans emploi, puis avec
le titre de second organiste de la ville, ainsi
que l'indique le litre d'un de ses ouvrages,
imprimé en 1664. On ne sait rien de plus sur
cet artiste de mérite, et l'on ignore également
le lieu, la date de sa naissance, celle de sa
mort, et le nom du maitre qui dirigea ses
études. Ses ouvrages, qui le recommandent à
l'attention des musiciens, sont les suivants :
1° Musica sacra, hoc est missx, psalmi et
motettcB 3, 4 er 5 vocum cum instrumentis,
op. 1 ; Ulm, 1655, in-4». 2» Jol„'latura in
cymbalo et organo intonal :r .i i.ecium
per oclo tonos, lih. I; U'.n: c : ' auctorem,
1C64, in fol. Le deuxième livre de celte tabla-
ture d'orgue a pour titre : Partitura 8 tocca-
torum usui apta cum vel sine pedali; ibid,,
1664, in-fol. Les deux livres ont été réunis
sous ce titre général : Sebast. Ant. Schereri
vicae organistx Ulmensis operum musicorum
secundum, distinctum in libros duos : tabu-
laturam in cymbalo et organo intonationum
brevium per octo tonos, et partituram toC'
catarum usui aptam cum vel sine pedali,
ad modernam suavitatem concinnatum, et
ad petitionem multorum luci datum; Ulmas,
typis Batth. Kiihnen, 1664. On voit aussi,
par le titre, que Scherer a gravé lui-même soD
ouvrage sur des planches de cai\re(Ejusdem-
queauctoris sumptibuset manibus propriis
Sri incisa et insculpta). Comme les tabla-
tures d'orgue de Merulo et de Frescobaldi, les
parties qui doivent être exécutées par la main
droite sont écrites, dans l'ouvrage de Scherer,
sur une portée de six lignes, et celles de la
main gauche, sur une portée de huit. Les
formes des pièces qui se trouvent dans le re-
cueil dont il s'agit, et leur mérite, prouvent
que Scherer avait étudié avec fruit les œuvres
des plus célèbres organistes italiens et alle-
mands. 3° Sonaten fur zwey Fiolinen und
Fiol da gamba (Sonates pour deux violons et \
basse de viole); Ulm, 1680, in-fol. 4» Suiten
fiir die Laute (Suites de iHèces pour le luth);
Augsbourg, Lotter, in-fol. (sans date).
SCHERER (Théophile), compositeur alle-
mand, parait avoir vécu, vers 1785, à Gênes,
où il a fait imprimer ses ouvrages. On connaît
sous son nom : 1» Six trios pour clavecin,
violon et basse, op. 1; Gênes. 2» Six sonates
pour violoncelle et basse, op. 5; i6id. 3" Six
symphonies à huit parties, op. 6; ibid.
SCHERER ( Jean-Goillauxe-Adgcste) ,
pasteur primaire à Jauer, en Silésie, occupait
déjà ce poste en 1801, comme le prouve un de
ses sermons imprimé dans cette année, cl il
remplissait encore ces fonctions en 1817. Il a
fait imprimer un bon livre choral à l'usage de
Jauer, sous ce titre : Sammlung christlicher
Lieder fiir die Kirchlichc Andacht evangel.
Gemeinden, zunxchst der zu Jauer; Breslau
et Jauer, chez Grass et Barth, in-4'' de sept
cent quatre-vingt-deux pages avec XXXII
454
SCHERER — SCHETKY
pajjes (le préface. On trouve dans ce recueil
l)eaucou|> de bonnes mélodies composées par
Scherer ; il y a joint l'harmonie avec le doigter
pour les organistes.
SCIIEIIER (Antoi:ve), archiviste des
cercles de l'empire, à Saint-Poltcn (Autriche),
naquit dans cette ville, en 1791.11 s'est fait
connaître par l'ouvrage intitulé : Ahhandlung
iîber Kirchenmusik im allgemeinen und in
ihren einzelnen Theilen Entstehung und
verbesserung bis auf unsere Zeiten (Disser-
tation sur la musique d'église en général, et
sur l'origine et le perfectionnement de ses di-
verses parties jusqu'à l'époque actuelle) ; Saint-
Polten,chez Anne Lorenz, 1837, in-S" de cent
six pages avec trente-six pages in-fol. d'exem-
ples.
SCHERFFERSTEIN (Martin KI]\-
NERDE), né en 1534, à Leobschlitz, en Si-
lésic, fut professeur de poésie et d'histoire à
Wittenberg, puis chancelier à Leobschtltz.
Élève de Mélanchton, il se distinguait par son
savoir, son mérite dans la poésie, et son ha-
bileté dans la musique. Il mourut le 24 mars
1597, à Baumgarten, près de Frankenslein.
Plusieurs mélodies de sa composition se trou-
vent dans V l/ymnologie de Breslau. Après sa
mort, on a imprimé le recueil de ses cantiques,
sous le titre de Sylmdx musicx, à Hildes-
heim, 1605, in-8», divisé en deux livres. He-
nel a dit de ScherfTerstein (in Silesiogr.
cap. VII, p. 170) : Quemadmodutn harmonie
musicx eximius ipsefiiit artifex., ita cordis et
oris, mentis et lingux, rationis et orationis
in eo erat harmonia suavissima omninmque
adeo virtutum consensus concentusque ad-
mirabilis.
SCHERFFERSTEI]>i (Wencesias
SCUERFFER DE), vraisemblablement pa-
rent du précédent, et peut-être son fils, naquit
à Leobschtltz, dans les dernières années du
seizième siècle. La guerre de trente ans l'obli-
gea à abandonner le lieu de sa naissance et de
se retirer à Bricg, où il eut une place d'orga-
niste. En 1652, il publia un recueil de poésies
en onze livres, dont le dernier est un poème
à la louange de la musique (Der Musik Lob).
SCIIERLIT:fc (Jean-Valestin) , né en
1732, à Gossel, dans le duché de Gotha, eut
pour maître de musique le savant organiste
Kellner, de Grœfenroda. A l'âge de dix-neuf
ans, il obtint une place d'instituteur et d'or-
ganiste dans la Hesse ; |)uis il entra au service
du prince de Ilohenlohe, qui lui fit achever
ses éludes musicales sous la direction du
maître de chapelle Georges Benda, à Gotha.
Admis ensuite dans la cliai)cllc du duc, il y
remplit les fonctions d'organiste et de musi-
cien de la chambre. Il mourut à Golha, en
1793, à l'âge de soixante et un ans, laissant en
manuscrit: 1" Quatuor pour deux violons, alto
et violoncelle. 2<> Plusieurs canlnles reli-
gieuses. 3» Plusieurs trios pour deux violons et
violoncelle. 4" Quelques sonates pour clavecin.
5» Six chorals à trois claviers pour l'orgue.
SCHERMER (Antoine), né en 1760, à
Beilengries, sur le Danube, fit ses études à
Neubourg, et suivit les cours de théologie à
l'université d'Amberg. Il alla ensuite à Eich-
stadtety futordonné prêtre. Ses connaissances
étendues dans la musique le firent ensuite
nommer maître de chapelle du couvent de Bé-
nédictins de cette ville : il en remplissait en-
core les fonctions en 1814, et avait écrit plu-
sieurs opéras composés pour des collèges, des
messes, oratorios, cantates, et des concertos
pour plusieurs instruments.
SCIIERZ ou SCIIERZIUS (Jean-
Geouges), professeur de droit et de philoso-
phie à Strasbourg, naquit dans cette ville en
1678, et y mourut le 1" avril 1754. Au
nombre de ses écrits, dont la plupart sont re-
latifs aux antiquités allemandes, on trouve :
Disserlatio physica experimentalis; Argen-
torati, typis Melch. Pauschinger, 1731,
in-4'' de cinquante i>ages. Il y traite de plu-
sieurs expériences d'acoustique.
SCHETKY (Christophe), violoncelliste
distingué, né à Darmstadt, en 1740, eut pour
premier maître son père, musicien et secré-
taire de la chambre du grand-duc. Il reçut en-
suite quelques leçons de violoncelle d'Antoine
Fiitz, à Manheim, et apprit la théorie de
l'harmonie sous la direction du maître de cha-
pelle Endeler, à Darmstadt. Lorsqu'il eut at-
teint sa vingtième année, il reçut un engage-
ment pour aller à Hambourg avec son père et
ses sœurs : il y passa toute l'année 1761 , inces-
samment occupé d'études pour perfectionner
son talent; puis il retourna à Darmstadt,
où il entra dans la chapelle du grand-duc ;
mais avec la liberté nécessaire pour faire
de petits voyages à Manheim, Francfort et
Wetzlar. Après la mort de son père et de sa
mère, il fit un second voyage à Hambourg, en
1768, y séjourna deux ans, puis se rendit à
Londres où la protection de Jean-Chrétien
Bach lui procura un bon accueil. Cependant,
il paraît qu'il ne s'y arrêta pas longtemps, et
qu'il alla s'établir à Edimbourg. Bientôt après,
ayant épousé une riche veuve, il ne s'occupa
plus de la musique qu'en amateur; mais il ne
SCHETKY ~ SCHIASSI
455
jouit pas lon.memps des avantages de sa nou-
velle position, car il rûourut à trenle-irois
ans, en 1773. Schetkya publié de sa composi-
tion: 1» Six trios pour deux violons et violon-
celle, op. 1, à Londres. 2° Six duos pour violon
et violoncelle, op. 2, ibid. 3" Six trios pour
clavecin, violon et violoncelle, op. 3, ibid.
4" Six sonates pour violoncelle et basse, op. 4,
ibid. 5" Six duos pour deux flûtes, op. 5, ibid.
G" Six quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. G, ibid. 7° Douze duos pour deux violon-
celles avecquelques règles et observations pour
jouer de cet instrument, op. 7, ibid. 8» Six
duos faciles pour deux violoncelles; Paris,
Sieber. 9° Six sonates pour violon et violon-
celle, op. 13 ; ibid. Le même artiste a laissé en
manuscrit beaucoup de concertos pour violon-
celle et orchestre, des symphonies, six trios
pour violoncelle obligé, alto et basse, la Nuit
de Zacharie , cantate pour contralto, deux
violes, deux fliUcs, doux cors et violoncelle
obligé, composée pour sa sœur, et exécutée à
Hambouig.
SCIIEIIENSTUIIL (Michel), bon orga-
niste, naquit le 3 mars 1705, à Guttensletten,
près deBayrcuth. A l'âge de dix-se|)t ans, il
obtint la place d'organiste à Wilhelmdorf, ré-
sidence du prince de llohenlohe; mais, en
1729, il donna sa démission pour la place
d'organiste à Hof, dansleVoigtland. Il occupa
celle-ci jusqu'à sa mort. Il a publié de sa com-
position : 1" Sonate pour le clavecin, qu'il
grava lui-même à l'eau-forte. 2» Trois œuvres
de petites pièces appelées suites de clavecin.
3° Deux œuvres d'exercices pour le même in-
strument, ibid. 4° Deux concertos pour le cla-
vecin, 1738.
SCHEUERMANIV (le P. Flavius), né à
Luhe, près de Ratisbonne, en 1744, entra, en
1762, dans l'ordre des Franciscains, et passa
la plus grande partie de sa vie au couvent cen-
tral de Kaisersheim, où il était encore en
1812. Bon organiste et compositeur, il a écrit
plusieurs messes, motets et litanies répandus
dans les couvents de la Bavière.
SCHEUFLER (Martin), facteur d'orgues,
né en Silésie, dans la seconde moitié du sei-
zième siècle, a construit, en 1600, l'orgue de
l'église de la Madeleine, à Breslau, composé de
trente-six jeux. Cet instrument n'a été refait
qu'en 1723, après avoir servi pendant cent
vingt-deux ans.
SCHEYERMANN (Georges), professeur
de piano à Nantes, naquit, eu 17G7, à la Ver-
rerie de Monlhermé (Ardennes), où son père,
Suisse d'origine, était ouvrier. Le voisinage de
l'abhayede Prémontrés deLavaldieu lui four-
nit, dès l'âge de huit ans, les moyens de rece-
voir une bonne éducation, particulièrement
dans la musique. Il y eut pour condisciple Mé-
hul , et tous deux reçurent des leçons du
P. Hanser {voyez ce nom) pour l'orgue, le cla-
vecin et la composition. A quinze ans,Scheyep-
mann était déjà assez habile pour aller rem-
plir les fonctions d'organiste à l'abbaye de
Foncarmonl, dans la haute Normandie. Après
trois années de séjour dans ce lieu, il se rendit
à Paris, où il trouva son ancien ami Mébui
qui lui fil continuer ses études d'harmonie, et
lui fit obtenir des leçons de Séjan pour l'orgue.
Au mois de septembre 1789, il accepta la po-
sition d'organiste et de directeur des concerts
de la ville, à la Rochelle , où il passa dix
années. De retour à Paris, en 1801, avec l'in-
tention de s'y livrer à la culture de l'art,
il ne s'y arrêta cependant que huit mois,
parce que des propositions avantageuses lui
furent faites pour aller s'établir à Nantes, où
s'écoula le reste de sa vie. Il y mourut le
29 juin 1827. On a publié de sa composition :
1» Trois sonates pour piano et violon, op. 1 j
Paris, Porro. 2» Deux sonates pour piano et
violon ou flûte, op. 2 ; Paris, Sieber. 3° Pasto-
rale pour piano et harpe; ibid. 4° Deux re-
cueils de romances avec accompagnement de
piano; Paris, Leduc. Il a laissé en manuscrit:
i" Le Couronnement de Numa Pompilius,
opéra en deux actes, composé pour le théâtre
de Nantes. 2» Plusieurs cantates avec orchestre.
3° Trois concertos pour le piano. 4" Sympho-
nie concertante pour deux pianos et orchestre.
3° Trio concertant pour piano, flûte et basson
obligés. G» La Bataille d'Austerlitz, sym-
phonie militaire. 7» Une ouverture à grand
orchestre. 8" Beaucoup de morceaux détachés
pour le piano. 9» Plusieurs morceaux pour
des loges de francs-maçons.
SCHEYRER ou SCHREYER (Ber-
nard), frère mineur de Saint-François de
Paule, au couvent du faubourg d'Au, près de
Munich, vécut vers le milieu du dix-seplième
siècle. Il est auteur d'un traité du plain-chant
intitulé : Musica choralis theorico-practica,
ou méthode facile pour apprendre en peu de
temps le plain-chant; Munich, chez Jean
Jœklin, 1663, in-4».
SCHIASSI (Cajétan-Marie), violoniste et
compositeur, né à Bologne, dans les dernières
années du dix-septième siècle, a fait repré-
senter dans cette ville avec succès plusieurs
opéras dont voici les titres : 1" Amor tra ne-
mici, 1732. 2° La Fede ne' iradimenti,
4Ô6
SCHIASSI — SCIIICHT
1732. ô' y^lessandroneîr Indie,\75A. 4" De-
mofoonte, 1735. 5" Didone abbandonata,
1735. On a aussi imprimé de sa composition :
Douze concerti a violino principale , violini
di ripieno, alto-viola, violoncello e cembalo,
op. 1 , à Amsterdam, chez le Cène. Schiassi
était membre de l'Académie des Philharmoni-
ques de Bologne.
SCHIASSI (Philippe), chanoine de la ca-
thédrale de Bologne, et membre de l'Acadé-
mie des sciences de l'Institut de cette ville,
mort en 18ô8, dans un âge avancé, est connu
par des travaux dans les sciences mathémati-
ques. Au mois de janvier 1832, il a lu à l'Aca-
démie des sciences une dissertation latine sur
le tempérament dans l'accord des instruments
à clavier, dont une traduction italienne a été
publiée sous ce titre : Del temperamento per
l'accordatiira del gravicembalo e dell' or-
ijano. Dissertazione recitala in lalino nelV
Academia délie scienze dell' Jnstituto di Bo-
logna li 12 gennaro dell' anno 1832, ed ora
pubblicata in italiano; Bologna, tipografia
daW Olmo e Ciocchi, 1832, in-4'* de vingt-
six pages, avec six planches. Il faut joindre à
cet écrit une feuille in-4'', intitulée : Lettera
nella quale si dà notizia délia esperienza
fatta in Bologna di un nuovo metodo di ac-
cordatura del gravicembalo e dell' organo
coW aggiunta di una tavoletta per l'appli-
cazione pratiea di tal metodo.
SCHIATTI (G.), compositeur et violo-
niste italien, était, vers 1740, maître de con-
certs du margrave de Bade-Dourlach. En 1747,
il se rendit à Pétersbourg, où il entra dans la
chapelle impériale. On a gravé de sa compo-
sition, à Amsterdam, six trios pour deux vio-
lons et basse, op. 1.
SCHIAVELLI (Jdles), compositeur vé-
nitien, vécut vers le milieu du seizième siècle.
Il a fait imprimer : Mottetti a cinque e set
tJOCt; Venise, 1565, in-4''.
SCIIICHT ( Jean-Godefboid), naquit à
Reichnau, près de Zittau, le 29 septembre
1753. Fils d'un pauvre tisserand, il n'aurait
été lui-même qu'un artisan, si son oncle ne
l'eût adopté dès l'âge de deux ans, et ne lui
eût fait faire de bonnes études au collège de
Zittau, où il demeura pendant dix ans, puis à
l'université de Leipsick. L'organiste Trier fut
son premier maître de clavecin ; mais bientôt
dégoûté par la négligence de cet homme, dont
il ne recevait que de rares leçons, il prit la
résolution de diriger lui-même ses études
musicales. Son penchant pour cet art lui fit
abandonner les cours de droit de l'université.
Naumann l'avait recommandé 5 lliller, alors
Cantor de l'école de Saint-Thomas de Leip-
sick; celui-ci l'employa en qualité d'accom-
pagnateur et d'organiste iln l'école II «"-tail en
môme temps premier violon di> cnnc( rt de la
ville. La retraite de tiiller, en 178j, fit jeter
les yeux sur Schicht pour la direction du grand
concert, et dans le même temps il fut choisi
pour remplir les fonctions d'organiste de la
nouvelle église du couvent. Il occupait encore
ces places lorsqu'il reçut (au commencement
de 1810) sa nomination deCanforet de direc-
teur de musique de l'école Saint-Thomas de
Leipsick. Il en remplit les fonctions avec hon-
neur jusqu'à sa mort, arrivée le 16 février
1823. En 1820, l'Académie de musique de
Stockholm l'avait choisi pour un de ses mem-
bres, et peu de jours avant sa mort, le roi de
Saxe se préparait à le nommer son maître de
chapelle. Schicht avait épousé, en 1786, la
cantatrice italienne Valdesturla, qui lui donna
quatre filles, dont une seule, douée de grandes
dispositions pour la musique, a vécu. Madame
Schicht a chanté au concert de Leipsick pen-
dant dix-neuf ans : elle est morte dans cette
ville, en 1809.
Les compositions de Schicht ont été long-
temps exécutées avec succès à Leipsick ; mais
elles ont eu peu de retentissement dans le
reste de l'Allemagne et sont à peu près incon-
nues en France. On n'a publié que celles dont
voici les titres : 1» Das Ende der Gerechten
(la Fin du Juste), oratorio de la Passion, à
quatre voix et orchestre (gravé en partition);
Leipsick, Hofmeister. ^"LaFêtedes chrétiens
sur le Golgotha, oratorio à quatre voix, en
partition pour le piano; Leipsick, Breilkopf
etHaertel. Cet ouvrage a été chaleureusement
applaudi'à toutes les reprises qu'on en a faites
à Leipsick. 3° Trois motets allemands à quatre
voix et orchestre, en partition ; Leipsick, llol-
meisler. A" Le 100" psaume (Jauchzet dem
I/errn), à deux choeurs, en partition; ibid.
5" Je Z>e«nî, à quatre voix, chœur et orchestre ;
en partition, ibid. 6° Jllgemeine Choralbuch
fur Kirchen, Schulen, etc. (Livre choral gé-
néral pour les églises, les écoles, etc., à quatre
parties, pour l'orgue ou le piano), en trois
parties; Leipsick, Breitkopf et Ilsertel, in-4'>
oblong. 7» Mélodies chorales à trois et quatre
voix; Leipsick, Peters. 8» Le Pater noster el
le Benedicite, à voix seule avec orgue; ibid.
9" Joie d'Aminte au retour de Lalagé, can-
tate pour soprano et orchestre; Leipsick, 1778.
10° Le prix de la poésie, grande cantate en
deux parties, avec orchestre, en partition pour
SCHICIIT - SCIIICK
4^7
le piano; LeipsickjBreilkopfelHœrlel. ll^Six
clianls de Claudius à quatre elcinq voix ; Leip-
sick, Ilofmeisler. Parmi les ouvrages du même
arlisle qui sçnt restes en manuscrit, on re-
marque : 12» Moyse sur le Sinaï, oraloiio
à cinq voix, chœur et orcliestrc. lô' Quatre
Te Deum. 14" Deux messes. 15" Grand motel
choral {Nach einer Priifung kurzer l'âge),
en neuf parties, à trois, quatre, cinq, six,
sept et huit voix. 13" Beaucoup de cantates de
circonstance avec orchestre. 16» Trois pro-
verbes à quatre voix en style fugué. 17» Six
grands chœurs italiens et allemands avec or-
chestre. 18» Concerto pour le piano. 19° Ca-
prices et sonates pour le même instrument.
Schicht s'était livré à l'enseignement de
l'harmonie pendant près de trente ans; il pu-
blia le système qui l'avait guidé pour cet en-
seignement dans un livre qui a joui en Alle-
magne de quelque faveur, et qui a pour titre:
Grundreyeln der Harmonie nach dem Fer-
toechslungs- System (Principes fondamentaux
d'harmonie, d'après le système des modifica-
tions, etc.); Leipsick,Breitkopf et Hsertel (sans
date), in-folio de soixante-six pages. La mé-
thode de Schicht est purement empirique. Il y
considère la dominante comme base de l'ac-
cord parfait majeur sol, si, ré ; de l'accord de
septième sol, si, ré, fa, d'où se tire l'accord
parfait diminué it^ ré, fa ; de l'accord de neu-
vième sol, si, réy fa, la, d'oîi se déduisent
l'accord de septième de sensible si, ré fa, la,
et l'accord parfait miiieur, ré, fa, la; de l'ac-
cord de onzième sol, si, ré, fa, la, ut, d'où
se tire l'accord de septième mineure ré, fa,
la, ut; et enfin, de l'accord de treizième sol,
si, ré, fa, la, ut, mi, d'où provient l'accord
de septième majeure fa, la, ut, mi. L'altéra-
tion accidentelle des intervalles de ces accords
complète le système de Schicht. On lui doit
aussi les traductions allemandes de la Gram-
maire de Vart du chant de madame Celoni-
Pellegrini (Leipsick, Peters), et de la Méthode
de piano de Dussek et Pleyel, dont il y a eu
cinq éditions publiées à Leipsick.
SCIIICK (Ernest), violoniste, naquit à
La Haye, au mois d'octobre 1756. Son père,
maître de danse à Amsterdam, lui enseigna
cet art, où il devint habile; mais son penchant
irrésistible pour la musique le lui fit aban-
donner. Il se livra à l'étude du violon, sous la
direction de Kreutzer, maître de concerts qui
se trouvait alors à Amsterdam; puis il reçut
des leçons d'Esser (voyez ce nom), et en der-
nier lieu devint élève de Lolli, lorsque celui-ci
revint de Pélersbourg. Il en adopta la ma-
nière et fut au nombre des violonistes qui l'imi-
tèrent le mieux. L'électeur deMayence l'admit
dans sa musique, en qualité de premier vio-
lon. En 1782, Schiok voyagea en Allemagne
avec le violoncelliste Triklir, et partout il ex-
cita Padiiiliation par l'expression suave de son
jeu et le brillant de son exécution, particuliè-
rement dans le staccato. Arrivé à Hambourg,
en 1794, après que l'invasion des troupes fran-
çaises eut dispersé la musique de l'électeur de
Mayence, il avait l'intention de s'y fixer; mais
dans la même année il se rendit à Berlin, oti
sa femme fut engagée au Théâtre National et
à celui de la cour. Il y eut le litre de premier
violon ou de maître de concerts de la chapelle
duroi.Schick est mort àBerlin,lelOdécembre
1813. Il a publié de sa composition, à Berlin,
en 1783, six concertos pour violOD, avec or-
chestre.
SCHICK (Marguerite-Louise), femme du
précédent, et dont le nom de famille était HA-
MEL, naquit à Mayence, le 26 avril 1773. Son
père, bassoniste de la chapelle de l'électeur,
lui donna les premières leçons de musique et
de piano. A l'âge de huit ans, elle passa sous
la direction de madame Hellmuth, artiste de
talent. Après que la voix de mademoiselle Ha-
mel eut acquis du timbre, ses heureuses dis-
positions furent remarquées par le prince élec-
teur, qui lui accorda une pension pour aller
étudier le chant à WUrzbourg, chez un bon
professeur italien nommé Steffani. De retour
à Mayence, elle entra dans la musique du
prince, en qualité de cantatrice. En 1791, elle
épousa le violoniste Schick, et fit avec lui quel-
ques petits voyages en Hollande et dans l'Al-
lemagne du Rhin. Vers le même temps, elle
était devenue l'élève deRighini, alors maître
de chapelle à Mayence et directeur de la mu-
sique du Théâtre National. Madame Schick dé-
buta surla scène, en 1791, par le rôle de Lilla,
dans l'opéra de ce nom; puis elle brilla dans
VArbore di Diana, de Martini, dans le Ta-
lisman, de Salieri, dans les rôles de Suzanne,
des Noces de Figaro et de Zerline de Don
Juan. Les grands événements qui dispersèrent
la chapelle de l'électeur et firent fermer le
théâtre, obligèrent madame Schick à s'éloi-
gner de Mayence. Arrivée à Hambourg au
commencement de 1794, elle y donna quel-
ques représentations avec un brillant succès;
mais les offres avantageuses qui lui furent faites
pour s'y fixer ne l'empêchèrent pas de se
rendre à Berlin, où elle eut à la fois un enga-
gement pour le Théâtre Royal et un autre pour
celui de Kœnigsladt: elle y débuta le 11 oc-
458
SCHICK — SCHICKIIARD
tobre 1794, dans l'^xur de Salicri. Depuis
celte époque jusqu'à sa mort, elle ne s'éloi-
gna de Berlin que pour faire un voyage à Bres-
lau; et dans sa carrière dramatique, elle joua
tous les genres avec un égal succès. L'^/cesfe
et Viphigénie en Tatiride, de Gluck, n'eu-
rent jamais de meilleur interprèle. La rupture
d'une artère la fit mourir presque subitement
le 29 avril 1809, à l'âge de trenle-six ans. Des
obsèques magnifiques lui furent faites, et les
artistes des deux théâtres se réunirent pour y
exécuter le Requiem de Mozart. Plusieurs dis-
cours furent prononcés sursa tombe, etM. Con-
rad Levezow (voyez ce nom), conservateur du
musée de Berlin, publia une notice sur la vie
<Ie madame Schick, ornée de son portrait, sous
le titre : Leben und Kunst der. Fr. Marg.
Schick; Berlin, Duncker et Humblot, in-8".
SCHICK (FRÉDÉnic), fils des précédents,
né à Berlin, le 6 novembre 1794, se livra de
bonne heure à l'élude de la clarinette, sur la-
<iuelle il acquit un talent distingué. En 1812,
il se fit entendre dans un concert avec un bril-
lant succès. Le 5 février 1817, il entra dans le
corps de musique du 34'"'= régiment d'infan-
terie, qui était en garnison à Straisund. Dans
l'année suivante, il se rendit à Berlin et obtint
le litre de musicien de la chambre du roi, et
fut nommé première clarinette du Théâtre
Royal. En 1832, il entra dans le corps de mu-
sique du régiment de l'empereur Alexandre, en
garnison à Berlin, dont il devint directeur de
musique en 1842. En 1848, il fut décoré de
l'ordre dé l'Aigle rouge. Il a obtenu sa retraite
avec la pension, en 1839. Cet artiste a écrit un
grand nombre de morceaux pour la musique
militaire.
SCHICK (Théophile), pianiste, né en Ba-
vière, vécut à Paris vers 1808; mais après la
restauration, il retourna en Allemagne et de-
meura quelque temps à Augsbourg. On a gravé
de sa composition : 1° Trois grandes sonates
pour piano, violon et violoncelle, op. 1 ; Pa-
ris, Sieber. 2° Andantino avec huit variations;
Augsbourg, Gombart. 3° Valsesetcontredanscs
[tour piano; Paris, Sieber.
SCHICKAI^EDER ou SCHIKANE-
DER (Jean-Euhanuel), acteur, compositeur
et directeur de spectacles, naquit à Ratis-
bonne, en 1751. Après y avoir achevé ses
études musicales cl littéraires, il se sentit en-
traîné vers le théâtre par un goiil irrésistible,
cl pour la première fois il parut sur la scène,
en 1775. Le succès (ju'il y obtint décida de sa
carrière. En 1777, il joua à Munich quelques
r61es tragiques, entre autres celui d'Uamlel,
où il fit admirer son intelligence dramatique.
Devenu directeur d'une troupe «l'acteurs am-
bulants, il la conduisit à Salzhourg, Grsetz,
Linz, puis se rendit dans la capitale de l'Au-
triche, où il fit construire le théâtre sur la
Vienne {an der JVien). Le mélodrame, avec
ses accessoires de belles décorations, de riches
costumes et de machines, fut le genre de
spectacle qu'il y établit. De temps en tem|)s,
il y faisait aussi jouer des opéras. Ce fut lui
qui, après avoir fait l'informe canevas de la
FltUe enchantée, alla le présenter à Mozart
pour qu'il en composât la musique. On sait
comment le génie de ce grand homme sut
triompher de l'absurdité du poëme. Schicka-
neder, dont les affaires étaient fort dérangées,
n'avait pu offrir au compositeur aucun |irix
pour son travail, et celui-ci ne s'était réservé
que la propriété de sa partition; mais peu
touché d'un sacrifice si généreux, le directeur
de spectacle tcahit la confiance de celui qui
l'avait sauvé de sa ruine par un chef-d'œuvre,
et vendit en secret la partition de la Flûte en-
chantée à d'autres entrepreneurs de théâtre,
Schickaneder est mort à Vienne, le 21 sep-
tembre 1812, à l'âge de soixante et un ans. Il
avait composé le texte et la musique de l'opéra
allemand Die Lyranten.
Son neveu (Charles Schickaneder), régisseur
du théâtre de Prague, est auteur de la musi(iue
de plusieurs petits opéras, et de beaucoup de
trios comiques pour soprano, ténor et basse,
dont Simrock, de Bonn, a publié quelques-
uns.
SCHICKIIARD (Jean-Ciihéties), flûtiste
et hautboïste, vécut à Hambourg, depuis le
commencement du dix-huitième siècle jusque
vers 1730. Roger, éditeur de musique à
Amsterdam , a gravé les ouvrages suivants
delà composition de cet artiste : 1» Sonates
pour fliUe seule et basse continue, op. 1.
2» Idem, pour hautbois et basse continue,
op. 2. 3» Idem, pour flùle seule et basse con-
tinue, op. 3. 4° Idem, pour deux flûtes et
basse, op. 4. 5» Idem, pour flûte, deux haut-
bois, basse de viole et basse continue, op. !5.
6° Idem, pour deux flûtes et basse continue,
op. 6. 7° Douze sonates pour deux hautbois,
basse de violon et basse continue, op. 7.
8» Sonates pour hautbois seul et basse con-
tinue, op. 8. 9" Idem, pour deux flûtes et
basse, op. 9. 10» Idem, pour deux hautbois el
basse continue, op. 10. 11" Recueil de menuets
pour deux hautbois et basse, op. 11.12» Prin-
cipes de la flûte, contenant des airs à deux
dessus sans basse, propres à pousser un éco-
SCHICKHARD — SCHIEDERMAYER
459
lier très-avant en la manière défaire dans
tous les tons les cadences sw cet instrument,
op. 12. 13" Concerts à deux hautbois, deux
violons, I)a$se et basse continue, op. 15.
14' Quatorze sonates pour un hautbois, flûte,
basse cl basse continue, op. 14. 15» Principes
de hautbois contenant des airs à deux haut-
bois sans basse, très-propres à apprendre à
jouer du hautbois, et la manière de faire
tous les tons sur cet instrument. 16» Douze
sonates à deux flûtes et basse, op. 16. 17° Six
idem, à une flûte et basse, op. 19. 18» Idem,
pour hautbois et basse continue, op. 20.
19» Airs spirituels des Luthériens à deux
flûtes et basse, op. 21. 20» Sonates pour haut-
bois, deux flûtes et basse, op. 22.
SCniEBEL (Jean-Geokges), poêle et mu-
sicien, fut recteur et canlor à Ratzbourg, en
Danemark, où il mourut le 2 mai 1684.
J.-G. Ahle indique, dans ses Dialogues musi-
caux de l'automne {Musikalisches Herbsl-
gesprsch, un livre de Schiebel intitulé : Cu-
riouseste TFunderwerke der Natur, se sie
durch den einstimmenden Klang an Mens-
chen, Fieh und allen Creaturen ansiibt, etc.
(Merveilles curieuses que la nature exerce par
des sons harmonieux sur l'homme, les ani-
maux et autres créatures, etc.); mais il ne fait
connjiltre ni le lieu ni la date de rimpression
de cet ouvrage.
SCIIIEDERMAYE11(Joseph-Ber:<ard),
organiste de la cathédrale de Linz (Autriche),
mort dans cette ville, le 8 janvier 1840, fut un
compositeur fécond de musique d'église. On a
publié de lui les ouvrages dont voici les titres :
1» Missa a quattro voci , con 2 violini ,
'2trombeed organo, n^i, op. 18 (en re');Linz, *
Haslinger.2»/tZem;à quatre voix, deux violons,
deux cors et orgue, n" 2, op. 19 (en sol) ; ibid.
3» Messe à quatre voix, deux violons, deux
trompettes et orgue, n» 3, op. 20 (en ut); ibid.
A" Messe solennelle à quatre voix, orchestre et
orgue, op. 27; ibid. 5» Messe avec graduel et
offertoire, à quatre voix, deux violons et orgue
(en fa), op. 31 ; Vienne, Ilaslinger. 6» Idem,
à quatre voix, deux violons, deux cors ad li-
bitum et orgue (en ut), op. 32; ibid. 7" Idem,
idem (en sol), op. 35 ; ibid. 8» Messe avec gra-
duel et offertoire à quatre voix, deux violons,
<leux clarinettes, deux trompettes, timbales et
orgue (en ré), op. 54 ; ibid. 9» Messe idem (en
«(), op. 35; ibid. 10» Messe avec graduel et
ofl'erloire, à quatre voix, deux violons, alto,
deux clarinettes, deux trompettes, timbales et
orgue (flûtes et bassons ad libitum)^ op. 36
(en nu); ibid. 11" Messe de Requiem, à quatre
voix, deux violons, deux cors, contrebasse et
orgue (en mi bémol), op. 46; ibid. 12» Messe
pour la fête de Pâques, à quatre voix, deux
violons, deux clarinettes, deux trompettes,
contrebasse et orgue (en ut), op. 66; ibid.
13» Messe pastorale pour la fête de Noël, à
quatre voix, deux violons, flûte, deux clari-
nettes, basson, deux trompettes, timbales,
contrebasse et orgue, op. 75; ibid. 14" Messe
pour la campagne, à quatre voix, deux violons,
deux clarinettes, deux cors, violoncelle, con-
trebasse et orgue (en mi bémol), op. 75 ; ibid.
15» Messe à quatre voix, deux violons, deux
clarinettes, deux cors, deux trompettes, tim-
bales et orgue; ibid. 16» Nouvelle messe alle-
mande, à quatre voix et orgue ; ibid. 17» Messe
solennelle à quatre voix et orchestre, op. 101;
ibid. 18° Deux graduels et offertoires pour
tous les temps, à quatre voix, deux violons,
deux cors et orgue, op. 21 ; ibid. 19° Tantum
ergo et litanie de la Vierge idem, op. 25; ibid.
20» Litanies à quatre voix, deux violons, deux
clarinettes, deux trompettes, timbales, contre-
basse et orgue, op. 41 ; ibid. 21» Vêpres idem,
op. 42; ibid. 22» TeDeum idem, op. 43; ibid.
23" Deux Asperges à quatre voix, basse et
orgue; deux idem à quatre voix, deux violons,
basse et orgue, op. 45; ibid. 24» Graduel
{Fictimx paschali) à quatre voix, deux vio-
lons, deux clarinettes, deux cors, contrebasse
et orgue, op. 67; t6id. 25° Offertoire (Use
dies) pour soprano et chœur, deux violons,
deux clarinettes, deux cors, contrebasse et
orgue, op. 68; ibid. 26» Pange lingua à
quatre voix, deux clarinettes, deux cors et
deux bassons, op. 70 ; ibid. 27» Quatre Évan-
giles à quatre voix, deux clarinettes, deux cors
et deux bassons, op. 71; ibid. 28» Graduel
pastoral {Tecum principium) pour voix <lo
basse et clarinette solo, avec deux violons,
deux trompettes, timbales et orgue, op. 73 ;
ibid. 29» Offertoire pastoral {Lwtentur cœli),
pour soprano et violon concertant, chœur à
trois voix, deux violons, flûte, deux clari-
nettes, basson, deux trompettes, timbales,
contrebasse et orgue, op. 74; ibid. 30^ Gra-
duel (Foce mea ad Bominum), à quatre voix,
chœur, deux violons, deux clarinettes, deux
cors, contrebasse et orgue, op. 76; ibid.
31» Offeftoire {Exaudi Deus), idem, op. 77;
ibid. Schiedermayer a écrit aussi des sym-
phonies, œuvres 8 et 9; Vienne, Haslinger;
des pièces d'harmonie, des trios pour instru-
ments à archet, des sonates de piano, des
pièces d'orgue et des danses. Il est auteur
d'une iustruction sur le piain-chant, intitulée :
400
SCIIIEDEU.MAYEIl — SCIIILD
Theoretischc prahlische ChoraUehre , s«»i
gebrauch beim kalholische Kirchen rilus
(Doctrine ihéorique et pratique de chant
choral, suivant le rit de Téglise catholique);
Linz, Ik'oli:î;;er, 1828, brochure in-4'' de
qurnz" |'n(,cs. Schiedermayer a publié aussi
un abrégé de la méthode de violon de Léopold
Mozart, sous le litre de Theoretisch-pralUische
Fiolinschiile, dont il a été fait des éditions à
Vienne, Hambourg, Mayence etPosen.
SCHIEDEIVMAYER (Jeah-David), fac-
teur d'instruments à Nuremberg, naquit à
Erlang, au mois d'avril 1753". Élève de Slein,
d'Augsbourg, il se distingua par la bonne
qualité des pianos dont il perfectionna le sys-
tème de mécanique légère alors en usage. Il
s'était d'abord établi dans le lieu de sa nais-
sance, mais, en 1797, il se fixa à Nuremberg,
où il mourut le 20 mars 1803, à l'âge de cin-
quante-deux ans.
Un fils de Schiedermayer (jEAit-LACnEiiT),
né à Erlang, en 1786, s'est fixé à Stutigard,
en 1809, et y a établi une fabrique de pianos
d'où il est sorti de bons instruments. Il est
mort dans celte ville, au mois d'avril 1860.
Ses fils, facteurs habiles, continuent la fabri-
cation des pianos et y ont ajouté celle des
harmoniums. L'ainé était membre du jury à
l'exposition internationale de Londres, en
1802.
SCHIEFFERDECKER ( Jeas-David),
professeur de théologie à Weissenfels, naquit
en cette ville, le 7 novembre 1672, et y mourut
le 11 juin 1721. On lui doit la publication
du livre choral de Weissenfels avec les mé-
lodies et la basse continue pour l'accompagne-
ment; Weissenfels, 1714, in-4».
SCHIEFFERDECKER ( Jean - Chré-
tien), vraisemblablement de la même famille
que le précédent, était accompagnateur et cla-
veciniste du théâtre de Hambourg, vers 1720.
Après la mort de Buxtehude, célèbre organiste
de l'église Sainte-Marie, à Lubeck, SchiefTer-
decker obtint sa place, en se soumettant à la
condition d'épouser sa fille. Il en remplit les
fonctions avec honneur pendant vingt-cinq
ans, et mourut à Lubeck, en 1732. Pendant
son séjour à Hambourg, il avait écrit pour le
théâtre : 1° Alaric, opéra en trois actes, re-
présenté en 1702. 2» Le premier «acte de
Ficlor, dont les deux autres furent composés
par Matlbeson et Bronner, 1702. 3° Regnerus,
en trois actes, 1702. 4° Justin, en trois actes,
1706. Pendant son séjour à Lubeck, il publia
une collection de pièces de clavecin intitulée :
XII mutikalische$ Concerten, be$Uhend aus
(lusserlesene Ouvcrtaren , nebst einigcn
scliœnen Suiten und Sonateii; Hambourg,
1713, in-fol. Il a laissé en manuscrit des can-
tates spirituelles sur des textes des évangiles
des dimanches et fêtes.
SCIUEFLIIOLZ (Jean-Paul), directeur
de musi(iue à l'église paroissiale de l'univcr-
silé d'ingolsladt, mourut dans cette ville, en
1737.Waltherappelle cet srl'isle Schieffelholz ,
et Gerber, Schiffelholz ; mais son nom est
écrit, sur l'ouvrage qu'il a publié, comme je le
donne ici : il se peut que ce soit une faute typo-
graphique. Cet ouvrage a pour titre : Thésaurus
reconditus quem, que quxrit, invcniet, seu
VIII concerten a violino principale, 2 vio-
lini, viola, violoncello et organo; Augs-
bourg, 1727, in-fol. Schieflholz a laissé en
manuscrit beaucoup d'autres compositions.
SCIIIEKE (Jean), né à Grimma, en Saxe,
était, en 1693, élève à l'université deLeipsick,
où il soutint, le 22 décembre de cette année,
une thèse qui a été imprimée sous ce titre :
Organum musicum, historice extructum;
Leipsick, 1593, Job. Georg, in-4° de six
feuilles.
SCHIFF (Ckhétien), canton et directeur
de musique à Lauban, en Silésie, dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle, a publié
une ode funèbre pour soprano, contralto, deux
ténors et basse à Gœrlitz, en 1679, in-fol. Le
pasteur Muscov {voyez ce nom) ayant attaqué
sa musique dans son écrit intitulé : Gestrafler
Missbrauch der Kirchen-Musik, Schiff réfuta
son antagoniste avec modération dans une ré-
ponse qui a pour titre : Schrift und Fer-
nunftmxssiges Lob der in Gottes TFort
•wohlgegriindeten vocal und instrumenlal-
Kirchenmusik, aus rechtschaffener Theolo-
gorum Schriften entlehnt, und wider der
Ferstand und lieblosen Eifer der Jflusik-
feinde wohlmeinend vorgeslellct von Chris-
tian Schiff, chori musici Director (Éloge
écrit et raisonné de la musique d'église vocale
et instrumentale bien démontré dans la parole
de Dieu, etc.). j Lauban, 1694, in-8° de trente
pages.
SCIIILCHA ( Antoine ) , organiste à
Brzezno, en Bohême, y était aussi maître
d'école à la fin du dix-huitième siècle. Précé-
demment il avait été organiste à Jungbunziau.
Il mourut à Brzezno, en 1795. On trouve dans
les archives de l'église de Raudnitz des messes,
ofTertoires et litanies de sa composition, en
manuscrit.
SCIIILD (Melchior), organiste et compo-
siteur à l'église Saint-Georges et Saint-Jac-
H
SCHILD — SCHILLING
401
ques (le Hanovre, avait fait ses éludes musi-
cales à Amsterdam, sous la direction du célèbre
organiste Sweiinck, et était parvenu à un
rare degré d'habileté. Il mourut à Hanovre, en
1fi68, laissant à ses enfants pour environ cin-
quante mille francs de biens, quoiqu'il n'eût
joui pendant toute sa vie que d'un médiocre
revenu. On ne connaît point d'œuvres impri-
mées de Schild, mais il a laissé en manuscrit
des chorals variés pour l'orgue.
SCHILLIIXG (Gustave), docteur en phi-
losophie et conseiller de cour à Slultgard, est
né le 3 novembre 1805, à Schwiegershausen,
dans le royaume de Hanovre. Fils d'un pasteur
protestant, dont le père et le grand-père
avaient été organistes, et qui était lui-même
musicien instruit et bon organiste, il apprit
sous sa direction les éléments de l'art qui, plus
lard, est devenu l'objet principal de ses tra-
vaux. Dès l'âge de dix ans, il se fit entendre
en public sur le piano; dans le même temps,
il se livra à l'étude de l'orgue, du violon, de
la flûte et du violoncelle, et s'essaya dans la
composition de quelques morceaux de musique
religieuse. A l'âge de quinze ans, il entra au
collège; puis il alla, en 1823, étudier la théo-
logie à l'université de Goeltingen. Il termina
ses études littéraires et scientifiques à l'uni-
versité de Halle. Fixé à Stuttgard, en 1830, il
y prit la direction d'une école de musique pour
laquelle il écrivit, dans la même année, un petit
lexique de musique destiné spécialement aux
pianistes. Quelques travaux littéraires rem-
plirent les années suivantes; mais bientôt il
conçut le plan d'un grand dictionnaire de
musique (ju'il parvint à réaliser, en associant
à sa rédaction quelques hommes distingués, au
nombre desquels on trouve les noms de Fink,
La Motte-Fouqué, Grosheim, Heinroth, Marx,
Keferstein, G. Nauenburg, L. Rellstab, de
Seyfried, du savant professeur de physique
Weber, etc. Schilling s'était réservé les ar-
ticles d'esthétique, ce qui concerne la musique
des Hébreux, une grande partie de la bio-
graphie, et la rédaction générale. L'ouvrage,
dont le premier volume parut en 1835, fut
achevé en six volumes dans l'année 1838, et
deux ans après un septième volume, contenant
le supplément, a été publié. Bien qu'entaché
de défauts inséparables d'un travail de ce
genre, il est le meilleur et le plus complet des
dictionnaires de musique publiés jusqu'à ce
jour (1864), et l'on y trouve des articles bien
étudiés.
Dans l'année 1838, Schilling, dont l'acti-
vité était remarquable, fit paraître aussi un
livre important par son o!)jel, mais auquel on
peut reprocher d'être trop superficiel dans le
fond et dans la forme. Ce livre a pour titre :
Essai d'une philosophie du beau dans la
musique, ou Esthétique de cet art. Des cri-
tiques sévères, dures môme, de cet ouvrage,
ont paru dans les journaux. Il est incontes-
table que ce livre manque de profondeur;
toutefois, quelles que soient ses iraperfeclious,
on ne doit pas perdre de vue la ditTiculté du
sujet; difficulté si grande, qu'elle a été l'écueil
des hommes les plus distingués qui ont essayé
de le traiter. La même rigueur a accueilli la
|)ublication d'un autre livre du docteur Schil-
ling sur la science de l'harmonie, qui a paru,
en 1839, sous le titre de : Polyphonomos, ou
l'art d'acquérir tiîie connaissance complète
de l'harmonie, en trente-six leçons. Je ne
crois pas devoir ici reproduire les accusations
de plagiat qu'on a dirigées contre l'auteur de
cet ouvrage et de VEssai d'une philosophie
du beau dans la musique; car il faut se défier
de toute polémique passionnée.
Dans le temps même où tant de travaux dif-
férents semblaient devoir l'absorber tout en-
tier, Schilling avait entrepris la formation
d'une société allemande pour les progrès de
la musique et de sa science, et était parvenu à
y réunir les hommes les plus recommandables
de l'époque, entre autres Cherubini, Meyer-
beer, Spontini, Spohr, W. Schneider, Lachner,
Fr. Schneider, etc. Il entreprit aussi un jour-
nal des travaux de cette société qui a paru sous
le titre Annales de l'Association nationale
allemande pour la musique et pour la
science; cette publication n'a pas été conti-
nuée. Le prince de Hohenzollern-Hechingen
nomma Schilling conseiller de cour, en 1839,
et l'Académie de musique de Stockholm l'ad-
mit au nombre de ses membres.
Les principaux ouvrages de ce littérateur
musicien sont les suivants : 1» Musikalische
ffandwoerterbuch nebst einigen Vorange-
schickten allgemeinen philosophisch-histo-
rischen Bemerkungen iiber die Tonkunst.
Insbesondere fiir Clavierspieler bearbei-
tet, etc. (Lexique portatif de musique, etc.);
Stuttgart, Paul Neff, 1830, in-12. 2» Ency-
clopœdie dergesammten musikalischen JVis-
senschaften, oder Universal Lexikon der
Tonkunst (Encyclopédie de toutes les sciences
musicales, ou dictionnaire universel de la musi-
que); Stuttgart, Fr.-Henri Raehler, 1835-1 840,
septvolumesgr. in-8<>, y compris le supplément
auquel Gassner {voyez ce nom) a fourni beau-
coup d'articles biographiques, et celui de la
462
SCHILLING — SCHINDELMEISSER
]illt'ralure musicale. 3" Fersuch einer Philo-
sophie des Schaenen in der Musik, oder
yEsthelik der Tonkunst (Essai d'une philoso-
phie du beau dans la musique, ou Esthétique
de cet arl);Mayence, Schott, 1838, un volume,
gr. in -8» de six cent quaranle-deux pages.
4" Polyphonomos, oder die Kunst in 36 Lec-
tionen sich eine vollstxndige Kenntniss der
musikalischen Harmonie su erwerben (le
Polyphone, ou l'art d'acquérir une connais-
sance complète de l'harmonie, en trente-six
leçons); Stuttgart, Weise, 1839, un volume,
gr. in -8». 5° Beleuchlung des Hoftheaters in
Stuttgart (Examen du théâtre de Stuttgart);
Stuttgart, Neff, 1852, in-8''. Cet examen porte
particulièrement sur ce qui concerne la mu-
sique. 6» AUgemeine Generalbasslehre, mit
besonderer Riicksicht atif angehende Musi-
ker, Organisten xind gebildete Dilettanten
{Science générale de la Basse continue, etc.) ;
Darmstadt, L. Pabsl, 1839, un volume grand
in-S" de cinq cent quatre-vingt-deux pages.
Dans ce livre, comme dans le Polyphonomos,
Schilling se montre faible en tout ce qui con-
cerne la pratique de l'art: ses exemples man-
quent de correction. Il mettait trop de hâte
dans ses ouvrages, et sa position, habituelle-
ment gênée, l'obligeait à traiter le même su-
jet de manières différenle» pour se procurer de
l'argent. C'est ainsi qu'il fit un troisième
traité d'harmonie, sous ce titre : Musikalis-
cher Jutodidakt, oder Jnleitung zu voll-
standiger Kenntniss der musikalischen ffar-
jnonïe (le Musicien instruit par lui-môme, ou
introduction à la connaissance complète de'
l'harmonie musicale, etc.). 7» Geschichte der
heutigenoder modernen Musik, etc. (Histoire
de la musique moderne, etc.); Carlsruhe,
1841, un volume très-grand In-S» dehuitcent
seize pages. 8" Akustik oder die Lehre vom
Klange (Acoustique ou science des sons) ;
i6id., 1842, in-8o. 9» Das musiknlische Eu-
ropa , oder Sammlung von authentischen
Lebensnachrichten iiber jetzt in Europa le-
bende Tonkiinstler, etc., etc. (l'Europe mu-
sicale, ou recueil de notices authentiques sur
la vie des musiciens actuellement vivants en
Europe); Stuttgart, 1840, in-8«'. Schilling
s'est expatrié en 1857, et s'est établi à New-
York, où il a fondé une école de musique.
SCIIIMF (Chuistophe), prêtre et maître
de chapelle de l'église principale d'Eichstsedt
(Bavière), vers le milieu du dix-septième siècle,
s'est fait connaître par un ouvrage de sa com-
position intitulé -.Auguslitsims Firginis Ma-
rix Antiphonx et Lilanis 2, S, 4 et 5 voct-
6uî, 2 violinis et nrgan. decantandx ;
Œniponti, typis Mich. JFagneri , 1058,
in-4''.
SCUOIPERILN (Chréties), musicien
bavarois, était, au commencement du dix-sep-
tième siècle, cantor à Ochsenhausen, dans le
Wurtemberg. Il a publié de sa composition
six messes à huit voix, à Augsbourg, 1G16,
in-4''.
SCIIIMPKE (Christophe), né à Tetschen,
en Bohême, vers 1725, fut un virtuose sur le
basson, et joua avec talent de plusieurs autres
instruments. Ses compositions instrumentales,
écrites avec goût, le firent choisir par le comte
de Thun pour directeur de sa musique. Après
la mort de ce seigneur, Schimpke fut employé
comme directeur de musique à Johannisberg,
en Silésie, où il mourut en 1789. Cet artiste a
laissé en manuscrit, de sacomposition :l»Onze
symphonies à grand orchestre. 2° Cinq con-
certos pour alto. 3° Trois concertos pour vio-
loncelle. 4» Un concerto pour hautbois. 5» Deux
concertos pour cor. 6° Quatre concertos pour
basson.
SCHINDELMEISSER (madame Fassy).
épousa en première noce un négociant, nommé
Dorn, dont elle eutun fils qui s'est faitconnal-
tre par son talent dans la composition {voyez
DoRPi). Après la mort de Dorn, elle devint la
femme de Schindelmeisser, rentier de la même
ville, qui mourut aussi, en 1817. Alors elle se
rendit à Berlin et se livra à l'enseignement de
la musique el du piano par une méthode par-
ticulière de son invention. En 1845, elle fonda
à Dresde une seconde école basée sur la même
méthode. Elle mourut à Berlin, le 28 février
1846. Cette dame a publié un écrit dans lequel
elle expose les principes de son enseignement,
et qui a pour titre .• Ein JFort iiber meine
Mvsik-Unterrichts-Anstalt (Un mot snr mon
système d'enseignement de la musique); Ber-
lin, Voss, 1840, in-S" de trente-trois pages.
SCHODELMEISSER (Louis), com|)o-
siteur, fils de la précédente, est né à Kœnigs-
berg, le 8 décembre 181 1 . Il était âgé de treize
ans, lorsqu'il suivit sa mère à Berlin, où il
fréquenta les cours du gymnase. Son premier
maître de musique fut un Français, nommé
Hostie, artiste de talent qui, en 1824, fut en-
gagé comme violoniste au théâtre Kœnigsladt,
à Berlin, el qui mourut dans cette ville dix ans
après. Le premier instrument sur lequel Schin-
delmeisser se fit entendre fut la clarinette,
dont il jouait avec habileté. A l'âge de vingt et
un ans, il s'éloigna de Berlin, parcourut l'Au-
triche et fut chef d'orchestre des théâtres de
SCHÎNDELMEISSILR — SCHINDLER
4(;:5
Salzbourg, Inspruck el Grœtz. De retour à
Berlin, en 1837, il occupa une position sem-
blable au théâtre Kœnigstadt. En 1838, il se
rendit à Pesth et y passa neuf années en qua-
lité de directeur de musique du théâtre alle-
mand. Au mois de février 1847, il reçut un
engagement de Capellmeister (chef d'or-
chestre) de l'Opéra de Hambourg. Il quitta
cette position à l'automne de 1848, pour une
autre semblable au théâtre de Francfort.
En 1851, il alla diriger la musique du théâtre
<le la cour à Wiesbaden, et enfin, il accepta
3a place de maître de chapelle dugrand-ducde
■Hesse-Darmstadt,enl8i53. Il estmorlàDarm-
stadt, le 20 mars 18G4. Les ouvrages princi-
paux de Schindelmeisser sont : 1" Boniface,
apôtre de l'Allemagne, oratorio exécuté à
Pesih, le 25 décembre 1844. 2» Matlnlde,
opéra héroïque en trois actes, de Caroline
Fichier. 3» Die Zehn glilcklicher Tage. {\cs
Dix jours heureux), opéra romantique en
quatre actes. 4" Peter von Szapary, opéra
hongrois en trois actes, représenté au théâtre
de Pesth, le 8 août 1839. 5" Malvina, opéra
tragique en quatre actes^ représenté dans la
même ville, en 1841. 6° Die Rxcher{]es "Ven-
geurs), opéra romantique en quatre actes, re-
présenté en 1844. 7" Diavolina, grand ballet
en quatre actes. 8" Ouvertures et marches pour
des drames représentés à Berlin et à Hambourg.
9» Concerto pour clarinette et piano (en ut mi-
neur); Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 10» Sym-
phonie concertante pour quatre clarinettes et
orchestre, op. 2; ihid. 11° Impromptu, solo
pour piano (en m(), op. 4; Hambourg, Bœhme.
12» Deuxième Impromptu, op. 7 ; ibid. 13» So-
nate héroïque pour piano (en fa) , op. 8; ihid.
14» Pièces caractéristiques en forme de Lieder,
op. 14; Hambourg, Schuberth. 15» Trois baga-
telles pour piano, op. 22; Hambourg, Bœhme.
16» Deuxième grande sonate pour piano (en
«0/ mineur), op. 23; ibid. 17» Troisième ïdem
(en ré majeur), op. 40; Mayence, Schott.
18° Zore^ey, ouverture de concert; Cologne,
Schloss. 19» Beaucoup de Lieder, en recueils
et détachés.
SCHINDLER (P. -S.), compositeur alle-
mand, dont le nom n'est connu que par le
livret du premier opéra qui fut représenté à
Copenhague, le 15 avril 1689, pour l'anniver-
_saire du jour de naissance du roi de Dane-
lark Christian V. Cet opéra, en langue alle-
jfande, a pour titre : Der Gotter Streit (le
imbat des dieux). Il fut joué au château
Lmalienbourg. Schindier en avait écrit la
isique. Le compositeur de ballets, et les
danseurs des intermèdes, Clément, Barrayer,
Colart et Versigny, étaient Français. Le livret
de l'opéra, écrit par R.-A. Burchard, a été
imprimé à Copenhague, chez J.-P. Bocken-
hoffer (sans date), in-4» de quatre feuilles.
SCHINDLER ( Jean - CnnÉTiEN - Théo -
phile), violoncelliste et luthiste à la chapelle
de l'électeur de Mayence, vécutdans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Ses premières
compositions parurent vers 1768. Les cata-
logues de Breitkopf et d'autres indiquent de sa
composition des concertos, sonates et duos pour
violoncelle, ainsi que des concertos pour le
clavecin : toutes ces productions sont restées
en manuscrit.
SCHINDLER (Antoine), est né en 1796,
à MedI, près de Neustadt, dans le cercle d'Ol-
mUlz, où son père était cantor et maître
d'école. Dans sa jeunesse, il se livra à l'étude
(lu violon. Arrivé à Vienne, il y fut employé
comme violoniste, puis comme chef d'orchestre
à l'Opéra allemand. Dans le même temps, il
travailla à la rédaction des notices musicales
{Iflusikalischen Nachrichten) publiées dans
la Gazette des théâtres de Fienne. Admis
dans l'intimité de Beethoven, à cause de l'ad-
miration et de l'attachement qu'il témoignait
pour cet homme illustre, il passa près de lui
près de dix années, fut le confident de ses
travaux, de ses chagrins, de ses affaires, et
lui prodigua ses soins dans sa dernière ma-
ladie. Il écrivit à Moschelès, sur les derniers
moments et sur les obsèques de Beethoven,
plusieurs lettres qui ont été publiées dans les
septième et huitième volumes du recueil pé-
riodique intitulé CcEcilia, et dont la traduc-
tion française se trouve dans la Revue musi-
cale (t. I, p. 499-504). En 1831, Schindier fut
appelé à Munster, en qualité de directeur de
musique de la cathédrale et de l'Académie.
Après trois années passées dans cette ville, il
accepta, en 1835, une place de directeur de
musique à Aix-la-Chapelle, où il fit exé-
cuter quelques morceaux de sa composition;
mais des discussions survenues entre lui et
plusieurs amateurs auxquels leur position
donnait de l'influence, rompirent les arran-
gements qui avaient été pris à cet égard. De-
puis 1837, Schindier ne remplit plus d'autres
fondions à Aix-la-Chapelle que celles de pro-
fesseur de musique dans l'enseignement par-
ticulier. En 1842, il retourna à Munster.
Après y avoir passé quelques années , il se
retira à Bockenheim, près de Francfort-sur-
le-Mein, où il est mort dans les premiers jours
de janvier 1864. Il possédait beaucoup de
404
SCHINDLER — SCIIINN
manuscrits originaux de Beethoven, et de
petits livres où ce grand artiste écrivait ses
premières pensées musicales. Cette précieuse
collection a été achetée par le roi de Prusse,
Frédéric-Guillaume IV, pour la Bihliothèque
royale de Berlin. On doit à Schindler un
ouvrage rempli de faits intéressants intitulé :
biographie von Ludwig Fan Beethoven
(Biographie de L. van Beethoven); Munster,
Aschendorff, 1840, in-Sode deux cent quatre-
vingt-seize pages, avec un beau portrait de
Beethoven et deux /Vic-itmj'/e de son écriture.
Après la publication de cet écrit. Schindler
fit un voyage à Paris; de retour à Aix-la-
Chapelle , il s'occupa de la rédaction d'un
nouvel ouvrage concernant les impressions
que lui avait laissées l'exécution des œuvres de
Beethoven aux concerts du Conservatoire; ce
second livre a paru à Munster, en 1842, sous
le titre : Beethoven in Paris, un volume in-S».
Les deux ouvrages ont été réunis dans une
seconde édition publiée à Munster, en 1844,
un volume in-8°. Il en a été donné une troi-
sième, dans la même ville, en 1860, deux par-
lies in-S".
SCHIISDLCœKER (Philippe), violoncel-
liste de la cour impériale de Vienne, né à Mons
(Hainaut), le 25 octobre 1753, suivit son père à
Vienne, où Himmelbauer lui donna des leçons
de violoncelle. En 1795, il fut nommé violon-
celliste solo du théâtre de la cour, et trois ans
après, il obtint un poste semblable à la cathé-
drale de Saint-Étienne; enfin, en 1806, l'em-
pereur le nomma violoncellistede sa chambre.
Retiré en 1811, Schindlœker est mort à
Vienne, le 16 avril 1827. Il a laissé en manu-
scrit, de sa composition : 1" Concerto pour
violoncelle et orchestre. 2° Sonates pour vio-
loncelle et basse. 3° Rondo pour violoncelle
et basse. On n'a imprimé de lui qu'une Séré-
nade pour violoncelle et guitare; Vienne,
Diabelli.
SCHIl\DLOEKER(M. V^^OLFCANG), neveu
du précédent, naquit à Vienne, en 1789. Élève
de son oncle pour le violoncelle et la compo-
sition, il devint habile sur cet instrument, et
apprit aussi à jouer de plusieurs instruments
à vent, entre autres du hautbois et de la flûte.
A l'âge de quinze ans, il se fit entendre en
public à Vienne, dans un concerto de violon-
celle. Il entra, en 1807, au service du grand-
duc de Wurzbourg, en qualité de musicien de
la chambre. On a publié de sa composition :
1° Douze pièces pour cinq trompettes et tim-
bales; Vienne, Haslinger. 2» Sérénade pour
cor de basselte, flûte, alto et violoncelle;
Mayence, Schotl. 5' Trio pour hautbois, violon
et basse; ibid. 4" Douze duos pour deux cors,
Munich, Faller. 5» Grand duo pour deux vio-
loncelles, op. 5; OfTenbach, André. G" Trois
duos instructifs pour deux violoncelles; ibid.
7° Fantaisie et polonaise pour flûte avec violon,
deux altos et violoncelle; ibid.
SCHINKE (Joseph), facteur d'orgues et
d'instruments à clavier, à Ilirschberg, a appris
les éléments de son art chez Pierre Zeigins,
de Frankenstein.Ses principaux ouvrages sont
l'orgue du séminaire de Bunziau, construit en
1825, et composé de onze jeux, deux claviers
et pédale; celui de Tillendorf, de seize jeux,
deux claviers et pédale; celui de Schwerte, de
vingt-cinq jeux; enfin celles de Falkenbain,
de Domanze, de Meff"ersdorf, et plusieurs
autres lieux de la Silésie. Schinke est mort en
1829.
SCmWMEYER (Jean-Adolphe), docteur
en théologie, naquit à Stettin, en 1733. Après
y avoir rempli les fondions de conseiller du
consistoire et de professeur de langues orien-
tales, il fut nommé prédicateur de l'église
allemande à Stockholm, puis, en 1778, surin-
tendant de la Poméranie suédoise et prédica-
teur de l'université de Greifswald. L'année
suivante, il fut appelé à Lubeck en qualité de
surintendant. Il mourut dans cette ville, le
3 mai 1796. Parmi ses écrits, on trouve un re-
cueil de trois sermons (Predigten iiber das
Gœttliche , Schœne und Beruhigende d.
Christenheit); Flensbourg, 1773, in-8°, dont
le premier a pour sujet l'inauguration d'un
nouvel orgue.
SCHrWiy (Jean -Georges), flûtiste et com-
positeur, naquit le 14 septembre 1768, à Sin-
zig, près de Ratisbonne, et reçut de son père,
instituteur dans ce lieu, les premières instruc-
tions sur la musique. Après avoir commencé
ses études littéraires au couvent de Prtlfing, il
alla les continuer au séminaire de Neubourg,
sur le Danube, De là il se rendit à l'université
de Dillingen, pour y suivre les cours de philo-
sophie et de droit. Ses études ne l'empêchaient
pas de cultiver la musique, ni de s'exercer sur
le violon, le basson et la flûte. Une circon-
stance imprévue décida de sa vocation pour cet
art; car ayant fait un voyage à Eichstaedt,
pour y visiter quelques camarades d'études
qui étaient entrés dans la musique du prince-
évéque, ceux-ci le déterminèrent à les imiter,
et il accepta en effet une place de flûtiste de
la chapelle, qui était vacante. Ce fut alors qu'il
étudia l'harmonie et le contrepoint sous la
direction de Bachsmidt; mais la cécité dont
SCHINN — SCHlZZr
465
ce maître fut Trappe peu de temps après obligea
Scliinn à solliciter de l'évêque d'Elchslsedt la
permission d'aller continuer ses études de
composition à Salzbourg, auprès de Michel
Haydn. La sécularisation de l'évéché d'Eich-
staedt lui ayant fait perdre sa place, il entra,
au mois de décembre 1808, à l'orchestre de la
cour à Munich. Il mourut dans cette ville, le
18 février 1833, après une courte maladie. On
a publié de la composition de cet artiste :
1» Gebet um Frieden (Prière pour la paix), à
plusieurs voix; Munich, Falter. 2° Cantique
pour la fêle de la sainte Croix, pour deux
ténors et deux basses; ibid. 3" Chant funèbre
sur le tombeau de mon père; ibid. 4" Six
chansons de Gleim pour trois voix d'hommes,
op. 7; Munich, Sidler. 5" Six chants pour
quatre voix d'hommes, op. 8; ibid. 6» Le
\" mai, chant pour quatre voix d'hommes,
op. 9; ibid. 7° Chansons allemandes à voix
seule, avec accompagnement de piano, op. 10,
11, 12; ibid. Schinn a laissé en manuscrit
plusieurs messes et offertoires à quatre voix et
orchestre.
SCHMMERRIIVG (Niels), musicien da-
nois, attaché à la musique de la cour de
Copenhague, naquit vers le milieu du dix-
huitième siècle, et fit ses études musicales à
Hambourg, sous la direction de Charles-
Philippe-Émmanuel Bach. En 1783, il publia
un recueil de cantiques avec la basse continue,
en langue danoise. Il avait entrepris aussi la
formation d'un livre choral général en langue
allemande, et avait rassemblé pour ce travail
un nombre immense de livres du même genre,
particulièrement choisis parmi les plus an-
ciennes éditions'. Bach revit tout l'ouvrage, et
y ajouta la basse chiffrée pour l'accompagne-
ment; mais Schiœrring mourut vers 1800,
avant d'avoir fait sa publication. Il avait
réuni une belle bibliothèque musicale formée
de compositions de tout genre, de livres de
théorie et de littérature de la musique, de sa
belle collection de livres de chant choral, et
l'avait cédée au roi de Danemark, en s'en
réservant la jouissance; mais un incendie
anéantit tout cela avec la bibliothèque parti-
culière du roi, le 2G février 1794. Une collec-
tion de douze cents portraits de musiciens fut
tout ce que Schiœrring put sauver de ce dé-
sastre.
SCHIR A (François-Vincent), compositeur
dramatique, né à Milan, en 1812, fit ses études
musicales au Conservatoire de cette ville, et y
reçut les leçons de Federici et de Basilj {voxjez
ces noms). Lorsqu'il sortit du Conservatoire,
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VII.
il fit représenter au théâtre de la Scala, en
1833, son premier opéra, intitulé Elena et
Malvina. Pendant l'année de 1834, il dirigea
la musique au théâtre Carcano. Appelé à Lis-
bonne, en 1835, en qualité de chef d'orchestre
et de directeur du chant du théâtre Santa
Carlos, il y Ht représenter dans l'année sui-
vante Il Trionfo délia Musica, opéra bouffe,
et écrivit la musique d'un grand nombre de
ballets, qui eurent de brillants succès, et dont
plusieurs ont été représentés à Vienne et à
Milan. En 1837, ildonnaau théâlredeLisbonne
1 Cavalieri di P'alenza, opéra sérieux dont
le roi de Portugal fut si satisfait, qu'il décora
le compositeur de l'ordre l'Abilo del Christo.
Après cinq ans de séjour à Lisbonne, Scliira se
rendit à Londres, où il fut, pendant deux ans,
directeur de musi(|ue de Princess 's Théâtre.
En 1844, il succéda à Benedict, pour les mêmes
fonctions, au théâtre de Drury-Lanc. Il se
trouvait encore dans cette ville, en 1848; après
cette époque, on ne trouve plus de renseigne-
ments sur sa personne, si ce n'est (pie les jour-
naux de musique ont annoncé que cet arlislc
était retourné à Lisbonne, et y était mort du
choléra.
SCHIUEU (.losEPii), compositeur alle-
mand, né vers le milieu du dix-huitième
siècle, vécut que^juc temps à Rome, où il
étudia le contrepoint sous la direction de Ja-
naconi, puis se rendit à Naples, où il écrivit,
et fit rei)résenler, en 177G, Didone, en deux
actes. Trois ans après, il donna Creso in Me-
dia, au théâtre Saint-Charles, et en 1781,
jimoree Psiche, en trois actes. Ces trois ou-
vrages se trouvent en manuscrit dans la biblio-
thèque du conservatoire de Naples, ainsi qu'un
Gloria Patri à six voix, alla Palestrina,
composé par Schirer.
SCHlUillEll (Jean-Georces), facteur de
pianos, naquit à Haurœden, dans la princi-
panlé de Schwarzbourg, et mourut à Sonders-
hausen, le 21 mars 1790. Il av*ait appris son
art dans les ateliers de Friederici, à Géra. Ses
pianos étaient estimés dans la Saxe.
SCHIZZI (le comte Folciiino), directeur
delà maison des orphelins, à Crémone, na(iuit
à Milan, en 1783. On lui doit une intéressanie
notice biographique du célèbre compositeur
Mozart, qui renferme particulièrement des
anecdotes sur sa jeunesse, et sur son séjour à
Milan. Ce petit ouvrage a pour titre : Elogio
storico di IF. A. Mozart; Cremona, stam-
peria de' fratelli Manini, 1817, in-8». Le
comte Schizzi est aussi auteur d'une notice sur
la vie et les travaux de Paisiello, intitulée :
30
4G6
SCIIIZZI — SCHLECMTER
Délia vila e degli studj di Giovanni Pai-
siello: Milan, Truffî e compK, 1833, in-8" de
cent douze pages, avec le porlrail du compo-
siteur.
SCIlLADEnACII(ledocleur Jules), com-
positeur et écrivain sur la musique, sur qui
les biographes allemands ne fournissent que
de vagues renseignements, parait èlre né à
Dresde, vers 1810. 1\J. Bernsdorf ne fournit
même que quatre lignes, dans le Neucs Uni-
ver sal-Lexikon der Tonkinistj sur M. Schla-
dcbach, qui en fut le fondalcur et qui a publié
les premières livraisons de cet ouvrage. Il se
borne à dire qu'il vécut d'abord à Dresde et
qu'il s'y livrait à des travaux de lilléralure. La
Gazette générale de musique de Leipsick nous
apprend, dans le troisième volume de la (able
des malières, qu'il publiait alors des crili(|ues
sur l'art, sous le pseudonyme de TFise. J'ai
appris à Leipsick qu'il y avait fréquenté l'uni-
versité dans sa Jeunesse, et y avait obtenu le
doctorat en médecine. En 1831, il adressa, de
Charlollenbourg, près de Berlin, une lettre à
la ïéAac[.\onAe]AGazette générale de musique
Leipsick; M. de Ledebur dit, en effet {Ton-
kunstler-Lexikon Berlin's, p. 504), que le
docteur Scbiadebach résidait alors dans ceKe
ville. Plusieurs ouvrages de ce docteur-com-
positeur et littérateur, ayant été pu])liés à
Leipsick, Scbleusingen, Rudoistadl, Freiberg
et Vienne, il est vraisemblable qu'il a visité
ces différentes villes et que, peut-être, il y a
résidé plus ou moins longtemps. En 18i55, il
s'est établi à Posen, pour y coopérer à la ré-
daction d'un journal, mais on voit par un de
ses derniers ouvrages qu'il vivait à Sonders-
hausen, en 1860. Les compositions connues de
M. Schladebacb sont : 1" Der Dorfpfarrer (le
Pasteur de village), suivi d'un choral ad libi-
tum, à voix seule, avec piano, op. 1 ; Berlin,
Traulwein, 1831. 2» Chœur liturgique à quatre
voix, pour les églises évangéliques du royaume
de Prusse, of>. 2; Berlin, Frœhlich, 1832.
ô» Dix-huit chants spirituels à quatre voix;
Leipsick, Pœnicke. A" Six recueils de Lieder à
voix seule avec piano, op. 7; Leipsick, Breil-
kopf et Haerlel; op. 8, en deux livraisons;
Berlin, Challier; op. 12, Leipsick, Breitkopf
etllaertel; op. 13, ibid.; op. 10; Vienne, Me-
chetli; op. 17, Brunswick, Meyer; op. 19,
ibid. 4» Chants à quatre voix, op. 9; Berlin,
Challier. S» Le 100"" psaume {Lobe den
Ilerrn) à quatre voix, exécuté à la fêle musi-
cale de Meisscn, en 1844. C" Cantate pour la
fcte de Noël à «piatre voix d'hommes, op. 15;
Schlcusiogcn, Glascr. 7» Grande messe (en ré)
pour voix solo, chœur et orchestre, exécutée à
Dresde, en 1840. 8» Deux nocturnes pour cor
chromatique ou violoncelle et piano, op. 20;
Rudolsladt, Muller.M. Schladebacb entreprit,
en 1854, la publication du Nouveau Lexique
universel de musique, annoncé avec la colla-
boration de Liszt, Marschner, Reissiger et
Spobr, qui n'y ont rien fait; il en publia les
premières livraisons; puis il cessa d'y travail-
ler, et ce fut M. Edouard Bernsdorf (voyez ce
nom), qui le continua et l'acheva. La dernière
production de M. Schladebacb est un traité
de l'organisation de la voix humaine pour le
chant intitulé : Die Bildung der menschli-
chen Slimme zum Gesang ; Sondershausen,
1860, in-8" de quarante-deux pages, avec des
figures ; bon ouvrage, où l'on trouve des aper-
çus nouveaux.
SCHL/EGER (C.-D), pianiste et com-
positeur allemand, qui paraît avoir vécu à
Brunswick, mais sur qui je n'ai pas de rensei-
gnements, n'est connu que par les titres de
quelques-uns de ses ouvrages. On a sous son
nom : 1» Sonate pour piano à quatre mains
(en ttt)] Brunswick, Spehr. 2" Sonates pour
piano seul, op. 15, 16 ; ibid. ô^Sonate pour la
harpe; ibid. 4" Six romances ou ariettes à
voix seule avec accompagnement de piano ;
ibid.
SCIIL/EGER (Hans), né le 5 décembre
1820, à Filskirchen, dans la Haute-Autriche,
eut pour premier maître de chant, de piano et
de violon son père, musicien de profession ;
ensuite il alla continuer ses éludes de musique,
comme enfant de chœur, au monastère de
Saint-Florian. Lorsqu'il en sortit, il se rendit
à Vienne, où Preyer lui enseigna la composi-
tion. En 1855, M. Schlœger a été nommé direc-
teur de musique de la société chorale connue
sous le nom de TViener Gesangveretn. On
connaît, sous le nom de cet artiste, une messe
solennelle, des chœurs d'hommes, une sympho-
nie, des quatuors pour instruments à archet ( l
des Lieder ; ces ouvrages lui ont fait une ho-
norable réputation.
SCllLECIITA (Louis), moine du couvent
de Wilhering, dans la Haute- Autriche, près de
Linz, était né en Bohême. Il mourut en 1785,
avec la réputation d'un excellent organiste. Il
alaisséen manuscrit des fugues, des préludes,
et quelques concertos pour l'orgue, ainsi que
plusieurs morceaux de musique d'église.
SClILECIITER(!>lATniAs), bon professeur
de piano, à Vienne, est né dans cette ville, le
17 septembre 1803. Dans sa jeunesse il fil ses
éludes élémentaires au collège des Piaristes,
SCHLECHTER - SCHLESINGER
437
et apprit le chant, le violon et le piano. Plus
tard, il se livra exclusivement à l'élude de ce
dernier instrument, et reçut du chevalier de
Seyfried des leçons de contrepoint. Parmi ses
compositions imprimées ou manuscrites, on
remarque des préludes et cadences pour le
j)iano, des variations pourle même instrument,
des ouvertures pour l'orchestre, des concertos
de cor, violoncelle, contrebasse et autres in-
struments, une messe, des graduels, le Pater
noster, le Libéra, et beaucoup de pièces ori-
ginales et d'arrangements pour la musique mi-
litaire. On a aussi sous son nom un ouvrage
périodique intitulé : Dev praktische Lehrer
un Clavier (le Professeur au clavier). Cette
méthode pratique est composée de pièces fa-
ciles avec le'doigté.
SCHLEGEL (Frédéric-Ahtoine), flûtiste
à Graetz, en Styrie, vécut dans la seconde moi-
tié du dix-huitième siècle. Il est auteur d'un
livre élémentaire intitulé': Griindliche Jn-
weisung die Flate zu spielen, nach Quant-
zens Anweistmg (Instruction élémentaire sur
l'art de jouer de la flùle, d'après les principes
de Quantz) ; Grœlz, 1788, in-S".
SCHLEGEL (Élie), facteur d'instruments,
vécut à Allenbourg, dans les dernières années
du dix-huitième siècle. Il inventa, en 1794, un
piano clavecin qui, parla pression du genou
substituait à volonté un registre de clavecin à
celui du piano, et auquel étaient ajoutés des
registres de harpe et de luth.
SCHLEGER (François), violoniste de la
chapelle impériale devienne, fit un voyage à
Paris, vers 1770, et y fit graver un œuvre de
six trios pour deux violons et basse, op. 1 ; Pa-
ris, Baiileux.
SCHLESITVGER (Martin), violoniste dis-
tingué, naquit en 1751, à Wildenschwerl, en
Bohême.-II vécut d'abord à Kœniggraetz, puis
se rendit à Presbourg, où il fut placé, en 1788,
chez le cardinal archevêque, en qualité de
violon solo et de directeur des concerts. Plus
lard, il alla à Vienne et y entra au service du
comte Erdœdy, comme virtuosede la chambre.
Cet artiste estimable est mort à Vienne, le
12 août 1818, à l'âge de soixante-sept ans. Il
a publié quelques solos pour le violon, entre
autres un thème avec six variations pour violon
et orchestre (Leipsick, Fleischer), et un rondo
hongrois pour violon et piano (Vienne, Me-
chetli); il a laissé en manuscrit des concertos
pour son instrument.
SCHLESINGER (David), professeur de
piano, est né à Hambourg, en 1802, d'une fa-
mille isiaélile. Après avoir publié quelques
morceaux pour son instrument dans cette
ville, il fit un voyage à Vienne, puis se fixa
à Londres, en 1827. Je crois qu'il n'a pas
quitté l'Angleterre depuis lors. Il s'y est fait
entendre avec succès au concert de la Société
philharmonique. On connaît sous le nom de
cet artiste : 1" Allegro di bravura, pour
piano seul, op. 1 ; Hambourg, Cranz. 2" Intro-
duction et rondobrillant, op. 2 ; ibid. 3° Valses
pour le même instrument, .op. 3; ibid.
A° Thème de Mozart varié, op. 4 ; ibid. 5" La
Gaieté^ rondino, op. 5; ibid. 6» Introduction
et variations sur un thème varié de J.-B. Cra-
mer, op, 6; ibid. 7" Thème varié, op. 8j
ibid.
SCHLESINGER, famille d'éditeurs de
musique. MARTIN-ADOLPHE SCHLE-
SINGER, père, fonda à Berlin, vers 1793,
sa maison de commerce pour la librairie et la
musique. Son fils atné, Maurice- Adolphe, né
à Berlin, le 30 octobre 1798, fit son apprentis-
sage dans la maison paternelle pour la librairie
et le commerce de musique. Lorsque la Prusse
se leva en masse pour secouer le joug de la
France, il s'engagea dans le régiment de hus-
sards de Brandebourg et fit les campagnes de
1814 et 1815. Rentré à Berlin, à la fin de cette
année, il reprit ses occupations premières. En
1819, il visita Dresde et Vienne, et après un
séjour de quelques mois dans cette ville, il se
rendit à Paris, où il entra dans la maison de
librairie de Bossange père. Il y resta jusqu'en
1823, et n'en sortit que pour fonder lui-même
une librairie; mais le préfet de police Fran-
chet lui refusa le brevet nécessaire, parce
qu'il passait pour libéral et avait des relations
avec quelques-uns des chefs du parti opposé à
la royauté de la restauration. Les dilTicultés
qui s'opposaient à la réalisation de son des-
sein le décidèrent à se livrer au commerce de
musique, et par sa prodigieuse activité, sa
maison devint bientôt une des plus impor-
tantes de Paris dans ce genre d'industrie. Sa
première opération fut la publication des
opéras de Mozart en partitions de piano, pour
lesquelles le célèbre peintre Horace Vernet
dessina les frontispices; puis il publia les œu-
vres complètes de musique instrumentale de
Beethoven, de Mozart, de Weber, de Hummel,
de 3Ioschelès, la collection des cheCs-d'œu-
vres lyriques en vingt-quatre volumes in-fol.,
Robert le Diable, les Huguenots, les opéras
d'Halévy, la Favorite, de Donizetti, ainsi
qu'une multitude d'autres ouvrages. En 1834,
il fonda la Gazette musicale de Paris, par-
venue aujourd'hui (1864) à sa trente et unième
30.
468
SCHLESINGER — SCHLEUPNER
année, cl y réunit, dans l'année suivante, la
Revue musicale de l'auteur de cette biogra-
phie, dont il acquit en même temps la collabo-
ration. En 184C, il céda sa maison à M. Louis
Brandus, et se retira, en 1852, à Bade-lladen,
où il est encore (1864).
Henri Schlesinger, second fils de Marlinr
yfdolphe, et son successeur dans la grande
maison de Berlin, en a pris la direction en
1844. En 1851> il a fondé VÉcho, nouvelle
gazette musicale de Berlin, dont Kossack (E.)
fut d'abord rédacteur; mais depuis 1853,
M. Schlesinger en a pris lui-même la direc-
tion. Son catalogue de musique renferme un
grand nombre d'ouvrages importants.
SCHLESINGER (S.); on a sous ce nom,
qui appartient peut-être à un fils de Martin
Schlesinger, une brochure intitulée : Joseph
Gusikow und dessen Holz undStroh- Instru-
ment. Ein Biographisch-artisticher JBeitrxg
zur richtigen JViirdigung dieser ausseror-
dentl. Erschienung (Joseph Gusikow et son
instrument de bois et de paille. Essai biogra-
phico-artistique, etc.); Vienne, Tender, 1838,
in-8»,
SCHLESINGER (Charles), né à Vienne,
le 19 août 1813, commença l'étude du violon
dans sa neuvième année; trois ans après, il
abandonna cet instrument pour le violoncelle,
qui lui fut enseigné par un maître peu connu.
En 1858, il obtint la place de violoncelle solo
à l'orchestre du Théâtre National de Peslh ; il
l'occupa jusqu'en 1845. En 1846, il entra
comme violoncelliste solo à la chapelle impé-
riale de Vienne et à l'orchestre de l'Opéra. La
place de professeur de violoncelle du Conser-
vatoire de Vienne étant devenue vacante en
1802, elle fut donnée à cet artiste, qui en
remplit encore les fonctions (1864). J'ignore
si l'on a publié quelqu'une de ses composi-
tions.
SCHLETT (Joseph), né à Wasserbourg,
sur l'Inn, vers 1705, perdit ses parents dans
ses plus jeunes années, et fut obligé de pour-
voir à son existence en chantant ou jouant de
l'orgue dans les églises et les couvents. Après
avoir achevé ses humanités au collège de sa
ville natale, il se rendit à l'université d'Ingol-
stadt pour y suivre les cours de philosophie et
de droit. Vers 1792, il se fixa à Munich, ou il
fut nommé professeur de musique à l'école
des cadets. Ses études sérieuses l'ayant rendu
un des musiciens les plus instruits de l'Alle-
magne dans l'art d'écrire, dans la théorie et
l'histoire de la musique, il a joui d'une estime
t;vnéralc. Schlelt est mort à Munich, le 26 dé-
cembre 18Ô0 : Il avait publié, en 1852, un
livre sur la domination romaine dans l'an-
cienne Bavière. Son érudition s'est exercée sur
plusieurs autres sujets historiques, et les Al-
lemands lui doivent une bonne grammaire
française à leur usage. Parmi ses productions
musicales, on remarque deux messes solen-
nelles, des vêpres complètes, un Miserere^ et
quelques autres morceaux de musique d'église,
composés pour le service de l'église de la
cour, Saint-Michel, à Munich, et restés en
manuscrit. Il a publié en 1805, deux sonates
pour l'harmonica, à Leipsick, chez Breitkopf
et Ilaertel, et des canzoni^ avec accompagne-
ment de piano (ibid.). Schlctt a donné aussi
une traduction allemande des lettres de
J.-J. Bousseau, relatives à la milsique, avec
des notes, sous ce titre : Briefe iiber die
Musik, ein JFort noch giiltig fur unsere
Zeit; Sulzbach,SeideI, 1822, in-8».
SCHLETTERER (Hans-Michel), né le
29 mai 1824, à Anspach, reçut les premières
leçons de violon d'un maître nommé Joseph
DUrrner, et apprit à jouer du piano, ainsi que
les principes de l'harmonie, sous la direction
de Th. Maier, organiste de la ville. Pendant
les années 1840-1842, il étudia au séminaire
de Kaiserlautern. En 1843, il se rendit à
Cassel , où il devint élève de Spohr pour le
violon, et de Kraushaar, pour la théorie de la
musique. Il passa ensuite une année à Leip-
sick, et y continua ses études de violon, sous
la direction de Ferdinand David, tandis qu'il
recevait les leçons de Bichter pour la composi-
tion.De 1845 à 1847, il fut professeur à l'école
de musique de Fenestrange (département de
la Meurthe), puis il fut appelé à Deux-Ponts,
en qualité de directeur de musique, et resta
dans celte position depuis 1847 jusqu'en 1854.
Dans le cours de celte dernière année, les
places de directeurde musique et de professeur
de chant au séminaire théologique et au lycée
delleidelberg lui fiirentconfiees.il en remplit
les fonctions jusqu'en 1859, où il alla prendre
possession delà place de directeur de musi(|iic
à l'église évangélique d'Augsbourg, qu'il oc-
cupe encore (1804). On a de cet artiste quel-
ques compositions pour le violon, pour le
piano cl pour léchant. Sa femme, connue en
Allemagne comme virtuose violoniste, sous le
nom iV/forlensia Zirges, est née à Leipsick,
le 19 mars 1830.
SCHLEUPNER (Chbistophe), docteur en
théologie, naquit à Brandebourg, en 1560.
Après avoir occupé quelques charges considé-
rable* à Grœlz, liildesheim, Mansfeld, clc.^
SCHLEUPNER — SCHL1CK
469
il alla s'établir à WUrzbourg, avec le litre de
surintendanl général; mais quelques singula-
rités (le ses opinions religieuses l'en firent
chasser. Il se retira à Erfurt, où il mourut en
1CÔ5. Au nombrede ses écrits, on en remarque
lin qui a pour titre : Frœhliche Creuz-musica
der Cliristen{}oYeuse musique de la croix du
Christ); Nuremberg, 1620, in-8«. Gruber, qui
indique cet ouvrage dans son Essai sur la lit-
térature de la musique {Beytrxge z. Lilter.
der Musik, p. 71), n'en fait pas connaître la
nature : je crois que ce n'est qu'un titre bi-
zarre donné à un livre qui n'a point de rapport
avec la musique.
SCHLICHTEGROLL (ADOLPHE-llEsni'
Frédéric DE), littérateur et philologue alle-
mand, né le 8 décembre 1764, à Gotha, fit ses
études dans cette ville, et les acheva à Jéna et
à Gœttingue, puis fut professeur au gymnase
<ie sa ville natale, sous-bibliothécaire du duc
<le Gotha, président et secrétaire de l'Acadé-
mie de Bavière. Il mourut à Munich, le 4 dé-
cembre 1822, d'une attaque d'apoplexie. Au
nombre de ses ouvrages se trouve le Nécro-
lof/e des allemands (Nekrolog der Deutschen,
Gotha, 1790-1806, en trente-quatre volumes
avec les suppléments), qui renferment de
bonnes notices sur plusieurs musiciens cé-
lèbres de l'Allemagne.
SCIILICR (Arnold), organiste de la cour
<ie l'électeur i)alatin, né en Bohême vers 1460,
€St auteur d'un recueil de cantiques à plu-
sieurs parties en tablature pour l'orgue et le
luth, vraisemblablement le plus ancien ou-
vrage de ce genre, car il est imprimé par
Pierre Schoeffer, un des inventeurs de l'impri-
merie. Un exemplaire de cet ouvrage, à peu
près introuvable, est à la Bibliothèque royale
Ide Berlin; il n'a pas de frontispice; mais
M. Ch. Ferd. Becker en a donné le titre d'après
l'Histoire de l'imprimerie de G. Falkenslein
{Geschichte der Buchdruckerkunst). Le livre
«st intitulé : Tabulaturen etlicher lob || ge-
tang-vnd liedlein offdie orgeln vnd lau || ten,
ein tlieil mit zweien sCimen zti zwicken || vnd
die drit dartzu singen, etlick on gesangk ||
mit dreien, von Arnolt Schlicken Pfaltz =
Il grauischem Churfiirstlichen organistcn \\
tabulirt, vnd in den Truck d'ursprugk =
Il lichen stat der trucherei zu Meintz wie
W^t.hie\\nach folgt veordnet (Quelques cantiques
^Het petits chants en tablature pour l'orgue et le
^Bluth, dont plusieurs à deux parties en chantant
^Vla troisième, et les autres à trois parties sans
chaut, par Arnold Schlick, organiste de la cour
princière palatine, et imprimés dans l'impri-
I
merie primitive à Mayence, etc.) (1). Au der-
nier feuillet, on lit -. Getruckt zu Menlz durch
Peter Schoffer. Uff sont Matheis abent.
Anno M. D. xij. (Imprimé à Mayence, chez
Pierre Schoeffer, le soir de Saint-JIathieu, dans
l'année 1512), petit in-4'' oblong de quatre-
vingts feuillets, non compris trois feuillets con-
tenant des lettres et l'index. Le volume com-
mence par une lettre d'Arnold Schlick fils,
datée du jour de Saint-Catherine 1511, par
laquelle il prie son père de faire pour lui une
collection de pièces pour l'orgue et pour le
luth. Par sa réponse, datée du jour de Saint-
André de la même année, Arnold Schlick père
promet de satisfaire au désir de son fils, bien
qu'il soit devenu aveugle. Dans cette même
lettre, il blâme Sébastien Virdung [voyez ce
nom), pour les fautes multipliées qu'il a
trouvées dans un de ses ouvrages. Après cette
lettre, on trouve un premier index des pièces
d'orgue contenues dans le recueil, suivi d'un
second index des pièces de luth ; puis viennent
quebiues vers satiriques en vieux allemand,
lesquels sont dirigés contre le même Virdung.
La première pièce en tablature est un Salve
Regina. Arnold Schlick vivait encore en 1517,
car c'est à lui (ju'André Ornilhoi)arcus (voyez
ce nom) a dédié le quatrième livre de son
traité intitulé : Musical acticx Blicro-
logus, etc., dont la première édition a été
publiée dans celle année.
Arnold Schlick fils a laissé en manuscrit
un traité De Musica poetica, dont le manu-
scrit, autrefois possédé par Georges Pœlchau,
a passé dans la Bibliothèque royale de Berlin,
€t dont une copie est dans la collection de la
Société des Amis de la musique de l'empire
d'Autriche à Vienne. Il y donne des exemples
de la formation des partitions dans le moyen
âge, par un système de tablature composé
d'une portée de dix lignes sur lesquelles sont
posées cinq clefs de sol grave, de fa, (Vut, de
sol moyen et de ré. Les quatre parties de chant
sont distinguées par des couleurs différentes,
afin qu'elles ne soient pas confondues dans
leurs croisements. La basse et le dessus sont
écrites en notes rouges, Valtus est noté
en couleur bleue et le ténor en noir. Le con-
seiller de Riesewelter a donné une description
de cette partie du manuscrit dans la trente-
troisième année de \aGazette générale de mU'
sique de Leipsick (n° 23), avec une planche
de fac-similé. L'ouvrage dont il s'agit a été
commencé en 1533 et terminé en 1540.
(i) L'orlhograplie du litre est ici conservée.
470
SCHLICK — SCIILIMBACH
SCIILICK (Rodolphe), docteur en méde-
tine, né à Meissen, vers le milieu dn seizième
siècle, est aiiteiii" d'un opuscule fort rare, inti-
lulé : Exercitalio,qua musices origo prima,
CHltu.i antîqiiissimtts, dignitas maxima, et
fmolumenta, qux tam animo, quam corpori
hiimano confert summa, breviter ac dilucide
rxponuntur ; Spirae, typis Bernh. Jlbini,
1;>88, in-8"de quarante huit pages.
SCHLICR (Jeaji-Conhad), violoncelliste
«iisiingué, né vraisemblablement à Munster,
en 1759, était déjà attaché à la musique de
l'évêque de cette ville en 1776, quoiqu'il ne
fût âgé que de dix-sept ans. On ignore le nom
du maître qui dirigea ses études. En 1777, il
fit un voyage en Allemagne, et s'arréla à
Gotha, où il entra dans la chapelle du prince
Auguste, avec le litre de son secrétaire. Il
fit, à différentes époques, des voyages en Alle-
magne, particulièrement à Leipsick, pour y
donner des concerts, et visita l'Italie en 1785.
Cet artiste est mort à Gotha, en 1825, à l'âge
de soixante-six ans. On a imprimé de sa com-
position : 1» Trois quintettes i)0ur violon,
violoncelle, flûte, alto et basse* Paris, Bouin,
1787. 2° Symphonie concertante pour violon
et violoncelle ; Gotha, ô" Trois sonates pour
piano, violon et violoncelle, op. 3; ibid., \7d7.
A" Six quatuors pour deux violons, alto et vio-
loncelle, liv. I et II; ibid. 5" Concerto pour
violoncelle (en mi mineur), op. 5; Leipsick,
Peters. 6" Trois sonates pour violoncelle et
basse; Paris, Sieber. Schlick a laissé en ma-
nuscrit : 7° Concertos pour le violon. 8" Cinq
quatuors pour violoncelle, violon, alto et basse.
9° Deux symphonies concertantes pour violon
et violoncelle. lO" Vingt-six solos pour vio-
loncelle. 11° Sonates pour la mandoline. Dans
le Lexique musical de Schilling, le nombre des
œuvres de Schlick est porté à cent, et celui
des ouvrages publiés à vingt.
SCULICK(Regi.^aSTRIIVA SACCni),
femme du précédent, naquit à Manloue, en
1764, et apprit la musique au conservatoire de
la Pielà, à Venise. Le violon fut l'instrument
qu'elle cultiva, et elle y acquit une si grande
habileté, qu'elle put se faire entendre avec
succès an concert spirituel de Paris, à une
époque OH plusieurs violonistes célèbres s'y
trouvaient. Elle profila de leurs conseils et
perfectionna son talent par leur exemple. De
retour en Italie, elle excita l'admiration à
Rome et à Naples. En 1784, elle fit un voyage
en Allemagne où elle n'eut pas moins de
succès, puis elle retourna une seconde fois
dans sa pairie, où Schlick la suivit. En 1785, il
l'épousa et la ramena à Gotha. Depuis lors ils
se firent souvent entendre ensemble dans des
duos et dans des symphonies concertantes
pour violon et violoncelle, particulièrement
dans les concerts de Leipsick, pendant l'hiver
de 1799 à 1800. Madame Schlick a cessé de
vivre environ deux ans avant son mari,
SCHLIEB^iEll (GottholdAiccste), pia-
niste et compositeur, né en 1820, à Linden
berg, près del}reslau,a fait à Berlin ses éludes
de théorie de la musique, sous la direction dti
professeur Maix, et a reçu des leçons de piano
de Kiltltschgy. En 1849, il alla s'établir à
S(ralsund,en (lualilé de professeur de musi<(ue
et s'y livra à l'enseignement et à la composi-
tion d'œuvres vocales et instrumentales.
Depuis 1856, il s'est fixé à Berlin. Ses com-
positions connues jusqu'à ce jour sont : 1° Le
91""^ psaume pour quatre voix d'hommes;
Berlin, Bock. 2" Student und jÇauer (Étudiant
et Paysan), opéra comiciue représenté à Slral-
sund, en 1855. ô» Rizzio, opéra non repré-
senté. 4« Der Lastlrxger (le Portefaix), opéra
destiné au (héàtre de Breslau. 5° Lieder à voix
seule avec piano; Leipsick, "Whistling. 6» So-
nate pour piano (en ré), op. 1 ; Berlin, Chal-
lier, 1844. 7» Caprice idem, op. 2; Berlin,
Paez. 8° Trois rondos pour i)iano à quatre
mains, op. 5: ibid. 9" Varialions sur uneHIa-
zurke originale, op. 4; Leipsick, G. Brunns.
10" Deux nocturnes pour piano, op. 5, ibid.,
1845. 11" Trois mazourkes pour piano, op. 6;
ibid., 1845. 12" Sonate pour piano et violon,
op. 15; Berlin, Paez. 13" Trio pour piano,
violon et violoncelle, oi). 14 ; ibid., 1852.
SCHLIEU (jEA?i), directeur de musique à
Salzimurg, est né dans celte ville, le 22 octobre
1792. A l'âge de huit ans, il entra comme en-
fantde chœur dans la maîtrise de la cathédrale
et y fit ses études musicales sous la direction
de Michel Haydn. Après avoir fait ses huma-
nités et suivi les cours de l'université de Salz-
bourg, il s'engagea, en 18 13, dans un bataillon-
de chasseurs formé au moment ilu soulèvement
de l'Allemagne contre la France, et parvint
en Autriche au grade d'officier. En 1825, il
ilonna sa démission el se relira dans sa ville
natale, où il se remit à la culture de la mu-
sique. Schlier a écrit des Lieder à voix seule
et à plusieurs voiX; ainsi que de la musique
d'église.
SCIILIMB.\CII(GEonGEs-CiinKTiEN-FnÉ-
éinic), né à OhrdrufT, dans le duché de Saxe-
Gollia, en 1700, reçut des leçons de musique-
de l'organiste Bach, et obtint, en 1782,1a place
de Cantor cl d'organisle à Prcnziow, dans le
SCIILIMBACH - SCULOEZER
471
Brandebourg. Il s'est Tait connaîlre avanta-
geusement par tin livre intitulé : Ueher die
Structur, Erhallung , Slimmung und Priif-
ung der Orgel, ncbst einer Disposition der-
selben (Sur la structure, la conservation,
l'accord et l'examen de l'orgue, avec une in-
slruclion sur sa disposition); Leipsick, Bieil-
fcopfet llcierlel, 1801, in-S" de trois cents pages
avec quatre planches. L'ordre et la clarté des
descriptions sont les qualités principales de
cet ouvrage, où l'on ne trouve d'ailleurs rien
de nouveau, soit sous lerapportdu mécanisme,
soit sous celui de l'harmonie des jeux. Le livre
dont il s'agit n'est que la deuxième partie d'un
autre ouvrage que Sclilimbach avait annoncé
dans les journaux, en 17'J8,et qui devait avoir
pour litre : Manuel pour les cantors et les
organistes. Ce manuel devait élre divisé en
(rois parties; la première aurait traité des
fonctions et des devoirs du canlor; la deuxième,
relative à l'orgue et aux fonctions de l'orga-
niste, est celle qui a paru; la troisième aurait
renfermé un dictionnairede musique, à l'usage
des can(ors et organistes. Celte partie, ni la
l)remière, n'ont été publiées. Une deuxième
édition du Traité de la structure de l'orgue
a i)aru à Leipsick, en 1825, chez Breitkopf,
in-S" de deux cent qualre-vingl-qualre pages,
avec une préface de trente-quatre pages et six
planches. Sclilimbach a aussi publié dans la
Gazette musicale de Berlin, rédigée parRei-
chardt, un examen critique des modifications
introduites par l'abbé Vogler dans l'orgue de
Sainle-Marie, de Berlin, sous ce titre : Ueber
des ^ht Foglers Umschaffung der Marien-
orgcl in Berlin (Berlin. jVusUc. Zeitung,
1805, p. 374-580). On lui doit un bon travail
publié dans une suite d'articles du même jour-
nal; il est intitulé: Ideen und Forschlxge
zur Ferhesserung der Kirchenmnsik wesens
(Idées et propositions pour l'amélioration du
chant d'église. Gazette musicale de Berlin,
n"' 5'J, 00, 60, 09, 71, 72, 90, 93, 98 et 103).
Les biographes allemands n'indiquent pas la
date de la mort de Schlimbach.
SCHLOEll (François), professeur de
piano, né en Alsace, vers 1785, vécut quelque
temps en Hollande, puis alla s'établira Paris,
on 1818, et s'y livra à l'enseignement. Il a
publié beaucoup de sonates, de fantaisies, de
variations et de bagatelles pour le piano. Parmi
ces productions, on remarque : 1" Fantaisie
pour piano et orchestre sur l'air : L'infidélité
d'Annette; Paris, A Petit. 2> Sonates pour
liiano et violon, op. 7, 8, 35, 46, 47; ibid.
3' Fantaisie pour piano seul, op. 50; ibid.;
Préludes pour les commençants, liv. I et II;
ibid. On a aussi de Schlœr des quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 11, 12, 14 et
15; ibid.
SCHLŒ:SSER (Louis), violoniste et com-
positeur, né à Darmstadt, dans les premières
années du dix-neuvième siècle, s'est fait con-
naîlre par un grand nombrede morceaux pour
son instrument et pour le piano. Il a vécu à
Vienne, puis à Paris, dans les années 1820 et
1827; enfin, il est retourné à Darmsladt, où il
fut ailaclié à la chapelle du grand-duc. Parmi
ses iirincipaux ouvrages , on remarque :
1» Quatuors brillants pour deux violons, alto
et basse, op. 1, 4, 6, 15; Paris, Richault;
Vienne, Leidesdorf. 2° Polonaise pour violon
et orchestre , op. 19 ; Mayence , Scholt.
3" Thèmes variés pour violon et orchestre ou
qualuor, op. 2, 5, 9, 11; Paris, lUchaull ;
Vienne, Mechetti. 4" Duos pour deux violons,
liv. I et II; Mayence, Scholt. 5° Concertino
pour cor et orchestre, op. 16; OfTenbach, An-
dré. 6" Polonaise pour piano et violon, op. 7 ;
Paris, Schlesinger. 7° Sonates pour piano seul,
op. 17, 20; Leipsick, Breitkopf et Ilœrlcl.
8" Divertissement, nie?n, op. 13; Francforl,
Fischer. 9» Variations jiour piano et violon,
op. 3; Paris, Richault. Ses principaux ou-
vrages pour le théâtre sont : Granada, opéra
en trois actes ; Das Leben ist ein Traum (la
Vie est un rêve), autre opéra, représenté en
1839; Kapit,vn Hector (le Capitaine Ilcctor);
Die Jugend Karls II von Spanien (la Jeu-
ne'sse de Charles II, roi d'Espagne), etc.
Adolphe Schlœsser, fils de cet artiste et
pianiste <lislingué, vivait à Francfort-sur-le-
Mein en 1854, puis il se rendit à Londres, où
il se fit remanpier par son talent. Il a publié
quelques compositions pour son instrument.
SCHLŒZER (Charles DE), consul de
Russie à Lubeck, fils d'un historien estimé en
Allemagne, est né à Gœtlingue, dans les der-
niers mois de 1780. Élève de Forkel, il cultiva
la musi<iue comme amateur, mais avec succès,
et s'est fait connaître avantageusement par
son talent sur le piano, et par ses composi-
tions. Parmi ses œuvres publiés, on remar-
que : 1° Rondoletto et marche jiour le piano à
quatre mains, oi). 1 ; Hambourg, Cranz. 2" Le
Misanthrope corrigé, sonate pour piano seul,
op. 13; îbuZ. 3" Trois divertissemenls, idem,
op. 3 ; ibid. 4' Deux rondeaux alla polacca,
op. 4; ibid. 5" Fantaisie, idem, op. 5; ibid.
6" Rondoletto à l'espagnole, op. 11; ibid.
7" Thème avec variations, op. 2 ; ibid. 8° Des
valses cldanscs allemandes; ibid. 9" Des chants
472
SCHLOEZER — SCIDIELZER
à plusieurs voix, avec accompagnement de
piano; ibid.
SCHLOSS (Sophie), cantatrice distinguée,
née à Cologne, le 12 décembre 1822, eut pour
premier maître dans l'art du chant Leihl ,
maître de chapelle de la cathédrale ; puis elle
se rendit à Paris, où elle reçut pendant deux
ans des leçons de Bordogni {voyez ce nom).
De retour en Allemagne, en 1859, elle se fit
entendre avec succès, dans Tété de la môme
année, à la fête musicale de Dusseldorf, diri-
gée par Mendelssohn. Dans l'hiver de 1840-
1841, elle tint l'emploi de première canta-
trice aux concerts du Gevcandhaus, à Leip-
sick. Elle passa ensuite plusieurs années en
Angleterre. En 1846, elle retourna à Leipsick, y
chanta pendant plusieurs saisons, et se fit éga-
lement applaudir à Berlin, à Bonn , à Dresde
et à Cologne. Mayence fut la dernière ville où
elle chanta, en 1848; puis elle épousa un né-
gociant de Hambourg et cessa de se faire en-
tendre en public.
SCHLOSSER(Jean-Aio\s), né dans la pe-
tite ville de Lann, en Bohême, vers 1790, est
auleurde deux notices biographiques sur iMozart
et sur Beethoven. La première a pour litre :
JFoïfgang Àmadetis Mozart. Ein begriindele
and ausfiihrliche Biographie desselben ;
Prague, 1828, in-8« de cent (luatre-vingt-
douze pages, avec des planches et fac-similé.
L'autre est intitulée : Ludicig van Beethoven.
Eine Biographie desselben, verbiinden mit
Urtheilen iiber seine Werhe; Prague, 1828,
in-8'' de quatre-vingt-treize pages.
SCHLUMBACH (Jean-Jules), organiste
de l'église principale de Windsheim, en Souabe,
vécut dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Sponsel le cite dans son Histoire de
l'orgue comme un des meilleurs organistes de
son temps. On a imprimé de sa composition :
1» Tiois sonates pour le clavecin, op. 1 ; Nu-
remberg, 175G. 2» Six Murki pour le clavecin,
ibid. Schlumbach remplissit encore ses fonc-
tions d'organiste en 1771.
SCHMAHL (GEoncES-FnÉDÉRic), père et
fils, facteurs d'orgues à Ralisbonne, ont con-
struit, en 1750, le grand orgue de la cathé-
drale d'Ulm, bel instrument composé de qua-
rante-cinq jeux, trois claviers et pédales. Ces
artistes étaient renommés pour leurs clavecins
et clavicordes.
8CHMALFUS8 (François), auteur in-
connu d'un ouvrage intitulé : Das Tonleiter-
Spiel (le Jeu de l'échelle musicale) ; Guben,
Mcycr, 18.30, in-S».
SCI1.1IALTZ ( Jcan-Étie:<!<e), fadeur
d'orgue |)rivilégié de la principauté de
Schwarzbourg-Sondershausen, naquit à Wan-
dersleben, près d'Erfurl, dans la première
moitié du dix-iiuitième siècle , et se lixa a
Arnstadt , où il mourut en 1785. 11 a construit
de bons instruments à Ohrdruf, Ilolztb,ill(!)on,
Holzfussra et Hoheneben, dans le duché de
Saxe-Gotha.
SCHj»IALZ (Amélie) (1), fille d'un profes-
seur de piano de Berlin, naquit, en 1771 , dans
cette ville. Douée d'une belle voix , dont l'éten-
due extraordinaire était de trois octaves, de-
puis le sol grave du contralto jusqu'au contre-
sol aigu, elle commença l'étude du chanl sous
la direction de Kannengiesser, musicien de la
chambre du roi de Prusse. Ce monarque la
confia ensuite aux soins et aux leçons de Nau-
mann, qui lui enseigna la belle vocalisation
italienne. De retour de Dresde, en 1790, elle
entra à l'Opéra et dans la musique du roi, en
qualité de prima donna, et se fit particuliè-
rement admirer dans la Semiramis de Ilim-
mel ; puis elle chanta les premiers rôlesde tous
les grands opéras. Lorsque Napoléon l" fit la
conquête de la Prusse, en 1806, mademoiselle
Schmalz s'éloigna de Berlin et se rendit en
Italie. En 1808, elle chanta à Rome avec suc-
cès. De retour à Berlin, en 1810, elle reprit
son emploi au Théâtre Royal. En 1817, elle
quitta la scène et se livra à l'enseignement du
chant. Elle mourut à Potsdam, le 28 novembre
1848.
SCHMELZ (le P. Sympiiorien), moine bé-
nédictin de l'abbaye d'Yrrsée, près du lac de
Constance, vers le milieu du dix-huitième
siècle, est auteur d'un traité élémentaire de
musique et de plain-chant, qui a pour titre :
Fnndamenta musicocanlus artificiah's,das
ist : Musicalisch regular-gesteltes zwcylheilig
figural-und choral-kunstlichcs Sing-Funda-
ment fur aile 4 Stimmen, Discant, Alt,
Ténor und Bass. L'ouvrage est imprimé au
monastère d'Yrrsée, 1752, en cinquante-six
))agcs in-4" obi.
SCHMELZER (Jean-Henri), né en Au-
triche, vers 1G30, entra au service de l'empe-
icur, en qualité de musicien de la chambre, et
suivit son maître à Prague, en 1055. En 1078,
il succéda à Jean-Félix Sances (voyez ce nom)
dans la place de maître de chapelle de l'empe-
reur Ferdinand IIL Schmeizer fut le premier
Allemand (|ui remplit cet emploi. Dlabacz dit
{Kiinstkr-Lexikon fur Bœhmen , t. III,
(ij M. Pe I-C(l(l>ur lui donne le prénom A'Aurjuite
(TvnkSnttlef Ltxicon Vcrliii't, p. 1)09).
SCHMELZER — SCHMETZER
473
I
p. 50) que l'empcreup lui donna le tUre de
baron. Schmelzer vivait encore à Vienne en
1G9!5. On connaît sous le nom de cet arlisfe les
ouvrages suivants: 1» Sacro-profanus con-
cenius miisiciis fidium, aliorumque inslru-
mentorum; Nuremberg, 1GC2, in-folio. Cet
ouvrage contient treize sonates de violon, avec
accompagnement de violes et trombones.
2° Douze sonates pour violon so\o, ibid., 1GG5,
in-folio, ô" ^rie per il balletto a cavallo
nella festa rappresentala per le gloriosts-
aime nozze délie SS. CC. MMlà di Leo-
poldo !<• Tmperatore augttslissimo e di
Margherila Infanta di Spagna. Composta
dall' Joanne Enrico Schmelzer, musico di
caméra di S. M. C. in Ficnna d'^ustria.
Âppresso Malteo Cosmerovio. 1GG7, in-folio.
SCHMERBAUCH (Gottlob-Henri), né
à Gommern, près de Magdebourg, le 12 fé-
vrier 1715, fut nommé recteur du collège de
Luckau, dans la Basse-Lusace, en 1753, et
mourut dans cette position, le 22 Juin 1782.
Meusel le cite dans son Allemagne savante
(Gelehrt. Deulschland), comme auteur de deux
<lisserta(ions intitulées : Prolusio 1 de orga-
nis pneumaticis, et Prolusio II de organis
hydraulicis, qui auraient été imprimées vers
1770; cependant elles ne sont mentionnées
ni dans le grand Lexique bibliographique
de Ileinsius, ni dans celui de Kayser.
SCHMETZER (Georges), compositeur et
écrivain sur la musi(|ue, naquit à Augsbourg,
vers le milieu du dix-septième siècle, et y ap-
prit la musique, sous la direction du canlor
Kriegsdorfer. En 1677, il succéda à ce musi-
cien dans la place de cantor et de directeur
de musique à l'église évangélique de Sainte-
Anne, de sa ville natale. Il-mourut, en 1694,
des suites de la pierre, et non en 1701 ou 1702,
comme le prétend Gerber {Neues Lexik. der
Tonkunstler). On a de lui les ouvrages sui-
vants : 1° Cantiones sacrx von 2 bis 9 Slim-
tnen (Motels à deux et à neuf voix); Augsbourg,
1671, in-folio. 2» Sacri concentus latini, et
partim germanici,^, 6, 7, 15, IGet]! vocum
etvariorum instrttmentorum simul concer-
tantium, cum duplici basso per organo ;
August. Vindel, 1689, in-folio. Au titre de cet
ouvrage, le nom de l'auleur est écrit Schme-
zer. 3° Miserere; Augsbourg, 1G90, in-folio.
A" Methodus musicalis, oder musikalisch
A. B. C. Txfelein fiir die Jugend; Augs-
bourg, 1G78, in- A". 5" Compendium musicx ;
Augsbourg, 1688.
SCIIMID (Bernard), ou SCIIMIDT,
comme écrivent Walther, Gerber et leurs co-
pistes, fut un très-bon organiste au seizième
siècle. Il y eut dans le même temps à Siras-
bourg deux organistes appelés Schmid ou
Schmidt, qui eurent le prénom de Bernard;
on les distinguait par les noms de Senior
(l'ainé), et de Junior (le jeune). M. l'avocat
Loi)slein nous apprend, dans son intéressant
ouvrage sur l'histoire de la musi(iue à Stras-
bourg (1), que Bernard Schmidt l'aîné fut
nommé organiste de l'église protestante de
Saint-Thomas, en 1560, et qu'il eutpour suc-
cesseur Bernard Schmidt le jeune, en 1564.
Il devint ensuite organiste dé la cathédrale
{Munster) de Strasbourg, et eut le litre de
citoyen (Burger) de celle ville. Il est vrai-
semblable qu'il reçut des leçons de quelque
élève de Paul Hofhaimer, tel que Jean Kolter
(de Berne) ou Conrad (de Spire), ou peut-élre
de Hofhaimer lui-même, après que celui-ci eut
ouvert une école d'orgue à Salzbourg; car le
portrait de Schmid, gravé sur bois, (|ui se trouve
au revers du frontispice d'un de ses ouvrages
publiés en 1577 et 1607, le représente comme
un homme âgé d'environ cinquante-cinq ans :
or, Hofhaimer n'a cessé de vivre qu'en 1539.
Deux recueils de pièces d'orgue ont été donnés
parSchmid en tablature allemande ; le premier
a pour litre : Einer neuen A'unstlichen
auff Orgel und Instrumenten Tabulatur-
.ffwc/», etc.; Strasbourg, 1577, in-fol. Ce recueil
est divisé en deux livres, dont le premier con-
tient vingt morceaux tirés <Ies œuvres d'Or-
landus Lassus, de Créqnillon et de Richnfort,
arrangés parSchmid, et ornés de variations
{colorati) par lui. Le second livre renferme
vingt-huit motels à quatre ou cinq parties,
tirés des ouvrages d'Orlandus Lassus, de Roger,
de Clément non papa, d'ArchadeIt, de Ber-
chem, de Ferabosco et de Cyprien Rore. Ces
deux livres sont suivis de passamèses^de sal-
tarelles et de gaillardes composées [)av Schmid.
Un exemplaire de ce recueil est à la biblio-
thèque impériale de Paris, et un autre dans
celle de Munich. Le deuxième recueil, que
Schmid ne publia que dans sa vieillesse, a pour
litre : Tabulatur-Buch von allerhund aus-
serlesenen schœnen Prwludiis, Toccaten,
Motetten, Canzonetten, Madrigalien und
Fugen von 4, 5, und 6 Stimmen, etc.; Stras-
bourg, 1607, in-fol. Cet ouvrage contient
trente préludes dans les tons du plain-chanl,
six toccates ou sonates d'orgue, douze motets
à quatre, cinq et six parties, vingt canzonetles
(1) Deilrœge ziir Geschichte der Slusik in Elsass und
besonJers in Slrasbourri, van der œUestcn bis uuf\tlic
neucsle Zeil, Strasbourg, l^annbacli, I8i0, in-S" (p. 59).
474
SCHMETZER — SCHMID
on ma(lii}j;niix à quatre, cinq cl six parlies,
douze fugues, «lenx caprices avec des variations
et douze gaillardes. Parmi les auteurs dont
les productions se trouvent dans ce recueil, on
remarque les deux GaI)rieli,HIeruIo et Jérôme
Diruta. Toute la musique de Sclimld est sur-
chargée d'ornements comme celle de Merulo
et des autres anciens organistes italiens du sei-
zième siècle.
SCHMID (Jkrô.me-Guillai'mi;), né à Oden-
sons, près de Nuremberg, le 2 juillet 1685, fit
ses études à Altdorf et à Willenberg, puis fut
vendu à des recruteurs par un de ses condis-
ciples, et retenu sous les armes à la frontière
«le Russie pendant deux ans. Il n'obtint son
congé qn'apiès avoir été malade de la peste à
Varsovie. De retour à Nuremberg, il entra
dans l'étal ecclésiastique, en 1714, et fut
nommé pasteur de l'église de Sainte-Hélène.
En 1717, il obtint la place de prédicateur du
nouvel hôpital de Nuremberg, où il mourut le
28 février 17t5I). Il est auteur de l'intéressante
préface historique du livre de chant choral de
Drelzel, imprimé à Nuremberg, en 1731 , in-d"
oblong.
SCHMID (CHRÉTiEN-EnNEST), dont le nom
est improprement écrit SCIIMIDT par
Gerber, dans son nouveau Lexique des musi-
ciens, naquit à Rubenau près de Dresde, le
14 mai 1715. En 1739, on le nomma prédica-
teur de l'église Sainte-Pauline de cette ville;
deux ans après, il fut appelé à Leipsick, en
«[ualité de magisler et de catéchiste de l'église
paroissiale. Après seize années d'exercice de
ces fonctions et de celles d'archidiacre de
Saint-Wenceslas, il obtint, en. 1757, le titre de
surintendant à Eilenbourg, d'où il passa à
Mersebourg en la même qualité. Il mourut
dans cette dernière ville, le 27 novembre 1786.
Pendantqn'ilfaisailses éludesà l'universiléde
Leipsick, il y soutint une thèse académique qui
a été publiée sous ce litre : Programma de rilu
canlandi per noctes dierum festorum apud
Hehrxos; Leipsick, 1738, in-4» de seize pages.
SCHMID (Joseph), pianiste et compositeur,
né à Niemes, en Bohême, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, était établi à
Vienne antérieurement à 1797, et parait y
avoir achevé sa carrière. Il y vivait encore en
1822. Parmi ses compositions, qui ne sont pas
sans mérite, on remarque : 1°Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 50; Vienne, Cappi.
2° Petites sonates faciles pour piano et violon,
op. 29, 30, 31 ; Vienne, ^Vcigl. 3" Sonates
pour piano seul, op.O, 9, 13; Vienne, Arlaria;
Maycncc, Scholt, A" Douze divertissements.
pour piano seul, op. 20; liv. 1-4, Vienne,
Weigl. 5" Rondeaux et pièces faciles pou;- le
piano, op. 32, 33, 33; ibid. 0" Beancoui^
d'exercices et de pièces doigtées pour l'in-
struclinn des pianistes commenrants; ibid.
7" Beaucoup de thèmes variés; ibid.
SCHMID (Antoine), second directeur du
chœur de l'église Notre-Dame, à Munich, était
né en Bavière, et obtint cet emploi, en 1772.
Il possédait une belle voix de basse et avait
une bonne méthode de chant. Il a beaucoup
écrit pour l'église et a publié : 1» Messe alle-
mande pour VÀvenl, à quatre voix et orgue;
Augsbourg,Bfleh m. 2" Messe allemande à une ou
deux voix cl orgue ; ibid. 3" IHissa pasloritia
Avne., orchestra et organe; ibid. 4" Offer-
lorium A vocibus et organo, ibid. 5» Dies irfo
« quattro voci, 2 corni, 2 clarini cnn sor-
dini, e trombone di basso; ibiii. 0° Jf/issa de
Requiem et Libéra a A voci, 2 corni, 2 cla-
rini con sordini, organo et contra-basso ;
ibifl. 7° Chant funèbre à une ou deux voix et
orgue; ibid.
SCHMID (Tobie), facteur de pianos, né à
Usingen, dans le duché de Nassau, en 1708,
s'établit à Paris, en 1795, et se fit connaître
peu de temps après par diverses inventions et
modifications du piano, pour lesquelles il prit
des brevets «l'invention. La première de ces
inventions consistait en un chevalet mobile
qui, par la pression d'une pédale, coupait les
cordes «lans la moitié de leur longueur, et
élevait tout à coup l'instrument «l'une octave.
La curiosité «les musiciens fut particulière-
ment excitée par un autre instrument «jui fut
mis pai' Schmi«l à l'exposition des produits «le
l'industrie française, en 1800. Cet instrument
avait la forme d'un carré long. A l'une des
extrémités se trouvait un clavier avec un mé-
canisme de piano ordinairequi agissait surdes
cordes métalliques; «le l'autre côté, il y avait
un autre clavier destiné à mettre en contact
avec les cordes «le petits archets cylindrique>,
mis en" mouvement par la manivelle d'une pc-
«lale, avec des cordes de boyau placées au-
dessus des cordes métalliques. Les sons obtenus
par ce mécanisme avaient l'inconvénient de
ressembler à ceux «le la vielle, et ne répon-
daient pas à l'intenlion de l'inventeur, qui
avait voulu imiter les instruments à archet.
Schmid était un mécanicien distingué; mais
le son «le ses pianos man(|uait de timbre et de
moelleux. Il est mort à Paris, en 1821.
SCHMID (Antoine), conservateur «le la
Bil)liolhè(|ue impériale de Vienne, pour la
partie musicale, né à Salzhourg, en 1780, y fi»
SCHMID — SCHMIDT
475
ses éludes, puis serendilàViennepourysuivre
un cours de droit. Ses éludes terminées, il ob-
tint, en 1819, une place d'employé à la-Bil)lio-
thè(|ue impériale, dont il devint un des con-
servateurs, en 1844. Il est mort à Vienne, au
mois de juillet 1857. Schmid fixa sur lui l'at-
tention des littérateurs musiciens par des
Essais concernant la littérature et V Histoire
de la musique [Beitrxge sur Lileratur und
Geschichte der T'onAunsf), qui parurent dans
les volumes 21 à 23 de l'écrit périodique et mu-
sical intitulé Cxcilia (1842-1840). Ces essais
consistent en description des livres rares de
l»Iain-cliant et de choralbucher , ainsi que de
traités et d'œuvrcs musicales qui se trouvent à
la hibliotlièquc impériale de Vienne; travail
d'un liant intérêt historique et aussi remar-
quable par l'exactitude que par l'érudition.
A cette intéressante jjublication succéda l'ou-
vrage auquel Schmid fut re<levable surtout de
sa l'éputation de savant et de critique; ce livre
a pour litre : Ottaviano dei Pelrucci da Fos-
sombrone, der Erfinder der Musiknoten
druks mit hcw"(jUchen Uletalltypen, und
seine Nachfolger iin sechsehnten Jahrhun-
derle (Octavien Pelrucci de Fossombrone,
premier inventeur de la typographie musicale
au moyen de caractères mobiles en métal, et
ses imitateurs au seizième siècle); Vienne,
P. Rohrma.nn, 184!), un volume in-S». Vuk
mullltude de renscignemenis relatifs à la bi-
bliographie musicale, qu'on ne trouve pas ail-
leurs, sont réunis dans ce volume. Les autres
ouvrages du savant bibliothécaire de Vienne
sont : Joseph Haydn undNiccoloZingarelU.
Beweisfiihrtiny dass Joseph Haydn der Ton-
selzer der allgemeinc beliebten œsterreichi-
schen f'olhs-und Festgesanges sei (Joseph
Haydn et Nicolas Zingarelli, ou Démonstration
que Joseph Haydn est l'auteur de la mélodie
favorite et populaire connue généralement
sous le nom d'atr national autrichien); ibid.,
1847, gr. 10-8" de cent dix-huit pages, avec
les airs nationaux des divers peuples euro-
péens. Un journal italien avait attribué à
Zingarelli la composition de celle mélodie ;
l'écrit de Schmid a pour objet de rectifier celte
erreur, et par occasion l'auteur s'y est livré à
des recherches sur l'origine des airs nationaux
de différents i)euples. — Christoph TPilUbald
Ritter von Gluck. Dessen Leben und ton-
iiiinstlerisches JFirken. Fin hiogruphisch-
wslhelischer Fersuch (le Chevalier Christophe-
Willibald de Gluck; sa vie et ses productions
musicales; essai biograi)hique et eslhéti(|ue); 1
Lcipsick, Fr. Flcischcr, 1834, un volume gr, '
in-S" de cinq cent huit pages. Les qualités de
parfaite exactitude et d'esprit de recherches
qui distinguent tous les travaux de Schmid se
retrouvent ici;mais on peut reprocher à la forme
la sécheresse et l'excès des détails : la partie
esthétique, qui aurait dû avoir de l'importance
dans ce livre, est faible et négligée. Schmid»
fourni à Ch. Ferd. Becker des corrections et
des additions pour son Exposé systématique
et chronologique de la littérature musicale
(voyez Beckeh).
SCUMIDIUS (Jeah-Andhé), on plutôt
SCHMID, docteur en théologie, et professeur
d'anli<iuités ecclésiastiques à l'université de
Helmsladt, fut aussi abbé de Marienihal, au
commencement du dix-huitième siècle. Il na-
•|uit à Worms, le 18 aoiU 1032, et mourut à
Helmsladt, le 12 juin 1720. Au nombre de ses
écrits on trouve deux dissertations relatives à
la musique; la première a pour titre : De can-
toribns veteris ecclesix; Helmsladt, 1708. La
deuxième est intitulée : De Elisxo ad musices
sonum propheta; Helmsladt, 1713, in-4'».
Dans son Jexicon ecclesiaslicum minus
(Helmsladt, 1712, in-S»), on trouve beaucou|>
d'arlicles qui concernent la musique.
SCII.UIDLI3Ï (Jean), pasteur à Wezikon,
près de Zurich, vers le milieu du dix-huitième
siècle, s'est fait connaître comme compositeur
par les ouvrages suivants : 1» Singender und
Spielender vergnugen veiner Andacht (Les
chanteurs et inslrumenlistes animés d'une
dévotion pure); Zurich, 1732-1738, in-S".
2" Jlusicalische wœchentliche Ausgaben{D\S'
tributions musicales hebdomadaires); Zurich,
1738, 1739, 1700, in-4". Collection de mor-
ceaux de chant publiée par numéros-chaque
semaine, pendant trois ans. ô" Cantate funèbre
sur la mort du bourgmestre Fries; ibid., 1739.
4" Cantate de réjouissance à l'occasion de
l'élection du bourgmestre Leu; ibid., 1739.
3" Les chansons suisses de Lavater avec les
mélodies, 1770.
SCIIMIDT (Jacques) , musicien allemand,
né dans la seconde inoitio du seizième siècle, fut
attaché au service de Georges-Guillaume, élec-
teur de Brandebourg, d'abord en qualité de
sopraniste, vers 1612, puis comme vice-
maître de chapelle, nomination qu'il obtint
en 1619. Il publia à Berlin , en 1620, un
recueil in-folio de quolibets allemands à cinq
et six voix, du maître de chapelle Zangius,
avec une savante préface ; cet ouvrage a pour
titre : Lustige newe deutsche weltliche Lie-
der und Quodlibeten durch Nie. Zan-
gius, etc.; Berlin, Rungen.
476
SCHMIDT
SCnjtlIDT (CHnisTOPUE), magislcr et rec-
teur à Sonderslnusen, naquit à Géra, et mou-
rut à Sondcrsliausen, en 1698. Il a fait
imprimer une dissertation intitulée : Pro-
gramma de musica; Sondershausen, 1687,
in-4''.
SCHHIÏDT (Bernard), facteur d'orgues
allemand, né vers 1630, alla s'établir à Lon-
dres, en 1660, avec ses neveux Gérard et Ber-
nard, et y construisit l'orgue de la chapelle
royale à Wliileliall. En 1680, il se présenta en
concurrence avecllarris, bon facteur d'orgues
anglais, pour la construction de celui de
l'église du Tem|)Ie; l'habileté connue des
<leux artistes fit décider par l'autorité compé-
tente qu'ils feraient chacun un instrument
qu'on placerait à chacun des côtés du chœur,
et que le meilleur serait adopté. Mais l'embar-
ras ne fut pas moindre après qu'ils eurent
achevé leur travail, où brillaient des qualités
à peu près identiques. Jefferies, chef de la
justice du banc du roi, fit cesser l'incertitude
des juges du concours, en décidant en faveur
du plus âgé des compétiteurs, et l'ouviagede
Schmidt fut adopté. Ses autres instruments
principaux sont les orgues de Sainte-Marie et
de Saint-Pierre, à Oxford, de Sainle-Mary-
Uill, et de l'église danoise <ie Sainl-Clémenl,
à Londres. Schmidt fut nommé facteur d'or-
gues de la reine Anne, en 1703. Il mourut à
Londres, en 1709. Son portrait est conservé
dans l'école de musique de l'université d'Ox-
ford.
SCHMIDT (Jean-Chkistophe), maître de
chapelle du roi de Pologne, électeur de Saxe,
naquiten 1664, et mourut à Dresde, le 13 avril
1728. Successeur de Slrunck, depuis l'année
1700, il avait la direction de la chapelle pro-
testante de l'électeur, tandis que Ileinichen
<lirigeait la chapelle catholique du même
prince. Suivant le témoignage de lliller,
Schmidt était un musicien savant, mais dé-
pourvu de génie et de goût. Il composa cepen-
dant un opéra français qui fut exécuté à
Dresde, en 1718. On n'a rien publié de ses
ouvrages, mais les catalogues de Breilkopf
font connaître les litres suivants de quelques-
uns : 1" Zion, spricht der Herr, hat mich
verlassen (Sion, dit le Seigneur, m'a aban-
donné), cantate à trois voix, deux violons,
deux violes et orgue. 2» Messe pour deux so-
prani, contralto, ténor et basse, deux violons,
deux hautbois et orgue. 3" Messe (Kyrie cum
Gloria) à six voix obligées, six idem de ri-
pieno, deux violons, deux violes et orgue.
4* Kyrie et Gloria à cinq voix et orgue. S" Mo-
tet : Juf GoU ho/fe Jch, etc. (J'es|>ère en
Dieu), à quatre voix obligées, quatre idem de
ripieno, deux violons, deux violes, basson
concertant, deux flûtes, quatre trombes, (im-
bales, contrebasse et orgue. On trouve dans
la Crilica nuisica de Maitheson(t II, p. 266),
une lettre de Schmidt concernant la discus-
sion de cet écrivain avec Buttstedt sur la sol-
misalion : Schmidt y développe son opinion en
faveur de l'ancienne méthode de hcxacordes
par des motifs tirés de la constitution des an-
ciens modes, qui prouvent qu'il ne comprenait
pas la question. La réponse de Mallheson à
cette lettre est péremptoire.
SCHMIDT (Jean-André), théologien de
Nuremberg, mort en 1743, a été confondu par
Gerber [Neues Tonkunsller Lexikon, t. IV,
p. 827) avec Jean-André Schmidius ouSchmid
{voyez ce nom). On a de ce théologien une dis-
sertation polémique intitulée : Siirdus de
sono judicans ; Jéna, 1690, in-4'', que le bio-
graphe des musiciens a placé parmi les écrits
concernant la musique, mais qui, nonobstant
ce litre bizarre, n'est relatif qu'à une.discus-
sion ihéologique.
SCHMIDT (Thomas), théologien et prédi-
cateur à Altenbourg, naquit dans celle ville,
en 1669. Au nombre de ses ouvrages, on le-
marque celui-ci : Historica et memorabilia,
das ist : MerkwurdiyeSachenundGeschichle ,
so sich iiber das lutherische Gesanghuch, elc.
(Choses et histoires dignes de remarque, par-
ticulièrement sur le livre <le chant de Lu-
ther, elc); Altenbourg, 1707, in-8".
SCHMIDT (André), né à Cœln, sur la
Sprée, suivant Gerber, ou à Berlin, d'après
M. de Ledebur {voyez ce nom), le 2 octobie
1672, fit ses éludes aux collèges de Cœln et
de Berlin, puis à Leii)sick, en 1691, et à Jéna,
en 1 693. Il fut prédicateur à l'église Saint-Nico-
las de Berlin, et obtint, en 1726, la placed'in-
specleur et de pasteur primaire à Perleberg.
Au nombre de ses écrits on trouve celui qui a
pour titre : Die lobwiirdige Instrumental-
vmsik, in einer Trauer-und Stand-liede
vorgestellt , als Herr Johann -Christoph
Kœrber, Stadtmusikus in Berlin den lôten
Fcbruar 1715 begraben tcurde (La musique
instrumentale louée dans une oraison funèbre
prononcée le 13 février 1713, aux obsèques
de Jean-Christophe Kœrber, musicien de ville
à Berlin); Berlin, 1713, in-folio.
SCHMIDT (Jean-Jacques), prédicateur à
Peesl, près de Palow, en Poméranie, vécut
dans la première moiliédu dix-huitième siècle.
Dans son Introduction aux Histoires de la Bible
SCIIMIDT
477
{Einkilung zxir hiblischcn Historié; Leip-
sick, 1728, in-S"), il g. trailé (part. VII,
1>. 1020-1033) des chanteurs et de la musique
chez les Juifs.
SCHMIDT (Balthazar), organiste de
l'église de rndpital,à Nuremberg, né dans les
premières années du «lix-huitième siècle, vi-
vait encore en 1773. Il a gravé lui-même la
plupart de ses ouvrages, dont voici la liste :
1° Douze menuets pour le clavecin; Nurem-
berg, 1728. 2" Divertissement musical, ou
siiile de pièces pour le clavecin, consistant en
allemandes, courantes, sarabandes, menuets,
gigues, etc. ; ibid., 1729. 3» Prélude et fugue
pour l'orgue; ibid., 1731. 4" Exercices pour
le clavecin, renfermant une allemande, une
sarabande, des variations, un menuet et une
gigue; ibid., 1733. 5° Douze murki pour le
clavecin. 6» Livre choral avec la basse chif-
frée. La deuxième édition de ce livre de
chant a paru à Nuremberg, en 1773, in-S».
SCHMIDT (Jean-Michel), recteur à
Marktbreit, en Franconie, naquit à Meinun-
gen, en 1728, et mourut en 1799. On a de lui
un livre singulier qui a pour litre : Mxtsico-
l'heologia, oder erbauliche ^nwendung mu-
sikalischer TVahrheiten (Théologie musicale,
ou application édifiante des vérités musi-
cales) ; Bayreulh et Hof, 1754, un volume in-8"
de trois cent douze pages. Luslig {voyez ce
nom) a donné une traduction hollandaise de
cet ouvrage intitulée : Musico-Theologia , of
stigtelyke toepassing van musikaale waar-
heden; Amsterdam, Olofsen, 1756, in-8'' de
deux cent soixante et une pages. L'objet prin-
cipal de Schmidl est de démontrer que la con-
naissance de Dieu est intimement liée à celle
de la théorie positive de la musique; le second
titre de son livre : Ânleitung zur Erkennt-
niss Gottes und seines Willens axis der Musik
(Introduction à la connaissance de Dieu et de
sa puissance par la musique), ne permet aucun
doute à cet égard ; mais la lecture de l'ouvrage
ne laisse dans l'esprit que de vagues aperçus
qui ne réalisent pas la pensée de l'auteur. Nul
doute, pour quiconque n'est pas matéria-
liste, que les rapports numériques des sons,
et les relations de ces rapports avec les pro-
portions des corps sonores et avec les nombres
de leurs oscillations vibratoires n'aient été
réglés par Dieu comme tous les phénomènes
de l'univers; nul doute encore que le chant
du rossignol, les accents expressifs de la voix
de l'homme, que tout ce qui émeut enfin dans
la nature et dans l'art, n'émane de la puis-
sance divine, comme Schmidt veut le démon-
trer; mais dépouiller, comme il le fait,
l'homme de son action dans la conception de
cet art et de ses modifications, pour tout rap-
porter à Dieu, ou plutôt pour tirer immédiate-
ment tout cela de la démonstration de son exis-
tence, c'est méconnaître le but de la création,
la destination de la nature humaine, et substi-
tuer un mysticisme improductif à la véritable
philosophie de la science et de l'art.
SCHMIDT oii SCIIMITT (Jean-Michel),
né à Prague, fut maître de chapelle du prince
évêquc d'Augsbourg, puis enira au service de
l'électeur de Mayence, en 1754. Il a écrit des
messes, vêpres, litanies, etc., qui sont restées
en manuscrit, et qui étaient estimées de son
temps dans les abbayes de la Souabe. Il mou-
rut à Mayence, en 1780.
SCIIMIDT (Jean-Baptiste), harpiste et
claveciniste, né à Vienne, dans la première
moitié du dix-huitième siècle, se fixa en Hol-
lande et demeura à La Haye, vers 1708. On a
gravé de sa composition, à Amsterdam et à
Paris, six quatuors pour clavecin, deux violons
et basse.
SCIIMIDT (Théodore), violiste, violoniste
et compositeur, né à Paris des parents alle-
mands, fut premier violon du théâtre de Beau-
jolais. Ses premières productions parurent à
Paris, en 1705 ; il vivait encore en 1783, mais
son nom ne se trouve plus dans les almanachs
de musi(|ue d'une époque postérieure. Bailleux
a publié de sa composition: 1° Six symphonies
à huit parties. 2° Six duos pour violon et vio-
loncelle. 3" Six trios pour deux violons et
basse, liv. I. 4» Six Wem, liv. II. 5» Six idem,
liv. III.
SCIIMIDT (Jean), facteur d'orgues, né
en 1757, à Stichlingen, dans la Forêt Noire,
fut d'abord ouvrier menuisier, puis apprit l'art
de fabriquer les orgues à Schœnberg, chez
Oexie. Sorti de chez ce maître, il alla travailler
dans les ateliers des meilleurs facteurs de
pianos à Vienne, à Leipsick, et enfin à Augs-
bourg, chez Stein. La recommandation de
Léopold Mozart lui fit obtenir, en 1785, le titre
de fadeur d'orgues de la cour de Salzbourg.
Il mourut dans celte ville, le 5 mars 1804. Ses
pianos, particulièrement ceux qu'il construi-
sait dans la forme d'une pyramide verticale,
ont eu de la répulaHon. Schmidt s'est aussi
appliqué à la construclion de moulins méca-
niques pour divers usages de l'industrie.
SCHMIDT (Louis), né dans le Brande-
bourg, fut directeur des théâtres des cours
d'Anspach et de Bayreulh, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Il était à la fois
478
SGHMIDT
ténor (lislingiié, violoniste habile et composi-
leur. En 1782, il était à Prague, où il fit re-
présenter un opéra-comique de sa composition,
intitulé : La jeune Comtesse. Deux ans après,
il prit la direction du théâtre de Bayreuth,
qu'il quitta pour voyager, en 1786. Il vivait à
Francfort en 1803, retiré du théâtre. Schmidt
a aussi traduit et arrangé pour le théâtre alle-
mand plusieurs opéras italiens.
SCHMIDT (Jean-Philippe-Samoel), fils
d'un conseiller de l'amirauté et du commerce,
naquit à Kœnigsberg, le 8 septembre 1779.
A l'âge de sept ans, il commença l'étude de la
musique, et plus tard les organistes Schulz,
Halter et Richter lui donnèrent des leçons de
|)iano, d'orgue et d'harmonie. Schœnebeck,
bon organiste et compositeur de mérite, lui
«nseigna le contrepoint, et le jeune artiste
s'essaya sous sa direction dans des composi-
tions de tout geare. Destiné à la carrière des
affaires administratives, il étudia le droit à
l'université, mais ne cessa pas de cultiver la
musique. A cette époque, il publia un concerto
de piano chez André, à Offenbach; mais son
goût pour la musique dramatique lui fit né-
gliger le style instrumental pour se livrer à la
<-omposition de plusieurs opéras qui furent
représentés sur le théâtre de Kœnigsberg.
Dans les années 1798 et 1799, il visita Dresde,
Berlin et Vienne, et ce voyage lui procura
l'avantage de connaître personnellement Nau-
mann et Uaydn. A son retour de Vienne,
Schmidt passa par Munich, Augsbourg, Stutt-
gard, Francfort, Cassel, Hanovre, Hambourg
et Magdebourg, où il visita les artistes les plus
célèbres de cette époque. De retour à Kœnigs-
berg, il entra dans l'administration des affaires
publiques en 1801. Les événements de la
guerre de 180G ayant ruiné sa position, il fut
obligé d'user <le son talent pour vivre, et donna
<les leçons de piano et des concerts. Il reprit
aussi dans le même temps ses travaux pour le
théâtre, et lorsque le roi de Prusse lui eut
confié de nouveau un emploi dans l'adminis-
tration, et lui eut donné le titre de conseiller
de la cour, en 1819, Schmidt continua de cul-
tiver l'art en amateur. Dans l'été de 1822, ses
fonctions de conseiller l'appelèrent à Franc-
fort-sur-le-Mein, et au mois d'octobre «le la
même année, il accompagna le président
Rolher au congrès de Vérone, puis se rendit à
Berlin. 11 est mort dans cette ville, le 9 mai
1853. Ses productions pour le théâtre sont :
\° DerSchlaftrank (le Narcotique), représenté
à Kœnigsberg, en 1792. 2» Das Dankopfer
(la Fête de la reconnaissance), prologue, ibid.
5" Eulenspiefjel (l'Espiègle), de Kotzebue,
ibid.^ 1806. A", Théodore, joué avec un bril-
lant succès au môme théâtre, en 1812. 5" Der
blinde Gxrlner oder die bliiltende Jloe (le
Jardinier aveugle ou l'Aloès en tleurs), ibid.,
1815. G" Die AlpenUiUh (la Chaumière des
Alpes), ibid.. 1816. 1° Der Kiffhxuser Berg
(la Montagne de Riffhauser), ibid.., 1817.
%" Das Fischermxdchen (la Fille du pécheur),
de Théodore Koerner, ibid., 1818. Cet opéra,
arrangéen partition pour le piano, a été gravé
chez Christiani, à Berlin. 9" Ein Abend in
Madrid (Une soirée à Madrid), opéra en un
acte, à Berlin, en 1824. C'est une traduction
abrégée de roi)éracomique français la Fenêtre
secrète. 10» Alfred der Grosse (Alfred le
Grand), opéra héroïque en deux actes, de
Kœrner, en 1830. La partition pour piano de
cet ouvrage a été publiée à Leipsick, chez
Breilkopf et Ilaertel. On a gravé aussi à Berlin,
chez Schlesinger, en 1816, la cantate de
Schmidt intitulée : Der Engel auf dem
Schlachlfelde {VA-ngesm- lechampde bataille),
considérée comme une de ses meilleures com-
positions. En 1834, Schmidt a écrit pour la
société de chant de la 3Iarche deBrandebourg,
une autre cantate «(ui a pour titre : Das fici-
lige Lied (le Chant sacré), et l'année suivante,
pour la même société, un hymne et des chants
patriotiques pour des voix d'hommes, avec ac-
compagnement d'instruments à vent. Les au-
tres compositions de cet homme de mérite, où
l'on trouve des mélodies heureuses, consistent
en seize cantates, neuf messes et oratorios, des
symphonies, des quatuors et quintettes pour
instruments à cordes, beaucoup de chansons
qui ont obtenu un succès poi)ulaire, et des
chants maçonniques.
SCHMIDT (Frédéric), conseiller intime
de S. A. R. le grand-duc de Saxc-Weimar et
amateur de musiciue distingué, est né en 1780,
à Cœlleda, dans la Thuringe. Son père, rece-
veur descontributionsdu dislrict de cette ville,
éveilla en lui le sentiment de l'art, et lui fil
enseigner, i)ar l'organiste du même nom, le
piano, l'orgue et l'harmonie. Pendant son sé-
jour au gymnase de Wcimar et aux universités
de Jéna et de Leipsick, M. Schmidt continua
de se livrer à l'étude de la nuisi(|ue. Les
œuvres de Beethoven devinrent particulière-
ment l'objet de ses méditations, et furent le
sujet d'analyses intéressantes qu'il publia dans
les journaux. On lui doit aussi une bonne édi-
tion des œuvres de piano de ce grand homme,
qu'il a publiée à Leipsick, chez Breitkopf et
Ilsprtcl. M. Schmidt est auteur du livret de
SCHMIDT
479
roixjin Der Graf von Gleichen, mis en mu-
si(iuc pai" Eherwein, et de l'oralorio de Saint
Jioniface.
SCJIIMIDÏ (Matiiias), claveciniste alle-
niand, paraît avoir vécu à Gotha, dans les der-
nières années du dix-huitième siècle. Il a
publié, en 179G, une sonate pour le clavecin,
oj). 1 ; Gotha et Pétersbourg.
SCIIWIDT (Jean-Geoiices), virtuose sur
la trompette, né dans un village près d'Erfurt,
en 1774, se fixa à Londres, en 1800, et y fut
attaché au théâtre <lc l'Opéra italien. Quelques
années ai>rès, il eut le titre de première trom-
pette de la piusiciue du prince régent d'Angle-
terre. Il vivait encore à Londres en 1815, oii
il fit l'essai public d'un cor chromatique à ciels
de son invention, auquel il avait donné le nom
de Regent'i; btigle. Cet instrument, qui n'était
qu'un perfectionnement du hugle-horn dellal-
liday, fut ado])té dans la musique de tous les
régiments anglais, et passa à la mémo époque
sur le continent.
SCIIMIDT (Marto) ; on a sous ce nom
xl'un artiste inconnu un œuvre de six quatuors
pour deux violons, alto et basse, gravé à
Paris, en 1782.
SCII.IIIDT (JosEPii)f violoniste, né à Bllc-
kebourgj.le 20 septembre 1793, est (ils de
Jean Schmidt, musicien de la cour. A peine
âgé de dix-sept ans, Joseph Schmidt fut ad-
mis dans la musi(|ue du prince en ([uallté de
violon so/o, en 1812. Quatre ans après, il en-
tra au service du prince Ernest de Saxe-Co-
bourg; mais il n'y resta qu'une année et re-
tourna à BUckchourg, en 1817. Dans l'année
suivante, il obtint un congé pour visiter
l'Italie. Après avoir vécu quelques mois à
Milan, il s'arrêta pendant deux ans à Turin,
pour étudier la composition sous la direction
de Kuster, maître de la chapelle de la cour.
De retour en Allemagne, il s'est fixé à BUckc-
hourg. En 1840, il y fut nommé directeur de
musique, et le prince lui donna le titre de son
maître de chapelle, en 1852. Schmidt a com-
posé des Lieder, des duos, des psaumes, et
l'oratorio intitulé : Die Geburt Jesu (la Nais-
sance de Jésus). Cet artiste a eu vingt-deux
enfants, parmi lesquels un de ses fils (Jides-
César), violoncelliste, né à Buckebourg, le
28 octobre 1818, est attaché à la musique du
prince de Detmold depuis 1841. Un autre fils
<Ie Joseph {P'ictor), violoniste, né le 6 juillet
18ÔÔ, a été admis au Conservatoire de
Bruxelles comme élève du professeur Meerts,
puis de Léonard, en 18 54, et s'est fixé dans
celle ville, où il se livre à l'enseignement.
SCHMIDT (CHAntEs), mécanicien et fac-
teur d'instruments, né à Cœthen, dans- les der-
nières années du dix-huitième siècle, s'est fixé
à Presbourg, en Hongrie, et y » inventé un
instrument à clavier, destiné à imiter les effets
des instruments à archet, qu'il a appelé clavi-
violin. Cet instrument est du même genre que
la PoUjpleclron deDietz^ le Plectroeuphonde
M. Gama, et d'autres plus anciens.
SCHMIDT (Simon-Georges) , violoniste
distingué, né le 21 mars 1801, à Detmold, est
élève de Spohr. Après avoir été (|uelque temps
au service du duc de Saxe-Cobourg, en qualité
de musicien de la chambre et de premier vio-
lon, il a été nommé maître de chapelle de la
cathédrale de Munster. En 1829, il a accepté
la place de maître de concert et de violon solo
au concert de la société de Félix Merilis, à
Amsterdam, où sa femme était aussi engagée
comme première cantatrice; mais il a rompu
son engagement en 1832, dans le but de voya-
ger en Allemagne, pour y donner des con-
certs. Deux ans après, il s'est fixé à Halle sur
la Saale, avec le titre de directeur de musique :
il s'y trouvait encore en 1842. Parmi sescompo-
sitions, on cile l'oratorio Dem Kœnige, la can-
tate Die TFeihe an die hcUige Cxcilia, quel-
ques ouvertures, des concertos de violon, des
thèmes variés, et d'autres choses de moindre
importance. La plupart de ses ouvrages sont
restés en manuscrit.
SCHMIDT (Jeanne), femme du précédent
et fille d'un professeur de musique nommé
JFolff, est née à Crcfcld, le 23 octobre 1803.
Élève du ténor Wild, elle reçut ensuite à Cas-
sel des leçons de Spohr, qui développèrent son
talent. Après avoir épousé le violoniste Simon-
Georges Schmidt, elle le suivit à Amsterdam et
brilla pendant deux ans comme cantatrice aux
concerts de la Société Félix Merilis. Pen-
dant les années 1832 et 1833, elle fit, avec son
mari, un voyage en Allemagne. Depuis 1834,
elle est fixée à Halle. L'opinion des journaux
allemands a été favorable à son talent.
SCHMIDT (Frédéric), né le 5 février
1802, à Babenhausen, enThuringe, fut admis
à l'âge de huit ans à la maison des orphelins
de Stuttgart. En 1812, il y commença l'étude'
de la musique sous la direction du professeur
Scheibe. En 1818, il fut placé comme chanteur
et comme acteur au Théâtre-Royal de Stutt-
gart, et y continua ses études avec les chan-
teurs Fleiss et Eiser. En 1830, il obtint la
place de co-répétiteur du théâtre. Outre son
emploi au théâtre, il se livrait à l'enseigne-
ment du piano el eut pour élève le prince
480
SCHMIDÏ
royal de Wurlembcrg. On a gravé de sa com-
position : 1" Trois Lieder à voix seule avec
piano; Sliiilgart, Ebner.2° DouzeZj'eder pour
baryton ou mezzo soprano, avec accompa-
gnement de piano, op. 2; Leipsicic, Breilkopf
et Haertel. 3» Plusieurs mélodies détachées.
SCIIMIDT (Auguste), docteur en philo-
sophie, et écrivain sur la musique, est né à
Vienne, le 9 septembre 1808. Fils d'Adam
Schmidt, archiviste des États d'Autriche, et
amateur de musique qui avait eu pour maîtres
Haydn et Mestrino, et qui était considéré
comme un habile violoniste, il apprit dès son
enfance à jouer du violon et put se faire en-
tendre en public à l'âge de neuf ans. Le maître
de chapelle Henneberg lui donna des leçons
de chant, et son éducation vocale fut perfec-
tionnée par Schwarzbœck , directeur de
chœurs d'un talent distingué. Après que les
études littéraires de M. Schmidt eurent été
terminées, il entra dans une société d'ama-
teurs de musique qui s'était formée à Vienne
et il en devint le directeur. Quelques années
après, il s'est fait connaître comme écrivain
sur la musique par des critiques et des notices
historiques insérées dans la plupart des feuilles
littéraires de l'Autriche. En 1840, il a com-
mencé la publication d'une sorte d'almanach
musical et poétique, intitulé : Orpheus. Au
commencement de 1841, il prit part à la ré-
daction du journal de musique qui a pour
litre : Jllgemeine Wiener Musikzeitung
(Gazette générale de musique de Vienne). On
doit aussi à M. Auguste Schmidt un recueil de
biographies de musiciens faites avec soin, in-
titulé : Denksteine Biographien von, etc.;
Vienne, 1848, in-8». On y trouve les notices
de Seyfried, Eybler, Edlen de Mosel, VolfT-
gang-Amédée Mozart fils. Payer, Gansbacher,
Weigl, et du comte Amédée de Varkony, avec
les portraits de chacun de ces artistes et ama-
teurs.
SCHMIDT (le docteur Wilhelm ou Guil-
laume-Louis), sur (lui tous les biographes
allemands gardent le silence, est auteur d'un
petit ouvrage qui a pour titre : Die Jura oder
Mundharmonika ah musikaîischer Instru-
ment dargestellt (l'Aura (Guimbarde) ou har-
monica de la bouche, considéré comme instru-
ment musical); Quedlinbourg ?t Leipsick,
Basse, 1840, in-8° de quarante pages, seize
pjiges de musique et cinq planches lithogra-
pliées.
SCHMIDT (Hebmasw), flûtiste, composi-
Icur et directeur de ballets de la cour de
Berlin, est né dans cette ville, le 3 mars 1810.
Il montra dès son enfance de grandes disposi-
tions pour la musique et fit ses premiers es-
sais de composition à l'âge de douze ans. Son
professeur de fli\tc fut Guillaume Gabrielski ;
ses progrès furent si rapides sous ce maître,
qu'il put se faire entendre avec un brillant
succès dans un concert, dès sa quatorzième
année. Ch. Bœhmcr lui enseigna la composi-
tion. A l'âge de dix-neuf ans, il composa plu-
sieurs morceaux de musiiiue pour des drames
et comédies représentés au Théâtre-Royal. En
1851, il fut placé comme musicien de la
chambre et comme flûtiste de la chapelle du
roi de Prusse. La composition de ses ballets
eut un si favorable accueil, que, par la pro-
tection du prince héréditaire, il fut nommé,
en 1835, professeur de musique de la prin-
cesse "Wilhelmine de Prusse, et le 28 no-
vembre 1837, par un ordre du cabinet du
roi, il reçut le brevet de compositeur des
balletsde la cour. Celartiste est mort à Berlin,
le 10 octobre 1845. Dans la liste de ses ou-
vrages, on compte : 1» Trois symphonies pour
l'orchestre (en ut mineur, en mi bémol, et en
ré). 2" Trois quatuors pour des instruments à
cordes. Z° Un quintette, idem. 4° Des concer-
tos, duos et trios pouç flûte. 5° Soixante-douze
entr'actes pour grand et petit orchestre. G" £'i/i
SlUndchen im Bade{uneVciilc Heure àBa<le),
opéra-comique en un acte, représenté à Char-
lottenbourg, le 14 septembre 1856. 7» Die
Doppelflucht (Lsi double Évasion), opéra-co-
mique avec danses, en trois actes, représenté
au théâtre Frédéric -Guillaume de Berlin.
8» Deux vaudevilles. 9° Vingt-trois ballets et
divertissements en un, deux ou trois actes, repré-
sentés au théâtre de Berlin, depuis 1833 jus-
qu'en 1845. 10" Cinq Zicder pour ténor avec
piano; Berlin, Bote et Bock. Il" Des chants
pour quatre voix d'hommes; Berlin, Carths;
etc.
SCHMIDT (Gustave), né à Weimar, le
1" se|)tembre 1816, fil ses études musicales
sous la direction de Tœpfer (voyez ce nom), < t
étudia le droit à l'Université de Jéna. Dans les
années 1840 et 1841, il vécut à Leipsick, sans
autre guide que lui-même pour le dévelopitc-
nicnt de ses facultés. Il fut ensuite directeur
de musique au théâtre de Brunn et conserva
cette position jusqu'en 1845, où il se rendit à
WUrzbourg. En 1846, il était à Francfort-
sur-lc-Mein, où il donna son premier opéra,
intitulé : le Prince Eugène ; il en avait écrit
aussi le livret. Cet ouvrage a obtenu un bril-
lant succès et a été représenté sur la|>lupart
des scènes de l'Allemagne. A l'automne de
SCHMIDT — SCHMIEPT
481
1849, il accepta la place de chef d'orchestre
«iii théâtre de Wiesbaden-; puis il retourna à
francfort, où il était encore en 18G1. Il y a
donné, sans succès, son second opéra, dont il a
«crit aussi les paroles, et qui a pour titre: Die
Weiber von JVeinsherq (les Femmes de
Weinsberf,'). La partition de son opéra le
Prince Eugène, réduite pour le piano, a été
]iubliée àLeipsick, chez Brcitiiopf et llaertel.
On connaît aussi des Lieder sous le nom de cet
artiste.
SCHMIDT. Plusieursmusiciensde ce nom
ne sont connus que par leurs ouvrages. Parmi
eux on remarque:
I. C. Schmidl, pianiste qui paraît avoir
vécu à Leipsick, et de qui l'on a : 1" Po-
lonaise pour piano et cor ou alto; Leip-
sick, Pelers. 2" Grande sonate pour piano à
<|uatre mains, op. 5; Leipsick, llol'ineister.
•> Grandes polonaises pour pianoseul, n<" 1 el2;
ibid. 4" Variations pour piano et cor, op. 6;
ibid. 5° Thèmes variés pour piano seul, op. 4;
ibid. 6» Trios pour trois voix d'hommes et
piano ; Leipsick, Breilkopf et Hœrtel.
II. J. Schmidt, qui a publié plusieurs re-
cueils de danses et de valses pour l'orchestre,
à Hambourg, et qui ne semble pas être le
même que /. Schmidt, auteur de quelques
œuvres de quatuors et de trios pour violon,
alto et basse, gravé à Vienne et à OfTen-
bach.
IM.J.-ff. Schmidt, ({m a publié, à Hanovre,
des rondos et de petites pièces de piano, et
((ue je crois être le même que Joseph Schmidt,
.tuteur de cahiers de danses pour le piano qui
ont paru dans la même ville.
IV. L. Schmidt, dont on a quelques œuvres
pour le piano, publiés à Prague et à Leipsick.
V. R. Schmidt, clarinettiste qui a donné
des concerts à Paris, en 4802, et qui a fait
graver trois quatuors pour cet instrument, chez
Leduc père.
VI. Marie-ffenri Schmidt, ténor qui fut
d'abord attaché au théâtre de Breslau, puis
chanta sur celui de Leipsick, depuis 1857 jus-
qu'en 1844, à Hambourg, à Halle et à Det-
mold dans les années suivantes, et qui fut
nommé régisseur de l'Opéra de Dresde, en
1847. Compositeur de musique facile, cet ar-
tiste a donné, au théâtre de Detmold, l'opéra-
comique intitulé : ffenri et Fleurette, repré-
senté en 1846, et à celui de Dresde, en 1847,
Der FersiegeltBUrgermeister {\eBoi\rgmeslre
sous le scellé). On a aussi publié de sa compo-
sition : douze Lieder à voix seule avec piano,
op. 1 ; Leipsick, Breilkopf et llsertel ; douze
BIOGR. l'NIV. DES MUSICIENS. _ T. VII.
idem, op. 2, ibid; quatre idem, op. 5, Brème,
Hampe; trois idem, op. 4; Brunswick,
Meyer.
se IIMIDTCHEj\ (Christophe Be>jaxMis).
P'^oyez SCHUIIEDTCHEN.
SCHMIEDERI\ECUT (Jeam-Mathiec) ,
né à Brume, près de Gotha, vers le milieu du
dix-septième siècle, fut nommé Cantor dans
cette ville, en 1686, et mourut en 1727. Il
s'est fait connaître par des éléments de mu-
sique intitulés : Tyrocinium musices, das
ist : Erster Anfang zur Singe-Kunst {^oyi-
ciat de musique, c'est-à-dire principes de
l'art du chant, etc.); Gotha, 1700, in-8'' de
cinq feuilles. Cette édition est la troisième : la
quatrième a été im{)rimée à Gotha, chez Rey-
her, 1710, in-8» de onze feuilles. Le texte de
ce catéchisme de musique, par demandes et
réponses, est renfermé en vingt-trois |)ages ;
les six pages suivantes contiennent un dic-
tionnaire abrégé des termes de l'art, et le
reste est composé de leçons de solfège à deux
voix. Ces leçons sont beaucoup plus étendues
dans la quatrième édition que dans les précé-
dentes.
SCHMIEDER (Henri-Théophile), docteur
en droit, naquit vers 1760, et vécut d'abord à
Erfurt. En 1786, il fut nommé premier lieu-
tenant et quartier-maitre dans le régiment de
cuirassiers du comte de Belgarde, en Saxe;
mais deux ans après, il quitta le service mili-
taire, et se fixa à Mayence, où il se fit con-
naître comme poète dramatique. De là, il
alla à Manheim, d'où la guerre le chassa
en 1797. Il se retira à Hambourg, et fui
chargé de la direction du Théâtre-National
d'Allona en 1800. Pendant son séjour à
Mayence, il avait entrepris un journal
de théâtre (Jllgemeine Theater -Journal ;
Mayence, 1792, in-4»), dont une seule année a
été publiée. On a aussi de lui un almanach
théâtral (J/ieoter À'a/ender) pour les années
1799 et 1800, publié à Hambourg, en un vo-
lume in-12. Enfin, Schmieder a fait insérer
dans la deuxième année de la Gazette musi-
cale de Leipsick (p. 197) un article intitulé :
Quelques mots sur le chant d'opéra.
SCHMIEDT (Sigefroid), compositeur,
naquit à Suhl, dans la Saxe, vers 1756. On
ignore le nom du maître qui dirigea ses éludes.
En 1786, il entra dans la maison de Breilkopf
pour la correction des épreuves de musique;
mais ses occupations en ce genre ne l'empê-
chèrent pas d'écrire quelques bons morceaux
de chant et d'arranger beaucoup d'opéras en
partitions réduites pour le piano. En 1796, il
31
482
SCHMIEDT — SCHMITT
établit lui-même une maison de commerce de
musique, en sociiîté avecRau : cette entreprise
ne réussit pas, et Schmiedt retourna à Sulil,
où il épousa la veuve d'un marchand de fer.
II mourut dans cette ville, en 1799. Ses ou-
vrages pour l'église, non publiés, sont :
1» Les Bergers à la crèche, oratorio. 2» Le
psaume 67. ô° Le psaume 8. 4» Cantate : Nun
keine Thrxne mehr (Maintenant plus de
larmes). 5» Ode : TFer kann dich, grosser
Gott, etc. (Qui peut, grand Dieu, etc.). 6° Can-
tate : TFennIch hin^oSchxpfer, etc. (Quand je
suis, ô Créateur, etc. ).7''Can taie de l'Ascension.
Les productions imprimées de Scbmiedt sont :
8" Morceaux pour le piano elle chant, pre-
mière suite, Leipsick, Breilkopf, 1780. La
deuxième suite a paru en 1788. 0» Trois so-
nates pour le piano, ibid., 1787. 10» Antho-
logie des poésies de Langbain, mise en mu-
sique, j"6îd., 1790. 11» Six petites sonates pour
le clavecin, ihid., 1788. 12" Hymne à la mu-
sique, de Schubart, à voix seule et piano, lètd.,
1792. 15° Le Jubilé du dix-huitième siècle,
mélodrame historique et allégorique; en par-
tition réduite pour le piano, ibid., 1794. Cet
ouvrage est un des meilleurs de l'auteur.
14° Chant sur la tombe de la malheuraiise reine
de France Marie-Antoinette, ibid., 1794.
15" Chansons joyeuses et sentimentales, ibid.,
1794. 16° Chansons à boire, avec accompagne-
ment de piano, ibid., 1796.
SCHMIEDTCHE]\(Ciirétiem-Benjamiis),
professeur de musique à Leipsick, vécut à la
fin du dix-huitième siècle. Il s'est fait con-
naître par une méthode élémentaire pour le
clavecin, intitulée : Kurzgefasste ^nfangs-
grunde auf das Clavier fur Anfasnger;
Leipsick, Schwickert, 1781, in-4°.
SCHMITT(Lacrent), violoniste distingué,
naquit le 27 avril 1731 , à Obertheres, près de
Wtirzbourg. Après avoir fait ses premières
études littéraires et musicales au couvent de
Theres, il entra à l'âge de quinze ans dans la
chapelle du prince de Greiffcnklau, qui lui fit
donner des leçons de violon par Enderle. En
1755, le prince Adam Frédéric de Wtirzbourg
le prit à son service, eldeux ans après, Schmitt
entreprit un voyage en Allemagne et en Italie,
et le continua pendant quatre ans. Pendant
son séjour à Padoue, il reçut des leçons de
Tartini. De retour de Wtirzbourg, il y eut, en
1774, le titre de maître de concerts et de di-
recteur de la chapelle du prince. Il mourut
dans cette position, en 1796, laissant en ma-
nuscrit plusieurs concertos pour le violon.
SClliXITT (Joseph-Adam), né le 29 juillet
1745, à Zell, en Franconic, reçut des leçons de
lleyer, habile organiste, et obtint la place de
cantor et de maître d'école à Versbach, où il
mourut dans les dernières années du dix-hui-
tième siècle. On a imprimé de sa composition :
1" Concerto pour piano et orchestre, op. 1 ;
OfTenbach, André. 2» Préludes pour les com-
mençants et pour ceux qui sont plus avan-
cés, n»» 1 à 6; WUrzbourg , Kœl , 1798,
in-fol. 3° Six duos pour deux flûtes, op. 2;
OfTenbach, 1788. Schmitt a laissé en manu-
scrit : 4" Petits préludes d'orgue. 9° Te Deum.
6» Requiem. 7° Plusieurs petites messes. 8» Un
traité d'harmonie. 9» Une instruction sur l'art
de jouer du violon. 10" Une autre pour le
chant. ll"Un traité de la manière de placer
la basse sous le chant, etc.
SCHMITT (Joseph), moine apostat, né
dans le Rheingau, entra en 1766, à l'abbaye
d'Eberbach, et y fit ses vœux; mais, en 1780,
il quitta son couvent, renonça à l'état ecclé-
siastique, et se retira en Hollande, où il se
maria et établit un commerce de musique.
Après vingt ans de séjour en Amsterdam, il
retourna en Allemagne, devint chef d'orchestre
du théâtre de Francfort, et mourut dans cette
ville, en 1808. Il a publié de sa composition :
1» Six pièces de musique, savoir : deux sym-
phonies, deux quatuors pour violon et deux
quintettes, op. 1. 2" Symphonies à dix parties
pour l'orchestre, op. 6, 12, 14. 3» Quatuors
pour deux violons, alto et basse, op. 3.
4» Trios pour deux violons et basse, op. 2, 4,
5,7, 11.5''Trois quatuors pour clavecin, flûte,
violon et basse, op. 9. 6» Six quatuors pour
flûte, violon, alto et basse, op. 11.7" Six trios
pour flûte, violon et violoncelle, op. 13.
8° Plusieurs concertos et concertinos pour di-
vers instruments. 9" Plusieurs symphonies
concertantes. 10" Duos pour deux violons,
op. 8. 11" Principes de musique pour les com-
mençants, Amsterdam. 12" Principes de vio-
lon, ibid.
SCHMITT (Nicolas), né en Allemagne,
vers le milieu du dix-huitième siècle, se rendit
à Paris, en 1779, et par la protection du duc
de Deux-Ponts, obtint la place de chef de la
musique des gardes-françaises. Il jouait bien
de plusieurs instruments à vent, particulière-
ment de la flûte, de la clarinette et du basson.
Après la révolution, il fut attaché aux orches-
tres de plusieurs théâtres. Je l'ai connu, en
1802, premier basson au théâtre Montansier.
Je crois qu'il mourut peu de temps après. On
a gravé de sa composition : 1" Airs italiens
arrangés à huit parties, pour des instruments
i
SCHMITT
483
à vent, liv. I et II, Paris. Pleyel. 2o Marches
et pas redoublés à douze parties, ibid. 3" Trois
quintettes pour flùle, hauti)ois, clarinette, cor
et hasson, ibid. 4° Duos pour deux flûtes,
01). 7, 8, liv. I et II, ibid. 5° Quatuors pour
clarinette, violon, alto et basse, op. 5, 4, Paris,
Cochet. 6» Trois quintettes d'airs concertants
arrangés pour clarinette, basson, deux altos et
violoncelle, ibid. 7° Duos pour deux clari-
nettes, op. 14, 19, Paris, Pleyel. S» Concertos
pour basson et orchestre, n°' 1, 2, 3, Paris,
Cochet. 0" Trois quatuors pour basson, violon,
alto et basse, op. 2, ibid. 10" Airs variés pour
deux bassons, Paris, Pleyel. 11° Divertisse-
ments pour deux cors et basson, ibid.
SCHMITT (Aloïs), professeur de i)ianoet
compositeur estimé en Allemagne, est né en
1789,àErlenI)achsurle Mein,dans la Uavière.
Son père, qui fut appelé à Obcrnbourg, en
qualité de Cantor, quelques années après sa
naissance, lui donna une éducation libérale et
lui enseigna la musique. A l'âge de quatorze
ans, le jeune Schmitt était déjà considéré
comme un virtuose sur le piano. Dans sa ving-
tième année, il devint élève d'André, d'Ofl'en-
bach, pour la composition. En 1816, il s'éta-
blit à Francfort comme professeur de piano,
et dès lors il commença à se faire connaître
avantageusement par ses compositions pour
cet instrument. Peu d'années après, il s'éloigna
de Francfort pour se fixer à Berlin ; mais bien-
tôt après il fut appelé à Hanovre, en qualité
d'organiste de la cour. Le produit de ses ou-
vrages et de ses leçons lui ayant procuré une
situation aisée, il se démit de cet emploi, en
1829, et depuis lors il a vécu dans l'indépen-
dance, àFrancfort-sur-le-Mein.Au mois d'avril
1842, il a passé par Bruxelles et m'a fait une
visite amicale dans laquelle il m'avait promis
de rester quelques mois dans cette ville à son
retour de Paris; mais il est retourné directe-
ment à Francfort, où il vivait encore en 1860.
Ilabile harmoniste et musicien consciencieux,
cet artiste estimable a écrit ses ouvrages dans
le style solide de l'ancienne école, mais en y
mettant le cachet de son individualité. Ses
principaux ouvrages sont : 1" Ouverture à
grand orchestre, op. 36; Leipsick, Pelers.
2" Idem, op. 46 ; Mayence, Schott. 3» Sympho-
nie à grand orchestre intitulée Tongemxlde
(La peinture des sons); Offcnbach, André.
4" Quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 70, 80, 81, Leipsick, Breilkopf et Hœrlel.
5° Trios pour deux violons cl violoncelle,
op. 63, Leipsick, Pelers. 6° Concertos pour
piano et orchestre, op. 14, 34, Offenbach,
André. 7» Grand concerto, idem, op. 60;
Vienne, Artaria. 8oConcertino (en mi mineur),
Augsbourg, Gombart. 9° Le Retour à Franc-
fort-sur-le-Mein, concertino, op. 75, Offen-
bach, André. 10» Concerto pour piano, op. 76,
Vienne, Trentsensky. 11» Variations et ron-
deaux pour piano et orchestre, op. 13,41, 101,
Mayence, Schott; Offenbach, André ; La Haye,
Benster. 12» Variations pour piano et quatuor,
op. 22, 25, Offenbach, André. 13» Trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 35; Mayence,
Schott. 14» Sonates pour piano et violon,
op. 27, 60; Leipsick, Peters; Vienne, Artaria.
15» Rondeaux, idem, op. 19; Leipsick, Hof-
meister, op. 48, Mayence, Schott, op. 49, 50,
ibid. 16° Sonates pour piano à quatre mains,
op. 31,39, 46, Offenbach, André; Leipsick,
Hofmeister. 17° Beaucoup de rondeaux, varia-
lions, marches, polonaises, idem. 18» Sonates
pour piano seul, op. 6, 7, 8; Bonn, Simroek;
op. 10, 11, Offenbach, André; op. 14, Mayence,
Schott; op. 78, Offenbach, André; op. 83,
Hambourg, Bœhme; op. 84, ibid. 19° Beau-
coup de rondeaux, études, fantaisies, varia-
tions, idem. 20» Des chants et chansons à plu-
sieurs voix, avec ou sans accompagnement.
21» Plusieurs recueils de chansons à voix seule
avec accompagnement de piano. Schmitt avait
aussi en manuscrit quelques grandes composi-
tions, telles que oratorios, symphonies, etc.
SCHMITT (Jacques), frère du précédent,
est né en 1796, à Obernbourg. Élève de son
frère pour le piano, il s'est fixé à Hambourg,
en qualité de professeur de cet instrument, et a
publié beaucoup de compositions instrumen-
tales. Il a fait aussi représenter dans cette ville
un opéra sérieux intitulé Alfred der Grosse
(Alfred le Grand). Parmi ses principaux ou-
vrages, on remarque : 1» Variations pour le
piano avec quatuor d'accompagnement, op. 22,
26, Offenbach, André. 2» Deux sonates pour
piano et violon, op. 32, ibid. 3» Des rondeaux
pour piano à quatre mains, op. 1, 3, Offenbach,
André; op. 63, Hambourg, Cranz. 4° Marches,
idem, op. 2, 17, ibid. 5» Variations, idem,
op. 27, 28, 30, 45, 48, 58, 60, 65, ibid. 6» So-
nates, idem, op. 31, 39, 46, t7>id. 7» Polo-
naises, idem, op. 42, 57, ibid. 8» Sonates
pour piano seul, op. 24, 25, 29, 50, 51, 52,
53, 54, 55, 56, Hambourg, Bœhme. 9° Exer-
cices et études pour le piano, op. 37,- liv. I, II
et III, ibid., Bonn, Simroek ; Paris, Richaull.
10» Rondeaux, idem, op. 1, 9, 57, 50, Offen-
bach, André, 11° Variations, idem, op. 4, 7,
8, 12, 13, 14, 56, 41, 47, 90, Hambourg,
Mayence et Offenbach,
3f.
484
SCHMITT — SCllNABEL
SCIIMITT (Georges-Aloïs), fils d'Aloïs,
csl él(>ve de son père pour le piano, cl de Foll-
iceiler Voiir la lliéorle de la musi(ine. Il passe
en Allcmaf^ne pour un |)iani$lc habile. Après
avoir terminé ses éludes musicales, il a oblenu
la place de maître de chapelle àSchwerin.Son
opéra inlituic Trilby a été représenté àFranc-
forl, en 184G. On a publié de sa composition
un bon trio pour piano, violon et violoncelle
(en ut mineur), op. 1, cl quatre potmes pour
voix seule, avec piano, op. 2, Leipsick, Hof-
meister.
SCIIMITT (Gciliaume-Abhold), pianiste
<Ie Berlin, s'est fait connaître par la musi(|ue
d'un opéra intitulé : Z?er doppe/Prozcss (Le
double procès), qui a été joué au théâtre de
Kœnii(stadt.
SCIIMITTBAUER (Jea>-Aloïs), com-
positeur, né à Stuttgart, en 1718, fut dirigé
dans ses éludes musicales par Jomelli ; puis il
s'établit à Rastadt. En 1772, il fut appelé à
Carlsruhe, en qualité de maître de chapelle
du grand-duc de Bade, et continua de résider
dans cette ville jusqu'à sa mort, arrivée le
24 octobre 1809. Il avait atteint l'âge avancé
de quatre-vingt-onze ans. Bien qu'âgé de
soixante et douze ans, il avait été chargé d'en-
seigner la musique aux étudiants de l'Institut
(le Carlsruhe, parmi lesquels il avait formé
quelques bons élèves. Il jouait bien de l'har-
monica, et en construisait de très-bons qui
sont encore recherchés en Allemagne. C'est à
ses leçons que sa propre fille etmadameRirch-
gasser furent redevables de leur habileté sur
cet instrument. Schmiltbauer a joui, dans la
Souabeetdans les contrées rhénanes, de la ré-
putation d'un compositeur distingué. On cite
de lui ; 1° Messe solennelle, exécutée à Co-
logne, en 1776. 2» Autre messe solennelle, à
Spire, 1781. 3» Stahat Mater en 1774.
4" Cantate de Pâques intitulée : Die Freunde
am Grabe des Erlœsers (Les amis à la tombe
du Sauveur). 5' Neue Kirchen Melodien mit
untergelegten deutschen Texte (Nouvelles mé-
lodies d'église avec un texte allemand), conte-
nant quatre messes, deux vêpres, quatre an-
tiennes de la Vierge, deux ^ve Maria, à
quatre voix sans orchestre; Carlsruhe, Muller.
0° Nouveaux chants pour les écoles primaires,
avec orgue ou piano; Carlsruhe, Braun. ô» Trois
symphonies à huit parties, op. 2; Offenbach,
André. 8» Symphonie à grand orchestre, pour
le mariage de l'électeur de Bavière; Ileil-,
bronn, 1799. U" Quatuors pour flûte, violon,
alto et basse, op. 3; Leipsick, Schwickcrt.
10" Trios pour Uùle, violon el basse. lloTrois
quatuors pour clavecin, flule, violon et basse;
OITenbacli, André. 12" Vingt-quatre préludes
cl conclusions pour l'orgue; Heilbronn, 1797.
13" Lindor et Jsmène, opéra, à Carlsruhe.
14» /es Bergers d'Arcadie, idem. ISojEn-
dymion, idem. IC J/ercxtle, idem. 17" Plu-
sieurs cantates.
SCIIMOLL (FnÉDÉBic), organiste à Grou-
stadt, près de Worms, vers la lin du dix-hui-
tième siècle, a publié de sa composition ;
l"Six sonatines pour clavecin, violon et vio-
loncelle, op. 1 ; OfTcnbach, André. 2" Trois
sonates pour les mêmes instrument, op. 2;
Spire. 3» Trois, idem, op. 3; ibid. En 1790,
Schmoll fut appelé comme organiste à Kir-
cheim-Poland, petite ville de Bavière, i)rès du
Mont-Tonnerre : il y mourut en 1792. La Bi-
bliothèque royale de Berlin possède en manu»
scril, de cet artiste, six préludes pour l'orgue,
à deux claviers manuels el clavier de pé-
dales.
SCHMUGEL (JEATs-CnntSTOpnE), savant
musicien, né en 172G, vraisemblablement
dans le Hanovre, était, en 17G2, organiste à
Lauenbourg. Peu de temps après, il accepta la
place d'organiste à Moelln, petite ville du Da-
nemark , dans le duché de Lauenbourg. Il
mourut d'apoplexie, dans l'exercice de ses
fonctions, le 21 octobre 1798. On a imprimé
de sa composition : 1" Préludes, fugues et au-
tres pièces pour l'orgue, op. 1 ; Berlin. ^oSing-
und Spieloden (Odts à chanter et à jouer);
Leipsick, 17G2, in-4». 3» Ode auf Hamburger
JFohl (Ode sur la prospérité de Hambourg) ;
Hambourg, 1766.
SCHNABEL ( Joseph -Ignace ) , né le
24 mai 1767, à Naumbourg, en Silésie, était
fils d'un chantre de l'église catholique de cette
ville. Son père lui enseigna les éléments de la
musique, du violon et du piano dès sa sixième
année; mais à l'âge de huit ans, Schnabcl
tomba dans la Queiss, où il faillit se noyer, et
perdiU'ouYe.Il fallut alors renoncer à lui faire
continuer l'étude de la musique, el ses pa-
rents prirent la résolution de l'envoyer au col-
lège pour qu'il suivit ensuite les cours de théo-
logie. Conduit à Breslau, en 1779, il y
fréquenta le gymnase catholique ; mais après
avoir fini sa sixième, sa surdité l'empêcha de
continuer ses études, et par les conseils de son
oncle maternel, il retourna à Naumbourg.
Deux ans après, il recouvra tout à coup l'ouïe
el cultiva de nouveau la musique; ses progrès .|
dans cet art lui firent obtenir une place d'in<
slilulcurà Parilz, village près de Naumbourg.
C'est dans ce lieu qu'il acquit des connais-
SCHNABEL
485
sanccs tlondiies dans son art, par la leclun;
désœuvrés t;lassi(|iies et Jes ineillenrs traités
de théorie. Assez habile dans le mécanisme de
plusieurs instruments, il entreprit de former
lin orchestre avec vingt-cincj ou trente jeunes
l)aysans dont l'instruction lui était confiée, et
ses efforts eurent assez de succès pour qu'il
piit faire exécuter par ces jeunesgensdes sym-
phonies de Haydn et de Mozart. Le slyle de
ces grands artistes devint dès lors son modèle
dans ses compositions. C'est à cette époque
qu'il écrivit ses i»remières messes, des offer-
toires, des graduels et des vêpres qu'on exécute
encore à Naumhourg, Lœwenherg, GreifTen-
berg et autres villes de la Silésie.
Schnabel avait atteint l'âge de trente ans
et n'était connu que dans le canton de la Silé-
sie qu'il habitait, lorsqu'il prit, en 1797, la
résolution de se fixer à Breslau, et d'y chercher
l'emploi de ses talents. Le 3 mai de la même
année, il y obtint la place d'organiste à
l'église de Sainte-Claire, et i)eu de temps
ai)rès, celle de premier violon à Saint-Vincent.
Alors une nouvelle carrière s'ouvrit devant lui
parles occasions qu'il eut d'y faire entendre
ses compositions, par ses liaisons avec quel-
ques artistes distingués, et surtout par les
conseils qu'il reçut de Fœrster, homme d'ex-
périence et de mérite. En 1799, il publia trois
messes à quatre voix et petit orchestre, et lit
exécuter un grand oratorio de sa composition
dans l'église de la Madeleine. Ces œuvres fixè-
rent sur lui l'attention \)uMique. Ils furent
suivis de deux grandes cantates dont une fut
exécutée, en 1803, au jubilé de cent ans de
l'université Léopoldine. Schnabel avait été ap-
pelé à la place de premier violon de l'orchestre
<Iu théâtre; mais blessé de ce que Charles-
Marie de Weber lui fut préféré, en 1804, pour
la direction de cet orchestre, il donna sa dé-
mission, et pendant toute la durée du séjour de
l'auteur de Freyschiitz à Breslau, il y eut
entre ces deux artistes un invincible éloigne-
ment. Schnabel fut bientôt après dédommagé
du désagrément qu'il avait éprouvé au théâtre,
par sa nomination de maître de chapelle de la
cathédrale, qu'il reçut le I" avril 1805. Il cé-
lébra sa prise de possession de cet emploi par
ses Lamentations de Jérémie, considérées
comme un de ses meilleurs ouvrages. Après la
mort de Janitscheck. en 1806, il fut aussi
chargé de la direction des concerts d'hiver, et
deux ans après, il fonda les concerts d'été, à
Liebich, lesquels ont subsisté jusqu'en 1823, et
dont Berner a eu la direction après Schna-
Chargé par le gouvernement prussien de
visiter la Silésie pour y remplir plusieurs mis-
sions relatives à la musique, Zelter arriva à
Breslau, en 1811. La fondation d'une école
normale pour les instituteurs était un des ob-
jets de son voyage : Schnabel et Berner lui pa-
rurent les hommes les plus capables d'y rem-
plir les places de professeurs de musique. Sur
son rapport, ils furent appelés tous deux à
Berlin, en 1812, et dans leur excursion ils se
lièrent d'une étroite amitié qui ne se démentit
jamais. Pendant son séjour dans la capitale de
la Prusse, Schnabel fit exécuter une de s£s
messes dans une église calholi<|ue, et cet ou-
vrage ayant obtenu l'approbation des artistes,
on lui offrit la place de directeur «le musique
(le cette église; mais il préféra retourner ;i
Breslau, en visitant Witlenberg, Leipsick et
Dresde. Bientôt après, il reçut sa nomination
de professeur de musiiiue du séminaire des
instituteurs catholiques, puis celle de direc-
teur <le musi()ue de l'université et de l'Institut
de musique d'église qui y était attaché. Le
reste de sa carrière s'écoula dans le paisible
exercice de ses fonctions. Cependant, soit
qu'un pressentiment de sa fin prochaine l'eût
troublé, soit qu'il sentit ses forces diminuer,
il se démit de sa place de professeur du sémi-
naire et de celle de directeur des concerts, au
commencement de 1831. Le 13 juin de la
même année, il tomba malade, et les progrès
du mal furent si rapides, qu'il expira le len-
demain, à l'âge de soixante-quatre ans. Ainsi
(|ue Mozart, son modèle de prédilection, il
travaillait à un Requiem lorsque la mort
le surprit, et n'eut pas le temps de le ter- i
miner.
Schnabel a joui de la réputation de grand
musicien et de com|)Ositeur distingué, dans
toute la Silésie ; mais il est peu connu hors de
son pays, même en Allemagne. Ce que j'ai vu
de ses ouvrages m'a prouvé qu'il écrivait avec
pureté, et que sa pensée est en général douce,
noble et gracieuse, mais qu'elle manque de
nerf et d'originalité. Son caractère était, dit-
on, rempli de bienveillance ; jamais on ne
l'entendit émettre des opinions de blâme sur
les œuvres des autres artistes; mais sa sensi-
bilité était excessive et la moindre critique de
ses ouvrages lui causait un vif déplaisir. Il
s'était fait beaucoup d'amis par l'aménité de
ses manières, et sa fin imprévue fut un sujet
de deuil pour toute la ville de Breslau.
Hoffmann a donné une biographie détaillée
de cet artiste estimable dans son Lexique des
musiciens de la Silésie; Kahlert en a fait in-
48G
SCHNABEL — SCHNEGASS
serrer une autre dans la Gazette musicale de
LeipsicI;; enfin, il en a élc publié une troi-
sième chez Leuckart, àBieslau.
Les ouvrages publiés par Scbnabel sont ceux
dont les titres suivent : 1° Huit pièces pour
trois cors, trompelle et deux trombones; Bres-
lau, Fœrster. 2" Marche pour huit trompettes,
et pièces pour sept trompettes et timbales;
ibid. ô" Concerto pour clarinette; Leipsick,
lireitkoprclllsertel. 4" Quintette pour guitare,
deux violons, alto et violoncelle; Breslau,
Fœrster. 3" Messe latine et allemande (en mi
bémol) à quatre voix, orchestre et orgue ; ibid.
6» Idem (en la bémol) à quatre voix, deux vio-
lons, alto, deux clarinettes, quatre cors et
orgue; ibid. 7» Idem (en fa mineur) à quatre
voix, deux violons, alto, deux clarinettes,
deux cors et orgue; ibid. 8" Blesse solennelle
(en ré) à quatre voix et orchestre; ibid.
Q" Missa qundragesimalis à quatre voix;
Breslau, Leuckart. 10° Graduale in nativi-
tate Domini 4 vocibus, 2 viol., 2 violis,
2 ob., 2 corn., 2 clarinis, lympanis et orga-
nis; Breslau, Fœrster. 11° Tria gradualia
A voc, orchestra et organo; Breslau, Gruss,
Barth et compagnie. 12° Offertoire (en ul) à
quatre voix et orchestre; Breslau, Leuckart.
13° Offertoire (en fa) à quatre voix et or-
chestre; ibid.XA" AlmaRcdemptoris à quatre
voix, deux violons, alto, deux hautbois, deux
cors et orgue; Breslau, Fœrster. 15° ^ue Re-
gina, idem ; ibid. 16° Regina cœli, pour deux
soprani, contralto, ténor et basse, petit or-
chestre et orgue; Breslau, Leuckart. 17» Psaume
pour quatre voix d'hommes ; ibid. 18°//j/mni
sex faciliores, 4 voc, 2 viol., 2 ob., 2 co?'n.
et organo; Breslau, Fœrster. 19" Hymni
Avespertini, 4 voc. et orch.; Breslau, Leuc-
kart. 20° I/ymnus [Feni creator Spirilus),
A voc. et orch.; ibid. 21» Ilymnus {Feni
Sancte Spirilus), idem ; ibid. 22° Salve Re-
gina à quatre voix, deux violons, alto, deux
hautbois, deux cors et orgue; Breslau, Fœr-
ster. 22° Fesperx de coji/essore à quatre voix,
deux violons, allô, deux hautbois, deux cors,
deux trompettes, timbales et orgue; ibid.
24" Marche pour des voix d'hommes et instru-
ments à vent; ibid. 23° Plusieurs recueils de
chants à quatre voix d'hommes ; Breslau, Fœr-
ster et Leuckart. 26° Chants à voix seule et
piano; ibid. Schnabcl a laissé en manuscrit :
27° Cantate pour l'ouverture de la synagogue,
sur un texte hébreu. 28» Cantate pour le trois-
centième anniversaire de la fondation de
l'université de Breslau. 29» Cantate pourl'in-
slallalion de l'cvéque Emmanuel D. Sclii-
mowsky. 30° Chant funèbre sur la mort de la
reine de Prusse, exécuté le 30 août 1810.
31» Quatre messes à quatre voix et orchestre.
32° Kyrie et Gloria, idem. 33» Requiem et
Dies ira;. 34° Petit /îegwtem. 33» Six vêpres
complètes. 36° Station pour la fétc du saint
Sacrement. 37° Neuf lamentations et neuf ré-
pons de la semaine sainte. 38» Quatorze gra-
duels. 39» Vingt hymnes et antiennes parmi
lesquels se trouve un y^ve maris Stella, con-
sidéré comme un des plus beaux ouvrages de
l'auteur. 40° Douze offertoires, dont un pour
ténor solo, violon obi igéetorchestre.4I»Quatie
litanies. 42» Deux Te Deum. 43" Ecce quo-
modo morilurjustus, exécuté le jeudi saint à
la cathédrale de Breslau. 44° Deux Pange
lingua. 43° Deux Salve Regina. 4Q" Regina
cœli. 47» Quelques morceaux de musique pour
des instruments à vent.
SCHNAKEL \josEPii), fils aîné du pré-
cédent, né en 1795, apprit fort jeune la mu-
sique, le violon, le piano el l'orgue, sous la
direction de son père. A l'âge de neuf ans, il
chanta au théâtre de Breslau, le 10 février
1802, le rôle du premier enfant dans la FhUe
enchantée, de Mozart, et se fit remarquer par
son intelligence. Pianiste distingué, violoniste
de mérite et compositeur agréable, il a d'aboi d
été placé en qualité de professeur de musiqic
à Borkau, près de Glogau, puis a été noniiin
organiste de la cathédrale de cette ville. Sa
faible santé ne lui a pas permis de donner à
ses travaux autant d'activité que son père. On
a gravé de sa composition : 1» Pot-pourri sur
des motifs de Jessonda, pour piano et violon ;
Glogau, Gttnther. 2° Exercices pourpiano seul;
Leipsick, Breitkopf et Ilaertel. 3» Variations
sur l'air allemand An Alexis, pour piano
seul ; Breslau, Fœrster. 4» Variations sur V In-
vitation à la valse de Beethoven ; Glogau,
Gunther. 5" Chants pour soprano, contralto et
ténor, avec accompagnement de piano; Bres-
lau, Leuckart. 6° Six chants à voix seule avec^
piano; Glogau, Gunther.
SCHNEGASS (Cyriac), en latin SI\E-
GASSIUS, d'abord magister et adjoint de la
surintendance de Gotha, à Friedrichsroda,pul«
pasteur dans le même lieu, nous apprend, dans
l'avis au lecteur de la deuxième édition de son
Manuel de musique, publié en 139G, qu'il
faisait alors le jubilé de lacinquantièmeannéfl ,
de son âge, d'où il suit qu'il était né en 1546. j
Il mourut dans le même lieu, le 23 oclobi
1597. On a de ce savant deux recueils de psi
mes, dont les dates sont inconnues, et quarai
motets de Not'l et du nouvel an, à quatre voî
SCHNEGASS — SCHNEIDER
487
])iibliés à Eifiirl, cliez George Baumann, en
1595, piemiôie el deuxième parties. Cette col-
lection ne renferme que quelques motels de
Schnegass; les autres sont de Joachim de
Burck, de Jean Steuerlin et de Philippe Ave-
narlus. Schnegass est surtout connu comme
écrivain sur la musique par les ouvrages sui-
vants : 1° Nova et exquisita monochordi
dîwensto; Erfurt, 1590, deux feuilles in-8".
C'est le plus ancien ouvrage imprimé sur cette
matière. 2° Isagoges miistcx libri duo, tam
theoricx quant practica; studiosis inservire
jiissi. Jnnexo ad fînem tractatuJo, ex poe-
ticadesumto ; paucisquedecanendielegantia
ohservationibus : nec non solmisandi excr-
citio; Erfurt, 1591, in-8» de six feuilles et
demie. Une deuxième édition de ce traité élé-
mentaire a été publiée à Erfurt, en 1596, sans
nom de lieu au frontispice, mais avec ces mots
à la fin de Vindex : Erphordix Georgius
Baumann exciulebat anno saîiitis 1690.
in-8" de douze feuilles. La préface du livre et
la manie de citations grecques de l'auteur in-
di(|uent du pédanlismc : cependant l'ouvrage
est écrit avec simplicité, et les définitions ont
autant de concision que de clarté. Les exemples
sont tous en canons à deux voix et bien écrits.
3» Deutsche Musica fur die Kinder und an-
dere, etc. (Musique allemande pour les enfants
et autres qui n'entendent pas le latin, et qui
pourtant désirent apprendre à chanter suivant
les règles de l'art, par demandes et réponses
expliquées avec des exemples choisis); Erfurt,
Georges Baumann, 1592, petit in-S" de qua-
ranle-liuit pages. Une deuxième édition de cet
opuscule a paru en 1594, chez le même im-
primeur.
SCIIISEIDER (André), bon facteur d'or-
gues, né en Silésie, vers le milieu du seizième
siècle, a réparé plusieurs anciens instruments,
et a construit, en 1595, l'orgue de la cathé-
drale d'Ulm, en société avec les célèbres fac-
teurs aveugles Conrad Scholt et Pierre Grtl-
newalder, de Nuremberg.
SCIII>EIDEU (Conrad-Michel), directeur
de musique et organiste à Ulm, vers 1730, a
publié de sa composition six suites de pièces
de clavecin ou exercices {Clavier- Uebxing), qui
ont i)aru successivement à Augsbourg chez
Jacques-André Fridcrich et chez Lotter. La
sixième partie a paru à Augsbourg, chez Léo-
pold, on 1741.
SCII]>'EIDEI\ (Jean), bon organiste, né à
Laulcr, près de Cobourg, le 17 juillet 1702,
apprit les éléments de la musique chez Millier,
insliluteur et organiste de ce lieu, puis alla
continuer ses études sous la direction deRein-
mann, maître de chapelle à Saaifeld, et enfin
reçut à Leipsick des leçons de J.-S. Bach, de
Graun et de Graf. De retour à Saaifeld, il y fut
nommé, en 1721, organiste et premier violon
de la cour. Cinq ans après, il reçut sa nomina-
tion dé premier violon de la chapelle de Wei-
mar; et au mois de décembre 1729, il accepta
la place d'organiste de l'église Saint-Nicolas,
à Leipsick. Il en remplit les fonctions jusqu'à
sa mort, arrivée vers 1775. Bon fuguiste, dans
le style de la grande école allemande, il se fai-
sait encore admirer dans sa vieillesse. Ses
compositions pour l'église sont restées en ma-
nuscrit.
SCimEIDER (François), né en 1737, à
Pulkau dans la Basse-Autriche, où son père
était maître charpentier, apprit dès son en-
fance les principes de la musique et du violon,
du clavecin, de l'orgue et de plusieurs instru-
ments à vent. A l'âge de seize ans, il fut appelé
à remplir la place de sous-maltre à l'école de
Weitzendorf, et quel(|ue temps après, on lui
confia celles de Canlor à Pulkau, à Raetz et à
Pa?ggslall; enfin, on le nomma suppléant d'Al-
brechtsberger dans les fonctions d'organiste
au couvent de Meik. Les conseils de cet habile
maître achevèrent de développer ses talents
comme organiste et compositeur. Plus tard,
il obtint la direction du chœur à Saint-Pollen,
OH il eut une heureuse vieillesse et mourut le
5 février 1812. Schneider a laissé en manuscrit
dans les archives de l'abbaye de MeIk ses com-
positions pour l'église on l'on compte cinquante
messes, dont plusieurs solennelles, quinze Re-
quiem, cinquante-trois motets, trente-quatre
graduels, douze litanies, vingt-sept chants
funèbres, des hymnes, vêpres, Te Deum,
Salve Regina, cantates, répons, Fcce panis,
Tantum ergo , lamentations , séquences ,
psaumes, asperges, Fidi aquam, Regina
cœli, alléluia, Feni Sancte Spiritus, dans
lesquels on remarque un style facile et naturel.
On n'a imprimé de ses ouvrages que six pièces
pastorales pour l'orgue, op. 1 ; Vienne, Has-
linger.
SCHNEIDER (Georges-Laurent), né en
1765, à Burgpreppach, dans la Francoiye, fut
un des musiciens les plus précoces cités dans
l'histoire de l'art, car après avoir achevé ses
études au collège de Nuremberg, il fut nommé
directeur de la musique de la princesse Hohen-
lohe-Ingelfingen, à Hildburghausen,àrâge de
treize ans. En 1792, il reçut sa nomination de
directeur de musique à Cobourg. Il occupait
encore cette place en 1829. II fil jouer à Co-
488
SCHxNEIDER
hoiirg, en 1798, la Noce au bain, opéra don!
la parliiioncsl resiée en maniisciit,eten 1800,
Alhool, opûia-comique. Ses compositions im-
primées sonl: 1» Syniplionieàgrand orchestre,
Manlieim, Goeiz. 2" Conceilo pour piano et
orchestre (en td), lleiibronn, 1794. 3» Trois
sonates pour piano, la première avec violon et
violoncelle; la deuxième avec alto et violon-
celle; la dernière avec violon et deux cors;
Augsbourg, 1797.4''Chansons pour les enfants
avec accompagnement de piano; OfTenbach,
1798. 3" Plusieurs autres recueils de chansons
qui ont en beaucoup de succès en Allemagne.
En 1827, Schneider a fait exécuter à la grande
fêle musicale de Cobourg plusieurs morceaux
de sa comi)osilion, et dans une autre fêle
donnée en 1829, il a fait exécuter une ouver-
ture à deux orchestres dans laquelle il avait
introduit le choral : Eine festc Bitrg ist unser
Golt. Il vivait encore à Cobourg en 18-37, et
clail âgé de soixante-douze ans.
SCIIINEIDER (GEoncEs-ABRAiiAM), ou,
suivant d'autres renseignements, GOTT-
LIEB -ABRAHAM, naquit à Darmstadt, le
19 avril 1770, de parents pauvres, et reçut son
cducalion chez le musicien de la ville. Devenu
son beau-père, le Cantor Porlmann lui donna
ensuite des leçons d'harmonie ; puis Schneider
fut admis comme haulboïsle dans un régiment
hessois. Son mérite l'ayant fait entrer ensuite
dans la musique de la cour, il put se livrer à la
composition et fut bientôt avantageusement
connu. Vers 1790, il passa au service du duc
de Mecklenbourg, puis il fut pendant quelques
années membre de la musique du prince Henri
de Prusse, à Rheinsberg. Après la mort de ce
prince, il entra dans la chapelle du roi, à Berlin.
En 1825, il reçut sa nomination de chef d'or-
chestre de l'opéra et, en même temps, celle de
directeur du chœur de musique de la garde
royale. Il est mort dans cette ville, le 19janvier
1839. On a de cet artiste beaucoup de composi-
tions instrumentales et vocales, imprimées et
manuscrites, parmi lesquelles on cite : 1° Les
Pèlerins de Golgolha, oratorio. 2» Aucassin et
Nicolelle, opéra représenté à Berlin. 3» Car-
dillac, mélodrame. 4" Quelques messes avec
orchestre. 3" Un Stabat Mater. G" Un Magni-
ficat. T> Quelques cantates, entre antres sur la
mort de la reine de la Prusse, en 1810. 8°Syin-
phonieà grand orchestre, op. 9; Augsbourg,
Gombarl. 9° Six entr'actes, idem, op. 77; Leip-
sick, Hofmeisler. 10» Ouvcriureà grand or-
chestre, op. GO ; Lcipsick, Breilkopf et Ilaerlel.
11» Symphonie concertante pour deux flûtes,
op. 00; Augsbourg, Gombarl. 12" Jdem pour
violon et alto, op. 19; ibid. 13» /<Zem pour
deux flùles, op. 21 ; ibid., op. 25, Bonn, Sim-
rock. 14» Idem pour flûte et haulbois, op. 88;
Leipsick, Hofmeisler; op. 107, Bonn, Simrock,
13'' Idem pour clarinette et basson, op. 100,
107; ibid. IG» Six pièces en harmonie à six
parties, op. 8; Augsbolirg, Gombarl. 17" Trois
(luintelles pour deux violons, tleux allos et
violoncelle, op. 3; ibid. 18"Qualuors pourdeiix
violons, alto et violoncelle, op. 10, 14,20, 65,
G8; Bonn, Simrock; Berlin, Schlesinger.
19» Duos pour deux violons, op. 4, 16, 23, 23,
44, 46, 34; Augsbourg, Gombarl; On"enbach,
.\ndré; Leipsick, Breilkopf et Ilaerlel. 20» Con-
certo pour alto, op. 20; Augsbourg, Gombarl.
21° Duos pour violon et alto, et alto et violon-
celle, op. 15, 30; ibid. 22» Concertos pour
flûte, op. 12; ibid.; o\\. 33, Leipsick, Breil-
kopf et Ilaerlel ; op. 63, Berlin, Schlesingei-;
op. 82, 83, Leipsick, Hofmeisler; op. 100,
Bonn, Simrock. 23" Quintetles pour flûte, vio-
lons, allô et basse, op. 17; Augsbourg, Gom-
barl; op. 37, Berlin, Schlesinger; op. 49,
Leipsick, Pelers; op. 54, 55, OfTenbacli,
André. 24» Quatuors pour flûte, op. 5, 11,
Augsbourg, Gombarl; op. 40, Offenbach,
André; op. 47, 30, Leipsick, Pelers; op. 51,
52, Leipsick, Breilkopf et Ilaerlel; op. 62, 69,
Berlin, Schlesinger; op. 71, Leipsick, Pelers;
op. 76, Leipsick, Hofmeisler. 25» Quatuors
pour <|ualre flûles ; Hambourg, Bœhme.
26" Trios pour trois flûles, op. 26; Augsbourg,
Gombarl. 27» Trios pour flûte, violon el vio-
loncelle , op. 81 ; Leipsick , Hofmeisler."
28» Duos pour deux flùles, op. 6, 18,21,22,
24, 27, 32,36,41, 42,46,5^,61, 78,79,91;
Augsbourg, Gombarl; Bonn, Simrock; Leip-
sich, Breilkopf, Pelers; Berlin, Schlesinger.
29° Concertos pour clarinette, op. 66; Berlin,
Schlesinger; op. 84, Leipsick, Hofmeisler;
op. 103, Bonn, Simrock. 30» Quatuors |)our
clarinette, op. 64; Berlin, Schlesinger.
31» Concertos pour cor anglais, oi». 90; Leip-
sick, Hofmeisler; op. 105, Bonn, Simrock.
32» Concertos pour haulbois, op. 87; Leipsick,
Hofmeisler; op. 102, Bonn, Simrock. 33" Con-
certos pour basson, op. 07: Berlin, Schle-
singer; op. 83, Leipsick, Ilofmeislcr; op. 104;
Bonn, Simrock. 34» Quatuors pour basson,
op. 43; Ofl'enbacb, André. 35" Concertos pour
cor, op. 80; Leipsick, Uofmeisler; op. 101,
Bonn, Simrock.
SCIIINEIDER (Michel), né en 1780, à
Gœresricd, près de Fussen, en Bavière, apprit
la musique comme enfant de chœur à la cathé-
drale d'Augsbourg) et commença ses éludes
SCHNEIDER
•JoJ
lilléraires au collège de celle ville; puis il les
conliinia dans un couventde Memmingen, el,
enfin, et les acheva à rnniversilé dcLandsliut.
En 180o, le magislrat d'Ingolstadl le nomma
directeur du choeur de l'église paroissiale de
la ville; mais jieu de lemi)s après, un décret
du roi de Bavière l'appela aux fondions de
professeur dans une école primaire. On cile de
sa composition les ouvrages suivants : 1» Can-
tate exécutée à l'occasion de la bénédiction des
drapeaux de la- garde civique, le 27 janvier
1808. 2» Le Jour de naissance, ou le Fan-
tôme, opéra de Kolzebue. 3» Chœur pour la
tragédie de Lanassa. A" Motets en canons.
SCn]>tEIDER(jEAN-GEOR(i es-Guillaume),
connu en Allemagne sous le nom de WIL-
IIELM SCHISEIDER DE BEllLIN, na-
quit le 5 octobre 1781, à Rathenau dans le
Brandebourg, et reçut de son père, organiste
en ce lieu, son instruction musicale. Destiné à
faire des études de théologie, il frécjuenta le
gymnase de Berlin, puis l'université de Halle.
Dans cette dernière ville, il eut l'avantage de
recevoir des levons de Turk «pour la composi-
tion. Ses études terminées, il se fixa à Berlin
cil il se livra à l'enseignement de la musi(|ue,
brilla dans les concerts par son habileté sur le
piano, et publia ses composiliops. Artiste de
talent, il aurait sans «joute étendu sa réputa-
tion dans les pays étrangers, s'il n'était mort
à la fleur de l'Age, le 17 octobre 1811. L'An-
nuaire musical, dont il a paru deux années
ii Penig (1803 et 1805), sous le titre de : Mu-
Sîlialisches Taschenbuch, et avec les pseudo-
nymes de Jules et Adolphe Werden, est l'ou-
vrage «le Schneider, qui y a inséré des chan-
sons allemandes et de petits morceaux de
piano d'un style élégant. Pour la seconde
année, il eut pour collaborateur Frédéric-
Théodore Mann. Schneider a publié de sa
composition : 1" Grande fantaisie, pour piano
et orchestre, op. 2; Leipsick, Breilkopf et
Hœrtel. 2" Fantaisies pour piano seul, op. 1.
5, 6, 7, 18, 12; ibid. ô» Variations idem,
op. 3, 13, 14, 15; Leipsick, Peters ; Berlin,
Schlesingcr. 4" Valses pour le piano ; Leipsick,
Peters; Berlin, Lischke. 5" Grandes marches
idem, op. 8, 9; Leipsick, Breilkopf et Haertel.
6" Mélodies des meilleures chansons de com-
merce (Sociétés d'étudiants) ; Halle, 1B02.
7° Use, mélodrame à voix seule avec piano,
01). 4; ibid. 8" Chansons allemandes à voix
seule et piano, op. 11; ibid. 9" Recueil de
chants rassemblés après la mort de l'auteur;
Berlin, Schlesinger. Le dernier ouvrage de
Schneider est un trio pour trois pianos dont
on a fait beaucoup de cas, mois qui ne paraît
pas avoir été publié.
SCUISEIDEU (Guillaume), organiste et
directeur de musique à la cathédrale de Mcr-
sebourg, et aussi professeur de chaut au
gymnase de cette ville, est né le 21 juillet
1783; à Neudorf, près «l'Annaberg. Musicien
instruit, bon organiste et compositeur distin-
gué, il Jouissait en Allemagned'une réputation
méritée. Il est mort à Mersebourg, le 9 oc-
tobre 1843. Au nombre de ses œuvres de mu-
sique pratique, on remarque : 1° Ouverture
facile pour piano, flûte, violon et violoncelle;
Leipsick, Hofmeister. 2" Douze variations sur
un thème favori pour piano, flûte, violon et
violoncelle; ibid. 3" Variations pour piano à
quatre mains; ibid. 4» Choix de préludes
d'orgue dans les tons majeurs et mineurs,
première et deuxième parties; ibid. 5" Cin-
quante préludes pour l'orgue; Halle, Kunimcl.
G" Le Pater noster et les actions de grâces du
soir, avec accom|)agnement d'orgue ou de
piano; Leipsick, Hofmeister. 7° Cent vingt-
sept préludes courts et faciles pour l'orgue, à
l'usage des organistes commençants ; Meissen,
1829, in 4» 01)1.8" Anweisung zu Choralvor-
spielen mit eingewebter Mélodie fur verschie-
denen Formen, in 50 Forspielen iibcr 90 dej-
gangbarsten Kirchenmelodien, etc. (Instruc-
tion pour les préludes de choral avec une mé-
lodie traitée sous difTérentes formes, consis-
tant en cinquante préludes sur quatre-vingt-
dix des mélodies chorales les plus usitées;
suivie de l'analyse et d'une indication instruc-
tive de leur arrangement, ainsi que d'une
instruction pour tirer et pousser les registres
de l'orgue); Halle, Kummel, 1829, in^".
M. Schneider a montré beaucoup d'activité
dans ses travaux relatifs à la littéraire «le la
musique : on en peut juger par la liste sui-»
vante des ouvrages qu'il a publiés Jusqu'à ce
jour : 1° TFas hat der Orgelspieler beim
Gottesdienst ;u6eo6acAïen (Ce que l'organisle
doit observer dans l'olTice divin) ; Mersebourg,
Ropitsch, 1823, in-8'' de cent et une pages.
2" Lehrbuch, dus Orgelwerk kennen, er-
halten, beurlheilen und verbessern zu lernen
(Instruction pour apprendre à connaître l'or-
gue, l'entretenir, l'apprécier et l'améliorer);
Mersebourg, Kopitsch, 1823, in-4» de quatre-
vingt-dix-pages. 3" Gesanglehre fur Land-
und Biirgerschulen, etc. (Méthode de chant
pour les écoles des villes et de la campagne);
Halle, Rufl", 1823, grand in-4'' de soixante-
douze pages. 4» Mtisikalisches Hiilfsbuch
beim Kirchendienst, Zunachst fiir Land-
490
SCHNEIDER
schullehrer , Organisten und Cantoren
{Guide musical <le l'office de l'église, à l'usage
des maîtres d'école q^ganisles et Cantors) ;
Halle, Ruff, 1826, iH-4" de quatre-vingt-ciualre
pages. 5» Ausfuhrliche I>eschreibung der
grossen Dom-Orgel zu Merseburg, etc. (Des-
crip^on détaillée du grand orgue de la cathé-
drale de Merscbourg, suivie de son plan, etc.);
Halle, Kummel, 1829, in-8» de trente-deux
pages. C° Choral-Kenntniss , nebst Regeln
und Beispiekn zu richtigen Forlrag des
Altargesanges (Connaissance du choral, avec
des règles et des exemples pour la bonne exé-
cution du chant à l'autel) ; Leipsick, Th. Hen-
nings, 18ÔÔ, in-4» de cinquante-six pages.
7° Instructive Uegweiser zurPrxludirkunst
fiir angehende Orgehpieler (Introduction à
l'art de préluder pour l'organiste commen-
çant); Halle, Kummel, 1833, in-4'' oblong de
cinquante-neuf pages. 8» Musihalische Gram-
matik Oder Handbuch zur Selbststudium der
musikalischen Théorie, in welchem das Lo-
gier'sche System theilweise mit den friihern'
Zweckgemmss verbunden ist (Grammaire
musicale ou manuel pour étudier soi-même la
théorie de la musique, etc.): Dresde et Pirna,
R. Friese, 1834, in-4'' de quatre-vingt-douze
pages. 9° Historischtechnische Beschreibung
der musikalischen Instrumente ,ihres Allers ,
Tonumfanges und Baues, ihrer Erfinder,
yerbesserer, Virluosen und Schulen, etc.
(Description historique et technique des ins-
truments de musique, de leur ancienneté, de
leur sonorité et construction, de leurs inven-
teurs, etc.); Neiss et Leipsick, Th. Hennings,
1834, in-8° de cent trente et une pages avec
onze planches. 10" Z>as moduliren,oder leicht
fassliche Anweisung durch einen einzigen
Accord schnell und naturlich in die nahen
vnd entferntisten Tonarlen aus Zuweischen
(La modulation, ou instruction facile à com-
prendre, pour passer promptement et natu-
rellement dans les tons voisins et éloignés au
moyen d'un seul accord); Leipsick, Frise,
1834, in-S» de trente et une pages. L'accord
employé par Schneider pour les transitions est
toujours celui de septième diminuée ou l'un de
ses dérivés; il en résulte trop d'uniformité
dans ses formules. 11° Die Orgelregister,
deren Entsiehung , Name, Bau, Behand-
lung, Benutzung , und Mischung (Les re-
gistres de l'orgue, leur origine, leurs noms,
leur construction, la manière de les traiter,
leur usage et leurs combinaisons); Leipsick,
R. Friese, 1835, in-S" de soixante-dix-huit
pages. 12» Jflusikalischer Fiihrer fiir dieje-
nigen welche den Ifeg zum Schulfach 6e-
treten und sich auf dasselbe vorbereiten
u'oiZen (Le conducteur musical pour quiconque
veut pénétrer dans le domaine de l'art et s'y
préparer lui-même); Neiss, Hennings, 1835,
in-S". M. Schneider a donné aus!.i dans la
trente-quatrième année de la Gazette musi-
cale de Leipsick (pages 89 et suivantes), un
article sur la construction de l'orgue, intitulé ;
Bemerkenstverthe Erfindung im Orgelbau.
SCHI>'EIDEK(JEAN-CuntTiEN~FnÉDÉnic),
écrivain sur la musique et compositeur cé-
lèbre, est né le 3 janvier 1780, à Wallersdorf,
près de Zittau. Son père (Jean-Golllob Schnei-
der), simple tisserand de coutil, était devenu
assez habile sur l'orgue, par un penchant irré-
sistible i>our la musique, et avait obtenu la
place d'organiste de Waltersdorf. En 1788, il
échangea celle position contre celle d'institu-
teur et d'organiste à Gersdorf, qui dépendait
aussi du conseil de Zittau. Il y est mort le 5 mai
1840. Ce fut en ce lien que Frédéric Schneider
commença l'étude de la musique, à l'âge de
quatre ans, sous la direction "de son père. Ses
progrès furent si rapides, qu'on l'employait
aux fonctionsd'organiste de la commune avant
que ses pieds pussent atteindre aux pédales.
Dès l'âge de huit ans, il écrivait déjà ses idées
de composition, eljouait les sonates de Mozart
sur le piano. Une troupe de comédiens ambu-
lants lui ayant fourni l'occasion d'entendre la
Flûte enchantée de ce grand homme, et son
père l'ayant mené à Dresde pour y entendre
une grande musique d'église, il sentit ses fa-
cultés se développer, et son amour pour l'art
devint une véritable passion. Il avait atteint
sa douzième année, lorsque son père l'envoya
au gymnase <le Zittau pour y faire des études
littéraires. Les concerts de cette ville excitè-
rent son émulation, et l'engagèrent à se li-
vrer avec ardeur à l'étude du piano, dans l'es-
poir de s'y faire entendre; mais ce plaisir lui
fut refusé, nonobstant les témoignages hono-
rables que le Cantor Scbœnfeld et l'organiste
Unger donnaient à son talent. Ce dernier était
devenu son maître pour l'orgue et lui ensei-
gnait à traiter sur cet instrument la fugue à
quatre parties. Découragé par l'échec qu'il ve-
nait d'éprouver, Schneider ci'il peut-être aban-
donné la musique, quoi(|u'il eût déjà écrit plu-
sieurs morceaux pour des instruments à vent
et quelques messes dans le style de Haydn, si
une circonstance heureuse n'était venue rani-
mer son zèle. En 1803, la Créaliondu monde,
de Haydn, fut exécutée avec pompe à Zittau ;
m. Lingke, avocat et propriétaire, près de Gœr-
SCHNEIDER
491
lilz, s'élait rendu à cellc,solennilé; il y fit la
connaissance de Schneider, et sur l'invllation
de Scliœnfeld, il le prit sous sa proleclion.
Amaleur passionné de musique, ce M. Lingke
était lié d'amitié avec la plupartdes personnes
de distinction qui cultivaient cet ait à Gœrlilz :
il leur présenta son jeune protégé, sut les in-
téresser à lui, et parvint à lui procurer les
moyens de se faire entendre dans les concerts
l)ublics. Les encouragements donnés à cette
époque au jeune artiste dans les journaux,
l)articulièrement dans le recueil mensuel delà
Lusace supérieure, rédigé par Rnebel , de
Gœrlilz, imprimèrent une impulsion nouvelle
au développement de son talent.
En 1804, Schneider fut nommé directeur de
la Société de chant de Zillau ; mais il n'en
remplit pas longtemps les fonctions, car il
partit l'année suivante pour aller achever ses
éludes à l'université de Leiiisick. Ses liaisons
dans celte ville avec Rochliiz, Muller et
Schicht, lui fournirent des secours pour aug-
menter son savoir dans la musique; mais ses
travaux dans la composition et l'exécution ne
l'empêchèrent pas de fréquenter à l'université
les leçons des proftîsseurs Plallner, Carus,
Wenk etRœdiger. En 180G, le directeur Plall-
ner le chargea de l'enseignement du chant
<lans l'école libre du Conseil. L'année sui-
vante, il eut le titre d'organistede l'université,
et l'exécution de ses compositions vocales et
instrumentales dans les concerts de Leipsick
acheva de le faire connaître avantageuse-
ment. Lui-même y fit entendre, en 1808, un
concerto de piano avec succès. Dès 1803, il
avait publié, chez Breilkopf et llferlel, son
premier œuvre de sonates pour le piano ; mais
après son arrivée à Leipsick, il multiplia ses
productions. En 1810, il accepta la place de
chef d'orchestre de la trou|te de Seconda, qui
donnait alternativement des représentations
d'opéras à Dresde et à Leipsick; mais il re-
nonça à cet emploi trois ans après, parce que
la place d'organiste de l'église Sainl-Thomas
lui fut offerte, en 1813, par le magistrat de
celle dernière ville. C'est à dater de celte
époque que Schneider commença à faire pa-
raître ses grandes compositions. Son activité
de production frappe d'étonnement, lorsqu'on
considère le catalogue chronologique qu'il a
dressé lui-même de ses ouvrages. Ainsi, depuis
1804, époque de la publication de son premier
œuvre de trois sonates pour le piano, jusqu'à
la fin de 1830, c'est-à-dire dans l'espace de
vingt-six ans, il mit au jour cent dix œuvres,
lesquelles renferment vingt-cinq sonates pour
piano seul ou accompagné, deux quatuors
pour piano, violon, allô et basse; deux trios
pour les mêmes instruments; un concerto
pour piano et oi-chestre; une multitude de
marches, polonaises, valses et rondeaux pour
piano seul; deux quatuors pour des instru-
ments à cordes; vingt-quatre Lieder à voix
seule avec piano ; six duos pour deux sopranos;
douze chants pour trois voix d'hommes ; quatre
suites de chanls à quatre voix d'hommes pour
\a Liederlafel Ae Leipsick; quarante chanls
pour des enfants ; un recueil de douze Lieder,
intitulé : Euphrosine; neufouvertures à grand
orchestre; dix messes; un oratorio; quinze
cantates; six opéras; dix symphonies pour
l'orchestre, et son Traité d'harmonie et de
composition; de plus, l'arrangement de la
messe de Requiem de Cherubini et de la Fes-
toie de Spontini pour le piano. Une telle fé-
condité estd'autant plus remarquable que, pen-
dant ces vingt-six ans, Frédéric Schneider rem-
plit des places d'organisle,((n'ii fut pendant trois
ans.directeurde musique du théâtre de Leipsick,
puis de la Liederlafel, qu'il se livra à l'ensei-
gnement, se distingua lui-même comme pia-
niste et joua au concert du Gewandhans, dans
l'espace de quelques années, lecin(iuième con-
certo de Beethoven (en mi bémol), celui de
Ries (en ut dièse mineur), le sien (en ut mi-
neur), et le quintette de Mozart pour piano et
instruments à vent. Enfin^ pendant son séjour
à Leipsick, Schneider avait élé appelé à Co-
logne, à Prague, à Quedlinbourg. Devenu di-
recteur de musique du nouveau théâtre de
Leipsick, en 1817, il y fit exécuter plusieurs
ouvertures de sa composition qui obtinrent un
brillant succès. Sa réputation, qui s'étendait
de jour en jour en Allemagne, lui procura,
peu d'années après, le poste aussi lionorable
qu'avantageuxde maître de chapelle du prince
d'Anhalt-Dessau : il en prit possession le
2 avril 1821. Ce fut là surtout que les travaux
de Schneider prirent une grande importance,
car dans les trente-deux années qui s'écoulè-
rent depuis son entrée en fonctions à Dessau
jusqu'à son décès, il écrivit quinze grands ora-
torios, deux messes avec orchestre et orgue,
un gloria idem, un Te Deum idem, dix can-
tates, quatre hymnes, douze psaumes, douze
chants religieux à quatre voix, un Salve Re-
gina pour un chœur d'hommes, un opéra en
trois actes, sept grandes symphonies, cinq ou-
vertures de fêle et de concert, six ouvertures
d'opéras, trenle-cinq sonates de piano, six con-
certos idem avec orchestre, un quatuor îJe»i
avec violon, alto et violoncelle, plusieurs' trios
.|«2
SCHNEIDER
idem, onze rondeaux idem, plusieurs conceilos
pour clarinelie el basson et symphonies con-
certâmes pour ces instruments, variations
pour clarinette, cor, basson et piano, dix qua-
tuors pour des instruments à archet, environ
deux cents Lieder pour voix seule et piano,
quatre cents chants à quatre voix d'hommes,
des danses pour l'orchestre et pour piano seul
Le total de ces œuvres est de deux cent qua-
ranle-<|uatre, non compris six cents Lieder et
chants à quatre voix.
En 1829, Schneider fonda à Dessau une
école de musique ou institut dans Iccpiel on
admettait des élèves pour l'harmonie, le con-
trepoint et toutes les parties de la composition
vocale et instrumentale, le piano, ror{>ue, le
violon, !e violoncelle, la clarinette, le basson,
la flilte et le cor. De bons professeurs furent
attachés à celte institution, et Schneider se
chargea de l'enseignement de l'harmonie, de
la composition de la mélodie, de l'instrumen-
tation et de l'application de ces éléments dans
les pièces de tout genre. Cette école subsista
jusqu'en 1846. Les artistes les plus remarqua-
bles qui y furent formés sont A. Baake,
G. FlUgel, DUsner, Thiele, Gathy, Markull,
Stade, Fr. Spindler, Robert Franz Willmers,
Th. Uhlig, Saloman, Lur et AnschUlz. Con-
sidéré comme un des chefs de l'école alle-
mande de l'époque actuelle, il doit particuliè-
rement sa célébrité à ses oratorios, qui ont été
exécutés dans les grandes fêtes musicales des
associations du Rhin et de l'Elbe, Lui-même a
été invité à les diriger à Magdebourg, en 1825,
à Nuremberg, en 1828, à Strasbourg, en 1830,
et a également dirigé les fêtes musicales de
Halle en 18-30 et 1835, de Ilalberstadt, enl833,
de Potsdam, en 1834, de Dessau, en 1835, de
Wittenberg, en 1838 et en 1846, de Cœthen,
en 1840, de Coblence, dans la même année,
de Hambourg, en 1841 , de Meissen, en 1844,
de Zerbst, en 1847, et de Lubeck, dans la même
année.
Les productions de Schneider sont aussi re-
marquables par leur mérite el leur nombre
que par la variété de leur objet. Parmi les
œuvres publiées, on remarque : 1° Messe à
<|uatre voix et orchestre, op. 55; Leipsick,
Whistling. 2° Messe pour voix concertantes,
chœur et orgue j Leipsick, Peters. 3» Le vingt-
quatrième psaume, traduit par Herder, à
quatre voix et orchestre, op. 72; Leipsick,
llol'meister. 3» (bis) Le psaume 67'"« pour un
chœur d'hommes avec accompagnement d'in-
struments à vent, orgue, violoncelle cl contre-
basse. 3» {ter) Faler unier (Pater noslcr)
pour un double chœur d'hommes, orchestre ou
orgue, op. 103; Leipsick, Klemm. 4» Chant
funèbre de Niemeyer, à quatre voix. 5" Six
chants religieux à <|ualre voix, sans accompa-
gnement ; Leipsick , Breilkopf et llaertcl.
0" Vingt mélodies chorales pour deux sopra-
nos ; Leipsick, Tauchnitz. 7° Die SundlhUh
(leDéluge), oratorio, à quatre voix etorchesire;
Bonn, Simrock. 8° Dus JFellgerichl (le Juge-
ment dernier), oratorio à quatre voix et or-
chestre ; Leipsick, Hofmeister. 9" Das verlonie
Parodies (le Paradis perdu), idem, op. 75 ;
Ualbersladt, Brtlggemann. 10° Pharaon ,
idem, op. 74; ibid. (1). 11" Chrislus der
Meisler (le Seigneur Jésus-Christ), idem.
12" y^bsalon, idem; Dessau, chez l'anlenr.
1 3° Cliristusdas Kind{\c Christ enfant), idem ,
op. 83; ibid. 14" Gédéon, idem, op. 88;
ibid. 15° Gethsemane et Golgotha, idem,
op. 96; Zerbst, Kummer. Quatre oratorios, à
savoir : Das befreiete Jérusalem (la Jérusa-
lem délivrée), Salomonis Tempelbau (la Con-
struction du temple de Salomon), .Cont/acii/s
(Saint Boniface), et Christus der Erlœser (le
Christ sauveur), n'ont pas été publiés. 16" /e-
hova, dir Frohlockt der Kœnig, hymne à
huit voix pour un chœur d'hommes, avec dts
instruments à vent, contrebasse et tim!)alcs,
op. 94; Berlin, Trautwein. 17" Ouverture ;i
grand orchestre, op. 11; Bonn, Simro;k.
18" Idem pour le drame Die Braut von /lles-
sina (la Fiancée de Messine), op. 42; Leip-
sick, Peters. 19» Ouverture sur le thème: God
save ihe King, op. 43; «fcid. 20" Ouverture
tragique (en ut mineur), op. 45; Vienne,
Haslinger. 21" La marche <Ie Dessau arrangée
en ouverture, op. 50; Leipsick, Peters. 22" Z«
Chasse, ouvertures, op. 66, 67; ibid. 23" Ou-
verture de fête sur le chant : Gaudeamus igi'
tur, op. 84; LeipsickjIIofraeister. 24" Grandes
polonaises pour l'orchestre, op. 48 ; Leipsick,
Peters. 25" Concerto pour piano, op. 18; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtel. 26" Idem, op. 22;
Leipsick, Peters. 27° Quatuors pour piano,
violon, alto el basse', op. 24, 34 et 36; Leip-
sick,'Peters ; Bonn, Simrock. 28° Trio pour
pfano, clarinette et basson, op. 10; Leipsick,
Peters. 29° Trios pour piano, violon et violon-
celle, op. 38; Leipsick, Hofmeister. 30" Duos
pour piano cl violon ou flûte, op. 19, 31, 33,
35,61; Leipsick, Breilkopf el Haertel, Hof-
meister, Peters; Bonn, Simrock. 51° Sonates
(I) Bien que l'oratoire de P/ioraon soil indiqin'
comme l'œuvre 74, et le Paradis perdu, comme
l'œuvre 7!(, celui-ci a Hé exécute à Magdebourg on
18i5, et l'autre seulement en 18^8, à Nuremberg.
SCHNEIDER
493
jionr piîino à quatre mains, op. 2, 8, 13, 29;
ibid. Ô2» Polonaises, marches et valses idem,
op. 7, 9, 12, 51, etc. : ibid. oo» Sonates pour
piano seul, op. 1, 5, 3, 6, 14, 20, 21, 2G, 27,
ôO, 37, 40 ; ibid. 34<' Rondo tdem, op. 4 ;
Leipsick, Brcilkopf et Hœrlel. Une édition
complète des œuvres de Schneider pour piano
a été publiée à Halbeistadt, chez BrUgge-
mann. 35° Chants à plusieurs voix, avec ou
sans accompagnement, op. 44, 53, 60, 64, 69,
et chants de la ZtedtJrfa/ef allemande, pre-
mier, deuxième et troisième recueils; Bonn,
Simrock; Magdebourg, Creutz ; Berlin, Traul-
wein; Leipsick, Breitkopf et llœrtel, Pelcrs.
36" Chants et chansons à voix seule, avec ac-
compagnement de piano, op. 16, 24, 28, etc.;
ibid. 37» Solfèges qvec piano, op. 57 ; Leip-
sick, Probst. 38° Exercices pour le chant (huit
recueils); Leipsick, Tauchnilz. Schneider a
laissé en manuscrit plusieurs messes , des
symphonies , un opéra intitulé : Alwins
.EntscMberung' (le Désenchantement d'Alwin),
représenté à Leipsick, en 1809, et diverses
autres compositions instrumentales et vo-
cales.
Schneider s'est fait connaître aussi comme
écrivain didactique et comme théoricien
par les ouvrages suivants : 1» Elementar-
buch der Harmonie und TonsetzkunsI
(Traité élémentaire d'harmonie et de compo-
sition); Leipsick, Pelers, 1820, in-4° oblong
décent douze pages; deuxième édition aug-
mentée; ibid., 1827, in-4° oblong de cent
soixante el douze pages. Il y a une traduction
anglaise de cet ouvrage; elle a pour litre :
Eléments of musical Harmony and compo-
sition; Londres, 1828, in-4°. La théorie déve-
lop|)ée dans cet ouvrage est basée sur le prin-
cipe que l'abbé Vogler et Godefroid Weber
avaient pris déjà pour base de leurs systèmes;
car Schneider admet comme naturels , sur
toutes les notes de la gamme, l'accord parfait
€t celui de septième. Selon lui, ils s'y présen-
tent, à l'égard de la nature de leurs inter-
valles, conformément à la constitution du ton
et du mode, ayant, en raison de la note où ils
sont placés, la tierce ou majeure, ou mineure;
la quinte, ou juste ou diminuée (mineure); la
septième, ou majeure ou mineure. Suivant
cette théorie encore, il en est de même de l'ac-
cord de neuvième, et il ne s'agit plus, pour
(compléter la nomenclature des accords, que
d'en altérer les divers intervalles. On peut
Aoir, pour l'analyse de cette théorie, mon Es-
ïquisse de l'histoire del'harmonied}. 133-136
|ft p. 106). 2» Forschule der Musik (Principes
de musique); Leipsick, Tauchuitz, 1827, in^"
oblong de quarante pages. 3° Handbuch des
Organislen (Manuel des organistes); Halber-
stadt, Brtiggemann, 1829-1830, quatre parties
in-4° oblong. La première partie contient un
traité élémentaire de composition; la seconde,
l'école d'orgue; la troisième, le livre choral;
la dernière, l'école d'orgue supérieure, con-
tenant quarante-huit trios à trois claviers. Cet.
ouvrage est un des i)lus importants en son
genre. On a du même artiste un article sur le
cor à pistons perfectionné parStœIzel, dans la
Gazette musicale de Leipsick (tome XIX,
page 814). Schneider était docteur en musique,
membre de l'Académie royale des arts de
Berlin, de l'Académie de musique de Stock-
holm, de la Société scientifique de la Lusace
supérieure, de la Société des Amis delà mu-
sique des Étals de l'Autriche, el des associations
musicales de la Suisse el de l'Alsace, de la so-
ciété de Rotterdam pour l'encouragement de
la musique, etc. Ce digne artiste est mort à
Dessau, le 23* novembre 1853, à l'âge de
soixante-onze ans el quelques mois. Il était
décoré de plusieurs ordres. M. Frédéric Kemiie,
élève et ami de ce maître, a publié un volume
intitulé : Fridrich Schneider als Mensch und
Kiinstler. Ein Lebensbild nach Original-
Mittheilungen , original. Briefen und
Urtheilen namhalfter A'unstrichter bear-
beilei (Fiédéric Schnieder comme homme et
comme artiste; tableau de sa vie d'après des
documents originaux, la correspondance auto-
graphe, etc.); Dessau, H. Neubtlrger, 1839,
un volume gr. in-8° de xvi el quatre cent
quatre-vingt-trois pages, avec un beau portrait
de Schneider, deux lithographies, fac-similé,
el un grand nombre de fragments de mu-
sique.
SCHIVEIDER (Jean-Gottlob), frère du
précédent, fut un des meilleurs organistes al-
lemands du dix-neuvième siècle. Il est né au
Vieux Gersdorf, le 28 octobre 1789. A l'âge de
cinq ans il commença l'élude de la musique
sous la direction de son père, et apprit à jouer
du clavecin, de l'orgue, du violon et de plu-
sieurs instruments à vent. Plus tard il perfec-
tionna son talent, sous la direction de l'orga-
niste Unger, de Zittau. Il eut quelque temps
l'intention de se livrer à l'étude du droit, mais
il changea de résolution, et se décida à cultiver
exclusivement la musique. En 1811, il obtint
la place d'organiste à l'église de l'université
de Leipsick : dans la même année on le nomma
|)roresseur de chant à l'école libre du Sénat.
C'est depuis celte époque «jue l'orgue est de-
49-1
SCHNEIDER
venu son inslriimenl «le i>rt;(iilection, et <]u'il
y a ac(|iiis un talent de premier ordre. En
1816 et 1817, il donna des concerts d'orgue
à Gœrlllz, à Dresde et à Zillau. Trois ans
après, il organisa, avec son collègue Blllher,
la première grande fête musicale dans l'église
de Saint-Nicolas : on y exécuta la Création,
de Haydn ; Schneider la dirigea et chanta
la partie d'Uriel. Dans la même année il
donna aussi des concerts d'orgue à Zillau,
Freyberg, Chemnitz, Géra, Allenbourg, Leip-
sick, Weimar, Gotha et Dresde. En 1825, il
donna aussi un concert d'orgue à Dessau, et
accompagna son frère à la fête musicale de
l'Elbe qui se donnait à TWagdebonrg; il y joua
del'orgueavecsa supériorité accoutumée. Dans
celle même année il reçut sa nomination
d'organiste de la cour de Dresde. A son départ
de Gœrlllz, les membres de la société de chant
lui présentèrent en souvenir une bague en
brillants et un vase d'argent. Depuis celle
époque, Schneider n'a plus quitté Dresde, où
son talent sur l'orgue excitait l'admiration
générale. Il n'a publié qu'un petit nombre de
ses ouvrages; je ne connais que ceux-ci :
1" Fantaisie et fugue pour l'orgue, op. 1 ; Leip-
sick, Breilkopf et Hferlel. 2» Chants religieux
pour trois soprani, ou deux ténors et basse
avec orgue obligé, op. 2; ibid. S" Fantaisie et
fugue pour l'orgue, op. 3 (en ré mineur) ibid.
4° Douze pièces d'orgue faciles à l'usage du
service divin, op. 4; Meissen, Kleinknecht.
5" Trois chœurs religieux à quatre voix avec
orgue oldigé, op. 5, première suite; Leipsick,
Kislner. 6" Trois idem,ov. G, deuxième suite;
■ ibid. J.-G. Schneider est mort à Dresde, le
13 avril 1804.
SCHIXEIDER (Jeau-OiOttiieb ou Théo-
phile), le plus jeune des frères de cette famille
d'arlisles distingués, est né au Vieux Gers-
dorf, le 12 juillet (ou, suivant d'autres rensei-
gnements, le 19 du même mois) 1797. Après
avoir appris la musique dans la maison pater-
nelle, il entra au gymnase de Zillau, à l'âge
de dix ans. Par les leçons de chant qu'il
y reçut de Schœnfehler, et par celles que
Unger lui donna sur l'orgue , il devint
musicien instruit et organiste habile. Sorti
de ce collège , il se rendit à l'université
de Leipsick, dont il ne suivit les cours que
pendant un an. Pendant les deux années sui-
vantes, il vécut à Baulzen, en donnant des
leçons de musique et de piano; mais bientôt
connu par son talent, il reçut sa nomination
d'organiste à Sorau,dans la Lusace inférieure,
au mois de novembre 1817. Après un séjour
de huit annéM dans ce lieu, la place d'orga-
ganisle à l'église de la Croix de Ilirschberg lut
fut offerte au mois d'octobre, et depuis lors
il vécut dans celle position. Dans un concert
qu'il donna à Leipsick, le 10 juin 18ôa, en
présence de son vieux père, il fil admirer
son talent dans l'art de traiter la fugue, et
particulièrement son habileté sur la pédale.
Schneider a publié à Brcslau des variations
pour le piano; il avait en manuscrit plusicuis
suites de pièces du même genre, des sonates
<ie piano, des préludes d'orgue, un Kyrie et
un Gloria. Gotllieb Schneider est mort à 1
Ilirschberg, le 4 août 1850. ^
SCHÎVEIDER (le docteur PierreJosepu),
mé<Iecin à Poppelsdorf, près de Bonn, né vers
1793, a vécu «luelque temps à Bruxelles, puis
est retourné en Allemagne, en 1835. Au nom-
bre de ses ouvrages, on remarque ceux qui ont
pour titre : i" Biblischgeschichlliche Darstel-
lung der hebraïschen Mttsik (Exposition his-
(orique et biblique de la musique hébraïque);
Bonn, Dunst, 1837, in-8''. 2» System einer
medicinischenJfIusik(Sys{kme d'une musique
médicale); ibid., deux volumes in-8''. Le doc-
teur Schneider est mort à Bonn, au mois de
septembre 1837.
SCHNEIDER (Charles-Adam DE), gui-
tariste à Munich, a publié une méthode pour
son instrument; inlilulée Gttitarschule, Mu-
nich, Faller. On a aussi de sa composition
neuf recueils de chants et chansons avec ac-
compagnement de piano ou de guitare (ibid).
SCHISEIDER (Jean-Jules), fils de Jean
Schneider, îabricanl de pianos à Berlin (1), est
né dans celte ville, le 6 juillet 1803. A l'âge de
sept ans, il commença l'élude de la musique,
sous la direction de A. -AV. Guillaume Bach : plus
tard il devint élève de Ttirschmidt. Après avoir
fini ses éludes de collège, il reçut des leçons de
piano de L. Berger : Bernard Klein lui en-
seigna la composition, et Hausmann fut son
professcurd'orgue.En 1829,ilfntchoisipourdi-
riger lasociélédechant deBerlin Liederverein
et composa pour celle société plus de cent
soixante chœurs pour six voix d'hommes. De
1844 jusqu'en 1847, il dirigea la société de
musique classique de Potsdam. En 1843, il
reçut la décoration de l'Aigle rouge de Prusse
(quatrième classe), et l'Académie royale des
beaux-arts de Berlin l'admit au nombre de ses
membres en 1849. En 1854, il reçut sa no-
(t) H. Bernsilorr fait de Jules Schneider un fils du
mnilredc cliipclle Schneider. (i\euet (Jivvtrsal-Lexikon
(Ut ToukHnit,t. III, p. 480); M. De Lcdobur, que je
suis ici, est mieux informe.
SCHNEIDER — SCHNELL
4l<5
tninalion de professeur de chant à l'Inslilut
royal pour la musique djéglise*, et trois ans
après il eut le titre de directeur général des
sociétés provinciales de chant de Berlin,
Cœthen, Dessau, Halle, Magdebourg et Zerbst.
Il est aussi directeur de musique, organiste
et Cantor de l'église Friedrichs-Werderschen.
Cet artiste a composé la musique de plu-
sieurs grandes cantates avec orchestre, de
quelques psaumes et motets, et de l'oratorio
Luther, en trois parties,qui fut exécuté à
Berlin, le 18 octobre 1834. On a aussi
de lui un grand nombre de Lieder à voix
seule avec piano et de chants pour des voix
d'hommes, publiés à Berlin. Ses compositions
instrumentales consistent en trois nocturnes
pour piano, op. 1 ; Leipsick, Breilkopf et
Ilaertel; six sonatines idem, à l'usage des
élèves avancés, op. 7; Ilalherstadt, BrUgge-
mann, et quarante-quatre éludes pour la pé-
dale de l'orgue,.op. 48; Erfurt, Kœrner.
SCHI>iEIDEU (Louis), conseiller de cour
et lecteur du roi de Prusse Frédéric-Guil-
laume IV, né à Berlin, le 20 avril 1805, est le
dernier fils de Georges-Abraham Schneider
{voyez ce nom). Après avoir commencé à Reval,
en 1814, sa carrière d'acteur comme enfant,
il parut sur plusieurs théâtres de la province.
En 1827, il fut admis au théâtre royal de
Berlin comme chanteur dans les opéras-comi-
ques et dans les vaudevilles. Dans les derniers
temps, il fut régisseur du théâtre royal pour
l'opéra. Il s'est retiré de la scène en 1848 :
c'est alors qu'il a obtenu du roi les titres et la
position dont il a été parlé plus haut. Il est dé-
coré de plusieurs ordres. Cet artiste est auteur
d'une histoire de l'Opéra de Berlin qui a été
publiée sous ce titre : Geschichte der Oper und
des Kœniglichen Opcrhauses in Berlin ;
Berlin, Duncker et Humblot, 1852, gr.in-8''.
On a aussi de sa composition des Lieder avec
accompagnement de piano et des danses pour
cet instrument.
SCIIINEIDEIl (le docteur Charles-Eu-
nest), professeur d'esthétique et de littérature
allemande à l'Institut de Dresde, est né en
Saxe et a fait ses études supérieures à l'uni-
versité de Leipsick, où le doctorat lui a été dé-
cerné. Il est auteur d'un livre qui a pour litre :
Das musikalische Lied in geschichtlicher
Entwicheluny (Le chant musical dans son dé-
veloppement historique); Leipsick, Breilkopf
et Haertel, 186-3, deux parties, gr. in-8».
SCHNEITZIIOEFFER ( Jeas - Made-
ieine), fils d'un hautboïste de l'Opéra de Paris,
est né dans cette ville, en 1783. Admis au
Conservatoire comme élève, il y a fait ses
études et a reçu des leçons de Catel pour
l'harmonie et la composition. Doué d'heu-
reuses dispositions, il montra du talent dans
quelques compositions instrumentales, parti-
culièrehient dans des ouvertures qu'il fit exé-
cuter dans les concerts, et fit croire à ses amis
qu'il était destiné à prendre un rang hono-
rable parmi les compositeurs. Une symphonie
de sa composition fut aussi exécutée au Concert
de la rue de Grenelle, et y fut bien accueillie
par les amateurs. Malheureusement, ami du
plaisir, il ne sut pas donner une direction
assez sérieuse à ses facultés, et ses ouvrages
se succédèrent à de si longs intervalles, qu'il
ne sut pas se faire connaître du public pour
ce qu'il valait. Les artistes seuls savaient la
portée de son talent. Devenu timbalier
de l'Opéra et de la chapelle du roi, en 1815,
il quitta cet emploi, en 182-3, pour succédera
Adrien (votjez ce nom) comme chef du chant
au même théâtre. En 18-33, il a été nommé pro-
fesseur à l'école de choeurs au Conservatoire.
Son premier ouvrage pour le théâtre est la
musique de Proserpine, ballet en trois actes,
joué à rOpéra avec succès en 1818. Il fut suivi
de Claire et Melctal, ballet en deux actes, re-
marquable par l'élégance et la fraîcheur des
idées. Après un repos de six années, Sclineilz-
hoeflfer a écrit une musi(|ue charmante pour
Zémireet Azor, ballet en trois actes, joué à
l'Opéra, le 20 octobre 1824. Son ballet en trois
actes des Filets de Fulcain, joué en 1826, a
été considéré aussi comme une belle composi-
tion en son genre. Il a fait, en 1827, une ou-
verture et des airs de danse pour un ballet en
un acte intitulé le Sicilien, ou l'Amour
peintre. Le dernier ouvrage de cet artiste
est la musique de la Sylphide, ballet composé
pour mademoiselle Taglioni, son meilleur ou-
vrage, joué avec un brillant succès, au mois
de mars 1832. Il a écrit aussi une partie de la
musique de Sardanapale, grand opéra dont
il n'a point achevé la partition, et qui n'a
point été représenté. Dans la jeunesse de
Schneitzhœffer, les mystifications étaient à la
mode; il en imagina de très-bouffonnes. Plus
tard, il regretta le temps qu'il y avart perdu,
et ce retour sur lui-même lui inspira une
tristesse habituelle. En 1850, des infirmités
devenues chaque jour plus pénibles l'obligè-
rent à se retirer de l'enseignement du Conser-
vatoire. Il mourut au mois de septembre 1852.
SCHNELL (Jean), compositeur allemand,
né vraisemblablement dans le Wurtemberg,
au commencement du dix-huitième siècle, a
4M
SCIIMXL — SCHNYDER DE WARTENSÉE
fait imprimer à Anpsboiirg les ouvrages sui-
vants (ie sa composilion : 1" Concerta com-
mode traclabilia, symphonies h cinq parties,
17ÔI , in fol. 2» C Parthias trisotius, Irios pour
violon, flùle el basse, 1731, in-fol. 5» 6 So-
natas trisonas a diversis instrumetitis con-
ccrtantibus, op. 4. 4° Six Irios pour viole
(l'amour, flule et basse, op. 5; ibid. 5» Six
trios pour violon, flùle el basse, op. 7; ibid.
SCUISELL (Jea>-Jacques), fadeur d'in-
struments, né en 1740 à Vaihingen, dans le
AVurlemberg, élait destiné à la profession de
menuisier; mais après avoir «chevé son ap-
prentissage, il entra, en 1760, chez Geissinger,
facteur à Rothenbourg, puis travailla dans les
ateliers de plusieurs facteurs d'instruments,
et en dernier lieu chez Van Dilken, en Hol-
lande, où il resta six années. En 1777, il
s'éiablit à Paris et s'y livra à la facture des
clavecins. Il y obtint le litre de facteur de la
comtesse d'Artois, et inventa V Anémocorde ,
instrument alors d'un genre absolument nou-
veau, dans lequel les louches du clavier ou-
vraient des soupapes qui donnaient passage au
vent d'une soufflerie pour faire résonner les
cordes. La cour lui accorda de grandes récom-
penses pour cette invention qui excita l'admi-
ration générale. Les troubles de la révolution
l'empêchèrent de recueillir les fruits de ses
travaux, el l'obligèrent à se retirer à Louis-
bourg, où il établit une fabrique de pianos. En
1799, il fit entendre avec succès son Anémo-
corde à Vienne : il le vendit, en 1803, au
physicien Robertson, qui le transporta à
Londres.
SCimiTKER (Arp), facteur d'orgues, à
Hambourg, né vers le milieu du dix-huitième
siècle, est mort dans cette ville en 1720. Ses
principaux ouvrages sont : 1» L'orgue de
Saint Nicolas, à Hambourg, construit en 1686.
2" Celui de la cathédrale de Brème, composé
<le quarante-deux jeux, trois claviers à la main
et pédales. 3" Celui de Saint-Élienne, à Brème.
4» Celui de Saint-Jacques, à Hambourg, com-
posé de trente jeux. 5» Celui de Sainte-Ger-
(rude, dans la même ville, en 1700, de vingt
jeux. 6» Celui de Saint-Jean, à Magdebourg,
de soixante-deux jeux, trois claviers et pé-
dales. 7° Celui de Saint-Nicolas, à Berlin, en
1708. 8» Celui de Sainte-Marie, à Francfort-
sur l'Oder, de quarante-cinq jeux, trois cla-
viers el pédales, en 1715.
SCIINITHER (François-Gaspabd) , se-
cond fils du précédent, né à Hambourg, eut
une grande part dans les travaux de son père.
Après la mort de celuii-ci, il se retira à ZwoU,
en Hollande, et s'y associa avec son frère aîné
pour la construction des orgues. Il mourut en
1729, dans cette ville. Ses meilleurs instru-
ments sont : 1" Le grand orgue do Saint-Mi-
chel, à Zwoll, exécuté en 1721 , et composé de
soixante-trois jeux, quatre claviers cl pédales.
2" Le grand orgue d'Alkmaar, composé de
cinquante-six jeux, el lerminé en 1725.
SCIIIMTZER (Sigismond), célèbre fac-
teur «l'instruments à vent, brillait à Nurem-
berg, vers le milieu du seizième siècle. Il num
rut dans celte ville, le 3 décembre 1578. Il
était parliculièremcnt renommé pour la fac-
ture des bassons, cromornes et hautbois.
SCIIIXITZER (François), bénédictin ba-
varois, naquit à Wnrzach, en 1740, et fit ses
vœux au couvent d'Oltobeuern, en 1759. Il y
mourut en 1785. Grand organiste et composi-
teurdistingué,il a laissé en manuscrit dix-huit
opéras composés pour des collèges, six can-
tates pour des jours de fêles, quatre messes en
contrepoint sur le plainchant, un Aima re-
demptoris avec cor obligé, et quelques autres
morceaux.
SCHNITZRI (Grégoire), compositeur de
musique d'église, né à Dantzick, vers 1570, a
publié les ouvrages suivants de sa composi-
lion : 1° Cantiones sucrai 3, 5, 6-12 i;oc. ;
Dantzick, 1607, in-4". 2" Missn super Heu-^
nosler refugium 3 t- ocwm et Magnificat 6 vo-
cum ; ibid., 1607, in-4».
SCHNORR (Henri-Théodore-Lovis), lit-
térateur et amateur de musique, fut d'abord
secrétaire du prince de Saxe-Cobourg; puis il
s'clablit à Hambourg, en 1796, et en dernier
lieu à Alloua. Il a publié, à Hambourg, neuf
cahiers de chansons à voix seule avec accom-
pagnement de piano.
SCHNYDER DE WARTENSÉE (Xa
vier), professeur de composilion et écrivain
sur la musique, est né, en 1786, à Lucerne,
d'une famille noble. Destiné à devenir un des
membres de l'administration de son pays, ses
études furent dirigées dans ce but; mais la ré-
volution de 1789 ayant changé sa condition, il
put se livrer à son goiU par la musique. 11
l'apprit presque sans maître, el se livra seul à
l'étude du piano, du violon, du violoncelle et
de la contreb.Tsse. Guidé par son instinct et
sans aucune instruction dans l'harmonie, il
fit ses premiers essais dans la composition
de quelques morceaux de musique vocale.
Le désir de se former dans l'art d'écrire le
conduisit à Zurich, en 1810, et l'année sui-
vante, à Vienne, dans l'espoir d'obtenir des
leçons de Beethoven. Mais l'illustre maitre
SCHNYDER DE WARTENSÉE — SCIIOBERLECHNER
497
«mit l'iiomme le moins propre à former des
élèves à celle époque de, sa vie où sa siirdilé
<5lait déjà complète el sa vie toute solitaire.
M. Schnyder fut obligé de se confier aux soins
«le Kienlen, artiste de talent et bon maître,
<iui lui fit faire de rapides progrès. En 1814,
J'élève suivit le maître à Bade, près de Vienne;
mais un incendie, qui réduisit en cendres la
plus grande partie de cette petite ville, et son
propre logement, l'obligea à s'éloigner. Il re-
tourna en Suisse, servit comme volontaire
<lans la campagne de 1815 contre la France,
puis fut nommé professeur à l'Institut de Pes-
talozzi, à Yverdun. En 1817, il f|nitta cette
école pour se fixer à Francfort, où il a demeuré
depuis ce temps, se livrant à l'enseignement
i\e la théorie de la musique, à la composition
«t à la littérature. J'ai connu cet liomme ex-
cellent en 1838, etj'ai trouvé en lui autant de
bienveillance et d'aménité que de savoir et
<l'entbousiasme pour l'art.
Les ouvrages de M. Sclinyder de Wartensée
5e distinguent par l'originalité des idées et par
une grande pureté de style. Voici la liste de
ceux qui me sont connus : 1» Forlunat mit
den Sœckel und JFunschiitsein (Le tabouret
et le chapeau magique de Forlunatus), opéra
féerique, jouée en 1829. 2» Zeit und Ewig-
heit (Le temps et l'éternité), oratorio pour voix
d'hommes, exécuté à Francfort, en 1838. Z" Le
Tontbeau, chant à quatre voix avec piano ad
ii6i7um,- Zurich, Ilug. 4» La Paix, chanta
quatre voix, avec accompagnement de piano et
clarinette; Bonn, Simrock. 3" Les quatre
Tempéraments, chant comique pour quatre
voix et piano; ibid. G" Les Charmes de la dou-
leur, quatuor sentimental à quatre voix.
7» Cantate à l'occasion du soixante-treizième
-anniversaire de la naissance de Peslalozzi,
1818. 8" Six chants à quatre voix sur des
jmc'mes de Gœthe, pour la Liederkranz de
Francfort; Leipsick, Hofmeister. 9» Douze
chansons suisses pour des chœurs d'hommes ;
Zurich, Orell, Fuessli et C. 10° GeistUche
Lieder (Chant religieux, par Novalis), à voix
seule avec accompagnement «le piano; Offen-
bach, André. 11" Plusieurs chansons alle-
mandes détachées. 12o Grande sonate (en ul)
jtour piano; Bonn, Simrock. 13» Symphonie
j»our l'orchestre, exécutée à Francfort, en
1839. 13" [bis) Souvenir à Haydn, deuxième
symphonie exécutée au festival de Lucerne, en
1841, sous la direction de l'auteur. 14" Douze
chants suisses à quatre voix d'hommes. 15" Huit
chœurs pour des voix d'hommes; Friedberg,
Jiindcrnagcl. Comme écrivain sur la musique,
RIOCR. UNIV, DES MUSICIENS. — T. VII.
Schnyder de Wartensée s'est fait connaître par
de bons articles insérés dans la Cxcilia et
dans la Gazette universelle de musique pu-
bliée à Leipsick.
SCIIOBERLECHINEU (Fra>çois), com-
positeur, né à Vienne, le 21 juillet 1797, est
fils d'un marchand de celte ville, (|ui était
amateur de musique et bon violoniste. A l'âge
de six ans, il commença l'étude du piano, sous
la direction d'un maître obscur, nommé Grli-
ner, puis il devint élève de llummel qui lui
«lonna des leçons pendant deux ans. Ses pro-
grès furent si rapides, «|ue dans sa dixième
année il put se faire entendre avec succès eu
public, ilans le deuxième concerto (en ut) que
Hummcl écrivit pour lui. Ce compositeur cé-
lèbre, alors maître de chapelle du prince Ester-
hazy, emmena le jeune Schoberlechner à
Eisenstadl (en Hongrie), pour 1^ faire enten«lre
au prince, comme un prodige. Charmé de sou
habileté précoce, le jtrince le prit sous sa pro-
tection, et l'envoya chez*Fœrster, bon maître
de Vienne, qui lui enseigna l'harmonie et la
composition. En 1814, Schoberlechner partit
pour Grsetz, d'où il se rendit à Triesle, puis à
Florence, donnant partout des concerts et des
leçons. Arrivé dans celte dernière ville, il y
écrivit un Tîegwtem, qu'il dédia au grand-duc de
Toscane; puis il composa l'opéra bouffe I TiV'
tuosi teatrali, qui fut représenté pour la pre-
mière fois au bénéfice du bouffe Pacini. L'an-
née suivante, la duchesse de Lucques l'appela
à sa cour, en qualité de maître de chapelle, et
lui fit composer Gli Arabi nelle Gallie, opéra
semi-seria qui fut accueilli avec faveur. De re-
tour à Vienne, en 1820, Schoberlechner s'y
livra à l'enseignement du piano, y publia ses
premières compositions instrumentales, et
écrivit le petit opéra allemand le Jeune Oncle,
qui reçut un bon accueil du public.
En 1823, Schoberlechner entreprit son pre-
mier voyage en Russie, donnant des concerts
dans les principales villes qui se trouvaient
sur sa route. Arrivé à Pélersbourg, il y donna
pendant la semaine de Pâques un concert «jui
le fit connaître avantageusement et lui pro-
cura une, somme considérable. Il y fit la con-
naissance de la fille du chanteur Dall'Occa, el
l'épousa le 8 mai 1824. Peu de temps après, il
retourna en Allemagne avec sa femme, puis
ils se rendirent en Italie, et s'y firent entendre
dans les concerts. En 1827, madame Schober-
lechner retourna avec son mari à Pélersbourg
pour revoir sa famille, et débuta avec tant de
succès au Théâtre-Italien, qu'elle fut engagée
pour trois ans, avec des appointements de
32
498
SCHOBERLECHNER — SCHOBERT
vingt mille loiihles. Pendant ce temps, Sclio-
beriechner continua d'éciiic de la musique et
de donner des leçons de piano. Il fit aussi re-
présenter, au Tliéâlre-Impérial, Il Barons di
Dolzheim, qu'il avait écrit pour sa femme.
Après trois années de séjour dans la capitale
de la Russie, les deux époux retournèrent à
Vienne; mais ils n'y firent qu'un séjour fort
court, parce (ju'ils avaient résolu de se rendre
en Italie. Arrivée à Bologne, madame Scho-
berlecliner y clianta pendant l'automne de
18Ô1, et le succès qu'elle y obtint (ixa les deux
époux en Italie jus(iu'au printemps de 1833.
Ils retournèrent ensjiite à Vienne, puisenlre-
priri.nt un nouveau voyage à Pétersbourg, où
ils donnèrent un concert dont le produit
s'éleva à dix mille roubles. De retour en Italie
dans l'année 1834, madame Schoberlechnery
brilla sur les- principaux théâtres jusqu'en
1841. Détourné de sa carrière par l'agitation
OH le plaçait l'existence théâtrale de sa femme,
Schoberlecbner paraît n'avoi4' produit qu'un
petit nombre d'ouvrages pendant ce temps. Il
se retira ensuite dans une maison de cam-
pagne qu'il avait achetée près de Florence, en
1831. En 1839, il donna, à Milan, Rossant,
opéra semi-seria. Ayant fait plus tard \\n
voyage en Allemagne, il mourut à Berlin, le
7 janvier 1843.
Les principales productions gravées de
Schoberlechner sont : 1» Thèmes variés pour
piano et orchestre, op. 46; Vienne, Leides-
dorf; op. 47, Vienne, Artaria. 2" Variations
pour piano et quatuor sur un thème de La
Sonnanbula de Bellini; Milan, Ricordi.
3° Grand trio pour piano, violon et violoncelle;
Florence, Cipriani. 4" Grande sonate pour
piano et flûte on violon; ibid. 5° Rondeau
l)rillant pour piano à quatre mains (en rnt mi-
neur); Vienne, Pennauer. G" Ouverture idem,
op. 37; Leipsick, llofmeister. 7° Sonate pour
piano seul, op. 25 ; Leipsick, Probst. 8» Sonate
mélancolique, op. 45; Vienne, Leidesdorf.
9" Rondeaux pour piano seul, op. 2, 31, 36,
59, etc.; Vienne, Mechetli, Artaria; Leip-
sick, Probst; Florence, Cipriani. 10" Fantai-
sies tdem sur un thème de Meycrbeer; Flo-
rence, Cipriani ; idem sur un thème original ;
ibid. 11» Variations jiour piano seul, op. 3,
4,8, 30, 32, 38, 40, 42, 45, 48, 50, 51, 52,
55; Milan, Vienne, Florence, Naples.
12» Valses idem, op. 35; Vienne, Diabelli.
SCUOKERLFXimER (Sopiiik), femme
du précédent, est née à Pétersbourg, en 1807.
Son père, professeur de chant italien, fil
ton éducation vocale et développa les avan-
tages do la belle voix qu'elle avait reçue de la
nature. Mariée au pianiste Schoberlechner en
1824, elle le suivit en Allemaj^ne et en Italie
où elle se fit entendre avec succès dans les
concerts. De retour à Pétersbourg, en 1827,
elle y débuta <lans la carrière dramali(iue, et
fut engagée au Théàtre-Ilalien, comme prima
donna, pour trois ans, avec des appointe-
ments de vingt mille roubles. Dans l'automne
de 1831, elle chanta avec succès au théâtre
Comunah de Bologne, et sut se faire applaudir
à côté de madame Malibran. Au carnaval de
1832, elle chanta à Rome au théâtre Jpoïlo,
puis à Modène, Parme, Turin, Crémone et
Padoue. Au primtemps de 1835, elle accom-
pagna la troupe italienne an théâtre de Vienne,
puis fit un voyage à Pétersbourg, où elle ne
chanta que dans les concerts. Dans le cours de
la même année, elle retourna en Italie. Sa ré-
putation s'étendit surtout après qu'elle eut
paru, en 1834, au ihéâlre de la Scala, de
Milan. En 1835, elle se fit entendre de nou-
veau avec succès à Turin et à Florence; mais
Milan fut toujours la ville oùson talent se pro-
duisit avec le plus d'avantage. Malheureuse-
ment le système actuel de chant dramatique
eut bientôt usé son bel organe par l'excès de
la fatigue. En 1840, la détérioration de la voix
et de sa santé de madame Schoberlechner
commença à se faire apercevoir, et vers la fin
de la même année, le mal avait fait de si
rapides progrès, qu'elle fut obligée de se
retirer dans sa maison de campagne, où elle
vivait éloignée de la scène, lorsque je visitai
l'Italie, dans l'été de 1841. Madame Schober-
lechner est morte à Florence, en 1863.
SCHOREUT (...), claveciniste et compo-
siteur de grand mérite, est si peu connu,
qu'on ne trouve nulle part l'indication de ses
prénoms. Il ne s'appelait pas Schubart et
n'était pas parent du directeur de musique de
Stuttgart connu sous ce nom, comme l'ont
prétendu plusieurs biographes, car je possède
un exemplaire de ses quatuors de clavecin,
oeuvre 7«, avec sa signature, où le nom de
Schobert est très-lisiblement écrit. Il était né
à Strasbourg, ou y avait demeuré dans sa jeu-
nesse. Burney dit qu'il y publia ses premiers
ouvrages en 1764; c'est une erreur, car ses
premières éditions françaises ont été pu-
bliées à Paris par Beraud, qui se noya en
1761, et eut pour successeur Venier, pre-
mier éditeur «les œuvres de Boccherini. C'^i
qu'il en soit, Schobert entra vers 1760 au
service du prince de Conti, qui l'aimait beau-
coup, le traitait avec l)onlé, et lui avait
SCHOBERT — SCHOEFFER
499
assuré une sitiuilion heureuse. Son habileté
sur le clavecin, et le charme de sa musique,
où brillaient «les idées alors pleines de nou-
veautés et de modulations hardies, le faisaient
rechercher dans le monde. Il périt malheu-
reusement en 1708, empoisonné par des cham-
pignons vénéneux qu'il avait cueillis lui-même
dans une i)romena(le avec ses amis, dont plu-
sieurs furent, comme lui, victimes de celte im-
prudence. Le style de Schobert, absolument
différent de celui <les compositeurs de son
temps, est original; le premier, il sut donner
de l'intérêt aux accompagnements des concer-
tos de clavecin, sans nuire à la partie princi-
pale. Il y avait quelque rapport entre le génie
de ce musicien et celui de Mozart, dont il fut
le prédécesseur immédiat. Son mérite a été
peu connu en Allemagne, mais fort estimé en
France, en Hollande et en Angleterre. Des
éditions de ses œuvres ont été publiées à Pa-
ris, à Amsterdam et à Londres. En voici la
liste : 1° Sonates pour clavecin et violon,
op. 1, 2, 3. 2<* Sonates pour clavecin seul,
op. 4, 5, 16 et 17. ô" Trios pour clavecin,
violon et basse, op. 6, 8. 4" Quatuors pour
clavecin, deux violons et basse. 3» Concertos
pour clavecin, op. 0, 10, 11, 12, 18. G" Con-
certo pastoral pour clavecin, op. 13. 7» Trois
symphonies pour clavecin, violon et deux cors,
op. 14. 8° Trois idem, op. 15.
SCIIOCIIEU (CunÉTiEN-GoTTiioLo), ma-
gisteret maître de langues, d'abord à Leip-
sick,puis à Naumbourg, vécut dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, et mourut le
9 mars 1810. Au nombre de ses écrits, on en
trouve un qui a pour litre : Soll die Rede auf
immer ein dunkler Gesang bleiben, etc.
(Le discours restera-t-il éternellement un
chant obscur, ou ses formules, passages et dé-
sinences ne peuvent-ils pas être rendus pal-
pables de la même manière que la musique ?);
Leipsick,1791, in-4".
SCHCffiBEU (David-Godefeoii ). pasteur à
Lobenstein, puis bourgmestre à Géra, vers le
milieu du dix-huitième siècle, est auteur
d'intéressants ouvrages intitulés : 1" Beitrxg
ztir Lieder-historie, betreffend die Evange-
lischen Gesangbucher, welche bei Lebzeiten
Lutheri zum Druck befœrdert werden (Essai
sur l'histoire des cantiques, concernant les
livres de chants évangéliques qui ont été
imprimés du vivant de Luther) ; Leipsick,
Jacobi, 1759, in-8" décent vingt-huit pages.
2" Zweiter Beitrxg zur Lieder-historie,
.^betreffend, etc. (Deuxième essai sur l'his-
Iirc des cantiques concernant les livres de
chants, etc.); Leipsick, 1760, in-S" de cent
soixante pages.
SCHOEFFER (Pierre), surnommé LE
JEUIXE, deuxième Hls de Pierre Schceffer,
l'ancien, collaborateur de Guttemberg et de
Fust, et inventeur des poinçons pour frapper les
matrices des caractères d'imprimerie, naquit à
Mayence dans la seconde moitié du «luinzième
siècle. Son frère aîné, Jean Schceffer, ayant
succédé à son père, en 1302, Pierre, le jeune,
fonda une autre imprimerie à Mayence, ainsi
que cela est prouvé par l'ouvrage d'Arnold
Schlick (voyez ce nom), qui a pour souscrip-
tion : Getruckt zii Mentz (Mayence) diirch
Peter Schœffern. Uff satit Matheis abent,
1312. Ce rarissime volume, dont le seul exem-
plaire connu aujourd'hui est à la Bibliothèque
royale de Berlin, est le plus ancien ouvrage
de musique imprimé à Mayence. Pierre parait
s'être éloigné de Mayence peu de temps après
1312 pour aller s'établir à Worms, où il im-
prima, en 1523, le livre de chant de Luther,
mis à quatre voix par Jean Walther, pour
l'usage de Witlenberg. Un exemplaire com-
plet de cet ouvrage est à la Bibliothèque im-
périale de Vienne. On n'y trouve pas de nom
du lieu de l'impression, mais bien celui de
l'imprimeur. Les caractères de musique sont
d'une grande beauté, comme tous ceux des
ouvrages sortis des presses de Schœffer. Il est
vraisemblable que ce typographe distingué
fut inquiété pour avoir imprimé ce livre de
chant du réformateur, car on le trouve établi
en 1330 à Strasbourg, où il imprima le recueil
intitulé : Figinti Cantiunculx gallicx quu'
ttior vocum, excusx Argenlorati apud Pe-
trum Schœffer, 1330, gr. in-12 obi. Après
cette date, on ne connaît jusqu'à ce jour aucun
ouvrage sorti de ses presses avant 1353; mais
ceux qui furent publiés depuis cette année jus-
qu'en 1537 prouvent qu'il s'était alors associé
avec \\n certain Mathias Jpiarius. Ces ou-
vrages sont le Rerum musicarum opusculum
de Jean Frosch, 1333, les Magnificat octo
tonorum de Sixte Dietricht, dont il y a un
exemplaire à la Bibliothèque centrale de Mu-
nich, 1333, et dont je ne possède queleZ>/s-
cantus et le Bassus, les Moletarum quatuor
vocinyï a diversis musicis liber primus, Ar-
gentorati, 1553, contenant cinquante-trois
pièces; recueil inconnu à tous les biblio-
graphes, et dont je possède le Discantus, le
Ténor et le Bassus; les Magnificat de Die-
tricht, réimprimés en 1537, et le Gesangbuch
de Jean Walther, réimprimé également eu
1537. Le dernier ouvrage imprimé par Pierre
32.
500
SCHOEFFER — SCIIOENEBECK
SchœfTerà Strasbourg, en lîSô!), a pour lilrc :
Canliones quinque vocum selectissimx , a
primariis Germanix inferioris, Gallix et
Jlalix musices magistris editx. Jntehac
tijpis nondtim divulgatx. Moletarumlib. T.
Argentoruli,apud Petrum Schœ/fer, 1539.
Ainsi ({u'on le voit, à celle époque, Tassocia-
tion de Schneffer etd'Apiarius avait cessé.
SCHCffiN (....), chef de musique du régi-
ment d'infanterie de Neugebauer, en Autriche,
<lans la seconde moitié du dix-huilième siècle,
est auteur de la musique de deux opéras-co-
miques intitulés : 1° Ber Irnvisck (Le Feu
foMel). 2»Z)as Mxdchen im Eichlhal (La Fille
de la Vxillée du chêne).
SClIOEiy (MAunici:), violoniste et compo-
siteur, né en 1808, à Krœnner, bourg de
la Moravie, fréquenta dans son enfance les
écoles de Furnau et d'Olmulz, puis commença
l'étude du violon sous la direction de l'orga-
niste Schmidl. Dans sa quatorzième année, il
entra au service de la princesse Lynar (à
Drelinau, près de Luckau), comme musicien
«le chambre. Après cire resté dans celte posi-
tion pendant un an et demi environ, il se rendit
à Muskau, où il perfectionna son talent sur le
violon et apprit à jouer de plusieurs autres
instruments, chez le directeur de musiipie
Lœbmann. En 1827, il arriva à Berlin, et par
la protection du comte de Brtlhl, il fut admis
comme violoniste dans la chapelle royale. II
y reçut des leçons pour son instrument de
Mœser et d'Hubert Ries {voyez ces noms).
Enfin, il acheva ses éludes à Cassel sous la
direction deSpohr. Pendant les années 18ô4et
1855, il voyagea en Allemagne, puis il accepta,
en 1835, la place de direcleur de musique et
de chef d'orchestre du théâtre de Breslau. En
1841, il fonda dans cette ville une école de
violon d'où sont sortis plusieurs bons élèves.
Les ouvrages les plus importants de cet artiste
sont : 1» Six préludes et fugues pour piano,
op. 1 ; Mayence, Schott. 2" Douze études pour
violon, dédiées à Ole-Bull, op. 3; Breslau,
Leuckart. 3» Deux duos pour deux violons,
comme éludes, op. 6; ibid. 4" Andanle et
polonaise pour violon avec quatuor, op. 8;
Lcipsick, Hofmeister. 5° École prati(|ue du
violon, en douze livraisons; Breslau, Leuckart.
0" Six duos faciles pour deux violons, op. 17;
ibid. 7° Deux duos pour deux violons, comme
éludes; ibid. 8" L'Impatience, caprice de
concert pour violon, op. 12; ibid. 9" Fantaisie
pour violon et piano, sur <lcs motifs de Rigo-
/c//f),op. 40; ibid.
8CI10i:iNE (Jean-Gottlieb ou Tiitopuitt),
professeur à l'école de la Croix, île Dresde, a
publié plusieurs écrits concernant l'enseigne-
ment primaire, particulièrement pour la mu-
sique : Sammliing von Gesxngen fur die
.Çc/jM/e (Recueil de chants pour les écoles, à
une, deux, trois et quatre voix), première el
deuxième suites; Dresde, Paul, 1835.
SCIICffiNEBECK (Chables-Sigismond),
violoncelliste el compositeur, naquit à Lubben,
dans la Lusace inférieure, le 26 octobre 1758.
Ses parents le destinaient à la chirurgie, mais
son [lenchant pour la musiciuc fil donner une
autre direction à sa jeunesse. A l'âge de «lua-
torze ans, il fui envoyé chez le musicien de la
ville pour apprendre les éléments de cet art;
mais il n'en reçut que peu d'instruction, et ce
fut à ses propres efforts qu'il fut redevable de
ses progrès. En 1777, il s'éloigna de sa ville
natale et se rendit à Grllucberg, en Silésic,
chez le musicien de la ville, nommé iMlliler.
Homme habile et possédant une belle collec-
tion d'instruments, celui-ci enseigna à son
élève à jouer du violon et de plusieurs instru-
ments à vent. Le hasard ayant conduit à Grtl-
neberg un virtuose violoncelliste, Schœnebeck
se sentit entraîné par un goût irrésistible pour
le violoncelle ; mais à défaut de maître qui pût
le lui enseigner, il dut se livrer seul à celte
élude. Ses elTorts eurent assez de succès pour
qu'il pût entrer après deux ans dans la cha-
pelle du comte deDohn; puis il accepta la place
de musicien de ville à Sorau. Dans un voyage
qu'il fit à Polsdam, il entendit Duport, qui de-
vint son modèle ; puis il se rendit à Dresde, ou
les leçons de Tricklir perfectionnèrent son
talent. Après se|)t ans de séjour dans cette
ville, il entra, en 1787, dans la chapelle du
duc de Courlande, et y |)assa quatre années,
incessamment occupé d'études. Après avoir
ensuite été deux ans au service du duc de
Waldbourg, en Prusse, il accepta la place de |
violoncelliste à l'orchestre de Koenigsberg, à|
laquelle il réunit celle d'organiste de l'égliscj
dcLœbenicht: mais les atteintes que sa santé]
y reçut par le climat, l'obligèrent à retourner'
à Lubben. Il acheta une ferme près de cette
ville et s'y relira avec l'inlenlion de s'y livrer
à l'agriculture; mais des dilTicultés qu'il
n'avait pas prévues l'obligèrent à vendre sa
ferme. Il se fixa dès lors à Lubben, où il est
mort. En 1800, il fit un voyage en Allemagne,
cl se fil entendre avec succès à Leipsick. On a
imprimé de sa composition : 1" Concerto pour
le violoncelle, op. 1 ; Offenbach, André, 1797.
2° Jdcm, oi>. 3; Berlin, Ilummel.3<» Troisième
idem, op. 0; ibid., 1802. 4" Concerto pour le
SCHOENEBECK — SCHOLL
501
1
Iiasson, •!>. 4; ibid., 1800. S» Trois duos pour
allô et violoncelle, op. 2; ibid. G" Duos pour
deux violoncelles, opi'ira 3 ; ibid. 7" Duos pour
violon cl violoncelle, op. 8; Leipsick, KUhnel.
8" Trois duos faciles pour deux violoncelles,
op. 12, liv. I el II ; ibid. 9° Duos concertants
jtonr deux altos, op. 13; ibid. 10" Trois qua-
tuors i)our flûte, violon, allô et basse, op. 14;
ibid. Schnpnebeck a fait représenter au théâtre
de Kœnigsberg : Der JFunderigel (Le Hérisson
merveilleux), opéra-comique, en 1778; elBer
Kuster im Stroh (Le Sacristain empaillé);
idem. Il avait en manuscrit plusieurs concertos
pour le violoncelle, deux pour la flûte, deux
pour la clarinette, et un pour le cor.
SCIIOErSFELD (JEA?i -Philippe), né à
Strasbourg, en 1742, était fils d'un cordonnier.
Après avoir étudié la théologie, il entra chez
le conseiller de Munchhausen, à Brunswick, en
qualité de gouverneur de ses enfants. Il ne
cultivait alors la musique que comme ama-
teur; mais plus tarci il en fit sa profession, et
de retour dans sa ville natale, il obtint, en
1779, la place de maitre de chapelle de la nou-
velle église. Il y réunit ensuite les fonctions
de directeur des concerts de la ville, et mourut
le 5 janvier 1790. On a imprimé de sa com-
position : 1" Chansons à voix seule avec ac-
compagnementde clavecin; Nuremberg, 1769.
2" Chansons de francs-maçons, avec clavecin;
Brunswick, ô" Chansons et ariettes avec violon
et clavecin, première et deuxième suites;
Berlin, 1778. Schœnfeld a laissé en manuscrit
plusieurs opéras et de la musique d'église. Son
meilleur ouvrage est une cantate funèbre sur
la mort du maréchal de Saxe.
SCIIOEIVFELD (jEAN-FEnniNASD DE),
littérateur de la Bohême, vécut à Vienne vers
la fin du dix-huitième siècle, et établit une
imprimerie à Prague, en 1794. Il y publia un
nlmanach musical intitulé : Jahrbuch der
TonJiunst von TFien und Prag; Prague,
1796, in -8».
SCOOENFELD (Charles), flûtiste el mu-
sicien de la chambre du duc de Mecklenbourg-
Slr€li(z,fut appelé à Copenhague, dans l'année
11842, en qualité de directeur de musique et de
chef d'orchestre de l'opéra allemand : il s'y
trouvait encore en 1848. Il a publié beaucoup
de compositions pour son instrument, parmi
lesquelles on remarque : l^Duos etsolos pour
flûte et piano, op. 4, 14, 17; Leipsick, Breit-
kopf el llœrtel. 2» Variations pour la flûte,
op. 2,0,5, 12, lô; Berlin, Lischke. Cet artiste
a écrit aussi la musique de plusieurs opéras,
entre autres: Hermannet Dorothée, Fridolin,
d'après la ballade de Schiller, représenté à
Neu-Strelitz, en 1832, et quelques oi)érelles.
SCIIOE]>iFELDER (Emmanuel), profes-
seur de musique à Breslau, est né le 17 février
1810, à Bischopswalde, i)rès de Neisse. On a
imprimé de la composition' de cet artiste :
1" Deux fantaisies avec fugues pour l'orgue;
Erfurt, Koerner. 2» La Cracovienne, avec va-
riations el finales pour le piano; Breslau,
Leuckart.
SCIIOENHERR (Gottlob- Frédéric),
canlor, directeur de musi(iue, organiste et
professeur de troisième à Jauer, naquit en
1760, à Freyberg, en Saxe, et mourut à Jauer,
le 5 février 1807. Le revenu de ses quatre em-
plois était si minime, qu'il ne laissa pas de
quoi faire les frais de son enterrement, el qu'il
fallut que ses amis y pourvussent par une
souscription. Il a fait imprimer à ses frais une
collection de morceaux de chant avec accom-
pagnement de piano; Jauer, 1799. On y trouve
un reni sancte Spiritus à quatre voix de sa
composition.
SCIIOEPPERLm (J.-M.), étudiant à
l'université de Strasbourg, y a publié, en 1673,
une thèse intitulée : Disputatio theologica de
musica, préside Sebast. Schmidio.
SCIIOETTGEN (Chrétien), philologue,
naquit en 1687, à Wurzen, en Saxe, fit ses
éludes au gymnase de Pforle, près de Naum-
bourg, puis à l'université de Leipsick, et devint
un des hommes les plus savants de son temps
dans les langues orientales el dans les anti-
quités. Tour à tour recteur du gymnase de
Francfort-sur-l'Oder, professeur de belles-
letires à celui de Stargard, et enfin recteur
d'un des gymnases de Dresde, il mourut dans
cette dernière ville, le 13 octobre 1731. Écri-
vain laborieux, il a produit, outre quelques
ouvrages de grande importance, environ
quatre-vingts opuscules, programmes et dis-
sertations parmi lescpielles on remarque : ^n
Instritmentum Davidis musicum fiierit
6''<mu/MS.^ Francfort-sur-l'Oder, 1716, in-4".
Schœltgen est, je crois, le seul archéologue
qui ail imaginé de faire jouer de la cornemuse
par le roi David, au lieu de la harpe.
SCHOLL (Dibk), organiste el carillonneur
hollandais, vécut à Arnheim vers le milieu du
dix-septième siècle, puis à Delft. Il a publié
de sa composition une suite d'environ deux
cents morceaux pour trois instruments, sous
ce titre : Den spilende Kus-Hemel, besteende
in een getal bau ober de 200 Speelslucken,
zynde met drie inslrumenten, etc. : Delfl,
1669, in-4».
L
602
SCHOLL — SCHOLZE
SCIIOLL (CnAni.Es), né le 8 jamicr 1778,
à Ouolkiew, en Tologne, a fait toutes ses étu-
des musicales à Vienne. Au mois de mai 1797,
il a été admis comme flûtiste du tliéàlredela
cour, et depuis lors il a gardé celle siUialion
pendant près de quarante ans. On a de sa com-
position beaucoup de musique brillante pour
la flrtle. Ses principaux ouvrages sont : 1» In-
troduction et variations brillantes pour la
flûte, avec accompagnement de deux violons,
alto, l)asse obligés, cors et hautbois ad libi-
tum, op. 19, 20, 2G, 28; Vienne, Diabelli,
Haslinger. 2» Polonaise pour flûte etorcliestre,
©i». 2o; Vienne, Diabelli. 5" Duos et solos pour
la flûte ; ibid. 4" Plusieurs recueils de danses
allemandes et de valses pour l'orchestre et
pour le piano. 5" Inlroduclion et variations
pour piano et flûte, op. 2C; Vienne, Haslinger.
Scholl a aussi publié des gammes et exercices
pour la flûte en sol, de Koch, facteur de
Vienne, sous ces litres : 1» Neueste Tabelle
fur den ganzen Umfang der Flccte, etc.;
Vienne, Diabelli. 2» Neueste Tabelle fur die
Flœte nach der neuesten Jrt , mit G Fuss
(la patte en sol) und allen Klappen zum Selb-
stunterricht-, Vienne, Cappi. Cette flûte en sol
aurait été fort utile, comme fliîte alto, si les
sons du bas de rinstrumenl n'avaient été
laïques et durs.
SCUOLLENBERGER (Gaspard), cha-
noine régulier à Ulm, au commencement du
dix-huitième siècle, s'est fait connaître comme
compositeur de musique d'église, particulière-
ment pai* un œuvre intitulé : Offertoria
feslivu pro toto anno , a quatuor voc,
2 violinis , viola , violone et organo, op.
3 ; Augsbourg, Lotler, 1718, in-fol. Ger-
bcr dit que Schollenberg fut le premier
qui inlroduisit en Allemagne les instruments
dans la musi(|ue d'église; tous les copistes
de ce biographe ont répété cette singulière
erreur.
SCIIOLTZ (GASPAiiD-TnÉOPiiiLE), mar-
chand de pai)ier et de musique à Nuremberg,
naquit en celle ville, le 25 décembre 1761.
Après avoir appris dans son enfance les prin-
cipes de la musique et du violon, il se livra
seul et sans guide à l'étude du violoncelle, qui
devint par la suite son instrument unique.
Son instinct le dirigea également dans la com-
position. Il a fait imprimer, en 1795, un con-
cerlo pour violoncelle el orchestre, à Augs-
bourg. En 1812, il avait en manuscrit six
conccrlos pour le violoncelle, des variations
jmur cet instrument, el un quatuor pour cor,
violon, allô el basse.
SCIIOLZ (E.-\V.), compositeur et maître
de chapelle du prince de Hohenlohe-Oeringcn,
à Schlowa ou SchlawenlschUtz (Silésie), naquit
près de Brcslau, dans les premières années du
dix -neuvième siècle. Une ouverture de sa
composition a été exécutée à Itreslau, en 1838,
et à Vienne, dans la même année. On a en-
tendu aussi dans la capitale de la Silésie, en
1841, sa première symphonie. Sept ou huit
recueils de mélodies à voix seule avec piano,
composées par cet artiste, ont été publiés à
Breslau, chez Leiickarl.
SCIIOLZ (Bernard), maîlrc de chapelle
du roi de Hanovre, est né à lMayence,le30 mars
1835. Élève de Pauer {voyez ce nom) pour le
piano, il commença sa carrière musicale en
1855, comme virtuose et comme professeur de
son instrument; mais dans la même année, il
se rendit à Berlin pour étudier !a comiiosilion
sous la direction de Dolin. Dans l'année sui-
vante, il alla à Milan étudier l'art du chant.
A son retour en Allemagne, à l'automne de
1856, il reçut sa nomination de professeur de
contrepoint au Conservatoire de Munich; il en
remplit les fonctions jus(|u'en 1858; mais il
ne garda pas celte position, ayant préféré
celle de chef d'orchestre à Zurich, en 1857.
Un an après, on le trouve à Nuremberg, et
au commencement de 1859, il accepta la place
de maître de chapelle Au roi de Hanovre, à la-
quelle il réunit celle d»; chef d'orchestre ù i
théâtre. Après la mort de Dehn, son profes-
seur, il a été l'éditeur de son traité de compo-
sition, publié sous ce titre : Die Lchre vom
Contrapunkt, dem Canon und der Fuye;
Berlin, Schneider, 1858, un volume gr. iM-8''.
Scholzafail repiésenler, à Nuiemberg, l'oiiéra
de sa composition intitulé : Carlo liosa. On
connaît sous son nom un grand nombre de
Lieder pour voix seule avec piano; de chan-
sons de chasseurs, op. 2 ; Mayence, Schoii ; dis
chansons à boire, et des chanls pour cjualic
voix d'hommes. Ses compositions inslrumeii-
tales consistent en préludes el fugues pour le
piano, op. 1; Mayence, Scholl; Sonate pour
piano et violoncelle, op. 5; ibid., 1856 ; quel-
ijucs petites pièces pour piano seul.
SCUOLZE (Jean-Godefroid), né à Giers-
dorf, en Silésie, le 29 août 1766, alla étudier
à Hirschberg, en 1777, et y suivit les cours de
l'Université jusqu'en 1786. Il fut alors nommé
troisième professeur au gymnase de Fiicd-
berg, où il se trouvait encore en 1830. En
1791, il y composa une cantate qui fut exé-
cutée pour le cinquantième anniversaire de
l'église du lieu.
SCHOMLER — SCHOPP
503
SCHOMLER (BAiiTaoLOMÉ), composileur
alIemaïKi, véciil au commencement du dix-
scpiième siècle. Il s'est fait connaître par un
recueil qui a pour litre; Etliche Psalinenund
fjcisllische Lieder, auss dem gemeinen Psal-
menbuch in ihrer gewœhnlichen Melodey
auff vier Stimmen componirt. (Quelques
psaumes et cantiques (itésdu livre cboral avec
leurs mélodies ordinaires, mises à quatre voix);
llcrborn, 1008, in-12,
SCIIONAT (Jean-Woiff), facteur d'or-
Snes, né à Kitzinfjen, près de Frankenthal,
construisit, en 1Co2, le grand orgue de seize
pieds, à l'église neuve d'Amsterdam, composé
<le vingt-six jeux, deux claviers à la main et
pédale. Quatorze ans après, cet instrument
fut augmenté de dix-sept jeux, par Duyt-
scliol.
SCIIOI\SLEDEU (Wolfcang), jésuite,
né à Munich, en 1370, entra dans son ordre
en 1590. Après avoir enseigné la rhétorique
pendant plusieurs années, il fut envoyé en
TTiission dans l'Orient, y passa dix ans, puis
revint en Europe et se retira dans la maison des
jésuites, à Halle, en Souahe, où il mourut le
17 décembre 1051. Sous le pseudonyme f'olu-
piiis{?)decorus If/usagetis (Plaisir purd'Apol-
lon), il a publié un traité de musique intitulé :
j/irchilectonice Musices tinivtrsalis, ex qua
Melopœiam per iiniversn et solida fanda-
menta musicnrum, proprio marte condiscere
possis; Ingolsiadii, VVilh. Ederus, ICôl,
jn-S" de viu^l cl une feuilles et demie, divisé
en deux parties. Il y a peu d'ordre dans cet
ouvrage, cl les matières y sont mêlées sans
discernement : dans la première partie, l'au-
teur traite de la composition, des intervalles,
des notes changées, des ligatures ou syncopes,
(les pauses, des terminaisons, des tons, dn
contrepoint, des fugues, de la disposition des
voix, depuis deux jus(|u'à huit, etc.; dans la
seconde iiartie, il revient sur les mêmes sujets.
J'ai lu (|uel(iue part que Schonsleder esl au-
teur <l'un livre inlitulé : De modo musice
■componcndi ; mais il esl vraisemblable que ce
livre esl suiiposé, d'après le titre d'un cha-
,pitre de la première partie de l'ouvrage cité
précédemment.
SCIIOOCKIUS (Martin), né à Ulrccht,
en 1014, fut professeur à Deventcr, à Gro-
ningue et, en dernier lieu à Francfort-sur-
rOder, oii il mourut en 1009. Ce savant eut le
ridicule (l'employer son érudition à des livres
bizarres sur le beurre, sur les harengs, sur
l'éternument, sur l'aversion des œufs, du
fromage, etc. Vossius, (lu'il avait attaqué, l'ap-
pelle, avec la grossièreté de son temps, iinpu-
denlissima bestia. Au nombre de ses livres se
trouvent des Exercilationes varix ; Utrecht, '
1003, in-4". La troisième dissertation de ce
volume a pour titre : Exercitatio de musica
organica in templis. Une dissertation de
Schoockius, sur la nature du son et de l'écho,
a été insérée dans un recueil d'épigrammes
de Jean Douza et d'autres jmetes, intitulé :
Ltisus imaginis jocosx, sive échus, à variis
poeiis, et numeris excuUi ; ex Bibliolheca
Theod. Douzx, J. F. accessit M. Schoockii
dissertatio de natura soiii et ec/(«s; Ultra-
jecti, 10Ô8, in-8". Cette dissertation a été ré-
imprimée dans les Exercilationes varix.
SCHOPP (Jean), ou SCHOOPE, suivant
l'orthographe de Moller (1), violoniste et com-
posileur, né à Hambourg, au commencement
du dix- septième siècle, vécut dans celle ville
jusque vers 1042; mais il paraît s'élre établi
ensuite à I.unebourg. Ses talents ont été loués
par J.-B. Schiippius (in Oper., p. 43 et 247),
et par Risl, dans la préface de ses hymnes. Oa
a imprimé de sa composition : 1» Neues Pa-
duanen, Galliarden, Jllemanden, Ballet-
ten, Couranten und Canzonen, mit Z, 4, 5
und G Stemmen, elc. (Nouvelles pavanes,
gaillardes, allemandes, etc. à trois, quatre,
cinq et six voix avec basse continue), première
partie; Hambourg, 1033 et 1044; deuxième
partie, i6id., 1035 et 1040, in-4''. 2» Geistli-
cher Concerten, mit 1, 2, 3, 4 xmd 8 Stim-
men, elc. {Conceils si»iriluels à une, deux, trois,
quatre et huit voix, avec basse continue);
Hambourg, 1044. 3» Joh. Ristii Jfimliche
Lieder mit Melodien (Cantiques de Kistavec
mélodies); Lunebourg, 1044, 1052 et 1038,
in-S». 4»/. Ristii Frommer Christen alltx-
gliche Haus-Musik (Dévolions musicales de
Rist avec mélodies); Lunebourg, 1034, in-S". .
Une deuxième édition avec la traduction latine
a été publiée dans la même ville, en 1037.
5" Phil. à Zesen Dichterische Jugend und
Liebes Flammen, mil Melodien (Les flammes .'
poétiques de la jeunesse et de l'amour, de
J.de Zesen, avec mélodies); Hambourg, 1051,
in-12. 6" Cantique de Salomon avec mélodies ;
Amsterdam, 1037, in-12. 7» Les poésies de
Jacq. Schweiger, avec mélodies); Hambourg,
1033, in-12. :
SCHOPP (Albekt), ou SCHOOPE, or-
ganiste de la cour du duc de Mecklenbourg,
né à Hambourg, dans la première moitié du
dix-septième siècle, a fait imprimer de sa
(I) CiHiirio Linef: 1. 1, p. GOD.
504
SCriOPP - SCHOTT
composition : 1" Musik. Jndachlen a voce
sola e basso continuo ; Roslock, 1006.
2» Exercilia vocis; dus ist theils deulschc,
theils lateinische Concerlen , mit einer
Stimme, etc. (Exercices de la voix, ou concerls
allemands et latins à une voix, avec basse
continue); Hambourg, 1667, in-fol.
SCHORN (Jean-Pai'l), musicien au service
de l'archevêque. de Salzbourg, au commence-
ment du dix-huilième siècle, a publié des duos
pour divers inslrumen'.s sous ce titre : Duo-
denarium harmonie selectx delicium, varia
instritmenloriim génère ordinatum; Augs-
bourg, 1724.
SCHORISBURG (Henri), écrivain alle-
mand inconnu, est auteur d'un traité élémen-
taire de musique intitulé : Elemenla mxisica,
qualia nunqiiam anle hoc ordine, brcvilale,
perspicuitate et firmitale visa; cum vera
monocordi descriptione, hactenus deside-
rata, instrumenta musica fabricare volen-
tibus ante omnia cognita necessaria; Co-
lonix, 1582, in-4''. Cet écrivain n'est pas
mentionné dans la Bibliotheca Coloniensis
de Hartzeim.
SCHORNSTEIN (J.-E.-A.), directeur de
musique à Elberfeld, a été nommé membre de
la société hollandaise pour l'encouragement
de la musique en 1836. On a gravé de sa com-
position : Premier concerto {en fa mineur)
pour piano avec orchestre, op. 1 ; Elberfeld,
F,-W. Betzhold.
SCIIOTT (Conrad), facteur d'orgues, na-
quit dans la Souabe, en 1562, suivant les in-
dications de son portrait, gravé en 1025, où il
est représenté à l'âge de soixante-trois ans. Il
était aveugle, ainsi que nous l'apprend cette
inscription placée sur un orgue qu'il a con-
Iruil à Freudcnsladt, dans la forêt Noire :
Hxe ego Conradus Schottus feci organa coccus,
His mcnlcmquesonis, oJTero cuncta Dec.
Il restaura, en 1591, l'ancien orgue d'Ulm,
et construisit l'orgue de Stuttgart. Il demeu-
rait dans cette ville, et y mourut en ICôO.
SCHOTT (Jeam-Geokces), compositeur al-
lemand, n'est connu que par un ouvrage qui
a pour titre : ^rtig Gesangbuch quatuor
vocum (Gentil livre de chants à quatre voix);
Francfort, 1003, in-12.
SCIIOTT (Martin), luthier de la Bohême,
vécut à Prague, vers le milieu du dix-septième
siècle. Il fabriquait alors des Luths à la ro-
maine, et des léorbes qui étaient recherchés.
SCHOTT (Gaspard), jésuite, né en 1608,
à Krenigshofcn, près de WUrzbourg, embrassa
la règle de Saint-Ignace à l'âge de dix-neuf
ans. Obligé d'interrompre ses études, par la
guerre qui désolait alors l'Allemagne, il alla
en Sicile, y termina ses cours, et fut charge
d'enseigner, à Palerme, pendant plusieurs an-
nées, la théologie morale et les malhémalii|ues.
Envoyé ensuite à Rome, il s'y lia d'amitié avec
Kircher, dont l'esprit avait beaucoup de rap-
ports avec le sien. Il en reçut des leçons, et,
comme son maître, s'abandonna dans ses
études à l'amour du merveilleux, ainsi qu'au
désir de posséder des connaissances univer-
selles. De retour à WUrzbourg après un(*
absence de trente ans, il y rédigea ses ou-
vrages, où les réalités de toutes les cornais-
sances humaines sont mêlées aux erreurs les
plus singulières. Le P. Schott mourut à WUrz-
bourg, le 22 mai 1606. Au nombre de ses vo-
lumineux ouvrages, on trouve celui qui a été»
publié après sa mort, et qui a pour litre : Or-
ganum mathematicum libris I X explicatum;
Herbipoli, 1668, in-4° de huit cent cinquante-
huit pages. Le neuvième livre renferme un
traité de musique divisé en onze chapitres, et
contenu dans les pages 752 à 858. Il y prétend
enseigner la composition mélo(li(|ue, harmo-
nique et rhytbmique i)ar l'usage de certaines
tables arithmétiques. Schott a donné la descrip-
tion de plusieurs instruments de musique,
dans la deuxième partie de son livre intitulé :
Mechanica hydraiilico-pneumutica ; WUrz-
bourg,'1657, in-4°. On y trouve (pp. 583-440)
un traité De Organis hydraulicis, aliisque
instrumenlis harmonicis hydro-pncuma-
ticis, avec figures et musique. Sa 3Jagiauni-
versalis naturx et arlis, sivc recondita na-
turalium et artificialium rerum scientia
(WUrzbourg, 1057-1 659, quatre volumes in-4°,
ou 1677, quatre volumes in 4"), renferme, dans
le second volume, tout ce qu'on savait de son
temps sur l'acoustique, la construction des
instruments, la voix humaine, etc. Il y traite
aussi des efTcls de la musique et de l'orgue
hydraulique des anciens.
SCHOTT (les frères), éditeurs de musique,
et facteurs d'instruments à Mayence, i)ossè(ien t
un des établissements les plus considérables
de l'Allemagne et même de l'Europe. Bernard
Schott, chef de cette famille, établit cette
maison vers 1780 : dix ans après, elle jouissait
déjà de beaucoup de considération par l'im-
|)ortance de ses afTaires et l'étendue de ses re-
lations. La guerre, dont l'Allemagne du Rhin,
et particulièrement Mayence, fut le théâtre,
|)ar suite de la révolution française, vint en-
suite paralyser les efforts de Bernard Schott
pendant plusieurs années; mais le retour de
SCHOTT — SCIIRAADI
.50.-
la Iranqiiillilé ramena l'aclivilé dans celte
maison, dont les progrès et le développement
ont été constants depuis ((uarante atis.
Après la mort de Bernard Scholt, ses fils
(J. et A. Scliotl), héritiers de son énergie et de
sa persévérance, imprimèrent aux affaires de
leurmaison une activité remarquable; publiant
une énorme quantité de musique, et Tondant
successivement des succursales à Anvers, à
Paris et à Bruxelles. Ils furent les premiers
qui appliquèrent avec succès la lithographie à
l'impression de la musique, et tels furent les
progrès de ce genre d'impression, concurrem-
ment avec la gravure, que vingt presses sont
maintenant en activité dans la maison des fils
de B. Schott, et qu'elles impriment chaque
jour six mille feuilles, ou environ vingt-cinq
mille planches. Les frères Scholt furent aussi
les premiers éditeurs de l'Allemagne qui payè-
rent aux compositeurs un prix honorable pour
acquérir la propriété de leurs ouvrages. On
sait que ce furent eux qui achetèrent les der-
nières grandes productions de Beethoven,
telles que sa symphonie avec chœurs, sa
deuxième messe solennelle et ses derniers
<lualuors de violon. Ce changement favo-
rable dans la situation des compositeurs
allemands ne put se faire que lorsque des
mesures eurent été prises pour garantir la
propriété des éditeurs; garantie difficile à
établir dans un pays divisé en une infinité de
I)etits États. Une association entre les princi-
paux éditeurs de l'Allemagne, sollicitée parles
frères Scholt, vint enfin donner à tous une sé-
curité nécessaire i)ar une garantie réciproque.
En 1818, les frères Scholt avaient ajouté la
fabrication des instruments à leurs opérations
du commerce de musique. Parmi les produits
de leur fabriqueon a cité parliculièrementavec
éloges les bassons d'Almenrseder, elles haut-
bois de Foreit. En 1826, la fabrication des
pianos vint encore augmenter l'importance de
leur établissement : les instruments de ce
genre, sortis de leur maison, ont obtenu de-
puis lors une réputation méritée en Allemagne.
Les frères Scholt se sont aussi rendus recom-
mandables par la publication de quelques bons
ouvrages de théorie musicale, à la téta desquels
se placent les œuvres de G. Weber,et l'excellent
recueil de critique musicale intitulé Cxcilia.
De grandes maisons succursales decelles de
Mayence ont été établies par les frères Scholt à
Bruxelles, à Paris et à Londres; les affaires du
commerce de musique y sont considérables.
SCIIOTTKY (Jui.Es-MAXiiwiLiEN), profes-
seur de littérature à l'université dcPrague, est
auteur d'un livre intitulé : Paganini's Lehen
tind Treiben aïs KiinsHer xmd als lilensch ;
mit uiipartheiischer BerucUsichtignng der
Meiniingen seïnerJnhxngerundGegner[Wc
et aventures de Paganini, comme artiste,
comme homme, etc.); Prague, Calve, 1830,
un volume in-8'' de quatre cent dix pages,
avec le portrait de l'artiste et le fac-similé de
son écriture et de sa notation. Paganini a
fourni à Schottky des matériaux pour cet
ouvrage, et l'a chargé de sa défense contre les
calomnies dont il était l'objet.
SCHRADER (J.-A.). Sous ce nom d'un
auteur inconnu, on a publié un petit diction-
naire portatif de musique intitulé : Kleines
Taschenwœrtcrbuch der Musik; Ilelmsiaedt,
C.-G. Fleckeisen, 1827, petit in-8» carré de
cent quatre - vingt- six pages avec quinze
planches de musique. Ce livre est de peu de
valeur. J'ignore si l'auteur de ce petit ouvrage
est le même que Schrader, pianiste et i)ro-
fesseur de musique à Wolfenbtiltel, qui a fait
graver dans cette ville quelques œuvres pour
le piano et pour le chant, parmi lesquels
on remarque le 8« psaume à trois voix.
Les biographes allemands ne le mentionnent
pas.
SCIIRAMW (Melciuoh), musicien de la
Silésie, né vers le milieu de seizième siècle,
entra dans la chapelle du comte de Hohenzol-
lern,en 1574, et ne s'en éloigna, vers 159;),
que pour prendre la place d'organiste à Mun-
sterberg. On voit par un de ses ouvrages, im-
primé en 1G06, qu'il était alors organiste
dans la ville impériale d'Offenbourg. On con-
naît sons le nom de cet artiste : 1» Cantiones
sacrx 5 e( 6 t-ocHm; Nuremberg, 1572, in-4n.
2» Neue ausserlesene teutsche Gesang mit
vier Stimmen zti singen, und auf ullerley
/nslrumenten zu gebrauchen ['îfomMcs chan-
sons allemandes pour quatre voix et pour
l'usage de toute espèce d'instruments); Franc-
fort, 1579. 3» Sacrx cantiones quinque et
sex vocum, tum viva voce, tum omnis gc-
neris instrumentis cantatu cotumodissime;
Noribergas in ofjîcina catharinx Theodorici
Gerlachii relictxvidux et Heredum Joannis
Montani, 1576, in-4''. 4» Cantiones sélects;
quas vulgo motectas appelant, quinis, senis »»•
et octonis vocibus ila composite, ut jam
instrumentis musicis quam humanx voci
commodissime applicuri possint , recenter
divulgatxet in lucem editx ,auctoreMelchiori
Schrammio, Silesio,civitatis imperialis Of-
fenburgi organico et musico. Francofiirli,
ex ofjîcina musica Wolfgangi Richteri im-
500
SCIIRAMM - SCIIREYER
pensis Nicolai Sleinii, 1C00, 111-4". lî" Idem,
deuxième livre; ibid., 1014.
SCIIUAMM (Tobie), l'ac(cin' «{'orgues et
«le clavecins, né à Spandau, vivait à Dresde,
en 1750. Son ouvrage principal est rorgiic de
Wuekenberg.
SCIIRAMM (jEAN-CiinÉTiEN) , fils d'un
fadeur d'orgues de la cour de Dresde, naquit
dans celle ville en 1711, et reçut des leçons du
mailre de chapelle Ricliler, pour le clavecin et
pour la composition. Après que Cliarles-Phi-
lippc-Emmanuel liach eut quille Berlin pour
se fixer à Hambourg, Scliramm lui succéda
dans la placede claveciniste delà chambre de
Frédéric II. Il mourut à Berlin, le 7 avril
1796. On ne connaît de sa composition que
dix-huit duos pour deux flûtes.
SCIIREEK (maître Valentin), né, en
1527, àAllenbourg, en Misnie, fil ses éludes à
Kœnigsberg, et y fut nommé professeur de
poésie, en 15G7. Deux ans après, la place de
recteur du collège de Danlzick lui fil confiée.
Il mourut dans celle ville, en 1602. Draudius
€ile de lui les ouvrages suivants : 1° Liber
I/ymnonim ecclesia; ; Dantisci, 1578. 2" Pa-
rochiarum et hymnorum evangelicorutn li-
bri III; Herbor., 1586, in-12. Il n'est j)as
«erlain que ces recueils renferment les mélo-
dies des hymnes qui y sont contenues.
SCIIREGER (Jea>-Georges), recteur de
récole de Bischofswerda, en Saxe, vers la fin
du dix-septième siècle, a fait imprimer un
discours, intitulé : Concordia fralerna, cum
harmonium Dei triennius, lilerarum, mu-
sices et vitie civilis a me per triennium fere
imbiberit. ,elc. -^Pirns, 1694, in-fol. de deux
feuilles.
SOIIUEIBER (CnnÉTiEN), poeie et musi-
■cien allemand, fut d'abord conseiller du con-
sistoire et surintendant à Lengsfeld, près de
<îolha, et se fixa, vers 1803, à Eisenach, où il
vivait encore en 1824. Au nombre de ses
î)oemes, on en trouve un qui a pour litre:
Ilarmonia oder das Reich der Tœnc. Ein
musicalische Gedicht (L'harmonie, ou le
royaume des sons, poème sur la musique, avec
des noies explicatives sur les termes d'art qui
«'y trouvent; Leipsick, Breilkopf et Iherlel,
1803, in-8" de cent trente-huit pages. On doit
aussi à Schreiber quelques articles concernant
la musique, insérés dans la Gazette musicale
de Leipsick, entre aulres ceux-ci : Idées sur
lamusiqucancienneetmoderue(l.\l,\y.ôi'J).
S» Esmi pour l'esthétique de la musique
(t. VIII, p. 337). 3° La puissance de la mu-
Jique{u XXVI, p. 85). M. Schreiber s'est fait
connaîlre comme musicien par les productions
suivantes : 1» Pièces pour la harpe; Leipsick,
Breilkopf et Ilœrtel. 2» Chansons allemandes
à voix seule avec accompagnement de piano.
Premier et deuxième recueil; ibid. 3" Ballades
ctcliansons; idem. Troisième recueil; ibid.
SCHREIBER (Ai.o\s),docleuren philoso-
phie et professeur d'eslhélique à l'université
de Ileidelberg, en 1805, occupait encore celle
position en 1820. Au nombre des ouvrages de
ce savant, on remarque celui qui a pour litre :
Lehrbuch der j^sthetik (Tiaité d'eslhéli(iue);
Ileidelberg, 1809, un volume in-8". Il y traite
<le la musique, §5 346 à 357.
SCIIREIDER (BnuNo), né à Sorau, le
30 août 1823, est fils d'un organiste de l'église
de la Grâce, à Hirschberg, qui le dirigea dans
ses premières éludes musicales. A|)rès avoir
employé huit années à faire ses éludes litté-
raires au gymnase (collège) de Hirschberg, il
se rendit à Dessau el entra dans l'école de
Frédéric Schneider, qui en fit un de ses nieil-
leuis élèves pour l'orgue et la composition.
En 1844, Schreider fut nommé organiste de
l'église Noire-Damc à Liegnilz. On a publié
<le sa composition quelques recueils deLieder
avec accomi)agnement de piano, el des pièces
<l'orgue.
SCIIREIÎSZER (mademoiselle F. -M.),
cantatrice el pianiste à Danlzick, est née dans
celte ville vers 1812. Elle s'est fait connaître
par de bonnes compositions pour le chant et
le piano, parmi lesquelles on remarque : l°Six
églogues pour piano, op. 7, en deux suites;
Leipsick, Kistner. 2° Trois pièces caractéris-
tiques idem, op. 11 ; ibid. 3» Trois poCmes à
voix seule avec piano, op. 19; ibid. 4" Trois
idem, op. 39; Berlin, Gultentag.
SCIIREYER (le P. BEn>AnD), moine du
couvent de Saint-Paul, près <le Munich, vé-
cui vers le milieu du dix-septième siècle.
Il est auteur d'un traité du chant choral
inlilulé : Musica choralis theorico-prac-
tica, elc. (en allemand); Munich, 16G3,
in-4''. C'est un des meilleurs ouvrages, sur
celte matière, publiés en Allemagne.
SCIIREYER (le P. GnEGoinE), religieux
bénédictin du couvent d'Audechs, en Bavière,
vécut vers le milieu du dix-huitième siècle, et
fut maître <le chapelle de son monastère. On a
imprimé de sa composition : 1" Missx FUI
solemiies in tertio STculo monasterii montes
sancti Andechs a sereniss. ac potentiss.
Bavarica Dom. clementiss. fundati, etc.;
Augsbourg, 1756, in fol. 2» Sacrificium ma-
tutinum, seu Missx FI brèves, a 4 t-oc.
SCHREYER — SCIIROEDER-DEVRIENT
•■07
ordin. 2 viol. 2 clar. aut corn, cuin dupl.
hasso juxla inodern. sUjlum, op. II: ibid.,
170Ô, in-fol. ô" Sacrificium vespertinum seti
f'esperx FI eum psalmis residuis, a 4 voc.
2 viol. 2 clar. aut corn, et dupl. basso de-
canlandx, op. III ; ibid., 170G, in-folio.
SCIIREYEIl (CiinÉTiEN-llE^ni), né à
Dresde, le 24 décembii! 1751, n'a en d'anlre
maître que lui même pour la musique. Fils
<run pauvre ouvriei- maçon, il n'apprit <lans
les écoles publiques que les plus simples
<51éments de cet art. Les coi>ies de partitions
qu'il faisait pour le cantor de Sainte-Anne
furent en quelque sorte le meilleur moyen
<rinstruction qui lui fut offert dans sa jeu-
nesse. Ses premiers essais de composition, qui
consistaient en cantiques et motets, furent
f.iifs sans autre guide que son instinct. En
1770, il envoya «leux morceaux de ce genre
au canlor, sous un nom supposé, et il eut le
plaisir de les entendre exécmer par le chœur
<Ie Sainte-Ann(;. L'année suivante il se rendit
à l'université de Willenberg, oii ses éludes
musicales furent interrompues par celle de la
(liéologie. De retour à Dresde, en 1776, il y
<levint le préceptuni" de quatre enfants qui, se
liviant à l'élude du piano, lui fournirent l'oc-
casion d'ap[irendre à jouer de cet instrument.
Son activité dans la composition commença
<Iès celte épo(|ue et ne cessa qu'à sa mort, en
1822. Sa niusi(iue religieuse à grand orchestre
fut souvent exécutée à l'église Sainte-Anne de
Dresde et dans une partie de la Saxe. En 1790,
on a gravé à Dresde (rois sonates faciles pour
le piano, de sa composition : ses autres ou-
vrages sont restés en manusciit : ils consis-
tent en six petites sonates pour le piano; six
grandes idem; six rondeaux à quatre mains;
<les symphonies pour l'orchestre; douze mar-
ches idem; beaucoup de danses allemandes;
environ trois cenls chansons; trente cantates
religieuses avec orchestre. Schreyer n'est
connu maintenant que par un petit traité
d'harmonie el d'accompagnement de la basse
chiffrée iniilulée : Neue Generalbass-Schule
oder Geist vcreinfachter Grundsxlze des
Generalbasses, filrden Selbstunterricht ,mit
100 praktischen Beispielen ; Meissen, Gœd-
«che, 1821, in-4" de trente-quatre pages.
SClllVOEDEL (FRÉDÉnic-Louis), né à
Uayreulh, dans le Brandebourg, le 4 février
171)4, fréquenta dans son enfance l'école de
Bernbourg, puis celle de Bellenstedt, et apprit
<le son père les éléments de la musique. Plus
<ard il apprit à jouer du violoncelle et parvint
à une habileté remarquable sur cet instrument.
Admis au service du prince d'Anhall-Bern-
boiirg, d'abord en qualité de simple domes-
tique, puis de violoncelliste de la ciiambre, il
refusa les offres avantageuses qui lui furent
faites pour le fixer à Berlin, puis à Dresde,
par attachement pour son prince. Une maladie
de langueur l'enleva à l'âge de quarante-six
ans, le 10 janvier 1800. Après sa mort, on a
giavé de sa composition six duos pour deux
violoncelles, à Leipsick, chez Breitkopf el
Hœrlel.
SCUUOEDER (LAtnEST), organiste do
l'église du Saint-Esprit, à Copenhague, dans
la première moitié du <Iix-seplième siècle, esl
auteur d'un Eloge de la musique, oii il est
traité de l'utilité de cet art dans le service
divin ; cet ouvrage a pour litre : Laus mu-
sicx; Copenhague, 1Gô9, in-8".
SCimOEDEU (Da!«iel), fils du précédent,
né à Coi)enhaguc, dans les premières années
du dix-septième siècle, fut un des organistes
les plus distingués do son temps. Il remplit
pendant plusieurs années les fondions d'or-
ganiste à Slralsund, etmourutdans celle ville,
le y janvier 1C82, laissant en manuscrit
beaucoup de compositions pour l'église.
SCIIUOEDEU (Chaules), né le 1" mai
1824, à Endorf, dans le Ilarz inférieur, fit
ses premières éludes au séminaire d'Eisleben,
et y reçut les leçons de Sieheck, directeur de
musique. En 1842, il se rendit à Berlin el y
étudia la théorie de la musi(|ue el la composi-
tion dans le cours du professeur Marx. Ses
études terminées, il se fit connaître à Berlin
comme compositeur dramatique par les opéras
intitulés Die JFalpurgisnacht ,ei P izarre , ou
la Conquête du Pérou, représenté en 1847.
Une maladie grave le conduisit au tombeau,
le 4 février 1850, à Ermslehen. On a publié de
sa composition des Lieder à voix seule avec
accompagnemenl de piano, à Berlin, chez.
Challier; Le Désir, élude pour le piano,
op. 3; ibid.; trois petites pièces caractéris-
tiques idem, 0|). 4 ; ibid. ; Polonaise brillanlc
idem, op. C; ibid. Schrœder s'est fait con-
naître aussi comme écrivain sur la niusi(|uc,
par quelques morceaux insérés dans le Jour-
nal de musique de Gaillard^ année 1844,
n"' 18, 45 el46.
SCHU(ŒDEU-DEVRIEI\T (Guillel-
mine), célèbre cantatrice dramatique, esl née
à Hambourg le 6 octobre 1803. Fille de la
grande actrice Sophie Schrœder, elle en reçut
dès son enfance d'utiles conseils et de beaux
exemples. A l'âge de cinq ans elle débuta sur
le théâtre de Hambourg dans le corps de ballet.
508
SCIÎROEDER-DEVRIENT
cl «lans sa «Jixième année elle fui i tçiie dans le
hallcld'enl'anls dn Ihéatic impérial de Vienne.
Cependant ses heureuses disposilions pour
la scène déterminèrent sa mère à lui faire
jouer la lr.igé<lie : elle débuta au Bur}i;-llu'âlre
de Vienne, en 1820, dans le rôle d'Aricie de
la Phèdre de Racine, et brilla dans les plus
beaux ouvrages de Scliiller. Depuis plusieurs
années, elle se livrait à l'étude du chant; ses
progrès dans cet art lui firent bientôt changer
sa carrière, car, le 20 janvier 1820, elle parut
avec un succès éclatant dans le rôle de Pamina
de la FltUe enchantée. La beauté de son or-
gane, l'expression de ses accents et de sa |)hy-
sionomie, son débit plein d'intelligence et ses
avantages extérieurs, firent dès lors com-
prendre au public qu'elle était destinée à se
placer au premier rang des cantatrices d«
théâtre allemand. Pendant son séjour à
Tienne, elle continua ses études vocales, sous
la direction d'un maître italien nommé Ma-
zatli. Emmeline, de la Famille suisse, et
surtout Fidelio, confirmèrent les espérances
que les délxits de mademoiselle Schrœder
avaient fait concevoir. Arrivée à Berlin, en
1825, elle y excita le plus vif intérêt. C'est à
celte époque (|u'elle devint la femme de De-
vrienl, acteur distingué qui, peu de temps
après, fut engagé avec elle au Ihéàlre de
Dresde. En 1828, madame Schrœder -Devrient
ni une deuxième apparition à Berlin, et donna
au théâtre Kœnigstadl des représentations, qui
excitèrent le plus vif enthousiasme. Toutefois
file ne put obtenir d'engagement au théâtre
royal, parce qu'elle avait refusé de chanter la
f'estale de Spontini, ne voulant pas avoir à
lutter dans celte pièce avec le souvenir de ma-
demoiselle Schechner, qui y avait déployé un
talent de premier ordre, quelques mois aupa-
ravant.
. Des écrivains «le l'Allemagne ont accusé
Spontini d'avoir poussé la rancune jusqu'à
vouloir empêcher que madame Schrœder-
Devricnt put se faire entendre à Berlin, même
au théâtre Kœnigstadt; quoi qu'il en soit de
cette imputation des ennemis <lu célèbre com-
positeur, les admirateurs <le celle cantatrice
l'emportèrent, et elle joua VEurianle de
AVeber avec le plus brillant succès. En 1829 et
18Ô0, elle parut à Paris dans la trou|)e allc-
. mande qui y donna des représentations, et y
fit la plus vive impression dans Fidelio, Eu-
riante , Oberon el Don Juan. Son énergie
dramatique excita surtout des transports
d'admiration dans le rôle de Léonorc, de Fi-
delio. Son succès détermina l'adminislralion
du llié'ilre italien à l'engager pour une saison ;
en souscrivant à cet engagement, madame
Schrœder porta atteinte à la haute réput.ilion
(|u'elle s'élait faite au théâtre allemand, car
son éducation vocale ne la rendait pas propre
à lutter de talent avec les grands chanteurs
(|ui étaient alors réunis au Théâtre Italien.
Elle-même comprit la faute qu'elle avait faite,
car, en 1832, elle romi)it avec l'adminislralion
de ce théâtre et retourna en Allemagne. Dans
l'année suivante, elle chanta an théâtre alle-
mand de Londres, et n'y fit pas moins d'crfel
qu'à Berlin et à Paris. En 1857, elle eut un
nouvel engagement dans la capitale de l'An-
gleterre pour chanter au théâtre anglais; ce
fut dans celte saison qu'une altération sensible
de sa voix se manifesta. Le repos étant devenu
nécessaire, madame Schrœder-Devrient re-
tourna à Dresde, dont le séjour avait toujours
du charme pour elle. Cette épo(iue est celle oi»
elle fit le plus long séjour dans celte ville, car
elle y acheva son engagement avec le théâtre
royal, dont le terme arriva en 1847, el qui ne
fut pas renouvelé. Dans celte même année,
elle épousa, contre l'avis de ses amis, un nlTi-
cierau service du roi de Saxe, nommé />œriM(7,
qui ne la rendit pas jieureuse, et partit avec
lui pour Pétersbourg, oii elle ne trouva pas
d'engagement; puis elle se rendit à Copen-
hague. Dans les quelques représentations
qu'elle y donna, elle retrouva l'enlhousiasmo
d'autrefois pour son talent <lramali(pie. De
Copenhague, elle alla à Riga, où elle se sépara
de son mari. De retour en Allemagne, au mois
de février 1848, elle s'arrêta à Berlin, où fut
prononcé le divorce qui lui rendait la liberté.
Ne trouvant plus d'engagement dans sa patrie,
elle fit un voyage à Paris, au mois de mars
1849, n'y fut pas plus heureuse elfut obligéiMlc
reloHiner à Dresde, où elle arriva précisément
au moment où la révolution du mois de mai
éclatait. Obligée de se réfugier à Gotha, puis à
lleidelberg, et trouvant partout l'émeute, elle
se rendit en Suisse cl chanta à Zurich dans
(|uelques concerts; puis elle fit un assez long
séjour au bord du lac de Brientz. L'air pur el
le repos qu'elle y trouva rétablirent sa santé.
Ce fut là «lu'elle connut un propriétaire de la
Livonie, nommé M. De Bock, (|ui l'épousa 5
Gotha, le 14 mars 1850. Quelques années heu-
reuses furent la suite de celle nouvelle union;
mais, en 18j7, des démêlés <|u'eul madame de
Bock avec la famille de son mari l'obligèrcut
à s'éloigner de la Livonie, sans se séparer
toutefois de son époux. En 18o8, elle reparut
1 dans les concerts à Berlin, à Dresde cl à Lcip-
SCHROEDER-DEVRIENT — SCHROETER
509
sick; mais elle n'était plus que l'ombre d'elle-
même, et son ancienne'iépulation, seule, la
protégeait près du public. Revenue de Leipsick
à Dresde, en 1859, elle y sentit, presque subi-
tement, les premières douleurs occasionnées
par un cancer : les progrès du mal furent ra-
pides. Sentant sa fin approcher, elle se fit
transporter à Cobourg, chez sa sœur, madame
Schrœder-Geriach, actrice du théâtre de cette
cour, et le 26 janvier 1800, elle y expira. Pen-
dant les meilleures années de sa carrière
(1822-1836), madame Schrœder-Devrient fut
certainement un des plus beaux talents dra-
matiques qu'il y ait eu sur les scènes alle-
mandes.
SCHROEDER-STEINMETZ (Nicolas-
Guillaume), amateur de musique, naquit à
Groningue, en 1793. Fils du colonel hollandais
Steinmelz, (pii fut tué à la bataille de Talavera,
il joignit à son nom, suivant l'usage de son
pays, celui de sa mère, fille du savant Schrœ-
dcr, professeur de langues orientales. Devenu
lui-même habile dans ces langues, il y ajouta
la connaissance du droit, et fut considéré
comme un des meilleurs amateurs de la Hol-
lande, par ses talents sur le piano, le violon
et dans la composition. Le désir d'fnspirer à
ses compatriotes le goût de l'art qu'il cultivait
avec succès lui fit entreprendre, en 1818, la
publication d'un écrit périodique sur la musi-
que, intitulé Amphion, Een tijdschrift voor
vrienden en beoefenaars der Toonkunst (à
Groningen, chez Oomkens); mais cet ouvrage
fut accueilli avec froideur et ne répondit pas
aux vues de l'auteur. Steinmelz venait
d'achever la publication du troisième volume
de son Journal, lorsqu'il mourut en 1826, au
moment où le gouvernement des Pays-Bas ve-
nait de le charger d'une mission diplomatique
en Perse. Parmi ses compositions, on remar-
que un quatuor pour deux violons, alto et
basse, un concertino pour la clarinette, un
pot-pourri pour le môme instrument, et plu-
sieurs cantates de circonstance.
SCHRCffiTER (Léo>ard), musicien alle-
mand du seizième siècle, né à Torgau, vivait à
Magdebourg, en 1580. On a imprimé de sa
composition : 1» Cantiones sacrx siiavissimx
qualitor vocum ;'Evh\rt, 1576, in-4<». 2» Vingt-
cinq hymnes en langue latine pour les princi-
pales fêtes de l'année à quatre, cinq, six et
huit voix; Erfurf, 1580. 3" Vingt-huit idem;
ibid., 1587. 4» Petits cantiques de Noël à
quatre et huit voix; llelmstadt, 1587, in-4».
Le portrait deSchrœter se trouve en tête de cet
ouvrage.
SCHROETER (Chuistophe-Gottlieb, ou
Théophile), oiganiste à Nordhausen, naquit
à llohenslein, près de Dresde, le 10 août 1099.
Son père lui enseigna les éléments de la mu-
sique, où il fit de si rapides progrès, qu'il put
entrer à l'âge de sept ans dans la chapelle
royale de Dresde, en qualité de soprano. Le
mailre de chapelle Schmidt le prit en alfec-
tion, et perfectionna ses connaissances musi-
cales, en lui enseignant l'harmonie et l'accom-
pagnement; puis il lui apprit les règles du
contrepoint et de la fugue. Cependant la mère
de Scbrœter voulait qu'il se livrât à l'étude de
la théologie : pour se conformer à ses désirs, il
serendil, en 1717, à l'université de Leipsick, et
en suivit les cours ; mais bientôt après sa mère
mourut, et il retourna à Dresde, où son ancien
maître Schmidt lui procura l'emploi de secré-
taire de Lotti, qui venait d'arriver en cette
ville. Celle place, qui lui imposait l'obligation
de transcrire les ouvrages du célèbre comi»o-
siteur italien, eut pour lui les plus heureux ré-
sultats, en lui mettant souvent sous les yeux
d'excellents modèles pour l'art d'écrire avec
élégance et clarté. Malheureusement pour lui,
Lolti retourna en Italie, en 1719, après avoir
achevé les opéras pour lesciuels il avait été ap-
pelé à Dresde. Peu de temps après, un baron
allemand, grand amateur de flûte et de luth,
fit à Scbrœter la proposition de l'accompagner
dans un voyage en Allemagne, en Hollande et
en Angleterre : cette proposition ayant été ac-
ceptée, les voyageurs se mirent en roule, et
ne rentrèrent à Dresde qu'en 1724. Schrœtcr
conçut alors le projet de continuer ses études
littéraires, et se rendit à l'université de Jéna,
où il ouvrit un cours de musique théorique et
|)ratique qui fut suivi et améliora sa position
financière. Après deux ans de séjour en cette
ville, il obtint, sans l'avoir demandé, le posJe
d'organiste de l'église principale à Minden.
Le revenu en était peu considérable; cepen-
dant il l'accepta, dans l'espoir de pouvoir s'y
livrer en liberté à la rédaction d'un traité
complet d'harmonie qu'il méditait. Toutefois,
il s'était trompé dans ses prévisions, car les
devoirs de sa place et ses compositions obli-
gées pour les jours de fêtes lui laissaient à
peine quelques heures chaque semaine pour la
lecture et la méditation.
En 1732, il échangea sa position à Minden
contre celle d'organiste à Nordhausen, dont le
revenu était à peine suffisant pour ses besoins,
bien que ceux-ci fussent réduits au plus strict
nécessaire ; mais il y trouva du moins le loisir
nécessaire pour ses travaux. Là vécut dan^
5(0
SCHROETER
roul)li et l'nbandon, j)en(lant cinquaiUe ans,
cet homme d'art et de science, qui était digne
d'être mieux connu du monde musical, par le
rare mérite de ses ouvrages. Schrœter mourut
dans celle jolie ville de la Saxe, au mois de
novembre 1782, à l'âge de <iuatre-vingt-lrois
ans.
Dans la liste qu'il a faite lui-même de ses
compositions, on remarque : 1" Quatre années
entières de musique d'église sur les poésies de
Neumester. 2" Une idem sur les poésies de
Ramhach. 3" Deux idem sur les poésies <le
Scheihel. 4'' Q^'^lre musicpies complètes pour
la Passion. 5» Les sept i)a rôles de Jésus-Christ,
sur ses propres poésies. G" Beaucoup de com-
I)osiiions de circonstance pour des noces,
funérailles, fêtes de villages, prestations de
serment, etc., la plupart sur ses poésies.
7° Plusieurs cantates et sérénades, avec ou
sans accompagnement. 8° Une multitude de
concertos, ouvertures, symphonies et sonates
pour toutes sortes d'instruments, mais parli-
culièrement pour le clavecin. '9° Plusieurs fu-
gues et préludes de chorals pour l'orgue. Tous
ces ouvrages, restés en manuscrit, sont vrai-
semblablement perdus aujourd'hui.
La science de l'harmonie est particulière-
ment redevable aux travaux de Schrœter.
L'étude des mathématiques lui avait donné le
goût des calculs relatifs aux proportions <les
intervalles et au tempérament. Ses premières
recherches sur ce sujet furent faites au moyen
<run monocorde qui lui avait prêté, vers 1717,
Bœhmisch, organiste de l'église de la Croix, à
Dresde. Sa nomination de membre de la so-
ciété musicale fondée par Mizler {voyez ce
nom) le ramena vers ce sujet, qu'il traita avec
beaucoup de développement dans une discus-
sion de système contre Sclieibe et contre
Sorge {voyez ces noms). Ses écrits sur la litté-
rature de la musique, le calcul des intervalles
et l'harmonie sont les suivanis : 1" Epislola
gratulatoria de Musica Davidica et Salo-
inonica; Dresde, 1710, in-4" de deux feuilles.
Schrœter était élève à l'école de la Croix, à
Dresde, lorsqu'il fil imprimer cet écrit, tiré
seulement à cinquante exemplaires, devenus si
rares, qu'il offrit lui-même plus tard un ducat
à quiconque pourrait le lui procurer. L'ou-
vrage, dédié au maître de chapelle Schmidt,
avait pour objet de démontrer la supériorité
de la musique moderne sur celle du temps de
David, «;l de réfuter l'opinion contraire émise
par Prinz. 2» Dercrilisch /Vusicus, heraus-
gegeben von J.-y4d. Scheibe (Le musicien cri-
liquc, publié par J,-Ad. .«^heibe). C'est une
critique de ce recueil périodicpie, particulière»
ment du numéro 5, dans leipiel Scheibe avait
émis l'opinion que les calculs des intervalles
ne sont d'aucune utilité dans la praliipie de
l'art. Ce morceau, inséré dans la (pialrième
livraison du tome I" de \a Bibliothèque mu-
sicale de Mizler (p. 50 et suiv.), a été repro-
duit dans la deuxième édition du Musicien
critique, avec la réponse de Scheibe. ô' Die
Nothwendigkeit der Mathematik bey grUnd-
licher Erlernung der niusikalischen Compo-
sition (L'utilité (les malhémalitiues dans
l'enseignement normal de la composition mu-
sicale).Cette critique, beaucoup plus détaillée,
plus approfondie que la première, porte le
nom de Schrœter, tandis que l'autre est
anonyme. On la trouve dans le même écrit pé-
riodique (t. III, II« partie, p. 201-276,
ann. 1746 ; et p. 409-403). 4» Lettre à Laurent
Mizler concernant l'établissement de la So-
ciété des sciences musicales. Celte lettre, da-
tée de 1738, est insérée dans le même écrit,
année 1747, p. 464 et suiv. 3» Der musika-
liscken Intervallen Jnzahl und Sitz (Le
nombre et l'ordre des intervalles musicaux).
6" George Phil. Telemanns neues musika-
lisches System (Examen du nouveau système
d'intervalles de Telemann. 7° Beurlheihtng
der zweyten yïuflage des Critischen jflusici
(Critique de la deuxième édition <lii Musicien
critique). C'est une réplique à la réponse de
Scheibe insérée dans cette édition). Ces der-
niers morceaux se trouvent aussi dans la i?{-
bliothèque musicale de Mizler (t. III,
IV^ partie, p. 087-734). 8» Épitre à l'aiileur
des lettres critiques sur la musique {Krilischa
Briefe iiber die Tonkunst, t. III; Berlin,
1705). 9» Bedenken iiber Herrn Sorgen
schmoehendangefangenenStreitwiderl/errn
Marpurgsim Handbuche beschiedenen For-
trag wegen Hcrleitung der mancherlcy har-
monischen Sxtze (Réflexions sur la diatribe
de M. Sorge conlreles principes dcM.Marpurg,
concernant l'origine des successions harmo-
niques). Ce petit écrit se trouve dans les
Lettres critiques (t. II, p. 448-450). Schrœter
eut dans ce morceau le tort de prendre parti
pour Marpurg, dans sa discussion avec Sorge
{voyez ces noms) sur la théorie de l'harmonie j
mais, plus tard, il se sépara de lui sur les points
les plus importants de la doctrine harmonicpic.
10" Plan général d'un tempérament conforme
aux proportions de Pylhagore, dans lequel la
quinte est 2: 3, cl la qunrieô : 4(dans le III' vo-
lume de la Bibliothèque musicale i\e Mizler,
p. 580). Ce plan, ouvrage de la jeunesse de
SCHROETER
511
Scliiœler, n'élail que le i)rcmicr jet d'un tra-
vail qui, plus lard, a vu le jour dans quelques-
uns des écrits précédemment indiqués. Il a
donné lieu à un petit ouvrage intitulé : Ur\ter-
suchung der Schtœlerischen Clavierlempe-
raluren (Examen du tempérament du clavecin
de Schrœter), in-8", publié en 1754, sans nom
de lieu ni d'imprimeur. On trouve une longue
analyse comparative du tempérament de
Schrœter et de celui de Sorge, dans les Lettres
critiques sur la musique, publiées par Mar-
purg(t. II, p. 279-324). Il' Deutliche ^n-
■weisung zum Generulbass in bestxndiger
Ferxnderung des uns angcbornen harmo-
nischen Drieklangs mit zula^nglichen Exem-
peln, etc. (Instruction claire sur la basse con-
tinue, etc.); llalberstadt, J.-TI. Gross, 1772,
in-4"de XXIV et 202 pages. Cet ouvrage est
la meilleure production de Schrœter, et c'est
un des livres les plus remarquables que l'Alle-
magne ail produits sur la science de l'harmo-
niej Schrœter avait In tout ce <jui avait été
publié sur celle science, et avait résumé les
travaux de ses prédécesseurs dans une his-
toire de l'harmonie, dont le manuscrit périt
malheureusement dans le pillage de Nord-
liausen par l'armée française, en 1701. Troj)
âgé pour recommencer un pareil ouvrage,
Schrœter se borna à en donner un abrégé
dans rexcellente préface de son Instruction
sur l'harmonie. A l'égard de celle-ci, elle est
divisée en vingt-six chapitres. Schrœter éta-
blit dans le huitième (p. ôG) (jue l'accord par-
fait seul existe par lui-même, et que tous les
autres sont les produits ou du renversement
de cet accord, ou de la substitution de la sep-
tième àToctave, pour la formation de l'accord
de septième de dominante, ou de la prolonga-
tion, pour la construction de la septième du
second degré et de l'harmonie qui en dérive,
oq de l'anticipalion. La prétendue substitution
de la septième à l'octave, pour la formation
de l'accord de septième dominante, est sans
doute une erreur, car cet accord, caracléris-
li(|ue de la tonalité moderne, existe |)ar lui-
même aussi bien que l'accord parfait; mais à
l'égard de la prolongation pour la création de
l'accord de septième du second degré, c'était
une véritable découverte, et le premier i)as
fait vers une théorie rationnelle et complète
de l'harmonie. Schrœter ne considère dans ce
phénomène (jue l'effet du retard ; c'est pour-
quoi il lui donne le nom de Verzxgerung (re-
tardatio). Si on lui avait demandé «luel est ce
retardement, il aurait éprouvé beaucoup
d'embarras pour trouver une réponse satisfai-
sante; car il est évident <|uc la prolongation
venant à cesser, |)ar exemple, dans l'accord
ré, fa, la, ut, on aura pour résolution ré, fa,
la, si, qui n'est pas une harmonie conson-
nante. Il y a donc quelque autre circonstance
qui, dans raccor<l ré, fa, la, ut, se combine
avec la prolongation d'uf ; mais l'analyse de
Schrœter n'a pas creusé si profondément : elle
s'est arrêtée à la découverte du fait de retarde-
ment, découverte importante (pii, depuis lors,
a porté se<i fruits. 12" Letzte Beschœftigung
mit musikalischen Dingen; nebst sechs Tem-
peraturplanen und einer Nolentafel (Der-
niers travaux sur des sujets de musique, avec
six plans de tempérament el une planche de
musique); Nordhauscn, 1782, in-4" de cin-
quante-deux pages. Ce petit ouvrage est en
(jnelque sorte l'examen et le résumé de tout
ce que l'auteur avait écrit précédemment.
Schrœter mérite aussi d'être mentionné
comme inventeur dans la construction des in-
struments. Il était encore élève à l'école <le la
Croix, à Dresde, lorsqu'il conçut, en 1717, le
plan d'un piano, ou clavecin à marteaux des-
tinés à changer la nature du son en frappant
les cordes, au lieu de les pincer i)ar «les plumes
de sautereaux. Lui-même nous apprend qu'il
en fit un double modèle, (lu'il fil mettre sous
les yeux de la cour de Saxe, en 1721. Toute-
fois celte découverte eut alors si peu de reten-
tissement , qu'on ignorerait absolument la
part (|ue Schrœter y a eue, si lui-même ne
nous en eût instruits dans un écrit qu'il (il
insérer, en 17Gô, dans les Lettres critiques de
Marpurg (t. II, lettre 159), sous ce titre :
Umstxndliche Beschreibung eines neuerfun-
denen Clavierinstruments , uuf welchem
man in unterschiedenen Graden slark und
schwach spielen kann (Description détaillée
d'un nouvel instrument à clavier, sur lequel
on peut jouer à différents degrés forte o»
piano), avec deux planches. Il est juste de
dire que Marins, facteur de clavecins de Paris,
avait déjà présenté, en 1716, à l'Académie des
sciences, trois modèles de clavecins à mail-
lets, dans lesquels l'idée des cordes frappées
par des marteaux mécaniques était déjà Téa-
lisée. Il estvrai aussi que Godefroi Silbermann
avait toujours passé en Allemagne pour l'in-
venteur du piano; peut-être n'a-l-il que per-
fectionné l'invention de Schrœter : toutefois il
est singulier que celui-ci n'ait réclamé cette
invention que sept ans après la mort de celui à
qui elle avait toujours été attribuée, el quarante-
six ans après la date qu'il lui assigne (1).
(I) Vojez, à ce suj'.-l, une discussion élcvcc entre la
512
SCimOETER — SCIIUBART
Scliioelcr s'est aussi présenté comme rail-
leur «l'une autre invention qui a été dlspuléje
entre plusieurs fadeurs, savoir celle du moyen
propre à donner à l'orgue les nuances du forte
et du piano. En 1740, dit-il, il avait déjà
achevé cette invention, dont on lui offrit cinq
cents thalersjà la condition d'en laisser l'hon-
neur au mécanicien qui l'avait aidé dans son
entreprise. Il n'explique pas clairement pour-
quoi son refus d'accepter ces conditions lui a
fait abandonner une découverte à laquelle il
attachait tant de prix.
SCIIUCHEÏEU (Jean-Georges), facteur
d'orgues à Erfurt, dans la première moitié du
dix-huitième siècle, a construit les ouvrages
suivants: l» L'orgue de l'église des Augustins,
à Erfurt, commencé par Slerzing, et terminé
par Schrœter. 2» Orgue de quatorze jeux, dans
l'église <Ie Tous les Saints, à Erfurt, en 1724.
5" A Wandersleben, près d'Erfurt, un orgue
de vingt-deux jeux, en 1734. 4" L'orgue du
grand hôpital d'Erfurt , composé de vingt-
quatre jeux, en 1735. 5" Un orgue de vingt-
trois jeux, à Alacl), près d'Erfurt, en 1735.
Un autre de trente-deux jeux, à Herhsiehen,
dans le duché de Gotha. 7" Enfin un orgue de
vingt jeux, à Kleinbrembach, vers 1746.
SCIIRCœTER (ConoNA-ÉLiSABETii-Guii.-
lelmi>e), cantatrice de la cour <lc Weimar,
naquit à Varsovie, en 1748. Elle n'était âgée
que de seize ans quand elle commença à briller
dans les concerts de Leipsick. En 1778, elle
entra au service du grand-duc de Weimar. On
la citait surtout pour son talent d'expression
dans l'exécution des mouvements lents. Elle
mourut à Weimar, au mois de juin 1802. On
a gravé de sa composition deux suites de
chansons allemandes avec accompagnement
de piano; Weimar, Hoffmann.
SCHRCœTER (Jean-Samuel), frère de la
précédente, naquit à Varsovie, en 1750. Dès
l'âge de dix-sept ans, il avait déjà acquis tant
d'habileté sur le clavecin, qu'il pouvait jouer
à première vue tous les concertos qu'on lui
présentait. Après avoir fait un voyage en Hol-
lande avec son père, il se l'endit à Londres
vers 1774, y demeura quelque temps dans
l'obscurité, et fut obligé d'accepter une place
d'organiste dans une chapelle allemande. Sur
la recommandation de Bach, le marchand de
musique Napier fit graver son premier œuvre
de sonates de clavecin, dont le succès le lit
connaître avantageusement. Un mariage clan-
destin avec une de ses élèves, dont la famille
G»2ttit muiieaU de Paris (1834, n» 28}, et la Revue
tHUticalt (8n>» annie, n» iQ).
appartenait à la haute société , lui suscita
beaucoup de chagrin. La menace d'être traduit
devant la cour de la chancellerie l'obligea de
consentir à l'annulation de son hymen,
moyennant une pension viagère de cinq cents
livres sterling. L'éclat qu'avait eu cette affaire
lui fit chercher une retraite à la campagne. Il
y eut l'honneur de se faire entendre devant le
prince de Galles, qui lui donna un emploi dans
sa maison, avec des appointements considé-
rables; mais il ne jouit pas longtemps de cet
avantage, car une maladie de poitrine le con-
duisit au tombeau, le 2 novembre 1788. On a
publié de sa composition : 1" Six sonates pour
le clavecin, op. 1 ; Amsterdam. 2° Trois quin-
tettes pour piano, deux violons, alto et basse;
ibid. 5" Six trios pour clavecin, violon et vio-
loncelle, op. 2; ibid. A" Six concertos pour le
clavecin, op. 3; Londres. 5» Trois concertos
pour le clavecin, op. 4; Berlin. G" Trois idetn,
op. 5 ; ibid. 7» Six idem, op. G; Paris, Sieber.
8" Deux trios pour clavecin, violon et liasse,
op. 9; Amsterdam, 1787.
SCHROETER (jEAN-HENni), second frère
lie Corona, naquit à Varsovie en 1762. Dès
l'âge de sept ans il se fit entendre dans un
concerto de violon au concert de Leipsick. De-
venu violoniste habile et virtuose sur l'har-
monica, il voyagea pour donner des concerts,
et se rendit à Londres, en 1782. Il y a fait
graver de sa composition : 1" Six duos pour
deux violons. 2» Six duos pour violon et vio-
loncelle, op. 3. Plus tard, Schrœter a vécu à
Paris, et y a publié plusieurs œuvres de duos
et de trios pour violon et Hùte.
SCHUBACK (Jacques), syndic de la ville
de Hambourg, y naquit en 1726, et mourut le
15 mai 1784. A des connaissances étendues
dans la jurisprudence, il unissait beaucoup
d'habileté dans la musique, composait avec
goût, jouait de plusieurs instruments et diri-
geait bien un orchestre. On a de lui un petit
écrit intitulé : Von der musikalischen Décla-
mation (De la déclamation musicale); Ga't-
lingue, 1775, in-8» de quarante-huit pages.
Forkel a donné un extrait de cet opuscule
«lans sa Bibliothèque musicale (t. III, p. 220).
Parmi les compositions de Schuback on re-
marque : 1" Les Disciples du Seigneur à
Emmaiis, oratorio en deux parties; Ham-
bourg, 1778. 2« Mélodies chorales à quatre
voix, à l'usage de l'école des pauvres de Ham-
bourg; Hambourg, 1778 et 1779, in-4».
SCIIUBART (Chrétien-Fréoéric-Daniel)
naquit le2Gmarsl739, àOberslein, dans le du-
ché d'Oldenbourg, où sou père était Canfor et
SCHUBART — SCHUBERT
5J3
instituteur. L'année suivanle,celui ci fut appelé
à Aalen, dans le WurtemBerg, en qualité de di-
recteur de musique et de Cantor. Le jeune
Schubart apprit dans ce lieu les éléments de
la littérature et de la musique ; puis, en 1753,
il alla étudier au gymnase de Nordlingue, où
il resta pendant trois ans. En 175G, il alla au
collège de Nuremberg, et deux ans après, son
père l'envoya à l'université de Jéna. Dominé
par son goût pour la musique, il y né-
gligea la théologie. En 1764, il accepta une
place de maître d'école et d'organiste à Geis-
lingen, et se maria. Quatre ans après, il
échangea celte situation contre celle de «lirec-
teur de musique à Louisbourg, et fit en cette
ville un cours d'esthétique pour <|uelques otTi-
ciers de la garnison. Les leçons qu'il prépara
pour ce cours devinrent plus fard la base du
livre qu'il a publié sur ce sujet. Il parait tou-
tefois que sa situation pécuniaire était peu
avantageuse à Louisbourg, et qu'il n'y trouvait
point une existence suffisante pour sa famille,
car, lorsqu'il en partit pour se rendre à Heil-
bronn, il ne possédait pas un écu ; il dut faire,
ainsi que sa femme, la roule à pied. Des
chansons satiriques qui avaient couru sous
son nom, et qui lui avaient fait beaucoup
d'ennemis, l'avaient placé dans cette fâcheuse
position. Tour à tour il vécut à Heilbronn,
Heidelberg et Manheim, se livrant à l'ensei-
gnement de la musique. Dans la dernière de
ces villes, il trouva quelques protecteurs puis-
sants qui lui procurèrent les moyens de vivre,
d'une manière plus digne de son mérite. Après
avoir fait un voyage à Munich, Schubart
s'étublit à Augsbourg, et y commença la pur
blication de sa Chronique allemande {Deut-
sche Chronik), écrit périodique dont la poli-
tique était l'objet principal. Il fit aussi des
cours de musique, et donna des concerts mêlés
de lectures sur l'art. Son existence paraissait
assurée d'une manière honorable, lorsqu'un
article de sa Chronique, qui renfermait une
attaque contre le général Ried, ministre de
l'empereur, vint renverser l'édifice de son
bonheur. Averti du mauvais effet qu'avait fait
cet article, et des dangers qui le menaçaient,
Schubart s'éloigna d'Augsbourg; mais il fut
arrêté, le 22 janvier 1777, à Blaubeuern, sur
les frontières du Wurtemberg, et conduit dans
la forteresse d'Asperg, où il fut détenu pen-
dant dix ans. Cette longue captivité changea
son caractère, en bannit le gaieté qui lui était
naturelle, et remplaça la hardiesse de ses opi-
nions par une sorte de mysticisme. Rendu à
la liberté dans le mois de mars 1787, il se re-
BIOGK. UNIV. DES MUSICIENS. — T. VII.
tira à Slullgart, où les fonctions de directeur
de musique du théâtre de la cour lui furent
confiées. Il y reprit aussi la publication de sa
Chronique, sous le titre de Faterlandsche
Chronik, mais il s'abstint d'y traiter de choses
politiques, si ce n'est d'une manière générale,
et sans toucher aux personnes. Il mourut à
Stuttgart, dans la cinquante-deuxième année
de son âge, le 10 octobre 1791. Les renseigne-
ments fournis par Gerber sur ce musicien-
l)Oëte manquent d'exactitude.
Beaucoup d'éditions des poésies de Schubart
ont été publiées en Allemagne. Ses écrits re-
latifs à la musique sont : 1» Musikalische
Rapsodien (Rapsodies musicales) j Sluttgart,
1786; trois numéros formant ensemble dix-
neuf feuilles, in-4». Il y traite des progrès de
la musique, du talent de l'abbé Vogier comme
organiste, et de l'art de jouer du clavecin.
A la fin de chaque cahier on trouve quelques
chansons de Schubart, avec accompagnement
de piano. 2° Ideen zu einer yEsthetik der
Tonkunst (Aperçu d'une esthétique de la mu-
sique); Vienne, J.-V. Degen, 1806, in-8». Cet
ouvrage a été publié quinze ans après la mort
de l'anteur, par son fils, conseiller de légation
du roi de Prusse. Le contenu du livre ne ré-
pond point à son titre, car Schubart y a plutôt
traité de quelques parties de l'histoire de la
musique et de la lechnie que de la philosophie
de l'art. Dans la seconde partie seulement, il
a abordé les questions de style, mais avec peu
de profondeur. On a gravé quelques chants de
Schubart, entre autres le Pouvoir de la mu-
sique, cantate, à Spire, ainsi que douze varia-
lions pour le piano, Spire, 1787. On trouve des
choses curieuses sur la vie et les opinions de
cet homme distingué dans la monographie
publiée sous ce titre : Schubart's Leben und
Gesirmungen; Stuttgart, 1791-1799, trois
volumes, in-S". Le premier volume de cet ou-
vrage, d'où cette notice est tirée, a été com-
posé par Schubart lui-même; les deux autres
sont de son fils.
La fille de Schubart, élève du maîlie de
chapelle Poli, a été cantatrice du théâtre alle-
mand et italien de Stuttgart, vers 1787.
SCHUBAUER (Luc). Foyez SCHUH-
BAUER.
SCHUBAUER (le P. THOMAS-JoicuiM).
Foyez SCHUHBAUER.
SCHUBERT. (David), habile facteur d'or-
gues et de clavecins, fut élève de Godefroid
Silbermann à Friedberg, puis se fixa à Dresde,
où il mourut en 1769. Ses principaux ouvrages
sont: 1" L'orgue de l'église française, construit
33
514
SCHUBERT
à Dresde , en 1765. 2" Celui <le l'église
Sainle -Joséphine , dans la même ville,
en 1767. 3" L'orgue do Herzogswalda.
4' Celui de Haynichen. Ces «lerniers instru-
ments ont été construits en société avec
Schœnen.
SCIIUBERT (JosEPn), compositeur, na-
quit en 1757, à Warnsdorf, en Bohême, et y
apprit les principes de la musique, sous la
<lireclion de son père, mtUre d'école en ce
lieu. Plus tard, il alla à Prague faire ses
études littéraires. Pendant son séjour en
cette ville, il étudia le contrepoint chez l'abhé
Fischer, et acquit un talent distingué sur le
violon. En 1778, il se rendit à Berlin, et reçut
des leçons de Kohn pour son instrument; mais
il ne resta pas longtemps <Ians la capitale de
la Prusse, car il entra, en 1779, dans la mu-
sique du marquis de Schwedt. Après y avoir
été attaché pendant neuf ans, il fut appelé, en
1 788, à Dresde, et placé comme premier violon
dans la chapelle de la cour. Joseph Schubert
est mort dans cette ville, en 1812. Il s'est
fait connaître comme compositeur drama-
tique par les ouvrages suivants : 1° Rosalie,
opéra-comique en un acte, représenté à
Schwedt, en 1780. '2" L'If ô tel de Gênes, idem.
3» Les Fléaux publics, ou le Monstre bleu,
idem. 4" Le Désenchantement , o\)éra sérieux,
avec des ballets, à Dresde. On a gravé de sa
composition : 1» Trois duos pour deux violons,
op. 1; Leipsick, Brerlkopf et Hœrtel. 2" Trois
sonates pour piano seul, op. 3; Dresde, Hil-
scher. S" Deux sonates, idem; ihid. 4" Ron-
deaux pour piano, n°' 1, 2, 3, 4, 5, G; ibid.
S" Trois sonates pour violon et basse, op. 5 ;
Dresde, Richtcr. 6" Douze menuets avec trios
pour clavecin, op. 7; ibid. 7° Concerto pour
violoncelle, op. 7; Brunswick, Spehr.SoDouze
divertissements pour le piano; Dresde, llil-
scher. 9» Huit variations pour le piano; ibid.
10» Trois chansons allemandes avec accompa-
gnement de piano; ibid. Schubert a laissé en
manuscrit une grande «juantité de composi-
tions de tout genre, parmi lesquelles on re-
marque quinze concertos pour violon, trois
idem pour alto, deux idem pour violoncelle,
neuf idem pour flilte, deux idem pour haut-
I)ois, dix idem poiir basson, trois idem pour
clarinette, trois idem pour cor, deux sym-
phonies concertantes pour flûte et violon et
pour deux flûtes, six duos pour deux violons,
six idem pour deux fliUcs, trois sonates pour
piano et violon, six idem pour piano seul, six
idem pour violon seul, des suites d'harmonie,
et quelques symphonies.
SCIIIIRERT (jEAS-Fi\Ki)Knic), directeur
de musique d'une trou|>e d'opéra allemand,
naquit à Riidolsladt, le 17 décembre 1770. Dès
ses premières années, il se livra à l'étude de la
musique. Vers sa dix-liuitième année, il se
rendit à Frankenhausen, comme élève de
Hesse, musicien de la ville; mais il n'y resta
<|u'un an, puis il alla continuer ses études à
Sondershausen, chez Hausmann.Un an après,
il se brouilla avecceluici, et cette circonstance
lui fit quitter Sondershausen ])Our aller à
Berlin, où son talent de violoniste lui fit
trouver de l'emploi. En 1798, il était chef
d'orchestre et compositeur de la troupe de
Dœbblin, à Steltin. Ilauk, bon violoniste de
cette ville, mit la dernière main à son éduca-
tion musicale, et particulièrement à son habi-
leté sur le violon. On le retrouve, en 1801, à
Glogau, comme chef d'orchestre, et trois ans
après il était à Ballenstadt, en qualité de di-
recteur de musique de la troupe théâtrale de
Vetter. Cet artiste distingué est mort à Co-
logne,dans le mois d'octobre 1811. On connaît
sous son nom : 1" Die Nxchtliche Erschei-
nung (L'apparition nocturne), opéra en deux
actes, représenté à Stettin, en 1798. 2" Con-
certo pour le violon; Leipsick, Breitkopf et
Hœrtel, 1805. 3" Symphonie concertante pour
hautlMls et basson, op. 4; Leipsick, Petcrs.
4" Trois duos pour deux violons, op. 1 ; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtel . 5» Trois idem, op. 2;
ibid. 6° Vingl-(iualre petites pièces pour le
piano, op. 3; ibid. Schubert s'est fait con-
naître comme écrivain sur la musi(|ue par un
traité de l'art du chant intitulé : Neue Sing-
^chule, oder griindliche und volstxndige
Jnweisung zur Singkunst in 3 Jbtheilun-
gen, etc. (Nouvelle méthode de chant, ou
instruction fondementale et complète pour cet
art, en trois sections avec les exercices néces-
saires); Leipsick, Breitkopf et Ilœrtel, 1804,
in-4». Il a fait insérer deux articles dans la
Gazette musicale de Leipsick, le premier sur
la construction mécanitiue du violon (tome V,
p. 769); l'autre sur un projet d'amélioration
de la contrebasse (t. VI, p. 187).
SCHUBERT (Fehdinaisd), professeur à
l'école normale de Sainte-Anne, à Vienne, est
né dans cette ville, le 18 octobre 1794. Fils
d'un maître d'école d'un faubourg de la capi-
tale de l'Autriche, il reçut de son père les pre-
mières leçons de musique, et plus tard devint
élève d'un maître obscur nommé llolzcr, pour
léchant, le violon, le piano, l'orgue et l'har-
monie. Les progrès du jeune Schubert furent
si rapides que, à l'âge de treize ans, il cxécu-
SCHUBERT
515
tait déjà des concertos s;:r l'orgue. On Ta
considéré depuis comme un des meilleurs
organistes de Vienne. En 1810, il obtint la
place de professeur adjoint à la Maison des
orphelins, quoiqu'il ne fut âgé que de seize
ans; six ans après il eut le titre de profes-
seur effectif, et celui de professeur de qua-
trième classe à l'école normale, lui fut donné
en 1824. Il y joignit, peu de temps après, les
fonctions d'inspecteur de plusieurs écoles des
faubourgs de Vienne. Ferdinand Schubert
est mort à Vienne, le 26 février 1839. Les
ouvrages principaux de sa composition sont :
1" Reqina çœli, à quatre voix, orchestre et
orgue; Vienne, Diabelii. 2» Requiem alle-
mand à quatre voix et orgue, op. 2; ibid.
ô" Deux tantum ergo, idem ; ihid. 4" Cadences
pour le piano, dans tous les tons majeurs et
mineurs, op. 4 ; ibid. S» Marche militaire pour
la parade. G" Chansons pour la Maison des or-
phelins. G" {bis) Hymne de fête , quatuor
vocal, op. 4; Vienne, Glœggl. 7» Première
messe pour la campagne, à quatre voix et or-
chestre, op. 21 ; Vienne, Ilaslinger. 8" Offer-
toire (T"!* es Deus) [tour quatre voix d'hommes,
op. 22; Vienne, Glœggl. O» Deux opéras pour
les enfants, intitulés Z>erWeîne Schadenfroh
(Le petit espiègle), et Die Ahreuleserinn (La
glaneuse). Il a laissé en manuscrit : 10° Une
messe solennelle. 11" Requiem à la mémoire
de son illustre frère François Schubert.
12" Deux Salve Regina. 13" Sonate pour piano
et czakan.
SCHUBERT (François -Pierre), frère du
précédent, naquit à Vienne, le 31 janvier
1797. A l'âge de sept ans, il reçut les pre-
mières leçons de musique de Michel Holzer.
Quatre ans après, la beauté de sa voix et son
intelligence musicale le firent admettre comme
enfant de chœur dans la chapçlle impériale, et
dans le même temps il se livra à l'élude du
|)iano et de plusieurs instruments à cordes,
qu'il cultiva avec tant de succès que, avant
l'âge de quinze ans, il put tenir l'emploi de
premier violon dans les répétitions d'orchestre.
L'organiste de la cour Rueziezka ^ fut son
maître d'harmonie, et Salieri lui enseigna le
chant et la composition. Après que la mue de
sa voix l'eut obligé à sortir de la chapelle im-
périale, il se livra seul à l'élude des œuvres de
Haydn, de Mozart et de Beethoven, et chercha
des ressources pour son existence en donnant
des leçons. Le goût de la musique était une
véritable passion parmi les membres de sa fa-
mille : souvent ils se réunissaient pour exé-
cuter des quatuors; les frères de François
Schubert jouaient les parties de violon; lui-
même jouait l'alto, et leur père se chargeait d'j
la partie du violoncelle. Une mélancolie habi-
tuelle était le trait dominant du caractère du
jeune artiste : la musique seule pouvait l'en
distraire et le porter à l'enthousiasme expan-
sif. Dès son enfance, il avait écrit beaucoup
de compositions instrumentales, telles que
quatuors et symphonies, sans autre direction
que ses propres idées ; plus tard il s'essaya
dans tous les genres, et montra dans ses pro-
ductions une prodigieuse fécondité. Dans
quelques-uns, et surtout dans les ballades et
les chansons, il fit preuve de génie et se créa
un style dans lequel il a eu beaucoup d'imila-
teurs, mais point de rivaux, chacune de ces
petites pièces devenant par ses in$i)irations un
drame entier où la nouveauté de la mélodie,
la justesse de l'expression et jusqu'aux détails
de l'accompagnement s'unissent pour former
un ensemble souvent complet et parfait. Créa-
teur de ce genre, il y a attaché son nom do
manière à le rendre impérissable. Ses autres
compositions, particulièrement ses quatuors
pour violon, un quintette, un trio de piano et
une grande symphonie (en ut), renferment de
belles choses, mais n'ont pas le cachet de
création qu'on remarque dans ses pièces de
chant.» Schubert s'est aussi essayé au théâtre,
mais sans y produire de vive sensation :
c'est qu'autre chose est le sentiment dra-
matique ou l'instinct de la scène. De très-
grands musiciens, Cherubini, par exemple,
ont eu à un très-haut degré le sentiment dra-
matique, mais n'ont jamais bien compris les
exigences vives et pressantes de la scène qui
souvent y fait paraître froid et languissant tel
morceau qui semble rempli de chaleur et d'en-
Irainement au piano. Tel parait avoir été
Schubert.
Ce musicien si distingué n'a eu qu'une exis-
tence obscure et retirée; toute l'histoire de sa
vie se trouve dans ses ouvrages. Il vécut pres-
que toujours à Vienne, et n'en sortit que pour
de petits voyages en Hongrie, dans la Styrie et
dans la Haute-Autriche. Peu favorisé de la
fortune, il s'accommodait de sa médiocrité,
parce que le but de sa vie était la culture
de l'art. Une maladie de langueur le conduisit
au tombeau, le 19 novembre 1828, avant qu'il
eût atteint sa trente-sixième année. Méconnu
dans la plus grande partie de l'Allemagne et à
l'étranger pendant sa vie, il a eu d'ardents
admirateurs après sa mort, et ses ballades ont
été redites d'un bout à l'autre de l'Europe avec
un enthousiasme où la mode n'était pas élran-
il6
SCHUBERT — SCHUBERTH
gère, quelque mérite qu'il y ait d'ailleurs dans
CCS inléressanles productions.
Parmi les œuvres de François Schubert pu-
l)lit^ pendant sa vie ou après sa mort , on re-
marque : 1° Premier quatuor pour deux vio-
lons, allô et hasse, op. 29 (en la mineur);
Vienne, Diabelli. 2° Deux quatuors, op. 125
(en m» bémol et en mt); Vienne, Trenlsensky.
5» Grand quatuor, œuvre posthume (en fa);
■ibid. 4» Grand quintette pour piano, violon,
alto, violoncelle et contrebasse, op. 114(en/a);
t6id.5"Grand triopour pL no, violon et violon-
celle,op. 99 ; Vienne, Diabelli. 6''Rondeau bril-
lant pour piano et violon, op. 70 ; Vienne, Ar-
taria. 7" Trois sonatines, idem, op. 157;
Vienne, Diabelli. 8" Beaucoup de sonates et
pièces diverses pour piano à quatre mains.
U'Crandes sonates pour piano seul, op. 42(en
la mineur), et op. 53 (en ré); Vienne, Artaria ;
trois grandes sonates, œuvre posthume; Vienne,
Diabelli. 10» Un très-grand nombre de ron-
deaux, fantaisies et pièces diverses pour piano
seul. 11® Messe à quatre voix et orchestre,
op. 48; Vienne, Diabelli. 12» Idem, op. 141 ;
Vienne , Haslinger. 13» Tantum ergo, à
quatre voix et orchestre, op. 45 ; ibid. 14» Deux
offertoires pour soprano ou ténor, orchestre et
orgue, op. 46, 47; ibid. 15» Antienne pour le
dimanche des Rameaux, à quatre voix et orgue ;
op. 113; ibid. 16» Le 23" psaume pour deux
sopranos et deux contraltos, avec orgue ou
piano, op. 132; ibid. 17» Environ deux cents
ballades et chansonsà voixseuleavec accompa-
gnement de piano, dont quelques-unes telles
que les Astres, Ave Maria, la Sérénade, le
Roi des Aulnes, la Religieuse, le Départ, etc.,
sont devenues célèbres. 18» Chants pour trois
ou quatre voix d'hommes, œuvres 11, 16, 17,
28,61, 74; Vienne, Diabelli, Leidesdorf. Schu-
bert a laissé aussi en manuscrit, six messes,
sept symphonies, dont une grande (en «() a
été publiée après sa mort; les autres sont :
première (en ré), deuxième (en ré, 1815),
troisième (en si bémol, 1815), quatrième (eu
ut mineur, 1816), cimiuième (en si bémol,
1816), sixième (en ut majeur, 1818), sep-
tième (en ut mineur, 1818), et quinze opé-
ras, dont les litres sont : Der Spiegelritter
(le Chevalier du Miroir), Des Teufels Lust-
scA/o.fs (le Château de plaisance du diable), ter-
miné en 1814, Fernando, en un acte (1815),
Claudine de Villabella, Rosamunda, les
Conjurés, Der Minnesasnger (le Troubadour),
les Amis de Salamanque , en deux actes
(1815), un Emploi pendant quatre ans, en
t:n acte (1815), la Caution, ^n trois actes
(1810), les Frères jumeaux, en un acte, une
//arpe,opéra-récrie en trois actes (1820), /"j'er-
à-bras, en trois actes, le Mauvais Ménage,
en un acte (18ô3) ; enfin, deux opéras non ter-
minés {Adraste et Sacontala).
SCHUBERT (François), violoniste dis-
tingué, né àpresde, le 22 juillet 1808, reçut
les premières leçons pour le violon du maître
de concert Rolla, puis obtint du roi de Saxe
une pension pour aller à Paris cultiver son
instrument, sous la direction de Lafonl. De
retour à Dresde, il entra dans la chapelle
royale en qualité de premier violon ; plus tard,
il eut le titre de maître de concert. Il occu-
pait encore celte position en 1800. Schubert a
obtenu des congés pour voyager; Il s'est fait
entendre avec succès à La Haye, Lcipsick,
Rudolsladt et Vienne. Parmi les compositions
de cet artiste qui ont été publiées, on re-
marque : neuf éludes pour le violon, op. 3;
Leipsick, Rislner ; fantaisie pour violon, avec
orchestre, ibid.; duo j)our piano et violon,
op. 8, ibid.; deux duos concertants pour violon
et violoncelle, en collaboration avec Kummer.
.SCHUBERT (madameMASCuisKA), femme
du précédent, et fille du maître de chapelle
Georges-Abraham Schneider, est née à Reval,
le 25 août 1815. Après avoir fait des études de
chant à Paris, chez Bordogni, elle a débuté dans
l'opéra allemand, à Londres, pendant la'sai-
son de 1832; puis elle s'est rendue à Milan, où
elle a fait de nouvelles éludes sous la direction
de Blanchi. En 1834, elle a chanté au Théâtre-
Royal de Berlin, puis elle a été engagée
comme cantatrice de la cour de Dresde et a été
attachée au Théâtre-Royal de cette capitale.
SCHUBERT (Loris), né à Dessau, en
1828, fit son éducation musicale dans cette
ville et reçut des leçons de violon d'un élève de
Spohr. Il n'élail âgé (juc de seize ans lorsqu'il
se rendit à Pclersbourg, où il fut employé à
l'orchestre du Théâtre-Impérial comme vio-
loniste, pendant deux ans. N'ayant pas trouvé
dans la capitale de la Russie la position avan-
tageuse qu'il avait espérée, il s'en éloigna en
1847 et prit sa route par Kœnigsberg, où il
s'est fixé depuis lors, y ayant (rouvé de l'occu-
pation comme professeur de musique et comme
chef d'orchestre. Il y a fait représenter plu-
sieurs opéras, au nombre desquels on remarque
Aus Sibérien (en Sibérie). On connaît aussi
sous son nom (pielques compositions instru-
mentales et des Lieder.
SCHUBERTH (Gottlob), né le 11 août
1778, fut dans sa jeunesse un hautboïste dis-
tingué. Il vécut longtemps à Magdebourg^
SCHUBERTH — SCHUBLER
Sir
mais, en 1830, il se fixa à Hambourg, où il est
mort en 1840. Pianiste a^sez habile^ il a écrit
<les compositions faciles et agréables pour le
piano, doit les plus connues sont: 1" Trois
sonates pour le piano, op. 1 ;Mayence, Scholt.
2" Tdem, op. 2; ibid. 3» Grande sonate
agréable, op. 3; ibid. 4" Idem, op. 9j Ham-
bourg, Lubbers. 5° Introduction et rondo,
op. A ; Mayence, Scholt. G" Plusieurs re-
cueils de danses, polonaises et valses pour
piano.
SCHUBERTH (Louis), fils du précédent,
né à Magdebourg, le 18 avril 180G, a reçu de
son père les premières leçons de musique, et
a choisi pour son instrument la contrebasse,
sur laquelle il est parvenu à une grande habi-
leté. Après avoir été pendant quelque temps
employé à Porchestre de Magdebourg, il fut
appelé à Oldenbourg, puis à Riga, en qualité
de directeur de musique. Dans ces derniers
temps, il s'est fixé à Kœnigsberg, où il remplit
des fonctions semblables. Parmi ses composi-
tions, on cite particulièrement comme des
œuvres de mérite, un grand quatuor pour
piano, violon, allô et violoncelle, op. 23;
Hambourg, J. Schuberth; VEspérance, sonate
pour piano seul, op. 25; ibid., et Souvenir à
Beethoven, grande fantaisie en forme de so-
nate, op. 30; ibid.; deuxième grand quatuor
pour piano, violon, alto et violoncelle, op. 32;
ibid.; premier quatuor pour deux violons,
alto et violoncelle, op. 27; »6jd.; deuxième
quatuor tdem, op. 34; ibed. ; grande sonate
(en SI bémol) pour piano à (lualre mains,
op. 36 ; ibid.; Griindlicher Unterricht in der
Théorie der Tonselzlatnst (Instruction fonda-
mentale pour la composition musicale); ibid. y
deux parties in-S".
SCHUBERTH (Charles), virtuose violon-
celliste, deuxième fils de Gottlob, né à Magde-
bourg, le 25 février 1811, commença, sous la
<lireclion de son père, l'élude de la musique,
puis reçut, pendant six ans, des leçons de
Louis liesse pour le violoncelle. A l'âge de
onze ans, il se fit entendre, pour la première
fois en public, dans un solo sur cet instrument.
En 1825, il se rendit à Dresde, pour y conti-
nuer ses études près du professeur de violon-
celle Dotzauer {voyez ce nom). Après avoir
reçu ses leçons pendant deux ans, il retourna
à Magdebourg, et y joua avec succès dans un
concert de la célèbre cantatrice Cat?.lani. Au
mois de décembre 1828, il entreprit son pre-
mier voyage d'artiste et joua à la cour de
Ludwigslust, puis à Hambourg, et s'achemina
vers Copenhague, au moisd'avril 1829,donnant
des concerts à Brème, Lubeck et Kiel. Après
avoir passé quelques mois dans la capitale du
Danemark, il retourna par Golhenbourg ù
Magdebourg, où il accepta la place de premier
violoncelle du théâtre. Au mois d'octobre
1833, il commença un second voyage par
Brème, Oldenbourg, Dusseldorf, Cologne, Aix-
la-Chapelle, Liège, Anvers, Bruxelles et Paris :
partout il se fit entendre avec succès. Arrivé à
Hambourg, en 1834, il s'en éloigna à l'au-
tomne de la même année pour parcourir la
Hollande, où le roi des Pays-Bas lui donna le
titre de violoncelle solo de sa musique parti-
culière. Il passa la saison de 1835 à Londres,
après quoi il se rendit en Russie, où il fit un
séjour de vingt-huit ans,<|ui ne fut interrompu
que par un voyage en Allemagne. A son re-
tour à Pétershourg, il fut nommé directeur
de musique de l'université, et inspecteur de
l'école de musique attachée au Théâtre-Impé-
rial. Charles Schuberth est mort à Zurich, le
22 juin 1863, à l'âge de cinquante-deux ans.
On a publié de la composition de cet artiste :
1° Concerto pour violoncelle et orchestre,
op. 5; Hambourg, J. Schuberth et C*. 2" Sou-
venir de la Hollande, fantaisie et variations
sur Pair national hollandais, pour violon-
celle et orchestre, op. 3; ibid. ô" Fantaisie
brillante sur des thèmes italiens, idem,
op, 8 ; ibid. 5" Carnaval suisse, variations
burlesques, idem, op. 9; ibid. iS" Andante
religioso e capricioso, idem, op. 11; ibid.
op. 7; ibid. 4» Scène champêtre , idem,
7" Pièce de société pour violoncelle et piano,
op. 12; ibid. 8» Deux caprices en forme
d'études, tdem, op. 13;t6jd. 9" Fantaisie ou
caprice sur la marche des Puritains (en la),
pour violoncelle et orchestre, op. 14; ibid.
10" Premier quintette (en ré) pour deux vio-
lons, alto et deux violoncelles, op. 15; ibid.
11» Tarentelle pour violoncelle et orchestre,
op. 16; ibid. 12° Deuxième quintetlo ; fantai-
sie concertante pour quatre violoncelles et
contrebasse, op. 19; ibid. 13° Quatre ro-
mances sans paroles pour vtoloncelleet piano,
op. 20; ibid.
SCHUBLER (Chréties-Louis), né à Heil-
bronn, d'une famille honorable, vers 1755,
fut sénateur de cette ville, et y mourut le 14
avril 1820. Il s'est rendu reconimandable par
les ouvrages qu'il a publiés sur les mathéma-
tiques pures et appliquées. On ne le cite dans
cette biographie que pour deux morceaux con-
cernant la philosophie de la musique qu'il a
fait insérer dans la Correspondance musicale
de Spire. Le premier a pour titre : Abhand-
âf8
SCHUBLER — SCHUGT
lung iihereine Slelle von Leibnilz zur Théorie
der Musik (Traité sur un passage de Leibnitz
, relatif à la théorie de la musique); année 1791 ,
numéros 23, 24, 36 et 57; l'autre : Ueber die
f'erschiedenheit der Tonleitern, bey Blasen-
den-und bey Saiten-Instrumenten (Sur la
diversité des gammes dans les instruments à
vent et à cordes); année 1792, numéros 51
et 52.
SCHUCHWA]>n\ (Jeah), auteur inconnu
d'un traité sur la musique, en allemand, inti-
tulé : Compendium musices ; Halle, 1616,
in-8°.
SCHUDT (Jean-Jacques), recteur du gym-
nase de Francfort, naquit dans celte ville, le
14 janvier 1664, et mourut le 14 février 1722.
Au nombre de ses écrits, on trouve une disser-
tation De cantricibus Templi, qui a été in-
sérée par Ugolini dans son Trésor des antir
quités sacrées, t. XXXII, p. 643-658.
SCHUERER (Adam). Foyez SCIIU-
RER.
SCHUERMAINN ( Georges - Gaspard ).
roye^i, SCHtiRMANN.
SCHUETZ (Henri). Foyez SCHtJTZ.
SCHUETZ (Gabriel). Foyez SCHtiTZ.
SCHUETZE (Frédéric-Wilhelm ou Goii-
iabme). Foyez SCHLTZE (1).
SCHUHBAUER(Luc), né le 25 décembre
1753, à Lichtfeld, en Bavière, apprit les élé-
ments de la langue latine et de la musique au
couvent de Zweifalten, entra plus lard au sémi-
naire d'Augshourg, et alla enfin achever ses
études au collège de Neubourg, sur le Danube.
Ses progrès ne furent pas moins rapides dans
la musique que dans les sciences. La culture
de cet art devint en lui un goût passionné, et
bientôt il voulut essayer ses forces dans la
composition, en écrivant des morceaux de
musique d'église, sans autre guide que son
instinct, et ce qu'il avait appris par la lecture
des partitions de grands maîtres. A l'Univer-
sité d'ingolsladt, où il s'était rendu pour
suivre les cours de médecine, il n'interrompit
pas ses travaux de compositeur. Après avoir
obtenu lie grade de docteur en médecine, il
s'établit à Munich, et y fut bientôt considéré
comme un des médecins les plus distingués.
En 1791, l'électeur de Bavière lui accorda les
titres de conseiller et de médecin de la cour,
(I) Si la liiographit uniterielle de$ muticitn» était
deiiintfe particuliircmpnt à l'Allemagne, la pince de ces
cinq noms serait ici; mais les lecteurs français clier-
cberaient ces mêmes noms ù Schurêr, Srhurmann ,
Schulî tl Schulzt; sils ne les trouvaient pas à leur
place» ils pourraient croire qu'ils ont ili oubliés.
et huit ans après il fut élu membre du comité
royal de médecine. Il remplissait encore ces
fonctions en 1812; mais les renseignements
sur sa personne s'arrêtent à cette époque.
Schuhbauer, bien que simple amateur, a eu de
la célébrité comme musicien, par la composi-
tion de deux opéras qui ont obtenu un succès
populaire. Le premier a pour titre : Die Dorf-
deputiren (Les députés de village). Les mélo-
dies naturelles et remplies d'originalité qu'on
y remarque ont fait applaudir cet ouvrage
dans toute l'Allemagne. Le deuxième opéra de
Schuhbauer est intitulé : Die treuer Kœhler
(Les charbonniers fidèles). Les partitions de
ces ouvrages, réduites pour le piano, ont été
publiées à Manheim,chezHeckel. Schuhbauer
a écrit aussi des concertos, des sonates pour
le piano, et le psaume 107, avec orchestre,
sur la traduction de Mendelssohn, qui fut exé-
cuté au concert de la cour, à Munich, en 1807.
SCIIUnBAlJER(TiioMAS-JoAC!iii«),moine
bénédictin ducouvenldeNieder-Allach,en Ba-
vière, est mort à Passau, le 17 décembre 1812.
En 1781 , il fit imprimer, dans le premier volume
des Mémoires de l'académie des belles-lettres
et sciences de la Bavière, une dissertation sur
les opéras. Ce moine s'est rendu particulière-
ment recommandahle par l'esquisse d'un cours
sur l'esthétique qu'il avait fait à l'académie de
Passau, et qu'il a publié sous ce titre : Ent-
wurf zu d. œffentl. f'orlesungen iiber die
y£sthetik, etc. ; Passau, 1786, in-8». Wieland
a publié des extraits de cet ouvrage dans le
troisième numéro du Mercure allemand de
1801. Gerber a confondu, dans son nouveau
Lexique, l'auteur de ce livre avec le médecin
de Munich dont il est question dans l'article
précédent.
SCHUG (Conrad), professeur de musi<|ue
à Bonn, n'est connu que par un pelit Ir.iilé
élémentaire de musique à l'usage des enlaiils
qui fréquentent les écoles. Ce livre a pour liti i- :
Elementar - Musikschule oder Darslellun//
aller derjenigen Lehren. welche jedene J/n-
sikunterrichte zur Grundlage dienen. Nt-lst
einer Anhange, neun zweiund dreislimniKjc
Kinderlieder enthallen (École élémentaire de
musique ou tableau de tout ce qui la con-
cerne, etc.; avec un supplément contenant
neuf chanson^ d'enfants à deux et trois voix) ;
Bonn, J. Wittmann, 1847, in 8».
SCOIJGT (J.-G.), professeur de chant d.ms
les deux gymnases de Cologne et dans l'école
primaire de cette ville. On a de lui un pelil
ouvrage intitulé : //iilfsbuch bei dem Gesnng-
unterricht fur Schulen und zum Setbstiin-
SCHUGT — SCHULTESIUS
519
terricht (Mnniicl ()e l'étude du chant à l'usage
des écoles et pour s'instruire soi-même); Co-
logne, Renard et Dubyeji, 1838.
SCIICKISECHT (Jean-Chrétien), mathé-
maticien à Closter-Rosslehen, en Saxe, na(|uit
dans la Thuringe, en 1745, et mourut le 17 lij-
vrier 1805. On a de lui des éléments d'arith-
métique et de géométrie; il n'est cité dans
cette biographie que pour des pièces faciles
pour le piano qu'il a publiées à Leipsick, en
1781, et un recueil intitulé : Minuetto, po-
lacca e rondo per il cembalo.
SCIIIJLIIOFF (Jules), virtuose sur le
piano, est né à Prague le 2 août 1825. Son
premier makre pour son instrument fut le
professeur Risch ; puis il fut dirigé dans ses
éludes par Tedesco, pendant plusieurs années.
Tomascheck l'instruisit ensuite dans la com-
position. Il n'était âgé (|ue de seize ans lors-
qu'il s'éloigna de sa ville natale avec le dessein
<le se rendre à Paris; mais il séjourna quelque
tem|)s à Dresde et à Weimar, pour y donner
des concerts. Arrivé dans la capitale de la
France, il y vécut pendant plusieurs années
dans la retraite et à peu près inconnu, travail-
lant incessamment au développement de son
talent. Les circonstances qui le déterminèrent
à se faire connaître enfin du pu!)lic furent
celles-ci : Il se trouvait un jour dans les maga-
sins de pianos de la maison Pleyel, pour y
faire choix d'un instrument, lorsqu'il y vit
entrer Chopin, accompagné d'un étranger.
Schulhoff, inconnu de l'artiste célèbre, s'ap-
procha de lui et lui demanda la faveur d'être
entendu de lui sur le piano. Souvent importuné
par des sollicitations du même genre, faites
par des exécutants médiocres, Chopin con-
sentit d'assez mauvaise grâce à écouter l'in-
connu, et d'abord il montra beaucoup d'indif-
férence aux premiers accords; mais bientôt
son attention fut éveillée par le charme d'un
talent original qui s'ouvrait des voies nou-
velles : il se rapprocha de l'instrument, et
quand le morceau fut fini, il félicita chaleu-
reusement celui qu'il avait d'abord mal
accueilli. Après cette épreuve , Schulhoff
n'hésita plus à se faire connaître. Son début
se fit le 2 novembre 1845, dans un concert
qu'il donna chez Érard : il y produisit une
vive émotion parmi les artistes. Henri Blan-
chard, qui faisait assez souvent de mauvais
comptes rendus des concerts, ne se trompa pas
dans cette circonstance, et déclara, dans la
Gazette musicale de Paris, du 7 novembre
(n» 49), que Schulhoff était un pianiste chan-
teur, et qu'il y avait de la fantaisie dans son
jeu comme dans sa musique. Le succès de Tar-
tisle se consolida dans les années 1846et 1847,
et ses œuvres commencèrent à se répandiedans
les salons. Après un séjour de plusieurs années
à Paris, Schulhoff parcourut le Midi de la
France, l'Espagne, TAngieterre, l'Allemagne
et la Russie : partout il eut de beaux succès.
Au'relour de Saint-Pétersbourg, il se trouva
arrêté à Dresde par un dérangement sérieux de
sa santé qui l'y retint pendant plusieurs an-
nées. Plusieurs fois, depuis lors-, il est retourné
à Paris, notamment en 185Getl864; son talent
y a toujours reçu un chaleureux accueil. Parmi
ses compositions, on remarque une bonne so-
nate, qui est un de ses premiers ouvrages;
Prague, allegro brillant, op. 1, en la mineur;
des pièces de salon, op. 2; Andanle et étude
de concert, op. 3; deux suites de Mazourkes,
op. 5; Deux Scherzo, op. 7; Morceaux de
salon, op. 8; Caprice sur des airs nationaux
de la Bohême, op. 10; Nocturne et romance,
op. 11; Le Tournoi, grande étude, op. 12;
douze études divisées en trois livres, op. 13;
Agitato (en ut mineur), op. 15.
SCIIULTEIV (B.-\V.), vicaire à Saint-
André de Cologne, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, est auteur d'un traité du plain-
chant intitulé : Cantus Choralis Grego-
rianuSy Cologne, 1749, in-8'' de trente-deux
pages.
SCHULTES (jEAS-GEoncEs), facteur d'or-
gues àEllenberg, vers la fin du dix-huitième
siècle, s'est fait connaître avantageusement
par un orgue de seize pieds qu'il a construit
dans l'église de l'hospice, à DinckelsbUlil. Cet
instrument est composé de trente jeux, deux
claviers et pédale.
SCHULTESIUS (Jean-Paul), composi-
teur et écrivain sur la musique, natiuit le
14seitlembre 1748, à Fechlieim, village de la
principauté de Saxe-Cobourg. Son père, ([ui
était maître d'école dans ce lieu, lui donna les.
premières leçons <le musique et de clavecin.
Les éléments des langues latine et grecque lui
furent enseignés par le pasteur Lœhlin, à
Mudberg. En 17G4, Schultesius commença ses
études de théologie au collège de Gobourg; il
y fut attaché comme choriste, et accjuit pen-
dant six ans une connaissance complète de la
musique. En 1770, il se rendit à l'université
d'Eilangen pour achever ses cours d'études
ecclésiastiques; pendant son séjour en celte
ville, il eut l'avantage de recevoir des leçons
de Rehl, excellent organiste, qui lui fit faire
de rapides progrès dans l'art de jouer de
l'orgue. Ses études terminées, il se disposait,.
I
520
SCIIULTESIUS — SCIIULTZE
en 1773, à retourner dans sa famille, lors-
qu'une proposition lui fut faite de la i)art des
protestants hollandais et allemands établis à
Livourne, pour y occuper la place de leur mi
nislre ecclésiastique : il l'accepta avec joie, et
partit pour l'Italie. Arrivé à Livourne, il s'y
lia d'amitié avec le maître de chapelle Checchi,
qui devint son maître de contrepoint, et lui
communiqua une instruction solide dans l'art
d'écrire. Quelques années après, Schultesius
eut l'honneur d^exécuter sur le piano quelques-
unes de ses compositions devant le grand-duc
et la grande-duchesse de Toscane qui, en té-
moignage de leur satisfaction, lui firent pré-
sent d'une helle montre à répétition. Dans sa
position indépendante, il pouvait se livrer en
liberté à l'étude de l'art, objet de son affec-
tion : il devint, après trente ans de travaux,
un des musiciens les plus profonds et les plus
érudits de son temps. L'Académie ilaliennedes
sciences, lettres et arts lui accorda la récom-
pense de ses travaux, en le nommant, en 1807,
membre de la quatrième classe. Il mourut à
Livourne en 1816, à l'âge de soixante-huit
ans. Cet amateur de mérite a fait imprimer
les ouvrages suivants de sa composition :
1» Trois sonates pour piano avec violon
obligé, op. 1 ; Livourne, 1780. 2» Quatre
idem, op. 2; Londres, Longmann et Broderip.
3° Deux quatuors pour piano, violon, alto et
violoncelle, op. 3; ibid.y 1785. 4» Variations,
sur un thème de Pleyel, pour piano et violon
obligé, op. 4. H*- Huit variations sur un an-
dantino pour piano, violon, alto et violoncelle
obligés, op. 5; Livourne, Carboncini. C" Alle-
gretto avec douze variations pour piano, vio-
lon et violoncalle obligés, op. 6; Augsbourg,
Gombart. 7° Variations sur un thème de
Pleyel, idem, op. 7; ibid. 8" Andantino
original, avec huit variations pour le piano,
op. 8; ibid. 9° Sept variations idem, op. 9;
ibid. 10" Huit variations sur un air russe pour
piano, op. 10; Livourne, Carboncini. ll^Douze
variations sur l'air de Malbrouk , pour
piano, violon, alto et violoncelle, op. 1 1 ; Flo-
rence, Nicolo Pagni. 12» Réconciliation entre
deux amis, thème original avec variations,
op. 12; Augsbourg, Gombart. SchuUesius a
laissé en manuscrit plusieurs autres ouvrages.
Une de ses meilleures productions est la dis-
sertation sur la mu$i(|ue d'église qu'il a fait
imprimer, sous ce litre : Memoria sopra la
mustca di chiesa; Livourne, Th. Masi, 1810,
in-4'' de vingt-cinq pages.
SCIilJLTllEISS (BenoIt), organiste à
l'église Sainl-Égide de Nuremberg, mort dans
cette ville, le 1" mars 1G93, est auteur d'un
recueil de pièces pour le clavecin, dont la
première partie a été publiée sous ce titre :
iVuth und Geistermtttern der Clavier • Lust ;
Nuremberg, 1679, in-4" obi. La deuxième par-
lie a paru dans la même ville, en 1680.
SCUULTirNG (Corbeille), savant ccclé-
siaslique, né à Steenwyck, petite ville de la
province d'Over-Yssel, vers 1540, mort le
23 avril 1604. Au nombre de ses ouvrages, on
trouve celui qui a pour titre : Bibliothcca ec-
clesiastica seu Commentar. sacr. de exposi-
tione et illustratione missalis et brevittrii;
Cologne, 1599, in-fol., quatre volumes. Schul-
ting y traite (t. I"") : 1 " De,canlorum psalta-
rttmque antiquilale et origine. 2"Z>e antiquo
cantu in ecclesid, deque psalmorum et hym-
noriim decantatione ; et t. IV : 1° Psalmodia
Lucx Lossii. 2" De enchiridio cantionum
Lutheri.
SCHULTZ (Jean-Henri), musicien in-
connu, auteur d'un traité de composition
(Unterrichi in der Composition) qui se trou-
vait, en 1740, vraisemblablement en manu-
scrit, dans la bibliothèque de Valenlin-Bar-
tholomé Hausmann (Fotjez ce nom), suivant
l'indication fournie par Mattheson (Griindl.
einer Ehrenpforte, p. 106).
SCHULTZ (N.), auteur de deux écrits qui
se trouvaient, en 1740, chez Ilaussmann, cité
dans l'article précédent; le premier avait pour
litre : Anweisung zum Clavier (Principes de
clavecin) ; le second : De intonatione soni cu-
jnslibet vocis (voyez Mattheson, Griindl.
einer Ehrenpforte, p. 107).
SCHULTZE (Jean), né à Lunebourg, dans
la seconde moitié du seizième siècle, fut orga-
niste du duc de Brunswick, à Danneberg. On
a imprimé de sa composition : 1» 40 Neue
ausserlesene schœne Intraden und Galliar-
den mit 4 Stimmen, etc. (Quarante belles et
nouvelles entrées et gaillardes, à (|ualrevoix,
avec des passamèses à huit voix en deux
chœurs); Hambourg, 1617, in-4". '2' Musika-
lischer Lustgarten aus allerhand Motetten
bestehend (Jardin de plaisance musical con-
sistant en motets de différents genres); Lune-
bourg, 1622.
SCHULTZE (Christophe), Cantor et com-
positeur, né à Sorau, vivait à Dœlilzsch, vers le
milieu du dix-septième siècle. Plusieurs recueils
de chants l'ont fait connaître ; ils ont pour
titre: 1" Collegium mttsicum delicii charita-
tivum, composé de ilix maximes spirituelles
à plusieurs voix avec basse continue, dans le
style des madrigaux, en l'honneur du collège
SCHULTZE — SCHULZ
521
{
musical <Ie Dœlilzsch, nouvellement insliliié;
Leipsick, 1C47, \\\-A". ?' Denarius musicus,
consistant en concerts à une, deux et trois voix
avec symphonies et basse continue; ibid.
•> Mélodies pour des choials, imprimées à
Leipsick, en 1059 et 1G68, in 8».
SCHULTZE (André-Heski), né à Bruns-
wick, le 4 février 1681, y apprit, sous la'di-
lection du cantov Bacli, les élémenls de la
miisi(iue et du chant. Plus lard, il se livra
particulièrement à l'étude du clavecin et de
ror{j;ue. Après avoir voyagé quelque temps en
Allemagne, il arriva à Hildesheim, y fréquenta
le gymnase, et fut ensuite nommé organiste
de l'église Saint-Lambert. Un mal de jambe,
<|ui rendit l'amputation nécessaire, le condui-
sit au tombeau, le 12octobre 1742. Cet artiste
estimable a laissé en manuscrit six concertos
pour clavecin seul, datés de Hildesheim, en
J7Ô0.
SCHULTZE (Jean-Nicoias-Gcillaume) ,
étudiant en philosophie et en théologie, né à
Rostock, d'une famille noble, dans les pre-
mières années du dix-huitième siècle, y sou-
tint, en 1728, une thèse qui a été publiée sous
ce titre : De ttsu musices in ecclesia chris-
tiana; Roslochti, tyjiis Nicolai Schwiege-
rovii^ in-A" de cent trente-trois pages. Ce sa-
vant écrit, plus remarquable par l'érudition
<|ue par la nouveauté des aperçus, est divisé en
trois sections : la première traite de la mu-
sique en général, considérée comme art et
comme science; la seconde, de la musique
<i'après l'Ancien Testament; la dernière, de
la musi(iue suivant le Nouveau Testament.
SCHULTZE (CnRÉTiEN-ArcusTE), né le
10 avril 1759, à Klingenthal, en Saxe, était
lils du pasteur de ce lieu. Dès son enfance, il
apprit les principes de la musique, du violon
et du clavecin. A l'âge de douze ans, il entra
au collège Saint-Laurent, à Nuremberg, et y
continua pendant sept années ses études litté-
raires et musicales. Quelques essais de compo-
sition qu'il soumit alors au maître de chapelle
Gruber lui procurèrent les conseils de cet
homme de mérite. En 1779, il alla suivre les
cours de théologie à l'université d'Altdorfr, et
employa quatre années à cette étude. De re-
tour à Nuremberg, avec le litre de candidat
théologien, il accepta, en 1783, une place de
percepteur chez un banquier de cette ville. Les
loisirs que lui laissaient ses fonctions étaient
employés à la composition. En 1798, il se pré-
senta au concours pour la place de maître de
chapelle à Nuremberg, mais il ne put l'obte-
nir. Schullze vivait encore à Nuremberg en
1811. On a gravé de sa composition : 1° Douze
variations pour le piano sur l'.iir allemand :
Nach so vi^el Leiden; Leipsick, Ilofmeister.
2» Cinq polonaises et deux valses pour le
piano; ibid. 3" Douze contredanses pour l'or-
cheslre; Spire, Bossler. Il a écrit aussi quel-
ques articles sur l'harmonica qui ont élé in-
sérés dans la Gazette musicale de Spire. Il a
laissé en manuscrit beaucoup de drames, can-
tates, oratorios et chœurs, composés pour di-
verses solennités, parmi lesifuels on remarque
une grande cantate religieuse pour la dédicace
séculaire de l'église de Klingenthal, exécutée
sous sa direction, le 31 octobre 1801.
SCHULTZE (O.-K.-F.-W.), professeur
de musique à Prenzlow, dans le Brandebourg,
n'est connu que par un traité élémentaire de
musique vocale intitulé : Theoretische-prak-
tisclte Gesangscinde mit 30 den Cesangre-
geln entsprechenden Canons, besonders fiir
Gymnasien und Biirgerschulen (Méthode
théorique et pratique de chant, avec trente ca-
nons sur les règles du solfège, etc.); Berlin,
Bechtold, 1831, in-4''. Schullze a publié aussi
une méthode de piano intitulée : Darstellung
einer leichlen Méthode des piano-forte;VreBz-
low, 1839, in-S".
SCHULZ. Foyez PR^TORIUS (Go-
DESCALC).
SCHULZ. Foyez PRyETORIUS (Jé-
rôme).
SCHULZ. Foyez PR^TORIUS (Jac-
ques).
SCHULZ ou SCHULTZ. Foyez VHJE-
TORIUS (Michel).
SCHULZ (Jean-Abraham-Pierre) , né à
Lunebourg, le 30 mars 1747, était fils d'un
boulanger qui le destinait à l'état ecclésiasti-
que; maisson goût invincible pour la musique
le fit se dévouer tout entier à cet art. A l'âge
de dix ans, il entra au collège Saint-Michel,
qu'il quitta deux ans après pour entrer à celui
de Saint-Jean. Admis au chœur de cette école,
il fit de rapides progrès dans l'étude de la mu-
sique, puis reçut des leçons de clavecin de
SchmUgel ^ organiste distingué. Celui-ci lui
parlait souvent de l'excellente musique qu'on
entendait à Berlin, et du mérite de Kirnber-
ger, et le jeune Schulz s'enlhousiasmait à
l'idëe de recevoir des leçons de ce savant
homme et d'entendre les chefs-d'œuvre des
grands maîtres exécutés par les artistes célè-
bres réunis dans la capitale de la Prusse.
Contre le vœu de sa famille, et sans ressources,
il se mit en route à l'âge de quinze ans, arriva
à Berlin en 1762, et se rendit immcdiatcmenl
522
SCHULZ
chez Kirnhergcr, qui, bien ([ue d'un caraclère
peu bienveiilanl, rncciieillil, lui promit son
appui, et le fit entrer au gymnase et an
choeur de chant. Naturellement doué du senti-
ment de la mélodie, Schnlz eut qunl(|ue peine
à se familiariser avec renseignement sec et
pédantesque de Kirnherger. Ses progrès dans
ses éludes, la lucidité de son esprit, et son style
clair et facile devinrent plus lard d'un giand
secours à son maître, dont le profond savoir so
manifestait avec clarté dans la prali(iue de
l'art, mais qui manqtiail d'ordre dans l'expo-
sition <le sa doctrine. En 1708, Schulz trouva
une heureuse occasion ()0ur visilei- la France,
l'Italie et l'Allemagne avec la i)rincesse polo-
naise Sapieha. Ce voyage, dont la durée fut de
cinq ans, forma son goût et son esprit. De re-
tour à Berlin, en 1773, Scliulz trouva Kirnher-
ger et Snlzer occupés à écrire le deuxième vo-
lume «le la Théorie générale des beaux-arts:
tous deux virent en lui un homme fort utile
pour ce travail, et lui abandonnèrent l'élabo-
ration de lous les articles concernant la mu-
sique, (lei>uis Sjusqu'àZ. Cet ouvrage terminé,
Schulz se chargea de la rédaction du Traité
de composition pure de Rirnberger : c'est
cette rédaction qui a été publiée sous le nom
du mailre. En 1776, l'organisalion de l'or-
chestre du théâtre français de Berlin ayant
été complétée, sa direction fut confiée à
Schulz; mais ce théâtre ayant été supprimé en
1780, il entra chez le prince Henri de Prusse,
au château de Reinsberg, en qualité de maître
de chapelle. Celle époque est celle de la publi-
cation de ses meilleurs ouvrages. En 1787,1a
place de maître de chapelle de la cour de Co-
penhague lui fut offerte ; il l'accepta, et
exerça dans ses fonctions une heureuse in-
fluence sur les progrès de la musique en Dane-
mark. En 1791, il fonda, avec l'approbation
du roi, une caisse pour les veuves des musi-
ciens de la chapelle royale, et donna, au bé-
néfice de cette caisse, des concerts dont les
produits furent considérables. Sa santé, qui
avait déjà reçu de graves atteintes, fut parti-
culièrement ébranlée par ses efforts pour
sauver une partie de la bibliothèque musicale,
dans l'incendie du palais du roi. Une maladie
nerveuse, accompagnée de vertiges et de cra-
chements de sang, lui avait rendu nécessaires
le repos et un climat plus doux ; il demanda
sa retraite, mais le roi ne voulut accepter sa
démission qu'après que les médecins eurent
déclaré sa vie en danger. Deux tiers de son
traitement lui furent laissés comme pension
viagère. Au mois de mai 1795, Schulz partit
avec sa famille pour Ricl, et fit le trajet pat-
mer. L'amélioration que ce petit voyage avait
produite dans sa santé lui fit conseiller par les
médecins de se rendre en Portugal. Apiès
avoir passé quel<|ues mois à Eulin, chez son
ami, le poète Voss, puis à Alloua, Hambourg
et Lunebourg, il s'embarqua le 30 seplembrc
ponr Lisbonne; mais une tempête rejeta le
bâtiment sur les côles du Nord, et fil prendre
à Scliulz la résolution de ne point quitter l'Al-
lemagne. Au commencement de 1796, il se
retrouva de nouveau à Berlin. Il y vécut en-
viron une année; puis il alla à Reinsberg où
il perdit sa femme d'une maladie de poitrine.
Le chagrin que lui causa cet événement aug-
menta ses propres maux; il s'éteignit insensi-
blement, et mourut à Schwedt, le lOjuin 1800,
à l'âge de cinquante-trois ans.
On remarque, parmi les principales compo-
sitions de cet artiste distingué : 1» La Fée
Urgèle, opéra-comique français, composé en
1782, pour le théâtre de Reinshergj puis re-
présenté au Théâtre-National de Berlin, en
1789, et à Copenhague, en 1792, avec une
traduction danoise. 2» Clarisse, ou la Domes-
tique inconnue, idem, 1783. 3° Chœurs et
enlr'acles de V^thalie de Racine, 178o ; Lei|)-
sick, Breitkopf elHaerlel, en partition. 4» J/î-
nora, mélodrame en qualreacles; Hambourg,
1786. 5" Le Barbier de SéviUe,o\win-com\(\\\Q
français, à Reinsberg, 1786.6" Goelz de Ber-
lichingen, drame. 7" jiline, reine de Gol-
conde, opéra en trois actes, à Copenhague, en
1789, publié en partition réduite pour le piano,
en français et en allemand, à Leipsick, chez
Breitkopf et Hserlel. 8» Jean et Narie, ora-
torio, à Copenhague, 1789. 9° Hœstgildcl
(la Fêle de la moisson), opéra en un acte, à
Copenhague, 1790. 10" 'Ze Sacrifice des
Nymphes, prologue danois, à Copenhague,
1781. 11° Cantate de la Passion, en partition
pour le piano; Alloua et Kiel, Kaven. 12» La
Mort du Christ, oratorio en langue danoise,
à Copenhague, en 1792. 13" Hymne à Dieu,
traduit en allemand sur le texlc danois, par
Voss, et publié en partition réduite pour le
piano, à Copenhague, 1793. 14" Chansons al-
lemandes, avec accompagnement de clavecin ;
Berlin, 1779. la" Chansons populaires avec
accompagnement de clavecin; ibid". , 1782.
Une deuxième édition de ces deux recueils a
été publiée à Berlin, en 1783, avec des aug-
mentations et des correclions. 10°Canzoneltes
italiennes; Berlin, 1782. '17" Poésies lyriques
'sur des sujets religieux, par Uz, mises en mii-
siiiuc à voix seule avec piano; Hambourg,
SCHULZ
Ô23
1784. 18" Odes et canliques spirituels des
meilleurs auteurs allemands, ibid. ; idem,
1786. 19" Chansons populaires, troisième re-
cueil; Berlin, 1790. 20» Six pièces pour le
clavecin; Berlin, 1779. 21" Sonate pour le cla-
Tecin seul,op. 2; ibid., 1782. 22" Amusement
musical i)our le piano; ibid., 1792. 25" Badi-
na}<e musical, ù/em; ihid. 24° Aérostat mu-
sical, trfem; ibid. 25" Sonate pour piano et
violon ; Beilin, Rellslal). Gerber attribuée
Scluilzle livre intitulé : Die wahren Grund-
sxlze zum Gebrauch der Harmonie {hes vrais
l)rincipes concernant l'usage de l'harmonie),
connu sous le nom de Kirnberger; j'ignore si
relève de ce maître a eu d'autre part à la ré-
daction de cet ouvrage que celle du style. Les
écrits dont les titres suivent lui appartiennent
en propre : 1" Enhcurf einer neuen und
leicht versts-ndlichen Iflusiklabulatur, deren
man sich in Ermangelung der Notentypen,
in kritischen und theoretischen Schriftcn be-
dienen hann, etc. (Esquisse d'une nouvelle ta-
blature de la musique, intelligible et fa-
cile, etc.); Berlin, 178G, in-8° de quatre-
vingt-seize pages. Le projet de Scbullz avait
pour objet de rendre facile l'impression des
exemples de musique dans les ouvrages de
théorie ou de criti(|ue musicale. Il est revenu
sur ce sujet dans un article du iflafjrisin mu-
sical de Cramer (février, 1788), intitulé: Fer-
besserter Enlwurf einer jtlusiklabulatur,
zian Gebrauch in musikulischen Schriflen,
und zur Befœrderung der Bekauntma-
chung volststxndiger Partituren ( Essai
amélioré d'une tablature de la muslcjuc, pour
l'usage des écrits musicaux, etc.). Schulz a
aussi donné un exemple de l'emploi de ses
signes de notation dans les partitions par son
oratorio de /ean et Marie, publié à Copen-
hague, en 1791. 2" Gedanken iiber den Ein-
fliiss der Musik au f die Bildung eines Folks,
und iiber deren Einfiihrung in den Schulen
der kœnigl. dauischen Staaten (Idées con-
cernant l'influence de la musique dans l'édu-
cation d'un peuple, etc.); Copenhagen, 1790,
in-8" de soixante-quatre pages, ô" Deux arti-
cles en réponse à une comparaison faite par
Dittersdorf, dans \e Dictionnaire des beaux-
arts de Sulzer, entre un passage du Stabat
mater de Pergolèse et un air de Graun (Ga-
zette musicale de Leipsick, t. II, p. 257 et
273). _
SCHULZ (L.-J.), professeur de clavecin à
Amsterdam, dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle, y a fait graver, vers 1780, Six
quatuors pour clavecin^ flûte, violon et
basse, op. 1. On trouve aussi quelques baga-
telles de cet artiste dans la Correspondance
musicale de Spire [Musikal. liealzeitung,
1791, Notenblatter).
SCHULZ (....), conseiller du roi de
Prusse, dans les premières années du dix-neu-
vième siècle, a publié, sous le voile de l'ano-
nyme, une dissertation sur le traité de mu-
sique de Philodème, trouvé dans les papyrus
d'IIerculanum, intitulée : Auspicia,voci pro-
tectoratus Acad. Jenensis, 1795. Propos, in
Philodemi TOpl lioujtx-fjî, /t6. IF, animad-
vers. ; Jéna, 1795, in-4" de huit feuilles.
SCHULZ (Jeaw-Philippe-Chbktiem), com-
positeur, naquit à Langensalza, dans la Thu-
ringe, le 1" septembre 1773, et fut envoyé S
Leipsick dès l'âge de dix ans, pour y faire ses
études à l'école de Saint-Thomas. Sorti de ce
collège, il voulut suivre les cours de théologie
de l'université; mais ayant changé de résolu-
lion, il se destina à la carrière de musicien,
et se livra à l'étude sérieuse de l'art, d'abord
sous la direction d'Epgler, organiste du châ-
teau, puis soqs celle de Schicht. En 1800, il
commença à écrire pour la troupe dramatique
de Seconda des ouvertures, chœurs, marches,
airs de danse, etc., et dirigea chaque année
l'orchestce du théâtre, pendant le séjour de
celte troupe à Leipsick. En 1810, il fut nommé
directeur de musi(|ue des concerts hebdoma-
daires. Il est mort dans cette position, le
30 janvier 1827, à l'âge de cinquante-trois
•ans. On a imprimé de sa composition : 1" Ou-
verture de Faust, à grand orchestre ; Leipsick,
llofmeister. 2» Idem, de la Pucelle d'Or-
léans; Leipsick, Peters. 3» Huit pièces d'har-
monie pour diverses comédies favorites à six
et sept parties ; ibid. 4" Six marches théâtrales
pour piano à quatre mains; Leipsick, Breit-.
kopf et Haertel.5" Airs de danse de Faust pour
piano; Leipsick, Hofmeister. 6° Domine Sal-
vttm fac regem, à quatre voix et instruments
à vent, en partition; Leipsick, Breitkopf et
Haertel. 8° Douze chansons à quatre voix,
op. 14; Leipsick, Hofmeister. 9» Huit chan-
sons à quatre voix, avec accompagnement de
piano; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.lO'Chan-
sons à voix seule avec accompagnement de
piano, op. 5, 6, 11 et 13; Leipsick, Breitkopf,
Peters, Hofmeister. 11» Six canzonettes ita-
liennes et allemandes; Leipsick, Breitkopf et
Haertel. Les autres compositions de Schulz
sont restées en manuscrit.
SCHULZ (Charles), professeur au sémi-
naire de Kloster-Neuenzelle, et en dernier
lieu co-recteur au gymnase de Ftlrstenwalde,
554
SCIll'LZ
«lans le Bramleboiiip;, s'esl fait connaîlre
.ivanlageuscmt'nt par nu trailé (^lémenlairede
miisi<nie inliliilé : Leilfadenbei den Gesang-
lehre nach der Elemenlar-methode, elc.
{Giiide dans Part du chant, d'après la méthode
élémentaire, elc); ZUliichau, Darnemann,
1812, in-8" de trente-six pages. La deuxième
édition de ce petit ouvrage a été publiée dans
la même ville, en 1815, et la troisième, en
1823. On a aussi du même professeur un livre
de chant à l'usage des écoles {Schulgesang-
buch), publié comme supplément à l'ouvrage
précédent; Zullichau, Darnemann, 181G,
iu-8°. La deuxième édition de cet ouvrage a
élé publiée dans la même ville, en 1819, gr.
•in-8°.
SCIIULZ (Jean-Frédékic), excellent fac-
teur d'orgues, à Mtllhausen,dans la Thuringe.
est né à Milbitz, le 27 janvier 1795. Fils de
Jean-André SchUlz, facteur d'orgues distin-
gué, qui, dans l'espace de vingt années, avait
construit ceux de BUchenloh, Blankenhayn,
Kleinhetstadt, Alllemda, Milbilz, Stadtilm,
Rittersdorf, Hengelbach, Kahia, Quitelsdorf,
Auleben, Hassleben, Geilsdorf et Ilochdorf, il
prit, dans l'atelier de son père, le goût de la
facture des instruments. Après la mort de
celui-ci, Schulz alla travailler comme apprenti
chez le facteur d'orgues "Wilzmann, à Stadt-
ilm. En cette qualité , il acheva le nouvel
orgue de Trœgsdorf, que la mort avait empêché
son maître de finir. Le premier instrument
qu'il construisit seul fut celui de Horba, près
de Milbitz. Déjà connu avantageusement, en
1819, par les réparations d'instruments qu'il
avait faites, il avait obtenu l'approbation des
deux hommes les plus capables de bien appré-
cier son mérite, savoir, le professeur Tœpfer
de Weimar, et l'organiste Wolfram. Dès 1820,
commença pour lui une époque plus brillante,
car il fut chargé de la réparation totale du
grand orgue à trois claviers et quarante-deux
jeux de Sainte-Marie, à Mulhausen, et de la
construction de celui de Saint-Biaise de la
même ville, aussi à trois claviers et trente-six
jeux. Les éloges les plus honorables furent
donnés à ces beaux ouvrages. En 1826, Schulz
transféra son atelier à Paulinzelle; sept ans
après il s'établit à Mulhausen. Le nombre
d'instruments construits par lui depuis 1824
est considérable : tous se font remarquer par
la puissance de leurs sons, l'excellente qualité
des jeux, particulièrement de gambe et de sali-
cional,et parla bonne exécution du mécanisme.
Schulz est un des premiers facteurs de l'Alle-
magne qui ont fait usage de l'invention des
sommiers obliques. La bouté de ses ouvrages
et la précision des principes qui dirigent cet
artiste dans ses travaux lui ont acquis l'estime
de plusieurs savants organistes de l'Alle-
magne, particulièrement de Toepfer, à qui la
facture des orgues est si redevable.
SCIItILZ (Aucuste-Wilhelm), musicien
de la chambre du roi de Prusse et violoniste de
l'Opéra de Berlin, né dans cette ville, était fils
d'un danseur du théâtre royal. Il quitta sa
place de la chapelle en 1822 et se rendit à
Pélersbourg, où il entra au service de l'empe-
reur de Russie. Il est mort dans cette position,
en 1823. Il y a publié un recueil de danses pour
les bals, à Leipsick, chez Breitkopf et llasrtel,
des variations [)our violon sur l'air allenund,
Tin Kreise froher, kluger Zeeher, et sur la
chanson, Gcstern Abend war, à Berlin, chez
Concha.
SCHULZ (CnAiiLEs), fils du précédent, né
à Berlin vers 1796, eut pour maître de flûte
A. Schrœck, et devint un artiste distingué sur
cet instrument. Il n'était âgé que de treize
ans lorsqu'il fut admis à l'orchestre du théâtre
national ; puis il obtint le titre de musicien de
lachambreen 1809. Il estmortà Berlin, danssa
vingtième année, le 18juinl 81 6. Scliulz a publié
quelques compositions pour son instrument.
SCIIULZ (Adolphe), musicien de la
chambre du roi de Prusse et alto de l'orchestre
de l'Opéra de Berlin, est né dans cette ville,
le 7 juillet 1817. G. Bœhmer, musicien de la
chambre, lui enseigna le violon et la compo-
sition, et il reçut des leçons de piano de Neit-
hardt. Pendant quelques années, il fut aussi
élève de l'Académie royale des beaux-arts de
Berlin et s'y fit remarquer, le 10 juin 1836, par
l'exécution d'un concerto de piano de sa com-
position. En 1846, il fut nommé membre de
la chapelle royale. Il a composé l'ouverture
et les chœurs de l'ffippolyte d'Euripide,
traduit en allemand par Fritze, et qui fut re-
présenté, le 28 avril 1831, au théâtre dé Ber-
lin. On connaît aussi de lui une symphonie à
grand orchestre, laquelle fut exécutée par
l'orchestre de la chapelle royale, en 1839,
1841 et 1842, une ouverture tdem, exécutée en
1840, et des sonates faciles |)our le piano,
op. 1 et 2; Berlin, Schlesinger, 1832.
SCHULZ (F. -A.), professeur de musique
à "WolfenbUtlel, y vivait en 1830 et s'y trou-
vait encore en 1840. Il s'est fait connaître par
des Lieder à voix seule, avec accompagnement
de piano, en recueils ou séparés, et par des
chants pour les écoles, depuis une jusqu'à
quatre voix.
SCIIULZ — SCHUMANN
325
SCIIULZ (FEnDisAND), chanteur du Uom
et professeur de musiqfie à Berlin, est né le
21 octobre 1821, à Cossar, près de Crossen, où
son père était Canlor et organiste. Ce fut sous
sa direction que Ferdinand Schulz comiijenca
l'étude de la musique. Plus tard, il fréquenta
le gymnase de Zullicliau, où il reçut des leçons
de cet art de Maurice Rœhler et du directeur
de musique Gœbler. En 1841, il se rendit à
Berlin, y continua l'élude de la théorie mu-
sicale près du professeur Grell, tandis que Kil-
litschgy lui enseignait le piano et qu'il recevait
des leçons d'orgue de W. Bach. Schulz fui
ensuite dirigé par le professeur Dehn dans la
connaissance des anciennes notations de la
musique et de leur traduction en notation
moderne. En 1843, il entra dans le chœur du
Dom, et en 1856, il devint directeur de la so-
ciété de chant connue sous le nom de Cxcilia;
enfin, en 1858, il eut la direction du chœur de
la paroisse Saint-Marc. Parmi les compositions
de cet artiste, on remarque : 1» Quatre motels
pour quatre voix de femmes, op. 25; Ham-
bourg, Bœhme, 1853. 2"> Liturgie pour quatre
voix d'hommes, en partition, op. 3G; Berlin,
Trautwein (Bahn). 3» Psaume 68 à deux
chœurs, composé pour le Domchor, op. 39 j
Berlin, Bock, 1850. 4" Adoramus te Chrisle,
à (juatre voix, op. 45; Hambourg, Schuberlh.
5» Motet pour ((uatre voix d'hommes, o\). 48;
ibid., 1858. 6» Lieder et chants en recueils
et détachés pour difTérentcs voix avec piano.
7" Plusieurs rondeaux pour le piano. 8° Pots-
pourris idem. 9° Caprices idem. 10» Un grand
nombre de valses, polkas et autres dansestdem.
SCIIUMAI>i]>l (Jean), né dans la seconde
moitié du seizième siècle, fut Cantor à Halle
(Saxe). Il est auteur d'un petit traité de mu-
sique en allemand qui est imprimé à la suite
de la traduction allemande du traité élémen-
taire de Henri Faber, par Melchior Vulpius,
laquelle est intitulée : Musicx compendium
latino-germanicum M. Henrici Fabri per
Melchiorem Fulpium, Finarensium Can-
torem. Adjecta est m fine Compendium
nnisices, germanice Jo. Schumanni ; Halx,
1620, in-8».
SCHUMAISN ( Louis - Antoine - Pierre ) ,
musicien de la chambre ducale et organiste à
Hildburgbausen, naquit dans cette ville, le
20 mai 1740. L'organiste Meisch fut son maître
de composition. Schumann est auteur des ou-
vrages suivants, qui n'ont pas été publiés :
1° Oratorio de la Passion, en deux parties.
2» L'Agneau de Dieu, oratorio en sept mor-
ceaux, pour le carême.
SCIIUilïANIV (Robert), compositeur et
critique, est né le 8 juin 1810, à Zwickau, en
Saxe. Le plus jeune de cinq enfants d'un li-
braire de cette ville, il n'était pas destiné à la
culture de la musique, et rien, dans ses pre-
mières années, n'indi(|ua qu'il fût doué de
l'instinct de cet art (1). Dans son enfance, son
intelligence ne s'élevait pas au-dessus du vul-
gaire, et dans ses premières' éludes, à l'école
oii il avait été placé, il ne se fit pas distinguer
de ses condisciples les plus ordinaires. Jouer
au soldat était son plaisir le plus vif. Les
choses restèrent en cet état jusqu'à ce qu'il eût
atteint sa dixième année. Suivant l'usage des
écoles de l'Allemagne du Nord, il avait appris
les éléments de la musique à celle qu'il fré-
quentait : son père lui avait donné aussi un
maître de piano, nommé Kuntzsch; les leçons
de cet homme n'étaient pas propres à donner
à son élève le goût de l'instrument; en les re-
cevant, Schumann se soumettait à la volonté
de son père, mais sans y prendre d'intérêt
lui-môme. Une circonstance fortuite le trans-
forma tout à coup à cet égard. On l'avait con-
duit aux eaux de Carlsbad dans l'été de 1819,
à cause d'un dérangement de sa santé; Mos-
chelôs y donnait alors des concerts ; l'impres-
sion produite sur cet enfant par le célèbre ar-
tiste fut si vive et si profonde, que, dès ce mo-
ment, Robert se livra avec ardeur à l'étude du
piano. Bientôt après, il organisa chez son père
des séances musicales, où l'on exécutait des
chœurs accompagnés par un petit orchestre. Il
ignorait alors les éléments de la science de
l'harmonie; néanmoins il s'essayait dans de
petites compositions. C'est ainsi qu'à l'âge de
treize ans il arrangea en chœur avec orchestre
le chant choral du 150« psaume. Vers la même
épo(|ue, il se fit entendre en public à Zwickau,
dans un morceau de piano. Les remarquables
progrès du Jeune Schumann dans la musique
déterminèrent son père à lui faire suivre la
carrière d'artiste : il écrivit à Charles-Marie
de Weber pour le prier d'admettre Robert
dans sa maison et de le diriger dans ses éludes
de l'art. Les obstacles qui s'opposèrent à la
réalisation de ce projet ne sont pas connus.
Schumann continua donc de résidera Zwickau
et y reçut l'éducation ordinaire des collèges,
tout en se livrant avec ardeur à ses éludes
musicales, pour lesquelles il n'avait malheu-
(I) Des renseignements fournis par certains journaux
allemands m'ont fait dire le contraire dans la première
édition de la Biographie unioerselle des nmsiciens La
grande Giographie de Itobert Schumann, par AVasic-
Icwski (Dresde, 18b8), m"a éclairé à cet égard.
5îG
SCHUMÂNN
reusement pas d'autre direclion <iiie celle de
son instinct. A celte époque, il prit aussi un
goût passionné pour la littérature et la poésie :
Byron et Jean-Paul (Richter) étaient ses au-
teurs favoris. Les biographes allemands re-
marquent que ce dernier auteur exerça sur son
caractère uue influence qui ne peut être mé-
connue.Le cœuret l'imaginationdeSchumann
furent vivement impressionnés par la lecture
des poëmes ffesperus et Titan. Ce fut aussi
Jean-Paul qui lui inspira l'excès de sentimen-
talité maladive à laquelle il fut toujours en
proie, et certain mépris de la forme, dont il
ne put triompher plus tard, en dépit de ses
efforts.
Dépourvue d'incidents, la monotone exis-
tence de Schumann à Zwickau ne fut troublée
que par la mort de son père, au mois d'août
1826. Son biographe Wasielewski mentionne
aussi un premier amour fugitifdontilfut épris
à l'âge de dix-sept ans. Sa mère, d'accord avec
son tuteur, avait exigé qu'il abandonnât l'élude
de la musique pour celle du droit, et qu'il se
fit inscrire à l'université de Leipsick comme
studiosus juris. Il s'y rendit à Pâques 1828;
toutefois il s'y occupa fort peu des |)andectes,
préférant les cours de philosophie, plus ana-
logues à la nature de son esprit rêveur, et se
livrant surtout à l'étude du piano, soiis la di-
rection de Wieck. On ignore la cause qui dé-
termina Schumann à quitter l'université de
Leipsick, au printemps de 1829, pour aller à
celle de Heidelberg; mais on sait que cette
année fut entièrement perdue pour ses éludes,
car, entraîné par l'exemple de quelques étu-
diants paresseux, qui se rencontrent fréquem-
ment dans les universités d'Allemagne, il y
mena leur joyeuse vie. Pendant les vacances
de l'été, il visita la Haute-Italie, particulière-
ment le lac Majeur et le lac de Garda, dont il
rapporta des impressions poétiques. Au retour
<le ce voyage et pendant l'hiver suivant, il
rompit avec ses habitudes de dissipation et fit
beaucoup de musique dans les sociétés d'ama-
teurs. Cependant le temps s'écoulait et Schu-
mann n'avait pas encore fait connaissance
avec le droit, pour lequel il fréquentait les
universités depuis trois ans. Il était devenu
nécessaire de prendre une décision définitive :
dans une lettre datée du 30 juillet 1830, Ro-
bert s'ouvrit enfin entièrement à sa mère, la
suppliant de ne plus mettre obslacie à son pen-
cTianl pour la musique, et la priant de prendre
l'avis de Frédéric Wieck, dont il avait déjà
reçu des leçons. Cet avis fut favorable, et la
mère de Schumann céda à sa prière. Au com-
mencement d'octobre de la même année, il re-
tourna à Leipsick, décidé ùi se livrer à de sé-
rieuses études techniques de l'art; éludes qu'il
n'avait qu'ébauchées jusqu'alors. Pour être
incessamment sous les yeux de son maître, il
entra dans la maison de Wieck et devint son
pensionnaire. Son but était d'acquérir une
grande habileté sur le piano ; pour y parvenir,
il imagina un système d'exercice dont il fit un
grand secret à ses amis les plus intimes, et qui
consistait à attacher le troisième doigt de la
main droite par une corde fixée solidement à un
point quelconque, elàexercer les (juatre autres
doigts : le résultat fut que ce troisième doigt,
atteint de paralysie, devint hors de service, et
bientôt la paralysie s'étendit à toute la main.
Cet accident obligea Schumann à renoncer à
la carrière de virtuose qu'il s'était proposé de
suivre et ne laissa que l'esi»oir d'élablir sa re-
nommée parla composition. Ce fut alors seule-
ment qu'il se livra à l'étude de l'harmonie etdu
contrepoint, sous la direction de Dorn, à cette
; époque chef d'orchestre du théâtre de Leip-
sick. Déjà il avait fait quelques essais de com-
position, sans autre guide que son instinct;
c'est ainsi qu'il avait publié, au mois de no-
vembre 1831, des variations pour piano,
comme œuvre 1" ,. sous le pseudonyme
d'Jbegg. En 1832, il avait écrit une première
symplionie qu'il fit exécuter à Zwickau, mais
qui n'a pas été livrée à l'impression. Après
celte tentative, qui ne parait pas l'avoir salis-
fait, il revint au piano. Dans les quatre années
suivantes (1833-1857), il fit paraître divers
ouvrages pour cet instrument, parmi lesquels
on remarque les sonates en fa dièse mineur,
op. 11, et en sol mineur, op. 22, la fantaisie
en ut majeur, op. 17, et les études sympho-
niques, op. 13.
En 1831, Schumann, âgé seulement de vingt
et un ans, s'était essayé comme critique par
une analyse élogieuse et passionnée des varia-
tions de Chopin (œuvre 2) sur le thème, La ci
darem la mano, qui parut dans la Gazette
générale de musique de Leipsick. Tout rempli
des idées de Jean-Paul sur l'art, et persuadé,
comme beaucoup d'autres rêveurs, de la né-
cessité de lui ouvrir des voies nouvelles, il
avait en profond mépris les traditions des
vieux maîtres. Encouragé par quelques amis à
mettre au jour ses vagues aperçus sur ce sujet,
il prit la résolution de fonder, en opposition à
la Gazette générale de musique, un écrit pé-
riodique où serait exposée sa doctrine de la
réforme. Les premiers artistes qui se réunirent
à lui pour la réalisation de son projet furent
SCHUMANN
:>'n
Jnlos K'ioir, Louis Scliiiiick et Frédéric
Wieck, auxquels s'adjotî^niienl ensuile le
romposilcnr de Lieder Ch.iilcs Banck et son
poète C. Alexandre, Keferstein, Heinroth,
Charles-Ferdinand Bêcher, Mainzer, Nanm-
hurg, l'infortuné Alfred Becker, le peintre
Lyser (1), et d'antres, dont la courte vue
n'apercevait pas les résultais, devenus évidents
aujourd'hui, de ces aspirations impuissantes
d'innovation. Le premier numéro du journal
de Schiimann parut le 3 avril 1834, sous le
titre de Nette Zeilschrift fur jVusik (Nouvel
écrit périodiciue pour la musique), sous la
forme d'une demi-feuille in-4'', publiée deux
fois par semaine. Agé de vingt-quatre ans
lorsqu'il commença cette publication, Schu-
mann mettait alors la fantaisie libre et
l'affranchissement des traditions de la forme
au-dessus de toutes les antres qualités dans la
musique. Les œuvres de la troisième épo<iue
de Beethoven et celles de François Schubert,
uon-seulemcnt dans ses admirables chants
poétiques, mais même dans ses compositions
instrumentales, d'un ordre bien inférieur, lui
paraissaient être les types par excellence de la
musique de son temps. Les mêmes idées ont
été constamment reproduites et même exa-
gérées dans le TVeiie Zeilschrift fiir Jlusik,
soit par lui, soit par ses successeurs; elles y
régnent encore (1864). Jusqu'en 1844, Schii-
mann resta à la tête de la rédaction de ce
.journal, qui, pendant les premières années,
l'absorba presque tout entier. Devenu ainsi
chef d'une coterie, il exerça sur elle une puis-
sante influence par ses convictions autant que
par son talent littéraire. Il est curieux de lire,
dans une des biographies allemandes de cet
artiste, l'appréciation de cette influence et de la
valeur de ceux qui lui étaient o|)posés. « Cette
» critique (dit le biographe), qui n'avait ni la
« volonté ni le pouvoir d'élargir l'horizon de
» l'art, qui se tenait comme en faction depuis
» le commencement du dix-neuvième siècle,
» qui excommuniait Beethoven, le traitait
» comme un fou, et l'expulsait du monde artiste
» comme un révolté; qui, enfin, déclarait
« contrebande musicale tout ce qui ne [)ortait
« pas la marque de fabrique de l'ancienne
n école de Vienne, cette critique dut céder
« toutes ses positions l'une après l'autre, et
» s'en alla mourante (1).» Ces pauvres gens, qui
(1) Vojoz tous CCS noms.
(2) Jcnc maltherzigc, lebensniiide Kritik, die nocli
immer an dcr Schwellc des ncuntehnlcn Jahrliundcrts
Schildwaclie sland und wcder dcn willen nocli die
Fcchigkcit halle, ihrcn Kùnstlerischcn Ilorizont auszu-
s'imaginent avoiragrandi l'horizon de l'art, ne
voient pas qu'ils y ont fait un vide immense;
ils i)arlentde positions perdues et ne compren-
nent pas que cela n'est vrai que de celles
qu'ils ont voulu prendre. Tous les morceaux
de crilique publiés par Schumann dans soa
journal ont élé recueillis et publiés à Leip-
sick en 1854, sous ce titre : Gesammelte
Schriften iiber Musik und Musiker (Écrits
réunis sur la musique et les musiciens), quatre
volumes in-8".
Schumann passa à Vienne l'hiver de 1838-
1839 : il y publia quelques-uns de ses ou-
vrages. De retour à Leipsick, il y fut occupé
des soins de son mariage avec Clara Wieck,
qu'il avait connue et aimée dans In maison de
son père, pendant qu'il y était pensionnaire.
Frédéric Wieck était opposé à cette union : il
fallut avoir recours aux voies judiciaires pour
suppléer à son consentement, et le mariage
n'eut lieu que le 12 septembre 1840. Plus tard
il y eut une réconciliation entre Schumann,
sa femme et son beau-père, ainsi qu'on le voit
par plusieurs lettres. Huit enfants furent le
fruit de cette union ; sept vivent encore au
moment où cette notice est écrite. Les luttes
(|ue l'artiste avait eues à soutenir pour réaliser
ses plgs chères espérances^ et la certitude
d'être aimé, avaient exercé sur ses travaux une
influence dont il parle lui-même dans ce pas-
sage d'une lettre écrite à Dorn : « Il y a certai-
D neraent dans ma musique quelque chose des
» luttes que m'a coûtées Clara : le concerto
» (op. 14), les Danses de Z>aii»d(DavidshUnd-
» lertaenze), la Sonate (en sol mineur), les
» Kreisleriana (fantaisies) et les Novellctles
» (op. 21), ont tous pris leur source en elles. «
Au mois de janvier 1840, Schumann obtint le
doctorat de la faculté de philosophie de Jéna :
il avait désiré ardemment cet honneur qui de-
vait aider à sa réconciliation avec son beau-
père.
V^ers la hiême époque, il y eut un change-
ment considérable dans la direction de ses tra-
vaux. A l'exception de la symphonie composée
en 1832, et qui ne fut plus exécutée après
l'essai qui en avait été faitàZwickau, il n'avait
travaillé que pour le piano. Parmi les formes
qu'il affectionnait et pour lesquelles il avait du
talent, étaient les variations et les petites pièces
dolmen ; die Beethoven ais einon Yerriickten oder
Ablriinnigen aus der Kiinstlcrischen Gemcinschaft
exkommunizirtc und Ailes, was nicht dem Fabrik-
sicmpcl der allen Wicncr-Schule trug, fiirmusikalische
Contrebande erklocrle, sie musstc einc Position nach
dcr andern rœumcn und vcrstummic allniœlig ganr.
{National Zcilung, 1859, n" M).
52.S
SCHUMANN
caracliMisliqiics. Il s'était aussi, comme on
l'a vu précédemment, essayé dans les sonates ;
mais l'art de développer des idées principales
et de les combiner dans un ordre Icgiqiie,
lui était alors trop peu connu pour qu'il pût
réussir dans ce genre. Après son mariage, il
cessa de composer uniquement pour le piano
et se mit à écrire pour les voix et l'orchestre.
Dans la seule année 1840, il composa trente-
huit morceaux de chant, dont la plupart
étaient des Lieder. Le succès ne répondit
pas d'abord à son attente, car, à l'exception
d'un petit nombre de ces morceaux, que des
chanteurs en renom firent connaître, le reste
fut bientôt oublié. Les éludes <le Schumann
dans l'art d'écrire n'avaient eu ni la suite
ni la sévérité nécessaires pour qu'il pût se ha-
sarder avec succès dans de grandes composi-
tions; il le comprit alors et prit la résolution
d'acquérir les connaissances techniques qui
lui manquaient, étudia le contrepoint et se
livra à la lecture des partitions classiques,
particulièrement de celles de Mendelssohn,
parmi les modernes; travail rarement fruc-
tueux quand il n'est pas fait dans la première
jeunesse. Ces éludes n'interrompirent pas
toutefois ses travaux de composition, car, dans
la même année, il écrivit sa symphonie en si
bémol, l'ouverture, le scherzo, et le finale
pour l'orchestre^ op. 52. La symphonie en ré
mineur fut composée en 1841 ; mais Schumann
la refit plusieurs fois, et elle ne fut publiée
qu'en 1851. De 1842 à 1844, furent, produits
les trois ([ualuors pour instruments à archet,
op. 41, le quintette en mi bémol pour piano,
deux violons, alto et violoncelle, op. 44, le
quatuor en mi bémol, idem, op. 47; les va-
riations pour deux pianos, œuvre 46 ; enfin, la
Paradis et la Péri, poème pour voix solos,
chœur et orchestre, op. 59. En 1853, Schu-
mann fut nommé professeur de piano pour
l'accompagnement de la partition au Conser-
vatoire de musique fondé à Leipsick, par Men-
delssohn ; i)ersonne n'était moins apte que lui
à des fonctions de cette nature; il s'en dégoûta
bientôt et donna sa démission. Dans Tannée
suivante, voulant satisfaire au désir de sa
femme, il entreprit avec elle un voyage eu
Russie qui eut des résultats avantageux pour
tous deux. De retour à Leipsick, il prit des
arrangements pour quitter la rédaction du
JVeue Zeilschrift fiir Musik, et alla s'établir
à Dresde.
En 1833, Schumann avait été atteint d'une
maladie nerveuse, premier indice du dérange-
ment de SCS facultés; il en guérit, mais il en
resta des traces dans son imagination, par
exemple, la peur cpi'il éprouvait dans les habi-
tations élevées. En 1843, une souffrance per-
manente du cerveau, occasionnée par un travail
excessif, produisit une nouvelle crise nerveuse
dont l'artiste se rétablit avec peine. Deux
excursions qu'il fit à Vienne et à Berlin, dans
les années 1846 et 1847, firent une diversion
salutaire aux dispositions exallées auxquelles
il était en proie. En 1848, il acheva son opéra
de Geneviève, sur leiiucl il fondait de grandes
espérances qui ne furent pas réalisées, car
l'ouvrage n'obtint que trois représentations à
L^psick, et ne fut joué qu'une fois à Weimar.
Cet insuccès fut attribué à la faiblesse du livret
par les amis du compositeur, mais le carac-
tère delà musique n'y fut pas étranger; Schu-
mann, qui ne voulait pas du récitatif, parce
' qu'il est trop vieux, l'avait remplacé par une
sorte de chant mesuré et IcUiguissant auquel
il donnait le nom iVarioso, c'est-à-dire nir
sans forme. A peine eut-il achevé cet o|iéra,
qu'il commença la musique du Manfred de
Byron. A la même époque, il était devenu di-
recteur de la Liedertafel de Dresde et de la
Société chorale de la même ville. La plus
grande activité productive de Schumann eut
lieu en 1849; dans cette seule année, il écrivit
trente morceaux grands et petits, au nombre
desquels était la musique de Faust, commen-
cée en 1844, et qui fut exécutée à Leipsick, à
Dresde et à Weimar, pour la fête séculaire de
Gœlhe. L'ouverture de cet ouvrage fut écrite
plus tard, à Dusseldorf. Appelé dans cette ville
pour y occuper la place de directeur de mu-
sique, qui venait d'être abandonnée par Hil-
ler pour [une position plus avantageuse à Co-
logne, Schumann partit avec sa famille pour
s'y rendre, le 2 septembre 1850. Sa réputation
de critique et de compositeur l'avait fait choi-
sir pour ce poste honorable; mais il n'y montra
pas de talent dans ses fonctions de chef d'or-
chestre. D'ailleurs, les progrès de sa maladie
mentale le mettaient souvent dans l'impossi-
bilité de les remplir; après beaucoup d'hési-
tations, on se vit forcé de lui donner sa dé-^
mission, dans l'automne de 1833. L'altération
progressive de ses facultés se trahit dans ses
œuvres de celte époque; l'obscurité, le vague
s'y montrent partout, et il y a absence d'élé-
gance et de charme. Parmi les productions de
cette triste période de la vie de l'artiste, on re-
marque sa symphonieen mj bémol, connuesous
le nom de Symphonie rhénane, et qui lui fut
inspirée par la vuedc la cathédralede Cologne;
les ouvertures de Jules César, Hermann et
SCHU^rANN
529
Dorothée, la Fiancée de Messine, ses grandes
1).illades pour voix seule, chœur et orchestre,
telles que le Fils du roi, la Malédiction du
chanteur, le Bonheur de l'Eden, et d'autres,
dont la plupart ont été publiées comme œuvres
Iioslhnmes. Dans l'intérêt de sa gloire, il eut
été désirable que ces œuvres d'un talent dégé-
néré eussent été condamnées à Poubli.
Ce fut dans l'été de 1851 que la maladie
nerveuse de Schumann revint plus intense
<iue <ians les années 1833 et 1845, et que les
crises se succédèrent fréquemment. A ces
luaux si graves s'était ajoutée une affection de
l'ouïe. Sa parole était devenue hésitante, em-
barrassée, sa contenance affaissée. Son étal,
liabitnellemenl apathique après les crises ner-
Tcuses, lui faisait trouver tous les mouvements
trop rapides, lorsqu'il entendait de la musique.
En 1853, la folie des tables tournantes trouva
«n lui un partisan convaincu; les exi)ériences
<lM'il en fit semblèrent le ranimer. Sa femme
crut devoir saisir cette apparente amé-
lioration pour lui faire gortter la distraction
d'un voyage en Hollande, où tous <leux furent
accueillis avec un vif intérêt. Au retour de
celle excursion, la situation mentale de Schu-
mann devint de plus en plus inquiétante. Dans
les mois de janvier et de février 1854, ses hal-
lucinations arrivèrent à leur plus grande inten-
sité. Souvent il croyait entendre sans relâche
un son fixe qui, se combinant avec d'autres
plus fugitifs, formait des harmonies et des mo-
dulations; phénomène nerveux qui n'est i)as
sans exemple dans les affections produites par
le ramollissement du cerveau. Schumann pré-
tendait être aussi en relation avec des esprits
qui lui faisaient des révélations. Quelquefois
il se précipitait hors du lit, au milieu de la
nuit, pour écrire, disait-il, des thèmes de mé-
lodies (|ue les ombres de Schubert et de Men-
(lelssohn venaient de lui chanter. Une cata-
stro|)he amena la fin de cette existence
douloureuse. Le 7 février 1854, à minuit, il
<]uitla son salon, où se trouvaient deux amis,
et sans dire un mol, courut en robe de chambre
vers le Rhin, dans lequel il se précipita. Heu-
reusement son vêtement fit le ballon et le sou-
tint sur l'eau. Le bruit de sa chute attira l'at-
tention de deux bateliers qui regagnaient le
bord dans une nacelle ; ils le tirèrent du
fleu\e; mais lorsqu'ils le transportèrent à sa
' <iemeure, la démence était complète. Il fallut
le placer dans une maison de santé, à Eude-
nich, près de Bonn. Il n'y recouvra pas la
raison. Après y avoir langui pendant deux an-
nées, il expira le 29 juillet ISSCel fut inhumé
BIOGR. UNIV. DES MCSICIENS. — T, VU.
à Bonn, dans le cimetière de l'église située
près de la porte des Etoiles ; cinq platanes y
couvrent sa tombe de leur ombrage.
Le talent de Schumann a été apprécié de
manières très-diverses ; à l'exception de quel-
ques amis enthousiastes, il eut peu de parti-
sans, jusqu'à la mort de Mendeissobn. Dans un
voyage que je fis, en 1858, visitant une partie
de l'Allemagne, je n'entendis parler de lui que
comme d'un critique qui n'était pas approuvé.
Eu 1849 et 1850, je ne trouvai aucune sym-
pathie pour ses compositions; à Vienne, à
Prague, à Munich ni à Berlin. Un des biogra-
phes allemands de cet artiste s'exprime en
termes à peu près équivalents à ceux-ci : « Il
n fut artiste dans l'âme et l'art seul exista
» pour lui. Il composait, non par caprice ou
n l>ar besoin de gagner sa vie, mais parce que
» la musique était la langue dans laquelle
» seulement il pouvait cxpiimer ses senti-
» ments. C'est celte nécessité de confier à ses
» œuvres toutes ses impressions, de quelque
» genre qu'elles fussent, qui l'a privé de la
" clarté qu'exige l'art sérieux Schumann
0 était éminemment Allemand par l'idéa-
» lisme; on sent en lui l'influence de Beet-
» hoven ; elle se montre dans toutes ses
» œuvres, et même dans ses plus fugitives im-
» provisations. S'il faut blâmer l'exaltation qui
n l'emporte souvent en dehors des règles, on
>> ne peut méconnaître l'énergie ni les traits
» pleins de génie de ses tentatives (I).» Depuis
la mort de Schumann, l'opinion des artistes et
du public s'est transformée dans l'Allemagne
du nord, particulièrement à Hanovre, Bruns-
wick, Leipsick, Dresde, Hambourg, à l'égard
de ses œuvres; le nombre de ses admirateurs
augmente chaque jour, tandis que les parti-
sans de Mendelssohn diminuent dans la même
proportion. Le contraire se fait remarquer à
Paris, à Bruxelles et à Londres ; tous les essais
qui ont été faits pour y populariser sa musique
ont échoué, et les salles de concerts sont dé-
sertées lorsqu'on y fait entendre ses grandes
compositions. Je pense qu'il y a exagération
dans l'enthousiasme comme dans le dédain. Il
faut distinguer trois époques dans les produc-
tions de Schumann : la première s'étend de
1832 à 1840. Son instruction dans l'art d'écrire
la musique n'était alors qu'ébauchée; mais il
avait des idées et du sentiment. Tout cela était
contenu dans de petites proportions ; quand il
(I) Voyez Wniversal Lexikon der Tonkunst <le
M. E. Bernsdorr, t. III, p. 53S. J'ai abrégé ce passage
dans la traduction, mais j'ai conserve scrupuleusement
le sens de l'original.
530
SCHUMANN
voulait entrer dans des développemcnls plus
étendus, comme dans ses premières sonates,
il échouait, parce que la forme logi(iue lui
manquait; mais dans sesmferme::i(œuvre4),
dans ses Fantasiesliicke {œuvre 12), dans ses
scènes d'enfants (Kinderscetien, œuvre 15),
dans ses Arabesques (op. 18), et dans ses pe-
tites nouvelles {lYovelletten, op. 21), il y a des
choses charmantes, naïves, senlimenlales, où
l'on ne peut méconnaître la personnalité de
l'artiste. La seconde époque s'étend de 1840 à
la fin de 1850. Alors Schumann vient de re-
faire son éducation de compositeur : il a étudié
le contrepoint, et a lu les partitions des maî-
tres modernes pour s'instruire dans l'art d'in-
strumenter; il s'efforce de donner du dévelop-
pement à sa pensée et de rentrer dans les
conditions de la forme, sinon classique, du
moins analogique. Ces études tardives ne
peuvent avoir les bons résultats qu'on en
espère, car elles imposent des conditions à
l'esprit habitué aux allures libres et à la fan-
taisie illimitée. C'est dans la première jeu-
nesse qu'il faut acquérir le savoir technique
du compositeur, afin que ses procédés devien-
nent si familiers, que l'esprit n'en soit pas
préoccupé au moment de la production des
idées. Jusqu'à trente ans, Schumann n'avait
écrit que pour le piano; à cet âge seulement,
il prit connaissance de l'instrumeniation, par
la lecture des partitions ; homme d'intelligence
et de sentiment, il en comprit les combinai-
sons ; mais cela ne suffisait pas. Il n'avait pas
l'habitude de concevoir ses compositions en
entendant l'orchestre mentalement, comme s'il
exécutait réellement; condition indispensable
pour la production d'une bonne sonorité. De
là les défauts qui, sous ce rapport, se font re-
marquer dans les symphonies et dans les ou-
vertures de Schumann; son orchestre est par-
fois bruyant, mais on n'y entend pas ces
heureuses combinaisons qui décèlent le génie
de l'instrumentation. Peu habitué aux déve-
loppements des idées par ses premiers travaux,
il manque aussi de clarté dans le i)lan de ses
grands ouvrages; toutefois, il y aurait de
l'injustice à ne pas reconnaître que dans ces
mêmes œuvres, il y a un certain mérite d'ori-
ginalité qui ne pèche que par la forme. Les
deux premières symphonies ont été excculées
à Lcipsick, en 1841 ; la deuxième (en ut) fut
moins bien accueillie que la première (en si
bémol). Quant à la troisième, qui fut péniblc-
raeni élaborée, elle appartient à une époque
où déjà les facultés de l'arlisle n'étaient plus
intactes.
A la seconde époque do Scliuniann a|)par-
tiennenl (juelques composiiions <lignes «l'in-
térêt, à la tète desquelles se pince son quintette
pour piano, deux violons, alto et basse (œu-
vre 44). D'heureuses inspirations, un caractère
éminemment poétique, particulièrement dans
Vadagio, un plan régulier et la clarté des <lé-
veloppements, peu habituelle à cet artiste,
sont les qualités qui recommandent cet ou-
vrage. Vandante avec variations pour deux
pianos (œuvre 46) est aussi une des bonnes
productions de cette é|)oque, ainsi (}ue le qua-
tuor pour piano, violon, alto et violoncelle
(œuvre 47). Les trois quatuors pour des instru-
ments à archet (œuvre 41) ne sont pas des pro-
ductions irrépi'ocbables ; on y trouve du vague,
de l'obscurité et beaucoupde choses qui pèchent
contre le goût; mais certaines parties de ces
compositions, à part l'affectation à imiter les
défauts des derniers quatuors de Beethoven^
ont le cachet du sentiment personnel de leur
auteur, et parfois un charme rêveur auquel on
ne ne peut se soustraire. Enfin, c'est à la
même période de la vie de l'artiste qu'a été
produit le Paradis et la Péri, fantaisie poé-
tique pour voix seules, chœur et orchestre,
exécutée avec un brillant succès à Leipsick,
dans toute l'Allemagne, en Hollande et ei>
Russie, ainsi que les douze poëmes pour voix
seule avec piano (œuvre 35), et les Lieder à
deux voix (op. 42). Rien de tout cela n'est
d'une beauté achevée; il y a toujours à y re-
prendre, au moins dans la forme; mais on y
sent que l'auteur n'a pas une organisation vul-
gaire, et que s'il ne peut atteindre au but
élevé de ses aspirations, il a du moins le mé-
rite d'en avoir l'intention.
La troisième époque est celle où des attaques
réitérées d'affections nerveuses portèrent le
trouble dans les facultés de Schumann et ac-
quirent une intensité progressive jusqu'à
sa mort. L'artiste eut encore des éclairs d'in-
spiration au commencement de cette période,
qui date <le 1846 et eut une durée d'environ
huit années, avec des améliorations momenta-
nées ; ce n'est pas à cette époque qu'il faut
s'attacher quand on veut porter un jugement
esthétique des productions de Schumann. Au
résumé, il est hors de doute qu'en ce moment
(1864) Schumann est placé trop haut dans
l'opinion des artistes de sa patrie, et trçp bas
dans d'autres pays. Pour apprécier le caractère
de cet artiste à part, il faut lire ses lettres
dans le livre de M. de Wasielewski, intitulé:
Robert Schumann. Eine Biographie ;î)rcsde,
1858, un volume in-8".
SCHUMANN
531
SCIIUMAIXIV (madame Clara Joséphine),
femme du précédent, - et fille de Frédéric
Wieck {voyez ce nom), fut connue d'abord
comme virtuose pianiste sous son nom de
demoiselle. Elle est née à Leipsick,le 13 sep-
tembre 1819. Ses premières années, dit son
biogra|)he (Joseph de Wasielewski), s'écoulè-
rent paisibles et tran<|uilles, sans annoncer lo
talent (jui, plus tard, lui a fait une brillante
réputation. Il paraît même, dit le même écri-
vain, qu'elle n'était pas heureusement douée
par la nalure, car l'élude de sa langue lui fut
d'une extrême difTicullé, ce qui, dans son en-
fance, était altriliué à une certaine dureté
d'oreille, qui, cependant, ne l'arrêta pas dans
ses études musicales (1). A l'âge de cinq ans,
elle commença l'étude du piano; soumise à la
lente méthode de son père, elle ne fit pas,
comme les enfants prodiges, des progrès ra-
pides et brillants, mais elle s'avanra avec sû-
reté dans la voie qui conduit au talent solide.
Son premier essai en public fut fait dans un
concert donné le 20 octobre 1828 par une
pianiste de Graelz, nommée madame Perlhaler ;
elle y joua, avec la bénéficiaire, des variations
de Kalkbrcnner pour piano à (pialre mains.
Parmi les artistes qui visitaient Leipsick,dans
son enfance, Paganini fut celui qui fit sur elle,
en 1829, l'impression la plus vive et la plus
durable. A cette épo<iue, ses études ne se bor-
naient pas au piano, car son père avait exigé
qu'elle s'occupât aussi de l'harmonie. Lors-
qu'elle eut atteint l'âge de onze ans, son père fit
avec elle un petit voyage à Weimar, Cassel et
Francfort-sur-le-Mein. Rentrée à Leipsick, elle
reprit ses éludes et se prépara à de plus loin-
taines excursions. M. de Wasielewski parle
d'un séjour de quelques semaines que Clara
Wieck fit à Paris avec son père, en 1832, d'un
concert qu'elle y donna, et de l'invasion du
choléra, qui l'obligea de s'en éloigner; je ne
trouve aucune trace de ce concert parmi ceux
qui sont mentionnés dans ma Revue mtisicale
de cette année, et la Gazette générale de mu-
sj'qtte de Leipsick garde le même silence. Si
Clara Wieck a visité Paris, en 1832, elle y a
été inaperçue. Cependant M. de Wasielewski
dit que les compatriotes de Clara, qui lui
avaient montré de l'indifTérence jusqu'alors,
commencèrent à remarquer son talent après
le succès qu'elle avait obtenu à Paris. Il est
(i) Ja es scliit-n sogar Anfangs. dass sic von dcrNatur
nicht sonderlich gunstig bedacht sei, da ihr das Icrncii
dcr Sprachc grosse Schwicrigkcilen maclile, was durch
einen gcvissen Grad von Schwerhœrigkcil, etc.
(Robert Scbumann. Eine Biographie, p. 314).
évident que le biographe confond ici les
époques. Les succès de la jeune virtuose ne
commencèrent à avoir de l'éclat qu'à Berlin,
en 1837; mais ce fut surtout à Vienne, dans
l'année suivante, qu'elle produisit l'impression
la plus flatteuse pour son amour-propre. Elle
avait alors dix-neuf ans, et son talent s'était
puissamment développé. La manière dont elle
exécutait les belles œuvres de Beethoven
charma les habitants de Vienne, et lui valut
des poèmes de Grillparzer et du compositeur
Vesquede Puttlin^er.
Ce fut le IG avril 1839 que Clara Wieck fil
à Paris une vive sentation, dans le concert
qu'elle donna chez Erard. On lui avait donné
le conseil de s'y produire en virtuose i>ar la
musique brillante de préférence aux œuvres
classiques qui avaient fait ses succès à Vienne :
elle suivit cet avis, et après un duo de piano et
violon exécuté avec Bériot, elle Joua \3t Séré-
nade de Schuberlh, arrangée par Liszt, une
étude de Chopin, un Scherzo de sa composi-
tion, et la Caprice de Thalberg, op. 15. Tout
cela convenait mieux en effet aux Parisiens de
cette éjioque que les formes de la grande mu-
sique. Le succès fut complet, et Clara Wieck
acheva la saison parisienne d'une manière fort
brillante.
Dans l'année 1840, après avoir donné des
concerts à Berlin et à Weimar, elle épousa
Robert Schumann. Alors, sa carrière d'ar-
tiste eut moins d'activité, du' moins dans les
premières années, car elle ne joua que dans les
concerts de Leipsick. En 1844, madame Schu-
mann fit, avec son mari, un voyage en Russie,
(jui fut suivi d'un autre à Vienne, en 1846, et
à la même époque elle s'établit à Dresde avec
sa famille. La catastrophe qui termina la vie
de son mari lui a imposé l'obligation de ren-
trer dans la carrière active de virtuose pour
fournir à l'existence et à l'éducation de ses en-
fants. En Allemagne, en Hollande et en Bel-
gique, elle a retrouvé ses anciens succès; il
n'en a pas été tout à fait de même à Paris.
L'admiration sans bornes qu'elle a pou^^a mu-
sique de Schumann n'est pas étrangère à la
froideur qu'elle a trouvée dans cette ville, car
cette musique y est antipathique. Les connais-
seurs rendaient justice à son talent réel, puis-
sant et consciencieux, mais on lui reprochait
de manquer de charme. Elle se penche habi-
tuellement sur le clavier et a, pendant son
exécution, des mouvements qui ne sont pas
gracieux; il n'en faut pas davantage pour ne
pas trouver de sympathie chez un public tel
que celui des concerts de Paris. — Au moment
3^.
532
SCHUMÂNN — SCllUNKi:
où celle notice est refaite el comiililOc (18041,
madame Schiimanii est à Pétersbouig. On a
publia de madame Schumann environ vingt
oeuvres pour le piano, parmi lesquels on re-
marque : 1° Concerto pour piano el orchestre,
op. 7 ; Lcipsick, llolmeister. 2" Trio pour
piano, violon et violoncelle; Leipsick, Breit-
kopf et Ilaertel. 3" Quatre pièces caractéris-
tiques pour piano seul, op. 5; Leipsick, Hof-
meister. 4» Soirées musicales contenant une
petite toccale, une ballade, un nocturne, une
polonaise el deux mazourkes, oj). 6; ibid.
5» Souvenir de Fienne, impromptu, op. 9;
Vienne, Diabelli. 6» Variations sur une ro-
mance, op. 3; Leipsick, llofmeister. 7" Varia-
lions de concert sur la cavaline du Pirate, de
Bellini, op. 8 ; Vienne, Diabelli. 8" Caprice en
forme de valse, op. 2; Leipsick, llofmeister.
9" Quatre polonaises, op. 1; ibid. 10° Deux
Scherzo, op. 6; ibid. 11° Quatre pièces fugi-
tives; ibid. 12" Trois préludes et fugues,
op. 16; ibid. 13° Six Lieder à voix seule avec
piano, op. 13; ibid.
SCUUMLER (BAnTHOLOMÉ), compositeur
allemand qui vivait au commencement du dix-
septième siècle, a publié de sa composition :
Etliche Psalmen und geistliche Lieder aus
dem gemeinenPsalmbuche mit ihrer gevohn-
lichen Melodey auff 4 Slimmen (Quelques
psaumes el cantiques tirés du recueil général
de psaumes, avec leurs mélodies à quatre voix);
llerborn, 1603, in-12.
SCIIUMMEL (Jean-Théophile), doc-
teur en philosophie et prorecleur du gym-
nase d'Elisabeth, à Breslau, naquit le 8 mai
1748, et mourut dans celte ville, d'une fièvre
nerveuse, le 23 décembre 1813. Au nombre
de ses ouvrages, on remarque un almanach
de Breslau {Breslauer AlmanacJi)^ dont la
première partie parut en 1801, et les autres
successivement. On y trouve beaucoup de no-
tices sur des musiciens de la Silésie. Dans
un concert qui fut donné pour les pauvres à
Breslau, le 18 août 1809, Schummel pro-
nonça' lin discours sur le mérite des compo-
sitions de Haydn. Il était pianiste habile, el
se faisait remarquer par Texpression de son
jeu.
SCHUND (Joachih), l'un des plus an-
ciens facteurs d'orgues connus, construisit,
en 1356, l'orgue de l'église Saint-Thomas, de
Leipsick. Gel instrument , qui avait élu
d'abord placé dans un couvent, fut plus tard
acheté pour l'église Saint-Thomas, el subil
successivement plusieurs restaurations, no-
tamment en 1721, 1748 et 1756, sans qu'on
ait pu en faire un bon orgue. Il est fâcheux
qu'au lieu de faire ces réparations, on n'ail
pas conservé l'ancien inslrumonl dans son
élal primiiii", comme un monument liisto-
ritiue;
SCHUIMDEL (Valentiw), secrétaire laï<iuc
du couvent de Prémonlrés, à Tepel, en Bo-
hême, vécut dans la première moitié du <lix-
scplième siècle. On a de lut un recueil
d'hymnes avec le chanl, intitulé : Hymnodia
catholica ; Munich, Nicolas Henri, 1624,
in-8o.
SCHUIV'KE, famille distinguée par le la-
lent de l'exécution instrumentale, est origi-
naire de la Saxe. Le chef de cette famille était
boulanger à Sclikorlleben, près de Weissen-
fels. Amateur de musique, il exigea que ses
sept fils apprissent les éléments de cet art. Par
un hasard singulier, cinq d'entre eux se sen-
tirent une vocation irrésistible pour le cor, el
tous parvinrent à en jouer avec une habileté
remarquable. L'ainé (Gotlfried), né à Schkorl-
leben, le 3 janvier 1777, fut d'abord obligé
d'exercer la profession de son père; ce ne fut
que dans sa dix-septième année qu'il put se
livrer en liberté à l'étude de son instrument
de prédilection, dans la maison de Wansleben,
musicien de ville à Halle. Turk [voyez ce nom),
remarquant ses heureuses dispositions, ne né-
gligea rien pour en provoquer le développe-
ment. En 1798, Gotlfried Schunke reçut un
engagement pour l'orchestre de la ville de
Magdebourg. Deux ans après, il fut appelé à
Berlin, où ses relations habituelles avec le fa-
meux corniste Lebrun contribuèrent beaucouj)
à perfectionner son talent. En 1806, après la
suppression de la chapelle royale de Prusse,
occasionnée par les désastres de la guerre, il
entra au service du duc de Saxe-Cobourg, cl,
dans l'année suivante, il fil un voyage à Paris,
où sa rare habileté fui admirée dans les con-
certs de l'Odéon et du Conservatoire. Appelé à
Cassel avec son frère Michel, en 1809, par le
roi Jérôme Napoléon, ils y brillèrent tous deux
dans des duos et fantaisies concertantes pour
deux cors, el dès lors leur réputation com-
mença à s'étendre dans toute l'Allemagne. Le
roi leur accorda des ap|)ointemenls doubles de
ceux qu'ils avaient demandés. Les événements
politiques qui anéantirent le royaume de
Westphalie ayant privé les deux frères de
leurs emplois, ils visitèrent l'Angleterre, en
1814, et donnèrent avec succès des concerts à
Londres el dans ])lusieurs autres villes. De
retour à Cassel, vers la fin de la même année,
pour revoir leur famille, ils n'y firent qu'un
SCHUNKE
533
court si'joiir, el cnireprirent bienlôt un autre
voyajçe en Suisse et en^France. En 1815, ils
enlrôrcnt au service du roi de "Wurtemberg,
à Sintigarl, où GolUried se trouvait encore en
1838. Apiès cette é|)0(|ue, on ne trouve plus
de renseignements sur cet artiste. Il a pul)lié
de sa comi)osilion : 1" Variations pour deux
cors el orclieslre, sur une ancienne clianson
allemande; Leipsick, Petnrs. 2" Variations sur
l'air de la Sentinelle; Paris, A. Leduc.
SCIIUIXKE (Michel), frère et collabora-
teur de GoUfried, naquit à Schkortieben, en
1780, et mourut à Stuttgart en 1821. Comme
son frère, il posséda un talent très remar-
quable sur le cor.
SCIIIJIVKE (Andiik), frère des précédents,
né en 1778, seconda d'a!)ord son père dans sa
profession, puis commença son éducation
d'artiste cbez le musicien de ville Wansleben,
à Halle. Ses études terminées, il se rendit à
Berlin et y entra dans la chapelle royale en
qualité de corniste solo. En 18oô, il fut admis
à la pension, après trente ans de service. Il est
mort à Berlin, le 28 août 1849.
SCHUNKE (Christophe), quatrième frère
tie cette famille, né en 1796, fut aussi corniste
distingué : il a été attaché au service de la
cour de Carlsruhe, en qualité de premier
cor.
SCHUNKE (Gotthilf), dernier fils du
boulanger de Schkortieben, est né en 1799.
Virtuose sur le cor comme ses frères, il est
membre de la chapelle royale de Stockholm.
SCHUrVKE (CHAntEs), fils de Michel , na-
quit à Magdebourg, en 1801. Il reçut les pre-
mières leçons de musiciue de son père, puis se
livra à l'élude du piano, sous la direction de
Ries, qu'il suivit en Angleterre. Après quel-
ques années de séjour dans ce pays, il arriva à
Paris, en 1828, el s'y fit entendre avec succès
dans plusieurs concerts. Depuis lors, il ne
quitta plus cette ville, s'y livrant à l'enseigne-
ment el à la composition. En 18-35, il obtint
le titre de pianiste de la reine, qui lui fit
donner la décoration de la Légion d'honneur.
Une attaque de paralysie lui ayant ôté l'usage
de la parole, il fui placé dans une maison de
santé ; mais désespérant de sa guérison, il se
précipita dans la rue par la fenêtre de sa
chambre, et se donna la mort, le 16 décembre
1859, à l'âge de trente-huit ans. Les premières
productions deSchunke indiquent qu'il aurait
eu quelque talent pour la composition s'il eût
travaillé sérieusement, el si sa position finan-
cière, souvent embarrassée, ne l'eût mis aux
gages des éditeurs de musique qui lui faisaient
écrire une multitude de bagatelles destinées à
tomber dans un profond oubli. C'est ainsi
qu'ont été faits environ soixante œuvres
de variations, fantaisies, petites pièces,
simples arrangements de thèmes d'opéras et
contredanses ou valses, où, parmi le déver-
gondage de la musique de fabrique mainte-
nant à la mode, on trouve des traits qui ne
sont dépourvus ni de grâce, ni d'un certain
sentiment de bonne harmonie. La plupart des
l)roduclions de cet artiste ont été publiées à
Paris.
SCHUIVKE (Louis), pianiste distingué et
compositeur pour son instrument, est le fils
aîné de Gottfried ; il na(iuil à Cassel, le 21 dé-
cembre 1810. Dès sa sixième année, son père
lui donna des leçons de piano rendues si fruc-
tueuses par ses admirables dispositions, qu'j
l'âge de dix ans, il jouait avec facilité les
concertos de Mozart, de llummel et de Ries.
En 1821, son père fit avec lui un voyage pour
donner des concerts à Darmsladt, Cassel, Ha-
novre et Leipsick: le jeune virtuose y causa
autant de plaisir que d'élonnemeut. Ses succès
furent plus grands encore, en 1824, lorsqu'il
visita Munich et Vienne. Quatre ans après,
son père le mena à Paris pour qu'il y achevât
ses études de piano et de composition, sous la
direction de Kalkbrenner el de Reicha. Pen-
dant les deux années de son séjour en cette
ville, il y vécut en donnant des leçons et des
concerts. Au mois d'août 1830, il retourna à
Stuttgart, y perfectionna son talent pendant
dix-huit mois, puis se rendit à Vienne, dans
l'automne de 1832, avec le dessein d'y publier
quelques-unes de ses compositions. Déjà il
avait fait païaître, à Paris, un œuvre de va-
riations et un scherzo pour le piano. Il justifia,
dans les concerts qu'il donna à Vienne, la
brillante réputation qu'il s'était déjà faite
dansd'auires parties de l'Allemagne. En 1833,
il visita Prague, Dresde, et se rendit à Leip-
sick. Lié d'amitié dans cette ville avec Robert
Schumann {voyez ce nom), il fut un des fon-
dateurs de la Nouvelle Gazette musicale. Il
donna aussi des concerts, et publia quelques
ouvrages qui semblaient lui promellre la plus
brillante carrière, quand une maladie de poi-
trine le conduisit au tombeau, le 7 décembre
1834, à l'âge de vingt-quatre ans. Les meil-
leures productions de ce jeune el intéressant
artiste sont : 1" Grande sonate pour piano seul,
op. 3; Leipsick, Wunder. 2° Caprices, idem,
op. 9, 10, 11, tfcîd. 3" Divertissement brillant,
idem, op. 12; Leipsick, Kisiner. 4" Varia-
tions brillantes sur la valse funèbre de Fran-
534
SCHUNKE — SCHURTZFLEISCH
çois Schubert, op. 14; Leipsick, «leilkopfet
llacilcl. 5° Rondo pour piano, op. 13 ; Slult-
garl.
SCnUIVKE (Ersest), second fil'^ de GoU-
fried, né à Cassel, le C mai 1812, possède vn
talent distingué pour le cor; il est attaché à
la chapelle royale de Stuttgart.
SCIIUISKE (Charles), fils et élève d'An-
dré, né à Berlin en 1811, est considéré, en
Allemagne, comme le virtuose le plus remar-
quable de l'époque actuelle sur le cor. En 1837,
il a recueilli paitout, dans un voyage qu'il a
fait en Allemagne, des témoignages d'admi-
ration pour la beauté du son qu'il lire de l'in-
strument, l'expression de son jeu, et sa sûreté
dans l'attaque des ditTicultés. On n'a rien pu-
blié de ses ouvrages jusqu'à ce jour.
SCHm»PAI\ZlGII (Ignace), né en 1776,
à Vienne, où son père était professeur de
l'Académie, ne se destina d'abord à l'étude de
la musi(|ue que comme amateur; mais les pro-
grès rapides qu'il fit sur le violon le décidèrent
plus tard à embrasser la carrière d'artiste. Son
talent consista particulièrement à bien jouer
les quatuors de Haydn, de Mozart, et surtout
de Beethoven. Il fonda à Vienne, pour ce genre
de musique, des séances où son élève Mayseder
jouait le second violon. Schuppanzigh se dis-
tingua aussi par son talent dans la direction
de l'orchestre aux concerts hebdomadaires
qu'il établit dans la salle A^Jngarlen. Atta-
ché ensuite à la musique particulière du prince
Razumowsky , ambassadeur de Russie à
Vienne, il s'y lia d'une intime amitié avec
Beethoven, qui lui confia toujours l'exécution
de ses (|ualuors lors des premiers essais qui
en étaient faits. Après la dissolution de la
petite chapelle du prince, Schuppanzigh voya-
gea en Prusse, en Pologne et en Russie, où il
donna, avec grand succès, des séances de qua-
tuors. Do retour à Vienne, il y recommença
ses soirées instrumentales et reçut, en 1824,
sa nomination de membre de la chapelle im-
périale. Quatre ans après, il accepta la place
de directeur de musique de l'Opéra de la cour;
mais il n'en remplit |)as longtemps les fonc-
tions, car il mourut des suites d'une attaque
d'apoplexie, le 2 mars 1830. On a de la com-
position de cet artiste: 1° Solo brillant pour
le violon, avec quatuor; Vienne, Diabelli.
2° Variations sur un thème russe |iour violon
principal, violon, alto et violoncelle d'accom-
pagnement; Vienne, Cappi. S" Neuf variations
pour violon, sur un thème d'v^/cine, avec se-
cond violon; Vienne, Mollo.
SCIlIJUlùU (Adam), maître de chapelle au
service de l'électeur de Saxe, se distingua i)ar-
ticulièremenl dans la composition de la mu-
sique d'église. Il fit représenter à Dresde, en
174G, une pastorale sur le sujet de Galaléc,
dont le mamisciit se trouvait chez Bicilkopf
et Ilœrtel,à la fin du dix-huitième siècle, ainsi
que neuf symphonies et trois duos pour deux
flTiles, du même auteur. Schurer vivait encore
à Dresde, en 1774, dans un âge avancé.
SCIIURMAIXIV (Georges -Gaspard), né
dans le duché de Hanovre, en 1GG5, entra au
théâtre de llam!)0uig en qualité de haute-
contre, dans l'année 1G93, ainsi qu'au chœur
de l'église Sainte Catherine. Quatre ans après,
il se rendit à Brunswick, où les foncliGns de
maître de cliai)clle et de chef «l'orchestre de
rOpéra lui furent confiées par intérim. Le duc
Antoine Ulrich de Brunswick l'envoya, en
1701, faire un voyage en Italie, pour y perfec-
tionner son talent, sous la direction de quel-
que maître habile. De retour en Allemagne,
dans l'année suivante, Schurmann accepta la
place de maître de chapelle chez le duc de
Meiniingen, en 1702; puis il rentra en la même
qualité chez le duc de Brunswick. Il occupait
encore celle place en 1724; mais depuis cette
époque, on n'a plus de renseignements sur sa
personne. Schurmann a fait représenter à
Hambourg, en 1710, un opéra intitulé Alcesîe,
et en 1721, un Télémaque, en cinq actes. Il a
laissé aussi en manuscrit plusieurs opéras, di-
verses années complètes de cantates d'église,
ainsi (|ue des suites de |)ièces iustruineutales.
SCHURTZFLEISCH (Conrad-Samuei),
laborieux philologue, naquit à Corbach, <Ians
le pays <Ie Waldeck, le 18 <léccmbrc 1G4I, et
mourut à Wittenberg, le 7 juillet 1708. Il fil
ses études aux universités de Giessen et de
Wittenberg, fut professeur de littérature grec-
que dans cette dernière ville, puis occupa la
chaire de poésie ainsi que celle d'histoire, et
eut, dans les derniers temps de sa vie, les litres
de conseiller et de bibliothécaire du duc de
Weimar. Parmi les nombreux écrits de ce sa-
vant, on trouve deux dissertations relatives à
la musique : la première a pour litre : De
Ihjmnis ecclesix veteris; Leipsick, 1C83,
in-4''; la seconde est intitulée : De musica
veleris eccksix christianx ; elle se Irouve
dans le Compendiuni antiquitatuin eccle-
siaslicanim, du docteur Walch, publié à
Jéna, en 173G. Mizier a inséré, dans le
deuxième volume de sa Bibliothèque musicale
(pag. 199 204), un chapitre extrait du livre de
Godefroid Wagner, intitulé : Jntinductio in
nolitiam scriplorum varioruin et scientia-
SCHURTZFLEISCII - SGHUSTER
535
rum (Witlenbeig, (rois volumes in-8»); ce
chapitre a pour litre : Ce que le célèbre
Schurtzfleisch a annoté de la musique dans
les leçons sur l'Iiistoire de la science iVa
<iucune valeur réelle.
SCnUSTEIV (Joseph), matlre de chapelle
<Ie l'électeur de Saxe, naquit à Dresde, le
11 août 1748. Son père, musicien delà chamhre
et chanteur de la cha|)elle du roi de Pologne,
le confia aux soins de Schurer {voyez ce nom),
•ilors compositeur au service de l'électeur. En
1765, Schuster fil avec Naumann un voyage
en Italie, dans le dessein d'y perfectionner
son talent. Il y fit un séjour de trois ans, pen-
dant le<|uel il composa plusieurs opéras qui
lurent bien accueillis, à cause du slyle facile
et mélodique de l'auteur. De retour à Dresde,
il y re<;ut de l'électeur, en 1772, sa nomination
de compositcurde la chamhre et de la chapelle.
l,e désir de connaltie IcP. Martini et d'en rece-
voir des conseils le ramena en Italie deux ans
ajjrés : il y écrivit |ilusieurs opéras pour les
Ihéâtresde Naples et de Venise. Ce fut dans
^e voyage «lue le roi de Naples lui accorda le
titre de son maître de chapelle honoraire. En
1770, il retourna en Allemagne; mais une
nouvelle invilalion le rappela une troisième
Tois en Italie, en 1778; il y resta jusqu'en
1781, écrivant pour les principaux théâtres.
Enfin, il retourna de nouveau à Dresde, <Iont
il ne s'éloigna plus depuis lors. En 1787,
l'électeur de Saxe le nomma son matlre de
chapelle, et lui confia, allcrnalivcment avec
Naumann et Soydclmann, la direction de sa
musique, tant à l'église (|u'à l'Opéra. Schuster
mourut à Dresde, le 24 juillet 1812, dans un
état de caducité. Gerber a donné la liste sui-
vante des ouvrages de ce compositeur : I. Mu-
sique d'église. 1" Messe à quatre voix, exécutée
à la chapelle électorale de Dresde, en 17C9.
2» La Passion, oratorio, Dresde, 1778.
ô" Eslher, oratorio, composé pour le conser-
vatoire de VOspedaletto,,à Venise, en 1781.
4" y7/osc riconosciuto, oratorio, à Dresde, en
1786. 5" Belulia liberata, oratorio, ibid.,
1787. 6° Psaume 74 : Confilebiinur. 7" Te
Deum, 1800. 8° Gioas, re di Giudu, à Dresde,
on 180Ô. II. Musique de TiiÉ.\TnE. 9" La Fe-
deltà in ainore,d Dresde. 10" L'Jdolo cinese,
en trois acles, en 1774, à Dresde. W" Didone
ahbandonala, à Naples, en 1776. 12" Demo-
foonle, pour le nouveau théâtre de Forli, en
1776. 13° L'Jmore artigiano, à Venise, en
1776. 14» La Schiava liberata, à Dresde, en
1777. 15" La Didone, avec une nouvelle mu-
sique, à Venise, en 1779. 16" Ruggiero e Bra-
d'imante, à Padoue, en 1779. 17» Creso in
Media, h Naples, en 1779. 18" Le bon Ton,
oi)éra bouffe, à Venise. 19» ^more e Psiche,
à Naples, en 1780. 20» L'Isola disabitata, à
Naples, en 1781. 20° (bis). Il Marito indo-
lente, à Dresde, en 1782. 2I<» Jl Pazzo per
forza, à Dresde, en 1784. 22» Lo Spirito de
contradizione, en 1785, ibid. 23» Gli Avari
in trappola, en 1787, ibid. Cet ouvrage a été
traduit en allemand. 24" Rubenzahl, ossiail
vero amore, en 1789. 25» /l Servo padrone,
en 1793, ibid. 26" Osmanno, Dey d'Algeri,
en 1800, ibid. 27° Clori e Fillide, pastorale
pour soprano et alto, avec accompagnement de
deux violons et basse. 28» Amorprigioniero.
29° La Fêle des lanternes. Les dates de ces
deux derniers opéras sont inconnues. Quelques
opéras allemands, connus sous le nom de
Schuster, tels que l' Alchimiste, joué en 1777,
le Docteur Murner , en deux acles, le
Triomphe de l'amour sur la sorcellerie, et
quehiues autres, semblent être des traductions
de ses anciens opéras italiens. III. Musique
instkumestale. 30" Quatre suites de pièces fu-
nèbres dédiées aux mânes de Léopold;])iesde,
Iljlscher, in-fol. obi. 31- Six petites pièces
pour le clavecin, ibid.. 1790. 32° Six idem,
ibid., 1790. 33° Six divertissements pour cla-
vecin et violon, ibid. 34" Recueil de pièces à
quatre mains pour le clavecin, ibid., 1790.
35» Quelques symphonies, en manuscrit.
36» Six quatuors pour <leux violons, alto et
basse, idem. 37»Concerto pour <Ieux clavecins,
idem. 38" Concerto pour clavecin seul, idem.
SCHUSTEIl (CiinÉTiEN-DETLEn), profes-
seur de musi<iue à Hambourg, dans les der-
nières années du dix-hui(ième siècle, a fait
imprimer une petite méthode de piano pour
les enfants, sous ce litre : Clavierstunden fiir
Kinder, etc.; H.imbourg, Bœlirne, 1799 et
1800, deux parties in-4". On a aussi do ce mu-
sicien huit variations pour le piano sur un air
allemand; Leipsick, Hofmeisler.
SCHUSTEU (Ig.\ace), chanteur comi(|ue
et compositeur, na(|uil à Vienne, le 20 juillet
1770. Il fut d'abord enfant de chœur, puis
choriste, à l'église des bénédictins écossais de
celte ville. Après avoir été longtemps attaché
au théâtre Leopoldstadt, il entra comme chan-
teur à la chapelle impériale, en 1820.11 est
mort à Vienne, le 6 novembre 1835. Un opéra-
comique de sa composition, intitulé Jupiter à
Fienne, a été représenté dans celte ville, et la
partition, réduite pour le piano, a été publiée
chez Diabelli. On a gravé aussi des Lieder de
cet artiste avec accompagnement de piano.
636
SCHUSTER — SCHlilZ
SCIIUSTER (Accoste), chanteur drama-
tique, en voix de basse, fut attaché pendant
plusieurs annt^es au théâtre de Leipsick. Il se
relira de la scène et sYtablit à Zurich, en
1833, comme professeur de chant. On a publié
de sa composition sept recueils de Lieder à
voix seule avec accompagnement de piano,
plusieurs chants détachés, et six chansons à
boire pour un chœur de voix d'hommes,
op. 9.
SCHUTTRUP (ÉvERAnn), prédicateur
luthérien, vivait à Âlkmaer, en Hollande, vers
le milieu du dix-huitième siècle. A Poccasion
de rérection d'un nouvel orgue dans son
église, il a fait imprimer un sermon, sous ce
titre : Redenvoering over de nultigheid der
Mustek en haaren invloed in denopenbaaren
Godsdienst (Discours sur l'utilité de la mu-
sique, et sur son influence dans le service
divin); Alkmaer, 1755.
SCHLTZ (IIe?iri), dont le nom latinisé est
SAGITTARIUS (archer), a été considéré
par ses contemporains comme le père de la
musique allemande. Il naquit à Koesterilz,
dans le Voigtiand, le 8 octobre 1585, et suivit,
en 1591, son père à Weissenfels, pour y pren-
dre possession de l'héritage de son aïeul. Sa
belle voix lui Fit obtenir, à l'âge de ({uatorzc
ans, une place à la cour de Cassel, où il reçut,
avec plusieurs jeunes seigneurs, les leçons des
meilleurs maîtres dans les lettres dt dans les
arts. En 1007, il se rendit à l'université de
Marbourg, et s'y appliqua avec tant de zèle à
la jurisprudence, qu'il fut en élat de soutenir
avec honneur une thèse publique sur cette ma-
tière, après deux années d'étude. Toutefois ses
travaux dans la science du droit ne lui avaient
pas fait négliger la musique, car, dans un sé-
jourque le margrave Maurice fit à Marbourg,
en 1609, il lui donna des éloges pour ses con-
naissances dans cet art, et lui proposa de l'en-
voyer à Venise, à ses frais, pour qu'il y étudiât
la composition sous la direction de l'illustre
Jean Gabrieli. Suivant certains historiens de
la musique, Schtilz accepta ces propositions
avec plaisir; d'autres assurent qu'il ne se dé-
cida qu'avec répui;nance à suivre la nouvelle
carrière qui lui était proposée : quoi qu'il en
soit, il est certain qu'il finit par acquiescer
aux projets du prince, et qu'il arriva à Venise
dans la même année. Pendant près de quatre
ans, Schtitz reçut des conseils de Gabrieli, et
fll sous sa direction des études dans l'art
d'écrire, qui donnèrent à ses idées la tendance
des libertés, ou, pour parler plus exactement,
des incorrections dans lesquelles Pécolc véni-
tienne s'était jetée récemment tout entière ;
incorrections rachetées par la nouveauté des
formes et la richesse de l'invention. Celte di-
rection imprimée aux idées de Henri SchUtz le
condnisi! lui-même plus lard à des banlicsses,
à des beautés, à des fautes qu'il n'eut vraisem-
blablement pas imaginées si son talent ne
s'était développé sous l'influence du génie de
son maître. Ce fut pendant son séjour à Venise
qu'il publia son premier ouvrage, composé de
madrigaux à cinq voix, qui parurent à la fin
de 1611.
La mort de Jean Gabrieli, Tannée suivante,
mit un terme au séjour de Schuiz à Venise : il
retourna à Cassel, où le prince lui accorda des
appointements annuels de deux cents florins.
Soit queSchUlzfùt blessé de la modicité de ce
traitement, soit par tout autre motif, il parut
renoncer subitement à la musique, et se livra
de nouveau à l'étude du droit. Cependant,
lorsque, sur le bruit de son mérite, l'électeur
de Saxe, Jean-George I", l'appela à Dresde,
pour le placer à la tête de sa chapelle, il rentra
pour toujours dans la carrière de son art; dès
ce moment son talent prit un essor qui le
plaça bientôt à la tête «les musiciens alle-
mands de son temps. En témoij^n.ige de sa
satisfaction, l'électeur lui fit présent d'une
chaîne d'or et de son portrait. Le 1"" juin
1619, SchUlz épousa la fille de Chrétien Wil-
deck, greffier des contributions et accises de
l'électorat de Saxe; mais il perdit sa femme,
en 1625. Trois ans après, la guerre qui déso-
lait l'Allemagne lui fit prendre la résolution
de retourner à Venise, et il partit de Dresde
le 11 août 1628, pour se rendre dans cette
ville. Lui-même a rendu compte <les motifs
qui le conduisirent une seconde fois aux lieux
où sa vocation pour la musi(|ue s'était décidée
sous l'influence des leçons d'un grand maître,
dans la préface d'un œuvre qu'il y publia l'an-
née suivante : >< Je me rendis pour la deuxième
n fois â Venise, dit-il, pour m'y informer du
» nouveau genre de musique qui s'y est déve-
» loppé depuis mon premier voyage, et qui
n est maintenant en usage.» Ce nouveau genre
de musiciue était celui que les dernières com-
positions de Monteverde y avaient mis eu
vogue. En 1629, il fit paraître à Venise le se-
cond livre de ses motets, sous le nom de
Symphonix sacra;. La mort <le son père, le
25 aoilt 1631, le ramena à Dresde dans cette
année; mais il y resta peu de temps, et re-
tourna en Italie, dont il visita les principales
villes.
De retour en Allemagne, en 1634, il y rc-
SCIIUTZ
537
trouva loiites les horreurs de la guerre. Ne
pouvant reprendre encore sa position àDresiie,
il partit dans la même année pour le Dane-
mark. Accueilli à la cour de Copenhague avec
toute la distinction que méritait son talent,
il y passa quatre années, puis il se rendit à
Brunswick, en IC38, et de là à Lunebourg. En
1642, il retourna une seconde fois à Copen-
hague, où le roi lui confia la direction de sa
musique. La paix lui permit enfin de retourner
à Dresde, où il passa te reste de ses jours, oc-
cupant une partie du temps à la lecture de la
Bible et à la composition de plusieurs œuvres
de musique religieuse, entre autres de psaumes
à plusieurs voix, et d'oratorios de la Passion,
d'après les quatre évangélisles. Deux ans avant
sa mort, il chargea son élève Christophe Bern-
hard, directeur de musique à Hambourg, de
composer un chant à cin(| voix, dans le style
<le Palestrina, pour ses funérailles. Il cessa de
vivre, le 6 novembre 1672, dans sa quatre-
vingt-huitième année, après avoir eu pendant
cinquante-septans le titre de maître de cha-
pelle <Ie l'électeur de Saxe.
Comme la plupart des compositeurs de son
temps, Henri Schuiz aimait à écrire la mu-
si(|ue d'église pour plusieurs chœurs, et, sui-
vant l'usage des maîtres de l'école de Venise,
il y ajoutait l'emploi de diverses espèces d'in-
slrnments, notamment celui des violons.
violes, cornets et trombones. Son harmonie
est, en général, établie sur les accords con-
sonnanls, ou sur les dissonances résultant des
retards de ceux-ci, même dans les ouvrages
publiés après son second voyage de Venise :
le seul accord combiné de la nouvelle har-
monie, dont il avait pris une idée dans les
compositions de Monteverde, est celui de quinte
et sixte ; mais on voit qu'il n'en avait pas saisi
le principe, car il en fait usage en considérant
la sixte comme la dissonance, tandis que l'in-
tervalle dissonant est la quinte. Au reste, il est
remarquable que cette erreur a été celle de
beaucoup de compositeurs du dix-septième
siècle. Les incorrections, les fausses relations,
abondent dans la musique de cet artiste cé-
lèbre; mais il les rachète par un beau senti-
ment rhylhmique, par une expression juste de
la parole, et par une détermination positive
de la cadence des phrases ; qualités qui avaient
pris naissance presque de son temps dans
l'école vénitienne, et que Jean Gabrieli avait
possédées à un haut degré.
Les exemplaires des œuvres de SchUtz sont
si rares, que ses biographes n'ont pu les citer
avec exactitude, et qu'on n'a que des indica-
tions vagues de quelques-uns de ses ouvrages;
voici les renseignements que j'ai recueillis à
cet égard : 1° Madrigali a cinque voci ; Ve-
nise, 1511, in-4". 2» Motet à huit voix, sur le
texte : Isaia dem propheten das geschab, etc.;
Dresde, in-folio. Z" Psalmen Davids sampt
ellichcn Moteten und Concerten mit acht nnd
mehr Stimmen nebenst andern zweyen Ca-
pétien, dass dero elliche auff 3 und 4 Chor
nach Beliebung gebraucht werden kœnnen:
wie auch mit beigefUgten basso continovo
vordieOrgel,Lauten,Chitaronyetc.(Vsaumes
de David réunis à quelques motets et concertsà
huit et un plus grand nombre de voix, etc.)-;
Dresde, 1619, treize parties in-fol. Je possède
unmagnifiqueexemplairedecetœuvre, qui con-
tient vingt-six morceaux. Les parties sont can-
tus, allus, ténor et bassus du premier chœur;
canlus, altus, ténor et bassus du deuxième;
les parties des troisième et quatrième chœurs
ont pour titre : Capella der Psalmen Davids,
et sont intitulées particulièrement Prima
pars, secxtnda pars, terlia pars, quarta et
uUimu; enfin la treizième partie est le basso
continovo (sic). 4» Geistreiches Gesangbuch ,
an D. Cornel. Beckers Psalmen, und Lu-
(herischen Kirchenliedern , mit ihren Melo-
dien, unter Distant und ^a«5; Dresde, 1619,
in-4». Une deuxième édition de ce recueil a
été publiée dans la même ville, en 1676, in-4''.
5" Die Historié des Auserstehung Jesu-
Christi (Histoire de la résurrection de Jésus-
Christ), à six voix, avec basse continue pour
l'orgue; Dresde, 1623, petit in-folio. 6» Sym-
phonie sacrsf, 3, 4, 5, 6 voc. Opus eccle-
siaslicum primum; Dresde, 1625, in-folio.
C'est le premier ouvrage de sa composition sur
des textes latins. 7" Psalmen Davids, hiebe-
vorn in teutsche Reimen gebrachl , etc.
(Psaumes de David, traduits en vers alfe-
mands , par Corneille Becker, avec cent
trois mélodies, dont quatre-vingt-douze nou-
velles et onze anciennes, dans le genre du
contrepoint ordinaire à quatre voix); Fribourg
en Misnie, Georges Hofmann, 1628, in -8".
Walther indique une deuxième édition de ce
recueil, datée de 1661, et Gerber en cite une
troisième de 1676, in-4», qu'il a confondue
avec celle du i)sautier à deux voiXj publié par
SchUtz, en 1619. 8° Symphonie sacre, 3, 4,
5, 6 voc. Opus ecclesiasticum secundum;
Venise, 1629, in-4". C'est le second livre des
motets latins. 9» Das ist so gewisslich wahr,
motet à six voix; Dresde, 1631 , in-folio.
10» Kleinen geistlicher Concerten von 1 , 2, 3,
4 und 5 Stimmen, l" Theile (Petits concerts
J38
SCHUTZ — SCHWANBERG
spiriluelsà une, deux, Irois, quatre etcinqvoix,
première |)ailic);Drcsdc, IfiôG, in-foi. Ces! le
premier livre de ses njotels allemands, dont les
trois parties composent le plus bel ouvrage de
SchUlz. La seconde partie que je possède est
datée de Dresde, IGôD; elle contient trente et
un motets à deux, trois, quatre et cinq voix,
avec basse continue pour l'orgue. l\° Musi-
calia ad chonim sacrum, dass ist geislUclie
Chor-Musik mit 5, C tind 7 Slimmen, beydes
vocaliter und iiislrumentalilcr , toobey der
bassus generalis etc. 1" Tlieil, opiis XI; ibid,
164G, six parties in-fol. 12» Pars II sympho-
niarum sacrarum, ans tcutschen Concerlen
von 3, 4, 5 Stimmen, und Instrumcnten
bestehend (Deuxième partie des symphonies
sacrées ou concerts allemands, à liois, quatre
et cin<i voix, avec instruments); Dresde, chez
Jean Rlemme, organiste de la cour, 1647,
in-fol. C'est le second livre des motets alle-
mands, et le dixième oeuvre de l'auteur.
13" Pars 1 mttsicalium ad chorum sacrum,
Oder geistliche Chor-Musik^ von 5, 6, und 7
Stimmen; op 11, 1648, in-fol. Cet œuvre
contient vingt-neuf petits motets. 14» Pars///
Symphoniarum sacrarum ; Dresde, 1630,
in-fol. Ce troisième livre des motets allemands
en renferme plusieurs d'une grande beauté,
entre autres celui dont les paroles sont : Saul!
was verfolgst du Mich, pour un chœur à six
voix, deux autres chœurs à quatre voix
«hacun, deux violons et orgue. Schtltz a laissé
en manuscrit La Passion, qui se conseive
dans la Bibliothèfiue de Dresde, et qui est con-
sidérée comme un de ses i)lus beaux ouvrages.
Ce fut lui aussi qui écrivit le premier opéra
allemand sur la Daphné de Rinuccini, traduite
par le célèbre i)oëte Opitz. Cet ouvrage fut
représenté pour les noces de la sœur de l'élec-
teur de Saxe avec le landgiave de liesse, en
1627. Le portrait de ScliUtz a été gravé par
Romstedt, in 4".
SCHLTZ (Jean-Étienne), docteur en phi-
loso|)hie et professeur à Weimai-, né le I" no-
vembre 1771, à Olveistœdt, près de Magde-
bourg, étudia la théologie à Erlang, en 1794,
et l'année suivante à Halle. Ses premiers ou-
vrages remontent à l'époque où il était à celte
université. En 1804, il se rendit à Dresde, et
|i|us tard à Weimar, où il s'est fixé définilive-
ment. On lui doit un livre intitulé : Fersuch
ciner Théorie des Komischen (Essai d'une
théorie du Comi(iue); Dresde, 1818, in-8", où
il traite de l'expression comiiiue dans la mu-
sique. En sa qualité de rédacteur du Journal
de l'art, de la Utléralure, du luxe et de la
mode, il a écrit beaucoup d'articles sur la mil-
.si(|ue. Depuis 1824, il a pris part à la rédac-
tion du bon recueil périodi(|ue musical intitulé
Cxcilin. Ses principaux articles sont . 1" Sur
les rapportsdelamusi(iuc avec les autres arts,
t. III, p. 15. 2" Sur la précision dans la mu-
sique, t. I.\, j). 137. 3" Sur le sentiment et
l'expression en musi(|ue,- t. XII, p. 237-256.
4" Sur le rapport du comique avec la musique,
t. XVI, p. 197.
SCHUTZ (FnÉDÉRic'-CiiARLES-JcLEs), i>ro-
fesseur b l'université de Halle, actuellement
vivant(1862), a fait ses études à l'université de
Jéna, pendant les années 1798-1801 , et a vécu
à Rudolsladt, à Mcrsebourg et à Hambourg.
Au nombre de ses écrits, on remarque celui
qui a pour titre : Leben, Charahler und Kunst
N. PaganinVs, eine Skisse (Esiiuisse de la
vie, du caractère et du talent de Paganini);
Ilmenau, Voigt, 1830, in-S".
SCIILTZE (F.-W.), professeur au sémi-
naire de Dresde, actuellement vivant (1863),
est auteur d'un traité élémentaire d'harmonie,
intitulé : Praktische-Theoretisch Anweisung
fur dcn Unlerricht in der Harmonielehre ;
Dresde, Arnold, 1835, in-8", avec un cahier
d'exemples, in folio.
SCIILTZE (Jean-Fbédéhic), littérateur et
romancier, né à Hambourg, y est mort à la
fleur de l'âge, le 13 octobre 1816. Au nombre
<le ses ouvrages, on en trouve un qui a pour
titre : Humburgische Thcater-Geschichte
(Histoire du théâtre de Hambourg); Ham-
bourg, 1794, un volume in-8". Cet ouvrage
contient une histoire de l'opéra de cette
ville.
SCIIWAIGEU (Georges), musicien du
seizième siècle, né à Wasscrbourg, a publié
(le sa composition : I" Moduli sacri; Munich,
1372, in-4". 2" Fasciculus uliqnot sacrarum
ccmtionum 5 t-ocinn; ibid., 1579, iu-4" obi.
3" Hymni sacri, quorum in ecclesia per
Pesta muxima solcmnia usus est ; ErfordicC,
typis Georgii Baumanni, 1387, in-4" obi.
A" ï'Il Psalmi pœnitentiales Régis Pro-
phctx Davidis 5 vocum ; ibid., 1388, in-4''
oblong.
SCIIWAI\REUG(Jean), maître de cha-
pelle du duc de Brunswick, né à Wolfenbuttel,
le 28 décembre 1740, montra de si heureuses
dispositions pour la musi<|ue dans sa jeuncNse,
(|uc son prince lui accorda une pension pour
<|u'il allât éludiei' l'art en Italie. Schwanberg
se rendit à Venise, y prit des leçons de contre-
point et décomposition de Latilla, |)uisde Sa-
ratclli, maître de chapelle de la cathédrale de
SCIIWANBERG — SCIIWARZ
r>?,Ç)
Saint-Marc. Hasse, qui se trouvait alors dans
colle ville, accueillit le jeune musicien avec
bienveillance, et lui donna d'uliles conseils
pour le diriger dans la composition drama-
tique. Dès ce moment, le célèbre maître saxon
devint le modèle de Schwanberg. Après huit
années de séjour à Venise, celui-ci retourna
en Allemagne, et bientôt après, le duc de
Brunswick le nomma son maître de chapelle.
Non seulement, il se faisait remarquer par la
grâce do la mélodie <lans ses opéras, mais il
écrivait aussi de la musique instrumentale élé-
gante et bien faite; enfin, il était claveciniste
habile et chef d'orchestre distingué. Dans les
ilerniers temps de sa vie, le roi de Piusse Fré-
liéric II désira l'attacher à son service, mais
le duc de Brunswick ne souscrivit pas à la de-
mande du monarque: Schwanberg, comblé de
«es bienfaits, resta toujours attaché à sou ser-
vice. Cet artiste composa jusqu'à ses derniers
jours, et mourut d'épuisement, le 2'J mars
1804, à l'âge de soixante-quatre ans.
Schwanberg a écrit pour le théâtredeBruus-
wick les opéras dont les lilres suivent :
\" Adriuno in Siria, en 1772. "2" SoUmano,
1762. ô" Ezio, 170Ô A" Talestri. ^" Bidone
obbandonala. G" Issifilc, 1766. 7" Zenobia,
8" // Parnasso accusato e difeso. 9" y^nti-
i/ono.lO" Romeo e Gittlia, 1782. 11» L'Olim-
piade. 1782. 12" Jugement d' Apollon, 1794.
13° Jl Trionfo délia costanza. Parmi ses
autres ouvrages, on remartiue : 14" Cantate
funèbre sur la mort de la duchesse de Bruns-
wick. 13° Cantate en actions de grâces.
16° Six sonates jmur clavecin; Brunswick,
1767. 17" Des concertos pour le clavecin et
le violon. 18" Des trios pour le violon, qu'il
désavoua dans la maturité de son talent.
se IIWAISErSBERG (Joseph-François),
professeur de harpe à Vienne, vers la fin du
<lix-huitième siècle, a publié sous son nom un
petit ouvrage intitulé : Grilndliche Âbhand-
lung iiber die Unnulz-oder Unschicklichkeit
des H im musikalischeii Alphabet {Traité fou-
^lamentalsur l'inutilitéet l'inconvénient de l'H
(Si bécarre) dans l'alphabet musical); Vienne,
"Wappler, 1797, in-18 de cent quarante pages,
avec une préface et un appendice de seize pages.
Bien que ce petit volume porte le nom de
Schwanenberg, la préface et l'appendice seuls
sont de lui : on sait aujourd'hui que le corps
de l'ouvrage est deWolf deWolfenau. L'auteur
y veut prouver que la lettre h employée par les
Allemands jiour la désignation de la note si est
inutile et surabondante. On a de Schwanen-
berg une mOlbode pour la harpe, intitulée :
Follstxndiyes theoretisch-prnktischcs Lehr-
buch zur Davids-und Pedalharfe; Vienne,
chez l'auteur, 1797, in-4".
SCIIWAIXTZER (Hugo), organiste et
compositeur, est né à Glogau (Prusse), le
21 avril 1829. Il y reçut les premières leçons
de piano du cantor Hosebeck, et la théorie de
la musique lui fut enseignée par Kaehler, jus-
qu'à l'âge de onze ans; puis il fréquenta les
gymnases de Raliborelde Neisse, et y conti-
nua ses éludes musicales et littéraires. S'étant
ensuite rendu à Berlin, il suivit dans celle
ville les cours de l'Institut royal de musique
d'église et de l'école de musique de l'Académie
royale des beaux-arls, où il reçut les leçons de
Rungenhagen,de A.-W. Bach et de Grell; il fut
aussi élève de Killilschyg pour le piano. Ses
études terminées, il fut nommé organiste de la
congrégation réformée de Berlin, en 1852,
et, quatre ans après, professeur de piano et
d'orgue au conservatoire deStern. Schwantzer
a eu l'honneur d'être le professeur de musique
du prince Georges de Prusse. Il a écrit des
trios, des quatuors d'instruments à archet,
des sonates de piano et des Lieder. Une ou-
verture de fêle de sa composition a été exécu-
tée à Berlin, en 1856.
SCHWARTZ (André), musicien du sei-
zième siècle, né «ians la Franconie, vécut à
Wurzbourg. Il est connu par un ouvrage qui a
pour titre : TlpuTéXcioç Evxrj.çjto chorus mu-
sicus bene precator optimo sponso Christo-
phoro Hagis, et ejus sponsw Barbara; Gœ
blin JVirzburgensi , numeris harinonicis
rcddita; Noribergw in offîcinaJoannis Mon-
tant et Ulrici Neuberi^ in-4" obi. (sans
date).
SCIIWARTZROPF (Théodore), musi-
cien qui vivait à Stuttgart dans la seconde
moitié du dix-seplième siècle, était, en 1680,
membre de la chapelle du duc de W^urlem-
berg, et en fut nommé directeur, en 1697. Il
vivait encore en 1716. On a imprimé de sa
composition : ]''Fuga melancolix harmonica,
id est, Concentus sacri, missas, psalmos et
hymnos continentes, a quatuor vocibus ne-
cessariis et 3 instrumentis ad libitum;
Stuttgart, 1684, in-4°. 2" Harmonia sacra,
hoc est Psalmi 1 , 2, 3, 4, 5 ef 6 tjoc. concert,
et instrum ; ibid., 1697, in-4".
SCIIWARZ (Thomas), frère lai et facteur
d'orgues, né dans la Bohême, a construit en
1747 l'orgue de l'église Saint-Nicolas, à
Prague, puis celuide l'église deMarienschein,
loulesdeux appartenant aux jésuites. On trouve
la description de ces instrumenls dans la
540
SCHWARZ
Statistique de la Bohême, par Rieger,
c.ih.VII, p. 112.
SCII"V^'ARZ (Jacques), jésuile de la pro-
vince de Silésie, et bon facteur d'orgues, vécut
dansia première moitié du dix-huilième siècle.
11 construisit, en 1754, l'orgue de l'église des
Jésuites à Glogau, composé de vingt-cinq
jeux et deux claviers. Cet instrument est
estimé.
SCIIWAllZ (Georges-Christophe), doc-
teur en philosophie, professeur de morale, et
inspecteur des classes à l'université d'Altorf,
naquit à Nuremberg, le 2 août 1732, et mou-
rut à Altorf, le 13 septembre 1792. A» nombre
des dissertations qu'il a fait imprimer, on en
trouve une qui a pour titre : De musicx mo-
rnmque cognatione commentatio ; Altorf,
1765, in-4».
SCHWARZ (Audré-Gottlob), bassoniste
distingué, naquit à Leipsick, en 1743. Il ap-
prit d'abord à jouer du hautbois, et eut pour
maître Muller, musicien de la cour, à Carls-
ruhe. Pendant la guerre de sept ans, il servit
comme hautboïste dans un régiment. En 1770,
il alla à Stuttgart, et rentra dans la chapelle
du duc de Wurtemberg, où il avait été dans sa
jeunesse, sous la direction de Jomelli. Deux
ans après, il fut appelé à la chapelle d'Ans-
pach, et entreprit, dans l'année 1783, un
voyage en France, en Allemagne, en Pologne
et en Angleterre. Arrivé à Londres, en 1784,
au moment où lord Abinglon y organisait ses
concerts, il y fut engagé comme premier bas-
soniste. En 1787, il retourna à Berlin, où il fut
nommé membre de la chapelle royale. Il mou-
rut dans cette ville, le 26 décembre 1804.
Schwarz a laissé en manuscrit un concerto et
un solo pour le basson.
Le fils de cet artiste, nommé Christophe-
Gottloh, né à Louisbourg (Wurtemberg), le
12 septembre 1768, eut aussi un talent remar-
quable sur le basson. Ayant accompagné son
père dans ses voyages, il fit admirer son habi-
leté en Angleterre, et fut admis dans la cha-
pelle du prince de Galles; mais après la sup-
pression de cette musique, il retourna en Alle-
magne, et entra, en 1788, dans la musique du
roi de Prusse. II fut pensionné en 1826.
Un autre fils d'André-Goltloh (Eberhard-
Frédéric), né à Anspach, en 1775, étudia le
violon sous la direction de Janilsch, et devint
un violoniste de talent. En 1795, il se fil en-
tendre à Charlottenbourg devant le roi de
Prusse, et entra dans la chapelle de ce prince.
Il fut mis à la pension en 1835.
SCIl>VAI\Z (AsTOiSf), né à Manhcim,
le 10 juin 1753, commença l'étude du violon-
celle <lans sa neuvième année, et reçut des
leçons de cet instrument chez Innocent Danzi,
musicien de la cour, et père du maître <lc cha-
pelle de ce nom. A l'âge de treize ans, il joua
devant l'électeur palatin un concerto de sa
composition, et son jeu fut si bien goûté, qu'il
fut, immédiatement après, admis dans la cha-
pelle électorale. En 1776, il fit un voyage à
Paris, et y joua au Concertspirituel avec beau-
coup de succès. De retour en Allemagne, il
suivit la cour à Munich, où il a passé le reste
<le ses jours. Parmi les nombreux élèves (pi'il
a formés, on remarque Maximilien Bohrer et
Philippe Moralt. Schwarz vivait encore h Mu-
nich en 1817. On connaît de lui quelques con-
certos de violoncelle, en manuscrit.
SCHWARZ (FnÉDÉRic-HEiNRi-CHnÉTiEs),
conseiller du consistoire, docteur et professeur
de théologie à l'université de Heidelberg, né à
Giessen, le 30 mai 1766, a publié un grand
nombre d'ouvrages sur l'éducation, particuliè-
rcjnent un livre qui a pour titre : Erziehung-
lehre (Science de la pédagogie); Leipsick,
Gœschen, 1802-1813, quatre volumes in-S".
Une deuxième édition, en trois volumes, a
paru en 1829. La troisième partie de ce bon
ouvrage traite spécialement de l'enseignement
de la musique.
SCHWARZ. Plusieurs musiciens de ce
nom se sont fait connaître dans ces derniers
temps. Le premier (Matthias) est professeur de
musique et de piano à Breslau. On a gravé
sous son nom des variations poui' le piano sur
l'air tyrolien : Ifoch droben auf'm Berge ^
Breslau, Forster. Il y a lieu de croire que c'est
le même artiste qui s'est fixé plus tard à
Vienne et qui y a publié beaucoup de petites
pièces pour le piano, des danses et des valses
pour l'orchestre, etc.
Le second musicien du nom de Schicarz
(Chrétien) «st né à Wolfenbuttel , vraisem-
blablement de la même famille (|u'André-
Gottlob : il est fixé à Copenhague, et a publié
de sa composition : 1° Sonatine pour piano,
op. 5; Copenhague, Lose. 2" Six divertisse-
ments pour piano, en forme de valses; Ham-
bourg, Bœhme. 3" Pot-pourri sur des thèmes
de Mozart et de C.-M. de Weher ; Copenhague,
Lose. 4» Variations sur l'air Non più an-
drai, op. 2; ibid. 5» Plusieurs recueils de
danses, d'écossaises et de valses.
J.-G.-A. Schwarz, membre de la ménie fa-
mille et pianiste comme le précédent, a publié
plusieurs suites de petites pièces et de varia-
tions à Wolfenbuttel, chez Hartmann.
SCHWARZ ^ SCIIWEITZER
541
SCIIWARZ (Gabriel), canlor à Meiniin-
gen, né dans celte ville-vers 1812, est auteur
«l'un livre intitulé : Ueber den vierstimmig
C'horal-Gesang fur den gottesdienstlichen
Gebrauch der evangelischen Kirche, etc.
(Sur le cliant choral à quatre voix à l'usage
«les fêtes (le l'église évangélique, etc) ; Mei-
nungen, Besemfelder, in-S».
SCIIWEGLER (Jean-David), hautboïste
«lislingué et compositeur, naquit le 7 janvier
1759, à Endersbach, dans le Wurtemberg.
Après avoir fait son éducation dans l'académie
militaire, il fut destiné à embrasser l'état de
marbrier; mais il l'abandonna pour la mu-
sique. Le hautbois fut l'instrument qu'il
choisit; il y fit de rapides progrès. Son talent
le fit admettre dans la chapelle du duc de
Wurtemberg. Il mourut à Stuttgart, en 1817.
Ses compositions se font remarcjuer par de
gracieuses mélodies et beaucoup de correc-
tion dans l'harmonie. On connaît de lui seize
concertos pour le haulboiSjiiualre symphonies
concertantes, six quatuors pour le même in-
strument, six Irios idem, des duos, et douze
solos, plusieurs concertos, duos et solos pour
cor, clarinette et fliUe, des pièces d'harmonie
pour les instruments à vent, et des chansons
avec accompagnement de piano. On a imprimé
de la composition de cet artiste : 1" Q^'^l'c
quatuors pour deux flûtes et deux cors, op. 3;
Leipsick, Breilkopf et llœrtel. 2" Duos pour
deux flûtes, op. 1 et 2; ibid. 3" Douze chan-
sons à voix seule, avec accompagnement de
l>iano; ibid.
SCIIWEIGIIOFEU (Jean-Michel), fils
d'un facteur de pianos, est né àVienne, en 1806.
Promberger, autre facteur de cette ville,
l'adopta dans sa jeunesse, et lui fit commencer
l'élude de la construction des instruments dans
ses ateliers. A l'âge de dix-neuf ans il voyagea
pour augmenter ses connaissances et visita
Munich, Slullgarl, Carisruhe, Strasbourg,
Paris et Londres, travaillant chez les princi-
paux facteurs, et acquérant chaque jour plus
d'habileté. A son retour, il passa par la Hol-
lande, les principales villes du Rhin, parcourut
la Suisse, l'Italie, le Tyrol, l'Allemagne mé-
ridionale, la Silésic, la Pologne et termina ses
voyages en visitant Odessa, Berlin et Prague.
De retour à Vienne, il y a établi, en 1832, une
fabrique de pianos dont les produits sont re-
nommés.
SCIIWEIGL (Ignace), violoniste alle-
mand, vécut à Vienne dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. Il s'est fait connaître
par une méthode pour le violon intitulée :
Grundlehre derxioline; Vienne, 1785, in 4'.
Plus tard, il donna une deuxième édition per-
fectionnée du môme ouvrage, divisée en deux
parties, sous ce titre : Ferbesserle Grundlehre
der Violin, zur Erleichterung der Lehrer
und ziim Fortheil der Schiller griindlicher
Unlerricht , die Fiolin zu spielen , etc.
(Méthode améliorée de violon, pour faciliter
l'enseignement des maîtres et profiler aux
élèves, etc.), première partie; Vienne, 1794.
Deuxième partie, ibid., 1795, in-4" obi. On
trouve des exemplaires de celle édition avec
l'inijiçalion de Prague, chez Widmann.
SCIIWEII^FLEISCH (...), facteur d'or-
gues à Leipsick, apprit les éléments de cet art
à Altenbourg, chez Trosl, son oncle maternel,
depuis 1731 jusqu'en 1739. En 17G8, il con-
struisit le bel orgue de l'église réformée de
Leipsick, composé de vingt-cinq Jeux, deux
claviers et pédale.
SCHWEITZER (Antoine), maître de
chapelle du duc de Gotha, naquit en 1737, à
Cobourg, où le duc lui donna les meilleurs
maîtres, dès sa dixième année. Lorsque son
éducation musicale fut assez avancée, il alla étu-
dier la composition à Bayreuth, chez le maître
de chapelle Kleinknechl. Lorsqu'il quitta cette
ville, il se rendit à Hildburghausen , dont
le prince le nomma directeur de sa musique.
L'Opéra de cette cour était alors dans toute sa
splendeur, et celle circonstance décida de la
vocation de Schweitzer pour la musi(iue drama-
tique. Ses progrès décidèrent le duc de Hild-
burghausen à l'envoyer en Italie pendant trois
années. £n 1772, il accepta la position de di-
recteur de la musique du duc de Saxe-Weimar.
L'incendie du château lui fit perdre celle
place ; il se rendit alors ^ Gotha avec la troupe
de Seiler, et obtint la position de maître de
cbaiielle de la cour. Son dernier ouvrage fut
un morceau de musique d'église qui devait
être exécuté à l'occasion de la convocation des
Étals; il ne l'avait point encore achevé, lors-
qu'il mourut d'une fièvre ardente, le 23 no-
vembre 1787, à l'âge de cinquante et un ans.
Son opéra A''Alcesle fut considéré comme son
meilleur ouvrage; il fut joué avec succès sur
la plupart des théâtres de l'Allemagne, et l'on
fit deux éditions de la partition réduite pour
le piano. On connaît , sous le nom de
Schweitzer, les opéras dont les titres suivent :
\'> Elisium, drame musical; partition pour le
piano; Kœnigsberg, 1774. 2» Alcesle, opéra
sérieux de Wieland; partition pour le piano;
Leipsick, 1774, Berlin, 1786. 3» Die Dorfgala
(le Gala de village), opéra-comique; parution
542
SCHWEITZEU - SCHWENKE
pour le piano; Leipsick, 1777. 4° Derluslige
Schmter (le Cordonnier joyeux), opéra-
comique. 5» JpoUo tinter den Hirlcn
(Apollon parmi les bergers), i)rolo}>;He. 6" au-
ront, opéra «le "Wieland. 7" Die JFahl des
Hercules (le Choix d'Hercule). 8° Die Stufen
des menschh'chen Allers (les Périodes de la
vie humaine), prologue. 9» Falmire et Ger-
Irude, oi)éra. 10° Ervin et Elmire, oi)éra.
11» Dus Fest der Thalia (la Fêle de Tlialie),
prologue. 12» fo/jxène, drame. \ô° Pygma-
lion, monodrame. 14" Rosamunde, grand
opéra de Wieland. 15° Die TFn/fen des
Achilïes, (les Arnres d'Achille), grand ballet.
16° Die Jmazonen (les Amazones), idem.
Schwcilzer a écrit aussi beaucoup de musique
pour des comédies ou tragédies, par exemple :
17» Ouverture pour la tragédie de Richard III.
18» Musique pour Philémon et Baucis.
19» Idem pour O/fentlichen Geheimniss (le
Secret connu de tout le monde), etc.
SCHWEMMER (Henri), directeur de
musique de l'école de Saint-Sébald, à Nurem-
berg, naquit le 28 mars 1621, à Guberts-
hausen, en Franconie. La guerre et la peste
l'obligèrent, dans sa jeunesse, à s'éloigner du
lieu de sa naissance, pour se réfugier d'abord
à Weimar, puis à Cobourg. En 1641, il fré-
quenta l'école de Saint-Sébald de Nuremberg,
et y prit des leçons de musique de Rinder-
mann. Les progrès qu'il fit dans cet art lui
firent obtenir, en 1656, la place de co-direc-
leur du chœur, conjointement avec le maître
de chapelle Heinlein. Après la mort de celui-
ci, la place de premier directeur de musique
fut donnée à Schwemmer, en 1670. C'est dans
son école que se sont formés les célèbres mu-
siciens allemands Jean Rrieger, Jean Pachel-
bel, Jean-Gabriel Schutz, et Maximilien Zeid-
ler. Schwemmer mourut à Nuremberg, le
26 mai 1696, à l'âge de soixante-seize ans.
Ses compositions étaient fort estimées de son
temps ; on n'en a rien publié.
SCHWEINKE ou SCHWENCKE (Chré-
ties-Frédéric-Théophilk ou Gottlieb), né le
30 août 1767, à Wachcnhausen, dans le Harz,
reçut les premières leçons de musi(|ue de son
père. Kirnberger et Marpurg furent ensuite
ses maîtres pour la théorie de la science et
pour la composition. Après avoir achevé ses
cours sous la direction de ces deux maîtres, il
fréquenta les universités de Halle et de Leip-
sick et s'y livra à l'étude des mathématiques
et de la philosophie. Le 1" octobre 1789, il
fut choisi pour succéder à Charlcs-Philippc-
Emmanucl Bach, en qualité de canlor cl de
directeur <le musique de l'église Sainte-Cathe-
rine à Hambourg, (|uoi(|u'il ne fiU Agé <iue de
vingt-deux ans, et le reste de sa vie s'écoula
dans celte situation. Il mourut à Hambourg, le
27 octobre 1822, à l'âge de cin(|uanle-cinq
ans. Les premiers travaux de Schwenke furent
des arrangements d'opéras pour le piano, par-
ticulièrement ceux de Mozart, des pièces pour
piano et flûte, et des chansons avec accom|)a-
gnement de piano, gravés à Hambourg. Pour
l'églisede Hambourg, il a écrit plusieurs can-
tates, à l'occasion du couronnement des em-
pereurs Léopold et François II, des cantates
pour Noël, des chants |)our la fête de Pâques,
etpourbeaucoupd'aulres solennités de l'église,
depuis 1789 jus<|u'en 1794. On a aussi gravé
ou imprimé de sa composition : 1» Trois so-
nates pour piano et violon, op. ô; Berlin,
1792. 2» Pater noter, en partition réduite
pour le piano; Leipsick, Breiikopf et Haertel,
1799, in-4». 3" La Sérénité d'âme, ode de
Klopslock, imprimée comme supplément de
la Gazette musicale de Leipsick , i)remièrc
année. Schwenke a mérité aussi les éloges de
ses compatriotes paP l'instrumentation de
VAdélaide de Beethoven, et par de nouvelles
combinaisons d'orchestre pour le Messie de
Hœndel et pour la messe en si mineur de
Jean-Sébastien Bach.
SCHWENKE (Jean-Frédér'ic), fils atné
du précédent, est né à Hambourg, le 30 avril
1792. Dans sa jeunesse, il se livra particuliè-
rement à l'étude du violoncelle, et reçut des
leçons de Prell et de Bernard "Romberg pour
cet instrument. Les règles de l'harmonie et de
la composition lui furent enseignées par son
père. S'élant ensuite attaché particulièrement
à l'orgue, il fit de grands progrès dans l'art
d'en jouer, et ses efforts furent récompensés,
le 2 juillet 1829, par la place d'organiste de
l'église Saint-Nicolas. Il a écrit plus de trois
cents préludes pour l'orgue. On lui attribue
environ cent chants à (juatre voix, et l'har-
monisation de soixante - quinze chansons
russes à quatre parties. Il est aussi anteur d'un
quintette pour <|uatre violoncelles et contre-
basse, qualifié d'admirable dans le Lexique
de Schilling. Enfin, on a de Jean-Frédéric
Schwenke un bon livre choral intitulé : 6Vio-
ralbuch sum ffamburgischen Gesangbuche ;
Hambourg, 1832, in-4°. Ce livre contient les
mélodies de tout le chant en usage à Ham-
bourg, suivi d'un appendice où l'on trouve:
1» Une notice historique du docteur Rambach
sur les poètes et compositeurs des chants cho-
rals. 2" Un catalogue de livres de chant qui
SCHWENKE — SCIO
.4:}
conliennent les mélodies, ô' Un catalogue des
ailleurs qui les ont harmonisés. 4° Le lil de
l'olTice divin à Hambourg. 3" Des notices el
des remarques à l'usage des organistes con-
cernant les orgues des cinq églises pricipales
de Hambourg. En 18ô6, Schwenke a fait
construire, sur ses propres plans, par le fac-
teur d'instruments J.-G. SchuKz, un grand
piano double avec pédales, sur lequel quatre
personnes peuvent jouer à la fois et produire
beaucoup d'effet. Il est mort à Hambourg, en
1832.
SCHWEISKE (Charles), compositeur et
pianiste, né à Hambourg, le 7 mars 1797, est
le second fils de Charles-Frédéric-Tbéopliile.
Formé d'abord par les leçons de son père, son
talent s'est ensuite dévelopiié dans les voyages
qu'il entreprit dès sa dix-seplième année.
Stockholm, Pétersbourg, Moscou, Vienne et
Paris sont les principales villes (ju'il a visi-
tées, et qui l'ont arrêté plus ou moins long-
temps. Dans les derniers temps, il a publié
beaucoup de compositions nouvelles à Paris.
Parmi ses meilleurs ouvrages, on remarque:
1" Sonates à quatre mains pour le piano,
op. 10, 11 et 1G; Lcipsick, Breilkopf et
Haertel. 2" Sonate pour piano et violon ; ibid.
Z" Beaucoup de fantaisies idem, notamment
les œuvres 30, 33, 34, 33, 40, etc. ; Paris,
Schlesinger. 4° Beaucoup de rondos, divertis-
sements, fantaisies et thèmes variés pour piano
seul. Une symphonie de sa composition, à
grand orchestre, a été exécutée dans un des
concerts de la Société du Conservatoire, puis
à Hambourg, en 1843. Elle a été arrangée
pour piano à quatre mains, et publiée à Ham-
bourg, chez Boehme.Le malheur de Schwenke,
comme de beaucoup d'autres artistes de mé-
rite de nos jours, est d'avoir été à la solde des
éditeurs de musique, sous la condition de sa-
crifier le sentiment pur de l'art à la spéculation
de la mode. Schwenke est retourné à Ham-
bourg en 1844; je crois qu'il y vit encore
(1804).
SCH\TEj\TER (Daniel), professeur de
langues orientales et de mathématiques, in-
specteur du collège et bibliothécaire à Altdorf,
né à Nuremberg, en 1583, mourut à Altdorf,
le 19 janvier 1036. Au nombre de ses ou-
vrages, on en remarque un qui a pour titre :
Delicix physico-malhcmaticx ; Nuremberg,
1034; il y traite de la musique.
SCIIWirSDEL ou SCIIWINDL (Fré-
déric), compositeur hollandais, né à Amster-
dam, vers 174#, jouait de plusieurs instru-
ments, entre autres de la flûte, du violon
et du clavecin. Homme de talent, il au-
rait pu se faire dans sa patrie une situation
honorable; mais ses dettes l'obligèrent à se
réfugier à Genève, où il établit un concert et
une école de musique vers 1776. Après quel-
ques années de séjour en cette ville, il alla
s'établir à Mulhouse. Le mauvais état de ses
affaires l'obligea encore de s'éloigner de celle-
ci, et de se réfugier à Lausanne, en 1786. Il
n'y resta que peu de temps, car il mourut à
Carisruhe, le 1 1 août de la môme année. On a
imprimé sous le nom de cet artiste les compo-
sitions dont les titres suivent ; 1" Six sympho-
nies pour deux violons, alto, basse, «leux haut-
bois et deux cors, op. 1 ; Amsterdam. 2° Six
idem, op. 2; ihid., 1763. 3° Six idem, op. 3 ;
Liège, 1768. 4" Douze duos pour deux violons,
à l'usage de commençants, op. 4; La Haye,
1770. 5" Six duos pour violon et violoncelle,
op. 6; Amsterdam. 6° Six quatuors pour deux
violons, alto et basse, op. 7; ibid. 7" Quatre
trios pour clavecin, violon et basse, op. 8;
ibid. 8" Six duos pour violon el alto, op. 10;
Amsterdam, 1779. 9» Six duos pour deux
flûtes; Paris; 1780. 10° Six trios pour flûte,
violon et basse; ibid. Schwindel a composé
aussi la musi()ue de deux petits opéras alle-
mands intitulés A" Le Tombeau de l'amour,
2» Les trois Fermiers, ainsi que celle de
quatre opéras français qui n'ont point été re-
présentés.
SCIO (Etienne), violoniste et compositeur,
né à Bordeaux, en 1766, fut d'abord attaché à
l'orchestre du théâtre de Toulouse, puis, en
1788, il devint premierviolondu grand théâtre
de Marseille, où il écrivit la musique de plu-
sieurs ballets et divertissements. Ce fut dans
cette ville (|u'il épousa l'actrice célèbre [voyez
la notice suivante), connue auparavant sous le
nom de mademoiselle Crécy. Appelé à Paris,
en 1791, pour diriger l'orchestre du théâtre
Molière, il y fit représenter quelques opéras de
circonstance, tels que la France régénérée,
en un acte (1791), le Réveil de Camaillaka
(1791), et le Sopha (1792). Des mécontente-
ments décidèrent Scio à quitter la direction du
théâtre Molière, en 1792, pour entrer dans
l'orchestre du ihéàlre Feydeau. Dans la même
année, il fit représenter à ce théâtre Isidore
et Montrose, opéra en deux actes, qui fut suivi
de Lisia, et du Tambourin de Provence, au
théâtre de la Cité, en 1793. Cet artiste mourut
à Paris, d'une phthisie pulmonaire, le21 février
1796, avant d'avoir accompli sa trentième
année.
SCIO (Julie- Angélique), femme du pré-
544
SCIO — SCONDITO
cédenl, aclriceelcanlalrice célt-bied^rOpéia-
Comiqiie, dont le nom de famille élail LE-
GRAIND, naquit à Lille, en 1708. Un olTicier
delà garnison de celle ville l'ayant enlevce,
puis abandonnée, elle fut obligée de clieiclie'r
des ressources au ihéâlre, et débuta, à l'âge de
<Iix-hnil ans, sous le nom de mademoiselle
CHECY, dans l'opéra- comique. En 1787,
elle était à Montpellier, et y tenait déjà l'em-,
ploi des premiers rôles dans l'opéra, car elle,
obtint l'année suivante un congé pour aller,
avec Gaveaux (voyez ce nom), donner des re-
présentations à Avignon. Elle y eut tant de
succès dans les rôles d'Agathe, de l'Ami de
la maison, et de ColetlCy duZ?et;m du village,
«lu'on lui jeta des couronnes et des vers, hon-
neur qui ne se prodiguait point alors. Engagée,
en 1789, au Grand-Théâlre de Marseille, elle
y joua et chanta avec un rare talent les rôles
principaux de l'opéra et de l'opéra-comique.
Ce fut là qu'elle prit le nom sous lequel elle
s'est rendue célèbre, en devenant la femme
d'Etienne Scio, premier violon du théâlre.
Boursault-Malherbc, ayant alors quille la di-
rection du spectacle de Marseille'pour faire bâ-
tir à Paris le théâtre Molière, appela 31. et
madame Scio pour faire l'ouverlure de celui-
ci, en 1791. La scène sur laquelle elle parut
pour la première à Paris n'était pas digne de
son talent : elle ne tarda point à la quitter
pour débuter au nouvel Opéra-Comique de la
rue Feydeau, en 1792, et se fit une brillante
réputation par la manière dont elle joua el
chanta plusieuis rôles, entre autres celuid'Eu-
phémie,dans les Fisitandines. Le timbre pur
cl métallique de sa voix, son instinct musical,
l'expression de son chant et son intelligence
de la scène composaient l'ensemble d'un des
plus beaux talents qu'il y ail eu à l'Opéra-Co-
mi(|ue. Bientôt les rôles pri ncipaux des ouvrages
les plus importants lui furent confiés, et telle
fut la perfection qu'elle y mil, que toutes les
cantatrices qui s'y sont essayées après elle
n'ont pu soutenir la comparaison. Parmi les
opéras qui durent une partie de leur succès au
talent de madame Scio, on remarque : la Ca-
verne, Roméo et Juliette, Télémaque, Mon-
tana et Stéphanie, fliédée, les deux Journées,
Léonore ou l'Amour conjugal, etc. Elle ne
brillait pas seulement dans le genre sérieux et
dans le drame, car on lui vil jouer avec autant
de gaieté que d'esprit les rôles de Fulbert,
dans le Petit Matelot, cl celui de la Jeune
/-"rude. Malheureusement quelques rôles écrits
dans la région élevée de la voix el dans des
proportions irop fortes, usèrent de bonne
heure son organe, et préparèrent la maladie
de poitrine (jui la mit au lombeau à la fleur de
l'âge. Demeurée veuve en 179G, elle épousa,
«luelques années après, Messicr, employé du
Irésor; mais cette union ne lui pas heureuse,
el les époux la rompiienl d'un commun ac-
cord par le divorce. Après la réunion des denx
Opéras-Comiques, madame Scio resta en pos-
session des premiers rôles de son emploi ; peu
de temps après, les symptômes du dépérisse-
ment de sa sanlé se firent apercevoir; elle
mourut à Paris, des suites d'une phthisie pul-
monaire, le 14 juillet 1807, à l'âge de trente-
neuf ans.
SCIROLI (Grégoire), compositeur napo-
litain, né vers 1725, fil ses éludes musicales
au conservatoire de la Pietà de' Turchini,
puis fut professeur d'harmonie ef d'accompa-
gnement ail conservatoire de' Figliuoli dis-
;jerst de Palerme. Il fit représenter dans celle
ville, en 1749, Ulisse errante; deux ans après,
il donna au théâtre de Naples Achille in
Sciro, en trois actes, puis la Merope, en trois
actes. On a gravé de sa composition, à Paris,
en 1770, six trios pour deux violons el basse,
op. 1 , et un concerto pour flûte, avec violon et
basse. On ignore l'époque de la mort de cet
artiste,
SCOLARI (Joseph), compositeur drama-
tique, né dans l'Élat vénitien, vers 1720, se
distingua moins par le savoir dans Part
d'écrire que par la nouveauté des idées, la
grâce et l'esprit de ses mélodies. Les litres
connus de ses opéras sont les suivants :
1» Pandolfo, en 1745. 2» La Fata mara-
vigliosa, 1740. 3» L'Olimpiade, 1747. 4" //
Fello d'oro, 1749. 5» Chi tutto abbraccia
nuUa stringe, Venise, 1753. 6° La Cascina,
1756. 7» Slalira, 1756. 8" La Conversazione,
1758. 9» Jrtaserse, 1758. 10° Alessandro
neW Indie, 1758. ii° Il C'iarlatano, 1759.
12" La Buona figliuola maritata, 1762.
îô» Cajo Mario, à Milan. 13» (bis) Tamer-
lano, en irois actes. 14" La Famiglia in
scompiglio, à Dresde. 15" La Donna strava-
gnnte, à Venise, 1766. 16" La Schiava rico-
nosciula, ibid., 1766. On connaît aussi en
manuscrit une symphonie cl un concerto pour
le violon, (|ui se trouvaient autrefois dans le
magasin de musique de Kreilkopf, à Leipsick.
SCOi>DITO (le duc Capue), amateur dis-
tingué, né à Na|)les, dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, vivait encore dans cette
ville, en 1849. Il eut pour maîtres de compo-
sition Fcnaroli et Trilio. Il a*licaucoup écrit;
mais ses ouvrages sont restés en nianuscrif.
SCONDITO - SCOr.PlONE
54:1
Parmi ses prodiiclions se tioiivent : 1» Eulihio
di Locri, cantale à qua'lrc voix avec cliœurs.
2» La Danza, cantate à deux voix. 5" Psiche
nella reyia di amore, cantate à trois voix
avec chœurs. 4» La Corona di rose, cantate à
trois voix. 5" Briseide, drame en deux actes.
G° jingelica e Medoro, cantate à quatre voix
avec chœurs. 7° ^rianna e Bacco, cantate à
•leux voix. Beaucoup d'autres cantates à deux
voix et à voix seule. 8» Une Messe, un Credo et
un Dixit, à <|ualre voix et orchestre. 9" Des
Canzones et «les duos avec accompagnement
de piano.
SCOPPA ^Antoink), al)I)é et grammairien
italien, né à Messine, d;ins la Sicile, en 17G2,
fut longtemps professeur de langues à Rome,
et ne <|iiilla cette ville <|ue |)our s'établir à
Paris, vers 180;'i. Il y obtint un emploi à l'uni-
versité, et enseigna les langues latii>e et ita-
lienne ilans (|uel(iiies instituts d'éducation.
Après la restauration, l'abbé Scoppa retourna
à Naples, oii il fut bien accueilli par le roi,
'|iii le chargea de l'organisation de quelques
écoles d'enseignement mutuel. Le zèle qu'il
déptoya «Inns celte mission lui causa une ma-
ladie inflammatoire <|ui le conduisit au tom-
beau, le 13 octobre 1817. L'abbé Scoppa est
auteur de plusieurs ouvrages concernant la
grammaire de la langue italienne, et «l'un
livre qui a pour titre : Les vrais principes de
la versification développés par un examen
comparatif entre la langue italienne et la
langue française; Paris, veuve Courcier,
1811-1814, trois volumes in-S" avec cinquante-
six planches de musique. L'auteur établit
d'abord qu'il y a trois systèmes de versilica-
tion, savoir : 1» La versification mélriciue, qui
fut celle des Grecs et des Latins. 2» La versi-
fication rhythmique, qui n'est qu'une versifi-
cation métrique irrégulière, oii des pieds
rhythmiques, composés du même nombre <le
syllabes, sont substitués aux i)ieds métriques
analogues, sans égard aux valeurs prosodii|ues,
et même souvent à la position de l'accent.
•"» La versification harmonique, basée sur la
quantité des syllaiies divisée par la césure, et
harmonisée par la rime. Suivant l'opinion
émise par le P. Sacchi, en 1770, dans ses dis-
sertations intitulées : Délia divisione del
tempo nella musica, nel ballo, e nella poesia,
l'abbé Scoppa établit (|ue la versilicalion
rhythmique renferme le lien et le principe
commun de toute versification : il croit que ce
principe, appliqué à la versification française,
l>eul rendre la poésie de cette langue aussi
harmonieuse et aussi favorable à la musi(|ue
niOCH . UNlV. DES MUS^CIE^S. — ]. v;|.
que la poésie italienne. Les analyses auxquelles
il se livre à cet égard sont pleines d'intérêt.
Dans la seconde partie de son livie, l'abbé
Scoppa s'occupe spécialement de l'union de la
poésie et de la musicjue, et ses efforts ont i)Our
but de démoiilrer qu'il n'y a de propres au chant
que les vers qui renferment les pieds rhythmi-
<|ues adoptés par lui, et qui rentrent dans ses
formules. Son erreur vient, comme celle de
l'abbé Baini {voyez ce nom), de ce qu'il n'a
point vu <(ue, dans la musique moderne, le
rhyllime musical ai)sorbe le ihythme poétique,
comme le mètre poétique des anciens absor-
bait le rhythme musical. Choron a fait un bon
rapport à la quatrième classe de l'Institut de
France sur le livre <le Scop[>a; ce morceau de
critique a été publié sous ce titre : Rapport
présenté an nom de la section de musique,
et adopté par la classe des beaux-arts de
l'Lnstitut impérial de France, dans sef.
séances du 18 avril et des 2 et i) mai 1812,
sur un ouvrage intitulé : Les vrais principes
delà versification, vAc; Paris, F. Didol, 1812,
in-4'' de soixante-(|uatre pages. Scoppa a fait
un extrait de son grand ouvrage, et l'a publié
sous ce titre : Des beautés poétiques de toutes
les langues, considérées sous le rapport de
l'accent et du rhythme; Paris, F. Didot, 1810,
in8°.
SCORPIOINE (DoMiMQCF.), né vers 1G45,
à Rossano, ville de la Calabre, entra dans sa
jeunesse chez les grands cordeliers, appelés
mineurs conventuels, de celte ville. Après
avoir rempli quelque temps les fonctions de
maître de chapelle du couvent de son ordre, à
Rome, il fut appelé en la même qualité à la
cathédrale de Messine. En 1701, il quitta cette
ville pour aller au couvent de Saint-François,
à Bénévent, où l'archevêque Orsini le nomma
mailre de chapelle du séminaire. Il parait
avoir terminé ses jours en ce lieu. Le P. Scor-
pione s'est fait connaître par quelques com-
positions, ])armi lesquelles on remartiue r
1» Sacra modidaniine una cum lilani,v
B. M. f^. a 2 e 3 voci, op. 1 ; Bologne, Jac-
ques Monti, M}7^.^"Compietàda Cappella con
le quattro Antifone et le litanie delta B. V. J\l .
a 5 voci, op. 2; ibid., 1673. 3" Mottetti a
2, 3, 4 voci con una Messa concertala a
5 voci, lib. 2, op. 3; Rome, Jean Muzio, 1673.
On a aussi du P. Scorpione deux ouvrages où
l'on trouve de bonnes choses sur la musique;
le premier a pour titre : Rifiessioni armoni-
che; Naples, 1701, in 4". Le second est un
traité historique et théorique du plain-chani,
intitulé : Istritzioni corali non- vieno utili
35
•40
SCORPIONE — SCUDO
che necessarie a chiunriue desidera essere
vero professore del canto piano; Béiiévenl,
1702, «n volume iii-4"' de ceiil soixante -ileiix
pages. Après le Mire de l'ouvrage, on lit
Opéra settima; les antres productions du
P. Scorpione sont sans doute des com|)ositions
pour l'église, dont la nature n'est pas connue
jusqu'à ce jour.
SCOTTI (BAnxiioi.OMK), maître de chapelle
de' Sanli Crocifici, à Como, naquit dans cette
ville, en 1770, et fil ses éludes musicales sous
la direction de Tabhé Pasqiiale Ricci. En 181 1 ,
il a fait exécuter, dans l'église dont il était
niailrc de chapelle, de beaux motels el psau-
mes de sa composition, lous les vendredis du
carême.
SCOTTO (Ottaviano), imprimeur de mu-
sique, naquit h Monza (Lombardie), dans les
piemières années du seizième siècle, ou vers
la fin du qiiinzième. Il s'établit à Venise, et,
comme Marcolini de Forli, imprima avec les
caractères inventés par Otlaviano dei Petrucci
{voyez ce nom). Le plus ancien ouvrage connu,
produit de ses piesses, est celui qui a pour
lilre : Inlavolalura de U Mudrigali di Fer-
delollo da cantare et sonare nel lauto, inta-
vnlati per Messer ^driano (Willaerl), no-
vamenle stampala et con ogni diligentia
conetla. On n'y trouve pas son nom, mais sa
marque, c'est-à-dire une sphère avec cette
inscription : Famamextendere factis est vir-
(ulis opus. Dans la sphère môme, se trouvent
les initiales 0. S. M. {Oclavianus Scotus Mo-
doëtiensis). Deux pages plus loin est la date
M. L. XXXVI, et au-dessous ces mots : Cum
fjratia et privilégia. Ce rare volume est à la
bibliothèque impériale de Vienne. Dans la bi-
bliothèque du Lycée communal de Bologne on
trouve : Ferdelolto. Madrigali a 4 voci. In
Fenetia, per Oclaviano Scotlo, 1!)ô7. La bi-
bliothèque royale de Munich possède les ou-
vrages suivants, imprimés par Octavien
Scollo : 1» // seconda libro di Madrigali di
Ferdelotlo insieme con alcuni altri bellis-
simi Madrigali di Àdriano e di Constantio
/■fs/a; sans nom île lieu, 1537. 2" Dei Ma-
drigali de Ferdelolto e di altri aitlori a cin-
que voci, libro secondo;sar\s nom de lieu, 1:)ôS.
ô" // lerzo libro di Madrigali di Ferdelotlo;
sans nom «le lieu, 1537. A" Âdrian Ifillaert.
Mviecla quatuor vocum. liber primus. f'e-
netiii, 1559, per Bêaudinum et Oetaviauum
Scotum.
SCOTTO, et quelquefois SCOTO (JÉ-
Rôsr.), imprimeur de musique à Venise, vrai-
semblablement nis du prccédenl, coramcnr.i à
impiimer en 1539, eut un établissement con-
sidérable, el milau jonrun très-grand nombre
d'oeuvres des maîtres de son temps. Il élait
aussi musicien, et l'on a de sa composition :
// primo libro de Madrigali a 2 vocj. Fe-
netia, app. Girolamo Scotto, 1551, ])elil
in -4° obi. Il y a une seconde édition de cel ou-
vrage, imprimée par l'auteur, en 1572. On
connaît aussi un recueil dt; Madrigaux à quatre
voix, sous le nom de Scotlo, Imprimé par lui
à Venise, en 1542, avec <|uelques madrigaux
d'Adrien Willaerl. Jéiome Scotlo mourut à
Venise, en 1573 : ses (ils lui succédèrent.
SCRIBAIXO (Jean), chapelain chantre de
la chapelle ponliOcalede Rome, na(|uiten Es-
pagne, <lans la seconde moitié du (juinziènje
siècle. Après y avoir fait ses élu<les littéraires
et musicales, il entra dans les ordres, puis se
rendit à Rome, où il fut admis dans la chapelle
pontificale. Il y brillait, au commencement du
seizième siècle. Quelques messes el motets de
sa composition sont parmi les manuscrils de
la chapelle Sixtine.
SCUDO (P.), critique, né à Venise, dans
les premières années du <lix-neuvième siècle,
élait âgé d'environ dix-neuf ans lors(|u'il fui
admis dans l'institution musicale que Cboron
dirigeait à Paris. Ce fut là (|ue je le connus
d'aboril. Les circonstances qui l'amenèrent en
France me sont inconnues. Ses manières excen-
triques amusaient beaucoup ses condisciples,
dont quelques-uns, à la tète desquels se place
Gilbert Duprez, sont <levenus des artistes de
mérite. Lorsque Choron me parlait de son
l)ensionnaire vénitien, iirappelailso/»6ou/fon.
Sa voix était médiocre et son éducation vocale
à peu près nulle; mais il avait de l'intelli-
gence, l'instinct italien, el beaucoup d'assu-
rance en lui-même. Incessamment occupé de
musique dans l'école où il était entré, son
instruction pratique se développa par l'étude
des œuvres classiques <|ne Choron faisait exé-
cuter par ses élèves à peu près exclusivement.
L'enseignement lechni(jue du chant el de la
vocalisation n'élail pratiqué (jue d'une manière
fort imparfaite dans l'instilution (|u'il diri-
geait; en sorte que M. Scudo n'apprit pas cet
art dans les conditions normales. Cependant,
ce fut lui qu'on choisit, en 1824, en sa qualité
d'Italien, pour chanter un des rôles secon-
daires du Fiaggio à Reims, opéra de circon-
siance écrit par Rossini à l'occasion du sacre
de Charles X. Un des résultats de la révolution
des journées <le juillet 1830 ayant été l'anéan-
tissement de l'institution de musique reli-
gieuse dirigée par Choron, W. Scudo <lut en
SCUDO
547
sorlir, ainsi que les aiilres élèves adultes, et
chercher comme eux urte position : je le perdis
de vue à cette épo(|ue. Suivant les renseigne-
menls que j'ai recueillis, il entra dans la mu-
sique d'un régiment pour y jouer la seconde
clarinette, et il était en garnison à Nantes, en
1832; circonstance qui m'étonne, car je
n'avais pas eu connaissance, autrefois, (|u'il
jouât d'un instrument. A la môme époque, il
s'était, dit-on, passionné pour les opinions des
théosophes, secte deréve-creuxen philosophie,
<|ui, au seizième siècle, eut pour chef Para-
celse, et qui compta parmi ses partisans Jac-
ques Bœhm, Corneille Agrippa, Van Helmont,
ce fou de Rohert Fliid (voyez ce nom), auteur
d'une ridicule Architeclonie de la musique;
enfin, Saint-Martin, qui en préconisait les idées
à la fin du dix huitième siècle. Quelles que
soient les causes qui introduisirent M. Scudo
<lans les néhuleuses doctrines de celle secte, il
parait certain qu'elles eurent pour effet de
l'initier aux notions élémentaires de la philo-
sophie^ et de faire naître en lui le goût de
certaines études auxquelles il n'avait pas songé
auparavant. De retour à Paris, il s'y livra à
l'enseignement de la musique vocale et puhlia
des romances. J'ignore quelle était la valeur
des leçons de chant qu'il donnait, mais ses
romances (!), je les connais. Cela s'appelait
l'aurore, les />luets, la Captive, Chant
vénilien, Fleur de l'âme, Partez, dme chré-
tienne, les Regrets du chévrier, la Sérénade
napolitaine. Souvenir, Ton regard, le Fœu,
la Baigneuse, Résignation, Ecoutez, la
cloche sonne, le Dante, Boutade, les deux
.Jnges, VAveu, le Fil de la Vierge, l'Hiron-
delle et le Prisonnier, etc. Je ne m'étonne
pas <|ne, dans tout cela, il n'y ait pas une idée,
pas une phrase (jui mérite d'être citée, ou qui
ne ressemhle à ce ([uc tout le monde connaît ;
M. Scudo n'est pas le seul ([ui fasse de mau-
vaises romances; mais ce <|ui n'est pas ordi-
naire, ce sont les niaiseries de l'harmonie
dans ses accompagnements de piano, quand
re ne sont pas des monstruosités; ce sont les
phrases mal rhylhmées et hoileuses; les
contresens de rei)os dans la musique avant le
repos du vers; enfin, cent fautes d'écolier mal
enseigné. Je ne puis relever ici tout cela par
des extraits notés; mais je crois devoir indi-
(|uer aux musiciens instruits les romances
intitulées : le Dante, la Baigneuse, et sur-
tout Souvenir, où toutes les fautes d'har-
monie et de phrasé semblent avoir été ac-
cumulées à plaisir. Ils connaîtront , par
l'examen de ces pièces, quelle est la portée
de M. Scudo comme compositeur et comme
harmoniste.
Il n'est pas rai-Cjà l'époque actuelle, devoir
les artistes se réfugier dans la presse, à défaut
de succès dans leur art. M. Scudo nous offre un
exemple fort heureux de ce changement de po-
sition; car, ayant eu la bonne fortune d'être ad-
mis au nombre des rédacteurs de la Revue des
Deux-Mondes, recueil excellent auquel les
hommes les plus considérables de France, dans
la science et dans la littérature, ont pris part,
ses revues de musl(|ue se sont répandues sous
leur patronage. Il est juste de dire qu'entre
l'élève du pensionnat Choron et le rédacteur
du feuilleton musical de la Revue des Deux-
Mondes, il y a loin : c'est encore le même ca-
ractère, la même confiance en soi-même et le
même penchant aux boutades excentriques;
mais le collaborateur de la Revue a fait effort
pour s'instruire; il a beaucoup lu et possède
sur beaucoup de choses une certaine somme
de connaissances générales dont l'élève de
l'école de musique religieuse n'avait pas les
premières notions. Malheureusement, ce qui
lui manque, c'est d'être suffisamment musi-
cien pour entrer dans la vraie critique analy-
tique. Obligé, par ce défaut de connaissances
techniques, de se réfugier dans les généralités
et de faire, suivant son expression, ses ré-
serves, quand il veut dissimuler son igno-
rance des choses dont il parle; empruntant du
reste, çà et là, les choses toutes faites dont il a
besoin; il ne peut éviter que des yeux exercés
ne pénètrent le mystère de ses embarras.
M. Marselli (voyez ce nom), philosophe napo-
litain et auteur du livre intitulé : la Ragione
délia Musica moderna, appelle M. Scudo un
des coryphées de la critique vulgaire (1),
parce que la criti({ue plus élevée ne procède
pas par des jugements absolus comme celle de
M. Scudo; que celte critique, sincère autant
qu'éclairée, examine, analyse, fait la part des
qualités et celle des défauts; qu'elle ne se
liresse pas de conclure et n'affecte pas les al-
lures de pédant de collège à l'égard de ceux
dont elle apprécie les œuvres et le talent. La
critique vulgaire, au contraire, a tous les dé-
fauts que l'autre évite, outre celui de l'insuffi-
sance des lumières. C'est de la critique de tem-
pérament; en un mot, ce n'est rien, et son
existence n'est que d'un jour. Les airs hau-
tains et l'âprelé du langage ne sont bienséants
pour personne ; mais quand on a été chanteur
(1) A fine di porrc in rilievo il cattivo andazzo d'una
falsa crilica, ho prcso a parlaredi M. Scudo, parendonii
unode' corifci dclla crilica volgare, etc.
648
i SCUDO — SCULÏETUS
sans lalcnl, seconde claiinelte dans un corps
lie musique militaire, quand on a «5ciil de la
musique dont pas une phrase n'a été reniar-
«|uéc ni retenue; enfin, quand on a fait des
énormités de tout genre dans celte musique, la
modestie est de nécessité absolue. M. Scudo a
écrit dans un journal (l'Jrt musicai), qu'on
est toujours le fils de quelqu'un et qu'en cri-
tique il est le mien : s'il en est ainsi, je re-
{{retle que l'éducation eirinslruclion musicale
de cet enfant aient été trop négligées.
M. Scudo a réuni en volumes la plupart de
ses articles insérés dans la Revue des Deux-
Mondes, et les a publiés sous les titres sui-
vants : 1" Critique et littérature musicale;
Paris, Amyot, 1850, un volume in-8".
2" L Art ancien et moderne; nouveaux mé-
langes de critiqueet de littérature musicales;
Paris, Garnier frères, 1854, un volume in-18.
3" Critique et littérature musicales; deuxième
série; Paris, L. Hachette, 1859, un volume
in-18. 4" L'Année musicale^ ou revue
annuelle des théâtres h/riqucs et des con-
certs, etc.; ibid., 18G0-l8()ô, «luatre volumes
in-18. 5" Le Chevalier Surti; ibid., 1857, un
volume in-18. Ce dernier volume est une
sortede roman musical, dont les éléments sont
pris un peu partout.
SCULTETUSouSCULPTETliS
(Jean), compositeur allemand, vivait à Lune-
bourg, au commencement du dix-huitième
siècle. Son véritable nom allemand est ignoré.
On a imprimé de sa composition un recueil de
motels intitulé : Thésaurus musicus continens
cantiones sacras 3-16 vocum; Lunebourg,
1G21, in-4».
SCULÏETUS (Georcks), né dans la
dernière moitié du dix-seplième siècle, au
village de Rulsenz (Silésie), fil ses éludes à
Willenberg, et y publia une dissertation inti-
tulée : //ymnopœi Silesiorum ; 1711 , in-8"
de soixante-quatre pages. Cet écrit ne con-
tienl(|ue de courtes indications biograpbi(|Ucs
sur les auteurs des chants du culte prolesiani.
FI» Dl) TOME SEPTIEME.
I
V
X ^^4
ViVVS.
Fétis, François Joseph
Biographie universelle des
musiciens
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
tT-v'